Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Georges Bernanos et sa remise en cause de l’antisémitisme

    En 1944, dans Chemin de la Croix-des-Âmes, Georges Bernanos fit son mea culpa sur l’antisémitisme. Il ne s’agit cependant pas d’une autocritique, mais d’un déplacement de son idéalisme : les robots et la technique remplacent désormais la fonction qu’avait la « banque juive ».

    Voici les propos qu’il tient pour parer à toute accusation d’antisémitisme, cherchant visiblement à s’extirper, avec plus ou mois de succès, d’une cage mentale où il s’était confiné :

    « J’ai reçu quelques lettres extrêmement touchantes de certains compatriotes juifs qui me reprochent d’avoir écrit que l’esprit juif et l’esprit allemand avaient entre eux une profonde affinité. Je regrette de les avoir peinés, c’est tout ce que je peux dire.

    Aller plus loin serait déformer ma pensée, j’aime mieux la préciser encore aujourd’hui, même si je risque d’aggraver ainsi le malentendu, car je respecte trop la sincérité de mes sympathiques contradicteurs pour leur sacrifier la mienne.

    Il y a une question juive. Ce n’est pas moi qui le dis, les faits le prouvent.

    Qu’après deux millénaires le sentiment raciste et nationaliste juif soit si évident pour tout le monde que personne n’ait paru trouver extraordinaire qu’en 1918 les Alliés Victorieux aient songé à leur restituer une patrie, cela ne démontre-t-il pas que la prise de Jérusalem par Titus et la dispersion des vaincus n’a pas résolu le problème ?

    Ceux qui parlent ainsi se font traiter d’antisémites. Ce mot me fait de plus en plus horreur, Hitler l’a déshonoré à jamais (…). Je ne suis pas antisémite – ce qui d’ailleurs ne signifie rien, car les Arabes aussi sont des sémites. Je ne suis nullement antijuif (…).

    Je ne suis pas antijuif, mais je rougirais d’écrire, contre ma pensée, qu’il n’y a pas de problème juif, ou que le problème juif n’est qu’un problème religieux. Il y a une race juive, cela se reconnaît à des signes physiques évidents.

    S’il y a une race juive, il y a une sensibilité juive, une pensée juive, un sens juif de la vie, de la mort, de la sagesse et du bonheur.

    Que ces traits communs – sociaux ou mentaux – soient plus ou moins accusés, je l’accorde volontiers. Ils existent, voilà ce que j’affirme, et, en affirmant leur existence, je ne les condamne ni ne les méprise.

    Il en est qui s’accorde mal avec ma propre sensibilité, mais je n’en sais pas moins qu’ils appartiennent au patrimoine commun de l’humanité, qu’ils maintiennent dans le monde la tradition et l’esprit de la plus ancienne civilisation spirituelle de l’Histoire.

    De ce qui précède, les imbéciles concluront que je suis raciste. N’importe ! Je ne suis nullement raciste pour affirmer qu’il existe des races.

    Le racisme condamné par l’Église est l’hérésie qui prétend distinguer entre les races supérieures par essence et les autres inférieures destinées à servir les premières, ou à être exterminées par elle. Ce racisme du nazisme allemand ou du Ku Klux Klan américain n’a jamais été, pour un Français, qu’une monstruosité dégoûtante.

    Il n’existe pas de race française. La France est une nation, c’est-à-dire une œuvre humaine, une création de l’homme ; notre peuple, comme le peuple brésilien, est est composé d’autant d’éléments divers qu’un poème ou une symphonie.

    Mais il y a une race juive. Un Juif français, incorporé à notre peuple depuis plusieurs générations, restera sans doute raciste, puisque toute sa tradition morale ou religieuse est fondée sur le racisme, mais ce racisme s’est humanisé peu à peu, le Juif français est devenu un Français juif ; ses vertus héréditaires, comme les nôtres, sont désormais au service de la nation.

    J’ai écrit que le génie juif est un génie de contradiction, de refus. Honneur à qui refuse le reniement, honneur à qui dit « non ! » à la servitude, à la honte, à la Kollaboration.

    Ainsi la France a presque toujours rempli envers les Juifs, sortis des immenses, des inépuisables réservoirs juifs de l’Europe centrale et orientale pour entrer dans notre vie nationale, sa mission d’assimilatrice, de réconciliatrice, d’initiatrice. »

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  • L’antisémitisme forcené de Georges Bernanos

    Georges Bernanos a tenté de trouver une voie « révolutionnaire », puisque le maurassisme avait échoué. Il s’essaya à deux lignes, successivement, censé apporter une dynamique spirituelle et révolutionnaire, une révolte contre un système assimilé d’abord à l’argent, ensuite aux machines.

    La première fut donc un antisémitisme acharné, d’autant plus virulent qu’il était intellectualisé et rendu « propre » par une pensée française « rationnelle ». Même Adolf Hitler était considéré comme un faux antisémite, qui n’irait pas assez loin !

    Georges Bernanos était antisémite, d’un antisémitisme compris comme une opposition à l’argent, directement associé ou plutôt assimilé aux Juifs. Son antisémitisme permettait une critique de l’économie dans le sens d’une restauration monarchiste : c’est un anticapitalisme romantique.

    Le sous-titre de La Grande Peur des bien-pensants, publié en 1931, est ainsi Edouard Drumont, l’auteur de « La France juive ». C’est un éloge de ce théoricien de l’antisémitisme de la fin du 19e siècle, ce fanatique de l’abjection racialiste :

    « De cette solitude qui menace les derniers hommes libres, Drumont a eu le pressentiment. Son œuvre entière où l’on a cru voir parfois l’expression d’un pessimisme foncier respire une sorte de terreur physique, charnelle, à peine réprimée par une volonté magistrale, et parfois délivrée par le rire.

    C’est pourquoi elle paraît dans notre littérature un témoignage unique. Nulle part ailleurs en effet on ne rencontre alliée à l’expérience la plus riche des événements et des êtres, à un sens aussi exceptionnel de l’histoire, une imagination presque sauvage à force de sincérité, qui a le naturel et pour ainsi dire la gaucherie de l’enfance, toute la puissance de l’instinct. »

    L’immense mérite qu’aurait Edouard Drumont aurait été incompris, car il se serait situé entre deux périodes historiques, au contraire de Charles Maurras qui avait su avancer victorieusement avec l’Action française et « la prodigieuse entreprise de redressement national, poursuivie sans trêve, sans merci, avec une incroyable, une effrayante faculté d’espérer contre tous et contre tout ».

    Quant à « La France juive », Georges Bernanos en fait un manifeste :

    « La France juive parut dans les derniers jours du printemps de l’année 1886. Aucune analyse ne saurait donner l’idée de ce livre magique (…). Livre comparable à un très petit nombre, livre presque unique par on ne sait quel grondement intérieur, perceptible à mesure, de chapitre en chapitre, et qui, en dépit des sourires sceptiques ou de l’ennui, finit par résonner dans notre propre poitrine, en arrache un long soupir. »

    Le très long essai est un appel à l’engagement, où l’antisémitisme s’appuie sur des citations d’auteurs antisémites, surtout Edouard Drumont, pour participer à la tentative de former un état d’esprit, à la fois catholique et très violemment anti-démocratique.

    C’est cette exigence pour l’état d’esprit qui va l’amener à écrire Les grands cimetières sous la lune, en 1938. Installé aux Baléares, Georges Bernanos voit la guerre civile du côté franquiste et cela lui déplaît : la « reconquista » est trop sanglante et ne met pas assez en avant la dimension existentielle, spirituelle.

    C’est prétexte pour lui à de très nombreuses digressions – la guerre civile n’est qu’un prétexte à quelques remarques, en pratique – dont la forme, décousue, passant d’une thème à un autre, est purement romantique.

    La dimension contemplative, à l’écart de la politique dans l’esprit du Stello d’Alfred de Vigny, est assumée ouvertement :

    « Les Réformateurs ne se soucient nullement de moi, et ils ont bien raison. Je n’en suis que plus à l’aise pour les regarder, à contre-jour, du fond de mon obscur destin. »

    Georges Bernanos représente très clairement un spiritualisme catholique, à la fois antisémite et réactionnaire, tentant une critique romantique de la société, un chemin qui serait purement français :

    « La première Réforme, celle de Lénine, exécutée dans les conditions les plus défavorables, gâtée par la névrose juive, perd peu à peu son caractère.

    Celle de M. Mussolini, d’abord unanimiste et sorélienne, aussi diverse d’aspect que le puissant ouvrier qui en avait poursuivi si longtemps l’image à travers les manuels élémentaires de sociologie, d’histoire, d’archéologie, toute clinquante d’une antiquité de bazar, avec son air de farce héroïque, sa gentillesse populaire, coupée d’accès de férocité, son exploitation cynique et superstitieuse d’un catholicisme d’ailleurs aussi vide et somptueux que la basilique Saint-Pierre, n’était sans doute que la réaction d’un peuple trop sensible aux premiers symptômes de la crise imminente.

    Quelques années plus tôt, à travers des lieues et des lieues, la tempête russe ne l’avait-elle pas jeté dans les convulsions ? L’orage wagnérien [allusion au nazisme] qui se formait au centre de l’Europe devait exciter plus gravement encore ses nerfs (…).

    Le comportement de l’Italie nouvelle devant le terrible Enchanteur [c’est-à-dire Adolf Hitler] est exactement celui de l’inverti en face du mâle.

    Il n’est pas jusqu’à l’adoption du pas de l’oie, par exemple, qui n’évoque irrésistiblement certaines formes du mimétisme freudien.

    Que dire ? Lénine ou Trotsky ne furent que les prophètes juifs, les annonciateurs de la Révolution allemande, encore dans les nuées du Devenir. »

    On reconnaît là une approche spécifique aux années 1930. Les spiritualistes, comprenant la dimension culturelle et de civilisation du communisme, paniquent et cherchent une voie spécifique, pour eux « nationale », unique, particulière, comme solution permettant d’éviter une crise totale inéluctable, un effondrement de l’idéologie dominante.

    L’Allemagne nazie les fascine et leur semble incontournable de par sa dynamique. En ce sens, pour Georges Bernanos, elle n’est pas tant un ennemi qu’un concurrent. C’est ce qui l’amènera à amèrement constater que :

    « Hitler a déshonoré l’antisémitisme. »

    Dans La lettre aux Anglais, il dit dans le même ordre d’idée, en 1940 :

    « A vous avouer le fond de ma pensée, je n’ai jamais cru à la sincérité de l’antisémitisme hitlérien.

    M. Hitler s’est servi de l’antisémitisme, comme de l’anticommunisme, pour corrompre l’opinion européenne, la diviser, la dissocier, fournir aux peuples ses futures victimes, des thèmes de guerre civile.

    Le jour venu, il réabsorbera ses Juifs, et réorganisera la Banque juive, il en fera une institution nationale allemande. Nous verrons là une nouvelle et inédite de Kollaboration. »

    Ces propos – terrifiants quand on pense à la Shoah qui va se dérouler – montre bien que l’antisémitisme de Georges Bernanos symbolise un anticapitalisme romantique.

    L’antisémitisme était pour Georges Bernanos une lettre de noblesse ; cela ne devait pas être une obsession, mais une valeur primordiale, permettant un rejet idéologique et culturel du monde moderne, avec une base purement réactionnaire, anti-futuriste.

    Or, le national-socialisme se veut non seulement élémentaire, mais qui plus est modernisateur, conquérant. Cela ne convient pas à Georges Bernanos, et cela l’amène à prévoir les massacres de l’Allemagne nazie de manière tout à fait précise quant à l’esprit.

    Il dit ainsi, dans Les grands cimetières sous la lune, avec un lyrisme précis, une tournure puissante, une capacité de saisie intellectuelle brillante, un écriture raffinée :

    « Cher monsieur Hitler, l’espèce d’héroïsme que vous forgez dans vos forges est de bon acier, nous ne le nions pas.

    Mais c’est un héroïsme sans honneur, parce qu’il est sans justice. Cela ne vous apparaît pas encore, car vous êtes en train de dissiper les réserves de l’honneur allemand, de l’honneur des libres hommes allemands.

    L’idée totalitaire est encore servie librement par des hommes libres, leurs petits-fils ne connaîtront plus que la discipline totalitaire. Alors les meilleurs d’entre les vôtres tourneront leurs yeux vers nous, ils nous envieront, fussions-nous vaincus et désarmés. Cela n’est pas du tout une simple vue de l’esprit, cher monsieur Hitler. Vous êtes justement fier de vos soldats. Le moment approche où vous n’aurez plus que des mercenaires, travaillant à la tâche.

    La guerre abjecte, la guerre impie par laquelle vous prétendez dominer le monde n’est déjà plus une guerre de guerriers. Elle avilira si profondément les consciences qu’au lieu d’être l’école de l’héroïsme elle sera celle de la lâcheté.

    Oh ! bien sûr, vous vous flattez d’obtenir de l’Église toutes les dispenses qu’il vous plaira. Détrompez-vous.

    Un jour ou l’autre, l’Église dira non à vos ingénieurs et à vos chimistes. Et vous verrez à son appel surgir de votre propre sol – oui, de votre sol allemand –, de votre propre sol et du nôtre, de nos vieilles terres libres, de la renaissante chrétienté, une nouvelle chevalerie, celle que nous attendons, celle qui domptera la barbarie polytechnique comme elle a dompté l’autre, et qui naîtra comme l’autre du sang versé à flots des martyrs. »

    Cela rapproche indubitablement Georges Bernanos de Pierre Drieu La Rochelle, qui pareillement raisonnait sur la guerre en termes de chevalerie et non pas de destruction, conquête, etc., reflétant ici les contradictions purement romantiques et petites-bourgeoises.

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  • Georges Bernanos et «la trahison du maurrassisme»

    Ainsi, Georges Bernanos fait clairement partie de cette génération forgée par l’Action française, et dont Pierre Drieu La Rochelle dira que la disparition durant la guerre a été la cause de la non-affirmation d’un courant fasciste au sens strict en France juste après 1918.

    Georges Bernanos, qui a fait partie de cette tradition, ne voit plus de perspectives en 1918. Il est ainsi déjà post-fasciste alors que le fascisme ne s’est pas encore élancé. Il abandonne la politique, devenant inspecteur des assurances pour subvenir aux besoins de son couple.

    Il devient par contre un intellectuel en tant que tel, en publiant Sous le soleil de Satan en 1926. Grand succès grâce à la promotion faite par son ami Léon Daudet (également témoin de son mariage) dans l’Action française (les 7 et 26 avril) ; l’œuvre est pétrie d’un catholicisme mystique, avec une prose littéralement expressionniste.

    Georges Bernanos est alors une figure idéologique et culturelle des conservateurs et catholiques ; il se voit proposer dès 1927 la légion d’honneur, qu’il refuse. Il rejoint en 1931, comme responsable de la page littéraire, Le Figaro qui appartient au milliardaire fasciste François Coty, qui arrose les organisations d’extrême-droite.

    Cependant, on peut y lire des articles assassins sur Charles Maurras, qui répondit tout aussi férocement dans l’Action française, alors que Léon Daudet définira Georges Bernanos comme un « suce-pieds grandiloquent ».

    Georges Bernanos

    L’année 1932, Georges Bernanos rompit avec Le Figaro ; en juillet 1933, il a un grave accident de moto ; en 1934, il s’installa aux Baléares, en 1938 au Brésil. Georges Bernanos fut ainsi, même s’il fut reconnu comme un grand écrivain, immédiatement marginalisé.

