L’esprit français et la révolution

La France est un pays qui a son propre parcours historique et la révolution sera nécessairement le fruit de ce parcours spécifique. C’est pour cela qu’il faut maîtriser parfaitement la trajectoire nationale française, l’évolution de la société et des modes de production, cet ensemble posant le cadre où les contradictions s’expriment et mettent en perspective l’avenir comme fruit du passé.

La France est née au 16e siècle, lorsque l’unification réalisée par la monarchie, avec François Ier principalement, permet d’établir un cadre d’ampleur suffisante à la langue française, un territoire profitant d’une homogénéité relative sur le plan de l’unification, une économie commune au moins significativement, une culture assez active pour établir une formation psychique.

Cependant, la France naissante affronte les guerres de religion qui vont la traumatiser, et le maintien de son existence est passée par l’existence d’un appareil d’État centralisé mis en place par les « Politiques ». Ceux-ci mettaient de côté les religions et les luttes de factions ; leur mot d’ordre était le « scepticisme » afin de maintenir un certain rationalisme. Son philosophe fut Montaigne, qui était au premier rang pour épauler Henri IV. Ce dernier changea six fois de religion dans sa vie, la dernière fois afin de devenir roi de France.

Ce scepticisme à prétention rationaliste est l’essence de l’esprit français ; même au 17e siècle, où le rationalisme triomphe en tant que tel avec l’esprit classique, les penseurs et écrivains s’activent à porter un regard sceptique sur la nature humaine et les mœurs, avec l’espoir de les corriger (Molière, Racine, La Fontaine, La Rochefoucauld, La Bruyère, etc.).

Par la suite, les Lumières se poseront surtout comme un scepticisme généralisé de l’idéologie dominante, de la monarchie absolue et du catholicisme ; la démarche reste principalement au niveau du regard critique, de la critique mordante dont Voltaire est le plus grand représentant. S’il a bien existé un matérialisme français (Diderot, d’Holbach, Helvétius, La Mettrie) dont l’Encyclopédie est la somme, il ne s’est jamais élevé à une synthèse et ne s’est jamais généralisé en un système de pensée. Pour cette raison, la révolution française passée, il s’étiola très rapidement.

En France, le protestantisme a donc échoué au 16e siècle, le classicisme du 17e siècle n’a jamais composé de monument théorique et la vision des Lumières du 18e siècle ne s’est jamais non plus établie en système complet. C’est vrai pour le 19e siècle également. Aucun des mouvements le marquant profondément n’aura érigé de doctrine : ni la franc-maçonnerie, ni le royalisme de l’Action française, ni le radicalisme républicain, ni le mouvement ouvrier (qu’il soit socialiste ou syndicaliste).

Le scepticisme reste la substance qu’on retrouve en filigrane dans l’esprit français et si on regarde bien, on peut voir que son pendant est le légitimisme. L’esprit français étant à prétention rationaliste, il considère tant que les choses sont, il y aura moyen de les prolonger d’une manière ou d’une autre. Pour qu’il y ait un engouement nouveau, il faut au préalable qu’une nouvelle légitimité ait pu être instaurée.

Les Lumières n’ont pour cette raison pas été un mouvement de masse en France ; elles ont été un mouvement de conquête de légitimité des idées nouvelles, ouvrant la porte à une transformation du scepticisme français qui est alors passé du scepticisme pour le nouveau, au scepticisme pour l’ancien.

Pareillement, le Front populaire et la Résistance n’ont pas été des mouvements de masse : c’est après leur installation et en raison d’une situation historique « bloquée » que les masses, reconnaissant leur légitimité, se sont précipitées à leur suite.

Cette question de la légitimité explique la défaite complète de Mai-1968 dont l’irruption brutale ne sut pas s’inscrire dans la société française, sauf par François Mitterrand et le long travail de légitimité menée depuis 1945 par la « seconde gauche » ; elle permet également de comprendre le triomphe complet du coup d’État du général de Gaulle en 1958, porté par la légitimité de son action en réponse à la défaite de 1940.

Si la question de la légitimité nouvelle joue toujours un rôle fondamental dans l’établissement d’un nouveau régime, il faut bien en saisir les modalités par rapport à l’esprit français sceptique à prétention rationaliste. C’est un écueil qui ne se contourne pas et qu’il faut affronter comme la grande épreuve pour parvenir à la révolution en France.

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Nous avons besoin du Parti matérialiste dialectique

Nous voulons ici exprimer une réflexion qui, à nos yeux, possède une valeur très importante, dans la mesure où elle souligne qu’il faut être inscrit dans son époque, afin d’avoir non pas seulement un sens historique, mais également une signification sur le long terme.

Autrement dit, nous sommes au 21e siècle et celui-ci se transforme à très grande vitesse depuis 2020. Il est donc impossible d’en rester à des manières anciennes de voir les choses. Le nouveau chasse l’ancien, c’est la loi même du mouvement des choses.

Lorsqu’on est porté par un élan historique, l’aspect principal a d’autant plus d’importance et on possède alors vraiment les défauts de ses qualités. C’est ce qui explique que Karl Marx et Friedrich Engels, lorsqu’ils comprennent sur le long terme les modes de production et la dialectique de la Nature sur le très long terme, envisagent le succès des luttes de classe du prolétariat à relativement court terme.

On raisonnait alors en termes d’années, avec une visibilité sur quelques décennies. Cela contraste avec la compréhension des modes de production sur des millénaires et de la dialectique de la Nature sur des centaines de milliers, des millions d’années.

Chez Lénine, c’est également vrai, mais dans une moindre mesure. La fondation de l’Internationale Communiste en 1919 amenait initialement à envisager la victoire de la révolution mondiale en quelques années, puis rapidement il fut raisonné en termes de décennies.

Par contre, les conceptions scientifiques de l’URSS de Staline analysaient déjà les phénomènes sur le très long terme, que ce soit en cosmologie, en histoire, en physique, en chimie, etc. La conception soviétique du voyage spatial, de la conquête de l’espace par l’humanité, élaborée par Constantin Tsiolkovsky ressort de cette lecture au long cours, tout comme la compréhension par Vladimir Vernadsky de la planète Terre comme « Biosphère » façonnée par la vie pendant un temps immense.

Avec Mao Zedong, les choses connurent un saut qualitatif. Il fallait immédiatement raisonner en décennies et cette nouvelle lecture du rapport au temps s’inscrivait dans un approfondissement de la compréhension du rôle des mentalités, de la culture, de la vie quotidienne, des arts et des lettres.

