15Jan1978
Bilan de dix ans d’activité du PCMLF (1978)
[Document du 3e Congrès du PCMLF, 1978.]
Le bilan de développement et d’activité de notre Parti au cours des dix années écoulées fait apparaître des points positifs et des points négatifs sur tous les plans: idéologique, politique et organisationnel.
Ce bilan ne saurait être conçu indépendamment des événements politiques survenus en France et dans le monde au cours de la période considérée.
Vous pourrez vous reporter utilement à ce sujet à la chronologie sommaire de ces événements, qui se trouve dans le dossier de chaque délégué et porte sur la décennie allant du 1er janvier 1968 au 31 décembre 1977.
Vous trouverez également dans ce dossier la longue liste de toutes les activités de notre Parti au cours de la même période.
Anticipant sur les éléments concrets de ce bilan qui vont figurer dans la dernière partie de ce rapport et dans le rapport d’organisation, si nous comparons ce qu’était notre Parti il y a dix ans et ce qu’il est aujourd’hui, nous pouvons affirmer que le résultat de son bilan de développement et d’activité est positif.
Sommes-nous parvenus en dix années à unir tout le Parti ?
Pas encore, mais des progrès considérables ont été réalisés dans ce sens.
Avons-nous renforcé son unité idéologique et politique?
C’est incontestable, même si doivent être soutenus encore de persévérants efforts pour parvenir à une authentique bolchévisation, c’est à dire à la généralisation de l’implantation ouvrière dans les entreprises et à la systématisation des mêmes initiatives et activités de toutes nos cellules dans toute la France, au même moment, dans les mêmes périodes, sur les mêmes objectifs.
Avons-nous renforcé son unité d’organisation ?
Oui, dans une large mesure, même si de nouveaux progrès s’avèrent indispensables.
Notre Parti a-t-il arraché la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne ?
Malheureusement pas encore. Il n’a pas gagné l’avant-garde de la classe ouvrière mais seulement un certain nombre de militants ouvriers qui en font partie. La classe ouvrière reste dans sa masse sous l’influence du révisionnisme moderne, du réformisme ou de la bourgeoisie ouvertement réactionnaire.
Ces faits prouvent que, concrètement, nous nous trouvons toujours dans la première étape de développement de notre Parti. Il sort à peine de son enfance et commence son adolescence. Il n’a pas atteint la période de sa maturité. Il dispose d’un noyau dirigeant unifié sur le plan idéologique mais encore insuffisant, tant dans sa composition numérique qu’en ce qui concerne son niveau politique.
La question de l’édification d’un Parti marxiste-léniniste est une question des plus délicates.
Affirmer à son sujet que « la ligne idéologique et politique fondamentale est déterminante« . signifie que le Parti se développe avec succès s’il adopte de justes positions face aux événements auxquels il est constamment confronté.
Cependant, en dépit de l’inexpérience initiale de ses dirigeants et des erreurs commises dans différents domaines depuis 1963, la première constatation que nous pouvons faire à l’ouverture de ce Ille Congrès, c’est que le Parti communiste marxiste-léniniste de France existe, continue son activité, persévère malgré les nombreuses attaques lancées pour le détruire, de l’extérieur comme de l’intérieur de ses rangs.
Que d’épreuves n’a-t-il pas dû affronter et surmonter depuis les coups de revolver d’un commando révisionniste à Puyricard, le jour de sa fondation, jusqu’aux agissements scissionnistes de ces derniers mois, disons même de ces dernières semaines, en passant par les violences révisionnistes déchaînées contre ses militants, puis par sa mise arbitraire dans l’illégalité, le 12 juin 1968, par la double et profonde crise de 1970, et enfin par la ligne bourgeoise qui s’imposa lors du IIe Congrès.
C’est d’ailleurs justement à l’occasion de la préparation de ce IIe Congrès que fut dressé un premier bilan assez approfondi portant sur la période écoulée entre le Congrès constitutif de Puyricard et le début de l’année 1975. Ce document faisait partie intégrante du rapport devant être présenté devant le Congrès, mais s’il fut envoyé avant le Congrès lui-même, ce fut dans un délai n’en permettant pas une étude sérieuse.
