Hippolyte Triat, figure de la gymnastique en France

Hippolyte Triat est une figure majeure de la gymnastique en France. Il a réfléchi de manière scientifique aux méthodes de culture physique et de renforcement musculaire.

Il a mis au point des appareils de tirage avec des cordages, des systèmes s’apparentant à des agrès et fut l’inventeur des haltères, c’est-à-dire des barres avec des boules de poids à chaque extrémité. Il était lui-même doté d’une grande force physique et pouvait soulever des haltères de 91 kg.

Hippolyte Triat

Né près de Nîmes en 1812, il fut enlevé par des bohémiens à l’âge de 6 ans, alors qu’il était orphelin. Il grandit au milieu d’une troupe parcourant l’Europe et était très doué pour les arts du cirque. Il se blessa gravement à la jambe à l’âge de 16 ans en voulant maîtriser un cheval pour sauver la vie à une aristocrate en Espagne, Madame de Montsento.

Cette dernière, reconnaissante, a alors pris en charge son éducation en l’envoyant au Collège des Jésuites de Burgos, où il découvrit des ouvrages en latin et en grec à propos de la culture physique, qu’il étudia.

Il a par la suite fondé une première École de Culture Physique à Bruxelles, avant de venir s’installer à Paris en 1849 et fonder son gymnase de l’avenue Montaigne.

Durant la Commune de Paris en 1871, Hippolyte Triat fut nommé directeur des exercices gymnastiques de la ville de Paris et avait prêté son gymnase (qui n’était plus avenue Montaigne) pour des réunions. Il fut condamné à de la prison pour cela.

Les cours donnés par Hippolyte Triat

Il lui est attribué deux ouvrages écrits en collaboration avec Napoléon Dally : De la régénération physique de l’homme par la gymnastique rationnelle (1847) et Cinésiologie ou science du mouvement dans ses rapports avec l’éducation, l’hygiène et la thérapie (1857).

La cinésologie est un concept inventé tel quel depuis la racine grec cinèse qui signifie mouvement. Napoléon Dally et Hippolyte Triat ont voulu exprimer une nouvelle activité, différente de l’ascétisme et de l’athlétisme grec, tout en y puisant leur inspiration. Le mouvement a pour but dans leur démarche d’exercer, c’est-à-dire :

« dégager les organes intérieurs et les membres, ôter les obstacles qui s’opposent à la liberté des mouvements naturels. »

Il est assez proche de la pratique de la kinésithérapie, qui a la même origine culturelle (et scientifique). Les buts sont spécifiquement médicaux et réparateurs dans les deux cas, mais plus généraux dans le cas de la cinésologie, qui insiste par exemple sur l’importance de la transpiration et des efforts aérobies, alors que la kinésithérapie focalise seulement sur l’anatomie et les mouvements articulaires.

« Pour que la gymnastique se reconstitue définitivement comme science et comme art, il faudra que non-seulement l’exercice, mais aussi le mouvement, sa forme et ses éléments mécaniques soient spécifiquement étudiés dans leurs rapports à l’anatomie, la physiologie et la pathologie. »

L’ouvrage consiste aussi et surtout en une présentation historique très précise depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge de l’exercice physique et de son rapport à la santé, dans différentes régions du monde :

« Nous nous sommes proposé d’écrire l’histoire des théories du mouvement et des applications qui en ont été faites à l’éducation, à l’hygiène et à la thérapie. »

Les informations n’y sont pas toujours d’une grande valeur scientifique, beaucoup de concepts sont dépassés et il y a d’une manière générale une vision surtout empirique, reflétant un manque de connaissances propre à l’époque. C’est néanmoins un travail de recherche profond et minutieux, un document d’une grande valeur pour tous les historiens du sport et de l’activité physique.

La gymnastique d’Hippolyte Triat a donné lieu à un véritable culte du corps, de la musculation, annonçant ce qui sera ensuite dans les années 1980 le culturisme, ou body-building aux États-Unis d’Amérique.

Par ailleurs, le gymnase d’Hippolyte Triat en a annoncé de nombreux autre à Paris, avec un mouvement de la gymnastique se déployant ensuite de manière importante partout en France à la fin du XIXe siècle.

=>Retour au dossier sur les origines de l’éducation physique,
de la gymnastique et du sport en France

Le sport à Paris d’Eugène Chapus et la gymnastique

La gymnastique s’est structurée en France de manière particulière et d’abord concurrente avec le sport. À l’époque d’Eugène Chapus, le sport n’était pas encore beaucoup développé et les contradictions avec la gymnastique n’étaient que balbutiantes.

Le chapitre consacré du sport à Paris est toutefois intéressant à cet égard et mérite d’être cité en entier. La gymnastique y est considéré comme n’étant pas du sport, mais en quelque sorte seulement un outil qui serait indispensable au sport.

« Il est un art aimé des Parisiens, qui ne fait pas précisément partie du sport, mais qui est comme le préambule et le complément de tous les exercices dont il se compose. La gymnastique, depuis plusieurs années, marque et prospère à Paris, où elle compte de bons et nombreux établissements ; c’est à ce rudiment du sport que s’arrête trop souvent le Parisien : à notre avis, la gymnastique n’est bonne que pour prédisposer le corps aux applications variées du sport définies dans leur but.

Le gymnase civil orthosomatique, fondé rue Jean-Goujon par le colonel Amoros, est le premier qui ai ait mérité l’attention sérieuse du public.

La méthode amorosienne [plus connu sous le nom de « méthode d’Amoros », NDLR] obtint les honneurs d’un prix de l’Institut. Son succès fut considérable au début. A la vérité elle promettait beaucoup aux adeptes : force, fermeté, résistance, courage, agilité, vélocité, adresse, énergie, régularité, sagesse, constance, héroïsme, grâce, santé, beauté, bonté… et toutes ces promesses du programme n’étaient pas vaines.

Ce gymnase est aujourd’hui placé sous la direction d’un homme aux façons accortes, très habile dans son art, et dont l’enseignement est aimé, un de ces hommes que les Anglais appellent un gentleman.

Tout récemment, la gymnastique parisienne a pris un nouvel essor, grâce à la création de l’établissement de M. Triat, avenue de Montaigne, presque sous les grands arbres des Champs-Elysées. M. Triat a étudié l’Angleterre, il l’a vu attentivement ; puis, inspiré par son génie, poussé par son incroyable aptitude pour les exercices qui développent les forces et l’élasticité du corps, il s’est dit qu’il dépasserait, au profit de Paris, toutes les institutions de ce genre qui se rencontrent à l’étranger : cette promesse, il l’a accomplie en élevant un monument qui est la réalisation de la belle et poétique idée que l’antiquité se faisait du gymnase.

Dans son aspect matériel, cet établissement est une des plus intéressantes curiosités qu’offre la vaste enceinte du quartier des Champs-Elysées, si riche en construction d’art et de goût.

C’est une basilique élevée et profonde, autour de laquelle règnent trois rangs d’élégantes galeries en partie réservées aux spectateurs ; mais, ce qui frappe tout d’abord, c’est la profusion des cordages, des poutres, des mâts, des anneaux, des échelles qui emplissent l’intérieur, se croisent, tombent de la voûte, s’élance en fusées, se dessinent en arceaux, en trèfles, en guipures, en rosaces ; c’est une décoration fantastique où le sentiment de l’art le plus pur n’a rien à reprendre, et qui ne se compose que des indispensables auxiliaires des exercices de la gymnastique.

Quand on a vu l’armée des audacieux élèves de M. Triat s’élancer aux mâts à son commandement, se suspendre aux cordes qui nagent dans l’espaces, marcher à la voûte sur des lignes aux inflexions multiples, sauter, franchir d’un bond des obstacles qui effrayent, puis, après la lutte et les audaces aériennes des tremplins, se jouer avec la masse des haltères et des barres de fer, courir en se repliant sur soi-même, danser comme le gladiateur de Rome, on comprend que le corps ainsi façonné, tordu, rompu, assoupli, fortifié, se trouve admirablement préparé pour les applications variées de la vie du sport. »

=>Retour au dossier sur les origines de l’éducation physique,
de la gymnastique et du sport en France

La définition du sport par Eugène Chapus

Eugène Chapus a fait plus qu’introduire le terme de sport en France, il est une figure incontournable ayant contribué à le définir. Il en a d’abord donné directement le sens dans son ouvrage de 1854 Le sport à Paris, puis l’a diffusé au fur et à mesure des articles du journal qu’il a fondé la même année, Le Sport, journal des gens du monde.

Il explique dès le début du Sport à Paris :

« Si nous n’avions adopté le mot sport, ce serait, par la vague et incomplète désignation de plaisir qu’il faudrait le traduire dans notre langue : car le sport c’est le plaisir, mais le plaisir défini, le plaisir qui, en mettant à contribution une ou plusieurs aptitudes de l’homme, lui devient une occasion d’exercice, de mouvement, de paris, de jeu, et exige toujours le concours d’un monde plus ou moins nombreux.

Tel est le sport dans sa vaste et moderne acceptation. »

L’importance du sport pour l’hygiène de vie est très bien saisi par Eugène Chapus, dans le prolongement des pensées humanistes au sujet de l’activité physique :

« Les plaisirs et les déduits qu’on désigne sous le nom de sport sont d’ailleurs une nécessité hygiénique et le complément de la vie des grandes métropoles. »

Le chapitre consacré au cirque est tout à fait intéressant pour la définition du sport, il est d’une grande valeur historique. Le cirque est d’abord présenté comme requérant de grandes qualités physiques, une grande connaissance des mouvements du corps.

Mais il est ensuite expliqué en quoi il y a pourtant une différence avec le sport :

« Mais ni le Cirque ni l’Hippodrome n’appartiennent au vrai sport. Il n’y a jamais sport, nous le répétons, sans l’idée accessoire d’incertitude, d’éventualité. Le sport implique rigoureusement trois choses, soit simultanées, soit séparées : le plein air, le pari et l’application d’une ou de plusieurs aptitudes du corps.

Au Cirque et à l’Hippodrome, tout est prévu, réglé d’avance : ce sont des théâtres qui ont des spectateurs, et qui fondent quelques-unes de leurs attractions des éléments du sport façonnés à leur gré ; c’est, si on veut, le sport éreinté, galvaudé, mis à la portée du vulgaire, et qui ne peut avoir d’autre effet que d’occuper les yeux.

Le reproche le plus mince qu’on puisse adresser au Cirque, c’est celui de la monotonie. Depuis cinquante ans nous assistons régulièrement aux mêmes exercices de voltige. Toutes ces scènes mimées sont les mêmes, quel que soit le nom dont on les décore. »

Ce qui est expliqué en substance, c’est le caractère compétitif du sport, qui relève du jeu, de l’affrontement codifié, et non d’une mise en scène comme pour l’art. De manière encore imparfaite, l’insistance sur les paris et le jeu non « réglé d’avance » annoncent en fait le sport du XXe siècle.

Le chapitre du livre consacré au canotage est tout à faire remarquable lui aussi à ce sujet. C’est là encore d’une grande valeur historique. Sont d’abord présentées et décrites de manière lyrique les ballades sur l’eau à Paris, très populaires.

Voici un extrait de cette présentation :

« Les uns remontent fièrement le courant, les autres suivent le fil de l’eau. Si le vent est contraire, ils louvoient et passent avec la rapidité de la flèche d’une rive à l’autre.

Les heures coulent comme le fleuve, heures de plaisir bien franc, bien naïf, qui laissent au cœur le repos et à l’esprit toutes les nonchalances de l’Orient. »

Est ensuite fait, et mis en opposition, un plaidoyer en faveur du sport :

« Cependant le canotage renfermé dans de pareilles limites n’est point à la véritable hauteur où il doit être placé parmi les exercices du sport. De tous ces exercices, il n’en est pas de plus utile et, sauf les courses, nul ne présente un spectacle plus grandiose.

A voir ce qui se passe à Paris, on ne s’en douterait guère.

Le canotage, dans sa véritable acception, est l’essence même du sport ; sa gymnastique a l’inappréciable avantage d’exercer le corps et le courage à un haut degré, et, tandis qu’il offre un plaisir très vif, des récréations très poétiques, une émulation d’amour-propre, il est la meilleure école à laquelle le marin puisse se former.

En France, on se complaît avec une certaine naïveté dans des préjugés nombreux et très-profondément enracinés contre le canotage ; on ne veut voir dans le canotage, même pour nos fils de prolétaires, que des occasions d’oisiveté bonnes tout au plus à façonner des flâneurs ; mais en revanche, on approuve on encourage chez eux le goût des arts, on leur ouvre des écoles de dessin et de musique, c’est-à-dire qu’au lieu de travailler à faire des hommes robustes, puissants de musculature, et par conséquent utiles de plus d’une manière, on fait des ambitieux qui se croient une valeur dès qu’ils savent barbouiller un toile ou chanter un rondeau.

L’Angleterre ne procède pas ainsi.

Elle sait trop bien quel parti on peut tirer des hommes courageux, adroits et forts ; elle sait trop de quel embarras et de quelle turbulence est l’artiste à la demi-vocation : au contraire de nous, son indifférence est pour ce dernier ; ses encouragements, ses sympathies sont pour les premiers.

Il existe dans toutes les villes d’Angleterre des sociétés de régates, des clubs de canotiers dont les membres se composent de jeunes hommes de bonnes et nobles familles. Cambridge et Oxford ont les leurs, et c’est quelque chose de remarquable l’émulation que ces deux universités déploient dans les luttes publiques, dans les régates qui doivent décider de leur préséance.

Le canotage en Angleterre n’est pas un jeu ; c’est une occupation sérieuse, un enseignement qui a ses disciples, ses centres, ses clubs, ses statuts, ses règlements, ses encouragements.

L’époque des régates est toujours précédée d’une période de temps consacrée à l’entraînement des jouteurs. Les Anglais, qui mettent une grande verve d’amour-propre dans tous ce qu’ils font, n’acceptent pas volontiers la défaite, et pour l’éviter ils ne reculent devant aucune épreuve.

Pendant deux mois celui qui doit figurer dans une joute vite de la manière la plus réglée. Il est tempérant et chaste, sa nourriture est riche sans être abondante ; il s’abstient complètement de spiritueux : c’est à cette condition qu’il peut espérer de vaincre son adversaire en résistance et en vigueur. »

Eugène Chapus insiste tellement sur le sport pour le valoriser qu’il en rejette de manière unilatérale les balades.

Le pavillon du Rowling-Club de Paris en 1898

Expliquant qu’une société de régate, The Paris amateur Rowing club, s’est monté à Paris, il précise alors :

« Cette assemblée, mi-partie anglaise et française, est destinée à opérer dans les exercices du canotage une révolution semblable à celle que le jockey-club a introduite sur le turf de France (…).

Par elle enfin le canotage deviendra une partie du beau sport pour cesser d’être un prétexte de flânerie aquatique ou de ballade, comme ils disent. »

=>Retour au dossier sur les origines de l’éducation physique,
de la gymnastique et du sport en France

Le Sport à Paris d’Eugène Chapus

L’éducation physique, la gymnastique et le sport sont des produit du XIXe siècle, portés par la bourgeoisie ascendante. Ils reflétaient une exigence de modernité, dans le prolongement de la pensée humaniste et matérialiste faisant du corps une préoccupation primordiale.

L’éducation physique, la gymnastique et le sport sont cependant des phénomènes d’une grandes complexité, marqués par les contradictions de la société et profitants d’héritages multiples. C’est ainsi que l’aristocratie française a joué un grand rôle pour le sport, car elle tentait de maintenir ses positions en apparaissant elle-aussi comme moderne au XIXe siècle.

Le terme de sport est apparu en France dans Le sport à Paris d’Eugène Chapus en 1854. Il s’agit d’une sorte d’annuaire mondain écrit par un aristocrate dandy décrivant dans le détail un certain nombre d’activités se développant à Paris au XIXe siècle, sur le modèle anglais.

« Mais parmi ces plaisirs, le sport occupe aujourd’hui une spéciale et belle place. 

Depuis quelques années, le goût de la jeunesse parisienne se porte avec un entraînement de plus en plus vif vers ces divertissements aristocratiques, ces passe-temps de la belle existence, qui, éloignant l’homme des amusements qui n’intéressent que les sensations, qui abaissent et affaiblissent le caractère, mettent à l’épreuve ses aptitudes diverses, le courage, l’adresse, l’agilité, la souplesse, et le préparent plus qu’on ne le pense, en le grandissant et en le poétisant, aux carrières utiles et brillantes de la société. »

Nombre d’activités physiques, sous forme d’affrontements et de jeux, existaient en France avant l’apparition du sport. À part le jeu de paume, qui de toutes façons avait quasiment disparu en France, ces activités physiques n’avaient pas la dimension et la sophistication des sports. Ces derniers étaient développés et structurés via les clubs, d’inspiration anglaise, et souvent même d’importation anglaise.

Le sport est à cette époque surtout un divertissement mondain, volontairement distant des masses populaires. Les exploits, records et victoires, font partie inhérente du sport. C’est grâce à la presse qu’ils sont diffusés et valorisés.

Eugène Chapus

Dans Le sport à Paris, Eugène Chapus commence par décrire le turf. Il s’agit de courses de chevaux. C’est l’activité sportive la plus importante à Paris avec quatre hippodromes : le Champs de Mars, Chantilly, Versailles et le domaine de la Marche. D’autres plus prestigieux seront ensuite construits en réponse à cet engouement.

Est déjà constitué à cette époque un jockey-club qui organise les courses ; les paris y tiennent un rôle important, annonçant la place prépondérante qu’ils auront ensuite pour les courses hippiques.

Si le modèle anglais est copié, il y a en même temps la volonté de se démarquer, d’insister sur un art de vivre à la française, plus raffiné, plus posé et plus fin. On peut ainsi lire :

« La physionomie de nos réunions est plus calme : on voit que la passion hippique est chez nous dans sa phase naissante, mais on peut en même temps pressentir que, sous des influences favorables, elle pourrait grandir, devenir plus ardente et plus envahissante.

Ce que nous n’avons pas encore en cohue, en acclamations, en faste, nous l’avons en élégance et en gaieté : les places de l’enceinte du pesage sont généralement occupées, quand le temps est propice, par des dames qui, de loin ou de près, appartiennent à ce monde de sport, soit par le goût, soit par la fortune, soit par des ramifications de parenté et d’affection.

Du moins leur présence à ces places veut le dire. Elles y sont pour ainsi dire mêlées aux hommes du jockey-club et à la foule des sportmen qui vont et viennent sous leurs yeux, les abordent, les quittent pour revenir auprès d’elles, leur apporter la nouvelle qui circule, les détails de l’incident qui survient ou la chronique qui se débite à propos d’un personnage ou d’un équipage qu’on a vu. »

On a là cependant surtout un style aristocratique, l’auteur étant lui-même partisan de la restauration, assumant des divertissements féodaux. Ainsi la chasse à courre est décrite comme une grande activité mondaine parisienne, et considérée comme un sport :

« La sœur jumelle des courses de chevaux est la chasse à courre. »

Sur le modèle anglais sont repris le style et les codes de la vénerie, c’est-à-dire les chasses royales dans les bois et forêts où tout repose sur le travail des chiens. Les chasseurs étant censés montrer leur habilité à la conduite du cheval et leur capacité à suivre et diriger la meute de chiens.

