Le cannibalisme est le grand non dit de l’humanité. Pendant une très longue période de son histoire, elle s’est entredévorée, néanmoins aborder le sujet est un grand tabou. Des retours en arrière dans le cannibalisme, comme raconté dans la fameuse chanson « Il était un petit navire », se sont régulièrement produits.
Le monothéisme a le cannibalisme en horreur et on peut facilement lire comment le sacrifice humain est transformé en allégorie, comme avec le sacrifice d’Isaac ou l’eucharistie catholique où l’on mange le corps du Christ et où l’on boit son sang.
Cela explique l’obsession monothéiste contre les païens. De fait, de par le manque de forces productives, le cannibalisme est inévitable. Il est d’un côté un reflet du patriarcat débridé, mais également du manque de protéine.
Jusqu’à la colonisation au 18e siècle, les Aborigènes d’Australie vivent dans une extrême précarité, nomade ou semi-nomade. Une femme ne pouvant pas porter plus d’un enfant, tout nouveau né avant que l’enfant précédent ne marche est tué, voire mangé. Les personnes trop âgées sont également massacrées.
Tout cela forme un arrière-plan très inquiétant de l’humanité et il ne faut pas chercher ailleurs la fascination pour les films de zombie, les films Alien (le monstre de nature animale mange le cerveau, nourriture centrale de l’anthropophagie) et Predator (les victimes sont dépecées, même l’arrière-plan est un criminel assassin visant les criminels assassins uniquement).
C’est ce qui explique l’analyse extrêmement juste de Staline concernant l’antisémitisme. Il répond comme suit à une question de l’Agence juive, en janvier 1931 :
« Le chauvinisme national et racial est une survivance des mœurs misanthropiques propres à la période du cannibalisme.
L’antisémitisme, comme forme extrême du chauvinisme racial, est la survivance la plus dangereuse du cannibalisme.
L’antisémitisme profite aux exploiteurs, comme paratonnerre afin que le capitalisme échappe aux coups des travailleurs.
L’antisémitisme est un danger pour les travailleurs, car c’est une fausse route qui les égare hors du droit chemin et les conduit dans la jungle.
Aussi les communistes, en tant qu’internationalistes conséquents, ne peuvent être que les ennemis jurés et intransigeants de l’antisémitisme.
En URSS, la loi punit avec la plus grande sévérité l’antisémitisme comme phénomène opposé au régime soviétique. Selon les lois de l’URSS, les antisémites actifs sont condamnés à la peine de mort. »
L’analyse de Staline est indéniablement juste, la position de l’URSS de Staline parfaitement correcte. Il est évident que le chauvinisme national et racial, exprimant une tentative de « sortie » de crise par l’assassinat systématisé, produisant le meurtre industriel des nazis, est une résurgence de la démarche cannibale.
On notera également que Staline dit cela en 1931, soit avant même la prise du pouvoir en Allemagne par les nazis, anticipant les crimes nazis constituant la Shoah.
C’est une lecture matérialiste historique tout à fait puissante. Il existe tout un cannibalisme social par ailleurs chez les gangs, les lumpenprolétaires, dans toutes les couches sociales déclassées vivant, en quelque sorte, un immense retour en arrière historique.
L’idéologie du vol est une forme atténuée de cannibalisme social, correspondant également à de l’exploitation capitaliste dans sa version raccourcie, mais sur le fond cela tend à une expression anti-travail, anti-historique, qui explique le mépris et le rejet par les masses de tout romantisme à ce sujet.
Seuls les éléments déclassés éprouvent une fascination devant une telle entreprise que les masses sentent comme un risque de retour en arrière.
Et lorsque la haute bourgeoisie cherche une voie pour sortir de la crise générale du capitalisme, elle se tourne fort logiquement vers cette idéologie néo-cannibale, y trouvant les moyens de développer son idéologie impérialiste.
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