La démocratie populaire en Tchécoslovaquie

Une victoire de l’unité des partis ouvriers – Rudolf Appelt

publié dans Unité, organe théorique du SED (Parti de l’Unité Socialiste), juillet 1946

Les élections parlementaires qui se sont déroulées le 26 mai 1946 en Tchécoslovaquie méritent une grande attention de la part du mouvement ouvrier socialiste international. Premièrement, parce que les élections ont amené une majorité communiste – social- démocrate.

Deuxièmement, parce qu’elles ont condamné à l’échec l’espoir de la réaction interne et externe au pays à tourner en arrière la roue du développement progressiste en Tchécoslovaquie. Et troisièmement, parce qu’en raison de la grande victoire électorale, le Parti Communiste est devenu le parti incontesté et dirigeant.

Les élections parlementaires tchécoslovaques se sont déroulées une année après la libération de la domination hitlérienne, elles ont consisté en le jugement du peuple quant à la démocratisation touchant profondément le pays, et quant à la politique de chaque parti en particulier.

Partant de là, il est juste que le mouvement ouvrier socialiste des autres pays apprennent des choses de la politique et des expériences du mouvement ouvrier en Tchécoslovaquie.

Quelques chiffres sur les résultats des élections.

En Bohême-Moravie.

Parti Communiste 2 205 658 voix 40,17 % 93 mandats

Parti Social-démocrate 855 771 voix 15,59 % 36 mandats

En Slovaquie.

Parti Communiste 490 257 voix 30,48 % 21 mandats

Parti du Travail (proche de la social-démocratie) 49 983 voix 3,11 % 3 mandats

Sur un total de 7 099 411 voix, les communistes et les sociaux-démocrates en ont obtenu ensemble 3 601 669, soit 50,72 %, la majorité ; sur un total de 300 mandats, ils en ont obtenu 153, soit plus de la moitié. Il faut noter une différence significative entre le résultat en Bohême-Moravie et celui en Slovaquie.

Dans la partie tchèque, la part communiste – social-démocrate des voix est de 55,76 %, dans la partie slovaque seulement de 33,59 %. En Bohême-Moravie, le Parti Communiste est, à l’exception d’une seule circonscription, le Parti en tête dans toutes les circonscriptions électorales.

Il est de plus le Parti le plus fort dans toutes les grandes villes, dont la capitale Prague. Il est, enfin, la force dominante dans les parties largement paysannes du pays. Cela prouve qu’il n’est pas seulement le parti le plus fort chez les ouvriers, mais également dans la paysannerie.

Il a en même temps de fortes positions chez les employés et les fonctionnaires, les artisans et les commerçants, les professions libérales. Le Parti Communiste de Tchécoslovaquie est aujourd’hui sorti du cadre d’un « pur parti ouvrier » et il est devenu un vrai parti populaire, la force dominante de l’ensemble du peuple travailleur.

La défaite qu’ont connu les forces réactionnaires aux élections est absolument claire. Comme les anciens partis réactionnaires sont interdits, la réaction tchèque s’est cachée derrière les socialistes nationaux tchèques et le parti populaire catholique, tentant d’influencer la campagne électorale de ces deux partis.

Les éléments réactionnaires du parti des socialistes nationaux tchèques ont voulu avant les élections faire sauter le Front National et imposer le retrait de leur parti du programme gouvernemental et des mesures de nationalisation. Le peuple a condamné de manière déterminée une telle attaque à l’encontre de l’unité nationale.


Le parti des socialistes nationaux tchèques escomptait sortir des élections comme parti le plus fort, en récupérant par sa politique les voix des partis réactionnaires désormais interdits. Au lieu de cela, il est loin derrière les communistes ; il n’a obtenu en Bohême et en Moravie que 23,66 % des voix. Le parti populaire catholique a eu encore moins de voix, avec 20,23 %.

