COMMUNIQUE D’ETA A EUSKAL HERRIA
ETA, organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, ayant terminé son processus de réflexion, veut à l’occasion du Jour du Combattant de 2009, faire connaître les réflexions qui suivent à la société basque.
ETA est né il y a de cela 50 ans alors que les attaques fascistes du franquisme voulaient mener au génocide notre peuple.
C’est grâce à l’apport des combattants basques que nous honorons aujourd’hui que la piste faite par 50 ans de combat déroule son tracé sans interruption jusqu’à ce jour. Autrement dit, sans le combat des filles et fils d’Euskal Herria qui ont tout donné jusqu’à finir en prison ou perdre la vie, Euskal Herria serait depuis longtemps un pays soumis.
Décennie après décennie, la Gauche Abertzale s’est employée avec persévérance à redonner vie à la voie du combat pour l’indépendance de ce pays, et les coups de l’ennemi nous ont fait payer dans notre chair le fait que nous nous consacrions à cette tâche. 50 ans se sont écoulés, et Euskal Herria est encore là, debout et en vie.
Il y a 30 ans, avec la réforme de La Moncloa, le PNV, en accord avec les gouvernants de l’Espagne, avait pris la décision de vendre Euskal Herria et de procéder à sa partition avec des institutions imposées. Tous les gouvernants d’alors invitaient le secteur le plus combatif de ce pays, la Gauche Abertzale, à prendre part à la gestion de ces institutions.
30 ans plus tard, ils ont exclu la Gauche Abertzale de ces institutions, l’indépendantisme ne s’étant pas apaisé devant les résultats politiques qu’ils ont obtenus. Ce sont les victoires du Mouvement de Libération de la Nation basque qui impriment de façon déterminante leurs marques à la situation d’Euskal Herria.
Le cadre de la partition est épuisé, ce cadre est mort, et il y a une large majorité pour reconnaître qu’Euskal Herria a le droit de décider de son avenir politique.
C’est également une majorité de la société qui se positionne pour que l’on s’écarte de la répression et pour qu’à ce conflit politique, il soit donné une issue politique construite sur le dialogue.
De l’Adour à l’Ebre, se trouve enraciné un large et vigoureux secteur favorable à l’indépendance. Et il est indomptable, comme la démonstration en a été faite dans le combat mené, malgré les obstacles, les agressions et les tentatives d’exclusion, en faveur de l’édification de ce pays et en faveur de la liberté.
Par contre, nous, les indépendantistes, nous n’avons pas encore pu conduire Euskal Herria jusqu’au scénario de l’autodétermination. Les ennemis ont continué durant de longues décennies à imposer les programmes de la France et de l’Espagne.
Alors qu’en Europe même, on ouvre à certains peuples, en s’appuyant sur le droit à l’autodétermination, les portes vers l’indépendance, l’Espagne et la France continuent à opposer leur refus à notre pays, et à lui faire subir le fascisme politique. En même temps que les Etats ont gelé la situation, c’est le PNV qui a été l’obstacle majeur sur la voie menant à ce jalon que constitue l’autodétermination.
L’ennemi a échoué dans son objectif qui était d’imposer, en les menant à bien, les programmes de non-reconnaissance et de partition, mais il s’obstine dans la mise en œuvre de la même recette parce qu’il voit des possibilités de refaire la même chose en s’alliant avec le PNV. On est allé au bout de l’ancien cadre qui nous était imposé ; on n’arrive pas à franchir le pas pour entrer dans un nouveau cadre ; résultat : notre pays s’installe dans les profondeurs de la crise.
Avant ces résultats politiques, le fascisme espagnol a rénové l’offensive politique répressive ces dernières années : après avoir exclu des institutions l’indépendantisme, il veut l’exclure aussi de la rue. Zapatero, Sanz et Lopez s’entêtent dans le pari de poursuivre jusqu’au bout en Euskal Herri la répression et la situation d’exception.
Au point d’interdire à la Gauche Abertzale de participer aux élections et au point de truquer les résultats lors de leur comptabilisation.
Depuis l’été, les portraits des prisonniers politiques basques constituent un délit.
