Un tournant bien significatif de l’humanité rouge (1973)

[Publié dans Front-Rouge le 12 juillet 1973.]

Dans leur dernière publication, les dirigeants de l’Humanité « Rouge » : amorcent un virage très intéressant.

Nous n’embarrasserons pas nos colonnes de réponses à leurs diverses calomnies ; nous ne reprendrons pas une à une toutes leurs bêtises politiques : nous avons déjà eu l’occasion de stigmatiser le comportement anti-unitaire et opportuniste de cette organisation petite bourgeoise, mais aujourd’hui nous avons le devoir de mettre en garde tous les militants qui se rattachent de près ou de loin au marxisme-léninisme contre l’évolution particulièrement dangereuse de la ligne de l’Humanité « Rouge ».

En effet, dans les derniers mois, une lutte semblait se dessiner au sein de cette organisation entre des positions de principes, vagues et générales mais correctes, notamment contre l’électoralisme, contre les orientations réformistes du programme commun des partis de gauche d’un côté, et d’un autre côté des positions particulièrement opportunistes tendant à mettre une partie du mouvement révolutionnaire à la remorque des révisionnistes modernes.

La coexistence de ces diverses positions dans le journal dissimulait mal cette lutte : il est clair aujourd’hui qu’a triomphé sans partage la ligne opportuniste à 100%.

En quoi consiste-t-elle ?

Les deux derniers numéros de l’Humanité « Rouge » désignent à l’évidence la lutte antifasciste comme l’axe principal de lutte offert à ses militants.

Le dernier numéro lui est pratiquement consacré en entier. De ce choix résultent de très graves conséquences :

–d’abord dans un appel aux militants du P »c »F disparaît toute critique marxiste-léniniste des positions bourgeoises, contre-révolutionnaires de ce parti. Alors même qu’une large partie de la classe ouvrière, par delà ces militants, est abusée par des illusions réformistes développées par le P »c »F, alors même qu’elle est détournée de la perspective de la révolution par la voie sans issue de la démocratie avancée, s’adresser au P »c »F quand on prétend être marxiste-léniniste, sans souligner le rôle d’auxiliaire précieux de la bourgeoisie joué par le révisionnisme, c’est abdiquer toute conscience révolutionnaire, c’est sombrer dans le plus grand opportunisme.

 — ensuite caractériser principalement la Ligue trotskiste comme une organisation anti-fasciste, c’est se vouer délibérément à être aveugle sur le rôle effectif joué par les trotskistes au profit du révisionnisme donc de la bourgeoisie.

Ces conséquences proviennent d’une très grave erreur politique commise par les dirigeants de l’Humanité « Rouge ».

Cette erreur consiste à intervertir systématiquement causes et effets.

Au moment même où d’important détachements de la classe ouvrière principalement chez les OS entrent en lutte de façon résolue contre leurs exploiteurs, les révisionnistes du P »c »F et de la CGT, leurs acolytes réformistes du PS et de la CFDT se montrent incapables de donner un débouché à ces luttes dont les mots d’ordre entrent en contradiction avec les perspectives du programme commun. Il en va de même avec le mouvement résolu des travailleurs immigrés contre la circulaire Fontanet.

Face à ces mouvements, la bourgeoisie qui trouve les réformistes ou débordés ou absents des luttes, emploie fréquemment la répression brutale des ses forces de police.

Répression directe et répression indirecte par l’entremise des organisations réviso-réformistes, telle sont les deux armes absolument solidaires de la bourgeoisie face à la révolte des travailleurs. Quand les révisionnistes et les réformistes rencontrent cette impasse, comme au lendemain de leur échec électoral, la bourgeoisie a tendance à utiliser la répression directe, peu confiante qu’elle est dans ses propres tentatives démagogiques.

Au moment même où se font jour les bases d’une cassure entre les révisionnistes et une frange avancée des masses, s’agit-il comme le préconise l’Humanité « Rouge » de tendre la main aux militants du P »c »F pour les inviter à une illusoire unité antifasciste ou s’agit-il d’ouvrir les yeux à la classe ouvrière, d’étendre en la rendant consciente cette cassure, constatée dans les principaux mouvements actuels entre les révisionnistes et les travailleurs en lutte ?

En réalité, ce que l’Humanité « Rouge » et avec elle quelques autres mouvements petits bourgeois, baptise fascisation n’est que l’apparition à visage découvert de la démocratie bourgeoise là où le révisionnisme et le réformisme sont en recul.

Ce que l’Humanité  » Rouge  » est incapable de comprendre, c’est que la menace fasciste n’a de sens et de réalité qu’avec un recul qualitativement différent du révisionnisme et du réformisme, qu’avec une progression plus large et plus conséquente de la perspective Révolutionnaire dans les masses.

Là où la tâche des Révolutionnaires consistent à prendre en main l’organisation des travailleurs et la défense de leurs aspirations réelles, et par la riposte à la répression de la bourgeoisie qu’ils encourent dans leurs luttes, l’HR trouve le moyen de proposer un front défensif contre le fascisme, masquant et la nature de la démocratie bourgeoise, dictature violente sur les masses exploitées, et la nature du révisionnisme, au moment où il se trouve en recul.

— au moment où les révisionnistes du P »c »F tentent de refaire leur image de marque en se présentant comme les meilleurs défenseurs de libertés, au moment où ils rivalisent avec le PS pour occuper toute la place que la bourgeoisie assigne à la sociale-démocratie en vue des élections à venir, au moment donc où le P »c »F cherche à rallier à lui, pour faire l’appoint de voix, les couches indécises de la petite bourgeoisie, la tâche des révolutionnaires n’est pas de se faire les instruments de cette manœuvre.

— au moment où la bourgeoisie tente de dévoyer les aspirations révolutionnaires des travailleurs en présentant comme le parti révolutionnaire, la Ligue trotskiste, pour cela réprimée et pour cela dissoute, le rôle des marxistes-léninistes n’est pas d’entrer dans le jeu. Pendant 5 ans, le parti authentiquement communiste, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste a été constamment réprimé, ses militants pourchassés, sans que la presse bourgeoise consacre aux arrestations des militants suspectés de sa reconstitution plus de cinq lignes. De cela l’HR depuis 3 ans ne s’est guère émue et a partagé ce silence.

C’est pour tout cela que nous mettons en garde les militants révolutionnaires contre les tentatives stériles de l’Humanité  » Rouge  » de dévoyer leur combat vers l’axe principal de la lutte pour les libertés démocratiques.

Ne vous laissez pas abuser camarades par les gesticulations groupusculaires à la remorque des révisionnistes, depuis la manifestation du 20 juin jusqu’au dernier meeting du cirque d’Hiver.

La place des Révolutionnaires est dans les entreprises aux côtés des travailleurs qui prennent progressivement conscience des illusions réformistes, avec les travailleurs immigrés, pour contrer la circulaire anti-grève de Fontanet, pour organiser sur le terrain comme à Ivry par exemple la riposte aux crimes racistes qui l’accompagnent ; le rôle des communistes est d’être actifs, présents en tant que tels dans les luttes des travailleurs contre la bourgeoisie, d’aider à la prise de conscience progressive des travailleurs de la nature bourgeoise du réformisme, d’être à l’offensive contre la bourgeoisie et le réformisme ; là où l’HR s’efforce péniblement de dévoyer les révolutionnaires vers la lutte contre les conséquences des luttes de classe en cours : la répression ; les communistes doivent mettre au premier plan le développement de ces luttes et leur approfondissement politique.

 Les raisons des erreurs politiques très graves de l’HR sont claires : groupe petit bourgeois coupé de la réalité de la lutte de classe, l’HR est voué à enregistrer les conséquences de ces luttes sur la mise à nu de démocratie bourgeoise, de son caractère répressif. Sa seule réponse consiste à reprendre mécaniquement le schéma de la lutte anti-fasciste de 1934, à préconiser un front populaire anti-fasciste alors même que rien ne rappelle la situation d’alors.

Ni l’organisation révolutionnaire des masses (comment comparer la large organisation des travailleurs par le Parti Communiste et la liaison embryonnaire des révolutionnaires avec la classe ouvrière aujourd’hui), ni la crise économique et politique de la bourgeoisie ne sont comparables. L’histoire d’ailleurs, ne se répète pas.

L’HR qui fait grand bruit autour de sa participation, au demeurant modeste à la manifestation contre Ordre Nouveau du 21 juin, manifestation à laquelle nous avons également participé, tente aujourd’hui au nom de la lutte anti-fasciste de ramener dans le sillage du P » C « F les militants révolutionnaires qui ont plus que jamais à le combattre. A propos où en sont les Comités d’Unité Populaire censés organiser cette unité à la base contre le fascisme !

Même si son influence est ridiculement faible, nous ne devons pas négliger nos efforts pour ouvrir les yeux des militants qu’HR trompe et qui ont mieux à faire que s’embourber dans le marais opportuniste. A ces militants, nous tendons une main fraternelle.

Quittez ces piètres staliniens qui participent à leur manières aux tentatives grossières de la bourgeoisie pour redorer le blason terni du trotskisme, quittez ces piètres marxistes-léninistes qui au nom de l’unité anti-fasciste se réfugient dans le giron du P » C « F.

Vous connaissez tous l’histoire de celui qui criait au loup chaque fois qu’il croyait le voir et que personne n’a cru quand le loup est effectivement venu. HR depuis plus de 5 ans joue ce jeu dangereux.

 A BAS L’OPPORTUNISME, VIVE LE MARXISME-LÉNINISME !

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Sur Marchais et Krivine suite au 21 juin 1973

[Publié dans Front Rouge le 12 juillet 1973.]

Au cirque d’hiver…le chef de piste s ‘appelait marchais

(dans un encadré, au dessus de ce titre et sous la photo de Jacques Duclos s’adressant aux militants venus protester contre l’interdiction de la Ligue communiste, la légende suivante :  » Ecouter Duclos faire acclamer  » le P » C « F, le grand parti révolutionnaire de notre temps :, Detraz (CFDT) faire applaudir les flics démocrates, ou la claque du P » C « F scander  » Union populaire pour les libertés. Les communistes n’avaient vraiment aucune raison d’appeler à ce meeting.  » )

Le 5 juillet, la gauche réformiste P » C « F en tête, tenait un meeting contre la dissolution de la Ligue  » communiste « , avec le soutien de nombreux groupes trotskistes et de quelques camarades se réclamant du marxisme-léninisme qui avaient eu la naïveté d’emboîter le pas.

La mobilisation au regard du nombre et de l’importance des organisations participantes a été faible (quelques milliers) malgré un effort certain du P » C « F qui avait distribué des tracts jusque dans les banlieues. Ce fait témoigne doublement de la coupure entre les trotskistes et la classe ouvrière : d’une part parce que la clientèle petit-bourgeois de ces diverses sectes était en vacances, d’autre part parce que les ouvriers que le P » C « F parvient encore à tromper ne se sont guère dérangés pour l’occasion.

Cependant, ce meeting éclaire bien le sens de la provocation policière du 21 juin, dans laquelle la Ligue avait donné à tête baissée. En effet, la dissolution de la Ligue qui a suivi, a donné l’occasion au P » C « F et au PS de se livrer à une nouvelle opération démagogique dans leur course à l’électorat petit-bourgeois.

Tandis que Mitterrand recevait Krivine, le P » C « F prenait l’initiative du meeting, et marquait un nouveau point dans sa tentative de se dédouaner de son passé communiste en se présentant pour ce qu’il est : un vulgaire parti bourgeois. Ainsi se prolongeait l’entreprise du 20 juin. Ainsi, P » C  » et PS détournaient-ils l’attention de l’offensive de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, et soutenant par là cette offensive.

D’un autre côté, au moment même où elle était dissoute, la Ligue obtenait la réalisation de son rêve de toujours : l’unité – fragile, difficile, mais l’unité – avec le P » C « F. Le soutien qui lui a été accordé à cette occasion montre que les révisionnistes n’ont rien à craindre d’une organisation dont la fonction a consisté, au cours des années passées, à ramener dans le sillage des initiatives du P » C « F les jeunes qui se dégoûtait de lui, et à détourner par sa nature petite-bourgeoise la classe ouvrière de la Révolution.

En appelant au meeting du P » C « F qui leur refusait la parole les dirigeants de la Ligue ont confirmé une fois de plus cette orientation fondamentale. Le chahut de leurs militants n’y a rien changé : au cirque d’hiver, le chef de piste s’appelait Marchais.

En définitive, la dissolution de la Ligue et le meeting qui l’a suivi auront été un facteur de clarification politique, montrant comment la lutte contre la répression peut devenir le prétexte à une unité sans principes et sans perspectives des opportunistes de toute espèce.

[Publié dans Front-Rouge le26 juillet 1973.]

A propos de l’emprisonnement de krivine

 Il est clair, à présent, que le ministre de l’intérieur a favorisé et, au besoin, provoqué la débandade de certains de ses flics, lors de la manifestation du 21 juin contre le meeting raciste d' » Ordre Nouveau « .

Cette opération policière visait d’abord à répandre largement, une fois de plus, une image complètement déformée des Révolutionnaires et de la violence révolutionnaire, pour inciter les masses à s’en détourner. Et cela au moment où la bourgeoisie lançait ses flics, ses nervis à St-Etienne, à Besançon, à Fos, à Grasse, contre les ouvriers en lutte, partout où elle ne pouvait pas compter sur la collaboration des révisionnistes.

Il s’agissait de faire croire que les révolutionnaires n’avaient pas d’autre idéal que la violence pour la violence, pas d’autre but que de  » casser du flic « , de brûler des cars de police-secours… Il s’agit d’autre part, de justifier et de multiplier les actes de contrôle des travailleurs en faisant passer la violence de classe des ouvriers en lutte pour des  » provocations gauchistes « .

Mais l’opération avait en même temps, un autre but : en décrétant, à la suite du 21 juin la dissolution de la Ligue trotskiste, la bourgeoisie visait à désigner publiquement cette organisation en perte de vitesse comme le parti révolutionnaire, à redorer son blason.

Toute une série de groupe petits bourgeois trotskistes et néotrotskistes en tête, y compris  » l’Humanité Rouge « , ont emboîté le pas à cette opération et ont pris, en chœur la  » défense  » de la Ligue.

Ce faisant, au nom de la lutte  » antifasciste « , il ont appelé à s’accoler encore plus étroitement au P » C « F (et au PS) et leur ont permis au cirque d’Hiver, de se poser en défenseurs des  » libertés « , en protecteurs de  » l’extrême-gauche « . Ce faisant, ils ont tenté de colmater la brèche ouverte entre les révisionnistes et les travailleurs, et de détourner la classe ouvrière de la bataille contre la répression de ses luttes.

Krivine et Rousset en prison ; c’est le clou de cette opération. Après avoir façonné l’image de marque  » révolutionnaire  » de Krivine (élections présidentielles de 69, face à face avec STASI à la télé, longues déclarations à la radio après le 21 juin), la bourgeoisie le met quelques temps derrière les barreaux. Cela lui permet d’en faire un martyr et de mieux préparer sa publicité pour un éventuel procès, à la rentrée par exemple.

A vrai dire, la campagne pour la libération de Krivine, n’a rencontré pratiquement aucun écho parmi les travailleurs. Par exemple sur les marchés, les ouvriers indifférents aux slogans  » Marcellin démission  » soutiennent activement nos interventions contre les agressions racistes, contre les bombardements US au Cambodge.

Toutefois, cette mise en scène, cette manœuvre ne peut que semer la confusion. Elle a assez duré.

Halte à la politique hypocrite de la bourgeoisie !

Krivine, Rousset hors de prison !

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A propos des théories de la fascisation (1973)

[Publié dans Front Rouge le 5 juillet 1976.]

La vague de répression qui s’abat sur les luttes ouvrières (Fos, Besançon, Grasse), la dissolution de la Ligue  » Communiste  » la manifestation du P  » C  » F pour  » la défense des libertés « , remettent à l’ordre du jour une question politique importante : oui ou non, existe-t-il en France un danger fasciste ? La bourgeoisie s’engage-t-elle dans un processus qui mène au fascisme ?

des mesures répressives dans le cadre de la démocratie bourgeoise

A l’appui de la théorie de la  » fascisation du pouvoir « , ses partisans apportent une série de preuves matérielles du renforcement de la dictature de la bourgeoisie : renforcement considérable de la police, développement de la branche  » Défense Opérationnelle du Territoire  » de l’armée, (spécialisée dans la répression d’éventuels mouvements insurrectionnels), adoption de lois répressives réactionnaires (notamment la fameuse loi  » anti-casseurs  » etc…

Mais chacun sait que le pouvoir de la bourgeoisie s’exerce par son appareil d’Etat répressif, et que, dans le cadre même du régime de démocratie bourgeoise, la bourgeoisie n’hésite pas à le faire intervenir pour réprimer la classe ouvrière et les révolutionnaires, et se préoccupe constamment de le renforcer.

Des  » lois scélérates  » d’avant 1914 à l’emprisonnement des communistes en 1920, de la constitution des CRS (avec des débris des GMR Vichystes) à la répression des grèves de 48, du  » complot des pigeons  » à l’application de l’article 16 pendant la guerre d’Algérie, de telles mesures n’ont pas manqué dans l’histoire de nos  » républiques Démocratiques « .

Aussi est-ce dans la situation politique, dans la réalité des rapports de classe au moment présent de l’histoire, et non dans l’existence d’une série de mesures réactionnaires qu’on peut trouver la réponse à la question des projets politiques de la bourgeoisie.

L’expérience de l’instauration ou des tentatives d’instauration du fascisme dans les métropoles impérialistes montre que le fascisme est le produit politique de l’impérialisme, du capitalisme des monopoles : le fascisme comme le montrait Dimitrov au VIIe congrès de l’Internationale Communiste visait alors à faire retomber tout le poids de la crise économique sur la classe ouvrière, à préparer la guerre pour l’asservissement des peuples semi-coloniaux et le repartage du monde, à devancer la montée des forces de la Révolution en écrasant le mouvement Révolutionnaire des ouvriers et des paysans.

Crise économique d’une profondeur et d’une durée sans précédent, lutte pour le repartage du monde, montée de la Révolution Prolétarienne : ces trois traits sont effectivement typiques de l’impérialisme, du capitalisme agonisant. Aussi les communistes avaient-ils raison, au lendemain de la victoire dans la guerre anti-fasciste, de souligner que le germe du fascisme demeurait, que le danger fasciste ne disparaîtrait de la surface du globe qu’avec la formation qui le secrète : l’impérialisme.

De là à faire de la lutte contre le fascisme leur tactique permanente sous la dictature impérialiste, il y a un pas que les communistes ne franchiront pas. Revenons à notre pays aujourd’hui : la situation justifie-t-elle les théories sur la  » montée du fascisme  » ?

ou en est la crise de l’impérialisme ?

Sur le plan économique, la classe ouvrière connaît une aggravation de ses conditions de vie et de travail, marquée par l’intensification du travail, l’extension du chômage et la baisse du salaire réel ; les couches petites-bourgeoises traditionnelles et les paysans individuels se voient progressivement chassés de leurs anciennes positions et réduits à la condition de prolétaires, tandis que se développent des couches parasitaires ; à l’intérieur de la bourgeoisie elle-même, la concentration du capital progresse de jour en jour.

Autant de trait typiques de l’impérialisme à l’époque de sa crise générale.

Autant de signes de la dépression qui vient, auxquels il faut ajouter la crise monétaire désormais permanente et l’aiguisement de la concurrence inter-impérialiste ; mais non pas de traits d’une période de crise économique du type de celle des années 30 ; le grippage de toute la machine capitaliste, la régression considérable de la production qu’ont connus toutes les métropoles impérialistes, entre les 2 guerres, ne se sont pas encore produits.

Tant bien que mal, les bagnes capitalistes produisent chaque année plus d’automobiles, plus de biens de toutes sorte, amenant progressivement le marché vers une saturation qu’il n’a pas encore atteinte. Pour féroce qu’il soit dans sa course aux profits maximums, la question ne se pose pas encore à l’impérialisme de faire porter à la classe ouvrière le poids de la crise  » extrêmement profonde  » dont parlait Dimitrov et qui n’est pas encore là.

la question de l’influence du révisionnisme

Serait-ce alors dans la situation politique, dans la montée du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière qu’il faudrait chercher la justification de l’urgence de la lutte contre le danger fasciste ?

Dans les conditions de notre pays, quiconque ne se paye pas de mots doit lier son appréciation de la montée du mouvement révolutionnaire prolétarien à la perte de l’influence révisionniste sur une fraction appréciable de la classe ouvrière. Pour les marxistes-léninistes, la situation objective de la classe ouvrière en fait une classe révolutionnaire. La paupérisation qu’elle subit accélère sa tendance profonde à rejeter l’influence du P  » c  » F passé à la bourgeoisie, à envisager l’issue révolutionnaire et à s’organiser dans ce but.

Dès aujourd’hui, l’expérience accumulée dans les luttes quotidiennes tend à lui montrer que le P  » c  » F lui est étranger, qu’il ne sert en définitive que les intérêts d’une mince couche achetée par la bourgeoisie.

Mais notre confiance profonde dans les capacités révolutionnaires de la classe ouvrière notre certitude qu’elle saura rejeter le révisionnisme ne nous cache pas qu’il s’agira d’une lutte longue, difficile et complexe. Si au lendemain de mai-juin 68, une frange de la classe ouvrière rejetait la direction du P  » c  » F, et recherchait une perspective révolutionnaire, force est bien de constater que quelques années plus tard, ce germe de prise de conscience avait été gâché par l’opportunisme, que les mêmes travailleurs étaient pour un temps rentrés dans le rang militaient à la CGT et se montraient particulièrement furieux contre les  » gauchistes  » qui les avaient déçus.

Les grandes grèves qui, en 1971, ont vu les OS se dresser contre l’exploitation et ébranler l’édifice de collaboration de classe se sont déroulées sur des mots d’ordre qui, dans la lutte économique même, traduisaient encore l’influence du révisionnisme.

Et si aujourd’hui, après l’échec électoral subi par  » l’Union de la Gauche « , de nombreux travailleurs entrent en lutte sur leurs propres mots d’ordre, rejetant le point de vue et les calculs de ceux qui se préparent à gérer le capitalisme, et exprimant parfois leurs aspirations à la Révolution, nous sommes encore loin d’un mouvement révolutionnaire de masse, posant la question du pouvoir et disputant aux perspectives électorales révisionnistes en cul-de-sac, les larges masses de la classe ouvrière.

Les dernières élections législatives, la place qu’y a occupé  » l’Union de la gauche  » et les illusions qu’elle a pu semer, la préoccupation qu’a eue à cette occasion la bourgeoisie de reconstituer, à côté du parti révisionniste, un fort parti social-démocrate susceptible de participer à l’entreprise de tromperie électoraliste ne tracent pas le tableau d’une situation où la bourgeoisie se préparerait à renoncer aux commodités de la duperie parlementaire pour recourir au fascisme. Le révisionnisme et le réformisme sont encore pour un temps, de trop bons garants pour le maintien de son pouvoir.

Les théoriciens de la  » fascisation  » ont coutume de nier la difficile bataille contre le révisionnisme, de la considérer comme d’ores et déjà gagnée. Peu avant les élections de mars, au moment où le P  » C  » F et le PS avec la CGT et la CFDT, parvenaient à mettre pour l’essentiel sous l’éteignoir les luttes ouvrières en agitant leur  » Programme commun  » ; au moment où nos camarades dans les entreprises nous disaient combien notre juste position d’abstention Révolutionnaire était à contre-courant face aux faux espoirs de la victoire électorale de  » l’union de la Gauche « , les plus bêtes de ces pourfendeurs du danger fasciste trouvaient le moyen de claironner que l’électoralisme était définitivement battu en brèche dans la classe ouvrière !

Seule une secte étrangère dans son essence à la classe ouvrière, sourde à la voix des militants ouvriers qu’elle peut compter dans ses rangs, peut s’illusionner au point de prendre de cette manière son rabâchage de dogmes pour l’analyse de la situation concrète.

Les petits bourgeois à la traîne du P »C »F

Les théoriciens de la  » fascisation « , du  » fascisme qui vient d’en haut  » ont en effet deux traits fondamentaux qui leur sont communs : leur nature de classe et leur fonction politique.

Leur nature de classe d’abord : la petite-bourgeoisie, avec les illusions qu’elle traîne sur la démocratie bourgeoise, s’avère incapable de comprendre son caractère répressif, répressif à l’égard de la classe ouvrière et des larges masses. Chaque mesure de répression de la bourgeoisie, chaque renforcement de la dictature de la bourgeoisie, les voient redouter immédiatement le fascisme et voler au secours de la  » démocratie  » même quand elle n’est pas menacée par l’essentiel.

Leur fonction politique ensuite, profondément liée à cette nature de classe. Aujourd’hui que les premières brèches s’ouvrent dans la domination du révisionnisme sur la classe ouvrière, la tâche des révolutionnaires est de consacrer toute leur énergie à les élargir, à mobiliser les masses indépendamment des vieux partis dégénérés, à leur ouvrir, chemin faisant, la perspective de la Révolution Prolétarienne, à édifier dans cette lutte le Parti prolétarien. Ouvrir la perspective de la Révolution, établir sans hésiter une démarcation nette avec le révisionnisme, ces deux tâches sont indissolublement liées.

Or les révolutionnaristes petits-bourgeois, tout en proclamant que la seule alternative au fascisme est la révolution Prolétarienne, le socialisme, s’acharnent dans la pratique à maintenir la classe ouvrière dans le sillage du P  » c  » F, sous prétexte d’édifier, qui le Front Unique prolétarien, qui le Front Populaire antifasciste. Certains s’adressent ouvertement aux directions révisionnistes et réformistes pour leur proposer l’unité.

D’autres préfèrent proclamer que le Front Unique, le Front Populaire doivent se réaliser à la base. Dans la pratique, alors que malgré ses progrès, l’édification d’une force politique Révolutionnaire prolétarienne est encore à ses débuts, ils en viennent régulièrement à gesticuler comme les premiers à la queue des initiatives révisionnistes : c’est ce qu’ils avaient fait le 1er mai, c’est ce qu’ils viennent de faire le 20 juin : c’est ce qu’ils ne manqueront pas de faire ouvertement à l’occasion de la dissolution de la  » Ligue communiste « .

Les uns comme les autres, en brandissant le drapeau de la révolution prolétarienne pour mieux détourner les masses vers le révisionnisme, font diversion dans la tâche d’édification du Parti prolétarien.

à bas la répression contre le classe ouvrière !

Face à ces diversions. Les marxistes-léninistes ne se laissent pas détourner de leurs tâches de l’heure : commencer à arracher au révisionnisme, à gagner à la Révolution Prolétarienne une première fraction de la classe ouvrière, en visant principalement les plus exploitées.

Face aux diverses mesures de renforcement de la dictature bourgeoise, ils appelleront les masses à l’action en montrant le véritable visage de la  » démocratie  » sous le signe du capital. L’expérience de ces derniers mois montre, avec la circulaire Fontanet, avec la répression sauvage des dernières grèves ouvrières, que la bourgeoisie use particulièrement de son arsenal répressif contre les secteurs de la classe ouvrière qui tendent à échapper au révisionnisme. Aussi, c’est dans la défense du droit de grève et de liberté des manifestations pour la classe ouvrière dans la lutte contre les milices patronales que réside aujourd’hui pour l’essentiel l’application du mot d’ordre de Staline :  » relever le drapeau des libertés démocratiques « .

C’est autour de ces tâches dans la perspective de la Révolution Prolétarienne, que nous appelons à s’unir la classe ouvrière et tous les progressistes disposés à soutenir son combat. 

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A propos de la dissolution de la ligue trotskiste (1973)

[Publié dans Front Rouge le 5 juillet 1973.]

Front Rouge à l’occasion de l’interdiction de la Ligue trotskiste a interrogé Bernard Rey militant marxiste léniniste, qui a été condamné après une inculpation de reconstitution du PCMLF en 1970. Il donne ici le point de vue des marxistes-léninistes.

Front Rouge – Que penses-tu des affrontements du jeudi 21 juin , lors du meeting d' » Ordre Nouveau  » ?

Bernard Rey – La tenue de meeting en plein Paris devait immanquablement provoquer une contre-manifestation comme cela avait été le cas lors du meeting précédent d' » Ordre Nouveau  » au Palais des Sports en 71.

Faire protéger les quelques centaines de nazillons rassemblés, par les forces de répression, c’était être sûr que les contre-manifestants les affronteraient!

C’est le caractère extrêmement violent de cet affrontement qui a surpris : 80 policiers blessés ! Le  » Monde  » et l' » Humanité  » ont publié des témoignages émanant du Syndicat majoritaire de la police qui apportent une explication à l’ampleur de cet affrontement : les forces de répression sur le terrain auraient été privées par leurs responsables des renseignements, du matériel, des directives qui leur sont habituellement prodigués pour réprimer les manifestations ! Marcellin a mollement démenti.

En tous cas, cela a déclenché toute une campagne de propagande orchestrée à la radio et dans les journaux, pour dénoncer l’usage de la violence. Tout est fait pour convaincre les travailleurs que la violence ne mène qu’à l’échec, qu’il faut renoncer à son usage, qu’il faut se détourner des révolutionnaires qui la prônent.

FR – Pourquoi cette campagne particulièrement aujourd’hui ?

BR – A mon avis, cela s’explique directement par la situation actuelle et les difficultés qu’éprouvent la bourgeoisie dans les luttes actuelles. Depuis l’échec de la gauche aux élections de Mars, la classe ouvrière rejetant la tutelle des syndicats a en de nombreux endroits engagé des grèves sur ses véritables revendications, conduisant elle-même la lutte.

Sur des franges importantes de travailleurs, les perspectives de la  » gauche unie  » n’ont pas de prise aujourd’hui : l’échec de 73 a éclairé pour une période ces travailleurs sur le projet que constitue le programme commun. Ils sont parfaitement réceptifs aux idées révolutionnaires.

Cela, la bourgeoisie s’en rend parfaitement compte, dans plusieurs endroits, elle a lâché ses forces de police pour convaincre les travailleurs à arrêter leur lutte. Elle ne veut ni que se produise la soudure avec les révolutionnaires, ni que les travailleurs recourent à la violence pour refuser leur exploitation. La campagne orchestrée au lendemain du 21 juin, répond à merveille à cet objectif.

FR – Que penser de l’interdiction de la Ligue trotskyste ?

BR – Pour notre part, nous dénonçons la fausse symétrie pratiquée par la bourgeoisie : en mettant  » Ordre Nouveau  » et le Ligue trotskyste dans le même sac, elle cache habilement que sa politique d’immigration élaborée par Fontanet et Gorse, converge avec la revendication d' »Ordre Nouveau » :  » Halte à l’immigration sauvage « .

Ceci dit, les Marxistes-léninistes maintiennent intégralement leur appréciation sur la fonction des groupes trotskystes, sans nier la présence dans leurs rangs de jeunes aspirant à faire la révolution et qu’il s’agit d’éclairer.

Car la politique de la ligue trotskyste depuis qu’elle existe a consisté effectivement en cela : récupérer les franges des masses en rupture avec le révisionnisme à l’aide d’une phraséologie révolutionnaire, et par le biais d’un détour, les engager à nouveau dans la voie réformiste derrière les états-majors de la gauche.

C’est ce qu’on a pu vérifier par exemple lors des dernières élections, lorsque la Ligue après avoir présenté des candidats, a appelé à voter pour la gauche au 2ème tour. Mais aujourd’hui visiblement, ce groupe trotskyste n’avait aucune prise sur l’énergie révolutionnaire manifestée par les masses.

FR – Mais que penser alors de la propagande qui se répand largement dans les journaux présentant la Ligue trotskiste comme le groupe révolutionnaire, le seul, le véritable.

BR – C’est vrai, la propagande des journaux comme  » le Figaro  » ou  » le Monde « , ce que l’on raconte à la radio, développe cette idée. Pourtant rien n’est plus faux en ce qui concerne la Ligue trotskyste : c’est une organisation en déclin qu’a dissoute Marcellin. Et les preuves ne manquent pas. Aux élections de mars, la Ligue n’a même pas pu retrouver dans les circonscriptions où elle présentait des candidats, le pourcentage de voix acquis lors des élections présidentielles de 69 par Krivine.

Le FSI, l’organisation mise sur pied par la Ligue pour faire croire qu’elle soutient la lutte des peuples indochinois, ne se manifeste plus en France depuis les accords de Paris.

A Paris, alors que tout un temps, la Ligue a pu imposer sa loi dans l’organisation des manifestations, cette année, de cinglants échecs lui ont été infligés : comme lors du mouvement lycéen où les tentatives d’encadrement bureaucratique des trotskistes ont échoué, comme le 19 mai, lors de la manifestation unitaire de soutien à la Palestine, où la Ligue qui prétendait imposer des mots d’ordre provocateurs s’est fait expulser ; comme le 1er Mai où la seule manifestation autonome par rapports aux révisionnistes a été le fait des marxistes-léninistes.

Il faut comparer la manière dont la presse bourgeoise traite la Ligue trotskiste, à celle utilisée contre les marxistes-léninistes, ou même contre la Gauche Prolétarienne en 1970.

En 1970, plusieurs militants marxistes-léninistes ont été arrêtés, traduit devant la cour de sûreté de l’Etat sous l’inculpation de reconstitution du P.C.M.L.F. ; plusieurs d’entre eux ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Qui, sinon la presse marxiste-léniniste en a parlé ?

En 1971 encore, c’est une dizaine de militants qui ont été à leur tour, inculpés de reconstitution de ce Parti ; certains même deux ans après n’ont toujours pas été jugés. Qui en a parlé ?