C’est la raison pour laquelle a été développée en Chine la « révolution culturelle » comme accompagnatrice des phases d’intenses transformation. Il a dès le départ été considéré qu’il faudrait plusieurs révolutions culturelles pour avancer historiquement, dans le cadre du socialisme. On a là une lecture sur le très long terme.

Pour résumer :

* chez Karl Marx et Friedrich Engels, la révolution était conçue comme une révolte populaire de masse organisée par une classe ouvrière organisée en Parti (c’est la social-démocratie), avec une victoire à relativement court terme ;

* chez Lénine, la révolution était déclenchée dans chaque pays par un état-major mondial (l’Internationale Communiste) agençant les luttes de classes pour aller à la victoire dans les 5, 10, 15 ans ;

* chez Mao Zedong, l’affrontement entre révolution et contre-révolution continue même après une victoire, amenant à voir les choses en termes de décennies, voire à raisonner en siècles.

Le Parti Communiste de Chine constate la chose suivant dans ses statuts de 1973 :

« La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

Tout au long de cette période existent les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du social-impérialisme.

Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et à la pratique guidée par cette théorie.

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine est précisément une grande révolution politique que le prolétariat mène, dans les conditions du socialisme, contre la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, en vue de consolider la dictature du prolétariat et de prévenir la restauration du capitalisme.

Une telle révolution devra encore être menée à de nombreuses reprises dans l’avenir. »

Voici un bon résumé de la question des phases historiques, par le Parti Communiste du Pérou, en 1988 :

« Le Président Gonzalo nous dit que les trois moments du processus mondial d’élimination de l’impérialisme et de la réaction de la face de la terre sont :

1° Défense stratégique ;

2° Equilibre stratégique ;

et

3° Offensive stratégique de la révolution mondiale.

Il l’énonce en appliquant à la révolution la loi de la contradiction, car la contradiction existe en toutes choses et toute contradiction a deux aspects en lutte, dans ce cas révolution et contre-révolution.

La défense stratégique de la révolution mondiale, opposée à l’offensive de la contre-révolution, débute en 1871 avec la Commune de Paris et prend fin avec la Seconde Guerre Mondiale.

L’équilibre stratégique se situe autour du triomphe de la révolution chinoise, de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et du développement des puissants mouvements de libération nationale.

Postérieurement, la révolution passe à l’offensive stratégique ; on peut situer ce moment vers les années 80 quand nous distinguons des signes tels que la guerre Iran-Irak, l’Afghanistan, le Nicaragua, le début de la guerre populaire au Pérou, époque qui s’inscrit dans « les prochaines 50 à 100 années ».

A partir de là [c’est-à-dire la victoire sur l’impérialisme au niveau mondial] se développera la contradiction entre le capitalisme et le socialisme dont la solution nous mènera au communisme.

Nous concevons un processus long et non pas court, convaincus que nous arriverons au communisme, même si l’on doit connaître une série de détours et de revers qui se produiront nécessairement.

De plus, ce n’est pas étonnant que nous appliquions les trois moments à la révolution mondiale, car le Président Mao les a appliqués au processus de la guerre populaire prolongée.

Et, en tant que communistes, nous devons penser non seulement au moment présent mais aussi aux longues années à venir. » (La ligne internationale)

Tout cela est indéniablement juste.

Il existe une grande différence de conception entre le marxisme, le léninisme et le maoïsme au sujet du rapport entre le Parti, l’État, l’armée, l’école, les arts.

Karl Marx et Friedrich Engels n’ont pas accordé une place principale à ces thèmes. À leurs yeux, il s’agissait de phénomènes surtout secondaires par rapport à l’aspect principal qu’était la question du mode de production. Le travail énorme à réaliser à ce niveau ne leur a pas permis d’approfondir vraiment les autres thèmes, même s’il faut bien souligner que ces titans s’intéressaient à tout, conformément à l’esprit matérialiste.

La révolution russe d’octobre 1917 a été inversement confrontée à la nécessité d’établir des définitions les plus précises pour le Parti, l’État, l’armée, l’école, les arts. Rien que la définition de l’État a valu à Lénine non seulement de développer celle-ci, mais également de se confronter aux déformations opportunistes, révisionnistes d’une social-démocratie devenue réformiste.

La conception qui en a découlé est la suivante : le Parti est le dirigeant, comme grand accompagnateur. Il joue le rôle de grand frère ou de grande sœur, ou si l’on veut de « commissaire politique ».

L’État, l’armée, l’école, les arts… tout comme la culture en général et les sciences, existent donc en dehors du Parti, mais connaissent des interventions de celui-ci pour fixer les grandes orientations ou procéder à des rectifications, des corrections.

Avec la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine populaire, cette conception d’une action de l’extérieur est par contre remise en cause. Il a été considéré que tous ces domaines qui formaient des « royaumes indépendants » étaient autant de portes ouvertes à des conceptions hostiles au prolétariat, au socialisme.

Les communistes chinois profitaient également de l’expérience soviétique où les communistes devaient parfois intervenir en catastrophe, afin de rétablir la ligne rouge dans les arts ou les sciences, alors que se propageaient des conceptions capitalistes.

C’est pourquoi en Chine, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne des années 1970, dans le prolongement de l’expérience des communes populaires des années 1960, a procédé à l’assimilation de l’État, de l’armée, de l’école, des arts, des sciences, de la culture.

Il fallait arrêter de concevoir de manière séparée les structures de l’État, de l’armée, de l’école, des arts, des sciences, de la culture. Il fallait trouver un moyen de relier tout cela : c’est là précisément l’esprit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

Cela voulait dire que le Parti, après avoir procédé à une mise en forme des structures nouvelles à la suite de la révolution, ne pouvait plus se contenter d’un avis extérieur à ces domaines. Il devait porter lui-même tous ces domaines. Son rôle s’élargit.

Le Grande Révolution Culturelle Prolétarienne n’a ainsi pas seulement été une mobilisation populaire pour redresser le Parti face à la menace de trahison interne, mais également et surtout une généralisation de la vision communiste du monde à absolument tous les domaines, dans la considération que tout est lié à tout.

Dans les constitutions de l’URSS et des démocraties populaires (avant la mort de Staline), le Parti Communiste n’apparaît pas : il forme un levier lié à la société dans son ensemble, mais en tant qu’appareil extérieur.

La constitution chinoise de 1975 affirme inversement que :

« Article premier.

La République populaire de Chine est un État socialiste de dictature du prolétariat, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

Article 2.

