Euskal herria, un peuple en marche
Pendant la dernière année politique, la gauche indépendantiste basque a été plongée dans des conversations et des négociations politiques avec l´État espagnol; des négociations qui n´ont pas servi à boucler un accord politique mais qui ont permis de concrétiser et de souligner les origines politiques du conflit et les fondements de base de sa résolution.
Il est bien connu que parfois l´arbre nous empêche de voir la forêt, et de la même façon, une lecture ou une analyse reposant sur un tourbillon d´information découlé du processus de négociation peut nous empêcher de l´analyser d´un point de vue libérateur et de construction nationale, reposant sur des délais de temps plus longs, des démarches plus lentes mais à la fois plus solides et irréversibles, qui doivent nécessairement se baser sur un processus de libération nationale comme le basque.
Notre tâche ne consiste pas dans l´obtention de crédits politiques instantanés mais dans la construction des conditions objectives et subjectives nécessaires pour que notre peuple puisse accéder à sa liberté complète et totale.
Une liberté qui, en considérant la douloureuse histoire que notre peuple a vécu sous la domination espagnole et française, ne sera possible que dans le cadre de la construction d´un état souverain basque fruit de la volonté de la majorité sociale et populaire de ce peuple.
Une vision de la forêt politique basque.
L´objectif de cette analyse n´est pas d´effectuer une révision complète de l´histoire basque mais nous estimons qu´il est important de rappeler au moins le parcours suivi par le mouvement indépendantiste moderne vers la fin des années 50.
À cette époque, une nouvelle génération de basques se trouve face à un pays qui est à l´agonie après les dures années du premier franquisme et dont l´identité est menacée de disparition.
Avec un sentiment national anesthésié, une culture, une langue et des moeurs sur le point de disparaître, avec une répression structurale brutale, avec une mémoire récente de ce que les générations précédentes ont vécu, avec ses anciennes références nationales perdues en exil…
Face à cette situation et de façon héroïque, cette nouvelle génération de basques sera capable, avec des efforts, du sang et des larmes, d´éveiller à nouveau notre peuple, de l´acheminer à la liberté, en replaçant le problème national, le problème des libertés basques sur l´épicentre de la politique basque et étatale (tel que l´ont fait ses ancêtres pendant le premier tiers du XXe siècle).
Ainsi, vers la fin des années 70, au moment de la mort du Généralissime Francisco Franco et de la prétendue réimplantation de la « démocratie espagnole », la situation nationale basque, reposant sur le droit à disposer d´eux-mêmes et l´unité territoriale, devient un élément vivant et réel.
Un élément central, fruit du généreux legs de milliers de basques. Ce sera la première victoire du mouvement de libération: le fait d´être resurgi des cendres franquistes et d´avoir replacé en plein débat le problème national basque, ses libertés, les patries refusées.
Une occasion perdue.
Malheureusement, les pouvoirs de l´État espagnol, chargés de promouvoir la réforme démocratique, surestimeront leurs habiletés et leurs efforts et miseront sur une réforme qui ne résoudra pas le conflit, qui ne coupera pas le problème à sa racine, qui ne fournira pas de réponse positive au droit des citoyens basques de disposer d´eux-mêmes.
Au cours de cette opération, ils compteront sur l´aide inestimable de la gauche officielle espagnole (PSOE et PCE) ainsi que sur la collaboration de la nouvelle génération du nationalisme basque défaillant (PNV) qui, en renonçant aux offres de création d´un front national basque dont l´objectif est l´obtention de la reconnaissance du droit de disposer d’eux-mêmes et de l´untié territoriale d´Euskal Herria, ainsi que l´amnistie totale et la légalisation de tous les partis politiques basques, décidera de soutenir l´opération de réforme en négociant avec les pouvoirs de l´État la constitution dudit État des autonomies consacré dans la Constitution espagnole de 1978, qui est contre la souveraineté nationale basque et qui est à l´origine de la partition du pays.
Un nouveau cadre autonomique qui ne trouvait pas de solution au manque de souveraineté basque mais qui conférait à ses protecteurs (PNV et PSE) des quotas de pouvoir et de gestion peu méprisables.
Bien que l´indépendantisme ne soit pas capable d´arrêter cette opération, son opposition ferme fera que la société basque rejette majoritairement la Constitution espagnole ,en niant la réalité plurinationale de la péninsule, il établit la nation espagnole en tant que sujet politique unique et la « sacro-sainte » unité territoriale de l´état en tant que pierre angulaire du système, dont la garante sera l´armée.
