Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Staline: Discours au 19e congrès

    14 octobre 1952, clôturant le XIXe congrès du Parti

    [Il s’agit du dernier discours de Staline.]

    Camarades!

    Permettez-moi de remercier, au nom de notre congrès, tous les partis et groupes frères dont les représentants ont honoré notre congrès de leur présence ou qui lui ont adressé des messages de salutation, de les remercier pour leurs saluts amicaux, pour leurs vœux de succès, pour leur confiance. (Vifs applaudissements prolongés se transformant en ovation.)

    Nous attachons un prix particulier à cette confiance car elle exprime la détermination à soutenir notre parti dans sa lutte pour l’avenir radieux des peuples, dans sa lutte contre la guerre, dans sa lutte pour le maintien de la paix. (Vifs applaudissements prolongés.)

    Ce serait une erreur de croire que notre parti, devenu une force puissante, n’a plus besoin de soutien. C’est inexact. Notre parti et notre pays ont toujours eu et auront toujours besoin de la confiance, de la sympathie et du soutien des peuples frères de l’étranger.

    Ce soutien présente la particularité suivante : tout soutien apporté aux aspirations pacifiques de notre parti par n’importe quel parti frère signifie en même temps que celui-ci apporte son soutien à son propre peuple dans sa lutte pour le maintien de la paix.

    Lorsqu’en 1918-1919, lors de l’agression armée de la bourgeoisie anglaise contre l’Union soviétique, les ouvriers anglais organisèrent la lutte contre la guerre sous le mot d’ordre « Bas les pattes devant la Russie ! », c’était un soutien, avant tout un soutien apporté à la lutte de leur peuple pour la paix, et aussi ensuite un soutien à l’Union soviétique.

    Lorsque le camarade Thorez ou le camarade Togliatti déclarent que leurs peuples ne feront pas la guerre aux peuples de l’Union soviétique (vifs applaudissements), c’est un soutien, en premier lieu un soutien aux ouvriers et aux paysans de France et d’Italie en lutte pour la paix, et puis aussi un soutien aux aspirations pacifiques de l’Union soviétique.

    Cette particularité du soutien réciproque s’explique par le fait que les intérêts de notre parti, loin d’être contraires aux intérêts des peuples épris de paix, se confondent avec eux. (Vifs applaudissements.)

    Quant à l’Union soviétique, ses intérêts sont absolument inséparables de la cause de la paix dans le monde entier.

    On conçoit que notre parti ne puisse pas demeurer en reste vis-à-vis des partis frères et qu’il doive lui-même soutenir à son tour ces partis ainsi que leurs peuples dans leur lutte pour la libération, dans leur lutte pour le maintien de la paix. Comme on le sait, c’est précisément ainsi qu’il agit. (Vifs applaudissements.)

    Après la prise du pouvoir par notre parti en 1917, et lorsqu’il eut appliqué des mesures effectives pour liquider le joug des capitalistes et des grands propriétaires fonciers, les représentants des partis frères, admirant la vaillance et les succès de notre parti, lui ont donné le titre de « Brigade de choc » du mouvement révolutionnaire et ouvrier mondial.

    Ils exprimaient ainsi l’espoir que les succès de la « Brigade de choc » allégeraient la situation des peuples gémissant sous le joug du capitalisme.

    Je pense que notre parti a justifié ces espoirs, surtout dans la période de la deuxième guerre mondiale, lorsque l’Union soviétique, en écrasant la tyrannie fasciste allemande et japonaise, a délivré les peuples d’Europe et d’Asie de la menace de l’esclavage fasciste. (Vifs applaudissements.)

    Bien sûr, il fut très difficile de remplir ce rôle d’honneur tant que cette « Brigade de choc » était la seule et tant qu’elle dut jouer ce rôle d’avant-garde presque toute seule. Mais cela relève du passé.

    Maintenant il en va tout autrement. Maintenant, alors que de la Chine et de la Corée à la Tchécoslovaquie et à la Hongrie sont apparues de nouvelles « Brigades de choc » sous la forme des pays de démocratie populaire, maintenant, il est devenu plus facile pour notre parti de lutter et le travail lui-même se fait plus gaiement. (Vifs applaudissements prolongés).

    Les partis communistes, démocratiques ou ouvriers et paysans qui n’ont pas encore accédé au pouvoir et qui continuent à travailler sous le talon des lois draconiennes de la bourgeoisie méritent une attention particulière. Il leur est, bien entendu, plus difficile de travailler.

    Cependant, il ne leur est pas aussi difficile de travailler qu’il nous le fut à nous, les communistes russes, dans la période du tsarisme, alors que le moindre mouvement en avant était qualifié de crime des plus graves.

    Cependant, les communistes russes ont tenu, ils ne se sont pas laissé effrayer par les difficultés et ils ont remporté la victoire. Il en sera de même pour ces partis.

    Pourquoi, après tout, n’est-il pas aussi difficile à ces partis de travailler qu’aux communistes russes de la période tsariste?

    Premièrement, parce qu’ils ont devant les yeux les exemples de lutte et de succès de l’Union soviétique et des pays de démocratie populaire. Par conséquent, ils peuvent tirer profit des erreurs et des succès de ces pays et faciliter ainsi leur travail.

    Deuxièmement, parce que la bourgeoisie elle-même, ennemi principal du mouvement de libération, est devenue autre, qu’elle a sérieusement changé, qu’elle est devenue plus réactionnaire, qu’elle a perdu ses liens avec le peuple, et que par là même elle s’est affaiblie.

    On conçoit que cette circonstance doive également faciliter le travail des partis révolutionnaires et démocratiques. (Vifs applaudissements.)

    Autrefois, la bourgeoisie se permettait de jouer au libéralisme, elle défendait les libertés démocratiques bourgeoises et se créait ainsi une popularité.

    Maintenant, il ne reste plus trace du libéralisme. Les prétendues « libertés individuelles » n’existent plus, les droits de l’individu ne sont reconnus maintenant qu’à ceux qui possèdent un capital, et tous les autres citoyens sont considérés comme un matériel humain brut, bon seulement à être exploité.

    Le principe de l’égalité en droits des hommes et des nations est foulé aux pieds, il est remplacé par le principe qui donne tous les droits à la minorité exploiteuse et prive de droits la majorité exploitée des citoyens.

    Le drapeau des libertés démocratiques bourgeoises est jeté par-dessus bord. Je pense que ce drapeau, c’est à vous, représentants des partis communistes et démocratiques, de le relever et de le porter en avant si vous voulez rassembler autour de vous la majorité du peuple. Nul autre que vous ne peut le relever. (Vifs applaudissements.)

    Autrefois, la bourgeoisie était considérée comme la tête de la nation, elle défendait les droits et l’indépendance de la nation, les plaçant « au-dessus de tout ». Maintenant, il ne reste plus trace du « principe national ». Maintenant, la bourgeoisie troque les droits et l’indépendance de la nation contre des dollars. Le drapeau de l’indépendance nationale et de la souveraineté nationale est jeté par-dessus bord.

    Sans aucun cloute c’est à vous, représentants des partis communistes et démocratiques, de relever ce drapeau et de le porter en avant, si vous voulez être des patriotes, si vous voulez devenir la force dirigeante de la nation. Nul autre que vous ne peut le relever. (Vifs applaudissements.)

    Telle est actuellement la situation. On conçoit que toutes ces circonstances doivent faciliter le travail des partis communistes et démocratiques qui n’ont pas encore accédé au pouvoir. Par conséquent, il y a tout lieu de compter sur les succès et sur la victoire des partis frères dans les pays où domine le capital. (Vifs applaudissements.) Vivent nos partis frères ! (Applaudissements prolongés.)

    Bonne santé et longue vie aux dirigeants des partis frères ! (Applaudissements prolongés.) Vive la paix entre les peuples ! (Applaudissements prolongés.)

    A bas les fauteurs de guerre ! (Tout le monde se lève. Applaudissements enthousiastes et prolongés se transformant en ovation. On entend les acclamations : « Vive le camarade Staline ! », « Pour le camarade Staline, hourra ! », « Vive le grand guide des travailleurs du monde, le camarade Staline ! », « Pour le grand Staline, hourra ! », « Vive la paix entre les peuples! ». « Hourra ! ».)

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  • La sixième séquence de la grande guerre patriotique: la prise de Berlin

    À partir des dix coups de Staline, l’armée rouge est un rouleau compresseur que plus rien n’arrête. Pour la ville de Königsberg, 580 000 soldats des armées nazies font face à 2,6 millions de soldats soviétiques, c’est l’écrasement, certaines poches étant sciemment encerclées sans être attaquées, afin d’épuiser l’ennemi.

    Au début de l’année rouge 1945, l’armée est à Varsovie.

    L’offensive soviétique de janvier à mars 1945

    En une dernière poussée, l’armée rouge arrive à Berlin en avril. Ses effectifs sont de 2,5 millions de soldats, avec 6 250 chars et 7 500 avions (les armées nazies disposaient lors de l’opération Barbarossa de 3 millions de soldats, 3 600 chars et 2 258 avions). La ville capitule le 2 mai.

