Le Comité Central du PCUS se réunit en session du 22 au 29 juin 1957, pour considérer la « question du groupe anti-parti de Malenkov, Kaganovitch et Molotov qui s’est formé au sein du Présidium du Comité Central du Parti ».
Le bilan de la session est que le « groupe anti-parti » s’est formé à la suite du XXe congrès du PCUS pour en contrer les décisions, mais qu’en fait déjà auparavant ses membres cherchaient à s’opposer à la tendance s’affirmant, principalement la coexistence pacifique.
Le bilan de la session explique que Georgi Malenkov, Lazare Kaganovitch et Vyatislav Molotov cherchaient à contrer la réorganisation de l’industrie et de l’agriculture, s’opposant ainsi à la croissance nécessaire. Mieux encore :
« Les camarades Malenkov, Kaganovitch et Molotov s’opposaient de manière véhémente aux mesures prises par le Comité Central et l’ensemble du Parti pour éliminer les conséquences du culte du dirigeant individuel, pour éliminer les violations de la loi révolutionnaire qui se sont produites et pour créer des conditions ôtant le sol à cela. »
Selon le bilan de la session, toute l’URSS soutiendrait le XXe congrès ; Malenkov, Kaganovitch et Molotov seraient restés « sourds à ce mouvement créatif des masses ».
C’est principalement Vyatislav Molotov qui est visé, Lazare Kaganovitch étant considéré comme pratiquement équivalent dans son opposition, Georgi Malenkov étant moins impliqué mais engagé dans le même esprit :
« Le camarade Molotov a formé des obstacles à la conclusion du traité d’État avec l’Autriche et à l’amélioration des relations avec cet État situé au centre de l’Europe. La conclusion du traité avec l’Autriche revêt une grande importance pour la réduction de la tension internationale générale. Il était également opposé à la normalisation des relations avec le Japon, alors que cette normalisation a joué un rôle important dans le relâchement des tensions internationales en Extrême-Orient.
Il s’est opposé aux propositions fondamentales élaborées par le Parti sur la possibilité de prévenir les guerres dans les conditions actuelles, sur la possibilité de passer différemment au socialisme dans différents pays, sur la nécessité de renforcer les contacts entre le Parti communiste d’Union soviétique et les partis progressistes de pays étrangers.
Le camarade Molotov s’est opposé à plusieurs reprises aux nouvelles mesures nécessaires du gouvernement soviétique en matière de défense de la paix et de sécurité des peuples. Il a notamment nié l’opportunité d’établir des contacts personnels entre les dirigeants de l’URSS et les hommes d’État d’autres pays, ce qui est essentiel pour parvenir à la compréhension mutuelle et améliorer les relations internationales.
Sur nombre des questions ci-dessus, l’avis du camarade Molotov a été appuyé par le camarade Kaganovich et, dans un certain nombre de cas, par le camarade Malenkov (…).
Ce qui sous-tend la position des camarades Malenkov, Kaganovich et Molotov – qui est en contradiction avec la ligne du parti – est le fait qu’ils étaient et sont toujours enchaînés par de vieilles notions et méthodes, qu’ils sont devenus séparés de la vie du parti et du pays et ne voient pas les nouvelles conditions, la nouvelle situation, qu’ils adoptent une attitude conservatrice et s’attachent obstinément à des formes et des méthodes de travail obsolètes qui ne correspondent plus aux intérêts du mouvement vers le communisme, rejetant ainsi ce qui est engendré par la vie et découle des intérêts du développement de la société soviétique, des intérêts de tout le camp socialiste (…).
Tant dans les questions intérieures que dans les questions de politique étrangère, ils sont sectaires et dogmatiques et utilisent une approche scolastique et inerte du marxisme-léninisme.
Ils ne réalisent pas que, dans les conditions actuelles, le marxisme-léninisme en action et la lutte pour le communisme se manifestent dans la mise en œuvre des décisions du XXe Congrès du Parti, dans la poursuite persistante de la politique de la coexistence pacifique, de la lutte pour l’amitié entre les peuples et la politique de consolidation de part en part du camp socialiste, dans la gestion industrielle améliorée, dans la lutte pour le progrès global de l’agriculture, pour l’abondance de produits alimentaires, pour la construction de logements à grande échelle, pour l’élargissement des pouvoirs des républiques fédérées, pour l’épanouissement des cultures nationales, pour le développement général de l’initiative des masses. »
Toute l’argumentation profitait de la thèse de la nouvelle période censée avoir commencé en 1952. Le XXe congrès avait été la réalisation révisionniste des erreurs fondamentales du XIXe congrès de 1952.
L’écrasement du « groupe anti-parti » marquait la fin de cette séquence.