La décentralisation économique au niveau soviétique avec Nikita Khrouchtchev

L’arrivée de Nikita Khrouchtchev à la tête du Parti, après la mort de Staline le 5 mars 1953, se caractérise par un profond ébranlement de la structure soviétique. Cela se lit avec une décision rapide et unilatérale.

Le Comité Central, lors d’une session plénière, fit de lui son secrétaire le 14 mars 1953, avant que le 7 septembre il ne devienne premier secrétaire du Comité Central. Et dès février 1954, le Présidium du Soviet suprême de l’URSS transfère la région de la Crimée à l’Ukraine.

C’est historiquement une aberration, la Crimée étant russe et n’ayant pas de liens avec l’Ukraine. Il s’agissait cependant d’un renforcement du poids de l’Ukraine et, par-là, de l’appareil du Parti ukrainien.

De fait, Nikita Khrouchtchev avait été à partir de 1934 le responsable du Parti pour la région de Moscou, puis responsable du Parti en Ukraine en 1938. En 1939, il fut alors nommé membre du Bureau Politique.

En apparence, le « don » de la Crimée à l’Ukraine par la Russie visait à célébrer le tricentenaire du choix des cosaques ukrainiens de se tourner vers la Moscovie après la prise de Kiev. Le traité de Pereïaslav faisait en sorte que les cosaques disposent d’une large autonomie en échange d’une soumission au tsar Ivan IV dit le terrible. Le décret du transfert de la Crimée à l’Ukraine parle également de proximité territoriale, de liens culturels et économiques entre la Crimée et l’Ukraine.

En réalité, c’était un basculement dans le Parti avec la fraction « ukrainienne » portée par Nikita Khrouchtchev et prenant certaines commandes. L’Ukrainien Rodion Malinovski, une figure très importante de la seconde guerre mondiale, devint d’ailleurs en 1956 commandant en chef des forces terrestres soviétiques et premier adjoint du ministre de la Défense, puis ministre de la Défense l’année suivante.

Place Pouchkine, Moscou, 1967

Mais ce fractionnisme national fut même généralisé. En lieu et place d’un lieu central de décisions économiques au niveau soviétique, le pays fut en 1957 découpé en 105 puis 47 zones supervisées par les sovnarkhozes, les conseils de l’économie nationale, alors que 25 des 37 ministères existant furent tout simplement supprimés.

Cette décentralisation fut considérée comme une correspondance correcte avec la base économique et le 21e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, considéra en janvier 1959 que la victoire du socialisme était « complète et définitive ».

En 1960, de tels conseils existaient également au niveau des différentes républiques et de l’État afin d’essayer de coordonner l’ensemble, puis en 1963 fut formé un Conseil suprême de l’économie nationale du Conseil des ministres de l’URSS, comme expression des nouvelles forces localistes s’étant mises en place.

C’était un « dégel » au niveau de l’URSS comme structure auparavant centralisée et, naturellement, cela s’accompagnait d’un renouvellement général des cadres selon les besoins de la fraction devenue dominante.

Un gâteau dit de Kiev, à l’usine de confiserie Karl Marx de Kiev en 1965, où il fut inventé en 1956, obtenant un succès à l’échelle soviétique

En pratique, la mise en place des sovnarkhozes s’accompagne d’une vague très importante de pillage des ressources centrales au profit de forces locales désormais soumises aux responsables régionaux formant de véritables clans se concurrençant les uns les autres.

En septembre 1962, un redécoupage régional fut imposé par le pouvoir central afin de former une contre-tendance, toutes les mesures administratives lancées en mai 1958 ayant entre-temps échoué.

Mais il était trop tard : le processus de dissolution était déjà engagé à grande échelle.

D’ailleurs, à la toute fin de 1962, le Parti Communiste d’Union Soviétique se réorganisa en séparant au niveau régional ses structures liées à l’agriculture et celles liées à l’industrie, même si furent formés en même temps des comités d’État pour la production, ainsi qu’une centralisation de la construction.

La cassure en deux de l’appareil du Parti Communiste d’Union Soviétique, avec d’un côté l’aspect agricole, de l’autre l’aspect industriel, consistait en l’inévitable reconnaissance historique d’une séparation villes/campagnes dans le sens capitaliste de la division et c’était l’expression de la transition ratée de l’URSS à une population urbaine.

Ce fut ainsi une contre-révolution silencieuse à grande échelle, par la contradiction villes/campagnes, comme en témoigne le changement de personnel du Parti.

« Les chiffres montrent qu’à l’issue des XXe et XXIIe Congrès du P.C.U.S. réunis respectivement en 1956 et 1961, près de 70 pour cent de ses membres élus par le XIXe Congrès du P.C.U.S. en 1952 ont été éliminés.

Et près de 50 pour cent de ses membres élus par le XXe Congrès ont été épurés au XXIIe Congrès.

Autre exemple : les organisations locales des divers échelons.

Selon les chiffres incomplets, à la veille du XXIIe Congrès du P.C.U.S., la clique révisionniste de Khrouchtchev tira prétexte du « renouvellement des cadres » pour révoquer et remplacer 45 pour cent des membres des comités centraux des républiques fédérées, des comités du Parti des territoires et régions, et 40 pour cent des membres des comités municipaux et des comités d’arrondissements.

En 1963, sous prétexte de constituer des « comités du parti pour l’industrie » et des « comités du parti pour l’agriculture », la clique de Khrouchtchev a révoqué et remplacé plus de la moitié des membres des comités centraux des républiques fédérées et des comités du Parti des régions.

Toutes ces mutations ont permis à la couche privilégiée de contrôler le Parti, le gouvernement et les autres secteurs importants. »

Rédactions du Renmin Ribao – Quotidien du peuple et du Hongqi – Drapeau Rouge : Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde, 14 juillet 1964

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La décentralisation économique dans l’agriculture en Union Soviétique dans les années 1950

Le « dégel » initié par Nikita Khrouchtchev avait cependant un énorme problème : le retard dans le domaine agricole. La production était en retrait niveau qualité et quantité. C’était déjà une question brûlante au moment de la mort de Staline.

Nikita Khrouchtchev en fit l’alpha et l’oméga de sa politique, ce fut son obsession, au point qu’il obtint même le surnom de « kukuruznik », l’homme-maïs.

C’est qu’au début des années 1960, moins de cinq millions d’agriculteurs américains produisaient davantage que 39 millions de paysans russes avec seulement les 3/4 du territoire de ces derniers.

L’URSS devait s’approvisionner à l’étranger, ce qui donne par exemple 12,1 millions de tonnes de blé importés en 1963, 50 000 tonnes de riz en 1964, 90 000 tonnes de soja en 1965, etc.

Boulangerie, Moscou, 1965

Le blé devait résoudre le problème : produit en 1953 sur seulement 3,5 millions d’hectares (3,3 % des 106 millions d’hectares agricoles), il l’est en 1962 sur 37,2 millions d’hectares.

L’agriculture soviétique était alors passée à 220 millions d’hectares cultivés, doublant sa surface en moins de dix ans, cette option étant considérée comme essentielle par Nikita Khrouchtchev.

En septembre 1953, les prix des achats d’État auprès des fermes collectives augmentèrent de manière significative pour les produits agricoles, doublant pour les grains, faisant plus que doubler pour le lait et les patates, étant multipliées par cinq pour la viande.

Les sommes d’argent obtenues par les fermes collectives et les paysans augmentèrent ainsi tant par l’élargissement de leurs activités que par une valorisation assumée par l’État.

195219531955195619571959
31,341,46488,597,1144,9

Il est à noter que Nikita Khrouchtchev fit le choix de démanteler les 9000 Stations de Machines et de Tracteurs ; en 1957-1958, leur matériel est vendu aux fermes collectives. On retrouve ce principe de la décentralisation, de la tentative d’abaisser le niveau d’obstacles, dans l’esprit du « dégel », mais également bien sûr de renforcer le principe de la commercialisation au lieu de l’intervention d’État.

Staline s’était d’ailleurs opposé fermement à cela, peu avant sa mort, dans ses Problèmes économiques du socialisme, en 1952. Il y constatait :

« Les camarades Sanina et Venger proposent, comme mesure essentielle, de vendre en propre aux kolkhozes les principaux instruments de production concentrés dans les stations de machines et de tracteurs ; de décharger par ce moyen l’État de ses investissements de capitaux dans l’agriculture et de faire assumer aux kolkhozes la responsabilité de l’entretien et du développement des stations de machines et de tracteurs (…).

Certes, l’Etat vend aux kolkhozes le petit outillage, comme cela se doit d’après les Statuts de l’artel agricole et la Constitution.

Mais peut-on mettre sur le même plan le petit outillage et ces moyens essentiels de la production agricole que sont les machines des S.M.T. ou, mettons, la terre qui, elle aussi, est un des moyens essentiels de la production dans l’agriculture. Il est clair que non.

On ne peut pas le faire, le petit outillage ne décidant en aucune mesure du sort de la production kolkhozienne, tandis que les moyens de production tels que les machines des S.M.T. et la terre décident pleinement du sort de l’agriculture dans nos conditions actuelles (…).

L’État seul peut se charger de ces dépenses, lui seul étant capable de supporter les pertes entraînées par la mise hors de service des vieilles machines et leur remplacement par de nouvelles, lui seul étant capable de supporter ces pertes pendant six ou huit ans, et d’attendre l’expiration de ce délai pour récupérer ses dépenses (…).

Admettons un instant que nous ayons accepté la proposition des camarades Sanina et Venger, et commencé à vendre en propre aux kolkhozes les principaux instruments de production, les stations de machines et de tracteurs.

Qu’en résulterait-il ?

Il en résulterait, premièrement, que les kolkhozes deviendraient propriétaires des principaux instruments de production, c’est-à-dire qu’ils se trouveraient placés dans une situation exceptionnelle qui n’est celle d’aucune entreprise dans notre pays, car, on le sait, les entreprises nationalisées elles-mêmes ne sont pas chez nous propriétaires des instruments de production.

Comment pourrait-on justifier cette situation exceptionnelle des kolkhozes, par quelles considérations de progrès, de marche en avant ?

Peut-on dire que cette situation contribuerait à élever la propriété kolkhozienne au niveau de propriété nationale, qu’elle hâterait, le passage de notre société du socialisme au communisme ?

Ne serait-il pas plus juste de dire que cette situation ne pourrait qu’éloigner la propriété kolkhozienne de la propriété nationale et aboutirait à nous éloigner du communisme, au lieu de nous en rapprocher.

Il en résulterait, deuxièmement, un élargissement de la sphère d’action de la circulation des marchandises qui entraînerait dans son orbite une quantité énorme d’instruments de production agricole.

Qu’en pensent les camarades Sanina et Venger ? L’élargissement de la sphère de la circulation des marchandises peut-il contribuer à notre avance vers le communisme ?

Ne sera-t-il pas plus juste de dire qu’il ne peut que freiner notre avance vers le communisme ? »

Staline décrit ici précisément ce qui s’est déroulé après sa mort, avec des kolkhozes obtenant une certaine autonomie, tout comme les entreprises industrielles l’ont eu. C’est un très net recul vers le capitalisme au travers d’une multiplication des échanges marchands.

D’ailleurs, l’utilisation des lopins de terre privés a vu les livraisons obligatoires supprimées, les redevances pour vendre sur les marchés ont été abaissées de moitié, etc. Le régime soutint la systématisation de la construction de petites maisons de campagnes estivales de taille modeste (60 m² au maximum d’habitation) agrémentés d’un petit jardin, les datchas, relevant de la propriété privée.

C’était une libéralisation généralisée et en pratique, le ministère de l’agriculture s’est très vite retrouvé avec moins du 1/5 de son personnel, alors que le secteur privé l’emporta en termes d’initiatives.

En 1966, la production privée, qui n’occupait que 3 % de la surface agricole totale, produisait 60 % des pommes de terre, 40% de la viande, 40 % des légumes, 39 % du lait, 68 % des œufs. Il existait 7 500 marchés libres, où 17 millions de personnes intervenaient comme vendeurs.

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La décentralisation économique dans l’industrie en Union Soviétique dans les années 1950

Le dégel suit en économie la même logique que dans la culture et la politique. Les appareils et l’idéologie sont considérés comme des verrous à faire sauter.

Les Izvestia publièrent en octobre 1954 un long article « Sur le formalisme et le caractère dommageable d’une centralisation excessive », puis une semaine après la Pravda annonça que le centralisme devrait reculer et que les organes de planification devaient perdre en importance.

Le processus avait en fait déjà commencé. Entre 1952 et 1954, les organes de planification avaient perdu 20,6 % de leur personnel, 200 bureaux et 4500 départements avaient été liquidés. Plusieurs milliers d’entreprises passèrent sous la main des différentes républiques et les spécialistes furent attribués aux entreprises au lieu de dépendre de l’administration.

Moscou, 1956

Le Conseil des ministres fit en ce sens passer une résolution, en juillet 1954, sur « la réduction des indicateurs du plan économique national, du plan d’approvisionnement et du plan de mécanisation globale et de l’introduction de nouvelles technologies dans la construction pour 1955 ».

La résolution souligne la systématisation de la formation des spécialistes liés non plus à l’administration, mais directement à la production. On est tout à fait dans l’esprit du « dégel » et en avril 1955 eut lieu une conférence de la plus haute importance, avec les plus hauts membres du Parti et de l’État avec les directeurs d’usine, les ingénieurs les plus qualifiés, etc. Il fut très clairement souligné que désormais ce qui comptait c’était la dimension gestionnaire locale.

Il existe une anecdote sur ce que Nikita Khrouchtchev aurait raconté lors d’une conférence à Sofia, en Bulgarie, en 1955 ; elle est à la fois vraie et romancée, de manière typique d’un Nikita Khrouchtchev toujours très imagé dans ses propos :

« Selon Khrouchtchev, [Nikolaï] Voznessenski … est allé le voir lui, Malenkov et Molotov, et a déclaré qu’il avait eu une longue session avec Staline [en 1949] expliquant son projet de nouveau plan quinquennal.

Une composante de celui-ci permettait un certain relâchement de la planification trop centralisée et certaines mesures de type NEP pour restaurer l’économie.

Staline avait alors dit : « Vous cherchez à restaurer le capitalisme en Russie. »

Khrouchtchev dit que cela suffisait à inquiéter sérieusement le camarade Voznessenski, et il est venu nous demander d’intercéder auprès de Staline.

Nous avons tous les trois demandé un entretien avec Staline et avons été reçus par lui à midi. Nous avons déclaré que nous avions vu et approuvé le mesures proposées par Voznessenski.

Staline nous a écoutés et puis a déclaré : « Avant de continuer, vous devez savoir que Voznessenski a été exécuté ce matin ».

Voilà. Que pouviez-vous faire? Un homme est prêt à être un martyr mais à quoi sert-il de mourir comme un chien errant ? Il n’y avait rien que nous pouvions faire pendant que Staline vivait. »

C’est tout à fait significatif de l’approche de Nikita Khrouchtchev et de la couche sociale qu’il représente : l’idéologie est mise de côté au nom d’une gestion pragmatique, avec naturellement les couches urbanisées et diplômées formant une nouvelle élite aux côtés des bureaucrates de l’administration et de l’appareil militaire.

Le café Chaïka à Bakou dans les années 1960

Deux autres résolutions, en août 1955 et en mai 1956, renforcèrent les droits des ministres, des chefs de département, des directeurs d’entreprises, avec également une modification de la procédure de planification et de financement par l’État de l’économie des Républiques Socialistes.

Cela permettait une certaine marge de manœuvre aux gestionnaires quant aux décisions budgétaires, aux décisions d’allocations des ressources pour la production, avec notamment une possibilité de se tourner également directement vers certains fournisseurs, de réorganiser les salaires donnés, de modifier relativement les plans donnés, de procéder à des constructions en toute indépendance, etc.

Cela asseyait définitivement le « dégel » dans l’économie.

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Le « dégel » en Union Soviétique avec Nikita Khrouchtchev

Le régime soviétique présenta la liquidation des fondements idéologiques comme la fin des obstacles bureaucratiques à la construction du socialisme et même à l’arrivée à court terme au communisme.

Le terme employé pour désigner cette période est celui de « dégel », depuis le roman Le dégel d’Ilya Ehrenbourg paru en 1954, qui se déroule dans des territoires éloignés des centres urbains pour se présenter comme un « portrait » social.

L’approche est caractéristique de la critique faite alors sous l’égide de Nikita Khrouchtchev : les gens authentiquement créatifs sont mis de côté par des fonctionnaires ne cherchant qu’à se faire bien voir du régime. L’artiste qui fait des œuvres sans y croire mais favorables au régime est soutenu, pas celui qui est créatif, il en va de même pour les ingénieurs, etc.

Le dégel d’Ilya Ehrenbourg, 1954

L’Homme ne vit pas seulement de pain, de Vladimir Doudintsev en 1956, connut pareillement une grande valorisation pour son histoire d’ingénieur inventeur faisant face au complot de la bureaucratie.

Voici comment Le Monde parle de cet ouvrage, en avril 1957 :

« Doudintsev n’est pas un grand écrivain. Ce n’est certainement pas par un talent littéraire exceptionnel qu’il a conquis rapidement la célébrité dans son pays et hors de ses frontières, c’est par le courage avec lequel il a dénoncé certaines plaies de la société soviétique.

Nous avons parlé ici à deux reprises de son livre (le Monde des 8 décembre 1956 et 30 janvier 1957), et cela nous dispensera d’en faire l’analyse aujourd’hui.

Nous nous bornerons à en recommander vivement la lecture, car il apporte un témoignage vivant et véridique sur une société que l’on dit sans classes, mais où sont apparues des castes qui défendent avec âpreté leurs privilèges.

Dans les milieux administratifs et scientifiques existent des bureaucrates routiniers, des arrivistes cyniques, imbus de leur fausse supériorité, groupés en chapelles, et qui se défendent contre tous les novateurs enthousiastes en dressant toutes sortes d’obstacles sur leur route. »

L’œuvre de science-fiction de 1957 La Nébuleuse d’Andromède, du paléontologue et géologue Ivan Efremov, valorise pareillement un scientifique ayant mené une expérience catastrophique, mais ayant pris des risques ayant fait avancer la science, dans un cadre technico-futuriste de colonisation spatiale.

Une journée d’Ivan Denissovitch, d’Alexandre Soljenitsyne en 1962, marqua le point culminant du dégel, avec sa présentation caricaturale d’une journée dans un camp de travail.

La publication de cette œuvre à quasiment 100 000 exemplaires fut soutenue par le Bureau Politique du Parti Communiste d’Union Soviétique lui-même ; dès 1963 la revue Roman-Gazeta le republia, avec un tirage de 700 000 exemplaires, une édition séparée de 100 000 exemplaires étant menée par les éditions Sovietski Pissatel.

Une journée d’Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljenitsyne, 1962

Ce soutien à Alexandre Soljenitsyne n’est pas un fait isolé.

Nikita Khrouchtchev réhabilita par exemple Evsey Shirvindt et le nomma chercheur principal au Bureau spécial des camps de travail. Celui-ci avait notamment été le dirigeant de la Direction Générale des Lieux de Détention de 1922 à 1931 et le principal assistant du Procureur de l’URSS pour la surveillance des prisons et des camps de travail de 1933 à 1938, avant d’être lui-même condamné en camp de travail en 1938 puis à l’exil intérieur en 1949.

Il fit de même avec Olga Shatunovskaya, condamnée en 1937 et devenant désormais une dirigeante des recherches pour les réhabilitations des condamnés des années 1930, ainsi qu’avec Alexandre Todorsky, un militaire condamné en 1938 et désormais réhabilité et nommé à la tête d’une commission pour connaître les « victimes » dans l’armée lors de la répression des années 1930.

Le militaire Alexandre Snegov, condamné en 1938, fut même invité par Nikita Khrouchtchev au 20e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, puis réhabilité et mis à la tête du département politique de l’administration principale des camps du ministère des Affaires intérieures de l’URSS, qui exista jusqu’en 1960.

De manière fort logique, la notion juridique d’ennemi du peuple fut supprimé du code pénal, en décembre 1958.

Moscou, 1960

Le « dégel » se développa également dans le rapport avec les pays capitalistes, avec le principe de la « coexistence pacifique ». Nikita Khrouchtchev devint d’ailleurs une véritable figure médiatique dans les pays capitalistes, avec son voyage aux États-Unis en septembre 1969, donnant une image de sympathique rondouillard proposant une compétition pacifique pour le meilleur niveau de vie.

De la même manière, les Partis Communistes des pays capitalistes durent adopter la ligne du passage pacifique au socialisme, une révolution n’étant plus nécessaire. La notion de dictature du prolétariat disparut d’ailleurs en URSS, le 22e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, en 1961, présenta celui-ci comme le « parti du peuple tout entier » dans le cadre d’un « État du peuple tout entier ».

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dans l’URSS désormais majoritairement urbaine

La contradiction villes-campagnes en URSS dans les années 1950

Lorsque Staline meurt en 1953, l’URSS était en train de se rétablir des terribles dégâts causés par la seconde guerre mondiale. Mais il y a deux autres facteurs essentiels à prendre en compte. Tout d’abord, le rétablissement économique de l’URSS s’accompagne d’une profonde évolution en ce qui concerne le rapport ouvriers-paysans, dans le cadre de la contradiction villes-campagnes.

AnnéePopulation totale*Population urbaine*Population rurale*
195017869109
1959209100109
1962220112108
*en millions d’habitants

Ensuite, il y a à travers le monde une importante évolution technique et technologique et l’URSS, industrialisée par le socialisme, en était partie prenante.

Si l’on ajoute à cela une vague de l’idéologie patriarcale, qui profita de la seconde guerre mondiale, on a trois défis pour l’URSS et l’échec dans ces trois domaines marqua le succès de Nikita Khrouchtchev et de ses partisans.

Si l’on y regarde bien, c’est en fait l’hégémonie de l’URSS urbanisée sur l’URSS rurale qui caractérise la période de Nikita Khrouchtchev, avec un style de vie sans exigence, teinté de patriarcat, avec une soumission aux gestionnaires au nom de la primauté des techniques modernes.

L’ancien mode de vie soviétique, avec des villes qui étaient des bastions ouvriers dans une URSS paysanne, s’effaçait devant la mise en place d’un style de vie désormais toujours plus urbain et largement influencé par les couches intellectuelles.

Crèche devant les bâtiments du quotidien la Pravda, 1955

Deux phénomènes sont ici essentiels. Tout d’abord, entre 1928 et 1955, le nombre de spécialistes ayant eu une éducation universitaire était passé de 233 000 à 2,2 millions.

Ensuite, l’économie soviétique, en reconstruction après 1945, put se focaliser sur la construction et de 1957 à 1963 ; le parc de logements est passé de 640 à 1 184 millions de m², cent millions de personnes déménageant dans de nouveaux logements.

Ces deux phénomènes n’ont pas été marqués par un accompagnement culturel, encore moins une révolution culturelle. Et ils profitent sans commune mesure au « dégel » dirigé par Nikita Khrouchtchev, c’est-à-dire au démantèlement des structures idéologiques caractérisant la période où Staline dirigeait l’URSS.

Une pharmacienne à Moscou, 1964

Ce que propose Nikita Khrouchtchev, c’est un mode de vie petit-bourgeois, avec une élévation du niveau de confort, dans un cadre moderne.

Ce fut ainsi les débuts de la télévision et des studios furent mis en place dans toutes les capitales des républiques soviétiques, avec la formation d’un nouveau personnel culturel. Dans les faits, les revenus réels de la population ont augmenté d’un tiers ; toute une scène d’artistes populaires émerge dans les domaines de la musique, du théâtre, du cinéma.

