UJC (ml) : Et maintenant aux usines ! (1968)

[Tract du 7 mai 1968.]

La colère gronde parmi les masses populaires.

Un million de sans-travail. Des salaires de misère. La répression fasciste chez Dassault, Citroën, Simca et dans bien d’autres usines.

Les CRS contre les manifestations d’ouvriers et de paysans au Mans, à Redon, à Caen.

Depuis plusieurs mois, des révoltes populaires ont éclaté contre le patronat et le gaullisme.

Partout, les appareils réformistes, la direction révisionniste du PCF, la direction bureaucratique de la CGT se sont efforcés de briser le mouvement des masses à Rhodiaceta, à Schwartz-Hautmont, à Aluvac, à la Céramique d’Alès, et en bien d’autres endroits.

Mais, de plus en plus, les permanents de la CGT et du PCF sont mis en échec et démasqués par le mouvement des masses.

De plus en plus, les masses prennent conscience de leurs manœuvres visant à briser la lutte de classe dans l’usine, afin de canaliser l’action vers des objectifs réformistes et surtout vers les joutes parlementaires.

A l’occasion des manifestations d’étudiants et de la violente répression policière, une poussée populaire est apparue dans la rue : lundi et surtout mardi des ouvriers, des jeunes travailleurs sont venus manifester dans la rue avec les étudiants.

Cette participation des ouvriers reflète la colère qui gronde, parmi les larges masses de la classe ouvrière contre le gaullisme, régime de chômage et de misère, et le révisionnisme, appareil réactionnaire de démobilisation des masses.

Les masses veulent lutter contre le gaullisme.

Sur la question des manifestations de rue, de leurs mots d’ordre et de leur parcours, il faut désormais engager la lutte contre les obstacles que tentent d’opposer les réformistes, aider les masses à les rompre et à se frayer une voie vers la lutte révolutionnaire de classe.

Trois forces réactionnaires se sont liguées pour réprimer ou freiner le mouvement révolutionnaire des masses.
Le gaullisme lance, en assauts répétés ses troupes d’agression contre la population, les étudiants, les ouvriers.

La Social-Démocratie (PSU, SFIO, trotskistes, bureau de l’UNEF) a, très tôt, tenté de tirer parti du mouvement des étudiants.

Elle a pour objectifs de maintenir les étudiants isolés de la classe ouvrière et de limiter le mouvement à des objectifs réformistes :  » réformes de structure  » à l’université, débouchés pour les jeunes cadres, etc.

Ces objectifs sont reflétés par la ligne politique réactionnaire suivie ces derniers jours par le bureau de l’UNEF : maintenir à tout prix les étudiants au quartier latin; limiter les mots d’ordre à de dérisoires revendications étudiantes, incapables d’unir avec les étudiants de larges masses d’ouvriers et de paysans.

Les révisionnistes du PCF et de la direction de la CGT ont d’abord brutalement attaqué le mouvement étudiant démasquant ainsi leur véritable nature contre-révolutionnaire.

La colère des masses a explosé contre ces traîtres, complices de la police.

Affolés, ils ont battu quelque peu en retraite et se sont ralliés à l’opération de leurs amis sociaux-démocrates : limiter les objectifs du mouvement aux trois points du bureau de l’UNEF.

Ainsi les révisionnistes prétendent que les ouvriers descendent dans la rue pour les libertés universitaires.

C’est faux : les ouvriers descendent dans la rue parce qu’ils veulent se battre contre le gaullisme, régime de chômage et de misère, parce qu’ils veulent en finir avec la répression.

Un seul drapeau peut unir les larges masses des ouvriers, des paysans pauvres et des étudiants :

-le renversement du gaullisme,

-la conquête de la liberté pour les larges masses populaires, la dictature sur les exploiteurs.

Balayons les mots d’ordre réformistes, purement universitaires, et les petits groupes révisionnistes et sociaux-démocrates qui se liguent pour tenter de nous barrer la voie des masses populaires, la voie de la révolution !

Quittons les quartiers bourgeois où nous n’avons que faire. Allons aux usines et aux quartiers populaires nous unir aux ouvriers.

A BAS LE GAULLISME!
LIBERTE POUR LES MASSES POPULAIRES!

UJC (m-l), Cercles  » Servir le Peuple « 

mardi 7 mai 1968

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UJC (ml) : Les tâches immédiates des communistes dans l’usine (1968)

[Mai 1968.]

La pensée de Mao est le marxisme-léninisme de notre époque parce qu’elle constitue le bilan et la synthèse de l’expérience d’un siècle de lutte du mouvement ouvrier.

Elle montre comment la lutte de classe acharnée entre prolétariat et bourgeoisie se traduit par la lutte entre deux conceptions du monde, la conception bourgeoise du monde, fondée sur l’individualisme et l’égoïsme, et la conception prolétarienne du monde, fondée sur le dévouement à la cause du peuple.

Cette lutte de classe se reflète dans chaque esprit.

C’est pourquoi un révolutionnaire prolétarien doit être, comme le dit LIN PIAO, à la fois une cible et un moteur de la révolution.

Nous devons faire la révolution, abattre la bourgeoisie et le capital, construire une société socialiste.

Mais il nous faut pour cela nous révolutionnariser nous-mêmes, abattre la conception bourgeoise du monde et implanter l’idéologie de  » Servir le Peuple « .

Sinon, en effet, nous ne pourrons pas gagner la confiance des masses de notre pays, nous ne pourrons pas lutter avec fermeté et clairvoyance, nous deviendrons de faux révolutionnaires, de faux communistes.

Si ce n’est pas l’idéologie de  » Servir le Peuple « , si ce n’est pas la théorie de la lutte de classe, si ce n’est pas la pensée de Mao, qui nous guident, ce sera l’idéologie révisionniste, bureaucratique et arriviste, ce sera la théorie de la collaboration de classe, ce sera la conception bourgeoise du monde qui nous guideront.

Le peuple a besoin de communistes de type nouveau, entièrement dévoués au peuple, inflexibles sur les principes, révolutionnaires et étroitement liés aux larges masses, des communistes armés de la pensée de MAO TSETOUNG.

C’est là notre tâche principale :  » former, dans un but réfléchi, des milliers et des milliers de cadres et des centaines d’excellents dirigeants des masses.

Ces cadres et ces dirigeants doivent s’assimiler le marxisme-léninisme, avoir de la clairvoyance politique, de la compétence dans le travail, être pénétrés de l’esprit de sacrifice, capables de résoudre les problèmes par eux-mêmes, inébranlables devant les difficultés et entièrement dévoués à la nation, à leur classe et au Parti « …

1° La trahison des directions syndicales a obligé la classe ouvrière à reprendre le travail. Mais la lutte continue, sous d’autres formes, contre le capital et les traîtres.

Les syndicalistes prolétariens et les communistes doivent également continuer la lutte sous d’autres formes. Les conditions sont excellentes.

A partir des leçons du mouvement gréviste de masse, d’énormes possibilités d’organisation de la gauche prolétarienne s’ouvrent.

Assemblées dans les ateliers, à tous les niveaux, pour faire le bilan de la grève, pour demander des comptes à tous les délégués, pour balayer les traîtres, pour obliger les indécis à se mettre sous le contrôle des masses.

Renforcement de la CGT de luttes de classe, organisation à la base des syndicalistes prolétariens de la CGT.

Lutte pied à pied contre l’offensive patronale, pour que ça ne redevienne pas comme avant, pour que l’immense capital de lutte accumulé ne dorme pas : contre les cadences, la répression, les salaires – nouveaux cahiers de revendications.

Action pour l’unité syndicale sur la base de lutte de classe, pour le travail en commun avec les militants résolus des autres syndicats.

Propagande pour le Front Populaire, large débat sur le projet de programme de Front Populaire.

Les camarades ouvriers doivent être sur l’initiative.

Il faut faire connaître aux masses la ligne du syndicalisme prolétarien (par tract, journaux), afin que tous ceux qui sont conscients de la trahison de la direction de la CGT se regroupent autour de notre drapeau.

Ils concentreront leurs attaques sur les délégués pourris en accentuant les contradictions entre eux et les cadres intermédiaires (délégués passifs, indécis, militants attachés aux vieilles traditions); ils uniront à eux tous ceux qui peuvent être unis en étant partout et toujours les meilleurs serviteurs du peuple, les vrais dirigeants.

2° Seuls des vrais communistes, armés de la pensée de Mao, peuvent correctement remplir ces tâches.

La condition d’un travail correct dans l’usine c’est l’existence d’un noyau communiste, étudiant la pensée de MAO en fonction des problèmes à résoudre, ayant une vue politique claire, pratiquant un style de travail fondé sur la critique, l’autocritique l’enquête.

Beaucoup de camarades se sont spontanément regroupés sur la ligne de syndicalisme prolétarien au cours des grèves.

Mais les tâches d’organisation communiste ont été souvent négligées.

Or dans tout syndicat la lutte est constante entre le prolétariat et la bourgeoisie pour en prendre la direction.

Si ce n’est pas la pensée de Mao Tsétoung qui dirige la CGT, ce sera le révisionnisme moderne.

Si ce ne sont pas les ouvriers /communistes qui dirigent la gauche prolétarienne, cette gauche prolétarienne ne balaiera pas radicalement la direction des révisionnistes dans le syndicat.

3° Seul un noyau communiste pourra organiser la lutte dans l’usine, pratiquer la ligne de masse, élaborer une tactique, faire une propagande correcte.

Ce noyau changera au cours de la lutte, mais il faut qu’il se constitue le plus vite possible, il faut que s’opère la fusion entre le marxisme-léninisme, la pensée de Mao, et les éléments les plus avancés du prolétariat.

En effet, notre ligne dans le syndicat déterminée par une ligne politique plus générale : comment diriger la révolution populaire, comment mener le combat de la classe ouvrière et du Peuple.

Pour avoir une tactique syndicale juste, il faut pouvoir expliquer pourquoi les à-géants CGT ont trahi (nature du révisionnisme), pourquoi le parlementarisme est une duperie (problème de la prise du pouvoir), pourquoi il faut s’organiser (relation entre parti et syndicat), etc.

De plus, un style de travail correct, un style de travail communiste, ne s’improvise pas : sans étude, sans enquête, sans critique et autocritique, les communistes ne pourront jamais organiser les masses et leur donner l’exemple Sur tous ces points, les GTC établiraient eux-mêmes un plan d’étude progressif.

4° L’existence de plusieurs centaines de noyaux communistes dans les usines, qui est possible dès aujourd’hui, permettra seule l’élaboration d’une tactique de lutte dans les usines et dans la CGT à l’échelle nationale.

Seuls les communistes dans les usines peuvent en effet recueillir les idées des masses ouvrières et les systématiser.

L’appel des syndicalistes prolétariens ne fixe qu’un cadre général; il faut une ligne commune d’action contre le patronat, dans la CGT, pour les rapports avec les autres centrales.

Cette ligne commune doit être élaborée par les communistes. Dès que les noyaux de communistes se seront renforcés à travers toute la France, dès que la pensée de Mao constituera leur bien commun, une réunion centrale permettra de constituer un groupe dirigeant d’ouvriers communistes et de mettre au point une tactique unifiée, et des textes d’orientation et de propagande.

5° L’existence de noyaux communistes est aussi vitale pour assurer une propagande politique dans l’usine.

En effet, le travail syndical n’est qu’un aspect du travail communiste, ce n’est qu’une des armes de la révolution.

Les masses veulent savoir ce qu’est le socialisme : il faut leur expliquer ce qu’es la Chine rouge, et la Révolution Culturelle, pourquoi le PCF a dégénéré, pourquoi l’URSS a changé de camp : il faut leur expliquer ce qu’est le révisionnisme, et le retour au capitalisme.

Elles veulent savoir comment répondre à la répression du capital, comment établir un gouvernement populaire : il leur expliquer ce qu’est la révolte populaire et le front populaire, comment unir le peuple autour de la classe ouvrière, quelles seront les étapes de notre révolution.

Il faut donc que les ouvriers communistes puissent répondre à ces besoins des masses, il faut qu’ils s’assimilent expérience historique du prolétariat international et les positions du mouvement communiste international, concentrées dans la pensée de Mao.

6° Les communistes n’ont pas pour seule tâche le travail dans l’usine.

Les communistes savent qu’ils ne libèrent le prolétariat que s’ils libèrent l’humanité tout entière du joug de l’impérialisme, du capitalisme.

Les noyaux d’ouvriers communistes prendront en main les tâches de propagande politique dans toutes les couches du Peuple (paysannerie laborieuse, intellectuels, couches travailleuses) avec l’aide du projet de programme de Front Populaire.

Les jeunes ouvriers participeront activement cet été à la Longue Marche de la Jeunesse.

7° Les communistes du Mouvement de Soutien aux Luttes
du Peuple ont su se lier aux masses et diffuser la ligne de
syndicalisme prolétarien « .

Ils doivent aujourd’hui armer les syndicalistes prolétariens de la pensée de Mao Tsétoung afin que de véritables noyaux communistes puissent à l’intérieur de chaque usine diriger la lutte.

Le travail communiste sur l’usine doit être pris en main par les ouvriers avancés afin de ne pas dépendre des communistes et des étudiants progressistes de l’extérieur.

Les camarades ouvriers, par l’étude du marxisme-léninisme, pourront prendre pleinement la direction de la lutte et mener les ouvriers à la victoire.

Toute passivité, tout opportunisme chez les étudiants et les Comités de soutien, qui retarderaient la diffusion de la pensée de Mao Tsétoung, doivent être combattus énergiquement.

Les syndicalistes prolétariens ont acquis une grande expérience au cours de la lutte, ils ont remporté des succès, et commis des erreurs.

Il leur faut tirer les leçons de cette expérience, l’élever au niveau de la théorie marxiste-léniniste.

Le camarade Mao Tsétoung déclare :

 » Ceux qui ont l’expérience du travail doivent se consacrer à l’étude théorique et travailler sérieusement sur les livres : c’est alors seulement qu’ils pourront systématiser leur expérience, la synthétiser et l’élever au niveau de la théorie; ils éviteront ainsi de prendre leur expérience limitée pour une vérité générale et de commettre des erreurs d’ordre empirique. « 

En étudiant les citations de Mao Tsétoung les communistes doivent avoir en tête l’instruction de Lin Piao : lier l’étude et l’application.

L’étude des citations de Mao Tsétoung permettra de guider et d’orienter l’étude d’autres textes importants du marxisme-léninisme et du mouvement communiste international, elle permettra de combattre la conception bourgeoise de l’étude, coupée de la pratique et formant des spécialistes bourgeois.

Chaque GTC établira à partir des citations proposées ci-joint, son propre plan d’étude.

En aidant les ouvriers communistes à étudier le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Tsétoung, les étudiants marxistes-léninistes se rééduquent eux-mêmes, apprendront à lier la théorie et la pratique et à combattre la suffisance de l’intellectuel bourgeois.

8° La constitution ou le renforcement des noyaux communistes des groupes de travail communistes (GTC), se fera par des réunions d’étude de la pensée de Mao, appliquée aux problèmes concrets de l’usine et aux besoins de la formation et de la propagande idéologique et politique.

Une série de citations et de textes est donc proposée à l’ensemble des GTC. Elle tient compte des besoins immédiats de l’ensemble et doit servir aux discussions.

Ces réunions d’étude doivent se tenir le plus vite possible, et avoir lieu régulièrement, avec des rapports préparés.
Les trois points essentiels à travailler sont :

a) l’union de la théorie et de la pratique, c’est-à-dire l’étude des citations de Mao et des textes du mouvement communistes en fonction de la lutte syndicale et de la propagande politique,

b) un style de travail communiste fondé sur la critique et l’auto-critique : tirer le bilan de toutes les erreurs, en voir la racine politique, critiquer le relâchement, le découragement, l’impatience, le manque de sérieux, l’individualisme et l’égoïsme,

c) une pratique constante de l’enquête, afin d’éliminer le subjectivisme et connaître à tout moment les besoins et l’état d’esprit des masses. Par exemple le travail en direction des immigrés et des femmes a souvent été négligé. Par exemple la position de chaque délégué doit être  » étudier avant de porter des jugements ».

9° II nous faut distinguer soigneusement entre le noyau communiste (ou GTC), constitué à partir des syndicalistes prolétariens les plus résolus, et la gauche prolétarienne, que le GTC devra organiser.

Dans une première étape, les comités de soutien aideront les GTC à étudier et à appliquer la pensée de Mao.

Dans une deuxième étape, une conférence réunira des délégués de tous les GTC afin d’élaborer la ligne et de prendre des décisions.

Ainsi sera édifiée la base ouvrière du Parti Communiste Révolutionnaire Prolétarien.

Dans chaque usine où des syndicalistes prolétariens ont été constitués, une future cellule du Parti doit être mise sur pied. C’est la condition d’une direction ouvrière du futur Parti.

Le parti est l’une des trois armes de la révolution; le parti, front uni, armée rouge.

C’est la condition des deux autres armes, car le front uni et l’armée doivent être sous la direction d’un parti communiste, noyau du peuple français.

Ce parti est aujourd’hui une exigence des masses.

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UJC (ml) : Vive les étudiants de Nanterre de Paris Vive l’unité populaire contre la violence et la répression! (1968)

[4 mai 1968.]

Depuis plus d’un mois, un nombre grandissant d’étudiants et de jeunes se révoltent et luttent contre la bourgeoisie. Les étudiants de Nanterre ont dans cette révolte joué un rôle d’avant-garde.

Toutes les forces répressives de la bourgeoisie se sont mobilisées pour écraser ce mouvement; elles ont utilisé la presse, les bandes fascistes, l’intimidation par l’administration universitaire, les arrestations et enfin l’agression de forces policières massives.

Tous les réactionnaires (y compris la clique dirigeante révisionniste), pris de panique, ont constitué un front uni et fomenté un vaste complot contre les étudiants : calomnier les étudiants progressistes, déverser un flot de mensonges, tout mettre en oeuvre pour les isoler de la population et permettre ainsi leur écrasement par les bandes fascistes et les troupes d’agression policière.

Mais cette offensive de la réaction, loin d’intimider les étudiants, a renforcé leur résolution.

Le mouvement des étudiants progressistes s’est impétueusement développé.

Malgré les contre-courants la masse des étudiants progressistes a brisé les manoeuvres d’encerclement et s’est orientée vers le peuple, vers les larges masses de la classe ouvrière, des travailleurs et de la population.

LE MOUVEMENT DE SOUTIEN AUX LUTTES DU PEUPLE CONNAIT UN GRAND ESSOR.

Le 3 mai, pendant près de 6 heures, de 17 heures à 23 heures environ, la masse des étudiants du Quartier Latin s’est bravement dressée contre les C. R. S. et la répression.

Comptant sur leurs propres forces et bénéficiant de l’appui de la population, ils se sont spontanément organisés et ont sévèrement châtié les provocations policières.

Déjà le mouvement de résistance aux brutalités policières se développe parmi les masses populaires.

Le 3 mai, une partie de la population s’est elle-même portée aux côtés des étudiants pour les aider à résister à la violence.

Les C. R. S. se sont comportés à l’égard de la population comme des troupes d’occupation en territoire ennemi, s’en prenant brutalement aux masses sans aucune distinction.

Ils ont suscité ainsi une grande colère dans la population.

Des masses populaires de plus en plus larges sont frappées depuis des mois et des années par la répression et la violence contre-révolutionnaire. Ces derniers temps les C. R. S. et autres troupes d’agression contre la population se sont livrés à des attaques brutales à l’égard des paysans de Redon, puis à l’égard des ouvriers et des masses populaires du Mans, de Caen, de Redon qui ont vaillamment combattu et châtié les agresseurs.

Ainsi des masses de plus en plus grandes d’ouvriers, de paysans, et d’étudiants prennent conscience de la nécessité de mettre un terme aux agressions policières, de faire cesser la répression.

Dans leur lutte contre la répression, les étudiants doivent résolument s’unir avec les larges masses populaires, et en particulier de la classe ouvrière, qui combattent depuis longtemps le même ennemi.

Ils doivent se mettre au service des travailleurs, force principale de la révolution.

Ouvriers, paysans, étudiants doivent s’entraider et se soutenir mutuellement pour défendre la liberté populaire et mettre en échec la violence policière.

Si les larges masses populaires des ouvriers, des paysans, des étudiants, persévèrent dans la lutte, conquièrent leur unité et forment un vaste front contre la répression policière, elles briseront inéluctablement les plans d’agression de la bourgeoisie.      

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Message de l’UJCML au Gong (1968)

[Avril 1968.]

Au moment où la « justice » colonialiste française veut frapper à travers le GONG [Groupe d’Organisation Nationale de Guadeloupe] tous les patriotes guadeloupéens, le Bureau Politique de l’UJC{(ML) salue la lutte courageuse des patriotes guadeloupéens avec à leur tête le GONG.

Face à l’impérialisme français et ses valets, le peuple guadeloupéen a engagé le combat de l’indépendance nationale.

En eflet, seule l’indépendance exprime les justes aspiration du peuple guadeloupéen.

Les révisionnistes et les autres valets de l’impérialisme français ont tenté de dévoyer le peuple guadeloupéen vers la revendication traitresse de « l’autonomie » afin de préserver les intérêts fondamentaux de l’impérialisme français : mais les masses, instruites par leur lutte, les ont démasqués. Le procès actuel se retourne contre ses instigateurs.

Les patriotes dénoncent le colonialisme français, les révisionnistes français dévoilent leur position social-chauvine ; le colonialisme francais et ses valets sont mis au ban des accusés devant les peuples du monde.

Les marxistes-léninistes français se tiendront résolument aux côtes de leurs frères de combat guadeloupéens pour abattre leur ennemi commun, l’impérialisme français.

L’UJC (ML) soutient totalement la lutte du peuple guadeloupéen pour l’Indépendance et la liberté.

L’héroïque peuple vietnamien montre qu’un peuple, aussi petit soit- il, peut vaincre l’impérialisme, aussi puissant soit-il, si, comptant sur ses propres forces, il mène une lutte prolongée tirant sa puissance des masses populaires.

Nul doute que les marxistes-léninistes guadeloupéens, armés de la pensée de Mao Zedong, sauront libérer les immenses ressources des masses populaires et les conduire à la victoire.

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE GUADELOUPEEN POUR L’INDEPENDANCE!
A BAS L’IMPERIALISME FRANÇAIS ET SES COMPLICES REVISIONNISTES !
VIVE LE GONG !
LE PEUPLE GUADELOUPEEN VAINCRA!

Le Bureau Politique de l’UJC (ML)         

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UJC (ml) : Pour un travail correct parmi les étudiants (1968)

[Directive du Bureau Politique de l’UJCML, avril 1968.]

1. Liquider le sectarisme.

Des erreurs sectaires sont apparues dans le travail de certains de nos camarades parmi les étudiants.

Il est arrivé que nos camarades se contentent de manifester du mépris à l’égard du caractère brouillon, anarchique et, à certains égards erroné, du mouvement de révolte des étudiants, sans en saisir le courant principal positif.

Certains de nos camarades ont adopté une attitude de supériorité se donnant le rôle de représentants du prolétariat parmi les étudiants ou bien manifestant une fierté trop voyante des liens qui nous unissent aux ouvriers et des connaissances que nous commençons d’avoir du mouvement ouvrier.

Ce sont des erreurs qui doivent être éliminées radicalement, et que l’on ne doit plus voir se reproduire.

Le Président Mao a indiqué :  » dans tout mouvement de masse, un communiste doit se comporter en ami des masses, et non en politicien bureaucrate « .

Cela s’applique également au mouvement de masse des étudiants.

Nous devons donc extirper toute trace de suffisance communiste, apprendre et éduquer à la fois, et gagner la confiance et l’amitié des étudiants parmi lesquels nous travaillons.

II est probable que le mouvement de masse de révolte des étudiants connaîtra un essor important dans les prochains mois.

Ce mouvement renforcera-t-il le front de la lutte prolétarienne et populaire ou sera-t-il détourné au profit de la bourgeoisie?

La réponse à cette question dépend pour une grande part de notre attitude et de notre travail.

Si nous nous comportons comme une secte repliée sur elle-même, si nous méprisons le mouvement de masse des étudiants, nous ferons le jeu de l’ennemi de classe, et l’énergie des étudiants et de la jeunesse sera détournée et gaspillée en vain : cela sera une perte relativement grave pour la cause révolutionnaire.

Par contre, si nous travaillons dans ce mouvement de masse en communistes armés de la pensée de Mao Tsétoung, nous parviendrons à entraîner, dans un processus révolutionnaire et par étapes, des milliers et des dizaines de milliers d’étudiants dans la solidarité active, directe, avec la lutte des ouvriers, et dans les rangs de l’armée prolétarienne.

Chaque camarade doit réfléchir à cette question, se convaincre de son importance et se préparer aux tâches nouvelles qui peuvent nous incomber prochainement en ce domaine.

