Le caractère néo-classique du réalisme socialiste correspond au fait que le socialisme vit par un peuple en particulier. Pour cette raison, la forme néo-classique change selon les républiques soviétiques et, dans tous les cas, l’art atteint une reconnaissance nationale.
Il faut saisir le réalisme socialiste comme l’expression culturelle démocratique des masses, par et dans le socialisme. Le peintre et théoricien de l’art Konstantin Juon explique que
« C’est sur son sol natal que l’art peut développer ses formes et ses traits nationaux authentiques, en liaison avec le nouveau contenu socialiste.
Le coloris spécifique de la vie et de la nature, les types humains, la richesse architecturale, ornementale, celle de l’habillement, le caractère unique du style, des formes et des couleurs propres aux différents lieux sont susceptibles de créer de nouvelles valeurs artistiques qui constitueront un apport original à l’art mondial. »
C’est la reconnaissance de la dignité du réel, et Konstantin Juon parle également de
« la subordination du principe intuitif à la pensée consciente, laquelle n’entre pas en contradiction avec l’intuition, mais ne fait au contraire que la préciser. »
Konstantin Juon mentionne également
« l’appréhension synthétique ou universelle, selon le terme de Léonard de Vinci, des phénomènes. »
Cette unité fait que le trait distinctif du réalisme socialiste est
« la liquidation des contradictions entre l’artiste et le spectateur, entre le talent et la conception du monde (…), le réalisme compris non seulement comme la représentation véridique du monde visible, mais aussi comme l’expression de la pensée critique et des sentiments de l’homme par rapport aux phénomènes de la vie. »
Voici, en ce sens, une œuvre de Nikolaï Karakhin. C’est un peintre ouzbek, ce qui explique l’approche picturale particulière, présente ici la construction du lac Komosomol, à Tachkent.
La représentation des ouvrières estoniennes est, par définition, différente sur le plan pictural.
Le Dictionnaire philosophique abrégé de 1951, publié en Union Soviétique, donne la définition suivante de l’art en URSS :
« L’art soviétique est profondément populaire non seulement par son contenu et son orientation idéologique, mais aussi par sa forme.
Lénine disait que le nouvel art doit être compris des masses. En 1948, la Résolution du Comité central du PC(b) sur l’opéra La grande amitié de V. Muradeli a donné des directives claires en cette matière.
On y indique que les fondements de l’orientation réaliste dans la musique soviétique sont l’alliage « d’un contenu élevé et d’une perfection artistique de la forme musicale, la véracité et le caractère réaliste de la musique, son lien profondément organique avec la création musicale du peuple et l’art du chant de ce dernier, une haute maîtrise professionnelle accompagnée d’une simplicité et d’une accessibilité des œuvres musicales. »
La méthode du réalisme socialiste postule la fusion organique de l’élément national et de l’élément international dans l’art.
La position élaborée par le camarade Staline oriente ici l’art soviétique : la culture soviétique est une culture socialiste par son contenu et nationale par sa forme. »