De plus, il fut absolument absent des préoccupations et des débats du IIe Congrès. Aussi, par la suite, dans un souci de rectification, fut-il re. publié in extenso dans le Cahier rouge N°11. Mais, fut-il étudié correctement ? Et combien de camarades ayant adhéré à notre Parti depuis cette époque en ont-ils eu connaissance?
Certes, nous ne pouvons alourdir le présent rapport politique en y intégrant . l’ensemble de ce bilan dressé en 1975, mais nous demandons à tous les délégués et à tous les membres du Parti de s’y reporter en vue d’accéder à une connaissance sérieuse de la vie de notre Parti pendant les sept premières années de son existence.
Aujourd’hui, trois ans plus tard, nous pouvons dire que la décennie écoulée depuis la création de notre Parti mérite d’être caractérisée comme une période de luttes incessantes pour son existence en tant que Parti révolutionnaire prolétarien authentique.
Avant d’en évoquer les développements principaux et les caractéristiques des luttes de lignes antagoniques qui se sont produites au cours des dix années écoulées, il convient de s’efforcer de bien distinguer les luttes idéologiques positives et les luttes entre deux lignes opposées.
Le Président Mao a enseigné que « l’opposition et la lutte entre conceptions différentes apparaissent constamment au sein du Parti« . Il a dit que c’est là « le reflet dans le Parti des contradictions de classes et des contradictions entre le nouveau et l’ancien existant dans ta société« .
Il a ajouté: « S’il n y avait pas dans le Parti de contradictions et de luttes idéologiques pour les résoudre, la vie du Parti prendrait fin« . A propos des luttes idéologiques, il a indiqué : « Nous sommes pour la lutte idéologique positive car elle est l’arme qui assure l’unité à l’intérieur du Parti et des groupements révolutionnaires dans l’intérêt de notre combat« .
Comment distinguer les luttes idéologiques positives des luttes entre deux lignes opposées et antagoniques ?
C’est là une question à laquelle nous nous sommes trouvés confrontés en de nombreuses circonstances et nous avons toujours rencontré des difficultés pour la régler correctement.
Pour parvenir à maîtriser efficacement la méthode des luttes idéologiques positives et ne pas la confondre avec les luttes entre deux lignes antagoniques, nous devons nous référer à la méthode préconisée par le Président Mao pour trouver de justes solutions aux contradictions au sein du peuple, en les distinguant des contradictions entre l’ennemi et nous.
Cela signifie qu’il convient de faire preuve d’une grande patience quand se manifestent des contradictions dans les rangs de notre Parti, soit entre membres d’une même cellule ou d’un même organisme et l’organisme supérieur. C’est seulement par la discussion et la conviction que l’on doit parvenir à unifier les militants ou organismes qui se trouvent en désaccord.
Naturellement, il existe une loi qui est celle de tout parti marxiste-léniniste, loi qui doit être appliquée par tous et qui, conformément au centralisme démocratique, impose à chacun ou à chaque organisme d’avoir une activité concrète conforme à la ligne et aux directives du Comité central.
Le caractère antagonique apparaît dès qu’un militant ou un organisme, ne limitant pas son droit à exprimer ses désaccords aux conditions fixées par les Statuts, commence à rompre la discipline en ne participant plus aux activités demandées par le Comité central, ou en y participant de manière différente à celle voulue.
Dès lors, les luttes idéologiques positives cèdent le pas à des luttes de ligne antagoniques et le Parti subit de graves dommages.
Dans nos rangs, depuis décembre 1967, les luttes idéologiques, parfois désordonnées, ont en définitive contribué à la vie et à la progression du Parti. Mais les luttes entre deux lignes opposées qu’il a connues, ont freiné temporairement de manière néfaste son développement idéologique, politique et organisationnel.
La première grande lutte de lignes qui opposa des représentants idéologiques de la bourgeoisie à des camarades qui se tenaient inflexiblement sur des positions de classe prolétariennes, s’est développée de 1963 jusqu’à la fondation du Parti, fin décembre 1967.