    L’échec de sa situation, il l’attribue à l’incapacité de Charles Maurras d’assumer la direction d’une vague révolutionnaire ; il a la même position que Pierre Drieu La Rochelle. Voici comment il présente sa vision des choses dans Scandale de la vérité, en janvier 1939 :

    « La génération à laquelle appartient M. Maurras déjà sombre dans les ténèbres et dans l’oubli (…).

    Si le nom de M. Maurras revient sans cesse sous ma plume, c’est qu’il est probablement le seul des grotesques nationaux à mériter d’occuper un moment la pensée d’un Français, en ces jours de honte.

    Loin de ressentir à son égard rien qui ressemble à la haine, le seul sentiment que m’inspire son mystérieux, son exceptionnel destin n’est pas loin d’être celui d’une sorte de terreur sacrée.

    Sur tout ce qui touche à ses préjugés ou ses rancunes, je tiens évidemment sa parole pour moins que rien, mais je crois sincères les contradictions qui l’animent.

    Il admire la France, la Monarchie, l’Église avec une lucidité déchirante, une jalousie féroce, sans espoir d’aller jamais au-delà d’une convoitise désespérée, comme l’impuissant une maîtresse, qu’il ne souhaite même plus d’étreindre (…).

    Il n’y a pas de mystique royaliste à l’Action française, c’est vrai ; nous le savons. Mais il y a une mystique maurrassienne, une mystique de la personne de M. Maurras.

    Certes, la doctrine de M. Maurras mérite l’estime de n’importe quel Français ayant le respect des choses de l’esprit, mais c’est la mystique maurrassienne qui fait les fonds (…).

    J’ai le droit de parler comme je fais. Ce n’est pas la pensée de M. Ch. Maurras qui m’a rallié à la Monarchie.

    Je n’ai jamais été républicain. J’ai cru, à seize ans, qu’il était l’homme du coup de force, qu’il descendrait dans la rue. Je l’ai cru parce qu’il me l’affirmait, qu’il ne cessait pas de l’affirmer. Je ne le tiens pas pour un lâche.

    Je dis qu’aucun politicien n’a exploité avec moins de vergogne l’image d’un risque qu’il était bien décidé à ne pas courir. Cela me suffit.

    Je distingue volontiers entre M. Maurras et M. Jaurès. Il n’en est pas moins vrai que leurs destinées politiques se ressemblent.

    Tous deux humanistes, tous deux professeurs, également ignorants ou secrètement dédaigneux du vrai peuple, également experts à parler le langage de l’action, à noyer l’action réelle dans la phraséologie de l’action, à l’amortir, à l’étouffer, à la prendre toute vivante dans un minutieux réseau d’objections pertinentes, de réserves judicieuses, d’ironies, d’indignations feintes, de dénigrements méthodiques, le premier a brisé l’élan syndicaliste, poussé peu à peu son parti dans le cul-de-sac de l’union des gauches comme le second jette le sien dans l’impasse de l’union des droites (…).

    La trahison du maurrassisme est d’avoir laborieusement fourni à ces médiocres, pièce par pièce, un dossier facile à plaider, d’innombrables prétextes à révision, les moyens de droit d’une interminable procédure.

    La société moderne est à refaire. La société française est à refaire, et la trahison du maurrassisme a été de lui persuader qu’il n’en était rien, qu’elle pouvait parfaitement servir telle quelle, grâce à la Monarchie, bien entendu.

    Et ce disant, il trahissait aussi la Monarchie, ou du moins il trahissait l’image que les jeunes Français devraient se faire d’elle, de l’œuvre à entreprendre, à réaliser par elle, car l’œuvre de la Monarchie est précisément de refaire la société française, ou pour tout dire de notre espoir, de notre volonté, de notre détermination sans retour, de notre décision irrévocable, – elle est plus précisément encore de refaire avec la Monarchie une Chrétienté française. »

    >Sommaire du dossier

  • Georges Bernanos et la déception de 1918

    Georges Bernanos n’avait aucunement conscience du processus de dénonciation romantique du monde auquel il appartenait. Comme Pierre Drieu La Rochelle, il fonçait tête baissée. Et comme Pierre Drieu La Rochelle, d’ailleurs, l’émergence de son romantisme naît aussi de la dénonciation de la figure tutélaire, Charles Maurras.

    En pratique, Georges Bernanos, né en février 1888, s’inscrit aux Camelots du roi de l’Action française en décembre 1908, alors que ceux-ci mènent le coup de poing dans le quartier latin à Paris.

    Il fut dans ce cadre condamné à cinq jours de prison pour les échauffourées de plusieurs semaines contre le professeur d’histoire Amédée Thalamas, la Sorbonne étant prise d’assaut, le professeur fessé en plein amphithéâtre, le ministère de la justice occupé, etc.

    Le coup d’éclat des monarchistes se place dans le cadre d’une opération de mise en valeur de Jeanne d’Arc datant de la fin du 19e siècle et culminant ici dans le culte à la fois nationaliste et catholique de cette « sainte ».

    Georges Bernanos

    Georges Bernanos est ici un ultra, un agité, au point d’ailleurs que l’Action française le fait passer en « conseil de guerre » pour sa participation à une tentative de restauration monarchique au Portugal ; il devint en septembre 1913 le rédacteur en chef de hebdomadaire de l’Action française à Rouen : L’Avant-Garde de Normandie.

    Il y polémique avec le philosophe Alain professeur de lycée à Rouen, d’esprit radical (et antifasciste avant de passer au pacifisme pro-antisémite), rencontre sa future femme descendant d’un des frères de Jeanne d’Arc.

    La première guerre mondiale vient interrompre sa vie politique et, réformé, il parvient à revenir dans l’armée, étant blessé et ayant plusieurs citations.

    Le retour est cependant un traumatisme. Il était parti à la guerre pétri de l’esprit de Charles Péguy, voyant une formidable mobilisation populaire : il espérait qu’elle se prolongerait, qu’elle renouvellerait le pays. L’amertume le poursuivra toute sa vie.

    Dans La France contre les robots, en 1947, il regrette ainsi le manque de clairvoyance des soldats qui se sont sacrifiés au front de la guerre de 1914-1918 :

    « Les pieds enracinés dans l’argile gluante, le dos gelé par la pluie, la paume de la main brûlée par le canon du fusil, l’épaule meurtrie par la crosse, avec en face d’eux un coin de bois quelconque, couronné d’une vapeur bleue, et qui crache du feu par tous ses trous d’ombre, ils n’eussent, pour rien au monde, boudé à la besogne.

    Mais, six semaines après l’armistice, ils ne comprenaient pas que la France pût encore avoir besoin d’eux. Il ne prenaient déjà pas la paix au sérieux ; je crois qu’ils ne l’ont jamais respectée.

    Ils étaient aussi dégoûtés que moi du carnaval de l’après-guerre, ils regardaient avec le même dégoût les gorilles d’affaires américains liquidant les stocks, les ogresses internationales escortées de leurs gigolos, mais ils n’éprouvaient nullement le besoin de délivrer la France de cette ordure, ils n’en avaient nullement envie, voilà le malheur.

    Leur dégoût pour ces millions de jeunes cyniques, avides de jouir, et qui mettaient le pays à l’encan, était plutôt jovial, sans colère et sans haine ; on aurait même cru volontiers qu’il ne leur déplaisait pas de voir l’Arrière, ce fameux « Arrière » dont le Bulletin des Armées leur avait si souvent vanté « le Moral » – l’Arrière tiendra ! – donner ainsi la mesure de sa profonde et secrète dégradation.

    Car un gouffre s’était creusé peu à peu, au cours de ces quatre années, entre l’Arrière et l’Avant, un gouffre que le temps ne devait pas combler, ou ne devait combler qu’en apparence.

    Oh ! c’est là une remarque que je serai peut-être le seul à faire ; personne ne m’en disputera le mérite, elle est trop simple, qu’importe !

    Aux jours de Munich, qui rappelaient si cruellement les jours maudits de 1920 par une égale ignominie dans l’égoïsme et l’évasion – l’esprit de l’Avant et celui de l’Arrière demeuraient aussi inconciliables qu’autrefois, bien que la politique eût depuis longtemps perverti le premier.

    Cette opposition des deux Esprits, qui aurait pu être vingt ans plus tôt un principe de salut, n’a servi qu’à rendre impossible toute véritable union des Français devant l’ennemi.

    L’Arrière et l’Avant, méconnaissables sous le nom de Gauche ou de Droite, de Front Populaire ou de Front National, ne se sont réconciliés qu’en deux occasions, pour une égale abdication de l’honneur, pour un égal reniement de l’ancienne Victoire, à Munich et à Rethondes.

    J’ai été injuste envers l’homme de 1920 ; on ne saurait être déçu sans être injuste.

    La déception m’a d’ailleurs jeté dans la littérature, je suis entré dans « le Soleil de Satan » – je m’excuse d’une telle comparaison – un peu comme l’abbé de Rancé résolut de se faire trappiste devant le visage de sa maîtresse tout grouillant de vers, et ses nobles cheveux blonds collés au front par l’écume de la pourriture. »

    >Sommaire du dossier

  • Georges Bernanos et le romantisme spiritualiste : «Ô Sainte Agonie !»

    L’une des clefs de l’oeuvre de Georges Bernanos est la focalisation sur le concept d’agonie, avec en arrière-plan la Sainte-Agonie. Selon l’Evangile en effet, Jésus-Christ a médité pendant une heure au mont des Oliviers, à Gethsémani.

    Pendant cette méditation, il sue de son sang en raison de son angoisse, alors que dorment non loin Pierre, Jean et Jacques le Mineur. Il est comme abandonné, prie à trois reprises… Il est par la suite arrêté par les Romains, puis crucifié.

    Voici comment la chose est présentée dans l’Évangile selon Saint Matthieu :

    1. Or, quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :

    2. « Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié. »

    3. Alors les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du grand prêtre appelé Caïphe,

    4. et ils délibérèrent sur les moyens de s’emparer de Jésus par ruse et de le faire mourir. (…)

    20. Le soir venu, il se met à table avec les douze [disciples].

    21. Pendant qu’ils mangeaient, il dit : « Je vous le dis en vérité, un de vous me trahira » (…)

    26. Pendant le repas, Jésus prit du pain et après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps. » (…)

    36. Alors Jésus arrive avec eux en un domaine appelé Gethsémani, et il dit à ses disciples : « Demeurez ici, tandis que je m’en vais là pour prier. »

    37. Ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à éprouver de la tristesse et de l’angoisse.

    38. Alors il leur dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici et veillez avec moi. »

    39. Et s’étant un peu avancé, il tomba sur sa face, priant et disant : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi ! Cependant non pas comme je veux, mais comme vous (voulez) ! »

    40. Et il vient vers les disciples et il les trouve endormis ; et il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi !

    41. Veillez et priez, afin que vous n’entriez point en tentation. L’esprit est ardent, mais la chair est faible. »

    42. Il s’en alla une seconde fois et pria ainsi : « Mon Père, si ce (calice) ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite ! »

    43. Étant revenu, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient appesantis.

    44. Il les laissa et, s’en allant de nouveau, il pria pour la troisième fois, redisant la même parole.

    45. Alors il vient vers les disciples et leur dit : « Désormais dormez et reposez-vous ; voici que l’heure est proche où le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs.

    46. Levez-vous, allons ! Voici que celui qui me trahit est proche. »

    Cette Sainte-Agonie est un des leviers majeurs de l’identité « simple » mise en avant par Georges Bernanos. L’apothéose de cette approche consiste en le Dialogue des Carmélites, retraçant le parcours de sœurs d’un Carmel de Compiègne qui finissent guillotinées lors de la Révolution française, historiquement en 1794 au motif « de fanatisme et de sédition ». 

    Il s’agit d’une récupération directe d’une nouvelle de 1931, La dernière à l’échafaud (Die letzte am Schafott), écrit par Gertrud von Le Fort, une allemande passée en 1926… du luthérianisme, sa famille étant d’origine française calviniste, au catholicisme.

    On retrouve donc, encore une fois, la question luthérienne de l’intériorité, par un prisme légitimiste catholique. Et la Sainte-Agonie, où Jésus exprime une vie intérieure tourmentée, ne peut qu’être une référence incontournable pour Georges Bernanos.

    Gertrud von Le Fort s’appuyait sur les Manuscrits de sœur Marie de l’Incarnation (Françoise-Geneviève Philippe, 1761-1836), seule rescapée ; Georges Bernanos réalisa de son côté une pièce de théâtre, qu’il finira juste avant de mourir d’un cancer en 1948.

    Cela devait servir à un film qui ne sera pas réalisé, cependant Jacques Hébertot en fera une adaptation en 1952, Francis Poulenc un opéra en 1957, Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger un film en 1960.

    Tout tourne autour de Blanche de la Force, qui devient carmélite sous le nom de Sœur Blanche de l’Agonie du Christ et, après bien des situations difficiles depuis le départ, après maints tourments, sacrifie sa vie à la fin pour la cause catholique, sans que les autres sœurs ne le sachent puisqu’elles ont été tuées auparavant.

    Le thème de l’agonie du Christ est au centre de la pièce, avec des références extrêmement fortes sur le plan émotionnel, avec notamment :

    – « C’est qu’il n’y a jamais eu qu’un seul matin, Monsieur le Chevalier : celui de Pâques. Mais chaque nuit où l’on entre est celle de la Très Sainte Agonie… »

    – « Je voudrais m’appeler Sœur Blanche de l’Agonie du Christ » ;

    – « Sauf votre bon plaisir, elle souhaite toujours s’appeler Sœur Blanche de l’Agonie du Christ. Vous m’avez toujours paru fort émue de ce choix ? » ;

    –  « Interrogez vos forces. Qui entre à Gethsémani n’en sort plus. Vous sentez-vous le courage de rester jusqu’au bout prisonnière de la Très Sainte Agonie ?… » ;

    – « C’est la Prieure qui entre en agonie » ;

    – « Il est bien chez vous le cri de la nature à l’agonie ».

    Il va de soi que l’agonie est également présente dans L’imposture : « sur la face pétrifiée de l’agonie », « un cri d’agonie », « la misérable âme à l’agonie », « un sourire d’agonie », « la hideuse compagne de son agonie », « son agonie », « son humble agonie », « une agonie très calme, très douce, très lucide », etc.

    On l’a dans La joie également : « le sens caché d’une agonie si humble », « les ténèbres d’une Agonie », « la silencieuse et solennelle agonie », « l’agonie du vieux prêtre », « les lèvres de l’abbé Chevance à l’agonie », « une longue agonie », « je ne rêve pas de mort, d’agonie, d’enterrement », « elle [la peur] est au chevet de chaque agonie, elle intercède pour l’homme », etc.

    Dans Le soleil de Satan, on retrouve notamment « une agonie très amère », « la période de préagonie », « la majesté de l’agonie », « à l’agonie », « une agonie nouvelle », etc.

    Dans le Journal d’un curé de campagne, on a aussi « jusqu’au seuil de l’agonie », « la plupart des agonies », « l’agonie humaine est d’abord un acte d’amour », « partagera notre agonie », « prisonnier de la Sainte Agonie », « Ô Sainte Agonie ! », etc.

    Toute cette question de l’agonie – au sens d’un questionnement intérieur d’une densité extrême, dans l’esprit luthérien – est au coeur de la mise en valeur de la vie intérieure par Georges Bernanos.