De même, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, interdit le 12 juin 68, à ce que nous pouvons savoir, poursuit son édification dans la clandestinité, édite et diffuse régulièrement sa presse  » L’Humanité Nouvelle « , développe son activité révolutionnaire dans la classe ouvrière. Qui en parle ? Qui proteste contre l’interdiction du PCMLF, contre l’interdiction de sa presse, si ce n’est la presse des marxistes-léninistes et les masses qui les soutiennent ?

De même, si la presse a réservé une certaine part dans ces colonnes au procès de la Gauche Prolétarienne en 70, c’était pour traîner dans la boue ses militants, les traiter de voyous, d’illuminés…

Le P »C »F à l’époque avait réclamé avec hystérie, avant que cela soit fait la dissolution de cette organisation qualifiée de  » gauchiste-Marcellin « . Aujourd’hui le P »C »F appelle à manifester contre l’interdiction de la Ligue, et des journaux comme  » Le Monde « ,  » Le Figaro  » présentent cette organisation comme  » l’organisation Révolutionnaire qui a réussi  » !

Alors posons simplement la question, pourquoi les plumitifs bourgeois encensent-ils à ce point la Ligue trotskiste ? N’est-ce-pas pour aiguiller les travailleurs à la recherche de perspectives Révolutionnaires, dans le marais trotskiste ?

FR – Quelles autres conséquences de cette interdiction ?

BR – Une telle mesure rappelle que la bourgeoisie est prête à réaliser toute une série de mauvais coups, en frappant directement la classe ouvrière.

La fermeté manifestée par Marcellin n’est pas dirigée contre la Ligue trotskiste, mais bien contre les travailleurs et les Révolutionnaires : la campagne contre la violence  » de gauche ou de droite « , prétexte à l’interdiction , vise aussi à dissuader les travailleurs de recourir à la violence pour s’opposer à celle quotidienne de la bourgeoisie.

Le précédent de la journée du 21 juin va être brandi contre les travailleurs qui voudront manifester contre la politique de la bourgeoisie, et sera le prétexte à les réprimer sévèrement.

Les Marxistes-Léninistes appellent à la vigilance contre de telles mesures et mobiliseront les travailleurs contre elles. Poursuivons la lutte pour faire abroger la circulaire Fontanet ! Poursuivons la lutte pour nos revendications !

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Histoire du Parti Communiste Révolutionnaire (marxiste-léniniste)

Lorsque le PCMLF fut passé dans l’illégalité en juin 1968 suite à son interdiction, son dirigeant Jacques Jurquet court-circuita la direction élue quelques mois auparavant lors du premier congrès.

La conséquence fut la révolte d’une partie de l’organisation, au nom du « Bureau Politique (majoritaire) », qui fonda le PCMLF – Le travailleur.

Jurquet s’appuya alors sur les jeunes ayant rejoint récemment l’organisation, mais ceux-ci firent « bande à part » et renversèrent la direction. Le PCMLF connut alors une scission à la fin de 1970, avec la tenue en novembre 1970 d’une « conférence nationale de rectification », par les « jeunes. »

Par la suite est fondé Front rouge en mai 1971, comme « journal de combat marxiste-léniniste », devenant hebdomadaire à partir de janvier 1972.

Les raisons à Front rouge

Lors de mai 1968, l’Union de la Jeunesse Communiste (marxiste-léniniste) s’est effondrée politiquement, mais ses membres menèrent une très importante activité. L’échec de l’affirmation politique amena cependant un mouvement de « rectification » et de demande d’adhésion au PCMLF, auparavant honni.

Le PCMLF fut très méfiant et n’accepta que les adhésions individuelles. Cela ne changea pas la donne : les ex-UJC(ml) étaient des étudiants, rodés à l’activisme ininterrompu, alors que les cadres du PCMLF suivaient une logique très « plan – plan » du militantisme PCF typique de la fin des années 1950.

La tension ne pouvait devenir qu’explosive alors qu’au lendemain de mai 1968 et malgré l’échec de l’UJC(ml), la minorité de celle-ci, qui refusait le PCMLF, obtenait succès sur succès en tant que « Gauche Prolétarienne. »

Entre la pseudo-illégalité et ses vraies contraintes et l’activisme, les ex-UJC(ml) ne choisirent pas longtemps.

La première étape

Le PCMLF Front rouge, afin de se développer, assume directement les méthodes ayant un succès chez la Gauche Prolétarienne. L’établissement dans les usines ne doit pas être une immersion temporaire ; le passé étudiant doit être oublié et le parcours d’études rompu.

A cela s’ajoute donc les interventions chocs. Lorsque des tracts sont distribués clandestinement devant les portes du complexe de Creusot-Loire à Firminy dans la Loire, avec cagoules et manches de pioche, le car de police qui passe voit ses occupants ne s’en tirer qu’en faisant l’usage de leurs armes.

Le PCMLF Front rouge ne maintint cependant pas cette approche, qui ne servait qu’à se positionner par rapport à « l’ancien » PCMLF. Ainsi, le 1er mai 1972 se tint une conférence nationale, bien entendu clandestine, en Ardèche, mettant un terme à l’activisme dur, au nom justement de la construction réussie de l’organisation, représentée par 50 délégués.

La seconde étape

Reste alors pour le PCMLF Front rouge de définir une ligne. On reste toutefois dans le dengisme : si le PCMLF privilégiait la dimension internationale du dengisme, avec le soutien unilatéral au troisième monde et l’appel au deuxième monde à participer aux luttes contre les superpuissances, le PCMLF Front rouge assuma davantage la dimension pragmatique.

L’idéologie ne comptait pas plus qu’au PCMLF, malgré le verbiage « marxiste-léniniste » ; en pratique, le PCMLF Front rouge devenait une organisation gauchiste, mais en mode technique « marxiste-léniniste. »

Lorsque sort, en février 1973, le premier numéro de OctobreLes cahiers du marxisme-léninisme, comme revue théorique, le numéro aborde « L’histoire du révisionnisme en France : 1944-1947. Le PCF au gouvernement. »

L’idée est que le PCF a capitulé et rompu avec la ligne de masses ; il n’est pas question d’idéologie. Le révisionnisme se résume à une question de méthode.

La troisième et dernière étape

Le PCMLF Front rouge se posa ainsi comme véritable alternative marxiste-léniniste, c’est-à-dire comme organisation ayant les meilleurs méthodes, la meilleure approche.

En pratique fut donné naissance à une Opposition Syndicale Révolutionnaire, avec une majorité de membres à la CFDT et comme bulletin Brisons nos chaînes.

Furent également organisés des comités pour l’abrogation de la circulaire Fontanet, qui n’autorise l’attribution de carte de séjour qu’avec un permis de travail, et des comités Indochine-Palestine, qui tiennent notamment un grand meeting le 4 mars 1973.

Cette structuration permet de rassembler 2000 personnes à la salle de la Mutualité à Paris, le 28 octobre 1973, avec comme appel : « Oui, la révolution est possible ! ».

Le PCMLF Front rouge se débarrasse alors du sigle PCMLF, afin de pouvoir utiliser le champ de la légalité de manière la plus complète. Ainsi, en mars 1974, près de Pontarlier, en Franche-Comté, se tient le congrès de fondation du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste).

Le PCR (ML) comme pôle radical

La ligne du PCR (ml) n’est, bien évidemment, pas non plus réellement solide, mais sa démarche permet de prendre la place du pôle le plus radical.

Le PCR(ml) a ainsi dénoncé violemment l’alliance du PCMLF avec la Ligue Communiste pour l’attaque du meeting des fascistes d’Ordre Nouveau, le 21 juin 1973, qui selon le PCR (ml) – et cela est vrai – aurait permis à la Ligue d’être présenté par la bourgeoisie comme la « véritable » organisation révolutionnaire.

Car si le PCMLF en effet tend vers la gauche de la gauche, le PCR (ml) reste fondamentalement opposé au trotskysme et à la social-démocratie : lors du rassemblement anti-militariste du Larzac, le dirigeant socialiste François Mitterrand est très violemment attaqué et cela termine en affrontement physique entre le PCR(ml) et l’extrême-gauche défendant Mitterrand.

Il assume une ligne dure, comme avec la fondation en mars 1975 d’un tribunal populaire à Liévin pour condamner les Houillères considérées comme responsables de la catastrophe du 27 décembre 1974, qui avait amené la mort de 43 mineurs.

Le PCR(ml) a ainsi du succès comme pôle radical et il peut rassembler 5000 personnes à la salle de la Mutualité à Paris pour un « rassemblement communiste pour le pouvoir des ouvriers et des paysans. »

Il peut fonder en mai 1975 l’Union communiste de la jeunesse révolutionnaire (UCJR), dont le journal est Rebelles et dont la section parisienne mène une activité violente contre le fascistes, les sionistes et les anarchistes. La fête de Rebelles, le 1er mai 1976 en banlieue parisienne, rassemblera six mille personnes.

Le PCR (ml) prend également l’initiative le 27 septembre 1975, jour de l’exécution de 5 antifascistes en Espagne pour leur activité au sein du Front révolutionnaire antifasciste et patriote, vaste mouvement anti-franquiste organisé par le Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste). La manifestation en marche vers l’ambassade d’Espagne vers les Champs-Elysées est marquée par une heure d’affrontement réussi face à la police, qui utilisa pourtant des grenades lacrymogènes lancées depuis des hélicoptères.

Enfin, le PCR(ml) lance même son quotidien, en septembre 1975 : Le Quotidien du peuple, alors que Front rouge, à partir de novembre, devient mensuel (jusqu’en 1977, puis trimestriel jusqu’en 1980).

Il profite ici de l’appui de la Chine populaire, avec qui il a désormais des liens, avec l’envoi de délégations.

Le PCR(ml) incapable d’assumer

Les succès du PCR(ml) reposaient cependant sur son dépassement pratique de la social-démocratie, alors qu’il manquait la base idéologique et culturelle. Il y a donc effondrement.

L’Opposition Syndicale Révolutionnaire est abandonnée et désormais les membres de Front Rouge tentent de grimper les échelons de la CFDT.

Il y a l’électoralisme. En 1974, il y eut la volonté de présenter, finalement sans succès, son propre candidat aux présidentielles. Il y eut aussi la tentative de se présenter aux législative de 1978, en alliance avec diverses organisations trotskystes, dont la Ligue Communiste Révolutionnaire.

Finalement, la liste sera faite avec le PCMLF et appelée « Union ouvrière et paysanne pour la démocratie prolétarienne », obtenant 28 000 voix dans 115 circonscriptions (soit entre 0,8 et 2%).

Le populisme prédomine : Johnny Hallyday est séquestré quelques heures en solidarité avec les mineurs de Longwy, le trophée de la coupe de France de football est subtilisé, etc. Il y eut également la tentative de lancer La Tribune de Paris, un quotidien ultra-populiste échouant au bout de quelques numéros.

Le Quotidien du peuple s’essouffla également, et devint commun au PCR(ml) et au PCML au tout début 1980, mais il s’effondra rapidement.

Le PCR(ml) lança alors en avril 1980 un hebdomadaire, Pour le socialisme, qui cessa en décembre 1981, et le mensuel Que faire aujourd’hui ?, qui dura une année et demi.

Son dernier succès fut alors, en juin 1980 à Paris, les « Six heures pour l’Afghanistan » en opposition à l’invasion soviétique.

Le PCR(ml) soutint en fin de compte la candidate du Parti Socialiste Unifié en 1981, rejoignant la mouvance syndicaliste – trotskyste et changeant de nom pour devenir « PCR ». Le droit de tendance fut accordée en 1982 et le PCR disparut en 1983.

Le PCR(ml), une variante de dengisme

Le PCR(ml) avait la même dynamique que le PCMLF, et d’ailleurs en 1975, il salua la venue en France de Deng Xiaoping, alors que celui-ci a été une grande cible en Chine de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP).

Cela signifie que le PCR(ml) n’a rien compris au déroulement de la GRCP et aux apports de Mao Zedong, ni aux fondements idéologiques du dengisme. Le PCR(ml) se tourna d’ailleurs de plus en plus vers Gramsci, se social-démocratisant sous l’influence du Parti Socialiste (dont l’ancien dirigeant du PCR(ml) est aujourd’hui un spécialiste auprès du Centre de recherches politiques de Sciences Po).

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Lettre pour l’unification (1980)

Lettre du Comité pour l’unification – Janvier 1980

PROJET DE PROGRAMME

Partie internationale

(Texte adopté par la session commune des Comités centraux du PCML et du PCRml, des 26 et 27/1/1980)

INTRODUCTION

1- Le monde contemporain se trouve à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne mondiale. Irréversiblement ouverte avec la première guerre mondiale, la crise générale de l’impérialisme ne se résoudra qu’avec l’accomplissement de la révolution mondiale. Cette crise s’aiguise sous la poussée du développement des quatre contradictions fondamentales du monde contemporain :

2- — la contradiction qui oppose les peuples et nations opprimés à l’impérialisme et au social-impérialisme;
— la contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie dans les pays capitalistes, y compris les anciens pays socialistes où le capitalisme a été restauré;
— la contradiction qui oppose les impérialismes entre eux ou avec le social-impérialisme, notamment la contradiction entre les deux superpuissances;
— la contradiction qui oppose les pays socialistes aux pays capitalistes.

3- Les trois composantes de la révolution prolétarienne mondiale déterminées par ces quatre contradictions fondamentales sont : le mouvement des peuples, nations et pays dominés contre l’impérialisme et l’hégémonisme, la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie dans les pays capitalistes, la lutte pour l’édification du socialisme des pays ayant déjà accompli leur révolution.

4- A chaque période, la synthèse du développement des quatre contradictions fondamentales fournit les grandes tendances du monde contemporain, les tâches qui en découlent pour le prolétariat international, les cibles de sa lutte dans la période et les forces avec lesquelles au plan international il doit s’allier. La théorie des trois mondes constitue actuellement le bilan des contradictions et des regroupement des forces de classe à l’échelle internationale et elle éclaire la stratégie du prolétariat international.

LES TROIS MONDES

5- Le monde actuel se divise en trois; le premier monde est constitué par les deux superpuissances; le second monde est constitué par les pays capitalistes d’Europe, du Japon et le Canada… Le Tiers Monde est constitué des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine anciennement ou actuellement dominés par l’impérialisme.

Le premier monde

6- L’URSS et les USA sont les deux impérialismes les plus puissants, eux seuls ayant les moyens de prétendre à l’hégémonie mondiale par le considérable développement de leur potentiel militaire et par le contrôle qu’ils exercent sur de vastes zones d’influence.

7- Les USA : sur le plan intérieur, la situation aux USA se caractérise par l’importance du chômage, de l’inflation, la crise énergétique, le développement de contradictions au sein de la bourgeoisie monopoliste. Dans sa rivalité avec l’URSS, la bourgeoisie monopoliste américaine se prétend le champion des « droits de l’homme » alors qu’elle est responsable de millions de morts en Indochine jusqu’en 1975, qu’elle a mis en place et soutenu des régimes fascistes, qu’elle se livre au pillage de nombreux pays. Tout au long de ces dernières années l’impérialisme US a subi de nombreuses défaites sous les coups des peuples. Les USA sont une superpuissance actuellement sur la défensive, cherchant à préserver ses positions menacées par la lautte des peuples et par sa rivale soviétique. Tout en restant malgré la crise du dollar, la première puissance économique mondiale, les USA ont vu, d’un point de vue d’ensemble, leur puissance militaire rattrapée par l’URSS.

8- L’URSS : sur le plan intérieur, la politique de la bourgeoisie social-impérialiste au pouvoir en URSS se caractérise par l’exploitation de la classe ouvrière et du peuple, par l’oppression des différentes nationalités d’URSS, ainsi que par la militarisation de l’économie.

9- En Europe de l’Est, l’URSS pratique une politique colonialiste en pillant les ressources des pays du COMECON et en les occupant militairement.

10- Sur la base de la militarisation de son économie, l’URSS s’est engagée dans une politique d’expansion et d’agression qui se développe sur les différents continents, soit directement, soit par l’intermédiaire d’autres pays liés à elle par des traités militaires, notamment le Vietnam et Cuba. En Europe, l’URSS a développé de façon très importante son potentiel militaire dirigé contre l’Europe de l’Ouest.

11- Impérialisme en expansion, agissant sous l’étiquette du « socialisme » et de « l’internationalisme prolétarien »

Le second monde

12- Le second monde est constitué par les autres pays capitalistes développés de l’Europe de l’Ouest et de l’Est, du Japon, du Canada… Les bourgeoisies impérialistes de ces pays vivent de l’exploitation du prolétariat et des peuples opprimés. Cependant, ces bourgeoisies impérialistes ne peuvent plus prétendre à l’hégémonie mondiale et elles se trouvent soumises constamment aux pressions et menaces des deux superpuissances . En ce sens et sous certaine conditions, les pays du second monde peuvent être ralliés à la lutte contre l’hégémonisme.

13- Au sein du second monde, l’Europe, par son potentiel humain, économique et technologique, par ses relations privilégiées avec certaines zones du Tiers Monde, constitue l’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances. L’Europe assurerait à la superpuissance qui parviendrait à la dominer sans partage un avantage décisif dans la rivalité pour l’hégémonie. 

Le renforcement des liens entre les pays européens, notamment dans la construction de l’Europe, aujourd’hui des 9, demain des 12, favorise, à condition de combattre les tendances capitulationnistes présentes à l’intérieur des bourgeoisies européennes, la résistance aux deux superpuissances les empêchant, surtout la superpuissance soviétique, de jouer sur la division entre les pays européens pour effectuer des menaces et des actes d’ingérence. C’est un aspect positif de la construction européenne. 

Cependant, la construction européenne conduit à une certaine coordination des politiques réactionnaires des bourgeoisies contre les prolétariats, les petits paysans et les peuples d’Europe. Les prolétariats et les peuples d’Europe combattent vigoureusement cet aspect et doivent s’unir contre leurs bourgeoisies impérialistes. La base objective que constitue l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs des différents pays d’Europe est favorable à cette lutte.

Le Tiers Monde

14- Le Tiers Monde est constitué des pays actuellement opprimés ou ayant autrefois été dominés par l’impérialisme. Ce sont des pays en voie de développement et qui continuent à être confrontés aux besoins les plus vitaux. Le Tiers Monde constitue la force principale de la lutte contre le système impérialiste mondial et plus particulièrement aujourd’hui contre les deux superpuissances. 

Tout au long de ces derniéres années, les peuples et nations du Tiers Monde ont développé leur lutte de libération nationale, la plupart ont arraché leur indépendance politique. Les pays du Tiers Monde ont développé leur lutte commune pour un nouvel ordre économique mondial. La lutte des pays producteurs de matières premières pour la maîtrise de leurs ressources et de meilleurs termes de l’échange est dirigée contre la domination de l’impérialisme.

15- Des peuples et nations du Tiers Monde ont mené des luttes de libération nationale qui ont conduit des bourgeoisies nationales au pouvoir. Tout en s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, ces bourgeoisies ont une politique hésitante à leur égard et ont recours à l’exploitation et à l’oppression contre leur propre peuple. 

Notre Parti, tout en soutenant les mesures de ces gouvernements s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, soutient la lutte des peuples de ces pays pour consolider l’indépendance nationale, et la lutte des classes exploitées contre l’oppression des classes dominantes. Dans différents pays du Tiers Monde, des gouvernements font régner la terreur ouverte contre le peuple. Notre Parti soutient également la lutte de ces peuples pour le renversement de tels régimes, la conquête des libertés démocratiques et de l’indépendance nationale (Argentine, Chili…). 

16- La République populaire de Chine, pays socialiste, appartient au Tiers Monde en raison de son histoire et comme pays en voie de développement. Au terme d’une guerre populaire prolongée, elle mis fin à la domination impérialiste. Dans le monde actuel, la République populaire de Chine constitue un puissant obstacle contre l’hégémonisme des deux superpuissances et en particulier contre les préparatifs de guerre de l’URSS.

GUERRE ET REVOLUTION

17- Dans les années 60 et au début des années 70, la situation mondiale était caractérisée par le fait que les facteurs de révolution croissaient plus rapidement que les facteurs de guerre, principalement en raison de l’essor impétueux des luttes de libération nationale.

Si le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeurait, la tendance principale était à la révolution. C’est alors que le peuple algérien a vaincu le colonialisme français, que les peuples vietnamien, lao, kampuchéen, ont remporté de grandes victoires sur l’impérialisme américain. En Europe, à la fin des années 60 et dans les années qui ont suivi, le nouveau cours des luttes des prolétariats a commencé à secouer la tutelle révisionniste. 

18- Sur la base de ce développement antérieur des facteurs de révolution et de la transformation de l’URSS en une superpuissance social-impérialiste, de profondes transformations sont apparues ces dernières années dans la situation mondiale.

19- — La superpuissance américaine affaiblie par ses défaites successives face aux peuples opprimés a amorcé un recul que le social-impérialisme soviétique, nouveau venu pour le partage du monde depuis la restauration du capitalisme en URSS, a mis à profit pour accroitre sa pénétration en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Multipliant les actes d’ingérence, installant des bases militaires, le social-impérialisme a ainsi conquis à des degrès divers de fortes positions en Angola, en Ethiopie, au Yemen du sud, en Afghanistan, au Vietnam et par son intermédiaire au Laos et au Cambodge. 

Cela lui permet d’accroître ses pressions sur l’Europe et le Japon en menaçant leurs voies d’approvisionnement. Dans la course aux armements engagée avec les USA, l’URSS est parvenue à combler son retard et les deux superpuissances ont accumulé un potentiel militaire sans précédent, en constante augmentation. La lutte pour l’hégémonie entre les USA et l’URSS s’est ainsi considérablement aigisée, accroissant les facteurs de guerre.

20- — Le succès des guerres de libération nationale, l’accession à l’indépendance de nombreux pays du Tiers Monde ont modifié dans une certaine mesure la forme que revêt le développement de la contradiction entre peuples opprimés et impérialisme et social-impérialisme. Alors que des guerres de libération nationale se poursuivent dans des pays qui n’ont pas encore conquis leur indépendance (Palestine, Timor, Zimbabwe, Afrique du sud, Erythrée, Sahara occidental…), le mouvement des pays du Tiers Monde pour affirmer réellement leur indépendance s’est constitué en force politique et porte des coups à l’impérialisme et au social-impérialisme, contribuant ainsi d’une nouvelle manière au développement des facteurs de révolution. 

La Chine, pays du Tiers Monde, apporte une puissante contribution à ce mouvement. En menant aujourd’hui la lutte pour faire de la Chine un pays socialiste puissant et moderne d’ici la fin du siècle, le peuple chinois contribue de manière importante au développement des facteurs de révolution.

21- Cependant, les manoeuvres du social-impérialisme pour mettre à profit les contradictions qui opposent les peuples opprimés et les pays nouvellement indépendants aux anciens impérialismes rendent plus complexe la progression à travers des avancées et des reculs, des facteurs de révolution. Parce que les peuples et pays du Tiers Monde n’ont pas fait encore massivement l’expérience de la nature réellement impérialiste de l’URSS, le social-impérialisme a pu manoeuvrer pour tenter de diviser le mouvement des pays du Tiers Monde pour s’ingérer dans les affaires intérieures du Tiers Monde, y imposer sa tutelle, utilisant ouvertement certains d’entre eux comme des bases d’appui et des auxiliaires zélés de sa stratégie d’agression impérialiste. 

Il est ainsi parvenu à transformer en base d’agression contre d’autres peuples des pays comme le Vietnam ayant un long passé de lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Ces actes d’ingérence et d’agression commencent à se heurter à une vive résistance (Cambodge, Laos, Erythrée…) et le social-impérialisme a dû opérer certains reculs « Egypte, Somalie…), mais sans que cela réussisse encore aujourd’hui à enrayer la progression d’ensemble de la superpuissance soviétique.

22- Les transformations ainsi apparues ces dernière années dans la situation mondiale entraînent qu’en même temps que les facteurs de révolution continuent à se développer, les facteurs de guerre croissent plus rapidement. La contradiction entre les deux superpuissances pour le partage du monde aménera inéluctablement à la guerre car aucune des deux ne se résoudra pacifiquement à laisser l’autre exercer l’hégémonie à son détriment.

23- Il est possible et nécessaire de faire reculer la guerre. Le développement des facteurs de révolution est la forme la plus efficace pour faire reculer la guerre. Retarder le déclenchement de la guerre favorise en retour le développement des facteurs de révolution. La tâche du prolétariat international est en même temps de dévelloper de mlanière conséquente les facteurs de révolution et de faire converger toutes les forces, tous les éléments suceptibles de retarder le déclenchement de la guerre. 

Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du Tiers Monde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés sous des formes et à des degrés divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre. Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial antihégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front et les peuples et les pays du Tiers Monde en sont la force principale.

NOS TÂCHES

24- L’action de notre Parti est guidée par l’internationalisme prolétarien et a pour objectif la révolution prolétarienne mondiale.

25- — il soutient les luttes des ouvriers et des peuples du monde contre l’exploitation capitaliste ;

26- — il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme, les deux superpuissances ;

27- — il soutient particulièrement la lutte contre l’impérialisme français. Il oeuvre à la solidarité internationaliste envers les travaileurs immigrés en France ;

28- — il soutient la lutte pour l’édification du socialisme dans les pays socialistes. Il soutient la lutte du peuple chinois pour la consolidation de la dictature du prolétariat et pour la réalisation des quatre modernisations socialistes ;

29- — il soutient la lutte pour la révolution socialiste aux USA, les luttes des ouvriers, des minorités nationales, du peuple des USA contre la bourgeoisie monopoliste américaine. Il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme US ;

30- — il soutient les luttes des ouvriers, des paysans, des démocrates, des nationalités contre la dictature fasciste en URSS. Il soutient la lutte des peuples de l’Europe de l’Est pour le droit à l’indépendance nationale et les luttes des peuples contre les agressions de l’URSS.

31- Notre Parti affirme sa solidarité avec les mouvements et organisations de libération nationale, avec le mouvement des non alignés dans sa résistance aux pressions des deux superpuissances ainsi qu’avec les partis et organisations marxistes léninistes et révolutionnaires.

32- Notre Parti agit pour la défense de la paix mondiale. Cette action s’inscrit dans le cadre du front uni mondial contre les deux superpuissances, piliers principaux du système impérialiste, dont la défaite permettra l’ouverture d’une nouvelle phase de la révolution prolétarienne mondiale.

33- Noitre Parti considère comme positif tout ce qui peut contribuer a isoler les deux superpuissances, en, particulier tout ce qui va dans le sens de l’établissement de raports sur un pied d’égalité entre les pays du second monde et du Tiers Monde. En se rangeant aux côtés du Tiers Monde et de ses revendications pour un nouvel ordre économique mondial, il agit dans ce sens.

34- Notre Parti considère que la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie contribue à la réalisation du front uni mondial contre les deux superpuissances en ce sens que plus la classe ouvrière et le peuple de notre pays seront fort, meilleurs seront les conditions de la lutte contre les deux superpuissances. Une France socialiste serait le meilleur garant d’une lutte conséquente contre les deux superpuissances.

35- Notre Parti agit pour mobiliser le peuple de France contre les deux superpuissances, particulièrement contre l’URSS, principal fauteur de guerre, contre leurs agressions et leurs préparatifs de guerre.

36- Il combat les tendances à la capitulation de la bourgeoisie française face aux menaces et agressions des deux superpuissances et notamment de l’URSS.

37- Il agit en faveur de l’unité des ouvriers et des peuples d’Europe contre les bourgeoisies impérialistes et les deux superpuissances.

38- Notre Parti soutient la lutte du peuple palestinien et de son seul représentant légitime l’OLP, contre l’impérialisme et le sionisme, pour recouvrer ses droits nationaux et sa patrie.

39- Notre Parti soutient la lutte des peuples kampuchéen et lao contre l’occupation soviéto-vitenamienne, pour le droit de ces peuples à pouvoir décider eux-même de leur avenir.

40- Notre Parti soutient la lutte des peuples d’Azanie, en Namibie, au Zimbabwe… contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid.

41- Notre Parti soutient la lutte du peuple d’Erythrée pour l’indépendance nationale et contre l’agression soviéto-éthiopienne.

42- Notre Parti soutient la lutte du peuple du Sahara occidental.

43- Notre Parti soutient la lutte de la République populaire démocratique de Corée pour parvenir à la réunification pacifique de la Corée.

44- Notre Parti soutient la lutte des peuples des colonies françaises (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane, Mayotte, Nouvelle Calédonie, Polynésie…) pour l’indépendance nationale.

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Le Parti Communiste – Guerre et révolution – Le socialisme (1979)

[Document commun du PCMLF et du PCR(ml), en vue de l’unification.]

Le Parti Communiste

Le parti communiste est le parti du prolétariat. C’est son caractère fondamental. C’est un détachement d’avant garde qui doit regrouper la fraction de la classe ouvrière la plus courageuse, la plus consciente, la plus dévouée, la plus expérimentée. Il est aussi une partie indissoluble de la classe; il doit être intimement lié à elle.

A la différence des partis bourgeois qui considèrent la classe ouvrière et les masses populaires comme l’instrument de leur politique, le parti communiste est l’instrument, le serviteur dévoué de la classe ouvrière. Il reflète ses intérêts, sa volonté, l’aide à s’organiser pour lutter. Il ne se substitue pas à elle, mais la dirige, la guide dans son action de classe.

Le parti communiste se fonde sur le marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong, concentré de l’expérience révolutionnaire de la classe ouvrière depuis qu’elle existe et dans tous les pays. En faisant fusionner le marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong avec la pratique révolutionnaire propre à la classe ouvrière et aux masses populaires, chaque parti communiste élabore sa ligne idéologique et politique, exprimée notamment par son programme.

Le parti communiste est organisé selon le principe du centralisme démocratique (cf texte précédent).Le parti communiste doit adopter le style de travail marxiste consistant en l’union de la théorie et de la pratique, la liaison aux masses et la pratique de la ligne de masse, la pratique de la critique et de l’autocritique.

Pour faire la révolution, il faut un parti communiste. Ceci est un enseignement décisif du mouvement ouvrier international. La théorie marxiste-léniniste du parti s’est développée en relation avec la pratique révolutionnaire à chaque étape, dans l’affrontement constant avec les conceptions bourgeoises et opportunistes qui ont traversé le mouvement ouvrier.

Marx et Engels établissent ces principes dans le Manifeste du parti communiste, et, à la suite de l’expérience de la Commune de Paris, précisent notamment:
« Dans sa lutte contre le pouvoir collectif des classes possédantes, le prolétariat ne peut agir comme classe qu’en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes ». (Congrès de 1872 de l’Internationale. Alinéa 7a).

C’est dans la lutte contre le menchévisme que Lénine développe les principes d’édification du Parti communiste, tant sur les plans idéologiques et politiques que celui de l’organisation. Il les enrichit dans le combat contre la trahison de la IIe Internationale. Staline et la IIIe Internationale ont réaffirmé les thèses léninistes pour l’édification des partis communistes.

Les apports de Mao Zedong à la théorie du parti se sont forgés à partir de l’expérience du prolétariat international dans sa lutte contre le révisionnisme moderne, à partir des luttes menées par le PCC dans le cours de son édification, et en particulier contre les tentatives de restauration du capitalisme en Chine. Ces apports ont une portée universelle et représentent un acquis particulièrement important pour les partis, qui doivent arracher la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne. Les deux partis s’appuient notamment sur les points suivants:

— Mao Zedong a mis en évidence la différence fondamentale existant entre les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre le peuple et ses ennemis, et indiqué les méthodes différentes pour résoudre ces contradictions qualitativement différentes.

— Il a montré en quoi l’opposition et la lutte entre conceptions différentes, qui conduisent dans des conditions déterminées à une lutte entre deux lignes au sein du parti, reflètent d’une manière particulière les contradictions de classes et les contradictions entre l’ancien et le nouveau qui traversent toute la société. Le moteur de l’édification du parti, c’est la lutte pour la résolution consciente de ces contradictions. Au sein du parti, les contradictions doivent se résoudre par la critique et l’autocritique: l’étude du marxisme et l’éducation au sein du parti constituent ainsi une question décisive pour son édification.

— Il a fait progresser la conception marxiste-léniniste du fonctionnement centraliste démocratique du parti et de l’application de la ligne de masse, établissant un lien vivant entre l’élaboration de la ligne du parti et la concentration, sur la base du marxisme-léninisme, des idées justes des masses.

Les apports de ces dirigeants du prolétariat mondial à la théorie révolutionnaire constituent la référence vivante dont s’inspirent les communistes pour l’édification de leurs propres partis. Ces principes marxistes-léninistes d’édification du parti communiste, acquis dans les erreurs et les succès sont un guide précieux pour les communistes du monde entier aujourd’hui. Nos deux partis s’y référent et s’efforcent de les appliquer depuis leur origine.

La classe ouvrière de France est riche d’une longue expérience révolutionnaire dans sa lutte contre la bourgeoisie, et sa volonté d’organiser son parti révolutionnaire. Eduquée par la dégénérescence de la SFIO en un parti réformiste, puis par celle du PCF en un parti révisionniste moderne, la classe ouvrière dans sa frange la plus avancée, manifeste particulièrement aujourd’hui des exigences très profondes et très précises sur le parti révolutionnaire à construire.

Prenant pleinement en compte ces exigences, le parti communiste à construire doit offrir une alternative révolutionnaire opposée en tout point au révisionnisme moderne.

Ce parti communiste s’oppose au parti révisionniste moderne, car il oeuvre pour la révolution prolétarienne contre la bourgeoisie impérialiste française et pour instaurer la dictature du prolétariat. Il est le continuateur de la lutte menée contre le révisionnisme khrouchtchévien par les marxistes-léninistes à la fin des années 1950 et au début des années 1960 sur les questions du passage pacifique au socialisme, de la guerre et de la paix, de l’impérialisme.

Ce parti prenant appui sur la thèse des trois mondes, combat l’hégémonisme des deux super-puissances, en particulier celui du social-impérialisme russe principal foyer de guerre mondiale.

Ce parti communiste, dans son mode de fonctionnement, diffère radicalement du parti révisionniste moderne. Au contraire de ce dernier qui pratique un centralisme bureaucratique pour imposer son projet bourgeois à ses militants, le parti communiste pratique le centralisme démocratique qui permet de forger l’unité du parti dans le processus d’élaboration et d’application de la ligne (voir texte sur le centralisme démocratique).

Ce parti communiste, dans son rapport aux masses, diffère radicalement du parti révisionniste moderne. Au contraire de ce dernier qui détourne la démocratie, profite de son insertion dans la direction de certaines organisations de masse pour imposer son projet bourgeois, ce parti communiste fonde son rapport aux masses sur l’application de la ligne de masse.

Il ne cherche pas à imposer bureaucratiquement sa ligne et ses propositions aux masses populaires, mais il participe pleinement de la bataille d’idées qui se développe au sein des masses, et il fait ainsi progresser la voie juste à travers cette bataille. Ses propositions politiques, sa ligne répondent aux aspirations révolutionnaires des masses parce qu’elles se fondent sur les idées justes des masses qu’il centralise et qu’il confronte à l’expérience accumulée du mouvement ouvrier.

Ce parti communiste, a l’opposé du PCF, ne résout pas bureaucratiquement les contradictions. Il combat l’influence dans ses rangs des idées bourgeoises et révisionnistes par la pratique consciente de la lutte entre les deux voies dans ses rangs. Il pratique la critique et l’autocritique et résout ainsi les contradictions qui le traversent.

Ce parti communiste dans son projet de socialisme s’oppose radicalement au capitalisme d’Etat que cherche à instaurer la direction du parti révisionniste. Le parti communiste concentre les aspirations de la classe ouvrière française et s’appuyant sur son expérience doit définir un projet de société où la classe ouvrière exerce directement le pouvoir.

C’est en ce sens que le PCML et le PCR ml luttent pour l’édification d’un parti communiste qui intègre tous les apports de la théorie révolutionnaire sur le parti et réponde aux exigences de la classe ouvrière de notre pays.

Guerre et révolution

1

Le PCML et le PCRml fondent leur analyse de la situation mondiale sur la théorie des trois mondes.

Les deux superpuissances – USA et URSS – sont l’ennemi principal des peuples du monde. Entretenant des rapports de rivalité, mais aussi secondairement de collusion, les deux superpuissances n’occupent pas la même position sur la scène mondiale.

Profitant de l’affaiblissement et des reculs de l’impérialisme américain, le social-impérialisme avance à visage voilé, en utilisant son passé de pays socialiste. Directement ou par pays interposé, il multiplie les pressions, les ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays, et les interventions militaires. Il est l’ennemi le plus dangereux des peuples du monde.

La rivalité entre les deux superpuissances s’est considérablement accrue. Ces dernières années, les facteurs de guerre se sont ainsi développés plus rapidement que les facteurs de révolution, aggravant par là fortement les risques d’une nouvelle guerre mondiale.

Dans la lutte pour le repartage du monde entre impérialismes, la guerre est inéluctable. Elle est le prolongement de la politique impérialiste et, aujourd’hui en particulier de l’hégémonisme.

2

Le caractère inéluctable de la guerre ne signifie pas qu’on ne peut pas la retarder.

Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du TiersMonde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés, sous des formes et à des degrès divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre.

Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial anti-hégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front, et les peuples des pays du Tiers Monde en sont la force principale.

Le front uni antihégémonique n’a pas aujourd’hui de forme organisée car il n’est que la convergence de forces sociales différentes qui, en fonction de leurs intérêts parfois contradictoires, portent des coups aux deux superpuissances.

La construction de ce front uni antihégémonique contribue à retarder la guerre.

Le développement des facteurs de révolution contribue également à faire reculer la guerre. Ainsi le développement d’oppositions à la dictature social-fasciste en Union Soviétique, le développement de la révolution dans les zones dont le contrôle est indispensable aux deux superpuissances, notamment au social-impérialisme pour préparer la guerre, la victoire de la révolution socialiste dans de nouveaux pays modifieraient considérablement les possibilités des deux superpuissances d’appliquer leurs plans hégémonistes.

A l’heure actuelle, il apparaît que seuls des mouvements révolutionnaires conséquents, c’est à dire ayant une attitude claire face au social-impérialisme peuvent faire reculer le déclenchement de la troisième guerre mondiale.

Retarder la guerre mondiale favoriser en retour l’accumulation des forces révolutionnaires.

L’EUROPE

L’Europe par son potentiel humain, économique et technologique, par ses colonies et néocolonies, est l’enjeu stratégique principal de la rivalité USA-URSS. C’est la mainmise sur l’Europe par l’une des deux superpuissances qui lui assurerait de manière décisive l’hégémonie sur le monde. C’est pourquoi les deux superpuissances ont massé en Europe un potentiel militaire considérable, en hommes et en matériel classique et nucléaire ; en Europe, c’est le social-impérialisme qui est à l’offensive ; il y constitue le danger principal pour les pays et les peuples.

Les deux superpuissances, et principalement le social-impérialisme, s’appuient sur la division des pays européens pour exercer leurs pressions. Et c’est en partie pour résister à ces pressions que les pays d’Europe ont été conduits à renforcer leur concertation dans divers domaines. Ainsi, du point de vue des rapports entre l’Europe et les superpuissances, tout renforcement des liens entre pays européens, c’est à dire toute détermination d’une politique commune face aux problèmes posés par la situation mondiale constitue à l’heure actuelle un obstacle aux plans des superpuissances.

On ne peut pour autant oublier certaines tendances qui se manifestent au sein des bourgeoisies européennes à céder aux pressions des superpuissances ou à s’en remettre à l’une face à l’autre. Cette position aggrave les risuqes de guerre.

Du point de vue des rapports entre les bourgeoisies européennes et les peuples, la construction européenne, qui ne conduit pas actuellement à un Etat supranational, favorise d’une certaine manière la coordination des mesures prises par les bourgeoisies européennes contre les travailleurs, dans le domaine politique et répressif, dans celui de la « restructuration », du chômage, etc… Il y a là un aspect négatif dangereux pour la construction européenne, que les peuples combattent.

En retour, la construction européenne donne également, par l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs, les bases objectives pour l’organisation d’une riposte commune des prolétariats européens.

L’existence de la CEE ne doit nullement masquer la responsabilité directe de la bourgeoisie de chaque pays face aux travailleurs : c’est d’abord contre sa propre bourgeoisie que la classe ouvrière doit porter ses coups.

Ainsi, et dans la mesure où s’accroissent les risques de guerre, il apparaît que la construction européenne présente des aspects positifs.

NOS TÂCHES

Le développement de la situation internationale fixe à nos partis notamment les tâches suivantes:

1 dénoncer activement la rivalité accrus entre les deux superpuissances et les riques de plus en plus grands qu’elle fait courrir à la paix mondiale, mettre en évidence le rôle particulièrement agressif du social-impérialisme, principal foyer de guerre dans le monde aujourd’hui.

2 combattre sans relâche tous les points de vue qui tendent à masquer la réalité de cet affrontement et d’en dissimuler aux travailleurs la caractère inéluctable. Combattre en particulier toutes les tentatives de compromission faites par la bourgeoisie française vis à vis de l’une ou l’autre des deux superpuissances. Combattre les illusions sur la soi-disant détente, notamment la politique développée par le PCF à ce sujet !

3 soutenir en France et dans le monde l’ensemble des efforts qui visent à retarder l’échéance d’une troisième guerre mondiale, contribuer au rassemblement dans notre pays et dans le monde d’un vaste courant de lutte contre les deux superpuissances, à la constitution du front uni antihégémonique mondial dirigé par le prolétariat international et dont le Tiers Monde constitue la force principale. Dans ce cadre, nos deux partis considèrent que leur contribution la plus importante à la construction d’un tel front est le renforcement de la lutte pour préparer la révolution en France.

L’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances étant l’Europe, le PCRml et le PCML apprécient les aspects positifs de la construction européenne qui constituent une base objective de résistance aux deux superpuissances; ils soutiennent les efforts des classes ouvrières et des peuples d’Europe pour unir leurs luttes anticapitalistes.

Ainsi, nos deux partis soutiennent ces aspects positifs de la construction européenne tout en menant la lutte contre les mesures prises à l’encontre de la classe ouvrière, des petits paysans et des masses populaires.

LE SOCIALISME

La révolution socialiste

1– Le développement des contradictions fondamentales conduit inévitablement au remplacement du capitalisme par le socialisme; la contradiction entre la socialisation des forces productives et l’appropriation privée des moyens de production atteint son degré d’acuité le plus élevé avec l’impérialisme.

2– La société impérialiste française d’aujourd’hui est caractérisée par le capitalisme monopoliste d’Etat : il constitue « la préparation matérielle la plus complète, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’histoire qu’aucune étape intermédiaire ne sépare du socialisme » (Lénine).

3– L’Etat bourgeois étant l’instrument de la dictature de la bourgeoisie, de l’exploitation et de l’oppression violente contre la classe ouvrière, la bourgeoisie ne se laissera jamais déposséder pacifiquement des moyens de production et utilisera tous les moyens répressifs de son Etat contre la classe ouvrière quand celle-ci menacera son pouvoir.

Aussi la tâche centrale de la classe ouvrière en France est-elle la destruction de l’appareil d’Etat bourgeois par l’insurection prolétarienne et l’instauration de son propre pouvoir.

L’édification économique

La révolution socialiste exproprie les capitalistes et les propriétaires fonciers. L’essentiel des moyens de production et d’échange deviennent propriété du peuple tout entier. A la campagne, la mise en place progressive de la coopération socialiste permet la transformation socialiste de l’agriculture.

La révolution socialiste abolit l’exploitation de l’homme par l’homme. Elle permet la transformation des rapports de production et la libération des forces productives.

L’économie socialiste n’a pas pour moteur la recherche du profit mais elle vise à satisfaire les besoins du peuple et à servir la cause de la révolution mondiale.

Le principe de compter sur ses propres forces constitue une orientation fondamentale dans l’édification économique du socialisme.

La gestion des entreprises socialistes est assurée par les structures de base en rapport avec les organisations de masse appropriées. Elle se fait dans le cadre des plans et des directives d’ensemble.

Le système politique

La destruction de l’Etat bourgeois ouvre une période de transition : la période de transition du capitalisme au communisme, la période d’édification du socialisme. Le socialisme est une étape de transition qui hérite des stigmates de la société capitaliste et qui expérimente les premiers éléments du communisme. La lutte de classes se poursuit dans la société socialiste.

Cette transition qui nécessite une transformation en profondeur de la société, ne peut être menée à bien sans que la classe ouvrière instaure son pouvoir politique : la dictature du prolétariat. Celle-ci unit dans une solide alliance de classes, le prolétariat et la petite paysannerie avec les autres couches du peuple.

a) L’expérience acquise par le prolétariat international dans sa lutte pour l’édification du socialisme (notamment la Commune de Paris de 1871, l’URSS, la Chine…) permet de dégager à la fois les caractéristiques fondamentales du nouveau pouvoir, les aspects positifs et négatifs de cette expérience et les traits particuliers qui découlent, pour chaque expérience, des conditions historiques, économiques, sociales, etc., dans lesquelles elles se situe.

Ainsi, en France, l’édification du socialisme se réalisera dans une situation spécifique marquée notamment par les traits suivants:

La classe ouvrière de France constitue non seulement la force dirigeante, mais aussi la force principale de la révolution dans notre pays.

La classe ouvrière de France est riche d’un long passé de luttes de plus d’un siècle contre la bourgeoisie. Les luttes pré-révolutionnaires auront enrichi son expérience et contribué à renforcer son unité de classe, condition indispensable à la construction du socialisme en France.

La classe ouvrière, lors de l’aboutissement du processus révolutionnaire, sera parvenue à battre le révisionnisme moderne au cours d’une lutte prolongée. La connaissance du révisionnisme acquise au cours de cette lutte, l’assimilation des expériences d’édification du socialisme dans le monde, et notamment la dégénérescence de l’URSS en un nouvel Etat capitaliste, auront considérablement aguerri la vigilance de la classe ouvrière.

Cette dernière aura ainsi appris qu’elle ne peut se déssaisir de son rôle dirigeant, qu’elle doit constamment rester vigilante et ne peut se contenter d’approuver de loin en loin des orientations et des choix décidés en dehors d’elle et qu’elle doit au contraire être à l’origine de leur élaboration et de leur définition.

Dans notre pays, la classe ouvrière est nombreuse, éduquée, elle constitue la classe la plus représentative de la société. La bourgeoisie a dû la laisser s’assimiler des techniques, un savoir-faire et des connaissances. Bien que marquées d’une certaine empreinte de classe bourgeoise, ces capacités sont des conditions très favorables à l’édification du socialisme. Ces capacités, cette conscience et cette expérience politiques constituent un atout important dans l’édification du socialisme en France.

Le pouvoir mis en place par la classe ouvrière française après la révolution socialiste devra tenir compte des expériences positives et négatives du socialisme dans le monde et des caractéristiques propres à notre pays.

b) Ce sera un pouvoir placé aux mains de la classe ouvrière et du peuple travailleur, et non au-dessus d’eux. Les fonctions d’Etat doivent être remplies par tous les travailleurs, regroupés dans le cadre d’une entreprise, d’un quartier, d’un village…, dans des structures de base de la société socialiste.

Toutes les orientations importantes résulteront d’un débat préalable dans ces structures de base. Celles-ci éliront les délégués et les assemblées chargés de centraliser en une volonté unique les projets et les propositions et d’assurer des tâches d’exécution qui en découlent. Les structures de base et les assemblées exerceront à la fois le pouvoir législatif et exécutif.

Les délégués et toutes les assemblées élus sont placés sous le contrôle des travailleurs : révocables, ne percevant pas de salaire supérieur à celui fixé pour la majorité des travailleurs, ils sont responsables devant eux de l’exécution des tâches qui leur sont confiées.

L’armée permanente bourgeoise est remplacé par le peuple en armes, organisé dans l’armée nationale et les milices ouvrières et populaires.

c) Sous le socialisme, le parti communiste constitue un instrument indispensable aux mains de la classe ouvrière pour lui permettre d’exercer son rôle dirigeant. La fonction fondamentale du parti est d’unir la pratique concrète de direction de la société par la classe ouvrière à la théorie révolutionnaire qui l’éclaire.

Dans la société socialiste, les communistes qui constituent l’avant-garde de la classe ouvrière sont présents sur les fronts les plus difficiles, sont les plus actifs, les plus clairvoyants dans la lutte de classe, dans la continuation de la révolution.

Le caractère de société de transition de la société socialiste qui se manifeste notamment par la poursuite de la lutte des classes et les tentatives de restauration du capitalisme, rend nécessaire la poursuite guidée par le parti de la lutte de classe sous le socialisme.

Le parti communiste veille à ce que toutes les énergies existant dans le peuple soient libérées. Il favorise la participation de plus en plus large et active de l’ensemble de la classe ouvrière et du peuple à la construction du socialisme et à l’exercice des fonctions d’Etat.

En organisant en son sein les éléments les plus conscients et les plus résolus dans l’édification du socialisme, en permettant, par son rôle politique et idéologique irremplaçable au sein de la société que les choix politiques se fassent sur des bases claires, en pratiquant la ligne de masse, il guide la classe ouvrière et les masses dans une marche consciente vers le communisme.

d) Le plein développement de la démocratie prolétarienne a pour condition que s’exerce avec fermeté et vigilance la dictature du prolétariat sur les anciennes classes exploiteuses.

Au sein du peuple, les contradictions se résolvent et l’unité se construit grâce à la persuasion, sur la base de l’examen des réalisations concrètes et du bilan systématique des expériences. Après débat, si les décisions de la majorité s’imposent nécessairement, les points de vue minoritaires sont respectés : seule la pratique peut établir le bien-fondé des choix et décisions.

Pour les anciens exploiteurs et ceux qui voudraient les imiter, c’est au contraire la contrainte qui prévaut sur la persuasion.

Le renforcement du socialisme exige que la lutte contre la persistance des idées bourgeoises et les tentatives de restauration du capitalisme se mène fermement, y compris dans l’Etat et au sein même du Parti.

L’instauration du socialisme, du pouvoir du prolétariat, crée les conditions pour une transformation profonde des mentalités, pour que la conception prolétarienne du monde l’emporte sur les conceptions réactionnaires héritées du passé.

Le développement de la démocratie socialiste va de pair avec l’élimination progressive, par leur réduction continue, des écarts existant entre notamment travail manuel et travail intellectuel, ville et campagne, ouvrier et autre élément du peuple… Il assure les conditions indispensables à l’émancipation de la femme.

Le socialisme et la révolution mondiale

La politique de l’Etat socialiste est fondée sur le principe de l’internationalisme prolétarien et la poursuite de la révolution au plan mondial.

1) Il s’agit de rompre avec l’impérialisme, c’est à dire de briser tous les rapports de domination de l’impérialisme français, à savoir:
— reconnaître immédiatement l’indépendance nationale des peuples et colonies,
— cesser tout acte d’exploitation, de pillage et d’oppression des peuples du Tiers Monde,
— régler avec eux les modalités de réparations.

2) Il s’agit d’établir des rapports de coopération et d’aide mutuelles avec les autres pays socialistes.

3) Il s’agit de soutenir les luttes révolutionnaires prolétariennes ou nationales démocratiques des autres peuples.

4) Il s’agit de lutter contre l’hégémonisme et d’établir des rapports fondés sur les principes de coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents.

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Protocole d’accord pour l’unification du PCML et du PCR (ml) (1979)

Le PCML et le PCRml ont engagé depuis plusieurs années un processus d’unification visant à rasssembler dans un seul parti communiste la plus grande partie des forces se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée maotsetoung dans notre pays. L’aboutissement de ce processus contribuera à l’édification d’un parti communiste qui sera plus à même de tracer la voie révolutionnaire dans notre pays, de répondre aux aspirations de la classe ouvrière et des masses populaires et de les conduire dans leur lutte contre la bourgeoisie et les deux superpuissances.

Ce processus est marqué par des avancées significatives dans plusieurs domaines. Les points de vue sur des questions essentielles se sont très sensiblement rapprochés, ceci contribuant à approfondir l’unité idéologique et politique entre les deux partis. Cela s’est manifesté notamment par la campagne commune menée dans la bataille politique de mars 78, par la rédaction des textes communs sur les quatre points (centralisme démocratique, le parti communiste, guerre et révolution, le socialisme), par la pratique d’unité d’action ponctuelle réalisée de manière privilégiée entre nos deux partis.

Afin que ce processus aboutisse positivement, les deux comité centraux estiment nécessaire et possible de définir un ensemble de propositions solidaires dont la mise en oeuvre fasse entrer le processus unitaire dans sa dernière phase et engage concrètement les deux partis vers le congrès d’unification.

Pour mener à bien cette dernière phase, les deux partis soulignent les deux point suivants:

Il est nécessaire que l’unité d’action entre les deux partis et leurs organisations à tous les échelons se mette en place dès l’automne et parvienne à se généraliser. Cela implique la mise en oeuvre à tous les niveaux de plan de travail communs élaborés sous la direction commune des deux CC. Cela favorisera une meilleure compréhension et une meilleure connaissance réciproques des deux partis sur tous les plans.

La mise en oeuvre de l’unité d’action à la base et à tous les niveaux combinée avec les discussions politiques et l’échange de points de vue menés régulièrement entre les cellules et les organismes, contribueront à rapprocher les points de vue, à lever les malentendus, à résoudre les contradictions et à renforcer ainsi l’unité idéologique et politique entre les deux partis.

Il est nécessaire que le congrès d’unification tienne pleinement compte du caractère spécifique du processus d’unification engagé dans notre pays entre nos deux partis.

D’une part, de ce congrès seront issus un programme et des statuts sur lesquels le parti unique se fondera pour son activité et son organisation; ce parti fonctionnera suivant le principe du centralisme démocratique (dont un texte commun entre les deux partis a fixé les grands axes).

D’autre part, afin de prendre en compte tous les acquis respectifs de chacun des deux partis et leur rôle comparable dans la bataille politique, les deux comités centraux estiment nécessaire de composer les organismes dirigeants du futur parti (CC, BP, Secrétariat) de manière paritaire jusqu’au prochain congrès tenu un an après le congrès d’unification.

Durant cette période, les organismes de direction du parti s’efforceront de rechercher l’unanimité pour la prise de décisions importantes; en tous cas, les décisions importantes seront prises avec l’accord des deux tiers.

Ainsi se trouveront écartées toutes formules de simple addition des deux partis ou d’absoption de l’un par l’autre et seront crées les conditions pour une fusion effective en un seul parti du PCML et du PCRml.

Compte tenu de ces deux points, le processus d’unification implique les tâches suivantes:

– l’harmonisation des plans de travail et la mise en oeuvre à tous les niveaux des plans d’action décidés en commun,
– la fusion progressive du système de presse avant même le congrès d’unification,
– la préparation du congrès d’unification par l’élaboration commune des projets de programme et de statuts étudiés, discutés et amendés dans chacun des partis.

De la mi-septembre au congrès d’unification, la direction de cette dernière phase de l’unification sera assurée par les deux comités centraux des deux partis.

Dans ce cadre, les deux CCet les deux BP tiendront des sessions communes.

Les deux CC mettront en place un comité pour l’unification conduit par les deux secrétaires généraux et constitué sur une base paritaire. Ce comité de dix membres se réunira une fois par semaine.

Sous la direction commune des deux comités centraux, il mettra en oeuvre les trois tâches définies plus haut. Il rédigera un texte commun complétant les quatres textes précédemment réalisés, à propos du gauchisme. Il rédigera un document commun des deux partis à propos de la division des forces marxistes-léninistes en France en 1970.

PLAN DE TRAVAIL

Un plan de travail commun détaillé sera défini en septembre. Cela nécessitera une réflexion attentive des deux comités centraux et la prise en considération des données politiques internationales et nationales de la rentée.

Il comprendra une bataille commune sur la question du chômage et de l’emploi, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, de la téléphonie et de la navale. L’échange et l’approfondissement des expériences respectives des deux partis sur cette question, organisés dès la rentrée par le comité pour l’unification, permettront de définir les axes principaux, les mots d’ordre et les moyens d’action de cette bataille.

Il comprendra la nécessaire bataille pour les libertés démocratiques mises en cause par les attaques redoublées du capitalisme et du gouvernement Giscard-Barre.

Il comprendra une riposte commune aux attaques de la bourgeoisie contre les travailleurs immigrés: emploi, racisme, loi Bonnet-Stoléru, logements (Sonacotra)…

Il comprendra une campagne d’explications concernant l’édification du socialisme en Chine (…). Une séance de travail du comité pour l’unification tenue à la rentrée, mettant en commun les éléments de connaissance et de réflexion des deux partis sur cette question, devra permettre de préciser les axes de cette campagne.

Il prendra en considération les derniers développements de la situation internationale, notamment dans le Sud-est asiatique et prendra les initiatives nécessaires en conséquence. (…)

PRESSE

Le système de presse sera fusionné selon le calendrier suivant:
– dès septembre, des pages communes seront réalisées dans les quotidiens, notamment en liaison avec les plans de travail communs. Leur nombre et leur périodicité pourront être progressivement étendus;
– le premier janvier, les quotidiens fusionneront en un seul;
– durant le premier trimestre 1980 sera mis en place le travail commun pour la fusion des revues théoriques.

PROGRAMME ET STATUTS

Les deux comités centraux examineront en séance plénière les projets de programme et de statuts élaborés par le comité pour l’unification. Ces projets seront envoyés (..) à l’ensemble des deux partis, pour étude, discussions et amendements, au sein de chacun des deux partis.

En mai, chacun des partis sur la base de ses propres statuts, convoquera son IVe Congrès.

Les deux CC auront fixé dans une session commune les quota de représentation des délégués au congrès sur la base des effectifs des partis (…). Chaque congrès se prononcera sur les orientations contenues dans les projets de programme et de statuts soumis au congrès d’unification. Chaque congrès élira en nombre égal la liste des dirigeants de son propre parti qui participeront aux organismes dirigeants élus par le congrès d’unification.

Les deux congrès se réuniront (…) après en un congrès d’unification. Ce congrès adoptera le programme et les statuts et les résolutions du futur parti. Il élira un comité central composé de manière paritaire.

Le Comité central du PCML
Le Comité central du PCRml

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L’unification des marxistes-léninistes – la prochaine fusion de « Front Rouge » et « Prolétariat » (1979)

-Editorial de Camille Granot:
L’unification des marxistes-léninistes. La prochaine fusion de « Front Rouge » et « Prolétariat ».

Ce numéro de « Prolétariat » sera sans doute l’un des derniers à paraître comme organe théorique et politique du Parti communiste marxiste-léniniste. Nous n’annonçons pas ici une cessation de parution à nos lecteurs, mais indiquons plutôt un progrès dans la publication d’une revue théorique s’inspirant du marxisme, du léninisme et de la pensée-maozedong dans notre pays, un progrès dans l’effort théorique que sous-tend une telle parution.

En effet, aujourd’hui, à côté de « Prolétariat » existe la revue « Front rouge » publiée par le Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste), faisant suite à une publication intitulée « Octobre ». Or, dans quelques mois les deux revues  « Front rouge » et « Prolétariat », seront fusionnées en une seule. Sous quel titre ? Rien n’est décidé encore.

Néanmoins, une chose est sûre, c’est l’échéance proche de la fusion des deux revues en une seule émanant d’un seul parti marxiste-léniniste. Nous n’avons pas voulu attendre pour faire part de celle nouvelle aux lecteurs « Prolétariat » .

Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’apport réel d’une telle fusion. Aujourd’hui les deux revues mènent des efforts parallèles qu’une fusion rendra plus efficaces. Fallait-il de nombreuses années encore, poursuivre côte à côte les mêmes recherches, les mêmes études ?

Dance ce numéro de « Prolétariat », nous publions de larges extraits de « Front rouge » numéro 5 concernant la connaissance de la classe ouvrière aujourd’hui, c’est une préoccupation commune des deux revues et des deux partis : n’est-il pas plus judicieux de la partager et d’y travailler ensemble ?

Ne pourrons-nous pas ainsi, par la publication d’une seule revue et la mise en commun de nos enquêtes, de nos expériences, de nos études et de nos réflexions, livrer aux lecteurs assidus et occasionnels des revues des deux partis, une contribution plus riche, plus travaillée, plus argumentée à la réflexion théorique et à la lutte d’idées dans les rangs ouvriers ?

Nos deux partis ont, sans nul doute, à fournir un gros travail d’enquête et de recherche, un gros effort d’assimilation du marxisme-léninisme et de la pensée-maozédong un gros effort théorique d’ensemble. La parution d’une seule revue va créer des conditions nouvelles, tout-à-fait favorables à un tel effort ; cela est incontestable.

Cette bonne nouvelle de la fusion des deux revues est l’un des aspects d’une nouvelle d’une plus grande ampleur : l’unification des deux partis, la P.C.R. (ml) et le P.C.M.L. Nous publions en annexe l’accord qui fixe les modalités de leur fusion organisationnelle.

Cette fusion est en cours ; nous pouvons déjà souligner quelques aspects de sa portée politique dans la situation d’aujourd’hui.

Le premier aspect concerne le gain en maturité du mouvement marxiste-léniniste que cette fusion manifeste. Il ne s’agit pas seulement de questions internes à l’histoire de ceux qui se réclament du marxisme-léninisme et de la pensée-maozedong depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, après un long cheminement côte à côte du P.C.M.L. et du P.C.R. (ml), parfois antagonique et depuis ces dernières années de plus en plus convergent et fraternel, nous avons surmonté l’essentiel de nos divergences, nous avons balayé les préjugés, les réticences sectaires et les malentendus, nous avons surmonté l’essentiel de nos divergences, nous avons acquis l’unité idéologique et politique suffisante pour qu’elles soient résolues quand elles subsistent, au sein du même parti, par la lutte d’idées et le fonctionnement centraliste démocratique du Parti.

Sans doute nous faudra-t-il étudier ensemble l’histoire de nos relations des dernières années à la lumière d’un examen de la lutte de classes à l’échelle internationale et nationale et de l’histoire du mouvement communiste international. Pour mener ce travail, nous avons un regard commun, plus avisé, et tout-à-fait serein. La future revue théorique du Parti, issue de « Prolétariat » et de « Front rouge » , pourra sans nul doute ouvrir ses colonnes à une telle recherche.

Un deuxième aspect concerne le fait politique que constitue l’unification prochaine des deux partis.

A l’heure où la division règne, de manière dramatique, et persistante dans les rangs ouvriers, notre unification va dans le bon sens. Elle est un sujet d’encouragement. Notre Parti depuis son IIIe Congrès, a beaucoup insisté sur la nécessité de travailler à l’unité de la classe ouvrière, des rangs de notre peuple.

Il a lancé ses forces dans cette bataille. Il a cherché et s’efforce encore de bannir de son action tout germe de division au sein du peuple, tant dans le travail de ses militants dans les syndicats que dans la lutte idéologique dans les rangs ouvriers et populaires.

Cet effort, qui manifeste lui aussi, un gain en maturité, en expérience, en liaison effective avec la classe ouvrière, doit être soutenu et renforcé.

Mais, serait-il effectif et crédible si nous n’étions pas parvenus à nous unir profondément nos camarades les plus proches, qui se réfèrent aux mêmes principes fondamentaux, le marxisme-léninisme et la pensée-maozedong qui se battent pour le même idéal socialiste dans notre pays ? Comment parler de travailler à l’unité de la classe ouvrière si nous, P.C.M.L. et P.C.R. (ml), n’avons pas su réussir la nôtre ?

Comment aborder les militants ouvriers, membres du P.C.F., de la C.G.T., de la C.F.D.T. et leur parler de même combat, solliciter leur aide et leur contribution, les inviter à rejoindre notre idéal communiste, si nous ne faisons pas la preuve concrète, vivante de notre capacité à nous unir, nous militants marxistes-léninistes ?

Ces derniers mois, l’existence de deux partis, avait de moins en moins de sens pour nos sympathisants, nos amis, nos proches, nos camarades de travail. Elle ne pouvait être ressentie que comme un frein au travail à l’unité nécessaire de la classe ouvrière et du peuple de notre pays.

Une dernière remarque enfin concerne les capacités accrues que l’unification des deux partis procurera à l’action politique des marxistes-léninistes. Les forces militantes du nouveau parti resteront modeste encore, sa capacité à transformer le réalité sera sans nul doute encore limitée, ses liens à la classe ouvrière encore ténus et bien insuffisants. Et pourtant, sur ces trois questions décisives pour notre action politique et idéologique de Parti, l’unification constitue un progrès non négligeable.

Car, ce serait une vue étroite que de mesurer seulement l’addition des forces des deux partis, de leurs implantations respectives et de leurs acquis. La mise en commun des expériences, l’échange et l’affrontement des idées, la mise en action de militants plus nombreux, créeront une qualité supérieure, une unité supérieure à une simple addition de forces.

Nous avons, dans le passé, eu l’expérience de cet enrichissement mutuel par l’unification avec plusieurs groupes se réclamant du marxisme-léninisme, en 1973 et 1974 notamment. Et nous sommes confiants dans les possibilités d’action et de développement du Parti qui sortira des 4e Congrès du P.C.R. (ml). et du P.C.M.L. et de leur congrès d’unification ultérieur.

Septembre 1979

Camille GRANOT

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Message du PCMLF au 3e congrès du PCR (ml) (1978)

Message de Jacques Jurquet secrétaire général du PCML, au IIIe Congrès du PCR (ml) et au camarade Max Cluzot

Au nom du Comité central et de tous les militants du Parti communiste marxiste-léniniste, j’adresse à tous les délégués présents à votre Congrès, à tous les militants de votre Parti, aux membres de son Comité central sortant et tout particulièrement au camarade Max Cluzot, secrétaire général sortant, l’expression de sentiments fraternels et sincères, et le souhait d’un succès complet dans vos travaux.

Le IIIe Congrès du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste constitue un moment très important de l’histoire du mouvement communiste et ouvrier de notre pays dans le cadre de la lutte des marxistes-léninistes contre le capitalisme monopoliste d’Etat en France et contre le révisionnisme moderne au sein de la classe ouvrière et des masses laborieuses du pays.

Vos assises sont réunies alors que la crise générale de notre société se traduit chaque jour davantage par des crimes et méfaits à l’encontre des ouvriers, des petits et moyens paysans, de tous les travailleurs français et immigrés qui souffrent de l’exploitation, de l’oppression et de la répression de la bourgeoisie sous quelque visage ou masque qu’elle se présente.

Vos assises sont réunies alors que les contradictions internes du Parti communiste français, aboutissement inévitable des révisions et abandons des principes du marxisme et du léninisme, connaissent un développement de plus en plus aigü et justifient pleinement et historiquement la nécessité et l’urgence de l’édification d’un nouveau grand Parti révolutionnaire prolétarien.

Vos assises sont réunies également à une époque où la situation internationale connait des boulversersements précipités qui confirment quotidiennement la justesse de l’analyse du président Mao Tsé-toung, qui fonde la théorie des trois mondes, stratégie contemporaine de la révolution socialiste mondiale.

Vos assises sont réunies, enfin, comme instance statutaire revêtant une importance décisive pour l’aboutissement du processus d’unification entre votre Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste et notre Parti communiste marxiste-léniniste.