Et le symbole de cette modernisation, c’est bien sûr, dans la continuité du projet spatial initié dès les années 1930, le lancement du satellite artificiel Spoutnik 1, lancé le 4 octobre 1957, puis le premier vol spatial habité avec Youri Gagarine à bord du Vostok 1 le 12 avril 1961.

Youri Gagarine à bord du Vostok 1

Ainsi, Nikita Khrouchtchev était absolument triomphaliste. Les dirigeants de l’URSS, au milieu des années 1950, ne sont pas désemparés, ils estiment qu’ils vont triompher.

D’un côté, il y a donc la dénonciation de Staline par Nikita Khrouchtchev au vingtième congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, en 1956.

De l’autre, il y a l’affirmation au 22e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, en octobre 1961, par Nikita Khrouchtchev, que la base matérielle et technique du communisme serait mise en place en 1980, le congrès validant la thèse et la plaçant en conclusion de son document final.

Vue depuis un ligne de métro moscovite, 1960

Ainsi, contrairement à ce qui a été pensé à l’époque, les profondes modifications du régime soviétique qui se sont produites après la mort de Staline en 1953 n’ont pas été présentées comme un retour en arrière qui ramènerait directement au « léninisme ». Elles ont été bien au contraire mises en avant comme un grand pas en avant, qui ramènerait indirectement au léninisme.

La nuance est subtile, mais d’une immense importance. La génération qui est aux commandes de l’État dans les années qui suivent la mort de Staline n’est nullement celle de gens qui avaient été mis à l’écart ou qui se situaient sur des positions opposées à la ligne générale du régime.

Nikita Khrouchtchev était le responsable du Parti en Ukraine ; Mikhaïl Souslov était membre du Bureau Politique et un cadre du plus haut niveau de l’appareil d’État ; Alexandre Chélépine qui dirigera le KGB était le dirigeant des jeunesses communistes, les Komsomol ; Nikolaï Mikhaïlov qui sera ministre de la culture était secrétaire du Comité Central, etc.

Pour cette raison, les communistes chinois considérèrent initialement que si les communistes soviétiques disent quelque chose à ce sujet, ils sont légitimes pour le faire. Ils s’imaginaient avoir affaire au canal habituel – ce n’est que par la suite qu’ils se revendiqueront inversement comme le canal historique, rejetant l’URSS de Nikita Khrouchtchev.

Moscou, 1966

C’est que ceux que les communistes chinois accusèrent par la suite et à juste titre d’être des « révisionnistes » ne présentaient pas leur démarche comme une révision, mais comme le passage à une étape supérieure. Selon eux, la situation était tout à fait nouvelle, en tout.

L’URSS marcherait très rapidement au communisme, l’impérialisme aurait cédé la place à un capitalisme monopoliste d’État, les pays arriveraient au socialisme par les élections, etc.

Il ne s’agit donc pas, en apparence, d’une négation du parcours soviétique de Staline, mais de l’effacement de sa substance, pour se présenter comme la continuité réelle et finalement naturelle.

Il ne s’agissait donc pas d’une ligne opportuniste de droite, comme les véritables communistes l’ont cru à l’époque, mais d’une ligne opportuniste de gauche. Nikita Khrouchtchev et la direction du Parti Communiste d’Union Soviétique prétendaient faire mieux que Staline, leurs ambitions étaient démesurées, leurs espoirs hallucinés.

D’où la véritable croyance en la cybernétique, considérée comme une « technique » résolvant absolument tous les problèmes économiques et scientifiques.

Revue « Le jeune technicien », 1968

D’où le développement du mysticisme à tous les niveaux. On a un excellent exemple de cela avec l’initiative de Dora Lazurkina, membre du Parti depuis 1902, arrêtée en 1939 et libérée en 1955, qui expliqua à la tribune du 22e congrès, le 30 octobre 1961, que Lénine lui avait parlé dans son esprit et demandait que le corps de Staline soit enlevé du mausolée sur la Place rouge ! Ce qui fut fait secrètement dans la nuit du 31 au 1er novembre.

C’est malheureusement la raison pour laquelle la lutte anti-révisionniste fut si peu efficace : elle condamnait des gens faussant l’idéologie communiste pour retourner au réformisme, sauf que ces gens se présentaient sous un masque ultra-révolutionnaire.

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Interview d’ETA au journal GARA (2007)

8 avril 2007

ements fermes avec un scénario sans violence. »

Les dernières semaines on a beaucoup parlé des intentions d’ETA. Le communiqué du 10 janvier était l’objet d’évaluation et débat le plus récent jusqu’à aujourd’hui. Dans cette interview effectuée par GARA, ETA détaille ses réflexions, objectifs et compromis. Elle a été effectuée en langue basque, mais pour sa valeur journalistique on offre aussi la traduction complète en espagnol.

On parle beaucoup de l’opportunité qui existe pour dépasser le conflit au Pays basque. Mais, quelle est la photographie que fait ETA du pays ?

Il est connu que notre objectif est un Pays basque libre et socialiste et que nous combattons pour l’obtenir. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous voyons plus près qu’il y a des années un État indépendant, bien qu’il faille encore travailler et lutter beaucoup.

D’autre part, nous voyons un peuple qui construira en liberté son avenir, qui parcourra son chemin vers l’indépendance.

Toutefois, ceux qui ont divisé le Pays basque, et leurs successeurs, ont mené à bien un travail énorme pour détruire l’identité de notre peuple. Les valeurs du capitalisme sont très vives aujourd’hui. Et, selon nous, les actuels gestionnaires du Pays basque divisé sont les principaux responsables de cette situation.

Quels sont les principaux problèmes que vous détectez ?

Les gestionnaires des actuelles institutions et les caciques qui régissent le Pays basque ne veulent pas résoudre les principaux besoins de notre peuple.

Comment ne se rendent-ils pas compte des problèmes structurels sérieux du Pays basque ? Par exemple, celui de l’officialisation de la langue basque ; en mettant son avenir entre les mains de personnages comme Sanz ou Lasserre, notre langue est condamnée à mourir. Il suffit de relire les enquêtes sociolinguistiques réalisées dans les sept territoires pour se rendre compte que l’avenir de la langue basque est très noir. Et, face à cette situation, dans le meilleur des cas ils se limitent à mettre de faux instruments pour tranquilliser ou désactiver la société. Cela n’est pas le chemin.

Et les travailleurs basques ? Leur situation est inacceptable. Conditions de travail, précarité absolue… Par exemple, au Pays basque, les accidents et la mort de travailleurs sont une chose courante et quotidienne. En ce sens, les pouvoirs publics et les chefs d’entreprise basques ont une responsabilité qu’ils ne peuvent pas dissimuler.

Tandis que les patrons condamnent des travailleurs à mourir, les caciques politiques du PNB pensent seulement à la façon dont ils vont dissimuler leurs biens aux citoyens. Pour eux la question primordiale ce sont leurs maisons d’été, d’hiver et de vacances. Pendant ce temps, ils ignorent les revendications et les appels de tous les syndicats, et ainsi jusqu’à quand ? Euskadi Ta Askatasuna demande ce qu’ils sont disposés à faire pour mettre un terme à cette oppression !

D’autre part, la situation est très grave en Lapurdi, Zuberoa et en Baxe Nafarroa. Le Nord du Pays basque ne dispose pas d’une structure institutionnelle propre. Tout est ainsi, au bénéfice de Paris, le projet 2×2, le Train à Haute Vitesse ou d’autres projets gigantesques sont le futur qu’ils nous dessinent.

Mais le problème de base n’est pas que ces projets ne soient pas nécessaires selon nous pour le Pays basque, non, ce n’est pas cela la question principale, le problème est de voir comment ils le font. Sans aucune honte, ils imposent à notre peuple des projets qui conditionnent l’avenir du Pays basque. Ces personnages qui se remplissent la bouche avec des mots tel que démocratie ou participation cachent à la société ce qu’ils veulent faire et pourquoi ils veulent le faire.

Les institutions actuelles agissent en tournant le dos aux problèmes des citoyens. Les citoyens ne peuvent recevoir une information de ces projets que grâce aux plates-formes populaires, parce que les idéologues de ces projets les cachent aussi. Comme ils l’ont fait avec la Centrale de Boroa et le marais d’Itoiz. Toute cette destruction est aussi faite contre la volonté des citoyens.

Ces situations ont pour origine l’oppression, la négation et la division du Pays basque. Aujourd’hui, notre peuple ne dispose pas encore des instruments de pouvoir et de souveraineté nécessaires pour construire et organiser son avenir. Par contre, ceux qui gèrent les actuelles institutions travaillent tous les jours pour que la situation de négation et de division du Pays basque soit définitive.

Nous voulons seulement leur dire une chose. Qu’ils abandonnent cette politique d’imposition et qu’ils laissent dans les mains des citoyens tous les mécanismes démocratiques pour qu’entre nous tous nous construisions l’avenir de notre peuple !

Sur le processus, sur le blocus et l’appel à la société basque

On parle beaucoup du processus… mais, quelle est la raison qui vous amène à soutenir ou à mettre en marche un processus, maintenant ? Pourquoi ETA dit qu’il y a les conditions pour mener à bien un processus ?

Il y a deux ans quelques événements ont eu lieu dans l’État espagnol. À partir de là, on a fixé un nouveau début.

Premièrement, les attaques armées du 11-M à Madrid ont mis un terme à huit ans de gouvernement d’Aznar et le PSOE est arrivé au pouvoir. Ces événements ont provoqué des changements et, en suivant l’analyse que nous faisions, en analysant comment s’est effectué ce changement dans le conflit du Pays basque, nous prévoyions ce que ces changements donneraient s’il y avait volonté de la part des nouveaux chefs du PSOE. Cela a été un des facteurs.

D’autre part, les déclarations du PSOE et la « volonté » de Zapatero reflétaient une volonté de changer. Ainsi, ETA a compris qu’il y avait une certaine intention de mettre en marche un deuxième processus de réforme dans l’État espagnol. Nous pouvions interpréter que cette réforme apporterait la résolution définitive du conflit entre le Pays basque et l’État espagnol.

Et, évidemment, il y avait un compromis des deux côtés pour qu’une discussion puisse se faire, comme dans tous les processus de résolution. Nous n’entrerons pas dans les détails, mais nous parlons de cela quand nous disons que l’État espagnol n’a pas accompli ses compromis de cessez-le-feu.

Mais nous avons entendu beaucoup de choses autour des conversations entre ETA et l’État espagnol. Que pensez-vous de toutes ces fuites ?

Nous avons réitéré notre volonté ferme. Nous avons évalué et exprimé tout le temps que la solution du conflit arrivera par le dialogue et la négociation.

Dans quelle situation se trouve le processus selon ETA ?

Il marche ! Mais, qu’est-ce que nous comprenons par processus ? D’abord, nous aimerions répondre à cette question. Au Pays basque, il y a des personnes qui veulent dénaturer quelques termes, spécialement les politiciens qui n’ont aucune volonté de changer les choses. Processus égal, seulement, à paix, processus égal à la disparition d’ETA… beaucoup ont essayé de nous faire écouter ou de nous faire croire cela. Mais ils se trompent.

Comme nous le disions en mars 2006 (et nous l’avons réitéré postérieurement), pour nous le processus consiste à construire un cadre démocratique pour le Pays basque et à donner la parole et le droit à décider de leur avenir aux citoyens basques.

C’est-à-dire, ce que chaque organisme apporte pour ces deux points, la parole et la décision. Nous savons très bien ce que nous avons fait et nous savons aussi que nous sommes disposés à mettre toute notre volonté et à prendre les initiatives nécessaires, le gouvernement espagnol et les principaux agents politiques au Pays basque sont ils disposés à parcourir ce chemin ?

Nous n’avons pas, aujourd’hui, de motifs pour être optimistes, mais réaffirmons ces objectifs. Et nous confirmons la ferme volonté d’ETA de faire des pas pour avancer dans cette voie et blinder le processus. Les compromis d’ETA sont fermes, mais que personne ne s’y trompe, notre compromis va avec un processus qui puisse donner une vraie sortie démocratique au conflit.

Cela signifie t-il qu’à l’heure actuelle il est bloqué ?

Oui, le processus continue dans une situation de blocage parce que le gouvernement espagnol n’a pas écouté ce que le peuple dit ! Parce que le gouvernement espagnol n’a pas agi avec maturité face au geste d’ETA.

La situation de blocage s’aggrave s’ils refusent d’approfondir la négociation et de faire des pas. C’est très simple, n’est-ce pas ? En ce sens, le gouvernement espagnol devra décider s’il ferme la porte à un processus de résolution du conflit, s’il fait un pari pour trouver une sortie politique à un long conflit.

Une conviction est en train de s’ouvrir un chemin : maintenant, s’il y a processus, il devra se faire sur des bases plus fermes et sur une nouvelle dynamique, parce que ce que, jusqu’à présent le gouvernement espagnol et les agents comme le PSOE et le PNB ont démontré c’est qu’on ne peut pas construire un processus sérieux. Il faut changer ces attitudes.

C’est le moment d’agir avec responsabilité politique. Ce n’est plus le temps d’agir avec ingénuité. Nous le répétons tout le temps. La société basque sait parfaitement que les clés pour résoudre le conflit sont la territorialité et le droit à décider. Le débat politique est situé dans ces paramètres, donc il faut en parler.

Insister, maintenant, sur les demandes de condamnation ou sur des débats sur le droit du peuple basque à se défendre est éluder le véritable débat. C’est ça.

Qu’est-ce qu’ETA demande aux agents sociaux pour débloquer la situation ?

Nous voulons envoyer notre premier appel à tous les citoyens, pour qu’ils se lèvent face aux attaques dont notre peuple souffre et pour qu’ils incitent les partis politiques à agir avec la responsabilité qui leur correspond.

En fin de compte, le principal actif pour la résolution du conflit ce sont les citoyens basques, et ce que les partis doivent faire est acheminer la volonté populaire et travailler pour que le droit à décider des citoyens basques soit garanti.

Nous voulons envoyer notre deuxième appel aux médias. Pour qu’ils ne jettent pas de l’huile sur le feu du conflit, pour qu’ils cessent de donner une couverture à des solutions policières et pour qu’ils soutiennent une véritable solution démocratique et négociée.

Et, finalement, nous voulons exprimer notre admiration à toutes les personnes qui travaillent tous les jours pour un changement de modèle pour ce peuple : à tous les citoyens, associations de quartier, universités, écoles, centres de travail et mouvements populaires.

Sur l’attentat de BARAJAS et le concept de cessez-le-feu permanent

Vous affirmez que le processus, en général, avance. C’est alors le processus de négociation ce qui est bloqué ? Pourquoi avez-vous décidé de réaliser l’attentat de Barajas ?

Barajas a été une action armée en réponse aux attaques permanentes du gouvernement espagnol. ETA avait déclaré en août que si les attaques continuaient contre le Pays basque, elle répondrait, et nous l’avons fait le 30 décembre.

Par cette action, ETA a donné une réponse directe à l’attitude maintenue par le gouvernement espagnol pendant huit mois. Jusqu’à ce moment, et encore aujourd’hui, le gouvernement espagnol n’a pas respecté ses engagements en relation avec le cessez-le-feu et n’a pas montré non plus une intention claire d’accomplir ces compromis.

Avec l’action de Barajas, ETA a essayé de reconduire le processus, et elle a envoyé un message clair au gouvernement espagnol, pour qu’il réfléchisse : qu’il est nécessaire de respecter les compromis pour qu’on puisse développer un processus de résolution du conflit, qui doit désactiver la machine répressive qu’il maintient contre le Pays basque, et qui doit donner des pas fermes pour avancer dans un processus qui respecte les droits du Pays basque.

En ce sens, ETA n’a rien cassé avec cette action, notre intention a été celle d’influer pour que ce processus avance sur des bases plus solides.

Beaucoup ont dit qu’ETA, avec cette action, a cassé un code non écrit, parce qu’elle l’a fait sans informer qu’elle allait rompre le cessez-le-feu. On dit, également, que pour l’avenir, le concept même de cessez-le-feu a perdu valeur, parce qu’elle a perdu crédibilité…

Ce n’est pas notre opinion. Nousn’avons pas perdu, en rien, de crédibilité. Tout le monde sait que ce qui donne crédibilité dans un processus de négociation est de respecter et d’accomplir les accords conclus à la table de négociation.

Ce qui donne crédibilité est de donner des pas qui soient cohérents avec un processus de résolution du conflit, faire des pas fermes qui fassent avancer le processus. La principale garantie du processus est d’accomplir les compromis auxquels on est arrivé à la table de négociation et de travailler en fonction des accords.

À mesure que les mois passaient, la crédibilité du gouvernement espagnol est tombée en chute libre. Le PSOE a perdu le peu de crédibilité qu’il pouvait avoir devant la citoyenneté basque. Avec sa pratique politique, il a perdu la légitimité qu’il pouvait avoir pour développer un processus de résolution devant le Pays basque.

ETA peut confirmer qu’elle a accompli tous ses compromis pendant ces mois. Le gouvernement espagnol ne peut pas dire la même chose. En ce sens, nous comprenons le cessez-le-feu d’un point de vue bilatéral. Il n’y a pas de cessez-le-feu unilatéral. On ne peut pas construire un processus de paix seulement avec le travail et la volonté d’une partie, il est indispensable que les compromis soient bilatéraux.

Et nous répéterons une équation que quelqu’un peut comprendre : qu’ils n’attaquent pas le Pays basque, qu’ils ne créent pas des mesures criminelles contre les Prisonniers Politiques Basques, comme par exemple la doctrine Parot.

Qu’ils n’imposent pas de procès et de punitions contre les citoyens basques, comme, par exemple, le cas d’Iñaki de Juana, le procès contre la jeunesse basque et beaucoup d’autres exemples que nous pourrions donner pour décrire l’État d’exception dont souffre notre peuple. Si tout cela disparaît, alors ETA ne devra pas répondre aux attaques.

On a écouté les voix de beaucoup de secteurs qui demandent de maintenir les engagements du 24 mars. Quelle est votre réponse ?

ETA confirme aujourd’hui tous les engagements du 24 mars. Et même, si les attaques contre le Pays basque disparaissent, dans ce contexte nous avons la disposition totale de prendre des engagements fermes avec un scénario d’absence de violence, en désactivant y compris l’option de réponses ponctuelles dans une situation de cessez-le-feu.

Sur l’avenir, la marge de Zapatero et l’attitude du PSOE et du PNB

À Madrid spécialement (mais aussi quelques voix au Pays basque) disent que le gouvernement de Zapatero n’a plus aucun marge. Ils font allusion à la terrible offensive du PP. Que pense ETA sur cette question ?

Le gouvernement de Zapatero, s’il veut, a toute la marge du monde. Encore plus, marge et capacité. La question, toutefois, est de savoir s’il a la volonté et la décision politique pour donner une sortie démocratique au conflit. Il ne faut pas dévier le débat.

Mais jusqu’à présent, ils ont pris le chemin contraire, et cela a laissé sans marge le gouvernement espagnol, mais aussi le développement du processus.

Si on ne fait pas de pas courageux pour avancer dans le processus, si le processus n’est pas rempli de contenu politique, on lui ferme des espaces, et on se trouve dans cette situation, parce que le gouvernement espagnol a porté le processus vers cette issue. Ils ont placé comme limite la Constitution espagnole.

En 1978, on a imposé une situation concrète à ce peuple. La gauche indépendantiste a adopté l’option de combattre contre ce cadre politique imposé, et à travers la lutte nous avons fait que notre peuple se trouve là où il se trouve aujourd’hui et tout cela en étant dans d’une situation d’oppression.

Nous sommes arrivés jusqu’ici par la résistance. Maintenant, tous acceptent qu’il faut trouver une sortie politique et négociée au conflit, et que cette sortie politique doit apporter un changement du cadre politique imposé. La nécessité de construire un cadre nouveau et démocratique est une idée déjà assumée.

En plus, bien que les résistances des immobilistes continuent à ne pas reconnaître les droits du Pays basque, le débat entre les partis politiques est situé dans ce terrain. Cela est positif, parce que nous avons obtenu d’ouvrir ce scénario, le scénario du changement politique, et le débat sur le cadre juridique-politique dont a besoin le Pays basque.

Etant arrivé à cette situation, les secteurs populaires ne vont accepter aucun processus qui maintient les mêmes limites de la Constitution rejetée en 1978. 

Cela supposerait de perpétrer une fraude à 30 années de lutte et de fermer les portes à l’avenir du Pays basque. Le processus doit arriver à enlever ces limites politiques et concrétiser le changement politique. Il doit servir à passer d’une situation antidémocratique à une autre démocratique.

Ils vivent maintenant dans un conflit d’État. Et ils devront faire face à cela. Ils devront effectuer la transition qu’ils n’ont pas faite durant toutes ces années.

Le PSOE et les autres partis qui se considèrent eux-mêmes progressistes ont une responsabilité spéciale dans la démocratisation de l’État espagnol, et non seulement la responsabilité, mais la nécessité et l’obligation. Celui-là est la principale matière en suspens dans l’État espagnol. Et cette démocratisation passe par trouver une sortie politique, démocratique et négociée au conflit qu’ils maintiennent avec le Pays basque.

La balle se trouve entre les mains du gouvernement espagnol.

Mais beaucoup de personnes affirment qu’en effet il y a quelques options… que les conditions pour résoudre le conflit existent déjà.

Parfait, et qu’est-ce qu’ils disent sur les attaques permanentes contre le Pays basque et, en général, contre les citoyens ? Et sur l’activité sauvage de la police de la Communauté basque espagnole dans les manifestations ? Sur les arrestations, tortures et autres ? Nous n’avons jamais rien caché. Nous avons clairement exprimé, tant à l’ensemble de la société basque qu’au gouvernement espagnol, où se trouvent les clés pour résoudre le conflit.

Quequ’un peut-il penser que nous pouvons avancer pour résoudre le conflit si une option politique se trouve dans l’illégalité ? Non, n’est-ce pas ? Évidemment que non. Et avec l’activité honteuse du PNB avec ETA en cessez-le-feu pendant une année ? 

En envoyant l’Ertzaintza (police basque) à la chasse des citoyens basques comme s’ils étaient des chiens enragés ? Ce peuple ne mérite ni n’a besoin d’une police comme ça. Il faudrait discuter de ce thème-là. Nous demandons aux responsables de cette répression sauvage d’assumer leur responsabilité. Celle-ci n’est pas la contribution qui aidera au processus.

Et ils nous parlent, sans aucune vergogne de l’irréversibilité du processus. Et ils l’exigent ! Pour rendre ce processus irréversible, il faut agir avec beaucoup plus de responsabilité, il est nécessaire de prendre des décisions politiques courageuses et profondes.

Croyez-vous que le gouvernement ne prend pas de décisions en faveur du processus, par exemple Iñaki de Juana ?

Ce qu’ils ont fait avec Iñaki et, en général, ce qu’ils font avec les prisonniers politiques basques peut être résumé en un mot : du chantage. Comme nous l’avons déjà dit, le gouvernement espagnol a mal compris le processus. Son objectif a été de pousser ETA à une négociation technique et alors tout va mal.

Il a voulu utiliser les prisonniers comme monnaie de change dans la négociation avec ETA. Nous interprétons ainsi la peine dictée contre Iñaki, la création de la doctrine Parot et tant d’autres mesures d’exception.

Mais la lutte populaire est parvenue à obliger que Iñaki soit transporté au Pays basque. Et la lutte de tous fera changer la politique du gouvernement envers le Collectif de prisonniers.

Par contre, le gouvernement a dû faire un geste en relation à une situation que lui-même avait créée. Un geste qui est arrivé tard.

Et nous insistons, ce geste-là, il l’a pris parce qu’il a été obligé de le faire.