2. Intensifier la lutte idéologique.

Le travail chez les étudiants présente des conditions particulières, la place qu’y occupe la lutte idéologique y est spécialement importante.

Certes, nous autres communistes, nous efforçons de mettre au premier plan l’expérience concrète, et pensons que les masses s’éduquent d’abord dans te lutte; nous savons que les idées justes viennent de la pratique sociale.

C’est pourquoi nous n’ignorons pas que ce n’est que dans la mesure où nous aurons entraîné une masse importante d’étudiants dans l’action unie avec les travailleurs, que le mouvement étudiant prendra une orientation idéologiquement correcte et ferme.

Mais, justement, pour parvenir à ce résultat, il nous faut être capable de mener parmi les étudiants la lutte des idées, sans négliger ni rejeter les questions que se posent les étudiants.

Cela signifie que nous devons être capables, non seulement de populariser les luttes ouvrières parmi les étudiants de façon à susciter dans leurs rangs un élan d’enthousiasme et de solidarité, ce qui est notre tâche principale, mais en même temps de donner des explications aux étudiants par exemple sur les événements qui se déroulent dans les pays révisionnistes, ou d’autres questions qui suscitent leur intérêt;

nous devons également participer à la critique du contenu de l’enseignement et des méthodes réactionnaires bourgeoises de l’Université, tout en montrant qu’aucune transformation décisive ne peut intervenir tant que le mouvement étudiant n’aura pas fait sa jonction, dans l’action révolutionnaire, avec la lutte de la classe ouvrière et du peuple travailleur.

Il nous incombe particulièrement de mener une campagne soutenue contre la ségrégation scolaire et l’injustice qui, par de multiples mécanismes, interdit aux enfants d’ouvriers et de paysans travailleurs l’accès à l’Université.

Sommes-nous armés pour mener cette lutte idéologique?

Oui, si nous nous appuyons sans réserve sur les enseignements grandioses de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

Nous pouvons montrer aux étudiants que la Révolution chinoise la première a, sous la direction du Président Mao, résolu le problème de la large démocratie de masse sous la dictature du prolétariat, et de la révolution sous la dictature du Prolétariat.

Nous devons expliquer l’appel fulgurant du Président Mao : « ON A RAISON DE SE REVOLTER « , et montrer comment la juste révolte de la jeunesse, des étudiants contre les anciennes idées renforce, si elle est correctement appuyée et guidée, le grand courant révolutionnaire du prolétariat.

Nous devons montrer aux étudiants que les événements actuels qui se déroulent dans les pays révisionnistes ne sont qu’une accélération de la restauration du capitalisme, et une intensification de l’oppression du peuple.

Mais il faut présenter cela sans dogmatisme, en répondant soigneusement aux arguments de la propagande ennemie.

C’est parce que les démocraties populaires n’avaient pas résolu le problème de la démocratie de masse sous la dictature du prolétariat, et que la ligne de masse n’avait pas été appliquée d’une façon systématique, le Parti a pu se couper relativement des masses; que les contradictions au sein du peuple et les mouvements de révolte de la jeunesse ont été utilisés, canalisés par la nouvelle bourgeoisie, les résidus des anciennes classes capitalistes et agents de l’impérialisme.

Nous devons en particulier montrer très concrètement ce que signifie dans ces pays la restauration du capitalisme : cadences, primes, chômage, salaires bas, conditions de vie difficiles pour les masses laborieuses, insolence et richesse des privilégiés, etc.

Il faut opposer systématiquement à cela le déroulement lumineux de la révolution chinoise, la liberté et le bonheur dont jouissent les larges masses du peuple chinois.

Ce ne sont là que quelques indications, des thèmes sur lesquels nous pouvons avoir à intervenir. Il peut y en avoir bien d’autres.

Que faut-il retenir de tout cela, et quelle place cet effort idéologique doit-il tenir dans l’ensemble de notre travail chez
les étudiants?

1. Nos camarades qui travaillent chez les étudiants doivent, autant que possible, s’armer de façon à pouvoir soutenir des controverses idéologiques et théoriques.

Il faudra élaborer un matériel de référence en fonction des thèmes les plus souvent abordés dans le mouvement étudiant.

2. Nous ne devons à aucun moment donner l’impression d’être gênés d’aborder tel ou tel thème de controverse.

Il faut accepter la discussion dans le mouvement de masse des étudiants, tout en expliquant avec persévérance et patience aux étudiants, que ce qui compte avant tout, c’est le travail pratique, ce sont les liens effectifs avec les masses populaires; que les idées justes viennent de la pratique sociale, que bien des choses deviennent plus claires au contact des niasses ouvrières et paysannes.

3. La discussion idéologique doit de toute façon rester secondaire par rapport au travail concret de soutien aux luttes ouvrières, et par rapport aux campagnes d’éducation et de propagande sur la révolte ouvrière, la CGT, le sabotage révisionniste, l’offensive du capital, le chômage, etc.

En plus
du mouvement de soutien aux grèves et luttes ouvrières, il faudra engager des campagnes de dénonciation de masse, des conditions de vie et d’exploitation de la classe ouvrière, de la dictature fasciste dans les usines, de la répression, des accidents, etc.

Envisager de grandes offensives par affiches murales.

4.  » SERVIR LE PEUPLE  » peut et doit être actuellement le pivot de notre propagande et de notre recrutement : il importe absolument d’organiser sa diffusion dans les facultés et les lycées, d’une façon massive, soutenue et persévérante.


Notre plan stratégique est de redonner confiance et force à l’avant-garde ouvrière, et, par là, de permettre un nouvel essor de la lutte révolutionnaire, de l’initiative des larges masses. C’est pourquoi, briser l’isolement dans lequel les révisionnistes tentent de maintenir les détachements les plus combatifs de la classe ouvrière, constitue pour nous un objectif des plus importants.

Pour y parvenir, la meilleure force dans laquelle nous pouvons puiser à l’heure actuelle, c’est la jeunesse et les étudiants. Nous nous donnons donc pour tâche de canaliser la révolte et l’enthousiasme de la jeunesse et des étudiants dans le sens d’une solidarité agissante et directe avec les détachements de la classe ouvrière qui se mettent en lutte.

Nous voulons entraîner des milliers et des dizaines de milliers de jeunes et d’étudiants aux piquets de grève, à la porte des usines, dans les manifestations, partout où les travailleurs se battent contre le chômage, les salaires de misère, le fascisme dans l’entreprise, la répression dans la rue.

Nous voulons organiser dans les facultés et les lycées une propagande massive sur la lutte des travailleurs, des collectes de soutien, des manifestations, des meetings.

Le mouvement de soutien des étudiants aux ouvriers doit donc être un véritable mouvement de masse.

Ce mouvement de soutien joue un rôle important dans le réveil de la grande solidarité populaire, qui, aux moments d’essor de la lutte des classes, se noue étroitement autour des usines en grève, solidarité que, depuis quelques années, les révisionnistes font tout pour briser.

Deux types d’erreurs opportunistes menacent en permanence le mouvement de soutien :

– La première est la sous-estimation des immenses possibilités qu’ouvré le mouvement de soutien étudiant pour la pénétration des idées Marxistes-Léninistes dans la classe ouvrière; manifestations de cette erreur : manque de confiance dans l’enthousiasme que peuvent susciter parmi les masses ouvrières une ligne juste et un style de travail correct; crainte exagérée des capacités de répression des bureaucrates syndicaux coupés des masses; manque de persévérance dans le travail politique prolongé, après la fin d’un mouvement de soutien de masse ; utilisation très insuffisante de  » SERVIR LE PEUPLE « , etc.

Un autre texte abordera ces erreurs de droite et insistera sur le rôle spécifique des Marxistes-Léninistes dans le travail de soutien aux ouvriers.

– La seconde erreur, sur laquelle nous insistons ici, et qui, dans une certaine mesure, est l’inverse de la première est la suivante : certains camarades tendent parfois à s’imaginer que le mouvement de soutien n’est qu’un moyen destiné à permettre à des étudiants militants Marxistes-Léninistes d’  » entrer en contact  » avec le mouvement ouvrier; il ne s’agirait, en somme, que d’une espèce de manœuvre d’infiltration.

Cette idée fausse, qui revient d’ailleurs en dernière analyse à tenter de duper certains détachements ouvriers, doit être absolument éliminée.

Lorsque nous disons aux ouvriers que nous voulons mobiliser les étudiants pour soutenir leurs luttes, nous disons la vérité: la solidarité d’autres éléments populaires avec la lutte des ouvriers est une contribution effective à cette lutte; elle élève le niveau de la résistance populaire et permet de progresser vers l’édification d’un front unique de la résistance populaire.

Travailler de toutes nos forces à organiser sur une grande échelle cette solidarité, c’est bien là notre ligne.

Or, pour y parvenir, nous devons élargir considérablement notre influence et notre recrutement parmi les étudiants.

Pour cela, nous devons chercher les étudiants là où ils sont; nous devons mettre en oeuvre, dans le mouvement étudiant, la ligne de masse.

Pratiquer la ligne de masse chez les étudiants, cela signifie s’appuyer sur les idées justes qui existent chez nombre d’entre eux pour élever par étapes leur niveau de conscience et les aider à s’appuyer sur leur propre expérience, au contact des masses populaires, pour éliminer leurs idées fausses.

Quelles idées justes existent chez les étudiants?

La révolte contre la société bourgeoise et les autorités réactionnaires; l’aspiration à la justice sociale; un élan révolutionnaire généreux qui les porte à soutenir la lutte des peuples, etc.

Ces idées justes constituent le courant principal de la « révolte » des étudiants.

Naturellement, elles existent avec un grand nombre d’idées fausses, qu’essayent d’utiliser les groupes trotskistes et autres.

C’est pourquoi il faut combiner la ligne de masse avec la lutte idéologique et le travail pratique qui permet aux étudiants de s’éduquer eux-mêmes.

Nous devons appliquer au mouvement étudiant la phrase du Président Mao « entraîner les idées petites-bourgeoises dans l’orbite de la révolution prolétarienne ».

4. Une grande fermeté de principe et d’action, une tactique souple et diversifiée.

Les masses étudiantes constituent un réservoir de forces révolutionnaires enthousiastes, dynamiques, capables d’esprit de sacrifice.

Mais elles ont de graves défauts propres à la petite bourgeoisie : instabilité, subjectivisme, piases alternées d’exaltation et de découragement, vanité, intellectualisme, sous-estimation des capacités du peuple travaileur, etc.

Ce double aspect, qui provient d’une position petite-bourgeoise, fait de la révolte étudiante l’enj;u d’une âpre bataille entre le prolétariat et la bourgeoisie, la bourgeoisie utilise la double méthode de la répression et d » la duperie : la répression se fait par l’appareil d’État et es institutions universitaires; la duperie par les groupes trotskistes, anarchistes, etc. qui exacerbent le subjectivisme et la vanité des étudiants, mêlent les questions politiques aux questions  » sexuelles « ,  » culturelles « , etc.

Nous devons, pour notre part, analyser correctement toutes ces offensives de la bourgeoisie et les repousser par une tactique appropriée. Cela exige fermeté et souplesse :

1. Fermeté: l’essentiel pour les étudiants est de soutenir concrètement, directement le peuple travailleur; les étudiants doivent aller aux usines, se mêler aux ouvriers, apprendre d’eux et prendre exemple sur eux, se mettre sous la direction immédiate des masses ouvrières et de l’avant-garde ouvrière liée aux masses pour leur apporter toute l’aide possible.

Tout passe par là, tout doit y tendre : nous ne démordrons pas de cette position de principe, de plus, nous devons inviter les étudiants à se détourner des vaines querelles de groupuscules et des discussions sans fin qu’aucune expérience concrète ne sous-tend, et de se livrer à un travail positif qui les éduquera et leur permettra de prendre leur place dans le combat révolutionnaire de notre peuple.

2. Souplesse: Nous ne devons pas nous impatienter et avoir des réactions sectaires à l’égard des idées fausses, petites bourgeoises, qui existent dans le mouvement étudiant: nous devons user exclusivement de persuasion,permettre aux étudiants de s’éduquer par leur propreexpérience.

Ne nous comportons pas en donneurs de leçons!

Les masses populaires éduqueront les étudiants bien mieux que nous ne pourrions le faire nous-mêmes.

Lorsqu’apparaissent de nouvelles formes d’organisation, plus ou moins spontanée (le mouvement étudiant en est coutumier), nous ne devons pas nous en détourner comme de choses bizarres, mais apprécier dans quelle mesure elles ont un contenu de masse, et si c’est le cas, y travailler.

L’explosion étudiante qui s’est produite en Italie par exemple peut survenir prochainement en France. Il est fort possible que les événements de Nanterre n’en soient qu’un signe avant-coureur.

Que nos camarades mettent tout en oeuvre pour qu’au moment décisif ils puissent assumer pleinement le rôle d’avant-garde dans le mouvement étudiant, et la révolte de la jeunesse et des étudiants sera une nouvelle étincelle de la lutte populaire.

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UJC (ml) : La lutte des peuples d’Asie: un chant de gloire pour la théorie de la guerre du peuple (1968)

[Mars 1968.]

« Peuples du monde, unissez-vous, pour abattre les agresseurs américains et leurs laquais! Que les peuples n’écoutent que leur courage, qu’ils osent livrer combat, qu’ils bravent les difficultés, qu’ils avancent par vagues successives, et le monde entier leur appartiendra. Les monstres seront tous anéantis. » Mao Zedong

L’offensive du Têt est devenue pour tous les vietnamiens la fête des opprimés à la conquête de la liberté. Des rives Sud du fleuve de Ben Hai au Nord jusqu’au cap de Ca Mau, des hauts plateaux aux plaines et des campagnes jusqu’aux villes, les Forces Armées et la population, les paysans et ouvriers se sont organisés en une grande armée révolutionnaire qui a défait, sur ce vaste champ de bataille, l’ensemble des forces ennemies.

L’agresseur épuisé a perdu tout espoir de reprendre l’initiative. Le peuple a élargi ses rangs, de tous ceux que la victoire a convaincus de gagner la liberté.

Dans les villes et les campagnes, des millions de personnes se sont soulevés pour renverser les organes du pouvoir fantoche, et en finir dans les régions de « pacification », avec l’humiliation et les tortures.

Entre le 30 janvier et le 8 février, plus d’un million de paysans de la région du Trung Bo central se sont soulevés : ils ont balayé les troupes et les organes de l’admninistration fantoche ; ils ont coupé les routes stratégiques 1, 14, 18, 19 et 21, ont fait sauver plus de 50 ponts et pris les postes fortifiés.

Plus de 30.000 officiers et soldats de l’armée fantoche ont déserté et sont passés dans les rangs du peuple. En quelques jours de combat, les régions libérées se sont puissamment élargies : les paysans y consolident leur puissance politique et militaire et renforcent le pouvoir révolutionnaire établi.

Ils sont prêts à tout à moment à repousser toute attaque ennemie et augmentent la production afin de vaincre à jamais les gangsters américains.

Le dispositif militaire ennemi est liquidé. Dans les trois derniers mois, les soldats de la libération ont réussi à attirer dans les points d’appui des régions montagneuses un nombre considérable de forces ennemies.

Et quand l’ennemi concentrait son attention sur les camps encerclés, les patriotes sont montés à l’assaut des citadelles ennemies établies à l’arrière. Les bases logistiques, les villes elles-mêmes sont les nouveaux champs de bataille : Hué, Saïgon Da Nang, etc…

De la nuit du 3 mars au lendemain matin, les Forces armées ont attaqué dans le nord 7 villeses : Da Nang, Kontum, Pleiku… – dix quartiers généraux, 10 chefs-lieux de district, des aérodromes, des parcs de blindés, des positions d’artillerie.

Le 5 mars au matin. elles bombardaient la plus grande base américaine, réputée inaccessible: Cam Ranh. Le même soir, tout au sud, Camau était occupé, le temps de détruire les munitions, les navires, les avions et d’anéantir les forces ennemies.

Devant les vagues multipliées de cet assaut général, les «pacificateurs» ont dû à toutes jambes rentrer dans leurs repaires.

«Le monde sans fin où les révolutionnaires peuvent agir en toute liberté», les campagnes libres atteignent aujourd’hui la banlieue de Saigon !

En ces jours de victoire, un autre peuple lève haut la drapeau de la lutte armée. La lutte armée révolutionnaire du peuple birman a vingt ans.

Le 28 mars 1948, les classes dirigeantes, jetant le masque de la démocratie bourgeoise, déclenchaient la guerre civile. Aussitôt, organisant la prise d’armes aux soldats et à la police, mobilisant sans réserve les paysans, le Parti communiste de Birmanie opposait à la guerre civile réactionnaire la guerre populaire révolutionnaire.

L’histoire de la lutte armée en Birmanie est celle de la lutte à mort entre le marxisme-léninisme, la ligne militaire de Mao Zedong d’un côté, et la ligne militaire bourgeoise de l’autre.

C’est l’histoire de la victoire de la ligne conforme à la pensée de Mao Zedong, c’est une preuve de plus que cette pensée est universellement applicable.

Trois ou quatre heures après l’entrée en action de l’ennemi, le Parti communiste lançait la directive d’opposer force armée du peuple à la guerre civile. Le président Mao a dit : « Sans la lutte armée, il n’y aurait pas de place pour le prolétariat, ni pour le peuple, ni pour le Parti communiste, et pas de victoire pour la révolution ».

C’est en appliquant ce principe que le peuple birman partait à la conquête de la liberté. La persévérance est le chemin de la victoire vingt ans de guerre prolongée ont prouvé une nouvelle fois que le pouvoir est au bout du fusil; la force immense de l’armée populaire et des bases d’appui, la liberté du pouvoir démocratique sans les régions libérées, tout ce que possède aujourd’hui le peuple de Birmanie n’est rien d’autre que la pensée de Mao Zedong transformée en force matérielle.

Le Krouchtchev chinois et le révisionnisme international ont tout fait pour étouffer la lutte armée en Birmanie, pour étouffer le peuple.

Dans des conditions de guerre civile à outrance, ils prétendaient que les activités légales étaient une bonne chose que le passage pacifique au socialisme était possible. Il suffisait que le parti communiste fournisse des cadres au régime fasciste de Ne Win, et la voie socialiste germait dans la démocratie bourgeoise.

Le peuple birman a balayé cette pacotille de trahison. C’est en créant des bases à la campagne, en encerclant les villes par les campagnes qu’il s’est organisé, qu’il a rassemblé sa force innombrable et qu’il a pris à la gorge le régime de Ne Win.

Le peuple birman a choisi la voie de ta révolution chinoise, la voie conforme à la pensée de Mao Zedong.

Il viendra à bout de tous les réactionnaires. Devant la lutte révolutionnaire, le gouvernement militaire birman a lié son sort à celui de l’impérialisme américain.

Quand il sera incapable d’affronter l’armée populaire, il se peut que les yankees volent à son secours.

« Si l’impérialisme américain envahit la Birmanie, le peuple birman lèvera haut le drapeau de l’opposition à l’impérialisme américain et se plongera bravement dans la bataille ». Tel est le serment qu’a fait le Parti Communiste de Birmanie.

L’impérialisme américain se livre partout à l’agression et à l’oppression par les armes des peuples de l’Asie du Sud-Est. Mais sa politique de rapine, de conquête sanglante des marchés, d’exploitation forcenée et de pillage est près de faire faillite.

Vague par vague, les peuples de l’Asie du Sud-Est se lèvent et prennent les armes. Les yankees veulent noyer la révolte des masses dans le sang et le napalm.

Mais ni le sang ni le napalm n’arrètent ceux qui savent que la guerre trempe les peuples, qu’elle accélère le processus historique.

La peur n’arrêtera jamais les millions et les millions d’hommes, la muraille indestructible de la révolution.

7 août 1965 à Nong-Hee, petit village du Nord-Est de la Thaïlande. Un commando de la police fasciste s’apprête à torturer et massacrer des patriotes.

Des coups de feu : le sergent qui marche à la tête du commando est tué, le colonel qui commande l’opération grièvement blessé. Lourdes pertes. Le reste s’enfuit. Aussitôt, des centaines dc policiers sont parachutés, tout le district est bouclé.

Rien n’y fait, les patriotes sont introuvables, pour avoir l’appui total des paysans, fruit d’une longue lutte politique contre les brutalités policières, les impôts exorbitants, les expropriations des terres servant à la construction des bases U.S.

C’était la première étincelle de la guerre populaire en Thaïlande !

Aujourd’hui, « l’état d’alerte militaire générale pour toutes les troupes » est proclamé. Au Nord, au Nord-Est, au Sud, se multiplient les régions de guérilla, les libérations de villages, la destruction d’hélicoptères, de patrouilles et de postes ennemis.

Nam bac, région stratégique du Haut-Laos avait été libérée cn 1961 par la population locale. Mais sur l’ordre des yankees, les forces de droite ont tenté d’encercler et de reprendre la région, qui devait leur servir de tremplin pour envahir le Nord.

Nam bac est libre de nouveau!

Dans les 15 derniers jours de janvier, les Forces Armées ont anéanti prèsde 3.000 soldats ennemis. Le peuple Lao, armé de la pensée de Mao Zedong, est invincible!

En Inde, après Naxalbari, les paysans du Nord du Bihar se sont mis en révolte pour la saisie de la terre. Guidés par la pensée de Mao Zedong, les révolutionnaires du Parti Communiste de l’Inde ont pris la tête des mouvements paysans dans 50 régions.

La lutte pour la terre est en marche : les esclaves d’hier, les paysans pauvres se sont dressés!

L’éveil des peuples de l’Asie du Sud-Est s’accélère! Les offensives générales du peuple vietnamien sont les salves annonciatrices de la victoire et de la liberté. Au Laos, en Birmanie, en Thaïlande, en Indonésie, les peuples ont formé l’immense armée de la pensée de Mao Zedong! 

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UJC (ml) : Les révisionnistes soviétiques trahissent ouvertement la lutte du peuple indien (1968)

[Avril 1968.]

En 1967, le peuple indien a pris les armes.

Les paysans de Naxalbari, organisés par les révolutionnaires du Parti Communiste de l’Inde, se sont révoltés contre l’exploitation renforcée par les grands propriétaires fonciers, contre les fermages exorbitants, et contre la répression systématique exercée par le gouvernement réactionnaire de I. Gandhi.

Ils ont repris les terres usurpées par les féodaux, ils se sont emparés des récoltes et les ont réparties parmi le peuple.

Pour faire face à la répression, ils se sont organisés en groupes armés et ont constitué des tribunaux populaires pour juger les despotes locaux.

La presse réactionnaire de tous les pays a présenté « l’émeute » de Naxalbari comme une jacquerie, soulèvement désespéré de ceux qui n’ont plus rien à perdre !

Aujourd’hui, d’après les révélations faites par la presse indienne, les luttes paysannes pour la terre se sont développées dans huit états et cinquante localités ; à l’exemple de Naxalbari, des comités paysans se créent partout dans le pays.

Les grands propriétaires fuient la juste colère du peuple et se réfugient dans les villes, ou bien organisent la terreur blanche en faisant assassiner les paysans qui veulent se révolter. La police et l’armée lancent des assauts furieux contre les foyers insurrectionnels.

L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN : ennemi n° 1 du peuple indien

Aujourd’hui, d’après les révélations faites par la presse indienne, les luttes paysannes pour la terre se sont développées dans huit états et cinquante localités ; à l’exemple de Naxalbari, des comités paysans se créent partout dans le pays.

Les grands propriétaires fuient la juste colère du peuple et se réfugient dans les villes, ou bien organisent la terreur blanche en faisant assassiner les paysans qui veulent se révolter. La police et l’armée lancent des assauts furieux contre les foyers insurrectionnels.

L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN : ennemi n° 1 du peuple indien

Le peuple indien lutte contre des conditions de vie qui ne sont encore aggravées ces dernières années. La situation alimentaire est catastrophique : 150 millions d’Indiens seraient actuellement mourants de faim.

C’est là le fruit du pillage éhonté exercé par l’impérialisme américain avec la complicité des classes dirigeantes locales. Depuis vingt ans, l’Inde n’est plus une colonie, mais son indépendance n’est qu’une façade : l’impérialisme américain a progressivement pris la relève des colonialistes britanniques : 60% des investissements étrangers en Inde sont américains.

Les Etats-Unis contrôlent l’agriculture, les communications, etc… Ils camouflent leur politique impérialiste sous l’étiquette « d’aide économique et technique ». C’est là un moyen à peine déguisé pour ruiner l’économie indienne et écouler massivement les produits de l’industrie U.S.

90% des sommes prêtées de l’aide US doivent être consacrée à l’achat de produits américains, en particulier les surplus agricoles, à des prix supérieurs aux cours mondiaux.

Conséquence : le déficit commercial de l’Inde croît et les Etats- Unis contrôlent, par ce biais, la moitié de la monnaie indienne. Pour faire accepter ces conditions au peuple indien, les impérialistes US ont un gouvernement à leur dévotion, issu des couches sociales les plus réactionnaires – propriétaires fonciers, féodaux, bourgeoisie bureaucratique et compradore – et solidement encadré par un réseau de 1.500 conseillers U.S. qui se mélent de toute l’activité politique indienne (achat de députés, espionnage sous toutes les formes, etc.) et encadrent l’armée.

La politique soviétique en Inde : un cas flagrant de collusion avec l’impérialisme américain

L’Union Soviétique, elle aussi apporte son « aide » à l’Inde : révisionnistes s’acharnent à souligner qu’à la différence de l’aide américaine, la leur est désintéressée, généreuse, exempte de toutes conditions et qu’elle permet au peuple indien de sortir de la misère et d’édifier une économie nationale.

En fait, l’aide soviétique ressemble à s’y méprendre à l’aide américaine : les sommes prêtées doivent être consacrées à l’achat de produits soviétiques à des prix exorbitants.

Les usines construites par les Soviétiques en Inde, sont gérées par des patrons venus d’U.R.S.S., et les produits fabriqués à un prix de revient dérisoire grâce aux salaires de misère imposés à la main- d’oeuvre indienne, sont revendus souvent très cher en Europe ou en Afrique : les Américains ne procèdent pas autrement à Formose ou au Japon.

Récemment, Indira Gandhi a invité Kossyguine et Tito aux fêtes « nationales » indiennes : deux chefs prestigieux du bloc révisionniste venus donner leur caution à la clique fantoche de Indira Gandhi !

L’objectif principal de Kossyguine était de renforcer l’emprise économique de l’U.R.S.S. en Inde.

Il a visité plusieurs usines construites grâce à l’aide soviétique et s’est conduit en patron mécontent; il a trouvé les rendements insuffisants : les usines de matériel électrique de Harward ne travailleraient actuellement qu’à la moitié de leur capacité : les travailleurs indiens peuvent s’attendre à ce qu’on double les cadences d’ici peu.

Les décisions prises vont encore accroitre la dépendance de l’économie indienne : les Soviétiques vont acheter la plus grande partie de la production des usines qu’ils ont construites, les plans économiques des deux pays seront coordonnés et un nouveau contingent d’experts soviétiques va se rendre en Inde pour suggérer les réformes de gestion nécessaires, en d’autres termes pour réaliser de plus gros profits de type impérialiste, moyennant une exploitation accrue des travailleurs indiens!

Pour réaliser de gros profits, les révisionnistes soviétiques ont intérêt à ce que la main-d’oeuvre de leurs usines indiennes continue à toucher des salaires de misère, ils ont intérêt à ce que la clique fantoche d’Indira Gandhi se maintienne au pouvoir, ils ont intérêt à s’entendre avec l’impérialisme américain, contre le peuple indien, contre le mouvement de libération nationale, contre la Chine.

A l’exemple des paysans de Naxalbari, le peuple indien osera se révolter contre tous ceux qui l’oppriment.   

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UJC (ml) : Rapport de clôture du Congrès des Comités Vietnam de Base (1968)

CONGRES DES COMITÉS VIETNAM DE BASE – RAPPORT DE CLÔTURE

Le travail que nous avons à faire est immense. Mais nous devons être conscients que le développement en France de la lutte anti-impérialiste ne dépend pas seulement de nos propres efforts subjectifs.

Le développement victorieux de la lutte des peuples contre l’impérialisme est inéluctable. L’impérialisme U.S. se débat dans des contradictions de plus en plus insurmontables. Cela créera sans cesse des conditions objectives plus favorables.

Car l’aspect fondamental de la lutte anti-impérialiste en France, c’est qu’elle se place d’abord sous l’autorité des peuples qui sont aux premières lignes face à l’impérialisme U.S. et qui lui portent les coups les plus sévères.

D’autre part les intérêts du peuple français, avant tout les travailleurs, et ceux des larges masses exploitées d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine convergent. Leur solidarité a donc une base objective : les travailleurs français sont du même côté que les peuples opprimés face aux impérialistes et aux exploiteurs.

C’est ce que signifie la sympathie incontestable du peuple français pour la lutte du peuple vietnamien.  

Il n’est pas inutile, à l’issue du congrès, de rappeler les conditions extrêmement favorables de la lutte anti-impérialiste, les perspectives grandioses ouvertes à la lutte des peuples, et frayées par le peuple vietnamien.  

La récente offensive généralisée a révélé au monde entier les ressources infinies de la guerre populaire.

Celle ci a franchi diverses étapes : tout d’abord la lutte politique dans les villes et dans les campagnes contre la dictature américano-diémiste ; puis, grâce au travail politique, la lutte armée a embrasé tout le pays : dans une première phase la guérilla, et peu à peu la guerre de mouvement et aujourd’hui la guerre de position.

Tout au long de ces années de combat, une armée du peuple s’est édifiée et renforcée, les glorieuses Forces Armées Populaires de Libération, opérant en étroite coordination avec les forces régionales et les guérilleros des milices locales.  

Aujourd’hui, la situation militaire des Yankees au Vietnam est catastrophique, et le remplacement de Westmoreland n’y pourra rien changer. Les U.S.A sont dans une passivité stratégique totale : capables encore il y a quelques années de mener de grandes opérations dans plusieurs régions, les soldats U.S sont aujourd’hui terrés dans leurs bases.

Les généraux U.S ne peuvent plus que balader leurs quelques unités encore disponibles d’une ville à l’autre pour parer au plus pressé.  

Tous les plans successifs du haut commandement américain ont été de piteux échecs.

La caractéristique principale de la façon dont les Yankees mènent la guerre est le subjectivisme total : leurs généraux passant d’une idée à l’autre, essaient une technique après l’autre et essuient défaite après défaite.

Incapables d’analyser scientifiquement une situation qui leur échappe complètement, d’évaluer un rapport de forces dont l’élément principal, le peuple, leur est complètement étranger, les agresseurs yankees n’ont pas arrêter de ballotter entre différentes stratégies : échec des « hameaux stratégiques » et du plan Staley-Taylor, échec de la stratégie dite des  deux mâchoires de la tenaille (recherche et destruction d’un côté, « pacification » de l’autre), échec de la tactique de l’héliportage et de la « First Cav », échec de la ligne Mac Namara, échec des bombardements massifs, échec du cordon de bases côtier, etc…

Il en sera de même pour toutes les mesures qui pourront encore germer dans la tête des stratèges du Pentagone, qu’il s’agisse du repli sur les villes, de l’invasion du Nord ou de l’emploi d’armes atomiques tactiques.

Chaque nouveau plan est une corde nouvelle qui se resserre au cou des Yankees.

La capacité de combat des troupes U.S a décru sans arrêt : les Yankees n’ont pas plus de 42 bataillons mobiles aujourd’hui, leurs unités de commando comme les « Marines » sont enfouies à Khe Sanh, leurs unités de parachutistes n’ont encore jamais sauté et sont utilisées au quadrillage des villes, l’absence de tout arrière proche nécessite une énorme infrastructure logistique extrêmement vulnérable et incapable de digérer les moindres renforts, une immobilisation fantastique d’hommes et de matériels est nécessaire au fonctionnement d’un simple bataillon opérationnel ; l’aviation stratégique doit être utilisée à des missions tactiques et l’aviation tactique à des missions stratégiques.

L’avion le plus moderne, le F111 envoyé au Vietnam il y a quelques jours, à grand renfort de publicité tapageuse a fait la preuve de son efficacité, de son efficacité à être descendu : deux avions en trois jours.

Le moral des troupes U.S descend au-dessous de zéro, mais moins vite cependant que celui des troupes fantoches où cela va de pair avec leur désagrégation.  

Aujourd’hui l’alternative pour les Yankees n’est pas entre la victoire et la défaite, mais entre la défaite et une défaite encore plus cuisante.  

Le développement de l’agression U.S est régi par une loi inexorable : celle du développement ininterrompu des défaites et une faiblesse de combat sans cesse accrue : regardons l’expérience des dernières années, elle fait apparaître trois règles d’airain :  
-plus les Yankees envoient de renforts, plus ils subissent de pertes.  
-plus ils engagent de matériel et d’armements, plus ils subissent de dégâts et de destructions.  
-plus la guerre dure, plus leur capacité combative s’affaiblit.  

Inversement, la loi qui régit la lutte du peuple vietnamien est celle du développement sans cesse accru des victoires et d’une puissance de combat sans cesse accrue.  

Les contradictions accentuées des agresseurs U.S sur le plan militaire ont pour cause principale leurs contradictions politiques fondamentales :  

-Ils mènent une guerre d’agression, à 13 000 km de chez eux sans arrière politique et donc sans arrière militaire.  

-Ils doivent nécessairement s’appuyer sur un gouvernement fantoche déconsidéré, qui loin de leur faciliter la tâche en leur fournissant un point d’appui local n’est qu’un boulet attaché à leurs pieds.  

-Ils font face à un peuple uni tout entier « résolu à combattre, déterminé à vaincre » comme dit la devise du Front National de Libération.

Au Vietnam les Etats-Unis doivent, comme partout ailleurs, s’appuyer sur la fiction néo-coloniale.

C’est là la contradiction fondamentale de leur politique d’agression.

Il leur faut, pour opprimer les peuples, une base d’appui locale, mais celle-ci ne peut être composée que des fractions les plus réactionnaires, et donc ne peut que dresser le peuple tout entier d’une même haine contre les agresseurs et leurs valets.

Giap déclare : « Le néo-colonialisme est le fruit de la collusion et du compromis entre les impérialistes d’une part et la bourgeoisie compradore et la classe des propriétaires fonciers et des féodaux des pays colonisés de l’autre, tendant à perpétuer le colonialisme sous des formes et des méthodes nouvelles et à étouffer le mouvement révolutionnaire des larges masses. »  

Ce compromis dont parle Giap est nécessaire à l’impérialisme à l’époque actuelle, mais on voit qu’il ne fait qu’accentuer ses contradictions et dévoiler ses faiblesses.

C’est une béquille branlante.

De fait les Yankees sont obligés, comme au Vietnam, face à l’extension de la guerre du peuple en Asie, en Afrique, en Amérique Latine, soit d’abandonner leurs protégés, déclenchant ainsi la panique de ceux-ci et l’écroulement de leur réseau d’oppression et de pillage, soit d’intervenir toujours plus massivement comme au Vietnam et d’aller vers des défaites toujours plus lourdes.  

Le mur pourri de l’impérialisme s’écroulera inéluctablement, car les luttes de libération nationale, la guerre du peuple se développera inéluctablement, aiguisant chaque jour les contradictions de l’impérialisme U.S. Ces contradictions sont déjà mises à jour et accentuées par la guerre du peuple vietnamien.

En effet, jamais l’impérialisme ne se transformera de lui-même, jamais il ne se transformera en un agneau paisible.

Seule la lutte des peuples le conduira à la tombe. La lutte du peuple vietnamien lui a déjà fait faire un bout de chemin dans cette voie, elle multiplie ses contradictions. Quelles sont-elles ?  

1) Tout d’abord, le manque d’effectifs : malgré les demandes répétées des généraux yankees, l’impérialisme ne peut envoyer des troupes illimitées, plus il en envoie, plus la situation politique et économique aux U.S.A se détériore.

De plus les besoins d’agression des U.S.A exigent une répartition des troupes à travers le globe : il doit en envoyer à la fois au Vietnam et dans le Sud-Est asiatique, en maintenir un peu partout dans le monde, en garder aux U.S.A mêmes comme force de réserve contre le peuple américain lui-même.  

Deux exemples illustrent cette impasse :

-l’affaire du « Pueblo » où les Yankees, faute de moyens pour s’en servir comme prétexte d’agression ont dû accepter que leurs pratiques d’espionnage soient démasquées.  

-les plaintes yankees face au dégagement des troupes britanniques à l’est de Suez, par lesquelles ils se reconnaissent ouvertement incapables de remédier à la défaillance de leur complice…  

2) L’effondrement financier : les exigences de la politique d’agression des U.S.A en particulier au Vietnam ont entraîné un déficit catastrophique de leur balance des paiements, une dévaluation constante du dollar.

La récente crise de l’or qui ébranle le système monétaire impérialiste en est l’aboutissement.

Ou plutôt le commencement.  

3) Les contradictions aux U.S.A mêmes : du fait de la guerre au Vietnam une partie importante de la jeunesse s’oppose à l’enrôlement et refuse de servir de chair à canon au gouvernement impérialiste. La hausse de la fiscalité et des prix nécessitée par les dépenses militaires a provoqué un mouvement de grèves sans précédent chez les travailleurs depuis la guerre de Corée.

Enfin, la lutte des Afro-Américains se développe et constitue une grave menace au sein même du repère impérialiste.  

4) L’isolement mondial : quelque soient les planches qu’on essaie de tendre aux Yankees, les masses populaires du mode entier condamnent énergiquement l’impérialisme américain.

Partout, puisque dans les villages d’Afrique et d’Amérique Latine, la lutte du peuple vietnamien et connue et soutenue.

Face à ces mouvements populaires les alliés directs et indirects de l’impérialisme U.S ne peuvent plus suivre aveuglément le chef de file de la réaction mondiale.  

5) Les contradictions internes : le camp impérialiste est lui-même divisé.

Les politiciens s’affairent pour trouver des solutions de rechange. La campagne d’un Kennedy reflète ces contradictions, qui montrent la panique de l’impérialisme, déchiré en fractions.  

Cette impasse de l’impérialisme, c’est le produit de la lutte des peuples.

C’est la lutte des peuples après la deuxième guerre mondiale qui a imposé l’abandon du colonialisme classique ; c’est la lutte du peuple vietnamien qui porte les coups les plus sévères aux Yankees et les a forcé à dévoiler leur vrai visage.  

La lutte des peuples ne peut que se développer. Après le Vietnam et le Laos, la Thaïlande. Partout dans le monde, les peuples affûtent leurs armes pour abattre l’impérialisme, partout ils étudient l’expérience révolutionnaire du peuple vietnamien, partout ils se préparent au combat.  

Les jours de l’impérialisme sont comptés, nous sommes à l’époque où l’impérialisme va à sa perte.  

Certes, la lutte sera encore longue, elle sera même encore plus douloureuse car le fauve encerclé se débat férocement.  

C’est cela qui fonde à la fois notre action et le certitude de son succès.  

La lutte des peuples est notre guide sûr, si les comités Vietnam de base sont fidèles aux enseignements de la guerre du peuple vietnamien, s’ils étudient avec enthousiasme l’expérience révolutionnaire des peuples vietnamiens et lao, leur propagande sera ferme, assurée, résolue.  

Dans ce champ de bataille où s’affrontent les peuples et l’impérialisme, nous avons notre place à tenir.

Nous savons que l’issue de la bataille est certaine, mais que le combat durera longtemps et sera rude. Nous ne sommes certes pas aux premières lignes.

Mais nous devons prendre exemple sur nos camarades des premières lignes, nous inspirer fermement de leur résolution et de leur patience et sur notre propre front être sur l’offensive.  

Notre congrès a permis de préciser quelles sont nos trois armes principales :  

-une ligne politique juste
-un style de masse
-des comités de base unitaire

  Nous connaissons ces trois armes. Elles nous ont permis de remporter déjà des succès importants. Mais nous ne savons pas encore nous en servir aussi bien qu’il faudrait.  

La ligne politique s’affermit et s’approfondit par la lutte politique, l’étude de l’expérience révolutionnaire du peuple vietnamien, par un combat incessant contre les conceptions erronées.  

Le style de masse s’acquiert chaque jour dans la rue et non en chambre. C’est une création de chaque jour au contact des masses et non un label acquis une fois pour toutes. Comme le dit la résolution de la commission sur la propagande à la base  :  

-feu sur le style stéréotypé
-place aux idées vivantes
-c’est dans la rue que se fait la critique, la propagande.  

Enfin le style de masse, c’est un style de travail enthousiaste, militant, résolu.  

Le comité de base unitaire regroupe sur un quartier, une rue, une usine, un lycée, un T.P tous les anti-impérialistes résolus. Il doit associer à son travail tous les sympathisants, il est le facteur décisif du ralliement à des positions justes de tous les militants trompés par les faux amis du peuple vietnamien.  

Le congrès a permis à tous les militants de connaître ces trois armes, de tirer le bilan de leur utilisation. Aujourd’hui, nous les avons plus fermement en mains. Servons nous en avec audace. Le Mouvement anti-impérialiste des Comités Vietnam de Base unira sans cesse plus d’anti-impérialistes résolus, utilisons la résolution politique pour réaliser l’unité avec les militants de base d’autres organisations et démasquer ceux qui s’opposent à un juste soutien.

Appliquons les mots d’ordre des diverses commissions du congrès. Le Mouvement anti-impérialiste des Comités Vietnam de Base est un facteur décisif de la mobilisation des masses françaises aux côtés du peuple vietnamien et des peuples en lutte.  

VIVE LE MOUVEMENT ANTI IMPERIALISTE DES COMITES VIETNAM DE BASE  

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE VIETNAMIEN, FER DE LANCE DES LUTTES ANTI IMPERIALISTES  

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE LAO  

LA GUERRE DU PEUPLE EST INVINCIBLE            

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UJC (ml) : Rapport politique du Congrès des Comités Vietnam de Base (1968)

MARS 1968 – CONGRES DES COMITES VIETNAM DE BASE

RAPPORT POLITIQUE

Lutter résolument contre l’impérialisme, soutenir sans réserve les guerres révolutionnaires nationales et démocratiques des peuples opprimés.  

Camarades,   

La lutte anti-impérialiste, le soutien aux peuples qui affrontent directement l’impérialisme n’est pas pour le peuple français quelque chose d’abstrait, de surajouté, un supplément artificiel à son combat propre.  

C’est au contraire l’un des aspects fondamentaux, l’un des fronts de lutte politique essentiel et nécessaire, inséparable des autres fronts de lutte du peuple français.   

Nous ne travaillons donc pas dans l’abstrait. Notre tâche anti-impérialiste n’est donc pas située en-dehors de l’histoire, à côté de la vie ou de la lutte des peuples contre leurs oppresseurs.  

Dans la France d’aujourd’hui, notre lutte est partie intégrante des luttes du peuple français, partie intégrante de l’ensemble des luttes des peuples opprimés.   

La constitution, à la fin de 1966, des premiers Comités Vietnam de Base, c’est donc la réponse correcte dans son principe et dans sa forme, à la nécessité objective de l’édification en France d’une force politique anti-impérialiste capable de concrétiser la solidarité de fait entre le peuple français et les peuples agressés par l’impérialisme, capable de concrétiser les aspirations profondes du peuple français à soutenir la lutte des peuples qui affrontent directement l’impérialisme.   

Il paraît curieux, alors que le peuple français possède un si glorieux passé de luttes internationalistes, de déclarer que c’est en 1966, avec la création des Comités Vietnam de Base qu’est réapparue dans notre pays une véritable force anti-impérialiste.  

Mais c’est pourtant vrai : en dépit de son glorieux passé, le peuple français ne disposait plus d’aucune force politique capable de répondre correctement à cette tâche de solidarité internationale, d’animer, d’impulser et diriger correctement la lutte anti-impérialiste. Et aujourd’hui, les Comités Vietnam de Base sont encore les seuls à mener cette lutte de manière conséquente.   

En dépit du développement victorieux de la guerre du peuple vietnamien, personne ne popularisait cette guerre du peuple. Personne ne diffusait les positions politiques qui fondent le combat du peuple vietnamien.  

Personne n’expliquait les raisons profondes de ces victoires, ni les conséquences de ces victoires pour tous les peuples du monde.  

Personne ne parlait de la guerre du peuple vietnamien : juste, victorieuse et d’une portée universelle.  

La propagande des agresseurs américains sous toutes ses formes et grâce à ses nombreux valets dans notre pays, était seule en lice avec, pour tout adversaire, une propagande larmoyante, défaitiste et démobilisatrice.   

De défilés en cortèges, de cortèges en promenades de pétitions en signatures, d’appels à verser quelques larmes et quelques pull-overs en pleurnicheries honteuses tendant à fairte passer le peuple vietnamien héroïque et combattant pour un peuple martyr, un « pauvre » peuple ne survivant aux coups furieux de l’invincible machine de guerre U.S que par le « miracle » d’on ne sait quel stoïcisme asiatique et de l’aide matérielle de pays amis ; de protestations chevrotantes contre l’agression en bêlements apeurés en faveur de la paix, de n’importe quelle paix, de la paix à tout prix : américaine, divine ou négociée, pourvu que ce soit une paix, bref : de mal en pis, la lutte anti-impérialiste, le soutien politique au peuple vietnamien, avant-garde des peuples en lutte pour leur libération, sombrait dans un marais de confusion, de falsification et de démobilisation où tous ceux qui, spontanément, voulaient apporter leurs forces dans un combat véritablement anti-impérialiste, pour le soutien réel aux peuples opprimés ne trouvaient qu’écoeurement et lassitude.   

Nous n’avons pas à mâcher nos mots. Face à un problème aussi fondamental, aussi grave que la lutte anti-impérialiste, il est absolument nécessaire de rejeter la compromission, de rejeter toute illusion, de lutter fermement contre toute idée, toute propagande erronées, toute personne ou organisation qui s’en fait le représentant attitré.  

Nous considérons que la faillite devant laquelle se trouvait, à l’époque de la création des Comités Vietnam de Base la lutte anti-impérialiste, est à imputer non au peuple français, mais à ceux qui, censés orienter correctement ses aspirations, à le mobiliser pour un juste et important combat, ont failli à leurs tâches et l’ont au contraire conduit au bord de l’indifférence, désemparé, démobilisé.   

En 1966, la décomposition idéologique et politique de la solidarité du peuple français et des peuples révolutionnaires était telle que s’étaient mises à fleurir des organisations sans principes telles que le Comité Vietnam National, capables d’utiliser uniquement à des fins politiques obscures le désarroi et l’inquiétude des nombreux anti-impérialistes de la jeunesse intellectuelle.  

Pris entre le fatras pacifiste et démobilisateur du Mouvement pour la Paix et du PCF d’une part et les élucubrations des révolutionnaires petits-bourgeois du Comité Vietnam National d’autre part, le peuple français, tous les anti-impérialistes flottaient dans l’incertitude.   

Mais si en France la situation de la lutte anti-impérialiste était sur une mauvaise pente, en même temps ce lent écroulement, joint au développement victorieux de la guerre du peuple au Vietnam et à la sympathie profonde du peuple français pour le peuple vietnamien, créait les conditions favorables à la renaissance de la lutte anti-impérialiste, de soutien politique aux peuples opprimés.   

Tel était le double aspect de la situation en France, qui a conduit à la création des Comités Vietnam de Base : d’une part les conditions défavorables provoquées par l’inexistence de lutte anti-impérialistes de masse, d’autre part les conditions favorables déterminées principalement par les victoires éclatantes du peuple vietnamien et ensuite par la sympathie que ce peuple rencontrait dans le peuple français, chose absolument normale.   

Cela, c’était la situation objective, de ces deux aspects de la contradiction entre l’inexistence de lutte anti-impérialiste de soutien aux peuples opprimés d’une part et le développement de la guerre du peuple d’autre part, c’est le second aspect qui est déterminant ; ce qui a permis la création, puis l’édification de la force politique que nous sommes devenus, c’est principalement le développement éclatant de la guerre du peuple, la guerre du peuple vietnamien en premier lieu.   

Dans son principe, la base politique de notre mouvement est la conséquence de la situation créée par les victoires remportées par le peuple vietnamien sur l’impérialisme agresseur.  

Le fondement politique de notre action c’est la solidarité totale, le soutien absolu aux principes politiques, aux objectifs et aux méthodes de lutte du peuple vietnamien, tels qu’ils sont exprimés en particulier dans les Cinq Points du Front National de Libération du Sud Vietnam, dans les Quatre Points de la République Démocratique du Vietnam, dans le Programme Politique du Front National de Libération.   

En accord avec le peuple vietnamien, nous pensons qu’effectivement, le « saboteur des Accords de Genève, le fauteur de guerre, l’agresseur grossier et brutal, l’ennemi juré du peuple vietnamien, c’est l’impérialisme yankee. »   
En accord avec le peuple vietnamien, nous pensons qu’en menant la guerre du peuple, en réalisant l’unité de tous le patriotes vietnamiens résolus à chasser l’agresseur, en appliquant fermement le principe de compter sur ses propres forces tout en travaillant à gagner l’approbation, le soutien et l’aide des peuples du monde, le peuple vietnamien montre à tous les peuples du monde la seule voie correcte pour vaincre l’impérialisme.   

En accord avec le peuple vietnamien, nous pensons qu’il est à l’avant-garde des luttes révolutionnaires nationales et démocratiques des peuples contre l’impérialisme et le néo-colonialisme et que les victoires qu’il remporte sont autant de victoires pour l’ensemble des peuples du monde.   

En accord avec le peuple vietnamien, nous pensons qu’en opposant la violence armée, la guerre révolutionnaire à la violence contre-révolutionnaire, la guerre d’agression yankee, il montre la voie correcte à tous les peuples du monde.   

Sur chacun des points fondamentaux des positions politiques du peuple vietnamien, nous avons été dès le début de notre action et nous restons invariablement d’accord avec lui pour fonder tout notre travail sur la popularisation des principes fondamentaux et des méthodes de lutte du peuple vietnamien.   

Nous avons toujours placé au premier plan notre confiance en la victoire finale du peuple vietnamien, notre mot d’ordre fondamental : FNL VAINCRA l’exprime clairement.  

Nous avons toujours mis au premier plan en accord complet avec le peuple vietnamien, que ce qui est décisif dans la guerre du peuple, c’est l’homme et non le matériel, et que les victoires du peuple vietnamien ne s’expliquent ni par des considérations géographiques ou raciales, ni par des considérations fallacieuses sur l’aide des pays amis, mais principalement par le fait que le peuple vietnamien, en menant la guerre du peuple libère la force invincible, l’initiative créatrice inépuisable du peuple.   

En accord absolu avec le peuple vietnamien nous avons toujours déclaré que le soutien essentiel, c’est le soutien politique. Naturellement les contributions en armes, médicaments, matériels de tous ordres sont une arme infiniment précieuse.  

Mais ce qui est essentiel, c’est l’assentiment, le soutien politique à se juste cause, à ses positions politiques entièrement correctes que nous apportons.   

En accord avec le peuple vietnamien, nous pensons que soutenir politiquement son combat, c’est isoler l’impérialisme américain en combattant résolument ses formes de propagande mensongère, en combattant résolument les formes de propagande qui font, consciemment ou non le jeu de ces formes de propagande mensongère.   

Ces points constituent les positions politiques inébranlables sur lesquelles reposent tout notre travail. Au sens plein du terme notre mouvement est un mouvement de solidarisation totale avec la guerre du peuple vietnamien..   

Ainsi, dans son principe, notre action anti-impérialiste de soutien à la guerre du peuple vietnamien est clairement définie. Le peuple vietnamien définit lui-même sa lutte comme une lutte anti-impérialiste, il définit sa place dans la lutte des peuples opprimés comme celle de l’avant-garde, celle du combattant de choc. Le peuple vietnamien est aux avant-postes de la lutte nationale et démocratique des peuples opprimés contre l’impérialisme, contre l’impérialisme américain en tout premier lieu.   

C’est pourquoi notre soutien à la lutte du peuple vietnamien est par nature une lutte anti-impérialiste, avec nécessairement comme cible l’impérialisme U.S, chef de file de l’impérialisme mondial.   

Inversement notre lutte anti-impérialiste consiste avant tout à apporter aux peuples opprimés par l’impérialisme le soutien politique tel qu’il est défini par ces peuples eux-mêmes.  

En premier lieu, le caractère de fer de lance des luttes anti-impérialistes du peuple vietnamien nous impose d’accorder la place prépondérante au soutien aux luttes du peuple vietnamien.  

En second lieu, l’exemple du peuple vietnamien étant repris, nous apportons notre solidarité aux autres peuples engagés, à des niveaux de développement divers, dans la même voie révolutionnaire, en particulier au peuple lao, proche compagnon d’armes du peuple vietnamien, qui en est à la troisième étape de sa guerre populaire : la contre-offensive stratégique.

En tous points la guerre du peuple lao est une guerre de tout le peuple contre l’agresseur yankee, elle met en oeuvre les mêmes principes fondamentaux avec des formes d’application tout aussi créatrices que celles du peuples vietnamien.   

C’est pourquoi il est de notre devoir de briser le silence avec lequel la propagande impérialiste essaie d’isoler la lutte du peuple lao.   

En définitive, non seulement il n’y a aucune contradiction à qualifier notre mouvement d’une part comme mouvement anti-impérialiste, d’autre part comme mouvement de soutien aux luttes des peuples contre l’impérialisme, mais c’est en plus une chose nécessaire. Lutte anti-impérialiste, soutien aux peuples opprimés, avec à leur tête les peuples vietnamien et lao, c’est une seule et même lutte vue sous deux aspects complémentaires.   

Voici donc rappelés brièvement le sens profond, la logique et les grands axes de notre action anti-impérialiste de soutien aux peuples opprimés. Voyons maintenant notre mouvement lui-même.  

A l’heure de notre premier congrès, il n’est pas inutile de revenir sur ce que nous avons fait afin d’être mieux préparés encore aux tâches qui nous attendent.   

Style de masse et Comités de base, armes fondamentales de l’unité de tous les anti-impérialistes.   

Le développement de notre mouvement est rapide. Sur le plan de la quantité, c’est-à-dire de l’augmentation de nos effectifs militants, de l’augmentation du nombre des comités, le bilan que nous pouvons tirer aujourd’hui est entièrement positif : de quelques dizaines de militants et d’un petit nombre de comités que nous étions il y a seulement un an et demi, nous sommes passés à plus de 120 comités dans la région parisienne, à plus de 150 en province.   

Cependant pour avoir une idée correcte de notre développement réel, nous devons examiner avant tout les aspects qualitatifs, c’est-à-dire la valeur politique de notre travail. Notre développement en quantité est entièrement positif, c’est un fait incontestable, mais ce n’est pas décisif, ce qui est décisif, c’est notre évolution qualitative, c’est l’influence politique de notre travail sur les luttes anti-impérialistes en France, l’amélioration dans la réalisation de nos objectifs politiques, dans nos méthodes de travail.   

Premièrement : au niveau de nos actions centrales, plusieurs événements peuvent servir de points de repère à notre évolution.   

Le premier en date de ces points de repère, c’est le meeting public du 20 décembre 1967, que les Comités Vietnam de Base ont organisé dans la grande salle de la Mutualité pour fêter le 7è anniversaire du glorieux Front National de Libération du Sud-Vietnam.  

Nous avons pu tenir des meetings jusqu’ici mais de caractère semi-public seulement. Chaque comité amenait ses sympathisants, c’était surtout des manifestations militantes par lesquelles nous affirmions notre cohésion, par lesquelles nous prenions conscience de notre force grandissante.   

En ce sens, le meeting public du 20 décembre sanctionnait un changement : nous n’étions plus à nous compter mais nous nous adressions directement aux masses de notre pays.  

Sans aucun effet publicitaire, sans aucune des « têtes d’affiches » habituelles, sans aucune personnalité « du monde des lettres et des arts », sans aucune de ces pratiques démagogiques dont sont malheureusement devenues friandes les organisations françaises, en comptant exclusivement sur la force de notre ligne politique, sur la sympathie rencontrée dans le peuple français par le combat du peuple vietnamien, en ne comptant que sur notre propre travail de propagande, nous avons en rencontrant un grand succès, prouvé que nous étions une force importante de la solidarité avec le peuple vietnamien.   

De plus, étant les seuls à fêter d’une façon politiquement correcte et par des méthodes d’action de masse, le 7è anniversaire du seul représentant authentique du peuple vietnamien du Sud-Vietnam, nous n’avons pas seulement montré que nous étions une force politique importante, nous avons surtout montré que les Comités Vietnam de Base sont la force la plus fermement résolue dans la tâche de solidarité avec le peuple vietnamien.   

Le 7 février, nous avons encore fait un pas en avant décisif bien que nous n’ayons pas su utiliser pleinement les conditions extrêmement favorables créées par les débuts de la foudroyante offensive généralisée de la population sud-vietnamienne.  

Malgré nos insuffisances nous avons pris cette fois la tête de la lutte contre la propagande U.S incarnée par les pro-américains de tous poils de notre pays : néo-nazis et autres fascistes, ex-kollabos et vychissois regroupés dans une tentative de justification publique des crimes de guerre des impérialistes yankees et de leurs marionnettes saïgonnaises.   

Le 7 février, en effet, à l’appel des Comités Veitnam de Base et d’eux seuls, et malgré les manoeuvres d’autres organisations beaucoup plus soucieuses de leur susceptibilité que de répondre fermement aux provocations des propagandistes pro-yankee la voix des impérialistes, la voix des vrais amis des peuples opprimés a couvert la voix des marionnettes françaises de Washington.  

Les supporters de l’agression U.S n’ont pu tenir leur meeting, ils n’ont pu que se serrer la main entre eux, protégés par une mobilisation de gardes mobiles et de CRS comme on n’en avait pas vu en France depuis longtemps.   

Enfin, ces temps derniers, alors que de nombreuses organisations, à l’exemple du PCF emboîtaient le pas à l’escroquerie politique, à la prime à l’agression constituée par la campagne « du riz pour les enfants laotiens », nous avons cette fois encore été les seuls à détenir la capacité politique de déclencher une campagne de dénonciation de cette honteuse manoeuvre.  

Nous avons dénoncé l’intervention de la marionnette Souvana Phouma, nous avons dénoncé le silence soigneusement gardé sur l’agression américaine contre le peuple lao, perpétrée comme au Vietnam suivant la tactique de la guerre néo-coloniale.  

Nous restons manifestement les seuls à populariser la guerre du peuple lao contre l’agresseur impérialiste. Notre riposte a prouvé notre capacité définitive à répondre désormais à toutes les formes de propagande en faveur des crimes impérialistes même lorsque cette propagande jouit de l’appui du gouvernement français et de moyens énormes tels que la télévision, la radio et la presse dite d’information.   

Au total, ces divers points de repère, les plus significatifs et non les seuls montrent la progression constant de notre capacité d’initiative politique, la profonde justesse de notre ligne politique et le fait que le développement inéluctable des guerres révolutionnaires de tous les peuples opprimés renforcent inéluctablement nos possibilités d’action.   

Deuxièmement : la progression significative de notre force lorsque nous concentrons nos efforts n’est pas le seul facteur pour mesurer l’accroissement de la valeur politique de notre mouvement. En effet, dans le cadre de notre travail de propagande à la base, nous avons fait de grands progrès.  

Dans un certain sens, c’est même ce travail à la base qui est le plus important.  

C’est le travail à la base qui conditionne notre propagande centrale.   

Ces deux derniers mois en particulier, nous avons rectifié et parfois modifié de fond en comble nos méthodes de popularisation de la guerre du peuple, nos méthodes de propagande contre l’agression impérialiste.  

A la lumière de notre ligne politique d’une part, à la lumière des riches expériences accumulées dans notre travail militant, nous avons peu à peu précisé le contenu de notre propagande, et surtout nous l’avons peu à peu orienté plus directement vers les masses de notre pays.  

C’est en ce sens qu’il faut interpréter les changements décisifs intervenus dans notre journal « Victoire pour le Vietnam ».  

C’est en ce sens qu’il faut interpréter l’amélioration de notre système de propagande, de nos méthodes de diffusion à la base, principalement.   

Les problèmes de la propagande renvoient à un problème fondamental, celui du mouvement de masses. Nous avons toujours défini pour notre mouvement la nécessité d’être un mouvement de masses.  

Ces derniers mois nous ont permis de préciser notre travail pour remplir cet objectif.   

C’est en effet un fait que, en fonction des conditions objectives qui ont présidé à la naissance de notre mouvement, la base sociale des comités est encore petite-bourgeoise pour l’essentiel. La question de notre base sociale est une question importante. Nous ne devons ni la traiter à la légère, ni en faire une montagne métaphysique infranchissable.  

Notre base sociale, ce n’est ni un drame ni une fatalité, c’est simplement un fait objectif dont nous connaissons les raisons.  

Le problème n’est pas pour nous de nous lamenter sur ce fait, mais bien plutôt, en ne ménageant pas nos efforts ni notre esprit d’initiative, de changer peu à peu la base sociale de notre mouvement.   

Cela, c’est une raison supplémentaire qui nous a conduit peu à peu à orienter résolument notre propagande vers les travailleurs. C’est à eux, d’abord, que nous nous adressons.  

C’est au service de la solidarité des travailleurs, du peuple français avec les travailleurs, le peuple vietnamien que nous militons. C’est désormais une chose claire ; c’est pourquoi il est bon de le rappeler ici :   

1)      que les comités comportant des ouvriers sont de plus en plus nombreux   

2)      que l’amélioration ininterrompue de notre travail de propagande entoure chaque comité d’une zone d’influence de plus en plus profonde parmi les travailleurs   

  3)      que le problème n’est pas tant celui d’organiser les travailleurs dans les comités de base qui existent déjà que d’aider les travailleurs touchés par notre propagande à organiser eux-mêmes des comités de base fondés sur la ligne politique correcte qui est la nôtre, avec des formes spécifiques relevant nécessairement du travail à la base.   

Nous devons nous garder des points de vue unilatéraux. Notre base sociale est un fait, et non un problème de fond. Ce n’est pas notre base sociale actuelle, par ailleurs en transformation, qui détermine notre travail.  

Elle n’est que l’une des conditions objectives parmi toutes celles que nous devons maîtriser pour regrouper sur une base politique invariable tous les anti-impérialistes de notre pays.   

Naturellement certains défauts, particulièrement les tendances à l’irrésolution, aux points de vue métaphysiques, aux discussions trop longues où l’on rivalise quelquefois d’agilité à couper les cheveux en quatre proviennent de notre base sociale.  

Mais l’expérience a clairement montré que tous ces défauts sont surmontables et qu’au fur et à mesure nous les éliminons. La transformation de notre base sociale est un processus prolongé : il est vain à ce propos de se laisser aller à une impatience ou à un désespoir parfaitement injustifiés.   

Notre propagande est la seule méthode correcte de résolution de ce problème. La seule façon de résoudre ce problème, c’est de concentrer nos efforts afin de continuer à développer notre propagande à la base qui nous rapproche constamment des masses de notre pays. Nous avons accompli de grands progrès dans cette voie : continuons, plus résolument encore.  

L’expérience de certains comités montre que pour peu que l’on s’y mette vraiment, les résultats sont extrêmement positifs.   

Nous avons vu deux des trois armes principales de notre mouvement : la ligne politique et une propagande résolument tournée vers les plus larges masses de notre pays.   

Il nous reste à parler de la troisième arme de notre mouvement : le comité de base.   

Nous commettons souvent l’erreur de considérer le comité de base comme une petite organisation semblable aux autres avec seulement des positions plus conséquentes.  

En fait, le CVB est une forme d’unité réalisée.  

La ligne politique des Comités Vietnam de Base et leurs méthodes de travail sont non seulement une forme d’unité mais la seule forme d’unité réelle politiquement juste qui soit possible.  

Il n’y a pas juxtaposition de diverses lignes politiques dont il faut faire un amalgame pour que l’unité soit réalisée. Non : la seule forme du comité vietnam de base constitue l’unité réalisée sur une ligne politique unitaire claire et juste.   

C’est pourquoi, réaliser l’unité, lutter de façon conséquente pour l’unité, ce n’est pas mener des discussions de compromis entre les organisations mettant en oeuvre une ligne de faux soutien et le mouvement des Comités Vietnam de Base.  

L’unité de tous les anti-impérialistes pour laquelle nous luttons se confond avec le développement et la multiplication des Comités Vietnam de Base organisant un travail de propagande directement orienté vers les plus larges masses et s’appuyant sur une ligne politique unitaire qui est la nôtre.   

L’unité des anti-impérialistes ne peut être et ne sera jamais le mélange d’un peu de CNA [Comité National d’Action, philo-révisionniste] plus d’un peu de CVN [Comité Vietnam National, philo-trotskyste] plus d’un peu de CVB plus d’un peu de n’importe quoi, l’unité des anti-impérialistes est réalisée dans chacun des comités Vietnam de base existant, indépendamment des autres organisations, politiques, religieuses ou autres à laquelle chacun de nous est libre d’appartenir par ailleurs.   

Un comité de base du mouvement, c’est l’unité de divers anti-impérialistes réalisée politiquement et organisationnellement.

L’unité des anti-impérialistes, ce n’est rien d’autre que le multiplication des comités Vietnam de base, que le développement de notre mouvement. Lutter pour l’unité des anti-impérialistes, ce n’est rien d’autre que développer notre travail de propagande, c’est-à-dire populariser la guerre du peuple, ses principes fondamentaux et les leçons universelles qu’elle comporte. C’est une chose importante qu’il est bon de préciser de temps en temps.   

Camarades !   

Aujourd’hui, 31 mars 1968, nous nous sommes réunis pour l’assemblée plénière du premier congrès des comités Vietnam de base.

Après un an et demi de travail militant, après un an et demi de soutien résolu à la juste lutte du peuple vietnamien, nous sanctionnons le développement de notre mouvement.  

Aujourd’hui, nous nous constituons officiellement en mouvement, c’est une chose importante.   

Cependant, là n’est pas l’essentiel. Constituer officiellement un mouvement, n’importe qui peut le faire.  

L’essentiel, c’est que notre mouvement est un mouvement réel et que c’est son développement réel que nous officialisons aujourd’hui.   

Comme toutes nos réunions centrales, notre congrès nous permet de discuter des principaux problèmes de l’heure, de confronter nos expériences.  

Il permet de mettre au poste de commandement de notre mouvement le point de vue d’ensemble.  

Tous les problèmes discutés hier en commissions concernent l’ensemble des militants. L’unité sur chacun des points politiques importants sortira renforcée de notre premier congrès.   

L’unité politique, c’est l’une des choses qui nous rendent forts ; nous renforçons sans cesse notre unité dans la lutte idéologique, dans la confrontation avec l’action de masses.  

Dans ce domaine aussi nous avons fait de grands progrès.   

Par exemple, lors de la constitution du « Comité National d’Action pour le soutien et la victoire du peuple vietnamien », la confiance de certains de nous s’est trouvée ébranlée, d’autres se sont un instant laissés tromper par la tactique politique de « la poudre aux yeux » qui tient lieu de ligne politique au PCF par rapport à la lutte anti-impérialiste.  

Mais aujourd’hui qu’un peu d’eau a coulé sous les ponts, nous voyons que les choses ne sont pas dans la pratique telles que les dirigeants du « Comité National d’Action » parviennent encore à faire croire à un grand nombre d’amis sincères du peuple vietnamien.   

Sans cesse la réalité confirme nos analyses et renforce les conditions favorables à notre travail, c’est à nous de savoir les utiliser au profit de la lutte anti-impérialiste.  

Après chaque épreuve ou expérience, la santé de notre mouvement apparaît plus éclatante.  

Après chaque épreuve, notre unité en sort grandie et renforcée, plus solide et plus consciente. C’est encore une des raisons profondes de notre développement, l’un des facteurs déterminants pour notre progression.   

Souvenons nous enfin que ce congrès comme tout ce que nous faisons est placé sous le signe des guerres révolutionnaires menées contre l’impérialisme par les peuples opprimés.  

Souvenons nous de ce qui est, en dernière analyse déterminant, ce sont les victoires éclatantes remportées par le peuple vietnamien, les victoires éclatantes remportées par le peuple lao. Notre congrès, c’est en un certain sens, c’est avant tout le salut du peuple français à l’avant-garde héroïque du combat pour la libération de tous les peuples du monde.   

VIVE LE PEUPLE VIETNAMIEN
VIVE LE PEUPLE LAO  
VIVE LA SOLIDARITE DES PEUPLES CONTRE L’IMPERIALISME  
VIVE LA VICTORIEUSE GUERRE DU PEUPLE 

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UJC (ml) : Indépendance pour la Guadeloupe (1968)

[Mars 1968.]

Le procès machiné par l’état impérialiste français contre les patriotes guadeloupéens s’est rapidement transformé en tribune d’accusation du pouvoir colonial et de ses complices.

Au sein même de la Cour de Sûreté de l’Etat, la lutte aiguë entre la ligne révolutionnaire d’indépendance nationale et la revendication traîtresse des révisionnistes d’autonomie a été mise en relief de façon saisissante. Le pouvoir colonial et les révisionnistes sont bien d’accord sur une chose : le maintien des « liens » entre la France et la Guadeloupe. C’est cette thèse dont le procès a fait justice !

A QUI PROFITENT LES LIENS ENTRE LA FRANCE ET LA GUADELOUPE ?

L’impérialisme français parle d’aide désintéessée à la Guadeloupe. En fait les liens entre la France et la Guadeloupe sont les liens qui unissent le voleur à sa victime !

Nous pouvons affirmer, écrit le GONG dans son rapport économique de février 1965, que « la France a volé par le seul truchement de la balance commerciale 18 milliards 548 millions 720.000 Anciens Francs.

Si nous déduisons de ce chiffre le montant de l’aide qu’elle prétend nous fournir (soit 10 milliards) nous pouvons conclure que c’est la Guadeloupe qui chaque année fournit à la France UNE AIDE s’élevant pour 1964 dans le seul domaine du commerce à plus de 8 milliards! »

Le pouvoir colonial et les révisionnistes font grand bruit de la faible superficie du pays, de son faible développement, du risque de voir la Guadeloupe tomber sous la coupe de l’impérialisme américain.

Mais QUI empêche par tous les moyens le développement équilibré de la Guadeloupe?

N’est-ce pas précisément la politique de pillage et de banditisme, le système de misère et d’opression de l’impérialisme français?

Ruiner pendant des siècles un pays, et s’écrier ensuite d’un air tartuffe que ce pays est « trop pauvre » pour être abandonné à lui- même (et continuer à l’appauvrir systématiquement) voila ce que signifient les clameurs larmoyantes sur « le cercle vicieux du sous- développement ».

Les révolutionnaires guadeloupéens savent, eux, que la solution des problèmes économiques de la Guadeloupe est dans la libération de l’énergie créatrice des masses populaires, ce qui passe par la rupture avec toute forme de dépendance extérieure.

LE PEUPLE GUADELOUPÉEN DOIT-IL SUBORDONNER SA LUTTE CONTRE L’IMPERIALISME FRANÇAIS A LA LUTTE DU PEUPLE DE FRANCE?

A l’occasion des élections législatives de mars 1967, le P.C.G. a clairement montré comment il répondait à cette question. Au mépris de ses précédentes déclarations, il a décidé de présenter ses candidats alors que le GONG menait campagne pour l’abstention révolutionnaire.

Quel est l’explication de cette nouvelle trahison du P.C.G. ? Le P.C.G., fidèle instrument du P.C.F., a prétendu que la meilleure manière de lutter contre l’impérialisme français en Guadeloupe était de renforcer le courant « démocratique » en France et en particulier au Parlement!

L’ennemi direct du peuple français et du peuple guadeloupéen est le capitalisme impérialiste français; mais, peut-on en déduire qu’il y a rapport de subordination entre l’une et l’autre lutte? Absolument pas.

Les peuples d’Indochine et d’Algérie devaient-ils attendre que la classe ouvrière et ses alliés aient pris le pouvoir en France pour mener à bien leur lutte de libération nationale?

L’Histoire a montré que cela aurait été une pure et simple trahison. Sous prétexte qu’une France « démocratique » créerait des « conditions favorables » à la lutte de ces peuples, le P.C.F. cherche à en faire des forces d’appoint pour sa politique électoraliste en France.

C’est ainsi que depuis de nombreuses années, le P.C.F. s’est comporté en « suzerain » à l’égard des partis « vassaux » qu’était le P.C.A., que sont le P.C.G., le P.C.M. etc…

Une telle politique n’est en tait que le reflet du rapport de domination entre la «métropole» et ses colonies, une politique social-chauvine.

Le P.C.A. a été balayé par la lutte des masses algériennes pour l’indépendance; le P.C.G. est aujourd’hui démasqué par le peuple guadeloupéen comme complice de l’impérialisme français.

QUELLE POLITIQUE SERVENT LES REVISIONNISTES ?

De toute façons, disent les révisionnistes, le mot d’ordre d’indépendance nationale pour la Guadeloupe ne correspond pas encore à l’état de prise de conscience des masses, c’est pourquoi nous luttons pour l’autonomie.

Cette affirmation est démentie par les faits. Malgré les énormes moyens de pression dont dispose le colonialisme français, malgré les manoeuvres de division du P.C.G., la juste politique d’abstention préconisée par le GONG a reçu une approbation massive en mars 1967 puisque plus de 53% des électeurs ont refusé de participer à la force électorale.

Lorsque le P.C.G. et le P.C.F. reprennent les affirmations de Billotte prétendant que les luttes populaires de Basse Terre et de Pointe à Pitre et la répression sanglante qui a suivi sont le fait d’une poignée d’agitateurs gauchistes, de provocateurs etc… (accusation que l’Accusation elle-même au procès a été obligée d’abandonner) quels intérêt, servent-ils, sinon ceux du pouvoir colonial ?

LA LIGNE REVOLUTIONNAIRE TRIOMPHERA!

Le procès des 18 patriotes guadeloupéens devait décapiter le GONG et l’isoler en lançant sur lui l’anathème du «séparatisme».

En fait, la situation s’est retournée a cours du procès : l’accusé, c’est le colonialisme français, les témoins ce sont les prévenus, et le juge, les peuples de Gaudeloupe et de France.

C’est ce qu’était obligé de reconnaître le journal « Le Monde » dans son commentaire du 24 février.

« Au dossier de l’accusation qu’ils ne veulent pas connaître, les inculpés opposent le leur ».

De plus, ce procès a considérablement éclairé la lutte entre les deux lignes en montran que seuls ceux qui se réclament du mot d’ordre d’indépendance nationale font peur au Pouvoir colonial : on comprend que les révisionnistes français soient « gênés » et que, la place qu’ils accordent dans l’Humanité à ce procès d’une importance historique soit si mince (d’ailleurs l’Humanité Dimanche du 26 février 1968 n’en a pas souffle mot!).

En fait, la cause est entendue le peuple guadeloupéen renforcera son unité autour du mot d’ordre d’Indépendance Nationale, prendra pour arme la pensée de Mao Zedong et balaiera l’impérialisme français et ses complices révisionnistes.

Les marxistes-léninistes français à la faveur du procès des patriotes multiplieront les intiatives pour expliquer au peuple de France la nature sanguinaire de l’impérialisme français et la lutte du peuple guadeloupéen pour son indépendance, ils organiseront partout où ils se trouvent une propagande systématique sur cette question.

LIBEREZ LES PATRIOTES
HORS DE GUADELOUPE L’AGRESSEUR FRANÇAIS
LE PEUPLE GUADELOUPÉEN VAINCRA!        

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UJC (ml) : Sur les groupes d’établissement (1968)

Première partie.

Un important mouvement a été déclenché dans l’U. J. C. : des militants marxistes-léninistes se constituent en groupes d’établissement et vont parmi les niasses populaires, vivre parmi elles et travailler à la production.

La tâche principale qui nous incombe actuellement est de développer et d’affermir ce mouvement, d’unifier son orientation, son style de travail, son organisation.

Pour ce faire, nous avons avant tout besoin de saisir correctement les tâches politiques de ce mouvement, telles qu’elles découlent de la réalité concrète de la lutte des classes en France.

Des étudiants et des militants marxistes-léninistes non ouvriers vont dans les usines de façon organisée.

Que vont-ils y faire? Quel est leur but? Quelles sont les limites de leur travail? En quoi cela constitue-t-il une étape nécessaire du développement du mouvement marxiste-léniniste en France, de l’édification du Parti Communiste ?

Telles sont les questions auxquelles nous devons répondre. Pour l’essentiel, la réponse à ces questions tient en une phrase: l’objectif politique des groupes d’établissement est de créer parmi les ouvriers eux-mêmes, les noyaux dirigeants des luttes révolutionnaires marxistes-léninistes, le noyau dirigeant du mouvement marxiste-léniniste.

Autrement dit, le mouvement des groupes d’établissement est une réponse concrète que nous apportons actuellement en France au problème universel que pose et qu’a posé partout la naissance d’une avant-garde politique du prolétariat : le problème de la fusion du marxisme révolutionnaire et du mouvement ouvrier.
Les idées et théories révolutionnaires les plus avancées pénètrent à grande échelle d’abord dans les étudiants et parmi les jeunes intellectuels.

C’est là une loi du développement historique, qui se vérifie en France comme partout ailleurs.

Mais les étudiants et les jeunes intellectuels ne peuvent être la force dirigeante de la révolution, même lorsqu’un certain nombre d’entre eux se lient aux masses et transforment leur point de vue.

Seule la classe ouvrière est suffisamment puissante et vigoureuse pour prendre en main le destin de la révolution.

Il incombe par conséquent aux jeunes intellectuels révolutionnaires de jouer le rôle d’intermédiaires, pour faire pénétrer les idées d’avant-garde dans la classe ouvrière, principalement parmi les éléments les plus combatifs du prolétariat, qui doivent constituer la force motrice de la révolution.

Nous verrons plus loin pourquoi il est actuellement nécessaire, afin de remplir cette tâche, que les jeunes intellectuels entrent à la production.

En France, à notre époque, quelles sont ces idées révolutionnaires avancées qui ont d’abord pénétré d’une façon relativement plus large parmi les étudiants et les jeunes intellectuels?

Ce sont les idées de la ligne de masse, de la stratégie et de la tactique de la guerre populaire, du développement du processus révolutionnaire ininterrompu et par étapes, l’idéologie communiste de  » Servir le Peuple  » et de se mettre à l’école des masses, le style de travail consistant à pratiquer l’autocritique et à se soumettre à la critique des masses…

Bref, c’est la pensée de Mao Tsé Toung, dont la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne a stimulé une diffusion toute nouvelle et une compréhension beaucoup plus profonde.

Que l’avant-garde prolétarienne s’assimile cette idéologie et cette pratique, qu’elle s’unisse encore plus étroitement qu’elle ne peut le faire spontanément avec la masse ouvrière et le peuple, qu’elle maîtrise l’essence de la stratégie et de la tactique révolutionnaire du prolétariat, et la révolution connaîtra en France un nouvel essor.

Mais qu’entendons-nous par  » avant-garde prolétarienne  » ? Comment se peut-il qu’il y ait encore, disons un divorce, entre l’avant-garde du mouvement ouvrier d’une part, les idées d’avant-garde du prolétariat (la pensée de Mao) de l’autre ? Et surtout comment parvenir à la fusion des deux ?

Il existe dans la classe ouvrière française des éléments avancés. Ce sont des ouvriers, qui, par leur position de classe ferme, la justesse de leur tactique dans les luttes contre le patronat, l’application spontanée qu’ils font de la ligne de masse, ont gagné la confiance de leurs camarades de travail et se sont dégagés comme éléments dirigeants des mouvements de masse dans l’usine.

Ces ouvriers sont des cadres que les masses se sont donnés elles-mêmes, ils constituent l’avant-garde de fait du mouvement ouvrier ; dans les grèves, les manifestations, dans toutes les luttes ouvrières, leur rôle est décisif.

A l’heure actuelle, pour nous, -reconnaître le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution, c’est travailler effectivement à faire naître les noyaux d’ouvriers avancés armés de la pensée de Mao Tsé Toung qui dirigeront le mouvement. . . .

Mener le travail au sein des masses en un lieu donné sans concentrer ses efforts sur la création d’un noyau dirigeant marxiste-léniniste ouvrier, c’est nier dans les faits le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution.

Tant qu’un tel noyau n’existe pas, aucun progrès n’est possible dans le travail de masse.

Quelles tâches découlent pour les groupes d’établissement de cette orientation générale?

Premièrement, il est nécessaire que chaque groupe d’établissement mette rapidement à l’ordre du jour de son travail la formation d’un petit noyau d’ouvriers avancés gagnés au marxisme-léninisme, de diffusion de la pensée de Mao, d’explication de notre ligne politique, d’étude de notre presse, d’élaboration de la tactique marxiste-léniniste dans le mouvement ouvrier.

Le but des groupes d’établissement, doit être de se transformer rapidement en groupes de travail communistes où les ouvriers joueront un rôle dirigeant.

Pour ce qui est des noyaux ouvriers, le mieux est de constituer des petites fractions clandestines syndicales qui auront les moyens d’appliquer une ligne de niasse dans les entreprises, et de montrer par la pratique aux travailleurs la juste voie de la lutte de classe, tout en démasquant progressivement les révisionnistes.

Notre tactique est de constituer parmi les ouvriers avancés les plus actifs dans l’organisation des luttes et le travail syndical, des noyaux marxistes-léninistes clandestins.
Cela signifie que nous rejetons comme erronée un certain nombre de lignes qui s’écarteraient de cette tactique :

1° La ligne opportuniste de gauche, qui consisterait à nous lancer (nous-mêmes une fois entrés à la production, ou avec une poignée d’ouvriers marxistes-léninistes) dans une propagande marxiste-léniniste ouverte dans la classe ouvrière;

engager une telle action avant d’avoir accumulé des forces suffisantes, d’avoir concrètement démontré à la masse quelle est la ligne de travail correcte en systématisant ses propres idées et ses propres aspirations, d’avoir concrètement démasqué la poignée de révisionnistes dirigeants, ce serait à coup sûr nous couper des masses, diviser le syndicat et nous interdire tout moyen d’action dans la lutte de classe contre le patronat.

2° La ligne opportuniste de  » droite  » qui consisterait à mener par nous-mêmes, sans associer complètement un noyau ouvrier, même très restreint, à notre travail et à notre tactique, une  » ligne de masse à pas de tortue « , consistant à faire pénétrer par bribes des éléments limités de conscience politique dans la masse ouvrière.

Que résulte-t-il de ce qui précède sur le plan des formes organisationnelles ?

Que la forme des  » groupes d’établissement  » (étudiants et militants m.-l. allant s’établir parmi les masses et entrant à la production) est transitoire : les G. E. doivent en de brefs délais (quelques mois) se transformer en G. T. C. sur les lieux de production, dans lesquels les ouvriers gagnés au m.-l., les dirigeants et militants syndicaux, les vieux militants expérimentés ou les jeunes ouvriers actifs dans les luttes, la création d’un Syndicat, etc., jouent un rôle dirigeant.

Nous devons ensuite avoir pour objectif proche de réunir ces noyaux ouvriers en une organisation unique, l’organisation des G. T. C., élaborant une tactique unifiée dans le mouvement ouvrier et une propagande unifiée parmi les masses, contrôlant effectivement le contenu de notre presse, etc.

Pour favoriser la transformation du point de vue de nos camarades établis et la naissance de véritables organisations implantées dans les masses, il nous faut prendre des mesures précises :

1° Dégager les camarades des problèmes idéologiques et organisationnels posés dans l’U. J. C. M. L.

Il n’est pas bon que ces camarades détournent des forces importantes pour mener une lutte idéologique directe (réunions, discussions, etc.) dans l’organisation.

Pour ce qui est de la direction de l’ensemble du mouvement, c’est une question qui ne pourra être résolue de façon définitive que lorsque sera mise sur pied l’organisation des groupes ouvriers m.-l.

Dans la période de transition où nous sommes, le rôle dirigeant de la ligne des G. E. doit se concrétiser essentiellement par la participation directe et le contrôle sur la presse, le bulletin intérieur et tous les instruments de propagande, l’élaboration active de la ligne générale du mouvement et de ses textes politiques.

2° Organiser les réunions des G. E. dans un style prolétarien : discussions brèves et concrètes, soigneusement préparées et débouchant sur des mesures pratiques et des textes.

Deuxième partie : Le mouvement en faveur de l’établissement dans l’U. J. C. M. L.

La propagande dans l’U. J. C. M. L. en faveur de l’établissement doit être poursuivie.

Mais il est indispensable de mettre fin aux excès petits-bourgeois qui l’ont marquée dans la ire période.

Nous devons résolument liquider le terrorisme idéologique et le sectarisme.

1° L’établissement parmi les masses et l’entrée à la production sont des tâches politiques que doivent prendre en main un certain nombre de nos camarades à l’étape actuelle du mouvement m.-l. Ies camarades qui s’établissent ont des objectifs politiques précis :

* propager la pensée de Mao dans la classe ouvrière ;

* faire naître des noyaux ouvriers m.-l., dirigeant effectivement les luttes de classe dans les unités de production ;

* se mettre au service de ces noyaux pour définir, en commun avec eux, la tactique des m.-l. dans le mouvement ouvrier en se fondant sur les principes de la ligne de masse ;

* édifier sous la direction de ces noyaux ouvriers avancés, une pensée communiste, instrument décisif d’une propagande générale dans la classe ouvrière.

Le mouvement en faveur de l’établissement doit par conséquent prendre appui sur ces bases politiques.

Il est indispensable que les camarades qui vont s’établir aient assimilé ces bases politiques et soient armés pour les effectuer.

L’étude de la presse et des publications internes, la discussion avec des travailleurs, la réflexion sur les questions syndicales, le militantisme et le travail de propagande dans le mouvement de la jeunesse et les quartiers peuvent constituer pour ces camarades, des instruments de cette préparation.

2° La ligne petite-bourgeoise de terrorisme idéologique sur les thèmes de la révolutionnarisation de soi doit être critiquée, combattue et défaite.

Nous devons expliquer qu’il n’appartient [pas] à quelques militants parmi nous de  » transformer  » et de « révolutionnariser  » leurs camarades par des discussions en chambre, baptisées  » lutte idéologique « .

C’est par le travail politique, l’éducation politique, la lutte prolongée au sein des masses que nos camarades pourront transformer profondément leur point de vue et apprendre à servir correctement le peuple, à faire la révolution.

Pour ce qui est de la critique de notre position de classe, de notre conception du monde, nul ne peut se substituer au contrôle qu’exercent les masses elles-mêmes.

Dans l’immédiat, l’arme des militants dans la lutte idéologique à l’intérieur de l’organisation, est la discussion politique, menée faits à l’appui, à la lumière du m.-l., de la pensée de Mao.

Pour ce qui est des méthodes dans le mouvement d’établissement, nous devons à la fois METTRE LA POLITIQUE AU POSTE DE COMMANDEMENT, éviter le gaspillage des forces et les efforts désordonnés, parvenir à la plus grande efficacité possible dans l’accomplissement de nos tâches actuelles.

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UJC (ml) : A propos des perspectives d’organisation d’un détachement du prolétariat (1968)


1. Que signifie à l’étape actuelle du développement du mouvement m.-l., l’organisation d’un détachement du prolétariat ?

La situation actuelle dans son ensemble pourrait
se définir grossièrement ainsi :

– dispersion qualitative des forces m.-l.,
– extrême faiblesse de ces forces.

Ce sont :
– des ouvriers ou groupes d’ouvriers isolés ;
– des étudiants et des éléments de la petite-bourgeoisie concentrés.

Face à cette faiblesse, les forces de la contre-révolution mènent une puissante offensive contre la classe ouvrière, exploitant le désarroi créé par la trahison révisionniste.

L’idéologie révisionniste, elle, garde une puissante emprise sur la classe ouvrière, il ne faut pas la sous-estimer ; mais en contrepartie, nous savons que dans chaque usine cette oppression conjuguée de la bourgeoisie et du révisionnisme suscite des réactions, une opposition dans la classe ouvrière.

On comprend aisément que dans une telle situation tout changement qualitatif dans les luttes et organisation de la classe ouvrière revêt une grande importance pour l’ensemble du mouvement m.-l.

Que signifie ici changement qualitatif ?

Nous pensons qu’il est lié à la naissance de noyaux m.-l. appliquant de manière conséquente la ligne de masse, c’est-à-dire réussissant à ressouder une large union sur des bases m.-l. dans la classe ouvrière, en ayant pour cible de se transformer en organisation de combat pour résister victorieusement à l’ennemi de classe.

Nous pensons que de tels noyaux constitueront des bases pouvant solidement appuyer le développement du mouvement m.-l. et c’est en ce sens qu’un changement qualitatif aura été réalisé.

I^e mouvement m.-l. est encore à la recherche de ses bases prolétariennes pour appuyer son développement, bases qui devront constituer de véritables organisations de combat et qui, pour reprendre le mot de Lénine, constitueront de véritables  » embryons d’un parti révolutionnaire s’appuyant sur le mouvement ouvrier « .

Bien que les perspectives de travail soient particulièrement larges et particulièrement exaltantes, il faut reconnaître qu’en France tout reste à faire dans ce domaine.

C’est pourquoi nous pensons que partout où des perspectives d’organisation de noyaux ouvriers m.-l. s’ouvrent des confrontations d’expériences et une réflexion approfondie sur ces problèmes s’impose de manière urgente.

Pour notre part, nous avons commencé à réfléchir sur les possibilités qu’offrait le développement du noyau m.-l. existant.

Ce noyau est actuellement concentré dans une usine et mène pour l’instant le travail de propagande m.-l. parmi les larges masses de l’usine.

Plusieurs exigences sont apparues aux militants pour que l’influence de leur noyau puisse s’étendre et pour qu’il se renforce :

1. Ia nécessité d’un travail clandestin, seule condition à l’étape actuelle (ouvriers trompés par le révisionnisme, position offensive de la bourgeoisie) pour effectuer un véritable travail de masse.

Sinon les forces de la contre-révolution n’auront pas de mal à isoler les m.-l., et par là même à augmenter la division de la classe ouvrière.

2. Ia nécessité de ne pas isoler la lutte contre le révisionnisme de la lutte contre la bourgeoisie, ce qui signifie en l’occurrence de ne pas privilégier le travail de renforcement du noyau m.-l. au détriment du travail de renforcement du syndicat.

Tous les progrès qui ont été réalisés jusqu’ici dans la prise de conscience d’un certain nombre de militants de la justesse des positions m.-l. l’ont été à propos d’actions pratiques de lutte contre l’ennemi de classe :

– élimination de la direction syndicale objectivement passée sur les positions de la bourgeoisie corrélative au renforcement du syndicat ;

– dénonciation de la trahison des dirigeants départementaux à propos d’une grève victorieuse (opposés au départ à une grève longue, les révisionnistes ne firent pas écho dans la presse au mouvement de trois jours qui avait été engagé, de même ils ont aussi gardé le silence sur une manifestation des ouvriers destinée à sensibiliser largement la population à l’action menée ; enfin ils critiquèrent après coup l’opportunité de telles grèves) ;

– discussions sur la démobilisation créée par les actions  » centrales  » (13 déc., etc.).

C’est dans le renforcement de la cohésion et des positions de combat du syndicat que s’est révélée la trahison, des nouveaux militants ayant pris conscience de la trahison révisionniste par la compréhension que seules les positions m.-l. constituaient des positions de lutte fermes contre la bourgeoisie.

3. La nécessité de prendre l’initiative stratégique sur le plan local seul moyen d’acquérir une supériorité durable sur l’ennemi ; ici initiative stratégique :

– donc impulsion de nouveaux syndicats dans les usines environnantes où les forces réactionnaires sont les plus fortes ;

– perspective de coordination locale des luttes, c’est-à-dire en même temps renforcement du travail pouvant se faire au sein même du foyer ;

– impulsion d’une propagande adaptée à la situation sur le plan régional plus ou moins directement par le foyer central (plan de presse)…

Toutes ces exigences concourent à faire que pour l’instant le travail de l’organisation se traduit par la constitution d’un cercle clandestin travaillant sur la base du syndicat en étroite coordination et collaboration avec tout mouvement pouvant se développer dans les usines- de la région.

La plupart des exigences évoquées pour que le travail communiste dans notre région se développe et que le noyau ne soit pas décapité par l’ennemi vont à l’encontre des méthodes et idées développées par le M. C. F. car elles correspondent, à des tactiques fondamentalement opposées.

2. Élaborer une stratégie et une tactique adaptée au travail des communistes en France.

A. Actuellement, il faut y revenir à propos du M. C. F., les ouvriers m.-l. en France sont isolés dans un certain nombre d’usines, et ne dirigent pas encore réellement des luttes : les forces objectives et subjectives de la contre-révolution gardent l’initiative.

Face à cette situation, le M. C. F. déduit sa tactique : la première chose à faire (avant d’engager le travail permettant de rassembler les larges masses) est de tracer la ligne de démarcation entre m.-l. et révisionnistes, cette ligne prenant la forme de création organisationnelle (nouveaux syndicats, parti).

L’orga-nisation créée, il ne s’agit plus que de la consolider, la dernière étape étant l’action.

Tout peut ainsi se justifier : si actuellement en France il n’existe que des militants isolés (avec ou sans le nom de syndicat) c’est que nous ne sommes qu’à l’étape de la « naissance « .

En fait, la situation est plus dramatique car elle risque d’être celle de l’isolement croissant des m.-l. en qui les ouvriers risquent de voir des individus n’hésitant pas à détruire l’unité de la classe ouvrière et par-là même la force qu’elle peut opposer à la bourgeoisie pour les besoins de leur propagande.

Une telle appréhension a des fondements car elle correspond en fait à une mauvaise application de la pensée de Mao sur les problèmes de la ligne de masse et de la solution des contradictions au sein du peuple.

– Penser que la seule vertu de créations organisationnelles ou de prises de parti ouvertes puissent correspondre à une étape du travail de masse est contraire aux principes de la ligne de masse : c’est seulement à la suite du travail communiste dans les masses, de l’élévation de la conscience politique des masses sur des problèmes pratiques que des transformations peuvent être réalisées, que les masses peuvent en voir la nécessité.

Sinon, on se coupe des masses ce qui correspond invariablement à une politique et un style de travail erronés.

– Penser qu’une nouvelle division, même momentanée au sein de la classe ouvrière puisse servir les intérêts du prolétariat et de la révolution est contraire aux principes développés par Mao sur la résolution des contradictions au sein du peuple.

Est juste ce qui favorise l’union du peuple et non ce qui provoque la division en son sein ; l’élimination réelle des dirigeants révisionnistes passés dans les rangs de la contre-révolution, de leur emprise sur une fraction de la classe ouvrière, ne pourra se faire qu’avec l’appui des plus larges masses comprenant les ouvriers trompés par eux.

– Pour le travail pratique des militants m.-L, tout
cela correspond à des problèmes bien concrets : le
choix entre deux voies fondamentalement opposées

– la voie de l’adhésion au Parti, de la propagande ouverte sur les positions m.-l., de la création d’un nouveau syndicat ;

– la voie du travail clandestin dans les masses, de l’unification, dans la lutte, de la classe ouvrière sur la base du m.-l,

B. C’est pourquoi il est vital pour le développement de notre travail et pour le développement du mouvement de se déterminer pratiquement (en fonction des perspectives qui existent actuellement) sur la tactique à employer pour développer le travail d’un noyau d’ouvriers communistes et pour nous sur le meilleur moyen de servir cette tactique.

Deux éléments nous semblent à ce titre déterminants :

1° Dans l’état actuel du mouvement, surmonter la passivité et l’infériorité, prendre l’initiative stratégique dans la lutte contre la réaction, revient à savoir concentrer des forces localement, à renforcer les points d’impact où des perspectives de développement d’un noyau m.-l. existent concrètement.

Le président Mao a dit :

 » Nous pouvons sortir de notre infériorité et de notre passivité stratégiques relatives en nous assurant dans un grand nombre de campagnes la supériorité et l’initiative sur le plan local et à le condamner à l’infériorité et à la passivité.

L’ensemble de ces succès locaux nous permettra d’acquérir la supériorité et l’initiative stratégiques et l’ennemi se trouvera réduit à l’infériorité et à la passivité stratégiques. La possibilité d’un tel tournant dépend d’une direction subjective juste. « 

S’assurer des succès locaux, succès signifiant des luttes victorieuses dirigées par des m.-l. contre l’ennemi de classe et ses alliés (dénonciation pratique du révisionnisme), c’est avancer considérablement dans l’éducation du peuple français, c’est lui permettre de voir clairement, par sa propre expérience, que l’ennemi peut être vaincu.

D’autre part, les embryons d’organisation, de parti qui naîtront avec une telle orientation constitueront des bases solides sur lesquelles les forces m.-l. pourront s’appuyer, se renforcer et anéantir à leur tour l’ennemi.

Concentrer des forces semble donc vital pour résister victorieusement à l’ennemi ; le simple constat de la présence de m.-l. même militante n’est pas suffisant pour progresser et empêcher l’ennemi de nous décapiter.

Il faut partir gagnant dans la bataille à engager et mettre tous les atouts de son côté.

C’est pourquoi pour notre part, nous opérons un mouvement de concentration de forces sur la région où nous travaillons, de telle manière que vues les possibilités existantes ce soient les m.-L, non la réaction, qui aient l’initiative du développement.

Nous examinerons plus loin la forme et la modalité de cette concentration.

2° Le second élément déterminant relève de la recherche des méthodes adaptées à la solution des contradictions au sein du peuple.

Les ouvriers désorientés et les ouvriers trompés sont encore nombreux : se couper d’eux c’est donner des armes à la bourgeoisie, c’est ne pas progresser dans la constitution d’organisations de combat.

Pour les ouvriers m.-l. en voie d’organisation, des méthodes concrètes commencent à être utilisées;

– utilisation maximum de la discussion et de la persuasion à propos de faits concrets ;

– renforcement de l’unité et de la cohésion dans la lutte contre la bourgeoisie, dans l’extension de l’influence du syndicat parmi les ouvriers ;

– préparation d’un plan de propagande graduée à partir de problèmes où les idées révisionnistes sont particulièrement faibles.

Problèmes de la presse.

Sur ce dernier plan, nous disposons d’un journal ronéotypé paraissant régulièrement, presque entièrement rédigé par le noyau ouvrier dirigeant qui sera diffusé par les comités étudiants de soutien aux luttes des travailleurs.

Ces comités procéderont par distribution à la sortie des principales usines de la région ; mais il ne s’agirait aucunement d’une impulsion d’idées du dehors ; les problèmes abordés devront être directement les problèmes des travailleurs de ces mêmes usines.

D’autre part les discussions auront été déjà préparées à l’intérieur des usines et pourront être dirigées.

Ce moyen de diffusion de la presse est indispensable pour que les conditions de travail clandestin soient réellement remplies.

A côté de ce journal, nous pourrons disposer de feuilles d’agitation adaptées au travail d’organisation dans les usines où il n’y a pas encore de syndicat C. G. T. ou dans les usines où le syndicat est complètement tenu par les révisionnistes.

L’utilisation de Servir le peuple reste à préciser. I^a nouvelle orientation inaugurée par le n° 13 nous incite à penser qu’il aura pour un temps un rôle transitoire qui devra combiner :

– l’étude des problèmes d’orientation du mouvement m.-l., essentiellement à usage des militants m.-l. (ouvriers et autres problèmes de travail dans le syndicat, orientation du mouvement de la jeunesse).

– la présentation pédagogique d’un matériel de propagande pouvant être utilisé pour le travail des militants dans les plus larges masses et tenant compte du problème des méthodes à adopter pour résoudre les contradictions existant actuellement au sein du peuple. S. L. P. peut être lu par des militants trompés ; il est nécessaire qu’il les fasse progresser (les démystifie).

Il est possible que dans un deuxième temps, une différenciation se fasse entre deux journaux nationaux mais, pour l’instant, les insuffisances de S. L. P. dans son utilisation de masse ne pourront être compensées que par des journaux locaux.

Ceci dit, notre participation sous la direction du noyau ouvrier sera effective : la différenciation de S. L. P. dépend directement du développement de notre travail.

3. Orientation pratique de notre travail.

A. A l’échelon régional, nous opérons une dispersion des forces existantes, c’est-à-dire que nous n’avons pas concentré les militants à l’usine là où existait déjà le noyau m.-l.

Il est apparu clairement que le meilleur moyen de concentrer des forces, de renforcer le noyau, de lui permettre de se développer, revenait à lui donner une assise de masse non cantonnée à l’usine mais s’étendant à l’échelle de la région.

En effet, le soutien réciproque que pourront s’apporter les noyaux naissants dans plusieurs usines et le noyau central dans le développement des luttes coordonnées est beaucoup plus important pour le développement du travail que l’adjonction de deux ou trois militants au noyau central.

Il s’agit en gros, que des militants m.-l. travaillent dans un certain nombre d’usines de la région qui semblent avoir une importance stratégique pour le développement et le renforcement du noyau m.-l. existant.

Ce sont d’une part les usines directement liées au foyer central (même type de recrutement de la main-d’œuvre, proximité géographique facilitant les contacts et permettant une action directe des ouvriers m.-l.), où pour la plupart il s’agira de constituer des syndicats C. G. T.

D’autre part, ce sont des concentrations ouvrières proches (grandes agglomérations urbaines) dont le poids est décisif dans les luttes de classes régionales, et où existent des syndicats C. G. T., semble-t-il aux mains des révisionnistes.

Là nous savons encore peu de choses et l’initiative la plus large devra être développée pour établir des liens avec le foyer central.

Enfin des perspectives existent également pour adjoindre au mouvement une fraction du prolétariat agricole (grandes exploitations).

Dans tous les cas le travail devra déboucher sur des actions coordonnées (soutien à la constitution de syndicats, propagande régionale unifiée par l’intermédiaire d’un journal, luttes communes, manifestations, etc.).

B. Un changement fondamental est intervenu dans la perspective initiale que nous avions de notre travail de groupe d’établissement. Il est très vite apparu que servir le peuple signifiait pour nous nous mettre sous le contrôle et la direction du détachement du prolétariat qui s’organisait.

Notre groupe initial va donc progressivement se fondre au groupe d’ouvriers communistes en voie d’organisation avec pour seule ambition de les servir de notre mieux dans les tâches qu’ils se sont fixés.

C. L’impulsion du comité étudiant de soutien aux luttes des travailleurs relève de notre initiative: nous ferons tout pour qu’il se développe et pour qu’il se mette réellement au service de notre travail communiste dans les masses.

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UJC (ml) : Notre révolution sera-t-elle pacifique (1968)

UNE LUTTE POUR LE POUVOIR

Il n’y a pas de question plus importante pour les ouvriers que celle de la conquête du pouvoir. Toutes les luttes qu’ils mènent seraient sans avenir, s’ils ne prenaient pas en fin de compte le pouvoir politique.

Aucun résultat, aucune conquête des ouvriers n’est définitive, tant que le pouvoir politique n’est pas pris par les ouvriers. La conquête de la Sécurité Sociale à la libération, à un moment d’essor des forces populaires, est aujourd’hui remise en cause par le gouvernement.

Pour la durée de travail, pour les libertés syndicales, c’est la même chose, rien n’est définitivement acquis, tant que le pouvoir n’est pas pris.

La lutte contre les licenciements et pour la sécurité de l’emploi, contre le chômage grandissant, est au fond une lutte politique, une lutte pour le pouvoir : sous les gouvernements de la IVè République, comme aujourd’hui, la lutte contre les licenciements s’est développée ; c’est une lutte incessante sous les gouvernements bourgeois, parce que ceux-ci exécutent les instructions des grands groupes capitalistes, désireux de s’agrandir, de se « moderniser», d’éliminer les concurrents.

C’est la raison pour laquelle les gouvernements encouragent et tolèrent les licenciements. Attendre de ces gouvernements dociles la sécurité de l’emploi ou la garantie des libertés syndicales est de toute évidence une utopie.

Aucun ouvrier conscient ne peut se faire la moindre illusion sur ce point. 

Ce faisant, il affirme clairement que toutes les luttes des ouvriers doivent tendre vers la prise du pouvoir. On ne se bat pas pour se battre, on ne se bat pas seulement pour des améliorations de détail, toujours remises en question. On se bat pour le pouvoir.

La grande masse des ouvriers en France sait bien cela. Mais depuis quelques années, des opportunistes tentent de brouiller toutes les cartes, sur cette question de la prise du pouvoir.

L’expérience de chaque ouvrier éduqué dans les luttes de son usine est tout à fait claire, la lutte qui oppose les ouvriers au patron est une lutte impitoyable où chaque adversaire doit parfaitement connaître la nature et les moyens de celui qui est en face, pour ne pas risquer l’échec : en particulier l’aide apportée par le gouvernement ou ses agents locaux au patron est quelque chose que les ouvriers voient bien.

A l’échelle nationale, tous les patrons, la classe capitaliste appuyée par le gouvernement central et ses organes locaux, s’opposent à l’ensemble des ouvriers à la classe ouvrière.

La lutte est plus impitoyable, puisqu’il y va du sort de la classe dans son ensemble et non plus simplement de quelques individus. C’est pourquoi les ouvriers doivent parfaitement connaître la nature et les moyens de leur adversaire à l’échelle nationale.

Leur expérience dans l’usine leur montre que la lutte, si elle n’est pas préparée, aboutit à la défaite.

Ils doivent bien comprendre que ce qui vaut pour leur lutte particulière vaut encore plus pour la lutte générale de tous les ouvriers contre tous les patrons.

COMMENT PRENDRE LE POUVOIR

L’expérience de chaque ouvrier lui apprend qu’il faut préparer la lutte pour vaincre ; l’expérience de la classe ouvrière dans son ensemble lui apprend qu’il faut préparer la lutte de classe nationale pour la prise du pouvoir, pour vaincre son ennemi à l’échelle nationale, seule manière de l’abattre totalement.

Voilà pourquoi, la question : comment prendre le pouvoir? revêt la plus grande importance.

Répondre à cette question clairement, c’est préparer son esprit et l’esprit de tous les ouvriers à la lutte pour la conquête du pouvoir.

Chaque ouvrier sait que c’est par la grève essentiellement que se manifeste la lutte entre lui et le patron. Comment à l’échelle nationale se manifeste la lutte pour le pouvoir? Comment prendre le pouvoir ?

Les dirigeants du P.C.F. disent :nous prendrons le pouvoir de manière pacifique. La révolution en France sera pacifique, ceux qui disent le contraire sont des aventuriers.

En clair, cela signifie qu’on ne renversera pas les patrons par la violence, qu’on les poussera seulement à s’en aller, à nous laisser leurs propriétés, sans qu’on ait besoin de manifester notre force, la violence de toute notre classe.

Un délégué syndical qui dirait aux ouvriers de son usine : du calme, allons, ce n’est pas la peine de s’échauffer, il n’y a aucune raison de nos jours pour que le patron ne cède pas à nos revendications, sans qu’on ait besoin de lutter ; il faut tout juste faire une pression sur lui et négocier dans un organisme créé justement à cette intention. la commission paritaire, ce délégué jouirait-il d’une quelconque autorité sur les ouvriers avec un- discours pareil ?

Evidemment non, il serait complètement discrédité. Les dirineants du PCF tiennent un discours semblable, sur la question de la prise du pouvoir.

Du calme, disent-ils, il suffira d’une pression et grâce au Parlement nous prendrons le pouvoir.

Nous atteindrons notre but, qui est de prendre le pouvoir, par les moyens pacifiques de la « pression » et non pas par les moyens de la violence.

La « pression » des masses aboutira à la victoire au Parlement. Le Parlement, c’est un peu à l’échelle nationale la Commission paritaire.

Ces thèses des dirigeants du P.C.F. constituent un retour en arrière pour le mouvement ouvrier ; le mouvement ouvrier international a tiré en effet les leçons de sa riche expérience et ces leçons imposent un démenti cinglant aux thèses du P.C.F. sur la prise parlementaire du pouvoir.

Les thèses du P.C.F. sont une remise en question, une révision de ces leçons du mouvement ouvrier. Voilà pourquoi nous disons que ces thèses sont révisionnistes. Les ouvriers doivent parfaitement comprendre pourquoi la voie pacifique et parlementaire au socialisme est une illusion.

Et pour cela. il faut considérer attentivement les principaux arguments en faveur des thèses révisionnistes.

PREMIER ARGUMENT : L’ORIGINALITÉ DE LA TRADITION PARLEMENTAIRE FRANÇAISE

Le premier argument porte sur les traditions originales de la vie politique française : la France a une longue tradition du régime d’assemblée. Les thèses révisionnistes insistent beaucoup sur cette « originalité ».

Premièrement, pourquoi cette insistance sur l’originalité? C’est une manière de faire comprendre aux ouvriers français qu’ils ne doivent pas imiter les ouvriers soviétiques, chinois ou vietnamiens.

Les ouvriers soviétiques avaient pris en 1917 les armes des arsenaux ou au front et ils avaient renversé le gouvernement des capitalistes et des propriétaires qui accaparaient les terres. Les ouvriers n’ont pas attendu la convocation du Parlement pour prendre le pouvoir.

Leur dirigeant, Lénine, les a appelés à rejeter leurs illusions sur la convocation du Parlement et à renverser par les armes le pouvoir des réactionnaires.

En Chine, à l’appel de leur dirigeant Mao-Tsé-Toung, les ouvriers chinois ont pris la tête de la guerre que menaient les larges masses de paysans contre les propriétaires féodaux puis contre les agresseurs étrangers.

Au Vietnam aujourd’hui, comme en Chine hier, les ouvriers ont pris la tête de la guerre que mènent les paysans et toute la nation vietnamienne contre l’agresseur américain.

Toutes Ies luttes révolutionnaires ont été des luttes armées. Comme les dirigeants du PCF ne veulent pas suivre cette voie, la voie de la lutte armée, ils ne veulent pas que les ouvriers français prennent exemple sur leurs frères de classe de l’Union Soviétique, de la Chine ou du Vietnam.

Alors, ils insistent lourdement sur l’ « originalité » de la vie politique française.

Deuxièmement, qu’en est-il exactement de cette «originalité » ? Examinons la chose de manière historique. Il est vrai que si l’on remonte jusqu’au XIIè siècle on peut retrouver des formes de régime d’assemblée, des formes de parlementarisme en France.

Mais l’histoire, c’est l’histoire de la lutte de classes. L’histoire de ces formes de parlementarisme, les communes dès le XIIè siècle, les Etats-Généraux avant la Révolution de 1789, la Constituante de 1789, le Parlement au XIXè et au XXè siècle, c’est en fait l’histoire de la bourgeoisie.

Ces différentes formes de parlementarisme ont été successivement des instruments par lesquels les bourgeois se préparaient à prendre le pouvoir des mains des aristocrates, prenaient ce pouvoir effectivement, et enfin consolidaient ce pouvoir, c’est-à-dire le défendait contre l’assaut des ouvriers et du peuple révolutionnaires.

Cela signifie que la vieille tradition originale que mentionnent avec tant d’insistance les thèses révisionnistes, c’est ce qui est resté constant, malgré des différences de forme, à travers les différentes étapes qui ont vu se former la bourgeoisie (l’exploitation bourgeoise) et qui l’ont vue vaincre et se consolider.

La tradition parlementaire c’est la tradition de l’exploitation et du pouvoir bourgeois. Si cette tradition est puissante et vieille, c’est que de longues années de préparation au pouvoir, puis de longues années d’exercice du pouvoir ont donné à la bourgeoisie puissance et vieillesse.

Voilà l’originalité de la vie politique française, une bourgeoisie âgée et expérimentée ! Pourquoi devrions-nous imiter les bourgeois lorsqu’ils luttaient contre les aristocrates et pas les paysans lorsqu’ils menaient la guerre contre ces mêmes aristocrates, au même moment?

Pourquoi devrions-nous imiter les phraseurs bourgeois dans les assemblées de la grande révolution de 1789 et pas les révolutionnaires intrépides, qui eux ne se contentaient pas de phrases pour faire avancer la révolution et qui préféraient, autant que cela leur était possible à l’époque, s’appuyer sur les masses du peuple et employer des méthodes révolutionnaires – la Terreur – contre les ennemis de la révolution?

Enfin pourquoi imiterions-nous les bourgeois qui parlementaient à Versailles, et pas les communards qui créaient par la violence un pouvoir totalement nouveau, un pouvoir créé et contrôlé directement par les ouvriers et le peuple ?

A chacun son passé, disons-nous aux dirigeants du PCF : réclamez- vous des traditions parlementaires bourgeoises, si vous y tenez, nous, nous voulons continuer la Commune !

DEUXIÈME ARGUMENT : LA PLURALITÉ DES PARTIS.

Le deuxième argument c’est la thèse selon laquelle en France le passage au socialisme doit se faire par l’accord des différents partis « démocratiques »…

La pluralité des partis désireux de construire le socialisme, voilà la deuxième particularité de la situation politique française. Examinons-la.

Qu’est-ce qu’un parti politique? C’est une organisation chargée de défendre les intérêts d’ensemble d’une classe, c’est l’instrument d’une classe contre une autre, l’instrument de la prise ou de la consolidation du pouvoir par une classe.

En France, il y a de nombreux partis. Comment les dirigeants du, PCF expliquent-ils ce fait? Ils expliquent que les nombreux partis politiques ont pour fonction de représenter les intérêts des nombreuses classes ou couches qui composent la société française.

Prenons les partis que les dirigeants révisionnistes appellent partis de « gauche ». Qui représentent-ils ? Les dirigeants révisionnistes répandent : les différentes « classes moyennes » des villes et des campagnes, classes qui peuvent être entraînées par le prolétariat dans la lutte contre la grande bourgeoisie.

En somme, les radicaux, une grande partie de la fédération de la gauche représentent les petits paysans, les artisans, les petits commerçants, les employés, les techniciens, les cadres moyens. Toutes ces couches sociales n’ont aucun intérêt à voir se perpétuer la domination des monopoles, le prolétariat peut compter sur leur appui dans sa lutte contre les monopoles.

L’argumentation dans son ensemble est-elle juste? Absolument pas. Il est vrai que ces couches peuvent être représentées dans ces organisations, mais est-ce que ces organisations représentent, elles, les intérêts de ces couches ? Non.

Dans la société capitaliste il n’y a fondamentalement que deux voies, deux camps, la voie capitaliste, le camp dirigé par la bourgeoisie et la voie socialiste, le camp dirigé par le prolétariat.

L’existence de ces deux voies fondamentales reflète la lutte qui oppose les deux classes fondamentales de la société moderne. Qui doit diriger les classes et couches qui se situent entre le prolétariat et la bourgeoisie ?

C’est là une très importante question. La bourgeoisie a au départ de très gros avantages, elle a beaucoup d’argent, de l’expérieuce, des places à donner. Il lui est facile d’acheter les hommes politiques qui prétendent représenter ces couches intermédiaires et de les transformer en un tour de main en politiciens bourgeois.

Prenons le cas des représentants de la paysannerie travailleuse. La ruine et la misère des producteurs paysans fait que périodiquement des rangs de la paysannerie se lèvent des hommes désireux de défendre les intérêts des petits paysans.

Tout aussi régulièrement, le gouvernement a réussi à acheter ces hommes, à les tromper d’abord, ensuite les corrompre.

Il suffit de peu : la fréquentation d’hommes retors et cyniques dans les organisations professionnelles, dans les services techniques des ministères, d’hommes dont le métier est de défendre les gros producteurs, pour transformer notre homme politique en politicien de la bourgeoisie.

L’atmosphère hypocrite des organisations de la bourgeoisie, organisations professionnelles, « syndicales », techniques, la perspective d’un strapontin ici ou là, d’un siège de député, il n’en faut pas plus généralement pour que notre homme politique oublie la misère des paysans.

Après tout, se dit-il, cette misère n’est-elle pas inévitable? Ce processus se répète sur une grande échelle. Aussi les ouvriers ne doivent pas s’en tenir aux apparences.

Une organisation de « gauche » dans laquelle peuvent se reconnaître provisoirement des couches du peuple travailleur n’en est pas moins une organisation bourgeoise, si les hommes qui la dirigent en fait sont des politiciens de la bourgeoisie.

En France, on peut dire que les organisations de gauche regroupent des couches du peuple travailleur, mais sous la bannière de la grande bourgeoisie.

Considérons les politiciens socialistes. Le parti socialiste influence non seulement des couches populaires, mais aussi des couches proprement ouvrières. Le parti socialiste représente-t-il les intérêts des ouvriers et du peuple? Non.

Les hommes politiques socialistes ont été formés à l’école de la bourgeoisie, ils ont appris à gérer les affaires de l’Etat capitaliste, il suffit de rappeler les nombreux ministères qu’ils ont formés sous la IVè République, ils ont appris à défendre les intérêts de leurs maîtres, les impérialistes français : Lacoste est un tortionnaire du peuple algérien, Mollet est l’auteur de l’aventure de Suez.

Ils ont appris le maniement des armes au profit de la bourgeoisie, Jules Moch a dirigé les fusillades contre les ouvriers. Tous ces politiciens s’entendent à merveille pour tromper le peuple.

Les socialistes ont méme été achetés par les Américains, les dirigeants de Force Ouvrière divisaient la classe ouvrière en 1947 avec l’argent des Américains.

Les différents partis de « gauche » appliquent différentes méthodes pour regrouper les couches populaires sous la bannière de la grande bourgeoisie. La « pluralité des partis de gauche », c’est la pluralité des méthodes de domination par la grande bourgeoisie, par les trusts, des couches hésitantes du peuple travailleur. Les ouvriers feront-ils la révolution avec les représentants de la bourgeoisie ? c’est là une absurdité.

Les ouvriers feront la révolution en entraînant toutes les couches du peuple et, en particulier, les paysans travailleurs, mais non en entraînant les politiciens qui prétendent les représenter, et qui sont en fait les hommes des monopoles. De même que les ouvriers ne confondent pas les traditions originales de la bourgeoisie et les traditions originales du prolétariat, les ouvriers ne confondront pas le peuple et les pseudo-représentants du peuple.

Les dirigeants révisionnistes ne peuvent pas reconnaître la justesse de cette analyse, appuyée par des faits innombrables, parce que cette analyse contredit totalement leur perspective de prise du pouvoir par la voie parlementaire et pacifique.

En effet, seul, le PCF ne peut pas gagner une majorité parlementaire, avec les « fédérés » il est tout près du but.

Pour conquérir la majorité parlementaire, il faut donc faire comme si les hommes politiques de la «gauche » ne représentaient pas le personnel le plus pourri de la grande bourgeoisie.

Le malheur pour eux, c’est que la fine équipe de Defferre, Moch et compagnie, les ouvriers la connaissent bien.

ABATTRE L’ETAT DES RÉACTIONNAIRES!

II n’est pas étonnant dans ces conditions, que les dirigeants révisionnistes oublient de dire aux ouvriers qu’une des « originalités » de la vie politique française, c’est que l’Etat bourgeois s’est considérablement renforcé.

Comment dire aux ouvriers que la machine policière est devenue colossale depuis les jours de la Libération où les socialistes entraient en force à la Préfecture?

Comment leur dire que l’armée bourgeoise s’est perfectionnée, qu’une loi de la Vè République acceptée par les socialistes autorise la bourgeoisie en cas de besoin à recourir à cette armée pour mater le peuple ?

Comment dire enfin aux ouvriers que l’immense bureaucratie économique et politique qui écrase les ouvriers et tout le peuple, qui étouffe la moindre de leur initiative ne cesse pas de se développer?

Les socialistes, les hommes de « gauche », sont au coeur de ces corps d’Etat, imbus de leur supériorité de classe, anti-ouvriers, anti-populaires.

La vie politique française pour les révisionnistes, c’est la « pluralité des partis de gauche », c’est-à-dire la France capitaliste, anti-ouvrière, anti-populaire, impérialiste.

La vie politique française pour les ouvriers c’est la vie des ouvriers, des paysans, de tous les travailleurs, c’est la lutte du peuple pour imposer un gouvernement des ouvriers et des paysans, un gouvernement des travailleurs, non un gouvernement de « gauche ».

Les ouvriers ne veulent pas se battre pour perpétuer le régne des Mollet et des Jules Moch, sous prétexte de pluralité des partis démocratiques.

Ils se battent pour la « démocratie » ? Oui, si par démocratie on entend un pouvoir des travailleurs, sous le contrôle direct des masses populaires.

Non, si par démocratie on entend la perpétuation du régime des bureaucrates, des politiciens au service des monopoles. Et cela ne changera rien à rien, si on dit « démocratie véritable », au lieu de démocratie tout court.

Ce que les ouvriers doivent retenir de cette question, est au fond très simple : les patrons sont forts parce qu’ils ont à leur service des flics, des officiers, des politiciens retors, des fonctionnaires corrompus ou bornés.

Pour les renverser, il faut faire comme les ouvriers soviétiques, chinois ou vietnamiens, comme les communards, détruire tout ce beau monde de fond en comble.

Les ouvriers sont forts quand ils sont unis dans des organisations qui les représentent directement, qui sont sous leur contrôle direct, ils sont forts quand ils sont unis aux autres travailleurs dans des organisations représentant leurs intérêts communs, sous leur contrôle direct commun, ils sont forts quand ces organisations authentiquement populaires prennent les armes pour balayer la vermine.

La révolution des ouvriers et des paysans ne se fera pas au Parlement, elle ne se fera pas avec les politiciens de la bourgeoisie, elle ne se fera pas sous l’œil complaisant des flics.

ELLE NE POURRA PAS ETRE PACIFIQUE.

LE POUVOIR EST AU BOUT DU FUSIL


« La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire du marxisme-léninisme est valable partout, en Chine comme dans les autres pays. (Problèmes de la guerre et de la stratégie, Mao Tsé-toung)

« Chaque communiste soit s’assimiler cette vérité que a le pouvoir est au bout du fusil. » (Problèmes de la guerre et de la stratégie, Mao Tsé-toung)

« Du point de vue de la doctrine marxiste sur l’Etat, l’armée est la partie constitutive principale du pouvoir d’Etat.
Celui qui veut s’emparer du pouvoir d’Etat et le conserver doit posséder une forte armée. Certains ironisent sur notre compte en nous traitant de partisans de a l’omnipotence de la guerre ».
Et bien, oui ! nous sommes pour l’omnipotence de la guerre révolutionnaire. Ce n’est pas mal faire, c’est bien faire, c’est être marxiste. Les fusils des communistes russes ont créé le socialisme. Nous, nous voulons créer une république démocratique.
L’expérience de la lutte des classes à l’époque de l’impérialisme nous montre que la classe ouvrière et les masses travailleuses ne peuvent vaincre les classes armées de la bourgeoisie et des propriétaires fonciers que par la force des fusils. En ce sens, on peut dire qu’il n’est possible de transformer le monde qu’avec le fusil. » (Problèmes de la guerre et de la stratégie, Mao Tsé-toung)

« En Chine. sans la lutte armée, il n’y aurait pas de place pour le prolétariat, ni pour le peuple, ni pour le Parti communiste d’aujourd’hui. Les camarades du Parti ne doivent jamais oublier cette expérience payée de notre sang. » (Pour la parution de la revue Le Communiste, Mao Tsé-toung) 

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UJC (ml) : Comment la bourgeoisie française tente de s’allier le peuple des campagnes (1967)

Pour résister aux luttes des ouvriers, la bourgeoisie française a toujours tenté de trouver un appui dans les campagnes.  

Pour conserver le pouvoir et imposer le système capitaliste, elle utilise deux armes essentielles : la répression et la division. Pour la répression, elle se sert de sa justice, de ses lois, de ses flics.

Elle en a besoin pour tenter de briser les luttes qui mettent ses intérêts en cause. Pour diviser le peuple, en particulier les ouvriers et les paysans, elle se sert de négociations, de lois agraires, de politiciens, de journalistes et d’organisations professionnelles. 

Depuis qu’elle est au pouvoir et qu’elle s’oppose aux luttes populaires, la bourgeoisie a acquis une certaine expérience et sait se servir de ces deux armes en adaptant leur utilisation selon les moments et les lieux.

Cela fait plus d’un siècle que la bourgeoisie tente d’isoler les paysans des ouvriers. Depuis la commune, elle a compris qu’elle devait s’allier aux paysans pour maintenir son ­pouvoir contre les assauts de la classe ouvrière.

Les politiciens de droite, et même de gauche, ont souvent loué les paysans de leur bon sens inné, de leur amour de l’ordre, de leur attachement aux valeurs éternelles de la propriété privée… Ils cherchent ainsi à proclamer une parenté éternelle entre les intérêts et les idées de tous les paysans et ceux de la bourgeoisie. 

Même si jusqu’à maintenant les paysans ont souvent été des alliés pour la bourgeoisie, cette alliance est loin d’être naturelle.  Elle est le résultat des efforts de tous les gouvernements qui se sont succédé, d’une stratégie souvent remise en cause par la colère paysanne, mais rafistolée par des concessions ou des tromperies du pouvoir.

Le principe de la stratégie bourgeoise est simple et les gouvernements ont un bon moyen pour le mettre en œuvre : la politique agricole. Tous les paysans, riches ou pauvres, sont des producteurs indépendants.  

Si le gouvernement prend des mesures d’aide favorisant tous les paysans, les riches vont en profiter les premiers et ainsi accroître leur force, les autres n’auront que des miettes « qui les feront taire.», mais tous auront intérêt à demander de nouvelles mesures. Ainsi le paysan riche peut se présenter comme le champion des intérêts de tous les paysans en revendiquant des mesures dont il est le premier bénéficiaire.

Quand les paysans travailleurs se rendent compte que le soutien des prix ne mène à rien, la bourgeoisie trouve autre chose : la réforme des structures. On explique qu’ils peuvent, en étant de petits patrons dynamiques, relever la tête et rejoindre les gros, qu’il leur faut pour cela se moderniser, s’agrandir, s’endetter et ainsi tenter d’être les plus forts dans la concurrence.

On oublie de leur faire remarquer qu’étant donné les forces dont disposent déjà les paysans riches, ils ont peu de chances de « gagner la bataille ». On leur dit que toute la question est d’être moderne ou non : on tente de décourager les « anciens », les « non-­valables » et d’unir les « modernes ».  

Quel que soit son visage, le fond de la politique agricole est toujours le même : il s’agit de contrôler la paysannerie, de l’unifier derrière les représentants de l’agriculture capitaliste.  

Mais si le pouvoir du capital a les moyens de détourner la lutte des paysans­-travailleurs, il ne peut empêcher leur ruine.

Bien au contraire, il en profite.  Il ne peut empêcher les paysans pauvres de s’apercevoir qu’ils travaillent de plus en plus pour un revenu bien maigre, les paysans moyens de se rendre compte que leurs efforts de modernisation n’aboutissent qu’à les endetter toujours plus. Il ne peut empêcher les travailleurs de souhaiter que cela change. 

C’est pourquoi, si l’histoire montre que la bourgeoisie a réussi à se servir des paysans pour conserver son pouvoir, elle montre aussi que la révolte n’a cessé de naître et que l’unité des ouvriers et des paysans travailleurs correspond à un besoin réel. De cette histoire nous ne présenterons que les étapes les plus importantes.  

1. L’alliance révolutionnaire du peuple des campagnes et des bourgeois contre les féodaux 

C’est au cours de la Révolution de 1789 que les paysans, pour la première fois en France, se sont alliés à la bourgeoisie. Cette alliance est alors révolutionnaire : il s’agit de mettre bas tous les privilèges des seigneurs. La bourgeoisie en France n’est pas assez puissante pour vaincre seule le pouvoir féodal : elle a besoin des paysans.  

Riches ou pauvres, tous les paysans ont alors un intérêt commun : abolir les droits et privilèges féodaux qui réduisent les pauvres à la misère et empêchent les plus riches, les « coqs de village », les « bourgeois rassembleurs de terre » de se développer.  

Contre les seigneurs, tous les paysans sont unis et tous rejoignent ainsi la lutte de la bourgeoisie et du peuple des villes. La révolte paysanne, dans l’Est, a précédé la prise du pouvoir dans les villes. La Bastille tombée, ce sont encore les paysans en armes qui ont forcé la main au pouvoir bourgeois afin qu’il prenne des mesures pour abolir les privilèges des seigneurs.  

Les paysans aisés, les coqs de village, bref la bourgeoisie agricole, sortent victorieux de la Révolution : ce sont eux qui auront les moyens d’acheter la plupart des biens nationaux confisqués au clergé et aux nobles exilés, ainsi que la plus grande partie des terres communales mises en vente.  

Ce sont eux qui vont profiter de la libération du commerce, de l’abolition des droits de passage et des douanes intérieures, car ce sont eux qui vendent le plus alors que la majorité des paysans produit pour consommer et ne vend que de maigres excédents. 

Enfin, ce sont eux qui ont le plus intérêt à clore leurs champs et à remplacer la jachère où se nourrit le troupeau du village par une prairie artificielle ou une culture dont le produit revient au seul exploitant. Car souvent, pour les pauvres, la jachère soumise à la vaine pâture permet d’élever plus de bétail qu’ils n’en pourraient nourrir sur leurs petites parcelles.  

Mais la bourgeoisie agricole a largement partagé les fruits de sa victoire. L’abolition des droits seigneuriaux a fait disparaître une cause d’endettement et de misère. Le droit de propriété est reconnu au paysan parcellaire qui sent ainsi son avenir plus assuré. Souvent, en se groupant, même les paysans pauvres ont pu acquérir des terres. Dans certaines régions, en usant de la force, ils sont parvenus à se les distribuer par foyer.  

2. Les paysans dominés par des forces nouvelles. 

Dans la période qui suit la Révolution, les paysans se trouvent unis pour défendre l’ordre nouveau, c’est­à­dire le système bourgeois, contre tout retour aux servitudes féodales. En ce sens, ils sont les alliés de la bourgeoisie. Mais déjà l’économie de marché se développe et, dans cette économie, les mieux nantis se trouvent renforcés et les autres affaiblis. 

Alors que les paysans aisés et les nobles convertis au système bourgeois accaparent les terres, le peuple des campagnes connaît la misère. L’exode commence à devenir de plus en plus rapide. L’abandon de la vaine pâture qui gênait les paysans riches, la vente des biens communaux, privent une masse de journaliers, manouvriers, paysans pourvus d’un tout petit lopin, de la possibilité de faire paître leurs bêtes sur les jachères et les terres de la commune. Les petits laboureurs qui ont acheté quelques parcelles ont leurs terres grevées d’hypothèques.

A chaque succession, ils doivent racheter leur part et s’endetter de plus en plus. L’usurier sévit dans les campagnes. Les petits laboureurs voient avec colère les riches accaparer les terres et en faire monter les prix. 

Les paysans pauvres, les journaliers, commencent donc à s’opposer aux « bourgeois mangeurs de terre et faiseurs de clôtures », aux créanciers qui les ruinent et à l’Etat qui les impose de plus en plus lourdement. 

3. La révolution de 1848 : pour asseoir son pouvoir, la bourgeoisie divise le peuple. 

Dès 1845, les paysans répondent par la révolte à chaque vente de biens communaux. Quand les riches font des clôtures, le peuple les brise et quand on vient chercher l’impôt, on est reçu parfois avec des pierres. Comme en 1789, quand arrive la révolution de février 1848, la révolte a déjà gagné les campagnes.  Le pouvoir politique est alors aux mains de la bourgeoisie financière qui profite des dettes de l’Etat pour s’enrichir.

Dans l’opposition, les paysans ne sont pas seuls. On retrouve le prolétariat, les artisans et petits commerçants des villes et même la fraction de la bourgeoisie industrielle qui voit ses bénéfices rognés par les exigences des financiers et par les dettes de l’Etat (que dirigent ces mêmes financiers).  

Dans les usines, les conditions de travail sont très dures, les ouvriers sont réduits à la misère et prêts à l’insurrection. Endettés par des créanciers qui tiennent le haut du pavé, les petits bourgeois des villes sont prêts à se soulever. La Révolution de février 1848 sera l’œuvre de toutes ces forces, pour un moment coalisées contre le pouvoir de Louis-­Philippe. Les ouvriers, dans la révolution, n’ont servi que de force d’appoint.

Mais la victoire leur a donné confiance et ils attendent de transformer l’insurrection républicaine en révolution sociale. Le nouveau gouvernement, dirigé par la bourgeoisie libérale, a peur de cette perspective.  Il s’empresse d’affermir son pouvoir en se ralliant les financiers et la fraction royaliste de la bourgeoisie. Pour cela, il lui faut reconnaître toutes les dettes de l’ancien régime, donc maintenir les impôts impopulaires.

Il faut même les augmenter.  Les paysans seront les plus touchés par ces charges nouvelles. Pour éviter que la colère gagne les campagnes et se tourne contre le nouveau pouvoir bourgeois, le gouvernement provisoire utilise à la fois la tromperie et la répression.  

Dans certains endroits, il fait briser la révolte paysanne par des ouvriers et des artisans des villes en leur faisant croire que les paysans se soulèvent contre la République (alors qu’en fait ils se révoltent contre la république des riches qui leur fait payer les dettes de la monarchie).  

Ailleurs, il explique aux paysans que les impôts sont dus aux ateliers nationaux que les ouvriers ont imposés [Les ateliers nationaux avaient été créés pour tenter de résorber le chômage et pour apaiser les revendications ouvrières.  

Le gouvernement va se servir des ateliers pour réprimer les ouvriers. D’abord, il les dispersera en province, éloignant ainsi de Paris un  grand nombre d’ouvriers révolutionnaires.  

Ensuite, il parviendra à diriger la colère des paysans contre les  ateliers nationaux, c’est-­à-­dire contre les ouvriers.]. Ayant ainsi divisé le peuple, isolé les ouvriers, la bourgeoisie peut réprimer dans le sang l’insurrection de juin 48. 

Dès lors, elle répand dans les campagnes la peur des rouges, des partageux, de ceux qui « auraient voulu vivre à ne rien faire dans des ateliers nationaux et aux frais des paysans ». Les campagnes sont inondées de calomnies sur les ouvriers et de mensonges sur leur révolte.  

Mais les paysans s’aperçoivent vite qu’ils ne tirent aucun bénéfice du nouveau pouvoir. Les impôts continuent d’augmenter, les créanciers ont toujours les dents longues.  Contre la république qui les a déçus, ils vont voter pour le futur empereur.

Ainsi, par leur vote, ils consolident le pouvoir bourgeois. Mais ils le font sans le savoir : ils vont aux urnes aux cris de : « Plus d’impôts, à bas les riches, à bas la république, vive l’empereur. »Comme le fait remarquer Marx : « La république qu’ils abattaient de leurs votes, c’est la république des riches. » 

Les paysans espèrent que le prince président leur apportera la relative prospérité qu’ils ont connu sous le premier empire… Il ne leur apportera que l’impôt sur les boissons !…  

En quelques mois, ceux qui ont voté pour le nouveau pouvoir passent dans l’opposition. Des révoltes paysannes éclatent à nouveau et le prince président doit décréter l’état de siège dans toute la région de Lyon.  

4. Le Second Empire : Capitalisme dynamique et misère du peuple. 

En 1852, le suffrage universel est aboli et les paysans se trouvent, tout comme les ouvriers, en dehors du pays légal.  Dès lors et pendant tout le Second empire, la bourgeoisie victorieuse, dynamique, va se désintéresser complètement de ceux dont elle avait recherché l’appui. L’agriculture va se transformer. Les gros producteurs vont se développer et même commencer à se mécaniser.  L’exode des paysans pauvres prend une ampleur jusque­là inconnue. 

C’est la période du libre échangisme, de la concurrence acharnée avec l’étranger et, à l’intérieur, entre les entreprises. La croissance des industries et l’exode rural concentrent dans les villes un prolétariat de plus en plus nombreux.  Les industriels maintiennent tes salaires au plus bas possible, allongent la fournée de travail des ouvriers afin, disent­-ils, de soutenir la concurrence de l’étranger.  Les ouvriers, à nouveau, se préparent pour la lutte.

Ils se sont regroupés, organisés et, de plus, ils ont rompu leur isolement. Dans les villes, les artisans et les petits commerçants sont ruinés par la concurrence des marchandises étrangères et des produits de l’industrie nationale. 

L’endettement de la petite bourgeoisie des villes est à son comble. Le débiteur s’oppose au créancier.

Dans les campagnes, la baisse des prix agricoles due à l’importation massive de céréales à faible prix condamne un nombre croissant de petits paysans à la misère. 

Deux tendances se manifestent dans les campagnes : l’une revient à lutter contre les « riches » qui profitent de la situation, contre l’Etat qui impose les pauvres et fait baisser les prix ; l’autre à s’allier aux gros producteurs et aux propriétaires pour revendiquer des prix plus élevés.  

Les royalistes tentent d’utiliser la seconde pour reprendre le pouvoir : ils créent pour cela la Société des agriculteurs de France.  Quant à la première tendance, elle peut donner un écho au chant des ouvriers révolutionnaires : Ouvriers, paysans nous sommes le grand parti des travailleurs La terre n’appartient qu’aux hommes, l’oisif ira loger ailleurs.  

5. La Commune. 

Avec l’effondrement de l’empire, le siège de Paris, arrive la Commune.  Pour défendre Paris, et sous la pression populaire, le gouvernement du 4 septembre, dominé par la fraction anti-bonapartiste de la bourgeoisie, a dû armer la population. Dans leur lutte contre l’assiégeant, contre un gouvernement plus tenté par un compromis que par la défense de la capitale, artisans et ouvriers parisiens se sont rapprochés.  

Le peuple de Paris est uni et, de plus, il est armé. Quand le « gouvernement », pour « éviter les troubles », signe l’armistice et tente de désarmer Paris, le peuple riposte, conserve les armes et fonde la Commune.  

Pendant près de trois mois le pouvoir révolutionnaire des ouvriers et des artisans parisiens va battre en brèche le pouvoir de la bourgeoisie, qui s’est réfugié à Versailles.

Évincé de Paris, menacé par les insurrections qui éclatent dans les villes : Lyon, Marseille, Saint­-Etienne, Narbonne, le gouvernement versaillais, coalition de royalistes et de républicains très « réalistes » va tout mettre en œuvre pour s’assurer l’appui des campagnes.  La « Société des agriculteurs de France », créée par les royalistes, ne suffit pas. Il faut un appui plus large. Alors on inonde les campagnes de la propagande versaillaise. 

On abreuve les journaux de mensonges sur les atrocités des communards.  On propage partout la peur des partageux ; on met peu à peu dans la tête des paysans l’idée que les ouvriers parisiens sont des bandits. Paris reste isolé et les armées versaillaises vont pouvoir massacrer les communards. 

Zola dira plus tard : « C’est la partie saine de la France, la raisonnable, la pondérée, la paysanne, qui supprime la partie folle… » Certes, la Commune succombe parce que les campagnes ne se sont pas levées pour la défendre et que Versailles a pu y puiser une partie de ses armées.  Mais ce n’est pas spontanément que les paysans se sont rangés du côté du pouvoir bourgeois : il a fallu pour cela toute la propagande versaillaise. 

Dans certaines régions, malgré celle­ci, des mouvements paysans favorables à la Commune se développent. La Commune gagne les campagnes.  La bourgeoisie a peur. Elle a compris qu’elle a besoin de s’allier les paysans pour se maintenir au pouvoir. Très vite, le gouvernement multiplie les « encouragements donnés à l’agriculture ».  

6. La « grande alliance » des « paysans » et de la bourgeoisie. 

La royaliste Société des agriculteurs de France présidée par les marquis de Dampierre et de Vogue a suivi l’ensemble de la bourgeoisie contre la Commune. Après la répression, elle sert les royalistes contre les bourgeois républicains.  

Pour contrebalancer les royalistes et dominer la IIIème République, les radicaux vont tenter de s’assurer la même base paysanne en créant la Société nationale d’encouragement à l’agriculture. C’est ainsi que se développent les deux grands réseaux d’organisations professionnelles qui, sous prétexte de défendre les intérêts de « tous les paysans » vont simplement aboutir à « encadrer politiquement » la paysannerie.  

Regroupant agriculteurs capitalistes, paysans moyens, paysans pauvres, et même des journaliers, ces organisations vont camoufler l’opposition qui s’était fait jour dès 1848 entre les riches et les pauvres.  

Puisqu’ils profitent en premier lieu de toutes les mesures prises « dans l’intérêt de tous », les riches vont diriger toutes les organisations professionnelles. 

Progressivement, la bourgeoisie va mettre en place sa première politique agricole. Une partie de la bourgeoisie est protectionniste. Les royalistes et les organisations professionnelles agricoles le sont aussi. 

Cette politique sera donc une politique de soutien des prix. Le soutien des prix devient alors la base de l’alliance des paysans avec la bourgeoisie : les paysans pauvres y verront à court terme la possibilité d’être ruinés moins vite ; les paysans riches y trouveront l’assurance de profits très importants.  

C’est la période de Méline, du Mérite agricole, et jamais l’alliance des paysans avec la bourgeoisie n’a paru aussi forte. Les campagnes sont abreuvées d’une propagande agrarienne glorifiant les vertus paysannes traditionnelles, le sens de la propriété, défendant l’exploitation familiale.  

Cependant, malgré le soutien des prix, malgré les organisations professionnelles, le capitalisme continue à se nourrir de la ruine des paysans pauvres et, plus d’une fois, la révolte paysanne, en cette époque de grande alliance, a continué à faire entendre sa voix. 

Qui ne se souvient des grandes manifestations du Midi viticole, au début de ce siècle, des villages et des champs occupés par les ouvriers et les petits vignerons, des soupes populaires, des braves soldats du 17e envoyés pour mater la révolte et qui fraternisèrent avec le peuple ? 

Qui ne se souvient qu’à cette occasion la bourgeoisie dut à la fois faire des concessions pour désarmer le mouvement paysan et réprimer plus tard les manifestations des ouvriers agricoles ?  

7. Les efforts de la bourgeoisie pour empêcher les paysans de participer au Front populaire. 

Cependant, les efforts de la bourgeoisie pour diviser le peuple, pour séparer le mécontentement paysan de la lutte des ouvriers, ont porté leurs fruits.  

Quand arrive le front populaire, la bourgeoisie parvient à empêcher les paysans de participer en masse à ce mouvement. Dans les années 30, le capitalisme français subit une crise importante.  Mais ce sont les masses populaires qui en paient le prix : montée du chômage et réduction des salaires pour les ouvriers et les employés, ruine pour les paysans travailleurs.

Les paysans voient le cours des produits s’effondrer.  Si les gros producteurs capitalistes et les paysans riches ont les moyens de stocker et d’attendre que les prix remontent pour vendre dans de meilleures conditions, la masse des paysans travailleurs doit vendre aux plus mauvais moments, lorsque les prix sont les plus bas. Cette situation exaspère le peuple des campagnes.

La situation est d’autant plus tendue que le grand mouvement des luttes ouvrières ébranle le pouvoir bourgeois.  En dehors du fascisme, il ne reste plus qu’un moyen au grand capital pour empêcher qu’une jacquerie paysanne s’allie aux luttes ouvrières, que se réalise l’union du peuple contre lui : laisser les parlementaires bourgeois de la gauche dévier le mécontentement paysan en accordant quelques réformes.  Il va jouer simultanément les deux cartes. 

Des agitateurs fascistes, depuis 1930, sont à l’œuvre dans les villages. Ils utilisent la traditionnelle alliance des gros et des petits paysans dans les organisations professionnelles agricoles. Ils s’appuient sur cinquante ans de propagande bourgeoise et anti­-ouvrière pour propager la méfiance et la haine à l’égard des luttes ouvrières.  

Au même moment, les parlementaires socialistes s’agitent dans des commissions pour préparer des programmes destinés à « atténuer la crise agricole », à réorganiser les marchés, à résorber les excédents, etc.  

Voyant le danger, le Parti communiste appelle à un vaste front populaire unissant tous les travailleurs, en particulier les ouvriers et les paysans travailleurs.  

Le Parti communiste a alors deux possibilités : ou bien il entraîne les paysans dans la lutte pour les revendications populaires contre le grand capital ou bien il accepte que les parlementaires et ministres « de gauche » étouffent dans l’œuf le mécontentement paysan en prenant quelques mesures économiques.  

Prendre la première voie, c’est s’appuyer sans réserve sur les masses, c’est organiser le peuple dans des Comités de front populaire à la campagne comme à la ville, unir dans ces comités les ouvriers et les paysans travailleurs.  

Faire naître par cette unité le seul programme qui puisse durablement servir les paysans travailleurs : un programme de combat contre le capitalisme agraire.  La tâche est difficile : des dizaines d’années de propagande ont appris aux paysans à se méfier des ouvriers en général et des communistes en particulier.  

Le Parti communiste ne s’y attelle pas sérieusement, il ne fait pas porter ses efforts en priorité sur la constitution des Comités de front populaire dans les campagnes (Quelques années plus tard, le Parti fera une autocritique à ce sujet, reconnaissant que cette négligence a été sa plus grave erreur).  

Cette mollesse donne aux parlementaires de gauche le temps de mettre en œuvre un plan de réorganisation des marchés agricoles. En créant l’Office du blé, ils arrêtent provisoirement l’effondrement des cours.

Pour les paysans pauvres et moyens, la mesure a du bon à court terme : ils peuvent repousser les échéances dramatiques qu’ils craignent depuis quelques années.  

Mais ce sont surtout les gros qui finalement vont s’y retrouver : assurés de profits élevés, ils vont pouvoir se moderniser et renforcer leur domination sur le marché.  

Politiquement, cette mesure va neutraliser les paysans travailleurs, continuer la pratique du dialogue entre les Chambres d’agriculture, les syndicats où dominent les gros et le gouvernement bourgeois pour obtenir quelques avantages immédiats qui ralentissent un peu la ruine des petits producteurs mais ne profitent durablement qu’aux gros.

Ayant ainsi neutralisé les paysans et isolé les ouvriers en lutte, la bourgeoisie pourra plus facilement résister à l’assaut populaire. 

8. L’union des paysans travailleurs et des ouvriers dans la lutte de libération nationale.  

La deuxième guerre mondiale va ébranler plus profondément l’« unité paysanne » que le front populaire.  En collaborant ouvertement avec l’occupant nazi, les organisations professionnelles dominées par les gros agrariens montrent leur vrai visage.  

Certaines coopératives, en Bretagne, vont jusqu’à recruter et transporter les milices de collaborateurs. Cependant, dans plusieurs régions, la lutte populaire contre l’occupant va se développer avec la participation active des paysans.  

Deux conceptions s’affrontent dans la résistante : celle des officiers gaullistes qui tentent de concentrer des forces sur des hauteurs « stratégiquement imprenables » comme les plateaux des Glières et du Vercors et celle des patriotes F.T.P. qui veulent au contraire s’appuyer sur les populations locales et utiliser au maximum leur mobilité.  

La première tendance est représentée par tous ceux qui refusent au peuple de participer à la lutte parce qu’ils en ont peur, la seconde par ceux qui, au contraire, lui font confiance et veulent armer le peuple, d’abord contre l’occupant, après contre la bourgeoisie.  

Lorsqu’ils s’appuient sur le peuple, dans le Limousin par exemple, les F.T.P. peuvent entraîner dans la lutte aux côtés des ouvriers un nombre croissant de paysans travailleurs.  A la fin de la guerre, dans les régions où la guerre de partisans a pris de l’ampleur, l’unité des paysans et des ouvriers révolutionnaires s’est réalisée. 

Les vieilles organisations professionnelles agricoles sont discréditées pour avoir collaboré ouvertement.  Il devient possible de rompre l’isolement des paysans et leur subordination aux notables traditionnels, possible d’entraîner les paysans pauvres dans un large mouvement de masse. 

Mais le Parti communiste, suivant ainsi les parlementaires de gauche, préfère troquer les armes de la résistance et le mouvement de masse contre des postes ministériels.  

Les parlementaires socialistes mettent alors sur pied une nouvelle organisation professionnelle agricole, la C.G.A., où se retrouvent à nouveau gros et petits producteurs (on se contente de bannir de ses rangs les « collaborateurs » les plus voyants).  

Cette mesure, ainsi que quelques réformes apportées au statut du fermage et dans l’organisation des marchés va permettre à nouveau d’isoler le « problème » des paysans travailleurs de la lutte des ouvriers.  

9. La mécanisation accentue  l’opposition entre les classes paysannes. 

C’est l’époque de la reconstruction nationale : la bourgeoisie française est affaiblie par rapport à ses concurrentes : elle a besoin de passer un compromis provisoire avec les autres classes pour équiper son industrie.  Il lui faut « moderniser son agriculture » afin de limiter ses importations aux seuls biens d’équipement et de trouver dans l’exode rural la source de main ­d’œuvre dont elle a besoin. 

Mais en même temps il ne faut pas que cette transformation, trop brutale, entraîne la révolte des paysans pauvres dans les campagnes.L’équipement des industries ne peut qu’entraîner des luttes ouvrières, d’autant plus que le grand mouvement de la résistance est encore vivant dans les esprits.  

Il est donc absolument nécessaire que les paysans restent calmes. On va donc continuer à soutenir les prix : cela permettra aux petits producteurs de résister un peu plus longtemps, mais aussi cela permettra aux gros de s’équiper dans de bonnes conditions. 

Dans le même temps, on favorise la mécanisation : des subventions sont accordées aux industries du machinisme agricole ; les pouvoirs publics favorisent l’implantation de filiales de grandes firmes anglo­-saxonnes qui produisent des tracteurs.  Le Crédit agricole accorde des prêts intéressants pour l’achat de matériel. Enfin, de grands efforts sont faits par l’administration et par les organisations professionnelles pour vulgariser les techniques nouvelles.  

Les porte-­paroles de la bourgeoisie, qui avaient jusqu’alors fait croire au paysan travailleur que son avenir serait assuré par le soutien des prix lui disent maintenant que c’est le tracteur qui va enfin permettre aux travailleurs de la terre de connaître une vie décente. Bien entendu, ce sont les gros producteurs qui s’équipent les premiers. Ainsi ils accroissent leur avantage. Pour pouvoir résister le paysan travailleur doit vendre plus, s’équiper lui aussi et utiliser des engrais.  

Ceux qui en ont les moyens, ou qui du moins peuvent espérer rembourser leurs emprunts, vont tenter de copier les gros producteurs et de se moderniser eux-­mêmes.  Ceux qui ne le pourront pas, verront leurs conditions de vie se dégrader très vite.  D’un côté, les gros exploitants effectuent des progrès fulgurants. 

Mais, en achetant du matériel, ils licencient du personnel et l’exode des ouvriers agricoles s’accroît.  De l’autre côté, les paysans qui n’ont pas les moyens de s’équiper se réfugient dans l’autarcie et font partir leurs fils en ville.

Entre les deux, les paysans travailleurs qui se sont équipés en suivant les conseils modernistes de l’époque. Ils doivent rembourser des emprunts, amortir du matériel, acheter des engrais, se comporter  comme de petits entrepreneurs capitalistes. Pour rentabiliser son matériel, le paysan travailleur doit, comme les gros, diminuer ses frais de main ­d’œuvre : seulement il ne peut pas se licencier lui-­même.  

Il cherche donc à croître. La terre est limitée. Tous ne peuvent augmenter leur surface.  Vers la fin des années 50 la majorité des paysans travailleurs qui se sont équipés s’aperçoivent que ces efforts ne les ont conduits qu’à s’endetter et à dépendre de plus en plus d’un marché où ils ne font pas le poids. Ils s’aperçoivent que la mécanisation et le soutien de prix n’ont en fait profité qu’aux riches.  

La révolte gronde dans les campagnes. Les masses paysannes ne croient plus ni au soutien des prix ni même à l’unité paysanne : des voix s’élèvent pour dénoncer les gros agriculteurs capitalistes. 

10. Une lutte déviée par l’idéologie moderniste du C.N.J.A. 

Mais ce mouvement est cadré : un simple changement de politique agricole négocié avec le gouvernement parviendra à canaliser la colère des paysans travailleurs et à implanter une nouvelle illusion dans les campagnes : ce sont des réformes de structures qui sauveront les paysans.  

Dans cette crise, c’est le C.N.J.A. [Cercle National des Jeunes Agriculteurs] qui va servir le plus activement les intérêts de la bourgeoisie et, sous un visage progressiste, aider au maintien de l’alliance des paysans avec la classe dominante. Les paysans travailleurs équipés ont deux tendances : d’une part, en tant que petits possesseurs de capitaux, ils cherchent à devenir rentables et pour cela à devenir « compétitifs » comme les gros ; d’autre part, ils sont ruinés par le capitalisme et s’opposent à tout ce qui avantage les gros.  

Le C.NJ.A. va faire semblant de s’appuyer sur la deuxième tendance : il critique le soutien des prix qui ne profite qu’aux gros, il prétend remettre en cause le système économique existant, il lui arrive même de « critiquer le capitalisme ».  

Mais en fait, il ne fait que renforcer la tendance petit patron : il demande à ses adhérents d’être « pour le progrès », d’accepter que les autres partent, de se grouper, de réorganiser les marchés. Il demande au gouvernement de favoriser la croissance en donnant une aumône aux pauvres qui doivent partir et des facilités pour que les autres s’agrandissent.  

Enfin, il maintient la vieille suspicion à l’égard du mouvement ouvrier. Ce mouvement réformiste ne gêne en rien le pouvoir bourgeois.  

Bien au contraire, inquiète des échéances européennes, la bourgeoisie, qui cherche à moderniser plus encore son agriculture, voit dans les réformes de structures réclamées par le C.N,J.A. le moyen de le faire sans se couper de la plupart des paysans travailleurs.  

C’est ainsi que naît la loi d’orientation et le ministère Pisani. Isolé, encadré par les jeunes patrons dynamiques du C.N.J.A., le mouvement paysan aboutit à un changement dans la politique bourgeoise, mais celle­ci reste bourgeoise et rien n’est changé fondamentalement.  

11. Une idée nouvelle qui doit soulever le poids de toute la tradition : unité du peuple. 

Pourtant, parmi les paysans travailleurs, dès cette époque, se lèvent des militants syndicaux qui s’aperçoivent que la nouvelle politique agricole n’empêche pas les paysans pauvres et moyens de se ruiner ; 1/5 veulent un changement.  On les invite alors à des négociations, des commissions, des réunions diverses, on les essouffle.  

Même s’ils ne finissent pas par croire que l’avenir des travailleurs se joue dans les négociations avec les technocrates gouvernementaux sur les indices de prix, les régulations de marché, les subventions, etc. ; même s’ils continuent malgré toute l’intoxication à vouloir que le. système change, on a réussi à les couper de leur base et ils se sentent isolés et impuissants.  

Or, depuis quelques années, la ruine des paysans travailleurs s’accélère.  Se rendant compte que ni les réformes ni le soutien des prix n’ont servi les travailleurs, les paysans de l’Ouest se sont révoltés, contre les gros, contre les organisations traditionnelles. Des paysans pauvres, des paysans équipés et ruinés s’aperçoivent qu’ils ne pourront vivre décemment tant que le capitalisme sera le maître.  

De nombreux militants comprennent qu’il faut changer cela, que seuls, ils ne peuvent rien faire et qu’ils doivent s’unir à tous les travailleurs et d’abord aux ouvriers.  C’est une tendance nouvelle. Celle qui peut enfin briser l’ancienne alliance qui faisait des paysans les auxiliaires et la proie de la bourgeoisie. Elle s’est exprimée déjà dans de nombreuses manifestations.

Mais la marche est difficile.  Elle va à contre­-courant de toute la tradition d’alliance, elle s’oppose à tous les appareils des organisations professionnelles ; elle doit lutter contre des années et des années de propagande, elle doit réaliser dans les faits le mot d’ordre d’unité populaire : unité des paysans travailleurs et des ouvriers pour un pouvoir qui soit aux mains du peuple et non plus dans les griffes des patrons.

Au cours du grand mouvement populaire de mai, cette unité s’est réalisée par endroits. 

Cependant, le gouvernement, s’appuyant sur toute la tradition du passé, intensifiant sa propagande antiouvrière dans les campagnes, a réussi à circonscrire le mouvement et même à rallier les campagnes.

En quelques jours, la bourgeoisie française et ses collègues européennes qui depuis quelque temps trouvaient un peu trop lourde la note qu’elles devaient payer pour soutenir le prix du lait, se sont senties l’âme généreuse.  

Quelques centimes de plus sur le lait, ainsi est achetée la neutralité déjà toute acquise des syndicats traditionnels, et désamorcé pour un temps le mécontentement de nombreux paysans.  Ce ne sont pourtant pas ces sentiments qui empêchent les paysans pauvres de se ruiner et les agriculteurs capitalistes de s’enrichir.Cette nouvelle tromperie du pouvoir sera elle aussi dénoncée.

Là ou les ouvriers en grève et les étudiants progressistes sont venus voir les paysans travailleurs en amis, là où des militants tentent de s’appuyer sur les masses et revendiquent le bien-­être pour le peuple, des mouvements de soutien aux grévistes et d’unité populaire ont eu lieu.  

Si, en mai, la tradition séculaire a continué à régner dans la campagne, la voie nouvelle aussi est apparue.  Et, en fin de compte, si l’on fait attention à servir réellement les  intérêts des paysans travailleurs, si l’on fait des efforts pour réaliser le  grand mot d’ordre d’unité des travailleurs, le nouveau triomphera de l’ancien, car seul il correspond aux besoins profonds des travailleurs de la campagne. 

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UJC (ml) : La situation actuelle et nos tâches (1967)

[Décembre 1967, rapport du bureau politique et du secrétariat du comité central à la réunion élargie du comité central.]

Pour observer la situation correctement, il faut, comme nous l’enseigne le Président Mao, faire des comparaisons.

Pour voir en quoi la situation actuelle est profondément nouvelle, il faut nous souvenir des questions pratiques brûlantes auxquelles nous devions répondre pour la rentrée.

La question qui dominait toutes les autres était : comment transformer la base de classe de notre organisation?

Comment nous lier aux larges masses?

Une 2e question était étroitement subordonnée à la question de la transformation de notre base de classe, c’était la question de la participation active de chaque militant dans notre organisation, la question des cadres, bref, la question de la démocratie dans notre organisation.

En somme, les questions brûlantes étaient : comment faire passer le mouvement m.-l. sous le contrôle direct des masses et renforcer le contrôle réel de la base de notre organisation sur les organismes dirigeants ?

Comment ces questions se présentaient-elles à nous avant le mouvement de rectification du style de travail? (…)

Il ne faut pas oublier que la tradition du politicien parlementaire est la plus puissante dans les quartiers. Dans les années 20, le parti communiste dut rejeter, avec la tradition parlementaire, la prédominance des organisations de quartiers.

Aujourd’hui, il n’est pas possible de laisser se développer la domination d’organisations de quartiers dans le mouvement m.-l.

Aujourd’hui, il n’est pas possible de mettre au premier plan les lieux où la contre-révolution bourgeoise et révisionniste sévit, où les traditions parlementaires sont puissantes.

Il faut aller principalement là où le besoin d’organisation, correspondant aux sentiments de révolte est le plus impérieux. C’est là qu’il faut créer les bases d’appui du mouvement m.-l. (…)

L’expérience négative des groupes de quartiers confirme une leçon qui se dégageait du mouvement de critique.

La question qui résumait la lutte entre les deux voies dans notre organisation est la question du pouvoir. Qui détient dans le mouvement m.-l. le pouvoir ?

Il faut que cesse la domination des intellectuels bourgeois : il faut que s’institue le contrôle direct des masses sur le mouvement m.-l. : il faut mettre la conception prolétarienne, la pensée de Mao au pouvoir, au poste de commandement.

Aujourd’hui, cela signifie pour nous, établir le rôle dirigeant de la ligne du groupe de travail communiste dans les masses. Il ne faut pas perdre l’essentiel : l’orientation générale du mouvement.

Le besoin pratique fondamental du mouvement, c’est le contrôle direct des masses ; la question fondamentale du mouvement, c’est la question du pouvoir.

La méthode actuelle de prise de pouvoir par la conception prolétarienne du monde, c’est l’établissement dans les masses. La participation du travail productif, l’établissement dans les masses d’un groupe de travail communiste, constituent actuellement la réponse correcte à la question du pouvoir, dans le mouvement m.-l. actuel.

Pour que le travail soit fermement pris en mains, il faut que la direction effective des groupes de travail communistes s’établisse.

En particulier, la répartition actuelle des forces doit radicalement changer dans le mouvement ; voilà pourquoi il faut développer un mouvement en faveur de l’établissement.

La deuxième leçon qui se dégage concerne l’unité du mouvement m.-l.

Le particularisme et l’anarchisme relèvent d’une conception mécaniste, non dialectique de la décentralisation, de la dispersion.

L’expérience nous a montré que si l’on ne combine pas la dispersion et l’unité, on commet des erreurs.

La dispersion formelle, c’est la perpétuation du règne de l’intellectuel bourgeois, la dispersion réelle, c’est l’établissement ; la dispersion sans l’unité, c’est le particularisme et finalement l’endettement, il faut combiner la dispersion et unité réelle.

La dispersion réelle est la base du développement du mouvement m.-l. et l’unité réelle est le facteur dirigeant de son développement.

Il faut stimuler un mouvement d’éducation idéologique et pratique des communistes dans l’étape actuelle.

L’unité réelle du mouvement se fera sur la base de la lutte en faveur du rôle dirigeant de la ligne du groupe de travail communiste dans les masses.

Il est important de souligner que c’est dans les groupes de quartiers et non dans les groupes d’établissement, que s’est surtout développé le particularisme.

C’est que les camarades qui se sont établis, qui travaillent dans les masses, savent combien l’unité importe. Pour unifier les masses, il faut unifier les communistes.

Le président Mao a dit :

 » C’est seulement par l’unité du Parti communiste qu’on réalisera l’unité de toute la classe et celle de toute la nation ; et c’est seulement par l’unité de toute la classe et de toute la nation, que l’on vaincra l’ennemi. « 

Résumons-nous : la tâche de l’heure est de combiner la dispersion réelle et l’unité réelle : de développer un mouvement idéologique concernant l’unité du mouvement sur la base du mouvement en faveur de l’établissement.

Il nous faut établir un plan de mesures pratiques destinées à réaliser cette tâche.

En somme, il s’agit de construire le mouvement m.-l. sur la base du rôle dirigeant de la ligne du groupe de travail communiste dans les masses.

Que sont les groupes d’établissement ? Que signifie : assurer leur rôle dirigeant ?

Nous dirons que les groupes d’établissement doivent devenir le facteur dirigeant du mouvement dans son ensemble. Cela ne signifie nullement que nous devons supprimer tous les autres formes de travail et d’organisation.

Cela signifie que pour ce qui est du style de travail, de la propagande, de la presse, de la répartition des forces militantes, c’est le point de vue des groupes d’établissement qui doit l’emporter.

Les groupes d’établissement sont composés de camarades qui ont pris des mesures pratiques pour aller vivre parmi les masses, partager leur condition d’exploitation, travailler avec elles et se joindre à leurs luttes.

L’ [objectif] immédiat des groupes d’établissement est d’organiser les masses, de constituer des noyaux m.-l. ouvriers et paysans, le plus souvent, sur les lieux mêmes du travail, de raviver et d’unifier, à l’échelle locale et régionale, les luttes de classe.

C’est généralement à l’issue des enquêtes de cet été que des groupes de camarades, ayant pris conscience de la volonté de lutte des niasses populaires, de leur besoin d’organisation, des contradictions aiguës qui minent l’implantation révisionniste en son sein, décidèrent de s’établir dans des endroits déterminés, choisis en fonction des conditions de lutte des classes.

Il est clair qu’il y a une différence notable, entre le fait d’aller se mettre au service des masses, là où se font sentir les besoins de la lutte des classes et militer sur un lieu d’habitation, déterminé par le hasard.

Le groupe d’établissement peut porter directement son travail sur une importante concentration ouvrière, une région où les luttes ouvrières et paysannes sont particulièrement vives, une région  » rouge  » où le révisionnisme a quelque difficulté à se généraliser, etc.

Autrement dit, la ligne du groupe d’établissement tient compte dans la tactique de décentralisation, de la faiblesse des forces subjectives de la révolution, en choisissant des points où les conditions objectives sont favorables au développement des luttes et à l’implantation des noyaux m.-l., en surmontant le risque de voir se transformer le mouvement de décentralisation en une dilution inefficace, commandée par le hasard. (…)

La propagande en faveur de l’établissement.

Les camarades auront à développer une propagande en faveur du mouvement d’établissement et, par conséquent, du travail à la production.

C’est pourquoi il est extrêmement important que nous nous mettions d’accord pour éliminer toute thèse schématique, toute propagande gauchiste sur cette question.

Contre quel type de propagande faut-il mettre en garde les camarades?

Nous devons éliminer tout mot d’ordre du type :  » Tous à la production. « 

Ce mot d’ordre est incorrect parce qu’il ne tient pas compte de l’inégalité de développement au sein de l’organisation, de la diversité des tâches, de la nécessité d’une division du travail dans l’organisation communiste, des besoins d’organisation chez les étudiants et dans les couches petites-bourgeoises, etc.

Nous devons éliminer également les mises en demeure autoritaires fondées sur les arguments du type : celui qui ne va pas à la production est contre-révolutionnaire, la ligne de démarcation passe entre ceux qui vont à la production et ceux qui n’y vont pas, etc.

Poser le problème de cette façon, c’est négliger les conditions concrètes, abandonner les méthodes correctes de persuasion ; de plus, cela revient à interdire aux militants une progression par étapes vers une position révolutionnaire de plus en plus profonde et conséquente ; cela revient à assimiler à la contre-révolution, une forme inférieure ou secondaire de travail dans les rangs de la révolution.

Enfin, c’est une façon individuelle de poser la question : cela fait entrer en ligne de compte en premier lieu, l’apport idéologique du travail à la production pour chacun.

Dans ces conditions, comment procéder?

Il est indispensable de donner à chaque camarade, un point de vue correct sur l’ensemble du mouvement, c’est-à-dire de faire comprendre à chacun que le facteur dirigeant en est les groupes d’établissement et particulièrement les groupes qui travaillent à la production, qu’il est vital pour le développement du mouvement m.-l. que soient considérablement renforcés les effectifs de ces groupes, et que les autres formes de travail occupent une place subordonnée par rapport à celle-là.

Il est indispensable d’éliminer tout flottement sur cette question : on ne saurait admettre qu’un camarade, parce qu’il ne s’engage pas dans le travail principal, remette en question, pour le mouvement m.-l., le rôle décisif de l’établissement de groupes militants dans les masses populaires, et de leur participation à la production, donc, au luttes menées par la classe ouvrière sur les lieux du travail.

Mais une fois établie clairement la hiérarchie des besoins et des formes de travail, il convient de laisser chaque camarade se déterminer librement. (…)

Il est vrai que la participation au travail productif est la seule méthode pour refondre complètement la conception du monde dans chacun de nos esprits.

Mais notre mot d’ordre d’établissement ne part pas de la nécessité pour chacun de refondre sa conception du monde par le travail productif : si nous avions de cette manière le mot d’ordre en faveur de l’établissement, nous n’aurions tenu compte que de la réalité dans nos esprits, et non de la réalité extérieure de la lutte nationale de classes et des exigences objectives du travail communiste à l’heure actuelle.

En un mot nous aurions en fait oublié la lutte de classe.

Nous aurions promu une ligne de perfectionnement individuel des communistes. Nous devons partir de la réa-, lité de la lutte de classe.

C’est pour répondre aux besoins du travail communiste dans les masses fondamentales du pays que nous devons favoriser la participation au travail productif comme le moyen actuel d’organiser les ouvriers, de transformer la base de classe actuelle du mouvement m.-l., et d’implanter dans ses rangs la conception prolétarienne du monde, la pensée de Mao. (…)

Liquider l’anarchisme et mettre de l’ordre sur le plan de l’organisation.

1° la première idée que nous devons éliminer est que les cadres et les dirigeants nouveaux naîtront rapidement des nouvelles formes de travail et constitueront une direction homogène.

En fait, ce n’est que progressivement que pourra naître une direction du mouvement, regroupant des cadres ayant participé effectivement à un travail d’organisation des masses fondamentales, ouvrières et paysannes.

Si l’on regarde les choses du point de vue pratique, si l’on tient compte du fait que les G. E. viennent à peine de commencer leur travail et qu’un petit nombre de camarades est récemment parti à la production, c’est là une chose évidente.

2° Dans la situation actuelle où existent 4 sphères relativement autonomes de travail (G. E., groupes de quartiers, cellules de provinces, étudiants), il apparaît que :

– pour la plupart de ces sphères de travail, les conditions n’existent pas pour que naissent spontanément des formes de centralisation ;

– alors qu’il n’existe pas de raison subjective pour que s’instaure un cloisonnement entre ces divers secteurs du mouvement, un tel cloisonnement s’est pourtant établi de fait; or il est clair que l’échange permanent des expériences et l’élaboration continue d’une propagande unifiée sont une nécessité du mouvement sans lesquels on ne peut parler de travail communiste.

D’où, l’importance dans notre travail de construction de nouvelles organisations m.-l., de maintenir une direction et des cadres qui conservent un point de vue d’ensemble.

Nous devons penser à la relève et prévoir une rotation effective des cadres et des dirigeants.

Mais à aucun moment, on ne doit aboutir à une vacance en ce domaine. L’expérience des derniers mois le prouve. (…)

Quelle est notre tâche fondamentale dans les mois qui viennent :

1° Renforcer et étendre le mouvement des G. E. dans les masses populaires (qui constituent les véritables groupes de travail, noyaux communistes au sein des masses, germe du futur parti m.-l. que nous entreprenons d’édifier), et d’en faire le facteur effectivement dirigeant de l’ensemble du mouvement.

Cela signifie dans l’immédiat que les cadres et la direction de l’U. J. C. (m.-l.), le comité de rédaction de S. L. P. [servir le peuple] ont pour tâche de mettre l’organisation au service du travail communiste dans les masses fondamentales, et des camarades qui l’assument.

Cela signifie que dans une deuxième étape, la rotation des dirigeants et des cadres permettra de restructurer notre direction par la participation et la prise en main directe de camarades ayant l’expérience du travail dans les masses, et de l’organisation à la base de luttes ouvrières et paysannes. Notre presse doit refléter les enseignements que dégagent de leur expérience, les camarades des G. E., et progressivement assurer leur direction idéologique sur l’ensemble du mouvement.

Mais d’autres tâches doivent également être fermement prises en main par les cadres de notre organisation,

2° Développer à Paris et en province, l’organisation correcte du mouvement de la jeunesse, d’amour du peuple, de soutien direct aux luttes ouvrières et paysannes, de propagande pour la cause du peuple dans la jeunesse intellectuelle.

3° Réorganiser le travail des groupes dans les quartiers de Paris.

Assurer leur coordination, lutter contre le suivisme, l’anarchisme et le spontanéisme ; promouvoir les formes de propagande (diffusion et étude de la presse, écoles de formation théorique, etc.) alléger le nombre de leurs membres; renforcer les groupes de travail effectif.

4° Mettre sur pied, l’organisation des cellules et groupes de provinces, assurer leur liaison avec le reste du mouvement, les engager dans la voie de l’orientation fondamentale du travail dans les niasses ouvrières et paysannes et de soutien du peuple.

5° Prendre en main la presse, renforcer sa rédaction, stimuler sa diffusion, assurer le contrôle des G. E. sur son élaboration et y associer les camarades ouvriers.

6° Refondre la direction unifiée du mouvement, regrouper nos forces et préparer une conférence d’ensemble qui combine l’unité idéologique et pratique la division du travail et le rôle dirigeant du travail politique dans les masses fondamentales.

L’unité pratique du mouvement.

L’expérience de ces dernières semaines, comme nous l’avons vu, nous commande une grande vigilance à l’égard du particularisme et de l’anarchisme.

Dans les conditions actuelles, les organismes de direction de l’U. J. C. M. L. sont les seuls à pouvoir diriger pratiquement l’ensemble du mouvement.

Ils doivent continuer à exercer leur action pendant toute la période de construction des nouvelles organisations.

Ils sont au service des groupes de travail. Au sein des organismes de direction, une partie des membres doit impulser directement la création de G. T. C. Selon le système de la rotation, ce groupe de membres de la direction du mouvement variera.

La question de la direction sera posée, à nouveau, au prochain congrès du mouvement, lorsqu’aura triomphé dans les faits, la ligne des G. T. C. dans les masses, que le mouvement sera sous le contrôle direct des masses.

La direction, sur demande des groupes de travail, convoquera des conférences de travail, qui élaboreront les décisions faisant autorité dans le mouvement.

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