Nos militants de base, cadres intermédiaires et membres du Comité central sont convaicus que l’unification dans un seul Parti marxiste-léniniste, qui n’aura été ni précipitée ni formelle, pourra satisfaire aux justes exigences que vous et nous en attendons respectivement. Cette unification, si elle se réalise maintenant dans un délai convenable, répondra aux aspirations des majorités respectives de nos Partis et gagnera rapidement l’approbation unanime de tous sur la base même de la pratique.

Elle fondera les conditions objectives nouvelles les plus favorables pour l’essor du Parti indispensable à la classe ouvrière, seul capable d’entraîner efficacement tous les travailleurs manuels et intellectuels des villes et des campagnes de France.

Le IIIe Congrès de notre Parti vous a communiqué la ligne idéologique, politique et organisationnelle qui lui est apparue la plus opportune pour conduire à la réalisation pratique de notre unification. Depuis lors, les discussions entre nos militants ont remporté des succès encourageants et positifs non seulement au niveau des Comités centraux, mais aussi entre les militants de base et cadres intermédiaires.

De nombreuses actions communes ont concrétisé ces progrès. Les convergences de nos presses respectives sont devenues constantes. Les relations entre nous sont même passées du stade des relations entre amis au sein du peuple à celui de relations entre camarades basées sur la confiance mutuelle sans réserve.

A notre avis le processus d’unification est désormais irréversible. Il n’y a plus aucun désaccord entre nos deux Partis qui présente un caractère fondamental.

Les divergences qui peuvent apparaître ne relèvent plus que d’appréciations tactiques, elles sont de la nature des contradictions qui apparaissent normalement au sein d’un même Parti marxiste-léniniste et qui se résolvent par la lutte idéologique active, et positive, dans le cadre de la pratique du centralisme démocratique tel qu’il fut conçu et réalisé par Lénine et Mao Tsé-toung.

Nos désaccords pasés, ceux de 1970 notamment, apparaissent comme liés aux conditions historiques objectives caractéristiques de l’enfance du mouvement marxiste-léniniste en France et notamment au fait que nous manquions les uns et les autres à cette époque de l’expérience idéologique, politique et organisationnelle que nous avons acquise depuis lors.

C’est en ce sens que nous sommes pour notre part convaincus que nous parviendrons ensemble à une analyse commune juste de notre histoire passée, sous le signe du matérialisme historique et dialectique.

Mais nous souhaitons que cette analyse d’un passé largement dépassé aujourd’hui ne constitue un préalable ou un obstacle qui entrave notre commune marche vers l’unification idéologique, politique et organisationnelle, redue impérative par la situation politique en France et dans le monde à l’heure présente.

Cher camarade Max Cluzot, chers camarades dirigeants, cadres et militants de base du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste, nous vous assurons que notre Parti communiste marxiste-léniniste accorde une très grande importance à votre IIIe Congrès et place en vous une confiance fondée sur votre attachement aux impérissables principes du marxisme, du léninisme et de la pensée-maotsétoung.

Nous vous assurons que notre volonté et notre espoir visent à réaliser que votre IVe Congrès et le nôtre soient confondus dans les assises, dans l’instance suprême d’un seul Parti, notre Parti consacrant le succès irréversible du processus d’unification.

Vive le IIe Congrès du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste !
Vive notre futur et commun Parti communiste, authentique repésentant et défenseur des intérêts de la classe ouvrière et des masses populaires de France !

Jacques JURQUET
26 octobre 1978

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Le Parti « Communiste » français (1978)

[Document du 3 Congrès du PCMLF, 1978.]

Le Parti que dirige aujourd’hui Georges Marchais n’a plus rien de commun avec le Parti qui s’édifia à travers mille difficultés avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, qui participa à la résistance armée contre l’occupation nazie, et même qui conduisit de grandes luttes de classe dans la période de mai 1947 à novembre 1952. Nous allons examiner successivement sa transformation sociale et idéologique, ses reniements théoriques, sa ligne et sa stratégie politiques, son projet étatique, sa place dans le Mouvement révisionniste international.

La mutation rapide du contenu social du Parti « communiste » français s’est effectuée en une dizaine d’années. Elle se caractérise par une baisse sensible du pourcentage des ouvriers présents dans ses rangs et par une augmentation des représentants des classes moyennes.

Dans un ouvrage publié fin 1976, l’historien révisionniste Elleinstein triture les chiffres pour essayer de dissimuler cette réalité, mais il est cependant contraint à quelques aveux. Considérant par exemple la situation de son Parti à Paris, il est obligé de reconnaître la validité des indications fournies par une étude de la Revue française de science politique, qui relève que le contenu social du PCF comporte 16% de professions libérales et cadres supérieurs, 25% de cadres moyens, 21% d’employés et seulement 16% d’ouvriers.

Elleinstein écrit alors : « Si nous comparons ces chiffres avec l’enquête de 1966, nous observons que le nombre d’ouvriers parait en diminution sensible… « , et il ajoute, pour éviter une conclusion trop grave: « … ce qui n’est pas forcément exact ». Or, en 1966, les pourcentages des catégories sociales des membres du Parti « communiste » français de Paris étaient les suivants: ouvriers 61,1 %, employés 18,57%, ingénieurs et intellectuels 9%.

L’auteur révisionniste, utilisant d’autres statistiques en France, réussit en fin de compte à faire la double démonstration qu’il désire: il établit que le PCF est encore un parti ayant une base ouvrière. Pour cela, il utilise la répartition sociale des délégués au XXIIe Congrès de son parti.

Cela donne: 32,2% d’ouvriers et 3,5% de retraités issus de la classe ouvrière, soit 35,7% de délégués d’origine ouvrière. Il note au passage que « Parti d’ouvriers et de salariés, le PC est également un grand Parti d’enseignants ». Il y en a en effet 16,3%, contre 4,85% en 1966. Il revient ensuite sur le cas de Paris et établit que 49% des délégués aux Conférences de section n’appartenaient pas à un milieu social ouvrier. Il y a dans ces 49%, 12% d’ingénieurs et techniciens et 13% de cadres administratifs supérieurs ou moyens et de professions libérales.

Voici donc une première constatation importante pour notre analyse.

Le Parti communiste français voit diminuer sensiblement sa base ouvrière et augmenter aussi sensiblement, quoique dans une proportion moins forte, son recrutement dans les classes moyennes. Toutefois, nous prendrions nos désirs pour des réalités si nous estimions qu’il n’est plus un parti conservant une influence importante dans la classe ouvrière. Il reste en effet la formation politique française qui compte encore dans ses rangs le plus grand nombre d’ouvriers.

Dans une autre manipulation des chiffres, une étude publiée de manière plus officielle que celle d’Ellenstein, dans le numéro 1 des Cahier du communisme de 1976, parvenait à prétendre qu’il y avait encore 60,9% d’ouvriers dans le PCF en 1974. Mais ces chiffres-là étaient véritablement trop beaux. pour correspondre à la réalité, et nous ne les avons pas retenus.

Une seconde constatation s’impose : les adhérents actuels du PCF lui ont accordé leur adhésion à raison de 61,29% d’entre eux. depuis 1968 et de 82,89% depuis 1958, c’est à dire postérieurement au XXe Congrès révisionniste khrouchtchévien.

Il faudrait encore connaître avec précision le pourcentage correspondant aux deux. années 1956 et 1957, et l’on se rendrait compte qu’il n’y a sans doute pas beaucoup plus d’un adhérent sur 10 dans le PCF actuellement qui ait adhéré et milité à l’époque où il n’avait pas encore définitivement dégénéré sous le signe de la baguette révisionniste moderne.

Le Parti « communiste » français a donc bien connu une profonde transformation de son contenu social, depuis vingt ans, et plus particulièrement depuis une dizaine d’années.

Les hommes et les femmes qui ont adhéré pendant la guerre pour prendre sous sa direction les armes contre les nazis ne représentent plus qu’un infime pourcentage de ses militants, bien que leur génération les place dans une même tranche d’âge allant actuellement de 54 à 75 ans approximativement.

Ce phénomène, qui n’a pu se produire sans qu’il soit délibéré et encouragé par les dirigeants en place, et notamment par le Secrétaire à l’organisation qui ne fut autre pendant des années que Georges Marchais en personne, a pour conséquence bien évidente la transformation complète de l’idéologie révolutionnaire des membres du PCF en idéologie caractéristique de la bourgeoisie.

Ne nous étendons pas sur ce sujet qui pourrait fournir de quoi parler longuement: les majorettes, tambour major en tête et uniformes chamarrés de style américain sont là pour nous avertir : le PCF est désormais placé dans la zone d’influence morale, culturelle et idéologique de la bourgeoisie.

Ses fêtes, organisées avec l’apport d’une publicité commerciale gigantesque, et la participation nullement gratuite des artistes les plus réactionnaires, voire fascisants comme Sardou, en sont aussi d’éclatants témoignages. Les propos sexistes et les paroles grossières de certains de ses militants attaquant sur le marché d’Ivry nos camarades femmes en train de diffuser notre journal témoignent d’un mépris profond de la femme.

Cette attitude n’a rien à voir avec l’idéologie de ceux qui veulent instaurer le socialisme et en définitive ne traduit rien d’autre qu’une mentalité individualiste et brutale, aussi bien vis-à-vis de tous les hommes que des femmes elles-mêmes.

Dernier exemple de cette idéologie, la construction et aujourd’hui l’utilisation faite par le PCF du Palais de verre de la place du colonel Fabien, dont le luxe et l’architecture prouvent combien ces gens se croient déjà définitivement installés au pouvoir, ou proches de l’être, et ne sont donc pas des révolutionnaires.

Les révisions, abandons et reniements théoriques du marxisme-léninisme se sont effectués suivant un long processus qu’il faudra bien étudier de manière approfondie un jour, et le plus tôt sera le mieux. Les racines de ce processus existaient déjà avant 1939 et se révélaient dans l’esprit opportuniste de droite et parlementaire impulsé par Maurice Thorez. L’attitude du Parti envers les peuples colonisés était aussi la marque d’une idéologie rompant avec le léninisme à la fois sur le plan théorique et dans la pratique.

Pendant la guerre et l’occupation nazie, le Parti dirigea des luttes héroïques et des dizaines de milliers de ses militants sont morts sous son drapeau.

Mais si nous nous attachions à étudier la ligne suivie pendant toute cette période, nous découvririons que les dirigeants communistes ont délibérément placé toutes leurs forces à la remorque de la bourgeoisie. Ils n’ont pas contesté une seconde l’auto-institutionnalisation de la France-libre et de son Empire par De Gaulle à Brazzaville en octobre 1940.

Ensuite, avant même le déclenchement de l’agression hitlérienne contre l’Union soviétique, en mai 1941, dans une résolution célèbre du Comité central clandestin du PCF, ils ont annoncé leur actif soutien à toutes personnalités et tous généraux de la bourgeoisie qui engageaient la lutte contre l’occupant. La ligne de collaboration de classe avec la bourgeoisie n’a pas commencé en 1945, après la Libération, mais bien avant, au cours et à l’occasion de la guerre elle-même.

Dans la question du Front national, les dirigeants du Parti communiste français ont adopté une ligne opportuniste qui consistait d’emblée à délaisser l’objectif stratégique de tout parti communiste authentique concernant la révolution prolétarienne, même si se présente une étape préalable comportant la nécessité de réaliser d’abord une révolution de libération nationale.

Après la Libération, Thorez, de retour de Moscou, a pris une initiative dont on peut assurer qu’elle fut la première manifestation du révisionnisme moderne après les prises de position du dirigeant américain Earl Browder aux Etats-Unis en 1939. Il accorda en effet une déclaration au grand journal anglais « Times » qui la publia le 18 novembre 1946.

Dans le corps de cette déclaration figurait le passage suivant : « Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d’envisager pour la marche au socialisme d’autres chemins que celui suivi par les communistes russes. De toute façon, le chemin est nécessairement différent pour chaque pays. Nous avons toujours pensé et déclaré que le peuple de France, riche d’une glorieuse tradition, trouverait lui-même sa voie vers plus de démocratie, de progrès et de justice sociale ».

Par cette déclaration, le secrétaire général du Parti « communiste » français, s’appuyant sur le prétexte d’ailleurs jamais contesté par les marxistes-léninistes des conditions spécifiques nationales de chaque révolution prolétarienne, préparait insidieusement la voie à la révision et à la trahison des principes révolutionnaires universels établis par Marx, puis par Lénine sur la question du passage du capitalisme au socialisme. Il renonçait à la voie inéluctable de la violence révolutionnaire armée.

Les grandes étapes ultérieures de la pénétration du révisionnisme moderne dans le Parti communiste français peuvent être sommairement énumérées comme suit: de 1956 à 1960, l’approbation sans réserve des thèses développées par Khrouchtchev devant le XXe Congrès du Parti communiste d’Union soviétique.

En 1962, 1963 et au cours des années suivantes, le débordement des injures lancées contre le Parti communiste chinois et contre le Parti du travail d’Albanie, après avoir essayé de se faire le conciliateur auprès de ce dernier pour le réconcilier avec les révisionnistes khrouchtchéviens. En mars 1966, l’adoption du fameux Manifeste d’Argenteuil sur les problèmes idéologiques et culturels.

Ensuite, l’adoption en décembre 1968 du Manifeste de Champigny « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste ». Puis, le 27 juin 1972, la signature du « Programme commun de gouvernement du Parti communiste français et du Parti socialiste » qui va fonder toute la politique du PCF au cours des années suivantes et la fonde encore aujourd’hui en dépit de la rupture. Marchais déclare à son sujet: « Nous n’avons pas de stratégie de rechange ».

Tout ce processus constituait la révision, l’abandon et la violation des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme, mais il lui restait encore à en tirer officiellement les conséquences théoriques. Cette tâche fut assumée par le XXIIe Congrès réuni en février 1976. Dans ce Congrès, les dirigeants du Parti révisionniste firent approuver le rejet officiel du principe marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat et préparèrent les conditions du rejet de tous les autres principes marxistes-léninistes dont se réclamait encore en paroles leur Parti.

A plusieurs reprises, depuis lors, Marchais déclara de manière fanfaronne: « Nous irons encore beaucoup plus loin », et, de fait, dans deux numéros successifs de l’hebdomadaire central du PCF, France nouvelle, les 5 et 12 décembre 1977, Jean Kanapa a publiquement révisé et abandonné le contenu de classe du principe de l’internationalisme prolétarien, en annonçant qu’il importait de le remplacer par le principe de la solidarité internationaliste, car le premier aurait signifié la soumission inconditionnelle au Parti et à l’Etat d’Union soviétique, ce qui est totalement faux.

Enfin, on parle actuellement dans les rangs du parti révisionniste de rejeter le principe du centralisme démocratique. Il est vrai que le juste fonctionnement prolétarien de ce principe mis au point par Lénine est violé depuis longtemps par les dirigeants du parti révisionniste qui l’avaient remplacé par un autoritarisme bureaucratique.

Mais, que devient donc aujourd’hui la ligne politique du Parti « communiste » français dans les conditions concrètes de toutes ces violations des principes du marxisme-léninisme ?

La stratégie et la ligne politique du parti révisionniste français se réduit ni plus ni moins à la stratégie et à la ligne d’un parti bourgeois, qui aspire à conquérir le parlement, le gouvernement et l’Etat pour assurer lui-même la direction et la gestion du système capitaliste.

A cet égard, la conception qu’avancent Marchais et ses acolytes au sujet du programme commun de gouvernement est tout à fait claire. Pour eux, il s’agit de parvenir, par la voie électorale qui n’exclut pas le développement de manifestations populaire, à entrer dans le gouvernement.

La rupture avec les socialistes traduit la volonté forcenée des révisionnistes d’utiliser l’infiltration dans les organismes dirigeants aussi bien des grandes sociétés nationales ou nationalisables, que dans les autres rouages des Ministères, des administrations, en définitive des organes de l’Etat, pour préparer leur domination hégémonique du pouvoir et de la société française. S’agit-il d’une tactique pour passer au socialisme ?

En aucune manière puisqu’il ne serait qu’un capitalisme monopoliste d’Etat dont ils assureraient la direction et l’administration bureaucratique.

Marchais n’a pas manqué d’être très explicite à ce sujet quand il a tenté de rassurer les ingénieurs, cadres et techniciens en leur promettant qu’ils conserveraient toutes leurs places dans la nouvelle organisation des entreprises et de l’Etat. Naturellement, ce qu’il ne leur a pas dit, c’est qu’ils se trouveraient alors sous la férule de ministres et de PDG membres du parti révisionniste.

En fait, le Parti révisionniste représente les intérêts non point de la bourgeoisie capitaliste monopoliste ancienne et encore en place, mais ceux d’une nouvelle bourgeoisie révisionniste susceptible de fournir l’encadrement bureaucratique du capitalisme monopoliste d’Etat porté à son point de concentration le plus achevé, exactement comme en Union soviétique. Cette nouvelle bourgeoisie révisionniste s’est formée à partir d’éléments de l’aristocratie ouvrière et de la vieille bourgeoisie infiltrée dans le parti.

Pour mettre en oeuvre sa stratégie, le parti révisionniste croyait pouvoir utiliser le parti socialiste en le dominant. Mais en ce domaine, il a complètement échoué.

En remettant en selle les politiciens sociaux-démocrates et en leur assurant un soutien qui a rétabli leur prestige effondré, Marchais et les dirigeants révisionnistes ont un peu joué aux apprentis sorciers. Ils se sont trouvés rapidement dépassés et, contrairement à ce qu’ils avaient espéré, le parti de Mitterrand, Deferre, Maurois et Rocard a débordé l’influence électorale du Parti communiste français, ce qui ne s’était jamais produit depuis 1945.

Du coup, le PCF n’est plus maître du jeu et se trouve contraint non seulement à un partage du pouvoir dont il espérait ne pas avoir à endosser les conséquences, et à accepter que ce pouvoir soit sous direction socialiste. Le plan stratégique des révisionnistes débouche sur un échec retentissant. C’est là ce qui explique en majeure partie la nouvelle tactique du PCF, qui préfère rompre avec ses partenaires et alliés s’il ne détient pas la première place, c’est à dire la place dirigeante dans l’Union de la gauche et dans le gouvernement chargé de mettre en application le programme commun.

……. A ce sujet, la question a été posée, essentiellement par les adversaires des révisionnistes que sont les partis bourgeois représentant les intérêts de classe de la bourgeoisie monopoliste ancienne et encore au pouvoir : le PCF a-t-il agi en obéissant à des injonctions venues du Parti communiste d’Union soviétique ?

Il n’y a pas si longtemps, à l’époque de notre IIe Congrès, nous aurions répondu par l’affirmative sans nulle hésitation. Pour nous, le PCF n’était autre que la cinquième colonne du social-impérialisme soviétique.

Les événements, les faits, les réalités, nous ont amenés à corriger cette affirmation totalement unilatérale et subjectiviste. Depuis déjà plusieurs années, le Président Mao avait indiqué que les partis révisionnistes occidentaux n’étaient pas des cinquièmes colonnes du Parti et de l’Etat soviétiques. (…)

En fait, Mao Tsetoung prévoyait fort bien le phénomène que l’on désigne aujourd’hui couramment sous le nom d’euro-communisme, que nous nommons nous-mêmes euro-révisionnisme. Il s’agit encore d’un phénomène dont l’analyse est assez délicate.

Il importe en effet d’effectuer à son sujet une analyse profonde de la portée historique de la dégénérescence des partis communistes d’Europe occidentale placés sous la domination de l’idéologie révisionniste moderne. De nombreux camarades sont pressés que nous fournissions des réponses claires et catégoriques à ce sujet. Ils ne comprennent pas qu’il est extrêmement délicat d’avoir une connaissance définitive d’un phénomène avant même qu’il ne soit parvenu à la fin de son processus de développement, à son dénouement.

Dire que maintenant le PCF est irréversiblement un Parti révisionniste et bourgeois, voilà qui est aisé et sans risque d’erreur. Indiquer de façon assurée s’il va continuer un processus l’éloignant ou le rapprochant du Parti révisionniste soviétique, centre mondial du révisionnisme moderne, voilà qui est plus difficile à l’heure actuelle.

Un fait est certain: les partis révisionnistes d’Europe occidentale agissent de manière de plus en plus indépendante par rapport au parti révisionniste d’Union soviétique.

Mais cette indépendance s’affirme pour le moment essentiellement dans la détermination de leurs lignes politiques à l’intérieur des pays respectifs où ils interviennent. A l’exception du parti révisionniste espagnol, les partis euro-révisionnistes n’en définissent pas moins une ligne internationale qui soutient concrètement et activement celle du Parti révisionniste d’Union soviétique.

En ce qui concerne le Parti révisionniste français, c’est là un fait indéniable et ses prises de position condamnant la brutalité de la répression en Union soviétique, après avoir aussi stigmatisé l’intervention militaire et l’occupation de la Tchécoslovaquie ont moins de portée internationale en définitive que le soutien aux agissements des dirigeants soviétiques pour semer les illusions de la détente à travers différentes conférences réunies à Helsinki ou Belgrade.

D’ailleurs, le PCF a rigoureusement les mêmes positions que l’URSS au sujet de tous les conflits et événements qui surviennent dans les pays du tiers-monde, notamment en Afrique et dans le Proche-Orient à l’heure actuelle. Lors des événements du Chili, d’Angola, du Zaïre, du Liban, la politique suivie par les deux partis a été la même.

Mais le point le plus important qui permette de souligner la convergence des lignes internationales des révisionnistes français et soviétiques, concerne leur attitude vis-à-vis du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine.

A cet égard, il suffit de lire l’article publié par les « Cahiers du communisme » de novembre 1977 sur le XIe Congrès du Parti communiste chinois, ou encore le passage consacré à ce dernier dans l’article de Kanapa sur le Mouvement communiste international publié dans « France nouvelle », le 12 décembre 1977, pour constater l’identité ou la proximité des appréciations et positions des deux partis révisionnistes.

Naturellement, nous ne devons pas ignorer que d’autres aspects paraissent intervenir en sens inverse, notamment au sujet des relations entre partis révisionnistes au sein de leur communauté internationale.

Aussi l’opposition ou les réticences du Parti révisionniste français à participer à de nouvelles conférences internationales ne sont nullement ambiguës. Ses protestations contre les ingérences soviétiques dans la vie interne des partis euro-révisionnistes sont aussi très nettes.

Que signifient ces faits, contradictoires pour les uns, convergents pour les autres ? Il est délicat d’en fournir une explication définitive.

Mais nous pensons que le parti révisionniste français est aujourd’hui traversé par des courants divergents de plus en plus opposés. Par exemple, il est assuré que subsiste dans ses rangs un courant favorable à une politique entièrement subordonnée aux intérêts de l’Union soviétique.

Le journal du groupe « Le Communiste » s’en fait ouvertement le porte-parole et, même si leurs âges assez avancés autorisent à penser que certains dirigeants comme Jeannette Thorez-Vermersch n’ont plus d’activités militantes soutenues, il reste certain qu’ils interviennent pour soutenir à fond les révisionnistes sociaux-impérialistes et sociaux-fascistes. Mais ce courant, ces militants ne sont pas vraiment en mesure de faire triompher leur ligne.

A l’opposé, un ou plusieurs autres courants se développent, que nous pourrions caractériser comme se rattachant à un révisionnisme « national », exigeant sa totale indépendance par rapport au parti soviétique. Ce ou ces courants ne peuvent pas non plus, pour le moment imposer l’intégralité de leur projet politique.

De plus, il ne faut pas oublier que le Parti révisionniste soviétique n’hésite pas quand il le juge indispensable, à recourir à la création de nouveaux partis pro-soviétiques s’opposant aux partis euro-révisionnistes ou qualifiés d’opportunistes de droite. C’est là ce qui s’est passé pour l’Espagne, en Grande-Bretagne, en Grèce, ainsi que dans des pays nordiques.

Notre Parti a pour tâche de suivre avec le maximum d’attention et de vigilance l’évolution en cours du Parti révisionniste français, dans la mesure où il continue à exercer une influence néfaste non négligeable sur la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays.

Il se pourrait d’ailleurs que sa rupture avec le Parti socialiste, si elle se poursuit à l’occasion du second tour des élections législatives, renforce cette influence dans la classe ouvrière, tout en réduisant la clientèle électoraliste des dirigeants révisionnistes dans les couches moyennes.

Quelle attitude notre Parti doit-il adopter vis-à- vis du Parti « communiste » français ? Notre Parti a pour tâche fondamentale de dénoncer systématiquement les reniements et trahisons du révisionnisme moderne.

Il doit attaquer prioritairement le centre mondial de cette idéologie qui s’est transformé en bastion social-impérialiste et social-fasciste, ennemi commun, avec l’impérialisme américain, de tous les peuples du monde, et danger principal à l’heure actuelle pour le déclenchement d’une guerre mondiale.

Mais en France même, notre Parti a également pour tâche de dénoncer systématiquement la politique, l’idéologie et la stratégie des dirigeants du Parti communiste français, tant sur le plan intérieur que sur le plan international.

Cependant, notre Parti commettrait une grave erreur à la fois idéologique et tactique s’il n’effectuait pas une distinction claire et précise entre les dirigeants révisionnistes modernes français d’une part et les militants de base et sympathisants d’autre part.

Comment pourrions-nous penser un seul instant dans les conditions actuelles en effet que ces derniers, y compris les millions d’électeurs et électrices qui ont l’habitude d’accorder leur confiance au Parti « communiste » français, ne soient pas plongés dans un trouble profond par la rupture de l’Union de la gauche ?

Tous ces gens croyaient déjà détenir la clef des changements avec la perspective d’un changement de majorité et donc de gouvernement. Ils ne doutaient pas une seconde de la victoire et voyaient déjà les dirigeants de leur Parti ou les députés pour lesquels ils allaient voter, devenir Ministres, et, qui sait, peut-être même Georges Marchais devenir Président ou vice-président du gouvernement.

L’électoralisme conjugué avec le révisionnisme moderne a provoqué les plus dangereuses illusions dans la classe ouvrière de France et parmi les masses populaires sur la possibilité d’un passage pacifique du capitalisme au socialisme. Nous devons en parler avec gravité, camarades, car c’est ce genre de rêves, c’est cette drogue qui ont paralysé pendant des années et des années les travailleurs de notre pays, qui ont affaibli leur esprit révolutionnaire pourtant conforme aux traditions historiques de notre prolétariat et de notre peuple.

Nous devons en parler avec gravité, oui, car l’expérience historique d’une telle démobilisation par les dirigeants révisionnistes, c’est le Chili et les dizaines de milliers d’ouvriers et paysans assassinés par cette armée que Luis Corvalan, le Marchais chilien, vantait si ardemment pour ses qualités démocratiques.

La période qui s’ouvre sera fertile en événements politiques, elle est une période d’instabilité politique de la France dominée par la crise générale du capitalisme ici et dans le monde. Les dirigeants du PCF proclament qu’ils n’ont pas de stratégie de rechange. Notre Parti offre à la classe ouvrière et aux masses populaires une stratégie fondée sur les principes révolutionnaires éprouvés du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsetoung.

Notre Parti présente des candidats dans un certain nombre de circonscriptions et mène la bataille dans les conditions que vous savez, dans les circonscriptions où il ne présente pas de candidats.

Mais nous n’allons pas nous arrêter longuement sur cette question dans un Congrès qui doit fixer notre ligne idéologique et politique pour une période beaucoup plus longue que les deux mois à venir. Tout en participant à cette bataille électorale législative, notre Parti sait très bien et doit dire partout qu’elle ne règlera rien en elle-même, quel qu’en soit le résultat.

Les changements profonds auxquels aspirent légitimement tous les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires ne sortiront pas des urnes. Le seul et unique résultat que notre Parti attend des urnes, c’est le renforcement de ses liens de masse avec tous les travailleurs des villes et des campagnes, c’est l’amélioration de son édification, c’est un premier recul de l’influence des dirigeants révisionnistes sur la classe ouvrière.

Là et là seulement, réside le sens de notre participation à ces élections, que nous ne tenons ni pour une fin ni même pour un commencement, mais seulement comme un moment plus favorable à l’élévation des capacités d’intervention de notre Parti dans la bataille fondamentale qui oppose en France le prolétariat et ses alliés à la bourgeoisie capitaliste sous ses différents visages.

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Un seul parti marxiste-léniniste en 1978

[Résolution sur le processus d’unification avec le Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste) par le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, prise au 3e congrès de 1978.]

Le IIIe Congrès du Parti communiste marxiste-léniniste de France considère que l’existence et l’activité en France d’un seul Parti se réclamant du marxisme, du léninisme et de la pensée-maotsétoung est une nécessité histotique qui résulte de la dégénérescence idéologique et politique irréversible de Parti communiste français.

Pour préparer et faire triompher la Révolution prolétarienne, la classe ouvrière et le peuple travailleur ont besoin d’un état-major de combat, dont les victoires révolutionnaires antérieures ont établi la fonction dirigeante décisive : le Parti communiste, arme principale de la Révolution.

Le IIIe Congrès apprécie comme positifs et approuve les efforts soutenus par le Comité central et tout le Parti au cours des dernières années, en vue d’unir dans un seul Parti tous les militants et toutes les formations se réclamant du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsétoung.

Au cours de ces années écoulées, la dispertion, la division, voire l’antagonisme sectaire qui ont provoqué le pluralisme des groupes, correspondaient à une maladie d’enfance du mouvement marxiste-léniniste renaissant dans le monde entier à l’occasion des luttes contre le révisionnisme moderne, ayant pour centre le Parti faussement communiste d’Union soviétique.

La ligne et les pratiques idéologiques, politiques et organisationnelles des anciens Partis communistes aujourd’hui dégénérés en partis bourgeois, avaient suscité parmi les travailleurs et notamment dans la jeunesse, outre de justes réactions de rejet, une méfiance profonde quand ce n’était pas un désarroi néfaste.

Dans les rangs des révolutionnaires sincères, cette situation a favorisé temporairement le développement d’une idéologie propre à la petite-bourgeoisie, caractérisée soit par le spontanéisme, soit par le radicalisme et l’impétuosité révolutionnariste, et dans tous les cas par l’esprit de secte.

Mais l’expérience accumulée depuis près de 15 annnées par les militants et par les formations agissant en ordre dispersé a enfin provoqué une prise de conscience positive et favorisé l’apparition d’une aspiration à l’unité fondée sur l’idéologie prolétarienne. En ce sens s’est élargie très positivement la rupture idéologique, politique et organisationnelle avec le révisionnisme moderne, à laquelle n’avaient participé activement qu’une poignée de militants communistes au départ.

A la division stérile succède l’effort pour l’unité. C’est là une réelle victoire. Le IIIe Congrès salue comme extrêmement positifs les succès constitués par la réunification avec l’immense majorité des camarades du groupe « Le Travailleur », puis par l’unification réalisée avec « la Gauche Révolutionnaire » et de nombreux autres groupes locaux.

Il considère comme indispensable que soit poursuivi par priorité le processus d’unification engagé avec le Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste), formation la plus importante qui se réclame de la même idéologie que notre Parti et dont les positions politiques n’ont cessé de progresser dans une juste voie : adhésion à la théorie des trois mondes comme stratégie internationale, levée de toute ambiguïté dans l’analyse du Parti révisionniste, tendance à rompre avec les sectes trotskistes, aspiration explicite à l’unité des marxistes-léninistes.

En ce qui concerne le différend qui subsiste sur l’appréciation de la crise de 1970, et notamment des responsabilités à établir, il estime qu’il ne s’agit pas d’une question qui doive entraver le développement du processus d’unification.

L’important en ce qui concerne les événements de 1970 consiste avant tout à en dégager des enseignements fondamentaux, qui ne sont autres que ceux présidant à la conception léniniste et de Mao Tsétoung sur le fonctionnement d’un Parti communiste dans lequel les méthodes de direction autoritaires ou bureaucratiques comme la constitution de fractions ou tendances sont fondamentalement proscrites.

Il importe d’avancer en accordant une portée capitale aux événements et aux positions actuelles concernant les deux partis, dans la perspective des nécessités politiques à venir, plus que de piétiner pendant des mois en s’opposant irréductiblement sur des analyses contradictoires du passé. Quand les deux Partis auront réalisé leur unification sur les questions les plus urgentes du présent et de l’avenir, ils surmonteront sans difficulté leurs désaccords sur ce qui les a divisés en 1970.

Le IIIe Congrès approuve et soutient sans réserve, sur toutes ces questions, le passage du rapport politique exposant la ligne du Comité central et les mesures qu’il propose en vue de faire avancer de manière décisive le processus d’unification.

Le IIIe Congrès adopte donc les décisions suivantes :

1) Le Comité central doit informer les représentants du Comité central du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste) que le processus d’unification ne saurait aboutir s’il se limite à des discussions au seul niveau des deux directions. Il est indispensable que les bases respectives des deux Partis soient associées de façon systématique, en partant du désir d’unité, aux efforts unitaires engagés. L’unité ne sera durable et valable qu’à la condition d’être voulue, comprise et mise en pratique non seulement par les comités centraux, mais aussi par l’ensemble des militants de base et cadres intermédiaires des deux Partis.

2) Le Comité central doit avoir avec les représentants du Comité central du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste) une discussion approfondie portant sur les principes idéologiques et organisationnels du léninisme et les apports de la pensée maotsetoung, en particulier sur la conception théorique et le fonctionnement pratique du centralisme démocratique.

3) Si l’unité se trouve réalisée sur cette question fondamentale, l’ultime phase conduisant au Parti marxiste-léniniste unique pourra s’ouvrir immédiatement. Les éventuels désaccords politiques, et même les divergences politiques plus profondes pourront être surmontés par la lutte idéologique positive -qui n’a rien à voir avec les luttes antagoniques entre deux lignes – car la lutte idéologique positive n’est autre que la manifestation de l’indispensable démocratie existant dans les rangs d’un Parti marxiste-léniniste. Cette démocratie interne constitue l’un des deux éléments constitutifs du centralisme démocratique.

4) Les Comités centraux du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste) et de notre Parti seront alors en mesure de proposer les modalités concrètes de la dernière phase de l’unification.

Après avoir déterminé ensemble les points d’accord et les points de désaccord subsistant, les représentants des deux directions pourraient en rendre compte à une session extraordicaire commune de leurs Comité centraux respectifs, en vue d’obtenir que soit prise en commun par ces deux organismes dirigeants la décision de soumettre à la discussion des bases respectives le bilan ainsi dressé, présentant de manière juxtaposée les points d’accord et les points encore en désaccord. Ensuite, les deux Comités centraux centraliseraient, chacun de son côté, la discussion de sa propre baseet en réaliseraient la synthèse.

A nouveau réunis, les représentants des Comités centraux utiliseraient ces synthèses pour élaborer non plus des documents justaposés, mais un seul texte commun. Si des points de désaccord fondamentaux subsistaient, ce qui semble peu probable à l’heure actuelle, ce texte commun devrait encore les exposer de manière juxtaposée.

Une nouvelle session commune des deux Comités centraux aurait à ratifier le texte commun, qui servirait alors de base de discussion pour l’ensemble des deux Partis en vue de la tenue d’un Congrès d’unification.

Ce ne serait qu’après la tenue de ce Congrès d’unification que le nouveau Comité central élu prendrait toutes les mesures découlant de l’unification dans tous les domaines : réunions de militants, de cellules, refonte des organismes de direction intermédiaires, unification des différents organes de presse, de la trésorerie, des locaux et matériels, etc.

5) Parallèlement à ce processus unitaire portant sur toute les questions : ligne idéologique et politique fondamentale, structures organisationnelles, statuts, le IIIe Congrès demande au Comité central de tout mettre en oeuvre pour qu’à l’occasion des grandes batailles politiques de 1978, y compris les élections législatives, s’engage de manière concrète l’unité dans l’action entre les bases respectives des deux Partis. Il est indispensable que les militants de base apprennent à se connaître et combattent ensemble l’ennemi, si l’on veut sincèrement briser tout sectarisme réciproque.

6) Le IIIe Congrès considère que le processus d’unification devrait parvenir à son terme victorieux dans le délai maximum d’une année, et si possible, au cours de l’année 1978 elle-même.

Il fait totale confiance au Comité central et à l’ensemble du Parti pour transformer ce processus en une grande victoire historique de la classe ouvrière et des classes et couches sociales qui sont ses alliées dans la préparation et la réalisation future de la Révolution prolétarienne.

Vive le Parti communiste marxiste-léniniste unique !

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Sur la pensée Mao Zedong (1978)

[Document du 3e congrès du PCMLF, 1978.]

Le Parti communiste marxiste-léniniste a, depuis son congrès constitutif, pris pour fondement théorique, le marxisme, le léninisme et la pensée mao zedong. Il tient à réaffirmer solennellement le caractère décisif des développements apportés par Mao Zedong à la théorie marxiste-léniniste.

Mao Zedong est le plus grand marxiste de notre époque, époque marquée par l’apparition du révisionnisme moderne. Il a apporté au peuple chinois comme au prolétariat et aux peuples révolutionnaires du monde, une immense contribution sur les plans de la théorie révolutionnaire et de la pratique révolutionnaire.

Mao Zedong est le fondateur du Parti communiste chinois et de l’État de dictature du prolétariat en Chine. Pendant plus d’un demi-siècle, il a dirigé en personne la révolution chinoise ; il a établi les lignes, principes et mesures politiques justes aux diverses étapes de la révolution chinoises, conduisant ainsi le peuple chinois à la victoire de la démocratie nouvelle comme aux grandes victoires de la révolution et de l’édification socialistes.

Mao Zedong a déclenché dans le mouvement communiste international contemporain la grande lutte contre le révisionnisme moderne ayant pour centre les révisionnistes soviétiques, et a contribué ainsi grandement à l’essor de la cause des peuples en lutte contre l’impérialisme et l’hégémonisme. Il a, en formulant la thèse des trois mondes, apporté une contribution essentielle à l’analyse du monde contemporain et à la définition de la stratégie mondiale.

Combinant la vérité universelle du marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution chinoise et de la révolution mondiale, il a continué, sauvegardé et développé le marxisme-léninisme dans les domaines de la philosophie, de l’économie politique et du socialisme scientifique.

Dans la période du socialisme, la plus grande contribution que Mao Zedong a apportée au marxisme, c’est d’avoir fondé la théorie générale de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat. Il a dressé le bilan de l’expérience historique de la dictature du prolétariat acquise après Lénine, et a dégagé, sur la base des principes de Marx et Lénine, la loi du développement de la société socialiste : la société socialiste s’étend sur une assez longue période historique pendant laquelle subsistent toujours les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes, pendant laquelle existe aussi le danger de restauration du capitalisme et demeure, enfin, la menace de subversion et d’agression de l’impérialisme et du social-impérialisme.

Mao Zedong, dans le cadre de cette théorie, a étudié la contradiction entre rapports de production et forces productives dans la société socialiste : il a établi la distinction entre contradictions au sein du peuple et contradictions entre le peuple et ses ennemis, ainsi que les méthodes de leur solution correcte ; il a énoncé une théorie générale quant à la lutte contre les responsables du parti engagés dans la voie capitaliste. En définitive, Mao Zedong a résolu, sur le plan théorique, les questions concernant le caractère, les cibles et les forces motrices de la révolution ininterrompue par étapes sous la dictature du prolétariat.

Mao Zedong a, par ailleurs, développé dans la période du socialisme, la théorie marxiste-léniniste sur la lutte interne au parti communiste et pour son édification, en formulant, à partir de l’expérience de la lutte entre les deux lignes au sein du Parti communiste chinois, ces trois principes fondamentaux :

– « Il faut pratiquer le marxisme et non le révisionnisme ;
– travailler à l’unité et non à la scission ;
– faire preuve de franchise et de droiture et ne tramer ni intrigues, ni complots ».

Mao Zedong se range parmi les grands éducateurs du prolétariat mondial, Marx et Lénine. La pensée maozedong est une arme idéologique puissante pour les peuples du monde dans leur lutte contre l’impérialisme, le social-impérialisme et toute la réaction. C’est, pour les communistes, une arme idéologique puissante dans leur combat contre le révisionnisme, le dogmatisme et l’empirisme.

Voilà pourquoi notre parti, le Parti communiste marxiste-léniniste, prend pour base le marxisme et le léninisme, et son développement le plus récent, la pensée maozedong et s’attache à les appliquer pour mener à bien sa tâche révolutionnaire.

Voilà pourquoi notre parti demande à tous ses militants, cadres et cadres dirigeants, d’étudier les oeuvres de Mao Zedong qui sont une synthèse scientifique de l’expérience acquise par le prolétariat, les nations et peuples opprimés dans leur lutte révolutionnaire, avec le même souci, la même régularité et la même attention qu’ils étudient et doivent étudier les oeuvres des grands dirigeants révolutionnaires, Marx, Engels, Lénine et Staline, et de s’attacher à les appliquer aux conditions concrètes de la France. 

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La situation internationale (1978)

[Rapport politique au IIIème Congrès du PCMLF, janvier 1978.]

Si nous désirons examiner la situation internationale, il convient tout d’abord de rappeler les caractéristiques de l’époque actuelle, qu’a définies Lénine de manière fondamentale voilà un peu plus de soixante années. Dans « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », l’éminent dirigeant de la Révotion d’Octobre a qualifié l’époque qui s’ouvrait alors comme étant celle « de l’impérialisme et de la Révolution socialiste prolétarienne ».

Il a démontré que cette époque voyait le capitalisme parvenir à un stade de pourrissement et entrer dans la phase de son agonie. Il a indiqué que « l’impérialisme est la veille de la Révolution socialiste prolétarienne ». Il a encore expliqué que pour les impérialistes la politique consiste à se disputer l’hégémonie mondiale et, qu’à cause de ce phénomène, l’impérialisme était la source des guerres modernes. Lénine a clairement établi que la base économique du capitalisme monopoliste décide de l’inévitabilité de la guerre impérialiste.

D’autre part, confirmant les thèses de Lénine, Mao Tsetoung a longuement étudié la nature de classe des luttes des peuples et nations opprimés pour s’émanciper de la domination impérialiste. Dès 1940 dans son ouvrage « La démocratie nouvelle », l’éminent dirigeant de la Révolution chinoise a montré que les révolutions nationales anti-colonialistes et anti-impérialistes faisaient partie intégrante de la révolution prolétarienne, au même titre que les révolutions sociales dans les pays capitalistes. Voilà pourquoi nous disons que nous vivons à l’époque de la Révolution prolétarienne mondiale à laquelle contribuent toutes les luttes révolutionnaires des prolétariats et des peuples opprimés.

Au cours des dernières années, et particulièrement depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sont intervenus sur le plan international d’immenses changements. Des bouleversements d’une ampleur inégalée se sont produits à l’avantage des prolétariats et des peuples opprimés. Aujourd’hui, du point de vue de la Révolution prolétarienne mondiale, la situation est excellente. Mao Tsetoung en a résumé le développement dans cette formule concise de portée universelle: « Les pays veulent leur indépendance, les nations veulent leur libération, les peuples veulent la Révolution ». C’est là en effet la meilleure caractérisation du courant irréversible qui manifeste sur le plan international le processus conduisant à la défaite de l’impérialisme et à la victoire de la révolution prolétarienne qui instaurera partout le socialisme et créera les conditions du passage ultérieur au communisme.

Constater que se produisent de grands bouleversements signifie que les facteurs de révolution ne cessent de grandir au plan mondial, mais aussi que les facteurs de guerre croissent simultanément.

Aussi longtemps qu’existera l’impérialisme, la guerre sera inévitable. Or, au cours des deux dernières décennies, est apparu un nouvel impérialisme qui a temporairement dissimulé sa vraie nature sous le prestige ancien du premier pays socialiste de l’histoire, l’URSS. Socialiste en paroles, mais impérialiste dans les faits, l’Etat qui ne mérite plus le titre de soviétique, a finalement démasqué sa véritable nature de social-impérialisme en perpétrant l’agression brutale et l’occupation militaire de la Tchécoslovaquie en 1968.

La situation internationale qui était caractérisée après la fin de la deuxième guerre mondiale, et tant que l’Union soviétique était encore un pays socialiste, par l’existence de deux camps antagoniques, le camp capitaliste et le camp socialiste, a connu une profonde modification. La transformation de l’Union soviétique en Etat social-fasciste à l’intérieur et social-impérialiste sur le plan mondial, a fait disparaître le camp socialiste. Dès lors, ennemi commun des peuples, des nations et des pays du monde entier, les deux super-puissances ont eu des relations caractérisées par la coopération et la rivalité. Mais c’est cette dernière qui prévaut et domine en définitive toutes leurs entreprises. De ce fait, l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique préparent la guerre, dont chacun pense qu’elle lui permettra d’éliminer son rival dans la course à l’hégémonie mondiale. L’inéluctabilité de la guerre tient à la nature impérialiste de ces deux géants.

Toutefois, jusqu’à maintenant, ni les Etats-Unis ni l’Union soviétique ne sont parvenus au niveau de préparation achevée de leurs forces respectives pour envisager la possibilité absolue de vaincre l’autre. Ils ont entrepris une course aux armements qui dépasse en importance tout ce que le monde a déjà connu par le passé. Le social-impérialisme a soutenu des efforts gigantesques pour combler le retard qu’il accusait sur le plan militaire par rapport à l’impérialisme américain. Son potentiel militaire est désormais proche de celui des Etats-Unis, et même dans certains domaines, il lui est supérieur.

Ainsi, alors qu’en 1965 les américains disposaient de 1340 missiles intercontinentaux et les soviétiques seulement de 390, en 1976 la situation s’était renversée: les soviétiques avaient 2372 missiles intercontinentaux à tir terrestre ou sous-marins alors que les américains n’en avaient que 1720.

En 1976, les potentiels militaires des deux super-puissances se répartissaient ainsi :
forces navales
USA 3400000 tonnes URSS 3100000 tonnes
nombre de bâtiments
USA 479 URSS 2100
personnel militaire
USA 2400000 URSS 4950000
.armements conventionnels
( véhicules blindés) USA 11000 URSS 41500
chars et artillerie
aviation militaire
USA: quantité inférieure, mais qualité supérieure.

Le budget militaire de l’URSS a pratiquement triplé de 1965 à 1975.

De telles dépenses colossales en armements restent improductives en elles-mêmes. Elles n’ont en vérité aucune autre justification que la préparation effective de la guerre. Mais dire que la guerre inter-impérialiste est inéluctable ne consiste pas à présager la date de son déclenchement, qui peut intervenir dans deux, dix ou vingt ans, au terme du développement historique en cours.

La situation actuelle est caractérisée par le fait que l’impérialisme américain se trouve sur la défensive, tandis que le social-impérialisme soviétique est à l’offensive. Ce sont des raisons historiques concrètes qui expliquent cette situation. Impérialisme plus ancien, celui des Etats-Unis a subi de sévères épreuves dans le monde entier. Après la fin de la seconde guerre mondiale, il s’est livré à un expansionnisme politique, économique et militaire forcené. Il a livré des guerres d’agression en Asie, d’abord en Chine, puis en Corée, au Vietnam, au Laos et au Cambodge. Mais, partout, il a été tenu en échec et ses pertes ont été considérables. Si bien, qu’il s’est trouvé contraint à modérer ses ambitions et à réexaminer sa stratégie hégémonique mondiale. Il est sur la défensive dans le but de préserver ses positions anciennes.

Par contre, le social-impérialisme soviétique est un impérialisme récent. Sa soif de domination et d’expansion n’est apparue qu’après la mort de Staline, quand s’est accomplie la restauration du capitalisme et la destruction du socialisme. Après l’occupation de la Tchécoslovaquie, il a recouru à la théorie de la souveraineté limitée des Etats se proclamant socialistes, pour renforcer sa domination hégémonique sur toute une série de pays de l’Europe de l’est et sur Cuba.

Ensuite, le social-impérialisme s’est lancé dans de constantes activités de subversion visant des pays du tiers-monde dans tous les continents. Il a fomenté la séparation du Bengladesh du Pakistan, pour essayer d’établir sa suprématie politique et économique dans cette région du monde. Il a soutenu diverses tentatives de putsch comme ceux survenus au Soudan ou en Afghanistan.

Il a soumis totalement à sa baguette la Mongolie intérieure et y a installé des forces militaires considérables. Il est intervenu cyniquement dans les affaires intérieures de nombreux Etats d’Afrique. Il a tenté d’imposer ses diktats à l’Egypte en y envoyant 15000 techniciens, mais dans ce cas particulier, la bourgeoisie nationale égyptienne a découvert ses desseins et lui a imposé un échec. Il a organisé l’intervention armée de mercenaires recrutés à Cuba, pour porter au pouvoir en Angola des hommes dévoués à ses intérêts.

Il a tenté de rééditer cette opération réussie en envoyant d’autres mercenaires, les sinistres criminels formés par l’assassin Tchombé, appuyés par des cubains, contre le Zaïre, mais la résistance de ce pays appuyé à son tour par d’autres forces militaires, a tenu en échec cette nouvelle tentative. Il a vendu d’énormes quantités d’armes à différents pays de la corne de l’Afrique, notamment l’Ethopie et la Somalie pour essayer de s’assurer leur soumission respective à ses plans hégémoniques.

Mais il a été démasqué par la bourgeoisie nationale de Somalie. Il ne cesse d’intervenir partout où l’impérialisme américain se trouve en difficulté, notamment en Amérique latine où les formes de ses infiltrations sont pour le moment essentiellement économiques.

Mais en vérité, toutes ces attaques sont principalement orientées suivant un plan stratégique visant à encercler l’Europe. Car ce sont avant tout les richesses industrielles, le potentiel économique et les réalisations technologiques avancées de l’Europe occidentale que vise le social-impérialisme soviétique. De son côté, l’impérialisme américain qui depuis la fin de la seconde guerre mondiale a investi en Europe des capitaux énormes, n’entend pas abandonner ses intérêts dans cette région riche du monde. Si bien que l’Europe, même si des affrontements militaires ne s’y produisent pas encore, constitue le point-clé de la rivalité mondiale entre les deux super-puissances.

La force principale du potentiel militaire offensif du social-impérialisme est actuellement orientée en direction de l’Europe occidentale. D’ores et déjà, 700000 hommes appartenant aux armées soviétiques sont installés sur les territoires nationaux d’autres pays, en dehors des frontières même de leur pays d’origine. La supériorité des armements classiques, en chars, en artillerie, en moyens de combat divers dépasse le rapport de trois contre un pour ce qui concerne les moyens de résistance dont disposent les pays d’Europe occidentale, y compris les forces classiques américaines stationnées en Allemagne et dans d’autres pays, à l’exclusion de la France.

L’équilibre ne paraît pas aussi défavorable, pour l’instant à l’impérialisme américain dans le domaine des armements nucléaires, mais les efforts considérables soutenus par l’Union soviétique dans ce domaine, sont susceptibles de renverser la situation. Si cette éventualité se produisait, la menace de déclenchement d’une guerre ayant l’Europe pour enjeu, se ferait aussitôt beaucoup plus pressante. De tous ces éléments concrets d’appréciation découle que nous pouvons caractériser le social-impérialisme comme le foyer de guerre mondiale le plus dangereux.

Les Etats capitalistes de l’Europe occidentale sont parfaitement conscients de cette situation, mais ne lui font face qu’à leur manière et en fonction de leurs relations avec les Etats-Unis. Ils comptent certes sur une défense militaire commune qui les regroupe dans l’OTAN, à l’exception de la France; ils ont une tendance à l’union entre eux, mais n’en sont pas moins confrontés à des contradictions d’intérêts économiques; ils ont décidé l’élection d’un parlement européen n’ayant pas d’autorité supra-nationale. Mais ils recourent les uns et les autres à une politique remplie d’hésitations et de concessions face à la réalité de la menace expansionniste du social-impérialisme soviétique.

Lors des conférences organisées par les super-puissances et surtout par l’Union soviétique pour faire croire à la détente et préparer plus sournoisement la guerre, à Helsinki comme à Belgrade, les politiciens des Etats capitalistes ouest-européens, à des degrés divers, se sont montrés conciliants. Un vent d’esprit munichois souffle par moment et suivant les circonstances chez les chefs d’Etat et parmi les gouvernements bourgeois occidentaux vis-à-vis du social-impérialisme soviétique.

Comme avant 1939, ces politiciens font passer leurs intérêts immédiats ou du moins ce qu’ils supposent tels avant la perspective menaçante que constitue la politique expansionniste du social-impérialisme soviétique, accordent des crédits financiers à cet Etat et même envoient en URSS des ingénieurs, techniciens et ouvriers pour y participer à l’édification de certaines usines ou autres formes de production économique. De telles attitudes dictées avant tout par la recherche de profits reviennent à renforcer le potentiel agressif du plus dangereux ennemi des peuples d’Europe dans la période actuelle. Elles ne peuvent conduire qu’à des situations d’une extrême gravité, et n’empêchent nullement le déclenchement de la guerre entre les super-puissances, dont l’Europe sera l’enjeu principal.

Les Etats capitalistes européens, au-delà de l’OTAN et du Pacte atlantique qui les lient à l’impérialisme américain, ont une tendance à s’unir sur le plan économique et préparent même l’élection d’un parlement européen. Ces initiatives présentent deux caractères: elles sont positives quand elles conduisent à la résistance aux deux super-puissances.

C’est en ce sens que la République populaire de Chine a établi des relations diplomatiques et commerciales officielles avec la Communauté européenne. Devant le XIe Congrès du Parti communiste chinois, le Président Houa Kouo feng a déclaré: « Nous soutenons les pays du second monde. tels que les pays européens et le Japon, dans leur lutte contre la mainmise, la menace et les vexations des super-puissances, nous les soutenons dans leurs efforts pour s’unir au cours de cette lutte « .

Mais bien évidemment, cela ne signifie en aucune façon que nos camarades chinois soutiennent le Marché commun dans ses rêves d’édifier un bloc capitaliste monopoliste en vue de renforcer l’exploitation des ouvriers et des paysans des pays d’Europe occidentale. De même, cela ne signifie nullement qu’il s’agisse de soutenir les tentatives de la Communauté européenne d’exploiter les peuples et pays du tiers-monde. La seule chose qui intéresse nos camarades chinois, comme nous-mêmes, c’est l’opposition de cette Europe et des Etats capitalistes à l’expansion des deux super-puissances et surtout à la menace du social-impérialisme soviétique et au contrôle de l’impérialisme américain.

Pour ce qui nous concerne en tant que Parti communiste marxiste-léniniste de France, nous devons nous opposer fondamentalement à l’exploitation par le Marché commun et les autres organismes communs européens qui s’exerce à l’encontre des intérêts de classe des prolétariats et des peuples européens ainsi que des peuples et pays du tiers-monde.

Sur ce point, il importe de souligner qu’à de nombreuses reprises nos camarades chinois ont insisté devant nous sur le fait qu’ils n’imposent pas aux autres partis marxistes-léninistes de subordonner leur ligne à la politique du Parti communiste chinois. Ils nous ont déclaré que la conception communiste veut que la diplomatie obéisse à la révolution et non l’inverse. C’est là une juste attitude idéologique et politique que nous apprécions au plus haut point car elle est fondamentalement opposée aux pratiques des partis révisionnistes, et notamment le Parti révisionniste d’Union soviétique.

LA THÉORIE DES TROIS MONDES

L’analyse de la situation internationale que nous venons d’avancer était déjà globalement celle que notre Parti avait présentée devant le IIe Congrès, après être parvenu à en fixer les axes essentiels au cours de la lutte idéologique menée contre les conceptions révisionnistes du Collectif de travail parisien. Elle préserve les acquis de notre Parti en ce qui concerne les questions internationales.

Mais il se trouve que, depuis l’époque de notre IIe Congrès s’est engagé publiquement, sur la scène internationale, un grand débat portant sur la thèse des trois mondes. L’importance de ce débat n’est pas moindre que celle du débat qui, de 1956 à 1963 opposa de manière fondamentale et radicale le marxisme-léninisme et le révisionnisme moderne. Il s’agit en vérité d’une nouvelle et profonde crise du Mouvement communiste international qui se manifeste sur tous les plans, idéologique, politique et dans les relations entre partis se réclamant du marxisme-léninisme.

Rappelons d’abord dans quelles circonstances est apparue la théorie des trois mondes, quand elle fut exposée pour la première fois dans une instance internationale par le représentant de la République populaire de Chine, qui était aussi vice-président du. Parti communiste chinois. Cette instance avait été convoquée à la suite d’une initiative de l’Algérie approuvée par la France, avec à son ordre du jour les problèmes des matières premières et du développement. Elle avait été précédée par une réunion de coordination tenue à Mexico par les représentants de dix-neuf pays latino-américains et par une session du Bureau permanent de coordination des pays non-alignés réunie à Alger. Les Etats-Unis et l’Union soviétique ne manifestaient aucun enthousiasme pour ces initiatives où le rôle principal était détenu par des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

Le représentant chinois Teng Siao ping, fit une intervention importante au cours de laquelle il déclara: « …A en juger par les changements survenus dans les relations internationales, notre globe comporte maintenant, en fait, trois parties. Les Etats-Unis et l’Union soviétique forment le premier monde; les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des autres régions, le tiers-monde; et les pays développés se trouvant entre les deux, le second monde… « .

Il est possible de retrouver le texte intégral de cette déclaration, en dehors des publications éditées par nos camarades chinois, dans la brochure « Démasquons le social-impérialisme soviétique ! » que publia le CILA (Centre d’Information sur les luttes anti-impérialistes) de la page 148 à la page 159. L’Humanité rouge N°226 du 18 avril 1974 présenta une information sur cette session extraordinaire de l’ONU, dans sa chronique « En bref… « , page 11, et le même périodique publia un large extrait de l’intervention prononcée le 10 avril par le représentant chinois dans son numéro 227 en date du 25 avril 1974, page 20.

L’essentiel du discours prononcé par Teng Siao ping concernait les pays en voie de développement ou pays du tiers-monde, et les incitait à s’unir contre les deux super-puissances pour s’opposer à leurs tentatives de domination hégémonique. Mais il évoquait aussi la position des pays du second monde :

« …Les deux super-puissances, les Etats-Unis et l’Union soviétique tentent, mais en vain, de s’assurer l’hégémonie mondiale, Elles cherchent, par divers moyens, à placer sous leur contrôle respectif les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine; et en même temps, elles malmènent les pays développés dont le potentiel est inférieur au leur ».

Au sujet de ces derniers, étaient apportées les précisions suivantes :

« …Les pays développés situés entre les super-puissances et les pays en voie de développement présentent des cas complexes, Certains d’entre eux maintiennent jusqu’à ce jour des rapports colonialistes sous diverses formes avec des pays du tiers-monde ; le Portugal, par exemple, continue même d’exercer sa domination coloniale barbare, Cet état de chose doit être redressé, Dans le même temps, ces pays développés souffrent tous, à des degrés différents, de la mainmise, de la menace ou des vexations de l’une ou l’autre super-puissance; parmi eux, il y en a qui ont en fait été réduits par une super-puissance à l’état de dépendance, sous la couverture de la prétendue « grande communauté », Tous ces pays demandent, à tel ou tel degré, à s’affranchir de l’asservissement ou du contrôle des super-puissances et à préserver leur indépendance nationale et l’intégrité de leur souveraineté… »,

La ligne contenue dans cette analyse de la situation mondiale constitue une ligne stratégique révolutionnaire du prolétariat international et des peuples opprimés.

Depuis lors, s’alignant sur les imputations et les déformations critiques lancées par Enver Hoxha dans son rapport au VIIe Congrès du PTA, quelques partis se proclamant marxistes-léninistes, très peu nombreux il est vrai, ont essayé d’accréditer le mensonge que le seul auteur de la théorie des trois mondes serait Teng Siao ping et nullement le Président Mao Tsetoung. Cette assertion stupide est facile à démonter.

Comment donc, en avril 1974, un représentant chinois aurait-il pu exposer à l’ONU un point de vue personnel sans l’accord du Comité central du Parti communiste chinois et de son Président ? Cette falsification délibérée tente de s’appuyer sur le fait que Teng Siao ping a été l’objet de critiques pour d’autres questions à deux reprises, mais elle omet de préciser que le dirigeant chinois n’a jamais fait l’objet d’une décision d’exclusion, contrairement à d’autres qui furent sévèrement condamnés et expulsés du Parti communiste chinois. De plus, et c’est là ce qui reste de loin le plus probant, on connaît aujourd’hui les indications fournies par Mao Tsetoung en personne, deux mois avant la tenue de l’Assemblée extraordinaire de l’ONU où fut prononcée l’intervention en cause de Teng Siao ping. En effet, en février 1974, lors d’un entretien avec un dirigeant d’un pays du tiers-monde, le Président Mao déclara :

« A mon avis, les Etats-Unis et l’Union soviétique constituent le premier monde. Les forces intermédiaires, telles que le Japon, l’Europe et le Canada, forment le second monde. Quant à nous, nous sommes du tiers-monde… « , précisant au sujet de ce dernier: « Le tiers-monde a une population fort nombreuse. Toute l’Asie, à l’exception du Japon, fait partie du tiers-monde. L’ensemble de l’Afrique appartient au tiers-monde, l’Amérique latine aussi ».

Notre Parti considère cette théorie comme constituant la juste ligne révolutionnaire du prolétariat international et des peuples opprimés du monde entier, qui désirent marcher vers la révolution socialiste mondiale.

Notre Parti considère que cette théorie part d’une profonde et complète analyse des contradictions de classe qui existent à l’heure actuelle entre les prolétariats et les peuples opprimés d’une part et les deux super-puissances d’autre part.

Notre Parti considère que le tiers-monde constitue bien la force principale dans la lutte contre les pays du premier monde, les deux super-puissances, la force dirigeante restant, bien entendu, celle de l’idéologie

Est-ce là abandonner notre dénonciation des agissements impérialistes de l’autre super-puissance, les Etats-Unis ? En aucune façon, et c’est une singulière incompréhension de l’analyse élaborée par Mao Tsetoung qui amène certains dirigeants à lancer l’accusation perfide que la ligne politique en cause reviendrait à s’appuyer sur un impérialisme pour en combattre un autre.
(…)

Lénine a indiqué avec pertinence, quand il a mené une lutte théorique d’envergure contre les déviations gauchistes :

« On ne peut triompher d’un adversaire plus puissant qu’au prix d’une extrême tension des forces et à la condition expresse d’utiliser de la façon la plus minutieuse, la plus attentive, la plus circonspecte, la plus intelligente, la moindre fissure entre les ennemis, les moindres oppositions d’intérêts entre les bourgeoisies des différents pays, entre les différents groupes ou catégories de la bourgeoisie à l’intérieur de chaque pays, aussi bien que la moindre possibilité de s’assurer un allié numériquement fort, fût-il un allié temporaire, chancelant, conditionnel, peu solide et peu sûr. Qui n’a pas compris cette vérité n’a compris goutte au marxisme, ni en général au socialisme scientifique contemporain « .

Dans la théorie des trois mondes, les Etats-Unis sont présentés bel et bien comme l’une des deux super-puissances qui, ensemble, constituent l’ennemi principal des peuples du monde, On peut même considérer que cette théorie de Mao Tsetoung est loin d’aller pour l’instant aussi loin que Lénine lui-même le préconisait.

En réalité, nous savons très bien que dans la stratégie internationale à laquelle nous adhérons, la seule incidence tactique qu’implique la caractérisation du social-impérialisme comme foyer principal de guerre mondiale consiste à en faire notre cible principale sur le plan mondial. Mais l’impérialisme américain reste une cible que nous n’avons nulle intention de délaisser, et c’est vraiment une interprétation contraire à la réalité que de prétendre implicitement que le Parti communiste chinois s’appuierait sur l’impérialisme américain pour combattre le social-impérialisme soviétique, imputation calomnieuse qui est également appliquée à notre propre Parti.
La contradiction ainsi soulevée porte en fait sur la définition et la conception d’un Front uni mondial contre les deux super-puissances. ( …)

LA QUESTION DU FRONT UNI MONDIAL CONTRE LES DEUX SUPER-PUISSANCES

Au cours des dix années écoulées, nous n’avons pas bien compris la question du Front uni et nous avons commis des erreurs à son sujet.

Aussi importe-t-il d’essayer de surmonter nos difficultés à son sujet. A notre connaissance, le front uni, dans l’histoire du Mouvement communiste international, est apparu pour la première fois en Chine avec la décision en 1923 du IIIe Congrès du Parti communiste chinois d’établir le front uni avec le Kuomintang. De l’échec de ce premier front uni dû à la ligne capitulationniste de droite, Mao Tsetoung a tiré de profondes leçons.

Le front uni a été ensuite une stratégie dans la lutte contre le fascisme, élaborée par l’Internationale communiste lors de son VIIe Congrès ouvert à Moscou, le 23 juillet 1935.

Le Parti communiste français fit l’expérience positive de la réalisation du front unique contre le fascisme à partir de 1934, puis fit l’expérience négative du Front populaire à partir de 1935, allant jusqu’à dissoudre le rôle dirigeant du Parti dans le mouvement de masse par le lancement début 1937 du mot d’ordre: « Tout pour le Front populaire! Tout par le Front populaire ! « .

A partir de 1936, le Parti communiste chinois, sous la direction et l’impulsion de Mao Tsetoung, commença à son tour l’expérience du Front uni national contre l’impérialisme japonais. En général, les textes auxquels se réfèrent nos camarades chinois quand ils traitent du front uni, se réfèrent à cette époque et aux années suivantes qui amenèrent la victoire sur l’agresseur fasciste japonais. C’est à propos de cette expérience que Mao Tsetoung indiqua que la ligne du « Tout par le Front uni » ne convenait pas à la situation en Chine, et qu’il élabora sa théorie de l’indépendance et de l’autonomie du Parti communiste chinois au sein du « Front uni national anti-japonais ».

Dressant un bilan des vingt-huit années d’existence du Parti communiste chinois, Mao Tsetoung indiqua en juin 1949 :

« Un parti discipliné, armé de la théorie marxiste-léniniste, pratiquant l’autocritique et lié aux masses populaires; une armée dirigée par un tel parti; un front uni de toutes les classes révolutionnaires et de tous les groupements révolutionnaires placés sous la direction d’un tel parti; voilà les trois armes principales avec lesquelles nous avons vaincu l’ennemi », faisant de la sorte apparaître le Front uni comme l’une des trois armes de la révolution.

Enfin, dans les Propositions concernant la ligne générale du Mouvement communiste international en date du 14 juin 1963, le Comité central du Parti communiste chinois indiquait au point 10 : « …En dirigeant la lutte révolutionnaire dans les pays impérialistes et capitalistes, les partis prolétariens doivent maintenir leur indépendance sur le plan idéologique, politique et de l’organisation. Ils doivent en même temps unir toutes les forces susceptibles d’être unies pour former un large Front uni contre le capital monopoliste et contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme ».

Interprétant mal toute l’expérience ainsi rappelée concernant la question du Front uni, notre Parti, au cours des dix premières années de son existence, n’a pas été capable d’en faire une juste application aux conditions spécifiques de la révolution prolétarienne en France. En 1969, le Front uni qu’il lança fut mal précisé et connut toutes sortes de contenus, il fut en vérité des plus éclectiques et, comme dans une auberge espagnole, chacun y apporta un peu ce qu’il voulait. Il fut alors question de front uni anti-fasciste, de front uni contre le capital monopoleur, et même de front uni exclusivement dirigé contre l’impérialisme américain.

