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  • Parti Communiste de Chine : Allocution au 6e Congrès du SED (1963)

    Allocution de Wou Sieou-kiuan, chef de la délégation du Parti communiste chinois, au 6ème Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne, prononcée le 18 janvier 1963

    Chers Camarades,

    Mandatée par le Comité central, la délégation du Parti communiste chinois adresse, au nom du Parti et du peuple chinois, ses chaleureuses et fraternelles félicitations au Vie Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne et, par son intermédiaire, au Parti socialiste unifié d’Allemagne et au peuple de la République démocratique allemande.

    Sous la direction du Parti socialiste unifié d’Allemagne, le peuple de la République démocratique allemande a remporté de grands succès dans l’édification socialiste. Les productions industrielle et agricole, de même que le niveau de vie et la culture du peuple, se sont nettement élevés. Vos réalisations dans l’édification sont une importante contribution à la cause commune, celle du socialisme et du communisme. Le peuple chinois s’en réjouit vivement. Nous vous souhaitons sincèrement des succès plus importants encore dans l’édification dusocialisme.

    Le peuple chinois sait fort bien que le peuple frère de République démocratique allemande se trouve sur le front occidental du camp socialiste et mène une lutte ardue contre les forces réactionnaires militaristes d’Allemagne occidentale que les Etats-Unis soutiennent.

    Dans la question allemande, les impérialistes américains poursuivent un but agressif, qui est de transformer l’Allemagne occidentale en un nouveau foyer de guerre. Ils dressent des obstacles à la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne, continuent à maintenir le régime d’occupation à Berlin-Ouest et mènent sans cesse toutes sortes d’activités provocatrices et subversives contre le camp socialiste à partir de l’Allemagne occidentale et de Berlin-Ouest.

    Les forces réactionnaires militaristes d’Allemagne occidentale mènent, en coalition avec les impérialistes américains, des activités criminelles en tant que pilier du bloc agressif de l’O.T.A.N., menaçant la sécurité de la République démocratique allemande et de l’ensemble du camp socialiste, et par là, la paix en Europe et dans le monde.

    La lutte menée par le peuple de la République démocratique allemande contre le militarisme de l’Allemagne occidentale, soutenu par les Etats-Unis, contre la politique d’agression et de guerre poursuivie par les Etats-Unis et les forces réactionnaires d’Allemagne occidentale, pour la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne et la solution du problème de Berlin-Ouest, répond non seulement aux intérêts du peuple allemand, mais aussi aux intérêts de la paix en Europe et dans le monde. Le peuple chinois sera toujours à vos côtés dans cette lutte.

    La situation internationale continue à évoluer dans un sens favorable aux peuples du monde et défavorable aux impérialistes.

    La puissance du camp socialiste grandit de jour en jour.

    Le mouvement révolutionnaire national et démocratique déferle en Asie, en Afrique et en Amérique latine, de nombreuses nations opprimées ont remporté de brillantes victoires sur l’impérialisme et le colonialisme. occidentale que les Etats-Unis soutiennent.

    Dans la question allemande, les impérialistes américains poursuivent un but agressif, qui est de transformer l’Allemagne occidentale en un nouveau foyer de guerre. Ils dressent des obstacles à la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne, continuent à maintenir le régime d’occupation à Berlin-Ouest et mènent sans cesse toutes sortes d’activités provocatrices et subversives contre le camp socialiste à partir de l’Allemagne occidentale et de Berlin-Ouest.

    Les forces réactionnaires militaristes d’Allemagne occidentale mènent, en coalition avec les impérialistes américains, des activités criminelles en tant que pilier du bloc agressif de l’O.T.A.N., menaçant la sécurité de la République démocratique allemande et de l’ensemble du camp socialiste, et par là, la paix en Europe et dans le monde.

    La lutte menée par le peuple de la République démocratique allemande contre le militarisme de l’Allemagne occidentale, soutenu par les Etats-Unis, contre la politique d’agression et de guerre poursuivie par les Etats-Unis et les forces réactionnaires d’Allemagne occidentale, pour la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne et la solution du problème de Berlin-Ouest, répond non seulement aux intérêts du peuple allemand, mais aussi aux intérêts de la paix en Europe et dans le monde. Le peuple chinois sera toujours à vos côtés dans cette lutte.

    La situation internationale continue à évoluer dans un sens favorable aux peuples du monde et défavorable aux impérialistes. La puissance du camp socialiste grandit de jour en jour. Le mouvement révolutionnaire national et démocratique déferle en Asie, en Afrique et en Amérique latine, de nombreuses nations opprimées ont remporté de brillantes victoires sur l’impérialisme et le colonialisme.

    Le peuple travailleur du monde capitaliste s’unit toujours plus étroitement dans la lutte de classe et renforce son combat contre l’oppression et l’asservissement du capital monopoliste, pour la démocratie et lé progrès social.

    Le mouvement des peuples du monde entier contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme et pour la défense de la paix mondiale gagne en ampleur et en profondeur. Les peuples ont pleinement confiance dans la cause de la paix, de la démocratie, de la libération nationale et du socialisme.

    L’impérialisme est une force corrompue, condamnée à disparaître par l’histoire, il connaît des jours de plus en plus difficiles, et les contradictions qui lui sont inhérentes deviennent de plus en plus aiguës. Du fait que marchés, sphères d’influence et contrôle des armes nucléaires sont en dispute, en son sein, le camp impérialiste va de plus en plus vers la dislocation. Le processus de décadence et dedésagrégation du monde capitaliste se développe à un rythme accéléré.

    Cependant, l’impérialisme n’abandonnera pas la scène de l’histoire de son propre gré, il ne changera jamais de nature. Plus la situation où il se trouve lui est défavorable, plus il renforce son agression contre les peuples. C’est pourquoi ceux-ci doivent maintenir en permanence la plus haute vigilance et ne peuvent à aucun moment relâcher la lutte contre lui.

    Kennedy parle abondamment de la paix, mais applique en réalité une stratégie mondiale contre-révolutionnaire, plus rusée et plus aventureuse encore qu’elle ne l’était. Nulle illusion ne doit être nourrie au sujet de ce chef de la bourgeoisie monopoliste des Etats-Unis.

    L’Administration Kennedy joue son double jeu contre-révolutionnaire en poursuivant activement sa politique d’agression et de guerre sous le couvert de la paix. Elle applique plus frénétiquement encore sa politique de position de force et celle de chantage nucléaire, accélère l’accroissement des armements et sa préparation à la guerre, à une guerre avec armes conventionnelles en même temps qu’à une guerre nucléaire, et entreprend ce qu’elle appelle la « guerre spéciale ».

    Préparant sournoisement toutes sortes de complots et d’intrigues, elle tente de supprimer le mouvement national et démocratique, d’étouffer le mouvement révolutionnaire des peuples et de désagréger le camp socialiste. Toujours plus nombreux se font ceux qui, dans le monde, comprennent que l’impérialisme américain est le cœur de la réaction mondiale, le pire ennemi des peuples, le pireennemi de la paix mondiale.

    La situation surgie dernièrement à Cuba est extrêmement riche d’enseignements vivants pour tous les peuples révolutionnaires. Elle a montré que c’est l’homme qui constitue le facteur décisif dans la lutteTcbntre l’impérialisme.

    L’héroïque peuple cubain a apporté une grande contribution à la défense de la paix mondiale parce qu’il s’est mobilisé tout entier, s’est uni autour de son guide révolutionnaire, le camarade Fidel Castro, qu’il a maintenu fermement les cinq justes exigences visant à assurer l’indépendance et la souveraineté de Cuba et mené une lutte résolue et intransigeante contre l’impérialisme américain, et que, fort de la sympathie et du soutien des peuples d’Amérique latine et du monde entier, a remporté une grande victoire en sauvegardant son indépendance, sa souveraineté et les fruits de sa révolution.

    Les impérialistes américains malmènent ceux qui se montrent faibles et craignent ceux qui montrent leur force, ils craignent tout particulièrement la force du peuple révolutionnaire uni.

    Tant qu’il y a ferme confiance dans la force des masses populaires et que l’on prend résolument appui sur leur lutte, tant que les grandes forces de notre temps – forces socialistes, forces de la révolution nationale et démocratique, forces de la classe ouvrière et toutes les forces éprises de paix s’unissent et forment le front uni le plus large contre les impérialistes, Etats-Unis en tête, et leurs laquais, et tant que l’on applique une politique juste et mène une lutte intransigeante et inlassable contre l’ennemi, on peut à coup sûr empêcher les impérialistes de déclencher la guerre mondiale et de préserver la paix du monde.

    Voilà la seule voie juste pour défendre la paix mondiale.

    Le Parti communiste et le gouvernement chinois ont toujours préconisé la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents.

    La Chine est l’un des promoteurs des cinq célèbres principes de la coexistence pacifique. La Chine a, sur. La base de ces cinq principes, établi des relations amicales avec de nombreux pays, signé avec le Yémen, la Birmanie, le Népal, l’Afghanistan, la Guinée, le Cambodge, l’Indonésie et le Ghana, un traité d’amitié ou un traité d’amitié et de non-agression, et réglé d’une manière satisfaisante ses questions de frontière avec la Birmanie, le Népal, etc. Tout le monde connaît ces faits. En ce qui concerne la question de la frontière sino-indienne, la Chine a toujours recherché une solution juste et équitable par voie de négociations.

    Or, le gouvernement Nehru a rejeté catégoriquement la négociation et s’est efforcé de modifier par la force la situation à la frontière sino-indienne, il a occupé, faisant preuve d’une ambition de plus en plus démesurée, les régionsi frontières chinoises, et est allé jusqu’à donner ouvertement l’ordre de passer aux attaques contre la Chine, de « nettoyer » les gardes-frontière chinois de leur propre territoire.

    En ripostant, en légitime défense, aux attaques massives des troupes indiennes, la Chine a adopté la mesure légitime la plus élémentaire, celle que n’importe quel Etat souverain prendrait dans pareilles circonstances.

    Après avoir repoussé les attaques indiennes, la Chine proposa aussitôt un arrêt du conflit, la rupture de contact entre lesforces armées et la reprise des négociations, et elle prit l’initiative en appliquant un cessez-le-feu et en procédant au retrait de ses troupes. C’est précisément suite à cela que la situation à la frontière sino-indienne commença à se détendre.

    Nous avons indiqué à maintes reprises que la persistance du gouvernement Nehru dans sa position antichinoise est le résultat même de sa politique intérieure et extérieure, de jour en jour plus réactionnaire, le résultat du fait qu’il prend de plus en plus appui sur l’impérialisme et réprime le peuple indien avec une brutalité croissante.

    La position antichinoise et la politique intérieure et extérieure, de jour en jour plus réactionnaire, du gouvernement Nehru bénéficient du soutien et de l’encouragement de l’impérialisme et particulièrement de l’impérialisme américain.

    Il est regrettable que cette position et cette politique aient été aussi soutenues et encouragées par certains qui se proclament marxistes-léninistes. Tout au long du différend de la frontière sino-indienne, ils ont mêlé le vrai et le faux au mépris des faits.

    L’attitude adoptée par eux est d’ignorer les nombreux documents publiés par la Chine socialiste depuis plus de trois ans, et les notifications et éclaircissements que la Chine leur a adressés. En réalité, ils ont participé avec Nehru au chœur antichinois. Cette position surprenante n’a rien de commun avec le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien.

    Les révisionnistes modernes, représentés par la clique Tito, traître à la classe ouvrière, cèdent à la pression des impérialistes, se mettent volontairement à leur service et jouent un rôle que les social-démocrates n’arrivent pas à jouer quant au travail de sape de l’unité internationale de la classe ouvrière.

    La clique Tito se targue du titre de parti communiste, elle brandit un drapeau de pays socialiste et elle agit sous le manteau du marxisme-léninisme pour tromper les peuples révolutionnaires, paralyser leur combativité, saper la lutte révolutionnaire des peuples et nations opprimés, désagréger les pays socialistes en exportant la soi-disant « voie yougoslave » qui mène à une dégénérescence d’ordre capitaliste et saper, sous le masque de pays « non aligné », la solidarité entre les pays socialistes et les pays poursuivant une politique de paix et de neutralité. La clique Tito constitue actuellement un détachement spécial dont les impérialistes américains se servent pour exécuter leur stratégie mondiale contre-révolutionnaire.

    Comme le dit la Déclaration de Moscou de 1960, la clique Tito a « trahi le marxisme-léninisme », elle « se livre à des agissements subversifs contre le camp socialiste et le mouvement communiste mondial », elle « déploie une activité qui porte préjudice à l’unité de toutes les forces et de tous les Etats pacifiques », et « les partis marxistes-léninistes ont toujours pour tâche impérieuse de dénoncer les dirigeants des révisionnistes yougoslaves et de lutter énergiquement pour préserver le mouvement communiste et le mouvement ouvrier des idées antiléninistes des révisionnistes yougoslaves ».

    Camarades, il est plus que jamais nécessaire pour nous, communistes, de veiller au maintien et au renforcement de l’unité du camp socialiste, au maintien et au renforcement de l’unité du mouvement communiste international. S’unir contre l’ennemi commun, voilà l’intérêt suprême des communistes et des peuples de tous les pays, et aussi la tâche primordiale de tous les communistes.

    Les relations entre pays socialistes et entre partis marxistes-léninistes sont basées sur le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien. Les deux Déclarations de Moscou constituent le programme commun de tous les partis communistes et ouvriers du monde, la base sur laquelle ils s’unissent contre l’ennemi.

    Ces deux documents ont défini la ligne commune de la lutte contre l’impérialisme, pour la paix mondiale, la démocratie, la libération nationale et le socialisme, ainsi que les principes régissant les rapports entre pays frères et partis frères.

    Comme indiqué dans la Déclaration de Moscou de 1960, « au sein du camp socialiste, l’égalité en droits et l’indépendance authentiques sont garanties à chaque pays », « les partis marxistes-léninistes sont tous indépendants et égaux en droits ; ils élaborent leur politique en partant des contions concrètes de leur pays et en s’inspirant des principes du marxisme-léninisme ; ils se prêtent un soutien mutuel »; les partis marxistes-léninistes doivent « parvenir à un point de vue unanime en procédant à des consultations et concerter les actions conjointes dans la lutte pour les buts communs ».

    L’expérience de l’ensemble du mouvement communiste international prouve que des divergences d’une sorte ou d’une autre entre pays frères et entre partis frères sont toujours difficiles à éviter, mais qu’il s’agit de régler correctement les rapports entre pays frères et partis frères, et que les violations des principes d’indépendance, d’égalité en droits et de consultations pour parvenir à un point de vue unanime entre pays frères et partis frères ne peuvent que porter atteinte à l’unité, approfondir les divergences et risquent même de conduire à la scission.

    Le Parti communiste chinois a toujours œuvré pour le maintien de l’unité du camp socialiste et de l’unité du mouvement communiste international, pour la sauvegarde des principes régissant les rapports entre pays frères et partis frères, principes inscrits dans les Déclarations de Moscou. C’est pour cela que sa délégation a manifesté résolument son opposition lorsque, au XXIIe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, tenu il y a plus d’un an, un autre parti frère, le Parti du Travail d’Albanie, fut attaqué pour la première fois, publiquement et nommément.

    Nous avons indiqué alors que cette pratique « ne contribuait en rien à l’unité ni à la solution du problème. On ne peut considérer comme une attitude marxiste-léniniste sérieuse celle d’étaler devant l’ennemi les controverses entre partis frères et pays frères. Pareille attitude ne fera qu’affliger les nôtres et réjouir l’ennemi. Le Parti communiste chinois espère sincèrement que les partis frères entre lesquels existent controverses et divergences s’uniront à nouveau sur la base du marxisme-léninisme, sur la base du respect mutuel, de l’indépendance et de l’égalité ».

    Il est regrettable que ce conseil sincère n’ait pas empêché la situation de s’aggraver.

    En avril 1962, pour défendre les principes régissant les rapports entre pays frères et partis frères et pour renforcer l’unité, le Parti communiste chinois a soutenu activement les propositions faites par des partis frères visant à détendre les relations et à assainir le climat,et il a avancé officiellement auprès du parti intéressé une proposition quant à la convocation d’une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays, pour mettre fin aux divergences et renforcer l’unité par la discussion et des consultations en toute camaraderie.

    Nous avons dit aussi qu’en attendant la convocation de cette conférence, les partis devraient cesser de s’attaquer à la radio et dans la presse, afin de créer les conditions favorisant la tenue de la conférence.

    Nous déplorons que ces efforts du Parti communiste chinois et d’autres partis frères n’aient pas reçu de réponse du parti frère intéressé et que loin de là la pratique qui va à rencontre des principes régissant les rapports entre pays frères et partis frères, se soit aggravée. Les Congrès de partis frères qui se sont succédés récemment ont même été utilisés pour attaquer davantage d’autres partis frères.

    Des camarades de certains partis frères y ont non seulement continué à attaquer le Parti du Travail d’Albanie, mais ils ont attaqué aussi, nommément, le Parti communiste chinois et d’autres partis frères. Ils ont utilisé largement leurs journaux, publications et autres moyens de propagande pour lancer attaques et calomnies de grand style contre le Parti communiste chinois.

    Il est tout à fait légitime que de nombreux partis frères se soient profondément inquiétés du contre-courant qui mine gravement l’unité du mouvement communiste international et crée la scission.

    Le Parti communiste chinois voit toujours avec plaisir toutes les paroles et tous les actes favorables à l’unité du mouvement communiste international. A ce Congrès de votre Parti, on a fait écho dans une certaine mesure, aux propositions visant à mettre fin aux attaques publiques entre partis frères, à relâcher la tension existant dans leurs relations et à assainir le climat, ce que le Parti communiste chinois a toujours préconisé.

    Si ceci pouvait être mis en pratique, nous nous en réjouirions grandement. Nous estimons que les communistes doivent mettre leurs paroles en accord avec leurs actes. Ils ne peuvent, d’une part, parler de cesser les attaques, et d’autre part continuer à attaquer, car cette façon d’agir n’aide ni au règlement des divergences ni au renforcement de l’unité.

    Nous voudrions, ici, lancer sincèrement un nouvel appel à tout le monde pour que ce qui est l’intérêt même de la révolution prolétarienne et de la lutte contre l’ennemi reçoive toute son importance, pour que de justes méthodes soient adoptées, afin de régler les divergences et de renforcer l’unité pour le respect rigoureux des principes des deux Déclarations de Moscou.

    Pour régler les divergences et renforcer l’unité, il faut revenir aux principes des deux Déclarations de Moscou, en revenir aux consultations internes en toute égalité. A ce sujet, il serait bon, pour le règlement de la question, que les camarades qui ont déclenché les attaques contre les partis frères prennent l’initiative.

    Le Parti communiste chinois estime que la seule voie correcte pour parvenir au règlement des divergences et au renforcement de l’unité, c’est le respect du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, le respect des principes révolutionnaires des Déclarations de Moscou, le respect des principes régissant les rapports entre pays frères et partis frères, la discussion et les consultations en toute camaraderie.

    Et c’est en partant de cette position que le Parti communiste chinois a proposé à plusieurs reprises la convocation d’une conférence des représentants de tous les partis communistes et ouvriers et qu’il a soutenu les propositions de certains partis frères sur la tenue de cette conférence internationale. Nous estimons toujours que la convocation de cette conférence des partis frères est nécessaire.

    Et le succès de la conférence dépend des efforts que les partis frères feront en commun pour surmonter difficultés et obstacles, effectuer les nombreux préparatifs indispensables et, notamment, cesser les attaques contre des partis frères.

    Dans l’intérêt du mouvement communiste international et de la lutte commune contre l’ennemi, le Parti communiste chinois continuera inlassablement à déployer ses efforts, avec tous les partis marxistes-léninistes, pour aplanir les divergences et renforcer l’unité.

    Nous sommes fermement persuadés que le mouvement communiste international surmontera en définitive tous les difficultés et obstacles, renforçant ainsi son unité, et qu’il remportera de grandes victoires dans la lutte contre l’impérialisme, pour la défense de la paix mondiale et pour la promotion de la cause progressiste de l’humanité.

    Camarades, sous la direction du Parti communiste chinois et de son Comité central ayant le camarade Mao Tsé-toung à sa tête, le peuple chinois mène la lutte en portant haut les trois drapeaux rouges de la ligne générale pour l’édification socialiste, du grand bond en avant et de la commune populaire, et il a remporté de grands succès dans son édification socialiste.

    Il a répondu avec enthousiasme à l’appel de la dixième session plénière du Comité central issu du VIIIe Congrès du Parti et continue à brandir haut ces trois drapeaux rouges et, étroitement uni par tout le pays, il va vaillamment de l’avant vers un nouvel essor de son économie nationale, vers de nouvelles victoires dans son œuvre d’édification socialiste.

    Sur le plan international, la ligne générale de notre politique extérieure est la suivante : développer les relations d’amitié, d’assistance mutuelle et de coopération avec l’Union soviétique et tous les autres pays socialistes frères suivant les principes de l’internationalisme prolétarien ; œuvrer pour la coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents sur la base des Cinq Principes et lutter contre la politique d’agression et de guerre des impérialistes ; soutenir la lutte révolutionnaire des peuples et nations opprimés contre l’impérialisme et le colonialisme.

    Notre peuple continuera à appliquer fermement cette ligne générale, et avec les forces révolutionnaires et les forces éprises de paix du monde entier, luttera pour faire triompher la cause de la paix mondiale, de la démocratie, de la libération nationale et du socialisme.

    Camarades, au cours de l’édification socialiste, comme de la lutte commune contre l’impérialisme et pour la paix du monde, le peuple chinois et le peuple de la République démocratique allemande se sont soutenus mutuellement et se sont liés d’une amitié profonde.

    Nous avons la ferme conviction que, sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, dans l’intérêt de la lutte commune contre l’ennemi, l’amitié entre nos deux partis et entre nos deux peuples se développera et se renforcera encore davantage.

    Que l’amitié fraternelle entre nos deux peuples grandisse de jour en jour.

    Permettez-moi maintenant de donner lecture du message du Comité central du Parti communiste chinois.

    Message du Comité central du Parti communiste chinois au 6ème Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne

    Au 6ème Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne : Chers Camarades,

    Au nom du Parti communiste chinois et du peuple chinois, le Comité central du Parti communiste chinois adresse au 6ème Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne et, par son intermédiaire, au Parti socialiste unifié d’Allemagne et au peuple de la République démocratique allemande ses chaleureuses et fraternelles félicitations ».

    Le peuple chinois se réjouit de chacun des succès remportés par le peuple frère de la République démocratique allemande dans l’édification socialiste et dans la lutte pour la réunification de la patrie, et il est persuadé que vous remporterez de nouveaux succès dans ces domaines.

    Les impérialistes américains poursuivent dans le monde entier, en redoublant d’effort, leur politique d’agression et de guerre. Les militaristes d’Allemagne occidentale, énergiquement soutenus par l’impérialisme américain, multiplient leurs provocations contre la République démocratique allemande, menaçant sérieusement la paix en Europe et dans le monde.

    Comme par le passé, le peuple chinois soutient fermement le peuple de la République démocratique allemande dans sa juste lutte contre la politique d’agression et de guerre des Etats-Unis, contre les militaristes d’Allemagne occidentale, pour le maintien de la paix en Europe et dans le monde.

    Dans la lutte contre l’impérialisme et pour la paix du monde, ainsi que dans l’édification socialiste, le peuple chinois et le peuple de la République démocratique allemande se sont soutenus mutuellement et, au cours du combat, ils se sont liés d’une profonde amitié fraternelle.

    Le peuple chinois et le Parti communiste chinois poursuivront leurs efforts pour renforcer, sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, l’union entre nos deux peuples et l’unité du camp socialiste et du mouvement communiste international.

    Vive l’amitié indestructible du peuple chinois et du peuple de la République démocratique allemande !

    Vive la grande unité du camp socialiste et du mouvement communiste international !

    Vive le marxisme-léninisme !

    La Comité Central du Parti communiste chinois

    Le 12 janvier 1963

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  • Éditorial du Quotidien du peuple : Unissons-nous sur la base des Déclarations de Moscou (1963)

    Éditorial du Renmin Ribao du 27 janvier 1963

    Le VIe Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne s’est tenu du 15 au 21 janvier.

    A l’heure actuelle, l’impérialisme, les réactionnaires de tous les pays et les révisionnistes yougoslaves cherchent, par tous les moyens, à saboter l’unité des peuples du monde, plus particulièrement celle du camp socialiste et du mouvement communiste international, dans l’intention d’entraver le développement triomphal de la lutte de tous les peuples pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme ; les communistes de tous les pays et l’humanité progressiste tout entière ressentent une profonde inquiétude devant les atteintes toujours plus graves portées à l’unité du mouvement communiste international et demandent instamment que, sur la base des Déclarations de Moscou de 1957 et de I960, les divergences soient aplanies, l’unité soit renforcée et qu’il y ait unité contre l’ennemi.

    Nous avions espéré que, se tenant dans de telles circonstances, le Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne se conformerait aux deux Déclarations deMoscou, contribuerait au renforcement de l’unité du camp socialiste et de l’unité du mouvement communiste international. La République démocratique allemande se trouvant sur le front occidental du camp socialiste et face à la menace du militarisme de l’Allemagne de l’Ouest, qui est soutenu par l’impérialisme américain, sa lutte aurait dû être dirigée contre l’ennemi commun ; il n’y avait aucune raison de renouveler les incidents qui affligent les nôtres et réjouissent l’ennemi.

    Malheureusement, ce qui s’est passé à ce Congrès est allé à l’encontre de ce que nous désirions.

    Le Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne s’est surtout distingué par le fait que d’une part, on y a beaucoup parlé de cesser les attaques entre partis frères et de renforcer l’unité, et d’autre part, que l’on y a continué à attaquer avec une extrême brutalité le Parti communiste chinois et d’autres partis frères, que l’on a encore approfondi les divergences et porté préjudice à l’unité ; d’une part, on y a beaucoup parlé d’adhésion aux deux Déclarations de Moscou, et d’autre part, on y a entrepris ouvertement la réhabilitation de la clique Tito, renégat du marxisme-léninisme, on y a violé ouvertement les Déclarations de Moscou.

    Quand le chef de la délégation du Parti communiste chinois, invitée à assister à ce Congrès, cita et exposa dans son allocution la critique du révisionnisme yougoslave faite par la Déclaration de Moscou de 1960, le président exécutif du Congrès l’empêcha à plusieurs reprises de poursuivre, tandis que, sous cette orchestration, des huées, des sifflets, ainsique des piétinements retentissaient dans la salle. C’est là vraiment, pour le mouvement communiste international, un phénomène étrange et à peine croyable.

    Le président du Congrès éleva même une « protestation » après l’allocution du délégué du Parti communiste chinois. Il déclara « rejeter avec la plus grande fermeté » la critique du révisionnisme yougoslave par le délégué chinois et la décrivit comme « allant à l’encontre des normes habituelles régissant les rapports entre partis communistes et partis ouvriers révolutionnaires ».

    Par la suite, le journal soviétique Izvestia attaqua le délégué du Parti communiste chinois pour sa critique du révisionnisme yougoslave, prétendant qu’elle était « totalement inadmissible ».

    Le Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne a posé aux communistes du monde entier des questions aussi graves que celles-ci : Veut-on oui on non l’unité du mouvement communiste international ? Recherche-t-on l’unité réelle ou la veut-on fictive ? Cette unité doit-elle être établie sur la base des Déclarations de Moscou ou sur celle du programme révisionniste yougoslave, ou est-ce « l’unité » sur autre chose encore ? En d’autres mots, veut-on en fin de compte, aplanir les divergences et renforcer l’unité ou élargir les divergences et créer la scission ?

    Les communistes chinois, tous les marxistes-léninistes et l’humanité progressiste tout entière ont en commun le désir de sauvegarder l’unité et de s’opposer à la scission ; d’assurer une unité authentique et de s’opposer à l’unité fictive ; de défendre la base commune de l’unité du mouvement communiste international et de s’opposer à toute activité desape contre elle ; de sauvegarder et de renforcer l’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sur la base des Déclarations de Moscou.

    Le Parti communiste chinois a toujours estimé que l’unité du camp socialiste et celle du mouvement communiste international sont les sûrs garants de la victoire de la révolution des peuples de tous les pays, de la victoire de la lutte contre les impérialistes et leurs valets, de la victoire de la lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme, de la victoire du communisme dans le monde. Cette unité a pour base le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, ainsi que les Déclarations de Moscou de 1957 et de 1960. Ces deux documents, d’une grande portée historique, adoptés à l’unanimité par les partis communistes et ouvriers, constituent le programme commun du mouvement communiste international.

    L’unité ne peut être renforcée, l’unité authentique ne peut être obtenue qu’en s’en tenant strictement à ces documents ; les enfreindre ne peut que porter atteinte à l’unité, aboutir à une unité fictive. Défendre résolument les principes révolutionnaires et les principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, combattre implacablement toute parole et tout acte allant à rencontre des Déclarations, tel est le devoir sacré de tous les communistes du monde.

    Le Parti communiste chinois a œuvré inlassablement pour la sauvegarde et le renforcement de l’unité du camp socialiste et de l’unité du mouvement communisteinternational. En 1956, l’impérialisme, les réactionnaires de divers pays et le révisionnisme yougoslave ont déclenché une campagne antisoviétique, anticommuniste sur le plan mondial et manigancé une rébellion contre­révolutionnaire en Hongrie. Le Parti communiste chinois et d’autres partis frères ont riposté par une lutte résolue, défendant ainsi le marxisme-léninisme et le camp socialiste.

    Aux Conférences de Moscou de 1957 et de 1960, le Parti communiste chinois et les partis frères ont, par leurs efforts communs et après d’amples consultations, élaboré la ligne de conduite commune du mouvement communiste international et fixé les principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères.

    Au cours de tion nationale, la démocratie et le socialisme, de la victoire du communisme dans le monde. Cette unité a pour base le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, ainsi que les Déclarations de Moscou de 1957 et de 1960. Ces deux documents, d’une grande portée historique, adoptés à l’unanimité par les partis communistes et ouvriers, constituent le programme commun du mouvement communiste international.

    L’unité ne peut être renforcée, l’unité authentique ne peut être obtenue qu’en s’en tenant strictement à ces documents ; les enfreindre ne peut que porter atteinte à l’unité, aboutir à une unité fictive. Défendre résolument les principes révolutionnaires et les principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, combattre implacablement toute parole et tout acte allant à rencontre des Déclarations,tel est le devoir sacré de tous les communistes du monde.

    Le Parti communiste chinois a œuvré inlassablement pour la sauvegarde et le renforcement de l’unité du camp socialiste et de l’unité du mouvement communiste international. En 1956, l’impérialisme, les réactionnaires de divers pays et le révisionnisme yougoslave ont déclenché une campagne antisoviétique, anticommuniste sur le plan mondial et manigancé une rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie. Le Parti communiste chinois et d’autres partis frères ont riposté par une lutte résolue, défendant ainsi le marxisme-léninisme et le camp socialiste.

    Aux Conférences de Moscou de 1957 et de 1960, le Parti communiste chinois et les partis frères ont, par leurs efforts communs et après d’amples consultations, élaboré la ligne de conduite commune du mouvement communiste international et fixé les principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères.

    Au cours de ces deux Conférences, nous avons mené la lutte qui s’imposait contre certaines tendances incorrectes et défavorables à l’unité, et dans certaines questions, nous avons passé les compromis jugés nécessaires, contribuant ainsi à l’accord unanime auquel parvinrent les Conférences.

    Au XXIIe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique en 1961, pour la première fois se produisit un grave incident un parti frère, en l’occurrence le Parti du Travail d’Albanie, était attaqué publiquement et nommément au congrès d’un autre parti et la délégation du Parti communiste chinois exprima résolument son opposition et formula sincèrement un conseil.

    Nous avons fait remarquer alors que cette pratique « ne contribuait en rien à l’unité ni à la solution du problème. On ne peut considérer comme une attitude marxiste-léniniste sérieuse celle d’étaler devant l’ennemi les controverses entre partis frères et pays frères. Pareille attitude ne fera qu’affliger les nôtres et réjouir l’ennemi.

    Le Parti communiste chinois espère sincèrement que les partis frères entre lesquels existent controverses et divergences s’uniront à nouveau sur la base du marxisme­ léninisme, sur la base du respect mutuel, de l’indépendance et de l’égalité ».

    Il est regrettable que les efforts déployés par nous n’aient pu empêcher les relations soviéto-albanaises de se détériorer par la suite. Nos bonnes intentions ont même fait l’objet de reproches répétés de certaines gens.

    En avril 1962, animé du désir de défendre les principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères et de renforcer l’unité, le Parti communiste chinois a soutenu activement les propositions faites par des partis frères en vue d’apporter une détente dans les relations, d’améliorer l’atmosphère, et il a fait savoir officiellement dans une lettre adressée au parti frère intéressé qu’une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays devait être convoquée afin d’aplanir les divergences et de renforcer l’unité par des débats et consultations en toute camaraderie.

    Nous avons également fait ressortir qu’en attendant la convocation de cette conférence, les partis frères devaientaccomplir un important travail préparatoire, notamment cesser d’attaquer un autre parti frère à la radio et dans la presse, dans le but de créer des conditions favorables à la réunion et d’en assurer le succès.

    Nous déplorons vivement que les propositions, fort positives, faites par le Parti communiste chinois et d’autres partis frères n’aient pas trouvé d’écho chez le parti frère intéressé et que, au contraire, la pratique allant à rencontre des principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères, en particulier la manière d’agir indigne qui consiste à se servir du congrès d’un parti pour attaquer publiquement et nommément d’autres partis frères, soit tombée de mal en pis.

    Aux récents Congrès de plusieurs partis frères, on a continué à attaquer le Parti du Travail d’Albanie, on a attaqué également le Parti communiste chinois et, à un de ces Congrès, on a attaqué aussi le Parti du Travail de Corée.

    Le courant qui va contre les deux Déclarations de Moscou et mine l’unité du mouvement communiste international a atteint de nouveaux sommets au 6ème Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne.

    Là, on s’est employé de plusieurs côtés à couvrir la clique révisionniste yougoslave, tandis que les délégués des partis frères ayant critiqué le révisionnisme yougoslave conformément à la Déclaration de Moscou de 1960 ont été traités d’une façon qui n’a rien à voir avec la camaraderie, d’une façon tout à fait brutale. Cette manière d’agir est extrêmement grossière et ne sert à rien.

    Aux yeux de certains camarades, il est intolérable et illicite de s’en tenir aux principes de la Déclaration de Moscou de 1960, qui a été adoptée à l’unanimité par les partis frères, tandis que le révisionnisme yougoslave, critiqué par cette même Déclaration, devrait être bien accueilli et être licite.

    Ces mêmes camarades, d’une part, attaquent sans retenue les camarades qui s’en tiennent au marxisme-léninisme, et d’autre part font tout pour s’unir avec des révisionnistes achevés ; d’une part ils cherchent par tous les moyens à ôter aux délégués des partis frères qui s’opposent au révisionnisme yougoslave la possibilité de prendre la parole, d’autre part ils applaudissent ceux qui ont trahi le marxisme-léninisme. Que cette situation inqualifiable soit le résultat d’un plan minutieusement préparé, ne fait qu’en accroître la gravité.

    Nous nous voyons dans l’obligation de déclarer avec tout le sérieux exigé que le mouvement communiste international se trouve à un tournant critique.

    Les deux Déclarations de Moscou qui constituent la base commune de l’unité des partis communistes et ouvriers sont en grand danger d’être déchirées ouvertement. L’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sont gravement menacées.

    A l’heure actuelle, dans le mouvement communiste international, l’attitude à adopter envers le révisionnisme yougoslave ne constitue pas un problème mineur, mais un problème majeur ; c’est une question qui concerne non pas la partie mais le tout ; ou on s’en tient au marxisme-léninisme ou on fait cause commune avec le révisionnisme yougoslave ; ou on base l’unité sur les Déclarations de Moscou ou on base « l’unité » sur le programme révisionniste yougoslave ou sur autre chose encore.

    Ce problème touche à l’unité, et il s’agit ou bien de renforcer réellement celle-ci ou de n’en parler que du bout des lèvres, tout en créant, en fait, la scission. En fin de compte, il s’agit ou de se conformer rigoureusement aux Déclarations de Moscou ou de les déchirer.

    La Déclaration de Moscou de 1960 dit très clairement : « Les partis communistes ont condamné à l’unanimité la variante yougoslave de l’opportunisme international, qui est une expression concentrée des ‘théories’ des révisionnistes contemporains.

    Ayant trahi le marxisme-léninisme, proclamé par eux périmé, les dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie ont opposé à la Déclaration de 1957 leur propre programme révisionniste et antiléniniste. Ils ont opposé la L.C.Y.

    À tout le mouvement communiste international, ont détaché leurs pays du camp socialiste, l’ont fait dépendre de la soidisant ‘aide’ des impérialistes, américains et autres, et ont mis ainsi le peuple yougoslave en danger de perdre les conquêtes révolutionnaires qu’il avait acquises au prix d’une lutte héroïque.

    Les révisionnistes yougoslaves se livrent à des agissements subversifs contre le camp socialiste et le mouvement communiste mondial. Sous prétexte de mener une politique en marge des blocs, ils déploient une activité qui porte préjudice à l’unité de toutes les forces et de tous les Etatspacifiques. Les partis marxistes-léninistes ont toujours pour tâche impérieuse de dénoncer les dirigeants des révisionnistes yougoslaves et de lutter énergiquement pour préserver le mouvement communiste et le mouvement ouvrier des idées antiléninistes des révisionnistes yougoslaves. »

    La position du Parti communiste chinois vis-à-vis du révisionnisme yougoslave est exactement celle définie dans la Déclaration de Moscou de 1960, la position qui est et doit être celle de tous les partis marxistes-léninistes.

    Cette position est diamétralement opposée à celle des révisionnistes yougoslaves. Ceux-ci sont fondamentalement opposés à la Déclaration de Moscou de 1957 et également à la Déclaration de Moscou de 1960 ; de plus, ils opposent leur programme révisionniste au programme commun des partis communistes et ouvriers de tous les pays.

    Dans le programme de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, la clique Tito nie l’antagonisme fondamental existant entre le camp socialiste et le camp impérialiste, préconise l’adoption de la position « super-bloc » ; elle rejette la doctrine de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat, en prétendant que « l’intégration pacifique » des pays capitalistes dans le socialisme est possible ; ils qualifient la propriété du peuple entier dans les pays socialistes de « capitalisme d’Etat » ; ils prétendent en outre que le marxisme-léninisme est « périmé ».

    Comme l’eau l’est avec le feu, tout ceci est incompatible avec les thèses marxistes-­léninistes des deux Déclarations de Moscou.

    Dans le communiqué de la neuvième session plénière du Comité central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, publié après la Conférence de Moscou de 1957, c’est-à-dire en décembre 1957, il est dit : « La session plénière considère que la délégation, poursuivant la ligne politique du Comité central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, a eu raison de ne pas assister à la Conférence des 12 Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes et de ne pas signer la Déclaration de cette Conférence, qui contient des points de vue et appréciations en contradiction avec les points de vue de la Ligue des Communistes de Yougoslavie et considérés par elle comme incorrects. »

    Quant à la Déclaration de Moscou de 1960, la clique Tito l’a attaquée avec plus de virulence encore.

    C’est Vlahovic lui-même, délégué de la clique Tito, accueilli par certains avec un enthousiasme tenant du délire au Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne, qui déclarait, en février 1961, à la réunion élargie du Comité exécutif central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie : « La Conférence de Moscou a suivi une ligne recherchant des compromis entre divers points de vue et tendances, une ligne ‘de création de modèles, de nivellement mécanique et d’établissement de règles tactiques uniformes pour la lutte’, de sorte que, dans cette Déclaration, les points de vue et les tendances reflétant des courants sociaux contemporains objectifs dans le monde ont été confondus avec des concepts bureaucratico-dogmatiques, dont l’exemple le plus évident réside dans l’attitude adoptée envers la Yougoslavie socialiste ».

    A propos de la Déclaration de Moscou de 1960, la résolution adoptée au cours de cette réunion de février 1961 de l’organe central de la L.C.Y. disait : « La Déclaration de Moscou ne peut qu’avoir des conséquences préjudiciables non seulement pour la cause du socialisme mais aussi pour les efforts en faveur du renforcement de la paix mondiale. »

    Est-il juste ou non de critiquer le révisionnisme yougoslave ? La question ne faisait, en fait, aucun doute dans les rangs du mouvement communiste international. La position de principe du Parti communiste chinois, qui est l’opposition résolue au révisionnisme yougoslave, fut approuvée par d’autres partis frères. Ainsi, on se souvient qu’en juin 1958, le camarade Khrouchtchev disait au VIIe Congrès du Parti communiste de Bulgarie : « Les camarades chinois et les autres partis frères ont eu raison de soumettre à une critique approfondie les propositions révisionnistes contenues dans le projet de programme de la Ligue des Communistes de Yougoslavie. »

    On se souvient encore que, lors du précédent Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne, c’est-à-dire lors du Ve Congrès qui eut lieu en juillet 1958, il n’y eut pas de divergences entre les partis communistes et ouvriers sur la question de savoir si le révisionnisme yougoslave devait ou ne devait pas être critiqué. Le camarade Khrouchtchev déclara alors : « Les points de vue antimarxistes, antiléninistes des dirigeants yougoslaves ont été soumis à une critique de principe approfondie par le Parti communiste chinois, le Parti socialiste unifié d’Allemagne et tous les autres partis frères. Dans les décisions prises par leurs organismes dirigeants et dans les articles de la pressedu Parti, tous les partis ont adopté une position claire et nette et condamné ces points de vue, en accordant une attention des plus grandes à leur analyse critique. Et ceci est juste. »

    Il déclara également : « . . . quand les personnalités yougoslaves déclarent qu’elles sont des marxistes-léninistes et se servent uniquement du marxisme-léninisme comme d’un manteau pour induire les crédules en erreur et pour les écarter de la voie de la lutte de classes révolutionnaire indiquée par Marx et Lénine, elles veulent arracher des mains de la classe ouvrière l’arme de classe la plus aiguisée. Qu’elles le veuillent ou non, les personnalités yougoslaves aident l’ennemi de classe du peuple travailleur, et en échange, elles obtiennent des prêts ; en échange, les impérialistes font l’éloge de leur politique ‘indépendante’, ‘super-bloc’, que les forces réactionnaires utilisent pour tenter de saper notre camp socialiste ».

    Il ajouta : « Dans leurs discours et documents officiels, les dirigeants yougoslaves ont avancé ouvertement des points de vue révisionnistes incompatibles avec l’essence révolutionnaire du marxisme-léninisme. Ils ont nettement adopté une ligne schismatique, révisionniste, et par là, ils aident les ennemis de la classe ouvrière dans leur lutte contre le communisme, dans la lutte des impérialistes contre les partis communistes et contre l’unité du mouvement ouvrier révolutionnaire international ».

    Et de poursuivre : « Dans son essence, le programme des dirigeants yougoslaves est une mauvaise version d’un jeu de plates-formes révisionnistes des social-démocrates dedroite. Les dirigeants yougoslaves ne suivent donc pas la voie de la doctrine révolutionnaire du marxisme-léninisme ; ils suivent la voie frayée par les révisionnistes et les opportunistes de la Ile Internationale ? Bernstein, Kautsky et autres renégats. En fait, ils ont maintenant fait cause commune avec la progéniture de Karl Kautsky, son fils Bénédict. . . »

    Nous ne pouvons comprendre pourquoi certains camarades, qui avaient adopté une position juste sur la critique du révisionnisme yougoslave, ont maintenant viré de 180 degrés !

    Il a été dit que ceci serait dû au fait que « les dirigeants yougoslaves ont éliminé beaucoup de ce qui était considéré comme des erreurs ». Malheureusement, la clique Tito elle-même n’a jamais admis avoir commis quelque erreur ; il ne pourrait donc être question d’en « éliminer ». Subjectivisme il y a, effectivement, lors qu’on s’obstine à affirmer que la clique Tito a « éliminé » ses erreurs. Nous voudrions demander à ceux qui défendent la clique Tito d’écouter plutôt ses propres déclarations !

    Dès avril 1958, Tito déclarait au Vile Congrès de la Ligue des Communistes de Yougoslavie : « Si quelque côté que ce soit attend de nous que nous renoncions à nos positions de principe dans les questions internationales et intérieures, il ne fait que perdre son temps. »

    En 1959, Kardelj, autre dirigeant de la clique Tito, écrivait plus carrément encore dans une brochure : « II semble à présent que les critiques ne cessent de nous proposer ce àquoi ils se sont mis à renoncer, et qu’ils critiquent en nous ce qu’ils se sont mis à accepter. »

    Tout dernièrement, à Belgrade en décembre 1962, Tito déclarait à sa descente du train qui le ramenait d’Union soviétique : « II est tout bonnement superflu et ridicule de discuter comment la Yougoslavie pourrait maintenant changer sa politique. Nous n’avons nul besoin de changer notre politique. » Et il ajoutait quelques jours après : « J’ai dit là-bas [en Union soviétique] qu’il n’est pas possible que la Yougoslavie change sa politique étrangère. »

    Ces déclarations de Tito et de Kardelj constituent un déni catégorique d’un quelconque changement de la ligne et de la politique révisionnistes de la clique Tito. Effectivement, elle n’a pas du tout changé. Et que font ceux qui racontent à dessein que la clique Tito a « éliminé beaucoup de ce qui était considéré comme des erreurs », sinon débiter des mensonges !

    Ces derniers temps, certains ont parlé abondamment de ce que leurs vues coïncidaient, dans de nombreux problèmes, avec celles de la clique Tito ou s’en rapprochaient. Nous voudrions demander : puisqu’il n’y a eu aucun changement dans la ligne et la politique révisionnistes de la clique Tito, est-ce à dire que ceux ayant parlé de la sorte se sont rapprochés davantage de la ligne et de la politique révisionnistes de la clique Tito ?

    Ce qui est particulièrement surprenant, c’est que certains ont affirmé carrément que les Déclarations de Moscou constituent une « formule stéréotypée ». Ceux-là nepermettent à aucun parti frère de démasquer et de condamner le révisionnisme yougoslave. Ils prétendent que quiconque persiste à le condamner « emploie la loi de la jungle du capitalisme » et « adopte la même morale de » la jungle ». Nous voudrions demander : où veut-on en venir lorsqu’on qualifie de « formule stéréotypée » et de « loi de la jungle du monde capitaliste » la Déclaration de Moscou de 1960, accord réalisé dans l’unanimité par 81 parfis frères ? Veut­on déchirer les Déclarations de Moscou ? 

    S’il y a « morale de la jungle » à condamner le révisionnisme yougoslave conformément à la Déclaration de Moscou de 1960, comment qualifier la morale de ceux qui vont à rencontre des Déclarations de Moscou et veulent littéralement « égorger » un parti frère et un pays frère ?

    Nous avons aussi remarqué que le camarade Togliatti est allé jusqu’à dire : « Cela justifie amplement la position que nous et d’autres avons prise à l’égard des camarades Yougoslaves en corrigeant, parce qu’elle était fausse sur ce point, la résolution de 1960 [Déclaration de Moscou adoptée à l’unanimité par les 81 partis frères ? Note de la Rédaction].9′ Nous voudrions demander de quel droit le camarade Togliatti déclare fausse telle ou telle partie de la Déclaration de Moscou de 1960 adoptée à l’unanimité par les partis frères des différents pays ? De quel droit « corrige »-t-il à sa guise ou déchire-t-il à sa guise un accord international solennel ? Si un ou plusieurs partis peuvent « corriger » à leur guise les accords réalisés à l’unanimité par tous les partis communistes et ouvriers, quels principes seraient à observer en commun ?

    De toute évidence, certains traitent avec mépris des documents solennels adoptés à l’unanimité par le mouvement communiste international ; ils refusent de s’en tenir à des documents portant leur signature et, de plus, ils insultent ceux qui s’y conforment. C’est de la pure perfidie.

    Ici, nous tenons à souligner que ceux qui font tant de zèle pour réhabiliter la clique Tito cherchent, avec la question yougoslave, à pratiquer une brèche pour, ensuite, mettre en pièces les deux Déclarations de Moscou. 

    Si cette tentative devait aboutir, cela reviendrait à dire que la critique du révisionnisme yougoslave faite, durant toutes ces années, par les partis communistes et ouvriers est fausse, et que la clique du renégat Tito a raison ; cela reviendrait à dire également que les deux Déclarations de Moscou sont erronées et que le programme révisionniste yougoslave est juste ; cela reviendrait à dire que les principes fondamentaux du marxisme-léninisme sont dépassés, qu’on ne doit plus combattre le révisionnisme moderne, et, à plus forte raison, le considérer comme le principal danger menaçant le mouvement communiste international ; cela reviendrait à dire qu’il faut emboîter le pas à la clique Tito et « faire cause commune avec la progéniture de Karl Kautsky, son fils Bénédict ».

    S’il en était ainsi, la stratégie et la tactique du mouvement communiste international devraient être complètement modifiées, et la ligne capitulationniste du révisionnisme devrait être substituée à la ligne révolutionnaire du marxisme-léninisme. S’il en était ainsi, quelle base commune les partis communistes et ouvriers des divers pays auraient-ils encore pour s’unir ? N’est-ce pas là chercher délibérément à scinder le mouvement communiste international ?

    A l’heure actuelle, les partis communistes et ouvriers ont pour devoir impérieux de défendre les Déclarations de Moscou, de sauvegarder et renforcer, sur la base des deux Déclarations, l’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international. Nous sommes fermement pour l’unité basée sur les Déclarations de Moscou et résolument contre l’ »unité » basée sur le programme révisionniste yougoslave ou sur autre chose encore.

    C’est dans ce sens que le Parti communiste chinois déploiera inlassablement ses efforts, de concert avec tous les autres partis frères.

    La cause du prolétariat a toujours eu un caractère international. Les communistes de tous les pays doivent s’unir dans la lutte commune pour faire triompher cette cause commune. Sans la solidarité et l’unité basées sur l’internationalisme prolétarien, aucun pays ne peut remporter ni consolider la victoire dans sa cause révolutionnaire.

    La seule voie juste pour sauvegarder et renforcer cette unité ne peut qu’être celle du respect des principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou.

    Ces principes sont : L’union basée sur le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, l’entraide et l’appui mutuel, l’indépendance et l’égalité en droits, et l’unanimité des vues par voie de consultations. Appliquer consciencieusement ou non les principes régissant lesrapports entre partis frères et entre pays frères, voilà le premier critère qui permet de juger si un communiste défend réellement ou non l’unité du mouvement communiste international.

    Tous les partis frères sont liés par les Déclarations de Moscou, ces deux documents de valeur internationale adoptés à l’unanimité par les partis communistes et ouvriers. Ceux-ci ont pour devoir de les respecter et non pas de les violer.

    Modifier les Déclarations de Moscou ou les proclamer nulles et non avenues est un droit que ne peut s’arroger un parti ni des partis, quels qu’ils soient. Au sein du mouvement communiste international, les résolutions de n’importe quel parti frère, qu’elles soient justes ou erronées, n’engagent que ce seul parti, quelle que soit l’importance de la position qu’il assume et du rôle qu’il joue.

    Suivant les principes définis dans les Déclarations de Moscou, imposer le programme, les décisions, l’orientation ou la politique d’un parti à d’autres partis frères est chose inadmissible ; de même, les propos, irresponsables et contradictoires, qu’un dirigeant d’un parti tient un jour, puis un autre, ne peuvent être considérés comme des principes sacro-saints ; ni peut-on exiger des autres partis frères qu’ils s’y soumettent ; ni peut-on, de façon tout arbitraire, bouter tel ou tel parti frère hors du mouvement communiste international ou y introduire un renégat du marxisme-léninisme, par la seule volonté d’un parti ou de plusieurs partis.

    Etant donné que la situation internationale est complexe et évolue rapidement, étant donné que les conditions dans lesquelles se trouve chacun des partis frères diffèrent grandement, les divergences d’opinions sur tel ou tel problème sont inévitables entre les partis frères des divers pays.

    L’important, lorsque des divergences surgissent entre partis frères, c’est que ceux-ci doivent, suivant les principes régissant les rapports entre partis frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, aplanir ces divergences et parvenir à l’unanimité des vues par voie intérieure et par consultations engagées sur un pied d’égalité ; il ne faut absolument pas divulguer ces divergences, face à l’ennemi, ni utiliser la presse et d’autres instruments de propagande pour attaquer publiquement les partis frères, et encore moins utiliser le congrès d’un parti dans ce même but. Il est évident que si l’on attaque publiquement aujourd’hui un parti frère et demain un autre, il ne peut être question de l’unité du mouvement communiste international.

    Nous estimons que parler, d’une part, de cesser les attaques, tout en continuant, d’autre part, à en lancer, n’est absolument pas une attitude digne d’un communiste honnête.

    Comme l’a souligné le chef de la délégation du Parti du Travail de Corée à ce Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne : « Tout en parlant beaucoup, au cours de ce Congrès, qui n’est pas une conférence internationale des partis frères, de l’arrêt des controverses publiques portant sur les divergences de vues et du renforcement de l’unité, des divergences de vues entre partis frères ont été une fois de plus soulevées, et en particulier on a adressé des critiques unilatérales contre le Parti communiste chinois. Une telle attitude ne peut être considérée, à notre avis, comme amicale et digne de camarades. Elle ne conduit pas à l’unité et à la solidarité que nous voulons tous. »

    Un bon geste utile à l’unité vaut mieux que mille paroles vides de sens sur l’unité. Il est temps de s’arrêter au bord du précipice ! Agir avec retard vaut mieux que ne pas agir. Nous espérons de tout cœur que le parti frère qui a déclenché les attaques mettra ses actes en accord avec ses paroles, qu’il prendra l’initiative de revenir à la voie des consultations inter-partis sur un pied d’égalité et aux principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, définis dans les Déclarations de Moscou.

    Le Parti communiste chinois est profondément conscient de la responsabilité qui lui incombe dans la sauvement les partis frères, et encore moins utiliser le congrès d’un parti dans ce même but. Il est évident que si l’on attaque publiquement aujourd’hui un parti frère et demain un autre, il ne peut être question de l’unité du mouvement communiste international.

    Nous estimons que parler, d’une part, de cesser les attaques, tout en continuant, d’autre part, à en lancer, n’est absolument pas une attitude digne d’un communiste honnête.

    Comme l’a souligné le chef de la délégation du Parti du Travail de Corée à ce Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne : « Tout en parlant beaucoup, au cours de ce Congrès, qui n’est pas une conférence internationale des partis frères, de l’arrêt des controverses publiques portant sur les divergences de vues et du renforcement de l’unité, des divergences de vues entre partis frères ont été une fois de plus soulevées, et en particulier on a adressé des critiques unilatérales contre le Parti communiste chinois. Une telle attitude ne peut être considérée, à notre avis, comme amicale et digne de camarades. Elle ne conduit pas à l’unité et à la solidarité que nous voulons tous. »

    Un bon geste utile à l’unité vaut mieux que mille paroles vides de sens sur l’unité. Il est temps de s’arrêter au bord du précipice ! Agir avec retard vaut mieux que ne pas agir. Nous espérons de tout cœur que le parti frère qui a déclenché les attaques mettra ses actes en accord avec ses paroles, qu’il prendra l’initiative de revenir à la voie des consultations inter-partis sur un pied d’égalité et aux principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, définis dans les Déclarations de Moscou.

    Le Parti communiste chinois est profondément conscient de la responsabilité qui lui incombe dans la sauvegarde et le renforcement de l’unité du camp socialiste et du mouvement communiste international. Comme par le passé, nous n’épargnerons aucun effort pour apporter notre contribution dans ce domaine.

    Le Parti communiste chinois a préconisé encore et encore que soit convoquée une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays, que tout le monde se retrouve autour de la table dans une atmosphère sereine pour qu’à l’issue d’amples débats menés en toute camaraderie, les points ! De vue respectifs soient mis en harmonie, les divergences aplanies et l’unité renforcée surune base nouvelle.

    Nous désirons, de concert avec tous les partis frères, prendre toutes les mesures qui permettront d’apporter la détente dans les relations et qui seront utiles au renforcement de l’unité, en vue d’assainir le climat et de créer les conditions nécessaires à la convocation d’une conférence des partis frères.

    L’impérialisme et tous les réactionnaires, dont les Etats-Unis sont le chef de file, se débattent furieusement et tentent vainement d’entraver et d’inverser le courant de l’époque, de faire obstacle à la libération des nations et peuples opprimés et de saper le camp socialiste. Face à l’ennemi, nous, communistes, devons nous unir plus étroitement que jamais et mener plus fermement encore la lutte commune.

    Les propos et les actes préjudiciables à la lutte contre l’impérialisme et les réactionnaires des différents pays, à la lutte révolutionnaire des peuples, et à l’unité des communistes et celle de tous les peuples révolutionnaires, ne peuvent être approuvés par les communistes du monde entier, ni par le prolétariat et le peuple travailleur de tous les pays, ni par les nations et peuples opprimés, ni par tous ceux qui luttent pour la défense de la paix mondiale. L’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sont la source de notre force et l’espoir des nations et peuples opprimés.

    Plus nous sommes unis, plus les peuples du monde se réjouissent et sont encouragés. Plus nous sommes unis, plus nous sommes à même d’accroître la confiance en la victoire des peuples révolutionnaires et de frapper puissamment l’impérialisme et les réactionnaires de tous les pays.

    Nous ne devrions pas décevoir l’attente des peuples du monde entier. Nous devons nous en tenir à l’unité, nous opposer à la scission. Nous devons avoir une unité authentique, combattre l’unité fictive. Unissons-nous sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, sur la base des deux Déclarations de Moscou !

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  • Article du Drapeau Rouge : La dialectique révolutionnaire et la connaissance de l’impérialisme (1963)

    Article de Chao Tieh-Tchen publié dans le Hongqi, n° 1, janvier 1963

    C’est par son analyse scientifique du développement de la lutte de classes que le marxisme-léninisme dirige les luttes révolutionnaires du prolétariat et de tous les peuples qui aspirent à la libération.

    Quand le prolétariat et le peuple révolutionnaire se trouve sous l’oppression, leurs forces sont toujours de loin inférieures à celles des propriétaires terriens et la bourgeoisie qui, de longue date, occupent une position d’où ils oppriment et dominent.

    Mais, comme ils sont l’histoire en marche, leur force est à même de croître de jour en jour. Et tant qu’ils mènent inlassablement la lutte selon la juste méthode et ont l’audace d’arracher la victoire au moment décisif, ils finissent par triompher des forces dominantes, réactionnaires et décadentes.

    Car, en fin de compte, quelles forces sont réellement puissantes ? Les forces populaires montantes ou les forces réactionnaires décadentes ?

    Les marxistes-léninistes répondent sans la moindre hésitation : ce sont les forces populaires montantes et non pas les forces réactionnaires décadentes. C’est là une réponse profondément scientifique, et hautement révolutionnaire.

    Ainsi, dans la lutte contre l’ennemi de classe, le prolétariat et le peuple révolutionnaire doivent, en premier lieu, opérer une juste appréciation du rapport des forces de classe, en envisageant la situation dans son ensemble, avoir un esprit révolutionnaire intrépide et un grand idéal révolutionnaire, et être fermement convaincus que les forces révolutionnaires, faibles en apparence, l’emporteront à coup sûr sur les forces contre-révolutionnaires, apparemment puissantes.

    Comme le dit Lénine : « Toutes les classes et tous les pays sont considérés sous un aspect non pas statique, mais dynamique, c’est-à-dire non pas à l’état d’immobilité, mais dans leur mouvement (mouvement dont les lois dérivent des conditions économiques de l’existence de chaque classe). Le mouvement est à son tour envisagé du point de vue non seulement du passé, mais aussi de l’avenir, et non pas selon la conception vulgaire des ‘évolutionnistes’, qui n’aperçoivent que les changements lents, mais d’une façon dialectique… » [1].

    Il est évident que c’est seulement en considérant le rapport des forces de classe du point de vue de la dialectique révolutionnaire, comme l’a indiqué Lénine, que le prolétariat et le peuple révolutionnaire peuvent, dans la lutte contre leur ennemi momentanément puissant, arrêter correctement leurs dispositifs stratégiques, et aller, courageusement et pas à pas, jusqu’à la victoire finale.

    C’est précisément ainsi que, face à l’ennemi de classe, les grands éducateurs de la révolution, Marx, Engels et Lénine ont agi dans leurs activités révolutionnaires. Il y a plus d’un siècle, le monde entier se trouvait encore sous la domination de la bourgeoisie, et les communistes, dont Marx, Engels et quelques autres, n’étaient qu’une infime minorité. Sans pouvoir et sans armées, ils osèrent cependant défier le vieux monde et c’est en paroles de feu qu’ils prononcèrent la sentence de mort du système capitaliste.

    Ils disaient : « Sa chute (la chute de la bourgeoisie) et la victoire du prolétariat sont toutes deux inévitables. » Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner » [2].

    Lors de la « révolution de mars » 1848 en Allemagne, les forces du prolétariat étant encore faibles, la bourgeoisie s’empara des fruits de la révolution et s’imagina capable de tout. Marx remarqua avec mépris : « Sur le sol de Berlin, il ne subsiste ni monstres, ni colosse révolutionnaire, mais seulement des créatures de type ancien, de rampantes figures bourgeoises. »

    Il disait qu’elle était semblable à « un vieillard abominable, qui avait pour destin de mener et détourner les premiers élans juvéniles d’un peuple vigoureux dans son propre intérêt sénile, − dépourvu d’yeux, d’oreilles, de dents, de tout − telle était la bourgeoisie prussienne lorsqu’elle se trouva à la barre de l’Etat prussien après la révolution de mars » [3].

    Arrêté par l’ennemi au début de son activité révolutionnaire, Lénine fut interrogé par un commissaire de police : « Pourquoi vous révoltez-vous, jeune homme, alors que vous avez un mur devant vous ? » Lénine répondit imperturbablement : « Un mur, oui, mais pourri ; il n’y a qu’à le pousser, et il sera par terre » [4].

    Au début du XXe siècle, alors que le capitalisme entrait dans le stade impérialiste de son développement, Lénine, s’appuyant sur une abondante documentation, fit une analyse scientifique de la nature de l’impérialisme. Allant droit au cœur du problème, il déclara que l’impérialisme est un capitalisme agonisant et pourrissant.

    Après la victorieuse Révolution d’Octobre en Russie, la Grande-Bretagne, la France, le Japon, les Etats-Unis et d’autres pays impérialistes formèrent une alliance réactionnaire, ils passèrent à l’attaque armée contre le pouvoir des Soviets qui venait de naître et appuyèrent énergiquement les rebellions contre-révolutionnaires des gardes blancs Koltchack et Denikine, dans le but d’étouffer le pouvoir des Soviets au berceau.

    Lénine dit alors, avec la fermeté voulue : « Toutes ces forces (les forces de l’impérialisme mondial) en apparence invincibles et imposantes ne sont pas sûres ni redoutables pour nous, elles sont pourries à l’intérieur, elles nous affermissent de jour en jour et cet affermissement nous permettra de vaincre l’ennemi extérieur et de pousser notre victoire jusqu’au bout » [5].

    Parlant à l’occasion du 2e anniversaire du déclenchement de la Révolution d’Octobre, Lénine rappela : « L’impérialisme mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible que les ouvriers d’un pays arriéré qui tenteraient de s’insurger contre lui pouvaient être taxés de folie.

    Mais aujourd’hui, en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les deux années écoulées, nous voyons que nos adversaires, eux aussi, commencent de plus en plus à nous donner raison. Nous voyons que l’impérialisme que nous considérions comme un colosse extraordinaire s’est révélé aux yeux de tous un colosse aux pieds d’argile » [6].

    Il dit aussi : « Le capitalisme mondial est un vieillard décrépit, mourant, condamné. »

    Tout ceci montre qu’en la personne de Marx, Engels et Lénine, l’esprit hautement scientifique et un esprit révolutionnaire élevé étaient alliés, car ils surent, au-delà de tous les phénomènes superficiels, discerner la nature fragile des forces réactionnaires, puissantes en apparence, et ils eurent l’audace de conduire le prolétariat dans la lutte contre un ennemi provisoirement bien plus puissant. C’est pour cette même raison qu’on a osé porter à l’impérialisme un coup pareil à celui de la grande Révolution d’Octobre, à un moment où les Philistins l’ont considéré comme totalement impossible.

    L’histoire a prouvé que le destin de tous les réactionnaires est tel que l’indique le marxisme-léninisme : leur puissance n’est pas sûre et il ne faut pas la craindre et, en fin de compte, par la lutte des peuples révolutionnaires, les réactionnaires sont irrémédiablement appelés à disparaître. Le tsar était fort en apparence ; mais la tempête de la révolution de février le balaya de la Russie.

    Il y eut un temps où Hitler, Mussolini et l’impérialisme japonais avaient annexé la moitié du monde ou presque ; leur arrogance était telle qu’ils se croyaient tout puissants ; mais le poing de fer du peuple soviétique et des autres peuples les frappa et ils durent capituler devant le peuple.

    Sur la base de la théorie marxiste-léniniste de la lutte des classes, en particulier de la théorie de Lénine au sujet de l’impérialisme, par le bilan d’une expérience historique extrêmement variée et riche, le camarade Mao Tsé-Toung a montré que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, que leur puissance est toute en surface, que sous des dehors consistants ils cachent, en fait, une nature faible, que leurs fanfaronnades ne sont que le masque de leur fragilité, qu’ils ne sont aucunement redoutables.

    Ceci répond en tous points à la façon dont Marx, Engels et Lénine envisageaient l’ennemi de classe.

    Il y a 16 ans que le camarade Mao Tsé-Toung formula la thèse selon laquelle l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier.

    A l’époque, avec la fin de la seconde guerre mondiale, des changements fondamentaux étaient intervenus dans la situation internationale ; un regroupement des forces de classes s’était effectué à l’échelle mondiale ; les bandits fascistes, allemands, italiens, japonais, avaient été battus ; la Grande-Bretagne, la France et d’autres forces impérialistes se trouvaient affaiblies ; le camp socialiste commençait à se former ; les forces des peuples du monde − forces de paix et de démocratie, mouvement d’indépendance nationale − se développaient de jour en jour.

    Cependant, l’impérialisme américain avait pris la relève des fascistes allemands, italiens et japonais, et était devenu le centre et le rempart de la réaction mondiale.

    S’appuyant sur sa puissance économique, accumulée grâce aux profits fabuleux qu’il avait réalisés pendant la guerre, ainsi que sur la « puissance de la bombe atomique » alors uniquement en sa possession, il rassembla les forces réactionnaires de tous les pays, recueillit ce qui restait des forces du fascisme pour mettre sur pied un camp impérialiste et antidémocratique opposé aux forces du socialisme, ainsi qu’à toutes les forces démocratiques, s’imaginant pouvoir dominer le monde sans partage et l’asservir.

    Sur le plan international, comme en Chine, se manifesta alors un contre-courant antisoviétique, anticommuniste et antipopulaire, apparemment puissant. Grâce à la colossale aide militaire et financière de l’impérialisme américain, les réactionnaires tchiangkaïchistes déclenchèrent la guerre contre le peuple chinois, afin d’en anéantir les forces révolutionnaires, et ils s’efforcèrent de répandre le mythe de l’invincibilité de l’impérialisme américain parmi les masses populaires.

    Dans cette situation, où la lutte de classes était tendue et aiguë, comment fallait-il envisager le rapport des forces de classes ? Les forces révolutionnaires pourraient-elles l’emporter sur les forces contre-révolutionnaires ?

    Le problème concernait, au plus haut point, non seulement le peuple chinois, mais aussi tous les autres peuples du monde. Le camarade Mao Tsé-Toung analysa la situation intérieure et internationale d’après la seconde guerre mondiale, à partir de la position révolutionnaire du prolétariat et par la méthode scientifique marxiste-léniniste.

    Il fit ressortir que les contradictions entre le prolétariat et la bourgeoisie des pays impérialistes, les contradictions entre les pays impérialistes, les contradictions entre l’impérialisme d’une part et les peuples des colonies et semi-colonies de l’autre, non seulement existaient toujours, mais allaient s’aggravant et s’élargissant. Ces contradictions se manifestaient avec un relief tout particulier chez l’impérialisme américain.

    La puissance économique de l’impérialisme américain, qui avait grandi durant la guerre, se trouvait, avec l’après-guerre, devant un marché intérieur et international instable, se rétrécissant de jour en jour. Ce rétrécissement continu devait inévitablement engendrer de nouvelles crises économiques.

    Après la guerre, l’impérialisme américain était devenu, sur le plan politique, plus réactionnaire et plus corrompu qu’il ne l’était.

    Le fait que l’impérialisme américain avait groupé autour de lui les forces réactionnaires des divers pays pour en faire l’instrument de sa domination et de son oppression des peuples de ces mêmes pays, a soulevé l’opposition résolue de tous les peuples du monde.

    Ces contradictions irréductibles, auxquelles l’impérialisme américain avait à faire face tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, faisaient songer à un volcan le menaçant à tout moment, et pouvant éclater, engendrer la révolution à chaque instant. Le camarade Mao Tsé-Toung affirma : « L’impérialisme a des bases fragiles, il se désagrège intérieurement, il est détaché du peuple et plongé dans d’inextricables crises économiques ; il peut donc être vaincu » [7].

    A partir de cette analyse, le camarade Mao Tsé-Toung remarqua : « Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant et non pas les réactionnaires. »

    Il ajouta, dans le même ordre d’idées : « Tchiang Kaï Chek et les réactionnaires américains qui le soutiennent sont aussi des tigres en papier. En parlant de l’impérialisme américain, il y a des gens qui semblent le croire terriblement fort et les réactionnaires chinois se servent de cette ‘force’ des Etats-Unis pour effrayer le peuple chinois.

    Mais la preuve sera faite que les réactionnaires américains comme tous les réactionnaires dans l’histoire ne sont pas si forts que cela » [8].

    En considérant l’impérialisme et tous les réactionnaires comme des tigres en papier, le camarade Mao Tsé-Toung a émis un concept stratégique fondamental qui arma idéologiquement le peuple révolutionnaire et renforça sa confiance dans la victoire sur les forces contre-révolutionnaires. Cette pensée a joué un rôle considérable dans la guerre de libération du peuple chinois.

    Depuis plus de 10 ans, la justesse de la thèse du camarade Mao Tsé-Toung, selon laquelle l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, a été vérifiée et démontrée par de nombreux événements survenus dans le monde.

    Et le triomphe de la révolution du peuple chinois en est la preuve éclatante. Le camarade Mao Tsé-Toung a formulé cette thèse au moment même où les réactionnaires tchiangkaïchistes imposaient la guerre civile au peuple chinois. A l’époque, sur le plan du rapport des forces, la supériorité était du côté des réactionnaires tchiangkaïchistes.

    Ceux-ci disposaient d’une armée de plus de 4 millions d’hommes, ils tenaient sous leur domination des régions dont la population représentait plus des deux tiers du pays, ils avaient pris possession de tout l’équipement d’un million de soldats de l’armée d’invasion japonaise et obtenu une énorme aide de l’impérialisme américain. L’armée populaire de libération était de loin inférieure en effectifs et en matériel à l’armée de Tchiang Kaï Chek et elle ne comptait, à l’époque, qu’un million deux cent mille hommes.

    Les régions libérées étaient également beaucoup moins étendues que les régions sous domination du Kuomingtang. Mais à l’issue de l’âpre lutte du peuple chinois, le puissant ennemi fut battu, le point final était mis aux 22 années de la domination réactionnaire de la dynastie tchiangkaïchistes.

    Dans des conditions extrêmement difficiles et au prix d’une lutte longue et âpre, qui dura 8 ans, de 1946 à 1954, le peuple vietnamien a fini par vaincre les colonialistes français que les Etats-Unis soutenaient, mettant un terme à plus de 80 années de domination colonialiste par l’impérialisme français, dans la partie nord du Vietnam.

    Au début de la lutte du peuple algérien contre les colonialistes français, les partisans n’étaient que 3000. Les colonialistes français eurent beau aligner une armée de 800 000 hommes, ils n’ont pu entraver le torrent révolutionnaire du peuple algérien qui, après 7 années de lutte armée, a obligé la France à admettre l’indépendance de l’Algérie et a mis fin à 130 années de domination colonialiste. Tout cela montre amplement que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont faibles, que les forces révolutionnaires du peuple sont puissantes et qu’elles peuvent triompher des impérialistes et de tous les réactionnaires.

    Située à deux pas des Etats-Unis, Cuba est une île, elle a 7 millions d’habitants et 114 000 kilomètres carrés. La lutte révolutionnaire dirigée par Fidel Castro commença avec 12 hommes disposant de 7 fusils. Mais après plus de 2 années de combats héroïques, ils renversèrent la dictature fasciste de Batista, ce valet nourri par l’impérialisme américain.

    Ainsi fut brisé un maillon de la chaîne des impérialistes américains en Amérique latine, dans cet hémisphère occidental où ils avaient l’habitude de faire la loi. Les impérialistes américains vouent une haine implacable à la révolution victorieuse du peuple cubain et cherchent, par tous les moyens imaginables, à renverser le pouvoir révolutionnaire cubain.

    Mais ils craignent ce pays de 7 millions d’hommes, car la justice est du côté du peuple cubain, car à Cuba va la sympathie de tous les peuples du monde. Les impérialistes américains craignent que la révolution cubaine n’influe sur toute l’Amérique latine. La tension créée par eux, il y a deux mois, dans les Caraïbes vise à étouffer cette révolution.

    Cependant, avec le soutien de tous les peuples du monde, le vaillant peuple cubain a combattu fermement, il a frappé durement en riposte aux provocations de guerre de l’impérialisme américain et défendu sa souveraineté et sa révolution.

    La thèse « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » a été rapidement acceptée par les grandes masses des peuples révolutionnaires parce qu’elle répond entièrement à la réalité objective. Le fait a vivement alarmé les impérialistes et tous les réactionnaires.

    Les impérialistes vivent dans la hantise de voir le peuple découvrir les tigres en papier qu’ils sont et, partant, ne leur accorder que mépris. Aussi profitent-ils de toutes les occasions pour se vanter, pour affirmer qu’ils ne sont nullement des tigres en papier, mais des tigres puissants, authentiques.

    Mais la réalité est impitoyable. Le plaidoyer des impérialistes prouve uniquement que la thèse du tigre en papier les a touchés au point sensible, qu’elle les a étalés tels qu’ils sont.

    Certains envisagent la thèse « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » métaphysiquement. Puisque l’impérialisme et les réactionnaires sont des tigres en papier, disent-ils, comment se fait-il qu’ils parviennent encore à se livrer à l’agression et à déclencher des guerres ? Et puisque l’impérialisme et les réactionnaires sont des tigres en papier, disent-ils encore, ne peut-on pas les anéantir sans grand effort ?

    Ces questions montrent que ceux-ci n’entendent absolument rien à la dialectique marxiste. Le marxisme nous enseigne encore et encore, que tout problème doit être envisagé dans son essence, que les liens organiques doivent être dégagés de l’amas des choses en tant que phénomènes, qu’il ne faut pas se laisser tromper par les apparences. Lénine a dit : « Au sens propre, la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses » [9].

    En considérant l’impérialisme et les réactionnaires comme des tigres en papier, le camarade Mao Tsé-Toung s’en prend à leur nature même. D’une part, l’impérialisme et les réactionnaires sont des « tigres », car ils peuvent effrayer et dévorer les hommes, et d’autre part, ils sont « en papier », et leur force n’est pas tellement grande ; c’est là la dualité propre à l’impérialisme et à tous les réactionnaires. Le camarade Mao Tsé-Toung a souligné : « De même qu’il n’y a rien au monde dont la nature ne soit double (c’est la loi de l’unité des contraires), de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont une double nature, ils sont de vrais tigres et en même temps des tigres en papier » [10].

    La dialectique révolutionnaire marxiste est une arme idéologique acérée, parce qu’elle permet de discerner dans les choses existantes les signes de leur fin inéluctables. L’impérialisme et tous les réactionnaires, toujours, « dévoreront les hommes », ils sont féroces avec les peuples, et le seront jusqu’à leur fin. Mais le marxisme fait ressortir les choses telles qu’elles sont, et que, par nature, l’impérialisme qui montre griffes et dents n’est qu’un tigre en papier.

    Ceci a inspiré l’ardeur et la combativité révolutionnaires de tous les peuples opprimés. Pas un ouvrier conscient, pas un simple militant de la lutte révolutionnaire n’estiment la dialectique révolutionnaire difficile à saisir.

    Ils ne prétendront jamais que, puisque l’impérialisme et les réactionnaires sont des tigres en papier, ceux-ci n’opprimeront donc pas leurs peuples ou ne se livreront pas à l’agression à l’extérieur ou qu’une chiquenaude suffirait pour les crever.

    Au contraire, c’est bien parce que les peuples révolutionnaires ont discerné la nature de l’impérialisme qu’ils combattent en toute confiance, avec plus d’héroïsme, de détermination et recourent aux forces populaires pour pousser l’impérialisme et les réactionnaires dans la tombe.

    Ceux qui n’admettent pas que l’impérialisme est un tigre en papier se sont laissé effrayer par la puissance apparente de l’impérialisme et éprouvent envers lui un sentiment fait d’estime et de crainte ; ils considèrent que mépriser le puissant impérialisme serait aller à l’encontre de la réalité. Mais il doit être souligné que la réalité qu’il envisagent n’est que la réalité des Philistins opportunistes.

    De ces opportunistes, Lénine disait qu’ils « ne connaissent qu’un réalisme terre à terre ; la dialectique révolutionnaire du réalisme marxiste, qui met l’accent sur les tâches urgentes de la classe d’avant-garde et découvre dans l’état existant des choses les facteurs qui mèneront à son renversement, leur est totalement étrangère » [11].

    Une caractéristique essentielle des opportunistes, c’est qu’ils ne croient pas à la force du peuple, pas plus qu’ils ne croient que les forces populaires provisoirement en état d’infériorité puissent croître et vaincre l’impérialisme et tous les réactionnaires. Et ils ne peuvent donc accepter la thèse selon laquelle l’impérialisme est un tigre en papier.

    Contrairement à tous les opportunistes, les marxistes-léninistes estiment que la force du peuple est la plus puissante des forces, qu’elle est la force décisive du développement de la société. Toute lutte révolutionnaire donne naissance à une force inépuisable, à condition qu’elle prenne racine dans les masses populaires, que ces masses soient pleinement mobilisées et considèrent cette lutte comme la leur. Cette force est sans pareille et elle est capable de détruire les forces réactionnaires, si puissantes soient-elles.

    C’est en partant de sa confiance dans la force du peuple que Lénine caractérisa l’impérialisme comme un « colosse aux pieds d’argile ».

    Il dit : « Celui qui gagne, dans une guerre est celui qui possède les plus grandes réserves, les plus grandes sources de forces, le plus grand soutien de la masse de son peuple. De tout cela, nous avons plus que n’ent ont les Blancs, plus que n’en a le mondialement puissant impérialisme anglo-français, ce colosse aux pieds d’argile. Nous en avons davantage parce que nous pouvons en puiser et nous en puiserons pendant longtemps encore et de plus en plus profondément parmi les ouvriers et les paysans travailleurs, parmi les classes qui étaient opprimées par le capitalisme et qui comprennent partout l’écrasante majorité de la population » [12].

    Considérant la force du peuple comme la plus vaste des « réserves », Lénine disait : « Nos ennemis, qu’il s’agisse de la bourgeoisie russe ou de la bourgeoisie mondiale n’ont rien qui ressemble, même de loin, à ces réserves ; sous leurs pieds, le sol tremble de plus en plus » [13]. Le concept selon lequel l’impérialisme est un tigre en papier a le même point de départ : la confiance dans la force du peuple. Le camarade Mao Tsé-Toung a souligné : « J’ai dit alors que tous les réactionnaires réputés puissants n’étaient en réalité que des tigres en papier, pour la bonne raison qu’ils étaient séparés du peuple » [14].

    L’impérialisme recourt toujours aux armes dont il dispose pour intimider le peuple, mais quelles que soient ces armes, il n’arrivera jamais à transformer sa faiblesse irrémédiable, qui est d’être coupé du peuple. Nulle arme n’a jamais décidé du sort de l’humanité ; ce sont toujours les masses populaires qui en ont décidé. Et ce n’est pas l’arme nucléaire qui est ce qu’il y a de plus puissant au monde, mais la force du peuple. Aux yeux du peuple révolutionnaire, l’arme nucléaire dont l’impérialisme se sert pour intimider et opérer son chantage est du genre même du tigre en papier et ne parviendra jamais à effrayer les masses.

    Dans leurs attaques contre d’autres théories marxistes-léninistes, les révisionnistes modernes de Yougoslavie ont, il y a longtemps déjà, pris à partie la thèse selon laquelle l’impérialisme est un tigre en papier. Ils en ont dénaturé le sens, la traitant de « prévision de pure fabrication ». Rien d’étonnant si la clique du traître Tito conteste que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier.

    Ces révisionnistes se sont fort écartés du peuple et, en collusion avec les impérialistes, ils cherchent à entraver le mouvement révolutionnaire populaire. Se prosternant devant la puissance de l’impérialisme, ils répandent la crainte de l’impérialisme parmi les masses populaires et tentent ainsi de les faire s’agenouiller devant ce dernier tout comme eux, aussi n’osent-ils ni ne veulent-ils en aucun cas admettre que l’impérialisme est un tigre en papier.

    Partant de sa connaissance de la nature de l’impérialisme et de tous les réactionnaires et se fondant sur la longue expérience de la lutte révolutionnaire de notre pays, le camarade Mao Tsé-Toung a défini la stratégie et la tactique de la révolution, développant ainsi la pensée marxiste-léniniste en matière de stratégie et de tactique. « Pour combattre l’ennemi, dit-il, nous avons longuement formulé le concept que, du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis et, du point de vue tactique, tenir pleinement compte de tous les ennemis. Ce qui veut également dire que nous devons mépriser l’ennemi dans son ensemble, mais en tenir sérieusement compte en ce qui concerne chacune de toutes les questions concrètes » [15].

    Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique signifie que, envisagé dans son essence et à longue échéance, l’ennemi de classe finira par périr, quelle que soit sa puissance du moment ; et que les forces révolutionnaires, si faibles soient-elles à un moment donné, finiront par remporter la victoire. En dernière analyse, la force véritable appartient aux masses populaires et non pas à l’impérialisme et aux réactionnaires.

    C’est pourquoi nous devons oser combattre l’ennemi, renverser la domination de l’impérialisme et de la réaction et arracher la victoire ; alors que la guerre de résistance contre le Japon touchait à sa fin, le camarade Mao Tsé-Toung nous enseigna que, pour renverser les deux montagnes pesant sur le peuple chinois, l’impérialisme et le féodalisme, nous devions faire montre de l’esprit animant « le vieux fou qui enlève les montagnes ».

    Selon le « Lieh Tsé », les monts Taihang et Wangwou étaient très grands et très vastes ; mais un vieillard appelé communément le vieux fou était persuadé que lui-même et ses descendants parviendraient à les enlever à la pioche, le vieux fou savait mépriser « l’ennemi » du point de vue stratégique. Au début de la troisième guerre civile révolutionnaire, le camarade Mao Tsé-Toung souligna que « le millet plus les fusils » du peuple seraient plus puissants que les avions et les tanks de la clique réactionnaire de Tchiang Kaï Chek.

    Plus tard, il ajouta que « la supériorité militaire de Tchiang Kaï Chek n’était que momentanée, qu’elle était un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, que l’aide de l’impérialisme américain était de même un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, alors que le caractère antipopulaire de la guerre de Tchiang Kaï Chek et les sentiments du peuple étaient des facteurs au rôle constant, et que sous ce rapport l’armée populaire de libération détenait la supériorité. Patriotique, juste et révolutionnaire de par sa nature, la guerre menée par l’année populaire de libération devait forcément gagner l’appui du peuple dans le pays tout entier. C’était là la base politique de la victoire sur Tchiang Kaï Chek » [16].

    Ce mépris de l’ennemi du point de vue stratégique est la manifestation d’un esprit révolutionnaire conséquent. Pour les marxistes-léninistes, le plus important est, d’abord et avant tout, d’avoir un courage révolutionnaire, un idéal révolutionnaire et un esprit révolutionnaire pour vaincre l’impérialisme et les réactionnaires, et de fondre élan révolutionnaire et esprit scientifique.

    Tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique signifie que dans chaque situation particulière, dans chaque lutte concrète, il faut tenir pleinement compte de l’ennemi, agir avec prudence, étudier et perfectionner l’art de mener le combat et, selon le temps, le lieu et les conditions, adopter les formes de lutte appropriées, afin d’isoler et d’anéantir graduellement l’ennemi.

    Pour illustrer la nécessité de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique, le camarade Mao Tsé-Toung a usé de la comparaison suivante : « Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une par une et l’ennemi ne peut être écrasé que morceau par morceau. Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une, les paysans ne peuvent labourer la terre que parcelle par parcelle » [17].

    Dans notre lutte contre la clique réactionnaire de Tchiang Kaï Chek, le camarade Mao Tsé-Toung a, d’une part, considéré celle-ci comme un tigre en papier, en montrant l’échec inévitable de la réaction et la victoire certaine du peuple ; et d’autre part, dans chaque lutte concrète contre la clique réactionnaire de Tchiang Kaï Chek, il a toujours pris au sérieux, agi avec prudence, étudié et perfectionné l’art de mener la lutte, combattu toute tendance à la sous-estimation de l’ennemi et l’aventurisme. Il a toujours fait les préparatifs nécessaires à chaque lutte concrète et n’a jamais engagé de combat sans préparation, ou un combat dont l’issue victorieuse n’était pas certaine.

