La situation en France et les tâches de notre Parti (1978)

[Rapport politique au IIIème Congrès du PCMLF, janvier 1978.]

La situation en France est dominée par la crise économique, dont les manifestations ne peuvent être dissociées de la crise mondiale du capitalisme.

En vérité, le système capitaliste est en crise générale depuis la première guerre mondiale qui a marqué le début de la phase de son pourrissement et de son agonie, en même temps que les premières manifestations du passage du capitalisme monopoliste au capitalisme monopoliste d’Etat.

Mais la durée de cette agonie n’est pas à la mesure de la durée de la vie d’un homme et, naturellement, les prolétariats, les masses populaires et les peuples opprimés aspirent à ce que se produise plus rapidement l’effondrement décisif et irréversible du capitalisme. C’est là un courant général dans le monde.

De façon très sommaire, on peut considérer qu’après la fin de la première guerre mondiale, la profonde crise des années 1929 et suivantes provoqua les conditions historiques du déclenchement de la seconde guerre mondiale en 1939.

Et depuis la fin de celle-ci, les crises sont devenues encore plus fréquentes et plus profondes qu’avant 1939, elles atteignent tous les secteurs d’activité et touchent les uns et les autres de leurs conséquences réciproques. Il y a interactions entre crise industrielle et crise agricole, crise industrielle et crise commerciale, crise de surproduction et crise financière.
Il s’agit là, camarades, de questions complexes, pour l’étude desquelles nous n’avons pas une expérience et des connaissances suffisantes.

Jusqu’à la préparation de notre IIIe Congrès, notre Parti n’avait pas soutenu la moindre tentative d’analyser concrètement et en profondeur la crise actuelle. Il se satisfaisait de la description de ses manifestations apparentes, comme l’inflation, la hausse des prix, les licenciements, le chômage. Mais la Conférence nationale ouvrière a souligné avec opportunité l’impérieuse et urgente nécessité pour notre Parti de procéder à l’analyse concrète de la crise.

Aussi, le Comité central a-t-il commencé à élaborer la réalisation de cette tâche en publiant un premier travail de recherche comportant :
–une esquisse de l’analyse concrète de la crise économique actuelle sur le plan mondial;
–une esquisse du même objet concernant la crise de l’économie française ;
–quelques indications fondamentales et élémentaires du point de vue marxiste-léniniste sur le problème de l’inflation ;
–une critique encore très sommaire de l’analyse de la crise fournie par les économistes révisionnistes français.
 (…) 

 Dans « Matérialisme dialectique et matérialisme historique », Staline indiquait : « La clé qui permet de découvrir les lois de l’Histoire dans la société doit être cherchée non dans le cerveau des hommes, non dans les opinions et les idées de la société, mais dans le mode de production pratiqué par la société à chaque période donnée de l’Histoire dans l’économique de la société.

Par conséquent, la tâche primordiale de la science historique est à l’étude et la découverte des lois du développement économique de la société. Par conséquent, le Parti du prolétariat, s’il veut être un parti véritable, doit avant tout acquérir la science des lois du développement de la production, des lois du développement économique de la société ».

En dépit de l’absence d’une discussion suffisante dans nos rangs, que peut retenir notre Parti des esquisses d’analyses déjà élaborées ?

1) Tout d’abord, la crise économique et ses conséquences générales dans notre pays, notamment ses conséquences politiques et sociales, correspondent au développement de la crise sur le plan mondial. Elles n’échappent pas aux conditions historiques créées par le fait que la France a un impérialisme en forte régression et sur la défensive, d’un potentiel économique très inférieur à ceux des deux super-puissances.

La crise économique en France est pour une grande part tributaire :
-1 de l’expansion considérable des deux super-puissances et de leur rivalité grandissante pour le partage et la domination du monde ;
-2 de la lutte anti-colonialiste et anti-impérialiste menée par les peuples et pays du tiers-monde. Il convient de tenir compte de l’effondrement de l’immense empire colonial dont disposait la France capitaliste avant la deuxième guerre mondiale (12 millions de km2 et 70 millions d’esclaves coloniaux).

Même si la France recourt à de nouvelles formes d’exploitation comme le néo-colonialisme et l’utilisation dans des conditions bénéfiques d’une très importante main d’oeuvre fournie par les travailleurs immigrés, elle n’en est pas moins contrainte de nos jours de négocier et payer son approvisionnement en matières premières, qu’elle pillait naguère pour son plus grand profit.

2) L’économie française reste en partie dépendante d’une importante pénétration du capital étranger, essentiellement américain, et l’impérialisme des monopoles des Etats-Unis s’efforce dans tous les domaines de surmonter sa propre crise en l’exportant dans les pays capitalistes européens.

3) La croissance des prix à la consommation, qu’il ne faut pas confondre avec l’inflation, se maintient à un taux élevé.

4) Le chômage ne connaît pas le moindre signe sérieux de régression, au contraire, il atteint des sommets très élevés, passant de 6,2% de la population active fin 1975 à 8% environ fin 1977.

5) La crise du franc se trouve liée au flottement des monnaies européennes par rapport au dollar américain et la fluctuation de notre monnaie traduit aussi les contradictions aiguës qui se produisent entre les groupes monopolistes européens eux-mêmes.

6) Le quadruplement du prix du pétrole fin 1973 n’a pas été à l’origine de la crise, contrairement à ce que veulent faire croire Giscard d’Estaing et les capitalistes de notre pays, mais il a offert à ces politiciens bourgeois une excellente occasion de justifier leurs difficultés pour dissimuler que les causes profondes de la crise et son essence… sans jeu de mot… résident exclusivement dans la nature du système capitaliste, fondamentalement dans la contradiction entre le caractère privé de la propriété des moyens de production et le caractère collectif des forces productives. 

En ce qui concerne l’esquisse d’analyse de la crise économique en France, elle ne permet pas de caractériser de façon certaine sa nature même. Elle débouche provisoirement sur ces conclusions :

Le problème reste posé de la nature même de la crise ouverte en 1974 : est-elle simplement une crise classique de surproduction, de sur-accumulation, un processus particulièrement brutal de restructuration du capitalisme, de rétablissement de l’équilibre rompu, de résolution provisoire des contradictions, ou bien est-elle la manifestation d’une crise beaucoup plus profonde, liée aux bouleversements que connaît la situation mondiale et avant tout aux faits que le tiers-monde a surgi comme force motrice révolutionnaire et que la rivalité des deux super-puissances pour la domination du monde s’aiguise ?

La politique économique suivie par la bourgeoisie monopoliste pour faire face à la crise économique est marquée par l’incertitude touchant à la nature même de la crise. Rapidement, depuis le début de 1974, se sont succédés plan de stabilisation, plan de relance et maintenant plan Barre. Mais quelque soit l’habillage, le fond reste le même: il s’agit de faire payer la crise aux travailleurs, plus précisément de profiter de celle-ci pour accroître le taux de plus-value, par la paupérisation de la classe ouvrière et de la paysannerie, la baisse du salaire réel, afin d’aboutir au prix d’une dévalorisation d’une partie du capital existant et par une nouvelle restructuration, à relever le taux de profit.

C’est par rapport à la crise que les propositions de la bourgeoisie « d’opposition », le programme commun, les propositions des révisionnistes, prennent tout leur sens. Ces propositions sont somme toute assez classiques et relèvent finalement des remèdes proposés par Keynes, cet apôtre du capitalisme monopoliste d’Etat, au lendemain de la grande crise de 1929.

Précisons que Keynes préconisait l’inflation, le plein emploi, l’augmentation du « pouvoir d’achat » des masses et surtout l’intervention systématique de l’Etat. Cette politique ne peut avoir que des effets très temporaires car le capitalisme ne peut distribuer ses profits aux masses.

Au contraire, régi par le profit, il doit, pour survivre, extorquer toujours plus de plus-value. Dès lors, la contradiction entre la masse de capitaux disponibles pour la production ( de plus-value) et la consommation limitée des masses s’aggrave et aboutit inévitablement à la sur-accumulation du capital.

Le programme commun, actualisé ou pas, qui ne touche absolument pas aux fondements du capitalisme, c’est finalement, en dehors de la fable sur la relance de la consommation qui ne peut en rien résoudre la crise, restructurer le capitalisme pour la mise sous la coupe directe de l’Etat des principaux monopoles (nationalisations) : c’est un accroissement de la concentration monopoliste d’Etat.

C’est aussi vouloir profiter de la domination du révisionnisme sur la classe ouvrière pour faciliter l’extorsion de la plus-value et, par là même, du taux de profit, par l’instauration du social-fascisme.

Mais c’est aussi, tout en disant maintenir la France dans l’orbite de l’impérialisme américain, s’adapter à l’évolution de la situation mondiale et spécialement au fait que le social-impérialisme est le plus agressif, qu’il réclame une part de la plus-value, pressions militaires à l’appui, en vue de dominer l’Europe puis le monde.

La France, pays du second monde est, en effet, directement soumise aux pressions des deux super-puissances. Il n’y a plus aujourd’hui de possibilité d’un développement autonome à long terme de l’impérialisme français, en dépit des voyages africains ou autres des commis voyageurs que sont devenus Giscard et les hommes du gouvernement.

Même la Communauté économique européenne, si elle représente sur le plan économique comme politique, voire militaire, une solution d’attente, si elle permet de repousser les échéances, ne représente aucune perspective décisive à terme face à la rivalité des deux super-puissances. En ce sens, le Marché commun, la construction de l’Europe permettent de gagner du temps, d’accumuler des forces en vue des affrontements violents inéluctables à venir.

Nous pensons que, finalement, le programme commun conduirait irrésistiblement à placer l’économie française dans l’orbite politique, économique et militaire du social-impérialisme soviétique.

En fait, en France comme dans tout autre pays impérialiste, qu’il soit du premier ou du second monde, aucune forme de transition ne peut s’intercaler entre la domination du capital monopoliste et celle du prolétariat.

C’est ce que semblent commencer à comprendre certains adhérents du Parti révisionniste français, si l’on en croit les propos tenus par le professeur Balibar devant le cercle de l’Institut d’études politiques de l’Union des étudiants communistes, encore que ces propos soient plutôt confus. La seule solution à la crise, c’est la destruction du capital en tant que rapport social, c’est la révolution prolétarienne, la dictature du prolétariat.

La crise économique accentue la crise politique et sociale. Elle provoque des bouleversements dans tous les domaines de la vie des populations de notre pays.

Le chômage atteint des niveaux jamais dépassés. D’après les statistiques du Bureau international du travail, le nombre des chômeurs en France est passé de 760000 en janvier 1972 à 1465000 en janvier 1977. Nous ne disposons pas encore du chiffre correspondant pour janvier 1978, mais tout permet de supposer qu’il dépasse 1500000 et s’approche même de 1600000 chômeurs.

Au cours de l’année 1977 en effet sont arrivés, sur ce que les économistes bourgeois nomment le « marché du travail », environ 700000 jeunes et ce n’est pas la démagogie du patronat qui prétend avoir créé à leur intention 250000 emplois nouveaux qui a permis de leur assurer à tous du travail, d’autant que de puissantes vagues de nouveaux licenciements ont à nouveau déferlé sur les usines un peu partout en France.

La hausse des prix n’a pas été stoppée, si par contre le plan du gouvernement a bloqué la hausse des salaires à 6,5% pour l’année 1977. D’après les indices officiels de l’INSEE, la hausse des prix alimentaires s’est établie à 14% entre septembre 1976 et septembre 1977. Si l’on tient compte par ailleurs de la dévaluation effective constante de la monnaie, qui est de l’ordre de 10% par an, on peut facilement établir que loin de progresser, le pouvoir d’achat des travailleurs ne cesse de régresser.

Dans les études statistiques présentées par le journal bourgeois « Le Monde », sous le titre « L’année économique et sociale 76 : l’espoir déçu », on peut apprendre qu’au 1er juillet de l’année en cause 59,2% des salariés de l’industrie et du commerce percevaient moins de 2530,00F par mois. Cette indication concernait 7050000 travailleurs.

Et ces pourcentages et chiffres recouvraient encore d’autres éléments plus éloquents de la grave situation sociale qui découle de la crise du capitalisme. Parmi ces salariés, en effet, plus d’un sur trois ne percevait que des mensualités d’un montant inférieur à 1900,00F par mois. Ajoutons que la proportion des femmes concernées par cette situation était de l’ordre de 8 femmes pour 5 hommes.

Si nous détaillons les catégories d’ouvriers, environ 5000000 sur ces 7050000 salariés de l’industrie et du commerce, nous pouvons relever quels étaient les montants moyens de leurs salaires mensuels : les ouvriers qualifiés percevaient 2570,00F pour les hommes et 1893,00F pour les femmes; les ouvriers spécialisés percevaient 2160,00F pour les hommes et 1624,00F pour les femmes, les apprentis et jeunes ouvriers sous contrat percevaient 881,00F pour les hommes et 1070,00F pour les femmes.

Dans le même temps, les cadres administratifs moyens, environ 58000 salariés, percevaient 5360,00F pour les hommes et 4145,00F pour les femmes, les cadres administratifs supérieurs, au nombre de 15000 environ, percevaient 9610,00F pour les hommes et 6210,00F pour les femmes.

A ces chiffres, il conviendrait d’ajouter ceux qui représentent les revenus des vieux travailleurs et qui demeurent insuffisants pour leur permettre de vivre, même modestement, en dépit de la démagogie forcenée de Giscard d’Estaing et de son gouvernement.

Il conviendrait aussi de leur opposer les revenus les plus élevés qui soient perçus dans notre pays, qui se situent d’ores et déjà entre 800000 et 900000F par mois (en francs lourds, ce qui représente des sommes de l’ordre de 10000000F par an, soit 1 milliard de centimes ou anciens francs !). Voilà, camarades, c’est ça notre société libérale avancée tant vantée par les représentants de la bourgeoisie monopoliste qui détiennent l’Etat et le gouvernement.

Naturellement, la spéculation et la corruption sont pratiquées à grande échelle et les scandales financiers opposent des clans rivaux de politiciens quelquefois jusqu’aux règlements de compte. Ainsi, le duc de Broglie, parlementaire et ancien ministre a-t-il été assassiné par ses adversaires, sans d’ailleurs que le Ministre de l’Intérieur ne fasse arrêter d’autres coupables que des comparses.

L’affaire plus récente du club de football professionnel de Paris St germain connue sous le nom de l’affaire Hechter, a révélé la rivalité sordide du RPR de Chirac, maire de Paris et du PR comptant dans ses rangs l’ancien maire de Deauville, Michel d’Ornano, financier capitaliste aux trafics plus que douteux.

Et tout ce beau monde hurle à l’unisson pour condamner la violence quand quelque jeune ou quelque chômeur tente de se révolter, ou lorsque se produisent des vols ou des hold-up rendus inévitables par l’injustice sociale de notre société. Naturellement, nous, marxistes-léninistes, nous n’approuvons pas le vol, ni les agressions individuelles, ni le recours à la drogue, ni les attentats de forme terroriste qui sont exécutés sans l’assentiment ni la compréhension des masses.

Mais nous dénonçons la responsabilité, la culpabilité première de la bourgeoisie qui favorise et engendre de tels actes. La crise économique et sociale provoque la crise idéologique et morale et ceux qui se trouvent atteints ne sont souvent que des victimes de la pourriture du capitalisme. 

D’ailleurs, cette crise est présente partout et constitue l’ambiance générale dans laquelle notre peuple doit vivre bien malgré lui. Il suffit de consulter n’importe quel programme hebdomadaire d’une chaîne de télévision, pour y découvrir de nombreux films où sont exaltés les crimes, le racisme, le viol et toutes autres formes de violence en même temps que les sentiments de haine, l’avilissement de la sexualité et, par-dessus tout, le culte de l’argent et du profit.

La femme est tenue pour un objet de consommation, la prostitution se trouve elle-même dépassée par la publicité obsédante qui vise à détourner les masses des véritables problèmes auxquels elles sont confrontées par leur exploitation.

Les publications consacrées à l’exaltation de la suprématie du sexe dans le prétendu bonheur des êtres humains, figurent soit à l’accrochage public de tous les kiosques, soit dans d’innombrables boutiques spécialisées qu’on appelle des sex-shops. Et le magazine « l’Humanité dimanche » a récemment consacré plusieurs pages avec de nombreuses photographies à la lucrative activité des strip-teaseuses…

La crise culturelle est également générale et la ligne des dirigeants révisionnistes du Manifeste d’Argenteuil n’y est certainement pas pour rien, même si le phénomène de la dégénérescence en cours a des racines plus lointaines.

Le processus de développement du capitalisme dans l’édition comme dans la diffusion du livre et des appareils de photographie, cinématographie ou audition du style FNAC, les tendances au théâtre comme dans les films sont caractéristiques des conséquences de la crise. Aussi le niveau de la création reste-t-il à un niveau très bas, aussi bien dans la forme que dans le contenu.

Sur le plan de la philosophie, essentiellement bourgeoise, l’existentialisme n’a pas manqué de provoquer les courants de dégénérescence intellectuelle et dans la manière de vivre qu’il préconisait déjà voilà trente ans.

Au surplus, les jeunes bourgeois qui s’étaient transformés en révolutionnaristes fanatiques lors du printemps révolutionnaire de 1968 et qui avaient donné de la Grande révolution culturelle prolétarienne en Chine une interprétation individualiste fausse et mystique, sont devenus aujourd’hui des philosophes réactionnaires qui s’emploient à réfuter non seulement Mao Tsetoung et Lénine mais aussi Marx et Engels.

La crise économique et sociale qui sévit dans tout le pays frappe inégalement certaines régions. Un processus de sous-industrialisation pèse sur plusieurs provinces qui ont jadis concouru à la formation de la nation française dans la phase ascendante du capitalisme. Aussi voyons-nous des populations régionales entières entrer en révolte contre le sort qui leur est imposé par l’Etat capitaliste centralisé.

 Minorités nationales ou culturelles entrent en lutte, et, quelquefois, recourent d’emblée à la violence contre les responsables de leur situation.

En Corse, en Bretagne, au Pays basque, chez les catalans et dans d’autres régions, y compris la vaste Occitanie qui couvre tout le midi de la France, naissent ainsi des mouvements autonomistes, et même indépendantistes. Le peuple corse, sans doute le plus touché et le plus bafoué, ne peut plus supporter l’exploitation et l’oppression que lui impose l’Etat capitaliste français qu’il tient pour authentiquement colonialiste. Ailleurs, ce sont des corporations régionales entières qui se soulèvent contre les méfaits de la politique économique et sociale du gouvernement.

La crise est partout, dans les religions traditionnelles, dans l’enseignement, dans les organes de l’Etat qui sont restés pendant très longtemps à l’abri de toute contestation comme la justice, la police et l’armée.

Mais le lieu où la crise concentre ses effets les plus tempétueux se situe dans les formations politiques de la bourgeoisie, qu’elle se présente comme étant de droite, du centre ou de gauche. Nous allons aborder ce phénomène d’une portée considérable en le rattachant à l’étude des contradictions de classe de notre société.

LES CONTRADICTIONS DE CLASSE DE NOTRE SOCIÉTÉ

Si l’on fait exception de la période relativement courte qui a vu triompher la ligne du IIe Congrès, on peut considérer que notre Parti a toujours considéré que la contradiction fondamentale de notre société opposant la classe ouvrière à la bourgeoisie en est aussi la contradiction principale. Est-il besoin d’insister encore sur cette caractérisation fondamentale de notre société après l’autocritique approfondie que nous avons présentée sur l’abandon du point de vue de classe ?

L’antagonisme entre les deux classes de notre société que constituent les propriétaires des moyens de production et les ouvriers forcés de vendre leur force de travail, est irréversible et ne connaîtra pas de solution définitive avant la révolution prolétarienne.

Au surplus, après la prise du pouvoir par la classe ouvrière, sous la dictature du prolétariat, cet antagonisme se poursuivra mais le rapport de domination sera renversé. La lutte entre les deux classes ne disparaîtra qu’avec la disparition des classes elles-mêmes, lorsque l’édification du socialisme universel aura permis de surmonter toutes les contradictions et de passer au stade du communisme.

Entre la classe ouvrière et la bourgeoisie se trouvent un certain nombre de classes et de couches sociales intermédiaires, que leurs intérêts respectifs rattachent ou opposent aux deux classes fondamentales à des degrés divers qui se modifient en même temps que s’aiguise la contradiction principale.

Des camarades ont demandé à plusieurs reprises que notre Parti élabore de nouveau une analyse des classes approfondie, pour remplacer celle qu’avait retenue le Congrès de Puyricard.

En vérité, de telles analyses sont toujours nécessaires, non point pour le plaisir de se plonger dans des études sociologiques, même concrètes, mais parce qu’elles permettent de définir de la façon la plus scientifique possible qui sont nos amis, qui sont nos ennemis, quelles sont les forces intermédiaires susceptibles d’être neutralisées ou non. Les analyses concrètes de la situation des classes sociales d’un pays à une époque donnée permettent ainsi de définir une stratégie révolutionnaire et la ou les tactiques qui sont de nature à la servir le plus efficacement.

Pour l’instant, notre Comité central n’a procédé qu’à une étude poussée de la paysannerie, de sa composition sociale, de ses relations et contradictions internes qui caractérisent les rapports entre ses différentes couches, ainsi que les rapports de ces différentes couches elles-mêmes avec les autres classes sociales du pays, notamment avec les deux classes fondamentales.

En ce qui concerne la classe ouvrière, notre Parti s’en est tenu jusqu’ici à l’analyse élaborée dans le cadre de la préparation de notre Congrès constitutif, tout en corrigeant l’erreur de principe importante qui consistait dans cette analyse à classer l’aristocratie ouvrière dans la classe ouvrière, alors que du point de vue marxiste, il convient de la classer dans la bourgeoisie.

Il est bien évident que des études théoriques nouvelles devront être menées le plus rapidement possible en vue d’actualiser notre analyse des classes en commençant par la classe ouvrière et la bourgeoisie capitaliste.

Cette tâche s’avère d’autant plus urgente que les dirigeants révisionnistes ont entrepris une profonde révision et trahison des concepts marxistes, jetant délibérément une confusion totale sur le concept de prolétariat afin de pouvoir mieux justifier leur reniement du principe de la dictature du prolétariat.

Notre Parti doit éviter l’erreur courante qui consiste à prendre comme base d’analyse de la classe ouvrière les seuls salaires. L’analyse marxiste des classes consiste avant tout à discerner leurs positions respectives dans la production et à caractériser leur réciprocité, à savoir leurs liens et leurs contradictions.

De ce point de vue, notre Parti tient pour l’allié le plus proche de la classe ouvrière dans sa lutte contre l’exploitation capitaliste, la couche la plus pauvre de la paysannerie. L’expérience révolutionnaire du prolétariat mondial démontre qu’en toutes circonstances l’alliance des ouvriers avec les paysans constitue l’une des conditions de la victoire et du maintien de la révolution, qu’elle soit sociale ou nationale.

S’il importe de savoir pratiquer de manière constructive l’autocritique, cela ne doit pas nous interdire de souligner un succès même relatif quand il intervient. Aussi, notre Congrès sera-t-il dans le vrai s’il apprécie à sa juste valeur, ne serait-ce que dans son principe, le travail réalisé par la commission paysanne du Comité central. Ce travail long et minutieux, qui s’est imposé le rejet de tout subjectivisme, a permis la rédaction du document intitulé: « Les classes à la campagne », qui sera rendu public après étude approfondie du Parti. ( …)

En ce qui concerne les autres classes et couches sociales de notre société, il conviendra aussi de reprendre de façon approfondie leur analyse.

Pour l’instant, la pratique principale et prioritaire de notre Parti vise à assurer sa fusion fondamentale avec l’avant-garde de la classe ouvrière, à laquelle il doit s’identifier. Mais cette tâche dont la réalisation s’avère chaque jour plus urgente et plus impérative n’exclut pas les efforts pour l’établissement de liens de masse de notre Parti avec les autres classes et couches sociales qui ont d’ores et déjà des intérêts objectifs à la révolution prolétarienne du fait de leurs positions antagoniques avec la bourgeoisie capitaliste.

Il s’agit notamment de cette couche sociale, d’ailleurs encore dominante au point de vue quantitatif dans nos rangs, que nous appelons la petite-bourgeoisie, couche qui réunit l’immense majorité des petits et moyens salariés qui ne sont pas des ouvriers.

Employés, petits fonctionnaires, personnels des entreprises publiques et nationalisées, enseignants des établissements primaires et secondaires, étudiants et diverses autres catégories constituent cette petite-bourgeoisie, que la bourgeoisie capitaliste exploite et opprime presque aussi férocement que la classe ouvrière.

Par contre, notre Parti fait preuve d’une circonspection délibérée qu’il ne convient pas de placer sous le signe du sectarisme, envers les ingénieurs, cadres et techniciens de niveau supérieur, ainsi qu’à l’égard des professions libérales, qui sont des classes et couches caractéristiques de la moyenne bourgeoisie que ses positions par rapport à la bourgeoisie capitaliste rendent encore particulièrement conservatrice.

Naturellement, cela ne signifie en rien que nous ne devions accepter dans l’activité militante, des camarades ingénieurs, médecins, avocats ou professeurs de faculté qui se placent résolument sur les positions idéologiques révolutionnaires du prolétariat et agissent avec conséquence.

Notre Parti doit unir dans son combat tous les éléments qui peuvent l’être et qui acceptent la direction idéologique et politique de la classe ouvrière contre la bourgeoisie capitaliste.

LA POLITIQUE DE LA BOURGEOISIE

Les élections législatives prochaines ne doivent pas dissimuler la réalité fondamentale de notre société. Les luttes acharnées qui opposent la majorité réactionnaire sortante et les partis qui lui font opposition ne correspondent nullement à la contradiction principale de notre société, mais visent à en détourner la classe ouvrière et le peuple. Tous les partis traditionnels qui s’entredéchirent si spectaculairement pour conserver ou arracher le pouvoir ne remettent absolument pas en cause la nature de classe de ce pouvoir.

Tous oeuvrent avec frénésie pour perpétuer le système capitaliste. Ceux qui proclament qu’ils sont pour le socialisme se refusent, soit explicitement, soit de manière plus insidieuse, à s’engager dans la voie d’une préparation réelle et efficace de la destruction du capitalisme.