Un des ouvrages écrits par Eugène Chapus

Cela donne lieu à un mélange baroque entre un effet de mode anglais moderne et l’affirmation d’une tradition française, de type aristocratique. L’aspect moderne, et donc sportif, est cependant très mis en avant, les récits de chasse étant l’occasion de montrer des exploits physiques, tant d’adresse et de vivacité d’esprit que d’endurance et de force.

Il est expliqué que les chasses anglaises sont

« plutôt des occasions de mouvement et des épreuves d’équitation que des chasses véritables »

et que :

« ces courses suffisent pour montrer un élégant costume de chasse, un bon et beau cheval de selle, et pour accroître l’énergie de l’estomac : c’est tout ce qu’il faut.»

Dans le même genre d’activité glauque et macabre, le tir au pigeon en plein Paris est mis en avant :

« Nulle part on ne trouve plus d’occasion de se familiariser avec le tir au fusil ; nos tirs sont très en vogue, et, parmi tous ceux que fréquente la jeunesse parisienne, le tir au pigeon occupe sans contredit la première place. »

Là aussi, la dimension sportive se veut primordiale, les qualités physiques sont promues. Un adversaire choisi une corde reliée à une trappe qu’il tire, après avoir feinté plusieurs fois :

« La trappe à laquelle elle correspond tombe, le pigeon sent l’air et s’enlève. Il ne vous a pas été possible de prévoir de quel côté le coup vous serait offert. Vous épaulez vite, car l’oiseau, dans son amour de la liberté, part d’instinct et d’un vol énergique. »

Le tir aux pigeons sera par ailleurs l’une des épreuves officielles des Jeux Olympiques de 1900.

Sont également mis en avant dans Le sport à Paris les salles d’armes et les maîtres d’escrime ainsi que la boxe française (qui est alors la nouvelle appellation de la savate), le bâton et la canne, mais aussi la lutte.

La savate ou boxe française

Le jeu de paume est présenté, tout en expliquant qu’il a alors pratiquement disparu. Il est valorisé, non pas dans sa forme populaire et réellement existante, mais d’une manière romantique, dans une forme aristocratique :

« Ce qui prouve combien nous sommes faits, nous autres Français, pour ce genre d’exercices, c’est qu’en dépit des préoccupations vénales qui pompent et dessèchent le sentiment de la grande existence, en dépit de la prétention à la gravité, maladie de notre génération, il se succède toujours parmi nous des hommes qui en maintiennent et perpétuent les traditions. »

De manière plus intéressante, l’engouement parisien pour la natation et les nombreuses piscines (bains) que comporte la ville de Paris est présenté de manière assez brillante, avec une description assez fine et précise de l’ambiance :

« À l’école de natation, la suprématie des rangs disparaît dans l’uniformité du peignoir et du caleçon exigé pour tous. Il n’y a plus de distinction que dans l’art de piquer les têtes, de faire la coupe ou les coulants, de remonter, sans faiblir, les eaux du fleuve. 

Les grands dignitaires de l’école de natation sont ceux qui risquent les têtes à la hussarde du haut du tremplin, ou qui se jettent crânement du sommet du perchoir dans le bassin ; c’est celui qui, comme M. Morissot par exemple, gagne cinq cents francs au prince de Stourdza en pariant, étant dans l’eau, de lire à haute voix pendant dix minutes, et en tenant le livre des deux mains sans l’exposer au contact d’une seule goutte d’eau.

C’est surtout Lireux, Meissonnier, Al. Karr, Tilmant de l’Opéra-Comique, qui remontent lestement le courant du fleuve, du pont Louis XVI au Pont-Royal. »

Le billard, le jeu de boule, l’équitation et les manèges, le patin à glace ou encore la danse, « qu’on peut appeler le sport des femmes », sont aussi présentés comme du sport.

=>Retour au dossier sur les origines de l’éducation physique,
de la gymnastique et du sport en France

Action directe : Guerre et restructuration (1984)

Comme toujours, face à la prise de conscience des masses, des conditions qui leur sont réservées dans le capitalisme, les Etats européens ont, en interaction avec la politique agressive des USA, globalisé et mercantilisé les gestes de révolte et de désespoir qui s’élevaient contre leurs menées.

La pacification des esprits

Dans une logique qui est propre à leur système de production, ils ont, en valorisant à l’extrême les gestes de refus de leur politique hégémonique, partialisé, atomisé, rendu inflationniste un mouvement qui portait en son sein les notions d’internationalisme.

En fin de compte, l’analyse et la critique concrète de ce qui se passe et de ce qui s’est passé, n’a jamais été exprimé clairement.

Alors que partout en Europe se développait un mouvement d’attaque, chacun, à l’intérieur de ses frontières, refusait le sort maintenant bien ancré, de la réalité impérialiste, par refus de missiles interposés. 

Par décret étatique affirmant que « l’automne sera chaud », chacun et tous se virent concernés et naturellement chacun et tous réagirent avec la passion exacerbée de leurs habitudes quotidiennes: la révolte ou le désespoir, la violence ou la non-violence.

L’habitude d’agir en être non concerné déploya sur le terrain les habitudes de gens concernés: la soumission, la peur, le désespoir et le besoin de survivre, en les canalisant à l’intérieur du mouvement, les opposant concrètement à toutes les intentions de construction révolutionnaire réelle. Très peu virent ou voulurent voir qu’il s’agissait d’un mercantilisme orchestré par les Etats contre tout désir de résistance dans l’avenir. 

Qu’ils s’agissait pour les Etats européens de séparer et d’isoler toute volonté de construction révolutionnaire radicale, violente. De mobiliser et d’idéologiser les êtres des différents Etats pour les soumettre aux conséquences agressives de leur politique, en les liant au fait établi de leur hégémonie. 

De neutraliser et de désespérer par la multitude des attitudes de soumission, la qualité qu’exprime la construction révolutionnaire radicale. L’automne chaud fut le moment d’une guerre psychologique menée par l’Etat et dont le but était de contrecarrer la possibilité de construction d’un pôle révolutionnaire radical. 

Non pas en tant que contre-mouvement mais au sein des masses.    

Aujourd’hui, il reste au mouvement révolutionnaire à développer dans ses avancées au sein des masses, la construction de la révolution et non pas à se laisser déterminer par les escarmouches que lui livre l’Etat. 

Aujourd’hui, comme nous l’avons exprimé dans notre texte « Une tâche révolutionnaire, le combat international », nous pensons que l’internationalisme réel et pratique est une nécessité stratégique et non un slogan idéologique. 

A travers des divergences et des oppositions, ce point de vue est commun à diverses organisations communistes et à divers prolétaires en Europe:  » Il [l’internationalisme] est en synthèse, diffusion de la puissance des messages révolutionnaires, de la puissance de leur critique radicale des conditions sociales existantes; il est information pour combattre ensemble et unis pour vaincre » (Groupe d’Elaboration 16 mars, Palmi 1981). 

« La politique révolutionnaire ici est la stratégie qui conçoit l’ensemble de la résistance dans le cadre de la réalité quotidienne ici, comme processus de libération, et la comprend comme partie, secteur et fonction des luttes mondiales, dont seule l’action combinée permet d’atteindre le but. » (RAF, mai 1982) 

Voir aussi la revendication des BR pour la construction du PCC à propos de l’exécution de Hunt. 

Le pacifisme, lui, dans l’impossibilité, liée à ses origines sociales, de saisir la nature véritable des enjeux, l’ensemble de la stratégie impérialiste, de développer une ligne politique révolutionnaire constructive, porte en lui la raison même de son échec, et ceci s’est vérifié par son incompréhension des systèmes de valorisation mis en jeu pour l’éliminer.

 Partiel dans son expression, le pacifisme, par son échec, non seulement donne une justification idéologique à la pacification, mais il offre de plus, par sa propre pacification, la possibilité de globaliser et d’intensifier la tendance générale à la guerre. 

« Il faut éclairci tout de suite un point.

Ce qui caractérise la phase actuelle par rapport au conflit de 1939/1945, ce n’est pas tant la puissance des moyens de destruction que l’extension, désormais mondiale de la guerre de classe, la présence de la guérilla communiste ou l’existence de conditions favorables à son développement dans chaque coin du monde et particulièrement dans les métropoles. », (Brigades rouges, « L’Abeille et le communisme », septembre 1980.)

Nécessités capitalistes de la restructuration

« Plus la production capitaliste se substitue à des types de production rétrogrades, plus se resserrent les limites du marché imposées par la recherche du profit, contrecarrant les besoins d’expansion des entreprises capitalistes existantes » (Karl Marx). L’impossibilité pour le capital de connaître des phases de stagnation prolongées, la nécessité de l’accroissement des taux de profits, la crise de surproduction absolue dans les centres depuis plus d’une décennie, caractérisent l’actuelle phase historique par la généralisation de la crise. 

Sa loi, qui tend à la reprise de l’accumulation, de l’élargissement de sa production, le pousse à mettre la main sur les zones et les pays n’étant pas encore fondamentalement entrés ou étant partiellement sortis de l’aire de production capitaliste. 

En effet, malgré les divers systèmes politiques qui aujourd’hui partagent le monde, ce ne sont nullement des intérêts idéologiques qui sont en jeu, mais bien la réalisation de l’intérêt économique capitaliste et de la pénétration du monde par le mode de production capitaliste. 

Aujourd’hui, lorsque les oppositions sont exprimées sur fond politico-idéologique, elles n’expriment rien d’autre que les obstacles et les contradictions que le capitalisme rencontre dans sa politique agressive d’hégémonie.

Elles expriment son insuffisance et la façon dont il transmet celle-ci à ses mercenaires et soldats, pour ouvrir de nouveaux fronts ou pacifier ses arrières en vue de la réalisation d’un nouvel ordre mondial de domination. 

Lorsque le capital est contraint de concrétiser par un saut qualitatif sa composition organique, lui permettant une valorisation maximale de la révolution technico-industrielle, il ne le fait qu’en détruisant « les forces de production superflues » et les moyens de production dépassés. Et cela tant en termes de valeur qu’en termes physiques. 

Sa lutte pour s’assurer la suprématie sur le marché mondial est quotidiennement vécue par les masses planétaires, confrontées aux réponses technologiques et militaires qu’il apporte, aux limites infranchissables, inhérentes à son expansion.

Et les masses vivent de plus en plus sous des formes de domination brutale et de pénurie, d’expropriation totale de tout moyen de survie: guerre, chômage, faim, paupérisation et pacification. 

Tandis que la généralisation de la crise dévoile toujours plus la symbiose démocratie-guerre (mondialisant la guerre comme condition objective de sauvegarde de la démocratie), pour la perpétuation de l’unilatéralité des échanges et de la domination du marché mondial par l’Occident, tout en accroissant la misère, cette misère « qui fait que le Lazare prolétaire sort de la tombe du manque de ressources pour entrer dans le bagne de la fabrique où il subit les tourments du sur travail et vice-versa.

Et, si cette misère augmente, c’est parce qu’augmente sans cesse le nombre des prolétaires enfermés dans l’alternative impitoyable: ou bien s’échiner pour le capital ou bien crever de faim.

C’est uniquement dans le mode de production capitaliste que le travailleur crée lui-même les conditions de sa déchéance – du chômage croissant – au fur et à mesure qu’il développe les forces productives ». (Marx). 

Dans la pratique, la multiplication de la sous-traitance, l’élargissement de la cordination par l’informatique des noyaux de fabrication, leurs modalités, l’intérim soulignent la perte en qualité de la force productive humaine nécessaire (les travailleurs); qualité transmise de fait au moyen de production en tant que capacité créatrice, mais génératrice pour l’homme, de manque, de besoins insatisfaits, condition nécessaire à l’accumulation du capital. 

Aujourd’hui, les deux axes de la restructuration sont : la réalisation simultanée de l’unilatéralité de l’accumulation et le développement d’une « économico-idéologie » de guerre, capable de perpétuer l’offensive guerrière des démocraties, développant parallèlement un projet politique de pacification et de collaboration, dans les centres et dans les périphéries, sous l’égide d’un nouvel ordre de domination mondiale. 

C’est dans ce but qu’est conçu le développement et l’utilisation du militarisme.

Il permet de soumettre les moyens de production et les forces productives des pays périphériques, en concrétisant par les armes la recolonisation existant de fait par la dépendance économique et politique du tiers monde et des pays socialistes.

Tandis que dans les métropoles, la pacification s’accompagne d’une colonisation des esprits et des corps en canalisant la « terreur sourde régnante » par une militarisation de l’économie. 

En fait, dans le mouvement que le capital impulse et dans ce que détermine le militarisme, il ne s’agit plus seulement de la simple reproduction du capital par celle de la force de travail (société de consommation, chûte des taux de profits par la stabilisation des forces et le développement antagoniste de leurs qualités), mais de la reproduction productive du capital par la consommation directe, l’attachement des forces productives à une nouvelle notion de quantité et de sécurité fondée sur la violence et la terreur quotidienne que le capital développe pour sa survie existentielle, par la guerre dans le tiers monde et la menace de nucléarisation des conflits économio-stratégiques. 

« La tendance à la guerre vit dans chaque aspect des rapports sociaux capitalistes jusqu’à arriver sous une forme contradictoire dans la conscience même des prolétaires », (BR, Colonne Walter Alasia). 

Le nouveau consensus ainsi recherché, tout en déplaçant la production hors de l’usine pour neutraliser les antagonismes de classes qui y étaient une dimension centrale, centralise alors la société comme unité et cause de production du militarisme: Décomposition et différenciation n’opèrent pas seulement au niveau matériel, mais au contraire ont un objectif beaucoup plus ambitieux; transformer l’ouvrier en « homme du capital », pur appendice, sans vie et sans histoire, de la machine. Et cela n’est possible qu’en anéantissant la mémoire historique collective de la classe ouvrière » (BR, Colonne Walter Alasia).   

OTAN, instrument d’unification politique et militaire du capital

Aujourd’hui l’OTAN est la forme particulière que prend l’impérialisme pour généraliser au travers de son mode de production, son hégémonie. 

L’impérialisme s’est doté d’un système transnational d’offensive extérieure et de contre-révolution intérieure. L’OTAN s’est l’instrument total et totalisant de la propagande du système absolu.

Il agit comme coordination globale de la croisade du monde « libre », c’est-à-dire des intérêts fondamentaux multinationaux. Graduellement, l’OTAN a abandonné son rôle seulement militaire pour gérer des stratégies politiques et économiques. Aujourd’hui l’OTAN signifie guerre impérialiste et contre-révolution intérieure. 

L’OTAN est unité productrice de destruction des antagonismes de classe grandissants, face à « un monde de la richesse qui enfle devant l’ouvrier comme un monde qui lui est étranger et qui le domine à mesure qu’augmentent pour lui, pauvreté, gêne et dépendance. » (Marx), et l’expression de la crainte que les capitalistes ont de ce que les incessantes guerres de l’ère impérialiste fassent entrer des millions et des millions d’hommes et de femmes dans la masse de ceux qui n’ont plus rien à perdre. 

En tant qu’unité de production destructrice, l’OTAN ne vise pas tant à la destruction par la guerre de structures étatiques étrangères que, plutôt et surtout, à la conquête de territoires nouveaux pour le mode de production capitaliste, et à la soumission des prolétaires du monde entier à celui-ci. 

La tendance à la guerre des Etats impérialistes s’exprime aujourd’hui par la nécessité de soumettre la classe prolétaire de plus en plus à son hégémonie, en mondialisant son mode de production. C’est la condition aujourd’hui de l’accumulation. Aussi, attaquer, aujourd’hui, l’OTAN, c’est anticiper l’émancipation prolétarienne de toutes les formes d’exploitation et d’oppression.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Action directe: contre l’Institut Atlantique (1984)

Nous avons attaqué l’Institut Atlantique, cellule de réflexion et de propagande d’articulation impérialiste. 

Son importance n’est pas à démontrer: nous l’avons choisi pour initier une nouvelle aire d’offensive politico-militaire, car bien plus que la Commission Trilatérale qui n’insère pas au sein de ses réflexions l’aspect matériellement militaire, l’Institut est un point de convergences pratiques entre les divers secteurs du capital international, la recherche dite scientifique et son application militaire.Toute son infrastructure dirigeante est une preuve de cette affirmation. 

La direction est entièrement américaine, inféodée à l’OTAN. Au plus haut niveau des structures de cet institut, on retrouve des représentants du capital transnational, c’est ainsi que l’Italie est représenté par Agnelli, PDG de la Fiat.

Le financement est opéré par des entreprises privées et par des entreprises étatiques, telles que le Crédit agricole, Elf Aquitaine ou la Régie Renault, mais c’est surtout l’OTAN lui-même qui assure le financement principal.

Les listings comptables, tous les brouillons de lettres que nous avons trouvés en deux ans de surveillance, démontrent que cette officine de l’OTAN est l’une des plus importantes courroies de transmission en Europe de l’Ouest.

les derniers travaux de l’institut révèlent les préoccupations de l’OTAN en Europe: restructuration industrielle, implantation des missiles, unification d’une Europe militaire et économique sous l’égide de l’OTAN.

Le simplisme qui ne veut voir l’impérialisme que comme un système global de surpuissance dominant tout, centralisé en un commandement général, que ce soit Washington, New York ou Disneyland, ou l’analyse contraire qui ne comprend l’impérialisme que comme une machine n’ayant des incidences ou ne pouvant être résolue qu’au quotidien, constituent les deux pièges qui conduisent à un renforcement de l’impérialisme par une fausse praxis.

Abattre aujourd’hui le système de domination impérialiste – celui du capitalisme à son stade de développement actuel, implique la nécessité impérative de l’organisation politique et militaire internationale des éléments conscients de la classe – afin d’attaquer et de désarticuler à tous les niveaux de commandement, le système impérialiste.

De la capacité à s’organiser des éléments avancés du prolétariat des métropoles dépend la réalisation ou l’échec des projets de l’impérialisme: surexploitation, guerres, anéantissement, mais de cette organisation communiste dépend aussi la possibilité pour le prolétariat de sa libération dans la guerre de classes vers une société communiste.

La révolte ou la résistance individuelle ou de mini-groupes ne peut se comprendre que comme le reflet partiel de l’antagonisme de classe et non comme transformation collective du rapport de forces dans cet antagonisme; de même que toute apparition ponctuelle – même militaire n’est pas un élément qui peut déterminer un affrontement réel, c’est-à-dire politique s’inscrivant dans une stratégie de lutte des classes.

Aujourd’hui, s’organiser, ce n’est pas seulement lier les individus et les pratiques antagonistes dans un système informel ou formel d’apparitions ponctuelles.

S’organiser, c’est unifier toujours plus les pratiques différentes dans une analyse et une stratégie concrètes d’attaque, de destruction/construction, c’est dépasser les errements et la désorientation individuelle, mini-collective, dilettante, engendrée par le caractère contradictoire des rapports de domination impérialiste, par un développement analytique, pratique et commun.

C’est construire sur le terrain de l’affrontement par la pratique, le débat, la réflexion, la confrontation, la ligne politique qui permette à chacun et à tous d’être les éléments conscients et responsables au sein de l’organisation, de la globalité de l’affrontement. D’en être les germes et les fruits.

L’organisation dans les métropoles aujourd’hui sert les éléments communistes qui oeuvrent ensemble afin d’unifier un maximum de réalités antagonistes, par une stratégie révolutionnaire véritablement capable d’armer le prolétariat de la volonté de s’armer.

Le rôle historique du prolétariat ne réside pas tant seulement en ce qu’il est, comme producteur collectif, le pilier de ce système, mais aussi en ce que comme producteur collectif, chacune de ses erreurs, chaque repli, chaque défaite alourdisse le poids de ses chaînes et renforce le pouvoir qu’il aura plus tard à subir et à vaincre.

L’historicité de son rôle réside en ce que dans l’alternative de construire un monde qui lui est étranger, même avec les avantages partiels que le capital lui concède, son choix est – soit de décider de le détruire pour s’émanciper et vivre comme des êtres humains, soit de s’enchaîner en participant consciemment ou non à l’extermination de ce monde par l’impérialisme.

Pour nous, en tant que communistes – fraction organisée et combattante du prolétariat – c’est consciemment que nous avons choisi en refusant toute suprématie et détermination extérieure à la classe.

Rompre les chaînes pour articuler nos forces en pratiques concrètes d’attaques Nous sommes tout aussi conscients qu’étant partie de la classe, ce n’est qu’en développant simultanément la force de la classe et ses victoires que nous développerons la conscience nécessaire à son organisation pour d’autres victoires.

Mener le combat dans les métropoles avec les révolutionnaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie
Construire l’organisation à partir des usines et des quartiers
Guerre de classe contre guerre impérialiste
Solidarité avec tous les révolutionnaires emprisonnés
Pour l’unité des communistes dans l’offensive contre le capital – celui des multinationales, de l’OTAN
Unité stratégique des organisations communistes combattantes dans le développement de la guerre de classe

Le 11 juin 1984
Unité combattante Ciro Rizatto
Action directe

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Action directe : contre Dassault et Hispano (1984)

Nous avons attaqué l’usine Dassault à Saint-Cloud.

Parce que toute action n’a de sens que dans un processus vers l’organisation révolutionnaire des prolétaires, cette action ne tend pas uniquement à la destruction d’un élément de production (en l’occurrence « le meilleur constructeur et celui qui a le plus d’avions, d’armes en Europe » aux dires de son PDG, Bruno Claude Valliers), mais aussi à situer notre attaque dans une stratégie globale, offensive.

Le but est la construction d’une politique prolétaire armée contre la stratégie d’extermination que réalisent matériellement les Dassault et consorts. 

Aujourd’hui, aucune action armée ne peut se concevoir hors d’un processus de développement organisationnel de l’affrontement de classe, hors de l’élargissement politique, militaire et structurel des fractions organisées du prolétariat. 

Ce qui est principal, c’est la contradiction entre prolétariat international et bourgeoisie impérialiste. Se situer en tant que communistes dans cette réalité, c’est développer la lutte du prolétariat international, c’est-à-dire sortir du cadre formel de la réaction et de la riposte en portant dialectiquement nos actions sur le terrain de l’anticipation et de l’attaque, en développant cette contradiction en guerre de classe. 

Pour nous communistes, la logique de l’entreprise Dassault – dont l’histoire reflète fidèlement celle du capital en France après la seconde guerre mondiale, et qui a pris son essor au niveau mondial lors de la guerre du Vietnam, occupant les marchés délaissés par les Etats-Unis, quintuplant son chiffre d’affaires en vendant près de 1500 Mirages de par le monde – se place pleinement et activement dans la stratégie impérialiste. 

La restructuration entreprise dès les années 70 lui a permis de développer la capacité et la faculté d’être, sur le plan industriel « le réalisateur matériel » de cette stratégie, tant au niveau de l’exploitation et de l’oppression que de l’appauvrissement et la misère qui en découlent. 

C’est à partir de cette avancée au plan mondial que Dassault a pu devenir au sein de l’industrie civile et militaire, l’entreprise de pointe restructurée exemplaire et économiquement saine (puisqu’elle a réalisé en 1983 un bénéfice net de 394 millions de francs, enregistrant une augmentation de son chiffre d’affaires de 3% par an), sur laquelle peuvent se greffer les projets politico-militaires actuels de l’impérialisme. 

Le développement d’entreprises comme Dassault se fait face et contre les besoins, les luttes et les guerres de libération du prolétariat international. De telles entreprises sont l’expression de la connexion et de l’homogénéisation des structures politiques, économiques et militaires de l’impérialisme. 

Acculé par la prise de conscience et par la pratique du prolétariat international, l’impérialisme américain est aujourd’hui de plus en plus contraint à s’engager dans des zones « déstabilisées » comme l’Amérique centrale ou le Moyen-Orient, et de sauvegarder sa puissance de pression ainsi que sa centralité stratégique contre l’Union soviétique et les pays de l’Est, en renforçant le processus d’unification de l’oppression sur le territoire européen par le développement de structures politiques, économiques et militaires homogènes. 

L’apparition de ces structures n’exprime nullement l’existence de frictions au sein du système capitaliste mondial, mais indique que la stratégie impérialiste a besoin de ce palliatif structurel, qu’il a besoin d’une structure européenne de domination qui ait la capacité et l’agressivité nécessaire pour résister à la lutte du prolétariat européen tout en étant capable sous le contrôle de l’OTAN, de développer sa faculté d’intervention et de domination politique, économique et militaire contre le prolétariat international. 

« L’américanisation de l’Europe ce n’est pas seulement Mac Donald, Coca Cola, les « nouveaux pauvres ». 

C’est au travers d’une méthode d’exploitation et d’oppression probante, la cristallisation d’un capitalisme guerrier et de structures politiques de pacification. Ce sont des structures de guerres et de pacification que nous avons attaquées par nos différentes interventions:

– le service informatique de recherche en matière d’armement

– l’Institut atlantique comme centre de réflexion de l’OTAN

– la Délégation du ministère de l’Industrie à l’approvisionnement interallié de carburant

– l’ESA (Agence spatiale européenne), qui concrétise les décisions politiques, industrielles et militaires dans le domaine de l’espace

– l’UEO comme articulation structurelle du projet militaire, économique et politique de l’OTAN en Europe

– et aujourd’hui Dassault, en tant que l’un des maîtres d’oeuvre de projets essentiels au processus dintégration au niveau européen

– l’ACX, avion de combat des années 90 dont la production en série doit se faire avec des partenaires européens (Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne, Italie) et qui représente un marché « fabuleux » de 800 avions;

– l’utilisation militaire de l’espace à laquelle Dassault participe déjà activement par sa collaboration étroite avec l’Aérospatiale, par la fourniture du système pyrotechnique d’Ariane et dont il compte bien être encore un élément central avec l’étude de la navette spatiale européenne Hermès. 

Les multiples concertations depuis le printemps dernier entre la direction de Dassault, ses principaux sous-traitants et partenaires (l’Aérospatiale) et Christian Lenzer (appartenant à la CDU, parti chrétien-démocrate en Rfa, membre du comité permanent de l’Assemblée de l’Ueo, responsable des questions scientiifiques), démontrent le degré concret d’avancée de l’homogénéisation des structures d’exploitation et d’oppression en Europe. 

Lorsqu’un Lenzer, l’un des dirigeants de la Cdu travaille aussi bien avec un député Ps, comme Pignon qu’avec un démocrate-chrétien tel l’Italie De Poi ou le conservateur Frazer, il est complètement imbécile de concevoir l’oppression ou la libération en termes de partis politicards. D

u socialisant Gonzales à la « dame de fer » en passant par les différentes composantes du panorama politicien européen, c’est la même stratégie qui se développe: homogénéisation politique, restructuration économique et unification militaire contre le prolétariat international. 

Ces attaques contre diverses articulations stratégiques de l’impérialisme américain et de ses alliés sont l’expression d’un mouvement plus large qui, à travers ses concrétisations en Europe, montre la nécessité et le besoin d’un développement cohérent dans la continuité, dont le sens général est: la reprise de l’offensive. 

C’est dans ce sens que travailler à une stratégie de libération communiste du prolétariat signifie regarder le présent avec le regard du futur, parce que la fonction historique des communistes, en tant que fraction et avant-garde organisée du prolétariat est de comprendre le mouvement du capital dans son ensemble, en lui permettant aussi de détruire et de désarticuler ses projets d’exploitation et de mort, et de comprendre le mouvement de classe, afin de déterminer dans un rapport dialectique avec elle, le développement de la conscience révolutionnaire du prolétariat.

Unité combattante Ciro Rizzato
Action directe

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Action Directe: Une tâche révolutionnaire, le combat international (1984)

Il s’agit aujourd’hui de concevoir l’Europe occidentale comme un territoire homogène où la construction d’un pôle révolutionnaire unitaire est possible. Cela signifie considérer le prolétariat de la métropole comme une classe unique, répartie sur des territoires différents, mais qui ont des caractéristiques fondamentalement semblables.

Concrètement, nous ne considérons pas la recomposition de l’ensemble des prolétaires européens en une fraction prolétaire unique comme une chose acquise. Mais le terrain stratégique que nous choisissons dans la phase actuelle est celui de la construction de l’organisation internationale du prolétariat d’Europe de l’Ouest.

Et nous cherchons à généraliser dans cette stratégie les particularités et les spécificités des différentes réalités des divers prolétariats nationaux.

Considérer le prolétariat d’Europe de l’Ouest comme une réalité unique veut dire rendre dynamique ce que le capital multinational rend statique par la division formelle de l’Europe en divers états nationaux.

Alors que ce même territoire n’est, pour le capital multinational, qu’un espace stratégique avancé de marché et de production.
Il est le centre des conflits économiques et de pouvoir de toutes les multinationales mondiales (américaines, japonaises, allemandes, anglaises, françaises, italiennes).

Et les gouvernements des différents états nationaux constituent de plus en plus les simples paravents des luttes internes au capital multinational, chacun d’entre eux constituant un terrain où coexistent et s’affrontent les intérêts des multinationales.

En Europe, si le capital multinational se présente divisé « , au niveau du pouvoir et des rapports internes à chaque Etat, dans son rapport avec la classe, il n’en a pas moins un comportement unitaire dans l’exploitation et la répression du prolétariat.

L’Europe de l’Ouest, tant comme marché qu’au niveau de la production, constitue un territoire unique sur lequel le capital multinational projette, programme, réalise et impose sa logique de profit.

Toutes les structures de production et de marché d’Europe de l’Ouest sont en fait multinationalisées. Ce qui permet au capital multinational de jouer sur les divisions nationales du prolétariat, tant en terme d’exploitation que de répression.

Et cela afin de gérer les conflits de classe qui explosent sur un territoire donné de façon spécifiquement régionale, en évitant ainsi la diffusion des conflits à l’échelle européenne.

Cette division du prolétariat européen permet au capital multinational d’intervenir avec le maximum de brutalité dans les territoires où l’intensité de la contradiction de classe empêche toute médiation. Dans le même temps, celui-ci peut maintenir dans les autres territoires d’amples rapports de médiation et de liberté formelle.

La régionalisation et la circonscription des conflits de classe dans un territoire défini laissent intactes les possibilités de pacification et de médiation dans les autres.
Au cours des trente dernières années, les crises cycliques qui sont intervenues dans toute l’Europe ont été résolues et dispatchées, à des moments et avec des moyens différents, sur l’ensemble des territoires, évitant ainsi la généralisation des conflits de classe que produisaient ces crises.

Elles ont été le résultat d’un même cycle de restructuration qui a investi l’ensemble de l’Europe et a frappé les différents territoires nationaux, à commencer par les territoires les plus avancés, la France, la RFA et la Grande-Bretagne, suivis ensuite par l’Espagne, moins développée.
Ce processus a touché non seulement la structure productive, mais aussi la structure sociale et urbaine.

Il a vu se développer une véritable métropolisation des territoires.

Ce qui se traduit par le fait que le contrôle, la médiation, la décomposition et la différenciation du prolétariat se développent d’abord dans les secteurs nationaux les plus « avancés « , pour être ensuite systématisés dans les autres secteurs présentant ces caractéristiques.

Cette systématisation fut générale, rapide et efficace.
Le discours conceptuel fut rapidement stratifié, pacifié et redéfini selon les multiples changements qui intervenaient dans le cycle de crise du capital multinational. Il fut aussi marqué par le développement de la concurrence économique et de pouvoir en son propre sein.

L’homogénéisation de l’Europe de l’Ouest est déterminée tant par le niveau actuel de développement et de crise du capital multinational mondial que par la phase actuelle de tendance à la guerre.

Dans toute l’Europe, le cycle crise – restructuration – crise se développe simultanément. L’équilibre entre les territoires pacifiés et ceux qui le sont moins tend donc à se rompre, la crise et la tendance à la guerre contraignant de plus en plus le capital à se situer dans un même rapport avec l’ensemble du prolétariat.

Il doit alors rompre avec sa tactique de médiation pour imposer par la violence les restrictions économiques, un accroissement de l’exploitation et de la logique de guerre impérialiste.

La restructuration de la production (dans l’automobile, la chimie, dans le secteur énergétique) et la logique de guerre impérialiste prennent alors une dimension concrète immédiate: les licenciements massifs, la réduction généralisée des dépenses sociales et publiques au profit des dépenses militaires, l’installation des missiles nucléaires, la création de la Task force et le renforcement de la mission historique de l’OTAN, afin de faire face aux éventualités que suscite cette tendance.

Apparaît alors pour le prolétariat métropolitain européen, une seule et unique réalité: celle de l’exploitation et de la répression brutale pour satisfaire les exigences que la crise impose au capital multinational. La réalité d’être condamné à devenir la  » chair à canon  » des prochains conflits, et en attendant, la  » chair à profit  » de l’impérialisme, en Afrique, au Moyen-Orient, etc.

Travailler à la recomposition révolutionnaire du prolétariat en Europe ne suffit donc pas.

Mais cela devient possible. Parce que tout ce que nous construisons aujourd’hui, au sein de cette stratégie, comme développement, même minimal, de la conscience révolutionnaire par rapport à la crise et à la tendance à la guerre, avec toutes les conséquences possibles de l’ensemble des contradictions de classe, tout ce que nous construisons donc, même à une échelle minime, se développera et se multipliera demain, oeuvrant ainsi à la construction de l’organisation de masse du prolétariat européen.

Travailler à une stratégie de libération communiste du prolétariat signifie regarder le présent avec le regard du futur, parce que la fonction historique des communistes, en tant que fraction et avant-garde organisée du prolétariat, est de comprendre le mouvement du capital dans son ensemble, en lui permettant ainsi de détruire et de désarticuler ses projets d’exploitation et de mort, et de comprendre le mouvement de la classe, afin de déterminer, dans un rapport dialectique avec elle, le développement de la conscience révolutionnaire du prolétariat.

Dans la phase actuelle de crise générale du capital et de la tendance à la guerre, tout ceci impose de travailler à construire l’organisation internationale du prolétariat d’Europe de l’Ouest.

Cela signifie concrètement travailler, dans chaque territoire, en partant de sa spécificité et de ses particularités, à favoriser le développement de la conscience prolétaire en termes internationaux.

Pour recomposer le prolétariat comme classe révolutionnaire, il faut favoriser la meilleure circulation des expériences de lutte prolétarienne et de l’expérience des organisations révolutionnaires, en rompant ainsi avec la différenciation entre territoires plus ou moins pacifiés, et cela afin de propager la conscience révolutionnaire dans l’ensemble du prolétariat.

Il est actuellement nécessaire de travailler dans les mouvements de masse qu’exprime ce prolétariat.

Ces mouvements sont aujourd’hui extrêmement contradictoires parce qu’ils sont soient des mouvements partiels et spécifiques (territoriaux, liés à la réalité d’un territoire) contre les restructurations, les licenciements, la réduction des dépenses sociales, soient des mouvements généraux contre la guerre et la politique impérialistes qui ne réussissent pas à dépasser le discours défensif ou strictement pacifiste.

La présence massive de la gauche institutionnelle dans ces mouvements tend pour l’heure à leur insuffler une ligne politique réformiste et révisionniste qui bloque toute perspective de développement de la conscience révolutionnaire.

Mais il y a, objectivement, dans la phase actuelle, une incapacité politique des révisionnistes et des réformistes à offrir des débouchés crédibles au mouvement des prolétaires. Avec la tendance à la guerre et le développement de la crise, toutes les potentialités de médiation sont rompues.

A toute lutte ouvrière contre la restructuration et les licenciements, le capital répond par de nouvelles restructurations et de nouveaux licenciements.

Les partis  » de gauche  » et les syndicats se démasquent de plus en plus comme la représentation politique des multinationales au sein de la classe.

A chaque manifestation contre la guerre, le capital répond par l’implantation de nouveaux silos de missiles, par l’augmentation des dépenses militaires et par la préparation pratique à la guerre. Les gouvernements sociaux-démocrates se dévoilent de plus en plus clairement comme des gouvernements bellicistes à la sole de l’impérialisme multinational.

Les mouvements des masses prolétariennes expriment actuellement de grandes contradictions, mais aussi de grandes potentialités.

Il faut avoir présent à l’esprit que ces mouvements naissent d’un prolétariat décomposé, différencié, parcellisé. Les restructurations, l’informatisation sociale, la militarisation et la répression ont détruit sa mémoire historique révolutionnaire, telle qu’elle existait dans les années soixante et soixante-dix, alors que se développaient les luttes de la classe et des nouvelles générations prolétariennes.

Ce n’est pas par hasard que nous parlons de prolétariat métropolitain. Car il se caractérise de manière contradictoire, à la fois par son haut degré de décomposition et par un haut niveau d’antagonisme social et de refus du mode de vie capitaliste.

Nous disons donc que ces mouvements de masse sont à la recherche de débouchés de libération et de réalisation de leur propre richesse sociale. Mais cela ne peut passer que par la destruction du capitalisme et la construction d’un parcours de libération communiste.

Ces mouvements sont des terrains concrets de travail pour tous les mouvements révolutionnaires européens. Cela veut dire travailler à la démystification du discours révisionniste et réformiste, à la propagande constante dans ces mouvements autour des tactiques et des stratégies du mouvement révolutionnaire, de ses contenus, de ses instruments, de ses pratiques, à la construction de structures organisées d’information, de débat, de développement de la conscience de masse révolutionnaire, à la destruction de toutes les déterminations matérielles de la domination du capital qui empêchent le libre développement du mouvement et à la destruction de toutes celles qui favorisent l’exploitation et la guerre.

Le mouvement révolutionnaire dispose de réels instruments pour développer son activité, tels que l’analyse marxiste pour comprendre la réalité, la politique révolutionnaire comme pratique pour la construction des organisations de masse et la lutte armée comme instrument de destruction matérielle du capital.

Ce sont trois instruments stratégiques qui, dans leur rapport dialectique, développement réellement la dynamique construction/destruction.

Construction de la libération communiste/destruction du capital. La méthodologie marxiste sans la politique révolutionnaire et la lutte armée dégénère en théorisation statique de la réalité.

La politique révolutionnaire sans les deux autres éléments s’abstrait du réel, tandis que la lutte armée seule sombre dans l’impasse militariste.

Pour toutes ces raisons, seul un rapport dialectique entre tous les instruments historiques de la lutte révolutionnaire permet la réalisation et la concrétisation des contenus de la libération communiste et de l’émancipation du prolétariat.
Et cela pour construire un système social basé sur le libre-développement de l’individu.

Notre identité de communistes révolutionnaires est basée sur un rapport symbiotique et dialectique entre le contenu de libération et les instruments historiques nécessaires à sa réalisation.

Dans la phase actuelle, l’identité communiste révolutionnaire retrouve d’énormes possibilités de développement concret dans le rapport dialectique entre organisation communiste révolutionnaire et mouvement de masse prolétarien, à l’intérieur de la stratégie de construction de l’organisation du prolétariat d’Europe de l’Ouest.

Le développement d’un parcours unitaire incluant les différentes expériences des organisations révolutionnaires d’Europe de l’Ouest pour la construction d’un pôle révolutionnaire unitaire constitue un premier pas vers la recomposition du prolétariat européen.

Et cela ne signifie pas une somme figée de toutes les expériences, parce que chaque expérience s’est développée dans des conditions différentes et a eu des méthodes différentes en fonction des territoires où elle s’est développée.

Toutes ces expériences, si elles avaient des caractéristiques similaires, avaient aussi des spécificités qui ont notablement influencé leur développement au cours des dernières années.

Un parcours unitaire signifie travailler à une stratégie internationale unitaire en Europe de l’Ouest et déterminer des étapes successives visant à créer, phase après phase, une unité politico-organisationnelle sur le terrain de la lutte contre le capital, pour la recomposition du prolétariat métropolitain.

Il ne s’agit pas de créer un rapport idéologique, mais un rapport unitaire de pratiques concrètes, de développement du mouvement révolutionnaire en Europe de l’Ouest.

Nous sommes convaincus que les différences qui existent actuellement entre les diverses expériences révolutionnaires en Europe sont le produit d’une confusion politique que nous avons pu exprimer et des divers niveaux de mûrissement de toutes nos expériences.

La stratégie de construction en Europe de l’organisation internationale du prolétariat est le terrain sur lequel il est possible de bâtir concrètement une clarification politique qui corresponde à la phase et qui permette une maturation d’ensemble de toutes les expériences révolutionnaires.

Celles-ci trouvent, dans leurs propres maturations et dans leurs propres spécificités, un débouché concret à l’intérieur d’un rapport de pratique unitaire. Construire le mouvement révolutionnaire unitaire signifie développer les potentialités du prolétariat, parce qu’ainsi, à l’intérieur d’un rapport unitaire, se développer un niveau de maturation globale de tout le mouvement révolutionnaire.

Et c’est dans une stratégie de recomposition du prolétariat en Europe que se développe son niveau global de conscience.

Pour le mouvement révolutionnaire, le terrain stratégique de l’initiative correspond à la possibilité de développer sa propre conscience, parce que le mouvement révolutionnaire est le premier embryon de l’organisation communiste de toute la classe.

La construction de l’organisation internationale du prolétariat n’est donc pas la stratégie d’une organisation, mais bien la stratégie de l’ensemble du mouvement révolutionnaire dans la phase de développement maximum et de crise du capital multinational et des tendances à la guerre.

En tant que stratégie de phase, cette stratégie se veut une critique précise à toutes les stratégies mises en oeuvre dans les phases précédentes de l’expérience révolutionnaire en Europe.

Les limites de la phase précédente se trouvent dans les conceptions à la fois du nationalisme et de l’internationalisme.

Nous entendons par nationalisme les tendances qui veulent développer le mouvement révolutionnaire sur un territoire national, au-delà de toutes les partialités d’un tel déterminisme au niveau général. En particulier, ces expériences généralisent mécaniquement leur pratique au niveau de la pratique internationale.

Et de fait, tout ceci détermine le fait que les pratiques internationales, quelles qu’elles soient, ne sont pas assumées, et aussi la prétention utopique de détacher  » son  » territoire de la chaîne impérialiste.

Nous disons que cette conception est utopique car, dans la phase de crise et de tendance à la guerre, le capital multinational se recompose dans ses territoires centraux contre toutes les contradictions de classe qui y apparaissent, et il jette toutes ses forces dans la bataille contre tout mouvement révolutionnaire qui peut se développer dans chaque territoire particulier.

Ce fut le cas complexe de l’Italie, qui est le territoire européen sur lequel s’est développé le mouvement révolutionnaire le plus fort au cours des dernières années. Mais, dans le tourbillon des quatre dernières années, celui-ci fut désarticulé non par la seule structure de l’Etat italien, mais bien par l’entière structure de l’impérialisme des multinationales.

Ce mouvement vécut de plus une forte contradiction interne à travers l’absence d’un terrain de développement stratégique de sa force territoriale: il existait une force réelle en Italie, mais qui ne disposait pas de perspective internationale.

Concevoir la chaîne impérialiste dans un ensemble statique de maillons forts et de maillons faibles signifie ne rien comprendre à l’actuel niveau de développement de l’impérialisme qui, dans ses territoires centraux, tend toujours à homogénéiser ses forces structurelles internationales.
La seconde limite de la phase précédente de l’expérience révolutionnaire est constituée par  » l’internationalisme « .

Par internationalisme nous entendons une pratique basée sur une unité générique, statique et de principe d’un internationalisme prolétarien déterminé à partir d’une analyse erronée et figée de l’affrontement entre bourgeoisie et prolétariat au niveau mondial.

C’est ainsi qu’en Europe de l’Ouest des pratiques partielles se sont limitées au seul soutien du prolétariat du tiers-monde. De telles pratiques choisissent un développement limité du mouvement révolutionnaire dans les territoires centraux de l’impérialisme.

Car ce développement n’est conçu qu’en termes de structures ayant une fonction d’arrière-garde par rapport à ce qui est considéré comme le front central, à savoir la contradiction entre impérialisme et prolétariat des pays de la périphérie.

Aujourd’hui plus que jamais, la contradiction centrale reste pour nous celle entre la bourgeoisie mondiale et le prolétariat mondial. C’est elle qui détermine l’ensemble des aspects de la réalité impérialiste, au sein de laquelle la révolution prolétarienne connaît, dans chaque territoire contrôlé par l’impérialisme, un développement unique.

La stratégie de construction de l’organisation du prolétariat métropolitain elle-même s’insère comme étape possible à l’intérieur de la perspective globale de développement mondial du prolétariat métropolitain.

Dans cette phase, il n’y a pas de territoire plus ou moins important que d’autres. La simultanéité des développements est une nécessité.

Avec la tendance à la guerre et au développement de la crise du capital, tout territoire revêt une importance réelle, tant dans les rapports avec le bloc de l’Est que dans la gestion de ses contradictions internes.

Le problème d’une stratégie internationale est le problème de la construction d’un pôle révolutionnaire unitaire de tous les territoires homogènes, du point de vue de la contradiction de classe et de la possibilité de développement révolutionnaire.
En plus de l’Europe de l’Ouest, il existe d’autres pôles potentiels, tels que l’Afrique ou l’Amérique latine.

En effet, dès qu’une situation explosive se développe en Europe, en Afrique ou en Amérique latine, l’impérialisme entre en crise.

Car, par delà les contradictions immédiates qu’il porte en son sein, la conscience et l’organisation révolutionnaire de l’ensemble du prolétariat mondial constituerait l’élément capable de déchaîner une crise irréversible de l’impérialisme, et un affaiblissement d’une telle ampleur se développerait alors de façon massive à l’échelle mondiale.

Développer des pôles révolutionnaires unitaires dans les territoires homogènes signifie construire des points de référence concrets pour l’organisation et la recomposition révolutionnaire du prolétariat mondial.

La tendance à la guerre dans l’accentuation des contradictions de classe développe aussi l’homogénéisation des territoires extrêmement vastes et favorise objectivement la recomposition du prolétariat qui vit sur ces territoires.

Ce n’est pas là un procès mécanique et spontané, mais la base objective sur laquelle le mouvement révolutionnaire bâtit la stratégie de libération du prolétariat.

Aujourd’hui, pour tous les révolutionnaires, oeuvrer dans cette direction stratégique, c’est contribuer concrètement à la transformation de la réalité prolétaire actuelle, pour la libération de la réalité prolétaire de demain.

Ce qui est en dernière analyse commun au nationalisme et à l’internationalisme, c’est la défiance envers les possibilités révolutionnaires de recomposition du prolétariat en Europe de l’Ouest.

Et c’est là le résultat de l’absence totale de stratégie internationale de libération prolétaire.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Action Directe: Continuité d’un projet communiste

C’est dans l’histoire des luttes des prolétaires contre l’exploitation et l’oppression capitaliste que se situe pour nous la continuité du projet communiste d’Action directe.

Action directe se forme à la suite de la deuxième phase de la guérilla en Europe de l’Ouest.

La première phase est constituée – avec l’action d’Heidelberg menée par la RAF – par l’apparition de la nécessité et de la possibilité de la lutte armée révolutionnaire, qui lie la volonté de libération des peuples du tiers monde et des prolétaires des métropoles.

La deuxième phase, avec les actions Schleyer/Moro, est marquée par l’anticipation de la lutte armée en tant que détermination de la dialectique construction/destruction. C’est dans et comme expression de cette phase que se forme durant l’été/l’automne 1978, Action directe.

Suit alors une phase d’actions, conçues par rapport à la situation politique, et la nécessité stratégique et tactique de l’implantation de la lutte armée, et liant l’organisation à la lutte de masse contre les symptômes, particuliers à la France, de l’impérialisme.

Contre l’interventionnisme impérialiste de la France dans les pays du tiers monde: des actions sont menées contre les centres de gestion de cette politique, le ministère de la Coopération et l’Ecole de guerre. Contre la politique sociale de l’Etat: l’attaque du siège CNPF, des bureaux de la Délégation à l’Emploi, de la Direction de l’Inspection du Travail, des ministères du Travail et de la Santé.

Contre la répression des luttes des travailleurs immigrés: la destruction du siège de la Sonacotra et de deux officines chargées de l’expulsion de locataires dans les ghettos, l’attaque contre l’antenne de la DST, chargée de la surveillance des activités des organisations de travailleurs immigrés en France.

A cette phase d’implantation de la lutte armée succède celle de la construction révolutionnaire au sein de la classe et le refus de se laisser désarmer par la troisème voie. Alors que la première phase tendait à l’implantation de la stratégie à l’intérieur des ghettos prolétaires, la seconde phase partait de ceux-ci en renouant avec les lignes du développement global de la stratégie.

Des bâtiments occupés de Barbès, de cette lutte nous ayant apporté l’indispensable compréhension dialectique classe/mouvement révolutionnaire/organisation communiste et malgré son caractère parcellaire, est née la nécessité du saut qualitatif vers la globalisation de la rupture et l’optique résolument internationaliste de notre développement.

Dans les ghettos, nous avons compris, pratiquement, que la conscience prolétarienne ne pouvait accepter aucune séparation. Que la réhomogéniéisation de la classe passait par l’internationalisation, autant dans les métropoles que dans son développement dans le tiers monde.

Nous ne cherchions nullement des contacts internationaux, mais pratiquions à travers nos actions l’internationalisme ici. Que ce soit par nos interventions politico-militaires avec les organisations communistes turques ou notre concours aux projets révolutionnaires de nos camarades italiens etc. Cette phase se concluait par nos interventions contre la Banque Mondiale, le FMI et la Chase Manhattant Bank.

La phase actuelle est le saut de l’organisation dans la lutte contre la globalité de l’expression de l’impérialisme, aussi en France, par la campagne contre l’invasion et les massacres sionistes au Liban, le point de rupture avec toutes les formes partielles de pacification qu’emploie actuellement l’impérialisme.

Celle-ci est compréhension et pratique agissante de l’idée et de la nécessité du combat communiste international contre toutes les formes que prend l’impérialisme pour imposer son hégémonie.
Nullement retrait du terrain de la dialectique révolutionnaire contruction/destruction, elle est au contraire construction dans la rupture que signifie l’organisation révolutionnaire communiste et destruction de la pacification/et des ruptures établies au sein de la classe.

Actuellement ce qui fait toujours espérer la mise à mort d’Action directe et ce qui l’a desservie, c’est l’histoire des organisation communistes qui l’ont précédée depuis 1968: la NRP et la GP, qui s’est dissoute en 1973 dans un grand mélo quotidienniste-réformiste.

La volonté révolutionnaire des militants de ces organisations a été conduite, par le gauchisme immédiatiste, dans l’impasse. Toute une génération porte en elle l’incapacité de dépasser cette défaite.

Les GARI, victimes de leur lutte parcellaire, à la limité de l’antifascisme, ont été dans l’incapacité de transformer en mouvement de rupture, l’énorme soutien dont ils bénéficiaient.

Les Brigades Internationales, qui ont assuré une tâche spécifique, vu leur composition et leurs actions, furent elles aussi dans l’incapacité de construire un pôle réel de lutte révolutionnaire.

Les NAPAP, organisation communiste, n’ont jamais pu durant leurs quelques mois d’existence, construire sur les acquis de leurs actions politco-militaires.

Les groupes autonomes libertaires (CLODO, Groupe Ulrike Meinhof-Puig Antich etc …), l’une des composantes du mouvement potentiellement la plus forte par ses capacités d’actions et l’importance de ses bases militantes, mais sempiternellement victime de ses manques de stratégie, dus au caractère partiel de son analyse immédiatiste, parce quils n’agissent toujours qu’en réponse ou afin de faire pression sur des problèmes partiels. A cela s’ajoute une vision individualiste entraînant une désorganisation permanente par le sectarisme, le localisme, le personnalisme etc …

Le refus de s’organiser structurellement, de développer une stratégie d’attaque cohérente, qui se fonde sur une croyance en une continuité mécaniste dans le temps, laisse toujours celui-ci (le temps) aux stratégies développées par le capital, de les récupérer.

En d’autres termes, leurs non ruptures totales les emprisonnent dans les limites du « no mans land » de la confrontation entre la construction combattant et l’Etat.

Il a été très difficile à Action directe de dépasser les limites de ces expériences antérieures, car le mouvement révolutionnaire ne croyait plus à la construction possible d’un pôle révolutionnaire réellement offensif. Les échecs répétés auxquels le mouvement était habitué entraînèrent des ruptures partielles et ponctuelles des gens qui s’engageaient dans le processus organisationnel.

D’autre part, à la différence des mouvements révolutionnaires en Italie ou en Allemagne, qui eurent une détermination pratique à la lutte par le processus qu’instaurèrent les organisations de lutte armée, le mouvement français, lui, s’est trouvé limité – du fait d’une politisation idéologique – à une compréhension partielle de la pratique nécessaire au dépassement des situations.

Aujourd’hui, il est nullement nécessaire de copier tel ou tel schéma mais bien de comprendre les erreurs, de les dépasser pratiquement ou de continuer à s’enfermer dans la sclérose en laissant le terrain inoccupé devant les stratégies d’attaque développées et employées par l’impérialisme dans tous les domaines de la vie.

L’anticipation de « l’échec de la social-démocratie » s’est faite dans le caractère quotidien de la répression dans les ghettos, dans la politique pro-sioniste et toujours plus ouvertement atlantiste des socialistes, leurs interventions militaires sans cesse intensifiées en Afrique, tandis qu’à l’intérieur, la restructuration impérialiste nécessitait le développement des forces armées, une politique internationale offensive et guerrière, le développement des industries d’armement sous l’angle aussi de l’industrie de pointe compétitive, la militarisation du corps social qui doit soutenir l’effort guerrier

Ce que la petite-bourgeoisie n’a pas vu dans ses espoirs déçus de troisième voie, c’est que  l’attachement à la bombe et à l’OTAN a toujours été une condition fondamentale de l’accession au pouvoir d’un parti dans une démocratie parlementaire européenne et que les enjeux se sont durcis dans le contexte international.

La gauche est certes bien outillée pour faire passer une politique belliciste et une politique d’austérité, en les travestissant pour gagner du temps et éviter l’affrontement de classe. Pour cette politique, la passe est cependant étroite.

Et la gauche au pouvoir sait qu’elle creuse sa propre tombe, condamnée à offrir l’édifice restauré à une droite qui recompose ses alliances avec les « déçus du socialisme ». De là, le frisson sur le danger fasciste qui parcourt la petite-bourgeoisie effrayée par la montée des forces qu’elle-même produit.

Dans cette situation, la nécessité pour le gouvernement social-démocrate d’étendre à la France la pacification comprend la répression toujours plus poussée contre les fractions organisées de la classe. Sa tentative, et elle nous sait partie de cette classe, est de désarmer celle-ci pour la soumettre au destin de ses fausses alternatives.

C’est aussi dans ce contexte de pacification que beaucoup disent « Que faire? ». Il n’y a pour nous aucune limite à l’initiative révolutionnaire. Dépasser les fausses séparations, réhomogénéiser la classe. C’est en partant des secteurs spécifiques à chacun, aller au-delà de ceux-ci en combattant les pratiques de partialisation qui se font jour en eux.

Faire circuler et rendre vivant par la pratique les messages révolutionnaires. Construire et organiser les énergies, non pas seulement en réponse, mais en stratégie d’interrogation et d’attaques.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

La politique française de l’immigration (1983)

[Article publié en 1983 dans L’Internationale.]

Première partie

Les « experts » de la bourgeoisie aimeraient faire passer le phénomène de l’immigration pour un acte individuel et volontaire afin de justifier les mesures de refoulement en période de crise économique.

Ainsi la revue « Hommes et Migrations » en 1966 n’hésitait pas à écrire : « Le migrant portugais est poussé, non seulement par des nécessités économiques, mais par le goût du voyage et du risque. Il subsiste chez lui un caractère d’hérédité : le désir d’une vie d » »explorateur »… »

Ainsi donc les immigrés viendraient s’enfermer dans nos foyers, prisons et nos usines-casernes pour jouer les Vasco de Gama! Dommage que le ridicule ne tue pas la bourgeoisie…

Quand en 1911, le Comité des Forges de Lorraine signe un accord avec l’État italien pour employer à bon marché dans ses mines des paysans sans travail au Mezzogiorno, 7 000 Marco-Polo sont ainsi importés en France!