Elle connut des manifestations multiples, des phases d’accalmie et des rebondissements. Elle porta dans un premier temps sur la question de la rupture organisationnelle avec le Parti communiste français soumis à la baguette du révisionnisme moderne.
Pouvait-il y avoir en effet une rupture réelle sur le double plan idéologique et politique si n’intervenait pas simultanément une rupture organisationnelle ? Elle porta dans une seconde période sur la question de la création d’un nouveau Parti marxiste-léniniste.
La seconde grande lutte de lignes entre deux voies, deux idéologies, deux classes, débuta dès la tenue du Congrès constitutif du Parti et se manifesta en de multiples occasions à la base du Parti comme dans ses organismes dirigeants, particulièrement au sein du Comité central élu par le Congrès, et par la suite dans la Direction centrale clandestine mise en place après l’interdiction du Parti, le 12 juin 1968.
Cette seconde grande lutte concerna essentiellement la question de savoir qui, quelle classe, quelle idéologie, allait détenir la direction du Parti, la petite-bourgeoisie intellectualiste, opportuniste « de gauche » comme de droite, ou les fondateurs du mouvement marxiste-léniniste en 1963, devenus dirigeants du Parti à sa naissance, qui se plaçaient inflexiblement sur les positions idéologiques révolutionnaires du prolétariat.
Cette seconde grande lutte de lignes couvrit la période allant du 30 décembre 1967 à la tenue de la Conférence nationale d’édification prolétarienne réunie avec succès le 12 juin 1971. Elle se déchaîna d’abord au sein du Parti et provoqua la double scission de février et octobre 1970, date après laquelle elle fut poursuivie, de l’extérieur du Parti, en vue de le détruire, mais en vain.
Une lutte idéologique prolongée se déroula ensuite au sein du Comité central d’une part, et entre la majorité du Comité central et le Collectif de travail parisien d’autre part. La simultanéité et l’identité de cette lutte tint au fait que le secrétaire politique du Collectif de travail parisien était membre du Comité central et du Bureau politique de notre Parti.
Cette lutte porta essentiellement sur l’analyse des événements internationaux de l’époque, et sur le fonctionnement du centralisme démocratique au niveau de l’ensemble de la région parisienne. Elle se termina par une solution relevant de la pratique idéologique de la résolution des contradictions au sein du peuple.
Le Collectif de travail parisien fut dissous par le Comité central, mais chacun de ses membres fit preuve d’un esprit de parti propre à l’idéologie prolétarienne. Une autocritique collective de cet organisme et des autocritiques particulières furent présentées.
La tendance à des analyses proches de celles des dirigeants révisionnistes qu’avait manifestée le Collectif de travail parisien, fut éliminée.
Mais il n’est pas assuré que toutes les méthodes utilisées à l’époque par les représentants du Comité central furent exemptes d’erreurs et de nature à décourager certains des camarades qui se trompaient de bonne foi. En définitive, cependant, il ne saurait être question de considérer la lutte alors menée contre le Collectif de travail parisien comme une lutte de ligne avec l’ennemi.
Par contre, la lutte qui devait apparaître plus tard révéla que la juste ligne opposée à la ligne erronée du CTP avait été l’occasion d’une intervention active des tenants de la future ligne bourgeoise du IIe Congrès.
Quoique nous ne bénéficiions pas encore d’un recul suffisant pour affermir notre analyse et nos jugements, nous estimons que les protagonistes de la troisième grande lutte de lignes antagoniques survenue dans notre Parti, s’ils ne se sont réellement manifestés qu’immédiatement après le IIe Congrès, n’en ont pas moins dissimulé temporairement leurs positions et leurs racines de classe sous le couvert de la juste lutte contre le Collectif de travail parisien.
Que s’est-il donc passé dans nos rangs dans cette période ?
La ligne qui dénonça de manière juste les tendances révisionnistes du CTP dissimulait en son sein une autre tendance erronée. Profitant de l’inexpérience et du manque de vigilance de notre Comité central, des éléments parisiens agissant avec ruse et duplicité la transformèrent en ligne bourgeoise délibérée et cohérente, en la poussant à ses conséquences les plus extrêmes, dans le cadre de la préparation et lors de la tenue du IIe Congrès.