    >Sommaire du dossier

  • Georges Bernanos et l’appel à la sainteté-simplicité féminine

    Georges Bernanos est donc un partisan de l’intériorité subjective – mystique, mais il refuse toute affirmation qu’il voit comme une expression d’orgueil. C’est ainsi ce qu’il reproche à Martin Luther : d’avoir été trop dans ce qui est un « scandale ».

    On peut citer ici l’Evangile, avec Matthieu, 18, qui est nécessairement une référence pour Georges Bernanos dans son approche :

    « 1 En ce moment, les disciples s’approchèrent de Jésus, et dirent: Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux? 

    2 Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, 

    3 et dit: Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. 

    4 C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. 

    5 Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. 

    6 Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer.

    7 Malheur au monde à cause des scandales! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! »

    De là émerge une affirmation ininterrompue, dans ses œuvres, de la simplicité. Les romans de Georges Bernanos représentent, dans les faits, l’expression la plus haute d’un catholicisme populaire valorisant ce qu’on peut appeler conceptuellement la sainteté-simplicité.

    La pureté ne pourrait être que recul, elle ne peut aller dans le sens d’une affirmation, qui serait orgueil, et donc intolérable péché. C’est une lecture indéniablement féminine et populaire, dans la mesure où les femmes cherchent à valoriser ce qui est juste mais, encadrées par le patriarcat, ne peuvent aller dans le sens de la confrontation.

    On a en même temps, de fait, la révolte et la peur que l’idée de révolte soit un péché, la haine du mensonge mais un sens certain et profondément esthétisé de la dissimulation, un désespoir lancinant avec des crises de honte de soi.

    La simplicité est alors le refuge, comme une procédure d’évitement. L’abbé Donissan dans Sous le soleil de Satan, l‘abbé Chevance dans L’imposture, Chantal de Clergerie dans La joie, le curé d’Ambricourt dans le Journal d’un curé de campagne, Blanche de la force dans le Dialogue des Carmélites, sont des gens qui refusent toute complexité, qui cherchent une simplicité totale.

    Georges Bernanos

    Dans le roman La joie, l’œuvre sans doute la plus aboutie de Georges Bernanos, la simplicité est d’ailleurs omniprésente : « il n’est pas si facile qu’on croit de garder la simplicité de sa vie, mais les complications viennent du dehors, toujours. La simplicité vient du dedans. », « la simplicité, l’innocence, l’esprit de soumission d’un petit enfant », « la simple douceur », « l’extrême, la surnaturelle simplicité de sa vie », « trop simple aussi, trop indifférente à soi-même », « l’exercice des devoirs simples », « cela paraît simple », « une bonne petite fille, très saine, très simple », « à la mesure d’une simple et diligente sagesse », « une foudroyante simplicité », « la parole simple et claire », etc. etc.

    Il y a pratiquement 70 occurrences de ce type, et cela est pareil dans Sous le soleil de Satan :  « il la vit toute droite et toute simple », « le bonhomme tout simple et tout », « les sentiments les plus simples », « un simple et silencieux dénouement », « un pauvre homme simple », « votre obéissance et votre simplicité », « la simple réponse du pauvre prêtre », « l’aveu si simple et si déchirant », « la simplicité du saint de Lumbres », « le plus simplement du monde », « avec une certaine simplicité », etc.

    Il y en a encore davantage dans L’imposture : « sur une simple chaise de paille », « une simple étagère », « la simple lampe », « dans sa simplicité », « un acte simple », « un acte si simple », « les hommes simples, dont la simplicité l’avait trahi », « votre simplicité », « votre cœur simple et sincère », « je veux que ma vie soit simple, régulière, quotidienne », « la simplicité, la banalité de ce conseil », « par simple curiosité », « ces simples poèmes », etc.

    Dans le Le Journal d’un curé de campagne, il y en a un tout petit peu moins de cinquante : « c’est si difficile d’être simple », « les gens du monde disent « les simples » comme ils disent « les humbles », avec le même sourire indulgent. Ils devraient dire : les rois », « les choses les plus simples », « un simple vocabulaire », « si simple d’aspect », « cette idée si simple », « un simple ouvrier maçon », « un simple mot », « le plus simplement », « une simple chaîne d’argent », « une simple égratignure », etc.

    Les simples sont, donc, des rois ; Georges Bernanos a une lecture minimaliste – réductionniste de la foi, au sens d’une intériorité de grande densité plus que dans l’étalement, tout à fait donc dans l’esprit du luthérianisme.

    Dans son agenda, à la fin de sa vie, il écrira d’ailleurs une sentence correspondant on ne peut plus à l’esprit de maître Eckardt et de Martin Luther :

    « Nous ne nous connaissons pas, nous ne rentrons en nous que pour mourir, et c’est là qu’Il nous attend. »

    >Sommaire du dossier

  • La base d’interrogation luthérienne de Georges Bernanos

    Si Georges Bernanos a pu écrire son œuvre, c’est pour une raison extrêmement simple : il était imprégné d’un questionnement spécifiquement luthérien. Aucun commentateur bourgeois ne l’a noté, aucun universitaire ne l’a vu, et cela pour une raison très simple : issu de la réaction catholique et monarchiste, Georges Bernanos se situait idéologiquement et culturellement dans un dispositif bien particulier.

    Cependant, à la lumière de vue du matérialisme dialectique, il est évident si Georges Bernanos est arrivé à écrire une œuvre de valeur, c’est qu’il portait quelque chose, et cela ne peut être nullement justement la réaction.

    Il était forcément lié à une force progressiste. Sans cela, il aurait tourné vers le décadentisme, l’existentialisme, toutes ces formes d’expression grossières, minimalistes, simplificatrices, etc.

    Or, non seulement Georges Bernanos ne s’est pas tourné vers ces formes-là, mais qui plus est il n’a cessé d’avoir une activité journalistique pratiquement intempestive, cherchant en permanence à formuler quelque chose qui serait adéquat pour faire avancer la cause de la « vie intérieure ».

    A cela s’ajoute qu’il fallait bien qu’il trouve quelque part une base pour affirmer l’intériorité subjective, dans un pays où le catholicisme l’a combattu depuis son émergence avec le calvinisme.

    Il faut voir ici que les romantiques, avec leurs inquiétudes, leur mal du siècle, ont toujours été à la marge de l’Église catholique, qui est extrêmement conservatrice par définition et ne tolère pas l’émergence de la personnalité, ne voulant que des individus soumis au cadre théologique et aux normes sociales qui vont avec.

    Un romantisme assumé ne pouvait que se tourner vers une forme idéologique et culturelle permettant d’assumer la production de figures puissamment inquiets et tourmentés. C’est pourquoi le luthérianisme, principalement, suinte de tous les pores des romans de Georges Bernanos.

    Ce luthérianisme a beau être refréné à coups de légitimisme et de mysticisme, cependant il saute aux yeux de l’observateur averti utilisant le matérialisme dialectique.

    Dans L’imposture, on a ainsi le personnage de l’abbé Cénabre, qui ne croit plus et devient, de ce fait, aspiré par un esprit diabolique. C’est un grand érudit, avec une allusion à Henri Bremond, un abbé auteur d’une Histoire littéraire du sentiment religieux en France en onze volumes, qui ne goûta par ailleurs guère cette allusion.

    Et, en pleine crise de conscience, alors qu’il manque de se suicider et qu’en tout cas il a décidé d’assumer de ne plus croire en Dieu, il décide d’aller en Allemagne, pour une occasion très particulière.

    « La Société internationale des Études psychiques que présidait encore Frau Eberlein avant qu’elle eût sombré dans la folie, une nuit d’hiver, au fond de son affreuse résidence de Schlestadt pleine de bêtes hallucinées, avait obtenu de l’illustre historien la promesse de prendre part à son congrès, tenu à Francfort, ou du moins d’assister à la séance solennelle de clôture pour y donner une conférence sur « la Mystique dans l’Église luthérienne ».

    La date de cette clôture avait été fixée au 20 janvier, c’est-à-dire neuf jours plus tard, mais le Congrès était ouvert depuis deux semaines déjà. Il résolut de partir pour l’Allemagne le jour même.

    L’idée d’une disparition si soudaine, si peu attendue surtout d’un homme connu pour son exactitude à remplir ses obligations professionnelles, par sa fidélité aux rendez-vous pris et donnés, l’ordre scrupuleux de sa correspondance, cette idée seule soulageait un peu son cœur.

    N’était-ce point comme un essai, le timide essai d’une fuite plus sûre ?… Il ferma les yeux. »

    Des « études psychiques », quelqu’un qui sombre dans la folie, alors qu’un autre ne croit plus, la mystique dans l’Église luthérienne… la barque est ici pleine à craquer.

    On apprend également au cours de l’ouvrage que l’abbé Cénabre est un historien et parlant de son public, consistant en le parti catholique, il est dit :

    « Ainsi le parti compte d’honnêtes jeunes gens, des vieillards austères, des écrivains pleins de talent, et des prêtres, pour le grand nombre, de mœurs irréprochables. Rien ne semble permettre de les confondre avec des avares adolescents, ces patriarches dévorés d’ambition comme d’une lèpre, et  ces ruffians en jupon noir, chassés de tous les diocèses, à face de croupiers marrons… Quel trait leur est donc commun ? Le goût de biaiser, une pensée lâche (…)

    Son histoire de l’arianisme les a déçus, justement par ce qu’elle contient de positif, de défini. Mais ils se délectent au bavardage et à l’allusion des Mystiques florentins. »

    L’arianisme fut condamné par l’Église catholique en 325, pour avoir refusé la consubstantialité du Fils avec le Père, faisant de Jésus une sorte d’humain très particulier, sans être Dieu. Cette forme religieuse fut notamment assumé par les peuples germaniques, avant qu’ils ne rejoignent l’Église catholique.

    A cette déviation relevant du débat sur la nature du Christ, s’ajoute la référence aux « mystiques florentins », ce qui est une allusion en fait au courant du néo-platonisme de la Renaissance italienne, avec notamment Marsile Ficin et Jean Pic de la Mirandole.

    Ces deux références ne font pas partie de la théologie catholique romaine traditionnelle ; on est ici dans les marges mystiques.

    Et justement, on apprend que l’abbé Cénabre a également écrit La vie de Gerson, c’est-à-dire de Jean de Gerson (1363-1429), ainsi qu’un ouvrage sur Tauler.

    Ce dernier est en fait est Johannes Tauler (1300 ?- 1361), un disciple d’Eckhart (1260-1328), le grand maître de la mystique rhénane, ces deux auteurs jouant un rôle essentiel dans l’avènement du luthérianisme. Rien que cette référence est totalement révélatrice de la liaison de Georges Bernanos au luthérianisme.

    Gerson est quant à lui un très important théologien, qui a comme caractéristique :

    – d’avoir joué un rôle essentiel dans le Concile de Constance aboutissant au meurtre pur et simple de Jan Hus, qui historiquement peut être considéré comme le premier protestant ;

    – de se situer dans la lignée mystique du Pseudo-Denys l’Aréopagite et de Bonaventure, tradition mystique jouant un rôle de grande importance dans la structuration de la conception luthérienne.

    Georges Bernanos révèle ici qu’il se situe à la marge du catholicisme, à la marge mystique, tourmenté par la question de l’existence, et cela de manière laïque.

    Pour cette raison, on a dans La joie un personnage, M. de Clergerie, qui est un historien non membre du clergé. On apprend qu’il a écrit une Histoire du jansénisme, courant mystique, avec notamment Pascal, accordant justement aux laïcs un rôle dans une Eglise devant se purifier de tous ceux qui ne sont pas entièrement engagés (au contraire des jésuites, que Georges Bernanos ne cessera de dénoncer dans sa vie).

    Voici les propos de M. de Clergerie à sa fille, sorte de figure entièrement pure, frappant par sa nature libre de toute tâche en quelque sorte :

    « Tu ne sais rien du monde, tu n’en veux rien savoir, c’est tellement plus simple ! Ta mère prétendait déjà marcher à travers les chemins boueux avec la petite pantoufle de Cendrillon.

    Oui, il fallait que tu l’apprisses un jour ou l’autre, le monde n’est pas fait pour les anges. Je suis un catholique irréprochable, j’ai consacré une partie de ma vie à l’histoire de l’Église et je te dis : le monde n’est pas fait pour les anges. J’ajoute même : tant pis pour les anges qui s’y hasardent sans précaution !

    Tu as beau me regarder de ce regard limpide ! Il est limpide parce qu’il n’a rien vu, rien pénétré. Chacun de nous a son secret, ses secrets, une multitude de secrets qui achèvent de pourrir dans la conscience, s’y consument lentement, lentement…

    Toi-même, ma fille, oui, toi-même ! Si tu vis de longues années, tu sentiras peut-être, à l’heure de la mort ce poids, ce clapotis de la vase sous l’eau profonde… Hé ! Que voudrait-on de nous ? Des choses impossibles. Il faut d’abord tracer la route, pas à pas, de l’enfance à la vieillesse, tâter chaque pouce de terrain, détendre les pièges, ramper, ramper, toujours ramper.

    Que diable ! Pour se faire entendre, reconnaître, on doit se mettre au niveau des autres, on ne parle pas debout à des gens couchés. Qui se redresse se voit seul tout à coup.

    Sommes-nous donc faits pour vivre seuls, je te demande ? Et d’abord, le pouvons-nous ? Ah ! ah ! ah ! oui : le pouvons-nous ?

    Je te disais que certains jours ton espérance , ton allégresse, ton invraisemblable sécurité me jettent hors de moi, m’enragent… C’est un sentiment bas, n’est-il pas vrai ? Des plus bas, hein ? Je suis sûr que tu le trouves bas ? Allons, réponds donc ! »

    Dans Le journal d’un curé de campagne, on a directement une référence à Martin Luther :

    « J’ai tout à coup senti ses deux mains sur mon épaule. – Enfin, j’ai eu mes embêtements, moi aussi. Le plus dur, c’est qu’on n’est compris de personne, on se sent ridicule. Pour le monde, tu n’es qu’un petit curé démocrate, un vaniteux, un farceur.

    Possible qu’en général, les curés démocrates n’aient pas beaucoup de tempérament, mais moi, du tempérament, je crois que j’en avais plutôt à revendre.

    Tiens, à ce moment-là j’ai compris Luther. Il avait du tempérament, lui aussi. Et dans sa fosse à moines d’Erfurt sûrement que la faim et la soif de la justice le dévoraient.

    Mais le bon Dieu n’aime pas qu’on touche à sa justice, et sa colère est un peu trop forte pour nous, pauvres diables. Elle nous saoule, elle nous rend pires que des brutes.

    Alors, après avoir fait trembler les cardinaux, ce vieux Luther a fini par porter son foin à la mangeoire des princes allemands, une jolie bande…

    Regarde le portrait qu’on a fait de lui sur son lit de mort… Personne ne reconnaîtrait l’ancien moine dans ce bonhomme ventru, avec une grosse lippe.

    Même juste en principe, sa colère l’avait empoisonné petit à petit : elle était tournée en mauvaise graisse, voilà tout.

    – Est-ce que vous priez pour Luther ? ai-je demandé.

    – Tous les jours, m’a-t-il répondu. D’ailleurs je m’appelle aussi Martin, comme lui. »

    Martin Luther aurait eu raison, mais il aurait péché par orgueil ; c’est pratiquement un luthérianisme appliqué à Martin Luther, alors que l’Église l’a toujours rejeté de manière totale, sans évidemment demander de prier pour lui.