Le parti communiste chinois est le noyau dirigeant du peuple chinois tout entier. La classe ouvrière exerce sa direction sur l’État par l’intermédiaire de son détachement d’avant-garde, le parti communiste chinois.

Le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong constituent le fondement théorique sur lequel notre État guide sa pensée. »

Il est donc établi que le Parti n’est pas là pour « pousser » à la révolution, en utilisant la lutte des classes comme « levier ». Son rôle dirigeant tient à sa dimension d’avant-garde : le Parti porte en lui le nouveau et rejette l’ancien, il ouvre la voie de l’avenir en l’incarnant, car il sait où il faut aller et comment, de par son propre vécu.

Cette dimension d’avant-garde n’est pas seulement politique, elle porte sur tous les domaines, même si naturellement la dimension politique est l’aspect principal, car il s’agit de mener la révolution, afin de pouvoir réaliser les changements, les transformations.

Le Parti de la révolution ne peut pas se disperser sur toutes les questions secondaires, il se focalise sur l’aspect principal : le renversement du mode de production. En même temps, il ne saurait « attendre » que la révolution ait eu lieu pour avoir un point de vue sur par exemple les arts ou l’école, car avoir un point de vue erroné à ce sujet, ou pas d’avis du tout, conduit à l’échec.

On ne peut en effet porter le socialisme, le communisme, si en certains domaines on se laisse emporter par la ligne noire. Tel est le grand enseignement de la révolution culturelle en Chine. La ligne rouge ne doit rien laisser passer et toucher tous les domaines.

Naturellement, cela ne veut pas dire qu’il faille passer au « gradualisme » et s’imaginer qu’il suffirait d’avoir des points de vue justes sur tout au sein du capitalisme pour parvenir à aller de manière « naturelle », évolutionniste, au socialisme. Tel était le point de vue du chef de la social-démocratie, Karl Kautsky, au début du 20e siècle, puis de tous les révisionnistes « révisant » le marxisme.

Mais cela ne veut pas dire pour autant que le Parti soit une simple structure d’accueil de contestataires qui désirent la « révolution » et qui ne portent eux-mêmes aucun contenu révolutionnaire.

La révolution n’est pas une forme, c’est un contenu. Les valeurs révolutionnaires s’incarnent : tel est l’enseignement de la révolution culturelle en Chine.

Bien sûr, les communistes ont toujours porté une grande attention au style de vie, à la morale des membres du Parti.

Néanmoins, il ne s’agit pas seulement d’être correct, mais bien d’être en phase avec l’esprit du changement historique. Comme nous sommes en France, nous pouvons résumer ici facilement cette conception en disant que si pour arriver à 1789 il y avait une séparation entre les Lumières et les forces politiques bourgeoises, la révolution socialiste implique par contre que ce soit le Parti qui porte les nouvelles Lumières.

La société française a totalement changé en 2020, avec l’ouverture de ce que nous considérons comme une crise générale du capitalisme au niveau mondial, où la tendance au repartage militaire du monde devient prédominante.

Partant de là, si on veut affirmer un esprit des « Lumières » du 21e siècle, il faut partir de cette nouvelle séquence dans tout ce qu’on fait, en n’ayant aucun fétichisme pour le passé.

Notre passé politique est le suivant : au début des années 2000 nous avons signé « pour le Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste », puis nous sommes passés à Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste et enfin à Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste).

Cela reflète la tentative qui a été la nôtre de profiter du passé maoïste français des années 1960-1970 pour réaffirmer que l’option du maoïsme était la seule viable. Plus les années ont passé et plus la dimension programmatique, idéologique, culturelle nous est apparue comme essentielle.

Car il ne s’agit pas de se poser comme fraction d’une révolte existante : il n’y a en fait strictement plus rien et tout est à reconstruire. Il faut oser le dire : la première vague de la révolution mondiale, commencée en 1917, a été battue.

Soit on dit qu’il faut la prolonger, la continuer, en rectifiant le tir (ce que nous avons fait avant 2020 grosso modo), soit on dit que l’on est dans une nouvelle époque. Ce n’est pas que le capitalisme a changé, c’est que ses modalités ne sont plus les mêmes ; la réalité des pays elle aussi a changé.

Il ne faut pas se voiler la face non plus : le capitalisme a incroyablement profité de la chute en 1989 du bloc dirigé par le social-impérialisme soviétique, ainsi que de l’intégration de la Chine dans le marché mondial. De 1989 à 2020, le capitalisme a connu une incroyable expansion, rendant impossible toute avancée révolutionnaire réelle. Il suffit de constater le développement massif des forces productives dans le monde entier.

Avec 2020, tout change, l’expansion du capitalisme a rencontré sa limite et désormais tous les pays cherchent à se replacer sur la carte mondiale, au moyen de l’affrontement militaire. On ne peut donc pas simplement re-proposer ou proposer de faire mieux, ou se contenter d’affirmer une simple continuité sur le plan des idées, des valeurs, des conceptions. Il y a la nécessité de passer une étape historique, imposant une rupture.

C’est donc le moment de dire : on a compris le passé, on comprend ce qui se passe, voilà comment on pose la solution aux problèmes.

Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie du prolétariat, il ne peut en être qu’ainsi, mais parler de marxisme-léninisme-maoïsme, c’est politiquement affirmer le 20e siècle et non le 21e. C’est là un problème fondamental pour faire passer un message.

Il est évident que pour les gens au 21e siècle, on ne peut pas avoir l’air de vouloir comme modèles des sociétés du 20e siècle. Sur le fond, les gens ont tort, car ils devraient regarder la substance de ces « modèles » ; en pratique, ils souffrent pourtant déjà à comprendre leur propre époque, alors on ne peut pas s’aventurer à vouloir leur expliquer le 20e siècle de long en large.

C’est d’autant plus vrai que le 20e siècle sera compris justement par le prisme des avancées du 21e siècle. C’est par la compréhension matérialiste dialectique de la France au 21e siècle qu’on comprendra l’URSS et la Chine populaire du 20e siècle, et non pas le contraire.

Ce qui joue ici, c’est notre insistance sur la socialisation. Il ne sert à rien d’être « radical » si c’est pour être hors-sol, tout comme il n’est pas utile d’être présent dans la société française si c’est pour être intégré, désintégré par le capitalisme.

C’est pourquoi nous pensons que « Parti matérialiste dialectique » est en phase avec notre époque et ses attentes, plus que Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste), même si cela revient substantiellement au même.

