Après le premier congrès de l’Internationale Communiste: entre désillusion et affirmation

Entre le premier et le second congrès de l’Internationale Communiste, il fut largement oscillé entre désillusion et une solide affirmation de la perspective. Cela se lit particulièrement dans les communiqués des premiers mai 1919 et 1920.

De fait, dans son communiqué du premier mai 1919, l’Internationale Communiste peut souligner que la mise en place de cette journée internationale des travailleurs datait de 1889, soit d’alors il y a trente ans.

Le premier mai fut en effet décidé par la seconde Internationale lors de son congrès de Paris. La troisième Internationale est le prolongement de la seconde Internationale, avec la mise à l’écart des opportunistes ; elle peut affirmer, triomphaliste, sa victoire imminente :

« Notre Internationale Communiste prend dans ses mains l’organisation de la fête internationale du premier mai (…).

Il n’y a pas de voie médiane. Ou bien la dictature sanglante des généraux bourreaux, qui tuent des centaines de milliers d’ouvriers et de paysans au profit d’une bande de banquiers, ou bien la dictature de la classe ouvrière, c’est-à-dire de la majorité opprimée des travailleurs, qui désarme la bourgeoisie, forme son armée rouge et libère la planète entière de l’esclavage (…).

La tempête commence. Les flammes incendiaires de la révolution prolétarienne s’attise avec une force irrépressible dans toute l’Europe. Le moment se rapproche qui était attendu par nos prédécesseurs et maîtres, et qui a été prévu par les fondateurs géniaux du socialisme scientifique, Marx et Engels.

Notre drapeau rouge, coloré par le sang du cœur de générations entières de grands combattants et martyrs de la classe ouvrière, ce drapeau flotte dans le monde entier (…).

Nos mots d’ordre :

Vive la dictature du prolétariat du monde entier !

Vive la république soviétique internationale !

En défense des républiques soviétiques russe, hongroise, bavaroise !

Vive l’armée rouge internationale !

Vive la troisième Internationale !

Vive le communisme !

Vive le premier mai communiste ! (…)

La seconde Internationale est morte. Le communisme est arrivé dans les rues. La révolution communiste grandit sous nos yeux. Une république soviétique en Russie, une république soviétique en Hongrie, une république en Bavière – ce sont les résultats des récentes luttes de la classe ouvrière.

En 1919, la grande Internationale Communiste est née. En 1920, la grande République soviétique internationale naîtra. »

Cependant, en 1920, le communiqué du premier mai a un ton bien différent. Les républiques soviétiques hongroise et bavaroise se sont effondrées ; les martyrs sont nombreux dans l’ensemble de l’Allemagne, pays où les sociaux-démocrates s’opposaient frontalement à la révolution. La situation devenait par contre plus favorable en Italie et en France.

Les choses avançaient, mais tout apparaissait comme plus complexe et le communiqué est donc bien plus prudent :

« L’année qui vient ouvre un chapitre nouveau, peut-être le plus important dans l’histoire de notre lutte pour la libération de toute l’humanité du joug du capitalise.

Puisse la fête du premier mai 1920 être celle du triomphe de l’internationale Communiste (…). Notre victoire est certaine. Le prolétariat va mettre en place le pouvoir soviétique dans le monde entier. Vive le premier mai ! »

C’était une remise en perspective.

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Le premier congrès de l’Internationale Communiste et la mise en place du Comité Exécutif

Symboliquement, des participants de la conférence de Zimmerwald publièrent dans la foulée de la fondation de l’Internationale Communiste un document annonçant la dissolution du bureau en étant issue et annonçant que ses documents devaient être remis à l’Internationale Communiste.

La conférence devenue congrès se prononça ensuite contre la renaissance des sociaux-démocrates, considérés comme désormais seulement des sociaux-chauvins ou des centristes, puis l’accord fut fait sur un manifeste.

Un Comité Exécutif de l’Internationale Communiste fut mis en place avec un représentant chacun des partis de Russie, d’Allemagne, de l’Autriche allemande, de Hongrie, de la fédération balkanique, de Suisse, de Scandinavie.

Il se réunit pas mal 56 fois entre le premier et le second congrès, cherchant d’un côté à organiser, de l’autre à promouvoir les conceptions communistes.

L’Internationale Communiste, revue publiée notamment en allemand, en anglais,
en français et en russe.

Le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste intervint ainsi notamment pour les événements ou célébrations les plus notables, comme la tentative de coup d’État militaire en Allemagne au début de l’année 1920, l’anniversaire du martyr de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht, à l’occasion du 8 mars, etc.

A cela s’ajoutent différentes déclarations et appels, comme un Appel à la jeunesse, une déclaration au prolétariat de la zone danubo-balkanique et aux Partis Communistes de Bulgarie, de Roumanie, de Serbie et de Turquie, une déclaration au congrès du Parti socialiste de Norvège et à celui du Parti Communiste de Finlande, à celui des communistes et des socialistes de gauche de Scandinavie, etc.

Sur le plan de l’organisation, un événement marquant fut l’annonce en juin 1920 de la tenue du second congrès en juillet, à Moscou, fut l’annonce de la tenue d’un congrès des peuples de l’Orient, à Bakou. Il y eut également une lettre envoyée aux États-Unis, où existaient deux structures se revendiquant de l’Internationale Communiste, ce qui était incohérent et exigeait par conséquent une fusion.

A la fin de l’année 1919, un bureau de l’Internationale Communiste fut également mis en place à Amsterdam, mais en raison de nombreux positionnements gauchistes, il dut au bout de quelques mois s’effacer devant le secrétariat occidental de l’Internationale Communiste, à Berlin, fondé pareillement dans la foulée du congrès.

Le symbole employé par l’Internationale Communiste pour sa revue : un ouvrier brisant des chaînes enserrant la planète

Le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste prit bien entendu position contre les sociaux-démocrates s’enferrant dans le refus de la révolution. En avril 1920, la conférence internationale syndicale fut la cible de grandes attaques. Le congrès de Lucerne de la seconde internationale fut vigoureusement dénoncé le 15 juillet 1919 ; ce congrès parvint cependant à organiser un comité qui réalisa un congrès international à Genève en juillet 1920, unifiant les sociaux-démocrates allemands, anglais, belge, danois, hollandais, suédois.

L’intervention impérialiste contre la Russie soviétique fut bien sûr la cible récurrente des interventions de l’Internationale Communiste, avec des appels à des expressions de solidarité comme le 18 juin 1919, ou de multiples avertissements quant aux menées militaires anti-soviétiques polonaises (comme le 17 février 1920, le 18 mai 1920), d’ailleurs soutenues par la France avec de nombreux stocks d’armes et même 600 officiers.

Toutefois, le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste s’évertua surtout à chercher à mobiliser ses partisans dans deux zones politiques bien délimitées : les milieux syndicalistes-révolutionnaires et anarchistes d’un côté, la gauche de la social-démocratie de l’autre. Cela était imposé par les défaites immédiates marquant l’histoire de l’Europe centrale.

Car l’Internationale Communiste accorda bien entendu une place importante à la formation de républiques soviétiques en Hongrie et en Bavière, avec un appel au soutien, à la mobilisation… Mais en en juillet 1919, l’Internationale Communiste devait dresser un constat terrible :

« A tous ! A tous !

Un monstrueux crime est en train d’être commis, duquel en comparaison tous les méfaits des classes possédantes pendant la guerre semblent bien pâles.

Les impérialistes anglais et français encerclent la République soviétique hongroise de tous les côtés, afin de noyer dans le sang les ouvriers hongrois, la révolution hongroise.

Les féodaux roumains incitent leurs troupes, trompés par la noblesse, contre la Hongrie.

Depuis deux autres directions, les gouvernements tchécoslovaques et yougoslaves s’activent contre la Hongrie, sous l’impulsion des impérialistes français. »

La chute de la république soviétique hongroise fut également présentée dans un communiqué du 5 août 1919, qui dénonce vigoureusement les sociaux-démocrates ayant, dans les pays occidentaux, saboté la grève de soutien prévu pour le 21 juillet 1919.

Cela ne changeait rien au problème, aggravé par la défaite de la république soviétique bavaroise. Tout un élan était en partie brisé.

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Le premier congrès de l’Internationale Communiste: conférence et congrès

Le fait que des révolutionnaires se réunissent dans un pays où la révolution a été un succès ne pouvait que produire une dynamique.

Le troisième jour, les délégués du Parti Communiste de l’Autriche allemande, le Parti des sociaux-démocrates de gauche de Suède, la Fédération ouvrière social-démocrate révolutionnaire des Balkans et le Parti Communiste de Hongrie rendirent un document commun appelant à la fondation de l’Internationale Communiste.

Trois raisons furent nommées : l’unité des communistes se battant sur le même terrain, la crainte de se voir déborder par une formation d’une Internationale opportuniste se profilant, le fait qu’une non-fondation donnerait l’image d’un échec après s’être retrouvé à Moscou.