    Au sujet de cette question justement, dans les archives de Georges Bernanos fut trouvé un long manuscrit, datant de 1943 environ selon toute vraisemblance, consacré à Martin Luther.

    On y lit cela :

    « Comme mon cher curé de campagne je pense souvent à Martin Luther (…).

    Le malheur de Martin Luther fut de prétendre réformer (…). On ne réforme rien dans l’Église par des moyens ordinaires. Qui prétend réformer l’Église par ces moyens, par les mêmes moyens qu’on réforme une société temporelle, non seulement échoue dans son entreprise, mais finit infailliblement par se trouver hors de l’Église.

    Je dis qu’il se trouve hors de l’Église avant que personne ait pris la peine de l’en exclure, je dis qu’il s’en exclut lui-même, par une sorte de fatalité tragique (…).

    L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints. Martin Luther était le réformateur-né (…). Il soulevait contre sa personne, du même coup, toutes les médiocrités éparses, toute la médiocrité s’est mise à fermenter du même coup, à bouillir et siffler comme le vin nouveau dans la cuve.

    Oh ! sans doute, on m’accusera de tenter ici la réhabilitation de Luther. Que m’importe ! »

    En clair, Martin Luther avait raison, mais pas dans la forme ; il fallait non pas rompre, mais viser la sainteté en se sacrifiant pour régénérer l’Église, d’où la fascination de Georges Bernanos pour Jean-Marie Vianney (1786-1859), dit le Curé d’Ars,  nommé patron de tous les curés de l’Univers par le pape Pie XI en 1929.

    Ce curé n’avait pas été à l’école, avait échoué dans deux séminaires, mais devint une figure extrêmement populaire assument une humilité extrême, expression en fait d’une âme fondamentalement tourmentée et tournée vers l’ascèse, le refus du monde. Il apparaît dans une large mesure dans Sous le soleil de Satan sous les traits de l’abbé Donissan.

    C’était là davantage conforme au romantisme de Georges Bernanos : Martin Luther avait un seul tort, celui d’avoir réussi son entreprise (ce qui, par ailleurs, est faux puisque la moitié de l’Allemagne resta catholique).

    >Sommaire du dossier

  • L’expressionnisme de Georges Bernanos

    Du point de vue du matérialisme dialectique, la partie historiquement progressiste de Georges Bernanos – une partie restreinte, mais de haute valeur, à l’instar de Pierre Drieu La Rochelle – peut être qualifié d’expressionniste, c’est-à-dire de chemin tourmenté, inabouti, vers la dignité du réel.

    Le décor a une architecture troublée où plus aucune symétrie ne prédomine, les sens sont en éveil jusqu’à harceler l’esprit, l’être humain est réduit à une présence effective immédiate, tourmentée. Dans Histoire de Mouchette, une partie de Sous le soleil de Satan, on lit par exemple :

    « Le vent fraîchit : au loin les fenêtres à petits carreaux flambèrent une à une ; l’allée sablée ne fut plus au-dehors qu’une blancheur vague, et le ridicule petit jardin s’élargit et s’approfondit soudain sans mesure, à la dimension de la nuit…

    Germaine s’éveilla de sa colère, comme d’un rêve. Elle sauta du lit, vint écouter à la porte, n’entendit plus rien que l’habituel ronflement du brasseur et le solennel tic-tac de l’horloge, revint vers la fenêtre ouverte, fit dix fois le tour de sa cage étroite, sans bruit, souple et furtive, pareille à un jeune loup… Hé quoi ? Minuit déjà ?

    Un profond silence, c’est déjà le péril et l’aventure, un beau risque ; les grandes âmes s’y déploient comme des ailes. Tout dort ; nul piège… « Libre ! » dit-elle tout à coup, de cette voix basse et rauque que son amant n’ignorait pas, avec un gémissement de plaisir… Elle était libre, en effet. »

    C’est là la vigueur exceptionnelle de Georges Bernanos, qui parle dans ses romans du cœur qui se serre, de l’anxiété, du choc nerveux, de l’hyperesthésie (c’est-à-dire l’hyper-éveil des sens, notamment de la vue), de l’embarras, de « lutte intérieure » et de « conscience engourdie », etc.

    Rien de plus physique, indéniablement, et ce jusqu’à la description, expressionniste jusqu’à aboutir à une sorte de fascination érotique morbide, du religieux se flagellant dans Histoire de Mouchette :

    « La chaîne était entre ses doigts raidis à chaque coup plus souple et plus vive, étrangement agile et perfide, avec un bruissement léger (…).

    La chair de ses reins n’était qu’une plaie ardente, cent fois mâchée et remâchée, baignée d’un sang écumant, et cependant toutes ces morsures ne faisaient qu’une seule souffrance – indéterminée, totale, enivrante – comparable au vertige du regard dans une lumière trop vive lorsque l’œil ne discerne plus rien que sa propre douleur éblouissante… »

    Dans La tentation du désespoir, également une partie de Sous le soleil de Satan, on a un passage tout aussi expressionniste, dont la vigueur est facile à comprendre. : Georges Bernanos réutilise le principe chrétien de l’allégorie.

    Cet homme seul perdu, se retrouvant dans l’obscurité, attendant un signe pour l’orienter, revenant systématiquement au même endroit malgré plusieurs tentatives pour avancer, c’est bien sûr l’Homme en tant que tel.

    « Ses yeux, qu’il avait tenus grands ouverts dans les ténèbres, étaient maintenant pleins de sommeil. « J’escaladerai le talus, se disait-il ; il est impossible que je ne trouve pas là-haut ce que je cherche. Le moindre signe me permettra bien de m’orienter… »

    Il répétait mentalement la même phrase avec une insistance stupide. Et il souffrit étrangement dans tout son corps lorsque, se décidant enfin, il se hissa des mains et des genoux dans l’herbe glacée.

    Se dressant debout en gémissant, il fit encore quelques pas, cherchant à deviner la ligne de l’horizon, tournant sur lui-même.

    Et à sa profonde surprise il se retrouva au bord d’un champ inconnu dont la terre, récemment retournée, luisait vaguement. Un arbre, qui lui parut immense, tendait au-dessus de lui ses rameaux invisibles dont il entendait seulement le bruissement léger.

    Au-delà d’un petit fossé qu’il franchit, le sol plus ferme et plus clair, entre deux lignes sombres, décelait la route. Du talus gravi, plus trace. De tous côtés, la plaine immense, devinée plutôt qu’entrevue, confuse, à la limite de la nuit, vide (…).

    Il court plus fort, d’ailleurs poussé en avant par la pente, le dos arrondi, sa soutane drôlement troussée sur ses jambes maigres – ridicule fantôme, si drôlement actif et gesticulant, à travers les choses immobiles.

    Tête basse, il s’écroule enfin sur une muraille molle et froide, que ses mains pressent ; il glisse doucement sur le côté, dans la boue, en fermant les yeux. Et, avant de les ouvrir, il sait déjà qu’il est revenu. »

    Cela va jusqu’à la brutalité, comme dans La tentation du désespoir, également une partie de Sous le soleil de Satan, avec une scène de suicide qui, en quelques lignes, fait littéralement froid dans le dos :

    « Déjà elle était de nouveau chez elle, face à la glace, dressée sur la pointe de ses petits pieds, le menton jeté en arrière, sa gorge tendue, offerte… Quelle que fût son envie, elle n’y jeta pas sa lame, elle l’y appliqua férocement, consciemment et l’entendit grincer dans sa chair.

    Son dernier souvenir fut le jet de sang tiède sur sa main et jusqu’au pli de son bras. »

    Georges Bernanos n’obéit nullement aux principes du romantisme, ni au raffinement du symbolisme : son romantisme est mystique, mais affrontant la réalité sensuelle ; c’est un expressionnisme.

    >Sommaire du dossier

  • Georges Bernanos, l’écrivain de la «vie intérieure»

    Georges Bernanos est, sans nul doute, le principal écrivain français de la première moitié du XXe siècle. La première raison qui témoigne de cela, c’est que la France, qui a en 1926 un peu plus de quarante millions d’habitants, est encore en majorité rurale (20,6 millions contre 19,8 millions).

    Or, les romans de Georges Bernanos se déroulent justement en province, dans les campagnes. Il exprime toute une vision de la population, une vision romantique, où le prêtre fait figure d’obstacle au développement du capitalisme, de symbole du refus de la dissolution des socles sociaux sur lesquels chaque personne pouvait compter.

    Georges Bernanos est ainsi un auteur romantique, idéalisant le passé. Or, ce n’était déjà plus possible, et c’est cela qui va être la source de l’exceptionnelle vigueur de sa littérature. Ne pouvant pas décrire fidèlement une évolution capitaliste pour la dénoncer, comme le fit Honoré de Balzac, il théorisa un repli intérieur le plus général.

    Il devint alors, par là-même, l’écrivain de la « vie intérieure ».

    Or, il y a là un paradoxe : la religion catholique est tout sauf une religion de l’intériorité subjective. C’est le protestantisme qui l’est historiquement, et la seule réelle tentative d’une intériorité subjective catholique le fut de manière mystique sectaire et délirante fut celle du jansénisme au 17e siècle, littéralement fracassée par l’Église catholique.

    La religion catholique est une religion de l’ordre et du repli conservateur dans les normes, d’ailleurs c’est cela qui intéresse Georges Bernanos dans sa dénonciation de l’argent.

    Comment combiner pourtant cela avec la question de la vie intérieure ?

    S’il faut ainsi le définir religieusement, on doit dire que Georges Bernanos est un luthérien, ses romans étant parsemés de remarques en ce sens, chose non vue par les commentateurs bourgeois, de par la position toujours restée catholique de Georges Bernanos sur le plan de la vision du monde la plus générale.

    C’est d’ailleurs là le drame de sa vie et cela s’exprima par des positions ouvertement paradoxales à plusieurs moments, notamment le rejet catégorique du franquisme, ainsi que celui du pétainisme, alors que tout son positionnement aurait dû le faire tomber tant dans bras de l’un que de l’autre.

    Georges Bernanos

    Georges Bernanos, tout comme Pierre Drieu La Rochelle, était en quête de sens, et ne pouvait pas basculer dans le communisme vu qu’en France il n’existait qu’une sorte de Parti syndicaliste se prétendant communiste.

    Il avait compris que le romantisme ne suffisait pas, mais tout comme Pierre Drieu La Rochelle, il ne pouvait qu’être tourmenté en raison de son manque de bagage idéologique conséquent, d’une méconnaissance fondamentale du matérialisme dialectique.

    Georges Bernanos, tout comme Pierre Drieu La Rochelle, a vu l’insuffisance du romantisme, le caractère fantasmagorique du symbolisme et du décadentisme, le caractère trop étriqué du réalisme bourgeois du 19e siècle. Cependant, l’un comme l’autre n’a pas trouvé le chemin au matérialisme dialectique.

    Dans La liberté, pour quoi faire ?, écrit posthume publié quelques années après sa mort, on lit justement :

    « Cette double mainmise de la collectivité sur la pensée libre et le travail libre est un phénomène aujourd’hui universel. Nous ne nous trouvons donc pas en présence d’une crise politique ou sociale, mais d’une crise de civilisation (…).

    L’humanité toute entière est malade. Il faut d’abord et avant tout respiritualiser l’homme. Pour une telle tâche, il est temps, il est grandement temps de mobiliser en hâte, coûte que coûte, toutes les forces de l’Esprit (…).

    Dénoncer l’argent comme la cause de tous les maux est encore une imposture. Depuis cent cinquante ans, il n’aura jamais été que le signe et le symbole de l’effondrement des valeurs spirituelles et du désespoir latent des hommes, qui s’est révélé tout à coup dans les guerres sans commencement ni fin.

    Le XIXe siècle a bien pu faire illusion par une prospérité qui ressemblait au bonheur comme le bruit d’un camion chargé de poutrelles de fer ressemble à la musique.

    Il a été le siècle du désespoir : non pas du désespoir conscient, mais d’une lente imprégnation du fond de l’âme humaine par le désespoir que le romantisme a traduit en un langage semi-religieux, que le réalisme a bizarrement exalté sans le reconnaître ni le nommer, et dont le symbolisme s’est échappé par une culbute en un ciel de théâtre qu’il nous invitait à prendre pour le plein ciel. »

    L’exigence psychologique d’une personnalité ample, un style d’écriture finement ciselé, une construction littéraire directement produite par son époque font que Georges Bernanos est un écrivain majeur.

    Il est peut-être même le premier écrivain moderne, à l’opposé des décadents comme Louis-Ferdinand Céline ou des existentialistes comme Jean-Paul Sartre, ou encore Albert Camus. Chez Georges Bernanos, on a des personnages d’une densité exceptionnelle, avec une intensité dans le vécu aboutissant à des crises paroxystiques.

    Il est évident, paradoxalement, que cela induit une gigantesque faiblesse dans ses romans. La trame des romans se voit interceptée, bloquée, mise de côté par de très longues descriptions de l’angoisse existentielle, avec un discours ultra-sophistiqué absolument invraisemblable pour des gens présentés comme simples et sans éducation.

    Des passages entiers se voient livrés à une verve expressionniste sans limites ; des scènes littéralement délirantes – le diable qui apparaît en chair et en os à un religieux, une adolescente qui se tranche la gorge lentement et froidement – s’imposent à travers un rythme foncièrement décousu.

    Les suicides sont systématiques dans ses œuvres, au-delà même de la mort qui suinte de tous les pores des personnages : Mouchette se suicide dans Sous le soleil de Satan, Fiodor dans La joie, Madame Louise, l’enfant de choeur André Gaspard et le faux curé de Mégère dans Un crime, Philippe dans Un mauvais rêve, le docteur Delbende dans Un curé de campagne, Hélène et Eugène Devandomme dans Monsieur Ouine, une autre Mouchette dans Nouvelle histoire de Mouchette.

    Georges Bernanos se situe ici dans le prolongement d’un certain romantisme noir, d’un symbolisme-décadentisme qu’il réfute pourtant en même temps. Il est, en quelque sorte, l’ombre portée de Jules Barbey d’Aurevilly et un double davantage cultivé, plus intériorisé, de Pierre Drieu La Rochelle.

    >Sommaire du dossier

  • MPP: Vive le 84e anniversaire du glorieux Parti Communiste du Pérou!

    Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

    Vive le 84ème anniversaire du glorieux Parti Communiste du Pérou !

    Avec allégresse et optimisme révolutionnaire, ce 7 Octobre, nous célébrons un anniversaire de plus du Parti communiste du Pérou (PCP), parti de type nouveau, militarisé, guidé par le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo, principalement pensée Gonzalo, qui est venu à diriger de manière réussie la guerre populaire au Pérou depuis plus de 32 ans.

    Le Mouvement Populaire Pérou (MPP), organisme généré du PCP pour le travail à l’étranger, salue cet anniversaire de l’héroïque combattant avec optimisme à son plus haut.

    Avec la conviction absolue en le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo, principalement pensée Gonzalo pensé, en notre Base d’Unité Partidaire, la Ligne Politique Générale et le Programme communiste, nous exprimons une fois de plus notre salut aux hommes et femmes des champs, aux ouvriers et travailleurs qui dans les pires conditions de vie et de travail luttent pour leurs droits et revendications, aux intellectuels progressistes, qui dans les rues arrachent des avantages pour la classe et joint aux paysans et ouvriers et la bourgeoisie nationale en propre, combattent et résistent pour leurs droits bafoués depuis des siècles.

    Nous nous en tenons à l’indéfectible engagement de poursuivre les tâches restantes de la révolution péruvienne, c’est la travail des communistes et révolutionnaires marxistes-léninistes-maoïstes, pensée Gonzalo. Ce que nous faisons et continuerons à faire.

    Dans ces années de guerre populaire, le PCP a dû faire face à des problèmes nouveaux et les résoudre dans le feu de la guerre populaire même. L’expérience montre combien il est crucial de maintenir les principes.

    Le PCP a dépassé le détour et a écrasé les mensonges des « accords de paix », et continué de se battre et balayant définitivement la LOD [Ligne Opportuniste de Droite] et la LOG [Ligne Opportuniste de Gauche], avec la guerre populaire. La seule chose qui assure nos succès est que la ligne idéologique et politique soit correcte, par conséquent, le PCP est préparé pour de longues années de lutte, maintenant le cap.

    L’expérience de ces 32 années de guerre populaire a servi pour régler le problème de direction et désormais le PCP compte avec un Comité central forgé au moyen de la guerre populaire et de la lutte de deux lignes, à la fois au sein du Parti et principalement dans son Comité central, comme au niveau international.

    Cela a été le Comité central du PCP qui a combattu les « accords de paix » et combattu la LOD, comme cela a été le Comité central qui a caractérisé la LOG et a noté son existence et l’a combattu.

    Cela a aussi été le CC du PCP qui a dénoncé, partant de l’expérience du Pérou et de l’expérience internationale, l’existence d’un plan impérialiste des « accord de paix. ».

    Le nouveau révisionnisme et d’autres convergent avec lui, toujours insistant à claironner sur le canular de la réaction sur les « lettres de paix. » Nous autres procédons de la réalité et le concret et la réalité est que le président Gonzalo ne s’est pas prononcé publiquement, et le Parti maintient la consigne « Nous exigeons la présentation publique, directe et en temps réel du Président Gonzalo et qu’il puisse prendre la parole ! »

    C’est ce qui est posé, défini par le Comité Central, et tous comme militants, y compris le Président Gonzalo, nous nous assujetissons aux principes et au Comité Central, c’est ce que nous enseigne le Président Mao.

    Nous ne nous assujettissons pas aux évènements et aux organismes dirigés et planifiés par la réaction, dans les prisons ou dans n’importe quel lieu.

    La PCP repose sur l’expérience du Pérou avec le canular des « accords de paix » et la LOD, l’expérience du Népal et actuellement en Colombie, le processus de « paix » au pays basque, l’émergence de la LOG, etc. il a été établi qu’il y avait un plan mondial impérialiste des « accords de paix », qui vise à mettre fin à toute lutte armée révolutionnaire et en particulier aux guerres populaires.

    Ce plan de l’impérialisme vite à imposer, au sein du Mouvement Communiste International (MCI), le parlementarisme et le pluripartisme, l’idée que commencer la lutte armée ne sert à rien, les « droits humains », que les peuples veulent la « paix », que la guerre populaire équivaut au « terrorisme », que les pays coloniaux et semi-coloniaux peuvent devenir des nations capitalistes modernes par la voie de la réforme parlementaire (niant l’existence de l’impérialisme et du capitalisme bureaucratique), le rejet de la notion de dirigeants et de Direction et de l’application concrète du maoïsme à la réalité de chaque pays.

    Ils nient les principes fondamentaux du maoïsme, la question du Pouvoir et la direction prolétarienne de la révolution.

    Avakian et tout le nouveau révisionnisme, également comme d’autres révisionnistes, mènent le combat pour réviser l’idéologie universelle du prolétariat international avec l’idée que le problème de « l’union de la gauche » est de changer l’idéologie – c’est-à-dire que l’unité ne sera pas fondée sur les principes du marxisme, mais sur le pragmatisme et opportunisme, ou dans « l’expérience qui est abstraite de la réalité. »

    Cela, pour Avakian et ses disciples, signifie une abstraction « objective », faite par des « experts » intellectualoïdes, au-dessus des classes, et qu’il n’y a pas seulement le prolétariat et les communistes qui peuvent poser correctement comment faire la révolution.

    Comme partie de ce plan impérialiste, il est est essentiel d’isoler la Guerre Populaire du Pérou dirigée par le PCP. Pour cela, l’impérialisme et le nouveau révisionnisme ont soulevé le nouveau canular comme quoi le PCP n’existe pas, ou bien qu’il n’y a pas de Comité Central qui le dirige, qu’il existerait seulement des groupes dispersés.

    Dans le même temps, comme cela a été fait avec la capitulation au Népal, il y a la tentative de substituer la lutte de deux lignes par la réconciliation (deux fusionnent en un), tandis que le nouveau révisionnisme se déchaîne.

    Certains, avec leurs mots de « d’évaluation historique », déforment la réalité et évitent l’évaluation du MRI et l’application du maoïsme, évitent la lutte de deux lignes et la critique et l’autocritique qui correspond, et est nécessaire pour avancer et d’atteindre l’unité.

    Ils parlent, comme ils l’ont dit avant sur le Népal, de « la guerre populaire la plus avancée au monde », en se fondant non pas sur l’idéologique et le politique, mais sur les actions militaires dispersées, sur le pragmatique – et nous accusent « d’attaquer » la guerre populaire en Inde, lorsque nous insistons sur le fait que la défense de la révolution en Inde devrait être une défense des principes de notre classe, de la direction prolétarienne de la révolution.

    Le principal est que la gauche, les communistes du monde entier, assument leur responsabilité, et imposent le maoïsme et écrasent le nouveau révisionnisme et les récalcitrants.

    Aujourd’hui au Pérou, le PCP dirige la révolution démocratique avec la guerre populaire et est concentré dans le travail de masses pour la guerre populaire.

    Les masses du Pérou donnent leur vie chaque jour, luttant contre le vieil État, le Parti travaille pour les luttes des masses convergent avec la guerre populaire, pour que la guerre populaire parvienne à un saut dans l’incorporation des masses à elle. Pour que les masses ne versent pas leur sang en vain.

    Le CC du PCP nous demande aujourd’hui, partant de l’expérience de la guerre populaire elle-même, de mobiliser en appliquant : « organismes gris [organismes de masse générés par le Parti], clandestinité, lutter inséparablement avec les masses, centralisme démocratique. »

    Ainsi, nous pouvons voir comment le PCP tire les leçons et les applique à la réalité concrète. Tous ces éléments confirment que de la guerre populaire sort tout : les problèmes et les solutions, et qu’ils ne viennent pas de la tête d’un « sage » ou groupe « d’experts. »

    Le principal danger pendant la durée de la bataille entre le prolétariat et la bourgeoisie est le révisionnisme. Aujourd’hui, le principal danger est le nouveau révisionnisme qui se qualifie de « maoïste », révisionnisme qui s’est élancé après l’arrestation du Président Gonzalo, le révisionnisme et les révisionnistes qui rêvent de sauver l’impérialisme de l’empêcher de sombrer par les luttes des masses du monde, sèment les illusions en les élections et le parlementarisme.

    Le Mouvement Populaire Pérou, organisme généré pour le travail à l’étranger, réitère sa pleine sujétion au président Gonzalo, au CC du PCP et à tout son système de direction.

    Avec optimisme révolutionnaire, nous exprimons l’engagement de combattre le révisionnisme de tous les horizons et de tous les genres, et, surtout, de lutter jusqu’à la mort pour imposer le maoïsme comme commandement et guide de la nouvelle vague de la grande révolution prolétarienne mondiale et d’accomplir la tâche d’écraser le nouveau canular qu’il n’y a pas de Parti en tant que partie du nouveau plan impérialiste des accords de paix.

    En ce jour, nous réaffirmons donner notre vie pour le communisme toujours doré, pour l’unique chemin valide et correcte : celui de la guerre populaire.

    Vive le glorieux Parti Communiste du Pérou!

    Vive le Marxisme-Léninisme-Maoïsme, Pensée Gonzalo, principalement la Pensée Gonzalo!

    Guerre Populaire jusqu’au communisme!

    Movimiento Popular Perú

    7 octobre 2012 

    >Sommaire du dossier

  • MPP: Vive le Xe anniversaire du discours magistral du Président Gonzalo (2002)

    Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

    VIVE LE Xe ANNIVERSAIRE DU DISCOURS MAGISTRAL DU PRESIDENT GONZALO !

    Nous sommes ici en tant que des fils du peuple ; et nous combattons dans ces tranchées qui elles aussi sont des tranchées de combat ; et nous le faisons parce que nous sommes communistes! Parce que nous défendons ici les intérêts du peuple, les principes du Parti, la Guerre Populaire. Voilà ce que nous faisons, nous sommes en train de le faire et nous continuerons à le faire!

    Nous sommes ici dans ces circonstances ; certains pensent qu’il s’agit d’une grande défaite, ils rêvent ! Nous leur disons : continuez de rêver. Ce n’est qu’un détour, rien de plus. Un détour sur le chemin! Le chemin est long, et par celui-ci nous arriverons, et : nous triompherons! Vous le verrez! Vous le verrez!

    Président Gonzalo (Lima, 24 septembre 1992)

    Dix ans ont passé depuis que le Président Gonzalo a donné son Discours magistral, qui resplendit victorieux et puissant aux yeux du monde comme une arme de combat ; avec son Discours, il a conquis un grand triomphe politique, moral et militaire pour le Parti et la révolution, écrasant les plans du régime fasciste, génocidaire et bradeur de Fujimori et de son maître impérialiste yankee.

    Aujourd’hui, nous voyons que le développement du monde pendant ces dix années s’est produit de la façon et comme le Président Gonzalo le signalait avec une grande prévision scientifique révolutionnaire ; à la fois, nous constatons comment le Parti Communiste du Pérou, avec fermeté et détermination communiste, d’une manière magnifique et percutante, concrétise et accomplit toutes et chacune des directives données par notre Grand Direction et ainsi s’approche l’instauration de la République Populaire du Pérou.

    La guerre populaire brûle victorieuse et puissante, en démolissant le vieil Etat et en écrasant l’intervention accrue de l’impérialisme yankee !

    L’intervention accrue de l’impérialisme yankee, utilisant le prétexte de « la guerre contre la drogue » ou le mensonge du « narco-terrorisme », est une preuve politique percutante du développement victorieux et puissant de notre invincible guerre populaire.

    Le gouvernement de Toledo est le plus pro-impérialiste jusqu’à aujourd’hui, imposé directement par l’impérialisme yankee.

    Il poursuit les privatisations et concessions, avec la vente aux enchères à un prix cadeau, de tout le peu qui reste des entreprises étatiques, de tout le peu que le gouvernement fasciste, génocidaire et bradeur de patrie de Fujimori ne pouvait pas vendre, offrant les terres agricoles, les terrains en friche, la forêt vierge et les cours d’eau au capital impérialiste et à celui de la grande bourgeoisie ;

    tout cela pour obtenir de l’investissement étranger direct, pour pouvoir payer le versement croissant de la dette externe et les parts sur les bénéfices au capital impérialiste.

    Appliquant les diktats de la Réserve Fédérale de l’impérialisme yankee nord-américain, à travers le FMI, ils augmentent l’impôt direct sur la consommation des masses, ils imposent des impôts sur la rente des retraités, ils maintiennent élevés les tarifs sur l’électricité, le téléphone… et ils en augmentent d’autres, comme le péage.

    Ils déclenchent un harcèlement plus fort, en employant une armée d’encaisseurs coercitifs des impôts (17.500 nouveaux agents jusqu’à décembre 2002), contre les personnes exerçant un métier indépendant, la petite et moyenne bourgeoisie. Ce même gouvernement, dont les plus hauts fonctionnaires ont un salaire de plus de 15.000 dollars par mois, a déclaré qu’à cause du déficit fiscal, il n’y aura aucune augmentation de salaires pour les travailleurs.

    Ce gouvernement a décrété une mesure d’imposition de 3,500 millions de dollars en plus pour les villages à l’intérieur du pays, à travers la suppression des exonérations fiscales ; les élections municipales et régionales serviront à cela. Tout ceci, afin de continuer, par le fer et le sang, d’appliquer le plan du « néolibéralisme » au service de l’impérialisme yankee et la grande bourgeoisie, un plan qui a échoué.

    Aujourd’hui, ils le font dans des circonstances beaucoup plus graves. Quatre années consécutives de récession ont déjà passées et la dite réactivation, on ne la voit nulle part, au contraire le chômage augmente, chaque jour qui passe l’utilisation de la capacité existante des entreprises se réduit davantage et leur caractère obsolète augmente, pendant qu’augmentent aussi le déficit de la balance commerciale, celui de la balance de paiements et le déficit fiscal.

    Ceci c’est la vielle société péruvienne, son processus économique, le capitalisme bureaucratique qui marche vers son effondrement final. La lutte de classe s’aiguise, se développe principalement la guerre populaire et celle-ci conflue avec la marée hurlante de la lutte populaire.

    Ni ce gouvernement, ni aucun autre, ne peut ni ne pourra accomplir la première tâche réactionnaire, celle de donner un nouvel élan au capitalisme bureaucratique.

    Aujourd’hui, le gouvernement de Toledo, cet avorton de l’impérialisme, avec l’appui de tous les partis de la réaction et du révisionnisme, sont en train de violer toutes leurs promesses électorales ainsi que leur propre ordre constitutionnel.

    Du matin au soir, ils mènent à bien « la reforme de la Constitution » du gouvernement fasciste, génocidaire et bradeur de patrie, comme partie de leur restructuration étatique.

    Ceci afin de l’aménager encore davantage pour combattre la guerre populaire et donner un caractère constitutionnel au plan économique de l’impérialisme et de la grande bourgeoisie, comme ils l’ont dit eux-mêmes : « afin d’incorporer les réussites indéniables de ces dix années à la Constitution », c’est-à-dire, pour donner l’accolade « constitutionnelle », donc la validité légale à tous les actes du gouvernement de Fujimori, Montesinos et Hermoza Ríos, suivi par celui de Paniagua et par le gouvernement actuel.

    Ceci, afin de pouvoir maintenir incarcérés tous les milliers de prisonniers politiques et prisonniers de guerre, incarcérés durant plus d’une décennie sans aucune condamnation valable ; afin de pouvoir maintenir le Président Gonzalo et le Camarade Feliciano en isolement absolu ; afin de préserver leurs lois fascistes et bénir les auteurs des génocides sans nom contre notre peuple, commis par leurs autorités politiques, militaires et policières ; afin que Montesinos puisse continuer de travailler « pour la sécurité » hors de son bureau actuel dans les installations de la base navale du Callao, comme Toledo lui-même vient de déclarer à Washington.

    Ce parlement — pour la deuxième année consécutive sous la présidence de ce fasciste viscéral qu’est Ferrero Costa — a, il y a peu de jours, autorisé l’entrée de 600 marines, aceheminés à bord du navire nord-américain, l’US Portland, au territoire nationale, afin d’effectuer des manœuvres de guerre avec des vaisseaux et soldats des Forces Armées sur la côte centrale (100 kilomètres au nord-est de Lima) et sur le fleuve Amazone, proche de la base navale Nanay y et la ville d’Iquitos, sous la couverture des manœuvres UNITAS, qui sont des manœuvres conjointes pour la préparation dans le cadre des plans yankees d’intervention dans la région andine, ainsi que pour l’introduction massive d’armement et d’équipement militaire yankee pour leur « guerre de basse intensité » contre notre guerre populaire.

