Hippolyte Triat est une figure majeure de la gymnastique en France. Il a réfléchi de manière scientifique aux méthodes de culture physique et de renforcement musculaire.
Il a mis au point des appareils de tirage avec des cordages, des systèmes s’apparentant à des agrès et fut l’inventeur des haltères, c’est-à-dire des barres avec des boules de poids à chaque extrémité. Il était lui-même doté d’une grande force physique et pouvait soulever des haltères de 91 kg.
Né près de Nîmes en 1812, il fut enlevé par des bohémiens à l’âge de 6 ans, alors qu’il était orphelin. Il grandit au milieu d’une troupe parcourant l’Europe et était très doué pour les arts du cirque. Il se blessa gravement à la jambe à l’âge de 16 ans en voulant maîtriser un cheval pour sauver la vie à une aristocrate en Espagne, Madame de Montsento.
Cette dernière, reconnaissante, a alors pris en charge son éducation en l’envoyant au Collège des Jésuites de Burgos, où il découvrit des ouvrages en latin et en grec à propos de la culture physique, qu’il étudia.
Il a par la suite fondé une première École de Culture Physique à Bruxelles, avant de venir s’installer à Paris en 1849 et fonder son gymnase de l’avenue Montaigne.
Durant la Commune de Paris en 1871, Hippolyte Triat fut nommé directeur des exercices gymnastiques de la ville de Paris et avait prêté son gymnase (qui n’était plus avenue Montaigne) pour des réunions. Il fut condamné à de la prison pour cela.
Il lui est attribué deux ouvrages écrits en collaboration avec Napoléon Dally : De la régénération physique de l’homme par la gymnastique rationnelle (1847) et Cinésiologie ou science du mouvement dans ses rapports avec l’éducation, l’hygiène et la thérapie (1857).
La cinésologie est un concept inventé tel quel depuis la racine grec cinèse qui signifie mouvement. Napoléon Dally et Hippolyte Triat ont voulu exprimer une nouvelle activité, différente de l’ascétisme et de l’athlétisme grec, tout en y puisant leur inspiration. Le mouvement a pour but dans leur démarche d’exercer, c’est-à-dire :
« dégager les organes intérieurs et les membres, ôter les obstacles qui s’opposent à la liberté des mouvements naturels. »
Il est assez proche de la pratique de la kinésithérapie, qui a la même origine culturelle (et scientifique). Les buts sont spécifiquement médicaux et réparateurs dans les deux cas, mais plus généraux dans le cas de la cinésologie, qui insiste par exemple sur l’importance de la transpiration et des efforts aérobies, alors que la kinésithérapie focalise seulement sur l’anatomie et les mouvements articulaires.
« Pour que la gymnastique se reconstitue définitivement comme science et comme art, il faudra que non-seulement l’exercice, mais aussi le mouvement, sa forme et ses éléments mécaniques soient spécifiquement étudiés dans leurs rapports à l’anatomie, la physiologie et la pathologie. »
L’ouvrage consiste aussi et surtout en une présentation historique très précise depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge de l’exercice physique et de son rapport à la santé, dans différentes régions du monde :
« Nous nous sommes proposé d’écrire l’histoire des théories du mouvement et des applications qui en ont été faites à l’éducation, à l’hygiène et à la thérapie. »
Les informations n’y sont pas toujours d’une grande valeur scientifique, beaucoup de concepts sont dépassés et il y a d’une manière générale une vision surtout empirique, reflétant un manque de connaissances propre à l’époque. C’est néanmoins un travail de recherche profond et minutieux, un document d’une grande valeur pour tous les historiens du sport et de l’activité physique.
La gymnastique d’Hippolyte Triat a donné lieu à un véritable culte du corps, de la musculation, annonçant ce qui sera ensuite dans les années 1980 le culturisme, ou body-building aux États-Unis d’Amérique.
Par ailleurs, le gymnase d’Hippolyte Triat en a annoncé de nombreux autre à Paris, avec un mouvement de la gymnastique se déployant ensuite de manière importante partout en France à la fin du XIXe siècle.
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de la gymnastique et du sport en France