C’est un pas nécessaire, non pas cosmétique, mais exprimant que le nouveau chasse l’ancien, qu’il faut entièrement assumer le nouveau et ne pas faire un fétichisme de l’ancien. Tel est notre souci de ne pas nous faire piéger par la contre-révolution, qui propose des « balles enrobées de sucre » tels des postes ou des emplois « dorés » ou bien des cultes sectaires sur la base de caricatures d’expériences du passé.

Nous sommes des scientifiques, pas des prédicateurs et autres gourous des réseaux sociaux, et c’est par la science que nous l’emporterons sur le capitalisme, pour arriver au Communisme à travers la guerre populaire et les révolutions culturelles.

Voici quatre idées marquantes pour saisir notre manière de voir les choses.

a) Shein, Ikea, Google, Vinted, Facebook… représentant des socialisations, une expression de collectivisme… mais au sein du capitalisme. La bourgeoisie a été contrainte dans son capitalisme de tendre aux monopoles, avec une dimension mondiale. Cela se signifie une grande maturation vers la fusion de l’humanité dans une seule et même économie, de type socialiste. Cela implique également un renforcement paradoxal du capitalisme et une profonde aliénation.

b) Le prolétariat peut (et va) se saisir plus facilement de la science qu’auparavant grâce aux formidables moyens matériels dont dispose l’humanité désormais. C’est une question de maturité. Mais pour que cette saisie soit opérationnelle, il faut ne pas se disperser, par exemple en jetant un regard trop fort vers le passé, et il faut aussi parvenir à proposer une rupture subjective pour qu’il y ait un décrochage avec les mentalités capitalistes. C’est pourquoi nous nous focalisons en pratique précisément sur la question de la subjectivité révolutionnaire.

c) On a cru trop longtemps que la révolution socialiste était le renversement d’une classe par une autre sous la direction du prolétariat et qu’on arriverait à la fin de l’histoire. La révolution, c’est en réalité le début de l’humanité au niveau du matérialisme dialectique. Et le communisme, bien loin d’être une simple répartition, est ainsi la résolution des contradictions nées de l’affirmation historique de l’humanité, du néolithique : l’enjeu n’est rien d’autre que de trouver notre place en tant qu’espèce, de dépasser le passé pour établir un rapport productif avec la planète comme Biosphère (puis au Cosmos).

d) Le Parti ne se résume pas à un vecteur politique réalisant une proposition stratégique ; il doit être un moteur idéologique et scientifique formant une base dont la portée est justement par-là même politique et culturelle. Il exprime de manière incarnée une conception du monde tout autant qu’il la propose. Il porte en lui la résolution des contradictions historiques manuel/intellectuel, villes/campagnes, théorie/pratique, à travers le passage nécessaire à une forme supérieure de développement.

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Décembre 2023

Constitution de la Chine populaire du 17 janvier 1975

Préambule.

La fondation de la République populaire de Chine a marqué la grande victoire de la révolution de démocratie populaire nouvelle que le peuple chinois après plus d’un siècle de lutte héroïque, a finalement remportée sous la direction du parti communiste de Chine, en renversant par la guerre révolutionnaire populaire la domination réactionnaire de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique ; et elle a inauguré une période historique nouvelle, celle de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat.

Au cours des vingt et quelques années écoulées, le peuple de toutes les nationalités, poursuivant sa marche triomphale sous la direction du parti communiste de Chine, a remporté de grandes victoires dans la révolution et l’édification socialistes ainsi que dans la Grande Révolution culturelle prolétarienne, et a consolidé et renforcé la dictature du prolétariat.

La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

Tout au long de cette période existent les classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du social-impérialisme.

Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et à la pratique guidée par cette théorie.

Nous devons maintenir la ligne et les principes politiques fondamentaux du parti communiste de Chine élaborés pour toute la période historique du socialisme et persévérer dans la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat pour que notre grande patrie avance toujours dans la voie indiquée par le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong.

Nous devons consolider la grande union du peuple de nos diverses nationalités, dirigée par la classe ouvrière et basée sur l’alliance des ouvriers et des paysans et développer le front uni révolutionnaire.

Nous devons distinguer les contradictions entre l’ennemi et nous, et les contradictions au sein du peuple, puis leur donner une juste solution.

Nous devons poursuivre les trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte des classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique, mener l’édification du socialisme selon les principes : indépendance et autonomie ; compter sur nos propres forces ; travailler dur ; édifier le pays avec diligence et économie ; déployer tous nos efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie.

Nous devons nous préparer en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et tout faire dans l’intérêt du peuple.

Dans les affaires internationales, nous devons rester fidèles à l’internationalisme prolétarien. La Chine ne sera jamais une superpuissance.

Nous devons resserrer notre unité avec les pays socialistes et tous les peuples et nations opprimés, en renforçant le soutien mutuel, oeuvrer pour la coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents, sur la base des cinq principes : respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques, coexistence pacifique, et lutter contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme et du social-impérialisme, contre l’hégémonie des superpuissances.

Notre peuple a la ferme conviction que, sous la direction du parti communiste de Chine, il vaincra les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur et surmontera toutes les difficultés pour faire de la Chine un puissant État socialiste de dictature du prolétariat et apporter une plus grande contribution à l’humanité.

Que le peuple de toutes nos nationalités s’unisse pour remporter des victoires encore plus grandes !

Chapitre premier.
Des principes généraux.

Article premier.

La République populaire de Chine est un État socialiste de dictature du prolétariat, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

Article 2.

Le parti communiste de Chine est le noyau dirigeant du peuple chinois tout entier. La classe ouvrière exerce sa direction sur l’État par l’intermédiaire de son détachement d’avant-garde, le parti communiste de Chine.

Le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong constituent le fondement théorique sur lequel notre État guide sa pensée.

Article 3.

Tout le pouvoir de la République populaire de Chine appartient au peuple. Les organes par lesquels le peuple exerce son pouvoir sont les assemblées populaires aux divers échelons, composées principalement de députés ouvriers, paysans et soldats.

Les assemblées populaires aux divers échelons et tous les autres organes de l’État pratiquent le centralisme démocratique.

Les députés aux assemblées populaires des différents échelons sont élus par voie de consultation démocratique.

Les unités électorales et les électeurs ont le droit d’exercer leur contrôle sur les députés qu’ils ont élus, et de les remplacer à tout moment conformément aux dispositions prévues par la loi.

Article 4.

La République populaire de Chine est un État multinational uni. Les régions où est appliquée l’autonomie régionale des nationalités sont partie inséparables de la République populaire de Chine.

Toutes les nationalités sont égales en droits. Il faut s’opposer au chauvinisme de grande nationalité et au chauvinisme de nationalité locale.