Depuis cette époque, notre Parti s’est gardé de renouveler des erreurs que son édification encore insuffisante ne lui permettait pas de surmonter facilement. Il a cependant tenté de lancer en 1973 des comités d’unité prolétarienne et populaire, qui ne connurent aucun succès valable.

Or, aujourd’hui et depuis plusieurs années, se pose de manière aiguë la question de la réalisation du Front uni mondial, ou international, contre les deux super-puissances. Il s’agit d’entraîner à la lutte contre les deux plus puissants impérialismes, et particulièrement contre le plus dangereux d’entre eux, le social-impérialisme soviétique, les prolétariats, les peuples et les pays du second et tiers-monde. Il s’agit essentiellement d’agir contre l’hégémonisme.

Cette nécessité découle directement de la théorie des trois mondes. Mais il se trouve qu’à l’époque du IIe Congrès nous n’avons pas su la mettre en oeuvre de manière juste, en tenant compte en particulier du rôle dirigeant du prolétariat international et de l’indépendance et de l’autonomie du Parti du prolétariat dans ce Front uni mondial contre les deux super-puissances. Les graves erreurs du IIe Congrès ont aussi concerné directement cette question, que nous n’avons pas su maîtriser correctement.

Ce que nous avons alors omis, c’est le lien dialectique qui existe entre le Front uni mondial contre les deux super-puissances et la révolution prolétarienne. Dès lors, nous avons envisagé l’alliance avec la bourgeoisie, sans tenir compte de ce qui fait notre raison d’être et l’activité quotidienne de notre Parti : la lutte pour la révolution prolétarienne en France, contribution à la révolution mondiale.

Quelles sont les forces qui contribuent au Front uni mondial dans notre pays ? Ce sont toutes les forces qui, sur un point donné, comme de manière temporaire, opposent une résistance aux entreprises hégémoniques des deux super-puissances.

De ce point de vue, il arrive que le gouvernement et l’Etat français détenus par la bourgeoisie capitaliste monopoliste participent au Front uni mondial en entrant en contradiction avec l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique. Mais en l’état actuel de nos propres forces, pouvons-nous envisager d’exercer quelque rôle dirigeant sur cette bourgeoisie ? Poser la question, c’est lui répondre. Il ne peut être question pour nous d’envisager concrètement la réalisation du Front uni mondial avec une bourgeoisie que, par ailleurs nous entendons détruire comme ennemi de classe. Cela n’empêche pas qu’objectivement certains actes de cette bourgeoisie s’opposent aux entreprises des deux super-puissances et contribuent à renforcer le Front uni mondial contre le premier monde.

Quelles peuvent bien être les formes du Front uni mondial en France ?

Sans nous en apercevoir, nous les réalisons souvent. Ainsi, dans le cadre de l’Association des amitiés franco-chinoises avons-nous une activité qui participe du Front uni mondial contre les deux super-puissances. D’ailleurs, nous retrouvons dans cette association des personnalités de la bourgeoisie qui se placent sur les positions de l’amitié avec la République populaire de Chine qui constitue la force dirigeante du Front uni mondial.

Cela dit, nous ne devons pas confondre ce dernier avec le Front uni contre le capital monopoliste à réaliser en France contre nos ennemis dans le cadre de la lutte de classes contre le système capitaliste. Il s’agit en l’occurrence de l’impulsion du mouvement des masses sous la direction de notre Parti réalisant l’alliance de la classe ouvrière avec la petite et moyenne paysannerie, avec la petite-bourgeoisie, avec toutes les classes et couches sociales qui ont intérêt à la révolution socialiste.

Existe-t-il un lien dialectique entre le Front uni mondial et le Front uni contre le capital monopoliste ? C’est absolument certain, car le Front uni mondial, en portant atteinte aux deux super-puissances qui sont les ennemis communs des peuples du monde, favorise le processus des luttes révolutionnaires des prolétariats et des peuples opprimés.

Voilà quelques mots seulement sur cette question, sans prétendre parvenir à lui apporter les explications suffisantes. Il urge pourtant que notre Parti dispose d’une ligne pratique efficace et juste en la matière.

LA LUTTE DE NOTRE PARTI CONTRE L’IMPÉRIALISME, LE COLONIALISME, ET LE NÉO-COLONIALISME

Nombre de gauchistes désappointés par la résistance de notre Parti à leurs attaques de style spontanéiste et subjectiviste se sont évertués au cours des dix dernières années à proclamer que nous n’attaquions ni l’impérialisme, ni le colonialisme, ni le néo-colonialisme français.

C’est là une contre-vérité que démentent une quantité d’activités concrètes de notre Parti, à commencer par les positions prises par nos principaux dirigeants quand ils étaient encore membres du Parti  » communiste » français.

Certes, lors du IIe Congrès et dans les semaines qui le suivirent, les tenants de sa ligne bourgeoise, notamment ceux du MIL, exposèrent publiquement des positions rigoureusement contraires aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme contre le colonialisme.

Ces gens disaient par exemple qu’il ne fallait pas soutenir les mouvements nationalistes de la Côte « française » des Somalis et qu’il fallait empêcher l’accès de Djibouti à l’indépendance pour que l’impérialisme français puisse conserver une base stratégique dans cette région du monde convoitée par le social-impérialisme soviétique. Notre Comité central réfuta aussitôt de telles âneries et s’opposa à leur publication, mais les responsables du MIL violèrent la discipline de notre Parti et publièrent de telles élucubrations bourgeoises dans leur journal.

En fait, la question de la lutte contre l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme français s’est trouvée au centre de la troisième grande lutte entre deux lignes survenue dans les rangs de notre Parti, parce que la ligne bourgeoise a fourni de la théorie des trois mondes une interprétation fausse, unilatérale, non dialectique. La France est un pays capitaliste du second monde. Son impérialisme à l’apogée de sa puissance avant la seconde guerre mondiale, s’est rapidement désagrégé après 1945.

Mais il demeure un impérialisme et quand il le peut, s’efforce de conserver et perpétuer ses privilèges et profits monstrueux sur le dos des peuples opprimés. Quand il ne peut parvenir à de telles fins, il se trouve contraint de discuter d’égal à égal avec des pays du tiers-monde, et dans ce cas emploie différentes ruses. Il peut alors arriver que ses activités s’opposent aux entreprises hégémoniques des deux super-puissances.

Prenons un exemple. Le chef du gouvernement est actuellement en République populaire de Chine. Est-ce pour y malmener le peuple et l’Etat chinois qui sont un peuple et un Etat du tiers-monde ? Le voudrait-il qu’il ne le pourrait nullement.

Il s’y trouve donc pour passer des accords essentiellement économiques et commerciaux, voire, dans une moindre mesure, culturels. Pouvons-nous penser un seul instant que les accords que signeront nos camarades chinois aillent dans un sens opposé aux intérêts du tiers-monde et particulièrement de la République populaire de Chine ? En aucune manière. Qu’ils correspondent aussi au désir du gouvernement d’améliorer le bilan de la balance de son commerce extérieur, c’est bien évident. Mais, qu’est-ce qui est principal en cette affaire, sinon le renforcement de la République populaire de Chine et du tiers-monde ?

L’impérialisme français se rapproche de l’impérialisme américain et se montre prêt à se soumettre à ses exigences, ont proclamé les dirigeants révisionnistes après le récent voyage de Carter en France. Il n’est pas douteux que les menaces du social-impérialisme vis-à-vis de l’Europe occidentale inclinent les Etats de cette région à rechercher la protection du parapluie nucléaire américain. Mais, pour autant, peut-on affirmer que ne se développent plus les nombreuses contradictions qui opposent l’impérialisme des Etats-Unis, pays du premier monde, et l’impérialisme de la France, pays du second monde ? En aucune façon.

Au cours des dernières années, ces contradictions se sont manifestées plus que jamais. Autour du marché géant à passer pour la vente d’avions de chasse supersoniques aux pays du Benelux: Hollande, Belgique, Luxembourg. Les américains ont d’ailleurs enlevé le contrat au détriment des français.

Sur la perspective de la vente d’usines nucléaires au Pakistan : les américains ont opposé leur veto, les français ont maintenu leur projet. Mais, en définitive, le marché n’est pas encore conclu.

Au sujet de l’atterrissage du Concorde aux Etats-Unis : l’opposition américaine a duré plus de deux années et, finalement, la France a obtenu l’autorisation sans que l’on connaisse exactement les tractations et accords secrets qui ont été passés à cette occasion.

Combien d’autres événements ont manifesté ouvertement ou non la contradiction entre l’impérialisme américain et l’impérialisme français, que ce soit dans le domaine des manipulations monétaires internationales, ou sur des questions d’intérêts propres à l’Afrique, ainsi qu’en Asie et même en Amérique latine.

La Côte d’Ivoire, par exemple, est-elle plus liée aux intérêts impérialistes français ou à ceux des américains ?

Des deux caractères contradictoires de l’impérialisme du second monde, que représente l’impérialisme français, celui qui consiste à résister aux menées des impérialismes du premier monde ne doit jamais nous inciter à ne pas dénoncer et combattre celui qui vise à perpétuer l’exploitation et l’oppression impérialiste française vis-à-vis des pays et des peuples du tiers-monde.

La complexité de la situation peut faire exceptionnellement qu’une intervention française dictée par la défense des intérêts impérialistes français s’oppose aux agissements de l’impérialisme ou du social-impérialisme du premier monde, en courant au secours d’un Etat, d’un pays et d’un peuple du tiers-monde. Tel fut le cas dans l’affaire du Zaïre. A cette occasion, nous nous sommes réjouis du soutien logistique apporté par la France pour l’intervention des troupes zaïroises et marocaines contre l’agression fomentée par le social-impérialisme soviétique.

Mais nous n’avons pas dissimulé pour autant les fondements impérialistes de l’aide française. Dans ces circonstances, nos camarades marxistes-léninistes zaïrois ont fourni une analyse parfaite de la situation et se sont opposés en premier lieu au social-impérialisme soviétique, même s’ils ne portent pas dans leur coeur le chef de leur Etat, le général Mobutu.

Dans d’autres circonstances, notre Parti a combattu de toute son énergie la politique impérialiste française. Il a soutenu sans réserve le Frolinat et continuera à soutenir les peuples du Tchad contre toute domination impérialiste, notamment contre celle de la France. Il a soutenu et soutiendra les aspirations nationales du peuple saharaoui et dénoncera toutes les ingérences impérialistes de la France dans cette région de l’Afrique. Il a soutenu et soutiendra toutes les luttes nationales du peuple de Madagascar et dénoncera toutes les ingérences de l’impérialisme français dans ses affaires intérieures.

De plus, notre Parti dévoile et dévoilera toutes les activités de caractère néo-colonialiste que poursuit l’impérialisme français dans le monde entier, et plus particulièrement en Afrique, dans un grand nombre de pays qui sont actuellement dirigés par d’anciens parlementaires des différentes assemblées de la France.

De ce point de vue, la ligne de notre Parti est infiniment plus simple que l’on ne croit. Il soutient les Etats et pays du tiers-monde dans leurs luttes pour préserver leur indépendance par rapport aux deux super-puissances et à tout impérialisme, y compris, en premier, l’impérialisme français. Mais il soutient aussi, et prioritairement, les forces populaires et marxistes-léninistes qui se constituent lentement dans ces pays en vue d’engager ultérieurement leurs pays respectifs dans la voie de la démocratie nouvelle, préalable au passage au socialisme dans le cadre du renforcement de l’indépendance nationale indissociable de l’indépendance économique et politique.

Si Bourguiba, cette marionnette réactionnaire et opportuniste, adopte une attitude hostile aux deux super-puissances présentes dans la Méditerranée, nous soutenons son initiative. Mais en ce qui concerne la Tunisie, la force que nous soutenons en premier et par principe, par une juste application de la théorie des trois mondes, c’est la force constituée par nos camarades marxistes-léninistes tunisiens qui préparent non sans difficultés extrêmes, la transformation de leur organisation El Amel Tounsi, en Parti communiste marxiste-léniniste de Tunisie.

L’impérialisme français conserve encore un petit nombre de colonies qu’il baptise pour les besoins de sa mauvaise cause : Départements ou Territoires d’Outre-mer. Ce sont la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion, proclamés départements français.

Et la Nouvelle-Calédonie, les îles Wallis et Futuna, les terres australes et antarctiques d’Adélie, les îles Kerguelen, Crozet et Saint-Paul, l’île de Saint Pierre et Miquelon, qui sont proclamés territoires français d’Outre-mer. Au cours des dernières années, la France s’est trouvée contrainte d’accorder une indépendance nominale au Territoire des Afars et des Issas, c’est à dire à l’enclave de Djibouti, mais elle y a laissé des forces militaires stratégiques. Elle a dû aussi abandonner ses positions dans l’archipel des Comores, mais s’est maintenue par la force dans la plus grande île, celle de Mayotte.

Notre Parti soutient sans réserve les luttes des peuples de ces pays en faveur de leur indépendance nationale. Il soutient aussi sans réserve les forces marxistes-léninistes qui ont commencé à s’organiser en liaison avec ces luttes nationales, et qui mènent également d’ardentes luttes sociales, notamment par le déclenchement de grandes grèves des ouvriers agricoles et paysans sans terre au moment des récoltes de canne à sucre, ainsi que dans le bâtiment et dans d’autres corporations ouvrières. Notre Parti a pour devoir de tout faire pour apporter un soutien maximum aux camarades marxistes-léninistes et aux peuples opprimés des pays qui sont dominés par le colonialisme français.

LES POSITIONS DE NOTRE PARTI DANS QUELQUES QUESTIONS INTERNATIONALES ACTUELLES

Il n’est pas inutile de donner encore des précisions concernant quelques questions internationales d’une brûlante actualité, comme la situation dans le Proche-Orient, la situation dans le Sahara occidental, la situation des luttes révolutionnaires des peuples d’Asie, la situation des luttes révolutionnaires des peuples d’Afrique, la situation qui s’est produite récemment entre le Cambodge et le Vietnam.

LA SITUATION AU PROCHE-ORIENT

La position de notre Parti ne se trouve pas modifiée par les rencontres qui ont eu lieu entre le président égyptien Sadate et le représentant sioniste israélien Begin. Notre Parti soutient totalement, sans réserve, la juste cause nationale du peuple palestinien. Il considère que seule la guerre révolutionnaire de libération nationale est de nature à lui restituer l’intégralité de ses droits nationaux.

Il approuve les propositions de l’Organisation de libération de la Palestine visant à l’existence d’une Palestine unifiée, démocratique, laïque, dans laquelle pourront vivre côte à côte, sans distinction raciale, religieuse ou sociale, arabes et juifs. Il estime que la voie de la victoire du peuple palestinien passe aussi par le rejet de la double intervention des super-puissances dans cette région du monde.

Il dénonce le soutien militaire, financier et économique apporté par l’impérialisme américain au sionisme israélien, qui lui sert de place forte avancée au sein du monde arabe dans ses positions hégémoniques, ainsi que le soutien hypocrite apporté au même ennemi des palestiniens et des peuples arabes par le social-impérialisme soviétique. Ce dernier favorise l’émigration de plus de 3000 citoyens soviétiques par an en direction de l’Etat sioniste d’une part, d’autre part, il soutient la Résolution 242 de l’ONU que rejettent les patriotes palestiniens comme portant atteinte à leurs droits nationaux et, à ce titre, il accepterait de réunir la Conférence de Genève sans la participation effective des représentants de l’OLP.

En ce qui concerne l’ouverture de pourparlers entre l’Egypte et Israël, notre Parti considère que cette initiative est du ressort des affaires intérieures de l’Egypte, dont le peuple et l’Etat aspirent à recouvrer leur territoire occupé par les sionistes. Mais il condamnerait toute solution qui ne tiendrait pas compte des légitimes intérêts nationaux du peuple palestinien.

Enfin, en présence des luttes de tendance au sein de l’OLP, notre Parti s’en est toujours tenu à la ligne générale de soutien et ne s’est jamais laissé aller à soutenir quelque tendance contre une ou plusieurs autres en refusant de s’ingérer dans les affaires intérieures du peuple patriotique de Palestine.

En France, notre Parti soutient le plus activement possible l’association médicale franco-palestinienne, impulsée et dirigée par des amis sincères du peuple palestinien.

LA SITUATION DANS LE SAHARA OCCIDENTAL

Notre Parti a rencontré des représentants des patriotes saharaouis dès les premières années de leur combat. Il les a assurés de son soutien en ce qui concerne leur droit à l’autodétermination. Il les a assurés de sa condamnation sans réserve des agressions commises contre lui par le Maroc et la Mauritanie.

Mais il n’a pas reconnu la constitution d’un gouvernement et d’un Etat saharaouis en l’absence d’une connaissance plus approfondie de la situation dans le Sahara occidental.

Notre Parti considère en effet que la juste et légitime lutte des patriotes saharaouis peut se transformer en un conflit entre Etats, pays et peuples du tiers-monde que les deux super-puissances attiseraient à leur profit respectif. En particulier, notre Parti est inquiet des menées actives poursuivies en la circonstance par le social-impérialisme soviétique, notamment en direction de l’Algérie, et il dénonce par ailleurs les interventions impérialistes de la bourgeoisie française pour soutenir le Maroc et la Mauritanie à la fois contre le peuple saharaoui et contre l’Algérie.

En ce qui concerne la récente affaire des français retenus prisonniers par le Front Polisario, notre Parti considère que l’impérialisme français l’a montée en épingle pour développer une activité intense de caractère néo-colonialiste avec intervention militaire criminelle contre les patriotes saharaouis et menaces d’actions militaires contre l’Algérie indépendante. Le gouvernement Barre et le Président de la République Giscard d’Estaing ont clairement montré leur véritable nature réactionnaire et colonialiste à cette occasion.

LA SITUATION DES LUTTES REVOLUTIONNAIRES DES PEUPLES D’ASIE

De nombreux peuples poursuivent actuellement la lutte armée contre des gouvernements réactionnaires et semi-féodaux, soumis aux intérêts de l’impérialisme américain, dans plusieurs pays d’Asie.

Ces guerres révolutionnaires du peuple sont dirigées par des partis communistes frères en Birmanie, en Malaisie, en Thaïlande, aux Philippines. Des luttes révolutionnaires sont en cours de préparation en Indonésie, également sous la direction du Parti communiste d’Indonésie. Une guerre populaire a été opposée aux troupes lancées par le criminel Suharto contre le Timor oriental.

Notre Parti soutient les peuples révolutionnaires en lutte dans tous ces pays et accorde à leurs organisations clandestines ou ouvertes en France le maximum d’aide matérielle possible.

Par ailleurs, la République populaire de Corée lutte pour la réunification pacifique de la Corée du sud avec la Corée du nord. Notre Parti soutient sans réserve cette juste politique qui finira par vaincre l’ingérence et l’occupation américaine en Corée du sud et les fantoches qui les servent.

LA SITUATION DES LUTTES REVOLUTIONNAIRES DES PEUPLES D’AFRIQUE

En général, en Afrique, les luttes révolutionnaires restent dirigées par des mouvements nationalistes bourgeois ou paysans. Les partis communistes se réclamant du marxisme-léninisme ne sont pas encore vraiment développés. Toutefois, dans certains pays, des groupes sont constitués qui visent à la fondation d’authentiques partis communistes. Mais, en général, ils se heurtent encore à de grandes difficultés, comme c’est par exemple le cas pour nos camarades tunisiens. Des militants marocains qui se réclament également du marxisme-léninisme, sont victimes d’une répression terroriste. Des militants mauritaniens sont actifs.

Nous soutenons tous nos camarades communistes africains, nous soutenons tous nos frères patriotes africains, ceux de l’Afrique du sud, victimes du racisme, étant actuellement aux premiers rangs des luttes, nous soutenons tous les pays, nations et gouvernants africains dans leurs luttes contre l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme.

Nous avons soutenu la résistance nationale du Zaïre à l’agression fomentée contre son indépendance par le social-impérialisme soviétique s’appuyant sur des mercenaires et nous soutenons doublement, en tant que patriotes et en tant que communistes, nos camarades marxistes-léninistes zaïrois.

Nous soutenons aussi les justes positions adoptées par des bourgeoisies nationales en Afrique pour rejeter l’hégémonisme soviétique, comme en ont donné l’exemple les gouvernements soudanais, égyptien, somalien. De la même façon, nous soutenons toute action menée par des africains contre l’impérialisme américain comme contre tout autre impérialisme, en particulier l’impérialisme français encore très actif dans ce continent.

LA SITUATION DES LUTTES REVOLUTIONNAIRES DES PEUPLES D’AMERIQUE LATINE

Dans ce continent agissent davantage de partis communistes marxistes-léninistes. D’autres formations, presque toujours clandestines, agissent aussi mais sont souvent gangrenées par les idéologies petites-bourgeoises du fidélisme, en forte régression, du guévarisme, du trotskisme.

Un petit nombre de partis communistes sont actuellement fortement influencés par les thèses albanaises.

Nous ne parlerons du Parti communiste révolutionnaire du Chili que pour expliquer qu’il n’a aucune implantation sérieuse au Chili. Seuls, à Paris, une poignée de militants se réclamant de ce parti, s’agitent frénétiquement pour attaquer notre Parti et le Parti communisme chinois, allant jusqu’à tenir une conférence de presse ouverte aux journalistes de tout poil. Il s’agit d’éléments qui proclament que nous n’avons jamais soutenu leur parti.

Leur principal dirigeant eut pourtant la vie sauve quand, ayant eu connaissance des dangers qui le menaçaient, nous avons alerté le Parti communiste chinois. Ce dernier, à l’initiative personnelle du Président Mao Tsetoung, organisa la sortie du Chili au Pérou de ce militant alors réfugié à l’ambassade du Honduras. Un diplomate chinois l’escorta de cette ambassade jusqu’à l’avion en partance pour le Pérou. Il se trouve que c’est cet homme qui nous attaque maintenant avec frénésie en nous présentant comme d’affreux révisionnistes. C’est lui qui a remis à la presse une plaquette éditée en France contre le Parti communiste chinois et contre la théorie des trois mondes.

Nous avons apporté pendant plusieurs années un soutien actif aux militants clandestins du Parti communiste du Brésil, sous de multiples formes. Mais depuis le VIIe Congrès du Parti du travail d’Albanie, ces militants prétendent à qui veut les entendre que notre Parti n’aurait jamais rien fait pour les aider. C’est là une grossière calomnie que notre Parti rejette avec mépris car il dispose de toutes les archives prouvant au contraire qu’il a accordé à ce Parti un soutien nullement négligeable.

Que peut faire notre Parti en faveur des luttes des partis latino-américains et des peuples latino-américains ? Il doit et peut les soutenir en popularisant leurs activités; il doit et peut faire un intense travail pour dénoncer les répressions fascistes qui touchent nos camarades et leurs peuples dans la plupart des pays de cette région. C’est d’ailleurs à quoi s’emploie notre Parti quand il a connaissance des situations particulières des uns et des autres. Tels sont les exemples pour l’Argentine, le Paraguay, la Bolivie et, dans une moindre mesure, d’autres pays.

LA SITUATION QUI OPPOSE LE CAMBODGE ET LE VIETNAM

Notre Parti a soutenu pendant des années, avec tous les moyens dont il pouvait disposer, les guerres révolutionnaires menées par les patriotes khmers et vietnamiens contre leurs agresseurs impérialistes américains et les fantoches à leur dévotion. Il en exprime d’autant plus son désappointement devant les événements qui se sont récemment produits entre les armées de ces deux peuples du tiers-monde.

Le Parti communiste du Kampuchea est un parti en plein accord avec les positions marxistes-léninistes. Le Parti des travailleurs du Vietnam a adopté depuis longtemps une attitude plus ambiguë, qui revient à conserver des relations de parti à parti avec les partis révisionnistes ainsi qu’avec les partis marxistes-léninistes.

C’est en ce sens que nous exprimons notre inquiétude quant à l’activité des camarades vietnamiens, qui ne dissimulent pas leur désir de réaliser une Fédération indochinoise qui rattacherait à leur pays le Laos et le Kampuchea. N’agissent-ils pas dans cette région du monde dans le sens voulu par le social-impérialisme soviétique ? Nous pensons que si des règlements de litiges frontaliers nés de la situation coloniale ancienne ne se règlent pas convenablement entre des partis communistes, c’est qu’au moins l’un des deux fait preuve d’une idéologie de tendance révisionniste et chauvine.

Voilà pourquoi notre Parti suit avec le maximum d’attention la situation entre le Vietnam et le Cambodge. N’ayant pas de relations avec le Parti des travailleurs du Vietnam, notre Parti n’est pas en mesure de lui communiquer son point de vue. Par contre, il est en relation avec le Parti communiste khmer et se trouve en mesure de lui exprimer le souhait que ces questions frontalières soient réglées autrement que par la guerre, par la voie de discussions et de négociations.

Mais notre Parti attend aussi des informations concrètes précises de la part du Parti frère khmer, qui lui permettront certainement d’avoir une connaissance plus complète et donc plus juste des événements récents dont la presse française a fait grand tapage dans un sens anti-communiste et anti- khmer.

(……………………………………………………………………………………………………………………….)

LES RELATIONS DE NOTRE PARTIAVEC LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS

Nous pouvons proclamer, non sans enthousiasme, que depuis quatorze années, les relations de notre Parti communiste marxiste-léniniste de France avec le Parti communiste chinois ont été et sont restées fondées sur notre adhésion sans réserve à la pensée du Président Mao Tsetoung, en notre qualité de militants communistes fidèles aux principes du marxisme et du léninisme et à l’internationalisme prolétarien. Ces relations ont toujours été placées sous le signe de l’idéologie prolétarienne et d’une stricte égalité entre les deux partis.

Le message adressé par le Comité central du Parti communiste chinois à notre Comité central à l’occasion du Xe anniversaire de notre Parti communiste marxiste-léniniste de France témoigne avec éclat de la nature de ces relations. D’une part, il constitue pour nous un profond encouragement, d’autre part, il confond tous ceux qui prétendent que les bonnes relations entretenues par le gouvernement chinois avec certains gouvernements bourgeois des pays du second monde l’empêcheraient de soutenir résolument la classe ouvrière des pays capitalistes et leurs partis marxiste-léninistes dans leur lutte contre le capitalisme monopoleur.

Nous ne saurions mieux faire que dire à nos camarades d’étudier et de faire connaître ce message empreint d’esprit de solidarité internationaliste.

Souvent, quand nous disions à nos camarades chinois que notre Parti était encore inexpérimenté, jeune, petit et faible, qu’il était une force ne se situant pas au niveau beaucoup plus élevé du Parti communiste chinois, ils rejetaient notre point de vue, affirmaient que l’égalité entre les deux partis ne tenait pas à leurs dimensions respectives, ni même à l’ancienneté de leurs expériences respectives, mais seulement à leur ligne politique et idéologique conforme aux principes du marxisme-léninisme.

Il est arrivé que le Comité central du Parti communiste chinois présente des remarques concernant les initiatives et la ligne de notre Parti, mais cela s’est toujours effectué « à titre de référence » et sans nulle intention de nous imposer un point de vue qui ne rencontrerait pas notre plein accord. Les camarades chinois insistent toujours avec juste raison sur la nécessité de compter sur nos propres forces.

Ils considèrent toujours que nous connaissons mieux la situation dans notre propre pays qu’eux-mêmes et écoutent nos exposés et explications avec la plus grande attention, quelquefois pendant des journées entières. A cet égard, il peut être rapporté qu’un jour, le Président Mao Tsetoung s’adressant à des camarades japonais qui venaient d’effectuer en Chine une visite et avaient eu des entretiens politiques avec des représentants du Comité central du Parti communiste chinois, leur déclara en substance qu’il leur fallait désormais tout oublier de ce qu’ils avaient vu et entendu lors de leur séjour en Chine, pour s’appliquer à posséder une connaissance approfondie des conditions de la révolution dans leur propre pays.

Le Parti communiste chinois apporte un soutien considérable à notre Parti. L’aspect essentiel de ce soutien est de nature politique et idéologique.

Sur le plan idéologique, c’est la pensée maotsetoung, continuation éminente et enrichissante du léninisme, qui a permis les succès et progrès de notre Parti, et en particulier la pratique hautement efficace de l’autocritique ainsi que le recours à de meilleures méthodes pour résoudre les contradictions au sein du peuple.

Sur le plan politique, les activités de nos camarades chinois sur le plan international constituent en permanence une riche et abondante source d’éducation et de soutien internationalistes prolétariens. A cet égard, il convient de remarquer la portée délibérée des phrases et des mots utilisés par les camarades chinois quand ils traitent des relations internationales de leur Parti et de leur Etat. Ils parlent d’union avec les pays, les nations et les peuples que ne dirigent pas des partis marxistes-léninistes. Mais, avec les communistes marxistes-léninistes, il est toujours question d’unité.

Voici ce qu’a déclaré le Président Houa Kouo feng devant le XIe Congrès du Parti communiste chinois : « Nous renforcerons notre unité avec tou

s les partis et groupements marxistes-léninistes authentiques du monde et mènerons jusqu’au bout la lutte contre le révisionnisme moderne ayant pour centre la clique des renégats révisionnistes soviétiques ». Après les décès du Président Mao, du vice-président Chou En laï, et d’autres éminents dirigeants historiques de la révolution chinoise, comme les camarades Tong Pi wou, Chou Teh et Kang Cheng, une immense campagne anti-chinoise et anti-communiste a déferlé de par le monde, et en particulier dans notre pays.

L’assaut ainsi livré s’est temporairement appuyé sur les méfaits et crimes de la bande des quatre, qui ont porté de graves atteintes au socialisme, à la dictature du prolétariat, au prestige international et à l’économie de la République populaire de Chine.

Il ne nous appartient pas de régler cette question intérieure chinoise à la place du Parti communiste chinois et notre Parti s’est gardé de s’ingérer dans les problèmes intérieurs du Parti frère et du peuple frère. Toutefois, notre Parti a exprimé publiquement sa joie et sa satisfaction de l’élimination de la bande des quatre, après qu’il eût pris connaissance suffisamment sérieuse des faits.

En France, l’écrasement de la bande des quatre a été l’occasion, pour un certain nombre de faux amis de la Chine et du Parti communiste chinois, de démasquer leurs véritables visages.

Tel fut le cas de Charles Bettelheim, à qui avait été confiée la présidence de l’Association des amitiés franco-chinoises, sans d’ailleurs le soutien de notre Parti à l’époque de sa désignation. En raison de sa présence à la tête de cette association, notre Parti n’avait jamais exposé publiquement ce qu’il pensait des ouvrages de cet universitaire concernant les luttes de classes en URSS. Bettelheim avait le soutien de la bande des quatre car il exposait dans ses livres des points de vue bourgeois identiques aux leurs à propos des questions économiques du socialisme.

Critiquant la NEP, Bettelheim est d’avis qu’à son époque, l’URSS n’aurait pas dû libérer les forces productives et les développer. Pourtant, si Lénine n’avait pas fait un effort particulier pour la production et si Staline n’avait pas poursuivi cet effort, le socialisme ne se serait pas développé de façon aussi rapide. D’autre part, Bettelheim, traitant des différences de développement économique de la Chine et de l’URSS, a indiqué que la lenteur du développement en Chine était une bonne chose, ce qui revenait à soutenir le point de vue de la bande des quatre.

A ce sujet, d’ailleurs, Bettelheim, pourtant expert économiste international, n’a pas vu que le développement économique de la Chine est infiniment plus rapide que ceux de pays voisins soumis au capitalisme et à l’impérialisme, comme l’Inde et les Philippines par exemple.

Charles Bettelheim s’est donc bien démasqué en démissionnant spectaculairement de la Présidence des AFC et en lançant contre le Parti communiste chinois et la République populaire de Chine des attaques rejoignant celles de la bande des quatre. C’est un économiste bourgeois et nous aurons l’occasion de le dire publiquement et avec sérieux dans notre revue théorique et politique.

Notre Parti salue l’arrivée en France du Tome V des « Oeuvres choisies » du Président Mao Tsetoung. Le Comité central n’a pas eu le temps matériel nécessaire pour consacrer des efforts à l’étude des textes ainsi publiés en français, avant la tenue de notre IIIe Congrès. Mais il engage fermement tous les militants à lire et étudier le plus vite possible et de la manière la plus approfondie, l’ensemble des écrits et discours du Président Mao présentés dans ce Tome V de ses « Oeuvres choisies ». Mais les lire et les étudier pour nous seuls ne suffit évidemment pas. Nos militants doivent s’employer à assurer une très large diffusion de masse de ce volume dont le prix de vente consenti par les Editions en langues étrangères de Pékin est bon marché et de nature à faciliter la vente auprès des travailleurs.

Le Tome V des « Oeuvres choisies » de Mao Tsetoung constitue le plus récent soutien offert à notre Parti et à notre peuple par le Parti communiste chinois.

Le Président Mao Tsetoung est mort, mais sa pensée reste vivante et immortelle. Notre Parti continuera à soutenir le maximum d’efforts pour continuer à mériter la confiance du grand, du glorieux et du juste Parti communiste chinois.

Le Parti communiste marxiste-léniniste de France ne cessera pas de renforcer son unité avec le Parti communiste chinois, sur la base des principes révolutionnaires du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsetoung. (…) 

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

La situation en France et les tâches de notre Parti (1978)

[Rapport politique au IIIème Congrès du PCMLF, janvier 1978.]

La situation en France est dominée par la crise économique, dont les manifestations ne peuvent être dissociées de la crise mondiale du capitalisme.

En vérité, le système capitaliste est en crise générale depuis la première guerre mondiale qui a marqué le début de la phase de son pourrissement et de son agonie, en même temps que les premières manifestations du passage du capitalisme monopoliste au capitalisme monopoliste d’Etat.

Mais la durée de cette agonie n’est pas à la mesure de la durée de la vie d’un homme et, naturellement, les prolétariats, les masses populaires et les peuples opprimés aspirent à ce que se produise plus rapidement l’effondrement décisif et irréversible du capitalisme. C’est là un courant général dans le monde.

De façon très sommaire, on peut considérer qu’après la fin de la première guerre mondiale, la profonde crise des années 1929 et suivantes provoqua les conditions historiques du déclenchement de la seconde guerre mondiale en 1939.

Et depuis la fin de celle-ci, les crises sont devenues encore plus fréquentes et plus profondes qu’avant 1939, elles atteignent tous les secteurs d’activité et touchent les uns et les autres de leurs conséquences réciproques. Il y a interactions entre crise industrielle et crise agricole, crise industrielle et crise commerciale, crise de surproduction et crise financière.
Il s’agit là, camarades, de questions complexes, pour l’étude desquelles nous n’avons pas une expérience et des connaissances suffisantes.

Jusqu’à la préparation de notre IIIe Congrès, notre Parti n’avait pas soutenu la moindre tentative d’analyser concrètement et en profondeur la crise actuelle. Il se satisfaisait de la description de ses manifestations apparentes, comme l’inflation, la hausse des prix, les licenciements, le chômage. Mais la Conférence nationale ouvrière a souligné avec opportunité l’impérieuse et urgente nécessité pour notre Parti de procéder à l’analyse concrète de la crise.

Aussi, le Comité central a-t-il commencé à élaborer la réalisation de cette tâche en publiant un premier travail de recherche comportant :
–une esquisse de l’analyse concrète de la crise économique actuelle sur le plan mondial;
–une esquisse du même objet concernant la crise de l’économie française ;
–quelques indications fondamentales et élémentaires du point de vue marxiste-léniniste sur le problème de l’inflation ;
–une critique encore très sommaire de l’analyse de la crise fournie par les économistes révisionnistes français.
 (…) 

 Dans « Matérialisme dialectique et matérialisme historique », Staline indiquait : « La clé qui permet de découvrir les lois de l’Histoire dans la société doit être cherchée non dans le cerveau des hommes, non dans les opinions et les idées de la société, mais dans le mode de production pratiqué par la société à chaque période donnée de l’Histoire dans l’économique de la société.

Par conséquent, la tâche primordiale de la science historique est à l’étude et la découverte des lois du développement économique de la société. Par conséquent, le Parti du prolétariat, s’il veut être un parti véritable, doit avant tout acquérir la science des lois du développement de la production, des lois du développement économique de la société ».

En dépit de l’absence d’une discussion suffisante dans nos rangs, que peut retenir notre Parti des esquisses d’analyses déjà élaborées ?

1) Tout d’abord, la crise économique et ses conséquences générales dans notre pays, notamment ses conséquences politiques et sociales, correspondent au développement de la crise sur le plan mondial. Elles n’échappent pas aux conditions historiques créées par le fait que la France a un impérialisme en forte régression et sur la défensive, d’un potentiel économique très inférieur à ceux des deux super-puissances.

La crise économique en France est pour une grande part tributaire :
-1 de l’expansion considérable des deux super-puissances et de leur rivalité grandissante pour le partage et la domination du monde ;
-2 de la lutte anti-colonialiste et anti-impérialiste menée par les peuples et pays du tiers-monde. Il convient de tenir compte de l’effondrement de l’immense empire colonial dont disposait la France capitaliste avant la deuxième guerre mondiale (12 millions de km2 et 70 millions d’esclaves coloniaux).

Même si la France recourt à de nouvelles formes d’exploitation comme le néo-colonialisme et l’utilisation dans des conditions bénéfiques d’une très importante main d’oeuvre fournie par les travailleurs immigrés, elle n’en est pas moins contrainte de nos jours de négocier et payer son approvisionnement en matières premières, qu’elle pillait naguère pour son plus grand profit.

2) L’économie française reste en partie dépendante d’une importante pénétration du capital étranger, essentiellement américain, et l’impérialisme des monopoles des Etats-Unis s’efforce dans tous les domaines de surmonter sa propre crise en l’exportant dans les pays capitalistes européens.

3) La croissance des prix à la consommation, qu’il ne faut pas confondre avec l’inflation, se maintient à un taux élevé.

4) Le chômage ne connaît pas le moindre signe sérieux de régression, au contraire, il atteint des sommets très élevés, passant de 6,2% de la population active fin 1975 à 8% environ fin 1977.

5) La crise du franc se trouve liée au flottement des monnaies européennes par rapport au dollar américain et la fluctuation de notre monnaie traduit aussi les contradictions aiguës qui se produisent entre les groupes monopolistes européens eux-mêmes.

6) Le quadruplement du prix du pétrole fin 1973 n’a pas été à l’origine de la crise, contrairement à ce que veulent faire croire Giscard d’Estaing et les capitalistes de notre pays, mais il a offert à ces politiciens bourgeois une excellente occasion de justifier leurs difficultés pour dissimuler que les causes profondes de la crise et son essence… sans jeu de mot… résident exclusivement dans la nature du système capitaliste, fondamentalement dans la contradiction entre le caractère privé de la propriété des moyens de production et le caractère collectif des forces productives. 

En ce qui concerne l’esquisse d’analyse de la crise économique en France, elle ne permet pas de caractériser de façon certaine sa nature même. Elle débouche provisoirement sur ces conclusions :

Le problème reste posé de la nature même de la crise ouverte en 1974 : est-elle simplement une crise classique de surproduction, de sur-accumulation, un processus particulièrement brutal de restructuration du capitalisme, de rétablissement de l’équilibre rompu, de résolution provisoire des contradictions, ou bien est-elle la manifestation d’une crise beaucoup plus profonde, liée aux bouleversements que connaît la situation mondiale et avant tout aux faits que le tiers-monde a surgi comme force motrice révolutionnaire et que la rivalité des deux super-puissances pour la domination du monde s’aiguise ?

La politique économique suivie par la bourgeoisie monopoliste pour faire face à la crise économique est marquée par l’incertitude touchant à la nature même de la crise. Rapidement, depuis le début de 1974, se sont succédés plan de stabilisation, plan de relance et maintenant plan Barre. Mais quelque soit l’habillage, le fond reste le même: il s’agit de faire payer la crise aux travailleurs, plus précisément de profiter de celle-ci pour accroître le taux de plus-value, par la paupérisation de la classe ouvrière et de la paysannerie, la baisse du salaire réel, afin d’aboutir au prix d’une dévalorisation d’une partie du capital existant et par une nouvelle restructuration, à relever le taux de profit.

C’est par rapport à la crise que les propositions de la bourgeoisie « d’opposition », le programme commun, les propositions des révisionnistes, prennent tout leur sens. Ces propositions sont somme toute assez classiques et relèvent finalement des remèdes proposés par Keynes, cet apôtre du capitalisme monopoliste d’Etat, au lendemain de la grande crise de 1929.

Précisons que Keynes préconisait l’inflation, le plein emploi, l’augmentation du « pouvoir d’achat » des masses et surtout l’intervention systématique de l’Etat. Cette politique ne peut avoir que des effets très temporaires car le capitalisme ne peut distribuer ses profits aux masses.

Au contraire, régi par le profit, il doit, pour survivre, extorquer toujours plus de plus-value. Dès lors, la contradiction entre la masse de capitaux disponibles pour la production ( de plus-value) et la consommation limitée des masses s’aggrave et aboutit inévitablement à la sur-accumulation du capital.

Le programme commun, actualisé ou pas, qui ne touche absolument pas aux fondements du capitalisme, c’est finalement, en dehors de la fable sur la relance de la consommation qui ne peut en rien résoudre la crise, restructurer le capitalisme pour la mise sous la coupe directe de l’Etat des principaux monopoles (nationalisations) : c’est un accroissement de la concentration monopoliste d’Etat.

C’est aussi vouloir profiter de la domination du révisionnisme sur la classe ouvrière pour faciliter l’extorsion de la plus-value et, par là même, du taux de profit, par l’instauration du social-fascisme.

Mais c’est aussi, tout en disant maintenir la France dans l’orbite de l’impérialisme américain, s’adapter à l’évolution de la situation mondiale et spécialement au fait que le social-impérialisme est le plus agressif, qu’il réclame une part de la plus-value, pressions militaires à l’appui, en vue de dominer l’Europe puis le monde.

La France, pays du second monde est, en effet, directement soumise aux pressions des deux super-puissances. Il n’y a plus aujourd’hui de possibilité d’un développement autonome à long terme de l’impérialisme français, en dépit des voyages africains ou autres des commis voyageurs que sont devenus Giscard et les hommes du gouvernement.

Même la Communauté économique européenne, si elle représente sur le plan économique comme politique, voire militaire, une solution d’attente, si elle permet de repousser les échéances, ne représente aucune perspective décisive à terme face à la rivalité des deux super-puissances. En ce sens, le Marché commun, la construction de l’Europe permettent de gagner du temps, d’accumuler des forces en vue des affrontements violents inéluctables à venir.

Nous pensons que, finalement, le programme commun conduirait irrésistiblement à placer l’économie française dans l’orbite politique, économique et militaire du social-impérialisme soviétique.

En fait, en France comme dans tout autre pays impérialiste, qu’il soit du premier ou du second monde, aucune forme de transition ne peut s’intercaler entre la domination du capital monopoliste et celle du prolétariat.

C’est ce que semblent commencer à comprendre certains adhérents du Parti révisionniste français, si l’on en croit les propos tenus par le professeur Balibar devant le cercle de l’Institut d’études politiques de l’Union des étudiants communistes, encore que ces propos soient plutôt confus. La seule solution à la crise, c’est la destruction du capital en tant que rapport social, c’est la révolution prolétarienne, la dictature du prolétariat.

La crise économique accentue la crise politique et sociale. Elle provoque des bouleversements dans tous les domaines de la vie des populations de notre pays.

Le chômage atteint des niveaux jamais dépassés. D’après les statistiques du Bureau international du travail, le nombre des chômeurs en France est passé de 760000 en janvier 1972 à 1465000 en janvier 1977. Nous ne disposons pas encore du chiffre correspondant pour janvier 1978, mais tout permet de supposer qu’il dépasse 1500000 et s’approche même de 1600000 chômeurs.

Au cours de l’année 1977 en effet sont arrivés, sur ce que les économistes bourgeois nomment le « marché du travail », environ 700000 jeunes et ce n’est pas la démagogie du patronat qui prétend avoir créé à leur intention 250000 emplois nouveaux qui a permis de leur assurer à tous du travail, d’autant que de puissantes vagues de nouveaux licenciements ont à nouveau déferlé sur les usines un peu partout en France.

La hausse des prix n’a pas été stoppée, si par contre le plan du gouvernement a bloqué la hausse des salaires à 6,5% pour l’année 1977. D’après les indices officiels de l’INSEE, la hausse des prix alimentaires s’est établie à 14% entre septembre 1976 et septembre 1977. Si l’on tient compte par ailleurs de la dévaluation effective constante de la monnaie, qui est de l’ordre de 10% par an, on peut facilement établir que loin de progresser, le pouvoir d’achat des travailleurs ne cesse de régresser.

Dans les études statistiques présentées par le journal bourgeois « Le Monde », sous le titre « L’année économique et sociale 76 : l’espoir déçu », on peut apprendre qu’au 1er juillet de l’année en cause 59,2% des salariés de l’industrie et du commerce percevaient moins de 2530,00F par mois. Cette indication concernait 7050000 travailleurs.

Et ces pourcentages et chiffres recouvraient encore d’autres éléments plus éloquents de la grave situation sociale qui découle de la crise du capitalisme. Parmi ces salariés, en effet, plus d’un sur trois ne percevait que des mensualités d’un montant inférieur à 1900,00F par mois. Ajoutons que la proportion des femmes concernées par cette situation était de l’ordre de 8 femmes pour 5 hommes.

Si nous détaillons les catégories d’ouvriers, environ 5000000 sur ces 7050000 salariés de l’industrie et du commerce, nous pouvons relever quels étaient les montants moyens de leurs salaires mensuels : les ouvriers qualifiés percevaient 2570,00F pour les hommes et 1893,00F pour les femmes; les ouvriers spécialisés percevaient 2160,00F pour les hommes et 1624,00F pour les femmes, les apprentis et jeunes ouvriers sous contrat percevaient 881,00F pour les hommes et 1070,00F pour les femmes.

Dans le même temps, les cadres administratifs moyens, environ 58000 salariés, percevaient 5360,00F pour les hommes et 4145,00F pour les femmes, les cadres administratifs supérieurs, au nombre de 15000 environ, percevaient 9610,00F pour les hommes et 6210,00F pour les femmes.

A ces chiffres, il conviendrait d’ajouter ceux qui représentent les revenus des vieux travailleurs et qui demeurent insuffisants pour leur permettre de vivre, même modestement, en dépit de la démagogie forcenée de Giscard d’Estaing et de son gouvernement.

Il conviendrait aussi de leur opposer les revenus les plus élevés qui soient perçus dans notre pays, qui se situent d’ores et déjà entre 800000 et 900000F par mois (en francs lourds, ce qui représente des sommes de l’ordre de 10000000F par an, soit 1 milliard de centimes ou anciens francs !). Voilà, camarades, c’est ça notre société libérale avancée tant vantée par les représentants de la bourgeoisie monopoliste qui détiennent l’Etat et le gouvernement.

Naturellement, la spéculation et la corruption sont pratiquées à grande échelle et les scandales financiers opposent des clans rivaux de politiciens quelquefois jusqu’aux règlements de compte. Ainsi, le duc de Broglie, parlementaire et ancien ministre a-t-il été assassiné par ses adversaires, sans d’ailleurs que le Ministre de l’Intérieur ne fasse arrêter d’autres coupables que des comparses.

L’affaire plus récente du club de football professionnel de Paris St germain connue sous le nom de l’affaire Hechter, a révélé la rivalité sordide du RPR de Chirac, maire de Paris et du PR comptant dans ses rangs l’ancien maire de Deauville, Michel d’Ornano, financier capitaliste aux trafics plus que douteux.

Et tout ce beau monde hurle à l’unisson pour condamner la violence quand quelque jeune ou quelque chômeur tente de se révolter, ou lorsque se produisent des vols ou des hold-up rendus inévitables par l’injustice sociale de notre société. Naturellement, nous, marxistes-léninistes, nous n’approuvons pas le vol, ni les agressions individuelles, ni le recours à la drogue, ni les attentats de forme terroriste qui sont exécutés sans l’assentiment ni la compréhension des masses.

Mais nous dénonçons la responsabilité, la culpabilité première de la bourgeoisie qui favorise et engendre de tels actes. La crise économique et sociale provoque la crise idéologique et morale et ceux qui se trouvent atteints ne sont souvent que des victimes de la pourriture du capitalisme. 

D’ailleurs, cette crise est présente partout et constitue l’ambiance générale dans laquelle notre peuple doit vivre bien malgré lui. Il suffit de consulter n’importe quel programme hebdomadaire d’une chaîne de télévision, pour y découvrir de nombreux films où sont exaltés les crimes, le racisme, le viol et toutes autres formes de violence en même temps que les sentiments de haine, l’avilissement de la sexualité et, par-dessus tout, le culte de l’argent et du profit.

La femme est tenue pour un objet de consommation, la prostitution se trouve elle-même dépassée par la publicité obsédante qui vise à détourner les masses des véritables problèmes auxquels elles sont confrontées par leur exploitation.

Les publications consacrées à l’exaltation de la suprématie du sexe dans le prétendu bonheur des êtres humains, figurent soit à l’accrochage public de tous les kiosques, soit dans d’innombrables boutiques spécialisées qu’on appelle des sex-shops. Et le magazine « l’Humanité dimanche » a récemment consacré plusieurs pages avec de nombreuses photographies à la lucrative activité des strip-teaseuses…

La crise culturelle est également générale et la ligne des dirigeants révisionnistes du Manifeste d’Argenteuil n’y est certainement pas pour rien, même si le phénomène de la dégénérescence en cours a des racines plus lointaines.

Le processus de développement du capitalisme dans l’édition comme dans la diffusion du livre et des appareils de photographie, cinématographie ou audition du style FNAC, les tendances au théâtre comme dans les films sont caractéristiques des conséquences de la crise. Aussi le niveau de la création reste-t-il à un niveau très bas, aussi bien dans la forme que dans le contenu.

Sur le plan de la philosophie, essentiellement bourgeoise, l’existentialisme n’a pas manqué de provoquer les courants de dégénérescence intellectuelle et dans la manière de vivre qu’il préconisait déjà voilà trente ans.

Au surplus, les jeunes bourgeois qui s’étaient transformés en révolutionnaristes fanatiques lors du printemps révolutionnaire de 1968 et qui avaient donné de la Grande révolution culturelle prolétarienne en Chine une interprétation individualiste fausse et mystique, sont devenus aujourd’hui des philosophes réactionnaires qui s’emploient à réfuter non seulement Mao Tsetoung et Lénine mais aussi Marx et Engels.

La crise économique et sociale qui sévit dans tout le pays frappe inégalement certaines régions. Un processus de sous-industrialisation pèse sur plusieurs provinces qui ont jadis concouru à la formation de la nation française dans la phase ascendante du capitalisme. Aussi voyons-nous des populations régionales entières entrer en révolte contre le sort qui leur est imposé par l’Etat capitaliste centralisé.

 Minorités nationales ou culturelles entrent en lutte, et, quelquefois, recourent d’emblée à la violence contre les responsables de leur situation.

En Corse, en Bretagne, au Pays basque, chez les catalans et dans d’autres régions, y compris la vaste Occitanie qui couvre tout le midi de la France, naissent ainsi des mouvements autonomistes, et même indépendantistes. Le peuple corse, sans doute le plus touché et le plus bafoué, ne peut plus supporter l’exploitation et l’oppression que lui impose l’Etat capitaliste français qu’il tient pour authentiquement colonialiste. Ailleurs, ce sont des corporations régionales entières qui se soulèvent contre les méfaits de la politique économique et sociale du gouvernement.

La crise est partout, dans les religions traditionnelles, dans l’enseignement, dans les organes de l’Etat qui sont restés pendant très longtemps à l’abri de toute contestation comme la justice, la police et l’armée.

Mais le lieu où la crise concentre ses effets les plus tempétueux se situe dans les formations politiques de la bourgeoisie, qu’elle se présente comme étant de droite, du centre ou de gauche. Nous allons aborder ce phénomène d’une portée considérable en le rattachant à l’étude des contradictions de classe de notre société.

LES CONTRADICTIONS DE CLASSE DE NOTRE SOCIÉTÉ

Si l’on fait exception de la période relativement courte qui a vu triompher la ligne du IIe Congrès, on peut considérer que notre Parti a toujours considéré que la contradiction fondamentale de notre société opposant la classe ouvrière à la bourgeoisie en est aussi la contradiction principale. Est-il besoin d’insister encore sur cette caractérisation fondamentale de notre société après l’autocritique approfondie que nous avons présentée sur l’abandon du point de vue de classe ?

L’antagonisme entre les deux classes de notre société que constituent les propriétaires des moyens de production et les ouvriers forcés de vendre leur force de travail, est irréversible et ne connaîtra pas de solution définitive avant la révolution prolétarienne.

Au surplus, après la prise du pouvoir par la classe ouvrière, sous la dictature du prolétariat, cet antagonisme se poursuivra mais le rapport de domination sera renversé. La lutte entre les deux classes ne disparaîtra qu’avec la disparition des classes elles-mêmes, lorsque l’édification du socialisme universel aura permis de surmonter toutes les contradictions et de passer au stade du communisme.

Entre la classe ouvrière et la bourgeoisie se trouvent un certain nombre de classes et de couches sociales intermédiaires, que leurs intérêts respectifs rattachent ou opposent aux deux classes fondamentales à des degrés divers qui se modifient en même temps que s’aiguise la contradiction principale.

Des camarades ont demandé à plusieurs reprises que notre Parti élabore de nouveau une analyse des classes approfondie, pour remplacer celle qu’avait retenue le Congrès de Puyricard.

En vérité, de telles analyses sont toujours nécessaires, non point pour le plaisir de se plonger dans des études sociologiques, même concrètes, mais parce qu’elles permettent de définir de la façon la plus scientifique possible qui sont nos amis, qui sont nos ennemis, quelles sont les forces intermédiaires susceptibles d’être neutralisées ou non. Les analyses concrètes de la situation des classes sociales d’un pays à une époque donnée permettent ainsi de définir une stratégie révolutionnaire et la ou les tactiques qui sont de nature à la servir le plus efficacement.

Pour l’instant, notre Comité central n’a procédé qu’à une étude poussée de la paysannerie, de sa composition sociale, de ses relations et contradictions internes qui caractérisent les rapports entre ses différentes couches, ainsi que les rapports de ces différentes couches elles-mêmes avec les autres classes sociales du pays, notamment avec les deux classes fondamentales.

En ce qui concerne la classe ouvrière, notre Parti s’en est tenu jusqu’ici à l’analyse élaborée dans le cadre de la préparation de notre Congrès constitutif, tout en corrigeant l’erreur de principe importante qui consistait dans cette analyse à classer l’aristocratie ouvrière dans la classe ouvrière, alors que du point de vue marxiste, il convient de la classer dans la bourgeoisie.

Il est bien évident que des études théoriques nouvelles devront être menées le plus rapidement possible en vue d’actualiser notre analyse des classes en commençant par la classe ouvrière et la bourgeoisie capitaliste.

Cette tâche s’avère d’autant plus urgente que les dirigeants révisionnistes ont entrepris une profonde révision et trahison des concepts marxistes, jetant délibérément une confusion totale sur le concept de prolétariat afin de pouvoir mieux justifier leur reniement du principe de la dictature du prolétariat.

Notre Parti doit éviter l’erreur courante qui consiste à prendre comme base d’analyse de la classe ouvrière les seuls salaires. L’analyse marxiste des classes consiste avant tout à discerner leurs positions respectives dans la production et à caractériser leur réciprocité, à savoir leurs liens et leurs contradictions.

De ce point de vue, notre Parti tient pour l’allié le plus proche de la classe ouvrière dans sa lutte contre l’exploitation capitaliste, la couche la plus pauvre de la paysannerie. L’expérience révolutionnaire du prolétariat mondial démontre qu’en toutes circonstances l’alliance des ouvriers avec les paysans constitue l’une des conditions de la victoire et du maintien de la révolution, qu’elle soit sociale ou nationale.

S’il importe de savoir pratiquer de manière constructive l’autocritique, cela ne doit pas nous interdire de souligner un succès même relatif quand il intervient. Aussi, notre Congrès sera-t-il dans le vrai s’il apprécie à sa juste valeur, ne serait-ce que dans son principe, le travail réalisé par la commission paysanne du Comité central. Ce travail long et minutieux, qui s’est imposé le rejet de tout subjectivisme, a permis la rédaction du document intitulé: « Les classes à la campagne », qui sera rendu public après étude approfondie du Parti. ( …)

En ce qui concerne les autres classes et couches sociales de notre société, il conviendra aussi de reprendre de façon approfondie leur analyse.

Pour l’instant, la pratique principale et prioritaire de notre Parti vise à assurer sa fusion fondamentale avec l’avant-garde de la classe ouvrière, à laquelle il doit s’identifier. Mais cette tâche dont la réalisation s’avère chaque jour plus urgente et plus impérative n’exclut pas les efforts pour l’établissement de liens de masse de notre Parti avec les autres classes et couches sociales qui ont d’ores et déjà des intérêts objectifs à la révolution prolétarienne du fait de leurs positions antagoniques avec la bourgeoisie capitaliste.

Il s’agit notamment de cette couche sociale, d’ailleurs encore dominante au point de vue quantitatif dans nos rangs, que nous appelons la petite-bourgeoisie, couche qui réunit l’immense majorité des petits et moyens salariés qui ne sont pas des ouvriers.

Employés, petits fonctionnaires, personnels des entreprises publiques et nationalisées, enseignants des établissements primaires et secondaires, étudiants et diverses autres catégories constituent cette petite-bourgeoisie, que la bourgeoisie capitaliste exploite et opprime presque aussi férocement que la classe ouvrière.

Par contre, notre Parti fait preuve d’une circonspection délibérée qu’il ne convient pas de placer sous le signe du sectarisme, envers les ingénieurs, cadres et techniciens de niveau supérieur, ainsi qu’à l’égard des professions libérales, qui sont des classes et couches caractéristiques de la moyenne bourgeoisie que ses positions par rapport à la bourgeoisie capitaliste rendent encore particulièrement conservatrice.

Naturellement, cela ne signifie en rien que nous ne devions accepter dans l’activité militante, des camarades ingénieurs, médecins, avocats ou professeurs de faculté qui se placent résolument sur les positions idéologiques révolutionnaires du prolétariat et agissent avec conséquence.

Notre Parti doit unir dans son combat tous les éléments qui peuvent l’être et qui acceptent la direction idéologique et politique de la classe ouvrière contre la bourgeoisie capitaliste.

LA POLITIQUE DE LA BOURGEOISIE

Les élections législatives prochaines ne doivent pas dissimuler la réalité fondamentale de notre société. Les luttes acharnées qui opposent la majorité réactionnaire sortante et les partis qui lui font opposition ne correspondent nullement à la contradiction principale de notre société, mais visent à en détourner la classe ouvrière et le peuple. Tous les partis traditionnels qui s’entredéchirent si spectaculairement pour conserver ou arracher le pouvoir ne remettent absolument pas en cause la nature de classe de ce pouvoir.

Tous oeuvrent avec frénésie pour perpétuer le système capitaliste. Ceux qui proclament qu’ils sont pour le socialisme se refusent, soit explicitement, soit de manière plus insidieuse, à s’engager dans la voie d’une préparation réelle et efficace de la destruction du capitalisme.

Le Parti socialiste reste fidèle à lui-même, s’opposant activement à toute voie révolutionnaire et préconisant des réformes qui conservent intactes toutes les structures du capitalisme. Le Parti communiste français, soumis à l’idéologie du révisionnisme moderne, n’agit pas différemment et trompe les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires qui lui accordent encore leur confiance.

La bourgeoisie capitaliste a impulsé après la seconde guerre mondiale une société dans laquelle la recherche du profit maximum a conduit à une production désordonnée et effrénée destinée à provoquer la croissance continue de la consommation.

Mais, comme nous l’avons vu, cette société a engendré ses propres contradictions internes et inéluctablement débouché sur la crise que nous venons d’étudier. La profondeur et la durée de cette crise ont créé les conditions d’une instabilité politique que manifestent les disputes, les rivalités, les coups bas, bref les contradictions qui surgissent sans cesse entre les différents partis traditionnels de la bourgeoisie.

Les gaullistes, divisés en plusieurs courants souvent incapables de réaliser leur unité, les conservateurs de type classique, les réformistes aux projets multiples et variés, les socialistes et les révisionnistes présentent des programmes respectifs d’apparence différente, mais finalement conduisent au même résultat : la poursuite de l’exploitation capitaliste.

Mais cette mêlée des politiciens bourgeois de droite, du centre et de gauche, mérite que nous tentions d’en dénouer les fils, pour discerner qui sont les plus dangereux parmi tous ces partis ennemis de la classe ouvrière et opposés à la révolution socialiste.

Chacun d’entre eux met en oeuvre sa propre stratégie dictée dans l’immédiat par les nécessités électoralistes, mais visant par-delà les élections à une tactique particulière dans la gestion du pouvoir et de l’Etat capitalistes.

Quelles sont ces stratégies ?

La stratégie du Rassemblement pour la République dirigé par Jacques Chirac vise à reconquérir les fonctions de Président de la République et de chef de gouvernement qui ont été ravies aux gaullistes par Giscard d’Estaing et Raymond Barre.

Mais, dans cette perspective, le RPR doit tenir compte de la menace que constitue la possibilité d’une victoire électorale des partis de l’Union de la gauche, même s’ils sont devenus des frères ennemis. Chirac rejette la stratégie préconisée par Giscard d’Estaing qui vise à isoler les révisionnistes en réintégrant dans la majorité les socialistes. La lutte entre le RPR et le Président de la République est très aiguë.

Du point de vue électoral, le RPR craint le Parti socialiste qui est susceptible de lui ravir un certain nombre d’électeurs. Fondamentalement, la stratégie du RPR de Chirac consiste à défendre avec violence les intérêts de classe de la bourgeoisie capitaliste monopoliste sans recourir à la collaboration des socialistes.

En fait, le RPR comme le Parti républicain que parraine ouvertement Giscard d’Estaing, représentent les mêmes intérêts de classe, mais recourent pour les défendre et perpétuer les privilèges qui en découlent à deux tactiques différentes.

Pour l’un comme pour l’autre, il s’agit avant tout de faire supporter par la classe ouvrière et les masses populaires le poids de la crise économique. Giscard d’Estaing et Raymond Barre font preuve d’une démagogie sociale plus soutenue que Chirac qui combat frontalement ses adversaires.

Cette majorité divisée tactiquement mais unifiée fondamentalement, a échoué dans ses efforts et plans successifs pour enrayer l’inflation, pour rétablir la balance du commerce extérieur dans les conditions d’avant la crise, pour réduire les conséquences de la décolonisation de l’empire français et régler au tarif le plus profitable les prix des matières premières importées, notamment le prix du pétrole.

Elle a recouru à l’excès à l’utilisation éhontée de la main d’oeuvre immigrée, a préparé un plan de reconversion de la production de l’électricité et de toutes les énergies en essayant de substituer progressivement l’énergie nucléaire à celle du pétrole, puis devant la montée du chômage, elle a odieusement tenté d’en rendre responsable l’immigration, essayant ainsi de diviser les travailleurs français et immigrés. Elle a décrété les mesures racistes et chauvines de Stoléru, prolongement et aggravation des dispositions déjà contenues dans les circulaires antérieures de Marcellin et Fontanet.

Sur le plan international, elle a suivi une politique caractéristique des pays du second monde, impérialismes en déclin qui sont sur la défensive vis-à-vis des deux super-puissances et se trouvent parfois contraints de négocier sur un pied d’égalité avec les pays du tiers-monde.

La politique africaine de Giscard d’Estaing ne peut dissimuler son caractère néo- colonialiste, même si elle entre en contradiction avec l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique, et notre Parti la condamne sans la moindre ambiguïté.

Depuis 1972, les autres partis représentatifs d’intérêts bourgeois et capitalistes ont poursuivi, chacun pour lui, la stratégie de l’Union de la gauche qui s’était réalisée autour d’un programme commun de gouvernement.

Notre Parti a dénoncé cette alliance impulsée au départ par le parti révisionniste, comme de nature exclusivement électoraliste et comme ne portant en elle aucune perspective sérieuse de satisfaction des aspirations profondes de tous les travailleurs à des changements réels et durables. L’alliance électoraliste ainsi réalisée depuis plus de cinq ans a éclaté, mais chacun des partis qui l’avait contractée continue à se réclamer de la stratégie du programme commun, dont chacun donne des interprétations légèrement différentes.

Etudier la stratégie et la politique propres au Parti socialiste, n’a pour notre Parti, qu’un intérêt secondaire. A plusieurs reprises, nous avons déjà rappelé la nature de classe de ce Parti, en présentant son histoire politique passée. Les dirigeants socialistes sont les héritiers des politiciens de la IIe Internationale qui révisèrent et renièrent tous les enseignements et principes de Marx et Engels, contre lesquels Lénine mena l’inlassable combat théorique, politique, organisationnel, qui conduisit à la victoire de la Révolution d’Octobre 1917 et à la naissance de l’Internationale communiste en 1919.

Après la scission de Tours, que Léon Blum et les autres chefs sociaux-démocrates opposèrent à la majorité qui avait voté l’adhésion à la troisième Internationale, communistes et socialistes français s’affrontèrent fondamentalement pendant de nombreuses années. Mais à partir de 1934, en raison de la menace du fascisme hitlérien et de la poussée des ligues factieuses en France, le Parti communiste français entreprit de gagner les ouvriers socialistes et de passer alliance avec les chefs socialistes.

Nous n’allons pas étudier la longue période de plus de 40 années qui nous sépare de cette époque, nous n’en avons pas le temps ici, mais ce qu’il convient d’en retenir d’essentiel, c’est la succession continuelle de périodes d’unité et d’opposition qui marque les relations du Parti socialiste et du Parti communiste français. De 1936 à 1938, en 1939 et 1940, en 1947, en 1956, et enfin aujourd’hui, les chefs sociaux-démocrates ont toujours trahi leurs engagements envers le Parti communiste français. Ils ont même dirigé, pour le compte de la bourgeoisie, de violentes répressions anti-ouvrières, allant jusqu’à faire emprisonner et même assassiner de nombreux travailleurs et dirigeants communistes.

Comme l’a si bien expliqué Léon Blum, les chefs socialistes sont les gérants loyaux du capitalisme.

L’idéologie opportuniste de droite, puis le révisionnisme moderne qui ont submergé la direction du Parti communiste français l’ont conduit à ne tenir aucun compte des expériences passées. Les chefs révisionnistes ont cherché, à tout prix, à réaliser une nouvelle unité sans principe ( et quels principes auraient-ils mis en avant puisqu’ils ont renié le marxisme-léninisme ?) avec les chefs socialistes. Ils ont clamé victoire en 1972 lorsqu’ils sont enfin parvenus à la signature du Programme commun et à la constitution de l’Union de la gauche.

La rupture spectaculaire de cet accord électoraliste avant même les élections ne nous intéresserait pas en elle-même si elle n’était pour notre Parti l’occasion d’effectuer une fois encore une analyse approfondie de ce que représente maintenant le Parti communiste français, si elle ne révélait brutalement l’échec complet de la stratégie révisionniste.

LE PARTI « COMMUNISTE » FRANÇAIS

Le Parti que dirige aujourd’hui Georges Marchais n’a plus rien de commun avec le Parti qui s’édifia à travers mille difficultés avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, qui participa à la résistance armée contre l’occupation nazie, et même qui conduisit de grandes luttes de classe dans la période de mai 1947 à novembre 1952. Nous allons examiner successivement sa transformation sociale et idéologique, ses reniements théoriques, sa ligne et sa stratégie politiques, son projet étatique, sa place dans le Mouvement révisionniste international.

La mutation rapide du contenu social du Parti « communiste » français s’est effectuée en une dizaine d’années. Elle se caractérise par une baisse sensible du pourcentage des ouvriers présents dans ses rangs et par une augmentation des représentants des classes moyennes. Dans un ouvrage publié fin 1976, l’historien révisionniste Elleinstein triture les chiffres pour essayer de dissimuler cette réalité, mais il est cependant contraint à quelques aveux. Considérant par exemple la situation de son Parti à Paris, il est obligé de reconnaître la validité des indications fournies par une étude de la Revue française de science politique, qui relève que le contenu social du PCF comporte 16% de professions libérales et cadres supérieurs, 25% de cadres moyens, 21% d’employés et seulement 16% d’ouvriers.

Elleinstein écrit alors : « Si nous comparons ces chiffres avec l’enquête de 1966, nous observons que le nombre d’ouvriers parait en diminution sensible… « , et il ajoute, pour éviter une conclusion trop grave: « … ce qui n’est pas forcément exact ». Or, en 1966, les pourcentages des catégories sociales des membres du Parti « communiste » français de Paris étaient les suivants: ouvriers 61,1 %, employés 18,57%, ingénieurs et intellectuels 9%.

L’auteur révisionniste, utilisant d’autres statistiques en France, réussit en fin de compte à faire la double démonstration qu’il désire: il établit que le PCF est encore un parti ayant une base ouvrière. Pour cela, il utilise la répartition sociale des délégués au XXIIe Congrès de son parti. Cela donne: 32,2% d’ouvriers et 3,5% de retraités issus de la classe ouvrière, soit 35,7% de délégués d’origine ouvrière.

Il note au passage que « Parti d’ouvriers et de salariés, le PC est également un grand Parti d’enseignants ». Il y en a en effet 16,3%, contre 4,85% en 1966. Il revient ensuite sur le cas de Paris et établit que 49% des délégués aux Conférences de section n’appartenaient pas à un milieu social ouvrier. Il y a dans ces 49%, 12% d’ingénieurs et techniciens et 13% de cadres administratifs supérieurs ou moyens et de professions libérales.

Voici donc une première constatation importante pour notre analyse.

Le Parti communiste français voit diminuer sensiblement sa base ouvrière et augmenter aussi sensiblement, quoique dans une proportion moins forte, son recrutement dans les classes moyennes. Toutefois, nous prendrions nos désirs pour des réalités si nous estimions qu’il n’est plus un parti conservant une influence importante dans la classe ouvrière. Il reste en effet la formation politique française qui compte encore dans ses rangs le plus grand nombre d’ouvriers.

Dans une autre manipulation des chiffres, une étude publiée de manière plus officielle que celle d’Ellenstein, dans le numéro 1 des Cahier du communisme de 1976, parvenait à prétendre qu’il y avait encore 60,9% d’ouvriers dans le PCF en 1974. Mais ces chiffres-là étaient véritablement trop beaux. pour correspondre à la réalité, et nous ne les avons pas retenus.

Une seconde constatation s’impose : les adhérents actuels du PCF lui ont accordé leur adhésion à raison de 61,29% d’entre eux. depuis 1968 et de 82,89% depuis 1958, c’est à dire postérieurement au XXe Congrès révisionniste khrouchtchévien. Il faudrait encore connaître avec précision le pourcentage correspondant aux deux. années 1956 et 1957, et l’on se rendrait compte qu’il n’y a sans doute pas beaucoup plus d’un adhérent sur 10 dans le PCF actuellement qui ait adhéré et milité à l’époque où il n’avait pas encore définitivement dégénéré sous le signe de la baguette révisionniste moderne.

Le Parti « communiste » français a donc bien connu une profonde transformation de son contenu social, depuis vingt ans, et plus particulièrement depuis une dizaine d’années. Les hommes et les femmes qui ont adhéré pendant la guerre pour prendre sous sa direction les armes contre les nazis ne représentent plus qu’un infime pourcentage de ses militants, bien que leur génération les place dans une même tranche d’âge allant actuellement de 54 à 75 ans approximativement.

Ce phénomène, qui n’a pu se produire sans qu’il soit délibéré et encouragé par les dirigeants en place, et notamment par le Secrétaire à l’organisation qui ne fut autre pendant des années que Georges Marchais en personne, a pour conséquence bien évidente la transformation complète de l’idéologie révolutionnaire des membres du PCF en idéologie caractéristique de la bourgeoisie.

Ne nous étendons pas sur ce sujet qui pourrait fournir de quoi parler longuement: les majorettes, tambour major en tête et uniformes chamarrés de style américain sont là pour nous avertir : le PCF est désormais placé dans la zone d’influence morale, culturelle et idéologique de la bourgeoisie.

Ses fêtes, organisées avec l’apport d’une publicité commerciale gigantesque, et la participation nullement gratuite des artistes les plus réactionnaires, voire fascisants comme Sardou, en sont aussi d’éclatants témoignages.

Les propos sexistes et les paroles grossières de certains de ses militants attaquant sur le marché d’Ivry nos camarades femmes en train de diffuser notre journal témoignent d’un mépris profond de la femme. Cette attitude n’a rien à voir avec l’idéologie de ceux qui veulent instaurer le socialisme et en définitive ne traduit rien d’autre qu’une mentalité individualiste et brutale, aussi bien vis-à-vis de tous les hommes que des femmes elles-mêmes.

Dernier exemple de cette idéologie, la construction et aujourd’hui l’utilisation faite par le PCF du Palais de verre de la place du colonel Fabien, dont le luxe et l’architecture prouvent combien ces gens se croient déjà définitivement installés au pouvoir, ou proches de l’être, et ne sont donc pas des révolutionnaires.

Les révisions, abandons et reniements théoriques du marxisme-léninisme se sont effectués suivant un long processus qu’il faudra bien étudier de manière approfondie un jour, et le plus tôt sera le mieux. Les racines de ce processus existaient déjà avant 1939 et se révélaient dans l’esprit opportuniste de droite et parlementaire impulsé par Maurice Thorez. L’attitude du Parti envers les peuples colonisés était aussi la marque d’une idéologie rompant avec le léninisme à la fois sur le plan théorique et dans la pratique.

Pendant la guerre et l’occupation nazie, le Parti dirigea des luttes héroïques et des dizaines de milliers de ses militants sont morts sous son drapeau. Mais si nous nous attachions à étudier la ligne suivie pendant toute cette période, nous découvririons que les dirigeants communistes ont délibérément placé toutes leurs forces à la remorque de la bourgeoisie. Ils n’ont pas contesté une seconde l’auto-institutionnalisation de la France-libre et de son Empire par De Gaulle à Brazzaville en octobre 1940.

Ensuite, avant même le déclenchement de l’agression hitlérienne contre l’Union soviétique, en mai 1941, dans une résolution célèbre du Comité central clandestin du PCF, ils ont annoncé leur actif soutien à toutes personnalités et tous généraux de la bourgeoisie qui engageaient la lutte contre l’occupant. La ligne de collaboration de classe avec la bourgeoisie n’a pas commencé en 1945, après la Libération, mais bien avant, au cours et à l’occasion de la guerre elle-même.

Dans la question du Front national, les dirigeants du Parti communiste français ont adopté une ligne opportuniste qui consistait d’emblée à délaisser l’objectif stratégique de tout parti communiste authentique concernant la révolution prolétarienne, même si se présente une étape préalable comportant la nécessité de réaliser d’abord une révolution de libération nationale.

Après la Libération, Thorez, de retour de Moscou, a pris une initiative dont on peut assurer qu’elle fut la première manifestation du révisionnisme moderne après les prises de position du dirigeant américain Earl Browder aux Etats-Unis en 1939. Il accorda en effet une déclaration au grand journal anglais « Times » qui la publia le 18 novembre 1946. Dans le corps de cette déclaration figurait le passage suivant :

« Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d’envisager pour la marche au socialisme d’autres chemins que celui suivi par les communistes russes. De toute façon, le chemin est nécessairement différent pour chaque pays. Nous avons toujours pensé et déclaré que le peuple de France, riche d’une glorieuse tradition, trouverait lui-même sa voie vers plus de démocratie, de progrès et de justice sociale ».

Par cette déclaration, le secrétaire général du Parti « communiste » français, s’appuyant sur le prétexte d’ailleurs jamais contesté par les marxistes-léninistes des conditions spécifiques nationales de chaque révolution prolétarienne, préparait insidieusement la voie à la révision et à la trahison des principes révolutionnaires universels établis par Marx, puis par Lénine sur la question du passage du capitalisme au socialisme. Il renonçait à la voie inéluctable de la violence révolutionnaire armée.

Les grandes étapes ultérieures de la pénétration du révisionnisme moderne dans le Parti communiste français peuvent être sommairement énumérées comme suit: de 1956 à 1960, l’approbation sans réserve des thèses développées par Khrouchtchev devant le XXe Congrès du Parti communiste d’Union soviétique.

En 1962, 1963 et au cours des années suivantes, le débordement des injures lancées contre le Parti communiste chinois et contre le Parti du travail d’Albanie, après avoir essayé de se faire le conciliateur auprès de ce dernier pour le réconcilier avec les révisionnistes khrouchtchéviens. En mars 1966, l’adoption du fameux Manifeste d’Argenteuil sur les problèmes idéologiques et culturels.

Ensuite, l’adoption en décembre 1968 du Manifeste de Champigny « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste ». Puis, le 27 juin 1972, la signature du « Programme commun de gouvernement du Parti communiste français et du Parti socialiste » qui va fonder toute la politique du PCF au cours des années suivantes et la fonde encore aujourd’hui en dépit de la rupture. Marchais déclare à son sujet: « Nous n’avons pas de stratégie de rechange ».

Tout ce processus constituait la révision, l’abandon et la violation des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme, mais il lui restait encore à en tirer officiellement les conséquences théoriques. Cette tâche fut assumée par le XXIIe Congrès réuni en février 1976. Dans ce Congrès, les dirigeants du Parti révisionniste firent approuver le rejet officiel du principe marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat et préparèrent les conditions du rejet de tous les autres principes marxistes-léninistes dont se réclamait encore en paroles leur Parti.

A plusieurs reprises, depuis lors, Marchais déclara de manière fanfaronne: « Nous irons encore beaucoup plus loin », et, de fait, dans deux numéros successifs de l’hebdomadaire central du PCF,  France nouvelle, les 5 et 12 décembre 1977, Jean Kanapa a publiquement révisé et abandonné le contenu de classe du principe de l’internationalisme prolétarien, en annonçant qu’il importait de le remplacer par le principe de la solidarité internationaliste, car le premier aurait signifié la soumission inconditionnelle au Parti et à l’Etat d’Union soviétique, ce qui est totalement faux.

Enfin, on parle actuellement dans les rangs du parti révisionniste de rejeter le principe du centralisme démocratique. Il est vrai que le juste fonctionnement prolétarien de ce principe mis au point par Lénine est violé depuis longtemps par les dirigeants du parti révisionniste qui l’avaient remplacé par un autoritarisme bureaucratique.

Mais, que devient donc aujourd’hui la ligne politique du Parti « communiste » français dans les conditions concrètes de toutes ces violations des principes du marxisme-léninisme ?

La stratégie et la ligne politique du parti révisionniste français se réduit ni plus ni moins à la stratégie et à la ligne d’un parti bourgeois, qui aspire à conquérir le parlement, le gouvernement et l’Etat pour assurer lui-même la direction et la gestion du système capitaliste.

A cet égard, la conception qu’avancent Marchais et ses acolytes au sujet du programme commun de gouvernement est tout à fait claire. Pour eux, il s’agit de parvenir, par la voie électorale qui n’exclut pas le développement de manifestations populaire, à entrer dans le gouvernement.

La rupture avec les socialistes traduit la volonté forcenée des révisionnistes d’utiliser l’infiltration dans les organismes dirigeants aussi bien des grandes sociétés nationales ou nationalisables, que dans les autres rouages des Ministères, des administrations, en définitive des organes de l’Etat, pour préparer leur domination hégémonique du pouvoir et de la société française. S’agit-il d’une tactique pour passer au socialisme ?

En aucune manière puisqu’il ne serait qu’un capitalisme monopoliste d’Etat dont ils assureraient la direction et l’administration bureaucratique. Marchais n’a pas manqué d’être très explicite à ce sujet quand il a tenté de rassurer les ingénieurs, cadres et techniciens en leur promettant qu’ils conserveraient toutes leurs places dans la nouvelle organisation des entreprises et de l’Etat.

Naturellement, ce qu’il ne leur a pas dit, c’est qu’ils se trouveraient alors sous la férule de ministres et de PDG membres du parti révisionniste.

En fait, le Parti révisionniste représente les intérêts non point de la bourgeoisie capitaliste monopoliste ancienne et encore en place, mais ceux d’une nouvelle bourgeoisie révisionniste susceptible de fournir l’encadrement bureaucratique du capitalisme monopoliste d’Etat porté à son point de concentration le plus achevé, exactement comme en Union soviétique. Cette nouvelle bourgeoisie révisionniste s’est formée à partir d’éléments de l’aristocratie ouvrière et de la vieille bourgeoisie infiltrée dans le parti.

Pour mettre en oeuvre sa stratégie, le parti révisionniste croyait pouvoir utiliser le parti socialiste en le dominant. Mais en ce domaine, il a complètement échoué. En remettant en selle les politiciens sociaux-démocrates et en leur assurant un soutien qui a rétabli leur prestige effondré, Marchais et les dirigeants révisionnistes ont un peu joué aux apprentis sorciers.

Ils se sont trouvés rapidement dépassés et, contrairement à ce qu’ils avaient espéré, le parti de Mitterrand, Deferre, Maurois et Rocard a débordé l’influence électorale du Parti communiste français, ce qui ne s’était jamais produit depuis 1945.

Du coup, le PCF n’est plus maître du jeu et se trouve contraint non seulement à un partage du pouvoir dont il espérait ne pas avoir à endosser les conséquences, et à accepter que ce pouvoir soit sous direction socialiste. Le plan stratégique des révisionnistes débouche sur un échec retentissant.

C’est là ce qui explique en majeure partie la nouvelle tactique du PCF, qui préfère rompre avec ses partenaires et alliés s’il ne détient pas la première place, c’est à dire la place dirigeante dans l’Union de la gauche et dans le gouvernement chargé de mettre en application le programme commun.

A ce sujet, la question a été posée, essentiellement par les adversaires des révisionnistes que sont les partis bourgeois représentant les intérêts de classe de la bourgeoisie monopoliste ancienne et encore au pouvoir : le PCF a-t-il agi en obéissant à des injonctions venues du Parti communiste d’Union soviétique ?

Il n’y a pas si longtemps, à l’époque de notre IIe Congrès, nous aurions répondu par l’affirmative sans nulle hésitation. Pour nous, le PCF n’était autre que la cinquième colonne du social-impérialisme soviétique.

Les événements, les faits, les réalités, nous ont amenés à corriger cette affirmation totalement unilatérale et subjectiviste. Depuis déjà plusieurs années, le Président Mao avait indiqué que les partis révisionnistes occidentaux n’étaient pas des cinquièmes colonnes du Parti et de l’Etat soviétiques. (…)

En fait, Mao Tsetoung prévoyait fort bien le phénomène que l’on désigne aujourd’hui couramment sous le nom d’euro-communisme, que nous nommons nous-mêmes euro-révisionnisme. Il s’agit encore d’un phénomène dont l’analyse est assez délicate. Il importe en effet d’effectuer à son sujet une analyse profonde de la portée historique de la dégénérescence des partis communistes d’Europe occidentale placés sous la domination de l’idéologie révisionniste moderne.

De nombreux camarades sont pressés que nous fournissions des réponses claires et catégoriques à ce sujet. Ils ne comprennent pas qu’il est extrêmement délicat d’avoir une connaissance définitive d’un phénomène avant même qu’il ne soit parvenu à la fin de son processus de développement, à son dénouement. Dire que maintenant le PCF est irréversiblement un Parti révisionniste et bourgeois, voilà qui est aisé et sans risque d’erreur. Indiquer de façon assurée s’il va continuer un processus l’éloignant ou le rapprochant du Parti révisionniste soviétique, centre mondial du révisionnisme moderne, voilà qui est plus difficile à l’heure actuelle.

Un fait est certain: les partis révisionnistes d’Europe occidentale agissent de manière de plus en plus indépendante par rapport au parti révisionniste d’Union soviétique.

Mais cette indépendance s’affirme pour le moment essentiellement dans la détermination de leurs lignes politiques à l’intérieur des pays respectifs où ils interviennent.

A l’exception du parti révisionniste espagnol, les partis euro-révisionnistes n’en définissent pas moins une ligne internationale qui soutient concrètement et activement celle du Parti révisionniste d’Union soviétique. En ce qui concerne le Parti révisionniste français, c’est là un fait indéniable et ses prises de position condamnant la brutalité de la répression en Union soviétique, après avoir aussi stigmatisé l’intervention militaire et l’occupation de la Tchécoslovaquie ont moins de portée internationale en définitive que le soutien aux agissements des dirigeants soviétiques pour semer les illusions de la détente à travers différentes conférences réunies à Helsinki ou Belgrade.

D’ailleurs, le PCF a rigoureusement les mêmes positions que l’URSS au sujet de tous les conflits et événements qui surviennent dans les pays du tiers-monde, notamment en Afrique et dans le Proche-Orient à l’heure actuelle. Lors des événements du Chili, d’Angola, du Zaïre, du Liban, la politique suivie par les deux partis a été la même.

Mais le point le plus important qui permette de souligner la convergence des lignes internationales des révisionnistes français et soviétiques, concerne leur attitude vis-à-vis du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine.

A cet égard, il suffit de lire l’article publié par les « Cahiers du communisme » de novembre 1977 sur le XIe Congrès du Parti communiste chinois, ou encore le passage consacré à ce dernier dans l’article de Kanapa sur le Mouvement communiste international publié dans « France nouvelle », le 12 décembre 1977, pour constater l’identité ou la proximité des appréciations et positions des deux partis révisionnistes.

Naturellement, nous ne devons pas ignorer que d’autres aspects paraissent intervenir en sens inverse, notamment au sujet des relations entre partis révisionnistes au sein de leur communauté internationale. Aussi l’opposition ou les réticences du Parti révisionniste français à participer à de nouvelles conférences internationales ne sont nullement ambiguës. Ses protestations contre les ingérences soviétiques dans la vie interne des partis euro-révisionnistes sont aussi très nettes.

Que signifient ces faits, contradictoires pour les uns, convergents pour les autres ? Il est délicat d’en fournir une explication définitive.

Mais nous pensons que le parti révisionniste français est aujourd’hui traversé par des courants divergents de plus en plus opposés. Par exemple, il est assuré que subsiste dans ses rangs un courant favorable à une politique entièrement subordonnée aux intérêts de l’Union soviétique.

Le journal du groupe « Le Communiste » s’en fait ouvertement le porte-parole et, même si leurs âges assez avancés autorisent à penser que certains dirigeants comme Jeannette Thorez-Vermersch n’ont plus d’activités militantes soutenues, il reste certain qu’ils interviennent pour soutenir à fond les révisionnistes sociaux-impérialistes et sociaux-fascistes.

Mais ce courant, ces militants ne sont pas vraiment en mesure de faire triompher leur ligne. A l’opposé, un ou plusieurs autres courants se développent, que nous pourrions caractériser comme se rattachant à un révisionnisme « national », exigeant sa totale indépendance par rapport au parti soviétique.

Ce ou ces courants ne peuvent pas non plus, pour le moment imposer l’intégralité de leur projet politique. De plus, il ne faut pas oublier que le Parti révisionniste soviétique n’hésite pas quand il le juge indispensable, à recourir à la création de nouveaux partis pro-soviétiques s’opposant aux partis euro-révisionnistes ou qualifiés d’opportunistes de droite. C’est là ce qui s’est passé pour l’Espagne, en Grande-Bretagne, en Grèce, ainsi que dans des pays nordiques.

Notre Parti a pour tâche de suivre avec le maximum d’attention et de vigilance l’évolution en cours du Parti révisionniste français, dans la mesure où il continue à exercer une influence néfaste non négligeable sur la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays.

Il se pourrait d’ailleurs que sa rupture avec le Parti socialiste, si elle se poursuit à l’occasion du second tour des élections législatives, renforce cette influence dans la classe ouvrière, tout en réduisant la clientèle électoraliste des dirigeants révisionnistes dans les couches moyennes.

Quelle attitude notre Parti doit-il adopter vis-à- vis du Parti « communiste » français ? Notre Parti a pour tâche fondamentale de dénoncer systématiquement les reniements et trahisons du révisionnisme moderne. Il doit attaquer prioritairement le centre mondial de cette idéologie qui s’est transformé en bastion social-impérialiste et social-fasciste, ennemi commun, avec l’impérialisme américain, de tous les peuples du monde, et danger principal à l’heure actuelle pour le déclenchement d’une guerre mondiale.

Mais en France même, notre Parti a également pour tâche de dénoncer systématiquement la politique, l’idéologie et la stratégie des dirigeants du Parti communiste français, tant sur le plan intérieur que sur le plan international.

Cependant, notre Parti commettrait une grave erreur à la fois idéologique et tactique s’il n’effectuait pas une distinction claire et précise entre les dirigeants révisionnistes modernes français d’une part et les militants de base et sympathisants d’autre part.

Comment pourrions-nous penser un seul instant dans les conditions actuelles en effet que ces derniers, y compris les millions d’électeurs et électrices qui ont l’habitude d’accorder leur confiance au Parti « communiste » français, ne soient pas plongés dans un trouble profond par la rupture de l’Union de la gauche ?

Tous ces gens croyaient déjà détenir la clef des changements avec la perspective d’un changement de majorité et donc de gouvernement. Ils ne doutaient pas une seconde de la victoire et voyaient déjà les dirigeants de leur Parti ou les députés pour lesquels ils allaient voter, devenir Ministres, et, qui sait, peut-être même Georges Marchais devenir Président ou vice-président du gouvernement.

L’électoralisme conjugué avec le révisionnisme moderne a provoqué les plus dangereuses illusions dans la classe ouvrière de France et parmi les masses populaires sur la possibilité d’un passage pacifique du capitalisme au socialisme.

Nous devons en parler avec gravité, camarades, car c’est ce genre de rêves, c’est cette drogue qui ont paralysé pendant des années et des années les travailleurs de notre pays, qui ont affaibli leur esprit révolutionnaire pourtant conforme aux traditions historiques de notre prolétariat et de notre peuple.

Nous devons en parler avec gravité, oui, car l’expérience historique d’une telle démobilisation par les dirigeants révisionnistes, c’est le Chili et les dizaines de milliers d’ouvriers et paysans assassinés par cette armée que Luis Corvalan, le Marchais chilien, vantait si ardemment pour ses qualités démocratiques.

La période qui s’ouvre sera fertile en événements politiques, elle est une période d’instabilité politique de la France dominée par la crise générale du capitalisme ici et dans le monde. Les dirigeants du PCF proclament qu’ils n’ont pas de stratégie de rechange. Notre Parti offre à la classe ouvrière et aux masses populaires une stratégie fondée sur les principes révolutionnaires éprouvés du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsetoung.

……. Notre Parti présente des candidats dans un certain nombre de circonscriptions et mène la bataille dans les conditions que vous savez, dans les circonscriptions où il ne présente pas de candidats. Mais nous n’allons pas nous arrêter longuement sur cette question dans un Congrès qui doit fixer notre ligne idéologique et politique pour une période beaucoup plus longue que les deux mois à venir.

Tout en participant à cette bataille électorale législative, notre Parti sait très bien et doit dire partout qu’elle ne règlera rien en elle-même, quel qu’en soit le résultat. Les changements profonds auxquels aspirent légitimement tous les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires ne sortiront pas des urnes.

Le seul et unique résultat que notre Parti attend des urnes, c’est le renforcement de ses liens de masse avec tous les travailleurs des villes et des campagnes, c’est l’amélioration de son édification, c’est un premier recul de l’influence des dirigeants révisionnistes sur la classe ouvrière. Là et là seulement, réside le sens de notre participation à ces élections, que nous ne tenons ni pour une fin ni même pour un commencement, mais seulement comme un moment plus favorable à l’élévation des capacités d’intervention de notre Parti dans la bataille fondamentale qui oppose en France le prolétariat et ses alliés à la bourgeoisie capitaliste sous ses différents visages.

LA LIGNE IDEOLOGIQUE ET POLITIQUE FONDAMENTALE DE NOTRE PARTI

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En fait, toutes les thèses qui ont été discutées et qui vont sortir de nos assises enrichies par les critiques, les suggestions, les amendements intervenus dans le cadre du centralisme démocratique, se rapportent à trois questions essentielles :
1) La lutte contre la bourgeoisie capitaliste impérialiste, colonialiste et néo-colonialiste
2) La lutte contre les entreprises hégémoniques des deux super-puissances, l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique, et notamment contre ce dernier considéré comme danger principal en Europe et dans le monde à l’heure actuelle
3) L’édification du Parti

I- La lutte contre la bourgeoisie capitaliste de notre pays doit se concentrer avant tout dans ce mot d’ordre qui effraie tant les dirigeants révisionnistes :

Classe contre classe. Notre IIIe Congrès doit décider de faire de ce juste mot d’ordre le mot d’ordre principal de notre Parti dans son combat contre les représentants de l’ennemi de classe fondamental de la classe ouvrière et de ses alliés.

« Classe contre classe », que nous avons repris depuis 1971, comme juste conséquence politique de la Conférence nationale d’édification prolétarienne du 12 juin 1971, est un mot d’ordre stratégique et tactique. La Conférence nationale ouvrière d’août 1976 n’a pas accordé à ce mot d’ordre une attention suffisante parce qu’elle était surtout préoccupée de rejeter les erreurs du IIe Congrès avant de commencer l’élaboration de la ligne que doit réaliser notre IIIe Congrès.

Du point de vue stratégique, « classe contre classe » correspond fondamentalement à la nature de la révolution que nous préparons, dont le contenu de classe sera prolétarien. Il souligne que la force dirigeante et la force principale de cette révolution n’est autre que la classe ouvrière en tant que classe.

Il laisse aussi au Parti de la classe ouvrière la possibilité de passer des alliances de classe pour mener les luttes révolutionnaires sous sa propre direction, avec les couches de la paysannerie et de la petite-bourgeoisie qui ont intérêt à la destruction du système capitaliste. On peut parler dans ce cas de la réalisation d’un Front uni contre le capitalisme et contre le révisionnisme.

Il implique aussi que notre Parti soit un Parti authentiquement prolétarien, dirigé par des ouvriers authentiques et par des éléments qui se placent sur les positions idéologiques et politiques de la classe ouvrière.

Du point de vue tactique, « classe contre classe » vise à la reconstitution indispensable de l’unité de combat de la classe ouvrière, sur la base de son idéologie de classe. En ce sens, il s’oppose directement à la ligne idéologique et politique du Parti révisionniste qui divise les travailleurs, freine leurs luttes de classe ou les dévie, préconise la collaboration de classes avec la bourgeoisie.

On comprend pourquoi dans l’article déjà cité du journal « France nouvelle », Kanapa s’en est pris à ce mot d’ordre en essayant de le discréditer par la qualification stupide de « mot d’ordre stalinien ». Pourquoi donc ce membre du Bureau politique du Parti révisionniste est-il intervenu contre « classe contre classe » ? Est-ce là une attaque tombée du ciel ?

En aucune façon, c’est tout simplement une contre-attaque, une riposte au succès de notre Rassemblement national du 6 novembre dernier, où le mot d’ordre en cause a été compris et acclamé par plusieurs milliers de personnes, en majorité par des travailleurs.

Car la stratégie de ce mot d’ordre est la seule possible pour la classe ouvrière de notre pays, c’est la seule stratégie qui puisse conduire, par une voie révolutionnaire, à de réels changements en faveur des intérêts de classe des travailleurs dans l’immédiat, à la réalisation victorieuse de la révolution prolétarienne ensuite.

C’est aussi un mot d’ordre dont le contenu n’écarte aucun travailleur, tout au contraire, et peut unir dans les luttes de classe les travailleurs immigrés avec leurs camarades français.

Enfin, sur la base même de « classe contre classe », notre Parti peut efficacement impulser « l’unité à la base et dans l’action », ainsi que rendre de plus en plus populaire l’idée du « Tous ensemble et en même temps ».

A ce sujet, que l’on ne vienne pas nous faire proclamer ce que nous ne disons pas. Nous ne sommes pas des adeptes de l’anarcho-syndicalisme et nous ne pensons pas que seul un puissant mouvement de grèves, même d’ampleur généralisée, peut conduire à la destruction du système capitaliste. Nous pensons qu’un tel mouvement, et la répétition de mouvements de cette ampleur, peut contribuer efficacement à préparer la voie de la victoire de la Révolution prolétarienne, mais ne peut suffire pour l’assurer.

En effet, la révolution prolétarienne ne vaincra qu’au bout du fusil.

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La lutte « classe contre classe » exigera d’être conduite jusqu’au bout sous toutes les formes possibles et dans tous les domaines. Ce mot d’ordre central de notre Parti est un mot d’ordre fondamentalement révolutionnaire prolétarien.

II- La lutte contre les entreprises hégémoniques des deux super-puissances est une nécessité historique actuelle. Elle correspond au rapport dialectique qui existe entre la guerre et la révolution.

Cette question a soulevé beaucoup de discussions et parfois d’incompréhensions dans nos rangs. Des camarades voulaient absolument qu’on choisisse entre les deux cibles du capital monopoliste et des deux super-puissances une cible principale et centrale.

Certains, tordant à 180° le bâton des erreurs du IIe Congrès, préconisaient que la lutte de notre Parti soit considérée comme principale et prioritaire contre la bourgeoisie, et seulement secondaire contre les deux super-puissances. Ils adoptaient la position exactement inverse des défenseurs de la ligne bourgeoise du IIe Congrès, mais faisaient preuve d’une tendance tout aussi erronée à ne voir qu’un seul aspect de la situation, à n’en fournir qu’une analyse unilatérale.

A cet égard, il convient de souligner que le rapport entre guerre et révolution tel qu’il a été conçu par le Président Mao constitue la base d’une stratégie internationale et non point locale. Quand, en 1969, Mao Tsetoung déclare: « Ou bien la guerre engendre la révolution ou bien la révolution conjure la guerre », il n’envisage pas une guerre locale ou régionale, mais la guerre mondiale; il n’envisage pas une révolution limitée à un seul pays mais il évoque la révolution mondiale.

Cette indication qui fut suivie de l’appel aux peuples du monde en 1970 pour écraser les agresseurs américains en Indochine, est restée valable par la suite et Chou En laï l’a reprise quand il a formulé devant la 4ème session de l’Assemblée populaire chinoise que « les facteurs de guerre et les facteurs de révolution augmentaient en même temps ».

Enfin, la théorie des trois mondes a apporté le fondement théorique complet de cette analyse.

Elle implique que nous luttions pour la révolution et contre la guerre en même temps. Or, lutter pour la révolution dans notre pays, c’est à la fois lutter contre la bourgeoisie, c’est mener la lutte « classe contre classe » jusqu’au bout et lutter contre les entreprises des deux super-puissances qui préparent la guerre mondiale et se disputent dores et déjà la domination de l’Europe. Ces deux luttes sont indissociables et finalement se rejoignent en se soutenant mutuellement.

De ce point de vue, notre Parti doit porter à un niveau beaucoup plus élevé son activité pour la dénonciation des agissements des deux super-puissances et plus particulièrement du social-impérialisme soviétique. Il doit faire davantage pour préparer la classe ouvrière et les masses populaires à la défense de la paix en même temps qu’en prévision de la guerre.

A ce sujet nos camarades doivent accorder une grande importance à un passage d’une déclaration commune que notre Parti a faite avec le Parti marxiste-léniniste des Pays-Bas : « …les deux partis conçoivent la défense de l’indépendance nationale, dans les pays du second monde, comme devant nécessairement être placée sous la direction du prolétariat et de son parti et comme faisant partie intégrante de la révolution prolétarienne ».

Cette proclamation est une application vivante de la théorie des trois mondes aux conditions spécifiques de notre pays dominé par une bourgeoisie capitaliste monopoliste, en qui nous ne pouvons nullement placer notre confiance, c’est à dire la confiance du prolétariat, pour conduire jusqu’à sa victoire la résistance de notre peuple aux agressions des deux ou de l’une des deux super- puissances.

Cette considération et cette méfiance n’excluent pas que notre Parti puisse considérer, temporairement et ponctuellement, dans des circonstances données, que la bourgeoisie française du second monde puisse agir dans le sens de la résistance aux super-puissances, elle signifie seulement que nous ne lui accordons pas notre confiance pour mener cette résistance jusqu’à sa victoire, et de fait elle établit le lien dialectique indissociable qui lie la résistance, c’est à dire la guerre à la révolution prolétarienne.

Pour mener à bien la réalisation de notre double tâche centrale, la lutte contre la bourgeoisie capitaliste française et contre les deux super-puissances, la lutte pour la révolution prolétarienne et contre la guerre impérialiste, nous avons pour tâche impérieuse et décisive d’assurer l’édification de notre Parti.

C’est sur cette question combien capitale que nous achèverons ce rapport politique (…).

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe