Cellules Révolutionnaires : Action contre la DEG (1984)

[Mars 1984]

Ce qu’est le FMI pour les banques internatio­nales, est la DEG pour le capital allemand – un institut de financement du gouvernement fédéral pour l’avancement des investisse­ments allemands privés dans les pays en voie de développement. 

Presque pas remarquée par le grand public, la DEG travaille depuis 1962 à Cologne comme « promoteur d’une nouvelle division du travail international » – une société de financement qui est à 100% propriété du gouvernement fédé­ral. 

Il ne s’agit pas d’une Institution de l’Etat qui doit justifier ses activités, elle était fondée comme une SARL (Société Anonyme à Responsabilité Limitée) « pour pouvoir travailler librement des restrictions et dans les principes de l’économie de marché ». 

Cette liberté patro­nale est la condition sine qua non pour influen­cer les pays en voie de développement comme tel est le but de la DEG, « garantissant ainsi toute liberté possible au capital international ». 

L’importance de cette société dans le milieu du capital allemand ainsi que dans la politique économique extérieure se reflète déjà dans la direction du conseil d’administration avec Franz H. Ullrich, le porte parole du conseil d’ad­ministration de la Deutsche Bank et l’ancien ministre de l’extérieur et ancien président de la république Walter Scheel. 

Nous avons aujourd’hui, par un attentat à la bombe, arraché ce centre de l’impérialisme économique allemand de son anonymat bien gardé. 

Des experts de la DEG de tous azimuts recher­chent systématiquement depuis deux décen­nies dans les pays du Tiers-Monde les salaires les plus bas, les temps de travail les plus longs, les heures de production les plus libres et un maximum de stabilité politique. 

Les objets de ces recherches – vis-à-vis de l’écroulement des pays du Tiers-Monde par le système régnant de l’économie mondiale-se voient con­traints de se sous-estimer réciproquement et d’offrir à des conditions meurtrières, la terre et les hommes. 

Si un pays reçoit le tampon « digne pour inves­tir », on peut garantir que la DEG y a extorqué les marges de profits maximales pour les structu­res spécifiques du capital allemand 

Dans des « feuilles dé renseignements », les différents pays sont régulièrement prostitués pour les investisseurs potentiels. 

Et pendant de soi-disant « voyages pour entrepreneurs », l’objet des désirs peut être inspecté par rap­port aux possibilités, d’une exploitation sans condition. 

Même un manique de capital des intéressés n’est pas un empêchement. en cas de néces­sité la DEG prend des parts du capital des suc­cursales allemandes à l’étranger. 

Seulement en 1981, 834 millions de Marks des finances d’Etat étaient consacrés pour ce­la, finances qui ne sont à rembourser par les investisseurs privés « qu’en cas de succès dans les affaires, signifiant que l’entreprise jumelée fonctionne rentablement ». 

Pendant ses acti­vités, la DEG a sponsorisé de cette manière approximativement 300 fondations ou expansions d’entreprises dans 70 pays du Tiers­-Monde. 

Ce ne sont pas des compagnies qui représentent dans leur ensemble l’illustre « puissance économique » de la RFA : la plupart des entreprises moyennes des branches métalliques, textiles et électriques n’ont pas enco­re dans les pays sous-développés la mauvaise réputation d’être des vampires. 

Cet entrelace­ment opaque des entreprises n’est pas seule­ment la raison pour laquelle ici, dans ce pays, l’impérialisme économique allemand n’est théoriquement et pratiquement presque pas critiqué. 

Même des exploitations meurtrières géantes comme Siemens et VW ont une re­nommée brave et loyale. 

Au contraire des consortiums de multinationa­les américaines conformes qui sont facilement mis en relation avec exploitation, faim, misère, torture et meurtre. 

Il semble que la distinction entre le capital pro­ductif et le capital cupide émise par « Deuts­cher Arbeitsfront » (Organisme de travailleurs sous le fascisme) se maintient d’une ma­nière choquante et ininterrompue jusqu’à au­jourd’hui en RFA : le plus souvent, les entrepri­ses multinationales américaines représentent le « capital cupide », entreprises qui sont com­me chacun le sait sans aucun scrupule. 

Le « ca­pital productif » par contre est représenté par la classe patronale allemande qui a la tâche de « créer et d’assurer des emplois, de garder sur les marchés mondiaux la compétitivité pour notre économie et de conserver comme cela la prospérité générale. 

Bien entendu, de cette manière elle en profite dans la bienséance ». 

Etant donné cet arrière-plan, le nationalisme allemand peut se comprendre : 

– Voilà pourquoi les luttes véhémentes dans les usines de 1969/74 devaient être menées sous forme de grèves sauvages aussi contre les syndicats ; 

– Voilà pourquoi par exemple pourquoi on se plaint de la faillite du Brésil sans donner des noms si décisifs comme Siemens et VW ; 

– Et voilà pourquoi une institution impérialiste comme la DEG est complètement inconnue de la conscience publique. Déjà Ho et Che nous ont expliqué que la meil­leure contribution pour la solidarité internatio­nale est la lutte de classe dans son propre pays. Dans cet esprit. 

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Cellules Révolutionnaires : Action contre le consulat turc à Cologne (1984)

[Février 1984]

Tous ceux qui sont poursuivis ou exilés l’apprennent de nouveau dans cette crise : ils ne sont pas hors de danger parce qu’ils ont réussi à échapper aux sbires, aux tortionnaires et aux bourreaux de leurs pays. Tant qu’un homme constitue un gibier, s’il n’a pas les « papiers qu’il faut », tant que des lois toujours plus tortueuses et des règlements inexplicables abolissent le droit à l’existence, un exilé ne sera jamais et nul part en sécurité. 

La RFA met cela en pratique de la manière la plus cruelle et la plus systématique. 

« La guerre des papiers est devenue devant nos yeux à tous, pour les étrangers et ceux qui recherchent un asile une question de vie ou de mort, une guerre sombre et bureaucratique, pernicieuse et secrète, mais tout aussi sanglante et brutale que toute autre guerre. » (S. Seidel, TAZ, 3 février 1984.) 

Et seule une partie extrêmement réduite des victimes de cette guerre sale est connue. 

Mais tout le monde en connaît les responsables : l’es partis et les ministères qui multiplient les pièges légaux, la police, les services des étrangers et les services secrets, les tribunaux, Zirndorf, qui travaillent main dans la main avec les ambassades et les consulats des pays d’origine pour mener cette chasse à l’homme. 

« La RFA est depuis- !e putsch en Turquie et en raison des multiples liens existant avec les travailleurs immigrés ici, le pays d’exil préféré pour les opposants turcs. 

Au plus tard depuis le putch l’ambassade turque à Bonn et tous les consulats ont été intégrés au service secret turc, le MIT, dont le travail consisté à trouver et observer les opposants politiques en fuite. 

Ils utilisent pour cela toute une armée de mouchards qui le sont de leur plein gré ou après un chantage. 

Les déclarations de Zimmermann sur la bonne collaboration policière avec la Turquie n’est certainement pas une exagération, plutôt le contraire. » (Tiré de « Extradés, Altun et les autres ») 

L’attentat contre le consulat turc à Cologne et plus spécialement contre ses archives, un an après l’interdiction de Devrimci Sol et Halk Der est l’expression visible et « audible » de notre solidarité avec les occupants turcs et kurdes du Consulat et en même temps un avertissement au tribunal qui ose rendre un jugement sur la légitimité de la résistance révolutionnaire contre la situation fasciste en Turquie.

Encore une chose : il est grand temps d’organiser des réseaux, comme le font les « passeurs autonomes » à Berlin, pour protéger de l’arrestation les étrangers qui arrivent. Comme cela se fait aux USA, où les églises et les syndicats, sont vidés pour accueillir les réfugiés salvadoriens et pour les mettre sous la protection de ces organisations. 

Et comme le propose Seidel : « Protéger ceux qui viennent pour demander l’asile parce qu’ils sont menacés de mort, du rapt de la justice. 

Les cacher chez nous et organiser leur fuite. » 

Pendant la guerre du Vietnam, nous avons organisé la fuite pour les GI’S. 

Renouons avec cet internationalisme, tant que le combat contre l’expulsion et la détention n’a pas été gagné. 

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Cellules Révolutionnaires et Rote Zora : Action contre l’entreprise Kreuzer à Bonn et l’entreprise Koch à Gütersloh (1984)

Lutte anticarcérale : dedans et dehors !

La lutte anticarcérale à Bielefeld et à Preungesheim nous a montré de nouveau combien la lutte contre les conditions de détention destructrices est importante, pour les prisonniers mais aussi pour nous ici dehors. Et cela non seulement parce que beaucoup de gens sont de plus en plus menacés par la taule, mais parce que la taule et la société « libre » sont entrelacées de plus en plus étroitement par la force, la pression et la destruction.

Entre en taule celui qui enfreint les normes, particulièrement celui qui ne respecte pas la propriété capitaliste et qui construit sa vie sur le refus et la réappropriation.

Aujourd’hui, cet État compte environ 60 000 prisonniers et il y en a de plus en plus, car en temps de crise, même le chemin prôné de l’exploitation volontaire est barré pour beaucoup. De plus, des valeurs telles que le métier, l’apprentissage, le travail ont perdu de leur signification et de leur force d’intégration.

Le système carcéral s’adapte aussi à cette nouvelle situation sociale et l’État le réorganise :

– avec des moyens de contrainte, avec un système aménagé de récompenses et de punitions et selon un déroulement quotidien planifié précis, l’identité des prisonniers doit être brisée pour qu’ils soient adaptés au système, ou tout au moins contrôlables.

– avec les moyens techniques les plus modernes de l’isolement, du contrôle et de la surveillance, le moindre geste est enregistré afin de soumettre les prisonniers aux programmes d’éducation.

La taule n’est pas la fin de la chaîne de la répression, mais une partie intégrée des systèmes capitalistes / impérialistes. À l’inverse, la lutte est une même chose dedans et dehors.

Bien que les murs soient hauts, la taule n’est pas un univers fermé, en dehors de la société, et elle ne peut fonctionner que grâce aux institutions sociales, aux entreprises, aux personnes du dehors qui la maintiennent : des médecins, psychologues, flics, matons qui se transforment après leur tâche journalière en « gentils » voisins et font ainsi comme si de rien n’était.

Ou des architectes et entrepreneurs qui travaillent – toujours concrètement – sur des améliorations de l’emmurement, ou qui installent des cellules plus modernes, avec des meurtrières dans les coins, pour toujours plus de contrôle et de meurtres.

Et des commerçants qui gagnent de la thune avec les légumes pourris dont ils ne se débarrassent plus dehors. Avant tout cependant, les honorables entreprises qui ont investi dans des ateliers planqués dans presque toutes les taules de RFA et qui s’enrichissent par le travail pénitentiaire.

Nous avons attaqué deux de ces sociétés : le 5 août 1984, nous avons incendié un camion chez la société Kreuzer et le 11 août 1984, nous avons allumé une charge explosive dans la société Koch. La société Koch à Gütersloh fait produire en sous-traitance la plus grande partie de sa production en taule — particulièrement dans les quartiers de haute sécurité.

Le travail à domicile et le travail en taule sont les formes de production dont la société Koch tire ses profits. La société Kreuzer fait produire depuis des décennies en taule et en psychiatrie — l’assemblage de stylos à bille est le travail typique des taules. Au début de l’année, Kreuzer a été repris par la société Toteck de Düren.

Avec la menace d’une faillite, dehors la moitié du personnel pouvait être licencié et les salaires de l’autre moitié pouvaient être réduits. Ainsi, il est possible pour la propriétaire actuelle d’accroître nettement la valeur ajoutée par un large déplacement de la production vers la psychiatrie et la taule !

Dans les conditions les plus dures, les prisonniers sont contraints à des travaux qui pour dehors sont trop chers, trop dangereux, trop sales.

Des travaux qui peuvent être imposés seulement aux personnes dans des situations de dépendance extrême, telles les femmes qui doivent garantir leur existence par le travail à domicile.

Des travaux comme ceux que doivent faire les femmes dans les usines de marché mondial du Sud-Est asiatique. 56 % des prisonniers sont contraints à ces travaux d’économie privée, dont 60 % à l’intérieur et 40 % à l’extérieur de la taule.

Face à la restriction des expressions de la vie sociale et des contacts, le travail apparaît souvent comme l’unique possibilité d’activité.

En outre, dans la taule les travaux forcés sont pour beaucoup l’unique possibilité d’avoir un peu de blé, de cantiner. Les moindres emplois sont très recherchés, et ne sont obtenus que par les hommes et les femmes qui se sont démarqués par leur bonne conduite.

Dans des blanchisseries, serrureries, bibliothèques et cuisines, il y a la possibilité de parler avec les autres et non d’exécuter uniquement les travaux les plus stupides à la pièce, toujours seul en cellule. 3000 prises à fabriquer ou plus, dans une cellule sans fenêtre, sans lumière, sans bruit ni air !

Ça doit être la toute dernière perspective de la surexploitation en taule. Les sociétés se servent et se font complices de la taule.

Mais lors du paiement de la tâche, les taulards reçoivent 5 à 7 DM par jour, l’administration de la taule empochant le reste.

Le système de travail obligatoire en taule est l’expression la plus claire de ce que le capital avec son « tournant » vise en réalité : il évolue des contraintes subtiles de l’« État social » jusqu’aux formes de contrôle complet et de destruction, en passant par un système de violence graduée. La misère ou les travaux forcés dans les cimetières, c’est la nouvelle alternative pour le RMiste.

La surexploitation et la déportation, c’est l’alternative pour la multitude d’immigrés illégalisés. Un salaire de famine ou la mort dans les taules turques, c’est l’alternative pour les demandeurs d’asile illégalisés déboutés.

Travail forcé dedans et dehors, démantèlement des structures collectives d’action et de communication, isolement et individualisation au quotidien, dans le travail — travail en cellule, travail à domicile — de sorte que les hommes éprouvent toujours moins collectivement leur oppression et leur exploitation, qu’ils sont isolés et sont montés les uns contre les autres, tandis que la surveillance et le contrôle, par la collecte et la centralisation de données, sont de plus en plus aménagées en un système de fichage.

La lutte des prisonniers de Bielefeld a montré deux choses importantes.

Malgré la résistance persistante dans différentes taules contre le travail et la surveillance, le système pénitentiaire travaille fébrilement à pousser plus loin les techniques de surveillance et d’isolement dans les quartiers de haute sécurité.

Celles-ci sont utilisées non seulement contre les prisonniers « politiques », mais aussi contre les prisonniers « sociaux » — comme attaque politique contre tous ceux qui s’opposent aux stratégies du travail forcé et de la destruction.

Il s’agit de poursuivre dans cette voie la lutte anticarcérale entamée, ensemble, dedans et dehors !

Cellules révolutionnaires et Rote Zora

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Rote Zora : Action contre Nixdorf à Hanovre et contre la Verband der Vereine Creditreform à Neuss (1983)

« Es-tu folle !, nous dit-on lorsque nous allons trop loin, lorsque nous dépassons les bornes qui cloisonnent notre quotidien. Tu es folle ! Laissez-nous notre folie, à nous femmes, dans la transgression des limites qui confinent notre vie et étouffent notre dignité. Tu es folle — c’est la réaction masculine à ce franchissement. Notre réaction à la rationalité mortelle du patriarcat nous est retournée comme une injure, comme un lasso qui devrait capturer notre radicalité. Mais nous n’avons aucun autre choix que d’être radicales. C’est le seul moyen pour nous de reprendre en main notre dignité et notre vie. »

Dorothea Brockmann

Voici qu’arrive l’année 1984, l’année magique, la plus conjurée d’entre toutes. Nous l’avons dûment saluée avec des pétards à la Saint-Sylvestre, sur Nixdorf à Hanovre et au centre de données de la Verband der Vereine Creditreform à Neuss.

Nous espérons qu’ainsi soit retardé l’emménagement de Nixdorf dans sa super cage vitrée à la périphérie de la ville, prévu pour 1984. Dans ce projet de 7 millions de DM, le géant informatique veut centraliser et développer la vente de ses cerveaux électroniques (15 % d’augmentation de chiffre d’affaires en 1983).

A Hanovre, la société Nixdorf participe au projet pilote de fibre optique BIGFON dont les résultats doivent être décisifs pour le câblage de toute la RFA. Il est clair que ceux qui en tireront profit seront les sociétés participantes : les boss de l’économie et l’État. Depuis la fin de l’année, des « clients choisis » comme le ministère de l’Économie et la chancellerie d’État de la Basse-Saxe sont connectés par la fibre optique qui a coûté plus de 65 millions de DM.

Nous espérons que certains ordinateurs ne soient plus opérationnels au centre de données de la Verband der Vereine Creditreform.

Cette société, qui se présente elle-même comme « la plus grande organisation d’informations et d’encaissements d’Europe » (106 succursales rien qu’en RFA), donne 9 millions de renseignements dans l’année et récupère par an 250 millions de DM pour ses sociétaires créanciers. Grâce à ses ordinateurs largement remplis, la société sait plus sur une seule personne que ce que celle-ci ne pourrait en dire sur elle-même du premier coup.

Elle reçoit ces renseignements de ses sociétaires grâce à un réseau d’informateurs —des institutions, des services publics et des administrations qui apportent ces données à Creditrefom contre des dessous de table.

La collaboration avec le Schufa et les banques est tout à fait légale et pas moins fructueuse : Creditreform reçoit gratuitement tous les renseignements sur chaque personne.

Et ce n’est pas peu, puisque aujourd’hui beaucoup d’éléments de la vie courante passent sur le compte : emploi, appartement, adhésion syndicale ou autres, les données sont ici assemblées en toute discrétion et permettent que des bailleurs ou employeurs écartent un contrat, qu’un petit crédit soit refusé, qu’un contrat de leasing ne marche pas, et ceci sans transparence des décisions pour la personne concernée !

L’année 1984 est un symbole d’un nouvel âge pour l’État policier, pour une vie dans laquelle l’homme n’est plus qu’une victime des technologies dans l’intérêt d’un pouvoir abstrait.

Cette vision masque toutefois le fait que les développements technologiques ne sont pas un produit du hasard qui s’obstine contre l’homme, mais qu’ils sont le développement logique de stratégies capitalistes dans l’intérêt des dominants.

1984 — la vision d’horreur d’un État surveillant et contrôlant tout doit ôter aux hommes tout courage de vivre et de combattre.

Mais nous savons qu’il y a ici dans les métropoles beaucoup de gens qui mobilisent leur imagination et leur courage contre la force dominante, qui ont développé des stratégies de survie, notamment qui chourentresquillent, arnaquent les assurances, soustraient de l’argent à l’État, détruisent des distributeurs automatiques de billets, rendent les ordinateurs inutilisables, qui se refusent aux plans de l’État et du Capital, qui les sabotent et les attaquent.

Nous savons que les gens résistent dans le tiers-monde contre les stratégies destructrices du capital, qu’ils combattent contre l’exploitation meurtrière de leur main-d’oeuvre, contre la destruction de leurs structures, de leur dignité, en clamant haut et fort la vérité dans la rue, en occupant terres et usines, en pillant et en reprenant ce qui leur appartient, en organisant l’attaque dans les villes et les montagnes.

Nous nous opposons aux stratégies de l’État d’individualisation et de division et développons notre collectivité à travers la lutte dans la rue, contre l’oppression des femmes, contre le sexisme, le racisme et la guerre impérialiste, à travers la lutte pour les squats et centres autonomes, et à travers l’attaque subversive des centres du pouvoir patriarcal.

Rote Zora

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Cellules Révolutionnaires et Rote Zora : Action contre le médecin Lindemann, Hambourg (1983)

Le 23 février 1983, nous avons incendié la voiture de Hans-Joachim Lindemann. Nous voulons ainsi l’encourager à mettre fin à ses activités.

Lindemann, médecin-chef à l’hôpital Élisabeth de Hambourg, s’est distingué par des expériences de stérilisation sur les femmes et s’est imposé comme « le spécialiste international des questions de stérilisation dans le tiers-monde ».

Il personnifie la stratégie des impérialistes de contrôler, par la prétendue politique démographique, l’utérus des femmes.

Stérilisation forcée des femmes bénéficiaires de prestations sociales aux États-Unis, des indiennes et des femmes pauvres en Amérique Latine, des Turques en RFA, d’environ 33% de toutes les portoricaines dans leur pays géré comme une colonie par les États-Unis.

Les révoltes menaçantes sont combattues par l’extermination des pauvres et des opprimés : la stérilisation comme arme silencieuse des impérialistes.

Lindemann cherche un procédé qui puisse être peu coûteux et rester inconnu des femmes qui le subissent. Depuis 1972, il a réalisé sur au moins 700 femmes, à leur insu, des expériences de stérilisations sans opérations avant une ablation nécessaire de l’utérus.

Pour 520 d’entre elles, il a d’abord essayé de réduire en bouillie leurs trompes utérines par l’électricité à haute fréquence. Il a ensuite tenté, sur 15 femmes, de boucher leurs trompes par Ethibloc.

Comme les taux de réussite étaient toujours aussi faibles, il y a ajouté du nitrate d’argent pour que survienne une inflammation des trompes et que s’y colle l’Ethibloc.

Le bloc développé par le consortium pharmaceutique Ethicon et le nitrate d’argent (déjà expérimenté au temps des nazis) ne sont pas reconnus en gynécologie.

Par son application dans ces expériences, Lindemann a joué avec la santé des femmes et a bafoué leur droit à disposer de leur corps.

Ses recherches sont particulièrement soutenues par Ethicon et les organismes internationaux de politique démographique dans les conférences desquelles il est fréquemment vu.

Certes, Lindemann n’est qu’une figure isolée du jeu d’équipe des dominants, mais il est là, juste sous notre nez.

Une procédure pénale engagée contre lui a été suspendue, mais dès l’année dernière il a pu ressentir que les femmes ne sont pas disposées à tolérer ses pratiques et recherches méprisantes, ni la politique impérialiste sous-jacente.

Et il aura encore à le ressentir à l’avenir s’il ne cesse pas d’urgence.

Cellules révolutionnaires et Rote Zora

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Cellules Révolutionnaires et Rote Zora : Attaque contre le sommet de l’OTAN (1982)

À la veille de ce sommet de l’horreur, l’objectif d’attaque des Cellules révolutionnaires était le trust d’armement américain McDonell Douglas à Cologne.

Il est l’un des principaux bénéficiaires des 1,6 miliards de dollars du programme d’armement du gouvernement américain. Guerre impérialiste et génocide sont son business.

Quand des villes et villages sont réduits en cendres dans le tiers-monde, quand des hommes sont déchiquetés par les bombes, le tiroir-caisse tinte chez McDonell Douglas.

Ainsi, avec des F-16 américains produits et développés par McDonell Douglas, l’armée de l’air israélienne bombarde au Liban villes, camps de réfugiés, hôpitaux et jardins d’enfants, et saigne à mort le peuple palestinien.

Que personne ne nous raconte que la date de ce génocide planifié est fortuitement parallèle au sommet de l’OTAN. C’était un timing impérialiste plutôt classique pour anéantir par des bombes et des blindés, sous prétexte de « désarmement », la résistance des Palestiniens contre la soumission du Moyen-Orient aux intérêts occidentaux du capital.

Nous n’attendons pas que Reagan vienne. Nous nous sommes habitués à ce que la presse bourgeoise et le quotidien Taz minimisent nos actions.

La résistance armée, les attentats explosifs et incendiaires doivent passer pour une forme de résistance possible absurde. C’est pourquoi voici, encore une fois, l’énumération complète de nos actions exécutées en lien avec ce sommet de l’OTAN :

01-06-1982

Attentat à l’explosif contre le QG américian à Francfort Attentat à l’explosif contre l’American Forces NetworkAttentat à l’explosif contre ITT à Hanovre Attentat à l’explosif contre IBM à Düsseldorf Attentat à l’explosif contre Control Data à Düsseldorf Attentat à l’explosif contre le club des officiers américains à Hanau Attentat à l’explosif contre le club des officiers américains à Gelnhausen

04-06-1982

Incendie de Bourns Ketronic Flugtechnik à Hambourg

05-06-1982

Attentat à l’explosif contre l’Institut germano-américain de Tübingen

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Rote Zora : Action contre l’avocat Wagner, Cologne (1980)

Le 13 août 1980, nous avons rendu visite à l’avocat Wagner. Lui et son honorable collègue Türk s’enrichissent à Cologne en tant qu’avocats dans des affaires liées à l’assainissement de la ville. Depuis des années, ils expulsent aussi pour que Kaußen puisse imposer ses loyers toujours plus élevés.

Wagner et Türk ont particulièrement fait parler d’eux le 19 mars 1979, quand ils ont payé et envoyé une bande de gros bras qui ont démoli les logements de plusieurs familles de travailleurs turcs au 90 de la rue de Bruxelles.

Les portes et les fenêtres ont été démolies, les murs cassés, les sanitaires arrachés ; les logements ont été rendus inhabitables. Tout ça pour chasser les Turcs, pour encaisser plus d’argent grâce à de meilleurs locataires.

Ce n’est pas un cas individuel et cela ne concerne pas que les familles turques, mais aussi les personnes âgées, celles avec de faibles revenus et les familles nombreuses. Ils doivent aller en dehors de la ville parce que les pauvres donnent une mauvaise image à la cité.

Les terrains coûteux sont là pour d’autres. Böhmer, qui a alors acheté la maison de la rue de Bruxelles, voulait y faire des logements en copropriété, chics et très chers. Mais ce ne sont pas les vautours privés à eux seuls qui font leur business de la sorte. La ville les y aide sous couvert de la bonne intention d’offrir un « meilleur habitat pour le citoyen ».

Grâce au prétexte de l’assainissement des quartiers, sous surveillance municipale, l’expulsion peut avoir lieu. Cela permet qu’aucun propriétaire n’ait mauvaise conscience.

Cela fait partie d’un concept — où les hommes sont des valeurs comptables — selon lequel les besoins des hommes sont subordonnés aux intérêts dominants qui provoquent la destruction des structures sociales et leur contrôle.

Dans beaucoup de villes, des immeubles sont maintenant occupés, comme par exemple à Brême, Berlin, Cologne — et à Fribourg où 10 000 personnes sont descendues dans la rue. Lors notre visite à Wagner, nous avons mis le feu au symbole de son statut social : la Mercedes qu’il s’est achetée en démolissant les logements et donc la vie d’autres personnes.

Tous ceux qui participent à ces histoires d’assainissement doivent se heurter à notre résistance, doivent remarquer qu’ils ne peuvent pas jouir tranquillement des bénéfices de leurs affaires au mépris de l’humain.

Cela renforce en nous le sentiment que nous pouvons nous défendre et que nous ne cesserons pas de développer la résistance, en expérimentant encore et toujours des manières et des possibilités de lutter pour que notre rage et notre ardeur de vivre soient transformées en actes.

Si dans nos luttes nous nous sommes principalement opposées jusqu’ici à l’oppression propre aux femmes, nous exprimons encore par ce geste que la lutte des femmes ne signifie pas se limiter à des secteurs propres aux femmes, car ce serait une façon de nous mettre nous-mêmes dans une incapacité politique.

La lutte des femmes est vaste et comprend la lutte contre chaque forme d’oppression, d’exploitation, de destruction et de mépris pour l’humain.

La lutte pour la vie signifie la révolte !

Chaque cœur est une bombe à retardement !

Rote Zora

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Cellules Révolutionnaires : Lutte pour les transports gratuits (1975)

En 1975, dans presque toutes les grandes villes, les tarifs des transports ont été augmentés. Après qu’au début de l’été, à Hannovre et Heidelberg, des dizaines de milliers de personnes ont lutté dans les rues, toutes les tentatives de mobiliser au-delà de la gauche ont été anéanties par la force militaire de l’État.

Des manifestants ont subi des matraquages collectifs, des personnes qui diffusaient des tracts ont été arrêtés, récemment à Munich des colleurs d’affiches ont même été mis en garde à vue.

Il serait tout de même une erreur de croire que les sociétés de transport public, qui sont pour la plupart des entreprises municipales ou d’État, auraient pu trouver du soutien aux augmentations de prix et au matraquage de chaque protestation. Personne n’est assez taré pour approuver des tarifs élevés.

La résistance individuelle ou par petits groupes a notamment augmenté et s’exprime particulièrement par trois faits :

− le nombre de fraudeurs a augmenté ; ce n’est pas pour rien que le nombre de contrôleurs a augmenté de façon surdimensionnée  dans beaucoup de villes ;

− au cours de l’année dernière, dans beaucoup de villes, des sabotages contre des composteurs et des distributeurs automatiques de billets ont eu lieu pour la première fois ;

− il y a plus d’affrontements avec les contrôleurs qui se transforment de plus en plus en une police privée.

Même si toutes ces actions restent généralement inorganisées et sans continuité, elles expriment, en tout cas davantage que les protestations verbales de la gauche, que la lutte pour le tarif zéro est une chose concrète et ne doit pas être reportée à plus tard. La lutte contre des tarifs élevés n’est pas une question de campagne, mais celle d’une lutte quotidienne et constante.

Ce ne sont pas les augmentations de tarifs qui sont une cause de la fraude, mais le fait qu’on doive payer si on va bosser ou faire ses courses. Tout comme on devrait constamment se battre contre l’exploitation et l’oppression à l’usine, il est aussi nécessaire de le faire à l’extérieur de l’usine.

D’autant plus qu’il a déjà été annoncé que des augmentations de tarifs des transports publics surviendraient maintenant chaque année. La Cellule révolutionnaire a participé à cette résistance par plusieurs actions, a essayé de l’élargir et a développé des propositions pour de nouvelles formes de luttes.

− Par deux fois, à Berlin-Ouest le 16 juillet et le 17 novembre 1975, nous avons distribué au total 100 000 tickets à trajet multiples pour une valeur de 60 000 DM. Dans les quartiers ouvriers, les tickets ont été distribués dans les boîtes aux lettres avec un tract de la Cellule révolutionnaire.

Nous avons ainsi mis en circulation plus de ces tickets que la société de transports publics de Berlin elle-même. Autour de ces deux dates nous avons diffusé avec notre émetteur UKW des programmes d’information et de musique qui étaient bien compréhensibles dans un rayon d’environ 10 km.

− Tandis qu’il était approprié à Berlin-Ouest de réimprimer des tickets, puisque ceux-ci sont seulement compostés dans le bus, le métro et le train de banlieue, à Francfort la situation est complètement différente.

En 1974, le groupe de transport de Francfort (FVV) a fait installer à chaque arrêt un distributeur automatique, duquel le ticket sort imprimé. Si ces distributeurs automatiques ne fonctionnent plus, personne ne peut plus acheter de ticket, c’est à dire que personne n’a plus besoin d’en avoir.

Les 8 et 10 octobre nous avons détruit dix de ces avides robots avec des engins incendiaires. Partout à Francfort, nous avons en outre donné des conseils en distribuant des tracts sur la manière de paralyser les distributeurs automatiques avec des moyens plus simples, au moins à court terme.

− Le 16 octobre, à Cologne, nous avons aussi mis dans des distributeurs automatiques de tickets deux engins incendiaires qui n’ont toutefois pas pris à cause de problèmes techniques. Il y a beaucoup de moyens possibles pour protester contre les tarifs.

Les actions de la Cellule révolutionnaire devaient répondre à la contradiction entre une protestation générale contre les tarifs et l’embarras le plus complet sur les formes d’action à employer. Elles ont créé une possibilité d’identification que des mots et des slogans ne suffisent jamais à produire seuls.

C’est ridicule, et loin de la réalité, si à cet égard il a été affirmé récemment à Berlin-Ouest que l’impossibilité de la guérilla urbaine en RFA se révélait par le fait que les tickets que nous avons distribués auraient tous été retournés aux flics. C’est tellement stupide que même les flics ne l’ont pas eux-mêmes affirmé.

Sur les 100 000 tickets, 15 000 ont été retournées tout au plus, dont environ 8 000 qui étaient dans des sacs que nous avions dû abandonner.

Même pas 10 % des tickets ont été retournés. Beaucoup de travailleurs, de ménagères, qui votent CDU et SPD, ont voyagé consciemment avec des faux tickets distribués par une organisation illégale révolutionnaire.

Nous ne considérons pas cela comme un exemple d’impossibilité de la guérilla urbaine en RFA, mais comme un petit exemple du fait que des oppositions qui saisissent les consciences peuvent sur un point se retourner contre la société bourgeoise et ses formes de comportement, et produire une vraie unité de classe. Dans le contexte allemand, nous trouvons déjà ça considérable si quelques dizaines de milliers de personnes font quelque chose d’illégal et, plus encore, le soutiennent.

Il n’y a pas que la Cellule révolutionnaire qui ait reconnu et exploité ces possibilités de politique illégale.

À Munich, soixante-dix automates ont été sabotés avec de la chaux, l’argent et les tickets ayant été retirés auparavant. Dans beaucoup de villes, des conseils de fraudeurs ont été distribués et collés, souvent camouflés comme des communications « officielles » des sociétés de transports publics en question.

Cellules révolutionnaires

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Cellules Révolutionnaires : Action contre le Tribunal constitutionnel fédéral (1975)

Des femmes des Cellules révolutionnaires ont attaqué le 4 mars 1975 le Tribunal constitutionnel fédéral (BVG).

Non pas pour « protéger » la « Constitution contre la Cour constitutionnelle », comme dit Monsieur Abendroth, mais pour nous protéger de la Constitution.

Une constitution qui fournit un cadre légal pour l’exploitation, l’épuisement quotidien et la démolition psychique de millions d’hommes et de femmes.

Une constitution qui illégalise les femmes — et qui en entraîne beaucoup vers la mort, quand elles ne se laissent pas imposer par la mafia des médecins et des juges leur sexualité, la disposition de leur propre corps et le nombre de leurs enfants.

Nous ne nous joignons pas aux plaintes sur le fait que le BVG abroge le projet de loi du Parlement réalisé démocratiquement, parce qu’il n’y a pas de différence considérable entre le fait qu’il y ait 6 ou 600 crapules qui décident des conditions d’existence de 60 millions de personnes.

Toutefois, dans les conditions actuelles, parmi les lois que cette poignée de valets du capitalisme payés par les recettes fiscales décrètent contre nous, nous faisons une différence très nette entre les divers degrés d’hostilité au peuple.

Et le jugement de terreur du Tribunal constitutionnel fédéral

— qui déclare de nouveau que l’interdiction de l’avortement est conforme à la tristement célèbre « base de l’ordre démocratique libéral », au droit et aux lois — est si insupportable, par son mépris et sa volonté d’anéantissement des femmes, que nous le combattrons par tous les moyens.

Nous, femmes, nous sommes encore contraintes à faire naître des enfants non-désirés, dans un monde où les enfants désirés doivent déjà grandir dans des conditions préprogrammées de dépérissement constant.

-du ghetto de la crèche au ghetto du jardin d’enfants et à la taule scolaire ;

-casés dans des logements minuscules dans les déserts de béton ;

-écrasés dans des familles nucléaires brisées par la force des choses ;

-contraints à la performance individuelle, la concurrence et l’isolement ;

-menacés par des parents qui ne supportent plus cette folie et, à cause de ça, maltraitent, abusent et battent leurs enfants ;

-menacés par un transport routier qui coûte chaque année en RFA parmi les enfants plus de vies humaines et de blessés que dans tout autre pays comparable.

De plus en plus d’enfants et de jeunes retournent cette misère contre eux-mêmes : les suicides et l’alcoolisme précoce augmentent brutalement.

Le paragraphe _18 n’empêche pas les avortements, comme le savent aussi ceux qui en appellent à Dieu et aux flics pour son maintien.

-comme le savent les tribunaux, pour qui le meurtre d’une femme ne se laissant pas faire a toujours pesé moins que celui d’un porc d’oppresseur (…). Nous sommes solidaires avec toutes les femmes qui se débarrassent de leur oppresseur.

-comme le savent les Églises qui, tout au long de leur histoire millénaire, ont maintenu leur structure fasciste : les femmes ne sont pas des humains, mais soit des mères soit des putains, « purifiées » ou plutôt punies pour leur sexualité par la grossesse. Car ils savent précisément que c’est la crainte qui remplit leurs églises. Nous n’avons pas oublié qu’ils ont brûlé nos sœurs féministes sur le bûcher au Moyen Âge.

Nous les femmes, n’avons plus rien à chercher dans les églises, si ce n’est profaner ces foyers du sexisme, comme avec des slogans, des discours gueulés en chœur, des pétards et des fumigènes… et faire voler les robes puantes de moisi des curetons et autres calotins pour démasquer ces misérables enculeurs de poules.

-les médecins qui gardent leur savoir, ou plutôt leur ignorance médicale, pour continuer à tirer plus de profit de l’utérus. Ils humilient les femmes à la recherche d’aide, les extorquent, et s’ils les aident effectivement, c’est généralement en employant la méthode dangereuse, obsolète et brutale du curetage, puisqu’ils refusent d’apprendre et d’appliquer la méthode d’aspiration plus douce.

Rendons tous ces porcs reconnaissables, taggons sur leurs limousines et leurs villas qu’ils sont des porcs. Pourrissons-leur leurs idylles de banlieue, en gueulant au mégaphone sur leurs agissements, en face de chez eux, comme les femmes japonaises nous en donnent l’exemple. Chopons les pires et faisons-les dérouiller, les plumes et le goudron seraient aussi une possibilité.

Le jour viendra, où les femmes se soulèveront…

mais pas sans qu’aujourd’hui déjà nous nous bougions !

Pour le BVG, nous avons attendu que l’affaire de l’enlèvement de Lorenz [par le Mouvement du deux juin] et la libération de cinq camarades emprisonné(e)s soit en grande partie passée_.

Cela démontre très clairement deux choses :

-que, considérant ces circonstances comme point de départ dans ce pays, beaucoup est possible quand on comprend que des organisations de masse, ouvertes, sont justes et importantes, mais que sans le développement de groupes de guérilla urbaine, de travailleurs, d’étudiants et de femmes, elles sont réduites à un type déterminé d’interventions qui ne suffisent plus pour lutter contre ce système.

-ce que le raffut autour de Lorenz veut dire, c’est qu’ils ne savent plus comment protéger tous les ennemis du peuple dans les parlements, les tribunaux, la presse, les églises, et surtout comment protéger les capitalistes eux-mêmes ; c’est qu’ils comprennent que ça aurait pu être n’importe lequel d’entre eux. En cela, exceptionnellement, ils ont raison.

Aucune attention n’est accordée aux milliers de victimes des avortements clandestins, du travail et de la route. Ils sont notre tribut annuel sanglant à ce système. Mais ce Lorenz est l’un du leur.

Des femmes des Cellules révolutionnaires

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Rote Zora : La résistance est possible (1984)

[Entretien de juin 1984 à la revue féministe Emma.]

Commençons par dire qui vous êtes.

Zora 1 : Si c’est une question personnelle, alors, nous sommes des femmes de 20 à 51 ans. Certaines d’entre nous vendent leur travail où elles peuvent, certaines prennent ce dont elles ont besoin et d’autres ne sont pas encore tombées à travers le filet de l’État-Providence.

Certaines ont des enfants, d’autres pas. Certaines femmes sont lesbiennes, d’autres aiment les hommes. Nous consommons dans des supermarchés dégoûtants, nous vivons dans des maisons affreuses, nous aimons nous promener, aller au cinéma, au théâtre ou en boîte.

Nous faisons la fête et nous cultivons l’oisiveté. Et bien sûr nous vivons avec la contradiction que la plupart des choses que nous voulons faire ne peuvent être faites spontanément. Mais quand on réussit une action, on a vraiment beaucoup de plaisir.

Que signifie votre nom ?

Zora 2 : Ca vient de Zora la Rousse et sa bande — c’est une gosse des rues, sauvage, qui vole les riches pour donner aux pauvres. Jusqu’à aujourd’hui, il semblait que c’était un privilège masculin de monter des bandes ou d’agir en dehors de la loi.

Et pourtant, justement, parce que les filles et les femmes sont étranglées par des milliers de chaînes personnelles et politiques, cela devrait faire de nous des masses de « bandites » qui combattrions pour notre dignité, notre liberté et notre humanité.

La loi et l’ordre sont fondamentalement contre nous, même si nous sommes péniblement parvenues à obtenir certains droits et que nous avons à nous battre tous les jours pour les garder : les luttes de femmes radicales et le respect de la loi, ça ne va pas ensemble !

Ce n’est pourtant pas une coïncidence que votre nom ait les mêmes initiales que les Cellules révolutionnaires (RZ)

Zora 1 : Non, bien sûr que non. Rota Zora exprime le fait que nous avons les mêmes principes que les RZ, la même conception de construction de structures illégales et d’un réseau qui soit en dehors du contrôle par l’appareil d’État.

C’est uniquement de cette façon que nous pouvons donner naissance à des actions directes subversives — en relation avec les structures légales et ouvertes de différents mouvements. « Nous répliquons ! », ce slogan des femmes de mai 68 n’est plus sujet à controverse aujourd’hui en ce qui concerne les violences individuelles faites aux femmes.

Mais c’est toujours très polémique et la plupart du temps tabou en tant que réponse aux conditions du pouvoir qui reproduisent constamment ces violences.

Quelles actions avez-vous menées  ?

Quel en était l’arrière-plan ?

Zora 2 : Les femmes des RZ ont commencé en 1974 en posant une bombe à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe parce que nous voulions la suppression totale du paragraphe 218 [de la loi sur l’avortement] et non un texte indicatif constamment manipulable1.

La nuit de Walpurgis de 1977, nous avons posé une bombe à l’Ordre fédéral des médecins parce qu’ils voulaient saboter même cette réforme partielle de l’avortement. Ensuite, il y a eu la bombe contre Schering pendant le procès Duogynon, et des attaques permanentes contre des sex-shops.

En fait, il faudrait qu’il y ait un de ces magasins porno qui brûle ou qui soit dévasté chaque jour. De là, nous pensons qu’il est absolument nécessaire de sortir du « domaine privé » l’oppression des femmes comme objets sexuels et productrices d’enfants, et de montrer notre colère et notre haine à coup de feu et de flammes.

Zora 1 : Nous ne nous limitons pas à l’oppression directe c’est-à-dire évidente des femmes.

En tant que femmes, nous nous sentons également concernées par les conditions de pouvoir social, qu’il s’agisse des moyens de production capitalistes, ou de la destruction du milieu urbain, ou de l’environnement ; des conditions donc auxquels les hommes sont aussi confrontés.

Nous ne voulons pas la « division du travail » de la gauche sous le slogan : les femmes pour les questions concernant les femmes, les hommes pour les questions politiques globales. Personne ne nous retirera la responsabilité de changer notre vie quotidienne.

De là, par exemple, nous avons mis le feu aux jolies voitures à la mode des avocats de Kaußen, « le requin des loyers », qui étaient responsables d’une série d’expulsions brutales. Avec les RZ, nous avons imprimé ensemble des faux tickets de transports en commun et nous les avons distribué dans le bassin de la Ruhr pour y mettre un peu de tarif zéro.

Zora 2 : Nos dernières attaques étaient dirigées contre Siemens et la compagnie informatique Nixdorf. Ils promeuvent le développement de nouvelles technologies de domination pour créer des possibilités encore plus sophistiquées de guerre de production et de contre-révolution.

De plus, il s’agissait là d’attaquer la fonction d’innovateurs qu’ils ont dans la restructuration du travail, en particulier sur le dos des femmes du monde entier.

Alors qu’ici on exploite les femmes en les faisant travailler isolées les unes des autres dans des boulots à temps partiel et sans sécurité sociale — grâce à la technologie de ces compagnies —, dans le dit tiers-monde elles sont usées jusqu’à l’os pour produire ces mêmes outils électroniques. À 25 ans, elles sont complètement bousillées.

Quelle est l’importance pour vous du rapport avec le tiers-monde, avec l’exploitation des femmes là-bas ?

Zora 1: Nous l’avons manifesté dans toutes nos attaques, quand nous avons attaqué des marchands de femmes et l’ambassade des Philippines l’an passé aussi.

Nous ne combattons pas pour les femmes dans les pays de la périphérie, nous combattons avec elles, par exemple contre l’utilisation des femmes comme produit de consommation courante. Cette traite moderne des esclaves a son équivalent ici dans la possession conjugale.

Les formes d’oppression sont différentes mais elles ont toutes les mêmes racines. Personne ne jouera plus avec nous. La séparation entre les hommes et les femmes a un équivalent international, la division entre les peuples du premier et du tiers-monde. Nous-mêmes profitons de la division internationale du travail.

Nous voulons rompre avec notre implication dans ce système et comprendre nos intérêts communs avec les femmes des autres pays.

Vous avez expliqué comment vous concevez votre pratique, mais vous n’avez pas expliqué pourquoi vous vous organisez dans le cadre des RZ.

Zora 2 : D’abord, la raison principale est que cette politique a été développée par les RZ et nous estimons toujours qu’elle est juste. Durant notre développement, nous avons déterminé nos propres contenus politiques — de là, nous nous sommes organisées en tant que femmes de façon autonome — mais nous sommes retombées sur les expériences des RZ.

Nous pensons aussi que la coopération des groupes radicaux peut renforcer la résistance militante. Il y a eu des formes de coopération productives, telles que les actions contre la visite de Reagan, ou l’article de débat sur le mouvement pacifiste (« Dans le danger et l’extrême urgence, le compromis c’est la mort »).

Mais il y a aussi eu des discussions chiantes. Parfois des hommes — qui d’autre part transforment leur rupture radicale d’avec le système en pratique conséquente — sont loin, et c’est alarmant, de réaliser ce que signifie la lutte antisexiste, et quelle signification elle a pour une perspective sociale-révolutionnaire.

Il y a eu également des controverses entre nous, entre femmes, pour savoir où sont les limites de la coopération, pour savoir quand elle renforce ou paralyse nos luttes de femmes ; mais nous pensons que notre identité féministe nous unit à certaines femmes des RZ.

Est-ce que cela signifie que vous vous définissez comme féministes ?

Zora 1 : Oui, bien sûr, nous pensons que le personnel est politique. C’est pourquoi nous croyons que tous les faits sociaux, économiques ou politiques qui structurent et renforcent le soi-disant personnel sont une invitation à la lutte, en particulier pour nous les femmes.

Ce sont les chaînes que nous voulons briser. Mais ce serait une vision incomplète des choses que de faire de l’oppression des femmes en Allemagne de l’Ouest la seule orientation politique, et de ne pas voir les autres situations d’oppression, telles que l’oppression de classe, le racisme, ou l’annihilation de peuples entiers par l’impérialisme.

Cette attitude ne comprend jamais les racines de la misère : à savoir que l’oppression des femmes et la division sexuée du travail sont des présupposés qui sont fondamentaux à n’importe quelle forme d’oppression — contre les autres races, minorités, les vieux, les malades, et en particulier contre ceux qui se révoltent.

Zora 2 : Pour nous, les difficultés commencent quand les revendications féministes demandent des « droits égaux » et la reconnaissance dans cette société. Nous ne voulons pas de femmes dans des positions d’hommes, et rejetons les femmes qui font carrière à l’intérieur de la structure patriarcale sous prétexte de lutter pour les femmes.

De telles carrières demeurent des actes individuels dont ne peuvent profiter que quelques femmes privilégiées. Car, dans cette société, les positions d’administration, de gestion du pouvoir, sont cédées aux femmes uniquement lorsque les intérêts des hommes y sont représentés ou lorsque la position, de toutes façons, ne permet pas l’influence des intérêts des femmes.

Le mouvement des femmes était assez fort dans les années soixante-dix : il a abouti à pas mal de choses de façon légale. Par exemple, le combat contre la loi sur l’avortement, la communication faite autour des violences contre les femmes dans la famille et du viol en tant qu’acte de pouvoir et de violence, la construction de contre-structures autonomes. Pourquoi soutenez-vous la nécessité de la lutte armée ?

Zora 1 : Bien sûr, le mouvement des femmes a réussi de nombreuses choses, et pour moi la plus importante d’entre elles est le développement d’une large conscience de l’oppression des femmes dans la société.

De plus, les femmes ne ressentent plus leur oppression comme une histoire individuelle, ou ne pensent plus qu’elles en sont responsables, mais, à la place, elles se réunissent et prennent conscience de leur force commune.

Les choses qui ont été organisées par le mouvement des femmes, comme les librairies de femmes, les centres de femmes, les journaux de femmes, les meetings, les congrès, tout cela fait maintenant partie de la réalité politique et fait partie intégrante du développement de notre lutte.

Zora 2 : Certains de ces succès étaient plutôt l’expression d’une situation sociale dans laquelle des espaces de liberté ont pu être cédés aux femmes.

Bien sûr, quand ils ont voulu qu’il y ait des femmes dans les usines et les bureaux, ils ont créé plus de places dans les jardins d’enfants, mais cela n’a pas apporté de changement fondamental dans la façon de vivre des femmes.

Il faut un mouvement continu, dont les buts ne puissent être récupérés, et dont la part sans compromis ne peut être mise de force dans des cadres légaux, dont la colère et la volonté de se consacrer aux luttes anti-parlementaires et aux formes anti-institutionnelles sont exprimées sans limites.

Zora 1 : La voie légale n’est pas suffisante, parce que généralement les structures de la violence sont légales. C’est légal que des maris frappent et violent leurs femmes.

C’est légal que des marchands de femmes achètent nos sœurs du tiers-monde et les vendent à des hommes allemands. C’est légal que des femmes détruisent leur santé et fassent des boulots monotones pour gagner juste de quoi survivre.

Toutes ces choses sont des conditions violentes que nous ne voulons plus accepter ni tolérer et qui ne peuvent être changées simplement par la critique. C’est un pas important de créer une conscience publique des violences faites aux femmes mais ça n’a pas suffi à les empêcher. C’est phénoménal à quel point les injustices criantes dont souffrent les femmes peuvent rencontrer une incroyable proportion d’ignorance.

C’est une tolérance qui met en relief le parasitisme masculin. Cette « norme » est liée au fait qu’il y a peu de résistance. L’oppression n’est reconnue que lorsqu’il y a résistance. C’est pour cela que nous sabotons, boycottons, endommageons, et nous vengeons des violences et humiliations subies en attaquant ceux qui en sont responsables.

Que pensez-vous du mouvement des femmes actuel ?

Zora 2 : Nous pensons qu’il est faux de parler du mouvement des femmes. D’un côté, le terme de mouvement des femmes comprend ce qui résulte des structures anciennes et ce qui en est resté, des projets et rencontres jusqu’à la mystique.

Il y a beaucoup de courants qui ne se renforcent pas les uns les autres de façon fructueuse, mais qui, en partie, se combattent et s’excluent.

D’un autre côté, de nouvelles impulsions politiques émergent de contextes variés, dans lesquels les femmes prennent conscience de leur oppression, questionnent de façon radicale les structures patriarcales et développent une ligne politique dans l’intérêt des femmes — par exemple les femmes dans les groupes de solidarité latino-américains, dans le mouvement squatter, dans les groupes anti-impérialistes.

C’est pourquoi il est approprié de dire « le mouvement des femmes est mort, vive le mouvement des femmes ! ». Le mouvement des femmes n’est pas un mouvement partiel comme le mouvement antinucléaire ou le mouvement squat, qui ne survivront pas si on arrête de construire des centrales nucléaires, ou s’il n’y a plus de propriété soumise à la spéculation.

Le mouvement des femmes est en lien avec la totalité des structures patriarcales, leur technologie, leur organisation du travail, leur relation à la nature, et à cause de cela c’est un phénomène qui ne disparaîtra pas en supprimant quelques excroissances cancéreuses, mais plutôt dans le long processus de la révolution sociale…

Zora 1 : Le mouvement des femmes n’a jamais vraiment analysé ses défaites autour de la loi sur l’avortement, sur le financement de projets comme des centres d’abri pour femmes battues. Il lui manque le rejet de la politique d’État. D’autre part, il a anticipé le tournant de la politique familiale au travers de la vague de nouvelle maternité dans le mouvement des femmes.

De plus, la question de classes n’est jamais apparue ; les différences sociales sont niées par l’universalisation de l’oppression sexiste. Cela rend difficile le fait de trouver des réponses aux conditions de travail qui empirent, à l’oppression croissante, et à la politique familiale réactionnaire dans la crise actuelle.

Le manque de perspectives d’actions pour réagir de façon appropriée aux attaques mène au dilemme suivant : soit aller de manière offensive contre la politique réactionnaire, soit seulement préserver le peu de lest subjectif qu’on a lâché aux femmes.

Nous ne pouvons pas résoudre ce problème en théorie, mais nous ne pensons pas que la construction de comités de femmes soit une solution appropriée.

Par expérience nous savons que nous, les femmes, n’atteignons aucun pouvoir par les chemins qui sont justement là pour exclure les femmes, garantir et obtenir la domination patriarcale. C’est pourquoi nous considérons que les comités des femmes qui veulent organiser leur influence dans les partis et les institutions font fausse route.

Zora 2 : Mais, pendant ce temps, d’autres débats et analyses importants, qui prennent en compte le développement futur de la société, ont commencé à se développer. L’oppression croissante, notamment grâce aux nouvelles technologies, est remise en question depuis la base, les nouvelles formes de rémunération et d’organisation du travail des femmes sont analysées, les structures de violence indirecte contre les femmes sont comprises.

Beaucoup de femmes perçoivent et rejettent la guerre quotidienne contre les femmes — la vague du porno hard et la propagande méprisante pour elles — et l’appel de la société pour plus de maternité et plus de féminité.

Elles comprennent également que les retours en arrière dans la politique qui concerne les femmes et la politique familiale conditionnent de nouvelles stratégies du capital. La politique de contrôle de la population, et le changement de la loi sur l’avortement en fait partie, est une tentative d’avoir une influence qualitative sur le développement de la population.

Parmi d’autres choses, son ambition est de multiplier la classe moyenne allemande « en bonne santé », grâce aux technologies génétiques sponsorisées par l’État.

C’est un développement que nous devons empêcher. Aujourd’hui, nous avons besoin plus que jamais d’un mouvement des femmes qui a le pouvoir d’empêcher et de briser l’enfermement social et politique, non seulement des femmes, mais aussi des étrangers et des minorités ; un mouvement de libération des femmes qui ne réduit pas l’espoir de la révolution à un joli rêve.

Vous concevez-vous comme partie du mouvement des femmes, ou du mouvement de guérilla, ou les deux, et comment voyez-vous le contexte ?

Zora 1 : Nous faisons partie du mouvement des femmes. Nous combattons pour la libération des femmes.

À côté des points communs théoriques, il existe un autre lien entre notre pratique et le mouvement légal des femmes, c’est la radicalisation subjective qui peut encourager d’autres femmes à résister et à se prendre au sérieux, à prendre le combat au sérieux. Il y a un sentiment de force quand tu vois que tu arrives à quelque chose dont tu avais peur auparavant, et quand tu vois que ça apporte quelque chose.

C’est cette expérience que nous aimerions aussi partager. Nous ne pensons pas que cela doit forcément se passer de la façon que nous avons choisie. Par exemple, prenons les femmes qui ont interrompu un spectacle de peep show en dessinant des symboles de la femme et en lançant des bombes puantes.

Ces actions nous encouragent, nous donnent de la force, et nous espérons que les femmes ressentent la même chose avec nos actions.

Notre rêve est que partout existent de petites bandes de femmes ; que dans chaque ville, un violeur, un vendeur de femmes, un mari violent, un éditeur misogyne, un vendeur de pornos, un gynécologue vicelard, s’attende à ce qu’une bande de femmes le retrouve pour l’attaquer et le ridiculiser en public.

Par exemple, qu’on écrive sur sa maison, qui il est et ce qu’il a fait, sur sa voiture, à son travail — le pouvoir des femmes partout !

Comment pouvez-vous prendre la responsabilité de l’éventualité de mettre en danger des vies de personnes innocentes dans vos actions ?

Zora 2 : Pourquoi les gens imaginent toujours que les personnes qui manient l’engrais et les explosifs ne font pas attention à ce qui va de soi pour vous-mêmes, pour le mouvement des femmes, ou pour la gauche ? C’est le contraire ! C’est justement à cause de la possibilité de mettre des vies en danger nous sommes obligées d’être particulièrement responsables. Tu sais aussi bien que nous que nous pourrions abandonner si ta question était juste.

Ce serait un paradoxe de combattre contre un système pour lequel la vie n’a de valeur que tant qu’elle est rentable, et devenir aussi cyniques et brutales que ce système. Nous avons rejeté de nombreuses actions parce que nous ne pouvions éliminer le risque de mettre en danger des personnes innocentes.

Certaines firmes le savent parfaitement bien, c’est pourquoi elles préfèrent emménager dans des bâtiments résidentiels. S’ils emménagent dans des immeubles résidentiels pour protéger leur propriété, ils ont spéculé sur notre morale.

Que dites-vous contre l’argument : les actions armées font du tort au mouvement ? Elles contribuent à ce que le mouvement féministe soit plus surveillé et espionné que jusqu’à présent, qu’il soit traité de mouvement terroriste, ce qui pourrait le diviser et l’isoler de la majorité des femmes.

Zora 1 : Faire du tort au mouvement — tu parles de l’instauration de la répression. Les actions ne font pas de tort au mouvement !

Au contraire, elles doivent et peuvent soutenir directement le mouvement. Par exemple notre attaque contre les marchands de femmes a contribué à exposer leur business à la lumière publique, à ce qu’ils se sentent menacés, et maintenant ils savent qu’ils ont à anticiper la résistance des femmes s’ils continuent.

Ces « messieurs » savent qu’ils doivent anticiper la résistance. Nous appelons cela un renforcement du mouvement.

Zora 2 : De tout temps la stratégie de contre-révolution a été de séparer l’aile radicale et de l’isoler par tous les moyens pour affaiblir l’ensemble du mouvement.

Dans les années soixante-dix, nous avons expérimenté ce que cela voulait dire quand les secteurs de la gauche ont adopté la propagande d’État, quand ils ont commencé à présenter ceux qui se battent sans compromis comme les responsables de la persécution de l’État, de la destruction et de la répression.

Non seulement ils confondent la cause et l’effet, mais ils justifient aussi implicitement la terreur d’État. De là, ils affaiblissent leur propre position. Ils réduisent le cadre de leur protestation et de leur résistance.

Zora 1 : Notre expérience : pour rester incontrôlées et nous protéger des attaques de l’État, une forte unité est nécessaire. Nous ne pouvons plus nous permettre de voir chaque groupe répéter les mêmes erreurs. Il doit y avoir des structures dans lesquelles nous partageons les connaissances et expériences utiles au mouvement.

Comment des femmes qui ne sont ni autonomes ni radicales peuvent-elles comprendre ce que vous voulez ? Les actions armées les effraient et les éloignent.

Zora 2 : Pourquoi ce n’est pas effrayant quand un type vend des femmes et que ça le devient quand sa voiture brûle ? Derrière cela, il y a le fait que la violence sociale légitimée est acceptée alors que des représailles similaires en guise de réponse effraient.

C’est possible que ce soit effrayant de remettre des évidences en question, que les femmes, à qui on a bourré la tête depuis qu’elles sont gamines avec l’idée qu’elles sont des victimes, se sentent en danger si elles sont confrontées au fait que les femmes ne sont ni des victimes ni des êtres pacifiques.

C’est un défi. Les femmes qui ressentent avec rage leur impuissance peuvent s’identifier à nos actions.

Alors que chaque acte de violence contre une femme crée un climat de menaces contre toutes les femmes, nos actions — même si elles ne sont dirigées que contre l’individu responsable — contribuent au développement du sentiment que la résistance est possible !

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Rote Zora : Communiqué des actions contre Siemens (1983)

[Signé Rote Zora, groupe de femmes des RZ.]

« De la brosse à dents électrique à la chaise roulante, tout au service de l’humanité. »

Que ce soit au service informatique de l’armée, que ce soit les radars des Tornados, des blindés Léopard ou Guépard, que ce soit sur le Milan ou les systèmes radio ou radar militaires, que ce soit dans l’élaboration du nouveau système de renseignements de l’OTAN, le NICS [Nato integrated communication systems : système qui nécessite que la RFA soit équipée an câblages en fibres de verre], l’électronique Siemens est à l’oeuvre.

Il n’y a pas de stratégie de l’OTAN sans le concours de l’électronique de Siemens, pratiquement pas de guerre où Siemens n’aura pas tiré de profits.

Siemens est le deuxième producteur d’armes en RFA, si l’on considère le chiffre d’affaires de l’armement, et a un rôle dirigeant en ce qui concerne la recherche dans le domaine de la technologie militaire.

La micro-électronique est essentielle pour le développement des systèmes d’armes.: deux tiers des coûts des armes nouvelles peuvent être imputés à l’électronique. Le développement de la micro- électronique est, comme toute technologie de pointe, d’origine militaire.

La technologie de l’information est un instrument central de la conduite de la guerre à l’intérieur comme à l’extérieur : fichier informatique, installations de surveillance dans les rues, les boîtes et les taules, contrôle des identités.

Tout cela serait impensable sans la micro-électronique. Le BKA et les services de police régionaux sont tous équipés d’ordinateurs Siemens et Siemens est toujours au premier rang quand il s’agit de décrocher des contrats financés par l’Etat. Comme Siemens aime bien dissimuler la part qu’il prend à l’oppression sous le couvert des activités du trust (« tout pour l’humanité, de la brosse à dents électrique à la chaise roulante »), cela a constitué pour nous une raison supplémentaire de gratter cette belle façade, de détruire son image d’entreprise bien propre.

Pour faire apparaître sa responsabilité dans la guerre, l’oppression et l’exploitation, nous avons fait exploser deux bombes dans deux de ses usines : à Brunschwick et à Witten…

Seule notre colère peut nous aider à combattre l’état de normalité impérialiste. Comme certaines fractions du mouvement pour la paix fixent leur attention sur les seuls missiles de croisière, on pourrait facilement croire que la décision concernant le stationnement des missiles pourrait décider de la guerre et de la paix.

Mais on oublie ainsi que d’innombrables hommes sont victimes jour après jour, dans ces pays qu’on appelle en voie de développement, de la politique de génocide ouverte, ou cachée poursuivie par l’impérialisme occidental, de famines artificielles, de la stérilisation forcée, de la guerre au nom du progrès et de la liberté selon le modèle occidental. Mais on oublie qu’ici aussi les intérêts des dominants sont imposés par des formes de plus en plus dures d’exploitation et de répression.

On oublie que c’est notre oppression quotidienne qui assure la «paix intérieure » dont ils ont besoin pour mener leur politique de guerre impérialiste vers l’extérieur.

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Cellules Révolutionnaires : Action contre la Fondation Konrad Adenauer (1983)

(Juin 1983)

La Fondation Konrad Adenauer est moins connue qu’elle ne le mérite. 

Par cet attentat, nous voulions l’endommager directement et contribuer à la démasquer politiquement, car elle joue, en tant que fondation de la coalition de droite, un rôle-clé dans la stratégie globale d’encerclement des pays maintenus dans le sous-développement, spécialement en Amérique latine. 

Dans sa fabrique à penser organisée d’après le modèle américain, « l’Institut pour la Solidarité Internationale », sont élaborées des conceptions pour une « nouvelle politique extérieure allemande en Afrique/Asie/Pacifique et Amérique latine ». 

Politique de développement qui, sous les sociaux-démocrates aussi, ne fut en fin de compte rien d’autre que l’exploitation du tiers monde par d’autres moyens (car pour chaque mark investi il revient 1,30 DM dans la métropole), et qui dévient un instrument de pouvoir impérialiste parfait, un moyen grâce auquel les mouvements de libération comme au Salvador et les révolutions achevées comme au Nicaragua, au Mozambique, en Angola et au Zimbabwe devaient être déstabilisés, détruits et enterrés. 

Les stratégies de la Fondation s’insèrent de ce fait non seulement sans rupture dans la totalité du concept de « nouvel ordre mondial » de l’impérialisme US ; elles le modèlent aussi conformément au principe « opérer séparément-frapper ensemble » 

Dans l’exemple du Nicaragua, l’équipe USA-RFA montre, dans le cadre de son « initiative de base dans les Caraïbes », la façon dont elle pense pouvoir agir mondialement dans l’avenir : les USA attaquent de l’extérieur, la RFA de l’intérieur. 

Les USA organisent, financent et entraînent des unités militaires anti-sandinistes, étranglent les superstructures, coupent les crédits, la RFA finance et soutient au travers de son « concept de développement par des moyens fournis de manière ciblée », le front intérieur : union capitaliste, église constitutionnelle de droite et presse contre-révolutionnaire. 

A côté du Honduras, le Costa-Rica, moins suspect mais en faillite, est contraint par des pressions économiques de se mettre à disposition en tant que base idéologique et opérationnelle contre le Nicaragua. 

C’est aussi au Costa-Rica que la Fondation a établi son quartier général pour son intervention en Amérique centrale. 

« L’Instituto Central Americano de Estudios Sociales, CAES » a déjà érigé dans tous les pays de cette région, des partis frères, produits artificiels sans base sociale qui doivent cimenter le statu-quo. 

Aussi n’est-il pas étonnant qu’en mars 1979 déjà (donc encore à la triste époque de l’opposition), la CIA ait manifesté un « intérêt opérationnel » pour la Fondation Adenauer et sa branche bavaroise, la Fondation Hanns-Seidel. 

Dans une étude, le service secret constate « que les représentants de la Fondation à l’étranger seraient des informateurs propres au parti, qui ne se différencieraient en rien des agents résidents du BND si ce n’est par un moins haut niveau d’instruction dans le domaine spécifique du renseignement ». 

Cette activité para-BND et d’action secrète (influence politique et financière, communication d’informations, utiles au parti et jusqu’au commerce d’armes), la CIA l’enregistre dans toute l’Amérique latine, en Namibie, au Zaïre, au Nigéria, au Maroc, au Togo, au Portugal, en Turquie, en Jordanie et en Arabie Saoudite. 

A partir de ces constatations, les échanges d’informations et la coopération sont caractérisés dans le monde comme contre-insurrectionnels. 

Le financement des fondations politiques est intéressant lui aussi dans ce contexte. 

Le juriste Karl-Heinz Seiffert le qualifie de contraire à la Constitution. 

Pour Henning von Vieregge, la signification des fondations pour les partis réside dans le fait qu’elles reçoivent des subventions de l’Etat qui ne pourraient être attribuées aux partis du fait des règles juridiques. 

De plus, ces subventions attribuées aux fondations sont soustraites pratiquement à tout contrôle public. 

« Les partis donnent des renseignements financiers sur leur fondation avec autant d’empressement que les gens qui ont de gros revenus sur leur compte en Suisse » (Le Spiegel). 

En d’autres termes, les centaines de millions de DM de subventions qui sont versés sur les comptes des fondations politiques et détournés ne sont rien d’autre qu’un fonds immense destiné à des opérations secrètes. 

Cela n’étonne vraisemblablement plus personne de savoir que naturellement le Ministère pour la Coopération Economique lui aussi est entre les mains de la Fondation, bien qu’il se soit toujours intelligemment distancié. 

« Ceci est l’affaire des fondations, les activités des fondations politiques, n’ont pas à être jugées » déclare Siegfried Lengl, ancien chef de la Fondation Seidel et qui détermine aujourd’hui en tant que Secrétaire d’Etat au Ministère de la Coopération Economique la politique dans ce domaine. 

Et naturellement aussi « l’honorable » Fondation Adenauer se distancie de la « scandaleuse » Fondation Seidel, qui par exemple agit au Portugal avec Kaulza de Arriaga, le boucher du Mozambique, ou en Espagne avec les fascistes Fraga et Munoz, en Turquie avec Türkes, le chef des « loups gris ». 

En vérité, les fonds de la Fondation Seidel se sont multipliés par sept depuis 1977 et cet argent vient des comptes de la Fondation Adenauer, qui elle, tire les siens pour la plus grosse partie des contribuables, avant de les verser à la Fondation Seidel. 

Comme il a déjà été dit : opérer de manière séparée – et frapper ensemble. 

Ce jeu bien combiné est démontré par une figure-clé : Edmund Moser, dirigeant depuis longtemps de la Fondation Konrad Adenauer en Amérique latine (siège à Caracas). 

Il rassemble en même temps et par l’intermédiaire de la Fondation Seidel des dons de Siemens, KWU, AEG, Bosch, etc, pour financer entre autres le parti d’extrême-droite COPEI au Venezuela. 

L’argent transite illégalement par les comptes de son frère Gerald Moser et de la tristement célèbre « Union bavaroise » et est envoyé en Amérique du Sud pour la lutte contre la « subversion » 

En,juillet 1980, à l’invitation de la Fondation Adenauer ; des membres de la junte salvadorienne sont venus à Berlin-Ouest pour se mettre à la page de la « lutte efficace contre le terrorisme ». 

Ceci a suscité des protestations ; et chez les gens de la Fondation Adenauer la décision de fonder par l’intermédiaire de leur représentant Moser une organisation pouvant prendre en charge ce type d’ « opérations délicates », épargnant ainsi la une des journaux à la Fondation Adenauer. 

« L’Association Internationale pour la Liberté et la Démocratie », est alors créée. 

Elle a organisé, en avril 1983, une conférence de presse pour les « contras » de la FDN, au cours de laquelle celle-ci peut appeler à un renversement par les armes du gouvernement de Managua. 

En mai 1983, après cinq mois de lavage de cerveau, l’ancien commandant salvadorien Alejandro Montenero est présenté comme dissident à l’opinion publique en RFA et envoyé en tournée européenne. 

Dans, le « Traité sur la Politique Extérieure Allemande », il est dit avec beaucoup de délicatesse à propos de tout cela : « L’activité considérable dans le domaine de l’aide au développement fournie par les fondations des partis politiques, demeure par ses ramifications, difficilement contrôlable. 

L’activité de ces institutions à l’étranger va bien plus loin que l’aide au développement. 

Il y a peu d’instruments de politique extérieure qui influent de manière aussi intense sur l’opinion des forces politiques dirigeantes de nombreux pays en voie de développement » .

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Cellules Révolutionnaires : Beethoven contre Mac Donald (1983)

es attentats de groupes fascistes dans les cités américaines et contre des officiers et des soldats américains dans la région de Francfort dans la seconde moitié de l’année 1982, nous ont d’abord été attribués par la Sécurité de l’Etat, puis, après l’arrestation du groupe Hepp, par les réformistes de gauche qui nous ont considérés comme responsables moralement. 

Une journaliste de TAZ a mis une fois de plus dans le mille en remerciant le BKA d’avoir arrêté ces fascistes, permettant ainsi que les groupes de la gauche armée ne soient plus rendus responsables de ces actions, soulignant de ce fait qu’un doute pouvait exister : la guérilla aurait bien été capable de ce genre d’actions d’après elle. 

Le journal Radikal [la principale revue clandestine du mouvement autonome, d’une centaine de pages, sortant à intervalles irréguliers] même s’il se situe dans une toute autre perspective, prend les bombes des fascistes comme prétexte pour ouvrir une discussion sur les « cas limites » quelque part entre RZ, flics et fascistes et critique dans un seul et même contexte « les maladresses et erreurs » commises lors d’actions qui font bel et bien partie de notre mouvement. 

Aussi nécessaire que soit justement en ce moment un débat sur les objectifs et l’organisation d’une politique armée de gauche, les attentats anti-américains de groupes fascistes sont une mauvaise base de discussion. 

La désorientation et l’incertitude concernant ces attentats ne sont pas explicables par un « actionnisme diffus » ou une légèreté de la politique de la gauche militante et armée qui aurait provoqué cela. 

On ne saurait discuter de la même façon de quelques attentats problématiques par le choix de l’objectif ou la réalisation technique, qui ont eu lieu en partie lors de l’expulsion des squats à Berlin, et la série des attentats des fascistes. 

Ceux qui lès amalgament ne passent pas seulement négligemment au-dessus des motivations politiques différentes de ces actions, ils empêchent que soient nommées les véritables raisons de cette désorientation : un anti-américanisme latent existant aussi au sein de la gauche allemande, une légèreté et un désintérêt qui ont fait ignorer les développements dans le spectre fasciste et les moments communs réels entre actions fascistes et opérations des services secrets et ce malgré le bain de sang de Munich en 1980, malgré Bologne, malgré les campagnes meurtrières contre des ouvriers immigrés ou des juifs. 

Au-delà de tout jugement moral des actions du groupe Hepp, il aurait dû devenir évident, au plus tard après les attentats dirigés contre des membres isolés de l’armée américaine, que ceux-ci se mouvaient sur une vague d’anti-américanisme que nous refusons et que nous combattons en tant que conception politique. 

Il est malveillant d’insinuer que les attentats dirigés contre l’année américaine, contre des installations américaines, contre la logistique de l’OTAN, contre les réseaux de communication et contre les entreprises multinationales US, revendiqués par les Cellules Révolutionnaires, la RAF et de nombreux groupes autonomes aient pu ressortir de la même ligne politique anti-américaine ou d’une ligne comparable ou encore qu’ils aient pu la favoriser. 

Ces actions furent toutes sans exception des actions à caractère anti-impérialiste et contenaient en elles la possibilité d’approfondir les failles et les contradictions existant au sein de l’armée américaine et de soutenir la résistance des minorités nationales et raciales. 

Nous avons attaqué les mess d’officiers, pas ceux des simples soldats ou pas des supermarchés. 

Nous avons fait exploser des bombes contre des filiales des multinationales US sans qu’aucun petit employé allemand ou américain n’ait jamais eu le moindre dommage à subir. 

Le quartier général de l’armée américaine à Francfort fut plusieurs fois la cible d’attentats, des actions furent dirigées contre des dépôts militaires de carburant, mais jamais contre des -stations-services dans des zones d’habitation américaines. 

Finalement, ce n’est pas sans raison que nous avons pris la visite de Reagan en Europe et la rencontre au sommet de l’OTAN comme prétexte à une série d’actions – et non pas quelque chose comme un concert de Sammy Davis Jr ou la prolongation de la diffusion de Dallas. 

Les derniers attentats contre SEL à Düsseldorf et contre IBM à Reutlingen ne laissent aucun doute sur les différences. 

Celui qui a suivi notre pratique comme nos prises de position politiques sait que nous refusons une politique diffuse, dirigée contre des parties du peuple, que nous refusons le terrorisme. 

Les stratégies de la tension, du bain de sang, sont le terrain de groupes fascistes ou des services secrets pour qui les êtres humains ne sont de toute façon que des pions qui peuvent être sacrifiés pour un maigre profit. 

Ils utilisent la peur de la population au profit de leur politique visant à influencer ou à modifier les institutions. 

Nous nous considérons par contre comme une partie d’un faible courant courant anti-impérialiste et social-révolutionnaire en RFA et à Berlin-Ouest, à l’extension et à la stabilisation politique et militaire duquel nous continuerons à contribuer. 

Notre long combat pour la libération vient d’en bas et ne joue pas avec la vie des individus ni avec celle de nos propres camarades. 

Nous nous trouvons encore dans une première phase de ce processus, où il s’agit essentiellement de mener le combat pour gagner « la tête et les sentiments » des gens et justement pas une guerre. 

Que nous employions dans cette lutte, de même que la droite et les flics, des armes et des explosifs, ne doit pas conduire à la conclusion que tout cela est du pareil au même ! 

Armes ou explosif, machines à écrire ou à imprimer, appareils-photos ou instruments de musique peuvent être des instruments de nos luttes : cela dépend de comment nous les employons et à quel contenu ils sont rattachés. 

La responsabilité politique des attentats antiaméricains n’est pas à faire porter aux groupes de la gauche armée mais bien plutôt à une certaine partie du mouvement pacifiste qui s’adonne à un nationalisme diffus, qui propage l’idée absurde que la RFA est un « pays occupé », qui rend de bon ton le réveil du patriotisme allemand et abandonne le terrain d’une politique de gauche lorsqu’il ramène la question du stationnement des missiles à une question d’identité nationale. 

La frontière entre l’anti-impérialisme et la mobilisation du ressentiment anti-américain fond forcément lorsque les matadors du mouvement de la paix appuient leur protestation contre le surarmement et les Pershings en en appelant au sentiment de l’honneur des Allemands contre un esclavage quasi colonial. 

Il y a une énorme différence entre considérer Mac Donald comme un cartel alimentaire américain qui a imposé des normes d’organisation intensive du travail aussi bien que des dégradations extrêmes des salaires et a mis en place dans le monde entier un business agro-alimentaire, et le considérer comme l’expression d’une culture « yankee ». 

Celui qui fait de Coca Cola ici un synonyme de génocide et la forme principale d’un impérialisme culturel et le place sur le même plan que le soutien du gouvernement américain à presque toutes les dictatures militaires, se retire à lui-même la possibilité de comprendre l’origine fasciste des actions nationalistes ou anti-américaines. 

Le scandale politique n’est pas le fait que les fascistes aient transformé en actions militaires rentables pour eux ces positions courantes aussi dans le mouvement de la paix. 

Le scandale est que ces positions puissent exister et qu’elles aient pu s’imposer dans le processus de démarcation et de combat des positions social-révolutionnaires et anti-impérialistes, mené par les réformistes de gauche de toutes tendances, dans les cartels appelant à la signature de pétitions passant par le TAZ et jusqu’aux Verts. 

Et qu’ainsi la volonté d’alliances du mouvement pacifiste ait conduit en partie consciemment, en partie naïvement à des positions nationalistes ou fascistes. 

Le passage de groupes fascistes, d’actions antisémites ou de terreur contre les travailleurs immigrés ou les réfugiés, à des attentats anti-américains n’est surprenant qu’au premier abord. 

Ils opèrent en premier lieu sur une seule et même ligne : racisme et haine des étrangers. 

La phrase d’Hitler : « Dans une seule symphonie de Beethoven il y a plus de culture que tout ce que l’Amérique a produit à ce jour » résume tous les sentiments et aversions obscurs contre l’a-culture américaine, à la même notion que celle que l’on retrouve aujourd’hui dans la campagne contre les américanismes dans la langue allemande. 

C’est à cette tradition que se rattachent les groupes fascistes. 

[Le leader nazi] Michael Kühnen dit à propos de la signification de l’anti-américanisme de la droite : Historiquement, c’est un ancien courant, car nous avons dû faire la seconde guerre mondiale, c’est connu, autant contre les Etats-Unis que contre l’Union Soviétique. 

C’est la vieille histoire de l’Europe du centre (!) qui se tourne aussi bien contre les puissances étrangères à l’Est qu’à l’Ouest. 

Pour nous, le problème de l’impérialisme de l’Ouest est plus important que celui de l’Est. 

Aujourd’hui, au-delà de cet aspect historique, il y a le point de vue de la décadence de notre culture, de notre langue, de notre musique importée chez nous par l’Amérique – et nous refusons catégoriquement cela. 

Il faut aussi rappeler le problème de la drogue. 

Le fait est que tout ce que nous combattons peut être identifié totalement par le terme d’américanisme. » 

Il est important de pouvoir discuter ici plus longuement les buts de la droite – sa programmatique : création d’un bloc européen sous hégémonie allemande – est manifeste et annonce une extension des actions anti-américaines sur le même principe dans l’avenir que le modèle déjà éprouvé. Haine de l’immigré, aversion pour tout ce qui est étranger, désignation et persécution de tout ce qui est autre, sont maintenant comme avant en RFA les motifs profondément ancrés que les fascistes intègrent dans leurs calculs. 

Justement dans la région Rhin-Main, dans les villes et les communes où sont stationnées les troupes américaines, il y a contre les soldats américains et surtout les noirs, des sentiments racistes semblables à ceux que l’on trouve ailleurs contre les Turcs et les Arabes. 

« Jamais depuis la guerre de trente ans, la ville a connu une telle insécurité : vols, meurtres, viols jour et nuit… 

La vieille ville de Fribourg est un terrain d’entraînement civil pour nos protecteurs américains qui se saoulent, se bagarrent et violent… » 

Ce sentiment sourd de peur avec sa composante raciste – de nombreux cafés sont interdits aux soldats américains noirs – est la base des actions antiaméricaines. Ceci est d’autant plus regrettable que nous avons pris cette citation dans le TAZ du 8 avril 1982 sous le titre « Oui à l’antiaméricanisme ». 

Ce développement dans le camp fasciste a lieu parallèlement aux modifications dans l’appareil d’Etat confirmées par les élections du 6 mars. 

Dans cette situation, les massacres comme à la fête de la bière en 80, qui était le point culminant d’une campagne de plusieurs services secrets voulant démontrer l’incapacité de la coalition à contrôler l’appareil d’Etat et favoriser l’élection de Strauss comme chancelier, ne sont plus à l’ordre du jour (voir Colère Révolutionnaire n° 6). 

Aujourd’hui on intensifie plutôt les efforts pour discréditer la résistance légale et illégale par des actions diffuses, pour contribuer à désorienter et à noyer les buts de la politique armée par le mélange d’actions anti-américaines avec des actions anti-impérialistes ; pour construire des groupes terroristes contrôlés par la police et qui opèrent en notre nom ou sous un autre ou même sans revendiquer. 

C’est ainsi que les propagandistes de l’appareil policier ont essayé de nous attribuer les attentats fascistes, bien que les services de la Sûreté de l’État aient su dès le début que ce n’était pas nous. 

Plus qu’étrange est aussi le fait que Odfried Hepp, qui aurait séjourné à Beyrouth dans les camps des phalanges et de l’OLP, qui a été ramené en RFA par une difficile opération du BND, qui est le principal témoin à charge contre Hoffmann, qui s’est tiré du procès avec une peine ridicule qu’il n’a dû accomplir qu’à moitié, serait le principal instigateur de ce groupe. C’est justement lui aussi le seul qui ait pu se soustraire à l’arrestation . 

L’intérêt que la Sûreté de l’État porte aux groupes fascistes et à leurs actions comme la protection dont ils bénéficient de la part d’une partie de l’appareil d’État ne signifie pas, loin de là, que la Sûreté de l’État ait mis en scène elle-même ces attentats. 

Nous considérons comme absurde cette affirmation de cette soi disant RZ, comme quoi derrière les actions contre-insurrectionnelles » (de toute façon trop « professionnelles » pour les RZ) il y aurait obligatoirement le Parquet et que c’est sous ses ordres que le BND et le BKA auraient frappé dans les cités américaines. 

1) Nous ne voyons pas ce qu’il y a de si professionnel dans un interrupteur et un mélange de désherbant… 

2) Une telle construction nie l’existence de groupes fascistes et permet ainsi que le débat sur leurs positions comme après Munich, soit occulté dans la gauche. 

3) Une telle affirmation suppose la transformation d’une domination institutionnelle et d’un pouvoir légalisé en un terrorisme mis en scène par l’État – développement que nous n’excluons pas dans des cas isolés et que nous considérons comme possible – mais pour lequel il n’y a actuellement aucun élément. 

Expliquer un tel développement par la dangerosité des RZ ou de la guérilla diffuse est l’expression d’une surestimation. 

Le gouvernement CDU-FDP ne laissera passer aucune occasion d’enterrer la crédibilité de la résistance légale et illégale et de la prendre, encore plus en tenailles par l’augmentation de mesures répressives. 

La lenteur des poursuites contre le groupe Hepp sont un exemple type, les attaques policières contre Radikal ou l’Atom express [revue anti-nucléaire victime de la répression pour ses activités ainsi que la publication de documents des RZ / Cellules Révolutionnaires) en sont le revers : là où l’on proclame qu’il y a désorientation, on veut boucher les canaux qui cherchent à la clarification. 

Nous ne pouvons pas empêcher les actions fascistes. 

Mais nous pouvons nous efforcer de préciser nos positions politiques et de rendre plus claire notre pratique. 

Mais cela implique dans d’autres parties de la gauche, la volonté et la capacité de mener le débat sur notre politique et sur la leur. 

En ce sens, joyeuses Pâques ! 

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Rote Zora : Chaque coeur, une bombe à retardement (1981)

paru dans le numéro 6 de Revolutionäre Zorn (Colère révolutionnaire), janvier 1981.

De tous temps les femmes ont combattu dans des groupes armés, cependant la plupart du temps on a dissimulé leur participation à cette lutte.

Mais les temps changent et, depuis, la participation des femmes à la guérilla est devenue si importante que ce mécanisme ne fonctionne plus.

De même on a dépassé la traditionnelle répartition du travail : les femmes prenant en charge les tâches relevant de l’infrastructure et les hommes faisant les actions. 

Il existe des groupes de femmes subversifs, comme « Die rote Zora » [ Zora la rouge/la rousse ], certes encore en petit nombre mais cela aussi va changer !

Nous voulons non seulement faire nos propres actions, même si ce n’est pas facile, mais nous voulons aussi exposer notre manière de voir les rapports figés dans lesquels nous vivons. 

Avant tout nous voulons mettre au clair les deux points suivants : 

Tout d’abord penchons nous sur la manière dont fonctionne le mécanisme impérialiste de l’oppression des femmes ici et dans les pays du tiers monde. 

Nous avons dû constater à propos de cette question que les analyses de l’impérialisme se limitent la plupart du temps à une étude des structures de pouvoir politiques, économiques et militaires et négligent les stratégies de l’impérialisme à l’encontre des femmes ici et dans le tiers monde.

Mais il ne nous suffit pas de dire qu’en analysant l’impérialisme on aboutit à définir la cible de l’otan et qu’en attaquant l’otan, nous les femmes, donnerions à notre lutte féministe sa direction révolutionnaire.

Car selon ce point de vue, la lutte de libération consisterait à nouveau à attaquer seulement les structures de pouvoir centrales de l’impérialisme en mettant entre parenthèses les rapports de violence quotidiens, dans lesquels nous faisons l’expérience de la destruction, de l’oppression et de l’exploitation.

Pour nous, c’est aussi une part de liberté gagnée, un sentiment de vie et de force, que de mettre un peu le feu au cul à un connard de propriétaire ou à son homme de main, à la mafia atomique, etc … Le seul problème c’est que nous voulons plus que ce que nous pouvons faire pratiquement pour l’instant. 

Mais cela aussi va changer ! 

De plus, les actions contre la violence quotidienne sont maintenant déjà compréhensibles, peut être pas par la majorité mais par tou(te)s ceux/celles qui ne se sont pas fait voler leur cerveau.

C’est plus difficile pour les attaques contre les structures de pouvoir centrales et étatiques car elles doivent être planifiées et réfléchies de manière très précise afin que le sens politique en soit clair. En principe, nous pensons qu’il n’y a pas de cible qui puisse faire basculer l’Etat. 

La chance de réussite d’un mouvement révolutionnaire réside bien plus dans l’attaque de toutes les conditions de vie générées par l’Etat. L’attaque des institutions centrales et étatiques n’est qu’une partie de cela. 

Il est aussi illusoire – et même dogmatique –  de mettre toutes ses aspirations révolutionnaires dans une seule action, une cible unique. C’est bien plus l’organisation d’une continuité dans les groupes armés qui ouvre une perspective d’espoir et de victoire.

Un autre point auquel nous avons réfléchi est le mouvement féministe. Nous voulons comprendre pourquoi le mouvement féministe a perdu sa force explosive révolutionnaire et a pris le chemin d’une « nouvelle intériorité » [ou repli sur la sphère du personnel]. 

Il n’y a pas qu’une lutte féministe pure, mais plusieurs formes de luttes de femmes et à l’intérieur de chacune il y a toujours plusieurs éléments en mouvement : les rapports de sexe, les rapports de classe, la nationalité, la situation concrète. 

Même si aujourd’hui c’est tombé dans l’oubli, la conception du racisme aux Etats-Unis a aidé le mouvement féministe à identifier sa propre oppression en tant que sexisme. 

Stokely Carmichael a parlé une fois de l’importance de la définition. Pour ce faire il a cité « Alice au pays des merveilles ». Dans ce livre, il y a une discussion entre Humpty Dumpty et Alice à propos des définitions. Humpty Dumpty dit, de manière un peu méprisante : « Quand j’emploie un mot, il a exactement la signification que je lui donne. 

Ni plus, ni moins », Alice lui répond « La question est de savoir si tu peux donner aux mots une signification pour tant de choses différentes ». « La question », finit Humpty Dumpty, « est de savoir qui sera le maître. C’est tout ». 

C’est effectivement la question cruciale : qui sera le maître ? Le fait même qu’il semble impossible de dire « qui sera la maîtresse », montre que c’étaient les hommes (maîtres) blancs qui donnaient leur signification aux humain(e)s et aux choses. Et il en est toujours ainsi.

Ainsi l’histoire de l’Europe et de l’Amérique est-elle écrite par des hommes blancs qui ont défini ce que sont les personnes de couleur et les femmes de ce monde. 

La signification qu’ils donnèrent aux femmes comme aux personnes de couleur, fut celle « d’êtres naturels incultes » et c’est ainsi qu’on légitima la domination des hommes blancs : les femmes et les personnes de couleur doivent être « civilisées », ce qui ne veut rien dire d’autre que la destruction de toute forme de conscience autonome, qui s’exprime par exemple dans une histoire et une culture propres.

Et quand les femmes ou les personnes de couleur ne voulurent pas accepter les « bénédictions » de la culture masculine occidentale, lorsqu’elles s’y opposèrent, elles furent impitoyablement massacrées.

Ce fut par exemple le cas pour les femmes en Europe au temps de la persécution des sorcières et pour les Indien(ne)s aujourd’hui encore en Amérique Latine.

La reconnaissance du racisme et du sexisme comme partie intégrante du système de domination patriarcal relève encore du voeu pieux et le sexisme reste à peine évoqué comme moyen d’oppression et de division dans les analyses courantes de l’impérialisme. 

Si maintenant nous écrivons sur le sexisme en général et sur la division spécifiquement sexuée du travail, ce n’est pas seulement pour prendre la parole en tant que femmes, mais aussi parce que nous sommes convaincues que, sans l’étude concrète du sexisme, on ne peut comprendre ni la situation dans le tiers monde et dans les métropoles, ni le mouvement féministe.

L’oppression des femmes est antérieure au capitalisme, ce n’est pas nouveau. Une des raisons en est que la capacité des femmes à avoir des enfants fut et reste considérée comme une de leur fonction psychologique et naturelle. 

Avoir des enfants ou pas, n’est pas compris comme un acte conscient, comme une interaction avec la nature, mais comme étant la nature elle même. 

Seules les activités intellectuelles ou manuelles sont vues comme une confrontation avec la nature, comme travail, mais pas celles de la poitrine ou de l’utérus de la femme. 

La théorie marxiste n’a pas non plus dépassé cette conception du travail, selon laquelle on traite la nature biologique de la femme comme une ressource naturelle. 

Selon les besoins économiques, elle est diversement exploitée. Dans le tiers monde, les femmes sont stérilisées de force, dans les métropoles on leur promet de les aider matériellement pour les inciter à faire des enfants et on qualifie l’avortement de meurtre de masse. 

Au facteur économique de l’exploitation de la capacité d’enfanter des femmes vient s’ajouter le facteur raciste. Les craintes et les plaintes poussées dans les médias sur la baisse de la natalité et sur le risque de disparition du « peuple allemand » montrent clairement de quoi il s’agit : seules les « femmes allemandes » doivent faire des enfants, on recommande, voire on ordonne, aux femmes de Turquie, d’Espagne, de Grèce etc… d’utiliser des contraceptifs ou de se faire stériliser. 

Mais cela ne suffit encore pas aux maîtres et dominants : les recherches dans le domaine des bébés éprouvettes et de la manipulation génétique montrent clairement la volonté et la tentative d’arracher définitivement aux femmes le fait de disposer seules de leur capacité à faire des enfants. 

La relation non réciproque et d’exploitation de la nature, dans le cadre de laquelle d’abord les femmes puis d’autres classes et peuples furent ramené(e)s à l’état de nature, est la caractéristique de toutes les formes de production masculines, y compris le capitalisme. Cette relation à la nature, fondée sur l’exploitation, nous a amené(e)s aujourd’hui au bord de la catastrophe écologique. 

C’est sur ces bases que s’est développée la division sexuée et raciste du travail qui a fixé des rapports de production dans lesquels planter de la canne à sucre ou du riz ne sont pas un travail de blancs et les tâches ménagères pas un travail pour les hommes ; et quand les femmes et les enfants se font frapper, ce n’est pas de la violence.

Mais cette division du travail n’est pas un phénomène superstructurel, elle ne se fonde pas sur des représentations ou des pensés fausses qu’il suffirait de reconnaître pour les changer, elle est le fondement économique de la surexploitation par le capitalisme. 

Dans toutes les analyses sérieuses de l’impérialisme nous avons lu que dans le tiers monde coexistent des formes de production archaïques précapitalistes et d’autres, hautement monopolistiques. En observant l’évolution concrète, on a découvert qu’une évolution capitaliste constante ne faisait pas disparaître ces formes de production « archaïques ». 

C’est exactement le contraire qui s’est produit : elles se sont et continuent de se reproduire sans cesse. Un fait marquant est que ce problème d’hétérogénéité de formes de production n’a pratiquement été étudié que pour le tiers monde. Dans les métropoles, des formes de production homogènes sont communément admises.

« Vu sous un autre angle, il est étonnant que la question de l’hétérogénéité ne se pose pas pour le premier monde. Ici ne semblent régner que des rapports de production homogènes. 

Cette affirmation n’est pas seulement eurocentrée et à la gloire du capitalisme … elle est aussi sexiste parce qu’elle dissimule-et- même nie le fait que chez nous aussi une force de travail est surexploitée, rétribuée en dessous de ses coûts de reproduction et même que la moitié de l’ensemble des heures de travail accomplies, à savoir les tâches ménagères, n’est pas rétribué. » (C. von Werlhoff) 

Ici on explique déjà qui sont les producteurs/trices non capitalistes, qui produisent des marchandises sans salaire en retour :
– ce sont les femmes au foyer du monde entier,
– les paysans de subsistance du tiers monde,
– les personnes, hommes ou femmes, marginalisé(e)s, essentiellement dans le tiers monde

Ce sont eux/elles qui réalisent la plus value. Comme l’écrit Rosa Luxemburg, c le fait déterminant est que la plus value ne peut être réalisée ni par les travailleurs, ni par les capitalistes, mais par les couches sociales qui produisent de manière non capitaliste ». 

Il est devenu clair pour nous que le sexisme et le racisme ne sont pas une fausse représentation et un fait de l’esprit, qu’il serait possible de changer par l’éducation et la bonne volonté. 

Ce sont les rapports économiques qui produisent et reproduisent sans cesse sexisme et racisme. Ils sont tout simplement indispensables pour que l’impérialisme puisse fonctionner. 

Cela n’est pas contradictoire avec le fait que, d’autre part, ils puissent également être utilisés comme instrument politique pour diviser les opprimé(e)s.

L’impérialisme est le stade du capitalisme où la rationalité de la forme de production capitaliste – qui consiste à avoir besoin de gens pour pouvoir exploiter leur force de travail -n’est plus valable que pour quelques unEs dans le tiers monde. 

Là bas, la majorité des êtres sont presséEs comme des citrons, sans égards, ni pour leur santé, ni pour leur espérance de vie. Et quand ils/elles sont trop nombreux (ses), la stratégie est celle de l’anéantissement. La barbarie n’est pas une vue de l’esprit. Nous en sommes déjà à ce stade.

Dans les métropoles, les rapports de violence sont plus dissimulés. Ici, c’est encore la violence de la contrainte économique du capitalisme qui reste déterminante et s’est implantée dans la tête des gens. 

Mais la violence et la contrainte d’Etat directes et physiques exercées par ses organes de répression se font de plus en plus importantes lors des conflits sociaux qui se dessinent. De manière générale, on peut constater que le développement du capitalisme n’a pas conduit, même dans les métropoles, au remplacement de formes de violences directes par d’autres, mais a tout simplement aboutit à une hausse de la violence. 

Les femmes sont exposées à tous les ni’veaux de violence, à la forme indirectement et structurellement violente de ce système social qui fige et rigidifie toute forme de vie, comme au rapport de violence brutal, direct et personnel avec les hommes. Au cours des dernières années, on a assisté à l’augmentation des délits violents contre les femmes dans les pays où l’égalité des droits est reconnue de manière formelle et juridique. 

L’usage ouvert de la violence de la part des hommes à l’encontre des femmes a été rendu public dans toute son ampleur grâce au travail des maisons des femmes et des numéros d’appels d’urgence. Les femmes font l’expérience de la violence de manière quotidienne, sous des formes différentes et à des degrés divers. 

Elles se font humilier, rabaisser, frapper, violer. En RFA, une femme est violée toutes les 15 minutes ! 50 % des femmes sont violées par des hommes qu’elles connaissent. 

Chaque année, en RFA, 4 millions de femmes sont maltraitées par leurs maris ! 

Les facteurs déterminants des structures de violence sont les maltraitances de femmes à l’intérieur de la famille, le viol, la menace de viol et l’esthétisation de la violence contre les femmes dans les médias, la publicité et l’industrie de la culture. 

La compréhension de la violence contre les femmes comme étant, non pas une exception, mais un principe général de la domination des hommes, a permis de reconnaître que la lutte contre la violence sexiste expérimentée personnellement est indissociable de la lutte contre chaque violence du système. 

L’augmentation des actes de violence physiques peut être constatée de manière générale dans la société, de même que la perte de sens de la vie et l’anonymat des rapports, et le rôle social des femmes en font les vie, times désignées.

Le fait que la police et la justice couvrent cette violence montre clairement l’imbrication de ces rapports de violence homme/femme, au delà du mariage et de la famille, dans le système de défense de la domination patriarcale. En même temps, la hausse de la violence souligne l’instabilité même du système. 

La contradiction entre l’exigence d’égalité totale des femmes et la nécessité de leur oppression tangible pour le maintien de la domination reste pour ce système une contradiction sans solution.

Les femmes vivent « en exil » car les institutions qui structurent la société, comme le système gouvernemental, l’économie, la science, la culture, les médias, l’église, la police et l’armée sont régies et marquées par les hommes. 

Elles sont déterminées par le principe de la hiérarchie, du pouvoir et de la lutte pour le pouvoir. Par conséquent, les hommes aussi sont concernés par la domination, la violence et l’oppression. 

Ils doivent se soumettre à ces principes pour maintenir la prédominance du -masculin et du maître. Mais notre oppression va au delà de ça, les femmes dans une société patriarcale sont opprimées sans cesse et partout, et sont confrontées à la violence ouverte ou cachée. 

Les femmes ont tendance à éviter autant que possible une confrontation ouverte avec le pouvoir, elles restent en exil, c’est une technique de survie, mais aussi une attitude de victime. Cette attitude conduit à se soustraire à sa responsabilité face aux rapports sociaux et ainsi à en devenir complices. 

Ainsi, le fait que les femmes font l’expérience de la violence n’excuse en rien le fait qu’elles reportent cette violence sur leurs enfants.

L’intériorisation du fait d’être femme, une des formes les plus efficaces pour maintenir la domination, passe par des formes subtiles qui consistent à empêcher la prise de conscience de soi par l’éducation, la morale, l’amour, qui posent des normes et imposent l’adaptation (la normalisation).

Le pouvoir est exercé de manière d’autant plus sûre qu’elle est discrète, si bien que les femmes assument, supportent et même s’identifient à leur fonction sociale sans que la violence ne soit employée de manière manifeste. C’est pourquoi la situation des femmes mène plutôt à un devoir d’identité, à l’autodestruction qu’à la lutte contre sa propre oppression. 

Le mouvement féministe fit de la situation personnelle d’oppression de la femme le point de départ de sa pratique politique. La séparation entre le privé et le politique put être supprimée. 

Le personnel était politique et le politique transposé dans le personnel. La force explosive et révolutionnaire résidait dans la conscience du lien direct entre la suppression de la souffrance personnelle et la nécessité d’un bouleversement social. 

L’idée d’un changement social radical – beaucoup plus radical dans son attaque des institutions de base de cette société et bien plus révolutionnaire dans le changement de conscience de chacunE que toutes les révolutions précédentes – produisit force et puissance chez les femmes.

Ces nouvelles formes et ces nouveaux contenus conduisirent à la séparation avec le mouvement de gauche et à l’autonomie organisationnelle du mouvement féministe. 

L’autonomie a induit d’importants processus : remettre en question les valeurs de la société des hommes, ne pas chercher de perspectives à l’intérieur des structures de pouvoir de la société, ne pas vouloir exercer une influence en participant au pouvoir, ne pas définir la libération des femmes par rapport au rôle des hommes. 

Cela a conduit à la création d’espaces de liberté pour échapper aux structures patriarcales. C’était, et cela reste très important car aucun mouvement n’a autant besoin de lutter contre sa propre identification avec l’oppresseur, que le mouvement féministe ! 

En attaquant toutes les structures d’oppression naquit l’espoir de ne pas être intégrables, d’être foncièrement porteuses du changement révolutionnaire et de le développer. 

Mais à cause de l’importance démesurée accordée à l’expérience subjective, aussi en réaction aux groupes de gauche qui, eux, la rendaient taboue, et de la difficulté à mettre en actes directs de résistance la reconnaissance de l’oppression personnelle, la politique de la subjectivité devint une « intériorité », c’est à dire un changement personnel sans changement de la société. 

Ce chemin vers une nouvelle « intériorité » fut favorisé par la situation de classe de beaucoup de femmes dans le mouvement féministe. Pour des femmes possédant une « bonne » formation professionnelle il y avait, et il y a, de réelles possibilités de trouver une place dans cette société et de chercher son petit « bonheur » subjectif Mais comme l’impuissance vis à vis des rapports sociaux n’est pas supprimée, ce chemin s’avère être une impasse. On poursuit la nostalgie du « bonheur » sans jamais l’atteindre. 

Après la campagne contre le paragraphe 218, la résistance à l’intérieur du mouvement féministe se développa presque uniquement sur le point de la confrontation avec les hommes en tant qu’individus particuliers. Des groupes d’autodéfense, des groupes d’appels d’urgence contre le viol et avant tout des maisons des femmes se constituèrent. 

Certes la répression d’État fut décrite et analysée mais on ne réagit pratiquement pas contre elle. Les deux congrès des femmes qui eurent lieu en 1978 à Francfort : « Femmes contre la répression » et à Cologne : « La violence contre les femmes », montrèrent clairement le dilemme du mouvement féministe. 

Les deux expériences qui coexistaient : – celle de la violence comme une attaque quotidienne et celle de la violence comme oppression clairement dirigée par l’État ne furent pas traitées ensemble ; le fait de renoncer à l’élaboration du lien entre l’oppression capitaliste et sexuelle (patriarcale), de renoncer à ana lyser, qui est le MAÎTRE, mena à ce que dans les « projets d’entraide » (maison des femmes, appels d’urgence, centres de femmes) de la misère.

On retrouve une contradiction similaire dans le domaine de la culture des femmes et des lesbiennes. La radicalité personnelle avec laquelle beaucoup de femmes lesbiennes ont rompu avec le sexe masculin, ce qui s’est aussi traduit par une nouvelle et florissante créativité dans le domaine du théâtre, de la musique, de ta littérature, de la peinture… n’a pas réussi à se prémunir du fait de devenir une partie intégrante d’une subculture tolérée par l’Etat. Les rêves lesbiens sont certes des rêves radicaux mais ils trouvent une place ici aussi, dans la métropole. 

Pour une minorité privilégiée, qui abandonne la volonté d’agir sur la société et par là même l’espoir d’une libération pour toutes les femmes, le projet autonome féministe devient l’illusion de l’accession au bonheur personnel. 

Aujourd’hui on reconnaît l’autonomie fondamentale et organisationelle du mouvement féministe à sa marginalisation sociale. Il n’y a aucun -lien de principe entre autonomie et marginalisation sociale. 

L’autonomie du mouvement peut et doit se développer sans réduire la politique féministe à des problèmes spécifiquement féminins, avec des projets d’entraide, mais qui visent, non pas à éviter, mais â provoquer 1a confrontation, qui brisent les règles du jeu social et ne deviennent pas des rouages qui fonctionnent.

Ces derniers temps de plus en plus de femmes expriment leur insatisfaction face à l’exil politique du mouvement féministe et lesbien, elles brisent les « cloches de verre » des îles aux femmes et essaient de développer des positions et une pratique féministes sur les questions de la destruction écologique, par exemple par l’énergie nucléaire, la chimie, etc…, contre la militarisation et sur le problème de l’internationalisme/ tiers monde. Pour nous il est clair que la lutte féministe ne peut renoncer à l’organisation de la subversion et de contre-violence.

Le mouvement féministe a déjà depuis trop longtemps écrit des analyses sur le fait que les femmes ont été éduquées pour supporter la violence et à ne pas se défendre en s’y opposant. On dresse les femmes à s’installer dans leur impuissance et à réparer par leur émotivité les destructions psychiques causées par ce système.

La compassion des femmes à l’égard des oppriméEs est fortement développée, ce qui n’est pas développé, c’est la haine des oppresseurs, des ennemis.

La haine a à voir avec la destruction et la destruction fait peur aux femmes.

En rester à la description de cet état de chose ne signifie rien d’autre qu’ accepter l’état d’impuissance, accepter le rôle de femme que propose cette société. La thèse des « femmes pacifiques » légitime le fait de persister dans la position de la victime. 

SOUS L’IMPUISSANCE SE CACHE LA LÂCHETÉ 

Mais chaque femme qui a déjà jeté une pierre, qui n’a pas pris la fuite quand des hommes l’ont importunée, mais a répondu en retour, pourra prendre à son compte le sentiment de libération que nous éprouvions lorsque nous avons détruit des sex-shops ou allumé une bombe devant le tribunal constitutionnel à l’occasion du jugement relatif au paragraphe 218. 

La libération a, dans notre société, à voir avec la destruction, destruction des structures qui veulent nous enchaîner au rôle de femme. Et ces structures ne se laisseront détruire que si nous attaquons les rapports qui veulent nous détruire. 

Attaquons-les sous les formes les plus diverses, mais toujours liées à notre irréconciliable haine de cette société. La forme armée de l’attaque est, pour nous, une part du mouvement féministe à laquelle on ne peut renoncer. 

Cette position est, comme nous l’avons expliqué, à peine présente dans le mouvement féministe. C’est pourquoi nous nous sommes organisées dans la guérilla avec des hommes. Mais la contradiction entre la lutte des sexes et la lutte des classes ne disparaît pas, ici non plus.

Notre statut en tant que groupe autonome de femmes à l’intérieur des RZ [Revolutionäre Zellen = cellules révolutionnaires] est déterminé par la situation politique actuelle des femmes, qui se caractérise par une faiblesse de contenu du mouvement féministe et une organisation de la militance par les femmes qui ne se trouve qu’à ses prémisses.

Nous ne sommes pas un front de combat supplémentaire duquel les organisations peuvent se targuer : nous ne sommes pas la solution au problème fondamental mais seulement un chemin. Notre chemin féministe se définit selon les perspectives politiques du mouvement féministe, des luttes révolutionnaires internationales et pas seulement à partir de nous mêmes.

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Mouvement du deux juin : Communiqué du 2 juin 1980

Nous voulons ici une réflexion critique sur notre histoire, après 10 années de lutte armée, et expliquer pourquoi nous disons aujourd’hui: nous décidons de la dissolution du mouvement du 2 juin en tant qu’organisation et continuons la lutte anti-impérialiste dans la RAF – en tant que RAF. 

Le mouvement du 2 juin s’est fondé comme contradiction à la RAF, avec comme définition non claire de faire de la « politique prolétaire spontanée ». 

Nous tenions comme non importante la théorie révolutionnaire, l’analyse des conditions – de laquelle seulement ne peuvent être produites la stratégie et la tactique, la continuité et la perspective de la lutte – et combattu sans pauses aucune dans le but de tourner la tête aux jeunes. 

Et ainsi nous avons décidé notre pratique à partir de la question « qu’est-ce qui fait tourner la tête », et non pas à partir de la question de savoir où sont les véritables contradictions, les frictions dans la stratégie impérialistes, que nous devons attaquer. 

Le mouvement était une alternative présumée à la RAF en tant que possibilité pour les camarades pour qui la lutte sans compromis allait trop loin. 

Cela a produit pendant 10 années scission, concurrence et désorientation au sein des gauches mais aussi dans la guérilla, et cela a nuit à notre propre processus révolutionaire. 

Nous avons ainsi opéré avec nos actions sur la ligne populiste, sans donner d’orientations politiques, sans en arriver à une mobilisation contre la stratégie des porcs. 

Ce n’est jamais la tâche de la guérilla que de se montrer agréable à la population, afin de recevoir ses applaudissements mais bien d’être la première ligne, dans un pays où le fascisme nazi et la social-démocratie intégrée par l’impérialisme US ont tué toute organisation prolétarienne, d’amener à l’escalade les contradictions politiques centrale par l’attaque armée, afin d’amener l’État à la crise politique. 

Ce que la guérilla ne peut qu’être dans la métropole: l’explosif politique dans la structure impérialiste, l’attaque qui développe jusqu’à la cassure la fissure entre la société et l’État – c’est-à-dire la politique révolutionnaire -, dans la mesure où la mobilisation devient l’organisation prolétarienne, anti-impérialiste, et amène la balance des forces politique en notre faveur. 

L’attaque politique, matérialisée par l’arme, reste toujours une victoire, même là où l’opération est vaincue militairement, parce qu’il anticipe et introduit ce processus. 

La continuité de la guérilla est à trouver dans sa stratégie, malgré les dures défaites militaires. 

Et c’est également la différence entre Schleyer et Lorenz. [Schleyer : patron des patrons et ancien responsable nazi, enlevé par la RAF en 1977 puis exécuté; Lorenz : candidat conservateur enlevé parl mouvement du 2 juin trois jours avant les élections municipales]. 

Nous pouvons aujourd’hui tranquillement critiquer notr plus importante action. 

On trouve en elle toutes les erreurs que nous avons faites pendant dix années et dont nous avons appris. 

L’action de libération à Berlin en 1975 s’est déroulée dans une situation qui politiquement avait subi une escalade. 

La lutte des camarades à [la prison de haute sécurité de] Stammheim ont amené une mobilisation nationale et internationale, qui est arrivé avec la grève de la faim à son point le plus haut et contre laquelle [le chancelier] Schmidt ne pouvait quasiment plus rien faire. 

Nous n’avons pas seulement totalement ignoré cette situation, nous l’avons fait basculer avec le choix du prisonnier. 

Avec cela et avec ce type – d’un parti qui n’a pour la stratégie impérialiste qu’une signification secondaire – il n’y avait pas de stratégie, mais que du calcul. 

Dans notre travail propagandiste au sujet et après l’action contre Peter Lorenz, la victoire obtenue à court terme – le rituel consommable – était plus important pour nous que d’obtenir par la lutte le niveau politico-militaire qui brise la stratégie impérialiste. Là-dedans il y a les racines de la guérilla amusante pervertie de Reinders, Teufel, etc. 

L’offensive de la RAF en 1977 et la réaction de l’Etat nous ont encore placé devant la question de la stratégie politique. 

L’année 1977 est un tournant, autant pour le développement de la stratégie impérialiste que pour la définition de la guérilla métropolitaine. Depuis le massacre à Mogadiscio et à Stammheim, Schmidt a donné à l’Europe de l’ouest – avec le rôle dirigeant pour la RFA – la définition politique suivante: projet et modèle de l’impérialisme dans la crise, contre les mouvements de libération du tiers-monde et dans la métropole qu’est l’Europe de l’ouest. 

L’intégration sans condition de l’Europe de l’ouest dans la stratégie militaire US et la militarisation des États métropolitains dans leur intérieur par un appareil tendanciellement uni forment la réaction des impérialistes au caractère de plus en plus simultané des luttes révolutionnaires dans le monde entier. 

Le projet révolutionnaire s’internationalise, dans la mesure où les groupes anti-impérialistes reconnaissent l’ennemi principal les USA et le projet qu’est l’Europe de l’ouest. Les USA et leurs complices savent que leur prochaine défaite stratégique dans n’importe quelle région du monde les amène sur la voie de la défaite finale. 

L’époque de « l’après-Vietnam » – c’est-à-dire la tentative, en partant de la défensive, de revenir stratégiquement au Vietnam de manière politique et économique après la défaite politico-militaire – s’est effondrée en Iran, après la chaîne de l’Angola au Cambodge. 

La politique impérialiste cherche maintenant militairement la solution qu’elle ne peut pas trouver et en arrive ainsi, dans la préparation de la destruction totale, aux choses les plus élémentaires de ce concept. 

Le déchaînement renouvelé, et donc logiquement le dernier déchaînement de la guerre en Europe, conçu dès le départ comme guerre atomique. 

Le théorème de la « guerre limitée » se forme alors, dans le cadre de cette perversion, comme une nouvelle variante. 

Les préparatifs de guerre ne visent pas au découpage du monde par les contractants impérialistes. 

Leur contenu est: révolution ou contre-révolution – et par conséquent pareillement pour le secteur de la confrontation où va se dérouler l’aspect décisif. 

Celui-ci, dans la confrontation internationale, sera finalement dans les métropoles, parce que les mouvements de libération du tiers-monde victorieux et devenus États doivent se consolider dans la contradiction Est-Ouest, tant que les centres impérialistes peuvent les presser militairement et par la dépendance au marché mondial. 

C’est le contenu de tout le processus de la révolution mondiale – destruction de l’État, autonomie, identité – qui a acquis une certaine maturité et force de frappe dans le métropole dans la lutte pour le communisme ces dernières années d’affrontement et se matérialisera maintenant ou pas du tout. 

C’est la question qui se pose à toute la gauche en Europe de l’ouest: est-ce que dans cette situation qui va en s’escaladant, ou une décision va tomber, dans un sens ou dans un autre, elle va assumer sa tâche historique ou bien la trahir. Unité dans la lutte armée anti-impérialiste

Pour la dernière fois: Mouvement du 2 Juin

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