    Pour chaque bataille, il a toujours concentré des forces d’une supériorité absolue, deux, trois, quatre, parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi, pour anéantir celles-ci totalement et remporter la victoire.

    Il a indiqué, en outre, que dans la lutte contre l’ennemi, nous devons non seulement prévoir les éventualités favorables, mais envisager aussi les difficultés de toutes sortes, nous bien préparer à faire face aux plus grandes difficultés possibles. C’est seulement ainsi que nous pourrons rester invincibles.

    La lutte que le peuple révolutionnaire mène contre l’impérialisme et la réaction est ardue et complexe, et la victoire est impossible sans grands sacrifices. La voie de la révolution n’est pas sans vicissitudes, parfois y surgissent difficultés et revers, et certains détours ou replis provisoires sont parfois nécessaires.

    Quand se présente une situation défavorable, il est plus indispensable encore pour le peuple révolutionnaire de s’en tenir fermement au principe stratégique général pour vaincre l’ennemi, s’il veut faire progresser la lutte et transformer la situation à son avantage.

    Si on n’ose mépriser l’ennemi du point de vue stratégique, non seulement perdra-t-on la volonté révolutionnaire dans une situation défavorable, mais, de ce fait, on n’osera pas, même dans une excellente situation révolutionnaire, profiter de l’occasion pour remporter la victoire, et de la sorte la cause révolutionnaire en souffrira.

    D’autre part, c’est précisément parce que la voie de la révolution est sinueuse qu’il faut tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique ; la légèreté et l’imprudence dans la lutte concrète nuiraient également à la révolution.

    Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et en tenir pleinement compte du point de vue tactique doivent être liés de façon dialectique. C’est là un important principe marxiste-léniniste. Tous ceux qui veulent vraiment la révolution et remporter la victoire doivent adopter cette attitude envers l’ennemi. Il n’y a pas et il ne peut y en avoir d’autres.

    Si, dans la lutte révolutionnaire, on s’écarte de ce principe marxiste-léniniste, on versera dans l’opportunisme, sous l’une ou l’autre de ses formes. Si l’on tient pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique, mais n’ose le mépriser du point de vue stratégique, on versera inévitablement dans l’opportunisme de droite.

    Si l’on méprise l’ennemi tant du point de vue stratégique que tactique, on versera inévitablement dans l’aventurisme « de gauche ». Si l’on n’ose mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et que l’on n’en tienne pas pleinement compte du point de vue tactique, on versera dans l’opportunisme de droite sur le plan stratégique et l’aventurisme « de gauche » sur le plan tactique.

    Voilà les conclusions que le peuple chinois a tirées de la longue expérience, faite de succès et de revers, qu’il a accumulée par sa lutte révolutionnaire prolongée. C’est seulement en méprisant l’ennemi du point de vue stratégique, en tenant pleinement compte du point de vue tactique et en liant étroitement les deux que l’on peut s’assurer l’initiative et frapper victorieusement l’ennemi jusqu’à sa défaite totale.

    Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique est une condition préalable essentielle pour en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

    La tactique est régie par la stratégie. Dans la lutte concrète, les tactiques, malgré leur variété, qui est dictée par la diversité des situations, ont toutes la défaite de l’ennemi pour but final si l’on n’ose mépriser l’ennemi du point de vue stratégique, et ne considère pas l’impérialisme et les réactionnaires comme des tigres en papier.

    Ou bien on abandonnera la lutte révolutionnaire, en faisant compromis et accommodements unilatéraux avec l’ennemi jusqu’à la capitulation honteuse, ou bien on adoptera des mesures à la légère, imprudemment et d’une façon aventuriste, dans une lutte concrète donnée.

    Il va sans dire que, dans chacun de ces deux cas, il ne pourrait nullement être question de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique.

    Ce n’est donc qu’en méprisant effectivement l’ennemi du point de vue stratégique que l’on pourra effectivement en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

    Le monde actuel connaît toujours la contradiction fondamentale existant entre l’impérialisme et ses laquais d’une part, et les peuples du monde entier de l’autre. La lutte antiimpérialiste des peules continue à prendre de l’essor dans tous les pays.

    Dans la lutte contre l’impérialisme et les réactionnaires, le danger principal réside dans la surestimation des forces de l’ennemi et la sous-estimation des forces du peuple.

    Ne pas oser considérer l’impérialisme et les réactionnaires comme des tigres en papier revient à ne pas oser mépriser l’ennemi du point de vue stratégique ni étaler sous les yeux des peuples du monde la nature même de l’impérialisme et des réactionnaires, ni mener contre ceux-ci une lutte résolue et conséquente.

    C’est là de l’opportunisme de droite. Liquider l’influence de l’opportunisme de droite parmi les grandes masses populaires, les aider à discerner la nature même de l’impérialisme et des réactionnaires, réaffermir leur confiance et leur détermination révolutionnaires, voilà la tâche de tous les marxistes-léninistes et de tous les révolutionnaires.

    [1] V.I. Lénine : « Karl Marx ». Œuvres, tome 21.

    [2] Karl Marx et Frédéric Engels : « Manifeste du Parti communiste », Œuvres, tome 4.

    [3] Karl Marx et Frédéric Engels : « La bourgeoisie et la contre-révolution », Œuvres, tome 6.

    [4] Voir Biographie de Lénine.

    [5] V. I. Lénine : « Deux années de pouvoir des Soviets », Œuvres, tome 30.

    [6] ibidem.

    [7] Mao Tsé-Toung : « Forces révolutionnaires du monde entier, unissez-vous, combattez l’agression impérialiste ! », Œuvres choisies, tome 4.

    [8] Mao Tsé-Toung : « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong ». Œuvres choisies, tome 4.

    [9] V. I. Lénine : « Résumé des Leçons d’histoire de la philosophie de Hegel », Œuvres, tome 38.

    [10] Mao Tsé-Toung : « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies, tome 4.

    [11] V. I. Lénine : « Les enseignements de la révolution », Œuvres, tome 9.

    [12] V. I. Lénine : « Le bilan de la semaine du Parti à Moscou et nos tâches », Œuvres, tome 30.

    [13] ibidem

    [14] Voir « Le camarade Mao Tsé-Toung sur L’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ».

    [15] ibidem

    [16] ibidem

    [17] Mao Tsé-Toung : « La situation actuelle et nos tâches », Œuvres choisies, tome 4.

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    contre l’hégémonie des superpuissances

  • Éditorial du Quotidien du peuple : Les divergences entre le camarade Togliatti et nous (1962)

    Editorial du Renmin Ribao, 31 décembre 1962


    Le Parti communiste italien, parti du mouvement communiste international, a de glorieuses traditions de combat. Durant les sombres années de la domination mussolinienne, les dures années de la Seconde guerre mondiale et plus tard, les communistes et le prolétariat italiens ont accompli d’admirables exploits par leur lutte héroïque. Les communistes et le peuple chinois ont toujours tenu les camarades du Parti communiste italien et le peuple italien en haute estime.

    Conformément à sa position constante de renforcement de l’amitié entre partis frères, le Parti communiste chinois a, sur invitation, envoyé un délégué au Xe Congrès du Parti communiste italien, qui s’est tenu au début de décembre.

    Nous espérions que ce Congrès aiderait à renforcer la lutte commune contre l’impérialisme et pour la sauvegarde de la paix mondiale, et aussi l’unité du mouvement communiste international.

    Or, à notre grand regret et à l’encontre de notre espoir, le camarade Togliatti et certains dirigeants du Parti communiste italien ont, à ce Congrès, attaqué brutalement le Parti communiste chinois et d’autres partis frères sur une série de questions de principe d’importance majeure, et cela en violation des principes régissant les rapports entre partis frères, principes définis dans les deux Déclarations de Moscou, et au mépris des intérêts de la lutte commune contre l’ennemi du mouvement communiste international.

    Le délégué du Parti communiste chinois à ce Congrès fut donc obligé de déclarer solennellement dans son allocution que nous n’approuvons pas les attaques et calomnies de Togliatti et de certains autres dirigeants du Parti communiste italien contre le Parti communiste chinois.

    Cependant, ‘ Togliatti et ces dirigeants du Parti communiste italien ont déclaré qu’ils « repoussaient . . . et repoussaient avec beaucoup de fermeté » les critiques formulées par le délégué du Parti communiste chinois, ils ont continué à attaquer le Parti communiste chinois et d’autres partis frères, et persisté à mener le « débat en public ».

    Ainsi, le Xe Congrès du Parti communiste italien devint un point saillant du courant contraire apparu dernièrement, courant qui va à l’encontre du marxisme-léninisme et qui sape l’unité du mouvement communiste international.

    Dans ces conditions, nous ne saurions garder le silence et nous abstenir de répondre publiquement aux attaques lancées contre nous par les camarades Togliatti et autres, et au sujet des vues exprimées par eux, en contradiction des principes fondamentaux du marxisme-léninisme et des principes révolutionnaires définis dans les deux Déclarations de Moscou.

    Nous voulons dire en toute franchise qu’il existe entre le camarade Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien d’une part, et nous-mêmes, d’autre part, des divergences de principe sur des problèmes fondamentaux du marxisme-léninisme.

    Après lecture du rapport général de Togliatti au Xe Congrès du Parti communiste italien, des conclusions qu’il y a présentées, ainsi que des thèses du Congrès, on ne peut s’empêcher de constater que Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien s’éloignent de plus en plus du marxisme-léninisme.

    Quoique Togliatti et d’autres camarades aient coutume de dissimuler leurs vues réelles sous un langage obscur, ambigu et à peine compréhensible, le fond de leur pensée apparaît clairement dès le lever de ce voile fort mince.

    Ils se bercent des plus grandes illusions au sujet de l’impérialisme, nient l’existence d’un antagonisme fondamental entre système mondial socialiste et système mondial capitaliste, entre nations opprimées et nations exerçant l’oppression, préconisent la substitution de la collaboration de classe à l’échelle internationale à la lutte de classe à l’échelle internationale et à la lutte contre l’impérialisme, et l’instauration d’un « ordre international nouveau ».

    Ils se font les plus grandes illusions au sujet des capitalistes monopolistes de leur pays, confondent dictature bourgeoise et dictature prolétarienne, deux dictatures de classe de type totalement différent, et prêchent le remplacement de la révolution prolétarienne par le réformisme bourgeois, ou ce qu’ils appellent les « réformes de structure ».

    Ils prétendent les principes fondamentaux du marxisme-léninisme « dépassés », et ils ont altéré les théories marxistes-léninistes sur l’impérialisme, sur la guerre et la paix, sur l’Etat et la révolution, sur la révolution et la dictature du prolétariat. Ils ont rejeté les principes révolutionnaires des deux Déclarations de Moscou, renient les lois communes à toutes les révolutions prolétariennes ou, en d’autres mots, la valeur universelle de la voie de la Révolution d’Octobre, et ils présentent « la voie italienne », qui est celle du renoncement à la révolution, comme la « ligne commune à l’ensemble du mouvement communiste international ».

    En dernière analyse, le point de vue de Togliatti et de certains autres dirigeants du Parti communiste italien en arrive à ceci: le peuple des pays capitalistes ne devrait pas faire la révolution, les nations opprimées ne devraient pas lutter pour leur libération, et les peuples du monde entier ne devraient pas combattre l’impérialisme.

    En fait, tout ceci correspond exactement aux besoins des impérialistes et des réactionnaires.

    Nous ne nous proposons pas de discuter, dans cet article, toutes les divergences entre le camarade Togliatti, certains autres camarades du Parti communiste italien et nous-mêmes. Nous ne donnerons nos vues que sur quelques-unes des importantes questions en cause.

    I

    Le camarade Togliatti et certains autres camarades diffèrent d’avec nous tout d’abord sur la question de la guerre et de la paix. Dans son rapport général au Xe Congrès du Parti communiste italien, Togliatti affirma: « Ce problème a été discuté largement à la Conférence des Partis communistes et ouvriers tenue à Moscou durant l’automne 1960.

    Les camarades chinois mirent alors en avant certaines positions que l’assemblée repoussa. » Il usa délibérément de termes vagues, ne dit pas ce qu’étaient les vues formulées par les camarades chinois mais continua à parler du caractère inéluctable de la guerre comme du point de départ de toute la polémique, ce qui fit apparaître nettement qu’il accusait les communistes chinois de ne pas croire à la possibilité d’empêcher une nouvelle guerre mondiale, et la Chine d’être « belliciste ».

    Cette accusation portée contre le Parti communiste chinois par le camarade Togliatti et d’autres camarades est totalement sans fondement et est pure invention.

    Le Parti communiste chinois a de tout temps eu pour position d’opposer la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme, d’empêcher l’impérialisme de déclencher une nouvelle guerre mondiale, ainsi que de défendre la paix mondiale. Nous avons toujours soutenu que tant qu’existe l’impérialisme, il y a un terrain propice pour les guerres d’agression.

    L’impérialisme entamant une guerre mondiale est un danger qui existe encore.

    Cependant, par suite des nouveaux changements intervenus dans le rapport mondial des forces de classe, les forces mondiales de paix peuvent empêcher l’impérialisme de déclencher une nouvelle guerre mondiale, à condition qu’elles s’unissent, forment un front uni contre la politique d’agression et de guerre des impérialistes, dont les Etats-Unis sont le chef de file, et mènent résolument le combat.

    Si l’impérialisme osait se risquer à imposer une nouvelle guerre mondiale aux peuples, pareille guerre verrait inévitablement la fin de l’impérialisme et la victoire du socialisme. Nous avons avancé ces vues aux Conférences de Moscou de 1957 et de 1960. Les deux Conférences ont inclus ces vues, qui sont nôtres, dans les documents qu’elles adoptèrent, et ne les rejetèrent pas, comme Togliatti le prétend.

    Togliatti et certains autres camarades connaissent parfaitement bien la position du Parti communiste chinois sur le problème de la guerre et de la paix, pourquoi s’obstinent-ils à déformer et à attaquer cette position? Quelles sont les divergences réelles existant entre eux et nous?

    Elles se manifestent principalement dans les trois questions suivantes:

    Primo: Le Parti communiste chinois estime que la source des guerres modernes est l’impérialisme.

    La principale force d’agression et de guerre est l’impérialisme américain, le pire ennemi des peuples du monde. Pour défendre la paix mondiale, il est nécessaire de démasquer sans cesse et complètement la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme, afin que les peuples du monde entier maintiennent une haute vigilance. Le fait que les forces du socialisme, les forces de libération nationale, les forces révolutionnaires populaires et les forces mondiales de la paix l’emportent sur les forces de l’impérialisme et de la guerre n’a pas changé et ne peut changer la nature agressive de l’impérialisme.

    Le bloc impérialiste, dirigé par les Etats-Unis, s’est engagé frénétiquement dans l’accroissement des armements et des préparatifs de guerre, et il menace la paix mondiale. Ceux qui attaquent le Parti communiste chinois et, par calomnie, prétendent qu’il ressort de notre inlassable dénonciation de l’impérialisme, et plus particulièrement des plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain, que nous ne croyons pas à la possibilité d’éviter une guerre mondiale; ceux-là s’opposent en fait à la dénonciation de l’impérialisme.

    Ils s’y sont opposés ouvertement en de nombreuses occasions.

    Quoiqu’ils admettent en paroles que la nature de l’impérialisme n’a pas changé, en réalité, ils cherchent par tous les moyens à enjoliver l’impérialisme et à répandre dans les masses populaires des illusions à son sujet, et particulièrement au sujet de l’impérialisme américain.

    On se souvient qu’il y a trois ans, après les « entretiens de Camp David », il s’est trouvé des gens, au sein du mouvement communiste international, pour parler abondamment du sincère désir de paix d’Eisenhower, affirmant que ce meneur de l’impérialisme américain était tout aussi préoccupé par la paix que nous. On se souvient également que, lors de son arrivée en Italie durant sa visite à l’Europe en décembre 1959, certains camarades du Parti communiste italien allèrent jusqu’à placarder des affiches, distribuer des tracts, et inviter à lui faire bon accueil, appelant tous les partis politiques et les personnalités de tous les milieux d’Italie à « saluer » Eisenhower.

    Un des mots d’ordre de bienvenue disait ceci: « Les communistes de Rome saluent Eisenhower et, au nom des 250.000 électeurs de la capitale, expriment la conviction et le vœu que le grand espoir de paix né dans le cœur des peuples de tous les pays par la rencontre du président des Etats-Unis et du président du Conseil de l’U.R.S.S. ne s’évanouisse pas en fumée. » (voir L’Unita du 4 décembre 1959.)

    On entend de nouveau, maintenant, des gens qui affirment Kennedy plus intéressé encore par la paix mondiale que ne l’était Eisenhower et qu’il a donné la preuve de l’intérêt qu’il porte au maintien de la paix dans la crise des Caraïbes.

    On aimerait demander: cette façon d’embellir l’impérialisme américain, est-ce là la juste orientation pour la défense de la paix mondiale? L’envoi par l’administration Eisenhower d’avions-espions violant l’espace aérien de l’U.R.S.S., l’agression contre Cuba par l’administration Kennedy, les nombreux actes d’agression de l’impérialisme américain partout dans le monde et ses menaces contre la paix mondiale, tout cela ne prouve-t-il pas à suffisance que ces chefs de file de l’impérialisme américain ne sont nullement des messagers de la paix mais bien des démons de la guerre? Et ceux qui n’ont cessé d’enjoliver l’impérialisme ne trompent-ils pas délibérément les peuples du monde?

    Il est clair comme le jour que si l’on s’en tenait aux dires de ces gens-là, l’impérialisme américain aurait cessé d’être l’ennemi de la paix mondiale, et partant, il ne serait plus nécessaire de combattre sa politique d’agression et de guerre; cette vue erronée, qui va carrément à l’encontre des Déclarations de Moscou, ne peut que désorienter tous les peuples du monde attachés à la paix, nuire à la lutte pour la paix mondiale et aider l’impérialisme américain à appliquer sa politique d’agression et de guerre.

    Secundo: Le Parti communiste chinois estime que la paix mondiale ne peut être solidement assurée que par le renforcement constant du camp socialiste, le renforcement constant du mouvement national et démocratique d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, le renforcement constant de la lutte révolutionnaire des peuples de tous les pays, le renforcement constant du mouvement pour la défense de la paix mondiale et par la lutte résolue contre l’impérialisme, ayant les Etats-Unis comme chef de file. Pour réaliser la paix mondiale, il faut compter essentiellement sur la force des masses populaires du monde entier et sur leur lutte.

    Dans la lutte pour la défense de la paix mondiale, il est nécessaire d’entamer des pourparlers sur tel ou tel problème avec les gouvernements des pays impérialistes, y compris le gouvernement des Etats-Unis, en vue de relâcher la tension internationale, pour parvenir à quelque compromis et passer certains accords, à condition que pareils compromis et accords ne nuisent pas aux intérêts fondamentaux du peuple. Toutefois, la paix mondiale ne peut jamais être réalisée par la négociation seule et nous ne devons, en aucun cas, mettre nos espoirs dans l’impérialisme et nous séparer de la lutte des masses populaires.

    Ceux qui attaquent le Parti communiste chinois déforment ce juste point de vue qui est nôtre, le présentant comme un manque de foi dans la possibilité de conjurer la guerre mondiale; en fait, ils ne croient pas, eux, à la possibilité d’empêcher la guerre mondiale, en prenant appui sur la force des masses populaires et leurs luttes, et ils sont opposés à ce qu’on s’appuie sur elles.

    Ils veulent que les peuples croient à la « raison », aux « engagements » et aux « bonnes intentions » de l’impérialisme et qu’ils placent leurs espoirs en la paix mondiale dans les « arrangements mutuels », les « concessions réciproques », les « accommodements mutuels » et les « compromis raisonnables » avec l’impérialisme. Ils n’hésitent pas à empiéter sur les intérêts fondamentaux des peuples, à jeter les principes révolutionnaires par-dessus bord et même à exiger que d’autres sacrifient aussi les principes révolutionnaires, en quémandant la paix à l’impérialisme.

    D’innombrables faits historiques montrent qu’il est impossible de parvenir à une paix véritable en portant préjudice aux intérêts fondamentaux du peuple, en rejetant les principes révolutionnaires et en quémandant la paix à l’impérialisme. Au contraire, cela ne peut qu’accroître l’arrogance des agresseurs impérialistes.

    Le camarade Fidel Castro a dit fort justement: « La voie de la paix n’est pas celle qui consiste à sacrifier les droits du peuple ou à empiéter sur eux, parce que cela, c’est précisément la voie qui mène à la guerre. »

    Tertio: Le Parti communiste chinois estime que la lutte pour la défense de la paix mondiale d’une part, et le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples d’autre part, sont inséparables et se soutiennent mutuellement. Le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples sont une grande force qui affaiblit les forces de guerre de l’impérialisme et défend la paix mondiale.

    Plus le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples se développent, plus ils favorisent la lutte pour la défense de la paix mondiale. Les pays socialistes, les communistes de tous les pays et tous les peuples du monde attachés à la paix doivent soutenir résolument le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples, ils doivent soutenir résolument la guerre de libération nationale et la guerre révolutionnaire du peuple.

    En qualifiant notre juste position de « belliqueuse », ceux qui attaquent le Parti communiste chinois opposent en fait la lutte pour la défense de la paix mondiale au mouvement de libération nationale et à la lutte révolutionnaire des peuples, à la guerre de libération nationale et à la guerre révolutionnaire du peuple.

    D’après eux, tout ce que les nations et peuples opprimés ont à faire, c’est d’accepter les « dons » des impérialistes et des réactionnaires et non de lutter contre eux, car ce serait faire obstacle à la paix mondiale. Ceux-là affirment que si les nations et peuples opprimés opposaient la guerre révolutionnaire à la guerre contre-révolutionnaire, lorsqu’ils sont confrontés avec la répression de l’impérialisme et de la réaction, il en résulterait des « conséquences irréparables ».

    Cette position erronée peut uniquement signifier que ceux-là sont contre la révolution par les nations et peuples opprimés et qu’ils veulent que ces nations et, peuples opprimés renoncent à la lutte et à la guerre révolutionnaires et se soumettent à jamais à la sombre domination et au joug de l’impérialisme et de la réaction. Les faits montrent que chaque victoire remportée par le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire du peuple est un coup porté aux forces de guerre de l’impérialisme, qu’elle les affaiblit et qu’elle renforce et accroît les forces mondiales de la paix.

    Si l’on craint la révolution et si l’on s’oppose à elle, position entraînant revers et échecs pour les mouvements de libération nationale et la révolution populaire, cela ne nuira qu’aux forces de paix et ne fera qu’accroître le danger d’un déclenchement de la guerre mondiale par l’impérialisme.

    En bref, sur la question de savoir comment empêcher la guerre mondiale et défendre la paix mondiale, le Parti communiste chinois a toujours maintenu qu’il fallait dénoncer énergiquement l’impérialisme, renforcer le camp socialiste, soutenir fermement le mouvement de libération nationale et les luttes révolutionnaires des peuples, unir sur la base la plus large tous les pays et tous ceux attachés à la paix, et en même temps, tirer le profit maximum des contradictions entre nos ennemis et recourir aux pourparlers, de même qu’aux autres formes de lutte.

    Tout cela a précisément pour but de prévenir efficacement la guerre mondiale et de sauvegarder la paix mondiale. Cette position est tout à fait conforme au marxisme-léninisme et aux deux Déclarations de Moscou.

    C’est là la juste orientation permettant d’empêcher la guerre mondiale et de défendre la paix mondiale. Et nous persistons précisément dans celle-ci parce que nous sommes profondément convaincus qu’il est possible d’empêcher la guerre mondiale en s’appuyant sur la lutte commune de toutes les forces dont il a été question plus haut. Comment pareille position peut-elle donc être décrite comme un manque de confiance dans la possibilité d’empêcher la guerre mondiale? Comment peut-on l’appeler « belliqueuse »?

    En agissant comme le préconisent ceux qui attaquent le Parti communiste chinois, c’est-à-dire en enjolivant l’impérialisme, en plaçant ses espoirs de paix en lui, en adoptant une attitude négative et hostile envers le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire du peuple, en s’inclinant devant l’impérialisme et en capitulant devant lui, on n’apportera aux peuples du monde qu’une paix factice ou une vraie guerre. Cette politique est fausse et tous les marxistes-léninistes, tous les révolutionnaires, tous ceux attachés à la paix doivent la combattre résolument.

    II

    Dans la question de la guerre et de la paix, les divergences entre nous et Togliatti et d’autres camarades s’expriment encore de manière frappante dans nos attitudes respectives envers les armes nucléaires et la guerre nucléaire.

    Le Parti communiste chinois a toujours estimé que les armes nucléaires ont une puissance de destruction sans précédent et que ce serait une catastrophe sans précédent pour l’humanité s’il éclatait une guerre nucléaire. C’est pour cette raison que nous avons toujours été pour l’interdiction générale des armes nucléaires, c’est-à-dire l’interdiction totale des essais, de la fabrication, du stockage et de l’utilisation de ces armes.

    Notre gouvernement a maintes et maintes fois proposé d’établir une zone désatomisée englobant tous les pays d’Asie et du Pacifique, y compris les Etats-Unis. De plus, nous avons toujours soutenu activement toutes les justes luttes des pays et peuples attachés à la paix pour la mise hors la loi des armes nucléaires et l’empêchement de la guerre nucléaire. Les allégations d’après lesquelles le Parti communiste chinois sous-estimerait la puissance destructrice des armes nucléaires et voudrait entraîner le monde dans une guerre nucléaire sont de stupides calomnies.

    Dans la question des armes nucléaires et de la guerre nucléaire, le premier point de divergence entre nous et ceux qui attaquent le Parti communiste chinois porte sur ceci: les principes fondamentaux du marxisme-léninisme en matière de guerre et de paix sont-ils devenus « périmés » avec l’apparition des armes nucléaires?

    Togliatti et certains autres croient que l’apparition des armes nucléaires « a changé le caractère de la guerre », et que « d’autres considérations devraient entrer en ligne de compte pour définir le caractère juste d’une guerre ». Ils estiment, en fait, que la guerre n’est plus le prolongement de la politique, et qu’il n’existe plus aucune différence entre guerres justes et guerres injustes. Par-là, ils rejettent les principes fondamentaux mêmes du marxisme-léninisme à propos de la guerre et de la paix.

    Nous estimons que l’apparition des armes nucléaires n’a pas et ne peut pas modifier les principes fondamentaux du marxisme-léninisme à propos de la guerre et de la paix.

    En fait, les nombreuses guerres qui ont éclaté depuis l’apparition des armes nucléaires ont toutes été un prolongement de la politique, et il y a toujours guerres justes et guerres injustes. En fait, ceux qui estiment que la différence entre guerres justes et injustes a cessé d’être ou bien s’opposent aux guerres justes ou bien refusent de les soutenir, et ils se sont donc laissés aller jusque sur les positions du pacifisme bourgeois qui est contre toutes les guerres.

    La seconde divergence entre nous et ceux qui attaquent le Parti communiste chinois, dans la question des armes nucléaires et de la guerre nucléaire, consiste en ceci: l’avenir de l’humanité doit-il être envisagé avec pessimisme ou avec un optimisme révolutionnaire?

    Togliatti et certains autres parlent abondamment de « suicide de l’humanité », de « destruction de l’humanité », et estiment qu’ »il est vain … de discuter ce que pourrait être l’orientation de ce lambeau de genre humain en ce qui concerne l’organisation sociale ». Nous sommes résolument contre pareils propos pessimistes et désespérés.

    Nous croyons qu’il est possible de parvenir à l’interdiction totale des armes nucléaires dans les conditions où le camp socialiste détient une grande supériorité nucléaire, où la lutte des peuples contre les armes nucléaires et la guerre nucléaire gagne en ampleur et en profondeur et où les impérialistes, se voyant enlever plus encore leur supériorité nucléaire, seront obligés de réaliser que leur politique de chantage nucléaire cesse d’être efficace et que le déclenchement d’une guerre nucléaire aurait pour seul effet de hâter leur destruction. Il y a des précédents dans le domaine de la mise hors la loi d’armes hautement destructrices.

    La conclusion entre différents pays, en 1925, à Genève du Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques en est une preuve.

    Si malgré toutes les mesures prises par nous pour prévenir la guerre nucléaire, l’impérialisme la déclenchait quand même, envers et contre tout, il n’en résulterait que la destruction de l’impérialisme et non la destruction de l’humanité. La Déclaration de Moscou de 1960 dit: « S’il se trouve des impérialistes assez insensés pour déclencher la guerre, les peuples balaieront et enterreront le capitalisme ».

    Tous les marxistes-léninistes ont la profonde conviction que l’évolution de l’histoire ne peut conduire qu’à la destruction de l’arme nucléaire par l’homme et non pas à la destruction de l’humanité par l’arme nucléaire. L’argument des partisans de la théorie de la « destruction de l’humanité », argument qui va à l’encontre des conclusions des documents communs du mouvement communiste international, montre simplement que ceux-ci ont perdu toute confiance en l’avenir de l’humanité et dans le grand idéal communiste, qu’ils sont tombés dans le bourbier du défaitisme.

    La troisième divergence entre nous et ceux qui attaquent le Parti communiste chinois, sur la question des armes nucléaires et de la guerre nucléaire, porte sur la politique à adopter pour pouvoir réaliser efficacement l’interdiction des armes nucléaires et la prévention de la guerre nucléaire.

    Togliatti et d’autres propagent avec zèle la terreur nucléaire, allant même jusqu’à déclarer que « frémir de crainte » devant le chantage nucléaire de l’impérialisme américain est « justifié ».

    « Il faut éviter la guerre à tout prix », proclame Togliatti; ses propos et ceux de certains autres ne reviennent-ils pas à dire que face à la politique de menace et de chantage nucléaires de l’impérialisme américain, il n’y a qu’à se soumettre sans conditions et rejeter du coup tout idéal révolutionnaire, tout principe révolutionnaire? Est-ce là la position que doit adopter un communiste? Une telle façon d’agir peut-elle vraiment empêcher une guerre nucléaire?

    Il est inconcevable que « frémir de crainte » puisse émouvoir l’impérialisme américain jusqu’à le faire renoncer par bienveillance à sa politique d’agression et de guerre et à sa politique de chantage nucléaire. Les faits prouvent le contraire. Plus on « frémit de crainte », plus l’impérialisme américain se déchaînera, plus son appétit grandira, et plus il s’obstinera à jouer de la menace de la guerre nucléaire et à émettre des exigences toujours plus grandes. N’y a-t-il pas eu assez de leçons de ce genre?

    Nous estimons que pour mobiliser les masses populaires dans la lutte contre la guerre nucléaire et les armes nucléaires, il est nécessaire de leur faire connaître l’énorme puissance destructrice de ces armes. On aurait manifestement tort de sous-estimer cette puissance.

    Mais l’impérialisme américain s’efforce de répandre la terreur nucléaire pour pouvoir poursuivre sa politique de chantage nucléaire.

    Dans ces conditions, tout en faisant connaître la puissance destructrice de l’arme nucléaire, les communistes doivent combattre la terreur nucléaire que propage l’impérialisme américain, en montrant qu’il est possible de mettre cette arme hors la loi et d’empêcher la guerre nucléaire; ils doivent faire en sorte que l’aspiration à la paix des masses populaires se transforme en indignation contre la politique de menace nucléaire de l’impérialisme et les amener à lutter contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain.

    Les communistes ne doivent en aucun cas se muer en propagandistes bénévoles de la politique de chantage nucléaire de l’impérialisme américain. Nous estimons qu’il faut la dénoncer à fond, mobiliser le plus largement possible tous les pays et peuples épris de paix pour riposter par une lutte résolue à chaque pas fait par l’impérialisme américain dans l’application de ses plans d’agression et de guerre.

    Nous sommes profondément convaincus que, grâce à la lutte conjointe de toutes les forces sauvegardant la paix, nous parviendrons à mettre sa politique de chantage nucléaire en échec. Voilà la politique juste et efficace pour réaliser l’interdiction des armes nucléaires et empêcher la guerre nucléaire.

    Nous voudrions conseiller à ceux qui attaquent le Parti communiste chinois de renoncer à leurs arguments fallacieux et pessimistes, de croire en la vérité du marxisme-léninisme, de se reprendre et de participer activement à la grande lutte des larges masses populaires contre la politique de chantage nucléaire de l’impérialisme et pour la défense de la paix mondiale.

    III

    Le camarade Togliatti et certains autres camarades s’opposent énergiquement à la thèse marxiste-léniniste du Parti communiste chinois selon laquelle « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ». Dans son rapport général au récent Congrès du Parti communiste italien, Togliatti disait: « Il est . . . faux . . . d’affirmer que l’impérialisme est un simple tigre en papier qu’un coup d’épaule pourrait renverser ». D’autres disent que l’impérialisme a maintenant des dents atomiques, comment pourrait-il être un tigre en papier?

    Les préjugés sont plus éloignés de la vérité que l’ignorance. Si ce n’est par ignorance, c’est intentionnellement que le camarade Togliatti et d’autres camarades ont dénaturé cette thèse du Parti communiste chinois.

    C’est en envisageant les choses du point de vue de l’avenir, dans leur ensemble et dans leur essence, que le camarade Mao Tsé-toung et les communistes chinois comparent l’impérialisme et tous les réactionnaires à des tigres en papier. C’est-à-dire que, en dernière analyse, la force véritable appartient aux masses populaires et non pas à l’impérialisme et aux réactionnaires.

    C’est lors de l’entretien qu’il eut en août 1946 avec la journaliste américaine Anna Louise Strong que le camarade Mao Tsé-toung a avancé cette thèse pour la première fois.

    Les temps étaient difficiles pour le peuple chinois. Les réactionnaires du Kuomintang, fortement soutenus par l’impérialisme américain et bénéficiant d’une grande supériorité en effectifs et en équipement, avaient déclenché une guerre civile à l’échelle nationale. Devant les frénétiques attaques de l’ennemi, devant le mythe de l’invincibilité de l’impérialisme américain, oser ou ne pas oser entreprendre la lutte, mener la révolution et arracher la victoire à l’ennemi, était la question la plus importante dont dépendait le sort de la révolution chinoise et du peuple chinois.

    A ce moment crucial, le camarade Mao Tsé-toung a armé idéologiquement les communistes et le peuple chinois par le point de vue marxiste-léniniste selon lequel « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ».

    Ces paroles du camarade Mao Tsé-toung sont parfaitement claires: « Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant et non les réactionnaires. » « Tchiang Kaï-chek et les réactionnaires américains qui le soutiennent sont aussi des tigres en papier. En parlant de l’impérialisme américain, il y a des gens qui semblent le croire terriblement fort et les réactionnaires chinois se servent de cette ‘force’ des Etats-Unis pour effrayer le peuple chinois.

    Mais la preuve sera faite que les réactionnaires américains, comme tous les réactionnaires dans l’histoire, ne sont pas si forts que cela, »

    Dans son allocution à la Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes tenue à Moscou en novembre 1957, le camarade Mao Tsé-toung a exposé encore une fois cette thèse.

    Il disait: « Tous les réactionnaires réputés puissants ne sont en réalité que des tigres en papier, . . . Pour lutter contre l’ennemi, nous avons formé, au cours d’une longue période, le concept que voici: Du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis, et du point de vue tactique, tenir sérieusement compte de tous les ennemis. Ce qui veut dire aussi que nous devons mépriser l’ennemi dans son ensemble mais en tenir sérieusement compte en ce qui concerne chacune de toutes les questions concrètes.

    Si nous ne méprisons pas l’ennemi dans son ensemble, nous commettrons une erreur d’opportunisme. A eux deux, Marx et Engels, déjà à leur époque ont déclaré que le capitalisme serait renversé dans le monde entier. Mais sur les questions concrètes et sur les questions se rapportant à chaque ennemi en particulier, si nous ne tenons pas suffisamment compte de l’ennemi, nous commettrons une erreur d’aventurisme. »

    Ce jugement scientifique du camarade Mao Tsé-toung a été confirmé il y a longtemps par la grande victoire de la révolution du peuple chinois et a encouragé toutes les nations et peuples opprimés dans leur lutte révolutionnaire. Nous voudrions demander au camarade Togliatti et à ceux qui attaquent cette thèse du camarade Mao Tsé-toung en quoi celle-ci est erronée.

    L’analyse de l’impérialisme et des réactionnaires faite par le camarade Mao Tsé-toung est absolument identique à celle faite par Lénine. Lénine compara en 1919 le « mondialement puissant » impérialisme anglo-français à un « colosse aux pieds d’argile ».

    Il a dit à cette époque: « L’impérialisme mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible, que les ouvriers d’un pays arriéré qui auraient tenté de s’insurger contre lui auraient été taxés de folie. Mais aujourd’hui, . . . nous voyons que l’impérialisme que nous considérions comme un colosse extraordinaire s’est révélé aux yeux de tous un ‘colosse aux pieds d’argile’ « . « Toutes ces forces en apparence invincibles et imposantes de l’impérialisme international ne sont pas sûres, ni redoutables pour nous, elles sont pourries à l’intérieur ». (V.I. Lénine: Œuvres, tome 30.)

    Ne s’agit-il pas d’un même raisonnement lorsque Lénine parle de « colosse aux pieds d’argile » et le camarade Mao Tsé-toung, de « tigre en papier »? Nous voudrions demander: en quoi cette thèse de Lénine est-elle erronée? Serait-elle donc « périmée »?

    D’innombrables faits historiques ont prouvé que l’impérialisme et les réactionnaires sont tous des tigres en papier. Avant la Révolution de Février et la Révolution d’Octobre 1917, les opportunistes affirmaient que le tsar et le gouvernement bourgeois étaient d’une force fantastique et que ce serait folie pour les masses populaires de prendre les armes contre eux.

    Cependant, Lénine et les bolchéviks luttèrent fermement contre l’idéologie opportuniste, prirent résolument la direction de cette lutte des ouvriers, paysans et soldats et renversèrent le tsar et le gouvernement bourgeois.

    L’histoire a donc prouvé que le tsar et le gouvernement bourgeois n’étaient que des tigres en papier. A la veille et au cours de la Seconde guerre mondiale, les partisans de la politique d’apaisement et les capitulationnises affirmaient que Hitler, Mussolini et l’impérialisme japonais étaient invincibles. Mais les peuples de tous les pays se sont fermement opposés à la politique d’apaisement et au capitulationnisme et ont remporté finalement la victoire dans la guerre antifasciste. Là encore l’histoire a prouvé que Hitler, Mussolini et l’impérialisme japonais n’étaient, eux aussi, que des tigres en papier.

    Nous estimons que, sur le plan stratégique, considérer ou non l’impérialisme et tous les réactionnaires comme des tigres en papier, c’est-à-dire pour ce qu’ils sont, est une question de grande importance, dont dépend la façon d’évaluer les forces de la révolution et celles de la réaction, une question qui décide les peuples révolutionnaires à oser ou ne pas oser s’engager dans la lutte, mener la révolution et arracher la victoire, qui décide de l’avenir de la lutte menée par les peuples du monde entier, ainsi que du destin de l’histoire.

    A aucun moment, les marxistes-léninistes et les révolutionnaires ne doivent craindre l’impérialisme et les réactionnaires. Le temps où les impérialistes pouvaient imposer à leur guise leur domination féroce est à jamais révolu; c’est à l’impérialisme et aux réactionnaires de redouter les forces révolutionnaires, et non le contraire. Toutes les nations et tous les peuples opprimés doivent en premier lieu avoir confiance dans la victoire de la révolution sur l’impérialisme et les réactionnaires et être animés d’une ferme volonté et d’un grand enthousiasme révolutionnaires, faute de quoi la révolution ne pourra jamais avoir d’avenir.

    Les marxistes-léninistes et les révolutionnaires triompheront dans leur révolution s’ils savent s’opposer résolument à tout capitulationnisme et à toute idéologie molle et sans force, éduquer les larges masses dans l’idée que « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier », rabattre l’arrogance de l’ennemi et raffermir la volonté des leurs pour que les larges masses populaires poursuivent la révolution avec résolution et confiance et possèdent une clairvoyance et une fermeté révolutionnaires.

    Le fait de posséder des armes nucléaires n’a nullement changé la nature de l’impérialisme qui est déjà pourri, décadent, fort en apparence et faible en réalité, pas plus qu’il n’a modifié la théorie fondamentale du marxisme-léninisme selon laquelle les masses populaires sont la force déterminante du développement de l’histoire.

    C’est précisément au moment où l’impérialisme était déjà en possession des armes atomiques que le camarade Mao Tsé-toung, au cours de son entretien avec Anna Louise Strong, a dit pour la première fois que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier. Lors de cet entretien, le camarade Mao Tsé-toung a indiqué: « La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens.

    Elle a l’air terrible, mais en fait, elle ne l’est pas. Bien sûr, la bombe atomique est une arme qui peut faire d’immenses massacres, mais c’est le peuple qui décide de l’issue d’une guerre, et non une ou deux armes nouvelles. » L’histoire a prouvé que malgré ses armes nucléaires l’impérialisme n’a pu effrayer les peuples révolutionnaires qui ont osé engager la lutte. La victoire de la révolution chinoise et les grandes victoires des luttes révolutionnaires des peuples coréen, vietnamien, cubain, algérien et d’autres encore ont toutes été remportées alors que l’impérialisme américain possédait déjà des armes nucléaires.

    L’impérialisme, depuis toujours armé de pied en cap, cherche constamment à dévorer le peuple. Qu’il ait pour dents des canons, des tanks, des fusées, des armes nucléaires ou des dents de toutes les sortes que la science et la technique modernes sont à même de lui fournir, pourri, décadent et tigre en papier de par sa nature, il ne changera jamais. En fin de compte, les dents atomiques et autres ne pourront sauver l’impérialisme de sa fin inéluctable; elles finiront par être expédiées, avec l’impérialisme, au musée de l’histoire par les peuples du monde.

    Il est manifeste que tous ceux qui attaquent la thèse montrant que « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » ont totalement perdu les qualités révolutionnaires que doit avoir un militant révolutionnaire et sont devenus des gens à courte vue, peureux comme des souris. Nous leur conseillons de ne pas lier leur destin à celui de l’impérialisme!

    IV

    Les divergences entre nous, d’une part, et le camarade Togliatti et certains autres camarades, d’autre part, se manifestent aussi à propos de la coexistence pacifique.

    Le Parti communiste et le gouvernement chinois ont toujours préconisé la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents. La Chine est l’un des promoteurs des célèbres cinq principes de la coexistence pacifique. Sur la base de ceux-ci, elle a noué des relations amicales avec nombre de pays, elle a successivement signé des traités d’amitié ou des traités d’amitié et de non-agression avec le Yémen, la Birmanie, le Népal, l’Afghanistan, la Guinée, le Cambodge, l’Indonésie et le Ghana, et elle a résolu de manière satisfaisante les questions de frontière avec la Birmanie, le Népal, etc. Ce sont des faits que nul ne peut nier.

    Mais au sein du mouvement communiste international se trouvent des gens qui sont allés jusqu’à se répandre en calomnies et en attaques contre la Chine en l’accusant de s’opposer à la coexistence pacifique. S’ils agissent de cette façon, c’est seulement pour dissimuler leur point de vue erroné anti-marxiste-léniniste, en ce qui concerne la coexistence pacifique.

    Sur le problème de la coexistence pacifique, nos divergences avec ceux qui nous attaquent consistent en ceci: nous estimons que les pays socialistes doivent s’efforcer d’établir des relations normales avec les pays à systèmes sociaux différents sur la base du respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, de la non-agression, de la non-intervention dans les affaires intérieures, de l’égalité et des avantages réciproques, et de la coexistence pacifique. En ce qui concerne les pays socialistes, cela ne soulève aucune difficulté. Les obstacles proviennent de l’impérialisme et des réactionnaires des différents pays.

    On ne peut absolument pas concevoir que la coexistence pacifique puisse être réalisée sans passer par la lutte; il est encore moins vraisemblable qu’avec l’établissement des rapports de coexistence pacifique, on puisse faire disparaître la lutte de classe sur le plan international, supprimer l’antagonisme entre système socialiste et système capitaliste et l’antagonisme entre nations opprimées et nations oppresseuses. Il est dit dans la Déclaration de Moscou de 1960: « La coexistence pacifique des Etats ne signifie nullement, comme l’affirment les révisionnistes, l’abandon de la lutte de classe.

    La coexistence entre Etats aux régimes sociaux différents est une forme de la lutte de classe entre le socialisme et le capitalisme ». Mais le camarade Togliatti et ceux qui attaquent la Chine considèrent que, par « la coexistence pacifique », on pourrait « rénover la structure du monde », fonder un « ordre international nouveau », établir dans le monde entier « un ordre économique et social à même de répondre aux aspirations des hommes et de tous les peuples à la liberté, au bien-être, à l’indépendance, au plein épanouissement de l’individu, au respect de la personnalité, à la coopération pacifique entre Etats », et créer « un monde sans guerre ».

    Cela veut dire qu’au moyen de « la coexistence pacifique », on pourrait modifier la « structure du monde » où s’affrontent régime socialiste et régime capitaliste, nations opprimées et nations oppresseuses, on pourrait en finir avec toutes les guerres et réaliser « un monde sans guerre » alors même que l’impérialisme et la réaction existent encore.

    En prétendant cela, le camarade Togliatti et d’autres ont complètement modifié les principes de Lénine concernant la coexistence pacifique, abandonné la théorie du marxisme-léninisme sur la lutte de classe, substituant en fait, à l’échelle internationale, la collaboration de classe à la lutte de classe, prônant la fusion du régime socialiste et du régime capitaliste.

    A présent, l’impérialisme américain prêche à grands cris l’établissement d’une « communauté du monde libre », rêvant d’annexer les pays socialistes au soi-disant « monde libre » par voie d’ »évolution pacifique ».

    Joignant sa voix à celle de l’impérialisme américain, la clique Tito fait l’éloge de « l’intégration économique » et de « l’intégration politique » du monde.

    N’est-il pas nécessaire pour ceux qui prétendent « rénover la structure du monde » dans la coexistence pacifique de tracer une ligne de démarcation entre eux et l’impérialisme américain, et une ligne de démarcation entre eux et la clique Tito?

    Quant à l’assertion selon laquelle on peut réaliser un « monde sans guerre » grâce à la coexistence pacifique, elle est absurde au plus haut point. Dans la situation actuelle, les forces éprises de paix peuvent conjurer une nouvelle guerre mondiale déclenchée par les impérialistes en formant un large front uni international anti-impérialiste et en menant une lutte commune.

    Mais conjurer une guerre mondiale est une chose, et supprimer toutes les guerres est autre chose. L’impérialisme et la réaction sont à l’origine des guerres. Tant que subsistent l’impéralisme et les réactionnaires, il est toujours possible qu’éclate une guerre d’une sorte ou d’une autre. L’histoire des 17 années de l’après-guerre montre que les guerres locales de différentes sortes n’ont jamais cessé.

    Les nations et peuples opprimés feront la révolution. Quand l’impérialisme et les réactionnaires cherchent à réprimer cette révolution par la force, la guerre civile et la guerre de libération nationale sont inévitables.

    Les marxistes-léninistes ont toujours considéré que c’est seulement après que l’impérialisme aura été renversé et que tous les systèmes d’oppression et d’exploitation de l’homme par l’homme auront été abolis, et pas avant, qu’il sera possible de supprimer toutes les guerres et d’accéder à un « monde sans guerre ».

    A propos de la coexistence pacifique, les divergences entre nous et ceux qui nous attaquent résident encore en ceci: nous estimons que la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents et la lutte révolutionnaire menée par les nations et classes opprimées des différents pays sont deux genres de problèmes, et non pas un seul et même genre de problème.

    Le principe de la coexistence pacifique s’applique uniquement aux rapports entre pays à systèmes sociaux différents et non à ceux entre nations opprimées et nations oppresseuses, pas plus qu’à ceux entre classes opprimées et classes oppresseuses. Pour les nations et peuples opprimés, il s’agit de mener une lutte révolutionnaire pour renverser la domination de l’impérialisme et des réactionnaires et non de coexister pacifiquement avec eux, ce qui serait d’ailleurs impossible.

    Cependant, Togliatti et ceux qui attaquent la Chine ont étendu leur conception de la « coexistence pacifique » aux rapports entre peuples coloniaux et semi-coloniaux d’une part, et impérialistes et colonialistes de l’autre. Ils ont dit: quant au « problème de la faim qui angoisse encore un milliard d’hommes », quant au « problème du développement des forces productives et de la démocratie dans les régions sous-développées », il faut les « résoudre uniquement par la négociation, en cherchant des solutions raisonnables et en évitant d’accomplir des actes pouvant envenimer la situation et engendrer des conséquences irréparables ».

    Les flammes de la révolution des nations et peuples opprimés leur déplaisent. Ils prétendent qu’une étincelle peut allumer une guerre mondiale.

    Ce qui revient pratiquement à dire que les nations opprimées doivent « coexister pacifiquement » avec les dominateurs colonialistes, qu’elles doivent tolérer la domination coloniale, ne pas se révolter, ni lutter pour l’indépendance, encore moins mener une guerre de libération nationale. A en croire pareille affirmation, les peuples de Chine, de Corée, du Vietnam, de Cuba, d’Algérie et d’autres pays, qui ont fait la révolution, auraient tous violé le principe de la « coexistence pacifique » et commis une erreur. Il est vraiment difficile pour nous de voir la différence qu’il y a entre ces paroles et les sermons des impérialistes et des colonialistes.

    Ce qui est particulièrement stupéfiant, c’est que Togliatti et certains autres ont étendu la conception de collaboration de classe sur le plan international à l’ »intervention commune » dans les régions sous-développées. Ils ont dit qu’en coopérant, « les pays à structures sociales différentes » peuvent faire une « intervention commune » pour le progrès des régions sous-développées.

    Une telle assertion sert de toute évidence à propager des illusions sur le néo-colonialisme. La politique des impérialistes envers les régions sous-développées, sous quelque forme que ce soit, ne peut être qu’une politique colonialiste de rapine et en aucun cas une politique se souciant du progrès des régions sous-développées.

    Quant aux pays socialistes, ils doivent naturellement soutenir les peuples des régions sous-développées, en premier lieu dans leur lutte pour l’indépendance nationale, puis, après la conquête de l’indépendance nationale, les aider à développer l’économie nationale.

    Mais les pays socialistes ne doivent absolument pas se joindre à la politique colonialiste de l’impérialisme envers les pays sous-développés, encore moins s’unir avec lui pour une « intervention commune » dans les régions sous-développées; quiconque agit de cette façon trahit l’internationalisme prolétarien et sert les intérêts de l’impérialisme et du colonialisme.

    Est-il possible pour les nations et peuples opprimés de « coexister pacifiquement » avec les impérialistes et les colonialistes? Que signifie en fin de compte 1″‘intervention commune » dans les régions sous-développées?

    Les événements du Congo constituent la meilleure réponse.

    Au moment où le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. adopta à l’unanimité sa résolution pour une intervention internationale au Congo, il y eut dans les rangs du mouvement communiste international des gens qui estimaient que c’était là un modèle de coopération internationale et que l’intervention de l’O.N.U. mènerait à la liquidation du colonialisme et permettrait au peuple congolais de conquérir l’indépendance et la liberté.

    Cependant, quel a été le résultat? Le héros national congolais Patrice Lumumba a été assassiné, son successeur Gizenga a été arrêté, de nombreux patriotes ont été de même assassinés ou emprisonnés et la lutte pour l’indépendance nationale qui se déroulait avec impétuosité au Congo a subi de graves revers.

    Non seulement le Congo continue à subir l’asservissement des vieux colonialistes, mais de plus, il est devenu une colonie de l’impérialisme américain et est plongé dans une misère encore plus profonde. Nous voudrions demander à ceux qui aujourd’hui font encore grand tapage autour de la « coexistence pacifique » entre nations et peuples opprimés d’une part, et impérialistes et colonialistes de l’autre, autour de l’ »intervention commune » dans les régions sous-développées, s’ils ont oublié la douloureuse leçon que constituent les événements du Congo.

    Ceux qui calomnient la Chine, l’accusant d’être contre la coexistence pacifique, l’attaquent en disant qu’elle a commis des erreurs dans ses relations avec l’Inde. Ils ne tiennent pas compte des faits, ne distinguent pas le vrai du faux et persistent à reprocher à la Chine le conflit avec l’Inde. A ce sujet, Togliatti a dit: « Nous savons tout ce qu’il y a de raisonnable et de juste dans les revendications de la République populaire de Chine. Nous savons aussi que l’action militaire commença par une attaque venant du côté de l’Inde ».

    Une telle attitude est plus équitable que celle des gens qui se disent marxistes-léninistes et ne font que calomnier la Chine en prétendant qu’elle a provoqué le conflit frontalier. Cependant, Togliatti considère toujours, sans distinguer le vrai du faux, que le conflit armé entre la Chine et l’Inde est « déraisonnable et même absurde ».

    Nous voudrions demander au camarade Togliatti: Face aux folles visées territoriales et à l’attaque armée de grande envergure de la clique réactionnaire indienne, comment la Chine aurait-elle dû réagir pour être « raisonnable », non « absurde »? Devait-elle capituler devant les demandes injustifiées et l’attaque militaire de la clique réactionnaire indienne pour être « raisonnable », non « absurde »? La Chine socialiste devait-elle céder volontairement de vastes étendues de son territoire pour être « raisonnable », non « absurde »?

    La position du camarade Togliatti et de certains autres camarades sur la question de la frontière sino-indienne est le reflet de leur point de vue sur la coexistence pacifique, c’est-à-dire: engagés dans la politique de coexistence pacifique, les pays socialistes devraient uniquement se conformer aux exigences des pays capitalistes, et même quand ils sont l’objet d’une attaque armée, ils ne devraient pas se défendre, mais devraient, au contraire, renoncer à leur territoire et leur souveraineté. Nous aimerions demander: qu’y a-t-il de commun entre pareil point de vue et le principe de la coexistence pacifique que doit suivre un pays socialiste?

    Ceux qui calomnient la Chine, l’accusent de s’opposer à la coexistence pacifique, attaquent aussi la juste position du peuple chinois de soutien à la lutte du peuple cubain contre l’impérialisme américain.

    Quelle faute le peuple chinois a-t-il commise lorsque, au moment où l’héroïque peuple cubain et son guide révolutionnaire, le premier ministre Fidel Castro, rejetaient résolument l’inspection internationale qui aurait porté atteinte à la souveraineté de Cuba et formulaient les cinq justes demandes, il organisa, en partant de sa position conséquente d’internationalisme prolétarien, des manifestations de masse de grande envergure dans tout le pays, pour soutenir résolument le peuple cubain dans sa lutte pour la sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté’ et de sa dignité.

    Néanmoins, certains ne cessent d’attaquer la Chine, l’accusant d’avoir créé des difficultés dans la situation aux Caraïbes et d’avoir voulu précipiter le monde dans une guerre thermonucléaire.

    C’est là une calomnie des plus perfides et des plus méprisables.

    Comment peut-on affirmer que le peuple chinois s’oppose à la coexistence pacifique et veut précipiter tout le monde dans une guerre thermonucléaire, parce qu’il soutient résolument la lutte du peuple cubain contre l’inspection internationale et pour la sauvegarde de sa souveraineté?

    La Chine devrait-elle exercer aussi, de son côté, une pression sur Cuba et l’obliger à accepter l’inspection internationale pour pouvoir répondre à ce que vous entendez par « coexistence pacifique »? Quand certains appuient du bout des lèvres les cinq demandes de Cuba, mais s’opposent en réalité au soutien donné à Cuba par le peuple chinois, cela ne fait-il pas ressortir l’hypocrisie de leur soutien aux cinq demandes de Cuba?

    Le Parti communiste et le peuple chinois ont toujours estimé que c’est la grande force des masses populaires qui décide du destin de l’histoire, et non les armes, quelles qu’elles soient.

    Nous avons fait remarquer à maintes reprises que nous n’avons jamais préconisé l’installation de bases d’engins téléguidés à Cuba ni objecté au retrait, de ce pays, des prétendues armes offensives. Nous n’avons jamais considéré comme marxiste-léniniste l’attitude qui consiste à jouer avec les armes nucléaires et à prendre cela comme moyen propre à régler les différends internationaux.

    Jamais non plus nous n’avons estimé que chercher à éviter une guerre thermonucléaire dans la crise des Caraïbes constituait un nouveau « Munich ». Cependant nous nous sommes opposés, nous nous opposons et nous nous opposerons fermement à ce que la souveraineté d’un autre pays soit sacrifiée pour opérer un compromis avec l’impérialisme. Un tel compromis ne peut qu’être considéré comme une politique d’apaisement à cent pour cent, un « Munich » à cent pour cent. Et cela n’a rien à voir avec la politique de coexistence pacifique des pays socialistes.

    V

    Le camarade Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien ont non seulement préconisé, en fait, la substitution de la collaboration de classe sur le plan international à la lutte de classe, ils ont encore étendu leur conception de « coexistence pacifique » aux rapports entre classes qui oppriment et classes opprimées des pays capitalistes.

    Togliatti a dit que « toutes nos actions, menées dans le cadre de la situation intérieure de notre pays, ne visent qu’à transposer dans les conditions italiennes la grande lutte pour la rénovation de la structure du monde ». Par « toutes nos actions », il entend « la marche vers le socialisme dans la démocratie et la paix », ou encore s’engager dans la voie du socialisme par des « réformes de structure ».

    Nous estimons erronée la ligne politique suivie actuellement par le Parti communiste italien quant à la révolution socialiste, mais c’est là une affaire à décider par les camarades italiens eux-mêmes et nous n’avons jamais eu l’intention d’y intervenir.

    Cependant, puisque le camarade Togliatti présente maintenant la théorie des « réformes de structure » comme une « ligne commune à l’ensemble du mouvement communiste international », qu’il affirme unilatéralement que le passage pacifique « est devenu une stratégie mondiale du mouvement ouvrier et du mouvement communiste » et étant donné que cette question touche aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme sur la révolution et la dictature prolétariennes, au problème fondamental de l’émancipation du prolétariat et des peuples de tous les pays capitalistes, nous nous voyons obligés, en tant que membres du mouvement communiste international et marxistes-léninistes, de donner notre point de vue à ce sujet.

    La question fondamentale dans toutes les révolutions, c’est celle du pouvoir politique; Marx et Engels ont dit dans le Manifeste du Parti communiste que « la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante ».

    Cette idée est présente dans toutes les œuvres de Lénine. Dans L’Etat et la révolution, il a souligné la nécessité de briser et de démolir la machine d’Etat de la bourgeoisie et d’instaurer la dictature du prolétariat. Il a dit: « la classe ouvrière doit briser, démolir la machine de l’Etat toute prête, et ne pas se borner à en prendre possession ».

    « Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat ». « En dehors du pouvoir politique, dit-il encore, tout le reste est rêverie. »

    En énonçant les lois communes de la révolution socialiste, la Déclaration de Moscou de 1957 a souligné en tout premier lieu que pour s’engager dans la voie du socialisme, il est indispensable que, sous la direction de la classe ouvrière dont le noyau est le parti marxiste-léniniste, les masses travailleuses réalisent la révolution prolétarienne, sous telle ou telle forme, et instaurent la dictature du prolétariat sous telle ou telle forme.

    Il est hors de doute que les principes fondamentaux du marxisme-léninisme et les lois communes de la révolution socialiste énoncées dans la Déclaration de Moscou de 1957 sont partout applicables, et par conséquent, elles sont également valables pour l’Italie.

    Cependant, le camarade Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien affirment que l’analyse faite par Lénine dans L’Etat et la révolution « ne suffit plus » et que le sens de la dictature du prolétariat a changé.

    Selon leur théorie des « réformes de structure », dans l’Italie d’aujourd’hui, il n’y aurait nul besoin de passer par la révolution prolétarienne, ni de briser la machine d’Etat de la bourgeoisie, ni d’établir la dictature du prolétariat, et il suffirait de procéder, dans le cadre de la Constitution italienne, à « une série de réformes », à la « nationalisation de grandes entreprises », à la « planification économique » et à l’élargissement de la démocratie pour qu’on puisse passer « progressivement » et « pacifiquement » au socialisme.

    En prenant, en fait, l’Etat pour un certain instrument au-dessus des classes, ils pensent que l’Etat bourgeois serait à même d’appliquer une politique socialiste. En prenant la démocratie bourgeoise pour une démocratie au-dessus des classes, ils pensent qu’en s’appuyant sur elle, le prolétariat pourrait s’ériger en « classe dirigeante » du pays.

    Cette soi-disant théorie des « réformes de structure » contredit totalement la théorie marxiste-léniniste de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat.

    L’Italie d’aujourd’hui est un pays capitaliste sous la domination de la bourgeoisie monopoliste.

    Bien que la Constitution italienne comporte certains points positifs dus à la longue lutte héroïque de la classe ouvrière et du peuple italiens, elle n’en demeure pas moins une constitution bourgeoise qui a pour essence la protection de la propriété capitaliste.

    La démocratie pratiquée en Italie, comme celle pratiquée dans tous les pays capitalistes, est de la démocratie bourgeoise, c’est-à-dire de la dictature bourgeoise. Les nationalisations entreprises en Italie ne sont pas du capitalisme d’Etat sous régime socialiste, mais du capitalisme d’Etat ne pouvant que servir les intérêts de la bourgeoisie monopoliste.

    Il se peut que, dans le but de maintenir son exploitation et sa domination, la bourgeoisie monopoliste procède parfois à certaines réformes. Dans les pays capitalistes, il est absolument nécessaire que la classe ouvrière mène quotidiennement ses luttes économiques et combatte pour la démocratie.

    Mais ces combats sont livrés pour améliorer partiellement le sort de la classe ouvrière et du peuple travailleur, et, ce qui est plus important, pour éduquer et organiser les masses, élever leur conscience et accumuler le potentiel révolutionnaire, afin de pouvoir s’emparer du pouvoir politique au moment propice.

    Les marxistes-léninistes, tout en étant pour la conquête de réformes, sont fermement opposés au réformisme. Les faits montrent que le gouvernement italien, représentant des intérêts du capital monopoleur, a recouru à la répression chaque fois que les revendications politiques et économiques de la classe ouvrière et du peuple travailleur sortaient du cadre permis par la bourgeoisie monopoliste.

    D’innombrables faits historiques n’ont-ils pas prouvé que c’est là une loi immuable de la lutte des classes? Comment peut-on imaginer la bourgeoisie monopoliste abandonnant d’elle-même ses intérêts, sa domination et se retirant de la scène de l’histoire?

    Togliatti lui-même n’ignore pas tout à fait ce point.

    Il a soutenu énergiquement qu’il est possible de « briser le pouvoir du groupe dirigeant du grand monopole » dans le cadre de la constitution bourgeoise. Mais, en définitive, comment briser ce pouvoir?

    « Nous n’en savons rien », a-t-il répondu. On voit par là que la théorie des « réformes de structure » de Togliatti et de certains autres dirigeants du Parti communiste italien n’a pas pour point de départ le matérialisme historique et l’étude scientifique de la réalité objective; son point de départ, c’est l’idéalisme et l’illusion, et cependant, Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien sont allés jusqu’à propager de toutes leurs forces cette théorie, qu’ils savent non-fondée, et jusqu’à prétendre qu’elle représenterait « la ligne commune à l’ensemble du mouvement communiste international ».

    Le rôle qu’ils jouent par là, c’est pratiquement corrompre et amollir la lutte révolutionnaire du prolétariat, défendre la domination capitaliste et supprimer ce qui est la base même de la révolution socialiste.

    N’est-ce pas là un nouveau courant social-démocrate?

    Ces dernières années, dans les pays capitalistes, certains éléments dégénérés des partis communistes et des éléments de droite des partis social-démocrates ont prêché à cor et à cri la soi-disant théorie des « réformes de structure » avec laquelle ils ont attaqué les partis communistes. Ce fait démontre à lui seul combien elle ressemble à de la social-démocratie et comme elle est loin du marxisme-léninisme!

    Les Déclarations de Moscou indiquent que la révolution socialiste peut être réalisée de manière pacifique ou par des moyens non pacifiques. Certains tentent de se servir de cela pour défendre la théorie des « réformes de structure ». Cette tentative est vaine. Il est tout aussi erroné de prendre unilatéralement le passage pacifique pour « la stratégie mondiale du, mouvement communiste ». Du point de vue marxiste-léniniste, si le passage pacifique pouvait être réalisé, ce serait certainement profitable pour le prolétariat et pour l’ensemble du peuple.

    Si la possibilité en apparaissait dans un pays, les communistes devraient s’efforcer de le réaliser. Mais possibilité et réalité, de même que désir et réalisation, sont, en définitive, deux choses différentes. En fait, jusqu’ici, l’histoire n’a pas connu de cas de passage pacifique du capitalisme au socialisme. Les communistes ne doivent pas baser la victoire de la révolution uniquement sur le passage pacifique.

    La bourgeoisie ne se retire jamais de son propre gré de la scène de l’histoire. C’est une loi universelle de la lutte de classe.

    Les communistes ne doivent en aucune façon relâcher la préparation de la révolution, ils doivent se tenir prêts à riposter à toute attaque de la contre-révolution et à écraser la bourgeoisie par la force, lorsque celle-ci réprimera la révolution par la force, au moment crucial où le prolétariat s’emparera du pouvoir.

    Cela signifie que les communistes doivent avoir deux méthodes: en même temps qu’ils préparent le développement pacifique de la révolution, ils doivent être pleinement préparés pour son développement non pacifique. C’est ainsi seulement qu’ils ne seront pas pris au dépourvu au moment où une situation favorable se présentera pour la révolution et quand la bourgeoisie recourt à la violence pour étouffer la révolution.

    Par ailleurs, même s’ils parvenaient à prendre le pouvoir par des moyens pacifiques, ils devraient encore se préparer sans retard à faire face à l’intervention armée des impérialistes étrangers et à la rébellion armée contre-révolutionnaire soutenue par les impérialistes.

    L’attention des communistes doit aller principalement à l’accumulation des forces révolutionnaires, en dépit des conditions rudes et difficiles, afin d’être prêts à riposter éventuellement aux attaques armées de la bourgeoisie, et non aller principalement à la possibilité d’un passage pacifique, car, en insistant unilatéralement sur celui-ci, sans aucun doute ils paralyseraient la volonté révolutionnaire du prolétariat, se désarmeraient sur le plan idéologique, se trouveraient dans une position faite entièrement de passivité, sans préparation aucune sur les plans politique et d’organisation, et même enterreraient la cause de la révolution prolétarienne.

    La thèse de « la marche vers le socialisme dans la démocratie et la paix », prônée par le camarade Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien, fait penser au vieux révisionniste Kautsky qui disait, il y a plus de 40 ans: « Je prévois que la révolution sociale du prolétariat, . . . partout où la démocratie a été établie, pourrait se réaliser par des moyens pacifiques, économique, juridique et moral, et non par la violence. » (K. Kautsky: La Dictature du prolétariat, 1918.) Les communistes ne doivent-ils pas tracer une ligne de démarcation entre eux et les sociaux-démocrates à la Kautsky?

    VI

    A quel point le camarade Togliatti et certains autres camarades se sont éloignés du marxisme-léninisme et des Déclarations de Moscou est révélé plus manifestement encore par les relations extrêmement étroites qu’ils ont nouées récemment avec la clique révisionniste yougoslave.

    Un délégué de la clique Tito qui a trahi le marxisme-léninisme a été invité au Congrès du Parti communiste italien, et la tribune lui a été donnée pour attaquer la Chine. Le camarade Togliatti et certains autres camarades ont, au cours du Congrès, défendu publiquement la clique Tito et exalté « la valeur des expériences » de cette clique.

    Nous voulons attirer l’attention du camarade Togliatti et de certains autres camarades sur la question: admettez-vous ou non que la Déclaration de Moscou de 1960 vous lie? Celle-ci dit sans équivoque: « Les partis communistes ont condamné à l’unanimité la variante yougoslave de l’opportunisme international, qui est une expression concentrée des ‘théories’ des révisionnistes contemporains.

    Ayant trahi le marxisme-léninisme, proclamé par eux périmé, les dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie ont opposé à la Déclaration de 1957 leur propre programme révisionniste et antiléniniste.

    Ils ont opposé la L.C.Y. à tout le mouvement communiste international ». La condamnation de la clique Tito par la Déclaration de Moscou de 1960 est-elle erronée? La résolution adoptée à l’unanimité par les partis communistes peut-elle être jetée à tous les vents, arbitrairement, par la volonté subjective d’une personne ou de certaines personnes?

    De toute façon, les faits sont les faits, les renégats du communisme sont, en définitive, des renégats du communisme. Le jugement porté par la Déclaration de Moscou de 1960 ne saurait être dénié, par qui que ce soit.

    La clique Tito n’a pas abandonné son programme, révisionniste à cent pour cent, et elle s’y est tenue dans le projet de constitution yougoslave publié il y a peu.

    La clique Tito n’a pas changé sa « voie unique » pour l’édification du « socialisme » avec l’appui de l’impérialisme. Au contraire, elle est avec plus de zèle encore au service de la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain. Dernièrement, celui-ci lui a accordé à titre de récompense une « aide » de plus de 100 millions de dollars.

    Et toujours sous le couvert du « super-bloc » et de la « coexistence active », la clique Tito cherche par tous les moyens à saboter le mouvement national et démocratique des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, à saper l’unité du camp socialiste et à miner la solidarité de tous les pays attachés à la paix.

    Avec le développement de la ligne révisionniste de la clique Tito, avec la dépendance grandissante de cette clique vis-à-vis de l’impérialisme américain, la Yougoslavie n’est plus, depuis longtemps, un pays socialiste, et depuis longtemps, la restauration du capitalisme s’y fait pas à pas.

    La restauration du capitalisme en Yougoslavie s’est réalisée graduellement non pas au moyen d’un coup d’Etat contre-révolutionnaire de la bourgeoisie ou par l’agression impérialiste, mais par la dégénérescence de la clique Tito. Ici, comme Lénine l’a indiqué il y a longtemps, « la question du pouvoir est certainement la question la plus importante de toute révolution.

    Quelle classe détient le pouvoir? Tel est le fond du problème. » (V.I. Lénine: Œuvres, tome 25.) La nature d’un Etat dépend de la classe qui détient le pouvoir et de la politique que celle-ci poursuit.

    Or, actuellement en Yougoslavie, le pouvoir est entre les mains de la clique Tito qui a trahi le marxisme-léninisme, la cause communiste et les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière et du peuple yougoslaves, et poursuit une ligne complètement et totalement révisionniste.

    Dans les campagnes yougoslaves, les paysans riches et d’autres forces du capitalisme croissent rapidement, la différenciation de classe s’accentue. La libre concurrence capitaliste et les lois du profit jouent un rôle déterminant dans l’ensemble de la vie économique du pays et l’anarchie dans la production, qui est le propre du capitalisme, y gagne en ampleur.

    Il n’est pas inutile de voir les appréciations portées par l’impérialisme sur la clique Tito.

    Ainsi, l’impérialisme américain, en comparant la clique Tito à un « sonnailler de troupeau », cherche par le truchement de l’influence du révisionnisme yougoslave à amener certains pays socialistes hors du camp socialiste pour les faire entrer dans la « communauté du monde libre » de Kennedy.

    L’exemple concret offert par la Yougoslavie met un problème en lumière: après qu’un pays s’est engagé dans la voie du socialisme, il y a toujours lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, et danger d’un retour au capitalisme.

    L’apparition du phénomène de dégénérescence et de dénaturation, ainsi que le surgissement de nouveaux éléments bourgeois, après la victoire de la révolution du prolétariat, ne sont pas choses difficiles à saisir.

    Lénine a dit qu’il y a eu toutes sortes de dénaturation dans l’histoire et que, dans des conditions données, il était possible qu’une poignée de nouveaux éléments bourgeois surgissent des rangs des fonctionnaires des Soviets. Ce sont ces nouveaux éléments bourgeois, auxquels songeait Lénine, qui ont d’ores et déjà occupé une position dominante en Yougoslavie.

    Le camarade Togliatti a dit dans ses conclusions: « Quand vous affirmez qu’en Yougoslavie le capitalisme aurait été restauré, et tout le monde sait que cela n’est pas vrai, personne ne croit plus à tout le reste de ce que vous avez dit, car chacun sait que tout le reste aussi n’est que de l’exagération. » Il pense pouvoir réfuter totalement, par là, la thèse marxiste-léniniste du Parti communiste chinois.

    Mais les sophismes ne peuvent altérer la vérité. La seule raison donnée à l’appui de l’assertion arbitraire selon laquelle la Yougoslavie est un pays socialiste est qu’on n’y trouve pas un seul capitaliste.

    Il est toujours difficile de déceler la vérité lorsqu’on observe les choses sous une optique tendancieuse. Puisque Togliatti et d’autres ont beaucoup de points communs avec la clique Tito dans la façon d’envisager la révolution prolétarienne, la dictature du prolétariat et le socialisme, il n’est donc pas étonnant qu’ils ne voient pas et ne veulent pas voir ni le retour du capitalisme en Yougoslavie ni les nouveaux éléments bourgeois.

    Le plus surprenant, c’est que certains, tout en exaltant avec force leurs étroites relations avec la clique du renégat Tito, attaquent furieusement le Parti communiste chinois, prétendant que l’unité entre nous et le Parti du Travail d’Albanie, établie sur la base du marxisme-léninisme, « est inadmissible ».

    Ceux-là ne reculent devant aucun moyen pour évincer du mouvement communiste international le Parti du Travail d’Albanie, parti marxiste-léniniste, tout en se creusant la tête pour introduire, dans les rangs du mouvement communiste international, la clique du renégat Tito, définie telle quelle par la Déclaration de Moscou de 1960. Quel objectif poursuivent-ils, en fin de compte?

    Un dicton chinois dit: « Les choses vont par catégories, les hommes s’assemblent selon leurs milieux ». Ceux qui traitent la clique Tito en proche parent, tout en nourrissant une haine si profonde pour les partis frères qui s’en tiennent fermement au marxisme-léninisme, ne devraient-ils pas se demander sur quelle position ils se sont placés?

    VII

    En dernière analyse, les divergences qui, dans une série de questions, existent entre nous et le camarade Togliatti et les camarades ayant des points de vue identiques, se rattachent à une question primordiale: les principes fondamentaux du marxisme-léninisme sont-ils oui ou non dépassés, les Déclarations de Moscou sont-elles oui ou non dépassées?

    Sous prétexte d’un changement d’époque, de particularités nationales, etc., le camarade Togliatti et certains autres camarades estiment que le marxisme-léninisme est d’ores et déjà « périmé », que les lois communes aux révolutions socialistes, indiquées dans la Déclaration de Moscou de 1957, ne sont pas applicables en Italie. Dans ce domaine, G. Pajetta, un dirigeant du Parti communiste italien, est allé plus loin encore. Il a dit: « Le marxisme est différent du léninisme, différents entre eux sont le marxisme de Marx et le léninisme de Lénine ».

    C’est sous de tels prétextes que ces camarades ont révisé et rejeté les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, avancé et colporté ce qu’ils appellent la « voie italienne », qui est contraire au marxisme-léninisme.

    Le socialisme scientifique dont Marx et Engels ont posé les fondements est une somme des lois du développement de la société humaine, une vérité universellement valable.

    Le développement de l’histoire, loin de rendre le marxisme « périmé », continue à prouver sa vitalité sans bornes.

    Le marxisme s’est sans cesse développé par la pratique du prolétariat mondial, en lutte pour connaître et transformer le monde objectif. C’est dans des conditions historiques nouvelles que Lénine a développé le marxisme de façon créatrice, en tenant compte des particularités de l’époque de l’impérialisme. Dans les années qui ont suivi la mort de Lénine, les partis prolétariens des différents pays ont enrichi le patrimoine du marxisme-léninisme par leurs propres luttes révolutionnaires.

    Cependant, tous ces nouveaux développements ont été réalisés en partant des principes fondamentaux du marxisme et nullement en s’en écartant.

    La voie de la Révolution d’Octobre inaugurée par Lénine, et les lois communes de la révolution et de l’édification socialistes, dont la Déclaration de Moscou de 1957 a fait la synthèse, constituent la voie commune à tous les peuples du monde pour liquider le capitalisme et marcher vers le socialisme. Depuis la Révolution d’Octobre, d’immenses transformations se sont opérées dans le monde, mais les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, dont la voie de la Révolution d’Octobre est l’expression, brillent d’un éclat toujours plus vif.

    Pour défendre ses points de vue erronés, Togliatti va jusqu’à prétendre que la ligne appliquée par le Parti communiste chinois « ne correspondait pas du tout à la ligne stratégique et tactique suivie par les bolchéviks au cours de la révolution de mars à octobre 1917 ». Ceci va entièrement à l’encontre de la réalité historique de la révolution chinoise.

    Au cours de sa longue lutte révolutionnaire et dans son combat contre le dogmatisme et l’empirisme, contre l’opportunisme « de gauche » et l’opportunisme de droite, le Parti communiste chinois, guidé par le camarade Mao Tsé-toung, a développé de façon créatrice le marxisme-léninisme en alliant la vérité universelle du marxisme-léninisme à la réalité concrète de la révolution chinoise.

    Bien que la révolution chinoise ait de nombreuses particularités, comme les révolutions des autres pays, les communistes chinois ont toujours considéré La révolution chinoise comme le prolongement de la Grande Révolution d’Octobre.

    C’est en suivant la voie de la Révolution d’Octobre que la révolution chinoise a pu triompher. Les déformations de la révolution chinoise entreprises par Togliatti prouvent seulement qu’il cherche à créer des justifications pour sa ligne unique qui va à rencontre de la vérité universelle du marxisme-léninisme et des lois communes régissant la révolution socialiste.

    Les partis marxistes-léninistes doivent allier la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution de chaque pays et, compte tenu des conditions concrètes de chaque pays, utiliser de façon créatrice les lois communes de la révolution socialiste. Le marxisme-léninisme se développera sans cesse dans la pratique.

    Certaines thèses avancées par un parti marxiste-léniniste, à une époque et dans des conditions données, doivent, à une autre époque et dans d’autres conditions, être remplacées par des thèses nouvelles, par suite des changements intervenus dans la situation. A ne pas agir de la sorte, on pourrait verser dans le dogmatisme et porter préjudice à la cause communiste.

    Cependant, quelles que soient les circonstances, un parti marxiste-léniniste ne peut tirer prétexte de certains phénomènes sociaux nouveaux pour dénier les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, substituer le révisionnisme au marxisme-léninisme et trahir la cause communiste.

    Pour tel parti communiste et à une étape donnée de son développement, le dogmatisme et le sectarisme peuvent constituer le danger principal. Il est tout à fait juste que les deux Déclarations de Moscou soulignent la nécessité de combattre le dogmatisme et le sectarisme. Mais comme elles l’ont précisé, sous l’angle de l’ensemble du mouvement communiste international, le danger principal est, dans les conditions actuelles, le révisionnisme moderne.

    Les révisionnistes modernes « dénaturant le marxisme-léninisme et le vidant de son esprit révolutionnaire, reflètent l’idéologie bourgeoise dans leur théorie comme dans leur pratique, paralysent la volonté révolutionnaire de la classe ouvrière, désarment et démobilisent les ouvriers, les masses de travailleurs en lutte contre le joug des impérialistes et des exploiteurs, pour la paix, la démocratie et la libération nationale, pour le triomphe du socialisme ».

    Actuellement, ils s’opposent au marxisme-léninisme sous prétexte de combattre le dogmatisme; ils refusent la révolution sous prétexte de combattre l’aventurisme « de gauche »; ils prônent les compromis sans principe et pratiquent le capitulationnisme en invoquant la souplesse dans la tactique. Ne pas combattre résolument le révisionnisme moderne porterait de graves préjudices au mouvement communiste international.

    Le courant contraire qui est apparu dernièrement, qui va à l’encontre du marxisme-léninisme et sape l’unité du mouvement communiste international, démontre une fois de plus la justesse des thèses inscrites dans les deux Déclarations de Moscou.

    Au sujet des principales caractéristiques du révisionnisme, Lénine a dit: « Définir sa conduite d’une situation à l’autre, s’adapter aux événements du jour, aux changements de menus faits politiques, oublier les intérêts vitaux du prolétariat, et les traits essentiels de l’ensemble du régime capitaliste, de toute l’évolution capitaliste, sacrifier ces intérêts vitaux au nom des avantages réels ou supposés de l’heure: telle est la politique révisionniste. » (V.I. Lénine: Œuvres, tome 15.)

    Le prolétariat révolutionnaire et le peuple révolutionnaire progressent nécessairement dans la juste voie indiquée par le marxisme-léninisme.

    Fût-elle difficile et sinueuse, cette voie est la seule qui conduise à la victoire. Le développement de l’histoire de la société ne saurait obéir aux « théories » de l’impérialisme ni aux « théories » du révisionnisme. L’homme ou le parti ou groupe politique, peu importe ce qu’il a pu faire poulie mouvement ouvrier, qui s’écarte de la voie marxiste-léniniste pour s’engager dans la voie révisionniste et qui, de surcroît, se laisse glisser de plus en plus sur cette pente, ne peut que devenir un valet de la bourgeoisie, vomi par le prolétariat.


    *     *     *

    Nous sommes obligés de discuter ici, publiquement, des principales divergences entre le camarade Togliatti, certains autres camarades du Parti communiste italien et nous-mêmes.

    Ce n’est pas ce que nous avions espéré, mais ils ont eux-mêmes lancé publiquement le défi et insisté pour qu’il y ait débat public. Forcés de l’engager, nous espérons sincèrement que ces divergences pourront être aplanies par la discussion en toute camaraderie.

    Bien qu’il soit regrettable de voir Togliatti et d’autres camarades ayant des points de vue identiques aux siens s’écarter de plus en plus du marxisme-léninisme, nous souhaitons vivement qu’ils ne s’enlisent pas plus profondément et qu’ils sauront revenir de leur égarement, sur les positions marxistes-léninistes et aux principes révolutionnaires énoncés dans les deux Déclarations de Moscou.

    Nous voulons regarder vers l’avenir.

    Plus d’une fois, nous avons proposé de convoquer une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays pour résoudre les divergences existant actuellement au sein du mouvement communiste international. Nous sommes d’avis que les communistes de tous les pays doivent avoir à cœur les intérêts communs de la lutte contre l’ennemi et la cause révolutionnaire du prolétariat, doivent aplanir les divergences et renforcer l’unité, conformément aux principes régissant les rapports entre partis frères, stipulés dans les deux Déclarations de Moscou, et sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien.

    C’est ce que la classe ouvrière et tous les peuples du monde attendent.

    Depuis plus d’un siècle, l’histoire des mouvements ouvriers de tous les pays est remplie de luttes acharnées du marxisme contre l’opportunisme de toutes les nuances.

    Ce fut toujours dans la lutte victorieuse contre le réformisme, la social-démocratie et le révisionnisme que le mouvement communiste international n’a cessé d’aller de l’avant. Aujourd’hui, les révisionnistes de toutes les nuances peuvent mener un strident mais éphémère tapage, mais ceci est loin d’être une manifestation de leur puissance; au contraire, c’est un signe de leur faiblesse.

    Le courant d’idées révisionniste et le nouveau courant d’idées social-démocrate, qui sont apparus dans le mouvement communiste international et qui s’adaptent aux besoins de la bourgeoisie monopoliste et de l’impérialisme américain, ne sont en réalité que le produit de la politique de ces derniers.

    Cependant, les révisionnistes de toutes les nuances ne peuvent ni entraver le développement triomphal de la lutte révolutionnaire des nations et des peuples opprimés, ni sauver l’impérialisme de son anéantissement définitif.

    En 1913, dans la lutte contre l’opportunisme et en exposant les destinées historiques de la doctrine de Marx, Lénine indiquait que, tout en étant en butte aux déformations opportunistes, le marxisme s’est sans cesse vu apporter de nouvelles confirmations et a acquis de nouvelles victoires par le développement des luttes révolutionnaires des peuples de tous les pays du monde.

    Lénine faisait alors cette juste prédiction: « Une victoire plus grande encore attend le marxisme, doctrine du prolétariat, dans la période de l’histoire qui commence. » (V.I. Lénine: Œuvres, tome 18.)

    Nous nous rendons compte que le marxisme-léninisme se trouve, à présent, à un nouveau et important tournant historique. La lutte entre le courant idéologique marxiste-léniniste et le courant idéologique révisionniste anti-marxiste-léniniste s’inscrit à nouveau avec acuité à l’ordre du jour des communistes de tous les pays. Nous sommes profondément convaincus que, aussi complexe que la lutte puisse être, le courant idéologique marxiste-léniniste finira par triompher.

    Il y a plus de cent ans, Marx et Engels lançaient au monde, par le Manifeste du Parti communiste, cet appel magnifique de courage et de fierté: « Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste.

    Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. » Ce grand appel encourage tous les révolutionnaires qui se dévouent à la cause communiste et le prolétariat du monde entier, il leur donne toute confiance dans l’avenir, leur permettant de franchir résolument tous les obstacles et d’aller impétueusement de l’avant.

    À l’heure actuelle, les rangs du prolétariat mondial grossissent toujours, la conscience politique des peuples grandit de plus en plus, la lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme remporte victoire sur victoire, les grandes idées du socialisme et du communisme attirent en nombre toujours croissant les nations et peuples opprimés et qui sont dans le malheur.