Y a-t-il quelque part un pays où montrer la photo d’un compatriote peut être constitutif d’un délit ? Sans revendiquer quelque action du GAL, ils ont pris en otage, nuitamment, des indépendantistes, et ils ont fait disparaître Jon Anza. Ce sont les pièges préparés par des membres de la Police autonome pour tabasser des proches de Prisonniers Politiques Basques qui ont donné lieu cet été à une photo mémorable.
Ils appellent cela « nettoyer la rue », comme dans l’Allemagne nazie. Maintenant, c’est un délit aussi que de prendre part à des repas, à des passe-rues, à des parties populaires de foot ou de mus. Ils appellent « impératif de la loi » l’apartheid politique et les restrictions apportées aux droits, et donnent le titre de « fête de la démocratie » à l’illégalisation et au trucage électoral.
Le PNV a accordé son approbation à cette offensive politique et à ce vent répressif. Il appelle cela « la stabilité budgétaire » et « travailler dur ». Le responsable politique Urkullu s’efforce de vider de son contenu la répression devant les attaques que la société basque et la base du PNV n’admettent pas. Les agressions consistant à exclure la gauche abertzale des élections et des institutions reçoivent l’appellation de « jeu des illégalisations ».
Le fait que pour avoir montré les photos de prisonniers, les proches de ceux-ci ainsi que les citoyens soient tabassés par centaines, ce fait-là est appelé « la fête des affiches ». Il appelle « jeu » le châtiment, « fête » la répression ; à travers les années, des milliers de gens torturés, des milliers de voix refusées, des milliers de citoyens prisonniers, des milliers de millions d’amendes, des milliers de blessés dans les rues… tout cela, pour Urkullu, vu de l’atmosphère feutrée du bureau de Sabin Etxea, c’est un jeu et une fête.
Le PNV toujours au centre : tournant le dos à Euskal Herria et les yeux tournés vers l’Etat, mais toujours contre l’indépendantisme. Urkullu n’a pas d’autre choix que de dénier leur gravité à toutes ces agressions, et de les désigner sous des vocables inoffensifs. Parce qu’il veut passer un nouvel accord politique contre l’indépendantisme avec les responsables de ces agressions, c’est-à-dire avec les fascistes.
Et les sermons des meetings aux accents abertzale abâtardis ne sont que des mots creux destinés à apaiser l’atmosphère de confusion et d’irritation qui règne dans les sièges du PNV.
Pour qu’Euskal Herria ne parvienne pas à un véritable changement politique, l’ennemi cherche à noyer la Gauche Abertzale dans la répression, avec l’aide du PNV. Voilà l’accord qu’ils veulent passer et perpétuer : rénover le cadre ancien et le ressusciter.
Mais la Gauche Abertzale, outre sa riposte ferme à ces agressions, est engagée sur la voie du combat destiné à obtenir qu’Euskal Herria connaisse un authentique processus démocratique. Et l’engagement patriotique en faveur d’Euskal Herria n’est pas prêt à supporter un nouveau tour de piste « autonomique ».
L’engagement d’ETA, sa volonté et son offre : tant que les ennemis d’Euskal Herria agissent en faveur de la négation et de la répression, nous renouvelons notre engagement à continuer fermement le combat les armes à la main. Mais de la même manière nous disons : la volonté d’ETA a toujours été de trouver une issue démocratique au conflit politique. ETA redit aussi qu’il veut poursuivre dans cette voie et qu’il est prêt pour cela.
Face à l’obstruction à laquelle se livrent les Etats et face à l’offensive politique de l’espagnolisme, il faut développer en Euskal Herri un processus démocratique pour que soient admis et respectés les droits du peuple et sa volonté politique. Voilà l’alternative politique de ce pays : ouvrir le processus démocratique qui mènera Euskal Herria au scénario de l’autodétermination.
Mais pour amener les Etats à respecter la parole d’Euskal Herria, nous les abertzale, les indépendantistes, nous avons l’obligation absolue de regrouper nos forces sur le plan national, en vue de conduire ce pays à se libérer. C’est là l’offre d’ETA, et c’est là la voie qu’ETA va appuyer et favoriser.
Les questions d’ETA aux gouvernants :
Les gouvernants de l’Espagne répètent à tout va qu’ils ne dialogueront pas avec ETA tant que celui-ci n’aura pas mis un terme à la lutte armée. Comme si c’était là le nœud principal du conflit ! Les gouvernants de l’Espagne savent que le problème, ce n’est pas ETA. Ils savent très bien que le problème, ils l’ont avec ce peuple, avec sa volonté politique. Le conflit politique se règlera en ouvrant les portes à ce problème.
Voici les questions que nous posons aux gouvernants de l’Espagne et au Président Zapatero :
-En l’absence d’activité armée d’ETA, les gouvernants de l’Espagne seraient-ils prêts à respecter un processus permettant aux territoires d’Euskal Herria de se déterminer par rapport à leur avenir politique ?
-Si les armes d’ETA venaient à se taire, les gouvernants de l’Espagne seraient-ils prêts, dans l’hypothèse du choix de l’indépendance par une majorité des habitants du Pays Basque, à respecter cette décision et à accomplir les démarches qui s’imposent ?
-Si la lutte armée d’ETA cessait, seraient-ils prêts à laisser de côté la répression et à respecter un processus démocratique propre à ouvrir la voie à une résolution du conflit ?
Aux gouvernants Lopez et Sanz, nous posons les questions suivantes :
-Etes-vous prêts à admettre l’existence d’Euskal Herria, à reconnaître ses droits en tant que nation ?
-Etes-vous prêts à consulter de manière ouverte sur leur avenir politique les habitants des territoires qui sont sous votre responsabilité, et cela sans vous arrêter aux frontières ?
Nous défions le Président de l’Espagne et les gouvernants de l’Espagne de répondre à ces questions, sans s’abriter derrière des prétextes. Mais malheureusement, une nouvelle fois, les silences ou les réponses négatives vont montrer qu’ETA n’est pas le problème, que le problème, c’est seulement l’absence de volonté politique et démocratique.
Les réponses positives impliqueraient l’ouverture de la voie vers la résolution du conflit. Les réponses positives, et la levée de ces obstacles, apporteraient la fin des actions armées d’ETA. Ce serait l’ouverture d’une porte à la fois vers la résolution du conflit et vers la disparition de son expression armée.
Une nouvelle fois, ceux qui pensent qu’en incarcérant des membres d’ETA, qu’en dérobant des armes et des caches dans les montagnes, ou qu’en amenant à Hendaye la Police Autonome de l’Espagne, ils en finiront avec le conflit politique, ceux-là se trompent. Parce que même si l’ennemi dérobe à ETA toutes ses armes, il lui est impossible de dérober à ce pays sa passion pour la lutte et son courage.
En dernier lieu, nous posons au PNV une seule question à laquelle il faut qu’il réponde pour se positionner par rapport au patriotisme, et à laquelle en tout cas il doit clairement répondre pour Euskal Herria. La question que Xabier Arzallus, jouant l’ignorant et le néophyte, a posée en s’adressant à l’Assemblée Nationale du PNV et à sa direction, c’est exactement celle qu’ETA pose à la direction nationale du PNV : Etes-vous indépendantistes ?
Quel est le but du PNV ? La création d’un Etat basque, comme cela est indiqué dans la proclamation faite à ses débuts, ou bien l’approfondissement de ce gouvernement autonome qui a été, avec la partition d’Euskal Herria, un frein pour son développement ?
En ce jour du Combattant basque (Gudari Eguna) de 2009, les derniers mots de ce communiqué sont adressés aux combattants basques qui, durant ces 50 ans, sont tombés en tout donnant. Que nos encouragements parviennent aussi aux combattants d’ETA qui restent fermes dans les prisons de nos ennemis.
Pour la Gauche Abertzale, la liberté d’Euskal Herria, c’est une dette accumulée envers notre peuple et envers les combattants qui sont tombés… et nous gagnerons ! En faisant naître le oui à coups de non.
Vive les combattants basques d’hier et d’aujourd’hui ! Vive le Pays Basque libre ! Vive le Pays Basque socialiste ! En avant jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !
En Euskal Herria, en ce Jour du Combattant de 2009
Euskadi Ta Askatasuna
E. T. A.