C´est-à-dire, une unité sous la tutelle d’une armée putschiste qui n´a jamais été épurée et qui obtiendra uniquement le soutien du 1% de la citoyenneté basque, en dynamitant de façon tranchante la tentative de légitimation de l´État espagnol en terre basque.
Une traversée longue et douloureuse
Tel que nous l´avons signalé, le mouvement de libération nationale devra confronter seul le nouveau modèle autonomique imposé avec la Constitution espagnole, un modèle qui dénie au peuple le caractère de sujet politique de droit et qui le divise, en plus, en deux domaines institutionnels: la Communauté Autonome Basque qui intègre les provinces d´Araba, Bizkaia et Gipuzkoa et la Communauté Forale Navarraise qui représente la province de Nafarroa.
L´indépendantisme basque répondra à la nouvelle situation en luttant en faveur des droits nationaux et en confrontant l´assimilation espagnole, sous un masque d´autonomisme basque.
La persistance de la lutte armée ainsi que la capacité pour conformer un espace politique de base, créateur d´un contre-pouvoir populaire dans les différents domaines de la vie quotidienne basque (syndical, intellectuel, culturel, linguistique, associatif, écologiste…) et son façonnage en tant que choix politique qui réunit l´ensemble des forces indépendantistes et de gauche autour de l´unité populaire, Herri Batasuna, feront que ce modèle autonomique ne se consolide pas. (i)
La gauche indépendantiste présentera à cette période une offre de solution démocratique appelée Alternative KAS (ii) avec laquelle les noeuds gordiens pourront être résolus.
Pendant cette longue période, du début des années 80 jusqu´au milieu des années 90, la gauche indépendantiste résistera à l´ensemble des mesures répressives adoptées par l´État espagnol, sous forme de politiques sécuritaires soi-disant légales comme le Plan Zone Spéciale Nord ou illégales telles que la création et la promotion de la guerre sale au moyen d´escadrons mercenaires, des politiques législatives qui protègent des violations des droits de l’homme constantes -législation antiterroriste-, ou même des politiques d´exclusion telles que les politiques découlées du pacte Antiterroriste signé par l´ensemble des forces politiques, à l´exception d´Herri Batasuna, dans l´intention de promouvoir son isolement politique.
Les premiers symptômes de l´épuisement de ce modèle s´observent lors des négociations d´Alger (iii) ayant eu lieu en 1989 entre des représentants de l´État espagnol et l´ETA avec le Gouvernement algérien du FLN en tant que pays hôte. Même si au début cette tentative échoue, elle aura un effet clair et irréversible dans l´avenir: la reconnaissance du Mouvement de Libération National Basque comme partie belligérante.
Vers le milieu des années 90, la crise autonomique devient palpable, des secteurs nationalistes ayant défendu le cadre autonomique le considère à ce moment épuisé. Fait constaté lors du pacte souverainiste entre les centrales syndicales LAB et ELA ou lors de la déclaration du syndicat majoritaire basque ELA en 1997 en annonçant la mort du Statut conformateur de la Communauté Autonome Basque.
Les aspirations souverainistes du peuple basque s´homogénéisent. Dans ce contexte, on commence à écrire un récit de stratégie de résistance qui deviendra une stratégie de construction nationale et sociale et qui cherchera la structuration nationale du pays, elle cherchera un modèle de résolution du conflit en renonçant au modèle classique de négociation entre l´État espagnol et l´ETA, elle promouvra le besoin et la recherche d´une intermédiation internationale, et elle devra faire constamment face à la répression de l´État.
Dans ce contexte, l´ETA présente en 1995 l´Alternative Démocratique (iv), une base permettant de comprendre la politique des années à venir.
Une nouvelle occasion émerge
Le 12 septembre a été signé l´accord Lizarra y Garazi (v), un accord qui a représenté un fait historique par des raisons de contenu et par la pluralité des acteurs signataires, l´importance sociopolitique, la volonté des signataires, le moment politique, l´endroit…L´Accord a été signé par l´ensemble des forces basques et progressistes du pays -7 partis politiques, 8 organisations syndicales, 8 organisations sociales..- où ils ont convenu:
– souligner l´origine et le caractère politique du conflit à Euskal Herria
– le besoin d´un processus de négociation et de dialogue ouvert sans préconditions ni exclusions.
– souligner le fait qu´il correspondait au Peuple Basque de décider de son avenir et de prendre la décision finale.
C´est-à-dire, après avoir défendu, de façon solitaire, le besoin d´un nouveau cadre démocratique, l´accord de Lizarra Garazi consolidait les positions de la gauche indépendantiste une fois que la majorité des forces nationalistes et progressistes avaient affirmé le manque politique du conflit et le besoin d´un processus de dialogue et de négociation reposant sur le droit du peuple basque de décider de son propre avenir.
Six jours plus tard, l´ETA diffuse un long communiqué adressé au Peuple Basque en annonçant une trêve unilatérale et illimitée, et en informant qu´elle ne représenterait pas un obstacle pour le travail entre les forces basques et progressistes.
L´initiative de Lizarra Garazi se prolongea jusqu´à 18 mois. D´importantes dynamiques face à l´avenir se succédèrent. Ainsi, quelques mois avant la fin du cessez-le-feu en septembre 1999, la première institution politique de l´ensemble d’Euskal Herria, Udabiltza ou assemblée des élus basque, fut créée.
Cette institution d´élus représente un jalon de la longue traversée de ce pays et surtout une réponse claire qui dit qu´au-dessus des négociations de l´État il y a la volonté des peuples, une volonté qui construit, qui crée son propre temps et espace et qui marque une dynamique imparable. À partir de ce moment, la structuration du sujet politique institutionnel basque pour l´ensemble du pays commencera aussi à faire preuve de centralité dans le conflit.
Une occasion qui émerge parmi des coups répressifs jusqu´alors inconnus
Ce changement de modèle qui commence son développement à partir de la nouvelle proposition d´Alternative Démocratique, comptera sur l´opposition frontale des pouvoirs de l´État.
Ces derniers savent que ce processus peut permettre à la gauche indépendantiste de démasquer les vraies raisons du conflit basque ; en effet l’État espagnol n´est pas contre la gauche indépendantiste mais le conflit a lieu entre Euskal Herria et l’État espagnol, les pouvoirs tâcheront d´anéantir le moteur politique de ce processus: les organisations politiques et sociales de la gauche indépendantiste.
Au contraire de ce que l´on croit faussement, le processus répressif contre les organisations basques légales comme Herri Batasuna ne commence pas avec le gouvernement du Parti Populaire ni après la tragédie du 11S, en réalité il démarre bien avant tout cela.
La politique de répression et l´illégalisation généralisée deviendront des vecteurs internes du conflit, si à un moment donné, la conjoncture internationale du discours antiterroriste favorise cette façon d´agir. On constate en effet que ce sera le gouvernement du PSOE dirigé par Felipe González qui, à la suite de la publication de l´Alternative Démocratique, mettra en prison les membres du comité exécutif d´Herri Batasuna (vi).
Ce processus répressif aura principalement lieu pendant la période du gouvernement de José María Aznar, un processus répressif qui comptera sur le soutien total du PSOE (pacte antiterroriste en faveur des libertés y compris).
Ainsi, cette dynamique entraînera la cessation des journaux basques (Egin et Euskaldunon Egunkaria, ce dernier étant le seul à être rédigé en langue basque), des journaux d´importante diffusion et répercussion dans le pays, la cessation d´une revue de recherche journalistique, une radio à caractère national (Egin Irratia), ainsi que l´arrestation des organes de direction et d´édition de ces médias et les dénonciations de graves tortures subséquentes. De la même façon, divers organismes populaires seront illégalisés et leurs membres seront arrêtés et accusés de faire partie d´une soi-disant stratégie commune de l´ETA.
Toute cette politique sera couronnée avec l´approbation d´une nouvelle Loi des Partis dont le seul but sera la promotion de l´illégalisation de Batasuna, ainsi que toute expression politique découlée de cette réalité sociologique qui représente ce choix politique.
Dans ce contexte de coups répressifs, d´entêtement du Parti Populaire, et face à un manque d´engagement pour poursuivre le processus de confrontation démocratique avec l´État de la part du Parti Nationaliste Basque, ainsi que le manque de volonté du Gouvernement espagnol pour entamer tout type de dialogue, le 3 décembre 1999, l´ETA annonce la fin de la trêve pour répondre à nouveau de façon armée aux coups de l´État.
Plus de répression, plus de politique
Tel que nous avons déjà signalé, l´objectif final de cette action répressive, à laquelle on ajoutera une offensive politique médiatique et idéologique généralisée de la part de l´État et de ses principales forces politiques (PP et PSOE), contre tout ce qui peut être considéré comme une partie de la vision nationale basque (langue, culture, enseignement…), est d´arrêter tous les progrès découlés de la conformation de la nouvelle stratégie en réagissant contre le moteur des changements sociologiques qui se produisent.
Le mouvement indépendantiste est certain que, face aux tentatives de renvoyer la gauche indépendantiste de la scène politique, il lui correspond d´insister et d´approfondir dans son travail politique.
Dans ce sens, la gauche indépendantiste répondra à l´illégalisation avec une claire volonté de non clandestinisation, avec une dynamique de participation dans la dynamique électorale, malgré les interdictions sans commune mesure dans l´Europe occidentale, en répondant à la dynamique de répression et en adoptant des dynamiques menant à une nouvelle situation politique.
L´hégémonisation lente mais imparable du discours nationaliste et progressiste sera constatée dans l´Accord Démocratique de Base (vii) signé par divers acteurs politiques et sociaux qui approfondiront dans le besoin de passer la parole au peuple basque.
Ainsi, le PNV sera obligé de présenter une proposition de nouvel Statut d´Autonomie pour les trois provinces de la Communauté Autonome Basque (Plan Ibarretxe) dans lequel, en dépit des bien connues et insurmontables limites du cadre actuel, il devra faire allusion au caractère de nation du peuple basque, la territorialité (Euskal Herria formée par 7 provinces) ou le droit de décision, même si cela est fait de façon rhétorique ou dans le préambule du texte.
Finalement, cette période comprendra aussi le début d´une ligne de contact privée et discrète avec des secteurs du Parti Socialiste du Pays Basque. Des contacts qui se créeront en plein affrontement et qui serviront à débroussailler le chemin pour entamer un dialogue.
Dans ce contexte où il est impossible d´éliminer le travail politique de la gauche abertzale et dans un contexte de crise absolue du modèle autonomique, où même les partis qui avaient défendu le statisme partitioniste doivent s´approprier des termes de l´indépendantisme, l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid, et la grossière tentative de manipulation de celui-ci creusera le tombeau électoral du Gouvernement ultranationaliste de José María Aznar. L´échec électoral d’Aznar sera la preuve de l´échec de la voie répressive promue par le Pacte PP-PSOE contre le terrorisme.
En centrant les clefs politiques pour la résolution du conflit
Dans ce contexte politique ou s´avère la fin du modèle autonomique, où de plus en plus de secteurs sont certains du besoin d´un nouveau cadre qui reconnaisse le droit de décision, d´importantes parties de la société reconnaissent le sujet national basque.
Et face à l´arrivée d´un nouveau Gouvernement, dont les secteurs entamaient depuis longtemps avec Batasuna des voies de dialogue, la gauche abertzale considère qu´il y a les conditions suffisantes pour promouvoir un processus de dialogue politique, en présentant une méthodologie qui répondait, selon le parti, de façon appropriée à tout le travail réalisé depuis la présentation de l´Alternative Démocratique.
“Maintenant le peuple, Maintenant le dialogue” (viii), connue comme la Proposition Anoeta qui naît dans l´intention d’établir les guides de la méthode du processus négociateur. Un processus à deux voies parallèles, une voie où l’ETA et l´État parleront des conséquences du conflit armé, et une autre voie où les forces politiques tâcheront de convenir sur l’origine du conflit. Cette méthodologie à double voie sera largement acceptée par la majorité des acteurs politiques et sociaux, y compris l´État espagnol.
Dès le début, le processus de négociation fera preuve de tout ce qu´un mouvement de libération national a connu: le processus de négociation n´est en réalité qu´un front de bataille. Un front, un cadre où chaque partie cherchera à atteindre ses objectifs politiques.
Mais il y aura une grande différence entre la gauche indépendantiste basque et les représentants de l´État espagnol. Pour la gauche indépendantiste basque l´objectif du processus n´était pas celui de chercher ses propres objectifs politiques (l´indépendance) mais un cadre rendant possible tous les projets politiques, alors que État espagnol cherchera un accord recueillant son objectif politique: le démantèlement de l´ETA, la réforme statuaire et la fin du modèle d´État.
Par contre, Batasuna cherchera l´établissement d´un terrain de jeu démocratique où, de façon démocratique, on puisse ouvrir les portes à tout choix politique sur l´avenir du pays, un choix qui compte sur une majorité suffisante. Un terrain de jeu qui recouvre en plus l´ensemble territorial.
Une sorte de piste où ceux qui voudront atterrir avec le modèle d´État unitaire pourront atterrir, mais ceux qui ne voudront pas décoller du même État pourront aussi le faire en comptant sur le soutien de majorités suffisantes.
Nous observons que dans ce processus de lutte qui a été la négociation des dernières années, le Gouvernement espagnol a cherché principalement la fin de la lutte armée avec le développement d’une voie dite technique de dialogue entre l’ETA et l´État, alors qu´il essayait de ralentir la voie politique afin d´obtenir un accord de réforme autonomique.
Cette politique de l´État n´a donc pas évité le fait que les noeuds gordiens subsistent, noir sur blanc, dans la société: le droit de décision et la territorialité en tant qu´axes du conflit. Ainsi, le refus de l´État à répondre à ces éléments a éclairci aussi l´origine politique du conflit.
La volonté déclarée par l’ETA d´effectuer le démantèlement de son arsenal armé et de ses structures devant la Commission Internationale de Surveillance dans le cas où les acteurs politiques soient parvenu à un accord permettant de résoudre les noeuds du conflit politique. La création d´une scène démocratique, le certifiait.
Une proposition démocratique intégratrice, raisonnable et envisageable
Aujourd’hui, après 30 ans de la soi-disant « démocratie » espagnole, la société est certaine que nous nous trouvons face à un conflit politique insoluble tant que l´on ne donne pas une solution aux noeuds gordiens du même. Elle sait aussi que c´est l´État espagnole qui s´oppose à les résoudre. De plus, dans ce sens, Batasuna a présenté une proposition claire et concise.
Une proposition qui n´a rien à voir avec son postulat politique, l´indépendance. Mais une proposition qui permet à diverses sensibilités politiques du pays de cohabiter de façon démocratique et civilisée.
Un cadre qui ouvre les portes démocratiquement, si la majorité sociale le souhaite, à l´indépendance et à la possibilité d´être en rapport avec l´État. Une proposition envisageable qui rendrait possible la fin du conflit politique armé plus ancien d´Euope de façon simple et démocratique.
Batasuna propose la création d´un nouveau cadre démocratique établi en tant qu´autonomie pour les quatre territoires basques sous l´administration espagnole, une autonomie qui, en reconnaissant le caractère national du peuple basque, aurait des mécanismes légaux pour que les majorités suffisantes de citoyens de ces territoires puissent décider de leur avenir ainsi que du type de rapports avec l´État espagnol (ix).
De plus, Batasuna propose le changement de l´état actuel de division territoriale du pays en deux communautés autonomes sans le droit de décider de leur avenir, vers un nouveau stade d´autonomie unique avec le droit de décision pour les quatre provinces basques par le biais de mécanismes démocratiques et de libre adhésion des citoyens des deux communautés (Communauté Autonome Basque et Communauté Forale Navarraise). Ce serait donc les citoyens des deux communautés ceux qui devraient adopter ce nouveau cadre unique.
La balle est dans le camp du Gouvernement espagnol.
C´est à lui de répondre positivement à la volonté majoritaire du peuple basque. De reconnaître qu´il y a un peuple et qu´il a le droit de décider de son propre avenir. Autrement, il restera bloqué dans la grande roue que représente le conflit. Dans ce contexte, la Communauté Internationale en général et les Institutions européennes en particulier ont aussi une obligation urgente vis-à-vis de la société européenne, basque et espagnole.
Pendant les dernières années, l´Union Européenne a fait preuve de capacité suffisante pour aider et accompagner, avec des actions positives, la résolution du conflit angloirlandais. En obtenant des résultats divers, elle a agit et elle a travaillé pour la résolution de conflits en Europe centrale et dans les Balkans. Actuellement, des acteurs internationaux tâchent de promouvoir une solution pacifique au problème du Kosovo.
Aujourd´hui, le conflit qui oppose l´État espagnol et Euskal Herria est devenu le plus ancien d´Europe. Un conflit qui a lieu en plein coeur de l´Union Européenne et qui indirectement déstabilise ses piliers. Dans ce sens, les acteurs internationaux doivent aider à obtenir une paix juste et durable dans ce coin de l´Europe.
Telle que le prouve l´histoire récente, on aboutira à cette paix en passant d´abord par la reconnaissance d´un peuple, le peuple basque, et le respect de sa volonté libre et démocratique.
Engagement total
Par ce document, Batasuna réitère son engagement total et complet avec des dynamiques rendant possible l’établissement d´un cadre démocratique pour le pays. Nous sommes convaincus qu´il s´agit de la seule voie possible pour surmonter le conflit.
Mais nous signalons aussi très clairement que, malgré toutes les actions répressives, l’ensemble de la gauche indépendantiste basque est prête à poursuivre le long chemin de lutte et de résistance qui nous a mené jusqu´ici et qui nous mènera, indéfectiblement, vers la liberté de notre peuple.
BATASUNA
Dpt. Relations Internationales
À Euskal Herria , novembre 2007.
i )Formation d´Herri Batasuna:
ii )Alternative KAS.
iii )Conversations d´Alger
iv )Accord Lizarra-Garazi.
v ) Alternative Démocratique
vi ) Emprisonnement de la Table Nationale.
vii )Accord démocratique de Base.
viii ) Maintenant le Peuple, Maintenant la Paix.
ix )Proposition du Cadre démocratique.