    En novembre recommenceront les « vols anti-drogues », comme partie d’un plan majeur qui inclut une « coopération nord-américaine » plus vaste que l’interdiction aérienne.

    Une partie de ce plan est le jeu de mots à propos de la différence entre « troupes » et « troupe », que la loi approuvée par ce même parlement contient, afin de donner un caractère formel « constitutionnel » à l’intervention accrue de l’impérialisme yankee, afin de cacher cette intervention accrue sous l’étiquette d’ « aide ou assistance sociale », ayant comme but que pas même le Parlement du vieil Etat ne sera informé de cela.

    De cette manière, ils foulent encore davantage au pieds leur déjà piétinée Constitution. Pour que le vieil Etat pourri puisse combattre la guerre populaire, ils affectent à cette « aide », par exemple, un « crédit de 200 millions de dollars US, qui sera approuvé par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) ».

    En plus, il y a « une série d’opérations qui pourront être concrétisées pendant les mois prochains, presque toutes liées à des emprunts pour des projets globaux », comme l’ont précise de sources à Washington. D’un autre côté, on disait que le crédit de 50 millions de dollars US, souscrit avec la Banque Mondial le mercredi, donne sa caution à la discipline fiscale appliquée dans le pays.

    Leurs élections municipales et régionales sont un échec déjà avant de commencer. Ceci montre la putréfaction de leurs quasi-partis et les appétits de leurs petits chefs pour obtenir de petits postes. Face au rejet des masses et face au boycott que le Parti applique, il est prévu, par les propres analystes de la réaction et de l’impérialisme, que ces élections seront leur plus grand échec jusqu’aujourd’hui.

    Beaucoup de représentants du gouvernement craignent le pire. Maintenant, le Président du Tribunal National des Elections a annoncé que, en accord avec l’ONPE [l’Office National des Processus Electoraux], on va fusionner deux ou trois bureaux de vote pour réduire les bureaux de 94.000 à 50.000 bureaux ; ainsi, devant la poussée de la guerre populaire, ils se voient obligés de concentrer leurs centres de vote dans des endroits où ils pourront mieux les protéger contre l’action de l’APL [Armée Populaire de Libération].

    La situation de leurs Forces Armées génocidaires et bradeuses de patrie ne pourrait pas être pire. Elles sortent, prenant la fuite, pour échapper aux affrontements avec l’APL. Les masses leur rejettent. En dépit de toute l’ « aide yankee », on dit qu’elles ne peuvent pas nous combattre avec toutes leurs forces, « car il n’y a pas suffisant d’argent » (voir les déclarations de Loret de Mola, ministre de la Défense, et de Gino Costa, ministre de l’Intérieur, dans la plupart des journaux de ce mois-ci).

    Ceci montre leur échec total dans leur tâche de restructuration du vieil Etat, c’est une impossibilité historique et politique de plus. Quelle que soit l’ampleur de l’intervention et de l’ « aide » yankee, le vieil Etat est en train d’être balayé, pièce après pièce, par notre invincible guerre populaire.

    En plus — et ceci est le principal — l’ennemi, aujourd’hui avec le gouvernement de Toledo, le Yankee au bonnet indien, justement comme ses prédécesseurs, ne récolte que des échecs quant à l’accomplissement de leur tâche réactionnaire principale, qui est d’anéantir la guerre populaire.

    Aujourd’hui Toledo crie depuis Washington pour le retour de Fujimori en l’an 2006, afin qu’il continue sa « tâche réussie contre le terrorisme ». Mais rien ni personne ne pourra vaincre l’invincible guerre populaire, car elle avance en écrasant et combattant tous les plans de l’impérialisme, de la réaction et du révisionnisme.

    Les Plans du Parti s’appliquent de manière magistrale !

    Le Discours du Président Gonzalo est une synthèse magistrale du glorieux, transcendantale et historique IIIème Plenum du Comité Central du Parti. Le Discours signalait : « Nous devons poursuivre les tâches établies par le IIIème Plénum du Comité Central.

    Un glorieux Plénum ! Sachez que ces décisions sont déjà en cours d’application et ceci va se poursuivre ; nous continuerons d’appliquer le IVème Plan de Développement Stratégique de la Guerre Populaire pour Conquérir le Pouvoir, nous continuerons à développer le VIème Plan Militaire pour Construire la Conquête du Pouvoir, cela se poursuivra. C’est la tâche à accomplir !

    C’est ce que nous ferons, à cause de ce que nous sommes ! Et à cause de l’obligation que nous avons envers le prolétariat et le peuple ! ».

    Et le Parti Communiste du Pérou, guidé par la lumière du marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, principalement la pensée gonzalo, en se soumettant fermement à la Grande Direction du Président Gonzalo et sous la direction du Comité Central, poursuit l’application magistrale des tâches qui ont été établies, avançant dans la construction du Parti, de l’Armée Populaire de Libération et du nouveau Pouvoir, ce qui se concrétise par l’augmentation quantitative et qualitative du nombre de communistes, combattants et des masses.

    Le PCP est ainsi en train de sortir de l’inflexion et surmonter le détour. Il défend et élargisse les Bases d’appui, récupérant celles qui ont été perdues et ouvrant encore d’autres, nouvelles.

    Des drapeaux rouges, avec des faucilles et des marteaux, ont été hissés dans toute l’enceinte du Comité Régional Principal, ainsi qu’en beaucoup d’autres endroits du pays, appelant le peuple à développer encore plus la guerre populaire, comme le meilleur hommage prolétarien et populaire à l’occasion du Xème anniversaire du Discours.

    Le Comité Régional Principal accomplit son rôle, son action pose des jalons pour l’action de tous les autres Comités du Parti.

    Le nouveau Pouvoir est soutenu sur les fusils de l’Armée Populaire de Libération, la réaction elle-même, à travers ses médias, en dépit du fait évident qu’elle minimise cela, rend compte de l’existence de Bases d’appui et de zones de guérilla à Piura, Cajamarca, San Martín, Huánuco (Haut Huallaga), Haute Amazonie, la vallée du fleuve Apurímac-Ene (Junín et Ayacucho) et à Cajatambo, une province de Lima.

    Le régime de Toledo applique, en poursuivant ce qui a été imposé par le régime fasciste de Fujimori, comme partie de la guerre de basse intensité.

    Cette politique consiste à passer sous silence mettre toute l’information à propos de l’avance irrépressible de la guerre populaire, mais on ne peut pas cacher les flammes puissantes de la guerre populaire, et les journaux réactionnaires eux-mêmes disent : « A Llaymucha on pense que SL [le Sentier Lumineux] était derrière l’attaque, ceci à cause d’une raison très simple : sa présence politique et militaire est constante y préoccupante depuis plusieurs mois ».

    Ils disent que le Parti « avait planifié des incursions armées et politiques à Cabana — lieu de naissance du président de la République — ainsi qu’en d’autres zones rurales d’Ancash », ce qui plus tard a été confirmée par Rospigliosi lui-même, d’après informations du même journal, en admettant comment on est sur le point de surmonter l’inflexion : « La chute d’Abimael Guzmán Reinoso en 1992 faisait que les membres du SL du Comité Régional Nord (CRN) étaient passés à une étape d’hibernation. Aujourd’hui, cette « trêve » a disparu, ce qui a transformé Ancash en principale zone rouge du pays. Ceci est précisément ce que quelques secteurs liés au Pouvoir Exécutif souhaiteraient cacher. SL est présent dans les organisations sociles, dans les centres universitaires, dans les syndicats et parmi les paysans qui cultivent la coca dans les zones rurales ».

    Les actions de l’APL — dirigée de manière absolue par le Parti — ont augmenté remarquablement durant l’application du plan actuel, « Unir le peuple contre la dictature fasciste, génocidaire et bradeuse de patrie, en développant plus la guerre populaire », depuis février 1998, surtout durant le gouvernement actuel.

    Il y a une élévation du niveau des actions dans le Régional principal, dans le Fondamental et dans le Comité Régional Métropolitain ; sur toute l’étendue de notre pays, à la campagne et en ville, par exemple à Cangallo-Fajardo, Puno, Tacna, Piura, Chiclayo, Tarapoto, Arequipa, à Lima, dans les quartiers et bidonvilles, universités, institutions étatiques, usines, marchés, etc.

    En assumant la tâche demandée par notre Grande Direction dans son Discours, que pour forger « le Front Populaire de Libération, il faut, à partir de l’Armée Populaire de Guérilla, former et développer une Armée Populaire de Libération ! ». Le Parti a accompli cela en appliquant magistralement les plans établis et doté notre révolution de notre APL.

    Il en est donc ainsi, comme le Président l’ clairement dit : « le chemin démocratique aujourd’hui a commencé à se développer comme un chemin de libération, comme un chemin populaire de libération ! ».

    Ce qui ce concrétise, comme nous le savons, en le déplacement du centre et en l’insurrection. Ceci se concrétise donc en le couronnement de la révolution démocratique, quand’on prend les villes depuis la campagne, en suivant le chemin d’encercler les villes depuis la campagne.

    Ceci est la confirmation de ce qui a été signalé par notre Grande Direction, que : « C’est l’Equilibre Stratégique ! Ce qui se concrétise dans une situation capitale ; à quoi ont servi ces douze années ?

    A montrer de façon éclatante au monde et principalement au peuple péruvien que l’Etat péruvien est un tigre en papier, qu’il est pourri jusqu’à la moelle. C’est ce que nous avons démontré ! »

    Après l’arrestation du Président Gonzalo, le Comité Central assumait avec fermeté, sagacité et décision de continuer d’appliquer les plans établis, en résumant ainsi la situation historique et la tâche à accomplir : « Deux chemins s’affrontent dans notre patrie, l’un, lugubre, le chemin bureaucratique qui s’effondre dans la pire crise de son histoire et qui sera totalement démoli au milieu du génocide avec laquelle elle se défend telle une bête mortellement blessée ; et l’autre, le chemin démocratique, le chemin de la lumière et de l’espoir qui a commencé à se développer comme un chemin populaire de libération.

    Les treize ans de la guerre populaire marxiste-léniniste-maoïste, pensée gonzalo, qui depuis 1991 est entrée à l’équilibre stratégique, montrent de manière évidente au monde et principalement au peuple péruvien l’essence d’être un tigre en papier de l’Etat péruvien et que le peuple toujours davantage assume dans ses mains la tâche de préparer l’offensive stratégique, à travers de construire la conquête du Pouvoir ». Aujourd’hui, dix ans plus tard, le bilan est : « application magistrale des plans ».

    Le Maoïsme s’impose dans le monde par la guerre populaire !

    Le Président Gonzalo a déterminé, dans le Discours magistral, quelle était la situation internationale, il signalait clairement son développement et la tâche qui revient à nous d’accomplir : « … »nouvelle étape de paix » ; à quoi a-t-il abouti ? En Yougoslavie, c’est quoi ? Et ailleurs, c’est quoi ? Tout s’est politisé ; c’est un mensonge.

    Aujourd’hui il n’y a qu’une réalité, ce sont les mêmes rivaux de la première et de la deuxième Guerre Mondiale, ils sont en train d’engendrer, de préparer la troisième et nouvelle guerre mondiale.

    Il faut que nous le sachions et nous, les fils d’un pays opprimé, nous faisons partie du butin. Nous ne pouvons laisser faire cela ! Assez d’exploitation impérialiste ! Nous devons en finir avec eux tous !

    Nous appartenons au tiers monde et le tiers monde est la base de la révolution prolétarienne mondiale, à une condition, que les Partis Communistes arborent et dirigent.

    Voilà ce qu’il faut faire ! ». C’est-à-dire, comme le Président Gonzalo le disait dans ce même Discours : « De quoi avons-nous besoin ? Nous avons besoin que le maoïsme soit incarné et il est en train de l’être, et que, en générant des Partis Communistes, il prenne la barre, dirige cette nouvelle grande vague de la révolution prolétarienne mondiale ».

    Les événements pendant cette décennie qui se termine aujourd’hui et la perspective proche nous montre précisément cela, comment toutes les contradictions fondamentales convergent et s’aiguisent.

    La collusion et la rivalité entre les impérialistes aparaissent dans leur prétendue guerre contre le terrorisme, dans leur agression contre l’Afghanistan, l’Iraq, la Palestine, etc., ceci fait partie de l’offensive contre-révolutionnaire générale, avec laquelle ils cherchent à conjurer la révolution en tant que tendance principale, historique et politique ; une offensive dont laquelle l’impérialisme yankee prend la tête en sa condition d’être seule hégémoniste et grand gendarme, il est un géant aux pieds d’argile en putrefaction.

    De notre côté, le maoïsme s’incarne et les Partis Communistes dirigent des guerres populaires au Népal et en Turquie, des luttes armées en Inde et d’autres pays.

    Le Parti Communiste du Pérou assume toujours davantage son rôle, en dirigeant de manière magistrale la révolution au Pérou. Ainsi, il répercute sur la lutte internationale et de cette manière, le PCP sert la Révolution Prolétarienne Mondiale.

    A cause de cela, la lutte idéologique et politique au sein du mouvement communiste international devient plus forte avec chaque jour qui passe. L’impérialisme yankee, avec l’appui du révisionnisme, dans le cadre de son plan hégémonique, cherche à scinder le mouvement communiste international.

    Comme le révisionnisme est le fer de lance de l’impérialisme, l’impérialisme et le révisionnisme se serrent la main afin d’imputer au Président Gonzalo d’être un capitulard, un traître ; pour dire que le Parti a trois centres, qu’il n’est présent qu’en Huallaga, Ene et Apurímac.

    L’impérialisme vise à une nouvelle troisième guerre mondiale afin de se repartager le monde et il cherche à noyer la révolution en germe, car la révolution va lui opposer la guerre populaire. A cause de ce que nous sommes, nous avons l’obligation de faire échouer ces dessins noirs. Nous sommes certains que, avec la politique au poste de commandement, nous les vaincrons.

    Poursuivons la lutte implacable contre la ligne opportuniste de droite, révisionniste et capitulationniste (LOD) !

    Il nous faut poursuivre la lutte implacable pour balayer la ligne opportuniste de droite, révisionniste et capitulationniste (LOD), sans jamais perdre de vue qu’en ce qui concerne les erreurs et les injustices, il y a une solution, ils peuvent être corrigés, mais pour la trahison, il n’y a pas de pardon.

    Comme le Parti indique : « La trahison est sanctionnée par la peine de mort. Ils rêvent, s’ils pensent qu’ils seront heureux, là où ils se trouvent, en étant conscients du crime qu’ils ont commis.

    Parfois la justice révolutionnaire met longtemps, mais elle vient et le jour va venir pour ces traîtres et ils rendront des comptes pour leurs crimes. Ils savent d’ailleurs très bien, que : Rien ne justifie la trahison ! »

    Les rats misérables de la LOD se présentent comme étant les avocats du Président Gonzalo, pendant qu’ils servent les plans criminels de l’impérialisme et de la réaction, en le diffamant et le présentant comme un traître, comme un capitulard.

    Ces rats maudits de la LOD font, avec l’aide de leurs maîtres, tout pour saboter la défense légale du Président Gonzalo et du Camarade Feliciano, profitant des circonstances d’isolement absolu auxquelles ils sont soumis à partir du moment qu’ils ont été arrêtés.

    Le gouvernement du Yankee au bonnet indien a dicté des nouvelles normes « légales » pour ancrer encore davantage l’isolement absolu auquel le Président Gonzalo est soumis. Il répand toute une série de mensonges immondes à propos de sa situation d’emprisonnement et il a fait en sorte que le Tribunal Constitutionnel, qu’il contrôle d’une manière absolue, émette une résolution qui cherche à « valider » toute l’ignominie qu’ils commettent contre la vie, la santé et les droits du Président Gonzalo et du Camarade Feliciano.

    Nous appelons le prolétariat international, les Partis Communistes et les Organisations révolutionnaires et très en particulier le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste à célébrer le Xème anniversaire du Discours du Président Gonzalo avec des actions qui secouent ce vieux ordre impérialiste pourri.

    Vive le Président Gonzalo et sa pensée toute-puissante!

    Défendons la vie du Président Gonzalo!

    Vive le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo!

    Vive le Maoïsme ! A bas le révisionnisme!

    Vive le Parti Communiste du Pérou!

    Vive le Xe anniversaire du Discours magistral du Président Gonzalo!

    Yankee, go home!

    La guerre populaire vaincra inéluctablement!

    Mouvement Populaire Pérou

    Septembre 2002

    >Sommaire du dossier

  • MPP: Vive le XXe anniversaire du magistral discours du Président Gonzalo

    Prolétaires de tous les pays, unissez vous !

    Vive le XXe anniversaire du magistral discours du Président Gonzalo, qui resplendit victorieusement et s’exprime vigoureusement devant le monde comme arme de combat !

    « Nous sommes ici les fils du peuple et nous combattons dans ces tranchées de combat, nous le faisons parce que nous sommes communistes! Parce que nous défendons les intérêts du peuple, les principes du Parti, la guerre populaire, voilà ce que nous faisons, ce que nous sommes en train de faire et ce que nous continuerons à faire!

    Nous sommes ici dans ces circonstances, certains pensent qu’il s’agit d’une défaite.
    Ils se leurrent!
    Qu’ils continuent de rêver.
    C’est tout simplement un détour, rien de plus, un détour sur notre route!
    La route est longue, nous la parcourrons et puis nous triompherons! Vous le verrez, vous le verrez! »

    Discours du Président Gonzalo, PCP – Base Lima, Septembre 1992

    Le Mouvement Populaire Pérou, organisme généré du Parti communiste du Pérou, célèbre le vingtième anniversaire du magistral discours président Gonzalo, conjointement avec tout le Parti, son Comité central, tout son système de direction partidaire et toutes les masses héroïques qui poursuivent en combattant dans notre victorieuse guerre populaire, écrasant les lignes contraires : les opportunistes et révisionnistes de la LOD [ligne opportuniste de droite] et la LOG [ligne opportuniste de gauche].

    Nous nous en tenons fermement et sans réserve à notre Chef le Président Gonzalo, chef du Parti et de la révolution, centre d’unification partidaire et garantie du triomphe jusqu’au communisme, et à notre Comité central qui toujours applique la pensée Gonzalo pour résoudre les nouveaux problèmes qui se présentent posent dans la voie de la révolution – luttant de manière inséparable avec les masses dans la guerre populaire.

    Nous célébrons l’importance du Discours Magistral de notre Direction, comme l’importance des 20 années qui ont suivi. Il y a 20 ans que nous ont été donnés de grandes leçons et que nous nous forgeons davantage comme communistes, marxistes-léninistes-maoïstes, pensée Gonzalo, principalement pensée Gonzalo.

    Dans cette période, nous avons vu comment les contributions du Président Gonzalo se repércutent sur le monde, comment des Partis et organisations dans différents pays ont assumé la tâche urgente et décisive établie par le Président de reconstituer les Partis Communistes comme Paris marxistes-léninistes-maoïstes et de déclencher les guerres populaires – mais, d’autre part, nous avons vu comment l’opportunisme et le révisionnisme, étant le principal danger pour la révolution mondiale, ont utilisé l’arrestation de notre Direction comme une occasion pour relever la tête et servir les plans de l’impérialisme et de la réaction.

    C’est une loi: la ligne prolétarienne et correcte, produit de toute l’expérience des luttes héroïques de la classe et du peuple, se concrétisent toujours dans des personnes, c’est-à-dire « un groupe de dirigeants et en particulier celui qui représente et dirige, une chef de l’autorité reconnue et ascendante », et conscient de cela, l’ennemi de classe a comme un de ses objectifs primordiaux contre-révolutionnaires d’anéantir physiquement cette direction et l’idéologie et la pensée derrière elle.

    Ce n’est rien de nouveau, les exemples les plus connus sont les attaques contre le camarade Staline et le Président Mao Zedong ; en l’absence de la Direction, l’impérialisme et la réaction lancent des campagnes de calomnies, et comptent principalement sur ses agents au sein des rangs du prolétariat – c’est-à-dire les révisionnistes et les opportunistes qui, pour certains sciemment et pour d’autres non, exercent leur sale boulot pour dévier la révolution mondiale de ses principes, de sa ligne juste et correcte.

    Ils visent à désarmer idéologiquement le prolétariat et les peuples du monde. C’est l’essence de la thèse révisionniste du « culte de la personnalité » et des attaques contre le principe marxiste de chefs et de Direction.

    Dans le cas du Président Gonzalo, c’est lui qui 1) a établi le maoïsme comme troisième étape nouvelle et supérieure du marxisme, 2) a assumé la défense de « la validité universelle de la guerre et son application conséquente, en tenant compte des différents types de révolution et les conditions spécifiques de chaque révolution », et 3) a insisté sur le fait que le maoïsme comme idéologie universelle du prolétariat international doit être spécifiée et appliquée aux conditions de chaque pays à travers l’expérience pratique de faire la révolution, de générer une pensée guide, qui se réalise dans une Direction soutenant la dite pensée pensée.

    Sans cette expérience pratique et l’application pratique, le maoïsme se transforme en un dogme mort, en théorie inopérante.

    Ainsi, ceux qui se sont opposés à accepter le maoïsme comme troisième étape, nouvelle et supérieure, et ceux qui ne veulent pas faire la révolution dans leur propre pays, mais pratiquer la politique révisionniste de « l’accumulation des forces », furent les premiers à prendre la détention du Président Gonzalo et le canular des « accords de paix » comme une occasion pour diffuser leurs positions révisionnistes dans le monde entier.

    C’est l’essence même de la « nouvelle synthèse » d’Avakian, et il est clair que son révisionnisme continue à résonner dans les Partis et les organisations à travers le monde, même parmi ceux qui disent « critiquer » cela.

    Aujourd’hui, le Parti Communiste du Pérou, sous la direction de son Comité Central, toujours arbore, défend et applique les principes du marxisme-léninisme-maoïsme, pensée Gonzalo, principalement pensée Gonzalo, et continue de développer la guerre populaire dans des conditions complexes.

    C’est le Parti qui insiste sur la défense maoïsme comme troisième étape, nouvelle et supérieure du marxisme, c’est le Parti qui continue d’insister pour que le maoïsme doit s’appliquer aux conditions de chaque révolution, initiant et développant la guerre populaire.

    Pour construire le Nouveau Pouvoir jusqu’à la conquête du pouvoir dans tout le pays, pour la réalisation des révolutions démocratiques dans un pays semi-féodal et semi-féodaux, puis, sans interruption aucune, continuer avec la révolution socialiste sous la dictature du prolétariat et avec révolutions culturelles successives jusqu’à notre but ultime le communisme toujours doré, le tout avec la guerre populaire.

    En outre, c’est le Parti communiste du Pérou qui insiste sur le fait que « aujourd’hui ici et dans le monde entier, il n’y a ni capitulation, ni accords de paix, ni aucune trêve ! » face aux plans impérialistes des « accords de paix », et en tenant compte de toute l’expérience des 20 dernières années, du Pérou, du Népal et d’autres pays, qui confirment leur existence.

    Ce plan est ce que l’ennemi tente d’appliquer en Inde et dans d’autres pays: l’appel de la droite dans les Partis Communistes à capituler, à vendre la révolution et à aller aux élections, pour susciter de faux espoirs dans les masses et se peindre de « démocrates bourgeois » (voir la LOD et les nouvelles à ce sujet sur l’Inde), puis avec les dirigeants révisionnistes bien logés dans le vieil Etat, anéantir les communistes et les masses révolutionnaires.

    C’est précisément pourquoi il est nécessaire pour l’impérialisme et la réaction de continuer à attaquer le PCP, et d’avoir l’aide du nouveau révisionnisme et de toutes sortes d’opportunistes au niveau mondial, de la LOD et de la LOG au Pérou.

    Ainsi ils continuent de monter de nouveaux coups pour essayer d’anéantir la direction prolétarienne de la révolution au Pérou, et l’influence du PCP au niveau mondial, en disant: « le PCP n’existe pas », qu’il existe désormais « seulement quelques fractions sans direction centrale », et en contrôlant (directement ou indirectement) par des individus et des cliques de capitulards et de traîtres au Pérou et à l’étranger pour répandre ces mensonges.

    D’autres parlent seulement du bout des lèvres de défendre la position du PCP et de rejeter les positions révisionnistes, mais insistent pour ne pas prendre position sur le Comité central du PCP, ne serrent pas les rangs, ni ne disent, par exemple, qui a sanctionné l’existence de la LOD et de la LOG et sont venus les combattre. Semblable à un double d’Avakian devant la structuration de la LOD dans les prisons, ils se font l’écho de la réaction ou des personnes qui peintulurent de « gauchistes et d’incendiaires. » Ainsi ils expriment leur convergence avec le plan de l’impérialisme.

    Par conséquent, ce qui revient aux communistes de tous les pays est de rejeter ces mensonges, de réaffirmer leur position sur la lutte que le Comité central du Parti communiste du Pérou a mené contre la LOD, la LOG et tous ceux qui trafiquent avec le nom du Parti.

    Une chose est de débattre des désaccords qui existent au sein du MCI – et le PCP a appelé toutes les organisations et partis à débattre – mais une autre chose est de servir les plans de l’impérialisme et de la réaction, par l’application de la politique opportuniste d’Avakian, de rester « silencieux », de dire « il faut voir », de rester « en attente » ou « d’enquêter » ou tomber dans toutes sortes d’ambiguïtés pour éviter de prendre une position.

    Pour cela, nous appelons donc les communistes et les révolutionnaires de tous les pays à démasquer ces plans de l’impérialisme, de la réaction et du révisionnisme.

    A rejeter et à combattre sans relâche le nouveau révisionnisme, de manière implacable, car c’est uniquement en utilisant la méthode maoïste de la critique et l’auto-critique, de la lutte à mort contre le révisionnisme, que les partis peuvent aller de l’avant et initier et développer la guerre populaire dans tous les pays, seule façon de faire face la guerre impérialiste et de conquérir le Pouvoir pour le prolétariat et le peuple.

    A rejeter la thèse révisionniste selon laquelle « deux se réunissent en un » – parce que cela signife s’unir aux principes bourgeois et vendre la révolution pour un plat de lentilles. L’unité du Mouvement Communiste International nous ne la réaliserons seulement dans la lutte fondée sur nos principes et la riche expérience pratique de la classe et son avant-garde dans leur mise en œuvre.

    « Pour finir, maintenant, écoutons ceci: comme on peut le voir dans le monde, le maoïsme dans sa marche inéxorable commande la nouvelle vague de la révolution prolétarienne mondiale.

    Saisissez-le et comprenez-le bien! Que ceux qui ont des oreilles, s’en servent, que ceux qui ont du bon sens et nous en avons tous, l’utilisent!

    Trêve de niaiseries! Assez de ténèbres! Comprenons-le! Quel est l’enjeu de ce monde? De quoi avons-nous besoin?

    Nous avons besoin de voir le maoïsme incarné, ce qu’il est, qu’il commence à engendrer des Partis Communistes, à maîtriser, à diriger cette nouvelle vague de la révolution prolétarienne mondiale qui nous arrive.

    Tout ce qu’ils ont dit, de simples discours creux et stupides à propos de la fameuse « nouvelle ère de paix »; où en sommes-nous? Qu’adviennent-il de la Yougoslavie? Des autres?

    Tout est politisé; un mensonge. Aujourd’hui il n’y a qu’une réalité, ce sont les mêmes rivaux de la première et de la deuxième guerre mondiale qui génèrent et préparent la troisième et nouvelle guerre mondiale.

    Il faut le savoir et nous, fils d’un pays opprimé, nous faisons partie du butin. Nous ne pouvons pas l’accepter! Assez d’exploitation impérialiste! Il faut en finir avec eux!

    Nous sommes le troisième monde et la base de la révolution prolétarienne mondiale, à une condition, que les Partis Communistes arborent et dirigent. Voilà ce qu’il faut faire! »

    Discours du Président Gonzalo, PCP – Base Lima, Septembre 1992

    Vive le XXème anniversaire du magistral discours du Président Gonzalo, qui resplendit victorieusement et s’exprime vigoureusement devant le monde comme arme de combat !

    Défendre la vie du Président Gonzalo !

    Nous exigeons la présentation publique en live et en direct du Président Gonzalo afin qu’il puisse se prononcer !

    Vive le glorieux Parti Communiste du Pérou, son Comité Central et tout son système de direction !
    Vive la victorieuse Guerre Populaire au Pérou !

    Guerre Populaire jusqu’au communisme!

    Vive le maoïsme, à bas le révisionnisme !

    Movimiento Popular Perú

    24 septembre 2012

    >Sommaire du dossier

  • Gonzalo, le Front uni et l’Internationale Communiste

    Dans le document du Parti Communiste du Pérou « La ligne internationale », datant de 1988, il est expliqué la chose suivante :

    « A l’intérieur de l’IC (Internationale Communiste) se présentent, vers les années 20, deux problèmes qui auront de grandes répercussions : le problème de l’Allemagne, c’est-à-dire de la révolution dans un pays avancé et le problème de la Chine, c’est-à-dire de la révolution dans un pays arriéré.

    Postérieurement, la situation s’aggrave avec l’apparition et le triomphe du fascisme et de la manière dont on doit concevoir le Front.

    Togliatti et Thorez avec des critères révisionnistes essayent de soutenir l’ordre établi et de ne pas le détruire, se centrant uniquement sur la lutte contre le fascisme.

    Pour les communistes et pour notre Parti, faire le bilan de l’Internationale Communiste, spécialement celui de son VIIe Congrès avant la seconde guerre mondiale et au rôle du camarade Staline, représente une tâche impérative. »

    Dans ces lignes, écrites par Gonzalo, nous trouvons les idées suivantes :

    a) le « front uni » est une nécessité, valable à la fois pour un pays avancé et pour un pays arriéré, c’est-à-dire pour un pays impérialiste et un pays semi-colonial semi-féodal ;

    b) les révisionnistes ont limité le front à l’antifascisme seulement, et ont de cette manière « oublié » la tâche de la révolution socialiste ;

    c) les communistes ont comme tâche de comprendre ce processus entier, en particulier le VIIe et dernier congrès de l’Internationale Communiste et le rôle que Staline a joué ici.

    Il y a quatre séries de documents que nous avons produit qui analysent ces questions :

    a) la série sur le 6 février 1934, c’est-à-dire la tentative de coup d’Etat fasciste en France et la réponse populaire antifasciste qui a suivi, produisant le Front populaire ;

    b) la série quant à Maurice Thorez et sa conception du Front populaire à travers les années 1930 ;

    c) la série sur les démocraties populaires en Europe de l’Est après 1945, en particulier de 1945 à 1956 ;

    d) la série sur l’histoire de l’Internationale Communiste.

    Nous pouvons conclure les choses suivantes de ces séries:

    1. Le Front uni contre le fascisme a été un échec dans la mesure où il s’est arrêté à moitié ; il n’y a pas eu de lutte culturelle et idéologique. La ligne opportuniste a considéré que face à la menace fasciste, face au pouvoir des monopoles, il y aurait un mouvement mécanique des masses et des « classes moyennes » pour s’unir.

    Cette tendance serait organisée dans le cadre de la république bourgeoise, afin de ne pas effrayer la bourgeoisie libérale. L’Etat tendrait à s’effondrer sous la pression des monopoles, mais les démocrates lui permettraient de se maintenir, dans une forme « démocratique ».

    Une telle ligne avait une cohérence en Espagne, où le Parti Communiste était faible et où il y avait déjà une lutte armée contre le coup d’État fasciste conduit par Franco. Ce n’était certainement pas le cas dans un pays comme la France, où l’État était bourgeois et ainsi devait être détruit.

    La ligne opportuniste, de Maurice Thorez à Prachanda, nie la nécessité de la destruction du vieil Etat – sur tous les plans : militairement, culturellement, idéologiquement. Cela reflète la non-compréhension de l’aspect guidant de l’idéologie dans un pays, la non-compréhension de la nécessité de la pensée, comme reflet guidant les tâches de la matière en développement.

    2. Il est très important de voir que Thorez a trahi le principe de la révolution ininterrompue. Il a reconnu qu’il y avait des étapes, mais il a considéré que l’étape où l’Etat bourgeois est détruit pourrait être évité.

    Cela a permis au trotskysme d’être très fort dans notre pays, avec une critique opportuniste de la révolution ininterrompue, au nom de la « révolution permanente », qui nie les étapes et ainsi la nécessité d’un Front uni antifasciste.

    Au nom de la « révolution permanente », le trotskysme agissait comme la cinquième colonne du fascisme, usant de la démagogie gauchiste pour apparaître radical, avec comme but en réalité de briser le front uni, de stopper l’intégration des antifascistes sincères qui pouvaient être religieux, bourgeois libéraux, réformistes, etc.

    Un tel rôle a été joué par le POUM en Espagne, par exemple, durant la guerre civile.

    3. Le Front uni contre le fascisme est une nécessité absolue face au fascisme. Comme Mao Zedong l’a rappelé dans le document « Sur le gouvernement de coalition » :

    « C’est une loi du marxisme comme quoi le socialisme ne peut être atteint que par l’étape de la démocratie. »

    Avant la révolution socialiste, il y aura une démocratie populaire contre la menace fasciste ou le fascisme lui-même – mais cela signifie la destruction du vieil Etat, cela ne peut pas se produire dans le cadre de l’Etat bourgeois.

    La voie pratique pour cela doit encore être élaborée ; c’est la tâche du PCMLM [France]. Dans l’Est européen, les démocraties populaires ont pu exister en raison du succès de l’armée rouge contre l’Allemagne nazie et ainsi du fait que soit brisée toute réaction armée par la suite. Comment ce processus de démocratie populaire existera-t-il dans un pays où le vieil État doit être écrasé par la guerre populaire ?

    4. Le VIIe congrès de l’Internationale Communiste ne peut pas être compris sans le VIe congrès. En fait, le problème a été le manque de compréhension matérialiste dialectique de la social-démocratie.

    Il a été correct de comprendre la social-démocratie comme un jumeau du fascisme – dans l’esprit du VIe congrès. Mais il était également correct de voir la social-démocratie comme un allié nécessaire contre le fascisme – dans l’esprit du VIIe congrès.

    La social-démocratie a deux aspects : les communistes doivent comprendre l’importance de chacun des deux congrès de 1928 et 1935 de l’Internationale Communiste. Les changements dans la social-démocratie, suivant l’aspect principal dans une société donnée, doivent être compris d’une manière politique correcte, ou la construction du Front sera impossible –  soit en raison de l’opportunisme de gauche et le sectarisme tendant au trotskysme, soit en raison de l’opportunisme de droite et de la trahison de la révolution socialiste.

    5. Sur le rôle du Camarade Staline : Staline n’a pas joué un grand rôle dans la question présente. Il n’a pas été présent durant le VIIe congrès de l’Internationale Communiste où Georgi Dimitrov a formulé la ligne du « front populaire » comme valable contre le fascisme dans les pays impérialistes.

    Il n’a pas vu la lutte de deux lignes qui était en train d’apparaître entre la ligne rouge et la ligne noire sur cette question, permettant à Maurice Thorez d’appliquer une ligne très opportuniste, suivi ensuite par Palmiro Togliatti et tous les révisionnistes après 1945 en Europe de l’Est.

    Il a correctement vu la déviation du titisme, qu’il a combattu d’une manière correcte. La lutte a ici été mené correctement en Europe de l’Est contre la déviation nationaliste bourgeoise.

    Mais il n’y a pas eu de lutte pratique contre la ligne révisionniste qui considérait la démocratie populaire comme une nouvelle forme rendant « caduque » la dictature du prolétariat. La ligne révisionniste en Europe de l’Est a été une grande aide pour les khrouchtchéviens.

    Il faut également noter que Staline n’a pas procédé à la critique de l’opportunisme de Maurice Thorez d’une manière pragmatique parce que l’URSS tentait de gagner la France comme alliée militaire. C’était à une perspective à courte-vue, une déviation pragmatique-machiavélique du camarade Staline, même s’il faut dire qu’en France le Parti Communiste n’était en réalité qu’une social-démocratie authentique, équivalente à celle en Allemagne à la fin du 19e siècle.

    >Sommaire du dossier

  • Gonzalo : avec la lumière et la joie

    Il y a une citation de Gonzalo qui est plutôt connue dans le mouvement de soutien à la guerre populaire au Pérou, et qui souligne la dimension de la lutte comprise par lui:

    « Nous, humains, sommes de simples fragments du temps et des battements de cœur, mais nos actes resteront pour des siècles, marquant de leur empreinte génération après génération. Nous peuplerons la Terre avec la lumière et la joie. »

    Ces phrases portent un très haut niveau idéologique, comme toujours. Essayons de comprendre cela d’une manière correcte. Pour cela, regardons tous les points qui sont à comprendre:

    1. chaque humain n’est qu’un fragment du temps et des battements de coeur ;

    2.  les actes des humains ne disparaissent pas, mais sont portés dans et par les générations suivantes ;

    3. la Terre sera habitée par « la lumière et la joie ».

    Le dernier point est, bien entendu, le plus compliqué à comprendre. Au contraire, le premier point est le plus facile.

    Gonzalo pointe quant à la définition matérialiste du temps. La question du temps a soulevé d nombreux débats parmi les matérialistes, les idéalistes, et chaque religion accorde une grande importance à cette question.

    Suivant le matérialisme, le temps est une manière de mesurer le mouvement dans l’espace. Il n’y a pas de temps en soi. C’est pourquoi Gonzalo considère le temps par l’aspect des « battements de cœur »: pour chaque humain, c’est comme un compteur. Et ce compteur est pour ainsi dire « personnel », comme le « temps » n’existe pas en soi et ce compteur n’est qu’un « fragment du temps », qui est en fait le mouvement général de l’univers.

    Il y a un double aspect: d’un côté, chaque humain suit son propre rythme (« battements de coeur »), de l’autre côté ce « temps » humain individuel n’est qu’une composante du système en entier.

    Nous retrouvons ici les deux aspects classiques de la psychologie, tels qu’expliqués par le grand révolutionnaire d’Afghanistan, Akram Yari.

    Ainsi, comme Akram Yari a déjà exposé cette question, voyons le second point. Ici, il est facile de comprendre où est-ce que Gonzalo a trouvé cette question des actes « marquant de leur empreinte génération après génération ».

    Gonzalo, à l’université, a réalisé son travail sur la question de l’espace dans la conception de Kant. Et de fait, Kant explique que dans le monde tout ce qui existe a une utilité (ce qui est le point de vue matérialiste classique, formulé par Aristote). C’est pourquoi le travail des humains a un sens pour la nature.

    La transmission de génération en génération, les actes marquant de leur empreinte génération après génération, avec pour ainsi dire chaque génération travaillant pour la prochaine, est selon Kant la preuve du rôle des humains sur la Terre.

    Maintenant, nous pouvons comprendre le but du travail humain, expliqué par Gonzalo de la manière suivante : « Nous peuplerons la Terre avec la lumière et la joie. »

    La question est bien sûr ici : qu’a voulu dire Gonzalo avec la lumière et la joie? Pour la joie, nous pouvons le comprendre : la matière vivante veut vivre bien, c’est quelque chose expliqué parfaitement par Épicure et Spinoza, par exemple.

    Néanmoins, il y a alors la question de la « lumière ». Ici il est en fait facile de comprendre ce que dit Gonzalo. Gonzalo a souvent pris des concepts dans la religion chrétienne, afin de les utiliser dans un sens matérialiste, de manière à mobiliser, d’appeler à la lutte.

    Ainsi, Gonzalo a déjà utilisé les fameux mots bibliques sur le peuple comme « lumière du monde ». Quand Gonzalo dit que « nous peuplerons la Terre avec la lumière et la joie », il veut dire que ceux qui « peupleront » la Terre sont en fait le peuple lui-même, devenant une lumière.

    Bien entendu, nous pouvons voir ici que Gonzalo ne traite que de la question du peuple dans sa relation à l’univers comme matière éternel en mouvement; il n’a pas soulevé la question de la biosphère. Il est facile de voir pourquoi : même si soulevée par Vernadsky en Union Soviétique durant les années 1920 et 1930, ce n’est que récemment que cet aspect a pu être formulé en tant que tel.

    Mais malgré cela, ce qui n’est pas une limite mais une question de progression de la matière en mouvement – un fragment du temps -, Gonzalo a exprimé de manière magistrale le rapport dialectique de « l’individu » à la société non seulement au temps de l’individu, mais aussi pour les générations suivantes.

    >Sommaire du dossier

  • Gonzalo et Shakespeare

    Le vrai nom de Gonzalo est Manuel Rubén Abimael Guzmán Reynoso. C’est bien sûr une question secondaire, mais d’intérêt : pourquoi a-t-il choisi le nom de Gonzalo?

    Nous pouvons peut-être penser qu’il nous a donné un indice. Dans la fameuse interview qu’il a donné en 1988, il a expliqué la chose suivante :

    « Souvent je n’ai pas le temps de lire ce dont j’ai envie. Ce que j’aime lire ? Je lis beaucoup de biographies ; la littérature me semble une grande expression de l’art.

    J’aime lire par exemple Shakespeare, l’étudier aussi ; je pense qu’en l’étudiant, on rencontre des problèmes politiques, des leçons bien claires, dans « Jules César » ou dans « Macbeth » par exemple.

    La littérature me plaît mais la politique l’emporte toujours et m’amène à rechercher le sens politique, le problème de fond, car, en fin de compte, derrière chaque grand artiste, il y a un homme politique, il y a un homme de son temps qui combat dans la lutte de classes. »

    Ici, Gonzalo montre sa compréhension magistrale de la « pensée » comme simple reflet de la réalité. Sa position, ici, est celle du réalisme socialiste ; il savait que l’art est simplement une forme d’expression du mouvement global de la réalité, de la lutte des classes.

    Et ici nous constatons qu’il parlait de Shakespeare. Jetons un coup d’œil à l’œuvre de Shakespeare. Trouvons-nous un « Gonzalo » ? Oui, nous en avons un, et nous en avons un célèbre, dans la pièce « La tempête ».

    Mais bien sûr, nous devons jeter un regard approfondi, pour comprendre s’il a éventuellement pris son nom de cette pièce. Et qu’avons-nous ? Un Gonzalo faisant un célèbre discours politique – ce qui est conforme à l’esprit de ce dont Gonzalo a parlé.

    Dans la pièce, Gonzalo est un conseiller du roi de Naples Alonso, plein d’honnêteté. A un moment, il prononce un discours dans l’esprit de Thomas More et Montaigne. En fait, le Gonzalo de la pièce de Shakespeare paraphrase même directement la vue de Montaigne quant aux habitants de l’Amérique, dans le passage « Des cannibales », extrêmement célèbre en France.

    Citons la pièce de Shakespeare:

    GONZALO.

    Seigneur Sébastien, les vérités que vous dites manquent de bienveillance et d’opportunité. Vous irritez la blessure lorsqu’il faudrait y verser du baume.

    SÉBASTIEN.

    Bien dit.

    ANTONIO.

    Et on ne peut plus chirurgicalement.

    GONZALO., au Roi.

    Seigneur, le temps est sombre pour nous quand votre front se couvre de nuages.

    SÉBASTIEN.

    Le temps est sombre ?

    ANTONIO.

    Très sombre.

    GONZALO.

    Si j’étais chargé de coloniser cette île, seigneur…

    ANTONIO.

    Il y sèmerait des orties.

    SÉBASTIEN.

    Ou des ronces, ou de l’ivraie.

    GONZALO.

    Et si j’en étais le roi, savez-vous ce que je ferais ?

    SÉBASTIEN.

    Il s’abstiendrait de s’enivrer faute de vin.

    GONZALO.

    Dans ma république, tout serait l’opposé de ce qui existe ; je n’y admettrais aucun commerce, aucune dignité ni magistrature ; les lettres y seraient ignorées ; point de serviteurs, ni pauvreté ni richesse ; point de contrats, point de successions ; point de limites entre les cultures, ni argent, ni blé, ni vin, ni huile ; plus de travail ; tous les hommes resteraient à rien faire, et les femmes aussi ; mais elles seraient chastes et pures ; point de souveraineté…

    SÉBASTIEN.

    Et cependant il en serait le roi.

    ANTONIO.

    La fin de sa république en oublie le commencement.

    GONZALO.

    Tous les biens de la terre seraient en commun, et produits sans travail ni sueur ; point de trahison, de félonie, d’épée, de lance, de poignard, de mousquet, ni d’arme d’aucune sorte ; mais la nature fournirait spontanément et en abondance de quoi nourrir mon peuple innocent.

    SÉBASTIEN.

    Point de mariages parmi ses sujets ?

    ANTONIO.

    Non, certes ; ce serait une république de fainéants, un peuple de courtisanes et de vauriens.

    GONZALO.

    Je gouvernerais mon état, seigneur, dans une perfection qui éclipserait l’âge d’or.

    SÉBASTIEN.

    Dieu conserve sa majesté !

    ANTONIO.

    Vive Gonzalo !

    Si Abimael Guzman a choisi Gonzalo à cause de la pièce, alors il avait un grand sens de l’humour, un sens de la distance qui est grand. Gonzalo est un nom comme un symbole, le symbole d’une « utopie » – et dans la pièce l’utopie concerne l’Amérique du Sud, car les paroles sont tirées des mots de Montaigne sur les habitants des régions colonisées.

    Le Pérou est en Amérique du Sud, on peut penser que le nom de Gonzalo est une allusion à la Tempête de Shakespeare. Et même si ce n’est pas le cas, cela semble au moins comme un écho révolutionnaire de la figure révolutionnaire d’Abimael Guzman, Gonzalo, leader historique de la Guerre Populaire dirigée par le Parti Communiste du Pérou.

    La culture appelle la culture.

    La révolution appelle la révolution.

    Et ainsi, nous disons comme dans la Tempête de Shakespeare : Vive Gonzalo!

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