Mais inutile d’épiloguer sur des argu-ments aussi cyniques que stupides. L’unique cause de l’immigration c’est l’impérialisme qui, en déstabilisant les économies des pays sous sa domination, pour ses propres besoins, a internationalisé sa réserve de main-d’œuvre.

Ainsi, l’histoire de l’immigration suit un cours parallèle à l’histoire de l’impérialisme. Bien qu’existant déjà auparavant, l’immigration vers la France s’est considérablement accrue lors de la première grande boucherie inter-impérialiste de 1914-1918.

L’Etat français ayant envoyé la majeure partie de ses hommes valides se faire massacrer pour ses intérêts, il a fallu remplacer cette main-d’oeuvre dans les usines — notamment les usines d’armement.

Il a donc importé des bras de ses colonies : 76 000 Algériens. 54 000 Marocains et Tunisiens ainsi que des dizaines de mil-liers de Vietnamiens, Laotiens, Cambodgiens et Malgaches furent ainsi réquisitionnés sous l’autorité des Gouverneurs Généraux et avec l’aide de l’année coloniale. Par la même occasion, on en envoya un bon nombre « mourir au champ d’honneur ».

Jusqu’à la fin des années 20, l’immigration s’accroît pour remédier à court terme à l’hémorragie provoquée par la guerre; des contrats sont passés avec de nombreux pays sous domination impérialiste.

En 1921 est créée la S.G.I., Société Générale d’Immigration qui est l’agence privée chargée de recruter la main-d’œuvre à l’étranger.

Des filières de recrutement sont établies en Pologne et en Yougoslavie et fonctionnent comme des com-pagnies d’import-export de marchandises.

En 1931, quand débute en France la crise économique internationale, l’État prend les premières mesures pour freiner l’immigration qui, à cette époque, atteignait les 3 millions. Un décret de 1932 fixe des quotas correspondant aux besoins du patronat, un autre instaure l’obligation pour tout immigré d’être porteur d’une autorisation ministérielle.

Conjointement à ces mesures étatiques, les groupes fascistes lancent des campagnes xénophobes suivant le mot d’ordre : « du travail et du pain pour les Français d’abord! »

Cependant, même en période de crise, le capitalisme ne peut se permettre de renvoyer tous ses travailleurs immigrés : c’est une main d’oeuvre trop bon marché pour s’en priver complètement ! Aussi il est nécessaire de distinguer entre les bons immigrés et les mauvais — ceux qui ont acquis une conscience politique — et c’est avant tout ces derniers qu’il faut expulser. Pour éviter que ceux qui restent puissent s’organiser, on pond en 1939 le décret-loi qui permet de dissoudre toute association étrangère pouvant déranger l’Etat par un simple décret (c’est ainsi que seront dissous plus tard le FRAP et l’OCA).

Après 1945, le même scénario qu’en 1919 se déroule. Mais cette fois les besoins étaient encore plus grands, c’est l’État lui-même qui se charge de la besogne : le 2 novembre 1945 est créé l’Office National d’Immigration, monopole d’Etat, sous la tutelle du Ministère du Travail.

L’O.N.I. s’avoue deux fonctions :

1. la sélection de la meilleure force de travail : saine, habile, célibataire, ayant le minimum de formation professionnelle exigée par l’employeur, et étant moralement irréprochable (c’est-à-dire non politisée).

2. La protection des travailleurs nationaux par le recrutement en fonction des besoins et de la conjoncture. L’O.N.I. installe des filiales en Italie, en Espagne, au Maroc, en Tunisie, au Portugal, en Yougoslavie et en Turquie où elle fait de la publicité dans le style d’une agence de voyages pour vanter les attraits de la vie en France !

En 1951, une nouvelle crise économique met fin à cette politique d’immigration. Mais quand on a pillé les ressources d’un pays, qu’on a réduit sa population au chômage et à la misère et qu’en même temps on a mis dans les vitrines des agences de l’O.N.I. les fruits de ce pillage. il devient difficile d’endiguer un mouve-ment qu’on a créé.

Ainsi se développe à partir des années 50 une immigration clan-destine massive. source d’énormes profits pour les négriers privés.

Cette immigration clandestine est d’ailleurs très avantageuse pour le patronat : la condition précaire de ces ouvriers permet de les sous-payer, de les licencier à volonté, d’échapper aux charges sociales tout en s’assurant qu’aucune voix discordante ne viendra troubler la quiétude de l’exploiteur.

L’Etat ne tarde pas à prendre conscience de l’intérêt que représente l’immigration clandestine. Ainsi en mars 1966, Jeanneney, Ministre des Affaires Sociales de De Gaulle. déclare : « L’immigration clandestine elle-même n’est pas inutile, car si l’on s’en tenait à l’application stricte des règlements et accords internationaux. nous manquerions peut-être de main-d’oeuvre ».

On rend le recours à facultatif pour les employeurs et on instaure une procédure de régularisation des « clandestins » qui assujettit le travailleur à la bonne volonté du capital. L’Etat ne renonce pas pour autant à la gestion de l’immigration : les accords d’Evian de 1962 comportent une clause de fourniture de main-d’oeuvre de l’Algérie à la France.

De même en 1963, des accords sont établis dans le même sens entre la France d’une part, le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie. d’autre part.

En 1968, un contrat est signé entre la Tunisie et la France pour une livraison de 7 000 travail-leurs par an. On assiste ensuite à un nouveau revire-ment : l’État tente de réadapter le recrute-ment à ses besoins immédiats et veut rendre à l’O.N.I. son rôle originel.

La restructuration post-68 favorise les grandes entre-prises au détriment des P.M.E.: or ces dernières emploient 50 % des immigrés. Ce sont eux les premiers licenciés lors des faillites ou des absorptions.

En 1972, les circulaires Fontanet-Marcellin transforment les travailleurs immigrés en saisonniers précaires :

1. Les emplois disponibles sont en priorité réservés à la main-d’œuvre nationale et en second lieu à la main-d’œuvre étrangère en situation régulière.

2. La carte de séjour et la carte de travail ont la même validité, ainsi si le contrat de travail est résilié, la carte de séjour n’est pas renouvelée Un licenciement équivaut donc à une expulsion.

3. Les travailleurs immigrés doivent passer par le commissariat de police quand ils arrivent en France, quand ils quittent leur emploi, ou qu’ils changent de logement.

Plus question à présent d’immigration « clandestine », il s’agit de contrôler, de ficher et de soumettre la main d’oeuvre à l’arbitraire policier : ainsi on garde les avantages de l’immigration clandestine —l’épée de Damoclès de l’expulsion toujours en suspens sur les têtes — tout en évitant les inconvénients — une immigration incontrôlable en quantité.

Mais de toute façon pas question de s’en passer. Le magazine patronal « L’Usine Nouvelle » est clair à ce propos : « L’immigration est encore fructueuse dans la mesure où elle permet à notre pays d’économiser une partie des frais d’éducation assumée dans le pays d’origine et de mieux équiper les charges de la nation : jeunes, les immigrés apportent souvent plus en cotisations qu’ils ne perçoivent en prestations. »

Ce qui n’empêche pas certains de prétendre encore aujourd’hui que les immigrés sont responsables du déficit de la Sécurité Sociale !

Viennent ensuite en 1979 les mesures de Stoléru-Bonnet qui renforcent les circulaires Fontanet-Marcellin dans le sens de rendre le sort des immigrés toujours plus précaire.

Visant plus particulièrement l’immigration maghrébine, ces mesures sont :

— Les expulsions administratives (c’est-à-dire sans recours possible).

— L’internement administratif.

— Des cartes de séjour plus courges (trois ans).

— L’expulsion des immigrés sans travail.

— L’expulsion sur simple décision po-licière pour une carte de séjour périmée, perdue, irrégulière ou même abîmée.

— L’arrêt de l’immigration familiale était aussi prévus en 1979, elle a été annulée par le Conseil d’Etat mais a été et est toujours appliquée par l’administration.

Aujourd’hui, le social-démocratie ‘au pouvoir règle le problème dans le sens le plus favorable qui soit au capital.

Seconde partie

Le 10 mai 1981, nombreux furent les travailleurs immigrés à se réjouir dé la défaite de Giscard. Pour un temps on oubliait que Mitterrand s’était écrié : « L’Algérie, c’est la France » et qu’au nom de ce principe, il s’était fait l’ennemi réel de la lutte de libération algérienne.

On oubliait l’indifférence manifes-tée par le PS et le PC face aux luttes des immigrés, quand ce n’était pas la récupération ou au contraire la franche hostilité ‘(le PC condamnant la grève des loyers des résidents SONACOTRA, ADEF, AFTAM).

On oubliait le bulldozer d’Ivry, la prison d’Arenc de Defferre, la grève brisée à Pena-oya par la CGT en 1972, etc.

Mais très vite, et plus vite et plus loin qu’on ne pouvait se l’imaginer, le nouveau gouvernement se mettait au pas des réalités économiques du système capitaliste dont il est l’instrument.

Très vite, il renouait avec les traditions de la social-démocratie au pouvoir, et avec ses traditions colonialistes pour le PS, social-chauvines pour le PC. Les principes de « liberté » sont rapidement bafoués : les travailleurs immigrés deviennent les boucs émissaires d’une politique de la sécurité affirmée dès juin 1981 et qui multiplie les flics et leurs contrôles.

Barbès et le métro sont quadrillés. L’idéologie du nouveau pouvoir rejoint à grands pas celle de Chirac et l’extrême-droite en profite pour se restructurer, s’organiser à tous les niveaux de la réalité politique.

Quand on crie sécurité, les Le Pen ne sont jamais bien loin. Les promesses sont oubliées.

Le droit vote, ce hochet octroyé aux prolétaires pour qu’ils aient l’impression de décider et qui devait être donné aux travailleurs étrangers pour les municipales, leur a été refusé.

Comment s’étonner alors que les communes et les arrondissements où habitent les proléaires, où une grande partie des travailleurs est nécessairement immigrée, tombent dans les bras des Le Pen et consorts, puisque la majorité revient aux petits-bourgeois, petits commerçants, pavillonnaires frileux animés par la peur de perdre leurs petits biens, et traditionnellement ennemis de tout ce qui est étranger, de tout ce qui est autre.

Et puis les accusations fusent. C’est Mauroy qui qualifie les ouvriers marocains de Citroën en lutte de suppôts de Khomeiny : pas mal pour les valeureux militants antiracistes, militants des droits de l’homme, représentants des travailleurs que sont les socialistes.

Stoleru n’aurait pas osé, c’est vrai qu’il n’avait pas les dirigeants syndicaux à sa botte. La question se pose : nous prend-on pour des crétins ou les gens au pouvoir sont-ils des crétins?

Ce qui est certain, c’est que le pouvoir prend toutes les mesures en accord avec la raison, l’intelligence du capital, en accord avec la tradition impérialiste française La logique est simple, contrôle et répression, et l’application est toute dans la logique social-démocrate : on lance une idée généreuse, légalisation des clandestins, et on sert au mieux les intérêts capitalistes qui ne veulent plus d’afflux de main-d’oeuvre étrangère.

Il faut fermer les frontières, contrôler au mieux les travailleurs. Alors on légalise, on fiche les ouvriers déjà arrivés et on pond des lois scélérates pour expulser tout nouveau travailleur qui chercherait ici les moyens de survie que le capital lui refuse dans son pays d’origine.

Nouvelle campagne « immigré = insécurité, immigré = chômage » et des peines d’emprisonnement (un mois à un an) et d’amende (180 à 8 000 F) avec l’expulsion en prime, c’est la nouvelle réalité socialiste pour les immigrés.

Mais parallèlement, les offices de recrutement installés dans les pays d’origine ne sont pas supprimés. Sans doute les maintient-on en prévision de jours plus fastes où le capital aurait à nouveau besoin de bras.

Car on trouvera toujours, dans le système économique marqué par la pauvreté et la faim pour une grande partie du globe, des Vasco de Gama à la recherche d’aventures!

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Action Directe : chronologie

(Article paru dans la revue Front Social dans les années 1990.]

1972-1976: les antécédents

A la fin des années 60 c’est la Gauche Prolétarienne (GP), dont le journal est la Cause du Peuple (CDP), qui arrive à rassembler les éléments les plus révolutionnaires de l’après 68. La situation est comprise comme un  » nouveau fascisme « , et l’on va vers la  » guerre civile « .

Une  » nouvelle résistance  » se développe à partir du mouvement anti-autoritaire de la jeunesse et des luttes ouvrières.

La GP, dont certains de ses militants sont tués par la police ou les vigiles des usines, organise un groupe armé illégal,  » la Nouvelle Résistance Populaire  » (NRP).

Celle-ci tente d’enlever un député, séquestre un responsable de Renault mais s’autodissout au bout de quelques temps, refusant le passage à la lutte armée et espérant beaucoup des mouvements sociaux comme l’autogestion de l’usine de montres LIP ou l’occupation par la population des terrains militaires du Larzac.

Ce n’est néanmoins pas la fin de la lutte armée en France. En mai 1974 se forment les Groupes d’Action Révolutionnaire Internationaliste (GARI). Les GARI entendaient soutenir financièrement, matériellement et militairement la lutte contre le franquisme en Espagne, et notamment l’ex-MIL (Mouvement Ibérique de Libération). Le MIL avait de 1971 à 1973 mené des expropriations, édité des textes révolutionnaires…

L’un de ses militants les plus connus est Salavador Puig-Antich, garotté le 2 mars 1974.
Les GARI entendent  » lutter par l’action directe contre la dictature franquiste, contre le capital, contre l’Etat, pour la libération de l’Espagne, de l’Europe et du monde « .

Les GARI enlèveront le 3 mai 1974 le directeur de la banque de Bilbao à Paris, méneront 25 attentats et 5 hold-ups à Paris, dans le Midi de la France et en Belgique. Les GARI seront démantelé au-bout de quelques mois.

Apparaissent alors les Brigades Internationales (BI). Les BI forment  » une organisation politico-militaire, anti-impérialiste, d’inspiration maoïste, et composée de militants révolutionnaires français  » (Libération du 30 juin 1976).

Créée à la suite du putsch au Chili en 1973, en conséquence de  » l’incapacité des organisations révolutionnaires à proposer une riposte conséquente « , les BI mèneront pendant trois ans des actions très dures et ne seront jamais détrites par la police.

Le 9.12.74 la BI Raul Sendi (nom du fondateur des Tupamaros) exécute le colonel Trabal, attaché militaire uruguayen. Le 8.10.75 la BI Juan Manot (militant basque fusillé le 27.9.75) tente d’exécuter l’attaché militaire espagnol Garcia.

Le 10 mai 1976 la BI Che Guevara exécute l’ambassadeur bolivien à Paris.

Le 2 novembre 1976 la BI Reza Rezay (militant iranien tué le 16 juin 1973) tente d’exécuter l’attaché culturel iranien.
Le 7 juillet 1977 la BI El Ouali Sayed tente d’exécuter l’ambassadeur de Mauritanie.

C’est alors la formation des Noyaux Armés Pour l’Autonomie Populaire (NAPAP). Le 24 mars 1977 c’est l’exécution de Jean-Antoine Tramoni, vigile de chez Renault ayant tué un militant de la GP, Pierre Overney.

Le 27 mars les NAPAP créent un incendie sur l’aire de stationnement des usines Renault-Flins; le 3 avril a lieu un attentat contre la CFT; le 6 juin un attentat et des coups de feu contre Chrysler-France; le 8 octobre attentat contre le domicile du garde des Sceaux, le 14 octobre contre le palais de justice et le ministère de la justice; finalement un attentat contre le hall d’exposition de la société Mercedes.

Qui sont les NAPAP?

 » Nous n’avons plus rien à voir avec l’étiquette ‘maoïste’ que la presse nous a collée. S’il est vrai que d’anciens maos appartiennent aux NAPAP, ce n’est pas seulement à partir du bilan de la liquidation de la gauche prolétarienne…

Il est clair que nous ne sommes ni le parti combattant de quoi que ce soit, encore moins une nouvelle ‘bande à Baader’.

Nous avons tiré le bilan des pratiques politico-militaires étrangères qui mènent des combattants ‘spécialistes’ à une lutte solidaire et suicidaire face à l’appareil d’Etat moderne. Notre pratique s’inscrit dans l’édification de l’autonomie ouvrière organisée au sein du mouvement populaire.

Notre but n’est pas d’appeler à la formation de A, 10, 100 NAPAP régis par une direction centrale style état-major de la violence populaire potentielle.

Nous abordons une autre étape qui consiste à nous fondre dans la dynamique du mouvement et non pas à chercher à en prendre la tête d’une façon officielle ou magouillarde « .

1977-78: la préparation

En France c’est la formation de l’autonomie offensive, c’est-à-dire du mouvement autonome, à partir de groupes qui se sont notamment affrontés à la police à Malville lors de la grande manifestation anti-nucléaire.

 » Malville a recomposé brutalement tous ceux qui étaient partis à la dérive depuis 1972  » (revue autonome  » Camarades  » n°6).

Le mouvement autonome ne rejette pas la lutte armée, comme le montrent les slogans ( » lutte armée et autonomie ouvrière « ,  » autonomie et offensive « ,  » autonomie offensive, lutte armée, pour le communisme! « ), car  » l’émergence de la violence est un fait du mouvement  » ( » Camarades  » 4-5).

Mais, et à ce titre, la violence ne peut pas être simplement le fruit d’une organisation, elle dépend du mouvement.

 » Le Mouvement est prêt et capable, sans attendre la permission des gôchistes, de défendre ses besoins en assumant massivement un haut niveau d’affrontement avec l’Etat… de façon que dans son ensemble il puisse se reconnaître dans chaque action violente menée par de petits groupes  » ( » Camarades  » n°6).

Les militants d’Action Directe, qui n’existe pas encore en tant que tel, mènent des opérations de sabotage et d’actions illégales.

A ainsi lieu une nuit bleu contre la construction de la centrale de Malville (23 attentats revendiqués par CARLOS – coordination autonome radicalement en lutte ouverte contre la société).

Une nuit bleu a lieu contre l’extradition de l’avocat des prisonnierEs de la RAF Klaus Croissant, des actions à l’annonce de la mort par  » suicide  » des prisonnierEs de la RAF; à Toulouse la CACT (coordination autonome contre le travail) attaque des ANPE et des agences d’intérim.

En été 1978 c’est l’arrestation de militantEs des MATRA (Mouvements armés terroristes révolutionnaires anarchistes), accuséEs de 35 attentats contre des ANPE, des bâtiments EDF, des agences d’intérim, des gendarmeries, le palais de justice, etc.

1979: les débuts

1er mai: l’organisation  » Action Directe  » apparaît en revendiquant le mitraillage du bâtiment du CNPF (conseil national du patronat français) à Paris.

15 septembre: attentats contre le ministère du travail et le ministère de la santé.

16 septembre: destruction du siège de la SONACOTRA (société mixte de gestion des foyers de travailleurs immigrés) après les expulsions massives et policières de foyers suivant une grève des loyers de plusieurs mois. Mitraillage des locaux du secrétariat aux travailleurs immigrés (dans le bâtiment même du ministère du travail)

27 septembre: attentat contre les locaux du patronat chargé de la gestion de l’emploi pour la région parisienne.

1980: la propagande armée

3 et 5 février: attentats contre la direction de l’inspection du travail

10 février: attentat contre l’UCPI, société immobilière impliquée dans des expropriations de logements dans les quartiers populaires de Paris.

12 mars: attentat contre une autre société immobilière impliquée.

14 mars: attentat contre les locaux de la section de la D.S.T. (direction de la surveillance du territoire) chargée de la surveillance des organisations politiques et syndicales des étrangers. Attentat contre le siège de l’Organisation Internationale de Coopération des Polices.

16 mars: un commando pénètre dans le Ministère de la Coopération, le Ministre Galley échappe de peu aux tirs.

27-28 mars: 32 militantEs autonomes proches ou militants d’Action Directe sont arrêtéEs; celle-ci mène des actions en réponse contre le Fort de Maison-Alfort (caserne des unités du GIGN) et contre un commissariat de Toulouse.


15 avril: attentat contre le ministère des transports, tirs de roquettes contre le même ministère et la direction de la sécurité routière.

4 juillet: pillage par un groupe armé de la mairie du XIVème arrondissement de Paris.

28 août: affrontement armée à Paris lors d’un attaque contre une banque entre policiers et membres d’AD.

13 septembre: arrestation d’une douzaine de militantEs après une fusillade.

17 septembre: mitraillage du poste de garde de l’Ecole de Guerre.

1981: fin de la 1ère partie

Action Directe suspend ses action pour la campagne présidentielle.

15 avril: fusillade lors d’une attaque contre une banque de la place des Ternes à Paris; un policier est tué.

Après l’élection de Mitterrand deux grèves de la faim en 6 mois et un grand soutien politique à l’extérieur (autour du journal  » Rebelles « ) permet la libération de tous/toutes les prisonnierEs politiques communistes et anarchistes.

Scission dans Action Directe en 4 tendances, dont deux (dites  » mouvementistes « ) cessent la lutte armée et une passe dans l’antisémitisme militant (c’est la soi-disante  » branche lyonnaise « ).

Action Directe participe en novembre et en décembre à l’occupation de nombreux ateliers clandestins dans le Sentier et d’immeubles à Barbès.

22 décembre: Laouri  » Farid  » Benchelal, militant d’AD, est tabassé à mort au commissariat d’Helsinki quelques heures après son arrestation.

24/25 décembre: 7 attentats contre des magasins de luxe, dont Rolls-Royce à Paris et en province.

1982: la reprise…

13 février: AD exécute Gabriel Chahine, réfugié libanais qui a indiqué à la police les planques de militantEs.

19 février: attentat contre le local des organisations fascistes turques à Paris.

30 mars: mitraillage de l’antenne du Ministère de la Défense israélien à Paris par un commando composé de membres d’AD et de révolutionnaires turcs.

Avril: publication du texte  » Pour un projet communiste « . On peut en gros définir la ligne d’AD comme  » communiste libertaire « , ou plus exactement d’anarchiste marxisant. Aucune référence à Lénine ou Mao, AD se dit anarchiste mais veut une  » société communiste « .

Le mois est marqué par des arrestations, des rafles dans les squatts de Barbès, le siège de l’organisation est détruit quelques heures après le passage de la police.

Juin: contre le sommet du G7 à Versailles, AD organise notamment un grand attentat contre le siège européen du F.M.I. et de la Banque mondiale (Unité Combattante Benchellal). Parution du texte  » Sur l’impérialisme « , où les USA et l’URSS sont mis dos à dos.

Août: Massacres par les phalanges libanaises sous l’oeil de l’armée israélienne des réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila . AD (UC Marcel Rayman, composé de personnes d’origine juive) mène des actions armées contre des sociétés israéliennes et US, notamment contre la Chase Manhattan Bank, et se réclame pour la première fois du  » front anti-impérialiste « .

19 août: l’Etat dissout Action Directe, dont tout sympathisant peut être accusé de  » reconstitution de ligue dissoute « . Attentat contre le journal Minute.

1983: …et la course en avant

31 mai: fusillade rue Trudaine à Paris entre un commando d’AD et la police. 2 policiers sont tués et un autre grièvement blessé. Grand émoi dans la police, qui manifeste sous les fenêtres du ministère de la justice, dont certains en uniformes.

30 juillet: tentative d’expropriation de la bijouterie Aldebert, place de la Madeleine.

26 septembre: attentat contre la Marine Nationale.

29 septembre: attentat contre le Cercle militaire inter-allié.

14 octobre: fusillade dans le 17ème arrondissement de Paris, Ciro Rizzato, militant italien des COLP (communistes organisés pour la libération prolétarienne) est tué, deux policiers blessés. Des procès ont eu lieu contre des Italiens et des Français quant à cette fusillade.

Automne: apparition du mensuel  » L’Internationale « , qui diffuse exclusivement les textes quant à la lutte armée en Europe de l’Ouest et aux USA (ou encore, plus rarement, dans le 1/3 monde).

1984: vers le Front

29 janvier: attentat contre Panhard.

Février: arrestation d’une dizaine de militantEs en France et en Italie.

13 mars: des militantEs d’AD échappent à un piège tendu par la police à Bruxelles en Belgique. Arrestation quelques jours plus tard de nombreux militantEs.

Printemps: AD et des militantEs révolutionnaires de Belgique exproprient des banques, pillent l’armurerie de la caserne de Vielsam, récupère près d’une tonne d’explosif dans les casernes d’Ecaussines.

11 juillet: AD débute l’offensive  » unité des révolutionnaires en Europe de l’Ouest  » avec un attentat contre l’Institut atlantique.  » De la capacité à s’organiser des éléments avancés du prolétariat des métropoles dépend la réalisation ou l’échec des projets de l’impérialisme: surexploitation, guerre, anéantissement… « .

12 juillet: attentat contre l’institut des affaires atlantiques (UC Ciro Rizzato).

13 juillet: attentat contre les services informatiques du bureau de recherche et de programmation du ministère de la défense et les locaux du SIAR (surveillance industrielle de l’armement) (UC Benchellal).

14 juillet: attentat contre les annexes du ministère de l’industrie.  » En s’en prenant à l’un des piliers de l’OTAN et en attaquant frontalement l’impérialisme français, l’organisation Action Directe démontre une fois de plus la capacité de la classe ouvrière à frapper l’impérialisme au moment opportun et sa volonté de désarticuler la phase de transfert sur le terrain militaire du projet politique de restructuration globale de la production par la guerre impérialiste.

En portant l’attaque au ministère de l’industrie, l’organisation Action Directe manifeste sa détermination à s’opposer aux licenciements de masse dans l’automobile et la sidérurgie, à l’exploitation toujours plus grande de millions de prolétaires  » (Régis Schleicher, militant d’AD alors arrêté, déclaration de juillet 1984).

2 août: attentat contre le siège de l’ESA (european space agency).

23 août: une voiture piégée est garée sous les fenêtres de l’hémicycle de l’Assemblée de l’Union de l’Europe Occidentale.

28 août: attentat contre le siège du PS et contre le ministère de la défense.

Septembre: début d’une grève de la faim de 38 jours des prisonnierEs politiques d’AD contre l’isolement carcéral et pour le regroupement. D’autres prisonnierEs politiques et des prisonnierEs sociaux les rejoignent.

20/21 Octobre: attentats contre les entreprises d’armement Hispano-Suza et Dassault.

18 décembre: les explosifs de l’action de la RAF contre l’Ecole d’officier de l’OTAN d’Oberamärgau dans le Sud de l’Allemagne proviennent du stock exproprié à Ecaussine.

Décembre: le collectif de rédaction de l’Internationale est arrêté. Condamnés à de lourdes peines pour  » association de malfaiteurs « , certains sont relaxés en appel après 4 ans de préventive!

De fait,  » l’Internationale  » est court-circuité sans être confronté à une répression visant directement la presse. Il faut dire que n’importe quelLE abrutiE en lisant l’Internationale pouvait comprendre les liens avec Action Directe…

31 décembre: des militantEs d’AD échappent aux arrestations; en R.F.A. à Bonn attentat contre la mission technique de l’armement de l’ambassade française.

1985: le Front

15 janvier: déclaration commune RAF-AD (publié dans Front Social n°5 – voir l’historique de la RAF). La RAF et AD décident de mener la lutte dans un seul front contre les projets impérialistes.

25 janvier: le général Audran, responsable des affaires internationales du ministère de la défense (rapport avec l’OTAN, vente d’armes, etc.) est exécuté par le commando Elisabeth Van Dyck d’Action Directe (Van Dyck est une membre de la RAF assassinée lors de son arrestation).
13 avril: attentat contre la banque Leumi et l’ONI, le 14 contre Minute (UC Sara Meidli).

24 avril: un révolutionnaire turc est arrêté à la frontière franco-belge avec deux Kg de dynamites provenant d’Ecausssines. Il était fiché comme proche d’AD et avait vécu dans les squatts de Barbès.

27 avril: attentat contre le siège européen du F.M.I., le 30 contre les entreprises d’armement TRT et SAT (UC Benchellal).

26 juin: l’attentat contre le Général Blandin, contrôleur général des armées, qui échoue, est revendiqué par le Commando Antonio Lo Muscio (militant italien des Noyaux Armés Prolétariens tué lors de son arrestation).
Juillet-Août: découvertes de caches et de planques d’Action Directe et du FRAP, front révolutionnaire armé prolétarien .

8 août: un commando commun RAF-AD (nommé Georges Jackson du nom d’un militant Black Panther assassiné) attaque la base aérienne US de Francfort (l’air base), 3 soldats US sont tués.

5 septembre: attentat contre ATIC, Péchiney, Renault, Spie-Batignolles (tour Winthertur).

Octobre: attentats contre Radio-France, Antenne 2, la Haute Autorité de l’audiovisuel.

1986: la continuation du Front

Février: interview au journal anti-impérialiste clandestin allemand  » zusammen kämpfen  » (lutter ensemble).

15 avril: le commando Christos Kassimis revendique l’attentat contre le vice-président du CNPF, Guy Brana, notamment PDG de la branche armement de la multinationale Thomson.

16 mai: le commando Kepa Crespo-Gallende pénètre à l’intérieur du siège d’Interpol, mitraille les différents bureaux et dépose plusieurs dizaines de Kg d’explosifs.

21 juillet: l’unité combattante Ciro Rizzato revendique l’attentat contre le siège de l’OCDE.

9 septembre: l’Etat français adopte les lois d’exception concernant le terrorisme: peine de 30 ans, section spéciale du Parquet, constitution d’un jury spécial professionnel, prolongement de la garde à vue…

17 novembre; le commando Pierre Overney (d’un militant mao tué par un vigile aux usines Renault) exécute Georges Besse, PDG de Renault.

1987: l’échec militaire

21 février: arrestation de Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

GPA pour un mouvement de la jeunesse: le journal fasciste « Minute » a sauté

Le 14 mai [1971] à 4h 40

LE JOURNAL FASCISTE « MINUTE » A SAUTE!

LES CRIMES RACISTES NE RESTERONT PAS IMPUNIS !

Dans la nuit du 13 au 14 mai, le groupe Manouchian de la Nouvelle Résistance Populaire, organisation clandestine d’auto défense des masses populaires, a lancé une attaque éclair contre les locaux du journal « Minute » et les a fait sauter…

Depuis plusieurs mois, le journal raciste « Minute » est à l’avant-garde d’une campagne visant à dresser la population française contre les travailleurs arabes.

Le gouvernement algérien a décidé de reprendre aux compagnies pétrolières « françaises » le pétrole qui lui appartient… Sous ce prétexte, tout ce que la France compte comme racistes,
comme nostalgiques du nazisme ou de l’OAS a lancé une campagne pour inciter à la haine raciale et même au meurtre des travailleurs algériens.

Cette campagne raciste a déjà eu pour résultat la tentative d’assassinat d’un ouvrier algérien d’Ivry, blessé de cinq balles de révolver et frappé à coups de pelle par les policiers fascistes pour avoir volé un yaourt.

Elle est à l’origine de la manifestation que voulait organiser Bidault avec Ordre Nouveau sur le thème : »Dehors les Algériens », manifestation qui a sombré dans le ridicule grâce à la mobilisation de tous les antiracistes.

Le gouvernement français qui n’a pas hésité à dissoudre la « Gauche Prolétarienne » et a emprisonné pour des mois où des années les militants maoïstes, ne fait rien contre l’hystérie raciste… Au contraire…. Marcellin a envoyé ses flics contre les anti-racistes pour protéger les nazis d’Ordre Nouveau au Palais des Sports Pleven, qui a fait condamner Geismar à 3 ans et demi de prison, a accordé 4 mois de prison avec sursis à un flic qui avait tué un patron de café algérien lors d’une vérification d’identité.

EN CE MOMENT, A RENAULT, LES OUVRIERS FRANCAIS ET IMIMIGRES OCCUPENT COTE A COTE LEUR USINE …

Plus que jamais il est non seulement nécessaire mais légitime de briser ce qui divise les travailleurs et d’employer tous les moyens pour écraser ceux qui appellent à la haine raciale et au fascisme.
– au côté de nos frères immigrés, nous avons manifesté à 30 000 le 1er mai !
– cocktails à la main, nous avons attaqué les nazis d’Ordre Nouveau, les CRS fascistes de Marcellin, le 9 mars au Palais des Sports!
– Le 14 mai, la NRP a fait sauter « Minute »‘.

POUR L’UNITE DU PEUPLE, GUERRE AU RACISME !
Groupe de Propagande et d’Action Pour un Mouvement de la jeunesse

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Noyaux armés pour l’autonomie populaire – NAPAP (1976)

Qui sommes­nous ? 

Nous n’avons plus rien à voir avec l’étiquette « maoïste » que la presse nous a collée si commodément. 

S’il est vrai que d’anciens maos appartiennent aux NAPAP, ce n’est pas seulement à partir du bilan de la liquidation de la « Gauche Prolétarienne » ou de « Vive la Révolution » que nous nous sommes formés. De même que les éléments stratégiques de notre pratique ne s’appuient pas sur la théorie de la lutte armée comme une fin en soi.

Notre pratique part du bilan du « gauchisme » en général depuis­ 68, et sur une lecture précise des luttes révolutionnaires à travers l’Europe capitaliste. Le « gauchisme » depuis 68, c’est avant tout un constat d’échec flagrant au niveau stratégique, c’est­-à­-dire face à l’objectif numéro 1 qui motive son existence : bousiller cette société pourrie et contribuer à en construire une autre. 

Pourtant, cet échec ne s’étend pas à toute l’Europe. Quand on compare les situations révolutionnaires de la France et de l’Italie sur la même période (et cela malgré des différences évidentes de contexte), on remarque que : 

– d’un côté les gauchistes français se sont noyés dans d’innombrables querelles idéologiques stériles. 

– de l’autre côté des Alpes, par contré, s’est développée au sein d’une certaine extrême-­gauche, une expérience militante riche d’enseignements stratégiques.

Pour la première fois au sein du « gauchisme européen », le besoin d’une véritable stratégie anti­capitaliste l’emportait sur le radotage idéologique classique. 

Ainsi, la « stratégie du P.38 » se comprend mieux dans sa finalité par la double défaite historique du PCI (à travers les grèves sauvages ; anti­compromis historique d’autornne 76 et le saccage du Séguy italien, Lama, de l’Université de Roma par les étudiants), que par le raccourci simplet : durs/pas durs, violents/non; violents.

Cette référence à l’Italie n’est pas pour nous le second piège à cons du « pays grand­Timonier », comme la Chine en joua le rôle ici entre 66 et 72. 

Ce qui nous frappe et nous intéresse dans l’exemple italien, ce sont les victoires réelles de forces populaires révolutionnaires dans leur façon de penser, d’agir, mais aussi de vivre en 1977. 

Loin de tomber dans les souricières de boutique ou baba­cool, ces forces populaires ont mis sur pied en quinze ans une dynamique dont la direction incombe aux gens eux­-mêmes (et non plus à des bureaucrates de partis ou de groupuscules). 

En France, le règne des groupuscules, de 1966 à 1977, a contribué à mettre en pièces tout apport et anti­soupe PS/PCF des luttes de masse.

La liste serait longue à faire des espoirs déçus par les conneries répétées des gauchistes idéologiques français: la liquidation des foyers autonomes d’usines, dos groupes locaux de Secours Rouge, du mouvement des immigrés qui lança la grève nationale de septembre 73, des nombreuses expériences depuis 1968 au sein de ta jeunesse, des activités offensives des paysans­travailleurs réduites souvent à néant par des querelles de chapelles, etc., toute cette liquidation laborieuse est à mettre au lourd passif du gauchisme. 

En lisant ce bilan, on a l’impression que les chefs de file de la Révolution promise depuis le choc de 68 ont fait plus confiance à leurs livres de bibliothèque et à leurs carnets de voyage lointains qu’à l’expression de l’autonomie populaire : en dehors des restes du gauchisme culturel encore « à la mode », l’extrême-­gauche traditionnelle n’a rien d’autre à proposer de « vivant » qu’un soutien critique pour 1978 à la gauche unie.

Quant aux frustrés du Grand Soir, on leur glisse naïvement un « On verra après, peut­être qu’on débordera », entamant encore plus le potentiel (déjà rare) de confiance populaire les soutenant. Mais il serait absurde de résumer la lutte révolutionnaire, en France, aux bruits de chiottes des groupuscules gauchistes. 

En effet, il existe aujourd’hui des noyaux d’usines qui ont commencé à réfléchir à ce qui les attend face aux chemins sinueux et aventuristes proposés par les saints patrons de l’avenir « du peuple de France» (sociaux­démocrates du PS, euro­communistes du PCF). 

La lutte des SONACOTRA, malgré l’isolement volontaire dans lequel les contiennent les réfor mistes de gauche et d’extrême­-gauche, a montré que la nouvelle classe ouvrière immigrée peut s’exprimer en toute autonomie. 

Et de plus qu’elle ne se limite plus seulement à des luttes minoritaires de secteur. 

Il en est de même pour les Lip ou les paysans du Larzac ou les viticulteurs qui passent progressivement de la révolte à une réflexion constructive et originale sur là lutte à mener contre le capitalisme dans tous sas aspects. 

Il est évident que cette force populaire est encore très faible. Elle à du mal à panser les coups pris dans la gueule depuis 1871 de la part des trahisons (réformistes très variées et des déboires du gauchisme.

Mais c’est ayant tout à partir de sa réalité que nous, NAPAP, nous avons décidé d’exister et de nous battre. Que signifie notre forme d’organisation pour lutter ?

II ast clair que nous ne sommet ni le parti combattant de quoi que ce soit, encore moins une nouvelle « Bande à Baader. » Nous avons tiré le bilan de pratiques politico­-militaires étrangères qui mènent des combattants « spécialistes » à une lutte solitaire et suicidaire face à l’appareil d’Etat moderne. 

Nôtre pratique s’inscrit dans l’édification de l’autonomie ouvrière organisée au sein du mouvement populaire. Notre but n’est pas d’appeler à la formation de 1, 10, 100 NAPAP régis par une direction centrale, style état­major de la violence populaire potentielle. 

Nous abordons une autre étape qui consiste à nous fondre dans là dynamique du mouvement et non pas à chercher à en prendre la tête d’une façon officielle ou magouillarde.

Cela pour réaffirmer nôtre volonté de ne plus être des délégués de l’action violente qu’elle, soit applaudie ou sifflée comme ce fut le cas de la Nouvelle Résistance Populaire ou d’autres groupes similaires. 

Pourquoi en priorité l’autonomie ouvrière ? 

Parce qu’en dépit des bavardages philosophiques de salon marginal, la lutte des classes et la dynamique des couches révoltées du prolétariat restent la clé stratégique majeure pour foutre en l’air ce système social.  Il est évident que le patronat l’a compris. 

Il suffit de lire les comptes rendus patronaux et gouvernementaux de la CEE pour découvrir que la convention européenne sur le terrorisme vise les degrés croissants de violence populaire et leur maturité politique. 

Mais le terrorisme d’Etat ne se manifeste pas seulement au cœur des usines. 

Toutes les formes de vie, de comportement sont touchées par les lourdeurs­répressives de la société Carnivore. 

Au niveau de l’habitat, on ne compte plus les expulsions arbitraires, les opérations quasi­criminelles des promoteurs qui saccagent les vieux quartiers pour y couler leur fleuve de béton macabre. 

Pourtant, depuis l’expérience avortée de 1971 et des comités de mal­logés, des groupes de squatters tentent de vivre dans des Îlots occupés.

Mais les flics ne leur laissent guère le temps d’en profiter.  Et changer de plus en plus souvent d’endroits rend la vie dingue aux dits squatters. La solution pour eux est­elle alors de se réfugier dans la drogue dure ou dans le pacifisme désespéré ? 

Le cocktail Molotov reste parfois un argument plus convaincant que la résignation refoulée. 

Pour ceux qui ont un logis, la situation n’est guère plus réjouissante: immeubles souvent insalubres et loyers en hausse constante. 

Face à cet état de fait, la désobéissance civile est une pratique timide et mal connue en France. 

Auto­réduire son loyer, ses factures de gaz, d’électricité, s’attaquer au prix hiérarchisés des transports, des cinémas, des théâtres, demeure la seule riposte possible et vivable devant le pouvoir de l’argent.

Car, non contents de détruire l’individu par le travail, les patrons lui pompent ses dernières gouttes d’énergie à travers son loyer, ses impôts et sa consommation rassurante de « loisir­pub qui rend con. »

Jeunes fumeurs de joints, vieux, condamnés à la mort lente dans les maisons de retraite « à bien voter », le terrorisme d’Etat se fout pas mal du soi­disant fossé des générations. Réprimant de l’école au cercueil, le capitalisme casse la moindre liberté.  Il se paie même le luxe d’imposer sa panoplie de drogues (alcoolisme, tiercé, loto) support moral du travail à la chaîne, pour contrer celles qui donnent envie de ne plus jamais se faire démolir la gueule «à l’atelier de peinture ou à la mise. »

Il est grand temps d’imposer sa manière de vivre autrement qu’en ayant pour seul recours le choix, d’un bon avocat. 

Pour les jeunes fauchés, étudiants sans boulot, prolos anti­-syndicat­-ronron, immigrés en ghetto racial, jeunes braqueurs ou casseurs, il n’y aura jamais de « bon avocat », mais toujours de sales flics pour leur balancer une grenade à tir tendu ou une 367 magnum à la sortie d’une banque. 

Le mal s’étend maintenant, à la nature elle­même, l’énergie nucléaire soutenue par la droite et la gauche réformiste (PS/PCF) est le dernier gadget des apprentis­sociers de la recherche capitaliste. 

La lutta contre l’implantation des centrales nucléaires ne s’arrêtera pas grâce à un rassemblement non­violent, si chouette soit-­il, ou à un recours au Conseil d’Etat.

II est clair que, pris dans les contradictions de la crise de l’énergie, le capitalisme européen et ses alliés sociaux­-démocrates veulent imposer le choix nucléaire (premier retour de manivelle pour les anciens pays colonialistes qui doivent aujourd’hui assumer au grand jour leur pillage du Tiers­monde depuis des siècles…).

Il est donc vital que le débat sur les ripostes efficaces à apporter contre le terrorisme d’Etat s’étende aussi bien dans l’usine qu’en dehors, y compris en nous­mêmes, car il serait aberrant de lutter, même les armes à la main, sans combattre 1es germes que l’idéologie dominante nous a collés dans la tête (passivité forcée des « femmes soumises», phallocratie, racisme…). 

Pourquoi la lutte armée ? Pourquoi Tramoni ? 

L’affaire Tramoni a dévoilé le clivage créé par la mort de Pierre Overney.

Dans l’histoire du mouvement révolutionnaire en France, on connaissait jusqu’à maintenant, le vieux fossé réformistes/« révolutionnaires. » 

Il faudrait maintenant être plus précis sur les subdivisions.  Une nouvelle catégorie de penseurs est née : celle des dandies de la « révolution humainement possible » (cf déclaration de Geismar, Victor, le Dantec) 

Il est certain que, planqué derrière un bureau universitaire ou une maison d’édition, on ne craint pas trop lais aléas de la restructuration industrielle, ni les coups de flingue ou de tournevis de la CFT. 

Il est étonnant que ces «anciens» na s’en souviennent plus. Ce courant de parleurs à vide se cacha derrière un discours réquisitoire très juste sur l’histoire du socialisme/Bunker aux vingt millions de morts (ses propres victimes) et sur les absurdités des militantisme» gauchistes. 

D’où son impact passager depuis 1972. 

Mais lorsqu’on aborde les recettes proposées, on se rend compte de leur aspect fantomatique classable dans la rubrique «Soldes» sous le titre « Humanisme au rabais. » 

Nous avons abattu Tramoni, non pas comme des vengeurs, mais parce qu’il était le symbole du terrorisme patronal impuni. Parce que baisser les bras devant ce symbole équivaut à en créer d’autres, mais victimes ceux­là, du nom d’Overney ou de Maître. Pour combattre ce style de « paix sociale », il faut répondre au terrorisme d’Etat par des moyens aussi convaincants que les siens. 

L’utilisation du fusil ou du « P.38 » n’est pas un mythe pour Français en mal d’Italie ou d’Amérique du Sud. 

Elle demeure la seule argumentation de résistance et d’attaque que les multinationales et les patrons ne pourront jamais récupérer dans leurs bureaux d’études.

­

l’exécution du flic privé A. Tramoni ; 

­la tentative de destruction du stock de véhicules anti­-grève bouchon de de Renault­- Flins. 

­le plasticage du siège de la CFT 

les coups de feu tirés sur le siège administratif de Citroën

l’attentat contre l’un des bureaux d’embauche de Simca­Chrysler. 

Toutes ces actions s’inscrivent dans un même schéma. 

1. Nier les thèses légalistes et soi­disant démocratiques des syndicats et de l’Union de la gauche, comme quoi ces gens une fois au pouvoir, tout s’arrangera pour le mieux avec les patrons et leurs nervis. Mais les patrons seront toujours là, même si l’usine passe sous le contrôle de l’Etat. Et il y aura toujours des Tramoni et des Lecompte à leur service (même s’ils changent de syndicat entretemps). 

2. Nier qu’une pétition pour exiger la dissolution d’une milice patronale comme la CFT ait quelque utilité sinon endormir la colère populaire. Idem pour le recours à la justice bourgeoise comme garant neutre des libertés. A ce propos, l’affaire du viol d’Issy-­les-­Moulineaux en 1972 par un commando CFT dans l’enceinte de l’usine Citroën-­Balard est révélatrice de l’impuissance du légalisme. 

Depuis cinq ans d’instruction, aucun procès n’a eu lieu, malgré l’identification des coupables et la perquisition du juge au local CFT de l’usine à Balard, dans laquelle on retrouva trente barres de fer servant, aux dires de la CFT et de la direction Citroën, à casser les vitres en cas d’incendie. 

L’intervention des juges progressistes sur le secteur des accidents de travail ou des magouilles fiscales et financières de la part des compagnies pétrolières s’est soldée par un échec retentissant (coupables bénéficiant de non­lieux ou de petites peines de prison avec sursis). 

Sans récuser le caractère positif des juges progressistes, il est évident que si leur travail n’est pas relayé par des actions illégales, il ne sert à rien (comme l’on fait les camarades qui ont rossé Paul Gardent, directeur des Charbonnages, au sujet de l’affaire de Liévin). 

C’est pourquoi nous avons décidé de sortir de la légalité bourgeoise ou réformiste et de pratiquer la lutte armée afin d’instaurer un autre type de vie et de rapports humains entre les gens. 

De ce fait, les NAPAP n’auront pas d’attitude « critique » face aux irresponsables du Programme commun s’ils dirigeaient le gouvernement en 1978. 

Leur voie légaliste, et au contenu politique plus que douteux les amènera dans le même cul­de­sac que leurs collègues italiens du PCI : soit faire payer la crise aux plus pauvres et appliquer ainsi la même politique que; Giscard-­Chirac, soit tenter l’aventure démocratique socialiste à la chilienne ou à la portugaise sous le regard amusé de Carter, Chirac et autres Bigeard.

Dans le second cas, ce sera toujours les mêmes qui paieront l’addition.

Du fait que fondamentalement le Programme commun ne change rien­à l’exploitation de l’homme par l’homme ou de la femme par l’homme, les NAPAP combattront les gérants futurs d’un capitalisme d’Etat avec les mêmes armes que celles que nous utilisons contre lu capitalisme libéral de Giscard.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Afghanistan: Lutte anti-impérialiste dans une néo-colonie soviétique (1980)

[Le MARXISTE-LENINISTE n°39 -février mars 1980- Journal Maoïste de l’UCFML]

L’HISTOIRE DE LA CONSTITUTION DE L’AFGHANISTAN.

L’Afghanistan est un vaste pays (un peu plus étendu que la France), peuplé d’environ 16 millions d’habitants.

Il y a près de 2 millions de nomades, 2 millions d’Afghans vivent à l’étranger (en Iran, au Pakistan et dans des pays arabes où ils sont très pauvres et maltraités).

C’est un pays très pauvre (pratiquement celui au monde où le revenu par habitants est le plus bas).

90% de la population vit à la campagne.

Sa situation géographique le met au centre de conflits géopolitiques.

Déjà au XIX ème siècle, il était l’enjeu de la rivalité des 2 puissances dominantes dans la région: l’impérialisme britannique et la Russie tsariste.

Les britanniques avaient comme politique générale de contrôler systématiquement et en profondeur toutes les côtes qu’ils pouvaient.

Ainsi ils ont occupé rapidement (à partir de l’Inde, leur principale colonie) le pays des Afghans (qui s’étendait alors au delà des frontières actuelles au Nord en U.R.S.S., à l’Ouest un peu en Iran et au Sud largement à l’intérieur du Pakistan actuel -séparé de l’Inde au moment de l’indépendance des colonies britanniques de la région).

Mais, malgré leur acharnement, les colonisateurs n’ont pas réussi à tenir le pays: ainsi l’une des plus grande batailles anti-impérialiste du XIX ème siècle eut lieu en Afghanistan en 1839 et vit la défaite totale et l’anéantissement d’une colonne de 20 000 britanniques. Jusqu’en 1921, où l’indépendance fut reconnue, les colonialistes ne purent jamais réellement exploiter le pays en rébellion permanente.

En fait, en jonglant avec les féodaux, ils réussirent surtout à neutraliser les russes et les empêcher de menacer leurs colonies du sous continent Asiatique.

L’histoire de l’ Afghanistan indépendant commence par le règne d’un roi réformateur, sorte d’Atatürk d’Afghanistan, Amanoullah.

Mais l’opposition des féodaux et des religieux, avec la complicité des britanniques empêcherons son règne de durer.

Viennent après les règnes de plusieurs souverains qui pratiquerons une politique de statu-quo avec domination britannique jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

Il faut ré-insister sur la question nationale Afghane, car elle n’est pas jouée.

En effet, dans leur volonté hégémonique, les impérialismes britanniques et tsaristes ont découpé à vif les frontières, comme dans bien des cas.

Les deux populations dominantes, en nombre, en Afghanistan ont été séparées en deux parties par la frontière Sud, actuellement frontière Pakistano-Afghane.

Les Pachtounes d’Afghanistan (environ 50 % de la population totale) ont près de 8 millions de compatriotes au Pakistan, où ils vivent dans des territoires relativement autonomes.

Même cas pour les Baloutches.

L’Afghanistan est donc un pays enclavé entre des voisins souvent puissants et agressifs, et constitué par des entités nationales peu homogènes. Les tribus, organisations sociales complètes, ont un rapport avec l’appareil d’État central, souvent émanation de l’une d’entre elles (les Pachtounes presque toujours), rapport plus ou moins bon et jamais solidifié et centralisé réellement.

1953-1963. DAOUD : L’ENTRÉE EN SCÈNE DE L’U.R.S.S.

En 1953, l’Afghanistan commence à sortir de son isolement, à cause de l’effondrement de l’impérialisme britannique et grâce au début des luttes sociales et politiques dans les villes.

Le roi nomme un parent, le général-prince Daoud, comme premier ministre.

Celui-ci fait figure de moderniste.

Son travail consistera à ouvrir l’Afghanistan à l’extérieur, c’est-à-dire à « partager le gâteau » entre les impérialismes sortis dominants de la seconde guerre mondiale.

Mais, en 1956, au plus fort de la guerre froide, les U.S.A. mettent comme condition à leurs investissements en Afghanistan l’entrée de celui-ci dans une alliance militaire locale contre l’U.R.S.S. contenant une clause d’accord avec ses voisins du Sud.

La question Pachtoune étant l’une des bases de l’unité Afghane (dont le régime réclamait toujours le retour des provinces Pachtounes perdues), Daoud refusa et se tourna vers l’U.R.S.S.

C’est alors que l’U.R.S.S. devint le principal client et bailleur de fonds de l’Afghanistan (60% du volume des échanges, 38% aux U.S.A., le reste à la R.F.A. surtout).

Dans les années qui suivirent et jusqu’à aujourd’hui, les soviétiques entreprirent la néo-colonisation, à leur manière, de l’Afghanistan.

Ainsi la totalité du gaz naturel est pillée à grande vitesse, et revendue 3 à 4 fois plus cher à la R.D.A. et à d’autres pays, les 3/4 du coton sont achetés à des prix dérisoires par rapport au prix mondial (car le seul débouché est alors l’U.R.S.S., la tension sur les frontières Sud rendant le commerce impossible), cette culture ayant été introduite par les russes en Afghanistan au détriment des cultures maraîchères.

Le parallèle avec -par exemple -l’impérialisme français en Afrique est saisissant, surtout que, par ailleurs, l’U.R.S.S. a dès lors des centaines de conseillers dans le pays qui encadrent les services civils et aussi l’armée dont les officiers sont souvent formés dans des académies militaires soviétiques, des techniciens civils (agronomes) étant également souvent issus d’écoles de Russie.

1963-1973: ÉQUILIBRAGE AVEC LES IMPÉRIALISMES OCCIDENTAUX.

En 1963, Daoud est contraint de quitter le pouvoir par son oncle le roi.

Les réformes timides de Daoud ont liguées contre lui les aristocrates et les religieux conservateurs.

De plus, son despotisme ne lui assurait aucune base de masse populaire.

Les gouvernements qui suivent (ils seront nombreux et peu stables) rééquilibrent avec les impérialismes occidentaux.

Mais ceux-ci ne sont que peu motivés par ce pays lointain, à l’histoire politique cahotique et de surcroît pauvre en choses à piller (les russes tenant l’essentiel).

De plus, les mouvements de masses se multiplient en ville.

A la campagne, la tension sur les terres et l’eau devient assez forte.

En 1972, 100 000 paysans mourront de faim à la suite d’une sécheresse (l’eau, avec la terre, est l’objet des pressions des féodaux -qui vendent l’irrigation aux paysans, d’autant plus cher qu’il y en a très peu).

En 1965, une manifestation d’étudiants, d’écoliers et d’autres éléments populaires de Kaboul s’oppose au « parlement »-bidon d’élites féodales mis en place par un des gouvernements pour calmer les révoltes.

Une répression épouvantable suit qui précipitera l’organisation des masses dans les villes (la capitale Kaboul surtout) sous la forme de comités et organisations de masse diverses.

C’est à cette époque que le parti Khalq (du peuple) pro-soviétique naît et s’infiltre dans ces mouvements. En 73, on dit qu’il avait 3500 membres (tandis qu’il existait un groupe maoïste de 1000 personnes).

1973 : COUP D’ÉTAT MILITAIRE. DAOUD SORT SON ÉPINGLE DU JEU.

Le coup d’État militaire du 17 Juillet 1973 est un modèle du genre favorisé par le social-impérialisme dans les pays du Tiers-monde.

C’est la coalition de: -certaines parties de l’armée (surtout des officiers subalternes et des sous-officiers) mécontente de son sort avec un parti révisionniste pro-russe – contre l’État-major de l’armée et le gouvernement plutôt favorable aux impérialismes occidentaux.

On le voit, il s’agit d’un coup d’État sans prolongement réel dans le mouvement populaire. Tout cela se passe à Kaboul, la capitale, sans aucune mobilisation populaire, manifestations, guerres prolongées ou autre processus. C’est une rivalité A L’INTÉRIEUR de l’appareil d’État entre deux cliques.

Mais ce genre d’affaire est peu durable en tant que telle.

Il faut trouver un nouvel équilibre dans l’appareil d’État et un semblant de soutien populaire.

Au cours de ce coup, c’est le prince-général Daoud qui y parviendra.

Il sera à la fois celui qui incarnera le coup d’État républicain et celui qui sera une continuité acceptable pour les tenants de l’ancien régime.

Cependant, anti-communiste militant, il se méfie des révisionnistes, tout en s’appuyant plutôt sur les russes sur le plan international (à cause de la question Afghano-Pakistanaise -le Pakistan étant l’un des points d’appui américain dans la région) mais sans s’aligner complètement.

Le clan des pro-soviétiques -militaires arrivistes et révisionnistes carriéristes (la plupart des membres du Khalq sont des ingénieurs agronomes et des cadres formés à Moscou et impatients d’avoir des places dans l’appareil d’État pour opprimer -à leur façon de nouveaux bourgeois -la masse paysanne) est frustré de sa victoire.

Pendant 5 ans, il fomentera des coups, des complots pour prendre le pouvoir.

Le parti Khalq se sépare en deux (l’autre aile s’appelle le Parcham -« le drapeau »).

AVRIL 1978 : COUP D’ÉTAT MILITARO-SOCIAL-FASCISTE.

Ce clan prend le pouvoir en Avril 1978 au cours d’un coup militaire sanglant (des milliers de morts et d’exécutions sommaires).

C’est d’abord les militaires qui se chargent de déblayer le terrain.

Ce qui reste de la famille royale (le roi est en exil en Italie) -assez repliée sur elle-même depuis 73- est liquidée physiquement ainsi que Daoud et son entourage.(Au cours de ce bain de sang, à titre d’exemple, toute la garde personnelles de Daoud – près de 2000 hommes -est anéantie, etc…). Puis ce sont les civils qui prennent le devant de la scène.

C’est le parti Khalq qui devient dominant, les militaires étant écartés ainsi que les membres de l’ex-Parcham (formellement, le parti Khalq est réunifié depuis 77 sous le nom de Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan).

Le dirigeant du pays, M. Taraki, reçoit le soutien de l’U.R.S.S. et des pays satellites de l’Est, très rapidement.

Taraki proclame que, pour la 1ère fois en Afghanistan, les classes féodales sont éliminées réellement et entreprend d’assoire l’autorité de l’État.

Les russes deviennent de plus en plus visibles à tous les niveaux. Mais Taraki demeure prudent en paroles sur la nature de son alliance avec l’U.R.S.S.

TARAKI : 17 MOIS DU 1er REGIME FANTOCHE DE L’U.R.S.S.. BILAN: ENCORE PLUS DE RUSSES OU L’ÉCROULEMENT.

Face aux premiers troubles en province, l’armée répond avec une brutalité féroce mais inefficace.

Des agents de l’État et des conseillers russes sont attaqués et tués, la réforme agraire annoncée par Daoud depuis 1975 ne se met pas vraiment en branle n’ayant que très peu de partisans même parmi ceux qui pourraient en bénéficier, tant était important le manque de confiance dans le gouvernement et la haine des russes.

Il semble que les propriétés aristocratiques -qui étaient peu nombreuses en tant que telles et liées aux familles aristocratiques les plus proches du pouvoir royal – aient disparues.

Par ailleurs, il existe des rapports féodaux entre les paysans fermiers ou ouvriers agricoles et des propriétaires paysans riches ou des autorités tribales locales (à l’échelle de ce pays où la paire de boeufs signale le « gros » ainsi qu’avec le clergé sunnite musulman. Environ 80% des paysans sont des paysans sans terres.

C’est à cette époque que les russes commencent à envoyer des équipements (avions, hélicoptères porteurs de troupes…) servis par des officiers et soldats russes pour essayer de s’opposer efficacement aux rebellions.

En février 1978 l’ambassadeur des U.S.A., enlevé par un commando de religieux extrémistes à Kaboul est massacré, ainsi que ses ravisseurs, par la police Afghane encadrée, voire directement constituée pour l’occasion par des soviétiques.

En fait, le régime ne peut appliquer ces réformes à la campagne.

L’hostilité est générale et aucune force ne vient consolider l’assise populaire du parti Khalq.

Ses membres, la plupart du temps des jeunes cadres des villes éduqués à Moscou, se perdent dans leurs postes à la campagne dans l’inextricable réseau des sociétés traditionnelles.

Ils sont en but à l’hostilité, voire la violence des masses, et doivent de plus supporter les luttes de cliques féroces au sein de l’appareil d’État: tentatives de coups, assassinats et magouilles de toutes sortes.

Leur « marxisme » n’est que de la pacotille de vocabulaire, leur « révolution » n’a pas de base populaire.

Ils apparaissent malgré toutes leurs précautions comme des gens voulant bouleverser de l’extérieur un ordre social cohérent, sans proposer de moyens internes de le remplacer efficacement.

De plus, ils sont considérés à juste titre comme des otages des soviétiques, des russes. A chaque niveau de l’administration, tous les hauts fonctionnaires et officiers ont leur « doublure » russe.

Les industriels occidentaux en affaire en Afghanistan notaient qu’il était plus rapide de s’adresser à la doublure qui était plus au courant.

Voilà un nouveau parallèle avec les français ministres de l’intérieur au Sénégal, les Cubains généraux en Ethiopie, les Vietnamiens complètement sur le devant de la scène au Kampuchéa.

La méfiance du peuple Afghan vis-à-vis des impérialismes a une longue histoire, et sa résistance armée acharnée et efficace marque l’identité de ce peuple.

La situation empire dans les derniers mois de Taraki.

Après 2 cas en province, la garnison de Kaboul se révolte. Elle n’est maîtrisée que par un massacre massif, mené en particulier par des avions pilotés par des russes.

SEPTEMBRE 1979 : « RÉVOLUTION DE PALAIS ».

Amin prend le pouvoir.

C’est l’ancien bras droit de Taraki. Plus brutal encore que lui (il était chargé de la police) il commence ses 3 mois et demi de pouvoir en massacrant Taraki et les membres de sa famille et de son entourage.

Apparemment, ce coup fut plutôt une affaire de rivalité personnelle qu’une manoeuvre plus vaste impliquant des changements et des interventions extérieures.

Les russes ne semblaient pas apprécier ce personnage sans scrupule, susceptible de leur échapper .

La rébellion prend une dimension nationale.

Les observateurs étrangers estimaient que le 1/4 du pays était sous contrôle des rebelles musulmans et que la moitié du territoire en plus était zone de combat. L’armée Afghane partait en décomposition.

Les désertions et les ralliements à la rébellion se faisaient par unités entières.

Un exemple: 2500 hommes se rallient en province après avoir tués 25 officiers.

Le pays est en passe de tomber aux mains des insurgés.

Les combats atteignent les environs de Kaboul.

FIN DÉCEMBRE 1979: L’INTERVENTION MASSIVE SOVIÉTIQUE ET KARMAL, LE « NOUVEAU DACKO ».

En quelques jours, par pont aérien et pénétration de colonnes blindées, 80 000 hommes (à la mi-Janvier) arrivent en Afghanistan de l’U.R.S.S.

Les troupes soviétiques contrôlent d’abord Kaboul, neutralisent les partisans d’Amin qui se battent avec acharnement, Amin lui-même est exécuté avec ses proches.

Puis dans les premiers jours de Janvier, les troupes se déploient aux alentours de la capitale pour la protéger

B. Karmal est porté au pouvoir à la « manière Dacko »: il parle d’abord à la radio, de la ville soviétique de Tachkent, puis quelques jours après, est amené en avion quand la situation est dans les mains des troupes russes.

Karmal est le fondateur du parti Parcham, plus pro-soviétique encore que le Khalq. Il écarte, et sans doute fait exécuter ou emprisonner, les anciens fonctionnaires pour mettre ses partisans à leur place.

LA RÉBELLION NATIONALE SE CONSTITUE CONTRE L’AGRESSION RUSSE.

Depuis 1978, la résistance n’a fait que se renforcer.

Malgré sa variété et sa division politique, ethnique et religieuse (des extrémistes intégristes d’extrême-droite aux maoïstes en passant par les groupes tribaux opposés aux exactions du régime et des russes), elle a remporté des succès face à ces régimes ultra-fantoches, pratiquant avec une brutalité cynique le massacre de leur peuple avec une armée étrangère: villages bombardés à ras, mosquées, considérées comme des nids à rebelles, détruites, populations et bétail napalmés…

L’armée Afghane est presqu’inexistante en tant que telle, tant les désertions se sont multipliées, encore plus depuis l’intervention massive des russes.

Dans cette circonstance, la tâche centrale du moment apparaît au peuple Afghan être celle de chasser les sociaux-impérialistes russes et leurs complices fantoches.

LES RÉACTIONS DES FORCES POLITIQUES EN FRANCE. NOS TACHES.

Cette nouvelle expansion du social-impérialisme développe encore la montée des risques de guerre. Toutes les forces populaires qui s’opposent à cette politique d’agression et de destruction des peuples doivent être soutenues vigoureusement quelles que soient leurs caractéristiques internes.

En France, bien des forces politiques (des trotskystes à certains journalistes de « Libération » et du « Monde » réduisent cette affaire à l’affrontement entre les révisionnistes Afghans, tenants d’une « révolution » et les féodaux conservateurs, l’intervention russe jusqu’à ces derniers jours étant minimisée (depuis qu’elle est devenue massive, c’est dans leurs rangs que se trouvent les positions « munichoises » de repli face aux coups de force, de refus de voir la réalité).

Les uns sont en fait alignés sur les fantoches et les agresseurs en niant les phénomènes nationaux de résistance à l’envahisseur et de lutte pour l’indépendance, les autres célébrant avec un faste renouvelé le Xième enterrement du marxisme retrouvant parfois avec les religieux intégristes le parfum spiritualiste qui manque à leur identité d’intellectuel petit-bourgeois en société impérialiste.

Les sociaux-fascistes Afghans ne sont nullement les tenants d’une « révolution ».

Ils l’empêchent même totalement depuis 1965, en s’opposant aux révolutionnaires et aux patriotes (qui ont été massacrés et pourchassés -ceci étant l’une des constantes des exigences du social-impérialisme russe vis-à-vis des régimes qu’il soutient -voir Éthiopie, Angola, Yémen du Sud…).

Leurs mesures bureaucratiques sont anti-populaires et ne sont que le prolongement de l’agression de leurs maîtres russes.

Sur le plan international, il est tout aussi faux de nier le caractère nouveau de cette intervention et de prétendre, par exemple, que le seul aspect de l’alarmisme de Giscard lors de son discours de nouvel an était de chercher l' »union nationale » en France.

Un bon sens minimum permet de se rendre compte que le social-impérialisme soviétique devient de plus en plus agressif et cynique en menant ce type d’opération directement -sans Cubains ou Vietnamiens interposés – hors des pays du Pacte de Varsovie.

Il s’agit à l’évidence d’une remise en cause massive de l’ordre international inter-impérialiste issu de la 2ème guerre mondiale.

Ces années 78-79 ont vu un nombre très important d’agressions étrangères (Vietnam au Cambodge, Tanzanie en Ouganda.

France en Centrafrique et au Zaïre, en Mauritanie…, U.R.S.S. en Afghanistan, incursions Rhodésiennes et Africaine du Sud en Zambie et Mozambique…) qui révèlent l’instabilité internationale et l’initiative de la superpuissance soviétique par rapport au recul américain et occidental -cependant sujet à des contre-attaques pour le moment limitées mais porteuses de possibilité agressives inquiétantes.

La résistance Afghane est une force populaire en lutte contre une agression de la superpuissance soviétique.

Nous devons faire confiance au peuple Afghan pour progresser dans le sens de sa constitution au cours de la lutte contre les envahisseurs en force indépendante par rapport aux impérialismes, le fait que les mouvements de résistance reçoivent des aides diverses ne faisant qu’entrer dans le cadre des alliances nécessaires au combat.

Nous sommes à l’écoute des forces qui, au sein de la résistance pourraient s’organiser dans ce sens.

Nous devons aussi nous opposer avec force, parallèlement au travail sur le Cambodge, au P.C.F. qui pratique de plus en plus comme seule politique l’alignement inconditionnel sur le social-impérialisme russe.

Dans ses articles, l' »Humanité » cite avantageusement les ministres Afghans dont cette perle: « L’Afghanistan se félicite de l’aide apportée par l’U.R.S.S. En la demandant, il n’a fait qu’exercer son droit à la légitime défense reconnue par la pratique (sic) et les lois internationales ».

A cotés de ces articles sur le coup d’Afghanistan (aux titres du genre « Afghanistan: Carter joue avec la détente » (!), on trouve dans le numéro du 5/1/80, avec une photo de l’accolade Marchais-Castro une déclaration du P.C.F. sur la nécessité de l’entrée de Cuba au Conseil de sécurité de l’ONU (qui se trouve pour le moment privé de ce nouvel agresseur): « Chacun sait le rôle international que joue Cuba… – en effet ! Euromissiles, Cambodge, Afghanistan…

Nous devons faire campagne contre les nouveaux pétainistes que sont, sur le plan international les sociaux-fascistes du P.C.F.

C’est dans cette lutte qu’avancera le point de vue politique populaire en France sur la guerre et la révolution.

AFGHANISTAN: LA C.G.T. BAT MARCHAIS DANS LA MAUVAISE FOI.

Après avoir connu des difficultés d’unification interne sur l’intervention soviétique, la C.G.T. a gagné du temps en envoyant une délégation « enquêter » à Kaboul.

A son retour, la C.G.T. révèle: -« nous n’avons ressenti aucune animosité, mais beaucoup d’hospitalité et de gentillesse de la part des gens qui nous prenaient pour des soviétiques (alors que tous les journalistes ou étrangers présents à Kaboul témoignent journellement de prise de position ouvertes contre les russes de simples passants et que, sur le plan des faits, plusieurs attentats ont été commis contre des soldats russes et qu’une émeute s’est déroulée, des heures durant et devant les cameras de télévision du monde entier, autour d’une prison où des parents et relations essayaient de libérer des prisonniers aux cris de « A bas les russes ») -« l’armée soviétique n’a pas pris part aux combats du 27 Décembre (le coup d’Etat)  » (alors que Karmal – dont d’ailleurs la carrière de fantoche semble menacée, bien triste sinécure après Taraki et Amin tués avec toute leur famille -a été amené de Tchécoslovaquie en Afghanistan via la Russie par avion militaire (à la Dacko) après que les troupes soviétiques aient en main toute la capitale et commençaient à se déployer dans les provinces.

Il est significatif que ce soit presque au même moment où la CGT faisait ces « révélations » que un massacre digne de My Lai et Oradour sur Glane (en plus sanglant d’ailleurs puisque plus de 1000 hommes ont été massacrés à la mitraillette et enfouis au bulldozer alors que certains n’étaient pas encore morts) ait été révélé. Cet épisode, qui s’est fait en présence et sur ordres d’officiers Russes, a eut lieu sous la période Taraki, dont la CGT fait le portrait comme d’un valeureux patriote renversé par le vilain Amin…

Pour Marchais et le P.C.F., les 100 000 russes sont là pour le  » socialisme ».

Pour la C.G.T., ils ne sont pas là du tout.

2 attitudes pour justifier l’invasion soviétique, piétiner l’indépendance nationale et essayer de « faire passer » l’alignement pétainiste sur l’hégémonisme soviétique dans ces temps de risques de guerre fomentée par la rivalité des 2 superpuissances.

2 positions à contrer pour faire avancer la question de la prise de conscience et de l’organisation des masses populaires sur la situation internationale.        

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

La portée universelle de la révolution culturelle

[Document de l’UCF-ML.]

Sur cette solide base politique venue de notre histoire , il faut s’emparer de la question du marxisme, du maoïsme comme courant révolutionnaire mondial , comme base théorique et idéologique, comme systématisation de la plus grande expérience révolutionnaire de notre temps: la GRANDE RÉVOLUTION CULTURELLE PROLÉTARIENNE.

La Révolution Culturelle n’est pas une simple phase tactique de l’édification du socialisme en Chine.

Elle n’est pas un simple mouvement de masse pour rectifier et régénérer le Parti.

Elle est, comme le disent les camarades chinois, « sans précédent dans l’histoire. »

Elle est LA grande révolution de notre temps.

Elle est pour la deuxième moitié du XXème siècle, ce qu’a été la Commune de Paris pour le fin du XIXème , ce qu’a été Octobre 17 pour le début de notre siècle.

Prendre position sur ce point distingue radicalement le marxisme-léninisme du révisionnisme moderne .

Notre Maxime , c’est : « Dis-moi ce que tu penses de la révolution culturelle, je te dirai si tu es un révolutionnaire marxiste-léniniste. »

La Révolution Culturelle est une RÉVOLUTION au sens plein du terme : les masses populaires s’en prennent à la question de l’Etat, se mêlent des affaires de l’Etat.

Il s’agit de débusquer et d’abattre les représentants politiques d’une classe : la nouvelle bourgeoisie présente dans le Parti Communiste.

La Révolution Culturelle est une RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE.

La classe ouvrière y met en avant et pratique le mot d’ordre : « LA CLASSE OUVRIÈRE DOIT DIRIGER EN TOUT. »

A partir des tempêtes révolutionnaires ouvrières à Shanghaï en Janvier 67 , le prolétariat fait, à une échelle sans précédent, son entrée massive sur la scène politique.

Il entre dans les universités , il va directement diriger le combat dans la superstructure.

La Révolution Culturelle fait surgir dans la réalité des nouveautés socialistes inconnues auparavant :

– LES COMITÉS RÉVOLUTIONNAIRES DE TRIPLE UNION , qui prennent en main la gestion des unités de production.

– LES UNIVERSITÉS LIÉES AUX USINES, l’entrée des paysans pauvres et des ouvriers dans les universités.
Tout cela organise la réduction de la DIFFÉRENCE ENTRE TRAVAIL MANUEL ET TRAVAIL INTELLECTUEL.

– L’ÉTUDE DE MASSE VU MARXISME, et en particulier de la PHILOSOPHIE , qui fait barrage au monopole élitiste de la conception fermée du Parti.

– LA MOBILISATION POUR UN ART ET UNE CULTURE RÉELLEMENT PROLÉTARIENS .

– LA PARTICIPATION GÉNÉRALISÉE DE TOUS LES CADRES AU TRAVAIL PRODUCTIF.

– L’IMPLANTATION MASSIVE DES JEUNES INSTRUITS CHEZ LES PAYSANS- PAUVRES .

Et quantité d’autres transformations révolutionnaires qui visent à faire des masses un rempart invincible contre la restauration du capitalisme.

Sur la base de la Révolution Culturelle, le maoïsme approfondit et transforme tous les grands concepts du marxisme .

Le concept de classe sociale lui-même est soumis à réexamen : cette « bourgeoisie au sein du Parti » dont parle Mao Tsé Toung , elle n’est pas définie en termes de possession des moyens de production !

Ce qui est en cause, c’est son projet d’Etat, son projet politique.

La tâche fixée, c’est de mettre la politique au poste de commandement, c’est de chercher la base sociale de la nouvelle bourgeoisie révisionniste, de son projet politique.

A l’heure du programme commun, voilà une indication décisive.

La Révolution Culturelle et le maoïsme, de façon centrale , transforment la notion même de dictature du prolétariat.

Elles mettent en évidence que l’axe n’est pas la construction du socialisme.

L’axe, c’est la lutte des classes.

Lénine disait « n’est pas marxiste celui qui n’étend pas la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à celle de la dictature du prolétariat. »

La Révolution Culturelle nous enseigne : «  n’est pas marxiste celui qui n’étend pas la reconnaissance de la dictature du prolétariat jusqu’à celle de la lutte des classes. »

Le socialisme n’est pas d’abord une « construction. »

C’est une lutte de classe.

Voilà pourquoi la Révolution Culturelle est la révolution de notre temps.

Nous disons :
VIVE LA GRANDE RÉVOLUTION CULTURELLE PROLÉTARIENNE, VIVE LA LUTTE DES CLASSES SOUS DICTATURE DU PROLÉTARIAT!    

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe