Document de Francisco Anton publié dans le numéro spécial intitulé « Espana » de l’hebdomadaire « La Correspondance Internationale » N° 27, du 12 mai 1938
Vingt mois de guerre on suffit pour enseigner au monde que le peuple antifasciste espagnol combat avec une ardeur totale, avec un enthousiasme suprême sans que des revers partiels exercent une influence déprimante sur son moral, se préparant chaque fois avec un courage plus grand aux combats à venir, fermement résolu à ne déposer les armes que lorsqu’il aura définitivement écrasé le fascisme expulsé les envahisseurs de tout le territoire de l’Espagne.
Vingt mois de guerre ont également démontré que peuple antifasciste espagnol reste indissolublement uni sous le drapeau du Front populaire, conduit dans sa lutte par un gouvernement issu de ce Front populaire. Cette union et cette direction garantissent, en les augmentant constamment, l’enthousiasme des combattants et l’efficacité des armes républicaines. Aussi, la lutte sur les champs de bataille, qui risque de se prolonger longtemps encore, est-elle fort coûteuse pour le fascisme, sans compter que, de plus, nous en sommes certains elle est condamnée à rester infructueuse.
On peut être convaincu que les soldats républicains sauront opposer une résistance de fer à la nouvelle offensive ennemie, résistance contre laquelle se briseront les assauts désespérés des armées fascistes et qui, comme à Guadalajara, sera le prélude à destruction définitive ses divisions des envahisseurs.
Ce sont là des risques que le fascisme et la réaction mondiale préfèreraient beaucoup ne pas courir.
Ils veulent gagner la guerre, certes, le plus rapidement possible. Mais comme ils savent bien que, sur le champ de bataille, les soldats républicains leur opposent, et, continueront de leur opposer, une résistance inébranlable, ils ont recours à d’autres armes : d’une part, ils utilisent les faiblesses des démocraties européennes, et, d’autre part, ils ont recours à l’espionnage, la trahison, aux crimes, que ne cessent de réaliser leurs agents trotskistes et les provocateurs de toute espèce envoyés en territoire républicain.
Staline avait mille fois raison lorsqu’il disait :
« Le trotskisme actuel n’est pas un courant politique au sein de la classe ouvrière, mais une bande, sans principes et sans idées, de saboteurs, de diversants, d’agents informateurs, d’espions et d’assassins, une bande d’ennemis jurés de la classe agissant à la solde des services secrets d’États étrangers. »
Il y en a qui croient que les paroles de Staline se rapportaient uniquement à l’Union soviétique parce qu’aux procès de Moscou, il a été révélé en toute évidence que Trotski et ses complices étaient au service du fascisme allemand et de l’impérialisme japonais, qu’ils préparaient le terrain à une intervention armée et au démembrement du grand pays du socialisme victorieux.
Ceux qui pensent ainsi se trompent dangereusement. La caractéristique même du trotskisme et des trotskistes, c’est qu’ils sont prêts à vendre leur pays aux incendiaires et aux criminels fascistes : c’est là le but essentiel de la vie de ces canailles, c’est l’infâme objectif auquel ils vouent leur activité quotidienne.
En Espagne aussi, à l’heure où tout le peuple, les socialiste, les anarchistes, communistes, les républicains, ceux qui n’appartiennent à aucun parti mais aspirent à un avenir de justice et de liberté luttent avec acharnement, en dépit des plus grandes difficultés, versant à flots leur sang généreux pour sauver intégrité, la liberté et l’indépendance de l’Espagne, les trotskistes, au service de Franco, de Hitler et de Mussolini, travaillent, en territoire républicain, à la défaite de la République et cherchent à livrer le peuple espagnol, pieds et poings liés, au fascisme oppresseur.
Une longue liste de faits récents, en Espagne, est venue prouver que les trotskistes travaillent depuis longtemps dans le sens de cette abjecte et criminelle activité et montre comme quoi, à, mesure que les difficultés s’accroissent et qu’approchent les combats décisifs, ils passent toujours plus ouvertement au service de l’ennemi, dont ils répandent les consignes, semant le défaitisme, la méfiance et la désunion dans les masses et se livrant à un intense travail d’espionnage, de provocation, de sabotage et de crime organisé.
De cette interminable série de faits, il convient soumettre à la considération des travailleurs et des antifascistes de tous les pays quelques exemples particulièrement éloquents, qui constituent des preuves irréfutables. Le plus significatif, comme aussi le plus convaincant de ces exemples, c’est le « putsch » de mai 1937 à Barcelone.
Pour mener avec succès leur offensive sur le front du Nord, les fascistes avaient besoin de rompre le bloc des forces antifascistes et de provoquer un affaiblissement de l’arrière républicain.
La presse et les meetings, la propagande « ultra-révolutionnaire » ne suffisaient plus. Il fallait passer aux actes. Il fallait provoquer un soulèvement à l’arrière, inciter les soldats à abandonner les fronts et créer le désordre en Espagne républicaine. Le fascisme avait besoin d’une semblable situation pour justifier un débarquement massif de troupes en Catalogne et sur la côte orientale de l’Espagne et porter ainsi un dur coup au peuple espagnol.
Ce soulèvement éclata le 3 mai à Barcelone. Le gouvernement et le peuple espagnol sont en possession de preuves qui établissent que les instigateurs et les dirigeants du soulèvement étaient les trotskistes du P.O.U.M., exécuteurs des ordres des interventionnistes et de Franco.
Depuis plusieurs jours, on préparait l’ambiance et on s’employait à créer les conditions nécessaires.
En même temps, le P.O.U.M. se prépare activement à attaquer par derrière l’armée républicaine et le peuple espagnol. La Batalla devient l’organe du soulèvement. Elle attaque plus violemment que jamais le Front populaire, le gouvernement, le parti communiste, le P.S.U.C, et l’Union soviétique. Les provocateurs poumistes déploient leur activité dans les casernes et sur les fronts.
Le P.O.U.M. lève ouvertement le drapeau du soulevèrent armé contre le gouvernement de Front populaire. On peut lire, dans le manifeste que publie la Batalla le 1er mai :
« Le premier Mai de cette année, l’ambition du prolétariat espagnol doit être beaucoup plus vaste : le pouvoir. »
Les évènements se précipitent. Le fascisme, sans doute, presse les pressent les trotskistes de passer à l’action.
Mais il y a d’autres preuves de la participation active du P.O.U.M. aux criminels évènements de mai en Catalogne. La Batalla du 1er mai contenait cet avertissement de dernière heure :
« Tous les militants de notre parti appartenant à l’École populaire de guerre, qui ont été dépêchés dans diverses localités de Catalogne ou sur les fronts, sont instamment priés de se présenter le plus rapidement possible, pour une affaire urgente, au Comité exécutif militaire, Rambla de los Estudios, 10, bureau du Comité exécutif. »
Ainsi, le Comité exécutif militaire du P.O.U.M, mobilise ses hommes. Mais comment porter la provocation jusque sur le front même ?
Comment étouffer le véritable enthousiasme révolutionnaire, démoraliser l’armée et désorganiser les fronts ?
La Batalla du 1er mai toujours, écrit :
« Il y a des tanks, il y a des avions, des fusils et de l’argent en quantité suffisante. Mais on ne veut pas les donner à la Catalogne, on ne veut pas les donner au prolétariat révolutionnaire parce qu’il est révolutionnaire, parce que nous unissons la guerre sur le front aux transformations révolutionnaires à l’arrière, parce que nous ne nous considérons pas comme de simples soldats d’une armée incolore, inodore et insipide, mais comme des combattants du front militaire de la révolution. »
Et comment pousser les soldats à abandonner le front, à se livrer aux pires excès ?
« Nous ne pouvons tolérer plus longtemps que les miliciens du front d’Aragon se fassent estropier et n’aient pas assez à manger pendant qu’à l’arrière on vit dans une, débauche abrutissante. Si Valence ne nous donne pas de l’argent pour nous nourrir, si nous ne pouvons pas donner des vêtements et de quoi manger à ceux du front, nous sommes prêts à arracher aux bourgeois leurs habits en pleine rue et à piller. »
C’est dans cette atmosphère de provocations qu’éclate le soulèvement. Dès le début, les trotskistes attisent tant qu’ils peuvent l’incendie.
Il existe des preuves à ce sujet, fournies par les fascistes de l’intérieur et de l’extérieur eux-mêmes.
La presse réactionnaire et fasciste du monde entier parlait alors du « chaos » catalan, de la rébellion du peuple contre la « dictature soviétique », de l’« écroulement » du gouvernement de Valence, de l’« indépendance de la Catalogne ».
En même temps, les postes de radio factieux de Salamanque et de Saragosse répétaient jour et nuit, sans arrêt, des mots d’ordre de ce genre, identiques à ceux du P.O.U.M. :
« Restez l’arme à la main. » « N’abandonnez pas la lutte. » « Unissez-vous à vos frères du front. » « Etablissez votre propre gouvernement. »
De plus, on sait que l’ennemi, ces jours-là,
suspendit ses opérations sur le front d’Aragon et qu’il tenait
des avions prêts pour les envoyer à l’aide des putschistes.
Le
Comité de Londres, d’accord avec les puissances fascistes, était
prêt à accepter un débarquement de troupes en Catalogne et sur
d’autres points de la côte méditerranéenne, quitte à le
justifier sous prétexte qu’il fallait « rétablir l’ordre »,
On le savait, le gouvernement le savait. Voici ce que déclarait une
information secrète :
« Selon des informations reçues de divers milieux officiels et officieux, nous avons été en mesure d’établir la participation d’agents de la Gestapo allemande et de l’Ovra italienne aux récents événements de Catalogne. Les agents de la Gestapo et de l’Ovra auprès des ambassades ont constamment tenu au courant les milieux officiels allemands et italiens, lesquels ont suivi d’heure en heure les événements de Catalogne. On a pu établir la liaison directe entre les agents de la Gestapo, les agents de l’Ovra et les agents de Franco, fixés à Fribourg, avec des trotskistes et des fascistes de Catalogne.
On sait qu’on a introduit et qu’on continue à introduire constamment en Espagne, par la frontière catalane, des armes et des mitrailleuses et que, de Catalogne, sortent des objets de valeur qui sont transmis à des personnes fascistes espagnoles fixées à l’étranger, en paiement des armes qu’elles envoient.
On sait que l’intention des agents fascistes était de faire tout leur possible pour que la rébellion en Catalogne dure quelques jours, afin de donner à la Commission de contrôle la possibilité d’intervenir. On sait que les délégués allemands et italiens au Comité de Londres avaient parlé à Lord Plymouth de la nécessité de débarquer des troupes en Catalogne et sur d’autres points de la côte méditerranéenne pour rétablir l’ordre au cas où la rébellion se prolongerait.
La rapide liquidation de la rébellion catalane a été considérée par les milieux fascistes comme un grand échec. On sait que l’un des agents de la Gestapo a déclaré que la mission confiée au général Pozas d’organiser les forces armées d’Aragon devait être considérée comme un coup très rude pour la continuation du travail de sabotage à l’arrière, mais qu’il fallait essayer d’autres moyens pour fournir en armes les groupes d’« incontrôlables », il se déclara également déçu de ce que le front d’Aragon n’ait pas été désorganisé, malgré le travail déployé dans ce sens, et il en rendait responsables les agents envoyés de l’étranger pour travailler dans les rangs extrémistes, leur reprochant de ne pas avoir su capter la confiance de tous les chefs du front d’Aragon. »
Mais, bien que l’infâme rébellion de Barcelone constitue une preuve combien concluante, il en existe d’autres, qui font ressortir dans toute son horreur le véritable visage ne cette bande de contre-révolutionnaires.
Durant les mois d’avril et de mai, la police de Madrid réussit à découvrir une vaste organisation d’espionnage et procéda à plus de deux cents arrestations.
Au nombre des personnes dont disposait cette organisation d’espionnage se trouvaient des éléments de l’état-major des forces qui opéraient sur les fronts du Centre. L’organisation avait réussi à étendre ses ramifications jusque dans la Garde nationale républicaine, la Santé de guerre, les services d’information du ministère de la Guerre, les services de D.C.A. des ministères de la Marine et de l’Air, la Croix-Rouge, etc.
Les activités de l’organisation étaient de diverses natures. Elle transmettait à l’ennemi des informations secrètes de caractère militaire, telles que des plans d’opérations, l’emplacement des batteries républicaines. Telles étaient les principales activités de cette organisation, activités typiques d’espionnage. Cependant, elle en avait d’autres encore. L’enquête de la police permit d’établir que :
« … Cette organisation non seulement déployait une activité d’espionnage en faveur de l’ennemi, mais encore, s’appuyant sur son groupe d’action et en parfaite liaison avec des groupements extrémistes, tels que le P.O.U.M., préparait pour le moment opportun un soulèvement armé. »
Voici clairement mise à nu l’origine du soulèvement de mai 1937 en Catalogne et de toute la campagne subversive du P.O.U.M. Comprend-on maintenant quels sont les chefs de cette bande de criminels ?
Les documents trouvés chez les fascistes arrêtés à Madrid fournissent des données encore plus concrètes :
Quel danger représentait cette organisation d’espionnage et quelles possibilités s’ouvraient à elle en raison de son extension, on peut s’en faire une idée en prenant connaissance de la communication suivante, adressée par l’organisation au « généralissime » Franco et rédigée à l’envers d’une carte de Madrid, millimétrée pour permettre à l’ennemi d’utiliser les données transmises. Donc, au revers de ce plan, écrits à l’encre sympathique et en caractères chiffrés (qu’est parvenu à déchiffrer le personnel spécialisé de L’état-major), on pouvait lire ces mots :
« Au généralissime, je communique personnellement ce qui suit : Nous sommes actuellement en mesure de vous communiquer tout ce que nous savons relativement à la situation et aux mouvements des troupes rouges. Les dernières informations données par notre poste émetteur accusent une profonde amélioration de nos services d’information. »
Grâce à ce document révélé par la police, le peuple de Madrid a compris pourquoi le tir des canons allemands et italiens augmentait d’efficacité. Avec l’aide de cette carte millimétrée et des indications transmises par la radio clandestine, les fascistes pouvaient concentrer avec une grande exactitude le feu de leur artillerie sur les points signalés par les espions trotskistes.
La suite de l’enquête de la police permit de voir quel danger sérieux représentait l’organisation d’un soulèvement armé à Madrid :
« Par contre, le groupement des forces en vue d’un mouvement à l’arrière se développe avec une certaine lenteur. Cependant, nous pouvons compter sur quatre cents hommes prêts à agir. Ils sont bien armés et dans des conditions favorables sur les fronts de Madrid ; l’infiltration de nos hommes dans les rangs extrémistes, anarchistes et poumistes se poursuit avec succès. Nous manquons d’un bon chef de propagande, qui mènerait son travail indépendamment de nous pour pouvoir agir avec plus de sûreté. (Suit la partie chiffrée.)
En accomplissement de vos ordres, je me suis rendu en personne à Barcelone pour avoir une entrevue avec le dirigeant du P.O.U.M., N… Je lui ai communiqué toutes vos indications.
Le manque de liaison entre vous et lui s’explique par les avaries dont a souffert l’émetteur, qui recommença cependant à fonctionner pendant que j’étais là-bas. Vous avez certainement déjà reçu la réponse relative au problème fondamental. N … vous demande expressément, ainsi qu’aux amis étrangers, que ce soit uniquement et exclusivement moi qui sois chargé de communiquer avec lui. Il m’a promis d’envoyer à Madrid de nouveaux hommes pour activer les différents travaux du P.O.U.M. Avec ces renforts le P.O.U.M. réussira à être, comme à Barcelone un ferme et efficace appui de notre mouvement. »
Voilà donc la preuve irréfutable de la liaison du P.O.U.M. avec Franco. Mais, qui est ce N… , à qui est-il fait allusion ?
Le chef de la bande, c’est Andres Nin en personne qui fut arrêté.
Et qu’Andres Nin ait disparu, ou mieux, qu’il ait été « séquestré » par les agents fascistes, c’est là une preuve de plus de sa culpabilité. Les fascistes ont voulu éviter ainsi que les autorités espagnoles n’obtiennent de nouvelles et plus vastes indications sur ces crimes.
Mais Nin n’est pas le seul à agir pour le compte de Franco au sein du P.O.U.M. C’est le P.O.U.M. tout entier qui, est au service du fascisme, en exceptant les ouvriers trompés par ces espions et ces traîtres.
Ils le reconnaissent eux-mêmes. Leur trahison est si éclatante, leurs crimes ont été si complètement mis à nu, les preuves qui les accablent sont si irréfutables que les misérables du P.O.U.M. avouent leur culpabilité.
La Batalla, dans son numéro clandestin du 19 juillet, écrivait sous le titre « Le caractère contre-révolutionnaire de la répression contre le P.O.U.M. » :
« En acceptant à titre d’hypothèse qu’auraient pu être fondées les accusations d’espionnage et de collusion avec Franco portées contre nos dirigeants, la chose la plus naturelle, en pareil cas, était d’appliquer de la façon la plus exemplaire et la plus rapide, publiquement, la peine encourue par les délinquants, mais non pas de sévir contre toute l’organisation. »
Un homme honnête, un révolutionnaire sincère, un combattant antifasciste, quelle que soit son idéologie, quelles que soient les erreurs qu’il ait pu commettre, n’accepterait jamais une pareille hypothèse. Pourquoi les poumistes, eux, l’acceptent-ils ? Parce que, en présence des preuves écrasantes de leurs crimes, ils ne veulent pas que la responsabilité retombe sur toute leur organisation et ils sacrifient tel ou tel bandit pour que la bande puisse continuer son œuvre criminelle.
Ce sont là des subterfuges bien connus. En Union soviétique aussi, chaque groupe de trotskistes découvert affirmait être l’unique responsable et n’avoir aucune relation avec quiconque d’autre. Ils tentaient ainsi d’empêcher que ne soit démasquée toute l’organisation contre-révolutionnaire et de permettre à ceux qui restaient en liberté de poursuivre leur travail criminel.
Le P.O.U.M. tout entier est au service du fascisme.
Le document des autorités madrilènes déjà cité souligne qu’il ne s’agit pas d’un noyau de caractère local, mais d’une organisation qui a des ramifications dans presque tous les centres et provinces de l’Espagne républicaine.
Plus récemment, la police populaire a réussi à démembrer en Catalogne une importante et extrêmement dangereuse organisation d’espionnage, de caractère militaire, dont les principaux agents étaient des éléments du P.O.U.M., qui étaient en relations directes avec l’état-major de Franco et qui, s’étant introduits dans les différents secteurs des troupes républicaines préparaient des attentats contre un ministre de la République et plusieurs chefs militaires éminents. Ils avaient également réalisé de graves actes de sabotage.
La note du chef supérieur de la police de Barcelone, communiquée à la presse le 23 octobre passé, rend compte de cette découverte et déclare entre autres :
« La perquisition effectuée au domicile de R…, l’un des principaux membres de l’organisation, a permis de découvrir cousus dans des matelas, des documents de la plus haute importance, qui, joints aux déclarations faites par ledit membre de l’organisation, établissent que l’un des noyaux les plus importants de cette organisation d’espionnage était représenté par un groupe nombreux et bien organisé d’espions, membres du P.O.U.M.
Ce groupe avait comme signe distinctif la lettre C et chacun des agents de ce réseau d’espions du P.O.U.M. était désigné de plus par un numéro individuel A la librairie que possède le père de R…, a été découverte, lors de la perquisition opérée le 16 septembre, une lettre qui communique ce qui suit à l’état-major de Franco :
1. Le groupe dirigé par l’agent C. 16 avait réussi, le 26 août, à rendre inutilisable trois pièces d’artillerie de la division N… et quatre de la division M., ceci à un moment décisif des opérations.
2. On se préparait à faire sauter les ponts de l’Ebre.
3. Données sur les armements transportés par un train militaire.
4. Données concernant l’artillerie sur le front d’Aragon.
5. On avait profité du nouveau régime d’approvisionnement pour inciter la population à des manifestations de protestation.
6. On pour suivait les préparatifs en vue d’attentats contre des personnalités éminentes de l’Armée populaire.
7. On poursuivait également l’organisation de l’attentat projeté contre un ministre de la République, et on pensait profiter à cet effet de son passage en auto en un lieu déterminé des environs.
Dans ce but, deux voitures, avec des hommes armés de grenades, étaient chargées de suivre l’auto du ministre. L’organisation de l’attentat avait été confiée à deux terroristes, membres du P.O.U.M., désignés par les chiffres C. 18 et C. 23.
A la lettre était joint un croquis d’un atelier du P.O.U.M. pour la fabrication de grenades.
Les investigations effectuées sur le front ont permis de confirmer l’exactitude des renseignements fournis.
La direction de l’organisation d’espionnage du P.O.U.M. se plaignait, dans la lettre citée plus haut, de ne pouvoir utiliser tout le réseau de ses agents du fait que la liste complète des militants de confiance du P.O.U.M. n’était connue que de deux membres dirigeants de celui-ci, qui sont actuellement à la prison de Valence en attendant de comparaître devant les tribunaux… »
Ce sont là de nouvelles preuves qui révèlent la participation du P.O.U.M. à l’espionnage et aux provocations pour le compte de Franco. Ces preuves établissent de plus, d’une manière irréfutable, que ces bandes terroristes non seulement attentent à la vie des communistes, mais cherchent aussi à éliminer les dirigeants les plus marquants de tout le mouvement ouvrier et populaire espagnol. Prieto, membre du parti socialiste, était visé par ces assassins en tant que ministre de la Défense nationale.
Les provocateurs du P.O.U.M. n’agissent pas seulement au service et sous la direction de Franco. On est aujourd’hui en possession d’un autre document important, une lettre trouvée au local même du P.O.U.M. et adressée à Andres Nin personnellement par les agents de la Gestapo allemande :
« Bayonne, le 12 juillet 1937.
Au Comité exécutif du P.O.U.M.,
Je confirme mes instructions antérieures. Enfin, se sont accentuées dans le groupe des Basses-Pyrénées, dont nous avons déjà parlé, des différences, qui nous conviennent, car elles sont le début, si nous y prêtons attention, de la création d’un groupe de notre parti. Les meilleurs du groupe, parmi eux Walter et Bobinof ; dont l’influence est décisive, sont entrés en conflit avec ceux de Saint-Jean-de-Luz, car ceux-ci refusent, tant qu’ils ne recevront pas d’instructions concrètes, de donner des gens pour un voyage éventuel.
Il faut se procurer une autorisation, bien que ceux de Bayonne vont faire par ailleurs des démarches sur le résultat desquelles ils ont confiance.
Il y a une chose particulièrement intéressante : l’on nous envoie du matériel de Barcelone et de nombreux moyens pour faire connaître les positions du parti : nous travaillerons alors ferme pour constituer un groupe décidé à tout. Tels sont, entre autres, les points de vue des dissidents. Mais il y a plus. La compagne du généralissime Franco, sa femme, se trouve en France.
Vous rappelez-vous que, dans une communication précédente l’on parlait de la faire aller pour un certain temps à Barcelone.
Quelles possibilités cela nous donnerait-ii en ce qui concerne ce dont Bonet parlait au sujet de Quim. J’insiste pour tout cela sur la nécessité de soutenir matériellement et idéologiquement ce groupe qui peut nous rapporter beaucoup de bénéfices, mais pour cela vous devez faire en sorte que Walter aille à Barcelone. Le camarade C … a déjà pris contact à Perpignan. Il est difficile d’avoir des nouvelles concrètes à l’endroit où je me rends aujourd’hui. J’ai besoin d’une réponse télégraphique dans laquelle vous m’accuserez réception de tout cela, et élirez si vous le mettez en pratique.
Salut et P.O.U.M.,
Signé IMA. »
Le P.O.U.M. est donc en relations directes avec l’officine de Saint-Jean-de-Luz. Et qu’est-ce que l’officine de Saint-Jean-de-Luz ? Tout le monde le sait, c’est une agence de la Gestapo, le centre d’espionnage de Hitler en France. Et les personnages cités élans la lettre sont des agents de l’espionnage allemand.
Ces documents sont connus des autorités. Toutes ces preuves sont récentes. Mais peut-en en déduire que les relations des trotskistes avec les ennemis de la République datent d’aujourd’hui ?
En aucune manière. De même que leur grand maître à tous, la canaille Trotski, les trotskistes d’Espagne entretiennent des relations avec le fascisme depuis plusieurs années déjà.
Une lettre découverte récemment et adressée par l’avocat Enrique de Angelo à Gil Robles, alors ministre de la Guerre, révèle ce qui suit :
« Mon cher ami,
Un ami de Barcelone, L’avocat Don José Maria Palles, que ses affaires et ses intérêts conduisent fréquemment à l’étranger ; où il est en relations avec des personnalités marquantes du monde international, m’a dit qu’il a l’intention de conclure un accord avec les organisations de Russes blancs et des trotskistes de Paris, qui pourront le mettre au courant des machinations des communistes en ce qui concerne l’Espagne… »
La lettre était accompagnée d’une énumération des questions sur lesquelles les gardes blancs et les trotskistes offraient de fournir des informations aux fascistes espagnols :
Informations sur l’activité de la section espagnole de la IIIe Internationale de Moscou, sur les dirigeants de cette section, leurs instructeurs et leurs voyages à l’étranger avec le détail de ces voyages.
Informations suit : le système de correspondance entre la IIIe Internationale et l’Espagne.
Informations sur l’activité illégale du Parti communiste espagnol.
Informations sur les tentatives pour créer le Front populaire des partis espagnols de gauche, sous la direction des communistes et de la IIIe Internationale, de même que sur le mouvement du Front populaire en France, qui peut avoir des conséquences politiques en Espagne, etc…
Le trotskisme est une organisation d’espionnage international. Quels étaient ses agents en Espagne ? Les Nin, les Andrade, les Gorkine, qui entretenaient avec leurs complices de France des relations ouvertes et connues de tout le monde.
Et les complices des Nin, Andrade et compagnie, les trotskistes de tous les pays, à l’heure où les travailleurs et les antifascistes du monde entier exigent avec plus de force chaque fois qu’une aide pratique soit apportée à l’Espagne républicaine et se rallient avec une ardeur sans cesse accrue à ce mouvement, pour vaincre la résistance de leurs gouvernements − en cette heure décisive, ces canailles évoluent dans les milieux ouvriers et les cercles socialistes et intellectuels de France, d’Angleterre, des États-Unis, en disant que « le gouvernement de Front populaire qui existe actuellement en Espagne n’est pas un gouvernement de Front populaire, mais un gouvernement contre-révolutionnaire », qui persécute des « révolutionnaires » tels que Nin et que, par conséquent, le prolétariat et les antifascistes du monde entier ne doivent pas aider ce gouvernement et la République espagnole.
C’est là, précisément, la préoccupation fondamentale de Hitler, de Mussolini, de Franco. Isoler la République espagnole, empêcher qu’elle ne reçoive une aide internationale dans la lutte qu’elle livre contre eux. C’est également la tâche que se sont assignée la réaction et le fascisme international, comme le démontre l’activité du Comité de « non-intervention ». A plus forte raison est-ce la tâche des trotskistes, les serviteurs les plus fidèles et les plus efficaces du fascisme dans tous les pays.
Cette canaille prend pour cible les syndicats et les partis politiques de la classe ouvrière. L’expérience d’autres pays nous enseigne suffisamment quels buts poursuivent les trotskistes en s’ infiltrant dans ces organisations du prolétariat : désunir, affaiblir, scinder, désarmer la classe ouvrière. Les Jeunes Gardes socialistes de Belgique, le Parti socialiste de l’Amérique du Nord, entre autres , peuvent encore montrer les blessures profondes qu’ont laissées dans leur chair les griffes de ces scélérats.
Pour mieux réaliser leur œuvre néfaste et parce
que les intérêts du fascisme l’exigent ainsi, les dirigeants
trotskistes, profitant de ce que certains d’entre eux sont sortis
du camp anarcho-syndicaliste, ont tenté d’attirer sournoisement la
C. N. T. de leur côté.
Le 2 mai, à. la veille même du
« putsch » de Catalogne, la Batalla, organe
du Comité exécutif du P.O.U.M., écrivait :
« Nous sommes d’accord avec l’un des groupes anarchistes, aujourd’hui en lutte avec les dirigeants gouvernementaux de la C.N.T. Ce groupe a publié les mots d’ordre suivants : « Tout le Pouvoir à la classe laborieuse, Tout le pouvoir économique aux syndicats ! »
Le groupe anarchiste auquel il était fait allusion était celui des « Amis de Durruti », qui prit une part active au soulèvement de mai en Catalogne. Infesté de provocateurs et d’agents du fascisme, ce groupe a été par la suite énergiquement répudié par la C.N.T. elle-même.
Le sens des paroles de Nin était clair. L’alliance qu’on cherchait à réaliser avec la C.N.T. n’était rien d’autre qu’un prétexte pour la scinder, compromettre son renom et sa tradition, comme ce fut le cas en mai avec certains groupe tels que les « Amis de Durruti », qu’on réussit à entrainer dans le soulèvement.
Tant que les éléments trotskistes purent poursuivre leurs menées dans les rangs des jeunes, l’unité ne put se réaliser, et la mentalité de notre héroïque jeunesse commençait à se déformer dangereusement. Il a suffi que les éléments trotskistes fussent expulsés, que l’idéologie trotskiste fût résolument combattue, pour que l’unité se développât de façon prodigieuse, en même temps que les jeunes acquéraient une formation idéologique authentique qui s’imposa rapidement. Et là nouvelle organisation de la jeunesse se prépare aujourd’hui avec une efficacité maxima aux luttes du présent et aux grandes tâches de l’avenir.
Dans le même sens, tant que les Jeunesses libertaires ne parvinrent pas à se soustraire aux influences trotskistes, l’Alliance nationale de la jeunesse, ne put se réaliser, cette vaste union des jeunes qui a apporté au peuple espagnol l’une des meilleures armes pour remporter la victoire sur le fascisme. Il est donc clair que la lutte pour l’unité doit s’accompagner d’une lutte implacable contre le trotskisme. Sans cette lutté, l’unité sera toujours en péril.
Ce qu’il y a de plus sain, de plus ardent et de plus héroïque dans notre peuple, c’est dans les rangs de la jeunesse qu’on le trouve. Les colonnes fascistes viennent se briser contre le rempart de dizaines de milliers de bâillonnâtes tenues par des mains juvéniles. Il serait de la plus grande importance pour le fascisme, de pouvoir décomposer les forces de la jeunesse, et il l’a tenté. Par bonheur ses manœuvres ont été mises à jour et l’unité des jeunes en Espagne une réalité victorieuse. L’un des dirigeants de la jeunesse espagnole, Santiago Carrillo, secrétaire de la J.S.U., a récemment dénoncé devant le peuple un nouveau crime des trotskistes.
La jeunesse espagnole − a-t-il dit − dénonce les provocateurs trotskistes comme étant les principaux responsables des échecs et de la rupture du front d’Aragon.
L’Espagne traverse les plus dures étapes de sa lutte, les étapes capitales qui décideront définitivement du destin du pays. Les vautours du fascisme international, tentent de dépecer, pour se la partager la belle et grande Espagne.
Pour empêcher cela, il faut que le peuple espagnol ait la certitude qu’on n’espionne pas dans ses rangs, qu’on ne se prépare pas à le trahir à quelque heure difficile, qu’on ne le poignardera pas dans le dos.
Mais cette certitude, ou ne pourra l’avait que si l’en enseigne à tous comment il faut frapper implacablement le trotskisme, principal promoteur, aux gages du fascisme, de ces révoltes, de ces assassinats, de ces trahisons.
Ce trotskisme qui est identique a celui qui, en Union soviétique, concertait sa trahison avec les fascistes allemands et les militaristes nippons pour les aider à asservir et à se partager la magnifique patrie du socialisme, qui se proposait d’assassiner les personnalités les plus éminentes au peuple soviétique et a assassiné nombre de ses meilleurs hommes, tels Kirov, Kouibychev, le grand écrivain Maxime Gorki, qui détruisait systématiquement, par un sabotage criminel, la vie et les richesses des ouvriers et des paysans du pays le plus heureux et le plus authentiquement libre du monde.
Ce trotskisme qui, en Espagne, comme on l’a vu, espionné pour le compte de Franco et du fascisme allemand et italien, qui provoqué des soulèvements criminels, comme celui de Catalogne, contre le peuple espagnol, à l’une des heures les plus difficiles qu’il ait traversées, qui fournit aux batteries de Franco les données exactes pour qu’elles puissent assassiner avec plus de sûreté des centaines d’héroïques antifascistes madrilènes, qui organise des assassinats contré les dirigeants du prolétariat et des masses antifascistes de L’Espagne, qui travaille à la défaite du peuple espagnol, pour que les criminels fascistes, allemands et italiens se répartissent son sol et que les masses populaires soient soumises au pire des esclavages et au plus sombre obscurantisme.
Toute la vigilance des masses espagnoles se porte sur cette bande de criminels et de bandits, sans scrupules et sans conscience, aussi infâmes que de véritables fascistes, afin que nulle part, dans tout le pays, ils ne puissent relever la tête et qu’ils soient jugés partout où on les trouve avec toute la rigueur des lois de la justice populaire.