Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • DHKP/C – Pour l’instauration du pouvoir populaire

    Devrimci Halk Kurtulus Cephesi (Front Révolutionnaire de Libération du Peuple)
    Pour l’instauration du pouvoir populaire

    « Nous nous battons pour la libération de nos peuples, des nations turque, kurde, et de toutes les autres nations, pour la justice, l’égalité, la dignité dans la vie. »
    JUIN 1997

    LE BUT SUPRÊME DE NOTRE PARTI

    Notre parti a adopté la théorie du monde marxiste-léniniste et lutte dans ce sens. L’objet suprême du DHKP (Parti Révolutionnaire Populaire de Libération), est la création d’une société sans classes, sans exploitation.

    Pour le présent, notre objectif intermédiaire est d’instaurer le Pouvoir Populaire Révolutionnaire, le pouvoir de toutes les forces populaires, contre l’impérialisme et l’oligarchie.

    LE CARACTÈRE DE NOTRE RÉVOLUTION

    Notre révolution a un caractère anti-oligarchique et anti-impérialiste. Il résulte de l’analyse des conditions économiques, sociales et politiques dans notre pays. Le système politique au pouvoir n’est pas féodal, mais «capitaliste». Un système capitaliste, toutefois, qui ne s’est pas développé par sa propre dynamique, comme aux États-Unis, au Japon et en Europe, mais qui s’est formé et développé conséquemment à l’impérialisme, et par le biais de la dépendance. C’est pour cette raison que notre pays a été touché de manière intolérable par la crise impérialiste, comme, l’a été, par ailleurs, chaque pays néo-colonisé.

    La classe dominante de notre pays, la bourgeoisie monopoliste, a été le principal allié de l’impérialisme. Les collaborateurs de l’impérialisme sont ceux qui dès le départ se sont identifiés à lui, ceux qui soutiennent les monopoles et la bourgeoisie.

    Pour assurer la continuité du système exploiteur, au niveau politique, économique et idéologique, la bourgeoisie monopoliste, est obligée de collaborer avec des « éléments pro-capitalistes » (propriétaires fonciers, affairistes et marchands).

    Les classes opprimées par ce système exploiteur à outrance, sont en premier lieu la classe ouvrière, puis les paysans pauvres, et la petite-bourgeoisie de la campagne et de la ville.

    Les forces politiques et sociales qui empêchent le développement des forces productives, sont l’oligarchie et l’impérialisme. Ce bref résumé explique le type et en montre le caractère de notre révolution.

    LE SENTIER DE LA LIBERTÉ

    Notre pays, où règne un capitalisme dégénéré, dépendant économiquement et politiquement de l’impérialisme est gouverné par un régime fasciste, qui a, depuis toujours, réprimé les luttes des masses pour la justice et l’égalité des droits, en les noyant dans le sang. Les organisations et partis politiques qui existent et fonctionnent dans ce système, ont été créés par celui-ci pour le renforcer, et étouffer toute politisation des luttes populaires, susceptibles de le contester.

    Ce système essaie d’éliminer toute forme d’opposition à l’exploitation sauvage de l’oligarchie et de l’impérialisme de la part des masses, et si nécessaire en recourant à des massacres massifs.

    L’hégémonie économique et politique de Impérialisme dans notre pays s’étend à tous les niveaux. Il contrôle et dirige le régime collaborateur.

    Dans notre pays, soumis à l’impérialisme et gouverné par le fascisme, il n’est pas possible de changer la forme de gouvernement par des procédés électoraux. C’est pourquoi, notre parti pense que la seule manière de renverser le pouvoir fasciste, contrôlé et dirigé, par l’impérialisme et l’oligarchie, est la lutte populaire armée.

    La lutte armée du peuple, sous la direction du Parti Révolutionnaire Populaire de Libération – Front (DHKP/C), s’étendra dans les régions urbaines et à la campagne, où la propagande armée l’aura, déjà, précédé.

    Celle-ci se renforcera et se développera en guérilla, créant en parallèle une armée partisane. Conjointement au mouvement populaire grandissant, qui organisera des soulèvements populaires locaux, une armée populaire sera créée, qui détruira l’État oligarchique et instaurera le pouvoir populaire révolutionnaire.

    Notre parti prévoit en première phase de cette guerre populaire, une guerre de guérilla d’avant-garde, s’appuyant sur la propagande armée.

    La lutte armée est la principale, mais pas la seule méthode de poursuivre la guerre populaire. Cette lutte est conduite selon les principes de la Stratégie de la Lutte Armée Politisée (PASS), qui correspond aux conditions de notre pays.

    La base de la lutte révolutionnaire est la guérilla urbaine et rurale. Parallèlement à la guérilla, les droits et les libertés populaires deviennent des objets de lutte et de revendication à court terme.

    Toute forme de déviation ou de dégénérescence de la révolution sera combattue au niveau idéologique. Tandis que le parti se bat quotidiennement pour les droits économiques et dé- mocratiques du peuple, il déclare en même temps que la libération finale ne peut être atteinte ainsi et souligne son intention de conquérir le pouvoir.

    La méthode de revendication, économique et démocratique, est subordonnée au combat armé qui renforce la lutte populaire.

    Le but de la guerre populaire est la destruction du pouvoir économique et politique de l’impérialisme, de l’oligarchie et de l’État fasciste, et l’instauration du pouvoir populaire révolutionnaire.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire est le pouvoir révolutionnaire de toutes les classes et les couches populaires, à l’exception de l’oligarchie et de l’impérialisme.

    LES CLASSES SOCIALES ET LES COUCHES POPULAIRES

    Dans la lutte pour l’instauration du pouvoir populaire révolutionnaire, notre parti s’appuie principalement sur les forces suivantes : En premier lieu sur la classe ouvrière, puis sur les agriculteurs extrêmement pauvres, les petits producteurs des villes et de la campagne, les petits commerçants, fonctionnaires, artisans, étudiants, intellectuels et sur tous ceux qui n’ont pas perdu le sens des valeurs nationales, ceux qui désirent l’indépendance de notre pays et la liberté de notre peuple, et sur tous ceux qui sont opposés à l’exploitation et à l’oppression.

    LES FORCES À L’ÉTRANGER, SOLIDAIRES DE NOTRE RÉVOLUTION

    Notre révolution affectera directement la région du Moyen-Orient, les Balkans et les pays asiatiques proches. C’est pour cela que les amis et les alliés de notre révolution sont, pour la plupart, des prolétaires de ces pays. Mais aussi dans d’autres pays du monde apparaissent des nouveaux amis et alliés, issus des nouvelles dynamiques socialistes : prolétariat, opinion révolutionnaire et démocratique, mouvements sociaux et de libération, après la chute du révisionnisme dans certains pays.

    LES ENNEMIS DU PEUPLE DANS CE COMBAT

    En premier lieu l’impérialisme des États-Unis d’Amérique et toutes les autres forces impérialistes, et leurs bases militaires, économiques et politiques, leurs représentations et les centres de leurs services secrets, installés sous la couverture d’aide entre les États.

    Ceux qui soutiennent les monopoles et les grands entrepreneurs, les spéculateurs, les grands propriétaires fonciers et leur forces armés privées.

    Les organes de répression de l’État, l’armée, la police, les services secrets, la contre-guérilla et les villageois-mercenaires à la solde de l’État.

    Tous les partis politiques qui ont occupé une place dans les structures de l’oligarchie et qui soutiennent le régime : qu’ils soient des fascistes ou qu’ils cherchent à s’opposer à la lutte pour le pouvoir populaire révolutionnaire.

    Toutes les institutions d’État et privées qui soutiennent l’impérialisme et l’oligarchie et qui sont utilisées comme moyens pour contrer la lutte révolutionnaire.

    Tous les agents, traîtres, informateurs et provocateurs, et leurs organisations qui aident le ré- gime à s’opposer à la lutte révolutionnaire.

    Alors que le Parti Révolutionnaire Populaire de Libération (DHKP) se bat contre ces ennemis du peuple, il s’efforce d’attirer dans ses rangs, ou au moins de neutraliser, les couches populaires trompées et désorientées par l’ennemi, ou victimes de leurs intérêts à court terme.

    Le parti essaie d’élargir le front populaire et de l’unir contre les ennemis du peuple.

    LA MISSION DU POUVOIR RÉVOLUTIONNAIRE DU PEUPLE

    Comme les peuples les plus opprimés et exploités de la terre, nos peuples kurde, turque et de toutes les autres nationalités, sont exploités et opprimés par l’impérialisme et ses organes, les classes dominantes collaboratrices. La dépendance à l’impérialisme n’est pas un fait nouveau.

    Celle-ci a commencé à l’époque de l’empire Ottoman sous la forme de colonialisme classique, et s’est poursuivie au début du 20ème siècle avec le colonialisme impérialiste. Les peuples qui vivaient sous l’empire Ottoman étaient devenus objets de l’exploitation impérialiste jusqu’à leur dernière goutte de sang. Ils ont été opprimés militairement, politiquement et culturellement. Dans les années qui ont suivi la Première Guerre Mondiale, l’Anatolie a été occupée par suffisamment d’États impérialistes. C’est alors que la colonisation et l’oppression impérialistes se révélèrent dans la réalité.

    De plus, l’impérialisme, selon sa devise de « diviser pour régner », a semé la haine et la discorde entre les peuples et les nationalités qui vivaient en Anatolie, qui ont été incités à se « battre les uns contre les autres ».

    Cette dépendance vis à vis de l’impérialisme s’est arrêtée un laps de temps, pendant la guerre de libération, menée par l’union fraternelle des peuples des nations d’Anatolie.

    La petite-bourgeoisie, la classe sociale à la tête de ce combat pour la libération nationale, a décidé cependant de se ranger du côté du capitalisme ; cela était dû à son caractère et par le fait que l’impérialisme avait réussi à dominer et serrer sa poigne sur le monde, hormis l’Union Soviétique. Il avait suffisamment de force pour opprimer des pays qui avaient réussi à se libérer. C’est pour cette raison que dans notre pays a recommencé, après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau processus de colonisation, qui s’est accéléré les années suivantes.

    Le résultat a été que notre pays est devenu un gendarme à bon marché pour l’OTAN, et en particulier pour les E-U. Des centaines de bases militaires ont été construites dans notre pays, et notre armée mise sous les ordres des E-U et de l’OTAN. Les gouvernements pouvaient exister seulement s’ils avaient l’aval des E-U et sont devenus des instruments pour les fins politiques et économiques de l’impérialisme.

    La soumission politique a été complétée par l’asservissement économique. Les centres économiques impérialistes comme le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et l’Organisation de Coopération et de Développement Économique déterminent le cadre économique de notre pays néo-colonisé.

    La culture impérialiste s’est imposée de manière sournoise au détriment de notre propre culture.

    Tout a été affecté par la surpuissante sous-culture de consommation impérialiste, la musique, le cinéma, la presse, la télévision et même la manière de penser des personnes, à tous les échelons sociaux.

    L’occupation camouflée et l’exploitation ouverte de notre pays par l’impérialisme, s’appuie sur l’oligarchie et l’État fasciste. La minorité collaboratrice des exploiteurs fournit les caïds au service de l’impérialisme. Pour avoir leur part du gâteau trempé du sang de notre peuple, ils collaborent avec l’impérialisme et vendent le pays tout entier avec ses biens, ses valeurs culturelles, sa dignité, son indépendance nationale et même la vie de ses habitants.

    Dans notre pays l’État avec son armée, sa police, ses mécanismes administratifs et centres idéologiques, est l’instrument de la répression impérialiste et oligarchique.

    L’État fasciste est une arme de contrôle des intérêts de l’impérialisme et de l’oligarchie, maintenant les travailleurs en otage par le terrorisme, l’intimidation et la démagogie.

    Cette arme mortelle est tournée essentiellement contre le mouvement armé marxiste-léniniste et contre tout mouvement progressiste, patriotique et démocratique.

    Notre pays est sous occupation impérialiste par l’intermédiaire de l’État fasciste. Par la révolution anti-impérialiste nous allons mettre fin à ce régime sanguinaire d’exploitation, et nous instaurerons le pouvoir populaire. Le pouvoir populaire réalisera les changements révolutionnaires et démocratiques.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire et la dé mocratie populaire

    Le pouvoir populaire révolutionnaire renversera l’État fasciste, instrument répressif de l’impérialisme et de l’oligarchie, ainsi que son armée, sa police, sa bureaucratie, ses institutions idéologiques, culturelles et de toutes autres sortes.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire érigera une nouvelle forme de structure étatique sur les ruines de l’ancien système.

    Cet État ne sera pas bourgeois, mais mis sous l’hégémonie du prolétariat. Ce sera une démocratie pour les forces du peuple et une dictature pour l’oligarchie et les forces de l’impérialisme. L’État ne se détournera pas de la société, mais s’adaptera aux conditions internes et externes en vigueur.

    Bien que l’hégémonie du prolétariat soit sa caractéristique fondamentale, le pouvoir populaire révolutionnaire sera la souveraineté simultanée des toutes les classes et couches sociales du peuple. C’est pour cela que la lutte de classe du prolétariat et des autres classes et couches laborieuses qui souhaitent poursuivre la révolution vers le socialisme dans le cadre du pouvoir populaire, est inévitable.

    Cette lutte sera engagée contre toutes les forces conservatrices qui cherchent à mettre un terme au progrès de la révolution. Ce combat peut adopter différentes méthodes et pratiques, selon l’équilibre de forces premièrement internes et deuxièmement externes.

    Au sein de la démocratie populaire, le peuple votera, supervisera et révoquera ses représentants à tous les organismes sociaux et politiques. Ce principe n’a aucun rapport avec la démocratie bourgeoise gouvernée par un parti bourgeois. Démocratie populaire signifie : au- todétermination du peuple.

    Le parti du prolétariat, la force dominatrice de la révolution anti-impérialiste et anti-oligarchique, occupera aussi une place dirigeante au sein du pouvoir populaire révolutionnaire.

    Les partis et les organisations qui ont fait partie du Front Révolutionnaire Populaire de Libération (DHKC) représentant d’autres forces populaires, auront eux aussi une place, selon leur importance, dans la démocratie populaire.

    La plus haute instance représentative et décisionnelle sera le Parlement Populaire. Les membres de celui-ci seront élus par des élections libres. Le peuple pourra, au moyen d’élections, à tout moment, révoquer les représentants de sa région.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire transférera au peuple et à ses forces organisées la surveillance et le contrôle sur les mass-media. Ces derniers seront mis au service de la révolution et du peuple, contribuant aux domaines de l’éducation, de l’orientation professionnelle et de la culture.

    En plus, ils serviront aux activités à contenu idéologique des organisations sociales du peuple.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire abolira toutes les restrictions qui entravent le syndicalisme des forces populaires. Le droit de se syndiquer dans le secteur ouvrier, socioculturel et politique, sera assuré à toutes les classes et couches populaires, aux agriculteurs, aux fonctionnaires, aux artisans, aux femmes, à la jeunesse et à toute la classe ouvrière. Ces organisations seront soutenues et protégées.

    Toute organisation et activité, hostile à la révolution sera punie impitoyablement.

    Pour les forces de l’oligarchie et de l’impérialisme il n’y aura aucune marge de liberté de manoeuvre.

    Les représentants de l’État qui ont violé les principes de la révolution, tous les oppresseurs du peuple, les tortionnaires, les fascistes et les agents de l’impérialisme seront punis.

    Tous les prisonniers politiques seront libérés, à l’exception des fascistes, des tortionnaires et de tous ceux qui ont violé les principes de la révolution et les droits du peuple. Aux prisonniers pour crimes de droit commun, commis en raison de la dégénérescence de leurs valeurs idéologiques et politiques à cause du capitalisme, sera accordée une amnistie et ils réintégreront la société.

    La défense populaire et l’armée populaire révolutionnaire

    Le pouvoir populaire révolutionnaire abolira l’armée fasciste et les forces spéciales de sécurité nationale, aussi bien que les services secrets, la police et les forces spéciales de contre- guérilla qui fonctionnent sur la base d’une discipline de conditionnement d’esclaves, animés d’idéologies conservatrices, dont l’objet est de soutenir les intérêts des impérialistes et de l’oligarchie. Le pouvoir populaire révolutionnaire tirera sa force du peuple en armes pour dé- fendre les intérêts de la révolution et du peuple, contre tout ennemi interne ou externe.

    La défense populaire sera assurée principalement par une partie du peuple en armes, de l’armée populaire révolutionnaire, dont la lutte révolutionnaire sera renforcée. Sa force et sa source sera le peuple. Ce sera une arme de défense qui protégera la révolution contre toutes sortes de sabotages contre-révolutionnaires et d’attaques impérialistes.

    L’armée populaire révolutionnaire ne sera pas soumise comme les esclaves du système fasciste, mais agira dans un esprit de solidarité entre camarades et de discipline à l’égard des autorités révolutionnaires, en pleine conscience des intérêts de la révolution et des devoirs internationalistes.

    L’armée populaire révolutionnaire ne consommera pas uniquement, elle sera aussi productive, elle aussi produira. Sans négliger son rôle principal, elle prendra part aux activités de production du pays et fera partie du peuple.

    Tant que l’impérialisme existera dans le monde, une armée populaire équipée d’armes et de systèmes modernes est indispensable. Son entraînement et son armement suivront la technique de pointe des besoins militaires.

    L’armée populaire révolutionnaire est une forme d’organisation particulière du peuple armé. En plus, le peuple armé formera une garde populaire, des services de renseignement et des forces de sécurité nationales. Ces organisations défendront les intérêts de la révolution sous la surveillance des organes politiques de la démocratie populaire.

    Les relations internationales et la politique extérieure

    Un terme sera mis à toute relation qui implique la dépendance politique, économique ou militaire, vis à vis de l’impérialisme. Ce qui est recherché avant tout, est l’indépendance de notre pays. Une politique d’indépendance sera exercée dans les relations internationales.

    Toutes les relations avec des institutions économiques néocolonialistes comme le FMI, la Banque Mondiale et l’OCDE seront interrompues.

    Notre pays se retirera de tous les pactes impérialistes internationaux agressifs, en premier lieu de l’OTAN. Tout accord bilatéral avec les impérialistes ayant des objectifs agressifs sera déclaré nul. Les bases militaires des E-U et de l’OTAN seront confisquées au nom du peuple. L’équipement militaire et les créances qui constituent une forme nouvelle de dépendance, ne seront pas recevables.

    Nos relations internationales ne seront pas dictées par un pragmatisme sans principe. La politique étrangère du pouvoir populaire révolutionnaire évoluera sur la base de relations de fraternité, de solidarité et d’amitié entre les peuples. Ses principes seront défendus et mis en pratique. Le pouvoir populaire révolutionnaire sera sans aucun doute le défenseur de l’indépendance des nations.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire développera des relations sur la base de l’égalité et selon les principes de l’amitié et du respect réciproque avec tous les pays, en particulier avec les pays voisins.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire résistera à la politique de « diviser pour régner » de l’impérialisme et défendra les droits des peuples de Turquie et de Grèce dans l’Égée.

    Pour réussir la coexistence pacifique et fraternelle des deux peuples, le pouvoir populaire révolutionnaire s’occupera – sans préjugé et sur la base de l’amitié et de la fraternité – de résoudre ces problèmes et de faire que l’Égée soit une mer de paix, dont les deux peuples pourront se servir librement.

    De l’autre coté le pouvoir populaire révolutionnaire résistera résolument contre les ambitions de transformer Chypre en base impérialiste, et retirera immédiatement l’armée d’occupation turque. Elle pourvoira toutes formes de soutien pour l’existence d’une Chypre indépendante et démocratique où les peuples grec et turc vivront fraternellement.

    Aussi le droit d’autodétermination du peuple de l’île sera défendu sans aucune concession. Le pouvoir populaire révolutionnaire fera preuve de solidarité envers les États socialistes et anti-impérialistes, mouvements de libération nationale et mouvements progressistes prolétaires dans les pays capitalistes, et ne fera au- cune concession concernant la défense du principe de fraternité entre les peuples.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire résistera aux attaques impérialistes contre les peuples du monde. Au niveau international il adoptera une politique de dénonciation des intentions de l’impérialisme et de la réaction.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire est convaincu que la paix en réalité n’est possible que si l’impérialisme disparaît de la face de la terre. A cette fin il soutiendra de toutes ses forces les luttes pour l’indépendance des peuples opprimés. Le pouvoir populaire révolutionnaire sera une base de combat dans la lutte contre l’impérialisme et défendra avec vigueur et insistance les principes de l’Internationalisme et l’exprimera par les actes.

    La liberté pour le peuple kurde

    La classe dirigeante niait pendant des années l’existence du peuple kurde et se sert de toutes les méthodes pour l’anéantir. Les soulèvements des Kurdes pour leurs droits nationaux ont été étouffés par la violence et la terreur. Avec pour objet l’anéantissement complet du peuple kurde, une intégration politique a suivi l’utilisation de la terreur, les lois de déplacement forcé et d’intégration culturelle. Le peuple kurde subit toutes sortes de répressions nationales.

    Dans ces circonstances il est du devoir des marxistes-léninistes de promouvoir la confiance entre les peuples, de combattre la répression nationale et unir tous les membres de la classe ouvrière – et en premier lieu le prolétariat – des nations kurde et turque et de toutes les autres nations, contre l’impérialisme et l’oligarchie.

    Atteindre ce but n’est pas seulement une question de lutte révolutionnaire contre l’impérialisme et l’oligarchie, c’est également une création considérable de confiance entre peuples dans la lutte contre le chauvinisme : celui de la nation qui oppresse et celui de la nation opprimée. Ceux qui ont la force de remplir cette tâche sont les prolétaires kurdes et turcs. Alors que la révolution anti-impérialiste et anti-oligarchique se déroulera sous l’hégémonie du prolétariat, il faudra aussi résoudre la question nationale du peuple kurde et il ne serait pas question d’accepter de nouveau que l’on sème les graines du chauvinisme et du nationalisme.

    La révolution populaire anti-impérialiste, anti-oligarchique abolira la base sociale de l’oppression sociale, elle mettra un terme à la domination de l’impérialisme et de l’oligarchie et créera une base objective pour le droit à l’autodétermination des peuples. Sans la destruction et la prise du pouvoir central, aucune nation ne peut gagner sa liberté.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire résoudra la question nationale selon les principes de l’autodétermination des peuples.

    Elle assurera le droit à l’autodétermination de la nation kurde, et cela comprend aussi le droit à la sécession.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire est de l’avis que les nations devraient être unies sous l’égide d’un seul État – tout en préservant le droit de créer leur propre État – plutôt que d’avoir des États séparés, indépendants. La séparation des nations en beaucoup de petits pays conduirait leurs classes ouvrières à l’assujettissement aux préjugés bourgeois, qui nuirait gravement à la confiance entre les peuples et conduirait à l’affaiblissement des peuples face à l’impérialisme. En plus, cela est une solution révolutionnaire que de les réunir sous l’égide d’un seul État central, pour qu’un terme soit mis au retard économique et politique de la nation opprimé et que l’égalité soit réalisée de façon efficace.

    Cela aussi répond aux intérêts des deux nations de former une force unie contre l’impérialisme.

    Au cas où la nation kurde revendiquerait la création d’un État indépendant sur une base nationale, malgré l’existence de la solution révolutionnaire, le pouvoir populaire révolutionnaire soutiendra ce choix, à condition que la nation kurde ne soutienne pas l’impérialisme et contre les intérêts du prolétariat kurde ou turque, ni des deux nations.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire prendra toutes les mesures nécessaires pour le développement économique, social et culturel, de la nation kurde, avec pour objet de mettre en fin à l’inégalité, résidu de l’ancien régime. Le développement économique, social et culturel du Kurdistan sera une question prioritaire.

    Des mesures particulières seront mises en oeuvre pour les réaliser. Le pouvoir populaire révolutionnaire soutiendra la revendication pour l’unité de la nation kurde obligée de vivre dans des pays différents, dans l’intérêt du prolétariat et du peuple, et considère cette lutte comme un pas significatif vers la révolution au Moyen Orient. Il se battra pour cela à tous les niveaux : politique, diplomatique et militaire.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire garantira aux minorités nationales (Arabes, Grecs-pontiques, Géorgiens, Arméniens) leurs droits sociaux et culturels, et aussi la protection et la promotion de leurs langues et de leurs cultures.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire combattra toutes les activités contre-révolutionnaires et aussi les activités qui entravent le progrès vers une solution révolutionnaire de la question nationale, comme le nationalisme petit-bourgeois et bourgeois.

    Se basant sur l’hégémonie et le dynamique du prolétariat révolutionnaire, il essayera de convaincre la petite-bourgeoisie et de combattre ses préjugés nationaux. Le nationalisme ne conduit pas les nations à la liberté.

    La Justice Le pouvoir populaire révolutionnaire établira un nouveau système judiciaire sur les ruines de l’ancien système pourri qui a défendu les intérêts de l’impérialisme et de l’oligarchie. Ce nouveau système défendra les intérêts de la révolution et du peuple.

    En commun avec le peuple, un système pour dispenser la justice sera établi qui assurera aux citoyens la participation et la collaboration à toutes les décisions.

    Le nouveau système judiciaire fera des assignations en justice, ordonnera des interrogatoires et punira tous les litiges ou actes criminels. Il agira en fonction des valeurs révolutionnaires et des droits sociaux. Le nouveau système imposera une dictature aux dépens des contre-révolutionnaires. Tout contre-révolutionnaire découvert sera puni. La procédure judiciaire sera gratuite aux citoyens. Pour l’accusé le droit à la défense sera garanti.

    Comme une institution éducative, le système judiciaire, gagnera et réintégrera dans la société les personnes qui ont commis des actes criminels. Ils deviendront des personnes productives et consciencieuses. Ceux qui se rangent socialement seront libérés immédiatement quelle que soit l’importance de leur sentence.

    Des mesures de soutien à leur égard seront prises, pour qu’ils puissent vivre dans des conditions conformes à des êtres humains.

    Les prisons ne serviront plus à la destruction de la personnalité humaine. Toutes les pratiques inhumaines pratiquées dans les prisons seront interdites. Aucune forme de punition contraire à la dignité humaine ne sera commandée.

    Toutes les prisons seront nettoyés des traces du régime oligarchique qui s’appuie sur les tortures et les humiliations. Toutes les formes de torture seront interdites comme crimes contre l’humanité, et seront sévèrement punies.

    La révolution anti-impérialiste, anti-oligarchique mettra un terme à l’hégémonie économique de l’oligarchie et de l’impérialisme, parce que celle-ci met un frein au développement des forces productives et économiques du pays. Elle prendra les mesures nécessaires pour mettre au service du bien-être du peuple toutes les ressources de production et tous les biens, et rendre ainsi possible le libre développement des forces de production. Le pouvoir populaire révolutionnaire développera l’industrie lourde de manière à éliminer les effets négatifs de la déformation capitaliste et instaurera un système économique capable de répondre aux besoins fondamentaux du peuple.

    L’agriculture sera modernisée et intégrée aux besoins de l’industrie.

    Un système d’imposition juste, tenant compte des revenus des personnes, sera mis en place. Les bases seront créées pour un système économique socialiste qui mettra un terme à l’exploitation et fera de la libération finale une réalité.

    Dans certains endroits, là où les conditions le permettent, la transformation au mode socialiste de production, sera mise en oeuvre.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire prendra en considération les intérêts de toutes les classes et couches qui ont pris part à la révolution sous la direction du prolétariat. Le pouvoir populaire révolutionnaire est une étape transitoire dans le passage du capitalisme au socialisme. Le prolétariat démarrera la réalisation du socialisme à partir de ce stade transitoire.

    La transition au socialisme n’est pas un événement soudain mais un objectif qui s’achève avec le temps. En conséquence, cette phase transitoire ne peut pas être prédéterminée de manière mécanique. L’économie qui n’est pas de caractère socialiste au début, développera de telles caractéristiques en renforçant le rôle dirigeant du prolétariat. Les petites et moyennes unités de production se maintiendront encore assez longtemps, même dans une économie de caractère socialiste.

    Le commerce et l’industrie

    Tous les capitaux, les programmes, les entre- prises et les organismes, les établissements bancaires, toutes les propriétés agricoles, les centrales électriques et les barrages, tous les éléments mobiliers et immobiliers du patrimoine capitaliste et de l’oligarchie, seront confisqués et nationalisés.

    Les accords de coopération avec l’Union Européenne et les organismes d’exploitation capitaliste comme le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l’Organisation de Coopération et de Développement Économique, seront rompus. Toutes les dettes envers les pays capitalistes, banques et organismes, seront déclarés nulles.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire donnera au prolétariat le contrôle des unités de production confisquées. Le processus de production s’exercera avec une conscience socialiste et pour le bénéfice du peuple.

    Les activités contre-révolutionnaires, l’affairisme et l’exploitation, seront interdites. Les petites et moyennes unités de production maintenues pour un certain temps, seront transformées et renforcées conformément aux besoins de programmes économiques. La production se fera selon le programme établi par le pouvoir populaire révolutionnaire. La question de l’industrie lourde sera traitée en priorité lors de la mise en place de nouveaux programmes économiques. La production de biens de consommation ne sera en aucun cas négligée, et tiendra compte des besoins du peuple.

    Les inventions et les découvertes ne se- ront pas traitées de la même manière que le fait l’idéologie dominante capitaliste du profit, mais elles se conformeront aux besoins de plans économiques qui produiront le changement social.

    Pour réussir à redresser l’économie et de manière planifiée, des liens de coopération fraternelle seront noués avec les pays socialistes.

    Sous le contrôle du pouvoir populaire révolutionnaire et sans que cela donne lieu à des relations de dépendance et ne mette en danger l’indépendance nationale, des relations économiques pourront être entretenues avec les pays capitalistes développés.

    Toutes les institutions bancaires privées ou propriétés de l’État, seront confisquées et intégrées dans une banque nationale. La banque nationale sera au service des objectifs de l’économie planifiée et des besoins de la petite et moyenne production aussi bien que de l’agriculture socialiste. Le commerce extérieur sera contrôlé par le pouvoir populaire révolutionnaire.

    Le commerce intérieur sera structuré selon les besoins du peuple. La fraude, le marché noir et la spéculation seront interdits et punis sévèrement. Aucune mesure ne sera prise contre les petites et moyennes entreprises qui fonctionnement à l’avantage du peuple dans le cadre de l’économie planifiée, qui protègent les intérêts des travailleurs et qui ne soutiennent pas les contrerévolutionnaires.

    L’agriculture et l’élevage

    La terre et les moyens de production des grands propriétaires seront confisqués. Ainsi la taille des parcelles de terre sera déterminée chaque fois par rapport aux circonstances existantes. Les vestiges du féodalisme seront éradiqués complètement.

    Aux paysans sans terre et aux agriculteurs qui n’ont pas suffisamment de terre, seront attribuées des parcelles du domaine public à cultiver, sans pour autant que la propriété de l’État soit abolie. Une grande reforme agraire sera mise en oeuvre accompagnée d’une redistribution étendue de la terre. Les entreprises agricoles et les unités de production capitalistes seront confisquées et mis sous le contrôle du prolétariat rural et transformées en unités de production agricoles de grande taille.

    Ces grandes unités de production agricole, sous la direction du prolétariat rural, seront développées, avec le temps, selon le mode de production socialiste. La distribution des parcelles et l’organisation de la production coopérative se dérouleront simultanément.

    La terre cédée par le pouvoir populaire révolutionnaire, ne pourra ni être vendue, ni retransmise. Il sera interdit de louer la terre. La terre ne sera mise qu’à la disposition de ceux qui la cultiveront.

    Les dettes et les hypothèques des agriculteurs aux grands propriétaires, aux usuriers et aux banques seront prescrites.

    Les machines agricoles seront mises à la disposition des agriculteurs, en commun, de manière à faciliter la modernisation et l’augmentation de la récolte. Les crédits, les engrais, la semence, les médicaments agricoles seront fournis à des prix peu onéreux. Pour les produits agricoles, il y aura des prix de vente garantis d’avance qui seront fixés collectivement avec le peuple, tenant compte de la valeur des produits. Le pouvoir populaire révolutionnaire se chargera des questions de l’amélioration de l’infrastructure à la campagne.

    Les terres arides seront améliorées pour qu’elles deviennent propres à la culture, par apports de programmes spéciaux.

    Les troupeaux et les pâturages des grands propriétaires et des capitalistes, seront confisqués pour servir aux grandes unités de production agricole. Les petits éleveurs seront aidés avec des bêtes de reproduction, du fourrage et des pâturages.

    Ressources Naturelles Tous les gisements miniers et toutes les entreprises d’extraction minière appartiendront à l’État. Les autorisations et les droits des monopoles impérialistes pour la recherche et l’exploitation des minerais, seront abolis. La recherche et l’exploitation de la richesse minière seront sous le contrôle du pouvoir populaire révolutionnaire. Les forêts sont la propriété du peuple.

    Sur cette base le pouvoir populaire révolutionnaire veillera à ce que les agriculteurs soient en mesure d’utiliser les produits forestiers, et protégera les intérêts des bûcherons. Les sources de richesse naturelle comme les mers, les lacs et les rivières appartiennent au peuple.

    Les programmes capitalistes d’exploitation de ces sources de production de richesse seront nationalisés. Les affairistes et les escrocs seront chassés des entreprises existantes. Des petites unités de pisciculture seront renforcées et leur regroupement en plus larges unités, encouragé.

    La côte et les beautés naturelles

    Le pillage capitaliste des côtes sera terminé. Les entreprises et les complexes touristiques de la minorité qui envahissent les rivages, seront confisqués. La destruction des côtes par la construction de bâtiments sera arrêtée. Tous les rivages seront transformés et mis à la disposition du peuple.

    Les beautés naturelles (les parcs nationaux, les régions de verdure et les habitats protégés) sont le patrimoine de l’humanité. C’est pour cela que les régions de beauté naturelle de notre pays qui ont été détruites et désertifiées par le capitalisme, seront restaurés et protégées.

    Des programmes spéciaux seront mis en place pour développer les régions de beauté naturelle existants et en créer de nouvelles. Dans le régime oligarchique d’aujourd’hui, les travailleurs n’ont pas d’organisations sociales telles que syndicats, corporations et associations, pour protéger et promouvoir leurs intérêts. Les organisations existantes ont été dépouillées de leurs attributions. Les couches populaires n’ont pas leur avenir assuré et vivent dans la pauvreté.

    Le manque de travail, de toit et de biens essentiels de consommation opprime la population pauvre. Celle-ci est obligée de voler et de commettre des crimes. Même les personnes qui ont la chance de trouver un travail, sont confrontés à d’énormes difficultés pour assurer leur subsistance et trou- ver un toit.

    La classe ouvrière, la force révolutionnaire dirigeante n’a aucun intérêt et ne jouit d’aucune sorte de privilège de la part du régime au pouvoir. Les ouvriers ne sont pas assurés contre les accidents, ni ne sont organisés en associations syndicales, par peur d’être licenciés, ou alors sont organisés au sein d’associations contrôlées par leurs patrons et perçoivent des salaires dérisoires.

    Les politiciens sont contre les augmentations salariales, ils poussent à l’inflation, ils augmentent les impôts et les prix des biens de consommation et de cette façon exploitent les prolétaires encore plus. Tout cela est fait pour augmenter les profits des capitalistes, pour qu’ils puissent vivre dans l’opulence.

    Ceux qui ne sont pas capables d’assurer un travail dans les centres bourgeois ont créé des « boulots », comme ceux de concierge, de valet, de domestique et de vendeur ambulant. De cette façon des millions de personnes arrivent juste à vivre et à ne pas mourir de faim. Ils sont privés de toute couverture sociale et sont inquiets pour l’avenir.

    En comparaison aux économiquement miséreux, la situation de la petite-bourgeoisie est meilleure. Mais même la masse des petits-bourgeois devient l’objet d’une exploitation implacable de la part de l’impérialisme et de l’oligarchie. Les mécanismes de l’oppression capitalistes poussent cette masse vers la misère économique du prolétariat par les faillites. A travers le cadre du régime oligarchique, cependant, il existe des mécanismes de remplacement des membres déchus de la classe petite-bourgeoise.

    La majorité de la petite-bourgeoisie, constituée de petits patrons, des fonctionnaires et des employés, des docteurs et des avocats, des ingénieurs et des étudiants, maintient un lien avec le régime en place, mais en général elle n’est pas du tout satisfaite. Ces petits-bourgeois confrontés au danger de dégradation de classe se rangent du côté du prolétariat et du socialisme.

    Seulement, une petite partie, à laquelle est offerte la possibilité d’ascension sociale, surenchérit le maintien du régime au pouvoir.

    Mais la situation de la bourgeoisie et de la moyenne- bourgeoisie, qui n’ont pas réussi à intégrer la bourgeoisie monopoliste, est différente : En perdant la plus grande partie de la valeur ajoutée au profit de l’impérialisme et de l’oligarchie bourgeoise, elles essayent de compenser par la surexploitation de la classe ouvrière.

    Dans les entreprises à petite échelle les ouvriers subissent une exploitation inhumaine. Ils sont obligés de travailler dans les pires conditions et sont récompensés par les plus bas salaires. Ils sont privés de toute forme de couverture sociale et sont très souvent licenciés.

    Même si la moyenne-bourgeoisie peut continuer à exister grâce à la surexploitation des ouvriers, sa mission de représentant du capitalisme dans une néo-colonie comme la Turquie, est terminée. Elle a été transformée en loyal acolyte de la bourgeoisie monopoliste.

    Malgré son antagonisme vis à vis de l’impérialisme et de la bourgeoisie monopoliste, elle soutient le régime en place. Ce n’est qu’une petite partie d’elle-même, en péril de déclassement en section de la petite-bourgeoisie, qui accepte de soutenir la révolution, alors qu’une autre petite partie adoptera peut-être une attitude neutre. Le nombre de membres du prolétariat agraire dans les propriétés des grands capitalistes et de l’État augmente continuellement, résultat du développement du capitalisme dans le domaine de l’agriculture.

    Mais les prolétaires de la campagne travaillent sans aucune organisation, ni couverture sociale.

    Dans beaucoup d’exploitations agricoles les conditions d’existence des prolétaires agricoles ressemblent à celles du servage de l’époque féodale.

    Les agriculteurs dans la déchéance économique – les semi-prolétaires – sont la majorité dans les régions agricoles. Ils ont en leur possession une toute petite quantité de terre et sont par conséquent obligés de travailler quelques mois par an comme journaliers.

    Ainsi au Kurdistan, les travailleurs saisonniers dans des exploitations agricoles et les bûcherons, sont exploités dans des conditions féodales et font partie des paysans ruinés et miséreux. La petite-bourgeoise rurale est très répandue en Turquie. Ses membres possédant suffisamment de terres et de moyens de production pour à peine subsister subissent une exploitation multiforme.

    D’un côté ils sont exploités par l’État, par l’imposition, par les bas prix de leurs produits et la constante hausse du prix des engrais et des moyens de production. De l’autre coté les grands propriétaires terriens, les grossistes, les intermédiaires affairistes et les banques, oppriment les petits-bourgeois.

    C’est pour cela que la petite-bourgeoisie rurale vit dans les mêmes conditions de pauvreté que la petite-bourgeoisie urbaine. Beaucoup de membres de la petite-bourgeoisie régressent dans le prolétariat et sont remplacés par des nouveaux. Hormis une petite minorité qui à la possibilité de mon- ter dans l’échelle sociale, la petite-bourgeoisie rurale est mécontente, elle participera à la lutte révolutionnaire sous la direction du prolétariat. Il se peut que la couche sociale des petits propriétaires terriens soit gagnée au socialisme.

    La moyenne-bourgeoisie de la campagne et les riches propriétaires vivent de l’exploitation du prolétariat rural. Mais il existe entre eux des divergences et des conflits antagoniques aussi bien que des conflits avec les grands propriétaires et la bourgeoisie monopoliste. Malgré ce fait ils ne soutiendront pas la révolution, hormis certaines exceptions.

    Les classes et les couches sociales ci-dessus font l’objet d’exploitation par l’impérialisme et l’oligarchie. Le fossé social entre l’oligarchie et le peuple devient de plus en plus profond jour après jour. Cela peut être constaté par le nombre de chômeurs, des sans-abri, l’indigence, le relâchement des moeurs, la prostitution, la criminalité et la nécessité de vivre avec « quelque chose à manger et quelques vêtements ». La révolution anti-impérialiste et anti-oligarchique changera complètement cette situation sociale.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire favorisera toutes sortes de progrès sociaux et culturels du peuple, et mettra en oeuvre tous les efforts possibles pour améliorer le niveau de vie et d’éducation. Il réalisera les transforma- tions révolutionnaires nécessaires de manière à ce que chacun puisse jouir au même titre, des perspectives so- ciales.

    Les classes

    Le pouvoir populaire révolutionnaire dissoudra les organismes politiques et économiques de l’oligarchie (TUSIAD, TISK, TZOB etc.) et elle interdira le lock-out aux usines capitalistes qui continueront à exister.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire prendra toute mesure possible pour que la classe ouvrière – la classe dirigeante de la révolution anti-impérialiste, anti-oligarchique – puisse conduire et contrôler la production et la distribution des produits en provenance de toutes les usines, les mines, les centrales électriques, les propriétés de l’État et de toutes les autres unités de production. Par la politique de compensations salariales qui suivra, elle donnera la possibilité aux ouvriers d’améliorer leur niveau de vie et d’éducation.

    La possibilité sera donnée au prolétariat de s’organiser en syndicats, de créer des organisations sociales et économiques dans les villes et à la campagne. Il créera des conditions telles, que les horaires de travail puissent être aussi courts que possible, selon les conditions de l’époque. Des séminaires de formation professionnelle et de sensibilisation culturelle des travailleurs seront mis en place. Le droit de grève sera garanti.

    Le danger d’accidents dans les lieux de travail sera réduit par la prise de mesures adéquates. L’assurance sociale des travailleurs sera garantie.

    Pour ceux qui sont incapables de travailler la meilleure vie possible sera assurée. Le pouvoir populaire révolutionnaire oeuvrera pour résoudre les problèmes des travailleurs qui sont obligés d’émigrer à l’étranger. Il prendra toutes les me- sures nécessaires pour éradiquer les causes économiques et sociales de l’immigration. La main oeuvre infantile sera interdite.

    De la terre sera attribuée aux agriculteurs sans terre ruinés. Ils seront soutenus avec des moyens de production et des crédits. Des mesures seront prises de manière à ce que les millions de chômeurs et personnes économiquement ruinées soient en mesure de prendre part à la production. A tous ceux qui sont prêts à travailler et qui ne peuvent pas trouver un emploi malgré leurs recherches, des indemnités de chômage et une assurance sociale seront accordées.