Après le succès qu’ils remportèrent trop facilement lors du vote du nouveau programme par le IIe Congrès, les tenants de cette ligne crurent le moment venu d’exploiter à fond la situation, mais ils voulurent aller trop loin et trop vite et se démasquèrent aussitôt.
Du coup, ils se trouvèrent en butte à la résistance intransigeante du Secrétaire politique et du Secrétariat du Comité central. Bientôt informés, le Bureau politique, puis le Comité central, parvinrent assez rapidement à s’unifier, pour passer ensuite à la contre-offensive. Une lutte de lignes acharnée s’engagea alors ouvertement, essentiellement dans la région parisienne.
La ligne bourgeoise passa à des procédés antagoniques: dénigrement du Secrétaire politique et d’autres membres du Secrétariat, dénigrement systématique des éléments ouvriers supposés appartenir au Comité central, opposition active à toutes les activités organisées par notre Parti en direction de la classe ouvrière, accusation d’économisme, provocations nombreuses à la Mutualité lors du Rassemblement national ouvrier du 14 février 1976, attaques visant à faire annuler la tenue de la Conférence nationale ouvrière sous prétexte qu’elle violait les Statuts du Parti, sabotage visant à faire disparaître la presse légale du Parti, constitution d’un centre oppositionnel dans le MIL, etc.
Cette activité, qui transformait des contradictions au sein du peuple en contradictions avec l’ennemi, s’acheva finalement par la débandade de ses protagonistes, après qu’ils eurent tenté de s’organiser en prenant appui sur les thèses développées lors du VIIe Congrès du Parti du travail d’Albanie. Peut-être, en la circonstance, pourrions-nous trouver confirmation de l’enseignement léniniste qui établit que les opportunismes de droite et de gauche se rejoignent toujours.
Les représentants de cette ligne bourgeoise, retranchés dans le MIL, ont aussi créé un petit groupe intitulé « Organisation pour la reconstruction du Parti communiste de France (marxiste-léniniste) ».
Ils ont publié en octobre 1977 un opuscule dont le contenu politique ne peut que réjouir la bourgeoisie française comme la bourgeoisie américaine, et leurs gouvernements respectifs. Ces gens nous accusent de trahir la théorie des trois mondes, ainsi que le Président Houa et le vice-président Teng. Ils présentent notre Secrétaire politique comme un partisan dissimulé des thèses albanaises, dévoué en France aux idées d’Enver Hoxha.
Simultanément aux idées de ce groupe, des éléments partisans de la méthode de frapper à outrance prirent prétexte de la campagne de rectification pour attaquer avec violence, non point les tenants de la ligne bourgeoise, mais le Comité central de notre Parti. Ces gens développèrent un intense travail de sape en vue de détruire de l’intérieur notre imprimerie et l’appareil central la desservant.
Quelques uns d’entre eux se sont restructurés sur les positions albanaises. La lutte menée contre eux devint rapidement antagonique car ils portèrent des coups si rudes à l’imprimerie que sa situation menaça pendant quelques mois de tourner à la catastrophe. Les principaux animateurs de ce groupe ont été exclus.
En dépit du caractère aigu de la troisième grande lutte entre deux lignes, la ligne bourgeoise du IIe Congrès a été battue successivement par le succès du Rassemblement national ouvrier du 14 février 1976, puis par le succès politique de la Conférence nationale ouvrière réunie au mois de juillet 1976, enfin, dans la dernière période, par le Rassemblement national organisé le 6 novembre 1977 en célébration du 60e anniversaire de la Révolution d’Octobre.
Nous sommes convaincus que le IIIe Congrès de notre Parti va consacrer la défaite totale de cette ligne qui n’a rien à voir avec la classe ouvrière ni avec les masses populaires.
Ainsi s’achèvera la troisième grande lutte de lignes antagoniques dans notre Parti, qui aura porté essentiellement sur la question de la contradiction principale de notre société dans la période actuelle, et qui, une fois encore, aura eu pour enjeu la direction de notre Parti disputée à notre Comité central par des représentants de l’idéologie bourgeoise.
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe