[Tiré du Manifeste pour le socialisme, 1977.].
POUR LA RÉVOLUTION ET LE SOCIALISME, LE PARTI COMMUNISTE DE TYPE NOUVEAU
Depuis qu’il s’est constitué en classe, face à la bourgeoisie exploiteuse, quatre fois au moins le prolétariat de notre pays a secoué le joug qui l’opprime jusqu’à ouvrir une brèche sérieuse dans le système de domination capitaliste. Trois fois, la révolution prolétarienne a frappé à la porte de l’Histoire: 1871 -1936- 1945-.
Si l’assaut victorieux n’a pu être donné, si l’initiative décisive n’a pu être prise, c’est bien parce qu’à chaque fois, ou le parti de la classe ouvrière n’existait pas, ou il a fait obstacle au développement du processus révolutionnaire. Espoirs déçus, amertume de la défaite qui appellent avec d’autant plus de force la nécessité de construire en France le parti de type nouveau.
Mais pourquoi cette nécessité aujourd’hui dans notre pays ? Au lendemain de la première guerre mondiale, au congrès de Tours, était créé le Parti Communiste Français. Parti qui devait s’édifier pour élaborer les tâches de la Révolution propres à la situation dans notre pays.
Cela exigeait de lui, à l’image du parti bolchevik, une rupture radicale avec les orientations et pratiques des partis de la deuxième Internationale. Orientations et pratiques qui détournaient la classe ouvrière de la préparation de la Révolution et voulaient la mettre à la remorque de la politique bourgeoise.
Même s’il a su mener des actions révolutionnaires importantes, le PCF s’est montré incapable, dès 36, de faire prévaloir dans la situation de crise ouverte, les intérêts autonomes de la classe ouvrière. En 1945, c’est la ligne révisionniste qui l’emportait, ligne de capitulation.
Avec la scission opérée au sein du mouvement international par les révisionnistes khrouchtchéviens, le PCF devient irrémédiablement un parti bourgeois. C’est en tous points contre ce parti que doit se construire aujourd’hui, se développer le parti de type nouveau.
Contre les partis de la deuxième Internationale, entrés dans le jeu politique bourgeois, le parti bolchevik traçait en URSS, en Octobre 17, la voie de la victoire pour la classe ouvrière.
C’était le premier pouvoir des soviets. Aujourd’hui en France, nous appuyant sur les principes universels de cette Révolution, il nous faut élaborer la théorie de notre propre Révolution. La situation est nouvelle.
L’expérience négative de la restauration du capitalisme en URSS, l’expérience positive de construction du socialisme en Chine nous montrent la nécessité d’une lutte intransigeante, à l’intérieur même. du parti contre tout. germe de dégénérescence. Sans cette lutte permanente, le parti communiste tend à se transformer en son contraire, un parti bourgeois.
Depuis 17, en France même, l’expérience négative et positive de la classe ouvrière s’est considérablement enrichie. On ne peut concevoir la construction du parti de type nouveau sans la rapporter à la situation concrète de la lutte de classes aujourd’hui, aux exigences nouvelles qui se font jour.
C’est en se fondant sur les acquis du prolétariat et des peuples du monde dans leur lutte révolutionnaire, en rapportant cette expérience accumulée à la pratique dans notre propre pays que se construira le parti nécessaire à notre révolution.
Par la liaison des principes universels concernant l’édification d’un parti communiste à l’expérience même de construction du parti en France, s’édifiera le parti de type nouveau, capable de tracer la voie de la révolution.
Quel parti proposons-nous ?
Le parti de type nouveau se développe en étroite liaison avec le recul du PCF, parti qui a définitivement renoncé à la défense des intérêts autonomes du prolétariat.
Cette opposition radicale porte non seulement sur le projet politique, sur l’analyse de la situation mais aussi sur le parti lui-même, son fonctionnement, sa liaison aux masses. De ce point de vue, l’expérience d’édification du Parti Communiste Chinois est porteuse d’enseignements universels à rapporter aux conditions spécifiques de notre pays.
Le parti rassemble la partie la plus consciente, la plus révolutionnaire de la classe ouvrière, élaborant une vision d’ensemble du développement historique. Pourquoi le parti ne peut-il regrouper immédiatement, organiser tous les prolétaires ?
Le fait même de la domination bourgeoise conduit à tronquer, à déformer la vision de la réalité et parvient momentanément à illusionner une frange de la classe ouvrière, à lui masquer la connaissance de son propre intérêt de classe.
De façon permanente, il existe une lutte d’idées où se confrontent des points de vue différents.
Ainsi deux conceptions du monde s’y affrontent. Celle que la bourgeoisie essaie d’imposer, celle que le PCF diffuse et qui entretient le pessimisme sur la possibilité de transformation révolutionnaire, qui prétend fixer de toute éternité la domination de la classe bourgeoise, qui entretient l’individualisme, le doute sur les capacités révolutionnaires du prolétariat de notre pays.