    Les dettes des artisans dans les villes et la campagne, envers l’État, les banques et les grandes compagnies seront annulées. Les processus de production à petite échelle seront favorisés par des crédits, des moyens de production et des prix garantis à l’avance. Les droits syndicaux des artisans seront protégés et leur organisation en partenariat sera favorisé. Les intellectuels, les enseignants et ceux qui exercent des professions libérales (docteurs, ingénieurs, artistes et auteurs) qui travaillent pour l’intérêt du peuple, auront un soutien.

    Des instituts seront créés pour contribuer au changement social, au travers desquels ils pourront mettre en pratique leur capacité et leur expérience au bénéfice du peuple. Les intellectuels entreprendront une mission d’importance exceptionnelle, comme partie de la lutte pour la société de demain et la création de citoyens socialistes.

    La jeunesse

    Parce que le pouvoir populaire révolutionnaire est pleinement conscient du fait que les jeunes sont les créateurs de l’avenir, il leur fournira toutes les formes d’opportunité. L’objet étant de développer de jeunes gens en bonne santé, productifs et révolutionnaires, et dans ce but :

    Seront créés dans tout le pays des organisations de jeunesse qui s’occuperont de leurs problèmes et leur donneront l’opportunité de s’exprimer dans les questions politico-sociales du pays. Des possibilités seront créées pour le développement de relations et d’activités communes avec des organisations de jeunesse révolutionnaires d’autres pays au niveau international.

    Les jeunes obtiendront la possibilité de voter à l’âge de 18 ans et celle d’être élu, à l’âge de 21. La formation des jeunes sera un des plus grands soucis du pouvoir populaire révolutionnaire. Le système de formation sera structuré avec la collaboration de la jeunesse en vue d’encourager son dynamisme et sa créativité.

    Seront créées des perspectives pour le développement physique, intellectuel et culturel des jeunes. Le but étant de former des patriotes révolutionnaires sains d’esprit et créatifs, avec la foi en l’internationalisme et au fait que les peuples du monde sont des frères.

    A cette fin seront créés tous les bâtiments scolaires, gym- nases, stades et centres culturels, nécessaires. La jeunesse pourra exploiter toutes ses potentialités de développement.

    Les Femmes

    L’oppression économique, politique, sociale, coutumière et de toute autre sorte des femmes, cessera. Elles participeront dans la société comme des personnes respectées, de manière productive et créatrice. Leur rôle de citoyens de seconde classe cessera.

    Des mesures efficaces seront prises pour que les femmes réussissent leur prise de conscience sociale et leur organisation et l’extension de leurs activités dans la société. Leur participation sera assurée dans tous les secteurs de l’administration du pays.

    L’exploitation basée sur la discrimination sexuelle cessera. Les femmes et les hommes seront égaux à tous les niveaux sociaux. Des conditions sociales pour libérer les femmes du rôle de ménagère esclave non-rémunérée, seront créés. Il y aura égalité dans les faits entre les hommes et les femmes.

    Il ne sera pas permis que les femmes soient utilisées comme objets de publicité ou de consommation à cause de leur sexe. Toutes les maisons closes, officielles ou non, seront fermées. Le fondement économique et social de la prostitution sera aboli. La valeur et la dignité des femmes seront promues.

    Le code éthique capitaliste qui rabaisse la dignité des femmes et les considère seulement comme des objets sexuels, sera aboli. A sa place la nouvelle société créera un nouveau système de valeurs morales, basé sur l’amour et le respect.

    Les conceptions traditionnelles féodales qui empêchent le développement des femmes, seront combattues. Il y aura une lutte pour le processus démocratique à l’intérieur de la famille. Cependant que les caractéristiques positives de la famille, établie selon les valeurs culturelles et morales de notre société, seront protégées, l’indépendance économique des membres de chaque famille, sera un objectif à atteindre.

    Toutes formes de relations basées sur l’entre- tien et la dépendance économique cesseront. Toutes les mesures seront prises pour le renforcement de la famille, qui partage les intérêts de la société, et considère la famille comme une plus petite unité de la nouvelle société basée sur la sincérité, l’honnêteté, l’amour et le respect réciproque.

    En reconnaissance du fait que de porter et d’élever des enfants est une mission sociale, des crèches et des garderies seront créées. Les épaules des femmes seront allégées du poids obligatoire du ménage, celui-ci étant reconnu comme fonction sociale. De ce fait les femmes auront la possibilité de participer à la production.

    L’éducation

    Le pouvoir populaire révolutionnaire prendra en compte le rôle stabilisateur de l’éducation dans le changement politique et social et dans le développement de la société. Sa politique d’éducation visera le développe- ment accru des forces de production et de la créativité des hommes.

    C’est pour cela que :

    Le système éducatif individualiste, réactionnaire et fasciste sera aboli et un système collectif, patriotique et révolutionnaire d’éducation sera créé, où chacun aura la possibilité d’être éduqué dans sa langue maternelle.

    Une campagne massive sera lancée pour combattre l’analphabétisme. Le but de cette campagne n’est pas seulement l’apprentissage de la lecture, mais aussi l’amélioration du niveau de culture et d’instruction de la population.

    L’éducation primaire et secondaire des enfants sera institutionnalisée pour tous les enfants.

    Toute forme de privilège dans l’éducation cessera. Les institutions éducatives privées seront fermées. L’éducation sera fournie gratuitement à tous les niveaux. L’éducation dans les régions urbaines et rurales sera basée sur la recherche scientifique. Dans toutes les écoles, depuis les études secondaires jusqu’aux instituts universitaires et aux collèges des hautes études, l’éducation s’orientera vers la production, pour former des personnes selon les besoins de la nouvelle société.

    Pour atteindre cet objectif, des programmes accélérés seront mis en place. L’éducation sera traitée comme un ensemble avec des caractéristiques intellectuelles, physiques, psychologiques et techniques. Chaque jeune aura le droit à l’éducation universitaire et la possibilité d’y accéder. Les universités et les collèges seront réorganisés de façon à ne plus servir les classes des exploiteurs, mais le peuple.

    Les enfants provenant des familles ouvrières et paysannes auront la priorité à l’entrée aux universités et aux collèges de hautes études. Des universités populaires seront créées.

    Santé et assurance sociale

    Le pouvoir populaire révolutionnaire considère comme un fait que la santé et la vie en sécurité, constituent des droits fondamentaux de l’Homme depuis sa naissance, et fera, par conséquent, toutes les recherches possibles pour la santé et pour l’assurance sociale du peuple. Pour cette raison les mesures suivantes seront prises :

    La santé publique qui a été, jusqu’à présent, traitée comme un produit commercial, sera placée au-dessus de tout. Les services sanitaires seront dispensés à tous gratuitement.

    Cela est une question de toute première importance pour le pouvoir populaire révolutionnaire.

    Un programme spécifique de formation complémentaire sera mis en oeuvre pour accroître la sensibilisation sociale par rapport à la santé.

    Tenant compte des inégalités dans l’accès aux soins médicaux, des instituts hospitaliers pleinement équipes seront construits dans tout le pays. Les premiers hôpitaux seront bâtis dans des régions ou les besoins sont les plus grands.

    De même, là seront pratiquées des formations accélérées du personnel médical et hospitalier. Ceux qui ont été formés dans ces hôpitaux seront postés partout comme équipes médicales indépendantes. Il y aura un service sanitaire spécial préventif.

    La production pharmaceutique sera nationalisée. Les médicaments seront fournis gratuitement aux malades. L’assurance sociale sera garantie pour tous les travailleurs. A ceux qui ne sont pas en mesure de travailler, à ceux qui sont âgés et aux handicapés, seront accordées des conditions d’existence humaines.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire garantira les meilleures conditions possibles aux handicapés de la lutte révolutionnaire qui ne peuvent pas travailler. Le travail des enfants sera interdit. Ils travailleront seulement dans le cadre des programmes scolaires. Le pouvoir populaire révolutionnaire créera aussi des services de puériculture et de pédiatrie.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire fera d’énormes efforts pour construire, pour tous, des maisons conformes aux règles de l’hygiène. Pour qu’il soit possible que des maisons confortables, avec des aménagements hygiéniques appropriés, soient construites, tous les moyens de l’État et du privé seront utilisés (étendues de terrain, force de travail, financement et outillage). Les bidonvilles qui font la réalité actuelle de notre pays, seront transformés selon des plans urbains de construction dans lesquels de nouveaux appartements seront attribués à leurs habitants.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire confisquera les immeubles luxueux de l’oligarchie.

    Les grandes compagnies du bâtiment seront nationalisées et réorganisées pour résoudre les problèmes de logement du peuple.

    Les transports et les communications seront réorganisés au profit des besoins du peuple. Les moyens de transport aériens, maritimes et terrestres seront nationalisés. Le pouvoir populaire révolutionnaire est conscient du fait que les vacances sont un droit du peuple.

    Par conséquent, il réorganisera les centres de vacances existants pour les rendre à usage public et créera également des nouvelles régions de vacances. La construction d’usines qui polluent l’environnement et nuisent à la santé publique, sera interdite.

    Pour les usines existantes, toutes les mesures de protection de l’environnement nécessaires seront prises. La sensibilisation commune de tous les citoyens sera renforcée sur le fait que l’environnement doit être protégé. Des organes de protection de l’Environnement seront créés. Des familles et des régions, seront dédommagées de tous les dommages subis par les attaques des contre-révolutionnaires ou – bien que cela n’ait pas été fait intentionnellement – lors de la lutte révolutionnaire. Ces familles et régions seront prioritaires dans les programmes de restauration.

    L’Athlétisme

    Le sport collectif sera renforcé de manière à promouvoir des personnes saines et dynamiques. Le sport ne sera pas un objet de commerce, mais producteur de santé physique et intellectuelle, de solidarité et d’esprit d’équipe.

    Chacun aura accès aux installations sportives. Le sport professionnel élitiste sera aboli et à sa place sera soutenu le sport amateur. De nouvelles installations seront créées.

    Aux lieux de production, chacun aura la possibilité de faire du sport.

    Des mesures appropriées seront prises de façon à créer une nouvelle conscience que le sport ne soit pas un nouvel opium du peuple.

    L’impérialisme et l’oligarchie essayent d’imposer une « culture » cosmopolite afin de dégénérer et de détruire la civilisation nationale et populaire, aussi bien que la base culturelle des ouvriers.

    Depuis des années maintenant, existe une sorte de propagande en Turquie qui a pour but de fomenter l’hostilité entre les peuples. Elle incite en particulier l’inimitié entre les nations turque et grecque, turque et kurde aussi bien qu’avec d’autres nationalités.

    Ce que l’oligarchie appelle « nationalisme » est le chauvinisme bourgeois qui soulève la haine entre les nations et n’a rien à avoir avec le patriotisme. La relation de l’oligarchie avec l’impérialisme n’est pas établie sur la base du « nationalisme », mais sur la base de la servitude. Tous les moyens sont bons pour promouvoir une image positive de l’impérialisme. Au niveau des relations internationales, l’oligarchie foule aux pieds la dignité nationale et avance une politique de soumission, privée de toute identité.

    L’oligarchie a ouvert le chemin à une « culture » cosmopolite immorale de l’impérialisme. La sous-culture impérialiste cherche à travers la télévision, la radio et tous les autres moyens, à déformer la culture des peuples de Turquie et de la rendre conforme à ses principes.

    L’oligarchie qui se sert en même temps de la religion, tire profit des différentes cultures religieuses et les façonne selon les besoins du capitalisme.

    Toutes les formes culturelles contre-révolutionnaires et impérialistes collaborent main dans la main pour soumettre la conscience du peuple, aux modèles capitalistes. L’oligarchie soutient les dogmes religieux, introduit les leçons d’enseignement du Coran, ouvre des écoles religieuses, moyens parmi d’autres, contre la lutte révolutionnaire. Le peuple lui est censé être religieux, mais pour les capitalistes les principes de la religion n’ont aucune importance.

    L’oligarchie maintien les traditions et les structures patriarcales pour continuer la politique de l’exploitation. Elle applaudit le fatalisme de la population pour rendre impossible toute critique contre le système existant.

    Le peuple est imbu de la notion que les hommes ne sont pas égaux et de ce fait l’égalité est quelque chose d’irréalisable.

    Pour les besoins de la propagande fasciste, l’oligarchie fausse même l’histoire. La lutte historique des classes n’est pas présentée comme ayant existé vraiment, mais comme des guerres d’une nation contre une autre. Dans l’histoire de la Turquie tout soulèvement est représenté comme « barbarie », alors que son écrasement est « héroïsme ». Un effort est fait de maintenir le peuple silencieux, désorienté, concernant les problèmes actuels et futurs avec une propagande de « victoires », de « succès héroïques » et de « grandeur de la nation turque ».

    La sous-culture impérialiste, religieuse et réactionnaire traditionnelle, le chauvinisme, l’idéologie et la culture qui s’appuient sur la déformation de l’histoire, sont utilisées par l’oligarchie, ensemble avec toutes sortes de propagande contre-révolutionnaire, pour désorienter les masses populaires.

    Depuis l’éducation primaire, jusqu’à l’université, cette politique est instillée aux étudiants. Ce système éducatif empoisonne des millions d’enfants et de jeunes.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire agira dans le sens de sensibiliser le peuple au fait que le développement culturel actif est une importante condition préalable à l’instauration d’une société humaine productive et révolutionnaire.

    La civilisation sera traitée comme un facteur d’importance prioritaire pour former des personnes socialistes et créatives, agissant selon des notions et des méthodes scientifiques.

    Les racines de l’individualisme et de la culture capitaliste seront éradiquées par l’exercice d’une politique révolutionnaire et démocratique dans le domaine culturel. En même temps, le niveau culturel du peuple montera et de cette façon sera atteint le changement social. Les éléments révolutionnaires et démocratiques des cultures nationales des peuples seront développés jusqu’à ce que se forme une culture socialiste, avec pour objet la production d’une culture mondiale commune.

    L’art et la culture

    Le pouvoir populaire révolutionnaire recherchera avec force l’application d’une politique révolutionnaire et patriotique dans le domaine de la culture. La culture de la révolution sera accessible à tous, depuis le plus jeune au plus âgé, au moyen des programmes éducatifs et de formation complémentaire. Un terme sera mis à l’hégémonie de la culture impérialiste.

    Toutes les institutions culturelles qui soutiennent le racisme, le chauvinisme, l’expansionnisme, la dégénérescence des moeurs, seront fermées. Toute forme de propagande et activité dans ce sens sera interdite.

    Les éléments révolutionnaires et démocratiques des cultures nationales et l’héritage culturel de l’Anatolie qui datent de millénaires, les valeurs culturelles populaires traditionnelles de civilisations régionales, des oeuvres d’art et d’esthétisme architectural de caractère éducatif, tout cela sera protégé et mis à la disposition du peuple. Le pouvoir populaire révolutionnaire fera des efforts énormes pour permettre le retour au pays des objets archéologiques de valeur, volés et arrachés par les capitalistes. En agissant ainsi les valeurs culturelles renaîtront, au lieu qu’elles perdent leur grandeur.

    Les manifestations artistiques et culturelles ne seront plus le privilège d’un petit cercle d’intellectuels. Elles seront accessibles à toutes les couches sociales du pays et dans l’esprit de promouvoir la créativité populaire.

    Les trésors de civilisation et les réalisations de diverses nations et peuples, les chefs oeuvre culturels et oeuvres d’art qu’a produit l’inspiration humaine, deviendront accessibles au peuple. Les rapports et contacts culturels mutuellement avantageux qui se développeront dans un cadre plus large contribueront à la création d’un monde sans guerre ni exploitation. Les échanges culturels entre les peuples kurde et turc ont ici une signification particulière. Ils renforceront l’unité des deux peuples,sur le chemin de la libération finale.

    La participation des masses dans des manifestations culturelles se renforcera

    La liberté religieuse

    Le pouvoir populaire révolutionnaire garantira à chacun sa liberté de religion et protégera les espaces religieux.

    La foi sera considérée comme une question purement personnelle pour chaque individu.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire interdira le fonctionnement de tous les instituts qui utilisent la religion comme moyen de créer un État conservateur, théocratique.

    Il veillera à la couverture sociale du nombre nécessaire de cléricaux pour les fidèles. Honneur pour les combattants tombés au cours de la lutte révolutionnaire.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire honorera la mémoire des combattants qui ont perdu leur vie lors de la lutte de libération du peuple. Leur héritage – leur résolution et leur dévouement à la lutte et leur courage – restera immortel dans la conscience du peuple.

    A tout le peuple et particulièrement à la nouvelle génération, la mémoire de ceux qui sont tombés dans la lutte contre l’impérialisme et l’oligarchie vivra à jamais.

    Le pouvoir populaire révolutionnaire prendra soin des familles et des enfants de ces combattants. Ils leur seront attribués des droits particuliers en ce qui concerne les besoins de leur subsistance et de leur formation.

    Et nous disons que :

    Le pouvoir populaire révolutionnaire est le seul chemin pour que nous créions un pays libre et indépendant, où toutes les nations pourront vivre librement, fraternellement et sans exploitation. Seulement un peuple uni sous la direction et la conduite du DHKP/C peut détruire le mécanisme étatique de l’impérialisme et de l’oligarchie collaboratrice.

    La libération du peuple est possible seulement au moyen du pouvoir populaire révolutionnaire.

    Avec la notion historique et politique, voilà la mission du prolétariat et de son avant garde.

    Nous mènerons à bout cette mission résolument. Le Parti Révolutionnaire Populaire de Libération se bat à cette fin. Vive le pouvoir populaire révolutionnaire !
    La voie pour la liberté est la voie du Parti révolutionnaire Populaire de Libération – Front !
    La lutte jusqu’à la victoire !

    DHKP (Devrimci Halk Kurtulus Partisi / Parti Révolutionnaire Populaire de Libération), Juin 1997      

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  • DHKP/C – Le fascisme en Turquie

    Devrimci Halk Kurtulus Cephesi (Front Révolutionnaire de Libération du Peuple)

    Le fascisme en Turquie

    Lorsqu’on parle du fascisme, la première chose qui vient à l’esprit, ce sont des images de massacres, de tortures, de sang et de larmes.

    Mais le fascisme n’est pas que cela.

    Nous rencontrons parfois cette réalité sous la forme de pays impérialistes comme les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, la France et, parfois, sous la forme de l’Etat susurluk1.

    Parfois, nous la croisons dans la silhouette d’Hitler, Catli, Cakici (chefs de la mafia fasciste), parfois, dans celle de Pinochet, Zia-ul Haq ou Evren, le responsable du coup d’Etat militaire de 1980, le Pinochet turc, en quelque sorte.

    Parfois, elle devient mafia, police, armée, MIT (Agence nationale de renseignement), Jitem (Renseignements antiterroristes de la gendarmerie), parfois, elle s’appelle Ford, ITT, Sabanci et Koc, les principaux monopoles collaborationnistes de Turquie.

    Chaque fois, nous sommes témoins de ce que la tyrannie du fascisme et le régime exploiteur sont liés entre eux comme par un cordon ombilical.

    Aujourd’hui, dans notre pays, le fascisme porte les visages de tous les Catli et Cakici, c’est-à-dire la forme de l’Etat susurluk. Il s’agit d’un problème auquel notre peuple est confronté depuis des années. Mais ce n’est pas la fatalité. C’est une réalité qui continue d’exister.

    Si nous voulons venir à bout du fascisme, nous devons savoir ce qu’il est, tout en tenant compte des conditions dans lesquelles il se développe.

    Le fascisme classique et le fascisme de type colonial

    Le fascisme classique

    Dans les pays capitalistes développés, où le capitalisme se développe selon sa propre dynamique, le fascisme s’organise lui-même, de la base au sommet.

    Les partis fascistes sont organisés en créant leur propre base de masse et, recourant à la tromperie et à la démagogie, ils conquièrent le pouvoir en s’appuyant sur cette base.

    Par exemple, en Allemagne, la conquête du pouvoir par les nazis a été présentée comme une ‘révolution’. Le parti fasciste allemand s’appelait le ‘parti national-socialiste allemand des travailleurs’, de façon à pouvoir exploiter l’aspiration au socialisme des masses, puisque le socialisme était devenu l’espoir des peuples.

    Avec une telle hypocrisie, on trompait le peuple en proclamant que la misère, la pauvreté et le chômage seraient éliminés et que tous les problèmes économiques seraient résolus.

    De la sorte, le fascisme trompait ceux qui croyaient en lui et terrorisait ceux qui n’y croyaient pas.

    « Le fascisme a besoin de démagogie (racisme, nationalisme libéral, antisémitisme, anticommunisme) et de propagande de masse.

    Alors que, d’une part, il recourt à la violence contre le peuple, il tente, d’autre part, de montrer un visage souriant afin de le gagner à sa cause.

    Il concentre tous ses efforts à gagner les bonnes grâces du peuple et le force même à s’affilier aux diverses organisations fascistes. » (Notes sur le fascisme, Togliatti)

    En quelque endroit que ce soit, la principale arme du fascisme est la tromperie et la démagogie étayées par la force.

    Le fascisme de type colonial

    Dans des pays comme la Turquie, la bourgeoisie monopoliste se développe en état de dépendance vis-à-vis de l’impérialisme. De ce fait, elle est faible et difforme.

    Elle est contrainte de s’allier avec des éléments pré-monopolistes et, sur les plans technologique et économique, elle dépend du capital étranger, autrement dit, des pays impérialistes.

    Cette dépendance vis-à-vis du capital étranger se traduit par une crise économique, sociale et politique permanente.

    Cette situation a reçu un nom: ‘la crise nationale’.

    A cause de cette ‘crise’, l’oligarchie ne peut exploiter le peuple en recourant aux méthodes démocratiques bourgeoises traditionnelles.

    Notre pays en est un exemple typique.

    Les gouvernements ne peuvent demeurer très longtemps en place et il règne en permanence une atmosphère d’élections, de coalitions et de référendums.

    Presque tous les dix ans, a lieu un coup d’Etat militaire.

    Ceux qui s’emparent du pouvoir essaient de s’accrocher à leurs positions par la force et la répression, ainsi que par toutes sortes d’entreprises nauséabondes, comme la corruption, les malversations, les mafias, les gangs et autres maux représentatifs de cette situation de ‘crise nationale’.

    En bref, l’oligarchie n’a d’autre choix que de recourir à la tyrannie, la répression, la terreur et les hausses de prix.

    Dans des conditions d’instabilité permanente, elle ne peut survivre qu’en instaurant le fascisme.

    Celui-ci diffère du fascisme classique tant dans son application que dans la manière dont il s’est constitué. En ce qui concerne le fascisme de type colonial, sa constitution en tant que forme d’Etat découle de la formation du capital monopoliste.

    Celui-ci dépend à tous niveaux de l’impérialisme et c’est ainsi que se produit la fascisation.

    Elle ne repose ni sur les masses ni sur leurs organisations, comme ce fut le cas en Italie.

    Progressivement, la bourgeoisie soumet l’Etat à une réorganisation de type fasciste.

    La bourgeoisie monopoliste, qui contrôle le pouvoir politique, installe le fascisme en faisant alliance avec des éléments pré-monopolistes.

    Alors que, dans les pays capitalistes, la base de classe du fascisme réside dans les éléments les plus réactionnaires et chauvins du capital monopoliste, dans des pays comme le nôtre, cette base est représentée par toute l’oligarchie qui n’est autre que l’alliance entre la bourgeoisie monopoliste collaborationniste, les commerçants usuriers et les gros propriétaires.

    Le fascisme de type colonial s’applique de deux manières.

    Le fascisme latent: les droits démocratiques bourgeois existent en partie et de manière formelle mais leur unique fonction est de servir de couverture au fascisme.

    Le fascisme ouvert: lorsque le capital monopoliste ne peut maîtriser la situation, on supprime les éléments de couverture du fascisme. Répression et violence s’exercent ouvertement.

    Nous donnerons plus loin des explications plus détaillées sur le fascisme de type colonial, tant larvé qu’ouvert, en prenant certains exemples pratiques que l’on rencontre dans notre pays.

    L’institutionnalisation du fascisme en Turquie

    A sa création, la république de Turquie n’était pas un Etat fasciste. Mustafa Kemal lui-même n’était pas un fasciste. Durant les premières années de la république, les kémalistes, des nationalistes petits-bourgeois, occupaient les niveaux supérieurs de l’administration, mais ils n’y étaient pas les seuls.

    L’Etat était un Etat transitoire aux rênes duquel, outre les kémalistes, se trouvaient d’autres sections de la petite bourgeoisie.

    Puisque, durant cette période, les kémalistes détenaient l’hégémonie, nous en parlons comme de la ‘dictature kémaliste’, ou dictature petite-bourgeoise. Mustafa Kemal lui-même disait : « Nous allons essayer de créer de nombreux millionnaires, et même des milliardaires, dans notre pays ».

    Y sont-ils arrivés?

    Ils sont effectivement parvenus à fabriquer nombre de nouveaux riches, mais pas à créer une bourgeoisie nationale. Jusqu’à cette époque, la bourgeoisie n’était constituée que de marchands et ceux-ci évitaient les investissements et les prises de risque.

    Ils manquaient d’expérience, étaient faibles et, de ce fait, poltrons.

    Dans de telles circonstances, l’impérialisme n’a eu aucune difficulté à enfoncer progressivement ses griffes et, tout en appliquant sa politique coloniale, il a entrepris l’instauration de son propre système fasciste.

    L’impérialisme a commencé par créer une classe collaborationniste

    L’impérialisme ne pouvait instaurer un système destiné à protéger ses propres intérêts sans établir en même temps une classe partageant les mêmes intérêts.

    Par conséquent, en 1948, il consolida la bourgeoisie nationale moyennant les prêts et crédits de ce qu’on a appelé le ‘plan Marshall’.

    Allié à d’autres sections de la bourgeoisie, ce groupe fut élu au pouvoir dans les années 50.

    A l’époque, les élections n’étaient pas monnaie courante comme elles le sont aujourd’hui. Elles eurent pour résultat la baisse d’influence des kémalistes et, en fin de compte, l’oligarchie put s’assurer l’hégémonie.

    En peu de temps, de nouvelles sections des monopoles collaborationnistes se constituèrent les unes après les autres.

    Au cours de cette période, les familles Koc et Sabanci occupèrent de plus en plus l’avant-scène.

    Lorsque le DP (Parti Démocratique) accéda au pouvoir en 1950, l’institutionnalisation du fascisme s’accéléra, particulièrement au sein de la bureaucratie gouvernementale et de l’armée. Les kémalistes furent d’abord évincés des grades supérieurs des forces armées.

    En entrant dans l’Otan, la Turquie mit son armée à la disposition de l’Organisation. Et on créa des troupes antiguérilla en réorganisant le MIT de façon à le placer sous contrôle de la CIA.

    Pendant ce temps, des groupes fascistes civils encourageaient les gens à s’organiser sous la bannière d’une idéologie réactionnaire se servant de la religion.

    Certains obstacles entravèrent toutefois l’institutionnalisation du fascisme.

    En réaction à cette évolution et à la politique de collaboration du DP, les kémalistes évincés des hautes sphères de l’armée allaient mener à bien, le 27 mai 1960, une révolution politique qui s’appuyait sur le mécontentement populaire.

    Les kémalistes de l’armée s’emparèrent du pouvoir. L’administration du ‘27 Mai’ parvint à imposer certains changements, tels la ‘Constitution’ de 1961, une semi-autonomie pour les universités, la liberté de participation aux organisations démocratiques, bref, tout un ensemble de choses qu’il ne faut pas sous-estimer.

    Ainsi donc, nous pouvons dire que le ‘27 Mai’ fut une révolution politique.

    Mais cette révolution du ‘27 Mai’ eut beau interrompre le processus d’institutionnalisation du fascisme, elle ne put maintenir cette interruption en permanence, parce que ses forces étaient trop faibles.

    Par exemple, elles furent incapables de mettre un terme aux relations avec les impérialistes.

    Dès leur accession au pouvoir, effrayées par l’éventualité d’une intervention américaine, elles déclarèrent qu’elles seraient loyales envers les accords bilatéraux et les institutions impérialistes telles l’Otan et la Cento.

    Au bout d’un certain temps, du fait de leur incapacité à modifier leurs relations avec les impérialistes, elles durent laisser l’initiative à la bourgeoisie collaborationniste.

    L’AP (Parti de la Justice) remplaça le DP et l’institutionnalisation du fascisme put se poursuivre.

    Mais des obstacles subsistaient. Tout particulièrement, depuis les années 60, il régnait une atmosphère de liberté et de conscience anti-impérialiste, si bien que la lutte associée à ce courant ne tarda pas à prendre de l’ampleur.

    Lorsqu’il fut impossible à l’oligarchie d’encore gouverner à l’ancienne, elle n’hésita pas à recourir au fascisme ouvert.

    Les périodes de junte militaire qui débutèrent le 12 mars 1971 et le 12 septembre 1980 furent des périodes où le fascisme révéla son existence par toutes sortes de massacres, de tortures et d’incarcérations.

    Des centaines de milliers de personnes furent tirées du lit au beau milieu de la nuit et emmenées vers des destinations inconnues. Les infos véhiculaient d’innombrables histoires de tortures et de morts suite aux échauffourées.

    Des véhicules militaires, des chars et autres véhicules blindés occupaient les places des villes et tous les coins de rues.

    Des centaines de personnes furent contraintes de se coucher à plat ventre sur les trottoirs tandis que policiers et militaires se tenaient en faction sur leurs corps.

    Les prisons regorgeaient de révolutionnaires, démocrates, intellectuels, écrivains, syndicalistes. Associations, syndicats et partis politiques durent fermer leurs portes. Grèves et manifestations furent interdites, de même que toute forme d’opposition.

    Les conditions les plus favorables furent créées afin de faciliter le maintien au pouvoir de l’oligarchie.

    Ce furent les deux périodes où l’institutionnalisation du fascisme se fit au rythme le plus rapide.

    Le 12 mars 1971, par exemple, les kémalistes furent presque complètement évincés de l’armée et, le 12 septembre 1980, on alla jusqu’à expulser de l’armée ceux qui saluaient les officiers révolutionnaires ou démocrates et, cette fois, les éléments kémalistes furent complètement éliminés.

    Le coup du ‘12 Mars’ modifia une nouvelle fois la Constitution de 1961 au point qu’elle en devint méconnaissable. Le coup du ‘12 Septembre’ l’abolit complètement et la remplaça par la Constitution de 1982.

    A d’autres époques, l’institutionnalisation du fascisme se poursuivit à un rythme beaucoup plus lent que durant la période de la junte.

    Durant ces périodes, que nous qualifions de fascisme latent, les fascistes civils remplacèrent les militaires.

    Comme ils le reconnurent ouvertement, ils tentèrent de anéantir la lutte révolutionnaire en agissant en tant qu’auxiliaires de l’Etat.

    Toutes les institutions de l’Etat, spécialement les institutions d’enseignement, furent truffées de fascistes et le système éducatif fut remodelé selon les besoins du fascisme.

    Ceux qui bénéficiaient d’une recommandation émanant d’une quelconque organisation fasciste civile étaient admis dans les rangs de la police.

    Après le coup du 12 septembre, le fascisme s’installa ouvertement.

    Le processus d’institutionnalisation était accompli. Aujourd’hui, la Turquie est un pays ouvertement fasciste.

    L’institutionnalisation du fascisme

    Lorsqu’on parle du fascisme dans notre pays, la fin des années 70 s’impose tout de suite à notre esprit.

    Durant ces années, la terreur fasciste civile s’est intensifiée.

    Elle ne s’exerçait plus à coups de chaînes, de couteaux, de barres de fer, mais en recourant aux armes automatiques et aux explosifs. A l’époque, le Premier ministre n’était autre que l’actuel président Demirel.

    Hypocritement, celui-ci déclara un jour: « Vous ne me ferez pas dire que les gens de droite commettent des crimes. »

    A la même époque, les fascistes assassinaient brutalement et transformaient le pays en une mer de sang.

    Sans la moindre discrimination, ils criblaient de balles maisons, cafés, arrêts de bus, etc.

    Les massacres et agressions fascistes se répandaient à travers tout le pays.

    Le 16 mars 1978, les fascistes commirent leur premier massacre massif.

    Sept étudiants furent tués au cours d’un attentat à la bombe en face de l’Université d’Istanbul, et des douzaines d’autres furent blessés.

    Ensuite, ce fut le massacre de Balgat (Ankara), avec cinq tués et quatorze blessés par balles.

    Puis, la tuerie de Bahcelievler (Ankara), où sept autres étudiants furent assassinés.

    Et la liste est loin d’être exhaustive.

    Le tribut quotidien ne descendait jamais en dessous de 20 ou 30 morts violentes.

    Et il augmentait de jour en jour.

    Le 24 décembre 1978, les révolutionnaires et les progressistes, mais aussi toute une génération d’être humains, furent outrés par le massacre de Maras, où les assassins fascistes massacrèrent de pauvres gens à l’arme automatique, sans distinction d’âge ni de sexe: ils abattirent aussi bien les gosses que les femmes et les vieillards.

    Des filles furent violées sous les yeux de leurs familles, on fit exploser des femmes après leur avoir enfoncé des bâtons de dynamite dans les organes sexuels, à d’autres on coupa les seins, d’autres personnes encore furent brûlées vives ou enclouées sur des murs et des arbres.

    Les maisons furent pillées, puis incendiées.

    Par la suite, les hôpitaux furent pris d’assaut afin d’achever les blessés.

    L’horreur était sans limite.

    Ce jour-là, à Maras, il y eut 111 morts, selon les chiffres officiels, et des milliers de blessés.

    Onze autres personnes furent abattues durant les manifestations de protestation suivirent.

    Après Maras, il y eut un nouveau massacre à Corum.

    Ces agressions répugnantes visaient tout le monde, sauf les partisans du fascisme, et leur brutalité s’exerçait partout. Ainsi, l’on se souviendra de ces années comme d’années de fascisme pur, dont la sauvagerie fut atrocement ressentie.

    Mais ce serait une erreur de ne comprendre le fascisme qu’à partir de ces exemples.

    A certains moments, comme à la fin des années 70, il recourait à des violentes attaques, menées par des fascistes civils et des militaires.

    Parfois, il ne se servait que des militaires. Massacres et tortures étaient alors perpétrés par l’armée même. A d’autres moments, comme c’est le cas de nos jours, il recourt à la ‘disparition’, à la torture, à l’assassinat par des ‘tueurs inconnus’.

    Aujourd’hui, le nombre de personnes disparues ou mortes sous la torture et dans les massacres n’a pas diminué par rapport à naguère.

    Le point commun de toutes ces attaques fascistes, quelle que soit leur forme, est qu’elles s’opposent à la lutte du peuple et à ses revendications en faveur de la liberté.

    Comme nous l’avons écrit plus haut, le fascisme est une forme de gouvernement et nous pouvons dire que le fascisme appliqué dans notre pays est du type colonial.

    Ce qui signifie que le régime existant est fasciste et que, quel que soit le parti au pouvoir, la réalité ne change pas.

    Les caractéristiques de l’Etat actuel

    Aujourd’hui, dans notre pays, aucun parti ne se réclame du fascisme. Il ne pourrait en être ainsi.

    Même le MHP (parti du mouvement nationaliste des ‘Loups gris’) ne se qualifie pas de fasciste, pour la simple raison que le fascisme a été condamné par les peuples du monde entier.

    Il n’empêche que dans des milliers d’années, ces mêmes peuples du monde n’auront toujours pas oublié les désolations qu’il a provoquées et provoque encore un peu partout.

    En réalité, le fascisme n’est pas l’ennemi d’une certaine nation ou pays, mais l’ennemi de tous les peuples.

    Il est insidieux, il poignarde dans le dos, parce qu’il gouverne toujours par la tromperie et la démagogie.

    C’est pour cette raison qu’il est un ennemi des plus dangereux.

    Quand on voit ce qui se passe dans notre pays, on s’en rend compte clairement.

    Par exemple, les discours des hommes d’Etat sont truffés de mensonges et de manipulation.

    Quoi qu’ils disent un jour, ils peuvent très bien l’oublier le lendemain et, tout aussi honteusement, nier avoir tenu pareils propos.

    Tout particulièrement durant les élections, ils font des promesses qu’ils ne tiennent pas.

    Ils se prétendent les représentants du peuple mais, sans la permission du Tusiad (la puissante confédération turque des employeurs et hommes d’affaires) ou des Etats-Unis, ils ne remuent pas le petit doigt.

    Tous les Premiers ministres sans exception ont visité au moins une fois les Etats-Unis peu après leur nomination.

    L’exemple le plus récent est la visite du Premier ministre Bulent Ecevit.

    Lorsque Clinton l’a traité comme un domestique, les médias turcs ont essayé de présenter l’affaire comme une chose dont il y avait lieu d’être fier. Les exemples de ce genre ne manquent pas.

    Mais leur pire mensonge, c’est lorsqu’ils prétendent que la Turquie est un Etat démocratique.

    Bien sûr, il existe une Constitution, un parlement, des partis politiques et des tribunaux pour intervenir en cas de délits.

    Pour l’instant, les militaires se tiennent dans leurs casernes et il y a de nombreuses élections. Tout le monde peut voter comme il l’entend.

    Même la presse peut exprimer des critiques.

    Il y a aussi des livres et des magazines à foison.

    Ils disent: « Comment pourrait-on être plus démocratique que nous ne le sommes? »

    Quelle est donc la réalité du fascisme dans notre pays?

    Pour répondre à cette question, il convient d’analyser les institutions qui composent l’Etat.

    Parce que ce qui fait qu’un Etat est fasciste, c’est le fait que ses institutions sont fascistes.

    Et partout, dans notre pays, le fascisme a été institutionnalisé.

    Quelles sont ces institutions? Le pouvoir législatif, autrement dit le parlement.

    Ensuite, l’administration, le gouvernement, composé des ministères et de la bureaucratie qui s’y rattache.

    Le système judiciaire, également, c’est-à-dire les tribunaux.

    Et l’armée, qui veille sur la sécurité du pays et garde les frontières.

    Telles sont toutes les institutions qui composent l’Etat et dont les devoirs sont définis par la Constitution.

    Bien sûr, il ne nous faut pas oublier les fascistes civils, parce qu’ils constituent toujours une force auxiliaire de l’Etat fasciste en même temps que la masse de base du fascisme.

    C’est également sous cet angle qu’ils se perçoivent eux-mêmes.

    Par exemple, ils participent toujours aux cérémonies funéraires honorant militaires et policiers.

    Lorsque la police abat des révolutionnaires, les fascistes civils sont toujours là pour applaudir.

    Lorsque l’Etat cherche de nouvelles recrues pour les équipes antiguérilla – des recrues dont les tâches impliquent des actes d’une barbarie atroce telle que couper les oreilles et les nez ou trancher des gorges – il peut les trouver dans les rangs du MHP et des Foyers Idéalistes (ou Ulku Ocaklari – en Turquie, les fascistes s’auto-qualifient souvent ‘d’idéalistes’).

    Les caractéristiques des appareils législatif, judiciaire et administratif

    Dans les pays démocratiques, les appareils législatif, judiciaire et administratif sont indépendants les uns des autres.

    Ils ne peuvent s’influencer mutuellement.

    Par contre, dans les régimes fascistes, l’administration est tout.

    Lorsque Hitler et son parti ont accédé au pouvoir, toutes les institutions de l’Etat se sont retrouvées sous leur contrôle.

    Il en est allé de même pour Mussolini et son parti.

    Dans notre pays, le pouvoir prétend que les trois institutions sont séparées.

    Mais ce ne sont que des mots.

    En réalité, toutes sont sous le contrôle et à la disposition du MGK (Conseil national de sécurité).

    Cette réalité a été clairement mise en évidence, particulièrement après Susurluk. En 1997, par exemple, les fameuses ‘décisions du 28 février’ ont été prises par le MGK.

    De même, l’application de ces décisions est également soumise au contrôle du MGK. Celui-ci est composé de l’Etat-major général et de tous les hauts commandants militaires, du Premier ministre et de quelques ministres.

    Ils se rencontrent une fois par mois et prennent des décisions en tout genre concernant la direction du pays. Ces réunions sont présidées par le président de la Turquie en personne.

    Aujourd’hui, pas une seule réglementation ou loi adoptée par le parlement ou le conseil des ministres ne peut être mise en œuvre sans l’aval du MGK.

    Le MGK représente l’instance suprême et le corps même des appareils législatif, judiciaire et administratif.

    Dans la structure du MGK, les militaires sont dominants.

    Cela signifie, en fait, que les décisions du MGK sont celles de l’armée. En d’autres termes, c’est par le biais du MGK que l’armée impose ses directives à ces trois institutions.

    Qu’advient-il au cas où elles ne sont pas d’accord avec cette façon de faire?

    C’est totalement hors de question, parce que le MGK est sous la protection de la Constitution.

    Ses devoirs sont d’ailleurs définis dans cette même Constitution, qui stipule que « le MGK fait des recommandations qu’il convient d’observer ».

    C’est on ne peut plus clair.

    Les recommandations du MGK doivent être appliquées par le gouvernement. S’il arrivait, en raison de rivalités internes, que ces décisions ne soient pas appliquées ou que des réticences apparaissent, on risquerait de voir se répéter ce qui est arrivé au Parti Refah (Parti du Bien-être, un parti islamique, dissous par le MGK en 1997, bien qu’il fût le parti le plus populaire de la Turquie, électoralement parlant).

    Rappelons que, lorsque la frange islamique de la société représentée par le Refah entra en conflit avec le programme du MGK, le Parti Refah fut interdit séance tenante et dissous.

    On interdit à ses dirigeants d’encore prendre part à la moindre activité politique et, en lieu et place, on créa une version ‘soft’ du Refah, le Parti Fazilet (Vertu).

    Nous avons dit plus haut que toutes les institutions composant l’Etat étaient fascistes.

    Ceci signifie que le parlement est fasciste également. Comment cela se fait-il?

    En fait, cette question constitue la partie la plus complexe des débats visant à établir si, oui ou non, le fascisme est installé dans notre pays.

    Il existe de nombreux partis, il y a un grand nombre de parlementaires, et, outre les fascistes du BBP (Grand Parti de l’Unité) et du MHP, il y a également des parlementaires qui, heureusement, ne sont pas fascistes.

    Parfois, ils s’opposent à la torture et soutiennent même la lutte des Mères des Disparus.

    Dans ce cas, pourquoi déclarons-nous que le parlement est une institution fasciste?

    Dans les pays démocratiques, le parlement est la plus haute instance de l’Etat.

    On y fabrique ou modifie les lois et la législation, on y accepte ou rejette les décisions et les programmes gouvernementaux.

    Mais nous avons déjà dit que dans notre pays, l’institution suprême était le MGK.

    Ensuite, à quoi sert une institution suprême si elle ne dispose pas de forces armées?

    A rien.

    Sans forces armées, il n’est pas possible de contraindre autrui à accepter des décisions. Dans notre pays, le pouvoir d’utiliser les forces armées et, plus particulièrement, le pouvoir du parlement de recourir aux forces armées, a été supprimé par la Constitution.

    Cette autorité appartient au président, ce qui signifie que le président peut déclarer la guerre ou prendre des décisions similaires sans même demander l’avis du parlement.

    Une telle situation prouve à suffisance que le parlement n’est qu’une institution fantoche.

    Par ailleurs, puisqu’un régime fasciste comme celui de notre pays se prétend démocratique, il tolère certaines institutions propres aux régimes parlementaires (démocratiques). Il donne au peuple le droit de vote, mais les partis politiques et les lois électorales sont réglementés de façon telle que le fascisme ne laisse aucune chance à quelque parti que ce soit d’égratigner un tant soit peu le système.

    Nos concitoyens ont une expression pour définir ce genre de situation: « On vote pour le moins mauvais. » Lors des élections, les gens ne votent pas pour choisir le parti ou le parlementaire souhaité, mais pour choisir le parti ou le parlementaire le moins indésirable.

    Le fascisme ne permet absolument rien en dehors des choix qu’il propose.

    Par conséquent, tous les partis en vogue veillent à appliquer le fascisme tout en le masquant sous un vernis démocratique.

    Les partis ne diffèrent pas les uns des autres

    En réalité, ces partis ne diffèrent pas les uns des autres. En principe, tous sont les porte-parole de l’oligarchie et de l’impérialisme. C’est pourquoi nous qualifions tous ces partis de bourgeois.

    Ils se critiquent violemment les uns les autres, comme s’il pouvait exister la moindre différence entre eux, mais, une fois qu’ils sont en place, on ne peut y déceler aucune différence.

    Tous les gouvernements, y compris l’actuel, ont été constitués avec le soutien du Tusiad et de l’impérialisme. Cette collaboration s’opère ouvertement.

    Même le chef du Parti Refah, Rebakan, qui se prétend le représentant de la frange islamique de la société et qui appelait les Etats-Unis le ‘grand Satan’, a dû se soumettre à l’approbation des mêmes Etats-Unis lorsqu’il est devenu Premier ministre, en 1996.

    Il lui a même fallu modifier son image de marque afin de pouvoir obtenir cette approbation.

    L’oligarchie et l’impérialisme ne soutiennent jamais un seul parti à la fois.

    Selon les conditions du moment, ils soutiendront tout parti susceptible de défendre au mieux leurs intérêts. C’était le cas, naguère, pour l’ANAP (Parti de la Patrie) ou pour le DSP (Parti Démocratique de Gauche) et c’est encore le cas aujourd’hui pour la coalition entre l’ANAP et le DSP. L’ANAP est ce qu’on appelle un parti de centre-droite, le DSP se situe au centre-gauche, mais tous deux ne peuvent se maintenir au pouvoir que s’ils protègent les intérêts de l’impérialisme et de l’oligarchie.

    Lorsqu’ils sont à bout de ressources et qu’ils se trouvent dans une situation où ils ne peuvent plus appliquer leur politique, on les remplace par d’autres partis de l’oligarchie.

    Aujourd’hui, le MHP en est un exemple.

    Il ne suffit pas d’affirmer que le parlement est une institution inefficace, dénuée de pouvoir et fantoche. Le parlement est une institution au service du fascisme.

    Il veille à l’application de la politique fasciste.

    L’administration gouvernementale

    C’est le parlement qui nomme l’administration.

    Cela s’opère par le biais d’un vote de confiance, ce qui veut dire que le gouvernement fait son travail sous la surveillance étroite du parlement.

    La désignation du gouvernement dans notre pays s’opère de la même façon.

    Mais ici, son travail ne s’effectue pas sous le contrôle du parlement. Un exemple: rappelez-vous Bulent Ecevit durant les années 70. Lorsqu’il était dans l’opposition, il parlait de l’existence des troupes antiguérilla, les contras, et prétendait que, lorsqu’il serait au pouvoir, il se chargerait du problème. Lorsqu’il accéda au pouvoir, non seulement, il ne s’occupa pas du problème des contras, mais il oublia même leur existence, allant d’ailleurs jusqu’à nier la nier.

    Le sens de tout ceci est bien simple: les gouvernements sont supervisés par les contras, et non par le parlement.

    Cette situation apparaît beaucoup plus clairement aujourd’hui. Si l’on pose la question de savoir « s’il existe une seule institution à laquelle le gouvernement doit rendre des comptes », la réponse ne sera jamais ‘le parlement’, mais ‘aucune’ ou ‘le MGK’.

    Quel que soit le gouvernement au pouvoir, durant les réunions du MGK, le ‘Document de la Sécurité nationale’ ou, comme on l’appelle aussi, la ‘Constitution secrète’ ou le ‘Livre rouge’, est placé sous les yeux des représentants du gouvernement. Le message est simple: « C’en est terminé pour le programme de votre parti ou des élections.

    Apprenez plutôt les grandes lignes de votre travail. »

    Cette Constitution secrète est la seule en vigueur pour le gouvernement, qui dirige le pays conformément à elle et en produisant des ‘directives’ et ‘réglementations gouvernementales’. Ces directives émanent des décisions du gouvernement et ont force de loi.

    Ceci se fait sans l’approbation du parlement.

    Ce qui revient à dire que le gouvernement n’est pas habilité à promulguer des ‘décrets’ mais que, dans la pratique, il peut quand même le faire. Les plus fameuses de ces directives sont les ‘directives SS’, qui traitent de la répression et des interdictions.

    Par exemple, depuis 1982, plus un seul décret n’a vu le jour sur les prisons, mais une bonne dizaine ont été promulgués par le gouvernement afin d’intensifier la répression dans ces mêmes prisons.

    Signalons également que, dans notre pays, comme dans d’autres pays similaires, l’autorité émane de bureaucrates non élus plutôt que de ceux qui sont élus au parlement. Directement ou indirectement, ce sont les généraux, les chefs de la police et les maires qui contrôlent l’administration.

    Par exemple, à une certaine époque, le nom du général Cevik Bir, qui a fait ses études aux Etats-Unis et qui parle mieux l’anglais que le turc, a été prononcé plus fréquemment que celui du Premier ministre.

    De plus, une autre institution de l’armée, appelée le ‘Groupe de travail occidental’, est également en fonction et continue à constituer des dossiers sur quasiment tout le monde, qu’il s’agisse d’un boucher ou d’un ministre, et ce, malgré la décision du Premier ministre prétendant que « la chose n’était plus nécessaire ».

    Ces personnes rendent publiques leurs opinions concernant la situation du pays et elles formulent des avertissements.

    Elles agissent même en tant que porte-parole du pays à l’étranger.

    Leurs opinions prévalent davantage, par exemple, que celle du chef du parlement.

    Les sections les plus importantes de la bureaucratie sont encadrées par des fascistes.

    Personne ne peut être chef de la police ou maire sans des antécédents de tortionnaire ou d’assassin.

    Necati Bilican a été maire de l’un des districts placés sous état d’urgence. Il a fait ses preuves en tant qu’assassin de plusieurs centaines de personnes avant de devenir chef de la police.

    Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

    Aujourd’hui, dans notre pays, toutes les fonctions de chef de la police, de maire ou encore les postes du même genre sont attribués à des personnes de ce calibre.

    La carrière de Mehmet Agar qui, de chef de la police, est devenu ministre, s’inscrit dans un modèle similaire.

    Rien d’étonnant, de ce fait, si nous qualifions le pays ‘d’Etat policier’, ‘d’Etat antiguérilla’ ou ‘d’Etat susurluk’.

    Qu’en est-il sur le plan judiciaire?

    Aux questions que nous allons poser ici, la réponse soit invariablement ‘non’.

    Les gangs pourraient-ils être jugés? Les noms de la quasi-totalité des députés, y compris le chef du parlement, ont été cités dans des affaires de corruption. Peut-on les déférer devant un tribunal?

    Tansu Ciller – ancienne Premier ministre de Turquie et citoyenne américaine – pourrait-elle être déférée devant un tribunal?

    Et Mesut Yilmaz (un autre ancien Premier ministre)?

    Et Mehmet Agar?

    Et Ayhan Carkin, et Ibrahim Sahin? Et l’assassin fasciste, Oral Celik, dont les crimes sont connus jusque dans les moindres détails et qui est actuellement président d’un club de football de première division?

    En mars 1995, à Gazi, onze personnes ont été tuées dans une fusillade de la police.

    On possède même une vidéo des faits, sur laquelle on voit clairement un policier, Adem Albayrak, utilisant son fusil automatique. Récemment, les conclusions du procès de ce massacre ont été rendues publiques.

    Le procès a duré quatre ans, a été déplacé d’Istanbul à Trébizonde (soit à 1083 km, ou 18 heures de voiture).

    Le policier meurtrier a été acquitté.

    Il est le seul policier à avoir été détenu jusqu’au verdit final du tribunal.

    Aujourd’hui, même des représentants de l’appareil judiciaire disent que le système judiciaire n’est pas indépendant.

    Le procureur Mete Gokturk, de la DGM (Cour de Sécurité de l’Etat), a expliqué la situation en détail dans un programme télévisé. Aujourd’hui, il passe en jugement pour une accusation qui pourrait lui valoir douze ans et demi d’emprisonnement.

    Dans chaque tribunal de Turquie, figure cette devise: « La Justice est la base de l’Etat ».

    La justice fasciste est la base du fascisme. C’est ainsi, par exemple, que des gosses qui volent des pâtisseries se retrouvent au tribunal, alors que ce n’est pas le cas pour les contrebandiers, les trafiquants de drogue, les fraudeurs, etc.

    Quelle que soit l’opinion qu’on se fait de l’Etat, plus personne aujourd’hui n’a confiance en la justice.

    Le fascisme a également instauré des tribunaux d’exception appelés DGM afin de se protéger et de légitimer la répression et la terreur.

    Les DGM sont des institutions fascistes dont le but est de condamner les luttes populaires.

    Le fascisme y a recours afin de blanchir ses propres agressions et massacres et de les légitimer.

    Bref, on y innocente le fascisme pour mieux traîner en justice la lutte révolutionnaire.

    Tandis qu’on acquitte des tortionnaires et des chefs antiguérilla, on condamne à mort ou à de longues peines de prison des révolutionnaires, des démocrates et des intellectuels.

    L’armée est une des institutions principales du fascisme

    Selon la définition du dictionnaire, l’armée fait partie de l’administration de l’Etat.

    Mais dans des pays comme le nôtre, l’armée se mêle de chaque événement ou problème et elle est l’institution la plus importante du fascisme.

    Nous avons déjà expliqué comment l’armée domine l’administration de l’Etat par le biais du MGK.

    Quelle est la structure de l’armée, pour qu’elle ait une position aussi dominante? Avant tout, l’armée dépend de l’impérialisme à tous niveaux.

    Depuis les armes que coltinent les militaires jusqu’aux chaussettes qu’ils portent, tout est fourni par l’impérialisme. L’armée ne dépend pas seulement de l’impérialisme, elle y collabore aussi.

    Toutes les positions stratégiquement importantes en son sein sont occupées par des officiers et des généraux qui ont été formés aux Etats-Unis.

    L’armée est sous le contrôle des Américains depuis son institutionnalisation jusqu’à ses moindres règlements.

    Les Yankees organisent des cours pour initier les militaires aux maniements des armes qu’ils leur vendent, ils leur dispensent information technologique, entraînements et règlements disciplinaires.

    Bien sûr, ces exemples ne suffisent pas à expliquer la collaboration.

    Aujourd’hui, l’armée est également un monopole connecté à d’autres monopoles, tant domestiques qu’étrangers, qui présentent des intérêts communs.

    Avec la création de marchés militaires, de clubs de détente pour militaires, de plages pour militaires en vacances, de fondations militaires, avec les Oyak (institutions d’aide aux militaires), Aselsan (une firme de l’armée spécialisée en électronique), Tusas (une firme turco-américaine de l’armée), Tuslog (groupe logistique turco-américain), et bien d’autres, les cadres supérieurs de l’administration militaire se sont mués en une bourgeoisie bureaucratique.

    Les cadres militaires vivent dans de meilleures conditions que leurs homologues civils, et c’est pourquoi l’armée protège les intérêts de l’impérialisme et de la bourgeoisie collaborationniste mieux que toute autre force.

    De même, les monopoles collaborationnistes de notre pays, tels Sabanci et Koc, ne cessent de faire des cadeaux aux chefs d’état-major et aux dirigeants des forces armées.

    Le fascisme survit par la terreur

    Quand les gens sont organisés et conscients, l’impérialisme et la bourgeoisie monopoliste ne peuvent instaurer le fascisme.

    C’est pourquoi, outre leurs propres institutions légales, ils ont besoin de plusieurs autres appareils répressifs.

    Une administration qui protège les intérêts de l’impérialisme et de la bourgeoisie monopoliste est, bien sûr, l’ennemie de tous les peuples, puisque cette administration a pour but le pillage du travail du peuple et son exploitation par la force.

    Cette forme d’administration ne peut être acceptée par le peuple.

    Par conséquent, le fascisme ne veut en aucun cas que le peuple accède à la conscientisation ni qu’il s’organise.

    Le peuple est constamment victime de la répression. En d’autres termes, le fascisme survit par la terreur.

    Il y a des associations, des syndicats, des partis politiques, mais leurs activités sont quasiment toutes interdites.

    En une seule nuit, des dizaines d’ONG (organisations non gouvernementales) ont subi des razzias de la police et leurs membres ont été arrêtés.

    On prétend que le droit de participer à une organisation existe, mais s’affilier à ces ONG mène en droite ligne à la répression et à la torture.

    Il existe des journaux, des magazines et des ouvrages socialistes et révolutionnaires, mais la plupart de leurs éditions font l’objet de saisies. Les bureaux de ces publications subissent raids et attentats à la bombe, tout ce qui s’y trouve est détruit ou pillé, le personnel se fait tabasser et arrêter. L’hebdomadaire socialiste Kurtulus (Libération) en est un exemple typique.

    Quand cela ne suffit pas, les fascistes essaient d’intimider les gens et de les réduire au silence par des assassinats, des massacres et des disparitions.

    Mais, pour ce faire, les institutions légales de l’Etat, comme la police, ne suffisent pas toujours.

    Dans de telles circonstances, on recourt à l’intervention des brigades antiguérilla qui supervisent le reste des institutions de l’Etat.

    Les brigades antiguérilla

    Elles n’ont de comptes à rendre qu’à l’Etat-major général.

    Elles planifient et mettent à exécution toutes les sales besognes, les massacres, les provocations et mille autres opérations, ainsi que les politiques chauvines dont le rôle est de diviser le peuple.

    Elles fonctionnent sous l’appellation de ‘Commandement des Forces Spéciales’.

    Les locaux de la gendarmerie, le Jitem, les Equipes Spéciales d’Action, les gardes villageois, les Unités de Commandos Spéciaux, les administrations communales des zones d’état d’urgence, les DGM et autres institutions similaires… tous doivent rendre des comptes au Commandement des Forces Spéciales.

    Les brigades antiguérilla sont les ennemies du peuple. Leur tâche principale est de diviser et d’intimider les gens, d’en faire des esclaves de l’impérialisme et de l’oligarchie, à n’importe quel prix.

    C’est pour cette raison que l’on commet des atrocités en tous genres, que l’on divise les gens et qu’on les excite les uns contre les autres.

    On organise des massacres collectifs, on bombarde des villages, on force des paysans à déménager et à s’expatrier, on déboise des forêts entières.

    Tant les brigades antiguérilla que le MIT sont sous contrôle direct de l’impérialisme par le biais de la CIA.

    Le fascisme exerce son contrôle dans tous les domaines

    Avec le YOK (Conseil supérieur de l’éducation), qui a réduit à néant l’autonomie des universités, le fascisme contrôle les étudiants; avec le YHK (Conseil supérieur d’arbitrage), il contrôle les travailleurs; avec le Conseil supérieur des juges et des procureurs, il contrôle le monde judiciaire; avec le Conseil de contrôle de l’Etat, il contrôle la bureaucratie et le gouvernement.

    Par le biais de ces institutions mises sur pied par la Constitution, l’institutionnalisation du fascisme est totale à tous les niveaux. Par ailleurs, le fascisme doit pouvoir compter sur un certain soutien de masse (au moins de la part d’une minorité) s’il désire demeurer en place.

    Les fascistes civils constituent le soutien de masse du fascisme

    Les organisations fascistes trouvent leurs supporters principalement parmi les petits indépendants, comme les boutiquiers ou les paysans qui possèdent un peu de terre.

    Ceux-ci ne pensent qu’à s’enrichir et ne cessent de placer leurs espoirs dans le système.

    De la sorte, ils se laissent influencer par la propagande du système et deviennent ses partisans naturels.

    Chaque fois qu’il le faut, ils se muent en soutien de masse de l’Etat ou en force offensive contre l’opposition démocratique révolutionnaire.

    Ils s’en prennent aux manifestations, brûlent, détruisent, se livrent à des massacres.

    Chaque fois que c’est nécessaire, ils sont les instruments de la propagande chauvine. Ils déclarent que tous les peuples de la planète sont des ennemis. Leur principale démagogie réside dans ce slogan: « Les Turcs n’ont d’autres amis que les Turcs. »

    Ils ne cessent de répéter que nous devrions vivre « tous ensemble, dans l’unité nationale ».

    Ce qu’ils entendent par ‘unité’, c’est une unité dans la soumission à l’impérialisme et à l’oligarchie.

    Ils déclarent que la lutte de plus en plus active du peuple pour ses droits et ses libertés détruit cette unité et ils considèrent comme leurs ennemis tous ceux qui soutiennent cette lutte.

    Les affaires de l’Etat, telles le trafic de drogue et la prostitution, sont également gérées par ces fascistes civils.

    Alaattin Cakici et Drej sont deux noms bien connus parmi tant d’autres.

    Les camps de commandement du passé sont remplacés par les ranchs et villas de la mafia d’aujourd’hui.

    Il est aussi notoire que ces gens vivent dans les meilleurs termes avec les bureaucrates et les ministres.

    Comment ils ont commis leurs crimes ou se sont livrés à leurs provocations, tout le monde le sait.

    Bref, lorsque l’Etat est dans l’impossibilité de vaquer à ses sales besognes en raison de sa propre législation, il recourt pour ce faire aux cadres fascistes civils.

    Personnalités fabriquées de toutes pièces et dégénérescence culturelle

    Le fascisme doit modeler un peuple susceptible d’accepter sa culture et ce, afin de protéger à la fois le système et les fascistes civils.

    Ce modelage, il essaie de le réaliser par le biais de la dégénérescence culturelle.

    Chez nous, ‘l’apogée’ de cette dernière se situe à l’époque qui a suivi le 12 septembre 1980.

    Ceux qui rejettent la culture du fascisme et qui ne sont pas emplis d’une admiration béate pour les pays impérialistes sont appelés les enfants du ‘12 Septembre’.

    Cette date marque le début d’une période spéciale, le début de l’époque qui a suivi le coup d’Etat militaire.

    Le ‘12 Septembre’ est un concept, un style de vie, une structure sociale.

    Quelle qu’ait été le degré des atrocités et de la répression de la junte militaire, elle n’aurait pu survivre très longtemps sans créer une masse qui allait accepter de plein gré son administration.

    La manière d’y arriver consistait à dépersonnaliser la société, autrement dit, à provoquer sa dégénérescence.

    Ce fut l’un des objectifs majeurs du ‘12 Septembre’ en vue d’assurer la pérennité du fascisme.

    De la sorte, ses pratiques fascistes seraient aisément acceptées.

    D’une part, le système éducatif fut complètement remodelé en conformité avec l’idéologie fasciste.

    D’autre part, on recourut largement aux médias. Les monopoles médiatiques soutinrent volontairement cette politique fasciste. Renégats, pusillanimes et autres lâches furent achetés par les patrons des médias afin de faire toute la propagande de la dégénérescence.

    Aujourd’hui, ils constituent toujours le principal outil d’une dépersonnalisation qui se sert d’un vocabulaire de gauche.

    C’est pour cette raison que l’on a propagé la philosophie prétendant qu’ »aucune cause ne vaut qu’on meure pour elle ».

    Si une facette de l’histoire se traduit par la tyrannie, la souffrance, le sang et l’affliction pour le peuple, l’autre facette est celle de la résistance, de la révolte et des révolutions.

    Vivre à genoux est contraire à la nature humaine.

    Aujourd’hui, la tyrannie s’appelle fascisme. A l’instar de tous les systèmes basés sur la répression, il est appelé à pourrir et à disparaître.

    Après les années 1900, en réponse aux régimes fascistes qui avaient essayé de détruire les luttes de libération du peuple, il y eut des révolutions. Des peuples héroïques implantèrent le socialisme et combattirent le fascisme en front uni.

    Aujourd’hui, la lutte grandissante pour l’indépendance, la libération et la démocratie, tant dans notre pays que partout dans le monde, est la preuve de l’échec du fascisme.

    La seule façon de ne pas succomber à la barbarie et à la terreur des monopoles est de proclamer ‘la liberté’ et de lutter.

    Le fascisme sera vaincu « sans dépendre de forces extérieures, en croyant en votre propre pouvoir, votre pensée, votre expérience, en menant à bien la révolution et en la protégeant ». (Rapport de Congrès du DHKP, p.104.)

    Le fascisme est le régime de la destruction et de la dégénérescence.

    Il hait tout en dehors de lui-même. C’est pourquoi le peuple uni contre lui n’a que deux choix: la victoire ou la mort.

    Note

    1. Susurluk : expression utilisée pour décrire l’Etat fasciste et maffieux en Turquie.

    Dans la ville de Susurluk, une voiture a explosé avec, à son bord, un ministre et un chef de la mafia, ce qui avait révélé la collusion entre le pouvoir d’Etat et la mafia.

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  • DHKP/C – Concernant les mensonges déversés par la télévision

    Communiqué du Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKC) concernant les mensonges déversés par la télévision « turque » (20 octobre 2004)

    Communiqué du Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKC) concernant les mensonges déversés par la télévision « turque » CNN-Turk concernant l’extradition prochaine du secrétaire-général du Parti révolutionnaire de libération du peuple (DHKP)

    Date : Le 20 octobre 2004

    Communiqué : 343

    Encore des salades servies par la police de l’AKP avec la collaboration du holding de la presse « Dogan Medya »

    Le 18 octobre dernier, une information « spéciale » a été publiée par la CNN Türk. D’après cette notice, « Le leader du DHKP/C Dursun Karatas va être extradé ! »

    Le lendemain, la presse bourgeoise a repris à l’unisson, ce bobard pondu par Dogan, le magnat de la presse. Le fasciste maffieux Alaaddin Çakıcı ainsi que l’islamiste Metin Kaplan venaient d’être extradés.

    Pour renforcer l’idée de « l’Etat omnipotent  » et du « gouvernement capable d’obtenir ce qu’il veut de l’Europe « , il fallait que le gouvernement AKP se montre capable d’organiser l’extradition du dirigent révolutionnaire Dursun Karatas pour se voir récompenser par les ennemis du peuple.

    Cependant, un « petit » problème demeure : Ils parlent de l’extradition de notre dirigeant alors qu’il n’est pas captif. D’après la dépêche de CNN Türk, c’est comme s’i notre dirigeant était déjà capturé. C’EST COMPLETEMENT FAUX. CE NE SONT QUE DES BOBARDS. Notre dirigeant est toujours à son poste.

    La dépêche « spéciale » de la CNN-Türk est un mensonge total : « Karatas serait dans une zone non loin d’Amsterdam » (c’est tout de même curieux qu’ils connaissent sa localisation et qu’ils ne l’arrêtent pas), « Le courrier électronique qui aurait revendiqué l’explosion survenu à Çapa aurait été envoyé depuis un café internet situé aux Pays-Bas. » Tout cela n’est que de la pure fabrication policière. Tous ces mensonges servent également à alimenter des prétextes destinés à servir dans la répression contre des associations démocratiques et révolutionnaires en Turquie.

    Lorsque l’on observe l’information qui annonce « L’extradition de Karatas  » de plus près, on constate qu’il s’agit d’une coquille vide. Car dans l’article, il est dit : « Le leader du DHKP/C Dursun Karatas sera capturé au cours d’une opération spéciale et extradé vers la Turquie. »

    Cela veut d’abord dire qu’il faudra encore « le localiser » et ensuite organiser « l’opération de capture » !!!

    Depuis quand annonce-t-on à cor et à cris une opération visant des révolutionnaires ? Toute personne raisonnable pense immédiatement qu’une telle information mettrait la puce à l’oreille des personnes visées. La CNN Türk et la police de l’AKP ne savent-ils pas cela ? Evidemment que oui. Qu’importe pour eux, du moment que l’intox fasse un « effet sensationnel ».

    Le holding de la presse « Dogan Medya » et le parti AKP se démènent pour donner l’image d’un gouvernement efficace et pour calomnier notre organisation et notre dirigeant. Plutôt que de parler des décès dans les prisons de type F, de la torture, de la famine, de la misère, des diverses luttes et résistances populaires et de la résistances, les magnats de la presse remplissent leurs pages d’idioties et de mensonges.

    Capturer notre dirigeant, éradiquer notre organisation, ce sont deux rêves ancestraux de l’oligarchie et de ses médias. Pour réaliser leur rêve, ils ont mené et appuyé des centaines d’opérations policières et perpétré des centaines de massacres. Comme ils sont toujours bredouille, ils veulent se faire plaisir en se racontant des mensonges.

    Continuez à mentir. Comme vous continuez à mentir sur la Turquie que soi-disant vous bâtissez. Quoique vous fassiez, la vérité triomphera. Et au c ?ur de cette vérité, il y aura toujours notre organisation.

    DEVRIMCI HALK KURTULUS CEPHESI

    FRONT RÉVOLUTIONNAIRE DE LIBÉRATION DU PEUPLE

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  • DHKC – Un historique

    (2014)

    Le mouvement communiste incarné par le Parti révolutionnaire de libération du peuple (DHKP) et son Front (DHKC), se bat depuis 35 ans pour la libération sociale des peuples turc, kurde, arabe, laze, circassien, bosniaque, géorgien, abkhaze, grec, rom, arménien, syro-chaldéen, assyrien etc. qui cohabitent en Turquie.

    Le DHKP/C est un mouvement populaire, fruit d’un long processus politico-militaire interrompu par deux coups d’états fascistes (en 1971 et en 1980). Le mouvement apparaît en 1970 sous le nom de THKP/C (Parti-Front révolutionnaire de libération de la Turquie) et en 1978, refait surface sous l’appellation « Devrimci Sol » (Gauche révolutionnaire).

    Les circonstances de la naissance du THKP/C

    A partir de 1946, l’impérialisme US opère une reconquête néo-coloniale de la Turquie dans le cadre de la doctrine Truman et du Plan Marshall, à travers les relations qu’il développe avec la nouvelle bourgeoisie turque. Etant encore embryonnaire et donc incapable d’imposer son pouvoir politique, cette bourgeoisie s’allie aux seigneurs fonciers, aux commerçants et aux usuriers pour former une oligarchie.

    Le 27 mai 1960, des officiers anti-impérialistes fidèles aux principes de Kemal Atatürk, le fondateur nationaliste de la république de Turquie, mènent un coup d’état, appuyée par la classe ouvrière, les étudiants, les intellectuels et l’opposition démocratique, exécutent les dirigeants du parti pro-yankee, le DP, et font voter en 1961 une nouvelle Constitution, qui est de loin la plus démocratique que la Turquie ait connue. Les droits politiques et syndicaux sont désormais respectés, les banques et les grandes entreprises sont nationalisées, l’autonomie est accordée aux universités, la censure est abolie. Conséquence : une quantité incalculable d’ouvrages marxistes sont traduits, ce qui contribue à l’éducation politique de la classe ouvrière et de la jeunesse et à l’émergence d’une nouvelle génération révolutionnaire.

    En 1961, le Parti ouvrier de Turquie (TIP) voit le jour. En 1965, ce parti fonde dans les universités la Fédération des clubs de réflexion (FKF). L’un des dirigeants de la fédération, Mahir Cayan, futur dirigeant du THKP/C, travaille à la radicalisation de la lutte populaire et à la fusion entre la classe ouvrière et les étudiants.

    En juillet 1968, lorsque la 6e flotte nord-américaine accoste sur les rives d’Istanbul, les jeunesses révolutionnaires jettent les Marines par dessus bord. Entre-temps, les services secrets excitent les organisations fascistes contre les mobilisation anti-impérialistes. Ces provocations aboutissent le 16 février 1969 au « dimanche sanglant » où deux ouvriers sont assassinés par les fascistes.

    Le 6 juillet 1969, le recteur de l’université technique du Moyen Orient (ODTÜ) à Ankara reçoit l’ambassadeur des Etats-Unis, Robert Commer, un agent de la CIA surnommé le « boucher du Vietnam ». Plusieurs milliers d’étudiants en colère avec à leur tête Mahir Cayan renversent et incendient la voiture de Commer. Cette action donne des ailes au mouvement révolutionnaire et anti-impérialiste.

    En octobre 1969, la jeunesse se distance de la direction réformiste du TIP et convertit la FKF en une nouvelle organisation qui va entrer dans la légende : Devrimci Gençlik, les Jeunesse révolutionnaires, surnommées « DEV-GENC »

    En décembre 1970, les dirigeants de Dev Genç fondent un parti clandestin de type marxiste-léniniste, le THKP et un front populaire, le THKC qui prônent la lutte armée contre l’occupation néo-coloniale du pays.

    Cependant, le THKP/C est pris de court : le 12 mars 1971, une junte fasciste s’empare du pouvoir avec l’aide de la CIA. Une véritable chasse à l’homme est engagée mais le THKP/C poursuit sa lutte.

    Le 30 mars 1972, les dirigeants du THKP/C dont Mahir Cayan sont encerclés par l’armée dans le village de Kizildere situé dans les régions de la Mer Noire. Les dix combattants révolutionnaires encerclés refusent la reddition et résistent jusqu’à leur dernière cartouche. Ils meurent en héros. Leur résistance marquera profondément les peuples de Turquie. Au point que Mahir Cayan est aujourd’hui considéré comme le Che Guevara turc.

    La naissance de Devrimci Sol

    Après la défaite de Kizildere et dès 1973, le flambeau de la lutte est repris par des jeunes révolutionnaires très actifs mais inexpérimentés qui se proclament « Frontistes ».

    Parallèlement au développement de la lutte sociale, l’oligarchie soutient des milices fascistes, les « Loups Gris » qui vont briser les grèves, assassiner les étudiants et les professeurs et mener des pogroms contre les minorités nationales (arméniens, grecs, kurdes) et religieuses (alevi, chrétiens). Entre 1974 et 1980, le terrorisme fasciste appuyé par l’Etat turc et Washington au nom de la lutte contre le communisme, coûte la vie à plus de 5000 personnes. En 1976, les « Frontistes » recréent l’organisation légendaire des jeunesses révolutionnaires Dev Genç. Les cadres de Dev Genç créent le 20 décembre 1978 dans le feu de la lutte anti-fasciste, une nouvelle organisation politico-militaire : Devrimci Sol, c’est-à-dire la Gauche révolutionnaire.

    Devrimci Sol va littéralement ébranler le pouvoir de l’oligarchie en dirigeant de grandes grèves ouvrières, en libérant plusieurs quartiers des sièges fascistes et de l’autorité policière, en punissant les tortionnaires et les fascistes, en expropriant les terrains appartenant à l’Etat et au secteur privé qui se trouvent en périphérie des villes pour y construire des habitations pour les pauvres, en détournant des camions appartenant aux entreprises monopolistes pour redistribuer leur chargement de nourriture dans les quartiers prolétariens, en développant la guérilla rurale, surtout dans la région de la Mer Noire et dans le Kurdistan.

    Le 12 septembre 1980, l’oligarchie, prise de panique, fait une nouvelle fois appel aux généraux fascistes formés à l’Ecole des Amériques. Le pays sombre dans une ère apocalyptique : les chars défilent dans la rue, l’armée organise des rafles dans chaque quartier, les prisons sont pleines à craquer, tous les bâtiments de l’Etat (écoles, stades et salles de sport) sont transformés en camps de concentration, les salles de torture tournent à plein gaz. Des centaines de personnes sont abattues en pleine rue. On ferme les bureaux de parti et les syndicats. On interdit les grèves. On persécute les journalistes et on brûle les livres.

    Les dirigeants de Devrimci Sol sont tous soit arrêtés, soit exécutés. En raison de l’ampleur des rafles et de l’affaiblissement du mouvement révolutionnaire, le front du combat entre l’oligarchie et l’avant-garde du peuple, se déplace vers les prisons.

    Après avoir essayé toutes les options militaires, l’oligarchie conclue que la captivité et l’élimination physique ne suffisent pas à écraser les révolutionnaires. En 1984, la junte fasciste adopte un programme de réhabilitation élaboré par la CIA et destiné à dépersonnaliser les détenus révolutionnaires en vue de les faire capituler : le port obligatoire de l’uniforme.

    Les détenus de Devrimci Sol déclenchent alors une grève de la faim au finish appelée « jeûne de la mort ».

    Après 75 jours de jeûne, quatre prisonniers perdent la vie. Mais au bout de cette résistance, le programme est finalement retiré. Cette résistance mémorable marque la première victoire du mouvement révolutionnaire sur la junte fasciste.

    De 1985 à 1990, Devrimci Sol décrète le repli tactique. Pendant ce temps, les prisonniers de Devrimci Sol comparaissent dans les tribunaux militaires dans le cadre de procès de masse. Au cours de ces audiences, le leader de Devrimci Sol Dursun Karatas, convertit le banc des accusés en tribune d’accusation. Il lit publiquement une liste des « ennemis du peuple » qui sont déclarés « cibles de la justice populaire ».

    Après plusieurs évasions de dirigeants révolutionnaires et la réactivation de la lutte sociale, en mars 1990, Devrimci Sol lance « l’offensive ». Chaque cadre politique devient un dirigeant militaire. Le mouvement révolutionnaire est de toute les luttes, légales et illégales. Il a désormais le vent en poupe.

    Devrimci Sol traque les membres de la junte, les tortionnaires et les agents de l’impérialisme. En 1991, plusieurs officiers yankees sont ainsi éliminés en représailles à la guerre contre l’Irak.

    Cette phase offensive nécessite un grand sacrifice et plusieurs dirigeants de Devrimci Sol sont exécutés en 1991 et 1992 mais le mouvement parvient à panser ses plaies et à se restructurer.

    Le rêve de révolution continue avec le DHKP/C

    Le 30 mars 1994, les cadres de Devrimci Sol refondent le Parti (DHKP) et le Front (DHKC) : le Parti, marxiste-léniniste et clandestin, assure le leadership politique tandis que le DHKC, c’est-à-dire le front populaire, organise la lutte des masses sur une base anti-impérialiste et anti-fasciste.

    Le DHKC est implanté dans les usines, les ateliers, les villages, les quartiers populaires, les syndicats, les universités, les lycées, les associations professionelles, le milieu des juristes, le monde de la culture, l’immigration turque et kurde en Europe… Le Front compte aujourd’hui également près de 400 prisonniers. Ces dix dernières années, plus de 9.000 personnes ont été condamnées pour appartenance ou soutien au DHKP/C.

    Le DHKP/C se distingue par sa fidélité absolue à ses principes, par sa combativité, son irréductibilité, son esprit de sacrifice et de camaraderie, son amour pour la vie et pour l’humanité, son internationalisme, son refus total du statu quo et du dogmatisme.

    Les combattants armés qui font également partie du Front sont organisés dans des “Unités de propagande armées” (SPB) elles-même appuyées par la milice. Les SPB sont actives tant dans les villes que dans les montagnes.

    En 35 ans, près de 850 héros du DHKP/C sont tombés dans le combat pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme. Le DHKP/C inspire une telle crainte pour l’impérialisme que le mouvement figure depuis plusieurs années dans la liste des organisations terroristes du Département d’Etat américain, sous toutes ses appellations. En février 2002, l’ex-chef de la CIA, Georges Tenet propose même au Congrès américain, de combattre le DHKP/C « pour le détruire ». Le même sort est réservé à trois organisations palestiniennes et aux FARC de Colombie.

    Après les attentats du 11 septembre, l’impérialisme US déclare d’une part la guerre militaire, économique, politique, culturelle et psychologique aux peuples ; d’autre part, intensifie ses pressions contre ses alliés. Et finalement, l’administration Bush convainc l’Union européenne d’adopter sa « liste noire » des organisations « terroristes ».

    Ainsi, depuis le 2 mai 2002, le DHKP/C figure également dans la liste des organisations « terroristes » de l’Union européenne.

    Le jeûne de la mort, une résistance pour la justice, la dignité et le socialisme

    Si le mouvement révolutionnaire de Turquie est internationalement connu, c’est surtout par sa résistance contre l’isolement carcéral. Le 20 octobre 2000, les détenus révolutionnaires entament une grève de la faim contre leur transfert vers de nouvelles prisons de haute sécurité appelées « prisons de type F ». Ces prisons sont des centres de torture modernes importés des Etats-Unis et de l’Union européenne dans le but de détruire la collectivité des prisonniers. Le 19 décembre 2000, l’armée gouvernementale prend d’assaut les 20 prisons-dortoirs où les grévistes de la faim sont retranchés, assassinant 28 détenus et en blessant près d’un millier. Les détenus qui survivent à l’attaque sont déportés vers les prisons de type F. Aujourd’hui, voici cinq ans que les prisonniers du DHKP/C observent un jeûne de la mort qui a déjà coûté la vie à 120 d’entre eux. Malgré cette hécatombe et une censure assourdissante, le collectif des prisonniers révolutionnaires résiste toujours, avec un enthousiasme victorieux et un moral d’acier.

    Le DHKC au cœur de la lutte des peuples contre l’impérialisme

    Aux côtés des « Captifs libres » et des combattants du DHKC, il y a la résistance des peuples du Venezuela, de Cuba, de Colombie, d’Irak, du Népal, de Corée, de Palestine… Tant que des Fidel se lèveront pour dire « je préfère faire la file pour le pain que de me mettre à genoux devant les Etats-Unis », tant que les petits-enfants de Simon Bolivar continueront de défier les gringos, tant que la résistance irakienne continuera de frapper les troupes d’occupation, tant que la Palestine vivra, l’impérialisme yankee ne pourra parvenir à globaliser le monde sous sa domination et sa terreur.

    Le DHKC est fier d’assumer son rôle historique dans la résistance à l’impérialisme. Il appelle toutes les forces progressistes à s’unir dans ce combat et salue chaleureusement l’humanité en lutte pour la paix, la justice et la liberté.

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  • THKP/C-HDÖ : Propagande armée et guerre de guérilla (mai 1991)

    La propagande armée est la méthode fondamentale pour, détruire l’équilibre artificiel existant entre les réactions des masses populaires et le « pouvoir politique de l’oligarchie, et pour ainsi convaincre les masses, pour la révolution. Les luttes économico-démocratiques des ouvriers contre l’oligarchie sont supprimées par la terreur.

    Dans les pays où l’appareil policier est présenté aux masses comme étant « surpuissant », la propagande armée est la seule méthode permettant de rentrer en contact avec les masses et permettant « de les informer des réalités politiques

    La stratégie de lutte militaire politisée (PASS) nous montre comment doivent être construites aussi bien la direction de la lutte révolutionnaire que sa tactique. Pour cette raison la stratégie PASS doit être bien comprise et la lutte révolutionnaire doit être menée conformément à elle. Ceci est particulièrement valable pour la période suivant le putsch militaire du 12 septembre 1980, période où l’équilibre artificiel était très stable et se renforçant en même temps que la dépolitisation gagnait toutes les couches des masses.

    La propagande armée comprend aussi bien la guerre de guérilla urbaine que la guerre de guérilla rurale, ainsi que les caractères de la guerre psychologique et de la guerre d usure. Si l’on parle alors de propagande armée, on entend directement par-là guerre de guérilla (tant urbaine que rurale).

    Le rapport entre la guerre de guérilla et b propagande armée ne doit être compris qu’en tant que rapport entre une méthode de lutte et les moyens lui correspondant.

    Autrement dit : une guerre de guérilla qui est menée suivant un but politico-révolutionnaire et qui s’entend en tant que lutte politique de masse est de la propagande armée. La décision de savoir comment elle doit être menée et pratiquée concrètement, demande une analyse concrète de la situation concrète. On ne peut mener correctement la propagande armée qu’en faisant une telle analyse.

    Le but de la guerre d’avant-garde est de détruire l’équilibre artificiel, et de provoquer ainsi les réactions des masses face au système en place, afin d’exploiter ces réactions en faveur de la direction de la guerre populaire.

    La propagande armée est la forme fondamentale de cette guerre et elle exige de nous une planification analogue de ta guerre de guérilla.

    Une guerre de guérilla doit être planifiée selon les caractères propres à chaque pays. Généralement parlant, la guerre de guérilla exige une juste traduction d’une politique de développement militaires. Comme l’explique Mahir Çayan dans le texte « La stratégie révolutionnaire du THKP », le conflit militaire se développe à partir d’une longue phase de commence nie fit des activités de guérilla jusqu’à la phase de diffusion et de consolidation à partir de laquelle la guérilla devient une armée organisée et peut obtenir la victoire.

    Les actions armées qui ne sont pas menées suivant une politique de développement militaire ne correspondent pas aux normes de la stratégie PASS, et la propagande armée peut alors perdre la sympathie des masses, De nombreux groupes en Turquie et partout dans le monde ont fait de telles expériences.

    En aucun cas propagande armée ne peut signifier mener des actions armées n’importe quand et dans n’importe quel but. Une guerre de guérilla qui n’est pas menée selon la stratégie PASS ne peut atteindre son but stratégique.

    Cela ne veut pas dire qu’une organisation qui mène une telle guerre de guérilla va directement la perdre et se démanteler. Elle peut tout à fait construire suffisamment de cellules pour exécuter des actions de guérilla, mais elle n’atteint jamais par-là ses véritables buts stratégiques. La meilleure illustration de cela est l’exemple de VIRA.

    « Comme nous le savons déjà, la notion de guerre de guérilla n’a pas de fonction déterminante. Même des sécessionnistes qui luttent contre une autorité centrale, même de petites unités de combat peuvent continuer à combattre leurs ennemis par des actions de guérilla » (Mahir Cayan)

    Pour cette raison, les organisations qui exécutent des actions armées ne partagent pas pour autant la stratégie de la propagande armée.

    Dans des pays où les périodes d’évolution et de révolution sont clairement séparées les unes des autres, les partis prolétariens forment pour certaines tâches des unités armées qui exécutent des actions armées à diverses reprises, notamment dans des périodes d’évolution.

    Au début du siècle, Lénine donnait comme exemple : « Nous avons besoin d’unités de combat, formées de travailleurs politiquement actifs, qui ont fait leur service militaire, afin de pouvoir tuer les provocateurs et les traîtres, mais aussi pour libérer des détenus, et en tant que service d’ordre lors d’actions et de manifestations ».

    Par sa présentation nous comprenons la différence entre les groupes révolutionnaires qui choisissent la propagande armée en tant que moyen de lutte et des organisations qui ont choisi la lutte armée dans des temps de crise et en tant que méthode « dans des périodes d’évolution et de révolution ».

    Mahir Çayan a expliqué cette différence dans son oeuvre « La Révolution Ininterrompue » de la manière suivante : « Dans notre pays, un groupe qui veut expliquer les réalités politiques par un journal, qui veut convaincre les masses pour la révolution et qui a construit des cellules dans les usines afin d’opposer une résistance, peut tout à coup avoir des difficultés financières et pour cette raison faire quelques banques ou exécuter des actions de sabotage. Mais ces actions ne font pas partie de la propagande armée »

    Il y a aujourd’hui dans notre pays, la Turquie, plusieurs groupes et organisations qui partagent leur opinion. Ils pensent que, parce que les masses sympathisent avec les actions armées, il est possible d’organiser les masses par ces mêmes actions. Mais ils font l’erreur de ne pas construire l’organisation dans un but nécessaire et auquel on aspire, mai de la construire en fonction des réactions provoquées par les actions armées.

    A première vue, ce type d’organisation, dont il existe quelques exemples et qui aspirent à la lutte armée, appartiennent à ce cadre politico- idéologique, mais ce n’est pas le cas dans les faits. Leur concept de révolution va s’avérer tôt ou tard révisionniste.

    Ces groupes révisionnistes ont été fondés afin d’imposer leurs propres intérêts, ils n’ont rien à voir avec la propagande armée. Mais, pour les masses ils paraissent être des groupes révolutionnaires, tant que la différence stratégique entre la propagande armée et leurs actions armées ne leur est pas perceptible.

    (Dans les pays de la périphérie, comme en Turquie, de tels groupes révisionnistes ont certes la possibilité de mener leurs actions armées. La différence stratégique entre organisations révolutionnaires et groupes révisionnistes qui construisent des unités armées, consiste dans l’acceptation ou le refus de la « Stratégie Militaire Politisée de Combat »).

    Mahir Çayan vit cela des années auparavant et il l’interpréta ainsi : Certains groupes qui n’étaient pas très importants ont pu, à travers la propagande armée, fonder de petites unités de guérilla et ainsi gagner en prestige. Mais cela n’a pas plus d’importance qu’une note dans l’Histoire.

    La propagande armée est une méthode de lutte importante. Au stade de la guerre d’avant-garde, la propagande armée a pour but de commencer la guerre populai1re par la destruction de l’équilibre artificiel.

    Une guerre de guérilla qui a ce but (au sein de la propagande armée) est une part constituante de la guerre prolongée ; plus précisément, elle est la force dirigeante de la guerre populaire prolongée.

    Pour cette raison, la guerre de guérilla doit être préparée déjà dans la phase de guerre d’avant-garde et doit orienter toutes ces actions vers celle-ci.

    La guerre de guérilla de propagande armée est à distinguer des simples actions armées parce que ces dernières ne correspondent pas à la stratégie PASS. L’organisation révolutionnaire qui a choisi la propagande armée en tant que méthode de lutte doit considérer la guérilla urbaine et la guérilla rurale en tant qu’unité dialectique, et doit employer ces deux formes de lutte afin d’expliquer les circonstances politiques. Elles peuvent ainsi d’un côté informer les masses, et de l’autre développer la guerre de guérilla et l’élargir Ainsi peut naître une unification des forces armées et des masses.

    Une organisation révolutionnaire qui a choisi la propagande armée en tant que méthode de lutte doit mener la lutte de guérilla rurale et de guérilla urbaine selon la stratégie que cela suppose.

    La politique du développement militaire et la stratégie militaire politisée de combat (PASS) n’exigent pas seulement – le développement de la guérilla urbaine. Les actions de la guérilla urbaine ne sont pas le moment déterminant pour la lutte des masses pour leur libération.

    Du fait que la guérilla rurale est le germe de l’armée populaire, il faut construire une liaison entre la guérilla urbaine et la guérilla rurale, et une guerre de guérilla ne peut pas être menée à la campagne par une poignée de groupes de guérilla consistant en militants dispersés et désorganisés.

    Comme disait Che Guevara : « Le mouvement de guérilla doit « absolument être planifié et préparé à l’avance, « sinon il n’a pas de fonction d’unification et de <<délivrance pour un peuple dispersé et affaibli par les défaites » a cet égard, de nombreux exemples des pays latino-américains turquie après le 12 septembre 1980, montrent à quel point mots che correspondent â la réalité.

    Il est évident « que dans les villes, même si elles ne sont pas industrialisées, il est très difficile, sinon impossible, de former des groupes de guérilla, car les masses sont soumises à des influences idéologiques qui propagent une idée de libération par les formes de lutte « pacifiques », ce qui freine la « naissance de la guérilla urbaine » (Che Guevara) Pour cette raison il est beaucoup plus difficile d’organiser une guérilla urbaine que de fonder une guérilla rurale.

    La propagande armée qui est menée par la guérilla rurale doit continuer à exister même pendant qu’on lutte dans les villes. Ce n’est pas la seule raison pour laquelle la politique de développement militaire exige l’organisation et la naissance concomitante d’une guérilla urbaine, et d’une guérilla rurale.

    Le but d’une telle politique n’est pas de fonder une guérilla urbaine et de réaliser dans le plus bref délai des actions armées de la plus grande envergure possible, le but de cette politique est de mener une lutte de guérilla rurale soutenue par une guérilla urbaine.

    La limitation de 1a guérilla urbaine peut s’expliquer de la manière suivante : la relation des militants de la guérilla aux masses leur est rendue p1us difficile à cause de leur illégalité. Une unité qui, à la campagne, peut se mouvoir librement, peut se retirer pour se développer.

    Car la situation de la campagne offre â la guérilla rurale toutes les possibilités de mener une guerre d’agression qui peut durer longtemps. Mais les militants de la guérilla urbaine ne peuvent répéter que certaines ,opérations, et ils se replient sur leurs positions de départ. Ils sortent d’une maison, font une action et retournent à cette maison.

    La guérilla rurale est par contre un facteur très important pour changer l’équilibre des forces et fonder l’armée populaire par une intégration progressive et continuelle des paysans.

    Il n’y a que la guérilla rurale qui ait cet avantage. La guérilla urbaine ne peut, en raison de son isolement, organiser une armée populaire dans les villes. Du fait qu’il n’existe pas de relation continuelle entre l’avant-garde armée et les masses, les unités d’avant-garde ne peuvent pas se développer vers une armée populaire »

    Les organisations armées qui croient que la lutte de guérilla dans les villes est la lutte dirigeante pour la construction d’une résistance des masses sont malheureusement condamnées à périr tôt ou tard. Car si elles veulent augmenter la quantité et l’effet de leurs actions armées, elles doivent accroître le nombre de leurs militants, et la lutte des masses devient pour eux une lutte de « masses » de leurs militants, qui doivent forcément abandonner leur clandestinité.

    Cela mène finalement à la destruction de la guérilla urbaine, comme le montrent les exemples du Brésil et du Venezuela dans les années soixante, et celui des Tupamaros dans les années 70, où les unités de la guérilla urbaine sont entrées dans ce cercle vicieux.

    Pour cette raison, les organisations qui jouent leur va-tout dans la guérilla urbaine et qui négligent la guérilla rurale devraient reconsidérer leurs buts et leurs méthodes. Les organisations qui ne suivent pas une juste stratégie militaire et, ainsi, ne suivent pas non plus de politique sophistiquée de développement militaire, courent le risque de se laisser influencer par des événements de la politique quotidienne et par-là de ne plus pouvoir suivre leurs buts révolutionnaires.

    Tant que ces déviations ne sont pas maîtrisées (nous les appelons du « foquisme urbain »), elles vont créer une situation de concurrence au sein du mouvement révolutionnaire. Un exemple de ce type de déviation est décrit ainsi par Carlos Marighella : « Actuellement le problème principal est la dislocation des organisations révolutionnaires qui, chacune, lutte pour la direction. La pratique est le seul critère. Elle était la source de la lutte armée en zone urbaine. Le choix a commencé à se faire parmi les organisations, l’aptitude à mener l’action était déterminante.

    Il y a encore des groupes qui continuent la lutte pour la direction. Mais en attendant on a pris les armes ; on ne peut plus remporter la direction par des discussions de problèmes et par des propositions dogmatiques qui sont loin de la réalité sociale du Brésil.

    Mais il y a aussi une erreur décisive de l’autre côté. Dans la lutte pour la direction, la thèse suivante était familière : celui qui a tiré le premier entraîne les autres avec lui. Pour cette raison, des actions partielles furent entreprises, actions qui dépassent les forces ou qui ne sont pas opportunes. De telles d’erreurs sont fatales, les organisations qui les commettent mettent en jeu la vie de leurs combattants et leur propre vie »

    Mais le danger qui naît d’une telle déviation n’a pas seulement ceci pour seul résultat, elle peut mener à un autre problème très sérieux.

    La guérilla urbaine peut succomber à la tentation de s’étendre au-delà de ses limites et d’essayer de nouvelles voies. La guérilla urbaine se développe ainsi vers une chose bâtarde entre guérilla urbaine et guérilla rurale, et les différences entre elles sont gommées. La guérilla urbaine transporte le foquisme à la campagne et initie, ainsi la guérilla rurale. Au lieu de cela il faut que le développement de la guerre de guérilla rurale influence et soutienne la guérilla urbaine.

    Notre politique de développement militaire telle qu’elle est décrite par Mahir Çayan dans « La Révolution Ininterrompue » dépend de notre avancée révolutionnaire. Chaque déviation de cette voie révolutionnaire serait en même temps une déviation de la ligne stratégique, comme le prouvent nos expériences.

    Une juste politique de développement militaire exige une campagne de désaliénation sur les réalités politiques pour l’exécution de la propagande armée. Mais à part le but général détermine par les réalités politiques, il y a des buts tactiques qui sont créés par les situations réelles. Eux aussi doivent être évalués dans le cadre de la politique de développement militaire.

    Toute organisation révolutionnaire qui déjà au début de la guerre d’avant-garde essaie d’organiser de grandes unités, est forcée d’intégrer des parties des masses qui sont abêties par les médias impérialistes et qui ont mis tout leur espoir pour la lutte révolutionnaire dans un des partis légaux du système.

    Les campagne de désintoxication sur les réalités politiques consistent en l’exécution d’actions qui détruisent l’équilibre artificiel. Pendant le temps de la dépolitisation des masses, la propagande armée a pour tâche d’être un facteur de politisation. Aujourd’hui cette tâche ne consiste pas seulement à démasquer le fascisme du régime du 12 septembre et à propager la vérité sur le système politique turc, mais surtout aussi à informer les masses des possibilités et des perspectives.

    La tâche tactique est la destruction des facteurs qui mènent à la dépolitisation, en même temps qu’il faut viser le but que la situation concrète du moment a fait naître.

    La tâche tactique est de propager la vérité sur les « décrets SS » et de « rendre coup pour coup ». Cette seconde tâche détermine alors non seulement les buts mais aussi les formes d’action de la propagande armée.

    La stratégie militaire politisée de combat

    La guerre populaire est une nécessité urgente tant pour les pays colonisés durant la première et la deuxième phase de crise que dans les pays maintenus sous-développés.

    Toutefois, l’impérialisme a ajouté des qualités nouvelles aux révolutions de la troisième phase de crise. L’autorité centralisée de l’Etat a été renforcée et l’appareil d’oppression et de contrôle a été étendu à tout le pays suite au développement du capitalisme. « Parallèlement au développement du marché interne du pays, l’urbanisation, la communication et le transport se sont fortement développés et ont recouvert le pays comme un filet.

    Le faible contrôle féodal sur le peuple durant les phases précédentes a fait place à une autorité étatique et oligarchique beaucoup plus forte. L’armée, la police et toutes les formes de l’appareil de pacification et de propagande de l’Etat oligarchique ont étendu leur hégémonie dans tout le pays.

    II faut ajouter que l’appareil de propagande de l’impérialisme et de l’oligarchie a atteint un niveau monstrueux, incomparable avec celui de la première et de la deuxième phase de crise. On doit aussi mentionner les expériences de l’impérialisme face aux guerres de libération des phases précédentes »

    Du fait que, dans la troisième phase de crise, l’impérialisme est devenu un phénomène interne à ces pays, et que, bien qu’elle soit cachée, son occupation s’étende à tout le pays, ce ne sont pas les autorités régionales qui doivent être décapitées, mais bien l’Etat centralisé qui est intégré au bloc impérialiste.

    II n’est plus possible pour les révolutionnaires prolétariens d’organiser des insurrections spontanées de paysans, de détruire rapidement le pouvoir des autorités régionales, de fonder des zones libérées et de réunir dès le début les masses dans de grandes unités (soviets) pour lutter. Ce changement ne résulte pas seulement de causes militaires et logistiques, mais aussi des spécificités de la troisième phase de crise.

    A cause du pouvoir de l’Etat centraliste et de son appareil de propagande et de pacification, les réactions spontanées des masses n’atteignent jamais les dimensions de la première et de la deuxième phase de crise. S’ajoute à cela le fait que les masses populaires n’ont pas d’expérience de lutte, en particulier les masses prolétariennes.

    Pour gagner de larges masses à la Révolution, c’est-à-dire pour faire passer les masses à la guerre populaire, l’équilibre artificiel doit être brisé, et c’est pourquoi la guerre populaire est un combat militaire politisé. « La pratique de la guérilla avec des buts politiques et en tant que moyen de dévoiler la réalité politique, c’est-à-dire de concevoir cette lutte comme une lutte politique de masse, est appelée la stratégie militaire politisée de combat.

    Sous la direction du marxisme-léninisme et en partant de l’analyse révolutionnaire des rapports et des contradictions de la troisième phase de crise de l’impérialisme et de leur reflet en Turquie et de l’histoire de notre pays, de ses qualités sociales, politiques, économiques et psychologiques notre parti a déterminé la stratégie militaire politisée de combat comme stratégie de la révolution »

    La première phase de cette stratégie de lutte dans les pays maintenus dans le sous-développement est la guerre d’avant-garde. La propagande montre aux masses que l’oligarchie n’est pas du côté du peuple et qu’elle n’est pas si puissante, si inattaquable ni si invulnérable. Cette propagande est menée sur base d’actions armées de l’avant-garde.

    La propagande armée est la forme fondamentale du combat politique d’avant-garde dans ces pays. Elle comprend la propagande, l’agitation et l’organisation des meilleurs éléments des masses sur base des actions armées. L’importance politique de la propagande armée l’emporte sur l’aspect militaire.

    Pour passer à la guerre populaire, l’équilibre artificiel doit être brisé en faveur du peuple. Au début, l’avant-garde lutte seule. A partir de la propagande armée, elle prend de plus en plus la supériorité politique sur l’ennemi. La sympathie des masses pour le mouvement armé se transforme en soutien puis en participation. A ce stade, les révolutionnaires ont obtenu une supériorité politique absolue. Giap écrit dans son oeuvre « L’art militaire de la guerre populaire » : « La guerre populaire recommencera quand on aura gagné la supériorité politique absolue sur un ennemi matériellement plus puissant »

    La propagande armée est la forme principale de lutte de cette stratégie. « La stratégie révolutionnaire qui considère la propagande armée comme étant la forme principale de lutte, et les autres formes de lutte telles les luttes politiques, économiques et démocratiques comme dépendantes d’elle, est la stratégie militaire politisée de combat »

    II ne faut pas pour autant entendre que les autres formes de lutte sont entièrement négligées. « L’organisation qui intègre la propagande aimée en tant que forme de lutte fondamentale mène les autres formes de lutte économique et démocratique tant que possible et selon ses forces. Mais ces formes de lutte sont secondaires.

    La propagande armée est la forme de lutte fondamentale. Cela ne veut pas dire que l’on reste spectateur des actions économiques et démocratiques des masses. L’organisation essaie, selon ses forces, de mobiliser les masses à lutter pour ses droits et revendications économico-démocratiques.

    Elle essaie de canaliser chaque réaction contre l’oligarchie Mais au début. elle n’est pas présente partout Elle ne participe à aucune action. de masse qui dépasse ses moyens et qu’elle ne saurait protéger par les armes. En dehors de la propagande armée, elle s’efforce pour obtenir conscientisation et éducation politique, propagande et travaux d’organisation, selon ses forces. Lutte de masse classique et propagande armée se succèdent. Oui, elles sont étroitement liées, elles dépendent l’une de l’autre. L’une influence l’autre. Les formes de lutte autres que la propagande armée dépendent de cette dernière et sont développées sous sa dépendance »

    Tous les genres de pacifisme de notre pays affirment que la guerre d’avant-garde serait une nouvelle forme d’anarchisme. Ils s’appuient sur le fait que la crise nationale ne serait pas encore mûre et que les conditions objectives pour une telle lutte seraient inexistantes.

    Les pacifistes n’ont pas compris que les conditions objectives pour mener des actions armées sont différentes des conditions pour l’insurrection armée. Leur erreur vient du fait que les crises nationales des pays « conservés sous-développés » ne sont pas conformes à la définition de la crise nationale de Lénine : « Pour que les conditions objectives de la Révolution soient réunies dans ce pays, il faut qu’il y ait une crise nationale en plus de la crise mondiale générale.

    D’après Lénine, A) le niveau de conscience et d’organisation du prolétariat pour la révolution doivent être suffisamment élevés, c’est-à-dire que les conditions subjectives pour la Révolution doivent être mûres ; B) il doit y avoir une crise nationale qui influence en même temps les oppresseurs et les opprimés »

    Chez Lénine, la phase d’évolution est longue, et la phase de révolution courte. Les pacifistes s’en tiennent à ces thèses et affirment que, dans cette phase, des actions armées sont déplacées.

    Toutefois, si on analysait les faits concrets, on verrait que la crise permanente et générale du capitalisme se reflète dans les pays maintenus sous- développés par une dynamique interne perturbée et d’une manière très violente. En conséquence, une crise nationale permanente se développe dans ces pays, même si elle n’est pas encore mûre. L’existence de cette crise dessine les conditions objectives pour un enchevêtrement des phases d’évolution et de révolution et donc pour l’acceptation du caractère fondamental des actions armées.

    Le camarade Mahir Çayan explique ainsi les qualités nouvelles de la crise nationale : « Les pratiques concrètes des pays vivant sous hégémonie impérialiste (…) c’est-à-dire qu’il existe des conditions objectives pour mener des actions armées » !( n’y a pas d’autre voie que la propagande armée, laisser mûrir la crise nationale et mobiliser les masses populaires dans le Front de la Révolution. L’organisation qui mène la guerre d’avant-garde

    Dans les pays sous-développés, la stratégie de lutte politique et sa première étape, la guerre d’avant-garde, peuvent être réalisées par une organisation qui, partant des principes déjà décrits, conçoit dans une même entité dialectique la campagne et la ville ; la propagande armée et les autres formes de lutte qui en dépendent. Cette organisation doit être l’organisation spécifique du prolétariat, qui dirige ses luttes économico-démocratiques, idéologiques et politiques. A ce propos, la direction idéologique du prolétariat est déterminante.

    Pour le marxisme-léninisme, une telle organisation est appelée Parti.

    On doit ici insister sur le fait qu’il est décisif pour l’organisation de remplir les fonctions d’un parti et non de s’intituler ou non « Parti ». Par exemple, l’organisation politique qui menait à Cuba la lutte de guérilla dans la Sierra Maestre et dans les villes s’appelait « Mouvement du 25 juillet ». Qui a lu les écrits de Castro et de Che Guevara sait que cette organisation n’était rien d’autre que le Parti.

    Dès qu’une organisation minimale a créé en son sein l’unité idéologique, a bâti sa structure hiérarchique sur les principes léninistes, a formé une structure dirigeante des luttes politiques (fondamentales), économico-démocratiques et idéologiques, elle peut remplir les fonctions d’un parti. Sa lutte s’étend du plus petit et plus simple au plus grand et au plus compliqué. Sa structure suit aussi cette voie. Au début l’organisation a des contacts limités mais sûrs avec les meilleurs éléments du peuple. Ses cadres sont des révolutionnaires professionnels.

    Au cours de la lutte, quand l’organisation se développe qualitativement et quantitativement, les éléments du prolétariat domineront aussi quantitativement. L’organisation qui réalise la stratégie militaire politisée de combat est une organisation de combat. II en résulte que ses cadres sont à la fois cadres politiques et militaires. -(…) le principe directeur de « cette organisation est le principe de l’unité de la direction politique et militaire. »

    Dès 1e début, des forces anti-impérialistes et anti-oligarchiques non marxistes ont participé à la lutte. Pour cette raison il faut distinguer le Parti du Front. Pour devenir membre du parti, il ne suffit pas de lutter contre l’impérialisme et l’oligarchie. Un membre du parti doit être marxiste-léniniste et posséder les qualités nécessaires.

    Le Front doit dans sa lutte reconnaître la direction du Parti. II mène son combat sous l’ordre et sous le commandement du parti.

    Le 30 mars 1972, le THKP-C a essuyé une défaite. Aujourd’hui la tâche de l’avant-garde est de lier l’Avant-garde Révolutionnaire du Peuple (HD0) au Parti-Front Populaire de Libération de Turquie (THKP-C) pour en faire un parti et un front qui puissent mener successivement la guerre d’avant-garde et la guerre populaire.

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  • MLSPB : les actions politico-militaires de la Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée (1975 – 1981)

    Les actions politico-militaires de la Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée (1975 – 1981)

    Les actions politico-militaires de la Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée, et l’explication de ces actions

    A) Prologue

    Selon sa lutte et sa stratégie, la raison de la Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée se traduit ainsi : les ennemis sont les impérialistes, les capitalistes financiers, les propriétaires fonciers, les usuriers, les bureaucrates civils ou pro-américains, et tous les ennemis du peuple. La Ligue Marxiste­Léniniste de Propagande Armée qui poursuit le but essentiel d’écraser le front ennemi des impérialistes américains et de leurs fantoches, a toujours com­battu en suivant la direction du Parti-Front Populaire de Libération de Turquie (THKP-C) présentée dans son Bulletin n°1 en 1971 :

    « Le THKP-C n’assume la responsabilité « d’aucun acte d’aventuriers ou de gangsters qui « nuisent au peuple, qui s’attaquent à des objectifs « non reconnus. Les actes comme des enlèvements « de femmes ou d’enfants, des actes contre des « personnes qui n’ont pas de relations directes avec « les impérialistes, ou contre la moyenne bourgeoisie, « ne sont pas des actions révolutionnaires. Ce sont « des actes de banditisme. Le THKP-C s’y oppose. II « respecte et soutient toutes les actions menées « contre les impérialistes américains, contre les « représentants du capitalisme financier et contre les « ennemis du peuple. Le THKP-C juge et condamne « les ennemis du peuple, les fantoches, les tortion­naires, etc. »

    Dans nos actions du guérilla, nous consacrons une grande attention à ne pas dévier de notre but ; mais quelques actions ont été menées que nous n’acceptons pas. Nous présenterons une auto­critique de ces actions devant nos peuples.

    D’autre part, durant certaines actions, malgré toute notre prudence, quelques personnes ont été tuées ou blessées. La mort de ces innocents nous a profondément touchés. Nous consacrerons toujours la plus grande attention à la réalisation de nos actions à l’avenir.

    Notre activité dans la stratégie P.A.S.S. a commencé avec la fondation du THKP-C et se poursuit avec la Ligue Marxiste-Léniniste de Pro­pagande Armée.

    Notre Parti, le Parti-Front Populaire de Libération de Turquie, qui a pour fondement le développement mondial du socialisme, ainsi que la réalité concrète de notre peuple, a ouvert la lutte de libération en 1970 par la stratégie P.A.S.S.

    - Notre brève lutte a été interrompue par le massacre de nos camarades d’avant-garde. Mais après un délai de trois années, la Ligue Marxiste­Léniniste de Propagande Armée, qui défend la même ligne, a repris la lutte. Ainsi, la Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée et sa lutte se confondent avec le Parti-Front Populaire de Libération de Turquie et la sienne.

    La Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée poursuit son activité de propagande armée aujourd’hui.

    B) Nos actions politico-militaires

    Pendant la guerre de guérilla des années 1971-1972, nous avons réalisé les actions suivantes :

    1. L’expropriation de la recette de l’agence KÜÇÜKESAT de la Banque de l’Agriculture.

    2. En commémoration du martyre des révolution­naires tombés lors du `Dimanche Sanglant’, nous avons dynamité le centre militaire américain ’Tuslog’ à ZINCIRLIKUYU, et son agence à SISLI ; l’agence d’ELMADAG de la Banque du commerce extérieur turco-américaine ; l’ambassade des Etats-Unis ; l’ambassade d’Angleterre ; le centre IBM à GÜMÜS­SUYU.

    3. Nous avons fait exploser une vedette rapide militaire américaine à SALIPAZARI.

    4. L’expropriation de la Banque Commerciale Turque (l’agence d’ERENKÔY).

    5. L’expropriation du grand propriétaire foncier Talip Aksoy et les patrons des sociétés comme Coca-Cola, Pe-ra-ja, Evvan, Mercedes-Benz, Oto­marsan ; Kadir Has et Mete Has.

    6. L’enlèvement d’Efraïm Elrom, l’ambassadeur sioniste d’Israël et le fantoche de l’impérialisme américain au Moyen-Orient. Le gouvernement n’a pas accepté notre demande de libérer les prisonniers politiques et la lecture du communiqué du Front à la radio ; et donc, nous l’avons fusillé.

    7. L’exécution de trois agents anglais à KIZIL­DERE.

    A Istanbul, MALTEPE, pendant des jours, nous avons lutté contre les forces militaires de l’oligarchie, et à KIZILDERE nous avons aussi montré l’exemple de la résistance communiste.

    Nous déclarons avec honneur que nous avons réalisé ces actions, comme celles que nous avons réalisées après 1975…

    La Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée défend les actions politico-militaires qui figurent dans l’acte d’accusation.

    La Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée a réalisé plusieurs actions contre l’impéria­lisme et l’oligarchie. Mais il faut indiquer que toutes les actions revendiquées ne figurent pas dans l’acte d’accusation. Et ici aussi, nous revendiquons quel­ques-unes de nos actions. ’

    Nos actions sont nécessaires à la lutte anti­impérialiste et anti-oligarchique. Et elles ont été réalisées selon les résolutions des organes de l’organisation, soit comme une campagne, soit comme luttes générales.

    Nous les citons selon l’ordre historique.

    1. Mai 1976 : l’explosion du centre militaire des Etats-Unis à ZINCIRLIKUYU.

    2. Septembre 1976 : l’explosion du centre des soldats de l’ O.T.A.N. à ATAKÔY.

    3. Janvier 1976 : l’explosion de l’ambassade des Etats-Unis.

    4. Mars 1976 : l’explosion d’une voiture améri­caine.

    5. Mars 1976 : l’explosion de la banque italienne. 6. Avril 1976 : l’explosion du centre de communi­cations des Etats-Unis CIHANGIR

    7. Avril 1976 : l’explosion de la compagnie aérienne iranienne.

    8. Novembre 1976 : l’explosion de EL-AL.

    9. Novembre 1976 : l’explosion d’une voiture de la compagnie aérienne iranienne.

    10. Novembre 1976 : l’explosion de l’ambassade d’Egypte.

    11. Mars 1976 : l’explosion du journal fasciste ’Gon havadis’.

    12. Juin 1976 : l’expropriation de l’entrepôt du ’Monopole’ à KOCAMUSTAFAPASA.

    13. Novembre 1976 : l’explosion de Philips.

    14. Janvier 1976 : l’explosion du centre de police de YENI MAHALLE.

    15. Février 1976 : l’explosion du centre de police de KUMKAPI.

    16. Février 1976 : l’explosion du centre de police de FATIH.

    17. Mars 1976 : l’explosion de l’agence de l’Akbank à BAHÇELIEVLER.

    18. Mai 1976 : l’explosion de l’agence de l’Akbank à YUSUFPASA.

    19. Mai 1976 : l’explosion de « Tofas » (firme de Koç Holding).

    20. Mai 1976 : l’explosion du centre de police de YESILTEPE.

    21. Mai 1976 : l’explosion d’une organisation fasciste.

    22. Mai 1976 : l’explosion à une organisation fasciste à KÜÇÜKÇEKMEÇE.

    23. Juin 1976 : l’explosion du parti fasciste ’Parti du Mouvement Nationaliste’ (P.M.N.) à ÜSKl1DAR.

    24. Juin 1976 : l’explosion du centre de poiice de ZEYTINBURNU.

    25. Octobre 1976 : l’explosion des locaux d’une organisation fasciste à YENIBOSNA.

    26. Octobre 1976 : l’explosion des locaux d’une organisation fasciste à KANARYA.

    27. Novembre 1976 : l’explosion de ’TER-OTO’, une association liée à un journal fasciste.

    28. Novembre 1976 : l’explosion du centre de police de YESILYURT.

    29. Novembre 1976 : l’explosion de la Banque Internationale de l’Industrie et du Commerce Extérieur à TAKSIM.

    30. Novembre 1976 : l’explosion de l’agence de l’Akbank à LEVENT.

    31. Janvier 1976 : l’explosion de la Chambre de l’Industrie à ISTANBUL.

    32. Février 1976 : l’explosion d’une agence de la Banque d’Affaires à LEVENT.

    33. Février 1976 : l’explosion du centre de police de KOCAMUSTAFAPAÇA.

    34. Février 1976 : l’expropriation d’une agence de la Banque d’Affaires à KURTULUS.

    35. Février 1976 : l’explosion de la maison du juge-colonel Suleyman TAKKECI. II est le juge requis par le fascisme et il a condamné à mort plusieurs révolutionnaires, dont nos camarades Ahmet SANER et Kadir TANDOGAN. Notre organisation avait con­damné à mort ce fasciste, et cette décision sera sûrement exécutée.

    36. Juin 1976 : l’explosion de l’agence de la Banque de Crédit à ÇIFTEHAVUZLAR.

    37. Novembre 1976 : l’explosion d’une organisa­tion fasciste à YENI LEVENT.

    38. Novembre 1976 : l’explosion d’un logement de fascistes.

    39. Novembre 1976 : l’explosion d’une agence de la banque de l’Akbank à YENIBOSNA.

    40. Janvier 1977 : nous avons tué un fasciste, et nous en avons blessé six autres dans les locaux d’une organisation fasciste.

    41. Février 1977 : l’attaque d’une organisation fasciste, avec expropriation des armes et des docu­ments.

    42. Février 1977 : l’explosion du kiosque de Celal BAYAR, qui est le premier des compradores de l’impérialisme dans notre pays.

    43. Février 1977 : l’explosion de la villa de Murat BAYRAK. Notre organisation a pris la décision de tuer ce fasciste qui fut membre des nazis de Yougoslavie.

    44. Février 1977 : l’explosion des domiciles de fascistes à ÇAPA.

    45. Février 1977 : l’explosion du centre de police de YENI BOSNA.

    46. Février 1977 : l’explosion d’une voiture à AVCILAR.

    47. Mars 1977 : l’explosion du quartier général de « Sabanci Holding ».

    48. Mars 1977 : l’explosion du Parti de la Justice à SAMATIYA.

    49. Juin 1977 : l’explosion de la Chambre de l’Industrie d’ISTANBUL.

    50. Janvier 1977 : l’explosion d’une agence de la Banque de Crédit à MODAX.

    51. Mars 1977 : l’explosion d’une agence de la Banque d’Affaires à CEMIL TOPUZLU.

    52. Novembre 1977 : l’explosion d’une agence de la Banque de Crédit à ATAKOY.

    53. Décembre 1977 : l’explosion des locaux d’une organisation fasciste à KÜÇÜKÇEMECE.

    54. Décembre 1977 : l’explosion des locaux du Parti du Mouvement Nationaliste à EYÜP.

    55. Février 1977 : l’explosion du centre de police à EYÜP.

    56. Février 1977 : l’explosion des locaux d’une organisation fasciste à YENI BOSNA.

    57. Mars 1977 : l’explosion du domicile de Halit NARIN à ERENKÔY.

    58. Mai 1977 : l’explosion à l’Hôtel Intercontinen­tal en protestation contre le massacre du Premier Mars.

    59. Mai 1977 : l’explosion des locaux d’une organisation fasciste.

    60. Novembre 1977 : l’explosion des locaux du P.M.N. à ÜSKÜDAR.

    61. Janvier 1977 : l’attaque d’une organisation fasciste à HAZNEDAR. Un fasciste a été tué, et trois autres blessés.

    62. Novembre 1977 : l’exécution du deuxième président du P.M.N., à BAKIRKOY.

    63. Avril 1977 : l’expropriation de la Banque de Crédit à TOPKAPI.

    64. Août 1977 : l’explosion des locaux du `holding Deva’ à BESIKTAS.

    65. Septembre 1977 : l’expropriation de la Ban­que du Commerce Turc à ÇIFTE HAVUZLAR.

    66. Décembre 1977 : la libération de nos camarades emprisonnés à TOPTASI.

    67. Février 1978 : l’explosion de `Moda Deniz Klübü’ (club de privilégiés).

    68. Mars 1978 : l’explosion des locaux de la Banque de Crédit à KÜÇÜKKÔY.

    69. Avril 1978 : l’expropriation de la Banque d’Affaires et de l’Agriculture à FIKIRTEPE pour protester contre l’arrivée de Mac Namara dans notre pays.

    70. Mai 1978 : l’expropriation de l’Office du Pétrole à AVCILAR.

    71. Mai 1978 : l’explosion du Parti de la Justice à BAKIRKÔY.

    72. Mai 1978 : l’explosion d’un magasin d’un fasciste à BAKIRKOY.

    73. Mai 1978 : la réalisation d’un meeting du Premier Mai à CERRAHPASA. Selon la décision de notre organisation, nos combattants avaient réalisé des actions de propagande, d’agitation, et un mee­ting avec la participation d’ouvriers, d’employés, d’étudiants, etc. Nous avons aussi incendié les banques du quartier. Pendant le meeting, les forces de police ont essayé d’empêcher notre manifestation. Nos combattants ont tué un policier.

    74. Juin 1978 : l’exécution de la condamnation à mort du colonel retraité Cihangir ERDENIZ. Ce colonel avait massacré notre leader Hüseyin CEVA HIR. Notre décision de le tuer avait été prise sept ans auparavant.

    75. Juin 1978 : en commémoration de la mani­festation des ouvriers des 15-16 juin 1971, notre organisation a réalisé une manifestation à KADIKÔY. Pendant cette manifestation, nous avons aussi dyna­mité et incendié des banques et d’autres associa­tions capitalistes. En même temps, nous avons attaqué le Parti du Mouvement Nationaliste (fasciste) qui se trouve dans la même région ; et deux fascistes Azamet YILMAZ et Seyfullah EKSIOGLU ont été exécutés.

    76. Juillet 1978 : l’explosion des locaux de la Banque d’Affaires à BAGLARBASI.

    77. Août 1978 : l’expropriation de l’agence de la Banque d’Affaires à BAGLARBASI.

    78. Septembre 1978 : l’expropriation de `lett’ à KADIKÔY.

    79. Octobre 1978 : l’exécution du représentant local du parti fasciste P.M.N. Recep HASATLI et de son fils Mustafa HASATLI, qui était membre des cellules fascistes.

    80. Novembre 1978 : l’expropriation de l’hippo­drome. Dans cette action, un policier a été tué par nos combattants.

    81. Décembre 1978 : le mitraillage du parti fasciste P.M.N. à BAYRAMPAYA.

    82. Décembre 1978 : l’explosion du domicile de fascistes à EYUP.

    83. Janvier 1979 : l’exécution d’un des dirigeants du parti fasciste P.M.N. ARIFÜZÜM à ZEYTIN­BURNU.

    84. Janvier 1979 : !’exécution du directeur du personnel de la fabrique d’ I.G.S. Ce fasciste imposait la terreur aux ouvriers et pratiquait la torture.

    85. Janvier 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste Ismail ASLAN à ZEYTINBURNU.

    86. Mars 1979 : l’expropriation des revenus de la Faculté de Médecine à CERRAHPASA. Ces revenus appartenaient à l’Etat. Dans cette action, un proprié­taire a été involontairement tué.

    87. Mars 1979 : le mitraillage d’une Banque d’Affaires à INCIRLI.

    88. Avril 1979 : le mitraillage du Parti de la Justice à BESYÜEZEVLER.

    89. Mai 1979 : le mitraillage d’une Banque de Commerce à KÜÇÜKKÔY.

    90. Mai 1979 : le mitraillage d’une Banque de Commerce à KÜÇÜKKÔY.

    91. Mai 1979 : le mitraillage de la Banque d’Affaire, de la Banque de Crédit et de l’Akbank à TOPÇULAR.

    92. Mai 1979 : l’incendie de l’Akbank à ÇAMLIK.

    93. Mai 1979 : le mitraillage de l’Akbank à TOPÇULAR.

    94. Mai 1979 : nous avons exécuté du militaire américain Thomas MOSLEY, et blessé Andres RENAT, à ATAKÔY.

    95. Mai 1979 : l’explosion des locaux d’une organisation fasciste à KONYA.

    96. Juin 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste Bekir SENDILMEN à BAKIRKÔY.

    97. Juin 1979 : le mitraillage de la Banque de Commerce à KOCASINAN.

    98. Juin 1979 : l’exécution du commissaire retraité MUZAFFER à CANDANOGLU.

    99. Juillet 1979 : l’exécution du commissaire en chef Ahmet ATESLI. Ce chef de police dirigeait les opérations contre-révolutionnaires, et est respon sable de la mort de révolutionnaires comme Tamer TABAK et Omer ÇIMEKEN ; il avait aussi des relations avec la mafia turque.

    100. Août 1979 : l’exécution du fasciste Lokman KODAKOGLU à KOCASINAN.

    101. Août 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste P.M.N. à KARTAL.

    102. Août 1979 : l’exécution du fasciste Sedan SEN à FATIH.

    103. Août 1979 : !e mitraillage du domicile du commissaire en chef Zülküf KARAASLAN à GEBZE.

    104. Août 1979 : l’exécution des fascistes Halis OZTÜRK et Süleyman YILMAZ à KÜÇÜKK Y.

    105. Août 1979 : l’exécution de Ergün KABAO­GLU, secrétaire d’un syndicat du patronat, à BESIK­TAS.

    106. Septembre 1979 : l’incendie de l’Akbank de KARTAL.

    107. Septembre 1979 : le mitraillage de la ’Banque du Peuple’ et de l’Akbank à GEBZE.

    108. Septembre 1979 : l’incendie des locaux où se trouvent les archives du parti fasciste (P.M.N.) à GEBZE.

    109. Septembre 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste, Ibrakim ÇALIK, à ZEYTINBURNU.

    110. Septembre 1979 : nous avons attaqué le journal ’Hergün’ (’Toujours’), qui est le centre de la propagande fasciste, exécuté le fasciste Mürsel KARATAS, et blessé Muzaffer AKINCI et Hulusi YAVAS.

    111. Octobre 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste, Yilmaz TASKIN, à GEBZE.

    112. Octobre 1979 : l’exécution du fasciste M.AIi ÔZKAN, à BAYRAMPASA.

    113. Octobre 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste, Meriç DIKILI, à ZEYTINBURNU.

    114. Octobre 1979 : l’expropriation des locaux de l’Assurance Sociale.

    115. Novembre 1979 : l’exécution du dirigeant du parti fasciste à BAKIRKÔY, et aussi du policier Sükrü CENGIZ.

    116. Novembre 1979 : l’incendie de l’Akbank et de la Banque d’Affaires à HASKÔY.

    117. Novembre 1979 : le mitraillage de l’Akbank à BAHÇELIEVLER.

    118. Novembre 1979 : l’exécution d’un dirigeant fasciste, Mehmet CURA, à ZEYTINBURNU.

    119. Novembre 1979 : le mitraillage de la Ban­que de Crédit à ÇAGLAYAN.

    120. Décembre 1979 : l’incendie d’une voiture d’une fabrique à KARTAL.

    121. Décembre 1979 : l’incendie de la Banque de Garantie, de la Banque d’Anatolie et de la Banque de Commerce, à ÜMRANIYE.

    122. Décembre 1979 : l’exécution du commis­saire en chef Hilmi KAYA à SISLI.

    123. Décembre 1979 : l’exécution des Améri­cains Elmor COOPER, Robert FRIEND, Clark BUDA, Jaurs SMITH, à BAKIRKÔY.

    124. 1979 : le mitraillage de la Banque d’Affaires à ZEYTINBURNU.

    125. 1979 : l’explosion d’une association de commerce à ÜMRANIYE.

    126. 1979 : l’explosion d’une association de commerce à ÜSKÜDAR.

    127. Janvier 1980 : l’expropriation des camions de Migros pour distribuer des aliments au peuple.

    128. Janvier 1980 : l’exécution du directeur d’EL-AL, Abraham ELAZAR, à KOCASINAN.

    129. Janvier 1980 : l’exécution du fasciste Ayhan YAZICI à YESILTEPE.

    130. Janvier 1980 : le mitraillage de de l’Agriculture à YILDIRIM.

    131. Janvier 1980 : le mitraillage de l’Akbank à INCIRLI.

    132. Janvier 1980 : Garantie à CEVIZLI.

    133. Janvier 1980 : Garantie à PENDIK.

    134. Janvier 1980 : Commerce à PENDIK.

    135. Janvier 1980 : le policier fasciste Hulusi IRKILATA, à KONYA.

    136. Janvier 1980 : le mitraillage du domicile juge fasciste Selahattin ÇETIN, à KONYA.

    137. Janvier 1980 : l’explosion des agences l’Akbank et la Pamukbank à AKSEHIR.

    138. Janvier 1980 : l’incendie des magasins l’LG.S. et de Bozkurt à ZEYTINBURNU.

    139. Janvier 1980 : l’incendie de la Banque l’Agriculture à ZEYTINBURNU.

    140. Janvier 1980 : l’incendie de la Banque d’Affaire à KOCAMUSTAFAPASA.

    141. Février 1980 : l’explosion de la Banque de Crédit à GAZIOSMANPASA.

    142. Mars 1980 : l’incendie de lassa à INCIRLI (une association monopoliste de SABANCI).

    143. Mars 1980 : l’explosion du domicile de Halit NARIN (un bourgeois monopoliste).

    144. Mars 1980 : l’exécution du fasciste Cihangir ÔSBEK à KUSTILI.

    145. Mars 1980 : nous avons blessé le fasciste Mehmet PEHLIVAN à GAZIOSMANPASA.

    146. Mars 1980 : le mitraillage des locaux du `Parti de la Justice’ à ALIBEYKÔY.

    147. Mars 1980 : l’exécution du fasciste Ibrahim YILDIRIM à KOCASINAN.

    148. Février 1980 : le mitraillage du centre de police à EYÜP.

    149. Mars 1980 : le mitraillage de la Banque de Crédit à KANARYA.

    150. Avril 1980 : l’exécution des fascistes Teki MEMILI, Meftun KÜPELI et Narun YANARTAS, à BAYRAM PASA.

    151. Avril 1980 : l’exécution des fascistes OHRAN, Ahmet et Sükru BÔLÜKBAS, à ALI­BEYKÔY.

    152. Avril 1980 : l’exécution du fasciste Yusuf ÇOBANOGLU à SOFULAR.

    153. Avril 1980 : l’exécution des fascistes Hayret­tin GÔKALP et Ali SAHAN à KÜÇÜKKÔY.

    154. Avril 1980 : l’exécution du fasciste Burhan KAYA MUTLU à GÜNGÔREN.

    155. Avril 1980 : l’exécution de l’Américain Sam NOVELLO, et d’Ali Sabri BAYRAKTAR, à BESI !<­TAS.

    156. Avril 1980 : l’explosion de la Banque d’Affaires à BAGCILAR.

    157. Avril 1980 : l’exécution du fasciste Enver CAKA, à KUMKAPI.

    158. Avril 1980 : le mitraillage de la Banque de Commerce à PARSELLER.

    159. Avril 1980 : le mitraillage de la Banque de Crédit à TOZKOPARAN.

    160. Juin 1980 : l’exécution d’Ahmet Metin IZER, secrétaire du syndicat fasciste, à KARTALTEPE

    161. Juin 1980 : l’exécution du secrétaire du syndicat fasciste yougoslave Nazim KAN à ESEN­LER.

    162. Juin 1980 : le mitraillage du magasin du fasciste Ümit YESILTEPE à ÜMRANIYE.

    163. Juin 1980 : l’exécution d’Ali Risa ALTINOK, dirigeant du parti fasciste, et des dirigeantes de la section féminine du parti fasciste : Fahriye et Nilgün ALTINOK, à RAMI.

    164. Juin 1980 : nous avons blessé le directeur de Grundig à TOPÇULAR.

    165. Juin 1980 : à MERTER, nous avons exécutr le fasciste Ôzcan KORKMAZ et blessé Kemai DURSUN, Abdullah ANAÇ et Zeki KAYA.

    166. Juin 1980 : l’exécution du policier Muzaffer UZ à TOZKOPARAN.

    167. Juillet 1_980 : l’exécution de Türgüt DENIZ, Aybars TEKIN et Türgüt ÇERMEN, dirigeants du syndicat fasciste, à GÜNGÔREN.

    168. 1980 : le mitraillage du bureau du fasciste ORHAN à ESENLER.

    169. Juillet 1980 : le mitraillage de la Banque de Crédit à TOZKOPARAN.

    170. Août 1980 : l’exécution des fascistes Esin BASLAMISLI, Ataman SIKBAS et Mecit KURSUNLU, à GÜNGÔREN.

    171. Août 1980 : l’exécution du fasciste ômer YAMAK à ÇAGLAYAN.

    172. Août 1980 : le mitraillage de l’agence dé l’Akbank à INCIRLI.

    173. Septembre 1980 : l’exécution des fascistes Mustafa DEMIR et Tayfun SEPETES, à SISLI.

    174. Octobre 1980 : l’explosion du centre de police à SENESENEVLER.

    175. Octobre 1980 : l’explosion du centre de police à ÜMRANIYE.

    176. Octobre 1980 : l’explosion d’un centre des fascistes à ÜMRANIYE.

    177. Octobre 1980 : le mitraillage du domicile du fasciste Fikriye YÔNETSEL à ÜMRANIYE.

    178. Octobre 1980 : l’exécution du fasciste Osman ÇAN, à GAZIOSMANPASA.

    179. Octobre 1980 : l’exécution du fasciste Hasan YILDIZ, à TOZKOPARAN.

    180. Décembre 1980 : le mitraillage de l’agence de l’Akbank à KANARYA.

    181. Décembre 1980 : le mitraillage du domicile du policier Yilmaz ÜNAL, à ÜMRANIYE.

    182. Décembre 1980 : l’exécution du colonel retraité Nurettin KUMRAL, à ERENKÔY.

    183. Décembre 1980 : le mitraillage de la Ban­que de Commerce à PARSELLER.

    184. Mai 1981 : l’explosion de la voiture du commissaire en chef Ahmet ATESLI, à SUADIYE.

    185. Mai 1981 : l’expropriation du centre de l’Impôt à KÜÇÜKÇEKMECE. Dans cet action, nous avons été contraints à tuer le gendarme Mustafa KARPUZ.

    186. Avril 1981 : l’explosion du Deuxième Centre de Police à Istanbul.

    187. Septembre 1981 : l’expropriation de la Banque de Crédit à OKMEYDANI.

    188. Juillet 1981 : nous avons blessé le commis­saire en chef Behzat PEKER et le policier Hüeyin ÜNAL, à YEDIKULE.

    Et il y en a d’autres…

    La Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée continuera sa lutte jusqu’à la victoire des peuples de Turquie et du Kurdistan. Nos armes ne se tairont pas avant l’écrasement de la dictature oligarchique. Nous sommes au début de la lutte. Nos attaques politico-militaires dureront jusqu’à la vic­toire.

    Nous crions encore une fois : COMBAT JUSQU’A LA VICTOIRE

    Des prisonniers de la Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée mai 1981

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  • Programme et statuts du MLKP

    CHAPITRE PREMIER

    LE CAPITALISME

    1) Le capitalisme, né au sein de la société féodale et fondé sur la loi du profit, a généralisé la production marchande, transformé la force de travail en marchandise, accéléré le développement technique, concentré les moyens de production dans les mains des capitalistes et prolétarisé une partie de plus en plus importante de la population. Il a créé une armée de réserve industrielle et subordonné les petits producteurs de la ville et de la campagne au capital.

    2) La concurrence entre les capitalistes, le développement colossal du commerce et le haut niveau de mécanisation ont ouvert la voie à une centralisation du capital de plus en plus accrue. Le développement non planifié et anarchique de la production et la limitation du pouvoir d’achat des producteurs ont provoqué des crises de surproduction qui ont secoué périodiquement le capitalisme.

    3) Le capitalisme, fondé sur l’antagonisme entre le travail et le capital, a non seulement condamné les ouvriers et d’autres travailleurs à subir l’exploitation et la pauvreté, mais il les a également exposés à la dégénérescence morale et intellectuelle.

    4) Le prolétariat, la classe des esclaves salariés, a été chargé par l’histoire d’enterrer le capitalisme. En effet, c’est le capitalisme qui crée les conditions matérielles de son propre anéantissement. Quant au mouvement communiste, il est l’expression consciente du mouvement de la classe ouvrière éclairée par la théorie du socialisme scientifique, classe ouvrière qui oeuvre pour le dénouement du conflit entre le caractère collectif (le la production et l’appropriation privée des moyens de production.

    L’IMPÉRIALISME

    5) Le capitalisme de libre concurrence a commencé à céder la place au capitalisme monopoliste à partir de la fin du 19ème siècle. Le capital financier a fusionné avec le capital industriel, l’exportation de capital a supplanté l’exportation de marchandises, les monopoles ont commencé à concentrer les principaux moyens de production dans leurs mains, le monde a été partagé par les monopoles concurrents et les États impérialistes ont rivalisé avec acharnement pour avoir et pour garder leurs parts de marché et leurs zones d’influence. Depuis, nous sommes à l’époque de l’impérialisme.

    6) À l’époque impérialiste, la loi du développement inégal du capitalisme est devenue plus déterminante. L’impérialisme a transformé les économies nationales en maillons de la chàine impérialiste mondiale. Ces phénomènes ont rendu possibles les révolutions prolétariennes et la construction du socialisme dans un seul pays, en brisant la chaîne dans son maillon le plus faible.

    7) Durant l’époque impérialiste, une série de contradictions se sont de plus en plus aggravées : la contradiction entre les États impérialistes, la contradiction entre les groupes financiers capitalistes, la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat à l’échelle mondiale mais plus particulièrement dans les métropoles et enfin la contradiction entre les impérialistes et les nations et peuples opprimés des colonies et des pays dépendants. L’aggravation ultime des contradictions du capitalisme luimeme a entraîné les guerres interimpérialistes. Celles-ci ont également ouvert la voie à la révolution socialiste du prolétariat contre la bourgeoisie ainsi que les révolutions démocratiques nationales et les guerres de libération nationale des peuples des colonies et des semi-colonies. L’époque de l’impérialisme correspond à l’époque de la mort du capitalisme qui est ainsi arrivé à la dernière phase de son évolution. C’est aussi l’époque des révolutions prolétariennes.

    LA REVOLUTION PROLETARIENNE ET LA RESTAURATION DU CAPITALISME

    8) L’époque des révolutions prolétariennes a été ouverte par la grande révolution d’octobre 1917 réalisée en RiLissie. Cette révolution, mettant fin à la domination de la bourgeoisie sur un sixième de la planète et donnant un coup sévère au système capitaliste-impérialiste, a divisé le monde en deux systèmes opposés. Pendant cette époque de lutte des classes exacerbée, l’impérialisme a utilisé la dictature fasciste contre la classe ouvrière mondiale et les peuples opprimés. C’était la dernière forme de sa domination, la dictature terroriste ouverte la plus réactionnaire, la plus chauvine, la plus impérialiste du capital financier.

    9) La Deuxième Guerre mondiale a commencé en tant que conflit interimpérialiste, mais elle s’est ten-ninée, sous la conduite de l’Union soviétique, avec l’imposante victoire des peuples d’Europe et d’Asie contre le bloc fasciste. À la fin de la guerre, les rapports de forces ont considérablement changé en faveur des forces de la démocratie et du socialisme. Le camp socialiste s’est constitué. L’impérialisme américain, étant sorti de la guerre sans destruction physique, est devenu le gendarme du monde d’exploitetirs et a déclenché la guerre froide.

    10) Dans la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, la concentration, la centralisation et l’internationalisation du capital ont atteint des niveaux très élevés. Les progrès scientifiques ont abouti à des sauts techniques. Les entreprises multinationales et les gigantesques entreprises monopolistes ont gagné une telle force et une telle étendue qu’elles ont pu envelopper toute la planète comme des pieuvres. D’autre part, le capitalisme monopoliste l’État a acquis des dimensions colossales. Certes, le marché mondial avait rétréci avec l’émergence du camp socialiste ; mais le marché impérialiste s’est développé d’une manière démesurés grâce à la demande accrue due aux destructions terribles de la guerre. Par conséquent, à partir de la fin des années soixante, le capitalisme des métropoles est entré dans une période d’expansion relativement tranquille. Celle-ci a créé la base pour le renforcement du réformisme et du révisionnisme au sein du mouvement ouvrier et communiste.

    11) Pendant la même période, la plupart des anciennes colonies se sont transformées en néo(semi)-colonies. Cette transformation était l’aboutissement de la lutte des peuples et des nations opprimés qui s’est développée avec l’appui efficace du camp socialiste. Le colonialisme de type ancien s’est effondré. Dans les néo-colonies, du fait du développement du capitalisme dépendant, le poids qualitatif et quantitatif de la classe ouvrière s’est progressivement accru. Ce phénomène a amplifié les possibilités de concrétisation de l’hégémonie du prolétariat dans la révolution démocratique antiimpérialiste et la possibilité d’une transition ininterrompue de l’étape démocratique de la révolution à l’étape socialiste.

    12) Durant les années cinquante, les impérialistes se sont armés. La militarisation des économies est devenue de plus en plus visible. À l’instigation des impérialistes, un grand nombre de guerres locales et régionales de caractère réactionnaire ont été déclenchées, à un point tel que le nombre de personnes qui ont perdu leur vie durant ces guerres a dépassé largement les chiffres des pertes des Première et Deuxième Guerres de partage du monde. Durant le même processus, la destruction de l’environnement naturel et historique s’est considérablement accélérée.

    13) La contre-révolution, vécue par l’Union soviétique pendant l’année 1956, a déclenché une offensive contre la révolution internationale. Cependant, malgré cette offensive, les années soixante et soixante-dix étaient des périodes pendant lesquelles les guerres de libération révolutionnaire – plus particulièrement celles des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine – ont remporté de grandes victoires. Tandis que les années quatrevingts ont été marquées par un reflux à l’échelle mondiale de la vague révolutionnaire.

    14) Les révisionnistes modernes, qui ont pris le pouvoir en Union soviétique en 1956, se sont engagés dans un processus de destruction du socialisme et de restauration du capitalisme. La contre-révolution, commencée par Krouchtchev et perpétrée par Brejnev, a fait de l’Union soviétique un pays social-impérialiste où le capitalisme monopoliste d’État régnait, un pays fondé, à la place de la dictature du prolétariat, sur la dictature de la bourgeoisie bureaucratique.

    15) La contre-révolution en Union soviétique était un coup dévastateur pour le mouvement communiste mondial. Un grand nombre de partis communistes se sont retrouvés dans les rangs des traîtres. À l’exception de l’Albanie, tous les pays qui se sont orientés vers le socialisme à travers la révolution socialiste ou la révolution ininterrompue ont pris la voie de la restauration capitaliste. Le camp socialiste s’est décomposé. Le Parti du travail d’Albanie a assumé la direction du mouvement communiste international en s’opposant de front au révisionnisme moderne.

    16) La théorie marxiste-léniniste avait prévu la restauration capitaliste dans un pays socialiste encerclé par l’impérialisme. L’agression impérialiste, l’insurrection contrerévolutionnaire à l’intérieur du pays ou la trahison blanche au sein dui parti au pouvoir ont été soulignées comme étant les causes et les voies d’une telle restauration. La contre-révolution en Union soviétique a pu gagner au sein du parti par la dégénérescence bureaucratique et la trahison.

    17) Vers la fin des années quatre-vingts, le camp socialiste dirigé par l’Union soviétique s’est effondré et cet événement a été suivi par la désagrégation de l’Union soviétique elle-même. La bourgeoisie mondiale n’a pas manqué cette occasion pour propager la « mort du socialisme ». Dans le cadre de ces développements et aussi à l’initiative de l’impérialisme, la restauration du capitalisme en Albanie, qui était une forteresse solide du socialisme, s’est réalisée à travers la voie de la liquidation. Le Parti du travail d’Albanie, sous la direction de Ramiz Alia, a offert le pouvoir aux impérialistes et à leurs collaborateurs. En Albanie, contre ces développements, à la différence de is l’évolution de l’Union soviétique, ont émergé aussi des réactions de masse. Cependant, les communistes du narti et qurtout ceux de la direction n’ayant pas osé déclencher la guerre civile, une résistance pour repousser la contre-révolution par la voie de la violence révolutionnaire des ouvriers et des travailleurs n’a pu être réalisée.

    18) Cependant, en dépit de tous ces développements de caractère négatif, dans le monde d’aujourd’hui où la production et la distribution internationales ont acquis de très grandes dimensions, où l’organisation sociale de la classe ouvrière – élevant le niveau de son éducation et de sa culture – a progressé, où les éléments de crise se sont accumulés d’une façon plus profonde et plus aigri, l’humanité est objectivement plus proche du socialisme et du communisme. Certes, selon certains démagogues, grâce à la révolution technique et scientifique, la démocratie et l’opulence ont déjà été concrétisées. Cependant, en réalité, le capitalisme n’a pu et ne peut donner à l’humanité que la guerre, la famine, la pauvreté, le nationalisme agressif, le fascisme, la destruction démesurés des forces productives, la dégénérescence morale et intellectuelle et la pollution de l’environnement. L’humanité n’acceptera pas son anéantissement et s’orientera vers le socialisme.

    19) Aujourd’hui, le comblement du fossé entre les conditions objectives et subjectives de la révolution mondiale prolétarienne, la formation et le renforcement des détachements d’avant-garde communistes de la classe ouvrière dans chaque pays revêtent une importance capitale. L’accomplissement de cette tâche passe par une lutte idéologique combative et ferme non seulement contre les attaques idéologiques de la bourgeoisie mais aussi contre les nouvelles formes du révisionnisme moderne et contre les différentes variantes du révisionnisme telles que le maoïsme et le trotskisme.

    CHAPITRE DEUX

    LE COMMUNISME ET LA TRANSITION VERS LE COMMUNISME

    20) Le but ultime du mouvement communiste est le communisme, dont le drapeau proclame le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Dans la société communiste, les classes seront complètement abolies, la dépendance asservissante des hommes à la division du travail prendra fin, l’antagonisme entre le travail intellectuel et le travail manuel, ainsi que l’antagonisme entre la ville et la campagne disparaîtront, la culture appartiendra à toutes et à tous et le travail se transformera en un plaisir et en un besoin essentiel de la vie. L’État, fondé sur la division de la société en classes, sera aboli et une véritable égalité entre les membres de la société sera concrétisée. Le communisme étant un système mondial, il se réalise dans un processus durant lequel l’encerclement capitaliste cède la place à l’encerclement socialiste.

    21) Le socialisme est le produit inéluctable de la lutte sans concession du prolétariat contr la bourgeoisie. En tant qu’étape inférieure du communisme, le socialisme est une période de transformations révolutionnaires qui correspond à la transition du capitalisme au communisme. Le socialisme porte les traces du capitalisme dans lequel il est né. Le socialisme applique le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail ». Le prolétariat, détruisant l’appareil d’État bourgeois par la lutte révolutionnaire armée des masses, installant sa propre dictature et s’appropriant les principaux moyens de production, s’engage dans la construction du socialisme. La meilleure satisfaction des besoins matériels et culturels des masses, qui est en permanente progression, est la loi fondamentale économique du socialisme.

    22) Pendant la période du socialisme, il existe, dans tous les domaines de la vie, une lutte dure, complexe et de longue haleine entre la bourgeoisie et le prolétariat ainsi qu’entre la voie capitaliste et la voie socialiste. Au cours de cette lutte, le prolétariat, unissant tous les travailleurs autour de lui, écrase toutes les tentatives contrerévolutionnaires qui viennent des vestiges des classes exploiteuses et de leurs alliés étrangers.

    23) La dictature du prolétariat est la démocratie socialiste elle-même. Cette dictature étant la démocratie la plus large pour les ouvriers et pour les autres catégories de travailleurs, est la dictature la plus dure pour les classes renversées. La dictature du prolétariat donne les moyens aux larges masses de travailleurs de participer progressivement aux affaires d’État, à la construction économique du socialisme et à la création de l’homme nouveau. Elle est le moyen unique et le plus sûr pour combattre la bourgeoisie et la réaction et pour empêcher la restauration capitaliste.

    24) Les organes du pouvoir dans le système de dictature du prolétariat sont les soviets. Les soviets sont organisés à l’échelon de la branche de production et de la région et unissent le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Le système soviétique reconnaît aux travailleurs le suffrage universel tout en leur donnant le droit de contrôler et de révoquer leurs représentants. Le système soviétique inflige un coup dur à la bureaucratie en limitant les salaires des fonctionnaires d’État sur la base du salaire moyen ouvrier. Le système soviétique, étant la dictature de la majorité sur la minorité, est mille fois plus démocratique que la république bourgeoise la plus démocratique.

    25) La dictature du prolétariat est la période de la transition pour passer à une société sans État. Pour le prolétariat, la condition pour maintenir cette dictature est d’être dirigé par un parti communiste armé du marxisme-léninisme et de ne pas partager le pouvoir avec une autre classe.

    26) Le danger de restauration capitaliste existe pendant toute la période du socialisme. Mais ce n’est pas inéluctable. La dictature du prolétariat et le parti communiste peuvent empêcher l’émergence d’une couche privilégiée et peuvent assurer le progrès ininterrompu vers le communisme en amplifiant la vigilance contre les complots impérialistes, en développant la démocratie socialiste ainsi que les initiatives de masse et en satisfaisant les besoins matériels et moraux croissants des masses.

    CHAPITRE TROIS

    LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA RÉVOLUTION

    27) Pays sous le joug de l’impérialisme, la Turquie multiethnique maintient le Kurclistan du Nord sous une domination coloniale. Dans la Turquie d’aujourd’hui, ce qui est dominant c’est le capitalisme monopoliste collaborateur. Certes, la contradiction entre le travail et le capital est devenue principale pour l’ensemble du pays ; mais les rapports semi-féodaux demeurent particulièrement répandus dans la région du Kurdistan. Quant à la petite production marchande, elle est très répandue dans tous le pays. Autrement dit, le capitalisme non monopoliste a un certain poids dans l’économie du pays et la campagne a toujours une importance non négligeable dans la vie économique. La Turquie est donc encore assez loin d’une société industrielle. C’est un pays capitaliste en voie de développement où les groupes financiers collaborateurs et les grands propriétaires terriens sont au pouvoir. Dans ce sens, la Turquie peut être placée, à l’échelle mondiale, parmi les pays semi-développés.

    Sur cette base économique, la structure de classe du pays est la suivante

    La classe ouvrière : La classe ouvrière, dont le noyau est le prolétariat industriel, s’est concentrée dans les villes industrielles. Elle représente un poids significatif non seulement qualitatif mais aussi quantitatif dans la société. La classe ouvrière est le deuxième groupe social dans la population après la petite bourgeoisie urbaine et rurale. Qui plus est, son poids quantitatif est en progrès permanent.

    Le prolétariat possède la force et la capacité pour assumer effectivement un rôle dirigeant dans la révolution, pour établir son hégémonie sur ses alliés et pour avancer d’une façon ininterrompue vers le socialisme.

    Le prolétariat de notre pays, souffrant du manque de liberté et se donnant pour tâche de s’auto-éduquer à travers la lutte pour la démocratie, se bat avec d’autres classes opprimées. Il est la force principale et l’avant-garde de la révolution.

    Le semi-prolétarlat : Ce groupe social, dont le corps principal est constitué des pauvres des villes et des campagnes, est caractérisé par l’obligation de vendre fréquen-unent sa force de travail afin de maintenir le minimum vital. Le semi-prolétariat se place entre le prolétariat et la petite bourgeoisie et représente donc une force significative dans le pays. il est le principal et le plus sur allié et appui du prolétariat, non seulement dans la révolution démocratique mais aussi dans la période de transition ininterrompue vers le socialisme.

    La petite bourgeoisie : Elle est représentée par les petits propriétaires fonciers, les petits patrons, les artisans et les petits fonctionnaires et constitue la plus grande partie de la population active. Sa double nature de propriétaire et de travailleur donne à la petite bourgeoisie un caractère instable. D’autre part, elle a un poids significatif au sein de la société, même si elle est en train de perdre une partie de sa force. La petite bourgeoisie subit l’oppression politique du fascisme ainsi que l’exploitation économique de la bourgeoisie monopoliste et des grands propriétaires fonciers. Les revendications économiques et politiques de la petite bourgeoisie ne peuvent pas être satisfaites dans le cadre de l’ordre de la bourgeoisie monopoliste et des grands propriétaires fonciers. C’est pourquoi la petite bourgeoisie possède un fort potentiel révolutionnaire. En tant qu’une des forces essentielles de notre révolution, la petite bourgeoisie urbaine et rurale est l’alliée stratégique du prolétariat tout au long de la révolution démocratique. Le prolétariat est prêt à partager le pouvoir avec cette classe pendant la première étape de la révolution. Quant à la période de transition ininterrompue, le prolétariat poursuit une politique de neutralisation et, en cas de possibilité, une politique d’alliance vis-àvis de cette classe.

    La bourgeoisie moyenne: La bourgeoisie moyenne est représentée par la paysannerie riche et les propriétaires des entreprises moyennes des villes qui ne font pas partie des monopoles collaborateurs. La tendance politique de cette classe exploiteuse est le libéralisme. À cause des réalités économiques et sociales du pays, la bourgeoisie moyenne lie son destin à l’ordre établi malgré toutes les contradictions économiques et politiques que cette attitude peut engendrer. Cette classe, dont l’existence dans les régions urbaines dépend largement des monopoles, a une peur profonde du prolétariat et de la révolution. C’est une classe contre-révolutionnaire.

    Tout au long de la révolution démocratique, le prolétariat poursuit une politique de neutralisation envers cette classe qui appamit comme la force sociale la plus conciliatrice. Le prolétariat écrase les secteurs de la bourgeoisie moyenne qui organisent une résistance armée contre la révolution et confisque leurs biens.

    Cependant, à cause de la question nationale, la bourgeoisie moyenne possède le potentiel de jouer un rôle différent au Kurdistan. Les alliances tactiques y sont plausibles avec certains secteurs de cette classe qui soutiennent la lutte nationale.

    La bourgeoisie monopoliste collaboratrice et les grands propriétaires fonciers : Ces classes, qui sont collaboratrices de l’impérialisme, sont les maîtres de l’ordre et du régime en Turquie. Elles sont les forces centrales de la contre-révolution. Notre révolution détruira la dictature fasciste de ces classes en les expropriant et en les écrasant entièrement.

    28) Dans la Turquie d’aujourd’hui, les contradictions entre la classe ouvrière, les couches de travailleurs, la nation kurde et les classes réactionnaires dominantes ainsi que leurs alliés impérialistes sont aiguisées à l’extrême. Le prolétariat et les masses travailleuses ne possèdent pas une expérience suffisante de la démocratie. La Turquie n’a pas encore achevé sa révolution démocratique bourgeoise. Tout en étant sous la dictature fasciste, elle est une semi-colonie dépendante de l’impérialisnie. La nation kurde et les minorités nationales et religieuses sont sous le joug sauvage. Enfin, les rapports semi-féodaux ne sont pas insignifiants. Par conséquent, la première étape de notre révolution doit être une révolution démocratique anti-impérialiste dont la tâche essentielle sera la conquête de la liberté politique.

    29) Le prolétariat, pour pouvoir réaliser sa propre révolution, c’est-à-dire la révolution socialiste, doit remporter la victoire de la révolution démocratique. C’est pourquoi, celle-ci vise à établir le pouvoir des soviets ouvriers et paysans à travers une alliance stratégique avec la petite bourgeoisie urbaine et rurale dans le cadre du programme minimum.

    30) Les conditions économiques et sociales de la Turquie ainsi que le niveau de développement quantitatif et qualitatif du prolétariat rendent possible pour le prolétariat une transition rapide de la révolution démocratique à la révolution socialiste. Le prolétariat se déclare pour une révolution ininterrompue. Elle ne s’arrêtera pas à michemin. Elle transformera la révolution démocratique en révolution socialiste. La réussite d’une telle tâche dépend de la capacité du prolétariat à unir les masses semi-prolétaires urbaines et rurales autour de lui ainsi que du niveau de prise de conscience, d’organisation et de préparation du prolétariat.

    31) Le mouvement cormiiuniste considère la lutte pour la démocratie comme une tâche importante. Cependant, elle est toujours et dans toutes les circonstances une tâche temporaire et dépendante de l’objectif de la révolution socialiste. C’est pourquoi, le mouvement communiste, tout en soutenant le mouvement national kurde, le mouvement démocratique paysan, le mouvement démocratique des femmes, le mouvement démocratique populaire et tout en défendant leurs revendications, finit les ouvriers kurdes, les ouvriers agricoles et les ouvrières dans des organisations de classe distinctes du mouvement démocratique. Le prolétariat révolutionnaire subordonne les réformes à l’objectif de la révolution et assume les tâches démocratiques dans une perspective socialiste.

    CHAPITRE QUATRE

    LE PROGRAMME DE LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ANTI-IMPÉRIALISTE

    1) La dictature fasciste de la bourgeoisie monopoliste collaboratrice et des grands propriétaires fonciers sera détruite par une révolution violente et l’Union des républiques des soviets ouvriers et travailleurs sera fondée.

    2) L’armée, la police et les autres appareils de violence des classes dominantes seront abolis ; une armée et une milice populaires seront formées sous le contrôle des masses qui seront organisées elles-mêmes dans les soviets ouvriers et travailleurs.

    3) L’appareil juridique des classes dominantes sera supprimé et des tribunaux révolutionnaires, rattachés aux soviets ouvriers et travailleurs, seront créés ; les procès seront publics.

    4) Les libertés de propagande, d’agitation, d’organisation et d’action seront reconnues aux masses populaires et leur utilisation sera garantie. La torture et les punitions contraires à la dignité humaine seront abolies. Toutes les discriminations de religion, de langue, de nationalité, de sexe, d’origine régionale, etc. seront supprimées.

    5) Toutes les dettes et les obligations financières envers les États impérialistes, les firmes multinationales et les institutions financières impérialistes, telles que le FMI, l’OCDE, la Banque mondiale, seront annulées.

    6) Le gouvernement révolutionnaire quittera l’OTAN et ne se joindra jamais à un pacte impérialiste réactionnaire militaire ou politique. Les bases et les établissements des États-Unis et de l’OTAN seront réquisitionnés. Tous les accords secrets seront révélés tous les engagements publics ou secrets seront annulés.

    7) Toutes les entreprises, les biens et les fortunes appartenant aux impérialistes, à la bourgeoisie collaboratrice, à l’État et aux éléments qui organisent une résistance armée contre la révolution seront confisqués.

    8) Tous les biens immobiliers et les terrains urbains qui sont la propriété des grands propriétaires fonciers et de l’État seront nationalisés ainsi que le grand commerce, intérieur et extérieur.

    9) L’État soviétique sera responsable de la gestion de l’économie nationalisée. Dans les autres secteurs de Ilécononùe, l’État soviétique créera un système de contrôle ouvrier par le biais des soviets ouvriers et travailleurs.

    10) Toutes les terres, tous les moyens de production et les autres richesses appartenant aux grands propriétaires fonciers et à l’État seront confisqués et nationalisés. Une partie des terres nationalisées et des moyens de production seront utilisés dans les fermes collectives modèles ; le reste sera cédé à des paysans pauvres qui seront organisés dans les coopératives. Dans les régions où existent des rapports semi-féodaux, les terres seront distribuées aux paysans pauvres à l’initiative des comités révolutionnaires paysans, conformément aux revendications du mouvement démocratique paysan.

    11) Les dettes des ouvriers agricoles, des paysans pauvres et des petits et moyens paysans envers ]’État, les banques, les propriétaires fonciers, les usuriers et les capitalistes seront annulées ; les hypothèques sur leurs terres et leurs moyens de productions seront supprimées.

    12) La politique d’assimilation colonialiste, la terreur fasciste et la guerre sale menées contre le peuple kurde seront arrêtées. Tous les obstacles qui empêchent la nation kurde d’exercer son droit d’édifier son propre Etat seront éliminés. L’agitation, la propagande et les activités organisationnelles concernant ce droit seront complètement libres.

    13) Une complète égalité de droit entre Kurdes et Turcs sera réalisée. Toutes les mesures répressives à l’encontre des langues et des cultures seront supprimées. Une lutte systématique contre le nationalisme turc sera menée. Des efforts seront faits pour que les peuples turc et kurde et les nationalités telles que les Lazes, les Tziganes, les Abkhazes, les Géorgiens, les Tcherkesses, les Arabes, les Arméniens, les Grecs vivent ensemble au sein de l’Union des républiques des soviets ouvriers et travailleurs sur la base de l’égalité complète et de la libre volonté.

    14) Le pouvoir des soviets ouvriers et travailleurs soutiendra par tous les moyens les luttes pour la libération nationale, la révolution et le socialisme menées par le prolétariat mondial et les peuples. Le pouvoir des soviets ouvriers et travailleurs sera une base révolutionnaire pour les peuples du monde entier, contre les États impérialistes qui s’efforcent d’asservir le monde.

    15) Les politiques expansionnistes et agressives des classes dominantes turques dans le Moyen-Orient, les Balkans et le Caucase seront abandonnées et l’occupation de Chypre prendra fin. La politique expansionniste qui vise à empoisonner les ouvriers et les travailleurs turcs par l’anticommunisme, le chauvinisme et le panturquisme, sous prétexte de défendre les droits des minorités turques et musulmanes dans les autres pays, sera dénoncée et condamnée.

    16) La semaine de 35 heures et un mois de congé payé seront garantis pour tous les ouvriers. Les heures supplémentaires seront interdites, de même que le travail de nuit sauf nécessité impérieuse.

    17) Le principe de l’égalité de salaire à travail égal entre les ouvriers et les ouvrières sera établi. Le travail des femmes dans les branches industrielles où leur santé est la plus exposée sera supprimé.

    18) Le travail des jeunes de moins de 16 ans sera interdit. La durée quotidienne de travail pour les jeunes ouvriers de moins de 18 ans sera limitée à quatre heures. Le système de l’apprentissage sera supprimé.

    19) Toutes les mesures seront prises pour prévenir les accidents de travail. Les conditions de sécurité dans les entreprises seront sous le contrôle des comités d’entreprise et des soviets locaux. Les soins médicaux aux victimes des accidents de travail seront garantis.

    20) Tous les obstacles législatifs à la libre activité politique des ouvriers à l’intérieur de l’entreprise seront supprimés. Le droit de grève, qu’elle soit grève politique, grève de solidarité ou grève générale sera reconnu et le lock-out sera interdit.

    21) Les fen-niies auront les mêmes droits que les hommes dans tous les domaines. Une lutte systématique sera menée contre l’humfiiation des femmes et contre la discrimination sexuelle. Les soins aux enfants seront reconnus comme la tâche de la société. Les enfants seront considérés comme des valeurs sociales. Les femmes auront le droit au congé payé pendant les trois derniers mois de leur grossesse ainsi que six mois après l’accouchement. Toutes les entreprises, à partir d’une certaine échelle, devront avoir des salles pour les nourrissons, des crèches et des jardins d’enfants. Pour réduire l’esclavage domestique, des laveries et des restaurants collectifs seront ouverts.

    22) Le niveau de vie des employés de maison et des femmes qui travaillent dans les maisons au service des capitalistes sera amélioré. Elles seront aidées à former leurs organisations professionnelles.

    23) Des efforts seront faits pour augmenter la niveau de vie des pauvres des villes et des campagnes tout en garantissant leur droit au travail. Des mesures seront prises pour améliorer la situation des petits paysans.

    24) La sécurité de l’emploi sera établie pour tous les hommes et les femmes qui travaillent. Des mesures multiformes seront prises pour résoudre le problème du chômage. Un système de sécurité sociale couvrant tous les travailleurs sera créé. Les travailleurs seuls, âgés, malades et sans travail seront protégés avec soin.

    25) Toutes les mesures nécessaires seront prises pour la protection, les soins et l’éducation des citoyens handicapés et pour leur participation complète à la vie sociale en tant qu’individus productifs.

    26) Les services de santé seront gratuits ; un grand système de santé public sera créé.

    27) Le sport de masse sera encouragé et les installations sportives seront construites au profit de tous les travailleurs.

    28) Les impôts indirects seront supprimés. Un système unique et graduel d’impôt sera établi. Le système fiscal sera réformé en faveur des ouvriers et des travailleurs.

    29) Comme premier pas vers la solution de la question du logement, une mobilisation sera décrétée pour la construction de blocs d’habitations. Les immeubles nationalisés seront attribués en priorité aux travailleurs les plus démunis.

    30) L’État et la religion seront intégralement séparés. L’Administration d’État pour les affaires religieuses sera abolie. Les mesures répressives contre les minorités religieuses – les alévites surtout – et toutes sortes de discriminations religieuses seront supprimées. La foi sera considérée comme une question personnelle, la liberté de culte et la liberté de propagande athéiste seront garanties.

    31) Le système d’éducation actuel qui empoisonne la jeunesse avec les idées réactionnaires, fascistes, chauvines, religieuses et militaristes sera aboli. Les universités seront autonomes et démocratiques. L’éducation sera fusionnée avec les activités de production. Tous les moyens seront mobilisés pour l’éducation scientifique et révolutionnaire de la jeunesse. L’éducation privée sera supprimée.

    32) Une lutte sans concession sera menée contre les activités culturelles de la bourgeoisie impérialiste, dont l’objectif est d’empoisonner la jeunesse et les masses travailleuses avec une culture de consommation, cosmopolite et dégénérée.

    33) Une large mobilisation éducative sera lancée pour élever le niveau scientifique, politique et professionnel des travailleurs adultes, qui sont condamnés à l’ignorance par le capitalisme et par les classes dominantes.

    34) La censure militaire et bureaucratique et toutes les formes de contrôle antidémocratique dans les sciences, les arts et la culture seront supprimés. La création scientifique et progressiste sera encouragée.

    35) La radio et la télévision ne seront plus des moyens aux mains de la bourgeoisie et des forces réactionnaires pour condamner les masses à l’ignorance et à la stupidité. Les méclias, sous le contrôle du pouvoir des soviets ouvriers et travailleurs, serviront à diffuser les idées communistes, démocratiques et scientifiques.

    36) La prostitution et la mendicité seront interdites. Des mesures seront prises contre l’alcoolisme et contre l’usage de la drogue. Tous les efforts seront faits pour que les prostituées, les mendiants, les vagabonds, etc. retournent à une vie normale et productive.

    37) Le pouvoir des soviets ouvriers et travailleurs mènera une lutte très déterminée avec les peuples et avec les forces révolutionnaires, démocratiques et pacifistes du monde pour l’interdiction des armes nucléaires, biologiques, chimiques et autres.

    38) Le pouvoir des soviets ouvriers et travailleurs, contrairement aux capitalistes et aux impérialistes qui détruisent l’espace et l’environnement naturel et historique pour obtenir le profit maximum, protégera cet héritage commun de l’humanité avec un grand soin. Le pouvoir des soviets ouvriers et travailleurs résistera aussi à la politique impérialiste qui conduit les pays arriérés et dépendants à être utilisés comme espaces de décharge pour les déchets industriels des États impérialistes.

    Statuts du MLKP

    Le PCML est le détachement d’avant-garde et le quartier général du prolétariat des nations turque et kurde ainsi que des communautés nationales laze, abkhaze, géorgienne, tcherkesse, tzigane, arabe, arménienne et grecque. Le PCML avanbce dans la voie de Marx, Engels, Lénine et Staline guidé par le marxisme-léninisme.

    Le PCML met en avant le principe de l’internationalisme prolétarien; il est la branche du mouvement communiste mondial sur les terres OÙ nous vivons. Le PCML se fonde sur le matérialisme dialectique et historique.

    I – LES MEMBRES DU PARTI

    1. Toute personne clé plus de 18 ans qui accepte le programme et les statuts du PCML, qui s’engage activement dans une clés organisations du PCML et qui verse régulièrement sa cotisation est membre du PCML.

    L’organisme de l’échelon le plus inférieur pour décider de l’adhésion est le comité de ville. Après l’acceptation de la demande d’adhésion, le nouveau membre a d’abord le statut de stagiaire. Cette période dure entre six et douze mois. Pour les demandes d’adhésion faites à l’étranger, le stage dure entre un et deux ans. La demande d’adhésion, faite sur la proposition de deux membres, nécessite l’accord du comité de ville et sa ratification par le comité central.

    2. Les devoirs des membres

    a) Se soumettre aux décisions et à la discipline du PCML, mobiliser toutes ses capacités et toute son énergie pour mettre en pratique la politique du PCML ; défendre la ligne du PCML tout en s’efforçant de la développer ; participer activement à la vie de l’organisation et, dans le cadre des objectifs du PCML, être Lin militant sans concession dans la lutte contre la bourgeoisie et contre toutes les forces réactionnaires.

    b) Étudier les oeuvres classiques marxistes-léninistes et approfondir sa connaissance de celles-ci. Étudier et apprendre sérieusement les expériences et les leçons des luttes communistes et révolutionnaires menées à l’échelle nationale et internationale. Veiller à l’unité de la théorie et de la pratique.

    c) Être fidèle au marxisme-léninisme et le défendre contre toutes les variétés de courants anti-marxistes.

    d) Mener la lutte contre les influences des idées et des sentiments bourgeois et féodaux, tant dans sa propre vie que dans la vie de l’organisation. Façonner sa vie personnelle d’une manière communiste et être exemplaire dans l’activité communiste par son comportement et sa morale. Abandonner tous ses liens visibles ou cachés avec l’ordre existant, se renouveler constamment et mener une lutte pour façonner chaque sphère de sa vie d’une manière communiste. Être sincère et honnête envers l’organisation, ses camarades et le peuple. Être honnête, franc et déterminé dans la critique et l’autocritique. Ne rien dissimuler à l’organisation.

    e) Être vigilant contre la police politique. Défendre l’organisation contre les attaques de l’ennemi. Se conduire d’une manière communiste au cours des interrogatoires policiers, devant les tribunaux et clans les prisons. Protéger les intérêts de la révolution et de l’organisation avant toute chose. En aucune circonstance, ne révéler les secrets (le l’organisation.

    f) Faire preuve de conscience et de vigilance communistes pour repousser toutes les actions et influences fractionnelles. Veiller avec soin à l’unité clé l’organisation.

    g) Protéger et s’efforcer d’enrichir, par tous les moyens, toutes les potentialités de l’organisation.

    3. Les droits des membres

    a) Le droit clé critiquer les positions de l’organisation sur les questions programmatiques, stratégiques et tactiques; le droit de critiquer les organismes et les dirigeants du PCML à tous les niveaux.

    b) Le droit de faire connaître ses opinions, ses critiques, et ses propositions dans les réunions de cellule, dans les réunions de discussion et clans la resse intérieure de l’organisation. Le droit de participer aux débats et de proposer l’organisation d’Lin débat sur une grande échelle,

    c) Le droit d’élire et d’être élu aux élections dans l’organisation.

    d) Le droit de participer aux discussions dans sa celluile concernant son comportement et ses activités; le droit de se défendre devant le responsable du comité de l’organisation avant d’être sanctionné.

    e) Le droit de faire appel, dans le cadre du fonctionnement organisationnel, auprès du comité central et du congrès concernant les décisions prises à son sujet.

    f) Le droit de démissionner de l’organisation.

    4. Les droits et devoirs des stagiaires

    a) Les stagiaires ont les mêmes devoirs que les membres titulaires.

    b) Les stagiaires n’ont pas le droit de vote et cl’éligibüité aux élections dans l’organisation. Ils ne peuvent pas assumer de responsabilité organisationnelle au niveau des comités. Í l’exception de ces restrictions ‘ les stagiaires ont tous les droits clés meml:)res titulaires. Les stagiaires sont représentés au congrès.

    II – LA STRUCTURE ET LE FONCTIONNEMENT DU PCML

    5. Le centralisme démocratique est le Principe Organisationnel fondamental du PCML. La direction du PCML est gliidée par le Principe du fonctionnement collectif.

    a) Le PCML s’organise sur la base du territoire et du lieu de travail.

    b) Le PCML est absolument favorable à la désignation de toutes ses instances par des élections. Cependant, dans les conditions difficiles de la clandestinité dues au fascisme, ce Principe ne s’applique que dans la formation du congès et du comité central. Les autres instances sont constituées par leurs instances supérieures.

    c) Les élections dans l’organisation Ont lieu à bulletin secret; les candidatures sont individuelles, chaque membre étant libre de présenter la sienne.

    d) Les secrétaires et les secrétaires adjoints de toutes les instances sont désignés après une consultation démocratique.

    e) Selon le Principe du centralisme démocratique, l’ordre de la subordination au sein de l’organisation est le suivant: les membres à l’organisation, les instances inférielres aux instances supérieures, la minorité à la majorité, l’ensemble de l’organisation au comité central et le comité central au congrès.

    f) Chaque instance soumet Lin rapport d’activité réglilier à son instance supérieure dans les termes déterminés par le comité central. Le comité central doit examiner ces rapports et transmettre ses conclusions aux organismes concernés.

    g) Toutes les instance du PCML ont une autonomie d’action dans le cadre de la ligne et des décisions du PCML.

    h) La liberté d’opinion et J’Linité de volonté sont garanties par le centralisme démocratique. Chaque membre a le droit de faire corinaître ses opinions et ses propositions, chaque membre a le droit de discussion et le droit de vote.

    i)Le principe de fonctionnement du PCML est collectif. Ayant un fonctionnement déterminé par la raison et la volonté collectives, le PCML considère la critique et l’autocritique comme les éléments vitaux de sa vie organisationnelle. Le PCML se comporte vis-à-vis de ses erreurs avec un esprit de responsabilité de classe. L’organisation ne tolère pas ses erreurs et ne les dissimule jamais.

    III – LES ORGANISATIONS DE BASE ET LES ORGANISMES DIRIGEANTS DU PCML

    6. La cellule

    a) La Cellule est l’organisation de base du PCML. Chaque cellule comporte au moins trois membres ou stagiaires.

    b) Les cellules représentent le PCML et accomplissent les tâches confiées par l’organisation.

    7. Les organisations locales

    a) Les organisations locales mettent en pratique la ligne du PCML et les décisions des instances supérieures dans leur propre sphère et dirigent toute l’activité organisationnelle. Ces organisations s’occupent de tous les problèmes dans leur domaine de travail; elles peuvent prendre les décisions nécessaires. Elles peuvent former, lorsqu’elles en ont besoin, des organismes tels que des comités, des commissions, etc.

    b) Les comités locaux peuvent publier des journaux, des bulletins, etc. dans le cadre de la ligne du PCML.

    c) Le comité de ville est le centre dirigeant local.

    d) En raison de la réalité de la nation kurde, le PCML s’organise au Kurclistan en tant que section kurde.

    8. La structure organisationnelle à l’étranger: l’organisation du PCML en dehors de la Turquie est formée par le comité central.

    9. En tant qu’organisation de masse du PCML au sein çle la jeunesse, la jeunesse communiste fonctionne selon le principe suivant: rattachement idéologique et politique, indépendance organisationnelle.

    10. Tous les organismes du PCML, y compris le comité central, doivent constituer des commissions de femmes pour leurs activités concernant les femmes.

    11. Le congrès et le congrès extraordinaire

    Le congrès est l’instance souveraine du PCML. Il se réunit une fois tous les trois ans.

    a) L’ordre du jour du congrès doit être annoncé au plus tard trois mois avant son ouverture.

    b) Les quotas pour la représentation des membres au congrès sont décidés par le comité central. Les délégués sont désignés par des élections, qui tiennent compte des quotas et de la nécessité de représenter les différents organismes.

    c) Í l’ouverture du congrès, la majorité absolue des délégués doit être présente. C’est la condition pour la légitimité des décisions du congrès.

    c) Le comité central peut modifier la date du congrès. Le congrès ne peut pas être reporté plus de six mois.

    e) Le congrès extraordinaire est convoqué à la demande de la majorité absolue des membres, à la demande des deux tiers des comités (le ville ou par décision du comité central; ses modalités de réunion sont les mêmes que pour le congrès ordinaire.

    f) Le comité central doit informer l’ensemble de l’organisation, dans un délai d’un mois, de la demande rle convocation d’un congrès extraordinaire faite par les membres.

    g) Si le comité central ne réunit pas le congrès extraordinaire dans les six mois, les comités de ville constituent un comité d’organisation du congrès qui assume l’autorité du comité central et ils réunissent le congrès extraordinaire dans un délai de six mois.

    h) Dans les circonstances où la répression sévère de l’ennemi empêche le fonctionnement du comité central, une réunion des représentants des comités de ville est organisée afin de constituer un comité d’organisation du congrès extraordinaire.

    i) Le congrès discute le rapport du comité central, élit le comité central et ses membres suppléants et prend les décisions sur les questions théoriques, politiques et organisationnelles. Le congrès est l’instance compétente pour résoudre les questions de programme et de statuts.

    12. Les conférences

    a) Les conférences sont tenues entre deux congrès en cas de besoin. Les modalités de représentation et l’ordre du jour de la conférence sont décidés par le comité central.

    b) Pour appliquer les décisions de la conférence, la ratification du comité central est nécessaire.

    13. Le comité central

    Le comité central est l’instance souveraine du PCML entre deux congrès. Durant cette période, le comité central dirige le PCML, le représente dans tous les domaines et applique les décisions prises par le congrès. Le comité central dirige toutes les activités organisationnelles et traite les affaires financières de l’organisation.

    a) L’organisation interne du comité central repose sur une division du travail qui implique la professionnalisation de ses membres. Le comité central adopte un règlement intérieur pour son propre fonctionnement.

    b) Dans les circonstances où le nombre de membres du comité central diminuerait, le comité central s’adjoint de nouveaux membres parmi les suppléants, selon l’ordre désigné par le congrès. Le membre du comité central fait prisonnier par l’ennemi continue de détenir son poste en tant que dirigeant de l’organisation, à moins qll’il n’y ait une raison particulière. Lorsqu’il/elle est relâché(e), son suppléant conserve sa place dans le comité central.

    c) Le comité central peut s’adjoindre au maximum un tiers de nouveaux membres, par rapport à son effectif fixé par le congrès. Pour la ratification des nouveaux membres du comité central, le quorum est fixé aux deux tiers des membres de celui-ci.

    d) L’exclusion des membres ou des suppléants de cette instance requiert le vote des deux tiers des membres titulaires du comité central dans une réunion plénière. Pour exclure du PCML des membres du con-ùté central, 1’unanùi-iité du reste du comité central est nécessaire.

    e) Les membres du comité central sont d’office des délégués titulaires au congrès. Quant aux membres suppléants du comité central, ils/elles peuvent être élli(e)s délégué dans leur organisme.

    IV – LA DISCIPLINE ORGANISATIONNELLE

    14. La subordination à la plus rigoureuse discipline est la tâche la plus importante de tous les membres et organisations. Les décisions du congrès, du comité central et de toutes les instances dirigeantes s’appliquent d’une manière complète et définitive. Toutes les questions sur lesquelles il existe des divergences sont discutées librement au sein de l’organisation jusqu’à la prise de décision.

    a) Le comité central peut organiser des discussions internes dans le but d’éduquer les militants. Cependant, les discussions concernant les questions de programme et les statuts doivent être organisées dans la perspective du congrès.

    b) Si la moitié des comités du PCML en fait la demande, le comité central doit organiser une discussion interne.

    c) Les discussions et les propositions doivent être faites dans les organisations de chacun des membres et dans les instances et par les moyens organisationnels statutaires (congrès, conférence, publication interne). Les approches qui s’opposent à cette règle ne peuvent être acceptées, parce qu’elles ouvrent la voie à l’anarchie organisationnelle et, par conséquent, à la violation de la discipline organisationnelle.

    d) Les membres responsables de violations de la discipline de l’organisation sont passibles de sanctions disciplinaires ; les sanctions sont l’exclusion, le blâme, le blâme sévère, la destitution temporaire, la rétrogradation par la désignation à une responsabilité inférieure, l’interdiction d’assumer la responsabilité dirigeante, la rétrogradation comme stagiaire, l’exclusion temporaire.

    e) Ltexclusion nécessite la décision du comité de ville et la ratification du comité central. Les autres sanctions disciplinaires peuvent être prises par le comité de ville et elles sont immédiatement exécutoires. Le droit d’appel des membres concernés est reconnu pour toutes les sanctions. Les appels sont faits au comité central.

    f) Le statut de membre de celui qui est responsable de violations systématiques des règles est réexaminé. Les membres qui n’ont pas versé leurs cotisations deux fois consécutivement sont blâmés, la troisième négligence consécutive en la matière implique l’exclusion automatique.

    g) Les membres qui ont été exclus ou ceux qui ont été rétrogradés ont le droit de faire appel auprès du congrès suivant s’ils continuent d’avoir des liens avec l’organisation.

    h) Les membres qui ne peuvent pas résister à la torture perdent leur statut de membre.

    V – LA LIBERTÉ D’OPINION ET LE FRACTIONNISM

    15. Le PCML est la concrétisation de l’unité de la volonté et de l’action, il ne peut donc pas accepter l’existence de fractions. Toutes les formes d’activités fractionnelles ou d’appels fractionnels sont interdites et sanctionnées par l’exclusion. Toutes les formes d’activités fractionnelles doivent être rapportées au comité central. Au cas où il y aurait une activité fractionnelle au sein même du comité central, l’organisation doit en être informée. Aucune règle du PCML ne peut être utilisée contre le PCML lui-même.

    Les activités et les relations au sein de l’organisation doivent respecter le fonctionnement normal de celle-ci. Les relations sans motif en dehors des instances de l’organisation sont interdites et sont considérées comme une faute disciplinaire.

    VI – LES SOURCES DE FINANCEMENT DE L’ORGANISATION

    16. Les sources de financement de l’organisation ont pour origine les cotisations de ses membres, les dons et d’autres revenus à condition qu’ils n’entrent pas en contradiction avec le but de l’organisation. C’est le comité central qui détermine le montant des cotisations. Il évalue en conséquence celles des ouvriers aux revenus modestes.

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  • 8e conférence du TKP/ML

    Parti communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste

    Huitième conférence

    « Ou bien nous insufflons la vie même aux étoiles mortes, Ou bien c’est la mort qui s’abattra sur notre monde »
    Nazim Hikmet

    A tous les prolétaires du monde et aux peuples opprimés,

    Nous saluons le prolétariat international, les peuples et nations opprimés, les Partis Communistes frères, les partis et organisations révolutionnaires, les mouvements de libération nationale et tous les patriotes qui résistent à l’impérialisme, au fascisme et à la réaction, avec l’esprit révolutionnaire du communisme que glorifie la huitième Conférence de notre Parti.

    En célébrant le 35è anniversaire de la fondation de notre Parti, nous déclarons que la huitième Conférence s’est conclue sur le triomphe du marxisme-léninisme-maoïsme! La huitième Conférence de notre Parti, dont l’ordre du jour essentiel portait sur la Guerre Populaire, est un pas en avant dans la marche de notre lutte.

    La huitième Conférence est un jalon important dans la Guerre Populaire menée par notre Parti, fondé par le camarade dirigeant Ibrahim Kaypakkaya en 1972.

    Elle matérialise les bonds et avancées de notre Parti qui fait son devoir en apportant la contribution de la Turquie dans la lutte pour la révolution prolétarienne mondiale.

    Les impérialistes, qui se prétendaient capables de faire ce qu’ils veulent et qui se croyaient jusqu’à hier encore les maîtres du monde, font aujourd’hui face à des difficultés et témoignent de leur trouble.

    La lutte sans pitié et la résistance des peuples est en train de se soulever contre la furieuse agressivité impérialiste sous la direction des USA.

    Les quatre et six années respectivement d’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan se sont tranformées en un bourbier dans lequel s’effondrent les tyrans grâce à la résistance des peuples. Dans les métropoles du monde, la chaîne des protestations des ouvriers et des travailleurs rencontre les rébellions des « damnés » qui alimentent la fournaise.

    Les vents de liberté des peuples d’Amérique Latine ébranlent les châteaux-forts de l’impérialisme et apporte d’importants messages pour le monde socialiste à venir, s’il parvient à rompre les amarres du réformisme contemporain.

    Le pouvoir marche sous la direction des partis marxistes-léninistes- maoïstes qui escaladent les sommets.

    De nouveaux pays s’ajoutent à ceux dans lesquels la guerre populaire a ouvert le feu. Le drapeau du maoïsme flotte sur tous les continents.

    L’idéologie qui marquera le cours du siècle s’affirme en tant que telle au début de ce processus. Les jours à venir seront témoins de l’émergence de cette réalité.

    Au Mouvement Communiste International et aux Partis Communistes frères,

    Camarades;

    Notre Parti, le TKP/ML, qui s’efforce d’être une composante honorable du Mouvement Communiste International dans sa trente-cinquième année d’existence et selon sa conception de l’internationalisme, a décidé de continuer ses activités pour l’avancée du Mouvement Communiste International avec un grand sens du sacrifice et de l’engagement dans son huitième Conférence.

    Notre huitième Conférence pointe clairement que la lutte idéologique contre le révisionnisme moderne, le trotskysme, le réformisme et toutes les formes d’opportunisme et de liquidation est inséparable de la lutte de classe contre l’impérialisme, le fascisme et tout type de réaction.

    Ceux qui cherchent à liquider l’idéologie communiste dans la réalité matérielle de la lutte des classes par une pauvre propagande, en tentant de l’invalider sous la démagogie des « changements dans les conditions » et en tentant de corrompre son essence par de la falsification, ces gens-là ne connaîtrons pas le succès.

    En considération de cette réalité, la lutte idéologique contre les divers courants bourgeois, qui savent user de toutes les opportunités, est une de nos tâches prioritaires.

    En réalisant ces tâches, et en se servant de l’avantage de posséder la science du marxisme-léninisme-maoïsme, il est important d’insister sur des concepts-clés. Le premier de ces concepts est la Guerre Populaire qui a été la préoccupation principale de la huitième Conférence de notre Parti.

    La stratégie de la Guerre Populaire, qui devrait être défendue comme la voie universelle de libération des pays semi-coloniaux, aura un rôle déterminant à jouer dans l’avancée de la révolution prolétarienne mondiale par bonds.

    Le système capitaliste-impérialiste, qui a atteint le 21è siècle avec beaucoup de difficultés, est en train de tirer l’humanité vers la catastrophe. La seule force capable d’arrêter cela, ce sont les révolutions sous la direction du prolétariat.

    Armés des expériences prodigieuses du siècle dernier, les peuples opprimés du monde sous la direction du prolétariat mettront fin au règne de la cruauté.

    Pour cela, les communistes doivent mener une lutte pour prendre le temps de vitesse.

    A bas l’impérialisme, le fascisme et toute la réaction !
    Vive le marxisme-léninisme-maoïsme !
    Vive l’internationalisme prolétarien !


    Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste
    Bureau Politique du Comité Central


    Avril 2007

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  • TKP(ML) – On ne peut pas être communiste sans défendre le maoïsme

    [Document du milieu des années 1990]

    TKP(ML) – TIKKO
    Parti Communiste de Turquie (marxiste-léniniste) – Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de la Turquie

    Le niveau qu’a atteint la science prolétarienne avec le maoïsme, ou le critère pour être un communiste révolutionnaire, ne sauraient se résumer à la mise en valeur de la lutte de classe jusqu’à la dictature du prolétariat, ou la défense de la dictature du prolétariat.

    A côté de l’acceptation de cela, il est nécessaire d’être conscient des contradictions de classes antagoniques existantes pendant la période socialiste, sous le régime de dictature du prolétariat, d’être conscient de la lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat, de soutenir le fait qu’il y a besoin de continuer la révolution.

    Sinon on ne peut pas être marxiste, ni un léniniste ni un marxiste-léniniste-maoïste.

    Ensemble avec la transformation socialiste et la promotion de la production, les théories de ceux qui nient la restauration ou qui pensent qu’il n’y a qu’une très faible possibilité, ont vu leur erreur avec la pratique de l’Union soviétique, de la Chine et de l’Europe de l’Est.

    Ceux qui soutiennent ou s’appuient sur Marx pour défendre cela n’ont ou pas compris Marx, ou à cause de leurs emprunts révisionnistes se sont engagés eux-mêmes dans ces altérations.

    Comme cela est connu, Marx a assisté, durant sa propre époque, au développement du socialisme dans les pays capitalistes, en Europe et dans d’autres pays développés.

    Dans la réalisation de cela, le capitalisme a pu être affronté, grâce au fait que ces pays sont développés, les problèmes de production et de distribution ont pu être suffisamment importants. Ainsi le danger de régression ne disparaît pas complètement mais il serait compliqué.

    Mais la révolution a avancé durant la période impérialiste dans les chaînes les plus faibles, dans les zones relativement arriérées.

    La réalité du capitalisme au stade impérialiste a été la source d’un développement contraire à la prévision de Marx.
    La situation n’amène pas l’erreur de la théorie de Marx, mais résulte de nouveaux développements et de problèmes qui ont été causé par les conditions concrètes.

    Celui qui ne peut pas concevoir les développements dans ces conditions concrètes, qui confond cela avec la période de Marx, et ainsi celui qui utilise la stratégie et les tactiques de la ligne de lutte appropriée à la réalité concrète de la période de Max, afin de faire face aux impérialistes, celui-là se trompe et est le représentant du passé.

    Pour ceux qui sont coincés dans ce tunnel temporel, même la réalité de la révolution et la gestion du socialisme dans un pays arriéré comme la Russie n’ont pas été suffisant pour modifier leur point de vue. Nous parlerons de cela une autre fois. Nous nous concentrerons ici sur la question de la restauration.

    La formation de la construction du socialisme dans des pays comme la Russie, et non pas dans des pays capitalistes développés, même non pris dans leur ensemble, a agrandi les bases économiques des risques de restauration. C’est un désavantage.

    Mais la question ne peut pas se confiner dans le développement économique. Les tenants des positions clefs de la haute bourgeoisie doivent être mis en rapport avec les dangers de la nouvelle bourgeoisie.

    De ce point de vue, le danger n’a pas eu pas comme source ce que l’on pensait initialement, les classes exploiteuses, mais la nouvelle bourgeoisie apparaissant à l’intérieur du gouvernement et du Parti, et qui a son fondement dans la construction du socialisme.

    Le socialisme n’est pas une société sans classes, sans affrontements et sans contradictions. C’est une période de transition où il y a de durs combats ayant pour cause des contradictions antagoniques.

    La modification des rapports de production n’était pas en fait la socialisation de la société au nom des ouvriers, mais signifiait le contrôle des propriétaires des moyens de production.

    La distribution était encore organisée par les principes juridiques bourgeois, cette action était faite  » selon le travail ». Il était impossible de faire vraiment cesser l’inégalité.
    La transformation de la propriété des moyens de production dans le socialisme était loin de produire une solution aux problèmes des rapports entre les producteurs eux-mêmes, entre les producteurs et les gestionnaires.

    Tous ces problèmes ont été suffisants pour comprendre que dans le socialisme la contradiction bourgeoisie / prolétariat continuerait sur ces bases économiques, malgré la transformation de la propriété.

    La position de pouvoir du prolétariat est une barricade contre la nouvelle bourgeoisie, mais cela ne signifie pas la fin du risque de relâchement. Même avec le prolétariat au pouvoir dans l’Etat, le parti forme un problème.

    Malgré le fait que ce soit des instruments essentiels pour attendre le communisme, dans la perspective du communisme ils ont un côté bourgeois en eux. C’est l’Etat bourgeois sans la bourgeoisie.

    De ce point de vue, le fait de savoir qui contrôle l’Etat et le parti, comment le pouvoir a été pris, et la ligne politico-idéologique, sont des questions majeures.
    Si une ligne n’amène pas une société au communisme, si elle n’amène pas à avoir la capacité à résoudre les contradictions existantes en faveur des travailleurs, si elle ne minimise pas le besoin de l’Etat et du Parti afin que les travailleurs deviennent les maîtres, et si elle n’est pas capable de diviser le pouvoir dans la société sur la route au communisme, alors il y a un problème.

    Etre au pouvoir est un instrument pour mobiliser les masses travailleuses vers le communisme.
    Ici l’importance de la question de la  » révolution socialiste  » devient plus apparente. Le pouvoir prolétaire n’est pas le monopole du parti, celui-ci est la force guidant par la gestion de la direction du parti, et c’est le soutien de ce pouvoir par les masses travailleuses.

    Les travailleurs ne peuvent pas être privés du contrôle de la société, du droit à se révolter contre l’injustice, quel qu’en soit le prétexte ; ils ne peuvent pas être privés de leur droit à la continuation de la révolution.
    Le camarade Kaypakkaya, qui était armé par ces leçons, était un grand maoïste… Il a affirmé le fait que dans le socialisme, en plus de la nouvelle bourgeoisie, les anciennes forces exploiteuses continueront d’exister, et qu’il n’est pas possible de s’en débarrasser librement, comme il le dit :

     » Après la réalisation de la dictature du prolétariat, et même après la transformation collective complète des instruments de production, elles conserveront leur existence idéologico-culturelle.

    C’est la raison pour laquelle même dans la dictature du prolétariat il faut continuer la révolution « .
    Il est faux d’affirmer qu’après la transformation socialiste des moyens de production, où il n’y a plus de propriétaires d’usines,  » il n’y a pas de bourgeoisie ».

    Kaypakkaya est l’arme du maoïsme en Turquie

    Kaypakkaya est une nouvelle étape qualitative dans l’histoire de la révolution en Turquie. Le mouvement communiste en Turquie a émergé comme un résultat de la révolution d’Octobre. Avec la conférence tenue le 10 septembre 1920 à Bakou, le TKP (Parti Communiste de Turquie) a été fondé sous la direction de Mustapha Suphi.

    Malgré le qualificatif de communiste le TKP avait d’importants défauts. Le côté bourgeois féodal bureaucratique turc du kémalisme n’était pas vu. Cette erreur a amené le TKP à des problèmes et des faiblesses concernant les problèmes et les devoirs de la révolution. Ainsi, concernant les questions des peuples et minorités opprimés, un programme stable n’avait pas été fait.

    Malgré le très important aspect qu’ont été les limites des conditions de cette période, l’inexpérience du mouvement, il n’était pas justifié de ne pas critiquer les erreurs et de ne pas se séparer de ces problèmes. Ce sont justement ces erreurs qui ont coûté si cher au Parti Communiste de Turquie. C’est par traîtrise que Mustapha Suphi et ses camarades ont été massacré sur la mer noire par les contre – révolutionnaires kémalistes.

    Après Mustapha Suphi, Sefik Husnu et son groupe ont assumé la direction du TKP. Malgré toutes ces expériences, au lieu d’apprendre de ces erreurs, le TKP fut transformé en une base du réformisme, du révisionnisme et du social-chauvinisme. Conduit par la clique de Yakup Demi et Ismail Bilen, le TKP devint la marionnette du social-impérialisme russe.

    Dans l’histoire de la révolution turque, dans la période de 50 années après Mustapha Suphi et jusque les années 1970, ce sont la collaboration de classe, le réformisme, le chauvinisme et les suivistes de la bourgeoisie qui prédominent. Dans les années 1970, les actions révolutionnaires de rébellion du THKO [Armée Populaire de Libération de la Turquie] et du THKP [Parti et Armée de la libération du peuple de Turquie] défièrent le pacifisme.

    Mais ces rébellions révolutionnaires n’étaient idéologiquement et politiquement pas sur une ligne communiste.

    La lutte contre le révisionnisme moderne et la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne sous la direction de Mao Zedong ont influencé tous les mouvement révolutionnaires, y compris le THKO et le THKP/C.

    Mais ceux-ci n’ont pas pu assimiler et intégrer la ligne de cette lutte. Ils n’ont pas pu se séparer radicalement du révisionnisme moderne, ils ont diffusé une position de simple bienveillance.

    Ils n’ont ainsi pas pu exprimer une séparation fondamentale par rapport aux anciennes erreurs dans toutes les questions de la révolution. Ils n’ont pas pu se séparer du kémalisme qui est l’idéologie officielle du système.

    L’Etat bourgeois, les théories militaires qui n’avaient pas disparu, l’optimisme par rapport aux militaires turcs, amenaient des tendances putschistes. La ligne fausse quant à l’essence de la Révolution Démocratique et de ses devoirs, de ses alliés et de ses objectifs etc., n’avait pas été dépassé. On en restait au cadre de Castro et Guevara.

    Quant au TIIKP qui prétendait défendre le maoïsme, il était sur une ligne réformiste de droite.

    Le camarade Kaypakkaya a combattu idéologiquement sans pitié contre cette ligne réformiste de droite du TIIKP. Cette lutte a atteint une nouvelle étape en février 1972 avec les décisions du DABK [Comité territorial d’Anatolie orientale]. Dans la lutte idéologique contre le quartier général, qui persistait de manière incorrigible dans le révisionnisme et l’opportunisme, une nouvelle période commença.

    Dans la lutte contre le révisionnisme du TIIKP fut fondé en avril 1972 le TKP(ML) [Parti Communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste)] sous la direction du camarade Ibrahim Kaypakkaya, en tant que produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

    Le prolétariat mondial a gagné une importante position avec la fondation et le développement du TKP(ML) sur des principes marxistes-léninistes-maoïstes en Turquie et dans le Kurdistan turc.

    Nos peuples de différentes nationalités et le prolétariat ont formé une avant-garde marxiste-léniniste-maoïste. La fondation du TKP(ML) a été une nouveau saut qualitatif. Les vrais héritiers du Marxisme – Léninisme – Maoïsme étaient en scène.

    Les lignes chauvines, révisionnistes, réformistes et tous les types de lignes bourgeoises étaient brisées. En lieu et place du gauchisme dû au fait qu’ils n’étaient pas arrivés à se séparer du kémalisme et du système bourgeois-féodal, un lutte partant d’un programme fort et liée aux problèmes de notre révolution était initiée, coûtant en pratique de nombreuses vies.

    La Révolution de Nouvelle Démocratie

    La grande révolution d’Octobre a ouvert la période de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Dans ce siècle, la lutte pour la Nouvelle Révolution Démocratique, qui est contre l’impérialisme et ses laquais dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, devint un élément de la révolution prolétarienne mondiale, contrairement aux anciennes révolutions démocratiques bourgeoises.

    Le camarade Mao Zedong a enrichi la science du prolétariat en ce domaine avec des contributions qualitatives. Il a personnellement guidé cela, et avec les expériences gagnées durant la Révolution Démocratique chinoise, il a amené la théorie à une nouvelle étape.

    Le camarade Kaypakkaya a compris les leçons du camarade Mao sur la Révolution Démocratique Populaire et le pouvoir populaire démocratique, et les a adapté aux conditions concrètes de notre pays. Il a analysé la Turquie comme un pays semi-colonial semi-féodal lié à l’impérialisme.

    Partant de la réalité qui est que l’impérialisme, le capitalisme bureaucratique et le féodalisme sont les plus grands obstacles pour notre révolution, la révolution sera non pas socialiste prolétarienne mais de nouvelle démocratie, les tâches à résoudre sont principalement d’essence anti-féodale et anti-impérialiste.

    Le camarade Kaypakkaya a tiré cette conclusion, incontournable vu les conditions du prolétariat révolutionnaire dans notre pays, des programmes maximums de la nouvelle Révolution Démocratique et du pouvoir populaire démocratique, dans la perspective de faire la place pour une révolution socialiste, et dans le sens d’une lutte persistante pour la transition du socialisme au communisme.

    Cela est dû au fait qu’il a tiré cela du point de vue de la plus grande expérience de la révolution prolétarienne mondiale, que cette ligne est opposé en tous points et en tous sens du démocratisme bourgeois, du crétinisme parlementaire bourgeois et des élections bourgeoises.

    Le camarade Kaypakkaya a exprimé le fait que la contradiction entre le féodalisme et les larges masses est la contradiction principale, parce que cette contradiction joue un rôle déterminant sur les autres contradictions qui sont celles entre le prolétariat, la bourgeoisie, l’impérialisme, et le peuple et les dominants.

    Ensemble avec les profonds changements qui peuvent se développer dans de telles conditions (par exemple durant l’occupation impérialiste), il a expliqué que la contradiction principale pouvait changer, mais pour la Turquie semi-coloniale semi-féodale liée à l’impérialisme, la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie deviendra plus claire, qu’une solution se développerait au fur et à mesure, par la pratique.

    Cela pourra être rendu possible par la résolution de la contradiction entre le féodalisme et les masses populaires.
    Il a également exprimé le fait que les conditions pour le socialisme seraient rendues possibles par la modification des restes du moyen-âge.

    Il a mentionné le fait qu’une solution à la contradiction entre le féodalisme et les masses jouerait un rôle décisif dans l’élimination de l’impérialisme et de ses partisans dans notre pays.

    Il a également affirmé le fait que la révolution démocratique populaire, qui est une révolution agraire par essence, montre que notre lutte est également anti-fasciste. Car le fascisme est en Turquie la forme de pouvoir des laquais des impérialistes, de la bourgeoisie bureaucratique et des propriétaires terriens.

    Les conditions économiques, sociales, politiques et historiques en Turquie ont rendu obligatoires l’appel au fascisme par le pouvoir bourgeois bureaucratique.
    Briser le fascisme, gagner la démocratie est possible par une révolution de nouvelle démocratie.

    La lutte anti-impérialiste, anti-féodale, est de ce point de vue en même temps une lutte anti-fasciste. La réalité de la Turquie a prouvé cela, et ceux qui espèrent en la démocratie sans révolution souffrent de sérieuses désillusions.

    Comment est-il possible de gagner la démocratie et l’indépendance si la question de base de la prise du pouvoir est omise ? Ceux qui n’ont pas pu comprendre la théorie marxiste-léniniste-maoïste de la révolution continuant graduellement ont accusé le camarade Kaypakkaya de « révolutionnarisme paysan « .

    Les trotskystes qui défendent  » un seul type de révolution  » nient la vérité des deux composantes de la révolution prolétarienne mondiale qui sont : dans les pays impérialistes la révolution socialiste, dans les pays opprimés la révolution démocratique.

    Ces trotskystes n’ont également pas pu comprendre la révolution démocratique chinoise, à laquelle ils se sont opposés de par le passé.

    Les trotskystes, qui nient le rôle fondamental de la paysannerie dans la révolution dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, se sont opposés à la ligne de l’établissement de la paysannerie pauvre et sans terre comme chefs en Chine, où des millions parmi elle ont été mobilisé dans le mouvement paysan.

    Cette négation s’exprime elle-même dans les cris comme  » la direction du prolétariat a été niée « . Tandis que la question n’était pas de savoir qui dirigerait la révolution, mais bien plutôt de savoir quelle force dans la paysannerie serait prise comme base.

    Tous les opportunistes, qui embrassent ces idées puisant leurs racines dans le trotskysme sont loin de comprendre la qualité des révolutions dans les pays coloniaux et semi-coloniaux. En fait c’était une attaque non simplement contre la révolution chinoise mais sur le prolétariat de la révolution mondiale.

    Une des allégations de ceux qui tentent de calomnier ou d’atteindre à la réputation du maoïsme avec des fausses accusations, tel que  » la doctrine de la révolution maoïste de nouvelle démocratie ne va pas plus loin que le démocratisme bourgeois et exclut le socialisme « .

    Mao a détruit cet énorme mensonge le jour suivant la victoire de la révolution démocratique. Le 5 mars 1949 il affirme que  » l’objectif est le communisme « . Mao s’oppose à ceux qui, comme Liu Sio Si, nient la transition au socialisme et les sauts vers le communisme avec les slogans comme  » consolidation de l’Etat de nouvelle démocratie « ,  » le renforcement des économies de nouvelle démocratie ».

    Il dit que la principale contradiction qui existe est entre la bourgeoisie et le prolétariat, et il ordonne l’initiation immédiate de la révolution socialiste.

    Le Parti Communiste, l’Armée Populaire, le Front Uni

    Le camarade Kaypakkaya nous dit que :

     » De nos jours la tâche principale des révolutionnaires communistes en Turquie consiste en la création des trois armes du peuple (…).

    Un parti communiste armé d’une discipline d’acier, purifié du subjectivisme, du révisionnisme et du dogmatisme, uni avec le peuple, unifiant la théorie et la pratique, utilisant les méthodes de l’autocritique, les forces armées populaires sous la direction d’un tel parti, et un front uni du peuple encore une fois sous la direction d’un tel parti « .


    En absence de cela, cela serait seulement un rêve que d’amener la révolution démocratique à la victoire. Dans la révolution l’hégémonie du prolétariat est seulement de signification avec le rôle du parti.

    Ceux qui de manière opportuniste rejettent le rôle d’avant-garde du Parti, l’armée populaire, la guerre populaire, sous la direction du prolétariat, l’alliance fondamentale entre les ouvriers et les paysans et nient la direction du Parti, ceux qui tentent de faire dégénérer cela, à ceux-là il faut s’opposer.

    Car le Parti marxiste-léniniste-maoïste a une importance capitale dans la lutte pour changer le monde. La révolution prolétarienne ne peut pas être séparée du Parti prolétaire.

    La formation du caractère collectif de la conscience des éléments les plus avancés du prolétariat, la mobilisation des masses sur des bases justes, avancer vers le communisme, ne sont pas possibles sans un parti communiste d’avant-garde comme instrument de la lutte pour la révolution, le socialisme, le communisme.

    Lorsque nous faisons remarquer l’importance essentielle du Parti maoïste, nous ne pouvons pas le mettre sur le même plan que les classes et le travailleur. Le Parti trouve son sens dans la mesure où il est l’instrument de cela. Un parti qui rompt avec les intérêts du prolétariat, avec la révolution, ne peut pas être le guide du prolétariat.

    De ce point de vue, il n’est pas possible de voir comme tabou le fait de  » toucher  » le parti. Contre les erreurs, les injustices, il y a naturellement une opposition. C’est un droit comme un devoir.

    La direction ne peut pas être vu comme supérieure aux autres, la direction est la capacité à être l’instrument qui amène la révolution, elle doit être au service des masses et transformer celles-ci en direction. Ce n’est jamais malgré les masses ; la direction doit satisfaire l’attraction des masses dans la lutte politique. Le Parti maoïste est une condition pour la révolution. Le TKP(ML) est un parti maoïste.

    Se mettre à distance d’un parti maoïste c’est se mettre à distance de la révolution. Le TKP(ML) qui est armé de la conscience maoïste est conscient que le parti n’est pas une unité simple mais qu’il se divise continuellement en deux. Il a compris que la lutte entre la vérité et l’erreur continue partout.

    Le caractère vrai de cette lutte que nous appelons lutte entre deux lignes dans les sociétés de classe implique la lutte de classe. Il n’y a pas de substance qui ne permette pas à deux choses de devenir une, et d’une, deux.

    Le Parti n’est pas exempté de cette contradiction qui forme l’essence de la dialectique. En tant que produit d’une société de classe, changeant de niveau et même s’il y a quelques changements, cela est présent continuellement ; celui qui parle de  » ligne complète d’une plate-forme  » ou de  » déviation  » n’a pas compris le maoïsme.

    Il y a des ajustements à faire au niveau de la ligne. Mais cela signifie comprendre les différentes vues en-dehors de la ligne, même si elles ne sont pas au niveau d’une plate-forme systématique.

    La paysannerie est par exemple composée de différents pôles ; ainsi les paysanneries riche, moyenne, pauvre, sans terre. Donc le centre de l’alliance avec les masses paysannes en général doit être le semi-prolétariat sans terre ou la paysannerie ayant peu de terres. La petite-bourgeoisie et l’aile gauche de la bourgeoisie nationale sont les autres composants du front uni.

    Le front uni populaire signifie l’unification sous la direction du prolétariat de ces forces alliées, comme l’alliance fondamentale des paysans et des ouvriers.

    Il est évident que cela ne peut pas être réalisé selon une ligne droite.
    Cela est dû aux relations proches du prolétariat et du front, étudiées par le camarade Kaypakkaya pour le front dans la perspective de fondation des organes du pouvoir politique. Cette logique est correcte.

    Est-il possible d’unifier les autres forces révolutionnaires sous la bannière du prolétariat, sans devenir d’abord une alternative, une force ? C’est possible si la bannière du prolétariat est abandonnée et si l’on suit la bourgeoisie. Le prolétariat ne peut pas accepter cela.

    La direction lui revient non seulement par les devoirs de l’alliance entre ouvriers et paysans ou encore la révolution démocratique, mais également afin de mobiliser les masses dans la perspective du socialisme et du communisme. Cela nécessite le rejet absolu des lignes suivant la bourgeoisie.

    La Guerre populaire

    Dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, la voie de la victoire est, pour la révolution de nouvelle démocratie, la guerre populaire.

    Une des caractéristiques de ces pays est le développement instable des structures économico-politico-sociales. La situation cause un développement instable de la guerre révolutionnaire, au lieu d’une ligne droite.

    Une autre caractéristique est la faiblesse relative du capitalisme, la présence du féodalisme, à cause des contenus sociaux la question nationale, et d’autres problèmes paysans.

    Une autre essence de la guerre populaire est le rôle que la paysannerie va jouer dans notre révolution, sous direction du prolétariat. La guerre populaire ne peut pas être expliqué simplement par les raisons comme  » le féodalisme prédomine » ou  » la majorité de la population consiste en des paysans « .

    L’aspect le plus important est la dépendance vis-à-vis de l’impérialisme. Cette situation amène le contrôle relativement facile des villes par les impérialistes et leurs laquais. Et la campagne devient leur point faible. A cause de ces rapports complexes la révolution est plus avantagée à la campagne.

    La guerre populaire ne consiste pas simplement en une ligne militaire. La guerre populaire est avant tout la ligne stratégique et politique de la révolution de nouvelle démocratie. La guerre populaire établit les conditions pour l’établissement de la direction du prolétariat avec le Parti Communiste comme instrument. C’est un point important de distinction avec les lignes aventuristes.

    Les bases et les organes du pouvoir politique sont les composantes de base de la guerre populaire. La guerre de guérilla paysanne est l’instrument pour les créer. La guerre de guérilla est la forme actuelle de la première étape de la guerre populaire, durant la phase de défense stratégique.

    Cela ne signifie pas que durant les étapes de l’équilibre stratégique et de l’offensive stratégique la guérilla ne joue pas de rôle.

    La guerre populaire a également une importance stratégique. L’importance stratégique extrême de l’armée populaire de guérilla est directement reliée à ces vérités.

    L’importance de la compréhension de ces questions par le camarade Kaypakkaya ont été prouvé par les pratiques sociales dans notre pays.

    C’est la seule voie pour battre l’ennemi, pour accomplir les tâches de la révolution de nouvelle démocratie. Les expériences du mouvement national kurde, la réalité de la guerre de guérilla des paysans, sous la direction des organes politiques du TKP(ML), les guerres populaires au Pérou et aux Philippines, montrent que la guerre populaire, ce n’est pas se battre pour se battre, mais c’est la voie pour mener à bien les tâches de la révolution selon la ligne marxiste-léniniste-maoïste.

    Notre tâche centrale aujourd’hui est la guerre de guérilla paysanne, afin d’établir les organes du pouvoir politique ; c’est l’instrument qui permettra d’accomplir notre ligne politico-idéologique marxiste-léniniste-maoïste.

    C’est la plus haute forme de la politique. Le camarade Kaypakkaya en avait une compréhension très claire, celle des rapports entre le Parti et l’armée, entre les politiques et les armes. Il a fait souligner que le principe selon lequel le parti guide l’armée et la politique et les armes, et que cela ne saurait être modifié. Il dit ainsi :

     » Le point de vue seulement militaire est défendu par ceux qui assument  » de se battre pour l’idée de se battre « . Nous voulons lutter, nous battre afin de remplir les tâches politiques de la révolution.

    Nous défendons la lutte armée afin d’arriver au pouvoir populaire par la destruction pas à pas des autorités locales et centrales. Cela nous pouvons le faire dans les campagnes, par l’armée populaire sous direction du Parti « .

    Les conditions dans notre pays nous ont forcé à la lutte armée comme forme principale de lutte, afin de pouvoir remplir les tâches de la révolution. Ceux qui persistent à refuser à comprendre les conditions historiques, sociales, politiques et culturelles nuisent à la révolution.

    Le camarade Kaypakkaya représente la ligne maoïste. Il a amené d’importantes ruptures quant à la compréhension de l’engagement en politique avec les suivistes et les prétendus intellectuels, avec le cadre de l’économisme et du foucaultisme [le structuralisme].

    Il a fait assumer la politique  » des masses aux masses « , qui est la composante de base de la ligne révolutionnaire de masse. Il a montré de manière excellente dans sa théorie comme dans sa pratique que c’est une question de confiance vis-à-vis du Parti comme des masses.

    Il a défendu les droits du peuple sur des bases scientifiques pour la révolution et le communisme. Le camarade Kaypakkaya n’a pas compris les masses comme un tout unique. Il a signalé qu’il y avait des séparations, en terme de masses avancées, d’intermédiaires et d’arriérées. Cela signifie que dans la lutte politique s’appuyer sur les masses avancées, faire avancer celles intermédiaires et au moins neutraliser celles en arrière.

    Dans la stabilisation politique, le groupe avancé doit être compris comme la base. Si cela n’est pas cela revient à une avant-garde fixée sur les masses moyennes et arriérées.

    La question nationale

    Pour la première fois dans l’histoire de la révolution turque, Kaypakkaya représente la théorie avancée qui amène les solutions justes à la question nationale kurde, comme aux autres questions. Il s’est opposé à l’oppression nationale imposée au peuple kurde et aux minorités par les classes dominantes turques, comme la bannière du véritable ennemi du prolétariat révolutionnaire.

    Il a défendu de manière inconditionnelle le droit de la nation kurde à établir son propre Etat.

    Il a démasqué la vraie nature de cela et le chauvinisme qui s’oppose à ce droit. Il a défendu la composante démocratique du mouvement national de la nation kurde qui est opposée à l’oppression nationale. Il a démasqué l’idéologie kémaliste des chauvins turcs.

    Kaypakkaya était analytique et scientifique. Il était un maoïste au sens vrai du terme. Il est allé au-delà des erreurs du passé du Komintern [troisième Internationale] concernant le mouvement national kurde et le kémalisme.

    Le chauvinisme turc qui applaudissait l’oppression fasciste et barbare des fascistes kémalistes a été montré pour la première fois de manière effective par la ligne politico-idéologique que représentait Kaypakkaya.

    Tout en défendant le côté démocratique du mouvement national, il a révélé les intentions des chefs de ce mouvement, la bourgeoisie kurde et les propriétaires terriens, qui consistent à imposer leur autorité pour utiliser le peuple kurde comme un instrument pour leurs buts.

    Il a aussi appelé les travailleurs à s’unir sous la bannière du prolétariat. Il a levé le drapeau de la révolution mondiale contre les classes dominantes turques, qui sous le mot d’ordre d’ » Unité nationale, patrie et indivisibilité nationale  » utilisent des méthodes barbares pour garder la nation kurde dans les frontières turques.

    Il a fait cela selon le principe :  » droits égaux pour tous les peuples… auto-détermination pour tous les peuples et unités des travailleurs et des peuples opprimés de toutes les nationalités « .

    La ligne de la voie de la liberté, c’est celle-là. La seule force capable de jeter l’oppression de classe, nationale, religieuse, de langue, de genre, de la face de la terre, c’est le prolétariat révolutionnaire.
    La véritable arme contre toutes les sortes de réactionnaires est le marxisme-léninisme-maoïsme.

    Les conditions sont bonnes

    Les conditions objectives pour la révolution sont bonnes. Les dominants turcs sont dans une crise économique et politique sérieuse. Les résultats de la crise économique sont 60 milliards de dollars de dettes, une dévaluation toujours croissante.

    La banqueroute de la guerre totale menée par les dominants contre la nation kurde et toutes les différentes nationalités de notre peuple a aggravé la crise économique. Les ordres du FMI pour privatiser font encore plus peser la balance. Même les dominants appellent au secours et disent eux-mêmes qu’ils sont  » finis ».

    Ils n’ont pas de remède. Le système est également défait politiquement. Toutes les politiques ont fait banqueroute. Ils ne savent plus où aller. Est-ce qu’il y a quelque chose qu’ils n’ont pas essayé ? Maintenant ils parlent de campagnes. Alors qu’en fait le général en chef du staff est déjà en place [le MGK est le conseil de sûreté de l’Etat décidant de tout et contrôlé par une majorité de militaires].

    Les contradictions et les clash entre les dominants ont approfondi celles des partis du système. Le système avec toutes ses organisations fait face à la banqueroute.
    C’est la raison pour leur sauvagerie, leur férocité. L’armée en laquelle ils croient décade.

    Les désertions augmentent, recruter des soldats devient un problème. Leurs attaques féroces augmentent leur dépression. La crise économique et politique va de pair avec une situation de soulèvement révolutionnaire.

    Il est très clair que c’est ce qu’il y a à faire. Perséverer dans la Guerre Populaire. Rejeter les solutions alternatives, comme il est vulgairement dit,  » Alerter les masses contre la nouvelle république  » et les  » projets réformistes « .

    Une libération sans les organes du pouvoir politique, et sans la guerre de guérilla comme tâche centrale pour cela, est une illusion. La construction d’une nouvelle société, gagner la pouvoir politique pour la révolution mondiale, cela ne peut pas être repoussé. Détruire ce système décadent pièce par pièce est non seulement possible mais nécessaire.

    Les impérialistes tentent de cacher le vieux avec le  » nouvel ordre mondial « , leurs réflexions de  » monde en paix « . Mais ce système, c’est la confusion qui est la plus apparente. Contrairement à leurs mensonges quant à la stabilisation, les contradictions principales se sont approfondies.

    La tempête révolutionnaire dans les colonies et les semi-colonies continue. Les sociaux-impérialistes de Russie et ses alliés ont abandonné la compétition avec les USA et l’OTAN. Les contre-révolutionnaires mondiaux ont tenté de donner l’impression que  » le communisme est mort « .

    Ils ont bien plutôt peur des luttes du prolétariat mondial et des luttes populaires. Les interventions impérialistes dans le monde ont atteint leurs points de blocage au Pérou, aux Philippines et en Turquie.

    Les soi-disantes alternatives tentent de dépasser les impasses en Palestine, au Moyen-Orient, au Caucase, et en Yougoslavie, cela est clair. La  » stabilisation  » et le  » nouvel ordre mondial  » ont amené un plus grand chaos. La compétition impérialiste s’approfondit également.

    De fait, la révolution est la tendance principale.
    La contradiction principale est toujours celle entre l’impérialisme mondial et les peuples opprimés. Comme Mao l’a affirmé,  » la voie est sinueuse, mais l’avenir est lumineux « . Encore une fois les avancées de la Guerre Populaire ont montré que le plus fort n’est pas celui avec le plus d’armes et les bombes, mais le peuple.

    Les forces militaires, ayant apparemment de plus en plus peur, peuvent être défaites et ont été défaites par la grande force du peuple guidé par le Parti Communiste. Tant que le maoïsme est compris, tant que la Guerre Populaire est menée à partir d’une position correcte.

    Ceux qui ont des idées arriérées et qui regardent cela simplement du point de vue de la technologie ou des armes n’apprennent pas à se rebeller pour la révolution.

    Malgré le soutien initialement des USA, aidé par les autres impérialistes et les Nations Unies, le TKP(ML), avec son soulèvement, n’est pas à ignorer, toute proportion gardée eu égard des honorables résultats de la Guerre Populaire au Pérou sous la direction du Parti Communiste du Pérou. La tâche est de rejoindre la lutte, et de l’appuyer.

    En avant sur la ligne de Kaypakkaya avec le maoïsme !
    Vive le marxisme-léninisme-maoïsme !
    Le chef communiste Kaypakkaya vit !
    La ligne de Gonzalo vit et se bat !

    =>retour au dossier sur le mouvement anti-révisionniste en Turquie

  • A propos du TKP(ML) et de son histoire

    (2002)

    Dans le courant des années 1990 s’est développé en France un mouvement de solidarité avec le Parti Communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste), le TKP(ML).

    A cette occasion avait été publié en 1997 un document intitulé « Qu’est-ce que le TKP(ML)?« , dans le cadre de la revue Front Social.

    Ce document était le fruit d’un travail commun entre des internationalistes français et des sympathisants d’origine turque/kurde du TKP(ML).

    Nous voulons ici faire une présentation plus précise de l’évolution politique du TKP(ML) et du mouvement maoïste en Turquie. Ce texte est une contribution au document précèdent; il ne rentre pas en contradiction avec lui.

    Le TKP(ML) a été le fruit d’une longue maturation politique, sous l’influence de la révolution culturelle en Chine.

    Son fondateur, Ibrahim Kaypakkaya, dira d’ailleurs que « le TKP(ML) est un produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ».

    Ibrahim Kaypakkaya a également notablement influencé par Charu Mazumdar, fondateur du Parti Communiste d’Inde (Marxiste-Léniniste), auteur de nombreux documents dans les années 1960, notamment sur le rapport entre les masses paysannes et la guerre populaire.

    Kaypakkaya, né en 1949, a de fait remis à l’ordre du jour la question paysanne en Turquie.

    Voyant l’importance de la question, il a compris que la Turquie n’était pas un pays « démocratique » ou « moderne » comme l’Etat le prétendait, mais un pays où la révolution agraire n’avait pas eu lieu.

    Pour l’ensemble du mouvement révolutionnaire en Turquie à ce moment là, Mustafa Kémal était un petit-bourgeois progressiste, dont la seule erreur avait été de ne pas aller jusqu’au bout dans la rupture avec les pays occidentaux impérialistes.

    Ibrahim Kaypakkaya est le premier à rejeter scientifiquement cette thèse.

    Reprenant des documents notamment produits par l’Internationale Communiste, il exposa ses thèses dans « Points de vue sur le kémalisme », où il affirme :

    « La révolution kémaliste est une révolution de la couche supérieure de la bourgeoisie commerçante, des propriétaires terriens, des usuriers turcs et un nombre plus faible de la bourgeoisie industrielle existante.

    C’est-à-dire que les chefs de la révolution sont les classes de la grande bourgeoisie compradore turque et les propriétaires terriens. La bourgeoisie moyenne avec un caractère national n’a pas participé à la révolution en tant que force guide.

    Le mouvement kémaliste s’est dirigé  » à la base contre les paysans et les ouvriers, en fait contre les possibilités d’une révolution agraire  » (Schnurow, de l’Internationale Communiste).

    Comme résultat du mouvement kémaliste la structure coloniale, semi-coloniale et semi-féodale de la Turquie se modifia en structure semi-coloniale semi-féodale, c’est-à-dire que la structure économique semi-coloniale et semi-féodale resta.

    Au niveau social, à la place de la vieille bourgeoisie compradore qui appartenait aux minorités nationales, et de la couche supérieure de la vieille bureaucratie, domine la nouvelle bourgeoisie turque, qui vient de la bourgeoisie moyenne à caractère national et qui est entré en coopération avec l’impérialisme, et la nouvelle bureaucratie.

    Une partie des vieux propriétaires terriens, usuriers et négociants spéculateurs poursuivit sa domination, à la place de l’autre partie arrivèrent des nouveaux les remplaçant.

    Au niveau politique, à la place du gouvernement constitutionnel lié aux intérêts de la monarchie se retrouve le gouvernement qui porte au mieux les intérêts des nouvelles classes dominantes: la république bourgeoise. Ce gouvernement était en apparence indépendant, en réalité politiquement semi-dépendant de l’impérialisme.

    La dictature kémaliste était démocratique en apparence, en réalité une dictature militaire fasciste ».

    Ce point de vue est le point de départ du marxisme-léninisme-maoïsme en Turquie.

    Toutes les autres tendances du mouvement révolutionnaire rejettent ce point de vue, considérant plus ou moins positivement Mustafa Kémal, et représentant ainsi les intérêts de la petite-bourgeoisie, de la bourgeoisie de gauche, etc.

    Le premier groupe armé en Turquie, le THKO (Armée de Libération Populaire de la Turquie), fondée par Deniz Gezmis, est idéologiquement le plus proche du kémalisme.

    Le THKO niait le besoin d’un Parti Communiste; il entendait pousser les masses à continuer la révolution kémaliste.

    Le second groupe armé, le THKP-C (Parti / Front de Libération Populaire de la Turquie), fondé par Mahir Cayan, considérait que la bourgeoisie nationale avait été mise de côté par une oligarchie qui avait vendue le kémalisme à l’impérialisme.

    Mais aucune de ces tendances ne comprenait le caractère féodal de la Turquie; elles constataient juste une « influence » de l’impérialisme.

    Ces tendances ont toujours attendu de l’Etat turc qu’il aille dans le sens de l’ »indépendance nationale » et se rallie à leurs propres thèses !

    Ibrahim Kaypakkaya a permis la rupture avec ces thèses niant le caractère semi-colonial semi-féodal de la Turquie.

    Ibrahim Kaypakkaya a également établi la ligne révolutionnaire concernant la question nationale en Turquie.

    D’origine turque et ayant appris le kurde, il présente dans « La question nationale en Turquie » la ligne révolutionnaire à ce sujet. Il y dit ainsi :

    « Résumons: que les Kurdes forment une nation en Turquie est une réalité qui est clair pour chaque personne qui n’est pas derrière le nationalisme turc agressif, sans qu’il soit nécessaire de continuer à discuter de cela. Les ouvriers, paysans pauvres et moyens kurdes, le semi-prolétariat et le petite-bourgeoisie citadine kurdes, l’ensemble de la bourgeoisie kurde et les grands propriétaires terriens forment la nation kurde.

    C’est non seulement le peuple kurde mais aussi, à part une poignée de grands maîtres féodaux et quelques bourgeois qui ont fusionné avec les classes dominantes turques, l’ensemble de la nation kurde qui subit l’oppression nationale. Les ouvriers et paysans kurdes, la petite-bourgeoisie citadine et les petits propriétaires terriens souffrent de l’oppression nationale. »

    Ibrahim Kaypakkaya est le premier à avoir compris la nécessité de la fondation du Parti Communiste, et organisera la rupture avec le TIIKP (Parti ouvrier-paysan insurrectionnel de Turquie), qui prétendait soutenir les apports de Mao Zedong alors qu’il possédait une nature fondamentalement opportuniste.

    Il sera l’auteur du document « Critique du programme du TIIKP », où est notamment présenté la nécessité de la naissance du TKP(ML).

    Les deux autres documents fondamentaux qui donneront la naissance du TKP(ML) sont : « Apprenons correctement l’enseignement de Mao Zedong quant à l’édification du pouvoir rouge » et « Les Décisions du DABK » (Comités des Unités de l’Anatolie Orientale) » qui édifient les bases de la séparation idéologique du TIIKP.

    Dans l’écrit « Apprenons correctement l’enseignement de Mao Zedong quant à l’édification du pouvoir rouge », Kaypakkaya parle de la stratégie militaire à appliquer en Turquie :

    « Dans notre pays la révolution passe par trois armes essentielles : le Parti, l’Armée Populaire et le Front Uni Révolutionnaire du Peuple. »

    La naissance du TKP(ML) en 1972 commence alors par une intense activité d’agitation et de propagande, visant à la tenue d’un premier Congrès du Parti, devant être suivi d’un congrès de l’Armée, permettant le développement du Front (dont l’existence devra être permise par l’existence de bases rouges).

    L’agitation et la propagande du TKP(ML) a été politique, idéologique; le TKP(ML) servait les masses, les aidait dans leurs conditions de vie (apports de techniques agraires, défense face à l’armée et aux féodaux, etc.).

    En 1973 Ibrahim Kaypakkaya est arrêté dans le cadre d’activités du TIKKO (Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de la Turquie).

    Il ne révélera rien des structures du TKP(ML), et succombera le 18 mai 1973 après plus de 60 jours de tortures.

    La large répression désorganise alors le TKP(ML), qui ne continue à exister que par divers comités, notamment en prison.

    S’ouvre une période de larges débats idéologiques, sur les causes de la défaite et le comment de la construction du Parti.

    Fut formé en 1974 un « comité de coordination des activités régionales » afin de coordonner les différents groupes existant encore après la destruction du « centre » du TKP(ML).

    En 1976 le comité est dominé par les tendances déviationnistes de droite, qui rejettent les apports de Kaypakkaya et de Mao Zedong.

    Ces tendances sont rejetées en 1977, par une ligne rouge, qui forme un nouveau « comité d’organisation », avec comme but la refondation du Parti et comme tâche principale la guerre de guérilla paysanne.

    Les déviationnistes de droite forment le TKP-ML/Hareketi (TKP/ML – Mouvement), qui s’unira à d’autres groupes pour former le MLKP actuel. Il s’agit d’une ligne anti-parti, cherchant à unifier toutes les tendances en une seule organisation.

    Il faudra attendre février 1978 pour que se tienne une première conférence, qui refonde le Parti à tous les niveaux ainsi que TIKKO.

    Suleyman Cihan devient le second secrétaire général du TKP(ML).

    Cette conférence adopte un programme, amène la publication d’organes légaux et illégaux, ainsi qu’une lutte au niveau international contre le révisionnisme moderne et la théorie chinoise des « trois mondes ».

    Son idéologie est le marxisme-léninisme pensée Mao Zedong.

    La période entre la première conférence (de 1978) et la seconde (de 1981) est marquée par une intense lutte contre une tendance opportuniste refusant d’appliquer les décisions de la première conférence, notamment dans le domaine militaire.

    Le TKP(ML) affronte de plein fouet le putsch militaire du 12 septembre 1980, qui liquide l’ensemble des organisations révolutionnaires.

    La seconde conférence de février 1981 marque la victoire définitive sur les tendances voulant adopter une voie pacifique de prise de pouvoir.

    Mais elle est marquée par la scission d’une clique semi-trotskyste, s’étant formée en Europe, à l’abri de la lutte, rejetant Mao Zedong, la guerre populaire, et développant un intellectualisme bourgeois.

    Cette tendance bourgeoise formera le TKP-ML Bolsevik, qui deviendra le Bolsevik Partisi (avec la revue Bolsevik Partizan), groupe légaliste intellectualiste.

    La seconde conférence marque le refus de cette tendance marquée par la fascination pour Enver Hoxha et le refus d’assumer Mao Zedong ; elle est marquée par la publication d’un document analysant précisément les positions (erronées) du Parti du Travail d’Albanie.

    Le secrétaire général Suleyman Cihan est arrêté par la suite et meurt en résistant sous la torture le 15 septembre 1981.

    La direction du Parti fléchit alors et abandonne la tâche centrale de l’organisation dans les campagnes.

    Ainsi la troisième réunion du Comité Central deux années plus tard affirme que la lutte pacifique devient principal, affirmation portée aux nues à la quatrième réunion de 1984.

    Avant même que se tienne une nouvelle conférence a lieu une « conférence régionale extraordinaire » rejetant le comité central et la ligne pacifique.

    Se forme le TKP(ML) – DABK (Comité Régional d’Anatolie Orientale), qui relance la lutte dans les campagnes.

    Les gens amenant la formation du DABK refusent que la conférence subisse l’hégémonie de gens ayant fui la Turquie.

    Le reste de l’organisation tente de tenir une conférence en fin 1986 (qui échoue devant la répression), qui se tient finalement en 1987. Cette tendance est alors connue comme TKP-ML conférence.

    Une partie des cadres se trouvant à l’étranger forme alors le TKP-ML Maoist Merkezi (Centre Maoïste), inféodé au PCR des USA et au CoRIM.

    La ligne de DABK est une ligne essentiellement axée sur la mise en avant de la guerre de guérilla; le mot d’ordre de Baba Erdogan, secrétaire général adjoint, est « un Dersim ne suffit pas, il faut 1.000 Dersim », du nom de la région bastion du TKP(ML).

    Le DABK intensifie la guerre populaire et ouvre de nouveaux fronts, comme dans la région de la mer noire.

    Le DABK considère également que la défaite du TKP(ML) à ses débuts a dépendu de conditions subjectives, tandis que l’autre tendance considère que cette défaite repose dans les conditions objectives.

    Se formera également dans l’autre tendance un groupe prônant une activité complètement séparée au Kurdistan, rejetant la liaison entre la révolution démocratique en Turquie avec le Kurdistan (ils prendront le nom de « sectionnistes »).

    L’autre tendance remettra en cause la ligne de son propre comité central et des pourparlers ont lieu pour la réunification des deux tendances, qui se concrétisent dans le cadre d’une conférence extraordinaire du Parti en 1993.

    C’est à cette occasion que le TKP(ML) adopte comme idéologie le marxisme-léninisme-maoïsme.

    En 1994 a lieu un grave problème organisationnel, en raison de « magouilles » d’un membre du Comité Central avec des mafieux (sous prétexte d’obtenir du matériel).

    Une partie du comité central tente d’étouffer l’histoire, ce qui est rejeté notamment par Cüneyt Kahraman.

    Le mouvement lancé par celui-ci amène la formation du TKP(ML), qui rejette la tendance opportuniste comme « pragmatique-machiavéliste », qui prend le nom de TKP/ML (et ne remet pas en cause les membres impliqués dans les « magouilles »).

    Le TKP(ML) se revendique historiquement du TKP-ML DABK ainsi que du TKP-ML conférence, tandis que le TKP/ML se revendique exclusivement de TKP-ML conférence.

    Cüneyt Kahraman guide alors le Parti, et mène le « mouvement perce-neige » (Kardelen Hareketi) liquidant les agents infiltrés dans le Parti (jusqu’au niveau du comité central).

    Il tombe en 1997; par la suite la nouvelle direction du TKP(ML) remet en cause l’interprétation du TKP/ML comme « pragmatique-machiavéliste » et appelle à l’union.

    La caractérisation comme « pragmatique-machiavéliste » et la scission auraient eu comme simple cause les agents infiltrés dans le Parti.

    Une conférence centrale se tient en 1999 et affirme officiellement la nécessité de s’unir avec le TKP/ML (qui continue de rejeter le TKP(ML) comme « putschiste ») et la tenue d’un congrès.

    Celui-ci a lieu en septembre 2002 et marque la naissance du Parti Communiste Maoïste.

    Les principaux points de la transformation sont :

    1.Le TKP(ML) prend le nom de Parti Communiste Maoïste; le TIKKO devient le HKO (Armée Populaire de Libération); le TMLGB devient le MGB (Union de la Jeunesse Maoïste).

    Est ainsi remis en cause le texte d’Ibrahim Kaypakkaya concernant la nature scientifique du choix des nom de TKP(ML)-TIKKO.

    2.Le MKP rejette officiellement l’universalité de la guerre populaire, adoptant les positions du Parti Communiste des Philippines et du PCR des USA qui parlent de « révoltes », « insurrections », etc.

    Cela est par exemple affirmé dans le numéro un de « Sinif Teorisi » (Théorie de classe) dans l’article « Sur la Guerre Populaire », qui sépare le monde en colonies, semi-colonies et pays capitalistes.

    3.Le MKP réinterprète l’histoire du TKP(ML) et adopte la même interprétation du DABK que le TKP/ML. Le DABK est analysé comme tendance ultra-gauchiste militariste.

    De fait toute l’histoire du TKP(ML) est critiqué comme « gauchiste » et n’aurait consisté qu’en une série de déviations.

    4.Le MKP cède devant la pression de la bourgeoisie kurde en abandonnant les principes de Kaypakkaya sur la liaison de la libération nationale du Kurdistan occupée par la Turquie avec la révolution démocratique en Turquie.

    Le nom du MKP est MKP – T/KK soit MKP Turquie / Kurdistan du Nord. C’est la même position intellectualiste abstraite que Bolsevik Partizan (« Parti Bolchevique – Turquie / Kurdistan du Nord).

    Cette position affaiblit le caractère général de la révolution démocratique en Turquie; elle nie le caractère multinational de la Turquie (au sens strict il faudrait alors s’appeler MKP des nationalités turque, kurde, laze, arabe, arménienne, géorgienne, juive etc. ou au moins des nations turque, kurde, laze…).

    5.Le MKP parle d’une période préparatoire à la Guerre Populaire, ce qui est une conception abstraite (Mao : « La guerre s’apprend en la faisant »).

    Les conceptions du MKP sont calquées sur celles du PC du Népal (maoïste).

    Un groupe a qualifié de putsch le congrès de transformation du TKP(ML) en MKP et a repris le nom de TKP(ML).

    Cela doit être relié au fait que notamment le CoRIM et le PCN(m) ont immédiatement salué le congrès.

    Le Corim affirmait par exemple :

    « It is with great joy and with great expectations that we great this Congress of your Party, the first such Congress to be held in the history of the Party since its founding in 1972 (as the Communist Party of Turkey Marxist-Leninist) and one that comes at a critical juncture for the advance of the revolution in Turkey and in the world. »

    Le Parti Communiste Révolutionnaire (comités d’organisation) du Canada disait lui :

    « Nous vous adressons nos chaleureuses salutations ainsi que toutes nos félicitations suite à la tenue victorieuse du premier congrès de votre Parti.

    Les décisions que vous avez prises et les résultats que vous avez atteints représentent un pas en avant important non seulement du point de vue de la lutte révolutionnaire en Turquie et au Kurdistan Nord mais aussi pour le mouvement révolutionnaire international dans son ensemble (…).

    Les résultats de votre premier congrès, qui synthétisent quelque 30 années d’expérience du combat révolutionnaire, constitueront certes pour nous une source d’inspiration. »

    Et le PCR des USA disait par exemple :

    « The Revolutionary Communist Party, USA sends its red salute to this important milestone in the history of your Party. »

    =>retour au dossier sur le mouvement anti-révisionniste en Turquie

  • Qu’est-ce que le TKP(ML) – TIKKO ?

    Qu’est-ce que le TKP(ML) – TIKKO ?

    Parti Communiste de Turquie (marxiste-léniniste)
    – Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de la Turquie

    [Ce document est initialement une brochure imprimée par des sympathisants d’origine française et turque / kurde.

    Fin 2002 le TKP(ML)-TIKKO a pris le nom de MKP, Parti Communiste Maoïste. L’armée prend le nom de : « Armée Populaire de Libération ».

    Le PC(MLM) ne soutient pas ce changement, qui selon nous remet en cause l’héritage d’Ibrahim Kaypakkaya et soutient une ligne droitière.

    Yasasin TKP(ML) ! Savas, Arin, Kazan !

    Vive le TKP(ML) ! Guerre, purification, victoire !]

    1.Qu’est-ce que le TKP(ML)?

     » Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire. Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires contre l’impérialisme et ses valets  » (Mao-Tsé-Toung).

    Le TKP(ML) [Türkiye Komünist Partisi (Marksist-Leninist)] est le Parti Communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste). Il a été fondé en 1972 par Ibrahim Kaypakkaya, qui succombera le 18 Mai 1973 à plus de 60 jours de torture.

    Le TKP(ML) est une organisation dont l’objectif est l’instauration d’une société sans classes ni Etat, c’est-à-dire qu’elle est marxiste, qu’elle suit les principes développés par KARL MARX et FRIEDRICH ENGELS.

    Le TKP(ML) se rattache à la tradition marxiste-léniniste, c’est-à-dire aux développements théoriques et pratiques du marxisme tels qu’ils ont été formulé et résumé par LENINE et STALINE.

    Le TKP(ML) est une organisation maoïste, car elle reconnaît le maoïsme comme une troisième étape de développement du marxisme (le léninisme étant la deuxième).

    Pourquoi  » TKP(ML)  » ? Il y a une raison toute simple, historique. Après la révolution russe Lénine a organisé la formation d’une Internationale Communiste (le KOMINTERN), et dans chaque pays se sont formés des partis communistes (de tel ou tel pays).

    Après la mort de Staline l’URSS s’est vu dominée par une nouvelle bourgeoisie, et beaucoup de partis communistes dans le monde sont devenus officiellement réformistes et ont révisé le marxisme-léninisme.

    Le Parti Communiste Chinois a mené une grande lutte idéologique contre ce révisionnisme, et ceux/celles qui en acceptaient la critique dans le monde entier ont quitté les P.C. inféodés à l’URSS pour former des P.C. marxiste-léniniste.

    Le TKP(ML) se rattache par son nom à cette tradition formée avec la critique maoïste des partis communistes révisionnistes et de l’U.R.S.S.

    2.Quelle analyse le TKP(ML) a-t-il de la situation mondiale et de la situation en Turquie?

     » Lutte de classes – certaines classes sont victorieuses, d’autres sont éliminées. Cela, c’est l’histoire des civilisations depuis des millénaires. Interpréter l’histoire d’après ce point de vue, c’est ce qui s’appelle matérialisme historique; se placer à l’opposé de ce point de vue, c’est de l’idéalisme historique  » (Mao-Tsé-Toung).

    Le TKP(ML) ne s’est jamais fait d’illusions sur les pays de l’Est et l’U.R.S.S., qui sont considérés depuis les années 50 comme des dictatures bourgeoises. L’Union Soviétique était un pays social-impérialiste: social en parole, impérialiste dans les faits.

    Le TKP(ML) lutte pour abolir l’exploitation et l’oppression en Turquie. Cela signifie chasser l’impérialisme de ce pays et liquider les restes de féodalité existant. Et cela signifie mener une guerre populaire, où les campagnes encerclent les villes, pour prendre le pouvoir et détruire l’Etat fasciste turc.

    La guerre populaire est organisée par TIKKO, l’armée ouvrière et paysanne de libération de la Turquie. Selon les principes développés par Mao, c’est le TKP(ML) qui dirige l’armée.

    Pour le TKP(ML) la soi-disante harmonie dominante dans le monde est fictive, et la lutte contre l’impérialisme américain, l’exploitation capitaliste et les restes du féodalisme continue. Le TKP(ML) salue et soutient la guerre populaire menée par le Parti Communiste du Pérou.

    3.Qui est Mustafa Suphi?

    Né en 1883 à Giresun, il fit ses études à la faculté de sciences sociales de Paris. Il fut très influencé par la révolution russe de 1905 et commença à mener des actions politiques, ce qui ne fut pas apprécié des Sultans qui l’incarcérèrent dans le château de Sinap en 1913.

    Il s’évadera en 1914 et, après s’être lié aux Bolchéviks en 1915, entama une politique d’agitation au sein des ouvriers et paysans turcs de Russie. En 1918 il s’installera à Moscou et organise la parution du premier journal communiste de langue turque,  » Yeni Dunya  » (Le nouveau monde).

    Ce journal informera de la Révolution d’Octobre et servira à la création d’une nouvelle organisation. Cette dernière sera fondée le 25/07/1918 à la suite d’une conférence des socialistes de gauche turcs et prendra le nom d’organisation communiste de Turquie. Mustafa Suphi en est à la tête, et participe en tant que délégué à la réunion internationale des révolutionnaires à Pétrograd en décembre 1918.

    Le 22 septembre 1919 est fondé sous la direction de Sefik Hüsnü le Parti des ouvriers et des paysans de Turquie; le 14/07/1919 est fondé à Ankara le Parti Communiste populaire de Turquie sous la direction de Serif Manataf.

    Le TKP, Parti Communiste de Turquie, est fondé à partir de ces trois groupes (l’organisation communiste de Turquie, le Parti des ouvriers et paysans de Turquie, et le Parti Communiste populaire de Turquie) dans un congrès qui se tient le 10 septembre 1920. Le responsable en est Mustafa Suphi.

    A sa fondation l’objectif du TKP est de libérer le pays de l’impérialisme.

    Il organisera son armée avec les prisonniers de guerre de Russie, d’autres personnes originaires de Turquie et l’appellera  » le bataillon international des volontaires de l’Est « , où des Roumains et des Bulgares luttent également. Partant de Bakou en Azerbaïdjan ils seront arrêtés par les partisans du Dachnak (de cette tendance socialiste-révolutionnaire si décriée par Lénine) en Arménie.

    Mustafa Suphi et 14 membres du Comité Central et du parti décident alors de traverser Kars, où les Kémalistes affirment entendre les laisser passer. Mais le 28 janvier 1921 alors qu’ils tentent d’aller de Kars à Trabzon en bateau les gendarmes et la police les arrêtent et les font monter sur un petit bateau. Celui-ci est percuté et les camarades, dont Mustafa Suphi, meurent noyés.

    4.Qui est Ibrahim Kaypakkaya?

    Le camarade Ibrahim Kaypakkaya est né en 1949 dans le village de Karakaya, rattaché à la sous-préfecture d’Alaca, elle-même dépendante de la préfecture de Corum (au nord d’Ankara). Issu d’une famille paysanne, il va à l’école primaire puis à l’école élémentaire d’enseignant de Hasanoglu en 1960. Il fera là-bas connaissance avec les idées révolutionnaires et progressistes.

    Grâce à sa soif d’apprentissage et à son énergie il devient l’un des meilleurs élèves de son école et réussit avec succès l’entrée à l’IUFM de Capa et l’université de physique d’Istanbul en 1965.

    A cette époque les idées révolutionnaires se répandaient chez les masses, en particulier dans le jeunesse.

    Ibrahim Kaypakkaya faisait partie de ces personnes actives, et dès son entrée à l’école il devient membre de la FKF, la fédération des clubs d’idées.

    La FKF a en effet adopté les principes du socialisme, et mène des activités antifascistes et anti-impérialistes.

    En 1967 il ouvrira un bureau de la FKF à l’IUFM de Capa. Tout en menant une lutte révolutionnaire il mènera une autre, celle contre les dirigeants révisionnistes des organisations.

    Il s’éloigne peu à peu de l’école, et en 1969/70 ne mène pas la lutte que chez les étudiants, mais également chez les ouvriers et les paysans, faisant connaître le marxisme-léninisme partout où il y a grèves, occupations des terres par les paysans.

    Ibrahim Kaypakkaya, tirant par la suite les leçons de la grande grève du 15/16 juin 1970, devient actif dans la revue du TIIKP (parti révolutionnaire ouvrier et paysan de Turquie).

    Il s’aperçoit que la direction est un obstacle à la lutte révolutionnaire des masses et critique alors le réformisme droitier.

    En 1972 il dénonce le révisionnisme du TIIKP et assume avec ses camarades la formation d’un parti. Suite à l’importante activité en ce sens il forme le Comité de coordination du TKP(ML) en avril 1972, qui aboutira par la suite à la formation du parti.

    Ibrahim Kaypakkaya a ici joué un rôle historique, en reprenant l’héritage révolutionnaire du TKP et en assumant le marxisme-léninisme, pour ainsi contrer le révisionnisme et former l’unique organisation capable d’aboutir à la libération du prolétariat et de la paysannerie.

    Le MIT (les services secrets turcs) a tout de suite considéré le TKP(ML) comme l’organisation possédant la théorie et la pratique les plus dangereuses pour l’ordre dominant.

    Alors qu’ils menaient des actions dans la région de Dersim, Ibrahim Kaypakkaya et ses camarades furent traqués et obligés de se retrancher dans une baraque abandonnée pendant quelques jours.

    Suite à une dénonciation ils furent attaqués par les gendarmes le 24 janvier 1973.

    Le compagnon d’armes d’Ibrahim Kaypakkaya, Ali Haydar Yildiz, fut tué; lui aussi fut grièvement blessé et laissé pour mort par les gendarmes qui poursuivaient d’autres camarades. Ibrahim Kaypakkaya arriva à s’enfuir, se réfugia 5 jours et 5 nuits dans une grotte; la faim et le froid le poussèrent à demander de l’aide à des villageois le 29 janvier, mais l’un d’entre eux le dénonça. Il fut arrêté et amené au commissariat de Tunceli-Elazig, puis dans le centre de tortures de Diyarbakir.

    On lui coupa une partie de ses membres gelés par le froid, et il résista pendant trois mois et demi aux tortures infligées sans rien révéler des structures du TKP(ML), selon le principe  » on donne sa vie mais pas ses secrets « . Dans la nuit du 17 au 18 mai 1973 il fut assassiné.

    5.Quel est le parcours idéologique du TKP(ML)? Pourquoi existe-t-il un TKP(ML) et un TKP/ML? 

    Dans les années 60 fut fondé en Turquie la  » FKF « , la fédération des Clubs d’Idées, rassemblant plusieurs tendances révolutionnaires.

    Ibrahim Kaypakkaya a été à l’initiative de la formation de sections du FKF, et ses analyses le conduisent à rompre au niveau de l’organisation pour former le TKP-ML et TIKKO. Le TKP-ML/TIKKO est malheureusement très vite victime de la répression, Ibrahim Kaypakkaya se faisant capturer et torturer plus de 60 jours (il ne révélera rien des structures du TKP-ML).

    Fut alors formé en 1974 un « comité de coordination des activités régionales » afin de coordonner les différents groupes existant encore après la destruction du « centre » du TKP-ML.

    C’est également un temps de clarification idéologique, notamment contre les déviations sectaires: au niveau international c’est en effet, après la mort de Mao Zedong, l’agression du Parti du Travail d’Albanie contre les principes développés par Mao.

    Le TKP-ML se reforme très vite et développe la guerre populaire avec TIKKO. En 1987 un groupe sort du TKP-ML en raison de la ligne opportuniste du comité central du parti, et forme le TKP-ML/TIKKO DABK (comité pour l’Anatolie orientale), tandis que coexiste à côté le TKP-ML menant une conférence critiquant le comité central, ouvrant ainsi la voie de la réunification qui a lieu en 1992.

    Mais en 1994 un grave problème de démocratie interne conduit à la rupture entre un parti divisé en deux fractions, qui forment alors le TKP(ML)-TIKKO et le TKP/ML-TIKKO. S’il n’y a pas de différences idéologiques, la vie à l’intérieur du parti est conçue très différemment.

    Les militants du TKP(ML) reproche le fait que de très graves  » erreurs  » de hauts responsables aient été caché et qu’ainsi une atteinte majeure au marxisme-léninisme ait été faite.

    [A la fin 1999, le TKP(ML) a officiellement changé de position par rapport au TKP-ML. Si au début la critique faite se définissait comme « déviation mafieuse » puis comme « déviation pragmatiste-machiavéliste », désormais le comité central du TKP(ML) a appelé à l’union des deux partis et demande aux militants de considérer le TKP-ML comme révolutionnaire, marxiste-léniniste.

    Cette position est pour nous révisionniste; elle s’accompagne d’une remise en cause de l’action du quatrième secrétaire général du TKP(ML), Cüneyt Kahraman, désormais qualifiée de « gauchiste » par la direction du TKP(ML).- Note de Front Social]

    [La transformation du TKP(ML) en MKP a été un pas en avant dans cette liquidation de la tradition du TKP(ML).

    La direction du TKP(ML) puis du MKP n’a cessé d’appeler à l’unification alors que le TKP/ML a continuellement attaqué le TKP(ML). – Note du PC(MLM)].

    6.Qu’est-ce que TIKKO?

    TIKKO (Türkiye Isçi Köylü Kurtulus Ordusu) est l’armée ouvrière et paysanne de libération de la Turquie. Cette armée a été formé en même temps que le TKP(ML), soit le 27 avril 1972. TIKKO est la branche armée du TKP(ML), a pour but de mener la guerre populaire en créant et en s’appuyant sur des bases rouges, c’est-à-dire les zones libérées. TIKKO suit ainsi les principes développés par Mao-Tsé-Toung.

    7.Qu’est-ce que le TMLGB?

    Le TMLGB (Türkiye Marksist-Leninist Gençlik Birligi) est l’Union de la Jeunesse Marxiste-Léniniste de Turquie. Crée en même temps que le parti, et renforcé en 1990 par Ismail Oral, le TMLGB mène des actions de propagande (bombages, affichages…) en tant que mouvement de la jeunesse.

    8.Quelle est l’activité actuelle du TKP(ML)/TIKKO et du TMLGB?

    A ses débuts TIKKO n’était actif que dans la région de Dersim, région choisie par Ibrahim Kaypakkaya.

    Après le lancement du slogan  » Un Dersim ne suffit pas, nous devons en créer 1000!  » par Baba Erdogan, TIKKO se dirigea sur plusieurs autres régions et est divisée en 4 unités principales. L’une est dans le Dersim, la seconde dans la région de la mer noire, la troisième dans la région allant de Bingöl à Diyarbakir en passant par Elazig-Palu et atteignant parfois Mardin, et enfin la quatrième dans l’Anatolie occidentale et les grandes métropoles que sont Istanbul, Ankara et Izmir.

    Nombre d’actions sont effectuées en défense de la presse et des droits de l’homme, de nombreuses associations ayant un poids fort dans les manifestations. Le TKP(ML) construit et développe la guerre populaire pour l’organisation de la révolution populaire démocratique.

    9.Quels sont les organes de presse du TKP(ML)?

    Il existe un organe illégal: I.K.K. (Isçi Köylü Kurtulusu, libération ouvrière et paysanne), qui est l’organe central mensuel rédigé par le Comité Central et ne parvient qu’aux membres du parti.

    Il traite de l’actualité dans le pays, de la ligne à suivre et développer ainsi que des derniers combats. Un organe spécifique existe pour les cadres, le  » Komünist « .

    Des parutions légales existent, comme le journal  » Partizan Sesi  » (Voie Partisane) qui est devenu  » Halkin Gunlugu  » (Le quotidien du peuple), et qui traite tous les quinze jours de l’actualité révolutionnaire;  » Partizan Gençlik  » (Jeunesse Partisane) est une revue mensuelle pour la jeunesse,  » Öncü Partizan  » (avant-garde partisane) est un organe théorique mensuel.

    [Halkin Gunlugu a été interdit. C’est désormais Devrimci Demokrasi qui prend le relais – Note].

    De nombreux journaux sont interdits, leurs bureaux fermés (cela a été le cas pour  » Halkin Demokrasi « , démocratie populaire, et  » Partizan Sesi  » dont nous avons parlé).

    10.Quelle est l’analyse du TKP(ML) quant à la question kurde?

    Le fondateur du TKP(ML), Ibrahim Kaypakkaya, a beaucoup travaillé cette question. Comme il l’affirme,  » la politique raciale en Turquie est une politique des classes dominantes locales, la politique de la partie la plus réactionnaire de la bourgeoisie et du féodalisme; elle a un caractère féodal et féodal-bourgeois « .

    La politique raciste en Turquie profite aux classes de la grande-bourgeoisie turque (avec un caractère compradore) et les grands propriétaires terriens. L’impérialisme US profite également de cette situation et accentue le racisme.

    La bourgeoisie moyenne nationale participe également à cette politique, même si de manière plus discrète.

    Pour Ibrahim Kaypakkaya donc  » le mouvement national kurde est à considérer comme mouvement d’une nation opprimée contre les classes dominantes d’une nation dominante. Elle est pour cela progressiste et a un contenu démocratique. Nous soutenons de manière décidée et sans conditions ce contenu démocratique « .

    Il ne s’agit pas seulement de lutter contre les injustices commises à la nation kurde, mais également de combattre la bourgeoisie et les propriétaires terriens de la nation opprimée, sans quoi la paysannerie, les ouvriers, les travailleurs seraient divisés. L’unité des dominés est primordial; cela signifie pour les ouvriers et paysans de Turquie repousser les influences nationalistes panturques et soutenir le droit à l’autodétermination du peuple kurde.

    11.Que pense le TKP(ML) du kémalisme et de Mustafa Kemal?

    Pour le TKP(ML), suivant les analyses d’Ibrahim Kaypakkaya, qui ont marqué une rupture nette avec les tendances petites-bourgeoises, le kémalisme correspond au fascisme.

    Le kémalisme est une révolution des classes dominantes de la bourgeoisie commerçante turque, des grands propriétaires terriens, des usuriers et de la très petite bourgeoisie industrielle.

    C’est-à-dire que la ligne de cette révolution est donnée par la grande-bourgeoisie compradore et les grands propriétaires terriens; la bourgeoisie moyenne nationale n’a pas été à l’avant-garde du kémalisme.

    Alors que le kémalisme prétendait d’un côté refuser l’influence de l’impérialisme, de l’autre main il discutait en sous-main pour une collaboration active.

    Le kémalisme correspond à une initiative des dominants, et est en fait dirigé contre les paysans et les travailleurs, parce que bloquant une révolution agraire. Le kémalisme n’a fait  » que  » transformer la Turquie d’un pays colonisé, semi-colonisé et semi-féodal en pays semi-colonisé et semi-féodal.

    A la place de la vieille bourgeoisie compradore qui appartenait aux minorités nationales, et à la place de la vieille haute bureaucratie, le kémalisme a amené au pouvoir une nouvelle bourgeoisie turque, venant de la bourgeoisie moyenne nationale collaborant avec l’impérialisme.

    La république bourgeoise remplace la monarchie, et n’est démocratique qu’en apparence, de fait il s’agit d’une dictature militaire de type fasciste.

    12.Quel est le concept de guerre populaire du TKP(ML)?

    C’est Ibrahim Kaypakkaya qui a étudié et repris, en les adaptant à la situation de la Turquie, les 5 points nécessaires à la Guerre Populaire tels que Mao-Tsé-Toung les a défini.

    Tout d’abord une base populaire sûre.

    Pour lui cette base est plus ou moins forte selon les régions, ceci étant dû aux différences de développement de l’économie et des déséquilibres régionaux en ce domaine. Il existe cependant selon lui dans chaque région une base populaire capable d’aider et de développer le mouvement révolutionnaire.

    Un parti fort et organisé est également nécessaire, ainsi qu’une armée rouge forte. Selon lui, si ce n’est pas encore le cas au moment où il commence la lutte armée, cette dernière (et elle seule) permettra d’y arriver, car elle permet la création et le renforcement de zones rouges. Sans lutte armée pas de parti ni d’armée rouge forte.

    Y a-t-il des zones propices à la guerre? Selon lui cela est de moindre importance, le pays ayant de multiples zones de cette sorte.

    Y a-t-il des moyens suffisants pour vivre? Pour cela il faut s’implanter dans des régions non dépendantes de l’extérieur, c’est-à-dire des régions ayant leur propre ressources alimentaires. Les régions ne peuvent être confondues avec les villes car celles-ci sont fournies par les campagnes et ne pourront plus être ravitaillées en cas de siège ou d’embargo. Les villes doivent être encerclées par les campagnes.

    Pour Kaypakkaya toutes les conditions sont remplies à part l’existence d’un parti fort et d’une armée forte; ces conditions sont subjectives et il s’agit de porter ces efforts là-dessus. Le parti et l’armée se développent dans la lutte armée, les zones libérées sont conquises un peu partout dans le pays et le front populaire révolutionnaire basée sur l’union du prolétariat et de la paysannerie pourra passer à l’assaut final.

    13.Quelle est la formation des cadres du TKP(ML)?

    Les cadres et combattants du TKP(ML) et de TIKKO sont formés chaque année dans des bases spéciales en Turquie et au Moyen-Orient. Il s’agit de bases où les cadres et les combattants reçoivent une formation politique et une connaissance approfondie du Marxisme-Léninisme-Maoïsme. Parallèlement à ces études le maniement des armes et les différentes stratégies à employer sont portés à connaissance.

    Dans les villes s’organisent des cellules combattantes de 4-5 personnes, dont l’apprentissage porte sur la stratégie et la guerre dans les métropoles.

    14.Quel rapport le TKP(ML) a-t-il avec le mouvement communiste dans le monde?

    Le TKP(ML) fait partie des signataires de la déclaration du Mouvement Révolutionnaire International (RIM), qui a été fondé en 1984 sur les principes du Marxisme-Léninisme-Maoïsme et qui regroupait alors une vingtaine de mouvements et partis. Le TKP(ML) a été l’un des premiers à rentrer dans RIM.

    Des relations existent avec 123 autres mouvements dans le monde, particulièrement le Parti Communiste du Pérou, le Parti Communiste d’Inde (Guerre Populaire), le Parti Communiste du Népal (maoïste), le Parti Communiste des Philippines.

    15. Qui est Barbara Kistler?

    Barbara Kistler est une militante révolutionnaire de Suisse qui est morte en combattant dans les rangs de TIKKO.

    Elle est tombée en janvier 1993 à l’âge de 37 ans dans les environs de Tunceli; son groupe, composé de 50 révolutionnaires, a été attaqué par l’armée, vraisemblablement dans le cadre d’une offensive dirigée contre le PKK (Parti du Travail du Kurdistan).

    Barbara Kistler est née le 21 Octobre 1955 à Zurich, en Suisse.

    Elle fréquente à 15 ans un centre de jeunesse autonome qui sera fermé par la police peu de temps après. Elle se politise peu à peu et devient révolutionnaire.

    Elle soutient les prisonniers politiques des groupes armés d’Europe de l’Ouest, leur rendant visite en prison pendant des années, tout en étant active dans les mouvements d’occupation de logements et de luttes sociales (en 1980 a lieu à Zurich une grande émeute de la jeunesse et une vague d’occupation sauvage de maisons).

    Elle est une des membres fondatrices du Secours Rouge, participe à la refondation du comité contre l’isolement carcéral (KGI) et initie la publication de la revue  » Subversion ».

    En 1991 elle rejoint le TKP-ML. Elle est arrêtée la même année dans un appartement conspiratif; Hatice Dilek et Ismail Oral (celui qui avait renforcé le TMLGB), qui venaient de quitter l’appartement, ont été abattu alors que non armés.

    Barbara Kistler est torturée deux semaines à la prison de Gayretepe, puis est placée dans la prison de Bayrampasa, où elle participe au collectif des prisonniers. Elle est libérée en novembre de la même année.

    En 1991, Barbara  » Kincm  » Kistler meurt de ses blessures et de froid. Avec elles meurent également Ali Ekber, Ali Demirdag, Zeki Peker, Erkan Fener, Batasul et Aleksan Yasin. Tombés ensemble pour la révolution internationale. Barbara Kistler a été nommé à titre honorifique et posthume membre d’honneur du Comité Central du TKP(ML).

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  • İbrahim Kaypakkaya – A propos du kémalisme (extraits)

    Résumons:

    1. La révolution kémaliste est une révolution de la couche supérieure de la bourgeoisie commerçante, des propriétaires terriens, des usuriers turcs et un nombre plus faible de la bourgeoisie industrielle existante. 

    C’est-à-dire que les chefs de la révolution sont les classes de la grande bourgeoisie compradore turque et les propriétaires terriens. La bourgeoisie moyenne avec un caractère national n’a pas participé à la révolution en tant que force guide.

    2. Les chefs de la révolution ont commencé dans les années de la guerre anti-impérialiste avec à travailler en sous mains avec l’impérialisme de l’Entente. Les impérialistes ont montré une attitude bienveillante vis-à-vis des kémalistes et commencèrent à être d’accord avec un gouvernement kémaliste.

    3. Après que les kémalistes aient signé la paix avec les impérialistes, ils poursuivirent leur travail en commun de manière plus étroite.

    4. Le mouvement kémaliste s’est dirigé  » à la base contre les paysans et les ouvriers, en fait contre les possibilités d’une révolution agraire « .

    5. Comme résultat du mouvement kémaliste la structure coloniale, semi-coloniale et semi-féodale de la Turquie se modifia en structure semi-coloniale semi-féodale, c’est-à-dire que la structure économique semi-coloniale et semi-féodale resta.

    6. Au niveau social, à la place de la vieille bourgeoisie compradore qui appartenait aux minorités nationales, et de la couche supérieure de la vieille bureaucratie, domine la nouvelle bourgeoisie turque, qui vient de la bourgeoisie moyenne à caractère national et qui est entré en coopération avec l’impérialisme, et la nouvelle bureaucratie.

    Une partie des vieux propriétaires terriens, usuriers et négociants spéculateurs poursuivit sa domination, à la place de l’autre partie arrivèrent des nouveaux les remplaçant.

    7. Au niveau politique, à la place du gouvernement constitutionnel lié aux intérêts de la monarchie se retrouve le gouvernement qui porte au mieux les intérêts des nouvelles classes dominantes: la république bourgeoise. Ce gouvernement était en apparence indépendant, en réalité politiquement semi-dépendant de l’impérialisme.

    8. La dictature kémaliste était démocratique en apparence, en réalité une dictature militaire fasciste.

    9. La Turquie kémaliste  » ne pouvait plus s’empêcher  »  » de se jeter dans les bras des impérialistes allemands et français, de se transformer toujours plus une semi-colonie, en un élément membre du monde impérialiste réactionnaire « .

    10. Dans les années qui suivirent la guerre de libération, l’ennemi principal de la révolution était la domination kémaliste.

    Dans cette phase ce n’était pas la tâche du mouvement communiste que de s’allier avec les kémalistes contre la vieille classe de la bourgeoisie compradore et des propriétaires terriens, qui avait perdu sa position dominante (une telle alliance n’a de toute façon jamais été vraiment réalisé).

    La tâche était en fait de renverser la domination kémaliste, qui représentait l’autre clique de la bourgeoisie compradore et des propriétaires terriens, et de former la dictature démocratique du peuple sous la direction de la classe ouvrière et appuyée sur l’alliance principale des ouvriers et des paysans.

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  • PCMLM [F], OOA (MLM, pM): Vive la pensée Ibrahim Kaypakkaya!

    « Savaş arın kazan ! », « Guerre, purification, victoire ! » – c’est un grand slogan maoïste, utilisé par les maoïstes de Turquie dans les années 1980, après le détour causé par la mort du grand communiste Ibrahim Kaypakkaya, tué le 18 mai 1973, il y a 40 ans.

    Comme dit dans le document sur la Pensée – guide :

    « Ibrahim Kaypakkaya a fondé TIKKO, l’armée de libération ouvrière et paysanne de Turquie (Türkiye İşci ve Köylü Kurtuluş Ordusu).

    Ibrahim Kaypakkaya a lui-même été grièvement blessé durant un combat avec l’armée réactionnaire dans la montagne de Dersim ; il a réussi à s’échapper, toutefois il a été capturé une semaine après.

    Il fut forcé de marcher pieds nus sur 50 km de glace et de rivières gelées, de ville en ville, puis placé dans la prison de Diyarbakir pour pratiquement quatre mois, où il a été placé en cellule d’isolement et systématiquement torturé.

    Il fut finalement exécuté par la réaction, comme il ne révélait absolument aucune information. »

    Depuis cette mort héroïque, il y a le slogan « İbo yaşıyor, TİKKO savaşıyor ! » – « Ibrahim est vivant, TIKKO se bat ! »

    D’Afghanistan et de France, nous saluons la grande figure d’Ibrahim Kaypakkaya, et nous disons également : « Yaşasın Marksizm-Leninizm-Maoizm ! Yaşasın halk savaşı ! » – « Vive le marxisme-léninisme-maoïsme ! Vive la Guerre Populaire ! »

    Et nous savons qu’ Ibrahim Kaypakkaya est le porteur de la pensée guide en Turquie.

    En se fondant sur les enseignements du Président Mao Zedong, tous les dirigeants révolutionnaires du monde des années 60 et 70 du 20e siècle ont expliqué que les régimes faussement démocratiques des pays semi-féodaux semi-coloniaux / des colonies sont les représentants d’une dictature conjointe de la bourgeoisie bureaucratique / bureaucratique compradore et les grands propriétaires terriens.

    Cette dictature conjointe émerge comme fascisme dans de tels pays. Le grand dirigeant du prolétariat de la Turquie, le président Ibrahim Kaypakkaya, s’est affirmé dans la thèse du capitalisme bureaucratique du président Mao, s’opposant au kémalisme et à ses laquais.

    Comme Kaypakkaya l’a expliqué:

    « Le kémalisme est lui-même le fascisme, la dictature kémaliste est une dictature militaire fasciste. »

    Le régime kémaliste turc prétendait et prétend être « démocratique » ; en fait, « le kémalisme signifie: toutes les pensées progressistes et démocratiques sont mises dans les chaînes, tout type de presse qui ne chante pas les louanges du kémalisme est interdit. »

    Ibrahim Kaypakkaya a également mené une brillante lutte de deux lignes dans la défense du marxisme et dans le combat contre le révisionnisme.

    Les lignes alors guévariste et centriste, principalement le THKP-C de Mahir Cayan et le THKO de Deniz Gezmiş, qui n’ont pas adopté la ligne correcte du Mouvement Communiste International présentée par le président Mao Zedong au début des années 1960, se noyaient de jour en jour noyé dans le révisionnisme.

    Le camarade Ibrahim a rejeté cela comme du centrisme, et arboré, défendu et appliqué la ligne internationale du président Mao contre le révisionnisme moderne.

    Ibrahim KaIbrahim Kaypakkaya a expliqué ici:

    « Les considérations idéalistes et contraires à la réalité de la moyenne bourgeoisie, en particulier au sujet du kémalisme, sont allées tellement en eux [les révisionnistes] et sont donc fixés dans leurs têtes, comme une unité, qu’une considération communiste sur le kémalisme est devenue presque impossible.

    Nous savons trop bien que notre étude sur le thème du kémalisme fait trépigner de rage toutes les organisations et courants bourgeois et petit-bourgeois, depuis [les gens du courant centre républicain] Çetin Altan [journaliste et parlementaire du Türkiye İşçi Partisi, Parti des travailleurs de la Turquie], Doğan Avcioglu [journaliste], İlhan Selçuk [avocat et journaliste] jusqu’au TIP, Mihri Belli [principal théoricien de la gauche kémaliste, en faveur d’un coup militaire d’officiers kémalistes et ayant formulé le principe de Milli Demokratik Devrim – Révolution Nationale Démocratique],

    Hikmet Kıvılcımlı [membre du Parti Communiste de Turquie et fondateur du Vatan Partisi – Parti patriotique], le TKP [Parti Communiste de Turquie], le THKP-THKC [Türkiye Halk Kurtuluş Partisi – Cephesi, Parti – Front de libération du peuple du Turquie, une guérilla guévariste fondé par Mahir Çayan], la THKO [Türkiye Halk Kurtuluş Ordusu – Armée populaire de libération de la Turquie, la guérilla sans parti fondé par Deniz Gezmiş] et les révisionnistes de Safak.

    Mais n’est-il donc pas nécessaire de jeter un regard plus sérieux à l’histoire de la Turquie, d’essayer de la saisir correctement? La réalité de la Turquie nous montre que: le kémalisme signifie un anti-communisme fanatique. »

    Quand on étudie les oeuvres du Président Kaypakkaya, nous trouvons de grandes similitudes avec celles du Président Gonzalo qui a écrit près d’une décennie plus tard.

    Nous trouvons également des similitudes avec les Présidents Siraj Sikder et Akram Yari. Tout cela vient d’une position maoïste unique et fondée sur des principes, qui a été prise par de grands révolutionnaires de différents pays.

    C’est aussi une réaffirmation des Pensées – guides des dirigeants révolutionnaires mentionnés ci-dessus, dont les Pensées sont l’application créative de la vérité universelle du marxisme-léninisme-maoïsme aux conditions concrètes de leur pays.

    Comparons par exemple la similitude de la défense du Maoïsme par le Président Ibrahim Kaypakkaya et le Président Akram Yari en ce qui concerne la thèse du capitalisme bureaucratique et du combat contre les agendas bourgeois bureaucratiques.

    Ces deux dirigeants révolutionnaires ont tous les deux déclaré que: la politique de la bourgeoisie bureaucratique n’est rien d’autre qu’un scénario fasciste qui se bat au bénéfice de la dictature conjointe des grands propriétaires terriens et de la bourgeoisie compradore.

    Selon le camarade Ibrahim, même s’il y a une diminution du nombre de paysans dans un pays, et même si la paysannerie n’est pas la majorité dans un pays opprimé, la thèse maoïste du capitalisme bureaucratique est toujours valide.

    Et les armes doivent être prises à l’encontre du scénario fasciste de la bourgeoisie bureaucratique, c’est-à-dire le kémalisme, grâce à la stratégie de la guerre populaire: « la campagne encercle les villes » est la seule solution pour mener la guerre populaire.

    Voici ce qu’il a dit exactement:

    « Même dans le cas où la féodalité a été progressivement résolue et par conséquent la population paysanne est réduite, la stratégie reste toujours valable. »

    Il s’agit d’une position correcte et maoïste. Nous pouvons comparer cette position maoïste classique avec les positions révisionnistes d’aujourd’hui, comme celle du « Parti Communiste maoïste d’Italie » en faveur de Hugo Chàvez ; nous pouvons comparer cela avec la position du Parti Communiste des Philippines pour lequel Hugo Chàvez est un héros pour les masses, ou les illusions petites-bourgeoises de l’UOC-MLM (Colombie), qui s’oppose à l’héritage de la thèse maoïste du capitalisme bureaucratique.

    De l’autre côté, nous pouvons comparer la synthèse ci-dessus du camarade Ibrahim avec la position du camarade Akram Yari, et apprécier la similitude des positions:

    « Est-ce que le développement d’un tel capitalisme corrompu et dégénéré [le capitalisme bureaucratique] qui vient de la situation de l’impérialisme mondial, triomphe de la féodalité sur le long terme ?

    Est-ce que l’impérialisme est en mesure de développer son embryon (le capitalisme) sous cette forme dans ce pays (en Afghanistan)? [Sans s’appuyer sur une forme corrompue, qui est le capitalisme bureaucratique]

    La réponse à cette question, selon notre point de vue, est absolument négative! Tout d’abord, le développement et la croissance du capitalisme de marché libre, qui joue un rôle secondaire dans une telle circonstance, est sujet à la défaite dans la situation internationale du capitalisme impérialiste.

    Cela vient des tendances gloutonnes et de l’expansionnisme hégémonique de l’impérialisme, en particulier du social-impérialisme qui crée des obstacles et empêche le développement de cette classe capitaliste nationale [la bourgeoisie nationale].

    Deuxièmement, il y a la croissance et le développement du capitalisme bureaucratique, qui est mélangé avec l’oppression, les troubles et les discriminations féodales, et contaminé par des corruptions, la hiérarchie des privilèges, et en même temps la dictature religieuse fasciste qui lui est aussi inséparablement annexée, et est la seule forme qui a vu le jour dans tous les pays sous la domination du capitalisme [impérialiste] ; dans une telle forme dégénérée [qu’est le capitalisme bureaucratique], non seulement ne se développe pas le capitalisme dans de tels pays, mais plutôt se renforcent et se fortifient les vestiges du féodalisme, et cela joue un rôle pour sauver le féodalisme dans ses frontières, et par cela [un tel développement dégénéré du capitalisme], se maintient la stabilité du marché mondial impérialiste.

    Donc, la seule chose que le marché impérialiste apporte à de tels pays, et qu’il appelle « modernisation », est un capitalisme corrompu chétif, qui est pourri et dégénéré plutôt que progressiste, et est plus âgé que n’importe qui peut supposer [et celai est contraire aux allégations de ses apologistes qui argumentent pour son caractère moderne], et c’est plus que son caractère « moderne », cet appui sur le pourri et le vieux [les vieilles infrastructures et superstructures préalables]. »

    Avec tout cela à l’esprit, pour le 40e anniversaire du martyr du camarade Ibrahim Kaypakkaya, nous exprimons notre salut rouge au chemin brillant du camarade Kaypakkaya, la route dorée du communisme!

    Nous nous sentons engagés par rapport aux contributions que le Président Kaypakkaya a faites aux masses et à la classe ouvrière de Turquie.

    Il est vivant comme un héros des masses, et son nom inspire même les masses révolutionnaires des autres pays. Il est un symbole de l’internationalisme prolétarien, et sa Pensée – guide est la clé pour comprendre le chemin de la révolution pour la Turquie et à la conduite de la Guerre Populaire jusqu’au communisme.

    Nous exprimons notre haine illimitée aux bureaucrates bourgeois et seigneurs de la guerre réactionnaires qui sont les assassins du camarade Kaypakkaya, et nous savons qu’il est inévitable que la Guerre Populaire en Turquie se développe et triomphe.

    Vive la Guerre Populaire Prolongée en Turquie !

    Masses prolétariennes et opprimées de Turquie:
    arborez, défendez et appliquez la Pensée guide
    de la révolution du camarade Kaypakkaya!

    Vive le Marxisme-Léninisme-Maoïsme, principalement le Maoïsme!

    Guerre Populaire jusqu’au Communisme!

    Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste)

    Parti Communiste Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste (France)

    Mai 2013

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  • Petit historique des organisations révolutionnaires en Turquie

    LA TURQUIE ET LA RÉVOLUTION

    LA NAISSANCE DE LA TURQUIE MODERNE

    La première guerre mondiale marque l’écroulement de l’Empire ottoman et son occupation par les alliés. De 1919 à 1922 la lutte de  » libération  » est menée par Mustafa Kemal, dit Atatürk,  » le père des Turcs « .

    Le kémalisme est une idéologie laïque, républicaine, visant au développement du pays. Toute la question de la révolution en Turquie passe par l’interprétation de Mustafa Kemal :

    – Pour certains, le kémalisme a été un pas en avant et il faut le pousser à son extrême ;

    – Pour d’autres le kémalisme a été un point positif mais a ensuite collaboré avec l’impérialisme ; il faut donc finir le travail ;

    – Pour les derniers enfin, le kémalisme revient à du fascisme, une  » révolution par en haut  » empêchant celle par en-bas. De fait, dans les années 1930-1940, la Turquie s’alliera à tous les pays capitalistes (l’Angleterre, l’Allemagne, la France, les USA…) pour après 1945 s’aligner principalement sur les USA.

    LES ANNÉES 1960

    Le 13 Février 1961, des syndicats et des intellectuels d’extrême gauche fondent le TIP [Parti des Travailleurs de Turquie]. C’est le premier grand renouveau du mouvement ouvrier depuis l’écrasement du Parti Communiste de Turquie par les kémalistes dans les années 1920.

    Le TIP n’est pas un parti de masse mais plutôt un rassemblement des travailleurs urbains politisés, d’enseignants. Au milieu des années 60, le TIP crée une Fédération des Clubs d’Idées [FKF] pour rassembler des étudiants et des lycéens et les orienter ensuite vers le parti. La FKF va rassembler plusieurs tendances révolutionnaires, unies par une perspective antifasciste et anti-impérialiste.

    La FKF déborde très vite le TIP et se transforme en octobre 1969 en une fédération de la jeunesse révolutionnaire [Devrimci Gençlik, Jeunesse Révolutionnaire, également surnommé Dev Genç].

    En novembre 1970, deux tendances de Dev Genç déclarent leur intention de passer à la lutte armée et se lancent aussitôt dans la guérilla, influencées par les guérillas urbaines d’Amérique Latine. Leur ligne politique est la stratégie de révolution démocratique nationale, MDD [Milli Demoratik Devrim],pour développer la guerre populaire. Ces deux tendances prennent le contrôle de l’exécutif de Dev Genç. Les partisans de Mao Zedong quittent Dev Genç et fondent le TIIKP [Parti Révolutionnaire Ouvrier-Paysan de Turquie].

    DE 1970 AUX GUÉRILLAS

    Les deux tendances pro-guérilla de Dev Genç passent à l’action en 1971. Le 22 décembre 1970 est fondé le THKO [Armée de Libération du Peuple de Turquie], fondé par Deniz Gezmis. Le modèle révolutionnaire est Cuba : en fondant une armée unissant le peuple, l’État peut être très vite balayé.

    Le THKO se fait très vite liquidé et Deniz Gezmis condamné à mort. C’est alors la naissance en 1971 du THKP-C [Parti-Front Populaire de Libération de la Turquie], fondé par Mahir Cayan.

    Le THKP-C a attaqué à la bombe de nombreuses entreprises liées aux USA, les consulat américain et anglais d’Istanbul, un dépôt de l’armée US et une vedette marine militaire américaine. Il a également enlevé l’ambassadeur israélien et revendiqué la libération des prisonnier-e-s du THKO.

    Le 30 mars 1972, à Kizildere, Mahir Cayan et ses camarades sont tués par l’offensive de l’État turc. Se fonde alors le TKP-ML/TIKKO [Parti Communiste de Turquie – Marxiste-Léniniste / Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de la Turquie], avec à sa tête Ibrahim Kaypakkaya, issu du FKF, et qui a provoqué une scission dans le TIIKP.

    Le TIKKO développe la guerre populaire dans les campagnes, selon les principes développés par Mao Zedong, mais est lui aussi liquidé par l’armée. Réfugié une semaine dans une grotte, Kaypakkaya est arrêté, une partie de ses membres devant être coupée car gelée. Torturé trois mois et demi sans parler, il meurt assassiné à l’âge de 24 ans.

    DE LA RECONSTRUCTION AU PUTSCH MILITAIRE DE 1980

    Les années suivant la destruction des trois guérillas sont marquées par leur reconstruction et le développement du mouvement de masse. Dès novembre 1975, des associations de jeunes révolutionnaires apparaissent sous le nom de Dev Genç et relancent le processus révolutionnaire. Ces organisations se réclament du prolongement des théories des dirigeants qui ont été torturés et massacrés par le régime fasciste de Turquie dans les années 70.

    Ce sont les années d’apogée des  » urgentistes « , pour qui la lutte armée doit être mené le plus vite possible pour casser  » l’équilibre artificiel  » imposé par l’État fasciste. En 1975 se forme ainsi la MLSPB [Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée] et en 1976 le THKP-C/HDÖ [THKP-C/Avant-garde Révolutionnaire du Peuple], qui vont mener plusieurs centaines d’actions armées.

    Se forme également la Fédération de la Jeunesse Révolutionnaire (DGDF) qui compte un nombre important d’associations qui lui sont liées un peu partout en Turquie, alors que le TKP-ML se reconstitue peu à peu depuis 1974.

    En 1976, des différences politiques qui existent au sein du DGDF se traduisent par la formation d’un nouveau groupe très important quantitativement, Dev Yol [Sentier révolutionnaire].

    Le mouvement se développe donc jusqu’au 1er mai 1977, un rassemblement exceptionnel de manifestants d’extrême- gauche qui s’est réuni à la place de Taksim située dans le centre ville d’Istanbul. Le nombre des manifestants (plus d’un million) a fait de ce 1er mai une date importante dans l’histoire du mouvement révolutionnaire en Turquie. Cependant, la répression sanglante qui émane de l’État réactionnaire turque s’est soldé par le massacre de 34 personnes ce jours-la.

    C’est alors la formation en 1978 de Devrimci Sol [Gauche Révolutionnaire, communément appelé  » Dev Sol « ], qui reprend le flambeau du THKP-C. Son succès est énorme et ses actions armées marquent la Turquie.

    DE 1980 À 1991 L’ÉVOLUTION DES TROIS TENDANCES PRINCIPALES

    En 1980, l’armée écrase le mouvement révolutionnaire par un putsch sanglant. Les organisations révolutionnaires sont pour la plupart écrasées, mais se reconstruisent très vite, particulièrement Devrimci Sol et le TKP-ML, qui deviennent les deux principales organisations menant la lutte armée.

    Coexistent à côté une multitude de petits groupes armés issus du THKO ou du THKP-C, même si la plupart des partisans du THKO ont privilégié une approche farouchement opposée aux groupes armés. Il y a donc à peu près une dizaine d’organisations menant la lutte armée de manière conséquente, au moins une trentaine de sous-groupes issus de ces groupes, et un grand parti réformiste : l’ÖDP, qui refuse tout lien avec les groupes armés.

    Les organisations issues du THKO

    Les partisans du THKO sont ceux qui avaient comme slogan  » nous sommes les vrais kémalistes « . Pour la majorité de ses partisans, la Turquie est un État capitaliste. Le THKO rejetait la nécessité du parti et était ainsi franchement populiste ; l’armée suffirait à rallier les masses. Idéologiquement, les partisans du THKO ont systématiquement été proches de l’Albanie d’Enver Hoxha. Le principal groupe issu du THKO fut Halkin Kurtulusu [La libération du peuple], qui donnera le TDKP [Parti communiste révolutionnaire de Turquie], créé le 2 février 1980.

    Le TDKP a laissé des traces importantes dans le domaine de la propagande de la lutte armée, sans pour autant s’investir réellement dans une stratégie de guérilla. Le repli révolutionnaire du TDKP dans les années 90 s’est d’ailleurs traduit par la continuation de la lutte de manière légale sous le nom du Parti du travail [Emek Partisi] et par une critique virulente des groupes menant la lutte armée. Une partie du TDKP formera le TDKP/Leninist, qui deviendra Ekim [Octobre] puis le TKIP [Parti Communiste Ouvrier de Turquie] en 1998.

    Le TIKB [Union des Communistes Révolutionnaires de Turquie], crée en 1978, est également issu du THKO. Soutenant la lutte armée et organisant des comités de jeunesse antifascistes, TIKB est aujourd’hui une organisation très active en Turquie. En 1980 s’est fondé le TKEP [Parti communiste du travail de Turquie] qui connaîtra par la suite une scission TKEP/Leninist, groupe pro-cubain soutenant la lutte armée.

    Les organisations issues du THKP-C

    Pour le THKP-C, la Turquie est une néo-colonie ; il faut une révolution  » anti-impérialiste et anti-oligarchique « . Aujourd’hui quasiment disparues, la MLSPB et le THKP-C/HDÖ ont eu avant 1978 un impact important, notamment par le fait que les Cellules Communistes Combattantes belges se sont reconnues dans leur idéologie et qu’Action Directe a mené à Paris une action armée contre la banque israélienne Leumi en commun avec le THKP-C/HDÖ.

    Mais à partir de 1978 (naissance de Devrimci Sol) et du putsch de 1980, les  » urgentistes  » disparaissent.

    Les organisations issues du TKP-ML

    Le TKP-ML a réussi à se reformer et à devenir dans les années 1980 une très grande organisation, notamment dans le bastion kurde du Dersim.

    En 1987 une grande scission sépare l’organisation en deux (TKP-ML troisième conférence et TKP-ML DABK) qui se réunissent en 1992. Les principaux théoriciens de ces trois tendances sont donc Deniz Gezmiç, Mahir Cayan et Ibrahim Kaypakkaya. Resté plus proche du kémalisme, Deniz Gezmiç est plus ou moins intégré dans l’idéologie dominante, où il est présenté comme un  » romantique « .

    Il est par contre bien plus difficile de mentionner Mahir Cayan ou de trouver sa littérature, ce qui relève presque de l’impossibilité pour celle d’Ibrahim Kaypakkaya, pour qui  » le kémalisme c’est le fascisme « .

    DE 1991 À 1996 L’APOGÉE DU MOUVEMENT

    Les années suivant la guerre du golfe sont celles de l’apogée du mouvement. Devrimci Sol, s’effondrant sous le poids de ses contradictions internes, renaît en 1994 sous la forme du DHKP-C [Parti / Front Révolutionnaire de Libération du Peuple], capable d’amener 30.000 partisans dans les rues d’Istanbul le 1er Mai, défilant derrière des foulards rouges et attaquant la police aux cris de  » Vive la guérilla « .

    Le quartier de Gazi à Istanbul, bastion du DHKP-C, se révolte contre la police pendant plusieurs jours, et le prestige de l’organisation est énorme ; c’est également l’ébullition dans les facultés. Dans les villes c’est également la naissance du MLKP (Parti Communiste Marxiste-Léniniste), qui rassemble les restes des groupes communistes non-armés et arrive à fonder une organisation de masse.

    Dans les campagnes, le TKP-ML se relance et se développe dans des régions sans guérilla jusqu’alors, notamment le nord-est du pays (la région de la mer noire). La grande grève de la faim de juin/juillet 1996, marqué par la mort de 12 détenus, est incroyablement bien soutenue et marque l’apogée du mouvement.

    DE 1996 À 2002

    Les années suivant la grande grève de la faim sont des années paradoxalement difficiles. Les raisons sont à la fois objectives et subjectives. Il y a déjà des problèmes internes.

    Le TKP-ML se transforme en un TKP(ML) et un TKP/ML, le TIKB en TIKB et TIKB Bolsevik, etc. Il y a ensuite l’arrêt de la lutte armée par le PKK, qui démoralise les masses kurdes et permet à l’armée turque de renforcer sa répression sur les organisations révolutionnaires. Le prestige de l’État turc suite à l’arrestation d’Öcalan a joué un rôle très négatif.

    =>retour au dossier sur le mouvement anti-révisionniste en Turquie

  • L’irruption politique d’Éric Zemmour en France:un exemple d’activation mécanique par la contre-révolution

    Lorsqu’il y a une crise, il y a un renouvellement de la vie politique et une modification de celle-ci, conformément aux besoins de changement de forme du régime. C’est là quelque chose qui se vérifie aisément historiquement et l’Histoire est riche de figures propulsées par le capitalisme en crise, après avoir été façonné de manière adéquate.

    Les figures des années 1920-1930 sont bien connues. Benito Mussolini était une figure de la gauche du Parti socialiste italien, Adolf Hitler un ancien soldat rejoignant un regroupement ultra-nationaliste, Jozef Piłsudski le chef du parti socialiste polonais, Engelbert Dollfuss un ancien soldat représentant des grands propriétaires terriens, Salazar un économiste catholique, Metaxas un haut responsable militaire comme Franco et Horthy…

    Tous ont été propulsés de manière subite sur le devant de la scène, pour des raisons historiques propres à leur pays. Ainsi, Benito Mussolini a assumé le nationalisme et a diffusé le style syndicaliste révolutionnaire dans les couches petites-bourgeoises contestataires ; Hitler portait le pangermanisme ; Piłsudski avait une ligne expansionniste non étroitement ethnique polonaise ; Dollfuss portait le catholicisme, tout comme Salazar ; Metaxas, Fracnco et Horthy avaient l’armée avec eux…

    De nombreuses figures françaises ont cherché pareillement à profiter du même élan : le colonel La Rocque avec ses Croix de Feu qu’il transforma en Parti Social Français, Henri Dorgères avec ses chemises vertes paysannes, Jacques Doriot avec le Parti populaire français… C’est finalement le maréchal Pétain qui réussit, en profitant de la défaite de 1940 et alors qu’il était une figure du « recours » tendancielle au début des années 1920.

    Car le recours par la bourgeoisie, ou plutôt la haute bourgeoisie, à une figure « providentielle » est toujours tendancielle. Il ne s’agit pas d’un processus rationnel, d’une construction sur le sol du réel, comme pour les dirigeants du mouvement ouvrier. Il s’agit simplement d’une capacité à propulser.

    Il y a besoin d’une figure qui soit le vecteur de certaines valeurs, d’un certain style. Il n’y a nullement besoin de cohérence idéologique et d’ailleurs justement moins il y en, mieux c’est, puisqu’il s’agit de mettre en avant une figure providentielle agissant de manière pragmatique pour re-solidifier les fondations de la société capitaliste.

    Il n’y aucune règle qui puisse ici prévaloir, d’où l’échec de La Rocque, alors que son Parti Social Français était dans les années 1930 un très large mouvement de masses. Pareillement, l’ancien Chef d’État-major des Armées Pierre de Villiers s’était placé comme un tel homme providentiel pour 2022, jouant de la carte du militaire capable de décisions… et c’est pourtant un simple journaliste, Éric Zemmour, qui l’a remplacé à ce poste.

    C’est un excellent exemple de cette tendance qui n’est jamais qu’une simple tendance. Chercher de manière rationnelle le positionnement de tels hommes providentiels, c’est rater leur substance et tomber dans le piège.

    Rien ne présageait d’ailleurs à ce qu’Éric Zemmour, sans même encore avoir annoncé sa candidature, soit début octobre à 15 % d’intentions de vote. Éric Zemmour a en effet eu une carrière tout à fait classique : d’un milieu modeste, il fait Sciences Po et rate l’ENA, devient journaliste dans les milieux bourgeois conservateurs alors que lui-même intègre la bourgeoisie juive de l’Ouest parisien (avec sa vraie religiosité et son affection pour le Paris Saint-Germain au Parc des Princes), il publie des romans et des essais, tout en étant chroniqueur à la radio et la télévision.

    Seulement, avec la seconde crise générale du capitalisme, le point de vue d’Éric Zemmour est utile, car il consiste en un anticapitalisme romantique. Il ne faut pas chercher bien entendu d’idéologie à Éric Zemmour : il n’en a pas.

    Déjà, parce qu’aucun homme « providentiel » n’en a, par définition même, et ensuite parce que c’est une tradition française bourgeoise que d’éviter tous système de pensée (ce qui est commun à Napoléon, Napoléon III, Maurras, Jaurès, de Gaulle, etc.).

    De plus, Éric Zemmour écrit aussi mal qu’il parle bien et ses œuvres sont d’une faiblesse inouïe, sans aucune colonne vertébrale intellectuelle par ailleurs. Tout est pioché, bricolé, tel un copié collé typique du début du 21e siècle avec toute sa décadence.

    Cependant, cet anticapitalisme romantique mis en avant par Éric Zemmour correspond aux besoins de la haute bourgeoisie et il est connu qu’on retrouve comme proches d’Éric Zemmour le riche financier Charles Gave qui promeut une ligne identitaire, le banquier d’affaires de Rotschild puis JP Morgan Jonathan Nadler, l’ancien banquier d’affaire chez Rothschild Julien Madar.

    Quand on parle ici de la haute bourgeoisie, on parle en fait d’une certaine haute bourgeoisie, celle de l’Ouest parisien. Celle-ci a connu une profonde transformation, dans la mesure où elle a abandonné le conservatisme catholique qui lui a longtemps servi de porte-drapeau. Elle est désormais ouvertement cosmopolite, fascinée par la modernité du capitalisme américain dans la finance et les startups, elle a largement balancé le racisme par-dessus bord par souci d’efficacité et d’ailleurs elle s’est ouverte aux gens d’origine juive.

    C’est ce changement qui, au fond, a torpillé l’ancien Chef d’État-major des Armées Pierre de Villiers, dont la ligne était ouvertement néo-catholique à l’ancienne. Et c’est ce changement qui permet le succès d’Éric Zemmour.

    Les financiers qui le soutiennent sont en effet typiques de ces jeunes trentenaires ou légèrement plus âges combinant costumes et baskets, vivant pour l’argent et par l’argent tout en écoutant du rap US sans aucun préjugé.

    Le capitalisme est pour eux mondialisé et ils trouveraient absurdes de rejeter un capitaliste parce que noir ou asiatique ; consuméristes et ayant profité d’une France où ils pouvaient librement consommer de Saint-Tropez à Avoriaz, ils sont un mélange de Christian Clavier et de Gerard Depardieu tout en s’imaginant Jean-Paul Belmondo et Alain Delon.

    Pour cette raison, cette bourgeoisie nouveau style n’a rien non plus contre la bourgeoisie « catho tradi » dont un excellent exemple est le milliardaire Vincent Bolloré, à la tête du conglomérat possédant notamment CNews transformé en chaîne populiste de droite où justement Éric Zemmour a pu agir en tant qu’agitateur-chroniqueur de 2019 à sa lancée politique en 2021.

    C’est en fait, sans aucune originalité, un retour à l’alliance RPR-UDF du tout début des années 1980, avec une aile libérale-commerciale-bancaire pro-Europe (l’UDF) et une aile conservatrice-entrepreneuriale gaulliste (le RPR).

    Lorsque se tient en 1990 une convention des états-généraux de l’opposition sur l’immigration, le RPR demande la « Fermeture des frontières » et la « suspension de l’immigration », parle de « réserver certaines prestations sociales aux nationaux » et d’une « incompatibilité entre l’islam et nos lois », etc.

    Éric Zemmour dit précisément la même chose et, d’ailleurs, lui aussi entend faire baisser les impôts et les charges pour les entreprises, se prononçant – plus en privé que publiquement – pour un choc libéral, espérant d’ailleurs à ce titre un soutien général de toute la droite, y compris de l’extrême-droite puisque c’était également l’objectif de Jean-Marie Le Pen.

    Marine Le Pen a pris entre-temps une orientation nationale-sociale lui permettant de s’acquérir de larges parts du vote ouvrier et populaire, mais elle est incapable de prolonger le tir. Éric Zemmour se pose d’autant plus comme rassembleur de la droite et de l’extrême-droite, sur une base RPR-UDF, avec un RPR revenu « aux sources ».

    Il dit lui-même que « Les idées que je défends unissent déjà la droite depuis des années ».

    Éric Zemmour ne cache pas d’ailleurs que sa nostalgie, c’est la France des années 1960-1980, c’est-à-dire d’une France produisant les années fric à la Bernard Tapie et les Bronzés font du ski, avec Jean-Jacques Goldmann pour faire de la variété engagée et Coluche pour se moquer.

    Ce qu’il représente ainsi, c’est une valorisation de la mondialisation pour les couches sociales valorisées – les vacances à Cancún et New York – et une dévalorisation de la mondialisation en général, qui déclasse la France n’ayant pas réussi à s’insérer suffisamment dans la nouvelle dynamique capitaliste commencée en 1989 avec la chute du mur de Berlin.

    Les iPhone et les Mac, c’est bien, mais les prénoms non français comme Mohammed et Kevin, c’est mal.

    Pour cette raison, Éric Zemmour est utilisable et utilisé par la haute bourgeoisie, car :

    – il promeut l’occidentalisme comme idéologie, avec l’Islam servant de paratonnerre aux inquiétudes ;

    – il affirme la nécessité d’une réimpulsion du capitalisme français ;

    – il propose un modèle de société dans le passé et non pas dans le futur.

    Il y a toutefois deux problèmes de fond. Tout d’abord, Éric Zemmour ne pose pas la question de l’orientation stratégique de la France par rapport à l’affrontement sino-américain. Il devra bien le faire, mais cela va nuire à l’unité de ses partisans dans la haute bourgeoisie, cette question étant encore largement en suspens.

    Ensuite, il y a un soutien populaire à Éric Zemmour, car l’immigration s’est déroulée en France sans aucun encadrement et il en relève une véritable anarchie. Le département du 93 est ainsi devenu une vaste zone de réservoir de main d’œuvre bon marché, avec une population coupée historiquement des traditions du mouvement ouvrier, un terrible désœuvrement social, une fuite dans les religions, une montée en puissance des mafias, d’où un violent ressentiment populaire.

    Tout cela relève classiquement de l’immigration capitaliste et de son anarchie – il suffit de regarder les États-Unis pour voir cela exprimé de la manière la plus « pure » – mais Éric Zemmour tourne les choses de manière « occidentaliste » en parlant de « grand remplacement », parce qu’il doit jouer un rôle contre-révolutionnaire dans le peuple.

    Il le fait d’autant plus aisément d’une part parce que les immigrés ont des conceptions féodales de par leur pays d’origine et que le décalage est total avec un capitalisme développé, et parce que l’immigration capitaliste de ces trente dernières années a accompagné une expansion du capitalisme et qu’ainsi la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie en est contente dans la mesure où cette main d’œuvre bon marché l’a bien aidé.

    Avec la crise, l’expansion est terminée, la bourgeoisie change son fusil d’épaule, d’où Éric Zemmour comme levier idéologique.

    Et là c’est un problème, car soit il bascule dans le populisme à la Marine Le Pen, mais la haute bourgeoisie n’aime pas vraiment cela (trop risqué !), soit il tombe dans un conservatisme révolutionnaire à la Marion Maréchal, mais alors on perd la base populaire.

    Ce qui revient à dire que pour gagner la présidentielle, Éric Zemmour doit toujours plus utiliser de démagogie envers le peuple – ce qui est le fascisme – mais que cela implique de faux espoirs agitant les masses et pouvant par la suite se retourner en son contraire.

    Dans tous les cas et il faut ici insister sur ce point : il n’y aura pas de cohérence dans les propos, ni sur le plan intellectuel. C’est justement un piège contre-révolutionnaire visant à happer en ce sens.

    Naturellement, les courants « révolutionnaires » petits-bourgeois tomberont dans le panneau, parce qu’ils récusent tant la crise générale du capitalisme que le communisme.

    Mais du côté communiste, il faut au contraire se focaliser sur la proposition stratégique révolutionnaire, en considérant qu’Éric Zemmour comme « homme providentiel » – lui ou un autre – représente une tentative de frein, de contournement contre-révolutionnaire.

    C’est une course contre la montre entre la révolution et la contre-révolution, Éric Zemmour ne représente rien d’autre qu’une tendance et c’est cette tendance qu’il faut dénoncer, et non pas ce qu’il est ou ce qu’il prétend, qui n’est que démagogie, avec d’autant plus de provocations qu’il s’agit de précipiter le plus de gens possibles dans le piège, afin d’être au centre du jeu.