Même la presse réactionnaire en Europe de l’Ouest ne saurait douter de ce jugement absolument clair du peuple en Tchécoslovaquie, même si c’est contre leur ligne. Elle est dans l’obligation d’admettre que ces élections parlementaires étaient démocratiques à 100 %, où tous les partis candidats – 4 dans la partie tchèque, également 4 dans la partie slovaque – ont disposé des mêmes conditions et ont pu mener une propagande électorale nullement empêchée par personne.

Les anciens électeurs des partis réactionnaires désormais interdits (parti agraire, parti [fasciste] de Hlinka) se sont même vus donner la possibilité, s’ils ne voulaient pas voter pour un des partis présents, de choisir un vote blanc. Il est caractéristique de l’activité politique des masses que même pas un demi pour cent des électeurs ont utilisé ce vote blanc.

Le développement progressiste à gauche que connaît la Tchécoslovaquie depuis une année a été confirmé par les résultats électoraux. Le peuple travailleur a validé toutes les mesures démocratiques de rupture du gouvernement du Front National pour le remodelage politique et économique de la République. Il a repoussé toutes les influences internes et externes de la réaction qui entendent bloquer, faire reculer le développement démocratique et progressiste. Ont été en particulier confirmés par le peuple :

* l’instauration du régime de la démocratie populaire, incarné par les commissions nationales dans les communes, les arrondissements et les régions, et par le gouvernement de Front National des Tchèques et des Slovaques ;

* la réalisation de la nationalisation de l’ensemble de l’industrie lourde, des industries de l’énergie, des grandes entreprises de l’industrie légère, des banques et des assurances ;

* la réalisation de la réforme agraire ;

* la transformation de la Tchécoslovaquie en un État slave des Tchèques et des Slovaques, sans
minorité allemande et hongroise [avec l’expulsion de plus deux millions d’Allemands et de cent mille Hongrois ayant pris parti pour les régimes fascistes allemand et hongrois en en devenant citoyens] ;

* le règlement national des relations entre le peuple tchèque et le peuple slovaque, sur la base de l’égalité des droits et de la reconnaissance du peuple slovaque comme nation en tant que telle ;

* la politique étrangère, dont le solide fondement est l’amitié et un étroit travail en commun avec les États slaves, en particulier l’Union Soviétique.

Ce qui nous intéresse en particulier dans ces résultats électoraux, c’est la question : par quelle politique est-ce que le Parti Communiste a obtenu une telle influence de masse ? Comment s’est mise en place la majorité communiste – social-démocrate aux élections ?

Pour répondre à cela, nous devons d’abord étudier les traits essentiels de la libération nationale du peuple tchèque et slovaque du fascisme hitlérien, parce qu’ils déterminent la ligne politique du Parti Communiste.

La Tchécoslovaquie a été occupée par l’Allemagne hitlérienne pendant plus de six ans. La domination mise en place par Hitler dans ce pays était barbare ; elle menaçait le peuple tchèque dans son existence nationale. Si les nazis avaient vaincu, ils n’auraient pas hésité à déplacer les Tchèques n’importe où ailleurs ou même à les exterminer. Après que le peuple tchèque, opprimé pendant 300 ans par la vieille Autriche, ait ainsi vu son existence étatique autonome volé, il a connu le même destin après vingt années de liberté.

L’instauration de la République tchécoslovaque a été rendue possible par l’effondrement de la monarchie austro-hongroise ; cette fois la libération est allée avec le démantèlement du régime nazi et la défaite militaire totale du troisième Reich. La libération de la Tchécoslovaquie est venue de l’Est.

Ce fut l’Union Soviétique – une grande puissance slave – et son armée rouge, qui ont libéré les Tchèques et les Slovaques de l’oppression et de l’esclavage allemands-fascistes.

Alors que la révolution russe d’Octobre 1917 avait déjà beaucoup contribué à la réalisation de la république tchécoslovaque en 1918, cette fois le peuple russe a versé beaucoup de sang pour sauver les petits peuples frères slaves de la disparition. Cela et le fait que désormais la Tchécoslovaquie a une frontière commune avec l’Union Soviétique [alors que la partie orientale du pays, carpathique ukrainienne, a rejoint l’Ukraine], sont solidement ancrés dans la pensée politique des Tchèques et des Slovaques.

Tout comme dans d’autres pays occupés, l’ancienne couche dominante de la bourgeoisie financière, industrielle et agraire a fait faillite idéologiquement, politiquement et moralement en Tchécoslovaquie pendant la période nazie.

Elle a préparé avec l’agent hitlérien Henlein les décisions [des accords] de Munich ainsi que le 15 mars 1939, elle a servi Hitler pendant six années et essayé de gagner le peuple tchèque à une collaboration avec le fascisme allemand. Elle a été néfaste en agissant dans le dos du peuple dans sa libération nationale.

Alors que des dizaines de milliers de combattants étaient jetés dans les camps de concentration, ou exécutés, la grande bourgeoisie tchèque a trahi la nation et l’État et a profité des guerres de Hitler.

C’est pourquoi cette couche autrefois dominante a pour toujours perdu, d’après le peuple, de pouvoir parler au nom de lui et de guider la République. Le droit de gouverner, c’est maintenant le peuple travailleur qui l’a dans les villes et les campagnes.

À l’exception d’une couche proportionnellement petite de traîtres et de collaborateurs, le peuple tchèque et slovaque a été uni dans sa résistance contre la domination étrangère.

Il a formé une unité nationale contre les occupants et les traîtres, un large front national, qui a été forgé dans les actions de sabotage et de partisans, dans les camps de concentration et les prisons, dans le soulèvement slovaque et le soulèvement praguois de mai.

Cette unité nationale, le peuple la regarde comme le bien le plus précieux et entend à tout prix le conserver également après la libération, dans la période de reconstruction de la République.

Le Parti Communiste s’est fondé sur ces faits essentiels dans sa politique après la libération du pays. Il était essentiel que le Parti dispose d’une estimation claire du caractère de la révolution en cours. Il a dit aux masses populaires : « Du point de vue de la Tchécoslovaquie et du point des autres ennemis de l’Allemagne hitlérienne, la guerre a été une guerre juste, une guerre démocratique, une guerre de libération nationale.

Il résulte de ce caractère national et démocratique de la guerre que les conséquences révolutionnaires immédiates de la défaite allemande ont un caractère avant tout national, antifasciste et démocratique pour la Tchécoslovaquie. »

La lutte pour la liberté nationale a été une lutte sans compromis contre l’occupation étrangère du fascisme allemand et contre sa propre traître oligarchie grande-capitaliste et grande-agraire et la réaction. Le peuple ne voulait pas pour après la victoire un retour à la situation de 1938.

Le Parti Communiste s’est ainsi fait l’agent de la volonté populaire en faisant en sorte de réaliser une nouvelle, authentique République de démocratie populaire directement issue de la pensée provenant de la révolution nationale.

Une république de démocratie populaire dont les fondements ont été formulés de manière si prégnante et compréhensible par tout un chacun dans le programme gouvernemental de Kosice. Ce programme du premier gouvernement du Front National a été élaboré par les communistes et signé par tous les partis.

Les communistes ont inlassablement lutté pour sa réalisation conséquente et mobilisé les larges masses. Aucun parti n’a eu l’autorisation de se retirer du programme accepté et signé, car
derrière lui il y avait l’écrasante majorité du peuple.

Le problème principal de chaque révolution, également de la révolution nationale et
démocratique en Tchécoslovaquie, est la question du pouvoir. Il s’agissait d’empêcher que la clique traître de la bourgeoisie financière et agraire, qui gouvernait la République avant 1938, parvienne de nouveau au pouvoir avec la renaissance de l’État.

En même temps, il s’agissait d’imposer que de manière réelle et correspondante comptent
la volonté et le pouvoir du peuple travailleur, qui avait porté la charge principale de la lutte de libération nationale. Quelle a été la voie et quelle est-elle encore dans la réalisation de ce but ?

Avant tout ont été mis hors d’état de nuire dans la vie politique les représentations politiques des couches traîtres, des partis réactionnaires existant auparavant (parti agraire, parti de Hlinka, etc.), par l’interdiction c’est-à-dire la non-autorisation dans le nouvel État.

Par là il a été rendu possible aux simples soutiens individuels de ces pays, du moment qu’ils n’étaient pas compromis dans une collaboration avec l’occupant, de rejoindre les partis du Front National ou les organisations unies de masse mises en place.

Tous ceux par contre qui avaient nui aux intérêts de la nation ou de l’État ont fait face (ou vont le faire) à un tribunal populaire, ou condamnés pour les cas les plus légers selon le décret gouvernemental « sur l’honneur national » .

Le nouveau régime en Tchécoslovaquie ne doit pas, suivant la volonté du peuple, être une réédition de la République de 1918-1938. Cela ne doit pas être un régime de la démocratie simplement parlementaire formelle, mais la domination d’une réelle démocratie populaire, où le peuple peut sans intermédiaires participer à l’administration étatique et publique.

Ou, en d’autres mots, où ce ne sont pas simplement des députés élus qui peuvent décider, mais où la réalisation des lois, décrets et décisions gouvernementales repose dans les mains de gens qui ont été choisis par le peuple leur confiant une mission déterminée.

C’est ainsi que sont nés de nouveaux organes démocratiques populaires sous la forme des commissions nationales comme porteuses de l’administration étatique et publique.

Il y a des commissions nationales dans les communes, les arrondissements et les régions, en lieu et place des anciennes représentations à ces niveaux, avec la grande différence que ces organes ne sont pas simplement des organes d’auto-administration donnant conseil ou prenant des décisions, mais possèdent également le pouvoir de mise en place.

Les commissions nationales sont élues par le peuple, sont sous contrôle permanent, et chaque membre peut être à tout moment révoqué. Dans la première République, les porteurs de l’administration étatique et publique formaient une bureaucratie étrangère au peuple, l’administration reposait sur des gens relevant de la bureaucratie locale et des gendarmes.

Maintenant, elle est dans les mains des ouvriers, des paysans et des intellectuels, des représentants du peuple travailleur, qui ne permettent pas que l’appareil d’État et l’administration publique n’agissent contre les intérêts du peuple et de l’État, que la police soit employée contre la classe ouvrière, etc.

Le système des commissions nationales est un système non-bureaucratique, qui se montre excellent dans la pratique et a permis à des dizaines de milliers de travailleurs la participation active à l’administration d’État.

C’est, en plus de cela, un pas d’une signification réellement révolutionnaire, qui marque de manière ouverte la Tchécoslovaquie du sceau de la République populaire. Afin que le pouvoir politique reste dans les mains du Front National, c’est-à-dire dans les mains du Bloc des ouvriers, paysans, artisans et commerçants et des intellectuels travailleurs, il faut qu’il soit cimenté par des mesures économiques d’envergure.

Il doit y avoir la garantie que les cercles auparavant dominant ne puissent pas mener une seconde fois la nation et l’État à la catastrophe. L’interdiction des partis réactionnaires ne suffit pas en soi. La grande bourgeoisie traître doit également être économiquement désarmée.

Cela a été réalisé par une large nationalisation de l’industrie, des banques et des assurances. Ont été nationalisés de manière planifiée l’ensemble des mines, de l’électricité et du gaz, les grandes entreprises du reste de ce qui touche à l’énergie, tout comme l’ensemble du secteur privé des banques et des assurances. Il existe encore à côté de ce secteur nationalisé de l’économie un large secteur privé, formé des petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et du commerce.

La grande action de la nationalisation n’a pas été présentée par le Parti Communiste comme une mesure socialiste, comme une abolition du capitalisme, mais comme une nécessité nationale et démocratique au renforcement de la République, pour garantir l’existence nationale du peuple tchèque et slovaque, comme une mesure pour la punition des criminels de guerre et des traîtres, et la nationalisation a été en ce sens comprise et unanimement appuyée par le peuple.

La réforme agraire qui a été réalisée poursuivait avant tout l’objectif de faire passer l’ensemble des terres en possession allemande dans les mains des paysans, paysans sans terre et ouvriers agricoles tchèques.

C’était en même temps un coup contre les traîtres et les collaborateurs des rangs des grands propriétaires terriens, car eux aussi ont été expropriés sans dédommagement. La révolution en Tchécoslovaquie a été nationale, antifasciste et démocratique. Elle a été nationale, parce que le pouvoir est de nouveau passé des mains des oppresseurs allemands (et hongrois) au peuple tchèque et slovaque.

Elle a été antifasciste, parce que les occupants consistaient en le fascisme allemand (et hongrois). Elle a été démocratique, parce qu’elle s’est également dirigée contre les soutiens autochtones aux occupants, c’est-à-dire contre la réaction tchèque et slovaque, qu’elle a attaqué ses positions de pouvoir politiques et économiques.

Comme la révolution était nationale, elle devait évidemment être anti-allemande et anti-hongroise. Il est nécessaire de politiquement comprendre cela, afin que soient comprises les mesures prises en Tchécoslovaquie contre les minorités allemande et hongroise.

La grande majorité des Allemands des Sudètes et également une grande partie de la population hongroise ont joué en 1938 et durant les années d’occupation le rôle de cinquième colonne.

Ils ont soutenu le fascisme allemand et hongrois contre le peuple tchèque et slovaque. La conséquence qu’en ont tiré les Tchèques et les Slovaques est qu’ils ne voulaient plus vivre avec la minorité allemande et hongroise et ont exigé leur expulsion. Cette exigence a également été approuvée à la conférence de Potsdam par les trois grandes puissances.

La grande question liée à celle de l’expulsion des Allemands était celle de savoir si le gouvernement tchécoslovaque serait en mesure de peupler de manière suffisante les territoires aux frontières avec des ouvriers, paysans et artisans tchèques, afin que l’activité des entreprises continue et que les sols soient cultivés.

Aujourd’hui, on peut dire que cette tâche a été réalisée avec succès, car dans les territoires des Sudètes il y a déjà presque deux millions de Tchèques venus de l’intérieur du pays. La grande œuvre du peuplement a été rendu possible grâce à l’excellente activité du Parti Communiste ; sans le Parti cela n’aurait pas été possible.

Le Parti a montré une grande sagesse étatique dans la résolution de la question slovaque, c’est-à-dire dans le règlement des rapports nationaux entre Tchèques et Slovaques.

La manière avec laquelle le fascisme hitlérien a utilisé la question slovaque non résolue en 1938/1939 est connue ; elle avait comme but de séparer les Slovaques des Tchèques, par la formation d’un État – marionnette slovaque « autonome ».

Le peuple slovaque a cependant prouvé par son soulèvement en 1944 qu’il n’était pas d’accord avec cet « État » et ce régime, qu’il voulait ensemble avec le peuple tchèque la renaissance de la République tchécoslovaque.

Cela a donné la possibilité au Parti Communiste de faire triompher devant les autres partis et l’ensemble du peuple tchèque une résolution de la question nationale en apparence simple, en réalité cependant la seule juste : la reconnaissance que les Slovaques forment une nation tout comme les Tchèques, que la Tchécoslovaquie libérée doit être un État de deux nations avec les mêmes droits, que les Slovaques gouvernent en Slovaquie et les Tchèques dans les régions tchèques, et que chaque question d’État qui concerne la République commune doit être résolue dans un mutuel accord.

Six années d’occupation et la guerre hitlérienne ont causé de lourds dégâts économiques à la Tchécoslovaquie. Rien que les dégâts directement provoqués par la guerre, même s’ils sont bien moins importants que dans d’autres pays (comme la Pologne, la Yougoslavie), concernent 50 milliards de couronnes ; les dégâts relevant du pillage économique concernent une somme par contre éminemment plus grande.

La reconstruction de l’économie a été un des principaux problèmes de la République libérée. Et le Parti Communiste a été en première ligne également dans cette tâche. Il a expliqué aux masses que les difficultés économiques ne pourraient être surmontées que par le travail impliqué et plein de sacrifices de toute la nation. Que ce n’est que par le travail qu’il serait possible d’en revenir au niveau de vie d’avant-guerre.

L’initiative du Parti a été de mobiliser, pour une participation de toutes leurs forces à la reconstruction économique, les organisations syndicales, les conseils d’entreprises, les commissions nationales, le associations paysannes, les associations de jeunesse.
Un mouvement stakhanoviste s’est développé dans les mines, dans beaucoup d’entreprises se sont formées des commissions de productions avec les ouvriers et les ingénieurs, des centaines de milliers de travailleurs ont travaillé bénévolement le dimanche.

Par une réforme monétaire déterminée et par une régulation des prix et salaires, l’inflation fut évitée et le salaire réel maintenu. De tous les pays d’Europe centrale et d’Europe du sud-ouest, la Tchécoslovaquie est au premier rang en ce qui concerne la reconstruction de l’économie.

Par le vote de confiance obtenu par le Parti Communiste aux élections parlementaires ont été encore renforcés sa position de plus fort parti du peuple travailleur et de parti guide du gouvernement et de l’État. Ce n’est pas immérité. Cela a été conquis par un travail exemplaire pour le peuple travailleur, pour l’ensemble de la nation et pour la République.

Aux yeux des masses populaires, le Parti Communiste est aujourd’hui la force qui permet la réalisation du développement démocratique continu de l’État, la sécurité de la République, l’ordre démocratique et une vie meilleure pour toutes les couches du peuple travailleur. Pour le Parti, il n’y avait ainsi aucune obligation de modifier les fondements de sa politique et de son programme après les élections.

Il propose toujours le maintien et le renforcement du Front National qui est l’expression politique pour le Bloc social des ouvriers, des paysans, des artisans et commerçants et des intellectuels.

Ce bloc, qui s’est développé dans la lutte de libération nationale, a fait ses preuves lors de la première année de la République, et il est nécessaire de le maintenir dans la période de reconstruction. Le nouveau gouvernement formé après les élections parlementaires est de nouveau un gouvernement du Front National, établi sur la base d’un programme concret, que réaliseront ensemble tous les partis présents au gouvernement.

Le nouveau programme gouvernemental est un développement prolongé du premier programme, du programme de Kosice, et contient les points fondamentaux suivants : Un plan de deux ans de reconstruction économique de la République, la modernisation et la décentralisation de la construction administrative étatique où les commissions nationales doivent obtenir encore plus de droits, la réalisation d’une réforme fiscale, la continuation de l’épuration dans la vie publique, l’organisation accélérée de l’économie nationalisée et l’élaboration des éléments essentiels d’une nouvelle constitution afin d’ancrer les conquêtes et progrès de la démocratie populaire jusque-là.

Il y a au sein du Front National un travail en commun très étroit entre le Parti Communiste et le Parti Social-démocrate.

Les deux partis incarnent l’influence de la classe ouvrière dans le Front National, et par leur travail en commun amical et étroit ils amènent à faire adéquatement valoir le pouvoir et l’influence de la classe ouvrière. La classe ouvrière tchécoslovaque a compris qu’il fallait mettre en place des rapports tels avec les autres couches populaires, en particulier à la paysannerie et les travailleurs intellectuels, que soient renforcées les relations amicales qui se sont produites pendant la guerre.

Les intérêts de la classe ouvrière ne sont nullement opposés aux intérêts des autres couches travailleuses. La classe ouvrière ne s’est pas limité à représenter ses intérêts de classe, mais a également représenté les exigences de la paysannerie, des artisans et commerçants, des intellectuels et au-delà de l’ensemble de la nation et de l’État.

Elle a prou vé qu’elle représente les intérêts du peuple et de l’État de meilleure manière que la classe dominante précédente. La réaction avait une longue expérience de gouvernement.

La classe ouvrière n’avait pas une chose telle. Mais elle a appris à gouverner et elle a très rapidement appris. Et, aujourd’hui, la classe ouvrière tchécoslovaque, ensemble avec les autres couches populaires travailleuses, conduit l’État de manière meilleure que nulle part ailleurs la bourgeoisie.

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