Et l’autre conception, prolétarienne, scientifique qui reflète le développement contradictoire de la réalité, la nécessité et l’inéluctabilité de la transformation révolutionnaire de cette société.
Elle exprime la voie de l’avenir. Le parti a pour tâche de participer à cette grande lutte d’idées, non pas pour y imposer un point de vue juste de l’extérieur, mais pour systématiser les idées justes qui existent, qui s’enracinent dans l’expérience quotidienne.
En effet, la vérité révolutionnaire, l’élaboration d’un point de vue juste sur la situation, la construction de la théorie de notre révolution ne peuvent se faire qu’en se fondant sur l’expérience accumulée par le prolétariat international qui s’enrichit du bilan de la pratique quotidienne de lutte des masses dans notre pays.
Le parti, dans ces conditions, ne peut en aucune façon constituer une machine bureaucratique décrétant ce qu’il faut faire, imposant son point de vue. La justesse de ses idées, c’est l’action même des masses qui la prouve. Le parti part fondamentalement du point de vue que ce sont les masses qui font l’histoire, qui constituent la force motrice de transformation révolutionnaire de la société.
Ce ne peut donc être qu’en systématisant les idées justes des masses, en partant de ces points de vue qui vont dans le sens de l’avancée de la Révolution, en les étudiant, et les rassemblant, qu’il peut construire à partir de là des propositions politiques qui correspondent aux tâches révolutionnaires du moment. Son énergie, sa force, reposent sur la liaison étroite avec la classe ouvrière.
Sa fonction est de libérer l’initiative créatrice qui existe dans les masses et non de se substituer à elles.
Ainsi, le parti ne peut prétendre être le dépositaire d’une vérité toute faite qu’il détiendrait a priori, il lui faut mener la lutte contre les idées fausses dans les masses et en lui-même, qui paralysent l’initiative, suscitent le découragement, ne prenant en compte qu’un aspect de la réalité, ne défendant pas l’intérêt d’ensemble du prolétariat.
C’est seulement ainsi, s’appuyant sur le bilan des expériences passées, liant celui-ci au mouvement actuel, qu’il élabore la théorie de la révolution en France. C’est seulement ainsi qu’il peut renforcer l’unité de la classe ouvrière autour des objectifs de son émancipation.
C’est seulement ainsi qu’il met celle-ci à même de sans cesse mieux connaître son propre intérêt d’ensemble, qu’il s’appuie totalement sur elle. Dans ces conditions, sur cette base, le parti peut élaborer le point de vue d’ensemble, inscrire l’action actuelle dans le développement historique.
Par l’application de la ligne de masse, le parti peut mobiliser largement, susciter l’enthousiasme pour la Révolution, lutter pied à pied contre les idées de capitulation.
Ayant pleine confiance dans les capacités révolutionnaires de la classe ouvrière, le parti développe la force d’initiative, la force créatrice de celle-ci. En opposition totale au PCF qui lui, recueille toutes les idées qui détournent le prolétariat de sa mission historique, il concentre en lui-même tout ce qui s’inscrit dans la perspective de la Révolution.
Refusant de compter seulement sur la force et l’activité de quelques uns, il s’appuie sur le plus grand nombre, faisant connaître très largement sa politique et les tâches du moment élaborées sur la base du bilan des luttes et victoires du prolétariat de notre pays et des autres pays.
Et c’est par la seule persuasion, par une large lutte d’idées que le parti combat et fait reculer les points de vue qui se dressent comme des obstacles à l’avancée révolutionnaire.
Dans son fonctionnement interne, le parti applique le principe du centralisme démocratique. Ainsi, l’élaboration de sa ligne politique, la construction d’un point de vue d’ensemble reposent sur tous les membres du parti.
De ce point de vue, le parti a pour tâche de transformer, de traiter, de concentrer en lui-même, sur la base de sa pratique sociale et celle des masses, les idées justes de celles-ci.
Sans ce travail d’élaboration interne, toute l’expérience acquise dans les luttes, toutes les idées issues de ces luttes, resteraient dispersées et ne pourraient devenir un acquis pour l’ensemble de la classe. En aucune façon, le parti ne peut élaborer sur sa seule base une juste ligne politique. Ce ne peut être non plus quelques personnes dans un parti qui peuvent élaborer les propositions politiques d’ensemble.
C’est chaque membre du parti qui s’approprie ce point de vue d’ensemble, et participe à son enrichissement en le confrontant à sa propre pratique sociale dans le cadre de sa cellule.
En approfondissant les leçons du travail quotidien à la lumière du marxisme-léninisme, en tirant le bilan des initiatives, en s’appuyant sur les victoires quotidiennes contre le révisionnisme, le parti peut tracer la voie de la Révolution.
