Les rapports sino-soviétiques se distendent après 1956

Le mois de novembre 1957 fut celui du 40e anniversaire de la révolution russe, célébré notamment par l’envoi du satellite Spoutnik dans l’espace et une conférence internationale des Partis Communistes et Ouvriers. Mao Zedong vint en personne à la tête de la délégation.

Cependant, il y formula deux thèses reflétant la démarche anti-révisionniste au sein du Parti Communiste de Chine depuis le 20e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique de 1956, durant laquelle il y eut la dénonciation agressive de Staline par Khrouchtchev qui prenait la tête du Parti et du pays.

Mao Zedong expliqua en effet que l’arme nucléaire ne pourrait pas décider du sort du monde et que même si une guerre se produisait avec l’utilisation de ces armes, le monde deviendrait socialiste. Cela s’opposait à toute la perspective mise en place par Khrouchtchev d’une compétition pacifique de l’URSS avec les États-Unis.

Impérialisme américain hors d’Afrique !

Il affirma également que le « vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest », c’est-à-dire que la tendance principale était à la révolution. C’était là poser qu’il fallait aller de l’avant, ce qui était le contraire de la démarche soviétique.

Cette démarche s’accompagnait d’une autre rupture en Chine populaire même.

Mao Zedong mit en place une stratégie de développement économique ne reposant plus sur une orientation venant de l’extérieur et consistant en une reproduction servile des formes soviétiques, dans un esprit passif. C’était la période des « trois drapeaux rouges » : le grand bond en avant, les communes populaires et la ligne générale pour la construction socialiste.

Ce moment allait devenir la clef de l’affrontement sino-soviétique, même si en apparence, rien ne sembla encore changer. En avril 1958 fut signé un accord commercial sino-soviétique d’importance, devant faciliter les échanges. C’était là un prolongement direct de l’étroit rapport entre l’URSS et la Chine populaire depuis la fondation de celle-ci.

Nikita Khrouchtchev se rendit toutefois de manière inattendue à Pékin du 31 juillet au 3 août 1958, avec le ministre de la Défense Malinovski. Il était venu en personne afin de proposer la mise en place d’une flotte militaire commune sino-soviétique.

C’était évidemment une tentative d’inféoder la Chine populaire tout en cherchant des relais pour chasser Mao Zedong de la direction du Parti chinois.

La lutte de tous les peuples du monde contre l’impérialisme américain sera victorieuse!

En apparence, le processus continua ainsi de manière ininterrompue. Il en ressortit une déclaration commune d’unité et le 8 août fut signé un accord pour une aide technique soviétique pour la construction de 47 entreprises industrielles et stations électriques.

Un nouvel accord commercial fut signé à la fin de l’année et Zhou Enlai se rendit en janvier 1959 au 21e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique. Le 7 février 1959 fut signé un nouvel accord, pour 78 grands projets concernant l’acier, la chimie, le charbon, le pétrole, les matériaux de construction, etc.

Mais en août, il fut procédé à une tentative de renverser Mao Zedong, dans le cadre d’un coup d’État pro-soviétique.

En avril, au lieu de participer au Congrès populaire national, le ministre de la Défense Peng Dehuai avait été en avril à une réunion des ministres du Pacte de Varsovie, faisant dans ce cadre de multiples visites en URSS et dans les démocraties populaires est-européennes, rencontrant Nikita Khrouchtchev à Tirana en Albanie.

Pendant ce temps-là, Nikita Khrouchtchev avait envoyé au Bureau Politique du Parti chinois ce qui était une sorte d’ultimatum : une unité d’action et militaire sino-soviétique, avec des armes nucléaires en Chine sous supervision des conseillers soviétiques, ainsi que des économies liées, avec un premier plan sur quinze ans.

Le Bureau Politique refusa la proposition et l’URSS annula toute aide pour l’arme atomique. Le ministre de la Défense Peng Dehuai fit alors une vaste tournée de la Chine populaire pour faire circuler, à partir du 14 juillet, une lettre dénonçant le grand bond en avant et les communes populaires. Nikita Khrouchtchev fit exactement de même le 18 juillet, avec la même dénonciation de « l’aventurisme petit-bourgeois ».

Le 1er août, jour anniversaire de l’Armée Populaire de Libération chinoise, la presse soviétique fit l’éloge du ministre de la Défense chinoise. Le ministre de la Défense Peng Dehuai mena alors l’offensive durant le huitième plénum du huitième Comité Central, qui se déroula du 2 juillet au 16 août. Il y fut défait.

Khrouchtchev et le ministre des Affaires étrangères Gromyko vinrent ensuite à Pékin en septembre 1959 à l’occasion des dix ans de la victoire de la révolution chinoise. Le conflit d’opinions fut ouvert, Khrouchtchev prônant la coexistence pacifique et dénonçant l’aventurisme chinois, refusant de serrer la main du ministre des Affaires étrangères Chen Yi, qualifié de « militariste ».

Il n’y eut aucune déclaration commune et le Parti chinois critiqua que certains camarades aient perdu la tête et attaquent publiquement la construction socialiste chinoise et ses positions intérieures et extérieures.

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contre l’hégémonie des superpuissances

L’orientation de la Chine populaire vers les pays afro-asiatiques

Éloignée géographiquement des pays européens, des démocraties populaires et même du centre névralgique de l’URSS, profondément arriérée, non reconnue par l’ONU, la Chine populaire fit un effort approfondi en direction des pays afro-asiatiques, en faisant de la dénonciation du colonialisme la clef de voûte de ses relations.

À partir des années 1950, elle envisage la coexistence pacifique entre États à partir de cinq aspects : respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques, coexistence pacifique.

L’amitié révolutionnaire est aussi profonde que l’océan

Un épisode extrêmement célèbre est la première conférence afro-asiatique du 18 au 24 avril 1955, à Bandung, en Indonésie. Cette conférence est souvent présentée, de manière entièrement erronée, comme celle de « non-alignés » du tiers-monde. C’est là strictement inexact, puisqu’à l’arrière-plan on retrouve bien l’orientation vers les États-Unis ou l’URSS. On a par exemple la Turquie et le Japon qui sont présents.

C’était en réalité l’émergence de nouveaux pays sur la scène internationale, après une mainmise totale des pays occidentaux sur les rapports internationaux. C’était l’expression de l’affirmation de diplomaties nationales nouvelles et l’initiative de la conférence revient d’ailleurs à l’Inde, Ceylan, le Pakistan, la Birmanie et l’Indonésie.

La conférence de Bandung

Ces pays nouvellement indépendants (respectivement 1947, 1948, 1947, 1948, 1945) reconnaissaient d’ailleurs la Chine populaire, qui était pour eux un moyen de faire pencher la balance.

On lit dans le communiqué final commun :

« Une Conférence des Nations Afro-Asiatiques convoquée par les gouvernements de Birmanie, de Ceylan, de l’Inde, d’Indonésie et du Pakistan s’est réunie à Bandoeng du 18 au 24 avril 1955. Outre les pays promoteurs, les États suivants ont participé à la Conférence : Afghanistan, Cambodge, République populaire de Chine, Égypte, Éthiopie, Côte-de-l’Or, Iran, Irak, Japon, Jordanie, Laos, Liban, Liberia, Libye, Népal, Philippines, Arabie saoudite, Soudan, Syrie, Siam, Turquie, République populaire du Vietnam (Vietminh), État du Vietnam et Yémen.

La Conférence afro-asiatique a étudié le rôle de l’Asie et de l’Afrique et a examiné les moyens grâce auxquels les peuples des pays représentés peuvent réaliser la coopération économique, culturelle et politique la plus étroite (…).

Libérées de la méfiance, de la crainte, faisant preuve de bonne volonté mutuelle, les Nations devraient pratiquer la tolérance, vivre en paix dans un esprit de bon voisinage et développer une coopération amicale sur la base des principes suivants :

1) Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ;

2) Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les Nations ;

3) Reconnaissance de l’égalité de toutes les races et de l’égalité de toutes les Nations, petites et grandes ;

4) Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ;

5) Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ;

6) a) Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes Puissances quelles qu’elles soient;

b) Refus par une Puissance quelle qu’elle soit d’exercer une pression sur d’autres ;

7) Abstention d’actes ou de menaces d’agression ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un pays ;

8) Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant des tribunaux, ainsi que d’autres moyens pacifiques que pourront choisir les pays intéressés, conformément à la Charte des Nations Unies ;

9) Encouragement des intérêts mutuels et coopération ;

10) Respect de la justice et des obligations internationales. »

La Chine populaire multiplia les contacts et fut alors vue très favorablement ; à l’occasion de Bandung elle fut en mesure de réaliser une interaction avec l’Égypte, l’Éthiopie, le Liberia, la Libye, le Soudan (non encore indépendant alors) et le Ghana. Cela amena des échanges ainsi que des livraisons d’armes chinoises.

Il n’y eut toutefois pas de seconde conférence afro-asiatique, celle devant se tenir en 1965 à Alger étant torpillé par l’Algérie et l’URSS.

Peuples opprimés du monde unissez-vous, opposez-vous résolument contre l’impérialisme américain

La Chine populaire invita également, à l’occasion de la première Conférence panafricaine des peuples en décembre 1958 à Accra au Ghana, des délégations d’Angola, du Ghana, du Nigeria, du Sénégal, de Somalie et d’Ouganda. Elle-même eut une délégation observatrice et entra en rapport avec Patrice Lumumba dirigeant alors le Mouvement National Congolais, Holden Roberto de l’Union du Peuple Angolais, Félix-Roland Moumié de l’Union des Populations du Cameroun.

Ce dernier avait déjà visité la Chine populaire en 1953, la même année que Walter Sisulu, secrétaire général de l’ANC sud-africaine. Les visites étaient de fait intenses et nombreuses ; en 1959 vint une délégation de l’Union nationale des forces populaires du Maroc (où Mehdi Ben Barka était actif), en 1960 vint une délégation du MPLA angolais.

Entre 1958 et 1964, la Chine populaire envoya 144 missions dans des pays africains et reçut de ceux-ci 405 délégations.

La Chine populaire avait bien sûr aussi de bons rapports concrets avec les organisations révolutionnaires des pays ayant des régimes racistes (Rhodésie, Namibie, Afrique du Sud), ainsi que celles sous colonisation portugaise (Cap Vert, Guinée-Bissau, Sao Tomé, Angola, Mozambique) ; elles étaient soutenues matériellement, avec également, pour celles sous domination portugaise, des formations militaires réalisées en Tanzanie, au Ghana et au Congo-Brazzaville.

Amitié révolutionnaire (Des amis d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine visitent le musée de l’armée révolutionnaire chinoise)

Des combattants du Frente de Libertação de Moçambique (FRELIMO) furent également formés en Chine populaire même, tout comme de nombreuses autres organisations sans que cela ait été rendu public : Gonzalo était venu du Pérou et avait été formé militairement également.

En 1958, elle avait reconnu le Gouvernement Provisoire de la République algérienne et par ailleurs entraîné des cadres militaires du FLN en Chine même, tout en lui livrant des armes. Un peu plus tôt, en 1957, elle avait eu une délégation à la première conférence de l’Organisation de solidarité des peuples afro-asiatiques au Caire en 1957. Elle fut également présente à la seconde conférence à Conakry en Guinée, où elle appela à un front uni international contre l’impérialisme.

Cependant, l’URSS s’invita dans cette organisation et la Chine populaire s’y opposa, ce qui provoqua d’autant plus de troubles que l’URSS avait soutenu l’Inde en 1962 pour la dispute frontalière, ce qui rendit intenable la troisième conférence à Moshi, au pied du Kilimandjaro en Tanzanie. La quatrième conférence, à Winneba au Ghana, fut la dernière alors que la polémique sino-soviétique emportait tout avec elle.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Les rapports sino-soviétiques unitaires juste après 1949

Initialement, les rapports sino-soviétiques furent excellents, un traité d’amitié, d’alliance d’assistance mutuelle étant conclu en février 1950, une unité concrète se réalisant à tous les niveaux comme au moment de la guerre de Corée. De l’indépendance en 1949 à 1952, 3 000 ouvrages soviétiques furent traduits et imprimés à douze millions d’exemplaires.

Lors de l’enterrement de Staline le 9 mars 1953, c’est Zhou Enlai, président du Comité Central et premier ministre, qui vint représenter la Chine populaire. Il fut le seul délégué étranger aligné sur la même ligne que les principaux dirigeants soviétiques et, lors de la marche avec le cercueil, il était en première ligne avec Béria, Malenkov et Khrouchtchev.

Le 10 mars, la Pravda publia une photo de Mao Zedong aux côtés de Staline et une autre aux côtés de Malenkov.

Avec le grand soutien de l’Union Soviétique et notre propre grande force, nous réaliserons l’industrialisation de notre nation pas à pas !

Deux semaines et demi après la mort de Staline, il y eut de nouveaux accords d’aides pour la construction de stations électriques en Chine populaire, suivis deux mois après de la mise en place d’une assistance pour la construction ou la reconstruction de 91 sites industriels chinois de plus par rapport à ce qui avait été décidé en février 1950, soit 141 en tout.

À la fin de l’année, l’URSS avait déjà 20 % de son commerce extérieur avec la Chine, la Chine 55,6 % du sien avec l’URSS.

Etudier l’expérience avancée de production de l’Union Soviétuque, lutter pour l’industrialisation de notre pays

Le 29 septembre 1954, une importante délégation soviétique, avec notamment Khrouchtchev et Boulganine dont c’était la première visite officielle à l’étranger, vint à Pékin à l’occasion des cinq ans de la révolution chinoise.

L’URSS annonça la remise du port de Lüshunkou (Port-Arthur) et de ses parts dans les sociétés chinoises, un grand prêt, une aide pour quinze grands projets, une coopération scientifique et technique avec notamment une importante donation de documents.

Il fut également affirmé que pour toute affaire concernant de près ou de loin la Chine populaire, l’URSS consultera celle-ci avant toute décision.

L’Union Soviétique est notre exemple

Le premier congrès établissant la constitution chinoise en septembre 1954 y inscrivit l’amitié avec l’URSS, alors qu’il y avait dans le pays 169 grands projets en construction sous supervision et aide soviétique. 51,8 % des exportations chinoises allaient alors à l’URSS.

Le 17 janvier 1955, l’URSS annonça aux démocraties populaires d’Europe de l’Est et à la Chine populaire qu’elle fournirait une assistance scientifique et technique et une large fourniture de matériel, pour l’utilisation de l’énergie atomique dans un cadre pacifique.

Lors de la réunion du Soviet Suprême le 8 février 1955, marqué par la démission de Malenkov, on a Molotov, en tant que ministre des Affaires étrangères, qui expliqua que :

« Le résultat le plus important de la seconde guerre mondiale a été la formation, à côté du camp capitaliste mondial, d’un camp mondial du socialisme et de la démocratie dirigée par l’Union Soviétique, ou bien il serait plus adéquat de dire, dirigé par l’Union Soviétique et la République Populaire de Chine. »

Le nouveau premier ministre Boulganine dit quant à lui peu après sa nomination que :

« La Chine peut compter sur l’aide de l’URSS en toutes circonstances. »

En avril 1956, l’URSS annonça la mise en place de 55 grands projets industriels en Chine, qui seraient remboursés sous la forme de biens produits ; en juillet il fut annoncé que l’URSS fournirait des biens développés (machines-outils, compresseurs, grues, pompes, moteurs diesels, générateurs, véhicules, tracteurs…) en échange pareillement de biens.

À la fin de l’année, la Chine populaire approuva l’écrasement soviétique de l’insurrection contre-révolutionnaire de Budapest en 1956 ; les deux pays firent également des accords avec la République Démocratique du Vietnam et la République Populaire Démocratique de Corée (les deux parties « nord » de ces pays).

Etudier l’économie avancée de l’Union Soviétique pour construire notre nation

Zhou Enlai alla à Moscou en janvier 1957 et Vorochilov, dirigeant du Soviet Suprême, vint à Pékin en avril-mai 1957.

En juillet 1957, il fut posé que les rapports seraient directs entre les différents départements, ministères et centres de recherche dans les domaines de l’industrie et de l’agriculture ; cela se généralisa à l’éducation par la suite alors qu’en janvier 1958, il y eut un accord sino-soviétique pour une coopération scientifique dans 122 domaines.

De manière plus directement politique, une délégation du Soviet Suprême vint en Chine en septembre et en octobre 1957 à l’occasion du huitième anniversaire de la naissance de la république populaire ; à son retour fut fondée à Moscou une Association des amitiés franco-chinoises.

Le même mois l’URSS décida de faire passer les informations et modèles technologiques pour l’arme atomique et d’un code unifié sino-soviétique pour la navigation fluviale.

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contre l’hégémonie des superpuissances

La Chine populaire et la ligne internationale de pencher d’un côté (yibiandao)

Un aspect essentiel pour comprendre la ligne internationale de la Chine est de voir que, jusqu’en 1971, elle n’existe officiellement pas sur le plan international. Le régime de Tchang Kaï-chek, avec sa « république de Chine », disposait de la reconnaissance internationale initiale et fut même l’un des pays fondateurs des Nations-Unies.

Comme Tchang Kaï-chek et son gouvernement se réfugient sur l’île de Taiwan avec l’appui américain, la « république de Chine » continue formellement d’exister alors. La Chine populaire va à partir de là mener une bataille ininterrompue pour sa reconnaissance.

La proclamation de la République populaire de Chine par Mao Zedong en 1949

Bien entendu, dès le départ, il y a la reconnaissance de la part du camp socialiste. La Chine populaire a des rapports diplomatiques dès 1949 avec l’URSS, la Bulgarie, la Corée (du Nord), la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne, la Mongolie, la RDA, l’Albanie, la Roumanie. Le Vietnam (du Nord) s’y ajoute l’année suivante.

À cela s’ajoute une vague de pays se définissant au moins relativement comme neutres ou non-alignés en 1950 : l’Inde, l’Indonésie, la Birmanie, la Suède, le Danemark, la Suisse, le Liechtenstein, la Finlande.

Cette absence de reconnaissance – qui va de pair avec la reconnaissance du régime de Taïwan – est un véritable obstacle à l’affirmation chinoise sur le plan international. La Chine populaire se voyait de facto exclue de l’Organisation Mondiale de la Santé, du Fond Monétaire International, du Comité international de la Croix-Rouge, de l’Union internationale des télécommunications, de l’Union postale universelle, etc.

Les choses ne vont bouger que de manière très marginale pendant toute une décennie.

Lors de la proclamation en 1949

Le Pakistan voisin reconnaît la Chine en 1951, la Norvège neutre en 1954. On a le même schéma de pays neutres ou voisins en 1955 avec l’Afghanistan, le Népal et la Yougoslavie.

Les choses commencent légèrement à bouger pour le reste de la décennie, avec le début des effets d’une poussée vers les pays afro-asiatiques. On a une reconnaissance de la Chine populaire en 1956 par l’Égypte, la Syrie et le Yémen, en 1957 par Ceylan, en 1958 par le Cambodge, l’Irak, le Maroc et le gouvernement provisoire de la république d’Algérie, en 1959 par le Soudan et la Guinée, en 1960 par Cuba, le Ghana, le Mali et la Somalie.

Ce processus de reconnaissance de la Chine fut largement soutenu par l’URSS dirigée par Staline, qui boycotta même le Conseil de Sécurité des Nations-Unies en protestation de la reconnaissance du régime de Taïwan.

Cela servit de prétexte à l’impérialisme américain pour faire passer en 1950 une intervention militaire de l’ONU en Corée alors que le pays basculant dans le camp socialiste. Les forces révolutionnaires, en passe initialement de l’emporter intervinrent alors contre cette nouvelle présence militaire de 340 000 hommes, mais furent défaites.

La contre-offensive, dirigée par le général américain MacArthur, visait pas moins qu’à provoquer un bouleversement dans la région, à déstabiliser la Chine populaire elle-même, aussi celle-ci réagit par la mobilisation de « Volontaires du peuple ». Ceux-ci furent un peu moins de deux millions et en deux mois ils aidèrent les Coréens à défaire la contre-offensive et à très largement repousser les forces de l’ONU dirigées par les Américains, Séoul étant même reprise.

Des troupes chinoises lors de la guerre de Corée

Les Américains intervinrent alors de manière massive et on en revint au statu quo. Cependant, la Chine avait fait preuve d’une capacité d’action énorme, à un prix économique immense, mais également humain, puisque plusieurs centaines de milliers de ses volontaires avaient été tués dans ce qui fut appelé la Guerre anti-américaine de soutien à la Corée (Kang Mei yuan Chao zhanzheng).

La Chine populaire avait jeté toute son énergie dans la bataille, suivant le principe de « pencher d’un côté ».

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La ligne internationale de la Chine populaire

La ligne internationale de la Chine populaire a connu trois mouvements principaux. Le premier consista en l’alignement avec l’URSS, premier pays socialiste. Formulée sous le mot d’ordre de yibiandao (pencher d’un côté), elle commence dès 1945 et se prolonge jusqu’à la fin des années 1950.

On retrouve une bonne synthèse de cette approche dans ces propos de Mao Zedong dans son écrit de 1949 intitulé De la dictature démocratique populaire :

« ‘‘Vous penchez d’un côté’’. C’est exactement cela. Pencher d’un côté, voilà ce que nous enseignent les quarante années d’expérience de Sun Yat-sen et les vingt-huit années d’expérience du Parti communiste chinois ; et nous sommes profondément convaincus que, pour remporter la victoire et la consolider, nous devons pencher d’un côté.

L’expérience accumulée au cours de ces quarante années et de ces vingt-huit années montre que les Chinois se rangent ou du côté de l’impérialisme ou du côté du socialisme ; là, il n’y a pas d’exception.

Impossible de rester à cheval sur les deux, la troisième voie n’existe pas. Nous sommes contre la clique réactionnaire de Tchiang Kai-chek qui se range du côté de l’impérialisme et nous sommes aussi contre les illusions au sujet d’une troisième voie. »

Ensuite vient la rupture avec le révisionnisme soviétique. Au-delà de la polémique idéologique sino-soviétique initiale, la Chine populaire définit l’URSS comme social-impérialiste : social en paroles, impérialiste dans les faits. Cela va profondément modifier la mise en perspective.

Il y a initialement une séquence commencée au début des années 1960, connaissant un pic avec la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et cessant en 1969-1970. Le mot d’ordre employé était liangge quantou daren (combattre avec deux poings) et visait à empêcher le monde de passer sous la coupe de la collusion entre l’impérialisme américain et le révisionnisme soviétique.

L’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces du Pacte de Varsovie fut toutefois un tournant et la Chine populaire dénonça alors le social-impérialisme soviétique. Conformément au principe selon lequel il y a un aspect principal, il fut considéré qu’il y avait un fauteur de guerre majeur parmi les superpuissances qu’étaient l’impérialisme américain et le révisionnisme soviétique. Ce dernier étant le challenger, il fut défini comme l’ennemi principal des peuples du monde.

Le mot d’ordre fut alors celui de yitiaoxian (un front uni) et c’est dans ce cadre que fut formulée la conception de Mao Zedong selon lequel « trois mondes se dessinent ».

Soutenir vigoureusement les luttes anti-impérialistes des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine

Ces trois périodes sont connues de manière très diverse. Le soutien majeur de la Chine populaire à la Corée et au Vietnam juste après la seconde guerre mondiale est pratiquement inconnu à part pour quelques traits majeurs comme l’envoi de volontaires chinois en Corée. En réalité, l’économie chinoise fut mobilisée de manière massive dans cette perspective.

La seconde période est par contre extrêmement connue. C’est l’image d’une Chine populaire revendiquant d’être du « tiers-monde » et affirmant son soutien aux luttes révolutionnaires d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Cette conception est d’autant plus connue dans la forme que son contenu est gommé, au profit d’un anti-impérialisme, d’un anti-colonialisme aux contours indéfinis.

La troisième période est pratiquement inconnue à part de ceux connaissant les polémiques à l’intérieur du Mouvement Communiste International ou bien vivant dans un pays marqué par un mouvement puissant se revendiquant de Mao Zedong. La définition de l’URSS comme social-impérialisme fut en effet un principe cardinal de la Chine populaire de Mao Zedong et des forces communistes s’en revendiquant dans les années 1970. C’est ainsi le cas pour le Parti Communiste d’Inde (Marxiste-Léniniste), le Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste, les Brigades Rouges en Italie, etc.

À bas l’impérialisme américain!
À bas le révisionnisme soviétique!

En France, cette question n’a jamais été réellement abordée en tant que telle dans les années 1970, les forces s’alignant là-dessus passant soit dans le camp pro-américain, soit dans le camp pro-soviétique.

Le seul épisode marquant fut le soutien à l’armée française, temporaire, du PCMLF. Ce dernier forma en 1973 un Mouvement national de soutien aux peuples d’Indochine, en 1974 un Centre d’information sur les luttes anti-impérialiste, le premier devenant en 1975 le Mouvement pour l’Indépendance et la Liberté et le second fusionnant avec le premier en 1976. Le MIL rompt en 1977 avec le PCMLF sur une base anticommuniste. Entre-temps, le PCMLF avait réalisé un meeting parisien avec des gaullistes, des royalistes et le fasciste Patrice Gélinet (qui en fut l’organisateur), sur le thème « France – tiers-monde : solidarité ». Le PCMLF organisa le service d’ordre à l’extérieur et un autre meeting devait être organisé avec des membres de la majorité présidentielle.

Cela illustre parfaitement une méconnaissance fondamentale de l’économie politique communiste alors en France, personne ne comprenant rien à la ligne internationale chinoise, s’imaginant soit qu’il fallait devenir pro-américain, soit abandonner le maoïsme pour devenir pro-soviétique.

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Hô Chi Minh : Testament historique (1969)

10 mai 1969

Dans la lutte patriotique contre l’agression américaine, nous aurons certes à endurer de plus grandes difficultés, à consentir de nouveaux sacrifices, mais la victoire totale est inéluctable.

C’est une chose absolument certaine.

Je me propose, ce jour venu, d’effectuer une tournée, au Nord comme au Sud, pour congratuler nos compatriotes, nos cadres et nos combattants héroïques, pour rendre visite à nos vieux, à nos jeunes, à nos enfants bien-aimés.

Ensuite, au nom de notre peuple, je me rendrai dans les pays frères du camp socialiste, les pays amis du monde entier pour les remercier d’avoir aidé et soutenu de tout cœur notre peuple dans sa lutte patriotique contre l’agression américaine.

Tou Fou, le poète chinois bien connu de l’époque T’Ang, a écrit :  » De tout temps, rares étaient ceux qui atteignaient soixante-dix ans. « 

Cette année, avec mes 79 ans, je fais partie de ces gens si « rares « .

Cependant j’ai l’esprit toujours lucide, bien que ma santé ait quelque peu faibli en comparaison des années précédentes.

Quand on a dépassé soixante-dix printemps, plus l’âge avance, plus la santé recule.

Il n’y a guère à s’en étonner.

Mais qui peut prédire pour combien de temps je pourrai encore servir la révolution, servir la Patrie, servir le peuple ?

C’est pourquoi je laisse ces quelques lignes, en prévision du jour où j’irai rejoindre les vénérables Karl Marx, Lénine et nos aînés révolutionnaires.

De cette façon, nos compatriotes dans le pays entier, les camarades du Parti et nos amis dans le monde n’en seront pas surpris. Je parlerai tout d’abord du Parti.

Grâce à l’union étroite qu’il a réalisée dans son sein, grâce au dévouement total à la classe ouvrière, au peuple, à la Patrie, notre Parti depuis sa fondation, a pu unir, organiser, diriger notre peuple, l’amener à lutter avec ardeur et le conduire de victoire en victoire.

L’union est une tradition extrêmement précieuse de notre Parti et de notre peuple.

Que tous les camarades, depuis les membres du Comité Central jusqu’aux camarades des cellules de base, préservent l’union, l’unité du Parti comme la prunelle de leurs yeux.

Au sein du Parti, pratiquer une large démocratie, pratiquer régulièrement et de façon sérieuse l’autocritique et la critique constituent le meilleur moyen pour consolider et développer l’union et l’unité dans le Parti.

Il importe qu’une véritable affection lie tous les camarades entre eux.

Nous sommes un Parti au pouvoir.

Chaque membre du Parti, chaque cadre doit s’imprégner profondément de la moralité révolutionnaire, véritablement faire preuve d’application, d’économie, d’intégrité, de droiture, d’un dévouement total à la cause publique, d’un désintéressement exemplaire.

Il faut garder au Parti son entière pureté, se rendre parfaitement digne de son rôle de dirigeant, de serviteur vraiment fidèle du peuple.

Les membres de la jeunesse travailleuse et nos jeunes dans l’ensemble sont d’excellente nature, ardents à s’engager pour les tâches d’avant-garde, ne craignant guère les difficultés, aspirant sans cesse au progrès.

Notre Parti doit se soucier de leur inculquer une moralité révolutionnaire élevée, les former pour en faire les continuateurs de l’édification du socialisme, à la fois « rouges » et  » experts « .

Former et éduquer la génération révolutionnaire à venir est une tâche extrêmement importante et nécessaire.
Notre peuple travailleur, dans les plaines comme dans les régions montagneuses, a enduré depuis des siècles mille privations et difficultés.

Il a subi l’exploitation et l’oppression féodales et coloniales.

Il a en outre souffert de nombreuses années de guerre.

Néanmoins, notre peuple fait preuve d’un grand héroïsme, d’un grand courage, d’un ardent enthousiasme et d’une grande application au travail.

Il a toujours suivi le Parti depuis sa fondation, et lui est toujours resté fidèle.

Le Parti doit mettre sur pied un bon plan pour développer l’économie et la culture, en vue d’élever sans cesse le niveau de vie du peuple.

La guerre de résistance contre l’agression américaine peut encore se prolonger.

Nos compatriotes pourraient avoir à consentir de nouveaux sacrifices en biens, en vies humaines.

Quoi qu’il en soit, nous devons être résolus à combattre l’agresseur américain jusqu’à la victoire totale.

Nos fleuves, nos monts, nos hommes resteront toujours.

Le yankee battu, nous bâtirons le pays dix fois plus beau.

Quelles que soient les difficultés et privations, notre peuple vaincra certainement.

Les impérialistes américains doivent certainement déguerpir.

Notre Patrie sera certainement réunifiée. Nos compatriotes du Nord et du Sud seront certainement réunis sous le même toit.

Notre pays aura l’insigne honneur d’être une petite nation qui aura, par un combat héroïque, vaincu deux grands impérialismes – – le français et l’américain et apporté une digne contribution au mouvement de libération nationale.

A propos du mouvement communiste mondial.

Ayant consacré toute ma vie au service de la révolution, plus j’éprouve de fierté à voir grandir le mouvement communiste et ouvrier international, plus je souffre des dissensions qui divisent actuellement les Partis frères.

Je souhaite que notre Parti œuvre de son mieux et contribue efficacement au rétablissement de l’union entre les Partis frères, sur la base du Marxisme-Léninisme et de l’internationalisme prolétarien, d’une façon conforme aux exigences du cœur et de la raison.

Je crois fermement que les Partis et les pays frères s’uniront à nouveau. A propos des affaires personnelles.

Durant toute ma vie j’ai servi de tout cœur, de toutes mes forces, la Patrie, la révolution et le peuple. Maintenant si je devais quitter ce monde, je n’ai rien à me reprocher. Je regrette seulement de ne pouvoir servir plus longtemps et davantage.

Après ma mort, il faut éviter d’organiser de grandes funérailles afin de ne pas gaspiller le temps et l’argent du peuple.

En dernier lieu, à notre peuple tout entier, à tout notre Parti, à toutes nos forces armées, à mes neveux et nièces, jeunes et enfants, je lègue mon affection sans bornes.

J’adresse également mon salut fraternel aux camarades, aux amis, aux jeunes et enfants du monde.

Mon ultime souhait est que tout notre Parti, tout notre peuple, étroitement unis dans le combat, édifient un Viêt-nam pacifique, unifié, indépendant, démocratique et prospère, et apportent une digne contribution à la révolution mondiale.

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Hô Chi Minh : Appel à la Nation (1968)

3 novembre 1968

Compatriotes et combattants dans tout le pays, 

Devant les grandes victoires de nos forces armées et de notre peuple dans les deux zones, en premier lieu celles remportées au Sud depuis le début du printemps de cette année, le gouvernement des Etats-Unis s’est vu obligé, le Ier novembre 1968, de cesser sans conditions les bombardements et tirs d’artillerie sur tout le territoire de la République démocratique du Viet Nam. 

Ainsi, au bout de quatre ans de lutte extrêmement héroïque, nos forces armées et notre peuple ont remporté une victoire glorieuse, ayant abattu plus de 3.200 avions, incendié plus de cent navires de guerre grands et petits, et vaincu la guerre de destruction des impérialistes américains contre le Nord de notre pays. 

C’est là une victoire d’une très grande signification dans la lutte grandiose de notre peuple contre l’agression américaine pour le salut national. 

Les impérialistes américains croyaient pouvoir, avec la puissance dévastatrice de leurs bombes, affaiblir le Nord, empêcher le grand arrière de venir en aide au grand front, et diminuer ainsi la puissance de combat du Sud. 

En fait, plus le Nord lutte contre les agresseurs U.S., plus il se renforce sur tous les plans et soutient de tout son coeur et de toutes ses forces la lutte de libération de nos compatriotes du Sud héroïque. Plus ils luttent contre les agresseurs américains, plus nos compatriotes du Sud resserrent leur union, plus leurs forces s’accroissent, et plus grandes sont leurs victoires. 

C’est là la victoire de la juste ligne révolutionnaire de notre Parti, de l’ardent patriotisme et de la force d’union de notre peuple déterminé à combattre et à vaincre, de l’excellence du régime socialiste. C’est la victoire commune de nos forces armées et de notre peuple dans les deux zones. C’est la victoire des peuples des pays frères et de nos amis des cinq continents. 

A cette occasion, au nom du Parti et du gouvernement, je félicite chaleureusement nos compatriotes et nos combattants dans tout le pays, et remercie sincèrement les pays socialistes frères, les pays amis proches et lointains et les peuples du monde entier, y compris le peuple progressiste des Etats Unis, pour leur aide considérable, leur sympathie et leur soutien. 

Chers compatriotes et combattants, 

Nous avons vaincu la guerre de destruction des impérialistes américains contre le Nord. Mais ce n’est là qu’un début. Les impérialistes américains sont très obstinés et perfides. Ils parlent de « paix » , de « négociations », mais ils ne renoncent pas à leur visée d’agression. Plus d’un million de soldats américains, fantoches et des pays satellites continuent à perpétrer jour après jour d’innombrables crimes barbares contre nos compatriotes du Sud. 

C’est pourquoi la tâche sacrée qui incombe à notre peuple tout entier à l’heure actuelle est d’élever notre détermination à combattre et à vaincre, à libérer le Sud, à défendre le Nord et à progresser vers la réunification pacifique de la Patrie. 

Tant qu’il reste un agresseur sur notre sol, nous devons continuer à combattre jusqu’à ce qu’il soit chassé hors de notre pays. 

Nos compatriotes et combattants du Sud héroïque, sous le glorieux drapeau du Front national de Libération, attaquent et se soulèvent sans répit, vont résolument de l’avant vers la victoire totale. 

Les forces armées et la population du Nord redoublent d’efforts dans l’émulation patriotique pour édifier le socialisme et remplir leur devoir envers nos frères du Sud, élèvent sans cesse leur vigilance et leur volonté de compter essentiellement sur leurs propres forces, renforcent leur potentiel militaire et se tiennent prêts à combattre, à mettre en échec toute nouvelle manœuvre de l’ennemi. 

Nous sommes persuadés que la lutte de notre peuple contre l’agression américaine pour le salut national bénéficie chaque jour davantage de la sympathie, du soutien et de l’aide importante des pays frères et des peuples du monde, y compris le peuple progressiste des Etats-Unis. 

Ayant subi près d’un siècle de domination colonialiste et supporté le poids de plus de vingt ans de guerre contre l’agression impérialiste, plus que nul autre notre peuple aspire profondément à la paix afin de pouvoir édifier sa patrie. Mais il faut que ce soit une paix véritable dans l’indépendance et la liberté. C’est pourquoi, nous exigeons fermement: 

– Que le gouvernement américain mette fin à la guerre d’agression contre le Viet Nam. Qu’il renonce définitivement à tout acte portant atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la R.D.V.N. 

– Que toutes les troupes américaines et celles des pays satellites soient retirées du Sud Viet Nam. 

– Que les propres affaires du Sud Viet Nam soient réglées par sa population selon le Programme politique du Front national de Libération, sans ingérence étrangère. 

– Que la réunification du Viet Nam soit réglée par la population des deux zones Nord et Sud, sans ingérence étrangère. 

Chers compatriotes et combattants, 

Bien des difficultés et sacrifices nous attendent, mais la grande lutte de notre peuple contre l’agression américaine pour le salut national marche grands pas vers la victoire. La Patrie nous appelle à aller résolument de l’avant, à vaincre totalement l’agression américaine ! 

Les impérialistes américains seront battus ! 

Notre peuple vaincra ! 

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Hô Chi Minh : Appel à l’insurrection (1945)

12 septembre 1945

Tous les hommes naissent égaux.

Le créateur nous a donné des droits inviolables, le droit de vivre, le droit d’être libres et le droit de réaliser notre bonheur. « 

Ces paroles immortelles sont tirées de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique en 1776.

Prise dans un sens plus large, cette phrase signifie : tous les peuples sur la terre sont nés égaux, tous les peuples ont le droit de vivre, d’être heureux, d’être libres.

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution française de 1791 proclame également :  » Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. « 
Ce sont là des vérités indéniables.

Et pourtant, pendant plus de quatre-vingts années, les colonialistes français, abusant du drapeau de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, ont violé notre terre et opprimé nos compatriotes.

Leurs actes vont directement à l’encontre des idéaux d’humanité et de justice.

Dans le domaine politique, ils nous ont privés de toutes les libertés. Ils nous ont imposé des lois inhumaines.

Ils ont constitué trois régimes politiques différents dans le Nord, le Centre et le Sud du Viêt-nam pour détruire notre unité nationale et empêcher l’union de notre peuple.

Ils ont construit plus de prisons que d’écoles.

Ils ont sévi sans merci contre nos compatriotes.

Ils ont noyé nos révolutions dans des fleuves de sang.

Ils ont jugulé l’opinion publique et pratiqué une politique d’obscurantisme.

Ils nous ont imposé l’usage de l’opium et de l’alcool pour affaiblir notre race.

Dans le domaine économique, ils nous ont exploités jusqu’à la moelle, ils ont réduit notre peuple à la plus noire misère et saccagé impitoyablement notre pays.

Ils ont spolié nos rizières, nos mines, nos forêts, nos matières premières.

Ils ont détenu le privilège d’émission des billets de banque et le monopole du commerce extérieur.

Ils ont inventé des centaines d’impôts injustifiables, acculé nos compatriotes, surtout les paysans et les commerçants, à l’extrême pauvreté.

Ils ont empêché notre bourgeoisie nationale de prospérer.

Ils ont exploité nos ouvriers de la manière la plus barbare.

En automne 1940, quand les fascistes japonais, en vue de combattre les Alliés, ont envahi l’Indochine pour organiser de nouvelles bases de guerre, les colonialistes français se sont rendus à genoux pour leur livrer notre pays.

Depuis, notre peuple, sous le double joug japonais et français, a été saigné littéralement.

Le résultat a été terrifiant.

les derniers mois de l’année passée et le début de cette année, du Quang Tri au Nord Viêt-nam, plus de deux millions de nos compatriotes sont morts de faim.

Le 9 mars dernier, les Japonais désarmèrent les troupes françaises.

Les colonialistes français se sont enfuis ou se sont rendus.

Ainsi, bien loin de nous  » protéger « , en l’espace de cinq ans,’ ils ont par deux fois vendu notre pays aux Japonais.

Avant le 9 mars, à plusieurs reprises, la Ligue Viêt-minh a invité les Français à se joindre à elle pour lutter contre les Japonais.

Les colonialistes français, au lieu de répondre à cet appel, ont sévi de plus belle contre les partisans du Viêt-minh.

Lors de leur débandade, ils sont allés jusqu’à assassiner un grand nombre de prisonniers politiques incarcérés à Yen Bay et à Cao Bang.

Malgré tout cela, nos compatriotes ont continué à garder à l’égard des Français une attitude clémente et humaine.

Après les événements du 9 mars, la Ligue Viêt-minh

a aidé de nombreux Français à passer la frontière, en a sauvé d’autres des prisons nippones et a protégé la vie et les biens de tous les Français.

En fait, depuis l’automne de 1940, notre pays a cessé d’être une colonie française pour devenir une possession nippone.

Après la reddition des Japonais, notre peuple tout entier s’est dressé pour reconquérir sa souveraineté nationale et a fondé la République du Viêt-nam.

La vérité est que notre peuple a repris son indépendance des mains des Japonais et non de celles des Français.

Les Français s’enfuient, les Japonais se rendent, l’empereur Bao Dai abdique.

Notre peuple a brisé toutes les chaînes qui ont pesé sur nous durant près d’un siècle, pour faire de notre Viêt-nam un pays indépendant.

Notre peuple a, du même coup, renversé le régime monarchique établi depuis des dizaines de siècles, pour fonder la République démocratique.

Pour ces raisons, nous, membres du gouvernement provisoire, déclarons, au nom du peuple du Viêt-nam tout entier, nous affranchir complètement de tout rapport colonial avec la France impérialiste, annuler tous les traités que la France a signés au sujet du Viêt-nam, abolir tous les privilèges que les Français se sont arrogés sur notre territoire.

Tout le peuple du Viêt-nam, animé d’une même volonté, est déterminé à lutter jusqu’au bout contre toute tentative d’agression de la part des colonialistes français.

Nous sommes convaincus que les Alliés, qui ont reconnu les principes de l’égalité des peuples aux conférences de Téhéran et de San Francisco, ne peuvent pas ne pas reconnaître l’indépendance du Viêt-nam.

Un peuple qui s’est obstinément opposé à la domination française pendant plus de quatre-vingts ans, un peuple qui, durant ces dernières années, s’est résolument rangé du côté des Alliés pour lutter contre le fascisme, ce peuple a le droit d’être libre, ce peuple a le droit d’être indépendant.

Pour ces raisons, nous, membres du gouvernement provisoire de la République démocratique du Viêt-nam, proclamons solennellement au monde entier : Le Viêt-nam a le droit d’être libre et indépendant et, en fait, est devenu un pays libre et indépendant.

Tout le peuple du Viêt-Nam est décidé à mobiliser toutes ses forces spirituelles et matérielles, à sacrifier sa vie et ses biens pour garder son droit à la liberté et à l’indépendance.

Hanoï, le 2 septembre 1945

signé : Hô Chi minh, Président

Vo Nguyen Giap

Pham Van Dong

Nguyen Van To

Cu Huy Can

Nguyen Van Xuan

Dao Trong Kim

Le Van Hien

Tran Huy Lieu

Chu Van Tan

Duen Duc Hien

Nguyen Manh Ha

Pham Ngoc Thach

Vu Trong Khanh

Vu Dinh Hoe

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Hô Chi Minh : Déclaration d’indépendance de la République démocratique du Vietnam (1945)

2 septembre 1945

Chers compatriotes !

Il y a quatre ans, je vous ai appelés à l’union, car l’union fait la force, et la force, c’est la clef de la conquête de l’indépendance et de la liberté.

Actuellement les troupes japonaises se sont désagrégées.

Le mouvement pour le salut national gagne tout le pays.

La Ligue pour l’indépendance du Viêt-nam (Viêt-minh) compte des millions d’adhérents de toutes les couches sociales, intellectuels, ouvriers, commerçants, soldats, et de toutes nationalités, Tho, Nung, Muong, Man.

Dans ses rangs, nos compatriotes, jeunes et vieux, hommes et femmes vont coude à coude, sans distinction de confession religieuse ou de fortune.

La Ligue a convoqué récemment le Congrès national du peuple et celui-ci a élu le Comité de libération nationale pour diriger tout le pays dans sa lutte acharnée pour l’indépendance.

C’est là un grand pas en avant dans l’histoire de la lutte menée par notre peuple depuis près d’un siècle pour sa libération.

C’est pour nos compatriotes un puissant stimulant et pour moi, une joie immense.

Mais nous ne pouvons pas nous en tenir là. Notre lutte sera encore dure et longue.

La défaite des Japonais ne nous rend pas d’un seul coup libres et indépendants. Nous devons redoubler d’efforts.

Ce n’est qu’au prix de notre union et de notre lutte que notre pays pourra recouvrer son indépendance.

Le Viêt-minh sert actuellement de base à l’union et à la lutte de notre peuple.

Affiliez-vous au Viêt-minh, apportez-lui votre soutien et faites qu’il se renforce encore davantage.

Le Comité nagional de libération du Viêt-nam équivaut en ce moment à un gouvernement provisoire.

Unissez-vous autour de lui, veillez à ce que sa politique et ses ordres soient exécutés dans tout le pays.

Alors, infailliblement, notre patrie recouvrera rapidement son indépendance, et notre peuple, sa liberté.

Chers compatriotes !

L’heure décisive pour les destinées de notre peuple a sonné.
Debout ! compatriotes.

Libérons-nous par nos propres forces !
De nombreux peuples opprimés dans le monde entier rivalisent d’ardeur dans la lutte pour leur indépendance.

Nous ne saurions rester en retard.

Marchons ! En avant ! Compatriotes !

Allons vaillamment de l’avant sous le drapeau du Viêt-minh ! 

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Hô Chi Minh : Appel à l’occasion de la formation du parti communiste Indochinois (1930)

18 février 1930

Ouvriers, paysans, soldats, jeunes gens, élèves des écoles, compatriotes opprimés et exploités, Amis, camarades,
Les contradictions de l’impérialisme ont provoqué la guerre mondiale de 1914-1918.

Après cet horrible carnage le monde s’est divisé en deux fronts : d’un côté, le front révolutionnaire englobant les peuples coloniaux opprimés et le prolétariat mondial exploité et dont l’Union soviétique est l’avant-garde.

De l’autre, le front contre-révolutionnaire du capitalisme international et de l’impérialisme dont l’état-major général est la Société des Nations.

Cette guerre a causé aux peuples des pertes incalculables en hommes et en biens.

C’est l’impérialisme français qui en a le plus souffert.

C’est pourquoi, afin de restaurer les forces du capitalisme en France, les impérialistes français ont eu recours aux moyens les plus perfides pour intensifier l’exploitation capitaliste en Indochine.

Ils créent de nouvelles usines pour exploiter les ouvriers en leur payant un salaire de famine.

Ils volent les terres de nos paysans pour créer des plantations, acculant ainsi la paysannerie à une misère affreuse.

Ils nous écrasent sous une fiscalité exorbitante, et nous obligent à acheter des bons d’emprunt.

Bref, ils acculent notre peuple à la misère.

Ils accroissent leurs forces militaires. D’abord pour étouffer la révolution vietnamienne.

Ensuite pour préparer une nouvelle guerre impérialiste dans le Pacifique en vue de conquérir de nouvelles colonies, troisièmement, en vue de réprimer la révolution chinoise.

Enfin, quatrièmement, pour attaquer l’Union soviétique, parce qu’elle aide les peuples opprimés et le prolétariat exploité à faire la révolution.

La deuxième guerre mondiale éclatera.

Il est certain que les impérialistes français conduiront alors notre peuple à une tuerie sans précédent.

Si nous leur laissons les mains libres pour préparer cette guerre, si nous les laissons combattre la révolution chinoise, et attaquer l’Union soviétique, juguler la révolution vietnamienne, ne serait-ce pas les laisser balayer notre race de la surface de la terre et noyer notre nation dans l’océan Pacifique ?

Toutefois, l’oppression barbare et l’exploitation féroce des colonialistes français ont réveillé la conscience de nos compatriotes.

Tous ont réalisé que seule la révolution nous permettra de vivre et que sans la révolution, nous sommes condamnés à une mort lente et misérable.

C’est précisément pour cette raison que le mouvement révolutionnaire grandit et se renforce chaque jour : les ouvriers font grève, les paysans réclament la terre, les élèves font la grève des cours, les commerçants la grève du marché.

Partout, les masses se dressent contre les impérialistes français qui tremblent devant la révolution montante.

De leur côté, ils utilisent, d’une part, les féodaux et les bourgeois compradores pour opprimer et exploiter nos compatriotes, d’autre part, ils terrorisent, jettent en prison et massacrent en masse les révolutionnaires vietnamiens.

Mais s’ils croient pouvoir juguler la révolution vietnamienne par la terreur, ils commettent une erreur grossière.

Premièrement, la révolution vietnamienne n’est pas isolée, elle bénéficie du soutien du prolétariat international et tout particulièrement de la classe ouvrière française.

En second lieu, c’est précisément au moment où les colonialistes redoublent leurs menées terroristes que les communistes vietnamiens, auparavant divisés, s’unissent tous dans un seul parti, le Parti communiste indochinois, pour diriger la lutte révolutionnaire de notre peuple tout entier.

Ouvriers, paysans, soldats, jeunes gens, écoliers !

Compatriotes opprimés et exploités !

Le Parti communiste indochinois est fondé.

C’est le parti de la classe ouvrière.

Sous sa conduite, le prolétariat dirigera la révolution dans l’intérêt de tous les opprimés et exploités.

Dès maintenant, notre devoir est d’adhérer au Parti, de l’aider et de le suivre pour réaliser les mots d’ordre suivants :

1. Renverser l’impérialisme français, la féodalité et la bourgeoisie réactionnaire du Viêt-nam.

2. Conquérir l’indépendance complète de l’Indochine.

3. Former le gouvernement des ouvriers, des paysans et des soldats.

4. Confisquer les banques et autres entre prises impérialistes et les placer sous le contrôle du gouvernement des ouvriers, des paysans, et des soldats.

5. Confisquer toutes les plantations et autres propriétés des impérialistes et des bourgeois réactionnaires vietnamiens pour les distribuer aux paysans pauvres.

6. Appliquer la journée de travail de huit heures.

7. Abolir les emprunts forcés, la capitation et les taxes iniques qui frappent les pauvres.

8. Réaliser les libertés démocratiques pour les masses.

9. Dispenser l’instruction à tous.

10. Réaliser l’égalité entre l’homme et la femme.

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Hô Chi Minh : Lénine et les peuples coloniaux (1924)

Pravda du 27 janvier 1924.

Lénine est mort.

La nouvelle a frappé chacun, tel un coup de foudre.

Elle s’est répandue à travers les riches plaines d’Afrique et les rizières verdoyantes d’Asie.

Les Noirs et les Jaunes, il est vrai, ne savent pas encore très exactement qui est Lénine, ni où se trouve la Russie.

Les impérialistes colonialistes ont tout fait pour empêcher de le savoir, l’ignorance étant l’un des principaux piliers de leur régime.

Néanmoins, des deltas du Viêt-nam aux forêts du Dahomey, on s’est répété de bouche à oreille que, dans un coin lointain du monde, il est un peuple qui a su renverser ses exploiteurs et qui gère maintenant lui-même ses propres affaires, sans avoir besoin de patrons, ni de gouverneurs généraux.

On a entendu dire que ce pays est la Russie, qu’il s’y trouve des hommes courageux et que le plus courageux de tous est Lénine.

Et cela a suffi pour gagner à ce peuple et à celui qui le dirige la sympathie et l’admiration de tous les hommes de couleur.

Mais ce n’est pas tout.

Ces hommes ont encore appris que ce grand leader, après avoir rendu la liberté à son pays, a voulu libérer également les autres peuples, qu’il a appelé les Blancs à aider les Jaunes et les Noirs dans leur lutte pour s’affranchir du joug des roumis, des roumis de tout poil : gouverneurs, résidents, etc., et qu’il a tracé un programme d’action concret pour atteindre ce but.

Au début, ces opprimés n’osaient croire qu’il existât un tel homme et un tel programme.

Mais par la suite, si vagues qu’elles fussent, des nouvelles leur sont parvenues sur le Parti communiste et l’Internationale communiste, cette organisation qui lutte pour les exploités, pour tous les exploités sans exception dont eux-mêmes font partie. Et ils ont su que c’était précisément Lénine qui la dirigeait.
Et cela a suffi pour que ces hommes, presque sans culture, mais reconnaissants et pleins de bonne volonté, témoignent à Lénine le plus profond respect et le considèrent comme leur libérateur.

Lénine est mort, qu’allons-nous faire?

Comment trouver quelqu’un qui consacre avec autant de courage et de générosité que lui tout son temps et toutes ses forces à notre libération?

Telle est la question que se posent avec angoisse les grandes masses opprimées des colonies.

Quant à nous, douloureusement touchés par cette perte irréparable, nous partageons avec tous les peuples du monde ce deuil qui frappe nos frères et nos sœurs soviétiques.

Nous sommes persuadés que l’Internationale communiste et ses cellules, dont celles des colonies, sauront traduire en actes les enseignements et les leçons de notre grand leader.

Suivre ses conseils, n’est-ce pas le meilleur moyen de montrer tout l’amour que nous lui portons ?

De son vivant, Lénine fut pour nous un père, un maître, un camarade, un conseiller.

Le voici devenu aujourd’hui la brillante étoile qui nous éclaire sur la route de la révolution socialiste.

Et c’est dans notre œuvre que Lénine, immortel, revivra à jamais.

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Le peuple a vaincu le fascisme japonais, il saura vaincre l’impérialisme américain (1965)

Discours du camarade Louo Jouei-king au meeting tenu à Pékin, le 3 septembre 1965, à l’occasion du 20e anniversaire de la fin victorieuse de la Guerre de Résistance contre le Japon

Camarades et Amis,

Aujourd’hui, la population de Pékin, le peuple chinois tout entier, les commandants et les soldats de l’Armée populaire de Libération de Chine célèbrent dans l’enthousiasme cette grande journée du 20e anniversaire de la victoire remportée par la Guerre de Résistance contre le Japon.

Cette victoire remportée par le peuple chinois grâce à la direction éclairée du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung revêt une grande signification historique. Le peuple chinois avait le puissant soutien des peuples antifascistes du monde durant sa Guerre de Résistance qui, elle-même, constituait un grand soutien à la guerre des peuples contre le fascisme.

La victoire remportée par la Guerre de Résistance de la Chine fut une des grandes victoires de la guerre mondiale antifasciste.

Le peuple chinois avait, depuis la Guerre de l’Opium de 1840, livré pendant près de cent ans une suite de combats héroïques contre l’agression impérialiste, mais aucune victoire complète n’avait été enregistrée.

A l’époque de la Guerre de Résistance contre le Japon, sous la direction du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung, le peuple chinois parvint, après huit années d’une héroïque et âpre résistance, à triompher de l’impérialisme japonais, à remporter pour la première fois dans l’histoire moderne du pays une grande victoire dans la guerre contre l’agression.

Ce fut à partir de cette victoire, et toujours sous la direction du Parti communiste chinois, que le peuple chinois l’emporta sur la clique réactionnaire kuomintanienne qui, avec le soutien de l’impérialisme américain et sous son commandement, n’avait pas hésité à déclencher une guerre civile contre-révolutionnaire, et il fonda la grande République populaire de Chine.

Ayant ainsi renversé les trois fléaux, l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique, qui pesaient sur lui comme des montagnes, le peuple chinois que d’innombrables misères accablaient s’est enfin dressé, tel un géant.

Après la victoire enlevée par sa Guerre de Résistance contre le Japon, puis par sa Guerre de Libération, la Chine, qui représente près du quart du genre humain, s’est transformée, de pays semi-colonial et semi-féodal qu’elle était, de victime de l’agression et des vexations des puissances impérialistes qu’elle a été, en un grand pays socialiste, un puissant bastion qui combat fermement l’impérialisme, qui soutient résolument les mouvements de libération de toutes les nations et de tous les peuples opprimés.

L’éclatante victoire qui couronna la révolution chinoise entraîna un changement important dans le rapport des forces entre révolution et contre-révolution à l’échelle mondiale.

L’humanité venait d’enregistrer une autre grande victoire qui, faisant suite à la Révolution d’Octobre, fut une grande victoire du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Tsé-toung.

L’expérience de la victorieuse Guerre de Résistance du peuple chinois contre le Japon et de l’ensemble de la victorieuse guerre révolutionnaire chinoise nous apprend que le parti du prolétariat doit maintenir haut levé le drapeau de l’anti-impérialisme et de la libération nationale, diriger les grandes masses populaires, former le front uni le plus large contre l’impérialisme et ses laquais sur la base de l’alliance des ouvriers et des paysans, mener le combat révolutionnaire par les armes en comptant sur ses propres forces, bâtir une armée populaire de type nouveau, appliquer la stratégie et les tactiques de la guerre du peuple, et ce qui est particulièrement important, s’implanter dans les campagnes, y établir des bases révolutionnaires, encercler les villes à partir de la campagne afin de les prendre ensuite et d’arracher la victoire à l’échelle nationale.

C’est là la juste voie qui permettra aux nations opprimées des colonies et semi-colonies de parvenir à la libération.

Dans l’article Vive la victorieuse guerre du peuple, qu’il a écrit à l’occasion du 20e anniversaire de la fin victorieuse de la Guerre de Résistance contre le Japon, le camarade Lin Piao montre les riches acquis que le peuple chinois a tirés de la guerre populaire qu’il mena pendant plus de vingt ans, il expose systématiquement et de manière approfondie la théorie du camarade Mao Tsé-toung relative à la guerre du peuple, et il dit son importance sur le plan international.

Et abordant la lutte présente contre l’impérialisme américain et le révisionnisme moderne, il montre la trahison de la guerre populaire par les révisionnistes khrouchtchéviens et la voie victorieuse qui permet au peuple révolutionnaire de partout de battre l’impérialisme américain et ses laquais par la guerre populaire.

Chacun de nous doit étudier sérieusement ce texte. Et de même que nous nous sommes appuyés, dans le passé, sur la guerre du peuple pour battre l’impérialisme japonais et les réactionnaires kuomintaniens, nous continuerons à nous appuyer sur la même guerre populaire pour mettre en échec toute guerre d’agression que les impérialistes américains pourraient déclencher contre nous, afin de défendre notre patrie socialiste et la paix mondiale.

TOUT EN CÉLÉBRANT L’ANNIVERSAIRE DE LA GRANDE VICTOIRE REMPORTÉE PAR LA GUERRE DE RÉSISTANCE CONTRE LE JAPON, FAISONS EN SORTE QUE NOTRE CONFIANCE DANS LA VICTOIRE TOTALE SUR L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN SOIT MULTIPLIÉE PAR CENT ET QU’UNE GRANDE FERMETÉ PRÉSIDE A NOTRE COMBAT CONTRE LA TRAHISON DES RÉVISIONNISTES KHROUCHTCHEVIENS QUI ESSAIENT D’INTIMIDER LES PEUPLES PAR LA TERREUR DE LA GUERRE.

L’impérialisme américain prit la relève des fascistes allemands, japonais et italiens, immédiatement après leur chute, il emprunta le chemin frayé par eux et il s’efforce de mettre sa stratégie mondiale contre-révolutionnaire en application pour tenter d’asseoir son hégémonie sur le monde. Sa politique d’agression et de guerre est devenue plus sanglante et plus cynique encore avec l’administration Johnson. La doctrine Johnson est du néo-hitlérisme, du néo-fascisme, elle est synonyme d’agression et de guerre.

L’impérialisme paraît terrible, mais en réalité, il n’est pas si puissant. Le vaincre est parfaitement possible. La force vraiment invincible est celle du peuple. La victorieuse Guerre de Résistance du peuple chinois contre le Japon a mis cette vérité en lumière. Et si les fascistes nippo-germano-italiens des années 40 du siècle ont pu être battus, les impérialistes américains des années 60 le seront également.

Les impérialistes américains ne sont-ils pas les plus puissants des impérialistes ? Ne disposent-ils pas de bombes atomiques, que les fascistes japonais, allemands et italiens ne possédaient pas ? Sur quoi nous basons nous pour affirmer que les Etats-Unis aussi finiront par être vaincus ?

La marche de l’histoire fournit la réponse. Et les choses deviennent parfaitement limpides si l’on compare les conditions dans lesquelles les fascistes japonais, allemands et italiens déclenchèrent la guerre à la situation que les impérialistes américains connaissent actuellement.

Nous disons que ceux-ci finiront par être vaincus, tout d’abord parce que des changements considérables sont intervenus dans le rapport des forces sur le plan mondial et que, comparés aux fascistes allemands, japonais et italiens, les impérialistes américains se trouvent clans une posture beaucoup plus fâcheuse.

Lorsque les fascistes japonais, allemands et italiens déclenchèrent leurs guerres d’agression au cours des années 30, le rapport des forces, pris dans son ensemble, jouait momentanément en leur faveur et était défavorable aux peuples.

Il n’existait qu’un seul Etat socialiste, l’Union soviétique. Et la Chine était encore un pays en partie colonial, en partie semi-colonial et semi-féodal, extrêmement pauvre et arriéré, notre Parti ne représentait qu’une force peu importante et l’armée dirigée par lui ne comptait qu’un peu plus de 40.000 hommes.

Le moment était particulièrement dur pour la lutte populaire, sur le plan mondial et en Chine. La guerre de résistance de l’Abyssinie contre l’Italie échoua, la révolution espagnole fut étouffée, et Hitler déferla sur toute l’Europe en l’espace de quelques mois. En Orient, les fascistes japonais occupaient non seulement la moitié du territoire chinois, mais aussi presque tout le Pacifique occidental.

Et quelle est la situation aujourd’hui ? Les pays socialistes forment un camp puissant, avec une population qui est passée de 200 millions à plus d’un milliard. En Asie, en Afrique et en Amérique latine, les mouvements de libération nationale et les mouvements révolutionnaires populaires ont éclaté comme des volcans, se propageant de pays en pays, de territoire en territoire, transformant les arrières de l’impérialisme en un front anti-impérialiste.

Le mouvement ouvrier aussi a connu de nouveaux développements dans les pays capitalistes. Le système impérialiste court à son effondrement total et la crise générale du capitalisme en arrive à un degré jamais atteint. L’arène mondiale voit le vent d’Est qui l’emporte sur le vent d’Ouest, elle voit les forces du socialisme et de la paix l’emporter de plus en plus sur celles de l’impérialisme et de la guerre, les forces révolutionnaires surpasser chaque jour davantage les forces contre-révolutionnaires.

L’actuel front uni contre l’impérialisme américain est d’une ampleur bien plus grande que celui constitué jadis contre le fascisme. Puisque la guerre déclenchée par les fascistes japonais, allemands et italiens, à un moment où le rapport des forces était ce qu’il était, s’est soldée par leur effondrement total, les impérialistes américains peuvent-ils escompter une issue heureuse en déclenchant et en étendant la guerre alors que le rapport des forces est loin de leur être favorable ?

Nous disons que les impérialistes américains peuvent être vaincus, parce que, assaillis de tous côtés par les luttes anti-impérialistes du peuple révolutionnaire de partout, les Etats-Unis sont militairement plus vulnérables que leurs devanciers, les fascistes allemands, japonais et italiens ; il leur est encore plus difficile de faire front à la guerre populaire.

Les fascistes japonais, allemands et italiens purent maintenir une certaine supériorité militaire pendant un temps et enregistrer quelques « brillants faits d’armes », après avoir déclenché la guerre, mais les impérialistes américains ne cessent d’essuyer des défaites, et leur supériorité aéronavale tant vantée s’est avérée inopérante. Si les Etats-Unis ont sur leurs devanciers l’avantage des bombes atomiques, ils ont cependant vite perdu leur monopole nucléaire et leur chantage nucléaire s’avère de plus en plus inopérant. Plus aucune arme ne peut intimider les peuples qui veulent la révolution et veulent s’émanciper.

La bombe atomique n’effraie que les couards qui ont abandonné toute volonté révolutionnaire, elle n’effraie pas le peuple révolutionnaire.

Les bombes atomiques américaines, dont la fabrication va croissant depuis vingt ans, n’ont pu empêcher le feu de la lutte contre l’impérialisme, pour la libération nationale, de monter de plus en plus en Asie, en Afrique et en Amérique latine, et elles n’ont pas épargné à l’impérialisme américain des défaites de plus en plus désastreuses dans ses guerres d’agression, Il a essuyé et continue à essuyer des coups foudroyants et des échecs lamentables en Chine, en Corée, au Vietnam, au Laos, au Congo (L), à Cuba, en République Dominicaine, partout où le peuple se dresse pour résister à son agression.

Sa défaite est telle au Sud-Vietnam que ses chargés de presse ont dû admettre qu’avec toute leur supériorité aéronavale, les forces américaines se trouvent au Sud-Vietnam battues « par quelques dizaines de milliers de partisans qui sont des paysans nu-pieds, armés de fusils, de grenades, et parfois seulement de coutelas de fabrication locale ».

« Nous [les Etats-Unis] sommes capables d’aller dans la lune, mais pas dans un hameau sud-vietnamien sans escorte armée » [1], disent-ils sur un ton plein d’affliction. La guerre d’agression a déjà valu des échecs honteux à l’impérialisme américain et l’avenir verra sa défaite totale.

L’héroïque peuple sud-vietnamien combat intrépidement, il acquiert par sa grandiose guerre de résistance contre les Etats-Unis une puissance qui ne cesse de croître ; il a acculé les agresseurs américains dans l’impasse, donnant par là un magnifique exemple de lutte contre l’impérialisme américain à tous les peuples du monde. La défaite de l’impérialisme américain au Sud-Vietnam est certaine.

Il ne peut y échapper, quelle que soit l’importance des renforts qu’il pourrait envoyer, quels que soient les subterfuges auxquels il pourrait encore recourir. Les forces d’agression impérialistes américaines marchent inexorablement vers leur tombe, et l’héroïque peuple vietnamien avance irrésistiblement vers la libération du Sud-Vietnam et la réunification de tout le Vietnam.

Nous disons que les impérialistes américains peuvent être vaincus, parce que les alliances militaires contre-révolutionnaires mises sur pied par les Etats-Unis sont en pleine désagrégation. Entre les folles ambitions et l’insuffisance des effectifs de l’impérialisme américain, la contradiction est plus flagrante encore que celle que connurent ses devanciers. Plus il étend ses pattes, plus nombreuses seront les cordes qui lui seront passées au cou, et plus proche sera le jour où les peuples le traîneront à la potence.

Dans les années 30, les fascistes allemands, japonais et italiens parvinrent tant bien que mal, malgré les nombreuses contradictions entre eux, à constituer un axe qui tînt un certain temps, et déclenchèrent la Seconde guerre mondiale.

Tandis que les diverses alliances militaires de caractère agressif, laborieusement montées par l’impérialisme américain après la guerre, connaissent une situation qui n’est nullement enviable. Le CENTO, autrefois Pacte de Bagdad, n’existe depuis longtemps que de nom ; l’OTASE est frappée de paralysie et au sein de l’OTAN, entre les pays membres, c’est du compagnonnage forcé, « unis par les lèvres mais divisés par le cœur ».

En créant ces alliances militaires au nom de l’« anticommunisme » et de l’« antisocialisme », les impérialistes américains visaient en fait et avant tout à prendre en main les vastes zones intermédiaires situées entre les Etats-Unis et le camp socialiste et à les placer sous leur contrôle.

Les pays liés par ces traités sont les premiers à souffrir du contrôle militaire, de la pénétration économique et de l’intervention politique des Etats-Unis. Chez eux, la politique américaine se heurte non seulement à l’énergique opposition des grandes masses populaires, mais elle suscite aussi des contradictions entre l’impérialisme américain et les classes dominantes et les aggrave. Aussi les alliances échafaudées par l’impérialisme américain vont-elles irrémédiablement vers la désagrégation la plus complète.

En témoigne de façon éclatante la situation dans laquelle les Etats-Unis sont plongés par leur guerre d’agression au Vietnam. « Nous avons beau chercher sur toute la surface du globe, nous n’y trouvons pas un défenseur véritable et actif de notre politique » [2], pour reprendre les termes de la presse bourgeoise américaine. Les Etats-Unis étaient parvenus malgré tout, après avoir déclenché la guerre de Corée, à mettre sur pied une armée de l’ONU, composée de troupes de seize pays. Aujourd’hui, une dizaine d’années plus tard, ils se trouvent dans l’impossibilité de pratiquer le même jeu avec le Vietnam.

Appétit insatiable, trop grande présomption de leurs capacités, surestimation de leurs forces, sous-estimation de la puissance du peuple, voilà la maladie commune aux impérialistes et à tous les réactionnaires et elle est incurable. Hitler et Tojo se tournèrent contre de nouveaux adversaires sans même avoir vaincu les premiers, alors que leurs forces étaient dispersées sur un front déjà très étendu. Ils hâtèrent ainsi leur défaite.

C’est une leçon d’histoire pour les impérialistes. Mais il n’est rien dont ils soient capables de tirer la leçon. L’impérialisme américain n’est-il pas, aujourd’hui, sur la voie de Hitler et de Tojo ? Ne répète-t-il pas l’erreur de ses devanciers ?

Son armée ne dépasse pas 3 millions d’hommes et il l’a pourtant disséminée aux quatre coins du monde. Il a porté la guerre au Nord-Vietnam et il cherche à l’étendre à la Chine, alors qu’il n’a même pas pu conquérir le Sud-Vietnam. Cela peut-il lui valoir autre chose que la précipitation de sa défaite ?

Et en hâtant sa montée aux échelons de sa guerre d’agression au Vietnam, conformément à sa stratégie de l’« escalade », il ne fait que courir plus vite à sa perte totale.

Nous disons que les impérialistes américains peuvent être vaincus, parce qu’ils éprouvent de plus en plus de difficultés, en cette époque où les peuples du monde entier connaissent un éveil sans précédent, à étendre la guerre en recourant à la propagande anticommuniste et en attisant les sentiments racistes.

Durant les années 30, les fascistes japonais, allemands et italiens montèrent tout un jeu de théories réactionnaires et forgèrent d’innombrables et infâmes mensonges pour mystifier le peuple, exciter l’hystérie anticommuniste, et la bestialité raciste ; ils purent ainsi provoquer la Seconde guerre mondiale qui coûta la vie à des millions et des millions d’hommes.

Mais, comme le camarade Mao Tsé-toung l’a dit : « la guerre a beaucoup appris aux peuples, ils gagneront la guerre, la paix et le progrès aussi sera à eux » [3].

La guerre antifasciste leur a permis de mieux apprécier le Parti communiste et le socialisme. Ceux qui se tournèrent vers le Parti communiste et le socialisme devinrent de plus en plus nombreux. Les peuples de toutes les couleurs discernèrent de plus en plus clairement la propagande trompeuse des racistes. La propagande anticommuniste des fascistes et leur théorie de la nation élue ont honteusement échoué.

L’impérialisme américain a beau seriner tous les lieux communs possibles sur la supériorité américaine, l’« anticommunisme » et l’« antisocialisme », de moins en moins nombreux sont ceux qui ajoutent foi à ses absurdités.

Les faits ne manquent pas qui montrent clairement que l’« anticommunisme » prôné par les impérialistes américains n’est autre chose que l’opposition à tous ceux qui se refusent à devenir leurs esclaves, à tous ceux qui défendent leur indépendance, leur souveraineté et leur dignité nationales, à tous ceux qui n’acceptent pas leur agression, leur contrôle, leur intervention et leurs mesures vexatoires.

Les actes criminels commis par l’impérialisme américain au nom de l’« anticommunisme » ont amené plus de 90 pour cent de la population mondiale à se lever en masse pour le battre, et il se voit ainsi réduit à un état d’isolement qu’il n’a jamais connu.

Aux Etats-Unis mêmes se déroule un mouvement de masse s’opposant ouvertement à la politique d’agression et de guerre de l’administration Johnson, et la lutte de la population noire contre la violence s’y poursuit, tous deux d’une ampleur sans précédent dans l’histoire du pays.

Si la guerre d’agression de l’impérialisme est vouée à l’échec, la raison fondamentale en est qu’il est coupé du peuple, qu’il en est l’ennemi. Tous ceux qui sont loin du peuple, qui lui sont hostiles finiront par échouer, quoi qu’il leur soit possible de tromper quelquefois le peuple. Défaite limitée dans une guerre limitée, grande défaite dans une grande guerre, défaite complète dans une guerre générale, tel sera le sort inéluctable que l’impérialisme récoltera avec ses guerres d’agression contre les peuples.

C’est pour la même raison que les fascistes japonais et allemands, triomphants matamores à un moment, ont finalement connu la défaite. Cette même raison vaudra le même sort aux impérialistes américains.

Les impérialistes américains peuvent être vaincus, et la raison fondamentale en est que le marxisme-léninisme s’est considérablement développé après la Seconde guerre mondiale et qu’il est devenu une arme idéologique plus puissante que jamais à laquelle le peuple révolutionnaire recourt pour sa libération.

La victoire que la Chine a remportée par sa Guerre de Résistance contre le Japon et par l’ensemble de sa révolution est une victoire de la pensée de Mao Tsé-toung, pensée qui allie la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise.

La grande pensée de Mao Tsé-toung est un développement créateur du marxisme-léninisme. Elle s’enrichit et se développe sans cesse dans la pratique de la révolution et de l’édification socialiste du peuple chinois. Cette pratique a démontré que la pensée de Mao Tsé-toung est science et vérité, et la lutte en cours sur le plan mondial contre les impérialistes, les réactionnaires et les révisionnistes modernes continue à le démontrer.

Elle est donc le joyau de la révolution du peuple chinois, celui de toutes les nations et de tous les peuples opprimés, de la révolution mondiale du prolétariat. Puissante arme idéologique pour le combat contre l’impérialisme et toute la réaction, la pensée de Mao Tsé-toung l’est aussi pour la lutte contre le révisionnisme et le dogmatisme modernes.

L’histoire de la révolution chinoise nous apprend qu’une fois alliée à la pratique concrète de la révolution du pays, la vérité universelle du marxisme-léninisme engendre aussitôt une force immense, qui permet à la révolution de ce pays de prendre une tournure toute nouvelle, de s’assurer la victoire.

Le grand débat de ces dernières années entre les deux lignes au sein du mouvement communiste international est d’une immense portée historique, car il a eu, entre autres, pour effet de contribuer à propager au maximum le marxisme-léninisme et d’accélérer l’union de la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution de tous les peuples, ce qui hâtera inévitablement la fin des impérialistes américains et de leurs laquais, précipitera la faillite complète du révisionnisme moderne et donnera une impulsion au développement victorieux de la cause de la lutte des peuples du monde entier pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme, ainsi qu’au développement victorieux de la cause de la révolution mondiale du prolétariat.

Les révisionnistes khrouchtchéviens, qui se plient au chantage nucléaire de l’impérialisme américain, propagent la terreur de la guerre et de l’arme nucléaire, et prétendent qu’un pays sans armes nucléaires ne peut l’emporter sur un pays détenant ces armes, que la moindre étincelle du feu de la guerre de libération nationale, si elle n’est pas aussitôt écrasée, peut dégénérer en une guerre nucléaire mondiale qui détruirait notre planète de fond en comble, qu’il serait regrettable que soient réduites en cendres, en raison de la résistance persévérante à l’agression impérialiste, les réalisations obtenues par les pays socialistes à la suite des longues années d’efforts de leur édification pacifique, etc., etc.

Bref, c’est intimider au moyen de la guerre et de l’arme nucléaire et ne pas admettre que l’on fasse la révolution. Ils esquissent parfois des gestes anti-américains, font mine d’aider la lutte révolutionnaire des autres peuples et recourent à des tours mesquins.

Mais ils cherchent tout bonnement avec tout cela à mystifier le peuple, à placer les révolutions des autres peuples sous leur contrôle pour les intégrer à leur sphère révisionniste ; pour en user comme d’un capital politique dans leurs transactions avec l’impérialisme américain. Ils tiennent à jouir personnellement de la tranquillité, à pactiser avec le potentat nucléaire américain en vue de dominer le monde, et ils n’ont pas hésité à trahir leurs frères et amis pour y parvenir.

Leur conduite a considérablement encouragé l’impérialisme américain dans ses aventures guerrières et stimulé son arrogante agressivité. Le chantage à la guerre de l’impérialisme américain n’a pu intimider le peuple, et est-ce la propagande des révisionnistes khrouchtchéviens sur la terreur de la guerre nucléaire qui y parviendra ?

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne peuvent, par leurs agissements, ni étouffer le feu de la lutte anti-impérialiste des peuples de partout, ni s’arroger une sécurité. De même que tous les révisionnistes du passé, ils finiront par connaître un sort lamentable.

EN CÉLÉBRANT LA GRANDE VICTOIRE REMPORTÉE PAR LA GUERRE DE RÉSISTANCE CONTRE LE JAPON, NOUS NE DEVONS PAS PERDRE DE VUE LA LEÇON HISTORIQUE QUE NOUS ONT DONNÉE LES FASCISTES JAPONAIS, ALLEMANDS ET ITALIENS EN DÉCLENCHANT LA GUERRE AU NOM DE LA « PAIX », ET NOUS DEVONS REDOUBLER DE VIGILANCE DEVANT LES MANŒUVRES PAR LESQUELLES LES IMPÉRIALISTES AMÉRICAINS CHERCHENT A DÉCLENCHER ET A ÉTENDRE LA GUERRE D’AGRESSION SOUS LE COUVERT TROMPEUR DE LA « PAIX » ,ET COMBATTRE ÉNERGIQUEMENT LES ACTES DE TRAHISON DES RÉVISIONNISTES KHROUCHTCHEVIENS QUI TROMPENT LES PEUPLES DU MONDE ENTIER.

L’impérialisme se sert d’une double tactique contre-révolutionnaire, guerre et paix truquée, pour faire face aux nations et aux peuples opprimés. Les impérialistes américains se trouvent aujourd’hui dans une position stratégique plus défavorable et se heurtent à de plus graves difficultés pour déclencher la guerre et l’étendre que les fascistes japonais, allemands et italiens n’en ont éprouvées ; c’est pour cela qu’ils recourent plus souvent et avec plus de ruse à des subterfuges pacifiques afin de tromper les peuples et d’étayer leurs agissements belliqueux.

L’expérience historique montre que l’impérialisme recourt toujours à des prétextes du genre « défense de la liberté », « pour la paix et l’ordre », lorsqu’il déclenche une guerre, son but étant de couvrir son agression et de mystifier le peuple. Les fascistes japonais ne perpétrèrent-ils pas leur agression de grand style contre la Chine au nom de l’établissement d’« un ordre nouveau en Asie orientale » ?

Les fascistes allemands ne déclenchèrent-ils pas la guerre au nom de la création d’un « ordre nouveau européen » ? Après la Seconde guerre mondiale, les présidents successifs des Etats-Unis ont repris, à plusieurs reprises, les clameurs de leurs devanciers. Johnson déclama que « le gouvernement des Etats-Unis assume la responsabilité historique de conduire le monde libre » [4].

L’objectif poursuivi par les Etats-Unis au Vietnam, et ailleurs dans le monde, « est d’aider à la restauration de la paix et au rétablissement d’un ordre adéquat » [5], disait-il, et il affirmait que la présence de troupes américaines au Vietnam avait aussi pour but de « renforcer l’ordre dans le monde » [6]. Ne s’agit-il pas du refrain même que poussaient les fascistes japonais, allemands et italiens ?

Quelle est la « liberté » que Johnson entend défendre ?

Le président Mao Tsé-toung a montré de façon pénétrante que c’est « la liberté de massacrer les autres peuples à l’aide d’avions, de navires de guerre et de canons. La liberté d’occuper des territoires, de fouler aux pieds la souveraineté des autres nations selon son bon plaisir, la liberté de tuer et de piller comme des bandits de grand chemin. La liberté d’écraser les autres pays et les autres peuples sous sa botte » [7].

Quel est l’« ordre » que Johnson entend établir et renforcer ? C’est celui des gangsters, celui qui lui permet de massacrer, d’incendier et qui interdit au peuple de riposter en légitime défense. En Chine, les fascistes japonais avaient assis leur « ordre nouveau » par leur politique de « massacre total, incendie total, pillage total ».

Les fascistes allemands, quant à eux, avaient assis leur « ordre nouveau » par la création de camps de concentration du genre Auschwitz.

Aujourd’hui, un autre « ordre nouveau » règne, il est présent dans l’agression, le pillage et le massacre perpétrés par les Etats-Unis en Asie, en Afrique et en Amérique latine, dans les bases militaires qu’ils ont installées partout dans le monde.

Le type même de l’« ordre nouveau » du fascisme américain est présent, plus particulièrement dans les hameaux stratégiques que les Etats-Unis ont montés au Sud-Vietnam, dans le massacre de la population sud-vietnamienne, dans l’utilisation massive et barbare de poisons chimiques pour détruire les conditions de survie de la population sud-vietnamienne, ainsi que dans le bombardement fébrile de paisibles populations civiles, de digues et de barrages, d’hôpitaux et d’écoles au Nord-Vietnam. Quelle nation amoureuse de la liberté pourrait tolérer pareil « ordre » ?

Et la résistance la plus ferme ne doit-elle pas être opposée à cet « ordre » lorsque l’impérialisme américain vient à l’imposer ?

L’histoire de la Guerre de Résistance contre le Japon et la brûlante réalité de la lutte anti-américaine nous enseignent qu’il n’y a pas de liberté pour le peuple lorsque l’impérialisme et la réaction jouissent de la « liberté », et que le peuple doit leur enlever la « liberté » s’il veut jouir de la sienne. Le jour où tous les pays et tous les peuples victimes des vexations, de l’oppression, du contrôle, du pillage et de l’agression de l’impérialisme américain se dresseront pour arracher sa liberté à celui-ci, leur liberté sera à portée de la main.

L’expérience historique nous apprend que l’impérialisme répand généralement un opaque rideau de « paix » pour émousser la vigilance du peuple, affaiblir sa volonté de combat, lorsqu’il se prépare à déclencher ou à étendre la guerre, lorsque la guerre évolue à ’son désavantage, ou lorsqu’il cherche à diviser et à amollir les forces de résistance des pays victimes.

L’impérialisme japonais ne prêchait-il pas à cor et à cri le « règlement pacifique » de la question sino-japonaise au moment même où il passait à la guerre d’agression généralisée contre la Chine ?

Et n’a-t-il pas appâté une fois de plus, à l’époque, le gouvernement du Kuomintang avec la paix, par des conditions du genre du retrait de ses troupes de la Chine centrale et méridionale, lorsqu’il lui fallait consolider les positions conquises et chercher à diviser le front antijaponais en Chine, après l’occupation de Wouhan et après avoir rempli les premiers objectifs de sa guerre ?

Ces derniers temps, l’administration Johnson agite vivement son rameau d’olivier, elle chante sans se lasser ses vieilles antiennes, « discussions sans conditions » et « règlement pacifique », mais ne cesse d’expédier des renforts au Sud-Vietnam et d’élargir ses bombardements au Nord-Vietnam.

Le gouvernement et le peuple vietnamiens lui ont opposé un refus solennel et elle ne se le tient pas pour dit, elle continue à nourrir les rumeurs selon lesquelles « la fenêtre reste ouverte à la paix » [8]. Elle a aussi parlé de recours à « toutes les ressources… des Nations unies » pour « réaliser la paix » [9].

Pourquoi tant de zèle dans la recherche de la paix ? La mèche est éventée, la guerre d’agression des Etats-Unis contre le Vietnam se heurte à la condamnation et à l’opposition énergiques de tous les peuples, peuple américain y compris ; et la guerre populaire du Sud-Vietnam a mis le colosse impérialiste américain mal en point, et il est à bout de ressources.

C’est pour cela que l’administration Johnson se voit forcée de mettre à contribution les « négociations pacifiques », qui n’ont pour tout but que de tromper les peuples, d’apaiser l’opinion mondiale, de semer la discorde, d’atténuer les sentiments anti-américains, et de gagner du temps pour consolider les positions, souffler un peu, amasser des forces et passer à de nouvelles aventures de plus grande envergure.

Il y a longtemps que nous avons souligné que chaque hymne à la paix entonné par l’impérialisme américain cache une bûche qui vient s’ajouter au foyer de sa guerre d’agression au Vietnam. Plus retentissants sont ses hymnes, plus violent est l’incendie, et à chaque fois la guerre monte d’un échelon.

C’est dans le même temps où elle intensifie ses tromperies à la paix que l’administration Johnson accélère ses envois de renforts au Sud-Vietnam et continue à élargir ses bombardements au Nord-Vietnam.

Elle menace le peuple vietnamien en disant qu’elle l’amènera autour du tapis vert par « la mort et la désolation » [10].

Elle menace le peuple chinois et les autres peuples du Sud-Est asiatique en leur claironnant que les Etats-Unis sont prêts à entreprendre une guerre asiatique. Elle n’a pas reculé devant de flagrantes provocations à la guerre dirigées contre le peuple chinois, elle a allégué que « l’idée de sanctuaire est morte » [11].

Elle a même envoyé des avions dans le ciel de notre île de Hainan et de notre province du Yunnan pour y faire du harcèlement. Des actes de guerre, un chantage à la guerre d’une telle fébrilité, ne font-ils pas apparaître avec toute la clarté voulue ce que Johnson entend par « règlement pacifique » ?

Bref, tout comme les fascistes japonais, allemands et italiens, les impérialistes américains massacrent, puis couvrent de gants blancs leurs mains tachées de sang et mettent un masque de bouddha sur leur mufle de loup.

Cependant, ce sont leurs agissements qui font apparaître leurs mensonges. Plus ils essayent de dissimuler leurs crocs et leurs griffes ensanglantés, mieux ils se révèlent, apparaissent au grand jour sous leur vrai visage, se faisant ainsi, pour les peuples, les meilleurs professeurs par l’exemple négatif.

Et de plus en plus nombreux sont ceux qui, instruits par des centaines et des centaines de leçons sanglantes, ne se laissent plus attraper ; le peuple a compris qu’il ne peut gagner une paix véritable qu’en luttant résolument et jusqu’au bout contre l’impérialisme américain et en déjouant son plan de guerre d’agression.

Les révisionnistes khrouchtchéviens sont venus chanter en chœur avec les impérialistes américains au moment même où la duperie exercée par ceux-ci s’avérait de plus en plus inopérante. Ils ont proclamé que Johnson est « sensé » et « raisonnable », que les Etats-Unis veulent une solution pacifique à la question vietnamienne, qu’il faut leur donner un coup de main pour trouver une porte de sortie honorable, etc., etc.

En enjolivant avec tant de zèle l’impérialisme américain et en aidant avec tant de dévouement l’administration Johnson à mystifier le peuple, ils ont trahi de la manière la plus infâme le marxisme-léninisme, les pays frères et les peuples du monde entier.

Mais il y a beau temps que les mensonges de l’impérialisme américain ont été percés à jour. Et de quelle aide peut lui être le coup de main d’une poignée de révisionnistes khrouchtchéviens ? Ceux-ci ne feront que révéler davantage leur vraie face de traître s’ils s’obstinent dans leurs agissements, et ils s’affirmeront une fois de plus comme des professeurs par l’exemple négatif pour les peuples du monde entier.

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne sont qu’une poignée, ils se sont sérieusement coupés du peuple, de plus de 90 pour cent de la population de chez eux et de plus de 90 pour cent de la population mondiale.

Phénomène néfaste, leur apparition a nui pendant un temps à la cause révolutionnaire des peuples. Mais ils ont beaucoup appris aux peuples, par leur exemple négatif, ils leur ont dessillé les yeux, ils ont élevé le degré de conscience des peuples, et ce fut là une immense contribution à la promotion de la grande unité révolutionnaire des peuples du monde entier. Le phénomène est donc en même temps positif.

Quelle que soit l’énergie que les révisionnistes khrouchtchéviens mettront à provoquer des troubles, rien ne pourra modifier la situation où le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest, nulle force ne pourra endiguer le torrent de la révolution des peuples, et la défaite définitive de l’impérialisme américain est certaine.

LA CÉLÉBRATION DE LA GRANDE VICTOIRE REMPORTÉE PAR LA GUERRE DE RÉSISTANCE CONTRE LE JAPON SIGNIFIE AUSSI QUE NOUS DEVONS POURSUIVRE ET DÉVELOPPER LES TRADITIONS RÉVOLUTIONNAIRES DE NOTRE PARTI ET DE NOTRE ARMÉE, QUE NOUS DEVONS ETRE PRÊTS A CONTRE-CARRER L’AGRESSION IMPÉRIALISTE AMÉRICAINE ET RENFORCER NOTRE SOUTIEN AU PEUPLE VIETNAMIEN ET AUX AUTRES PEUPLES DANS LEUR LUTTE ANTI-AMÉRICAINE.

Les impérialistes américains ont commis tous les crimes et accumulent les erreurs ; leurs jours sont comptés. Mais l’impérialisme américain est le plus puissant des impérialismes, il ne se résigne pas à la défaite et il ne daignera pas s’arrêter là où il en est. Il précipite l’« escalade » de sa guerre d’agression au Vietnam et ne cesse de proclamer qu’il compte étendre la guerre à la Chine.

C’est le sursaut désespéré de celui qui ne rencontre qu’échecs lamentables au Vietnam et dans diverses régions du monde. Il se pourrait que la rage le prenne au cours des efforts qu’il fait pour échapper à la défaite. Cette possibilité ne peut être négligée en aucun cas et nous devons être prêts à faire face à l’extension de sa guerre d’agression au Vietnam et à ses tentatives de nous imposer la guerre.

Il existe mille et une manières de s’y préparer ; mais le plus important, l’essentiel, c’est de porter bien haut le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Tsé-toung et de bien préparer la guerre populaire dans tous les domaines, conformément à la théorie du camarade Mao Tsé-toung.

Le mouvement de masse pour l’étude des œuvres du président Mao Tsé-toung, qui bat son plein à travers le pays, est en fait une des mesures fondamentales qui permet de nous armer moralement avec le marxisme-léninisme, de mener à bien notre travail dans tous les domaines, et de nous tenir prêts pour la guerre.

L’article du camarade Lin Piao, publié aujourd’hui dans la presse quotidienne est de l’excellent matériel d’enseignement au sujet de la pensée du camarade Mao Tsé-toung sur la guerre populaire. Je ne m’étendrai pas plus longuement sur ce point.

Je vais m’arrêter sur la question de la poursuite et du développement de nos traditions révolutionnaires. Bien poursuivre et développer nos traditions révolutionnaires constitue une importante garantie pour vaincre définitivement l’impérialisme américain.

Qu’entend-on par traditions révolutionnaires de notre Parti et de notre armée ? Nous les appelons habituellement traditions des monts Tsingkang, traditions de notre vieille Armée rouge, traditions de Yenan, traditions de la VIIIe Armée de Route, traditions de l’Armée populaire de Libération.

Ce sont les traditions révolutionnaires établies au cours de la lutte dans les monts Tsingkang où le camarade Mao Tsé-toung créa l’Armée rouge ; elles ne cessèrent de s’enrichir et de se développer durant les vingt-deux longues années de guerres révolutionnaires du peuple.

Ce sont aussi les traditions du « style de travail trois-huit » et de « la démocratie en matière politique, économique et militaire » sur lesquelles le camarade Lin Piao a mis l’accent à plusieurs reprises, ces dernières années, ainsi que les traditions qu’il a synthétisées par les formules « la politique au premier plan » et « les quatre primautés », également au cours des dernières années.

Si le peuple tout entier a pris avec enthousiasme l’Armée de Libération pour modèle, c’est essentiellement pour vulgariser et développer plus avant ces traditions révolutionnaires de notre Parti.

Elles sont l’expression concentrée de l’excellent style et des nobles qualités que le peuple chinois a acquis graduellement sous la direction du Parti communiste chinois, au cours de la longue guerre révolutionnaire.

Ces traditions, extrêmement riches en contenu, comportent comme élément premier, essentiel, l’esprit révolutionnaire qui veut qu’on se tienne fermement aux côtés du peuple, qu’on le serve de tout cœur, avec un entier désintéressement et dévouement, qu’on se guide en tout sur l’intérêt suprême du peuple et de la révolution, et qu’on considère comme le plus grand bonheur de la vie celui de se consacrer à la cause de la libération du peuple.

Animé de cet esprit, on fera preuve d’un héroïsme sans pareil, on bravera la mort dans la lutte révolutionnaire, et loin de craindre les difficultés, on en sera fier. Chacun fera jouer pleinement son activité créatrice, et recourra à toute son initiative, tous ses talents et toute son intelligence,

Chacun saura se débarrasser de toutes les tendances pernicieuses, comprendre et appliquer de la façon la plus correcte la politique et les décisions du Parti, surmonter difficulté après difficulté et aller de victoire en victoire dans la guerre révolutionnaire et dans toute autre entreprise révolutionnaire.

L’homme qui possédera ces traditions sera le plus courageux, le plus intelligent et le plus capable ; si une unité armée possède ces traditions, elle sera la plus combative, la plus vaillante, elle agira avec la plus grande souplesse et remportera le plus de victoires.

Dans le passé, c’est grâce à ces traditions révolutionnaires que nous avons vaincu les impérialistes japonais et les réactionnaires kuomintaniens. A l’avenir, nous continuerons à nous appuyer sur ces mêmes traditions pour mettre complètement en échec les impérialistes américains et les réactionnaires qui oseraient déclencher la guerre contre nous.

Au moment où l’impérialisme américain intensifie ses préparatifs en vue d’étendre la guerre, il nous est d’autant plus nécessaire de voir clairement sa nature belliqueuse et de nous tenir moralement prêts à parer à toutes les éventualités.

Il est donc d’autant plus nécessaire de ne pas oublier les fours difficiles du passé, de préconiser et de développer l’intrépidité dont il a été fait preuve à l’époque de la guerre révolutionnaire, et qui se manifeste par la persévérance dans le travail et le courage au combat, par le mépris des difficultés et de la mort.

Les impérialistes et les réactionnaires ont toujours cherché à soumettre le peuple révolutionnaire par la « mort » et les « difficultés ». Et si le peuple chinois et l’Armée populaire de Libération de Chine ont pu abattre tous les ennemis au lieu de se laisser écraser par eux, c’est parce que, forts des enseignements du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung, ils ont fait preuve de cet esprit révolutionnaire conséquent, de ce mépris des difficultés et de la mort.

Que reste-t-il à craindre au monde si l’on ne redoute ni les difficultés ni la mort au nom de la cause révolutionnaire ? Qu’est-ce qui pourrait donc nous écraser ? Quels miracles ne sont pas à notre portée ?

Les impérialistes ont toujours recouru au massacre pour maintenir leur domination et conquérir des pays. Ils sont armés jusqu’aux dents, ils disposent de tous les engins de mort.

Et à ceux qui craignent à en mourir les avions, les canons et les bombes atomiques des impérialistes, qui plient sous la menace de la mort, il ne reste donc qu’à se rendre à l’ennemi. Pourrait-il encore être question de libération nationale et de libération du peuple dans ces conditions ?

Au début de la Guerre de Résistance contre le Japon, l’impérialisme japonais disposait d’un armement et d’un équipement d’innombrables fois supérieurs aux nôtres. Il y a peu d’exemples, dans l’histoire des guerres, d’une disproportion aussi accentuée dans le rapport des forces.

L’impérialisme japonais mit sa supériorité militaire à profit, il effectua contre nos bases antijaponaises de multiples opérations de « ratissage » d’une rare cruauté, il appliqua une politique d’une ignoble sauvagerie : incendie total, pillage total, massacre total, il créa de sinistres no man’s land. En un mot, il essaya d’intimider le peuple chinois par la menace de la « mort ».

Mais une longue guerre contre l’agression avait enseigné la vérité que voici au peuple chinois : Pas de libération, d’émancipation sans qu’il n’y ait de sang à verser et de sacrifices à consentir. L’effusion de sang et les sacrifices ne peuvent être réduits que lorsqu’on ne les craint pas. Le sang versé et les sacrifices consentis par une minorité permettent d’épargner l’effusion de sang et les sacrifices à l’écrasante majorité.

A la lumière des enseignements du Parti et du camarade Mao Tsé-toung, le peuple chinois s’est aguerri dans son combat révolutionnaire qui l’a doté d’un héroïsme collectif dont l’expression est l’intrépidité et le mépris devant la mort dans la lutte pour sa propre libération, pour la libération de la patrie, pour l’émancipation de toute l’humanité.

Un exemple type de cet héroïsme révolutionnaire a été fourni, durant la résistance antijaponaise, par les cinq vaillants combattants des monts Langya. Cette tradition a été pleinement développée aussi bien au cours de la Guerre de Libération que de la Guerre de Résistance à l’Agression américaine et d’Aide à la Corée, que dans la lutte de ces dernières années pour la défense de notre espace aérien, de nos eaux territoriales et de nos frontières et dans les contre-attaques menées en légitime défense sur la frontière sino-indienne.

Parmi les héros que ces combats ont vu surgir, figurent Lieou Hou-lan, Tong Tsouen-jouei, Houang Ki-kouang, Yang Ken-se, An Yé-min, Tou Feng-jouei, Louo Kouang-sié, Semayi-maimaiti et Tchen Tai-fou, appelé Houang Ki-kouang vivant, ainsi que Wou Yuan-ming qui, seul, tint tête, au pont de Tsehjao, à des dizaines de soldats indiens qui l’encerclaient et le provoquaient, sans reculer d’un pas.

D’autres héros et personnages exemplaires, dont Lei Feng, Hsiang Sieou-li, Eouyang Hai, Sié Tchen et Siu Hsiué-houei se sont également affirmés pendant la révolution et l’édification socialistes. Tous sont de grandes figures. Leur esprit de sacrifice envers la cause révolutionnaire sera toujours un modèle pour nous.

Les impérialistes suscitent des difficultés au peuple en lutte contre leur agression, non seulement en recourant au massacre, mais aussi à la destruction par des opérations de guerre et au blocus économique, espérant par-là menacer le peuple dans son existence même et l’amener finalement à ployer le genou.

Les impérialistes japonais agirent de la sorte face à la population et à l’armée qui les combattaient. Et les impérialistes américains essayent aujourd’hui d’utiliser les mêmes procédés contre nous. Si l’on est dépourvu de caractère, si l’on ne peut supporter les privations et subir l’épreuve des difficultés, on ne pourra faire triompher la guerre contre l’agression.

Nous avons combattu inflexiblement sans aucune aide matérielle de l’étranger durant la Guerre de Résistance contre le Japon, alors que nous étions pris sous le feu combiné des impérialistes japonais et des réactionnaires kuomintaniens, et que nous souffrions de leur blocus. Les difficultés étaient vraiment grandes, tant et si bien qu’à un moment, nous fûmes sur le point d’être privés de tout, vivres et vêtements.

Mais, à l’appel du Comité central du Parti et du camarade Mao Tsé-toung, et en faisant donner à fond l’esprit intrépide de l’Armée rouge qui lui avait fait gravir les montagnes neigeuses et franchir les steppes marécageuses au cours de sa Longue Marche de 25.000 lis, la population et l’armée des bases antijaponaises se lancèrent dans le combat contre les difficultés.

Responsables et hommes du rang, cadres et soldats, armée et population se nourrirent avec du son et des plantes sauvages, défrichèrent et cultivèrent, rivalisèrent pour la première place dans les privations à subir et la dernière dans les quelques rares joies à s’accorder.

Et qu’advint-il ? Le résultat fut que le blocus de l’ennemi et les difficultés matérielles ne parvinrent pas à nous réduire, que nous surmontâmes les difficultés et vainquîmes l’ennemi.

Cette âpre tradition de combat fait partie de notre patrimoine révolutionnaire. Elle a été pleinement développée depuis notre victoire sur le plan national. Voici plus de dix ans que la « Bonne 8ème Compagnie de la rue de Nankin », repoussant fermement les assauts des idées bourgeoises de toutes nuances, a su garder intactes les qualités du peuple travailleur et de l’armée révolutionnaire.

Dans l’édification industrielle et agricole, les champs de pétrole de Taking et la brigade de production de Tatchai sont des exemples des grands succès obtenus grâce à la mise en œuvre de l’esprit de la confiance en soi, du travail ardu et de l’âpreté dans la lutte.

Ce sont là de nouveaux développements de cette tradition révolutionnaire. Cet esprit par lequel les traditions révolutionnaires de notre Parti et de notre armée ont été maintenues et mises en valeur dans les nouvelles conditions historiques doit être vulgarisé et développé au maximum sur tous les fronts de la révolution et de l’édification socialistes de notre pays.

Le peuple chinois, fort de 650 millions d’hommes, poursuivra fermement la révolution jusqu’au bout, sous le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Tsé-toung, qu’il porte au plus haut. Ni les difficultés ni la mort ne l’effraient.

Il ose et il sait lutter et vaincre. Partant, aucune difficulté ne pourrait nous réduire à merci, aucune force au monde ne pourrait l’emporter sur nous. Les visées des impérialistes et des réactionnaires quant à un nouvel asservissement du peuple chinois ne peuvent qu’aboutir à un échec complet.

Déplacer une montagne doit être plus facile à réaliser que soumettre le peuple chinois !

Nous sommes profondément convaincus qu’à la lumière de la juste ligne marxiste-léniniste du Parti, le peuple chinois, éduqué par le Parti communiste chinois et le camarade Mao Tsé-toung, saura poursuivre et développer l’esprit révolutionnaire conséquent et les glorieuses traditions de travail ardu et d’âpre lutte, qu’il saura prendre toutes les mesures efficaces pour que son pouvoir, qui est solide comme l’acier, ne change jamais de couleur, qu’il saura poursuivre avec succès la révolution et l’édification socialistes, soutenir les peuples du monde dans les mouvements révolutionnaires qu’ils mènent pour abattre l’impérialisme et ses laquais, qu’il saura assurer, dans l’avenir, le passage du socialisme au communisme.

Camarades et Amis,

L’impérialisme américain accélère l’application de sa stratégie globale contre-révolutionnaire en vue d’asseoir son hégémonie mondiale et il intensifie sa guerre d’agression contre le peuple vietnamien.

Nous tenons à avertir une fois de plus l’administration Johnson que la politique de soutien que le peuple chinois pratique vis-à-vis de la lutte des peuples contre l’impérialisme américain et ses laquais, vis-à-vis de la lutte du peuple vietnamien contre l’agression américaine et pour le salut de la patrie, est forme et inébranlable.

Elle l’était, elle l’est et continuera à l’être, jusqu’à ce que les agresseurs américains se soient retirés totalement, complètement et radicalement du Sud-Vietnam et des territoires étrangers qu’il a envahis et qu’il occupe.

L’impérialisme américain qui agit en ennemi du peuple chinois continue à occuper notre terre de Taïwan. Nous sommes décidés à libérer Taïwan et à faire aboutir la cause sacrée de la réunification de notre patrie.

Nous, peuple chinois, nous chérissons la paix, mais en aucun cas nous ne craignons la guerre. Peu importe, si les impérialistes américains s’obstinent à vouloir nous l’imposer.

Qu’ils viennent par air, par mer, par voie terrestre, qu’ils viennent par dizaines ou centaines de milliers, par millions ou plus, qu’ils viennent avec leurs effectifs au complet, plus nombreux ils seront, mieux cela vaudra.

S’ils viennent, nous les exterminerons ; plus il en viendra, plus il y en aura d’exterminés. Si l’ensemble de leurs effectifs vient, cet ensemble sera exterminé.

Les agresseurs américains se sont profondément enfoncés dans le bourbier sous l’effet de la guerre populaire que leur livre la population sud-vietnamienne et ils ne peuvent s’en tirer. Si l’impérialisme américain pousse la témérité jusqu’à envoyer ses troupes envahir la Chine, c’est son anéantissement total qui l’attendra.

II cherche à se servir d’une poignée d’éléments fascistes japonais pour ressusciter le militarisme japonais, en faire son homme de main dans la nouvelle guerre qu’il viendrait à déclencher en Orient ; et s’appuyant sur lui, ces éléments essayent de reprendre vie et d’effectuer un retour contre le peuple chinois et les autres peuples d’Asie afin de renflouer leur vieux rêve de « sphère de coprospérité de la grande Asie orientale ». Leurs calculs sont fantasques.

Aujourd’hui, la Chine est un grand pays socialiste, un bon nombre de pays asiatiques mènent une lutte révolutionnaire victorieuse contre l’impérialisme américain et ses laquais. Et plus éveillé que jamais, le grand peuple japonais fait déferler les vagues de son indignation contre la politique d’agression des Etats-Unis, contre la renaissance du militarisme.

Les impérialistes américains et les réactionnaires japonais espèrent à pareil moment pouvoir convertir le peuple japonais en chair à canon au service de l’agression, mais cela n’aura pour autre résultat que de hâter l’avènement d’un nouveau Japon, libre et indépendant, entièrement débarrassé de l’occupation militaire américaine.

Camarades et Amis,

Dès le début de la Guerre de Résistance contre le Japon, le camarade Mao Tsé-toung disait : « Notre guerre est une guerre sacrée, juste et progressiste ; son but est la paix, non pas la paix pour un seul pays, mais la paix pour tous les pays du monde, non pas une paix temporaire, mais une paix perpétuelle. Pour atteindre ce but, il faut mener une lutte à mort, il faut être prêt à accepter n’importe quel sacrifice et tenir jusqu’au bout ; il ne faut jamais cesser la lutte avant que le but soit atteint. Les pertes seront grandes, il faudra beaucoup de temps, mais devant nos yeux se dessine avec clarté l’image d’un monde nouveau où régneront pour toujours la paix et la lumière. Ce qui nous soutient dans cette guerre, c’est justement la conviction que de nos efforts vont naître la Chine nouvelle et Je monde nouveau où régneront pour toujours la paix et la lumière. » [12]

Conformément aux instructions du camarade Mao Tsé-toung, le peuple chinois triompha, au bout des huit années de sa Guerre de Résistance, de l’impérialisme japonais qui l’avait longtemps tenu sous son joug et l’avait humilié, et il contribua de façon importante à la guerre mondiale antifasciste.

Aujourd’hui, si l‘Impérialisme américain pousse la témérité jusqu’à déclencher une guerre d’agression contre la Chine, le peuple chinois saura certainement infliger à l’agresseur la défaite totale, et de concert avec les peuples du monde entier, vaincre définitivement l’ennemi commun le plus féroce des peuples, l’impérialisme américain, ainsi que ses laquais, et apporter une nouvelle contribution à la victoire encore plus grande de la paix mondiale, de la libération nationale, de la démocratie populaire et du socialisme.

La victoire sera au peuple chinois ! Elle sera également aux peuples et aux nations opprimés du monde entier !

Vive la grande unité anti-américaine des peuples du monde !

Vive le grand peuple chinois !

Vive la grande République populaire de Chine !

Vive le grand et glorieux Parti communiste chinois à la juste politique !

Vive le président Mao Tsé-toung, notre grand guide !


[1] Mission in Torment, par John Mecklin, ancien directeur de l’U.S. Information Service à Saigon.

[2] Walter Lippmann ; New York Herald Tribune, 21 avril 1965.

[3] « Du gouvernement de coalition » (20 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome III.

[4] L. Johnson, discours du 12 octobre 1964.

[5] L. Johnson, allocution à l’American Bar Association., 12 août 1964.

[6] L. Johnson, discours à la Johns Hopkins University, 7 avril 1965.

[7] « Déclaration de Mao Tsé-toung soutenant la résistance du peuple dominicain contre l’agression armée américaine », 12 mai 1965.

[8] L. Johnson, déclaration sur le Vietnam, 17 avril 1965.

[9] L. Johnson, à sa conférence de presse du 28 juillet 1965.

[10] Ibidem.

[11] Rusk, au cours du Programme de Radio et Télévision (Questions et Réponses) de l’American Broadcasting Corporation du 11 juillet 1965.

[12] « De la guerre prolongée » (mai 1938), Écrits militaires de Mao Tsé-toung.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Un contre dix sur le plan stratégique, dix contre un sur le plan tactique (1965)

Écrit par la rédaction du Hongqi, 16 aout 1965 

La pensée de Mao Tsé-toung, c’est, à l’époque où l’impérialisme approche de sa ruine totale et où le socialisme marche vers la victoire mondiale, l’héritage du marxisme-léninisme recueilli et développé avec génie, d’une façon créatrice et dans tous les domaines ; c’est le sommet du marxisme-léninisme de notre époque ; c’est la plus haute et la plus vivante expression du marxisme-léninisme.

Le camarade Mao Tsé-toung est le plus grand marxiste-léniniste de notre temps.

La pensée de Mao Tsé-toung s’est développée dans la pratique de la révolution démocratique populaire, de la révolution socialiste et de l’édification socialiste de notre pays ; elle s’est développée dans la lutte de notre Parti et des marxistes-léninistes des divers pays contre l’impérialisme et le révisionnisme moderne ; elle s’est développée en faisant le bilan des nouvelles expériences acquises dans la lutte des peuples et des nations opprimés contre l’impérialisme et les réactionnaires de tous les pays ; elle s’est développée en faisant le bilan des nouvelles expériences acquises dans la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat sur le plan mondial depuis la Grande Révolution socialiste d’Octobre ; elle s’est développée en tirant la grave et cruelle leçon de l’usurpation de la direction du Parti, de l’armée et du gouvernement par la clique khrouchtchévienne de l’Union soviétique, qui a conduit ce pays du système socialiste à la voie de la restauration du capitalisme.

La pensée de Mao Tsé-toung a été et demeure le seul guide correct dans les diverses étapes de la révolution chinoise ; elle est la puissante arme idéologique de la révolution des peuples et nations opprimés contre l’impérialisme, le révisionnisme moderne et tous les réactionnaires.

La pensée de Mao Tsé-toung est l’instruction suprême pour chaque domaine de travail du Parti communiste chinois et de l’Armée populaire de Libération de Chine. Depuis ses débuts, l’A.P.L. a mené une lutte prolongée et héroïque sous la direction du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung pour vaincre les ennemis intérieurs et étrangers et libérer la Chine.

La révolution chinoise prit la lutte armée comme principale forme de lutte ; en anéantissant l’une après l’autre les forces armées contre-révolutionnaires et en écrasant l’appareil d’Etat réactionnaire dans une région après l’autre, elle s’empara finalement du pouvoir d’Etat dans tout le pays et mit fin à la domination réactionnaire de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.

L’expérience historique de la révolution chinoise, qui a remporté cette grande victoire, a donné une preuve convaincante de la sagesse, de la grandeur et de la justesse de la pensée de Mao Tsé-toung. Le drapeau de la pensée de Mao Tsé-toung est le drapeau de la victoire.

Au moment de sa création, l’armée révolutionnaire du peuple chinois était inférieure tarit en nombre qu’en équipement aux forces armées réactionnaires du Kuomintang, soutenues par les impérialistes. Pendant une très longue période, elle fut assiégée et constamment attaquée par un puissant ennemi.

Par conséquent, oser combattre et remporter la victoire en se battant un contre dix sur le plan stratégique et être à même de combattre et de remporter la victoire en se battant dix contre un sur le plan tactique devint une question capitale.

Ce fut le camarade Mao Tsé-toung qui, intégrant la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise, formula la ligne politique et militaire juste pour la révolution chinoise.

Partant des principes fondamentaux d’une guerre populaire et d’une armée populaire, il élabora la ligne directrice et les principes pour l’édification d’une telle armée populaire, résolut une série de problèmes stratégiques et tactiques concernant la manière dont une armée populaire peut vaincre un ennemi plus puissant qu’elle et mena la lutte révolutionnaire armée du peuple chinois de victoire en victoire.

La pensée fondamentale du camarade Mao Tsé-toung sur la stratégie et la tactique d’une guerre populaire est de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une ; et c’est aussi la méthode traditionnelle de combat de notre armée.

Cette méthode a évolué et s’est développée au cours de la pratique des guerres révolutionnaires chinoises et dans les luttes contre les lignes militaires erronées de l’opportunisme « de gauche » et de droite.

Elle a grandement contribué à l’anéantissement des ennemis intérieurs et étrangers du peuple chinois et à la victoire à l’échelle nationale.

Ainsi que l’a souligné le camarade Mao Tsé-toung : « Si l’Armée rouge chinoise, apparaissant dans l’arène de la guerre civile comme une armée peu nombreuse et faible, a pu à maintes reprises infliger des défaites à un ennemi puissant et étonner le monde par ses victoires, cela est dû largement à l’emploi qu’elle a fait de la concentration des forces ». (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Il dit par ailleurs : « Pratiquer cette méthode, c’est aller à la victoire ; ne pas la pratiquer, c’est aller à la défaite. » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Pour acquérir une profonde connaissance de la pensée militaire du camarade Mao Tsé-toung et faire une étude générale de la riche expérience de combat accumulée par notre armée au cours de plusieurs décennies, il est extrêmement important d’étudier sérieusement la méthode qui consiste à combattre en concentrant une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.

I. La méthode de combat par « concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une » est l’expression concrète de la pensée stratégique et tactique : « Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique mais en tenir pleinement compte du point de vue tactique » dans les luttes militaires

Pour assurer la victoire à la révolution, il est de toute première importance d’évaluer correctement la situation en ce qui concerne l’ennemi et nous-mêmes et d’avoir une idée générale correcte sur le plan stratégique et tactique.

En se fondant sur l’expérience acquise dans la lutte prolongée contre l’ennemi intérieur et étranger et sur les points de vue du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, et après avoir analysé l’histoire de Chine et du monde et la situation internationale contemporaine, le camarade Mao Tsé-toung a avancé la célèbre thèse selon laquelle « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » ; il a formulé le grand concept stratégique et tactique marxiste-léniniste consistant à mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et à en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné maintes et maintes fois que bien que l’impérialisme et tous les réactionnaires paraissent puissants, ils représentent les classes réactionnaires et décadentes.

La loi du développement historique détermine leur inévitable destin.

Par conséquent, le peuple révolutionnaire doit les considérer, de par leur nature et à longue échéance, ni plus ni moins comme des tigres en papier ; il doit les mépriser du point de vue stratégique, oser lutter contre eux et oser arracher la victoire et baser là-dessus sa pensée stratégique.

En même temps, le camarade Mao Tsé-toung a aussi indiqué à maintes reprises que tout comme il n’existe pas au monde une chose qui n’ait une nature double, de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont une double nature.

Avant d’être finalement vaincus, ils peuvent être puissants pendant un certain temps, jouir encore d’un avantage militaire temporaire et décimer le peuple. De ce point de vue, ils sont des tigres vivants, réels et de fer.

Par conséquent, du point de vue tactique, en ce qui concerne chaque lutte spécifique, le peuple révolutionnaire doit tenir pleinement compte de l’ennemi, être prudent, faire preuve d’art dans la lutte et baser ses conceptions tactiques sur ces données.

C’est seulement en combinant un esprit révolutionnaire intrépide avec un art militaire inventif et souple qu’il lui sera possible de remporter la victoire dans chaque rencontre spécifique et, finalement, d’atteindre le but qui est de vaincre l’ennemi.

Résumant l’expérience de la Deuxième guerre civile révolutionnaire (1927-1937), le camarade Mao Tsé-toung a dit :

« Notre stratégie, c’est de nous battre ’à un contre dix’, mais notre tactique, c’est de nous battre ’à dix contre un’. Voilà Tune des lois fondamentales qui garantissent notre victoire sur l’ennemi. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Il a poursuivi : « Nous vainquons des effectifs supérieurs avec des effectifs inférieurs – voilà ce que nous déclarons à l’ensemble des forces dominantes de la Chine.

Mais en même temps, nous vainquons des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs – voilà ce que nous déclarons à cette partie des forces ennemies avec laquelle nous nous mesurons sur le champ de bataille. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et en tenir pleinement compte du point de vue tactique peut être considéré comme une généralisation sur un plan plus élevé du point de vue suivant : « se battre à un contre dix » et « vaincre des effectifs supérieurs avec des effectifs inférieurs » sur le plan de la stratégie et « se battre à dix contre un » et « vaincre des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs » sur le plan de la tactique.

La méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est une expression condensée dans la lutte militaire de l’idée de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique ; c’est une expression concrète du concept de « se battre à dix contre un » et de « vaincre des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs » dans le domaine de la tactique.

Dans une lutte militaire, c’est parce que nous tenons pleinement compte de l’ennemi et ne sous-estimons pas sa force que nous soulignons la nécessité de bien se préparer pour chaque bataille et de ne pas engager le combat sans préparation ou sans être certains de son issue victorieuse ; nous nous opposons à la mentalité qui consiste à compter sur la chance, à la mentalité qui consiste à prendre l’ennemi à la légère et à agir de façon téméraire ; nous faisons en sorte d’être certains que chaque bataille engagée sera victorieuse, sinon nous l’évitons.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Plusieurs solides gaillards ont facilement raison d’un seul. C’est une vérité élémentaire. » (« De la guerre prolongée », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Ainsi, dans chaque bataille, nous concentrons une force deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois supérieure à celle de l’ennemi.

Nous nous assurons ainsi la victoire.

En même temps, nous attachons une très grande importance à l’art de diriger les batailles ; nous veillons à profiter des faiblesses, des erreurs et des contradictions internes de l’ennemi et d’autres conditions favorables pour nous afin d’anéantir ses forces une a une.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une par une et l’ennemi ne peut être écrasé que morceau par morceau.
Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une, les paysans ne peuvent labourer la terre que parcelle par parcelle. ( … ) C’est ce qu’on appelle la solution un par un.

Et en langage militaire, cela s’appelle écraser l’ennemi un par un. » (Mao Tsé-toung sur l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier)

La méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une traduit également l’idée de mépriser l’ennemi du point de vue stratégique.

Car ce n’est qu’en méprisant l’ennemi du point de vue stratégique, et en faisant preuve de l’esprit révolutionnaire et militant d’être prêt à « nous battre à un contre dix », que nous pouvons conserver notre sang-froid en face d’un ennemi puissant et ne pas nous laisser intimider par son attitude menaçante ou tromper par une situation complexe ; c’est seulement ainsi que nous oserons concentrer nos forces et porter des coups à l’ennemi.

D’autre part, les victoires remportées dans les campagnes et batailles en recourant à cette méthode de combat éduqueront davantage le peuple et son armée et leur permettront de voir clairement, de par leur propre expérience, que l’ennemi peut être vaincu et qu’il est absolument juste de le mépriser du point de vue stratégique.
Ce qui accroîtra inévitablement la confiance du peuple et de son armée dans la lutte contre l’ennemi et les encouragera à lutter et à remporter de plus grandes victoires encore.

Certains soutiennent que la tactique est subordonnée à la stratégie et qu’étant donné que nous devons, stratégiquement, « nous battre à un contre dix », nous ne pouvons « nous battre à dix contre un » tactiquement, sinon la tactique sera en conflit avec la stratégie.

Ceux-là envisagent les choses d’une façon métaphysique. Ils ne comprennent pas le rapport dialectique entre la stratégie et la tactique.

Lorsque nous parlons de la subordination de la tactique à la stratégie, nous voulons dire que toute la tactique doit assurer efficacement l’application du principe stratégique et la réalisation du but stratégique.

La stratégie et la tactique, tout en étant étroitement liées, se distinguent l’une de l’autre.

Leur interconnexion se traduit par le fait que la tactique est subordonnée à la stratégie et sert le but stratégique.

Mais l’objet de l’étude de la science de la stratégie, ce sont les lois qui régissent la direction d’une guerre dans son ensemble tandis que l’objet de l’étude de la science des tactiques, ce sont les lois qui régissent la direction de certaines parties d’une guerre ; là réside la différence.

Par exemple, notre principe stratégique dans la Guerre de résistance contre le Japon était « une guerre défensive prolongée sur les lignes intérieures » tandis que notre principe opérationnel fondamental au cours des campagnes et batailles était « une guerre offensive de décision rapide sur les lignes extérieures ».

Les deux semblent opposés, mais le premier ne pourrait être réalisé sans le second.
De même, « se battre à un contre dix » stratégiquement et « se battre à dix contre un » tactiquement semblent opposés, mais le dernier principe est le moyen nécessaire pour réaliser le premier.

Si nous ignorons la différence entre la stratégie et la tactique et soulignons la nécessité de nous « battre à un contre dix » dans des batailles spécifiques, nous commettrons certainement l’erreur de sous-estimer l’ennemi et d’agir de façon imprudente.

Il est évident que dans certaines circonstances où tous les avantages sont de notre côté en ce qui concerne le soutien des masses, le terrain, les conditions climatiques et l’adversaire particulier ou si une tâche de combat particulière doit être assumée, il peut y avoir de nombreuses occasions dans lesquelles des campagnes ou des batailles sont engagées avec des effectifs inférieurs contre des effectifs supérieurs.

Mais nous devons insister sur l’utilisation d’effectifs supérieurs pour vaincre des effectifs inférieurs et sur la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, car c’est là notre concept directeur dans les opérations, notre principale méthode de combat.

On peut donc voir que la méthode de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une montre à la fois notre esprit révolutionnaire d’oser lutter et remporter la victoire, notre attitude strictement scientifique et notre art de lutte souple et inventif.

Elle traduit concrètement dans la lutte militaire le grand concept marxiste-léniniste de stratégie et de tactique, l’idée de mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et d’en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

II. La concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est la méthode la plus efficace de combat pour changer une situation dans laquelle l’ennemi est puissant tandis que nous sommes faibles et pour hâter la victoire finale

Au début, et pendant une assez longue période, les forces armées révolutionnaires du peuple sont toujours relativement faibles, peu nombreuses et soumises à des attaques continuelles et à « l’encerclement et à l’anéantissement » par des ennemis puissants.

Telle est habituellement la situation objective en ce qui concerne le rapport des forces.
Aux yeux des marxistes-léninistes, cette situation peut être changée. Le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « Nous pouvons sortir de notre infériorité et de notre passivité stratégiques relatives en nous assurant, dans un grand nombre de campagnes, la supériorité et l’initiative locales, de façon à arracher à l’ennemi la supériorité et l’initiative sur le plan local et à le condamner à l’infériorité et à la passivité.

L’ensemble de ces succès locaux nous permettra d’acquérir la supériorité et l’initiative stratégiques, et l’ennemi se trouvera réduit à l’infériorité et à la passivité stratégique.

La possibilité d’un tel tournant dépend d’une direction subjective juste. » (« De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Cette juste direction envisage, tout d’abord et avant tout, d’appliquer la méthode de combat caractérisée par la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.
Cette méthode de combat a été largement utilisée dans toutes les périodes historiques de la guerre révolutionnaire en Chine.

Elle a joué un rôle très important en changeant la situation en ce qui concerne l’avance et la retraite, l’offensive et la défensive, et le combat sur les lignes intérieures ou extérieures, aussi bien qu’en permettant à notre armée de se transformer de faible en forte et de passer de l’infériorité à la supériorité.

Elle a été mise à l’épreuve tout au long de la pratique prolongée de la guerre révolutionnaire et s’est révélée juste.

Durant la période de la Deuxième guerre civile révolutionnaire, le camarade Mao Tsé-toung fit, à la lumière de la vérité universelle du marxisme-léninisme, une analyse approfondie de la situation dans laquelle l’ennemi était fort tandis que l’Armée rouge était faible.

Il a souligné que la guerre révolutionnaire en Chine se trouvait dans des conditions à la fois favorables et défavorables, c’est-à-dire que l’Armée rouge pouvait croître et vaincre l’ennemi, mais qu’elle n’y parviendrait pas à brève échéance. Telle était la loi fondamentale régissant la guerre révolutionnaire en Chine.

En vertu de cette loi, le camarade Mao Tsé-toung a formulé toute une série de principes et de méthodes d’opérations tels que « disperser les forces pour soulever les masses, concentrer les forces pour faire face à l’ennemi », « l’ennemi avance, nous reculons ; l’ennemi s’immobilise, nous le harcelons ; l’ennemi s’épuise, nous le frappons ; l’ennemi recule, nous le pourchassons » ; « créer des bases révolutionnaires stables, recourir à la tactique de la progression par vagues ; au cas où l’on est talonné par un ennemi puissant, adopter la tactique qui consiste à tourner en rond », « attirer l’adversaire loin dans l’intérieur de notre territoire » et « concentrer des forces supérieures, choisir les endroits faibles de l’ennemi ; par des actions assurées, anéantir, en manœuvrant, une partie, voire la plus grande partie de l’adversaire, battre les ennemis un par un » ; et c’est ainsi qu’il a résolu le problème le plus difficile : comment la faible et petite Armée rouge pourrait-elle vaincre un ennemi puissant ?

De 1930 à 1933, en recourant à la stratégie et à la tactique susmentionnées, l’Armée rouge des Ouvriers et des Paysans, sous la direction du camarade Mao Tsé-toung, a réussi à écraser les quatre campagnes contre-révolutionnaires d’ »encerclement et d’anéantissement » déclenchées par Tchiang Kaï-chek. De cette façon, l’Armée rouge augmenta ses forces et étendit les bases révolutionnaires.

Vers la fin de 1930, Tchiang Kaï-chek concentra 7 divisions, soit une force évaluée à 100.000 hommes environ, et tenta d’en finir une fois pour toutes avec l’Armée rouge en adoptant la tactique d’une attaque conjuguée en plusieurs colonnes dans sa campagne « d’encerclement et d’anéantissement » contre l’Armée rouge centrale qui se trouvait dans le Kiangsi.

Avec une force nettement inférieure de 40.000 hommes, nous adoptâmes le principe d’attirer l’ennemi loin à l’intérieur de notre territoire pour l’anéantir unité par unité en concentrant nos forces. Les 40.000 hommes attaquèrent par surprise la division ennemie commandée par Tchang Houei-tsan et l’anéantirent. Puis, poursuivant leur avance, ils détruisirent encore la moitié de la division de Tan Tao-yuan. Ainsi fut brisée la première campagne « d’encerclement et d’anéantissement ».

En mai 1931, l’ennemi déclencha sa seconde campagne avec 200.000 hommes, alors que les effectifs de l’Armée rouge des régions soviétiques centrales au Kiangsi ne s’élevaient qu’à une trentaine de milliers d’hommes, c’est-à-dire qu’ils étaient inférieurs même à ceux de la première campagne. Cette fois-là encore, nos troupes adoptèrent le même principe, et mirent en déroute 11 régiments de Wang Kin-yu et autres, en profitant des contradictions chez l’ennemi.

Puis, elles passèrent à l’attaque contre les autres fronts ennemis. Après avoir remporté successivement cinq victoires et capturé plus de 20.000 armes en parcourant 350 kilomètres en 15 jours, elles finirent par briser la seconde campagne de l’ennemi.

En juillet 1931, Tchiang Kaï-chek déclencha sa troisième campagne avec 300.000 hommes divisés en trois colonnes. Lui-même en assurait le commandement. Son but était de liquider l’Armée rouge en l’obligeant à accepter la bataille sur les rives du Kankiang.

Notre armée, qui dut livrer de rudes combats dans la campagne précédente, n’avait pas encore eu le temps de compléter ses rangs et de se refaire ; ses effectifs s’élevaient toujours à 30.000 hommes environ. Face à cette situation, elle chercha « à éviter le gros des forces ennemies et à attaquer leurs points faibles ».

Dans le grand encerclement de l’ennemi, elle parcourut des centaines de kilomètres, se faufila par les brèches laissées par l’ennemi, amena celui-ci à manœuvrer comme elle le désirait, l’épuisa, et enfin trouva l’occasion de passer à l’attaque dans la région de Hsingkouo-Ningtou.

Les trois batailles qu’elle y livra furent toutes victorieuses, et plus de 10.000 armes furent capturées. L’Armée rouge anéantit par la suite une division plus une brigade ennemie lors du retrait de celles-ci. Trois mois de combats acharnés permirent à l’Armée rouge de briser la troisième campagne de l’ennemi.

Lors de la quatrième campagne où l’ennemi attaqua en trois colonnes la région soviétique centrale, nous concentrâmes nos forces sur le front ouest où nous mîmes deux divisions ennemies hors de combat, puis anéantîmes une autre division sur le front central.

Ces deux opérations permirent à notre armée de s’enrichir de plus de 10.000 armes. La quatrième campagne de l’ennemi fut ainsi pratiquement brisée.

Mais l’Armée rouge ne parvint pas à briser la cinquième campagne d’ »encerclement et d’anéantissement » lancée par l’ennemi et subit de lourdes pertes, parce que les opportunistes « de gauche », faisant leur apparition pour la troisième fois, agirent diamétralement à rencontre de la ligne militaire du camarade Mao Tsé-toung.

Durant la période de la Guerre de résistance contre le Japon (1937-1945), le camarade Mao Tsé-toung, après avoir fait une juste analyse des caractéristiques de l’ennemi et de nous-mêmes et de la situation intérieure et internationale, expliqua que la Guerre de résistance contre le Japon allait inévitablement être une guerre prolongée.

Il réfuta la « théorie de l’asservissement inéluctable de la Chine » et la « théorie de la victoire rapide » et prédit de manière scientifique le développement de la guerre en trois étapes stratégiques. (« La première sera l’étape de l’offensive stratégique de l’ennemi et de notre défensive stratégique ; la deuxième, l’étape de la consolidation stratégique des positions de l’ennemi et de notre préparation à la contre-offensive ; la troisième, l’étape de notre contre-offensive stratégique et de la retraite stratégique de l’ennemi. » Dans : « De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao)

Ainsi fut défini le principe général d’une guerre prolongée et formulé le principe stratégique spécifique : « les opérations offensives dans une guerre défensive, les opérations de décision rapide dans une guerre de longue durée et les opérations à l’extérieur des lignes dans la guerre à l’intérieur des lignes ».

De cette manière, la méthode de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une connut un nouveau développement et différents moyens d’application dans des circonstances et des conditions nouvelles.

Le camarade Mao Tsé-toung conféra à la guerre de partisans dans la Guerre de résistance contre le Japon un rôle d’importance stratégique et a résolu ainsi correctement une série de problèmes sur la façon de conduire la guerre de partisans sur les arrières de l’ennemi.

Premièrement, il a nettement formulé le principe suivant : « notre armée recourait principalement à la dispersion des forces pour mener la guerre de partisans, et avait comme méthode auxiliaire la concentration des forces pour mener la guerre de mouvement » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung), et il a critiqué et réfuté le concept erroné de la « guerre de partisans de mouvement » formulé par les opportunistes de droite.

Deuxièmement, il a souligné la nécessité d’établir des bases d’appui. Celles-ci étaient des bases stratégiques que nous utilisions pour mener la guerre de partisans, conserver et renforcer nos forces et pour anéantir et chasser l’ennemi. Sans ces bases, la guerre de partisans n’aurait pu continuer ni se développer.

Et « une base d’appui de la guerre de partisans ne peut être réellement établie qu’après la réalisation graduelle des trois conditions fondamentales : créer des forces armées antijaponaises, infliger des défaites à l’ennemi et mobiliser les masses populaires ». (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Troisièmement, en ce qui concerne l’utilisation des forces dans la guerre de partisans, « les principales formes sont la dispersion, la concentration et le déplacement ». (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

C’est-à-dire que nous devons à un moment intégrer les parties en un tout et à un autre diviser le tout en parties et nous montrer subitement ici et un moment après ailleurs, et nous déplacer et combattre simultanément.

En ce qui concerne les relations entre la dispersion, la concentration et le déplacement, le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « La guerre de partisans, par sa nature même, se fait avec des forces dispersées, ce qui donne à ses opérations un caractère d’ubiquité.

En outre, une série d’autres tâches qui lui sont dévolues, celles de harceler l’ennemi, de l’immobiliser, de faire des sabotages et d’effectuer le travail de masse, exigent la dispersion des forces.

Cependant, les détachements et les corps de partisans doivent concentrer leurs forces principales lorsqu’ils se donnent pour tâche d’anéantir les forces de l’ennemi et surtout lorsqu’ils s’efforcent de briser l’offensive de l’ennemi.

‘Concentrer de grandes forces pour battre de petites unités de l’ennemi’ demeure l’un des principes des opérations militaires dans la guerre de partisans. » (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Lorsque les circonstances et les tâches l’exigent, les unités et les corps de partisans doivent se déplacer secrètement et avec la rapidité de l’éclair.

Quatrièmement, lorsque la guerre de partisans aura commencé et atteint une certaine ampleur, l’offensive de l’ennemi contre les bases d’appui de la guerre de partisans deviendra inéluctable.

C’est pourquoi, sur les arrières de l’ennemi, « le principe des opérations de partisans consiste à briser cette attaque concentrique en passant à la contre-attaque ». (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Mais comment écraser une attaque concentrique de ce genre ?

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « La disposition de nos troupes doit être calculée de façon à en utiliser une petite partie pour fixer les forces de plusieurs colonnes de l’ennemi, et à lancer nos forces principales contre une seule de ces colonnes, en adoptant dans nos campagnes et nos combats la méthode des attaques par surprise (essentiellement des embuscades) et en frappant l’ennemi pendant qu’il est en marche. »

« Une fois l’ennemi défait dans une direction, il faut porter rapidement nos forces dans une autre direction, et défaire ainsi par fraction l’ennemi qui se livre à une attaque concentrique. »(« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Au cours des huit années de la Guerre de résistance contre le Japon, notre armée a strictement observé ces principes stratégiques et tactiques du camarade Mao Tsé-toung. Elle a mené à une vaste échelle la guerre de partisans sur les arrières de l’ennemi et a établi des bases démocratiques antijaponaises. Elle a résisté à 64% des envahisseurs japonais et à plus de 95% des troupes fantoches et impitoyablement écrasé les opérations d’ »encerclement » et de « nettoyage », de « grignotage » et de « blocus ».

Pendant les moments les plus durs, l’ennemi a concentré la grande majorité de ses forces pour attaquer les bases démocratiques antijaponaises, employant plus de 800.000 hommes rien qu’en Chine du Nord.

Dans ces conditions, le gros de nos forces armées, les partisans locaux et la milice populaire s’unirent étroitement, coopérèrent l’un avec l’autre pour combattre avec souplesse à la fois sur les lignes intérieures et extérieures.

Ils inventèrent diverses tactiques ingénieuses : guerres des moineaux, des mines, des souterrains, dynamitage, opérations de partisans sur l’eau.

D’une part, une partie de nos forces principales était dispersée pour opérer en coordination avec les unités de la milice et des partisans afin d’investir et de harceler l’ennemi en utilisant mines, carabines et fusils de fortune, et grenades pour décimer l’ennemi.

D’autre part, le gros de nos forces principales se libéra de l’ »encerclement » ennemi et saisit les occasions pour attaquer l’ennemi, concentrer les forces afin d’anéantir les colonnes ou unités ennemies une à une et ainsi écraser les attaques de l’ennemi.
Au cours des huit années de la Guerre de résistance contre le Japon, notre armée a anéanti plus de 527.000 envahisseurs japonais et plus de 1.180.000 soldats fantoches, établi 19 bases d’appui démocratiques antijaponaises et libéré un vaste territoire avec une population de près de 100 millions d’habitants.

Notre armée passa ainsi de quelques dizaines de milliers d’hommes à plus de 900.000 hommes. Tout ceci a été un facteur pour la grande victoire finale dans la guerre de résistance.

Au cours de la période de la Troisième guerre civile révolutionnaire (1946-49), les troupes réactionnaires du Kuomintang totalisaient 4.300.000 hommes, dont 106 divisions étaient équipées par l’impérialisme américain ; elles avaient en outre repris l’équipement d’un million d’envahisseurs japonais à la fin de la Guerre de résistance.

Elles contrôlaient une région peuplée de plus de 300 millions d’habitants ainsi que toutes les grandes villes et la plupart des lignes de chemins de fer du pays.

Elles pouvaient être considérées comme puissantes. A cette époque, notre armée ne totalisait que 1.200.000 hommes, soit moins du tiers de celle du Kuomintang. De plus, elle était dispersée dans plus de dix bases d’appui, mal équipée et sans aide extérieure.

En juillet 1946, lorsque les réactionnaires du Kuomintang déclenchèrent une guerre civile d’une envergure sans précédent dans l’histoire, le camarade Mao Tsé-toung fit une analyse approfondie de la situation à cette époque.

Il indiqua que la force du gouvernement Tchiang Kaï-chek n’était que temporaire et superficielle, qu’en fait, c’était un gouvernement fort en apparence, mais faible au fond ; que ses offensives pouvaient être écrasées et que les masses se rebelleraient infailliblement contre lui, que ses partisans l’abandonneraient et que son armée serait complètement anéantie.

En vue de mettre en échec les attaques de la clique Tchiang Kaï-chek, le camarade Mao Tsé-toung formula le concept d’opérations : « la concentration de nos forces pour la guerre de mouvement doit être primordiale, et la dispersion de nos forces pour la guerre de partisans doit être complémentaire ».

En outre, en mettant en lumière les dix principes fondamentaux d’opération, il a de nouveau expliqué en termes concrets la méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.

Durant les quatre années de guerre, en mettant constamment en pratique cette méthode fondamentale de vaincre l’ennemi, notre armée mit hors de combat plus de 8 millions d’ennemis et libéra le continent chinois.

Les dix principes fondamentaux d’opération :

1. Attaquer d’abord les forces ennemies dispersées et isolées, et ensuite les forces ennemies concentrées et puissantes.

2. S’emparer d’abord des villes petites et moyennes et des vastes régions rurales, et ensuite des grandes villes.

3. Se fixer pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et non pas la défense ou la prise d’une ville ou d’un territoire. La possibilité de garder ou de prendre une ville ou un territoire résulte de l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et souvent une ville ou un territoire ne peut être tenu ou pris définitivement qu’après avoir changé de mains à plusieurs reprises.

4. A chaque bataille, concentrer des forces d’une supériorité absolue ( deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi), encercler complètement les forces ennemies, s’efforcer de les anéantir totalement, sans leur donner la possibilité de s’échapper du filet.

Dans des cas particuliers, infliger à l’ennemi des coups écrasants, c’est-à-dire concentrer toutes nos forces pour une attaque de front et une attaque sur l’un des flancs de l’ennemi ou sur les deux, afin d’anéantir une partie de ses troupes et mettre l’autre partie en déroute, de sorte que notre armée puisse déplacer rapidement ses forces pour écraser d’autres troupes ennemies.

S’efforcer d’éviter les batailles d’usure dans lesquelles les gains sont inférieurs aux pertes ou les compensent seulement. Ainsi, bien que dans l’ensemble nous soyons (numériquement parlant) en état d’infériorité, nous avons la supériorité absolue dans chaque secteur déterminé, dans chaque bataille, et ceci nous assure la victoire sur le plan opérationnel. Avec le temps, nous obtiendrons la supériorité dans l’ensemble et finalement nous anéantirons toutes les forces ennemies.

5. Ne pas engager de combat sans préparation, ou un combat dont l’issue victorieuse ne soit pas certaine. Faire les plus grands efforts pour se bien préparer à chaque engagement, faire les plus grands efforts pour s’assurer la victoire dans un rapport de conditions donné entre l’ennemi et nous.

6. Mettre pleinement en œuvre notre style de combat-bravoure, esprit de sacrifice, mépris de la fatigue et ténacité dans les combats continus (c’est-à-dire engagements successifs livrés en un court laps de temps et sans prendre de repos).

7. S’efforcer d’anéantir l’ennemi en recourant à la guerre de mouvement. En même temps, accorder une grande importance à la tactique d’attaque de positions dans le but de s’emparer des points fortifiés et des villes de l’ennemi.

8. En ce qui concerne l’attaque des villes, s’emparer résolument de tous les points fortifiés et de toutes les villes faiblement défendus par l’ennemi. S’emparer au moment propice de tous les points fortifiés et de toutes les villes modérément défendus par l’ennemi, à condition que les circonstances le permettent. Quant aux points fortifiés et villes de l’ennemi puissamment défendus, attendre que les conditions soient mûres, et alors les prendre.

9. Compléter nos forces à l’aide de toutes les armes et de la plus grande partie des effectifs pris à l’ennemi. Les sources principales d’hommes et de matériel pour notre armée sont au front.

10. Savoir mettre à profit l’intervalle entre deux campagnes pour reposer, instruire et consolider nos troupes. Les périodes de repos, d’instruction et de consolidation ne doivent pas, en général, être très longues, et, autant que possible, il ne faut pas laisser à l’ennemi le temps de reprendre haleine. (« La situation actuelle et nos tâches », Écrits militaires de Mao Tsé-toung.)

Au début de la guerre, les réactionnaires kuomintaniens mirent en ligne plus de 1.600.000 hommes pour lancer une offensive générale contre nous. Notre armée appliqua alors le principe de défense active, c’est-à-dire qu’elle fit de rapides retraites et avança sur de grandes distances, abandonna de sa propre initiative certaines villes et localités afin d’attirer l’ennemi loin dans l’intérieur, et ensuite concentra une force nettement supérieure et choisit des unités faibles et isolées de l’ennemi, pour les éliminer une à une pendant qu’elles étaient en déplacement.

C’est ainsi qu’en un an, 1.120.000 soldats ennemis furent anéantis, l’ennemi fut forcé de recourir à une défense générale tandis que notre armée passait de la défensive stratégique à l’offensive stratégique.

En juillet 1947, l’Armée de campagne du Chansi-Hopei-Chantong-Honan força le passage du fleuve Jaune et gagna la région des monts Tapie. Des offensives de grande envergure furent alors déclenchées par d’autres armées de campagne, constituant une offensive stratégique générale.

Dès lors, les principaux champs de bataille furent déplacés dans les régions contrôlées par le Kuomintang. En juin 1948, 2.640.000 soldats ennemis avaient été anéantis et d’énormes quantités d’armes et d’équipement capturées. Non seulement notre armée repoussa les attaques de Tchiang Kaï-chek, mais elle grossit également jusqu’à atteindre le chiffre de 2.800.000 soldats dans le cours de la guerre. De notables changements eurent ainsi lieu dans le rapport des forces militaires et la situation stratégique.

Les cinq corps stratégiques du Kuomintang furent respectivement enlisés dans les champs de bataille de la Chine du Nord-Est, de l’Est, du Nord, du Centre et du Nord-Ouest. Ils se trouvèrent réduits à la passivité en face des attaques et engagés dans une lutte désespérée.

A la lumière de ce développement de la situation militaire, le camarade Mao Tsé-toung vit que le moment était venu d’engager des batailles stratégiquement décisives.

Juste avant que Tchiang Kaï-chek tentât de retirer ses troupes et d’effectuer une retraite générale vers le sud, le camarade Mao Tsé-toung saisit promptement cette excellente occasion pour organiser et engager des campagnes d’une envergure sans précédent, celles de Liaoning-Chenyang, de Houai-Rai et de Peiping-Tientsin.

Ce furent trois grands engagements stratégiquement décisifs. Dans ces campagnes, la méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une fut perfectionnée et appliquée encore plus efficacement et plus judicieusement.

Tout en encerclant stratégiquement les troupes ennemies, notre armée adopta dans chaque campagne les tactiques consistant à couper, encercler et anéantir les unités ennemies, c’est-à-dire couper stratégiquement les corps stratégiques de l’ennemi, les diviser sur plusieurs champs de bataille et, sur chaque champ de bataille, les couper en plusieurs groupes isolés et concentrer alors une force supérieure pour anéantir ces groupes un à un.

En 141 jours, du 12 septembre 1948 au 31 janvier 1949, un total de 1.540.000 ennemis furent anéantis et l’ensemble de la Chine du Nord-Est et du Nord et d’autres vastes régions furent libérés.

Les forces principales de notre armée parvinrent jusqu’à la rive nord du Yangtsé, tandis que les troupes d’élite sur lesquelles comptait le Kuomintang pour mener sa guerre civile contre-révolutionnaire étaient pratiquement anéanties. Ce fait hâta considérablement la libération de l’ensemble du pays.

La pratique de la guerre révolutionnaire en Chine a prouvé que l’application de la méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, non seulement a changé notre position d’infériorité en position de supériorité quand nous occupions la première et l’ennemi la seconde, mais a hâté la victoire finale de la guerre révolutionnaire après que ces positions respectives eurent été interverties.

III. La guerre d’anéantissement est l’application de l’idée fondamentale de la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une

La guerre d’anéantissement est l’idée fondamentale de la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « La guerre d’anéantissement suppose la concentration de forces supérieures et l’adoption de la tactique des encerclements et des mouvements tournants ; elle est impossible sans cela. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

La guerre d’anéantissement est le principe essentiel et la pensée fondamentale guidant toutes les opérations de notre armée ; c’est l’essence de la brillante pensée stratégique et tactique du camarade Mao Tsé-toung. Elle figure dans tous les principes directeurs d’opérations dans la guerre révolutionnaire de Chine.

Engager une guerre d’anéantissement signifie lutter pour anéantir l’ennemi jusqu’au dernier dans chaque bataille afin que chaque compagnie, bataillon, régiment ou division éliminé diminue d’autant les forces ennemies.

De la sorte, l’ennemi perd des effectifs et du matériel et son moral est ainsi durement atteint ; il est découragé et démoralisé. Et même si les rangs de l’ennemi se reforment, plus il combat, plus il s’affaiblit. Cette méthode de lutte est le moyen le plus efficace pour affaiblir l’ennemi.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Dans une guerre contre un adversaire puissant, les actions qui visent à le mettre en déroute ne peuvent déterminer d’une manière radicale l’issue de la guerre, alors que les combats d’anéantissement produisent immédiatement de profondes répercussions chez l’adversaire, quel qu’il soit.

Dans une bagarre, il vaut mieux arracher un doigt à l’adversaire que de lui en blesser dix ; il vaut mieux anéantir une division de l’adversaire que d’en mettre dix en déroute. »(« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

C’est là une explication pénétrante du concept de la guerre d’anéantissement.

La concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est un principe intégral et indivisible d’opérations dans une guerre d’anéantissement.
Le rapport entre la concentration de forces et la destruction des forces ennemies une à une est dialectique, chacune formant la condition de l’existence de l’autre.

Ce n’est que par la concentration d’une force supérieure que les forces ennemies peuvent être anéanties une à une, et, en même temps, ce n’est qu’en adoptant la méthode d’anéantir les forces ennemies une à une qu’une supériorité de forces peut être facilement développée et maintenue.

Une juste application du principe de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une peut fournir simultanément la base matérielle et la méthode concrète pour mener une guerre d’anéantissement.

La concentration de forces est la base matérielle sur laquelle une guerre d’anéantissement est engagée. Marx a souligné : « La concentration est le secret de la stratégie »(K. Marx et F. Engels : « K. Marx, La révolte en Inde », La 1ère Guerre de l’indépendance indienne, 1857-59).

Le camarade Mao Tsé-toung a également indiqué : « L’initiative, ce n’est pas un concept abstrait, mais quelque chose de concret, de matériel. Ici, ce qui importe avant tout, c’est de conserver et de masser le maximum de forces actives. » (’ »Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Qu’importé que le rapport des forces soit en notre faveur ou non, les opérations doivent toujours être menées par la concentration de nos forces.

Notamment lorsque l’ennemi est puissant et que nous sommes faibles, ce n’est qu’en concentrant une force supérieure qu’il nous est possible de rassembler une force suffisante pour engager une bataille d’anéantissement et obtenir une décision rapide.

De cette manière, lorsque des opérations d’offensive sont lancées, nous pouvons rapidement percer les lignes de défense de l’ennemi, écraser ses renforts et ses contre-attaques, masser suffisamment de troupes pour le déborder, l’encercler et diviser ses forces, livrer un engagement après l’autre et exploiter rapidement le succès.

Lors d’opérations défensives, nous pouvons affaiblir les attaquants et leur infliger de lourdes pertes, gagner du temps pour nous-mêmes et même passer de la défensive à l’offensive.

Si nous ne concentrons pas une force supérieure, nous ne pouvons ni atteindre le but, qui est d’anéantir l’ennemi, ni livrer de rapides engagements et obtenir une décision rapide.

De plus, le déroulement des campagnes et des batailles peut aboutir soit à un équilibre stérile de forces, soit à la simple déroute de l’ennemi, soit à une guerre d’usure où les gains compensent mal les pertes, voire au danger d’être grignotés par l’ennemi.

Détruire les forces ennemies une à une est un important principe d’opérations quand on livre une guerre d’anéantissement, un principe qui doit être constamment observé par notre armée, stratégiquement et tactiquement.

Une fois nos forces concentrées, devons-nous adopter la méthode d’anéantir les forces ennemies d’un coup ou celle de les écraser une à une ?

Il est évident que ce n’est qu’en adoptant la première méthode que nous pouvons les liquider avec succès. Il en est notamment ainsi lorsque l’ennemi est puissant et que nous sommes faibles.

En affrontant un ennemi supérieur en nombre, nous ne pouvons employer qu’une méthode : fractionner et encercler les unités ennemies, afin de créer une supériorité dans chaque secteur pour les anéantir une à une. Cette méthode doit aussi être employée même en combattant un ennemi absolument inférieur. C’est seulement ainsi que nous pouvons rapidement et complètement anéantir l’ennemi avec le moins de pertes.

En concentrant une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, nous pouvons également envisager dialectiquement le rapport entre l’anéantissement des forces vives de l’ennemi et la défense ou la prise de villes.

C’est-à-dire que l’issue d’une guerre ne dépend pas de la prise ou de la perte d’une ville ou d’un territoire mais de la baisse ou de l’accroissement des forces vives des belligérants.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Le principe de concentration des forces pour anéantir celles de l’ennemi une à une a pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et non pas la défense ou la prise d’un territoire. » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Face aux attaques d’un puissant ennemi, en vue de concentrer nos forces pour anéantir les forces ennemies, il est nécessaire de l’amener à pénétrer profondément dans notre territoire, c’est-à-dire d’abandonner, de notre propre chef et selon un plan bien établi, un certain nombre de villes et de régions et d’y attirer l’adversaire pour l’attaquer.

C’est seulement ainsi que le peuple peut participer de différentes manières aux opérations et faire jouer au maximum la puissance de la guerre populaire.

C’est seulement en laissant l’adversaire pénétrer chez nous que nous pouvons l’obliger à disperser ses forces, à ployer sous le fardeau, à commettre des erreurs, c’est-à-dire faire en sorte que l’adversaire se laisse aller à la joie et ait les dix doigts occupés et les jambes embourbées.

Nous pouvons alors concentrer une force supérieure pour anéantir l’adversaire unité par unité, morceau par morceau. Et nous ne pouvons garder ou prendre en définitive les villes et les régions qu’après l’anéantissement des forces vives de l’ennemi.

Disperser nos forces pour interdire tous les accès et défendre obstinément chaque position par peur d’abandonner du terrain et que l’ennemi ne vienne faire de la casse est une tactique qui ne permet ni d’éliminer l’ennemi ni de défendre les villes et les régions, et nous la rejetons catégoriquement.

C’est ainsi qu’au cours de la première année de la Troisième guerre civile révolutionnaire, en vue de concentrer ses forces, d’acquérir une grande mobilité d’action et d’attirer les forces ennemies à l’intérieur, afin de les anéantir « une à une pendant leurs déplacements, notre armée a abandonné de sa propre initiative 105 villes importantes telles que Yenan, Tchangkiakeou, Tchengteh, Chenyang et Antong (actuellement Tantong), dont la lourde charge retombant sur l’ennemi réduisait considérablement sa force de frappe.

Dans le même temps, notre armée évita la force offensive principale de l’ennemi, déplaça ses troupes sur ses flancs et sur ses arrières pour rechercher la bataille dans des conditions favorables, anéantissant les forces ennemies en grand nombre pendant qu’elles étaient en marche. C’est ainsi que non seulement les villes perdues furent reprises mais que de nouvelles furent libérées.

Bien entendu, ne pas considérer la défense de villes et de territoires des régions de base comme notre principal objectif ne signifie nullement leur abandon arbitraire ou la liberté laissée à l’ennemi de les occuper aisément et sans coup férir.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Nous devons tenir ou prendre un territoire chaque fois que le rapport des forces entre l’ennemi et nous le permet, ou que ce territoire revêt une importance opérationnelle ou tactique. » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Observant fidèlement cette directive du camarade Mao Tsé-toung, au stade de la défense stratégique, notre armée, tout en anéantissant les forces vives de l’ennemi, a défendu résolument les villes et territoires qui devaient être gardés comme positions pour lancer les contre-offensives et offensives stratégiques.

A l’étape de l’offensive stratégique, notre armée lia étroitement l’anéantissement des forces vives de l’ennemi et la prise des villes et territoires, atteignant ainsi simultanément le but d’écraser l’ennemi, et accomplissant la tâche de défendre des villes et des territoires ou de s’en emparer.

Le principe fondamental des opérations de notre armée est de mener une guerre d’anéantissement, mais cela n’implique pas la négation totale de la guerre d’usure.

Quand l’ennemi est puissant et que nous sommes faibles, nous conseillons stratégiquement une guerre d’usure mais des combats d’anéantissement dans les campagnes et les combats, et de réaliser l’usure stratégique par ces derniers.

Ainsi que l’a dit le camarade Mao Tsé-toung : « les campagnes d’anéantissement sont un moyen pour user l’ennemi sur le plan stratégique » (« De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao Tsé-toung).

Par conséquent, à chaque fois que les circonstances sont favorables, nous devons concentrer une force supérieure, recourir à des tactiques d’encerclement et de débordement et livrer des batailles d’anéantissement.

Dans des circonstances particulières, nous pouvons aussi adopter la méthode consistant à porter des coups d’anéantissement à l’ennemi afin d’écraser une partie de ses forces tout en mettant une autre partie en déroute.

Dans les campagnes et les engagements, la bataille d’anéantissement est la méthode principale.

Mais elle a un auxiliaire : la bataille d’usure qui ne signifie nullement un « combat à l’usure ».

Par exemple, quand la principale force de notre armée est employée à anéantir certaines forces ennemies, il est parfois nécessaire dans d’autres directions de mener une bataille d’usure aux fins d’interception ou de fixation des forces ennemies.

IV. Comment concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une

La méthode de combat qui consiste à concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est d’une importance vitale dans une guerre d’anéantissement et de décision rapide pour remporter une victoire complète.

Aussi, comment cette méthode peut-elle être mise en pratique correctement et comment peut-on atteindre ce but : concentrer une force supérieure pour détruire les forces ennemies une à une ?

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « A première vue, la concentration des forces semble chose facile, mais dans la pratique, il n’en est pas ainsi. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Pour ce faire et sur le plan stratégique, les dirigeants militaires doivent garder la tête froide ; ils doivent être capables, sans se laisser abuser par des situations difficiles, d’analyser correctement la situation de l’ennemi et la nôtre ; ils doivent aussi être capables d’employer leurs troupes indépendamment et en toutes circonstances. Ils doivent pouvoir aborder correctement les problèmes importants suivants :

Premièrement, ils doivent correctement choisir la direction des opérations.

Décider de la direction principale et des directions secondaires des opérations est le premier problème qui doit être résolu quand on concentre les troupes et quand on forme un « poing » dans la disposition des troupes.

Il ne doit y avoir qu’une seule direction principale d’opération à la fois.

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « Si nous avons affaire à un ennemi puissant, nous devons utiliser, pour une période déterminée, nos forces, quelle que soit leur importance, dans une direction principale et non dans deux à la fois ». (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Pourquoi ne doit-il y avoir à la fois qu’une seule principale direction des opérations ?

Il en est ainsi parce qu’en dépit des réalités très complexes de la guerre et des nombreuses tâches opérationnelles à effectuer, il faut peser les avantages et les inconvénients, les gains et les pertes, déterminer la priorité et l’urgence de chaque action et tenir compte du potentiel des effectifs disponibles, afin de concentrer les troupes dans cette direction stratégique et tactique qui est à ce moment-là de la plus grande urgence et qui, sur le cours de la guerre, aura une grande portée.

De cette façon seulement, nous pouvons obtenir et conserver l’initiative, former et maintenir une force supérieure pour anéantir l’ennemi.

En insistant sur une direction principale des opérations, nous ne limitons pas les opérations à cette seule direction.

Une fois que cette direction principale est décidée, des opérations coordonnées dans des directions secondaires doivent être organisées. Ces opérations sont en rapport avec l’opération principale et en sont inséparables.

S’il n’y avait qu’une direction principale sans directions secondaires coordonnées, il serait impossible de diviser et d’immobiliser l’ennemi, de permettre à la direction principale de jouer son plein rôle et d’assurer la victoire de l’opération dans cette direction. Mais si aucune distinction n’est faite entre la direction principale et les directions secondaires, c’est de l’égalitarisme militaire.

Aussi, en déployant les forces, devons-nous donner la plus grande importance à la direction principale mais, du même coup, prendre en juste considération les directions secondaires et faire notre possible pour employer avec économie les troupes engagées dans ces directions afin d’assurer la supériorité dans la direction principale, unifiant ainsi toutes les opérations dans l’objectif commun d’anéantissement des forces ennemies.

Les forces utilisées dans la direction principale doivent être concentrées pour mener l’assaut principal. Mais celles qui sont employées dans les directions secondaires devront également concentrer leurs efforts dans leurs directions principales respectives, car c’est seulement ainsi qu’elles pourront immobiliser les forces ennemies.

Deuxièmement, jusqu’à quel point faut-il concentrer nos forces pour nous estimer supérieurs à l’ennemi ? Cela dépend des conditions spécifiques et il n’est pas possible d’établir une formule absolue ou une proportion définitive.

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « La concentration des forces que nous réclamons est fondée sur la nécessité de nous assurer la supériorité absolue ou relative sur le champ de bataille.

Contre un adversaire puissant ou dans un secteur-clé, nous devons livrer bataille en disposant de la supériorité absolue des forces…

Dans le cas d’opérations menées contre un adversaire faible ou dans un secteur peu important, il suffit d’avoir une supériorité relative. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Il remarquait un peu plus loin : II faut « à chaque bataille, concentrer des forces d’une supériorité absolue (deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi), encercler complètement les forces ennemies, s’efforcer de les anéantir totalement, sans leur donner la possibilité de s’échapper du filet ». (« La situation actuelle et nos tâches », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

En d’autres termes, les troupes doivent être concentrées jusqu’à ce que l’on soit sûr d’anéantir l’ennemi, c’est-à-dire que, dans chaque bataille, au lieu de concentrer des troupes d’une façon aveugle sans considération de limitations ou de conditions, une supériorité de forces doit être créée sur l’ennemi afin de disposer de troupes suffisantes pour le fractionner, l’encercler et le détruire, pour exploiter la victoire, poursuivre et détruire les ennemis en fuite, tout en disposant d’un certain nombre de soldats pour intercepter les renforts ennemis. Le degré de concentration diffère suivant les circonstances.

Cela dépend de l’importance, dans la situation globale, de la bataille qui va s’engager, s’il s’agit d’une offensive ou d’une opération défensive, d’une direction principale ou secondaire, d’une prise de position pour des engagements ou d’une campagne de percée, d’une première bataille ou d’une bataille en cours, d’un ennemi puissant ou faible, mobile ou cantonné dans des postes fixes etc…

Cette concentration dépend aussi des objectifs spécifiques, du moment, du lieu, des conditions locales.

Par exemple, dans la Guerre de Résistance contre le Japon, les troupes qui combattaient l’envahisseur japonais étaient plus puissamment concentrées que celles qui étaient alignées devant les troupes fantoches.

Au début de la Troisième guerre civile révolutionnaire, quand le moral des troupes du Kuomintang était relativement élevé et qu’elles lançaient une offensive générale, nos troupes étaient plus concentrées que lorsque celles du Kuomintang avaient été décimées et démoralisées dans des engagements successifs.

Pendant la campagne de Pei-ping-Tientsin, le nombre des effectifs déployés pour s’emparer de Tientsin qui était solidement fortifié, était 2,3 fois celui de l’ennemi, tandis que dans le secteur de la percée dans la principale direction d’assaut, le degré de concentration était encore plus important, atteignant sur l’ennemi une supériorité de 5 contre 1.

Il est extrêmement important de saisir le moment où il faut concentrer les troupes.
En y procédant trop tôt, on s’expose au danger de laisser deviner ses intentions, et en le faisant trop tard, on risque de manquer l’occasion propice de passer à l’attaque. L’un et l’autre sont nuisibles au déroulement des opérations et susceptibles de causer des pertes.

Dans les conditions actuelles des guerres notamment, la concentration rapide et déguisée, au bon moment, de même que la dispersion rapide et déguisée, une fois la mission accomplie, revêtent une importance particulière.

Une juste concentration des forces dépend d’une haute initiative consciente de la part du commandant. Dès le début de l’engagement, il se doit de réorganiser son dispositif selon le déroulement des opérations et les changements dans les tâches et chez l’ennemi, afin de s’assurer une supériorité constante.

Durant les batailles et combats, il doit encore savoir déceler ce qui est en train de se transformer en direction principale ou en direction secondaire pour pouvoir concentrer les forces dans la nouvelle direction principale, afin de s’assurer la victoire totale.

Troisièmement, une stratégie et des tactiques flexibles doivent également être adoptées et la méthode consistant à anéantir les forces ennemies une à une doit être employée correctement afin d’atteindre l’objectif : réduire l’ennemi à néant.

Comment peut-on créer les conditions propices à la destruction des forces ennemies une à une ? D’une part, nous devons profiter, au moment opportun, des faiblesses de l’ennemi et saisir chaque occasion pour lancer des attaques-surprises ; d’autre part, nous devons manœuvrer et fractionner l’ennemi par nos propres actions afin de créer les conditions favorables au combat. Par exemple, nous devons employer les méthodes consistant à attirer l’ennemi à l’intérieur, à « faire une feinte à l’est pour frapper à l’ouest » et à assiéger l’ennemi pour attaquer ses renforts.

Pour assurer l’anéantissement de l’ennemi, l’objectif de nos attaques doit être correctement choisi. Quand nous affrontons plusieurs colonnes ou groupes ennemis, nous devons, au lieu de les attaquer simultanément, concentrer une force supérieure pour attaquer d’abord une colonne ou un groupe d’ennemis, et puis, le succès obtenu, nous attaquer aux autres.

Nous devons attaquer d’abord les unités faibles et ensuite les unités plus puissantes ; attaquer d’abord les forces dispersées ou isolées et ensuite celles qui sont concentrées et plus fortes.

Par ailleurs, il est préférable d’attaquer les points faibles Se l’ennemi et ses centres névralgiques. Une fois dispersées et isolées, même des forces ennemies puissantes deviendront faibles.

En concentrant une force supérieure pour attaquer des forces ennemies dispersées et isolées, nous pouvons aisément créer une situation où le fort attaque le faible, où nous avons les meilleures chances de balayer l’ennemi et pouvons mieux atteindre notre objectif : la destruction des forces ennemies une à une.

Quatrièmement, l’application correcte des tactiques d’encerclement, de débordement et de fractionnement est un moyen important d’anéantissement des forces ennemies une à une. En employant ces tactiques, nous pouvons tronçonner une force ennemie massive en plusieurs morceaux, faire perdre aux fractions ainsi créées tout contact stratégique ou tactique, les obligeant à combattre isolées ; ainsi nous atteindrons le but d’anéantissement total de l’ennemi dans des combats de décision rapide.

Les tactiques d’encerclement, de débordement et de fractionnement doivent être utilisées avec souplesse en fonction des conditions diverses.

Quand nous avons affaire à une force ennemie isolée et immobile, nous devons d’abord l’encercler puis l’attaquer.

Quand il s’agit d’une force ennemie en déplacement, nous devons couper sa voie de retraite avant de l’attaquer, ou l’attaquer et l’encercler en même temps ; quand un ennemi tient une série de positions sans exposer ses flancs, nous devons d’abord faire une percée puis le fractionner et l’encercler.

Quand nous attaquons des forces ennemies que nous avons déjà encerclées, nous devons concentrer la plus grande part de nos forces d’attaque et la masse essentielle de notre puissance de feu pour constituer « une pointe de couteau » soutenue par des forces puissantes et mener l’assaut principal tout en utilisant le reste de nos troupes pour opérer un encerclement de deux, trois ou quatre côtés à la fois et lancer des attaques convergeant vers le centre en coordination étroite avec les principales forces d’assaut.

 V. Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est un principe basé sur l’idée d’une guerre populaire, d’une armée populaire et du matérialisme dialectique. Dans ces conditions, les forces antipopulaires ne peuvent ni utiliser ni affronter notre stratégie et nos tactiques

Bien que les experts militaires de toutes les époques et de tous les pays se soient familiarisés avec ces idées d’ »emploi concentré de troupes » et d’écrasement des forces ennemies une à une » et qu’une grande quantité d’ouvrages militaires les aient souvent soulignées et discutées, personne cependant ne les avait considérées comme un tout ou ne les avait utilisées dialectiquement.

Seul, le camarade Mao Tsé-toung posa d’une façon globale le principe stratégique et tactique, de « concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une » et, d’une manière dialectique, le mit en pratique avec plein succès dans la guerre révolutionnaire chinoise.

Cela est dû au fait que la guerre engagée était une guerre populaire, que notre armée était une armée populaire et que les opérations militaires étaient guidées par la pensée matérialiste dialectique.

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « Les grandes forces de la guerre ont leurs sources profondes dans les masses populaires. »

Il ajouta également : « L’armée doit s’unir avec le peuple et ne faire qu’un avec lui, afin que le peuple ait en elle sa propre armée.

Une telle armée sera invincible. » (« De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao Tsé-toung) C’est la condition fondamentale de la victoire dans la guerre révolutionnaire populaire.

Le camarade Mao Tsé-toung a brillamment résumé cette stratégie et ces tactiques de la guerre populaire en une phrase :

« Vous combattez de votre manière et nous combattons de la nôtre, nous nous battons lorsque nous pouvons remporter la victoire, et nous nous retirons lorsque nous ne le pouvons pas. »

En d’autres termes, vous comptez sur les armes modernes et nous nous appuyons sur un peuple à haute conscience révolutionnaire ; vous mettez votre supériorité à contribution et nous faisons de même avec la nôtre ; vous avez votre manière d’attaquer et nous avons la nôtre ; lorsque vous voulez nous attaquer, nous ne vous laissons pas nous toucher et vous ne pouvez même pas fondre sur nous.

Mais lorsque nous voulons vous attaquer, nous sommes sûrs de vous atteindre, et nous frapperons juste et vous anéantirons.

Nous vous éliminons lorsque nous le pouvons ; lorsque nous ne pouvons pas vous éliminer, nous ne nous laissons pas non plus éliminer par vous. Ne pas se battre quand on peut gagner est de l’opportunisme.

Et s’obstiner à combattre lorsqu’on ne peut vaincre est de l’aventurisme. Tous nos principes stratégiques et tactiques reposent sur ce point fondamental − attaquer. La nécessité du repli est subordonnée aux nécessités de l’attaque.

Chaque repli vise à attaquer l’ennemi, à l’anéantir une fois pour toutes. L’application de cette stratégie et de ces tactiques n’est possible que dans une guerre populaire et par une armée populaire guidée par la pensée matérialiste dialectique.

La guerre que nous avons menée fut une guerre populaire dans laquelle on mit en pratique le principe consistant à combiner les forces principales et les forces locales, les unités de l’armée régulière d’une part, les troupes locales et les milices populaires de l’autre, enfin les masses armées et les masses sans armes.

Les unités armées locales, les milices et les masses populaires prirent part à la guerre sur une grande échelle.

Elles soutinrent activement le front, consolidèrent les arrières et, en coordination directe avec les opérations des forces principales, détruisirent les communications et les transports sur les arrières de l’ennemi, retinrent et dispersèrent ses troupes, harcelant et menaçant ses arrières.

Cela permit aux principales forces de notre armée de concentrer encore plus leurs troupes et de mener les opérations avec une grande souplesse.

Pendant ce temps, la participation des milices et des masses à des activités telles que missions de garde, de reconnaissance, de guide et de prévention contre la fuite de renseignements créa également pour notre armée les conditions favorables pour concentrer ses troupes à temps et en secret afin de surprendre, d’encercler et d’anéantir l’ennemi.

Prenons pour exemple la campagne de Pinghsingkouan qui eut lieu au début de la Guerre de Résistance contre le Japon.

Nos troupes furent massées pendant une semaine à une distance de 15 à 30 kilomètres de l’itinéraire de l’avance ennemie, mais l’ennemi ne les découvrit pas en raison de l’active coopération des masses qui faisaient le black-out total sur leur présence et empêchèrent les agents spéciaux de l’ennemi et les traîtres de faire leur travail.

Grâce à l’aide des masses, notre armée fut rapidement informée de l’état de l’ennemi et disposa correctement ses forces, prenant ainsi l’ennemi par surprise et le mettant hors de combat avec la vitesse de l’éclair.

Par contre, en raison de son caractère antipopulaire, la guerre menée par l’ennemi n’avait pas le soutien du peuple et ne bénéficiait pas de sa coopération ; par conséquent, il combattait isolément.

Partout où l’ennemi occupait l’une de nos places, il se heurtait à l’opposition du peuple et devait affecter des troupes à la défense.

Tout cela rendait inévitablement difficile la concentration de ses troupes.

Même s’il avait réussi à les concentrer sur une certaine zone, il restait toujours dans une position passive et éprouvait des difficultés à exécuter ses plans, car il ne réussissait pas à gagner le soutien populaire, ne pouvait connaître les conditions locales ou préciser les objectifs de ses attaques, tandis que le secret de ses actions était toujours éventé.

Fondée conformément à la pensée du camarade Mao Tsé-toung sur l’armée, notre armée, placée sous la direction absolue du Parti communiste chinois, est une armée d’un type nouveau, entièrement au service du peuple.

De par sa nature, elle peut mettre pleinement en œuvre la puissance de la méthode de combat consistant à concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une. Toute stratégie, toutes tactiques sont menées à bien par les hommes. Les qualités d’une armée jouent un rôle important dans l’application d’une stratégie et d’une tactique correctes avec le maximum d’efficacité.

Notre armée bénéficie de la ferme direction du Parti communiste et applique la ligne et la politique marxistes-léninistes du Parti avec une loyauté à toute épreuve.

Elle s’impose une discipline dont elle a une haute conscience, manifeste un héroïsme propre à la faire triompher de n’importe quel ennemi, à lui faire surmonter toutes les difficultés.

Dans ses rangs règne l’unité la plus complète entre cadres et combattants, entre personnel des échelons supérieurs et celui des échelons inférieurs, entre départements différents, entre unités sœurs.

Elle a établi un travail politique révolutionnaire solide, les larges masses de nos commandants et de nos combattants ont une haute conscience de classe et sont parfaitement conscients qu’ils luttent pour les intérêts du peuple.

Ainsi, dans l’application de la méthode consistant à concentrer des forces supérieures pour anéantir les forces ennemies une à une, ils manifestent une vigoureuse volonté de combat et un esprit de lutte intrépide.

En effectuant la concentration, ils se déplacent rapidement et ne craignent ni la fatigue, ni les difficultés. Pendant l’offensive, ils avancent courageusement et avec détermination, osant déborder l’ennemi, osant le fractionner et le combattre indépendamment.

Dans la défensive, ils peuvent résister aux attaques successives d’un ennemi puissant, tenir fermement leurs positions et lutter avec obstination. Les unités de l’armée sont capables de coopérer de leur propre initiative et de coordonner étroitement leurs actions.

Elles n’ont pas peur de se sacrifier pour l’intérêt de la collectivité. De plus, les commandants et les combattants peuvent mettre pleinement en jeu leur sagesse pour élaborer diverses méthodes permettant de vaincre l’ennemi.

Tout cela assure que cette méthode de combat peut être utilisée avec le maximum de profit et la plus grande efficacité pour amener la défaite de l’ennemi et obtenir la victoire.

L’armée ennemie est une armée antipopulaire. La grande majorité de ses soldats sont enrôlés par la force ou par la ruse. Leurs intérêts fondamentaux sont diamétralement opposés à ceux des classes dirigeante réactionnaires.

De profondes contradictions existent entre les officiers et les soldats ainsi qu’entre supérieurs et subordonnés.

Bien que les classes dirigeantes réactionnaires fassent tout leur possible dans le domaine d’une propagande trompeuse et de la diffusion d’idées réactionnaires chez les soldats, le moral de leurs troupes reste peu élevé et elles manquent de vigueur combattante.

De telles troupes ont peur des combats corps à corps, des combats de nuit, des encerclements et des pertes en hommes. De plus, la méfiance et les rivalités mutuelles existant entre les différents corps d’armées et les différentes factions rendent impossible la coordination de leurs activités de leur propre initiative.

En raison de ces faiblesses inhérentes aux forces ennemies, bien que, subjectivement, elles essaient de s’opposer à nous en employant la méthode de concentration de forces supérieures, dans la pratique, elles ne réussissent pas la plupart du temps à atteindre leur objectif, particulièrement quand les conditions sont difficiles et que le temps presse.

Nous étudions, analysons et dirigeons la guerre en utilisant les principes du matérialisme dialectique. Nous pouvons employer correctement la méthode consistant à concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une et obtenir les plus grands résultats dans ce domaine précisément parce que nous sommes capables de juger correctement des situations subjectives et objectives, d’analyser de façon globale le rapport des forces entre l’ennemi et nous, d’utiliser les contradictions existant dans les rangs ennemis et de partir de la réalité en toutes choses.

C’est aussi parce que nous pouvons maîtriser correctement les différentes relations qui existent au cours de l’utilisation de cette méthode de combat, telles celles existant entre le tout et les parties, la concentration et la dispersion, les directions principales et secondaires, l’anéantissement de l’ennemi et la défense de villes ou de places fortes, l’avance et la retraite, l’offensive et la défensive.

En conséquence, même lorsque nous luttons contre un ennemi puissant, nous sommes invincibles et pouvons atteindre notre objectif : balayer l’ennemi tout en préservant et en accroissant nos propres forces.Nos ennemis sont idéalistes et leurs méthodes de pensée sont métaphysiques.

Ils sont incapables d’analyser correctement et totalement la situation objective et de partir de la réalité. Ils surestiment toujours leurs propres forces et sous-estiment les forces révolutionnaires ; ils jugent la situation d’un point de vue subjectiviste, font peu de cas de leur adversaire et avancent témérairement.

Ils considèrent toujours les problèmes d’une façon unilatérale et ne peuvent saisir les différentes relations qui se présentent dans les activités militaires.

Durant la Troisième guerre civile révolutionnaire, par exemple, afin de contrecarrer notre méthode consistant à concentrer une force supérieure pour anéantir les unités ennemies une à une, les réactionnaires du Kuornintang utilisèrent pendant un moment la prétendue « tactique consistant à masser des troupes pour avancer de front » et selon laquelle « l’emploi des troupes doit être conventionnel et non original, le stationnement des troupes doit être concentré et non dispersé et leurs manœuvres doivent être lentes plutôt que rapides » − avec les troupes portant des armes lourdes.

A un autre moment, ils formulèrent la prétendue « tactique consistant à tirer parti des failles » au moyen de troupes portant armes légères et vivres et utilisant les sentiers de montagnes de préférence aux grandes routes.

Ils recouraient tantôt à cette tactique, tantôt à une autre, sans principe défini. En outre, en raison de la nature antipopulaire de la guerre qu’ils menaient, leurs objectifs stratégiques et leur action réelle étaient toujours en contradiction.

Au début de la Troisième guerre civile révolutionnaire, Tchiang Kaï-chek se fixa le principe de « concentration et d’utilisation souple des troupes ». Mais, d’un autre côté, il voulait occuper de trop nombreuses régions : la Chine centrale, le Nord-Kiangsou, Tchengteh, Chenyang et An-tong [aujourd’hui Tantong], etc.

Avec des objectifs aussi dispersés et des forces aussi limitées, quand il occupait une ville, il devait envoyer des troupes pour la défendre, se chargeant ainsi d’un fardeau supplémentaire.

Plus il occupait de régions, plus était lourd le fardeau et encore plus réduites les troupes qu’il pouvait employer d’une manière souple. C’est pourquoi le principe qu’il avait formulé demeurait lettre morte.

Même s’il avait réussi à concentrer momentanément une force relativement supérieure dans une région particulière et s’il avait obtenu certains avantages, des quantités de lacunes se manifestaient dans d’autres régions. Pour l’ennemi, de telles contradictions étaient insurmontables.

En bref, la méthode consistant à concentrer des forces supérieures pour anéantir les forces ennemies une à une est basée sur la poursuite d’une guerre populaire par une armée populaire, sur la pensée du matérialisme dialectique.

Elle ne peut être employée efficacement que par une armée populaire. Aucune armée antipopulaire ne peut l’utiliser avec fruit, ni ne peut la contrecarrer avec efficacité.
Comme le déclarait le camarade Mao Tsé-toung : « La bande de Tchiang Kaï-chek et le personnel militaire de l’impérialisme américain en Chine connaissent bien ces méthodes militaires qui nous sont propres.

Dans l’espoir de trouver des contre-mesures, Tchiang Kaï-chek a plusieurs fois réuni dans des cours d’instruction ses généraux et ses officiers supérieurs et leur a donné à étudier nos publications militaires et les documents saisis pendant la guerre.

Le personnel militaire des États-Unis a recommandé à Tchiang Kaï-chek un système après l’autre de stratégie et de tactique pour détruire l’Armée populaire de Libération ; il s’est chargé pour lui de l’instruction de ses troupes et lui a fourni le matériel de guerre. Mais ces efforts ne peuvent sauver la bande Tchiang Kaï-chek de la défaite. » (« La situation actuelle et nos tâches », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est la concrétisation dans le domaine militaire des idées stratégiques et tactiques du camarade Mao Tsé-toung : stratégiquement « opposer un contre dix » et tactiquement « opposer dix contre un ».

C’est aussi une grande contribution apportée par le camarade Mao Tsé-toung à la science militaire marxiste-léniniste en appliquant le marxisme-léninisme − sa position, sa conception et ses méthodes − à la pratique concrète de la guerre révolutionnaire chinoise.

C’est la cristallisation des expériences acquises par le peuple chinois dans sa lutte armée de longue durée contre les ennemis intérieurs et extérieurs. Ce principe n’est pas seulement utilisable dans les opérations de campagne et les batailles, mais aussi comme guide pour la stratégie.

Il s’adapte à une guerre menée dans des conditions telles que l’ennemi est fort et que nous sommes faibles et vice versa. C’est un principe d’offensive, mais en tant que principe directeur dans les opérations, il est également valable pour la défense.

En dehors du rôle glorieux qu’il joua au cours des guerres révolutionnaires du peuple chinois dans le passé et de sa grande signification historique dans ces guerres, ce principe a une énorme valeur pratique dans le renforcement de notre défense nationale et pour nous préparer aujourd’hui à écraser l’agression impérialiste.

En tant que méthode pour guider la pensée et le travail, concentrer ses forces pour mener une guerre d’anéantissement ne s’applique pas seulement à des luttes militaires, mais aussi à des combats politiques et économiques. Ce principe est d’une grande portée pour guider toutes les activités de notre édification socialiste.

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contre l’hégémonie des superpuissances

De l’attitude envers l’impérialiste américain, deux lignes politiques s’affrontent (1965)

par Fan Sieou-Tchou, publié dans Da Gong Bao de Pékin du 26 juillet 1965

D’importantes divergences de principe existent entre marxistes-léninistes et révisionnistes khrouchtchéviens quant à l’interprétation de l’impérialisme américain et à l’attitude à adopter envers lui.

Polémiques publiques et luttes acharnées se déroulent à une échelle sans précédent et depuis plusieurs années entre eux, partis marxistes-léninistes et marxistes-léninistes d’une part, révisionnistes khrouchtchéviens de l’autre.

Et l’un des thèmes essentiels autour desquels le débat est centré, c’est : faut-il rallier autour de soi les peuples du monde entier pour combattre l’impérialisme américain et ses laquais, ou au contraire, faut-il se rallier à ces derniers et, ainsi, s’opposer aux peuples ?

Les divergences de principe touchant à ce sujet existent depuis le XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, qui vit le révisionnisme khrouchtchévien se montrer au grand jour.

C’est à partir de là que la direction du P.C.U.S., avec Khrouchtchev à sa tête, se mit à rejeter le marxisme-léninisme et, trahissant les intérêts du peuple soviétique, des peuples du camp socialiste, de tous les peuples, appliqua sa ligne révisionniste de « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » et capitula chaque jour un peu plus devant l’impérialisme américain pour s’en attirer les bonnes grâces.

Les dirigeants de l’Union soviétique et des Etats-Unis se lancent mutuellement des fleurs, s’entendent de mieux en mieux et portent leur amitié aux nues.

Cette ligne révisionniste-là a été dénoncée sans merci, ces dernières années, par tous les marxistes-léninistes, elle s’est heurtée à l’opposition de tous les peuples, elle a connu une faillite honteuse. En effet, Khrouchtchev, le « grand personnage », qui, voici quelque temps encore, prenait de la place dans les actualités, n’a-t-il pas dû, tout échaudé, lâcher les tréteaux de l’histoire ?

Et en prenant son lamentable bagage en charge, les adeptes du khrouchtchévisme sans Khrouchtchev se rendirent compte qu’agir avec son imprudence et l’impudence qu’il avait, les placerait dans une même fâcheuse posture. Ils imposèrent donc une étiquette nouvelle à sa camelote surannée.

Ils se grimèrent, ils se donnèrent des allures différentes de celui qu’ils avaient défenestré. Et ils utilisent la politique de la douceur, qui est bien plus sournoise, face aux marxistes-léninistes et aux révolutionnaires, ils se gargarisent de phrases anti-impérialistes pour duper les peuples, pour s’immiscer dans les rangs révolutionnaires des peuples, pour reprendre souffle et capitaliser politiquement.

Les anciens collaborateurs de Khrouchtchev sont des révisionnistes tout comme lui, et rien ne les différencie. Qu’ils recourent à quelque métamorphose que ce soit, ils n’en resteront pas moins ce qu’ils sont. Ils poursuivent leur pratique du révisionnisme moderne, de la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde », de l’alliance avec l’impérialisme américain et ses laquais, leur but étant de s’opposer à l’ensemble des peuples.

La lutte des peuples contre l’impérialisme américain est passée à une phase plus aiguë. Et les adeptes du khrouchtchévisme sans Khrouchtchev se sont mis au service de l’impérialisme américain d’une manière plus camouflée, plus rusée.

Ils ne causent pas moins de, tort que Khrouchtchev, ils en causent davantage. Dénoncer leur double jeu, leur hypocrisie, faire échouer complètement la ligne révisionniste khrouchtchévienne prônant la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » s’avère donc indispensable afin de faire accéder la lutte contre l’impérialisme américain à des victoires plus grandes.

Les divergences de principe entre marxistes-léninistes et révisionnistes khrouchtchéviens quant à l’interprétation de l’impérialisme et à l’attitude à adopter envers lui portent essentiellement sur les trois points suivants :

1. Jugement sur la nature de l’impérialisme américain ;

2. Appréciation de la puissance de l’impérialisme américain ;

3. Attitude à adopter envers l’impérialisme américain.

DU JUGEMENT SUR LA NATURE DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

L’impérialisme est agressif et belliqueux de par sa nature même. Tel il est quand il marque des points, tel il est aussi quand il essuie des échecs, et tel il est encore quand les forces révolutionnaires sont faibles, et tel il reste quand elles sont puissantes. Somme toute, il est immuable. Le moindre écart de ce point de vue risque d’amener à se faire des illusions à son sujet, de faire hésiter dans la lutte à lui opposer, de faire verser dans l’opportunisme.

Une loi marxiste

Lénine disait à la fin de la Première guerre mondiale :

« L’impérialisme, lui, c’est-à-dire le capitalisme de monopole, dont la maturité ne date que du XXe siècle, se distingue, en raison de ses caractères économiques primordiaux, par le minimum de pacifisme et de libéralisme, par le développement maximum et le plus généralisé du militarisme. ’Ne pas remarquer’ cela, quand on examine jusqu’à quel point la révolution pacifique ou la révolution violente est typique ou probable, c’est tomber au niveau du plus vulgaire laquais de la bourgeoisie. » [1]

Et après la Première guerre mondiale, alors que le capitalisme connaissait une période relativement stable, Staline déclarait :

« L’impérialisme ne peut vivre sans violences et rapines, sans effusions de sang et bombardements. C’est bien pourquoi il est l’impérialisme. » [2]

La Seconde guerre mondiale terminée et le peuple chinois ayant battu la clique réactionnaire Tchiang Kaï-chek que soutenait l’impérialisme américain et fait triompher sa grande révolution populaire, le camarade Mao Tsé-toung affirmait :

« Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine − telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple : et jamais ils n’iront contre cette logique. C’est là une loi marxiste. Quand nous disons : ’l’impérialisme est féroce’, nous entendons que sa nature ne changera pas, et que les impérialistes ne voudront jamais poser leur couteau de boucher, ni ne deviendront jamais des bouddhas, et cela jusqu’à leur ruine. » [3]

Depuis la naissance de l’impérialisme, l’histoire a établi ceci, qui est une vérité et qui est marxiste-léniniste : la nature de l’impérialisme ne change pas. Les agressions et les crimes de guerre perpétrés par l’impérialisme américain, le chef de file des impérialismes, au cours de l’après-guerre n’ont fait que renforcer cette vérité. De plus en plus nombreux sont les gens qui en saisissent tout le sens et elle est, aujourd’hui, un levain puissant pour l’élévation de la conscience politique, l’organisation des forces dans la lutte contre ce même impérialisme.

Dans une société de classes, l’homme a pour nature de classe ce qui est sa nature, son essence mêmes. Et la nature de l’impérialisme américain, c’est celle de la bourgeoisie monopoliste américaine. Johnson déclarait en 1964 à la réunion traditionnelle de la Chambre de Commerce : « Vous [les capitalistes monopoleurs] êtes tous des actionnaires de mon gouvernement… J’exécute le travail pour lequel vous m’avez embauché. » Voilà la nature de classe du gouvernement américain dans toute sa crudité.

L’impérialisme américain essaie d’imposer au monde un empire d’une ampleur sans précédent. Il veut envahir les vastes zones intermédiaires situées entre le camp socialiste et les Etats-Unis, mettre la main dessus, pour étouffer la révolution des nations et des peuples opprimés afin de passer ensuite à la liquidation des pays socialistes, ce qui lui permettrait de placer tous les peuples, tous les pays, sous le joug et le contrôle des monopoles américains.

C’est là le but essentiel de la « stratégie globale », contre-révolutionnaire, que tous les gouvernements des Etats-Unis ont appliquée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et c’est aussi l’expression concentrée de la nature agressive de l’impérialisme américain.

Dans ses « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international », le Comité central du Parti communiste chinois, reprenant les justes conclusions de la Déclaration de la Conférence de Moscou de 1960, affirme que l’impérialisme américain est devenu le plus grand exploiteur international, le rempart principal de la réaction mondiale, le gendarme international, l’ennemi des peuples du monde entier. Cette affirmation est basée sur la connaissance scientifique, sur le marxisme-léninisme.

Les plus vulgaires laquais de l’impérialisme américain

Les révisionnistes khrouchtchéviens agissent totalement à l’encontre des principes marxistes-léninistes sur l’impérialisme de la Déclaration de 1960 qu’ils ont signée, ils rejettent les faits les plus évidents, et prétendent qu’avec le renforcement du camp socialiste et l’apparition des armes nucléaires, la nature de l’impérialisme aurait changé, que les forces d’agression et de guerre sont devenues des forces « défendant la paix » et les chefs de l’impérialisme américain, des « sages » attachés à la paix. D’après eux, l’homme n’est qu’humain et n’a pas de caractère de classe.

Les impérialistes aussi ont « un crâne », « une cervelle » et « ne souhaitent pas une guerre qui aboutirait à leur propre anéantissement » [4].

D’après les révisionnistes khrouchtchéviens, les armes nucléaires ont changé le cours de l’histoire ; « la bombe atomique ne suit pas le principe de classe » [5] ; le socialisme ne doit pas combattre le capitalisme, mais l’aimer ; « les uns n’aiment pas le socialisme et les autres le capitalisme, et nous filtrons par détruire notre arche − la Terre » [6].

D’après eux, la bourgeoisie pourrait être transformée en prolétariat, et les capitalistes monopolistes pourraient devenir des communistes ; et « lorsque le peuple soviétique connaîtra le bonheur communiste », même les capitalistes admettront qu’il était « absurde » et « criminel » de leur part de combattre le communisme, ils se mettront à soutenir le socialisme et « adhéreront au Parti communiste » [7].

Y a-t-il quoi que ce soit de communiste, de marxiste-léniniste dans ce que débitent ces soi-disant disciples de Lénine ? Ne sont-ils pas exactement semblables aux plus vulgaires laquais de l’impérialisme américain dont parlait Lénine ?

Tout comme leur maître, les khrouchtchévistes sans Khrouchtchev s’obstinent dans les vues les plus absurdes, ils se refusent à tirer la leçon des choses. Peu importe qui accède à la présidence des Etats-Unis, ils l’enjolivent. Quand Eisenhower occupa la Maison Blanche, ils en dirent qu’il « aspirait sincèrement à la paix », « se souciait du maintien de la paix ».

Cependant, c’est le même Eisenhower qui brisa leur rêve de « coopération soviéto-américaine » en envoyant un U-2 opérer dans le ciel de l’Union soviétique. Le camarade Mao Tsé-toung fit remarquer à l’époque : « Il ne faut pas se nourrir d’illusions au sujet des impérialistes. Certains ont décrit Eisenhower comme un grand amoureux de la paix, je souhaite que les faits les ramènent à la réalité » [8].

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne sont cependant pas revenus à la réalité. Kennedy élu à la présidence, ils le portèrent aux nues, le disant un homme « aux vues larges », à l’« esprit lucide », à l’« attitude faite de sagesse ».

C’est pourtant le même Kennedy qui, lors de la crise des Caraïbes, prit Khrouchtchev à la gorge et le couvrit de ridicule. Mais lors de l’affaire de Dallas, Khrouchtchev et ses pareils abandonnèrent toute pudeur, et, larmoyants et tristes comme pour un membre de la famille, pleurèrent que « la mort de Kennedy est un coup sérieux pour tous ceux qui ont à cœur la cause de la paix et la coopération soviéto-américaine » [9], donnant ainsi l’impression que la disparition de cet homme mettait vraiment l’existence de l’humanité en cause.

Pragmatistes, les révisionnistes khrouchtchéviens adoptent des attitudes différentes envers un même chef impérialiste américain selon qu’il est au pouvoir ou non. Avant que Johnson n’occupe la Maison Blanche, ils en disaient qu’il « nie toute possibilité de collaboration entre pays capitalistes et socialistes » [10].

Mais ils exprimèrent leur « satisfaction » quand il passa à la présidence. Et l’année dernière, son élection les remplit de joie, au point qu’ils claironnèrent que de son administration, on pouvait attendre « des mesures réalistes pour améliorer le climat politique dans le monde » [11], et qu’ils chantèrent qu’« un vaste terrain de coopération » existait entre l’Union soviétique et les Etats-Unis.

A leurs yeux, l’impérialisme américain agressif par nature a cessé d’être. Et ce qu’il faut, avec les Etats-Unis, c’est « des concessions », « des compromis », « la conciliation », « l’accommodement », de part et d’autre. Mais le cours des événements vient démentir leurs sophismes, il ne fait que prouver que la nature agressive et belliqueuse de l’impérialisme américain n’a nullement changé.

Qu’est ce que la « doctrine Johnson » ?

L’administration Johnson a hérité de la « stratégie globale », contre-révolutionnaire, de son prédécesseur, qui vise à détruire les pays socialistes, à occuper la première zone intermédiaire, c’est-à-dire l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, et à contrôler les pays capitalistes de la deuxième zone intermédiaire, l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord, l’Océanie et le Japon.

Elle est beaucoup plus aventureuse en appliquant sa double tactique contre-révolutionnaire, elle recourt davantage à la guerre d’agression et tend plus nettement à ignorer ses alliés et à agir seule, tête baissée, à la façon d’un bandit de grand chemin.

Elle a adopté, envers les pays socialistes, une tactique sournoise, une manière de traiter variant de l’un à l’autre. Elle proclame que les Etats-Unis doivent s’efforcer d’amener « les forces à l’Intérieur de l’Union soviétique à provoquer un changement », en vue d’y restaurer le capitalisme.

Les Etats-Unis « doivent accélérer la lente corrosion du rideau de fer », afin que les pays d’Europe orientale se détachent du camp socialiste. Ils n’admettent pas que l’Union soviétique accorde son appui au mouvement de libération nationale et érigent cette prétention en une des conditions du maintien de « la paix ».

Ceci montre que, tout en exerçant une puissante pression militaire et en se préparant à l’agression, l’administration Johnson cherche à faire éclater l’Union soviétique et les pays socialistes d’Europe orientale par des moyens pacifiques. Johnson a déclaré aussi que « le communisme en Asie revêt un aspect beaucoup plus agressif », qu’il faut faire face à « l’agression communiste ». Il en découle que son administration menace principalement les pays socialistes d’Asie avec la guerre, et en fait, elle se livre à de sérieuses provocations militaires contre eux.

En Asie, Afrique et Amérique latine, elle réprime brutalement le mouvement de libération nationale et intervient directement partout par les armes. Elle a étendu et étend son agression contre le Sud-Vietnam, elle a massacré la population au Congo-Léopoldville, elle a dépêché des troupes en République dominicaine pour y mater Je soulèvement patriotique, elle a donc mené des guerres d’agression sur ces trois continents.

Envers les jeunes pays indépendants, elle a pour politique, l’agression, l’intervention et l’infiltration. Elle soutient la « Malaysia », une production néo-colonialiste, et ainsi menace l’Indonésie.

Elle pousse la Thaïlande et la clique fantoche sud-vietnamienne à provoquer constamment le Cambodge par les armes. Elle a mené une série d’activités subversives contre des pays africains, dont la Tanzanie, le Congo-Brazzaville, le Burundi.

Elle s’est abouchée avec l’Allemagne occidentale pour épauler Israël dans ses provocations et ses menaces contre les pays arabes. Elle a manigancé le coup d’Etat militaire réactionnaire au Brésil. Et de tout cela découle qu’elle cherche à étouffer, par des opérations de guerre et la subversion, le mouvement de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine, à y étrangler les jeunes pays indépendants. Elle a commis des méfaits devant lesquels ses prédécesseurs reculaient.

La fameuse « doctrine Johnson », c’est un brutal étalage supplémentaire de la nature agressive de l‘impérialisme américain. Lorsque, en mai dernier, Johnson envoya des troupes en République dominicaine, il déclara, comme s’il allait tout casser, que « les pays d’Amérique [lisez l’impérialisme américain] ne peuvent pas, ne doivent pas admettre et n’admettront jamais l’installation d’un autre gouvernement communiste dans l’hémisphère occidental ».

Il ajouta qu’au Vietnam et dans tous les lieux du monde où les Etats-Unis ont des « obligations », « nos forces sont essentielles, pour l’épreuve finale », Ainsi, Il a fait connaitre au monde entier son programme politique, qui se propose d’en finir avec la liberté et l’indépendance de tous les pays, d’étouffer le mouvement révolutionnaire des peuples, au moyen de guerres d’agression.

La « doctrine Johnson » est plus folle et plus aventureuse que toutes les « doctrines » des administrations qui se sont succédé aux Etats-Unis depuis la guerre.

L’administration Kennedy, elle, tout en renforçant son armement e en accélérant ses préparatifs de guerre, appliquait ce qu’elle appelait la « stratégie de la paix » qui, envers les pays socialistes, consistait à tirer profit du contre-courant qu’est le révisionnisme moderne, pour effectuer une pénétration pacifique, et envers les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, à intensifier sa politique néo-colonialiste faite d’« Opération parenté », d’envoi de « Corps de Paix », et de l’« Alliance pour le Progrès » qu’elle avait montée.

Mais le rapide développement du mouvement révolutionnaire des peuples pulvérisa la « stratégie de la paix » de Kennedy. Cependant, les slogans « paix », « démocratie », « progrès, etc., qui ne visaient qu’à duper, s’étant révélés inopérants, Johnson hissa carrément le pavillon noir des pirates, dès son accession à la présidence. Le New York Times a dit de la « doctrine Johnson » qu’elle signifie « contrecarrer par la force des armes les progrès du communisme en quelque lieu du monde que ce soit ».

Le jeu classique d’Hitler consistait à passer à l’agression et à mener la guerre au nom de l’anticommunisme, à imposer l’étiquette « menace communiste » à toutes les luttes populaires pour la liberté et l’indépendance. Et le chroniqueur américain Drew Pearson a dû admettre que les Etats-Unis sont considérés comme des « agresseurs à la Hitler ». Les faits montrent d’ailleurs que la « doctrine Johnson » est bel et bien du néo-hitlérisme.

En stratégie militaire, l’administration Johnson a formulé la théorie de l’« escalade ». Eisenhower, lui, avait compris l’amère leçon de la guerre de Corée, il savait qu’affronter les pays socialistes en une guerre au sol lui coûterait cher. Aussi avait-il établi la stratégie des « représailles massives », cherché à utiliser les armes nucléaires stratégiques comme moyen de « dissuasion », et « s’appuyer essentiellement sur une énorme capacité de riposte, pour agir instantanément, par les moyens et aux endroits de notre choix ».

Les grandes victoires remportées par les peuples d’Indochine, de Cuba et d’Algérie sonnèrent le glas de cette stratégie. Quant à Kennedy, il avait admis qu’« une puissance nucléaire écrasante ne peut mettre fin à une guerre de partisans ».

Et son administration adopta la stratégie de la « riposte adaptée », se préparant à la fois à la guerre nucléaire, à la guerre localisée et à la « guerre spéciale ». Elle insista essentiellement sur le recours à la « guerre spéciale » pour réprimer le mouvement de libération nationale.

Le Sud-Vietnam fut choisi pour en faire l’expérience. Et c’est là que cette « guerre spéciale » échoua lamentablement. Alors, Johnson passa à l’« escalade », à partir de la stratégie de la « riposte adaptée », c’est-à-dire qu’il divisa « guerre spéciale », guerre localisée et guerre nucléaire en un certain nombre d’échelons à gravir progressivement, afin d’imprimer de plus en plus d’envergure au conflit.

Cette « escalade » revient à ceci : après chaque pas, envisager le pas suivant ; c’est comme passer au meurtre et à l’incendie, tout en tremblant à chaque moment à l’idée du châtiment mérité.

Eisenhower déclarait en 1954, soit presque immédiatement après la guerre de Corée : « Si les Etats-Unis se laissaient entraîner seuls avec leurs troupes dans le conflit indochinois, puis en une suite de guerres en Asie, il en résulterait finalement l’épuisement de nos ressources, l’affaiblissement de notre dispositif général de défense ».

Généraux et officiels américains frissonnent, aujourd’hui encore, à l’idée d’une guerre comme celle de Corée. Dans celle-ci, les Etats-Unis perdirent quelque 400.000 hommes et ils furent repoussés jusqu’à l’endroit d’où ils avaient déclenché l’agression.

Ce fut une défaite terrible. Il est évident que s’ils s’obstinent à étendre la guerre, ils ne s’attireront que des défaites plus cuisantes. Néanmoins, Johnson ne peut s’empêcher d marcher droit sur l’abîme. Les révisionnistes khrouchtchéviens répandent que l’impérialisme ne déclenchera pas la guerre parce qu’il prévoit sa défaite. Tous les faits viennent contredire les sophismes du genre.

Théories et pratique de la « doctrine Johnson » témoignent des affres de l’impérialisme américain à l’agonie. La nature de classe de l’impérialisme et de tous les réactionnaires les pousse inéluctablement à creuser leur propre tombe en étendant leurs guerres d’agression.

Guillaume II œuvra à sa propre chute en déclenchant la Première guerre mondiale ; Hitler eut le destin qu’il méritait en allumant la Seconde guerre mondiale ; et l’impérialisme japonais s’effondra suite à son agression contre la Chine et à la guerre qu’il porta dans le Pacifique. L’impérialisme américain est sur la même vole, et ce ne sont pas les échecs qui le rendront plus « sage ».

Le caractère réactionnaire, agressif, aventureux de l’administration Johnson est tellement évident que le blanchir exigerait toutes les eaux du monde. Les révisionnistes khrouchtchéviens se voient donc parfois obligés de parler de l’impérialisme américain « agresseur », « gendarme international », « principale force de guerre et d’agression de nos jours », etc., etc. Tout cela n’est cependant que pour la forme, et ils le font dans la limite où cela ne touche pas à la « coopération soviéto-américaine ».

De l’administration Johnson qui a porté le fléau de la guerre au Vietnam, ils parlent à la légère et en disent, en termes évasifs, qu’il en ressort uniquement que « le char de l’Etat » américain « penche » du côté des « maniaques » et que prévoir que « la ligne politique américaine virera rapidement vers la droite dans un avenir proche ne repose sur rien ». [12]

C’est de l’enfantillage ! Qui, des milieux dirigeants américains, est maniaque, après tout, et qui est « sage » ? Les révisionnistes khrouchtchéviens ont affirmé à certain moment que Johnson était le « modéré » et Goldwater le « maniaque », et voilà qu’ils affirment que Johnson a endossé la politique de Goldwater et « penche » du côté des maniaques.

Quelle est, en fin de compte, la différence entre les deux ? Les révisionnistes khrouchtchéviens prétendent qu’il est faux de prévoir un virage vers la droite de la politique américaine, mais Johnson n’est-il pas suffisamment à droite, ou bien serait-il à « gauche » ?

Ils affirment une chose un jour, autre chose le lendemain, et tout est illogique, contradictoire, et cela dans le seul but de disculper l’impérialisme américain, de trouver un fétu de paille auquel accrocher leur ligne de « coopération soviéto-américaine » et la sauver de la noyade.

La nature de l’impérialisme américain a « changé », disent-ils. Et leur caractère de classe, à eux, s’exprime précisément par là. Ils ont substitué la théorie bourgeoise de la nature humaine à l’analyse de classe, et le pragmatisme bourgeois au marxisme-léninisme. D’après leur philosophie, « quelque chose d’humain persiste au tréfonds du criminel même le plus endurci » [13].

Et chez l’impérialisme américain, le plus cruel de son espèce, il subsisterait également des traces de bonté. Pour eux, mouvement révolutionnaire et lutte des classes sont totalement inutiles. Quant au sort des peuples et de l’humanité, il n’y a qu’à se fier à la bonté de l’impérialisme américain. Il est clair que les peuples ne pourront mener résolument et efficacement le combat contre l’impérialisme américain tant que ces absurdités révisionnistes n’auront pas été complètement balayées.

DE L’APPRÉCIATION DE LA PUISSANCE DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

L’impérialisme américain a une nature agressive qui ne changera jamais et sa stratégie d’asservissement de tous les peuples a été établie une fois pour toutes. Tout comme une féroce bête de proie, il attaquera et dévorera l’homme, que celui-ci l’irrite ou non. L’abattre ou se laisser manger, telle est l’alternative. Entre les peuples et l’impérialisme américain, une épreuve de force est donc inévitable. Et à ceux-ci se posent les questions suivantes : Comment apprécier la puissance de l’impérialisme américain ? Et peut-on le vaincre ?

Voir au-delà des apparences

Dès 1946, le camarade Mao Tsé-toung énonçait sa célèbre thèse : L’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier. Il disait : « Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires. » [14]

Deux ans après la victorieuse Révolution d’Octobre, Lénine affirmait : « L’impérialisme mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible, que les ouvriers d’un pays arriéré qui tentaient de s’insurger contre lui pouvaient être taxés de folie. Mais aujourd’hui, en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les deux années écoulées, nous voyons que nos adversaires, eux aussi, commencent de plus en plus à nous donner raison. Nous voyons que l’impérialisme, que l’on considérait comme un colosse invincible, s’est révélé aux yeux de tous un colosse aux pieds d’argile. » [15]

Cette thèse marxiste-léniniste, l’impérialisme est un colosse aux pieds d’argile et un tigre en papier, révèle l’essence du problème au-delà des apparences. Le peuple est le moteur de l’histoire, l’impérialisme et tous les réactionnaires constituent les forces décadentes de la réaction dont le divorce d’avec les masses est complet, et aussi puissants qu’ils paraissent, cette apparence même n’est que phénomène passager.

C’est uniquement en envisageant l’impérialisme américain dans son essence, qui est celle d’un tigre en papier, que l’on trouvera la hardiesse de le combattre et d’enlever la victoire. Surestimer la puissance de l’impérialisme américain et sous-estimer celle des masses populaires ne peut que rendre l’impérialisme américain plus agressif, émousser la combativité révolutionnaire des peuples.

Khrouchtchev et ses successeurs, qui se prétendent « marxistes-léninistes », ont pour l’impérialisme américain une admiration mêlée de crainte. Ils attaquent la thèse du tigre en papier du camarade Mao Tsé-toung, déforment les célèbres paroles de Lénine sur le colosse aux pieds d’argile, et insistent sur le fait que l’impérialisme américain est un tigre en papier aux « dents atomiques », qu’il est un « colosse », quoiqu’il « ait une base instable » ; ils proclament que l’impérialisme américain « est toujours puissant, que le combattre n’est pas facile ».

Ils estiment que les fusées, les bombes A et H sont les facteurs qui décident de la guerre, tandis que les forces armées populaires ne sont qu’« un tas de chair ». Leur seul but, en stimulant de la sorte l’arrogance de l’impérialisme américain et en répandant des vues pessimistes parmi les peuples, c’est de faire accroire que l’impérialisme américain est invincible, que la révolution des peuples est sans espoir.

Un arbre évidé par les vers

L’impérialisme américain est faible par essence, quoiqu’il paraisse solide. La grande révolution victorieuse du peuple chinois et les grandes victoires des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, survenues après la Seconde guerre mondiale, ont confirmé la thèse scientifique du camarade Mao Tsé-toung sur l’impérialisme et tous les réactionnaires, tigres en papier.

Que les peuples s’unissent, qu’ils ne craignent pas les difficultés, qu’ils combattent résolument en dépit des sacrifices à consentir, et ils vaincront l’impérialisme américain.

La pensée qui anime le peuple sud-vietnamien dans son héroïque résistance à l’agression impérialiste américaine, c’est « plutôt la mort que l’asservissement ».

Et malgré son manque de forces aériennes et navales, il a battu des centaines de milliers de soldats fantoches équipés d’armes ultra-modernes par l’impérialisme américain, fait échouer la « guerre spéciale » et il résiste victorieusement aux forces d’agression américaines.

Les Etats-Unis enverront plus de soldats au Sud-Vietnam, et leur défaite n’en sera que plus cuisante. Le soldat américain est pris de panique sitôt envoyé en ligne, les bases aériennes américaines se font attaquer les unes après les autres, et le personnel de l’ambassade des Etats-Unis à Saïgon vit dans la terreur.

Les Américains ont d’ailleurs admis qu’ils ne peuvent venir à bout du peuple sud-vietnamien, même avec 500.000 de leurs hommes.

La République dominicaine, dont la population n’est que de 3 millions, se trouve sur une île au seuil même des Etats-Unis ; lorsque son peuple se souleva, Johnson fut dans ses petits souliers et, en l’espace de quelques jours, expédia une force d’agression de 30.000 hommes pour essayer de mater rapidement la lutte patriotique anti-américaine.

Mais le peuple dominicain ne s’est pas laissé intimider par l’impérialisme américain, il lui résiste et fermement, et le combat qui dure depuis trois mois à Saint-Domingue gagne maintenant l’intérieur du pays. La situation de l’administration Johnson était déjà peu brillante, elle s’est enfoncée dans un nouveau bourbier.

Entre l’insatiable soif d’agression de l’impérialisme américain et sa puissance qui a des limites et qui décline chaque jour, la contradiction est implacable. Il est allé trop loin, et il se fait battre partout où il passe à l’agression. Il est dans une situation semblable à celle de la Famille du Seigneur Jong du Rêve du Pavillon rouge [16], que Leng Tse-hsing dépeignit comme suit : « quoique la charpente tînt encore debout, le ver rongeur était dans ses entrailles ».

Les Etats-Unis ne disposent que de 2.700.000 soldats, dont plus d’un million sont distribués dans le monde entier, et ceux-ci sont si dispersés qu’ils ne peuvent être partout où il y a résistance.

La guerre d’agression au Sud-Vietnam et en République dominicaine leur font ressentir leur manque d’hommes, auquel ils doivent remédier par le recrutement de jeunes qui ne tiennent pas tous à servir de chair à canon.

Que feraient les Etats-Unis si des situations analogues à celles du Sud Vietnam et de la République dominicaine venaient à se produire ailleurs ? C’est la question que se pose non sans inquiétude Walter Lippmann, le chroniqueur bien connu de la presse bourgeoise : « Dans combien de Vietnam et de République dominicaine, les marines pourraient-ils maintenir l’ordre simultanément ? »

La politique d’agression et de guerre de l’administration Johnson est extrêmement impopulaire aux Etats-Unis où ouvriers, paysans, intellectuels et personnalités de tous les milieux se sont unis dans de gigantesques mouvements de protestation contre l’agression au Vietnam, et les réunions, manifestations et déclarations se multiplient. Cent mille enseignants et étudiants ont organisé des « conférences-débats » condamnant l’administration Johnson.

Affolée, la Maison Blanche a dépêché de hauts fonctionnaires aux quatre coins du pays pour « expliquer », pour calmer l’indignation des grandes masses. Les Rusk, Bundy et Cie ont été accueillis partout par des huées et les questions embarrassantes les trouvèrent à court de réponses.

Des mouvements politiques d’une telle ampleur sont rares dans l’histoire des Etats-Unis et sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale. Ils témoignent d’un nouvel éveil du peuple américain.

L’économie des Etats-Unis craque de partout ; sa militarisation a entraîné de sérieuses conséquences : surproduction, marché en contraction constante, chômage frappant plus de 10 millions d’hommes à certain moment. Les Etats-Unis, qui passent pour être le pays le plus riche au monde, ont la plus grande dette, secteurs privé et public dépassent 1.300 milliards de dollars. La balance des paiements est largement déficitaire, la toute-puissance du dollar, cet instrument d’agression, n’est plus, la situation monétaire et financière est dans un état critique.

Le président de l’American Federal Reserve Board, W.M. Martin, s’est étonné de ce que la situation actuelle « offre des analogies inquiétantes » avec la dépression des années 20.

Après la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont été pendant longtemps des « bienfaiteurs » pour d’autres pays capitalistes, ils renforcèrent leur emprise sur leurs alliés dans tous les domaines, les foulant ainsi au pied, mais d’énormes changements se sont produits dans le rapport des forces du monde capitaliste ; les pays d’Europe occidentale s’insurgent contre ce contrôle et mettent sérieusement l’hégémonie américaine au défi. Les contradictions entre la France et les Etats-Unis sont devenues un antagonisme à l’échelle planétaire.

Et il en existe d’irréductibles aussi entre les Etats-Unis et d’autres grandes puissances capitalistes : Grande-Bretagne, Allemagne de l’Ouest, Japon et Canada.

Les blocs militaires agressifs que les Etats-Unis eurent toutes les peines du monde à mettre sur pied se désagrègent, l’un après l’autre. Et malgré les fortes pressions que l’administration Johnson exerce sur ses alliés et ses vassaux pour qu’ils dépêchent des troupes au Sud-Vietnam, afin d’y faire remonter le moral et d’y remédier à la situation, la plupart des pays ont refusé poliment, à l’exception de quelques-uns qui ont fourni une poignée d’hommes. Un journaliste américain remarquait tristement : « Nous recherchons vainement de par le monde les vrais el actifs partisans de notre politique ».

L’impérialisme américain est comme un grand arbre à l’intérieur tout rongé, il craque sous la tempête révolutionnaire mondiale, il va de mal en pis. Johnson est sur les dents, il s’agite 24 heures sur 24.

Un journaliste américain disait de lui qu’il était affable avant son accession à la présidence, mais qu’il est devenu d’une humeur exécrable, qu’il déteste la critique et que les conseils l’exaspèrent. L’atmosphère de la Maison Blanche est mouvementée. Et quand Johnson met une aventure militaire au point, il lui est impossible de trouver le sommeil.

Fatigué et tourmenté, le président se couche à une heure du matin et s’éveille à trois heures. Il a admis que sa plus grande crainte, ce sont les appels téléphoniques urgents, car les bonnes nouvelles sont rares.

Il s’emporte facilement et est mal à l’aise. Les questions à régler le plongent dans la confusion, et quand il n’en peut plus, il quitte furtivement la Maison Blanche, par la porte de service, pour aller se détendre sur « le sombre fleuve », Le lamentable et hystérique Johnson rappelle le Hitler des derniers jours !

Une incurable mollesse

Les jours de l’impérialisme américain sont comptés sous l’impact du vigoureux mouvement anti-américain qui balaie le monde. C’est lui qui craint les peuples, et le contraire n’est pas vrai − voilà la caractéristique de la situation sur le plan mondial.

Comme tout ce qui existe au monde, l’impérialisme américain a un caractère double. Du point de vue stratégique, il est, par essence, un tigre en papier, moins puissant qu’il n’y paraît. Mais du point de vue lactique, pour ce qui est de chaque combat spécifique, il doit être tenu pour un vrai tigre, un mangeur d’hommes.

N’a-t-il pas détruit et ne détruit-il pas des milliers el des milliers de vies humaines au Sud-Vietnam, au Congo et en République dominicaine ?

Il doit donc être traité par le mépris sur le plan stratégique et pris sérieusement en considération sur le plan tactique. Car en le traitant par le mépris sur le plan stratégique, on trouvera l’audace de le combattre, et en le prenant sérieusement en considération sur le plan tactique, on saura comment le combattre.

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne voient que sa puissance apparente et non sa faiblesse inhérente ; ils distinguent uniquement le tigre authentique et non le tigre en papier, el ils qualifient même la conception dialectique marxiste-léniniste de « double jeu », preuve qu’ils n’entendent rien au marxisme-léninisme.

D’après eux, un égale un et deux égale deux, les forts sont forts et les faibles sont faibles ; il n’y a pas de faiblesse dans ce qui est fort, et ce qui est faible ne peut rien renfermer de fort ; il ne peut y avoir mutation du fort en faible, ni du faible en fort. A leurs yeux, l’impérialisme américain sera toujours fort et le peuple toujours faible.

Mais, pour les marxistes-léninistes, toute chose se transforme en son contraire dans des conditions données : devient faible ce qui est fort, et fort ce qui est faible. Lénine disait : « Voulez-vous une révolution ? Eh bien, vous devez être puissants ! » [17] 

Cela signifie que les forces révolutionnaires naissantes sont peu nombreuses et faibles au début, mais que leurs effectifs grossiront, qu’elles deviendront puissantes, et elles sont donc nécessairement les forts.

Toutes les puissances impérialistes et réactionnaires, aussi grandes et fortes qu’elles soient au départ, finiront par s’amenuiser et s’affaiblir, et elles sont donc nécessairement les faibles.

Staline disait : « Ce qui naît dans la vie et grandit de jour en jour, est irrésistible, et l’on ne saurait en arrêter le progrès… [le prolétariat] si faible et peu nombreux qu’il soit aujourd’hui, il finira néanmoins par vaincre … Par contre, ce qui dans la vie vieillit et s’achemine vers la tombe, doit nécessairement subir la défaite, … [la bourgeoisie] si forte et nombreuse qu’elle soit aujourd’hui, elle finira néanmoins par essuyer la défaite. » [18]

La mutation qui s’opère de fort en faible, de grand en petit, de ce qui monte en ce qui va vers sa fin et vice versa, c’est toute l’histoire de la lutte des classes de l’humanité. Il n’y a que les aveugles pour ne pas le voir. La mutation présuppose certaines conditions, cela va de soi.

La lutte révolutionnaire des peuples ne se fait pas sans heurts, la route n’est pas toute droite, elle peut être parsemée de difficultés et d’obstacles, et de lourds sacrifices à consentir provisoirement doivent même être prévus. Aussi, dans ces conditions, l’essentiel est-il le combat et l’esprit de sacrifice.

Une fois cet esprit révolutionnaire acquis, en dépit des « sentiers étroits, forêts profondes, mousses glissantes », « le vent déploiera le drapeau rouge comme un tableau ». [19]

Yuan Mei, de l’époque de la dynastie des Tsings, écrivait dans le conte « Comment Tchen Peng-nien exorcisa un spectre avec son souffle » : le spectre d’un pendu souffla sur Tchen une haleine qui le glaça jusqu’aux os et fit vaciller la lampe dont la flamme vira au bleu, prête à s’éteindre. Mais Tchen se dit : « Le spectre a du souffle, et j’en ai aussi ».

Il fit une longue inspiration, et dirigea son souffle puissant sur le spectre qui s’évanouit en fumée. Cette histoire prouve que si l’homme ne craint pas le spectre, c’est le spectre qui le craindra. L’impérialisme américain aussi est un spectre, tout juste bon à effrayer les gens ; si vous le craignez, il vous nuira ; si vous ne le craignez pas et lui rendez coup pour coup, il ne saura à quel saint se vouer.

Le chantage à la guerre de l’impérialisme américain intimide les révisionnistes khrouchtchéviens, ils plient sous la pression, ils sont affligés d’une incurable mollesse. La révolution les effraie, les sacrifices aussi, ils n’osent pas rendre coup pour coup à l’impérialisme américain et ils combattent même la cause révolutionnaire des peuples. Ils dressent un tableau terrifiant de la guerre, ils opposent révolution mondiale et défense de la paix mondiale ; et ils ont été jusqu’à proclamer que certains « prétendent que la révolution mondiale est plus importante que la défense de la paix. Mais, qu’est-ce qui importe plus, la tête ou le corps ? » [20] 

En mendiant la paix, ils trahissent la révolution ; pour eux, c’est l’esclavage qui est préférable à la mort et non le contraire. Voilà la philosophie de renégat des révisionnistes khrouchtchéviens.

Lénine l’a dit, « celui qui ne sait pas distinguer les sacrifices consentis au cours de la lutte révolutionnaire et pour sa victoire, quand toutes les classes possédantes et contre-révolutionnaires combattent la révolution, celui qui ne sait pas distinguer ces sacrifices de ceux d’une guerre de brigandage et d’exploitation, celui-là fait preuve de l’ignorance la plus crasse, et on doit dire à son sujet : il faut lui mettre un abécédaire en mains et, avant de lui donner l’instruction extra-scolaire, l’envoyer à l’école primaire ; ou bien alors, il incarne l’hypocrisie à la Koltchak la plus haineuse, quel que soit le nom qu’il se donne, quels que soient les sobriquets sous lesquels il se dissimule. » [21] N’est-ce pas là le portrait même du révisionniste khrouchtchévien ?

DE L’ATTITUDE A ADOPTER ENVERS L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

Qui est l’ami et qui est l’ennemi ? Avec qui faut-il faire l’unité et qui faut-il combattre ? Ces questions sont d’importance primordiale pour la révolution. Car pour faire triompher une lutte révolutionnaire, il est indispensable de faire l’unité avec les vrais amis et de combattre les vrais ennemis.

L’impérialisme américain est la principale force d’agression et de guerre du monde d’aujourd’hui, il est le principal ennemi de tous les peuples. Quand il s’agit d’en finir avec une bande de malfaiteurs, il importe avant tout de mettre la main sur le chef, et la première tâche de tous les marxistes-léninistes, de tous les révolutionnaires, est de faire l’unité entre les peuples, de diriger la pointe de leur combat contre l’impérialisme américain.

Les révisionnistes khrouchtchéviens ont cependant tout inversé : ils tiennent l’impérialisme américain pour leur grand ami et le peuple révolutionnaire de partout pour leur ennemi. Cette façon d’agir ne peut qu’aboutir à une lutte aiguë entre les deux lignes quant à l’attitude à adopter envers l’impérialisme américain.

Sous le victorieux étendard du Front uni anti-américain

C’est à partir de la situation réelle dans le monde, d’une analyse de classe des contradictions fondamentales existant dans le monde et en tenant compte de la « stratégie globale » contre-révolutionnaire de l’impérialisme américain, que le Comité central du Parti communiste chinois a fait ressortir, dans ses « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international » qu’il est indispensable et possible, pour le prolétariat international, d’unir toutes les forces pouvant être unies, de mettre à profit les contradictions internes de l’ennemi, afin d’établir un vaste front uni contre l’impérialisme américain et ses laquais, par la mobilisation sans réserve des masses, le renforcement des forces révolutionnaires, l’attraction à soi des forces intermédiaires, et l’isolement de l’impérialisme américain et ses laquais.

Le camarade Mao Tsé-toung a fait, ces dernières années, de nombreuses déclarations de soutien au juste combat de tous les peuples contre l’impérialisme américain. L’idée essentielle en est que les peuples du monde entier doivent s’unir pour abattre l’agresseur américain et tous ses laquais.

Le président Mao Tsé-toung en appelle aux peuples des pays du camp socialiste, aux peuples asiatiques, africains, latino-américains, à ceux de tous les continents, aux pays attachés à la paix et aux pays victimes de l’agression, du contrôle, de l’intervention et des brimades des Etats-Unis, pour qu’ils s’unissent, constituent le front uni le plus large contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain, pour la défense de la paix mondiale.

La situation internationale va précisément dans ce sens.

C’est chaque jour que les peuples prennent un peu plus conscience, que la lutte contre l’impérialisme américain gagne en ampleur et que s’élargit le front uni contre lui.

Les peuples des pays socialistes et les peuples et nations opprimés combattent sur un même front. La lutte des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine contre le néo-colonialisme et le colonialisme, qui ont les Etats-Unis à leur tête, se développe de façon foudroyante et de plus en plus nombreux sont les peuples qui prennent les armes et engagent un combat sans merci contre l’impérialisme américain et ses laquais.

En Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Océanie, la lutte des peuples contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain marque également des points. De par le monde ne cesse de croître le nombre de ceux qui entrent dans les rangs du front uni anti-américain. Les peuples du monde entier font le siège de l’impérialisme américain.

Une sombre trame contre-révolutionnaire

Les révisionnistes khrouchtchéviens n’ont pas conscience de la puissance du peuple révolutionnaire de partout, ils tiennent l’impérialisme américain pour tout puissant et estiment que les questions mondiales doivent être réglées par le canal de leur collaboration avec les Etats-Unis.

Ainsi agissait Khrouchtchev, et ses successeurs en font autant. La sombre trame contre-révolutionnaire de « la coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » court tout au long de la politique révisionniste, qu’il s’agisse de la « coexistence pacifique », du « passage pacifique », de l’« émulation pacifique ».

Que cette ligne révisionniste ait pris corps, qu’elle se soit développée, n’est pas le fait du hasard, ses racines plongent au plus profond des classes sociales. Sur le plan intérieur, elle est due à la rapide avance des forces capitalistes en Union soviétique ; sur le plan international, elle est la résultante de la double tactique contre-révolutionnaire de l’impérialisme, qui consiste à la fois en menaces et en flatteries.

La clique révisionniste khrouchtchévienne est l’expression politique de la nouvelle couche bourgeoise, les privilégiés, qui a fait son apparition en Union soviétique, et elle place les intérêts de celle-ci au-dessus des intérêts du peuple soviétique, des peuples des pays socialistes, de tous les peuples. Elle ne poursuit plus la révolution et elle craint que les révolutions des autres ne viennent perturber ses doux rêves d’existence bourgeoise.

A l’internationalisme prolétarien, elle a substitué l’égoïsme national et le chauvinisme de grande nation ; elle divise le camp socialiste et le mouvement communiste international, elle sape la cause révolutionnaire des peuples et des nations opprimés, elle capitule devant l’impérialisme américain.

Les peuples veulent-ils survivre ? Qu’ils s’en remettent à la « coopération soviéto-américaine » ; mais qu’ils ne fassent pas la révolution, jamais ; car « une seule étincelle peut allumer une catastrophe » [22], « n’importe quel conflit entre nations peut dégénérer en une conflagration mondiale » [23].

Les nations opprimées veulent-elles l’indépendance ?

Qu’elles patientent jusqu’à ce que les Nations unies règlent l’affaire. « Qui, sinon l’Organisation des Nations unies, assumerait la défense de l’abolition du système colonial ? » [24]

Les peuples vivent-ils dans la misère ? Qu’ils patientent jusqu’à la conclusion du « désarmement général » de l’Union soviétique et des Etats-Unis. Si 8 à 10 pour cent, tout au plus, des sommes consacrées de par le monde aux dépenses militaires étaient libérés, « il sera possible d’en finir avec la faim, les maladies et l’analphabétisme dans les régions déshéritées du globe, et cela en vingt ans » [25].

Les pays ayant accédé à l’indépendance veulent-ils développer leur économie nationale ? Qu’ils s’adressent à l’Union soviétique et aux Etats-Unis pour une « aide » économique. Il apparaît que pour pouvoir développer leur économie, les pays libérés « se voient forcés de recourir en bonne partie aux pays impérialistes », mais l’Union soviétique intervenant dans l’affaire, il leur est loisible d’accepter l’« aide » américaine « en toute indépendance et sur un pied d’égalité » [26].

Les peuples craignent-ils l’agression ? Qu’ils s’inclinent devant les armes nucléaires soviétiques ! « Les fusées et la puissance nucléaire soviétiques sont le facteur décisif du maintien de la paix » [27].

Les peuples aspirent-ils au socialisme ? Qu’ils attendent donc les fruits d’or de la « compétition pacifique » soviéto-américaine ! Dès que l’Union soviétique sera devenue la première puissance au monde, « tous les peuples du monde seront définitivement acquis au socialisme », et « la voie pacifique » de la révolution socialiste « sera plus que jamais possible » [28].

En un mot, que l’Union soviétique et les Etats-Unis se donnent la main, et les relations internationales entreront dans une ère nouvelle, la situation internationale se détendra, les peuples jouiront de la paix, de l’indépendance, de la liberté et du bonheur.

Comment la « coopération soviéto-américaine » pourrait-elle engendrer de tels miracles ? Les révisionnistes khrouchtchéviens l’ont dit en termes clairs : « Chacune de ces deux puissances (Union soviétique et Etats-Unis) est à la tête d’un bon nombre de pays, l’Union soviétique dirige le système socialiste mondial, les Etats-Unis dirigent le camp capitaliste » [29].

L’Union soviétique et les Etats-Unis « sont les pays les plus puissants au monde et si nous nous unissons pour la paix, il ne peut y avoir de guerre. Alors, s’il prenait envie à quelque déséquilibré de faire la guerre, il nous suffira de claquer des doigts pour qu’il s’éloigne » [30].

Si les chefs de gouvernement de l’Union soviétique et des Etats-Unis s’entendent, « les problèmes internationaux dont dépend le sort de l’humanité recevront leur solution » [31].

Que de grandeur et de puissance dans « la coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » ! Il semble que ces seigneurs suprêmes n’aient qu’à remuer le petit doigt pour que les peuples de partout dans le monde se soumettent à leur volonté, soient prêts à se laisser massacrer par eux. Et le globe, pour vaste qu’il est, reposerait entre leurs mains. N’est-ce pas du chauvinisme de grande puissance, de la politique de force, dans tout ce qu’ils ont de plus caractérisé ?

Au bon plaisir de l’impérialisme américain

Tout ce qu’entreprennent les révisionnistes khrouchtchéviens vise à s’attirer les bonnes grâces de l’impérialisme américain. Leurs paroles et leurs actes répondent aux désirs des impérialistes américains.

Ceux-ci interdisent aux peuples de faire la révolution, et ils en font autant. L’impérialisme américain veut faire de l’O.N.U. son instrument, et ils portent cette organisation aux nues. Lui cherche à paralyser les peuples avec le mensonge du « désarmement », afin de pouvoir préparer la guerre sans encombre, et eux chantent le désarmement général et complet comme un service immense à rendre à l’humanité.

Lui cherche à installer son néo-colonialisme par le canal de l’« aide », et eux s’empressent d’avoir leur mot dans l’affaire. Lui cherche à amener les nations opprimées à opérer un « changement pacifique », et eux lui emboîtent le pas, ils demandent aux nations et peuples opprimés d’emprunter la voie du « passage pacifique », tout en appliquant chez eux l’« évolution pacifique » vers le capitalisme.

Pourquoi leurs paroles et leurs actes ressemblent-ils tant à ceux de l’impérialisme américain, au point qu’il n’y a pas de différence ? D’où peut provenir cette similitude, si ce n’est qu’il y a collusion entre les deux ?

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si la ligne de « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » des révisionnistes est appréciée uniquement par l’impérialisme américain et ses laquais, alors que tous les peuples la condamnent.

Kennedy disait : « Il nous faut une arme bien meilleure que la bombe H, une arme meilleure que les engins balistiques ou les sous-marins nucléaires, et cette arme meilleure, c’est la coexistence pacifique ». Et la presse occidentale écrivait : « Pour le monde libre, le camarade Khrouchtchev est le meilleur premier ministre russe qu’il y ait jamais eu. Il croit sincèrement à la coexistence pacifique. »

Dernièrement encore, alors que l’impérialisme américain étendait son agression contre le Vietnam, Johnson déclarait : « Les peuples de Russie et des Etats-Unis ont beaucoup d’intérêts en commun. Et je veux dire au peuple de l’Union soviétique : Les Etats-Unis n’ont aucun intérêt à entrer, en quelque lieu que ce soit, en conflit avec le peuple soviétique.

Et soutenir l’agression ou la subversion en quelque lieu que ce soit n’est pas dans l’intérêt véritable de l’Union soviétique. » Ce qui revient à dire que les Etats-Unis ont beaucoup d’« intérêts communs » avec les révisionnistes khrouchtchéviens et « collaboreraient » volontiers avec eux, tant que ceux-ci ne soutiennent pas les luttes révolutionnaires des peuples du Vietnam et d’ailleurs, tant qu’ils acceptent les conditions américaines pour la « paix ». Comme Khrouchtchev, les révisionnistes khrouchtchéviens se tiennent aux ordres de l’impérialisme américain.

L’apparence et la réalité

Ils pourraient protester parce que nous les mettons dans le même panier que Khrouchtchev. N’en appellent-ils pas à tout bout de champ à combattre l’impérialisme américain, à soutenir Je mouvement de libération nationale et les pays socialistes frères ?

Cela ne les différencie-t-il pas un peu de Khrouchtchev ? Mais ils parlent d’une manière et agissent d’une autre. Les marxistes-léninistes jugent d’après les faits et non d’après les mots. Seuls les faits parlent aux gens, tandis que les mots ne peuvent les duper longtemps. Voyons donc les faits.

Les révisionnistes khrouchtchéviens prétendent qu’ils sont contre l’impérialisme américain, mais, en fait, ils ne cessent d’affirmer à celui-ci qu’ils entendent poursuivre la politique de « coopération soviéto-américaine ».

Ils prétendent soutenir le mouvement de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine, mais, en fait, ils le minent. Et c’est en coordination avec la manipulation américaine appelée « réconciliation nationale », qu’ils continuent à disloquer le mouvement de libération nationale au Congo (L).

Ils travaillent main dans la main avec l’impérialisme américain pour mettre sur pied une armée permanente onuesque en vue de réprimer les révolutions des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Ils ont présenté tout dernièrement 5 millions de dollars à l’O.N.U. au litre de « paiement anticipé à valoir sur le budget ».

Ils prétendent soutenir les pays socialistes frères, mais, en fait, continuent à en trahir les intérêts. Ils ont affirmé encore et encore que le statu quo dans la question allemande est « relativement satisfaisant », que « rien n’en motive le changement », reléguant ainsi dans les dossiers la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne et la question de Berlin-Ouest, qui devraient pourtant être réglés au plus tôt.

Il n’y eut pas de riposte énergique de leur part lorsque les militaristes ouest-allemands tinrent une session du Bundestag à Berlin-Ouest, ce qui était une grave provocation contre la R.D.A. et le camp socialiste.

Leur double visage apparaît de façon plus claire avec la question du Vietnam. D’un côté, ils crient qu’ils soutiennent le peuple vietnamien, et de l’autre, ils répriment de façon sanglante, à Moscou et à Léningrad, les manifestations anti-américaines organisées par des étudiants vietnamiens et autres. Dans certains cas, ils font semblant d’exiger le départ des troupes américaines du Sud-Vietnam, et dans d’autres, ils n’en soufflent mot.

Ils ont quelques petits gestes pour aider le Vietnam, mais, par ailleurs, portent cette aide à la connaissance des Etats-Unis. D’un côté, ils se disent contre l’agression américaine au Vietnam, et de l’autre, donnent l’accolade aux fidèles valets et chouchous de l’impérialisme américain que sont Tito et Shastri et en chœur chantent avec eux, claironnant au sujet de « pourparlers de paix », afin de trouver une porte de sortie pour l’impérialisme américain.

Une simple analyse de ces faits contradictoires suffit pour voir au-delà des apparences, les débarrasser de leurs fioritures, pour s’apercevoir que si les révisionnistes khrouchtchéviens se faufilent dans les rangs de tous les peuples du monde qui soutiennent la lutte patriotique de résistance à l’agression américaine du peuple vietnamien, et s’ils arborent le drapeau du « soutien au Vietnam », ce n’est que pour capitaliser politiquement, dans le but de passer plus de marchés avec les Etats-Unis et de trahir la cause révolutionnaire du peuple vietnamien. Telle est la trahison que cache le soutien en apparence.

Et alors qu’ils clament à cor et à cri leur soutien au Vietnam, les impérialistes américains affirment que les révisionnistes khrouchtchéviens sont « désireux » de reprendre « le dialogue au sujet de la coexistence pacifique » avec les Etats-Unis, qu’ils « cherchent éperdument à soustraire les relations soviéto-américaines à de nouvelles détériorations dues à la guerre au Vietnam ». De tels propos donnent matière à réflexion.

Cette tactique à volte-face continuelle ne correspond-elle pas exactement à celle de l’« homme aux deux visages » de Les fleurs dans le miroir [32] ?

L’« homme aux deux visages » adopte parfois un air distingué et parfois se montre tel qu’il est, féroce, chacun des visages servant à un but déterminé. Ce que les révisionnistes khrouchtchéviens appellent soutien et aide au Vietnam leur sert à duper. Leur vrai but, c’est placer la question vietnamienne sur l’orbite de la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde », c’est étouffer la lutte du peuple vietnamien contre l’agression américaine.

Tel sera pris qui croyait prendre

Les temps ont changé, l’époque où quelques grandes puissances pouvaient décider du sort des autres est à jamais révolue. Les révisionnistes khrouchtchéviens vont à contre-courant de l’histoire et leur échec est certain s’ils estiment que l’Union soviétique et les Etats-Unis peuvent agir en maîtres dans le monde sans se soucier des autres.

Le monde compte plus de 130 pays, et plus de 3 milliards d’habitants dont plus de 90 pour cent veulent la révolution. Là où il y a agression, et oppression, il y a lutte pour la liberté et la libération. La cause révolutionnaire des peuples est un puissant courant historique que rien ne peut endiguer.

Les impérialistes américains, de même que les révisionnistes khrouchtchéviens, ne sont après tout qu’une poignée de gens qui démontrent leur inconscience en s’opposant à la révolution, alors qu’ils ont à faire face à tous les peuples, y compris le peuple soviétique. « Des fourmis prennent des airs de grande nation dans un acacia qu’elles enchaînent ;

D’autres, sans douter de rien, veulent ébranler un grand chêne. » [33] Pourquoi craindre que croule le monde parce que des mouches heurtent le mur ?

Les marxistes-léninistes s’en tiennent aux principes, poursuivent la révolution, s’opposent fermement à l’impérialisme américain et estiment indispensable de dénoncer et de condamner le révisionnisme khrouchtchévien. Les peuples des pays socialistes veulent mener la révolution jusqu’au bout. Les révisionnistes khrouchtchéviens sont dans l’incapacité de résoudre les contradictions qui les opposent au peuple soviétique, et plus encore d’agir en maître avec tous les pays socialistes.

Les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine veulent décider de leur propre destin, poursuivre leur révolution nationale et démocratique jusqu’au bout, et ce ne sont pas les révisionnistes khrouchtchéviens qui les en empêcheront. Ces peuples font avancer, dans la voie de la victoire, la roue de la révolution contre l’impérialisme, Etats-Unis en tête, et ses laquais. Les révisionnistes khrouchtchéviens sont-ils à même de faire tourner cette roue en sens inverse ?

En admettant que leurs manœuvres parviennent à infliger provisoirement des revers à la lutte révolutionnaire d’un peuple, elles ne joueront tout au plus qu’un rôle de professeur par la négative.

Au Congo-Léopoldville, par exemple, les révisionnistes khrouchtchéviens s’étaient abouchés avec l’impérialisme américain pour torpiller l’indépendance nationale, mais le peuple congolais, qui a tiré les enseignements de cette sanglante leçon, a pansé ses plaies, pris les armes et engagé de nouveau une lutte victorieuse. Cet exemple ne peut qu’aider à comprendre qu’il est impossible de faire accéder la révolution nationale et démocratique à des victoires plus grandes sans écarter et éliminer le contrôle et l’influence exercés par le révisionnisme khrouchtchévien.

Les nouveaux pays indépendants veulent sauvegarder leur indépendance nationale, briser les complots d’agression et de subversion de l’impérialisme américain, et ce ne sont pas les révisionnistes khrouchtchéviens qui pourront les étouffer.

L’Indonésie s’est retirée des Nations unies pour sauvegarder le « sceptre de son indépendance », et les révisionnistes khrouchtchéviens n’y peuvent rien, aussi déplaisant que cela leur soit. Il en est de même du Cambodge qui, pour défendre sa souveraineté et sa dignité, n’a pas hésité à rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis.

Un bon nombre de pays capitalistes résistent également au contrôle américain, et l’hégémonie américaine est ébranlée. Et là aussi, les révisionnistes khrouchtchéviens sont incapables de venir en aide aux Etats-Unis.

Si les révisionnistes khrouchtchéviens rêvent de dominer le monde avec les Etats-Unis, l’impérialisme américain a toujours eu pour « stratégie globale » de dominer le monde à lui seul, sans partager avec qui que ce soit. Pourquoi irait-il faire une exception pour les révisionnistes khrouchtchéviens et serait-il plus indulgent avec eux, alors qu’envers ses propres alliés, il use de l’escroquerie et pratique la loi de la jungle, qu’il n’hésite pas à expédier dans l’autre monde ses laquais devenus inutiles ?

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne s’attireront que des humiliations de plus en plus nombreuses en capitulant sans cesse devant lui. Et il se fera que la « domination conjointe » verra ses fervents propagateurs transformés en « sujets », car le partenaire est impitoyable.

Une fable d’Esope rapporte qu’ayant rencontré un lion, le renard attira l’âne, son ami, dans un piège, le sacrifiant et croyant ainsi pouvoir se sauver. Mais le lion ne le lâcha pas. La fable rappelle que ceux qui trahissent leurs amis pour leur nuire, finissent par nuire à eux-mêmes.

LES DEUX LIGNES SONT INCONCILIABLES

L’attitude à adopter envers l’impérialisme américain touche au sort de l’humanité, car elle implique la question de savoir si les deux tiers de la population mondiale vivant encore sous le régime impérialiste et capitaliste ont à faire la révolution, et si le tiers déjà engagé dans la voie du socialisme doit poursuivre la révolution jusqu’au bout.

Il appartient à chacun de se prononcer et, par-là, de se montrer révolutionnaire, non révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. Et c’est dans cette question capitale que les marxistes-léninistes et les révisionnistes khrouchtchéviens poursuivent deux lignes politiques diamétralement opposées.

Ces deux lignes doivent mener inévitablement à deux résultats totalement différents.

Par la ligne marxiste-léniniste, les forces révolutionnaires mondiales se développeront, leur unité se verra continuellement renforcée, et elles finiront par vaincre l’impérialisme américain et sauvegarder la paix dans le monde, tandis que la ligne des révisionnistes khrouchtchéviens mènera à l’affaiblissement des forces révolutionnaires mondiales, au sapement de l’unité des peuples, à l’encouragement des visées agressives de l’impérialisme américain et à la mise en danger de la paix mondiale.

Les deux lignes sont nettement distinctes, elles doivent aboutir à des résultats situés aux antipodes. Tous les peuples doivent s’en tenir à la première, s’efforcer d’en obtenir les résultats, ils doivent combattre la deuxième et en empêcher les conséquences.

Les marxistes-léninistes et le peuple révolutionnaire de partout ont déjà remporté de grandes victoires dans la lutte contre le révisionnisme khrouchtchévien.

Mais les révisionnistes khrouchtchéviens ne se résignent pas à leur échec, ils veulent aller jusqu’au bout. Ils poursuivent leur ligne révisionniste par des moyens hypocrites et sournois, ils continuent à s’aboucher avec l’impérialisme américain et ses laquais pour s’opposer à tous les révolutionnaires du monde.

« Une lutte contre l’impérialisme qui ne serait pas indissolublement liée à la lutte contre l’opportunisme serait une phrase creuse ou un leurre » [34], disait Lénine à juste titre.

La révolution mondiale est, en fin de compte, la cause des masses innombrables. Aussi la conscience révolutionnaire et la combativité des peuples ne pourront-elles être élevées que par la dénonciation continuelle de la trahison des intérêts des masses par les révisionnistes khrouchtchéviens et en montrant qu’ils sont les agents de fait de l’impérialisme.

Le combat inflexible contre le révisionnisme khrouchtchévien est une des conditions indispensables pour assurer la victoire finale des peuples en lutte contre l’impérialisme américain et ses laquais.

La situation mondiale devient de plus en plus favorable aux marxistes-léninistes et au peuple révolutionnaire de partout, et de plus en plus défavorable à l’impérialisme américain, aux réactionnaires de tous les pays et au révisionnisme moderne.

L’impérialisme américain se trouve en fâcheuse posture et son horizon est bouché, tandis que, à l’exemple du soleil levant, la cause révolutionnaire mondiale rayonne dans toute sa splendeur.

« Que vos corps et votre nom viennent à disparaître, le cours des fleuves n’en sera pas arrêté » [35]. Quelque service que les révisionnistes khrouchtchéviens rendent à l’impérialisme américain, ils ne pourront l’arracher à la défaite et à son sort, ils connaîtront eux-mêmes la ruine et la honte, et les générations à venir les maudiront.


[1] V. I. Lénine : « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Œuvres, tome 28.

[2] J. Staline : Discours prononcé à la Ve Conférence de la Fédération des Jeunesses communistes léninistes de l’U.R.S.S. le 29 mars 1927.

[3] « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[4] Khrouchtchev : Discours prononcé à un meeting pour l’amitié soviéto-hongroise, le 19 juillet 1963 ; Discours prononcé au IIIe Congrès du Parti ouvrier roumain le 21 juin 1960.

[5] Lettre ouverte du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique (14 juillet 1963).

[6] Khrouchtchev : Discours prononcé à l’Association Autriche-U.R.S.S. le 2 juillet 1960.

[7] Khrouchtchev : Discours prononcé à la Conférence nationale des cultivateurs du coton de l’U.R.S.S. du 19 février 1958 ; Discours prononcé à la réception donnée le 8 février 1960, par l’Ambassade de l’Italie en U.R.S.S., à l’occasion de la visite du président Gronchi de la République italienne.

[8] Entretien du président Mao Tsé-toung avec des amis japonais, cubains, brésiliens et argentins à Wouhan, Renmin Ribao, 15 mai 1960.

[9] Message de condoléances de Khrouchtchev en date du 23 novembre 1963 lors de la mort de Kennedy.

[10] « A propos de la déclaration du président Kennedy », Izvestia, 4 décembre 1961.

[11] Commentateur, Izvestia, 4 novembre 1964.

[12] « La politique extérieure et le monde moderne », éditorial du Kommunist, N° 3, 1965.

[13] « Crime et peine », article paru dans la Literaturnaïa Gazeta, 13 mai 1965.

[14] Mao Tsé-toung : « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies, tome IV.

[15] V.I. Lénine : « Deux années de pouvoir soviétique », discours, Œuvres, tome 30.

[16] Célèbre roman classique de Tsao Siué-kin, de l’époque des Tsings. La famille féodale dont il est question se nourrit des vestiges du « bon vieux temps ».

[17] V.I. Lénine : « Pas de mensonge ! Notre force réside dans ce que nous disons la vérité ! », Œuvres, tome 9.

[18] J. Staline : Anarchisme ou socialisme ?

[19] « Nouvel An », poème de Mao Tsé-toung, janvier 1930.

[20] « Le réalisme des révolutionnaires », Literaturnaïa Gazeta, 22 avril l965.

[21] V.I. Lénine : « Ier Congrès de l’enseignement extra-scolaire de Russie, Comment on trompe le peuple avec les mots d’ordre de liberté et d’égalité », Œuvres, tome 29.

[22] N.S. Khrouchtchev : Lettre du 5 mars 1958 à Bertrand Russell.

[23] N.S. Khrouchtchev : Discours au banquet en l’honneur de Sihanouk, Ier décembre 1960.

[24] N.S. Khrouchtchev : Discours à l’Assemblée générale de l’O.N.U., septembre 1960.

[25] N.S. Khrouchtchev : Discours au Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, 10 juillet 1962.

[26] V. Tyagunenko : « Problèmes urgents de la voie du développement non capitaliste », L’économie mondiale et les relations internationales (U.R.S.S.), N° 11, 1964.

[27] N.S. Khrouchtchev : Discours au Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, 10 juillet 1962.

[28] A. Shapiro : « La compétition économique entre les deux systèmes − base importante pour la lutte des classes sur le plan international », Problèmes économiques (U.R.S.S.), N° 11, 1965.

[29] N.N. Yakovlev : « Trente années… » (Brochure publiée en Union soviétique à l’occasion du 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis).

[30] N.S. Khrouchtchev : Interview accordée au correspondant américain C.L. Sulzberger le 5 septembre 1901, Pravda, 10 septembre 1961.

[31] A.A. Gromyko : Allocution au Soviet suprême, 13 décembre 1962.

[32] Roman de Li Jou-tchen, écrivain de l’époque des Tsings.

[33] Poème de Mao Tsé-toung, « Réponse au camarade Kouo Mo-jo », 9 janvier 1963.

[34] V.I. Lénine : « Programme militaire de la révolution prolétarienne », Œuvres, tome 23.

[35] Poème du poète Tou Fou, dynastie des Tangs.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Pour l’anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand ! Pour la lutte jusqu’au bout contre l’impérialisme américain ! (1965)

par Louo Jouei-king, publié dans le Hongqi, le 10 mai 1965

Vingt années se sont écoulées depuis la grande victoire sur le fascisme allemand.

Et bientôt il y aura aussi vingt ans que fut remportée la grande victoire sur l’ensemble du bloc fasciste germano-nippo-italien.

Ces vingt années ont été le témoin d’immenses changements dans le monde. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, la victoire qui termina la guerre mondiale antifasciste « a ouvert des possibilités encore plus larges et des voies encore plus efficaces pour la libération de la classe ouvrière et des peuples opprimés du monde entier. » [1].

L’après-guerre a vu surgir un extraordinaire bouillonnement révolutionnaire suite à la jonction des deux grands courants historiques que sont la révolution socialiste et le mouvement de libération nationale, et qui transforment rapidement l’aspect du monde.

Et une confiance sans limites dans la victoire nous sera procurée par un coup d’œil sur la victoire remportée il y a vingt ans sur les fascistes allemands, japonais et italiens, par un tour d’horizon de l’excellente situation que connaît aujourd’hui la révolution des peuples de partout, et par un regard aux radieuses perspectives de la lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme.

Il y a plus de vingt ans, lorsque les hitlériens déferlaient sur le continent européen et jetaient toutes leurs forces dans une attaque brusquée contre l’Union soviétique, croyant pouvoir l’« anéantir » en un mois et demi ou en deux mois, d’un coup tout s’assombrit dans le monde, comme si « l’entière cité allait crouler sous la sombre nuée ».

Telle une contagion, la peur inspirée par Hitler gagna bien des gens de par le monde, qui pâlissaient au seul nom de cette bête féroce et envisageaient la situation internationale avec pessimisme et désespoir. Les hordes fascistes hitlériennes étaient considérées comme pratiquement invincibles. Les petits pays européens avaient été incapables de leur tenir tête et même des puissances impérialistes comme la Grande-Bretagne et la France reculèrent sous la panique ou s’effondrèrent au premier choc.

Était-il possible, dans ces conditions, que le socialisme triomphe du fascisme ? Était-il possible que le système socialiste l’emporte sur le système impérialiste capitaliste ? L’Union soviétique résisterait-elle à l’assaut des troupes fascistes hitlériennes et son armée les vaincrait-elle ?

Telles étaient les questions qui préoccupaient les peuples du monde entier. L’épreuve fut dure pour le premier Etat socialiste, pour le système socialiste et pour les forces armées révolutionnaires du prolétariat. Le problème était capital et de lm dépendait le sort de l’humanité.

Sous la clairvoyante direction du Parti communiste de l’Union soviétique et du Commandement suprême soviétique, ayant le camarade Staline à leur tête, l’Etat soviétique, que Lénine créa, un jeune Etat ayant tout juste réalisé l’industrialisation socialiste, et sa jeune Armée rouge des ouvriers et des paysans, non seulement tinrent fermement sous les assauts des troupes fascistes hitlériennes, réputées invincibles, en anéantirent en masse les forces vives, mais encore passèrent résolument et le moment venu à la contre-offensive, poursuivant l’ennemi jusqu’à Berlin, brisant définitivement la machine de guerre des fascistes hitlériens et remportant la grande victoire décisive de cette guerre antifasciste.

Celle victoire n’était pas comme les autres, ce ne fut pas une victoire ordinaire, partielle, mais une victoire d’une importance considérable pour le sort de l’humanité et le progrès de l’histoire. Cette grande victoire est celle du système socialiste, du peuple et de l’armée soviétiques, de la direction marxiste-léniniste du P.C.U.S. qui avait le camarade Staline à sa tête. Elle est également celle des peuples d’Allemagne, d’Europe, d’Asie et du monde entier remportée par la lutte commune.

Le peuple soviétique a fait preuve d’une volonté inflexible et d’un héroïsme sans pareil dans son combat contre les bandits fascistes. Il n’a reculé devant aucun sacrifice, devant aucune difficulté, et sa contribution à la victoire sur le fascisme fut immense.

Animée par un esprit révolutionnaire indomptable, l’Armée rouge soviétique a combattu héroïquement, sans défaillance, sous le drapeau de Lénine et de Staline, et par ses exploits immortels, a rempli brillamment son glorieux rôle de force principale dans la lutte antifasciste.

Poursuivant l’œuvre de Lénine, le camarade Staline a doté le peuple soviétique de l’arme de la pensée marxiste-léniniste, il a fait se réaliser l’industrialisation socialiste et la collectivisation agricole dans l’avant-guerre, transformant ainsi la Russie arriérée en une puissance socialiste avancée.

Il fit preuve d’une intrépidité et d’une sagesse admirables face à la violente offensive des armées fascistes hitlériennes, et c’est sous sa conduite que le peuple et l’armée soviétiques ont, après des combats d’une opiniâtreté sans égale, remporté la victoire totale dans la guerre nationale antifasciste. Les faits montrent qu’en dépit de certaines erreurs, y compris celles dans le domaine militaire, Staline est un grand marxiste-léniniste, qu’il fut le clairvoyant capitaine des forces armées révolutionnaires du prolétariat.

Les peuples du monde entier glorifieront éternellement les hauts faits d’armes du peuple et de l’armée soviétiques, qui ont donné des héros comme Zoïa et Matrossov, ils exalteront à jamais les mérites que la conduite de cette guerre a valus au P.C.U.S. qui avait Staline à sa tête.

Ces vingt dernières années, les impérialistes et les révisionnistes modernes ont fait circuler d’innombrables rumeurs, accumulé les mensonges en vue de déformer délibérément la vérité sur l’histoire de la guerre nationale antifasciste. Ils se sont évertués à salir l’image de l’héroïque peuple et de l’héroïque armée soviétique, à calomnier perfidement Je rôle dirigeant du P.C.U.S. à la tête duquel se trouvait Staline.

Mais, plus ils en font et mieux apparaissent la justesse de la conduite de Staline et la grandeur du peuple et de l’armée soviétiques unis sous le drapeau de Lénine et de Staline.

L’histoire ne supporte pas les falsifications. Si, à l’époque, le peuple et l’armée soviétiques n’avaient pas été dirigés par Staline, mais l’auraient été par des révisionnistes du genre Khrouchtchev, s’ils n’avaient pas agi conformément à la ligne, à la politique et aux méthodes marxistes-léninistes que Staline incarnait, mais selon celles que les révisionnistes représentés par Khrouchtchev pratiquent aujourd’hui à l’égard de l’impérialisme américain, on peut imaginer que le seul aboutissement aurait été la capitulation ou une défaite désastreuse, et combien de souffrances les peuples de l’Union soviétique et du monde entier n’auraient-ils pas eu à endurer en plus, et de combien d’années l’histoire de l’Union soviétique et de l’humanité n’aurait-elle pas été ramenée en arrière !

La marche de l’histoire se fait selon les lois qui lui sont propres. Les bandits fascistes comme Hitler et les révisionnistes du genre Khrouchtchev sont en dehors du peuple, ils sont contre lui, ils n’assument sur la scène de l’histoire qu’un rôle épisodique, alors que l’œuvre socialiste et l’œuvre antifasciste entreprises par Staline, par le peuple et l’armée soviétiques qu’il dirigeait, brilleront éternellement dans l’histoire !

Nous ne pouvons oublier en ce jour où nous célébrons le XXe anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand et du triomphe de la guerre antifasciste que le rôle joué par l’impérialisme américain est d’une férocité plus grande encore que celui joué par Hitler.

C’est immédiatement après la guerre antifasciste que l’impérialisme américain s’est mis à remplacer les fascismes allemand, japonais et italien, à élaborer et à appliquer activement sa stratégie mondiale contre-révolutionnaire en vue d’asseoir son hégémonie sur le monde, en faisant ainsi de l’empire du dollar le plus grand exploiteur international, le gendarme du monde, le principal bastion des forces réactionnaires et colonialistes du monde, la principale source d’agression et de guerre de notre époque, l’ennemi le plus féroce des peuples du monde entier.

Au cours des vingt dernières années, il s’est occupé fébrilement et sans relâche d’élargir son armement et de préparer la guerre. Il se livre partout à l’agression, tout en cherchant à imposer une nouvelle guerre mondiale aux peuples. Nous disions, dans le passé, que le fascisme, c’est la guerre, mais aujourd’hui, il y a bien plus de raisons de dire que l’impérialisme américain, c’est la guerre.

Et c’est pour mettre en échec l’agression impérialiste américaine, pour déjouer le déclenchement de la nouvelle guerre que l’impérialisme américain complote, qu’il est indispensable, et d’une haute signification pratique, que les peuples des pays socialistes et de tous les autres pays passent en revue l’expérience historique qu’ils ont tirée de la guerre contre les fascistes allemands, japonais et italiens.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QUE, TANT QU’EXISTE L’IMPÉRIALISME, LES PAYS SOCIALISTES ET LE PEUPLE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARTOUT DOIVENT MAINTENIR LA PLUS HAUTE VIGILANCE RÉVOLUTIONNAIRE, ETRE EFFECTIVEMENT PRÊTS A FAIRE FACE AUX GUERRES BRUSQUÉES QUE L’IMPÉRIALISME POURRAIT LEUR IMPOSER ÉVENTUELLEMENT.

Le danger de guerre existera tant qu’existera l’impérialisme, Et la victoire remportée par un pays ou toute une série de pays socialistes, la victoire remportée par un pays ou toute une série de pays par la conquête de l’indépendance nationale ou de la libération nationale ne sera jamais définitivement acquise ni complète, tant que l’impérialisme n’aura pas été liquidé et que le socialisme n’aura pas triomphé dans le monde entier.

L’histoire n’a cessé de confirmer cette vérité. L’impérialisme et tous les réactionnaires cherchent toujours et par tous les moyens à réprimer et à étouffer la révolution triomphante, dans tous les pays et chez tous les peuples. Il en va ainsi quand les forces révolutionnaires sont faibles, et il en est de même lorsqu’elles deviennent puissantes. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung : « le principe qu’observent les forces réactionnaires à l’égard des forces démocratiques populaires est de détruire résolument toutes les forces démocratiques qu’elles peuvent, et de se préparer à détruire plus tard celles qu’elles n’arrivent pas à détruire pour le moment. » [2]

Tel elles se comportent envers l’Union soviétique et aussi envers la Chine, envers les pays socialistes et aussi envers les pays nationalement indépendants, envers les pays et les peuples qui ont déjà triomphé et aussi envers les pays et les peuples qui poursuivent le combat pour la libération nationale ou sont engagés dans la lutta révolutionnaire populaire.

C’est un comportement dicté par la nature de classe de l’impérialisme. Les impérialistes restent des impérialistes, jamais ils ne déposeront leur coutelas pour se transformer en bouddhas.

Les révisionnistes modernes à la Khrouchtchev prétendent que l’accroissement de la puissance du camp socialiste a fait changer l’impérialisme de nature. Ceci s’inscrit en faux contre les fondements mêmes de la théorie de Lénine sur l’impérialisme, et c’est le summum en fait d’absurdité.

L’impérialisme américain manœuvre actuellement avec sa double tactique contre-révolutionnaire, de guerre et de « paix ». Tout en usant activement de la tromperie à la paix, il lance un peu partout des guerres d’agression et se prépare intensivement en vue d’une nouvelle guerre.

Aussi est-il plus que jamais nécessaire, dans ces circonstances, de ne pas oublier l’expérience historique de la guerre antifasciste, de maintenir une haute vigilance révolutionnaire de tous les instants, d’être ferme devant la tromperie à la paix des impérialistes, de nous garder contre tout relâchement de notre vigilance, et de ne pas tabler sur le hasard.

Les pays socialistes et les pays ayant accédé à l’indépendance nationale doivent, tout en poursuivant résolument leur politique étrangère de paix et leur édification économique, renforcer leur défense nationale et se préparer pour pouvoir affronter n’importe quelle guerre d’agression impérialiste.

Entre être prêt à la guerre quand celle-ci vient à éclater et ne pas l’être, la différence est énorme. Et de tous les préparatifs, les premiers à achever sont ceux du domaine politique et idéologique. Par ailleurs, la préparation à la guerre doit avoir en vue les conditions les plus difficiles, les circonstances les plus graves qui pourraient se présenter.

Il faut non seulement être-prêt à affronter une guerre impérialiste de petite envergure, mais aussi une guerre de moyenne ou même de grande envergure. Il faut envisager non seulement l’emploi par l’impérialisme des armes conventionnelles, mais aussi remploi de l’arme atomique. Cette façon de voir les choses et d’agir est relativement plus réaliste, elle permet mieux l’initiative et de faire face assez aisément à la situation, quoi qu’il arrive, et de vaincre l’ennemi à coup sûr.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QUE L’IMPÉRIALISME NE MÉRITE PAS LA MOINDRE CONFIANCE. LES PAYS SOCIALISTES PEUVENT, DANS DES CONDITIONS DÉTERMINÉES, NÉGOCIER AVEC LES PAYS IMPÉRIALISTES, ABOUTIR A CERTAINS ACCORDS AVEC EUX. MAIS POUR DÉFENDRE LA PAIX MONDIALE, ILS NE PEUVENT EN AUCUN CAS PLACER LEURS ESPOIRS DANS DE TELS NÉGOCIATIONS ET ACCORDS. ILS DOIVENT COMBATTRE RÉSOLUMENT TOUTE POLITIQUE MUNICHOISE A LA CHAMBERLAIN ET A LA DALADIER.

Les impérialistes et tous les réactionnaires sont de ces pragmatistes qui débitent de « belles paroles » et ne reculent devant rien. Ils peuvent s’asseoir avec vous, à une même table, pour négocier, ou pour parler à profusion de « paix » et d’« amitié », signer quelques traités ou accords, prendre tels ou tels engagements, faire telles ou telles promesses, quand ils l’estiment nécessaire, quand ils ne sont pas prêts à attaquer, quand ils ont besoin d’un écran de fumée pour masquer leurs préparatifs d’agression, quand il leur faut reprendre haleine après de lourdes défaites dans leur guerre d’agression, ou quand ils sont à bout.

Mais dès qu’ils se croient capables de vous dévorer, qu’ils estiment la situation favorable, et que leur coutelas est bien aiguisé, ils font volte-face, déchirent traités et accords formels et renient leurs promesses solennelles.

L’histoire moderne abonde en exemples de ce genre. Ainsi, un an et dix mois à peine après la signature de son pacte de non-agression avec l’Union soviétique, l’Allemagne hitlérienne déclenchait la guerre-éclair contre elle, sans notification aucune.

Telle était la façon d’agir d’Hitler ; mais n’en est-il pas de même aujourd’hui avec l’impérialisme américain ?

Dire de l’impérialisme américain qu’il a la perfidie d’Hitler ne suffit pas à le qualifier. Car, comparé à celui-ci, il est vraiment bien plus sournois, bien plus pervers. Même leurs plus proches alliés et partenaires, comme la Grande-Bretagne et la France, leurs plus fidèles valets et hommes de main, comme Syngman Rhee et Ngo Dinh Diem, dont ils se servent quand ils en ont besoin, les Etats-Unis les écartent d’un coup de pied quand ils ne sont plus d’aucune utilité, ils abattent l’âne quand il a fini de faire tourner la meule.

Et alors qu’ils agissent de la sorte avec leurs partenaires, serait-il possible qu’avec les pays socialistes, les pays nationalement indépendants et le peuple révolutionnaire de partout, ils soient de parole ?

Nous ne devons donc jamais nous faire d’illusions sur les promesses des impérialistes et des réactionnaires lorsque nous avons affaire à eux, ni nous leurrer au sujet de leurs « belles paroles ».

C’est la nature même de notre société socialiste qui détermine le caractère pacifique de notre politique étrangère.

Et c’est dans l’intérêt du peuple et de la révolution, pour sauvegarder la paix mondiale, pour dénoncer l’ennemi et éduquer le peuple que nous ne nous sommes jamais opposés aux négociations nécessaires avec les pays impérialistes et que nous les avons toujours entreprises avec beaucoup de sérieux ; nous n’avons jamais refusé de conclure avec eux les traités et accords nécessaires, et avons toujours, au contraire, respecté tous ceux que nous avons signés.

Cependant, en ce faisant, n’oublions pas que l’impérialisme veut la guerre et que, quels qu’ils soient, les traités et les accords n’y changent rien. Celui qui, pour conjurer la guerre, place ses espoirs dans de tels traités et accords se verra gravement berné et aura à le regretter.

Bousculer les faibles et craindre les forts est commun aux impérialistes et à tous les réactionnaires. Qui veut assurer sa propre sécurité au moyen de concessions et de compromis sans principes, ou en cherchant à assouvir l’ambition des agresseurs aux dépens des autres peuples, ne fait que soulever une pierre qui lui retombera sur les pieds.

C’est dans l’espoir que Hitler tournerait le fer de lance de son agression contre l’Union soviétique, que Chamberlain et Daladier rejetèrent la proposition de l’U.R.S.S. en faveur d’une action commune contre la menace de guerre fasciste, qu’ils tramèrent le complot de Munich et bradèrent les intérêts des peuples tchécoslovaque et polonais.

Cependant, Hitler mit le doigt sur leur point faible, la peur de la guerre, et les attaqua les premiers, les prenant au dépourvu, L’année française, forte de trois millions d’hommes, fut battue à plate couture en un mois et demi, tandis que la Grande-Bretagne se vit presque anéantie et n’échappa au sort tragique de la France que grâce à la Manche.

La politique munichoise de Chamberlain et de Daladier, néfaste pour les autres autant que pour eux-mêmes, s’est acquis à jamais une triste notoriété. Celui qui cherche aujourd’hui, face au chantage à la guerre de l’impérialisme américain, à manigancer quelque nouveau Munich, ne connaîtra pas de sort différent de celui de Chamberlain et de Daladier : il commencera par vouloir nuire aux autres et finira par se nuire à lui-même. La prise de conscience des peuples du monde entier voue ce genre de complot à l’échec. Et le comploteur ne connaîtra pas de fin heureuse.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QU’IL FAUT SAVOIR DISTINGUER ENTRE ENNEMIS ET AMIS, EXPLOITER LES CONTRADICTIONS, S’ALLIER LA MAJORITÉ, UNIR TOUTES LES FORCES SUSCEPTIBLES D’ÊTRE UNIES POUR FORMER LE FRONT UNI LE PLUS LARGE CONTRE L’ENNEMI PRINCIPAL.

Le bloc fasciste formé par l’Allemagne, le Japon et l’Italie représentait l’impérialisme le plus rapace et le plus agressif de l’époque. Sa politique de rapine menaça sérieusement la liberté et l’indépendance de toutes les nations et le bloc n’épargna même pas ses partenaires, les gangsters s’en prenant aux gangsters. La nature rapace des impérialistes les voue non seulement à l’opposition des masses populaires les plus larges du monde entier, mais leur vaut aussi d’être minés par les antagonismes et la division.

Un des grands mérites de Staline est d’avoir analysé correctement la lutte des classes sur le plan international, d’avoir défini la principale contradiction existant dans le monde et désigné le principal ennemi de tous les peuples, et par voie de conséquence, d’avoir avancé le juste mot d’ordre du front uni antifasciste et d’être parvenu à rallier toutes les forces antifascistes du monde dans le front uni antifasciste ayant l’Union soviétique et le prolétariat des autres pays comme force principale.

Ainsi fut brisée l’alliance impérialiste antisoviétique et fut établie l’alliance antifasciste ; l’encerclement par l’impérialisme du pays socialiste qu’est l’Union soviétique était rompu, tandis que se constituait un contre-encerclement des forces d’agression fascistes par les forces mondiales opposées à l’agression. La situation stratégique avait vu s’opérer un changement radical, changement qui nous favorisait et défavorisait l’ennemi. Ce facteur d’une importance extrême contribua à la grande victoire sur le fascisme.

Aujourd’hui, l’impérialisme américain cherche à liquider le socialisme, à s’emparer des vastes régions de la première zone intermédiaire que constituent l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, mais encore à contrôler les pays capitalistes impérialistes d’Europe occidentale, d’Amérique du Nord, d’Océanie, ainsi que le Japon, c’est-à-dire les pays de la deuxième zone intermédiaire.

Cette politique d’hégémonie mondiale ralliera immanquablement plus de 90 pour cent de la population mondiale contre l’impérialisme américain qui, abandonné et trahi par les siens, cerné de toutes parts par ses ennemis, se verra acculé pas à pas à l’isolement le plus complet.

Les plans d’agression et de guerre des Etats-Unis peuvent, dans ces circonstances, être déjoués et mis en échec, si comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, nous savons non seulement unir les forces anti-impérialistes des peuples du camp socialiste et des autres pays, mais aussi exploiter les contradictions existant au sein du camp impérialiste et créer le front uni le plus large contre l’impérialisme américain. Et nous serons mieux en mesure d’infliger à l’impérialisme américain la défaite la plus totale s’il se hasarde à déclencher une nouvelle guerre mondiale.

Au lieu d’œuvrer à la formation d’un front uni anti-américain, en ralliant toutes les forces anti-américaines et en exploitant les contradictions au sein du camp impérialiste, les révisionnistes modernes du genre Khrouchtchev confondent ennemis et amis, prennent les ennemis pour des amis, s’unissent avec les Etats-Unis et entretiennent avec eux une « coopération pacifique » dirigée contre la révolution des peuples du monde entier.

Cela, c’est trahir en grand la révolution mondiale prolétarienne et les nations et peuples opprimés. Et par là, ils ne font qu’aider l’impérialisme américain à se dégager de son isolement, que flatter son arrogance agressive et accroître le danger de déclenchement d’une nouvelle guerre par ce dernier. C’est ce que nous devons combattre résolument.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QUE LE PRINCIPE STRATÉGIQUE DE LA DÉFENSE ACTIVE EST LE SEUL PRINCIPE CORRECT A ADOPTER PAR LES PAYS SOCIALISTES CONTRE LA GUERRE D’AGRESSION IMPÉRIALISTE.

Le principe stratégique de la défense active, appliqué par Je Commandement suprême soviétique à la tête duquel se trouvait Staline, fut l’un des grands facteurs de la victoire de l’U.R.S.S. dans sa guerre nationale antifasciste. Son application permit de dénoncer entièrement la nature agressive de l’Allemagne fasciste, de soulever la légitime et profonde colère du peuple et de l’armée soviétiques, et d’assurer largement à l’Union soviétique la sympathie et le soutien des peuples de partout.

Elle permit aussi à l’armée soviétique de gagner du temps, tout en cédant du terrain, d’user et d’anéantir en masse les forces vives de l’ennemi, de l’obliger à passer de l’offensive à la défensive stratégique, puis de lui faire prendre le chemin de la débâcle. Et c’est encore l’application de ce principe qui permit à l’armée soviétique d’exploiter pleinement les avantages que présente une guerre juste, de sorte qu’elle put se renforcer au fur et à mesure des combats, passer de la défensive à la contre-offensive stratégique, puis se lancer à la poursuite de l’ennemi et, avec le soutien et la coopération des peuples du monde entier, remporter finalement la grande victoire de la guerre nationale antifasciste.

Khrouchtchev et consorts se sont opposés de toutes leurs forces à ce principe stratégique, ils ont prétendu qu’il s’agissait là d’un des crimes de Staline, que c’était une théorie inventée par lui pour justifier ses erreurs du début de la guerre. C’est déformer les faits et c’est de la calomnie la plus grossière. Si, à les en croire, le principe de la défense active appliqué par Staline était faux, quel principe stratégique l’U.R.S.S. aurait-elle donc dû adopter ? L’attaque préventive ?

L’incompatibilité avec la nature du système socialiste est flagrante. Un pays socialiste n’a nul besoin et ne se permettra jamais d’attaquer le premier d’autres pays, et jamais il ne tirera la première cartouche. La défense passive en attendant les coups ?

Le désavantage est évident. Engels soutenait déjà que « la défense passive conduit certainement à la défaite, même si l’on possède des armes perfectionnées. » [3] La capitulation devant l’ennemi ? Ç’aurait été trahir la révolution, trahir le peuple. Et il est impossible que le peuple l’eût admis. Qui capitule devant l’ennemi sera rejeté par le peuple et marqué à jamais comme traître. Quel principe est donc le juste ? Celui de la défense active, bien entendu.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit à ce sujet : « On appelle aussi la défense active, défense offensive ou défense par combats décisifs. On peut aussi qualifier la défense passive de défense purement défensive ou de défense pure. En fait, la défense passive n’est qu’une pseudo défense. Seule la défense active est la véritable défense, elle seule prépare le passage à la contre-offensive et à l’offensive. » [4]

Le principe de la défense active ne vise pas essentiellement, sur le plan opérationnel, à défendre ou à enlever des territoires, mais à concentrer des forces supérieures pour anéantir les forces vives de l’ennemi.

C’est parce que l’U.R.S.S. adopta ce principe stratégique, lors de la guerre nationale antifasciste, que Hitler fut contraint, sur un front interminable qui passait par Léningrad, Moscou, Stalingrad et allait jusqu’au Caucase, d’arrêter ses troupes au pied des hautes montagnes et devant les villes inexpugnables, sans pouvoir ni avancer, ni reculer, tout en subissant des pertes énormes et en s’engageant dans un cul-de-sac.

La bataille de Stalingrad, au cours de laquelle furent encerclées et anéanties des troupes d’élite de l’Allemagne fasciste fortes de plus de 300.000 hommes, marqua le tournant de la Seconde guerre mondiale. Les contre-offensives qui suivirent, virent la destruction massive des forces vives de l’agresseur. Telle fut la brillante stratégie qui porta le coup fatal à Hitler.

L’expérience montre que seule la destruction active des forces vives de l’ennemi permet de redresser efficacement la situation, de tenir réellement les villes et le terrain, et de vaincre finalement l’agresseur.

Le principe de la défense active ne vise pas uniquement à chasser l’agresseur hors du territoire national, elle vise aussi à entreprendre une poursuite stratégique pour anéantir l’ennemi à son point de départ, c’est-à-dire dans son propre repaire. Comme l’a dit Staline, il ne faut pas laisser le fauve blessé ramper vers sa tanière et se remettre de ses blessures. Il faut le traquer et l’achever dans sa tanière.

Ce principe, appliqué par le Commandement suprême soviétique, à la tête duquel se trouvait Staline, a permis à l’armée soviétique, au cours de ses opérations de poursuite stratégique, de coordonner activement son action avec les soulèvements armés antifascistes des peuples des divers pays d’Europe, d’aider les peuples d’Europe orientale à renverser la domination réactionnaire chez eux et à faire triompher la révolution.

Cette contribution du peuple et de l’armée soviétiques est des plus grandes. Les pays socialistes ne doivent pas appliquer d’autre principe dans les guerres à opposer à l’agression impérialiste américaine. Qu’il nous soit permis de donner un conseil aux impérialistes américains :

N’imaginez pas, si vous nous attaquez, qu’il n’y aura pas de contre-attaque. Tout se paie en ce monde.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE CONTRE LE FASCISME NOUS ENSEIGNE QUE LES ARMES CONSTITUENT UN FACTEUR IMPORTANT MAIS NON LE FACTEUR DÉCISIF DE LA GUERRE, QUE C’EST L’HOMME, ET NON LE MATÉRIEL, QUI EST LE FACTEUR FONDAMENTAL DONT DÉPEND L’ISSUE DE LA GUERRE.

Coupés comme ils sont du peuple et opposés à lui, les impérialistes et les réactionnaires, quels qu’ils soient, n’osent pas ni ne peuvent s’appuyer, dans la guerre, sur le peuple et les soldats, ils ne peuvent que placer leurs espoirs dans les armes.

Ils font tout pour exagérer le rôle des armes, simplement parce qu’ils veulent intimider, et en premier lieu désarmer moralement les victimes de l’agression pour qu’elles perdent toute confiance dans la résistance, de manière à les vaincre en un seul combat ou même sans coup férir. C’est là leur magistrale application de la théorie : « les armes décident de tout », qu’ils s’évertuent à propager.

La théorie : « les forces aériennes décident de la guerre » et la théorie : « les tanks décident de la guerre » avancées dans le temps par les bandits fascistes, n’étaient-elles pas vraiment effrayantes ? Le mythe de « l’invincibilité de l’armée allemande » fabriqué par Goebbels, auquel vinrent s’ajouter le hurlement strident des bombes sifflantes et les activités des 5e colonnes, sema la panique dans l’Europe capitaliste, un certain nombre de pays furent de la sorte moralement désarmés avant même que Hitler eût lancé son offensive, et cela lui fut d’une grande aide.

Mais lorsque les avions et les tanks hitlériens se lancèrent à l’assaut de l’Union soviétique, pays socialiste, ils ne semblaient déjà plus si puissants et ils ne jouaient déjà plus de rôle décisif.

Pourquoi ? En vertu de quel secret ? Est-ce parce que l’Union soviétique possédait des avions et des tanks en plus grand nombre et d’une puissance supérieure ? Non, certainement pas.

A ce moment, l’Union soviétique le cédait à l’Allemagne hitlérienne dans ce domaine. Quelle est donc la force qui permit à l’armée soviétique de tenir tête à l’armée fasciste hitlérienne et de la vaincre ? Elle n’avait rien de mystérieux, elle était en fait et tout simplement la force née du peuple, du régime socialiste, du travail politique révolutionnaire dans l’Armée rouge soviétique, de la direction marxiste-léniniste du Parti communiste.

En un mot, la machine de guerre fasciste fut démolie parce qu’on s’appuya sur le peuple conscient dirigé par le parti du prolétariat. Telle est la loi qui présida à la victoire, et telle est la vérité.

N’est-ce pas exact ? Qu’aurait pu faire l’armée fasciste hitlérienne, même féroce et redoutable comme elle l’était, face aux troupes soviétiques et aux grandes masses soviétiques, fortes des glorieuses traditions de la Révolution d’Octobre, armées par les idées marxistes-léninistes et ne reculant devant aucun sacrifice pour défendre leur patrie socialiste, face aux milliers de soldats avançant vaillamment, narguant la mort, engageant l’ennemi en corps à corps au cri de : « Pour la Patrie, pour Staline » ?

N’est-ce pas exact non plus ? Qu’aurait pu faire l’armée fasciste hitlérienne, même nombreuse et puissante comme elle l’était, pour mieux tenir les régions occupées, face à la vaste guerre de partisans et aux sabotages que les masses menaient partout à l’arrière des lignes ? Qu’aurait-elle pu faire, sinon disperser ses forces ? Comment aurait-elle pu éviter l’assaut qui lui était donné de toutes parts ? Comment aurait-elle pu échapper à l’encerclement par le peuple et à la défaite totale ?

Ces faits montrent une fois de plus que, dans une guerre, la victoire n’est pas déterminée par une ou deux armes nouvelles ni par des unités d’une certaine arme, mais qu’elle dépend de l’étroite fusion des forces armées et des masses civiles, des efforts conjugués du front et de l’arrière, de la coordination des opérations en première ligne avec celles sur les arrières de l’ennemi, de l’étroite coopération entre toutes les armées et toutes les armes, et principalement des forces terrestres, en particulier de l’infanterie.

Aucune arme nouvelle, si puissante soit-elle, ne peut décider de l’issue des combats sans l’héroïsme des forces terrestres, et elle ne permet pas, à elle seule, de parvenir aux buts politiques de la guerre. C’est là une autre loi de la guerre, une autre vérité.

Et cela vaut tout autant pour la guerre contre le fascisme que pour les autres guerres. Cela valait avant l’apparition de la bombe atomique et cela vaut après son apparition. Cela vaut tout autant pour un puissant pays socialiste comme l’Union soviétique, que pour les peuples opprimés engagés dans le combat révolutionnaire.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE ENCORE QUE TOUTES LES GUERRES RÉVOLUTIONNAIRES SE SOUTIENNENT ENTRE ELLES. LES PAYS DÉJÀ VICTORIEUX DOIVENT AIDER LES PAYS ET LES PEUPLES DONT LA LUTTE RÉVOLUTIONNAIRE N’A PAS ENCORE ÉTÉ COURONNÉE PAR LA VICTOIRE. LES PAYS SOCIALISTES DOIVENT SERVIR DE BASE D’APPUI A LA RÉVOLUTION MONDIALE, DEVENIR LA FORCE PRINCIPALE DANS LA LUTTE CONTRE L’AGRESSION IMPÉRIALISTE.

Par sa guerre nationale antifasciste victorieuse, l’Union soviétique a soutenu tous les peuples, aidé les pays d’Europe orientale à se libérer et soutenu le peuple chinois clans sa Guerre de Résistance contre le Japon.

Par contre, la lutte des peuples du monde entier contre le fascisme, les soulèvements et la lutte armée des peuples d’Europe contre les fascistes allemands et italiens, en particulier la grande guerre de résistance antijaponaise dont le peuple chinois fut la force principale, ont contribué dans une très grande mesure à immobiliser les armées de l’ensemble du bloc fasciste, qu’elles ont frappées et affaiblies. Sans tous ces facteurs, l’Union soviétique n’aurait pu remporter une telle victoire dans sa guerre nationale contre le fascisme.

Du point de vue marxiste-léniniste, la guerre révolutionnaire ou la guerre contre l’agression, dans n’importe quel pays, est dans l’intérêt de ce pays, de son peuple, et constitue en même temps une aide à la lutte révolutionnaire des autres pays, une aide aux pays où la révolution a triomphé, une contribution à la défense de la paix mondiale.

Les pays et les peuples engagés dans une telle guerre doivent s’efforcer d’immobiliser, de détruire au maximum les forces ennemies, et les pays déjà victorieux, en particulier les pays socialistes, doivent développer pleinement l’internationalisme et considérer que soutenir la lutte révolutionnaire des peuples opprimés est un devoir irrécusable.

Tous les pays, grands ou petits puissants ou faibles, se doivent, dans ce soutien mutuel, de prévenir et de combattre résolument le chauvinisme de grande puissance et l’égoïsme national.

Aider les autres, c’est s’aider soi-même, et il n’appartient à personne de se poser en sauveur ou en libérateur. Pour les pays déjà victorieux, il est une pierre de touche qui montre si l’on est ou non pour la révolution et contre l’impérialisme, et c’est oser ou ne pas oser servir de base d’appui à la révolution mondiale et endosser la responsabilité de soutenir la révolution des autres peuples.

ENFIN, L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE CONTRE LE FASCISME NOUS ENSEIGNE QUE LA GUERRE IMPOSÉE PAR L’IMPÉRIALISME ENTRAÎNE DES SACRIFICES, DES DESTRUCTIONS, DES PERTES, MAIS ELLE FORME LE PEUPLE, ET LE PEUPLE GAGNERA LA GUERRE, COMME IL GAGNERA LA PAIX ET DONNERA LIBRE COURS AU PROGRÈS.

Les fascistes allemands ont détruit des milliers de villes et agglomérations soviétiques, ils ont infligé des pertes innombrables en vies humaines au cours de la guerre, mais il en est résulté la victoire de l’Union soviétique, la libération de l’Europe orientale et le développement du socialisme, qui déborda du cadre d’un seul pays pour former un vaste camp. L’U.R.S.S. a réalisé de nouveaux développements dans le domaine de l’édification socialiste.

Elle n’a pas été affaiblie par les ravages de la guerre, elle est devenue plus puissante. La guerre imposée par les impérialistes se transforme, suite-à notre résistance et à notre victoire, de facteur négatif en facteur positif qui accélère le cours de l’histoire et le développement de la société.

La guerre nationale antifasciste menée par l’Union soviétique le confirme, et aussi les dizaines d’années de guerre révolutionnaire qui furent imposées au peuple chinois, la guerre du peuple coréen contre l’agression américaine, la guerre du peuple vietnamien contre l’agression française, la guerre révolutionnaire du peuple cubain et la guerre de libération de l’Algérie. Et il y aura confirmation encore par la guerre de libération que poursuivent les peuples du Sud-Vietnam, du Laos, du Congo-Léopoldville, et par la guerre révolutionnaire d’autres peuples.

Nous sommes contre le déclenchement de la guerre par les impérialistes, mais nous ne devons pas la craindre, et moins encore nous opposer à la guerre révolutionnaire par crainte de la guerre. A quoi sert-il de craindre la guerre, si les impérialistes s’obstinent à nous l’imposer ?

Notre crainte pourrait-elle parvenir à les empêcher de la déclencher ? Pourrait-elle parvenir à éliminer la guerre ? Non, l’expérience historique nous apprend que la crainte de la guerre ne contribue en rien à l’empêcher et moins encore à l’éliminer.

La guerre ne peut être éliminée que si on lui oppose des guerres de résistance. La guerre contre-révolutionnaire ne peut être éliminée que si on lui oppose la guerre révolutionnaire. La loi du fusil ne peut être abolie que si on prend le fusil.

Si nous prenons le fusil, c’est parce qu’on nous y oblige, et si nous faisons la guerre révolutionnaire, c’est non seulement pour en finir avec l’asservissement et l’oppression, mais également et plus précisément pour liquider l’impérialisme, source de toutes les guerres.

La riche expérience historique de la guerre contre le fascisme a été payée par le peuple révolutionnaire du monde avec son sang. Trésor commun à tous les peuples, elle est toujours d’une très grande signification pratique pour la lutte actuelle contre l’impérialisme américain.

Hitler, Tojo, Mussolini et autres bandits fascistes ont rencontré, il y a longtemps, leur destin. Mais l’impérialisme américain, qui s’est substitué aux fascismes allemand, japonais et italien après la guerre et est devenu le pire ennemi de tous les peuples, s’est engagé dans la voie empruntée par les bandits fascistes, et c’est fébrilement qu’il poursuit leur œuvre contre-révolutionnaire inachevée et qu’il a imposé une suite de guerres d’agression aux peuples.

Les révisionnistes modernes comme Khrouchtchev prétendent que Hitler n’aurait pas déclenché la guerre contre l’Union soviétique s’il avait pu en prévoir l’issue.

Ils prétendent que les chefs de file de l’impérialisme américain sont nettement différents d’Hitler, qu’ils se sont rendu compte de la force du socialisme, qu’ils sont à même de tirer les leçons de l’histoire, qu’ils sont devenus « sensés », voire « pacifiques », et qu’ils ne courraient pas le risque de déclencher la guerre comme le fit Hitler.

Ils ont ainsi tissé un joli conte de fées dans le but de faire accroire que l’impérialisme et le socialisme peuvent marcher la main dans la main vers un soi-disant monde « sans armes, sans armées et sans guerres ».

Des mensonges aussi détestables, des absurdités aussi grossières peuvent-ils avoir été proférés par des communistes ? Qui ignore que c’est la nature de classe des capitalistes monopolistes allemands qui a poussé Hitler à déclencher la guerre ? Et de même, c’est la nature de classe des capitalistes monopolistes américains qui pousse les impérialistes américains à déclencher leurs guerres.

Avant que le capitalisme n’eût atteint son stade monopoliste, Marx avait cité dans une des notes du Capital : Pour des profits à 100 pour cent, la bourgeoisie foule aux pieds toutes les lois humaines ; à 300 pour cent, il n’est pas de crime qu’elle n’ose commettre, même au risque de la potence [5].

A plus forte raison, les intérêts de classe poussent-ils les capitalistes monopolistes à se jeter dans de folles aventures guerrières en vue de profits, et c’est leur désir insensé de richesses qui leur tourne la tête. Entraînés dans la course aux profits, ils sous-estiment toujours la force du peuple tout en surestimant la leur, ils ne cessent de « faire une mauvaise guerre contre un ennemi mal choisi, à un mauvais moment et au mauvais endroit ». [6]

Les exemples manquent-ils dans les livres d’histoire ? Napoléon a vu échouer son plan de conquête de l’Europe et du monde, et cependant Guillaume II lui a emboîté le pas. Guillaume II échoua, puis vint Hitler. Hitler échoua, et ce sont les impérialistes américains qui ont chaussé ses bottes. Les impérialistes ne seront jamais à même de tirer la leçon de la défaite subie par leurs prédécesseurs. Ils descendent dans la tombe, l’un après l’autre, et il en ira ainsi jusqu’à l’effondrement total du système impérialiste sur cette planète !

Hitler, qui paraissait invincible, échoua finalement.

L’impérialisme américain d’aujourd’hui est-il plus fort que Hitler ? Son sort sera-t-il meilleur que celui d’Hitler ? La comparaison entre ce qui fut et ce qui est répond clairement à la question.

L’impérialisme américain a trop embrassé. Les contradictions entre ses folles ambitions, ses fronts étendus et ses lointains arrière, d’une part, et l’insuffisance de ses forces d’autre part, sont bien plus graves que les contradictions auxquelles Hitler se buta. Il rêve d’anéantir le camp socialiste, constitué de territoires d’un seul tenant, ayant un milliard d’habitants, et combien de fois plus puissant que l’Union soviétique de l’époque.

Dans sa guerre d’agression contre les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, il se heurte à l’énergique résistance d’un mouvement de libération nationale d’une ampleur sans précédent, résistance que Hitler n’a pas connue. Son armée, qui a subi de fréquentes défaites lors de la répression des révolutions des peuples et dans les guerres d’agression contre d’autres pays, est une armée de gommeux de loin inférieure à l’armée fasciste hitlérienne.

De plus, les blocs agressifs qu’il a laborieusement échafaudés se trouvent dans un état de désagrégation que Hitler n’a jamais eu à affronter. Sur tout cela, l’impérialisme américain le cède de loin à son prédécesseur. Le camarade Mao Tsé-toung a fait remarquer il y a longtemps que l’impérialisme américain n’est qu’un tigre en papier, que sa « puissance n’est que superficielle et passagère.

Des contradictions inconciliables, tant à l’intérieur que sur le plan international, menacent quotidiennement comme un volcan l’impérialisme américain. L’impérialisme américain est assis sur ce volcan ». [7] 

Alors quel dans des conditions et avec un rapport de forces beaucoup plus favorables, Hitler a essuyé une défaite totale dans son attaque contre l’Union soviétique, à quel résultat les Etats-Unis pourraient-ils aboutir en déclenchant partout des guerres d’agression dans des circonstances qui leur sont aussi nettement défavorables, si ce n’est à accélérer leur propre destruction ?

L’impérialisme américain, disent certains, est malgré tout plus puissant que Hitler, car ne possède-t-il pas la bombe atomique ? Il est vrai qu’il dispose de la bombe atomique que Hitler n’avait pas.

Il est vrai aussi que la bombe atomique est une arme de destruction massive, mais, comme l’a indiqué le camarade Mao Tsé-toung, les bombes atomiques ne peuvent décider de l’issue d’une guerre, et « sans les luttes menées par le peuple, les bombes atomiques à elles seules restent vaines. » [8] « La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens. » [9]

Qui plus est, il y a beau temps qu’a été brisé le monopole américain de la bombe atomique. Si les Etats-Unis possèdent des bombes atomiques, d’autres pays en ont aussi. Au cours des vingt dernières années, les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars pour produire en masse des bombes atomiques et thermonucléaires, mais à quoi celles-ci leur ont-elles servi, en dehors de l’effroi causé à certains névrosés ?

Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple chinois de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire. Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple coréen de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire. Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple vietnamien de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire.

Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple cubain de triompher dans sa grande guerre révolutionnaire. Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple algérien de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire.

Elles n’ont pas pu et ne pourront jamais empêcher le développement et la victoire de la lutte révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, de même qu’elles n’ont pas pu et ne pourront jamais empêcher le développement et la victoire de la lutte révolutionnaire des peuples d’Europe occidentale, d’Océanie, d’Amérique du Nord et du peuple des Etats-Unis.

Brandissant ses bombes atomiques et menaçant de représailles nucléaires, l’impérialisme américain est dérouté par les prouesses que le peuple révolutionnaire accomplit avec des fusils, des grenades, et même avec des armes aussi rudimentaires que des arcs, des flèches et des sabres. Voilà le beau spectacle offert par l’impérialisme atomique dans les années 60 du XXe siècle. Ce spectacle ne se reproduit-il pas actuellement, mais avec plus d’éclat, au Sud-Vietnam ?

De quoi l’impérialisme américain peut-il se vanter, alors que la puissance dite la plus grande au monde, abondamment pourvue en fusées et en armes nucléaires, se laisse battre par les 14 millions de Sud-Vietnamiens au point d’être frappée de panique, d’abandonner armes et bagages et de ne pouvoir même protéger son ambassade ?

L’histoire des vingt années d’après-guerre confirme pleinement que, malgré ses dents nucléaires, l’impérialisme américain n’est rien d’autre qu’un grand arbre vermoulu, et qu’approche le jour où la tempête révolutionnaire des peuples du monde entier le déracinera.

Cependant, tout au long de l’histoire, les forces réactionnaires moribondes ont toujours livré un dernier combat sans espoir contre les forces révolutionnaires. Voyez Tchiang Kaï-chek. Il a combattu les communistes pendant des dizaines d’années, il a tout perdu à ce jeu et a fui à Taïwan avec une poignée de soldats dépenaillés et quelques généraux vaincus, ce qui ne l’empêche pas de crier tous les jours à la « contre-offensive contre le continent ».

Peut-on concevoir que le gigantesque impérialisme américain se retirera tranquillement de la scène de l’histoire sans déclencher de batailles décisives, sans se livrer à de multiples épreuves de force et sans combats à mort ?

Les groupes monopolistes américains sont encore de vrais colosses ; ils disposent d’une base industrielle relativement puissante ; l’après-guerre a vu leurs forces armées augmenter de 8 fois par les vingt ans d’efforts déployés pour accroître leur armement et se préparer à la guerre ; leurs bases militaires constellent le monde, et des 2.700.000 hommes de leur armée permanente, plus d’un million sont stationnés à l’étranger et ne cessent de mener l’agression contre le peuple révolutionnaire de partout.

Il est évident qu’ils ne s’avoueront jamais vaincus et ne renonceront jamais à leurs plans de guerre contre la révolution tant que leurs forces contre-révolutionnaires n’auront pas été anéanties et qu’ils n’auront pas complètement perdu la mise. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, il y a longtemps : « Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine – telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple ; et jamais ils n’iront contre cette logique. C’est là une loi marxiste. » [10]

Un trait marquant des efforts de l’impérialisme américain pour échapper à sa défaite est l’extension aventureuse de sa guerre d’agression au Vietnam. Sa « guerre spéciale » ayant échoué honteusement au Sud-Vietnam, il applique maintenant la théorie inventée par lui de la guerre d’« escalade ». Il divise la guerre en un certain nombre d’étapes, elles-mêmes subdivisées en un certain nombre d’échelons.

Selon l’ordre des échelons, il renforce et étend graduellement le recours à la force et la menace du recours à la force. Trait caractéristique, chaque fois qu’il ajoute une bûche au foyer de sa guerre d’agression, il récite une prière pour la paix, afin d’essayer de se sauver de la défaite par une meilleure application de sa double tactique contre-révolutionnaire, c’est-à-dire par une plus étroite coordination de la menace et de la séduction.

A l’heure actuelle, les Etats-Unis sont en train, conformément à leur théorie de l’« escalade » de transformer la guerre d’agression au Sud-Vietnam en une guerre localisée du type coréen. Ils ont porté la guerre au Nord-Vietnam, et ils se préparent à la porter en Chine. Ce grave défi, c’est à tous les pays et à tous les peuples attachés à la paix que l’impérialisme américain le lance.

Guidé par le Parti des Travailleurs du Vietnam et le président Ho Chi Minh, le vaillant peuple vietnamien combat dans l’unité la plus complète aux premières lignes de la lutte contre l’impérialisme américain, sous le mot d’ordre, sacré et solennel, de résistance à l’agression américaine pour le salut de la patrie, pour la libération du Sud, la défense du Nord et la réunification de la patrie.

Par sa lutte héroïque contre les forces américano-fantoches, le peuple sud-vietnamien a déjà libéré les quatre cinquièmes du territoire et plus des deux tiers de la population, et sa guerre de libération approche jour après jour de la victoire finale. Le peuple du Nord Vietnam, qui est décidé dans son combat et résolu à arracher la victoire, lutte héroïquement contre les bombardements par l’impérialisme américain et il n’a cessé de frapper durement les agresseurs.

L’héroïque lutte du peuple vietnamien immobilise de plus en plus de forces armées de l’impérialisme américain et bouleverse sa stratégie mondiale contre-révolutionnaire. C’est là un soutien à la lutte révolutionnaire des peuples de tous les pays, un magnifique exemple pour les peuples de partout et une grande contribution à la défense de la paix en Asie et dans le monde.

Le peuple révolutionnaire de partout dans le monde se réjouit des grandes victoires que remporte le peuple vietnamien. Un impétueux mouvement de masse de soutien au Vietnam dans sa résistance anti-américaine se déroule dans le monde. Partout, Je peuple révolutionnaire frappe, selon diverses méthodes, l’impérialisme américain et ses laquais.

Les vaillants peuples du Congo-Léopoldville, du Laos, de Corée, d’Indonésie, du Cambodge, du Japon, de Cuba, du Venezuela, de la République dominicaine, des pays arabes, ainsi que tous les autres pays et peuples en lutte contre l’impérialisme américain et ses laquais, contribuent chacun de leur côté à la cause sacrée de la lutte contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et pour la défense de la paix mondiale.

Le peuple chinois soutient fermement le peuple vietnamien dans sa lutte contre l’agression américaine pour le salut de la patrie. Il soutient fermement tous les peuples en lutte contre l’impérialisme américain.

A toutes ces luttes, nous accordons un soutien total, politique et moral, un soutien matériel que seules limitent nos possibilités, mais nous sommes également prêts à envoyer nos hommes combattre aux côtés du peuple vietnamien dès qu’il en aura besoin. Le peuple chinois est ferme et inébranlable dans son attitude. Nous soutenons le peuple vietnamien, que les impérialistes américains nous bombardent ou non, qu’ils étendent la guerre ou non.

Les menaces de bombardement que profère l’impérialisme américain et ses braillements sur l’extension de la guerre ne nous intimident pas. Notre opposition à l’impérialisme américain a toujours été nette. Notre principe est : Nous n’attaquerons pas à moins d’être attaqués, et si nous sommes attaqués, nous contre-attaquerons ! Nous anéantirons tous ceux qui se permettront de nous attaquer !

Aux attaques des Etats-Unis, nous répondrons par des attaques de même importance ! Nous n’avons jamais qu’une parole. Nous sommes fin prêt pour la guerre. Notre peuple est tout à fait prêt, de même que notre Armée populaire de Libération.

Si l’impérialisme américain veut absolument nous imposer la guerre, nous éliminerons résolument, de concert avec les peuples du monde entier, la guerre contre-révolutionnaire par la guerre révolutionnaire, et nous apporterons notre contribution à la liquidation complète de l’impérialisme américain, principal fauteur d’agression et de guerre de notre temps.

En ce jour anniversaire de la grande victoire sur le fascisme allemand et de l’ensemble de la guerre contre le fascisme, c’est une haute estime et une confiance illimitée que nous éprouvons pour le grand peuple soviétique et la grande armée soviétique qui ont grandi à la lumière de la glorieuse pensée de Lénine et de Staline, qui possèdent de glorieuses traditions révolutionnaires, qui sont passés par le creuset de la guerre antifasciste et qui ont remporté une victoire éclatante par cette guerre.

Nous sommes profondément convaincus que nous ferons l’unité sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, que nous lutterons ensemble contre l’ennemi commun, l’impérialisme américain, et avancerons côte à côte avec les peuples du monde entier vers la victoire finale dans la lutte contre la guerre d’agression, et vers une ère nouvelle, celle de la véritable paix dans le monde.


[1] « Forces révolutionnaires du monde entier, unissez-vous, combattez l’agression impérialiste ! », œuvres choisis de Mao Tsé-toung, tome IV.

[2] « Quelques appréciations sur la situation internationale actuelle », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[3] F. Engels : « Histoire du fusil ».

[4] « Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome I.

[5] K. Marx : Le Capital, tome I.

[6] « La politique de défense nationale des Etats-Unis après la guerre », rapport de la Commission des Forces armées à la Chambre des Représentants des Etats-Unis, novembre 1956.

[7] « La Situation actuelle et nos tâches », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[8] « La situation et notre politique après la victoire de la Guerre de Résistance contre le Japon », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[9] « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[10] « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

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