Toutes les nationalités jouissent de la liberté d’utiliser leur langue parlée et écrite.

Article 5.

A l’étape actuelle, la propriété des moyens de production en République populaire de Chine se présente essentiellement sous les deux formes suivantes : la propriété socialiste du peuple tout entier et la propriété collective des masses travailleuses.

L’État permet aux travailleurs individuels non agricoles d’exercer, dans les limites autorisées par la loi et sans exploiter autrui, une activité individuelle, conformément aux dispositions d’ensemble prises par les organisations de quartier dans les villes et les bourgs, ou par les équipes de production des communes populaires rurales. Il convient en même temps de les guider afin qu’ils prennent graduellement la voie de la collectivisation socialiste.

Article 6.

L’économie d’État est la force dirigeante de l’économie nationale.

Les ressources minières, les eaux, ainsi que les forêts, les terres incultes et autres ressources que l’État possède, sont propriété du peuple entier.

L’État peut, selon les dispositions de la loi, exproprier, réquisitionner ou nationaliser la terre ou les autres moyens de production dans les villes et les campagnes.

Article 7.

La commune populaire rurale est une organisation qui fusionne le pouvoir de l’échelon de base et la gestion économique.

A l’étape actuelle, l’économie relevant de la propriété collective de la commune populaire rurale présente, en général, un système de propriété à trois échelons ayant l’équipe pour base, c’est-à-dire la propriété de la commune populaire, de la brigade de production et de l’équipe de production, celle-ci étant l’unité de compte de base.

Dans les conditions où sont assurés le développement et la prépondérance absolue de l’économie collective des communes populaires, les membres de celles-ci peuvent cultiver de petites parcelles réservées à leur propre usage et se livrer, dans des limites restreintes, à des occupations subsidiaires familiales ; dans les régions d’élevage, les membres peuvent posséder un petit nombre de têtes de bétail à titre individuel.

Article 8.

Les biens publics socialistes ne souffrent aucune atteinte.

L’État assure la consolidation et le développement de l’économie socialiste et interdit à quiconque de nuire, de quelque manière que ce soit, à l’économie socialiste et à l’intérêt public.

Article 9.

L’État applique le principe socialiste : « Qui ne travaille pas, ne mange pas » et « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail ».

L’État protège le droit des citoyens à la propriété des revenus du travail, d’épargnes, de maisons d’habitation et d’autres mayens d’existence.

Article 10.

L’État applique le principe dit : faire la révolution et promouvoir la production, améliorer le travail et se préparer activement en prévision d’une guerre ; en prenant l’agriculture comme base et l’industrie comme facteur dominant, et en faisant pleinement jouer l’initiative de l’autorité centrale et de l’autorité locale, il stimule le développement planifié et proportionné de l’économie socialiste.

Il améliore graduellement la vie matérielle et culturelle du peuple, sur la base de l’accroissement continu de la production sociale, et consolide l’indépendance et la sécurité du pays.

Article 11.

Les organismes d’État et les travailleurs d’État doivent étudier consciencieusement le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong, placer toujours la politique prolétarienne au poste de commande, combattre la bureaucratie, se lier étroitement aux masses, et servir le peuple de tout coeur. Les cadres des différents échelons doivent participer au travail collectif de production.

Les organismes d’État doivent appliquer le principe d’une administration simplifiée ; leurs organes dirigeants doivent incarner la triple union des personnes âgées, des personnes d’âge moyen et des jeunes.

Article 12.

Le prolétariat doit exercer sa dictature intégrale sur la bourgeoisie dans le domaine de la superstructure, y compris les divers secteurs de la culture. La culture et l’éducation, la littérature et l’art, le sport et la santé publique, la recherche scientifique doivent servir la politique prolétarienne, servir les ouvriers, paysans et soldats, et être combinés avec le travail productif.

Article 13.

La libre expression d’opinions, le large exposé de vues, le grand débat et le dazibao sont des formes nouvelles créées par les masses populaires pour mener la révolution socialiste.

L’État assure aux masses populaires le droit d’y recourir, pour créer une atmosphère politique où règnent à la fois le centralisme et la démocratie, la discipline et la liberté, l’unité de volonté et, pour chacun, un état d’esprit fait de satisfaction et d’entrain, afin de favoriser la consolidation de la direction du parti communiste chinois sur l’État, la consolidation de la dictature du prolétariat.

Article 14.

L’État défend le régime socialiste, réprime toute activité contre-révolutionnaire et de trahison nationale, châtie tous les traîtres à la nation et éléments contre-révolutionnaires.

L’État, en vertu de la loi, prive les propriétaires fonciers, les paysans riches, les capitalistes réactionnaire et les autres éléments malfaisants des droits politiques pour une période déterminée, tout en leur accordant un moyen de gagner leur vie, afin qu’ils se réforment par le travail et deviennent des citoyens observant la loi et vivant de leur propre labeur.

Article 15.

L’armée populaire de libération de Chine et la milice populaire sont les forces armées de nos ouvriers et paysans, dirigées par le parti communiste de Chine, les forces armées du peuple de nos diverses nationalités.

Le président du comité central du parti communiste de Chine assume le commandement de toutes les forces armées du pays.

L’armée populaire de libération de Chine sera toujours un corps de combat et en même temps un corps de travail et un corps de production.

Les forces armées de la République populaire de Chine ont pour tâche de défendre les conquêtes de la Révolution socialiste et les réalisations de l’édification du socialisme, de défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et la sécurité du pays, et de préserver le pays de la subversion et de l’agression de l’impérialisme, du social-impérialisme et de leurs laquais.

Chapitre II.
De la structure de l’État.

Section 1. De l’Assemblée populaire nationale.

Article 16.

L’Assemblée populaire nationale est l’organe suprême du pouvoir d’État, placé sous la direction du parti communiste de Chine.

L’Assemblée populaire nationale est composée de députés élus par les provinces, les régions autonomes, les municipalités relevant directement de l’autorité centrale et l’armée populaire de libération. S’il y a nécessité, des personnalités patriotes peuvent y être spécialement invitées à titre de députés.

L’Assemblée nationale populaire est élue pour une durée de cinq ans. Dans des cas exceptionnels, cette durée peut être prolongée.

L’Assemblée populaire nationale se réunit une fois par an. S’il y a nécessité, sa convocation peut être avancée ou retardée.

Article 17.

L’Assemblée populaire nationale exerce les fonctions et pouvoirs suivants : amender la Constitution ; voter les lois ; sur proposition du comité central du parti communiste de Chine, nommer le premier ministre du Conseil des affaires d’État et les membres du Conseil des affaires d’État, et les décharger de leurs fonctions ; approuver les plans de l’économie nationale, le budget d’État et le rapport sur l’exercice budgétaire ;et exercer les autres fonctions et pouvoirs qu’elle jugera nécessaire d’assumer.

Article 18.

Le comité permanent de l’Assemblée populaire nationale est l’organe permanent de ladite assemblée . Il exerce les fonctions et pouvoirs suivants : convoquer les sessions de l’Assemblée populaire nationale ; interpréter les lois ; prendre des décrets ; nommer et rappeler les représentants plénipotentiaires à l’étranger ; recevoir les représentants diplomatiques des États étrangers ; ratifier et dénoncer les traités conclus avec les États étrangers ; et exercer les autres fonctions et pouvoirs qui lui seraient impartis par l’Assemblée populaire nationale.

Section 2. Du Conseil des affaires d’État.

Article 19.

Le Conseil des affaires d’État est le gouvernement populaire central. Il est responsable devant l’Assemblée populaire nationale et le comité permanent de celle-ci, et leur rend compte de son activité.

Le Conseil des affaires d’État est composé du premier ministre, des vice-premiers ministres, des ministres et des ministres chargés des commissions.

Article 20.

Le Conseil des affaires d’État exerce les fonctions et pouvoirs suivants : conformément à la Constitution, aux lois et aux décrets, arrêter des mesures administratives, émettre des décisions et promulguer des ordonnances ; exercer une direction unifiée sur l’activité des ministères, des commissions et des organismes d’État locaux des divers échelons dans tout le pays ; arrêter et mettre en application les plans de l’économie nationale et le budget d’État ; et exercer les autres fonctions et pouvoirs qui lui seraient impartis par l’Assemblée populaire nationale ou par son comité permanent.

Section 3. Des assemblées populaires locales et des comités révolutionnaires locaux aux différents échelons.

Article 21.

Les assemblées populaires locales des différents échelons sont les organes locaux du pouvoir d’État.

La durée des pouvoirs des assemblées populaires des provinces et des municipalités relevant directement de l’autorité centrale est de cinq ans. Celle des assemblée populaires des préfectures, des municipalités et des districts est de trois ans Celle des assembles populaires des communes populaires rurales et des bourgs est de deux ans.

Article 22.

Les comités révolutionnaires locaux des divers échelons sont les organes permanents des assemblées populaires locales et, en même temps, les gouvernements populaires locaux, aux divers échelons.

Un comité révolutionnaire local est composé du président, des vice-présidents et des membres, qui sont élus et peuvent être relevés de leurs fonctions par l’assemblée populaire de l’échelon correspondant ; leur élection et révocation doivent être soumises à l’organe d’État de l’échelon immédiatement supérieur pour examen et approbation.

Un comité révolutionnaire local est responsable devant l’assemblée populaire de l’échelon correspondant et l’organe d’État de l’échelon immédiatement supérieur, et leur rend compte de son activité.

Article 23.

Les assemblées populaires locales des divers échelons, ainsi que les comités révolutionnaires locaux qui en sont issus, assurent la mise en application des lois et décrets dans leurs régions respectives, dirigent la révolution et l’édification socialistes dans leurs régions respectives, examinent et approuvent les plans locaux de l’économie nationale, les budgets locaux et les rapports sur l’exercice budgétaire, maintiennent l’ordre révolutionnaire et protègent les droits des citoyens.

Section 4. Des organes d’administration autonome des régions d’autonomie nationale.

Article 24.

Les régions autonomes, les départements autonomes et les districts autonomes sont tous des régions d’autonomie nationale ; leurs organes d’administration autonome sont les assemblées populaires et les comités révolutionnaires.

Outre les fonctions et pouvoirs des organes locaux d’État, définis dans la section 3 du chapitre II de la présente Constitution, les organes d’administration autonome des régions d’autonomie nationale peuvent exercer l’autonomie dans les limites des pouvoirs qui leur sont conférés par la loi.

Les organes d’État des échelons supérieurs doivent assurer aux organes d’administration autonome des régions d’autonomie nationale le plein exercice de leur autonomie et soutenir activement les différentes minorités nationales dans la révolution et l’édification socialistes.


Section 5. Des organes judiciaires et des parquets.

Article 25.

La Cour populaire suprême, les tribunaux populaires locaux des divers échelons et les tribunaux populaires spéciaux exercent le pouvoir judiciaire.

Les tribunaux populaires aux divers échelons sont responsables devant les assemblées populaires des échelons correspondants et leurs organes permanents, auxquels ils rendent compte de leur activité.

Les présidents des tribunaux populaires aux divers échelons sont nommés et déchargés de leurs fonctions par les organes permanents des assemblées populaires des échelons correspondants.

Les attributions des parquets incombent aux organes de la sécurité publique aux divers échelons.

Pour enquêter et pour juger une affaire, il faut appliquer la ligne de masse. Pour les cas graves de délit pénal contre-révolutionnaire, il faut mobiliser les masses pour qu’elles les soumettent à la discussion et à la critique.

Chapitre III.
Des droits et des devoirs fondamentaux des citoyens.

Article 26.

Le droit et le devoir fondamentaux de tout citoyen, c’est d’être pour la direction du parti communiste de Chine, pour le régime socialiste, et de se conformer à la Constitution et aux lois de la République populaire de Chine.

Défendre la patrie et résister à l’agression est la noble obligation de chaque citoyen. Accomplir le service militaire, conformément à la loi, est un devoir d’honneur pour les citoyens.

Article 27.

Tous les citoyens ayant dix-huit ans révolus ont le droit d’élire et d’être élus, à l’exception des personnes privées de ce droit par la loi.

Les citoyens ont droit u travail et à l’instruction. Les travailleurs ont droit au repos et ont droit à l’assistance matérielle ans la vieillesse, en cas de maladie ou de perte de leur capacité de travail.

Les citoyens ont le droit de porter plainte auprès des organes d’État de tous les échelons par écrit ou oralement contre tout travailleur d’un organisme d’État pour violation de la loi ou manquement à son devoir ; il est interdit à quiconque de susciter des obstacles ou d’empêcher la formulation de telles plaintes, ou d’user de représailles.

La femme jouit des mêmes droits que l’homme dans tous les domaines.

L’État protège le mariage, la famille, la mère et l’enfant.

L’État protège les droits et intérêts légitimes des Chinois résidant à l’étranger.

Article 28.

Les citoyens jouissent de la liberté de parole, de correspondance, de la presse, de réunion, d’association, de cortège, de manifestation et de grève ; ils ont la liberté de pratiquer une religion, la liberté de ne pas pratiquer de religion et de propager l’athéisme.

La liberté individuelle et le domicile des citoyens sont inviolables. Aucun citoyen ne peut être mis en état d’arrestation sans décision d’un tribunal populaire ou approbation d’un organe de la sécurité publique.

Article 29.

La République populaire de Chine accorde le droit de résidence à tout étranger poursuivi pour avoir défendu une juste cause, pour sa participation à un mouvement révolutionnaire ou en raison de son activité scientifique.

Chapitre IV.
Du drapeau national, de l’emblème national, de la capitale.

Article 30.

La drapeau national est un drapeau rouge à cinq étoiles.

L’emblème comporte au centre la porte Tien-an-men surmontée de cinq étoiles, encadrée d’épis de céréales, avec une roue dentée à la base.

La capitale est Pékin.

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Statuts du Parti Communiste de Chine (IXe congrès-1969)

Chapitre premier.
Programme général.

Le Parti communiste de Chine est un parti politique prolétarien.

Le programme fondamental du Parti communiste de Chine est de renverser définitivement la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, de substituer la dictature du prolétariat à la dictature de la bourgeoisie, d’assurer le triomphe du socialisme et le capitalisme. Le but final du Parti est la réalisation du communisme.

Le Parti communiste de Chine est composé d’éléments avancés du prolétariat ; il est une organisation d’avant-garde, dynamique, qui dirige le prolétariat et les masses révolutionnaires dans leur combat contre l’ennemi de classe.

Le fondement théorique sur lequel le Parti communiste de Chine guide sa pensée, c’est le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong. La pensée Mao Zedong est le marxisme-léninisme de l’époque où l’impérialisme va à son effondrement total et où le socialisme marche vers la victoire dans le monde entier.

Pendant un demi siècle, au cours des grandes luttes qu’il a dirigées dans l’accomplissement de la révolution de démocratie nouvelle et dans la révolution et l’édification socialistes en Chine, de même qu’au cours de la grande lutte du mouvement communiste international contre l’impérialisme, le révisionnisme moderne et toute la réaction, le camarade Mao Zedong a uni la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution, continué, sauvegardé et développé le marxisme-léninisme, et il l’a fait accéder à une étape supérieure, toute nouvelle.

Le camarade Lin Piao a toujours porté haut levé le drapeau de la pensée Mao Zedong. Il applique et défend avec la plus grande loyauté et la plus grande fermeté la ligne révolutionnaire prolétarienne du camarade Mao Zedong. Le camarade Lin Piao est le proche compagnon d’armes et le successeur du camarade Mao Zedong.

Le Parti communiste de Chine ayant le camarade Mao Zedong pour dirigeant est un grand, un glorieux et un juste parti, il constitue le noyau dirigeant du peuple chinois. Il s’est aguerri dans la longue lutte de classes qu’il a menée pour prendre et consolider le pouvoir par les armes, s’est renforcé et développé dans la lutte contre les lignes opportunistes de droite et « de gauche » et, plein de confiance, il avance vaillamment sur la voie de la révolution et de l’édification socialistes.

La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

Tout au long de cette période existent les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du révisionnisme moderne.

Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie marxiste de la révolution continue et à la pratique guidée par cette théorie. La Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine est précisément une grande révolution politique que le prolétariat mène, dans les conditions du socialisme, contre la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses.

Tout le parti doit porter haut levé le grand drapeau rouge du marxisme, du léninisme et de la pensée Mao Zedong et diriger les centaines de millions d’hommes de nos diverses nationalités dans la poursuite des trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte des classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique et le renforcement de la dictature du prolétariat, et dans l’édification du socialisme selon les principes suivants : indépendance et autonomie ; compter sur ses propres forces ; travailler dur ; déployer tous ses efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie.

Fermement attaché à l’internationalisme prolétarien, le Parti communiste de Chine s’unit résolument avec les partis et groupements marxistes-léninistes authentiques, avec le prolétariat, et avec les peuples et la nations opprimés du monde entier dans la lutte en commun pour abattre l’impérialisme ayant à sa tête les États-Unis, le révisionnisme moderne ayant pour centre la clique des renégats révisionnistes soviétiques, ainsi que toute la réaction, et parvenir à l’abolition sur le globe du système d’exploitation de l’homme par l’homme, qui apportera l’émancipation à toute l’humanité.

Les membres du Parti communiste de Chine, qui ont fait serment de consacrer leur vie à la cause du communisme, doivent s’armer de résolution, ne reculer devant aucun sacrifice et surmonter les difficultés pour remporter la victoire !

Chapitre II.
Les membres.

Article premier.

Peut être membre du Parti communiste de Chine tout ouvrier, paysan pauvre, paysan moyen-pauvre, militaire révolutionnaire et autre révolutionnaire chinois, ayant dix-huit ans révolus, qui accepte les statuts du Parti, adhère à l’une de ses organisations et y milite activement, applique les résolutions du Parti, observe la discipline du Parti et acquitte ses cotisations.

Article 2.

Celui qui demande à entrer au Parti doit suivre la procédure d’admission individuelle, être présenté par deux membres du Parti et remplir une demande d’admission ; une enquête sera faite à son sujet par la cellule, qui recueille largement l’opinion des masses au sein et en dehors du Parti ; sa demande doit être acceptée par l’assemblée générale de la cellule et l’admission ratifiée par le comité du Parti immédiatement supérieur.

Article 3.

Tout membre du Parti communiste de Chine doit :

1. Étudier et appliquer de façon vivante le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong ;

2. Lutter pour les intérêts de l’immense majorité de la population de la Chine et du monde ;

3. Être capable de s’unir avec le plus grand nombre, y compris ceux qui, à tort, se sont opposés à lui, mais qui se corrigent sincèrement de leurs erreurs. Cependant, il faut être particulièrement vigilant afin d’empêcher les arrivistes, les comploteurs et les individus à double face d’usurper le direction du Parti et de l’État, à quelque échelon que ce soit, et de garantir que la direction du Parti et de l’État soit à jamais entre les mains des révolutionnaires marxistes ;

4. Consulter les masses pour tout problème ;

5. Pratiquer courageusement la critique et l’autocritique.

Article 4.

Si un membre commet une infraction à la discipline du parti, l’organisation du Parti de l’échelon intéressé, dans les limites de ses attributions et selon le cas considéré, lui appliquera l’une des sanctions suivantes : avertissement, blâme, destitution des fonctions au sein du Parti, mise en observation, exclusion du Parti.

La mise en observation d’un membre est de deux ans au plus. Pendant la durée de cette mise en observation, il n’a pas le droit de vote ni le droit d’élire et d’être élu.

Quant aux membres qui restent dans l’inertie et ne font aucun progrès en dépit des efforts pour les éduquer, il faut les persuader de se retirer du Parti.

Quand un membre demande à quitter le Parti, sa radiation doit être confirmée par l’assemblée générale de la cellule qui en informe le comité du Parti immédiatement supérieur en vue d’enregistrement. En cas de nécessité, la radiation peut être portée à la connaissance des masses en dehors du Parti.

Les renégats, les agents secrets, les responsables obstinément engagés dans la voie capitaliste, les éléments dégénérés et les éléments étrangers à nos rangs de classe, contre lesquels on possède des preuves irrécusables, seront expulsés du Parti et ne seront jamais autorisée à le réintégrer.

Chapitre III.
Le principe d’organisation du Parti.

Article 5.

Le principe d’organisation du Parti est le centralisme démocratique.

Les organes de direction à tous les échelons du Parti sont élus par voie de consultation démocratique.

Tout le Parti doit se soumettre à une discipline unique : l’individu doit se soumettre à l’organisation, la minorité à la majorité, l’échelon inférieur à l’échelon supérieur et l’ensemble du Parti au comité central.

Les organes de direction à tous les échelons du Parti doivent régulièrement rendre compte de leur travail aux congrès ou aux assemblées générales des membres, recueillir constamment au sein et en dehors du Parti l’opinion des masses et accepter leur contrôle.

Tout membre a le droit d’adresser des critiques et des suggestions aux organisations du Parti et aux dirigeants à tous les échelons.

Tout membre, qui est en désaccord avec les résolutions ou instructions des organisations du Parti, est autorisé à réserver son opinion et a le droit de s’adresser directement aux échelons supérieurs, et ce jusqu’au comité central et au président du comité central.

Il faut créer une atmosphère politique où règnent à la fois le centralisme et la démocratie, la discipline et la liberté, l’unité de volonté et, pour chacun, un état d’esprit fait de satisfaction et d’entrain.

Les organes du pouvoir d’État de la dictature du prolétariat, l’Armée populaire de Libération, ainsi que la Ligue de la Jeunesse communiste, les organisations des ouvriers, des paysans pauvres et moyens-pauvres, des gardes rouges et les autres organisations révolutionnaires de masse doivent se soumettre sans exception à la direction du Parti.

Article 6.

L’organe suprême de direction du Parti est le congrès national et, dans l’intervalle des congrès, le comité central élu par lui.

L’organe de direction du Parti, sur le plan local, dans l’armée et dans les différents départements, est le congrès ou l’assemblée générale des membres de l’échelon correspondant ainsi que le comité du Parti qui en est issu. Les congrès du Parti à tous les échelons sont convoqués par les comités du Parti des échelons correspondants.

Sur le plan local et dans l’armée, la convocation des congrès du Parti et la liste des membres élus des comités respectifs doivent être soumises à l’approbation des organisations de l’échelon supérieur.

Article 7.

Les comités du Parti aux différents échelons établissent des bureaux de travail ou délèguent leurs organismes représentatifs, conformément aux principes de direction unique, de liaison étroite avec les masses et d’administration simplifiée.

Chapitre IV.
L’organisations centrale du Parti.

Article 8.

Le congrès national du Parti est convoqué tous les cinq ans. Dans des cas exceptionnels, sa convocation peut être avancée ou retardée.

Article 9.

La session plénière du comité central du Parti élit le bureau politique du comité central, le comité permanent du bureau politique ainsi que le président et le vice-président du comité central.

La session plénière du comité central du Parti est convoquée par le bureau politique du comité central.

Dans l’intervalle des sessions plénières du comité central, le bureau politique du comité central et son comité permanent exercent les fonctions du comité central.

Sous la direction du président, du vice-président et du comité permanent du bureau politique du comité central, seront établis les organismes indispensables, simples mais efficaces, qui régleront de manière centralisée les affaires courantes du Parti, du gouvernement et de l’armée.

Chapitre V.
L’organisation du Parti sur le plan local et dans l’armée.

Article 10.

Les congrès du Parti, sur le plan local, à l’échelon du district et au-dessus, et dans l’Armée populaire de Libération, à l’échelon du régiment et au-dessus, sont convoqués tous les trois ans. Dans des cas exceptionnels, leur convocation peut être avancée ou retardée.

Les comités du parti aux différents échelons, sur le plan local et dans l’armée, élisent leurs comités permanents ainsi que leurs secrétaires et secrétaires adjoints.

Chapitre VI.
L’organisation de base du Parti.

Article 11.

Il sera créé en général une cellule dans chacune des unités de base : usines, mines et autres entreprises, communes populaires, organismes, écoles, magasins, organisations de quartier, compagnies de l’Armée populaire de Libération, etc. ; une cellule générale et un comité de base peut être établi lorsque les membres du Parti sont nombreux ou que la lutte révolutionnaire l’exige.

Dans les organisations de base du Parti, les élections ont lieu une fois par an. Dans des cas exceptionnels, elles peuvent être avancées ou retardées.

Article 12.

Les organisations de base du Parti doivent porter haut levé le grand drapeau rouge du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong, donner la primauté à la politique prolétarienne et faire s’épanouir le style qui consiste à unir la théorie et la pratique, à se lier étroitement aux masses populaires, à pratiquer la critique et l’autocritique. Leurs tâches principales sont les suivantes :

1. Diriger les membres du Parti et les larges masses révolutionnaires dans l’étude et l’application vivantes du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong ;

2. Éduquer constamment les membres du Parti et les larges masses révolutionnaires dans l’esprit de la lutte de classes et de la lutte entre les deux lignes, les diriger dans une lutte résolue contre l’ennemi de classe ;

3. Propager et matérialiser la politique du Parti, appliquer ses résolutions, accomplir les tâches assignées par le Parti et l’État ;

4. Se lier étroitement aux masses, se tenir constamment au courant de leurs opinions et de leurs désirs, développer au sein du Parti une lutte idéologique positive afin que la vie du Parti soit pleine de dynamisme ;

5. Recruter de nouveaux adhérents, appliquer la discipline du Parti, procéder constamment à la consolidation des organisations du Parti, rejeter ce qui est altéré et absorber de nouveau, afin de maintenir les rangs du Parti dans toute leur pureté.

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