Mais pourquoi le centralisme ? Pour fixer les tâches, il est nécessaire de faire l’analyse de la situation dans son ensemble. La lutte contre la bourgeoisie exige que le parti de la classe ouvrière puisse centraliser l’ensemble des éléments d’appréciation de la situation, puisse faire converger en un tout unique l’énergie révolutionnaire des masses.
Sans ce cadre strictement centralisé, c’est la dispersion des efforts qui s’effectue, c’est la dispersion des idées justes qui est maintenue.
Pour élaborer la théorie de la révolution, le parti se constitue nécessairement en force agissante qui guide la transformation révolutionnaire de la réalité. Par le renforcement du centralisme, le parti se donne les moyens de rassembler en un tout unique l’effort d’ensemble pour une progression effective dans la préparation de la Révolution.
Et cette discipline nécessaire dans l’action ne se présente nullement comme une contrainte extérieure, mais comme une nécessité interne pour une réalisation rigoureuse de tâches déterminées collectivement.
Le parti ne constitue pas un îlot dans la société. La lutte de classes qui traverse cette société, la lutte entre les deux voies qui existe dans la classe ouvrière se reflète nécessairement à l’intérieur même du parti.
Les points de vue justes n’existent donc pas d’emblée, ils se construisent, se précisent au cours même de la lutte entre deux voies, deux lignes, deux classes. Et c’est en maîtrisant de mieux en mieux cette loi de son édification que le parti peut s’édifier. Ainsi, il y a nécessité dans le parti d’une large démocratie prolétarienne.
Celle-ci en opposition radicale avec la démocratie bourgeoise qui se définit en négatif constitue le devoir pour chaque militant de participer à la vie politique, de donner son point de vue, d’exprimer ses idées.
Sans cette participation active, consciente de chacun, la démocratie est une coquille vide et l’élaboration d’un point de vue d’ensemble est compromise. Seule, cette large et vivante confrontation de points de vue, sur la base de la pratique sociale, permet la construction de propositions justes, auxquelles chaque membre du parti prend part.
Si des points de vue justes ne sont pas donnés d’emblée, mais sont le résultat d’un processus de lutte, cela signifie que le parti est amené à chaque moment, dans son fonctionnement à résoudre des contradictions.
Cela se fait par la critique et l’autocritique. Par ce moyen, peuvent être dépassés les points de vue partiels, superficiels, unilatéraux, par ce moyen, peuvent être combattues les conceptions étrangères au marxisme-léninisme, les influences révisionnistes dans le parti lui-même.
Ainsi, par son fonctionnement, le parti. donne les moyens à chacun de ses membres de s’approprier un point de vue d’ensemble, de s’assimiler le marxisme-léninisme, d’analyser une situation tout en la transformant. Mais le parti ne peut corriger les défauts et se renforcer en s’appuyant uniquement sur la vigilance révolutionnaire de ses membres. Il doit se soumettre à la critique des masses, se garder de masquer ses erreurs.
En effet, c’est en analysant lui-même ses insuffisances devant les masses, c’est en sollicitant leurs critiques, leurs suggestions que le parti peut s’édifier en véritable parti communiste. Loin de tenter de s’abriter de la critique des masses, le parti doit donner à celles-ci le moyen de contribuer à corriger les erreurs, en révélant celles-ci.
Ainsi, avec l’avancée dans l’édification du parti, les idées justes gagnent du terrain à l’échelle d’ensemble de la classe ouvrière. La participation active du parti à la lutte d’idées, à la détermination de tâches, permet une appropriation sans cesse élargie des problèmes liés à la révolution.
Dans ce processus, la ligne prolétarienne du parti se précise, correspond de plus en plus étroitement aux nécessités, aux exigences de la situation concrète. C’est cela fondamentalement qui conduit à une prolétarisation renforcée du parti, à un élargissement significatif et croissant de ses forces dans la classe ouvrière, rassemblant en lui tous les éléments les plus conscients, les plus expérimentés, les plus révolutionnaires.
Et ces camarades ouvriers prennent nécessairement une place de plus en plus importante dans ce parti qui est le parti de leur classe, non pas simplement en y étant de plus en plus nombreux, mais sur la base d’une assimilation plus approfondie de l’idéologie de leur classe, en devenant très largement dirigeants et cadres du parti. C’est là aussi une exigence fondamentale du parti de type nouveau.
A l’heure où dans notre pays, la société impérialiste révèle de plus en plus nettement son caractère décadent, où la Révolution constitue la seule issue possible, l’exigence de la construction du parti de type nouveau s’affirme avec une force accrue.
Il est porteur des espoirs de milliers de prolétaires, qui aspirent à la révolution, à la construction d’une société socialiste. Nombreux sont ceux qui au coeur des bagnes capitalistes, font l’expérience chaque jour du caractère d’exploitation et d’oppression de cette société. Concentrant l’énergie révolutionnaire du prolétariat de notre pays, systématisant l’expérience de celui-ci, il saura tracer la voie de la révolution prolétarienne.
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe