L’article paru dans le Populaire du 19 juillet 1933 ne fut que le premier de ce qui fut une véritable campagne politique. Suivirent ainsi différents articles de Léon Blum, tous publiés en première page du Populaire.
Cela commença par Le double danger le 20 juillet, reconnaissant la course au pouvoir engagée entre le fascisme et le socialisme. Cela fut suivi de Document-massue le 21 juillet, qui fait référence à la réaction du fascisme italien voyant en les néo-socialistes au congrès de la SFIO la preuve du progrès de la conception fasciste.
On a alors Autre document-massue le 22 juillet, qui fait référence à la réaction du national-socialisme allemand voyant pareillement quelque chose de victorieux en les néo-socialistes au congrès de la SFIO.
La peste brune ou noir ne doit pas passer par là, le 23 juillet, souligne la nécessité d’une barrière infranchissable avec le fascisme, l’absence complète de confusion.
La période intermédiaire, le 24 juillet, qui tente de formuler la question entre capitalisme et socialisme et constate :
« Je me demandais si, par analyse ou par correspondance avec ces formes intermédiaires du pouvoir politique généralement introduites par le capitalisme lui-même pour prolonger sa résistance et son existence, on ne verrait pas apparaître des formes sociales intermédiaires, elles aussi, entre le capitalisme à l’état pur et le socialisme réalisé.
En fait, des constructions de cet ordre s’élaborent actuellement sous nos yeux et il est exact qu’elles se circonscrivent dans des cadres nationaux.
Le bolchevisme avait déjà conçu et réalisé en grande partie, dans le cadre national, un type de société qui élimine le principe juridique de la propriété capitaliste, sans régénérer les conditions politiques, morales, matérielles de l’existence des travailleurs.
A l’inverse, le racisme et le fascisme, agissant eux aussi dans le cadre national, manifestent l’intention et la prétention de transformer les conditions politiques. morales, matérielles de l’existence des travailleurs, voire les conditions de la production elle-même, tout en préservant le principe juridique de la propriété capitaliste.
Si l’expérience américaine se poursuit, les formes originales de l’intervention de l’État qu’elle met en jeu pourront également aboutir à une variété sociale d’un type original. »
La leçon de l’Histoire, le 25 juillet, réfute de suivre les « aspirants au pouvoir fort » (comme le général Boulanger, suivi alors par la moitié de la direction du Comité révolutionnaire central, socialiste blanquiste).
Deux formes intermédiaires, le 26 juillet, engage le socialisme international à ne soutenir des expériences imparfaites, comme le capitalisme d’État dans un Etat prolétarien tel en URSS ou l’autocratie capitaliste qui avec Roosevelt utilise l’État pour parvenir sans doute à une forme « intermédiaire ».
Le point vif, le 27 juillet, rappelle que tous les socialistes sont d’accord à ce que, une fois les socialistes au gouvernement, ils poussent les masses de telle mesure à aller au socialisme en dépassant le simple cadre de l’exercice du pouvoir dans le cadre capitaliste.
La conquête du pouvoir, le 28 juillet, précise que dépasser le simple cadre de l’exercice du pouvoir dans le cadre capitaliste ne peut pas se faire sans perspective à plus ou moins court terme d’une « société internationale fondée sur la liberté totale et sur la démocratie absolue ». Sinon le régime transitoire devient permanent comme en URSS ou supprime le principe même de légalité comme le veulent les néo-socialistes (de la tendance Révolution constructive, Léon Blum ne mentionnant pas la tendance « néo » la plus acharnée).
Réforme et révolution, le 30 juillet, résume donc :
« Pas d’estampille socialiste sur les types transitoires qui pourront s’interférer dans le cadre national, entre le capitalisme classique et la révolution sociale. »
Les socialistes, comme le rappelle Léon Blum, pratiquent en effet une ligne de réformes en attendant le moment de la révolution sociale, qui doit être donc bref et avoir une portée internationale.
Mais il faut bien prendre parti dans le cadre de la montée du fascisme. C’est là que se produit le grand tournant, Léon Blum reconnaissant la nécessité d’une modification de ligne, c’est-à-dire concrètement d’une alliance au sein de la SFIO du centre avec l’aile gauche.
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