La réponse du délégué du Parti Communiste d’Allemagne fut immédiate, longue et conséquente. Elle se résume bien avec la constatation suivante :

« Je suis très surpris de voir que le représentant de la Suède demande la fondation de la IIIe Internationale et soit obligé d’admettre qu’il n’y a pas encore en Suède d’organisation purement communiste, qu’il n’existe qu’un grand groupe communiste à l’intérieur du Parti social-démocrate suédois. »

Ce n’était pas tout à fait exact, car les Suédois étaient sortis pour fondeur leur propre structure, cependant l’idée était là : les communistes étaient pour l’instant somme toute regroupés dans des petites structures à l’ombre de la social-démocratie. Selon lui, si l’on y regardait bien, on n’avait aucune idée de qui suivrait réellement les délégués.

Le délégué allemand mentionna également l’absence de l’Italie, de la Belgique, du Portugal, même de la France (puisque Jacques Sadoul était présent depuis longtemps en Russie) ; aussi expliqua-t-il :

« Il y a tellement peu d’organisations s’impliquant dans la fondation de la III Internationale qu’il est difficile d’apparaître ainsi devant l’opinion publique.

Il est par conséquent nécessaire, avant d’avancer à la fondation, de faire connaître au monde notre plate-forme et d’exiger des organisations communistes qu’elles annoncent si elles sont prêtes à fonder avec nous la IIIe Internationale. »

La réponse de Zinoviev fut la suivante :

« Vous vouliez auparavant la fondation formelle de Partis Communistes dans tous les pays ? Vous avez une révolution victorieuse, c’est davantage qu’une fondation formelle.

Vous avez en Allemagne un Parti qui avance au pouvoir et qui formera dans quelques mois un gouvernement prolétarien.

Et donc nous devrions hésiter ? On ne nous comprendrait pas. »

Le Parti Communiste de Finlande intervint alors, se posant pour la fondation de la IIIe Internationale, soulignant également que si une orientation tactique était décidée, alors cela montrait bien qu’une nouvelle structure était née de toutes façons.

A part le délégué allemand, les prises de paroles soulignaient également que la conférence devait devenir congrès, car elle se situait dans le prolongement de la gauche de Zimmerwald, qui s’était opposé à la guerre mondiale. Les luttes de classes faisant également rage, il ne fallait pas tergiverser.

Et de fait, à part les cinq voix abstentionnistes du Parti Communiste d’Allemagne, tous les délégués, y compris ceux avec les voix consultatives, votèrent pour la fondation de l’Internationale Communiste. C’était un premier aléa dans l’histoire du Parti Communiste d’Allemagne, dont les complications et la voie tortueuse n’en finira pas tout au long du développement de l’Internationale Communiste.

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Le premier congrès de l’Internationale Communiste et les discussions sur la ligne

Si le délégué allemand exprima les doutes du KPD, le paradoxe est que c’est lui qui, avec Boukharine, écrivit la proposition de lignes directrices pour l’Internationale Communiste. Les débats de la conférence portaient précisément sur ces orientations.

La question syndicale fut vite réglée. Malgré les énormes différences selon les pays – le délégué allemand souligna que le mouvement révolutionnaire affrontait les syndicats car ceux-ci se positionnaient ouvertement comme obstacle – il fut admis par tous (sauf les Norvégiens) que les syndicats devaient se transformer pour aller dans le sens de la révolution. Cette question, apparemment secondaire, devrait ressurgir par la suite, une fois les Partis Communistes établis solidement.

Le second point, Démocratie bourgeoise ou dictature du prolétariat ?, formait un point d’achoppement plus particulier entre communistes russes et communistes allemands, alors que par ailleurs, le document n’était alors disponible encore qu’en russe et en allemand.

C’est Lénine qui prit la parole pour faire un très long rapport à ce sujet. Il souligne qu’il n’existait pas de démocratie « pure », au-delà des classes, et que telle était l’erreur des socialistes.

La classe ouvrière devait inéluctablement organiser sa dictature pour briser la contre-révolution ; la Commune de Paris de 1871 formait un exemple historique de démantèlement de l’ancien État. Le pouvoir soviétique était le phénomène d’actualisation du nouveau pouvoir.

Lénine était très critique à ce sujet des communistes des autres pays qui, à part en Hongrie, n’avaient justement pas su propager l’idée des soviets et expliquer leur nature. C’était pourtant là, selon lui, la clef décidant du développement de la révolution mondiale.

Dans son intervention, Lénine explique à ce sujet que :

« Une des tâches les plus importantes pour les camarades des pays de l’Europe Occidentale consiste à expliquer aux masses la signification, l’importance et la nécessité du système des Soviets. On constate sous ce rapport une insuffisante compréhension.

S’il est vrai que Kautsky et Hilferding ont fait faillite en tant que théoriciens, les derniers articles de la Freiheit prouvent cependant qu’ils ont su exprimer exactement l’état d’esprit des parties arriérées du prolétariat allemand.

Il est arrivé la même chose chez nous : au cours des huit premiers mois de la révolution russe la question de l’organisation soviétique a été beaucoup discutée, et les ouvriers ne voyaient pas très clairement en quoi consiste le nouveau système, ni si l’on pouvait constituer l’appareil d’État avec les Soviets.

Dans notre révolution nous avons progressé non par la voie théorique mais par la voie pratique. Ainsi, par exemple, jamais auparavant nous n’avons posé théoriquement la question de l’Assemblée Constituante et nous n’avons jamais dit que nous ne reconnaissons pas celle-ci.

Ce n’est que plus tard, lorsque les institutions soviétiques se répandirent à travers tout le pays et conquirent le pouvoir politique que nous décidâmes de disperser l’Assemblée Constituante.

Nous voyons à présent que la question se pose avec beaucoup plus d’acuité en Hongrie et en Suisse.

D’un côté il est excellent qu’il en soit ainsi; nous puisons dans ce fait la conviction absolue que la révolution avance plus rapidement dans les États de l’Europe Occidentale et qu’elle nous apportera de grandes victoires.

Mais, d’autre part, il y a un certain danger et c’est à savoir que la lutte sera tellement acharnée et tendue que la conscience des masses ouvrières ne sera pas en mesure de suivre ce rythme.

Encore maintenant la signification du système des Soviets n’est pas claire pour les grandes masses des ouvriers allemands politiquement instruits, parce qu’ils ont été élevés dans l’esprit du parlementarisme et des préjugés bourgeois. »

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Le premier congrès de l’Internationale Communiste et la vague révolutionnaire en formation

L’idée de Lénine était en 1919 la suivante : la révolution russe a réussi, il y a une effervescence en Allemagne, la gauche de la social-démocratie devient souvent communiste et le principe des « soviets » se répand comme méthode universelle d’organisation prolétarienne. Il faut donc battre le fer quand il est chaud.

Tel n’était pas le point de vue du KPD. Le délégué du Parti Communiste d’Allemagne prit ainsi le premier la parole lors de ce qui a suivi les rapports : le débat sur la ligne de l’Internationale Communiste. Il souligna que le communistes allemands n’étaient nullement contre la fondation de celle-ci, mais que contrairement aux communistes russes et finlandais, ils pensaient qu’il fallait de la prudence et y aller par étapes.

Le délégua allemand expliqua qu’il y avait la crainte d’une cérémonie pompeuse de fondation, pour des résolutions finalement de papier ; les travailleurs appréhendaient selon lui une telle démarche dans les pays occidentaux. On reconnaît bien entendu ici le traumatisme de l’échec de la seconde Internationale, qui s’est brisée sur le déclenchement de la première guerre mondiale.

De plus, il insista sur les tâches pratiques, demandant un haut niveau de structuration encore impossible à atteindre, et liées à l’objectif de la prise du pouvoir. Or, selon lui, c’est incompatible avec la présence au congrès de gauches de la social-démocratie n’ayant somme toute pas encore fait une réelle rupture avec l’esprit de conciliation avec la bourgeoisie.

Lénine parmi les délégués du premier congrès
de l’Internationale communiste

Ce n’était pas l’approche des communistes russes, qui envisageaient les choses de manière particulièrement dynamique.

Pour cette raison, les voix des délégués ne dépendaient pas de la taille de leur parti, mais de l’importance de leur pays. Ils étaient considérés comme les représentants de leur prolétariat et on voit bien qu’il est considéré que, rapidement, les communistes feraient la conquête des masses.

Ainsi, au premier congrès, où il y a 35 délégués avec une voix décisionnelle, on a le Parti Communiste de Russie qui dispose de 5 voix, tout comme le Parti Communiste d’Allemagne, la Gauche française dite de Zimmerwald et le SLP américain. Or, si les communistes russes ont pris en charge un État, si les communistes allemands ont une base de masse et une longue expérience historiquement, ni les Français ni les Américains ne disposent de quelque chose de réellement ancré.

Leur importance est déterminée par leur situation historique dans le capitalisme et par le potentiel historique en résultant.

Ont trois voix les délégués de pays de taille moyenne : le Parti Communiste de l’Autriche allemande, le Parti Communiste de Hongrie, la gauche de la social-démocratie suédoise, le Parti social-démocrate de Norvège, le Parti social-démocrate de Suisse, la Fédération révolutionnaire balkanique (les Tesnjaki bulgares et le Parti Communiste roumain), le Parti Communiste de Pologne, le Parti Communiste de Finlande, le Parti Communiste d’Ukraine.

Ce sont là des organisations motivées, déterminées, avec un véritable engagement, une réelle conscience de l’enjeu historique.

Disposent d’une voix le Parti Communiste de Lettonie, celui de Lituanie et de Biélorussie, celui d’Estonie, celui d’Arménie, celui des colonies allemandes (en Russie), ainsi que le groupe unifié des peuples orientaux de Russie.

De manière consultative sont présentes plusieurs organisations, comme le groupe communiste français, le groupe communiste tchèque, le SDP de Hollande, le groupe communiste des Slaves du sud, etc.

En pratique, tout cela ne représente pas grand-chose, voire rien du tout à part les Russes et les Allemands, ainsi que les Finlandais et les Hongrois, mais aussi les Bulgares et les Norvégiens. Toutefois, c’était une initiative marquante dans un contexte explosif. Rien que la tenue d’une telle conférence, alors que la Russie était entièrement coupée du reste de l’Europe et pratiquement inaccessible en transports, était un grand marqueur politique.

Les participants au congrès en avaient tout à fait conscience.

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Le premier congrès de l’Internationale Communiste comme conférence se focalisant sur l’Allemagne

Pour Lénine, dès lors que les spartakistes partaient à l’assaut du ciel, alors la IIIe Internationale existe déjà concrètement. Or, les communistes allemands considéraient quant à eux qu’il était prématuré de fonder l’Internationale Communiste. Le premier congrès de l’Internationale Communiste allait donc trouver une voie.

Concrètement, celui-ci s’est déroulé du 2 au 19 mars 1919, à Moscou ; ce n’est que le troisième jour qu’il fut rendu public, afin de faciliter son organisation exigeant souvent des voyages clandestins pour les délégués présents.

Le premier congrès de l’Internationale Communiste

Son objectif, c’était donc sa propre fondation. Il s’agit en effet d’un congrès constitutif et par conséquent ce qui comptait avant tout, c’est l’assentiment du Parti Communiste d’Allemagne au projet. Preuve des difficultés, le délégué allemand insista, avec succès, pour que le congrès s’ouvre simplement comme « conférence communiste ».

Le premier rapport prononcé fut d’ailleurs celui du délégué du Parti Communiste d’Allemagne, qui présenta la situation après l’échec de l’insurrection de janvier et parla d’une grande actualité révolutionnaire, avec une économie allemande prête à s’effondrer alors qu’il y a de larges mouvements de masse.

Auparavant, Lénine, qui avait ouvert le congrès, avait également demandé en premier lieu aux personnes présentes de se lever en l’honneur des « meilleurs représentants de la IIIe Internationale, Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg », assassinés lors de l’échec de la révolution allemande.

Dans le discours de clôture, Lénine souligna pareillement le rapport entre les bolcheviks russes et les spartakistes allemands :

« Que la bourgeoisie du monde entier continue à sévir, qu’elle pourchasse, emprisonne et même assassine spartakistes et bolcheviks, cela ne lui servira de rien. Cela ne pourra qu’éclairer les masses et les déterminer à s’affranchir de leurs vieux préjugés bourgeois démocratiques et à se retremper dans la lutte.

La victoire de la révolution prolétarienne est assurée dans le monde entier : la constitution de la République Soviétique Internationale est en marche. »

La question allemande est donc présente à tous les niveaux ; la question de la révolution mondiale était celle de la révolution allemande. C’était Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg qui avaient porté le flambeau de l’élargissement de la vague révolutionnaire commencée en Russie et tout reposait désormais sur la capacité des communistes d’Allemagne.

Signe de l’hégémonie de cette question, lorsque le délégué français, Jacques Sadoul, prend la parole, la première chose qu’il fait est de s’excuser… pour ne parler ni allemand, « la langue du socialisme international », ni russe, « qui sera demain déjà la langue du communisme international », ne parlant que le français, « qu’on doit qualifier de langue de la révolution d’autrefois ».

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La légitimité du premier congrès de l’Internationale Communiste

Lorsque Lénine revint d’exil, il écrivit les thèses d’avril 1917 qu’il exposa aux bolcheviks : il y avait l’espace pour une prise du pouvoir par les masses. Un nouveau régime pouvait être institué :

« Non pas une république parlementaire, – y retourner après les Soviets des députés ouvriers serait un pas en arrière, – mais une république des Soviets de députés ouvriers, salariés agricoles et paysans dans le pays tout entier, de la base au sommet. »

Parmi les points exposant ce programme qui allait se concrétiser dans la révolution d’Octobre 1917, Lénine mentionne notamment celui-ci :

« Rénover l’Internationale. Prendre l’initiative de la création d’une Internationale révolutionnaire, d’une Internationale contre les sociaux-chauvins et contre le « centre ». »

Lénine exposait ainsi la nécessité de dépasser la seconde Internationale, dont les dirigeants avaient soutenu la première guerre mondiale impérialiste et par conséquent trahis. Cependant, cela impliquait aussi le rejet de ceux relativement peu critiques du nationalisme ou bien se cantonnant dans une position intermédiaire, « centriste ».

Il fallait quelque chose de franc, en rupture avec les pseudos-pacifismes petit-bourgeois. Ce point fut également souligné lors de la septième conférence de Russie du Parti Ouvrier Social-Démocrate (bolchevik) de Russie, s’étant tenue du 7 au 12 mai 1917.

Lénine, le 4 avril 1917, exposant ses thèses à la tribune du Soviet des députés des travailleurs et des soldats de Pétrograd

Début 1919, alors que l’armée rouge organisée protégeait et développait la révolution d’Octobre 1917, Lénine considéra que la réalisation de cette nouvelle Internationale était souhaitable et nécessaire. La Pravda publia le 24 janvier 1919 une invitation internationale à ce sujet.

La fondation de l’Internationale Communiste s’appuyait avant tout sur un constat : le mouvement révolutionnaire allemand s’est mis à la hauteur du mouvement révolutionnaire russe, au sens où il est parti à l’assaut du pouvoir et ce de manière armée, avec comme mot d’ordre le pouvoir soviétique.

Ainsi, un mois même avant la tenue du premier congrès de l’Internationale Communiste, Lénine constatait qu’elle existait déjà dans les faits. Dans sa Lettre aux Ouvriers d’Europe et d’Amérique, publié le 24 janvier 1919 dans la Pravda, il affirmait de manière très claire :

« Le 20 août 1918, seul notre parti, le Parti bolchévik, avait résolument rompu avec l’ancienne Internationale, la IIe Internationale des années 1889-1914, qui avait fait honteusement faillite pendant la guerre impérialiste de 1914-1918.

Seul notre parti s’était entièrement engagé dans une voie nouvelle, abandonnant un socialisme et un social-démocratisme déshonorés par leur alliance avec la bourgeoisie exploiteuse, pour passer au communisme ; abandonnant le réformisme et l’opportunisme petit-bourgeois qui imprégnaient et imprègnent entièrement les partis officiels social- démocrates et socialistes, pour adopter une tactique véritablement prolétarienne, une tactique révolutionnaire.

Maintenant, le 12 janvier 1919, nous voyons déjà nombre de partis prolétariens communistes, non seulement dans le cadre de l’ancien empire du tsar, par exemple en Lettonie, en Finlande, en Pologne, mais aussi en Europe occidentale, en Autriche, en Hongrie, en Hollande et, enfin, en Allemagne.

Lorsque la «Ligue Spartacus» allemande, conduite par ces chefs illustres, connus du monde entier, ces fidèles partisans de la classe ouvrière que sont Liebknecht, Rosa Luxembourg, Clara Zetkin, Franz Mehring, eut rompu définitivement tout lien avec les socialistes comme Scheidemann et Südekum, avec ces social-chauvins (socialistes en paroles et chauvins en fait), qui se sont à jamais déshonorés par leur alliance avec la bourgeoisie impérialiste, spoliatrice, d’Allemagne et avec Guillaume II, lorsque la «Ligue Spartacus » se fut intitulée « Parti communiste d’Allemagne», alors la fondation de la IIIe Internationale, de l’Internationale Communiste, véritablement prolétarienne, véritablement internationaliste, véritablement révolutionnaire, devint un fait.

Formellement, cette fondation n’a pas encore été consacrée, mais, en réalité, la IIIe Internationale existe dès à présent. »

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Georgi Dimitrov : Les gouvernements actuels des pays capitalistes sont des hommes provisoires, le véritable maître du monde est le prolétariat

Staline et Georgi Dimitrov
Staline et Georgi Dimitrov

(Les gouvernements actuels des pays capitalistes sont des hommes provisoires, le véritable maître du monde est le prolétariat – 20 août 1935)

Le VIIe congrès mondial de l’Internationale communiste, le congrès des communistes de tous les pays et de tous les continents du monde, termine ses travaux.

Quel en est le bilan, qu’est-ce que le congrès représente pour notre mouvement, pour la classe ouvrière mondiale, pour les travailleurs de tous les pays ?

Ce congrès a été le congrès du triomphe complet de l’unité entre le prolétariat de l’Union soviétique, – le pays où le socialisme a vaincu, – et le prolétariat du monde capitaliste en lutte pour son affranchissement. La victoire du socialisme dans l’Union soviétique, victoire qui intéresse l’histoire mondiale, provoque dans tous les pays capitalistes un puissant mouvement vers le socialisme.

Cette victoire affermit l’oeuvre de paix entre les peuples, en augmentant l’importance internationale de l’Union soviétique et son rôle de puissant rempart des travailleurs dans leur lutte contre le Capital, contre la réaction et le fascisme.

Elle fortifie l’Union soviétique en tant que base de la révolution prolétarienne mondiale.

Elle met en mouvement dans le monde entier non seulement les ouvriers qui se tournent de plus en plus vers le communisme, mais aussi des millions de paysans, de petits travailleurs des villes, une partie considérable des intellectuels, les peuples asservis des colonies ; elle les remplit d’enthousiasme pour la lutte, elle augmente leur attachement à la grande patrie de tous les travailleurs, elle intensifie leur résolution de soutenir et de défendre l’Etat prolétarien contre tous ses ennemis.

Cette victoire du socialisme accroît la confiance du prolétariat international dans ses propres forces et dans la possibilité réelle de remporter sa propre victoire, confiance qui devient elle-même une immense force en action contre la domination de la bourgeoisie.

C’est dans l’union des forces du prolétariat de l’Union soviétique avec les forces de combat du prolétariat et des masses travailleuses des pays capitalistes que réside la formidable perspective d’un proche effondrement du capitalisme et la garantie de la victoire du socialisme dans le monde entier.

Notre congrès a jeté les fondements d’une vaste mobilisation des forces de tous les travailleurs contre le capitalisme, comme il n’en fut encore jamais dans l’histoire de la lutte de la classe ouvrière.

Le congrès place devant le prolétariat international, comme étant la tâche immédiate la plus importante, le rassemblement de ses forces dans le domaine politique et d’organisation, et la liquidation de l’isolement où l’a conduit la politique social-démocrate de collaboration de classe avec la bourgeoisie : le rassemblement des travailleurs autour de la classe ouvrière dans un vaste Front populaire de lutte contre l’offensive du Capital et de la réaction, contre le fascisme et la menace de guerre dans chaque pays et sur l’arène internationale.

Cette tâche, nous ne l’avons pas inventée de toutes pièces.

C’est l’expérience même du mouvement ouvrier mondial qui l’a mise en évidence, et surtout l’expérience du prolétariat de France. Le mérite du Parti communiste français, c’est d’avoir compris ce qu’il a à faire aujourd’hui, de ne pas avoir écouté les sectaires qui tiraillaient le Parti et gênaient la réalisation du front unique de lutte contre le fascisme, mais d’avoir, au contraire, préparé courageusement, à la manière bolchevik, par un pacte d’action commune avec le Parti socialiste, le front unique du prolétariat comme le fondement du Front populaire antifasciste en voie de formation.

Par cet acte, qui répond aux intérêts vitaux de tous les travailleurs, les ouvriers français, communistes et socialistes, mettent à nouveau le mouvement ouvrier français à la première place, en tête dans l’Europe capitaliste ; ils montrent qu’ils sont les dignes descendants des communards et les héritiers des glorieux enseignements de la Commune de Paris. (Vifs applaudissements. Toute la salle se lève.

Cris de « Hourra ! »
 Dimitrov se tourne vers le bureau du congrès et, avec toute la salle, applaudit Thorez et les autres délégués français siégeant au bureau.)

C’est le mérite du Parti communiste et du prolétariat français d’avoir, par la pratique de leur lutte dans le front unique prolétarien contre le fascisme, aidé à préparer les décisions de notre congrès dont l’importance est si énorme pour les ouvriers de tous les pays.

Mais ce qui a été fait en France, ce ne sont que les premiers pas. Notre congrès qui trace la ligne tactique pour les prochaines années, ne pouvait se borner à enregistrer simplement cette expérience ; il est allé plus loin.

Nous, communistes, nous sommes un parti de classe, un parti prolétarien.

Mais nous sommes prêts, en tant qu’avant-garde du prolétariat, à organiser des actions communes du prolétariat et des autres classes travailleuses intéressées à la lutte contre le fascisme.

Nous, communistes, nous sommes un parti révolutionnaire.

Mais nous sommes prêts aux actions communes avec les autres partis en lutte contre le fascisme.

Notre but final à nous, communistes, est autre que celui de ces classes et de ces partis, mais tout en luttant pour nos buts, nous sommes prêts en même temps à lutter en commun pour les tâches immédiates dont la réalisation affaiblit les positions du fascisme et fortifie les positions du prolétariat.

Nos méthodes de lutte à nous, communistes, diffèrent de celles des autres partis ; mais tout en luttant contre le’ fascisme par leurs propres méthodes, les communistes soutiendront aussi les méthodes de lutte des autres partis, si insuffisantes qu’elles puissent leur paraître, pourvu que ces méthodes soient réellement dirigées contre le fascisme.

Si nous sommes prêts à faire tout cela, c’est que nous voulons, dans les pays de démocratie bourgeoise, barrer la route à la réaction et à l’offensive du Capital et du fascisme, empêcher la suppression des libertés démocratiques bourgeoises, prévenir l’écrasement terroriste par le fascisme du prolétariat de la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels, soustraire la jeune génération à la dégénérescence du corps et de l’esprit.

Si nous sommes prêts à faire tout cela, c’est que nous voulons, dans les pays fascistes, préparer et précipiter le renversement de la dictature fasciste.

Si nous sommes prêts à faire tout cela, c’est que nous voulons sauver le monde de la barbarie fasciste et des horreurs d’une guerre impérialiste.

(A ce moment, le délégué du Parti communiste allemand Weber, monte à la tribune et, remettant un album à Dimitrov, il lui dit : « Dimitrov, au nom de la délégation du Parti communiste allemand, je te remets ce livre, le livre de la vie héroïque des combattants révolutionnaires d’Allemagne.

C’est toi qui, par ton attitude au procès de Leipzig et par toute ton activité ultérieure a servi d’exemple au Parti communiste allemand, aux antifascistes allemands en lutte.

Accepte ce livre, cette épopée des combattants prolétariens d’Allemagne, qui t’ont pris pour un modèle et qui sacrifient leur liberté, leur santé et leur vie pour la cause de la révolution ! » Dimitrov prend l’album et étreint chaleureusement Weber. Vifs applaudissements, cris « Hourra ! », salutations des délégués.)

Notre congrès est le congrès de la lutte pour le maintien de la paix contre la menace de guerre impérialiste.

Cette lutte, nous l’entendons aujourd’hui d’une manière nouvelle. Notre congrès repousse résolument l’attitude fataliste à l’égard des guerres impérialistes, inspirée par les vieilles conceptions social-démocrates.

Il est vrai que les guerres impérialistes sont le produit du capitalisme, que, seul, le renversement du capitalisme mettra un terme à toutes les guerres; mais il est également vrai que les masses travailleuses, par leurs actions de lutte, peuvent empêcher la guerre impérialiste.

Le monde aujourd’hui n’est plus ce qu’il était en 1914. Actuellement, sur un sixième du globe, est établi un puissant Etat prolétarien, qui s’appuie sur la force matérielle du socialisme victorieux.

Grâce à sa sage politique staliniste de paix, l’Union soviétique a plus d’une fois fait échouer les plans agressifs des fauteurs de guerre.

Actuellement, dans la lutte contre la guerre, le prolétariat mondial ne dispose pas seulement de l’arme que constitue son action de masse, comme en 1914.

Aujourd’hui, la lutte de masse de la classe ouvrière internationale contre la guerre se conjugue avec l’ascendant de l’Etat soviétique et avec sa puissante Armée rouge, principal gardien de la paix.

Aujourd’hui, la classe ouvrière internationale ne se trouve pas, comme en 1914, sous l’influence exclusive de la social-démocratie coalisée avec la bourgeoisie.

Aujourd’hui, il existe un Parti communiste mondial : l’Internationale communiste.

Aujourd’hui, les masses d’ouvriers social-démocrates se tournent vers l’Union soviétique et sa politique de paix, vers le front unique avec les communistes.

Aujourd’hui, les peuples des pays coloniaux et semi-coloniaux ne considèrent pas la cause de leur affranchissement comme une cause désespérée. Au contraire, ils passent de plus en plus à la lutte résolue contre les oppresseurs impérialistes.

La meilleure preuve en est fournie par la Révolution soviétique de Chine et les exploits héroïques de l’Armée rouge du peuple chinois.

La haine des peuples contre la guerre devient de plus en plus profonde et intense. La bourgeoisie, qui pousse les travailleurs dans l’abîme des guerres impérialistes, y risque sa tête.

Actuellement, on voit se dresser pour la cause du maintien de la paix non seulement la classe ouvrière, la paysannerie et les autres travailleurs, mais aussi les nations opprimées et les peuples, faibles, dont l’indépendance est menacée par de nouvelles guerres. Même certains grands Etats capitalistes, redoutant les pertes qu’ils pourraient subir à la suite d’un nouveau partage du monde, sont intéressés, à l’étape présente, à éviter la guerre.

De là, la possibilité d’un très vaste front unique de la classe ouvrière, de tous les travailleurs et de peuples entiers contre la menace de guerre impérialiste.

S’appuyant sur la politique de paix de l’Union soviétique et sur la volonté de paix de millions et de millions de travailleurs, notre congrès a montré la perspective du développement d’un vaste front anti-guerrier non seulement à l’avant-garde communiste, mais aussi à toute la classe ouvrière internationale et aux peuples de tous les pays.