Il ne faut pas oublier (malgré que le gouvernement soit en train de le cacher) qu’il a condamné Iñaki pour avoir écrit deux articles de presse, et comment ? L’ex ministre de justice espagnol avait dit bien clairement qu’ils inventeraient des preuves pour qu’Iñaki soit condamné.

Et nous savons bien que contre les combattants basques tout est valable. Des preuves sont inventées tout le temps dans les commissariats et à l’Audience Nationale espagnole. Ces mesures se trouvent encadrées dans une situation répressive d’exception imposée au Collectif. Donc, où est le geste ? Ils appellent maintenant geste à ce qu’ils font quand ils se voient obligés de le faire dans une situation provoquée par une décision prise précédemment.

Qu’elle est votre opinion sur le nouveau ministre de Justice espagnol ?

Nous n’entrons pas à juger une personne. Mais nous jugerons les activités propres de sa responsabilité. Et ce qui est certain c’est que les dernières déclarations nous ont laissés glacés. Il semble que le nouveau ministre a été fait avec le même patron que celui d’avant. On verra. Mais insister sur la mise hors la loi de Batasuna, s’acharner sur la persécution politique et judiciaire contre la gauche indépendantiste face aux élections n’est pas un bon signe. Son activité se trouve encadrée dans une stratégie d’État et c’est ainsi que nous interpréterons toutes ses initiatives.

À Anoeta on a parlé de deux voies : une qui correspondrait aux partis et aux agents sociaux ; et une autre entre le gouvernement espagnol et ETA. ETA a voulu s’immiscer dans « l’autre » voie ? (Certains, comme le PSOE ou le PNB ont déclaré qu’ETA empêchait l’accord politique).

Évidemment non. ETA ne veut pas entrer dans des responsabilités qui ne sont pas de sa compétence. Le PSOE et le PNB utilisent cette accusation comme une excuse. Avec l’intention, finalement, d’éluder le débat sur le contenu politique qui doit être clarifié dans le processus. C’est-à-dire, pour ne pas répondre aux clés politiques qui nous conduiront à la solution. Mais ce qui a été proposé à Anoeta est un schéma de négociation que le peuple a assumé comme propre, ce débat est déjà dépassé.

Quand on accuse ETA de s’immiscer, nous devrions regarder en arrière, vers notre mémoire historique. Nous ne devons pas oublier que l’actuel cadre politique est le résultat d’un processus de transition imposé au Pays basque. Comment ? Avec l’implication de l’armée espagnole, et avec l’acceptation complaisante et l’aide de ceux qui avaient constitué le bloc de la réforme.

Ils maintiennent ce cadre antidémocratique imposé par la force avec la tutelle de la Garde Civil et de la légalité espagnole. L’oppression politique, économique, culturelle et militaire du Pays basque. Cela est de la « tutelle !

Et comment le PSOE peut-il arriver à assumer ce contenu politique ? En apparence, le PSOE préfère parler seulement du processus de paix (premièrement la paix et nous verrons ensuite, ou quelque chose de semblable).

Jusqu’à présent, le PSOE et le PNB ont éludé ce débat, et c’est pour cela qu’ils ont utilisé tous les moyens possibles et impossibles. Ils ont utilisé leurs instruments répressifs pour affaiblir la position de la gauche indépendantiste face à l’accord politique, ils ont empêché la négociation politique et ils ont offert des fausses sorties à la gauche indépendantiste.

C’est cette vision et ce qu’ils ont fait qui a mené au processus de la situation actuelle de blocage, parce qu’ils affaiblissent le sens du processus en cachant le contenu politique. C’est tout cela qu’il faut surpasser, parce que nous avons vu que cette dynamique ne mène à rien sauf à la confrontation. Aborder le contenu politique doit permettre d’ouvrir une nouvelle dynamique, rendre possible un processus de résolution du conflit. Par exemple, il serait significatif de voir où se trouvent les socialistes basques.

Vous avez parlé du PNB. Comment évaluez-vous les réactions suscitées au sein de ce parti en relation au dernier communiqué au « PNB d’Imaz » ?

Nous voyons que le PNB est d’accord avec la stratégie du gouvernement espagnol. Imaz ou Urkullu ont assumé parfois la fonction de porte-parole des messages de la Moncloa, en faisant un travail d’avant-garde quand il a été nécessaire. Mais nous sommes aussi conscients que dans le PNB il y a des attitudes différentes. Ces différences sont en train de se mettre en évidence et cela est bon pour le Pays basque.

C’est pour ces raisons que nous disons que le PNB d’Imaz, face à la négociation politique, a agi aussi avec la stratégie de frauder au Pays basque. En relation à la stratégie répressive, le PNB a mis la police autonomique espagnole au service de la stratégie marquée par le gouvernement espagnol.

Le PSOE et le PNB, chacun selon sa fonction, ont agi avec une stratégie identique et une position politique identique tout au long du processus. Dans les bureaux de Ferraz et de Sabin Etxea, ils écrivent une seule stratégie, Rubalcaba d’un côté et Imaz de l’autre.

Derrière cette unité il y a des intérêts très importants, les intérêts économiques du PSOE et du PNB, projets économiques gigantesques qui les unissent. Il suffit de voir comment ils arrivent à des accords dans des projets comme celui du TAV (train de haute vitesse), imposé et destructeur, ou comment ils s’aident mutuellement dans les budgets du Pays basque et dans ceux de l’État espagnol.

Au milieu de tout cela il y a une très grande corruption, nous le savons bien. Elle se trouve derrière toutes ses coïncidences autour du modèle d’État espagnol.

Il est certainement honteux, d’autre part, la polémique ouverte au sein du PNB dans le conflit pour les Assemblées Générales. Mais la question n’est pas là. Tout le monde se questionne comment est-il possible d’avoir tant d’argent et de biens ?

D’où sortent-ils ? Comment ? Beaucoup de questions et très peu de réponses. Le PNB sent le pourri. Ils ont recueilli le fruit de nombreuses années de gestion, surtout pour se remplir les poches. Ils continuent à faire une politique de corruption, en tournant le dos aux nécessités du Pays basque et aux intérêts des citoyens, sans développer aucune politique populaire.

Sur l’accord politique et la proposition de la gauche indépendantiste

Mais ETA a quelque chose à dire sur l’accord politique qu’on veut obtenir ?

Non, si ce dialogue politique se donne dans des conditions démocratiques. Non, si on ne met aucune limite à aucune option politique. Non, s’il y a les conditions pour que tous les citoyens puissent développer en égalité de conditions la défense et la lutte de notre projet politique. Mais cela n’existe pas aujourd’hui.

Ce que nous voyons est que pour prendre part dans le dialogue politique, on met des limites à Batasuna, on refuse à la gauche indépendantiste le pouvoir de prendre part en égalité de chances dans les négociations politiques. Ils maintiennent la gauche indépendantiste en situation de mise hors la loi.

Tout au long du processus les attaques contre leur activité ont été permanentes, nous venons de voir l’espionnage politique contre l’équipe négociateur de la gauche indépendantiste. Ce sont des conditions pour travailler dans une négociation politique ?

C’est le PSOE qui a la situation en main et le PNB l’accepte. Le PSOE et le PNB mettent des conditions au dialogue (en demandant à la gauche indépendantiste des déclarations de condamnation et beaucoup d’autres choses) et complètent ces demandes avec des attaques en relations à la mise hors la loi de la gauche indépendantiste.

Nous disons très clairement que le cadre juridique et politique de l’avenir du Pays basque doit être décidé entre les agents sociaux, politiques, syndicaux. Pour cela nous croyons qu’on doit construire un accord politique. Nous les encourageons à le faire.

Nous ne comprenons pas pourquoi, après tant de mois, ils n’ont pas encore conclu cet accord politique. Précisément quand celui là sera un des facteurs principaux qui peut débloquer le processus. Nous le disons clairement : le processus est bloqué, surtout parce qu’entre les partis il n’y a pas un accord politique, parce que le PSOE et le PNB mettent des obstacles à cet accord.

Comment évaluez-vous la proposition présentée par la Commission négociatrice de la gauche indépendantiste ? Cette proposition peut aider à délier les actuels nœuds ? Peut-elle servir pour avancer, quelle est votre opinion ?

Oui, ce serait un pas vers le déblocage. Nous la comprenons comme une proposition pour la négociation politique et pour l’accord politique qui doit permettre la résolution du conflit. Ce n’est pas le projet que nous nous voulons pour le Pays basque, mais c’est une proposition pour dépasser le conflit. Si on la voit de ce point de vue, nous croyons qu’elle est positive : c’est un minimum, mais elle ouvre le débat sur le contenu de l’accord politique.

Nous considérons que la proposition effectuée par Batasuna apporte une concrétion, et nous pensons que le reste des agents devrait effectuer un effort semblable, pour que, à travers la négociation, cet accord politique soit possible.

Batasuna a offert une alternative à l’ensemble du Pays basque, au peuple. À l’État français en lui réclamant clairement une autonomie et à l’État espagnol en lui demandant de mettre les moyens pour dépasser la séparation entre Nafarroa et la Communauté Autonome et construire un cadre unique. Celui-ci est, à notre avis, un élément important pour dépasser le conflit. C’est pourquoi nous voyons avec de bons yeux la proposition.

Mais Batasuna dénonce de façon permanente que ni le PSOE ni le PNB ont répondu à la proposition ni ont expliqué quelle était leur position…

C’est vrai. Nous avons déjà dit que le blocage persiste parce que le PSOE et le PNB maintiennent une attitude de rejet face à la possibilité d’obtenir l’accord politique. Maintenir une attitude de rejet face à l’accord politique, à la fin, est de répondre avec la négation au changement politique que le Pays basque a besoin et à la nécessité de créer un cadre démocratique. Un processus de résolution du conflit ne peut pas être construit à partir de la négation.

Sur l’attitude de l’État français et la proposition d’autonomie

En relation au processus, qu’est-ce qu’on demande concrètement au gouvernement français ?

Le Pays basque, sans aucune reconnaissance politique, sans instruments et pouvoir institutionnel et attaqué en permanence, est condamné à une mort lente. Face à cette situation, nous comprenons que la revendication d’un cadre autonome pour le Pays basque, pour garantir sa survie sur des bases qui nous acceptent en tant que peuple, est la revendication d’un cadre de base, qui nous permettra de disposer des instruments de gouvernement nécessaires pour pouvoir survivre. C’est cela que le peuple basque demande à l’État français.

Nous demandons la reconnaissance et le respect du Pays basque. Nous sollicitons que les attaques violentes contre notre peuple finissent une fois pour toutes. Nous demandons qu’ils abandonnent la colonisation de notre peuple.

Et comment obtiendrons-nous tout cela ? En agglutinant les secteurs favorables au Pays basque autour de cette demande, activant la mobilisation et la lutte. Nous obtiendrons ainsi d’entraîner l’État français à respecter les droits du Pays basque.

La proposition qui a été socialisée doit servir à ouvrir un nouveau cycle. Cette lecture marque l’ouverture d’une nouvelle phase sur le chemin vers la reconnaissance des droits du Pays basque. Nous comprenons cette demande comme une phase de la lutte, une phase de la lutte qui peut nous servir pour proclamer les revendications des citoyens basques face l’État français.

Mais cette proposition d’autonomie n’est pas nouvelle.

Non, elle ne l’est pas. Il semble que maintenant il y a le besoin de mettre sur la table cette alternative. Nous considérons que, en partant de la situation des sept territoires du Pays basque, on présente une proposition pour l’ensemble du pays.

Cela est, à notre avis, ce que la gauche indépendantiste vient de présenter à la société. Et, avec toute humilité, nous disons que nous nous réjouissons beaucoup. Parce que les envies et la nécessité de vivre de ce peuple se démontrent dans ces propositions.

C’est une revendication historique du Pays basque. Le plus important est de faire voir à la cinquième puissance mondiale que le Pays basque doit vivre. En dépassant d’anciennes polémiques, s’est présenté aux citoyens de trois territoires du Pays basque une alternative qui permettra le développement de Lapurdi, Nafarroa Behera et de Zuberoa. Cela est réellement très important. Et interpeller l’État français et l’obtenir est un travail difficile, il faut lutter et entre tous nous l’obtiendrons.

Mais, pourquoi maintenant ? Il y a les nombreuses années IK a aussi présenté une proposition pour l’autonomie. Néanmoins, en ce moment-là il n’a pas eu accord entre les abertzales et cette revendication n’a pas eu de succès.

Comme nous l’avons déjà dit, cette proposition nous paraît adéquate. Durant ces années on a beaucoup avancé, mais la négation dont souffrent les sept territoires basques, le Pays basque, est encore une réalité.

Sous deux États et deux réalités. Mais malgré cela, la gauche indépendantiste a su formuler une seule proposition pour tout le Pays basque qui prend en compte les deux réalités, qui offre des réponses concrètes, mais qui a un seul objectif dans le temps et dans les réalisations. C’est cela qui a changé durant ces années, selon nous.

Nous n’avons pas le moindre doute que tous les secteurs abertzales et de gauche du nord du Pays basque défendront aujourd’hui cette revendication. Parce que nous sommes sûrs que c’est un changement de statut qui profitera à tout le pays.

Voyez-vous possible que l’État français change son attitude vers le Pays basque ?

Sans aucun doute. Chaque fois que les dirigeants français disent que le « conflit basque » n’existe pas dans notre territoire ils manifestent leur dédain envers le Pays basque. Et cela fait mal. Mais ces déclarations ne trompent personne dans à la société basque, et non plus dans le peuple français.

Mais nous allons plus loin. La société basque a déjà dépassé ce débat. À l’État français il y a une proposition d’alternative. Et cela ne peut plus s’arrêter. La détermination de la nécessité d’un espace de décision et de gestion ou d’un cadre autonome qui agglutine les trois territoires est claire. Le Pays basque avance, avançons tous !

Nous croyons fermement que, avec la lutte de tous, ils sentiront la nécessité du changement. Nous croyons que l’État français ne pourra pas continuer à nier pendant beaucoup plus de temps l’existence d’un conflit, qu’il devra changer son attitude envers la reconnaissance du Pays basque, parce que la réclamation d’un cadre politique propre est chaque fois plus partagée par toute la société basque. Les dirigeants français ne pourront pas éluder cette revendication.

La loi de partis et la présentation d’Abertzale Sozialisten Batasuna (ASB)

La loi de partis, la question de la mise hors-la-loi, continuent sans trouver une sortie.

Illégalité ? Nous ne nous sentons pas illégaux, même si une légalité étrangère que nous n’acceptons pas veut nous faire croire cela. Nous ne pouvons pas nier, en tout cas, que la mise hors-la-loi décrétée par le pouvoir espagnol a compliqué et a durci la vie de beaucoup de personnes, tandis qu’elle reflète aussi très clairement que nous nous trouvons dans une situation antidémocratique.

D’autre part, la mise hors-la-loi de larges secteurs montre aussi l’échec des États. Ils ont essayé souvent d’assimiler et de diluer dans leur légalité l’envie de liberté du Pays basque. Les Basques ne doivent pas chercher un lieu dans la légalité espagnole.

C’est eux qui doivent décider comment ils veulent-ils avoir la société basque ; si dans un cadre qui marche vers la récupération totale de tous leurs droits ou dans une lutte pour subsister, c’est-à-dire, dans une confrontation totalement violente avec les réalités espagnole et française.

Cela veut dire que la question n’a qu’une réponse évidente. Marchons à partir de la réalité actuelle, ils devront prendre des décisions pour démocratiser la situation. Une de ces décisions serait d’abolir la loi de partis.

La principale nouvelle de ces derniers jours a été la présentation d’Abertzale Sozialisten Batasuna. Comment interprétez-vous la situation créée par cette présentation ?

Au-dessus des obstacles qui apparaissent sur le chemin, la gauche indépendantiste montre qu’elle est capable de faire des pas concrets et qu’elle agit avec courage, force et responsabilité en accord avec les exigences de la situation.

La gauche indépendantiste a présenté ces derniers mois une proposition politique pour un accord politique qui doit nous aider à dépasser le conflit. Maintenant, en donnant de nouveaux pas, elle a présenté un nouveau parti politique.

Face à ces pas de la gauche indépendantiste, le gouvernement espagnol répond avec le rejet et la négation, le PSOE et le PNB répondent en mettant de nouvelles conditions. Ces derniers jours nous avons vu comment les porte-parole du PSOE, ou les gens comme Urkullu, font de nouvelles demandes à la gauche indépendantiste. Quels pas donneront-ils ?

En même temps, la présentation de ce parti reflète la forteresse, la vivacité et la fraîcheur du projet politique qui défend la gauche indépendantiste.

Et finalement s’il est mis hors-la-loi et qu’on empêche la gauche indépendantiste de se présenter aux élections ?

Si cela arrivait, ça signifierait que, une fois de plus, nous sommes face à une situation antidémocratique et que le gouvernement espagnol fait la sourde oreille à la réclamation de tous les agents, sauf la droite fasciste, d’abolir la loi de partis.

Si le gouvernement espagnol prend le chemin d’attaquer à la gauche indépendantiste, s’il manifeste de cette manière son manque de volonté pour résoudre le conflit, ETA le prendrait très en considération.

Euskadi Ta Askatasuna ne peut pas imaginer des élections sans la gauche indépendantiste. Faire des élections non démocratiques supposerait parier pour prolonger le conflit. Nous espérons que cette situation ne se donne pas. Parce que cela représenterait l’échec du processus, une telle décision du gouvernement espagnol sera une décision contre le processus.

Quelle légitimité auraient ces élections ? Et quelle serait la responsabilité du reste de partis politiques ? Parce qu’il est facile de parler contre la loi de partis, pour après profiter de cette situation. Nous croyons qu’ils font justement cela.

Cela est le jeu du PNB. Sans entrer dans le fond du conflit et obtenir quelques voix, il demande, à travers Azkuna et sa camarilla, que Batasuna ne puisse pas se présenter aux élections. Mais, pourquoi ? Simplement, pour pouvoir suivre tranquillement avec sa gestion-corruption.

Réflexions et polémiques suscitées autour de la lutte armée

Dans le Gudari Eguna de 2006, vous avez dit : « Nous renouvelons notre compromis à combattre, avec les armes dans la main, jusqu’à obtenir l’indépendance du Pays basque et le socialisme ». La polémique suscitée par ces mots a été énorme.

Oui, au Pays basque la polémique saute facilement, quand les choses se disent telle qu’elles sont.

Pour commencer, nous avons voulu offrir notre hommage le plus senti à tous les gudaris, et nous avons voulu dire bien haut que nous obtiendrons, en suivant leur exemple, que notre peuple soit libre. Mais nous avons aussi voulu proclamer une autre chose très importante. Que la lutte est une chose de tous les jours. Nous avons prétendu dire que, que cela soit dans le passé ou dans le présent, la lutte est l’avenir. Parce que nous construisons l’avenir avec la lutte.

Et c’est cela que nous avons dit, qu’ETA continuera à combattre jusqu’à atteindre ses objectifs. Nous ne voulons ouvrir aucun débat.

Aujourd’hui, et dans les conditions dans lesquelles notre peuple se trouve, nous pensons que les raisons pour utiliser la lutte armée existent encore et tant que ces raisons existeront nous continuerons. Une chose est d’offrir une cessation des actions, puisque nous comprenons que cela est aussi un instrument de notre lutte, parce que nous comprenons que l’ennemi ou l’autre partie entre aussi dans une situation de « cessez-le-feu » ou de détente. Mais une autre chose, bien différente, est de dire que la lutte armée n’est pas nécessaire.

Cette situation nous la voyons très éloignée des conditions actuelles. Cela pourra arriver quand nous verrons qu’au Pays basque il y a des conditions démocratiques suffisantes et des garanties suffisantes pour maintenir cette situation.

Alors ETA le dira ouvertement au Pays basque. Avec regret c’est évident qu’au Pays basque nous ne vivons pas cette situation, puisque notre pays est divisé, la persécution culturelle et la répression dont souffre notre peuple est énorme.

On a dernièrement mentionné que dans la gauche indépendantiste sont apparues certaines contradictions autour de la lutte armée. Quelle influence a cette situation dans la réflexion d’ETA ?

Cette situation n’est pas nouvelle, dans la gauche indépendantiste il y a, en effet, des personnes qui ne sont pas d’accord avec l’utilisation de l’instrument de la lutte armée, et cela, en plus d’être respectable, est enrichissant. Parce que ce n’est pas, en aucune façon, la légitimité de la lutte armée qui crée des contradictions. Il n’est pas mis en doute non plus que, pour atteindre nos objectifs, la lutte armée est un instrument politique.

Pour cette raison, s’il y a une adhésion avec la ligne générale et un consensus avec les objectifs politiques, nous ne voyons aucun problème que dans la gauche indépendantiste se traitent internement ces sujets, c’est-à-dire, évaluer et réfléchir sur les actions politiques réalisées à travers la lutte armée, en parler sur les conséquences que cet instrument politique produit.

Qu’est-ce que vous répondez aux personnes qui disent qu’ETA doit disparaître ou à celles qui disent que la lutte armée n’a aujourd’hui aucun sens?

Si nous regardons l’histoire récente de ce peuple et de son envie de vivre, nous voyons que derrière la demande de la disparition d’ETA, se trouve un non-sens.

Au Pays basque il y a eu d’autres organisations qui ont pratiqué la lutte armée, et même si ETA disparaissait, les raisons de la lutte armée ne disparaissaient pas, tant que la situation d’oppression contre notre peuple existe, il y aura toujours des citoyens organisés disposés à prendre les armes, pour garantir la survie du Pays basque, parce qu’ils comprennent qu’il n’y a pas d’autre option pour avoir un pays libre.

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Communiqué d’ETA de septembre 2007

Communiqué d’Euskadi Ta Askatasuna au peuple basque

Cela fera bientôt 30 ans que la Constitution espagnole nous a été imposée. Ex-franquistes et (faux) démocrates espagnols célèbrent déjà l’événement. En 1978, nous, les Basques, avons rejeté cette Constitution qui va à l’encontre des droits de notre peuple, précisément parce qu’elle empêche le Pays Basque de décider de son avenir en démocratie et en liberté.

Cette Constitution, qui maintient le Pays Basque dans le cadre de la légalité espagnole, constitue un obstacle à la construction d’un État basque. Il s’agit d’assimilation c’est-à-dire, de la disparition du peuple basque.

En tout état de cause, de nos jours, négation politique et séparation institutionnelle sont des instruments dressés contre la volonté des Basques. La Constitution espagnole, et la législation qu’elle génère, constitue la principale limite antidémocratique qu’on nous impose. Il nous revient, à tous et à toutes, de la combattre pour repousser et supprimer ces limites.

Quelques-uns, par contre, ont trouvé leur place dans le cadre de l’État espagnol. Comme on a pu le constater en Navarre, la principale préoccupation des soi-disant « progressistes », « démocrates » et « abertzales » est de se répartir au mieux les miettes du pouvoir, à l’issue d’élections antidémocratiques, et de justifier la stratégie de guerre du gouvernement espagnol, au lieu de dénoncer l’état d’exception qu’on impose à notre peuple. Pire, l’église espagnole a nommé un général comme évêque de Navarre.

Veulent-ils la paix ? Veulent-ils nous conquérir une nouvelle fois par le glaive et par l’épée ?

Cette tentative de justifier l’attitude du gouvernement espagnol ne saurait faire oublier les événements de ces derniers mois, parce que les masques sont tombés. Le gouvernement espagnol, ne respectant pas les points décidés avec l’ETA lors des négociations, a essayé de miner les positions de la gauche indépendantiste et de désactiver le projet indépendantiste du Pays Basque.

L’objectif du gouvernement espagnol était de mener à terme un processus dépourvu de tout contenu politique, en définitive, un processus de reddition verrouillant la négation et la division territoriale du Pays Basque, avec, à la clé, une mise sous contrôle de la résistance basque.

Mais, il a échoué. Et toute solution non basée sur les droits démocratiques du Pays Basque serait de même vouée à l’échec. Pendant les négociations, l’ETA a proposé une résolution pour que le Pays Basque soit réinvesti de ses droits, mais la réponse du gouvernement espagnol a été négative. Finalement, cette attitude négative du PSOE a provoqué la rupture des négociations, le PSOE n’ayant pas fait preuve de la volonté nécessaire pour mener à terme un processus de paix.

Le gouvernement espagnol ne veut pas renoncer à son attitude d’imposer par la force une restriction des droits du Pays Basque, parce qu’il refuse d’accepter que les Basques décident librement et sans restriction de leur avenir ; le gouvernement espagnol a peur de sortir perdant du conflit entre son projet et celui du Pays Basque.

Il sait que l’avenir politique, économique et culturel des Basques se trouve dans un État basque indépendant, parce que tout avenir leur est fermé sous la domination de l’Espagne ou de la France.

C’est pourquoi le gouvernement du PSOE ferme la porte à cette option de notre peuple, refuse le droit à l’autodétermination et maintient la division territoriale du Pays Basque dans le cadre de l’Espagne, comme si le Pays Basque n’était qu’un morceau de sucre à diluer dans son processus de réforme.

La dynamique de ces derniers mois, par contre, a mis en évidence la crise du PSOE et du PNV. Le PNV d’Imaz et d’Urkullu ne comprend pas que sa tentative de rééditer l’esprit d’Arriaga et de l’époque Ardanza a mené le parti au bord de la rupture. La base du PNV, contrairement à ses dirigeants, n’accepte pas les manoeuvres de « séduction » de l’Espagne et la défense des intérêts des patrons représenté par la direction actuelle du PNV.

La base du PNV n’accepte pas non plus qu’Imaz soit disposé à négocier avec le Parti Populaire, l’ultra droite. Elle n’accepte pas que Balza et d’autres dirigeants de la CAV (Communauté Autonome Basque) utilisent police et médias contre le peuple. La police basque frappe les citoyens, les arrête ou les épie, pour utiliser ensuite la télévision et la radio basques (EiTB) comme instrument d’intoxication et de désinformation. EiTB a pour mission de masquer la réalité face aux dénonciations de torture et de persécution.

En outre, le massacre politique des prisonniers basques est incessant. En la matière non plus, EiTB n’informe pas et se garde de montrer les preuves de la torture et de la persécution. Ils préfèrent protéger leur petit confort et détourner le regard, même si pour cela, ils doivent lécher la main qui les nourrit.

A-t-on oublié qu’un organisme public n’a pas de propriétaire, et ne saurait être placé au service d’intérêts particuliers mais au service du peuple ? Tous ces responsables devront un jour répondre de leurs actes devant une future justice basque.

Le Parti Socialiste également est en crise au Pays Basque, d’où il ressort que le Parti Socialiste de Navarre n’est qu’une marionnette manipulée depuis Madrid. Les intérêts de l’État espagnol priment sur les intérêts de la société navarraise. Et voilà que de nombreux adhérents du PSN et du PSE sont furieux.

Et ce n’est pas sans raison. Il fut un temps où les socialistes basco-navarrais prenaient leurs décisions comme des grands, mais c’est maintenant le responsable d’organisation du PSOE, M. Blanco, qui leur dicte ce qu’ils doivent faire. Voilà l’origine de la crise du Parti Socialiste.

Bien des citoyens sont furieux également après avoir entendu dire à M. Zabaleta (tête de liste de NaBai, coalition nationaliste) qu’en échange d’un poste de responsabilité, il était disposé à laisser de côté l’avenir de la Navarre et du Pays Basque. Leur colère est tout à fait légitime.

Que l’objectif de Madrid soit la liquidation du projet indépendantiste du Pays Basque est un fait. Madrid veut non seulement utiliser la division territoriale du Pays Basque comme monnaie d’échange, mais le gouvernement espagnol cherche également que la gauche indépendantiste et le projet indépendantiste soient assimilés par l’Espagne.

Nous voulons alerter la société basque de ce danger, puisque les manœuvres politiques qui vont suivre poursuivront cet objectif. Mais ils n’arriveront pas à leurs fins.

Nous lançons un appel à tous les abertzales et démocrates pour qu’ils continuent à travailler, puisque tout le monde est nécessaire pour que de nouvelles opportunités de création d’un État basque voient le jour. Nous lançons un appel à tous et à toutes pour que le déficit démocratique et l’injustice régnante soient dénoncés haut et fort.

L’ETA annonce que c’est dans cet objectif et pour obtenir des conditions démocratiques permettant de défendre tous les projets politique du Pays Basque sur un pied d’égalité, que l’organisation a pris la décision de reprendre ses attaques contre les infrastructures de l’État espagnol sur tous les fronts, et de défendre le Pays Basque les armes à la main.

Finalement, Euskadi ta Askatasuna veut exprimer ses condoléances les plus sincères à la famille et aux amis du gudari (combattant) récemment décédé, Sabino Euba, Pelopintxo.

Nous serons un exemple dans notre lutte quotidienne jusqu’à la victoire. Au revoir et honneur à toi, camarade !

Pays Basque, septembre 2007

Revendication des derniers attentats

L’ETA, organisation socialiste révolutionnaire basque pour la libération nationale, revendique les actions armées suivantes :

Deux actions à l’explosif, le 25 juillet, à Belagua, au passage du Tour de France. Il nous faut dénoncer que, bien que l’ETA ait averti à l’avance de la mise en place des explosifs, les autorités espagnoles ont décidé de ne pas procéder à l’évacuation de la zone, comme c’est actuellement trop souvent le cas. Dernièrement, le ministère de l’Intérieur espagnol évite de procéder à l’évacuation ou le fait partiellement. Nous alertons sur les conséquences d’une telle décision. La responsabilité d’éventuels préjudices graves retomberait sur les représentants politiques espagnols et sur la police.

Le 24 août, attaque à la voiture piégée à Durango. L’explosion a causé d’importants dégâts matériels et a blessé deux gardes civils.

Le 26 août, explosion d’une voiture piégée à Castellón.

Le 2 septembre, action à l’explosif sur les routes d’accès au Pays Basque.

Euskadi Ta Askatasuna

Pays basque, septembre 2007

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Batasuna : Pour un peuple libre, maître de ses droits, maître de son destin! (2007)

Euskal herria, un peuple en marche

Pendant la dernière année politique, la gauche indépendantiste basque a été plongée dans des conversations et des négociations politiques avec l´État espagnol; des négociations qui n´ont pas servi à boucler un accord politique mais qui ont permis de concrétiser et de souligner les origines politiques du conflit et les fondements de base de sa résolution.

Il est bien connu que parfois l´arbre nous empêche de voir la forêt, et de la même façon, une lecture ou une analyse reposant sur un tourbillon d´information découlé du processus de négociation peut nous empêcher de l´analyser d´un point de vue libérateur et de construction nationale, reposant sur des délais de temps plus longs, des démarches plus lentes mais à la fois plus solides et irréversibles, qui doivent nécessairement se baser sur un processus de libération nationale comme le basque.

Notre tâche ne consiste pas dans l´obtention de crédits politiques instantanés mais dans la construction des conditions objectives et subjectives nécessaires pour que notre peuple puisse accéder à sa liberté complète et totale.

Une liberté qui, en considérant la douloureuse histoire que notre peuple a vécu sous la domination espagnole et française, ne sera possible que dans le cadre de la construction d´un état souverain basque fruit de la volonté de la majorité sociale et populaire de ce peuple.

Une vision de la forêt politique basque.

L´objectif de cette analyse n´est pas d´effectuer une révision complète de l´histoire basque mais nous estimons qu´il est important de rappeler au moins le parcours suivi par le mouvement indépendantiste moderne vers la fin des années 50.

À cette époque, une nouvelle génération de basques se trouve face à un pays qui est à l´agonie après les dures années du premier franquisme et dont l´identité est menacée de disparition.

Avec un sentiment national anesthésié, une culture, une langue et des moeurs sur le point de disparaître, avec une répression structurale brutale, avec une mémoire récente de ce que les générations précédentes ont vécu, avec ses anciennes références nationales perdues en exil…

Face à cette situation et de façon héroïque, cette nouvelle génération de basques sera capable, avec des efforts, du sang et des larmes, d´éveiller à nouveau notre peuple, de l´acheminer à la liberté, en replaçant le problème national, le problème des libertés basques sur l´épicentre de la politique basque et étatale (tel que l´ont fait ses ancêtres pendant le premier tiers du XXe siècle).

Ainsi, vers la fin des années 70, au moment de la mort du Généralissime Francisco Franco et de la prétendue réimplantation de la « démocratie espagnole », la situation nationale basque, reposant sur le droit à disposer d´eux-mêmes et l´unité territoriale, devient un élément vivant et réel.

Un élément central, fruit du généreux legs de milliers de basques. Ce sera la première victoire du mouvement de libération: le fait d´être resurgi des cendres franquistes et d´avoir replacé en plein débat le problème national basque, ses libertés, les patries refusées.

Une occasion perdue.

Malheureusement, les pouvoirs de l´État espagnol, chargés de promouvoir la réforme démocratique, surestimeront leurs habiletés et leurs efforts et miseront sur une réforme qui ne résoudra pas le conflit, qui ne coupera pas le problème à sa racine, qui ne fournira pas de réponse positive au droit des citoyens basques de disposer d´eux-mêmes.

Au cours de cette opération, ils compteront sur l´aide inestimable de la gauche officielle espagnole (PSOE et PCE) ainsi que sur la collaboration de la nouvelle génération du nationalisme basque défaillant (PNV) qui, en renonçant aux offres de création d´un front national basque dont l´objectif est l´obtention de la reconnaissance du droit de disposer d’eux-mêmes et de l´untié territoriale d´Euskal Herria, ainsi que l´amnistie totale et la légalisation de tous les partis politiques basques, décidera de soutenir l´opération de réforme en négociant avec les pouvoirs de l´État la constitution dudit État des autonomies consacré dans la Constitution espagnole de 1978, qui est contre la souveraineté nationale basque et qui est à l´origine de la partition du pays.

Un nouveau cadre autonomique qui ne trouvait pas de solution au manque de souveraineté basque mais qui conférait à ses protecteurs (PNV et PSE) des quotas de pouvoir et de gestion peu méprisables.

Bien que l´indépendantisme ne soit pas capable d´arrêter cette opération, son opposition ferme fera que la société basque rejette majoritairement la Constitution espagnole ,en niant la réalité plurinationale de la péninsule, il établit la nation espagnole en tant que sujet politique unique et la « sacro-sainte » unité territoriale de l´état en tant que pierre angulaire du système, dont la garante sera l´armée.

C´est-à-dire, une unité sous la tutelle d’une armée putschiste qui n´a jamais été épurée et qui obtiendra uniquement le soutien du 1% de la citoyenneté basque, en dynamitant de façon tranchante la tentative de légitimation de l´État espagnol en terre basque.

Une traversée longue et douloureuse

Tel que nous l´avons signalé, le mouvement de libération nationale devra confronter seul le nouveau modèle autonomique imposé avec la Constitution espagnole, un modèle qui dénie au peuple le caractère de sujet politique de droit et qui le divise, en plus, en deux domaines institutionnels: la Communauté Autonome Basque qui intègre les provinces d´Araba, Bizkaia et Gipuzkoa et la Communauté Forale Navarraise qui représente la province de Nafarroa.

L´indépendantisme basque répondra à la nouvelle situation en luttant en faveur des droits nationaux et en confrontant l´assimilation espagnole, sous un masque d´autonomisme basque.

La persistance de la lutte armée ainsi que la capacité pour conformer un espace politique de base, créateur d´un contre-pouvoir populaire dans les différents domaines de la vie quotidienne basque (syndical, intellectuel, culturel, linguistique, associatif, écologiste…) et son façonnage en tant que choix politique qui réunit l´ensemble des forces indépendantistes et de gauche autour de l´unité populaire, Herri Batasuna, feront que ce modèle autonomique ne se consolide pas. (i)

La gauche indépendantiste présentera à cette période une offre de solution démocratique appelée Alternative KAS (ii) avec laquelle les noeuds gordiens pourront être résolus.

Pendant cette longue période, du début des années 80 jusqu´au milieu des années 90, la gauche indépendantiste résistera à l´ensemble des mesures répressives adoptées par l´État espagnol, sous forme de politiques sécuritaires soi-disant légales comme le Plan Zone Spéciale Nord ou illégales telles que la création et la promotion de la guerre sale au moyen d´escadrons mercenaires, des politiques législatives qui protègent des violations des droits de l’homme constantes -législation antiterroriste-, ou même des politiques d´exclusion telles que les politiques découlées du pacte Antiterroriste signé par l´ensemble des forces politiques, à l´exception d´Herri Batasuna, dans l´intention de promouvoir son isolement politique.

Les premiers symptômes de l´épuisement de ce modèle s´observent lors des négociations d´Alger (iii) ayant eu lieu en 1989 entre des représentants de l´État espagnol et l´ETA avec le Gouvernement algérien du FLN en tant que pays hôte. Même si au début cette tentative échoue, elle aura un effet clair et irréversible dans l´avenir: la reconnaissance du Mouvement de Libération National Basque comme partie belligérante.

Vers le milieu des années 90, la crise autonomique devient palpable, des secteurs nationalistes ayant défendu le cadre autonomique le considère à ce moment épuisé. Fait constaté lors du pacte souverainiste entre les centrales syndicales LAB et ELA ou lors de la déclaration du syndicat majoritaire basque ELA en 1997 en annonçant la mort du Statut conformateur de la Communauté Autonome Basque. 

Les aspirations souverainistes du peuple basque s´homogénéisent. Dans ce contexte, on commence à écrire un récit de stratégie de résistance qui deviendra une stratégie de construction nationale et sociale et qui cherchera la structuration nationale du pays, elle cherchera un modèle de résolution du conflit en renonçant au modèle classique de négociation entre l´État espagnol et l´ETA, elle promouvra le besoin et la recherche d´une intermédiation internationale, et elle devra faire constamment face à la répression de l´État.

Dans ce contexte, l´ETA présente en 1995 l´Alternative Démocratique (iv), une base permettant de comprendre la politique des années à venir.

Une nouvelle occasion émerge

Le 12 septembre a été signé l´accord Lizarra y Garazi (v), un accord qui a représenté un fait historique par des raisons de contenu et par la pluralité des acteurs signataires, l´importance sociopolitique, la volonté des signataires, le moment politique, l´endroit…L´Accord a été signé par l´ensemble des forces basques et progressistes du pays -7 partis politiques, 8 organisations syndicales, 8 organisations sociales..- où ils ont convenu:

– souligner l´origine et le caractère politique du conflit à Euskal Herria

– le besoin d´un processus de négociation et de dialogue ouvert sans préconditions ni exclusions.

– souligner le fait qu´il correspondait au Peuple Basque de décider de son avenir et de prendre la décision finale.

C´est-à-dire, après avoir défendu, de façon solitaire, le besoin d´un nouveau cadre démocratique, l´accord de Lizarra Garazi consolidait les positions de la gauche indépendantiste une fois que la majorité des forces nationalistes et progressistes avaient affirmé le manque politique du conflit et le besoin d´un processus de dialogue et de négociation reposant sur le droit du peuple basque de décider de son propre avenir.

Six jours plus tard, l´ETA diffuse un long communiqué adressé au Peuple Basque en annonçant une trêve unilatérale et illimitée, et en informant qu´elle ne représenterait pas un obstacle pour le travail entre les forces basques et progressistes.

L´initiative de Lizarra Garazi se prolongea jusqu´à 18 mois. D´importantes dynamiques face à l´avenir se succédèrent. Ainsi, quelques mois avant la fin du cessez-le-feu en septembre 1999, la première institution politique de l´ensemble d’Euskal Herria, Udabiltza ou assemblée des élus basque, fut créée.

Cette institution d´élus représente un jalon de la longue traversée de ce pays et surtout une réponse claire qui dit qu´au-dessus des négociations de l´État il y a la volonté des peuples, une volonté qui construit, qui crée son propre temps et espace et qui marque une dynamique imparable. À partir de ce moment, la structuration du sujet politique institutionnel basque pour l´ensemble du pays commencera aussi à faire preuve de centralité dans le conflit.

Une occasion qui émerge parmi des coups répressifs jusqu´alors inconnus

Ce changement de modèle qui commence son développement à partir de la nouvelle proposition d´Alternative Démocratique, comptera sur l´opposition frontale des pouvoirs de l´État.

Ces derniers savent que ce processus peut permettre à la gauche indépendantiste de démasquer les vraies raisons du conflit basque ; en effet l’État espagnol n´est pas contre la gauche indépendantiste mais le conflit a lieu entre Euskal Herria et l’État espagnol, les pouvoirs tâcheront d´anéantir le moteur politique de ce processus: les organisations politiques et sociales de la gauche indépendantiste.

Au contraire de ce que l´on croit faussement, le processus répressif contre les organisations basques légales comme Herri Batasuna ne commence pas avec le gouvernement du Parti Populaire ni après la tragédie du 11S, en réalité il démarre bien avant tout cela.

La politique de répression et l´illégalisation généralisée deviendront des vecteurs internes du conflit, si à un moment donné, la conjoncture internationale du discours antiterroriste favorise cette façon d´agir. On constate en effet que ce sera le gouvernement du PSOE dirigé par Felipe González qui, à la suite de la publication de l´Alternative Démocratique, mettra en prison les membres du comité exécutif d´Herri Batasuna (vi).

Ce processus répressif aura principalement lieu pendant la période du gouvernement de José María Aznar, un processus répressif qui comptera sur le soutien total du PSOE (pacte antiterroriste en faveur des libertés y compris).

Ainsi, cette dynamique entraînera la cessation des journaux basques (Egin et Euskaldunon Egunkaria, ce dernier étant le seul à être rédigé en langue basque), des journaux d´importante diffusion et répercussion dans le pays, la cessation d´une revue de recherche journalistique, une radio à caractère national (Egin Irratia), ainsi que l´arrestation des organes de direction et d´édition de ces médias et les dénonciations de graves tortures subséquentes. De la même façon, divers organismes populaires seront illégalisés et leurs membres seront arrêtés et accusés de faire partie d´une soi-disant stratégie commune de l´ETA.

Toute cette politique sera couronnée avec l´approbation d´une nouvelle Loi des Partis dont le seul but sera la promotion de l´illégalisation de Batasuna, ainsi que toute expression politique découlée de cette réalité sociologique qui représente ce choix politique.

Dans ce contexte de coups répressifs, d´entêtement du Parti Populaire, et face à un manque d´engagement pour poursuivre le processus de confrontation démocratique avec l´État de la part du Parti Nationaliste Basque, ainsi que le manque de volonté du Gouvernement espagnol pour entamer tout type de dialogue, le 3 décembre 1999, l´ETA annonce la fin de la trêve pour répondre à nouveau de façon armée aux coups de l´État.

Plus de répression, plus de politique

Tel que nous avons déjà signalé, l´objectif final de cette action répressive, à laquelle on ajoutera une offensive politique médiatique et idéologique généralisée de la part de l´État et de ses principales forces politiques (PP et PSOE), contre tout ce qui peut être considéré comme une partie de la vision nationale basque (langue, culture, enseignement…), est d´arrêter tous les progrès découlés de la conformation de la nouvelle stratégie en réagissant contre le moteur des changements sociologiques qui se produisent.

Le mouvement indépendantiste est certain que, face aux tentatives de renvoyer la gauche indépendantiste de la scène politique, il lui correspond d´insister et d´approfondir dans son travail politique.

Dans ce sens, la gauche indépendantiste répondra à l´illégalisation avec une claire volonté de non clandestinisation, avec une dynamique de participation dans la dynamique électorale, malgré les interdictions sans commune mesure dans l´Europe occidentale, en répondant à la dynamique de répression et en adoptant des dynamiques menant à une nouvelle situation politique.

L´hégémonisation lente mais imparable du discours nationaliste et progressiste sera constatée dans l´Accord Démocratique de Base (vii) signé par divers acteurs politiques et sociaux qui approfondiront dans le besoin de passer la parole au peuple basque.

Ainsi, le PNV sera obligé de présenter une proposition de nouvel Statut d´Autonomie pour les trois provinces de la Communauté Autonome Basque (Plan Ibarretxe) dans lequel, en dépit des bien connues et insurmontables limites du cadre actuel, il devra faire allusion au caractère de nation du peuple basque, la territorialité (Euskal Herria formée par 7 provinces) ou le droit de décision, même si cela est fait de façon rhétorique ou dans le préambule du texte.

Finalement, cette période comprendra aussi le début d´une ligne de contact privée et discrète avec des secteurs du Parti Socialiste du Pays Basque. Des contacts qui se créeront en plein affrontement et qui serviront à débroussailler le chemin pour entamer un dialogue.

Dans ce contexte où il est impossible d´éliminer le travail politique de la gauche abertzale et dans un contexte de crise absolue du modèle autonomique, où même les partis qui avaient défendu le statisme partitioniste doivent s´approprier des termes de l´indépendantisme, l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid, et la grossière tentative de manipulation de celui-ci creusera le tombeau électoral du Gouvernement ultranationaliste de José María Aznar. L´échec électoral d’Aznar sera la preuve de l´échec de la voie répressive promue par le Pacte PP-PSOE contre le terrorisme.

En centrant les clefs politiques pour la résolution du conflit

Dans ce contexte politique ou s´avère la fin du modèle autonomique, où de plus en plus de secteurs sont certains du besoin d´un nouveau cadre qui reconnaisse le droit de décision, d´importantes parties de la société reconnaissent le sujet national basque.

Et face à l´arrivée d´un nouveau Gouvernement, dont les secteurs entamaient depuis longtemps avec Batasuna des voies de dialogue, la gauche abertzale considère qu´il y a les conditions suffisantes pour promouvoir un processus de dialogue politique, en présentant une méthodologie qui répondait, selon le parti, de façon appropriée à tout le travail réalisé depuis la présentation de l´Alternative Démocratique.

“Maintenant le peuple, Maintenant le dialogue” (viii), connue comme la Proposition Anoeta qui naît dans l´intention d’établir les guides de la méthode du processus négociateur. Un processus à deux voies parallèles, une voie où l’ETA et l´État parleront des conséquences du conflit armé, et une autre voie où les forces politiques tâcheront de convenir sur l’origine du conflit. Cette méthodologie à double voie sera largement acceptée par la majorité des acteurs politiques et sociaux, y compris l´État espagnol.

Dès le début, le processus de négociation fera preuve de tout ce qu´un mouvement de libération national a connu: le processus de négociation n´est en réalité qu´un front de bataille. Un front, un cadre où chaque partie cherchera à atteindre ses objectifs politiques.

Mais il y aura une grande différence entre la gauche indépendantiste basque et les représentants de l´État espagnol. Pour la gauche indépendantiste basque l´objectif du processus n´était pas celui de chercher ses propres objectifs politiques (l´indépendance) mais un cadre rendant possible tous les projets politiques, alors que État espagnol cherchera un accord recueillant son objectif politique: le démantèlement de l´ETA, la réforme statuaire et la fin du modèle d´État.

Par contre, Batasuna cherchera l´établissement d´un terrain de jeu démocratique où, de façon démocratique, on puisse ouvrir les portes à tout choix politique sur l´avenir du pays, un choix qui compte sur une majorité suffisante. Un terrain de jeu qui recouvre en plus l´ensemble territorial.

Une sorte de piste où ceux qui voudront atterrir avec le modèle d´État unitaire pourront atterrir, mais ceux qui ne voudront pas décoller du même État pourront aussi le faire en comptant sur le soutien de majorités suffisantes.

Nous observons que dans ce processus de lutte qui a été la négociation des dernières années, le Gouvernement espagnol a cherché principalement la fin de la lutte armée avec le développement d’une voie dite technique de dialogue entre l’ETA et l´État, alors qu´il essayait de ralentir la voie politique afin d´obtenir un accord de réforme autonomique.

Cette politique de l´État n´a donc pas évité le fait que les noeuds gordiens subsistent, noir sur blanc, dans la société: le droit de décision et la territorialité en tant qu´axes du conflit. Ainsi, le refus de l´État à répondre à ces éléments a éclairci aussi l´origine politique du conflit. 

La volonté déclarée par l’ETA d´effectuer le démantèlement de son arsenal armé et de ses structures devant la Commission Internationale de Surveillance dans le cas où les acteurs politiques soient parvenu à un accord permettant de résoudre les noeuds du conflit politique. La création d´une scène démocratique, le certifiait.

Une proposition démocratique intégratrice, raisonnable et envisageable

Aujourd’hui, après 30 ans de la soi-disant « démocratie » espagnole, la société est certaine que nous nous trouvons face à un conflit politique insoluble tant que l´on ne donne pas une solution aux noeuds gordiens du même. Elle sait aussi que c´est l´État espagnole qui s´oppose à les résoudre. De plus, dans ce sens, Batasuna a présenté une proposition claire et concise.

Une proposition qui n´a rien à voir avec son postulat politique, l´indépendance. Mais une proposition qui permet à diverses sensibilités politiques du pays de cohabiter de façon démocratique et civilisée.

Un cadre qui ouvre les portes démocratiquement, si la majorité sociale le souhaite, à l´indépendance et à la possibilité d´être en rapport avec l´État. Une proposition envisageable qui rendrait possible la fin du conflit politique armé plus ancien d´Euope de façon simple et démocratique.

Batasuna propose la création d´un nouveau cadre démocratique établi en tant qu´autonomie pour les quatre territoires basques sous l´administration espagnole, une autonomie qui, en reconnaissant le caractère national du peuple basque, aurait des mécanismes légaux pour que les majorités suffisantes de citoyens de ces territoires puissent décider de leur avenir ainsi que du type de rapports avec l´État espagnol (ix).

De plus, Batasuna propose le changement de l´état actuel de division territoriale du pays en deux communautés autonomes sans le droit de décider de leur avenir, vers un nouveau stade d´autonomie unique avec le droit de décision pour les quatre provinces basques par le biais de mécanismes démocratiques et de libre adhésion des citoyens des deux communautés (Communauté Autonome Basque et Communauté Forale Navarraise). Ce serait donc les citoyens des deux communautés ceux qui devraient adopter ce nouveau cadre unique.

La balle est dans le camp du Gouvernement espagnol.

C´est à lui de répondre positivement à la volonté majoritaire du peuple basque. De reconnaître qu´il y a un peuple et qu´il a le droit de décider de son propre avenir. Autrement, il restera bloqué dans la grande roue que représente le conflit. Dans ce contexte, la Communauté Internationale en général et les Institutions européennes en particulier ont aussi une obligation urgente vis-à-vis de la société européenne, basque et espagnole.

Pendant les dernières années, l´Union Européenne a fait preuve de capacité suffisante pour aider et accompagner, avec des actions positives, la résolution du conflit angloirlandais. En obtenant des résultats divers, elle a agit et elle a travaillé pour la résolution de conflits en Europe centrale et dans les Balkans. Actuellement, des acteurs internationaux tâchent de promouvoir une solution pacifique au problème du Kosovo.

Aujourd´hui, le conflit qui oppose l´État espagnol et Euskal Herria est devenu le plus ancien d´Europe. Un conflit qui a lieu en plein coeur de l´Union Européenne et qui indirectement déstabilise ses piliers. Dans ce sens, les acteurs internationaux doivent aider à obtenir une paix juste et durable dans ce coin de l´Europe.

Telle que le prouve l´histoire récente, on aboutira à cette paix en passant d´abord par la reconnaissance d´un peuple, le peuple basque, et le respect de sa volonté libre et démocratique.

Engagement total

Par ce document, Batasuna réitère son engagement total et complet avec des dynamiques rendant possible l’établissement d´un cadre démocratique pour le pays. Nous sommes convaincus qu´il s´agit de la seule voie possible pour surmonter le conflit.

Mais nous signalons aussi très clairement que, malgré toutes les actions répressives, l’ensemble de la gauche indépendantiste basque est prête à poursuivre le long chemin de lutte et de résistance qui nous a mené jusqu´ici et qui nous mènera, indéfectiblement, vers la liberté de notre peuple.

BATASUNA

Dpt. Relations Internationales

À Euskal Herria , novembre 2007.

i )Formation d´Herri Batasuna:
ii )Alternative KAS.
iii )Conversations d´Alger
iv )Accord Lizarra-Garazi.
v ) Alternative Démocratique
vi ) Emprisonnement de la Table Nationale.
vii )Accord démocratique de Base.
viii ) Maintenant le Peuple, Maintenant la Paix.
ix )Proposition du Cadre démocratique.

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Interview d’ETA au journal GARA (2008)

Quelle est votre lecture de la situation politique depuis la fin du processus des négociations ?

Le même mur et la violence permanente de l’État espagnol se dressent toujours contre l’Euskal Herria. Comme lors du dernier processus de paix, le mur qui nous bloque est celui de la Constitution espagnole et de la négation du peuple basque.

L´État espagnol n’a pas mené une véritable transition démocratique, et Zapatero a emprunté le même chemin que González et Aznar avant lui. Il a laissé échapper une excellente occasion de réforme de l’État fasciste qu’il gouverne. L’occasion de laisser l’Euskal Herria suivre la voie qui est la sienne.

C’est en tout cas ce que nous avons pu vérifier lors du processus de négociations. De la part du Gouvernement, il a été abordé avec des objectifs malveillants et le processus n’a pas prospéré. Depuis, comme ils l’ont répété à de nombreuses reprises, ils ont maintenu leur pari en faveur d’une politique basée sur la répression.

Au lieu de progresser dans le respect des droits légitimes de l’Euskal Herria, au lieu de désactiver les mécanismes hérités de tant d’années de dictature pour avancer vers une véritable démocratisation de l’État espagnol, ils s’en tiennent aux recettes du passé.

Mais il faut qu’ils sachent que l’État espagnol ne sera véritablement démocratique, et ne jouira de stabilité et de paix, que si les droits nationaux de l’Euskal Herria sont reconnus.

Zapatero a fait le mauvais choix, car cela annonce de longues années de conflit de la part de l’État espagnol.

Par ailleurs, le PNV, qui représente la bourgeoisie basque, a de nouveau trahi son peuple. Au cours du processus de paix, ce parti a dit clairement qu’il optait pour rester aux côtés du PSOE. Aujourd’hui, nous pouvons dire qu’il en est ainsi. Son objectif est de gagner les élections de 2009, dans la Communauté Autonome du Pays Basque, et de garder le pouvoir.

Quelle est l’analyse de l’ETA sur l’évolution de la revendication de l’autonomie pour l’Ipar Euskal Herria (Nord du Pays Basque) ?

À nos yeux, cette revendication est nécessairement positive. Nous voyons cette alternative rénovée présentée par la gauche basque à l’Euskal Herria comme un nouveau pas en avant issu de la maturité de la situation politique et du développement de la lutte de libération.

Une large majorité de la société basque revendique une reconnaissance politique et institutionnelle, capable de redonner à l’Euskal Herria des compétences et des niveaux de pouvoir. Il est indispensable de nous réapproprier ces domaines de pouvoir face à la colonisation et à la répression venant de Paris, car c’est la survie du peuple basque qui est en jeu.

Un exemple clair est constitué par le fait que les secteurs économiques locaux, entre autres, revendiquent la nécessité de cette structuration institutionnelle fondamentale en tant qu’instrument efficace pour assurer un avenir économique pour l’Euskal Herria.

Les mesures adoptées depuis Pau et Paris, contre la volonté populaire, reflètent également la nécessité des Basques de disposer d’un statut d’autonomie spécifique. C’est le cas, par exemple, de l’autoroute A-63 récemment approuvée, et des destructions entraînées par sa construction. On a besoin d’un statut d’autonomie qui prenne en compte les revendications des Basques : l’euskara (langue basque) doit être officielle, l’aménagement du territoire, l’économie, etc.

Le statut d’autonomie pour les trois territoires proposé par la gauche basque pose une première pierre de la construction de l’État d’Euskal Herria. C’est ce sur quoi nous misons.

Par contre, certains secteurs du PNV et d’AB naviguent à la dérive depuis un certain temps, et ils continuent à situer leur perspective politique, et par conséquent l’avenir de l’Euskal Herria, dans la logique de l’État français. Ce chemin vers nulle part nous condamne à être « basque français » ou, comme certains le disent, « Basques en France » ou « Français en Pays Basque ». Et là, l’Euskal Herria n’a aucun avenir.

En revanche, nous voyons très positivement la jonction en cours, pour la défense de la création de l’État d’Euskal Herria, entre des secteurs abertzales qui travaillaient depuis des perspectives politiques très différentes. Les blessures du passé se sont fermées, et cela permet de poser les fondations nécessaires pour que le processus de lutte entamé soit irréversible.

Vous revendiquez la nécessité d’un État pour l’Euskal Herria. Dans la situation politique actuelle, quel est le sens à donner à cette revendication ?

Ce n’est pas une simple revendication. La création de l’État d’Euskal Herria a été, et constitue toujours, l’objectif de la résistance révolutionnaire née en Euskal Herria au cours de ces longues années. C’est une option qui permettra de réaliser l’idéal d’indépendance. De nombreuses compagnes et compagnons de lutte ont donné leur vie pour la défense du peuple basque, et pour voir un jour cet objectif réalisé.

En effet, quelle autre option pour l’Euskal Herria ? Voir les Basques à la dérive, au sein de l’Espagne ou de la France, en fonction des politiques appliquées au gré des gouvernements, par Zapatero, Rajoy ou Sarkozy, pour la gestion de leur État respectif ? Voir des partis comme le PNV faire des affaires et augmenter leur pouvoir, en profitant de la situation ?

Le peuple basque a droit à un développement spécifique. D’autres exemples existent en Europe : l’Écosse, le Kosovo… Nous ne sommes donc pas dans l’utopie. Afin d’assurer sa survie, un peuple doit pouvoir se structurer et, c’est dans ce contexte que nous situons le nôtre : un peuple souverain doté d’un État.

Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un processus graduel. Il s’agit d’un projet en plusieurs phases, car nous vivons des réalités différentes à cause de la persécution politique des États de France et d’Espagne. D’abord, nous devrons passer par la reconnaissance de l’Euskal Herria, par l’acceptation du droit à l’autodétermination et par la conquête d’un statut démocratique. Puis, nous pourrons entamer la construction de l’État d’Euskal Herria, qui ouvrira la porte à l’indépendance du Pays Basque.

Et nous sommes convaincus qu’une large majorité de la société basque est partie prenante du projet d’État de l’Euskal Herria. Pourquoi ? Parce nous sommes euskalduns (bascophones), citoyens basques et c’est pour cela que nous avons le désir et la nécessité d’être maîtres de notre destin.

Il est incompréhensible pour nous qu’un autre peuple nous gouverne. Nous revendiquons donc l’État d’Euskal Herria sans honte, dans la dignité et dans la fierté. Nous sommes convaincus que nous avons tous une place au sein du projet d’État d’Euskal Herria.

Mais il ne semble pas que l’État français ait changé d’attitude vis-à-vis de l’Euskal Herria.

L’État français est conscient de la force que la proposition d’autonomie politique de la gauche basque, et que cette convergence entre abertzales, ont apporté à la lutte de libération. La réponse du Gouvernement de Sarkozy consiste à augmenter la répression, comme les détentions de ces derniers mois l’ont démontré.

Par exemple, nous considérons que les rafles comme celle de Garazi avaient pour mission de briser cette lutte, et de menacer la gauche basque. Les mandataires de France commettent la même erreur que le Gouvernement espagnol.

Aviez-vous prévu que l’offensive du Gouvernement espagnol irait si loin ?

Comme nous l’avons dit plus haut, il est clair que le Gouvernement espagnol a lancé un processus de paix dans lequel il n’était prêt à faire aucune « concession politique ». C’est ainsi que l’on a entendu des déclarations selon lesquelles « nous n’irons pas plus loin. », ou « la Constitution ne va pas être modifiée »…

Ils pensaient que l’Organisation était affaiblie, et ils s’en sont tenus à une ligne qui recherchait la fin de l’ETA sans entrer dans de véritables négociations de paix. Ce que nous vivons actuellement, répression, répression et encore répression, constitue l’étape suivante des calculs de ces messieurs-dames.

Au moyen d’une répression policière et judiciaire sauvage contre l’ETA et contre la gauche basque, ils croient tracer la voie de « négociations techniques » pour l’avenir. Comme s’ils souhaitaient répondre au besoin et au désir de création de l’État d’Euskal Herria par ces recettes inconsistantes.

Il ne faut donc pas s’étonner si, aujourd’hui, avec une expérience de longues années de lutte derrière nous, la voie à emprunter pour apporter une solution et la manière de résoudre le conflit basque ne sont toujours pas claires.

Ces derniers mois, de nombreuses arrestations ont eu lieu, à propos desquelles le Gouvernement espagnol parle de la défaite policière de l’ETA. Qu’opposez-vous à ces affirmations ?

C’est la conséquence d’une logique policière de lecture du conflit. Mais l’ETA n’a jamais appréhendé les paramètres du conflit en termes militaires ; il n’y a pas de défaite militaire possible car les racines du conflit sont d’ordre politique. Il n’y a pas de victoire policière possible contre la volonté des citoyens basques.

Rien ni personne ne pourra paralyser la volonté du peuple basque de créer un État d’Euskal Herria. Et, à chaque tentative de rabattre la dignité d’Euskal Herria, notre détermination à lutter en sort renforcée.

Dans ce sens, nous voulons lancer un appel au peuple basque pour qu’il se lève contre l’oppression et contre la suffisance des États d’Espagne et de France, pour qu’il multiplie les chantiers de reconstruction, et pour que la lutte s’organise. Le processus de libération nationale est irréversible.

À l’occasion du communiqué en date du 15 décembre dernier, l’ETA a annoncé qu’elle répondrait aux « essais de terrorisme de l’État contre les militants basques ». Que vouliez-vous dire exactement ?

Comme nous l’avons expliqué dans le communiqué du 15 décembre, nous avons constaté, au cours de l’année dernière, des mouvements des forces armées espagnoles.

Pendant les négociations entre l’organisation et le Gouvernement espagnol, nous avons averti que nous répondrions au terrorisme d’État, et que ces manoeuvres devaient cesser immédiatement. Nous n’oublions pas que l’État espagnol, sur toute sa trajectoire, a fait usage et fait encore usage du terrorisme d’État. L’époque du GAL n’est pas si loin, sous les mandats de Pérez Rubalcaba et de Felipe González, et aujourd’hui nous avons les mêmes aux affaires, ou leurs héritiers.

L’effort qui a été fait pour escamoter cette dénonciation de l’ETA est d’ailleurs significatif. Toutefois, le ministre de l’Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba a laissé entendre, par ses paroles, le sceau des GAL lorsqu’il a déclaré, telle une menace directe adressée aux combattants basques, que la hache avait coupé la tête du serpent.

La pensée et la stratégie des dirigeants espagnols étaient ainsi mises à nu : ils sont disposés à utiliser tous les moyens pour faire avorter le processus menant à l’indépendance de l’Euskal Herria.

L’ETA ne va pas tolérer les manoeuvres de guerre sale d’un État terroriste, ni la pression des forces de police. Nous agirons contre les appareils répressifs lancés à la chasse des combattants et des citoyens basques.

Tentative d’attentat contre le local du PSOE, à Balmaseda.

Nous appelons les militants du PSOE à demander au ministre Rubalcaba, au président Zapatero, ou à des fascistes comme Ares (PSOE), jusqu’où ils sont disposés à aller dans la pratique répressive.

Des Basques sont sauvagement torturés dans les casernes de la Garde Civile ; ils sont soumis à l’étouffement, à la baignoire, ils sont violés… Des Basques sont condamnés à mourir sur la route en conséquence de la politique de dispersion. Des militants indépendantistes sont condamnés à des centaines d’années de prison. Les militants du PSOE devraient réfléchir aux conséquences de toutes ces situations.

L’ensemble des forces politiques est sous l’influence des élections au Parlement espagnol. Comment situez-vous ce rendez-vous électoral dans le contexte actuel ?

En premier lieu, dans notre perspective, il faut dire que ces élections se situent dans la crise structurelle qui affecte l’État espagnol. Le quid de la question se trouve au coeur de la bataille entre PSOE et PP. Comment faire face aux racines de cette crise : la lutte de l’Euskal Herria.

Le PSOE tente de démontrer qu’il est capable de frapper la gauche basque et l’ETA plus fort que le PP. Mais la répression du PSOE va plus loin. Le PSOE ne saurait accepter la détermination et la capacité d’initiative démontrées par la gauche basque, car il est conscient que le projet de la gauche basque ne peut être vaincu. Il sait que les violents coups de boutoir assenés à la gauche basque représentent des bénéfices à court terme, mais il sait également qu’il ne pourra pas étouffer définitivement la soif d’indépendance.

C’est là que nous situons l’initiative adoptée par la gauche basque vis-à-vis de ces élections étrangères. Les Basques veulent montrer qu’il existe un peuple appelé Euskal Herria et revendiquer l’État d’Euskal Herria. C’est pour cette raison que l’ANV est menacée d’interdiction pour les élections.

Ce qui est curieux, c’est que l’État espagnol, qui tente quotidiennement de nous forcer à être espagnols, veuille écarter la gauche basque du cadre de sa propre législation. Ils ont tenté pendant des années d’étouffer la soif de vivre des Basques, par des pseudo-lois, par les structures espagnoles, et voilà qu’ils versent dans la résignation.

Il est évident que l’Euskal Herria n’a pas sa place dans le cadre de la législation d’oppression espagnole.

Mais une chose est en cours de socialisation : par-delà toutes les attitudes démocratiques, ni le PSOE ni le PP ne pourront faire fléchir la volonté de la gauche basque.

Mais vous n’observez pas un changement d’attitude de la part de la gauche basque ?

Nous ne le considérons pas ainsi. Nous sommes à un moment où il convient d’intensifier la lutte pour l’indépendance. La gauche basque a toujours su quelle était la meilleure option pour accumuler des forces face à chaque échéance électorale.

C’est à la gauche basque de mener cette réflexion, et nous sommes sûrs qu’elle saura le faire avec bonheur. L’ETA appelle tous les citoyens à s’impliquer dans la construction de l’État d’Euskal Herria, en franchissant les étapes et en réagissant comme il se doit en fonction des circonstances.

Une victoire du Parti Populaire ne signifierait pas un non définitif aux possibilités de négociations ?

Comme nous l’avons dit, le conflit basque est un conflit politique opposant l’Euskal Herria et l’État espagnol, sur ce mur levé par celui-ci contre les droits de celui-là. Nous nous trouvons face à un problème d’État, et c’est dans cette perspective qu’il faut le voir.

C’est pourquoi le problème principal n’est pas de savoir si le gouvernement est aux mains de tel ou tel parti, mais d’obtenir la reconnaissance des droits d’Euskal Herria de la part de l’État espagnol. Au cours des trente dernières années, l’ETA a négocié avec des gouvernements de couleur politique différente, avec la volonté de trouver une solution négociée et démocratique au conflit basque.

En revanche, tous les présidents de l’Espagne ont mis à profit ces tentatives de négociations pour tenter d’imposer de fausses sorties au conflit, avec l’objectif mesquin d’affaiblir à la fois l’ETA et la gauche basque.

Nous sommes tous conscients que le conflit qui oppose l’Euskal Herria à l’Espagne et à la France ne pourra être résolu que par la voie de la négociation. Tôt ou tard, il faudra reprendre cette voie, la voie de la reconnaissance des droits démocratiques légitimes d’Euskal Herria.

Comment voyez-vous le soutien apporté par le PSN à l’UPN pour que ce dernier reste au Gouvernement (de Navarre) ?

Comme nous l’avons dit plus haut, il est clair qu’il existe un pacte d’État vis-à-vis de la question basque. Il s’agit de décisions prises à Madrid. Et c’est la raison d’État qui s’impose ici. C’est notre lecture des événements de Navarre. Le PSOE situe la gouvernabilité de la Navarre dans la ligne des prochaines élections législatives en Espagne. Il ne veut pas dévoiler sa position, et il ne le fera pas avant les élections.

Mais il est clair qu’ensuite, en fonction des résultats, le PSOE préparera une réforme.

En Navarre, il est en effet question de sceller la Loi d’Autonomie (Amejoramiento) imposée au peuple navarrais, cette fois avec l’approbation et la légitimation des citoyens. L’objectif n’étant pas de donner la parole au peuple et d’ouvrir les portes à la création d’un État d’Euskal Herria, mais de situer la loi en question dans le cadre de la réforme de l’État espagnol.

Juan José Ibarretxe a élaboré un projet politique concret. Quelle est la position de l’ETA sur ce point ?

En 79, nous avons vu les dirigeants du PNV et d’EE soumis devant Suárez. Sans s’en cacher à l’époque, ils ont négocié en tenant le peuple et les bases militantes à l’écart. Ils ont fait le voyage à Madrid, participé à l’accolade de la Moncloa, et signé le Statut de Gernika.

Près de trente ans plus tard, et pour le malheur du peuple basque, ils semblent avoir aujourd’hui les mêmes intentions.

On ne peut pas évaluer le Plan Ibarretxe en marge des tensions internes vécues par le PNB. Avec Imaz à la tête du parti, le PNV a vu comment son hégémonie et sa position de force dans la Communauté Autonome Basque était en danger. Les manoeuvres de séduction s’adressant à différents secteurs de l’État espagnol ont paru excessifs aux bases du PNV, voire inacceptables pour certains.

Cela a provoqué un tourbillon interne au sein du PNV. Mais nous affirmons que le PNV a choisi en faveur d’une perspective de politique et de stabilité de l’État espagnol, et que sa stratégie va dans ce sens, en compagnie des pouvoirs espagnols et du PSOE au gouvernement. Le projet du Train à Grande Vitesse est un bon exemple, ainsi que le soutien proposé par le PNB au budget de l’État espagnol.

Ainsi, et compte tenu de la situation politique actuelle, Ibarretxe et le PNV, ont commencé à préparer les élections prévues en 2009 dans la Communauté Autonome du Pays Basque. Et le Plan Ibarretxe est en fait un outil inestimable pour mettre en scène une fausse confrontation avec l’État. Une feuille de route menant directement à l’échéance 2009, avec un tapis rouge pour la nouvelle réforme de l’Espagne. Une nouvelle spoliation.

Mais Ibarretxe accuse précisément l’ETA de vouloir ramener l’Euskal Herria dans le passé.

C’est un autre des mensonges d’Ibarretxe. Ce qui nous ramène au passé sont les politiques et les propositions qui nous condamnent à vivre enchaînés à l’Espagne. Et nous voulons dire à Ibarretxe que nous n’avons jamais accepté, et que nous n’accepterons jamais, le statut d’autonomie espagnole.

Quoi qu’il en soit, des affirmations de ce genre représentent des messages intéressés par rapport à la violence, et dénature le discours sur la violence avec une hypocrisie, une démagogie et un cynisme sans limites. Comme si la violence appliquée par la police autonome basco-espagnole contre les citoyens n’existait pas. Il parle de violence sans rougir, alors que la précarité a causé plus de cent morts de travailleurs basques par accident du travail.

Une nouvelle fois, vous évoquez les accidents du travail.

Oui, parce que ces accidents portent un nom : « terrorisme patronal ». À notre avis, la situation est intenable. L’hypocrisie des patrons n’a pas de limite. L’année dernière, on a dénombré plus de cent décès des suites d’un accident du travail, mais le plus grave est qu’aucun indice ne permet d’affirmer que l’on veuille changer la situation.

Les syndicats et les travailleurs ont proposé et exigé, à de maintes reprises, la mise en place de mesures pour en finir avec cette situation. Une infinité de mobilisations ont eu lieu, mais pas de réaction du patronat.

La réponse et la priorité des pouvoirs publics consiste à se passer la balle et à diminuer les impôts des entreprises. L’attitude des gouvernements de Navarre et de la Communauté Autonome Basque dans le domaine de la santé est on ne peut plus claire, lorsqu’ils refusent de négocier avec les syndicats et les travailleurs et qu’ils imposent les conditions de travail et leur modèle par la voie du décret.

L’objectif des patrons est d’exploiter la classe travailleuse et, au lieu d’améliorer les conditions de travail et de vie, d’accentuer la misère des familles. Il s’agit par-dessus tout d’accumuler des bénéfices, en passant outre les conditions de travail.

Les entrepreneurs disent qu’ils créent des richesses, mais ils oublient de préciser où vont ces richesses. Ils remplissent leurs poches et s’enrichissent. Que signifie cette richesse pour le peuple basque ?

Vous avez évoqué le projet du TGV. Quelle est la lecture de l’ETA à propos de l’évolution de ce conflit ?

En Euskal Herria, de nombreux conflits sociaux importants ou mineurs sont actuellement ouverts, mais dans aucun cas on ne peut observer une intention ou une volonté particulière de les résoudre par la voie du dialogue ou de la raison. En fin de compte, on donne raison à l’ETA.

Si nous n’étions pas intervenu dans le conflit de l’autoroute, les institutions auraient imposé, par la force des armes, leur projet oppresseur. Et la liste est longue : Lemoiz, Itoitz, le méga-port, l’aéroport, l’usine d’incinération, etc.

Et nous suivons tous ces conflits avec un grand intérêt, mais également avec préoccupation, parce qu’on a l’impression que les pseudo-politiques et les technocrates bien vissés sur leur siège d’élu, n’ont rien appris de conflits comme ceux de (la centrale nucléaire de) Lemoiz ou de l’autoroute de Leitzaran. Une nouvelle fois, on mise sur un pourrissement du conflit, en faisant la sourde oreille aux critiques sensées adressées par les citoyens.

Ils ont même osé dire qu’il s’agissait d’un projet écologiste, nécessaire voire indispensable. Les dernières bêtises en la matière ne seraient que des bêtises, si nous n’étions conscients que ce projet est susceptible d’hypothéquer l’avenir du peuple basque.

Ils ont choisi le camp de la désinformation et de l’imposition. Si une réflexion et un débat démocratique étaient menés autour des besoins de structuration d’Euskal Herria en tant que peuple, et qu’une réponse était apportée en termes de développement, il apparaîtrait clairement que le TGV n’est pas nécessaire.

Si l’Euskal Herria dans sa totalité était doté de la capacité de décision et de structuration, si il possédait les outils du pouvoir, on verrait quel serait le destin de tels projets.

Pourquoi éviter et interdire les consultations populaires ? De quoi ont peur ceux qui brandissent le drapeau des démocrates d’Euskal Herria ? Nous n’accepterons pas leurs impositions. Que la parole soit donnée au peuple et que cette parole soit respectée.

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Communiqué d’ETA de mars 2008

ETA, l’organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, revendique les attentats suivants :- Le 8 février, à Bergara, l’attentat à l’explosif réalisé au tribunal contre l’appareil de la justice de l’Espagne, avec des dégâts matériels.- Le 23 février, à Bilbao, l’attentat à l’explosif préparé contre les forces de police de l’Espagne dans un relais de Télévision sur la colline Arnotegi. L’explosion de la bombe avait provoqué des dégâts matériels.

– Le 29 février, à Derio, l’attentat à l’explosif contre le siège du PSOE, avec des dégâts matériels.

– Le 7 mars, à Mondragon, l’attentat mortel par balles contre Isaias Carrasco Miguel, membre du PSOE.

– Le 21 mars, à Calahorra (Rioja), l’attentat à la voiture piégée contre la caserne de la Garde Civile, avec un garde civil blessé et de gros dégâts matériels.

En 2004, lorsque Zapatero avait accédé à la présidence de l’Espagne, au terme de huit années de répression et d’oppression sauvage contre Euskal Herria avec le PP au pouvoir, on attendait de voir quelle suite allait donner le Gouvernement du PSOE à la possibilité d’un règlement, par la négociation, du conflit entre Euskal Herria et l’État espagnol.


Par la suite, au cours du processus de négociation, le Gouvernement de l’Espagne a fait le mauvais choix. Faisant du mensonge et de la tromperie les caractéristiques principales de sa politique, Zapatero a eu pour but d’affaiblir la lutte menée par l’indépendantisme basque et de conduire ETA vers un processus de reddition, en trouvant une fausse issue qui allait laisser le conflit sans solution.

L’État espagnol n’a pas voulu développer de processus de reconnaissance des droits d’Euskal Herria, et Zapatero a pris exactement la même voie que Gonzalez et Aznar. Le Gouvernement du PSOE, en adoptant des mesures d’exception, en menant à son terme la suppression des libertés démocratiques et en étendant à tous les domaines la répression, a accompli de nouveaux pas dans la stratégie qui vise à briser la lutte d’Euskal Herria.

En suivant, au nom de l’unité de l’Espagne, la consigne selon laquelle « tout est bon contre l’indépendantisme », le ministre Rubalcaba a réactualisé la pratique du terrorisme d’État acquise sous le commandement de Gonzalez.

Le PSOE, tenant d’une main la Constitution de l’Espagne, a fait faire de l’autre main un tour supplémentaire à la noria criminelle de la répression.

Sans écarter aucune manœuvre pour défaire les promoteurs de l’indépendance et ceux qui militent pour elle. En brisant tous les droits et toutes les libertés démocratiques. Les militants du PSOE ne vont tout de même pas s’imaginer qu’ETA, en voyant que c’est en toute impunité que les militants basques sont torturés, détenus, condamnés à perpétuité, et qu’on illégalise les partis, va rester les bras croisés, n’est-ce pas ?

Les socialistes du PSN et du PSE qui se disent progressistes et démocrates, s’ils le sont réellement, doivent s’éloigner de cette stratégie sauvage et faire en sorte que soit mis un terme à la politique néofasciste qui a pour but de prolonger la négation d’Euskal Herria et l’état d’exception qui y a cours.

Et maintenant, en 2008, Zapatero, après avoir gagné les élections pour le Gouvernement de l’Espagne, se trouve nez à nez avec ce même conflit qu’ils n’ont pas voulu régler durant le processus de négociation et avec toutes les conséquences induites par ce conflit. Et il en sera de même en 2009, en 2010, en 2011…L’État espagnol n’aura en effet ni stabilité politique ni paix tant qu’il n’aura pas reconnu le droit à l’autodétermination et à la territorialité d’Euskal Herria.

Lorsque Rubalcaba annonce la « violence » pour de nombreuses années, il le fait en disant qu’ils ont l’intention de continuer à nier les droits d’Euskal Herria et de continuer à imposer par la force le projet de « l’Espagne unie ». Les menaces et les prédictions de Rubalcaba nous montrent que l’État espagnol est en train de préparer une nouvelle période d’oppression de 30 ans pour l’avenir.

Suivant la politique du mensonge et de la manipulation, à la base de ce message destiné à mettre sur le compte d’ETA la responsabilité de la prolongation de l’affrontement armé, il n’y a rien d’autre que la dissimulation de l’intention mesquine du gouvernement de l’Espagne de justifier par anticipation la suppression de tous les droits. Il n’y a là que le désir de blanchir les rafles, les incarcérations et les tortures infligées aux citoyens basques, ainsi que les agressions auxquelles se livre le terrorisme d’État.

L’État espagnol a fait le choix de continuer à imposer les limites de la Constitution espagnole au détriment de la volonté des citoyens basques. Et le PNV est actuellement et sera à l’avenir son compagnon de route, comme Urkullu l’a clairement fait comprendre lors de l’Aberri Eguna.

En 79 nous avons vu les dirigeants du PNV et d’EE [Euskadiko Ezkerra] soumis devant Suarez. Ils avaient alors donné l’accolade de la Moncloa, en signant le Statut de Gernika qui maintenait notre pays divisé, nié et privé de souveraineté.

Trente ans plus tard, les dirigeants du PNV persévèrent dans le même esprit, recherchant cette fois-ci un nouveau pacte qui apportera le renouvellement du Statut de la Moncloa.

D’une manière identique à celle que nous avions dénoncée alors, les dirigeants du PNV sont prêts à vendre les droits d’Euskal Herria « contre un plat de lentilles », et cela pour la sauvegarde de leurs intérêts. C’est là ce qu’ils essayent de faire. Sur les ondes d’EiTB, l’activité de la gauche abertzale est passée sous silence et boycottée, au point que la réalité de ce pays en arrive à être défigurée.

Mais comment n’en serait-il pas ainsi, alors que celui qui était à la tête de la télévision jusqu’à présent avait prédit que ceux qui se battent pour l’indépendance allaient fondre comme le sucre dans l’eau ? En Euskal Herri passer d’un poste de direction d’ETB à un poste de direction du PNV n’est qu’une simple mutation : c’est l’affaire d’une journée.

Le contexte politique que nous avions connu à la fin du franquisme nous revient à l’esprit, les simulacres de transition, les petitesses collaborationnistes et les trahisons. Face à tout ceci, par contre, se donne à entendre la voix d’un peuple qui veut trancher pour son avenir et être indépendant.

Face à l’État français, c’est par milliers que des voix se sont élevées en criant que nous sommes un peuple, c’est par milliers que des citoyens en s’abstenant ont crié que ça suffit à Zapatero et consorts.

D’Atarratze à Balmaseda, d’Irunberri à Bergantzu, d’Ondarroa à Lizartza, le choix fait par les citoyens indépendantistes a montré que la répression ne réduira jamais au silence la lutte qui a pour but l’édification de l’État d’Euskal Herria.

Parce que contre toutes les politiques d’assimilation qu’on nous impose de Paris et de Madrid, le choix que nous, les citoyens basques, avons fait, c’est celui de faire naître notre propre système d’éducation basque, c’est de revendiquer et d’obtenir que la langue basque soit officielle, c’est de développer un cadre économique propre.

La jeunesse basque n’a pas fait preuve de légèreté : elle n’a pas renoncé à la responsabilité qui lui revient cette fois encore. Comme au temps du franquisme, après s’être rebellé contre les obstacles, la répression, l’éducation imposée et les lois linguistiques, le jeune d’aujourd’hui, à partir de son choix de s’exprimer et de vivre en Euskara, sait qu’il est en train de bâtir un des piliers les plus importants de l’État d’Euskal Herria du futur, et il s’applique à cette tâche.

Parce qu’il sait très bien qu’autrement, nous connaîtrons le malheur d’être assimilés par les États français et espagnol.

Par ailleurs, les conditions de vie de la classe ouvrière et, en somme, des citoyens, par suite des féroces règles du jeu du système néo-libéral et des politiques des administrations qui gèrent et appliquent ces règles dans notre pays, sont sans cesse en train de se dégrader.

D’autant plus quand on nous annonce un changement de cycle économique et une crise économique sévère. Euskal Herria a besoin des possibilités structurelles de solutions qui accompagneront l’édification de son propre État, c’est-à-dire pour bâtir un système économique et social fondé sur la justice sociale. Euskal Herria a besoin du cadre démocratique apte à offrir les moyens de structurer un espace socio-économique qui lui soit propre, afin d’édifier l’avenir en adéquation avec les droits des citoyens.

A cause de tout ceci, ETA veut faire connaître ce qui suit :

1.- Les pactes politiques qui recherchent la prolongation de la situation d’oppression et de négation d’Euskal Herria ne feront que porter tort à notre pays, et par conséquent le conflit perdurera.

2.- Le fait d’imposer un autre cycle autonomique espagnol à Euskal Herria produira un approfondissement dans la destruction de notre peuple et dans le processus d’assimilation. Par conséquent, l’UPN, le PSOE et le PNV doivent savoir que nous n’avons jamais admis et que nous n’admettrons jamais le cadre autonomiste espagnol. Les pactes qui poursuivent cet objectif-là, nous qui voulons la liberté totale d’Euskal Herria, nous les combattrons comme nous l’avons fait ces trente dernières années.

3.- Sarkozy et Alliot-Marie n’ont pas d’autre solution que l’abandon de la politique et des mécanismes d’assimilation qu’ils ont mis en place contre Euskal Herria, parce qu’ils ne peuvent pas tourner le dos au cycle favorable à l’indépendance qui a fleuri en Euskal Herri.

4.- C’est seulement l’acceptation du droit à l’autodétermination d’Euskal Herria qui peut apporter le changement politique à notre peuple, en ouvrant la possibilité de concrétiser tous les projets politiques pour l’avenir.

5.- Les temps sont venus de se battre pour la reconnaissance de tous les droits d’Euskal Herria et d’unir les forces sur la voie de la construction de l’État d’Euskal Herria. Nous avons la certitude de l’adhésion d’une large majorité des citoyens basques au projet de l’Etat d’Euskal Herria ; dans ce projet, nous, tous les citoyens basques, nous avons notre place, et nous adressons à tous les citoyens basques un appel à travailler et à lutter pour cela.

Euskal Herria, mars 2008

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Communiqué d’ETA d’octobre 2008

ETA, organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, revendique les attentats suivants :

-Le 29 juillet, à Torremolinos (Espagne), l’attentat à l’explosif contre les intérêts économiques et touristiques de l’Espagne. La bombe n’avait pas explosé aux jour et heure prévus.

-Le 17 août, à Benalmadena (Espagne), l’attentat à l’explosif contre les intérêts économiques et touristiques de l’Espagne. Le port de Benalmadena avait dû être évacué.

-Le 17 août, à Guadalmar (Espagne), l’attentat à l’explosif contre les intérêts économiques et touristiques de l’Espagne. La plage de Guadalmar avait dû être évacuée.

-Le 17 août, à Malaga (Espagne), l’attentat à l’explosif contre le tourisme en Espagne. Il en était résulté de gros embouteillages sur l’autoroute AP7 menant à l’aéroport.

-Le 16 septembre, à Basauri, la tentative d’attentat à l’explosif contre la Police de l’Espagne qui opprime Euskal Herria.

-Le 21 septembre, à Vitoria, l’attentat à la voiture piégée contre le siège de la Caja Vital, avec des dégâts matériels.

-Le 21 septembre, à Ondarroa, l’attentat à la voiture piégée contre la Police Autonome de l’Espagne. L’attentat avait provoqué de gros dégâts matériels dans la caserne de la Police Autonome. A cause de l’explosion, quelques citoyens aussi avaient été blessés.

-Le 22 septembre, à Santoña (Espagne), l’attentat à la voiture piégée contre l’Armée espagnole. Par suite de l’explosion, la caserne militaire avait subi des dégâts et le brigadier de l’Armée espagnole Luis Conde avait trouvé la mort.

-Le 4 octobre, à Tolosa, l’attentat à la bombe contre l’appareil de la Justice de l’Espagne, avec des dégâts matériels.

-Le 30 octobre, à Pampelune, l’attentat à la voiture piégée contre l’université de l’Opus Dei qui est un ennemi d’Euskal Herria ; l’attentat a provoqué des dégâts matériels. A cause de l’explosion, plusieurs citoyens avaient été légèrement blessés.

Avec la revendication de ces attentats, et par la même occasion, nous appelons nos concitoyens à s’éloigner des demeures et des casernes des ennemis. Egalement de celles qu’a ouvertes la Police Autonome de l’Espagne.

LES NOUVEAUX PAS DE L’ESPAGNE ET DE LA FRANCE DANS LE PARI DE LA REPRESSION :

Les Etats espagnol et français, ne pouvant intégrer Euskal Herria, s’emploient à le broyer. En guise de soutien mensonger et de socle idéologique fasciste indispensable à l’exercice de l’oppression, ils ont le slogan : « Tous les indépendantistes sont d’ETA » et puisqu’ils sont d’ETA, il faut avec les lois anti-ETA les détenir, les torturer et les incarcérer.

Afin d’éviter de manière certaine la prison, ils veulent laisser deux options dans ce pays : soit être oppresseur de ce pays, soit soutenir l’oppression que subit ce pays ou en détourner les yeux.

L’appareil de la Justice de l’Espagne a mis hors-la-loi par rapport à la loi espagnole EHAK et ANV-EAE. Il a incarcéré les membres d’Amnistiaren Aldeko Mugimendua [Mouvement pro-Amnistie]. Il n’y a pas de liberté d’expression, de manifestation, d’organisation.

En même temps sont venues les razzias que sont en train de mener à terme en Navarre contre les militants indépendantistes les forces d’occupation en torturant et en incarcérant les citoyens.

En Labourd, Basse-Navarre et Soule, les dirigeants français, par le biais de leurs juges, ont mené à bien de sévères agressions policières en procédant à l’interpellation de onze compagnons. L’Etat français ne veut pas rester en retrait dans cette compétition répressive contre des citoyens basques engagés.

« Liberté, Egalité, Fraternité » : cette devise française, pour nous les Basques, ne s’est traduite au cours du dernier siècle qu’en une autre devise : « Réprimer, assimiler ou emprisonner ». Maintenant, Sarkozy et consorts viennent aiguiser les couteaux avec de nouvelles agressions répressives. Ils veulent illégaliser Batasuna, annihiler la gauche abertzale, la faire disparaître. Ils ne veulent pas reconnaître Euskal Herria, ni que quiconque en revendique l’existence.

Ils veulent un Euskal Herri valet de la France pour le remplir de touristes, de casinos, de golfs, de résidences secondaires et pour en faire une maison de campagne destinée au tourisme.

Il n’y a de place ni pour l’industrie, ni pour la pêche, ni pour l’agriculture, ni même pour les citoyens basques qui veulent vivre et travailler au pays. Ils montrent des positions assimilatrices du basque et de l’éducation en basque dénuées de tout complexe, ils cherchent année après année à asphyxier l’éducation en basque. Ils veulent nous amener à nous sentir étrangers dans notre propre pays.

A Madrid, pendant ce temps, le stratège de la répression Rubalcaba s’est attaché à approfondir les moyens de lutte contre le Mouvement de Libération Nationale basque.

Il y est conduit par le combat pour Euskal Herria et l’impossibilité d’en finir avec ETA. Maintenant, toute personne qui prend en considération Euskal Herria fournit un critère de recours à la torture et à l’incarcération aux policiers et aux juges, quelle que soit la couleur de ces derniers.

Alors qu’ils ne peuvent pas éradiquer ETA au moyen d’opérations policières, ils doivent offrir n’importe quelle « viande indépendantiste » à la « bête féroce » qu’ils ont fait naître dans l’opinion publique antiabertzale espagnole. Le pari et la stratégie de la répression ont des buts clairs :

-Fermer à la Gauche Abertzale toutes les portes : pour l’exclure du combat politique, des médias, et de la rue.

-Terroriser les militants de la Gauche Abertzale : les interpeller, les torturer et les incarcérer pour qu’ils s’écartent de l’action militante.

-La répression continue des Prisonniers politiques basques et la pression permanente pour les pousser au repentir : pour que par suite de conditions de détention insupportables, les membres d’ETA détenus fassent pression sur leur Organisation.

ETA, devant cette situation répressive, lance un appel à la réflexion tant aux citoyens basques qu’à ceux qui ont des postes à responsabilité. Comme l’avait dit un jour Telesforo Monzon : puisqu’ils nous oppriment en tant que peuple, nous devons répondre en tant que peuple.

Devant l’agression terroriste généralisée que subit Euskal Herria, ETA ne va pas rester les bras croisés. Ils veulent ouvrir la voie à la répression terroriste avec leurs discours sanguinaires et subventionnés traitant du « victimisme ».

La répression que souffre ce pays, ils veulent qu’elle soit estompée par le brouillard des larmes de crocodile d’une militante antiabertzale comme Marixabel Lasa qui est salariée du Département de l’Intérieur de Vitoria. Ils veulent ôter toute dimension politique au combat de ce pays, rabaisser les combattants qui ont tout donné à cause de ce pays, châtier les prisonniers politiques jusqu’à leur mort.

Les bourreaux déguisés en victimes sont en train de promouvoir une chasse aux sorcières contre la Gauche Abertzale. ETA leur adresse un avertissement clair : le fait de souffler sur une stratégie répressive fasciste au nom de la souffrance, amène à prendre de fait des responsabilités dans cette stratégie.

Au bout du compte, au moyen de cette stratégie répressive dessinée d’avance, ils veulent faire disparaître par la terreur le mouvement populaire qui pourrait mener Euskal Herria à l’indépendance. Mais, jamais on n’a vu naître de chef capable d’exercer son autorité sur Euskal Herria.

De nombreux chefs ont dit « Domuit vascones », et nous voici encore au XXIème siècle en train de nous battre pour qu’ils ne ferment pas les lourdes portes qu’ils dressent au seuil de la liberté.

Les porte-parole du PSOE ont fanfaronné, en disant que ce pays n’a pas saisi sa dernière chance, qu’il ne nous reste plus qu’à nous rendre. Précédemment Adolfo Suarez et Leopoldo Calvo Sotelo avaient déclaré qu’on pouvait en finir avec ETA par la voie policière, de même qu’après eux Felipe Gonzalez et Jose Maria Aznar.

Maintenant c’est au tour de Jose Luis Rodriguez Zapatero. Mais tous s’en sont retournés par le chemin par lequel ils étaient venus et notre Pays, lui, est toujours là : Debout et vivant. A nouveau ils vont s’asseoir. A nouveau nous les ferons s’asseoir pour reconnaître une fois pour toutes les droits d’Euskal Herria.

En attendant, tant que les droits d’Euskal Herria ne sont pas reconnus ni respectés, la résistance contre l’oppression va perdurer.

LA VORACITE DES RICHES, C’EST NOUS LES TRAVAILLEURS QUI EN SUBIRONS LES CONSEQUENCES :

La globalisation néolibérale, c’est la dictature globale. Personne n’a la faculté de la modifier, elle est antidémocratique, on ne demande à personne de voter pour la modifier.

Les dirigeants du monde depuis des années et des années disent que c’est une erreur que l’Etat se mêle d’économie, ils prétendent que le marché s’équilibre et se gère de lui-même.

Par contre maintenant ils disent qu’il y a la crise économique. Mais la crise en fait est celle du système capitaliste. Toutefois personne ne peut remettre en question le système. Ce qu’il engendre de famine, d’injustice, d’oppression, de misère et de mort, aucune importance. C’est le seul système possible, et voilà tout.

L’élite économique qui s’est enrichie durant des années au prix de la sueur ainsi que des hypothèques de nous autres, les travailleurs, est en situation de crise. La richesse produite durant toutes ces années, ils ne l’ont pas répartie, les gains de toutes ces années, ils les ont empochés.

Mais maintenant les pertes arrivent et avec elles l’effondrement du château de sable. Nous les citoyens qui devons être protégés de la crise, nous voyons comment ils vident nos minces porte-monnaie. Et pourquoi ? Pour servir les banques.

Les responsables de la crise, par contre, n’auront pas même à mettre les pieds dans un tribunal ou dans une prison. La combine est claire : transférer la crise de la poche des riches à celle des travailleurs, en prenant les mesures nécessaires pour cela. Privatiser les profits, nationaliser les pertes.

Voilà le pari que font les politiques qui sont les valets de l’élite économique du monde. Ils veulent semer la confusion dans nos esprits de citoyens. Ils sont prêts à changer n’importe quoi, pour que rien ne change, pour que le système se maintienne tel quel.

Il en va de même pour nous. Sarkozy et Zapatero rivalisent pour que le trou creusé par les vols commis par les riches soit comblé par l’argent des citoyens. Sanz et consorts, après avoir laissé les multinationales prendre le contrôle de l’économie navarraise, craignent que le géant Volkswagen ne prenne la fuite.

Avec Ibarretxe, ils ont renforcé pour leurs compagnons chefs d’entreprise les macroprojets d’infrastructures afin de laisser l’argent public entre les mains de ceux de toujours. Ibarretxe aussi a déclaré que dans la Communauté Autonome Basque les effets de la crise seront réduits, que « nous, les Basques », nous vivons bien, « que nous avons accompli par avance les travaux de la maison »…

Sait-il que pour payer une hypothèque, il faut un salaire entier durant 40 ans ? Personne ne lui donne-t-il d’informations à propos des travailleurs qui meurent accidentellement à cause de la précarité ? N’est-il pas informé de l’augmentation des prix des matières premières ?

Sanz et Ibarretxe ne connaissent pas nos problèmes et nos soucis, à nous, les travailleurs. Autant l’un que l’autre, tantôt un jour, tantôt un autre jour, ils se montrent à nous en compagnie d’entrepreneurs dans des inaugurations, dans des colloques, dans des petits déjeuners publics organisés en commun avec eux.

Ces dernières années, personne ne les a vus parler avec un travailleur ou avec un syndicat. Ils sont à l’aise avec les entrepreneurs, desquels ils ne reçoivent que remerciements.

Avec le prétexte de la crise, et en défense des intérêts d’à peu près les mêmes, le PSOE a reçu une aide inattendue au Congrès de l’Espagne de la part de l’UPN, comme il l’avait reçue du côté du PNV. Voilà où se rejoignent les deux partis régionalistes, à l’heure d’approuver le budget prévisionnel du PSOE.

ILS VEULENT PERENNISER LE STATUT D’AUTONOMIE ESPAGNOLE DE LA NAVARRE :

Les petits-fils de ceux qui furent victimes du franquisme en Navarre se heurtent à peu de difficultés pour ramasser le pouvoir et l’argent.

L’UPN, pour ne pas perdre le pouvoir du Gouvernement navarrais et les hauts fonctionnaires qu’elle s’est choisis, est prête à rompre avec le PP. Que ne feront-ils pas pour défendre les postes de leur administration ? Et à quoi ne sont-ils pas prêts pour que la Navarre, sous leur conduite, soit « forale et espagnole » ?

Afin de ne pas perdre le pouvoir, l’UPN s’est trouvé le même allié que le PNV, c’est-à-dire le PSOE. La disparition de la gauche abertzale en Navarre étant une nécessité stratégique, ils ont trouvé l’aide indispensable de Nafarroa Bai et l’ont obtenue à bon prix.

Parce que c’est fondamental dans la stratégie d’illégalisation et dans l’optique d’une légitimation de la répression.

Les dirigeants de Nafarroa Bai ont montré une habileté particulière à l’heure de marginaliser la gauche abertzale, de crier plus fort que tout le monde contre les attentats d’ETA et de faire l’éloge du rôle que la Garde Civile remplirait soi-disant pour la défense des citoyens basques.

Pas un mot contre la répression féroce que subit la Navarre et contre l’oppression qui s’abat sur l’identité basque. NaBai voulait construire avec le PSOE « l’alternative » antérieure à celle de l’UPN. Mais ces derniers préféraient continuer à soutenir dans l’ombre le Gouvernement de l’UPN. Il ne viendra de là aucune alternative prenant en compte Euskal Herria.

La seule alternative qui existe en Navarre continue à être illégalisée et écrasée. Ces dirigeants nous ont appelés barbares parce que nous avons, selon eux, blessé la colonne vertébrale de la Navarre.

L’Opus Dei n’est pas autre chose qu’une machine à élever les nouveaux cadres de la Navarre franquiste et à s’assurer les nouvelles générations, la colonne vertébrale du projet fasciste de l’UPN. Voilà pourquoi ETA l’a frappée et continuera à la frapper.

Elément de ce projet fasciste, la Police Forale de Navarre, qu’ils veulent apparemment transformer en une autre Police Autonome de l’Espagne. La haine que sont en train de montrer dans leur révolte la gauche abertzale ainsi que tous les citoyens qui se battent situe sur le même plan leur Police et la Police espagnole.

ETA, tout en montrant sa préoccupation, appelle les membres de la Police Forale et leurs dirigeants à la réflexion et à l’abandon immédiat de la voie sur laquelle ils se sont engagés.

LE PNV VEUT CONCLURE AVEC LE PSOE UNE ALLIANCE STRATEGIQUE :

Où va le PNV d’Urkullu et d’Egibar ? Nulle part. Il veut s’assurer seulement la place qu’il occupe actuellement. Il a peur, peur de perdre le pouvoir de Vitoria.

Dans le processus de négociation également, il refusait plus fermement que le PSOE l’option d’un regroupement au sein d’un véritable cadre démocratique des quatre territoires qui sont sous tutelle espagnole. Depuis lors, ils ont écarté Josu Jon Imaz parce qu’il montrait sans complexes la voie espagnoliste prise par le PNV, et que cela leur faisait perdre des voix. Mais le PNV d’Urkullu, Ibarretxe et Egibar est en train de suivre très exactement la même route que Josu Jon en revenant à l’esprit d’Arriaga.

Ils voulaient faire une consultation ou un simulacre théâtral de consultation ? Qui peut comprendre qu’un jour le PNV dénonce en Zapatero le maître d’œuvre du refus de la consultation autonomique, et que quatre jours plus tard il apporte son soutien au budget prévisionnel de Zapatero ?

Devant ces contradictions, le Président Urkullu, après avoir vendu pour la énième fois contre un « plat de lentilles » ce pays qui est le nôtre, a dû intervenir en toute hâte pour en louer les composantes. Mais il est difficile de faire avaler encore et toujours le même plat gâté et refroidi.

Iñigo Urkullu et les dirigeants d’Euzkadi Buru Batzar battent à plate couture la mafia sicilienne. Il suffit de voir comment Txabarri, Ardanza, Ortuzar et Josu Jon Imaz lui-même également sont passés du siège d’EBB aux postes d’entreprises ou de charges publiques (ou inversement). Une fois enlevé à l’accord de Madrid son papier cadeau, voilà ici à nouveau l’apport d’EBB à la « construction » de ce pays.

-Pour le « jeltzale » Ardantza et pour Euskaltel dont il est le Président, de nouveaux espaces de négoce.

-Pour Txabarri et ses compagnons entrepreneurs, des millions d’euros d’acompte pour les travaux de destruction du mont Jaizkibel et du port de Pasajes.

-En compensation des gros efforts demandés aux « ertzain » [ou Agents de la Police Autonome] dans la répression qu’ils exercent contre la gauche abertzale, l’alignement de l’âge de leur retraite sur celui des agents de la Police espagnole.

-Enfin, des millions d’euros pour la Recherche et le Développement. Une répartition entre leurs compagnons entrepreneurs puis, par la voie légale à laquelle ils ont habituellement recours, une mention dans la section « dépenses sociales » du budget de Vitoria.

Le PNV veut parachever une nouvelle trahison autonomique, la reloger dans un « régionalisme sain ». Pour y parvenir, il nous apparaît prêt à n’importe quoi, au point d’apporter son appui au budget de Zapatero.

Au budget de Zapatero lui-même ; le promoteur de l’illégalisation, le responsable en chef de la rupture du processus de négociation, le budget de celui qui n’a même pas pu être prêt à accepter cette imposture qu’était la consultation d’Ibarretxe.

Son appui au budget du Gouvernement espagnol : pour financer le budget de la Police tortionnaire et de l’Armée qui se livre à l’occupation de nos terres, pour financer les tribunaux fascistes… L’alliance PSOE-PNV a passé un accord pour le budget destiné à nier notre pays et à le détruire.

Le PNV se dirige vers le pari d’un nouveau statut. Le soutien au budget, c’est un pas accompli dans cette voie. Quoique le Statut de La Moncloa qui avait apporté la division de ce pays soit mort, ils veulent le ressusciter. Le PNV vise une alliance stratégique avec le PSOE. Le PNV veut faire captif le PSOE, afin que celui-ci perde la tentation de lui ôter le Gouvernement de Lakua en s’unissant avec le PP.

Il veut être et se montrer un compagnon de route loyal. Ils ont ensemble des objectifs stratégiques clairs. D’une part en finir avec l’indépendantisme et son alternative politique. D’autre part pour renforcer les quotas de pouvoir attachés à la division institutionnelle, mettre au point un nouveau Statut.

Ils ne veulent pas admettre l’échec du cadre politique actuel. Ils ne veulent pas admettre que le Statut de La Moncloa pour ce pays n’est que chose terminée, qu’il est fait sur mesure pour l’Espagne. Le PNV veut vivre à l’aise en Espagne, avec l’espoir que les temps ne changeront jamais.

Il ne veut pas dépasser et résoudre le conflit, car il sait que le revers de cette pièce c’est le dépassement du cadre actuel et l’instauration d’un véritable cadre démocratique. Il veut noyer l’autodétermination dans une consultation autonomiste, il agit avec la volonté de défigurer les aspirations du peuple en attribuant un label de souverainisme à la voie statutaire [et donc seulement autonomiste]. Comme l’UPN, le PNV veut conserver Lakua et le fauteuil des organismes qui découlent du cadre à l’origine du morcellement du pays.

Pensant par la même occasion en finir avec le Mouvement de Libération Nationale Basque, ils sont rassurés avec le PSOE, rassurés avec les illégalisations. Voilà pourquoi ils ont apporté leur soutien au budget de l’illégalisation et de la répression. Pour remplir la légalité de l’Espagne et celle que nous imposent les juges fascistes, bref, pour faire le sale travail, ils ont placé en première ligne la Police Autonome de l’Espagne.

Comme le disent nos paroles et comme le confirment nos actes, nous ferons face de toutes nos forces à ceux qui veulent écraser ce pays. Ce n’est pas la couleur de l’uniforme que nous remarquerons, mais bien les actes. Le PNV avait pris la décision d’opposer la Ertzaintza [la Police Autonome] à ce pays. Vingt ans plus tard, ils n’ont engendré que des dobermans fanatiquement pro-Espagnols.

S’il n’y avait pas l’uniforme, il serait difficile de différencier un ertzain [agent de la Police Autonome] d’un garde civil. Les jeunes générations d’Alava, de Biscaye et de Guipuzcoa, c’est de l’Ertzaintza qu’elles ont reçu coups de pied, tirs de balles de caoutchouc, répression, humiliation des contrôles, tortures et viols, comme autrefois quelques-uns d’entre nous en avions reçu tout particulièrement de la Garde Civile. Voilà une chose que ce pays n’oubliera pas.

Comme nous l’avons dit publiquement au cours des années précédentes, avec la Police Autonome de l’Espagne, l’attitude et la réponse d’ETA sera du niveau de la responsabilité et du comportement de ce corps de Police dans sa répression contre Euskal Herria.

Au cours de la dernière décennie, il s’est transformé en l’un des principaux responsables de la répression contre les citoyens. ETA poursuivra sa campagne contre la Police Autonome de l’Espagne jusqu’à ce qu’elle change son attitude et sa façon d’être dans la répression. Il revient au PNV d’effectuer ce changement.

LA COMPETITION POUR LA PRESIDENCE DE LAKUA A COMMENCE :

En Alava, Guipuzcoa et Biscaye, aura lieu à nouveau en mars une nouvelle consultation électorale antidémocratique. L’impossibilité pour les indépendantistes de prendre part à ces élections a été déjà clairement annoncée. Malgré quatre mots de protestation devant cet état de fait, la classe politique est satisfaite de cette situation.

Le PNV, en échange d’une victoire, nous est apparu prêt à faire n’importe quoi. Pour un 4ème mandat, que va offrir Ibarretxe ? Une nouvelle consultation comme précédemment déjà il en a annoncé une à trois reprises ? Il avait déclaré avec détermination : « Oui, bien sûr, la consultation se fera » ; cette déclaration ayant fondu tel un morceau de sucre dans le café, quelle crédibilité lui reste-t-il chez les citoyens ?

Le PNV a déjà adressé un clin d’œil au PSOE. Aralar, IU et Eusko Alkartasuna, en applaudissant le simulacre théâtral de la consultation, veulent pêcher de nouvelles voix dans les eaux de la gauche abertzale.

Le PSE aussi veut le poste de Lehendakari, et il évolue dans le projet d’une opération esthétique de « basquisation ». En vue de gagner des voix, ils nous apparaissent entourés de drapeaux basques dans tous les rassemblements politiques. A ce propos, ils ont fait récemment une déclaration qui est insultante pour nous, les Basques.

Après des dizaines d’années, ceux qui avaient pensé qu’ils venaient faire des exercices pour l’acceptation de la marginalisation subie par la langue de notre pays se sont trompés. Maintenant, ils sont venus nier, passant outre toutes les recherches, que la langue basque ait une quelconque base identitaire.

C’est-à-dire que c’est paraît-il par hasard qu’on parle basque à Tudela, à Mauléon, à Hendaye, à Saint Jean le Vieux, à Lecumberry, à Llodio, à Aretxabaleta ou à Lekeitio. On aurait pu de la même façon parler basque à Valladolid ou à Murcie, selon eux.

Bien qu’ils ne connaissent pas Euskal Herria, ils nient ce qui est indéniable. Un mensonge en entraînant un autre, ils prétendent que l’asphyxie linguistique subie par notre pays a résulté de nos rapports à nous, les Basques, avec les non-Basques, et que dire le contraire serait une politisation de la langue.

Autrement dit, ils nous ordonnent de renoncer à défendre et à utiliser notre langue jusqu’à ce que les ennemis de la langue basque se basquisent et soient favorables au basque. Quand ils nous disent, à nous Basques, « L’Euskara dans la liberté », ils veulent nous dire « L’Euskara dans l’obscurité », et ils se trompent : nous, les Basques, nous voulons vivre avec la langue basque en même temps qu’avec la liberté.

Xème ANNIVERSAIRE DE LIZARRA-GARAZI : UN CADRE DEMOCRATIQUE POUR EUSKAL HERRIA

10 ans après la signature de l’accord de Lizarra-Garazi, ETA proclame l’actualité de la définition des racines du conflit politique par des agents divers d’Euskal Herria et de la réflexion conduite en vue de la résolution de ce conflit.

Par contre, quelle est aujourd’hui la position des acteurs de la vie sociale et des partis politiques qui avaient signé cet accord ? Les uns dans la mouvance politique abertzale, d’autres – comme ils l’ont montré dans le processus de négociation – sans vouloir prendre le moindre engagement ni la moindre responsabilité.

Euskal Herria a le droit de décider de son avenir, Euskal Herria doit être un sujet politique s’il doit vivre. Les Constitutions imposées par les Etats et un cadre source d’éclatement asphyxient notre pays. Euskal Herria n’a pas besoin de nouveaux statuts fondés sur sa division territoriale. Tous ces éléments n’aboutissent qu’à pérenniser le conflit politique ainsi qu’à l’alimenter, ce qui l’aggrave encore.

Euskal Herria a besoin de l’autodétermination. Nous, les Basques, avons besoin d’un cadre démocratique permettant la concrétisation de n’importe quel projet politique, y compris l’indépendance.

Que les dirigeants et politiques professionnels ne s’égarent pas. Qu’ils renoncent à toute tentative de tromperie des citoyens : le problème n’est pas ETA. La résolution du conflit se trouve dans la reconnaissance de ce pays.

A ceux qui rêvent de la disparition d’ETA par la voie policière, aux dirigeants et politiques qui recherchent la destruction et la disparition du Mouvement de Libération Nationale Basque, un appel, alors qu’Euskadi Ta Askatasuna est sur le point d’atteindre un demi-siècle : abandonnez votre stratégie d’oppression d’Euskal Herria, abandonnez une Constitution imposée, venez-en aux contenus de Lizarra-Garazi, afin que nous construisions un cadre démocratique fondé sur l’autodétermination.

La parole au peuple, et que soit entendu l’appel de ce pays : assez, liberté !

Vive Euskal Herria libre ! Vive Euskal Herria socialiste !
Jo ta ke jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !

En Euskal Herri, octobre 2008
Euskadi Ta Askatasuna
E T A

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Communiqué d’ETA de janvier 2009

ETA, organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, veut en tout premier lieu dénoncer fermement la situation grave qu’endurent les citoyens de Gaza et le massacre que sont en train de mener à terme les sionistes pour en finir avec le peuple palestinien ainsi que la collaboration des dirigeants internationaux qui rend possible ce carnage.

Au peuple palestinien vont nos encouragements et notre solidarité révolutionnaire. Vive la Palestine libre !

De même, ETA souhaite revendiquer ses actions de ces derniers mois et faire entendre ce qui suit à Euskal Herria :

  • Le 20 novembre, à Bilbao, l’attentat à l’explosif réalisé contre le relais de télévision situé sur le mont Arnotegi, avec des dégâts matériels.
  • Le 3 décembre, à Azpeitia, l’exécution d’Ignacio Uria Mendizabal, qui était dirigeant des entreprises Altuna y Uria, Asfaltos Urretxu et Hormigones Ekarri. Pour sa responsabilité à travers son implication dans les travaux de la Ligne à Grande Vitesse (AHT) imposée à Euskal Herria et pour son refus de payer l’impôt révolutionnaire de l’ETA.
  • Le 31 décembre, à Bilbao, l’attentat à la voiture piégée contre les sièges qu’y ont les organes de presse et de télévision EiTB, Antena 3, « Expansion », « El Mundo » et Onda Cero ; il y a eu des dégâts matériels.

Antena 3, « Expansion », « El Mundo » et Onda Cero sont des pseudo-médias qui travaillent au service du fascisme espagnol.

Dans la mesure où ils sont des outils d’incitation à la situation de répression que vit Euskal Herria et de légitimation des agressions que vit notre pays, ils ont été les cibles de notre action et le seront encore dorénavant. Ils prennent la responsabilité d’accomplir comme il faut la tâche consistant à pousser à la répression contre l’indépendantisme en se mettant du côté du ministre de l’Intérieur de service.

Mais prendre des responsabilités dans la stratégie de la répression, cela entraîne aussi la prise de responsabilités devant ce pays, et devant ETA.

Les installations d’EiTB aussi étaient les cibles de l’action. Celle-ci a été la réponse par rapport à la responsabilité qu’EiTB, obéissant aux ordres de Sabin Etxea, a prise en défigurant le conflit que vit Euskal Herria.

La radio-télévision publique payée avec l’argent des citoyens, ils en ont fait, à travers un directeur, un rédacteur en chef et des commissaires politiques mis en place par Sabin Etxea, un instrument pour camoufler l’oppression et pour déformer le conflit politique qu’endure Euskal Herria.

En obéissant aux ordres de l’Espagne, ils rendent effectifs « de facto » l’illégalisation et l’apartheid politico-médiatique que souffre la gauche abertzale. Pour le mouvement populaire, pour l’indépendantisme et la dissidence, il n’y a pas de télévision publique, il n’y a pas de radio publique.

A EiTB , pendant que chaque jour on appelle « terroriste » ETA et ses militants, on prend pour sources d’information dignes de foi les déclarations obtenues sous la contrainte de la part des militants basques au moyen de tortures redoutables dans les casernes de la Police et de la Garde Civile.

Comme ils l’ont fait précédemment avec l’Ertzaintza, les technocrates de Sabin Etxea ont transformé EiTB en un instrument de passage à tabac de la gauche abertzale.

L’influence dont le Ministère du gouvernement autonome dispose sur les rédactions d’EiTB est directe et puissante. C’est par ce moyen qu’il est en train d’approfondir sa tendance à mettre la presse au service de sa stratégie répressive. Nous ne disons à personne, nous, comment il doit faire son travail de journaliste.

Mais nous voulons qu’il soit clair que si, en s’abritant derrière le métier de journaliste, quelqu’un prend des responsabilités dans la stratégie de la répression ou réalise dans la durée une œuvre d’agression, d’insultes et d’intoxication contre notre Organisation, contre les prisonniers ou contre les citoyens, nous ne lui reconnaîtrons pas de légitimité.

Face à cela, ETA continuera à dénoncer les pratiques qui placent le journalisme à la remorque des tâches de la police. Nous lançons un appel clair aux dirigeants d’EiTB. Qu’ils agissent de manière responsable. Qu’ils arrêtent de transformer EiTB en une arme supplémentaire destinée à défigurer le conflit et à agresser l’indépendantisme.

Les médias officiels et les politiciens professionnels ont interprété l’attentat du 31 décembre comme une atteinte à la liberté d’expression. Ceux-là mêmes qui restent muets quand on ferme des organes de communication, qu’on emprisonne des journalistes ou qu’on emmène pour les mettre en prison des citoyens à cause de ce qu’ils ont dit.

Euskal Herria ne connaît pas de liberté d’expression. Une fraction de ce pays, à cause de ce qu’elle exprime chaque jour, quand elle n’est pas incarcérée, est censurée et marginalisée. C’est là dans notre pays la photographie quotidienne de la « liberté d’expression » : pour les uns à volonté, et pour d’autres une comparution devant le juge.

C’est le nouveau Code pénal, les censures du pouvoir et les menaces d’incarcération qui délimitent la « liberté d’expression » de ce pays. Précisément cette même « liberté d’expression » qui, à la manière de celle qui existait du temps de Franco, fait qu’il est possible de fermer des radios et des journaux, en fonction de critères retenus par la Garde Civile et le Ministère de l’Intérieur.

A propos de l’action contre Ignacio Uria Mendizabal :

L’exécution d’Ignacio Uria prend place dans la campagne armée que poursuit ETA contre la Ligne à Grande Vitesse (AHT). Ignacio Uria Mendizabal, avec ses deux frères, était à la tête d’entreprises qui travaillent pour la LGV. Euskadi Ta Askatasuna a déclaré par avance que les dirigeants qui ont des responsabilités dans ce projet destructeur qui a été imposé constituent des cibles pour l’ETA.

Prenant prétexte de cet attentat, et dans le but de créer de la confusion dans l’esprit des citoyens, les professionnels de la politique se sont employés une nouvelle fois à avancer qu’ETA veut imposer par les armes son projet politique. Ils savent pourtant parfaitement qu’ETA mène un combat en faveur des droits d’Euskal Herria en tant que nation, pour le respect de ces droits.

Mais qu’est-ce qui est imposé à Euskal Herria ? Qui est-ce qui l’impose, et à qui ? Le TGV, la touristification, le champ de tir des Bardenas, le super-port de Pasajes, le barrage d’Itoitz, Boroa, la centrale de Petronor… tout cela a été réalisé ou est projeté aux dépens des intérêts des citoyens basques.

L’aménagement des infrastructures et du territoire d’Euskal Herria se décide dans la mollesse de bureaux luxueux, entre quelques chefs d’entreprise et quelques politiciens qui agissent au service des premiers en qualité de subordonnés. L’avenir de ce pays est entre les mains d’entrepreneurs et de gestionnaires que nul n’a élus. Le PNV et l’UPN veulent édifier leur propre énorme Marbella depuis les assemblées parlementaires et gouvernements qu’ils ont sous leur coupe.

Voilà bien la réalité de ce pays : l’avenir d’Euskal Herria est livré à la cupidité d’une élite politique et entrepreneuriale. Comme si l’oppression que subit ce pays de la part des Etats ne suffisait pas, c’est de son sein même que lui vient son asservissement.

L’un des promoteurs de cet asservissement, c’était Ignacio Uria Mendizabal. Pendant qu’il acquittait les impôts de l’Espagne, pendant qu’il s’enrichissait avec les travaux de la LGV qui sont faits au profit de l’Espagne et qui sont imposés à Euskal Herria, il refusait d’apporter son aide au combat en faveur de la liberté d’Euskal Herria.

Dans ce sens, nous tenons à faire parvenir un avertissement clair à tous et à chacun des ingénieurs, techniciens supérieurs, dirigeants et chefs d’entreprise qui interviennent à quelque niveau que ce soit dans la réalisation du projet de la LGV : qu’ils arrêtent les travaux en relation avec ce projet et que soit effectué le débat public que réclament actuellement les forces vives du pays.

Désormais seront des cibles pour ETA les responsables en question, ainsi que leurs biens, qui viendront à poursuivre les travaux de la LGV, alors que démarre sans débat public et par voie de décrets ce projet gigantesque et particulièrement destructeur.

Il faut arrêter la LGV. Ce projet, c’est un pas de plus dans la déstructuration. Un prétexte pour voler l’argent du Trésor public. Il faut lever la censure qui pèse sur le débat à propos de ce projet. Il faut ouvrir un débat public. Nulle part n’apparaît l’utilité de ce projet et c’est cela qu’on veut dissimuler : que ce projet a été conçu en petit comité et pour un petit nombre de bénéficiaires.

On cache l’opposition du pays à la LGV, on fait taire les mobilisations populaires, on est en train de censurer les points de vue des citoyens et des experts. A quelques-uns de ceux qui mènent ce combat, on n’a levé le veto à leur intervention dans les médias que pour qu’ils condamnent l’action de l’ETA. C’est bien facilement que certains sont tombés dans ce piège.

Nous lançons également un appel à la population d’Euskal Herria : qu’elle se dresse de toutes ses forces contre la LGV. Ce train destructeur qui veut balafrer Euskal Herria de part en part, seules les mobilisations et la pression populaires peuvent l’arrêter.

Prenant les élections pour des chèques en blanc, ces gens qui s’imaginent qu’on peut gérer ce pays en fonction des intérêts d’une élite ont procédé à des calculs erronés : dans ce combat-ci il n’y a pas de billet aller-retour. Ils ne passeront pas !

Pas de destruction pour la grande vitesse ! Pas de vol pour la grande vitesse ! Pas de mensonge pour la grande vitesse ! Pas de Train à Grande Vitesse !

Vive Euskal Herria libre !

Vive Euskal Herria socialiste !

En avant jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !

En Euskal Herria,

En janvier 2009.

Euskadi Ta Askatasuna

ETA

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Communiqué d’ETA du 26 février 2009

ETA, organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, souhaite, par ce communiqué, faire part à la société basque de ses réflexions sur la situation dans laquelle se trouve plongé le Pays basque à la veille des élections du premier mars pour le parlement autonome de Gasteiz.

Les élections autonomiques antidémocratiques qui auront lieu le premier mars en Alava, Biscaye et Guipuzcoa seront une escroquerie et une énorme fumisterie politique. L’État espagnol a fait un pas de plus dans sa stratégie fasciste pour incarcérer l’indépendantisme et l’exclure des centres de pouvoir.

A compter du deux mars, le parlement de Gasteiz sera à la fois antidémocratique et plus espagnol que jamais. Ce sera le parlement du fascisme, constitué avec la même légitimité démocratique que les municipalités franquistes d’autrefois, drapeau espagnol compris. C’est là le « changement » apporté par le PSOE.

Dans la guerre contre le Pays basque, le PSOE se montre sans complexe pour doubler le PP à sa droite. N’ayant pu noyer le Pays basque en 30 ans d’autonomisme et de fractionnement territorial ainsi que d’exclusion de l’indépendantisme de toutes les institutions, le PSOE a décidé de s’obstiner dans cette voie.

L’apartheid politique a pour objectif d’empêcher que se concrétise par la voie de l’indépendance la possibilité d’un changement de la situation que connaît notre pays. C’est la Gauche Indépendentiste qui détient les clés de cette option, et ce sont ces clés qu’on veut faire disparaître une fois pour toutes en mettant au rebut la Gauche Indépendantiste.

Quoi qu’il ait pu dire au cours de la campagne électorale et dans les meetings, c’est le PNV qui a le plus intérêt à la mise hors-la-loi de la Gauche Indépendantiste. Pas seulement parce que cela va lui ouvrir la possibilité d’avoir quelques sièges de plus au parlement de Gasteiz, mais parce que la Gauche Indépendantiste est l’unique obstacle réel qui se dresse sur la route des intérêts occultes du PNV et de son pari politique.

Pour le PNV, l’ennemi, c’est l’indépendantisme, qui a fait échouer la dilution de ce pays dans la mare de l’autonomisme et du régionalisme ; qui évente son affairisme, sa corruption et ses turpitudes ; qui se dresse point par point face à son projet de droite ; qui a dénoncé l’escroquerie de la « consultation » ; qui, au bout du compte, a constitué durant 30 ans un obstacle à son pari autonomiste.

Le président du bureau politique du PNV Iñigo Urkullu, devant l’offensive du fascisme espagnol, devant l’illégalisation et les graves atteintes portées à nos droits civils et politiques à nous, les Basques, se montre à nous main dans la main avec l’État.

Le prouve de la façon la plus éclatante l’appui apporté au budget prévisionnel du gouvernement fasciste de l’Espagne. Sans le collaborationnisme du PNV, l’État ne pourrait pas développer son pari de tailler en pièces la Gauche Indépendantiste.

La mise hors-jeu de la Gauche Indépendantiste à l’occasion de ces élections, le PSOE l’a décidée en accord avec le PNV ; cela s’est fait grâce au cadeau fait par les dirigeants du PNV de tout ce qui relève de leur autorité – en témoignent les matraquages de la Police Autonome de l’Espagne ainsi que la censure et la marginalisation auxquelles se livre EiTB.

Devant cette situation, les comportements que nous font voir, sous la houlette du PNV, les partis EA, IU et Aralar, en tant que partis abertzale, sont proprement honteux.

Pendant qu’hypocritement ils dénoncent en termes mous la situation antidémocratique, privilégiant la chance que leur donne l’illégalisation de gonfler leurs forces et leurs opportunités électorales, ils en arrivent à donner à cette campagne un air de normalité. En annonçant ce qu’ils feraient s’ils arrivaient à la Présidence, comme si de rien n’était, et dans le but de pêcher les voix de la Gauche Indépendantiste.

Le Pays basque se trouve depuis 10 ans au terme du cycle de l’autonomie. C’est depuis lors que l’avenir du Pays basque se trouve entravé. Notre pays a deux options, ou entamer le cheminement vers l’autodétermination ou réintégrer un nouveau cycle de l’autonomisme espagnol. Voilà les options et les risques.

Les chances, elles résulteront de l’union des forces qui sont pour la souveraineté du Pays basque. La chance viendra de l’élargissement de la voie tracée par ceux d’entre nous qui voulons conduire ce pays, en dépassant le cycle autonomique, jusqu’à une autre scène nationale et démocratique. Les risques, ils se situent dans la tentative que veut effectuer le PNV, avec le PSOE, d’entrer dans un nouveau cycle autonomique.

Nous qui sommes pour le Pays basque, nous qui sommes pour l’indépendance, nous avons une nouvelle chance, après 30 années, en refusant avec détermination un nouveau « statut » et un nouvel « amejoramiento », de faire faire quelques pas à ce pays dans la voie de son indépendance.

Devant la tentative qu’est en train d’effectuer le PNV pour faire entrer une nouvelle fois notre pays dans un nouveau cycle autonomique, devant la décision de tourner le dos une fois de plus au cri du front des patriotes, nous, les abertzale, nous avons un défi historique : celui de vaincre de la façon la plus nette le PNV en tant que représentant de ce pays.

En fait, l’histoire récente le montre, chaque fois que ce pays se trouve à l’heure de faire un saut vers l’indépendance dans sa situation structurelle, le PNV est un obstacle aussi grand que les États ennemis. Il en a été ainsi à l’époque de Chiberta, d’Alger et de Lizarra, et il en a été ainsi également lors du dernier processus de négociation.

Pensant défendre les intérêts du patriotisme, le PNV veut placer dans une démarche autre le choix d’un véritable changement vécu par ce pays.

Les explications d’Urkullu, et les orientations du PNV, montrent clairement dans quelle direction ils ne veulent pas amener ce pays : celle qui va vers l’indépendance.

Par contre, tenant la main de l’État, ils creusent leur sillon dans la partition, dans les affaires, et dans l’annihilation de l’indépendantisme. Ils baptisent maintenant cela l’ « entente politique ». Mais son seul nom, c’est la « subordination politique ». Ils seraient plus honnêtes si, dans les meetings, au lieu de crier : « Vive Euskadi libre ! », ils criaient : « Vive Euskadi soumis ! »

Le Statut de La Moncloa et le parlement de Gasteiz sont nés, voilà 30 ans, de la réforme espagnole avec deux finalités claires : constituer des obstacles sur la voie de l’indépendance du Pays basque, par une partition en deux entités, subordonnées à l’Espagne, du Pays basque ; et structurer le goût du PNV pour l’argent et pour le pouvoir. Durant ces 30 dernières années, ces finalités sont demeurées de plus en plus clairement liées l’une à l’autre. Pour le PNV, désormais, « Euzkadi », c’est l’Alava, la Biscaye et le Guipuzcoa.

Aussi facilement qu’ont été oubliés le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, ils ont vendu la Navarre à l’occasion de la réforme de l’Espagne. Le pari en faveur du « vivre à l’aise en Espagne » a induit pour notre pays des conséquences désastreuses : la déstructuration et la partition. Le PNV, dans cette opération, s’est montré droit et loyal pendant les trois décennies.

Lors du processus de 1998, nous avons été nombreux à comprendre que le PNV avait procédé à une remise à jour de sa réflexion. Mais sa trajectoire des dix dernières années, et ses pratiques au cours de ces derniers temps, nous font penser qu’il n’en est rien.

Le PNV n’a pas changé. Ibarretxe a promis trois fois qu’il allait procéder à une consultation afin que les citoyens des trois provinces décident de leur avenir. Il a jeté aux quatre vents sa déclaration selon laquelle c’était là son engagement : et c’est le vent qui a emporté ces paroles. Ce qui a crevé les yeux, c’est que c’était une escroquerie, un mensonge.

Le PNV est sur le déclin. C’est dans l’échec du pari politique fait il y a 30 ans que résident les fondements de ce déclin. Le Statut est mort, il est un obstacle à la marche de ce pays vers son indépendance. Pour les ambitions du PNV, il s’est également transformé en une source tarie.

Mais devant cette lecture, les projets du PNV, eux, ne sont pas orientés vers la satisfaction de nos souhaits, à nous, les abertzale, ils ne sont pas tournés vers la souveraineté de ce pays… Le pari, c’est de rouvrir à nouveau le robinet autonomique selon les besoins du PNV.

Que ce pays entre à nouveau dans le gouffre d’un nouveau Statut, ce serait une trahison historique grave. Ce peuple ne le pardonnerait pas, et il ne l’admettra pas. Le PNV veut nous mener du Statut de La Moncloa de 1977 au « Statut de Ferraz » de 2009. Les dirigeants de Sabin Etxea savent que la mise en place d’un nouveau statut serait la tombe du Pays basque, que cela aurait pour conséquence la pérennisation du conflit.

Si le PNV venait à franchir ce pas, si le PNV, en franchissant cette ligne rouge, venait à permettre que ce pays s’aventure sur la voie d’un nouveau cycle autonomique, il serait la cause de la condamnation des opportunités de liberté pour ce pays.

La responsabilité pleine et entière des conséquences que pourrait avoir une telle démarche de sa part en reviendrait au PNV. Nous lançons aux adhérents du PNV et à sa base un appel solennel à ce qu’ils ne laissent pas les dirigeants de leur parti commettre une nouvelle trahison.

Le PNV et le PSOE ont passé un accord préalable. Déjà avant la fin de la législature autonomique, ils étaient en train de gouverner discrètement de concert, les gouvernements de Gasteiz et de Madrid s’appuyant mutuellement. C’est précisément pour cela qu’en ce qui concerne l’avenir du Pays basque, l’enjeu des élections de mars est nettement moindre que ne le disent Ibarretxe et Patxi Lopez.

Les dirigeants de Ferraz et de Sabin Etxea, après les élections, resserviront le même plat froid qu’il y a 30 ans à ce pays pour ce qui est de l’Alava, de la Biscaye et du Guipuzcoa. Le premier mars, le seul vote « nul » pour ce qui est des votes en faveur de l’indépendance, de la souveraineté, ce sera le vote pour le PNV.

Parce qu’après plus d’un siècle d’existence pour lui, et à la suite de l’exercice du pouvoir par lui pendant 30 ans, il demeure clair que le seul choix qui soit « nul », c’est celui du PNV.

Le premier mars, nous qui voulons un scenario démocratique, nous qui croyons en un Pays basque libre, nous avons un rendez-vous dans le combat pour notre pays.

Un rendez-vous pour dénoncer dans les urnes cette nouvelle agression antidémocratique, pour revendiquer l’autodétermination et pour dénoncer le pari en faveur d’un nouveau Statut. L’avenir appartiendra au Pays basque, notre patrie est en lutte !

Vive le Pays basque libre ! Vive le Pays basque socialiste ! En avant jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !

En Pays basque, février 2009

Euskadi Ta Askatasuna

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Communiqué d’ETA à Euskal Herria (2012)

A la suite de la conférence de Aiete et un an après l’annonce de l’arrêt de la pratique de la lutte armée ETA organisation socialiste révolutionnaire de libération nationale veut faire part à Euskal Herria de ses réflexions et de ces propositions.

Tout d’abord, ETA veut dénoncer la régression qui a lieu depuis la décision d’arrêt de la lutte armée. Ceux qui avant cette déclaration étaient favorables au processus de paix à travers un dialogue et un accord sont en train de faire marche arrière.

En plus de fermer la porte au dialogue les gouvernements français et espagnol suivent la route contraire au règlement du conflit, à l’intérieur d’un agenda de destruction de la paix. La manière d’agir avec les prisonniers et réfugiés politiques basques, les actions répressives des dernières semaines, les menaces et les déclarations des deux ministres de l’intérieur sont éclairantes.

Certaines organisations politiques n’ont pas davantage adopté d’attitude constructive. Souvent les intérêts des partis politiques passent avant la volonté de la société. Ainsi pour des calculs électoraux ou pour maintenir une attitude d’imposition, les tentatives de ralentir et de défigurer le processus ont été nombreuses et prolongent les souffrances.

ETA veut faire remarquer que par le passé ces mêmes attitudes ont éloigné le règlement du conflit. Et aujourd’hui le risque de laisser le processus sans issue est évidente. ETA veut souligner que la voie de la répression est stérile. Les états peuvent détruire les possibilités de paix, mais ainsi ils ne pourront jamais résoudre le conflit.

Lorsque la seule proposition est la fermeture et une répression cruelle, lorsque se refusent les solutions démocratiques pour dépasser le conflit, on alimente la confrontation.

C’est cela qui est en jeu: la possibilité d’obtenir un règlement solide et durable du conflit. La possibilité de construire un avenir en paix et en liberté pour Euskal Herria.

Malgré tout, ETA pense que nous disposons de forces suffisantes pour faire face au blocus et amener le processus en avant. Mais nous devons donner des pas pour éviter l’installation du blocus et que la déception ne s’installe. Nous devons redoubler d’efforts. Pour ETA, la société basque, ses acteurs, tous les citoyens doivent être les protagonistes majeurs du processus. La communauté internationale ne devrait pas renoncer devant le blocus. Une partie du conflit a répondu favorablement à la proposition d’Aiete, elle a le soutien de la majorité de la société basque, c’est suffisant pour aller de l’avant. Après un long cycle d’élections ETA espère que les partis politiques agiront de manière responsable et constructive. Pour sa part ETA veut affirmer sa volonté de travailler à la résolution du conflit, pour casser le blocus, dans le but de trouver des issues efficaces dans le développement du processus.

Il faut un agenda pour la paix.

Devant les agressions des états, les obstacles et les attitudes négatives, sur la base de la feuille de route de Aiete, ETA pense qu’un agenda pour la paix est nécessaire. En partant de l’engagement de chacun nous devons avancer vers un renforcement des efforts communs en faveur du processus. Le but de cet agenda serait d’amener les états au règlement du conflit et à une structuration du processus de paix.

Il faudrait construire l’agenda pour la paix sur trois colonnes

  • répondre a la situation d’exception: la répression, le non respect des droits civils et politiques et surtout de manière urgente répondre à la situation des prisonniers politiques basques.
  • faire entendre la revendication en faveur du règlement du conflit, depuis tous les coins d’Euskal Herria faire parvenir jusqu’à Paris et Madrid la volonté de paix
  • élargir les voies du dialogue, créer des espaces pour atteindre des accords.

Proposition de ETA

Durant cette année ETA s’est efforcé d’engager un dialogue avec les gouvernements français et espagnol. En effet, ces gouvernements sont au courant de l’engagement sincère de ETA pour l’ouverture d’un dialogue. De la même manière ETA veut présenter ses propositions persuadée qu’il existe des raisons suffisantes pour avancer. Cette proposition est basée sur la volonté de mettre fin de manière durable et ordonnée à la confrontation armée, pour déposer une base saine à la paix de façon complémentaire au processus démocratique qui doit s’instaurer en Euskal Herri.

Pour ETA le processus pour dépasser le conflit devrait avoir deux objectifs

Il faut résoudre le problème des prisonniers et de tous ceux qui ont du quitter leur famille en raison de la confrontation.

Les forces qui ont participé à la confrontation armée doivent s’adapter à la nouvelle situation, amener la normalisation démocratique, pour que le processus démocratique en Pays Basque se développe sans menace, en toute liberté.

Pour atteindre ces objectifs ETA propose un agenda pour le dialogue.

  • des délais et des formules pour que tous les prisonniers et réfugiés basques rentrent en Euskal Herria
  • des délais et des formules pour le désarmement, pour défaire la structure militaire et engager la démobilisation
  • des délais en adaptant la fin de la présence des forces de confrontation armée qui se trouvent en Pays basque.

Il faudrait ajouter trois remarques sur l’agenda:

Il est connu que dans la confrontation les états ont utilisé la force et provoqué des crimes ( torture, guerre sale, exécution de militants de ETA…) et pour cela il n’y a pas de prisonnier car les forces des états ont agit dans impunité totale. Ainsi ETA ne renonce pas à la nécessité de reconnaissance de la vérité et de la responsabilité des états.

En ce qui concerne les personnes ayant décidé de partir d’Euskal Herria en raison de l’action armée, ETA pense qu’à la suite de sa décision ce problème est en voie de règlement.

La confrontation a provoqué des victimes. C’est une conséquence du conflit que le processus de paix doit étudier. Il faut envisager cela de manière différente et aborder ces problèmes de point de vues différents, cela demande de nombreuses démarches, et dépasse donc cet agenda. De toute façon ETA est prête à intégrer cette problématique à l’agenda sur la voie de la vérité et la reconnaissance de chacun.

Ceci étant la proposition de ETA nous affirmons que nous sommes prêts à écouter et étudier les propositions de la France et de l’Espagne.

Si nous atteignons un accord sur les points abordés plus haut, une voie serait ouverte pour poursuivre dans ce sens. La poursuite de l’accord, le dépassement du conflit amènerait la fin définitive de la confrontation armée.

Dans ce contexte, au-delà des pas donnés pour atteindre un accord, ETA prendra des décisions pour s’adapter à la nouvelle situation en fonction de nos objectifs politiques, du processus de paix et de ce que demande le moment politique lui-même.

Pour tout cela, ETA en réaffirmant sa bonne foi, veut faire savoir qu’elle continuera à œuvrer en faveur de la possibilité du règlement du conflit de manière déterminée.

En Euskal Herria
le 15 novembre 2012

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Communiqué d’ETA [sur les dommages causés] (2018)

ETA, organisation socialiste révolutionnaire basque de libération nationale, veut reconnaître à travers cette déclaration les dommages causés tout au long de son parcours armé, et manifester son engagement pour dépasser définitivement les conséquences du conflit, afin que cela ne se reproduise pas.

Pendant ces décennies, notre pays a connu beaucoup de souffrances : des morts, des blessés, des personnes torturées, séquestrées ou contraintes à fuir à l’étranger.

Une souffrance démesurée. ETA reconnaît la responsabilité directe qu’elle a eue dans cette douleur, et souhaite déclarer que rien de tout cela n’aurait jamais dû se produire ou que cela n’aurait pas dû se prolonger autant dans le temps, car ce conflit politique et historique aurait dû trouver une solution démocratique juste depuis longtemps.

De fait, la souffrance régnait dans notre pays avant la naissance d’ETA, et elle existe encore après l’abandon de la lutte armée par ETA. Les générations qui ont suivi le bombardement de Gernika avions hérité de cette violence et de ce poids, et il nous revient de transmettre aux générations futures un tout autre avenir.

Nous sommes conscients que pendant cette longue période de lutte armée nous avons provoqué beaucoup de douleurs, et beaucoup de dommages qui ne peuvent être réparés. Dans la mesure où les préjudices subis l’ont été en conséquence du conflit, nous voulons exprimer du respect envers les morts, les blessés et les victimes des actions d’ETA. Nous en sommes sincèrement navrés.

À la suite d’erreurs ou de mauvaises décisions, ETA a également provoqué des victimes étrangères au conflit, tant au Pays Basque qu’ailleurs.

Nous savons que, contraints par les besoins de toutes sortes liés à la lutte armée, notre action a engendré des préjudices à des citoyens et des citoyennes qui n’avaient aucune responsabilité. Nous avons également provoqué des dommages graves sans retour possible.

A ces personnes et à leurs familles, nous leur demandons pardon. Ces mots ne résoudront pas ce qui est arrivé, et ne calmeront pas la douleur. Nous le disons avec respect, sans intention de provoquer davantage de peine.

Nous comprenons que de nombreuses personnes considèrent et affirment que notre action a été inacceptable et injuste, et nous le respectons, car on ne peut forcer personne à dire ce qu’il ne pense ou ne sent pas.

Pour beaucoup d’autres, même sous-couvert de la loi, les actions menées conjointement par les forces de l’Etat et celles de la Communauté autonome sont totalement injustes, et ces personnes non plus ne méritent pas d’être humiliées.

Dans le cas contraire, cela reviendrait à dire qu’il y a eu des dommages justes que l’on pourrait applaudir. ETA, en revanche, a une autre position : si seulement rien de tout cela n’était arrivé, si seulement la liberté et la paix s’étaient installées au Pays Basque depuis longtemps.

Personne ne peut changer le passé, mais le pire qui pourrait arriver serait d’essayer de le défigurer ou d’occulter certains épisodes. Reconnaissons tous notre responsabilité et le mal causé.

Bien que nous ne partagions pas le même point de vue ni les mêmes sentiments, nous devrions tous reconnaître, avec respect, la souffrance vécue par l’autre. C’est cela qu’ETA souhaite exprimer.

Précisément, au regard du futur, la réconciliation est une des tâches que nous devons mener au Pays Basque, et dans une certaine mesure, c’est déjà en train de se faire avec honnêteté entre les citoyens.

C’est un exercice nécessaire pour faire émerger la vérité de façon constructive, guérir les blessures et construire des garanties pour que cette souffrance ne se reproduise plus.

Une solution démocratique du conflit politique permettra de construire la paix et d’obtenir la liberté au Pays Basque.

Pour éteindre définitivement les braises de Gernika.

Pays Basque, le 8 avril 2018

Euskadi Ta Askatasuna

E.T.A

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