    Que l’impérialisme et la réaction tremblent devant le grand courant révolutionnaire de la classe ouvrière du monde entier et des nations et peuples opprimés !

    Le marxisme-léninisme triomphera, et la cause révolutionnaire de la classe ouvrière et des peuples du monde entier triomphera !

    =>Retour aux documents de la bataille chinoise contre le révisionnisme

  • Éditorial du Quotidien du peuple : Prolétaires de tous les pays, unissons-­nous contre l’ennemi commun! (1962)

    Paru dans le Renmin Ribao, 15 décembre 1962

    Ces derniers temps, au moment même où l’impérialisme et  les   réactionnaires  de tous  les  pays  cherchent  par  tous  les moyens à combattre les pays socialistes, à saper le mouvement communiste international et à réprimer la lutte révolutionnaire des peuples, et où les communistes de tous les pays ont grand besoin  de  renforcer leur unité dans la lutte commune contre l’ennemi, il   est   pénible   de   constater   que dans   les   rangs   du mouvement   communiste   international est   apparu   un   courant contraire,   contre   le   marxisme-léninisme,   contre le Parti communiste chinois ‘et d’autres partis marxistes-léninistes, ­et qui mine l’unité du mouvement communiste international.

    En   un   peu   plus   d’un   mois,   l’Europe   a   vu   le   VIIIe Congrès du Parti communiste de Bulgarie, le VIIIe Congrès du Parti ouvrier socialiste de Hongrie, le Xème Congrès du Parti communiste italien et le XIIe Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie. 

    Malheureusement,   la   tribune   de   ces   congrès   a   été utilisée pour attaquer des partis frères. Le   courant   contraire   qui   mine   l’unité   et   provoque   la scission   est   parvenu   à   un  nouveau  sommet   aux  Congrès   du Parti   communiste   italien   et   du   Parti   communiste   de Tchécoslovaquie. 

    Des   camarades   d«   certains   partis   frères   y   ont   non seulement   continué   à   attaquer  le Parti   du   Travail  d’Albanie, mais   ils   ont   attaqué   aussi,   publiquement   et   nommément,   le Parti communiste chinois et même blâmé le Parti du Travail de Corée   qui   désapprouvait   les attaques   contre   le   Parti communiste chinois. 

    C’est là une violation des plus grossières des principes énoncés dans les Déclarations de Moscou de 1957 et de 1960 qui ont été adoptées à l’unanimité par les Partis communistes et ouvriers. C’est là un événement d’une gravité extrême pour le mouvement communiste international.

    La   délégation   du   Parti   communiste   chinois,   qui   était invitée au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, a souligné solennellement   dans   sa   déclaration  du  8 décembre: « Cette   façon   d’agir   ne   correspond   pas   à   l’esprit   des   deux Déclarations   de Moscou,   elle   est   préjudiciable   à   l’unité   du camp   socialiste   et   à   celle   du   mouvement communiste international, à la lutte contre l’impérialisme, à la lutte pour la paix mondiale, et ne répond pas aux intérêts fondamentaux des peuples des pays socialistes. . . . Cette façon d’agir erronée ne peut qu’aggraver les divergences et créer la scission;  elle ne peut qu’affliger les nôtres et réjouir l’ennemi. »

    Le   Parti   communiste   chinois   a   toujours   estimé   que l’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sont d’un intérêt fondamental pour les peuples du monde entier. Il est du devoir sacré de tous les communistes de maintenir   et   de   renforcer   saris   défaillance   cette   unité internationaliste. 

    Etant donné que les problèmes d’intérêt commun pour les différents partis frères sont extrêmement complexes, que les conditions   dans   lesquelles   se   trouve   chacun   de   ces   partis diffèrent grandement, et étant donné que la situation objective est   constamment   en   mouvement,   les divergences   d’opinions sont   souvent  inévitables   entre  partis   frères,   et   cela  n’est   pas nécessairement un mal. 

    L’important,   c’est   de   partir   de   la   position   qu’il   faut défendre et renforcer l’unité internationaliste et d’être ensemble dans   la   lutte   contre   l’ennemi,   c’est   d’observer   les principes régissant   les   rapports   entre  les  partis   et   les  pays   frères,  tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, de parvenir à l’unanimité des vues par voie de consultations, afin que l’unité puisse être assurée solidement. La pratique erronée, qui consiste à se servir du congrès d’un   parti   pour   attaquer   un   parti   frère,   fut   utilisée   pour   la première   fois,   il   y   a   un an,   au   XXIIe   Congrès   du   Parti communiste de l’Union soviétique. 

    Le   Parti   communiste   chinois   s’y   opposa   résolument. Durant ce Congrès et par la suite, le Parti communiste chinois en appela sincèrement, et à plusieurs reprises, aux partis frères ayant controverses   ou   divergences;   entre   eux,   pour   qu’ils s’unissent de nouveau sur la base du marxisme-­léninisme et du respect mutuel de l’indépendance et de  l’égalité, et c’est plus particulièrement   celui   ayant   déclenché   l’attaque   qui   devrait prendre l’initiative.

    Or, il est regrettable que ces efforts sincères n’aient pu empêcher la situation de s’aggraver. Loin d’envisager l’abandon de   ces   pratiques   erronées,   des   dirigeants   de   certains   partis frères persistent dans ce sens, allant encore et toujours plus loin dans   la   voie   de   la   scission,   si   bien   qu’elles   ont   fait   leur apparition,   tour   à   tour,   aux  récents   congrès  de  quatre  partis frères d’Europe.

    Nous voudrions, ici, dire quelques mots sur ce qui s’est passé au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie.

    À ce Congrès, des camarades du Parti communiste de Tchécoslovaquie et de certains autres partis frères ont dénigré et   attaqué   à   plaisir   le   Parti   communiste   chinois,   le   traitant d’ »aventuriste »,   de   « sectariste »,   de   « scissionniste »,   de « nationaliste » et de « dogmatiste ». Dans sa déclaration, la délégation du Parti communiste­ chinois   s’est  opposée résolument contre cette manière d’agir, qui provoque la scission. 

    La déclaration a souligné que ces pratiques erronées ont déjà   entraîné   de   graves   conséquences et   que   si   elles   se poursuivent, il en résultera de plus graves encore. Cependant, cette attitude,  de profond   attachement   à   l’unité,   du   Parti communiste chinois n’a pas réussi à faire changer d’avis ceux qui persistent dans ces pratiques erronées. 

    Certains   dirigeants   du   Parti   communiste   de Tchécoslovaquie ont fait savoir qu’ils « ne pouvaient approuver » le point de vue de la délégation du Parti communiste chinois, ont continué à « aller plus loin » avec cette manière d’agir, et ils ont   même   demandé   au   Parti   communiste chinois   de « reconsidérer »   sa   position   au   sujet   des   grands   problèmes internationaux et étalé devant le monde entier leurs calomnies et  attaques  contre  la  Chine.  Dans  ces conditions,   nous  nous voyons obligés de donner la réponse qui s’impose. 

    Des   camarades   du   Parti   communiste   de Tchécoslovaquie et de certains autres partis frères ont accusé le Parti   communiste  chinois   d’avoir  commis  ce qu’ils   appellent des erreurs « aventuristes ». Ils ont reproché à la Chine de s’être opposée à un « compromis raisonnable » dans l’affaire cubaine et de   vouloir   « plonger   (le   monde   entier)   dans   une   guerre thermonucléaire ». 

    Les faits sont-ils vraiment tels qu’ils l’ont déclaré?

    Le   peuple   chinois   est   attaché   à   la   paix,   comme   les peuples de tous les autres pays socialistes et du reste du monde. La Chine a toujours poursuivi une politique étrangère de paix. Nous avons toujours lutté énergique­ment pour arriver à   la   détente   internationale   et   pour   la défense   de   la   paix mondiale. La Chine est l’un des promoteurs des cinq principes de la coexistence pacifique. 

    Et   elle   a   toujours   préconisé   la   coexistence   pacifique entre pays à systèmes sociaux différents sur la base des Cinq Principes, elle a toujours été pour le règlement des différends internationaux par la négociation et s’est opposée au recours à la force.

    Le   Parti   communiste   chinois   a   toujours   soutenu   que pour   sauvegarder   la   paix mondiale,   réaliser   la   coexistence pacifique et parvenir à la détente internationale, il faut avant tout combattre résolument la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et mobiliser les masses populaires pour   qu’elles   ripostent   du   tac   au   tac   dans   la   lutte   contre l’impérialisme américain. 

    Nous sommes persuadés que, comme l’ont indiqué les deux   Déclarations   de   Moscou,   la   lutte conjointe   des   forces socialistes,   des   forces   de   libération   nationale,   des   forces démocratiques et de toutes les forces de paix peut déjouer les plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et empêcher la guerre mondiale d’éclater.

    En   ce   qui   concerne   l’attitude   à   adopter   envers   les impérialistes   et   tous   les réactionnaires,  le   Parti   communiste chinois a toujours soutenu qu’il faut les mépriser sur le plan de la stratégie, mais en tenir sérieusement compte sur le plan de la tactique. 

    C’est-à-dire que, stratégiquement, et en envisageant les choses   à   longue   échéance   et   dans leur   ensemble,   les impérialistes et tous les réactionnaires sont destinés en fin de compte à connaître l’échec, tandis que les masses  populaires triompheront   à   coup   sûr.  

    Sans   cette  conception,   il   n’est   pas possible   d’encourager   les   masses   populaires   à   mener, pleinement confiantes et fermement, le combat révolutionnaire

    contre   l’impérialisme   et   tous   les   réactionnaires,   ni   n’est-il possible de conduire la révolution à la victoire. 

    D’autre   part,   du   point   de   vue   tactique,   dans   chaque question concrète de l’heure, il est nécessaire de faire face à l’impérialisme et à tous les réactionnaires avec le plus grand sérieux, il est nécessaire d’agir avec prudence et circonspection, et^de prêter attention à l’art de mener le combat. 

    Sans   cette   conception,  il   n’est   pas  possible  de   mener victorieusement la lutte révolutionnaire, il y a danger de subir revers et échecs, et il n’est pas possible non plus de conduire la révolution à la victoire. 

    Ce  point   de  vue,  auquel   le Parti  communiste   chinois s’est toujours tenu et qui est d’opposer le mépris à l’ennemi sur le plan de la stratégie et d’en tenir sérieusement compte sur le plan de la tactique, montre pourquoi l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, ainsi que nous l’avons souvent   affirmé;  ce   point   de   vue   est   parfaitement   marxiste-léniniste. 

    Nous sommes et contre le capitulationnisme et contre l’aventurisme.   Tous   ceux   qui   veulent faire   la   révolution   et remporter   la   victoire   doivent   adopter   cette   attitude   envers l’ennemi et, pour eux, il ne peut y en avoir d’autre. En effet, si, stratégiquement,   on   n’ose   mépriser l’ennemi,   on   versera inévitablement dans le capitulationnisme.  

    Et si, tactiquement, on agit à la légère et imprudemment dans une lutte concrète donnée, on versera inévitablement dans l’aventurisme. Et, enfin, si stratégiquement on n’ose mépriser l’ennemi et si, de surcroît, on agit tactiquement à la légère et imprudemment, on versera alors et dans le capitulationnisme sur le plan de la stratégie et dans l’aventurisme sur le plan de la tactique.

    Quant   à   la   question   des   armes   nucléaires,   les communistes   chinois   ont   toujours   préconisé   l’interdiction générale de ces armes à grande puissance de destruction et se sont toujours opposés   à   la   criminelle   politique   de   guerre nucléaire des impérialistes. 

    Ils ont toujours soutenu que, le camp socialiste détenant une grande supériorité, il est possible de parvenir à un accord sur l’interdiction des armes nucléaires par la négociation et en dénonçant et combattant   continuellement   l’impérialisme américain. 

    Mais   aucun   marxiste-léniniste,   aucun   révolutionnaire n’a   jamais  été  paralysé  d’effroi par  les  armes nucléaires  aux mains   de   l’impérialisme   et   abandonné la lutte contre l’impérialisme et ses laquais. 

    Nous, marxistes-léninistes,   nous   ne   sommes   pas partisans  de  la théorie selon  laquelle « les armes décident de tout »,  ni de la   théorie selon   laquelle « les   armes   nucléaires décident de tout ». 

    Nous   n’avons   jamais   cru   que   les   armes   nucléaires peuvent   décider   du   sort   de l’humanité.   Nous   sommes profondément convaincus que les» masses populaires sont la force déterminante du développement de l’histoire.  Elles seules peuvent décider du cours de l’histoire. Nous sommes   implacablement   contre   la   politique   de   chantage nucléaire de l’impérialisme. 

    Et   nous   soutenons   aussi   qu’il   n’y   a   pas   la   moindre nécessité pour les pays socialistes d’user des armes nucléaires comme d’un enjeu ou comme moyen d’intimidation. 

    Agir   ainsi   reviendrait   véritablement   à   verser   dans l’aventurisme.   Si   l’on   a   une   foi aveugle   dans   les   armes nucléaires, si l’on ne voit pas la force des masses populaires et n’a   pas confiance   en   elle,   et   si   l’on   perd   la   tête   devant   le chantage nucléaire de l’impérialisme, on risque de passer d’un extrême à l’autre et de verser dans le capitulationnisme. 

    Nous estimons que dans sa lutte contre l’impérialisme américain,   l’héroïque   peuple   cubain   n’a versé   ni   dans   le capitulationnisme ni dans l’aventurisme. Comme tous les autres peuples du monde, le peuple cubain aime ardemment la paix et travaille énergiquement pour elle. 

    Mais, comme l’a dit le camarade Fidel Castro: « La voie de la paix n’est pas celle qui consiste à sacrifier les droits du peuple ou à empiéter sur eux, parce que cela, c’est précisément la voie qui mène à la guerre. » 

    Le   Comité   directeur   national   des   Organisations révolutionnaires   intégrées   de   Cuba   et   le   Gouvernement révolutionnaire   cubain   ont   proclamé   solennellement   par  leur déclaration commune du 25 novembre: « La meilleure forme de règlement  est   celle passant  par des   chemins  pacifiques et  la discussion entre gouvernements.  Mais nous réaffirmons en même temps que jamais nous ne céderons devant les impérialistes. A la position de force des impérialistes, nous opposerons notre fermeté. 

    A la tentative de nous humilier des impérialistes, nous opposerons notre   dignité. A   l’agression impérialiste, nous opposerons notre détermination de combattre jusqu’au dernier. » 

    Sous   la   ferme   direction   des   Organisations   révolutionnaires intégrées de Cuba et du gouvernement cubain ayant à leur tête Fidel Castro, et dans les conditions les plus complexes et les plus difficiles, le peuple cubain unanime, loin d’être effrayé par le chantage nucléaire des Etats-Unis, a mené une lutte résolue contre  l’impérialisme  américain et  a persévéré dans  ses cinq justes demandes; de plus, avec le juste soutien des peuples du monde entier, il a remporté une autre grande victoire dans sa lutte contre l’agression américaine.

    Le   Parti   communiste,   le   gouvernement   et   le   peuple chinois soutiennent résolument la juste ligne des Organisations révolutionnaires intégrées de Cuba et du gouvernement cubain, les cinq justes demandes du peuple cubain et sa lutte héroïque.  Par   là,   la   Chine   remplit   le   devoir que   lui   confère l’internationalisme prolétarien et auquel elle ne peut faillir. 

    Si le soutien de la Chine à la juste lutte du peuple cubain contre les agresseurs américains doit être qualifié d’ »aventuriste », nous voudrions   demander:

    Cela   signifie-t-il  que  le   peuple  chinois devrait s’abstenir de donner tout le soutien en son pouvoir à la lutte de Cuba contre l’agression impérialiste américaine pour ne pas être appelé « aventuriste »? 

    Et  cela signifie-t-il que ce n’est  qu’en forçant Cuba à abdiquer sa souveraineté, à renoncer à son indépendance et à ses cinq justes demandes que l’on peut éviter d’être appelé aventuriste ou capitulationniste? 

    Le monde entier a pu voir que nous n’avons ni demandé l’introduction d’armes nucléaires à Cuba ni empêché le retrait des prétendues « armes offensives » qui s’y trouvent. Aussi, en ce qui nous concerne, il ne peut en aucune façon être question d’ »aventurisme », et encore moins de « plonger (le monde entier) dans une guerre thermonucléaire ». Certains   ont   trouvé  à   redire  à  la  juste position  de  la Chine dans la question de la frontière sino-indienne, comme si la Chine avait provoqué un esclandre.

    Mais quels sont les faits?

    La Chine a toujours été pour le règlement des questions de frontière avec ses voisins par voie de négociations, et elle a, sur la base des Cinq Principes, réglé, à la satisfaction de tous, ses questions de frontière avec la Birmanie et le Népal par des consultations   amicales   et   dans   un   esprit   de compréhension mutuelle et de concessions réciproques. 

    En   ce   qui   concerne   la   question   de   la   frontière   sino­-indienne, il est clair, dès à présent, pour tout le monde, qui, pendant tout ce temps, a rejeté les négociations pacifiques, a occupé   le territoire   d’autrui,   s’est   livré   à   des   provocations armées et a lancé des attaques massives. 

    Envers   les   folles  tentatives   de   la   clique   réactionnaire indienne visant à modifier par la force la situation à la frontière sino-indienne   et   devant   ses   empiétements   sans   cesse grandissants sur   les   régions   frontalières  chinoises,   le   peuple chinois   a,   pendant   des   années,   fait montre   de   longanimité, s’efforçant encore et toujours d’aboutir à une solution juste et équitable par voie de négociations pacifiques. Néanmoins,   le   gouvernement Nehru   a   rejeté catégoriquement la négociation. Il a interprété la longanimité de la Chine comme signe’de ce qu’elle est faible et peut être malmenée. 

    Le   12   octobre,   le   premier   ministre   indien   donna   de manière flagrante l’ordre de lancer des attaques contre la Chine, de « nettoyer » les gardes-frontières chinois du territoire chinois. Alors les gardes-frontières chinois se virent forcés de riposter en légitime défense. 

    La Chine est un pays socialiste attaché à la paix, mais elle ne permettra jamais ­qu’on la malmène à volonté. En ripostant, en légitime défense, aux attaques massives des troupes indiennes, la Chine a adopté la mesure légitime la plus   élémentaire,   celle   que   n’importe   quel   Etat   souverain prendrait dans semblables circonstances. 

    Après  avoir repoussé les attaques indiennes, la Chine proposa sans tarder un arrêt du conflit, la rupture de contact entre   les   forces   armées   des   deux   côtés   et   la   reprise   des négociations, et elle prit l’initiative en appliquant un cessez-le-feu et en procédant au retrait de ses troupes.

    Si la situation à la frontière sino-­indienne a commencé à se détendre et si un cessez-le-feu de facto a été réalisé, c’est précisément   parce   que   le   peuple   chinois   a   mené   la   lutte indispensable   contre   les   visées   expansionnistes   des nationalistes réactionnaires indiens.

    Les   efforts   constants   et   sincères  de   la   Chine   pour   le règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne sont reconnus universellement. 

    Or, il est étrange que certains, se prétendant marxistes­-léninistes, aient jeté le marxisme-­léninisme à tous les vents; ils ne se sont pas souciés d’analyser, sous l’angle de la conception de classe du marxisme-­léninisme, la politique réactionnaire du gouvernement Nehru qui a provoqué le conflit de la frontière sino-­indienne et qui refuse toujours le règlement pacifique. 

    Ils ne veulent pas voir que cette politique découle du besoin   de   la   grande   bourgeoisie   et   des grands   propriétaires fonciers   indiens   de   combattre   le   peuple   et   le   mouvement progressiste indiens; ils refusent également de reconnaître que cette   politique   répond précisément   aux   besoins   des impérialistes, spécialement à ceux des impérialistes américains, et qu’elle a leur soutien. 

    En fait, ces dernières années, le gouvernement Nehru recourt à la répression contre le peuple avec une brutalité qui va croissant, et prend de plus en plus appui sur l’impérialisme américain, agissant comme son complice dans de nombreuses et importantes questions internationales, par exemple celle du Congo. 

    La persistance du gouvernement Nehru dans sa position antichinoise est le résultat même de sa politique intérieure et extérieure, de jour en jour plus réactionnaire. 

    Ceux   qui   accusent   la   Chine   d’avoir   poussé   le gouvernement Nehru dans les bras de l »Occident » inversent cause et effet. Tout au long du  » différend de la frontière sino-indienne, ils ont mêlé le vrai et le faux, se donnant des airs « neutres », et traitant la Chine de pays « frère » en parole, alors qu’en réalité ils considéraient la clique réactionnaire indienne comme de la parenté. 

    Ceux-là   ne   feraient-ils   pas   bien   de   procéder   à   un examen de conscience et de se demander ce qu’il est advenu de leur   marxisme-léninisme et   de   leur   internationalisme prolétarien?

    Au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, certains ont une fois de plus accumulé les injures contre le Parti du   Travail   d’Albanie,   prétendant   que   ses   dirigeants sont « antisoviétiques », sapent l’unité, qu’ils sont des « scissionnistes » et des « sectaristes ». 

    Ils   ont  en  outre  condamné  aussi  le  Parti  communiste chinois pour la juste position qu’il a adoptée en s’opposant aux attaques   dirigées   contre   le   Parti   du   Travail   d’Albanie   et   en défendant les principes régissant les rapports entre partis frères, et, de même, ils lui ont imputé les crimes de « scissionnisme », de « sectarisme » et de « nationalisme ». 

    Mais ces calomnies et ces attaques, appelant noir ce qui est blanc, sont tout à fait peine perdue. 

    Les critères à utiliser pour savoir qui défend l’unité, qui est scissionniste et sectariste, ce sont les principes régissant les rapports entre les partis frères et entre les pays frères, tels qu’ils sont   définis dans   les   Déclarations   de   Moscou   adoptées   à l’unanimité   par   les   deux   Conférences   des   Représentants   des Partis communistes et ouvriers.  

    Ces   principes   sont:   l’égalité   absolue,   l’union   des   uns avec   les   autres   mais   en maintenant   l’indépendance,   et l’unanimité des vues par consultation en toute camaraderie et sur un pied d’égalité. 

    L’expérience a montré que tant que ces justes principes sont   appliqués,   l’unité   entre   partis   et pays   frères   peut   être renforcée, et que, même lorsque surgit telle ou telle divergence, une solution raisonnable peut être réalisée. 

    Mais, inversement, si ces principes sont violés et que, dans les rapports entre partis frères et pays frères, quelqu’un use de pressions pour imposer ses vues propres aux autres ou substitue la calomnie et l’attaque à la recherche de l’unanimité des vues par consultation, on portera inévitablement atteinte à l’unité et on versera dans le scissionnisme et le sectarisme.

    Il   y   a   un   an   déjà,   au   XXIIe   Congrès   du   Parti communiste   de   l’Union   soviétique, la délégation   du   Parti communiste   chinois   déclarait:   « Nous   soutenons   que   si,   par malheur, des controverses   ou   divergences   surgissent   entre partis   et   pays   frères,   elles   doivent   être résolues   patiemment dans   l’esprit   de   l’internationalisme   prolétarien   et   selon   les principes de, l’égalité   et   de   l’unité   de   vues’   par   voie   de consultations.

    Le blâme public, unilatéral, infligé à un parti frère quel qu’il soit, ne contribue pas à l’unité et n’aide pas à résoudre les problèmes. 

    Étaler aux yeux de l’ennemi une controverse entre partis ou pays frères ne peut être considéré comme une sérieuse attitude marxiste-léniniste. »

    C’est précisément par souci du maintien des principes régissant les rapports entre partis frères, entre pays frères, et leur   unité,   que   le   Parti   communiste   chinois   s’est   toujours opposé à ce que des attaques soient lancées contre un parti frère à partir du congrès d’un autre parti. 

    Qu’y a-t-il de mal dans cette position assumée par nous?

    Est-il  possible  que nous, qui avons tout  fait en nôtre pouvoir pour maintenir l’unité et nous opposer aux agissements préjudiciables à l’unité, soyons devenus des « scissionnistes » et des « sectaristes », tandis que ceux ayant déclenché l’attaque et sapé l’unité ne seraient ni scissionnistes ni sectaristes? 

    Au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, la délégation du Parti du Travail de Corée a été blâmée parce qu’elle n’approuvait pas l’attaque lancée par certains contre le Parti communiste chinois.  Est-il possible que la position assumée par le Parti du Travail de Corée pour sauvegarder l’unité soit un crime, que ceux qui défendent les Déclarations de Moscou soient dans l’erreur, tandis que ceux allant à l’encontre des Déclarations de Moscou seraient dans le vrai?

    Les principes régissant les rapports entre partis et pays frères,   tels   que   stipulés   dans   les Déclarations   de   Moscou, n’accordent   à   aucun   parti,   grand   ou   petit,   le   moindre   droit d’attaquer à son congrès un autre parti frère.  Si pareille manière d’agir erronée était admise, un parti pourrait en attaquer un autre, attaquer ce parti­ci aujourd’hui et demain ce parti-là. Si l’on continue de la sorte, qu’adviendra-t-il de l’unité _du mouvement communiste international?

    Les principes régissant les rapports entre partis et pays frères, tels que stipulés dans les Déclarations de Moscou, sont l’expression   même   des   principes   de   l’internationalisme prolétarien touchant aux rapports entre partis et pays frères. Ceux   qui   violent   ces   principes   directeurs   tomberont inévitablement   dans   le   bourbier   du   chauvinisme   de   grande nation ou d’autres formes du nationalisme bourgeois. 

    Mais ceux qui ont accusé le Parti communiste chinois d’avoir   versé  dans   l’erreur  prétendument « nationaliste » ne se sont-ils jamais demandé sur quel pied ils ont en définitive placé leurs rapports avec les partis et les pays frères? 

    Il est clair qu’ils ont, eux, violé les principes régissant les rapports entre partis et pays frères, attaqué un autre parti frère   et   un   autre   pays   frère,   emprunté   la   voie   erronée   du nationalisme et du chauvinisme de grande nation, et cependant ils   veulent  forcer chacun à  suivre leur exemple et taxent de « nationalisme » celui qui refuse d’exécuter leurs ordres.  

    Ceci   répondrait-il  aux principes   de  l’internationalisme prolétarien?  Ces   pratiques   erronées  ne  sont-elles   pas   la  pire manifestation   du   scissionnisme   et   du   sectarisme,   du nationalisme et du chauvinisme de grande nation?

    Ceux qui accusent le Parti du Travail d’Albanie d’être « antisoviétique » et de saper l’unité devraient se demander qui d’abord, a provoqué le différend et qui, à son propre congrès, a attaqué le Parti du Travail d’Albanie. 

    Pourquoi n’attribuer qu’à soi-même le droit d’attaquer à volonté un parti frère, tout en déniant même le droit de réplique à ce parti frère? 

    Si les camarades   albanais   doivent   être   qualifiés d’ »antisoviétiques »,   parce   qu’ils   ont répondu   aux   attaques lancées contre eux, que dire de ceux qui ont déclenché l’attaque et attaquent encore et encore le Parti du Travail d’Albanie?

    Et   qu’en est-il  de ceux ayant  attaqué à loisir le Parti communiste chinois?

    Le   moins   que   l’on   devrait   pouvoir   exiger   d’un communiste   est qu’il,sache opérer une nette distinction entre l’ennemi  et   ses   propres  camarades,  qu’il   soit   sans  pitié   pour l’ennemi et compréhensif envers les siens. Mais certains font exactement le contraire. 

    Tout en étant si   « accommodants »   et   en   réalisant   pareilles   « concessions réciproques » avec l’impérialisme, ils traitent des partis et pays frères comme d’implacables ennemis ! Ils   font   des « compromis   raisonnables »   et   usent   de « modération »   avec   l’ennemi   qui   est   toutes   griffes   et   dents dehors, mais refusent d’être conciliants avec les partis et pays frères.

    Être si « compréhensif » avec l’ennemi et si « impitoyable » avec des partis et des pays socialistes frères n’est pas, de toute évidence, la position qu’un marxiste-léniniste devrait adopter. La Déclaration   de   Moscou   de   1960   affirme   que   le révisionnisme est le principal danger menaçant le mouvement communiste international. 

    Elle   dit:   « Ayant   trahi   le   marxisme-­léninisme   …   les dirigeants de la Ligue des communistes de Yougoslavie . . . ont opposé   la   L.C.Y.   à   tout   le   mouvement   communiste international, … se livrent à des agissements subversifs contre le camp socialiste et le mouvement communiste mondial. » 

    En outre, la Déclaration en appelle aux communistes de tous les pays pour combattre activement l’influence des idées anti-léninistes des révisionnistes modernes yougoslaves.  Mais certains communistes ont porté Tito, ce renégat du communisme,   jusqu’aux   nues   et   ils   sont   si intimes   avec   la clique Tito! 

    Au   récent   Congrès   du   Parti   communiste   de Tchécoslovaquie,   certains   sont   allés   jusqu’à   s’opposer   à   la dénonciation du révisionnisme moderne yougoslave par le Parti communiste chinois. 

    Bref,   ceux   avec   qui   ces   gens-là   veulent   s’unir   sont précisément ceux qu’il faudrait combattre; et ceux auxquels ils s’opposent   sont   précisément   ceux  avec  lesquels   ils   devraient s’unir.   N’est­-ce   pas   là   une   violation   flagrante,  grossière,   des Déclarations   de   Moscou? Où   mènera   pareille   ligne   de conduite?

    Tous les faits montrent que les communistes chinois, de même   que   tous   les   vrais communistes   du   monde,   s’en   sont invariablement tenus au marxisme-léninisme et aux principes révolutionnaires des Déclarations de Moscou. 

    Ceux   qui   attaquent   le   Parti   communiste   chinois s’obstinent   à   nous   imposer   l’étiquette de   « dogmatistes »;   ceci prouve   uniquement   que   le   « dogmatisme »   combattu,   par   eux n’est autre que les positions de la théorie marxiste-léniniste et les   principes   révolutionnaires   des Déclarations   de   Moscou, défendus   par   les   communistes   chinois   et   tous   les   vrais communistes. 

    Ils s’imaginent qu’il leur suffit simplement d’accrocher l’enseigne   de   l’ »antidogmatisme »   et   de parler   de   ce   qu’ils appellent   l’ »esprit   créateur »   pour   pouvoir   déformer   le marxisme-léninisme   et   altérer   les   Déclarations   de   Moscou comme bon leur semble. 

    Cela est totalement inadmissible. Nous voudrions leur demander:   Ces   deux   documents   historiques   du   mouvement communiste international, approuvés à l’unanimité et signés par tous   les   partis   communistes   et   ouvriers,   sont-ils   toujours valables? Doit-on toujours s’y conformer?

    Certains disent: nous sommes la majorité et vous êtes la minorité. 

    Donc,   nous   sommes   des   marxistes-léninistes   à   esprit créateur   et   vous   êtes   des   dogmatistes;   nous   avons   raison   et vous avez tort Mais toute personne ayant un peu de bon sens sait que déterminer qui a raison et qui a tort, qui a la vérité pour soi, n’est pas une question pouvant être tranchée par la majorité ou la minorité d’un moment donné. 

    La vérité est chose objective. Après tout, se trouver en majorité à un moment donné ne peut transformer le faux en vrai; de même, se trouver en minorité  à  un moment donné ne peut transformer le vrai en faux.

    L’histoire abonde en exemples où à un moment donné et dans des circonstances données, la vérité n’est pas du côté de la majorité, mais de celui de la minorité. A   l’époque   de   la   Ile Internationale,   Lénine   et   les bolcheviks   se   trouvèrent   en   minorité   dans   le   mouvement ouvrier   international,   et,   pourtant,   la   vérité   était   du   côté   de Lénine et des bolcheviks. 

    En   décembre   1914,   au   début   de   la   Première   guerre mondiale,   la   majorité   des   députés   du   Parti   social-démocrate allemand votèrent le budget de guerre au cours d’une séance du Reichstag,  seul  Karl  Liebknecht   vota  contre;  et,  pourtant,  la vérité était de son côté.  Ceux qui   ont   le   courage   de   soutenir   la   vérité   n’ont nullement peur de se trouver provisoirement en minorité. Par contre, ceux qui persistent dans l’erreur ne peuvent échapper à la ruine, même s’ils se trouvent provisoirement en majorité.

    Le marxisme-léninisme soutient  que la seule majorité vraiment solide dans le monde, c’est le peuple, qui décide du cours de l’histoire et constitue plus des 90% de la population mondiale.

    Cependant,   ceux   qui   vont   à   l’encontre   des   intérêts fondamentaux de ces plus de 90%, qui sont le peuple, peuvent pour   un   temps   mener   grand   bruit   et   tonitruer   en   un   certain endroit ou à certaine réunion, ils ne représentent nullement la majorité authentique. Leur « majorité » n’est qu’illusoire, apparente, et, au fond, ils   sont,   précisément,   en   minorité,   alors   que   la   « minorité » attaquée par eux est au fond la majorité.  

    Les  marxistes-léninistes   vont   toujours   au-delà   des apparences pour examiner un problème dans son essence. Nous ne nous soumettons qu’à la vérité et aux intérêts fondamentaux des peuples du monde; nous n’obéirons jamais à la baguette de quelque anti-marxiste-léniniste que ce soit.  

    Quelles   que   soient   les   injures   et   l’opposition   des impérialistes,   des   réactionnaires   et   des   révisionnistes modernes, elles n’ébranleront jamais notre position qui est la défense du marxisme-léninisme et de la vérité. Nous voudrions rappeler à ceux qui attaquent le Parti communiste chinois que leurs insultes ne sont d’aucune utilité. 

    L’insulte, aussi grossière et violente soit-elle, ne peut en rien entamer la gloire d’un parti marxiste-léniniste. Depuis   le   jour   où   le   parti   communiste   est   venu   au monde,   jamais   on   n’a entendu   parler   d’un   véritable parti communiste qui n’ait pas été sujet aux insultes, et on n’a jamais entendu   parler   d’un   véritable   parti   communiste   qui   ait succombé sous l’insulte. 

    Le Parti communiste chinois a grandi, il s’est aguerri et il   a   remporté   victoire   sur   victoire   sous   les   insultes   des impérialistes,   des   réactionnaires,   des   révisionnistes   et   des opportunistes de toutes les nuances. Leurs insultes ne nous ont pas fait le moindre mal. 

    Au   contraire,   cela   prouve   justement   que   nous   avons bien  agi,   que  nous   nous   en   sommes   tenus  aux  principes  du marxisme-léninisme   et   que   nous   avons   défendu   les   intérêts fondamentaux des peuples du monde entier.

    Nous voudrions encore rappeler à ceux qui attaquent le Parti   communiste   chinois   que   l’impérialisme   américain orchestre   actuellement   une   grande   campagne   antichinoise; Kennedy   lui-même   est   entré   en   scène   pour   déclarer   qu’ »un problème   majeur »,   qui   se   pose   actuellement   au   monde occidental,   c’est   de   savoir   comment   « contenir »   la   « Chine communiste ».

    Ne croyez-vous pas que, à pareil moment, vous devriez   établir   une   nette   ligne   de   démarcation   entre   vous-mêmes et l’impérialisme américain et ses laquais? La manière d’agir erronée qui provoque la scission et est apparue au  sein du  mouvement  communiste   international  ne peut qu’aider l’impérialisme et toute la réaction. 

    Ne   voyez-vous   pas   que   les   impérialistes,   les réactionnaires de tous les pays et les révisionnistes modernes de   Yougoslavie   applaudissent   et   exultent   à   la   vue   de   ces regrettables   événements,   qu’ils   se réjouissent   d’avance   d’une scission au sein du mouvement communiste international? 

    Dean Rusk déclarait récemment et sans ambages: « Ils (les désaccords entre partis communistes) sont fort sérieux et de très grande portée … la confusion qui a été jetée dans les partis communistes du monde entier … a aidé le monde libre. »  

    Tous ceux qui attaquent le Parti communiste chinois et d’autres   partis   marxistes-­léninistes devraient   y   réfléchir: L’ennemi salue cette manière d’agir comme une grande aide au « monde libre ».   Serait-ce   là   quelque chose dont on puisse s’enorgueillir?

    Il   n’est   nullement   étonnant   que   le   mouvement communiste international passe par des vicissitudes, d’une sorte ou   d’une   autre,   dans   sa   marche   en   avant.   Le   marxisme-léninisme a   sans   cesse   grandi   au   cours   du   combat   contre l’opportunisme de toutes les espèces. 

    Le   mouvement   communiste   international   a   toujours progressé,   d’un   pas   ferme,   en   surmontant   les   difficultés   de toutes sortes. 

    Tous   les impérialistes, réactionnaires et révisionnistes modernes seront balayés dans la poubelle de l’histoire par le flot   montant   du   mouvement   communiste   international   et   le déferlement du grand combat révolutionnaire des peuples du monde entier. Les communistes de tous les pays ont le même grand idéal,   une   même   noble   cause   et   ont   devant   eux   un   même ennemi. Nous avons mille et une raisons pour nous unir et pas la moindre pour créer la scission. 

    Les camarades engagés dans les activités scissionnistes devraient se reprendre! 

    Les communistes chinois espèrent sincèrement que les Partis   communistes   de   tous   les   pays   accorderont   toute   son importance à ce qui   est   l’intérêt   même   du   mouvement communiste international, de la lutte menée en commun par le prolétariat international et les peuples du monde entier contre l’ennemi, qu’ils accorderont toute son importance à la glorieuse tâche   historique   que   nous   assumons,   à   ce   que   les   peuples révolutionnaires du monde entier attendent impatiemment de nous,   et   adopteront   de   justes   méthodes   pour   régler   les divergences et sauvegarder l’unité, en accord avec les principes régissant   les   rapports   entre   partis   et   pays   frères,   tels   que stipulés dans les Déclarations de Moscou.

    Tant   qu’existe   chez   chacun   d’entre   nous   le   désir   de résoudre les problèmes, il n’est pas difficile de trouver la bonne méthode pour y parvenir. 

    La   déclaration   faite   par   la   délégation   du   Parti communiste   chinois   au   Congrès   du   Parti   communiste   de Tchécoslovaquie   dit:   « En   vue   de   régler   les   divergences   qui existent   dans   le   mouvement   communiste   international concernant des questions de principe d’importance majeure, le Parti communiste chinois et plusieurs autres partis frères ont proposé que soit convoquée une conférence des représentants

    des partis communistes et ouvriers du monde entier pour faire toute   la   lumière   sur   ce   qui   est   juste   et   ce   qui   est   faux   et renforcer l’unité dans la lutte commune contre l’ennemi. 

    Nous considérons que c’est là la seule méthode correcte pour arriver à la solution de nos problèmes. »

    Le  Parti communiste   chinois  est prêt  à  faire  tous les efforts, de concert avec les partis frères, pour renforcer l’unité et combattre la scission, sur la base du marxisme-léninisme et de   l’internationalisme   prolétarien,   afin   de   remporter   de nouvelles  victoires pour la cause de la paix mondiale, de la libération nationale, de la démocratie et du socialisme. 

    Unissons­-nous   et   n’épargnons   aucun   effort   pour défendre   inlassablement   la   grande   unité   du   mouvement communiste international, la grande unité du « camp socialiste et la grande union des peuples révolutionnaires du monde et de tous les peuples attachés à la paix! 

    Lançons   une  fois  de  plus   le  grand  appel   de  Marx  et d’Engels: Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!

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  • Parti Communiste de Chine : Déclaration au 12e congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie (1962)

    Déclaration de la délégation du Parti communiste de Chine au XIIème Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie

    Note de la Rédaction: Le XIIème Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie s’est tenu à Prague du 4 au 8 décembre 1962.

    Antonin   Novotny,   premier   secrétaire   du   Comité   central   du Parti communiste de Tchécoslovaquie, a fait, le 4 décembre, un   rapport   au   Congrès   résumant   les activités   du   Comité central.   Dans   ce   rapport,   il   a   attaqué   le   Parti   du   Travail d’Albanie.

    L.I.   Brejnev,   chef   de   la   délégation   du   Parti   communiste  de l’Union soviétique et membre du présidium du Comité central du   Parti   communiste   de   l’Union   soviétique,   s’est   adressé   le même *jour au Congrès. Il a également attaqué le Parti du Travail   d’Albanie   et   a   critiqué   ces   gens   « qui   se   prétendent marxistes-­léninistes ».

    Prenant  la  parole au Congrès, certains camarades du Parti communiste de Tchécoslovaquie et  d’autres partis  frères ont attaqué   le   Parti   communiste   chinois   et   le   Parti   du   Travail d’Albanie. Certains ont encore critiqué le Parti du Travail de Corée qui désapprouvait les attaques dirigées contre le Parti communiste chinois.

    Wou Sieou-kiuan, chef de la délégation du Parti communiste chinois, a pris la parole au Congrès le 5 décembre. Avant le discours  de clôture  de Novotny du 8 décembre, Wou Sieou­ kiuan a remis au présidium du Congrès la Déclaration de la délégation du Parti communiste chinois » laquelle a été lue par A. Novotny au Congrès.

    Dans   son   discours   de   clôture,   A.   Novotny   a   renouvelé   ses attaques contre le Parti communiste chinois. Voici le texte intégral de la Déclaration de la délégation du Parti communiste de Chine.

    La   délégation   du   Parti   communiste   chinois,   dans   le désir   sincère   de   renforcer   les   liens   d’amitié   entre   les   partis frères et l’unité du mouvement communiste international, a, sur l’invitation du Parti communiste de Tchécoslovaquie, assisté à son Xlle Congrès et vous a adressé ses félicitations. 

    Mais,   fort   malheureusement,   contrairement   à   notre attente,   des   camarades  de   votre   Parti   et   de   quelques   autres partis frères se sont servis de la tribune de votre Congrès pour continuer à attaquer le Parti du Travail d’Albanie et pour lancer des attaques effrénées contre le Parti communiste chinois. 

    Cette façon d’agir ne correspond pas à l’esprit des deux Déclarations   de   Moscou, elle est préjudiciable à l’unité du camp socialiste et à celle du mouvement communiste international, à la lutte contre l’impérialisme, à la lutte pour la paix mondiale, et ne répond pas aux intérêts fondamentaux des peuples des pays socialistes. 

    Nous ne pouvons que regretter au plus haut point que se soient produits de tels actes qui vont à rencontre du marxisme­-léninisme et de l’internationalisme prolétarien.

    Le   Parti   communiste   chinois   s’en   est   toujours   tenu fermement   au   marxisme­-léninisme   et   aux   principes révolutionnaires des deux Déclarations de Moscou. 

    Nous   nous   opposons   énergiquement  à   tous   points   de vue et actes qui vont à l’encontre du marxisme-léninisme et de l’esprit des Déclarations de Moscou.

    En ce qui concerné le règlement des divergences entre les partis frères, la position que le Parti communiste chinois a invariablement   adoptée   part   de   l’intérêt   de   la   sauvegarde   de l’unité   du   mouvement   communiste   international,   de   la sauvegarde de l’unité du camp socialiste, de la lutte commune contre l’ennemi, et observe les principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères définis dans les Déclarations de Moscou. 

    Il y a un peu plus d’un an, nous nous sommes déjà opposés résolument à ce que le congrès d’un parti soit utilisé pour attaquer un parti frère. 

    Cette   façon   d’agir   erronée   ne   peut   qu’aggraver   les divergences   et   créer   la   scission;   elle   ne   peut   qu’affliger   les nôtres et réjouir l’ennemi. 

    Cependant, il se trouve certains partis et certaines gens qui,   loin   d’envisager   l’abandon   de   cette   pratique   erronée, persistent dans ce sens, allant encore et toujours plus loin dans la voie de la scission. 

    Il   nous   est   impossible   de   ne   pas   souligner   que   ces pratiques erronées ont déjà entraîné de graves conséquences et que   si   elles   se   poursuivent,   il   en   résultera   de   plus   graves encore.

    Certains n’ont cessé de répéter que le Parti du Travail d’Albanie a blâmé des camarades d’un parti frère, et imputent aux camarades albanais la responsabilité de la situation pénible qui   existe   aujourd’hui   dans le  mouvement communiste international. Ils ont même accusé à tort les camarades albanais d’être « antisoviétiques ». 

    Pourquoi   ces   gens-là   ne   se   posent-ils   pas   un   peu   la question de savoir quels sont, en définitive, ceux qui doivent être tenus pour responsables de cette situation? Quels sont ceux qui ont déclenché l’attaque contre les camarades albanais? 

    Se peut-il qu’il soit juste et admissible qu’un parti, à son propre congrès, attaque à sa guise un parti frère, alors que le parti attaqué n’aurait même pas le droit de répliquer? 

    Se   peut-il   qu’attaquer   un   parti   frère   soit   considéré comme   marxiste-­léniniste   et   conforme   aux   Déclarations   de Moscou, tandis que la riposte du parti frère attaqué serait taxée de « sectarisme »,   de   « scissionnisme »,   de « dogmatisme »   et   de violation des Déclarations de Moscou? 

    Si   la   riposte   des   camarades   albanais   est   de l’ »antisoviétisme »,  comment qualifier ceux qui ont déclenché l’attaque contre les camarades albanais et qui ont  lancé sans retenue toute une suite d’accusations contre eux? 

    Devant   des   problèmes   d’une   telle   importance,   les marxistes­-léninistes doivent savoir faire la distinction entre le vrai et le faux et se garder d’inverser les faits. 

    Nous   estimons   qu’on   ne   peut   régler   les   divergences entre   les   partis   frères   qu’en   agissant   suivant   les   principes d’indépendance,   d’égalité,   d’unanimité   de   vues   par   voies   de consultations, définis dans les Déclarations de Moscou, et que c’est au  parti qui  a déclenché l’attaque de prendre l’initiative pour régler les divergences. Une fois de plus, nous renouvelons sincèrement notre appel dans ce sens.

    A ce Congrès, certains camarades ont attaqué le Parti communiste   chinois   qui   a   invariablement   maintenu   les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, mais cela ne peut nous causer aucun préjudice.  Depuis   des   dizaines d’années,   c’est   au   milieu   des insultes   et   des   attaques  des   impérialistes,  des   réactionnaires, des révisionnistes et des opportunistes que le Parti communiste chinois a grandi et a remporté victoire après victoire. 

    Le fait est qu’au cours de cette période, des rangs des impérialistes, des réactionnaires et des révisionnistes s’élève un chur  anti-chinois sur l’arène internationale, mais cela montre précisément   que   le   Parti   communiste   chinois   s’en tient fermement à la vérité, à une juste lutte, et que notre lutte est profitable  à  la  cause des peuples du monde pour la paix,  la libération   nationale,   la   démocratie   et   le   socialisme,   et défavorable   pour   les   impérialistes,   les   réactionnaires   et   les révisionnistes. 

    Le  Parti  communiste chinois  maintiendra toujours  les principes fondamentaux du marxisme-­léninisme et les positions définies   dans   les  Déclarations   de   Moscou,  et   ne   consentira jamais à un marchandage sur les principes. 

    Nous   estimons   qu’utiliser   le   congrès   d’un   parti   pour attaquer un ou plusieurs autres partis et que recourir même à des procédés inhabituels, tels que clameurs et huées, ne peut en aucune   façon   prouver   qu’on   a   raison   et   ne peut   non   plus contribuer à la solution des problèmes.

    En  vue de régler les divergences qui  existent dans le mouvement communiste international concernant des questions de principe d’importance majeure, le Parti communiste chinois et plusieurs autres partis frères ont proposé que soit convoquée une   conférence   des   représentants   des   partis communistes et ouvriers du monde entier pour faire toute la lumière sur ce qui est   juste   et   ce  qui  est   faux   et  renforcer  l’unité  dans   la   lutte commune contre l’ennemi. 

    Nous considérons que c’est là la seule méthode correcte pour arriver à la solution de nos problèmes. Les communistes du monde entier ont un ennemi commun, une cause commune et des objectifs communs; nous n’avons aucune raison de ne pas rester unis. 

    Le Parti communiste chinois est  prêt  à conjuguer ses efforts,   sur   la   base   du   marxisme-­léninisme   et   de l’internationalisme prolétarien, avec les autres partis frères pour renforcer l’unité et s’opposer à la scission, et pour remporter de nouvelles victoires dans la lutte des peuples du monde entier pour   la   cause   de   la   paix,   de   la libération   nationale,   de   la démocratie et du socialisme.

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  • Parti Communiste de Chine : Proposition en cinq points pour le règlement des divergences (1960)

    PROPOSITION EN CINQ POINTS POUR LE RÈGLEMENT DES DIVERGENCES ET LA RÉALISATION DE L’UNITÉ CONTENUE DANS LA RÉPONSE DU COMITÉ CENTRAL DU P.C.C. A LA LETTRE D’INFORMATION

    DU COMITÉ CENTRAL DU P.C.U.S.

    10 septembre 1960

    En vue de régler heureusement les divergences et de parvenir à l’unité, nous présentons sincèrement la proposition suivante: 

    I.  Les   principes   fondamentaux   du   marxisme-léninisme   et   les principes   de   la   Déclaration   et   du   Manifeste   de   la   Paix   de   la Conférence de Moscou de 1957 constituent la base idéologique de l’unité de nos deux Partis et de celle de tous les partis frères. 

    Nous devons rester absolument fidèles, dans toutes nos paroles et dans   tous   nos   actes,  aux   principes   fondamentaux  du  marxisme­-léninisme   et   aux  principes  de  la  Déclaration  de  Moscou,   et   les prendre comme critère permettant de distinguer le vrai du faux. 

    II. Les rapports entre pays socialistes et entre partis frères doivent se   conformer   strictement   aux   principes   de   l’égalité,   de   la camaraderie et de l’internationalisme, tels qu’ils sont définis dans la Déclaration de Moscou. 

    III.  Toutes les controverses surgies dans les rapports entre pays socialistes et entre partis frères doivent être réglées, comme il est indiqué   dans la Déclaration de Moscou, par des discussions menées   en   toute  camaraderie  et  sans   précipitation,   assumant  de grandes responsabilités dans la situation interna­et le mouvement communiste international, l’Union soviétique et la Chine et leurs Partis doivent, sur   tous   les   problèmes   importants   d’intérêt commun,   procéder   à   d’amples consultations   et   discuter   sans précipitation en vue d’aboutir à une unité d’action. 

    Au cas où la controverse entre le P.C.C et le P.C.U.S. ne pourrait être réglée, pour le moment, dans le cadre des entretiens bipartis, il faudra poursuivre les discussions en prenant tout son temps.  En cas de nécessité, on soumettra d’une façon toute objective les opinions des deux parties à tous les partis communistes et ouvriers pour   qu’ils   puissent,   après   un   examen   sérieux,   y   porter   un jugement juste à la lumière des principes du marxisme-­léninisme et de la Déclaration de Moscou.

    IV.  Le  plus  important pour les communistes,  c’est de faire une distinction bien nette entre l’ennemi et nous, entre le vrai et le faux. 

    Nos   deux   Partis   doivent   avoir   à   cœur  leur   amitié   et   mener  en commun la lutte contre l’ennemi; et ils doivent s’abstenir de tout propos et de tout acte susceptibles de compromettre l’unité entre nos deux Partis, entre nos deux pays et de donner prise à l’ennemi. 

    V. Nos deux Partis doivent, sur la base susmentionnée, de concert avec tous les autres partis communistes et ouvriers et après des préparations   suffisantes   et   d’amples   consultations, contribuer   au succès de la conférence des représentants des partis communistes et   ouvriers qui aura   lieu   au   mois   de   novembre   à   Moscou   et élaborer, au cours de cette conférence, un document conforme aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme et aux principes de la Déclaration   de   Moscou   de   1957,   qui   deviendra   un programme  de  combat à  observer en  commun et  autour  duquel nous pourrons réaliser notre unité pour lutter contre l’ennemi.

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  • Parti Communiste de Chine : Déclaration à la rencontre de Bucarest des partis frères (1960)

    Déclaration de la délégation, 26 juin 1960

    Le Comité central du Parti communiste chinois estime que, durant cette Rencontre, le camarade Khrouchtchev de la délégation du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique a complètement violé le principe du règlement des problèmes communs par voie de consultations entre partis frères, principe observé de tout temps dans le mouvement communiste international, et a totalement violé l’accord réalisé avant la Rencontre, selon lequel il était convenu de limiter celle-ci à un échange de vues et de n’y prendre aucune décision, et cela en présentant, par une attaque-surprise, un projet de communiqué de la Rencontre, sans avoir consulté au préalable les partis frères sur le contenu de ce communiqué ni même permettre comme il se devait, d’engager d’amples discussions au cours de la Rencontre.

    I.

    C’est là un abus du crédit acquis par le P.C.U.S. au sein du mouvement communiste international pendant une longue période depuis le vivant de Lénine, un acte d’une extrême brutalité, visant à imposer sa propre volonté aux autres.

    Un tel comportement n’a rien de commun avec le style de Lénine. Une telle façon d’agir a créé, au sein du mouvement communiste international, un précédent des plus indignes. Le Comité central du P.C.C. est d’avis que cette attitude et cette façon d’agir du camarade Khrouchtchev entraîneront des conséquences d’une extrême gravité au sein du mouvement communiste international.

    II.

    Le P.C.C. est toujours resté fidèle au marxisme-léninisme et a toujours maintenu les positions théoriques du marxisme­ léninisme; depuis plus de deux ans, il fait preuve d’une fidélité absolue à l’égard de la Déclaration de Moscou de 1957, et s’en tient fermement à toutes les thèses marxistes-léninistes contenues dans la Déclaration. Il existe entre le camarade Khrouchtchev et nous des divergences sur une série de principes fondamentaux du marxisme-léninisme. 

    Ces divergences concernent les intérêts de l’ensemble du camp socialiste aussi bien que les intérêts du prolétariat   et   des peuples travailleurs du monde   entier,   elles   ont   trait   à   la question   de   savoir   si   les   peuples du monde   pourront sauvegarder   la   paix   mondiale   et   conjurer une guerre impérialiste,   elles ont   rapport à la question   de   savoir si le socialisme   pourra   continuer à triompher   dans le monde capitaliste   qui représente   les   deux   tiers   de   la   population de l’humanité et les trois quarts de la superficie du globe. 

    Face à   ces  divergences, tous les  marxistes-léninistes doivent adopter  une  attitude sérieuse, faire de sérieuses réflexions et mener  des   discussions  entre  camarades,  afin d’aboutir à une conclusion unanime. Cependant, l’attitude prise par le camarade Khrouchtchev est une attitude toute patriarcale, arbitraire et despotique.

    En réalité, il ne considère pas les relations  existant  entre  le grand   P.C.U.S. et notre parti comme des relations  de partis frères, mais comme des rapports entre père et fils. Au cours de cette Rencontre, il a tenté d’exercer une pression pour que notre parti s’incline devant ses points de vue étrangers au marxisme-léninisme. 

    Nous déclarons ici solennellement que notre parti croit et obéit seulement à la vérité du marxisme-léninisme, et ne s’inclinera jamais devant les points de vue  erronés, contraires au marxisme-léninisme. Nous estimons que dans le discours prononcé par le camarade Khrouchtchev au IIIe Congrès du Parti   ouvrier   roumain, certains points de vue sont erronés et contraires à la Déclaration de Moscou.

    Son   discours   est   de   nature   à   se   faire   applaudir   par   les impérialistes et la clique   Tito   et ceux-ci l’ont effectivement applaudi. Nous sommes disposés, désormais, à poursuivre, lorsque l’occasion se présentera, des discussions sérieuses avec le P.C.U.S. et d’autres partis frères sur les divergences de vues existant entre le camarade Khrouchtchev et nous. 

    En   ce   qui   concerne  « la  Lettre   d’Information   du  P.C.U.S. au P.C.C. »   distribuée par le camarade Khrouchtchev à  Bucarest lors de la Rencontre, le Comité central du P.C.C. y répondra en détail   quand   il   l’aura   étudiée   avec   soin   pour   expliquer les divergences de principe entre les deux Partis et faire éclater la vérité au grand jour, et il entamera en toute camaraderie des discussions sérieuses et consciencieuses avec les partis frères des différents pays. 

    Nous sommes convaincus que, malgré tout, la vérité du marxisme-léninisme finira par triompher. La vérité ne craint pas la discussion. En fin de compte, la vérité ne pourra être prise pour l’erreur, l’erreur ne pourra être prise pour la vérité. L’avenir du mouvement communiste international dépend des exigences et de la lutte des peuples de même que de la direction assumée par le marxisme-léninisme, il ne dépendra jamais de la baguette de qui que ce soit.

    III.

    Nous, le P.C.C., nous avons toujours lutté pour sauvegarder l’unité entre les partis communistes de différents pays et celle entre les pays socialistes. 

    En   vue   de   l’unité   réelle   des   rangs   du   communisme international,   et   dans   l’intérêt   de   la   lutte   commune   contre l’impérialisme et les forces réactionnaires, nous sommes d’avis qu’il est nécessaire d’engager des discussions normales sur les problèmes qui nous divisent, qu’il ne faut pas recourir à des moyens anormaux, ni à un simple vote pour régler à la hâte les sérieux problèmes de principe, et qu’on ne doit pas contraindre les autres à accepter ses points de vue arbitraires qui n’ont pas été mis à l’épreuve ou dont la fausseté a été prouvée par des faits.  

    La manière dont le camarade Khrouchtchev a procédé au cours de   cette   Rencontre   est   absolument   préjudiciable   à   l’unité   du communisme international.  Néanmoins,   quelle   que   soit   la   façon   d’agir   du   camarade Khrouchtchev, l’unité entre les partis chinois et soviétique de même que l’unité entre les partis communistes et ouvriers des différents pays ne manqueront pas de continuer à se consolider et à se développer.  Nous   sommes   profondément   convaincus   qu’avec   le développement du mouvement communiste international et du marxisme-­léninisme, l’unité de nos rangs se consolidera et se développera sans cesse.

    IV.

    Du point de vue des relations entre nos deux partis prises dans leur ensemble, les divergences de vues qui existent entre le camarade Khrouchtchev et nous, et dont il est question plus haut, ne revêtent qu’un caractère partiel. 

    Nous  estimons  que la lutte  commune et l’unité  de nos  deux partis pour la cause commune restent le point capital, nos deux pays étant des pays socialistes, nos deux partis étant des partis fondés selon les principes du marxisme-­léninisme, des partis qui luttent pour faire progresser la cause de tout   le camp socialiste, pour s’opposer à l’agression impérialiste et pour gagner la paix mondiale.

    Nous sommes persuadés que nous pourrons, de concert avec le camarade Khrouchtchev et le Comité central du P.C.U.S., trouver l’occasion de nous entretenir dans le calme et en toute camaraderie, pour éliminer les divergences d’opinions existant entre nous, resserrer et consolider encore davantage   les relations entre les partis chinois et soviétique. Si  nous  agissons  ensemble de la  sorte, ce sera extrêmement profitable à la cause de   la lutte du camp socialiste et des peuples du monde entier contre l’agression impérialiste et pour la paix mondiale.

    V.

    Nous sommes très heureux de constater que « le projet du communiqué de la Rencontre » présenté lors de cette Rencontre a confirmé la justesse de la Déclaration de Moscou.

    Cependant, l’explication que donne ce projet des diverses thèses marxistes-léninistes contenues dans la Déclaration de Moscou est inexacte et unilatérale. Par ailleurs, ce projet n’a pas pris position sur les problèmes importants de la situation internationale actuelle et n’a soufflé mot du révisionnisme moderne — principal danger au sein du mouvement ouvrier international; c’est là une erreur. 

    Par conséquent, nous ne pouvons pas accepter ce projet. En vue de s’unir étroitement et de mener en commun la lutte contre l’ennemi, nous présentons un projet revisé et proposons d’en discuter. Si on ne peut pas aboutir à un accord cette fois-ci, nous proposons d’établir une commission spéciale de rédaction, qui sera chargée  d’élaborer, après de suffisantes discussions, un document acceptable pour tous.

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  • Parti Communiste de Chine : Unissons-nous sous le drapeau révolutionnaire de Lénine (1960)

    Rapport présenté le 22 avril 1960 au meeting organisé à Pékin par le Comité central du Parti communiste chinois pour la commémoration du 90e anniversaire de la naissance de Lénine

    Camarades et Amis,

    C’est aujourd’hui 22 avril, le 90ème anniversaire de la naissance du grand Lénine.

    Lénine est, après Marx et Engels, le grand éducateur révolutionnaire du prolétariat, du peuple travailleur et des nations opprimées du monde entier. Dans les conditions historiques de l’époque impérialiste et dans les flammes de la révolution socialiste du prolétariat, Lénine a défendu résolument et développé la doctrine révolutionnaire de Marx et d’Engels.

    Le léninisme, c’est le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Aux yeux des travailleurs du monde entier, le nom de Lénine symbolise le triomphe de la révolution prolétarienne, le triomphe du socialisme et du communisme.

    Il y a 90 ans, quand naquit Lénine, l’humanité vivait encore sous la sombre domination du capitalisme. Lénine et le Parti bolchévik de Russie ont conduit la classe prolétarienne et le peuple travailleur russes à briser les chaînes de l’impérialisme mondial, à renverser, en usant de la violence révolutionnaire, la domination par la violence exercée par la classe bourgeoise, à remporter la victoire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre, à fonder le premier Etat de dictature du prolétariat, et à ouvrir une ère nouvelle dans l’histoire de l’humanité.

    La Révolution d’Octobre a réalisé le rêve séculaire du peuple travailleur et de l’humanité progressiste ; elle a établi, pour la première fois dans l’histoire, sur un sixième du globe, une société d’où est bannie l’exploitation de l’homme par l’homme. Les impérialistes ont cherché en vain à étouffer cet Etat soviétique nouvellement né. En collusion avec les forces antirévolutionnaires intérieures de la Russie d’alors, quatorze pays capitalistes ont entrepris une intervention armée.

    Lénine et les bolchéviks ont conduit la classe ouvrière et le peuple travailleur héroïques de l’Union Soviétique à briser l’intervention armée des impérialistes et à réprimer la rébellion contre-révolutionnaire à l’intérieur du pays. Lénine a montré la voie de l’édification socialiste, de l’industrialisation socialiste et de la collectivisation de l’agriculture.

    Après la mort de Lénine, le Comité central du Parti communiste de l’Union Soviétique et le gouvernement soviétique qui avaient à leur tête Staline ont conduit le peuple soviétique à mettre en pratique les directives de Lénine, de sorte que l’Union Soviétique, pays alors arriéré tant du point de vue économique que technique, s’est rapidement, en une courte période historique, transformé en un puissant pays socialiste.

    Au cours de la Seconde guerre mondiale, l’Union Soviétique constitua la force principale dans la mise en échec de l’agression fasciste, elle aida les peuples de l’Europe orientale à obtenir leur propre libération et les peuples d’Asie à triompher de l’impérialisme japonais, faisant ainsi avancer considérablement la cause de la révolution prolétarienne et celle de la libération nationale et apportant une contribution d’une ampleur exceptionnelle à la cause de la paix mondiale.

    A l’heure actuelle, l’Union Soviétique est entrée dans la période historique de l’édification en grand du communisme. Sous la direction du Comité central du Parti communiste et du gouvernement de l’Union Soviétique, ayant à leur tête le camarade Khrouchtchev, de magnifiques réalisations ont été enregistrées en Union Soviétique dans l’édification économique, et la science et la technique soviétiques se sont développées par sauts et par bonds.

    L’Union Soviétique a lancé les premiers satellites artificiels de la terre et fusées cosmiques, inaugurant une ère nouvelle dans la conquête de la nature par l’homme. Ces succès grandioses ont considérablement encouragé les peuples du monde entier dans leur lutte contre l’impérialisme, pour la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme, ainsi que pour une paix durable dans le monde.

    La vie de Lénine est celle d’un grand révolutionnaire prolétarien.

    Elle a été consacrée à une lutte âpre contre les impérialistes et les réactionnaires et opportunistes de toutes sortes. C’est dans les luttes contre l’impérialisme et l’opportunisme que s’est développé le léninisme.

    Son trait particulier et son essence résident dans son caractère révolutionnaire conséquent, prolétarien.

    Le léninisme a non seulement entièrement ressuscité le contenu révolutionnaire du marxisme que les révisionnistes de la IIe Internationale avaient émasculé, ainsi que son mordant révolutionnaire qu’ils avaient émoussé, mais aussi développé encore davantage ce contenu et ce mordant révolutionnaires dans les nouvelles conditions historiques, et compte tenu des nouvelles expériences historiques.

    A la fin du XIXe siècle, le capitalisme est arrivé à un nouveau stade de son développement, celui du capitalisme monopoleur, c’est-à-dire le stade de l’impérialisme. A ce stade, toutes les contradictions du capitalisme se sont révélées encore davantage, plus pleinement et plus complètement. Ce qui a mis les marxistes devant une tâche nouvelle, celle de faire une nouvelle analyse de ce nouveau stade du capitalisme. C’est le grand Lénine, et nul autre, qui a accompli cette tâche.

    Entreprenant une analyse approfondie de la nature de l’impérialisme, Lénine a réfuté à fond la justification de l’impérialisme et son embellissement par les renégats de la classe ouvrière comme Bernstein et Kautsky. Lénine a exposé de manière scientifique le fait que l’impérialisme est le capitalisme monopoleur, pourrissant et moribond, le prélude de la révolution socialiste prolétarienne.

    A l’époque de l’impérialisme, les contradictions entre la bourgeoisie et le prolétariat dans un même pays, les contradictions entre les pays capitalistes, et les contradictions entre les puissances capitalistes colonialistes et les colonies et semi-colonies, sont arrivées à un degré d’acuité jamais atteint.

    Seule la révolution peut résoudre ces contradictions.

    Les impérialistes cherchent à éliminer toutes ces contradictions en plongeant des millions et des millions de gens dans une mer de sang au cours de guerres entres puissances impérialistes, de guerres d’agression contre les colonies et semi-colonies et de guerres de répression contre le prolétariat et le peuple travailleur dans leur propre pays. Contrairement au désir des impérialistes, leurs guerres contre-révolutionnaires sont incapables d’éliminer les contradictions de l’impérialisme, mais bien plutôt elles les aggravent encore davantage et conduisent plus rapidement à l’éclatement de la révolution.

    Comme on le sait, après la Révolution russe de Février 1917, Lénine a indiqué dans ses célèbres Lettres de loin, au sujet de la question de la révolution russe, qu’à ce moment, la guerre impérialiste mondiale était devenue un « tout-puissant régisseur » capable d’accélérer dans de vastes proportions la marche de l’histoire universelle, d’engendrer des crises universelles économiques, politiques, nationales et internationales d’une intensité sans précédent, et de faire verser du premier coup la télègue de la monarchie éclaboussée de sang et de boue des Romanov à ce tournant particulièrement brusque de l’histoire universelle [1].

    Les marxistes-léninistes sont, en toutes circonstances, contre le système impérialiste et contre la guerre impérialiste.

    Ils estiment que les contradictions inhérentes au système capitaliste-impérialiste provoquent nécessairement et inéluctablement la révolution prolétarienne et les révolutions dans les colonies et semi-colonies.

    Les opportunistes de la IIe Internationale, pris de panique devant l’apparence de « puissance » de l’impérialisme, se sont laissés acheter par la classe bourgeoise et se sont mis au service de l’impérialisme. Ils ont répandu, dans l’intérêt des impérialistes, l’influence du réformisme et du capitulationnisme parmi les classes ouvrières et populaires, et se sont opposés à la voie de la révolution.

    Au moment où la guerre impérialiste a éclaté, ils en sont venus à adopter la position honteuse de soutenir la guerre impérialiste. Contrairement aux opportunistes, Lénine a pris à tout moment la position d’un révolutionnaire prolétarien, se tenant aux avant-postes contre la guerre impérialiste.

    Lénine a démasqué le visage des opportunistes comme complices de l’impérialisme et s’est fermement opposé à la guerre impérialiste, et lorsque la guerre impérialiste a éclaté, il a préconisé de mettre fin à la guerre impérialiste en menant une guerre révolutionnaire. Lénine a souligné que : « seul [le régime socialiste] libérera l’humanité des guerres » [2].



    L’esprit révolutionnaire du léninisme trouve son éminente expression dans la doctrine sur la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat.

    Pour mettre en pièces les «théories » révisionnistes de Kautsky et ses semblables visant à montrer sous de belles couleurs le système démocratique de la bourgeoisie et à endormir l’esprit révolutionnaire du prolétariat, Lénine a souligné à maintes reprises que la révolution prolétarienne devait briser l’appareil d’Etat de la classe bourgeoise, et le remplacer par la dictature du prolétariat. Il a dit : « L’Etat bourgeois … ne peut céder la place à l’Etat prolétarien (à la dictature du prolétariat) par voie d’’extinction’, mais seulement, en règle générale, par une révolution violente » « cette idée est précisément à la base de toute la doctrine de Marx et d’Engels » [3]. 

    Lénine a souligné encore que la dictature du prolétariat est une continuation de la lutte des classes sous une autre forme et dans de nouvelles conditions, c’est une lutte soutenue contre la résistance des classes exploiteuses, contre l’agression étrangère et contre les anciennes forces et leurs traditions. Sans la dictature du prolétariat, il ne peut y avoir de victoire du socialisme. La dictature du prolétariat est un système politique un million de  fois plus démocratique que la dictature bourgeoise.

    Lénine a brillamment appliqué et développé l’idée marxiste de la révolution interrompue, la considérant comme un principe directeur fondamental de la révolution prolétarienne.

    Il a formulé le principe que le prolétariat devait prendre la direction dans la révolution démocratique bourgeoise et transformer celle-ci sans interruption en révolution socialiste. Il a encore souligné que la révolution socialiste n’était pas le but final et qu’il était nécessaire de continuer d’avancer, de réaliser la transition au stade supérieur du communisme. Lénine a dit : « En commençant la transformation socialiste, nous devons nous proposer clairement comme objectif final de cette transformation, l’établissement de la société communiste » [4].

    Se basant sur la loi absolue du développement inégal, économique et politique, du capitalisme, Lénine en a tiré la conclusion que le socialisme remporterait la victoire d’abord dans un ou plusieurs pays.

    Le passage de la victoire socialiste dans un ou plusieurs pays à la victoire socialiste dans tous les pays du monde englobera toute une période historique. Lénine avait pleine confiance en l’avenir de la révolution mondiale. Il disait dans son dernier article Mieux vaut moins, mais mieux : « L’issue de la lutte dépend finalement de ce que la Russie, l’Inde, la Chine, etc., forment l’immense majorité de la population du globe.

    Et c’est justement cette majorité de la population qui, depuis quelques années, est entraînée avec une rapidité incroyable dans la lutte pour son affranchissement ; à cet égard, il ne saurait y avoir une ombre de doute quant à l’issue finale de la lutte universelle. A cet égard, la victoire définitive du socialisme est absolument et pleinement assurée » [5].



    Le système capitaliste périra certainement et sera inéluctablement remplacé par les systèmes socialiste et communiste.

    C’est là une loi objective indépendante de la volonté de l’homme. Après Marx et Engels, Lénine a exposé plus avant cette loi, et fait un grand éloge de l’initiative révolutionnaire des masses populaires.

    La victoire de la Grande Révolution d’Octobre dirigée par Lénine a montré au monde entier la voie de la libération complète et les perspectives brillantes du socialisme et du communisme. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, « la voie de l’Union Soviétique, la voie de la Révolution d’Octobre, est fondamentalement la grande voie commune et radieuse du développement de toute l’humanité » [6].

    La révolution chinoise est le prolongement de la Révolution d’Octobre. Le Parti communiste chinois et le camarade Mao Tsé-toung ont associé la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise, c’est pourquoi la révolution chinoise a trouvé son orientation juste et pris un aspect entièrement nouveau.

    Le camarade Mao Tsé-toung a pleinement développé l’esprit révolutionnaire du marxisme-léninisme et, dans les conditions qui sont les nôtres, a défendu et développé le marxisme-léninisme. En suivant la voie révolutionnaire indiquée par le camarade Mao Tsé-toung, notre Parti a conduit la révolution chinoise à avancer sans cesse de victoire en victoire.

    La révolution de démocratie nouvelle de notre pays a été une révolution des grandes masses populaires, conduite par le prolétariat, contre l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique. Cette révolution n’a triomphé qu’au bout de plus de vingt longues années de guerres révolutionnaires.

    Pendant le long développement de la révolution, l’impérialisme fut le plus grand ennemi auquel eut à faire face le peuple chinois.

    Avant la victoire de la révolution chinoise, la Chine était soumise à l’oppression et à la domination de tous les pays impérialistes du monde. Après la victoire de la révolution chinoise, dans le but d’anéantir cette révolution, les impérialistes américains ont lancé une attaque armée contre la République démocratique populaire de Corée, menacé la sécurité de notre pays, occupé par la force armée notre territoire de Taïwan ; ils ont fait appel au blocus et à l’embargo et ont tenté d’user du prétendu « individualisme démocratique ».

    Le Parti communiste chinois, animé d’un esprit révolutionnaire marxiste-léniniste élevé, a mobilisé les masses populaires les plus larges, les a conduits à extirper le pro-américanisme, le culte des Etats-Unis et la peur qu’ils inspiraient, psychoses qui avaient été répandues par les impérialistes et leurs valets, à lutter résolument contre les impérialistes et les laquais qu’ils ont en Chine, à renverser finalement l’oppression et la domination exercées par les impérialistes en Chine et à sauvegarder fermement les fruits de notre révolution.

    Notre Parti et le Kuomintang – parti politique de la bourgeoisie – ont collaboré par deux fois, et rompu deux fois, c’est ainsi que notre Parti a acquis une expérience des plus riches sur la question de l’union avec la bourgeoisie et de la lutte contre elle. Notre Parti a une riche expérience non seulement dans la lutte armée, mais aussi dans la lutte pacifique.

    Sous la direction du camarade Mao Tsé-toung, le Parti communiste chinois a appliqué avec justesse et de façon concrète les idées mises en lumière par Lénine concernant la direction par le prolétariat de la révolution démocratique bourgeoise, la direction exercée par le prolétariat sur les masses paysannes pour une révolution démocratique conséquente, la révolution démocratique en tant que guerre paysanne et révolution agraire et la révolution ininterrompue comportant le passage de la révolution démocratique à la révolution socialiste.

    Ces idées ont joué un rôle dirigeant qui nous a permis de remporter sans cesse des victoires dans notre révolution.

    Lénine nous a appris que sans un parti révolutionnaire prolétarien d’acier, qui s’est trempé dans les luttes répétées, il est impossible de vaincre de puissants ennemis. Un tel parti doit prendre le marxisme-léninisme comme base idéologique, il doit avoir un programme révolutionnaire prolétarien et établir une liaison étroite avec les larges masses laborieuses.

    Le Parti communiste chinois est justement ce parti révolutionnaire prolétarien. Notre Parti a mûri au cours des luttes contre de puissants ennemis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et contre l’opportunisme de droite et celui de « gauche ».

    C’est après avoir lutté à maintes reprises contre l’opportunisme de droit et celui de « gauche » que notre Parti a fermement établi la direction marxiste-léniniste du Comité central du Parti, ayant à sa tête le camarade Mao Tsé-toung. C’est précisément parce que notre Parti a joui d’une telle direction que durant la période de la révolution démocratique, il a pu établir solidement la direction du prolétariat, ce qui a permis à la révolution démocratique de remporter une victoire complète et de transformer rapidement la victoire de cette révolution en victoire de la révolution socialiste.

    Dans les luttes de notre Parti contre l’opportunisme de droite et celui de « gauche », les ouvrages de Lénine tels que Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, L’Etat et la révolution, La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme») et la Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky ont été pour nous des armes idéologiques extrêmement importantes.

    Notre parti a appliqué, dans la pratique de la révolution chinoise, les théories marxistes-léninistes de la révolution ininterrompue et du développement de la révolution par étapes, donnant une solution juste et concrète à une série de problèmes sur le passage de la révolution démocratique à la révolution socialiste dans notre pays.

    Parlant du rapport entre la révolution démocratique et la révolution socialiste, Lénine a indiqué : « La première se transforme en la seconde. La seconde résout, en passant, les problèmes de la première. La seconde consolide l’œuvre de la première.

    La lutte, et la lutte seule, décide dans quelle mesure la seconde réussit à surpasser la première » [7]. 

    Il a dit aussi : « Plus la révolution démocratique sera complète, et plus cette nouvelle lutte [la révolution socialiste] se déroulera rapide, large, nette et résolue » [8]. 

    Les circonstances dans notre pays ont confirmé pleinement la théorie que plus la révolution démocratique est profonde, plus rapide et plus heureux est le développement de la révolution socialiste ; plus profonde est la révolution socialiste, plus rapide et plus heureuse est l’édification socialiste ; et l’accélération de l’édification socialiste hâtera nécessairement la réalisation du communisme.

    Mener jusqu’au bout la révolution socialiste signifie que nous devons remporter la victoire de la révolution socialiste non seulement sur le front économique, mais aussi sur les fronts politique et idéologique, balayer sans cesse l’influence politique et idéologique de la bourgeoisie, résoudre sans cesse les contradictions entre les rapports de production et les forces productives et entre la superstructure et la base économique qui s’élèvent au cours de l’édification socialiste.

    De cette façon, il sera possible de mobiliser pleinement l’initiative révolutionnaire des masses et déclencher, au cours de l’édification socialiste, comme a dit Lénine, « un mouvement … ayant véritablement un caractère de masse et auquel participera d’abord la majorité, puis la totalité de la population » [9] et promouvoir ainsi prodigieusement le bond en avant des forces productives de la société.

    Il y a une sorte de théorie suivant laquelle dans la société humaine, il n’existerait que des contradictions entre nous et l’ennemi, alors qu’il n’en existerait pas au sein du peuple ; dans la société socialiste, entre les rapports de production et les forces productives, entre la superstructure et la base économique, il n’y aurait que l’aspect de conformité mutuelle, et pas d’aspect de contradiction ; dans la construction socialiste, nous devrions seulement compter sur la technique et pas sur les masses ; il ne serait pas nécessaire de développer le système socialiste, mais seulement de le consolider, et même s’il fallait le développer, s’il fallait aller de l’avant vers le communisme, il ne serait pas non plus nécessaire d’engager la lutte et de passer par un bond qualitatif ; et ainsi le processus de la révolution ininterrompue de la société humaine s’arrêterait là.

    Sur le plan philosophique, c’est là un point de vue métaphysique, et non un point de vue matérialiste-dialectique.

    Le camarade Mao Tsé-toung, dans son ouvrage De la juste solution des contradictions au sein du peuple, applique le matérialisme dialectique du marxisme-léninisme à la période de l’édification socialiste de notre pays, soulevant les question d’établir une distinction nette entre les contradictions existant entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple, de résoudre correctement les contradictions au sein du peuple, et les contradictions qui existent, en régime socialiste, entre les rapports de production et les forces productives, entre la superstructure et la base économique.

    Cette théorie marxiste-léniniste est foncièrement différente de la conception métaphysique susmentionnée.

    C’est précisément sur la base de cette théorie et en tenant compte de l’expérience acquise dans la pratique de la construction socialiste dans notre pays qu’a été formulée la ligne générale de notre Parti, appelant à déployer tous nos efforts et à gagner toujours l’avant pour édifier le socialisme suivant le principe de quantité, rapidité, qualité et économie.

    Sous la conduite de la ligne générale de notre Parti pour l’édification du socialisme, notre pays a vu les grands bonds en avant dans la production industrielle et agricole, les communes populaires rurales et urbaines, le mouvement pour les innovations techniques et la révolution technique, l’association de l’éducation avec le travail productif, les grands bonds en avant effectués dans les domaines du commerce, de la recherche scientifique, de la culture et de l’art, de la santé publique et de l’éducation physique.

    La ligne générale pour l’édification du socialisme tracée par notre Parti a non seulement été l’objet d’attaques de la part des impérialistes et des révisionnistes modernes, mais encore a été calomnieusement qualifiée de « fanatisme petit-bourgeois » par des philistins. Cependant, les faits sont les faits. Notre ligne générale pour l’édification du socialisme est une ligne générale marxiste-léniniste.

    Guidé par cette ligne, le développement de notre édification sociale est en train de transformer rapidement l’aspect de notre pays dans tous les domaines.

    Dans L’Etat et la révolution et d’autres ouvrages, Lénine a analysé le caractère transitoire de la société socialiste.

    Il a souligné que le socialisme en peut pas encore, au point de vue économique, politique et idéologique, être complètement affranchi des traditions ou des vestiges du capitalisme, qu’il n’est pas encore la société communiste ayant atteint sa plénitude et sa maturité, qu’il n’est que le stade inférieur du communisme, et doit passer au stade supérieur, le communisme dans la plénitude et sa maturité. Ces idées de Lénine ont, pour nous, une très haute signification.

    Etant communistes, nous devons, selon les théories marxistes-léninistes de la révolution ininterrompue et du développement de la révolution par étapes, créer activement, au cours de l’édification socialiste, des conditions pour la réalisation du communisme.

    Le Comité central du Parti communiste chinois a énuméré les conditions nécessaires à la réalisation future du communisme dans notre pays.

    Ce sont : « … le produit social sera devenu extrêmement abondant, la conscience et la moralité communistes du peuple tout entier auront atteint un niveau extrêmement élevé, l’éducation pour tous aura été instituée et son niveau sera plus élevé, les différences entre les ouvriers et les paysans, la ville et la campagne, le travail intellectuel et le travail manuel – léguées par l’ancienne société et qui se ont inévitablement conservées pendant la période socialiste – se seront graduellement effacées, les vestiges des droits bourgeois inégaux qui sont le reflet de ces différences auront aussi graduellement disparu, et enfin, la fonction de l’Etat se réduira à protéger le pays contre une agression de l’extérieur, et ne jouera plus aucun rôle sur le plan intérieur ; à ce moment-là, la société chinoise entrera dans l’ère du communisme où sera mis en application le principe : ‘De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins’ » [10].



    Toutes les victoires remportées par notre peuple au cours de la révolution de démocratie nouvelle, de la révolution socialiste et de l’édification socialiste ont été obtenues sous la direction du Parti communiste chinois ayant à sa tête le camarade Mao Tsé-toung qui associe la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise.

    Nous avons reçu de l’aide du grand Parti communiste de l’Union Soviétique, du gouvernement et du peuple soviétiques, de tous les pays socialistes, ainsi que des Partis communistes et ouvriers, des peuples travailleurs et des progressistes de tous les pays. Le peuple chinois restera toujours attaché à ce grand esprit internationaliste, et il ne l’oubliera jamais.

    Nous vivons dans une grande époque nouvelle qui voit s’accélérer encore davantage l’écroulement du système impérialiste, qui voit les victoires toujours plus larges ainsi que l’éveil toujours croissant des peuples du monde entier.

    A cet égard, partant de positions et de points de vue radicalement différents, les marxistes-léninistes et les révisionnistes modernes arrivent à des conclusions radicalement différentes. Les marxistes-léninistes considèrent que c’est une époque nouvelle plus que jamais favorable à la révolution nationale dans les colonies et les semi-colonies.

    Les forces de paix se sont considérablement développées et il existe une possibilité réelle de conjurer la guerre. Les peuples du monde entier doivent renforcer encore davantage leur lutte anti-impérialiste, stimuler le développement de la révolution et défendre la paix mondiale.

    Quant aux révisionnistes modernes, ils estiment pour leur part qu’il s’agit d’une « époque nouvelle » où la révolution prolétarienne des différents pays ainsi que la révolution nationale des colonies et semi-colonies ont disparu de l’ordre du jour du monde.

    Ils estiment que l’impérialisme se retirera de lui-même de la scène de l’histoire, sans qu’il soit nécessaire d’entreprendre la révolution, et qu’une paix durable s’établira tout naturellement, sans qu’il soit nécessaire de lutter contre l’impérialisme. Ainsi donc, vouloir ou ne pas vouloir la révolution, vouloir ou ne pas vouloir s’opposer à l’impérialisme constitue la différence fondamentale entre les marxistes-léninistes et les révisionnistes modernes.

    Les principaux arguments dont se servent les révisionnistes modernes pour réviser, émasculer et trahir le marxisme-léninisme révolutionnaire sont fondés sur leurs allégations selon lesquelles, dans les conditions historique de l’époque nouvelle, l’analyse de Lénine sur l’impérialisme serait « périmée », la nature de l’impérialisme aurait « changé », l’impérialisme aurait « renoncé » à sa politique de guerre et d’agression.

    Sous prétexte d’aborder, d’un point de vue soi-disant « historique et non dogmatique », l’héritage théorique de Lénine, ils attaquent le contenu et l’esprit révolutionnaires du marxisme-léninisme.

    Dans les conditions où le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest, et où les forces du socialisme et de la paix ont acquis la supériorité sur les forces de guerre de l’impérialisme, une foule de difficultés surgit dans les rangs des impérialistes, et ceux-ci connaissent des jours toujours plus difficiles. Ils se débattent par tous les moyens pour échapper à leur anéantissement.

    Ces derniers temps, les impérialistes, en particulier les impérialistes américains, se sont évertués à adopter des tactiques encore plus rusées et trompeuses pour appliquer leur politique d’agression et de rapine et endormir la vigilance des peuples du monde.

    Parfois, même les impérialistes américains ne cachent pas leur intention d’adopter ce qu’ils appellent des tactiques plus « souples ». Ils recourent à toutes sortes de moyens, faisant alterner la tactique de guerre et la tactique de paix.

    D’une part, ils intensifient l’accroissement des armements et des préparatifs de guerre et entreprennent un change à la guerre nucléaire, d’autre part ils tendent un écran de fumée de « paix » et se servent « d’obus enrobés de sucre » pour donner la fausse impression que l’impérialisme est en faveur de la paix.

    D’une part, ils recourent à la répression cruelle des mouvements révolutionnaires, d’autre part, ils usent de supercherie et de corruption dans le but d’amollir les mouvements révolutionnaires et d’y faire naître des scissions.

    L’utilisation de ces moyens trompeurs par les impérialistes n’a d’autre but que de camoufler leur nature, celle de pillards et d’agresseurs, cacher les dispositions prises dans le cadre de la préparation à la guerre, cela, afin de désagréger les mouvements révolutionnaires des différents pays ainsi que les mouvements révolutionnaires des colonies et semi-colonies, désagréger la lutte des peuples de tous les pays pour la paix mondiale, asservir les peuples des différents pays et renverser le pouvoir dans les pays socialistes.

    Devant les différentes tactiques adoptées par les impérialistes contre les peuples, les peuples de tous les pays du monde doivent également recourir à toutes sortes de moyens et de méthodes de luttes révolutionnaires pour combatte l’impérialisme. Les marxistes-léninistes ont toujours estimé que dans la lutte révolutionnaire il faut faire preuve de fermeté quant aux principes et de souplesse dans la tactique.

    Les différents moyens révolutionnaires et formes de lutte, illégaux et « légaux », extra-parlementaires et parlementaires, avec ou sans effusion de sang, économiques et politiques, militaires et idéologiques, tous ces moyens visent à dévoiler encore plus complètement l’impérialisme, à ôter le masque qui recouvre son visage d’agresseur, à élever sans cesse la conscience révolutionnaire du peuple, à mobiliser sur une échelle encore plus large les masses populaires pour qu’elles se dressent contre l’impérialisme et les réactionnaires, à développer la lutte pour la paix mondiale, à préparer et à remporter la victoire de la révolution populaire et celle de la révolution nationale.

    Les marxistes-léninistes ont également toujours estimé que, pour remporter la victoire dans la révolution, le prolétariat doit s’allier à ses armées de réserve. Les paysans, les autres travailleurs ainsi que les larges masses populaire opprimées des colonies et semi-colonies constituent les alliés de base du prolétariat.

    En plus d’une solide alliance avec eux, le prolétariat doit, à des périodes différentes, s’unir à tous ceux qui sont susceptibles de s’unir avec lui. Il est évident que, dans l’intérêt du peuple, le prolétariat doit mettre pleinement à profit les contradictions existant entre les impérialistes, même si ces contradictions sont seulement temporaires et partielles. Tout cela vise à abattre l’impérialisme et les réactionnaires.

    Dans la lutte contre les impérialistes et leur politique d’agression, il est tout à fait admissible, il est nécessaire et de l’intérêt des peuples de tous les pays que, du moment que la possibilité en existe, les pays socialistes conduisent des négociations pacifiques et échangent des visites avec les pays impérialistes, s’efforcent de régler les différends internationaux par des moyens pacifiques et non au moyen de la guerre et de conclure des accords de coexistence pacifique ou des traités de non-agression réciproque.

    Le gouvernement soviétique a déployé d’immenses efforts en vue d’amener une diminution de la tension internationale et de sauvegarder la paix mondiale. Le Parti communiste, le gouvernement et le peuple chinois apportent un soutien actif aux initiatives de paix prises par le gouvernement soviétique à la tête duquel se trouve le camarade Khrouchtchev en vue de la convocation d’une conférence au Sommet Est-Ouest, du désarmement général et de l’interdiction des armes nucléaires.

    Les révisionnistes modernes, eux, ont entièrement trahi l’esprit révolutionnaire du marxisme-léninisme, trahi les intérêts des peuples du monde entier ; ils se sont soumis et rendus à la bourgeoisie et à l’impérialisme. Ils estiment que la nature de l’impérialisme a changé et que les impérialistes ont renoncé d’eux-mêmes à leur politique de guerre, de sorte que la lutte anti-impérialiste, de même que la révolution, ne sont plus nécessaires.

    Ils font tout leur possible pour camoufler la politique d’agression et de guerre des impérialistes américains et pour présenter sous de belles couleurs l’impérialisme et le chef de l’impérialisme américain, Eisenhower.

    A les entendre, Eisenhower est devenu un « messager de la paix », l’impérialisme américain n’est plus l’ennemi de la paix, l’ennemi du mouvement de libération nationale des colonies et semi-colonies, l’ennemi le plus féroce des peuples du monde entier. En un mot, aux yeux des révisionnistes modernes, il n’y aurait, semble-t-il, plus grande différence entre le socialisme et l’impérialisme ; et quiconque veut persister dans la lutte contre l’impérialisme et poursuivre la révolution ferait obstacle à la paix et à coexistence pacifique et serait un « dogmatiste rigide ».

    Nous, marxistes-léninistes, comprenons fort bien ce que signifie le dogmatisme et luttons sans cesse contre lui.

    En ce qui concerne la lutte contre le dogmatisme, notre Parti, le Parti communiste chinois, possède une riche expérience. Les dogmatistes veulent faire la révolution, mais ils ne savent pas allier la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution de leur pays, mettre à profit les contradictions concrètes de l’ennemi, concentrer les forces pour s’opposer à l’ennemi principal, réaliser une alliance appropriée avec les diverses forces intermédiaires et utiliser avec souplesse les tactiques et les méthodes de lutte, réduisant ainsi le prolétariat à combattre seul.

    Nous combattons ce dogmatisme, puisqu’il n’est pas dans l’intérêt de la révolution. Nous nous opposons au dogmatisme, afin de pousser la révolution plus avant et d’abattre l’ennemi.

    Les révisionnistes modernes font tout le contraire : s’opposer au « dogmatisme » n’est pour eux qu’un prétexte pour s’opposer à la révolution, tenter d’en finir avec elle, déformer et salir le marxisme-léninisme. Tout comme le dit Lénine : « On oublie, on refoule, on altère le côté révolutionnaire de la doctrine, son âme révolutionnaire. On met au premier plan, on exalte ce qui est ou paraît être acceptable pour la bourgeoisie » [11].

    Les révisionnistes modernes calomnient le marxisme-léninisme en le qualifiant de «dogmatisme », ce n’est là qu’une manœuvre ignoble des renégats de la classe ouvrière, visant à corroder l’âme révolutionnaire du marxisme-léninisme.

    La révolution constitue l’âme du marxisme-léninisme.

    Marx et Engels ont tracé au prolétariat du monde entier la grande mission historique d’éliminer le système capitaliste et d’émanciper toute l’humanité. Dans des conditions historiques nouvelles, Lénine a appelé le prolétariat du monde entier et les peuples opprimés à se lancer dans le feu de la lutte révolutionnaire. Le marxisme-léninisme est né dans la lutte révolutionnaire du prolétariat et c’est dans cette lutte qu’il s’est sans cesse développé.

    Les formulations du marxisme-léninisme à l’égard de quelques questions particulières peuvent être modifiées au fer et à mesure que le temps s’écoule et que la situation change, mais l’esprit révolutionnaire du marxisme-léninisme ne sera nullement modifié.

    En se fondant sur les conditions historiques de son époque, Lénine a modifié les formulations de Marx et d’Engels à l’égard de questions particulières et il a soulevé des questions que Marx et Engels n’auraient pas pu formuler de leur temps. Cependant, loin d’affaiblir l’esprit révolutionnaire du marxisme, de telles modifications ont élevé encore davantage sa combativité révolutionnaire. La révolution est la locomotive de l’histoire, la force motrice du progrès de la société humaine. Il en est ainsi dans la société de classes et il en sera de même dans la société communiste future ; seulement, la révolution de cette époque-là sera différente par sa nature et ses méthodes.

    Nous savons que les impérialistes américains sont les ennemis les plus féroces et les plus rusés de la révolution populaire dans les différents pays, du mouvement de libération nationale et de la paix mondiale et que Eisenhower est aujourd’hui le chef de l’impérialisme américain.

    Lénine a depuis longtemps indiqué que les impérialistes américains, qui jouent le rôle de gendarmes, sont les ennemis les plus féroces des peuples du monde entier. Aujourd’hui, les impérialistes américains qui se sont eux-mêmes donné le titre de gendarmes du monde s’emploient partout à étouffer la révolution, à réprimer le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire du prolétariat dans les pays capitalistes, ainsi qu’à saper le mouvement des peuples du monde pour la paix.

    Les impérialistes américains non seulement cherchent à tout moment à renverser par la subversion et à anéantir les pays socialistes, mais de plus, sous l’enseigne de l’anticommunisme et de l’antisocialisme, activent leur expansion vers les zones intermédiaires dans le vain espoir de réaliser leur ambition de domination sans partage du monde. Jusqu’à présent, cette politique d’agression et de guerre des impérialistes américains n’a pas changé.

    Peu importe les tactiques trompeuses que l’impérialisme américain puisse adopter à quelque moment que ce soit, sa nature d’agresseur et de pillard subsistera jusqu’à sa mort. L’impérialisme américain constitue le dernier pilier de l’impérialisme international.

    Si le prolétariat des pays capitalistes veut s’émanciper, si les peuples coloniaux et semi-coloniaux veulent obtenir leur libération nationale, si les peuples du monde entier veulent sauvegarder la paix mondiale, ils doivent concentrer le feu de leur lutte sur l’impérialisme américain.

    Oser ou non démasquer l’impérialisme et en particulier l’impérialisme américain, oser ou non lutter contre lui, c’est là la pierre de touche permettant de vérifier si l’on veut ou non entreprendre la révolution populaire, si l’on veut ou non obtenir l’émancipation complète des nations opprimées, si l’on veut ou non obtenir une véritable paix mondiale.

    Dans le but de s’opposer à la politique d’agression de l’impérialisme américain, il est nécessaire d’unir toutes les forces révolutionnaires et toutes les forces attachées à la paix du monde entier.

    La paix mondiale ne pourra être défendue encore plus efficacement qu’en liant ensemble la lutte des peuples des pays socialistes, la lutte pour la libération nationale des peuples coloniaux et semi-coloniaux, la lutte révolutionnaire du prolétariat des pays capitalistes et la lutte pour la paix menée par les peuples de tous les pays, afin de former ainsi un puissant front anti-impérialiste et de porter des coups résolus à la politique d’agression et de guerre des impérialistes américains. Le camp socialiste, l’Union Soviétique en tête, constitue la force principale dans la défense de la paix mondiale.

    La lutte pour la libération nationale des peuples coloniaux et semi-coloniaux ainsi que la lutte révolutionnaire du prolétariat et des peuples travailleurs des pays capitalistes constituent également de grandes forces pour la défense de la paix mondiale.

    En s’écartant de la lutte de libération nationale des colonies et semi-colonies et de la lutte révolutionnaire du prolétariat et des peuples travailleurs des pays capitalistes, les forces pour la défense de la paix mondiale se trouveraient considérablement affaiblies, ce qui servirait les intérêts de l’impérialisme.

    Il n’est pas de force au monde qui puisse empêcher ou retenir les peuples coloniaux et semi-coloniaux de se dresser pour faire la révolution et briser le joug qui pèse sur leurs épaules.

    Leur lutte révolutionnaire joue le rôle d’ébranler jusqu’en ses fondements mêmes le système impérialiste. Tout marxiste-léniniste révolutionnaire doit soutenir résolument et sans la moindre réserve cette juste lutte. 

    De même, il n’est pas de force au monde qui puisse empêcher et retenir le prolétariat et les peuples travailleurs des pays capitalistes de se dresser pour faire la révolution et renverser la domination réactionnaire du capital monopoleur. Leur lutte révolutionnaire est capable de lier pieds et poings à l’impérialisme, l’empêchant de déclencher une guerre d’agression.

    Tout marxiste-léniniste révolutionnaire doit de même soutenir résolument et sans la moindre réserve cette juste lutte révolutionnaire.

    Accorder un soutien résolut à ces deux sortes de luttes révolutionnaires revient à renforcer puissamment la lutte pour la défense de la paix mondiale. Lénine estime que le prolétariat des pays socialistes doit, avec l’aide du prolétariat du monde entier et des masses laborieuses des nations opprimées, défendre les fruits de la victoire de la révolution prolétarienne, et en même temps soutenir le développement continu de la révolution prolétarienne des autres pays et affaiblir sans cesse les forces de l’impérialisme jusqu’à ce que le capitalisme soit liquidé et que le socialisme triomphe dans le monde entier.

    En tant que léninistes, nous ne devons jamais perdre de vue ces thèses fondamentales de Lénine.

    Le révisionnisme moderne est un produit de la politique impérialiste. Les révisionnistes modernes ont été terrifiés par la politique de chantage à la guerre nucléaire des impérialistes. Craignant la guerre, ils en sont arrivés à craindre la révolution ; ne voulant pas faire la révolution, ils en sont arrivés à s’opposer à ce que les autres la fassent.

    Répondant aux besoins des impérialistes, ils cherchent à entraver le développement du mouvement de libération nationale et du mouvement révolutionnaire du prolétariat dans les différents pays. L’impérialisme cherche à faire en sorte que les pays socialistes se muent en pays capitalistes, et les révisionnistes modernes comme Tito se sont conformés aux besoins de l’impérialisme.

    L’importance de la lutte contre le révisionnisme moderne réside dans le fait que les révisionnistes modernes jouent au sein des masses ouvrières et des travailleurs un rôle que ne peuvent soutenir la bourgeoisie et les sociaux-démocrates de droite. Ils sont les agents des impérialistes, les ennemis du prolétariat et des travailleurs de tous les pays.

    La Déclaration des représentants des Partis communistes et ouvriers des pays socialistes, réunis en conférence à Moscou en novembre 1957, a souligné la nécessité, dans la situation actuelle, de défendre le marxisme-léninisme.

    La Déclaration indique : «… la bourgeoisie impérialiste attache une importance toujours plus grande à la propagande idéologique parmi les masses, afin de les corrompre ; elle dénature le socialisme, calomnie le marxisme-léninisme, porte l’erreur et la confusion dans les masses. Cela étant, le renforcement de l’éducation des masses dans l’esprit du marxisme-léninisme, la lutte contre l’idéologie bourgeoise, la dénonciation des mensonges et des calomnies de la propagande impérialiste contre le socialisme et le mouvement communiste, la large diffusion, sous une forme accessible et convaincante, des idées du socialisme, de la paix et de l’amitié des peuples acquièrent une importance de premier ordre ».

    La Déclaration poursuit par ailleurs : « Le révisionnisme moderne s’efforce de discréditer la grande doctrine du marxisme-léninisme, déclare qu’elle est ‘périmée’ et a prétendument perdu toute importance pour le développement social actuel. Les révisionnistes s’évertuent à dépouiller le marxisme de son esprit révolutionnaire, à saper la foi de la classe ouvrière et du peuple laborieux dans le socialisme. Ils se dressent contre la nécessité historique de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat lors du passage du capitalisme au socialisme, nient le rôle dirigeant du Parti marxiste-léniniste, répudient le principe de l’internationalisme prolétarien, demandent l’abandon des principes léninistes dans l’organisation du Parti et, avant tout, du centralisme démocratique ; ils réclament la transformation du Parti communiste, qui est une organisation révolutionnaire de combat, en une espèce de club et de parlote ».

    Le révisionnisme moderne constitue à l’heure actuelle le principal danger au sein du mouvement communiste international. Nous avons le droit sacré de déployer pleinement l’esprit révolutionnaire de Lénine et de dévoiler entièrement le vrai visage de cet agent de l’impérialisme – le révisionnisme moderne.

    La Déclaration de la Conférence de Moscou constitue, dans la période présente, le programme du mouvement communiste international reconnu par les Partis communistes et ouvriers des différents pays. Ensemble avec les Parti communistes et ouvriers des autres pays, le Parti communiste chinois observe et applique fidèlement ce grand programme.

    Dès le début, le mouvement communiste a été un mouvement de caractère international.

    La solidarité internationale du prolétariat constitue la garantie fondamentale de la victoire de la cause révolutionnaire de tous les peuples du monde, la garantie fondamentale de la victoire de la cause de la libération nationale des nations opprimées, la garantie fondamentale de la victoire de la lutte de tous les peuples du monde pour la paix mondiale.

    Dans l’intérêt des pays socialistes, du prolétariat et des peuples travailleurs des différents pays, pour l’émancipation des nations opprimées et la sauvegarde de la paix mondiale, nous devons à tout moment renforcer la solidarité internationale du prolétariat. Les marxistes-léninistes ont toujours préservé comme la prunelle de leurs yeux l’unité du camp socialiste ayant à sa tête l’Union Soviétique, l’unité dans les rangs du communisme international, l’unité du prolétariat du monde entier et le l’union de tous les peuples du monde.

    Les impérialistes et les révisionnistes modernes considèrent cette grande unité internationale comme le plus grand obstacle dans leurs tentatives de désagrégation des mouvements révolutionnaires des différents pays. Cherchant en vain tous les moyens propres à saper cette unité, ils se livrent aux menées les plus infâmes en vue de semer la discorde, répandant toutes sortes de mensonges et de calomnies. Mais ces viles intrigues sont vouées à une faillite totale.

    Guidée par la doctrine révolutionnaire du marxisme-léninisme, la cause socialiste du prolétariat doit et peut sans nul doute remporter une victoire complète dans le monde entier. Une paix durable s’instaurera certainement dans le monde.

    Unissons-nous et avançons intrépidement sous le drapeau révolutionnaire du grand Lénine !

    Vive le marxisme-léninisme !

    Notes

    1 V. I. Lénine : « Lettres de loin », 7 mars 1917, Œuvres, Tomes 23, page 327, Editions sociales, Paris, Editions en Langue étrangères, Moscou, 1959.

    2 V. I. Lénine : « Les tâches des zimmerwaldiens de gauche dans le Parti social-démocrate suisse », octobre-novembre 1916, Œuvres, Tome 23, page 152, Editions Sociales, Paris, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1959.

    3 V. I. Lénine : « L’Etat et la révolution », août-septembre 1917, Œuvres, Tome 25, page 433, Editions sociales, Paris, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1957.

    4 V. I. Lénine : « Rapport sur la révision du programme et le changement de nom du Parti » au VIIe Congrès du Parti communiste (bolchévik) de Russie, 8 mars 1918, Œuvres, Tome 27, page 103, Editions politiques d’Etat, Moscou, 1950, 4ème édition russe.

    5 V. I. Lénine : « Mieux vaut moins, mais mieux », 2 mars 1923, Œuvres choisies en deux volumes, Tome II, Deuxième partie, page 776, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953.

    6 Mao Tsé-toung : Discours prononcé à la session du Soviet Suprême de l’U.R.S.S. pour la célébration du 40ème anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre.

    7 V. I. Lénine : « Pour le quatrième anniversaire de la Révolution d’Octobre », 14 octobre 1921, Œuvres choisies en deux volumes, Tome II, Deuxième partie, page 615, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953.

    8 V. I. Lénine : « Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique », juin-juillet 1905, Œuvres choisies en deux volumes, Tome I, Deuxième partie, page 139, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953.

    9 V. I. Lénine : « L’Etat et la révolution », août-septembre 1917, Œuvres, Tome 25, page 510, Editions sociales, Paris, Editions en langues étrangères, Moscou, 1957.

    10 « Résolution du Comité central du Parti communiste chinois sur l’établissement des communes populaires dans les régions rurales », août 1958.

    11 V. I. Lénine : « L’Etat et la révolution », août-septembre 1917, Œuvres, Tome 25, page 417, Editions sociales, Paris, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1957.

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  • Rédaction du Quotidien du peuple : En avant sur la voie du grand Lénine

    Par le Bureau de rédaction du « Renmin Ribao », 22 avril 1960

    Aujourd’hui, les travailleurs conscients du monde entier commémorent le 90e anniversaire de la naissance de V.I. Lénine, grand éducateur révolutionnaire du prolétariat.

    Lénine fut le fondateur du Parti communiste de l’Union Soviétique, l’architecte du premier Etat socialiste du monde, l’Union Soviétique, et le plus grand dirigeant du mouvement communiste international après Marx et Engels. Dans le domaine de la philosophie, de l’économie politique et de la théorie du socialisme scientifique, Lénine porta le marxisme à un nouveau stade, le stade léninisme. Le léninisme est le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne.

    La victoire de la Révolution socialiste d’Octobre sous la direction de Lénine a libéré un sixième de la surface du globe du joug capitaliste. Près de trente années plus tard, une série de nouveaux pays socialistes virent le jour en Europe et en Asie, constituant le puissant camp socialiste.

    Après la victoire de la révolution chinoise, le camp socialiste représente actuellement plus d’un quart de la surface de la terre et compte plus d’un tiers de la population du globe. Le rapport des forces de classe dans le monde a considérablement changé en faveur du prolétariat et du peuple travailleur.

    La théorie de Lénine et la cause qu’il a épousée sont chères au peuple chinois, car c’est précisément dans le léninisme que le peuple chinois a trouvé la voie de sa libération. A l’époque où Lénine était encore peu connu en Chine, il a maintes fois souligné dans ses écrits la haute signification et les grandes perspectives de la lutte révolutionnaire en Chine.

    Dès 1913, Lénine, dans son article Les destinées historiques de la doctrine de Karl Marx, a lancé sa fameuse formule selon laquelle l’Asie était « une nouvelle source de graves tempêtes mondiales ». Plus tard, comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, « les salves de la Révolution d’Octobre nous ont apporté le marxisme-léninisme ».

    Avec le marxisme-léninisme et avec un Parti révolutionnaire prolétarien marxiste-léniniste, la révolution chinoise entra dans un nouveau stade.

    Lénine a indiqué : l’impérialisme est le prologue à la révolution prolétarienne, l’impérialisme périra inévitablement au cours des luttes combinées du prolétariat international et des nations opprimées ; l’Etat est un appareil de domination de classe par la violence, le prolétariat doit recourir à la violence révolutionnaire pour écraser la violence contre-révolutionnaire, briser la machine d’Etat militariste et bureaucratique de la bourgeoisie et établir un nouvel Etat de dictature du prolétariat ; le prolétariat doit faire tous ses efforts pour renforcer son alliance avec les paysans et donner une solution complète à la question agraire, il doit s’efforcer de prendre la direction dans la révolution démocratique et, quand il forme une alliance avec la bourgeoisie nationale, il lui faut maintenir sa propre indépendance (ou, selon l’expression populaire que cela a pris en Chine, avoir et l’unité et la lutte) ; il doit créer un parti révolutionnaire prolétarien de type nouveau.

    Ce Parti doit s’opposer au révisionnisme qui trahit le marxisme, vaincre l’aventurisme de « gauche » dans le mouvement communiste, avec une ferme confiance dans les masses et s’appuyer solidement sur elles. Ces enseignements de Lénine ont armé le prolétariat du monde entier aussi bien que le prolétariat de Chine.

    Si la vérité universelle du marxisme-léninisme a été vite adoptée par le prolétariat et le peuple révolutionnaire de Chine, c’est surtout parce que le peuple chinois, ayant subi de si profondes souffrances, n’avait aucune issue sinon le combat résolu pour la libération.

    Dans la vieille Chine, sous la domination la plus cruelle et la plus barbare de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique, comment le prolétariat et les masses populaires auraient-ils pu nourrir quelque illusion que ce fût au sujet du « bon cœur » des impérialistes ?

    Comment auraient-ils pu nourrir l’illusion que la classe dirigeante réactionnaire cédât de son propre gré le pouvoir au peuple ?


    Le Parti politique du prolétariat chinois – le Parti communiste – et son guide, le camarade Mao Tsé-toung, appliquant de façon créatrice la vérité universelle du marxisme-léninisme, l’ont combinée avec la réalité concrète de la révolution chinoise et ont impulsé de façon incessante les luttes révolutionnaires en Chine. Lorsque les révolutionnaires bourgeois représentés par Tchiang Kaï-chek trahirent la révolution et plongèrent le peuple dans une mare de sang, le prolétariat chinois et son Parti politique ne purent qu’utiliser la violence révolutionnaire pour résister à la violence contre-révolutionnaire.

    Après 22 ans de guerres révolutionnaires, ils finirent par renverser la sombre domination de l’impérialisme et des réactionnaire du Kuomintang, établirent la dictature de démocratie populaire dirigée par le prolétariat et conduisirent le peuple chinois à s’engager dans la large voie du socialisme.

    La victoire de la révolution chinoise est la victoire du marxisme-léninisme en Chine. Les nombreuses victoires remportées par le marxisme-léninisme dans le monde entier et en Chine ont montré de façon de plus en plus claire que la vérité du marxisme-léninisme est indestructible et qu’il est le guide pour l’action de toutes les classes opprimées et de tous les peuples opprimés du monde en lutte pour leur libération et des peuples qui, dans le monde entier, marchent vers le socialisme et le communisme.

    Quelles sont les tâches principales du peuple chinois, au moment où nous commémorons le 90e anniversaire de la naissance de Lénine ? Selon nous, il y a trois tâches principales, à savoir : construire le socialisme, œuvrer pour la paix mondiale et s’unir avec nos amis internationaux.

    La première tâche qui se pose aujourd’hui devant nous, peuple chinois, est le développement accéléré de notre édification socialiste, la transformation de notre pays, dans un délai qui ne sera pas trop long, en un grand Etat socialiste doté d’une industrie, d’une agriculture, d’une science et d’une culture modernes hautement développées.

    L’accomplissement de cette tâche ne sera pas seulement d’une portée décisive pour le peuple chinois, mais il sera d’une portée de toute évidence considérable pour la cause de la paix et du socialisme des peuples du monde.

    Le Comité central du Parti communiste chinois à la tête duquel se trouve le camarade Mao Tsa-toung, en combinant la vérité universelle du marxisme-léninisme avec la réalité concrète de la révolution socialiste et de l’édification socialiste en Chine, a avancé la ligne générale consistant à déployer tous nos efforts et à gagner toujours l’avant pour édifier le socialisme selon le principe de quantité, rapidité, qualité et économie. La ligne générale est la garantie la plus importante permettant au peuple chinois d’accomplir victorieusement cette grande tâche.

    Pour accomplir cette grande tâche, notre peuple doit d’abord s’efforcer de rattraper et de dépasser la Grande-Bretagne en ce qui concerne les principales productions industrielles en moins de dix ans, et établir pour l’essentiel un système industriel complet ; travailler à remplir avant terme le Programme national pour le développement de l’agriculture de 1956 à 1967, réaliser pour l’essentiel la mécanisation, la généralisation de la construction hydraulique et une électrification assez poussée dans l’agriculture ; s’efforcer de poursuivre la révolution culturelle, et, dans un délai qui ne sera pas trop long, généraliser pour l’essentiel l’enseignement primaire et secondaire et l’éducation après le travail ; et s’efforcer d’accomplir avant le délai prévu par le Plan à long terme pour le développement de la science et de la technique de 1956 à 1967.

    En même temps, il est nécessaire de poursuivre la révolution socialiste sur les fronts économique, politique et idéologique, afin de remporter la victoire complète du socialisme sur le capitalisme dans tous les domaines, et d’élever considérablement la conscience socialiste et communiste des masses populaires.

    Aujourd’hui, le peuple chinois développe une campagne intense pour augmenter la production et pratiquer l’économie, campagne axée sur les innovations techniques et la révolution technique, pour accomplir et dépasser le plan de l’économie nationale de 1960, en s’efforçant de porter cette année la production de fonte à 27.500.000 tonnes, celle de l’acier à 18.400.000 tonnes, celle du charbon à 425 millions de tonnes, celle de l’électricité à plus de 55.500 millions de kilowatts-heure, et d’augmenter la production des cultures vivrières et du coton d’environ 10% respectivement.

    Ainsi, la valeur globale de la production industrielle et agricole sera cette année de 23% plus élevée que l’année dernière.

    Les impérialistes américains se surpassent dans la calomnie et la moquerie en ce qui concerne la question de savoir si le peuple chinois peut transformer la Chine à un rythme accéléré en un puissant pays socialiste. Si l’on prend un exemple éloigné, remontant à novembre 1958, l’ancien secrétaire d’Etat américain John Foster Dulles disait qu’ « il est difficile de croire que cet effort réussira ou durera ».

    Si l’on prend un exemple récent, l’actuel secrétaire d’Etat adjoint des Etats-Unis, Parsons, disait en février dernier que la campagne de la Chine pour accélérer son industrialisation « pourrait entraîner l’effondrement du régime intérieur ». Mais, chose bizarre, plus odieuses sont les calomnies impérialistes, plus élevé est l’enthousiasme révolutionnaire du peuple chinois et plus grande son ardeur dans l’édification.

    La situation économique de la Chine et l’unité politique de notre peuple se sont améliorées d’année en année. Personne ne doute aujourd’hui, dans les larges masses, que nous serons capables d’accomplir avant terme et de dépasser notre grandiose plan de construction.

    Le marxisme-léninisme a toujours indiqué qu’en régime socialiste il est possible d’accomplir une grande libération des forces productives de la société et une grande libération de l’initiative et de l’esprit créateur du peuple. Lénine soutenait que la vie, dans une masse socialiste, est véritablement un mouvement de masse sans précédent dans l’histoire auquel une grande majorité de la population, voire toute la population, participe.

    Il soutenait que cette dynamique force créatrice des masses est le facteur fondamental d’une société socialiste et qu’il se manifeste alors un jaillissement inépuisable de talent créateur parmi les ouvriers et les paysans.

    Lénine décrivait l’un de principes du marxisme « les plus profonds et en même temps les plus explicites » en ces termes : « Plus grands sont l’envergure et l’étendue des actions historiques, plus grand est le nombre de gens qui participent à ces actions, et dans un autre sens, plus profonde est la transformation que nous voulons accomplir, plus nous devons éveiller l’intérêt et une attitude consciente à l’égard de cette transformation et plus nous devons convaincre des millions et des dizaines de millions de gens que cela est nécessaire.

    En dernière analyse, la raison pour laquelle notre révolution a laissé toutes les autres révolutions loin derrière elle est que, grâce à la forme soviétique de gouvernement, des dizaines de millions de gens qui ne s’intéressaient pas, auparavant, au développement de l’Etat, ont été amenés à prendre une part active au développement de l’Etat. » (Rapport sur l’activité du Conseil des commissaires du peuple présenté au VIIIe Congrès des Soviets de Russie).

    Nous sommes convaincus que le rythme de développement de notre pays, comme celui de l’Union Soviétique et des autres pays socialistes, dépassera de loin tout ce qui n’a jamais été atteint dans les pays capitalistes. Selon l’expression des communistes chinois, il est possible d’avancer au rythme de bond en avant.

    Ceci, ainsi que l’a dit Lénine, parce que nous avons le plus largement possible mobilisé des millions et des millions de gens pour prendre part à l’édification de notre pays, en déployant au plus haut degré activité et esprit créateur grâce à celui qui suit : la ligne générale, élaborée par notre Parti, de déployer tous nos efforts, et de gagner toujours l’avant pour édifier le socialisme selon le principe de quantité, rapidité, qualité et économie ; l’ensemble des principes que nous appliquons et qui sont connus sous la formule « marcher avec les deux jambes » – le développement simultané de l’industrie et de l’agriculture, de l’industrie lourde et de l’industrie légère, de industries relevant de l’autorité centrale et de celles relevant des autorités locales, des grandes entreprises et des moyennes et petites entreprises, et des méthodes modernes comme des méthodes artisanales de production – ; l’actuel mouvement de masse en plein essor pour les innovations techniques et la révolution technique dans la mécanisation, la semi-mécanisation, l’automation et la semi-automation ; la consolidation et le développement de nos communes populaires rurales et la généralisation en cours des communes populaires urbaines. Comme l’Union Soviétique et les autres pays socialistes, la Chine fait avancer son édification économique selon les lois communes de l’édification socialiste, et la série de principes politiques concrets adoptés par la Chine en ce qui concerne les problèmes de l’édification socialiste sont précisément le produit de la combinaison de la vérité universelle du léninisme avec la réalité concrète de la Chine.

    La bourgeoisie des pays occidentaux, que l’ignorance conduit à s’étonner, s’est déjà perdue dans de bruyantes discussions sur le rythme accéléré de l’édification socialiste en Union Soviétique.

    Maintenant, elle recommence à crier sans fin à propos du rythme accéléré de notre édification socialiste, de notre ligne générale, du grand bond en avant et de la commune populaire. Le grand Lénine a porté un coup mortel à ces gens stupides voilà longtemps déjà dans son fameux essai Sur notre révolution, écrit un an avant sa mort.

    Lénine soulignait que « … la Russie, située entre des pays civilisés et des pays que cette guerre [la Première guerre mondiale], pour la première fois, amène définitivement à la civilisation, c’est-à-dire les pays de tout l’Orient, les pays extra-européens, – que la Russie pouvait et devait par conséquent offrir certains traits particuliers, placés évidemment dans la ligne générale de l’évolution mondiale, mais distinguant sa révolution à elle de toutes les révolutions antérieures des pays de l’Europe occidentale, et apportant certaines innovations partielles dès qu’il s’agit des pays orientaux ».

    Et Lénine de demander : « Et si la situation absolument sans issue, en décuplant les forces des ouvriers et des paysans, nous a offert la possibilité de procéder à la création des prémisses essentielles de la civilisation, autrement que l’ont fait tous les autres Etats de l’Europe occidentale ? ».

    Lénine a encore prédit : « Nos philistins européens ne s’imaginent même pas que les révolutions ultérieures – dans les pays d’Orient à population infiniment plus dense et aux conditions sociales infiniment plus variées – présenteront à coup sûr beaucoup plus de traits particuliers que ce ne fut le cas pour la révolution russe. »

    Cela n’a-t-il pas été confirmé exactement par les faits ? L’Union Soviétique n’a-t-elle pas déjà, utilisant une voie différente de tous les pays occidentaux, en une très courte période de temps et à une vitesse fulgurante, dépassé tous les pays capitalistes d’Europe occidentale quant au niveau du développement économique, et n’est-elle pas déjà en train de rattraper les Etats-Unis et, à certains égard, n’a-t-elle pas commencé à les dépasser ?

    De même, la Chine, l’ « état de pauvreté et de vacuité », la situation absolument sans issue, des dizaines d’années au cours desquelles on s’est trempé dans la lutte et les expériences accumulées, plus l’aide du puissant camp socialiste ayant à sa tête l’Union Soviétique et les bénéfices tirés d’une expérience de 40 ans d’édification de l’Union Soviétique, tous ces éléments n’ont-ils pas décuplé également les forces des ouvriers et des paysans chinois, en nous donnant la possibilité d’utiliser une voie différente de tout pays occidental, pour aller à une vitesse fulgurante vers une industrie moderne, une agriculture moderne et une science et une culture modernes ? 

    La bourgeoisie occidentale nous condamne à l’échec dans ses malédictions et il y a actuellement dans nos rangs une poignée de ses perroquets qui disent que notre ligne générale, que le grand bond en avant et la commune populaire sont des produits du « fanatisme petit-bourgeois », ne voulant pas voir qu’il s’agit précisément de produits de l’esprit révolutionnaire du marxisme-léninisme.

    Laissons-les donc attendre et voir, attendre dix ans, et ils verront bien comment les choses ont tourné. En bref, les philistins étrangers et les chinois avec, comme disait Lénine, leur tête farcie de métaphysique, ne connaissent pas d’autre règle d’or que la « normalité » sacro-sainte des rapports bourgeois, et « ils n’ont pas du tout compris ce qu’il y a de décisif dans le marxisme, à savoir : sa dialectique révolutionnaire. »

    C’est pourquoi, exactement comme ils ont été incapables, dans le passé, de comprendre les grands changements intervenus en Union Soviétique, ils sont aujourd’hui incapables de comprendre toutes les choses pleines de dynamisme et de vie qui se produisent en Chine.

    La seconde grande tâche du peuple chinois, en commémorant le 90ème anniversaire de la naissance de Lénine, est de sauvegarder la paix mondiale et de s’opposer à la guerre impérialiste, de concert avec tous les pays socialistes ayant à leur tête l’Union Soviétique, avec toutes les forces éprises de paix du monde, et avec toutes les forces du monde entier en lutte contre l’impérialisme et l’agression.

    Le marxisme-léninisme a toujours été contre la guerre impérialiste.

    A la veille de la Première guerre mondiale et durant cette guerre, le mot d’ordre révolutionnaire avancé par Lénine et les autres dirigeants de gauche de la classe ouvrière qui s’en sont tenus fermement à la position marxiste, fut de transformer la guerre impérialiste en une guerre civile, de façon à mettre fin à la guerre impérialiste et à obtenir la paix.

    L’un des principaux mots d’ordre de la Révolution d’Octobre fut la paix. Après la victoire de la Révolution d’Octobre, Lénine promulgua immédiatement le décret sur la paix, préconisant une paix juste. Par la suite, il formula à plusieurs reprises, une politique de coexistence pacifique entre l’Etat soviétique et les autres pays.

    L’Union Soviétique, comme c’est bien connu, a fait d’énormes efforts, tant avant qu’après la Seconde guerre mondiale, pour sauvegarder la paix mondiale, assurer la sécurité collective et la coexistence pacifique des pays ayant des systèmes sociaux différents.

    Depuis le jour de sa fondation, la République populaire de Chine, en commun avec l’Union Soviétique et les autres pays socialistes, a mené une lutte active en vue de sauvegarder la paix mondiale. De 1950 à 1953, le peuple chinois a envoyé ses Volontaires sur le front de Corée combattre héroïquement, aux côté du peuple coréen, pour arrêter l’agression des Etats-Unis, forçant l’armée d’agression américaine en Corée à accepter un accord d’armistice, et sauvegardant ainsi la paix en Extrême-Orient.

    En 1954, le gouvernement chinois participa activement à la Conférence de Genève où un accord fut conclu pour le rétablissement de la paix en Indochine. La même année, les dirigeants du gouvernement chinois, avec les dirigeants des gouvernements de l’Inde et de la Birmanie successivement, prirent conjointement l’initiative de promouvoir les fameux cinq principes de la coexistence pacifique qui depuis ont toujours servi de pierre angulaire à la politique étrangère de la Chine à l’égard de tous les pays de systèmes sociaux différents.

    En 1955, le gouvernement chinois a participé activement à la Conférence de Bandoeng des pays d’Asie et d’Afrique qui s’est tenue en Indonésie, et qui a proclamé, sur la base des Cinq principes, les dix principes qui commandent les rapports entre les pays d’Asie et d’Afrique. En 1958, la Chine a retiré tous ses Volontaires populaires de Corée.

    Le peuple chinois a constamment pris une part active aux mouvements de la paix mondiaux et asiatiques, et il a maintes fois plaidé pour l’instauration de la sécurité collective et la création d’une zone désatomisée en Asie et dans les régions du Pacifique. Le gouvernement chinois a toujours, préconisé le règlement par des moyens pacifiques et non par la guerre de tout différend avec d’autres pays (y compris les Etats-Unis), et il poursuit encore aujourd’hui des pourparlers sur cette question avec les Etats-Unis qui ont occupé par l’agression le territoire chinois de Taïwan.

    Les pays socialistes et les Partis communistes du monde entier ont mené une lutte inflexible pour obtenir et sauvegarder la paix mondiale.

    La Déclaration de Moscou de la Conférence des représentants des Partis communistes et ouvriers des pays socialistes, tenue à Moscou en novembre 1957, et le Manifeste de la paix adopté par 64 Partis communistes et ouvriers en ont appelé à la classe ouvrière et à tous ceux qui, dans le monde, sont attaché à la paix pour qu’ils agissent en vue de défendre la paix et ont fait ressortir que c’était là, en ce moment, la lutte la plus importante pour le monde entier.

    Les deux déclarations de Moscou firent remarquer qu’il existait maintenant dans le monde de puissantes forces pour sauvegarder la paix et que l’alliance de ces puissantes forces avait déjà pratiquement fourni la possibilité d’empêcher l’éclatement de la guerre. Depuis la réunion de Moscou, les forces de la paix ont encore été consolidées.

    Ceci est dû, en tout premier lieu, au fait que le camp socialiste, ayant l’Union Soviétique à sa tête, a encore grandi en force, que l’Union Soviétique a dépassé encore plus nettement les Etats-Unis dans le domaine militaire et dans les secteurs les plus importants de la science et de la technique, que le camarade N. S. Khrouchtchev, président du Conseil des Ministres de l’U.R.S.S., a fait une série de visites en faveur de la paix aux Etats-Unis et dans d’autres pays capitalistes, que le gouvernement soviétique a fait de nouveaux et importants efforts pour le désarmement, l’arrêt des essais des armes nucléaires, etc., que les efforts en faveur de la paix faits par l’Union Soviétique, la Chine et les autres pays socialistes gagnent de plus en plus le cœur des hommes.

    En même temps, les mouvements pour l’indépendance nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine et les luttes des peuples des pays capitalistes pour la démocratie et le socialisme ont connu un nouveau et important développement. Les contradictions internes du camp impérialiste continuent à grandir ; aux Etats-Unis mêmes, les larges masses populaires montrent partout le mécontentement et l’inquiétude que leur inspire la politique étrangère de leur gouvernement dirigée contre la paix, et les impérialistes américains sont de plus en plus en proie aux difficultés et réduits à l’isolement.

    Toutes ces circonstances ont obligé l’impérialisme américain, principal instigateur d’une nouvelle guerre, à accepter la proposition de pourparlers Est-Ouest au Sommet et à changer de ton à certaines occasions, prétendant que lui aussi est animé d’un « désir de paix ». Les faits prouvent que les forces de paix dans le monde gagnent sur les forces de guerre, et c’est là une illustration de ce que, selon les paroles du camarade Mao Tsé-toung, « le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest ».

    Le vent d’Est l’emporte sur le vente d’Ouest, c’est ce qui caractérise, aujourd’hui, la nouvelle situation mondiale, foncièrement différente de celle du vivant de Lénine et de celle existant à la veille de la Seconde guerre mondiale. Il est de toute nécessité de prendre cette nouvelle situation en considération en menant la lutte contre les plans impérialistes en vue d’une nouvelle guerre. Cette nouvelle situation a donné une confiance et un courage sans précédent à toutes les forces attachées à la paix, à toutes les forces opposées aux impérialistes et à l’agression dans le monde entier.

    Mais ceci ne signifie nullement que ce changement dans le rapport de forces a modifié la nature de l’impérialisme et que, pour autant, il a déjà éliminé toutes possibilité de guerre dans la vie de la société moderne, et que l’humanité est déjà entrée dans l’époque d’une paix perpétuelle.

    Le léninisme a toujours soutenu que l’impérialisme est la source des guerres de notre temps. Lénine a dit : « La guerre des temps modernes est un produit de l’impérialisme. (Projet de résolution de la gauche zimmerwaldienne). La guerre « provient de la nature même de l’impérialisme ». (Réponse à la discussion sur le programme du Parti au VIIIe Congrès du Parti communiste (bolchévik) de Russie).

    Ces thèses de Lénine qui ont une signification de principe fondamentale sont le résultat d’une profonde analyse scientifique de l’impérialisme, et d’innombrables faits historiques ont prouvé que ce sont là des vérités inébranlables. La Conférence de Moscou des Partis communistes et ouvriers, qui s’est tenue il y a plus de deux ans, a montré que les derniers événements appuient ce principe émis par Lénine.

    La Déclaration de la Conférence de Moscou dit :

    « Tant que subsiste l’impérialisme, les guerres d’agression conservent un terrain propice. Dans l’après-guerre, les impérialistes américains, anglais, français et autres et leurs valets ont fait ou font encore la guerre en Indochine, en Indonésie, en Corée, en Malaisie, au Kenya, au Guatemala, en Egypte, en Algérie, dans l’Oman et au Yémen.

    En même temps, les forces impérialistes d’agression se refusent obstinément à réduire les armements, à interdire l’emploi et la fabrication des armes atomiques et thermonucléaires, à conclure un accord sur la cessation immédiate des essais de ces armes ; elles poursuivent la « guerre froide », persévèrent dans la course aux armements, installent sans cesse de nouvelles bases militaires, mènent une politique agressive qui met la paix en péril, créent la menace d’une nouvelle guerre. En cas de déclenchement d’une guerre mondiale, et à défaut d’un accord sur l’interdiction des armes nucléaires, cette guerre serait nécessairement une guerre nucléaire, sans précédent par sa force destructrice.

    « Avec l’aide des Etats-Unis, le militarisme renaît en Allemagne occidentale, en créant un dangereux foyer de guerre au centre de l’Europe…

    « En même temps, les impérialistes s’efforcent d’imposer aux peuples épris de liberté du Proche et du Moyen-Orient la fameuse « doctrine Eisenhower-Dulles », créant ainsi une menace à la paix dans cette région.

    « Le bloc agressif de l’O.T.A.S.E. crée un danger de guerre dans l’Asie du Sud-Est. »

    Le Manifeste de la paix des 64 Partis communistes et ouvriers dit :

    « Les forces de la paix sont énormes. Elles peuvent barrer le chemin à la guerre, sauvegarder la paix. Mais nous, communistes, n’en considérons pas moins notre devoir d’avertir tous les gens que le danger d’une guerre monstrueuse et homicide n’est pas écarté.

    « D’où vient cette menace à la paix, à la sécurité internationale ?

    C’est que les monopoles capitalistes, fabuleusement enrichis par les deux guerres mondiales et la course actuelle aux armements, rêvent à la guerre et y trouvent leur intérêt. La course aux armements qui apporte des bénéfices exorbitants aux monopoles pèse d’un poids de plus en plus lourd sur les travailleurs, aggrave sérieusement la situation économique des pays. C’est sous la pression des monopoles capitalistes, américains surtout, que les milieux dirigeants de certains pays capitalistes repoussent les propositions de désarmement, d’interdiction de l’arme nucléaire et d’autres mesures visant à conjurer une nouvelle guerre…

    « La paix pourra être sauvegardée à cette seule condition que tous ceux à qui elle est chère unissent leurs efforts, redoublent de vigilance face aux menées des fauteurs de guerre, comprennent jusqu’au bout que leur devoir sacré est d’intensifier la lutte pour la paix encore menacée. »

    On voit par là que la théorie léniniste selon laquelle l’impérialisme est la source des guerres de notre temps n’est nullement « périmée » et ne sera certainement pas « périmée ». Aussi longtemps que l’impérialisme existera, la vigilance envers le danger de guerre ne pourra jamais être relâchée.

    C’est à partir de cette position fondamentale que le peuple chinois mène la lutte pour la défense de la paix mondiale et contre la guerre impérialiste.

    Nous saluons chaque pas fait pour la détente internationale, nous saluons tous les efforts sincères faits par n’importe quel pays (y compris les Etats-Unis) en faveur de la paix, mais en même temps nous informons, en temps utile, toute la nation et le public mondial des activités perfides des impérialistes qui continuent à fomenter de nouvelles guerres ; nous attirons leur attention,  nous leur faisons remarquer que toutes les forces de paix du monde entier, pourvu qu’elles soient unies, seront sûrement capables de surmonter les forces de guerre ; un brillant avenir nous attend dans notre lutte. Nous avons agi de la sorte dans la passé, nous continuerons d’agir ainsi à l’avenir.

    L’impérialisme américain n’a que haine pour tout effort en vue de la paix fait par le camp socialiste qui a l’Union Soviétique à sa tête. Il affiche ouvertement une politique d’hostilité envers la République populaire de Chine et attaque effrontément la juste position assumée par le peuple chinois dans la défense de la paix mondiale et l’opposition à la guerre impérialiste.

    Le peuple chinois a dénoncé en temps opportun le fait que depuis les entretiens avec le camarade Khrouchtchev et Eisenhower au Camp David en septembre dernier, le gouvernement des Etats-Unis, ayant à sa tête Eisenhower, continue activement à accroître ses armements, à mener des préparatifs de guerre et à étendre son agression. Les porte-parole des impérialistes américains répandent la calomnie selon laquelle le peuple chinois ne semblerait gère enthousiaste devant la détente internationale.

    Ce monstrueux mensonge est vraiment par trop impudent. Etant donné que le gouvernement des Etats-Unis et Eisenhower lui-même sont en fait en train d’accroître leurs armements, de mener des préparatifs de guerre et d’étendre l’agression, ce qui va à l’encontre de la demande en faveur de la détente internationale, en quoi serait-ce aider la situation internationale si tout ceci était passé sous silence, voire fardé, enjolivé ou louangé ? Au contraire, cela ne pourrait que donner libre cours aux activités de ceux qui créent la tension.

    Les faits en disent plus que l’éloquence. Il suffit de jeter un coup d’œil sur cette récapitulation des plus sommaires des paroles et des actes du gouvernement des Etats-Unis et d’Eisenhower contre la paix depuis les entretiens de Camp David en septembre dernier :

    Le 16 octobre 1959, Andrew H. Berding, secrétaire d’Etat adjoint américain, déclarait au cours d’un discours que les Etats-Unis ne pouvaient accepter la coexistence pacifique, parce que cela signifierait le statu quo du camp socialiste.

    Le 21 octobre, les Etats-Unis faisaient voter une résolution illégale sur la soi-disant « question du Tibet » par l’Assemblée générale des Nations unies et s’ingéraient dans les affaires intérieures de la Chine, calomniant la répression par le gouvernement chinois de la rébellion d’un groupe réactionnaire de propriétaires de serfs dans la région du Tibet.

    Le 22 octobre, le Département d’Etat américain publiait une déclaration à l’occasion du troisième anniversaire de la révolte contre-révolutionnaire en Hongrie, calomniant les gouvernements hongrois et soviétique et « louant » les éléments contre-révolutionnaires qui avaient déclenché la révolte.

    Le 3 novembre, alors que le peuple de la Zone du Canal de Panama manifestait pour la restauration de la souveraineté panamienne sur la Zone du Canal, les forces d’occupation américaines recoururent à la répression, blessant plus de 120 Panamiens.



    Le 13 novembre, le vice-président des Etats-Unis Nixon déclarait : « … les puissances occidentales ne peuvent accepter ce que les Soviétiques appellent la coexistence pacifique. »

    Le 22 novembre, le secrétaire d’Etat américain Herter publiait dans la revue américaine Parade un article dans lequel il lançait des calomnies contre l’Union Soviétique, l’accusant de nourrir des « intentions agressives » et de poursuivre une « campagne expansionniste ».

    Le 27 novembre, le Département d’Etat américain publiait une déclaration, accusant calomnieusement l’Albanie d’être « assujettie à la domination soviétique ».

    Le 1er décembre, McElroy, secrétaire à la Défense des Etats-Unis déclarait : « En 1963, les Etats-Unis disposeront d’une variété plus grande encore de moyens pour lancer des ogives à hydrogène contre la Russie ».

    Du 4 au 22 décembre, Eisenhower a visité onze pays d’Europe, d’Asie et d’Afrique en vue d’étendre la guerre froide. Au cours de ses visites, il a battu, tant qu’il a pu, le rappel pour renforcer les blocs militaires occidentaux, disant que « le Pacte de l’Atlantique-Nord demeure la pierre angulaire de notre politique étrangère », et que les Etats-Unis n’abandonneront pas le CENTO et travailleront activement à étendre le réseau de bases américaines d’engins téléguidés à l’étranger.

    Le 9 décembre, les Etats-Unis imposaient une résolution sur la question coréenne par le truchement de l’Assemblée générale des Nations unies. Malgré l’appel publié par l’Assemblée populaire suprême de la République démocratique populaire de Corée le 27 octobre, ils refusèrent de retirer les troupes américaines du sud de la Corée et de laisser se réaliser l’unification pacifique de la Corée, et en outre, ils insistèrent sur la tenue de soi-disant « élections libres » en Corée sous la « surveillance » des Nations unies qui furent un des belligérants.

    Le même jour, les Etats-Unis imposaient, par l’entremise de l’Assemblée générale des Nations unies, une résolution sur la soi-disant « question hongroise », qui constituait une intervention dans les affaires intérieures de la Hongrie.

    Le 15 décembre, Herter présentait « un plan de dix ans » à la réunion du Conseil de l’O.T.A.N., demandant que le bloc de l’O.T.A.N. dispose d’une « force de frappe » pour engager des guerres de grande envergure et d’une « souplesse suffisante » pour engager des guerres localisées.

    Le 24 décembre, les Etats-Unis poussaient une poignée d’ultras pro-américains au Laos à déclencher un coup d’Etat militaire et à étendre davantage la guerre civile au Laos.

    Le 29 décembre, Eisenhower déclarait qu’à partir du 1er janvier 1960, les Etats-Unis seraient « libres de reprendre leurs essais d’armes nucléaires ».

    Les 7 et 18 janvier 1960, Eisenhower présentait ses messages sur l’état de l’Union et sur le budget, demandant aux Etats-Unis de « consacrer toute la part de nos ressources qu’il faudra » pour avoir « une vraie force de frappe … »

    Il fixait les dépenses militaires pour l’exercice 1961 à plus de 45.500 millions de dollars, soit 57,1% du budget global. Dans son message sur l’état de l’Union, il traita dans ses calomnies les pays socialistes d’« Etats policiers », l’Union Soviétique de pays de « communisme impérialiste’ et le camp socialiste de « système de satellites lugubres ».

    Le 15 janvier, Nixon disait : « En aucune circonstance les Etats-Unis et leurs alliés ne devraient réduire leurs forces. »

    Le 19 janvier, le « Traité de coopération mutuelle et de sécurité » entre le Japon et les Etats-Unis était signé à Washington. Ce traité agressif d’alliance militaire vise directement la Chine, l’Union Soviétique et la République démocratique populaire de Corée, et menace la paix et la sécurité de tous les pays asiatiques.

    Le 3 février, Eisenhower déclarait au cours d’une conférence de presse : « J’ignorais qu’il y eût un esprit de Camp David. » Il a également déclaré que les Etats-Unis fourniraient des informations secrètes sur les armes nucléaires à leurs alliés.

    Le 5 février, le Département d’Etat américain publiait une déclaration, rejetant une fois de plus la proposition formulée lors de la réunion des Etats membres du Pacte de Varsovie, relative à la signature d’un traité de non-agression mutuelle entre l’Organisation du Traité de Varsovie et le bloc de l’O.T.A.N.

    Le 15 février, Herter publiait une déclaration par laquelle il alla jusqu’à présenter la demande que trois républiques fédérées de l’U.R.S.S., à savoir la Lithuanie, la Lettonie et l’Esthonie, « jouissent à nouveau de l’indépendance nationale ».

    Le 16 février, Eisenhower disant dans son message de « sécurité mutuelle » que « le fait, si c’est un fait, de la réduction des effectifs militaires soviétiques ne modifie pas la nécessité du maintien de notre défense collective. »

    « Ce serait de la plus haute folie que d’abandonner ou d’affaiblir notre position de force de frappe commune. » Il déclarait également que pour les Etats-Unis, il s’agissait de « … la nécessité d’une persévérance inébranlable, calme et patiente dans nos efforts pour maintenir nos défenses communes ».

    Il a annoncé que deux milliards de dollars seraient affectés à l’aide militaire étrangère pour l’exercice de la nouvelle année fiscale, soit une augmentation de 700 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent.

    Le 17 février, Eisenhower déclarait dans son rapport sur la situation dans le Moyen-Orient que les Etats-Unis continueraient à appliquer la résolution adoptée par le Congrès en 1957 relative à la question du Moyen-Orient (c’est ce qu’on appelle la « Doctrine Eisenhower »).

    Le 19 février, le secrétaire d’Etat adjoint américain  Graham Parsons déclarait, au cours d’un discours, que les Etats-Unis continueraient à occuper le territoire chinois du Taïwan et « espéraient » encore que la Chine nouvelle « s’effondrerait ». Il ajoutait que les Etats-Unis poursuivaient une « politique visant à contrebalancer » la montée de la force chinoise et « devraient persévérer dans les mesures destinées à faire face à cette force ».

    Du 22 février au 3 mars, Eisenhower a visité l’Amérique du Sud, préconisant le renforcement du « Système panaméricain », faisant l’éloge de la Conférence de Santiago des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation des Etats d’Amérique, tenue en août dernier, qui visait à intervenir contre Cuba. Il déclara en outre que les Etats-Unis continueraient à s’en tenir à ce qui est appelé la Doctrine Monroe, laquelle considère les Amériques comme appartenant aux Etats-Unis.

    Le 26 février, après avoir constamment amené des engins téléguidés en Corée du Sud, violant ainsi l’Accord d’armistice en Corée, les Etats-Unis lançaient ouvertement un engin téléguidé « Matador » à Usan, en Corée du Sud.

    Le 29 février, dans une note au gouvernement cubain, les Etats-Unis rejetaient la demande du gouvernement cubain réclamant comme condition préalable à la reprise des pourparlers américano-cubains que les Etats-Unis cessent d’adopter des mesures pouvant être préjudiciables au peuple cubain, et continuaient à menacer, disant que les Etats-Unis restaient libres de prendre « toute mesure » qu’ils jugeraient nécessaire. Avant et après ceci, les avions américains ne cessaient de se livrer à des bombardements de Cuba. Selon la déclaration du 14 mars du premier ministre cubain Castro, les avions américains ont bombardé Cuba à plus de quarante reprises.

    Le 9 mars J.C. Satterthwaite, secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires africaines, déclarait que les Etats-Unis avaient « des intérêts politiques et militaires spéciaux » en Afrique du Nord.

    Il a dit qu’«il est également d’importance primordiale pour les Etats-Unis de maintenir leurs droits d’utiliser certaines bases-clés en Afrique, et que les Etats-Unis et leurs alliés continuent à avoir à leur disposition une grande quantité de matériaux importants en Afrique, principalement des minerais. » Il a également déclaré qu’il était nécessaire de « concilier l’actuelle montée du nationalisme [en Afrique] avec les moyens d’une transition méthodique du passé vers l’avenir. »

    Le 16 mars, les Etats-Unis et la clique de Tchiang Kaï-chek entamaient des manœuvres militaires à grande échelle dans le détroit de Taïwan, avec la participation de 50.000 soldats des Etats-Unis.

    Le même jour, le lendemain du jour où il avait publié un communiqué conjoint avec Adenauer, Eisenhower déclarait : « Nous sommes d’accord qu’il n’y a eu aucun changement de politique de l’un ou de l’autre côté. » « Nous n’abandonnerons pas notre position en ce qui concerne nos droits sur Berlin. »

    Le 21 mars, des navires de guerre des Etats-Unis s’introduisaient à nouveau dans les eaux territoriales chinoises, et le gouvernement chinois lançait un sévère avertissement, le 93ème, aux Etats-Unis. Depuis octobre 1959, les Etats-Unis se sont introduits à 21 reprises dans les eaux territoriales et l’espace aérien chinois.

    Le 30 mars, Eisenhower affirmait que même si les Etats-Unis acceptaient maintenant de signer un accord pour suspendre temporairement les essais nucléaires, cela n’engagerait pas le prochain président des Etats-Unis. Il a ajouté que « tout successeur aurait le droit d’exercer son propre jugement en la matière. » Herter est allé plus loin le 8 avril, en déclarant que du point de vue juridique « le pouvoir d’Eisenhower d’engager les Etats-Unis pour une plus longue période » « reste toujours conditionné par la durée de ses propres fonctions ».

    Le 4 avril, Herter prononçait un discours dans lequel il rejetait la proposition soviétique pour un désarmement général et a attaqué le président du Conseil des ministres de l’U.R.S.S. Khrouchtchev au sujet de sa déclaration sur la question allemande, disant que ses paroles « compliquaient la situation ».

    Il a dit : « Si quelqu’un s’attend à des exploits spectaculaires au Sommet, il pourrait être désappointé ». Il a exprimé sa « satisfaction » pour l’accélération du réarmement de l’Allemagne occidentale et a déclaré : « les forces de terre, de mer et de l’air de l’O.T.A.N. ont besoin d’être encore renforcées ».

    Le 6 avril, Eisenhower approuvait officiellement le programme pour le développement accéléré des fusées intercontinentales et des sous-marins atomiques équipés de fusées « Polaris ». Il a été annoncé que le gouvernement des Etats-Unis se préparait à faire passer le nombre des fusées intercontinentales à fabriquer en trois ans de 270 à 312, et celui des sous-marins atomiques de 7 à 40.

    Le 9 avril, R. S. Benson, commandant des forces sous-marines de la Flotte américaine du Pacifique, clamait que les Etats-Unis emploieraient 30 sous-marins atomiques équipés de fusées « Polaris » pour encercler l’Union Soviétique et les autres pays socialistes.

    Le 14 avril, Eaton, délégué des Etats-Unis à la réunion de la Commission du désarmement des dix nations, rejetait la proposition, présentée par les pays socialistes, selon laquelle toute nation possédant des armes nucléaires s’engagerait à ne pas être la première à les utiliser. Il soutenait une fois de plus que les Etats-Unis ne pouvaient accepter la proposition soviétique d’un désarmement général et complet.

    Le 20 avril, le sous-secrétaire d’Etat américain Dillon prononçait un discours dans lequel il attaquait la politique étrangère de l’Union Soviétique. Il accusait calomnieusement l’Union Soviétique de nourrir « des ambitions expansionnistes ». Il disait que « le mot même de ‘coexistence’ est à la fois inquiétant et présomptueux » et est bon à « jeter aux ordures » et clamais qu’il fallait « maintenir et renforcer » la puissance militaire des Etats-Unis et le système des blocs militaires d’agression.

    Le même jour, des rebelles au Venezuela soutenus par les Etats-Unis déclenchaient une rébellion armée, cherchant à renverser le gouvernement du Venezuela.

    Les faits énumérés ici sont, bien entendu, loin d’épuiser le sujet, et sont limités à des informations publiées ouvertement par le gouvernement des Etats-Unis et des publications américaines.

    Néanmoins, nous voudrions demander : Ne sont-ce pas là des faits ? Ne sont-ce pas là les faits principaux de la politique actuelle des Etats-Unis ? Peut-on dire que tout ceci a été inventé par les communistes chinois ? Peut-on dire que ce ne sont là que d’insignifiantes survivances d’un temps passé, venant au second plan dans la politique des Etats-Unis ? Bien entendu, telle n’est pas la réalité.

    En vérité, même après les entretiens de Camp David et même à la veille de la Conférence au Sommet Est-Ouest, nous ne voyons aucun changement de fond dans la politique de guerre des impérialistes américains, dans la politique poursuivie par le gouvernement des Etats-Unis et par Eisenhower en personne. L’impérialisme américain s’efforce non seulement d’étendre sa puissance militaire d’agression, mais encore s’empresse de soutenir le développement des forces du militarisme en Allemagne occidentale et au Japon, afin de transformer ces pays en foyers d’une nouvelle guerre.

    Il doit être clairement entendu que tout ceci affecte le sort de l’humanité entière. Il est de toute nécessité de s’opposer au militarisme en Allemagne occidentale et au Japon, et à tout autre militarisme que soutiennent les Etats-Unis.

    Mais, à présent, c’est en premier lieu la politique de guerre de l’impérialisme américain qui, dans tout ceci, joue le rôle décisif. S’éloigner de ce point, c’est s’éloigner du cœur et du fond de la question. Si les peuples attachés à la paix du monde entier ne joignent pas leurs efforts pour continuer à démasquer résolument cette politique de guerre des autorités américaines et pour engager sérieusement la lutte contre elle, cela entraînera inévitablement une terrible catastrophe !

    Le peuple chinois, debout aux premiers rangs de la lutte pour la paix, aux côtés des peuples de l’Union Soviétique et des autres pays socialistes, a-t-il le droit de garder le silence sur tous ces faits ?

    Avons-nous le droit de laisser seulement les Américains faire, dire et connaître tout ceci, et de laisser les peuples de Chine et des autres pays dans l’ignorance de ces mêmes faits ? Cela nuit-il à la paix, cela aggrave-t-il la tension, si nous expliquons le véritable état des choses au public chinois et au monde, ou est-ce dissimuler la vérité qui aiderait la paix ou aiderait à relâcher la tension ?

    Se peut-il que, suivant la logique des impérialistes américains, ce soit ainsi que la paix puisse être « préservée » ? Ou bien est-ce là la « paix dans la liberté » à laquelle Eisenhower et ses acolytes font allusion ?

    Les impérialistes américains qui projettent activement une nouvelle guerre espèrent effectivement que nous cacherons la réalité des faits ; ils espèrent que nous abandonnerons les points de vue du marxisme-léninisme ; ils espèrent que nous croirons que la nature de l’impérialisme peut changer ou même qu’elle a déjà changé ; ils espèrent que, dans la lutte pour sauvegarder la paix mondiale, à l’instar des pacifistes bourgeois, nous ne mobiliserons pas les masses populaires les plus larges et ne nous appuierons pas sur ces masses qui sont contre l’impérialisme, contre la guerre impérialiste et contre l’agression impérialiste ; ils espèrent que nous exagérerons démesurément l’importance des geste en faveur de la paix que les forces agressives impérialistes sont obligées de faire, endormant ainsi les masses du peuple, ou que nous exagérerons démesurément la puissance de guerre des forces d’agression des impérialistes, jetant ainsi la panique parmi les masses du peuple. Bref, les fomentateurs d’une nouvelle guerre espèrent que, comme eux, nous ferons semblant de vouloir la paix, de vouloir une paix qui serait factice, afin de pouvoir imposer soudainement la guerre aux peuples comme ils l’ont fait avec la Première et la Seconde guerre mondiale.

    Mais, écoutez, fomentateurs d’une nouvelle guerre, vos espoirs ne se réaliseront jamais ! Puisque nous voulons vraiment la paix et une paix véritable, nous ne tomberons jamais dans vos pièges.

    Nous devons continuer à dévoiler tous les complots et machinations des impérialistes américains et autres qui portent atteinte à la paix, faire tout notre possible pour mobiliser les larges masses qui sont contre l’impérialisme, la guerre impérialiste et l’agression impérialiste, afin que celles-ci poursuivent une lutte opiniâtre contre les fomentateurs d’une nouvelle guerre, et par ailleurs veiller à ce que dans cette lutte les larges masses gardent toute leur vigilance et une pleine confiance et luttent jusqu’au bout pour empêcher toute nouvelle guerre. C’est seulement ainsi qu’on peut désirer vraiment la paix et obtenir une paix véritable.

    En agissant autrement, ce serait faire semblant de vouloir la paix ou ce ne serait obtenir qu’une fausse paix.

    Bien que, comme on l’a dit ci-dessus, la nature de l’impérialisme ne puisse pas changer,  nous sommes fermement convaincus que les puissantes forces qui défendent la paix, pourvu qu’elles mènent une lutte unie et soutenue, pourront à coup sûr élever une série de barrière qui empêcheront les impérialistes de faire ce qu’il leur plaît selon ce que leur dicte leur nature.

    En outre, au cas où l’éventualité s’en présenterait, comme l’indique la Déclaration de Moscou : « Si les maniaques impérialistes belliqueux osent quand même déchaîner la guerre, l’impérialisme signera sa propre condamnation ; en effet, les peuples ne toléreront pas un régime qui entraîne pour eux tant de souffrances et de sacrifices. » Il était absolument nécessaire que la Déclaration de Moscou soulignât cela ; ce n’était pas pour affaiblir, mais plutôt pour renforcer la perspective de paix.

    Car c’est seulement ainsi que l’esprit des peuples des différents pays ne se laissera pas démobiliser, que les peuples ne capituleront pas devant l’intimidation et le chantage des maniaques de la guerre, et qu’ils ne tomberont pas dans la panique et la confusion dans l’éventualité malheureuses où la guerre éclaterait malgré tout.

    Pour la coexistence pacifique des pays ayant des systèmes sociaux différents, souplesse et patience et certaines compréhensions et certains compromis sont nécessaires. Le peuples chinois, dans ses luttes contre les ennemis intérieurs et extérieurs, n’a jamais refuse de faire des compromis qui ne portaient pas atteinte aux intérêts fondamentaux du peuples et il ne refusera pas de faire de même dans l’avenir.

    Le peuple chinois soutient chaleureusement les efforts du camarade Khrouchtchev et du gouvernement soviétique concernant la Conférence au Sommet Est-Ouest et espère que le gouvernement des Etats-Unis changera cette attitude obstinée qu’il a adoptée depuis longtemps, permettant ainsi à la conférence d’aboutir aux accord que les peuples attendent sur les questions du désarmement, de l’arrêt des essais d’armes nucléaires, de Berlin-Ouest et de l’Allemagne, et de la détente internationale.

    Mais la lutte pour la paix mondiale est une lutte de longue haleine. L’impérialisme n’acceptera pas facilement un accord favorable à la paix. De plus, des faits historiques innombrables prouvent que tout accord consenti par les impérialistes peut également être répudié par eux à n’importe quel moment. C’est pourquoi la lutte est nécessaire à la fois pour aboutir à des accords favorables à la paix et pour les maintenir.

    Lénine l’a bien dit : « Aujourd’hui, la lutte pour la paix est commencée.

    Cette lutte est difficile. Celui qui pensait qu’il était aisé d’obtenir la paix, qu’il suffisait d’y faire une simple allusion pour que la bourgeoisie nous l’apporte sur un plateau, celui-là est un homme bien naïf. Ceux qui prêtaient ce point de vue aux bolchéviks trompaient le peuple. Les capitalistes se sont pris à la gorge pour partager le butin. Il est clair que supprimer la guerre, c’est vaincre le capital, et c’est dans cet esprit que le pouvoir des Soviets a amorcé la lutte. » (Discours prononcé au 1er Congrès de la marine de guerre de Russie).

    Précisément parce que la guerre, à notre époque, est un produit de la nature même de l’impérialisme, nature qui ne peut pas changer, la lutte pour la réalisation et le maintien de la paix mondiale est nécessairement une lutte anti-impérialiste prolongée. C’est pourquoi répandre sans cesse la théorie de Lénine sur l’impérialisme, mettre à nu la nature de l’impérialisme et toutes ses supercheries deviennent une tâche urgente, aujourd’hui, en ce qui concerne la cause de la paix.

    Etant donné que l’impérialisme est la source des guerres de notre temps, il est nécessaire, dans la lutte pour la paix mondiale, de rallier toutes les forces qui sont contre l’impérialisme, la guerre impérialiste et l’agression impérialiste.

    Il est dit dans la Déclaration de Moscou : « Des forces vigoureuses défendent aujourd’hui la cause de la paix : le camp invincible des Etats socialistes, l’Union Soviétique en tête, les Etats pacifiques d’Asie et d’Afrique qui se tiennent sur des positions anti-impérialistes et forment avec les pays socialistes une vaste zone de paix ; la classe ouvrière internationale et, en premier lieu, son avant-garde, les Partis communistes ; le mouvement de libération des peuples des colonies et des semi-colonies ; le mouvement massif  des peuples de la paix.

    Les peuples des pays d’Europe qui ont proclamé leur neutralité, les peuples de l’Amérique latine, les masses populaires des pays impérialistes eux-mêmes opposent une résistance énergique aux plans qui tendent à préparer une nouvelle guerre.

    L’union de ces forces puissantes peut prévenir l’explosion de la guerre. »

    Les impérialistes, particulièrement les impérialistes américains, n’épargnent aucun effort pour rompre cette unité de lutte. Ils rêvent de mettre la lutte pour la paix mondiale en opposition avec les mouvements d’indépendance nationale d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, et avec les luttes des peuples pour la liberté, la démocratie et le socialisme. Ils prétendent que, puisqu’on veut la paix, les nations opprimées ne devraient pas résister à l’agression et les peuples exploités ne devraient pas faire la révolution.

    Ils disent même que les pays socialistes auraient le devoir d’empêcher les peuples des autres pays de faire la révolution. Tout cela est un pur non-sens.

    Comme chacun sait, les marxistes-léninistes ont toujours soutenu que, pour les nations opprimées comme pour les peuples exploités, la révolution ne peut pas être exportée. En outre, personne ne peut empêcher ou n’a le droit d’interdire une révolution.

    Les révolutions des temps modernes sont nées essentiellement de l’agression, de l’oppression et du pillage exercés par les impérialistes à l’encontre des nations retardataires et des masses travailleuses des pays impérialistes. Ainsi donc, tant que les impérialistes ne renoncent pas à l’agression, à l’oppression et au pillage, tant que l’impérialisme reste l’impérialisme, les peuples opprimés des différents pays ne sauraient abandonner leur révolution nationale et leur révolution sociale.

    Les pays impérialistes n’ont toujours pas cessé de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays, y compris des pays socialistes, cependant ils affirment de façon mensongère que les pays socialistes s’ingèrent dans les affaires intérieures des autres pays.

    Les pays socialistes ne s’ingèrent évidemment jamais dans les affaires intérieures des autres pays, y compris des pays impérialistes. Cependant, les pays impérialistes essaient de forcer ou d’amener les pays socialistes à les aider à s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays.

    N’est-ce pas tout ce qu’il y a de plus absurde ?

    Tant que l’impérialisme subsistera et continuera à poursuivre sa politique d’agression, d’oppression et de pillage par la violence, les pays socialistes accorderont leur sympathie et soutien à la lutte de résistance des nations opprimées et des peuples exploités. C’est que leur lutte traduit la volonté du peuple, affaiblit les forces impérialistes et est favorable à la paix mondiale. N’est-il pas totalement absurde de penser que le développement de cette lutte et le soutien qui lui est apporté sont contraires à l’intérêt de la paix ?

    Les pays socialistes et les peuples anti-impérialistes et épris de paix du monde s’efforcent de conjurer la guerre. Plus grande sont la force des pays socialistes et les forces anti-impérialistes et pacifiques dans le monde, plus grande devient la possibilité de conjurer la guerre. C’est pourquoi étendre les forces des pays socialistes, du mouvement de libération nationale, du mouvement d’émancipation du prolétariat dans les pays capitalistes et des peuples épris de paix dans le monde permettra encore plus efficacement de conjurer une guerre impérialiste et de défendre la paix mondiale.

    Au moment où nous commémorons le 90ème anniversaire de la naissance de Lénine, la troisième grande tâche du peuple chinois est de consolider et de renforcer son amitié et sa solidarité avec les autres peuples et, en premier lieu, avec les pays socialistes ayant à leur tête l’Union Soviétique.

    Le marxisme-léninisme est le vrai internationalisme prolétarien. Dès ses débuts, il a été un phénomène international. La victoire de la révolution chinoise et les progrès de l’édification socialiste de la République populaire de Chine sont inséparablement liés au soutien de l’internationalisme prolétarien.

    Le peuple chinois ne pourra jamais oublier d’être reconnaissant pour ce soutien, ni jamais oublier son devoir de soutenir, par ses propres efforts, le prolétariat international et les nations opprimées. Précisément pour cette raison, le camarade Mao Tsé-toung a souligné la veille de la fondation de la République populaire de Chine : « En faisant le bilan de nos expériences et en les concentrant sur un point, nous arrivons à la dictature de démocratie populaire sous la direction de la classe ouvrière (par l’intermédiaire du Parti communiste) et fondée sur l’alliance des ouvriers et des paysans. Cette dictature doit s’unir avec toutes les forces révolutionnaires internationales.

    Telle est notre formule, notre expérience essentielle, notre principal programme. » C’est précisément aussi pour cette raison, comme c’est bien connu, qu’il y a deux mots d’ordre sur le mur de chaque côté de la Porte Tien An Men à Pékin, l’un où l’on peut  lire « Vive la République populaire de Chine » et l’autre : « Vive la grande union des peuples du monde ».

    Le peuple chinois a besoin à tout moment d’entretenir son amitié et sa solidarité avec les autres peuples. Le peuple chinois est heureux de voir que l’unité fraternelle entre lui et les autres pays du camp socialiste, avec à sa tête la grande Union Soviétique, se développe chaque jour davantage, que notre amitié avec les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine attaché à la paix et opposés à l’agression impérialiste se développe de jour en jour, et que nos relations amicales avec les peuples des autres pays capitalistes s’étendent également avec chaque jour qui passe.

    Le peuple chinois fera sur cette base des efforts inlassables pour renforcer son amitié et sa solidarité avec tous les autres peuples, de façon à mener une lutte commune pour les intérêts communs de tous les peuples.

    En essayant de saper la solidarité des peuples du monde, les impérialistes, et particulièrement les impérialistes américains, suscitent frénétiquement des campagnes antichinoises dans un certain nombre de pays. Ces campagnes, cependant, n’ont pas obtenu et n’obtiendront jamais l’appui des peuples des différents pays, parce qu’elles sont entièrement injustifiables.

    Le peuple chinois, diligent, construit une vie nouvelle et de paix à l’intérieur du pays et déploie tous ses efforts pour vivre en amitié avec ses voisins ; il n’est allé sur aucun territoire étranger installer des bases militaires et des bases de lancement d’engins téléguidés. Pourquoi, dans ce cas, s’élèverait-on contre lui ?

    Comme nous le savons, l’Union Soviétique, qui fut créée par Lénine, a toujours été un pays pacifique, et elle fut aussi longtemps calomniée et attaquée par des gens qui étaient antisoviétiques pour certaines raisons d’ordre intérieur dans un certain nombre de pays, grands et petits, (y compris des pays qu’elle avait aidés, comme par exemple la Chine au temps du Kuomintang).

    Mais cela ne réussit ni à causer des préjudices à l’Union Soviétique, ni à empêcher le développement de l’amitié entre le peuple soviétique et les autres peuples, mais cela a seulement montré que les éléments antisoviétiques étaient en réalité contre la paix et contre le peuple. Les campagnes antichinoises lancées à l’instigation des impérialistes et des réactionnaires dans certains pays ne peuvent se terminer que de la même façon.

    Aujourd’hui, les impérialistes et leurs complices, les révisionnistes modernes, ainsi qu’une poignée de réactionnaires dans différents pays se montrent particulièrement délirants dans leur tentative de saper par tous les moyens les plus vils l’inébranlable solidarité fraternelle entre la Chine et les autres pays socialistes. Ces provocateurs sont des plus perfides comme des plus stupides. Ils ne pourront jamais comprendre que la solidarité des pays socialistes s’est forgée et s’est développée sous le drapeau du grand et de l’inébranlable marxisme-léninisme.

    La Déclaration de Moscou dit : « Les pays socialistes forment une communauté unie du fait qu’ils se sont tous engagés dans la voie du socialisme, que la nature de classe du régime social et économique et du pouvoir d’Etat y est partout la même, qu’ils éprouvent le même besoin d’entraide et de soutien réciproque, qu’ils ont les mêmes buts et intérêts dans leur lutte contre l’impérialisme, pour la victoire du socialisme et du communisme, qu’ils s’en tiennent tous à la même idéologie marxiste-léniniste. »

    Le fait que les impérialistes, les révisionnistes modernes et la poignée de réactionnaires de différents pays sèment furieusement la discorde attente moins de la solidité de leur position qu’il ne montre qu’ils sont près de leur fin. Les rapides victoires du léninisme dans le dernier demi-siècle et particulièrement dans les quinze années qui ont suivi la Seconde guerre mondiale les ont mis sur des charbons ardents.

    En face de ces victoires qui ont ébranlé la terre, et qui bénéficient du soutien des plus larges masses, l’impérialisme, qui cherche vainement à dominer le monde, n’est en fait rien de plus qu’un « géant d’argile », comme Lénine le décrivait dans son article Le bilan de la Semaine de recrutement des membres du Parti à Moscou et nos tâches. Il n’est que naturel qu’ils soient hostiles au développement impétueux et à la ferme solidarité du mouvement socialiste et du mouvement pour l’indépendance nationale sous le drapeau de Lénine.

    Mais plus ils profèrent d’injures, plus il est clairement prouvé qu’à coup sûr le léninisme triomphera. Lénine se félicitait chaque fois qu’il était attaqué par les ennemis de la révolution, parce que cela prouvait précisément qu’il avait raison. Il a cité plus d’une fois dans ses écrits les vers suivants du grand poète russe Nékrassov :

    En butte à la calomnie,
    Il entend la voie de l’approbation,
    Non dans les sons suaves de la louange,
    Mais dans les rugissements de l’irritation !

    La justesse du léninisme ne serait-elle pas prouvée par les insultes furieuses des ennemis, mais par leurs louanges ?

    Dans ses efforts pour édifier le socialisme, sauvegarder la paix et s’opposer à la guerre, et renforcer l’unité des forces révolutionnaires internationales, le peuple chinois a toujours été furieusement attaqué par les ennemis de la révolution. Mais tout ceci montre précisément que la route choisie par le peuple chinois est juste. Le peuple chinois continuera toujours d’avancer, intrépide, sur la voie du grand Lénine vers la victoire de la cause du socialisme en Chine, la victoire de la cause de la paix mondiale et la victoire de la cause du socialisme à travers le monde !

    Nul doute que le marxisme-léninisme remportera de plus grandes victoires encore non seulement en Union Soviétique, en Chine et dans les autres pays socialistes, mais aussi dans tous les autres pays du monde. Certes, l’histoire se développe de façon inégale, mais dans le long cours du développement de l’histoire humaine, certaines vicissitudes et stagnations ne sont malgré tout que des phénomènes partiels et temporaires.

    Au début de cet article, nous nous référions à l’essai Les destinées historiques de la doctrine de Karl Marx écrit par Lénine en 1913.

    Dans cet essai, Lénine soulignait particulièrement que l’Asie était une nouvelle source de tempêtes dans le monde, parce qu’il y avait à cette époque une relative stagnation dans le développement de la révolution en Europe. Lénine concluait alors que cette stagnation était seulement un phénomène passager et superficiel, et que, dans la période historique à venir, de plus grands triomphes encore attendaient le marxisme, la doctrine du prolétariat. Lénine écrivait :

    « Les opportunistes n’avaient pas encore fin de glorifier la ‘paix sociale’, et la possibilité d’éviter les tempêtes sous la ‘démocratie’, que s’ouvrait en Asie une nouvelle source de graves tempêtes mondiales…

    « A la suite de l’Asie, l’Europe commence à se remuer, mais pas à la manière asiatique … La folie des armements et la politique impérialiste font de l’Europe actuelle une ‘paix sociale’ qui ressemble bien plus à un baril de poudre. Cependant, la décomposition de tous les partis bourgeois et la maturation du prolétariat sont en progression constante. »

    Cette prédiction scientifique de Lénine devint une réalité en Russie en 1917 et, ensuite, sur une plus grande échelle encore, après la fin de la Seconde guerre mondiale.

    Aujourd’hui, de nouvelles sources de tempêtes mondiales ont surgi non seulement en Asie, mais aussi en Afrique et en Amérique latine. Il ne reste plus aucun arrière sûr pour l’impérialisme sur cette terre.

    Il existe encore maintenant un certain degré de « paix sociale » dans quelques pays d’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord. Mais, étant donné la course folle aux armements et la politique impérialiste de ces pays, étant donné la puissance du camp socialiste ayant à sa tête l’Union Soviétique et l’essor des mouvements pour l’indépendance nationale et des mouvements révolutionnaires populaires, étant donné la popularité croissante du mouvement pour la paix, la « paix sociale » dans ces pays occidentaux, en fait, se transforme également en plus en plus en un baril de poudre, comme disait Lénine.

    Que le peuple chinois et les autres peuples du monde travaillent ensemble à remporter encore de plus grandes victoires pour le léninisme, théorie marxiste de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, dans la période historique qui vient !

    =>Retour aux documents de la bataille chinoise contre le révisionnisme

  • Rédaction du Drapeau Rouge: Pour le 90e anniversaire de la naissance de Lénine (1960)

    Par le Bureau de rédaction de la revue « Hongqi », 16 avril 1960

    I

    Le 22 avril de cette année marque le 90e anniversaire de la naissance de Lénine.

    En 1871, l’année qui suivit la naissance de Lénine, se produisit l’héroïque soulèvement de la Commune de Paris. La Commune de Paris est une grande révolution qui a fait époque, elle est la première répétition générale de portée mondiale faite par le prolétariat pour tenter de renverser le système capitaliste.

    A la veille de la défaite de la Commune par suite de l’attaque contre-révolutionnaire des Versaillais, Marx a dit : « Si la Commune venait à être détruite, la lutte serait seulement reportée. Les principes de la Commune sont éternels et indestructibles ; ils se présenteront maintes et maintes fois jusqu’à ce que la classe ouvrière soit libérée » (Discours de Marx sur la Commune de Paris).

    Quel est le principe essentiel de la Commune ? D’après Marx, c’est le principe selon lequel la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l’Etat toute prête et de la faire fonctionner pour son propre compte.

    En d’autres termes, le prolétariat doit recourir à la révolution pour s’emparer du pouvoir d’Etat, briser la machine militaire et bureaucratique de la bourgeoisie et établir la dictature du prolétariat à la place de la dictature de la bourgeoisie.

    Ceux qui connaissent bien l’histoire de la lutte du prolétariat savent que cette question fondamentale constitue précisément la ligne de partage entre les marxistes, d’une part, et les opportunistes et les révisionnistes de l’autre, et qu’après la mort de Marx et d’Engels, Lénine en personne mena une lutte tout à fait intransigeante contre les opportunistes et les révisionnistes, pour défendre les principes de la Commune.

    La cause de la Commune de Paris, qui n’a pas été couronnée de succès, triompha finalement, 46 ans plus tard, avec la Grande Révolution d’Octobre qui s’effectua sous la direction même de Lénine. L’expérience que représentent les Soviets de Russie est le prolongement et le développement de l’expérience que fut la Commune de Paris.

    Les principes de la Commune, que Marx et Engels n’ont cessé de mettre en lumière et que Lénine a enrichis en se fondant sur la nouvelle expérience de la révolution russe, devenaient pour la première fois, réalité vivante sur un sixième du globe. Marx avait tout à fait raison quand il disait des principes de la Commune qu’ils sont éternels et indestructibles.

    Pour tenter d’étranger l’Etat soviétique qui venait de naître, les chacals impérialistes, s’alliant avec les forces contre-révolutionnaires russes du moment, se livrèrent à une intervention armée. Mais l’héroïque classe ouvrière russe et les peuples des différentes nationalités de l’Union Soviétique chassèrent les bandits étrangers, brisèrent la rébellion contre-révolutionnaire à l’intérieur du pays et ainsi consolidèrent la première grande République socialiste du monde.

    Sous le drapeau de Lénine, sous le drapeau de la Révolution d’Octobre commença une nouvelle révolution mondiale, la révolution prolétarienne tenant le rôle de dirigeant. Ainsi s’ouvrit une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité.

    Par la Révolution d’Octobre, la voix de Lénine se répandit rapidement dans le monde entier. Le Mouvement du 4 Mai 1919, mouvement anti-impérialiste et antiféodal du peuple chinois, comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, « est né en réponse à l’appel de la révolution mondiale à cette époque, à l’appel de la révolution russe, à l’appel de Lénine» (La démocratie nouvelle).

    L’appel de Lénine est puissant parce que juste. Dans les conditions historiques de l’époque de l’impérialisme, Lénine a énoncé une suite de vérités irréfutables sur la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat.

    Lénine a indiqué que dans un petit nombre de puissances capitalistes, les oligarques du capital financier, c’est-à-dire les impérialistes, non seulement exploitent les masses populaires de leur propre pays, mais oppriment et pillent le monde entier, transformant la plupart des pays en colonies et pays dépendants.

    La guerre impérialiste est un prolongement de la politique impérialiste. Les guerres mondiales sont entreprises par les impérialistes à cause de leur insatiable avidité à accaparer les marchés mondiaux, les sources de matières premières et les champs d’investissements, et à cause de leur lutte pour un nouveau partage du monde. Aussi longtemps que l’impérialisme capitaliste existera dans le monde, les sources et la possibilité de guerre subsisteront. Le prolétariat doit guider les masses populaires pour qu’elles comprennent les sources de la guerre et pour qu’elles luttent pour la paix et contre l’impérialisme.

    Lénine a affirmé que l’impérialisme est le capitalisme monopoleur, parasitaire ou pourrissant, agonisant, qu’il est le stade suprême du développement du capitalisme et, par conséquent, prélude à la révolution prolétarienne. On ne peut certainement pas parvenir à l’émancipation du prolétariat par la voie du réformisme, on ne peut y parvenir que par la voie de la révolution.

    Le mouvement de libération du prolétariat des pays capitalistes doit s’allier aux mouvements de libération nationale des colonies et des pays dépendants ; cette alliance peut écraser l’alliance des impérialistes et des forces réactionnaires, féodales et compradores, dans les colonies et dans les pays dépendants, et, donc, sans qu’aucune force ne puisse s’y opposer, en finir une fois pour toutes avec le système impérialiste dans le monde entier.

    A la lumière de la loi de l’inégalité du développement économique et politique du capitalisme, Lénine est parvenu à la conclusion suivante : le développement du capitalisme étant fort inégal selon les pays, le socialisme remportera la victoire tout d’abord dans un ou plusieurs pays, mais non pas simultanément dans tous les pays. En conséquence, malgré la victoire du socialisme dans un ou plusieurs pays, les autres pays capitalistes continueront à exister, et il en résultera non seulement des frictions, mais aussi des activités subversives impérialistes dirigées contre les Etats socialistes.

    De là, la lutte sera une lutte prolongée. La lutte entre le socialisme et le capitalisme s’étendra sur toute une période historique. Les pays socialistes doivent maintenir une vigilance de tous les instants contre le danger d’une attaque impérialiste et procéder aux mieux pour se prémunir contre ce danger.

    Le problème fondamental qui se pose à toutes les révolutions est celui du pouvoir d’Etat. Lénine a exposé de manière exhaustive et pénétrante le problème fondamental de la révolution prolétarienne, celui de la dictature du prolétariat.

    La dictature du prolétariat, établie à la suite de l’écrasement de la machine d’Etat de la dictature bourgeoise au moyen de la révolution, est une alliance d’une nature particulière du prolétariat avec la paysannerie et tous les autres travailleurs ; elle est le prolongement de la lutte des classes sous une autre forme, dans des conditions nouvelles ; elle sous-entend une lutte soutenue, sanglante et sans effusion de sang, violente et pacifique, sur le plan militaire et économique, de l’éducation et de l’administration, contre la résistance des classes exploiteuses, contre l’agression étrangère et contre les influences et les traditions de l’ancienne société.

    Sans la dictature du prolétariat, sans l’entière mobilisation par elle du peuple travailleur sur ces fronts en vue de poursuivre ces luttes inévitables avec opiniâtreté et persévérance, il ne peut y avoir de socialisme ni de victoire pour le socialisme.

    Lénine comme primordial pour le prolétariat de créer son propre Parti politique, un Parti véritablement révolutionnaire qui rompt complètement avec l’opportunisme, c’est-à-dire avec le Parti communiste, si l’on veut mener à bien la révolution prolétarienne et établir et consolider la dictature du prolétariat.

    Ce Parti politique est armé de la théorie marxiste du matérialisme dialectique et du matérialisme historique. Son programme est d’organiser le prolétariat et tous les peuples travailleurs opprimés dans la lutte des classes, pour établir la domination prolétarienne et parvenir, en passant par le socialisme, au but final, le communisme. Ce Parti politique doit ne faire qu’un avec les masses et attacher une grande importance à leur initiative créatrice qui fait l’histoire ; il doit s’appuyer étroitement sur les masses dans la révolution aussi bien qu’au cours de l’édification du socialisme et du communisme.

    Ces vérités ont été avancées constamment par Lénine avant et après la Révolution d’Octobre. A cette époque, réactionnaires et philistins considéraient ces vérités énoncées par Lénine comme effrayantes. Mais nous voyons ces vérités triompher l’une après l’autre dans la vie pratique du monde.

    II

    Au cours de la quarantaine d’années qui nous séparent de la Révolution d’Octobre, de nouveaux et énormes changements se sont produits dans le monde.

    Par ses grandes réalisation dans l’édification du socialisme et du communisme, l’Union Soviétique a transformé un pays très arriéré tant au point de vue économique que technique, le pays du temps de la Russie impériale, en une puissance mondiale de premier ordre techniquement la plus avancée. Par ses bonds prodigieux dans les domaines économique et technique, l’Union Soviétique a distancé de loin les pays capitalistes européens et dépassé les Etats-Unis dans les réalisations techniques.

    La grande victoire remportée dans la guerre antifasciste, dans laquelle l’Union Soviétique constituait la force principale, a rompu la chaîne de l’impérialisme en Europe centrale et orientale. La grande victoire remportée par la révolution du peuple chinois a rompu la chaîne de l’impérialisme dans la partie continentale de la Chine. De nouveaux pays socialistes sont nés. Le camp socialiste, ayant l’Union Soviétique à sa tête, occupe un quart du territoire du globe et compte déjà plus d’un tiers de la population mondiale.

    Le camp socialiste constitue maintenant un système économique mondial capitaliste. La valeur globale de la production industrielle des pays socialistes a atteint près de 40% de celle du monde entier et dépassera, dans un avenir pas très éloigné, celle de tous les pays capitalistes.

    Le système colonial de l’impérialisme s’est désagrégé et cette désagrégation continue. Naturellement, la lutte connaît de hauts et des bas, mais, tout bien considéré, le mouvement de libération nationale balaie en tempête l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine sur une échelle de jour en jour plus vaste. Les choses évoluent vers leur contraire : dans ces régions, les impérialistes vont, étape après étape, de puissance en faiblesse, alors que le peuple va de faiblesse en puissance.

    La stabilité relative que le capitalisme connut un certain temps après la Première guerre mondiale a pris fin il y a longtemps. Avec la formation du système économique mondial socialiste après la Seconde guerre mondiale, le marché mondial capitaliste s’est considérablement rétréci.

    La contradiction entre les forces productives et les rapports de production est devenue plus aiguë dans la société capitaliste. Les crises économiques cycliques du capitalisme ne se répètent plus une fois tous les dix ans environ, comme auparavant, mais se produisent presque tous les trois ou quatre ans.

    Dernièrement, des représentants de la bourgeoisie américaine ont reconnu que les Etats-Unis ont souffert de trois « récessions économiques » en dix ans et qu’ils pressentent maintenant une nouvelle « récession économique », alors qu’ils viennent de traverser celle de 1957-1958. Ce raccourcissement du cycle des crises économiques capitalistes est un phénomène nouveau. C’est là encore un signe du fait que le système mondial capitaliste s’approche de plus en plus de sa fin inéluctable.

    L’inégalité de développement entre pays capitalistes s’accentue plus que jamais. Le domaine des impérialistes se réduit de plus en plus, à tel point qu’ils se heurtent les uns aux autres. L’impérialisme américain ne cesse de s’emparer des marchés et des sphères d’influence aux mains des impérialistes britanniques, français et autres.

    Les pays impérialistes, ayant les Etats-Unis à leur tête, ont continuellement accru leurs armements et fait des préparatifs de guerre au cours des dix et quelques dernières années, alors que le militarisme en Allemagne occidentale et au Japon, vaincu au cours de la Seconde guerre mondiale, s’est relevé avec l’aide de son ancien ennemi, l’impérialisme américain.

    Les impérialistes de ces deux pays se sont manifestés en se mêlant à la lutte pour disputer le marché mondial capitaliste ; à présent, ils parlent à nouveau et avec grandiloquence de leur « amitié traditionnelle » et sont engagés dans de nouvelles tractations visant à créer un soi-disant « axe Bonn-Tokyo ayant Washington pour point de départ ». Déjà les impérialistes de l’Allemagne occidentale recherchent impudemment des bases militaires à l’étranger.

    Ainsi les conflits aigus s’aggravent-ils au sein de l’impérialisme et, en même temps, grandit la menace contre le camp socialiste et tous les pays attachés à la paix. La situation actuelle ressemble beaucoup à celle qui suivit la Première guerre mondiale où les impérialistes américains et britanniques favorisaient la résurrection du militarisme allemand, et, pour eux, il en résultera encore qu’ils auront « soulevé une pierre pour se la laisser retomber sur le pied ». La création de la tension dans le monde par les impérialistes américains, après la Seconde guerre mondiale, n’est pas une manifestation de leur puissance mais de leur faiblesse et reflète précisément l’instabilité sans précédent du système capitaliste.

    Pour réaliser leur ambition d’hégémonie mondiale, les impérialistes américains s’évertuent non seulement à mener toutes sortes d’activités de sape et de subversion dirigées contre les pays socialistes, mais, sous prétexte de s’opposer à la « menace communiste » et en s’arrogeant le rôle de gendarme mondial pour réprimer la révolution dans les différents pays, ils déploient leurs bases militaires partout dans le monde, s’emparent des zones intermédiaires et recourent aux provocations militaires.

    Comme le rat qui traverse la rue et fait s’écrier tout le monde qu’il faut l’assommer, les impérialistes américains se font mettre en sang partout où ils se montrent et, contrairement à leur intention, suscitent partout un nouvel essor de la lutte révolutionnaire du peuple.

    Maintenant, ils commencent eux-mêmes à se rendre compte qu’en contraste avec la prospérité croissante du monde socialiste, ayant l’Union Soviétique à sa tête, « l’influence des Etats-Unis en tant que puissance mondiale est en déclin ». Chez eux, on « n’aperçoit que le déclin et la chute de l’ancienne Rome. »

    Les changements survenus dans le monde au cours des quarante et quelques dernières années montrent que l’impérialisme pourrit davantage chaque jour, tandis que pour le socialisme les choses s’améliorent chaque jour. C’est une grande et nouvelle époque qui s’ouvre devant nous, et qui a pour caractéristique principale le fait que les forces du socialisme ont dépassé celles de l’impérialisme, et que les forces des peuples du monde qui s’éveillent ont dépassé celles de la réaction.

    La situation mondiale actuelle a manifestement subi d’immenses changements par rapport au temps où vivait Lénine, mais tous ces changements ne prouvent pas que le léninisme soit tombé en désuétude ; au contraire, ils ont confirmé de plus en plus clairement les vérités énoncées par Lénine et toutes les théories avancées par lui au cours de la lutte pour la défense du marxisme révolutionnaire et le développement du marxisme.

    Dans les conditions historiques de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, Lénine a fait accéder le marxisme à une étape nouvelle et a montré à toutes les classes et à tous les peuples opprimés la voie par laquelle ils pourraient vraiment se libérer de l’asservissement capitaliste-impérialiste et de la misère.

    Les quarante dernières années ont été quarante années de victoire pour le léninisme dans le monde, quarante années au cours desquelles le léninisme a pénétré toujours plus profondément dans les cœurs des peuples du monde. Le léninisme a non seulement remporté et continue à remporter de grandes victoires dans les pays où le système socialiste a été établi, mais il remporte constamment aussi de nouvelles victoires dans les luttes de tous les peuples opprimés.

    La victoire du léninisme est acclamée par les peuples du monde entier et, en même temps, elle s’attire nécessairement la haine des impérialistes et de tous les réactionnaires. Pour affaiblir l’influence du léninisme et paralyser la volonté révolutionnaire des masses populaires, les impérialistes l’ont attaqué et calomnié de la manière la plus barbare et la plus vile ; de plus, ils achètent et utilisent les éléments instables et les renégats à l’intérieur du mouvement ouvrier et les poussent à déformer et à tronquer la doctrine de Lénine.

    A la fin du XIXè siècle, alors que le marxisme mettait en déroute les courants d’idées antimarxistes de tous genres, se répandait largement dans le mouvement ouvrier et y occupait une position dominante, les révisionnistes, représentés par Bernstein, avancèrent des propositions en vue de réviser la doctrine de Marx, conformément aux besoins de la bourgeoisie.

    Maintenant que le léninisme a remporté de grandes victoires en conduisant la classe ouvrière mondiale et toutes les classes et toutes les nations opprimées dans la marche contre l’impérialisme et les réactionnaires de toutes sortes, les révisionnistes modernes, représentés par Tito, ont avancé leurs propositions de réviser la doctrine de Lénine (c’est-à-dire la doctrine marxiste moderne), conformément aux besoins des impérialistes.

    Ainsi qu’il est indiqué dans la Déclaration de la Conférence des représentants des Partis communistes et ouvriers des pays socialistes, tenue à Moscou en novembre 1957, « l’influence bourgeoise est la source intérieure du révisionnisme, et la capitulation devant la pression de l’impérialisme en est la source extérieure ».

    Les anciens révisionnistes essayaient de prouver que le marxisme était périmé, alors que les révisionnistes modernes essaient de prouver que le léninisme est périmé.

    La Déclaration de la Conférence de Moscou disait : « Le révisionnisme moderne s’efforce de discréditer la grande doctrine du marxisme-léninisme, déclare qu’elle est « périmée » et a prétendument perdu toute importance pour le développement social actuel. Les révisionnistes s’évertuent à dépouiller le marxisme de son âme révolutionnaire, à saper la foi de la classe ouvrière et du peuple laborieux dans le socialisme ».

    Ce passage de la déclaration est tout à fait juste ; telle est exactement la situation.

    La doctrine du marxisme-léninisme est-elle « périmée » aujourd’hui ? L’ensemble de toute la doctrine de Lénine sur l’impérialisme, sur la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat, sur la guerre et la paix, et sur l’édification du socialisme et du communisme garde-t-il toujours toute sa vitalité ? Si cette doctrine est toujours valable et garde toute sa vitalité, s’agit-il d’une partie seulement ou de son tout ? Nous avons coutume de dire que le léninisme est le marxisme à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, le marxisme à l’époque de la victoire du socialisme et du communisme.

    Cette affirmation reste-t-elle exacte ? Peut-on dire que les conclusions faites par Lénine à l’époque et notre conception habituelle du léninisme ont perdu leur validité et leur exactitude et que, par conséquent, nous devons leur tourner le dos et accepter les conclusions révisionnistes et opportunistes que Lénine a réduites en miettes il y a longtemps et qui ont fait honteusement faillite dans la vie réelle ?

    Ces questions-là se posent à nous maintenant et nous devons y répondre. Il est nécessaire que les marxistes-léninistes dévoilent complètement les idées absurdes des impérialistes et des révisionnistes modernes à ce sujet, liquident leur influence parmi les masses afin d’éveilleur ceux qui ont été égarés temporairement, et stimulent plus encore la volonté révolutionnaire des masses populaires.

    III

    Pour égarer les peuples du monde, les impérialistes américains, les représentants déclarés de la bourgeoisie de bon nombre de pays, les révisionnistes modernes représentés par la clique de Tito, et l’aile droite de la social-démocratie font tous leurs efforts pour présenter une image totalement déformée de la situation actuelle dans le monde et tentent par-là de donner une confirmation à leur galimatias de ce genre : « le marxisme est périmé », « le léninisme également périmé ».

    Dans un discours de la fin de l’année dernière, Tito a fait allusion à maintes reprises à ce que les révisionnistes modernes appellent l’ « époque nouvelle ». Il dit : « Aujourd’hui, le monde est entré dans une époque nouvelle où les nations peuvent se détendre et se consacrer tranquillement aux tâches de leur construction intérieure ».

    Et il a jouté : « Nous sommes entrés dans une époque où de nouvelles questions sont à l’ordre du jour, non pas des questions de guerre et de paix, mais des questions de coopération, économiques et autres, parmi lesquelles, pour ce qui est de la coopération économique, il y a aussi la question de la compétition économique » (Discours de Tito prononcé à Zagreb le 12 décembre 1959).

    Ce renégat a complètement nié la question des antagonismes de classes et de la lutte des classes dans le monde, cherchant ainsi à biffer d’un trait de plume l’interprétation que les marxistes-léninistes ont toujours donnée et qui affirme que notre époque est l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, l’époque de la victoire du socialisme et du communisme.

    Mais comment se présentent réellement les choses dans le monde ? Peuvent-ils « se détendre », les peuples exploités et opprimés des pays impérialistes ? Peuvent-ils « se détendre », les peuples de toutes les colonies et semi-colonies encore sous l’oppression impérialiste ?

    L’intervention armée que conduit l’impérialisme américain en Asie, en Afrique et en Amérique latine se tient-elle « tranquille » règne-t-elle dans notre détroit de Taïwan, alors que les impérialistes américains occupent encore notre territoire du Taïwan ?

    La « tranquillité » règne-t-elle sur le continent africain, alors que les peuples d’Algérie et de beaucoup d’autres parties de l’Afrique sont en butte à la répression armée que les impérialistes français, anglais et autres exercent ? La « tranquillité » règne-t-elle en Amérique latine quand les impérialistes américains tentent de saper la révolution populaire de Cuba, en recourant au bombardement, à l’assassinat et aux activités subversives ?

    Qu’entend-on par « construction » quand on prétend « se consacrer aux tâches de … construction intérieure » ? Tout le monde sait qu’aujourd’hui il existe dans le monde des pays de types différents, et principalement deux types de pays de systèmes sociaux de nature foncièrement différente, les uns appartiennent au système mondial socialiste et les autres au système mondial capitaliste.

    Les allusions de Tito se rapportent-elles à « la construction intérieure » visant à l’accroissement des armements entreprise par les impérialistes afin d’opprimer le monde entier ? Ou bien s’agit-il de la « construction intérieure » menée par le socialisme en vue d’augmenter le bonheur du peuple et de chercher à établir une paix durable dans le monde ?

    La question de la guerre et de la paix ne se pose-t-elle plus ?

    L’impérialisme n’existe-t-il plus, le système d’exploitation n’existe-t-il plus, que la question de la guerre ne se pose plus ? Ou bien cela signifie-t-il que la question de la guerre pourrait ne plus se poser même si l’impérialisme et le système d’exploitation étaient admis à toujours subsister ? Le fait est que depuis la Seconde guerre mondiale les guerres se sont succédé sans interruption. Ne doit-on plus tenir pour des guerres celles que les impérialistes mènent pour réprimer les mouvements de libération nationale, et les guerre impérialistes que sont les interventions armées contre les révolutions de divers pays ?

    Bien que ces guerres ne se soient pas encore développées en guerre mondiale, ne doit-on plus considérer les guerres localisées comme des guerres ? Sans doute ces guerres n’ont pas été menées avec des armes nucléaires, mais ne doit-on plus tenir pour des guerres celles faites avec les armes dites conventionnelles ?

    L’affectation par les impérialistes américains de près de 60% de leur budget de 1960 à l’accroissement des armements et à la préparation à la guerre ne doit-elle pas non plus être considérée comme une politique belliqueuse de l’impérialisme américain ? La résurrection du militarisme en Allemagne occidentale et au Japon n’apporte-t-elle pas à l’humanité le danger d’une nouvelle grande guerre ?

    De quelle « coopération » s’agit-il ? De la « coopération » entre le prolétariat et la bourgeoisie pour protéger le capitalisme. De la « coopération » des peuples des colonies et des semi-colonies avec les impérialistes pour protéger le colonialisme ? De la «coopération » des pays socialistes avec les pays capitalistes pour protéger le système impérialiste dans son oppression des peuples de ces derniers et sa répression des guerres de libération nationale ?

    En somme, les assertions des révisionnistes modernes à propos de la soi-disant « époque » sont autant de défis au léninisme sur les questions citées plus haut. Leur but est d’oblitérer la contradiction entre les masses populaires et la classe des capitalistes monopoleurs dans les pays impérialistes, la contradiction entre les peuples des colonies et semi-colonies et les agresseurs impérialistes, la contradiction entre le système socialiste et le système impérialiste, et la contradiction entre les peuples du monde épris de paix et le bloc impérialiste belliqueux.

    Il existe différentes façons de présenter les distinctions entre les différentes « époques ». D’une façon générale, il en est une qui consiste tout simplement en un bavardage inepte, où l’on invente des phrases vagues et ambiguës dont on joue afin de camoufler la nature essentielle de l’époque.

    C’est le vieux tour dont usent les impérialistes, la bourgeoisie et, au sein du mouvement ouvrier, les révisionnistes. Il y a une autre façon qui est de procéder à une analyse concrète de la situation concrète quant aux antagonismes de classes et luttes de classes dans leur ensemble, de formuler des définitions rigoureusement scientifiques, mettant ainsi complètement à jour la nature de chaque époque. C’est ce que fait tout marxiste sérieux.

    En ce qui concerne les traits qui distinguent une époque, Lénine a dit : « … Nous parlons ici de grandes époques historiques ; à chaque époque, il y a et il y aura des mouvements particuliers, partiels, tantôt en avant, tantôt en arrière, il y a et il y aura diverses déviations du type moyen et du rythme moyen des mouvements.

    Nous ne pouvons pas savoir combien sera rapide et combien sera heureux le développement de certains mouvements historiques de l’époque donnée. Mais nous pouvons savoir et savons parfaitement quelle classe occupe une position centrale à telle ou telle époque, et détermine son contenu essentiel, l’orientation principale de son développement, les caractéristiques principales de la situation historique de l’époque donnée, etc.

    C’est seulement sur cette base, c’est-à-dire en prenant en considération et en premier lieu les traits caractéristiques fondamentaux de différentes ‘époques’ (et non des épisodes particuliers dans l’histoire de différents pays) que nous pouvons élaborer correctement nos propres tactiques …» (Sous un faux drapeau).

    Une époque, comme le souligne ici Lénine, pose la question de savoir quelle classe y occupe la position centrale et détermine le contenu principal de cette époque et l’orientation principale de son développement.

    Fidèle à la dialectique marxiste, Lénine ne s’est jamais écarté, ne fût-ce qu’un seul moment, de la position consistant à analyser les rapports de classes. Il estime que « le marxisme juge des ‘intérêts’ sur la base des antagonismes de classe et de la lutte des classes qui se manifestent au travers des millions de faits de la vie quotidienne » (La faillite de la IIe Internationale).

    Il a dit : «La méthode de Marx consiste, avant tout, à prendre en considération le contenu objectif du processus historique à un moment donné précis, dans une situation concrète, afin de comprendre avant tout quelles est la classe dont le mouvement constitue la principale force motrice du progrès possible dans cette situation concrète … » (Sous un faux drapeau). 

    Lénine a toujours demandé que nous examinions le processus concret du développement historique en partant de l’analyse des classes, au lieu de parler vaguement de « la société en général » ou du « progrès en général ».

    Nous marxistes, ne devons pas fixer la politique du prolétariat uniquement en fonction de certains événements qui se présentent sous nos yeux ou de certains menus changements politiques, mais en partant de l’ensemble de la situation des antagonismes de classes et de la lutte des classes de toute une époque historique.

    C’est la position théorique fondamentale des marxistes. C’est précisément en adoptant fermement cette position que Lénine, dans la nouvelle période des changements de classes, dans la nouvelle période historique, a tiré la conclusion que l’espoir de l’humanité réside entièrement dans la victoire du prolétariat, que le prolétariat doit nécessairement se préparer à conquérir la victoire dans cette grande bataille révolutionnaire et à établir ainsi la dictature du prolétariat.

    Après la Révolution d’Octobre, au VIIe Congrès du Parti communiste (bolchévik) de Russie tenu en 1918, Lénine a dit : «Nous devons prendre pour base générale de départ le développement de la production marchande, la transition vers le capitalisme et la transformation du capitalisme en impérialisme. De cette manière, nous prendrons et consoliderons, théoriquement, une position d’où personne, qui n’aurait pas trahi le socialisme, ne saurait nous déloger. De là découle une conclusion également inévitable : l’ère de la révolution sociale a commencé».

    Voilà la conclusion de Lénine, conclusion qui exige aujourd’hui encore de profondes réflexions de la part de tous les marxistes.

    La thèse des marxistes révolutionnaires selon laquelle notre époque est l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, l’époque de la victoire du socialisme et du communisme, est irréfutable, parce que cette thèse a saisi d’une façon entièrement juste les traits caractéristiques fondamentaux de notre grande époque actuelle.

    La thèse selon laquelle le léninisme est la continuation et le développement du marxisme révolutionnaire à cette grande époque, et celle selon laquelle le léninisme est la théorie et la politique de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat sont également irréfutables, parce que c’est précisément le léninisme qui a mis en lumière les contradictions de notre grande époque – la contradiction entre la classe ouvrière et le capital monopoleur, la contradiction entre les pays impérialistes eux-mêmes, la contradiction entre les peuples des colonies et semi-colonies et l’impérialisme, et la contradiction entre les pays socialistes où le prolétariat a triomphé et les pays impérialistes.

    Le léninisme est donc devenu notre drapeau de victoire. Cependant, contrairement à ces thèses du marxisme révolutionnaire, dans ce que Tito et ses acolytes appellent l’ « époque nouvelle », il n’y a en fait plus d’impérialisme ni de révolution prolétarienne, ni non plus, cela va sans dire, de théorie et de politique de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat. Bref, chez eux, on ne voit pas les points focaux fondamentaux des contradictions de classes et des luttes de classes de notre époque, on ne trouve pas les questions fondamentales du léninisme, on ne trouve pas le léninisme.

    Les révisionnistes modernes s’obstinent à prétendre que dans ce qu’ils appellent l’ « époque nouvelle », du fait du progrès de la science et de la technique, les « anciennes conceptions » formulées par Marx et Lénine ne sont plus applicables. Tito a assuré ceci : «Nous ne sommes pas des dogmatistes, car Marx et Lénine n’avaient pas prédit la fusée lunaire, les bombes atomiques et les grands progrès de la technique » (Discours de Tito prononcé à Zagreb le 12 décembre 1959).  Ce ne sont pas des dogmatistes ; très bien.

    Qui leur a demandé de l’être ? Mais on peut s’opposer au dogmatisme dans l’intérêt du marxisme-léninisme, et on peut aussi s’opposer de nom au dogmatisme et en fait au marxisme-léninisme. Tito et ses acolytes appartiennent à cette dernière catégorie.

    A propos de l’influence que les progrès scientifiques et techniques peuvent exercer sur le développement social, il y a des gens qui soutiennent des points de vue erronés parce qu’ils ne sont pas à même d’aborder la question à partir de la conception matérialiste de l’histoire. Cela est compréhensible. Mais les révisionnistes modernes créent intentionnellement de la confusion sur cette question dans la vaine tentative de renverser le marxisme-léninisme en se fondant sur les progrès de la science et de la technique.

    Ces dernières années, les réalisations de l’Union Soviétique dans la science et la technique ont occupé le tout premier rang dans le monde. Ces réalisations sont des produits de la Grande Révolution d’Octobre. Ces réalisations hors pair marquent une ère nouvelle dans la conquête de la nature par l’homme et, en même temps, elles ont joué un rôle très important dans la défense de la paix mondiale.

    Mais, dans les conditions nouvelles engendrées par les progrès de la technique moderne, le système idéologique du marxisme-léninisme a-t-il été ébranlé, comme l’a dit Tito, par « la fusée lunaire, les bombes atomiques et les grands progrès de la technique » que Marx et Lénine « n’avaient pas prédits » ?

    Peut-on dire que la conception du monde, la conception socio-historique, la conception de la morale et les autres conceptions fondamentales marxistes-léninistes sont, en conséquence, devenues des soi-disant « dogmes » démodés et que désormais la loi de la lutte des classes n’existe plus ?

    Marx et Lénine n’ont pas vécu jusqu’aujourd’hui et, naturellement, il leur a été impossible de voir les aspects concrets des progrès de la technique du monde à l’époque actuelle. Cependant, que présagent au fond, pour le système capitaliste, le développement des sciences de la nature et les progrès de la technique ? Marx et Lénine estimaient que cela ne peut présager qu’une nouvelle révolution sociale et certainement pas le dépérissement de la révolution sociale.

    Nous savons que Marx et Lénine s’enthousiasmaient tous les deux devant les nouvelles découvertes et les progrès des sciences de la nature et de la technique dans la conquête de la nature.

    Dans son Discours prononcé devant le tombeau de Marx, Engels a dit :

    « La science était, pour Marx, une force historiquement dynamique, révolutionnaire. Si grande que fût la joie avec laquelle il souhaitait la bienvenue à une nouvelle découverte dans une science théorique quelconque, dont l’application pratique était encore peut-être tout à fait impossible à envisager, il éprouvait une joie toute autre lorsque la découverte impliquait des changements révolutionnaires immédiats dans l’industrie et dans le développement historique en général ».

    Et il ajouté : « Il faut savoir que Marx était avant tout un révolutionnaire ». C’est très bien dit ! Marx envisageait toujours toutes les nouvelles découvertes dans la conquête de la nature, du point de vue d’un révolutionnaire prolétarien et non du point de vue de celui qui soutient que la révolution prolétarienne va vers son dépérissement.

    Dans ses Souvenirs sur Marx, Wilhelm Liebknecht a écrit :

    « Marx se moquait de la réaction européenne victorieuse qui s’imaginait qu’elle avait étouffé la révolution et qui ne soupçonnait pas que les sciences de la nature étaient en train de préparer une nouvelle révolution. Le Roi Vapeur qui avait révolutionné le monde au siècle précédent arrivait à la fin de son règne et une autre force révolutionnaire incomparablement plus grande allait prendre sa place, l’étincelle électrique.

    …Les conséquences sont imprévisibles. La révolution économique doit être suivie par une révolution politique, car la seconde n’est que l’expression de la première.

    De la manière dont Marx a discuté de ce progrès de la science et de la mécanique, sa conception du monde, et particulièrement ce qu’on a dénommé sa conception matérialiste de l’histoire, s’exprimaient si clairement que certains doutes que j’avais nourris jusque-là fondirent comme la neige au soleil du printemps ».

    C’est de cette façon que Marx avait senti le souffle de la révolution dans les progrès de la science et de la technique. Il estimait que les nouveaux progrès de la science et de la technique amèneraient une révolution sociale qui renverserait le système capitaliste. Selon Marx, les progrès des sciences de la nature et de la technique renforcent davantage la position de l’ensemble de la conception marxiste du monde et la position de la conception matérialiste de l’histoire et bien certainement ne l’ébranlent pas. Les progrès des sciences de la nature et de la technique renforcent davantage la position de la révolution prolétarienne et des nations opprimées dans leur lutte contre l’impérialisme et, à coup sûr, ne l’affaiblissent en aucune façon.

    Comme Marx, Lénine examinait également les progrès de la technique en relation avec la question de la révolution du système social. Ainsi, Lénine estimait que « l’âge de la vapeur est celui de la bourgeoisie, l’âge de l’électricité, celui du socialisme » (Rapport d’activité du Comité exécutif central de Russie et du Conseil des commissaires du peuple).

    Comparez maintenant l’esprit révolutionnaire de Marx et de Lénine et l’attitude honteuse des révisionnistes modernes qui ont trahi la révolution !

    Dans la société de classes, à l’époque de l’impérialisme, les marxistes-léninistes ne peuvent toujours aborder la question du développement et de l’utilisation de la technique que du point de vue de l’analyse des classes.

    Le système socialiste étant progressiste et représentant les intérêts du peuples, les pays socialistes cherchent à utiliser les nouvelles techniques, telles que l’énergie atomique et les fusées, pour servir leur édification pacifique et pour dompter la nature. Plus les pays socialistes maîtrisent ces techniques nouvelles et plus rapidement ils les développent, mieux ils parviendront à développer à un rythme accéléré les forces productives de la société pour satisfaire les besoins du peuple et, en même temps, à renforcer davantage les forces pour empêcher la guerre impérialiste et accroître la possibilité de défendre la paix mondiale.

    Aussi, pour le bien-être de leurs peuples et dans l’intérêt de la paix des peuples du monde entier, les pays socialistes doivent, partout où cela est possible, maîtriser toujours plus les techniques nouvelles qui servent le bien-être du peuple. Maintenant, l’Union Soviétique socialiste possède déjà nettement la supériorité dans le développement des techniques nouvelles.

    Tout le monde sait que la fusée qui a atteint la lune a été lancée justement par l’Union Soviétique et non par les Etats-Unis, pays où le capitalisme est le plus développé. Ceci montre que c’est seulement dans les pays socialistes que peuvent exister des perspectives illimitées pour un large développement des techniques nouvelles.

    Au contraire, du fait que le système impérialiste est réactionnaire et contre le peuple, les pays impérialistes cherchent à utiliser ces techniques nouvelles dans des buts militaires d’agression contre les pays étrangers et d’intimidation contre les peuples de leur propre pays et pour fabriquer des armes meurtrières.

    Pour les pays impérialistes, l’apparition de ces techniques nouvelles a seulement fait accéder à un stade nouveau la contradiction entre le développement des forces productives de la société et les rapports de production capitalistes, et ce qu’il peut en découler, ce n’est nullement ce qu’on appelle la perpétuation du capitalisme, mais une impulsion nouvelle donnée à la révolution des peuples de ces pays et la destruction du vieux système criminel et dévoreur d’hommes du capitalisme.

    Les impérialistes américains et leurs associés utilisent des armes comme les bombes atomiques pour procéder à la menace de guerre et au chantage à l’égard du monde entier. Ils déclarent que sera détruit quiconque ne se soumet pas à la domination de l’impérialisme américain.

    La clique de Tito fait chorus avec eux, reprend le refrain des impérialistes américains pour répandre parmi les masses populaires la terreur de la guerre atomique. Le chantage des impérialistes américains et le chœur d’accompagnement de la clique de Tito ne peuvent duper que temporairement ceux qui ne comprennent pas la situation réelle, mais non pas effrayer le peuple conscient. Même ceux qui pour le moment ne comprennent pas la situation réelle seront amenés à la comprendre graduellement, avec l’aide des éléments avancés.

    Les marxistes-léninistes ont toujours soutenu que dans l’histoire mondiale, ce n’est pas la technique mais bien l’homme, les masses populaires qui déterminent le destin de l’humanité. En Chine, avant et pendant la Guerre de résistance contre le Japon, une théorie connut la vogue parmi un certain nombre de gens, et pour un certain temps ; elle fut appelée la « théorie de la toute-puissance des armes » ; elle les amena à conclure que, le Japon ayant des armes nouvelles et une technique élevée, alors que les armes de la Chine étaient vieilles et sa technique arriérée, « la Chine serait inéluctablement asservie ».

    Dans son ouvrage De la guerre prolongée, publiée à cette époque, le camarade Mao Tsé-toung a réfuté cette absurdité. Il a fait l’analyse suivante : « La guerre d’agression des impérialistes japonais contre la Chine est vouée à l’échec parce qu’elle est réactionnaire, injuste et, étant injuste, elle est privée du soutien populaire, alors que la guerre de résistance du peuple chinois contre le Japon remportera certainement la victoire parce qu’elle est progressiste, juste et, étant juste, elle jouit d’un large soutien ».

    Le camarade Mao Tsé-toung a indiqué que la source la plus profonde et la plus abondante de la force dans la guerre réside dans les masses populaires et qu’une armée populaire organisée par des masses populaires conscientes et unies sera invincible dans le monde entier. C’est une thèse marxiste-léniniste.

    Et qu’est-il advenu ? Il est advenu que la thèse marxiste-léniniste a triomphé et que la « théorie de l’asservissement inéluctable de la Chine » a finalement échoué. Après la Seconde guerre mondiale, la victoire des peuples coréens et chinois dans la guerre de Corée sur les Etats-Unis agresseurs, de loin supérieurs en armes et en équipement, a confirmé une fois de plus cette thèse marxiste-léniniste.

    Un peuple conscient trouvera toujours de nouveaux moyens pour faire face à la supériorité en armes des réactionnaires et remporter ainsi la victoire. Il en a été ainsi dans le passé, il en est ainsi à présent et il en sera de même à l’avenir.

    Du fait que l’Union Soviétique socialiste a acquis la supériorité dans les techniques militaires, et que les impérialistes américains ont perdu le monopole des armes atomiques et nucléaires, et d’autre part, du fait de la prise de conscience des peuples de par le monde et de celle du peuple des Etats-Unis eux-mêmes, il existe maintenant dans le monde la possibilité de conclure un accord sur l’interdiction des armes atomiques et nucléaires.

    Nous luttons de toutes nos forces pour la conclusion d’un tel accord. Contrairement aux impérialistes belliqueux, les pays socialistes et les peuples épris de paix du monde entier préconisent activement et ferment l’interdiction et la destruction des armes atomiques et nucléaires. Nous avons toujours lutté contre la guerre impérialiste, pour l’interdiction des armes atomiques et nucléaires et pour la défense de la paix mondiale.

    Plus cette lutte sera menée en largeur et en profondeur, plus pleinement et complètement sera mise à nu la férocité du caractère belliqueux des impérialistes américains et des autres impérialistes, plus nous serons à même d’isoler ces impérialistes devant les peuples du monde et plus grande sera la possibilité de leur lier les mains et, enfin, mieux cela servira la cause de la paix mondiale.

    Si, au contraire, nous abandonnons notre vigilance face au danger d’une guerre déclenchée par les impérialistes, si nous ne nous efforçons pas de mobiliser les peuples de tous les pays contre l’impérialisme mais que nous lions les mains des peuples, alors l’impérialisme pourra préparer la guerre à son gré, le résultat en sera inévitablement d’augmenter le danger d’une guerre déclenchée par les impérialistes, et une fois la guerre éclatée, il se pourrait que les peuples ne soient pas en mesure d’adopter rapidement une juste attitude envers elle à cause du manque total de préparation ou d’une préparation insuffisante et, ainsi, il leur serait impossible d’engager une action efficace pour l’arrêter. Certes, il ne nous appartient pas de décider si oui ou non les impérialistes déclencheront la guerre, car, après tout, nous ne sommes pas leur chef d’état-major.

    Mais, que les peuples de tous les pays élèvent le niveau de leur conscience et se tiennent tout à fait prêts, comme le camp socialiste, lui aussi, dispose déjà d’armes modernes, nous pouvons affirmer que, si les impérialistes américains ou d’autre impérialistes se refusent un accord sur l’interdiction des armes atomiques et nucléaires et osent un jour « faire fi de la volonté de l’humanité tout entière » en déclenchant une guerre menée avec des armes atomiques et nucléaires, le résultat ne pourra en être que la destruction très rapide de ces monstres eux-mêmes, encerclés par les peuples du monde entier, et qu’il n’en résultera certainement pas le prétendu anéantissement de l’humanité. Nous ne sommes toujours opposés aux guerres criminelles déclenchées par les impérialistes, car les guerres impérialistes imposent d’énormes sacrifices aux peuples des différents pays (y compris les peuples des Etats-Unis et des autres pays impérialistes).

    Mais, si les impérialistes imposent ces sacrifices aux peuples des différents pays, nous sommes persuadés, comme l’expérience de la révolution russe et de la révolution chinoise l’a justement démontré, que ces sacrifices trouveront leur récompense. Sur les ruines de l’impérialisme, les peuples victorieux créeront avec une extrême rapidité une civilisation mille fois supérieure au système capitaliste et, pour eux-mêmes, un avenir véritablement radieux.

    La seule conclusion qui s’impose est celles-ci : De quelque point de vue que ce soit, aucune de techniques nouvelles, énergie atomique, fusées, etc n’a apporté de changement aux caractéristiques fondamentales de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne indiquées par Lénine, ainsi que le prétendent les révisionnistes modernes. Le système capitaliste-impérialiste ne s’écroulera certainement pas de lui-même. Il sera renversé par la révolution prolétarienne dans le pays intéressé et par la révolution nationale dans les colonies et semi-colonies.

    Les progrès techniques contemporains ne peuvent pas sauver le système capitaliste-impérialiste de son destin qui est de s’acheminer vers sa disparition, ils ont, une fois de plus, sonné le glas pour lui.

    IV

    Partant de leurs arguments absurdes sur la situation mondiale actuelle et de leur absurde argument selon lequel la théorie marxiste-léniniste de l’analyse de classes et de la lutte des classes serait périmée, les révisionnistes modernes tentent de réfuter totalement les théories fondamentales du marxisme-léninisme sur une série de questions telles que la violence, la guerre, la coexistence pacifique, etc.

    D’autre part, il y a aussi ceux qui ne sont pas révisionnistes, mais sont pleins de bonne intentions, qui se veulent sincèrement marxistes, que certains phénomènes historiques nouveaux déconcertent cependant et qui, de ce fait, ont des vues incorrectes. Ainsi, certains disent que la défaite de la politique de chantage atomique des impérialistes américains marque la fin de la violence. Tout en réfutant radicalement les absurdités de révisionnistes modernes, nous devons par ailleurs aider les personnes bien intentionnées à redresser leurs vues erronées.

    Qu’est-ce que la violence ? Lénine en a beaucoup parlé dans son livre L’Etat et la révolution. L’apparition et l’existence de l’Etat sont une sorte de violence en soi. Lénine s’est référé à cette explication d’Engels : « … Il (le pouvoir public) ne comprend pas seulement des hommes armés, mais encore des accessoires matériels, prisons et institutions coercitives de toute sorte … ». 

    Lénine nous dit que nous devons faire une distinction entre deux types d’Etats de nature différente, l’Etat de la dictature bourgeoise et l’Etat de la dictature du prolétariat, et entre deux types de violence différents par leur nature, la violence contre-révolutionnaire et la violence révolutionnaire ; aussi longtemps que la violence contre-révolutionnaire existera, il y aura nécessairement la violence révolutionnaire pour s’opposer à elle. Il est impossible de balayer la violence contre-révolutionnaire sans la violence révolutionnaire.

    L’Etat dans lequel dominent les classes exploiteuses constitue une violence contre-révolutionnaire, une force spéciale représentant les classes exploiteuses pour réprimer les classes exploitées.

    Avant que les impérialistes ne détiennent la bombe atomique et les fusées, et depuis qu’ils possèdes ces nouvelles armes, l’Etat impérialiste a toujours été une force spéciale de répression dirigée, à l’intérieur du pays, contre le prolétariat et, à l’extérieur, contre les peuples des colonies et semi-colonies, et il a toujours constitué une institution de violence de cet ordre ; même si les impérialistes se voient contraints de ne pouvoir utiliser ces armes nouvelles, l’Etat impérialiste sera toujours, évidemment, une institution de violence impérialiste tant qu’il ne sera pas renversé et remplacé par l’Etat du peuple, l’Etat de la dictature du prolétariat du pays intéressé.

    Depuis l’aube de l’histoire, il n’a jamais existé de forces de violence aussi brutales et opérant sur une si vaste échelle que celles créées par capitalistes-impérialistes d’aujourd’hui.

    Depuis plus de dix ans, les impérialistes américains ne cessent d’adopter sans aucun scrupule des moyens de persécution cent fois plus sauvages que dans le passé, foulant aux pieds les fils éminents de la classe ouvrière du pays, foulant aux pieds les Noirs, foulant aux pieds toute personnalité progressiste, et, de plus, ils affichent impudemment leur intention de soumettre le monde entier à leur domination par la violence. Ils élargissent continuellement leurs forces de violence et, en même temps, les autres impérialistes participent aussi à la course pour l’accroissement de leurs forces de violence.

    L’expansion militaire de pays impérialistes, ayant à leur tête les Etats-Unis, est apparue au cours de la crise générale du capitalisme qui fut d’une gravité sans précédent. Plus les impérialistes s’évertuent frénétiquement à amener le développement de leurs forces militaires à un maximum, plus cela signifie qu’ils se rapprochent de leur propre perte. Aujourd’hui, même certains représentants des impérialistes américains pressentent la fin inévitable du système capitaliste. Mais est-ce à dire, parce que les impérialistes s’approchent de leur fin, qu’ils mettront d’eux-mêmes un terme à leur violence, que ceux qui sont au pouvoir dans les pays impérialistes abandonneront de leur propre chef la violence qu’ils ont établie ?

    Peut-on dire que, en comparaison avec le passé, les impérialistes ne peuvent plus être considérés comme portés à la violence ou qu’il y a atténuation de leur penchant à la violence ?

    Lénine a répondu à de telles questions à maintes occasions et il y a longtemps. Il a fait ressortir dans son ouvrage L’impérialisme, stade suprême du capitalisme : « … politiquement, l’impérialisme est, en général, une tendance à la violence et à la réaction ».

    Après la Révolution d’Octobre, dans La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, il s’attacha spécialement à un point d’histoire, comparant les différences entre le capitalisme prémonopoleur et le capitalisme de monopole ou l’impérialisme.

    Il a dit que : « Le capitalisme prémonopoleur – dont l’apogée se situe justement entre 1870 et 1880 – se distinguait, en raison de ses propriétés économiques essentielles qui furent particulièrement typiques en Angleterre et en Amérique, par le maximum – toutes proportions gardées – de pacifisme et de libéralisme.

    L’impérialisme, lui, c’est-à-dire le capitalisme de monopole, dont la maturité ne date que du XXe siècle, se distingue, en raison de ses propriétés économiques essentielles, par le maximum de pacifisme et de libéralisme, par le développement maximum et plus généralisé du militarisme ». 

    Bien entendu, ces paroles de Lénine datent des premiers temps de la Révolution d’Octobre, alors que l’Etat prolétarien venait de naître et que ses forces économiques étaient encore jeunes et faibles, et, en plus de quarante ans, l’Etat soviétique lui-même, de même que le monde entier, ont subi un changement prodigieux, ainsi que nous l’avons décrit plus haut. La nature de l’impérialisme aurait-elle donc changé du fait de la puissance de l’Union Soviétique, de la puissance des forces du socialisme et de la puissance des forces de paix et, partant, les jugements de Lénine que nous venons de mentionner seraient-ils périmés ?

    Ou bien, l’impérialisme quoique n’ayant pas changé de nature, ne recourrait-il plus désormais à la violence ? Ces points de vue correspondent-ils à la situation réelle ?

    Dans la lutte qui oppose le système mondial socialiste et le système mondial capitaliste, le premier a très nettement pris le dessus.

    Ce grand fait historique a affaibli la position de forces de violence dont l’impérialisme dispose dans le monde entier, mais ce fait a-t-il pour conséquence que les impérialistes n’opprimeront jamais plus les peuples de leur propre pays, qu’à l’extérieur ils ne rechercheront plus l’expansion et qu’ils n’entreprendront plus d’activités d’agression ? Ce fait peut-il amener désormais les blocs belliqueux des impérialistes à « déposer le couteau du boucher », à « vendre leurs couteaux et à acheter des bœufs » ? Peut-il conduire les groupes de marchands de canons de pays impérialistes à s’adonner désormais à des professions pacifiques ?

    Toutes ces question se posent à présent à tout marxiste-léniniste sérieux et exigent un examen approfondi. Une chose est évidente : le triomphe ou la faillite de la cause du prolétariat et le destin de l’humanité tout entière dépendent étroitement de la manière correcte ou non dont ces questions seront envisagées et traitées.

    La guerre est le moyen d’expression le plus aigu de la violence. L’une de ses formes est la guerre civile, la guerre étrangère en est une autre. La violence ne s’exprime pas toujours sous cette forme si aiguë qu’est la guerre. Dans les pays capitalistes, la guerre bourgeoise est le prolongement de la politique bourgeoise des temps ordinaires, tandis que la paix bourgeoise et le prolongement de la politique bourgeoise du temps de guerre. La bourgeoisie adopte toujours alternativement ces deux formes, la guerre et la paix, pour exercer sa domination sur le peuple et mener ses luttes à l’extérieur.

    Au cours de ce qu’on appelle le temps de paix, les impérialistes recourent à la force armée à l’égard des classes et des nations opprimées, aux moyens violents tels que arrestation, emprisonnement, travaux forcés, massacres, etc., tandis qu’en même temps ils sont prêts à user de la guerre, la forme la plus aiguë de la violence, pour réprimer la révolution du peuple à l’intérieur, pour se livrer au pillage à l’extérieur, pour écraser les concurrents étrangers et étouffer la révolution dans d’autres pays. Ou bien il se peut que la paix à l’intérieur aille de pair avec la guerre à l’étranger.

    Dans la période initiale de la Révolution d’Octobre, les impérialistes ont eu recours à la violence, sous la forme de la guerre, contre l’Union Soviétique, ce qui était un prolongement de leur politique ; au cours de la Seconde guerre mondiale, les impérialistes allemands ont utilisés la violence, sous forme de guerre menée sur une vaste échelle, pour attaquer l’Union Soviétique, ce qui était aussi un prolongement de leur politique. Mais, d’autre part, à différentes périodes, les impérialistes ont établi des relations diplomatiques de coexistence pacifique avec l’Union Soviétique, ce qui, bien entendu, était également un prolongement de la politique impérialiste, sous une autre forme et dans des conditions déterminées.

    Il est vrai que certaines nouvelles questions se posent de nos jours à propos de la coexistence pacifique. En présence de la puissante Union Soviétique et du puissant camp socialiste, les impérialistes doivent malgré tout envisager soigneusement si, en attaquant l’Union Soviétique et les autres pays socialistes, ils n’accéléreraient pas leur propre anéantissement, ainsi que le fit Hitler, ou ne provoqueraient pas les conséquences les plus graves pour le système capitaliste lui-même.

    La « coexistence pacifique » est un concept nouveau, né seulement après l’apparition des pays socialistes dans le monde à la suite de la Révolution d’Octobre.

    C’est un concept nouveau formulé dans des circonstances que Lénine avait prévues avant la Révolution d’Octobre, et dont il a dit : « Le socialisme ne peut vaincre simultanément dans tous les pays. Il vaincra d’abord dans un seul ou dans plusieurs pays, tandis que les autres resteront pendant un certain temps des pays bourgeois ou pré-bourgeois » (Programme militaire de la révolution prolétarienne). 

    C’est un concept nouveau avancé par Lénine après que le grand peuple soviétique eut vaincu l’intervention armée impérialiste. Comme mentionné plus haut, au début, les impérialistes n’avaient pas le moindre désir de coexister pacifiquement avec l’Union Soviétique.

    Les impérialistes furent contraints de « coexister » avec l’Union Soviétique seulement après que la guerre d’intervention contre l’Union Soviétique eut échoué, après une épreuve de force effective qui dura plusieurs années, après que l’Etat soviétique eut solidement pris pied sur le sol et après que se fut réalisé un certain équilibre des forces entre l’Etat soviétique et les pays impérialistes.

    Lénine a dit en 1920 : « Nous avons gagné les conditions qui nous permettent de coexister avec les puissances capitalistes, lesquelles sont maintenant obligée d’établir des relations commerciales avec nous  » (Notre situation intérieure et extérieure et les tâches du Parti).  On peut donc constater que la coexistence pacifique, pendant une certaine période, entre le premier Etat socialiste du monde et l’impérialisme, a été obtenue uniquement par la lutte.

    Avant la Second guerre mondiale, la période de 1920 à 1940, précédant l’attaque allemande contre l’Union Soviétique, fut une période de coexistence pacifique entre l’impérialisme et l’Union Soviétique. Durant ces vingt années, l’Union Soviétique a toujours respecté le principe de la coexistence pacifique.

    Néanmoins, en 1941, Hitler ne voulut plus maintenir la coexistence pacifique avec l’Union Soviétique, et les impérialistes allemands, perfidement, lancèrent une attaque sauvage contre l’Union Soviétique. Grâce à l’issue victorieuse de la guerre antifasciste, dans laquelle la force principale était la grande Union Soviétique, une situation de coexistence pacifique est apparue à nouveau dans le monde entre les pays socialistes et capitalistes.

    Cependant, les impérialistes n’ont pas renoncé à leurs desseins. Les impérialistes américains ont établi un réseau de bases militaires et de bases d’engins téléguidés autour de l’Union Soviétique et de l’ensemble du camp socialiste. Ils occupent toujours notre Taïwan et usent constamment de la provocation militaire contre nous dans le détroit de Taïwan.

    Ils ont recouru à l’intervention armée en Corée, mené contre les peuples coréen et chinois, en territoire coréen, une guerre de très grande envergure qui n’aboutit à un accord d’armistice qu’après leur défaite, et aujourd’hui encore ils interviennent contre l’unification du peuple coréen. Ils ont aidé, par la fourniture d’armes, les forces d’occupation impérialistes françaises dans leur guerre contre le peuple vietnamien, et aujourd’hui encore ils interviennent contre l’unification du peuple vietnamien.

    Ils ont machiné la rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie, et aujourd’hui encore ils tentent continuellement, par tous les moyens, d’entreprendre des activités subversives dans les pays socialistes d’Europe orientale et les autres pays socialistes. Les faits demeurent tels que Lénine les présentait à un correspondant américain, en février 1920 : en ce qui concerne la paix, « il n’y a aucun obstacle de notre côté, l’obstacle est l’impérialisme des capitalistes des Etats-Unis (et des autres pays » (Réponse aux questions du correspondant du journal américain New York Evening Journal).

    La politique étrangère des pays socialistes ne peut être qu’une politique de paix.

    Le système socialiste implique que nous n’avons pas besoin de la guerre, que nous n’en déclencherons jamais, et qu’il ne nous est pas permis, dans quelque circonstance que ce soit, d’occuper un pouce du territoire d’un pays voisin ; en aucun cas, nous ne devons ni ne pouvons le faire. Depuis sa fondation, la République populaire de Chine a toujours persévéré dans sa politique étrangère de paix.

    Notre pays et deux pays voisins, l’Inde et la Birmanie, ont été ensemble les promoteurs des célèbres cinq principes de la coexistence pacifique ; et à la Conférence de Bandoeng, en 1955, notre pays et les différents pays d’Asie et d’Afrique ont adopté conjointement les dix principes de la coexistence pacifique. Ces dernières années, le Parti communiste et le gouvernement de notre pays ont toujours soutenu les activités en faveur de la paix du Comité central du Parti communiste et du gouvernement de l’Union Soviétique, ayant à leur tête le camarade Khrouchtchev ; ils estiment que ces activités ont montré clairement encore aux peuples du monde entier la fermeté de la politique étrangère de paix des pays socialistes, aussi bien que la nécessité pour les peuples d’empêcher les impérialistes de déclencher une nouvelle guerre mondiale et la nécessité de lutter pour une paix durable dans le monde.

    La Déclaration de la Conférence de Moscou de 1957 mentionne : « Des forces vigoureuses défendent aujourd’hui la cause de la paix : le camp invincible des Etats socialistes, avec l’Union Soviétique en tête ; les Etats pacifiques d’Asie et d’Afrique qui se tiennent sur des positions anti-impérialistes et forment avec les pays socialistes une vaste zone de paix ; la classe ouvrière internationale et, en premier lieu, son avant-garde, les Partis communistes ; le mouvement de libération des peuples des colonies et des semi-colonies ; le mouvement massif des peuples de la paix.

    Les peuples des pays d’Europe qui ont proclamé leur neutralité, les peuples de l’Amérique latine, les masses populaires des pays impérialistes eux-mêmes opposent une résistance énergique aux plans qui tendent à préparer une nouvelle guerre. L’union de ces forces puissantes peut prévenir l’explosion de la guerre …»

    Aussi longtemps que ces puissantes forces se développeront de façon continue, il sera possible de maintenir une situation de coexistence pacifique ou même d’aboutir formellement à certains accords sur la coexistence pacifique ou bien encore de conclure un accord sur l’interdiction des armes atomiques et nucléaires. Ce serait une grande chose, en plein accord avec les aspirations des peuples du monde entier. Néanmoins, même dans ce cas, tant que le système impérialiste existera, la forme la plus aiguë de la violence – la guerre – ne disparaîtra pas du monde.

    La réalité n’est pas telle que l’ont décrite les révisionnistes yougoslaves qui prétendent que serait périmée aujourd’hui la définition de Lénine : « la guerre est le prolongement de la politique », définition énoncée à maintes reprises et qu’il a soutenue avec persévérance dans le combat contre l’opportunisme (Voir « La coexistence active et le socialisme » dans Norodna Armija du 28 novembre 1958).

    Nous sommes convaincus de l’absolue justesse de la pensée de Lénine : la guerre est le résultat inévitable des systèmes d’exploitation et le système impérialiste est la source de guerres de notre temps. Tant que n’auront pas pris fin le système impérialiste et les classes exploiteuses, des guerres d’un genre ou d’un autre surgiront encore.

    Elles peuvent être des guerres entre impérialistes pour un nouveau partage du monde, ou des guerres d’agression et d’anti-agression entre les impérialistes et les nations opprimées, ou des guerres civiles de révolution et de contre-révolution entre classes exploitées et classes exploiteuses dans les pays impérialistes, ou encore, bien entendu, des guerres par lesquelles les impérialistes attaqueraient les pays socialistes, les pays socialistes étant alors forcés de se défendre. Toutes ces guerres représentent le prolongement de la politique de classes déterminées.

    Les marxistes-léninistes ne doivent absolument pas sombrer dans le bourbier du pacifisme bourgeois et ils ne peuvent comprendre toutes ces sortes de guerres et, partant, en tirer les conclusions qui s’imposent pour la politique du prolétariat, qu’en adoptant la méthode concrète de l’analyse de classes. Ainsi que Lénine l’a dit dans Le Programme militaire de la révolution prolétarienne : « Théoriquement on commettrait une grave erreur si on oubliait que toute guerre n’est que le prolongement de la politique par d’autres moyens ».

    Pour atteindre son but qui est de piller et d’opprimer, l’impérialisme a toujours recours à deux tactiques : la tactique de la guerre et la tactique de la « paix ». C’est pourquoi le prolétariat et les peuples de tous les pays doivent également user de deux tactiques pour faire face aux impérialistes : la tactique consistant à démasquer la supercherie de la paix utilisée par l’impérialisme et à lutter énergiquement pour une véritable paix mondiale, et la tactique consistant à être prêt à mettre fin, par une guerre juste, à une guerre injuste au cas où l’impérialisme la déclencherait.

    Bref, dans l’intérêt des peuples du monde entier, nous devons mettre en pièces les théories fallacieuses des révisionnistes modernes et nous en tenir fermement aux points de vue marxistes-léninistes sur la violence, la guerre et la coexistence pacifique.

    Les révisionnistes yougoslaves nient le caractère de classe inhérent à la violence et, par-là, escamotent la différence fondamentale existant entre la violence révolutionnaire et la violence contre-révolutionnaire ; ils nient le caractère de classe inhérent à la guerre et, par-là, escamotent la différence fondamentale existant entre la guerre juste et la guerre injuste ; ils nient que la guerre impérialiste est le prolongement de la politique impérialiste, ils nient le danger d’une grande guerre pouvant être déclenchée à nouveau par les impérialistes, ils nient qu’il ne sera possible de mettre fin à l’éventualité de la guerre qu’après avoir liquidé les classes exploiteuses, et ils vont jusqu’à appeler effrontément Eisenhower, le manitou des impérialistes américains, « l’homme qui posa la pierre angulaire de l’élimination  de la guerre froide et de l’établissement d’une paix durable avec compétition pacifique entre systèmes politiques différents » (Voir « Eisenhower arrive à Rome » dans Borba du 4 décembre 1959)  ; ils nient que, dans les conditions de la coexistence pacifique, il subsiste encore des luttes complexes, acharnées, dans les domaines politique, économique, idéologique ; etc.

    Toutes ces assertions des révisionnistes yougoslaves vient à empoisonner la pensée du prolétariat et des peuples de tous les pays, et servent les intérêts de la politique de guerre des impérialistes.

    V

    Les révisionnistes modernes confondent politique étrangère de paix des pays socialistes et politique intérieure du prolétariat des pays capitalistes. Ainsi, ils estiment que la coexistence pacifique entre pays dotés de systèmes sociaux différents signifie que le capitalisme peut s’intégrer pacifiquement dans le socialisme, que, dans les pays gouvernées par la bourgeoisie, le prolétariat peut renoncer à la lutte de classes et établir une « coopération pacifique » avec la bourgeoisie et les impérialistes, que le prolétariat et toutes les classes exploitées doivent oublier qu’ils vivent dans une société de classes, etc.

    Toutes ces vues sont, elles aussi, diamétralement opposées au marxisme-léninisme. Elles sont mises en avant dans le but de protéger la domination impérialiste et de faire accepter à jamais l’asservissement capitaliste par le prolétariat et toutes les masses laborieuses.

    La coexistence pacifique entre pays et la révolution populaire dans différents pays sont, en elles-mêmes, deux choses différentes, et non pas une seule et même chose ; ce sont deux concepts différents, et non pas un seul et même concept ; ce sont deux genres de problèmes, et non pas un seul et même genre de problème.

    La coexistence pacifique a trait aux relations entre pays ; la révolution signifie le renversement des classes des oppresseurs par le peuple opprimé ; au sein de chaque pays, tandis que pour les colonies et semi-colonies, il s’agit, en premier lieu, de renverser les oppresseurs étrangers, c’est-à-dire les impérialistes. Avant la Révolution d’Octobre, la question de la coexistence pacifique entre pays socialistes et capitalistes ne se posait pas, étant donné qu’il n’existait pas encore de pays socialistes dans le monde ; mais à cette époque se posaient les questions de la révolution prolétarienne et de la révolution nationale, du fait que les peuples des différents pays, conformément aux conditions spécifiques de leur pays respectif, avaient depuis toujours mis une révolution d’un genre ou d’un autre à l’ordre du jour pour décider du destin de leur pays.

    Nous sommes des marxistes-léninistes.

    Nous avons toujours estimé que la révolution est la propre affaire de chaque nation. Nous avons toujours soutenu que la classe ouvrière ne peut s’émanciper que par elle-même, et que l’émancipation du peuple d’un pays donné dépend de sa propre conscience politique et des conditions du mûrissement de la révolution dans ce pays. La révolution ne peut être exportée ni importée. Nul ne peut empêcher le peuple d’un pays étranger de faire la révolution, et nul ne peut faire naître une révolution dans un pays étranger par la méthode consistant à « aider les pousses du riz à croître en les étirant ».

    En juin 1918, Lénine a dit très justement : « … Il y en a qui s’imaginent que, dans un pays étranger, la révolution peut se faire sur commande, selon un accord préétabli. Ceux-là sont des fous ou des provocateurs. Nous avons connu deux révolutions en ces douze dernières années. Nous savons que les révolutions ne peuvent être faites sur commande, ou selon accord ; elles éclatent lorsque des dizaines de millions d’hommes arrivent à la conclusion qu’il est impossible de vivre plus longtemps selon le vieil ordre des choses » (IVe Conférence des syndicats et comités d’usines de Moscou).

    En plus de l’expérience de la révolution russe, la révolution chinoise n’en constitue-t-elle pas, elle aussi, une de meilleures preuves ? Sous la direction du Parti communiste chinois, le peuple chinois a fait également l’expérience de plusieurs révolutions. Les impérialistes et tous les réactionnaires ont toujours prétendu, comme des insensés, que nos révolutions auraient été faites sur commande de l’étranger, selon un accord préétabli. Cependant, les peuples du monde entier savent que nos révolutions ne furent pas importées, mais qu’elles furent réalisées parce que notre peuple estimait qu’il lui était impossible de continuer à vivre dans la vieille Chine, parce qu’il voulait se forger une vie nouvelle.

    Quand, face à l’attaque impérialiste, un pays socialiste, dans l’obligation d’entreprendre une guerre défensive et de contre-attaquer, franchit ses frontières pour poursuivre et anéantir ses ennemis de l’extérieur, ainsi que l’Union Soviétique le fit dans la guerre contre Hitler, son action est-elle justifiée ?

    Elle est sans aucun doute entièrement justifiée, absolument nécessaire et tout à fait juste. Conformément aux principes rigoureux dont se réclament les communistes, de telles opérations conduites par les pays socialistes doivent être absolument limitées à la période de la guerre d’agression lancée contre eux par les impérialistes. Les pays socialistes ne se permettent jamais d’envoyer, ne doivent jamais envoyer et ne sauraient jamais envoyer de troupes au-delà de leurs frontières à moins d’être l’objet de l’agression d’un ennemi extérieur.

    Les forces armées des pays socialistes combattant pour la justice, il est bien évident, lorsqu’elles sont obligées de franchir la frontière pour contre-attaquer l’ennemi étranger, qu’elles exercent une influence et produisent un effet là où elles vont ; mais, même alors, l’apparition des révolutions populaires et l’instauration du système socialiste, dans ces lieux et ces pays où ces forces armées sont allées, ne dépendent encore que de la volonté des masses populaires de l’endroit.

    La diffusion des idées révolutionnaires n’a jamais connu de frontières. Mais ces idées ne peuvent porter des fruits révolutionnaires que grâce aux efforts du peuple lui-même dans un pays donné et dans des circonstances données. Ceci vaut non seulement pour l’époque de la révolution prolétarienne mais est aussi entièrement valable pour l’époque de la révolution bourgeoise. Au temps de sa révolution, la bourgeoisie des différents pays prit le Contrat social de Rousseau pour évangile, tandis que le prolétariat révolutionnaire des différents pays prend pour guide le Manifeste communiste et Le capital de Marx, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme et L’Etat et la révolution de Lénine, etc.

    Les temps, les classes, les idéologies et le caractère des révolutions peuvent différer, mais nul ne peut arrêter l’éclosion d’une révolution, dans quelque pays que ce soit, lorsque cette révolution y est désirée et que la crise révolutionnaire y est venue à maturité. En fin de compte, le système socialiste remplacera le système capitaliste ; c’est là une loi objective, indépendante de la volonté des hommes. Peu importe jusqu’à quel point les réactionnaires tentent d’entraver la marche de la roue de l’histoire, la révolution aura lieu tôt au tard et triomphera nécessairement.

    Il en faut ainsi tout au long de l’histoire de l’humanité chaque fois qu’une société en supplanta une autre. Le système esclavagiste fut remplacé par le système féodal qui, à son tour, le céda au système capitaliste. Cela aussi répondait à des lois indépendantes de la volonté des hommes. Ces changements furent tous opérés par la voie de la révolution.

    Bernstein, ce révisionniste de triste renommée de la vieille école, a dit un jour : «Souvenez-vous de l’ancienne Rome, il y eut là une classe dominante qui ne travaillait pas, mais vivait bien et il en résultat l’affaiblissement de cette classe. Une telle classe doit céder graduellement son pouvoir » (Diverses formes de la vie économique).

    Bernstein ne pouvait cacher le fait historique que fut «l’affaiblissement de cette classe » des propriétaires d’esclaves en tant que classe, pas plus que les impérialistes des Etats-Unis ne peuvent aujourd’hui celer la dure réalité de leur propre et constant déclin. Cependant, Bernstein, cet impudent qui se disait historien, s’entêta à étouffer les faits essentiels suivants de l’histoire de l’ancienne Rome : les propriétaires d’esclaves n’ont jamais « cédé le pouvoir » de leur propre gré ; leur règne fut renversé par les révolutions prolongées, répétées et continues des esclaves.

    La révolution signifie l’utilisation de la violence révolutionnaire par la classe opprimée, elle signifie la guerre révolutionnaire. Ceci vaut pour la révolution menée par les esclaves ; cela vaut aussi pour la révolution bourgeoise. Lénine l’a bien exprimé : « L’histoire nous enseigne qu’aucune classe opprimée n’a jamais pu prendre le pouvoir, ni ne pouvait le prendre sans passer par une période de dictature, c’est-à-dire la conquête du pouvoir politique et la répression par la force de la résistance la plus farouche et la plus frénétique opposée par les exploiteurs . . . La bourgeoisie . . . est aussi venue au pouvoir dans les pays avancés par une série d’insurrections, de guerres civiles, l’élimination par la force des rois, des féodaux, des propriétaires d’esclaves et de leurs tentatives de restauration » (Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature du prolétariat présentées au 1er Congrès de l’Internationale communiste).

    Pourquoi les choses ont-elles pris ce cours ?

    En réponse à cette question, nous citerons de nouveau Lénine :

    En premier lieu, ainsi que dit Lénine : « Aucune classe dominante au monde ne s’est jamais effacée de son propre gré sans combat » (Discours à la Conférence des ouvriers du district de Presnia).

    Deuxièmement, ainsi que Lénine l’a expliqué : « Les classes réactionnaires elles-mêmes sont habituellement les premières à recourir à la violence, à la guerre civile ; ‘elles sont les premières à mettre la baïonnette à l’ordre du jour’ » (Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique).

    A la lumière de ceci, comment devons-nous envisager la révolution prolétarienne socialiste ?

    Pour répondre à la question, il nous encore citer deux passages de Lénine :

    Voyons ce texte-ci :

    « . . . aucune grande révolution ne s’est encore passée [de la guerre civile] dans l’histoire, sans laquelle aucun marxiste sérieux n’a conçu le passage du capitalisme au socialisme» (Paroles prophétiques).

    Ces paroles de Lénine exposent très clairement la question. Et voici une autre citation de Lénine :

    « Si le socialisme était né pacifiquement – mais messieurs les capitalistes ne souhaitaient pas qu’il naquît de la sorte. L’exprimer ainsi, c’est encore un peu insuffisant. S’il n’y avait pas eu de guerre, messieurs les capitalistes auraient encore fait tout leur possible pour empêcher pareil développement pacifique. Les grandes révolutions, même si elles débutèrent pacifiquement, comma la grande Révolution française, se sont également terminées par des guerre furieuses dues à la bourgeoisie contre – révolutionnaire » (Première Conférence panrusse sur l’éducation sociale).

    Ici encore, Lénine a exposé la question de manière fort claire.

    La Grande Révolution d’Octobre est le fait le plus propre à confirmer ces déclarations de Lénine.

    Il en est de même avec la Révolution chinoise. On ne saurait oublier que ce n’est qu’après vingt-deux ans d’une âpre guerre civile que, sous la direction du Parti communiste chinois, le peuple et le prolétariat chinois ont remporté la victoire sur le plan national et conquis le pouvoir.

    L’histoire de la révolution prolétarienne en Occident, après la Première guerre mondiale, nous montre que même si messieurs les capitalistes ne contrôlent pas directement et ouvertement le pouvoir, mais règnent par leurs laquais – les traîtres sociaux-démocrates, ces vils renégats sont évidemment prêts à tout moment, conformément aux impératifs de la classe bourgeoise, à couvrir la violence des gardes blancs de la bourgeoisie et à plonger les combattants révolutionnaires prolétariens dans un bain de sang.

    C’est précisément ce qui s’est passé en Allemagne à l’époque. Vaincue, la grande bourgeoisie allemande passa le pouvoir aux sociaux-démocrates. Le gouvernement social-démocrate, dès son arrivée au pouvoir, déclencha aussitôt une répression sanglante contre la classe ouvrière allemande en janvier 1919.

    Rappelons comment Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, que Lénine appelait « meilleurs militants de l’Internationale prolétarienne mondiale » et les « Chef immortels de la Révolution socialiste internationale », ont versé leur sang par suite de la violence exercée par les sociaux-démocrates d’alors.

    Rappelons aussi, avec les paroles de Lénine, comment ces renégats, ces prétendus « socialistes », se sont rendus coupables de « toute l’infamie, toute la bassesse de cet acte de bourreau» (Lettre aux ouvriers d’Europe et d’Amérique), dans le but de préserver le système capitaliste et les intérêts de la bourgeoisie. Examinons, à la lumière de tous ces faits sanglants du passé et du monde capitaliste actuel, toute l’absurdité contenue dans « l’intégration pacifique du capitalisme dans le socialisme » avancée par les révisionnistes de la vieille école et les révisionnistes modernes.

    S’ensuit-il donc que nous, marxistes-léninistes, refuserons d’adopter le principe du passage pacifique même si la possibilité d’un tel développement pacifique existe ? Non, assurément pas.

    Ainsi que tout le monde le sait, Engels, un des grands fondateurs du communisme scientifique, a répondu dans son célèbre ouvrage Les principes du communisme à la question : « La propriété privée peut-elle être abolie par les moyens pacifiques? ». 

    Il répondait :

    « On souhaite qu’il puisse en être ainsi, et, évidemment, les communistes seraient les derniers à s’y opposer. Les communistes savent bien que tous les complots sont non seulement futiles, mais aussi pernicieux. Ils savent bien que les révolutions ne peuvent être conçues et fabriquées ainsi qu’on le souhaite, et que les révolutions ont toujours et partout résulté nécessairement des conditions existantes, qui ne dépendaient absolument pas de la volonté et de la direction de Partis pris isolément et de classes prises dans leur ensemble. Mais, en même temps, ils voient que, pour ainsi dire dans tous les pays civilisés, le développement du prolétariat est réprimé violemment et que, par-là, les adversaires des communistes travaillent tant qu’ils peuvent pour la révolution . . . »

    Ceci fut écrit il y a plus de cent ans, et, cependant, demeure combien actuel quand nous le lisons maintenant !

    Nous savons aussi que, durant la période qui suivit la  Révolution russe de Février, Lénine, vu les conditions spécifiques du moment, adopta le principe du développement pacifique de la révolution. Il estima que c’était là une « possibilité extrêmement rare dans l’histoire des révolutions » (Les tâches de la révolution ) et s’y tint fermement.

    Cependant, le gouvernement provisoire bourgeois et les gardes blancs détruisirent cette possibilité de développement pacifique de la révolution et, en juillet, arrosèrent les rues de Petrograd avec le sang des ouvriers et des soldats participant à une pacifique manifestation de masse.

    Aussi, Lénine fit-il remarquer : « La voie du développement pacifique est rendue impossible. La voie non pacifique, la voie la plus douloureuse, s’est ouverte » (A propos des mots d’ordre).

    Nous savons aussi qu’en Chine, après la fin de la Guerre antijaponaise, alors que le peuple tout entier, unanime, désirait ardemment la paix, notre Parti avait entamé des négociations de paix avec le Kuomintang, cherchant à appliquer des réformes sociales et politiques en Chine par des moyens pacifiques, et en 1946 un accord sur l’instauration de la paix intérieure fut conclu avec le Kuomintang.

    Cependant, les réactionnaires du Kuomintang, à l’encontre de la volonté du peuple, déchirèrent cet accord et, avec l’appui des impérialistes américains, déclenchèrent une guerre civile à l’échelle nationale, ne laissant au peuple chinois d’autre alternative que de mener une guerre révolutionnaire. Alors que nous luttions pour la réforme pacifique, comme nous n’avions pas relâché notre vigilance ni renoncé à nos forces armées populaires et que nous nous étions pleinement préparés, le peuple ne fut pas effrayé par la guerre ; ce furent ceux qui l’avaient déclenchée qui durent en payer les conséquences.

    Ce serait du plus haut intérêt pour le peuple si le prolétariat pouvait prendre le pouvoir et effectuer le passage au socialisme par la voie pacifique. Ce serait une erreur de ne pas utiliser une telle possibilité lorsqu’elle se présente. Chaque fois que s’offre la possibilité d’ « un développement pacifique de la révolution », les communistes doivent la saisir, comme l’a fait Lénine, pour réaliser le but de la révolution socialiste. Une telle possibilité, cependant, est toujours, comme l’a dit Lénine, une « possibilité extrêmement rare dans l’histoire des révolutions ».

    Lorsque dans un pays donné un pouvoir politique local est déjà entouré par les forces révolutionnaires ou lorsque, dans le monde, un pays capitaliste est déjà entouré par le socialisme – dans ce cas, il pourrait y avoir des possibilités plus grandes pour le développement pacifique de la révolution. Mais, même alors, le développement pacifique de la révolution ne doit jamais être considéré comme la seule possibilité et, par conséquent, il est nécessaire d’être prêt en même temps pour l’autre possibilité – le développement non pacifique de la révolution.

    Par exemple, après la libération de la partie continentale de la Chine, bien que certaines régions sous la domination des propriétaires d’esclaves et des propriétaires de serfs fussent déjà entourées par les forces révolutionnaires populaires absolument prédominantes, néanmoins – et ainsi que le dit un vieux dicton chinois : « les bêtes cernées combattront encore » – une poignée des plus réactionnaires des propriétaires d’esclaves et de serfs opposèrent encore une dernière résistance, rejetant les réformes pacifiques et déclenchant des rébellions armées.

    Ce n’est qu’après avoir réprimé ces rébellions qu’il fut possible d’entreprendre la réforme des systèmes sociaux.

    Au moment où, dans les pays impérialistes, les impérialistes sont plus que jamais armés jusqu’aux dents pour protéger leur sauvage système de dévoreurs d’hommes, peut-on dire que l’impérialisme est devenu extrêmement « pacifique » à l’égard du prolétariat et du peuple de l’intérieur et des nations opprimées, comme le disent les révisionnistes modernes, et que, par conséquent, la « possibilité extrêmement rare dans l’histoire des révolutions », dont Lénine a parlé au lendemain de la Révolution de Février, sera désormais un état de choses normal pour le prolétariat et tous les peuples opprimés dans le monde, et que le prolétariat des pays capitalistes pourra trouver aisément par la suite ce que Lénine appelle une « possibilité rare » ? Nous estimons que toutes ces assertions sont sans aucun fondement.

    Les marxistes-léninistes ne doivent pas oublier cette vérité : les forces armées de toutes les classes dominantes servent en premier lieu à opprimer le peuple du pays. Ce n’est qu’en partant de l’oppression exercée sur leur propre peuple que les impérialistes peuvent opprimer les autres pays, déclencher des agressions et engager des guerres injustes.

    Pour maintenir leur propre peuple sous l’oppression, ils doivent conserver et renforcer leurs forces armées réactionnaires. Lénine a écrit au cours de la Révolution russe de 1905 : « Une armée permanente n’est pas tellement utilisée contre l’ennemi extérieur que contre l’ennemi intérieur » (L’arméeet la révolution).

    Ce point de vue est-il valable pour tous les pays où dominent les classes exploiteuses et pour tous les pays capitalistes ? Peut-on dire qu’il était valable alors, mais qu’il ne l’est plus aujourd’hui ? A notre avis, cette vérité demeure irréfutable et les faits confirment de plus en plus son exactitude. A parler rigoureusement, si le prolétariat d’un pays ou d’un autre n’a pas discerné cela clairement, il ne pourra pas trouver la voie de sa libération.

    Dans L’Etat et la révolution, Lénine a concentré le problème de la révolution sur un point : la destruction de la machine d’Etat de la bourgeoisie. Il relève les passages les plus importants de La Guerre civile en France de Marx, dont un qui dit : « Après la Révolution de 1848-1849, le pouvoir de l’Etat devient ‘l’instrument national de la guerre du Capital contre le Travail’ ».

    La principale machine du pouvoir d’Etat bourgeois pour engager une guerre contre le Travail est son armée permanente. C’est pourquoi « le premier décret de la Commune supprima l’armée permanente et la remplaça par le peuple armé ».

    Aussi, lorsque nous examinons cette question, devons-nous en dernière analyse revenir aux principes de la Commune de Paris qui, ainsi que Marx l’indiquait, sont éternels et indestructibles.

    Dans les années 70 du XIXe siècle, Marx considéra la Grande-Bretagne et les Etats-Unis comme des exceptions, estimant que dans ces deux pays, il existait la possibilité d’une transition « pacifique » au socialisme, parce que le militarisme et la bureaucratie y étaient encore peu développés. Mais, à l’époque de l’impérialisme, comme l’indique Lénine, «cette restriction de Marx tombe », car ces deux pays « ont glissé complètement dans le mariais fangeux et sanglant des institutions militaires et bureaucratiques communes à l’Europe entière, institutions qui se subordonnent tout, qui écrasent de leur poids toutes choses » (L’Etat et la révolution).

    Ceci fut un des points cruciaux de la polémique que Lénine engagea avec les opportunistes de l’époque. Les opportunistes, représentés par Kautsky, dénaturent cette restriction de Marx, qui « tombe », pour tenter de s’opposer à la révolution prolétarienne et à la dictature du prolétariat, c’est-à-dire s’opposer à ce que le prolétariat dispose de forces armées révolutionnaires et qu’il recoure à la révolution armée, ce qui est indispensable à sa libération. La réponse de Lénine à Kautsky fut la suivante :

    « La dictature révolutionnaire du prolétariat, c’est la violence exercée contre la bourgeoisie ; et cette violence est nécessitée surtout, comme Marx et Engels l’ont expliqué maintes fois et de la façon la plus détaillée, par l’existence du militarisme et de la bureaucratie. Or, ce sont justement ces institutions, justement en Angleterre et en Amérique, qui, justement dans les années 70, époque à laquelle Marx fit sa remarque, n’ e x i s t a i e n t   p a s. (Maintenant, elles existent en Angleterre et en Amérique) » (La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky).

    On peut voir ainsi que si le prolétariat recours à la révolution armée, c’est qu’il s’y voit forcé. Les marxistes ont toujours désiré effectuer le passage au socialisme par une voie pacifique ; tant qu’une voie pacifique se présentera, les marxistes-léninistes n’y renonceront jamais. Mais le but de la bourgeoisie est précisément de bloquer cette voie quand elle possède une puissante machine militariste et bureaucratique d’oppression.

    Ce qui est cité plus haut a été écrit par Lénine en novembre 1918. Comment les choses se présentent-elles maintenant ? Les paroles de Lénine étaient-elles historiquement valables alors, mais ne le sont-elles plus dans les conditions actuelles, ainsi que les révisionnistes modernes le prétendent ?

    Chacun peut se rendre compte que, à présent, tous les pays capitalistes presque sans exception, en particulier les quelques puissances impérialistes dont les Etats-Unis sont le chef de file, essaient de toutes leurs forces de renforcer leur machine militariste et bureaucratique d’oppression et surtout leur appareil militaire.

    Il est dit dans la Déclaration de la Conférence de représentants des Partis communistes et ouvriers des pays socialistes qui s’est tenue à Moscou en novembre 1957 :

    « Le léninisme enseigne et l’expérience historique confirme que les classes dominantes n’abandonnent pas de bon gré le pouvoir. L’acharnement et les formes de la lutte de classes dans ces conditions dépendront moins du prolétariat que du degré de résistance des milieux  réactionnaires à la volonté de la très grande majorité du peuple, du recours à la violence de ces milieux à telle ou telle étape de la lutte pour le socialisme ».

    Ceci est un nouveau bilan de l’expérience de la lutte du prolétariat international dans les quelques dizaines d’années écoulées depuis la mort de Lénine.

    La question n’est pas de savoir si le prolétariat désire entreprendre une transformation pacifique, mais plutôt si la bourgeoisie acceptera cette transformation pacifique. C’est là la seule façon pour les disciples de Lénine d’aborder la question.

    Ainsi, contrairement aux révisionnistes modernes qui cherchent à paralyser la volonté réactionnaire du peuple par des paroles creuses à propos de transition pacifique, les marxistes-léninistes soutiennent que la question de la possibilité d’une transition pacifique au socialisme ne peut être envisagée qu’à la lumière des conditions spécifiques de chaque pays à un moment donné.

    Le prolétariat ne doit jamais asseoir unilatéralement et sans fondement ses idées, ses principes politiques et tout son travail sur l’estimation que la bourgeoisie est prête à accepter la transformation pacifique. Il doit se tenir prêt pour les deux éventualités à la fois ; celle du développement pacifique de la révolution, celle du développement non pacifique de la révolution.

    Comment opérer la transition, faut-il la faire par un soulèvement armé ou par des moyens pacifiques, c’est là une question qui est foncièrement différente de celle de la coexistence pacifique entre les pays socialistes et capitalistes : c’est l’affaire intérieure de chaque pays, elle doit être déterminée par le rapport des forces de classes dans chaque pays à un moment donné, c’est une question qui doit être tranchée par les communistes du pays eux-mêmes.

    VI

    Après la Révolution d’Octobre, en 1919, Lénine a parlé des leçons historiques de la IIe Internationale. Il a dit le progrès du mouvement prolétarien durant la période de la IIe Internationale « s’est fait en largeur, ce qui n’a pas été sans entraîner un abaissement momentané du niveau révolutionnaire, un renforcement passager de l’opportunisme qui devait finalement aboutir à la honteuse faillite de la IIe Internationale » (La IIIe Internationale et sa place dans l’histoire).

    Qu’est-ce que l’opportunisme ? Selon Lénine, « l’opportunisme consiste à sacrifier les intérêts fondamentaux pour rechercher des intérêts temporaires et partiels » (Discours prononcé à la Conférence des activistes de l’organisation de Moscou du Parti communiste (bolchévik) de Russie).

    Et que signifie l’abaissement du niveau révolutionnaire ? Il signifie que les opportunistes cherchent à faire en sorte que les masses concentrent leur attention sur les intérêts quotidiens, temporaires et partiels, et oublient les intérêts à long terme, fondamentaux et embrassant l’ensemble.

    Les marxistes-léninistes estiment que la question de la lutte parlementaire doit être abordée sous l’angle des intérêts à long termes, fondamentaux et embrassant l’ensemble.

    Lénine nous a avertis du caractère restreint de la lutte parlementaire, mais il a également mis en garde les communistes contre les erreurs d’un sectarisme étroit. Dans son ouvrage bien connu La maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), Lénine a mis en lumière les enseignements de l’expérience de la révolution russe, montrant dans quelles conditions un boycottage du parlement est juste et dans quelles conditions il est erroné. Lénine estime que tout Parti prolétarien devrait profiter de toute occasion possible pour participer aux luttes parlementaires nécessaires.

    Si les communistes ne savaient que tenir de vains propos sur la révolution, s’ils n’étaient pas disposés à travailler sans fléchir et avec patience, et s’ils esquivaient des luttes parlementaires nécessaires, cela serait fondamentalement erroné et ne pourrait que porter préjudice à la cause du prolétariat révolutionnaire. Lénine a critiqué à cette époque les erreurs des communistes de certains pays européens, erreurs consistant à refuser de participer aux parlements.

    Il a dit :

    « ‘Répudier’ la participation au parlementarisme a ceci de puéril que l’on s’imagine, au moyen de ce procédé ‘simple’, ‘facile’ et prétendument révolutionnaire, ‘résoudre’ le difficile problème de la lutte contre les influences démocratiques bourgeoises à l’intérieur du mouvement ouvrier, alors qu’en réalité on ne fait que fuir son ombre, fermer les yeux sur la difficulté, l’éluder avec des mots ».

    Pourquoi faut-il participer aux luttes parlementaires ? Selon Lénine, c’est dans le but de lutter contre les influences bourgeoises au sein du mouvement ouvrier, ou, comme il l’a indiqué ailleurs : « précisément afin d’éduquer les couches retardataires de sa classe, précisément afin d’éveiller et d’éclairer la masse villageoise inculte, opprimée et ignorante».

    En d’autres termes, c’est dans le but d’élever le niveau politique et idéologique des masses, d’unir la lutte parlementaire à la lutte révolutionnaire, et non au contraire d’abaisser notre niveau politique et idéologique et de séparer la lutte parlementaire de la lutte révolutionnaire.

    Nous identifier aux masses sans abaisser notre niveau révolutionnaire, voilà un principe fondamental que Lénine nous a dit de maintenir ferme dans la lutte prolétarienne.

    Il est nécessaire de participer aux luttes parlementaires, mais il ne faut pas avoir une foi aveugle dans le système parlementaire de la bourgeoisie. Pourquoi ? Parce que tant que la machine d’Etat militariste et bureaucratique de la bourgeoisie demeure intacte, le parlement n’est autre chose qu’un ornement de la dictature bourgeoise, même si le Parti ouvrier occupe la majorité dans le parlement ou y est devenu le plus grand Parti.

    Par ailleurs, tant que cette machine d’Etat demeure intacte, la bourgeoisie est tout à fait capable, à tout moment et conformément aux besoins de ses propres intérêts, outre la dissolution du parlement quand elle le juge nécessaire, de recourir à toutes sortes de manœuvres ouvertes ou camouflées pour réduire en une minorité le Parti de la classe ouvrière qui se trouve être le Parti le plus grand dans le parlement, ou pour lui attribuer moins de sièges, même quand dans les élections il a obtenu plus de suffrages qu’auparavant.

    Il est donc difficile d’imaginer que des changements puissent se produire dans une dictature bourgeoise elle-même en raison des votes au parlement et il est également difficile d’imaginer qu’il soit possible pour le prolétariat de prendre des mesures dans un parlement, pour une transition pacifique au socialisme, seulement parce qu’il a gagné un certain nombre de voix.

    Les expériences acquises dans bon nombre de pays capitalistes ont, depuis longtemps, pleinement corroboré ce point et l’expérience acquise dans divers pays d’Europe et d’Asie depuis la Seconde guerre mondiale a apporté une nouvelle preuve à ce sujet.

    Lénine a dit : « Le prolétariat ne peut pas remporter la victoire tant qu’il n’aura pas gagné à lui la majorité de la population. Mais si l’on borne ou si on laisse subordonner cette tâche à celle de recueillir la majorité des voix aux élections tandis que la bourgeoisie continue à exercer sa domination, ou c’est le comble de la stupidité ou c’est tout bonnement tromper les ouvriers » (Les élections à l’Assemblée constituante et la dictature du prolétariat).

    Les révisionnistes modernes estiment que cette parole de Lénine est périmée. Mais les réalités vivantes qui s’étalent sous nos yeux ont attesté que cette parole de Lénine demeure le meilleur remède, bien qu’amer au goût, pour les révolutionnaires prolétariens de tous pays.

    L’abaissement du niveau révolutionnaire signifie l’abaissement du niveau théorique du marxisme-léninisme. Il signifie que l’on abaisse les luttes politiques au niveau des luttes économiques, qu’on restreint les luttes révolutionnaires au cadre des luttes parlementaires. Il signifie qu’on transige sur les principes pour des intérêts temporaires.

    Au début du XXe siècle, Lénine a, dans Que faire ? attiré l’attention sur la question que « la diffusion du marxisme a été accompagnée d’un certain abaissement du niveau théorique». Lénine a cité l’opinion de Marx, contenue dans une lettre sur le Programme de Gotha, selon laquelle nous pourrions conclure des accords pour atteindre les buts pratiques du mouvement, mais nous ne devrions jamais marchander sur les principes ni faire de « concessions » sur le plan théorique. Lénine a ensuite écrit les phrases suivantes qui sont maintenant connues de presque tous les communistes :

    « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. On ne saurait trop insister sur cette vérité à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites de l’action pratique va de pair avec la propagande à la mode, de l’opportunisme ».

    Quelle révélation importante pour les marxistes révolutionnaires ! C’est précisément sous la conduite de cette pensée révolutionnaire marxiste à laquelle s’en est tenu fermement le Parti bolchévik, ayant à sa tête le grand Lénine, que l’ensemble du mouvement révolutionnaire en Russie a remporté la victoire en octobre 1917.

    Le Parti communiste chinois a également acquis à deux reprises des expériences en ce qui concerne la question susmentionnée. La première fois, ce fut dans la période révolutionnaire de 1927. La politique adoptée à ce moment-là par l’opportunisme de Tchen Tou-Sieou à l’égard du front uni du Parti communiste avec le Kuomintang constitua un abandon des principes et de la position qu’un Parti communiste devrait se réduire, sur la question de principe, au niveau du Kuomintang. Le résultat en fut la défaite de la révolution.

    La deuxième fois, ce fut dans la période de Guerre antijaponaise. Le Comité central du Parti communiste chinois a maintenu fermement la position marxiste-léniniste, exposé les divergences de principe entre le Parti communiste et le Kuomintang au sujet de la Guerre antijaponaise, et soutenu que le Parti communiste ne doit jamais faire des concessions sur les principes au Kuomintang à cet égard.

    Mais les opportunistes de droite représentés par Wang Ming ont répété les erreurs commises dix ans auparavant par Tchen Tou-sieou et voulaient abaisser sur la question de principe le Parti communiste au niveau du Kuomintang. Ainsi, un grand débat fut mené au sein du Parti tout entier avec les opportunistes de droite. Le camarade Mao Tsé-toung a dit :

    « . . . Si les communistes oublient ce point de principe, ils ne pourront pas diriger correctement la Guerre de résistance contre le Japon, ils ne pourront pas surmonter les vues partielles du Kuomintang et ils glisseront sur une position sans principe, abaissant le Parti communiste au niveau du Kuomintang. Ce faisant, ils commettraient un crime envers la cause sacrée de la guerre révolutionnaire nationale et la défense de la patrie » (La situation dans la Guerre antijaponaise après la chute des Changhaï et de Taiyuan et les tâches qui en découlent).

    C’est précisément parce que le Comité central de notre Parti a refusé de faire la moindre concession sur les questions de principe et qu’il a adopté une politique et d’unité et de lutte dans le front uni de notre Parti avec le Kuomintang que les positions de notre Parti dans les domaines politiques et idéologique ont été consolidées et élargies, de même que le front uni de la révolution nationale ; partant, les forces du peuple dans la Guerre antijaponaise s’accrurent, ce qui nous permit de briser les attaques de grande envergure lancées par la clique réactionnaire de Tchiang Kaïcheck après la fin de la Guerre antijaponaise et de remporter la victoire, à l’échelle nationale, dans la grande révolution populaire.

    A en juger par l’expérience de la révolution chinoise, des erreurs de déviation de droite peuvent se produire dans notre Parti quand le prolétariat entreprend une coopération politique avec la bourgeoisie, alors que des erreurs de déviation de « gauche » peuvent se produire dans notre Parti quand ces deux classes rompent leurs relations dans le domaine politique.

    Dans sa direction de la révolution chinoise, notre Parti a soutenu, à plusieurs reprises, des luttes contre l’aventurisme de « gauche ».

    Les aventuristes de « gauche » s’avérèrent incapables de partir d’une conception marxiste-léniniste pour traiter correctement les rapports complexes de classes en Chine, et de comprendre comment adopter dans des périodes historiques différentes des mesures politiques correctes, différentes à l’égard des classes différentes ; ils ont eu simplement recours à la politique erronée qui consiste à mener seulement la lutte sans rechercher l’unité. Si l’aventurisme de « gauche » n’avait pas été surmonté, il aurait été également impossible pour la révolution chinoise de remporter la victoire.

    Conformément au point de vue léniniste, le prolétariat de tout pays, s’il veut la victoire de la révolution, doit avoir un Parti marxiste-léniniste authentique qui est capable d’allier la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution dans son propre pays et qui, dans des périodes différentes, sait déterminer correctement contre qui la révolution doit être dirigée et régler correctement la question de l’organisation des forces principales et de leurs forces alliées ainsi que la question de savoir sur qui s’appuyer et avec qui s’unir.

    Le Parti prolétarien révolutionnaire doit s’appuyer étroitement sur les masses de sa propre classe et sur le semi-prolétariat des régions rurales, c’est-à-dire les larges masses de paysans pauvres, et établir l’alliance des ouvriers et des paysans dirigée par le prolétariat.

    C’est seulement ainsi qu’il est possible d’unir sur la base de cette alliance toutes les forces sociales susceptibles d’être unies et d’établir, conformément aux conditions spécifiques de pays différents dans des périodes différentes, le front uni du peuple travailleur avec toute la population non laborieuse susceptible d’être unie. S’il n’arrive pas à le faire, le prolétariat ne parviendra pas à remporter la victoire dans la révolution aux différents stades.

    Les révisionnistes modernes et certains représentants de la bourgeoisie essaient de faire croire qu’il est possible de réaliser le socialisme sans un Parti révolutionnaire du prolétariat et sans la série de mesures politiques correctes susmentionnées d’un tel Parti.

    C’est là le comble de l’absurdité et une pure duperie. Le Manifeste communiste de Marx et d’Engels a indiqué qu’il y avait à l’époque différentes sortes de « socialisme » : le « socialisme » petit-bourgeois, le « socialisme » bourgeois, le « socialisme » féodal, etc.

    Maintenant, par suite de la victoire du marxisme-léninisme et de la décadence du système capitaliste, de plus en plus nombreuses sont les masses populaires des différents pays qui se tournent vers le socialisme et un plus grand nombre encore de types de soi-disant « socialisme » de nuances diverses sont apparus parmi les classes exploiteuses de certains pays.

    Ces soi-disant « socialistes », eux aussi, comme l’a dit Engels, « veulent, à l’aide d’un tas de panacées et avec toutes sortes de rapiéçages, supprimer les misères sociales, sans faire le moindre tort au capital et au profit  ». Ils « vivent en dehors du mouvement ouvrier et . . . cherchent plutôt un appui auprès des classes ‘cultives’ » (Préface à l’édition allemande de 1890 du Manifeste du Parti communiste).

    Ils se contentent de hisser l’enseigne du « socialisme », mais pratiquent en fait le capitalisme. Dans ces conditions, il est extrêmement important de s’en tenir fermement aux principes révolutionnaires du marxisme-léninisme et de mener une lutte implacable contre toute tendance consistant à abaisser le niveau révolutionnaire, notamment contre le révisionnisme et l’opportunisme de droite.

    A propos de la question de la sauvegarde de la paix mondiale à l’heure actuelle, il y a aussi des gens qui déclarent que les controverses idéologiques ne sont plus nécessaires ou qu’il n’y a plus aucune divergence de principe entre les communistes et les sociaux-démocrates. Ceci revient à abaisser le niveau idéologique et politique des communistes jusqu’à celui de la bourgeoisie et des sociaux-démocrates. Ceux qui disent ainsi ont été influencés par le révisionnisme moderne et se sont écartés de la position du marxisme-léninisme.

    La lutte pour la paix et la lutte pour le socialisme sont deux luttes différentes. Il serait erroné de ne pas faire la distinction qui convient entre ces deux sortes de lutte. La composition sociale de ceux qui participent au mouvement pour la paix est naturellement beaucoup plus complexe ; elle comprend également les pacifistes bourgeois. Nous, communistes, nous nous plaçons aux avant-postes de la défense de la paix, aux avant-postes de la lutte contre la guerre impérialiste, pour la coexistence pacifique et contre les armes nucléaires.

    Dans ce mouvement, nous devrons nous trouver aux côtés de nombre de groupes sociaux complexes et conclure des accords nécessaires pour la réalisation de la paix. Mais, en même temps, nous devons maintenir les principes du Parti de la classe ouvrière et ne pas abaisser notre niveau politique et idéologique, ni, dans la lutte pour la paix, tomber au niveau des pacifistes bourgeois. Ici se pose donc la question de pratiquer et l’alliance de la critique.

    Le mot « paix » dans la bouche des révisionnistes modernes est destiné à camoufler sous de belles couleurs les préparatifs de guerre des impérialistes, à reprendre le refrain de l’ « ultra-impérialisme » d’opportunistes de la vieille école que Lénine a réfuté depuis longtemps, et à dénaturer notre politique à nous communistes concernant la coexistence pacifique entre pays de deux systèmes différents en faisant croire qu’elle signifie l’élimination de la révolution populaire dans les divers pays.

    C’est le vieux révisionniste Bernstein, qui a fait cette déclaration honteuse et notoire : « Le mouvement est tout, le but final n’est rien ». Les révisionnistes modernes ont aussi une affirmation similaire : Le mouvement de la paix est tout, le but final n’est rien. C’est pourquoi la « paix » dont ils parlent se limite entièrement à la « paix » qui pourrait être acceptée par les impérialistes dans certaines conditions historiques. Ce disant, ils tentent d’abaisser le niveau révolutionnaire des peuples des différents pays et de leur faire perdre leur combativité révolutionnaire.

    Nous, communistes, luttons pour la défense de la paix mondiale, pour la réalisation de la politique de coexistence pacifique. En même temps, nous soutenons les guerres révolutionnaires des nations opprimées contre l’impérialisme.

    Nous soutenons les guerres révolutionnaires des peuples opprimés pour leur propre libération et le progrès social, parce que toutes ces guerres révolutionnaires sont des guerres justes. Naturellement, nous devons continuer à expliquer aux masses le point de vue de Lénine selon lequel le système capitaliste-impérialiste est la source des guerres de notre temps ; nous devons continuer à expliquer aux masses la thèse marxiste-léniniste selon laquelle le but final de notre lutte est de remplacer l’impérialisme capitaliste par le socialisme et le communisme. Nous ne devons pas cacher nos principes aux masses populaires.

    VII

    Nous nous trouvons actuellement dans une grande et nouvelle époque où l’effondrement du système impérialiste s’accélère davantage, tandis que la victoire des peuples du monde entier et leur réveil ne cessent de marquer des progrès.

    Les peuples des différents pays ont le bonheur de se trouver maintenant dans une situation bien meilleure qu’auparavant.

    Au cours des quarante et quelques années écoulées depuis la Révolution d’Octobre, un tiers de la population de l’humanité s’est libéré du joug capitaliste-impérialiste et a fondé successivement nombre de pays socialistes dans lesquels s’est véritablement établie une paix durable ; ils exercent leur influence sur la destinée de l’humanité et vont grandement accélérer l’avènement du jour où une paix durable, universelle, régnera dans le monde entier.

    Marchant à l’avant-garde de tous les pays socialistes, et de l’ensemble du camp socialiste, se trouve la grande Union Soviétique, le premier pays socialiste fondé par les ouvriers et paysans conduits par Lénine et le Parti communiste de l’Union Soviétique.

    L’idéal de Lénine s’est vu réaliser en Union Soviétique ; le socialisme s’y est édifié depuis longtemps et maintenant, sous la direction du Comité central du Parti communiste de l’Union Soviétique et du gouvernement soviétique ayant à leur tête le camarade Khrouchtchev, une grand période, celle de l’édification en grand communisme est déjà commencée. Les ouvriers, paysans et intellectuels de l’Union Soviétique, pleins de vaillance et d’ingéniosité, ont donné un nouveau et grandiose essor au travail dans leur lutte pour le grand but de l’édification du communisme.

    Les communistes chinois et le peuple chinois acclament avec joie chaque réalisation nouvelle de l’Union Soviétique, pays natal du léninisme.

    Le Parti communiste chinois, alliant la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise, a conduit le peuple du pays entier à remporter la victoire de la grande révolution populaire ; en suivant la large voie commune de la révolution socialiste et de l’édification socialiste indiquée par Lénine, il mène à son plein achèvement la révolution socialiste et a déjà commencé à obtenir de grandes victoires sur les différents fronts de l’édification socialiste.

    Conformément aux principes de Lénine et dans les conditions de notre pays, le Comité central du Parti communiste chinois a élaboré de façon créatrice pour le peuple chinois les justes principes politiques de la ligne générale pour édifier le socialisme, du grand bond en avant et de la commune populaire qui ont stimulé l’esprit d’initiative révolutionnaire des masses du pays tout entier, apportant chaque jour de nouveaux changements à l’aspect de notre pays.

    Sous le commun drapeau du léninisme, les pays socialistes de l’Europe orientale et les autres pays socialistes en Asie ont également obtenu des succès prodigieux dans leur édification socialiste.

    Le léninisme est un drapeau toujours victorieux. En tenant ferme ce grand drapeau, les peuples travailleurs du monde entier ont en main la vérité et s’ouvrent une voie conduisant à des victoires continuelles.

    Lénine est toujours vivant dans notre mémoire. Et quand les révisionnistes modernes tentent de noircir le léninisme, ce grand drapeau du prolétariat international, notre tâche est de le défendre.

    Nous devons tous nous rappeler ce qu’a écrit Lénine, dans son célèbre ouvrage L’Etat et la révolution, sur ce qui put advenir, au cours de l’histoire, des doctrines des penseurs révolutionnaires et des chefs des classes opprimées en lutte pour leur affranchissement. Lénine a indiqué qu’après la mort de ces penseurs et chefs, il arrive qu’ils soient l’objet de déformations, « on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire ». 

    Et Lénine poursuit en ces termes : « C’est sur cette façon d’’accommoder’ le marxisme que se joignent aujourd’hui la bourgeoisie et les opportunistes du mouvement ouvrier. On oublie, on refoule, on altère le côté révolutionnaire de la doctrine, son âme révolutionnaire. On met au premier plan, on exalte ce qui est ou paraît être acceptable pour la bourgeoisie ».

    C’est justement ainsi qu’à l’heure actuelle, nous nous trouvons en présence de certains représentants de l’impérialisme américain qui prennent, une fois de plus, le pieux aspect de prêcheurs, déclarent même que Marx était un « grand penseur du XIXe siècle », vont jusqu’à reconnaître que les paroles prophétiques de Marx au XIXe siècle, disant que le capitalisme n’en a plus pour longtemps, étaient des paroles « bien fondées » et « correctes » ; mais ces beaux prêcheurs ajoutent que le marxisme serait devenir incorrect à partir du XXe siècle, et plus particulièrement depuis ces dernières décades, car le capitalisme serait maintenant chose révolue et aurait cessé d’exister, du moins aux Etats-Unis.

    Après avoir entendu de telles sottises prononcées par ces prêcheurs impérialistes, nous sentons que les révisionnistes modernes usent également du même langage. Cependant, les révisionnistes modernes ne se bornent pas à déformer la doctrine de Marx, ils vont encore plus loin en déformant celle de Lénine, le grand continuateur du marxisme qui a développé le marxisme.

    La Déclaration de la Conférence de Moscou considère « comme le principal danger dans les conditions actuelles le révisionnisme, autrement dit l’opportunisme de droite ». Certains prétendent que ce jugement porté par la Conférence de Moscou n’est plus valable dans les conditions actuelles. Nous pensons que ce point de vue est erroné.

    Il pousse le peuple à perdre de vue l’importance de la lutte contre le révisionnisme, le principal danger, et est fort nuisible à la cause révolutionnaire du prolétariat. De même qu’à partir du début des années 70 du XIXe siècle apparut une période de développement « pacifique » du capitalisme durant laquelle on vit naître le vieux révisionnisme de Bernstein, c’est dans les circonstances actuelles où l’impérialisme est contraint d’accepter la coexistence pacifique et alors que règne encore une sorte de « paix intérieure » dans de nombreux pays capitalistes que les courants d’idées révisionnistes peuvent croître et se répandre le plus aisément.

    En conséquence, nous devons maintenir constamment une haute vigilance contre ce principal danger au sein du mouvement ouvrier.

    En tant que disciples de Lénine et léninistes, nous devons faire échouer complètement les tentatives des révisionnistes modernes visant à déformer et à tronquer la doctrine de Lénine.

    Le léninisme est une doctrine révolutionnaire intégrale du prolétariat, c’est aussi une conception révolutionnaire intégrale de monde qui, après Marx et Engels, continue à exprimer les idées du prolétariat. Il n’est permis à personne de déformer et de tronquer cette doctrine, cette conception. Nous considérons que les tentatives des révisionnistes modernes, visant à déformer et à tronquer le léninisme, ne sont pas autre chose qu’une manifestation des derniers sursauts de l’impérialisme à l’agonie.

    Devant les victoire continuelles de l’édification du communisme en Union Soviétique, devant les victoire continuelles de l’édification du socialisme dans les différents pays socialistes, devant le renforcement constant de l’unité du camp socialiste ayant à sa tête l’Union Soviétique et les incessantes luttes héroïques menées par les peuples du monde entier, chaque jour plus éveillés, pour se débarrasser du joug capitalise-impérialiste, les tentatives révisionnistes de Tito et de ses semblables sont complètement vaines.

    Vive le grand léninisme !

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  • Rédaction du Quotidien du peuple : Encore une fois à propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat (1957)

    Rédaction du Renmin Ribao, décembre 1957


    En avril 1956, nous avons discuté de l’expérience historique de la dictature du prolétariat en rapport avec la question de Staline. Depuis, un certain nombre d’autres événements qui se sont produits dans le mouvement communiste international, ont attiré l’attention de notre peuple. La publication dans nos journaux du discours du camarade Tito en date du 11 novembre et des commentaires de divers Partis communistes sur ce discours ont suscité de nouveau bien des questions qui appellent une réponse.

    Dans cet article, nous nous arrêterons plus particulièrement sur les questions suivantes: 1° une appréciation de la voie fondamentale qu’ont suivie la révolution et l’édification en Union Soviétique; 2° une appréciation des mérites et des erreurs de Staline; 3° la lutte contre le dogmatisme et le révisionnisme; 4° la solidarité internationale du prolétariat de tous les pays.

    Quand nous examinons les problèmes internationaux contemporains, nous devons avant tout partir du fait essentiel, à savoir: l’antagonisme qui existe entre le bloc agressif impérialiste et les forces populaires du monde entier.

    Le peuple chinois, qui a tant souffert de l’agression impérialiste, n’oubliera jamais que l’impérialisme prend toujours position contre l’affranchissement des peuples de tous les pays et l’indépendance de toutes les nations opprimées, qu’il a toujours considéré comme sa bête noire le mouvement communiste qui défend de la façon la plus résolue les intérêts des peuples.

    Depuis la naissance du premier Etat socialiste, l’Union Soviétique, l’impérialisme cherche à lui nuire par tous les moyens. Après la formation de tout un groupe d’Etats socialistes, l’hostilité du camp impérialiste envers le camp socialiste, les activités de sape impudemment menées par le camp impérialiste contre le camp socialiste sont devenues un trait encore plus accusé de la politique mondiale. Les Etats-Unis, qui sont à la tête du camp impérialiste, interviennent avec une haine et un cynisme particuliers dans les affaires intérieures des pays socialistes.

    Depuis des années, ils empêchent notre pays de libérer Taïwan, qui fait partie de notre territoire, et depuis des années, ils ont adopté ouvertement comme politique gouvernementale la subversion des pays d’Europe orientale.

    Après la guerre d’agression qu’il a déclenchée en Corée, l’attaque la plus sérieuse de l’impérialisme contre le camp socialiste a été l’activité qu’il a déployée au cours des événements d’octobre 1956 en Hongrie.

    Comme l’a indiqué la résolution adoptée par le Comité central provisoire du Parti ouvrier socialiste hongrois, les événements de Hongrie ont été provoqués par des causes diverses, tant intérieures qu’extérieures, et toute interprétation unilatérale serait incorrecte; et dans la provocation de ces événements, l’impérialisme international a joué le « rôle essentiel et déterminant ».

    Après que le complot visant à restaurer la contrerévolution en Hongrie eût été déjoué, les impérialistes, Etats-Unis en tête, ont manœuvré à l’O.N.U. pour y faire adopter des résolutions dirigées contre l’Union Soviétique et visant à intervenir dans les affaires intérieures de la Hongrie, en même temps qu’ils déclenchaient dans l’ensemble du monde occidental une campagne anticommuniste forcenée.

    Bien que les impérialistes américains, profitant de la défaite de la Grande-Bretagne et de la France dans la guerre d’agression contre l’Egypte, cherchent par tous les moyens à s’emparer des positions britanniques et françaises au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ils se sont engagés à aplanir les « malentendus » qui existent entre eux, d’une part, la Grande-Bretagne et la France, d’autre part, et à réaliser une « compréhension plus étroite et plus profonde » afin de reconstituer leur front commun de lutte contre le communisme, contre les peuples d’Asie et d’Afrique, contre les peuples épris de paix du monde entier.

    Les pays impérialistes doivent s’unir pour lutter contre le communisme, contre le peuple, contre la paix tel est au fond le sens de la « philosophie de vie et d’action dont le besoin se fait sentir en ce moment critique de l’histoire mondiale », philosophie que Dulles a formulée à la session du Conseil de l’O.T.A.N. S’étant quelque peu laissé entraîner par ses illusions, Dulles a affirmé: « La structure communiste soviétique se trouve en état de dégénérescence (?), et le pouvoir des dirigeants s’effondre (?)… En face de cette situation, les nations libres doivent maintenir une pression morale qui contribuera à ébranler le système communiste soviéto-chinois, et maintenir leur puissance militaire et leur fermeté ».

    Il a appelé les pays de l’O.T.A.N. à « renverser le puissant despotisme soviétique (?) qui repose sur des conceptions militaristes (?) et athées », et déclaré qu’ « il semble qu’une modification du caractère du monde [communiste] soit désormais du domaine des possibilités (!) ».

    Nous avons toujours considéré l’ennemi comme notre meilleur maître, et aujourd’hui Dulles nous donne de nouveau une leçon. Qu’il nous calomnie mille fois, qu’il nous maudisse dix mille fois, cela n’a rien de nouveau ni d’étonnant.

    Mais quand il exige, d’un point de vue « philosophique », que le monde impérialiste mette les contradictions qui existent entre lui et le communisme au-dessus de toutes les autres, que tout soit consacré à amener « une modification du caractère du monde [communiste] », à « ébranler » et à « renverser » le système socialiste qui a à sa tête l’Union Soviétique, bien qu’il perde à coup sûr sa peine, la leçon n’en est pas moins des plus utiles pour nous.

    Nous avons toujours été et nous continuerons d’être partisans d’une coexistence pacifique des pays socialistes et capitalistes et de leur compétition pacifique; mais les impérialistes cherchent à tout moment à nous anéantir. Aussi ne devons-nous jamais oublier la lutte acharnée qui se livre entre nos ennemis et nous, c’est-à-dire la lutte de classes à l’échelle mondiale.

    Nous sommes en présence de deux types de contradictions de caractère différent : les premières, ce sont les contradictions entre nos ennemis et nous (entre le camp impérialiste et le camp socialiste; entre les impérialistes, d’une part, et tous les peuples du monde, toutes les nations opprimées, de l’autre; entre la bourgeoisie et le prolétariat dans les pays impérialistes, etc.)

    Ce sont les contradictions fondamentales; elles reposent sur le conflit d’intérêts entre les classes hostiles. Les deuxièmes, ce sont les contradictions au sein du peuple (entre une partie du peuple et l’autre; entre certains camarades et  d’autres au sein d’un même Parti communiste; entre le gouvernement et le peuple dans les pays socialistes; entre pays socialistes; entre Partis communistes, etc.).

    Ce ne sont pas des contradictions fondamentales, elles naissent non pas du conflit fondamental entre des intérêts de classes, mais de conflits entre des opinions justes et des opinions erronées ou encore de contradictions partielles d’intérêts. La solution de ces contradictions doit avant tout être subordonnée aux intérêts généraux de la lutte contre l’ennemi. Les contradictions au sein du peuple peuvent et doivent être réglées en s’inspirant d’une volonté d’union, par la critique ou par la lutte, et cette solution doit aboutir à une  nouvelle unité dans de nouvelles conditions. Certes, la vie pratique est complexe.

    Des classes dont les intérêts se trouvent en conflit fondamental peuvent parfois s’unir pour tenir tête à leur principal ennemi commun. Et inversement, dans des conditions déterminées, certaines contradictions au sein du peuple peuvent se transformer progressivement en contradictions antagonistes si l’une des parties en présence passe progressivement à l’ennemi.

    Les contradictions de ce genre finissent par changer entièrement de nature et cessent d’être des contradictions au sein du peuple pour devenir une composante de la contradiction entre nos ennemis et nous. De tels phénomènes se sont produits dans l’histoire du Parti communiste de l’Union Soviétique et du Parti communiste chinois.

    Bref, quiconque se tient sur les positions du peuple ne devrait jamais identifier les contradictions au sein du peuple avec celles existant entre nos ennemis et nous, jamais confondre ces deux catégories de contradictions, et il devrait être d’autant moins enclin à placer les contradictions au sein du peuple au-dessus des contradictions entre nos ennemis et nous. Quiconque nie la lutte de classes et ne fait pas de distinction entre l’ennemi et nous n’est certainement pas un communiste ni un marxiste-léniniste.

    Avant d’aborder l’examen des questions à discuter, nous pensons qu’il est nécessaire de régler d’abord cette question de la position fondamentale. Sinon, nous perdrions nécessairement notre orientation et serions incapables de donner une explication correcte des événements internationaux.

    I

    Depuis longtemps, les attaques des impérialistes contre le mouvement communiste international sont surtout dirigées contre l’Union Soviétique. Or, les discussions qui se sont engagées ces derniers temps au sein du mouvement communiste international portent également pour la plupart sur la conception que l’on a de l’Union Soviétique. Aussi l’appréciation correcte de la voie fondamentale qu’ont suivie la révolution et l’édification en Union Soviétique est-elle une des questions importantes auxquelles les marxistes-léninistes sont tenus de répondre.

    La théorie marxiste de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat constitue la généralisation scientifique de l’expérience du mouvement ouvrier. Mais à l’exception de la Commune de Paris, qui ne vécut que soixante-douze jours, Marx et Engels n’ont pu voir réalisées la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat pour lesquelles ils ont combattu toute leur vie.

    En 1917, le prolétariat de Russie, conduit par Lénine et le Parti communiste de l’Union Soviétique, a mené la révolution prolétarienne à la victoire et instauré la dictature du prolétariat, puis a réussi à édifier une société socialiste. Le socialisme scientifique, qui jusque-là n’avait été qu’une théorie et qu’un idéal, était devenu une réalité vivante.

    Ainsi, la Révolution d’Octobre 1917 en Russie a ouvert une ère nouvelle non seulement dans l’histoire du mouvement communiste, mais aussi dans l’histoire de toute l’humanité.

    L’Union Soviétique a remporté des succès prodigieux au cours des trente-neuf années qui se sont écoulées depuis la révolution. Après avoir aboli le système d’exploitation, elle a mis fin, dans le domaine économique, à l’anarchie, aux crises et au chômage. L’économie et la culture se développent en Union Soviétique à un rythme que ne peut atteindre aucun pays capitaliste.

    En 1956, la production industrielle globale de l’Union Soviétique est déjà trente fois plus élevée qu’en 1913, niveau record atteint avant la révolution. Un pays qui, avant la révolution, était arriéré du point de vue industriel et dont la population comportait un taux élevé d’illettrés, est devenu aujourd’hui la seconde puissance industrielle du monde et possède des forces scientifiques et techniques atteignant les niveaux les plus avancés du monde, ainsi qu’une culture socialiste hautement développée.

    Les travailleurs de l’U.R.S.S opprimés avant la révolution, sont à présent les maîtres du pays et de la société; ils ont développé une grande activité et fait preuve d’un esprit d’initiative créatrice dans la lutte révolutionnaire et dans le travail d’édification; leur situation matérielle et leur vie culturelle ont été radicalement transformées.

    Avant la Révolution d’Octobre, la Russie était une prison pour les peuples qui l’habitaient; après la Révolution d’Octobre, ceux-ci sont devenus tous égaux en droits et se sont rapidement transformés en peuples socialistes avancés.

    Le chemin qu’a suivi l’Union Soviétique n’a nullement été un chemin aisé. De 1918 à 1920, elle a été attaquée par quatorze Etats capitalistes. Dans la première période de son existence, elle a été soumise à de rudes épreuves: la guerre civile, la famine, les difficultés économiques, l’activité sectaire et scissionniste au sein du Parti.

    Dans la période décisive de la Seconde guerre mondiale, avant que les pays occidentaux n’ouvrent le second front, l’Union Soviétique supporta seule le poids de l’attaque des millions d’hommes de l’armée hitlérienne et de ses compères et les écrasa. Ces dures épreuves n’ont pas brisé l’Union Soviétique ni arrêté sa marche en avant.

    L’existence même de l’U.R.S.S. a ébranlé jusque dans ses fondements la domination de l’impérialisme; elle a fait naître dans tous les mouvements ouvriers révolutionnaires et dans tous les mouvements de libération nationale des peuples opprimés des espoirs, une confiance et un courage sans bornes. Les travailleurs de tous les pays ont prêté leur appui à l’Union Soviétique; à son tour, a prêté son appui aux travailleurs de tous les pays.

    L’Union Soviétique a pratiqué une politique extérieure reposant sur la défense de la paix mondiale, la reconnaissance de l’égalité en droits de toutes les nations et la lutte contre l’agression impérialiste. L’Union Soviétique a été la force principale qui a triomphé à l’échelle mondiale de l’agression fasciste.

    L’héroïque Armée soviétique a libéré les pays d’Europe orientale et une partie de l’Europe centrale, le nord-est de la Chine et le nord de la Corée, en coopérant avec les forces populaires de ces pays.

    L’Union Soviétique a établi des relations amicales avec tous les pays de démocratie populaire, les a aidés dans leur édification économique et a formé avec eux un puissant rempart de la paix dans le monde: le camp socialiste. Elle a également apporté un soutien puissant aux mouvements d’indépendance des nations opprimées, au mouvement mondial des peuples pour la paix et aux nombreux jeunes Etats pacifiques qui se sont constitués en Asie et en Afrique après la Seconde guerre mondiale.

    Ce sont là des faits indiscutables et connus depuis longtemps. Pourquoi les rappeler de nouveau à présent? Parce que les ennemis du communisme, aujourd’hui comme autrefois, les nient entièrement, et qu’à l’heure actuelle certains communistes, lorsqu’ils analysent l’expérience de l’Union Soviétique, concentrent souvent toute leur attention sur un aspect secondaire de la question et négligent l’essentiel.

    En ce qui concerne l’expérience de la révolution et de l’édification en Union Soviétique, elle présente, quant à sa portée internationale, plusieurs aspects différents. Une partie de l’expérience des succès remportés par l’U.R.S.S. a un caractère essentiel et une valeur générale à l’étape actuelle de l’histoire de l’humanité. C’est là le principal, l’essentiel dans l’expérience soviétique. L’autre partie de cette expérience n’a pas une portée universelle.

    En outre, l’expérience de l’Union Soviétique comporte aussi des erreurs et des échecs. Bien que les erreurs et les échecs puissent se manifester sous une forme différente et revêtir différents degrés de gravité, aucun pays ne saurait jamais les éviter entièrement. L’Union Soviétique que, premier Etat socialiste, ne pouvait bénéficier de l’expérience des succès des autres Etats et s’en inspirer, et il lui était plus difficile encore de se garder de certaines erreurs et de certains échecs.

    Ces erreurs, et ces échecs sont pour tous les communistes une leçon extrêmement utile. C’est pourquoi, toute l’expérience de l’Union Soviétique, y compris celle de certaines erreurs et de certains échecs, mérite que nous l’étudiions avec soin, étant entendu que l’expérience fondamentale des succès remportés par l’Union Soviétique revêt une importance particulière.

    Le développement même de l’Union Soviétique témoigne que l’expérience fondamentale de la révolution et de l’édification en Union Soviétique est celle d’un grand succès; c’est le premier chant de victoire du marxisme-léninisme dans l’histoire de l’humanité, et qui retentit dans le monde entier.

    En quoi consiste donc l’expérience fondamentale de la révolution et de l’édification en Union Soviétique? A notre avis, ce qui suit pour le moins, a un caractère fondamental.

    1. Les éléments avancés du prolétariat s’organisent en Parti communiste. Ce parti politique prend pour guide d’action le marxisme-léninisme, il s’organise selon le principe du centralisme démocratique, il est en liaison étroite avec les masses, il s’attache à devenir le noyau des masses laborieuses et éduque ses membres et les masses populaires dans l’esprit du marxisme-léninisme.

    2. Le prolétariat, guidé par le Parti communiste, et ayant rallié l’ensemble du peuple travailleur, arrache le pouvoir aux mains de la bourgeoisie au moyen de la lutte révolutionnaire.

    3. Après la victoire de la révolution, le prolétariat, conduit par le Parti communiste, ralliant les larges populaires en se fondant sur l’alliance des ouvriers et des paysans, instaure sa dictature sur la classe des propriétaires fonciers et sur la bourgeoisie, réprime la résistance des contre-révolutionnaires, nationalise l’industrie et procède graduellement à la collectivisation de l’agriculture, abolissant ainsi le système d’exploitation et celui de la propriété privée des moyens de production, et faisant disparaître les classes.

    4. L’Etat, dirigé par le prolétariat et le Parti communiste, oriente l’effort des masses populaires en vue d’assurer le développement planifié de l’économie et de la culture socialistes; sur cette base, il élève progressivement le niveau de vie de la population et prépare activement les conditions qui permettront d’engager la lutte pour passer à la société communiste.

    5. L’Etat, dirigé par le prolétariat et le Parti communiste, s’oppose résolument à l’agression impérialiste; il reconnaît l’égalité en droits des nations et défend la paix mondiale; il s’en tient fermement aux principes de l’internationalisme prolétarien, fait tout pour s’assurer l’appui des travailleurs de tous les pays, et en même temps déploie tous ses efforts pour leur venir en aide ainsi qu’à toutes les nations opprimées.

    D’ordinaire, quand nous parlons de la voie qu’a suivie la Révolution d’Octobre, nous avons en vue ces éléments essentiels, sans nous arrêter à la forme spécifique qu’a revêtue cette révolution dans des circonstances déterminées de temps et de lieu. Ces éléments essentiels constituent tous des vérités universelles du marxisme-léninisme, valables pour le monde entier.

    Le processus de la révolution et de l’édification dans chaque pays présente des traits communs; il en présente aussi de différents. En ce sens, chaque Etat suit sa propre voie, la voie spécifique de son développement. Nous reviendrons sur cette question. Mais du point de vue des thèses fondamentales, le chemin qu’a suivi la Révolution d’Octobre procède des lois générales de la révolution et de l’édification à une étape déterminée sur la longue route du développement de la société humaine.

    Ce n’est pas seulement la large voie qu’emprunte le prolétariat de l’Union Soviétique, c’est aussi celle que doivent suivre les prolétaires de tous les pays pour remporter la victoire. Aussi le Comité central du Parti communiste chinois a-t –il indiqué dans son rapport politique au Ville Congrès national du Parti : « Si la révolution dans notre pays a de nombreux traits qui lui sont propres, les communistes chinois considèrent cependant la cause à laquelle ils se dévouent comme la continuation de la grande Révolution d’Octobre ».

    Défendre la voie marxiste-léniniste tracée par la Révolution d’Octobre revêt une importance toute particulière dans la situation internationale actuelle. Les impérialistes, qui proclament leur désir de « modifier le caractère du monde communiste », veulent modifier précisément cette voie de la révolution. Depuis des dizaines d’années, toutes les conceptions révisionnistes formulées à l’endroit du marxisme-léninisme, toutes les idées opportunistes de droite que les révisionnistes ont propagées, visent précisément à détourner le prolétariat de cette voie qui peut seule le conduire à sa libération.

    Tous les communistes ont pour tâche de rallier le prolétariat, de rallier les masses populaires, de repousser énergiquement les attaques furieuses des impérialistes contre le monde socialiste et d’aller résolument de l’avant sur la voie tracée par la Révolution d’Octobre.

    II

    Certains se demandent: puisque la voie fondamentale de la révolution et de l’édification en Union Soviétique est juste, à quoi tiennent donc les erreurs de Staline?

    Nous avons déjà examiné cette question dans un article paru en avril. Mais, vu la tournure récente des événements en Europe orientale et certaines circonstances qui s’y rattachent, une juste compréhension des erreurs de Staline, une façon juste d’envisager ces erreurs s’imposent; cela est devenu, en effet, une question sérieuse qui influe sur le développement intérieur des Partis communistes de nombreux pays ainsi que sur la cohésion des Partis communistes de différents pays, une question sérieuse qui influe sur la lutte commune des forces du communisme du monde entier contre l’impérialisme. Voilà pourquoi nous avons tenu à développer notre point de vue sur cette question.

    Staline a eu de grands mérites quant aux progrès réalisés en Union Soviétique et quant au développement du mouvement communiste international. Dans l’article intitulé « A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat », nous écrivions : Après la mort de Lénine, Staline, en tant que dirigeant principal du Parti et de l’Etat, a appliqué et développé de façon créatrice le marxisme-léninisme.

    Dans la lutte pour la défense de l’héritage du léninisme contre ses ennemis les trotskistes, les zinoviévistes et autres agents de la bourgeoisie, Staline a traduit la volonté du peuple et s’est avéré un combattant éminent du marxisme-léninisme.

    Si Staline a gagné le soutien du peuple soviétique et a joué un important rôle historique, c’est avant tout parce qu’il a défendu, avec les autres dirigeants du Parti communiste de l’Union Soviétique, la ligne de Lénine relative à l’industrialisation du pays des Soviets et à la collectivisation de l’agriculture.

    Le Parti communiste de l’Union Soviétique, en mettant à exécution cette ligne, a fait triompher le socialisme dans son pays et a créé les conditions pour la victoire de l’Union Soviétique dans la guerre contre Hitler. Toutes ces victoires remportées par le peuple soviétique sont en harmonie avec les intérêts de la classe ouvrière du monde entier et de toute l’humanité progressiste, c’est pourquoi le nom de Staline jouissait tout naturellement d’une immense gloire dans le monde.

    Mais Staline a commis un certain nombre de graves erreurs tant dans la politique intérieure que dans la politique extérieure de l’Union Soviétique.

    Ses méthodes de travail, faussées par l’arbitraire, ont, jusqu’à un certain point, porté atteinte au principe du centralisme démocratique dans la vie du Parti et dans le régime étatique de l’Union Soviétique, et partiellement enfreint la légalité socialiste.

    Etant donné que dans maints domaines, Staline s’était singulièrement détaché des masses et prenait de sa propre autorité des décisions sur de nombreuses questions politiques importantes, il devait inévitablement commettre de graves erreurs. Ces erreurs se sont surtout manifestées en ce qui concerne la liquidation de la contre-révolution et les rapports avec certains pays. Pour ce qui est de la liquidation de la contre-révolution, Staline a châtié de nombreux contre-révolutionnaires qu’il fallait châtier, et il s’est acquitté pour l’essentiel des tâches qui se posaient sur ce front ; mais par ailleurs, il a accusé gratuitement de nombreux communistes loyaux et de bons citoyens, ce qui a amené de graves préjudices.

    Pour ce qui est des rapports avec les pays frères et les Partis frères, Staline est resté dans l’ensemble sur les positions de l’internationalisme ; il a aidé dans leur lutte les peuples des différents pays et contribué au développement du camp socialiste. Mais en réglant certains problèmes concrets, il a manifesté une tendance au chauvinisme de grande nation et il n’a pas eu assez le sens de l’égalité; il pouvait d’autant moins être question qu’il éduquât la grande masse des cadres dans un esprit de modestie; parfois même il intervenait indûment dans les affaires intérieures de certains pays frères et de certains Partis frères, ce qui a eu maintes conséquences graves.

    Comment expliquer les graves erreurs commises par Staline?  Quel rapport y a-t-il entre ces erreurs et le système socialiste de l’Union Soviétique?

    La science de la dialectique marxiste-léniniste nous enseigne que toute forme de rapports de production et la superstructure, apparue sur la base de ces rapports de production, naissent, se développent et disparaissent.

    Quand les forces productives ont atteint un certain stade de développement, les anciens rapports de production cessant de correspondre pour l’essentiel à l’état de ces forces; quand la base économique a atteint un certain stade de développement, l’ancienne superstructure cesse pour l’essentiel de correspondre à cette base; alors des changements de nature fondamentale interviennent inévitablement, et qui cherche à s’opposer à ces changements est balayé par l’Histoire.


    Cette loi s’applique, sous des formes différentes, à toutes les sociétés. Elle est donc valable également pour la société socialiste actuelle et pour la société communiste de demain.

    Les erreurs de Staline étaient-elles dues au fait qu’en Union Soviétique les systèmes économique et politique socialistes étaient périmés, qu’ils avaient cessé de correspondre aux exigences du développement de l’U.R.S.S.?

    Evidemment, non. La société socialiste de l’Union Soviétique est encore jeune, elle a moins de quarante ans d’existence. L’essor rapide de l’économie soviétique montre que le système économique de l’Union Soviétique correspond pour l’essentiel au développement des forces productives et que le système politique de l’Union Soviétique correspond également pour l’essentiel aux exigences de la base économique. Les erreurs de Staline ne découlent nullement du système socialiste; pour rectifier ces erreurs, il n’est certes pas besoin de « rectifier »  le système socialiste.

    La bourgeoisie occidentale tente d’utiliser les erreurs de Staline pour prouver les « erreurs » du système socialiste. Cela est dénué de tout fondement. Il en est également qui essayent d’expliquer les erreurs de Staline par le fait que dans les pays socialistes l’Etat gère l’économie, et qui estiment que si le gouvernement dirige l’activité économique, il devient inévitablement un « appareil Bureaucratique » faisant obstacle au développement des forces du socialisme.

    Cela n’est pas plus convaincant. Nul ne peut nier que l’immense essor économique de l’U.R.S.S. résulte précisément du fait que l’Etat des travailleurs assure la direction planifiée de l’activité économique, alors que les principales erreurs de Staline ont très peu de rapport avec les défauts du fonctionnement de l’appareil d’Etat dans la direction des affaires économiques.

    Mais même lorsque le système fondamental répond aux besoins, il existe certaines contradictions entre les rapports de production et les forces productives, entre la superstructure et la base économique. Ces contradictions se traduisent par des défauts dans certains chaînons des systèmes économique et politique. S’il n’est pas besoin pour résoudre ces contradictions de recourir à des transformations radicales, il n’en est pas moins nécessaire de procéder à des réajustements en temps utile.

    Peut-on garantir que des erreurs ne se produiront pas s’il y a un système fondamental correspondant aux besoins, et si les contradictions de caractère courant, existant dans ce système, sont réglées (en termes dialectiques, ce sont des contradictions qui se trouvent au stade des « modifications quantitatives ») ?


    La question n’est pas si simple. Le système a une importance déterminante, mais n’est pas quelque chose de tout puissant en soi. Aussi bon que soit un système, il ne garantit pas contre les graves erreurs qui peuvent être commises dans le travail.

    Quand un système juste a été établi, l’essentiel est de savoir l’appliquer correctement, d’avoir une ligne politique juste, d’adopter des méthodes et un style de travail justes. Sans quoi, même avec un système juste, on peut commettre de graves erreurs, et même on peut se servir d’un bon appareil d’Etat pour faire du mauvais travail.

    Il faut régler ces questions par l’accumulation de l’expérience et la vérification dans la pratique; il est impossible de les régler du jour au lendemain. De plus, la situation change sans cesse; au moment où l’on résout de vieilles questions, il en surgit de nouvelles, et il ne peut y avoir de solution valable une fois pour toutes.

    Rien d’étonnant dès lors si, dans les pays socialistes où une base solide a pourtant été créée, certains maillons des rapports de production et de la superstructure accusent encore des défauts, si l’on constate encore des déviations d’une espèce ou d’une autre dans les lignes politiques, dans les méthodes et dans le style de travail du Parti et de l’Etat.

    Dans les pays socialistes, la tâche du Parti et de l’Etat consiste, en s’appuyant sur les masses et la collectivité, à réajuster en temps utile les différents maillons des systèmes économique et politique, à déceler et à corriger à temps les erreurs dans le travail. Il va sans dire que les vues subjectives des dirigeants du Parti et de l’Etat ne peuvent jamais être à cent pour cent conformes à la réalité objective.

    Aussi certaines erreurs de caractère isolé, partiel et passager dans leur travail seront elles inévitables. Quant aux erreurs sérieuses, de longue durée et de portée nationale, elles peuvent être prévenues à condition que l’on s’en tienne rigoureusement à la science du matérialisme dialectique marxiste-léniniste et qu’on la développe énergiquement ; à condition que l’on observe sans défaillance les principes du centralisme démocratique dans le Parti et dans l’Etat, et que l’on s’appuie vraiment sur les masses.

    Certaines erreurs commises par Staline durant la dernière période de sa vie ont dégénéré en erreurs graves, de longue durée et de portée nationale, et n’ont pu être rectifiées en temps utile parce que, dans une certaine mesure et jusqu’à un certain point, il s’était isolé des masses et de la collectivité; parce qu’il avait dérogé aux principes du centralisme démocratique du Parti et de l’Etat.

    Une certaine dérogation aux principes du centralisme démocratique dans le Parti et dans l’Etat s’explique par des conditions historiques et sociales: en matière de direction de l’Etat, le Parti manquait encore d’expérience; le nouveau régime n’était pas encore suffisamment consolidé pour résister à toutes les influences des temps anciens (le processus du renforcement d’un nouveau régime et de la disparition des influences anciennes n’est pas rectiligne, souvent aux tournants de l’histoire, il prend la forme de mouvements ondulatoires et d’oscillations); la tension de la lutte à l’intérieur et à l’extérieur du pays a eu pour effet de limiter le développement de certains aspects de la démocratie, etc.

    Néanmoins, à elles seules, ces conditions objectives ne suffisent pas pour que la possibilité de commettre des erreurs devienne une réalité. Dans des conditions beaucoup plus complexes et difficiles que celles où Staline s’est  trouvé, Lénine n’a pas commis d’erreurs analogues à celles de Staline. Ici, le facteur décisif est l’état de l’esprit de l’homme. Pendant la dernière période de sa vie, des victoires en séries et les panégyriques dont il a été l’objet ont tourné la tête à Staline. Dans sa façon de penser, il s’est écarté partiellement, mais gravement, du matérialisme dialectique pour tomber dans le subjectivisme.

    Il commença à avoir une foi aveugle en sa propre sagesse et en sa propre autorité; il se refusait à se livrer à des recherches et à l’étude sérieuse à l’égard de situations complexes, ou à prêter une oreille attentive à l’opinion de ses camarades comme à la voix des masses.

    En conséquence, certaines thèses et mesures politiques adoptées par lui allaient souvent à rencontre de la réalité objective; il s’est souvent obstiné à faire appliquer pendant un long laps de temps ces mesures erronées, et n’a pu rectifier ses erreurs en temps utile.

    Le Parti communiste de l’Union Soviétique a déjà pris des mesures pour rectifier les erreurs de Staline et remédier aux conséquences de ces erreurs. Ces mesures commencent à porter fruit. Son XXe Congrès a fait preuve d’une grande fermeté et d’un grand courage dans l’élimination du culte de Staline, la révélation de la gravité des erreurs de Staline et la liquidation des conséquences de ces erreurs. Dans le monde entier, les marxistes-léninistes et ceux qui sympathisent avec la cause du communisme soutiennent les efforts du Parti communiste de l’Union Soviétique pour rectifier ces erreurs, et ils souhaitent que les efforts des camarades soviétiques soient couronnés d’un plein succès.

    Il est absolument évident que ces erreurs n’étant pas de courte durée ne peuvent être entièrement corrigées en un jour. Cela demandera des efforts pendant une période relativement longue et un minutieux travail d’éducation idéologique. Nous sommes convaincus que le grand Parti communiste de l’Union Soviétique, qui a déjà surmonté d’innombrables difficultés, saura surmonter ces difficultés et atteindre son objectif.

    La lutte qu’il mène pour rectifier les erreurs commises ne peut naturellement avoir l’appui de la bourgeoisie et de l’aile droite de la social-démocratie occidentale.

    Profitant de l’occasion pour essayer d’estomper ce qu’il y avait de juste dans l’activité de Staline, d’estomper les immenses réalisations qui furent obtenues par l’Union
    Soviétique et le camp socialiste tout entier, semer la confusion et provoquer la scission dans les rangs communistes, elles s’obstinent à appeler la réparation des erreurs commises par Staline « déstalinisation » et à la présenter comme une lutte entre des soi-disant « antistaliniens » et  « staliniens ». Leur malveillance est ici évidente.

    Malheureusement, certains communistes se répandent également en propos de ce genre. Nous estimons que de pareils propos, tenus par des communistes, sont des plus pernicieux.

    Chacun sait, que la vie de Staline, malgré certaines graves erreurs qu’il a commises dans la dernière période, est la vie d’un grand révolutionnaire marxiste-léniniste.

    Dans sa jeunesse, il a lutté contre le tsarisme, et s’est fait le propagateur du marxisme-léninisme; entré dans l’organisme central dirigeant du Parti, il a lutté pour préparer la Révolution de 1917; après la Révolution d’Octobre, il a lutté pour en défendre les fruits; après la mort de Lénine, pendant près de trente ans, il a lutté pour l’édification du socialisme, pour la défense de la patrie socialiste, pour le développement du mouvement communiste mondial. En somme, il a toujours été à l’avant-garde du courant de l’histoire et a dirigé la lutte, il a été l’ennemi intransigeant de l’impérialisme.

    La tragédie de Staline, ce fut d’avoir cru, alors même qu’il commettait des erreurs, que ses actes étaient nécessaires pour défendre les intérêts des travailleurs contre les attaques de l’ennemi. Quoi qu’il en soit, bien que les erreurs de Staline aient causé à l’Union Soviétique un préjudice qui aurait dû être évité, l’Union Soviétique socialiste a connu, pendant la période où il en assumait la direction, un puissant essor. Cela est irréfutable et témoigne non seulement de la force du système socialiste, mais aussi du fait que Staline était malgré tout un communiste inébranlable.

    Aussi devons-nous, quand nous faisons le point de l’idéologie et de l’activité de Staline dans son ensemble, en voir à la fois les côtés positifs et négatif, les mérites et les erreurs. A considérer la question sous tous ses aspects, si l’on veut absolument parler de « stalinisme », on ne peut que dire ceci: « stalinisme », c’est avant tout le communisme, le marxisme-léninisme. Tel est son aspect fondamental.

    A part cela, il renferme certaines erreurs extrêmement graves qui sont contraires au marxisme-léninisme et doivent être radicalement corrigées. S’il est nécessaire, dans certains cas, de souligner ces erreurs pour les corriger, il est également nécessaire, si l’on veut porter une appréciation juste et ne pas permettre une interprétation erronée, de remettre ces erreurs à leur vraie place. Nous estimons que si l’on met en parallèle les erreurs de Staline et ce qu’il a réalisé, les erreurs n’occuperont que la seconde place.

    Seule une analyse objective nous permettra de porter un jugement correct sur Staline et tous les camarades qui, sous son influence, ont commis des erreurs analogues, de porter un jugement correct sur leurs erreurs. Etant donné que ces erreurs ont été commises par des communistes au cours de leur travail, elles constituent une question intérieure des Partis communistes, celle de savoir ce qui est juste et ce qui est erroné, et non de savoir à qui on a affaire dans la lutte de classes, à un ennemi ou à un camarade.

    Nous devons aborder ces camarades en camarades, et non en ennemis; tout en critiquant leurs erreurs, nous devons défendre ce qu’ils ont fait de juste et non rejeter tout ce qu’ils ont fait.

    Leurs erreurs ont des origines sociales et historiques, et relèvent surtout du domaine de l’idéologie et de la connaissance. Et puisqu’ils les ont commises, d’autres camarades pourraient également les commettre. C’est pourquoi il faut, après avoir compris ces erreurs et entrepris de les corriger, les considérer comme une sérieuse leçon, comme des biens qui peuvent être mis à profit pour élever la conscience de tous les communistes, prévenir ainsi la répétition de telle erreurs et faire progresser la cause du communisme.

    Adopter, au contraire, à l’égard de ceux qui ont commis ces erreurs une attitude totalement négative, les traiter avec discrimination et hostilité en leur collant telle ou telle étiquette, ne serait pas fait pour aider nos camarades à tirer de ce qui s’est passé la leçon qui doit en être tirée; en outre, étant donné que l’on confondrait ainsi deux types de contradictions de caractère différent contradiction entre ce qu’il y a de juste et ce qu’il y a d’erroné dans nos propres rangs, et contradiction entre nos ennemis et nous-mêmes cela ne pourrait en fait que favoriser les attaques de l’ennemi contre les rangs communistes et ses tentatives de démanteler les positions du communisme.

    Dans leurs dernières interventions, le camarade Tito et d’autres camarades dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie n’ont pas, selon nous, considéré les erreurs de Staline et les autres questions qui s’y rattachent sous tous leurs aspects ni de manière objective. Que les camarades yougoslaves éprouvent une aversion particulière à l’égard des erreurs de Staline, cela peut se comprendre.

    Placés dans des conditions difficiles, ils ont déployé dans le passé des efforts méritoires pour se maintenir dans la voie du socialisme. Dans les entreprises et autres organisations sociales, ils ont réalisé des expériences de gestion démocratique qui ont également attiré l’attention.

    Le peuple chinois applaudit à la réconciliation intervenue entre l’Union Soviétique et d’autres pays socialistes, d’une part, et la Yougoslavie, de l’autre; il applaudit à l’établissement et au développement de rapports amicaux entre la Chine et la Yougoslavie. Avec le peuple yougoslave, il souhaite à la Yougoslavie d’accroître sans cesse sa prospérité et sa puissance en suivant la voie du socialisme.

    Nous sommes également d’accord avec certaines vues exprimées dans le discours du camarade Tito, par exemple quand il condamne les contre-révolutionnaires hongrois, quand il soutient le Gouvernement révolutionnaire ouvrier et paysan de Hongrie, quand il condamne la Grande-Bretagne, la France et Israël pour leur agression contre l’Égypte, quand il condamne le Parti socialiste français pour sa politique d’agression.

    Mais nous avons été étonnés de constater que son discours attaquait presque, fous les pays socialistes et de nombreux Partis communistes. Le camarade Tito affirme que des « staliniens invétérés essaient toujours de se maintenir à leurs postes dans différents Partis, et qu’ils espèrent encore une fois consolider leur domination, imposer ces tendances staliniennes à leurs peuples et même aux autres peuples ».  Et il déclare : « Nous devons lutter avec les camarades polonais contre ces tendances qui se manifestent dans d’autres Partis, que ce soit dans les pays de l’Est ou en Occident ».

    Nous n’avons pas lu dans les discours des camarades dirigeants du Parti ouvrier unifié polonais qu’ils estimaient devoir adopter cette attitude hostile à l’égard des Partis frères. Nous pensons qu’il serait nécessaire de dire, à propos de ces vues du camarade Tito, que ce dernier a adopté une attitude erronée lorsqu’il a pris pour cible le « stalinisme », les « staliniens », etc., et soutenu qu’à l’heure actuelle la question est de savoir qui l’emportera: la « ligne dont la Yougoslavie a eu l’initiative » ou la ligne dite « stalinienne ». Cela ne peut que conduire le mouvement communiste à la scission.

    Le camarade Tito a eu raison de dire: « Considérant le développement actuel de la situation en Hongrie dans la perspective: socialisme ou contre-révolution, nous devons défendre l’actuel gouvernement Kadar. Nous devons lui venir en aide ».

    Mais on ne peut affirmer que le grand discours sur la question hongroise, prononcé à la session de l’Assemblée nationale de la République populaire fédérative de Yougoslavie par le camarade Kardelj, vice-président du Conseil exécutif fédéral de Yougoslavie, défende le gouvernement hongrois et lui vienne en aide.

    Il n’a pas seulement donné des événements de Hongrie une interprétation où aucune différenciation n’est faite entre nous et les ennemis, il a en outre présenté aux camarades hongrois comme une exigence « la nécessité de changements radicaux dans le système politique »; il a réclamé qu’ils transmettent tout le pouvoir aux conseils ouvriers de Budapest et aux autres conseils ouvriers régionaux, « quoi que soient devenus ces conseils », et il a exigé d’eux de ne pas faire « de tentatives stériles pour restaurer le Parti communiste », « car, dit-il, pour les masses, ce type de Parti incarnait le despotisme bureaucratique ».

    Tel est le modèle de la « ligne non stalinienne » que le camarade Kardlj a mis au point pour des pays frères. Les camarades hongrois ont rejeté cette proposition du camarade Kardlj.

    Ils ont dissous les conseils ouvriers de Budapest et les autres conseils ouvriers régionaux, qui se trouvaient aux mains des contrerévolutionnaires, et ils s’appliquent à élargir les rangs du Parti ouvrier socialiste. Nous estimons que les camarades hongrois ont parfaitement raison d’agir ainsi, sinon il n’y aura pas de socialisme en Hongrie, mais la contre-révolution.

    Il est évident que les camarades yougoslaves ont la mesure. Même si une partie de leur critique à l’égard des Partis frères est raisonnable, leur position fondamentale et les méthodes qu’ils emploient sont étrangères aux principes d’une discussion entre camarades.

    Nous ne voulons pas intervenir dans les affaires intérieures de la Yougoslavie, mais il ne s’agit nullement d’affaires intérieures en l’occurrence. Soucieux de renforcer la cohésion des rangs communistes sur le plan international et de ne pas fournir à nos ennemis l’occasion de semer la confusion et de provoquer la scission dans nos rangs, nous ne pouvons manquer de donner aux camarades yougoslaves un conseil fraternel.

    III

    Une des graves conséquences des erreurs de Staline fut l’extension du dogmatisme. Parallèlement à la critique des erreurs de Staline, les Partis communistes de tous les pays ont engagé la lutte pour triompher du dogmatisme dans leurs rangs. Cette lutte est absolument indispensable.

    Mais en s’engageant sur la voie d’une répudiation totale de Staline et en arborant le mot d’ordre erroné de la lutte contre le « stalinisme », un certain nombre de communistes ont contribué au développement d’un courant idéologique qui tend à réviser le marxisme-léninisme.

    Ce courant révisionniste facilite incontestablement l’attaque menée par l’impérialisme contre le mouvement communiste, et l’impérialisme utilise en effet activement ce courant. Tout en combattant résolument le dogmatisme, nous devons combattre non moins résolument le révisionnisme.

    Le marxisme-léninisme soutient que le développement de la société humaine obéit à des lois fondamentales, générales, mais que chaque pays, chaque nation présentent des particularités qui les différencient nettement.

    Aussi toutes les nations passent elles par la lutte de classe  et finissent par marcher au communisme en suivant des voies dont les caractères essentiels sont les mêmes pour toutes, mais dont les formes concrètes diffèrent. C’est uniquement si l’on sait appliquer la vérité universelle du marxisme-léninisme en tenant compte des particularités de chaque nation, que la cause du prolétariat des différents pays peut triompher. En agissant de la sorte, le prolétariat de chaque pays pourra s’enrichir d’une expérience nouvelle et apporter ainsi au trésor commun du marxisme-léninisme une contribution qui sera également précieuse à d’autres nations.

    Les dogmatiques ne comprennent pas que la vérité universelle du marxisme-léninisme ne peut se manifester concrètement et jouer un rôle dans la vie réelle qu’en s’appuyant sur des particularités nationales données. Ils ne veulent pas se livrer à une étude sérieuse des particularités sociales et historiques de leur propre pays, de leur propre nation; ils ne veulent pas appliquer de façon concrète la vérité universelle du marxisme-léninisme en tenant compte de ces particularités. Aussi sont-ils incapables de conduire la cause du prolétariat à la victoire.

    Le marxisme-léninisme étant la généralisation scientifique de l’expérience du mouvement ouvrier des différents pays, on ne saurait manquer, bien entendu, de prêter une attention sérieuse au problème de l’utilisation de l’expérience des pays avancés.

    Dans Que faire? Lénine écrivait : Le mouvement social-démocrate est, par essence même, international. Il ne s’ensuit pas seulement que nous devons combattre le chauvinisme national. Il s’ensuit encore qu’un mouvement qui commence dans un pays jeune ne peut être fructueux que s’il assimile l’expérience des autres pays (V. I. Lénine: Œuvres choisies, Tome I, Première partie, page 227, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953).

    Lénine dit ici que le mouvement ouvrier qui fait ses premiers pas en Russie doit mettre à profit l’expérience du mouvement ouvrier d’Europe occidentale. Son point de vue est aussi valable quand il s’agit d’appliquer l’expérience soviétique dans les jeunes pays socialistes.

    Mais cette étude doit s’effectuer selon des méthodes adéquates. Toute l’expérience de l’Union Soviétique, y compris son expérience essentielle, est liée à des particularités nationales bien déterminées et aucun autre pays ne doit la copier telle quelle.

    L’expérience soviétique, nous l’avons déjà dit, comporte aussi une part d’erreurs et d’échecs. Dans son ensemble, cette expérience, celle des succès comme celle des échecs, est un trésor inestimable pour ceux qui savent l’étudier, car elle peut les aider à faire moins de détours et à subir moins de pertes. Si, par contre, on copie cette expérience sans discernement, l’expérience clés succès de l’Union Soviétique, sans parler de celle des échecs, peut elle-même entraîner des échecs dans d’autres pays.

    Dans le passage qui suit immédiatement la citation précédente, Lénine écrit : Or pour cela il ne suffit pas simplement de connaître cette expérience ou de se borner à recopier les dernières résolutions: il faut pour cela savoir-faire l’analyse critique de cette expérience et la contrôler soi-même.

    Ceux qui se rendent compte combien s’est développé le mouvement ouvrier contemporain, et combien il s’est ramifié, comprendront quelle réserve de forces théoriques et d’expérience politique (et révolutionnaire) réclame l’accomplissement de cette tâche. (V. I. Lénine: Œuvres Choisies, Tome I, Première partie, page 228, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953)

    Il est évident que dans les pays où le prolétariat a déjà pris en main le pouvoir, la question est infiniment plus complexe encore que celle dont parle ici Lénine. Dans l’histoire du Parti communiste chinois, de 1931 à 1934, il y eut des dogmatiques qui niaient les particularités de la Chine et copiaient mécaniquement certaines expériences de l’Union Soviétique, ce qui fit que les forces révolutionnaires connurent dans notre pays de sérieux revers. Ces revers ont été une grande leçon pour notre Parti.

    Dans la période qui va de la Conférence de Tsouenyi en 1935 au VIIe Congrès national du Parti tenu en 1945, notre Parti en a complètement terminé avec cette ligne dogmatique extrêmement nuisible; il a rallié tous ses membres, y compris les camarades qui avaient commis des erreurs; il a développé les forces du peuple et assuré ainsi la victoire de la révolution. Si nous avions agi différemment, la victoire aurait été impossible.

    C’est seulement parce que nous avons triomphé de la ligne du dogmatisme qu’il est devenu possible pour notre Parti, quand il s’agit de tirer des leçons de l’expérience de l’Union Soviétique et des autres pays frères, de commettre relativement moins d’erreurs. C’est pourquoi nous sommes parfaitement en mesure de comprendre la nécessité et la difficulté, pour les camarades de Pologne et de Hongrie, de remédier à l’heure actuelle aux erreurs dogmatiques du passé.

    Les erreurs dogmatiques doivent être corrigées en tout temps et en tout lieu. Nous devons poursuivre nos efforts pour corriger et prévenir les erreurs de ce genre dans notre travail. Mais la lutte contre le dogmatisme n’a rien de commun avec la tolérance envers le révisionnisme. Le marxisme-léninisme reconnaît que le mouvement communiste, dans les différents pays, possède nécessairement ses particularités nationales; mais cela ne signifie nullement que ce mouvement, dans les différents pays, peut ne pas avoir de points communs fondamentaux, qu’il peut s’écarter de la vérité universelle du marxisme-léninisme.

    Dans l’actuel mouvement contre le dogmatisme, chez nous comme à l’étranger, il en est qui, sous prétexte de lutter contre une copie aveugle de l’expérience soviétique, nient la portée internationale de ce qu’il y a d’essentiel dans l’expérience de l’Union Soviétique, et qui, sous prétexte de développer le marxisme-léninisme de façon créatrice, nient l’importance de la vérité universelle du marxisme-léninisme.

    Parce que Staline et les anciens dirigeants de quelques autres pays socialistes ont commis la grave erreur de violer la démocratie socialiste, certains éléments instables dans les rangs des Partis communistes, sous prétexte de développer la démocratie socialiste, tentent d’affaiblir ou de répudier la dictature du prolétariat, tentent d’affaiblir ou de répudier le centralisme démocratique de l’Etat socialiste, tentent d’affaiblir ou de répudier le rôle dirigeant du Parti.

    La dictature du prolétariat doit associer étroitement la dictature exercée sur les forces contrerévolutionnaires à la démocratie populaire la plus large, c’est-à-dire à la démocratie socialiste. Il ne peut y avoir aucun doute à ce sujet. La dictature du prolétariat est forte et peut triompher d’ennemis puissants au dedans et au dehors, assumer la grande tâche historique de l’édification du socialisme, précisément parce qu’elle est la dictature des masses laborieuses sur les exploiteurs, la dictature de la majorité sur la minorité, parce qu’elle assure aux larges masses de travailleurs une démocratie qui n’est réalisable sous aucune démocratie bourgeoise.

    Sans une liaison étroite avec les larges masses laborieuses, sans le soutien actif de ces dernières, aucune dictature du prolétariat n’est possible, du moins aucune dictature du prolétariat solidement assise. Plus la lutte de classes est acharnée, plus le prolétariat doit s’appuyer, de la façon la plus résolue et la plus complète, sur les larges masses populaires et stimuler leur activité révolutionnaire pour vaincre les forces de la contre-révolution.

    L’expérience de la lutte ardente et grandiose des masses en Union Soviétique pendant la Révolution d’Octobre et la guerre civile qui a suivi aussitôt la révolution a pleinement prouvé cette vérité. La « ligne de masse », dont parle si souvent notre Parti, est précisément tirée de l’expérience de l’Union Soviétique durant cette période. La lutte acharnée livrée en Union Soviétique pendant cette période reposait principalement sur l’action directe des masses populaires et il était naturellement peu possible de suivre une voie parfaitement démocratique.

    Après l’anéantissement des classes exploiteuses et la liquidation, pour l’essentiel, des forces de la contre-révolution, la dictature du prolétariat était encore nécessaire
    vis-à-vis- des débris de la contre-révolution à l’intérieur du pays (débris qu’il était impossible de faire entièrement disparaître du fait de l’existence même de l’impérialisme), mais sa pointe devait être surtout dirigée contre les forces agressives impérialistes du dehors.

    Dans ces conditions, il fallait développer et perfectionner progressivement, dans la vie politique du pays, les diverses méthodes démocratiques, perfectionner la légalité socialiste, renforcer le contrôle du peuple sur les organismes d’Etat, développer les méthodes démocratiques dans l’administration de l’Etat et des entreprises, resserrer les liens entre les organismes d’Etat et l’administration des entreprises, d’une part, et les larges masses, de l’autre, écarter les obstacles qui pouvaient contrarier ces liens, combattre encore plus fermement les tendances bureaucratiques, au lieu d’insister sur l’aggravation de la lutte des classes après la liquidation des classes, et d’entraver ainsi le développement sain de la démocratie socialiste, ainsi que le fit Staline.

    Le Parti communiste de l’Union Soviétique a eu tout à fait raison de rectifier énergiquement les erreurs commises par Staline sur ce point. On ne saurait en aucun cas admettre que la démocratie socialiste soit opposée à la dictature du prolétariat ni qu’on la confonde avec la démocratie bourgeoise.

    Au point de vue politique comme au point de vue économique et culturel, le seul objectif de la démocratie socialiste est de renforcer la cause du socialisme, qui est celle du prolétariat et de tous les travailleurs, de stimuler leur activité dans la construction du socialisme, de stimuler leur activité dans la lutte contre toutes les forces antisocialistes.

    Par conséquent, s’il existe une démocratie qui peut être utilisée en vue d’activités antisocialistes, peut être utilisée pour affaiblir la cause du socialisme, pareille « démocratie » ne peut rien avoir de commun avec la démocratie socialiste.

    Cependant, certains conçoivent autrement cette question, leurs réactions aux événements de Hongrie en sont la manifestation la plus frappante. En Hongrie, dans le passé, les droits démocratiques n’ont pas toujours été respectés, l’activité révolutionnaire des travailleurs s’est trouvée compromise, alors que les contre-révolutionnaires n’étaient pas frappés comme il se devait; aussi ont-ils pu facilement mettre à profit, en octobre 1956, le mécontentement des masses et organiser une rébellion armée.

    Cela montre que la Hongrie n’avait pas encore instauré réellement sa dictature du prolétariat. Mais comment des intellectuels communistes, dans certains pays, ont-ils posé la question au moment critique où la Hongrie se trouvait à la croisée des chemins, entre la révolution et la contre-révolution, le socialisme et le fascisme, la paix et la guerre ?

    Loin de poser la question de la réalisation de la dictature du prolétariat, ils se sont élevés contre l’action juste de l’Union Soviétique en vue d’aider les forces socialistes de Hongrie; ils ont baptisé « révolution » la contre-révolution hongroise et exigé du Gouvernement révolutionnaire ouvrier et paysan qu’il observe les règles de la « démocratie »  à l’égard des contre-révolutionnaires !

    Certains journaux, dans quelques pays socialistes, continuent jusqu’à présent à discréditer sans retenue les mesures révolutionnaires des communistes hongrois qui luttent héroïquement dans les conditions les plus dures; mais ils ne soufflent mot, ou presque, de la campagne organisée par la réaction mondiale contre le communisme, contre le peuple et contre la paix.

    Qu’attestent ces faits étonnants? Ils attestent que les « socialistes », qui pérorent sur la démocratie, en marge de la dictature du prolétariat, prennent parti en fait pour la bourgeoisie contre le prolétariat, prennent parti en fait pour le capitalisme contre le socialisme, encore que beaucoup d’entre eux ne s’en rendent peut-être pas compte.

    Lénine a plus d’une fois souligné que la théorie de la dictature du prolétariat constitue l’essentiel dans le marxisme; la reconnaissance de la dictature du prolétariat « distingue foncièrement le marxiste du vulgaire petit (et aussi grand) bourgeois ». (V. I. Lénine: « L’Etat et la révolution », Œuvres choisies, Tome II, Première partie, page 219, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953)

    Lénine demandait au pouvoir prolétarien de Hongrie en 1919 d’user « d’une violence implacable, prompte et résolue » (V. I. Lénine: « Salut aux ouvriers hongrois », Œuvres choisies, Tome II. Deuxième partie, page 208, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953), pour réprimer les contre-révolutionnaires; il a aussi déclaré que « quiconque n’a pas compris cela, n’est pas un révolutionnaire; il faut le chasser de son poste de chef ou de conseiller du prolétariat ». (V. I. Lénine: « Salut aux ouvriers hongrois », Œuvres choisies, Tome II. Deuxième partie, page 208, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953)

    On voit par là que celui qui, simplement parce qu’il a relevé les erreurs de Staline dans la dernière période de sa vie et celles des dirigeants de la Hongrie dans le passé, répudie les thèses fondamentales du marxisme-léninisme sur la dictature du prolétariat et calomnie ces thèses en les qualifiant de « stalinisme » et de « dogmatisme », s’engage sur la voie de la trahison du marxisme-léninisme, sur la voie de l’abandon de la cause de la révolution prolétarienne.

    Ceux qui répudient la dictature du prolétariat nient également la nécessité du centralisme dans une démocratie socialiste et le rôle dirigeant du Parti du prolétariat dans l’Etat socialiste. Certes, de telles assertions ne sont pas nouvelles pour les marxistes-léninistes.

    A l’époque de la lutte contre les anarchistes, Engels signalait déjà que dans toute organisation sociale, quelle qu’elle soit, une certaine autorité et une certaine subordination sont indispensables tant qu’il y existe une activité concertée.

    Les rapports autorité-autonomie ont un caractère relatif. Leur champ d’application change suivant les diverses phases du développement social. Engels disait : « II est absurde … de représenter le principe d’autorité comme absolument mauvais, et le principe d’autonomie comme absolument bon ». (K. Marx & F. Engels: Œuvres choisies, Tome I, page 590, édition russe).

    Il ajoutait que quiconque s’obstine à défendre cette conception absurde en réalité « ne fait que servir la réaction ». (K. Marx & F. Engels: Œuvres choisies, Tome I, page 591, édition russe).

    Au cours de la lutte contre les menchéviks, Lénine a dégagé clairement toute l’importance, décisive pour la cause du prolétariat, d’une direction organisée du Parti. Critiquant en 1920 le communisme « de gauche » en Allemagne, il soulignait que, répudier le rôle dirigeant du Parti, répudier le rôle des dirigeants, répudier la discipline, « cela équivaut à désarmer entièrement le prolétariat au profit de la bourgeoisie.

    Cela équivaut, précisément, à faire siens ces défauts de la petite bourgeoisie que sont la dispersion, l’instabilité, l’inaptitude à la fermeté, à l’union, à l’action conjuguée, défauts qui causeront inévitablement la perte de tout mouvement révolutionnaire du prolétariat, pour peu qu’on les encourage. »(V. I. Lénine: « La maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») », Œuvres choisies, Tome II. Deuxième partie, page 371-372, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953).

    Ces thèses sont-elles périmées?  Seraient-elles inapplicables aux conditions spécifiques de certains pays? Leur application entraînerait elle la répétition des erreurs de Staline? Il est bien évident que les faits réfutent pareilles assertions.

    Ces thèses du marxisme-léninisme ont résisté à l’épreuve de l’histoire au cours du développement du mouvement communiste international et des pays socialistes ; et l’on n’a pas trouvé jusqu’à présent un seul cas qui puisse être considéré comme faisant exception.

    Les erreurs de Staline s’expliquent non par la pratique du centralisme démocratique dans les affaires de l’Etat, non par l’exercice du rôle dirigeant assumé par le Parti, mais précisément par le fait que Staline a enfreint dans certains domaines et jusqu’à un certain point le centralisme démocratique, qu’il a enfreint le principe de la direction par le Parti.

    Appliquer correctement le centralisme démocratique dans les affaires de l’Etat et renforcer comme il se doit la direction par le Parti de la cause du socialisme, telles sont les garanties essentielles pour les pays du camp socialiste de réaliser l’union de leurs peuples, de vaincre leurs ennemis, de surmonter les difficultés et de connaître un vigoureux essor.

    C’est bien pourquoi les impérialistes et tous les éléments contre-révolutionnaires, voulant porter préjudice à notre cause, exigent sans cesse de nous une « libéralisation », concentrent sans cesse leurs forces pour saper l’appareil dirigeant de notre cause, pour détruire le Parti communiste, noyau du prolétariat. Ils n’ont pas caché leur très grande satisfaction de la « situation instable » qui s’est actuellement créée dans certains pays socialistes à la suite d’infractions à la discipline dans le Parti et l’appareil d’Etat, et ils en profitent pour intensifier leurs activités subversives.

    C’est dire toute l’importance qui s’attache, pour la sauvegarde des intérêts vitaux des masses populaires, à la défense de l’autorité du centralisme démocratique, à la défense du rôle dirigeant du Parti. Il est indéniable que la centralisation dans le système du centralisme démocratique doit reposer sur de larges bases démocratiques, et que la direction exercée par le Parti doit s’opérer en liaison étroite avec les masses populaires.

    Toutes les insuffisances constatées à cet égard doivent être critiquées et corrigées résolument. Mais cette critique ne doit avoir pour but que de renforcer le centralisme démocratique, de renforcer la direction par le Parti, et ne doit en aucun cas entraîner le désarroi et la confusion dans les rangs du prolétariat, comme le voudrait l’ennemi.

    Parmi ceux qui s’occupent de réviser le marxisme-léninisme sous prétexte de combattre le dogmatisme, il en est aussi qui se refusent purement et simplement à tracer une ligne de démarcation entre la dictature du prolétariat et la dictature de la bourgeoisie, entre le système socialiste et le système capitaliste, entre le camp du socialisme et le camp de l’impérialisme.

    A les en croire, on pourrait, dans certains pays bourgeois, construire le socialisme sans une révolution prolétarienne dirigée par le Parti du prolétariat et sans créer un Etat dirigé par le Parti du prolétariat; à les en croire, le capitalisme d’Etat, dans ces pays bourgeois, serait déjà du socialisme, et l’ensemble de la société humaine serait même déjà en train de « s’intégrer » dans le socialisme.

    Or, au moment où ils se livrent à une telle propagande, les impérialistes se préparent fébrilement à « saper » et à « écraser »  les pays socialistes créés depuis bon nombre d’années, et mobilisent à cette fin toutes les forces militaires, économiques, diplomatiques et « morales » ainsi que tous les agents qu’ils peuvent mobiliser.

    Les contre-révolutionnaires bourgeois qui se camouflent dans ces pays ou qui ont fui à l’étranger, s’efforcent par tous les moyens de restaurer l’ancien régime. Si les courants révisionnistes servent les intérêts de l’impérialisme, les menées des impérialistes, loin de profiter au révisionnisme, attestent sa faillite.

    IV

    Une des tâches les plus pressantes du prolétariat de tous les pays, pour repousser l’offensive de l’impérialisme, consiste à renforcer la solidarité internationale prolétarienne. Pour saper la cause du communisme, les impérialistes et les réactionnaires des différents pays exploitent les sentiments étroitement nationalistes et certaines incompréhensions de caractère national entre différents peuples, afin de porter atteinte, par tous les moyens, à la solidarité internationale du prolétariat.

    Les révolutionnaires prolétariens conséquents défendent fermement cette solidarité qu’ils considèrent comme un bien d’intérêt commun au prolétariat de tous les pays. Quant aux éléments hésitants, ils n’occupent pas une position ferme et bien nette dans cette question.

    Dès l’origine, le mouvement communiste fut un mouvement international, car seuls les efforts conjugués des prolétaires de tous les pays peuvent permettre d’en finir avec l’oppression exercée par la bourgeoisie mondiale coalisée et de matérialiser leurs intérêts communs. La solidarité internationale du mouvement communiste a grandement contribué à développer l’œuvre de la révolution prolétarienne dans différents pays.

    La victoire de la Révolution d’Octobre en Russie a puissamment stimulé un nouvel essor du mouvement révolutionnaire du prolétariat international. Au cours des trente-neuf années qui ont suivi la Révolution d’Octobre, le mouvement communiste international a connu de grandioses succès, et il est devenu une force politique puissante à l’échelle mondiale. Les prolétaires du monde entier et tous ceux qui aspirent à l’émancipation fondent leurs espoirs d’un avenir radieux de l’humanité sur le triomphe de ce mouvement.

    L’Union Soviétique, premier pays socialiste victorieux et, avec l’apparition du camp socialiste, le pays le plus puissant de ce camp, possède la plus riche expérience, elle est capable d’accorder la plus grande aide aux peuples des pays socialistes et à ceux du monde capitaliste; aussi demeure-t-elle depuis trente-neuf ans le centre du mouvement communiste international. Cette situation n’est pas due à une volonté arbitraire, mais est le produit naturel de conditions historiques.

    Dans l’intérêt de la cause commune du prolétariat des différents pays, pour une résistance commune à l’offensive du camp impérialiste les Etats-Unis en tête contre la cause du socialisme, et pour un essor commun, économique et culturel, de tous les pays socialistes, nous devons renforcer toujours davantage la solidarité du prolétariat international dont l’Union Soviétique est le centre.

    Les liens de solidarité internationale entre les Partis communistes de tous les pays sont d’un type absolument nouveau dans l’histoire de l’humanité. Certes, des difficultés ne peuvent manquer d’apparaître au cours de l’extension de ces liens. Les Partis communistes doivent s’unir, tout en gardant leur indépendance.

    L’expérience historique atteste que si ces deux aspects sont mal combinés, et si l’un ou l’autre est méconnu, des erreurs ne peuvent manquer d’être commises. Lorsque les Partis communistes entretiennent entre eux des rapports fondés sur un pied d’égalité et qu’ils réalisent l’unité de vue et d’action par des consultations véritables et non de pure forme, leur solidarité s’accroît.

    Et, inversement, si dans ces rapports, un Parti impose son opinion aux autres ou bien si les Partis substituent l’ingérence dans les affaires intérieures de l’un ou de l’autre aux suggestions et à la critique fraternelle, leur solidarité sera compromise. Etant donné que les Partis communistes des pays socialistes assument d’ores et déjà la responsabilité de diriger les affaires de l’Etat, et que les rapports entre les Partis s’étendent souvent directement aux rapports de pays à pays et de peuple à peuple, le bon règlement de ces rapports est devenu une question qui exige encore plus de circonspection.

    Le marxisme-léninisme a toujours insisté sur la nécessité de combiner l’internationalisme prolétarien avec le patriotisme de chaque peuple. Les Partis communistes doivent former leurs membres et éduquer le peuple dans l’esprit de l’internationalisme, les véritables intérêts nationaux de tous les peuples exigeant une collaboration amicale entre les nations.

    D’autre part, les Partis communistes doivent se faire les interprètes des légitimes intérêts et sentiments nationaux de leurs peuples. Les communistes ont toujours été et restent de vrais patriotes.

    Ils savent que c’est seulement lorsqu’ils traduisent correctement les intérêts et sentiments de leur nation qu’ils peuvent jouir chez eux de la confiance et de l’affection véritables des larges masses populaires, réaliser efficacement parmi celles-ci un travail d’éducation dans l’esprit de l’internationalisme et concilier harmonieusement les sentiments et intérêts nationaux des peuples des différents pays.

    Afin de renforcer la solidarité internationale des pays socialistes, les Partis communistes de ces pays doivent respecter mutuellement leurs intérêts et sentiments nationaux. Cela est particulièrement important pour le Parti d’un grand pays touchant ses rapports avec celui d’un pays plus petit.

    Pour ne pas susciter le ressentiment d’un pays plus petit, le Parti d’un plus grand pays doit constamment veiller à maintenir des rapports d’égalité. Lénine avait raison lorsqu’il soulignait  « . . . le devoir, pour le prolétariat communiste conscient de tous les pays, de témoigner d’une circonspection et d’une attention particulières envers les survivances du sentiment national des pays et des peuples opprimés depuis un temps très long… » (V.I. Lénine : « Première ébauche des thèses sur les questions nationale et coloniale », Œuvres choisies, tome II, Deuxième partie, page 480, Editions en langues étrangères, Moscou, 1953).

    Comme nous l’avons indiqué plus haut, Staline a manifesté dans les rapports avec les Partis frères et les pays frères une certaine tendance au chauvinisme de grande nation, tendance qui consiste en fait à méconnaître l’indépendance et l’égalité des Partis communistes et des pays socialistes dans la communauté internationale.

    Cette tendance est due à des causes historiques bien déterminées. Certes, il reste dans l’attitude des grands pays envers les petits une certaine influence des habitudes ancrées de longue date; par ailleurs, on peut difficilement éviter que les victoires remportées par un Parti ou un pays dans l’œuvre de la révolution ne lui inspirent un sentiment de supériorité.

    Aussi bien des efforts constants sont-ils nécessaires pour surmonter la tendance au chauvinisme de grande nation, phénomène qui n’est point propre à un seul pays. Si le pays B est moins grand et moins avancé que le pays A, mais est plus grand et plus avancé que le pays C, alors le pays B, malgré les reproches de chauvinisme de grande nation qu’il adresse au pays A, ne s’en conduit pas moins parfois à l’égard du pays C comme une grande puissance.

    Nous, Chinois, nous ne devons surtout pas perdre de vue que sous les dynasties des Hans, Tangs, Mings et Tsings, notre pays fut lui aussi un grand empire. Encore que durant cent ans environ, à partir du milieu du XIXe siècle, la Chine, victime de l’agression, eût été transformée en semi-colonie, et qu’elle soit en retard, aujourd’hui encore, sur le plan économique et culturel, il n’en reste pas moins que, lorsque les conditions auront changé, la tendance au chauvinisme de grande nation sera assurément un grave danger si l’on ne prend pas de mesures énergiques pour l’écarter. Il convient de dire que ce danger a commencé déjà à se manifester chez quelques-uns de nos cadres administratifs.

    C’est pourquoi dans la résolution du Ville Congrès national du Parti communiste chinois, aussi bien que dans la déclaration du gouvernement de la République populaire de Chine du 1er novembre 1956, la tâche de combattre cette tendance au chauvinisme de grande nation a été fixée à nos travailleurs de l’Etat.

    Toutefois, le chauvinisme de grande nation n’est pas seul à gêner la solidarité internationale du prolétariat. Dans le passé, les grands pays ne respectaient pas et opprimaient même les petits pays; ces derniers, à leur tour, manifestaient de la défiance et même de l’hostilité envers les grands pays. Ces deux tendances subsistent, plus ou moins accusées, parmi les peuples et même dans les rangs du prolétariat de différents pays.

    C’est pourquoi, afin de renforcer la solidarité internationale du prolétariat, il est indispensable, tout en surmontant d’abord la tendance au chauvinisme de grande nation dans les grands pays, de surmonter également la tendance au nationalisme dans les pays plus petits.

    Dans les grands comme dans les petits pays, si les communistes opposent les intérêts de leur pays et de leur nation à l’intérêt général du mouvement prolétarien international, et s’ils interviennent contre ce dernier sous prétexte de défendre les premiers; si dans l’action pratique, au lieu de défendre valablement la solidarité internationale du prolétariat, ils lui portent préjudice, ce serait une grave erreur à rencontre de l’internationalisme, du marxisme-léninisme.

    Les erreurs commises par Staline ont suscité un sérieux mécontentement chez les peuples de certains pays d’Europe orientale. Mais, là encore, l’attitude de certaines personnes à l’égard de l’Union Soviétique n’est pas juste non plus.

    Les nationalistes bourgeois ne négligent rien pour grossir les défauts de l’Union Soviétique et fermer les yeux sur ce qu’elle a apporté. Ils s’appliquent à faire en sorte que les gens ne se demandent pas comment l’impérialisme se comporterait envers ces pays et ces peuples, si l’Union Soviétique n’existait pas.

    Nous, communistes chinois, nous constatons avec une vive satisfaction que les Partis communistes de Pologne et de Hongrie s’attachent sérieusement à couper court à l’activité des éléments malveillants qui répandent des bruits antisoviétiques et créent l’antagonisme national entre les pays frères; et que ces Partis ont entrepris d’éliminer les préjugés nationalistes qui subsistent dans une partie des masses populaires et même chez certains membres du Parti.

    Il est tout à fait évident que c’est là une des mesures qui devaient être prises d’urgence pour renforcer les relations amicales entre les pays socialistes.

    Ainsi que nous l’avons montré plus haut, la politique extérieure de l’Union Soviétique, dans la période précédente, répondait dans ses grandes lignes aux intérêts du prolétariat international, à ceux des nations opprimées, à ceux de tous les peuples du monde.

    Au cours des trente-neuf dernières années, le peuple soviétique a déployé de gros efforts et consenti des sacrifices héroïques pour venir en aide à la cause des peuples des différents pays. Les erreurs commises par Staline ne diminuent en rien les mérites historiques du grand peuple soviétique.

    Les efforts du gouvernement soviétique pour améliorer ses relations avec la Yougoslavie, la déclaration du gouvernement de l’Union Soviétique du 30 octobre 1956 et ses pourparlers avec la Pologne, en novembre 1956, montrent la ferme détermination du Parti communiste de l’Union Soviétique et du gouvernement soviétique d’éliminer définitivement dans les rapports internationaux les erreurs du passé. Tous ces actes de l’Union Soviétique constituent un apport important pour le renforcement de la solidarité internationale du prolétariat.

    Il est tout à fait évident qu’aujourd’hui, tandis que les impérialistes mènent une offensive forcenée contre les rangs communistes de tous les pays, le prolétariat du monde entier se doit de consolider à fond la solidarité mutuelle.

    Face comme nous sommes à un ennemi puissant, tout propos, toute action, quel que soit le nom sous lequel il est présenté, qui menace la cohésion des rangs communistes internationaux, ne saurait gagner la sympathie des communistes et des travailleurs de tous les pays.

    L’affermissement de la solidarité internationale prolétarienne, avec l’Union Soviétique pour centre, ne répond pas seulement aux intérêts du prolétariat de tous les pays, mais aussi à ceux du mouvement pour l’indépendance de toutes les nations opprimées et de la paix mondiale. Les larges masses populaires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine comprendront sans peine, par leur propre expérience, quels sont leurs ennemis et quels sont leurs amis.

    Aussi la campagne contre le communisme, contre le peuple et contre la paix déclenchée par l’impérialisme ne peut-elle trouver qu’un faible écho, et encore uniquement chez une poignée d’hommes sur ce milliard d’habitants et plus que comptent ces continents. Les faits attestent que l’Union Soviétique, la Chine, les autres pays socialistes et le prolétariat révolutionnaire des pays impérialistes sont les fidèles soutiens de la lutte de l’Egypte contre l’agression, du mouvement pour l’indépendance des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

    Les pays socialistes, le prolétariat des pays impérialistes et des pays en lutte pour leur indépendance nationale, ces trois catégories de forces ont, dans la bataille contre l’impérialisme, des intérêts communs ; l’appui qu’ils se donnent mutuellement revêt une importance majeure pour les perspectives de l’humanité et la paix mondiale.

    Les forces d’agression impérialistes ont recréé, depuis quelque temps, une certaine tension dans les rapports internationaux. Toutefois, grâce à la lutte commune des trois catégories de forces susmentionnées et aux efforts conjugués de toutes les autres forces pacifiques du monde, une nouvelle détente peut être obtenue.

    Les forces d’agression impérialistes n’ont rien gagné à l’agression contre l’Egypte; au contraire, elles se sont vu infliger une riposte sévère. Grâce à l’aide des troupes soviétiques au peuple hongrois, les plans de l’impérialisme visant à établir un avant-poste pour la guerre dans l’Est européen et à rompre la cohésion du camp socialiste se sont également effondrés.

    Les pays socialistes poursuivent leurs efforts pour une coexistence pacifique avec les pays capitalistes, pour le développement des relations diplomatiques, économiques et culturelles, pour le règlement des différends internationaux par la voie de négociations pacifiques, contre la préparation d’une nouvelle guerre mondiale, pour l’extension de la zone de paix dans le monde entier et de la sphère d’application des cinq principes de la coexistence pacifique.

    Tous ces efforts gagneront inévitablement la sympathie d’un nombre de plus en plus grand de nations opprimées et de peuples pacifiques du monde entier. L’affermissement de la solidarité internationale du prolétariat fera que les bellicistes impérialistes oseront encore moins s’engager à la légère dans l’aventure. Bien que l’impérialisme s’oppose encore jusqu’ici à ces efforts, les forces de paix finiront par l’emporter sur les forces de guerre.

    * * *

    L’histoire du mouvement communiste international, si on la fait partir de la fondation de la Première Internationale en 1864, ne compte que quatre-vingt-douze ans.

    Durant cette époque, le mouvement dans son ensemble, encore qu’il ait connu des hauts et des bas, a accusé un développement très rapide.

    Dans la période de la Première guerre mondiale, l’Union Soviétique, qui occupe un sixième du globe, a fait son apparition. Après la Seconde guerre mondiale apparut le camp socialiste, qui embrasse maintenant un tiers de la population mondiale. Quand les pays socialistes ont commis telles ou telles erreurs, nos ennemis s’en sont réjouis, tandis que certains de nos camarades et amis en ont été affligés; quelques-uns d’entre eux ont même éprouvé des hésitations quant aux perspectives de la cause du communisme.

    Cependant, il n’existe aucune raison suffisante pour que nos ennemis se réjouissent ou pour que nos camarades et amis s’affligent ou se sentent ébranlés. C’est la première fois dans l’histoire que le prolétariat a la direction des affaires de l’Etat: depuis quelques années seulement dans certains pays; et dans le plus ancien, à peine quelques dizaines d’années.

    On ne saurait donc exiger du prolétariat qu’il ne connaisse pas de revers. Des revers momentanés et partiels, il en existe non seulement dans le passé, mais dans le présent, et il y en aura aussi dans l’avenir.

    Mais pas un homme clairvoyant n’éprouvera pour autant de déception et ne versera dans le pessimisme. La défaite est la mère du succès. Partiels et momentanés, les insuccès actuels enrichissent l’expérience politique du prolétariat international et préparent les conditions qui permettront d’immenses succès dans les années à venir.

    Comparés à l’histoire des révolutions bourgeoises d’Angleterre et de France, les insuccès de notre cause sont bien insignifiants. La révolution bourgeoise en Angleterre éclata en 1640. Mais après la victoire remportée sur le roi, ce fut la dictature de Cromwell; ensuite, en 1660, l’ancienne maison royale fut restaurée.

    Ce ne fut qu’en 1688, alors que le parti bourgeois faisait un coup d’Etat et allait se chercher un roi aux Pays-Bas qui, à la tête de ses forces navales et terrestres, pénétra en territoire anglais, que la dictature de la bourgeoisie anglaise fut stabilisée.

    Durant les quatre-vingt-six  ans qui vont du jour où éclate la Révolution française de 1789 jusqu’en 1875, date de naissance de la IIIème République, la révolution bourgeoise en France traversa une période particulièrement orageuse; elle oscillait à un rythme rapide du progrès à la réaction, de la république à la monarchie, de la terreur révolutionnaire à la terreur contre-révolutionnaire, de la guerre civile à la guerre étrangère, de la conquête de territoires étrangers à la capitulation devant des Etats étrangers.

    Bien que la révolution socialiste eût subi la pression des forces réactionnaires coalisées du monde entier, son développement a été dans l’ensemble beaucoup plus heureux et plus régulier.

    C’est ce qui témoigne de la vitalité sans précédent du système socialiste. Malgré certains revers que le mouvement communiste international a connus durant ces derniers temps, nous avons pu en tirer maintes leçons utiles.

    Nous avons corrigé et nous corrigeons les erreurs commises dans nos propres rangs, erreurs qui demandent à être corrigées. Les erreurs une fois corrigées, nous serons encore plus forts et plus unis. Contrairement à l’attente de nos ennemis, la cause du prolétariat progressera encore davantage au lieu de reculer.

    En ce qui concerne le sort de l’impérialisme, les choses se présentent tout autrement. Là, dans le monde impérialiste, existent des conflits fondamentaux d’intérêts entre l’impérialisme et les nations opprimées, entre les pays impérialistes eux-mêmes, entre le gouvernement et le peuple de ces pays impérialistes. Ces conflits s’aggravent de plus en plus, et il n’est point de médecin qui puisse trouver un remède pour guérir cette maladie.

    Certes, à bien des égards, le système de dictature du prolétariat, qui vient de naître, connaît encore nombre de difficultés et de faiblesses. Mais la situation, aujourd’hui,est bien meilleure que du temps où l’Union Soviétique luttait seule. D’ailleurs, existe-t-il quelque chose de nouveau qui ne se heurte pas à des difficultés et qui ne présente pas de faiblesses ?

    C’est l’avenir qui compte. Si tortueuse que soit la route devant nous, l’humanité atteindra en fin de compte un but lumineux – le communisme. Il n’y a pas de force qui puisse l’en empêcher.

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  • Rédaction du Quotidien du peuple : A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat (1956)

    et article a été rédigé par la rédaction du Renmin Ribao d’après les discussions qui ont eu lieu au cours d’une réunion élargie du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois. Il a été publié dans le Renmin Ribao le 5 avril 1956.


    Le XXe Congrès du Parti communiste de l’Union Soviétique a fait le bilan des expériences nouvelles acquises tant sur le plan des relations internationales que dans l’édification nationale. Une série de décisions de grande importance y furent prises.

    Celles-ci concernent la ferme application de la politique de Lénine sur la possibilité d’une coexistence pacifique entre les pays de régimes sociaux différents, le développement du système démocratique soviétique, l’observation conséquente du principe de la direction collective au sein du Parti et l’adoption du sixième plan quinquennal pour le développement de l’économie nationale.

    La question de la lutte contre le culte de la personnalité a occupé une place importante au cours de ce Congrès. Ce dernier a dénoncé sans indulgence le culte de la personnalité qui s’était répandu pendant une longue période dans la vie soviétique et qui avait fait commettre de nombreuses erreurs dans le travail et entraîné de fâcheuses conséquences. Cette courageuse autocritique que le Parti communiste de l’Union Soviétique a faite de ses erreurs passées témoigne d’un esprit de principe élevé dans la vie intérieure du Parti et de la grande vitalité du marxisme-léninisme.

    On ne connaît dans l’histoire ni dans les pays capitalistes d’aujourd’hui aucun parti au pouvoir ni aucun groupe politique au service des classes exploiteuses qui ait jamais osé exposer consciencieusement ses graves erreurs devant ses membres et les masses populaires. Il en va tout autrement du parti de la classe ouvrière. Le parti de la classe ouvrière est au service des larges masses populaires. L’autocritique ne fait rien perdre à un tel parti sinon ses propres erreurs et lui gagne l’appui des grandes masses populaires.

    Depuis un mois et plus, les réactionnaires du monde entier s’en donnent à cœur joie de jaser sur l’autocritique faite par le Parti communiste de l’Union Soviétique à propos du culte de la personnalité. Bien! disent-ils, le Parti communiste de l’Union Soviétique, qui est le premier à avoir établi un régime socialiste, le voilà qui commet de graves erreurs; et ce qui est plus fort, c’est Staline, l’illustre et glorieux dirigeant, qui les a commises! Les réactionnaires pensent tenir là un prétexte qui leur permette de discréditer les Partis communistes de l’Union Soviétique et des autres pays. M

    ais ils en seront pour leur peine.  Quel marxiste éminent a jamais écrit que nous ne commettrons jamais d’erreurs ou qu’il est absolument impossible qu’un communiste puisse en commettre?

    N’est-ce pas précisément parce que nous, les marxistes-léninistes, nous avons toujours nié qu’il puisse exister un « être miraculeux » capable de ne jamais commettre une seule erreur, grande ou petite, que nous, les communistes, pratiquons la critique et l’autocritique dans la vie intérieure de notre Parti? Est-il seulement concevable qu’un Etat socialiste qui, pour la première fois dans l’histoire, a instauré la dictature du prolétariat, ne commette des erreurs d’aucune sorte?

    Lénine a dit en octobre 1921: Que les cabots et les porcs de la bourgeoisie agonisante et de la démocratie petite-bourgeoise qui se traîne à sa suite, nous accablent de malédictions, d’injures, de railleries pour les impairs et les erreurs que nous commettons en construisant notre régime soviétique.

    Nous n’oublions pas un instant que nous avons commis et commettons encore une foule d’impairs et d’erreurs. Le moyen de ne pas en commettre dans une oeuvre aussi neuve pour l’histoire mondiale qu’est la création d’un type encore inconnu d’organisation de l’Etat! Nous lutterons sans désemparer pour corriger nos impairs et nos erreurs, pour améliorer l’application, très imparfaite, par nous, des principes soviétiques dans la vie. (V. I. Lénine: « Pour le quatrième anniversaire de la Révolution d’Octobre », Œuvres choisies, Tome II, Deuxième partie, page 615, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953)

    Il est également inconcevable que certaines erreurs commises dans les premières périodes excluent à jamais toute possibilité d’en commettre d’autres ou même de renouveler plus ou moins les mêmes erreurs. Depuis que la société humaine est divisée en classes d’intérêts opposés, elle a passé par la dictature des propriétaires d’esclaves, la dictature des seigneurs féodaux et la dictature de la bourgeoisie qui ont duré des milliers d’années; ce n’est que depuis la victoire de la Révolution d’Octobre que l’humanité connaît la dictature du prolétariat.

    Les trois premières formes de dictature sont des dictatures des classes exploiteuses, quoique la dictature des seigneurs féodaux soit plus progressiste que celle des propriétaires d’esclaves, et que celle de la bourgeoisie soit plus progressiste que celle des seigneurs féodaux.

    Ces classes exploiteuses qui ont joué un certain rôle progressiste dans l’histoire du développement social n’ont pu accumuler des expériences dans l’exercice du pouvoir qu’au prix d’innombrables erreurs de portée historique au cours de longues périodes et en renouvelant maintes et maintes fois ces mêmes erreurs.

    Cependant, à mesure que s’aggrave la contradiction entre les rapports de production qu’elles représentent et les forces productives de la société, elles commettent inévitablement d’autres erreurs, plus nombreuses et plus graves, provoquant de vastes soulèvements des classes opprimées et la désagrégation au sein de leurs propres rangs, ce qui finalement peut amener leur destruction. La dictature du prolétariat est par nature foncièrement différente de toutes les formes de dictature précédentes qui étaient des dictatures des classes exploiteuses.

    C’est la dictature exercée par la classe exploitée, dictature de la majorité sur la minorité, et dont l’objectif est d’établir une société socialiste sans exploitation ni misère. C’est la dictature la plus progressiste et aussi la dernière dans l’histoire de l’humanité. Mais, étant donné qu’il incombe à cette dictature d’accomplir les tâches les plus grandioses et les plus difficiles et d’affronter la lutte la plus complexe, aux voies les plus tortueuses, de l’histoire, il est inévitable, comme disait Lénine, que de nombreuses erreurs soient commises.

    Si certains communistes font preuve de présomption, de suffisance, et laissent leur esprit se pétrifier, ils peuvent même renouveler leurs propres erreurs ou celles d’autrui.

    Nous, les communistes, ne devons jamais perdre ceci de vue. Pour vaincre de puissants ennemis, la dictature du prolétariat doit avoir un pouvoir fortement centralisé. Et ce pouvoir doit s’allier à un haut degré de démocratie. Lorsqu’il y a accentuation trop poussée de la centralisation, on voit apparaître de nombreuses erreurs.

    C’est une chose facile à comprendre. Mais quelles que soient les erreurs commises, le régime de la dictature du prolétariat sera toujours, pour les masses populaires, de loin supérieur à tous les régimes de dictature des classes exploiteuses, à la dictature de la bourgeoisie. Lénine avait raison lorsqu’il disait: Si nos adversaires nous reprennent et indiquent que, voyez-vous, Lénine lui-même reconnaît que les bolcheviks ont fait une énorme quantité de sottises, je réponds à cela: oui, mais nos sottises, vous savez, sont quand même d’une tout autre espèce que les vôtres. (V. I. Lénine : « Cinq ans de révolution russe et perspectives de révolution mondiale ». Œuvres choisies, Tome II, Deuxième partie, page 724, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953)

    Les classes exploiteuses qui n’ont d’autre objectif que piller ont toujours espéré perpétuer leur dictature de génération en génération, et ont donc eu recours à tous les moyens possibles pour pressurer le peuple. Leurs erreurs sont irrémédiables. Mais le prolétariat qui lutte pour l’émancipation du peuple sur le plan matériel et moral se sert de sa dictature pour réaliser le communisme, établir la concorde entre les hommes, et laisse dépérir graduellement sa propre dictature. C’est pourquoi, il s’efforce de donner un plein développement à l’esprit d’initiative et à l’activité des masses populaires. Le fait qu’il est possible de développer de façon illimitée l’esprit d’initiative et l’activité des masses sous la dictature du prolétariat comporte également la possibilité de surmonter toutes les erreurs commises sous ce régime.

    Aux dirigeants des Partis communistes et des Etats socialistes incombe la responsabilité de réduire au minimum le nombre de leurs erreurs, d’empêcher autant que possible certaines erreurs graves de se produire, de veiller à tirer les enseignements des erreurs isolées, partielles et passagères et de faire tous leurs efforts pour que celles-ci ne dégénèrent pas en erreurs d’envergure nationale ou de longue durée.

    Pour cela, tout dirigeant doit être extrêmement modeste et prudent, être en liaison étroite avec les masses, les consulter en toutes matières, procéder à des enquêtes et à des examens réitérés sur la situation réelle et se livrer constamment à la critique et à l’autocritique conformément aux circonstances et dans la mesure qui convient.

    C’est précisément parce que Staline n’a pas agi ainsi qu’il a commis dans la dernière période de sa vie certaines erreurs graves dans son travail, en tant que principal dirigeant du Parti et de l’Etat. Il devint infatué de lui-même, manqua de circonspection, et l’on vit apparaître dans son esprit le subjectivisme et la tendance à se contenter de vues partielles. Il prit des décisions erronées sur certaines questions importantes, ce qui aboutit à des conséquences très fâcheuses.

    La victoire de la grande Révolution socialiste d’Octobre permit au peuple et au Parti communiste de l’Union Soviétique d’établir, sous la direction de Lénine, le premier Etat socialiste sur un sixième du globe. L’Union Soviétique réalisa rapidement l’industrialisation socialiste du pays et la collectivisation de l’agriculture, donna un essor à la science et à la culture socialistes, et fonda une solide alliance de multiples nationalités sous la forme de l’Union des Soviets; les nationalités retardataires de l’Union Soviétique devinrent des nationalités socialistes.

    Dans la Seconde guerre mondiale, l’Union Soviétique s’avéra la force principale qui triompha du fascisme et sauva la civilisation européenne. Elle aida aussi les peuples d’Orient à vaincre le militarisme japonais.

    Tous ces glorieux succès montrèrent à l’humanité l’avenir radieux du socialisme et du communisme ils ébranlèrent fortement la domination de l’impérialisme et firent de l’Union Soviétique le premier et le plus puissant rempart dans la lutte mondiale pour une paix durable. L’Union Soviétique a encouragé et soutenu tous les autres pays socialistes dans leur édification; elle a encouragé dans le monde entier le mouvement socialiste, le mouvement anticolonialiste et les autres mouvements pour le progrès de l’humanité. Telle est l’œuvre grandiose que le peuple soviétique et le Parti communiste de l’Union Soviétique ont réalisée dans l’histoire de l’humanité.

    L’homme qui a montré au peuple et au Parti communiste de l’Union Soviétique la voie conduisant à ces grands succès est Lénine. Les mérites doivent en revenir au Comité central du Parti communiste de l’Union Soviétique qui exerça une direction énergique dans la lutte pour réaliser la ligne politique de Lénine, et une part ineffaçable de ces mérites revient à Staline.

    Après la mort de Lénine, Staline, en tant que dirigeant principal du Parti et de l’Etat, a appliqué et développé de façon créatrice le marxisme-léninisme. Dans la lutte pour la défense de l’héritage du léninisme contre ses ennemis – les trotskistes, les zinoviévistes et autres agents de la bourgeoisie – Staline a traduit la volonté du peuple et s’est avéré un combattant éminent du marxisme-léninisme.

    Si Staline a gagné le soutien du peuple soviétique et a joué un important rôle historique, c’est avant tout parce qu’il a défendu, avec les autres dirigeants du Parti communiste de l’Union Soviétique, la ligne de Lénine relative à l’industrialisation du pays des Soviets et à la collectivisation de l’agriculture. Le Parti communiste de l’Union Soviétique, en mettant à exécution cette ligne, a fait triompher le socialisme dans son pays et a créé les conditions pour la victoire de l’Union Soviétique dans la guerre contre Hitler. Toutes ces victoires remportées par le peuple soviétique sont en harmonie avec les intérêts de la classe ouvrière du monde entier et de toute l’humanité progressiste, c’est pourquoi le nom de Staline jouissait, tout naturellement, d’une immense gloire dans le monde.

    Cependant, quand Staline eut acquis un grand prestige auprès du peuple, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union Soviétique, en appliquant correctement la ligne léniniste, il eut le tort d’exagérer son propre rôle et opposa son autorité personnelle à la direction collective. Il s’ensuivit que certaines de ses actions sont allées à rencontre des conceptions fondamentales du marxisme-léninisme qu’il avait lui-même propagées. D’un côté, il reconnaissait que les masses populaires sont les créateurs de l’histoire, que le Parti doit rester constamment en liaison étroite avec les masses, développer la démocratie en son sein ainsi que l’autocritique et la critique venant de bas en haut; mais d’un autre côté, il acceptait et encourageait le culte de la personnalité et prenait des décisions personnelles arbitraires. Ainsi est apparue chez Staline dans la dernière période de sa vie un divorce entre la théorie et la pratique sur cette question.

    Le marxisme-léninisme reconnaît que les personnalités dirigeantes jouent un grand rôle dans l’histoire. Le peuple et son Parti ont besoin de personnalités d’avant-garde capables de représenter les intérêts et la volonté du peuple, de se placer au premier rang de sa lutte historique et de le guider. Nier le rôle de l’individu, le rôle des hommes d’avant-garde et des guides serait totalement erroné.

    Mais, tout dirigeant du Parti ou de l’Etat, du moment qu’il se place au-dessus du Parti et des masses au lieu de rester au milieu d’eux, qu’il se sépare des masses, cesse d’avoir une vue complète et pénétrante des affaires de l’Etat.

    Dans de telles conditions, même un homme aussi éminent que Staline est amené inévitablement à prendre sur des questions importantes des décisions erronées et non conformes à la réalité. Staline, ayant omis de tirer les leçons de fautes isolées, partielles, passagères concernant certains problèmes, n’a pu éviter qu’elles deviennent de graves erreurs affectant toute la nation et pour une longue période. Durant la dernière partie de sa vie, de plus en plus Staline s’est complu à ce culte de la personnalité; il a enfreint les principes du centralisme démocratique du Parti et celui de combiner la direction collective avec la responsabilité individuelle.

    Cela l’a conduit à commettre quelques erreurs graves telles que celles-ci : il a donné trop d’ampleur au problème de la répression des contre-révolutionnaires; il n’a pas fait preuve de la vigilance nécessaire à la veille de la guerre antifasciste; il n’a pas accordé toute l’attention voulue à un plus large développement de l’agriculture et au bien-être matériel des paysans; il a donné certains conseils erronés concernant le mouvement communiste international, et, en particulier, il a pris une décision erronée sur la question de la Yougoslavie.

    A propos de toutes ces questions, Staline s’est montré subjectif, a eu des vues partielles et s’est séparé de la réalité objective et des masses.

    Le culte de la personnalité est un vestige pourri qui nous vient du fin fond de l’histoire de l’humanité. Le culte de la personnalité est enraciné non seulement chez les classes exploiteuses, mais aussi chez les petits producteurs. Il est bien connu que le système patriarcal est engendré par l’économie des petits producteurs.

    Après l’établissement de la dictature du prolétariat, même une fois les classes exploiteuses éliminées, l’économie des petits producteurs remplacée par une économie collective et la société socialiste fondée, certains vestiges pourris, venimeux de l’idéologie de l’ancienne société peuvent demeurer dans l’esprit des hommes pendant une très longue période: « La force de l’habitude chez les millions et les dizaines de millions d’hommes est la force la plus terrible » (Lénine). (V. I. Lénine: « La maladie infantile du communisme (Le « gauchisme ») », Œuvres choisies. Tome II, Deuxième partie, page 372, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953)

    Le culte de la personnalité est justement une force de l’habitude de millions et de dizaines de millions d’hommes. Puisque cette force de l’habitude existe encore dans la société, elle peut influencer de nombreux fonctionnaires de l’Etat, et elle n’a même pas épargné un dirigeant comme Staline. Le culte de la personnalité est le reflet d’un phénomène social dans l’esprit des hommes et quand un dirigeant du Parti et de l’Etat tel que Staline est lui-même influencé par cette conception arriérée, ceci exerce en retour son influence sur la société, porte préjudice à notre cause, et entrave l’initiative et l’activité créatrice des masses populaires.

    Des contradictions et des conflits croissants s’élèvent entre les forces productives, le système politique et économique du socialisme, et la vie du Parti au fur et à mesure de leur développement d’une part, et cet état d’esprit du culte de la personnalité d’autre part. La lutte contre le culte de la personnalité qui a été déclenchée au cours du XXe Congrès du Parti communiste de l’Union Soviétique est une lutte grandiose et courageuse que mènent les communistes et le peuple de l’Union Soviétique pour éliminer les obstacles idéologiques qui gênent leur marche en avant.

    Il est naïf de croire qu’il ne peut plus exister de contradictions dans une société socialiste. Nier l’existence des contradictions, c’est nier la dialectique. Dans les diverses sociétés, les contradictions diffèrent de nature et ainsi diffèrent les moyens de les résoudre. Mais le développement d’une société se poursuit toujours au milieu de contradictions incessantes.

    La société socialiste se développe également au sein de la contradiction entre les forces productives et les rapports de production. Dans une société socialiste ou communiste, des innovations techniques et des transformations dans le système social continueront forcément à se produire. S’il en était autrement, le développement de la société en arriverait au point mort et la société ne pourrait plus progresser.

    L’humanité est encore dans sa jeunesse. Personne ne peut dire de combien de fois le chemin qui lui reste à accomplir dépasse celui qu’elle a déjà parcouru. Des contradictions, comme celles entre l’esprit novateur et l’esprit conservateur, entre ce qui va de l’avant et ce qui reste en arrière, entre ce qui est positif et ce qui est négatif, apparaîtront sans cesse selon les différentes conditions et les différentes situations. Et tout continuera à évoluer ainsi: On ira de contradiction en contradiction; et quand les anciennes contradictions auront été résolues, on en verra apparaître de nouvelles. Certains soutiennent que la contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme peut être éliminée dans une société socialiste ou communiste. Il est clair que ce point de vue n’est pas juste. Aussi longtemps qu’il existera des contradictions entre le subjectif et l’objectif, entre ce qui va de l’avant et ce qui reste en arrière, entre les forces productives et les rapports de production, la contradiction entre l’idéalisme et le matérialisme continuera à exister dans une société socialiste ou communiste, et elle se manifestera sous différentes formes.

    Puisque les hommes vivent en société, ils reflètent dans des situations différentes et à des degrés différents les contradictions existant dans chaque forme de société. Par conséquent, même dans une société communiste, chacun ne sera pas nécessairement parfait. Les gens porteront encore des contradictions en eux-mêmes; il y aura encore de bonnes et de mauvaises gens, des gens dont la pensée sera relativement juste, et d’autres chez qui elle sera relativement erronée. Il y aura donc encore des luttes entre les gens, mais ces luttes auront une nature et une forme différentes de celles qui se produisent dans les sociétés de classes.

    Envisagée sous cet angle, l’existence de contradictions entre l’individuel et le collectif dans une société socialiste n’a rien d’étrange.

    Et tout dirigeant du Parti ou de l’Etat tombera inévitablement dans une façon de penser trop rigide, et par conséquent commettra de graves erreurs s’il se sépare de la direction collective, des masses populaires et de la réalité de la vie. Nous devons veiller à écarter la possibilité que certaines personnes profitent des nombreux succès remportés par le Parti et l’Etat et de la grande confiance qu’ils se sont acquise auprès des masses pour abuser de leur autorité, et tombent ainsi dans l’erreur.

    Le Parti communiste chinois félicite le Parti communiste de l’Union Soviétique des succès importants qu’il a remportés dans sa lutte de portée historique contre le culte de la personnalité.

    L’expérience de la révolution chinoise apporte, elle aussi, la preuve que c’est seulement en s’appuyant sur la sagesse des masses populaires, sur le centralisme démocratique et sur le système de la combinaison de la direction collective avec la responsabilité individuelle que notre Parti peut remporter de grandes victoires et mener à bien de grandes réalisations aussi bien dans la période de la révolution que dans celle de l’édification nationale.

    Le Parti communiste chinois a mené une lutte continuelle dans les rangs de la révolution contre l’exaltation abusive de l’individu et contre l’héroïsme individuel qui s’écarte des masses. De tels phénomènes continueront certainement à exister pendant une longue période.  Une fois qu’on les a surmontés, ils peuvent resurgir encore; ils se manifestent tantôt chez les uns tantôt chez les autres.

    Quand l’attention est concentrée sur le rôle de l’individu, le rôle des masses et de la collectivité est souvent ignoré. C’est pourquoi il y a des gens qui se laissent facilement aller à une folle présomption ou à une confiance superstitieuse en eux-mêmes tandis que d’autres rendent un culte aveugle à autrui.  Nous devons donc veiller à mener une lutte inlassable contre l’exaltation abusive de l’individu et l’héroïsme individuel qui s’écartent des masses, et contre le culte de la personnalité.

    Pour combattre le subjectivisme dans les méthodes de direction, le Comité central du Parti communiste chinois a adopté en juin 1943 une décision sur les méthodes de direction. A l’heure actuelle, quand on parle de la question de la direction collective dans le Parti, il est encore bon que tous les membres et tous les dirigeants du Parti communiste chinois se réfèrent à cette décision où il est déclaré :  Dans toute l’activité pratique de notre Parti, une direction juste doit toujours se fonder sur le principe suivant: partir des masses pour retourner aux masses.

    Cela signifie qu’il faut faire la somme de tous les avis des masses (dispersés, non systématiques), puis les porter de nouveau aux masses (mais généralisés et systématisés après études), les diffuser et les expliquer, en faire les idées des masses elles-mêmes, afin que celles-ci les soutiennent fermement et les traduisent en action; et, dans le même temps, vérifier dans l’action même des masses la justesse de ces idées.

    Puis, il faut encore une fois faire la somme des avis des masses et encore une fois les leur porter pour gagner leur ferme soutien. Et le même processus devra se poursuivre indéfiniment. De cette façon, à chaque nouvelle confrontation avec les masses, ces idées deviennent toujours plus justes, plus vivantes et plus riches. C’est ce qu’enseigne la théorie marxiste de la connaissance. On a longtemps désigné clans notre Parti cette méthode de direction sous l’appellation populaire de « ligne de masse ».

    Toute l’histoire de notre travail nous apprend que chaque fois qu’on suit cette ligne de masse, le travail est bon ou au moins relativement bon, et que même s’il comporte des erreurs, elles sont aisées à rectifier; mais chaque fois que cette ligne n’est pas suivie, nous essuyons des traverses dans notre travail. Telle est la méthode marxiste-léniniste de direction, la ligne de travail marxiste-léniniste. Après la victoire de la révolution, quand la classe ouvrière et le Parti communiste sont devenus la classe et le Parti dirigeants dans l’Etat, ceux qui dirigent le Parti et l’Etat, assaillis de bien des côtés par le bureaucratisme, peuvent se trouver face au grand danger de se servir de l’appareil d’Etat pour entreprendre des actions arbitraires, de s’éloigner des masses et de la direction collective et de recourir à des méthodes autoritaires, violant les principes démocratiques du Parti et de l’Etat.

    Nous devons en conséquence, si nous ne voulons pas être enlisés dans ce bourbier, accorder encore davantage d’attention à la pratique de la ligne de masse comme méthode de direction, et ne pas nous laisser aller à la négliger, même dans une très faible mesure. Il nous faut donc établir un système bien déterminé permettant de garantir que la ligne de masse et la direction collective sont rigoureusement observées, de façon à éviter l’exaltation abusive de l’individu et l’héroïsme individuel qui s’écartent des masses et éviter le plus possible le subjectivisme et les vues partielles dans notre travail, qui se séparent de la réalité objective.

    Nous devons encore tirer des enseignements de la lutte engagée par le Parti communiste de l’Union Soviétique contre le culte de la personnalité et continuer à combattre le dogmatisme.

    La classe ouvrière et les autres couches populaires guidées par le marxisme-léninisme ont mené au succès la révolution et conquis le pouvoir d’Etat; la victoire de la révolution suivie de l’établissement du pouvoir révolutionnaire ouvrirent à leur tour des perspectives illimitées au développement du marxisme-léninisme.

    Cependant, alors que le marxisme était reconnu par tout le monde comme étant l’idéologie directrice de l’Etat après la victoire de la révolution, un bon nombre de nos propagandistes, au lieu de travailler dur, de rassembler un grand nombre de faits, de pratiquer les méthodes d’analyse marxistes-léninistes et d’employer le langage du peuple pour expliquer de façon convaincante l’unité de la vérité universelle du marxisme-léninisme et de la situation concrète en Chine, se sont souvent appuyés sur le pouvoir administratif et le prestige du Parti pour insuffler le marxisme-léninisme dans l’esprit des masses sous forme de dogme.

    Nous avons, depuis quelques années, fait certains progrès dans les recherches concernant la philosophie, l’économie, l’histoire et la critique des lettres et des arts, mais en général il existe encore bien des aspects malsains. Beaucoup de nos chercheurs ont encore l’habitude de travailler d’une façon dogmatique et leur esprit reste rivé à la même chaîne.

    Ils manquent de la capacité de penser par eux-mêmes et d’esprit créateur, et sont à certains égards influencés par le culte de la personnalité de Staline. Il importe de souligner ici que nous devrons encore continuer à étudier attentivement les œuvres de Staline comme nous l’avons fait jusqu’ici, et y recueillir, comme un héritage historique important, tout ce qu’elles contiennent de profitable, en particulier dans les nombreux ouvrages où il défend le léninisme et dresse de façon juste le bilan de l’expérience de l’édification en U.R.S.S. Adopter une autre attitude serait une erreur.

    Mais il y a deux façons d’étudier ces œuvres: la façon marxiste et la façon dogmatique. Certains envisagent les œuvres de Staline d’une façon dogmatique et il en résulte qu’ils ne peuvent les analyser et voir ce qu’elles contiennent de correct et d’incorrect, et même ce qui est correct, ils en font une panacée et l’appliquent sans discernement. Il est inévitable qu’ils commettent des erreurs. Par exemple, Staline avance cette formule que dans les diverses périodes révolutionnaires, le coup principal doit être porté de façon à isoler les forces politiques et sociales intermédiaires de l’époque.

    Nous devons examiner cette formule de Staline d’un point de vue critique, marxiste et en tenant compte des circonstances.

    Dans certaines circonstances, il peut être correct d’isoler de telles forces, mais il n’est pas correct de les isoler quelles que soient les circonstances. Notre expérience nous apprend que dans une révolution, le coup principal doit être porté à l’ennemi principal de façon à l’isoler. Quant aux forces intermédiaires, nous devons adopter à leur égard la politique de nous unir avec elles et en même temps de lutter contre elles, de façon pour le moins à les neutraliser; et, si les circonstances le permettent, de nous efforcer de les faire passer de cette position de neutralité à une position d’alliance avec nous, afin que cela contribue au développement de la révolution.

    Mais il fut une époque, celle des dix années de guerre civile, de 1927 à 1936 où certains de nos camarades n’ont fait qu’appliquer mécaniquement cette formule de Staline à la révolution chinoise et ont dirigé leur principale attaque contre les forces intermédiaires en les considérant comme notre plus dangereux ennemi. Il s’ensuivit qu’au lieu d’isoler un véritable ennemi, nous nous sommes isolés nous-mêmes.

    Nous nous sommes infligés des pertes à nous-mêmes et avons fait le jeu du véritable ennemi. C’est en se référant à cette erreur du dogmatisme que, dans le but de vaincre les agresseurs japonais, le Comité central du Parti communiste chinois, pendant la Guerre contre les envahisseurs japonais, posa le principe que nous devions « développer les forces progressistes, rallier les forces intermédiaires, et isoler les jusqu’auboutistes ». Les forces progressistes en question étaient celles des ouvriers, des paysans, des intellectuels révolutionnaires, conduites par le Parti communiste chinois, ou susceptibles de subir son influence.

    Les forces intermédiaires étaient la bourgeoisie nationale, divers partis et groupements démocratiques et des démocrates sans parti.

    Les jusqu’auboutistes comprenaient les forces compradores et féodales, avec Tchiang Kaïchek à leur tête, qui n’opposaient qu’une résistance passive aux envahisseurs japonais et qui menaient une lutte active contre les communistes. L’expérience née de la pratique a démontré que cette politique du Parti communiste chinois répondait aux circonstances dans lesquelles se déroulait la révolution chinoise et était la bonne.

    Il en est toujours ainsi: le dogmatisme n’est goûté que de ceux qui ont l’esprit paresseux. Loin d’être d’une utilité quelconque, il fait un mal incalculable à la révolution, au peuple et au marxisme-léninisme. Pour élever la conscience politique des masses populaires, pour stimuler leur dynamisme créateur, et pour hâter le rapide développement du travail pratique et théorique, il convient maintenant encore de détruire un respect superstitieux pour les dogmes.

    La dictature du prolétariat (qui est en Chine une dictature de démocratie populaire dirigée par la classe ouvrière) a remporté de grandes victoires dans des pays habités par neuf cents millions d’hommes. Chacun de ces pays, que ce soit l’Union Soviétique, la Chine ou tout autre pays de démocratie populaire, a ses propres expériences dans les succès comme dans les erreurs. Nous devons sans cesse généraliser de telles expériences. Nous devons être avertis que la possibilité de commettre des erreurs à l’avenir demeure.

    L’importante leçon qui se dégage ici est que les organes dirigeants de notre Parti doivent veiller à ce que les erreurs restent des fautes isolées, partielles et passagères et ne laissent pas ces fautes isolées, partielles et naissantes s’étendre à l’échelle nationale et s’installer pour une longue durée.

    L’histoire du Parti communiste chinois rapporte que certaines erreurs graves ont été commises en plusieurs occasions. Ainsi, dans la période de la révolution qui va de 1924 à 1927, la ligne erronée de l’opportunisme de droite représentée par Tchen Tousieou apparut dans notre Parti. De même, dans la période de la révolution qui va de 1927 à 1936, la ligne erronée de l’opportunisme de « gauche » fit son apparition dans notre Parti en trois occasions; les plus graves de ces erreurs furent les lignes poursuivies par Li Lisan et Wang Ming, respectivement en 1930 et de 1931 à 1934; et c’est la ligne de Wang Ming qui a causé les plus graves préjudices à la révolution.

    A la même époque, la ligne opportuniste de droite antiparti de Tchang Kouotao qui entra en opposition avec le Comité central du Parti apparut dans une base révolutionnaire importante, ce qui entraîna des pertes graves touchant une partie des forces vitales de la révolution.

    Les erreurs de Tchang Kouotao se limitèrent à une importante base révolutionnaire, tandis que toutes les autres erreurs commises au cours de ces deux périodes le furent à l’échelle nationale. Pendant la Guerre contre les envahisseurs japonais, une ligne erronée de l’opportunisme de droite se fit jour à nouveau, représentée cette fois encore par le camarade Wang Ming. Mais, comme notre Parti avait tiré des leçons de ce qui était arrivé pendant les deux périodes précédentes de la révolution, nous n’avons pas donné licence à cette ligne erronée de se développer.

    Le Comité central du Parti opéra le redressement nécessaire en un temps relativement court. Après la fondation de la République populaire de Chine, on vit apparaître en 1953 dans notre Parti le bloc antiparti de Kao Kang, Jao Chou-che. Ce bloc représentait les forces réactionnaires à l’intérieur et à l’extérieur du pays et son but était de ruiner l’œuvre de la révolution. S’il n’avait pas été rapidement démasqué par le Comité central et détruit à temps, un incalculable dommage aurait été porté au Parti et à la révolution.

    Tout ceci nous montre que l’expérience historique de notre Parti lui vient aussi d’avoir été trempé au cours de sa propre lutte contre diverses lignes politiques erronées, et c’est ainsi qu’il a pu remporter de grandes victoires dans la révolution et dans l’édification du pays. Quant aux fautes partielles et isolées, il s’en produit souvent dans notre travail; c’est seulement en s’appuyant sur la sagesse collective du Parti et sur celle des masses populaires, et en s’empressant de dénoncer et de corriger ces fautes que nous avons pu les tuer dans l’œuf, les empêchant de s’étendre à tout le pays, de s’installer pour une longue durée, et de devenir ainsi des erreurs importantes portant préjudice à tout le peuple.

    Les communistes doivent adopter une méthode analytique à l’égard des erreurs commises dans le mouvement communiste. Il y a des gens qui considèrent que Staline a eu tort dans tout ce qu’il a fait. C’est là une grave incompréhension. Staline fut un grand marxiste-léniniste, mais c’est aussi un marxiste-léniniste qui a commis quelques grosses erreurs sans en avoir conscience. Nous devons considérer Staline d’un point de vue historique, entreprendre une analyse complète et adéquate pour déterminer quand il a eu raison et quand il a eu tort et pour en tirer une utile leçon.

    Ce qu’il y a de juste comme ce qu’il y a d’erroné chez Staline est un phénomène du mouvement communiste international et porte la marque de l’époque. Le mouvement communiste international ne compte en tout qu’un peu plus de cent ans, et trente-neuf ans seulement se sont écoulés depuis la victoire de la Révolution d’Octobre. Il n’a pas encore toute l’expérience nécessaire dans bien des sphères du travail révolutionnaire. 

    Nous avons nos grandes réalisations, mais nous avons également nos défauts et nos fautes. De même que l’obtention d’un succès entraîne l’apparition d’un autre succès, l’élimination d’un défaut ou d’une faute peut être suivie par l’apparition d’un autre défaut ou d’une autre faute qui devra à son tour être éliminé. Mais les succès sont toujours plus nombreux que les défauts, il y a toujours plus de réalisations justes que d’erreurs, et les défauts et les fautes ne peuvent manquer finalement d’être surmontés.

    Une bonne direction ne consiste pas à ne commettre aucune erreur, mais à prendre les erreurs au sérieux. L’homme qui ne s’est jamais trompé n’existe pas.

    Lénine a dit : Reconnaître ouvertement son erreur, en découvrir les causes, analyser la situation qui lui a donné naissance, examiner attentivement les moyens de corriger cette erreur, voilà la marque d’un parti sérieux, voilà ce qui s’appelle, pour lui, remplir ses obligations, éduquer et instruire la classe, et puis les masses. (V. I. Lénine: « La maladie infantile du communisme (Le « gauchisme ») », Œuvres choisies, Tome II, Deuxième partie, page 387, Editions en Langues étrangères, Moscou, 1953).

    Fidèle aux enseignements de Lénine, le Parti communiste de l’Union Soviétique a pris une attitude sérieuse à l’égard de certaines erreurs de nature grave commises par Staline dans sa direction de l’édification du socialisme et des conséquences de ces erreurs qui subsistent encore. C’est parce que ces erreurs comportent de si graves conséquences que le Parti communiste de l’Union Soviétique, tout en reconnaissant les grands mérites de Staline, a jugé qu’il était nécessaire d’exposer sans indulgence l’essence des erreurs commises par ce dernier et d’appeler tout le Parti à y voir un avertissement et à liquider résolument leurs conséquences fâcheuses.

    Nous, communistes chinois, nous sommes convaincus que les sévères critiques exposées au XXe Congrès du Parti communiste de l’Union Soviétique permettront certainement à tous les facteurs positifs qui ont été étouffés par des mesures politiques erronées de renaître partout à la vie, et que le Parti et le peuple de l’Union Soviétique se trouveront encore plus fermement unis dans la lutte pour construire une grandiose société communiste, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et pour une paix durable dans le monde entier.

    Les forces réactionnaires mondiales tournent ces faits en ridicule; elles se moquent de nous parce que nous liquidons les erreurs commises dans notre camp. Mais à quoi riment ces moqueries? Il ne fait aucun doute que ces railleurs se trouveront en face d’un vaste camp de la paix et du socialisme encore plus puissant, invincible, avec l’Union Soviétique à sa tête, et que leurs agissements de mangeurs d’hommes les mettront en fort mauvaise posture.

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  • PCF (mlm) : L’architecture de l’Organisation

    Nous voulons ici parler de la question de l’organisation, c’est-à-dire de comment les révolutionnaires s’organisent, développent leurs activités, conçoivent leurs actions. Nous ne l’avons jamais fait, en raison de la nécessité de préserver ce qui est la chose la plus fondamentale pour une organisation révolutionnaire : sa survie. Le capitalisme vise en effet, par la pression sociale et la répression, à écraser l’organisation révolutionnaire. Pour éviter les coups, il ne faut donc rien livrer à l’ennemi quant à son propre fonctionnement.

    Il est nécessaire qu’à chaque moment, en cas de coup dur, un noyau de l’Organisation soit en mesure de reconstruire celle-ci à lui tout seul. Cela présuppose, non pas tant un haut niveau de formation ou de capacité de « positionnement », qu’une réelle détermination. De par la nature du capitalisme existant en France, avec des forces de production réellement développées, se mettre au service de la bataille pour le communisme exige une détermination engageant toute son existence.

    Nous ne sommes plus au début du XXe siècle où la question du socialisme pouvait se résoudre intellectuellement, au sens où il s’agissait de convaincre de la justesse des thèses de Karl Marx sur le mode de production capitaliste, de se positionner de manière adéquate dans le parcours de la lutte des classes. Aujourd’hui, pour s’arracher à l’esprit du capitalisme lui-même, à ses influences concernant ses choix, il faut une rupture et une culture de la rupture.

    Cette culture de la rupture est essentielle. Elle est la base pour porter une alternative et ne pas tomber dans l’esprit chroloforme-réforme. Qui ne vit pas la rupture sur le plan des valeurs, dans sa vie personnelle, se fait rattraper par la corruption capitaliste. C’est la bataille pour transformer l’être humain dans ce qu’il a de plus profond.

    Lénine avait déjà compris la question de cette rupture, en soulignant de manière tout à fait juste la primauté de la conscience. Le rejet du spontanéisme et l’affirmation de la conscience socialiste forment la base du principe de rupture. Lénine, dans Que faire ?, a écrit notamment ces lignes essentielles :

    « La conscience politique de classe ne peut être apportée à l’ouvrier que de l’extérieur, c’est-à-dire de l’extérieur de la lutte économique, de l’extérieur de la sphère des rapports entre ouvriers et patrons.

    Le seul domaine où l’on pourrait puiser cette connaissance est celui des rapports de toutes les classes et couches de la population avec l’Etat et le gouvernement, le domaine des rapports de toutes les classes entre elles.

    C’est pourquoi, à la question : que faire pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques ? – on ne saurait donner simplement la réponse dont se contentent, la plupart du temps, les praticiens, sans parler de ceux qui penchent vers l’économisme, à savoir “aller aux ouvriers”.

    Pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques, les social-démocrates doivent aller dans toutes les classes de la population, ils doivent envoyer dans toutes les directions des détachements de leur armée. »

    Cette rupture doit être assumée comme bataille pour le communisme, sans quoi il y a toujours un espace pour le repli, la fuite, la capitulation, dans un confort matériel plus ou moins illusoire. Le capitalisme est un mode de production qui avilit les consciences, qui engourdit les esprits, qui humilie les valeurs positives dans la vie. Qui ne veut pas se laisser corrompre dans le combat révolutionnaire doit partir du poids croissant de la subjectivité dans les métropoles.

    Ulrike Meinhof a eu raison d’affirmer, en 1976, au sujet des communistes que :

    « Nous ne partons pas d’une position de classe, quelle qu’elle soit, mais de la lutte des classes comme principe de toute histoire, et de la guerre de classes, comme réalité dans laquelle se réalise la politique prolétarienne, et – comme nous l’avons appris – seulement dans et par la guerre.

    La position de classe ne peut être que le mouvement de la classe dans la guerre des classes, le prolétariat mondial armé et combattant, réellement ses avant-gardes, les mouvements de libération – ou comme dit [le Black Panther George] Jackson : connections, connections, connections – c’est-à-dire mouvement, interaction, communication, coordination, lutte collective – stratégie.

    Tout cela est paralysé dans le concept de ‘‘position de classe’’. »

    Aucune existence authentique n’est possible à l’extérieur de la bataille pour le communisme !

    La cooptation

    La lutte des classes est un processus ardu. Les éléments d’avant-garde se reconnaissent entre eux dans leur engagement, suivant le principe de la dignité du réel. Il ne s’agit pas que de théorie, de programme, de lignes, de tactiques, etc., car qui va dans le bon sens de l’histoire sait, le cas échéant, dépasser les différences seulement apparentes. Il s’agit d’engagement.

    C’est ce qui fait qu’il y a toujours une grande interaction au sein des éléments d’avant-garde. Le principe de la cooptation pour l’Organisation en découle. On ne peut pas « adhérer » au Parti. On ne sympathise pas au point de décider d’en être membre un jour. Cela n’a jamais été ainsi et cela ne sera jamais ainsi. L’appartenance à l’Organisation se déroule selon une interaction, une base commune dans la détermination à changer la réalité.

    Comme cette détermination se fonde sur des valeurs, il est logique que la question de fond, celle des idées, soit essentielle. Mais dans la bataille pour la libération du prolétariat, les valeurs ne sont jamais un obstacle formel. La différence programmatique n’a en rien empêché l’unité ouvrière antifasciste en février 1934, puis le Front populaire en 1936. De la même manière, si quelqu’un dit qu’il n’est pas d’accord avec le PCF(mlm) simplement en raison de tel ou tel point particulier, c’est hypocrite et on sait que ce sont de fausses excuses, la question n’étant pas là. Car ce qui compte, c’est d’assumer le saut dans l’antagonisme.

    On est soit une partie du problème, soit une partie de la solution. Alors, une fois qu’on voit cela, concrètement, les choses se posent naturellement. On voit qui avance car on lutte ensemble, et on s’unit, dans le processus critique – autocritique – unité.

    Le second point essentiel rendant inévitable la cooptation, c’est bien entendu la question de la sécurité. L’Organisation ne peut fonctionner que si sa base est saine de toute infiltration, de tout opportunisme. En ce sens, il y a un haut niveau d’exigence. Reprenant l’argument utilisé contre Lénine, certains de nos détracteurs nous accusent d’être une « secte ». C’est là une argumentation typiquement libérale petite-bourgeoise, dont le caractère erroné ressort d’autant plus qu’une secte peut être rejointe facilement, alors qu’il est très difficile d’en sortir. Or, chez nous, c’est le contraire, car notre objectif est de produire des cadres et nous suivons l’adage léniniste « mieux vaut moins, mais mieux ».

    La compartimentation

    Le principe de la cooptation nous distingue fondamentalement des organisations non révolutionnaires, car aucune organisation révolutionnaire ne peut pas chercher à se structurer sans parer aux coups des ennemis. Il en va de même pour la compartimentation.

    Le principe de la compartimentation consiste en ce que l’organisation consiste en des secteurs qui ne connaissent pas les activités des autres secteurs, ni même leurs membres. Ainsi, si un secteur est « infecté », il ne peut en contaminer d’autres, il est isolé. Le principe est bien connu en France de par l’épisode de la Résistance.

    Nous n’avons jamais voulu parler de ce principe ouvertement. Non pas, car des non-révolutionnaires pourraient l’utiliser : cela ne peut pas être le cas. Il n’existe pas de « technique » décisive, de « méthode » à suivre, ou quoi que ce soit de ce genre. C’est là un point absolument capital, qui doit être compris dans toute son ampleur.

    En ce sens, nous rejetons résolument la conception pragmatique-machiavélique du Parti Communiste des Philippines, du Parti Communiste d’Inde (maoïste), du TKP/ML en Turquie, de la seconde position des années 1980 en Italie. Nous voyons bien la validité des thèses affirmant la primauté de la politique – donc de l’idéologie – dans les actions, dans l’application des décisions !

    Si nous n’avons pas posé la question de la compartimentation ouvertement, c’est que nous voulions éviter que le concept soit incompris dans un contexte où la crise générale du capitalisme n’était pas si marquée. Désormais, c’est le cas et la lutte des classes reprend ses droits dans une France impérialiste dont l’histoire a été « gelée » pendant plusieurs décennies.

    La clandestinité

    La Résistance était, pendant l’Occupation allemande, par définition clandestine. La clandestinité n’implique pas forcément des activités illégales, cela signifie simplement que les actions sont secrètes. Aucune organisation révolutionnaire peut se satisfaire, par définition, que l’État connaisse ses membres, ses actions, son développement, etc. Aucune révolution ne peut en effet avoir lieu ou même se développer si, de manière aisée, la répression intervient pour mettre les révolutionnaires en prison ou briser ses initiatives. En fait, la clandestinité au sens substantiel du terme, c’est l’évitement de la contre-révolution. L’État n’a pas à savoir avec qui il est discuté, qui pense quoi, qui fait quoi.

    Sur internet on trouve, à l’inverse, aisément des gens revendiquant d’avoir ici diffusé des tracts, là écrit un slogan sur un mur, ou encore d’avoir rencontré des gens à tel endroit, d’avoir organisé une réunion à tel autre endroit. C’est de la vanité qui n’aide que l’ennemi. Bien entendu, la mise en avant sur internet est pour beaucoup de ces gens une fin en soi et on sait que pour exister virtuellement, il faut faire du bruit. Cela s’oppose toutefois totalement aux exigences révolutionnaires.

    Une activité est calibrée par le fait : 1. de s’inscrire dans les masses 2. d’élever le niveau de conscience des masses 3. d’organiser les masses 4. d’en arriver au terrain de l’autonomie prolétarienne, en-dehors des institutions et des syndicats 5. de parvenir à la conscience communiste 6. de développer l’insurrection pour la prise du pouvoir.

    Une activité est donc bien circonscrite et le fait de la révéler est inutile et même contre-productif. C’est se tourner vers une reconnaissance formelle de son travail au lieu de chercher un succès concret sur le terrain des masses. Nous savons bien qu’en agissant de telle manière, on obtient pas la reconnaissance des opportunistes voulant des illustrations d’actions avec des textes d’autosatisfaction. En même temps, nous nous en passons bien et nous pensons que ceux qui cèdent à la démagogie des compte-rendus complaisants sur internet ne font, finalement, rien d’autre que le choix de la facilité.

    Le centralisme démocratique

    Toute cette architecture de l’Organisation ne peut pas fonctionner sans mouvement du bas vers le haut et du haut vers le bas, c’est-à-dire la dialectique de la base et de la direction. Il ne s’agit pas ici de penser que la direction est le simple lieu de rassemblement des points de vue de la base. Ce serait une lecture communiste libertaire. En réalité, il y a un saut qualitatif à chaque palier de direction. La Direction, son plus haut niveau, est ainsi, comme l’a formulé Gonzalo, le produit de tout un mouvement historique, une synthèse exprimant la mise en perspective s’appuyant sur le matérialisme historique.

    Pour cette raison, chaque niveau de l’Organisation se place en rapport dialectique avec ce qui se situe en-dessous de lui et ce qui se situe au-dessus. Pour la Direction, ce qu’il y a d’au-dessus, c’est la base, et inversement la base a en-dessous le plus haut niveau de l’Organisation. Ce processus est difficile à saisir en pratique de prime abord, il demande un expérience concrète afin que les contours en soient suffisamment délimités et saisis. Il reflète, dans les faits, la vie de l’Organisation.

    Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
    Janvier 2020

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  • Jean Racine : Athalie

    ACTE I

    SCÈNE PREMIÈRE

    Joad, Abner.

    ABNER

    Oui, je viens dans son Temple adorer l’Éternel.

    Je viens, selon l’usage antique et solennel,

    Célébrer avec vous la fameuse journée,

    Où sur le mont Sina la Loi nous fut donnée.

    Que les temps sont changés ! Sitôt que de ce jour

    La trompette sacrée annonçait le retour,

    Du Temple orné partout de festons magnifiques,

    Le peuple saint en foule inondait les portiques.

    Et tous devant l’autel avec ordre introduits,

    De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits,

    Au Dieu de l’univers consacraient ces prémices.

    Les prêtres ne pouvaient suffire aux sacrifices.

    L’audace d’une femme arrêtant ce concours,

    En des jours ténébreux a changé ces beaux jours.

    D’adorateurs zélés à peine un petit nombre

    Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre.

    Le reste pour son Dieu montre un oubli fatal,

    Ou même s’empressant aux autels de Baal,

    Se fait initier à ses honteux mystères,

    Et blasphème le nom qu’ont invoqué leurs pères.

    Je tremble qu’Athalie, à ne vous rien cacher,

    Vous-même de l’autel vous faisant arracher,

    N’achève enfin sur vous ses vengeances funestes,

    Et d’un respect forcé ne dépouille les restes.

    JOAD

    D’où vous vient aujourd’hui ce noir pressentiment ?

    ABNER

    Pensez-vous être saint et juste impunément ?

    Dès longtemps elle hait cette fermeté rare

    Qui rehausse en Joad l’éclat de la tiare.

    Dès longtemps votre amour pour la religion

    Est traité de révolte et de sédition.

    Du mérite éclatant cette reine jalouse,

    Hait surtout Josabet votre fidèle épouse.

    Si du grand prêtre Aaron Joad est successeur,

    De notre dernier roi Josabet est la soeur.

    Mathan d’ailleurs, Mathan, ce prêtre sacrilège,

    Plus méchant qu’Athalie, à toute heure l’assiège ;

    Mathan de nos autels infâme déserteur,

    Et de toute vertu zélé persécuteur.

    C’est peu que le front ceint d’une mitre étrangère,

    Ce lévite à Baal prête son ministère.

    Ce Temple l’importune, et son impiété

    Voudrait anéantir le Dieu qu’il a quitté.

    Pour vous perdre il n’est point de ressorts qu’il n’invente.

    Quelquefois il vous plaint, souvent même il vous vante.

    Il affecte pour vous une fausse douceur.

    Et par là de son fiel colorant la noirceur,

    Tantôt à cette reine il vous peint redoutable.

    Tantôt voyant pour l’or sa soif insatiable,

    Il lui feint qu’en un lieu que vous seul connaissez,

    Vous cachez des trésors par David amassés.

    Enfin depuis deux jours la superbe Athalie,

    Dans un sombre chagrin paraît ensevelie.

    Je l’observais hier, et je voyais ses yeux

    Lancer sur le lieu saint des regards furieux ;

    Comme si dans le fond de ce vaste édifice

    Dieu cachait un vengeur armé pour son supplice.

    Croyez-moi, plus j’y pense, et moins je puis douter,

    Que sur vous son courroux ne soit prêt d’éclater,

    Et que de Jézabel la fille sanguinaire

    Ne vienne attaquer Dieu jusqu’en son sanctuaire.

    JOAD

    Celui qui met un frein à la fureur des flots,

    Sait aussi des méchants arrêter les complots.

    Soumis avec respect à sa volonté sainte,

    Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte.

    Cependant je rends grâce au zèle officieux

    Qui sur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux.

    Je vois que l’injustice en secret vous irrite,

    Que vous avez encor le coeur israélite.

    Le ciel en soit béni. Mais ce secret courroux,

    Cette oisive vertu, vous en contentez-vous ?

    La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ?

    Huit ans déjà passés, une impie étrangère

    Du sceptre de David usurpe tous les droits,

    Se baigne impunément dans le sang de nos rois,

    Des enfants de son fils détestable homicide,

    Et même contre Dieu lève son bras perfide.

    Et vous, l’un des soutiens de ce tremblant État,

    Vous nourri dans les camps du saint roi Josaphat,

    Qui sous son fils Joram commandiez nos armées,

    Qui rassurâtes seul nos villes alarmées,

    Lorsque d’Ochosias le trépas imprévu

    Dispersa tout son camp à l’aspect de Jéhu :

    Je crains Dieu, dites-vous, sa vérité me touche.

    Voici comme ce Dieu vous répond par ma bouche :

    Du zèle de ma Loi que sert de vous parer ?

    Par de stériles voeux pensez-vous m’honorer ?

    Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices ?

    Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses ?

    Le sang de vos rois crie, et n’est point écouté.

    Rompez, rompez tout pacte avec l’impiété.

    Du milieu de mon peuple exterminez les crimes,

    Et vous viendrez alors m’immoler des victimes.

    ABNER

    Hé que puis-je au milieu de ce peuple abattu ?

    Benjamin est sans force, et Juda sans vertu.

    Le jour qui de leur roi vit éteindre la race,

    Éteignit tout le feu de leur antique audace.

    Dieu même, disent-ils, s’est retiré de nous.

    De l’honneur des Hébreux autrefois si jaloux,

    Il voit sans intérêt leur grandeur terrassée,

    Et sa miséricorde à la fin s’est lassée.

    On ne voit plus pour nous ses redoutables mains,

    De merveilles sans nombre effrayer les humains.

    L’Arche sainte est muette, et ne rend plus d’oracles.

    JOAD

    Et quel temps fut jamais si fertile en miracles ?

    Quand Dieu par plus d’effets montra-t-il son pouvoir ?

    Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir,

    Peuple ingrat ? Quoi ? toujours les plus grandes merveilles

    Sans ébranler ton coeur frapperont tes oreilles ?

    Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours

    Des prodiges fameux accomplis en nos jours ?

    Des tyrans d’Israël les célèbres disgrâces,

    Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces ;

    L’impie Achab détruit, et de son sang trempé

    Le champ que par le meurtre il avait usurpé ;

    Près de ce champ fatal Jézabel immolée,

    Sous les pieds des chevaux cette reine foulée ;

    Dans son sang inhumain les chiens désaltérés,

    Et de son corps hideux les membres déchirés ;

    Des prophètes menteurs la troupe confondue,

    Et la flamme du ciel sur l’autel descendue ;

    Élie aux éléments parlant en souverain,

    Les cieux par lui fermés et devenus d’airain,

    Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ;

    Les morts se ranimant à la voix d’Élisée ;

    Reconnaissez, Abner, à ces traits éclatants,

    Un Dieu, tel aujourd’hui qu’il fut dans tous les temps.

    Il sait quand il lui plaît faire éclater sa gloire,

    Et son peuple est toujours présent à sa mémoire.

    ABNER

    Mais où sont ces honneurs à David tant promis,

    Et prédits même encore à Salomon son fils ?

    Hélas ! nous espérions que de leur race heureuse,

    Devait sortir de rois une suite nombreuse,

    Que sur toute tribu, sur toute nation,

    L’un d’eux établirait sa domination,

    Ferait cesser partout la discorde et la guerre,

    Et verrait à ses pieds tous les rois de la terre.

    JOAD

    Aux promesses du ciel pourquoi renoncez-vous ?

    ABNER

    Ce roi fils de David, où le chercherons-nous ?

    Le ciel même peut-il réparer les ruines

    De cet arbre séché jusque dans ses racines ?

    Athalie étouffa l’enfant même au berceau.

    Les morts après huit ans, sortent-ils du tombeau ?

    Ah ! si dans sa fureur elle s’était trompée,

    Si du sang de nos rois quelque goutte échappée…

    JOAD

    Hé bien ? Que feriez-vous ?

    ABNER

    Ô jour heureux pour moi !

    De quelle ardeur j’irais reconnaître mon roi !

    Doutez-vous qu’à ses pieds nos tribus empressées…

    Mais pourquoi me flatter de ces vaines pensées ?

    Déplorable héritier de ces rois triomphants,

    Ochosias restait seul avec ses enfants.

    Par les traits de Jéhu je vis percer le père,

    Vous avez vu les fils massacrés par la mère.

    JOAD

    Je ne m’explique point. Mais quand l’astre du jour

    Aura sur l’horizon fait le tiers de son tour,

    Lorsque la troisième heure aux prières rappelle,

    Retrouvez-vous au Temple avec ce même zèle.

    Dieu pourra vous montrer par d’importants bienfaits,

    Que sa parole est stable, et ne trompe jamais.

    Allez, pour ce grand jour il faut que je m’apprête.

    Et du Temple déjà l’aube blanchit le faîte.

    ABNER

    Quel sera ce bienfait que je ne comprends pas ?

    L’illustre Josabet porte vers vous ses pas.

    Je sors, et vais me joindre à la troupe fidèle

    Qu’attire de ce jour la pompe solennelle.

    SCÈNE II

    Joad, Josabet.

    JOAD

    Les temps sont accomplis, Princesse, il faut parler,

    Et votre heureux larcin ne se peut plus celer.

    Des ennemis de Dieu la coupable insolence

    Abusant contre lui de ce profond silence,

    Accuse trop longtemps ses promesses d’erreur.

    Que dis-je ? Le succès animant leur fureur,

    Jusque sur notre autel votre injuste marâtre

    Veut offrir à Baal un encens idolâtre.

    Montrons ce jeune roi que vos mains ont sauvé,

    Sous l’aile du Seigneur dans le Temple élevé.

    De nos princes hébreux il aura le courage,

    Et déjà son esprit a devancé son âge.

    Avant que son destin s’explique par ma voix,

    Je vais l’offrir au Dieu, par qui règnent les rois.

    Aussitôt assemblant nos lévites, nos prêtres,

    Je leur déclarerai l’héritier de leurs maîtres.

    JOSABET

    Sait-il déjà son nom, et son noble destin ?

    JOAD

    Il ne répond encor qu’au nom d’Éliacin,

    Et se croit quelque enfant rejeté par sa mère,

    À qui j’ai par pitié daigné servir de père.

    JOSABET

    Hélas ! de quel péril je l’avais su tirer !

    Dans quel péril encore est-il prêt de rentrer !

    JOAD

    Quoi ? Déjà votre foi s’affaiblit et s’étonne ?

    JOSABET

    À vos sages conseils, Seigneur, je m’abandonne.

    Du jour que j’arrachai cet enfant à la mort,

    Je remis en vos mains tout le soin de son sort.

    Même de mon amour craignant la violence,

    Autant que je le puis, j’évite sa présence,

    De peur qu’en le voyant, quelque trouble indiscret

    Ne fasse avec mes pleurs échapper mon secret.

    Surtout j’ai cru devoir aux larmes, aux prières,

    Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières.

    Cependant aujourd’hui puis-je vous demander

    Quels amis vous avez prêts à vous seconder ?

    Abner, le brave Abner viendra-t-il nous défendre ?

    A-t-il près de son roi fait serment de se rendre ?

    JOAD

    Abner, quoiqu’on se pût assurer sur sa foi,

    Ne sait pas même encor si nous avons un roi.

    JOSABET

    Mais à qui de Joas confiez-vous la garde ?

    Est-ce Obed ? Est-ce Amnon que cet honneur regarde ?

    De mon père sur eux les bienfaits répandus…

    JOAD

    À l’injuste Athalie ils se sont tous vendus.

    JOSABET

    Qui donc opposez-vous contre ses satellites ?

    JOAD

    Ne vous l’ai-je pas dit ? Nos prêtres, nos lévites.

    JOSABET

    Je sais que près de vous en secret assemblé

    Par vos soins prévoyants leur nombre est redoublé ;

    Que pleins d’amour pour vous, d’horreur pour Athalie,

    Un serment solennel par avance les lie

    À ce fils de David qu’on leur doit révéler.

    Mais quelque noble ardeur dont ils puissent brûler,

    Peuvent-ils de leur roi venger seuls la querelle ?

    Pour un si grand ouvrage, est-ce assez de leur zèle ?

    Doutez-vous qu’Athalie, au premier bruit semé

    Qu’un fils d’Ochosias est ici renfermé,

    De ses fiers étrangers assemblant les cohortes,

    N’environne le Temple et n’en brise les portes ?

    Suffira-t-il contre eux de vos ministres saints,

    Qui levant au Seigneur leurs innocentes mains,

    Ne savent que gémir, et prier pour nos crimes,

    Et n’ont jamais versé que le sang des victimes ?

    Peut-être dans leurs bras Joas percé de coups…

    JOAD

    Et comptez-vous pour rien Dieu qui combat pour nous ?

    Dieu, qui de l’orphelin protège l’innocence,

    Et fait dans la faiblesse éclater sa puissance ;

    Dieu, qui hait les tyrans, et qui dans Jezraël

    Jura d’exterminer Achab et Jézabel ;

    Dieu, qui frappant Joram, le mari de leur fille,

    A jusque sur son fils poursuivi leur famille ;

    Dieu, dont le bras vengeur, pour un temps suspendu,

    Sur cette race impie est toujours étendu.

    JOSABET

    Et c’est sur tous ces rois sa justice sévère,

    Que je crains pour le fils de mon malheureux frère.

    Qui sait si cet enfant par leur crime entraîné,

    Avec eux en naissant ne fut pas condamné ?

    Si Dieu le séparant d’une odieuse race,

    En faveur de David voudra lui faire grâce ?

    Hélas ! l’état horrible où le ciel me l’offrit,

    Revient à tout moment effrayer mon esprit.

    De princes égorgés la chambre était remplie.

    Un poignard à la main l’implacable Athalie

    Au carnage animait ses barbares soldats,

    Et poursuivait le cours de ses assassinats.

    Joas laissé pour mort frappa soudain ma vue.

    Je me figure encor sa nourrice éperdue,

    Qui devant les bourreaux s’était jetée en vain,

    Et faible le tenait renversé sur son sein.

    Je le pris tout sanglant. En baignant son visage,

    Mes pleurs du sentiment lui rendirent l’usage.

    Et soit frayeur encore, ou pour me caresser,

    De ses bras innocents je me sentis presser.

    Grand Dieu ! que mon amour ne lui soit point funeste.

    Du fidèle David, c’est le précieux reste.

    Nourri dans ta maison en l’amour de ta Loi,

    Il ne connaît encor d’autre père que toi.

    Sur le point d’attaquer une reine homicide,

    À l’aspect du péril, si ma foi s’intimide,

    Si la chair et le sang se troublant aujourd’hui,

    Ont trop de part aux pleurs que je répands pour lui,

    Conserve l’héritier de tes saintes promesses,

    Et ne punis que moi de toutes mes faiblesses.

    JOAD

    Vos larmes, Josabet, n’ont rien de criminel.

    Mais Dieu veut qu’on espère en son soin paternel.

    Il ne recherche point, aveugle en sa colère,

    Sur le fils qui le craint, l’impiété du père.

    Tout ce qui reste encor de fidèles Hébreux

    Lui viendront aujourd’hui renouveler leurs voeux.

    Autant que de David la race est respectée,

    Autant de Jézabel la fille est détestée.

    Joas les touchera par sa noble pudeur,

    Où semble de son sang reluire la splendeur.

    Et Dieu par sa voix même appuyant notre exemple,

    De plus près à leur coeur parlera dans son Temple.

    Deux infidèles rois tour à tour l’ont bravé.

    Il faut que sur le trône un roi soit élevé,

    Qui se souvienne un jour qu’au rang de ses ancêtres,

    Dieu l’a fait remonter par la main de ses prêtres,

    L’a tiré par leur main de l’oubli du tombeau,

    Et de David éteint rallumé le flambeau.

    Grand Dieu ! si tu prévois qu’indigne de sa race,

    Il doive de David abandonner la trace,

    Qu’il soit comme le fruit en naissant arraché,

    Ou qu’un souffle ennemi dans sa fleur a séché.

    Mais si ce même enfant à tes ordres docile,

    Doit être à tes desseins un instrument utile,

    Fais qu’au juste héritier le sceptre soit remis.

    Livre en mes faibles mains ses puissants ennemis.

    Confonds dans ses conseils une reine cruelle.

    Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle,

    Répandre cet esprit d’imprudence et d’erreur,

    De la chute des rois funeste avant-coureur.

    L’heure me presse. Adieu. Des plus saintes familles

    Votre fils et sa soeur vous amènent les filles.

    SCÈNE III

    Josabet, Zacharie, Salomith, Le Choeur.

    JOSABET

    Cher Zacharie, allez, ne vous arrêtez pas,

    De votre auguste père accompagnez les pas.

    Ô filles de Lévi, troupe jeune et fidèle,

    Que déjà le Seigneur embrase de son zèle,

    Qui venez si souvent partager mes soupirs,

    Enfants, ma seule joie en mes longs déplaisirs,

    Ces festons dans vos mains, et ces fleurs sur vos têtes,

    Autrefois convenaient à nos pompeuses fêtes.

    Mais, hélas ! en ce temps d’opprobre et de douleurs,

    Quelle offrande sied mieux que celle de nos pleurs ?

    J’entends déjà, j’entends la trompette sacrée,

    Et du Temple bientôt on permettra l’entrée.

    Tandis que je me vais préparer à marcher,

    Chantez, louez le Dieu que vous venez chercher.

    SCÈNE IV

    Le Choeur.

    TOUT LE CHOEUR, chante.

    Tout l’univers est plein de sa magnificence.

    Qu’on l’adore, ce Dieu, qu’on l’invoque à jamais.

    Son empire a des temps précédé la naissance.

    Chantons, publions ses bienfaits.

    UNE VOIX, seule.

    En vain l’injuste violence

    Au peuple qui le loue, imposerait silence,

    Son nom ne périra jamais.

    Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance.

    Tout l’univers est plein de sa magnificence,

    Chantons, publions ses bienfaits.

    TOUT LE CHOEUR, répète.

    Tout l’univers est plein de sa magnificence.

    Chantons, publions ses bienfaits.

    UNE VOIX, seule.

    Il donne aux fleurs leur aimable peinture.

    Il fait naître et mûrir les fruits.

    Il leur dispense avec mesure

    Et la chaleur des jours, et la fraîcheur des nuits ;

    Le champ qui les reçut, les rend avec usure.

    UNE AUTRE.

    Il commande au soleil d’animer la nature,

    Et la lumière est un don de ses mains.

    Mais sa Loi sainte, sa Loi pure

    Est le plus riche don qu’il ait fait aux humains.

    UNE AUTRE.

    Ô mont de Sinaï, conserve la mémoire

    De ce jour à jamais auguste et renommé,

    Quand sur ton sommet enflammé

    Dans un nuage épais le Seigneur enfermé

    Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire.

    Dis-nous pourquoi ces feux et ces éclairs,

    Ces torrents de fumée, et ce bruit dans les airs,

    Ces trompettes et ce tonnerre ?

    Venait-il renverser l’ordre des éléments ?

    Sur ses antiques fondements

    Venait-il ébranler la terre ?

    UNE AUTRE.

    Il venait révéler aux enfants des Hébreux,

    De ses préceptes saints la lumière immortelle.

    Il venait à ce peuple heureux

    Ordonner de l’aimer d’une amour éternelle.

    TOUT LE CHOEUR.

    Ô divine, ô charmante loi !

    Ô justice, ô bonté suprême !

    Que de raisons, quelle douceur extrême

    D’engager à ce Dieu son amour et sa foi !

    UNE VOIX, seule.

    D’un joug cruel il sauva nos aïeux,

    Les nourrit au désert d’un pain délicieux.

    Il nous donne ses lois, il se donne lui-même :

    Pour tant de biens il commande qu’on l’aime.

    LE CHOEUR.

    Ô justice ! ô bonté suprême !

    LA MÊME VOIX.

    Des mers pour eux il entr’ouvrit les eaux,

    D’un aride rocher fit sortir des ruisseaux.

    Il nous donne ses lois, il se donne lui-même.

    Pour tant de biens il commande qu’on l’aime.

    LE CHOEUR.

    Ô divine, ô charmante loi !

    Que de raisons, quelle douceur extrême,

    D’engager à ce Dieu son amour et sa foi !

    UNE AUTRE VOIX, seule.

    Vous, qui ne connaissez qu’une crainte servile,

    Ingrats, un Dieu si bon ne peut-il vous charmer ?

    Est-il donc à vos coeurs, est-il si difficile

    Et si pénible de l’aimer ?

    L’esclave craint le tyran qui l’outrage.

    Mais des enfants l’amour est le partage.

    Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits,

    Et ne l’aimer jamais ?

    TOUT LE CHOEUR.

    Ô divine, ô charmante loi !

    Ô justice, ô bonté suprême !

    Que de raisons, quelle douceur extrême

    D’engager à ce Dieu son amour et sa foi !

    ACTE II

    SCÈNE PREMIÈRE

    Josabet, Salomith, Le Choeur.

    JOSABET

    Mes filles, c’est assez, suspendez vos cantiques.

    Il est temps de nous joindre aux prières publiques.

    Voici notre heure. Allons célébrer ce grand jour,

    Et devant le Seigneur paraître à notre tour.

    SCÈNE II

    Zacharie, Josabet, Salomith, Le Choeur.

    JOSABET

    Mais que vois-je ? mon fils, quel sujet vous ramène ?

    Où courez-vous ainsi tout pâle et hors d’haleine ?

    ZACHARIE

    Ô ma mère !

    JOSABET

    Hé bien, quoi ?

    ZACHARIE

    Le Temple est profané.

    JOSABET

    Comment ?

    ZACHARIE

    Et du Seigneur l’autel abandonné.

    JOSABET

    Je tremble. Hâtez-vous d’éclaircir votre mère.

    ZACHARIE

    Déjà, selon la Loi, le grand prêtre mon père,

    Après avoir au Dieu qui nourrit les humains,

    De la moisson nouvelle offert les premiers pains,

    Lui présentait encore entre ses mains sanglantes

    Des victimes de paix les entrailles fumantes.

    Debout à ses côtés le jeune Éliacin,

    Comme moi, le servait en long habit de lin ;

    Et cependant, du sang de la chair immolée,

    Les prêtres arrosaient l’autel et l’assemblée.

    Un bruit confus s’élève, et du peuple surpris

    Détourne tout à coup les yeux et les esprits.

    Une femme… Peut-on la nommer sans blasphème ?

    Une femme… C’était Athalie elle-même.

    JOSABET

    Ciel !

    ZACHARIE

    Dans un des parvis aux hommes réservé,

    Cette femme superbe entre le front levé,

    Et se préparait même à passer les limites

    De l’enceinte sacrée ouverte aux seuls lévites.

    Le peuple s’épouvante et fuit de toutes parts.

    Mon père… Ah, quel courroux animait ses regards !

    Moïse à Pharaon parut moins formidable.

    Reine, sors, a-t-il dit, de ce lieu redoutable,

    D’où te bannit ton sexe et ton impiété.

    Viens-tu du Dieu vivant braver la majesté ?

    La reine alors sur lui jetant un ?il farouche,

    Pour blasphémer sans doute ouvrait déjà la bouche.

    J’ignore si de Dieu l’ange se dévoilant,

    Est venu lui montrer un glaive étincelant.

    Mais sa langue en sa bouche à l’instant s’est glacée,

    Et toute son audace a paru terrassée.

    Ses yeux comme effrayés n’osaient se détourner.

    Surtout, Eliacin paraissait l’étonner.

    JOSABET

    Quoi donc ? Éliacin a paru devant elle ?

    ZACHARIE

    Nous regardions tous deux cette reine cruelle,

    Et d’une égale horreur nos coeurs étaient frappés.

    Mais les prêtres bientôt nous ont enveloppés.

    On nous a fait sortir. J’ignore tout le reste,

    Et venais vous conter ce désordre funeste.

    JOSABET

    Ah ! de nos bras sans doute elle vient l’arracher,

    Et c’est lui qu’à l’autel sa fureur vient chercher.

    Peut-être en ce moment l’objet de tant de larmes…

    Souviens-toi de David, Dieu, qui vois mes alarmes.

    SALOMITH

    Quel est-il, cet objet des pleurs que vous versez ?

    ZACHARIE

    Les jours d’Éliacin seraient-ils menacés ?

    SALOMITH

    Aurait-il de la reine attiré la colère ?

    ZACHARIE

    Que craint-on d’un enfant sans support, et sans père ?

    JOSABET

    Ah ! la voici. Sortons. Il la faut éviter.

    SCÈNE III

    Athalie, Agar, Abner, Suite d’Athalie.

    AGAR

    Madame, dans ces lieux, pourquoi vous arrêter ?

    Ici tous les objets vous blessent, vous irritent,

    Abandonnez ce temple aux prêtres qui l’habitent.

    Fuyez tout ce tumulte, et dans votre palais

    À vos sens agités venez rendre la paix.

    ATHALIE

    Non, je ne puis, tu vois mon trouble, et ma faiblesse.

    Va, fais dire à Mathan qu’il vienne, qu’il se presse.

    Heureuse, si je puis trouver par son secours

    Cette paix que je cherche, et qui me fuit toujours.

    Elle s’assied.

    SCÈNE IV

    Athalie, Abner, etc.

    ABNER

    Madame, pardonnez si j’ose le défendre.

    Le zèle de Joad n’a point dû vous surprendre.

    Du Dieu que nous servons, tel est l’ordre éternel.

    Lui-même il nous traça son Temple et son autel,

    Aux seuls enfants d’Aaron commit ses sacrifices,

    Aux lévites marqua leur place et leurs offices,

    Et surtout défendit à leur postérité,

    Avec tout autre Dieu toute société.

    Hé quoi ? Vous de nos rois et la femme et la mère,

    Êtes-vous à ce point parmi nous étrangère ?

    Ignorez-vous nos lois ? Et faut-il qu’aujourd’hui…

    Voici votre Mathan, je vous laisse avec lui.

    ATHALIE

    Votre présence, Abner, est ici nécessaire.

    Laissons là de Joad l’audace téméraire,

    Et tout ce vain amas de superstitions,

    Qui ferment votre temple aux autres nations.

    Un sujet plus pressant excite mes alarmes.

    Je sais que dès l’enfance élevé dans les armes,

    Abner a le coeur noble, et qu’il rend à la fois

    Ce qu’il doit à son Dieu, ce qu’il doit à ses rois.

    Demeurez.

    SCÈNE V

    Mathan, Athalie, Abner, etc.

    MATHAN

    Grande Reine, est-ce ici votre place ?

    Quel trouble vous agite, et quel effroi vous glace ?

    Parmi vos ennemis que venez-vous chercher ?

    De ce temple profane osez-vous approcher ?

    Avez-vous dépouillé cette haine si vive…

    ATHALIE

    Prêtez-moi l’un et l’autre une oreille attentive.

    Je ne veux point ici rappeler le passé,

    Ni vous rendre raison du sang que j’ai versé.

    Ce que j’ai fait, Abner, j’ai cru le devoir faire.

    Je ne prends point pour juge un peuple téméraire.

    Quoi que son insolence ait osé publier,

    Le ciel même a pris soin de me justifier.

    Sur d’éclatants succès ma puissance établie

    A fait jusqu’aux deux mers respecter Athalie.

    Par moi Jérusalem goûte un calme profond.

    Le Jourdain ne voit plus l’Arabe vagabond,

    Ni l’altier Philistin, par d’éternels ravages,

    Comme au temps de vos rois, désoler ses rivages ;

    Le Syrien me traite et de reine et de soeur.

    Enfin de ma maison le perfide oppresseur,

    Qui devait jusqu’à moi pousser sa barbarie,

    Jéhu, le fier Jéhu tremble dans Samarie.

    De toutes parts pressé par un puissant voisin

    Que j’ai su soulever contre cet assassin,

    Il me laisse en ces lieux souveraine maîtresse.

    Je jouissais en paix du fruit de ma sagesse.

    Mais un trouble importun vient depuis quelques jours

    De mes prospérités interrompre le cours.

    Un songe ( me devrais-je inquiéter d’un songe ?)

    Entretient dans mon coeur un chagrin qui le ronge.

    Je l’évite partout, partout il me poursuit.

    C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit.

    Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée,

    Comme au jour de sa mort pompeusement parée.

    Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté.

    Même elle avait encor cet éclat emprunté,

    Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage,

    Pour réparer des ans l’irréparable outrage.

    Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi.

    Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi.

    Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,

    Ma fille. En achevant ces mots épouvantables,

    Son ombre vers mon lit a paru se baisser.

    Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser.

    Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange

    D’os et de chair meurtris, et traînés dans la fange,

    Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux,

    Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.

    ABNER

    Grand Dieu !

    ATHALIE

    Dans ce désordre à mes yeux se présente

    Un jeune enfant couvert d’une robe éclatante,

    Tels qu’on voit des Hébreux les prêtres revêtus.

    Sa vue a ranimé mes esprits abattus.

    Mais lorsque revenant de mon trouble funeste,

    J’admirais sa douceur, son air noble et modeste,

    J’ai senti tout à coup un homicide acier,

    Que le traître en mon sein a plongé tout entier.

    De tant d’objets divers le bizarre assemblage

    Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage.

    Moi-même quelque temps honteuse de ma peur

    Je l’ai pris pour l’effet d’une sombre vapeur.

    Mais de ce souvenir mon âme possédée

    À deux fois en dormant revu la même idée.

    Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer

    Ce même enfant toujours tout prêt à me percer.

    Lasse enfin des horreurs dont j’étais poursuivie

    J’allais prier Baal de veiller sur ma vie,

    Et chercher du repos au pied de ses autels.

    Que ne peut la frayeur sur l’esprit des mortels !

    Dans le temple des Juifs un instinct m’a poussée,

    Et d’apaiser leur Dieu j’ai conçu la pensée.

    J’ai cru que des présents calmeraient son courroux,

    Que ce Dieu, quel qu’il soit, en deviendrait plus doux.

    Pontife de Baal, excusez ma faiblesse.

    J’entre. Le peuple fuit. Le sacrifice cesse.

    Le grand prêtre vers moi s’avance avec fureur.

    Pendant qu’il me parlait, ô surprise ! ô terreur !

    J’ai vu ce même enfant dont je suis menacée,

    Tel qu’un songe effrayant l’a peint à ma pensée.

    Je l’ai vu. Son même air, son même habit de lin,

    Sa démarche, ses yeux, et tous ses traits enfin.

    C’est lui-même. Il marchait à côté du grand prêtre.

    Mais bientôt à ma vue on l’a fait disparaître.

    Voilà quel trouble ici m’oblige à m’arrêter,

    Et sur quoi j’ai voulu tous deux vous consulter.

    Que présage, Mathan, ce prodige incroyable ?

    MATHAN

    Ce songe, et ce rapport, tout me semble effroyable.

    ATHALIE

    Mais cet enfant fatal, Abner, vous l’avez vu.

    Quel est-il ? De quel sang ? Et de quelle tribu ?

    ABNER

    Deux enfants à l’autel prêtaient leur ministère.

    L’un est fils de Joad, Josabet est sa mère.

    L’autre m’est inconnu.

    MATHAN

    Pourquoi délibérer ?

    De tous les deux, Madame, il se faut assurer.

    Vous savez pour Joad mes égards, mes mesures,

    Que je ne cherche point à venger mes injures,

    Que la seule équité règne en tous mes avis.

    Mais lui-même après tout, fût-ce son propre fils,

    Voudrait-il un moment laisser vivre un coupable ?

    ABNER

    De quel crime un enfant peut-il être capable ?

    MATHAN

    Le ciel nous le fait voir un poignard à la main.

    Le ciel est juste et sage et ne fait rien en vain.

    Que cherchez-vous de plus ?

    ABNER

    Mais sur la foi d’un songe

    Dans le sang d’un enfant voulez-vous qu’on se plonge ?

    Vous ne savez encor de quel père il est né,

    Quel il est.

    MATHAN

    On le craint, tout est examiné.

    À d’illustres parents s’il doit son origine,

    La splendeur de son sort doit hâter sa ruine.

    Dans le vulgaire obscur si le sort l’a placé,

    Qu’importe qu’au hasard un sang vil soit versé ?

    Est-ce aux rois à garder cette lente justice ?

    Leur sûreté souvent dépend d’un prompt supplice.

    N’allons point les gêner d’un soin embarrassant.

    Dès qu’on leur est suspect on n’est plus innocent.

    ABNER

    Hé quoi, Mathan ? D’un prêtre est-ce là le langage ?

    Moi, nourri dans la guerre aux horreurs du carnage,

    Des vengeances des rois ministre rigoureux,

    C’est moi qui prête ici ma voix au malheureux.

    Et vous, qui lui devez des entrailles de père,

    Vous, ministre de paix dans les temps de colère,

    Couvrant d’un zèle faux votre ressentiment,

    Le sang à votre gré coule trop lentement ?

    Vous m’avez commandé de vous parler sans feinte,

    Madame. Quel est donc ce grand sujet de crainte ?

    Un songe, un faible enfant, que votre ?il prévenu

    Peut-être sans raison croit avoir reconnu.

    ATHALIE

    Je le veux croire, Abner ; je puis m’être trompée.

    Peut-être un songe vain m’a trop préoccupée.

    Hé bien ! Il faut revoir cet enfant de plus près.

    Il en faut à loisir examiner les traits.

    Qu’on les fasse tous deux paraître en ma présence.

    ABNER

    Je crains…

    ATHALIE

    Manquerait-on pour moi de complaisance ?

    De ce refus bizarre où seraient les raisons ?

    Il pourrait me jeter en d’étranges soupçons !

    Que Josabet, vous dis-je, ou Joad les amène.

    Je puis, quand je voudrai, parler en souveraine.

    Vos prêtres, je veux bien, Abner, vous l’avouer,

    Des bontés d’Athalie ont lieu de se louer.

    Je sais sur ma conduite et contre ma puissance

    Jusqu’où de leurs discours ils portent la licence.

    Ils vivent cependant, et leur temple est debout.

    Mais je sens que bientôt ma douceur est à bout.

    Que Joad mette un frein à son zèle sauvage,

    Et ne m’irrite point par un second outrage.

    Allez.

    SCÈNE VI

    Athalie, Mathan, etc.

    MATHAN

    Enfin je puis parler en liberté.

    Je puis dans tout son jour mettre la vérité.

    Quelque monstre naissant dans ce temple s’élève,

    Reine. N’attendez pas que le nuage crève.

    Abner chez le grand prêtre a devancé le jour.

    Pour le sang de ses rois vous savez son amour.

    Et qui sait si Joad ne veut point en leur place

    Substituer l’enfant dont le ciel vous menace,

    Soit son fils, soit quelque autre…

    ATHALIE

    Oui, vous m’ouvrez les yeux.

    Je commence à voir clair dans cet avis des cieux.

    Mais je veux de mon doute être débarrassée.

    Un enfant est peu propre à trahir sa pensée.

    Souvent d’un grand dessein un mot nous fait juger.

    Laissez-moi, cher Mathan, le voir, l’interroger.

    Vous cependant allez, et sans jeter d’alarmes,

    À tous mes Tyriens faites prendre les armes.

    SCÈNE VII

    Joas, Josabet, Athalie, Zacharie, Abner, Salomith, deux Lévites, Le Choeur, etc.

    JOSABET, aux deux lévites.

    Ô vous, sur ces enfants si chers, si précieux,

    Ministres du Seigneur, ayez toujours les yeux.

    ABNER, à Josabet.

    Princesse, assurez-vous, je les prends sous ma garde.

    ATHALIE

    Ô ciel ! plus j’examine et plus je le regarde,

    C’est lui. D’horreur encor tous mes sens sont saisis.

    Epouse de Joad, est-ce là votre fils ?

    JOSABET

    Qui ? Lui, Madame ?

    ATHALIE

    Lui.

    JOSABET

    Je ne suis point sa mère.

    Voilà mon fils.

    ATHALIE

    Et vous, quel est donc votre père ?

    Jeune enfant, répondez.

    JOSABET

    Le ciel jusqu’aujourd’hui…

    ATHALIE

    Pourquoi vous pressez-vous de répondre pour lui ?

    C’est à lui de parler.

    JOSABET

    Dans un âge si tendre

    Quel éclaircissement en pouvez-vous attendre ?

    ATHALIE

    Cet âge est innocent. Son ingénuité

    N’altère point encor la simple vérité.

    Laissez-le s’expliquer sur tout ce qui le touche.

    JOSABET, tout bas.

    Daigne mettre, grand Dieu, ta sagesse en sa bouche.

    ATHALIE

    Comment vous nommez-vous ?

    JOAS

    J’ai nom Éliacin.

    ATHALIE

    Votre père ?

    JOAS

    Je suis, dit-on, un orphelin

    Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance,

    Et qui de mes parents n’eus jamais connaissance.

    ATHALIE

    Vous êtes sans parents ?

    JOAS

    Ils m’ont abandonné.

    ATHALIE

    Comment ? Et depuis quand ?

    JOAS

    Depuis que je suis né.

    ATHALIE

    Ne sait-on pas au moins quel pays est le vôtre ?

    JOAS

    Ce Temple est mon pays, je n’en connais point d’autre.

    ATHALIE

    Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer ?

    JOAS

    Parmi des loups cruels prêts à me dévorer.

    ATHALIE

    Qui vous mit dans ce temple ?

    JOAS

    Une femme inconnue,

    Qui ne dit point son nom, et qu’on n’a point revue.

    ATHALIE

    Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin ?

    JOAS

    Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin ?

    Aux petits des oiseaux il donne leur pâture,

    Et sa bonté s’étend sur toute la nature.

    Tous les jours je l’invoque, et d’un soin paternel

    Il me nourrit des dons offerts sur son autel.

    ATHALIE

    Quel prodige nouveau me trouble et m’embarrasse ?

    La douceur de sa voix, son enfance, sa grâce,

    Font insensiblement à mon inimitié

    Succéder… Je serais sensible à la pitié ?

    ABNER

    Madame, voilà donc cet ennemi terrible.

    De vos songes menteurs l’imposture est visible,

    À moins que la pitié, qui semble vous troubler,

    Ne soit ce coup fatal qui vous faisait trembler.

    ATHALIE, à Joas et à Josabet.

    Vous sortez ?

    JOSABET

    Vous avez entendu sa fortune.

    Sa présence à la fin pourrait être importune.

    ATHALIE

    Non. Revenez. Quel est tous les jours votre emploi ?

    JOAS

    J’adore le Seigneur. On m’explique sa Loi.

    Dans son Livre divin on m’apprend à la lire,

    Et déjà de ma main je commence à l’écrire.

    ATHALIE

    Que vous dit cette loi ?

    JOAS

    Que Dieu veut être aimé,

    Qu’il venge tôt ou tard son saint Nom blasphémé,

    Qu’il est le défenseur de l’orphelin timide,

    Qu’il résiste au superbe, et punit l’homicide.

    ATHALIE

    J’entends. Mais tout ce peuple enfermé en ce lieu,

    À quoi s’occupe-t-il ?

    JOAS

    Il loue, il bénit Dieu.

    ATHALIE

    Dieu veut-il qu’à toute heure on prie, on le contemple ?

    JOAS

    Tout profane exercice est banni de son Temple.

    ATHALIE

    Quels sont donc vos plaisirs ?

    JOAS

    Quelquefois à l’autel

    Je présente au grand prêtre ou l’encens, ou le sel.

    J’entends chanter de Dieu les grandeurs infinies.

    Je vois l’ordre pompeux de ses cérémonies.

    ATHALIE

    Hé quoi ? Vous n’avez point de passe-temps plus doux ?

    Je plains le triste sort d’un enfant tel que vous.

    Venez dans mon palais, vous y verrez ma gloire.

    JOAS

    Moi des bienfaits de Dieu je perdrais la mémoire ?

    ATHALIE

    Non, je ne vous veux pas contraindre à l’oublier.

    JOAS

    Vous ne le priez point.

    ATHALIE

    Vous pourrez le prier.

    JOAS

    Je verrais cependant en invoquer un autre ?

    ATHALIE

    J’ai mon Dieu que je sers. Vous servirez le vôtre.

    Ce sont deux puissants dieux.

    JOAS

    Il faut craindre le mien,

    Lui seul est Dieu, Madame, et le vôtre n’est rien.

    ATHALIE

    Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule.

    JOAS

    Le bonheur des méchants comme un torrent s’écoule.

    ATHALIE

    Ces méchants, qui sont-ils ?

    JOSABET

    Hé, Madame ! excusez

    Un enfant…

    ATHALIE, à Josabet.

    J’aime à voir comme vous l’instruisez.

    Enfin, Éliacin, vous avez su me plaire.

    Vous n’êtes point sans doute un enfant ordinaire.

    Vous voyez, je suis reine, et n’ai point d’héritier.

    Laissez là cet habit, quittez ce vil métier.

    Je veux vous faire part de toutes mes richesses.

    Essayez dès ce jour l’effet de mes promesses.

    À ma table, partout, à mes côtés assis,

    Je prétends vous traiter comme mon propre fils.

    JOAS

    Comme votre fils ?

    ATHALIE

    Oui. Vous vous taisez ?

    JOAS

    Quel père

    Je quitterais ! Et pour…

    ATHALIE

    Hé bien ?

    JOAS

    Pour quelle mère ?

    ATHALIE, à Josabet.

    Sa mémoire est fidèle, et dans tout ce qu’il dit

    De vous et de Joad je reconnais l’esprit.

    Voilà comme infectant cette simple jeunesse

    Vous employez tous deux le calme où je vous laisse.

    Vous cultivez déjà leur haine et leur fureur.

    Vous ne leur prononcez mon nom qu’avec horreur.

    JOSABET

    Peut-on de nos malheurs leur dérober l’histoire ?

    Tous l’univers les sait. Vous-même en faites gloire.

    ATHALIE

    Oui, ma juste fureur, et j’en fais vanité,

    A vengé mes parents sur ma postérité.

    J’aurais vu massacrer et mon père, et mon frère,

    Du haut de son palais précipiter ma mère,

    Et dans un même jour égorger à la fois,

    Quel spectacle d’horreur ! quatre-vingt fils de rois ?

    Et pourquoi ? Pour venger je ne sais quels prophètes,

    Dont elle avait puni les fureurs indiscrètes.

    Et moi, reine sans coeur, fille sans amitié,

    Esclave d’une lâche et frivole pitié,

    Je n’aurais pas du moins à cette aveugle rage

    Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage,

    Et de votre David traité tous les neveux,

    Comme on traitait d’Achab les restes malheureux ?

    Où serais-je aujourd’hui, si domptant ma faiblesse

    Je n’eusse d’une mère étouffé la tendresse,

    Si de mon propre sang ma main versant des flots

    N’eût par ce coup hardi réprimé vos complots ?

    Enfin de votre Dieu l’implacable vengeance

    Entre nos deux maisons rompit toute alliance.

    David m’est en horreur, et les fils de ce roi

    Quoique nés de mon sang, sont étrangers pour moi.

    JOSABET

    Tout vous a réussi ? Que Dieu voie, et nous juge.

    ATHALIE

    Ce Dieu depuis longtemps votre unique refuge,

    Que deviendra l’effet de ses prédictions ?

    Qu’il vous donne ce roi promis aux nations,

    Cet enfant de David, votre espoir, votre attente…

    Mais nous nous reverrons. Adieu, je sors contente,

    J’ai voulu voir, j’ai vu.

    ABNER, à Josabet.

    Je vous l’avais promis,

    Je vous rends le dépôt que vous m’avez commis.

    SCÈNE VIII

    Joad, Josabet, Joas, Zacharie, Abner, Salomith, Lévites, Le Choeur.

    JOSABET, à Joad.

    Avez-vous entendu cette superbe reine,

    Seigneur ?

    JOAD

    J’entendais tout, et plaignais votre peine.

    Ces lévites et moi prêts à vous secourir

    Nous étions avec vous résolus de périr.

    À Joas, en l’embrassant.

    Que Dieu veille sur vous, enfant dont le courage

    Vient de rendre à son nom le noble témoignage.

    Je reconnais, Abner, ce service important.

    Souvenez-vous de l’heure où Joad vous attend.

    Et nous, dont cette femme impie et meurtrière

    A souillé les regards et troublé la prière,

    Rentrons, et qu’un sang pur par mes mains épanché

    Lave jusques au marbre où ses pas ont touché.

    SCÈNE IX

    Le Choeur.

    UNE DES FILLES DU CHOEUR.

    Quel astre à nos yeux vient de luire ?

    Quel sera quelque jour cet enfant merveilleux ?

    Il brave le faste orgueilleux,

    Et ne se laisse point séduire

    À tous ses attraits périlleux.

    UNE AUTRE.

    Pendant que du dieu d’Athalie

    Chacun court encenser l’autel,

    Un enfant courageux publie

    Que Dieu lui seul est éternel,

    Et parle comme un autre Élie

    Devant cette autre Jézabel.

    UNE AUTRE.

    Qui nous révélera ta naissance secrète,

    Cher enfant ? Es-tu fils de quelque saint prophète ?

    UNE AUTRE.

    Ainsi l’on vit l’aimable Samuel

    Croître à l’ombre du tabernacle.

    Il devint des Hébreux l’espérance et l’oracle.

    Puisses-tu, comme lui, consoler Israël !

    UNE AUTRE, chante.

    Ô bienheureux mille fois

    L’enfant que le Seigneur aime,

    Qui de bonne heure entend sa voix,

    Et que ce Dieu daigne instruire lui-même !

    Loin du monde élevé, de tous les dons des cieux

    Il est orné dès sa naissance ;

    Et du méchant l’abord contagieux

    N’altère point son innocence.

    TOUT LE CHOEUR.

    Heureuse, heureuse l’enfance

    Que le Seigneur instruit et prend sous sa défense !

    LA MEME VOIX, seule.

    Tel en un secret vallon

    Sur le bord d’une onde pure

    Croît à l’abri de l’aquilon

    Un jeune lis, l’amour de la nature.

    Loin du monde élevé, de tous les dons des cieux

    Il est orné dès sa naissance ;

    Et du méchant l’abord contagieux

    N’altère point son innocence.

    TOUT LE CHOEUR.

    Heureux, heureux mille fois

    L’enfant que le Seigneur rend docile à ses lois !

    UNE VOIX, seule.

    Mon Dieu, qu’une vertu naissante

    Parmi tant de périls marche à pas incertains !

    Qu’une âme qui te cherche, et veut être innocente,

    Trouve d’obstacle à ses desseins !

    Que d’ennemis lui font la guerre !

    Où se peuvent cacher tes saints ?

    Les pécheurs couvrent la terre.

    UNE AUTRE.

    Ô palais de David, et sa chère cité,

    Mont fameux, que Dieu même a longtemps habité,

    Comment as-tu du ciel attiré la colère ?

    Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois

    Une impie étrangère

    Assise, hélas ! au trône de tes rois ?

    TOUT LE CHOEUR.

    Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois

    Une impie étangère

    Assise, hélas ! au trône de tes rois ?

    LA MÊME VOIX, continue.

    Au lieu des cantiques charmants,

    Où David t’exprimait ses saints ravissements,

    Et bénissait son Dieu, son Seigneur, et son père ;

    Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois

    Louer le dieu de l’impie étrangère

    Et blasphémer le nom qu’ont adoré tes rois ?

    UNE VOIX, seule.

    Combien de temps, Seigneur, combien de temps encore

    Verrons-nous contre toi les méchants s’élever ?

    Jusque dans ton saint Temple ils viennent te braver.

    Ils traitent d’insensé le peuple qui t’adore.

    Combien de temps, Seigneur, combien de temps encore

    Verrons-nous contre toi les méchants s’élever ?

    UNE AUTRE.

    Que vous sert, disent-ils, cette vertu sauvage ?

    De tant de plaisirs si doux

    Pourquoi fuyez-vous l’usage ?

    Votre Dieu ne fait rien pour vous.

    UNE AUTRE.

    Rions, chantons, dit cette troupe impie,

    De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs

    Promenons nos désirs.

    Sur l’avenir, insensé qui se fie.

    De nos ans passagers le nombre est incertain.

    Hâtons-nous aujourd’hui de jouir de la vie,

    Qui sait si nous serons demain !

    TOUT LE CHOEUR.

    Qu’ils pleurent, ô mon Dieu, qu’ils frémissent de crainte

    Ces malheureux, qui de ta cité sainte

    Ne verront point l’éternelle splendeur.

    C’est à nous de chanter, nous, à qui tu révèles

    Tes clartés immortelles,

    C’est à nous de chanter tes dons et ta grandeur.

    UNE VOIX, seule.

    De tous ces vains plaisirs où leur âme se plonge,

    Que leur restera-t-il ? Ce qui reste d’un songe

    Dont on a reconnu l’erreur.

    À leur réveil, ô réveil plein d’horreur !

    Pendant que le pauvre à ta table

    Goûtera de ta paix la douceur ineffable ;

    Ils boiront dans la coupe affreuse, inépuisable,

    Que tu présenteras au jour de ta fureur

    À toute la race coupable.

    TOUT LE CHOEUR.

    Ô réveil plein d’horreur !

    Ô songe peu durable !

    Ô dangereuse erreur !

    ACTE III

    SCÈNE PREMIÈRE

    Mathan, Nabal, Le Choeur.

    MATHAN

    Jeunes filles, allez. Qu’on dise à Josabet

    Que Mathan veut ici lui parler en secret.

    UNE DES FILLES DU CHOEUR.

    Mathan ! Ô Dieu du ciel, puisses-tu le confondre.

    NABAL

    Hé quoi ? Tout se disperse et fuit sans vous répondre ?

    MATHAN

    Approchons.

    SCÈNE II

    Zacharie, Mathan, Nabal.

    ZACHARIE

    Téméraire, où voulez-vous passer ?

    Au delà de ce lieu gardez-vous d’avancer.

    C’est des ministres saints la demeure sacrée.

    Les lois à tout profane en défendent l’entrée.

    Qui cherchez-vous ? Mon père en ce jour solennel

    De l’idolâtre impur fuit l’aspect criminel.

    Et devant le Seigneur maintenant prosternée

    Ma mère en ce devoir craint d’être détournée.

    MATHAN

    Mon fils, nous attendrons, cessez de vous troubler.

    C’est votre illustre mère à qui je veux parler.

    Je viens ici chargé d’un ordre de la reine.

    SCÈNE III

    Mathan, Nabal.

    NABAL

    Leurs enfants ont déjà leur audace hautaine.

    Mais que veut Athalie en cette occasion ?

    D’où naît dans ses conseils cette confusion ?

    Par l’insolent Joad ce matin offensée,

    Et d’un enfant fatal en songe menacée,

    Elle allait immoler Joad à son courroux,

    Et dans ce temple enfin placer Baal et vous.

    Vous m’en aviez déjà confié votre joie,

    Et j’espérais ma part d’une si riche proie.

    Qui fait changer ainsi ses voeux irrésolus ?

    MATHAN

    Ami, depuis deux jours je ne la connais plus.

    Ce n’est plus cette reine éclairée, intrépide,

    Élevée au-dessus de son sexe timide,

    Qui d’abord accablait ses ennemis surpris,

    Et d’un instant perdu connaissait tout le prix.

    La peur d’un vain remords trouble cette grande âme,

    Elle flotte, elle hésite, en un mot elle est femme.

    J’avais tantôt rempli d’amertume et de fiel

    Son coeur déjà saisi des menaces du ciel.

    Elle-même à mes soins confiant sa vengeance

    M’avait dit d’assembler sa garde en diligence.

    Mais soit que cet enfant devant elle amené,

    De ses parents, dit-on, rebut infortuné,

    Eût d’un songe effrayant diminué l’alarme,

    Soit qu’elle eût même en lui vu je ne sais quel charme,

    J’ai trouvé son courroux chancelant, incertain,

    Et déjà remettant sa vengeance à demain.

    Tous ses projets semblaient l’un l’autre se détruire.

    Du sort de cet enfant je me suis fait instruire,

    Ai-je dit. On commence à vanter ses aïeux.

    Joad de temps en temps le montre aux factieux,

    Le fait attendre aux Juifs comme un autre Moïse,

    Et d’oracles menteurs s’appuie et s’autorise.

    Ces mots ont fait monter la rougeur sur son front.

    Jamais mensonge heureux n’eut un effet si prompt.

    « Est-ce à moi de languir dans cette incertitude ?

    Sortons, a-t-elle dit, sortons d’inquiétude.

    Vous-même à Josabet prononcez cet arrêt.

    Les feux vont s’allumer, et le fer est tout prêt.

    Rien ne peut de leur temple empêcher le ravage,

    Si je n’ai de leur foi cet enfant pour otage. »

    NABAL

    Hé bien ! Pour un enfant qu’ils ne connaissent pas,

    Que le hasard peut-être a jeté dans leurs bras,

    Voudront-ils que leur temple enseveli sous l’herbe…

    MATHAN

    Ah ! de tous les mortels connais le plus superbe.

    Plutôt que dans mes mains par Joad soit livré

    Un enfant qu’à son Dieu Joad a consacré,

    Tu lui verras subir la mort la plus terrible.

    D’ailleurs pour cet enfant leur attache est visible.

    Si j’ai bien de la reine entendu le récit,

    Joad sur sa naissance en sait plus qu’il ne dit.

    Quel qu’il soit, je prévois qu’il leur sera funeste.

    Ils le refuseront. Je prends sur moi le reste.

    Et j’espère qu’enfin de ce temple odieux

    Et la flamme et le fer vont délivrer mes yeux.

    NABAL

    Qui peut vous inspirer une haine si forte ?

    Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ?

    Pour moi, vous le savez, descendu d’Ismaël

    Je ne sers ni Baal, ni le Dieu d’Israël.

    MATHAN

    Ami, peux-tu penser que d’un zèle frivole

    Je me laisse aveugler pour une vaine idole,

    Pour un fragile bois, que malgré mon secours

    Les vers sur son autel consument tous les jours ?

    Né ministre du Dieu qu’en ce temple on adore,

    Peut-être que Mathan le servirait encore,

    Si l’amour des grandeurs, la soif de commander

    Avec son joug étroit pouvaient s’accommoder.

    Qu’est-il besoin, Nabal, qu’à tes yeux je rappelle

    De Joad et de moi la fameuse querelle,

    Quand j’osai contre lui disputer l’encensoir,

    Mes brigues, mes combats, mes pleurs, mon désespoir ?

    Vaincu par lui, j’entrai dans une autre carrière,

    Et mon âme à la cour s’attacha toute entière.

    J’approchai par degrés de l’oreille des rois,

    Et bientôt en oracle on érigea ma voix.

    J’étudiai leur coeur, je flattai leurs caprices,

    Je leur semai de fleurs le bord des précipices.

    Près de leurs passions rien ne me fut sacré.

    De mesure et de poids je changeais à leur gré.

    Autant que de Joad l’inflexible rudesse

    De leur superbe oreille offensait la mollesse,

    Autant je les charmais par ma dextérité,

    Dérobant à leurs yeux la triste vérité,

    Prêtant à leurs fureurs des couleurs favorables,

    Et prodigue surtout du sang des misérables.

    Enfin au Dieu nouveau qu’elle avait introduit

    Par les mains d’Athalie un temple fut construit.

    Jérusalem pleura de se voir profanée.

    Des enfants de Lévi la troupe consternée

    En poussa vers le ciel des hurlements affreux.

    Moi seul donnant l’exemple aux timides Hébreux,

    Déserteur de leur loi, j’approuvai l’entreprise

    Et par là de Baal méritai la prêtrise.

    Par là je me rendis terrible à mon rival,

    Je ceignis la tiare, et marchai son égal.

    Toutefois, je l’avoue, en ce comble de gloire

    Du Dieu que j’ai quitté l’importune mémoire

    Jette encore en mon âme un reste de terreur.

    Et c’est ce qui redouble et nourrit ma fureur.

    Heureux ! si sur son temple achevant ma vengeance,

    Je puis convaincre enfin sa haine d’impuissance,

    Et parmi le débris, le ravage, et les morts,

    À force d’attentats perdre tous mes remords.

    Mais voici Josabet.

    SCÈNE IV

    Josabet, Mathan, Nabal.

    MATHAN

    Envoyé par la reine

    Pour rétablir le calme et dissiper la haine,

    Princesse, en qui le ciel mit un esprit si doux,

    Ne vous étonnez pas si je m’adresse à vous.

    Un bruit, que j’ai pourtant soupçonné de mensonge,

    Appuyant les avis qu’elle a reçus en songe,

    Sur Joad accusé de dangereux complots,

    Allait de sa colère attirer tous les flots.

    Je ne veux point ici vous vanter mes services.

    De Joad contre moi je sais les injustices.

    Mais il faut à l’offense opposer les bienfaits.

    Enfin je viens chargé de paroles de paix.

    Vivez, solennisez vos fêtes sans ombrage.

    De votre obéissance elle ne veut qu’un gage.

    C’est, pour l’en détourner j’ai fait ce que j’ai pu,

    Cet enfant sans parents, qu’elle dit qu’elle a vu.

    JOSABET

    Éliacin !

    MATHAN

    J’en ai pour elle quelque honte.

    D’un vain songe peut-être elle fait trop de compte ;

    Mais vous vous déclarez ses mortels ennemis,

    Si cet enfant sur l’heure en mes mains n’est remis.

    La reine impatiente attend votre réponse.

    JOSABET

    Et voilà de sa part la paix qu’on nous annonce !

    MATHAN

    Pourriez-vous un moment douter de l’accepter ?

    D’un peu de complaisance, est-ce trop l’acheter ?

    JOSABET

    J’admirais si Mathan dépouillant l’artifice,

    Avait pu de son coeur surmonter l’injustice,

    Et si de tant de maux le funeste inventeur,

    De quelque ombre de bien pouvait être l’auteur.

    MATHAN

    De quoi vous plaignez-vous ? Vient-on avec furie

    Arracher de vos bras votre fils Zacharie ?

    Quel est cet autre enfant si cher à votre amour ?

    Ce grand attachement me surprend à mon tour.

    Est-ce un trésor pour vous si précieux, si rare ?

    Est-ce un libérateur que le ciel vous prépare ?

    Songez-y. Vos refus pourraient me confirmer

    Un bruit sourd, que déjà l’on commence à semer.

    JOSABET

    Quel bruit ?

    MATHAN

    Que cet enfant vient d’illustre origine,

    Qu’à quelque grand projet votre époux le destine.

    JOSABET

    Et Mathan par ce bruit qui flatte sa fureur…

    MATHAN

    Princesse, c’est à vous à me tirer d’erreur.

    Je sais que du mensonge implacable ennemie,

    Josabet livrerait même sa propre vie,

    S’il fallait que sa vie à sa sincérité

    Coûtât le moindre mot contre la vérité.

    Du sort de cet enfant on n’a donc nulle trace ?

    Une profonde nuit enveloppe sa race ?

    Et vous-même ignorez de quels parents issu,

    De quelles mains Joad en ses bras l’a reçu ?

    Parlez, je vous écoute, et suis prêt de vous croire.

    Au Dieu que vous servez, Princesse, rendez gloire.

    JOSABET

    Méchant, c’est bien à vous d’oser ainsi nommer

    Un Dieu que votre bouche enseigne à blasphémer.

    Sa vérité par vous peut-elle être attestée,

    Vous, malheureux, assis dans la chaire empestée

    Où le mensonge règne et répand son poison,

    Vous, nourri dans la fourbe et dans la trahison ?

    SCÈNE V

    Joad, Josabet, Mathan, Nabal.

    JOAD

    Où suis-je ? De Baal ne vois-je pas le prêtre ?

    Quoi, fille de David, vous parlez à ce traître ?

    Vous souffrez qu’il vous parle ? Et vous ne craignez pas

    Que du fond de l’abîme entr’ouvert sous ses pas,

    Il ne sorte à l’instant des feux qui vous embrasent,

    Ou qu’en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent ?

    Que veut-il ? De quel front cet ennemi de Dieu

    Vient-il infecter l’air qu’on respire en ce lieu ?

    MATHAN

    On reconnaît Joad à cette violence.

    Toutefois il devrait montrer plus de prudence,

    Respecter une reine, et ne pas outrager

    Celui que de son ordre elle a daigné charger.

    JOAD

    Hé bien que nous fait-elle annoncer de sinistre ?

    Quel sera l’ordre affreux qu’apporte un tel ministre ?

    MATHAN

    J’ai fait à Josabet savoir sa volonté.

    JOAD

    Sors donc de devant moi, monstre d’impiété.

    De toutes tes horreurs, va, comble la mesure.

    Dieu s’apprête à te joindre à la race parjure,

    Abiron, et Dathan, Doëg, Achitophel.

    Les chiens, à qui son bras a livré Jézabel,

    Attendant que sur toi sa fureur se déploie,

    Déjà sont à ta porte et demandent leur proie.

    MATHAN

    Il se trouble.

    Avant la fin du jour… on verra qui de nous…

    Doit… Mais sortons, Nabal.

    NABAL

    Où vous égarez-vous ?

    De vos sens étonnés, quel désordre s’empare ?

    Voilà votre chemin.

    SCÈNE VI

    Joad, Josabet.

    JOSABET

    L’orage se déclare.

    Athalie en fureur demande Éliacin.

    Déjà de sa naissance et de votre dessein

    On commence, Seigneur, à percer le mystère.

    Peu s’en faut que Mathan ne m’ait nommé son père.

    JOAD

    Au perfide Mathan, qui l’aurait révélé ?

    Votre trouble à Mathan n’a-t-il point trop parlé ?

    JOSABET

    J’ai fait ce que j’ai pu pour m’en rendre maîtresse.

    Cependant, croyez-moi, Seigneur, le péril presse.

    Réservons cet enfant pour un temps plus heureux.

    Tandis que les méchants délibèrent entre eux,

    Avant qu’on l’environne, avant qu’on nous l’arrache,

    Une seconde fois souffrez que je le cache.

    Les portes, les chemins lui sont encore ouverts.

    Faut-il le transporter aux plus affreux déserts ?

    Je suis prête. Je sais une secrète issue

    Par où, sans qu’on le voie, et sans être aperçue,

    De Cédron avec lui traversant le torrent,

    J’irai dans le désert, où jadis en pleurant,

    Et cherchant comme nous son salut dans la fuite,

    David d’un fils rebelle évita la poursuite.

    Je craindrai moins pour lui les lions, et les ours…

    Mais pourquoi de Jéhu refuser le secours ?

    Je vous ouvre peut-être un avis salutaire.

    Faisons de ce trésor Jéhu dépositaire.

    On peut dans ses États le conduire aujourd’hui,

    Et le chemin est court qui mène jusqu’à lui.

    Jéhu n’a point un coeur farouche, inexorable,

    De David à ses yeux le nom est favorable.

    Hélas ! Est-il un roi si dur et si cruel,

    À moins qu’il n’eût pour mère une autre Jézabel,

    Qui d’un tel suppliant ne plaignît l’infortune ?

    Sa cause à tous les rois n’est-elle pas commune ?

    JOAD

    Quels timides conseils m’osez-vous suggérer ?

    En l’appui de Jéhu pourriez-vous espérer ?

    JOSABET

    Dieu défend-il tout soin et toute prévoyance ?

    Ne l’offense-t-on point par trop de confiance ?

    À ses desseins sacrés employant les humains,

    N’a-t-il pas de Jéhu lui-même armé les mains ?

    JOAD

    Jéhu qu’avait choisi sa sagesse profonde,

    Jéhu, sur qui je vois que votre espoir se fonde,

    D’un oubli trop ingrat a payé ses bienfaits.

    Jéhu laisse d’Achab l’affreuse fille en paix,

    Suit des rois d’Israël les profanes exemples,

    Du vil dieu de l’Égypte a conservé les temples.

    Jéhu sur les hauts lieux enfin osant offrir

    Un téméraire encens que Dieu ne peut souffrir,

    N’a pour servir sa cause et venger ses injures,

    Ni le coeur assez droit, ni les mains assez pures.

    Non, non, c’est à Dieu seul qu’il nous faut attacher.

    Montrons Éliacin, et loin de le cacher,

    Que du bandeau royal sa tête soit ornée.

    Je veux même avancer l’heure déterminée,

    Avant que de Mathan le complot soit formé.

    SCÈNE VII

    Joad, Joasabet, Azarias suivi du choeur et de plusieurs Lévites.

    JOAD

    Hé bien, Azarias, le Temple est-il fermé ?

    AZARIAS

    J’en ai fait devant moi fermer toutes les portes.

    JOAD

    N’y reste-t-il que vous, et vos saintes cohortes ?

    AZARIAS

    De ses parvis sacrés j’ai deux fois fait le tour.

    Tout a fui. Tous se sont séparés sans retour,

    Misérable troupeau, qu’a dispersé la crainte,

    Et Dieu n’est plus servi que dans la tribu sainte.

    Depuis qu’à Pharaon ce peuple est échappé,

    Une égale terreur ne l’avait point frappé.

    JOAD

    Peuple lâche en effet, et né pour l’esclavage,

    Hardi contre Dieu seul ! Poursuivons notre ouvrage.

    Mais qui retient encor ces enfants parmi nous ?

    UNE DES FILLES DU CHOEUR.

    Hé ! pourrions-nous, Seigneur, nous séparer de vous ?

    Dans le Temple de Dieu sommes-nous étrangères ?

    Vous avez près de vous nos pères, et nos frères.

    UNE AUTRE.

    Hélas ! si pour venger l’opprobre d’Israël

    Nos mains ne peuvent pas, comme autrefois Jahel,

    Des ennemis de Dieu percer la tête impie,

    Nous lui pouvons du moins immoler notre vie.

    Quand vos bras combattront pour son Temple attaqué,

    Par nos larmes du moins il peut être invoqué.

    JOAD

    Voilà donc quels vengeurs s’arment pour ta querelle,

    Des prêtres, des enfants, ô Sagesse éternelle !

    Mais si tu les soutiens, qui peut les ébranler ?

    Du tombeau quand tu veux tu sais nous rappeler.

    Tu frappes, et guéris. Tu perds, et ressuscites.

    Ils ne s’assurent point en leurs propres mérites,

    Mais en ton nom sur eux invoqué tant de fois,

    En tes serments jurés au plus saint de leurs rois,

    En ce Temple où tu fais ta demeure sacrée,

    Et qui doit du soleil égaler la durée.

    Mais d’où vient que mon coeur frémit d’un saint effroi ?

    Est-ce l’Esprit divin qui s’empare de moi ?

    C’est lui-même. Il m’échauffe. Il parle. Mes yeux s’ouvrent,

    Et les siècles obscurs devant moi se découvrent.

    Lévites, de vos sons prêtez-moi les accords,

    Et de ses mouvements secondez les transports.

    LE CHOEUR, chante au son de toute la symphonie des instruments.

    Que du Seigneur la voix se fasse entendre,

    Et qu’à nos coeurs son oracle divin

    Soit ce qu’à l’herbe tendre

    Est au printemps la fraîcheur du matin.

    JOAD

    Cieux, écoutez ma voix. Terre, prête l’oreille.

    Ne dis plus, ô Jacob, que ton Seigneur sommeille.

    Pécheurs disparaissez, le Seigneur se réveille.

    Ici recommence la symphonie, et Joad aussitôt reprend la parole.

    Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ?

    Quel est dans le lieu saint ce pontife égorgé ?

    Pleure, Jérusalem, pleure, cité perfide !

    Des prophètes divins malheureuse homicide.

    De son amour pour toi ton Dieu s’est dépouillé.

    Ton encens à ses yeux est un encens souillé.

    Où menez-vous ces enfants, et ces femmes ?

    Le Seigneur a détruit la reine des cités.

    Ses prêtres sont captifs, ses rois sont rejetés.

    Dieu ne veut plus qu’on vienne à ses solennités.

    Temple, renverse-toi, cèdres, jetez des flammes.

    Jérusalem, objet de ma douleur,

    Quelle main en ce jour t’a ravi tous tes charmes ?

    Qui changera mes yeux en deux sources de larmes

    Pour pleurer ton malheur ?

    AZARIAS

    Ô saint temple !

    JOSABET

    Ô David !

    LE CHOEUR.

    Dieu de Sion, rappelle,

    Rappelle en sa faveur tes antiques bontés.

    La symphonie recommence encore, et Joad un moment après l’interrompt.

    JOAD

    Quelle Jérusalem nouvelle

    Sort du fond du désert brillante de clartés,

    Et porte sur le front une marque immortelle ?

    Peuples de la terre, chantez.

    Jérusalem renaît plus charmante, et plus belle.

    D’où lui viennent de tous côtés

    Ces enfants qu’en son sein elle n’a point portés ?

    Lève, Jérusalem, lève ta tête altière.

    Regarde tous ces rois de ta gloire étonnés.

    Les rois des nations devant toi prosternés,

    De tes pieds baisent la poussière.

    Les peuples à l’envi marchent à ta lumière.

    Heureux ! qui pour Sion d’une sainte ferveur

    Sentira son âme embrasée.

    Cieux, répandez votre rosée,

    Et que la terre enfante son Sauveur.

    JOSABET

    Hélas ! d’où nous viendra cette insigne faveur,

    Si les rois de qui doit descendre ce Sauveur…

    JOAD

    Préparez, Josabet, le riche diadème,

    Que sur son front sacré David porta lui-même.

    Aux lévites.

    Et vous, pour vous armer, suivez-moi dans ces lieux

    Où se garde caché, loin des profanes yeux,

    Ce formidable amas de lances et d’épées,

    Qui du sang philistin jadis furent trempées,

    Et que David vainqueur, d’ans et d’honneurs chargé,

    Fit consacrer au Dieu qui l’avait protégé.

    Peut-on les employer pour un plus noble usage ?

    Venez, je veux moi-même en faire le partage.

    SCÈNE VIII

    Salomith, Le Choeur.

    SALOMITH

    Que de craintes, mes soeurs, que de troubles mortels !

    Dieu tout-puissant, sont-ce là les prémices,

    Les parfums, et les sacrifices

    Qu’on devait en ce jour offrir sur tes autels ?

    UNE FILLE DU CHOEUR.

    Quel spectacle à nos yeux timides !

    Qui l’eût crû, qu’on dût voir jamais

    Les glaives meurtriers, les lances homicides

    Briller dans la maison de paix ?

    UNE AUTRE.

    D’où vient que pour son Dieu pleine d’indifférence,

    Jérusalem se tait en ce pressant danger ?

    D’où vient, mes soeurs, que pour nous protéger,

    Le brave Abner au moins ne rompt pas le silence ?

    SALOMITH

    Hélas ! dans une cour, où l’on n’a d’autres lois

    Que la force et la violence,

    Où les honneurs et les emplois

    Sont le prix d’une aveugle et basse obéissance,

    Ma soeur, pour la triste innocence,

    Qui voudrait élever sa voix ?

    UNE AUTRE.

    Dans ce péril, dans ce désordre extrême,

    Pour qui prépare-t-on le sacré diadème ?

    SALOMITH

    Le Seigneur a daigné parler,

    Mais ce qu’à son prophète il vient de révéler,

    Qui pourra nous le faire entendre ?

    S’arme-t-il pour nous défendre ?

    S’arme-t-il pour nous accabler ?

    TOUT LE CHOEUR, chante.

    Ô promesse ! ô menace ! ô ténébreux mystère !

    Que de maux, que de biens sont prédits tour à tour !

    Comment peut-on avec tant de colère,

    Accorder tant d’amour ?

    UNE VOIX, seule.

    Sion ne sera plus. Une flamme cruelle

    Détruira tous ses ornements.

    UNE AUTRE VOIX.

    Dieu protège Sion. Elle a pour fondements

    Sa parole éternelle.

    LA PREMIÈRE.

    Je vois tout son éclat disparaître à mes yeux.

    LA SECONDE.

    Je vois de toutes parts sa clarté répandue.

    LA PREMIÈRE.

    Dans un gouffre profond Sion est descendue.

    LA SECONDE.

    Sion a son front dans les cieux.

    LA PREMIÈRE.

    Quel triste abaissement !

    LA SECONDE.

    Quelle immortelle gloire !

    LA PREMIÈRE.

    Que de cris de douleur !

    LA SECONDE.

    Que de chants de victoire !

    UNE TROISIÈME.

    Cessons de nous troubler. Notre Dieu quelque jour

    Dévoilera ce grand mystère.

    TOUTES TROIS.

    Révérons sa colère.

    Espérons en son amour.

    UNE AUTRE.

    D’un coeur qui t’aime,

    Mon Dieu, qui peut troubler la paix ?

    Il cherche en tout ta volonté suprême,

    Et ne se cherche jamais.

    Sur la terre, dans le ciel même,

    Est-il d’autre bonheur que la tranquille paix

    D’un coeur qui t’aime ?

    ACTE IV

    SCÈNE PREMIÈRE

    Joas, Joasabet, Zacharie, Salomith, un Lévite, Le Choeur.

    SALOMITH

    D’un pas majestueux à côté de ma mère,

    Le jeune Éliacin s’avance avec mon frère.

    Dans ces voiles, mes soeurs, que portent-ils tous deux ?

    Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ?

    JOSABET, à Zacharie.

    Mon fils, avec respect posez sur cette table

    De notre sainte Loi le Livre redoutable.

    Et vous aussi posez, aimable Éliacin,

    Cet auguste bandeau près du Livre divin.

    Lévite, il faut placer, Joad ainsi l’ordonne,

    Le glaive de David auprès de sa couronne.

    JOAS

    Princesse, quel est donc ce spectacle nouveau ?

    Pourquoi ce Livre saint, ce glaive, ce bandeau ?

    Depuis que le Seigneur m’a reçu dans son Temple,

    D’un semblable appareil je n’ai point vu d’exemple.

    JOSABET

    Tous vos doutes, mon fils, bientôt s’éclairciront.

    JOAS

    Vous voulez essayer ce bandeau sur mon front ?

    Ah, Princesse, gardez d’en profaner la gloire.

    Du roi qui l’a porté respectez la mémoire.

    Un malheureux enfant aux ours abandonné…

    JOSABET, lui essayant le diadème.

    Laissez, mon fils, je fais ce qui m’est ordonné.

    JOAS

    Mais j’entends les sanglots sortir de votre bouche !

    Princesse, vous pleurez ! Quelle pitié vous touche ?

    Est-ce qu’en holocauste aujourd’hui présenté

    Je dois, comme autrefois la fille de Jephté,

    Du Seigneur par ma mort apaiser la colère ?

    Hélas ! un fils n’a rien qui ne soit à son père.

    JOSABET

    Voici qui vous dira les volontés des cieux.

    Ne craignez rien. Et nous, sortons tous de ces lieux.

    SCÈNE II

    Joad, Joas.

    JOAS, courant dans les bras du grand prêtre.

    Mon père !

    JOAD

    Hé bien, mon fils ?

    JOAS

    Qu’est-ce donc qu’on prépare ?

    JOAD

    Il est juste, mon fils, que je vous le déclare.

    Il faut que vous soyez instruit, même avant tous,

    Des grands desseins de Dieu sur son peuple et sur vous.

    Armez-vous d’un courage et d’une foi nouvelle.

    Il est temps de montrer cette ardeur et ce zèle,

    Qu’au fond de votre coeur mes soins ont cultivés,

    Et de payer à Dieu ce que vous lui devez.

    Sentez-vous cette noble et généreuse envie ?

    JOAS

    Je me sens prêt, s’il veut, de lui donner ma vie.

    JOAD

    On vous a lu souvent l’histoire de nos rois.

    Vous souvient-il, mon fils, quelles étroites lois

    Doit s’imposer un roi digne du diadème ?

    JOAS

    Un roi sage, ainsi Dieu l’a prononcé lui-même,

    Sur la richesse et l’or ne met point son appui,

    Craint le Seigneur son Dieu ; sans cesse a devant lui

    Ses préceptes, ses lois, ses jugements sévères,

    Et d’injustes fardeaux n’accable point ses frères.

    JOAD

    Mais sur l’un de ces rois s’il fallait vous régler,

    À qui choisiriez-vous, mon fils, de ressembler ?

    JOAS

    David, pour le Seigneur plein d’un amour fidèle,

    Me paraît des grands rois le plus parfait modèle.

    JOAD

    Ainsi dans leurs excès vous n’imiteriez pas

    L’infidèle Joram, l’impie Ochosias.

    JOAS

    Ô mon père !

    JOAD

    Achevez, dites, que vous en semble ?

    JOAS

    Puisse périr comme eux quiconque leur ressemble.

    Mon père, en quel état vous vois-je devant moi ?

    JOAD, se prosternant à ses pieds.

    Je vous rends le respect que je dois à mon roi.

    De votre aïeul David, Joas, rendez-vous digne.

    JOAS

    Joas ? Moi ?

    JOAD

    Vous saurez par quelle grâce insigne,

    D’une mère en fureur Dieu trompant le dessein,

    Quand déjà son poignard était dans votre sein,

    Vous choisit, vous sauva du milieu du carnage.

    Vous n’êtes pas encore échappé de sa rage.

    Avec la même ardeur qu’elle voulut jadis

    Perdre en vous le dernier des enfants de son fils,

    À vous faire périr sa cruauté s’attache,

    Et vous poursuit encor sous le nom qui vous cache.

    Mais sous vos étendards j’ai déjà su ranger

    Un peuple obéissant et prompt à vous venger.

    Entrez, généreux chefs des familles sacrées,

    Du ministère saint tour à tour honorées.

    SCÈNE III

    Joas, Joad, Azarias, Ismaël et les trois autres chefs des Lévites.

    JOAD, continue.

    Roi, voilà vos vengeurs contre vos ennemis.

    Prêtres, voilà le roi que je vous ai promis.

    AZARIAS

    Quoi c’est Éliacin ?

    ISMAËL

    Quoi cet enfant aimable…

    JOAD

    Est du roi de Juda l’héritier véritable,

    Dernier né des enfants du triste Ochosias ;

    Nourri, vous le savez, sous le nom de Joas.

    De cette fleur si tendre et sitôt moissonnée,

    Tout Juda, comme vous, plaignant la destinée,

    Avec ses frères morts le crut enveloppé.

    Du perfide couteau comme eux il fut frappé.

    Mais Dieu du coup mortel sut détourner l’atteinte,

    Conserva dans son coeur la chaleur presque éteinte,

    Permit que des bourreaux trompant l’?il vigilant

    Josabet dans son sein l’emportât tout sanglant,

    Et n’ayant de son vol que moi seul pour complice,

    Dans le Temple cachât l’enfant et la nourrice.

    JOAS

    Hélas ! de tant d’amour et de tant de bienfaits,

    Mon père, quel moyen de m’acquitter jamais ?

    JOAD

    Gardez pour d’autres temps cette reconnaissance.

    Voilà donc votre roi, votre unique espérance.

    J’ai pris soin jusqu’ici de vous le conserver.

    Ministres du Seigneur, c’est à vous d’achever.

    Bientôt de Jézabel la fille meurtrière

    Instruite que Joas voit encor la lumière,

    Dans l’horreur du tombeau viendra le replonger.

    Déjà sans le connaître elle veut l’égorger.

    Prêtres saints, c’est à vous de prévenir sa rage.

    Il faut finir des Juifs le honteux esclavage,

    Venger vos princes morts, relever votre Loi,

    Et faire aux deux tribus reconnaître leur roi.

    L’entreprise sans doute est grande et périlleuse.

    J’attaque sur son trône une reine orgueilleuse,

    Qui voit sous ses drapeaux marcher un camp nombreux

    De hardis étrangers, d’infidèles Hébreux.

    Mais ma force est au Dieu, dont l’intérêt me guide.

    Songez qu’en cet enfant tout Israël réside.

    Déjà ce Dieu vengeur commence à la troubler.

    Déjà trompant ses soins j’ai su vous rassembler.

    Elle nous croit ici sans armes, sans défense.

    Couronnons, proclamons Joas en diligence.

    De là, du nouveau prince intrépides soldats,

    Marchons en invoquant l’arbitre des combats,

    Et réveillant la foi dans les coeurs endormie,

    Jusques dans son palais cherchons notre ennemie.

    Et quels coeurs si plongés dans un lâche sommeil,

    Nous voyant avancer dans ce saint appareil,

    Ne s’empresseront pas à suivre notre exemple ?

    Un roi que Dieu lui-même a nourri dans son Temple,

    Le successeur d’Aaron de ses prêtres suivi,

    Conduisant au combat les enfants de Lévi,

    Et dans ces mêmes mains des peuples révérées,

    Les armes au Seigneur par David consacrées ?

    Dieu sur ses ennemis répandra sa terreur.

    Dans l’infidèle sang baignez-vous sans horreur.

    Frappez et Tyriens, et même Israélites.

    Ne descendez-vous pas de ces fameux lévites,

    Qui lorsqu’au Dieu du Nil le volage Israël

    Rendit dans le désert un culte criminel,

    De leurs plus chers parents saintement homicides,

    Consacrèrent leurs mains dans le sang des perfides,

    Et par ce noble exploit vous acquirent l’honneur

    D’être seuls employés aux autels du Seigneur ?

    Mais je vois que déjà vous brûlez de me suivre.

    Jurez donc avant tout sur cet auguste Livre,

    À ce roi que le ciel vous redonne aujourd’hui,

    De vivre, de combattre, et de mourir pour lui.

    AZARIAS

    Oui, nous jurons ici pour nous, pour tous nos frères,

    De rétablir Joas au trône de ses pères,

    De ne poser le fer entre nos mains remis,

    Qu’après l’avoir vengé de tous ses ennemis.

    Si quelque transgresseur enfreint cette promesse,

    Qu’il éprouve, grand Dieu, ta fureur vengeresse :

    Qu’avec lui, ses enfants de ton partage exclus,

    Soient au rang de ces morts que tu ne connais plus.

    JOAD

    Et vous, à cette Loi, votre règle éternelle,

    Roi, ne jurez-vous pas d’être toujours fidèle ?

    JOAS

    Pourrais-je à cette Loi ne me pas conformer ?

    JOAD

    Ô mon fils, de ce nom j’ose encor vous nommer,

    Souffrez cette tendresse, et pardonnez aux larmes

    Que m’arrachent pour vous de trop justes alarmes.

    Loin du trône nourri, de ce fatal honneur,

    Hélas ! vous ignorez le charme empoisonneur.

    De l’absolu pouvoir vous ignorez l’ivresse,

    Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse.

    Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois,

    Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois ;

    Qu’un roi n’a d’autre frein que sa volonté même ;

    Qu’il doit immoler tout à sa grandeur suprême ;

    Qu’aux larmes, au travail le peuple est condamné,

    Et d’un sceptre de fer veut être gouverné ;

    Que s’il n’est opprimé, tôt ou tard il opprime.

    Ainsi de piège en piège, et d’abîme en abîme,

    Corrompant de vos moeurs l’aimable pureté,

    Ils vous feront enfin haïr la vérité,

    Vous peindront la vertu sous une affreuse image.

    Hélas ! ils ont des rois égaré le plus sage.

    Promettez sur ce Livre et devant ces témoins,

    Que Dieu fera toujours le premier de vos soins,

    Que sévère aux méchants, et des bons le refuge,

    Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge ;

    Vous souvenant, mon fils, que caché sous ce lin,

    Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin.

    JOAS

    Je promets d’observer ce que la Loi m’ordonne.

    Mon Dieu, punissez-moi, si je vous abandonne.

    JOAD

    Venez, de l’huile sainte il faut vous consacrer.

    Paraissez, Josabet, vous pouvez vous montrer.

    SCÈNE IV

    Joas, Joad, Joasabet, Zacharie, Azarias, etc., Salomith, Le Choeur.

    JOSABET, embrassant Joas.

    Ô Roi, fils de David !

    JOAS

    Ô mon unique mère !

    Venez, cher Zacharie, embrasser votre frère.

    JOSABET, à Zacharie.

    Aux pieds de votre roi prosternez-vous, mon fils.

    JOAD, pendant qu’ils s’embrassent.

    Enfants, ainsi toujours puissiez-vous être unis !

    JOSABET, à Joas.

    Vous savez donc quel sang vous a donné la vie ?

    JOAS

    Et je sais quelle main sans vous me l’eût ravie.

    JOSABET

    De votre nom, Joas, je puis donc vous nommer.

    JOAS

    Joas ne cessera jamais de vous aimer.

    LE CHOEUR.

    Quoi, c’est là…

    JOSABET

    C’est Joas.

    JOAD

    Écoutons ce lévite.

    SCÈNE V.

    Joas, Joasabet, Joad, etc., Un Lévite.

    UN LÉVITE.

    J’ignore contre Dieu quel projet on médite.

    Mais l’airain menaçant frémit de toutes parts.

    On voit luire des feux parmi des étendards.

    Et sans doute Athalie assemble son armée.

    Déjà même au secours toute voie est fermée.

    Déjà le sacré mont, où le Temple est bâti,

    D’insolents Tyriens est partout investi.

    L’un d’eux en blasphémant, vient de nous faire entendre

    Qu’Abner est dans les fers, et ne peut nous défendre.

    JOSABET, à Joas.

    Cher enfant, que le ciel en vain m’avait rendu,

    Hélas ! pour vous sauver j’ai fait ce que j’ai pu.

    Dieu ne se souvient plus de David votre père.

    JOAD, à Josabet.

    Quoi ! Vous ne craignez pas d’attirer sa colère

    Sur vous, et sur ce roi si cher à votre amour ?

    Et quand Dieu de vos bras l’arrachant sans retour,

    Voudrait que de David la maison fût éteinte ;

    N’êtes-vous pas ici sur la montagne sainte,

    Où le père des Juifs sur son fils innocent,

    Leva sans murmurer un bras obéissant,

    Et mit sur un bûcher ce fruit de sa vieillesse,

    Laissant à Dieu le soin d’accomplir sa promesse,

    Et lui sacrifiant avec ce fils aimé

    Tout l’espoir de sa race en lui seul renfermé ?

    Amis, partageons-nous. Qu’Ismaël en sa garde,

    Prenne tout le côté que l’orient regarde.

    Vous, le côté de l’ourse, et vous de l’occident.

    Vous, le midi. Qu’aucun par un zèle imprudent,

    Découvrant mes desseins, soit prêtre, soit lévite,

    Ne sorte avant le temps, et ne se précipite.

    Et que chacun enfin d’un même esprit poussé,

    Garde en mourant le poste où je l’aurai placé.

    L’ennemi nous regarde en son aveugle rage

    Comme de vils troupeaux réservés au carnage,

    Et croit ne rencontrer que désordre et qu’effroi.

    Qu’Azarias partout accompagne le roi.

    Venez,

    À Joas.

    Venez, cher rejeton d’une vaillante race,

    Remplir vos défenseurs d’une nouvelle audace.

    Venez du diadème à leurs yeux vous couvrir,

    Et périssez du moins en roi, s’il faut périr.

    Suivez-le, Josabet. Vous,

    À un lévite.

    donnez-moi ces armes.

    Enfants, offrez à Dieu vos innocentes larmes.

    SCÈNE VI

    Salomith, Le Choeur.

    TOUT LE CHOEUR, chante.

    Partez, enfants d’Aaron, partez.

    Jamais plus illustre querelle

    De vos aïeux n’arma le zèle.

    Partez, enfants d’Aaron, partez.

    C’est votre roi, c’est Dieu, pour qui vous combattez.

    UNE VOIX, seule.

    Où sont les traits que tu lances,

    Grand Dieu, dans ton juste courroux ?

    N’es-tu plus le Dieu jaloux ?

    N’es-tu plus le Dieu des vengeances ?

    UNE AUTRE.

    Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés ?

    Dans l’horreur qui nous environne,

    N’entends-tu que la voix de nos iniquités ?

    N’es-tu plus le Dieu qui pardonne ?

    TOUT LE CHOEUR.

    Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés ?

    UNE VOIX, seule.

    C’est à toi que dans cette guerre

    Les flèches des méchants prétendent s’adresser.

    Faisons, disent-ils, cesser

    Les fêtes de Dieu sur la terre.

    De son joug importun délivrons les mortels.

    Massacrons tous ses saints. Renversons ses autels.

    Que de son nom, que de sa gloire

    Il ne reste plus de mémoire.

    Que ni lui, ni son Christ ne règnent plus sur nous.

    TOUT LE CHOEUR.

    Où sont les traits que tu lances,

    Grand Dieu, dans ton juste courroux ?

    N’es-tu plus le Dieu jaloux ?

    N’es-tu plus le Dieu des vengeances ?

    UNE VOIX, seule.

    Triste reste de nos rois,

    Chère et dernière fleur d’une tige si belle,

    Hélas ! sous le couteau d’une mère cruelle

    Te verrons-nous tomber une seconde fois ?

    Prince aimable, dis-nous, si quelque ange au berceau

    Contre tes assassins prit soin de te défendre ;

    Ou si dans la nuit du tombeau

    La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre.

    UNE AUTRE.

    D’un père et d’un aïeul contre toi révoltés,

    Grand Dieu, les attentats lui sont-ils imputés ?

    Est-ce que sans retour ta pitié l’abandonne ?

    LE CHOEUR.

    Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés ?

    N’es-tu plus le Dieu qui pardonne ?

    UNE DES FILLES DU CHOEUR, sans chanter.

    Chères soeurs, n’entendez-vous pas

    Des cruels Tyriens la trompette qui sonne ?

    SALOMITH

    J’entends même les cris des barbares soldats,

    Et d’horreur j’en frissonne.

    Courons, fuyons, retirons-nous

    À l’ombre salutaire

    Du redoutable sanctuaire.

    ACTE V

    SCÈNE PREMIÈRE

    Zacharie, Salomith, Le Choeur.

    SALOMITH

    Cher Zacharie, hé bien ? Que nous apprenez-vous ?

    ZACHARIE

    Redoublez au Seigneur votre ardente prière.

    Peut-être nous touchons à notre heure dernière.

    Pour l’horrible combat, ma soeur, l’ordre est donné.

    SALOMITH

    Que fait Joas ?

    ZACHARIE

    Joas vient d’être couronné.

    Le grand prêtre a sur lui répandu l’huile sainte.

    Ô ciel ! dans tous les yeux quelle joie était peinte

    À l’aspect de ce roi racheté du tombeau !

    Ma soeur, on voit encor la marque du couteau.

    On voit paraître aussi sa fidèle nourrice,

    Qui cachée en un coin de ce vaste édifice

    Gardait ce cher dépôt, et n’avait de ses soins

    Que les yeux de ma mère, et que Dieu pour témoins.

    Nos lévites pleuraient de joie et de tendresse,

    Et mêlaient leurs sanglots à leurs cris d’allégresse.

    Lui, parmi ces transports, affable, et sans orgueil,

    À l’un tendait la main, flattait l’autre de l’oeil,

    Jurait de se régler par leurs avis sincères,

    Et les appelait tous ses pères ou ses frères.

    SALOMITH

    Ce secret au dehors est-il aussi semé ?

    ZACHARIE

    Ce secret dans le Temple est encor renfermé.

    Des enfants de Lévi la troupe partagée

    Dans un profond silence aux portes s’est rangée.

    Tous doivent à la fois précipiter leurs pas,

    Et crier pour signal : vive le roi Joas.

    Mais mon père défend que le roi se hasarde,

    Et veut qu’Azarias demeure pour sa garde.

    Cependant Athalie un poignard à la main

    Rit des faibles remparts de nos portes d’airain.

    Pour les rompre, elle attend les fatales machines,

    Et ne respire enfin que sang et que ruines.

    Quelques prêtres, ma soeur, ont d’abord proposé

    Qu’en un lieu souterrain par nos pères creusé

    On renfermât du moins notre Arche précieuse.

    Ô crainte, a dit mon père, indigne, injurieuse !

    L’Arche, qui fit tomber tant de superbes tours,

    Et força le Jourdain de rebrousser son cours,

    Des dieux des nations tant de fois triomphante,

    Fuirait donc à l’aspect d’une femme insolente ?

    Ma mère auprès du roi, dans un trouble mortel,

    L’?il tantôt sur ce prince, et tantôt vers l’autel,

    Muette, et succombant sous le poids des alarmes,

    Aux yeux les plus cruels arracherait des larmes,

    Le roi de temps en temps la presse entre ses bras,

    La flatte… Chères soeurs, suivez toutes mes pas.

    Et, s’il faut aujourd’hui que notre roi périsse,

    Allons, qu’un même sort avec lui nous unisse.

    SALOMITH

    Quelle insolente main frappe à coups redoublés ?

    Qui fait courir ainsi ces lévites troublés ?

    Quelle précaution leur fait cacher leurs armes ?

    Le Temple est-il forcé ?

    ZACHARIE

    Dissipez vos alarmes.

    Dieu nous envoie Abner.

    SCÈNE II

    Abner, Joad, Josabet, Zacharie, Salomith, Ismaël, deux Lévites, etc.

    JOAD

    En croirai-je mes yeux,

    Cher Abner ? Quel chemin a pu jusqu’en ces lieux

    Vous conduire au travers d’un camp qui nous assiège ?

    On disait que d’Achab la fille sacrilège

    Avait, pour assurer ses projets inhumains,

    Chargé d’indignes fers vos généreuses mains.

    ABNER

    Oui, Seigneur, elle a craint mon zèle et mon courage.

    Mais c’est le moindre prix que me gardait sa rage.

    Dans l’horreur d’un cachot par son ordre enfermé,

    J’attendais que le Temple en cendre consumé,

    De tant de flots de sang non encore assouvie

    Elle vînt m’affranchir d’une importune vie,

    Et retrancher des jours, qu’aurait dû mille fois

    Terminer la douleur de survivre à mes rois.

    JOAD

    Par quel miracle a-t-on obtenu votre grâce ?

    ABNER

    Dieu dans ce coeur cruel sait seul ce qui se passe.

    Elle m’a fait venir, et d’un air égaré,

    Tu vois de mes soldats tout ce temple entouré,

    Dit-elle. Un feu vengeur va le réduire en cendre.

    Et ton Dieu contre moi ne le saurait défendre.

    Ses prêtres toutefois, mais il faut se hâter,

    À deux conditions peuvent se racheter :

    Qu’avec Éliacin on mette en ma puissance

    Un trésor, dont je sais qu’ils ont la connaissance,

    Par votre roi David autrefois amassé,

    Sous le sceau du secret au grand prêtre laissé.

    Va, dis-leur qu’à ce prix je leurs permets de vivre.

    JOAD

    Quel conseil, cher Abner, croyez-vous qu’on doit suivre ?

    ABNER

    Et tout l’or de David, s’il est vrai qu’en effet

    Vous gardiez de David quelque trésor secret,

    Et tout ce que des mains de cette reine avare,

    Vous avez pu sauver et de riche et de rare,

    Donnez-le. Voulez-vous que d’impurs assassins

    Viennent briser l’autel, brûler les chérubins,

    Et portant sur notre Arche une main téméraire,

    De votre propre sang souiller le sanctuaire ?

    JOAD

    Mais siérait-il, Abner, à des coeurs généreux

    De livrer au supplice un enfant malheureux,

    Un enfant que Dieu même à ma garde confie,

    Et de nous racheter aux dépens de sa vie ?

    ABNER

    Hélas ! Dieu voit mon coeur. Plût à ce Dieu puissant

    Qu’Athalie oubliât un enfant innocent,

    Et que du sang d’Abner sa cruauté contente

    Crût calmer par ma mort le ciel qui la tourmente !

    Mais que peuvent pour lui vos inutiles soins ?

    Quand vous périrez tous, en périra-t-il moins ?

    Dieu vous ordonne-t-il de tenter l’impossible ?

    Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible,

    Moïse par sa mère au Nil abandonné,

    Se vit, presque en naissant, à périr condamné.

    Mais Dieu le conservant contre toute espérance,

    Fit par le tyran même élever son enfance.

    Qui sait ce qu’il réserve à votre Éliacin,

    Et si lui préparant un semblable destin,

    Il n’a point de pitié déjà rendu capable

    De nos malheureux rois l’homicide implacable ?

    Du moins, et Josabet, comme moi, l’a pu voir,

    Tantôt à son aspect je l’ai vu s’émouvoir.

    J’ai vu de son courroux tomber la violence.

    Princesse, en ce péril vous gardez le silence ?

    Hé quoi ? Pour un enfant, qui vous est étranger,

    Souffrez-vous que sans fruit Joad laisse égorger

    Vous, son fils, tout ce peuple, et que le feu dévore

    Le seul lieu sur la terre où Dieu veut qu’on l’adore ?

    Que feriez-vous de plus, si des rois vos aïeux

    Ce jeune enfant était un reste précieux ?

    JOSABET, tout bas à Joad.

    Pour le sang de ses rois vous voyez sa tendresse.

    Que ne lui parlez-vous ?

    JOAD

    Il n’est pas temps, Princesse.

    ABNER

    Le temps est cher, Seigneur, plus que vous ne pensez.

    Tandis qu’à me répondre ici vous balancez,

    Mathan près d’Athalie étincelant de rage

    Demande le signal, et presse le carnage.

    Faut-il que je me jette à vos sacrés genoux ?

    Au nom du lieu si saint, qui n’est ouvert qu’à vous,

    Lieu terrible, où de Dieu la majesté repose,

    Quelque dure que soit la loi qu’on vous impose,

    De ce coup imprévu songeons à nous parer.

    Donnez-moi seulement le temps de respirer.

    Demain, dès cette nuit, je prendrai des mesures

    Pour assurer le Temple, et venger ses injures.

    Mais je vois que mes pleurs et que mes vains discours

    Pour vous persuader sont un faible secours.

    Votre austère vertu n’en peut être frappée.

    Hé bien ! trouvez-moi donc quelque arme, quelque épée

    Et qu’aux portes du Temple où l’ennemi m’attend,

    Abner puisse du moins mourir en combattant.

    JOAD

    Je me rends. Vous m’ouvrez un avis que j’embrasse.

    De tant de maux, Abner, détournons la menace.

    Il est vrai de David un trésor est resté.

    La garde en fut commise à ma fidélité.

    C’était des tristes Juifs l’espérance dernière,

    Que mes soins vigilants cachaient à la lumière.

    Mais puisqu’à votre reine il faut le découvrir,

    Je vais la contenter, nos portes vont s’ouvrir.

    De ses plus braves chefs qu’elle entre accompagnée

    Mais de nos saints autels qu’elle tienne éloignée

    D’un ramas d’étrangers l’indiscrète fureur.

    Du pillage du Temple épargnez-moi l’horreur.

    Des prêtres, des enfants lui feraient-ils quelque ombre ?

    De sa suite avec vous qu’elle règle le nombre.

    Et quant à cet enfant si craint, si redouté,

    De votre coeur, Abner, je connais l’équité.

    Je vous veux devant elle expliquer sa naissance.

    Vous verrez, s’il le faut remettre en sa puissance.

    Et je vous ferai juge entre Athalie et lui.

    ABNER

    Ah ! je le prends déjà, Seigneur, sous mon appui.

    Ne craignez rien. Je cours vers celle qui m’envoie.

    SCÈNE III

    Joad, Josabet, Ismaël, Zacharie, etc.

    Il lui parle à l’oreille.

    JOAD

    Grand Dieu, voici ton heure, on t’amène ta proie.

    Ismaël, écoutez.

    JOSABET

    Puissant maître des cieux,

    Remets lui le bandeau, dont tu couvris ses yeux,

    Lorsque lui dérobant tout le fruit de son crime,

    Tu cachas dans mon sein cette tendre victime.

    JOAD

    Allez, sage Ismaël, ne perdez point de temps.

    Suivez de point en point ces ordres importants.

    Surtout, qu’à son entrée, et que sur son passage,

    Tout d’un calme profond lui présente l’image.

    Vous, enfants, préparez un trône pour Joas.

    Qu’il s’avance suivi de nos sacrés soldats.

    Faites venir aussi sa fidèle nourrice,

    Princesse, et de vos pleurs que la source tarisse.

    Vous

    À un lévite.

    dès que cette reine ivre d’un fol orgueil

    De la porte du Temple aura passé le seuil,

    Qu’elle ne pourra plus retourner en arrière,

    Prenez soin qu’à l’instant la trompette guerrière

    Dans le camp ennemi jette un subit effroi.

    Appelez tout le peuple au secours de son roi.

    Et faites retentir jusques à son oreille

    De Joas conservé l’étonnante merveille.

    Il vient.

    SCÈNE IV

    Joas, Joad, Josabet, Troupes de prêtres et de lévites, etc.

    JOAD, continue.

    Lévites saints, prêtres de notre Dieu,

    Partout, sans vous montrer, environnez ce lieu.

    Et laissant à mes soins gouverner votre zèle,

    Pour paraître attendez que ma voix vous appelle.

    Ils se cachent tous.

    Roi, je crois qu’à vos voeux cet espoir est permis,

    Venez voir à vos pieds tomber vos ennemis.

    Celle dont la fureur poursuivit votre enfance

    Vers ces lieux à grands pas pour vous perdre s’avance.

    Mais ne la craignez point. Songez qu’autour de vous

    L’Ange exterminateur est debout avec nous.

    Montez sur votre trône, et… Mais la porte s’ouvre.

    Permettez un moment que ce voile vous couvre,

    Il tire un rideau.

    Vous changez de couleur, Princesse ?

    JOSABET

    Ah ! sans pâlir

    Puis-je voir d’assassins le Temple se remplir ?

    Quoi ? Ne voyez-vous pas quelle nombreuse escorte…

    JOAD

    Je vois que du saint temple on referme la porte.

    Tout est en sûreté.

    SCÈNE V

    Athalie, Joas caché derrière le rideau, Joad, Josabet, Abner, Suite d’Athalie.

    ATHALIE à Joad.

    Te voilà, séducteur,

    De ligues, de complots pernicieux auteur,

    Qui dans le trouble seul as mis tes espérances,

    Éternel ennemi des suprêmes puissances.

    En l’appui de ton Dieu tu t’étais reposé.

    De ton espoir frivole es-tu désabusé ?

    Il laisse en mon pouvoir et son temple et ta vie.

    Je devrais sur l’autel, où ta main sacrifie,

    Te… Mais du prix qu’on m’offre il faut me contenter.

    Ce que tu m’as promis songe à l’exécuter.

    Cet enfant, ce trésor, qu’il faut qu’on me remette,

    Où sont-ils ?

    JOAD

    Sur le champ tu seras satisfaite.

    Je te les vais montrer l’un et l’autre à la fois.

    Le rideau se tire.

    Paraissez, cher enfant, digne sang de nos rois.

    Connais-tu l’héritier du plus saint des monarques,

    Reine ? De ton poignard connais du moins ces marques.

    Voilà ton roi, ton fils, le fils d’Ochosias.

    Peuples, et vous Abner, reconnaissez Joas.

    ABNER

    Ciel !

    ATHALIE, à Joad.

    Perfide !

    JOAD

    Vois-tu cette Juive fidèle,

    Dont tu sais bien qu’alors il suçait la mamelle ?

    Il fut par Josabet à ta rage enlevé.

    Ce Temple le reçut, et Dieu l’a conservé.

    Des trésors de David voilà ce qui me reste.

    ATHALIE

    Ta fourbe à cet enfant, traître, sera funeste.

    D’un fantôme odieux, soldats, délivrez-moi.

    JOAD

    Soldats du Dieu vivant, défendez votre roi.

    Ici le fond du théâtre s’ouvre. On voit le dedans du Temple, et les lévites armés sortent de tous côtés sur la scène.

    ATHALIE

    Où suis-je ? Ô trahison ! Ô reine infortunée !

    D’armes et d’ennemis je suis environnée.

    JOAD

    Tes yeux cherchent en vain, tu ne peux échapper,

    Et Dieu de toutes parts a su t’envelopper.

    Ce Dieu que tu bravais, en nos mains t’a livrée.

    Rends lui compte du sang dont tu t’es enivrée.

    ATHALIE

    Quoi ? La peur a glacé mes indignes soldats ?

    Lâche Abner, dans quel piège as-tu conduit mes pas ?

    ABNER

    Reine, Dieu m’est témoin…

    ATHALIE

    Laisse là ton Dieu, traître,

    Et venge-moi.

    ABNER, se jetant aux pieds de Joas.

    Sur qui ? Sur Joas ! Sur mon maître !

    ATHALIE

    Lui Joas ? Lui ton roi ? Songez, méchants, songez

    Que mes armes encor vous tiennent assiégés.

    J’entends à haute voix tout mon camp qui m’appelle.

    On vient à mon secours. Tremblez, troupe rebelle.

    SCÈNE VI

    Ismaël, Joas, Joad, Athalie, etc.

    ISMAËL, à Joad.

    Seigneur, le Temple est libre, et n’a plus d’ennemis.

    L’étranger est en fuite, et le Juif est soumis.

    Comme le vent dans l’air dissipe la fumée,

    La voix du Tout-puissant a chassé cette armée.

    Nos lévites, du haut de nos sacrés parvis,

    D’Ochosias au peuple ont annoncé le fils,

    Ont conté son enfance au glaive dérobée,

    Et la fille d’Achab dans le piège tombée.

    Partout en même temps la trompette a sonné.

    Et ses sons, et leurs cris dans son camp étonné

    Ont répandu le trouble et la terreur subite,

    Dont Gédéon frappa le fier Madianite.

    Les Tyriens jetant armes et boucliers,

    Ont par divers chemins disparu les premiers.

    Quelques Juifs éperdus ont aussi pris la fuite.

    Mais de Dieu sur Joas admirant la conduite

    Le reste à haute voix s’est pour lui déclaré.

    Enfin d’un même esprit tout le peuple inspiré,

    Femmes, vieillards, enfants, s’embrassant avec joie,

    Bénissent le Seigneur, et celui qu’il envoie.

    Tous chantent de David le fils ressuscité.

    Baal est en horreur dans la sainte cité.

    De son temple profane on a brisé les portes.

    Mathan est égorgé.

    ATHALIE

    Dieu des Juifs, tu l’emportes !

    Oui, c’est Joas, je cherche en vain à me tromper.

    Je reconnais l’endroit où je le fis frapper.

    Je vois d’Ochosias et le port, et le geste.

    Tout me retrace enfin un sang que je déteste.

    David, David triomphe. Achab seul est détruit.

    Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit.

    C’est toi, qui me flattant d’une vengeance aisée,

    M’a vingt fois en un jour à moi-même opposée,

    Tantôt pour un enfant excitant mes remords,

    Tantôt m’éblouissant de tes riches trésors,

    Que j’ai craint de livrer aux flammes, au pillage.

    Qu’il règne donc ce fils, ton soin, et ton ouvrage ;

    Et que pour signaler son empire nouveau

    On lui fasse en mon sein enfoncer le couteau.

    Voici ce qu’en mourant lui souhaite sa mère.

    Que dis-je souhaiter ? Je me flatte, j’espère,

    Qu’indocile à ton joug, fatigué de ta loi,

    Fidèle au sang d’Achab, qu’il a reçu de moi,

    Conforme à son aïeul, à son père semblable,

    On verra de David l’héritier détestable

    Abolir tes honneurs, profaner ton autel,

    Et venger Athalie, Achab, et Jézabel.

    JOAD

    Qu’à l’instant hors du Temple elle soit emmenée,

    Et que la sainteté n’en soit point profanée.

    Allez, sacrés vengeurs de vos princes meurtris,

    De leur sang par sa mort faire cesser les cris.

    Si quelque audacieux embrasse sa querelle,

    Qu’à la fureur du glaive on le livre avec elle.

    SCÈNE VII

    Joas, Joas, Joasbet, Abner, etc.

    JOAS

    Dieu, qui voyez mon trouble et mon affliction,

    Détournez loin de moi sa malédiction,

    Et ne souffrez jamais qu’elle soit accomplie.

    Faites que Joas meure, avant qu’il vous oublie.

    JOAD, aux lévites.

    Appelez tout le peuple, et montrons lui son roi,

    Qu’il lui vienne en ses mains renouveler sa foi.

    Roi, prêtres, peuple, allons, pleins de reconnaissance,

    De Jacob avec Dieu confirmer l’alliance,

    Et saintement confus de nos égarements,

    Nous rengager à lui par de nouveaux serments.

    Abner, auprès du roi reprenez votre place.

    Hé bien ? de cette impie a-t-on puni l’audace ?

    SCÈNE DERNIÈRE

    Un Lévite, Joas, Joad, etc.

    UN LÉVITE.

    Le fer a de sa vie expié les horreurs.

    Jérusalem longtemps en proie à ses fureurs,

    De son joug odieux à la fin soulagée,

    Avec joie en son sang la regarde plongée.

    JOAD

    Par cette fin terrible, et due à ses forfaits,

    Apprenez, roi des Juifs, et n’oubliez jamais,

    Que les rois dans le ciel ont un juge sévère,

    L’innocence un vengeur, et l’orphelin un père.

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