Du degré de réalisation et d’activité de ce front mondial dépendra la question de savoir si, dans l’avenir le plus proche, les fauteurs de guerre fascistes et impérialistes réussiront à allumer l’incendie d’une nouvelle guerre impérialiste, ou si leurs mains criminelles seront tranchées par la hache du puissant front de lutte contre la guerre.

Notre congrès est le congrès de l’unité de la classe ouvrière, le congrès de la lutte pour le front unique prolétarien.

Nous ne nous faisons pas d’illusions sur la possibilité de surmonter aisément les difficultés que la partie réactionnaire des leaders social-démocrates opposera à l’oeuvre de réalisation du front unique prolétarien. Mais nous n’avons pas peur de ces difficultés, parce que nous exprimons la volonté de millions d’ouvriers ; parce qu’en luttant pour le front unique, nous servons au mieux les intérêts du prolétariat ; parce que le front unique prolétarien est la voie sûre pour renverser le fascisme et le régime capitaliste, pour conjurer les guerres impérialistes.

Nous avons levé bien haut, à ce congrès, le drapeau de l’unité syndicale. Les communistes ne tiennent pas à tout prix à l’existence indépendante des syndicats rouges. Mais les communistes veulent l’unité syndicale sur la base de la lutte de classe et de la suppression, une fois pour toutes, de l’état de choses où les partisans les plus conséquents et les plus résolus de l’unité syndicale et de la lutte de classe subissent des exclusions hors des syndicats de l’Internationale d’Amsterdam.

Nous savons que les militants des syndicats faisant partie de l’Internationale syndicale rouge n’ont pas encore tous compris et ne se sont pas tous assimilé cette ligne du congrès.

Il existe encore des survivances de présomption sectaire, qu’il nous faudra faire disparaître chez ces militants pour appliquer fermement la ligne du congrès.

Mais cette ligne, nous la réaliserons coûte que coûte et nous trouverons une langue commune avec nos frères de classe, nos camarades de lutte, les ouvriers adhérant aujourd’hui à la Fédération syndicale d’Amsterdam.

A ce congrès, nous avons adopté l’orientation vers la création du parti politique de masse unique de la classe ouvrière, vers l’abolition de la scission politique du prolétariat, causée par la politique de collaboration de classe de la social-démocratie.

L’unité politique de la classe ouvrière n’est pas, pour nous, une manoeuvre, mais la question du sort futur du mouvement ouvrier tout entier.

S’il se trouvait parmi nous des gens pour envisager la formation de l’unité politique de la classe ouvrière comme une manoeuvre, nous lutterions contre eux, comme on lutte contre des gens qui font du tort à la classe ouvrière.

C’est précisément parce que nous envisageons cette question avec une gravité et une sincérité profondes, dictées par les intérêts du prolétariat que nous mettons des conditions de principe déterminées à la base d’une telle unité.

Ces conditions de principe n’ont pas été inventées par nous ; elles sont le fruit des souffrances du prolétariat au cours de sa lutte ; elles répondent également à la volonté de millions d’ouvriers social-démocrates, volonté émanant de l’enseignement des défaites subies.

Ces conditions de principe ont été vérifiées par l’expérience de l’ensemble du mouvement ouvrier révolutionnaire.

Et du fait que notre congrès s’est déroulé sous le signe de l’unité prolétarienne, il n’a pas été seulement le congrès de l’avant-garde communiste ; il a été le congrès de la classe ouvrière internationale tout entière, qui aspire ardemment à l’unité de lutte syndicale et politique.

Bien qu’à notre congrès n’aient pas assisté de délégués des ouvriers social-démocrates, bien qu’il n’y ait pas eu ici de délégués sans-parti, bien que les ouvriers embrigadés de force dans les organisations fascistes n’y aient pas été représentés, le congrès n’en a pas moins parlé non seulement pour les communistes, mais aussi pour ces millions d’ouvriers ; il a exprimé les pensées et les sentiments de l’immense majorité, de la classe ouvrière.

Et si les organisations ouvrières des diverses tendances procédaient à l’examen vraiment libre de nos décisions devant les prolétaires du monde entier, les ouvriers soutiendraient, nous n’en doutons pas, les résolutions que vous avez votées avec une telle unanimité.

Cette circonstance nous oblige d’autant plus, nous, communistes, à faire vraiment des décisions de notre congrès le bien de toute la classe ouvrière.

Il ne suffit pas de voter pour ces résolutions.

Il ne suffit pas de les populariser parmi les membres des Partis communistes. Nous voulons que les ouvriers des partis de la Deuxième Internationale et de la Fédération syndicale d’Amsterdam, aussi bien que les ouvriers adhérant aux organisations d’autres tendances politiques, étudient ces résolutions avec nous ; qu’ils apportent leurs propositions et amendements pratiques ; qu’ils méditent avec nous sur la meilleure façon de les appliquer dans la vie ; que, coude à coude, avec nous, ils les réalisent en fait.

Notre congrès a été le congrès de la nouvelle orientation tactique de l’Internationale, communiste.

En s’en tenant fermement à la position inébranlable du marxisme-léninisme confirmée par toute l’expérience du mouvement ouvrier international et, avant tout, par les victoires de la grande Révolution d’Octobre, notre congrès a révisé, dans l’esprit même et à l’aide de la méthode du marxisme-léninisme vivant, la position tactique de l’Internationale communiste en fonction de la situation mondiale modifiée.

Le congrès a pris une ferme résolution sur la nécessité d’appliquer d’une manière nouvelle la tactique du front unique.

Le congrès exige expressément que les communistes ne se contentent pas simplement de propager les mots d’ordre généraux de la dictature prolétarienne et du pouvoir soviétique, mais qu’ils fassent une politique bolchevik concrète et active sur toutes les questions de politique intérieure et extérieure de leurs pays, sur toutes les questions d’actualité touchant aux intérêts vitaux de la classe ouvrière, de tous les peuples et du mouvement ouvrier international.

Le congrès insiste de la façon la plus décidée pour que toutes les démarches tactiques des Partis soient basées sur une saine analyse de la réalité concrète en tenant compte du rapport des forces de classe et du niveau politique des grandes masses.

Le congrès exige que tous les vestiges de sectarisme soient entièrement extirpés de la pratique du mouvement communiste, sectarisme qui, au moment actuel, représente l’obstacle le plus grand à l’application de la vraie politique bolchevik de masse des Partis communistes.

Inspiré par la résolution de faire appliquer cette ligne tactique et par l’assurance que cette voie mènera nos Partis à d’importants succès, notre congrès a tenu compte en même temps de la possibilité que l’application de cette ligne bolchevik ne se fasse pas toujours tout uniment sans fautes, sans certaines déviations à droite ou à « gauche », – déviations tantôt dans le sens du conformisme des suiveurs, tantôt dans le sens de l’isolement sectaire de soi-même. Lequel de ces dangers est, « en général », le plus important, c’est une question que seuls des scolastiques peuvent discuter.

Le plus grand et le pire danger est celui qui, au moment donné, dans un pays donné, gêne le plus l’application de la ligne de notre congrès, le déploiement d’une juste politique de masse des Partis communistes.

L’intérêt de la cause du communisme exige non pas une lutte abstraite, mais une lutte concrète contre les déviations, une riposte donnée à temps et de façon décisive aux tendances nuisibles qui se font jour, la correction à temps des fautes commises.

Substituer à la lutte concrète nécessaire contre les déviations une sorte de sport, faire la chasse aux déviations ou aux déviationnistes imaginaires, c’est se livrer à une surenchère nuisible et inadmissible.

Dans la vie pratique de nos Partis, il faut aider de toutes les façons au développement de l’initiative dans la position des problèmes nouveaux, favoriser l’examen approfondi des questions relatives à l’activité du Parti et ne pas qualifier hâtivement de déviation le moindre doute ou la moindre observation critique faite par un membre du Parti au sujet des tâches pratiques du mouvement.

Il faut faire en sorte que le communiste qui a commis une erreur, puisse la corriger pratiquement et frapper sans merci ceux-là seulement qui persistent dans leurs erreurs et qui désorganisent le Parti.

Luttant pour l’unité de la classe ouvrière, nous lutterons en même temps avec une énergie et une intransigeance d’autant plus grandes pour l’unité intérieure de nos Partis. Il ne peut y avoir de place, dans nos rangs, pour des fractions, pour des tentatives fractionnelles.

Quiconque essaiera de violer l’unité de fer de nos rangs par une action fractionnelle quelconque, apprendra par lui-même ce que signifie la discipline bolchevik que nous ont toujours enseignée Lénine et Staline.

Que cela serve d’avertissement aux quelques éléments qui, dans certains Partis, pensent pouvoir profiter des difficultés éprouvées par leur Parti, des blessures, des défaites et des coups de l’ennemi déchaîné, pour réaliser leurs plans fractionnels ou poursuivre leurs intérêts de groupe ! Le Parti par-dessus tout ! Garder l’unité bolchevik du Parti comme la prunelle de ses yeux, telle est la loi première, la loi suprême du bolchévisme !

Notre congrès est le congrès de l’autocritique bolchevik et du renforcement de la direction de l’Internationale communiste et de ses sections.

Nous n’avons pas peur de signaler ouvertement les erreurs, les faiblesses et les défauts qui se manifestent dans nos rangs, parce que nous sommes un parti révolutionnaire qui sait qu’il ne peut se développer, grandir et accomplir ses tâches qu’à la condition de se débarrasser de tout ce qui gêne son développement comme parti révolutionnaire.

Et le travail qu’a accompli le congrès par sa critique implacable du sectarisme plein de suffisance, du schématisme, de la standardisation, de la paresse de pensée, de la substitution des méthodes de direction du Parti aux méthodes de direction des masses, tout ce travail il faut le poursuivre respectivement dans tous les Partis à la base, à tous les échelons de notre mouvement, car c’est là une des conditions les plus essentielles de la juste application des décisions du congrès.

Dans sa résolution sur le rapport d’activité du Comité exécutif, le congrès a décidé de concentrer pour notre mouvement, la direction des opérations dans les sections elles-mêmes.

D’où l’obligation de renforcer à tous égards le travail de formation et d’éducation des cadres, ainsi que le travail de raffermissement des Partis communistes à l’aide de véritables dirigeants bolcheviks, afin que les Partis, forts des décisions des congrès de l’Internationale communiste et des Assemblées plénières de son Comité exécutif, puissent, au moment des brusques tournants des événements, trouver avec rapidité et par eux-mêmes une solution juste aux tâches politiques et tactiques du mouvement communiste.

En élisant les organismes dirigeants, le congrès s’est efforcé de créer une direction de l’Internationale communiste composée de gens qui ont fait leurs, non par un sentiment de discipline, mais par l’effet d’une profonde conviction, les directives et décisions nouvelles du congrès, de gens prêts et aptes à les transformer en actes fermement.

Il faut également assurer dans chaque pays l’application juste des décisions adoptées par le congrès ; cela dépendra, en premier lieu, de la vérification, de la répartition et de l!orientation adéquates des cadres.

Nous savons que cette tâche n’est pas facile. Il ne faut pas perdre de vue qu’une partie de nos cadres a été formée non pas par l’expérience de la politique de masse bolchevik, mais principalement sur la base d’une propagande générale.

Nous devons tout faire pour aider nos cadres à se refaire, à se rééduquer dans l’esprit nouveau, dans l’esprit des décisions du congrès. Mais là où il apparaîtra que les vieilles outres ne valent rien pour le vin nouveau, il faudra en tirer les conclusions qui s’imposent : ne pas verser ou laisser se gâter le vin nouveau dans les vieilles outres, mais remplacer les vieilles outres par de nouvelles.

Nous avons éliminé à dessein des rapports aussi bien que des résolutions du congrès les phrases sonores sur les perspectives révolutionnaires.

Mais ce n’est pas parce que nous aurions des raisons d’apprécier d’une façon moins optimiste qu’auparavant l’allure du développement révolutionnaire, c’est parce que nous voulons débarrasser nos Partis de toute tendance à remplacer l’activité bolchevik par des phrases révolutionnaires ou des discussions stériles sur l’appréciation de la perspective.

Tout en combattant toute orientation vers la spontanéité, nous voyons et nous faisons entrer en ligne de compte le processus de développement de la révolution, non pas en observateurs, mais en participants actifs de ce processus.

Comme parti de l’action révolutionnaire, accomplissant dans l’intérêt de la révolution les tâches posées à chaque étape du mouvement, tâches correspondant aux conditions concrètes de l’étape donnée, tenant sainement compte du niveau politique des grandes masses travailleuses, nous accélérons de notre mieux la formation des conditions subjectives nécessaires à la victoire de la révolution prolétarienne.

Prendre les choses telles qu’elles sont, disait Marx, c’est-à-dire faire prévaloir les intérêts de la révolution d’une manière conforme aux circonstances changées. (Karl Marx : Lettres à Kugelmann, p. 55, Editions sociales internationales, Paris, 1930.)

C’est là l’essentiel ! Nous ne devons jamais l’oublier !

Il est nécessaire de porter dans les masses les décisions du congrès mondial, de les expliquer aux masses, de les appliquer comme des directives pour l’action des masses, en un mot d’en faire la chair et le sang de millions et de millions de travailleurs !

Il est nécessaire de renforcer partout, au maximum, l’initiative des ouvriers sur place, l’initiative des organisations de base des Partis communistes et du mouvement ouvrier dans l’application de ces décisions.

En partant d’ici, les représentants du prolétariat révolutionnaire doivent emporter dans leur pays la ferme conviction que nous, communistes, nous portons la responsabilité du sort de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, du sort de chaque peuple, du sort de l’humanité travailleuse tout entière.

C’est à nous, ouvriers, et non aux parasites sociaux et aux oisifs, qu’appartient le monde, le monde construit par les mains ouvrières. Les gouvernants actuels du monde capitaliste, ce sont des hommes provisoires.

Le prolétariat est le véritable maître du monde, le maître de demain.

Et il doit entrer en possession de ses droits historiques, prendre en main les rênes du pouvoir dans chaque pays, dans le monde entier.

Nous sommes les élèves de Marx et d’Engels, de Lénine et de Staline. Nous devons être dignes de nos grands maîtres.

Avec Staline à sa tête, notre armée politique, forte de nombreux millions d’hommes, surmontant toutes les difficultés, passant courageusement à travers tous les barrages, doit et saura détruire la forteresse du capitalisme, et faire triompher le socialisme dans le monde entier !

Vive l’unité de la classe ouvrière !

Vive le VIIe congrès mondial de l’Internationale communiste !

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Georgi Dimitrov – Pour l’unité d’action du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et la guerre (1935)

Pour l’unité d’action du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et la guerre – Sténogramme abrégé du discours prononcé à la Salle des colonnes, devant les délégations ouvrières venues en U.R.S.S. à l’occasion du Premier Mai 1935)

Vous êtes venus des pays du Capital au pays, de la dictature du prolétariat, dans l’Union soviétique, qui est le premier, mais non pas le dernier Etat du prolétariat mondial.

Vous avez et vous aurez encore la possibilité de constater de vos propres yeux la prodigieuse différence entre la situation de la classe ouvrière dans les pays où dominent le Capital et le fascisme, et la situation ici, dans un pays où la classe ouvrière, après avoir vaincu la bourgeoisie, édifie victorieusement le socialisme sous la direction du glorieux le rempart de la paix entre les peuples. L’Etat soviétique est la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale.

Et lorsque les chefs social-démocrates réactionnaires disent et écrivent : « Nous ne voulons pas de front unique avec les communistes, parce que nous ne voulons pas recevoir d’ordres de Moscou », ces chefs ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont contre l’Etat prolétarien.

Ils démontrent par là qu’ils sont liés à la bourgeoisie, qu’ils soutiennent la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et sont prêts à aider l’ennemi de classe du prolétariat.

Pour tout ouvrier sincère, en France comme en Angleterre, en Amérique comme en Australie, en Allemagne comme en Espagne, en Chine comme au Japon, dans les pays balkaniques aussi bien qu’aux îles Canaries, pour tout ouvrier sincère, Moscou est son Moscou à lui, l’Union soviétique est son Etat à lui.

Nos adversaires crient souvent aux prétendus « ordres » de Moscou : il va de soi que Moscou ne donne aucun ordre ; suivre l’exemple du grand Lénine et du grand Staline c’est là qu’est le salut pour le prolétariat mondial.

Si vous vous trouvez ici, dans notre grande patrie, si vous examinez l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, vous y discernerez deux courants ou tendances principaux : d’un côté, la partie révolutionnaire du prolétariat déjà constituée en Etat, l’Union soviétique, les communistes et les ouvriers révolutionnaires de tous les pays qui se sentent liés au prolétariat soviétique, à l’Etat soviétique, par les attaches du front unique de combat, dans le monde entier.

De l’autre côté, il y a dans le mouvement ouvrier une autre tendance, un autre courant, le courant dit réformiste, tendance qui continue encore à dominer au sein de la IIe Internationale. Là, point d’Etat prolétarien, point de pouvoir soviétique, point d’Armée rouge, le prolétariat mondial n’a point de puissance de combat.

Là, à côté des partis bourgeois, siègent au gouvernement, par exemple, des Vandervelde et autres chefs qui collaborent avec les capitalistes.

Ils sont liés à leur propre bourgeoisie nationale et soutiennent la politique de « leur » bourgeoisie.

Dans ce camp-là pas d’unité, pas de solidarité internationale.

L’unité internationale d’action et de discipline règne dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial. L’oeuvre qu’accomplit le Parti bolchevik de l’Union soviétique correspond aux intérêts des travailleurs de France, d’Allemagne, d’Amérique et des autres pays, et les efforts des communistes français, anglais, américains, japonais ou chinois ne s’écartent en aucune façon des intérêts de l’Union soviétique.

Ici, dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial, la direction est aux mains de l’Internationale communiste qui groupe dans le monde entier des millions de prolétaires, liés entre eux par une puissante idée unique, une volonté unique, une direction unique, une discipline unique.

Là, c’est la confusion des langues, une véritable tour de Babel.

Mais nous assistons dans les partis social-démocrates à un processus de différenciation, les masses ouvrières deviennent de plus en plus révolutionnaires.

Les partisans du front uni avec les communistes sont de plus en plus nombreux.

Actuellement, devant le danger du fascisme et de la guerre, la tâche fondamentale de tous les travailleurs consiste à établir le front unique prolétarien, l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’ennemi de classe.

Rappelez-vous comment, au procès de Leipzig, véritable provocation, la lutte s’est déroulée pendant trois mois entre le communisme et le fascisme.

A l’occasion de ce procès, bien qu’il n’y ait pas eu de pacte officiellement conclu, un front unique mondial s’était établi pour la défense des communistes non coupables.

Communistes, social-démocrates, anarchistes et sans-parti se sont tous dressés contre le fascisme allemand.

Des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières suivaient au jour le jour la lutte de Leipzig, des millions et des millions de petits bourgeois, de paysans, d’intellectuels, étaient pour le front unique antifasciste.

Les journaux bourgeois, eux-mêmes, les journaux conservateurs qui nous sont hostiles, n’osaient pas écrire contre nous et contre nos déclarations dans ce procès. Le fascisme allemand était isolé à ce moment-là. Hitler, Goering et Goebbels ne trouvaient d’appui moral ni en Allemagne, ni ailleurs.

Depuis le procès de Leipzig, le front unique a encore progressé.

Nous sommes devant le fait d’un accord officiel entre le Parti communiste français et le parti socialiste français, pour l’unité d’action ; nous avons déjà un accord formel entre communistes italiens et socialistes italiens ; différents Partis communistes ont conclu des accords avec des organisations socialistes et une série d’organisations antifascistes.

Le front unique prolétarien progresse, se consolide de plus en plus, mais se heurte en chemin à de formidables obstacles, à la résistance de ses ennemis. Les ennemis du front unique, ce sont tous ceux qui sont liés avec la bourgeoisie et ne veulent pas renoncer à ces liens.

Lorsque la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires aura été brisée, lorsque le front unique de la classe ouvrière aura été établi, l’offensive capitaliste, l’offensive de la réaction et du fascisme se trouveront devant une barrière infranchissable.

La classe ouvrière ne peut mettre en oeuvre toutes ses forces qu’à condition de réaliser l’unité d’action.

Les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques des ouvriers des différentes tendances politiques : communistes, social-démocrates, anarchistes sont identiques.

C’est sur cette base, qu’on peut et qu’on doit établir le front unique.

Qui donc s’y oppose ?

Ce sont les chefs réactionnaires de la social-démocratie, l’idéologie et la politique social-démocrates de collaboration de classe avec la bourgeoisie qui entravent la constitution du front unique prolétarien. Il faut éliminer cet obstacle.

Nous communistes, nous savons que c’est une chose difficile, qu’il n’est pas aisé de supprimer ces obstacles, mais nous sommes convaincus que, par une lutte quotidienne et une action persévérante, le front unique prolétarien, les syndicats uniques de classe et le parti révolutionnaire unique du prolétariat seront enfin créés.

Vous, délégations ouvrières des pays capitalistes, après avoir constaté de vos propres yeux la justesse de la voie de Lénine et de Staline, de la voie de l’Internationale communiste, vous aurez le devoir de dire à vos frères et à vos soeurs des pays capitalistes toute la vérité sur l’U.R.S.S. et de lutter opiniâtrement, sans relâche, pour la défense de la patrie prolétarienne, pour l’établissement définitif du front unique prolétarien.

Transmettez aux travailleurs de vos pays notre ardent salut bolchevik révolutionnaire et dites à tous les ouvriers socialistes que celui qui, à l’heure actuelle, ne soutient pas le front unique, ne lutte pas pour l’unité d’action de la classe ouvrière, que celui qui tolère les campagnes contre l’Union soviétique, contre la patrie du prolétariat mondial, que celui qui soutient la politique de collaboration avec la bourgeoisie, est l’ennemi des intérêts de la classe ouvrière, le complice de la réaction et du fascisme, l’auxiliaire des fauteurs de guerre impérialistes.

Tous solidairement, communistes et socialistes, et tous les autres travailleurs, luttons ensemble, la main dans la main, contre le fascisme, pour la libération des milliers et des milliers de prisonniers du Capital et du fascisme, pour la libération de Thaelmann, de Rakosi, de Tom Mooney, et de tous les révolutionnaires et antifascistes qui souffrent dans les prisons et dans les camps de concentration des pays capitalistes.

Luttons tous ensemble contre les ennemis de l’unité d’action de la classe ouvrière.

Luttons tous ensemble pour la victoire définitive du socialisme dans le monde entier.

Vive l’unité d’action de la classe ouvrière dans chaque pays et sur le plan international !

Vive le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale !Parti bolchevik, avec à sa tête le grand chef du prolétariat mondial, Staline.

Le drapeau Rouge de la révolution prolétarienne flotte victorieusement sur un sixième du globe.

Sur un sixième du globe, le pouvoir est exercé par les ouvriers et les paysans, et non par les capitalistes et les propriétaires fonciers.

Dans cette immense patrie soviétique, des millions d’ouvriers et d’ouvrières, de kolkhoziens et de kolkhoziennes transforment l’ancienne Russie ignorante et arriérée, la Russie des tsars et de la noblesse terrienne, en un pays doté d’une technique perfectionnée, en un pays de mécanisation et d’industrialisation, en un pays de socialisme.

Vous voyez de vos propres yeux ce qu’a pu réaliser la classe ouvrière arrivée au pouvoir.

Vous avez vu sur la place Rouge, le Premier Mai, la grande puissance militaire de l’Union soviétique, notre glorieuse Armée rouge, force de la classe ouvrière, force du pays des Soviets.

Lorsque, sur la place Rouge, nous regardions ensemble les tanks qui passaient, les avions qui nous survolaient, nous ne voyions pas seulement la puissance militaire de la classe ouvrière de l’Union soviétique, mais en même temps, la force, la puissance du prolétariat révolutionnaire mondial.

L’Etat soviétique est l’Etat du prolétariat, il défend les intérêts des ouvriers, des masses travailleuses, des opprimés du monde entier.

Les intérêts de l’Etat soviétique sont ceux du prolétariat mondial.

Lorsque nos frères et nos soeurs russes édifient le socialisme à l’aide de l’émulation socialiste et du travail de choc en poursuivant un opiniâtre effort de création, ils travaillent, ils créent non seulement pour leur pays, mais aussi pour le prolétariat mondial.

Lorsqu’ils renforcent la puissance militaire de l’Armée rouge, ils ne renforcent pas seulement la puissance de l’Union soviétique, mais aussi la puissance du prolétariat mondial.

L’Etat soviétique et son Armée rouge sont le rempart de la paix entre les peuples.

L’Etat soviétique est la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale.

Et lorsque les chefs social-démocrates réactionnaires disent et écrivent : « Nous ne voulons pas de front unique avec les communistes, parce que nous ne voulons pas recevoir d’ordres de Moscou », ces chefs ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont contre l’Etat prolétarien.

Ils démontrent par là qu’ils sont liés à la bourgeoisie, qu’ils soutiennent la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et sont prêts à aider l’ennemi de classe du prolétariat.

Pour tout ouvrier sincère, en France comme en Angleterre, en Amérique comme en Australie, en Allemagne comme en Espagne, en Chine comme au Japon, dans les pays balkaniques aussi bien qu’aux îles Canaries, pour tout ouvrier sincère, Moscou est son Moscou à lui, l’Union soviétique est son Etat à lui.

Nos adversaires crient souvent aux prétendus « ordres » de Moscou : il va de soi que Moscou ne donne aucun ordre ; suivre l’exemple du grand Lénine et du grand Staline c’est là qu’est le salut pour le prolétariat mondial.

Si vous vous trouvez ici, dans notre grande patrie, si vous examinez l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, vous y discernerez deux courants ou tendances principaux : d’un côté, la partie révolutionnaire du prolétariat déjà constituée en Etat, l’Union soviétique, les communistes et les ouvriers révolutionnaires de tous les pays qui se sentent liés au prolétariat soviétique, à l’Etat soviétique, par les attaches du front unique de combat, dans le monde entier.

De l’autre côté, il y a dans le mouvement ouvrier une autre tendance, un autre courant, le courant dit réformiste, tendance qui continue encore à dominer au sein de la IIe Internationale.

Là, point d’Etat prolétarien, point de pouvoir soviétique, point d’Armée rouge, le prolétariat mondial n’a point de puissance de combat.

Là, à côté des partis bourgeois, siègent au gouvernement, par exemple, des Vandervelde et autres chefs qui collaborent avec les capitalistes.

Ils sont liés à leur propre bourgeoisie nationale et soutiennent la politique de « leur » bourgeoisie.

Dans ce camp-là pas d’unité, pas de solidarité internationale.

L’unité internationale d’action et de discipline règne dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial.

L’oeuvre qu’accomplit le Parti bolchevik de l’Union soviétique correspond aux intérêts des travailleurs de France, d’Allemagne, d’Amérique et des autres pays, et les efforts des communistes français, anglais, américains, japonais ou chinois ne s’écartent en aucune façon des intérêts de l’Union soviétique.

Ici, dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial, la direction est aux mains de l’Internationale communiste qui groupe dans le monde entier des millions de prolétaires, liés entre eux par une puissante idée unique, une volonté unique, une direction unique, une discipline unique.

Là, c’est la confusion des langues, une véritable tour de Babel.

Mais nous assistons dans les partis social-démocrates à un processus de différenciation, les masses ouvrières deviennent de plus en plus révolutionnaires.

Les partisans du front uni avec les communistes sont de plus en plus nombreux.

Actuellement, devant le danger du fascisme et de la guerre, la tâche fondamentale de tous les travailleurs consiste à établir le front unique prolétarien, l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’ennemi de classe.

Rappelez-vous comment, au procès de Leipzig, véritable provocation, la lutte s’est déroulée pendant trois mois entre le communisme et le fascisme.

A l’occasion de ce procès, bien qu’il n’y ait pas eu de pacte officiellement conclu, un front unique mondial s’était établi pour la défense des communistes non coupables.

Communistes, social-démocrates, anarchistes et sans-parti se sont tous dressés contre le fascisme allemand.

Des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières suivaient au jour le jour la lutte de Leipzig, des millions et des millions de petits bourgeois, de paysans, d’intellectuels, étaient pour le front unique antifasciste. Les journaux bourgeois, eux-mêmes, les journaux conservateurs qui nous sont hostiles, n’osaient pas écrire contre nous et contre nos déclarations dans ce procès. Le fascisme allemand était isolé à ce moment-là. Hitler, Goering et Goebbels ne trouvaient d’appui moral ni en Allemagne, ni ailleurs.

Depuis le procès de Leipzig, le front unique a encore progressé.

Nous sommes devant le fait d’un accord officiel entre le Parti communiste français et le parti socialiste français, pour l’unité d’action ; nous avons déjà un accord formel entre communistes italiens et socialistes italiens ; différents Partis communistes ont conclu des accords avec des organisations socialistes et une série d’organisations antifascistes.

Le front unique prolétarien progresse, se consolide de plus en plus, mais se heurte en chemin à de formidables obstacles, à la résistance de ses ennemis. Les ennemis du front unique, ce sont tous ceux qui sont liés avec la bourgeoisie et ne veulent pas renoncer à ces liens.

Lorsque la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires aura été brisée, lorsque le front unique de la classe ouvrière aura été établi, l’offensive capitaliste, l’offensive de la réaction et du fascisme se trouveront devant une barrière infranchissable.

La classe ouvrière ne peut mettre en oeuvre toutes ses forces qu’à condition de réaliser l’unité d’action.

Les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques des ouvriers des différentes tendances politiques : communistes, social-démocrates, anarchistes sont identiques. C’est sur cette base, qu’on peut et qu’on doit établir le front unique.

Qui donc s’y oppose ?

Ce sont les chefs réactionnaires de la social-démocratie, l’idéologie et la politique social-démocrates de collaboration de classe avec la bourgeoisie qui entravent la constitution du front unique prolétarien.

Il faut éliminer cet obstacle.

Nous communistes, nous savons que c’est une chose difficile, qu’il n’est pas aisé de supprimer ces obstacles, mais nous sommes convaincus que, par une lutte quotidienne et une action persévérante, le front unique prolétarien, les syndicats uniques de classe et le parti révolutionnaire unique du prolétariat seront enfin créés.

Vous, délégations ouvrières des pays capitalistes, après avoir constaté de vos propres yeux la justesse de la voie de Lénine et de Staline, de la voie de l’Internationale communiste, vous aurez le devoir de dire à vos frères et à vos soeurs des pays capitalistes toute la vérité sur l’U.R.S.S. et de lutter opiniâtrement, sans relâche, pour la défense de la patrie prolétarienne, pour l’établissement définitif du front unique prolétarien.

Transmettez aux travailleurs de vos pays notre ardent salut bolchevik révolutionnaire et dites à tous les ouvriers socialistes que celui qui, à l’heure actuelle, ne soutient pas le front unique, ne lutte pas pour l’unité d’action de la classe ouvrière, que celui qui tolère les campagnes contre l’Union soviétique, contre la patrie du prolétariat mondial, que celui qui soutient la politique de collaboration avec la bourgeoisie, est l’ennemi des intérêts de la classe ouvrière, le complice de la réaction et du fascisme, l’auxiliaire des fauteurs de guerre impérialistes.

Tous solidairement, communistes et socialistes, et tous les autres travailleurs, luttons ensemble, la main dans la main, contre le fascisme, pour la libération des milliers et des milliers de prisonniers du Capital et du fascisme, pour la libération de Thaelmann, de Rakosi, de Tom Mooney, et de tous les révolutionnaires et antifascistes qui souffrent dans les prisons et dans les camps de concentration des pays capitalistes.

Luttons tous ensemble contre les ennemis de l’unité d’action de la classe ouvrière.

Luttons tous ensemble pour la victoire définitive du socialisme dans le monde entier.

Vive l’unité d’action de la classe ouvrière dans chaque pays et sur le plan international !

Vive le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale !

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Georgi Dimitrov et la définition du fascisme

Une fois en URSS, Georgi Dimitrov participa à de très nombreuses célébrations, devenant une figure importante du pays.

Ce ne fut cependant pas tout : il participa aux travaux du VIIe congrès de l’Internationale Communiste, où il présenta dès le premier jour, le 2 août 1935, le rapport « L’offensive du fascisme et les tâches de l’Internationale Communiste dans la lutte pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme ».

Le VIIe congrès de l'Internationale Communiste
Le VIIe congrès de l’Internationale Communiste

Il prononça également le discours de clôture du rapport au VIIe congrès, le 13 août, sous le titre « Pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme ».

Le 20 août, il prononça également le discours de clôture du congrès, dont le titre était « Les dirigeants actuels des pays capitalistes sont des personnages passagers. Le véritable maître du monde est le prolétariat ».

Il est alors également élu secrétaire général du comité exécutif de l’Internationale Communiste, poste qu’il conservera jusqu’en mai 1943, date de sa dissolution.

Ce qui fait que Georgi Dimitrov est, historiquement, le théoricien de l’antifascisme. Son point de vue est construit de manière dialectique, en s’appuyant sur le principe d’une vaste séquence historique.

Le premier point est que, du point de vue du communisme, le fascisme apparaît comme le produit inévitable du capitalisme en crise ; il s’élabore comme réaction et passe à l’offensive une fois les conditions réunies. Georgi Dimitrov formule cela de la manière suivante :

« Dans les conditions de la crise économique extrêmement profonde, de l’aggravation marquée de la crise générale du capitalisme, du développement de l’esprit révolutionnaire dans les masses travailleuses, le fascisme est passé à une vaste offensive.

La bourgeoisie dominante cherche de plus en plus le salut dans le fascisme, afin de prendre contre les travailleurs des mesures extraordinaires de spoliation, de préparer une guerre de brigandage impérialiste, une agression contre l’Union Soviétique, l’asservissement et le partage de la Chine et sur la base de tout cela de conjurer la révolution.

Les milieux impérialistes tentent de faire retomber tout le poids de la crise sur les épaules des travailleurs. C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.

Ils s’efforcent de résoudre le problème des marchés par l’asservissement des peuples faibles, par l’aggravation du joug colonial et par un nouveau partage du monde au moyen de la guerre.

C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.

Ils s’efforcent de devancer la montée des forces de la révolution en écrasant le mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans et en lançant une agression militaire contre l’Union Soviétique, rempart du prolétariat mondial.

C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme. »

Pour cette raison, le fascisme est un terrorisme dirigée par les couches les plus agressives de la bourgeoisie. C’est une tentative de maintenir la domination du capitalisme en s’appuyant sur une base toujours plus restreinte, exigeant par conséquent toujours plus de terrorisme. La définition du fascisme de Georgi Dimitrov est devenu un élément de base de l’idéologie communiste :

« Le fascisme au pouvoir est, comme l’a caractérisé avec raison la XIIIe Séance Plénière du Comité exécutif de l’Internationale Communiste, la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier.

La variété la plus réactionnaire du fascisme, c’est le fascisme du type allemand, il s’intitule impudemment national-socialisme sans avoir rien de commun avec le socialisme allemand.

Le fascisme allemand ce n’est pas seulement un nationalisme bourgeois, c’est un chauvinisme bestial. C’est un système gouvernemental de banditisme politique, un système de provocation et de tortures à l’égard de la classe ouvrière et des éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et des intellectuels.

C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie.

C’est une agression effrénée à l’égard des autres peuples et des autres pays. »

Ce faisant, Georgi Dimitrov s’oppose formellement à l’interprétation trotskyste, anarchiste et social-démocrate du fascisme, qui serait l’expression d’une révolte de la petite-bourgeoisie. Si la petite-bourgeoisie en voie de déclassement peut effectivement être happé par le fascisme en raison de sa démagogie, ce n’est pas elle qui est toutefois aux commandes.

Georgi Dimitrov souligne cela ainsi :

« Le fascisme, ce n’est pas une forme du pouvoir d’Etat qui, prétendument, « se place au-dessus des deux classes, du prolétariat et de la bourgeoisie », ainsi que l’affirmait, par exemple, Otto Bauer.

Ce n’est pas « la petite bourgeoisie en révolte qui s’est emparée de la machine d’Etat », comme le déclarait le socialiste anglais Brailsford.

Non. Le fascisme, ce n’est pas un pouvoir au-dessus des classes, ni le pouvoir de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassées du prolétariat sur le capital financier.

Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. »

Georgi Dimitrov posait là les bases théoriques qui allaient permettre de comprendre la nature du fascisme et de lui opposer le Front populaire antifasciste.

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