    Le 8 mai, l’Allemagne nazie capitulait, c’est-à-dire le 9 mai pour l’URSS en raison du décalage horaire.

    35,5 millions de soldats soviétiques auront participé à la guerre, dont 490 000 femmes. Autour de 12 millions d’entre eux ont perdu la vie, dont plus de trois millions dans les camps nazis.

    Le titre de Héros de l’Union soviétique a été décerné à 11 681 soldats, 2 532 personnes recevant l’Ordre de la Gloire, pour courage exceptionnel.

    14,6 millions de civils ont perdu la vie, 2,2 millions de personnes étant mortes dans le cadre du travail forcé en Allemagne, 7,4 millions étant exterminées, dont 1,3 millions car Juives.

    1710 villes ont été pillées par les armées nazies, ainsi que plus de 70 000 villages. 32 000 usines ont été détruites, 98 000 fermes collectives et 2 890 stations de machines et de tracteurs pillées.

    En 1944, 60 000 soldats de l’armée nazie défilaient à Moscou, mais comme prisonniers de guerre. La victoire, en 1945, revenait à l’URSS de Staline.

  • La cinquième séquence de la grande guerre patriotique: les dix coups de Staline

    L’effondrement au Sud-Ouest des armées nazies assit celui au Nord. La ville de Leningrad, qu’Adolf Hitler entendait entièrement raser avec l’appui finlandais, sortit le 27 janvier 1944 d’un siège de 872 jours, avec un blocus terrible. Un million d’habitants est mort de faim.

    La ville était cernée par la Finlande au Nord, par les armées nazies au sud, alors qu’une poche se maintenait isolée à l’Ouest et qu’une autre poche existait à l’Est, elle seule reliée au reste de l’URSS.

    Tanya Savicheva, né le 23 janvier 1930, écrivit un petit journal de bord ; elle décédera de tuberculose après l’évacuation, le 1er juillet 1944. Sur l’un des feuillets on lit : Jenya est morte le 28 décembre à midi, 1941

    Grand-mère est morte le 25 janvier à trois heures, 1942

    Leka est morte le 17 mars 1942, à cinq heures le matin, 1942

    Oncle Vasya est mort le 13 avril à deux heures le matin, 1942

    Oncle Lesha le 10 mai, à quatre heures de l’après-midi, 1942

    Maman le 13 mai à 7h30 le matin, 1942

    Les Savichev sont morts

    Tout le monde est mort

    Il ne reste que Tanya

    Un exemple d’héroïsme se déroula à l’Institut de production végétale, qui disposait d’un très grand fond de graines spécialisées mais que les employés refusèrent catégoriquement d’utiliser pour se nourrir, afin de servir la science. 28 d’entre eux moururent de faim.

    La libération de Leningrad rentre dans le cadre d’une vaste offensive menée sur tout le front, divisée en dix opérations qui furent surnommées les dix attaques de Staline, celui-ci ayant employé l’expression des « dix oups » lors du 27e congrès des députés du Soviet de Moscou, en novembre 1944.

    L’URSS dispose en janvier 1944 de 6,5 millions de soldats, de 5 600 tanks, de 8 800 avions, contre 4,3 millions de soldats aux forces de l’Axe, 2 300 tanks, 3 000 avions. L’Allemagne nazie a perdu, alors que de toutes façons les États-Unis et les Britanniques, avec les Français, ont également débarqué en Sicile en juillet 1943, prolongeant par le débarquement en Normandie en juin 1944.

    Les dix coups emportèrent littéralement les armées nazies. L’opération Bagration marqua un parcours de 600 km sur une ligne de front de 1000 km, en deux mois, provoquant le plus grand désastre qu’ait connu l’armée allemande, avec pratiquement 300 000 tués et toute l’armée nazie du centre structurellement anéantie.

    Les opérations soviétiques d’août à décembre 1944

    En août 1944, la route menant à Berlin était ainsi ouverte ; le nom de l’opération faisait référence au prince géorgien Pyotr Bagration (1765-1812), qui fut un général russe lors des guerres napoléoniennes.

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  • La quatrième séquence de la grande guerre patriotique: réussite de la contre-offensive

    Les armées nazies avaient été repoussées dans leur offensive du Caucase, mais pas anéanties : l’encerclement avait échoué. La réponse nazie fut l’opération citadelle, avec 900 000 soldats, 2000 avions, 2700 chars, 10 000 canons, soit sa plus grande mobilisation historique. Il s’agissait, dans le prolongement des initiatives passées, de chercher une bataille décisive.

    Cependant, l’URSS n’était plus simplement dans une position de contre-offensive cette fois. Elle avait énormément étudié tous les événements depuis 1941 et entièrement modernisé sa lecture des opérations d’envergure. Le rapport de force avait également changé. L’URSS mobilisa en effet contre l’opération citadelle 1 900 000 soldats, 2700 avions, 3300 chars, 19 300 canons.

    L’URSS se prépara donc à une défense extrêmement bien élaborée pour faire face à l’offensive nazie. Cela donna la plus grande bataille de chars de l’Histoire, ainsi que la plus grande bataille aérienne, à égalité avec la bataille d’Angleterre.

    Si les armées nazies réussirent leur pénétration visant à former un étau, les armées soviétiques au prix d’importantes pertes firent craquer le front, au nord avec l’opération Koutouzov et au sud avec l’opération Roumiantsev. Les deux opérations ont leur nom faisant référence à des hauts responsables militaires russes et reflètent la stratégie soviétique.

    Le général en chef des armées de Russie Mikhaïl Koutouzov (1745-1813) fut celui qui organisa la contre-offensive à l’invasion napoléonienne et le maréchal Piotr Alexandrovitch Roumiantsev (1725-1796) fut notamment actif militairement en Ukraine.

    Il faut bien saisir ici que, tactiquement, ce qu’on appelle en général la « bataille de Koursk » fut une victoire tactique pour les armées nazies, qui essuyèrent cinq fois moins de perte. Mais les allusions à Koutouzov et Roumiantsev montrent que l’URSS raisonnant en termes d’opération et à ce titre, ce fut un triomphe soviétique.

    Forcées à la défensive, les armées nazies cherchèrent à faire de la Dniepr un barrage naturel.

    Cependant, la contre-offensive soviétique se prolongea avec l’opération Chernihiv-Pripyat comme front central, l’opération Sumy-Pryluk comme front Voronej, l’opération Poltava-Kremenchug comme front des steppes.

    Ces trois fronts s’étalaient sur 700 km de long et l’armée rouge l’enfonça sur 250-300 km vers l’Ouest en un mois. Les armées nazis pratiquèrent systématiquement la politique de la terre brûlée lors de leur retraite, menant d’innombrables crimes, ce qui força l’armée rouge à intervenir d’autant plus vite, quitte à perdre de nombreuses forces.

    Alors que la ligne de front faisait 1400 km, 2 650 000 soldats, 2400 tanks et 2850 avions se précipitèrent sur une ligne de 300 km pour franchir la Dniper en force. Les armées nazies avaient fait de l’autre rive du fleuve la ligne Panther-Wotan, avec des centaines bunkers, des fossés antichars, des barbelés, des fortifications, etc.

    Les armées nazies ne purent tenir le choc et l’élan de l’armée rouge alla jusqu’à Kiev, définitivement libérée à la fin de 1943.

    L’offensive soviétique de juillet à décembre 1943

    Dans les premiers mois de 1944, de multiples offensives se concrétisèrent pour aller encore plus à l’Ouest, écrasant les forces allemandes, roumaines et hongroises, infligeant les coups humains et matériels les plus forts depuis Stalingrad.

    L’offensive soviétique de décembre 1943 à avril 1944

    Les armées nazies cherchèrent à tout prix à maintenir le front, faisant venir de l’Ouest pas moins de 550 000 soldats et 853 tanks. Mais il était trop tard : la contre-offensive s’était transformée en rouleau compresseur, tout le sud-ouest de l’Union Soviétique était reconquis et déjà la Roumanie se préparait à abandonner l’Allemagne nazie.

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  • La troisième séquence de la grande guerre patriotique: échec de la contre-offensive et Stalingrad

    L’échec du blitzkrieg et l’impossibilité de conquérir Moscou ramenèrent les armées nazies à privilégier deux cibles : Leningrad et Stalingrad. Il s’agissait de contourner la contre-offensive soviétique au centre en visant le nord et le sud. Deux victoires auraient permis de s’appuyer sur la Finlande et la Turquie, ainsi que de pousser le Japon à une intervention anti-soviétique directe.

    Le plan stratégique nazi devint alors Fall blau (cas bleu, opération Braunschweig).

    Il était pourtant déjà absolument clair que l’Allemagne nazie avait perdu la partie. Elle avait perdu alors 750 000 soldats, bien moins que l’URSS avec 5 millions de soldats. Elle occupait de vastes territoires agricoles, les villes industrielles de Minsk, Kiev, Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Smolensk, le Donbass.

    Au 1er décembre 1941, l’Allemagne nazie occupe en territoire soviétique pas moins que la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, une partie importante de la Russie.

    Cependant, l’URSS avait un État parfaitement organisé, unifié et porté par les masses, tandis que l’échec de l’opération Barbarossa avait puissamment ébranlé les généraux nazis. L’URSS avait également évacué à l’Est du pays de nombreuses ressources : 2600 entreprises rien qu’en 1941, 10 millions d’ouvriers, 2,3 millions d’animaux d’élevage.

    Ainsi, les batailles de Leningrad et de Stalingrad ne représentent nullement un tournant au sens strict, ce sont des expressions d’une troisième séquence, aboutissant au moment où les armées nazies ne peuvent tout simplement plus tenter quelque chose, alors que leur offensive a déjà été brisée lors de la seconde séquence.

    Ce qui a permis à l’Allemagne nazie l’opération Fall blau, c’est le manque d’expérience soviétique.

    Il était espéré que 1942 soit un tournant complet et que les armées nazies soient écrasées rapidement. Il n’en fut pas ainsi : la contre-offensive de l’URSS s’est ainsi brisée sur les forces allemandes à Kharkov de mai à juillet 1942, terminant en encerclement et en écrasement.

    Les armées nazies écrasèrent également la contre-offensive à Voronej – sans parvenir à maîtriser l’autre rive de la rivière du même nom. Elles purent alors de nouveau tenter d’aller vers le Caucase, prenant Rostov-sur-le-Don, arrivant à Stalingrad. D’ici février 1943, elles perdirent cependant toutes leurs avancées.

    Arrivées alors à Stalingrad, les armées nazies s’enlisèrent littéralement malgré leur démarche de destruction de la ville.

    La bataille de juillet à novembre 1942 se termina en encerclement, permettant ensuite l’écrasement en janvier 1943. C’était la victoire de de l’opération Saturne, prolongement de l’opération Uranus avec plus d’un million de soldats soviétiques face à plus de 250 000 soldats allemands, quasiment 150 000 soldats roumains, 220 000 soldats italiens, 200 000 soldats hongrois.

    Stalingrad

    L’opération Mars avait également joué un grand rôle en bloquant de nombreuses troupes allemandes. Et l’écrasement signifiait également l’échec de la poussée allemande dans le Caucase, avec une contre-offensive soviétique. En février 1943, au sommet du mont Elbrouz, le plus haut sommet d’Europe culminant à 5 642 mètres, le drapeau nazi est remplacé par le drapeau soviétique.

    L’offensive soviétique en hiver, décembre 1942-février 1943

    L’URSS avait échoué dans sa première contre-offensive, par manque de connaissances pratiques, mais elle apprenait donc rapidement et disposait de ce qu’il fallait. Son industrie de guerre était d’une redoutable efficacité, avec une mobilisation qui a été générale. 10 millions d’ouvriers étaient partis pour l’Oural, 2600 usines étant démontées et transportés. Dès la fin de 1942, l’URSS produisait plus d’armement que l’Allemagne nazie, alors que 50 % de sa partie européenne était occupée.

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  • La seconde séquence de la grande guerre patriotique: le second échelon stratégique de l’Armée rouge

    Ayant compris la nature du territoire soviétique et reprenant le principe de 1812, l’armée rouge fit tout pour faire s’enliser les armées nazies, ces dernières cherchant inversement une bataille décisive. On a d’ailleurs dès le départ l’équivalent de la bataille de Borodino, succès aux yeux des Russes en 1812, grande victoire dite de la Moskowa pour Napoléon.

    La bataille de Smolensk, du 10 juillet au 10 septembre 1941, fut en effet en apparence une victoire allemande, puisque quasiment 200 000 soldats soviétiques furent tués, 300 000 faits prisonniers. Cependant, c’était une première grande expérience d’opération soviétique et les armées nazies s’enlisèrent pendant deux mois.

    La situation en juin-août 1941

    Un équivalent de Borodino et Smolensk fut l’opération défensive stratégique Donbass-Rostov (29 septembre – 16 novembre 1941). Si le Donbass céda largement sous les coups de boutoir nazis, la ville de Rostov-sur-le-Don fut perdue mais récupérée six jours après par l’armée rouge, dans le cadre d’une opération offensive de Rostov (17 novembre – 2 décembre 1941) qui fut un succès.

    L’opération offensive stratégique de Tikhvine (10 novembre – 30 novembre 1941) brisa de son côté l’offensive nazie dans le nord.

    La dynamique de l’opération Barbarossa était cassée, la ligne de l’enlisement s’avérait un succès. Même la prise de Kiev, un énorme succès allemand, avec 500 000 prisonniers soviétiques, provoqua une importante perte de temps.

    Kiev martyrisée par les armées nazies

    La direction des armées nazies commença précisément ici à se diviser sur les choix à effectuer, Adolf Hitler voulant assurer la conquête déjà faite, la plupart des généraux se précipiter sur Moscou. Les généraux agirent de manière autonome en allant en ce sens.

    Moscou représentait en effet le point faible de la stratégie d’enlisement soviétique, car la ville ne pouvait en aucun cas être abandonné. Pour cette raison, les armées nazies mirent finalement l’accent sur la conquête de cette ville, parvenant jusqu’à 30 km de celle-ci.

    Moscou se fortifia, camouflant de manière systématique pour dérouter l’aviation ennemie. L’ensemble de la population participa aux initiatives défensives. Mais cette fois le second échelon stratégique était en mesure d’agir.

    Défense anti-aérienne à Moscou

    L’armée rouge triompha avec tout d’abord une ligne défensive (30 septembre – 4 décembre 1941) suivie d’une contre-offensive (5 décembre 1941 – 7 janvier 1942) et même d’une offensive des troupes soviétiques (7 janvier – 30 mars 1942).

    Le début de la contre-offensive, le 5 décembre, fut considéré en URSS comme un jour très important, celui annonçant la victoire. Quelques jours après, Adolf Hitler décida d’ailleurs de mobiliser de manière générale pour aider le front de l’Est.

    L’armée rouge repoussa les armées nazies de 100 à 250 km. Le Blitzkrieg était totalement terminé désormais.

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  • La première séquence de la grande guerre patriotique: l’invasion allemande

    Le problème soviétique était très simple à comprendre. Le personnel militaire était issu de la révolution russe et ses traditions militaires étaient fortes, mais ne touchant pas à tous les domaines militaires, en particulier les grandes opérations s’appuyant sur du matériel moderne. Or, ce matériel moderne n’existait qui plus est que depuis récemment, avec l’industrialisation de l’URSS.

    Du côté allemand, on avait la situation inverse à ce niveau. Les traditions militaires avaient été puissamment ébranlées par la défaite de 1918 et le national-socialisme visait justement à les régénérer. Inversement, il y avait une immense expérience accumulée depuis pratiquement cent ans, dans une continuité complète tant pour les écoles militaires que pour les formations effectuées.

    Cela explique les frictions au sein de l’armée allemande entre le courant directement issu des traditions et celui ayant permis de régénérer celle-ci par l’offensive. L’unification se fit cependant dans la logique expansionniste, avec une Allemagne nazie économiquement bien plus développée alors que l’URSS.

    L’Europe sous occupation des forces de l’Axe juste avant l’opération Barbarossa

    C’est là la base pour l’opération Barbarossa commencée le 22 juin 1941 et visant à la destruction rapide de l’URSS. Furent mobilisées 3,8 millions de soldats, 4300 chars, 4389 avions, dans une offensive d’une dimension jamais vue encore.

    Le calcul de l’armée allemande était simple : il fallait profiter de la rapide défaite française pour empêcher l’URSS d’arriver à un niveau militaire conséquent. C’était un retournement de situation totale, facile à comprendre.

    L’opération Barbarossa avait une immense envergure. Il y avait les objectifs stratégiques du blé ukrainien et du pétrole du Caucase, ainsi que la liquidation du communisme, l’opération impliquant le meurtre systématique de tous les commissaires politiques et de tous les cadres du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik).

    Le prolongement de l’opération était censé ensuite permettre l’expulsion des populations slaves vers l’Est et une colonisation allemande. L’extermination de la population juive était quant à elle réaliser de manière immédiate et systématique, avec la Shoah par balles.

    Ce qui fut nommé le Blitzkrieg – la guerre-éclair – et qui devait amener la victoire par la supériorité du matériel militaire et de la technique militaire, sembla réussir dans un premier temps, puisque un million de soldats soviétiques fut balayé dans l’offensive, l’opposition étant totalement dépassée tant techniquement que sur le plan du matériel.

    Seulement, il arriva aux armées nazies la même chose qu’à celles de Napoléon. Le territoire était trop vaste : 800 km avaient été parcourus, 1 500 000 km² de territoires occupés. Les liaisons entre les unités trop compliquées à gérer, sans parler de l’approvisionnement à mettre en place.

    L’invasion avait coûté la moitié des chars et des avions et sur les six premiers mois, 750 000 soldats allemands avaient perdu la vie. Le chiffre montera à 1,3 million six mois plus tard. Il ne faut ainsi pas considérer abstraitement que ce serait l’hiver qui aurait provoqué l’enlisement allemand.

    L’URSS a de son côté perdu 1,5 million de soldats tués au combat et 4 millions faits prisonniers, dont 2 millions seront assassinés. La majeure partie de la Russie européenne était occupée, paralysant donc la zone la plus industrialisée. Mais si le premier échelon stratégique avait été écrasé, le second était là et le troisième se renforçait continuellement.

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  • La situation soviétique avant l’opération Barbarossa de l’Allemagne nazie

    Il est tout à fait faux de penser que l’URSS ne savait pas que l’Allemagne nazie allait attaquer. Non seulement l’Internationale Communiste avait annoncé dès le début des années 1920 le caractère inéluctable d’une nouvelle guerre impérialiste, mais il suffit de voir le développement d’alliances juste avant l’invasion nazie de 1941 pour le comprendre.

    En novembre 1936 fut proclamé l’Axe Rome-Berlin ainsi qu’une union anti-Internationale Communiste de l’Allemagne nazie et du Japon impérial. En septembre 1940, le pacte tripartite Allemagne nazie – Italie fasciste – Japon impérial était mis en place. Le mois suivant, le pacte était rejoint par la Hongrie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie, ce qui forme tout un bloc face à l’URSS.

    L’URSS savait bien que dans Mein Kampf, Adolf Hitler prévoyait l’extermination des peuples slaves pour permettre une vaste colonisation allemande de l’Est de l’Europe, selon le principe du « lebensraum », « l’espace vital ». Il y avait bien entendu également la destruction programme des forces « judéo-bolcheviques ».

    L’URSS n’avait pas attendu pour mettre en place une vaste réorganisation. Une session extraordinaire du Soviet suprême du 1er septembre 1939 adopta une loi sur le service militaire, l’âge de l’appel passant de 21 à 19 ans, les durées de service des recrues étant prolongé.

    Le problème est que l’accroissement de l’armée déséquilibra l’occupation des postes. Dans le cadre de la réorganisation, tout fut trop vite remis en place. Au moment de l’invasion nazie, 7 des 17 commandants des districts militaires étaient en place depuis moins de six mois, et de même pour 4 des 17 chefs d’état-major. 13 des 20 commandants étaient en poste depuis moins de six mois également, et seulement 2 depuis plus d’un an.

    Les besoins productifs avaient également bien été saisis. Le 26 juin 1940, un décret fut publié « Sur la transition vers la journée de huit heures, une semaine de sept jours de travail et l’interdiction de retrait non autorisé d’ouvriers et d’employés des entreprises et des institutions », rendant criminel l’absentéisme et les retards. Mais l’URSS accusait encore un énorme retard sur le plan pratique.

    En 1940, l’Allemagne nazie produisait autant de fonte que l’URSS, mais bien plus de charbon, bien plus d’électricité, plus d’acier, bien plus de machines-outils, bien plus de ciment. L’URSS en construction était ainsi encore très loin derrière.

    C’est cela qui conduisit à l’incroyable coup tactique soviétique, le pacte Molotov-Ribentropp, signé le 23 août 1939. Voyant que l’Angleterre et la France s’alliaient à l’URSS mais poussaient en même temps l’Allemagne nazie à la frapper, Staline retourna la situation à son avantage en neutralisant celle-ci. La Pologne s’effondrait sous les coups de boutoir de ses deux voisins, formant une zone tampon.

    Non seulement la Pologne ultra-réactionnaire ne s’était pas alliée à l’Allemagne nazie, mais toutes ses activités subversives contre l’URSS cessaient et l’Allemagne nazie se détournait momentanément de l’URSS, qui pensait avoir gagné un temps relativement important.

    Il faut noter ici que la partie polonaise occupée par l’URSS consistait en fait en des territoires revenant historiquement à l’Ukraine, la Biélorussie et la Lituanie. Cela en resta ainsi après 1945.

    Le coup tactique soviétique se retourna en son contraire toutefois, car la France s’effondra quasi immédiatement. Avec l’occupation d’une partie la Pologne, le premier échelon stratégique soviétique avait été repoussé géographiquement et toutes les défenses réorganisées, avec la considération qu’il y aurait plusieurs mois pour leur mise en place. La défaite française transforma entièrement la situation et le premier échelon stratégique était loin d’être prêt au moment de l’invasion nazie.

    Afin d’autant plus assurer ses arrières, l’URSS exigea également de la Finlande ultra-réactionnaire qu’elle permette la formation de zones tampons afin de protéger Leningrad. Le refus complet de la Finlande provoqua une guerre sanglante, qui permit cependant l’établissement d’une base arrière.

    Les faiblesses militaires soviétiques apparurent cependant déjà. Le pays s’industrialisant depuis peu de temps, il avait de terribles retards matériels et l’armée rouge n’avait encore nullement rodé ses démarches. La défaite si rapide de la France, considérée comme disposant d’une armée très puissante, provoqua un traumatisme et accéléra la production d’armement moderne.

    Heureusement, l’URSS avait réussi en Extrême-Orient à vaincre deux fois le Japon et à l’amener à se détourner d’une intervention directe. L’espion Richard Sorge joua un rôle très important pour informer des décisions de l’État-major japonais.

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  • La théorie soviétique des opérations en profondeur

    En URSS, l’idéologie décidait de la doctrine militaire, suivant les principes du marxisme-léninisme. Une nouvelle conception est apparue à ce titre dans les années 1920, qui fut par ailleurs repries dans le monde entier : le principe d’art des opérations.

    À l’opposé de la stratégie qui fournit les grandes lignes et de la tactique qui consiste en chaque élément imposé par ces lignes, l’art opératif entend combiner les dispositions tactiques telle une chaîne, en assumant le principe du théâtre d’opérations.

    Le principe fondamental, c’est que ce n’est pas une bataille décisive qui doit être recherchée, mais la profondeur de champ pour arriver à la victoire générale. Pour cette raison, le développement de l’art opératif en URSS aboutit au principe de « combat en profondeur ».

    Vladimir Triandafillov (1894-1931) joua ici un rôle théorique essentiel, notamment au moyen des ouvrages L’échelle des opérations des armées modernes en 1926 et Les caractéristiques des opérations des armées modernes en 1929. Décédé en 1931 dans un accident d’avion, il est considéré comme à l’origine de la démarche des opérations en profondeur.

    Vladimir Triandafillov

    Ce qu’il constate alors, c’est que les armées disposent de nouveaux matériels, ce qui multiplie les aspects de l’intervention militaire. Il entame une réflexion pratique au sujet de ces éléments nouveaux, ce qui aboutit à une approche en faveur d’un esprit de combinaison. Dans Les caractéristiques des opérations des armées modernes, il souligne cet aspect essentiel de l’approche soviétique :

    « Ce serait une erreur de considérer l’art opérationnel comme une sorte de comptabilité, il serait faux de transformer les décisions opérationnelles en une simple multiplication arithmétique.

    Les moyens matériels requis pour chaque cas spécifique dépendent non seulement des propriétés des armes et des nombres arithmétiques caractérisant la longueur du front, mais également de la densité opérationnelle et tactique du front ennemi, du renforcement de la fortification de ses positions, de la qualité des troupes et du commandement propres et de la composition de l’ennemi. 

    Ces dernières données sont trop volatiles. L’art d’un dirigeant consiste à prendre correctement en compte la signification opérationnelle de tous ces éléments changeants de la situation et à identifier correctement les ressources matérielles et humaines nécessaires pour résoudre cette tâche particulière.

    La solution opérationnelle consiste non seulement à choisir correctement la direction et la forme de la frappe, mais aussi à organiser l’instrument et les unités de l’armée avec lesquelles le commandant parviendra à résoudre le problème. »

    Les caractéristiques des opérations des armées modernes de Vladimir Triandafillov

    En janvier 1926, le chef d’État-major Mikhaïl Toukhatchevski, qui sera purgé en 1937, promulgua une directive intitulé « Une étude spéciale concernant le caractère de la future guerre ».

    En 1929, les directions centrales des secteurs de l’armée ainsi que les académies militaires durent plancher sur le sujet, ce qui donna en 1932 une « Instruction pour la conduite d’une bataille en profondeur » validée par le commissaire du peuple à la défense de l’URSS Kliment Vorochilov.

    De nombreux auteurs écrivirent à ce sujet, comme Alexander Andreyevich Svechin, auteur de Stratégie, qui fut purgé, mais surtout Boris Shaposhnikov, le chef d’état-major au début de la guerre et un conseiller militaire de Staline jusqu’à sa mort en 1945.

    Staline et Boris Shaposhnikov

    Boris Shaposhnikov publia entre 1927 et 1929 un ouvrage en trois volumes, Le cerveau de l’armée, mais l’approche était formelle : l’accent était surtout mis sur la direction collective des opérations militaires, avec comme modèle le chef de l’état-major austro-hongrois Franz Konrad von Hötzendorf. Sa référence militaire est d’ailleurs systématiquement Carl von Clausewitz.

    Boris Shaposhnikov fut vivement critiqué, pour sa lecture trop traditionnelle, par Georgii Samoilovich Isserson, qui écrivit quant à lui L’évolution de l’art opérationnel en 1932, où il présenta la modernisation des armes et ce qui en découle pour l’armée, en s’appuyant en particulier également sur Carl von Clausewitz.

    Il publia ensuite Les fondements de l’opération profonde en 1933 et Les nouvelles formes de combat en 1940. Dans ce dernier ouvrage, il expliqua que :

    « Chaque fois que le développement des forces productives créé de nouveaux moyens techniques, quand les rapports sociaux et les conditions sociales changent, lorsque la politique amène de nouveaux objectifs de lutte, à la fois les formes et les méthodes de conduite de la guerre changent. »

    De fait, on a une lecture pragmatique : pour lui, le contrôle de la bataille se déroule par essence même au niveau de l’organisation de la bataille. On a ici une approche pragmatique-techniciste particulièrement présente à la tête de l’armée.

    Georgii Samoilovich Isserson sera également purgé et terminera en camp de travail, assumant d’être un empirio-criticiste. La purge finit d’ailleurs par être général.

    Environ 5 % des officiers furent purgés au total, mais en particulier à la direction. 3 maréchaux sur 5 furent purgés, 13 des 15 commandants d’armée, 8 des 9 amiraux, 50 des 57 commandants de corps d’armée, 154 des 186 commandants de division, les 16 commissaires aux armées, 25 des 28 commissaires des corps d’armée.

    Les condamnations tombèrent en 1937 dans le cadre du procès de l’Organisation militaire trotskyste antisoviétique, qui désignait la tentative d’un coup d’État militaire à l’occasion d’une guerre de l’URSS avec l’Allemagne nazie. La ligne de Trotsky était effectivement l’instauration d’un coup d’État militaire à la suite d’une guerre avec l’Allemagne nazie devant pour lui immanquablement se transformer en défaite.

    Il est considéré que la première application soviétique du combat en profondeur s’est réalisé en Mongolie lors de l’affrontement avec des troupes japonaises près de la rivière Khalkha gol de mai à septembre 1939. L’armée japonaise, qui disposait de 75 000 hommes, 182 tanks et 700 avions, se fit totalement écrasée. Elle avait déjà subi une petite défaite face à l’URSS en juillet-août 1938 lors de la bataille du lac Khassan.

    Soldats soviétiques avec leur drapeau la victoire la bataille de Khalkha gol : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! Pour la lutte héroïque contre les samouraïs japonais.

    Cela amena en avril 1941 à un pacte de neutralité entre l’URSS et le Japon, bien que quasiment un million de soldats de l’armée japonaise resta toujours à la frontière soviétique jusqu’en 1945, ayant initialement attendu la prise de Moscou par les armées nazies.

    Le combat en profondeur ne fut pas mis en place dès le début du conflit entre l’URSS et l’Allemagne nazie, en raison du manque d’expérience soviétique et des problèmes d’organisation. Ce qui posait également souci est que le combat en profondeur raisonnait principalement en des termes offensifs et que la défensive stratégique était un principe mal ou pas maîtrisé.

    Cependant, plus l’URSS s’engageait dans le conflit, plus ses initiatives militaires ne sont compréhensibles qu’en les saisissant comme éléments d’une vaste combinaison jouant à plusieurs niveaux et même plusieurs fronts.

    L’Allemagne nazie avait le principe contraire, celui du Blitzkrieg, un concept par ailleurs purement journalistique inventé dans les pays anglo-saxons et qui ne fut strictement jamais employé du côté allemand.

    Les armées nazies s’appuyaient entièrement sur la tradition militaire allemande, portant de manière mécanique vers une accumulation bien déterminée cherchant une victoire décisive, suivant le modèle de la bataille de Cannes en 216 avant notre ère où Hannibal Barca écrasa une armée romaine, ou bien celle de Leuthen en 1757 où Frédéric II de Prusse dirigea l’écrasement des armées autrichiennes en Silésie.

    Staline dénonça vertement cette conception allemande, dans une lettre en 1946, publiée dans la revue Bolchevik, en 1947 :

    « Nous sommes obligés du point de vue des intérêts de notre cause et de la science militaire de notre temps de critiquer sévèrement non seulement Clausewitz, mais aussi Moltke, Schlieffen, Lüdendorf, Keitel et d’autres porteurs de l’idéologie militaire en Allemagne.

    Les dernières trente années l’Allemagne a par deux fois imposé au monde la guerre la plus sanglante, et les deux fois elle s’est trouvée battue. Est-ce par hasard ? Évidemment non.

    Cela ne signifie-t-il pas que non seulement l’Allemagne dans son entier, mais aussi son idéologie militaire n’ont pas résisté à l’épreuve ? Absolument, cela le signifie.

    Tout le monde sait quel respect témoignaient les militaires du monde entier, et parmi eux nos militaires russes, envers les sommités militaires d’Allemagne. Faut-il en finir avec ce respect non mérité ? Il faut en finir.

    Et pour cela il faut la critique, particulièrement de notre côté, du côté des vainqueurs de l’Allemagne.

    En ce qui concerne, en particulier, Clausewitz, il a évidemment vieilli comme sommité militaire. Clausewitz était, au fond, un représentant de l’époque de la guerre des manufactures. Mais maintenant nous sommes à l’époque de la guerre mécanisée.

    Il est évident que la période de la machine exige de nouveaux idéologues militaires. Il est drôle à présent de prendre des leçons auprès de Clausewitz. On ne peut avancer de l’avant et faire avancer la science sans soumettre à l’examen critique les thèses et les énonciations vieillies de sommités connues. »

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  • La notion de «grande guerre patriotique» et la bataille de Borodino

    L’URSS de Staline a appelé la guerre contre l’Allemagne nazie la « grande guerre patriotique ».

    L’expression fut initialement employée par l’historien Alexander Mikhailovsky-Danilevsky pour désigner la résistance à l’invasion des armées napoléoniennes, dans son travail en quatre volumes intitulé Description de la guerre patriotique de 1812.

    Vassili Verechtchaguine, Napoléon à Borodino [en 1812], 1897

    Après 1917, l’expression fut mise de côté, avant de revenir à la fin des années 1930, les historiens soviétiques considérant que c’était du sociologisme vulgaire que de réduire cette guerre du côté russe à une guerre de rapine des classes dirigeantes russes face à un Napoléon ne faisant que, mécaniquement et sans le savoir, protéger les acquis de la révolution française.

    L’historien soviétique Evgeny Tarle réactiva ainsi l’expression en 1938, dans son ouvrage L’invasion de la Russie par Napoléon en 1812, qui fut par ailleurs précédé d’une biographie de Napoléon deux ans plus tôt. Il y soulignait qu’en fait, cette guerre napoléonienne était spécifique, car elle n’était pas portée par une logique défensive préventive, mais bien une dynamique expansionniste de la part des classes dominantes en France alors.

    Concrètement, Napoléon cherchait en effet à se marier avec une princesse russe pour stabiliser sa dynastie ; devant deux échecs, il se maria à une princesse autrichienne et visa à une hégémonie sur la Russie en l’affaiblissant, afin de renforcer le blocus continental anti-britannique et même de viser les Indes.

    Il chercha initialement à ce que se déroulent des combats tout à l’Ouest de l’empire russe, mais les armées russes se replièrent. Finalement, après une longue et inédite tergiversation, Napoléon joua le tout pour le tout en visant la ville de Moscou pour anéantir l’empire russe.

    Alexeï Kivchenko, Conseil de guerre à Fili (1880)
    C’est à ce conseil de guerre que fut décidé d’abandonner Moscou à Napoléon.
    Comte von Bennigsen [officier allemand servant l’empire russe] : Faut-il abandonner sans combat l’antique et sainte capitale de la Russie ou faut-il la défendre?
    Mikhaïl Koutouzov : L’antique et sainte capitale de la Russie! Permettez-moi de vous dire, Excellence, que cette question n’a pas de sens pour un russe. On ne peut poser une pareille question et elle n’a pas de sens. La question pour laquelle j’ai demandé à ces messieurs de se réunir est une question militaire. C’est la suivante : « Le salut de la Russie est dans son armée. Est-il préférable de risquer la perte de l’armée et de Moscou en acceptant la bataille ou de livrer Moscou sans combat? ». Voilà la question sur laquelle je désire connaître votre opinion.

    Au début des années 1950, l’œuvre d’Evgeny Tarle fut cependant critiquée pour son manque de prise en considération de l’aspect populaire de la guerre du côté russe, de l’intense activité militaire dirigée par Mikhaïl Koutouzov, de l’impréparation française à agir sur de vastes territoires. Evgeny Tarle décéda toutefois avant de pouvoir publier la nouvelle version de son ouvrage.

    Entre-temps, la seconde guerre mondiale fut dénommée grande guerre patriotique du côté soviétique. Vyacheslav Molotov parla le 23 juin 1941, dans un discours à la radio, d’une guerre sur le sol national, l’éditorial de la Pravda du lendemain parlant de « la grande guerre patriotique du peuple soviétique contre le fascisme allemand ».

    Enfin, un décret du présidium du Soviet suprême officialisa l’expression, le 20 mai 1942, en instituant un ordre militaire : l’Ordre de la Guerre patriotique.

    Pour bien comprendre le parallèle avec l’invasion nazie, il faut prendre en considération tant la forme que le fond. Le but de l’invasion napoléonienne était le coup de force, l’effondrement russe sous des coups de boutoirs bien précis, dans une vaste offensive. La méthode nazie était la même et connut exactement la même réponse.

    Plan de la bataille de Borodino, en septembre 1812

    Napoléon considéra avoir ainsi gagné la bataille meurtrière de la Moskova, puisque fut prise le village de Borodino. Le chemin de Moscou était ouvert. Mais, inversement, du côté russe cette bataille, appelée bataille de Borodino, était également considérée comme une victoire, qui indiquait le caractère invincible de la Russie.

    Peter von Hess, La bataille de Borodino, 1843

    Les armées russes avaient en effet infligé des coups durs aux Français, elles s’étaient repliées avec leurs hommes et leur matériel, elles pouvaient disposer de renforts. On a ici le principe de la retraite des hommes et du matériel en profitant d’un vaste repli stratégique, pour enliser et faire s’effondrer l’ennemi. C’est le contraire exact du principe de la victoire décisive.

    Hitler, comme Napoléon, chercha perpétuellement cette victoire décisive, qu’il ne trouva jamais, les armées soviétiques rééditant le principe de 1812.

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  • Les notions fondamentales de la grande guerre patriotique

    Pour comprendre la guerre menée par l’URSS dirigée par Staline contre l’Allemagne nazie, il faut connaître plusieurs fondamentaux, sans quoi on passe totalement à côté de la démarche employée.

    Il faut en effet saisir le principe d’art opérationnel produit par les théoriciens militaires soviétiques dans les années 1920, aboutissant au concept de guerre en profondeur. Cela exige qu’on connaisse l’expérience russe de la guerre napoléonienne, qui fut justement appelée grande guerre patriotique, expression reprise précisément pour la guerre de 1941-1945 en raison du strict parallèle existant.

    Il est possible de prendre les échecs, un jeu particulièrement populaire en Russie, pour saisir adéquatement cette compréhension soviétique de la guerre, qui se fonde sur le matérialisme dialectique, alors à son étape marxiste-léniniste.

    Aux échecs, il y a un objectif stratégique : la prise de contrôle du roi adverse.

    Cette prise de contrôle s’effectue par une menace associée à l’impossibilité pour le roi de se déplacer pour y échapper.

    Ce qu’on appelle tactique consiste en les choix élémentaires d’action. Par exemple, le cheval étant le seul à pouvoir sauter au-dessus des pièces, on peut commencer à le sortir dès le départ afin de pouvoir profiter de son action.

    Ce qu’on appelle art opérationnel est la combinaison d’éléments tactiques.

    La défense dite ouest-indienne consiste par exemple à sortir le cheval, avancer un pion pour permettre d’avancer le fou qui protège le cheval et menace potentiellement tout une ligne. On ajoute à cela le « roque », qui permet d’intervertir d’un seul coup les emplacements du roi et de la tour, au prix du décalage d’une case. On a alors une solide défense à la suite de toute une opération de tactiques combinées.

    Il y a ensuite la question de la guerre en profondeur. L’idée est la suivante : il ne suffit pas d’avoir de bons éléments tactiques correctement associée de manière opérationnelle. Il faut également avoir en vue le long terme. Dans ce cadre, un échec apparent à court terme peut s’avérer contribuer très fortement au succès par la suite.

    Ici, le cheval est placé de telle manière à se sacrifier. C’est une perte à court terme, un déséquilibre en termes de pièces essentielles par rapport à l’adversaire, mais l’idée est de déstructurer toute la défense au moyen de cette action. Si le cheval est effectivement pris, les noirs se retrouvent dans une posture catastrophique plusieurs coups après, leur défense étant désorganisée.

    Ces différents aspects sont à maîtriser pour comprendre les modalités soviétiques de la grande guerre patriotique. Sans cela, on ne peut pas du tout comprendre les choix soviétiques et on aboutit à des fantasmes explicatifs.

    Le film Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, sorti en 2001, reprend ainsi les idées totalement fausses d’une armée rouge utilisant des « vagues humaines » comme sacrifices pour aller à la victoire, avec à l’arrière des commandos exterminant ceux refusant d’avancer.

    C’est une expression directe d’une incompréhension complète de l’art opérationnel soviétique et du principe de guerre en profondeur.

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  • Compassion and empathy: living matter at the heart of dialectical materialism

    Where does the sensation come from ? Such a question is a typical
    error, the produce of the feudal and the bourgeois approaches, which separate the brain and the body.

    The feudal conception separates them totally, whereas the bourgeois way links them in a tormented way.

    Both consider that the question of the sensation is connected to the body, to the interpretation of the body by the brain. A feeling, a sensation, can not exist in itself; it has an existence only in the case of an interpretation by an individual.

    The reason for this anthropocentrism resides in Metaphysics. For the feudal
    conception, the mind must leave the body and join the origin of the world, God, which is immaterial.

    For the bourgeois conception, we can not explain the origin of the world, so we should restrain us in elaborating theory about the relationships we make with reality.

    Life is seen through individuals, through their relationships. There is no world, no nature, only a world, a nature existing insofar we have a relationship to them.

    This conception was necessary to the bourgeois to justify the existence of the capitalist, which is an individual acting through his own understanding of its surrounding reality.

    Protestantism is here the main ideological construction of this approach.

    Nowadays, existentialism and all the post-modernist variants that exist support a terrorist version of this self-centeredness, this vision of the world based merely on the individuals.

    Therefore, in the history of science dominated by the bourgeoisie, it was always considered that animals know no pain. They are considered as mere mechanisms, by Descartes and Malebranche notably, without a “conscience”.

    Of course, this wrong conception proved more and more wrong, through the affirmation of democratic and socialist thought.

    One major historical event here is when, on 10 December 1907, in a turmoil following an dissection of a living brown dog in London, 1,000 medical students marched through central London waving effigies of a brown dog on sticks, justifying and promoting vivisection, attacking for this reason suffragettes and trade unionists fighting against vivisection.

    Two conceptions of the world struggled. Nowadays, the sensation of pets are recognized, but they are still mistreated; the sensation of vertebrates is also recognized but they are considered as of minor interest.

    Moreover, the sensation of fishes and invertebrates are openly negated, in the name of the nervous system and the brain, in an anthropocentric conception.

    On the contrary, dialectical materialism connects living matter to sensation.
    In Materialism and Empirio-criticism, Lenin deals with this question among others, and remembers us this important question :

    “There still remains to be investigated and reinvestigated how matter, apparently entirely devoid of sensation, is related to matter which, though composed of the same atoms (or electrons), is yet endowed with a well-defined faculty of sensation.

    Materialism clearly formulates the as yet unsolved problem and thereby
    stimulates the attempt to solve it, to undertake further experimental investigation.”

    Lenin says also that we have certainly to go in the direction of considering that, in the foundation of the structure of matter, we can surmise the existence of a faculty akin to sensation, like Denis Diderot did it.

    And indeed, compassion and empathy are a proof of it. What is the dialectical materialist conception of reflect? That thebrain reflects reality; what we think is an echo.

    But, if René Descartes and Emmanuel Kant are right, if each individual is like surrounded by a Chinese wall, how is it possible to feel what somebody else feels? How are compassion and empathy possible ?

    This is only possible because living matter knows sensations; sensations are linked to the principle of echo, of movement of matter.

    That is why a revolution can occur: the masses have synthesized, at different levels, the same vision of the world, corresponding to reality.

    Revolution occurs at the general level, compassion and empathy at the individual levels, but their foundation is the fact that matter and sensation can not be separated.

    Living matter is therefore at the heart of dialectical materialism, as it is a developed form of matter, a direction which corresponds to the auto-movement of matter itself to more complexity.

    This is the reason why we have to recognize, cherish and defend the dignity of reality of nature, of the animals, of each living being, which correspond to the auto-development of matter, and participate in the global system of life on our planet as a Biosphere.

  • Dialectical Materialism and the Universe

    The universe consists of the infinite and eternal process of the reflection of matter by the matter and for the matter.

    Matter is indeed sensitive and knows in itself an impression shaping it to different degrees.

    This difference in the marking of the reflection has as its source in the fact that the universe is in motion and that it is through it that the reflections and impressions are carried.

    This movement and the many aspects of reality make that reflections and
    impressions know different rhythms, different magnitudes.

    We can say that the universe is the reflection of itself in an uninterrupted
    process of transformations.

    Its nature is the equivalent of an infinite ocean where everything is reflected in an uninterrupted movement of waves at all levels, at all scales.

    This process of reflections and impressions within a moving universe, with all its different aspects of matter, is thus characterized by unequal development.

    The inequality of the markings of the reflection, of the impression, causes
    situations of imbalances.

    There is movement because unequal development, and uneven development because movement.

    The main aspect depends on the stage of the process.

    On the one hand, the impression of reflection in matter results in making it
    more complex on the internal plane.

    On the other hand, the uneven nature of this impression provokes breaks. The break is precisely what characterizes a process leading to a transformation as a qualitative leap.

    There is concretely neither cause nor consequence, but only an internal transformation resulting in a greater complexity of matter, an enlargement of its impressions, an increase in the power of its reflections, one or more moments of rupture, a qualitative leap.

    It is this movement of internal transformation reflected from matter in matter which itself inscribes impressions and produces changes. And what takes place internally is the contradiction brought to its conclusion.

    The law of contradiction, with two poles opposed in a relative manner or not, expressing uninterrupted antagonistic relations, belongs to the general and universal movement of matter.

    There is neither beginning nor end, because no process is isolated.

    The reflection and the impression are generalized and uninterrupted; every phenomenon is related, in different ways and to different degrees, to all the other phenomena.

    In the universe, everything is constantly transformed, with transformations whose reflection causes impressions, which themselves produce reflections, which provoke impressions, and this to infinity.

    There is consequently neither cause nor consequence.

    The process of transformation is dialectical, it unites the particular and the
    universal, the relative and the absolute, all being bound together and at the same time unbound in an infinite and eternal process.

    Any transformation is added to other transformations and is reflected in them, producing interaction, liaison, mediation.

    Nothing is so isolated and independent.

    Everything is mutually connected and interdependent, constantly transformed and transforming, by the reflection, by the impression.

    Absolutely everything is reflection and reflection of reflection, and this to infinity.

    Matter is inexhaustible and ever more complex, ever richer.

    No turning back is possible, never, because the movement produces a series
    of qualitative leaps that has resulted in a more developed form, more intertwined with the rest of the material.

    What is called time is the description of transformation and what is called space is the description of matter, because the universe is only matter, always richer, ever more complex, ever more intertwined to an infinity of aspects of itself.

    Any process obeys this mirror system. The most developed phenomena of nature and life correspond to major qualitative leaps in the complexification of matter on a large scale.

    The two poles of electricity, molecular asymmetry in the domain of life in relation to the domain of non-living matter, action and reaction in mechanics, mirror neurons in brains, union and dissociation of atoms in chemistry, childhood and parenthood, the masculine and feminine, the class struggle in the modes of production… are examples of complex expression of the movement of matter and of a very high degree of
    interplay with itself.

    This process has no beginning or ending.

    There is no starting point to the universe, nor any point of arrival.

    There is no « God », no Big Bang, no source, no beginning.

    There is only a ever deeper movement of reflections and impressions, in a spiral movement, proceeding by jumps, characterized by unequal development at all levels, affirming the dynamic nature of the internal relations taking a contradictory dimension until the break.

    In fact, not only are the developments unequal between them, but each development is itself unequal in itself, because of the different density of
    impressions.

    The law of contradiction applies to the expression of the contradiction itself.
    Nothing is therefore indivisible, nor eternal. One becomes two and that forever and everywhere.

    As it is formulated in the article « The universe is the unity of the finite and the infinite », published in the Journal of the Dialectic of Nature in People’s China in the first half of the 1970s:

    « The end of all concrete things, the sun, the Earth and humanity is not the end of the universe.

    The end of the Earth will bring a new and more sophisticated cosmic body.

    At that time, people will hold meetings and celebrate the victory of the dialectic and welcome the birth of new planets.

    The end of humanity will also result in new species that will inherit all our achievements. In this sense… the death of the old is the condition of the birth of the new. »

  • Dialectical Materialism and Communism

    Communism is the product of the movement of the synthesis of matter through leaps, that is to say that matter ceases to use itself in a partially
    unproductive way to find a way to form an active whole.

    By partially unproductive, we must understand that matter can only use
    matter to develop itself, which implies that one aspect develops at the expense of another, within the framework of an uneven development.

    The imbalance caused is resolved by a dialectical leap.

    Mao Zedong tells us here that:

    “Imbalance is a general and objective law. The cycle, which is endless, goes from imbalance to equilibrium and, again, from this one to the other.

    Each cycle, however, corresponds to a higher level of development. The
    imbalance is absolute, while the balance is temporary and relative.
    The rupture of the balance is a leap forward.”

    The capitalist mode of production thus permits the development of the productive forces, but this at the expense of the proletarians; socialism is the negation of it and the communism which prolongs it is then humanity
    applying the principle of each according to his means, to each according to his needs.

    There is however no negation of negation and socialism organized by humanity does not mean that it is alone to march to communism.

    In reality, for dialectical materialism, the whole universe goes to Communism. Dialectically, this means that the entire universe has also gone to communism.

    Matter is eternal and infinite; it is inexhaustible.

    Consequently, it has already undergone a dialectical evolution, by means of transformations, since this is its very nature. It therefore implies that it has already known and that in every great step, every leap forward, it knows
    a communist leap.

    This communism consists in the universalization of the means of production of a material form, its synthetic combination. Any rise in the complexity of matter on a certain level corresponds to a communist assertion.

    Mountains, galaxies, plants and animals are examples of synthetic leaps corresponding to a communist stage. We have an affirmation of a complex and organized system, a pooling of multiple contradictory aspects of the matter.

    These complex systems themselves have a past made up of steps that established the elements that were going to synthesize.

    The separate elements combine; they form a harmonious whole and at the same time obey an internal contradiction involving them in a development.

    This development is itself uneven and this explains the different galaxies, the different mountains, the different plants, the different animals. The systematization of the production of a complex system is itself uneven.

    These are not nature tests or nature errors; it is a reality of any development to be unequal.

    Any process takes advantage of a process which has by definition been
    unequal in itself to produce a more complex form, through an equally
    unequal development.

    This past is infinite, as much as the future. The process is endless, its
    aspects infinite.

    Matter, based on the inequalities of development of its different aspects, knows an infinite development by the affirmation of contradictions leading to a communist leap, producing new forms which themselves bring more
    complexity in the general development.

    Any jump does not correspond to a communist stage.

    But each leap contains, in germ, the tendency to the leap forward towards
    the communist nature of the system.

    The communist stage is distinguished from the others by a unification where the contradiction ceases to be antagonistic between different aspects to allow a harmonious development – which corresponds to the development of new contradictions, which are different from the previous ones, which have shifted.

    This displacement is done by placing the new form in new relationships with the rest of the material.

    Each mountain, each galaxy … is the fruit of an internal contradiction, and its realization as a complex form produces a new contradiction with other aspects of matter, for example the galaxy with another galaxy, the
    mountain with a river, etc.

    The initial internal contradiction, allowing the advent of a new one, of a more complex form, then moves towards the dialectical relationship between the new thing and another thing, forming a new internal contradiction.

    The article « The Universe is the unity of the finite and the infinite », published in the Journal of the dialectic of Nature at the time of the Great Proletarian Cultural Revolution in China, presents the new relationship which established itself as follows:

    « The end of all concrete things, the sun, the Earth and humanity is not the end of the Universe. The end of the Earth will bring a new and more sophisticated cosmic body.

    At that time, people will hold meetings and celebrate the victory of the dialectic and welcome the birth of new planets.

    The end of humanity will also signify that species will inherit all of our achievements. In this sense… the death of the old is the condition for the birth of the new. « 

    Communism therefore generalizes on ever more complex levels, because matter transforms itself and its interaction at a complex level deepens, becomes systematized. In this sense, there is no negation of negation, no end of history, nor indeed beginning. There is communism for communism, matter for matter.

    The universe is an infinite system where complexity develops in leaps and
    bounds. The Japanese physicist Shoichi Sakata, in Theoretical Physics and
    Dialectics of Nature,
    in June 1947, defines his conception of the Universe
    as an onion, greeted by Mao Zedong:

    “Current science has found that in nature there exist qualitatively different “levels »-the form of motion — , for example, a series of the levels such as elementary particles — nuclei — atoms — molecules — masses — heavenly bodies — nebulae.

    These levels form various nodal points which restrict the various qualitative modes of existence of matter in general. And thus they are not merely related in a straightforward manner as described above.

    The “levels” are also connected in a direction such as molecules — colloids — cells — organs — individuals — societies. Even in the same masses, there exist “levels” of states corresponding to solids-liquids-gases.

    Metaphorically speaking, these circumstances may he described as having a sort of multi-dimensional structure of the fish net type, or it may be better to say that they have the onion-like structure of successive phases.

    These levels are by no means mutually isolated and independent, but they are mutually connected, dependent and constantly “transformed” into each other. For example, an atom is constructed from elementary particles and a molecule is constructed from atoms, and conversely the decompositions of a molecule into atoms, an atom into elementary particles can be made.

    These kinds of transformations occur constantly, with the creation of new quality and the destruction of others in ceaseless changes.”

    The universe is an infinite ocean of contradictions raising matter to a more complex level, bringing richer contradictions, allowing an ever richer combination of matter, more sensitive, more complex, and this in all
    directions.

    It’s the meaning of communism.

  • The MLPD, state monopoly capitalism and the question of imperialist war

    The MLPD, Marxist-Leninist Party of Germany, is the only Marxist-Leninist structure to have maintained itself since the 1960s and 1970s in West Germany. It was one of the main initiators of the International Coordination of Revolutionary Parties and Organizations (ICOR), regrouping since 2010 some fifty structures claiming to be Marxist-Leninist and, most of the time, in one way or another, uphelding Mao Zedong.

    The line of the MLPD and of the ICOR is classically neo-revisionist: revisionism is denounced, but in reality it is revisionism itself which is assumed. We can see this very simply with the thesis of “state monopoly capitalism”. This thesis is revisionist. State monopoly capitalism would be a new stage of imperialism.

    The state would have acquired a great level of independence from the classes, it would be “rational” and by relying on it, capitalism would reach an “organized” stage. The state, through the socialization of losses, would prevent monopoly capitalism from sinking.

    Developed by Eugen Varga, this thesis was strictly rejected in the immediate post-war period in the USSR, as part of a great ideological battle. Then, Nikita Khrushchev made it an official device of the revisionist ideology. And, unfortunately, most Marxist-Leninist organizations defining themselves as anti-revisionists in Western Europe have maintained this thesis of “state monopoly capitalism”.

    This is the case with the MLPD.

    The MLPD does not say that the state is neutral and that it could be wrested from monopoly capital. This distinguishes it from those practicing open revisionism. However, it maintains the thesis of “state monopoly capitalism” theorized by Eugen Varga as a new stage of imperialism. Willi Dickhut, the main theorist of the MLPD since its founding in 1982 and until his death in 1992, fully assumed it in 1973 and this position is documented
    by the MLPD itself in 2019.

    The MLPD says exactly the same thing as Eugen Varga and this thesis was strictly rejected by the USSR at the time of Stalin, in a vast controversy. Here is how the MLPD presents it:

    “In connection with the Second World War, there was a qualitative leap: in all imperialist countries the transition from monopoly capitalist imperialism to monopoly state imperialism has matured.”

    This thesis is totally revisionist, historically indefensible from the communist point of view, since it was proposed by Eugen Varga, denounced by Stalin’s USSR, assumed by revisionism in the USSR and systematized in all revisionist parties in the world. The idea of a “qualitative leap” in the history of imperialism was rejected by Stalin. There has never been any talk of a new stage of imperialism.
    The consequences must be understood.

    Indeed, Eugen Varga’s thesis of “state monopoly capitalism” implies that the state systematically comes to the rescue of monopolies, being even only an appendage to them. The activity is therefore the same as that of the Western European revisionists of the 1960s: the regime should be “unmasked”.

    The MLPD says in 2017:

    “Bourgeois democracy masks that we live in Germany in a state monopoly capitalism, a dictatorship of monopolies.”

    And since we are already living in a dictatorship of monopolies according to the MLPD, then the communist analysis of fascism disappears. There can no longer be any attempt by the monopolies to take control of the state by means of fascism, since the monopolies already have the power. The monopolies therefore wrest the necessary profit thanks to the “organizing” State making society pay. No more need for fascism, no more need for
    imperialist war.

    The thesis defended by Stalin in 1952 on the inevitability of wars for capitalism, specifically targeting Eugen Varga, is rejected.

    Instead, we have the 1920s socialist thesis of so-called organized capitalism.
    The MLPD fully accepts this conception and, to satisfy its formulation, has put in place several concepts: the “surmonopoly”, the “sole domination of international financial capital”, the formation of new imperialist countries, the “proletarian way of thinking”.

    The MLPD says:

    “The international financial capital alone dominant is a small disappearing layer of the bourgeoisie, which is formed by groupings of the international surmonopolies with different national-state bases and links.”

    By “surmonopolies”, the MLPD means the 500 most powerful companies in the world. They would form an “international financial capitalism” dominating capitalism on a world scale and supported by states subject to them. Not only non-monopoly capital, but even monopoly capitalist is subject to these “surmonopolies”. And these surmonopolies have not
    only merged their own organs with those of the state apparatus, they have pushed for the dismantling of the states themselves.

    This is the thesis of organized capitalism theorized by social democracy in the 1920s, with ultra-imperialism forming alongside the possibility of world socialism, and modernized in the 1940s with the thesis of “State monopoly capitalism”.

    To unmask this organized capitalism, it would be necessary, according to the MLPD, to have a “proletarian way of thinking”, which would make it possible to discover the real situation. But, quite logically, the only possible revolution is against these “surmonopolies” and we then arrive at the Trotskyist thesis of the unitary world revolution. The program of the MLPD is explicit:

    “Under the conditions of internationalized production, the socialist revolution will take an international character. The international collaboration of the imperialists in the organization of the counter-revolution and the interaction with the international class struggle make that today it is practically impossible that an isolated revolutionary process in a country can be carried out victoriously (…).

    In this world revolutionary process, there will be in indissoluble interaction mass strikes, mass demonstrations, anti-imperialist, democratic and revolutionary struggles and uprisings.

    This is why the proletarian strategy and tactics in each country must essentially be understood and carried out as preparation for the international socialist revolution.”

    This is Trotskyism.

    And then remains a fundamental problem to explain for the MLPD: why is there still a very clear tendency to war which emerges?

    An explanation was to be found. The MLPD then says the following thing: yes, war is inevitable in capitalism, because the states compete for their interests. This is not Lenin’s teaching at all.

    Leninism explains that imperialism is the superstructure of national capitalism. The imperialist war is therefore carried by capitalism itself, because once developed, the monopoly fraction prevails.

    It was therefore necessary for the MLPD to break this definition and broaden the concept of an imperialist country. Stefan Engel, leader of the MLPD, publicly expressed this “broader” concept in 2011.

    Would be henceforth imperialist countries Saudi Arabia, Brazil, South Africa, Turkey, India, Mexico, Indonesia, South Korea, Argentina, Qatar, the United Arab Emirates, Iran. Added to this must be China and Russia, as well as Israel, which the MLPD already considered as imperialist.

    We immediately see the paradox, since the MLPD itself explains that these 14 countries bring together 3.7 billion people, more than half of the world’s
    population. If we therefore add the population of the remaining imperialist countries (United States, Western European countries, Japan), then not living in an imperialist country would only affect 35% of the world population!

    Here is completely reversed the principle of uneven development and the parasitic nature of imperialism. Besides that, the MLPD does not recognize the concept of a semi-feudal semi-colonial country, speaking of “neo-colonialism”. The MLPD needs all this fiction to pretend that it has not left communist teachings. The MLPD thus denounces the war, saying that it is the result of competition between imperialists.

    What the MLPD does not directly confess, however, is that according to this conception, this competition takes place in what is called the “world imperialist system”. For the MLPD, this is a kind of by-product of the world domination of the “surmonopolies”.

    It is therefore the fruit of state militarism in search of territories to be controlled – we come back here to Rosa Luxembourg’s erroneous thesis that an imperialist war is based only on the principle of conquering territories to widen the accumulation of capital.

    For the MLPD, there is a global, unified imperialism, and within it competition between states. This is why countries without industrial production apart from oil and gas, such as Qatar or the United Arab Emirates, can be defined as “imperialist”. As they take a part of
    the global « piece of the cake », they compete with others.

    All this has nothing to do with the teachings of communism and the just understanding of the uneven development of semi-feudal semi-colonial countries, recognizing that there are indeed differences between Gabon and South Korea, Chile and India. Nevertheless, a semifeudal semi-colonial country can only be transformed into expansionism and not into
    imperialism, because it is itself linked to one or more imperialist countries.

    Iran practices expansionism, as does Israel, but neither the one nor the other is an imperialism. This responds to the specific needs of bureaucratic capitalism in crisis, which needs to get out of it by war. But their semi-feudal and semi-colonial dimension is obvious.

    The weight of religions in institutions alone shows the undemocratic dimension present, the maintenance of backward social structures, incompatible with liberated capitalism and going as far as imperialism. There is indeed a tendency towards war, but it is not imperialism in substance or else one distorts the notion of imperialism by reducing it to a bourgeois definition of « geopolitics ».

    This is why, beyond a few rhetorical remarks, the MLPD does not make imperialist war one of its favorite themes. The imperialist wars is for it only a secondary aspect, specific to the internal competition of states for in a “world imperialist system”. This is an entirely revisionist analysis.