Le Parti socialiste reste fidèle à lui-même, s’opposant activement à toute voie révolutionnaire et préconisant des réformes qui conservent intactes toutes les structures du capitalisme. Le Parti communiste français, soumis à l’idéologie du révisionnisme moderne, n’agit pas différemment et trompe les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires qui lui accordent encore leur confiance.

La bourgeoisie capitaliste a impulsé après la seconde guerre mondiale une société dans laquelle la recherche du profit maximum a conduit à une production désordonnée et effrénée destinée à provoquer la croissance continue de la consommation.

Mais, comme nous l’avons vu, cette société a engendré ses propres contradictions internes et inéluctablement débouché sur la crise que nous venons d’étudier. La profondeur et la durée de cette crise ont créé les conditions d’une instabilité politique que manifestent les disputes, les rivalités, les coups bas, bref les contradictions qui surgissent sans cesse entre les différents partis traditionnels de la bourgeoisie.

Les gaullistes, divisés en plusieurs courants souvent incapables de réaliser leur unité, les conservateurs de type classique, les réformistes aux projets multiples et variés, les socialistes et les révisionnistes présentent des programmes respectifs d’apparence différente, mais finalement conduisent au même résultat : la poursuite de l’exploitation capitaliste.

Mais cette mêlée des politiciens bourgeois de droite, du centre et de gauche, mérite que nous tentions d’en dénouer les fils, pour discerner qui sont les plus dangereux parmi tous ces partis ennemis de la classe ouvrière et opposés à la révolution socialiste.

Chacun d’entre eux met en oeuvre sa propre stratégie dictée dans l’immédiat par les nécessités électoralistes, mais visant par-delà les élections à une tactique particulière dans la gestion du pouvoir et de l’Etat capitalistes.

Quelles sont ces stratégies ?

La stratégie du Rassemblement pour la République dirigé par Jacques Chirac vise à reconquérir les fonctions de Président de la République et de chef de gouvernement qui ont été ravies aux gaullistes par Giscard d’Estaing et Raymond Barre.

Mais, dans cette perspective, le RPR doit tenir compte de la menace que constitue la possibilité d’une victoire électorale des partis de l’Union de la gauche, même s’ils sont devenus des frères ennemis. Chirac rejette la stratégie préconisée par Giscard d’Estaing qui vise à isoler les révisionnistes en réintégrant dans la majorité les socialistes. La lutte entre le RPR et le Président de la République est très aiguë.

Du point de vue électoral, le RPR craint le Parti socialiste qui est susceptible de lui ravir un certain nombre d’électeurs. Fondamentalement, la stratégie du RPR de Chirac consiste à défendre avec violence les intérêts de classe de la bourgeoisie capitaliste monopoliste sans recourir à la collaboration des socialistes.

En fait, le RPR comme le Parti républicain que parraine ouvertement Giscard d’Estaing, représentent les mêmes intérêts de classe, mais recourent pour les défendre et perpétuer les privilèges qui en découlent à deux tactiques différentes.

Pour l’un comme pour l’autre, il s’agit avant tout de faire supporter par la classe ouvrière et les masses populaires le poids de la crise économique. Giscard d’Estaing et Raymond Barre font preuve d’une démagogie sociale plus soutenue que Chirac qui combat frontalement ses adversaires.

Cette majorité divisée tactiquement mais unifiée fondamentalement, a échoué dans ses efforts et plans successifs pour enrayer l’inflation, pour rétablir la balance du commerce extérieur dans les conditions d’avant la crise, pour réduire les conséquences de la décolonisation de l’empire français et régler au tarif le plus profitable les prix des matières premières importées, notamment le prix du pétrole.

Elle a recouru à l’excès à l’utilisation éhontée de la main d’oeuvre immigrée, a préparé un plan de reconversion de la production de l’électricité et de toutes les énergies en essayant de substituer progressivement l’énergie nucléaire à celle du pétrole, puis devant la montée du chômage, elle a odieusement tenté d’en rendre responsable l’immigration, essayant ainsi de diviser les travailleurs français et immigrés. Elle a décrété les mesures racistes et chauvines de Stoléru, prolongement et aggravation des dispositions déjà contenues dans les circulaires antérieures de Marcellin et Fontanet.

Sur le plan international, elle a suivi une politique caractéristique des pays du second monde, impérialismes en déclin qui sont sur la défensive vis-à-vis des deux super-puissances et se trouvent parfois contraints de négocier sur un pied d’égalité avec les pays du tiers-monde.

La politique africaine de Giscard d’Estaing ne peut dissimuler son caractère néo- colonialiste, même si elle entre en contradiction avec l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique, et notre Parti la condamne sans la moindre ambiguïté.

Depuis 1972, les autres partis représentatifs d’intérêts bourgeois et capitalistes ont poursuivi, chacun pour lui, la stratégie de l’Union de la gauche qui s’était réalisée autour d’un programme commun de gouvernement.

Notre Parti a dénoncé cette alliance impulsée au départ par le parti révisionniste, comme de nature exclusivement électoraliste et comme ne portant en elle aucune perspective sérieuse de satisfaction des aspirations profondes de tous les travailleurs à des changements réels et durables. L’alliance électoraliste ainsi réalisée depuis plus de cinq ans a éclaté, mais chacun des partis qui l’avait contractée continue à se réclamer de la stratégie du programme commun, dont chacun donne des interprétations légèrement différentes.

Etudier la stratégie et la politique propres au Parti socialiste, n’a pour notre Parti, qu’un intérêt secondaire. A plusieurs reprises, nous avons déjà rappelé la nature de classe de ce Parti, en présentant son histoire politique passée. Les dirigeants socialistes sont les héritiers des politiciens de la IIe Internationale qui révisèrent et renièrent tous les enseignements et principes de Marx et Engels, contre lesquels Lénine mena l’inlassable combat théorique, politique, organisationnel, qui conduisit à la victoire de la Révolution d’Octobre 1917 et à la naissance de l’Internationale communiste en 1919.

Après la scission de Tours, que Léon Blum et les autres chefs sociaux-démocrates opposèrent à la majorité qui avait voté l’adhésion à la troisième Internationale, communistes et socialistes français s’affrontèrent fondamentalement pendant de nombreuses années. Mais à partir de 1934, en raison de la menace du fascisme hitlérien et de la poussée des ligues factieuses en France, le Parti communiste français entreprit de gagner les ouvriers socialistes et de passer alliance avec les chefs socialistes.

Nous n’allons pas étudier la longue période de plus de 40 années qui nous sépare de cette époque, nous n’en avons pas le temps ici, mais ce qu’il convient d’en retenir d’essentiel, c’est la succession continuelle de périodes d’unité et d’opposition qui marque les relations du Parti socialiste et du Parti communiste français. De 1936 à 1938, en 1939 et 1940, en 1947, en 1956, et enfin aujourd’hui, les chefs sociaux-démocrates ont toujours trahi leurs engagements envers le Parti communiste français. Ils ont même dirigé, pour le compte de la bourgeoisie, de violentes répressions anti-ouvrières, allant jusqu’à faire emprisonner et même assassiner de nombreux travailleurs et dirigeants communistes.

Comme l’a si bien expliqué Léon Blum, les chefs socialistes sont les gérants loyaux du capitalisme.

L’idéologie opportuniste de droite, puis le révisionnisme moderne qui ont submergé la direction du Parti communiste français l’ont conduit à ne tenir aucun compte des expériences passées. Les chefs révisionnistes ont cherché, à tout prix, à réaliser une nouvelle unité sans principe ( et quels principes auraient-ils mis en avant puisqu’ils ont renié le marxisme-léninisme ?) avec les chefs socialistes. Ils ont clamé victoire en 1972 lorsqu’ils sont enfin parvenus à la signature du Programme commun et à la constitution de l’Union de la gauche.

La rupture spectaculaire de cet accord électoraliste avant même les élections ne nous intéresserait pas en elle-même si elle n’était pour notre Parti l’occasion d’effectuer une fois encore une analyse approfondie de ce que représente maintenant le Parti communiste français, si elle ne révélait brutalement l’échec complet de la stratégie révisionniste.

LE PARTI « COMMUNISTE » FRANÇAIS

Le Parti que dirige aujourd’hui Georges Marchais n’a plus rien de commun avec le Parti qui s’édifia à travers mille difficultés avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, qui participa à la résistance armée contre l’occupation nazie, et même qui conduisit de grandes luttes de classe dans la période de mai 1947 à novembre 1952. Nous allons examiner successivement sa transformation sociale et idéologique, ses reniements théoriques, sa ligne et sa stratégie politiques, son projet étatique, sa place dans le Mouvement révisionniste international.

La mutation rapide du contenu social du Parti « communiste » français s’est effectuée en une dizaine d’années. Elle se caractérise par une baisse sensible du pourcentage des ouvriers présents dans ses rangs et par une augmentation des représentants des classes moyennes. Dans un ouvrage publié fin 1976, l’historien révisionniste Elleinstein triture les chiffres pour essayer de dissimuler cette réalité, mais il est cependant contraint à quelques aveux. Considérant par exemple la situation de son Parti à Paris, il est obligé de reconnaître la validité des indications fournies par une étude de la Revue française de science politique, qui relève que le contenu social du PCF comporte 16% de professions libérales et cadres supérieurs, 25% de cadres moyens, 21% d’employés et seulement 16% d’ouvriers.

Elleinstein écrit alors : « Si nous comparons ces chiffres avec l’enquête de 1966, nous observons que le nombre d’ouvriers parait en diminution sensible… « , et il ajoute, pour éviter une conclusion trop grave: « … ce qui n’est pas forcément exact ». Or, en 1966, les pourcentages des catégories sociales des membres du Parti « communiste » français de Paris étaient les suivants: ouvriers 61,1 %, employés 18,57%, ingénieurs et intellectuels 9%.

L’auteur révisionniste, utilisant d’autres statistiques en France, réussit en fin de compte à faire la double démonstration qu’il désire: il établit que le PCF est encore un parti ayant une base ouvrière. Pour cela, il utilise la répartition sociale des délégués au XXIIe Congrès de son parti. Cela donne: 32,2% d’ouvriers et 3,5% de retraités issus de la classe ouvrière, soit 35,7% de délégués d’origine ouvrière.

Il note au passage que « Parti d’ouvriers et de salariés, le PC est également un grand Parti d’enseignants ». Il y en a en effet 16,3%, contre 4,85% en 1966. Il revient ensuite sur le cas de Paris et établit que 49% des délégués aux Conférences de section n’appartenaient pas à un milieu social ouvrier. Il y a dans ces 49%, 12% d’ingénieurs et techniciens et 13% de cadres administratifs supérieurs ou moyens et de professions libérales.

Voici donc une première constatation importante pour notre analyse.

Le Parti communiste français voit diminuer sensiblement sa base ouvrière et augmenter aussi sensiblement, quoique dans une proportion moins forte, son recrutement dans les classes moyennes. Toutefois, nous prendrions nos désirs pour des réalités si nous estimions qu’il n’est plus un parti conservant une influence importante dans la classe ouvrière. Il reste en effet la formation politique française qui compte encore dans ses rangs le plus grand nombre d’ouvriers.

Dans une autre manipulation des chiffres, une étude publiée de manière plus officielle que celle d’Ellenstein, dans le numéro 1 des Cahier du communisme de 1976, parvenait à prétendre qu’il y avait encore 60,9% d’ouvriers dans le PCF en 1974. Mais ces chiffres-là étaient véritablement trop beaux. pour correspondre à la réalité, et nous ne les avons pas retenus.

Une seconde constatation s’impose : les adhérents actuels du PCF lui ont accordé leur adhésion à raison de 61,29% d’entre eux. depuis 1968 et de 82,89% depuis 1958, c’est à dire postérieurement au XXe Congrès révisionniste khrouchtchévien. Il faudrait encore connaître avec précision le pourcentage correspondant aux deux. années 1956 et 1957, et l’on se rendrait compte qu’il n’y a sans doute pas beaucoup plus d’un adhérent sur 10 dans le PCF actuellement qui ait adhéré et milité à l’époque où il n’avait pas encore définitivement dégénéré sous le signe de la baguette révisionniste moderne.

Le Parti « communiste » français a donc bien connu une profonde transformation de son contenu social, depuis vingt ans, et plus particulièrement depuis une dizaine d’années. Les hommes et les femmes qui ont adhéré pendant la guerre pour prendre sous sa direction les armes contre les nazis ne représentent plus qu’un infime pourcentage de ses militants, bien que leur génération les place dans une même tranche d’âge allant actuellement de 54 à 75 ans approximativement.

Ce phénomène, qui n’a pu se produire sans qu’il soit délibéré et encouragé par les dirigeants en place, et notamment par le Secrétaire à l’organisation qui ne fut autre pendant des années que Georges Marchais en personne, a pour conséquence bien évidente la transformation complète de l’idéologie révolutionnaire des membres du PCF en idéologie caractéristique de la bourgeoisie.

Ne nous étendons pas sur ce sujet qui pourrait fournir de quoi parler longuement: les majorettes, tambour major en tête et uniformes chamarrés de style américain sont là pour nous avertir : le PCF est désormais placé dans la zone d’influence morale, culturelle et idéologique de la bourgeoisie.

Ses fêtes, organisées avec l’apport d’une publicité commerciale gigantesque, et la participation nullement gratuite des artistes les plus réactionnaires, voire fascisants comme Sardou, en sont aussi d’éclatants témoignages.

Les propos sexistes et les paroles grossières de certains de ses militants attaquant sur le marché d’Ivry nos camarades femmes en train de diffuser notre journal témoignent d’un mépris profond de la femme. Cette attitude n’a rien à voir avec l’idéologie de ceux qui veulent instaurer le socialisme et en définitive ne traduit rien d’autre qu’une mentalité individualiste et brutale, aussi bien vis-à-vis de tous les hommes que des femmes elles-mêmes.

Dernier exemple de cette idéologie, la construction et aujourd’hui l’utilisation faite par le PCF du Palais de verre de la place du colonel Fabien, dont le luxe et l’architecture prouvent combien ces gens se croient déjà définitivement installés au pouvoir, ou proches de l’être, et ne sont donc pas des révolutionnaires.

Les révisions, abandons et reniements théoriques du marxisme-léninisme se sont effectués suivant un long processus qu’il faudra bien étudier de manière approfondie un jour, et le plus tôt sera le mieux. Les racines de ce processus existaient déjà avant 1939 et se révélaient dans l’esprit opportuniste de droite et parlementaire impulsé par Maurice Thorez. L’attitude du Parti envers les peuples colonisés était aussi la marque d’une idéologie rompant avec le léninisme à la fois sur le plan théorique et dans la pratique.

Pendant la guerre et l’occupation nazie, le Parti dirigea des luttes héroïques et des dizaines de milliers de ses militants sont morts sous son drapeau. Mais si nous nous attachions à étudier la ligne suivie pendant toute cette période, nous découvririons que les dirigeants communistes ont délibérément placé toutes leurs forces à la remorque de la bourgeoisie. Ils n’ont pas contesté une seconde l’auto-institutionnalisation de la France-libre et de son Empire par De Gaulle à Brazzaville en octobre 1940.

Ensuite, avant même le déclenchement de l’agression hitlérienne contre l’Union soviétique, en mai 1941, dans une résolution célèbre du Comité central clandestin du PCF, ils ont annoncé leur actif soutien à toutes personnalités et tous généraux de la bourgeoisie qui engageaient la lutte contre l’occupant. La ligne de collaboration de classe avec la bourgeoisie n’a pas commencé en 1945, après la Libération, mais bien avant, au cours et à l’occasion de la guerre elle-même.

Dans la question du Front national, les dirigeants du Parti communiste français ont adopté une ligne opportuniste qui consistait d’emblée à délaisser l’objectif stratégique de tout parti communiste authentique concernant la révolution prolétarienne, même si se présente une étape préalable comportant la nécessité de réaliser d’abord une révolution de libération nationale.

Après la Libération, Thorez, de retour de Moscou, a pris une initiative dont on peut assurer qu’elle fut la première manifestation du révisionnisme moderne après les prises de position du dirigeant américain Earl Browder aux Etats-Unis en 1939. Il accorda en effet une déclaration au grand journal anglais « Times » qui la publia le 18 novembre 1946. Dans le corps de cette déclaration figurait le passage suivant :

« Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d’envisager pour la marche au socialisme d’autres chemins que celui suivi par les communistes russes. De toute façon, le chemin est nécessairement différent pour chaque pays. Nous avons toujours pensé et déclaré que le peuple de France, riche d’une glorieuse tradition, trouverait lui-même sa voie vers plus de démocratie, de progrès et de justice sociale ».

Par cette déclaration, le secrétaire général du Parti « communiste » français, s’appuyant sur le prétexte d’ailleurs jamais contesté par les marxistes-léninistes des conditions spécifiques nationales de chaque révolution prolétarienne, préparait insidieusement la voie à la révision et à la trahison des principes révolutionnaires universels établis par Marx, puis par Lénine sur la question du passage du capitalisme au socialisme. Il renonçait à la voie inéluctable de la violence révolutionnaire armée.

Les grandes étapes ultérieures de la pénétration du révisionnisme moderne dans le Parti communiste français peuvent être sommairement énumérées comme suit: de 1956 à 1960, l’approbation sans réserve des thèses développées par Khrouchtchev devant le XXe Congrès du Parti communiste d’Union soviétique.

En 1962, 1963 et au cours des années suivantes, le débordement des injures lancées contre le Parti communiste chinois et contre le Parti du travail d’Albanie, après avoir essayé de se faire le conciliateur auprès de ce dernier pour le réconcilier avec les révisionnistes khrouchtchéviens. En mars 1966, l’adoption du fameux Manifeste d’Argenteuil sur les problèmes idéologiques et culturels.

Ensuite, l’adoption en décembre 1968 du Manifeste de Champigny « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste ». Puis, le 27 juin 1972, la signature du « Programme commun de gouvernement du Parti communiste français et du Parti socialiste » qui va fonder toute la politique du PCF au cours des années suivantes et la fonde encore aujourd’hui en dépit de la rupture. Marchais déclare à son sujet: « Nous n’avons pas de stratégie de rechange ».

Tout ce processus constituait la révision, l’abandon et la violation des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme, mais il lui restait encore à en tirer officiellement les conséquences théoriques. Cette tâche fut assumée par le XXIIe Congrès réuni en février 1976. Dans ce Congrès, les dirigeants du Parti révisionniste firent approuver le rejet officiel du principe marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat et préparèrent les conditions du rejet de tous les autres principes marxistes-léninistes dont se réclamait encore en paroles leur Parti.

A plusieurs reprises, depuis lors, Marchais déclara de manière fanfaronne: « Nous irons encore beaucoup plus loin », et, de fait, dans deux numéros successifs de l’hebdomadaire central du PCF,  France nouvelle, les 5 et 12 décembre 1977, Jean Kanapa a publiquement révisé et abandonné le contenu de classe du principe de l’internationalisme prolétarien, en annonçant qu’il importait de le remplacer par le principe de la solidarité internationaliste, car le premier aurait signifié la soumission inconditionnelle au Parti et à l’Etat d’Union soviétique, ce qui est totalement faux.

Enfin, on parle actuellement dans les rangs du parti révisionniste de rejeter le principe du centralisme démocratique. Il est vrai que le juste fonctionnement prolétarien de ce principe mis au point par Lénine est violé depuis longtemps par les dirigeants du parti révisionniste qui l’avaient remplacé par un autoritarisme bureaucratique.

Mais, que devient donc aujourd’hui la ligne politique du Parti « communiste » français dans les conditions concrètes de toutes ces violations des principes du marxisme-léninisme ?

La stratégie et la ligne politique du parti révisionniste français se réduit ni plus ni moins à la stratégie et à la ligne d’un parti bourgeois, qui aspire à conquérir le parlement, le gouvernement et l’Etat pour assurer lui-même la direction et la gestion du système capitaliste.

A cet égard, la conception qu’avancent Marchais et ses acolytes au sujet du programme commun de gouvernement est tout à fait claire. Pour eux, il s’agit de parvenir, par la voie électorale qui n’exclut pas le développement de manifestations populaire, à entrer dans le gouvernement.

La rupture avec les socialistes traduit la volonté forcenée des révisionnistes d’utiliser l’infiltration dans les organismes dirigeants aussi bien des grandes sociétés nationales ou nationalisables, que dans les autres rouages des Ministères, des administrations, en définitive des organes de l’Etat, pour préparer leur domination hégémonique du pouvoir et de la société française. S’agit-il d’une tactique pour passer au socialisme ?

En aucune manière puisqu’il ne serait qu’un capitalisme monopoliste d’Etat dont ils assureraient la direction et l’administration bureaucratique. Marchais n’a pas manqué d’être très explicite à ce sujet quand il a tenté de rassurer les ingénieurs, cadres et techniciens en leur promettant qu’ils conserveraient toutes leurs places dans la nouvelle organisation des entreprises et de l’Etat.

Naturellement, ce qu’il ne leur a pas dit, c’est qu’ils se trouveraient alors sous la férule de ministres et de PDG membres du parti révisionniste.

En fait, le Parti révisionniste représente les intérêts non point de la bourgeoisie capitaliste monopoliste ancienne et encore en place, mais ceux d’une nouvelle bourgeoisie révisionniste susceptible de fournir l’encadrement bureaucratique du capitalisme monopoliste d’Etat porté à son point de concentration le plus achevé, exactement comme en Union soviétique. Cette nouvelle bourgeoisie révisionniste s’est formée à partir d’éléments de l’aristocratie ouvrière et de la vieille bourgeoisie infiltrée dans le parti.

Pour mettre en oeuvre sa stratégie, le parti révisionniste croyait pouvoir utiliser le parti socialiste en le dominant. Mais en ce domaine, il a complètement échoué. En remettant en selle les politiciens sociaux-démocrates et en leur assurant un soutien qui a rétabli leur prestige effondré, Marchais et les dirigeants révisionnistes ont un peu joué aux apprentis sorciers.

Ils se sont trouvés rapidement dépassés et, contrairement à ce qu’ils avaient espéré, le parti de Mitterrand, Deferre, Maurois et Rocard a débordé l’influence électorale du Parti communiste français, ce qui ne s’était jamais produit depuis 1945.

Du coup, le PCF n’est plus maître du jeu et se trouve contraint non seulement à un partage du pouvoir dont il espérait ne pas avoir à endosser les conséquences, et à accepter que ce pouvoir soit sous direction socialiste. Le plan stratégique des révisionnistes débouche sur un échec retentissant.

C’est là ce qui explique en majeure partie la nouvelle tactique du PCF, qui préfère rompre avec ses partenaires et alliés s’il ne détient pas la première place, c’est à dire la place dirigeante dans l’Union de la gauche et dans le gouvernement chargé de mettre en application le programme commun.

A ce sujet, la question a été posée, essentiellement par les adversaires des révisionnistes que sont les partis bourgeois représentant les intérêts de classe de la bourgeoisie monopoliste ancienne et encore au pouvoir : le PCF a-t-il agi en obéissant à des injonctions venues du Parti communiste d’Union soviétique ?

Il n’y a pas si longtemps, à l’époque de notre IIe Congrès, nous aurions répondu par l’affirmative sans nulle hésitation. Pour nous, le PCF n’était autre que la cinquième colonne du social-impérialisme soviétique.

Les événements, les faits, les réalités, nous ont amenés à corriger cette affirmation totalement unilatérale et subjectiviste. Depuis déjà plusieurs années, le Président Mao avait indiqué que les partis révisionnistes occidentaux n’étaient pas des cinquièmes colonnes du Parti et de l’Etat soviétiques. (…)

En fait, Mao Tsetoung prévoyait fort bien le phénomène que l’on désigne aujourd’hui couramment sous le nom d’euro-communisme, que nous nommons nous-mêmes euro-révisionnisme. Il s’agit encore d’un phénomène dont l’analyse est assez délicate. Il importe en effet d’effectuer à son sujet une analyse profonde de la portée historique de la dégénérescence des partis communistes d’Europe occidentale placés sous la domination de l’idéologie révisionniste moderne.

De nombreux camarades sont pressés que nous fournissions des réponses claires et catégoriques à ce sujet. Ils ne comprennent pas qu’il est extrêmement délicat d’avoir une connaissance définitive d’un phénomène avant même qu’il ne soit parvenu à la fin de son processus de développement, à son dénouement. Dire que maintenant le PCF est irréversiblement un Parti révisionniste et bourgeois, voilà qui est aisé et sans risque d’erreur. Indiquer de façon assurée s’il va continuer un processus l’éloignant ou le rapprochant du Parti révisionniste soviétique, centre mondial du révisionnisme moderne, voilà qui est plus difficile à l’heure actuelle.

Un fait est certain: les partis révisionnistes d’Europe occidentale agissent de manière de plus en plus indépendante par rapport au parti révisionniste d’Union soviétique.

Mais cette indépendance s’affirme pour le moment essentiellement dans la détermination de leurs lignes politiques à l’intérieur des pays respectifs où ils interviennent.

A l’exception du parti révisionniste espagnol, les partis euro-révisionnistes n’en définissent pas moins une ligne internationale qui soutient concrètement et activement celle du Parti révisionniste d’Union soviétique. En ce qui concerne le Parti révisionniste français, c’est là un fait indéniable et ses prises de position condamnant la brutalité de la répression en Union soviétique, après avoir aussi stigmatisé l’intervention militaire et l’occupation de la Tchécoslovaquie ont moins de portée internationale en définitive que le soutien aux agissements des dirigeants soviétiques pour semer les illusions de la détente à travers différentes conférences réunies à Helsinki ou Belgrade.

D’ailleurs, le PCF a rigoureusement les mêmes positions que l’URSS au sujet de tous les conflits et événements qui surviennent dans les pays du tiers-monde, notamment en Afrique et dans le Proche-Orient à l’heure actuelle. Lors des événements du Chili, d’Angola, du Zaïre, du Liban, la politique suivie par les deux partis a été la même.

Mais le point le plus important qui permette de souligner la convergence des lignes internationales des révisionnistes français et soviétiques, concerne leur attitude vis-à-vis du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine.

A cet égard, il suffit de lire l’article publié par les « Cahiers du communisme » de novembre 1977 sur le XIe Congrès du Parti communiste chinois, ou encore le passage consacré à ce dernier dans l’article de Kanapa sur le Mouvement communiste international publié dans « France nouvelle », le 12 décembre 1977, pour constater l’identité ou la proximité des appréciations et positions des deux partis révisionnistes.

Naturellement, nous ne devons pas ignorer que d’autres aspects paraissent intervenir en sens inverse, notamment au sujet des relations entre partis révisionnistes au sein de leur communauté internationale. Aussi l’opposition ou les réticences du Parti révisionniste français à participer à de nouvelles conférences internationales ne sont nullement ambiguës. Ses protestations contre les ingérences soviétiques dans la vie interne des partis euro-révisionnistes sont aussi très nettes.

Que signifient ces faits, contradictoires pour les uns, convergents pour les autres ? Il est délicat d’en fournir une explication définitive.

Mais nous pensons que le parti révisionniste français est aujourd’hui traversé par des courants divergents de plus en plus opposés. Par exemple, il est assuré que subsiste dans ses rangs un courant favorable à une politique entièrement subordonnée aux intérêts de l’Union soviétique.

Le journal du groupe « Le Communiste » s’en fait ouvertement le porte-parole et, même si leurs âges assez avancés autorisent à penser que certains dirigeants comme Jeannette Thorez-Vermersch n’ont plus d’activités militantes soutenues, il reste certain qu’ils interviennent pour soutenir à fond les révisionnistes sociaux-impérialistes et sociaux-fascistes.

Mais ce courant, ces militants ne sont pas vraiment en mesure de faire triompher leur ligne. A l’opposé, un ou plusieurs autres courants se développent, que nous pourrions caractériser comme se rattachant à un révisionnisme « national », exigeant sa totale indépendance par rapport au parti soviétique.

Ce ou ces courants ne peuvent pas non plus, pour le moment imposer l’intégralité de leur projet politique. De plus, il ne faut pas oublier que le Parti révisionniste soviétique n’hésite pas quand il le juge indispensable, à recourir à la création de nouveaux partis pro-soviétiques s’opposant aux partis euro-révisionnistes ou qualifiés d’opportunistes de droite. C’est là ce qui s’est passé pour l’Espagne, en Grande-Bretagne, en Grèce, ainsi que dans des pays nordiques.

Notre Parti a pour tâche de suivre avec le maximum d’attention et de vigilance l’évolution en cours du Parti révisionniste français, dans la mesure où il continue à exercer une influence néfaste non négligeable sur la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays.

Il se pourrait d’ailleurs que sa rupture avec le Parti socialiste, si elle se poursuit à l’occasion du second tour des élections législatives, renforce cette influence dans la classe ouvrière, tout en réduisant la clientèle électoraliste des dirigeants révisionnistes dans les couches moyennes.

Quelle attitude notre Parti doit-il adopter vis-à- vis du Parti « communiste » français ? Notre Parti a pour tâche fondamentale de dénoncer systématiquement les reniements et trahisons du révisionnisme moderne. Il doit attaquer prioritairement le centre mondial de cette idéologie qui s’est transformé en bastion social-impérialiste et social-fasciste, ennemi commun, avec l’impérialisme américain, de tous les peuples du monde, et danger principal à l’heure actuelle pour le déclenchement d’une guerre mondiale.

Mais en France même, notre Parti a également pour tâche de dénoncer systématiquement la politique, l’idéologie et la stratégie des dirigeants du Parti communiste français, tant sur le plan intérieur que sur le plan international.

Cependant, notre Parti commettrait une grave erreur à la fois idéologique et tactique s’il n’effectuait pas une distinction claire et précise entre les dirigeants révisionnistes modernes français d’une part et les militants de base et sympathisants d’autre part.

Comment pourrions-nous penser un seul instant dans les conditions actuelles en effet que ces derniers, y compris les millions d’électeurs et électrices qui ont l’habitude d’accorder leur confiance au Parti « communiste » français, ne soient pas plongés dans un trouble profond par la rupture de l’Union de la gauche ?

Tous ces gens croyaient déjà détenir la clef des changements avec la perspective d’un changement de majorité et donc de gouvernement. Ils ne doutaient pas une seconde de la victoire et voyaient déjà les dirigeants de leur Parti ou les députés pour lesquels ils allaient voter, devenir Ministres, et, qui sait, peut-être même Georges Marchais devenir Président ou vice-président du gouvernement.

L’électoralisme conjugué avec le révisionnisme moderne a provoqué les plus dangereuses illusions dans la classe ouvrière de France et parmi les masses populaires sur la possibilité d’un passage pacifique du capitalisme au socialisme.

Nous devons en parler avec gravité, camarades, car c’est ce genre de rêves, c’est cette drogue qui ont paralysé pendant des années et des années les travailleurs de notre pays, qui ont affaibli leur esprit révolutionnaire pourtant conforme aux traditions historiques de notre prolétariat et de notre peuple.

Nous devons en parler avec gravité, oui, car l’expérience historique d’une telle démobilisation par les dirigeants révisionnistes, c’est le Chili et les dizaines de milliers d’ouvriers et paysans assassinés par cette armée que Luis Corvalan, le Marchais chilien, vantait si ardemment pour ses qualités démocratiques.

La période qui s’ouvre sera fertile en événements politiques, elle est une période d’instabilité politique de la France dominée par la crise générale du capitalisme ici et dans le monde. Les dirigeants du PCF proclament qu’ils n’ont pas de stratégie de rechange. Notre Parti offre à la classe ouvrière et aux masses populaires une stratégie fondée sur les principes révolutionnaires éprouvés du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsetoung.

……. Notre Parti présente des candidats dans un certain nombre de circonscriptions et mène la bataille dans les conditions que vous savez, dans les circonscriptions où il ne présente pas de candidats. Mais nous n’allons pas nous arrêter longuement sur cette question dans un Congrès qui doit fixer notre ligne idéologique et politique pour une période beaucoup plus longue que les deux mois à venir.

Tout en participant à cette bataille électorale législative, notre Parti sait très bien et doit dire partout qu’elle ne règlera rien en elle-même, quel qu’en soit le résultat. Les changements profonds auxquels aspirent légitimement tous les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires ne sortiront pas des urnes.

Le seul et unique résultat que notre Parti attend des urnes, c’est le renforcement de ses liens de masse avec tous les travailleurs des villes et des campagnes, c’est l’amélioration de son édification, c’est un premier recul de l’influence des dirigeants révisionnistes sur la classe ouvrière. Là et là seulement, réside le sens de notre participation à ces élections, que nous ne tenons ni pour une fin ni même pour un commencement, mais seulement comme un moment plus favorable à l’élévation des capacités d’intervention de notre Parti dans la bataille fondamentale qui oppose en France le prolétariat et ses alliés à la bourgeoisie capitaliste sous ses différents visages.

LA LIGNE IDEOLOGIQUE ET POLITIQUE FONDAMENTALE DE NOTRE PARTI

(…………………………………………………………………………………….. )

En fait, toutes les thèses qui ont été discutées et qui vont sortir de nos assises enrichies par les critiques, les suggestions, les amendements intervenus dans le cadre du centralisme démocratique, se rapportent à trois questions essentielles :
1) La lutte contre la bourgeoisie capitaliste impérialiste, colonialiste et néo-colonialiste
2) La lutte contre les entreprises hégémoniques des deux super-puissances, l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique, et notamment contre ce dernier considéré comme danger principal en Europe et dans le monde à l’heure actuelle
3) L’édification du Parti

I- La lutte contre la bourgeoisie capitaliste de notre pays doit se concentrer avant tout dans ce mot d’ordre qui effraie tant les dirigeants révisionnistes :

Classe contre classe. Notre IIIe Congrès doit décider de faire de ce juste mot d’ordre le mot d’ordre principal de notre Parti dans son combat contre les représentants de l’ennemi de classe fondamental de la classe ouvrière et de ses alliés.

« Classe contre classe », que nous avons repris depuis 1971, comme juste conséquence politique de la Conférence nationale d’édification prolétarienne du 12 juin 1971, est un mot d’ordre stratégique et tactique. La Conférence nationale ouvrière d’août 1976 n’a pas accordé à ce mot d’ordre une attention suffisante parce qu’elle était surtout préoccupée de rejeter les erreurs du IIe Congrès avant de commencer l’élaboration de la ligne que doit réaliser notre IIIe Congrès.

Du point de vue stratégique, « classe contre classe » correspond fondamentalement à la nature de la révolution que nous préparons, dont le contenu de classe sera prolétarien. Il souligne que la force dirigeante et la force principale de cette révolution n’est autre que la classe ouvrière en tant que classe.

Il laisse aussi au Parti de la classe ouvrière la possibilité de passer des alliances de classe pour mener les luttes révolutionnaires sous sa propre direction, avec les couches de la paysannerie et de la petite-bourgeoisie qui ont intérêt à la destruction du système capitaliste. On peut parler dans ce cas de la réalisation d’un Front uni contre le capitalisme et contre le révisionnisme.

Il implique aussi que notre Parti soit un Parti authentiquement prolétarien, dirigé par des ouvriers authentiques et par des éléments qui se placent sur les positions idéologiques et politiques de la classe ouvrière.

Du point de vue tactique, « classe contre classe » vise à la reconstitution indispensable de l’unité de combat de la classe ouvrière, sur la base de son idéologie de classe. En ce sens, il s’oppose directement à la ligne idéologique et politique du Parti révisionniste qui divise les travailleurs, freine leurs luttes de classe ou les dévie, préconise la collaboration de classes avec la bourgeoisie.

On comprend pourquoi dans l’article déjà cité du journal « France nouvelle », Kanapa s’en est pris à ce mot d’ordre en essayant de le discréditer par la qualification stupide de « mot d’ordre stalinien ». Pourquoi donc ce membre du Bureau politique du Parti révisionniste est-il intervenu contre « classe contre classe » ? Est-ce là une attaque tombée du ciel ?

En aucune façon, c’est tout simplement une contre-attaque, une riposte au succès de notre Rassemblement national du 6 novembre dernier, où le mot d’ordre en cause a été compris et acclamé par plusieurs milliers de personnes, en majorité par des travailleurs.

Car la stratégie de ce mot d’ordre est la seule possible pour la classe ouvrière de notre pays, c’est la seule stratégie qui puisse conduire, par une voie révolutionnaire, à de réels changements en faveur des intérêts de classe des travailleurs dans l’immédiat, à la réalisation victorieuse de la révolution prolétarienne ensuite.

C’est aussi un mot d’ordre dont le contenu n’écarte aucun travailleur, tout au contraire, et peut unir dans les luttes de classe les travailleurs immigrés avec leurs camarades français.

Enfin, sur la base même de « classe contre classe », notre Parti peut efficacement impulser « l’unité à la base et dans l’action », ainsi que rendre de plus en plus populaire l’idée du « Tous ensemble et en même temps ».

A ce sujet, que l’on ne vienne pas nous faire proclamer ce que nous ne disons pas. Nous ne sommes pas des adeptes de l’anarcho-syndicalisme et nous ne pensons pas que seul un puissant mouvement de grèves, même d’ampleur généralisée, peut conduire à la destruction du système capitaliste. Nous pensons qu’un tel mouvement, et la répétition de mouvements de cette ampleur, peut contribuer efficacement à préparer la voie de la victoire de la Révolution prolétarienne, mais ne peut suffire pour l’assurer.

En effet, la révolution prolétarienne ne vaincra qu’au bout du fusil.

(…………………………………………………………………………………….. )

La lutte « classe contre classe » exigera d’être conduite jusqu’au bout sous toutes les formes possibles et dans tous les domaines. Ce mot d’ordre central de notre Parti est un mot d’ordre fondamentalement révolutionnaire prolétarien.

II- La lutte contre les entreprises hégémoniques des deux super-puissances est une nécessité historique actuelle. Elle correspond au rapport dialectique qui existe entre la guerre et la révolution.

Cette question a soulevé beaucoup de discussions et parfois d’incompréhensions dans nos rangs. Des camarades voulaient absolument qu’on choisisse entre les deux cibles du capital monopoliste et des deux super-puissances une cible principale et centrale.

Certains, tordant à 180° le bâton des erreurs du IIe Congrès, préconisaient que la lutte de notre Parti soit considérée comme principale et prioritaire contre la bourgeoisie, et seulement secondaire contre les deux super-puissances. Ils adoptaient la position exactement inverse des défenseurs de la ligne bourgeoise du IIe Congrès, mais faisaient preuve d’une tendance tout aussi erronée à ne voir qu’un seul aspect de la situation, à n’en fournir qu’une analyse unilatérale.

A cet égard, il convient de souligner que le rapport entre guerre et révolution tel qu’il a été conçu par le Président Mao constitue la base d’une stratégie internationale et non point locale. Quand, en 1969, Mao Tsetoung déclare: « Ou bien la guerre engendre la révolution ou bien la révolution conjure la guerre », il n’envisage pas une guerre locale ou régionale, mais la guerre mondiale; il n’envisage pas une révolution limitée à un seul pays mais il évoque la révolution mondiale.

Cette indication qui fut suivie de l’appel aux peuples du monde en 1970 pour écraser les agresseurs américains en Indochine, est restée valable par la suite et Chou En laï l’a reprise quand il a formulé devant la 4ème session de l’Assemblée populaire chinoise que « les facteurs de guerre et les facteurs de révolution augmentaient en même temps ».

Enfin, la théorie des trois mondes a apporté le fondement théorique complet de cette analyse.

Elle implique que nous luttions pour la révolution et contre la guerre en même temps. Or, lutter pour la révolution dans notre pays, c’est à la fois lutter contre la bourgeoisie, c’est mener la lutte « classe contre classe » jusqu’au bout et lutter contre les entreprises des deux super-puissances qui préparent la guerre mondiale et se disputent dores et déjà la domination de l’Europe. Ces deux luttes sont indissociables et finalement se rejoignent en se soutenant mutuellement.

De ce point de vue, notre Parti doit porter à un niveau beaucoup plus élevé son activité pour la dénonciation des agissements des deux super-puissances et plus particulièrement du social-impérialisme soviétique. Il doit faire davantage pour préparer la classe ouvrière et les masses populaires à la défense de la paix en même temps qu’en prévision de la guerre.

A ce sujet nos camarades doivent accorder une grande importance à un passage d’une déclaration commune que notre Parti a faite avec le Parti marxiste-léniniste des Pays-Bas : « …les deux partis conçoivent la défense de l’indépendance nationale, dans les pays du second monde, comme devant nécessairement être placée sous la direction du prolétariat et de son parti et comme faisant partie intégrante de la révolution prolétarienne ».

Cette proclamation est une application vivante de la théorie des trois mondes aux conditions spécifiques de notre pays dominé par une bourgeoisie capitaliste monopoliste, en qui nous ne pouvons nullement placer notre confiance, c’est à dire la confiance du prolétariat, pour conduire jusqu’à sa victoire la résistance de notre peuple aux agressions des deux ou de l’une des deux super- puissances.

Cette considération et cette méfiance n’excluent pas que notre Parti puisse considérer, temporairement et ponctuellement, dans des circonstances données, que la bourgeoisie française du second monde puisse agir dans le sens de la résistance aux super-puissances, elle signifie seulement que nous ne lui accordons pas notre confiance pour mener cette résistance jusqu’à sa victoire, et de fait elle établit le lien dialectique indissociable qui lie la résistance, c’est à dire la guerre à la révolution prolétarienne.

Pour mener à bien la réalisation de notre double tâche centrale, la lutte contre la bourgeoisie capitaliste française et contre les deux super-puissances, la lutte pour la révolution prolétarienne et contre la guerre impérialiste, nous avons pour tâche impérieuse et décisive d’assurer l’édification de notre Parti.

C’est sur cette question combien capitale que nous achèverons ce rapport politique (…).

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Bilan de dix ans d’activité du PCMLF (1978)

15Jan1978

Bilan de dix ans d’activité du PCMLF (1978)

[Document du 3e Congrès du PCMLF, 1978.]

Le bilan de développement et d’activité de notre Parti au cours des dix années écoulées fait apparaître des points positifs et des points négatifs sur tous les plans: idéologique, politique et organisationnel.

Ce bilan ne saurait être conçu indépendamment des événements politiques survenus en France et dans le monde au cours de la période considérée.

Vous pourrez vous reporter utilement à ce sujet à la chronologie sommaire de ces événements, qui se trouve dans le dossier de chaque délégué et porte sur la décennie allant du 1er janvier 1968 au 31 décembre 1977.

Vous trouverez également dans ce dossier la longue liste de toutes les activités de notre Parti au cours de la même période.

Anticipant sur les éléments concrets de ce bilan qui vont figurer dans la dernière partie de ce rapport et dans le rapport d’organisation, si nous comparons ce qu’était notre Parti il y a dix ans et ce qu’il est aujourd’hui, nous pouvons affirmer que le résultat de son bilan de développement et d’activité est positif.

Sommes-nous parvenus en dix années à unir tout le Parti ?

Pas encore, mais des progrès considérables ont été réalisés dans ce sens. 

Avons-nous renforcé son unité idéologique et politique?

C’est incontestable, même si doivent être soutenus encore de persévérants efforts pour parvenir à une authentique bolchévisation, c’est à dire à la généralisation de l’implantation ouvrière dans les entreprises et à la systématisation des mêmes initiatives et activités de toutes nos cellules dans toute la France, au même moment, dans les mêmes périodes, sur les mêmes objectifs.

Avons-nous renforcé son unité d’organisation ?

Oui, dans une large mesure, même si de nouveaux progrès s’avèrent indispensables.

Notre Parti a-t-il arraché la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne ?

Malheureusement pas encore. Il n’a pas gagné l’avant-garde de la classe ouvrière mais seulement un certain nombre de militants ouvriers qui en font partie. La classe ouvrière reste dans sa masse sous l’influence du révisionnisme moderne, du réformisme ou de la bourgeoisie ouvertement réactionnaire.

Ces faits prouvent que, concrètement, nous nous trouvons toujours dans la première étape de développement de notre Parti. Il sort à peine de son enfance et commence son adolescence. Il n’a pas atteint la période de sa maturité. Il dispose d’un noyau dirigeant unifié sur le plan idéologique mais encore insuffisant, tant dans sa composition numérique qu’en ce qui concerne son niveau politique.

La question de l’édification d’un Parti marxiste-léniniste est une question des plus délicates. 

Affirmer à son sujet que « la ligne idéologique et politique fondamentale est déterminante« . signifie que le Parti se développe avec succès s’il adopte de justes positions face aux événements auxquels il est constamment confronté.

Cependant, en dépit de l’inexpérience initiale de ses dirigeants et des erreurs commises dans différents domaines depuis 1963, la première constatation que nous pouvons faire à l’ouverture de ce Ille Congrès, c’est que le Parti communiste marxiste-léniniste de France existe, continue son activité, persévère malgré les nombreuses attaques lancées pour le détruire, de l’extérieur comme de l’intérieur de ses rangs.

Que d’épreuves n’a-t-il pas dû affronter et surmonter depuis les coups de revolver d’un commando révisionniste à Puyricard, le jour de sa fondation, jusqu’aux agissements scissionnistes de ces derniers mois, disons même de ces dernières semaines, en passant par les violences révisionnistes déchaînées contre ses militants, puis par sa mise arbitraire dans l’illégalité, le 12 juin 1968, par la double et profonde crise de 1970, et enfin par la ligne bourgeoise qui s’imposa lors du IIe Congrès.

C’est d’ailleurs justement à l’occasion de la préparation de ce IIe Congrès que fut dressé un premier bilan assez approfondi portant sur la période écoulée entre le Congrès constitutif de Puyricard et le début de l’année 1975. Ce document faisait partie intégrante du rapport devant être présenté devant le Congrès, mais s’il fut envoyé avant le Congrès lui-même, ce fut dans un délai n’en permettant pas une étude sérieuse.

De plus, il fut absolument absent des préoccupations et des débats du IIe Congrès. Aussi, par la suite, dans un souci de rectification, fut-il re. publié in extenso dans le Cahier rouge N°11. Mais, fut-il étudié correctement ? Et combien de camarades ayant adhéré à notre Parti depuis cette époque en ont-ils eu connaissance?

Certes, nous ne pouvons alourdir le présent rapport politique en y intégrant . l’ensemble de ce bilan dressé en 1975, mais nous demandons à tous les délégués et à tous les membres du Parti de s’y reporter en vue d’accéder à une connaissance sérieuse de la vie de notre Parti pendant les sept premières années de son existence.

Aujourd’hui, trois ans plus tard, nous pouvons dire que la décennie écoulée depuis la création de notre Parti mérite d’être caractérisée comme une période de luttes incessantes pour son existence en tant que Parti révolutionnaire prolétarien authentique.

Avant d’en évoquer les développements principaux et les caractéristiques des luttes de lignes antagoniques qui se sont produites au cours des dix années écoulées, il convient de s’efforcer de bien distinguer les luttes idéologiques positives et les luttes entre deux lignes opposées.

Le Président Mao a enseigné que « l’opposition et la lutte entre conceptions différentes apparaissent constamment au sein du Parti« . Il a dit que c’est là « le reflet dans le Parti des contradictions de classes et des contradictions entre le nouveau et l’ancien existant dans ta société« .

Il a ajouté: « S’il n y avait pas dans le Parti de contradictions et de luttes idéologiques pour les résoudre, la vie du Parti prendrait fin« . A propos des luttes idéologiques, il a indiqué : « Nous sommes pour la lutte idéologique positive car elle est l’arme qui assure l’unité à l’intérieur du Parti et des groupements révolutionnaires dans l’intérêt de notre combat« .

Comment distinguer les luttes idéologiques positives des luttes entre deux lignes opposées et antagoniques ?

C’est là une question à laquelle nous nous sommes trouvés confrontés en de nombreuses circonstances et nous avons toujours rencontré des difficultés pour la régler correctement.

Pour parvenir à maîtriser efficacement la méthode des luttes idéologiques positives et ne pas la confondre avec les luttes entre deux lignes antagoniques, nous devons nous référer à la méthode préconisée par le Président Mao pour trouver de justes solutions aux contradictions au sein du peuple, en les distinguant des contradictions entre l’ennemi et nous.

Cela signifie qu’il convient de faire preuve d’une grande patience quand se manifestent des contradictions dans les rangs de notre Parti, soit entre membres d’une même cellule ou d’un même organisme et l’organisme supérieur. C’est seulement par la discussion et la conviction que l’on doit parvenir à unifier les militants ou organismes qui se trouvent en désaccord.

Naturellement, il existe une loi qui est celle de tout parti marxiste-léniniste, loi qui doit être appliquée par tous et qui, conformément au centralisme démocratique, impose à chacun ou à chaque organisme d’avoir une activité concrète conforme à la ligne et aux directives du Comité central.

Le caractère antagonique apparaît dès qu’un militant ou un organisme, ne limitant pas son droit à exprimer ses désaccords aux conditions fixées par les Statuts, commence à rompre la discipline en ne participant plus aux activités demandées par le Comité central, ou en y participant de manière différente à celle voulue.

Dès lors, les luttes idéologiques positives cèdent le pas à des luttes de ligne antagoniques et le Parti subit de graves dommages.

Dans nos rangs, depuis décembre 1967, les luttes idéologiques, parfois désordonnées, ont en définitive contribué à la vie et à la progression du Parti. Mais les luttes entre deux lignes opposées qu’il a connues, ont freiné temporairement de manière néfaste son développement idéologique, politique et organisationnel.

La première grande lutte de lignes qui opposa des représentants idéologiques de la bourgeoisie à des camarades qui se tenaient inflexiblement sur des positions de classe prolétariennes, s’est développée de 1963 jusqu’à la fondation du Parti, fin décembre 1967.

Elle connut des manifestations multiples, des phases d’accalmie et des rebondissements. Elle porta dans un premier temps sur la question de la rupture organisationnelle avec le Parti communiste français soumis à la baguette du révisionnisme moderne.

Pouvait-il y avoir en effet une rupture réelle sur le double plan idéologique et politique si n’intervenait pas simultanément une rupture organisationnelle ? Elle porta dans une seconde période sur la question de la création d’un nouveau Parti marxiste-léniniste.

La seconde grande lutte de lignes entre deux voies, deux idéologies, deux classes, débuta dès la tenue du Congrès constitutif du Parti et se manifesta en de multiples occasions à la base du Parti comme dans ses organismes dirigeants, particulièrement au sein du Comité central élu par le Congrès, et par la suite dans la Direction centrale clandestine mise en place après l’interdiction du Parti, le 12 juin 1968.

Cette seconde grande lutte concerna essentiellement la question de savoir qui, quelle classe, quelle idéologie, allait détenir la direction du Parti, la petite-bourgeoisie intellectualiste, opportuniste « de gauche » comme de droite, ou les fondateurs du mouvement marxiste-léniniste en 1963, devenus dirigeants du Parti à sa naissance, qui se plaçaient inflexiblement sur les positions idéologiques révolutionnaires du prolétariat.

Cette seconde grande lutte de lignes couvrit la période allant du 30 décembre 1967 à la tenue de la Conférence nationale d’édification prolétarienne réunie avec succès le 12 juin 1971. Elle se déchaîna d’abord au sein du Parti et provoqua la double scission de février et octobre 1970, date après laquelle elle fut poursuivie, de l’extérieur du Parti, en vue de le détruire, mais en vain.

Une lutte idéologique prolongée se déroula ensuite au sein du Comité central d’une part, et entre la majorité du Comité central et le Collectif de travail parisien d’autre part. La simultanéité et l’identité de cette lutte tint au fait que le secrétaire politique du Collectif de travail parisien était membre du Comité central et du Bureau politique de notre Parti.

Cette lutte porta essentiellement sur l’analyse des événements internationaux de l’époque, et sur le fonctionnement du centralisme démocratique au niveau de l’ensemble de la région parisienne. Elle se termina par une solution relevant de la pratique idéologique de la résolution des contradictions au sein du peuple.

Le Collectif de travail parisien fut dissous par le Comité central, mais chacun de ses membres fit preuve d’un esprit de parti propre à l’idéologie prolétarienne. Une autocritique collective de cet organisme et des autocritiques particulières furent présentées.

La tendance à des analyses proches de celles des dirigeants révisionnistes qu’avait manifestée le Collectif de travail parisien, fut éliminée.

Mais il n’est pas assuré que toutes les méthodes utilisées à l’époque par les représentants du Comité central furent exemptes d’erreurs et de nature à décourager certains des camarades qui se trompaient de bonne foi. En définitive, cependant, il ne saurait être question de considérer la lutte alors menée contre le Collectif de travail parisien comme une lutte de ligne avec l’ennemi.

Par contre, la lutte qui devait apparaître plus tard révéla que la juste ligne opposée à la ligne erronée du CTP avait été l’occasion d’une intervention active des tenants de la future ligne bourgeoise du IIe Congrès.

Quoique nous ne bénéficiions pas encore d’un recul suffisant pour affermir notre analyse et nos jugements, nous estimons que les protagonistes de la troisième grande lutte de lignes antagoniques survenue dans notre Parti, s’ils ne se sont réellement manifestés qu’immédiatement après le IIe Congrès, n’en ont pas moins dissimulé temporairement leurs positions et leurs racines de classe sous le couvert de la juste lutte contre le Collectif de travail parisien.

Que s’est-il donc passé dans nos rangs dans cette période ?

La ligne qui dénonça de manière juste les tendances révisionnistes du CTP dissimulait en son sein une autre tendance erronée. Profitant de l’inexpérience et du manque de vigilance de notre Comité central, des éléments parisiens agissant avec ruse et duplicité la transformèrent en ligne bourgeoise délibérée et cohérente, en la poussant à ses conséquences les plus extrêmes, dans le cadre de la préparation et lors de la tenue du IIe Congrès.

Après le succès qu’ils remportèrent trop facilement lors du vote du nouveau programme par le IIe Congrès, les tenants de cette ligne crurent le moment venu d’exploiter à fond la situation, mais ils voulurent aller trop loin et trop vite et se démasquèrent aussitôt.

Du coup, ils se trouvèrent en butte à la résistance intransigeante du Secrétaire politique et du Secrétariat du Comité central. Bientôt informés, le Bureau politique, puis le Comité central, parvinrent assez rapidement à s’unifier, pour passer ensuite à la contre-offensive. Une lutte de lignes acharnée s’engagea alors ouvertement, essentiellement dans la région parisienne.

La ligne bourgeoise passa à des procédés antagoniques: dénigrement du Secrétaire politique et d’autres membres du Secrétariat, dénigrement systématique des éléments ouvriers supposés appartenir au Comité central, opposition active à toutes les activités organisées par notre Parti en direction de la classe ouvrière, accusation d’économisme, provocations nombreuses à la Mutualité lors du Rassemblement national ouvrier du 14 février 1976, attaques visant à faire annuler la tenue de la Conférence nationale ouvrière sous prétexte qu’elle violait les Statuts du Parti, sabotage visant à faire disparaître la presse légale du Parti, constitution d’un centre oppositionnel dans le MIL, etc.

Cette activité, qui transformait des contradictions au sein du peuple en contradictions avec l’ennemi, s’acheva finalement par la débandade de ses protagonistes, après qu’ils eurent tenté de s’organiser en prenant appui sur les thèses développées lors du VIIe Congrès du Parti du travail d’Albanie. Peut-être, en la circonstance, pourrions-nous trouver confirmation de l’enseignement léniniste qui établit que les opportunismes de droite et de gauche se rejoignent toujours.

Les représentants de cette ligne bourgeoise, retranchés dans le MIL, ont aussi créé un petit groupe intitulé « Organisation pour la reconstruction du Parti communiste de France (marxiste-léniniste) ».

Ils ont publié en octobre 1977 un opuscule dont le contenu politique ne peut que réjouir la bourgeoisie française comme la bourgeoisie américaine, et leurs gouvernements respectifs. Ces gens nous accusent de trahir la théorie des trois mondes, ainsi que le Président Houa et le vice-président Teng. Ils présentent notre Secrétaire politique comme un partisan dissimulé des thèses albanaises, dévoué en France aux idées d’Enver Hoxha.

Simultanément aux idées de ce groupe, des éléments partisans de la méthode de frapper à outrance prirent prétexte de la campagne de rectification pour attaquer avec violence, non point les tenants de la ligne bourgeoise, mais le Comité central de notre Parti. Ces gens développèrent un intense travail de sape en vue de détruire de l’intérieur notre imprimerie et l’appareil central la desservant.

Quelques uns d’entre eux se sont restructurés sur les positions albanaises. La lutte menée contre eux devint rapidement antagonique car ils portèrent des coups si rudes à l’imprimerie que sa situation menaça pendant quelques mois de tourner à la catastrophe. Les principaux animateurs de ce groupe ont été exclus.

En dépit du caractère aigu de la troisième grande lutte entre deux lignes, la ligne bourgeoise du IIe Congrès a été battue successivement par le succès du Rassemblement national ouvrier du 14 février 1976, puis par le succès politique de la Conférence nationale ouvrière réunie au mois de juillet 1976, enfin, dans la dernière période, par le Rassemblement national organisé le 6 novembre 1977 en célébration du 60e anniversaire de la Révolution d’Octobre.

Nous sommes convaincus que le IIIe Congrès de notre Parti va consacrer la défaite totale de cette ligne qui n’a rien à voir avec la classe ouvrière ni avec les masses populaires.

Ainsi s’achèvera la troisième grande lutte de lignes antagoniques dans notre Parti, qui aura porté essentiellement sur la question de la contradiction principale de notre société dans la période actuelle, et qui, une fois encore, aura eu pour enjeu la direction de notre Parti disputée à notre Comité central par des représentants de l’idéologie bourgeoise. 

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Vive le 1er Mai 1975

La journée du premier mai, chaque année célébrée par les prolétariats et peuples opprimés du monde entier, est une jounée de combat, une journée de lutte de classes.

Son histoire, alternée de défaites et de succès, voit se mêler intimement le sang héroiquement versé pour leur libération par les esclaves du capital et les drapeaux triomphants auxquels il a donné sa couleur, les drapeaux rouges de la Commune de Paris, d’octobre 1917, de la révolution chinoise et de toutes les autres révolutions prolétariennes et populaires qui jalonnent les cent dernières années.

Mai, souvent, le premier mai revêt une signification nouvelle, une spécificité historique qui ajoutent à ses caractères traditionnels une portée supplémentaire.

Ainsi le premier mai 1975 n’est-il pas comme les autres, tout en conservant et perpétuant leur contenu séculaire.

Le premier mai 1975 se situe à une époque où, dans le monde, la situation ne cesse de s’améliorer en faveur des prolétariats et peuples révolutionnaires. Oui, la situation internationale actuelle est excellente. Comme l’a justement caractérisée le président Mao : « Les pays veulent l’indépendance, les nations veulent la libération, les peuples veulent la révolution ».

Des victoires d’une portée historique irréversible éclairent ce premier mai 1975 de leurs lumières éclatantes : celle acquise du peuple cambodgien, celle en cours du peuple vietnamien, celle que remportent les peuples du tiers monde pour imposer un nouvel ordre économique mondial, celles que réalisent les peuples ayant instauré la dictature du prolétariat dans l’édification du socialisme, celles qu’imposent dèjà les grandes luttes des ouvriers et des masses populaires dans les pays capitalistes, sans parler de celles, inéluctables, des communistes véritables engagés dans les luttes clandestines difficiles dans les pays opprimés par des cliques révisionnistes obéissant à la baguette des dirigeants sociaux-impérialistes russes.

Contraints à la défensive, accumulant défaite sur défaite, les deux superpuissances impérialistes du monde actuel n’envisagent leur avenir qu’à travers une rivalité chaque jour plus aiguë, dans leur tentatives respectives d’établir leur hégémonie sur les autres peuples, sur tout les continents, sur le monde entier. L’impérialisme américain, et le social-impérialisme russe parlent de paix à haute voix, mais préparent activement la troisième guerre mondiale.

Incapables désormais de s’opposer victorieusement à la formidable poussée du tiers monde, force principale et motrice des changements internationaux en cours, ces deux superpuissances font de l’Europe l’enjeu principal de leur affrontement, dans leurs volontés respectives de s’approprier ses richesses stratégiques, économiques, technologiques, etc.

Quand nous proclamons à ce sujet qu’une guerre imminente menace notre continent nous entendons que toutes les conditions historiques existent désormais, sur tous les plans, pour que soit déclenchée dans la région de l’univers où nous vivons la troisième conflagration mondiale. « Les points chauds » sont nombreux, du Portugal à la Yougoslavie, de la Méditerranée à la mer Baltique.

Voilà pourquoi, en ce premier mai 1975, les marxistes-léninistes appellent la classe ouvrière et le peuple de France à se préparer en prévision d’une guerre imminente, à se mobiliser idéologiquement et matériellement pour résister à l’agression étrangère, sous quelque forme qu’elle se précise, militaire ou économique, extérieure ou intérieure.

Certes la crise économique mondiale du vieux monde capitaliste aiguise l’appétit du nouvel impérialisme né en Union soviétique à la faveur de la restauration de la dictature social-fasciste de la bourgeoisie.

La dictature du prolétariat et le socialisme, instaurés et édifiés par les Bolcheviks intrépides, par les ouvriers, les paysans et les soldats révolutionnaires, sous la conduite de Lénine et de Staline, se sont trouvés détruits par les traitres et renégats qui, par la ruse et par la force, ont usurpé le pouvoir du peuple et son Etat.

Cette question brûlante est posée aujourd’hui à tous les peuples d’Europe occidentale: à qui va profiter la crise générale du vieux capitalisme ? Au social-impérialisme russe qui dispose partout d’ores et dèjà de « cinquième colonne » subversives ou aux prolétariat et masses populaires des pays interessés ?

Sur le plan français comme dans tout les pays d’Europe de l’Ouest, qui va « récupérer » les effets de la crise ? Les dirigeant social-fascistes du P »C »F et les homologues, ou la classe ouvrière et tous les travailleurs des villes et des campagnes ?

D’autre part, dans nos pays européens, en France en particulier, les forces ouvrières, même dirigées par leurs partis marxistes-léninistes, sont-elles en mesure de s’opposer, seules, aux deux superpuissances ? Et plus spécialement à la plus dangereuse et la plus agressive, le social-impérialisme russe ?

Le léninisme et la pensée Mao Tsé-toung enseignent la nécessité de compromis tactiques, c’est à dire temporaires. C’est en ce sens, et compte tenu des riches expériences du mouvement révolutionnaire prolétarien, que les marxistes-léninistes de France, pour réaliser dans l’opposition et l’action contre les menées des deux superpuissances et de leurs agents dans notre pays, oeuvrent à la constitution d’un front uni, partie intégrante du « Front uni mondial » qui regroupe le tiers monde et le second monde où nous vivons.

Cela signifie-t-il, compte tenu de cette tâche de l’heure, que nous devrions abandonner la lutte de classe contre la bourgeoisie ?

Le « Front uni » n’a d’efficacité et de sens qu’à la condition d’être à la fois alliance et lutte.

Nous condamnons la pratique opportuniste que traduit le mot d’ordre « Tout pour le Front uni ».

Comment le « Front uni » dont la raison fondamentale concerne la défense de l’indépendance nationale, pourrait-il mobiliser les travailleurs et les masses populaires s’il ne visait qu’à défendre le pouvoir de la bourgeoisie ? Le « Front uni » doit favoriser tout ce qui contribue à la défense de l’indépendance nationale, mais dans le cadre de cette dernière subsiste et subsistera toujours la contradiction fondamentale de notre société, entre bourgeoisie et prolétariat.

Ainsi dans le cadre de la lutte centrale contre les deux superpuissances, avec l’alliance tactique du prolétariat avec la bourgeoisie, est-il indispensable d’impulser la lutte de classe pour les revendications immédiates comme pour la préparation de la révolution prolétarienne.

Il serait tout aussi pernicieux soit de ne lutter que pour l’objectif central du moment, l’indépendance nationale, soit de ne lutter que pour l’objectif final de la révolution prolétarienne en n’impulsant que les luttes de classe.

Ces deux luttes restent indissociables, se conditionnent mutuellement, se renforcent réciproquement.

Ainsi la bourgeoisie s’engagera dans le combat pour l’indépendance d’autant plus que le prolétariat l’y poussera par sa propre activité.

Et si le prolétariat abandonnait sa lutte de classe, que pourrait-il donc attendre de l’indépendance nationale ? Et ne laisserait-il pas précisément le champ libre aux activités de l’ennemi, la cinquième colonne constituée par les dirigeants du faux parti communiste, agents véritables du social-impérialisme russe ?

Voilà pourquoi, aux mots d’ordre contre les deux superpuissances, et pour le rapprochement de notre pays, sur pied d’égalité avec le tiers monde, les marxistes-léninistes agissent concrètement pour la défense des intérêts de classe des travailleurs, ouvriers et paysans les plus exploités en premier lieu.

Voilà pourquoi ils tiennent pour fondamentale et indispensable la tâche de lutter sans répits contre les licenciements, contre le chômage, pour des conditions d’existence décentes, pour que la bourgeoisie ne puisse pas faire supporter au peuple le poids de la crise de son système capitaliste.

Voilà pourquoi en ce premier mai 1975, retentirons les justes mots d’ordre lancés par l’Humanité Rouge:

-Pour les revendications ouvrières, paysannes et populaires.

-Pour l’alliance loyale de la France avec le tiers monde.

-Pour l’indépendance nationale contre les superpuissances.

Vive la grande journée de lutte internationale du premier mai 1975.

Jacques JURQUET
Henri JOUR

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

L’UJCML, mouvement de contenu petit-bourgeois (1974)

[Document tiré de l’article intitulé Création en France d’un véritable parti révolutionnaire du prolétariat, paru en 1974 et retraçant l’histoire du PCMLF. Le titre complet est « L’Union des Jeunesses Communistes (ML), mouvement de contenu petit-bourgeois, attaque la ligne prolétarienne du MCF (ML) ».]

A la même époque, alors même que les Marxistes-Léninistes organisés l’ignoraient encore, était apparu au sein du Parti communiste français et plus particulièrement dans les rangs de son organisation étudiante, l’Union des Etudiants communistes, un double courant limitant son activité justement à la lutte interne.

D’une part, sous la direction de KRIVINE et de quelques éléments appartenant à l’organisation trotskiste connue sous le nom fallacieux de  » Quatrième Internationale  » se développait une activité fractionnelle tendant à conquérir l’organisme dirigeant de l’association dans laquelle les dirigeants révisionnistes tentaient de regrouper les étudiants. D’autre part, sous l’influence du philosophe Louis ALTHUSSER qui professait à l’Ecole normale supérieure installée rue d’Ulm à Paris, s’était constitué un groupe se proclamant hostile au révisionnisme moderne et défenseur du marxisme-léninisme comme des thèses du Parti communiste chinois.

Les trotskistes ont depuis toujours pratiqué ce qu’ils appellent  » l’entrisme « , parce que sur le plan tactique ils n’accordent en pratique aucune confiance aux masses et préfèrent tramer complots et intrigues à l’aide de minorités actives au sein d’autres organisations.

Ils ne parviennent pas à se lier à la classe ouvrière et aux larges couches prolétariennes, leur influence se limitant aux milieux de la petite et moyenne bourgeoisie ; leur idéologie et leur ligne politique sont le reflet du contenu social des couches dont ils sont issus et auxquelles ils continuent d’appartenir. Ils n’intéressent donc pas notre présent propos.

Par contre, le courant  » oppositionnel  » qui était né autour du Cercle de l’U.E.C. de l’Ecole normale supérieure allait jouer un rôle nullement négligeable en milieu étudiant et intellectuel au cours des années suivantes, puisque dès le mois de décembre 1966 il allait devoir se constituer en organisation distincte de l’Union des Etudiants communistes, prenant le nom d’Union des Jeunesses communistes (marxistes-léninistes).

En d’autres occasions, nous avons déjà exposé ce que nous pensions de cette organisation, nous avons caractérisé son contenu de classe, son idéologie, sa ligne, il est plus sérieux de dire  » ses  » lignes politiques qui la conduisirent à l’effondrement et à la dislocation à travers et après les événements de Mai-Juin 1968.

Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est de montrer que ce courant constituait l’une des manifestations de la ligne non prolétarienne sur la question de la RUPTURE ORGANISATIONNELLE avec le Parti révisionniste et de la création du nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE.

Naissant dans les rangs mêmes du Parti communiste français trois années après qu’eut été engagée la première grande bataille contre le révisionnisme moderne, ce courant, au moment où il se structurait lui-même en se soumettant de façon délibérée à la LUTTE INTERNE, s’opposa de l’extérieur avec entêtement et mauvaise foi à la ligne qui avait justement triomphé dans les rangs des marxistes-léninistes.

Quand, contraints d’abandonner la lutte interne parce qu’ils venaient d’être exclus de l’Union des Etudiants révisionnistes, ils n’eurent d’autre issue que de se constituer en organisation indépendante du Parti communiste français, les principaux animateurs de cette nouvelle Union baptisée  » marxiste-léniniste  » lancèrent de violentes et perfides attaques contre le Mouvement communiste français (marxiste-léniniste).

La correspondance échangée entre eux et le M.C.F. (ml), comme les publications qu’ils éditèrent, notamment leur presse, témoigne à l’évidence de leurs positions étrangères à l’idéologie prolétarienne dans la question et de la RUPTURE ORGANISATIONNELLE et de la création du PARTI MARXISTE-LENINISTE.

Ils firent grief aux étudiants et lycéens issus de l’U.E.C., qui avaient appelé à rejoindre le M.C.F. (ml) peu après le Congrès de Lancry, de les avoir placés dans une position inconfortable au sein de l’Union des Etudiants révisionnistes, et d’avoir ainsi précipité leur rupture d’avec cette organisation du P.C.F. dans laquelle ils aspiraient à poursuivre encore la fameuse LUTTE INTERNE.

Sur ce point ils allèrent jusqu’à exiger du M.C.F. (ml) une autocritique (!), tandis que pour leur part, ils considéraient ne pas avoir à remettre en question leur attitude au sein de l’U.E.C. révisionniste à l’époque ou le P.C.F. avait soutenu la candidature de MITTERRAND à la Présidence de la République !

Cette attitude avait consisté à critiquer  » sous le manteau  » la ligne de la direction du P.C.F. tout en appelant à participer à la campagne en faveur de MITTERRAND sous prétexte de ne pas rompre la discipline!

Naturellement aucun accord ne put s’établir avec ces curieux marxistes-léninistes, et le M.C.F. (ml) poursuivit ses activités et son développement, non sans que ses efforts soient souvent gênés, dans ses rangs comme à l’extérieur de ses rangs, par l’activisme déployé en tous sens par l’U.J.C. (ml).

Mais la lutte entre les deux lignes allait de nouveau s’appliquer au deuxième enjeu découlant directement du premier, Après avoir porté sur la question de la Rupture organisationnelle avec le Parti révisionniste, la lutte entre deux lignes allait porter essentiellement sur la question de la création du PARTI MARXISTE-LENINISTE.

Comme nous l’avons vu, le Congrès de Lancry avait créé le M.C.F. (ml) en le considérant comme un organisme transitoire entre la  » Fédération des Cercles marxistes-léninistes  » et le PARTI proprement dit. Aussi, l’HUMANITÉ-NOUVELLE publia-t-elle le 11 mai 1967 un éditorial de François MARTY, sous le titre  » En avant vers la constitution prochaine du Parti communiste de France  » et qui commençait par cette phrase explicite :

 » Conformément à l’article 19 des Statuts du Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), notre Comité central a décidé à l’unanimité, au cours de sa session des 22 et 23 avril à Paris, de convoquer avant la fin de l’année le Congrès constitutif du Parti communiste authentiquement révolutionnaire pour remplacer le P.C.F. qui n’a plus de communiste que le nom. « 

Aussitôt commença une nouvelle lutte acharnée POUR OU CONTRE LA CRÉATION DU NOUVEAU PARTI MARXISTE-LÉNINISTE tant à l’intérieur des rangs du Mouvement communiste français qu’à l’extérieur de ses rangs.

A l’intérieur du M.C.F. (ml) la ligne hostile à la création du Parti se manifeste sous plusieurs formes. Dans le Comité central, un seul militant s’y oppose sans être vraiment capable de donner à son attitude un contenu explicite. Il engagea bientôt une intense activité fractionnelle sur le plan de la région qu’il suivait, celle de LYON, et, non sans que des efforts prolongés ne soient accomplis pour le rattraper par la persuasion et la conviction, il fut finalement purement et simplement exclu.

Mais en dehors du Comité central, la ligne petite-bourgeoise commença à se développer activement parmi les anciens militants du groupe  » Drapeau rouge « , à PARIS exclusivement. Ce groupe, composé d’éléments étudiants, était celui qui, dans l’U.E.C. révisionniste, avait engagé la lutte ouverte puis appelé à rompre organisationnellement pour rejoindre le M.C.F. (ml). La plupart de ses militants étaient issus des Jeunesses du P.S.U., avant de passer par l’organisation étudiante révisionniste.

Son leader, qui avait mené une activité efficace à la fois contre le groupe de Krivine, contre la ligne erronée du cercle d’Ulm et contre les dirigeants révisionnistes, était aussi membre du Comité central du M.C.F. (ml) depuis le Congrès de Lancry.

Il s’écarta du Mouvement sans donner d’explications vraiment précises et, de suite après l’été 1967, la plupart des militants qu’il avait amenés avec lui abandonnèrent le M.C.F. (ml) soit d’eux-mêmes, soit qu’ils aient été exclus par suite d’une activité fractionnelle ouverte qui ne pouvait être admise et violait délibérément les Statuts.

II s’agissait exclusivement d’étudiante et d’enseignants, que l’activisme de l’U.J.C. (ml) impressionnait et qui, de ce fait, adoptaient des positions hésitantes sur la question de la création du Parti. Les violences physiques des révisionnistes n’étaient pas non plus sans influence sur leur comportement.

Enfin une autre tentative, décidée fractionnellement, prit pour appui la cellule d’AIX en Provence, un membre du Bureau politique, vieux militant du Parti révisionniste rallié dès l’époque de la Fédération, y jouant un rôle particulièrement fourbe.

Agissant avec duplicité, ce dirigeant cacha sa position devant les organismes dirigeants et prépara une tentative de putsch à réaliser pendant la tenue du Congrès constitutif du Parti. Mais, comme il ne put mener à bien son projet visant essentiellement à arracher la direction du jeune Parti aux militants qui devaient l’assumer, il fut ensuite violemment pris à partie par les jeunes adhérents de la cellule d’AIX en Provence, tous étudiants dont la moitié démissionnèrent non sans l’avoir démasqué !

Le cahier où se trouvaient enregistrées les discussions et décisions de cette cellule permit de découvrir le double jeu qu’avait joué ce faux marxiste-léniniste, qui fut écarté peu après l’interdiction du P.C.M.L.F., en juin 1968, sans que puisse être établi de manière certaine s’il s’agissait d’un flic, d’un agent révisionniste ou simplement d’un aventurier.

Alors que les marxistes-léninistes lançaient le juste mot d’ordre (sur l’affiche ci-dessus), le C.M.L.F. propageait l’idée que les marxistes-léninistes appelaient à voter de Gaulle, ce que les révisionnistes ne manquèrent pas d’utiliser.

De l’extérieur du Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), les attaques ne manquèrent pas contre le projet de création du nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE. Nous ne relaterons pas celles lancées par le groupe du fameux C.M.L.F. (Centre Marxiste-léniniste de FRANCE) dirigé par un agent provocateur.

Il s’agissait d’une activité d’officine organisée par l’ennemi depuis 1963. Lorsqu’il s’agit de la ligne cynique de l’ennemi, les choses peuvent être plus faciles à discerner que lorsqu’il s’agit d’une lutte de lignes au sein du mouvement ou même du simple courant se réclamant du marxisme-léninisme. Lorsque l’agent Jacques GRIPPA fut démasqué sur le plan international, son homologue et subordonné en France se trouva du même coup lui-même démasqué. La lutte contre les dirigeants de ce prétendu  » C.M.L.F.  » dura cinq années.

La lutte contre la création du Parti MARXISTE-LÉNINISTE fut essentiellement soutenue par l’Union des Jeunesses communistes (marxistes-léninistes), dont nous venons de relater la première attitude sur la question de la LUTTE INTERNE et de la RUPTURE ORGANISATIONNELLE avec le Parti révisionniste.

En apparence, les dirigeants de cette organisation se prononcèrent en faveur de la création du PARTI, mais en réalité ils étaient rigoureusement contre. Certes il importe de noter que l’hétérogénéité de leurs rangs était telle que la ligne qu’ils imposèrent ne refléta pas le point de vue d’au moins une infime minorité de leurs militants. Après la désintégration de l’U.J.C. (ml), certains de ses militants sont devenus des marxistes-léninistes conséquents, sur une base autocritique sincère et approfondie.

Certains même, peu nombreux, adoptaient déjà la ligne juste au moment où leur organisation se déchaînait contre l’intention de créer le Parti proclamée par le Comité central du M.C.F. (ml).

La correspondance entre l’U.J.C. (ml) et le M.C.F. (ml) atteste de la lutte engagée sur cette question. Le contenu des articles publiés tant par  » GARDE ROUGE  » que par  » SERVIR LE PEUPLE  » aboutit à la même démonstration.

Avant d’examiner sommairement les arguments de l’U.J.C. (ml) qui contestaient la décision du M.C.F. (ml) de convoquer le Congrès constitutif du PARTI MARXISTE-LENINISTE en France, soulignons une différence importante entre les deux organisations.

Si les militants marxistes-léninistes du M.C.F. (ml) se référaient fondamentalement au MARXISME-LÉNINISME et particulièrement à la portée historique universelle des  » Propositions en 25 Points du Comité central du parti communiste chinois « , les dirigeants de l’U.J.C. (ml) se réclamaient avant tout de la  » Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine « . Dans leur organe bi-mensuel  » Servir le peuple  » n° 4 du 15 août 1967, ils avouèrent sans ambages la filiation à laquelle ils entendaient se rattacher.

Dans une longue étude (dont l’objet visait à se justifier du fait qu’ils n’étaient apparus que prés de trois ans après les marxistes-léninistes de la Fédération des cercles, puis du M.C.F.-ml) publiée sous le titre  » Comment est née l’Union des Jeunesses communistes (marxiste-léniniste) « , ils révélèrent alors une conception qu’avec le recul du temps il convient aujourd’hui de replacer dans le cadre de l’influence des idées mystificatrices (pour ne pas dire plus !) de Lin Piao. Qu’on en juge donc sur un simple échantillon :

 » La scission à grande échelle dans l’Union des Etudiants communistes s’est faite principalement sur la question de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, ainsi, bien entendu, que sur l’ensemble des problèmes de la ligne du mouvement communiste international, et du mouvement communiste en France.

 C’est principalement sur la question de la Grande Révolution culturelle prolétarienne que les traîtres révisionnistes qui dirigeaient l’U.E.C. ont été démasqués et abattus par la masse des militants communistes de cette organisation. Nous pensons que cela a été une bonne chose, que cela a aidé notre organisation à fonder son activité sur des bases justes, et à acquérir un style de travail correct.

Plus généralement, nous pensons, sur la base de notre expérience et de l’étude des faits, que la lettre en 25 Points ne permettait de tracer une ligne de démarcation solide qu’à condition d’être étroitement liée à l’assimilation du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsetoung comme cela devait apparaître dans la Grande Révolution culturelle prolétarienne.

En définitive, c’est la G.R.C.P. qui donne les bases d’une ligne de démarcation profonde, irréductible et définitive entre le marxisme-léninisme révolutionnaire de notre époque et toutes les variantes du révisionnisme.

Nous pensons que l’assimilation de la pensée de Mao Tsé-toung à la lumière de la G.R.C.P. est la pierre de touche d’une position révolutionnaire correcte, d’une position marxiste-léniniste.

C’est pourquoi nous nous efforçons de mettre en œuvre d’une façon conséquente la juste thèse selon laquelle la G.R.C.P. ouvre une époque toute nouvelle dans le Mouvement communiste international. « 

Ainsi donc, d’après l’U.J.C. (ml), il avait fallu attendre la Grande Révolution culturelle prolétarienne pour pouvoir assimiler les justes positions contenues dans les  » 25 Points  » et tracer une ligne de démarcation  » solide  » avec  » toutes les variantes du révisionnisme  » !

On comprend dès lors pourquoi ces  » gardes rouges  » français n’avaient que mépris pour ce qu’ils appelaient  » la pauvreté idéologique et théorique des communistes albanais « : ces derniers combattaient depuis toujours le révisionnisme moderne, mais ils n’avaient pas transposé chez eux l’expérience de la G.R.C.P. sous sa forme chinoise ! 

Les communistes marxistes-léninistes du M.C.F. (ml), quant à eux, appréciaient hautement les apports de la Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine, mais ils avaient fondé leur rupture avec le révisionnisme moderne sur les principes du marxisme et du léninisme, principes respectés et rappelés par le Comité central du Parti communiste chinois dans ses  » Propositions en 25 Points « , dés le 14 juin 1963.

Notons qu’au demeurant, l’attitude des fougueux  » marxistes-léninistes  » de l’U.J.C. (ml) était condamnée sans équivoque par un passage du Point 24 de ces Propositions, qui identifiait  » un Parti qui répète invariablement les paroles des autres, qui reprend, sans analyse préalable, les expériences d’un pays étranger…  » avec  » un Parti qui est panaché à la fois de révisionnisme et de dogmatisme, comme une sorte de macédoine, où il y a un peu de tout, sauf les principes du marxisme-léninisme… « 

En fait, toutes les âneries sentencieusement proclamées par les dirigeants de l’U.J.C. (ml) à travers une phraséologie plus qu’abondante, visaient à empêcher la création d’un authentique PARTI MARXISTE-LÉNINISTE.

Les plus caractéristiques furent publiées dans le numéro 6 de  » GARDE ROUGE « , mensuel de l’Union des Jeunesses Communistes (Marxiste-Léniniste) : dans un éditorial portant pour titre  » Édifions en FRANCE un Parti communiste de l’époque de la Révolution culturelle « , et, dans les pages centrales, dans un long développement que précédait une paraphrase d’un texte de MAO Tsétoung, qui suffit largement à comprendre à quelle gymnastique dogmatique se livraient les  » penseurs  » et rédacteurs de l’organisation en cause.

Une lettre de Jean BABY, qui était sorti depuis des années du P.C.F. par sa porte de droite, mais s’était acquis une certaine notoriété dans les milieux intellectuels en adoptant occasionnellement de justes positions sur certaines questions, suivait ces articles dans le cadre d’une  » Tribune de discussion « , ouverte sur  » les questions fondamentales du mouvement marxiste-léniniste en France : analyse de classe de la société française, problèmes de l’édification du Parti, état actuel des luttes sur les différents fronts de la lutte des classes (en particulier luttes ouvrières et front anti-américain) « .

Après avoir établi que le Parti communiste français, devenu révisionniste, n’avait  » qu’une existence effective en tant que Parti petit-bourgeois réactionnaire « , les dirigeants de l’U.1.C. (ml) S’étaient livré à un lancinant travail  » théorique  » au sujet des  » lois générales de l’édification du Parti communiste « . Il est assez difficile de résumer leur développement sur ce point, tant son  » originalité créatrice  » le situait en dehors des principes léninistes du PARTI de type nouveau. Toutefois, malgré la confusion vertigineuse de leur exposé, on peut y relever les quelques idées essentielles suivantes :

– la création  » Officielle  » (sic) d’un PARTI MARXISTE-LENINISTE ne peut intervenir qu’à l’issue d’une  » LUTTE INTERNE PROLONGEE « , participant d’un  » PROCESSUS DE SCISSION PROLONGEE  » et d’une  » LUTTE INTERNE DE MASSE  » ;

– ainsi existe-t-il une  » étape  » avant la naissance  » officielle  » du PARTI. La  » création  » du PARTI a en fait précédé sa naissance effective. La preuve historique :  » le Parti bolchevik est né bien avant sa proclamation par LENINE  » (!) ;

– au cours de  » l’étape  » précédant la création  » officielle  » du PARTI, les Marxistes-léninistes 1°) doivent développer leur activité en s’appuyant principalement sur l’hétérogénéité de toutes les  » forces populaires « , pour être présents  » dans toutes les classes et couches du peuple  » et 2°) pour organiser  » toutes les formes de lutte des classes (politique, économique, théorique, idéologique, armée…)  » ;

–  » à ce moment-là, qui correspond à l’étape de la naissance et de la première implantation du mouvement marxiste-léniniste, étape préalable à la naissance du PARTI proprement dit, l’exigence de décentralisation et d’hétérogénéité l’emporte de loin sur l’exigence de centralisation (décentralisation doit être pris ici en son sens le plus fort : l’absence de centre unique dans cette étape ; si le processus d’édification respecte cette exigence, le PARTI pourra ensuite appliquer la  » décentralisation  » au sens courant). L’impératif fondamental de cette étape est que les militants marxistes-léninistes se dispersent dans les masses, non qu’ils s’assemblent centralement en un point de fixation.

L’essentiel est que les militants marxistes-léninistes acquièrent l’expérience de la lutte dans les milieux divers les formes d’organisation les plus diversifiées, qu’ils accumulent des forces dans tous les détachements du peuple, qu’ils apprennent à être présents sur tous les fronts de la lutte des classes, même si la rançon de ce travail préliminaire est une apparente incohérence, la constitution de pans d’organisation ayant leurs caractéristiques spécifiques, l’absence de direction centralisée du mouvement dans son ensemble et parfois même d’inévitables malentendus subjectifs entre des militants qui auront connu des expériences diverses ; ces malentendus seront sans gravité si la volonté d’unité l’emporte et permet de passer correctement à l’étape suivante – d’édification du PARTI – lorsque les tâches préliminaires d’implantation du mouvement dans les masses sont remplies et que la diversité des expériences, des connaissances et des formes d’organisation fournit un contenu adéquat à l’élaboration de la ligne commune, et assure que la ligne centralement élaborée correspondra aux besoins de tout le peuple et sera effectivement appliquée à la base dans les différents détachements du peuple, par des organisations spécifiques, proches des masses et liées à elles… « 

– Ce galimatias spontanéiste (car il s’agit bien d’une théorie favorable au spontanéisme des cercles se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée maotsétoung, théorie tournant le dos aux enseignements dégagés par LENINE dans  » Que faire ? « ) débouchait, après quatre pleines pages de développements du même tonneau opportuniste petit-bourgeois sur le fameux mot d’ordre  » Edifions en France un PARTI communiste de l’époque de la Révolution culturelle « .

II n’est pas douteux que dans l’esprit, comme dans la lettre, les dirigeants de l’U.J.C. (ml) ne concernaient nullement par ce mot d’ordre un PARTI de la classe ouvrière, mais songeaient davantage à un PARTI  » du peuple tout entier « .

De fait ils visaient surtout à reporter aux calendes grecques la création de ce PARTI, et s’ils s’y trouvaient contraints ils ne l’envisageaient que dirigé par leur groupe d’intellectuels de vocation supérieure,  » au service du peuple « . II fallait apporter aux travailleurs ce qui leur manquait : des dirigeants !

Nous épargnerons au lecteur le pensum que constituerait la relation détaillée des autres innovations  » théoriques  » que comportait cette ligne directement élaborée dans le moule de l’idéologie bourgeoise. II nous fallut beaucoup de persévérance pour lire jusqu’à leur point final ces élucubrations qui nous auraient amusés si leurs effets n’eussent été néfastes pour nombre de jeunes militants sincères et abusés parce qu’encore inexpérimentés.

– Toutefois notons qu’en invoquant comme seul objectif fondamental de ce, PARTI le  » service du peuple « , l’U.J.C. (ml) manifestait son incompréhension totale de la riche allocution de MAO Tsétoung prononcée le 8 septembre 1944 pour honorer la mémoire du Camarade TCHANG Se-teh.

Dans cette intervention, MAO Tsétoung soulignait que TCHANG Se-teh, comme ses camarades, étaient venus  » de tous les coins du pays « …  » en vue d’un objectif révolutionnaire commun « .

Ainsi son juste mot d’ordre  » servir le peuple  » n’était-il pas une abstraction ni même une attitude permettant le développement de quelque charité ayant un contenu de classe non-prolétarien.  » Servir le peuple  » était et reste un mot d’ordre indissociable de l’objectif stratégique, fondamental du PARTI MARXISTE-LÉNINISTE :  » Faire la révolution, édifier le socialisme, marcher vers le communisme « . L’absence de ces précisions imputable aux dirigeants de l’U.J.C. (ml) favorisa souvent une interprétation activiste petite-bourgeoise d’un précepte idéologique fondamental du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung.

Le Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), une fois encore, réfuta catégoriquement la ligne  » de lutte interne prolongée  » et de création ultérieure d’un PARTI après la réalisation de cette fameuse étape de  » décentralisation dans les masses « .

Dès le 29 juin 1967,  » l’Humanité Nouvelle  » publia à ce sujet un éditorial du Secrétaire politique. Se référant à la période de préparation du Mouvement à l’époque des Cercles, Il écrivait notamment :

 » L’expérience avait en effet amplement prouvé que toute lutte interne active et conséquente était vouée aux contre-attaques brutales et anti-statutaires des dirigeants révisionnistes. Par contre, tout militant attaché aux principes marxistes-léninistes qui se contentait dans sa cellule d’une opposition timide en acceptant de passer sans cesse des compromis sur la ligne politique pour éviter l’affrontement idéologique nécessaire était rapidement isolé, déchargé de toutes ses responsabilités et ainsi complètement neutralisé : son efficacité se réduisait de la sorte à zéro… « 

Il poursuivait un peu plus loin sous le titre :  » Une question de principe : savoir établir une ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne  » :

 » Avec le recul du temps et les enseignements dégagés depuis lors à de multiples occasions, il apparaît clairement que cette controverse entre LUTTE INTERNE et LUTTE EXTERNE, sous ses aspects tactiques, comportait un aspect théorique fondamental.

Elle revenait en effet à déterminer une position juste sur la question de la nécessité d’établir une nette ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne.

Les arguments avancés en faveur de la poursuite de la lutte à l’intérieur du Parti ancien comportaient inévitablement pour fondement l’espoir d’un redressement ultérieur, la nécessité de ne pas se  » couper  » de bons camarades trompés, l’intention d’entraîner à terme plus ou moins rapproché d’autres militants en fonction de la certitude de leur honnêteté et de la sincérité de leur attachement aux objectifs finaux du communisme.

Mais tous ceux qui avaient  » osé  » engager l’action étaient en mesure d’expliquer par quel processus violant les Statuts, ils s’étaient rapidement retrouvés dans l’impossibilité de faire prévaloir leur juste attachement aux principes de MARX, ENGELS, LENINE et STALINE repris par MAO Tsétoung, contre le révisionnisme de Waldeck Rochet et de son groupe.

Même s’ils étaient approuvés et soutenus jusqu’au bout par leurs cellules, le Comité central ordonnait leur exclusion par dessus la tête de leurs camarades, allant au besoin jusqu’à ordonner la dissolution de la cellule. D’où la nécessité théorique, clairement élaborée à partir de la pratique, de tracer cette nette ligne de démarcation d’avec les opportunistes, tout comme à l’époque où LÉNINE organisait la différenciation organique irréversible entre Bolchéviks et Menchéviks. « 

Quelques jours avant la publication de cet article, le Comité central du MCF (m.-l.) adopta, le 25 juin 1967, à l’unanimité quoiqu’après une discussion approfondie, un document présenté sous le titre  » Arborer le drapeau rouge pour lutter contre le drapeau rouge – Qu’est-ce l’Union des Jeunesses communistes ? « 

Ce document que nous reproduisons dans notre partie justement réservée aux  » Documents  » démasquait tout particulièrement la ligne idéologique, politique et tactique des dirigeants de l’U.J.C. (ml) (le lecteur pourra s’y reporter utilement) :

1° il mettait en évidence le  » livrisme  » des rédacteurs de l’article publié par Garde rouge sur  » l’édification d’un Parti de l’époque de la Grande Révolution culturelle prolétarienne  » ;

2° il étalait le caractère dogmatique des transpositions dont se rendaient coupables les dirigeants de l’U.J.C. (ml) en appliquant à une réalité en France tout à fait différente de celle de la Chine ce qu’ils avaient cru comprendre de la pensée-maotsétoung (il est intéressant de noter à cet égard que ces militants subissaient souvent l’influence d’excès commis par certaines fractions d’étudiants chinois sous l’influence de Lin Piao et de ses partisans : pour eux par exemple il n’était plus question de s’adonner sérieusement, comme ils avaient essayé de le faire par le passé, à l’étude des textes classiques de MARX, ENGELS et LENINE, et encore moins de STALINE qu’il répudiait au moins entre eux ; mais ils ordonnaient de grandes séances de lectures collectives, à haute voix, des citations du Petit Livre rouge, certains d’entre eux passant de longues heures à les apprendre par cœur et ils organisaient aussi des séances de grande critique, exactement comme s’ils se trouvaient en Chine et non en France).

3° il établissait leur méconnaissance de la relation dialectique entre la pratique et la théorie, caractérisant leur méthode comme relevant  » d’un dogmatisme théorique associé à l’empirisme politique  » ;

4° il condamnait leur idéalisme déformant le contenu des enquêtes préconisées par MAO Tsé-toung ;

5° il démontrait leur visée de substituer à un PARTI prolétarien une  » avant-garde petite-bourgeoise  » ;

6° il établissait le fait qu’ils proposaient en fin de compte une troisième voie entre révisionnisme moderne et marxisme-léninisme, cette troisième voie ne pouvant être que bourgeoise et nullement prolétarienne.

Mais les dirigeants de l’U.J.C. (ml) n’accordèrent aucune attention aux critiques du M.C.F. (ml). Au contraire, contre l’organisation qui poursuivait activement la préparation du Congrès constitutif du PARTI MARXISTE-LÉNINISTE, ils se déchaînèrent, lancèrent une campagne de calomnies et de dénigrement, propageant en direction de leurs militants de base les plus stupides ragots et mettant en cause tout Particulièrement les dirigeants connus.

Aussi, le 15 juillet 1967, le Comité central du M.C.F. (ml) mit-il fin aux relations établies entre lui et le Bureau politique de l’U.J.C. (ml) par l’envoi d’une lettre signée, en son nom, du Secrétaire politique. Voici quelques extraits explicites de ce document qui attestent de l’exacerbation de plus en plus aiguë de la lutte entre deux lignes sur la question de la création du PARTI :

  » Nous avons accordé à votre organisation, dès sa naissance publique, la plus grande attention, et aussi, pour suivre les enseignements de LENINE, la plus grande vigilance.

L’agressivité dont vous faites preuve aujourd’hui vis-à-vis du MOUVEMENT COMMUNISTE FRANÇAIS (marxiste-léniniste) prouve que nous avons eu raison. Vous comprendrez aisément puisque vous vous présentez comme ayant une riche expérience de la pratique marxiste-léniniste, que nous ne répondions pas aux innombrables accusations sans fondement que vous lancez contre nous, et dont nous devinons que vous êtes impatients de les rendre publiques.

Nous ne nous situerons pas sur ce terrain choisi par vous, nous ne nous laisserons pas accaparer par une vaine et stérile polémique, mais nous développerons nous aussi notre point de vue en ayant soin de n’en pas faire étalage aux yeux de l’ennemi.

Nous vous laisserons la responsabilité d’Initiatives que vous avez prises et qui sont contraires à l’intérêt du développement et de l’unification des forces marxistes-léninistes réelles qui existent en France.

Nous avons le désir de voir jusqu’où vous irez dans ce domaine, car c’est seulement ainsi que nous pourrons savoir de façon sérieuse et décisive qui vous êtes, quelle cause vous servez, quels objectifs vous poursuivez. Nous sommes beaucoup plus attentifs à vos actes qu’à vos proclamations écrites ou verbales.

Votre ligne traduit votre refus de tracer une nette ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne. Or nous pensons, quant à nous, qu’il s’agit là de la pierre de touche de la fidélité au camp socialiste à l’époque actuelle. Cela provient peut-être de votre manque de confiance dans les masses, de votre incapacité à les aborder, en dehors des milieux traditionnels où fleurit l’intelligentsia incapable dans son ensemble de fonder son action sur une doctrine débarrassée des tares de classe de la bourgeoisie.

D’ailleurs cette attitude ressort avec clarté de votre refus de tout mettre en œuvre rapidement pour répondre concrètement à l’attente et au besoin de la classe ouvrière française en créant un PARTI MARXISTE-LÉNINISTE. Qu’est-ce qui l’emporte chez vous du défaitisme ou du mépris des masses ?

Vous acclamez la Révolution culturelle prolétarienne en CHINE ?

C’est bien, mais cela est insuffisant. Il faut faire davantage et ne pas transposer dogmatiquement certaines mesures arrêtées dans le cadre de la dictature du prolétariat par un glorieux PARTI qui a des décades d’expérience et a su conduire son peuple à la victoire révolutionnaire de 1949 avec pour grand dirigeant le LENINE de notre époque, le camarade MAO Tsé-toung.

La situation actuelle chez nous est différente : il est urgent et indispensable de forger l’outil de la Révolution, qui seul permettra d’instaurer la dictature du prolétariat, à savoir le PARTI MARXISTE-LÉNINISTE dont l’absence en ce moment comporte tant de conséquences négatives. Ce qui n’exclue nullement de savoir dégager à notre avantage militant tout le bénéfice capital de l’action impétueuse des gardes rouges qui s’inspirent de la pensée du Président MAO. Par exemple, ne serait-ce que pour faire de grands et sincères efforts de modestie et ne pas se croire d’infaillibles théoriciens !. « 

Un peu plus loin, la lettre indiquait :  » Nous allons continuer à développer nos efforts en direction de la classe ouvrière, mais nous accueillerons avec joie tous les étudiants désireux de poursuivre à nos côtés une lutte concrète pour la reconstruction du Parti marxiste-léniniste en France, qui est la tâche la plus importante à l’étape actuelle.

Si vous êtes désireux de contribuer à cette entreprise historique, nous ne vous rejetterons pas, mais vous devez bien comprendre que nous ne pouvons pas attendre votre bon vouloir de la même façon que nous ne vous avons pas attendus en 1963 (et bien avant pour certains d’entre nous) pour engager une lutte résolue et conséquente contre le révisionnisme moderne.

Si demain un nouveau clivage s’effectue dans les rangs du Parti révisionniste, ce qui n’est pas exclu, devrons-nous remettre en question toute notre ligne stratégique et tactique et attendre que ces nouveaux militants soient prêts à admettre la nécessité du nouveau PARTI ?

Vous savez bien qu’UN se divise en DEUX et qu’aujourd’hui comme du temps de LENINE le processus de différenciation entre marxisme-léninisme et révisionnisme est irréversible. »

Ici il est important de rétablir un point de vérité historique, qui souvent donne lieu à interprétation erronée de la part de militants qui n’ont pas connu les premières années où commença la lutte des marxistes-léninistes. Certaines formules, essentiellement tactiques, ont pu laisser croire qu’il y avait hésitation, en 1963 et 1964, dans la pensée des premiers communistes ayant engagé l’action contre les dirigeants révisionnistes au sujet de la nécessité d’un nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE.

On a pu croire également que ces camarades comptaient, au début, sur une scission très large du Parti révisionniste. En fait ces interprétations de l’histoire sont erronées.

Si l’on excepte naturellement les éléments opportunistes et autres aventuriers infiltrés dans les rangs des marxistes-léninistes dès leurs premiers pas, il est certain que des hommes comme François MARTY et quelques autres savaient dès le début où ils allaient, quel était l’indispensable objectif à atteindre : la création d’un nouveau PARTI MARXISTE-LÉNINISTE).

Au demeurant, s’ils n’avaient pas pris conscience de cette nécessité historique par eux-mêmes, il n’est pas douteux que les entretiens qu’ils poursuivaient alors avec des camarades albanais ou chinois leur auraient vite ouvert les yeux.

Une telle attitude n’excluait pas, et n’exclue toujours pas, que des contingenta d’adhérents, militants ou sympathisants du Parti communiste français accèdent à leur tour à la révolte contre le révisionnisme et s’engagent dans la lutte sur la base des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme.

Comment envisagerait-on la réalisation du processus concerné parle mot d’ordre  » Arracher la classe ouvrière au révisionnisme moderne « , si l’on excluait l’éventualité de nouveaux clivages dans les rangs du Parti communiste français, sur la base de la lutte entre ligne prolétarienne et ligne bourgeoise ?

Seuls dogmatiques et sectaires peuvent fournir à cette question une réponse négative, bloquée et définitive ne tenant aucun compte du caractère dialectique du développement de l’histoire. La lettre du M.C.F. (ml) s’achevait ainsi :

 » Si vous êtes des marxistes-léninistes conséquents, sachez donc tirer les enseignements de l’œuvre du Président MAO Tsé-toung « De la juste solution des contradictions au sein du peuple » et agissez en conséquence en commençant par stopper avec sérieux des attaques qui détruisent au lieu de construire l’unité susceptible d’intervenir entre nous. Ce qui ne signifie nullement la suspension de nos critiques réciproques à l’intérieur de nos rencontres comme à l’intérieur de nos organisations respectives.

Si vous n’êtes pas des marxistes-léninistes conséquents, nous ne tarderons pas à le savoir et alors nous déciderons des mesures convenables à prendre à votre égard. En tout état de cause le marxisme-léninisme triomphera inéluctablement ! Soyez assurés de notre indéfectible fidélité aux principes de MARX, ENGELS, LENINE, STALINE et MAO TSETOUNG.  »  

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Tous unis contre la fascisation (21 juin 1973)

[Publié comme éditorial dans l’Humanité rouge le 21 juin 1973, jour du meeting d’Ordre Nouveau et de la mobilisation contre lui.]

Fidèles aux enseignements de Dimitrov et Staline, à Paris comme en province, les communistes marxistes-léninistes manifesteront les 20 et 21 juin 1973 contre la fascisation de l’Etat bourgeois, contre la politique fascisante du gouvernement, contre les fascistes et racistes d’Ordre Nouveau.

Depuis le 12 juin 1968, les marxistes-léninistes n’ont cessé de dénoncer le régime actuel en le caractérisant comme une  » démocratie bourgeoise en cours de fascisation « .

Dans sa course avec le mouvement révolutionnaire de masses, qui tend à la Révolution socialiste, la bourgeoisie capitaliste prépare le recours brutal à une  » dictature terroriste ouverte et sanglante « , le fascisme. Au début de ce mois, l’Humanité-Rouge publiait, en supplément, une brochure destinée à expliquer les raisons et exposer les manifestations concrètes de  » la Fascisation en France « .

Cette brochure indique aussi le moyen essentiel de s’opposer victorieusement au processus en cours développé de plus en plus ouvertement par la bourgeoisie capitaliste monopoliste d’Etat.

Ce moyen, si magistralement défini par Dimitrov sur la base de l’expérience de la montée du fascisme en Allemagne, c’est la réalisation du Front unique prolétarien, puis sous sa direction, du Front uni populaire antifasciste. Ce moyen, c’est avant tout la pratique de l’unité à la base et dans l’action, en premier lieu dans les grandes entreprises industrielles de tout le pays.

L’aspect principal des manifestations des 20 et 21 juin ne réside nullement dans la nature idéologique et politique, dans les responsabilités antérieures et présentes, des dirigeants qui en ont pris les initiatives.

L’aspect principal, c’est celui que proclame depuis cinq ans les marxistes-léninistes, c’est la nécessité que les plus larges masses populaires, classe ouvrière en tête, engagent les luttes indispensables contre la fascisation. Ainsi les marxistes-léninistes, plus que jamais, ont-ils le devoir de se trouver au coude-à-coude avec les masses populaires porteuses d’une volonté de lutte antifasciste.

L’aspect secondaire des manifestations du 20 juin réside dans le fait que, subissant la forte pression de leur base et de l’opinion démocratique la plus large, les dirigeant du Parti  » communiste  » français tentent de récupérer un prestige qu’a sensiblement détérioré leur politique opportuniste d’unité sans principe avec les vieux traîtres sociaux-démocrates.

Au demeurant, ils ne renoncent pas à leurs manœuvres pour perpétuer cette politique basée sur un  » programme commun  » qui n’est parvenu jusqu’ici qu’à remettre en selle le Parti prétendu  » socialiste  » dirigé par les Mitterrand, Mollet et autres Deferre, chevaux de retour de la trahison des intérêts de classe du prolétariat.

C’est pourquoi les marxistes-léninistes dénoncent le résultat néfaste, et prévu par eux longtemps à l’avance, de la ligne idéologique et politique des dirigeants révisionnistes, mais n’en sont pas moins décidés à lutter aux côtés des travailleurs manuels et intellectuels, adhérents et sympathisants de base de ce Parti qui aspirent sincèrement à des changements profonds, réels et durables, et qui se dressent contre la fascisation accélérée voulue par le capitalisme monopoliste d’Etat.

Secondaire aussi reste l’aspect de la participation de groupes non prolétariens, tels les trotskystes, à la contre-manifestation antifasciste du 21 juin contre les nazis d’Ordre Nouveau.

Quand les fascistes sortent de leurs trous et tentent de redresser la tête, il faut immédiatement s’opposer à leurs tentatives criminelles. A cet égard, les dirigeants révisionnistes assument une lourde responsabilité en propageant parmi leurs militants l’idée qu' »Ordre nouveau ne représente rien  » !

Même s’il n’y avait plus qu’un seul fasciste en France il justifierait que soient combattues activement et son idéologie et son activité.

Du ventre encore fécond de la société capitaliste est toujours prête à sortir la bête immonde du fascisme ! disait en substance Brecht, et quelques instants avant sa pendaison par les nazis, Julius Fucik lançait cet avertissement solennel :  » hommes, soyez vigilants ! « .

Aujourd’hui,  » Ordre nouveau  » essaye de sécréter son odieux et criminel racisme contre nos frères les travailleurs immigrés. Il faut combattre et détruire l’entreprise de tous ces nostalgiques du pétainisme et de la kollaboration traîtresse avec l’occupant hitlérien, de l’Algérie française, du colonialisme, de la torture et des assassinats !

Tout en proclamant, en diffusant et en défendant le mot d’ordre du camarade François Marty, toujours vivant dans leurs luttes :  » Ni révisionnisme, ni gauchisme, une seule voie : le marxisme-léninisme ! « , les marxistes-léninistes savent la nécessité de lutter en s’unissant aux plus larges masses prolétariennes et populaires, partout où elles se trouvent et engagent l’action, même si restent encore provisoirement dominantes dans leurs rangs des idéologies non prolétariennes, non concrètement révolutionnaires.

Les marxistes-léninistes, comme le leur enseigna encore Staline peu avant sa mort, doivent être aux premiers rangs pour entraîner les masses populaires dans la lutte contre la fascisation, doivent brandir très haut le drapeau des libertés démocratiques attaquées par la bourgeoisie et tous les réactionnaires.

A bas la fascisation !
Vive l’unité des travailleurs manuels et intellectuels des villes et des campagnes de France dans l’indispensable combat antifasciste !

19 juin 1973.
J. J.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Editorial de L’Humanité rouge du 13 décembre 1973

[Editorial de L’Humanité rouge du 13 décembre 1973.]

Une délégation de marxistes-léninistes de notre journal a été reçue en Chine sur invitation du Comité central du Parti communiste chinois.

Cette délégation était conduite par le camarade Jacques Jurquet.

Nos délégués ont eu des entretiens empreints de profonds sentiments révolutionnaires avec de hauts dirigeants du P.C.C., notamment les camarades Chou En-laï, Wang Hong-wen, vice-présidents du C.C. et membres du Comité permanent du Bureau politique du C.C., la camarade Kiang Tsing, membre du Bureau politique, les camarades Keng Piao, Feng Hsiuan, membres du C.C. et d’autres éminents camarades chinois.

Ce n’est pas la première fois qu’une délégation des marxistes-léninistes de France rencontre des dirigeants du Parti communiste chinois sur invitation du Comité central. Cependant notre délégation de cette année s’est rendue en Chine au lendemain du Xe Congrès du P.C.C. qui a marqué notamment un grand succès sur le révisionnisme moderne, à un moment où sur le plan mondial de grands bouleversements, de grandes luttes révolutionnaires sont en cours.

La fraternité de combat des marxistes-léninistes chinois et français témoigne, des principes révolutionnaires prolétariens qui régissent les rapports entre organisations marxistes-léninistes sœurs. Comment ne pas y être particulièrement sensible quand on sait la longue expérience révolutionnaire du P.C.C. et la jeunesse de l’organisation d’avant-garde dans notre pays !

Comment ne pas apprécier comme une preuve de l’idéologie prolétarienne qui anime le P.C.C. le fait qu’un parti au pouvoir, et au pouvoir dans un très grand pays, traite les organisations sœurs sur un pied d’égalité, quand on sait les rapports de supériorité méprisante de maître à valet qui règlent .les relations entre les partis révisionnistes et le P. » C. -d’Union soviétique « !

C’est que pour les marxistes-léninistes, comme l’a souligné le président Mao :

« LA JUSTESSE DE LA LIGNE IDEOLOGIQUE ET POLITIQUE EST DETERIMINANTE EN TOUT. »

Et le camarade Chou En-Laï a ajouté au Xe Congrès du P .C.C. :

 » Si la ligne n’est pas juste, on est voué à l’échec, même si l’on détient la direction à l’échelon de l’autorité centrale et des instances locales et dans l’armée. Si la ligne est juste on aura des soldats même si l’on en a pas encore un seul, et on aura le pouvoir même si on ne le possède pas encore. Voilà ce qu’il ressort de l’expérience historique de notre Parti, aussi bien que celle du mouvement communiste international depuis Marx. »

Ainsi l’accueil de notre délégation en Chine, sa rencontre avec des dirigeants du P.C.C. constituent un profond encouragement pour nous, un stimulant pour aller de l’avant avec toujours plus d’ardeur dans la lutte contre, l’impérialisme, le social-impérialisme, le révisionnisme moderne et toute, la réaction, pour la victoire de la révolution prolétarienne dans notre pays et de la révolution mondiale.

De plus en plus d’ouvriers avancés, de travailleurs manuels et intellectuels prennent conscience de la nécessité de cette lutte. A leur intention et à celle de tous nos camarades et sympathisants, nous rappelons comme un exemple la biographie du camarade Jacques Jurquet, chef de la délégation de notre journal qui s’est rendue en Chine, biographie instructive à plus d’un titre.

D’abord parce que c’est en 1941 que le camarade Jacques Jurquet demande son adhésion au Parti communiste français, il a alors 19 ans et la France vit à l’heure des hordes nazies. Ce n’est pas par hasard si le chef de file des révisionnistes, Georges Marchais, loin de pouvoir se réclamer d’une telle adhésion dans les heures sombres a été contraint d’essayer de démentir sa participation au S.T.O.

Mais il y a plus important: cette adhésion au communisme, alors que la victoire n’était pas en vue mais demandait à être conquise par des dizaines de milliers de héros sortis des masses, le camarade Jurquet n’allait jamais la renier.

Au moment où tes dirigeants du P. »C . »F. emboîtèrent le pas aux révisionnistes khrouchtchéviens et jetèrent par-dessus bord le marxisme-léninisme, la fidélité aux enseignements révolutionnaires de Marx, Engels, Lénine et Staline, le camarade Jurquet ne suivit pas servilement la ligne révisionniste, mais il la combattit. Dans la pratique d’abord, par son soutien actif au F.L.N. et à la résistance héroïque du peuple algérien, par son soutien à la juste ligne des camarades chinois et albanais, en 1963, ensuite.

Animé par un profond esprit de parti en même temps que par sa fidélité à ses convictions communistes, Il travailla d’abord, en respectant les principes d’organisation de son parti, à persuader ses camarades de leur erreur.

C’est alors que les dirigeants responsables de la ligne révisionniste adoptée par le P. »C. »F. intervinrent pour l’exclure bureaucratiquement. Coup rude, que seuls de vieux militants d’un parti prolétarien attachés à leur parti par mille liens de toute une vie de communiste peuvent comprendre. Combien d’autres camarades allaient connaître, tel François Marty, le même coup.

Cependant le camarade Jurquet, comme le regretté camarade François Marty, contrairement à ce qu’espéraient les dirigeants du parti révisionniste, n’allait pas se taire et cesser te combat pour la révolution prolétarienne et pour le triomphe du marxisme-léninisme. C’était là une attitude juste foncièrement communiste. Dans son  » Rapport sur la modification des statuts du Parti  » présenté devant le Xe Congrès du P.C.C., le camarade Wang Hong-wen a déclaré :

 » Quand il y va de la ligne, quand c’est la situation dans son ensemble qui est en cause, un vrai communiste doit agir sans aucune considération égoïste et aller à contre-courant, sans craindre d’être destitué, exclu du Parti, jeté en prison, contraint au divorce ou passé par les armes. « 

Amenés par les faits à constater le caractère irréversible de la dégénérescence révisionniste du P.  » C. « F., le camarade Jurquet et d’autres camarades, stimulés sur le plan international par l’inflexibilité et le courage des marxistes-léninistes de Chine, d’Albanie et d’autres pays, entreprirent de redonner au prolétariat de France l’outil indispensable pour mener à bien sa mission historique: le renversement de la bourgeoisie, l’instauration du socialisme et du communisme.

Ces camarades montrèrent immédiatement que la tâche prioritaire pour tout révolutionnaire prolétarien était ,la création et l’édification en France d’un authentique Parti communiste, un parti de type léniniste, doté d’une ligne juste sur le plan idéologique et politique.

En s’engageant dans cette voie et en lançant un appel à tous les marxistes-léninistes à en faire autant, ces camarades refusaient de lutter en paroles seulement contre la 1igne révisionniste, mais ils s’attelaient dans la pratique à construire l’instrument indispensable de cette lutte : un nouvel état-major prolétarien de combat capable d’orienter la lutte du prolétariat dans chaque situation concrète sans perdre de vue l’objectif final, cela était et demeure indispensable pour combattre l’influence de la bourgeoisie dans les rangs ouvriers et fournir à tout notre peuple la voie de la victoire.

Ce fut alors, en 1964, le début d’un processus nouveau qui conduisit, sous l’impulsion du camarade Jurquet, à la fondation de la Fédération des cercles marxistes-léninistes puis à la constitution du Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), et enfin, en 1967, à la création historique du Parti communiste marxiste-léniniste de France.

Chaque étape fut préparée par une analyse sérieuse de la société française comme des tâches à accomplir par les marxistes-léninistes. Chaque pas dans la pratique permit d’approfondir la compréhension de la nature du révisionnisme moderne comme des moyens à mettre en œuvre pour le mettre en échec.

Chaque pas dans la compréhension de la situation et des diverses contradictions du monde actuel et de notre société permit d’avancer dans la pratique en renforçant l’organisation des marxistes-léninistes. Chaque erreur commise fut l’occasion d’une meilleure compréhension et d’une rectification.

En tous les cas, l’ennemi de classe du prolétariat ne s’y trompe pas. Les marxistes-léninistes s’étaient fixé comme tâche d’arracher la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne.

Dès lors, le Parti révisionniste multiplia les menaces, les calomnies, les agressions. Pratiquant l’attaque de l’extérieur conjuguée avec l’infiltration d’agents dans les rangs marxistes-léninistes, ils tentèrent de diviser et de détruire la jeune organisation. Les représentants du capital monopoliste n’étaient pas en reste: le 12 juin 1968 le P.C.M.L.F. fut interdit.

Les marxistes-léninistes n’en continuent pas moins le combat. A travers notre journal, la voix de l’avant-garde révolutionnaire du prolétariat parvient aux travailleurs avancés.

Aujourd’hui, surtout après l’échec sanglant de la  » voie pacifique  » au Chili, nombre de membres et de sympathisants du Parti révisionniste, nombre de jeunes progressistes aussi, discernent, à des degrés variables, que la 1igne imposée par les dirigeants du P.  » C. « F. est antimarxiste, antiléniniste, qu’elle conduit à la défaite et même qu’elle veut utiliser le prolétariat et les masses populaires à des fins non révolutionnaires, et au fond contre-révolutionnaires.

A tous ces camarades, nous nous adressons et nous les invitons à réfléchir sur l’expérience des marxistes-léninistes comme sur l’exemple du camarade Jurquet.

Au début de leur lutte contre la ligne révisionniste, les camarades fondateurs de la Fédération des cercles marxistes-léninistes, pleins de confiance dans leurs camarades communistes encore dans le P.  » C. « F. furent persuadés que la masse des militants allait rejeter la ligne erronée de Khrouctchev et de Thorez et reconnaître la justesse des thèses marxistes-léninistes formulées par les camarades chinois dans les  » Propositions concernant la ligne générale du Mouvement communiste international « .

Cette rupture massive immédiate entre l’opportunisme et le marxisme-léninisme ne se produisit pas. Les conditions objectives d’alors n’étaient pas favorables à un tel phénomène: la  » paix sociale  » relative et ses bases économiques étaient une cause non négligeable de l’aveuglement de nombre de communistes.

Cependant, avec l’approfondissement de la crise générale du capitalisme, avec le développement de la lutte révolutionnaire du prolétariat, beaucoup parmi ceux qui sont abusés par la ligne révisionniste prendront conscience de leur erreur. L’avenir, quel que soit l’orgueil dont se gonfle Georges Marchais, n’appartient pas au révisionnisme, il appartient au marxisme-léninisme.

Dans ce processus en cours, nécessairement prolongé, nous ne pouvons pas négliger l’influence capitale du Parti communiste chinois et de son grand dirigeant le camarade Mao Tsé-toung.

Les victoires remportées par la ligne rouge du président Mao en Chine même, la démonstration éclatante, faite lors de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et dans la lutte contre la clique de Lin Piao, que la victoire du révisionnisme n’est pas inéluctable, mais que le marxisme-léninisme finit par l’emporter, le soutien internationaliste de la Chine aux peuples du monde opposés aux crimes des sociaux-impérialistes soviétiques, tout cela a profondément contribué au prestige de la République populaire de Chine et par là-même au prestige du marxisme-léninisme.

Ce prestige n’est pas pour rien dans l’évolution des consciences dans notre pays: facteur extérieur certes, mais facteur à ce point déterminant que les révisionnistes modernes et les groupes antiparti ultra gauchistes ont toujours cherché à briser les liens de combat qui unissent les marxistes-léninistes chinois aux marxistes-léninistes de France. Ils ont toujours échoué et l’on peut être persuadé qu’ils échoueront encore dans l’avenir.

VIVE LE GRAND ET GLORIEUX PARTI COMMUNISTE CHINOIS !

VIVE L’UNITÉ DE COMBAT DES MARXISTES-LÉNINISTES DU MONDE ENTIER !

A BAS LE RÉVISIONNISME MODERNE !

VIVE LE MARXISME-LÉNINISME !

Le 11-12-73

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Que signifie « classe contre classe »? (1971)

[Publié dans l’Humanité Rouge, décembre 1971.]

HISTORIQUE

Le mot d’ordre  » CLASSE CONTRE CLASSE  » est apparu pour la première fois dans notre pays dans une  » lettre ouverte aux membres du Parti  » adressée par le Comité central du Parti communiste français, réuni les 9 et 10 novembre 1927.

Il correspondait alors essentiellement à une rectification de la ligne du Parti pour lutter dans tous les domaines contre l’opportunisme de droite. Son application immédiate concernait les rapports avec le Parti socialiste (S.F.I.O.). Dans ce domaine, la question N° 1 était évidemment celle des élections.

Mais que disait exactement cette  » lettre ouverte  » ?

Elle avait d’abord pour objet de souligner que l’aspect électoral de la tactique de  » Front unique  » ne devait être tenu que pour un  » cas particulier  » et non son seul aspect. Il fallait  » hâter le rassemblement des masses laborieuses sous la direction du prolétariat et de son Parti communiste pour une lutte intransigeante contre toutes les fractions de la bourgeoisie « .

Il fallait redonner aux travailleurs une nette conscience de l’opposition irréductible des classes, alors que cinquante années de régime parlementaire bourgeois et de  » pseudo-démocratie  » avait sensiblement obscurci cette réalité inhérente au régime capitaliste. On en était encore à la conception  » des Rouges contre les Blancs « .

Le Parti devait lui opposer désormais la juste conception prolétarienne  » classe contre classe « . 

 » Une telle formule, expliquait la lettre, est d’autant plus indispensable que le Parti apparaît encore aux yeux d’un grand nombre de travailleurs comme le  » PARTI LE PLUS A GAUCHE  » et qu’une tactique mécanique de désistement pour le candidat de  » GAUCHE  » placé avant le militant communiste laisse s’accréditer, en dépit de nos déclarations, l’apparence du Parti communiste  » AILE EXTRÊME DU CARTEL DES GAUCHES « , ou élément participant d’un  » NÉO-CARTEL « .

Or un Parti communiste est un Parti du prolétariat, totalement indépendant des Partis de la bourgeoisie. Il était donc indispensable de dissiper sur le plan électoral, comme sur tous les plans, toute interprétation erronée à ce sujet. Ainsi la  » lettre  » du Comité central proposait-elle aux militants de base de discuter et d’adopter la tactique électorale suivante :

 » Le Parti communiste opposera au second comme au premier tour ses candidats aux candidats bourgeois, radicaux comme réactionnaires.
Le Parti communiste proposera immédiatement au Parti socialiste la formation au second tour d’un bloc ouvrier, en vue du maintien contre TOUS les candidats bourgeois, du socialiste ou du communiste. Le désistement mutuel des deux Partis se réclamant de la classe ouvrière (1) sera conditionné par l’acceptation d’un programme minimum.

Le Parti communiste déclare qu’au cas où le Parti socialiste repousserait sa proposition du Bloc ouvrier et Paysan, le Parti communiste se réserve de maintenir un candidat prolétarien en face de tous les chefs socialistes qui accomplissent une besogne contre-révolutionnaire et qui se déclarent les défenseurs de la démocratie bourgeoise contre le communisme. « 

La lutte entre authentiques communistes et opportunistes de droite s’engagea dans l’ensemble du Parti.

Dans les cellules, la discussion se poursuivit pendant plus de cinq mois, jusqu’après les élections parlementaires d’avril 1928. Au Comité central, la nouvelle tactique ne l’emporta tout d’abord que de haute lutte. Lors de la session suivant celle où la  » Lettre ouverte  » avait été adoptée (mais seulement comme  » proposition  » à soumettre aux militants), en janvier 1928, le Comité central ne ratifia le mot d’ordre  » classe contre classe  » que par 23 voix contre 13.

Les  » propositions  » découlant de la rectification en cours avaient d’ailleurs été transmises à la Direction du Parti socialiste et rendues publiques dans  » L’Humanité  » dès le 27 novembre 1927, sans attendre la fin de la discussion à la base. Evidemment les opportunistes de droite protestaient contre ce qu’ils gratifiaient de  » violation du centralisme démocratique « . Ces  » Propositions  » préservaient le  » programme minimum  » et précisaient :

 » Classe contre classe, telle est la formule d’action commune que nous vous proposons. Un tel bloc de classe comporterait évidemment, dès à présent, l’adoption de mesures propres à en assurer l’élargissement hors du cadre électoral pour une lutte de tous les instants et sur tous les terrains contre la réaction blanche et tricolore. « 

Les  » chefs  » socialistes et le Populaire (2) répondirent par des injures. Il n’y eut aucun accord, ni électoral ni autre. Alors, sous l’impulsion de Pierre Sémard, le Bureau politique du Parti communiste s’adressa directement aux ouvriers socialistes de base :

 » Notre Parti avec plus de force que jamais se tourne vers les ouvriers socialistes… Les chefs n’ont pas voulu l’entendre. Ils ont considéré que le programme des revendications immédiates pour lesquelles les travailleurs doivent lutter était une  » INSOLENCE  » à leur égard.

Mais les travailleurs, y compris les ouvriers socialistes, sauront réaliser leur front uni de combat pour résister au danger qui les menace « .

Dans  » l’Humanité  » Marcel Cachin écrivait :  » Les communistes se tournent vers les ouvriers pour leur demander avec insistance de réfléchir sur l’attitude présente de leurs chefs. Et puisque ceux-ci ont repoussé, une fois encore, la proposition ferme de front unique des communistes, c’est à ceux de la base que nous renouvellerons notre appel, sûrs qu’il finira par être entendu. « 

Le résultat des élections législatives d’avril 1928 démontra que les travailleurs approuvaient la nouvelle ligne du Parti communiste  » Classe contre classe « . Avec 1 060 334 voix, il progressait de 184 523 voix par rapport au précédent scrutin.

Mais il perdait 11 députés, régressant de 25 à 14. Au passage, signalons que la duplicité du système électoral bourgeois fut particulièrement éclatante lors de ce scrutin : un parti réactionnaire, l’Union Républicaine Démocratique (U.D.R.) recueilli 1 008 244 suffrages. Avec 50 000 voix de moins que le Parti communiste, il obtint 142 députés, soit 128 députés de plus que le Parti de la classe ouvrière !!

En ce sens la tactique  » Classe contre classe  » qui ne visait pas à conquérir des sièges de députés, mais avant tout à réaliser dans la lutte sur tous les plans le bloc de la classe ouvrière, constituait un précieux enseignement pour démasquer l’emploi de l’électoralisme par la bourgeoisie et ses laquais, les chefs socialistes S.F.I.O. et pour combattre les illusions électoralistes encore profondes et tenaces dans les esprits des travailleurs.

Mais la ligne  » Classe contre classe  » fut d’abord appliquée de manière sectaire et dogmatique, les ouvriers socialistes étant confondus avec leurs chefs et traités de  » social fascistes « . Puis, Thorez, devenu secrétaire général, impulsa une première correction qu’il baptisa lui-même  » tournant  » pour ramener l’ensemble du Parti à une pratique plus juste telle qu’elle aurait dû être poursuivie malgré les injures et la politique des chefs socialistes.

Dans  » L’Humanité  » du 6 janvier 1931, il écrivit :

 » C’est à nous, communistes, qu’il appartient de dénoncer quotidiennement, afin de les faire échouer, tous les plans du patronat et des équipes politiciennes, qu’il installe dans les ministères.

C’est à nous, communistes, qu’il appartient de déjouer les manœuvres subtiles des social-réformistes qui feront tout pour briser l’élan prolétarien… C’est à nous, communistes , de rassembler les prolétaires, TOUS les prolétaires, pour une lutte organisée et consciente en faveur des revendications corporatives et contre toutes les manifestations de l’oppression capitaliste.

C’est à nous, communistes, d’unir aux ouvriers, champions de la lutte contre la bourgeoisie, les couches les plus exploitées de la petite-bourgeoisie urbaine et rurale. C’est à nous, communistes, qu’il appartient de diriger les efforts des combattants ouvriers de telle façon qu’ils aboutissent à la liquidation du régime capitaliste, à la dictature du prolétariat. « 

La ligne du Parti communiste devait être :

 » Lutte plus vigoureuse que jamais contre l’ensemble des organisations socialistes ; main tendue, front unique avec les ouvriers socialistes. « 

Thorez déclarait à cette époque :

 » Il faut arracher le masque de la social-démocratie, le masque de sa prétendue opposition qui trompe encore les ouvriers. « 

On sait malheureusement que ce Thorez-là allait encore bientôt faire place à un autre Thorez. Ce dernier allait  » réviser  » le principe même de la tactique  » Classe contre classe « .

Laissant libre cours à un opportunisme de droite à base d’électoralisme, de parlementarisme et de goût pour la participation aux gouvernements bourgeois, il allait, à l’occasion du Front populaire, substituer à la ligne  » Classe contre classe  » la fameuse ligne sans principe  » Tout pour le Front populaire, tout par le Front populaire « . Depuis lors, la tactique  » Classe contre classe  » a été complètement abandonnée par le PCF.

Une dernière précision s’impose encore, non sans importance :  » Classe contre classe  » résulta de l’application correcte des directives de l’Internationale communiste contenues dans une lettre au Parti Français en date du 2 avril 1927 et concernant les élections législatives prévues pour 1928.

Un nouveau message insista dans le même sens au mois de septembre 1927 et sans doute est-ce à la suite de cette nouvelle démarche de l’Internationale que le Comité central du Parti communiste français décida la publication de sa  » Lettre ouverte aux membres du Parti « , moins de deux mois plus tard.

A la veille des élections législatives, le IXe Plénum de l’Internationale, publia, le 9 février 1928, une longue résolution sur la situation économique et politique en France justifiant la nouvelle ligne adoptée.

Enfin, siégeant du 17 juillet au 1er septembre 1928, le VIe Congrès de l’Internationale communiste s’appuya sur l’exemple français pour étendre à tous les Partis occidentaux la directive  » Classe contre classe « . Il dénonça avec vigueur les partis socialistes :

 » Le processus d’embourgeoisement des cadres supérieurs de la bureaucratie ouvrière est consciemment appuyé et favorisé par la social-démocratie qui a passé de la défense timide à l’appui ouvert et à l’édification active du capitalisme, des phrases sur la lutte des classes à la prédiction de la  » paix industrielle « , de la défense de la patrie à la préparation de la guerre contre l’U.R.S.S. (Kautsky), de la défense en parole des colonies à un appui direct de la politique d’oppression coloniale, du pacifisme petit-bourgeois à la déification de la S.D.N. impérialiste, du révisionnisme faussement marxiste au libéralisme du Labour Party britannique (3). « 

Le VIe Congrès de l’Internationale communiste concluait sur un point capital :

 » Cette tactique modifie la FORME, mais ne change nullement le contenu principal de la tactique du front unique. Le renforcement de la lutte contre la social-démocratie déplace le centre de gravité du front unique VERS LA BASE, mais ne diminue nullement, augmente même encore, le devoir des communistes de faire la distinction entre les OUVRIERS social-démocrates, qui se trompent en toute sincérité, d’une part, et les leaders social-démocrates vils serviteurs de l’impérialisme, d’autre part. « 

CONTENU ACTUEL DU MOT D’ORDRE  » CLASSE CONTRE CLASSE « 

La contradiction fondamentale de la société française n’a pas changé depuis 1927, mais elle est devenue beaucoup plus aiguë. Le capitalisme monopoliste d’Etat dominait déjà la France il y a 45 ans, mais son caractère oppressif était moins généralisé et donc moins ressenti qu’aujourd’hui. Depuis lors, l’antagonisme entre la classe ouvrière et la bourgeoisie capitaliste s’est exacerbé sur tous les plans.

Les évènements de mai-juin 1968 et les formes de lutte violentes souvent pratiquées depuis par les travailleurs annoncent et préparent le dénouement de la contradiction inhérente au système capitaliste parvenu à son stade suprême ; la révolution prolétarienne est de nouveau à l’ordre du jour, même si la France n’est pas encore entrée dans la phase pré-révolutionnaire proprement dite.

Le mot d’ordre  » Classe contre classe  » correspond à cette situation et signifie avant tout :  » Classe ouvrière contre bourgeoisie « . Bien entendu, il faut entendre par  » bourgeoisie  » la bourgeoisie capitaliste, c’est-à-dire l’ensemble du patronat exploiteur et ses laquais, monopoliste ou non monopoliste.

Que comprend la  » classe ouvrière  » ?

Lénine enseigne que la classe ouvrière comporte deux parties distinctes, l’avant-garde et la masse. L’expérience de la révolution bolchévique a montré que le Parti révolutionnaire prolétarien s’était identifié à l’avant-garde pour parvenir à entraîner la masse, c’est-à-dire en définitive la  » classe  » entière.

Mao Tsé-toung, à l’occasion de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, a souligné que les contradictions au sein de la classe ouvrière ne peuvent pas devenir ou rester antagoniques, parce qu’elles se situent au sein d’une seule et unique classe dont les intérêts objectifs sont les homogènes ; ce sont des contradictions  » au sein du peuple « , donc susceptibles de recevoir de justes solutions.

L’analyse du dirigeant chinois concernait une classe ouvrière vivant sous dictature du prolétariat, mais sa valeur théorique n’en demeure pas moins valable pour une classe ouvrière pour une classe ouvrière vivant sous dictature de la bourgeoisie. ;

Le contenu de classe de la ligne  » Classe contre classe  » implique donc la réalisation de l’unité de la classe ouvrière, dans la lutte de classe.

Les dirigeants révisionnistes parlent sans cesse de l’unité, mais ils ne se préoccupent nullement de développer et consolider par priorité l’unité de la classe ouvrière. Ils cherchent essentiellement à promouvoir une unité sans principe et la plupart du temps seulement au sommet entre les bureaucrates de leur Parti ou de la C.G.T. et différentes formations politiques ou syndicales de la petite et moyenne bourgeoisies.

Le  » Manifeste de Champigny « , le  » Programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire  » visent à créer le rassemblement de  » toutes les victimes des monopoles « , en réalisant, dans une lutte illusoire, l’unité des travailleurs, des couches moyennes et du patronat non monopoliste !

Pour les marxistes-léninistes l’unité conserve d’abord son contenu de classe : elle est prolétarienne. A son sujet, Lénine parle de  » la forme SUPREME de l’union de classe des prolétaires  » et il précise que  » le PARTI RÉVOLUTIONNAIRE DU PROLÉTARIAT…(ne) méritera pas ce nom aussi longtemps qu’il ne saura pas lier les chefs, la classe et les masses, en un tout homogène, indissoluble « .

Par  » masses  » Lénine désigne ici les  » masses ouvrières « , comme en atteste le contexte de ce passage extrait de  » La maladie infantile du communisme, le gauchisme « .

En France, aujourd’hui, comme hier, la force dirigeante de la révolution, c’est la classe ouvrière. Elle s’identifie d’ailleurs avec la force principale. En lançant le mot d’ordre  » Classe contre classe « , les marxistes-léninistes reconnaissent et proclament ces deux caractères spécifiques de la classe ouvrière, classe dirigeante et force principale de la révolution prolétarienne.

Mais différents groupes s’autoproclamant  » maoïstes  » n’ont pas une position juste sur cette question théorique décisive. Par exemple, un groupe né d’une scission d’étudiants de  » L’Humanité Rouge  » n’a pas hésité à  » théoriser  » à ce sujet et à contester la ligne  » Classe contre classe  » en la qualifiant de vieilleries du P. »C. »F. des années 30.

De tels faits témoignent d’une lutte en cours pour ou contre le rôle dirigeant hégémonique de la classe ouvrière dans la préparation de la révolution prolétarienne en France.

Il paraît que pour ces jeunes militants étudiants, la ligne  » Classe contre classe  » serait une ligne sectaire. Cette idée est erronée.

Si son application pratique correspond correctement à son contenu, la ligne  » Classe contre classe  » ne signifie pas plus aujourd’hui qu’en 1927,  » Classe ouvrière contre couches moyennes ou petite bourgeoisie « .

Soyons donc clairs et précis. Ce qui est principal, prioritaire pour le mouvement révolutionnaire, c’est la réalisation de l’unité de classe de la masse ouvrière, sous la direction de son avant-garde organisée, c’est-à-dire du Parti révolutionnaire prolétarien. C’est ce qu’on appelle encore la réalisation du  » Front unique  » de la classe ouvrière (5).

Toutefois cette tâche n’exclue nullement ce qui est secondaire, à l’étape actuelle, mais va devenir principal à une étape ultérieure : l’unité d’action (4) avec les couches sociales non prolétariennes, mais objectivement intéressées par la révolution prolétarienne : petite-bourgeoisie (6), paysans pauvres et semi-prolétaires, paysans moyens endettés.

Voilà pourquoi les marxistes-léninistes portent d’abord tous leurs efforts vers les entreprise, qu’elles soient grandes (monopolistes ou  » nationalisées  » à la mode bourgeoise), moyennes ou petites, et doivent aussi, secondairement, consacrer une grande attention à gagner les couches non prolétariennes au juste combat  » Classe contre classe  » dirigée par la classe ouvrière et son Parti de classe.

FORME TACTIQUE DU MOT D’ORDRE << CLASSE CONTRE CLASSE >>

La réalisation de l’unité de classe de la classe ouvrière ne se décrète pas du sommet d’un parti ou d’une confédération syndicale. Elle résulte d’une longue et patiente bataille de classe pour arracher les masses ouvrières aux influences idéologiques du système capitaliste. Dans notre pays, l’idéologie bourgeoise domine encore la classe ouvrière sous des formes variées, tels que l’esprit petit-bourgeois ou la mentalité révisionniste.

Aujourd’hui, le Parti  » communiste  » français se proclame lui-même  » Parti de la classe ouvrière « . Mais cette prétention est accueillie avec ironie ou scepticisme par de nombreux travailleurs, qui le tiennent désormais pour un  » Parti de la bourgeoisie « , ayant pris le relais historique du Parti socialiste dans sa fonction anti-communiste et contre-révolutionnaire.

Le Parti  » socialiste  » a conservé l’épithète  » socialiste « , mais il y a plusieurs décennies qu’il s’agit là d’une usurpation malhonnête. Le Parti  » communiste  » français conserve de même l’épithète  » communiste « , mais depuis 1956 sa dégénérescence révisionniste l’a définitivement vidé de tout contenu  » communiste  » et révolutionnaire.

Néanmoins le P. »C. »F. conserve une influence néfaste certaine sur la classe ouvrière. Or le  » Front unique  » ou véritable unité de classe du prolétariat ne peut pas se réaliser en dehors de la base. La  » classe « , ce sont les  » masses  » ouvrières. C’est pourquoi le mot d’ordre  » Classe contre classe  » est étroitement lié à la forme tactique de réalisation du  » Front unique  » A LA BASE. Il nécessite fondamentalement  » L’UNITE A LA BASE ET DANS L’ACTION « .

C’est ici que surgissent, aujourd’hui, les difficultés. Car les marxistes-léninistes sont amenés à livrer une véritable bataille de classe justement au sein de la classe ouvrière elle-même.  » Arracher la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne  » est une entreprise historique indispensable, elle exige une lutte de tous les instants sous des formes multiples, cachées ou publiques, dans les syndicats comme de l’extérieur des syndicats, dans les entreprises d’abord mais aussi dans les quartiers ouvriers et les bidonvilles, en un mot partout où se trouvent, au travail ou dans leur vie quotidienne, les masses ouvrières.

Mais la lutte contre le révisionnisme ne doit pas faire oublier celle tout aussi nécessaire contre la bourgeoisie elle-même. Les armes du pouvoir, la participation, l’électoralisme, etc. ne sont pas efficacité. Et souvent c’est en se montrant les meilleurs contre le gouvernement capitaliste qu’on parvient à gagner les travailleurs encore trompés ou influencés par le révisionnisme moderne.

 » L ‘unité à la base et dans l’action  » voit déjà et verra jaillir des formes multiples, nées de l’esprit créateur des masses ouvrières et du peuple. Là où les meilleures de ces formes, c’est-à-dire les plus efficaces, naissent et naîtront de la pratique. Ainsi dans la Russie du début du siècle, de 1905 à 1917, se précisa et s’enrichit la forme des Soviets (Conseils). Ces unités de base du peuple révolutionnaire étaient placées d’abord sous la direction des  » menchéviks  » et des  » socialistes révolutionnaires  » mais passèrent enfin sous celle des meilleurs combattants de la cause prolétarienne, les  » bolchéviks « .

Les marxistes-léninistes observent une attitude de principe vis-à-vis des  » masses  » ouvrières. Ils savent qu’elles ont un intérêt objectif à la révolution prolétarienne, mais qu’elles sont encore trompées subjectivement. Pour les gagner, les marxistes-léninistes doivent recourir exclusivement à l’explication, à la persuasion, à la conviction. Mais jamais à la contrainte ou à la tromperie. Le succès ne vient pas sans de longs efforts prolongés. Mais il viendra inéluctablement.

Vis-à-vis des militants de base du Parti révisionniste, il faut reprendre les enseignements de 1927, car ils occupent aujourd’hui, vis-à-vis des marxistes-léninistes, la place qu’occupaient alors les ouvriers socialistes vis-à-vis des membres du P.C.F.

La tactique du front unique classe contre classe consiste à faire passer la ligne de démarcation entre les communistes marxistes-léninistes unis à tous les ouvriers acceptant la lutte de classe conséquente, membres ou non de la C.G.T. et du P. »C. »F. d’une part, et la bourgeoisie comprenant ses commis infiltrés au sein de la classe ouvrière, les dirigeants révisionnistes du P. »C. »F. et de la C.G.T. d’autre part.

Voilà pourquoi les marxistes-léninistes soutiennent tout responsable ou militant C.G.T. ou membre du P. »C. »F. quand il développe et poursuit une action sous le signe de la lutte de classe. Voilà pourquoi les marxistes-léninistes démasquent sans ambiguïté tout responsable ou militant C.G.T. ou membre du P. »C. »F. quand il pratique la collaboration de classe.

Evidemment comme les  » chefs  » socialistes en 1927-1930, les dirigeants révisionnistes du P. »C. »F. et de la C.G.T. méritent d’être stigmatisés sans nulle équivoque et sans trêve, parce que leur ligne fondamentale est passée désormais au service de la bourgeoisie, au service de l’ennemi de classe du prolétariat.

CARACTERE STRATEGIQUE DE LA LIGNE  » CLASSE CONTRE CLASSE « 

La classe ouvrière est  » la classe révolutionnaire jusqu’au bout « .  » En s’émancipant, elle émancipera les autres classes exploitées « . Ce sont là des enseignements fondamentaux de Marx et Engels. Ils ont valeur de principes, qui restent parfaitement valables aujourd’hui.

Le printemps révolutionnaire de 1968 comme toutes les luttes actuelles témoignent de cette réalité historique : seule la classe ouvrière est capable de s’opposer victorieusement à la bourgeoisie capitaliste. Le pouvoir ne redoute pas les mouvements non prolétariens et parvient toujours à les dominer, si violents soient-ils.

Mais il éprouve une véritable terreur à l’idée de voir le prolétariat se dresser dans la lutte. En ce sens, le spectre séculaire de la Commune de Paris hante la quiétude des ministres, des banquiers, des industriels, des hobereaux. En ce sens, la création du P.C.M.L.F. le 30 décembre 1967 et l’explosion révolutionnaire de 1968 les a tous brutalement réveillés.

Si la classe ouvrière engage la lutte révolutionnaire, si son Parti révolutionnaire prolétarien l’entraîne à la préparation de la révolution, alors tous les rapports de classes vont entrer en mouvement. Tout aiguisement de la contradiction fondamentale de notre société influera aussitôt sur les contradictions secondaires.

Les oppositions entre la petite-bourgeoisie, les couches les plus opprimées de la paysannerie d’une part, et la bourgeoisie capitaliste d’autre part, vont se modifier et s’aiguiser. Les hésitations de ces couches sociales intermédiaires vont se trouver confrontées avec une situation plus radicale et contrainte de se fixer sur un engagement plus décisif.

Les contradictions insurmontées entre les groupes révolutionnaristes petits-bourgeois voleront en éclat et leurs étudiants, intellectuels et autres représentants n’auront plus qu’à suivre le prolétariat en renonçant définitivement à vouloir le diriger.

Dans la situation actuelle, la combativité de la classe ouvrière conditionne celle des autres couches et leur ralliement plus massif au mouvement révolutionnaire de masses. La mission historique de la classe ouvrière, c’est de conduire à la révolution non seulement les travailleurs mais aussi les petits-bourgeois et les paysans ayant intérêt à la destruction du système et de l’Etat capitalistes. Mais dans cette voie il ne peut pas y avoir d’autre classe dirigeante que la classe ouvrière.

En ce sens, la ligne  » Classe contre classe  » présente un caractère stratégique d’une extrême importance. Et c’est justement cet aspect que trahit délibérément la ligne révisionniste de  » rassemblement majoritaire des masses  » préconisée par le Parti  » communiste  » français pour conduire à la  » démocratie avancée « , étape présentée comme préalable à l’ouverture d’une voie vers le socialisme.

Ce  » rassemblement majoritaire  » reprend la vieille tactique du  » Tout pour le Front uni « , qui amena l’échec de la classe ouvrière avec la trahison et l’effondrement du Front populaire, dont le Parti communiste n’avait pas assumé la direction en s’appuyant d’abord et avant tout à la base sur les masses ouvrières.

C’est la même ligne que celle qui prévaut actuellement au Chili, où la direction du  » passage pacifique  » au socialisme est assumée par des politiciens et partis de la petite-bourgeoisie, et non par un Parti de classe du prolétariat.

Face à la trahison révisionniste du rôle hégémonique de la classe ouvrière, la ligne  » Classe contre classe  » apparaît, comme en 1927, à l’opposé de l’opportunisme de droite qui a débouché maintenant sur la capitulation et la soumission des dirigeants du P. »C. »F. vis-à-vis de la petite-bourgeoisie.

 UNITÉ A LA BASE ET DANS L’ACTION !

CLASSE CONTRE CLASSE !

 8 décembre 1971 

(1) Contrairement à sa situation présente, à cette époque le Parti socialiste (S.F.I.O.) comptait encore de nombreux militants ouvriers.

(2)  » Le Populaire « , quotidien central du Parti socialiste (S.F.I.O.), dirigé par Léon Blum.

(3) La S.D.N. : Société des Nations

(4) Cette unité d’action débouchera sur un Front uni. Mais c’est là un autre sujet fondamental à traiter.

(5) Ce  » Front unique  » n’a rien à voir avec le  » Front unique ouvrier  » préconisé par l’AJS, dont le contenu est une alliance de sommets entre les Partis socialiste, révisionniste, PSU et évidemment l’AJS, et les deux confédérations syndicales CGT et FO (à l’exclusion de la CFDT)

(6) Y compris évidemment les étudiants et intellectuels progressistes qui ne constituent pas, en eux-mêmes, une classe ou une couche sociale.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Première page du n°1 de « l’Humanité Nouvelle » (1968)

[publiée en ronéo sur 4 feuilles recto-verso fin août 1968.]

Le 12 juin 1968, le gouvernement au service des intérêts de la bourgeoisie monopoliste a décrété la dissolution du Parti communiste marxiste-léniniste de France.

Cette mesure est un acte de violence décidée en violation de la légalité bourgeoise elle-même. Elle s’appuie sur un décret de 1936 destiné à mettre hors d’état de nuire des ligues fascistes armées, avec lesquels le Parti communiste marxiste-léniniste de France n’a évidemment rien de commun.

Elle témoigne de la faiblesse croissante du pouvoir capitaliste aux prises avec une crise économique et politique née de ses propres contradictions, en France comme sur le plan mondial.

Elle résulte du fait que la tempête révolutionnaire qui s’est déchaîner contre lui aux mois de mai et juin 1968, l’à contraint à recourir à des méthodes de caractère autoritaire. La dictature du capital ne s’exerce plus dans notre pays dans le cadre d’une république démocratique bourgeoise libérale, mais dans celui d’un tel système « en voie de fascisation ».

Au surplus, la dissolution du Parti communiste marxiste-léniniste de France est intervenue à la suite d’une campagne de dénonciation et de provocations poursuivie contre les marxistes-léninistes depuis plusieurs années par les dirigeants révisionnistes du Parti « communiste » français.

Elle constitue un « cadeau » à la clique de Waldeck-Rochet et Georges SEGUY en récompense des services éminents qu’ils ont rendus à la bourgeoisie capitaliste.

Ils lui ont offert en effet, au moment le plus crucial, des solutions inespérés pour résoudre ses difficultés inextricables: le 22 mai 1968, à l’Assemblée nationale, le secrétaire général du parti révisionniste a préconisé de recourir à des élections générales, proposition qui fut retenue une semaine plus tard par De Gaulle lui-même; le 25 mai 1968, le secrétaire de la C.G.T., membre du bureau du Parti révisionniste.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Tract du 30 mai 1968

CONTRE LES MONOPOLES
CONTRE LE FASCISME
ORGANISONS LE POUVOIR POPULAIRE RÉVOLUTIONNAIRE

Dans son discours du 30 Mai, De Gaulle, Président de la République depuis le coup de force du 13 Mai, réapparaît sans fard sous le visage d’autocrate et de chef de parti au service des intérêts de la grande bourgeoisie monopoliste.

Plutôt que d’accorder aux étudiants, aux paysans, aux travailleurs la satisfaction de toutes leurs aspirations tant sur le plan politique que sur le plan économique, De Gaulle préfère déclarer la guerre au peuple.

Sous la pression de la réprobation populaire qui a gagné les rangs mêmes de ses supporters, De Gaulle s’est trouvé contraint d’abandonner son projet de référendum plébiscitaire.

Mais, en stratège rusé et tenace, il manœuvre pour annuler les effets désastreux de cette défaite et lance des attaques de forme nouvelle : en premier lieu, il dissout l’assemblée nationale.

En agissant de la sorte, il manifeste le mépris dans lequel la haute bourgeoisie tient le système parlemen taire lorsqu’il risque de ne plus la servir.

Il apporte ainsi la prouve de la vanité, réaffirmée depuis des années par les marxistes-léninistes, de la fameuse « voie pacifique » ou « parlementaire » prônée par les dirigeants révisionnistes du parti « communiste » français pour assurer le passage du capitalisme au socialisme.

Le discours menaçant de De Gaulle a les mêmes accents que ceux de tous les apprentis dictateurs de l’histoire. Il est dans le plus pur style du 18 Brumaire et du 2 Décembre.

Mais depuis lors le peuple a beaucoup appris et n’est pas disposé à se laisser intimider par le chantage à la violence de classe proféré au nom de la classe exploiteuse au pouvoir.

De Gaulle a certes « envisage » toutes les situations possibles, il le révèle lui-même.

C’est-à-dire que son prétendu voyage à Colombey-les-deux-églises n’a été en vérité qu’une tournée d’état-major des forces de la bourgeoisie, il n’est pas impossible même qu’un contact secret ait été établi avec le gouvernement de l’Allemagne fédérale, qui craint comme le feu que ne s’instaure en France un régime socialiste qui constituerait un dangereux exemple pour les travailleurs et les étudiants d’Outre-Rhin.

En second lieu, De Gaulle lance un appel direct à ses propres groupes d1 « action civique », dont on sait de longue date qu’ils sont encadrés par les pires aventuriers recrutés dans les milieux les plus tarés dans la « pègre’ la plus authentique, comme naguère le furent sous Pétain les « milices » de triste mémoire.

Déjà, hier soir, la plus fine fleur de la bourgeoisie réactionnaire de Paris s’est livrée à une manifestation anti-ouvrière de grande ampleur, pour la défense de ses privilèges de classe.

Hier également, le Préfet de Strasbourg a lancé un appel public aux militants de l’U.D. Vème ALSACE pour qu’ils s’organisent en troupes de combat. La neutralité légale des plus hauts fonctionnaires départementaux s’est trouvée là violée avec cynisme.

Face à cette levée en masse des troupes gaullistes et fascistes, face à cette initiative grosse de violence prise par le chef de la grande bourgeoisie monopoliste, les larges masses laborieuses du peuple doivent avant tout compter sur elles-mêmes, prendre conscience de la force irrésistible qu’elles représentent si elles savent s’unir et s’organiser dans la lutte.

Seule, en effet, l’unité révolutionnaire la plus totale des ouvriers, des paysans, des étudiants est susceptible de permettre au peuple d’opposer au fascisme la volonté démocratique de la nation, de faire triompher ses aspirations en renversant le pouvoir des monopoles, en établissant un pouvoir populaire révolutionnaire.

Face à la violation de la profonde volonté souveraine du peuple, seule légitimité historique valable, les travailleurs, où qu’ils soient, doivent constituer leurs propres organisations de lutte.

Partout il est indispensable d’organiser très vite des comité d’action à la base, regroupant les hommes et les femmes de toutes origines politiques, philosophiques et mêmes confessionnelles présentant cette seule caractéristique commune qu’ils sont décidés à se dresser contre le pouvoir des monopoles, contre les fascistes.

Dans les usines, les grévistes qui disposent des moyens de production, doivent envisager dans un proche avenir qu’ils seraient conduits à en assurer eux-même la gestion au bénéficedu peuple.

II est positif à cet égard que dans certaines villes se soient déjà organisés des systèmes de paiement par tickets syndicaux substitués à la monnaie courante.

Les cheminots doivent exercer la plus extrême vigilance pour éviter -que les trains ne soient utilisés contre le peuple par les forces de répression. Il se peut par contre que les trains doivent être utilisés pour la sauvegarde des droits et des intérêts du peuple.

Bien entendu, dans les circonstances nouvelles, des manœuvres actives contre-révolutionnaire vont intervenir. Le seul critère pour démasquer un agent provocateur au service de la bourgeoisie, c’est de le faire juger par les masses populaires.

Celui qui désirera agir insidieusement pour briser l’élan des travailleurs devra être rapidement éliminé connue serviteur de la répression, des monopoles, du fascisme.

II appartiendra à l’histoire de juger l’immense responsabilité des diri géants réformistes et révisionnistes, qui, depuis des années ont endormi les masses laborieuses en leur préchant la possibilité d’une conquête du pouvoir par les élections. Fort heureusement, les travailleurs se sont réveillés à l’appel exemplaire et héroïque des jeunes étudiants et ouvriers qui ont eu l’initiative de riposter par la violence révolutionnaire à celle de la bourgeoisie.

A BAS LE POUVOIR DES MONOPOLES !
A BAS LE RÉGIME POLICIER !

NON A LA DICTATURE DE LA BOURGEOISIE MONOPOLISTE ! NON AU FASCISME !

UNITÉ A LA BASE ET DANS L’ACTION !
ORGANISONS PARTOUT DES COMITÉS D’ACTION REVOLUTIONNAIRE !

FRONT UNI ANTI-MONOPOLISTE ET ANTI-FASCISTE !

VIVE LE POUVOIR POPULAIRE RÉVOLUTIONNAIRE.

Le Comité central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, Paris, le 30 Mai 1968 – 1 heure

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Communiqué du 28 mai 1968

Au 25eme jour de la lutte révolutionnaire des ouvriers et des étudiants et alors que le mouvement se renforce dans toute le pays, malgré les pressdms la répression et les manoeuvres du pouvoir des monopoles et de sds complices, un certain nombre de conclusions importantes peuvent d’ores et déjà être dégagées tant des aspects positifs que des aspects négatifs de la lutte en cours

1° – Les dirigeants révisionnistes du P. »C. »F. et de la C.G.T. se sont révélés au grand jour cornue la courroie de transmission du pouvoir des monopoles au sein de la classe ouvrière et les agents delà bourgeoisie à l’intérieur du mouvement des masses.

Le désaveu par les travailleurs de RENAULT, CITROEN, BERLIET, RHODIACETA, SUD AVIATION, etc… des accords de trahison conclus, sur leur dos par les bonzes révisionnistes et autres, montrent que la classe ouvrière commence à voir clair dans leur jeu, mais l’influence des bonzes et politiciens révisionnistes reste grande au sein des masses travailleuses et le pouvoir aux abois s’efforce de la renforcer, ainsi nue cela apparaît clairement à la lecture de la presse bourgeoise et à l’audition de la radio gouvernementale :

Or, ces derniers ne veulent pas la révolution et pas même l’aboutissement des revendications économiques de la classe ouvrière dans la mesure où cela mettrait en danger les fondements mêmes de la société capitaliste tant en France que dans le reste du monde.

Avant renoncé à la voie révolutionnaire, ils en sont arrivés de compromis en reniements à la trahison complète des idéaux du -prolétariat. Il est donc absolument indispensable de tout mettre en oeuvre pour nue la classe ouvrière dans sa masse soit arrachée rapidement à l’influence et à l’encadrement des dirigeants poli tiques et syndicaux révisionnistes.

De premiers et importants succès ont été obtenus dans ce domaine. Les militants de notre parti doivent constituer l’élément moteur de ce processus de libération et de démystification.

2° – Le pouvoir bourgeois n’existe plus que par l’intervention ou la menace permanente de ses forces de répression.

En face de lui se développe le pouvoir populaire révolutionnaire des ouvriers dans les usines, chantiers, services publics, etc… des étudiants dans les facultés, et des comités d’action qui s’implantent sur la base du quartier, de la localité ou du lieu de travail.

Ces comités doivent constituer la base du front uni des forces qui veulent la révolution socialiste.

Il importe donc d’impulser un développement impétueux de ce pouvoir populaire, et en particulier de faire en aorte que les comités d’action se multiplient et se consolident rapidement dans toutes les entreprises, services publics, chantiers, bureaux, etc…

Sans participation massive et active de la classe ouvrière, il n’est pas possible de mener le mouvement révolutionnaire actuel a. la victoire.

3°) Sur le plan syndical, les militants ouvriers doivent se révolter contre les bonzes révisionnistes et réformistes en déployant largement le drapeau du syndicalisme révolutionnaire, avec comme perspective l’existence en France d’une centrale révolutionnaire répondant aux besoins et aux aspirations de la classe ouvrière.

4*) Au cours de ces derniers jours il est apparu clairement que les monopoles capitalistes, se préparant à toute éventualité, envisagent une telle relève « de gauche » du pouvoir gaulliste, à la faveur par exemple d’une réponse négative au référendum plébiscite du 16 Juin prochain.

Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France met en garde la classe ouvrière , la paysannerie pauvre, les étudiants révolutionnaires contre toute relève de cette nature.

Le référendum-plébiscite organisé par le pouvoir na aucune validité. Le problème pour les ouvriers, étudiants révolutionnaires et les autres forces antimonopolistes est la victoire du mouvement revendicatif et révolutionnaire actuel.

Si ce mouvement est victorieux il n’y aura pas de référendum.

En outre, avec ou sans l’alliance des dirigeants révisionnistes du P »C »F, les politiciens bourgeois sociaux-démocrates à la MITTERRAND, Guy MOLLET, MENDES-FRANCE restent des serviteurs du capital monopoliste et il importe d’avoir clairement à l’esprit que leur accession au pouvoir ne ferait que changer l’aspect du régime capitaliste en France sans remettre le moins du monde en question son existence et son contenu de classe.

En outre compte tenu de leur subordination à l’impérialisme américain elle apporterait un précieux renfort à celui-ci, au moment ou la lutte héroïque du peuple vietnamien et des autres peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine lui inflige défaite sur défaite.

5e) L’excellente situation révolutionnaire actuelle constitue une confirmation de la justesse de la pensée du camarade MAO TSE-TOUNG .

L’exemple de la grande révolution culturelle prolétarienne de Chine a été l’un des éléments déterminants de cette situation. »

Ainsi que le camarade MAO TSE-TOUNG nous l’enseigne, les étudiants et ouvriers révolutionnaires ont osé engager la lutte contre la vieille société, ses structures, son idéologie, ses hommes.

S’ils persistent dans cette voie, ils sont assurés de venir à bout de la résistance acharnée du pouvoir des monopoles et des manœuvres des dirigeants révisionnistes et des réformistes, et d’assurer le triomphe en France de la révolution socialiste.

Le Secrétariat du Comité Central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France.
Paris, le 28 Mai 1968 – 15 heures.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Tract du 25 mai 1968

NON AU RÉFÉRENDUM PLÉBISCITAIRE !

OUI AU POUVOIR POPULAIRE RÉVOLUTIONNAIRE !

L’élément capital de la journée du 24 mai n’est pas le discours de De Gaulle, mais la descente dans la rue de centaines de milliers de manifestants révolutionnaires à Paris et dans toute la France.

Une situation nouvelle se concrétise : le pouvoir n’est plus au parlement ni dans le gouvernement du directeur de banque Pompidou, ni même à 1;Elysée, mais il se manifeste dans la rue ».

D’un coté, le pouvoir des monopoles, sous la dorme des C.R.S. et gardes mobiles qui déchaîne sa violence de classe. De l’autre côté le pouvoir populaire des ouvriers, paysans et étudiants qui veulent la révolution.

La victoire appartiendra au peuple, à la condition indispensable que se réalise son unité de combat. Cette unité ne peut puiser sa force que dans l’union et l’action à la base, pour opposer la violence révolutionnaire à la violence fasciste du pouvoir de la grande bourgeoisie.

A l’heure actuelle, les dirigeants révisionnistes du P. « C ». F, et de la C.G.T. déploient toute leur énergie dans le sens de la division des forces populaires, essayant de dresser systématiquement les ouvriers contre les étudiants.

De plus, ils limitent les luttes ouvrières au seul domaine revendicatif, alors que l’immense masse des travailleurs aspirent au socialisme.

De telles manœuvres ont pour objectif de sauver la classe dominante au pouvoir c’est-à-dire la bourgeoisie monopoliste, mais elles se heurtent à la résistance croissante des adhérents de base du Parti « communiste » Français et de la C.G.T. ainsi que de certains militants responsables à tous les niveaux.

Le comité central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France renouvelle son appel à la constitution de comités d’action populaires dans les quartiers, dans les usines, dans les villages, dans les facultés, lycées et collèges.

De tels organismes doivent permettre l’expression des aspirations révolutionnaires du peuple et l’organisation de l’action nécessaire poir les faire triompher.

C’est par le renversement du pouvoir des monopoles et non par un referen dum plébiscitaire que s’ouvrira la voie des grands changements historiques de notre société.

– LE PEUPLE FRANÇAIS REJETTE LE CAPITALISME OPPRESSEUR !
– IL VEUT LE SOCIALISME LIBÉRATEUR !

Paris, le 25 mai 1968 – 16 heures
le c.c. du Parti Communiste (m.l.) de France.

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Tract du 24 mai 1968

DANS LES ENTREPRISES, DANS LES CAMPAGNES, DANS LES UNIVERSITÉS, RENFORÇONS NOTRE VIGILANCE RÉVOLUTIONNAIRE :

OUVRIER, PAYSANS, ETUDIANTS,

ARRACHONS LE POUVOIR A LA BASE.

– Déclaration du C.C. du P.C.M.L.F.
– le 24 Mai 1968 – 13 heures –

« EN FIN DE COMPTE, LE RÉGIME SOCIALISTE SE SUBSTITUERA AU RÉGIME CAPITALISTE
C’EST UNE LOI OBJECTIVE INDÉPENDANTE DE LA VOLONTÉ HUMAINE, QUELS QUE SOIENT LES EFFORTS DES RÉACTIONNAIRES POUR FREINER LA ROUE DE L’HISTOIRE DANS SON MOUVEMENT EN AVANT, LA RÉVOLUTION ÉCLATERA TÔT OU TARD ET SERA NÉCESSAIREMENT VICTORIEUSE. »
Mao Tsé-toung

Les événements se succèdent rapidement et confirment chaque jour davantage les précédentes analyses présentées par le comité central.

Le puissant et héroïque mouvement révolutionnaire des étudiants est attaqué de toutes parts par la bourgeoisie des monopoles et par ses laquais.

Le gouvernement a pris la mesure provocatrice et xénophobe d’interdire le territoire français au leader étudiant COHN-BENDIT.

Le secrétaire général de la C.G.T., Georges SEGUY, soutenu par la majorité du bureau confédéral i tout fait pour diviser le mouvement révolutionnaire en dressant les ouvrier contre les étudiants, il a participé activement à la campagne de diffamation et de calomnies lancée contre les étudiants révolutionnaires par le pouvoir et les fascistes.

Par tous les moyens, il s’est efforcé de détourner et freiner le développement du puissant mouvement, ouvrier, en limitant ses objectifs à des revendications purement économiques d’ailleurs largement dépassées (qui peut vivre en effet avec 600 Frs par mois comme le demande la C.G.T. ?).

Dans le même temps des éléments provocateurs fascistes et autres, liés à la police ont tenté de faire dégénérer le mouvement étudiant dans le quartier latin, afin de fournir au gouvernement le prétexte nécessaire devant les masses, pour déclencher une répression sanglante.

Mais toutes ces manœuvres ont été vaines.

Les étudiants faisant preuve d’un courage à toute épreuve, organisant eux-mêmes leurs services d’ordre, sont parvenus à travers des luttes difficiles et de nouveau au prix de leur sang, à surmonter toutes ces manœuvres honteuses qui portent le caractère de classe de la bourgeoisie capitaliste aux abois.

Les marxistes-léninistes ont apporté leur soutien actif aux initiatives des étudiants révolutionnaires, leurs militants ouvriers ont participé efficacement à toutes les manifestations ouvrières (occupations d’usines, piquets de grève, création de comités d’action, interventions dans les facultés, etc. . .)

Mieux, de nombreux travailleurs réagissant sainement en suivant leur instinct de classe prolétarien, ont réalisé une alliance spontanée dans l’action avec les étudiants. De profondes contradictions sont apparues dans les rangs de la C.G.T., comme dans ceux du Parti qui ne mérite plus le titre de « communiste ».

Ainsi, un des dirigeants de la C.G.T., André BARJONET, membre du bureau confédéral et principal responsable de la section économique de cette centra le syndicale, ainsi que de la revue « Economie et politique » du parti de Waldeck Hochet (dont il était membre), a donné une démission spectaculaire de If C.G.T., en expliquant, son désaccord total avec son orientation contre-révolutionnaire.

Comme l’a déjà souligné à plusieurs reprises le parti Marxiste-léniniste de France, c’est dans l’union à la base des ouvriers et étudiants révolutionnaires que le mouvement anti-monopoliste et anti-fasciste doit puiser toutes ses forces. Le facteur décisif des luttes en cours, c’est le développement du mouvement des masses.

Aujourd’hui les larges masses des paysans exploités reprennent le combat.

Il faut se garder de toute illusion au sujet des positions affectées par les politiciens bourgeois, qui, tel MITTERAND et autres socialistes et fédérés, profitent’ de la carence éclatante des révisionnistes, feignent d’êtres les meilleurs défenseurs des étudiants, et tentent d’utiliser le mouvement à leur profit.

Les organisations universitaires et estudiantines ont eu l’initiative de l’action.

Il appartient aux organisations ouvrières de réaliser leur unité de combat avec le mouvement étudiant, ainsi qu’avec le mouvement paysan.

Les étudiants révolutionnaires n’ont jamais contesté le rôle dirigeant de la classe ouvrière pour conduire la révolution jusqu’au bout.

Si les bonzes syndicaux de la C.G.T. refusent l’unité et tentent par tous les moyens de creuser un fossé de division entre ouvriers et étudiants pour soutenir concrètement le pouvoir des monopoles, ]es ouvriers ont le devoir de se révolter contre les cadres syndicaux qui trahissent leurs intérêts de classe et se conduisent en authentiques contre-révolutionnaires.

Que partout se constituent des comités, des conseils ouvriers, à la base pour récuser la ligne traîtresse de la direction de la C.G.T. et imposer la ligne juste de la lutte de classe sur la base de l’idéologie révolutionnaire prolétarienne !

Que partout, travailleurs, paysans, étudiants, élèvent sans cesse le niveau de leur vigilance révolutionnaire !
Le combat sera encore Ions et difficile, mais il sera inéluctablement victorieux !

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Déclaration du 23 mai 1968

Déclaration du Comité Central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France

Le conité central du Parti Communiste Marxiste- Léniniste de France condamne la mesure d’interdiction de séjour prise par le gouvernemeiit des monopoles à l’encontre de Daniel COHN-BENDIT, l’un des leaders du mouvement révolutionnaire des étudiants.

Cette mesure de caractère xénophobe est dans la ligne suivie depuis toujours par les réactionnaires de tout acabit qui s’évertuent à voir la « main de l’étranger » partout on il y a une mise en cause de leur pouvoir oppressif et spoliateur.

Le comité central du Parti Communiste Marxiste- Léniniste de France apprécie comme juste l’initiative courageuse de l’UNEF, du SNES- SUP et d’autres organisations universitaires et estudiantines d’appeler à manifester contre cette mesure devant le parlement bourgeois, citadelle de l’ordre capitaliste.

Il rappelle qu’autrefois, le parti Communiste Français, lorsqu’il n’avait pas encore complètement dégénéré, ainsi que la C.G.T., appelaient régulièrement à de grandes manifestations aux abords de l’Assemblée Nationale lorsaue s’y trouvaient discutées des questions intéressant la classe ouvrière comme l’ avenir démocratique et socialiste du pays.

Aussi, les marxistes- léninistes condamnent- ils aujourd’hui sévèrement le communiqué de trahison du bureau confédéral de la C. G. T. affirmant que la manifestation du 22 mai avait « un caractère provocateur ».

Les dirigeants révisionnistes et néo- réformistes de la C.G.T. cent de plus en plus dans une ligne de collaboration de classe qui fait le jeu du pouvoir des monopoles.

Au lieu de réserver tous leurs coups au gouvernement du directeur de banque Pompidou, ils les dirigent contre les organisations universitaires et estudiantines dont la juste lutte est à l’origine des grands mouvements actuellement en cours.

De plus en plus, en s’efforçant de cantonner le mouvement revendicatif des travailleurs au domaine purement économique et social, en essayant de dresser les ouvriers contre les étudiants, ils jouent cyniquement le rôle de sauveteurs du pouvoir des monopoles, ils apparaissent ainsi avec éclat comme les agents de la bourgeoisie capitaliste infiltrés u sein du mouvement ouvrier.

Mais les militants du parti Communiste marxiste-Léniniste de France qui sont encore dans les rangs de la C.G.T. ou au coeur même des masses laborieun ses, aussi bien qye d’autres travailleurs en nombre sans cesse croissant, récusent le bureau confédéral de la C.G.T., traitre à la classe ouvrière.

Par sa collusion de fait avec le gouvernement, ce dernier a perdu le droit de pal 1er au nom de la classe ouvrière et du peuple travailleur.

Vive l’union dans l’action des ouvriers, des étudiants et des paysans

A bas la collaboration de classe ! Dénonçons la trahison des bonzes révisionnistes !

Vive le pouvoir populaire et révolutionnaire !

Paris, le 23 mai 1968 – 11 heures

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Première victoire révolutionnaire (1968)

[L’Humanité Nouvelle, 22 mai 1968.]

PREMIERE VICTOIRE REVOLUTIONNAIRE
Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine

Le Gouvernement du Directeur de Banque POMPIDOU a dû capituler sur toute la ligne.

Le juste combat révolutionnaire des Etudiants soutenus par leurs Professeurs ainsi que par les ouvriers et travailleurs les plus avancés a remporté une première grande victoire.

Cette violence de classe, qui assure la sauvegarde des intérêts des monopoles, et qui venait d’être contestée avec force par des éléments aussi modérés que les représentants de plusieurs associations et ordres religieux, a été mise en échec par la violence révolutionnaire de la jeunesse.

Rien n’a pu briser la combativité des manifestants : ni les carottes proposées par tes pollcltiens manœuvriers, mais trop sclérosés pour comprendre ce qu’il y a d’éminemment absolu, pur et sain chez les Jeunes, ni les gros bâtons lancés contre eux à toute volée.

C’est avant tout par leur propre combat que les étudiants ont conquis victorieusement ces premières positions. C’est leur propre combat, et nullement la bonne volonté des vieux dirigeants révisionnistes et réformistes des syndicats, qui a entraîné la .puissante grève générale du 13 mai.

Il suffisait de voir les mines de SEGUY ou DESCAMPS dans le défi’é pour comprendre qu’ils se sentaient complètement dépassés par les événements, débordés par leurs propres militants de base.

Quant à Waldeck ROCHET et Georges MARCHAIS, ils se dissimulaient au milieu d’un groupe protecteur de leurs hommes de main, atterrés d’avoir à entendre le farouche réprobation des masses pour leurs coups de poignard dans le dos des premiers jours, suivis promptement d’une tentative de rétablissement aussi méprisable que vaine.

Ainsi donc c’est la jeunesse et elle seule, comme une avant-garde enthousiaste, résolue et clairvoyante qui a assumé la mission révolutionnaire de poser avec éclat, au prix de son sang, devant tout le Pays, la question que toutes les palinodies et autres discours académiques des hommes du gouvernement ou des politiciens sclérosés ne peuvent éluder: dix ans après le coup de force qui a consacré la prise en main directe du pouvoir par les représentants des groupes monopolistes, le peuple de FRANCE exige le changement radical de ce régime d’exploitation forcenée, d’oppression violente, de ce régime fabriqué pour faire coûter toujours davantage la sueur et le sang des travailleurs, c’est-à-dire de l’Immense masse de la population, pour les intérêts de classe des grands patrons, des banquiers et des hobereaux.

Les milieux gouvernementaux sont en pleine panique, les dirigeants réformistes et révisionnistes ne parviennent plus à jouer le.rôle historique qui leur revient. Comment défendre l’ordre – bourgeois o mis en cause par l’intelligence et le courage ?

Comment réduire cette poignée o d’enragés -, ces o groupuscules o dont le flot est brusquement monté comme le cours d’un torrent qui se transforme en fleuve et dont bientôt la crue déborde largement ?

Waldeck ROCHET n’est plus en mesure d’étouffer les voix des militants révolutionnaires. POMPIDOU invoque en la menaçant quelque prétendue – organisation Internationale de subversion disposant de considérables moyens financiers, hostile aux entretiens américano-vietnamiens de PARIS.

Est-ce là quelque Incantation métaphysique ou la préparation d’une provocation destinée à tenter une diversion ?

Ils feignent de ne pas comprendre ce qui se passe, mais en vérité ils sont atterrés devant la puissante vague révolutionnaire qui déferle.

Rien n’est fini en effet, tout au contraire, les événements actuels ne sont qu’un commencement.

La première grande victoire révolutionnaire des étudiants peut être – l’étincelle qui va mettre le feu à toute la plaine -.
Comment en effet- les bonzes syndicalistes vont-ils retenir la combativité des masses laborieuses ?

Comment vont-ils manœuvrer pour continuer a les tromper ?

Les étudiants viennent de faire la démonstration que la vole de la victoire passe pa la fermeté, par le courage, par la violence révolutionnaire opposée résolument à la violence de l’Etat bourgeois.

Les étudiants fournissent aux travailleurs l’exemple de l’occupation victorieuse des lieux où ils travaillent : en s’installant pour poursuivre leur grève dans les loceux universitaires, dans les facultés, è la Sorbonne comme à Nanterre, ils montrent aux ouvriers la vole è suivre pour vaincre !

Et déjà, avant hier 14 mal, deux mille métallos ont débrayé à Nantes et Immédiatement occupé l’usine de Sud-Aviation.

Ils ont enfermé leur patron dans son bureau, lui laissant un casse-croûte et un Ht de camp pour qu’il aie le temps de réfléchir…

L’étincelle allumée par les étudiants et professeurs soutenus par les travailleurs d’avant-garde, ceux de notre Parti aux premiers rangs, va-t-elle embraser toute la plaine où se trouvent rassemblées les messes Immenses de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre, des petits commerçants et artisans et de toutes les classes et couches sociales qui sont victimes de ta politique capitaliste du pouvoir des monopoles? Le processus est engagé.

Pour sa part, le Parti communiste marxiste-léniniste de France, qui est au service du peuple, ne ménagera aucun effort pour faire triompher la juste cause des travailleurs, qui sont la chair de la chair de la nation.

Ses militants, éduqués par les grands principes Immortels du marxisme, du léninisme et par la pensée de Mao Tsé-toung, poursuivront leur patient travail de révolutionnaires, en s’efforçant, dans la période actuelle, d’aider à la consolidation de l’Indispensable unité de combat de tous les étudiants et professeurs d’une part, à l’Inéluctable alliance de combat entre eux et les plus larges masses laborieuses, sous la direction de la classe ouvrière d’autre part.

Le peuple français rejette l’idéologie bourgeoise et son support, le régime du capitalisme monopoliste d’Etat.

Le peuple français, généreux et riche de ses traditions révolutionnaires, s’apprête à tourner de nouvelles pages éclatantes de son Histoire.

Vive le juste combat révolutionnaire des Etudiants !

Vive l’unité de combat des Intellectuels et des travailleurs manuels !

Que l’étincelle allumée par l’intelligence française mette le feu à l’Immense plaine de notre peuple !

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Communiqué du 20 mai 1968

EN AVANT POUR UN POUVOIR POPULAIRE RÉVOLUTIONNAIRE

Déjouons les manœuvres des politiciens au service de la bourgeoisie,

Arrachons leur le pouvoir à la bas dans les entreprises, dans les universités.

ORGANISONS NOUS A LA BASE ET DANS L’ACTION

 » Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire.

Sans un parti révolutionnaire, sans un parti’fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires à la victoire dans leur lutte contre l’impérialisme et ses valets. »
Mao Tsé toung

Au troisième jour du grand mouvement révolutionnaire contre le pouvoir des monopoles, la grève paralyse toutes les industries, toutes les administrations et services publics, toute l’université.

Malgré le refus des états-major syndicaux de lancer le mot d’ordre de grève générale illimitée, les travailleurs unis à la base et dans l’action, débordent largement tous ceux qui s’emploient à freiner le développement de la lutte.

Malgré les consignes bureaucratiques et autoritaires de Georges Seguy, secrétaire général de la C.G.T., les Ouvriers pratiquent des formes nouvelles de lutte des classes plus dures et plus efficaces que celles déjà expérimentées en 1936 et en 1947 : par exemple, ils enferment dans leurs bureaux les directeurs et présidents-directeurs généraux.

Au surplus, ils se refusent à limiter leurs objectifs de combat à des revendications seulement sociales, comme le voudraient Seguy et Descamps, et politisent spontanément le mouvement en posant comme exigence prioritaire le renversement du POUVOIR DES MONOPOLES.

De tels faits attestent d’une très grande combativité des masses laborieuses.

Les adhérents et militants de base de la C.G.T. comme du P. »C ».F. agissent souvent de façon positive contrairement aux directives qu’ils reçoivent de leurs plus hauts dirigeants et qu’ils désapprouvent en de nombreux cas.

Face à cette situation dont ils n’ont pas eu l’initiative et qui les a débordés, les dirigeants révisionnistes et réformistes des « grandes centrales », C.G.T. entête, essayent de tenir avec habilité et souplesse leur rôle historique de défenseurs de la société capitaliste, infiltrés dans les rangs de la classe ouvrière.

C’est pourquoi ils multiplient leurs efforts pour empêcher tout contact entre les ouvriers en grève et les étudiants qui ont allumé les premiers, et au prix de leur sang, l’étincelle de la révolte contre le régime qui’incarne le directeur de banque Pompidou.

Ils tentent également d’isoler les grévistes les uns des autres.

Dans ces entreprises, ils reçoivent l’appui actif et intéressé de tous les organes de la bourgeoisie affolée : grande presse, radio et télévision, qui reprennent hâtivement les calomnies et arguties du bureau politique du parti de Waldeck Rochet ou du bureau confédéral de Georges Séguy, et qui utilisent abondamment l’actif soutien apporté à De Gaulle tant par les ultra-révisionnistes de Roumanie que par la clique dirigeante de l’Union Soviétique.

LES TROIS ASPECTS PRINCIPAUX DE LA SITUATION

La situation ainsi créée se caractérise donc :

l°- par la volonté révolutionnaire des travailleurs manuels et intellectuels auxquels vont se joindre les masses paysannes. L’ensemble de ces couches sociales représente l’immense majorité des forces productives de la nation, aspirant au socialisme.

2°- par la résistance du pouvoir des monopoles, que manifestent les nombreuses réunions tenues par Pompidou et ses ministres avec De Gaulle revenu précipitamment de Roumanie en présence des plus hauts responsables des organes répressifs de l’état bourgeois; armée, police, gendarmerie et par l’alliance ouverte dans la rue des groupes activistes gaullistes et fascistes.

3°- par les manœuvres des dirigeants révisionnistes et réformistes des syndicats, du faux parti communiste, et de la social-démocratie, tous ces politiciens sclérosés et corrompus annonçant à grand tapage qu’ils sont prêts à « assumer leurs responsabilités » et à « s’emparer du pouvoir » tout en s’efforçant de rassurer la bourgeoisie qu’ils entendent sauver et servir une fois de plus.

UNITÉ A LA BASE ET DANS L’ACTION !

Dans ces conditions, le comité central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, traduisant la volonté profonde des travailleurs de notre pays, lance un appel solennel pour que se réalise, à la base et dans l’action, la plus solide unité de combat révolutionnaire entre ouvriers, paysans et étudiants.

Seule une telle unité, solidement implantée dans les usines, sur les chantiers, dans les administrations et services publics, dans les campagnes, dans les facultés, lycées et collèges, peut parvenir au renversement du pouvoir des monopoles, empêcher que la bourgeoisie ne recoure, pour préserver ses intérêts et privilèges de classe, au service des politiciens sociaux -démocrates et révisionnistes, stopper net enfin toute tentative de putch de caractère fasciste.

COMMENT RÉALISER L’UNITÉ DU COMBAT RÉVOLUTIONNAIRE ?

Cette unité est possible à la condition que les masses agissent conformément à la volonté des ouvriers les plus exploités, des paysans les plus pauvres, des étudiants les plus avancés.

Pour permettre à cette volonté de s’exprimer et de se consolider, les masses en mouvement doivent constituer d’urgence et partout, des comités de base, conseils ouvriers, paysans ou étudiants, plaçant sous leur contrôle permanent tout dirigeant qu’elles désignent et qui reste susceptible d’être immédiatement remplacé s’il trahit.

Au surplus, ces comités de base doivent établir immédiatement des liaisons entre eux pour coordonner leur combat.

Si le pouvoir des monopoles est contraint à se démettre, la bourgeoisie essayera de le remplacer par des formes parlementaires qui ont déjà fait la preuve de leur nocivité.

Mitterand, Mendès-France, Waldeck Rochet, et Georges Séguy lui offrent déjà leurs services dans ce but.

Le pouvoir devra rester aux masses populaires dont la vigilance devra s’exercer avec intensité pour empêcher que ne soit usurpée leur victoire révolutionnaire.

Il convient tout spécialement de déjouer les manœuvres de la social-démocratie qui sont appuyées en sous-main par l’impérialisme américain et de ce fait bénéficient des faveurs des centristes Lecanuet, Giscard d’Estaing et autres réactionnaires de tous poils.

VIVE LE POUVOIR OUVRIER DANS LES USINES !

VIVE LE POUVOIR DES PAYSANS PAUVRES A LA CAMPAGNE !

VIVE LE POUVOIR DES ETUDIANTS RÉVOLUTIONNAIRES A L’UNIVERSITÉ !

VIVE LE POUVOIR POPULAIRE ET RÉVOLUTIONNAIRE !

Paris, le 20 Mai 1968 – 14 heures

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe