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  • La clique de Tito et le Parti Communiste de Grèce

    par ZISSIS ZOGRAFOS

    La trahison de Tito et de sa clique aboutit, ces derniers temps, à son extrême conséquence logique envers l’Union Soviétique, les Démocraties Populaires, le front anti impérialiste en général.

    De jour en jour elle se révèle toujours plus clairement, par des faits irréfutables, être un groupe (les chauvinistes bourgeois, dont les fautes (des fautes qu’avait signalé le Bureau d’Informations) n’étaient que « l’expression d’une politique antimarxiste bourgeoise-chauviniste voulue d’ennemis de la classe ouvrière, d’ennemis du socialisme, d’ennemis de l’Union Soviétique et de l’entier front communiste international ». Actuellement, après cette évolution, la lutte ouverte contre le communisme en Yougoslavie et son passage au camp impérialiste avec comme occupation principale la lutte anticommuniste, antisoviétique, la question qui se pose est de rechercher et de déterminer les origines de cette trahison qui indubitablement avait été préparée par les impérialistes anglo-américains.

    De ce point de vue, l’altitude des titistes envers la lutte du peuple grec, envers notre mouvement démocratique populaire, et surtout envers le Parti Communiste de Grèce, pas seulement aujourd’hui, mais depuis longtemps déjà (surtout depuis 1943), est très caractéristique et instructive.

    Si la « pierre de touche » du vrai internationalisme prolétarien de tout communiste, de tout véritable patriote, est son attitude vis-à-vis de l’Union Soviétique, il est hors de toute discussion que dans cette appréciation, l’attitude envers la dure lutte que mène le peuple grec sous la direction du PCG contre les monarchie fascistes et les envahisseurs impérialistes étrangers, qui s’efforcent de transformer la Grèce en une (les bases et des points de départ, destinés en application de leur plan guerrier et stratégique, à être utilisés pour les buts offensifs contre l’U.R.S.S. et les pays de démocratie populaire, constitue aujourd’hui un sérieux critérium.

    Cette raison, ainsi que le fait que la lutte du peuple grec avait toujours un retentissement profond chez le peuple yougoslave, faisait que la clique de Tito et ses maîtres, les impérialistes anglo-américains, évitaient soigneusement de laisser la Yougoslavie éclaircir franchement son attitude sur la « question grecque ».

    C’est seulement maintenant, malgré la « profonde compréhension » qu’ont toujours montré les patrons de Tito pour sa situation délicate (et qui est si habilement présentée dans le dernier article du journal « Times » de Londres) qu’ils ont obligé Tito à éclaircir son attitude envers la lutte du peuple grec, ce qui bien entendu, fut lit avec grand empressement par Tito lui-même (discours à Pola), Effilas (discours à Cetinje), déclarations de l’agence « Tanjug », pourparlers avec les monarcho-fascistes, passage des troupes monarcho-fascistes par le territoire yougoslave pour frapper les andartès à Kaïmaktchalan, collaboration actuellement étroite et cordiale avec l’agence connue des impérialistes dans les Balkans, la Commission Balkanique dernières déclarations de Cardelj à l’agence « Tanjug » le 23-7-49.

    Les impérialistes et les monarcho-faschistes se trouvent dans une situation difficile en Grèce.

    La grande opération (la coupe amère) contre la DSE, qui est dangereusement retardée jusqu’à ce moment, doit avoir lieu. Et pour sa réussite il faut que soit ouvertement jetée dans la balance la clique traîtresse de Tito pour le bien aussi de la clique elle-même, vu que dans le cas d’un succès de l’expédition monarcho-fasciste les titistes « respireront » (comme l’ont écrit certains journaux monarcho-fascistes d’Athènes) « de l’encerclement suffocant de la Yougoslavie par les Démocratie populaires et la Grèce Libre.

    Le nouveau, dans ce cas, c’est que maintenant Tito se présente ouvertement comme ennemi du peuple grec, ennemi du Parti Communiste de Grèce Cependant cela n’a jamais cessé d’être depuis longtemps, surtout depuis 1943, (pour nous borner à l’époque récente qui a un rapport plus étroit avec la situation actuelle et les événements contemporains).

    A vrai dire, cette attitude des titistes, étroitement liée à leur politique chauvine et nationaliste, était toujours une attitude de scission, de sape, de dissolution, une attitude ennemie, dépourvue de toute trace d’internationalisme prolétarien, de solidarité prolétarienne de compréhension, d’assistance.

    En Grèce la force politique qui fut l’inspirateur, l’organisateur et le guide dans la lutte de libération nationale du peuple grec au temps de la première occupation et dans sa résistance actuelle contre les plans des impérialistes anglo-américains, c’est le Parti Communiste de Grèce. C’est contre lui que furent et que sont dirigés les feux des monarcho-fascistes et des impérialistes.

    C’est contre ce même Parti Communiste de Grèce que les chauvinistes yougoslaves, rassemblés autour de la clique de Tito, n’ont pas un moment cessé d’agir d’une façon séditieuse, le regardant comme le plus sérieux obstacle à la réalisation de leurs desseins chauvinistes de la Grande Serbie, l’annexion de la Macédoine de l’Egée y compris Salonique.

    Dans toute cette période – depuis 1941 jusqu’à maintenant – les chauvinistes rassemblés autour de la clique de Tito, sous sa direction directe, n’ont rien fait d’autre que calomnier le Parti Communiste de Grèce et sa direction. Rassembler autour d’eux et utiliser les éléments suspects, finis, traîtres, exclus du Parti Communiste de Grèce Organiser des groupes scissionnistes et des fractions dans le P. C. G. Envoyer des agents, les gens de l’O.Z.N.A. et du 2e bureau de l’État-Major de l’armée yougoslave. Tâcher de toute façon de faire chantage au Parti Communiste de Grèce Organiser et réaliser des assassinats de ses membres et de ses cadres.

    Avec pour comble l’attitude actuelle ouvertement et franchement hostile au peuple grec et évidemment, au Parti Communiste de Grèce, qui est l’âme de la lutte démocratique-populaire en Grèce.

    ***

    Au temps de la double (allemande-italienne) et pour la Macédoine la triple (allemande-italienne-bulgare) occupation, les chauvinistes de Tito ont joué le jeu des occupants étrangers et de l’Intelligence Service, qui avaient comme but d’empêcher l’union des mouvements de résistance nationale, de disloquer l’unité de lutte du peuple grec et slavo-macédonien. Leur campagne calomniatrice était en premier lieu dirigée contre le Parti Communiste de Grèce — tout comme la campagne des occupants et de l’Intelligence Service – et avait comme but (en exploitant les fautes et les faiblesses du Parti Communiste de Grèce) de voiler le fait irréfutable que le Parti Communiste de Grèce a toujours été un ennemi du nationalisme belliqueux dans les Balkans et a lutté contre les plans de subordination, et de partage de la Macédoine qu’avaient les monarchies balkaniques et les cliques capitalistes.

    En effet, dès 1924 le Parti Communiste de Grèce a maintenu avec conséquence le mot d’ordre « Macédoine-Thrace indépendantes et unifiées », et malgré les difficultés et les persécutions sauvages, il est resté fidèle à la lutte du peuple macédonien sacrifiant à la défense de son droit de disposer librement de son sort, contre la politique de conquête du capitalisme grec, plusieurs de ses membres et de ses cadres.

    C’est ce qui arriva aussi après 1935, lorsque le Parti Communiste de Grèce remplaça ce mot d’ordre par celui de « pleine égalité de droits aux minorités ».

    Ce changement, comme l’avait souligné la résolution relative du 5e Congrès du Parti Communiste de Grèce (décembre 1935) : ne signifiait nullement la négation du principe marxiste-léniniste du droit des minorités nationales de disposer librement de leur sort, il fut imposé par « le changement même dans la composition ethnologique dans la partie grecque de la Macédoine en étroite relation avec le changement des conditions dans lesquelles se développe aujourd’hui le mouvement révolutionnaire en général dans les Balkans et spécialement dans notre pays, avec comme devoir fondamental la lutte contre le fascisme et contre la guerre…

    Le Parti ne cesse de proclamer qu’à la fin et définitivement la question macédonienne sera résolue fraternellement après la victoire du pouvoir soviétique dans les Balkans, qui déchirera les pactes infâmes de l’échange des populations et prendra toutes les mesures pratiques, afin que soient éliminées leurs iniquités impérialistes ». Se basant sur ce terrain ferme de la réalité, le Parti Communiste de Grèce a lutté sans relâche sur cette ligne, démasquant chaque fois, aux masses laborieuses, l’ennemi de classe, qui voulait présenter cette politique comme une politique de trahison, pour éterniser sa domination, pour créer des complications dans les Balkans, que seulement la coopération fraternelle des deux peuples pouvait faire échouer.

    Mais ce fut justement cette coopération fraternelle, qui servait tant les intérêts de la révolution en Grèce, que les intérêts du peuple macédonien lui-même, qu’attaquèrent les titistes s’efforçant de réaliser leurs visées chauvinistes de la Grande Yougoslavie au dépens de notre lutte de libération nationale.

    Avec comme fond idéologique la calomnie infâme: « le Parti Communiste de Grèce a trahi la révolution », « le Parti Communiste de Grèce va vendre le peuple macédonien aux Anglais », « dans le Parti Communiste de Grèce les Anglais ont mis les pieds », – ils ont organisé un travail de scission et de dissolution systématique qui fut étendu et intensifié après la création d’un P.C.M. séparé). dans les rangs du Parti Communiste de Grèce, dans leurs. propres organisations de parti en Macédoine de l’Egée.

    Le but était clair: Ébranler la confiance des Macédoniens dans le Parti Communiste de Grèce. Transformer ces dernier., en ennemis du Parti Communiste de Grèce Cultiver chez eux le sentiment qu’il faut attendre leur salut de Tito.

    C’est sur cette ligne qu’ont travaillé tous les agents des titistes.

    N. Péios (actuellement à l’U.D.B.A. — Sûreté de Skoplje) vient de Coliséfski (secrétaire du . P.C.M.), qui au début était chez les partisans macédoniens de Yougoslavie et fut ensuite envoyé à l’E.L.A.S. Cet agent de l’Intelligence Service, avait comme seule occupation en Macédoine d’Égée, sous la direction du P.C.Y.: De calomnier sans cesse le Parti Communiste de Grèce L’exposer aux yeux des Slavo-macédoniens.

    S’accrocher aux faiblesses et aux moindres fautes des Comités Régionaux du Parti Communiste de Grèce de Florina-Castoria et de les présenter comme une action préméditée contre les intérêts du peuple macédonien. Semer la discorde entre les peuples macédonien et grec. Créer un sentiment de doute en ce qui concerne la sincérité des Grecs envers les Macédoniens.

    Cultiver l’idée que Tito est le seul libérateur de la Macédoine.

    C’est ce même Péios qui déclara une fois: « Il vaut mieux tuer des communistes-grecs, que des Allemands ». Le même qui réalisa la première Scission en 1944 (mois de mai) et partit avec 70 Elassites macédoniens pour être accueilli sans réserve par Tito (après être parti sur ordre), être armé de nouvelles armes et directives et rentrer en Grèce pour continuer son activité, pas contre les occupants, mais contre le Parti Communiste de Grèce en canalisant la ligne des titistes.

    C.-à -d. jouer un rôle qu’ils ont tâché de couvrir par une « autocritique » grossière de N. Péios et par une déclaration encore plus grossière dans la lettre de Ortse (membre du C.C. du P.C.Y. et dirigeant alors de Péios) aux dirigeants politiques des sections de partisans que « le passage de N. Péios dans nos rangs — yougoslaves — a été nuisible ».

    Sur la même ligne travaillaient : La femme de Colisefski, Laliana Tsaliofski et Cole Caninki, avocat de Velossino de Monastiri (« vous, les Macédoniens, vous devez demander un Etat fédéré: Macédoine de l’Egée plus Grèce »), qui faisaient les Macédoniens ne pas demander « qu’adviendra -t-il avec les occupants qui exterminent le peuple », mais « qu’adviendra-t-il avec la question macédonienne ».

    Lazo Popofski et Traitse Groujefski (dont après la libération, le premier fut secrétaire du P.C.M., à Monastire, et l’autre, secrétaire adjoint dans la même organisation) avec Dinitse Miliopski, de Nizopole de Monastire, quand ils venaient en Macédoine d’Egée (surtout après la proclamation de la Yougoslavie en Etat fédéral) chercher parmi leurs parents et leurs amis des mécontents du Parti Communiste de Grèce pour les recruter et les employer convenablement.

    Gotché, un des principaux agents du P.C.V. pour la « conquête » duquel on disposa un cadre du P.C.M. (Desso Desko), déchirait la presse grecque révolutionnaire et spécialement celle du Parti.

    Il refusa de prendre part aux opérations de nettoyage contre les Allemands dans le secteur de la IXe division. Il refusa de donner des armes de son bataillon pour l’attaque de Kozani. Et à la fin il partit (scission d’octobre 1944, sous la direction de Desko) avec son bataillon en Yougoslavie où il commença une campagne effrenée contre le Parti Communiste de Grèce et, avec l’aide des Yougoslaves, un large recrutement à la brigade de Gotché, qui, pour rentrer en Grèce, mettait les conditions que lui dictait le P.C.M. et le P.C.Y.

    Ces agents qui avaient joué le jeu des Anglais juste quelques mois avant la collision de décembre, n’hésitèrent, au cours de cette collision (de décembre) de frapper dans le dos l’E.L.A.S. à Calo Kalinika de Cas-Ioda, au mentent où celui-ci (l’E.L.A.S.) livrait des dures batailles pour faire échouer les plans de conquête des Anglais en Grèce et dans les Balkans.

    Le soi-disant Comité Politique de la Macédoine de l’Égée (organe de Colisefski), sous l’influence indirecte de Colisefski et celle directe de Vlachof, rentrant après son élection (3-12-44) dans sa région (Fiarina-Castoria, etc.) devint le hérault de la ligne de Tito.

    Tous ces agents, tous les efforts de scission, de dislocation dans cette période, n’ont qu’un but: Créer des unités macédoniennes, séparées, sous la direction du P.C.Y., de façon qu’entre les mains de la clique chauviniste il existe une sérieuse force pour la réalisation des visées en Macédoine d’Egée.

    Dans cet effort les titistes naturellement n’ont pas seulement ignoré le Parti Communiste de Grèce et toute notion d’internationalisme prolétarien, mais, encore, par leurs agents, ils ont calomnié le Parti Communiste de Grèce, ils ont fait tout leur possible pour disloquer ses forces, en organisant des fractions dans ses rangs et en formant en Macédoine d’Egée leurs propres organisations de parti.

    ***

    Le travail hostile séditieux de Tito et de sa clique prend une extension sans précédent après la défaite militaire de décembre et sa conséquence, l’accord de Varkiza. Évidemment la défaite de décembre et le non-achèvement de la victoire de la révolution démocratique populaire, n’est pas sans rapport avec des fautes et des faiblesses de notre Parti dans le passé, mais aussi au cours même de la révolte de décembre.

    Notre Parti a vu ses faiblesses et ses fautes dans les Plénums (11e et 12e de 1945) du C.C. et a complété sa thèse sur cette question par l’article du camarade Zachariadès dans la revue du Bureau d’Informations des P.C. et O. « Pour une paix durable, pour la démocratie populaire » (No. 27/15.12-48) et la résolution récente (30–31.1-99) du 5e Plénium du C.C. du Parti Communiste de Grèce, où fut même souligné que le Parti Communiste de Grèce, et surtout ses cadres dirigeants, doivent franchement voir leurs fautes opportunistes dans le passé. Mais le fait reste que l’accord de Varkiza, conséquence de la défaite militaire en décembre, fut pour nous une retraite.

    Il nous permettrait cependant (comme l’écrit le camarade Zachariadis dans le même article) « de regrouper nos forces et de lancer une nouvelle offensive, quand la politique et l’activité du monarcho-fascisme et de l’occupation britannique auraient été démasquées, grâce à notre activité propre et quand les niasses auraient constaté, par leur propre expérience, que la voie de l’indépendance nationale et de la démocratie populaire, est la seule voie juste pour que le peuple soit sauvé de la faim et de l’esclavage ».

    Quand le Parti Communiste de Grèce se jetait dans cette dure lutte politique et sociale dans les conditions extrêmement difficiles de l’offensive de la réaction, qui transforma Varkiza en un chiffon de papier et envoya des milliers de combattants du peuple en prison, en déportation et assassinait les membres et les cadres du Parti Communiste de Grèce, tandis que les Anglo-saxons comptaient par ce même accord subjuguer le mouvement populaire, « légaliser » leur position en Grèce et réaliser leurs desseins impérialistes dans les Balkans, que faisaient-ils alors les chauvinistes de Tito avec leurs agents en Macédoine d’Egée, qu’est-ce qu’ils faisaient aux réfugiés politiques de la Grèce, qu’est-ce qu’ils faisaient vis-à-vis de tout membre et de tout cadre du Parti Communiste de Grèce?

    Quoi d’autre que de jouer le jeu de la réaction, le jeu de l’Intelligence Service? Quoi d’autre que d’intensifier leur campagne calomniatrice contre le Parti Communiste de Grèce? Semer le défaitisme parmi les réfugiés politiques?

    Les terroriser, les battre et assassiner des membres et des cadres du Parti Communiste de Grèce en Macédoine d’Egée? Voilà ce qui en est au juste de cette période.

    Les dirigeants yougoslaves parlaient partout contre le Parti Communiste de Grèce Les combattants de la résistance du peuple grec, aussitôt entrés en Yougoslavie, entendaient de la part de tous les responsables des thèses comme les suivantes: « Le Parti Communiste de Grèce a trahi le peuple grec », « La cause du mouvement grec est perdue », « Le Parti Communiste de Grèce a livré le peuple grec aux Anglais », (comme le déclarait Colisefski à des cadres de notre parti) et que « seulement l’armée yougoslave, arrivant jusqu’à Athènes, peut libérer la Grèce ».

    « Le Parti Communiste de Grèce est plein d’agents de l’Intelligence Service », « Des 9 membres du Bureau Politique du C.C. du Parti Communiste de Grèce les 7 sont des agents de l’Intelligence Service », « Que soient damnés les Allemands qui ont laissé Zachariadis vivant » .

    Tempo (général de Tito) dans un discours officiel à Monastire de la Macédoine du Vardar, traçant toute une ligne contre le Parti Communiste de Grèce, au moment où les Allemands n’étaient encore partis des Balkans et les Anglais les remplaçaient en Grèce, disait entre autres: « Nos frères à Florina, à Castoria, à Salonique gémissent sous le joug ».

    Avec l’initiative de Colisefski on ouvrait partout des « livres » et on prenait des dépositions sur l’attitude du Parti Communiste de Grèce sur la question macédonienne. C’était ce même Kolisefski qui demandait au peuple de quitter la Macédoine de l’Egée, et de passer en Macédoine du Vardar, (c.-à.-d. d’abandonner la lutte et faciliter l’oeuvre des Anglais) il organisait des rencontres avec des personnes (p. ex. des liaisons du Bureau Politique du C.C. du Parti Communiste de Grèce etc.) qu’il croyait être en état de lui fournir des renseignements sérieux sur les cadres du Parti Communiste de Grèce A l’O.Z.N.A. (comme s’appelait au début la Sûreté) on a créé un bureau spécial de propagande pour la Grèce, dont évidemment la pointe principale était dirigée contre le Parti Communiste de Grèce (beaucoup de Macédonines furent jetés en prison parce qu’ils étaient dans le Parti Communiste de Grèce).

    Le commissaire du peuple Kyro Miloiski arrangea que de tous les villages de la Macédoine de l’Egée on envoie des motions à sans prendre en considération l’existence du Parti Communiste de Grèce, justement pour saper son autorité et l’exposer aux yeux des Macédoniens.

    Dimiter Vlachof, Pécar (instructeur du C.C. du P.C.M.), Déian Aléxitch (directeur de l’agence « Tanjug » pour la Macédoine), Noucarefski (colonel-major du commandement de place de Skoplje) Mitre Mitref (critique écrivain) – parlaient avec les plus viles ex-pressions du Parti Communiste de Grèce et de sa direction, quand ils lurent dans l’organe du C.R. du Parti Communiste de Grèce de Florina un article sur le scissionniste, leur agent, Gotché sous le titre « Nous le livrons au mépris public ».

    Le colonel-major Petri Traikof était leur ennemi numéro un parce qu’il parlait de la nécessité d’entente et de réconciliation avec le Parti Communiste de Grèce.

    Comme l’on ne trouvait d’autre accusation pour le diffamer et le garder loin des réfugiés de la Macédoine de l’Egée, on disait qu’il était « postomane » (Note: il aspirait à de hauts postes), qu’il veut devenir général; que son passé n’est point propre et c’est pour cela qu’il ne doit pas influencer les réfugiés macédoniens de l’Egée.

    Parallèlement avec cette campagne calomniatrice contre le Parti Communiste de Grèce, ses membres et ses cadres, on faisait circuler, par l’intermédiaire du Comité Politique et sous la surveillance de Dise (actuellement ministre du commerce) et de Ivan de Prisen (membre du conseil populaire du Commandement Général de Monestire) des tracts, qui appelaient le peuple de Florina à s’enrôler dans la brigade du scissionniste Gotché. Ils mobilisaient l’organisation N.O.F., par la polémique contre le Parti Communiste de Grèce, pour organiser des agences d’espionnage, dont les renseignements principaux auxquels ils s’intéressaient ne regardaient ni les troupes anglaises d’occupation en Grèce, ni les forces monarcho-fascistes, niais les organisations et les forces du Parti Communiste de Grèce dans les différents villages.

    Ils envoyaient des groupes armées dans la région de Florina, de Casloria. qui ne parlaient pas seulement contre le Parti Communiste de Grèce mais qui terrorisaient aussi et battaient les membres et les cadres du Parti.

    Avec tout cela le comportement orgueilleux et insolent de la clique de Tito et de Tito lui-même, envers des hauts cadres et mêmes supérieurs de notre Parti n’est pas moins caractéristique.

    Le Parti Communiste de Grèce s’est efforcé de mettre fin à ce travail de faction, de scission, de dislocation, de sape du P.C.Y., qui nuisait tant à notre lutte. Mais la clique de Tito comme le souligne très justement la résolution de l’organisation communiste de la Macédoine de l’Egée le 20-6-49 « trompait à cette époque aussi le Parti Communiste de Grèce et tandis qu’elle était d’accord dans les paroles de dissoudre ses fractions et ses agences au sein du Parti Communiste de Grèce, en réalité elle continua sournoisement son travail avec l’O.Z.N.A. et le 2e bureau de l’Etat-Major de l’armée yougoslave ».

    Plus encore. Elle étendit le travail de dislocation et de sape aux Grecs, réfugiés politiques, qui avaient été concentrés à Boulkès de Yougoslavie. En premier lieu les titistes tâchaient d’empêcher les combattants grecs, et surtout les Macédoniens. d’aller au même endroit (Boulkès) où étaient concentrés les émigrés politiques, pensant que ce serait ainsi plus facile de les « différencier » et les employer pour leurs buts.

    Puis ils envoyaient des agents à Boulkès pour créer un « courant dé fuite » de l’organisation des émigrés politiques. Et enfin ils recevaient, sans réserve, tout élément démoralisé, tout élément sédition tout élément aventurier, exclu de l’organisation (il suffit qu’il fût contre la direction de Boulkès), et l’employait pour des buts d’espionnage contre le Parti Communiste de Grèce et sa direction.

    Colisefski ramassa des éléments chassés de Boulkès comme Christos Vlachos, Takis Saillions, St. Valtadoros, il les employa à des postes responsables, malgré le fait que leur passé malpropre était connu et que c’était pour cette raison qu’ils furent exclus de Bouikès. Par conséquent, il ne peut être étranger aux responsabilités des crimes et du mal qu’ont fait à notre mouvement ces éléments aventuriers.

    A l’heure actuelle, où il surfit pour Tito et sa clique qu’un communiste dise qu’il est adhérent du Bureau d’Informations, partisan de l’U.R.S.S , qu’il a confiance dans le Parti Bolchévik, pour être jeté dans les prisons de Rankovitch, à cette heure, où dans ces mêmes prisons on torture et on assassine des cadres communistes de la Yougoslavie, comment ne pas comprendre que les fils de la conspiration contre la vie du camarade Zevgos, qui partent de l’Intelligence Service et de la Sûreté monarcho-fasciste, embrassent aussi les titistes, qui ont toujours si mortellement combattu le Parti Communiste de Grèce, ses membres et ses cadres, puisque il a été démontré que l’assassin de Zevgos, Vlachos, avait passé par Colisefski et l’O.Z.N.A. avant de descendre en Grèce?

    ***

    En ce moment, — dans le feu de la guerre, — où le monarcho-fascisme concentre ses forces pour obtenir un résultat décisif à Grammos et à Vitsi et où les impérialistes font tout leur possible pour garder la Grèce comme position-clef dans la guerre froide contre la Russie, la Grèce comme « porte des Balkans », la clique traîtresse de Tito a trouvé l’occasion d’ajouter ouvertement son écot pour faciliter l’oeuvre du monarcho-fascisme et de l’impérialisme anglo-améri-cain en Grèce et dans les Balkans.

    En appliquant avec conséquence le principe: rece-voir dans le P.C.Y. chacun qui est ennemi du Parti Bolchévik et des Partis frères, la clique de Titio est devenue le pole d’attraction pour tous les éléments de dissolution et de scission du Parti Communiste de Grèce, de la N.O.F. et de la DSE, avec à la tête les scissionistes-traîtres bien connus Gotché-Keramidjief.

    On peut deviner la qualité de tous ces éléments par la qualité de « leurs chefs », chefs en scission et en trahison. Gotché, un vagabond aventurier qui n’a jamais pu devenir communiste.

    Il fut un élément fractionniste et diviseur dans la prison, où il provoquait toujours des incidents. Il fut un élément disloquant et aventurier quand il était en déportation, où à plusieurs reprises, il fut exclu et vécut hors du groupe des déportés. Agent du chauvinisme bulgare au début, il devint ensuite un agent enragé du chauvinisme de la Grande Serbie. Jamais il n’a offert des services positifs à la cause du peuple macédonien, mais au contraire, « toujours il la sapait, toujours il divisait le mouvement révolutionnaire du peuple macédonien, sa collaboration et son unité combattantes avec le peuple grec ».

    De la même étoffe est Kéramidjief, le collaborateur ouvert du fascisme bulgare au début, puis de l’O.Z.N.A., ce « communiste déguisé », paniquard et égoiste. Agents aveugles de Tito sous la direction directe du P.C.Y., — ils sont actuellement à la tête de l’effort de sape et de scission. Ils envoient des espions à Vitsi avec la mission de recueillir des renseignements militaires et politiques rétablir des lieux de contact, se lier avec les agents de l’O.Z.N.A., organiser de nouveaux réseaux.

    Ce sont ces agents que les titistes ont fait présenter un programme complet titiste franchement séditieux, par lequel ils demandaient: Que soit créée une armée macédonienne séparée avec un Etat-Major (commandement) macédonien, qui agirait dans les régions macédoniennes. etc. En d’autres termes. créer des unités prêtes et promptes à suivre les ordres de Tito que celui-ci donnerait au premier signe de l’impérialisme anglo-américain, en tant que « caporal » fidèle de ce dernier. Le monarcho-fascisme auquel, parait-il, ce service inestimable de dislocation de la part de la clique de Gotché Kerarnidlief, agents des titistes, ne fut point inattendu, s’empressa d’exploiter aussitôt l’occasion.

    Il parachuta des tracts à Vitsi destinés aux Slavo-macédoniens les appelant à demander au Parti Communiste de Grèce ce qu’il avait fait de leur chefs (Gotché-Keraniidjief).

    Le travail de scission et de dissolution, qui a lieu dans le Parti Communiste de Grèce par les trois centres ci-dessous, qui tous évidemment se trouvent sous la direction immédiate du P.C.Y., n’est pas moins important. Le centre politique (dirigeant Colisefski), de l’O.Z.N.A., du 2e Bureau. Les deux premiers créent leurs propres organisations, des triades, des agents et des lieux de contact dans le Parti Communiste de Grèce Le dernier tâche, par un contact direct avec les soldats de l’Armée Démocratique, de créer ses propres lieux de contact et agences.

    Maintenant sont connues les déclarations « serment de foi au P.C.Y. » qu’était obligé de signer chacun qui descendait en Grèce, où il devait trouver des « naschibrate (nos frères), et avec eux former des cadres des fidèles au P.C.Y. ». Dernièrement le travail de dislocation à la commune de Bottikès fut aussi plus intense.

    Là, les titistes ont tâché de préparer idéologiquement le terrain, en diffusant avec insistance des mots d’ordres tels que: « Marcos fut rame du mouvement partisan. Révolutionnaire conséquent. Intransigeant. Depuis que Marcos est parti, les choses vont de mal en pis tous les jours ». « Le P.C. grec va vers une nouvelle Varkixa, vers une nouvelle capitulation (c’est le mot d’ordre cher à l’O.Z.N.A., avant que Djilas ne le proclamât ouvertement dans son dernier discours).

    Ce qui se cache derrière ces mots d’ordre, en plus de leurs aspirations plus générales, directement pour la commune de Boulkès, n’est pas difficile à concevoir leur effort.

    C’est en exposant le Parti Communiste de Grèce (ici ils frappent avec rage de tous leurs marteaux) et en employant tous les moyens (tous les éléments anticommunistes, qui ont quel-que vieille sale histoire), dissoudre la commune et disséminer par-ci, par-là les réfugiés. Dans ce but, pour exposer les dirigeants, ils tachent de trouver des provocations, fonder des accusations de détournement de fonds de l’État yougoslave, pour pouvoir décapiter l’organisation du Parti et ajouter encore quelques honnêtes communistes au prisons de Rankovitch.

    « La politique nationaliste et chauviniste de Tito et de Colisefski » a souligné Dimitrov au 5e Congrès du P.C.B., — « qui constitue l’envers de leur ligne anti-soviétique, n’est pas dirigée seulement contre la Bulgarie et le peuple bulgare, mais aussi contre le peuple macédonien. Cette politique qui a adopté les méthodes des nationalistes bulgares et serbes, sème la haine parmi le peuple macédonien lui-même, elle excite une partie de ce peuple contre l’autre, elle oppresse et terrorise ceux qui ne sont pas d’accord avec la ligne des leaders actuels yougoslaves. De cette façon la réalisation de l’idéal séculaire du peuple macédonien, son unité nationale, est habilement retardé ».

    Aujourd’hui, où en réalité la clique de Tito glisse sur la pente du plus « vil nationalisme » et reste sur la plate-forme du chauvinisme de la Grande Serbie qui visait à l’hégémonie dans les Balkans et à l’annexion de la Macédoine à la Serbie, « il devient clair pour tout patriote macédonien », comme le souligne très justement la résolution du K.O.E.M., « que le travail de sape de Tito et de, sa bande a constitué l’obstacle principal et fondamental dans l’application conséquente et la poussée en avant de la politique du Parti Communiste de Grèce dans la question macédonienne, car la bande des agents de Tito, conformément aux ordres qu’elle recevait, ne regardait jamais la question macédonienne comme une partie et une réserve dans la révolution populaire en Grèce, mais comme une visée de conquéte du chauvinisme de la Grande Serbie, qui ruinait les intérêts de la révolution populaire en Grèce.

    Et c’est un service indiscutable rendu au monarcho-fascisme que de lui avoir donné la possibilité, — juste au moment où il était serré intérieurement et internationalement, par la politique correcte du G.D.P. et les coups de la DSE et qu’il était de plus en plus isolé, — d’intensifier, après la résolution du 5e Plénium la campagne calomniatrice contre le PCG d’allumer les passions chauvinistes et semer la confusion parmi les couches les plus arriérées de la population.

    Le Parti Communiste de Grèce a pris résolument sur ses epaules, dans les conditions difficiles de sa lutte, cette difficulté complémentaire avec la certitude que la poussée en avant de la question nationale des Macédoniens dé-voilerait et isolerait encore plus la bande des agents titistes, Tito lui-même, et encouragerait la résolution du peuple macédonien dans la lutte commune jusqu’à la victoire finale, par le renforcement de l’activité de la DSE et la persévérance dans la politique juste, fidèle et conséquente vis-à-vis de la lutte anti-impérialiste du camp de la paix et du socialisme, à la tète duquel se trouve l’Union Soviétique.

    Et cela eut vraiment lieu par la thèse juste, conséquente marxiste-léniniste-staliniste, qu’adopta le 5e Plénuin du C.C. du Parti Communiste de Grèce: « En Grèce du Nord, le peuple macédonien (slavo-macédonien) a tout donné pour la lutte et combat avec une telle intégralité d’héroïsme et de sacrifice qui suscitent l’admiration. On ne doit garder aucun doute que, comme résultat de la victoire de la DSE et de la révolution populaire, le peuple macédonien trouvera sa pleine réhabilitation nationale, comme il la veut lui-même, donnant à l’heure actuelle son sang pour l’acquérir. Les communistes macédoniens se trouvent toujours à la tête de la lutte de leur peuple.

    En même temps les communistes macédoniens doivent prendre garde des actions de scission et de dissolution que développent des éléments chauvins et réactionnaires, mûs par des étrangers, pour disloquer l’unité entre le peuple macédonien (slavo-macédonien) et grec, dislocation qui n’aidera que leur ennemi commun, le monarcho-fascisme et l’impérialisme anglo-américain: En même temps le Parti Communiste de Grèce doit radicalement éliminer tous les obstacles, frapper toutes les expressions chauvinistes de la Grande Grèce et les agissements qui provoquent un mécontentement et un malaise chez le peuple macédonien et aident ainsi les diviseurs dans leur activité traitresse, et encouragent l’oeuvre de la réaction.

    C’est seulement unis que le peuple grec et le peuple slavo-macédonien peuvent vaincre. Divisés, ils n’essuieront que des défaites. C’est pour cela que l’unité dans la lutte des deux peuples doit être gardée comme la prunelle des yeux et être aidée, renforcée, fermement de jour en jour ».

    Cette thèse du 5e Plénum du Parti Communiste de Grèce trouva un écho chaleureux et fut accueillie avec enthousiasme par le peuple macédonien, comme cela fut solennellement exprimé par la proclamation du 2e Congrès de la N.O.F. (25-26-3-49). Auprès des autres peuples balkaniques, la résolution du 5e Plénum trouve le même accueil chaleureux. Le journal « Troud » de Sofia a écrit dans son éditorial du 14-2-49:

    « Tout patriote macédonien progressiste se sent joyeux et fier de cette déclaration (note: du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce) qui est la meilleure preuve de la fraternisation entre les Grecs et les Macédoniens dans la lutte commune contre les monarcho-fascistes et leurs protecteurs et inspirateurs… Le peuple macédonien a une confiance absolue en cette déclaration, car le peuple grec a prouvé par sa lutte dure et héroïque contre le monarcho-fascisme, — qui provoque l’admiration et les sympathies du monde démocratique entier, – son attachement à la cause de la démocratie populaire et sa capacité de mettre son sentiment national sur une base internationaliste ».

    Et, bien sûr, la haine des impérialistes, et tout d’abord celle de la clique de Tito. qui simula être d’accord, tandis qu’en même temps, par « les méthodes policières, conspiratrices, illégales bien connues, il mobilisait ses agents dans la Yougoslavie et en dehors d’elle, afin qu’ils missent par tous les moyens d’obstacles à la lutte commune du peuple grec et slavomacédonien.

    Il prenait des mesures immédiates pour anéantir l’écho favorable qu’avait chez les réfugiés en Yougoslavie, voulant rentrer dans leur patrie (de ce point de vue est caractéristique le cas des villages Gakovo et Kroussévlie) et mettait ses agents (Gotché etc.) intensifier la propagande chez les Slavo-macédoniens réfugiés en Serbie, avec le mot d’ordre: personne ne doit rentrer; nous y irons tous ensemble organisés en unité. A part tout cela, cependant, la clique de Tito, voyant avec inquiétude la neutralisation de ses mots d’ordre en Macédoine d’Égée et l’affaiblissement du travail de ses agents, vise actuellement aux mêmes buts, en échange du service rendu au monarcho-fascisme et aux impérialistes anglo-américains, par le passage à présent ouvert de la Yougoslavie au camp de l’impérialisme.

    * * *

    Dès le premier moment de la manifestation scissionniste de la clique traîtresse de Tito, non seulement les communistes, mais tous les combattants grecs, dans la DSE et en dehors d’elle, y virent une action qui frappait de dos, qui était utile directement aux impérialistes et aux monarcho-fascistes et les asservait. Dès le premier moment ils ont exprimé leur indignation pour ce glissement vers le camp de l’impérialisme.

    Ce furent uniquement les conditions spéciales dans lesquelles il agissait, et la position en général difficile où se trouvait le Parti Communiste de Grèce, qui firent que le 4e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce, 31-7-48, décida de ne pas publier immédiatement la résolution unanime sur la question yougoslave, ruais de la mettre seulement à discussion dans les cellules du Parti. Il n’y avait aucun doute dès le début, ni sur la justesse léniniste-staliniste de la résolution du Bureau d’Informations ni sur la signification et l’intensification de la trahison de la direction du P.C.Y.

    Cela fut prouvé dans les discussions qui eurent lieu ainsi que dans les décisions unanimes qui furent prises dans les cellules et les organisations du Parti.

    Le fait aussi que plusieurs membres et cadres du Parti Communiste de Grèce dans la DSE et avant lui, dans la lutte libératrice, avaient connu de près l’attitude égoïste, arrogante, l’attitude de la Grande Yougoslavie, l’attitude disloquante, chauvine et nationaliste des nationalistes chauvinistes rassemblés autour de la clique de Tito, attitude qui actuellement a atteint son comble, a suffisamment contribué dans cette conjoncture.

    Par la décision de l’actif dirigeant du K.O.E.M., sur la clique nationaliste-traîtresse de ,Kéramidjief-Gotché (20.6-49), c’est encore un démasquement courageux de la clique traîtresse de Tito, qui patronne et dirige ces ennemis mortels du peuple macédonien et grec pour suivre ses propres intérêts et visées ainsi que les intérêts analogues des impérialistes.

    Dans les trois années de la lutte la plus dure contre le monarcho-fascisme et les impérialistes anglo-américains, le Parti Communiste de Grèce avait aussi à lutter contre le travail de sape et d’espionnage de la clique de Tito.

    Actuellement ce travail est transformé en une collaboration non déguisée et ouverte avec les impérialistes et le monarcho-fascisme, en une attaque non dissimulée contre la politique de la pacification en Grèce, qui est dans l’intérêt tant de son peuple, que du camp anti-impérialiste démocratique mondial. Ainsi par les facilités provocatrices, – politiques, diplomatiques et même militaires – de Tito au monarcho-fascisme, une nouvelle difficulté s’ajoute à l’oeuvre déjà lourde qu’accomplit à la tête du peuple grec le Parti Communiste de Grèce, cerveau et âme de la résistance actuelle des peuples grec et slavo-macédonien.

    Cependant, malgré les difficultés, sans compter les peines et les sacrifices, le Parti Communiste de Grèce demeure fermentent au camp de la paix et du socialisme, au camp antiimpérialiste, à la tête duquel se trouve l’Union Soviétique.

    La résolution du Bureau d’Informations eut aussi pour le Parti Communiste de Grèce comme pour tous les autres Partis, une signification énorme. Le Parti Communiste de Grèce, ainsi que tous les autres Partis, par le cas de la politique de trahison de la clique de Tito, s’est convaincu encore plus que « l’Union Soviétique et le Parti Bolchevik constituent le centre du Communisme international, que le Parti Bolchevik avec à sa tête le camarade Staline est le leader et le guide du prolétariat international entier, de tous les travailleurs du monde ».

    En approfondissant la critique de ses fautes et de ses faiblesses, par la résolution du 5e Plénum, —comme l’indique la décision du Bureau d’Informations, — avec un courage et une sévérité léniniste-staliniste, en assimilant d’une façon constructive les enseignements de la résolution du Bureau d’Informations et en intensifiant la vigilance révolutionnaire, il marche avec fermeté et résolution à l’accomplissement de ses lourds devoirs envers le peuple grec, le mouvement populaire démocratique, le camp de la démocratie et de la paix.

    Par la résolution du 5e Plénum le C.C. du Parti Communiste de Grèce a proclamé: « Dans la confrontation mondiale entre la démocratie et l’impérialisme, la Grèce de la démocratie populaire se trouve inébranlablement à la première ligne de la lutte pour le progrès, la paix, le socialisme.

    La Grèce ne deviendra jamais une tête de pont impérialiste militaire et de guerre, contre l’Union Soviétique et la démocratie populaire dans les Balkans et dans toute l’Europe. Le Parti Communiste de Grèce, fidèle à l’internationalisme prolétarien et à l’enseignement de Marx-Engels-Lénine-Staline tient haut le drapeau de la démocratie populaire, de la paix, du socialisme et accomplit jusqu’au bout son devoir révolutionnaire.

    À l’heure qu’il est, 25 ans après la mort du grand Lénine, le Parti Communiste de Grèce marche fermement sur la voie du léninisme, en brisant sans pitié, comme l’enseignent nos grands maîtres, Lénine et Staline, toute capitulation opportuniste, toute tendance de liquidation dans ses rangs.

    Le Parti Communiste de Grèce offre aussi son apport au mouvement communiste mondial en luttant pour assurer la victoire de la Démocratie Populaire en Grèce. Les plans des monarcho-fascistes et les visées impérialistes américaines s’écrouleront, car c’est la volonté du Peuple. Jusqu’à l’anéantissement de l’ennemi, jusqu’à la victoire de la Démocratie Populaire en Grèce, l’appel unanime reste:

    TOUS AUX ARMES ! TOUT POUR LA VICTOIRE !  

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  • La clique de Tito au fond de la trahison

    par MILTIADE PORFYROGENIS

    Quand, vers la fin de juin 1948 fut communiquée la résolution du Bureau d’Informations des Partis Communistes et Ouvriers, sur la situation dans le Parti Communiste de Yougoslavie, et avant même que le Parti Communiste de la Grèce eût annoncé sa thèse sur la résolution, des simples membres du Parti, ici dans la Grèce Libre, exprimaient leur indignation pour l’attitude des dirigeants du P.C. de Yougoslavie.

    Le critérium révolutionnaire du peuple classait, à juste titre dès le premier moment, la clique de Tito parmi les ennemis de la révolution. En même temps, la joie des monarcho-fascistes montrait que l’ennemi estimait aussi correctement la signification de la brèche que réalisait Tito dans le camp antiimpérialiste et démocratique populaire.

    La direction du Parti Communiste de Grèce approuvait la décision du Bureau d’Informations, et, fin juillet, le 4e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce par une résolution spéciale, caractérisait nettement et sans détours cette trahison de la clique de Tito.

    Il est dit dans cette résolution: « …Le Plénum salue le P. C. (b) de l’U.R.S.S. et son chef Staline, qui ont eu l’initiative dans le dévoilement des fautes du C.C. du P.C.Y. et déclarent l’attachement absolu du Parti Communiste de Grèce au rôle dirigeant de l’Union Soviétique dans la lutte pour la paix, la démocratie et le socialisme… L’attitude du C.C. du P.C.Y. face à ses fautes affirme le fait que la direction du P.C.Y. s’éloigne du marxisme-léninisme dans les questions fondamentales de la lutte de classe.

    La dure guerre de libération nationale que mène le peuple grec et la DSE, avec à la tête le Parti Communiste de Grèce, contre l’impérialisme anglo-américain et le monarcho-fascisme, qui menacent la paix, tout spécialement dans les Balkans, affirme d’une façon tangible combien sont justes les principes marxistes-léninistes de l’internationalisme prolétarien et combien est impérieuse la nécessité de la collaboration internationale démocratique et socialiste… »

    Depuis, une année s’est écoulée. Une année riche en événements dans le monde entier, mais surtout clez nous, en Grèce: Notre mouvement montait toujours, mûrissait, se raffermissait. la DSE après avoir, par la lutte héroïque au Grammos, fait saigner très sérieusement l’ennemi faisait l’admirable manoeuvre de Grammos, elle passait à Vitsi, elle brisait là l’attaque de l’armée monarcho-fasciste, développait en hiver une activité magnifique dans tout le pays, elle en-trait dans une série de villes bien fortifiées (Carditsa, Naoussa, Carpénissi surtout), elle renversait les plans du monarcho-fascisme pour le printemps, reconquérait l’entier Grammos et transformait ses deux bases, Grammos et Vitsi, en des régions et des bases libres, mortellement dangereuses pour le monarcho-fascisme.

    I.es jubilations de l’année passée du monarcho-fascisme transformaient en jérémiades et en des cris de détresse adressés à ses patrons impérialistes de le sauver par une intervention armée ouverte, sur laquelle seule, les criminels d’Athènes mettent toutes leurs espérances. Ce développement de notre mouvement armée allait de pair avec une montée générale du mouvement de tous les peuples contre les impérialistes et leurs plans de guerre et de domination mondiale.

    Les peuples, les uns libres, bâtissant les fondements de la société socialiste, d’autres écrasant par des marches triomphantes et surprenantes l’armée ennemie de mercenaires et libérant l’immense terre chinoise, d’autres encore, dans des conditions d’une oppression toujours plus intense, luttant fermement pour leurs droits à la vie et pour la paix et tout d’abord l’Union Soviétique, par la réalisation victorieuse et l’admirable dépassement du plan stalinien d’après guerre et par sa politique conséquente de paix, et tous sous la direction de leurs Partis Communistes, avec à la tête l’Union Soviétique, font échouer les plans des impérialistes et montrent avec persévérance et décision combien avait raison notre inoubliable camarade Jdanov lorsqu’il disait au mois de septembre 1947 que les peuples sont les plus forts.

    Les impérialistes, face à cette lutte et cette résistance toujours grandissantes des peuples, se sont trouvés obligés d’utiliser leurs réserves.

    Les socialistes de droite dans les pays occidentaux, démasqués devant les masses, ont dans une large mesure cessé d’être de simples réserves.

    Ils ont été jetés depuis longtemps dans la bataille, du côté, évidemment, des impérialistes. Il était temps de « mettre en valeur La clique de Tito et ses semblables. Cela doit être la raison pour laquelle dans cette année difficile pour les impérialistes, année de la lutte intense des peuples,. la clique de Tito descendait de jour en jour plu, bas les degrés de la trahison, jusqu’à ce qu’elle se trouve actuellement corps et âme aux côtés des traîtres de toute sorte sous le commandement général des impérialistes. Et cela tant dans la pratique, que dans la théorie.

    En voilà un exemple caractéristique: En décembre 1947 le trotskiste et socialiste français Marceau Pivert écrivait dans la « Revue Socialiste »: « Il y a la possibilité de réaliser l’Europe socialiste par le développement de l’économie européenne dans les cadres des intérêts stratégiques des États-Unis » (ndtr retraduit du grec), Tito parle aujourd’hui de la possibilité d’édifier le socialisme en Yougoslavie avec des dollars américains. Celui qui ne voit l’identité de l’idée, doit être aveugle. Le temps où Tito protestait avec véhémence pour convaincre par des paroles creuses les naïfs de sa fidélité à l’Union Soviétique est à jamais révolu.

    A l’heure actuelle on peut lire des paroles de Tito et croire que ce sont p. ex. des citations de Blum. Mais là cependant où la « mise en valeur » de la réserve trotskiste de Tito se montre dans toute son étendue, c’est dans le mouvement grec. Ici il faut dire une chose. Notre mouvement était et est très aimé par les peuples de la Yougoslavie.

    Cette grande sympathie – que montrent les peuples de Yougoslavie pour notre mouvement, a obligé Tito à manoeuvrer avec quelque prudence. Ce fut dans ses mains un moyen de tromper le peuple et souvent ses gens employaient l’argument: « On nous dit que nous marchons avec les impérialistes. Mais voici, vous voyez combien sont amicales nos relations avec les communistes et démocrates grecs et combien nous les appuyons dans leur lutte contre – le monarcho-fascisme ».

    Les peuples de la Yougoslavie ne pouvaient pas savoir que même au temps où Tito et sa clique faisaient semblant d’aider, ils faisaient perfidement et en secret tout ce qui était dans leur pouvoir pour diviser notre mouvement, le diffamer et l’affaiblir. Mais cela, c’est une autre histoire. La question c’est que en apparence ils étaient obligés de spéculer sur le mouvement grec. Le fait qu’ils sont obligés de changer de tactique montre dans quelle situation difficile doivent se trouver les impérialistes pour qu’ils les obligent à abandonner un argument sérieux de leur démagogie.

    Au mois de juillet de l’année passée, le journaliste américain Joseph Alsop dévoilait que Tito suppliait l’aide américaine, demandant qu’on ne le mette pas dans une situation trop difficile par des manifestations d’amitié par trop déclarées.

    Cette année le « Times » écrit ouvertement qu’on ne doit pas s’étonner de quelques phrases tranchantes de Tito, car, en fin de compte, il ne faut pas oublier qu’il parle à un public communiste. Dans les moments difficiles de la lutte de classes, les agents de grand calibre sont obligés de descendre à l’arène.

    C’est une vieille histoire. Tito et ses amis ne pouvaient échapper à cette logique de la lutte de classes.

    En tout cas l’évolution de la politique de Tito envers notre mouvement est un exemple très instructif. Le Parti Communiste de Grèce en prenant position sur la résolution du Bureau d’Informations, a jugé utile de ne pas l’annoncer publiquement se bornant à la communiquer aux membres du Parti. Cela eut lieu à cause des conditions spéciales dans lesquelles nous menions notre lutte armée.

    Cette situation délicate, dans laquelle se trouvait le Parti Communiste de Grèce et cette manière d’envisagée la question offraient la possibilité à Tito et à sa clique, s’ils avaient l’ombre de bonne foi, de la montrer dans ce cas. Nous disons cela, car au commencement on pourrait attribuer l’attitude contre-révolutionnaire de Tito à l’égoïsme, l’orgueil, la vanité, etc.

    Evidernment l’évolution a montré qu’il ne s’agissait pas seulement de cela. Cependant, leur attitude envers nous est encore une preuve, et pas infime, qu’il ne s’agit pas d’une « erreur » causée par l’égoïsme, etc., mais d’une pure trahison d’agents de l’ennemi.

    Car le comportement forcement délicat de notre Parti ne donnait pas lieu à des « accès » d’égoïsme, etc. Au contraire, l’attitude du Parti Communiste de Grèce offrait du terrain à quiconque de bonne foi, disons-nous, ayant glissé dans des manifestations contre-révolutionnaires, de prouver qu’on aurait pu lui faire un peu tort. Naturellement nous, qui connaissions depuis longtemps leurs intrigues et leurs efforts d’affaiblir, de frapper, de disloquer notre mouveinent, nous n’avions pas d’illusions à ce sujet. Mais il existe toujours des naïfs. Les faits ont montré qu’il s’agissait d’une politique sciemment traîtresse.

    Des agents de l’UDBA, l’ancien OZNA, et du 2e Bureau, étaient depuis longtemps envoyés en Grèce Libre. Ceux-ci justifiaient à l’époque en disant, soit qu’ils venaient espionner dans l’armée monarcho-fasciste, soit qu’ils font du marché noir.

    Nous nous rappelons maintenant qu’au printemps 1947 fut arrêté un agent de l’UDBA, boiteux, d’environ 45 ans, qui colportait des allumettes et du hachiche. Quand nous savons qu’en Grèce les Anglais, outre les autres moyens qu’ils employaient pour corrompre le peuple, employaient aussi le hachiche, nous pouvons voir la liaison étroite entre de tels envois d’agents de l’UDBA et du 2e Bureau et le travail de l’Intelligence Service.

    Depuis juillet 1948 un envoi d’agents mandatés en plus grand nombre commença qui avaient comme centre non plus seulement les mouvements des monarcho-fascistes – comme c’était le cas auparavant, pour que soit camouflé leur rôle disloquant – – mais ouvertement, l’espionnage et le travail de scission dans la DSE Leur lieu de contact sur les différents points de la frontière et dans les villages libres de la Macédoine augmentaient. Les agents qui étaient arrêtés par nos troupes répandaient sans vergogne et d’une façon provocante qu’ils travaillent les uns pour l’UDBA, les autres pour le 2e Bureau de l’armée yougoslave (il y avait même un antagonisme entre ces deux services, qui rappelait l’antagonisme entre les différents services de l’Intelligence Service anglais).

    Rien qu’en juillet-août 1948 six de ces agents furent arrêtés.

    Au début, pour ne pas donner lieu à des protestations hypocrites, nous les renvoyions là d’où ils venaient, mais cela les rendaient trop impertinents et nous fûmes obligés de nous comporter différemment envers eux. Il est à noter, que, depuis longtemps déjà, les services de l’EMBA et du 2e Bureau, à Skoplje, faisaient signer à tous les Macédoniens ou autres démocrates qui par hasard se réfugiaient à Skoplje, sous la contrainte ou la menace, des déclarations qui disaient: « Je m’engage à tenir au courant le camarade .. ou autre personne qu’il m’indiquera, sur tout ce que je vois et entends au dépens du P.C.Y. et de l’Etat.

    Si je n’accomplis pas cette mission, je serai déféré en justice… »

    Ils faisaient aussi signer de telles déclarations aux membres du Parti Communiste de Grèce qui par hasard et tout à fait provisoirement se trouvaient à Skoplje. Chacun peut comprendre quelle relation il peut y avoir entre une telle action et la solidarité communiste entre Partis frères. Les agents qui arrivaient maintenant, après juillet-août 1948, apportaient des ordres tels que: Organiser dans la région macédonienne libre un réseau d’agents au dépens de la DSE et du pouvoir populaire.

    Avoir régulièrement des rapports sur la force de notre armée, sur les routes, les ponts, les ravins, les endroits fortifiés, la composition de la population, sur ceux qui travaillent dans lé pouvoir populaire, sur ce qu’ils y font, etc.

    Un chapitre spécial du questionnaire écrit concerne des renseignements relatifs au siège du Haut-Commandement et du Gouvernement Démocratique Provisoire, à la force de la garnison, aux conditions de circulation dans cette région, etc…

    Sur ce point les questions ne diffèrent point des questions que reçoivent de la part des officiers américains, anglais et monarcho-fascistes les espions qui sont envoyés de l’autre côté du front. Une autre tâche qu’on donne aux agents est de développer le travail de scission dans la N.O.F. et d’encourager et organiser des désertions vers la Yougoslavie.

    Tout cela ressort non seulement des aveux des agents, mais aussi des questionnaires écrits que nous avons capturés et que le toupet de l’impunité faisait les agents porter sur eux. L’instruction qu’ils reçoivent avant de partir pour la Grèce Libre est: « Les Grecs vous massacreront tous, vous, Slavomacédoniens. Ils se moquent de vous, il ne vous accordent pas vos droits, ils vous ont trahit etc. ».

    Et, bien sûr, ils insultent les cadres du Parti Communiste de Grèce ainsi que les cadres Slavo-macédoniens politiques et militaires conscients. Au village Megali Sterna, ont été arrêtés par un détachement de la DSE les agents Jean Vogiatsis et Jean Pétroulis.

    Tous les deux étaient d’anciens déserteurs de la DSE Ils étaient armés de fusils automatiques anglais Sten et habillés en pantalons, godillots, chemises, blouses anglais de I’U.N.R.R.A..

    A l’instruction ils ont avoué qu’en Yougoslavie, où ils avaient fui, ils avaient été soignés et des officiers de l’UDBA les avaient approché en leur disant: « Ici c’est bien, vous recevez de l’argent, nous avons du cinéma, du football, etc. Pour qui iriez vous vous battre? Zachariadis vous a vendu, -etc. »

    Plus tard un homme de l’UDBA les arma, les habilla et les envoya en Grèce en leur disant: « Par-tout il y a la lutte.

    Actuellement vous allez travailler pour le Parti. Vous direz que vous êtes des combattants de Ia DSE pour faire votre travail, mais faites attention de ne pas tomber entre les mains de la DSE ». Et il y a beaucoup de tels exemples. Caractéristique de l’hypocrisie des traîtres de Tito est aussi l’incident suivant: En décembre 1948 nous avons arrêté deux agents, Gallios et Gounaris. Pour mettre fin à cette sale affaire, nous avons avisé le P.C.Y. que nous avons arrêté deux agents qui disent qu’ils ont été -envoyés par des officiers yougoslaves et nous demandions qu’ils nous répondent si vraiment ils ont été envoyés par leurs gens. La réponse fut négative.

    La clique de Tito n’avait pas le courage d’avouer qu’elle -envoyait des agents en Grèce.

    Mais les aveux des deux agents étaient clairs et l’un d’eux avant d’être exécuté, insultait et maudissait Tito et ses amis, qui les avaient poussé à la trahison pour les abandonner après.Du point de vue de l’identité des buts entre les agents de Tito et les agents des monarcho-fascistes, il est aussi significatif que beaucoup d’agents de Tito entretenaient en même temps des relations avec des officiers américains ou anglais ou monarcho-fascistes.

    Certains agents organisaient des désertions tantôt vers la Yougoslavie, tantôt vers les monarcho-fascistes. « Ou à Florina, ou à Tito, c’est actuellement la même chose » disaient-ils aux candidats déserteurs.

    Nous avons beaucoup de tels exemples, surtout dernièrement par un réseau d’agents qui ont été arrêtés dans la région de Boufi. Une certaine Stavroula Simou p. ex. travaillait à la fois pour le compte des monarcho-fascistes et pour le compte de l’UDBA par l’entremise d’un agent appelé Doissinis qui venait régulièrement de Skoplje et qui fut arrêté dernièrement.

    Les provocateurs yougoslaves concentraient spécialement leur attention à la question de l’organisation de désertions.

    Quand ils virent que les combattants et les combattantes Slavo-macédoniens étaient attachés à la politique du Parti Communiste de Grèce et que les efforts de leurs agents de diviser le mouvement chez les Macédoniens avaient manifestement fait faillite, tant par l’intervention à tentes du P. C. G. que par le ralliement ides Macédoniens dans le Parti et leurs organisations, alors la clique de Tito considéra l’organisation de désertions comme le moyen le plus commode.

    Bien sûr, notre lutte est dure du point de vue des souffrances, des privations, des sacrifices.

    Tout le peuple macédonien participe comme un homme dans cette lutte et a donné et donne tout pour elle.

    La clique de Tito pensait que si, dans les privations et l’âpreté de la lutte, elle jetait, par ses agents, des mots d’ordre qui engourdiraient le peuple, qui refroidiraient son enthousiasme et si, en même temps, elle cultivait chez lui l’idée qu’en allant en Yougoslavie chacun trouverait des soins et ferait aussi son devoir comme patriote macédonien — vu que « Zachariadès a trahi »— elle pourrait avoir des résultats.

    Et ce travail sournois commença systématiquement et avec persistance.

    Les mots d’ordres défaitistes étaient abondamment jetés (nous ne pouvons pas tenir le coup à l’Amérique, nous n’avons pas à manger, nous serons tous tués, etc.) et en même temps les solutions étaient toutes prêtes: l’affaire des Macédoniens c’est d’aller en Yougoslavie, où ils trouveront tous les soins et là ils seront prêts à descendre pour unir la Macédoine de l’Egée à la Macédoine du Vardar.

    Ce travail devint plus systématique quand arrivèrent en Yougoslavie quelques cadres de la N.O.F. corrompus et en faillite.

    La clique Colisefski—Ambos embrassa ces éléments en faillite et nomma même l’un d’eux, Gotché, Sous Secrétaire au Ministère de la Providence Sociale et tous ensemble, en étroite collaboration, ils développèrent le travail de dissolution.

    Il est vrai qu’au début quelques combattants sont tombés victimes de leur propagande et ont déserté vers la Yougoslavie. De même, partirent des habitants des villages près de la frontière, organisés par des agents. Et avec eux quelques éléments lâches qui se sont sauvés sur la planche traîtresse que leur tendaient les provocateurs.

    Tous ces déserteurs trouvaient asile et soins en Yougoslavie, ils furent placés dans des postes et devenaient des agents de la clique de Tito.

    Même les cadres les plus responsables du P.C.Y. ne nient pas qu’on donne asile aux déserteurs. Quand en février dernier, une délégation du Parti Communiste de Grèce et de la N.O.F. posa ouverte-ment à Colisefski-Ambos et à un représentant du C.C. du P.C.Y. la question de cette tactique de trahison et de dislocation, ils répondirent cyniquement que la constitution de la Yougoslavie accorde asile à des fugitifs politiques. Et par des fugitifs politiques ces traîtres entendent les déserteurs d’une lutte antifasciste.

    De la même façon que l’Angleterre et l’Amérique donnent asile à tout le choeur des traîtres, à toute sorte de Mikolaitchik et autres.

    Le général de Tito Jobo Capétchich disait dernièrement au cours d’un entretien privé: « Nous recevons et nous donnons asile à des déserteurs de la DSE ».

    Et pour modérer l’impression que firent ces aveux, il ajouta: « nous gardons seulement les déserteurs que des raisons politiques et des divergences politiques ont fait déserter ». Seule une créature corrompue de Tito pourrait parler des « divergences politiques », qui justifient la trahison et la désertion.

    Cependant, indépendamment de cela et indépendamment du fait que ce sont eux-mêmes qui organisent les désertions, nous avons des exemples concrets où des gardes frontières Youkoslaves suivant évidemment des ordres, ne font pas seulement la propagande ouverte de la désertion à des combattants de la DSE, mais prennent aussi par la force quelques-uns et les amènent à l’intérieur du pays, où l’UDBA les contraint à rester là et devenir des agents et des espions.

    En voilà quelques exemples: Le 28-3-49 des gardes frontières yougoslaves ont arrêté un commandant de la DSE qui les approcha.

    Quand le sous-lieutenant de la DSE, le commissaire politique de la compagnie.

    Cestas Djiocas en fut renseigné, il se rendit avec deux autres combattants au poste de garde et demanda qu’on mit en liberté le combattant en question. Au heu de cela, les yougoslaves arrêtèrent aussi le sous-lieutenant avec les deux combattants et les envoyèrent tous au siège de la compagnie. Là, on leur dit que personne d’eux ne rentrerait plus en Grèce, car « la Yougoslavie se reconstruit et a besoin d’eux pour les mettre au travail.

    La Grèce est en guerre, tandis que la Yougoslavie est une Démocratie Populaire ».

    Le 2 avril on les envoya à l’instruction à Monastire.

    Là, la Sûreté demandait au sous-lieutenant Djiocas quelles étaient les leçons qu’il faisait à sa compagnie comme commissaire politique, sur Tito, comment il voit la DSE, Tito, etc. I.e 4 avril on l’amena à Skoplje et après deux jours dans un camp. Là, le secrétaire du camp, l’agent connu de l’UDBA, Mitsos Tarpofski l’aborde et lui proposa de rester en Yougoslavie, de se marier et de travailler pour la reconstruction ».

    « Ici il y a reconstruction, beaucoup à manger et pas de guerre comme en Grèce ». Le 23.4-49 les combattants Tsounis Jean, Miscas Christo et Sindis Geor-ges se rendant en mission de Kaimaktchalan à Paicos, perdirent leur chemin à un point près de la frontière yougoslave à cause de la neige abondante et touchèrent ainsi le territoire yougoslave. Les soldats yougoslaves qui les virent, les arrêtèrent et les amenèrent par force au siège de la compagnie.

    Là, le capitaine leur déclara que « ceux qui désertent les rangs de la DSE et viennent en Yougoslavie sont les meilleurs gens et combattants et vous n’allez plus rentrer en Grèce ». Le 27-4-49 Soultana Nascova membre du C.E. du CA.C. de l’A.F.G. (front antifasciste des femmes slavo-macédoniennes), Ivan Nitsef, Maria Samarentsova et Traianca Georgieva, cadres de la N.O.F. du département de Pelli se rendaient de Katmaktchalan à Paicos.

    Marchant dans la neige, les pluies et la tempête, ils perdirent leur chemin et tombèrent un peu dans le territoire yougoslave. Comme ils s’étaient arrêtés un moment tâchant de s’orienter des gardes yougoslaves arrivèrent et leur ordonnèrent de les suivre au siège de la compagnie.

    A leur négation, les gardes yougoslaves chargèrent leurs armes, mirent en joue et leur ordonnèrent de livrer leurs armes. Les Macédoniens refusèrent en disant: « Tuez-nous ici, nous ne venons pas, ni ne livrons nos armes ». L’incident dura plus de trois heures.

    On ligota Soultana Nascova et par force on les amena tous au siège de la compagnie. Le 1er mai on les amena il Skoplje ; là, on les jeta en prison où vint les visiter un officier qui leur demanda s’ils insistent de rentrer. Ils déclarèrent que bien sûr ils insistent, et, lui, leur prometta qu’ils seraient laissés libres d’aller où ils veulent.

    Cependant le lendemain matin on les transporta par camion dans un camp.

    Là on leur prit tout ce qu’ils avaient avec eux, des livres, des journaux, des notes, etc., on les interrogea sur leur travail en Grèce, on leur demanda comment le peuple macédonien voit la lutte de la DSE, etc.

    Ces exemples ne sont pas uniques. On voit que le travail de dislocation devenait toujours plus provocant, plus effronté. Les derniers mois on faisait aux candidats déserteurs la propagande de la nécessité de prendre avec eux leurs armes et de se battre s’il y avait lieu contre les gardes de la DSE De cette façon, quelques déserteurs prirent avec eux aussi de chevaux et d’autres articles de la DSE et d’autres livrèrent même des batailles à des gardes de la DSE avant d’être arrêtés.

    Il est à noter que du côté des monarcho-fascistes avait aussi dernièrement lieu une propagande de désertion pour la Yougoslavie. On a arrêté des agents du monarcho-fascisme au moment où ils prêchaient à des combattants la fuite vers la Yougoslavie.

    Il est évident que la source de ces deux efforts est une et la même.

    D’ailleurs les agents des deux côtés le disent: « Ou vers Florina, ou vers la Yougoslavie. C’est actuellement la même chose ». Cette solidarité des agents se révéla dernièrement par la fuite de 5 officiers de l’armée monarcho-fasciste du camp des prisonniers, qui allèrent en Yougoslavie. Il s’agissait de 5 gredins monarcho-fascistes qui avaient été faits prisonniers dans la bataille de Naoussa.

    Parmi eux se trouvait aussi le commandant de la Sûreté de Naoussa.

    Ces 5 officiers partirent en Yougoslavie avec les instructions d’agents de Colisefski et avec leur aide. Naturellement, la clique de Tito n’a pas soufflé mot sur l’asile que, conformément à leur constitution, a été accordé à des hommes qui se sont enfuis des mains de la DSE pour des « raisons politiques », mais le fait reste cependant et il est irréfutable.

    De tout ceci, il appert clairement que la clique de Tito depuis l’année dernière jusqu’à cette année a de plus en plus ouvertement, de plus en plus honteusement suivi sa politique hostile envers notre mouvement et a fait tout ce qu’elle pouvait pour l’affaiblir et le briser, en pleine concordance avec les efforts des monarcho-fascistes et des impérialistes anglo-américains. Tout cela, ce sont des faits, des aveux, des documents que personne ne peut contester.

    LE TRAVAIL DE DISSOLUTION
    DANS LA N.O.F.

    Ce fut toujours la politique de la clique de Tito d’arracher la Macédoine de l’Egée et de l’annexer à la Macédoine du Vardar dans les cadres de la Yougoslavie. Il tâchait toujours d’utiliser les organisations des Macédoniens de l’Egée à ces propres buts chauvinistes. C’est pour cela qu’il organisa certains cadres de la N.O.F. comme ses agents et les faisait signer des déclarations comme quoi ils travailleraient pour le compte du P.C.Y..

    Cependant, depuis le mois de juillet 1948 le travail de dislocation, de sape et de trahison prenait un caractère de plus en plus effronté.

    En août 1948 le premier Plénum du C.C. de la N.O.F. destitua à l’unanimité le président de la N.O.F. Kéramidjief, pour activité fractionniste qui se faisait sous les directives de Colisefski-Ambos et Cie et leur ordonna d’entreprendre du travail militaire dans la DSE Kéramidjief, un élément corrompu et lâche qui a collaboré étroitement avec les fascistes bulgares à Sofia et prenait part comme enseigne aux défilés fascistes de Filof, déclara aussitôt, là, devant le Plénum, que ses nerfs sont à bout, qu’il est pris de peur quand il entend des avions et qu’il demande à subir un traitement.

    Il trompa ainsi le Parti et déserta à Skoplje.

    Là bas, la clique de Colisefski le reçut ainsi que ses semblables à bras ouverts, les mit à des postes d’État et les mit à vomir un tas d’ordures contre notre mouvement. Aux réfugiés on semait des mots d’ordre défaitistes, on cultivait la haine contre la direction de notre recrutement et on répandait les mots d’ordre chauvinistes de la clique de Tito.

    On leur disait que nous, ici, nous assassinons les Macédoniens, qu’il y a un ordre d’un chef militaire de massacrer tous les enfants macédoniens, que les Macédoniens sont méconnus, etc.

    Quand au mois de février 1949 une délégation de la N.O.F., avec un représentant du Parti Communiste de Grèce, se rendit à Skoplje et tâcha de persuader ces déserteurs de rentrer et d’abandonner leur œuvre de trahison, eux, ayant l’appui de la clique Colisefski, répétaient à la délégation les mêmes calomnies, ils déclaraient qu’ils n’ont aucune confiance en le Parti Communiste de Grèce et mettaient pour rentrer des conditions par lesquelles ils demandaient prendre dans leurs sales mains la direction de la N.O.F. et des troupes macédoniennes.

    Relativement à la décision du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce sur la question macédonienne, ils déclarèrent qu’elle n’est pas suffisante et qu’ils doivent être libres de faire la propagande de l’annexion de la Macédoine de l’Egée à la « démocratie populaire » de la Macédoine du Vardar (Yougoslavie).

    Quand on leur a dit que cela ne leur sera jamais permis, l’un d’eux répondit: « C’est-à-dire vous nous défendez de parler de notre patrie ». Des membres de la délégation demandèrent à Colisefski-Ambos de définir leur attitude envers ces types. Colisefski-Ambos, en pures trotskistes, sous des phrases ultra-révolutionnaires, restèrent au fond solidaires avec eux, ils refusèrent de cesser leur activité et renvoyèrent la délégation à Belgrade.

    En même temps ils défendirent à la délégation d’avoir le moindre contact avec les réfugiés macédoniens.

    A Belgrade la même réponse fut donnée, couverte des mêmes phrases ultra-révolutionnaires.

    Et Kéramidjief, Gotché, etc. continuèrent, avec l’appui entier maintenant et la direction de Colisefski, etc., l’organisation des désertions, l’envoi d’agents.

    Ils continuèrent à contaminer notre mouvement à un tel point que les réfugiés macédoniens eux-mêmes s’indignèrent et les insultèrent en leur disant de s’en aller au diable. En vérité, les résolutions du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce avaient soulevé un grand enthousiasme chez les réfugiés, que Kéramidjief et Cie, cherchaient en vain d’étouffer. Dans quelques cas la clique de Colisefski employa aussi la police pour réprimer des manifestations patriotiques des Macédoniens.

    Ainsi p. ex. en mars 1949 dans le groupe des réfugiés de Gacovo, sur l’ordre de Colisefski et de ses amis, on est allé dissoudre le groupe.

    Le groupe refusa, les jeunes demandaient rentrer chez eux et ce fut seulement par l’intervention de la police que le groupe fut dissout.

    Ce fut aussi le cas dans le groupe de Croussévlié. La « thèse » politiques du groupe traître des déserteurs Kéramidjief etc., est que tous les Macédoniens qui aujourd’hui luttent dans la DSE sont des traîtres, que le devoir national des Macédoniens est actuellement d’aller en Yougoslavie, sauf si le Parti Communiste de Grèce accepte de livrer le mouvement à ces traîtres, agents des provocateurs de Tito.

    Cela est aussi dit dans une lettre qu’ils ont envoyée au mois de mai au C.C. au Parti Communiste de Grèce, qui est un vrai document d’attitude contraire à l’esprit du Parti, de dévergondage, de mensonge et d’effronterie, écrit — c’est clair — par Colisefski et ses amis.

    Nous pensons que, même s’il n’y avait aucune autre preuve et s’il n’y avait pas tant de documents qui montrent la trahison de la clique de Tito, le seul fait qu’ils ont reçu à bras ouverts cette bande de vauriens, qu’ils ont nommé Getché Sous-Secrétaire au Ministère de la Prévoyance Sociale et qu’ils les dirigent dans leur activité criminelle, suffit pour montrer la profondeur de leur trahison.

    TRAVAIL DANS LES COMMUNAUTÉS DES RÉFUGIES.

    Il y a cependant tant de documents qu’on ne sait par où commencer. Prenons leur attitude envers les émigrés politiques de Boulkès. Comme l’on sait, à Boulkès habitent environ 4.000 émigrés politiques, surtout des vieillards, des invalides et des enfants.

    Depuis juillet 1948 les provocateurs yougoslaves ont commencé à faire plus intenses leurs attaques contre la communauté.

    Sous le prétexte que le président du conseil municipal n’avait pas mis le portrait de Tito dans un petit magasin du village — ce qui était une pure provocation — ils le chassèrent du village et l’expulsèrent. Petit à petit les provocations se dirigeaient contre toute la communauté. Ils approchaient des membres du groupe et leur disaient de s’en aller et de devenir leurs agents.

    Ainsi firent-ils avec un certain Cosmidis, dont ils firent un agent qu’ils mirent calomnier, provoquer et menacer le groupe. Quand ils pensèrent que ces préparations étaient suffisantes ils firent leur attaque ouverte au mois de juin.

    Le 12 juin 1949 ils envoyèrent une soi-disant commission de contrôle, qui défendit la sortie du village, prit des mesures sévères sur la circulation, elle compta les habitants et fit un contrôle de toute la propriété de la commune qui était faite à la sueur des habitants.

    Ils ont tâché de semer le mécontentement chez les habitants contre le Bureau, ils appelaient les habitants à partir, ils leur disaient que le Bureau les exploite et en gèneral faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour dissoudre la commune.

    Ce n’est pas de leur faute si les habitants, dans leur totalité, fidèles à leur Parti et à leu-direction, se rallièrent autour du Bureau.

    Tout cela évidemment, eut lieu au nom de « l’internationalisme » de la « lutte antifasciste » et de la « solidarité » envers notre mouvement, comme osent le proclamer sans vergogne les trotskistes de Belgrade. Ils sont allés jus-qu’à traîner devant les tribunaux des membres de la commune et ce ne serait point étonnant de voir les cachots de Rankovitch recevoir aussi de militants honnêtes de la Grèce, des vieillards, des vieilles femmes et des invalides.

    Dans un autre groupe d’émigrés ils obligeaient les réfugiés de signer des déclarations qu’ils resteront trois ans en Yougoslavie dans le but de les avoir en main.

    D’autres militants, qui, pour diverses raisons, se sont trouvés en Yougoslavie, furent confinés, laissés à jeûne, on leur prit toutes leurs affaires et on les chassa d’une façon grossière, après avoir essayé de les persuader que le Parti Communiste de Grèce a trahi et qu’ils doivent devenir des agents. P. ex. le colonel-major Guiousa dit le 21 mai à un camarade: « Les vôtres ont livré les armes, les monarcho-fascistes arriveront prochainement à la frontière, les vôtres vous ont trahis ».

    Un autre disait: « Ne vois-tu pas les propositions , de Vichinsky? On vous a trahi. » Et on les menaçait que s’ils ne signaient pas une déclaration comme quoi ils resteraient en Yougoslavie on les mettrait en prison. La même tactique fut suivie vis-à-vis des enfants, qui, l’année passée, s’étaient réfugiés en Yougoslavie

    Chez eux aussi on commença des intrigues, des provocations, des renvois d’instituteurs. A la fin ils envoyèrent des parents d’enfants, qui eux aussi étaient des émigrés, créer sous différents prétextes ridicules. des histoires, en présence des enfants, dans la colonie d’enfants, de façon à bouleverser ces derniers et dissoudre les colonies.

    Ils cultivent chez les enfants l’idée qu’ils vivront en Yougoslavie pour couper tout lien avec notre mouvement. Du moment que dans toutes les démocraties populaires l’éducation des enfants se trouve entre les mains du Gouvernement Démocratique Provisoire et que tous les enfants, grecs et macédoniens, sont élevés dans l’esprit de l’amour de leur patrie, dans leur langue maternelle, grecque ou macédonienne dans l’esprit de notre mouvement, en Yougoslavie — exploitant le fait qu’ils sont tous des enfants macédoniens — on s’efforce de les détacher de leur patrie et d’en faire des instruments pour les visées chauvinistes de la clique de Tito.

    INTELLIGENCE AVEC LES MONARCHO- FASCISTES ET LES IMPÉRIALISTES

    Chaque jour qui passait depuis juillet 1948 appelait une nouvelle preuve que la clique de Tito est depuis longtemps devenue une agence des impérialistes. Au début elle s’efforça de couvrir sa trahison par des phrases gauchistes. Sur la question grecque, pour les raisons que nous avons mentionnées au commencement, on était obligé de faire plus d’attention. Elle fut, cependant, obligée d’abandonner ici aussi les apparences.

    Les impérialistes la serraient de près d’éclaircir son attitude. Déjà en novembre dernier « I’Economist » de Londres définissait la ligne de la politique anglaise. Il écrivait le 20 novembre 1948: Mais les conditions économiques pour de meilleures relations sont cependant relativement peu sérieuses en comparaison aux exigences qui doivent être formulée sur la politique extérieure de Tito.

    Il faut employer les éléments les plus nationalistes de l’entourage de Tito pour les faire accepter l’idée de l’intérêt commun qu’ont la Yougoslavie et la Grèce vis-à-vis de l’expansionnisme bulgare et albanais (!)…

    Ce mot d’ordre aura un retentissement… Dans le meilleur des cas il accélérera une évolution souhaitée de la politique yougoslave et rendra service à l’allié de l’occident — la Grèce – qui se trouve dans la situation la plus critique ».

    L’orientation fut donc donnée à Tito par les impérialistes: Sauver la Grèce monarcho-fasciste qui se trouve dans une situation critique.

    Comme on le verra, Tito a obéi. En février 1949, à l’occasion de la conférence des suppléants des 4 ministres à Londres sur le traité de paix avec l’Autriche, Bebler se rendit à Londres et eut une longue conversation avec Bevin qui, comme l’écrivait le « Nettes Osterreich » de Vienne, se déroula sur la base de la traditionnelle politique anglaise qui vise à la réconciliation entre la Yougoslavie et la Grèce.

    Ces mêmes jours Tsaldaris arriva aussi à Londres, et comme il parait, eut, lui-aussi, une conversation avec Bebler qui fut gardée secrète. Les journaux monarcho-fascistes publièrent à l’époque la nouvelle qu’une réconciliation entre Belgrade et les puissances occidentales est probable.

    Le voyage de Bebler a en tout cas apporté des résultats. Tsaldaris l’avoua quelques jours après, lorsque à l’inauguration de l’Isthme de Corinthe, il dit au correspondant du « Daily Mail » en montrant Paul Glücksburg: « Vous le voyez, cet homme-là? Dans quelque temps il sera avec Tito ». Il est vrai que Tsaldaris fut réprimandé par Bevin pour sa bêtise, mais l’aveu reste.

    A la même époque le fils de Tsaldaris appelait, dans les « Kairi » les Serbes à se battre aux côtés des Grecs contre les andartès grecs.

    D’ailleurs une série d’événements ont montré que les instructions de Bevin ont été suivies. Les provocations contre notre mouvement devinrent plus fréquentes, les journaux yougoslaves cessent de parler de notre mouvement, les réseaux des agents se multiplient. Au mois de mai ont lieu les attaques ouvertes contre des combattants grecs et macédoniens qui se trouvent en Yougoslavie.

    En juin a lieu l’attaque contre la communauté de Boulkès. Le 4 juillet à 11 h30 le colonel major, commandant du 516 bataillon de l’armée monar-chofasciste avec des officiers américains et anglais se rencontre avec des officiers yougoslaves et dans une atmosphère « très amicale » sont résolues toutes les questions.

    Bientôt l’armée monarcho-fasciste traverse la frontière yougoslave et attaque par derrière nos troupes. Comme l’on sait, l’agence « Tanjug » s’est empressée de démentir cette rencontre.

    On a même osé faire du chantage à des blessés de la DSE pour les obliger à témoigner en faveur des titistes : juste de la même façon que le monarcho-fascisme et la commission Balkanique font chanter les combattants blessés de la DSE faits prisonniers pour les contraindre à appuyer leurs provocations. Mais voilà que le 21 juillet vient la Commission Balkanique elle-même révéler d’autres rencontres encore avec des officiers supérieurs yougoslaves, indépendamment du fait que fidèle à son rôti, elle veut donner un doux caractère à la rencontre.

    Le fait c’est que l’accusation de l’agence « Grèce Libre » s’est prouvée vraie et le démenti du « Tanjug » une tromperie. C’est même très caractéristique et vraiment touchant de voir combien la Commission Balkanique montre de finesse en constatant pour la première fois des violations des frontières par les monarcho-fascistes rendant ainsi, en gentlemen pur sang la « compréhension » que montrent les traîtres yougoslaves.

    Et les événements se succèdent avec une rapidité formidable. La clique de Tito demande un emprunt aux Américains pour renforcer un peu ses finances, en faillite à cause de la trahison.

    Mais le temps où elle demandait de ne pas être « mise dans une situation difficile », est révolu.

    En ces jours difficiles les impérialistes ont ouverte ment besoin de Tito. Ils lui demandent, pour lui accorder 100 millions de dollars, de prendre ouvertement position contre notre mouvement. La radio d’Ankara l’a dit le 26-6 et le correspondant du « New-York Herald Tribune » l’a câblé de Belgrade le 30-6. Et Tito, « au lieu de la faire après avoir reçu l’emprunt », écrit le « Times… « l’a faite à l’avance ».

    Le 10 juillet à Pola, Tito parle sur la nouvelle d’une rencontre d’un officier yougoslave avec un officier monarcho-fasciste et dit: « Je suis convaincu que personne , jusqu’aujourd’hui n’a vu une plus grande canaillerie, une plus grande infâmie, qui n’a pas sans doute été inventée par les Grecs, mais par quelqu’un ailleurs ». Maintenant que la Commission Balkanique révèle beaucoup d’autres choses on peut juger qui a fait « la plus grande canaillerie et la plus grande infamie ».

    Tito a donc trouvé l’occasion de faire une attaque infâme contre notre mouvement, de seconder la propagande monarcho-fasciste, qui tâche de persuader le monde qu’elle a fini avec les andartès, et de déclarer qu’il fermera la frontière. Ici aussi il est prouvé être un imposteur vulgaire. Car le 7 juillet, conformément à ce qu’a annoncé la Commission Balkanique et que Tito n’a pas démenti, l’officier supérieur yougoslave a déclaré que la frontière est fermée.

    A la question si cela est aussi valable pour les andartès il a catégoriquement répondu : Oui.

    Et après cela, Tito déclare, en trompant le peuple, qu’il fermera la frontière.

    L’ambassadeur de Tito part aussitôt de Pola, va à Belgrade, se rencontre tout de suite avec l’ambassadeur américain et lui annonce les déclarations de Tito: « Donc maintenant vous pouvez nous donner les dollars ». Dans trois jours le théoricien de Tito, Djilas, parlant à Montenegro, lance une nouvelle attaque contre notre mouvement et l’U.R.S.S., en déclarant que « les propositions de l’U.R.S.S. ont découragé les combattants de la DSE et ont coupé toutes les perspectives de la lutte libératrice du peuple grec. Ceci au moment même où les propositions de l’Union Soviétique ont été reçues avec enthousiasme tant par la DSE que par tout le peuple de la Grèce, car elles expriment son désir d’un paix juste et démocratique.

    Il faut rappeler que le monarcho-fascisme tâche ce dernier temps de faire croire que le moral de la DSE est tombé, qu’il a fini avec elle et qu’il n’en reste que quelques foyers près de la frontière albanaise et bulgare, pour le nettoyage desquels il a besoin d’une aide armée internationale.

    Le monarcho-fascisme et ses maîtres espèrent par cette finasserie rencontrer moins de réaction dans l’O.N.U. que s’ils disaient la vérité, que c’est seulement par des troupes étrangères qu’il y a d’espoirs de soumettre le peuple de Grèce. Et la clique Tito vient renforcer le monarcho-fascisme dans la provocation. Maitre commun, commune manifestation des laquais.

    Personne ne peut sous-estimer combien était sérieux ce coup au dos que fut la trahison ouverte de Tito. Cependant les impérialistes et leurs agents d’Athènes et de Belgrade se trompent s’ils croient que notre peuple, qui a traversé jusqu’à présent tant des difficultés indicibles fléchira parce qu’il est frappé ouvertement et dans le dos par une clique traîtresse. Toute la DSE entend avec indignation les insultes de Tito et de Djilas.

    Cette trahison renforce encore plus sa veloute. du vaincre. Ce sont les provocateurs de Belgrade qui ont plus à craindre de cette trahison. Car elle les démasque plus encore aux yeux des peuples de la Yougoslavie et tout d’abord aux yeux des communistes.

    Le processus de la décomposition du régime traite et de la résistance populaire contre lui sera accéléré par cette nouvelle trahison ouverte. Il est des saletés qu’aucune démagogie ne peut couvrir. L’attitude traitresse de Tito envers nous est du nombre. Nous l’avons payée déjà longtemps et nous la payons aussi aujourd’hui avec beaucoup de difficultés.

    Nous les surmonterons cependant comme nous avons surmonté les anciennes Et nous avons la satisfaction que nous rendons un service aux peuples de la Yougoslavie, qui indubitablement, méritent un sort meilleur à celui que leur a imposé la clique des traîtres et des agents qui leur est assise sur le dos.  

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  • L’exploitation infâme de la question Macédonienne par la clique traîtresse de Tito

    L’exploitation infâme de la question Macédonienne par la clique traîtresse de Tito

    par PANAYOTIS MAVROMATIS

    La question nationale fut toujours une des questions les plus délicates et les plus difficiles qu’avaient eu et ont à envisager les Partis de la classe ouvrière.

    Le plus difficile dans toute cette question c’est de vaincre le chauvinisme, qui constitue une des formes principales par laquelle s’exprime l’influence de l’idéologie bourgeoise dans les rangs du mouvement prolétarien révolutionnaire.

    Sans vaincre le chauvinisme le Parti de la classe ouvrière n’est pas capable de jouer son rôle d’avant-garde pour la libération de la classe ouvrière et de tout le peuple travailleur des chaînes du capitalisme. De même qu’un peuple ne peut se libérer tant qu’il oppresse d’autres peuples (Marx), de même le prolétariat d’un pays ne pourra jouer son rôle, tant qu’il n’extirpe pas dans ses rangs tout reste de chauvinisme et tant qu’il ne s’éduque pas dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien.

    C’est sur cette question que furent éprouvés et c’est contre elle que se heurtèrent les vieux Partis de la deuxième Internationale, qui dévièrent du marxisme jusqu’à ce qu’ils glissèrent sur le chemin de la trahison du social-chauvinisme et du social-impérialisme du temps de la première guerre mondiale et après.

    C’est sur cette question que furent éprouvés et c’est contre elle que se heurtèrent presque tous les éléments opportunistes de droite et de « gauche » dans les rangs des Partis communistes qui ont fait leur apparition à différentes époques dans les divers pays, depuis les plus insignifiants petits groupes jusqu’au trotskisme contre-révolutionnaire avec comme dernier et classique exemple la clique traîtresse de Tito.

    Dans notre pays l’idéologie national-chauviniste a été cultivée pendant des dizaines d’années et a été inculquée dans la conscience de notre peuple sous la forme de la  »Grande Idée ».

    Sa force était telle qu’elle constitua un frein au développement d’un vrai mouvement démocratique progressiste libre.

    Seulement par le développement du prolétariat et la création de son Parti et par l’expérience sanglante d’une série de guerres aventurières dont le zenith fut l’expédition en Ukraine et en Asie Mineure, on commença à dépasser l’influence du chauvinisme bourgeois dans les rangs du mouvement démocratique progressiste, jusqu’à ce que notre Parti émancipé et mûr éclaira la question sociale grecque sous la lumière du marxisme-léninisme et montra que le noyau de toutes les déviations chauvinistes était l’influence de la « Grande Idée ».

    La question centrale, la pierre de touche, pour ainsi dire, sur laquelle fut éprouvée la politique nationale de notre Parti, c’est la question macédonienne.

    Comme l’on sait, la question macédonienne ne fut pas résolue conformément à la volonté du peuple macédonien.

    Par la solution réactionnaire qu’elle reçut, conformément aux intérêts de la bourgeoisie des pays balkaniques qui ont des frontières communes avec elle, la Macédoine, quand elle fut libérée du joug turc, fut partagée en trois parties dont chacune fut annexée à un autre pays balkanique. Une partie (la Macédoine du Vardar) fut annexée par la Serbie, une deuxième (la Macédoine de l’Egée) fut annexée par la Grèce, et une troisième, la plus petite, (la Macédoine de Pirine) fut annexée par la Bulgarie.

    De cette façon la question macédonienne ne fut pas résolue.

    Et qui plus est, elle resta la pomme de discorde et un objet d’antagonisme entre les régimes monarchistes réactionnaires de ces trois pays, dont chacun aspirait avoir pour son compte l’hégémonie dans les Balkans. L’hégémonie dans les Balkans, sans la possession de toute la Macédoine, était une chimère.

    Ainsi commence la querelle autour d’elle. Cet antagonisme fut exploité, attisé et poussé en avant par les grandes puissances impérialistes, qui se servaient des gouvernements monarchistes des pays balkaniques comme des pions sur le grand échiquier de la politique mondiale, poursuivant leurs propres aspirations impérialistes de rapine.

    En Macédoine de l’Egée, qui fut annexée à la Grèce, comme résultat des guerres balkaniques et de la première guerre mondiale, l’échange des populations avec la Turquie et la Bulgarie et la persécution implacable de tout élément slave par les régimes grecs réactionnaires, eurent comme résultat des changements radicaux dans la composition nationale de la population.

    Cependant, en dépit de tout cela, il y est resté une minorité slavo-macédonienne relativement petite, mais compacte, surtout en Macédoine Occidentale du département de Kastoria, Florina, Edessa qui luttait, et lutte encore, pour sa libération. La ligne de notre Parti dans cette question avait comme guide la thèse du marxisme-léninisme-stalinisme sur la question nationale et l’intérêt plus général de la révolution qui vient au premier rang dans ce cas.

    Ainsi fut changé le mot d’ordre central sur la question macédonienne, conformément à la situation, aux changements qui surviennent dans la composition de la population, ainsi qu’à l’intérêt plus général de la révolution en Grèce et dans le Sud-Est de l’Europe.

    Il évoluait et changeait conformément au développement et aux changements de la situation (Macédoine Unifiée et Indépendante au début – droits égaux depuis 1935 et droit de disposer de soi-même au peuple macédonien. comme résultat de sa lutte actuelle, conformément à la résolution du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce).

    Les classes dirigeantes en Grèce et ses régimes réactionnaires et avec eux tous leurs maîtres étrangers qui sont passés par notre pays (Anglais, Allemands, Américains) ont utilisé et continuent à utiliser la question macédonienne comme une des principales cibles de provocations et de calomnies dans leur campagne contre le Parti Communiste de Grèce et le mouvement démocratique progressiste de notre peuple.

    Ce fait néanmoins ne les empêchait pas de marchander et de vendre la Macédoine chaque fois que l’exigeaient les intérêts de leurs maîtres étrangers ou leur propre intérêt de classe plus étroit (trahison et livraison de Roupel et de Cavalla en 1916, signature du pacte Anion Tsaous-Syrakof en 1944, marchandages suspects des monarcho-fascistes actuels avec la clique de Tito, qui a des visées sur Salonique, etc.) Ie but des classes dirigeantes et de leurs maîtres étrangers était toujours d’ébranler la foi du peuple de la Grèce en son guide naturel, le par une propagande chauviniste effrénée, combinée avec une terreur sanglante féroce exterminatrice, pour briser l’unité du front progressiste démocratique el lui porter des coups décisifs.

    A la tête de cet effort se trouvait l’impérialisme anglais. Mais quand. en 1941. la Grèce tomba sous le joug de l’Allemagne hitlérienne. -ce fut cette dernière qui continua l’oeuvre des Anglais sur ce point.

    Effrayés devant la résistance unanime de notre peuple sous le drapeau de l’E.A.M. et du Parti Communiste de Grèce les conquérants hitlériens et les quislings indigènes échafaudèrent en 1943 la provocation bien connue du pacte Dascalof-loannidès, croyant ainsi ébranler la confiance de notre peuple en la lutte pour sa liberté, dans sa direction, pour diviser le mouvement de résistance qui créait tant de difficultés à l’hitlérisme en ces moments cruciaux de la guerre.

    Quelle était l’évolution de la question macédonienne en ces sombres années de la barbare occupation hitlérienne dans notre pays? Comment s’exprima la collaboration et la solidarité entre les mouvements de résistance nationale des peuples des Balkans sur la question brûlante macédonienne, plus concrètement quelle fut la position du groupe Tito ; a-t-elle facilité où a-t-elle rendu plus difficile notre lutte?

    L’E.A.M., qui était dirigé par le Parti Communiste de Grèce et qui constituait l’alliance de tout le peuple dans la lutte pour la libération de la Grèce du joug hitlérien, partant de la nécessité de la concentration de toutes les forces démocratiques antifascistes progressistes sous son drapeau, pour les jeter dans la balance de la lutté armée contre les envahisseurs fascistes, a proclamé la pleine égalité de droits du peuple slavomacédonien avec le peuple grec.

    Cette proclamation du programme de trouve son expression dans la politique de la P.E.E.A., du premier gouvernement constitué en mars 1944 dans les montagnes libres de la Grèce et se manifesta par la fondation d’écoles slavo-rnacédoniennes, la constitution de conseils municipaux (self-government) des slaves indigènes, la participation à la justice populaire, la liberté de se servir de leur langue, etc. etc.

    Encore, ce fut dans le feu de la guerre libératrice que firent leur apparition, dès 1943, les premières organisations slavo-macédoniennes populaires de libération (S.O.F., S.N.O.F.), qui se trouvaient en dehors de et collaboraient avec lui. ‘Tout cela évidemment ne se faisait pas et ne se réalisait pas normalement.

    Mais dans une lutte dure, d’une part contre les chauvinistes restants dans les rangs du mouvement démocratique, et de l’autre contre les agents secrets ou déclarés de l’ennemi. Nombreux et différents étaient les agents, dont chacun frappait de sa façon propre.

    Il y avait d’abord les agents de l’Ochrana Bulgare avec comme figures centrales Caltsef et Dimtsef. qui représentaient la tendance de la « Grande Idée » bulgare sur l’annexion de toute la Macédoine à la Bulgarie, vieux rêve des chauvinistes bulgares.

    Il y avait ensuite les agents de l’impérialisme italien, dont la figure principale fut Ravali, qui révait de l’annexion d’une partie importante de la Macédoine de l’Egée à l’Albanie, alors colonie italienne.

    Il y avait, troisièmement les agents de la Gestapo allemande, qui jouaient leur propre jeu et guidaient les deux premiers.

    Il y avait quatrièmement. les agents de l’Intelligence Service Anglais, qui collaboraient avec tous les susdits, et avec l’Ochrana, et avec la Carabinéria et avec la Gestapo, dans le seul but de miner l’influence de l’E.A.M. et du Parti Communiste de Grèce, de les disloquer, de garder ouverte la plaie macédonienne pour saper l’unité de lutte de tous les peuples balkaniques.

    C’était la vieille méthode de l’impérialisme anglais, la méthode de diviser et régner. Dans une lutte dure contre tous ceux-ci, se développait la lutte libératrice dans la Macédoine de l’Egée.

    Dans leur lutte contre le mouvement de résistance du peuple de la Grèce ces agents employaient aussi les gens de Tito, qui exploitait les fautes éventuelles et les difficultés inévitables dans la question macédonienne, provenant de la nature même et de la composition de l’E.A.M. Leur but était de saper le mouvement de résistance en Grèce, de diviser les forces armées qui luttaient pour sa libération, et notamment l’E.L.A.S., aux moments même les plus critiques, — les jours où avaient lieu les pourparlers du Liban, en mai 1944, et les jours de la libération de la Grèce, en octobre 1944.

    Sur ce point la politique des impérialistes Anglais s’identifiait avec celle des agents de Tito, qui étaient dirigés par l’Intelligence Service, car toutes les deux s’efforçaient de créer des histoires pour provoquer des difficultés et faire échouer le passage du pouvoir à l’E.A.M. Les agents de Tito, qui avaient dès lors des visées sur la Macédoine de l’Egée y compris Salonique, craignaient une solution vraiment démocratique de la question macédonniene par le passage définitif du pouvoir à l’E.A.M., ce qui mettrait fin à leurs plans de conquête; c’est pourquoi ils s’efforçaient de l’empêcher.

    Les Anglais, à leur tour, appuyaient, d’une part les visées de Tito, pour l’avoir à leur disposition et de l’autre ils cherchaient ainsi immobiliser des forces de l’E.L.A.S. dans le Nord-Ouest de la Grèce, pour avoir les mains libres, vu qu’ils organisaient dès lors le coup sanglant de décembre 1944 à Athènes. La première occasion pour diviser ouvertement l’E.L.A.S. (leur travail de sape commence déjà plus tôt, en 1943) fut donnée aux agents de Tito par la décision, erronée par ailleurs, de la dissolution du S.N.O.F. et l’adhésion de ses membres à l’E.A.M., qui eut lieu en avril 1944. La scission fut réalisée en mai 1944, lorsque Péïos, avec 80 Slavo-macédoniens de l’E.L.A.S. partit en Yougoslavie, où il fut accueilli à bras ouverts et non comme un scissionniste et fin ennemi du mouvement de résistance.

    Après quelque temps il rentra en Grèce, muni d’armes nouvelles et avec des directives concrètes sur l’organisation de son activité de scission.

    Alors furent créés les premiers groupes des Slavo-macédoniens qui avaient un caractère politique et semi-militaire et qui recevaient leurs directives de la Yougoslavie, d’où ils recevaient aussi, servis prêts, leurs mots d’ordre: « La Macédoine peut être unie à la Yougoslavie, et même, pas comme un pays indépendant, niais comme une partie de celle-ci » etc.

    De cette façon étaient servis les plans de conquête de Tito qui, dès lors, furent encouragés par certains milieux impérialistes. Et cela, juste au moment où s’imposait la coordination de toutes les forces en Grèce pour secouer le joug hitlérien et où il fallait laisser de côté la solution de toute la question slavomacédonienne, conformement au désir du peuple slavomacédonien, à un moment plus propice, après la libération de tous les Balkans de tous les envahisseurs étrangers. De cette façon, – dans le meilleur des cas, — le problème plus général de la révolution était subordonnés à la question nationale partielle en déviation du léninisme-stalinisme.

    Alors que, comme le souligne le camarade Staline: « Le léninisme a prouvé que la guerre impérialiste et la révolution en Russie ont confirmé: que la question nationale peut être résolue seulement en liaison avec la révolution prolétarienne et sur le terrain de la révolution prolétarienne.

    « Cela ne signifie évidemment pas que le prolétariat est obligé d’appuyer toujours et partout, dans tous les différents cas concrets, tout mouvement national. Il s’agit ici du soutien des mouvements nationaux qui contribuent à l’affaiblissement et au renversement de l’impérialisme et non à son affermissement et à son maintien » (Staline: « Les bases du léninisme »).

    Mais ici, cet effort de résoudre la question macédonienne dans ce moment historique concret, ne fut pas seulement,– dans le meilleur des cas — une façon antidialectique et antimarxiste, vu qu’on la détachait de l’intérêt de la révolution en Grèce et plus généralement au Sud-Est de l’Europe, mais encore il servait les intérêts et les objectifs des impérialistes anglais et américains, qui à cette époque sapaient le mouvement de résistance dans les Balkans et surtout en Grèce, pour empêcher la victoire de la révolution populaire avec la défaite de l’impérialisme hitlérien, qui se faisait déjà entrevoir clairement après les coups mortels de l’Armée Rouge.

    Aussi, avons-nous ici une rencontre d’intérêts, de visées et de mots d’ordre des agents de Tito et des agents de l’Intelligence Service en Macédoine d’Egée, qui se manifesta par une collaboration camouflée contre le mouvement de résistance des peuples de la Grèce, voire du peuple grec et slavo-macédonien. Dès lors, il est bien aisé d’aboutir à la conclusion que cette collaboration se faisait après une entente mutuelle.

    Cette collaboration des agents de Tito et de l’Intelligence Service, se manifesta dans la pratique aux heures critiques d’octobre 1944, lorsque, au moment où les Allemands, devant le danger d’être coupé par l’Armée Rouge qui avançait, et sous les coups de l’E.L.A.S quittaient la Grèce et le pouvoir passait aux mains du peuple, un autre agent de Tito, Gotché, divisa l’E.L.A.S. en Macédoine Occidentale, et avec un bataillon d’Elassites macédoniens se réfugia en Yougoslavie, provoquant des incidents sanglants et une mauvaise situation dans cette région.

    A la même époque les Anglais parachutaient indirectement, en octobre 1944, des, armes et de munitions aux groupes des Slavo-macédonniens, qui étaient dirigés directement par la Yougoslavie, disloquant ainsi l’unité du mouvement de résistance du peuple grec et slavomacédonien. Ces parachutages se faisaient à l’aéroport de Chromiista soit-disant pour l’E.L.A.S. De là les Anglais transportaient le matériel et l’emmagasinaient à Vaspori, d’où il était soi-disant volé par les groupes de Péïos et de Gotché pour être employé contre l’E.L.A.S.

    Entre-temps, à Monasitri on lançait le mot d’ordre de la complète de Salonique.

    Ces groupes continuèrent à exister aussi après l’accord de Varkiza, jusqu’en 1946, et étaient dirigés par le dit Comité Politique de la Macédoine de l’Egée, qui avait sou siège ,à Skoplje et qui recevait des ordres directement Coliseiski.

    L’activité de ces groupes s’enchevêtre aussi avec l’activité post-varkizienne des agents anglais de l’Intelligence Service, qui avaient comme point de départ le vice-consulat à Florina, que les Anglais se dépêchèrent de fonder, sans aucune raison après la libération, et qui avaient comme agents-chefs le vice-consul Hills et l’officier anglais Evans (A noter ici, que les Anglais supprimèrent ce vice-consulat quand fut dévoilée son activité par la presse progressiste de notre pays, quelques jours avant l’arrivée en Grèce de l’autre agence officielle de l’impérialisme, la soit-disant commission Balkanique -de l’O.N.U.).

    Dans la période de l’intervention ouverte des impérialistes anglais à Athènes, en décembre 1944, la pression de la part des Yougoslaves dans la question macédonienne fut un peu relâchée, — sans cependant cesser complètement — mais ceux-ci n’aidèrent le moins du monde le peuple grec dans la nouvelle phase sanglante de sa lutte libératrice.

    Quand l’accord de Varkiza fut signé, l’attaque recommença sous le mot d’ordre qu’il s’agissait,d’une trahison, que le Parti Communiste de Grèce s’était vendu aux Anglais, etc.

    Les groupes continuèrent leur activité qui commença de prendre aussi une forme sanglante par l’assassinat de cadres slavo-macédoniens restant fidèles sous les drapeaux de l’E.A.M. et du Parti Communiste de Grèce De tels assassinas eurent lieu dans les villages Maniaki, Lefki, Tichio, etc., tandis qu’en même temps on organisait des enlèvements de cadres Slavo-macédoniens qu’on transportait en Yougoslavie, comme ce fut le cas notamment de l’enlèvement de Georges Rogdanis du village Anclartiko, au mois de mars 1945.

    Là, on les pressait pour en faire d’eux des agents de l’O.Z.N.A. dans le Parti Communiste de Grèce et l’E.AM. et quand ils se refusaient on leur interdisait de rentrer en Grèce prendre part à la lutte du peuple grec et slavo-macédonien dans les nouvelles conditions de l’occupation anglaise et de la terreur sanglante monarcho-fasciste.

    Encore prenaient-ils une position négative et hostile à l’égard des luttes et de la politique de l’E.A.M. et de notre Parti.

    A nos mots d’ordre ils répondaient par des mots d’ordre à eux. qui servaient le monarcho-fascisme et les Anglais.

    En voilà un exemple: Au mot d’ordre de notre Parti de nous présenter et nous enrôler dans l’armée qu’organisait l’Etat d’après-décémbre, les agents de Tito jetaient le mot d’ordre réactionnaire, que personne ne devait se présenter, chose qui faisait difficile notre travail dans les nouvelles forces armées qu’organisait le monarcho-fascisme.

    En même temps ils lançaient, de concert avec les gens de Hills et d’Evans, des mots d’ordre autonomistes parmi la population slavomacédonienne, facilitant ainsi la politique des provocations contre le mouvement démocratique, progressiste, de la Grèce, des provocations, qu’organisaient le monarcho-fascisme et les occuppants anglais et qui justifiaient les incursions des hordes du rnonarcho-fascisme et des Anglais dans les villages de la Macédoine, des incursions qui coûtaient cher en sang à notre peuple. En avril 1945 est fondé à Skoplje la N.O.F. spécialement pour la Macédoine de l’Egée, comme une extension de la politique de Tito dans notre pays Un peu plus tard les premiers groupes nofistes font leur apparition en Grèce.

    Au début ils se présentent comme une continuation des groupes et recevaient leurs directives de la Yougoslavie.

    La N.O.F. avait au commencement un caractère restreint. Le peuple macédonien la regardait avec méfiance, car il flairait des agents étrangers derrière.

    Alors sont organisés les premières cellules dans le Parti Communiste de Grèce et l’E.A.M., par des agents de Tito et des gens du disloquant ainsi l’unité de tous les deux. Dans ces premiers groupes de la N.O.F. agissaient à leur aise, les gens de Hills et (l’Evans, dont un agent fut Klistidis de Crystalopighi.

    Quand le 7e Congrès du Parti Communiste de Grèce prit la résolution de dissoudre ses organisations dans les villages et que ses membres et ses cadres devaient adhérer au Parti agraire de Grèce, les agents de Tito s’opposèrent à cela, pensant ainsi pécher dans les eaux troubles.

    Cependant la vie, par un travail dur du Parti Communiste de Grèce, transforma vite l’organisation de la N.O.F. en une vraie organisation libératrice du peuple slavomacédonien.

    A cela contribua tout d’abord la position positive que commença à prendre notre Parti envers cette organisation depuis fin 1945, ce qui permettra la N.O.F. de devenir une organisation de masse et d’être arraché graduellement aux griffes des agents titistes.

    Les agents de Tito, dès ce moment, commencent à organiser les cellules du P.C.M. dans la N.O.F., ainsi que dans le Parti Communiste de Grèce, afin de continuer leur travail de scission, de sape et de provocation. au moment où il était devenu clair qu’en Grèce la situation s’acheminait vers une nouvelle confrontation armée entre le peuple et le monarcho-fascisme; ce dernier étant ouvertement secondé par les impérialistes anglo-américains.

    Nous sommes au milieu de l’année 1946. Désormais la tactique de la clique traîtresse de Tito, Coli-sefski et de leurs agents Gotché-Kéramidlief, etc., s’adapte à la nouvelle situation.

    La persécution implacable du peuple slavomacédonien par les hordes du monarcho-fascisme et des Anglais avait comme résultat que des dizaines de milliers de Slavo-macédoniens avec leurs familles passèrent la frontière et partirent pour les Démocraties Populaires. Un grand nombre d’entre eux partirent en Yougoslavie. Quand commença la nouvelle lutte armée pour la libération de la Grèce du monarcho-fascisme et des impérialistes étrangers, des millions de réfugiés s’apprêtent pour rentrer à leur patrie prendre part à la nouvelle lutte armée de leur peuple au côté du peuple grec.

    Cependant les gens de Tito et de Colisefski empêchaient et interdisaient de-mille façons leur retour.

    De cette façon ils appuyaient l’oeuvre sanglante du rnonarcho-fascisme et des Anglo-Américains qui tâchaient et tâchent de subjuguer le fier peuple grec et de transformer son pays en tête de pont militaire et base stratégique contre les pays de Démocratie Populaire et l’Union Soviétique.

    Et quand la lutte armée en plein essor du peuple grec, conduisit à là création de l’ATM. et plus tard du GID.P., les gens des traîtres Tito-Colisefski-Gotché-Keramidjief, organisèrent à Skoplje un centre de scission, d’organisation de désertions et d’espionnage au dépens de la DSE combattante, dit Parti Communiste de Grèce et de la N:O:F:, laquelle trouva définitivement le droit chemin, surtout par son dernier deuxième Congrès.

    Le but de leur activité, c’est comme le souligne la dernière résolution du K.O.E.M., de saper le Parti Communiste de Grèce et surtout la N:O.F: du dedans, soumettre leur politique à celle du P.C: de Yougoslavie, dont l’aspiration principale était d’annexer la Macédoine de l’Egée y compris Salonique à la Yougoslavie afin que la question macédonienne soit résolue non, certes, conformément aux intérêts du peuple macédonien, mais afin de l’enchevêtrer encore plus, en lui donnant une solution conforme aux intérêts de la clique traîtresse chauviniste trotskiste de Tito qui se trouve au service des impérialistes anglo-américains, lequel organise la troisième guerre mondiale.

    De ce point jusqu’à la dernière dégradation des traîtres du Belgrade et de Skoplje, qui ont permis que des troupes monarcho-fascistes passent par le territoire yougoslave pour frapper dans le dos les unités de la DSE à Kaïmaktchalan, la voie était ouverte.

    Mais nous ne nous arrêterons pas sur cette question.

    Le but de notre article est de montrer le rôle suspect et contre-révolutionnaire qu’ont joué ces traîtres abjects en exploitant la question macédonienne et le noble désir d’un peuple martyr pour sa liberté, non pour la résoudre conformément à l’intérêt de la révolution et de la démocratie, mais dans l’intérêt de l’impérialisme mondial qui s’écroule et qui, empêtré dans ses contradictions, projette la répétition de l’opération hitlérienne, dont la fin pitoyable l’épouvante encore.

    Cependant, le jour n’est pas loin où les peuples de Yougoslavie avec le peuple de la Macédoine du Vardar, qui, au lieu de liberté trouve des nouvelles chaînes fascistes, mettront fin au régime criminel de Tito, de Colisefski et de toute la canaille des traîtres qui les suivent.

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  • Le KKE et la révolte de Tachkent

    Lorsque le KKE décide de cesser la lutte armée, la DSE dut organiser son repli. 55 381 personnes, dont 17 352 enfants, quittèrent la Grèce.

    Voici la répartition des réfugiés grecs dans les différents pays de l’est européen et l’URSS :

    – Bulgarie : 3 021 dont 1 140 du KKE ;

    – Hongrie : 7 253 dont 1 017 du KKE ;

    – Pologne : 11 458 dont 3 132 du KKE ;

    – Roumanie : 9 100 dont 1 279 du KKE ;

    – Tchécoslovaquie : 11 941 dont 1 707 du KKE ;

    – République Démocratique Allemande : 1 128 (uniquement des enfants)

    – URSS : 11 980 dont 8 173 du KKE.

    Environ 70 % des réfugiés venaient de la paysannerie ; environ un tiers était membre du KKE. En URSS, c’est l’Ouzbékistan qui accueillit les réfugiés, dans le quartier Politeies de la capitale Tachkent.

    Le KKE tint rapidement son troisième congrès, du 10 au 14 octobre 1950, réaffirmant ses positions. Le prestige historique du KKE est alors très grand et lors du XIXe congrès du PCUS en octobre 1952, Níkos Zachariádis est mis en avant comme l’une des principales figures du mouvement communiste international.

    Or, comme il est connu, le révisionnisme prit le contrôle du Parti Communiste d’Union Soviétique à la suite de la mort de Staline. Par conséquent, le révisionnisme soviétique devait également procéder à la transformation, de gré ou de force, du KKE.

    C’est dans ce cadre que se produisirent ce qui fut connu sous le nom des « événements de Tachkent ». Le PCUS de Nikita Khrouchtchev lança une offensive en s’appuyant sur une petite fraction au sein du KKE. Les militants de ce dernier, au nombre d’environ 200 sur les 7500, prirent d’assaut le siège local du KKE, en septembre 1955.

    Ce fut un échec et le résultat fut qu’il y eut des centaines de blessés, avec l’intervention de la police. Le KKE ne se démonta pas et, au Ve plénum du Comité Central en octobre 1955, dénonça les « éléments aventuriers » tant grecs que soviétiques.

    C’est la première bataille anti-révisionniste ouverte, une page de gloire pour le KKE et son dirigeant Níkos Zachariádis.

    Níkos Zachariádis

    Ce dernier assuma entièrement sa position lors du XXe congrès du PCUS, qui se déroula peu de temps après, en février 1956. Mikhaïl Souslov, qui devint par la suite le principal théoricien de Léonid Brejnev, y demanda que les passages critiquant le PCUS soient éliminés de la position du Comité Central du KKE : Níkos Zachariádis refusa.

    Au même moment, la justice de l’URSS révisionniste poursuivit pour « vagabondage » et « hooliganisme » des vétérans de la DSE, dont l’ancien général Giorgos Kalianesis et le lieutenant-colonel Dimitris Vyssios.

    Les condamnés furent exilés en Sibérie, dans des camps juste adjacents à ceux de criminels de guerre nazis ; alors que les réfugiés grecs survivaient de patates pourries, les anciens nazis étaient considérés comme des prisonniers de guerre et ne travaillaient pas, recevant des aides régulières de la croix rouge allemande.

    Devant le refus général du KKE de céder, le lendemain même du refus à Mikhaïl Souslov de Níkos Zachariádis, le PCUS organisa un comité afin de briser le KKE.

    Ce comité était fondé de représentants des partis de Bulgarie, de Hongrie, de Pologne, Roumanie, de Tchécoslovaquie et d’URSS (respectivement Yugov, Kovac, Mazur, Dej, Barak, Kuusinen), et sa tâche n’était pas moins que d’organiser le VIe plenum du Comité Central du KKE.

    Le dit plenum fictif se tint alors en mars 1956 en Roumanie et procéda à l’éviction de Níkos Zachariádis du poste de secrétaire général, alors qu’un autre plenum fictif, le VIIe officiellement, alla une année après jusqu’à accuser Níkos Zachariádis d’être un agent des services secrets anglais.

    Níkos Zachariádis fut alors exclu du KKE fictif formé par le PCUS et exilé à Borovits, dans la banlieue de Moscou ; cet épisode de prise de contrôle par ce « comité » ne sera reconnu par le « KKE » révisionniste qu’en 1997.

    Níkos Zachariádis tenta alors coûte que coûte de reprendre contact avec le KKE authentique à Tachkent, d’où en 1958, 6 000 communistes historiques envoyèrent une lettre aux Comités Centraux des partis d’URSS, de Chine populaire, d’Italie, de France, de Vietnam, de Cuba, de Corée, d’Albanie, de Bulgarie, de Pologne, de Hongrie, de Roumanie, de Tchécoslovaquie, protestant contre la liquidation du Comité Central historique.

    Níkos Zachariádis tenta par la suite un coup politique en allant se réfugier, le 8 mars 1962, à l’ambassade de Grèce, demandant d’être rapatrié et jugé.

    C’était un coup de maître : si l’opération réussissait, il aurait été en mesure de réapparaître politiquement et de réaffirmer la ligne rouge du KKE authentique.

    L’URSS parvint cependant à remettre la main sur lui et l’exila à Sourgout, en Sibérie.

    Le PCUS proposa alors à Níkos Zachariádis de reprendre son poste s’il cédait, mais celui-ci formula des conditions authentiquement révolutionnaires et donc inacceptables.

    Níkos Zachariádis exigeait en effet de choisir ses collaborateurs et que le PCUS reconnaisse son rôle négatif à Tachkent, que le siège du KKE soit placé en Europe de l’Ouest, que les résolutions du 6e plénum en Roumanie soient annulés, que les réfugiés grecs présents à Tachkent puissent quitter l’URSS s’ils le voulaient.

    La conséquence fut que Níkos Zachariádis devint alors un exilé sans aucune reconnaissance juridique ni existence officielle, sans aucun droit de voyager en URSS même.

    Une autre initiative fut la décision de célébrer à Tachkent, le 27 mai 1962, l’opération historique menée par des membres du KKE ayant permis de hisser le drapeau grec à la place du drapeau nazi flottant sur l’Acropole à Athènes, le 30 mai 1941.

    Le PC d’Ouzbékistan menaça d’une très dure répression quiconque soutiendrait l’initiative et de fait le 18 mai un responsable du KKE fut arrêté, la police tabassant ensuite de manière barbare les communistes représentant la ligne historique du KKE venus protester, soixante personnes étant arrêtées, puis des licenciements en masse eurent lieu, avec des perquisitions, des confiscations de biens, etc.

    Les responsables du KKE furent arrêtés un par un, envoyés parfois en exil au Kazakhstan, recevant plusieurs années de prison.

    Níkos Zachariádis mena de son côté, par la suite, au moins quatre tentatives d’évasion et deux grèves de la faim, tout en écrivant de nombreuses lettres pour appeler à la formation d’une ligne rouge.

    Il ne se voit reconnu des droits politiques que le 16 juillet 1970, devenant officiellement un réfugié politique, avant de mourir trois années plus tard.

    Le décès de Níkos Zachariádis est apparu immédiatement comme suspect, en raison du timing tout à fait particulier. En effet, en 1967 la Grèce au gouvernement républicain connut un coup d’État militaire et devint la « Grèce des colonels ».

    Le Roi partit alors en exil volontaire et l’Armée gouverna en son nom, mais dès 1973, le régime était aux abois. Il organisa alors le 29 juillet 1973 un plébiscite républicain, alors que déjà en mai tout l’équipage d’un destroyer fit défection afin de demander l’asile politique et que quelques mois plus tard eut lieu la vaste révolte étudiante de novembre 1973.

    Or, comme il était évident que le régime modifierait sa forme, prenant un aspect « démocratique », il fallait que le KKE révisionniste puisse y trouver une place. Cela était cependant impossible si Níkos Zachariádis revenait, étant donné que sa ligne était en contradiction formelle avec le révisionnisme du KKE.

    C’est dans ce contexte que le KKE devenu révisionniste, publia une annonce expliquant que Níkos Zachariádis était mort d’une crise cardiaque le 1er août 1973.

    Cette version fut rejetée entièrement par les anti-révisionnistes, qui considérèrent que cela masquait en réalité son meurtre par le KGB. D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui le dossier est officiellement top secret en Russie.

    Níkos Zachariádis est d’ailleurs enterré en Sibérie sous le nom de Nicolaï Nicolayevits Nicolayev, garde-forestier né en Turquie, de nationalité grecque, avant d’être rapatrié en Grèce en 1991.

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  • Le KKE et Nikos Béloyannis

    De manière officielle pour la période de la guerre civile, l’État grec réactionnaire avait perdu 55 528 soldats, alors que 38 839 soldats de la DSE avaient été tués ou blessés.

    Mais la cessation de la lutte armée ne signifiait nullement la fin de la lutte des classes ; il restait d’ailleurs différentes unités et les deux derniers partisans de la DSE, Giorgos Tzompanakis et Spiros Blazakis en Crète, descendirent par exemple de la montagne en 1975 seulement, après l’effondrement de la dictature des colonels le 24 février.

    C’est le général Aléxandros Papágos, le dirigeant des armées réactionnaires soutenues par les États-Unis d’Amérique, qui reçut la charge de réorganiser le pays.

    Il fut nommé maréchal et avec l’appui américain fonda un rassemblement hellénique en s’appuyant sur le Parti Populaire, dont l’objectif était de prendre le contrôle du pays.

    Aléxandros Papágos

    La première tentative échoua, avec l’obtention de 36,53 % des voix aux élections de septembre 1951, le parti populaire maintenu obtenant 6,66 %, les deux partis libéraux 44 % à eux deux et la gauche démocratique unifiée (EDA) 10,57 %.

    Ce dernier chiffre était significatif, car l’EDA , rassemblait socialistes, anciens de l’EAM et de l’ELAS, paysans pro-KKE, personnalités liées au KKE, avec de nombreux candidats encore emprisonnés dans des camps sur des îles.

    Il y avait à ce moment encore 20 000 prisonniers, ainsi que 6 000 personnes soit condamnés à mort, soit condamnés à perpétuité.

    Parmi les députés élus de l’EDA, on retrouve Gavrildis, membre d’un parti paysan membre du gouvernement populaire en 1944, qui dirige par ailleurs l’EDA, ainsi que Saraphis qui fut commandant en chef de l’ELAS.

    Toutefois, peu après les élections, Gavrildis est de nouveau condamné en janvier 1952 et part en camp, où il meurt en septembre.

    En mars 1952 fut également fusillé Nikos Béloyannis, membre du Comité Central du KKE. Celui-ci avait quitté la Grèce en 1949, pour revenir quelques mois plus tard en mission de réorganisation ; il passa en procès deux fois, la seconde avec l’accusation de trahison afin de faire passer la peine de mort.

    Nikos Béloyannis
    Nikos Béloyannis

    Sa condamnation fut très connue de par le monde et amena de larges mouvement de soutien ; un symbole connu fut le tableau de Picasso, L’homme à l’oeillet, en référence à l’œillet rouge porté par Nikos Béloyannis à son procès.

    Meeting de cheminots en Roumanie en l’honneur de Nikos Béloyannis

    Alors, en novembre 1952, les nouvelles élections permirent enfin aux forces conservatrices de former le gouvernement, le rassemblement héllénique obtenant 49,22% des suffrages, ce qui avec le système électoral lui accordait alors 247 députés sur 300 ; l’EDA, avec 9,5% des voix, n’avait aucun député.

    Le maréchal Papagos devint alors premier ministre jusqu’à sa mort en 1955, permettant immédiatement l’installation de bases américaines, alors que Geórgios Papadópoulos est nommé intermédiaire entre la CIA et le service de renseignement de l’armée, ancien collaborateur des nazis dans les bataillons de sécurité, récupéré par les Britanniques puis les Américains.

    Le régime est alors verrouillé, d’autant plus qu’il y a un certificat de civisme qui est exigé pour le secteur public et que peuvent demander tant les entreprises que les propriétaires d’appartements aux locataires.

    Ce certificat, nécessaire également pour suivre des études, approcher les frontières, avoir une pension d’invalidité, travailler au port du Pirée, avoir un emploi dans les services considérés comme d’intérêt général tel que les hôpitaux, etc., relève de l’arbitraire le plus complet.

    Il pouvait être motivé par le fait de ne pas fréquenter assez l’église, d’acheter le journal de l’EDA, d’avoir un parent exilé, de ne pas avoir voté aux élections de 1946, etc.

    Pas moins d’un million de personnes vivaient sans ce certificat.

    Ce contexte de contrôle social permit au régime de procéder à des dévaluations, qui bien entendu ne touchèrent pas les richesses placées à l’étranger par les classes dominantes ; les États-Unis dominaient alors le pays de par leurs « aides » et leurs investissements.

    Jusqu’en 1955, il y eut 40 000 personnes emprisonnées, notamment au camp de l’île de Makronnissos marqué par la torture au service de la « rééducation ».

    5 000 personnes furent exécutées, et pourtant dès 1958 la gauche démocratique formait déjà la principale opposition au régime, obtenant 24,4 % des voix pratiquement un million d’électeurs.

    C’était la preuve de la vivacité permise par la position du KKE, qui connut toutefois d’importants et terribles changements.

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  • La trahison de la Grèce démocratique par la Yougoslavie de Tito

    Les événements de l’année 1949 sont à la fois rapides, nombreux et extrêmement complexes, tout en étant relativement trompeurs. En effet, si d’un côté la DSE est défaite, le KKE considère que ce n’est un épisode particulièrement douloureux d’une vaste séquence dont il va sortir victorieux.

    La situation est à considérer comme suit : les forces du progrès doivent chercher à éviter les campagnes d’encerclement et d’anéantissement des forces de la réaction. Jusque-là, la DSE avait montré ses capacités tout à fait excellentes à ce niveau.

    De par les particularités de la guerre civile grecque, l’aspect négatif était que les forces réactionnaires avaient procédé à l’évacuation de 700 000 personnes, afin d’assécher le potentiel de recrutement et d’approvisionnement de la DSE.

    La DSE reposaient par conséquent sur ce qui formait l’aspect positif de la situation : le fait que la Grèce avait des frontières avec trois pays étant des démocraties populaires. L’Albanie, la Yougoslavie, la Bulgarie permettaient aux troupes de la DSE de passer leurs frontières pour contourner l’ennemi, s’occupaient des blessés, fournissaient du matériel militaire et de la nourriture.

    Un autre moyen de la DSE était également la récupération sur l’ennemi ; lorsque la DSE prit Karpenissi en janvier 1949, elle récupéra 27 lance-grenades et 4000 grenades, 12 mitraillettes lourdes, 6 canons anti-chars, 700 fusils et un million de munitions, 6 émetteurs-récepteurs, de très nombreuses caisses de grenades et 600 000 kilos de rations alimentaires.

    A cela s’ajouta le recrutement de 1300 personnes.

    La situation était ainsi délicate, la DSE ne pouvant que difficilement recruter, mais les forces réactionnaires ne parvenaient pas à détruire la DSE. Cette situation, comme le notait Níkos Zachariádis, était intenable à terme pour le régime, qui révélait de plus en plus sa position de laquais anglo-américain exerçant un régime terroriste sur les masses, avec le gouvernement démocratique de la Grèce libre proposant une alternative stratégique.

    La catastrophe se produisit, cependant, avec la trahison yougoslave. Non seulement la Yougoslavie de Tito comptait s’approprier la Macédoine, mais elle cherchait ouvertement à transformer la Bulgarie entière en république yougoslave, tout comme par ailleurs l’Albanie avec encore davantage de pression.

    Les activités de la Yougoslavie s’alliant avec les forces anglo-américaines, notamment dans l’espionnage, avaient été dénoncés par le Kominform et la Yougoslavie tomba le masque en soutenant les forces militaires du régime réactionnaire grec, leur permettant de franchir les frontières yougoslaves, désormais fermées à la DSE.

    Níkos Zachariádis constate ainsi dans son article La clique de Tito poignarde dans le dos la Grèce démocratique populaire, publié en août 1949 dans Pour une Paix durable pour la Démocratie Populaire, l’organe du Kominform :

    « Le régime monarcho-fasciste s’est trouvé dans une situation critique.

    Dans leurs rapports, les généraux Papagos, Vendiris, Tsakalotos et autres ont reconnu franchement que le moral de l’armée avait fléchi. Des centaines de soldats et d’officiers ont été passés par les armes. Le roi Paul fut lui-même obligé de parler d’une crise morale dans l’armée.

    La situation économique de la clique d’Athènes n’était pas meilleure et la crise politique sapait de plus en plus profondément les bases du monarcho-fascisme.

    A l’étranger comme à l’intérieur du pays, des gens que l’on était loin de considérer comme nos amis, ont commencé à comprendre que la seule issue pour les réactionnaires était de résoudre pacifiquement les problèmes et de conclure un accord.

    La trahison de la clique Tito est venue juste au moment où la crise du monarcho-fascisme atteignait son point culminant.

    Elle a créé de nouvelles et sérieuses difficultés à notre mouvement démocratique populaire : en effet elle a renforcé les impérialistes anglo-américains dans leur décision de garder la Grèce à tout prix, justement pour tirer le plus grand Profit de la clique Tito et élargir leur place d’armes dans les Balkans.

    En même temps, le passage de la clique Tito dans le camp de l’impérialisme a relevé le moral déprimé du monarcho-fascisme. »

    A cela s’ajoutait un autre problème, très important : historiquement, les femmes constituaient plus de 30% des effectifs militaires de la DSE, ainsi que 70% du personnel médical et de soutien.

    Mais un autre aspect était une proportion à peu près aussi importante de personnes d’origine slavo-macédoniennes, qui avaient à subir la contre-propagande yougoslave, les tentatives de déstabilisation, d’infiltration, etc.

    Le KKE résumait ainsi, sur ce plan, dans La clique de Tito et le Parti Communiste de Grèce :

    « Au temps de la double (allemande-italienne) et pour la Macédoine la triple (allemande-italienne-bulgare) occupation, les chauvinistes de Tito ont joué le jeu des occupants étrangers et de l’Intelligence Service, qui avaient comme but d’empêcher l’union des mouvements de résistance nationale, de disloquer l’unité de lutte du peuple grec et slavo-macédonien.

    Leur campagne calomniatrice était en premier lieu dirigée contre le Parti Communiste de Grèce — tout comme la campagne des occupants et de l’Intelligence Service – et avait comme but (en exploitant les fautes et les faiblesses du Parti Communiste de Grèce) de voiler le fait irréfutable que le Parti Communiste de Grèce a toujours été un ennemi du nationalisme belliqueux dans les Balkans et a lutté contre les plans de subordination, et de partage de la Macédoine qu’avaient les monarchies balkaniques et les cliques capitalistes. »

    Non seulement la Yougoslavie cessait le soutien pratique prévu par la DSE, mais elle bloquait la possibilité d’échapper aux campagnes d’encerclement, et elle empêchait en même temps de profiter de l’Albanie et de la Bulgarie, se situant respectivement à l’est et à l’ouest de ces pays, tout en séparant arbitrairement les forces de la DSE.

    Cela ne pouvait que provoquer une désorganisation très profonde de la DSE.

    Les forces réactionnaires surent en profiter. Devant l’impossibilité d’écraser la DSE, mais en ayant en tête la question yougoslave, il fut décidé de grimper le nombre d’hommes en armes à 263 000 combattants et de procéder à une campagne générale d’anéantissement, l’opération fusée.

    Cette décision était faite au plus haut niveau de l’État grec, c’est-à-dire les impérialismes américain et britannique, de manière pratiquement officielle, puisque la direction militaire de l’État monarcho-fasciste grec revenait officiellement à un conseil de guerre auquel appartenait les principaux membres du gouvernement, le chef des armées, l’ambassadeur américain ainsi que le chef de la mission militaire britannique.

    Couverture du Time magazine mettant en avant la figure militaire américaine gérant la guerre anti-DSE en Grèce

    L’opération fusée visait à réussir cette fois la campagne d’encerclement et d’anéantissement, en sachant que les marges de manœuvre de la DSE étaient cette fois plus qu’amoindries. Elle visait à bloquer l’accès consiste en un plan de trois mois visant à nettoyer zone par zone, par ratissage, dans le centre du pays.

    Elle fut ensuite prolongée par l’opération torche, visant simultanément les monts Gramos et Vitsi et appuyé par 42 avions Helldiver, à quoi s’ajouta la menace d’une invasion générale grecque, ainsi que yougoslave, de l’Albanie, qui appela alors l’URSS à la rescousse en catastrophe, son dirigeant Enver Hoxha critiquant de manière très offensive Níkos Zachariádis et le KKE.

    Devant cette situation explosive, les principales forces de la DSE sont obligées de se replier en août 1949 en Albanie, qui procède au désarmement des troupes, dont les membres partent dans d’autres pays des démocraties populaires d’Europe de l’est.

    Cette situation traumatisera l’Albanie d’Enver Hoxha, qui réduira à partir de là toujours plus sa ligne à une dénonciation permanente du titisme, avec la crainte d’une annexion en arrière-plan.

    De son côté, le VIe plénum du VIIe congrès KKE tenu en Albanie annonça en octobre 1949 la cessation de la lutte armée, le VIIe plénum se tenant en mai 1950 en Bulgarie.

    Toutefois, en décembre 1950, Níkos Zachariádis considère encore que si le chemin est sinueux, la victoire est au bout, malgré la défaite de la DSE. Il conclut de la manière suivante son article « Le peuple de Grèce achèvera la victoire », publié dans l’organe du Kominform, Pour une paix durable, pour une démocratie populaire :

    « En écrasant l’opportunisme défaitiste et en purgeant ses rangs de tous les éléments capitulateurs et des agents ennemis, le Parti Communiste de Grèce, loyal au marxisme-léninisme, portera haut la bannière de la lutte contre les pillards américains et britanniques et conduira notre peuple à la victoire finale, quels que soient les difficultés et obstacles qui restent à surmonter. »

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  • Le KKE et la démocratie populaire: 1949, le tournant décisif

    La venue de Paul Eluard coïncide avec un moment où le KKE est le fer de lance pour la bataille de la démocratie populaire, au point qu’il est considéré dans l’est européen que la Grèce allait bientôt rejoindre le camp démocratique. Voici comment le KKE voit les choses, au début de l’année 1949, dans une résolution.

    Celle-ci est issue de la tenue du cinquième Plénum commun du Comité Central du KKE, qui s’est tenu les 30 et 31 janvier 1949 ; elle a comme titre La Grèce sur la voie de la victoire devant le tournant décisif. On remarquera que le rôle essentiel de la révolution chinoise est soulignée dès le début du document.

    La campagne américaine et monarcho-fasciste de 1948 qui visait à exterminer l’Armée Démocratique de Grèce (D.S.E.), à noyer dans le sang le mouvement populaire démocratique du peuple et à transformer la Grèce à un sûr bastion militaire et guerrier des impérialistes, a été vouée à l’échec. Grammos et Vitsi se sont érigés en symboles immortels, en étendards de la résolution du peuple de lutter et de vaincre.

    L’« aide » américaine a augmenté l’effusion du sang en Grèce, mais elle n’a pu faire sortir le monarcho-fascisme de sa crise.

    Les conditions actuelles sont caractérisées par ce qui suit : Le camp mondial de la démocratie et du socialisme, avec la Grande Union Soviétique en tête, avance fermement et d’un rythme accéléré vers de nouveaux succès et conquêtes.

    De l’autre côté, la crise générale du camp impérialiste s’approfondit continuellement, les difficultés grandissent, en raison justement du plan Marshall, et les peuples, tant dans les pays capitalistes que particulièrement dans les pays dépendants et les colonies, se soulèvent résolument contre l’asservissement impérialiste, ayant pour ayant-garde le peuple de Chine qui conquiert victorieusement sa liberté et son indépendance.

    Dans ces conditions, le monarcho-fascisme s’égare toujours davantage au milieu des difficultés, de la crise et de l’impasse qu’il a lui-même provoquées.

    La D.S.E. est sortie de l’épreuve de 1948 plus forte, plus grande et plus aguerrie.

    Le mouvement de libération nationale s’est étendu à de nouvelles régions, en premier lieu au Péloponnèse. L’autorité du Gouvernement Démocratique Provisoire (G. D. P.) qui lutte inlassablement et avec conséquence pour la paix et pour l’entente démocratique honorable, s’est affermie et agrandie.

    Les masses populaires des villes font plus énergiquement face à l’offensive ploutocratique et à la terreur meurtrière.

    Les soldats, les. gardes nationaux et les officiers honnêtes non seulement comprennent que le sang coule en Grèce pour les intérêts seuls des impérialistes américains et anglais et des ploutocrates indigènes, niais ils commencent aussi à manifester ouvertement leur volonté de tranquillité et de paix.

    Le monarcho-fascisme s’isole toujours davantage du peuple et il ne cherche à trouver une issue que dans le sang.

    Maintenant, en 1949, les destinées du monarcho-fascisme et de l’américanocratie en Grèce dépendent exclusivement et seulement des réussites de la D.S.E. aux combats, du soulèvement du peuple dans les villes, de l’application résolue et, conséquente de notre politique de fraternisation, d’entente et de paix.

    Les souffrances du peuple peuvent prendre fin en 1949 et la Grèce peut parvenir à la lumière et la liberté pourvu que tous les patriotes, hommes et femmes, accomplissent jusqu’au bout leur devoir envers le peuple et le pays.

    Les communistes appelés à se mettre à la tète des masses avec une résolution encore plus grande, toujours les premiers aux combats et aux luttes, toujours le modèle et l’exemple pour tous.

    Nous devons briser tout abattement, tout esprit de capitulation et de soumission, tout élément pris de panique et opportuniste dans nos propres rangs. C’est ainsi que plus forts, plus unis, plus robustes, nous conduirons le peuple à la victoire de la révolution populaire en Grèce.

    I. LA SITUATION EN GRECE MONARCHO-FASCISTE

    1. Durant 1948 la situation générale en Grèce occupée s’est empirée à l’extrême. Le contrôle sur toute la vie économique du pays est passé aux mains des américains.

    Mais les dollars n’ont apporté aucun soulagement parce qu’ils étaient presque exclusivement dépensés pour la guerre et remplissaient les poches des yankees et de leurs laquais indigènes.

    Le déficit du budget d’Etat dépasse les 1700 billions de drachmes. L’inflation s’accroît chaque jour et ne peut être arrêtée par les escamotages spéculatifs sur l’or.

    L’industrie continue de rester stagnante, sur un niveau de production atteignant la moitié de celui d’avant guerre et le chômage tourmente et ruine la classe ouvrière. Le commerce est paralysé.

    Le déficit de nos transactions avec l’étranger grandit, parce que les américains entravent nos exportations, celle du tabac en premier lieu. Le marasme de l’agriculture grandit.

    Plus de 700.000 paysans ont été évacués de force de leurs villages et entassés misérables et affamés dans les villes.

    Des prix extrêmement bas sont fixés pour les produits agricoles, tandis que les prix des articles de première nécessité montent, les salaires et les appointements baissent. La cherté de vie devient insupportable. Dans les villes, les masses populaires, ouvriers, fonctionnaires, artisans, boutiquiers, ne peuvent subsister.

    La paupérisation du peuple avec toutes les conséquences qu’elle entraîne, menace aujourd’hui son existence physique même.

    Et de l’autre côté les scandales et les concussions augmentent encore davantage le profit des ploutocrates et font preuve de la pourriture et de la décomposition, toujours croissantes, des classes dirigeantes. La guerre, qui dure depuis des années, a accru encore d’avantage l’insupportable malheur populaire.

    Rien qu’en 1948 le monarcho-fascisme a sacrifié aux intérêts de l’américanocratie des dizaines de milliers d’enfants du peuple.

    Partout on amoncelle des ruines et la seule « reconstruction » effectuée sont les aéroports, les routes militaires et les travaux entrepris aux ports dans des buts de guerre, que présagent encore plus de sang, de plus grands sacrifices, une longue guerre et l’implication dans des aventures extérieures de guerre, qui amènent et amèneront encore plus de ruines et de désastres.

    Durant 1948, le monarcho-fascisme se débattait dans un labyrinthe économique. Ses perspectives pour 1949 sont plus mauvaises encore. La crise économique de la Grèce monarcho-fasciste deviendra encore plus profonde et plus étendue en 1949.

    2. En 1948, le monarcho-fascisme a essuyé un échec général dans le domaine militaire et guerrier. Les américains et le monarcho-fascisme s’étaient complètement préparés en 1948 pour exterminer la D.S.E.

    Ils avaient organisé des forces armées —armée, garde-nationale, gendarmerie, MAY (unités d’autodéfense à la campagne), MEA (unités de défense nationale) etc. — dont les effectifs dépassaient les 300.000 hommes.

    Ces forces étaient munies de toutes les meilleures armes et moyens produits par la technique militaire-guerrière américaine. Ils ont éloigné de leurs foyers 700.000 paysans pour isoler la D.S.E..

    Et ils ont essayé d’étouffer la résistance populaire dans les villes par une terreur meurtrière qui a dépassé les modèles internationaux de terreur les plus classiques. Ils ont, encore, déclenché une propagande idéologique bien organisée, ils ont réalisé la « mobilisation spirituelle » pour influencer et abaisser le moral du peuple.

    Tous ces préparatifs ont été finalement résumés en le mot d’ordre : nous finirons en 1948. Ce mot d’ordre ils l’ont tous proclamé et diffusé : les américains, les anglais, les monarcho-fascistes, avec l’accompagnement de la réaction internationale.

    Mais les résultats ont démenti les ennemis du peuple. Les monarcho-fasciste et les généraux américains et anglais, au point de vue stratégique ont subi un échec sur toute la ligne.

    Nulle part ils n’ont réussi à clouer sur place et à exterminer la D.S.E.

    Ils ont perdu, surtout à Grammos, de centaines de milliers de leurs hommes d’élite. Vers la fin de 1948 ils ont vu se disperser aux quatre vents leurs succès tactiques de toute l’année. Tsacalotos, bien qu’on lui ait donné deux corps d’armée et qu’il devint en réalité le général en chef de l’armée, se cassa les dents à Vitsi.

    La D.S.E. occupe solidement le corps de Pinde. Elle a repris Grammos.

    Au Péloponnèse fut créée une situation qui menace de renverser toute la perspective stratégique du monarcho-fascisme et toute la situation militaire et guerrière en Grèce.

    Dans tout le pays, l’initiative est passé entre les mains de la D.S.E. chose qui apparaît clairement surtout aux opérations qui eurent lieu à Karditsa, Naoussa, Karpenissi.

    Les soldats et gardes-nationaux présentent des signes manifestes de fatigue, de désagrégation et de réveil.

    Les [illisible] sanglantes prises par le commandement militaire américain et monarcho-fasciste, les nombreuses centaines de soldats et d’officiers exécutés, aggravent cet état de choses.

    Le commandement militaire monarcho-fasciste et Van Fleet ont échoué sur toute la ligne. Le monarcho-fascisme traverse actuellement une crise profonde militaire et guerrière, qui embrasse toute son armée et l’oblige à changer encore une fois sa direction militaire.

    3. La crise économique et l’échec militaire et guerrier ont aggravé la crise politique permanente du monarcho-fascisme et ils ont ébranlé encore davantage le moral au camp de notre adversaire.

    Toute l’année 1948 est caractérisée par une permanence de disputes et de contradictions parmi le monde politique adversaire. Il y a une crise gouvernementale latente et permanente et seulement l’attente d’un succès militaire sérieux l’empêche d’éclater ouvertement.

    Lorsque cet espoir fut perdu, la crise a éclaté ouvertement.

    Mais le monde politique monarcho-fasciste avec son faux-parlement se trouve dans l’impuissance de donner une solution à cette crise. Parce que cette crise ne peut trouver une solution parlementaire, étant donné que dans cette lutte c’est le peuple qui décide dans les batailles et les combats ouverts et en dehors du faux-parlement.

    Sous la pression américaine le fabricant Sophoulis-Tsaldaris a essayé de se maintenir au pouvoir. Mais il s’est avéré incapable de faire face soit à un seul des problèmes qui ébranlent la réaction et son régime.

    Maintenant Grady, en rentrant des États-Unis, a cuisiné de nouveau, en commun avec Noel Baker, un gouvernement « d’unité nationale ». Un gouvernement Sophoulis-Diomidis a été formulé avec la participation des quatre partis et avec Pagos comme général en chef.

    Ce nouveau fabricant américano-anglais se trouve dès le premier jour devant des difficultés politiques, économiques et militaires insurmontables et sa banqueroute est inévitable.

    Il en résulte que les milieux politiques et militaires les plus réactionnaires, encouragés par certains milieux américano-anglais, s’orientent toujours plus ouvertement vers une dictature militaire, ayant comme premier candidat-dictateur dé la liste Papagos, courtisan de la cour royale et banqueroutier de la guerre gréco-italienne, nouvellement nommé général en chef.

    C’est là que la réaction croit pouvoir trouver une planche de salut, une possibilité dé relever le moral abattu dans ses rangs et mettre un frein à la vague populaire qui monte chaque jour et dont la revendication immédiate sont l’entente, la tranquillité et la paix, sans l’intervention impérialiste américaine qui tient la Grèce plongée dans le sang.

    Mais l’instauration d’une dictature ouverte, sans pouvoir changer quoi que ce soit, surtout à la situation militaire, accentuera le rythme de la décomposition dans le camp ennemi et de la différenciation parmi les larges couches.

    4. Le monarcho-fascisme entre en l’année 1949 en se débattant dans sa crise multiple — économique, militaire, politique et morale — crise qui se manifesté aujourd’hui avec plus d’intensité et d’acuité que jamais auparavant.

    Jamais la réaction monarcho- fasciste, ploutocrate de notre pays n’avait été aussi isolée du peuplé qu’elle l’est aujourd’hui.

    Plus que toute autre fois, le monarcho-fascisme se maintient aujourd’hui seulement grâce à l’aide multiforme et à l’appui que lui tendent les impérialistes américains et anglais. Grammos, Vitsi, le Péloponnèse, la Thessalie, les coups portés dans les villes ont engendrés en 1948 un fait nouveau pour le monarcho-fascisme : c’est la crise morale-politique dans ses rangs, l’abaissement du moral des soldats et des gardes-nationaux.

    C’est l’ébranlement de leur conviction qu’ils pourront en finir par la force des armes et la certitude acquise au prix de beaucoup de sang qu’ils ne peuvent pas vaincre la D.S.E., que le sang coule en vain et seulement parce que les ploutocrates américains et indigènes le demandent, que la paix viendra seulement par la fraternisation et l’entente démocratique honorable avec la D.S.E., par la « plume » comme le disent les soldats et les gardes nationaux.

    Ce fait nouveau créé par la résistance et les victoires de la D.S.E. constitue un des facteurs les plus décisifs de la victoire pour l’année 1949, pourvu que nous appliquions intégralement notre politique de réconciliation populaire, l’entente démocratique honorable et de fraternisation avec les soldats, les gardes nationaux et les officiers honnêtes.

    II. LE CAMP POPULAIRE-DEMOCRATIQUE ET LA D.S.E.

    En 1948, notre mouvement populaire démocratique, tout en faisant face à des difficultés énormes, présente un développement constant. Le G. D. P. avance dans son oeuvre avec des résultats positifs. Nos institutions populaires s’enracinent et conquièrent le peuple, exercent aussi leur influence sur les masses populaires des régions occupées.

    Le peuple se rend compte et se persuade que le G. D. P. et notre régime populaire-démocratique, malgré nos fautes et plusieurs manifestations négatives, constituent une base pour sortir du chaos créé et alimenté par l’occupation étrangère et le monarcho-fascisme, pour que la Grèce puisse parvenir à la lumière de renaissance démocratique en acquérant la liberté, l’indépendance, la paix et une vie nouvelle.

    Nous avons passé une année difficile, mais la formation du G. D. P. et son oeuvre ont été un facteur de stabilisation de notre mouvement. Notre influence a grandi à l’étranger. Nos amis sont devenus plus nombreux.

    Nous trouvons un appui multilatéral auprès des démocraties populaires et sans cet appui, nous ne serions pas là où nous en sommes aujourd’hui.

    Nous devons particulièrement souligner l’appui unanime que le G. D. P. et la D.S.E. ont trouvé auprès de la population macédonienne et grecque à Vitsi, ainsi que le développement de notre régime dans le Péloponnèse où fut créée la région libre la plus vaste jusqu’à ce jour.

    L’arrivée en Grèce Libre du B. P. du C. C. du Parti Agraire de Grèce est une aide considérable pour le développement et la stabilisation ultérieurs du mouvement, et couronne la contribution immense et inestimable que la paysannerie offre à notre révolution populaire, par ses luttes et ses sacrifices, par sa participation en masse à la D.S.E.

    Nous devons protéger comme la pupille de nos yeux la liaison étroite et indissoluble avec le peuple, car c’est là que se trouve la garantie pour la victoire.

    6. En 1948, la D.S.E. a grandi, elle a atteint la maturité et a pu, fondamentalement, mener à bout. d’une manière juste, son effort de faire échouer les plans de l’ennemi.

    En luttant contre les traditions et les survivances de la lutte des partisans et en neutralisant les conceptions opportunistes qui affirment qu’une armée populaire révolutionnaire régulière n’a pas sa place en Grèce et que nous devons nous borner à des détachements de partisans jusqu’à ce que la situation internationale devienne favorable à notre égard, la D.S.E. dans la guerre, à Grammos-Vitedi dans tout-le pays, est en voie de devenir d’une façon ferme une armée populaire révolutionnaire, une armée libérant le pays de l’occupation impérialiste étrangère et du joug ploutocratique monarcho-fasciste.

    L’objectif stratégique fondamental de la D.S.E. en 1948 était d’user et d’épuiser l’armée monarcho-fasciste et sa campagne pour passer ensuite à la contre-offensive afin de repousser l’ennemi et le chasser d’une région importante du pays.

    La D.S.E. réussit à faire échouer tous les plans de l’ennemi, mais elle n’a pas pu réaliser dans son ensemble son propre objectif stratégique, parce que notre Parti n’a pas pu concentrer les réserves indispensables prévues dans notre plan stratégique.

    Objectivement, toutes les possibilités pour concentrer les réserves indispensables existaient, car plusieurs dizaines de milliers de patriotes grecs dans les villes et les régions occupées sont avec nous et désirent s’engager dans la D.S.E. mais par suite de notre faiblesse et de notre incapacité, nous n’avons pas réussi à surmonter les obstacles que l’ennemi a créés dans ce sens par les déportations, le blocus des villes, la terreur, et à recruter de nouvelles dizaines de milliers de combattants pour la D.S.E.

    C’est là seulement, et exclusivement là, que se trouve la raison qui a fait que nous n’avons pas pu rassembler les réserves indispensables et atteindre complètement cotre objectif stratégique fondamental en 1948.

    Mais malgré ce retard sérieux dans la réalisation totale de sa ligne stratégique, la D.S.E. a fermement progressé vers la réalisation de ses buts objectifs.

    L’héroïque épopée de Smolikas-Grammos et ensuite la bataille victorieuse de Vitsi ainsi que l’activité de notre VIIIème division en Épire ont cloué sur place et usé pendant six, mois entier les principales unités de choc de l’ennemi et ont donné ainsi aux unités de la D.S.E., dans tout le pays et en premier lieu en Thessalie, au Péloponèse et en Macédoine Centrale, la possibilité de passer à la contre offensive, de porter des coups sérieux, d’user, de désagréger les forces considérables de l’adversaire, de le serrer, de lui saper encore davantage son moral, de consolider et d’élargir les régions libres, particulièrement dans le Péloponnèse.

    En 1948, la D.S.E. a victorieusement affronté la campagne de l’ennemi que nous avons forcé à la mener là où nous le voulions.

    Elle l’ a usé moralement et matériellement d’une manière efficace. Elle est devenue plus forte, ses cadres et ses combattants sont devenus plus expérimentés en l’art de guerre.

    Elle détient partout l’initiative. Elle a fait avancer ses positions et se trouve prête pour de nouvelles batailles et victoires. Aujourd’hui, la D.S.E. attaque et s’empare, des villes occupées par l’ennemi, comme ce fut le cas de Karditsa, Haoussa, Karpenissi.

    7. En 1948, on remarque le commencement d’un changement de la situation dans les villes. La politique américaine et monarcho-fasciste, qui rejette sur le peuple travailleur tout le fardeau économique et tout le sang de la guerre, renforce toujours davantage la résistance populaire dans les villes.

    Et cette résistance ne peut être étouffée, ni par la terreur meurtrière, ni par les trahisons des réformistes-fascistes au sein des syndicats, ni par les impostures et la démagogie de la propagande menée par les américains, les anglais et les monarcho-fascistes.

    Les masses laborieuses luttent. Le nombre des grèves se multiplie parmi les ouvriers, les fonctionnaires, les employés des banques et des entreprises privées, les boutiquiers.

    Les coups armés deviennent plus forts à Salonique, Volos, Athènes et dans les autres villes.

    La transformation de la paysannerie en une masse de réfugiés, mesure appliquée par la réaction sur une très grande échelle dans le but de nous isoler des masses paysannes se tourne aujourd’hui contre elle.

    Car les masses paysannes amassées dans les villes vivent dans la misère, affamées et sans abri et deviennent un élément de mécontentement et d’effervescence.

    Elles se rendent, de plus en plus clairement, compte que leur retour dans leurs village à et dans leurs foyers ne sera réalisé que si elles luttent aux côtés de la D.S.E.

    Les échecs militaires continus des monarcho-fascistes, la crise profonde dans tous les domaines que traverse la réaction et l’américanocratie, ensemble avec la faim et la pauvreté inimaginables qu’elles entraînent, ainsi qu’avec les coups et les victoires de la D.S.E. désagrègent encore plus les lignes et le moral de l’adversaire, éliminent lentement mais fermement les hésitations, les indécisions. et l’attentisme, mettent en mouvement les masses qui veulent sortir de cette situation tragique et luttent pour leur pain, pour leur tranquillité, pour la liberté et la paix.

    Les réserves du mouvement démocratique populaire dans les villes s’accroissent et elles doivent aligner le front de lutte de tout le peuple pour une vie supportable, pour l’indépendance et la paix par une solution démocratique honorable.

    Là se trouve l’un des facteurs décisifs de la victoire.

    8. En 1948, le Parti Communiste de Grèce (KKE) s’est fermement maintenu à son poste, en tant que dirigeant et organisateur de la lutte populaire dans tous les domaines, dans toutes les régions du pays.

    Les communistes, hommes et femmes, en luttant avec le peuple à la tête de la D.S.E, ont toujours été les premiers à l’honneur, les premiers à la guerre, les premiers au sacrifice.

    Quatre membres du C. C. du KKE les camarades Arabadzis, Vassiliadis, Mouzénidis et Tsitilos, ont donné leur vie dans les premières lignes de la lutte pour la liberté du peuple et pour l’indépendance de la Grèce.

    En 1948, l’opportunisme a été l’ennemi et le danger fondamental dans les rangs du KKE.

    A coté des théories de droite et opportunistes qui assurent que le monarcho-fascisme « a réussi à par-venir à un état de stabilisation politique et militaire relative », et que, par conséquent, notre lutte n’a pas de perspectives et que nous devons nous borner à une activité partisane jusqu’au moment où nous serons sauvés par « une aide année de l’étranger », théories qui font preuve d’abattement devant les difficultés et de capitulation devant l’ennemi, nous avons, de la part de quelques cadres supérieurs du Parti, des manifestations d’opportunisme dans l’action, des manifestations de fléchissement et de découragement devant les problèmes de la lutte armée.

    Nous avons aussi constaté de la part d’autres cadres supérieurs, des efforts pour surmonter les difficultés par des méthodes arbitraires, par un caporalisme, chose qui nous place en opposition avec le peuple et qui devient un élément réduisant les efforts combatifs et le rendement de la D.S.E.

    Simultanément, chez l’ancienne direction de l’organisation communiste de la ville d’Athènes et quelques membres de l’échelon du B. P. du C. C. du KKE, l’esprit de battre en retraite devant les difficultés et de nous soumettre à l’ennemi, a pris le dessus.

    Toutes ces manifestations opportunistes montrent un manque de foi en la force du peuple et la justesse de sa cause, un manque de foi en la victoire.

    Ces cadres dirigeants ont été influencés et se sont rendus à des influences étrangères petites-bourgeoises et réactionnaires, qui transplantent dans le Parti l’idéologie de la soumission à l’ennemi et mènent directement à la trahison. Le Parti a résolument combattu l’opportunisme capitulard en ses rangs. La lutte exterminatrice sans aucun compromis, contre les manifestations opportunistes prises de panique constitue un facteur décisif pour la victoire.

    Le 4ème Plénum avait indiqué que la liaison étroite avec la base, la liquidation de l’éloignement de la base sont un facteur décisif et constant pour que nos cadres, qui ont fait fausse route retrouvent le juste chemin.

    9. Le KKE, pour surmonter effectivement les manifestations opportunistes dans ses rangs, doit épurer son héritage idéologique de tout reste opportuniste.

    Le KKE du temps de sa lutte contre les liquidateurs et le trotskisme eut à faire face à des théories opportunistes qui prétendaient que la révolution populaire en Grèce ne peut vaincre toute seule, sans avoir vaincu dans d’autres pays, sans une aide immédiate des autres Etats de dehors.

    Cette théorie s’est consolidée en pratique dans la politique du Parti au temps de l’occupation hitlérienne, ainsi qu’au moment de l’intervention armée anglaise, en décembre 1944. Pendant l’occupation, le KKE perdait, au point de vue organisation, sa structure d’organisation nettement léniniste-staliniste et allait se dissoudre dans la large masse.

    Politiquement, il perdait son orientation et sa perspective marxiste-léniniste bien claire, dans la lutte générale antifasciste, à l’échelle locale et internationale.

    Il en résulta que le KKE n’a pas eu, aux moments critiques et décisifs, une perspective et une ligne politique marxiste-léniniste claire ; il n’a pas eu l’unité monolithique de politique et d’organisation indispensable à l’action.

    Le résultat fut que la direction du KKE ne croyait pas que la Grèce pourrait, à la suite de la 2e guerre mondiale et de la lutte héroïque de son peuple, obtenir sa libération populaire-démocratique sans une aide militaire directe de l’extérieur surtout contre l’intervention étrangère impérialiste armée.

    Ainsi, pas même I’ELAS n’a été organisé comme une armée populaire révolutionnaire qui pourrait, dans les conditions extrêmement favorables, créées, tant par la 2e guerre mondiale, par la victoire triomphale de l’U. R. S. S., que par la victoire de la démocratie populaire dans tous les pays voisins du nord, mener à bonne fin, même sans une aide étatique armée de l’étranger, la libération populaire démocratique du pays contre la réaction locale et les conquérants impérialistes étrangers.

    Le résultat final c’est que nous avons gagné la bataille contre les allemands, mais nous l’avons perdue contre les anglais. La Grèce est restée asservie.

    Et le peuple a été obligé de reprendre sa lutte armée pour l’indépendance et la démocratie populaire, avec la D.S.E. comme détachement armé de combat, lorsque l’occupation anglaise et le monarcho-fascisme lui rendirent la vie impossible.

    Pour mener à une fin victorieuse la lutte armée actuelle du peuple, nous devons épurer cet héritage opportuniste du passé, héritage duquel puise des armes idéologiques l’opportunisme capitulard, qui maintenant relève la tête et proclame que notre lutte armée actuelle est condamnée, que nous ne pouvons pas former une armée populaire révolutionnaire régulière capable de libérer la Grèce et que nous devons nous borner à de petites attaques partisanes en attendant la libération par l’aide étatique armée de l’étranger.

    Le KKE, et en particulier ses cadres dirigeants, doivent voir ouvertement leurs fautes opportunistes du passé.

    Ils doivent voir que la bataille de décembre 1944 contre l’intervention armée anglaise a été perdue non pas à cause des obstacles objectifs insurmontables, mais à cause de nos propres fautes, à cause de notre politique erronée.

    Quiconque soutient qu’en décembre 1944 nous ne pouvions pas vaincre les anglais, accède à la théorie opportuniste qui prétend que maintenant aussi nous ne pouvons pas vaincre l’intervention étrangère et le monarcho-fascisme, ne croit pas, au fond, en la force du peuple et ne voit pas que la D.S.E., malgré les difficultés énormes, avance fermement vers la victoire.

    Le KKE ne pourra pas assurer l’unité monolithique marxiste-léniniste de son organisation et de sa politique, extirper les manifestations actuelles d’opportunisme dans ses rangs — manifestations qui mènent à la capitulation devant l’ennemi et à la trahison envers le peuple — et conquérir la victoire, la libération de la Grèce, sans un épurement décisif et conséquent de cet héritage opportuniste, sans une critique ouverte de ses fautes, sans une auto-critique léniniste-stalinienne.

    Les communistes doivent comprendre que la particularité de la lutte actuelle, en comparaison avec la lutte contre le conquérant hitléro-fasciste consiste en ce que la mission de l’E. L. A. S., pendant la guerre anti-fasciste générale et pendant et avant l’intervention armée anglaise, était plus que secondaire, parce que la victoire contre le fascisme aurait été, en premier lieu, le résultat de son écrasement en Union Soviétique et par l’Armée Soviétique, tandis qu’aujourd’hui malgré l’aide multilatérale morale et matérielle nous donne l’humanité démocratique, l’écrasement armée du monarcho-fascisine et de ses soutiens et la libération de la Grèce qui en résultera ne peuvent être que l’oeuvre de la D.S.E.

    Cette mission, la D.S.E. ne l’accomplira complètement que lorsqu’elle se sera constituée en une forte armée populaire-révolutionnaire régulière.

    Sans cela, il n’y a pas de victoire, comme il n’y en a pas eu en décembre 1944 pour l’E. L. A. S. lorsque nous avons affronté seuls, la nouvelle situation, l’intervention armée anglaise, parce qu’elle n’avait pas été préparée au point de vue politique, organisation, et militaire guerrier pour une telle mission, pour une telle guerre.

    L’oeuvre d’organisation de la D.S.E. en une forte armée populaire-révolutionnaire régulière est une tâche fondamentale du KKE.

    Ce sont les communistes, organisateurs et dirigeants du peuple, avec tous les partis démocratiques du pays, les communistes qui, à Smolikas Grammos, dans tout le pays et maintenant au Péloponèse, à Naoussa, Karpenissi ont donné et donnent des exemples incomparables d’abnégation et d’héroïsme supérieur, d’art militaire et d’aptitude guerrière, ce sont les communistes qui, avec tous les autres compagnons de lutte démocrates, vont réaliser et compléter cette tâche et gagner la victoire quels que soient les sacrifices qu’ils seront appelés à faire.

    10. Le triste héritage de la période d’occupation hitléro-fasciste, les manifestations opportunistes actuelles dans nos rangs, et la pression idéologique que le monarcho-fascisme et l’occupation américano-anglaise exercent sur notre mouvement, en se servant de l’épouvantail du danger slave, la soi-disant invincibilité de l’impérialisme américain, etc… nous obligent à lever encore plus haut l’étendard de la lutte idéologique pour la pureté de la ligne politique, pour la défense et l’application conséquente et intégrale, dans la vie, de la théorie marxiste-léniniste, stalinienne, pour la création, la conquête, l’assimilation et l’application créatrice et féconde de cette théorie dans nos propres conditions concrètes.

    L’équipement théorique et la synchronisation des membres du Parti, constituent une tâche immédiate, importante et continuelle.

    Chaque communiste et surtout chaque militant du parti doit sentir profondément le danger qui nous- menace par suite du niveau idéologique peu élevé des membres du Parti.

    Dans notre travail politique, la première place doit revenir à l’assimilation de la science de guerre stalinienne ; c’est là, une condition fondamentale pour la juste direction de la lutte armée et pour la victoire finale.

    III. – LE MOMENT ACTUEL ET NOS DEVOIRS

    11. La situation actuelle en Grèce est caractérisée par un changement considérable du rapport des forces en faveur du camp populaire-démocratique et de la D.S.E. Au commencement de 1948 nous avions un équilibre relatif des forces ; durant 1948, au contraire, la D.S.E. a réduit jusqu’à l’épuisement l’effort de guerre de l’adversaire et a sérieusement affaibli sa force en faisant échouer toutes ses visées stratégiques.

    Par suite de ces échecs, le monarcho-fascisme a subi un tel ébranlement moral désagrégeant, que nous pouvons maintenant avoir la perspective, qu’en ce qui concerne le moral de son armée en 1949, il ne sera pas en mesure de nous opposer une armée régulière pareille et égale à celle qu’il avait en 1948 bien qu’au point de vue du matériel et des engins de guerre, les américains l’équiperont mieux et plus abondamment que l’année dernière.

    Dans le Pinde Septentrional (Smolikas-Gramirios-Vitsi), le rapport des forces était de 1 contre 10 et au point de vue matériel de guerre de 1 contre 50 en faveur de l’adversaire, pourtant la D.S.E. a vaincu grâce à sa supériorité morale et politique et à la supériorité de sa direction stratégique. Aujourd’hui, le monarcho-fascisme traverse une crise qui embrasse tous les domaines.

    La vie a prouvé qu’il ne peut pas vaincre la D.S.E. Le soldat, le garde national, le peuple entier s’en rendent compte. La conviction devient chaque jour plus profonde en eux que la paix et la tranquillité ne peuvent être rétablies que par une solution démocratique honorable, sans les impérialistes étrangers et que la D.S.E. est le porteur de cette paix.

    C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés encore plus du tournant décisif de notre évolution intérieure, tournant que seule la lutte victorieuse de la D.S.E. peut nous apporter parce que cette lutte seule, peut obliger le monarcho-fascisme à se soumettre, à accepter la solution démocratique honorable, l’unique solution répondant aux intérêts du peuple et de la Grèce.

    Les batailles et les combats au cours de 1948. ont prouvé que seule la D.S.E. peut vaincre ; que la Grèce ne peut jouir de la paix et de la tranquillité qu’avec la victoire de la politique du G. D. P. et de la D.S.E..

    Les intérêts suprêmes et vitaux du pays et du peuple nous imposent d’arriver aussi vite que possible à cette victoire. Voilà pourquoi nous devons immédiatement et durant toute l’année 1949 concentrer toute notre attention dans le but de gagner le tournant décisif. Tout doit être soumis à ce but principal.

    12. Dans le domaine du développement et de l’amélioration de la D.S.E. se posent devant nous les devoirs suivants :

    a) Assurer dans chaque région, Division et Quartier Général les réserves prévues dans notre plan. tout retard dans la réalisation de ce devoir aura les mêmes conséquences qu’en 1948. La valeur de chaque dirigeant militaire et politique, la valeur de chaque cadre sera estimée à la façon dont il répondra .à cette tâche principale.

    b) Nous devons sans cesse élever le niveau moral et politique de la D.S.E., en resserrant continuellement ses liens avec le peuple et en extirpant tout abus à ses dépens.

    Nous devons combattre sans pitié tout acte de pillage qui déshonore le combattant qui s’y livre. Nous devons combattre toute tendance à mettre sur un même pied d’égalité les grands industriels et les artisans boutiquiers, quand nous procédons à des réquisitions dans les villes.

    En aucun cas, il n’est permis de toucher aux biens de l’artisan et du boutiquier. De ces couches populaires, nous ne devons percevoir que la contribution nationale due. Dans les villes, nous devons éviter les destructions inutiles.

    Ces devoirs incombent surtout aux commissaires politiques. L’institution des commissaires politiques a réussi, elle a été justifiée par la pratique et nous devons la consolider davantage.

    c) Amélioration politique et militaire continue, systématique et persévérante de nos cadres. Acquisition de la science de guerre stalinienne. Synchronisation politique continuelle, orientation stratégique toujours juste de toute notre armée, des chefs des cadres, des combattants, hommes et femmes.

    Amélioration décisive dans le domaine de la tactique où nous avons aujourd’hui nos faiblesses principales, comme nous l’avons vu aux opérations d’Edessa. Sofades, Hikovik.

    Nous devons apprendre à assurer, là où nous en avons chaque fois besoin, la supériorité indispensable des forces et la concentration de l’armement et des munitions nécessaires pour atteindre nos objectifs.

    Nous devons apprendre à nous emparer des places fortes de l’ennemi. Nous devons apprendre non seulement à prendre des villes mais aussi à les garder entre nos mains.

    Les batailles de Naoussa et de Karpenissi ont montré clairement que ces buts sont réalisables pourvu que nous arrivions à surmonter décisivement les faiblesses que nous avons présentées au cours des batailles à Ardéa, Sofades, Edessa au point de vue organisation et conduite des opérations.

    d) Assurer à la D.S.E. tout l’équipement nécessaire, son approvisionnement en tout article et matériel. Lui assurer la force de feu nécessaire.

    e) Consolider la discipline. Assurer l’exécution absolue des ordres reçus. Empêcher toutes sortes d’actes arbitraires et violents des supérieurs envers les subordonnés. Consolider et développer la vie démocratique dans les rangs de la D.S.E. sur la base des assemblées démocratiques, où chaque combattant, homme et femme, pourra déployer la plus grande initiative pour le bien de la D.S.E., critiquer et corriger tout ce qui entrave son amélioration et son développement.

    f) Préparer de tous points de vue, idéologique et organisation technique, les combattants et les cadres pour qu’ils deviennent capables d’effectuer les manoeuvres les plus difficiles et porter des coups décisifs contre les objectifs ennemis fixés chaque fois par le Quartier Général de la D.S.E.

    13. En ce qui concerne l’effort militaire et guerrier, les tâches suivantes s’imposent :

    a) Par des coups immédiats et incessants à travers tout le pays empêcher et paralyser au plus haut point les préparatifs de l’ennemi pour l’année 1949.

    b) Consolider et étendre les régions libres au nord- ouest de la Grèce en occupant aussi des centres urbains.

    c) La Théssalie et la Roumélie ont la mission d’obliger l’ennemi par leur activité militaire résolue, à mener sa campagne de 1949 sur leur territoire et lie l’épuiser autant que possible. Créer sur leur territoire une vaste région libre, tout autour du corps du Pinde Central.

    d) Le Péloponèse doit briser la campagne de l’ennemi et développer ses forces et ses coups de façon à créer un véritable second front dans le dos de l’ennemi, un front qui renversera ses plans stratégiques et embrouillera sa perspective stratégique.

    e) La VIème et la V IIème divisions ont comme mission principale de renforcer continuellement leurs coups contre l’ennemi, en augmentant progressive-ment et incessamment la pression contre la ville de Salonique. Cette activité planifiée et simultanée de la D.S.E. à travers tout le pays doit avoir comme résultat de gagner – nous – en 1949 le tournant de notre évolution interne.

    14. En 1948, après dé nombreux échecs et fautes nous avons atteint le début d’une amélioration du travail militaire de guerre des détachements de la D.S.E. dans les villes et en premier lieu à. Salonique, Volos, Florina, Kosani. L’extension de l’institution des commissaires politiques dans les villes y a beaucoup aidé.

    Nous devons insister résolument et absolument sur ce domaine. Dans les villes, nous devons en même temps faire un tournant décisif en ce qui concerne notre travail parmi le peuple dans toutes les organisations de masse. En partant des questions de moindre importance et des formes de lutte les plus simples nous devons faire participer les masses les plus larges, et les couches moyennes à la lutte pour le pain, les salaires, à la lutte contre la vie chère, contre les impôts.

    En développant incessamment cette lutte de masses et en la combinant avec la lutte armée dans les villes et à l’arrière de l’ennemi, sur tous ses points sensibles et névralgiques nous devons développer ce front de lutte pour qu’il devienne un troisième front de guerre, un facteur décisif d’affaiblissement et de dislocation de l’ennemi, un facteur de la victoire.

    L’application de l’institution des commissaires politiques dans la campagne occupée par l’ennemi a donné des résultats positifs et nous devons l’étendre, la renforcer, la développer davantage.

    15. Dans le domaine politique et de propagande politique de masse nous devons porter une grande attention à ce qui suit :

    a) Nous devons incessamment suivre de près le fonctionnement et le travail du gouvernement, compléter l’oeuvre gouvernementale, assurer l’application réelle dans la pratique des mesures et des résolutions prises par le gouvernement. Il est nécessaire de resserrer continuellement les liens entre le gouvernement et la base, le peuple. Notre régime populaire-démocratique doit prouver dans la pratique et l’action sa différence profonde avec l’esclavage monarcho-fasciste.

    Le pouvoir populaire à la base, dans toutes ses manifestations doit être par le peuple lui-même et être l’expression de ses désirs. Nous tenons là une de nos armes les plus solides et nous devons faire valoir celle-ci à sa juste valeur.

    La légalité populaire démocratique comme elle est exprimée par les lois du G. D. P. et les résolutions des organes du pouvoir populaire, doit être imposée et consolidée.

    Nous y parviendrons en combattant résolument toute infraction à la loi et tout acte arbitraire quelles que soient leurs origines

    b) En Grèce du Nord, le peuple macédonien (slavo-macédonien) a tout donné dans la lutte et combat avec un héroïsme total et une abnégation digne d’admiration. Il ne doit y avoir aucun doute quant au fait qu’après la victoire de la D.S.E. et de la révolution populaire, le peuple macédonien arrivera à son rétablissement national complet de la façon dont il le, désire lui-même, en donnant aujourd’hui son sang pour l’acquérir.

    Les communistes macédoniens sont toujours à la tête de la lutte de leur peuple. Les communistes macédoniens doivent en même temps faire attention aux activités scissionnistes et liquidatrices, à l’instigation étrangère, que développent des éléments réactionnaires chauvinistes pour provoquer une scission de l’unité existant entre le peuple macédonien (slavo-macédonien) et le peuple grec, scission qui ne serait profitable qu’à l’ennemi commun, le monarcho-fascisme et l’impérialisme américano-anglais.

    Le KKE, en même temps, doit radicalement écarter tous les obstacles, combattre toutes les manifestations chauvinistes pour une « grande Grèce » et les actes qui provoquent le mécontentement et la contrariété parmi le peuple macédonien et de la sorte aident l’activité traîtresse des scissionnistes renforcent l’oeuvre de la réaction. Les peuples slavo-macédonien et grec ne peuvent vaincre que s’ils sont unis.

    Désunis, ils ne peuvent qu’essuyer des défaites. Voilà pourquoi l’unité des deux peuples doit être conservée avec autant de soin que la pupille de nos yeux, elle doit se renforcer et se fortifier chaque jour.

    c) Nous devons, avec encore plus de persévérance et de conséquence développer le travail d’éclaircissement (agit-prop) dans l’armée monarcho-fasciste, Parmi les soldats, les gardes nationaux, les déportés de Makronissos, les officiers honnêtes. Nous devons éliminer toute survivance de cet esprit qui voit le soldat et le garde national comme membres des bataillons de sûreté (Rouradas).

    Les soldats, les gardes nationaux et les officiers honnêtes doivent être persuadés par la vie, par nos actes, que nous les considérons comme nos frères, que nos intérêts sont les mêmes et que nous n’atteindrons que par des efforts communs, par des luttes communes, par la fraternisation le but commun : la paix, la démobilisation, la vie, le développement libre, sans impérialistes étrangers et sans parasites ploutocratiques.

    Lorsque tous nos combattants — hommes et femmes tous nos cadres appliqueront cette ligne d’une façon juste et conséquente, nous nous assurerons un résultat décisif.

    Nous devons tous croire en cela. Dans notre travail au sein de l’armée monarcho-fasciste nous devons aller plus loin en formant des organisations démocratiques dans ses rangs.

    L’initiative pour la formation de ces organisations revient en premier lieu au soldats démocrates se trouvant dans l’armée monarcho-fasciste et, de notre côté, nous devons leur accorder toute aide et tout renfort. Mais nous devons de dehors aussi tâcher de former de telles organisations.

    d) En 1948, nous avons une amélioration sérieuse dans notre travail parmi les femmes. La femme est devenue un élément constitutif fondamental et un facteur précieux dans la vie et l’activité de la D.S.E. Des milliers de femmes combattent aux côtés des hommes, aussi bien qu’eux et plusieurs fois mieux qu’eux.

    La femme, dans la D.S.E. doit être entourée de l’affection, de l’estime et du respect indispensable qu’elle a d’ailleurs conquis avec sa lutte et sou sang ; nous devons la faire avancer conformément à ses aptitudes.

    Nous devons aider l’Union Démocratique des Femmes de Grèce dans le travail important qu’elle accomplit et mobiliser toutes les réserves dont dispose le mouvement féminin dans notre lutte et pour la D.S.E. au sein de laquelle la femme combattante est devenue un facteur de force, d’émulation et de développement indispensable aujourd’hui à notre armée.

    e) Contrairement à ce qui se passe au point de vue de notre travail parmi les femmes, nous avons un retard inadmissible dans l’Organisation Démocratique des Jeunes. Ici encore, nous devons dans le délai le plus court améliorer radicalement la situation en reconstituant l’EPON (Organisation Unifiée des Jeunes de Grèce), en donnant à la jeunesse et à ses organisations, dans toutes les manifestations de la vie politique, militaire, culturelle et d’état, la place qu’elle conquiert si vaillamment l’arme en main.

    f) Dans le domaine de l’agit-prop, malgré l’amélioration obtenue, nous devons fournir un effort continuel pour maintenir ce travail A la hauteur des grandes exigences de notre lutte.

    16. Voici les tâches fondamentales qui se posent aujourd’hui à notre mouvement.

    Le KKE, fidèle à la ligne de l’E. A. M., en assumant la principale responsabilité et la charge la plus importante de notre lutte, doit, en collaboration étroite et fraternelle avec les autres organisations démocratiques populaires, et avant tout avec le Parti Agraire de Grèce, le N. O. F. (Organisation Nationale des Slavo-macédoniens), ainsi que les organisations appartenant à I’E. A. M., par une amélioration incessante de son travail et de sa vie interne et par le développement continuel de ses lignes, surtout avec les meilleurs combattants — hommes et femmes — intensifier à l’extrême tous ses efforts pour répondre dignement aux aspirations du peuple et aux grandes exigences de la lutte.

    Les communistes, dans n’importe quelles conditions feront toujours intégralement leur devoir envers le peuple et la Patrie.

    17. La révolution populaire en Grèce poursuit fermement son chemin difficile mais victorieux. Le monarcho-fascisme ne pourrait jamais se maintenir à lui tout seul.

    Les difficultés de notre mouvement sont dues à l’intervention armée américano-anglaise. Les impérialistes étrangers, après avoir essuyé un échec avec la commission pseudo-balkanique et à l’Assemblée générale de l’O. N. U., où ils furent démasqués catégoriquement et attaqués surtout par la délégation de l’Union Soviétique, concentrent à présent de nouveau leur attention à l’intervention ouverte dans notre pays.

    Des généraux de l’état-major américain et anglais, les Driper, Marshall, Noel, Baiker, Harriman pratiquent leur intervention impérialiste dans notre pays.

    Des aviateurs américains prennent part à la lutte en assassinant des femmes et des enfants. Les impérialistes étrangers veulent à présent provoquer également une intervention turque armée dans nos affaires intérieures.

    Grady et Norton ont fabriqué un gouvernement d’unité monarcho-fasciste et préparent une dictature militaire, croyant qu’elle pourra cacher la banqueroute parlementaire monarcho-fasciste et mieux les servir.

    Dernièrement, la politique anglaise essaie de renforcer de nouveau ses positions ébranlées dans la Méditerranée, et intensifie son activité dans notre pays également. Les monarcho-fascistes font toujours plus désespérément appel à l’intervention militaire américaine dans notre pays, comme la seule planche de salut.

    L’ambassadeur des États-Unis à Athènes, Grady, avec les chefs des missions militaires américaine et anglaise a été nommé membre permanent du conseil de guerre suprême monarcho-fasciste.

    A Karpcnissi, nous avons abattu un avion qui était piloté par le lieutenant Colonel américain Sendel-Edner ; c’est une preuve qu’en Grèce, il y a déjà une intervention armée américaine, que dans notre pays, l’impérialisme américain a déjà commencé sa nouvelle guerre.

    Tout ceci crée des difficultés supplémentaires à notre pays et à notre mouvement.

    Mais le peuple se persuade chaque jour davantage, par sa propre expérience, que la Grèce ne pourra pas trouver de tranquillité et revoir la paix, s’adonner au travail créateur et à la reconstruction, si elle ne se délivre pas définitivement et complètement de toute intervention impérialiste dans nos affaires intérieures.

    Toutes les forces démocratiques du monde sont à nos côtés et condamnent l’intervention étrangère dans notre pays ; leur solidarité pèse d’une façon décisive sur la balance et constitue une source intarissable d’aide morale et matérielle et de renfort pour notre lutte.

    Dans la confrontation mondiale de la démocratie et de l’impérialisme, la Grèce de la Démocratie Populaire se tient ferme et inébranlable dans les premières lignes de la lutte pour le progrès, la paix, et le socialisme.

    La Grèce ne deviendra jamais un bastion impérialiste militaire et guerrier contre l’Union Soviétique et la démocratie populaire dans les balkans et dans toute l’Europe.

    Le KKE, fidèle à l’internationalisme prolétarien et à la théorie de Marx-Engels-Lénine-Staline, tient haut le drapeau de la démocratie populaire, de la paix, du socialisme et il accomplira jusqu’au bout soli devoir révolutionnaire.

    Aujourd’hui, 25 ans après la mort, de Lénine, le KKE avance fermement sur le chemin du léninisme, en exterminant sans pitié toute capitulation opportuniste, toute tendance liquidatrice dans ses rangs, comme nous l’enseignent nos grands maîtres Lénine et Staline.

    Le KKE offre lui aussi sa contribution au mouvement communiste international, en luttant pour assurer la victoire de la démocratie populaire en Grèce. Les plans du monarcho-fascisme et les visées impérialistes des américains et des anglais vont s’effondrer parce que telle est la volonté du peuple. Jusqu’à l’écrasement de l’ennemi, jusqu’à la victoire de la Démocratie Populaire, nos clairons continueront à sonner l’appel à tout le peuple :

    TOUS AUX ARMES!  

    TOUT POUR LA VICTOIRE !

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  • Paul Eluard en Grèce libre

    L’ensemble du mouvement communiste international apporta son soutien à la DSE. Le quotidien du Parti Communiste français, L’Humanité, envoya Simone Téry comme reporter dans la Grèce libre, dans le nord du pays, en octobre 1947, ses reportages étant publiées dans une série intitulée Les hommes de cœur sont plus forts que les dollars, publiée dans le quotidien du 19 décembre 1947 au 14 janvier 1948. 

    Par la suite, un événement marquant fut la venue en Grèce, en 1949, du poète et résistant français Paul Eluard.

    Paul Eluard en Grèce

    Il fut accompagné notamment de gens issus de la gauche socialiste se rapprochant du PCF par leur parcours dans la Résistance : le journaliste et homme politique Yves Farge, à l’origine de la dénonciation d’un grand scandale de corruption en 1946, l’ancien journaliste du journaliste socialiste Le Populaire Jean Maurice Herman, fondateur du Syndicat National des Journalistes CGT, ainsi que l’instituteur Henri Bassis.

    Il eut un programme complet de discours et de conférences, notamment à plusieurs reprises à l’institut français, mais également avec le regroupement intellectuel « la solidarité nationale », à l’union franco-héllénique des jeunes, au cinéma-théâtre Attikon.

    Il se déplaça également en Grèce libre, tenant à Grammos un discours répercuté par 200 hauts-parleurs, dirigé vers les armées ennemies.

    « Fils de Grèce, je m’adresse à vous, paysans, ouvriers, intellectuels, embrigadés dans l’armée d’un gouvernement qui ne vous représente pas.

    J’ai voulu avant tout être ici un témoin et je n’ai été animé que de l’unique souci de la vérité, que de ma passion pour la paix.

    Une guerre fratricide comme la vôtre est la plus horrible des guerres et ceux qui vous y conduisent peuvent seuls en tirer profit. Ce que j’ai vu en Grèce libre, c’est l’invincible armée du peuple, où les officiers et les soldats sont fraternellement unis par l’amour de leur patrie et de la liberté.

    Aucun étranger dans leurs rangs, leur dessein n’étant que l’indépendance et la grandeur de leur pays dans le bonheur et dans la paix.

    Je les ai vu au grand jour de leur cœur innocent, de leurs yeux francs et de leur ciel serein, danser et chanter comme des enfants. J’ai vu aussi leur front s’assombrir à l’idée que ce sont leurs frères, leurs fils et leurs pères qu’ils ont en face d’eux dans le combat.

    Mais trop de territoires sont encore à libérer, trop de ruines à relever, trop de champs à défricher et surtout trop de martyrs à délivrer. Je vous conjure de penser, vous qui vous trouvez du côté des geôliers et des bourreaux, à tous ces innocents qui, chaque jour, paient de leur sang votre propre avenir.

    Je vous conjure de penser à l’horreur de Makronissos et de vos prisons où des milliers de patriotes, sûrs de leur victoire, attendent chaque jour les tortures et la mort.

    J’ai vu partout d’ici, sur le front comme à l’intérieur, vos prisonniers traités avec le plus grand respect de la personne humaine et nourris comme les andartès [les rebelles], j’ai vu vos blessés soignés avec les mêmes attentions et la même bienveillance que ceux de l’armée démocratique.

    Beaucoup choisissent cette dernière solution. C’est bien la première fois dans l’Histoire moderne qu’une armée se sent forte, assez sûre de la victoire pour pouvoir montrer pareille confiance en l’homme.

    C’est aussi la première fois qu’une armée offre d’autant plus la paix qu’elle voit grandir ses forces. La seule victoire qu’elle souhaite est l’union de tout son peuple et la fin des misères d’une guerre imposée par les impérialistes anglo-saxons.

    Dans le monde entier, les gens simples luttent pour la paix. Le bon peuple de Grèce, en se couvrant de gloire, est à leur avant-garde. »

    A la suite de son voyage, Paul Eluard publia un recueil de poésie intitulé Grèce ma rose de raison, contenant des poèmes écrits pour l’occasion, mis en parallèle avec des poèmes de deux membres de la DSE condamnés à mort.

    Voici le poème de Paul Eluard Le Mont Grammos, où le lyrisme sensible du poète qui s’est malheureusement surtout dispersé dans la confusion surréaliste, est mis au service de la réalité.

    Le Mont Grammos

    Le mont Grammos est un peu rude
    Mais les hommes l’adoucissent

    Les barbes nous les tuons
    Nous abrégeons notre nuit

    Plus bêtes que poudre à canon
    Nos ennemis nous ignorent

    Ils ne savent rien de l’homme
    Ni de son pouvoir insigne

    Notre cœur polit ma pierre

    Voici un autre poème du recueil, intitulé Prière des veuves et des mères par Paul Eluard.

    Prière des veuves et des mères

    Nous avions accordé nos mains
    Et nos yeux riaient sans raison

    Par les armes et par le sang
    délivrez-nous du fascisme

    Nous bercions toute la lumière
    Et nos seins se gonflaient de lait

    Laissez-nous tenir un fusil
    Pour tirer sur les fascistes

    Nous étions la source et le fleuve
    Nous rêvions d’être l’océan

    Donnez-nous juste le moyen
    de ne pas gracier les fascistes

    Ils sont moins nombreux que nos morts
    nos morts n’avaient tué personne

    Nous nous aimions sans y penser
    Sans rien comprendre que la vie

    laissez-nous tenir un fusil
    Et nous mourrons contre la mort.

    Voici un Épigramme de F. Asteris, également dans le recueil.

    aux 23 de la prison d’Averof.

    Honneur à vous, aigles captif, étoiles enchaînées !
    C’est à vous d’allumer, à la flamme de votre cœur,
    Le flambeau immortel, le flambeau jeune et sans pareil
    De la liberté, dans le ciel de l’homme.

    C’est là votre destin glorieux.

    Voici le poème d’Eluard intitulé Pour ne plus être seuls.

    Pour ne plus être seuls

    Comme un flot d’oiseaux noirs ils dansaient dans la nuit
    Et leur cœur était pur on ne voyait plus bien
    Quels étaient les garçons quelles étaient les filles

    Tous avaient leur fusil au dos

    Se tenant par la main ils dansaient ils chantaient
    Un air ancien nouveau un air de liberté
    L’ombre en était illuminée elle flambait

    L’ennemi s’était endormi

    Et l’écho répétait leur amour de la vie
    Et leur jeunesse était comme une plage immense
    Où la mer vient offrir tous les baisers du monde

    Peu d’entre eux avaient vu la mer

    Pourtant bien vivre est un voyage sans frontières
    Ils vivaient bien vivant entre eux et pour leurs frères
    Leurs frères de partout ils en rêvaient tout haut

    Et la montagne allait vers la plaine et la plage
    Reproduisant leur rêve et leur folle conquête
    La main allant aux mains comme source à la mer.

    Illustration pour Grèce ma rose de raison

    Voici un Épigramme du résistant Alcibiade Yannopoulos, placé dans le recueil.

    Épigramme

    Quand nous avons été consumés par la flamme
    Toutes nos peines se sont éteintes
    Et c’est avec cette mort même
    Que nous avons vaincu la mort.

    Grèce ! l’aurore sur la terre
    Déjà présage la lumière !
    Que la nuit parte sans retour !
    La Reine, ce sera le jour,
    Le Roi, ce sera le soleil
    De février, soleil vermeil.
    Il a enlacé la jeunesse
    Et la jeunesse l’enlaça.

    Ils vont vers les monts de la Grèce.
    Là-bas, l’on chante, l’on combat !
    Là-bas, de jeunes ouvriers
    Pactisent avec les chevreaux.
    Là-bas, la danse déliée
    Gronde et la foudre fait écho.

    La Liberté est dans leurs rangs
    Et ses yeux lancent des éclairs
    Elle est là pour bénir leur sang
    Elle est là pour gagner sa guerre.

    Voici un autre poème de Yannopoulos, Le dernier chant.

    Le dernier chant

    C’est le matin, petit matin, premier message:
    Voilà le coq vient de pousser son cri fatal!
    Notre cœur s’éclaire et la nuit s’en va.
    La lumière n’est pas encore à l’horizon, mais elle apparaîtra.
    Nous, frères, ne verrons pas plus avant que l’aurore grise
    Nous ne pourrons pas jouir de la lumière du soleil.

    Écoute…Loin, très loin,comme s’il surgissait des entrailles de la lumière
    Le clairon du matin retentit.
    Il t’appelle à la lutte sur l’autel du sacrifice.
    La vie éveille en toi des mondes magnifiques.
    C’est l’ heure: mon esprit et mon cœurse lèvent,tout s’éveille en moi.
    Je me sens farouche et léger, je flambe et je m’élance dans le feu,
    Je communie avec la vie la plus profonde.

    Pour la dernière fois nous avons bu le vin, le bon vin, le vin fort,
    Comme les chevaux qui hument le sang dans les ruisseaux
    Et qui se dressent superbement pour la bataille.
    Des ailes poussent à nos cœurs et nous nous lançons en avant,
    En poussant un grand cri, un cri terrible contre la mort,
    Un cri pareil au mugissement de l’ouragan
    Et qui embrasse notre terre.

    En avant! En avant! Frères, joyeusement,
    Entrez tous dans la danse.
    Ce sont les filles de Zalongo
    Qui, les premières, l’ont dansée.
    Le temps a passé, mais j’entends leurs pas,
    Tout en résonne encore.
    Jeunesse, prends ton vol et porte-nous au ciel,
    Car on n’a jamais vu sur terre un ciel si vaste.
    Ah! Nous ne sommes plus les infirmes, les faibles!
    Nul entre nous ne sent son cœur se contracter,
    Nul de nous n’est courbé, nul n’est lâche.
    Le front haut, nous toisons les bastions de la mort
    Et, simplement, nous les démolissons.

    Quand nous avons été consumés par la flamme
    Toutes nos peines se sont éteintes.
    Et c’est avec cette mort même
    Que nous avons vaincu la mort.  

    Voici Dans la montagne vierge de Paul Eluard :

    Dans la montagne vierge

    Les herbes et les fleurs, ne m’abandonne pas,
    Leur odeur suit le vent

    Les chevreaux jouent de leur jeunesse,
    Un aigle fait le point dans le ciel sans secrets.

    Le soleil est vivant, ses pieds sont sur la terre,
    Ses couleurs font les joues rougissantes d’amour,
    Et la lumière humaine se dilate d’aise.

    L’homme en grandeur au cœur d’un monde impérissable
    Inscrit son ombre au ciel et son feu sur la terre.

    Voici, enfin, une poésie typique de Paul Eluard, avec une mélancolie très forte constatant l’absence de bienveillance du monde, avec un appel indirect à le changer en ce sens malgré toutes les difficultés. Cela reflète bien l’approche de ce poète et son intention à l’origine de la publication du recueil.

    Des yeux qui ont vraiment trop souffert de voir

    Plus beau visage ne peut pas se plaindre
    Plus violemment des horreurs de la guerre

    Plus beaux yeux noirs ne peuvent se couvrir
    Plus doucement d’un voile mortuaire

    Et tout vivants le chagrin les enterre.

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  • La DSE tient le cap

    L’échec de l’opération Couronne fut un revers de taille pour l’impérialisme américain et les forces réactionnaires grecques.

    Van Fleet décida alors de fasciser complètement l’armée grecque, dont le commandement revint en janvier 1949 à Aléxandros Papágos, dont l’une des premières mesures fut d’autoriser l’utilisation du napalm par les forces américaines.

    Les officiers reçurent l’autorisation d’abattre ceux qui ne combattraient pas de manière assez décidée, les commandants eux-mêmes risquant la court martiale, les retraites n’étant autorisées que sur ordre exprès du quartier-général.

    Combattants de la DSE

    A cela s’ajouta toutefois un élément extrêmement positif pour l’impérialisme américain : la Yougoslavie de Tito était ouvertement passée dans son camp.

    Déjà travaillée au corps par les impérialismes américain et britannique, servant de plate-forme à leurs opérations, la Yougoslavie titiste bascula entièrement dans le camp de la « neutralité », c’est-à-dire du côté impérialiste.

    Le Kominform condamna par conséquent la Yougoslavie titiste en juin 1948, ce que le KKE approuva en juillet. Dans la foulée, en août, Márkos Vafiádis fut mis de côté alors qu’il eut une crise de nerfs, tout en commençant à assumer une ligne de convergence avec le titisme, expliquant par la suite qu’il était opposé à la ligne du Parti depuis 1947.

    Au même moment, la DSE fut en mesure d’échapper à une opération d’encerclement dans les monts Gramos utilisant massivement l’aviation, et tuant 5 000 combattants et 3000 civils.

    Malgré la défaite en termes de pertes, la capacité de la DSE à se maintenir provoqua une véritable onde de choc et la DSE officialisa même définitivement sa centralisation. Il n’y avait désormais plus de quartiers-généraux régionaux, mais des divisions dépendant d’un conseil militaire :

    – la première division en Thessalie ;

    – la seconde division en Roumélie, c’est-à-dire en Grèce centrale :

    – le troisième division dans le Péloponnèse ;

    – la sixième division en Macédoine centrale ;

    – la septième division en Epire ;

    – les divisions neuf, dix et onze dans les montagnes Vitsi.

    Combattantes du KKE

    Les trois premières divisions dépendirent à partir de mars 1948 du KGAN, un quartier général pour le sud de la Grèce. Il existait également deux unités autonomes :

    – la 24e brigade dans la zone du quartier général ;

    – une brigade de saboteurs.

    Cette réorganisation frappa d’autant plus les esprits que, alors que les divisions neuf, dix et onze avaient tenu le choc face à la tentative d’encerclement et d’anéantissement, toutes les autres s’étaient renforcés pendant ce temps-là.

    C’était une catastrophe pour l’État monarcho-fasciste, au point qu’il fut par conséquent obligé, en octobre 1948, de généraliser l’état d’urgence qui officiellement n’existait jusque-là que dans le nord du pays.

    Le secrétaire d’État aux affaires étrangères américain, le fameux George Catlett Marshall, vint même en personne à Athènes à ce moment-là pour constater la situation.

    Níkos Zachariádis ajusta également de son côté certains points de la DSE. Il effectua notamment une critique à la septième division qui n’avait pas assez profité de ses réussites pour élargir ses zones de contrôle et procéder au recrutement, ainsi qu’une remise en cause générale des responsables athéniens qui furent entièrement remplacés, eux-mêmes devant rejoindre les montagnes.

    En septembre, Níkos Zachariádis se rendit à Moscou et il lui fut expliqué que, de par les nouvelles conditions, une aide plus soutenue serait déjà largement plus aidée à mettre en œuvre, avec la réception annoncée de 1 000 pièces d’artillerie et de 1000 canons anti-chars, ainsi que l’enrôlement de 8 000 Grecs vivant à l’étranger.

    Le même mois, la DSE fut en mesure de faire se débander deux bataillons ennemis au nord de la ville de Kastoria.

    A la mi-décembre, la première et la seconde divisions furent en mesure, avec 3 500 combattants, de prendre pour une journée de la ville de Karditsa en Thessalie, qui comptait 20 000 habitants ; à la mi-janvier 1949, c’est la ville de Náoussa qui est prise pendant trois jours, la ville de Karpenisi pendant plus de jours.

    L’amiral Van Fleet (au centre) en mars 1949 lors d’un défilé
    pour le 128e anniversaire de l’indépendance grecque

    En avril 1949, des positions stratégiques furent également reprises dans les monts Gramos.

    C’était une grande avancée et en arrière-plan, Níkos Zachariádis résolut également une question épineuse : celle de la minorité macédonienne.

    Historiquement, la Macédoine historique a été peuplé de Slaves et, jusqu’à aujourd’hui, le nationalisme grec refuse catégoriquement que les populations y vivant emploient le terme de Macédoine, relevant selon lui exclusivement de l’identité grecque.

    En France, le terme de Macédoine a donné le nom à une salade, en référence aux multiples ingrédients qui la composent, allusion aux multiples populations présentes en Macédoine, ce qui donne différentes couleurs sur une carte.

    Au début du XXe siècle, la Bulgarie prétendait qu’il y avait en Macédoine une majorité de Bulgares, la Serbie de Serbes (y voyant une Serbie du Sud), la Grèce de Grecs. La guerre des Balkans qui s’ensuivit fut marqué par des atrocités et des déplacements de population, dans un cadre féodal, formant une poudrière qui joua un rôle effectif pour le déclenchement de la première guerre mondiale impérialiste.

    Au moment de la seconde guerre mondiale, il y avait officiellement environ 80 000 « slavo-macédoniens » dans la partie grecque de la Macédoine, en réalité sans doute plus du double, et le KKE défendait ses droits, au sein de la Grèce, arguant que la sécession n’aurait pas de sens pour une partie du pays dont la quasi totalité était grecque.

    Durant la seconde guerre mondiale, le KKE réussit à convaincre le Slavjano Makedonski Narodno Osloboditelen Front – Front de Libération Nationale slavo-macédonien – à participer à l’ELAS. Tito cependant poussait à une ligne indépendantiste, afin que la future Yougoslavie l’annexe.

    Pour cette raison, la SNOF fut démantelée, 800 de ses membres rejoignant la Yougoslavie, alors que fut fondé en avril 1945 la NOF, Narodno Osloboditelen Front – Front de Libération Nationale, qui rejoignit ensuite la DSE.

    Slogan macédonien présentant Níkos Zachariádis comme dirigeant

    Tito retenta l’opération de scission avec la NOF, qui maintint néanmoins le cap et il est à noter qu’une partie significative des combattants de la DSE était d’origine slavo-macédonienne, autour de 30 %, la propagande anti-DSE faisant monter ce chiffre à 70 %.

    Níkos Zachariádis avait en effet établi la ligne d’autonomie pour la minorité slavo-macédonienne, alors que la Bulgarie faisait un contre-poids démocratique essentiel à l’expansionnisme yougoslave concernant cette question.

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  • L’opération d’anéantissement de Van Fleet contre la DSE en Grèce

    Níkos Zachariádis avait tout à fait compris que la question de la guerre civile était celui de l’affrontement entre la démocratie populaire et le fascisme. La DSE n’était pas une fin en soi, pas plus que l’EAM ; il ne s’agissait que d’éléments dans une séquence plus générale.

    La force du mouvement de libération nationale avait ainsi résidé, selon Níkos Zachariádis, dans le fait que l’indépendance nationale avait été affirmée en rapport avec la bataille pour la démocratie, ce qui allait avec la question agraire ; la question nationale de l’indépendance était inséparable du rapport à la démocratie.

    Les restes féodaux en Grèce devaient impérativement être anéanties pour qu’une victoire soit possible. C’était le sens de l’établissement du pouvoir populaire qui, pourtant, avait cessé d’exister avec les accords de Varkiza.

    Un combattant de la DSE

    L’existence de ceux-ci apparaissaient inévitables de par la puissance britannique : il eut fallu agir dès le départ des troupes allemandes, pour prendre les Britanniques de vitesse. Mais l’opportunisme avait été trop puissant à l’intérieur du KKE à ce moment-là pour qu’une telle initiative se dégage.

    Avec le retour de Níkos Zachariádis, le KKE put de nouveau aller de l’avant et la formation de la DSE venait compenser l’échec de l’épisode des accords de Varkiza.

    Inévitablement toutefois, une lutte entre deux lignes devrait se dérouler entre la position de Níkos Zachariádis et celle prolongeant les accords de Varkiza, voyant la DSE comme l’aspect principal pour rétablir les négociations et l’intégration du KKE aux institutions, et non la bataille pour la démocratie populaire.

    La crise apparut avec l’échec de l’offensive de la fin de l’année 1947.

    Intervention politique au sein de la DSE

    A l’initial, la DSE s’appuyait sur deux fronts : les massifs à la frontière avec l’Albanie, à savoir les monts Gramos et le massif montagneux du Pinde. Ce bastion inexpugnable permettait d’agir dans tout le nord-ouest de la Grèce, à partir d’une centaine de villages.

    La tentative de s’emparer de la ville de Konitsa à la fin de l’année 1947 fut cependant un échec, malgré la présence de 10 000 combattants appuyés par des canons de 105 mm situés en Albanie.

    Cette ville devait servir de centre névralgique du gouvernement provisoire ; l’incapacité à la prendre fut un coup d’arrêt dans le développement et un succès politique pour le régime réactionnaire.

    La DSE tint alors une conférence les 15, 16 et 17 janvier 1918 dans les monts Gramos.

    Comment fallait-il expliquer le développement insuffisant de la DSE ?

    Une base souterraine de la DSE

    Níkos Zachariádis considéra que cela avait été une lourde erreur de la part du KKE de ne pas avoir été en mesure d’avoir une organisation plus solide dans les villes, tant pour renforcer la guérilla des campagnes que pour lancer des actions dans les villes.

    Un autre souci, à ses yeux, fut l’esprit militaire bureaucratique issu des officiers issus de l’armée, qui empêchait la DSE d’avoir une nature authentiquement révolutionnaire, ce qui exigeait donc la systématisation de la présence des commissaires politiques à la direction militaire.

    Il était nécessaire d’abandonner le principe de d’une guerre des partisans pour passer au niveau d’organisation d’une véritable armée populaire, même si bien entendu dans les zones où des bases n’étaient pas possibles, le mode d’opération de type partisan était l’approche principale.

    Il devait y avoir une dialectique entre une DSE en tant qu’armée populaire dans les zones libérées et les unités partisanes opérant dans le reste du pays.

    Une combattante de la DSE

    Le dirigeant militaire de la DSE, Márkos Vafiádis, s’opposa à Níkos Zachariádis. Il considérait qu’il ne fallait pas former de base, mais maintenir une ligne d’opérations partisanes totalement décentralisées. Níkos Zachariádis fut obligé de réunir le Comité Central en session extraordinaire pour faire accepter sa ligne, qui le fut à l’unanimité.

    La DSE connut alors des développements certains, mais il manquait à chaque fois une impulsion décisive, le régime s’en sortant systématiquement grâce à un appui américain gigantesque.

    La DSE se développa cependant dans les îles Samos et Eubée, mais l’incursion qui eut lieu dans les faubourgs de Salonique fut un échec en raison du manque d’organisation des membres déjà présents dans la ville.

    La tentative de 2200 personnes non armées mais accompagnées de fortes unités de la DSE de traverser des territoires ennemis en Grèce centrale pour rejoindre les monts Gramos se solda également par un fiasco, seulement 500 parvenant effectivement à le faire.

    Une opération fut alors lancée dans le Péloponnèse, avec 2 500 partisans, agissant dans une zone suffisamment grande – 90 km de long sur 50 km de large – pour isoler pratiquement Athènes du reste du pays, mais la DSE ne fut malheureusement pas en mesure de s’y maintenir en raison, en avril 1948, de l’opération nouvelle aube des forces réactionnaires, qui visa à encercler la DSE.

    Il y eut d’abord 4 500 arrestations, suivis d’offensives à l’est et à l’ouest ainsi qu’au nord, avec un blocus maritime du golfe de Corinthe au sud : il n’y en eut que 1 000 combattants de la DSE à parvenir à briser l’encerclement.

    La tentative de la DSE de diviser les troupes ennemies à l’offensive en s’emparant de la ville de Karpenisi échoua, dans la mesure où la ville leur fut abandonnée pendant quinze jours.

    Suivit alors la première vaste contre-offensive anti-DSE, l’opération Couronne menée par les forces réactionnaires, qui étaient dirigées par l’américain James Alward Van Fleet.

    Une combattante de la DSE

    Les réactionnaires grecs savaient que si cette fois ils avaient réussi à bloquer le développement de la DSE dans le Péloponnèse, il y aurait inévitablement d’autres tentatives tant que la DSE disposait de larges bases dans le nord-ouest du pays.

    C’était une reconnaissance de la valeur essentielle de la formation par Níkos Zachariádis d’une base d’appui comme centre névralgique de la DSE.

    Aussi l’opération Couronne visa à former un tampon entre l’Albanie et les monts Gramos où étaient basés 8 000 combattants de la DSE. Il s’agissait d’isoler la DSE de l’appui albanais, et de liquider la zone contrôlée par elle.

    La DSE était tout à fait consciente du risque et forma alors de son côté une base de 3 000 combattants en Épire pour harceler les arrières des forces ennemies en cas d’attaque et briser tout ravitaillement.

    Les forces réactionnaires s’appuyaient néanmoins sur 70 000 combattants lourdement armés, appuyés par 30 000 membres d’une garde nationale formée en 1947.

    L’opération Couronne commença le 28 juin 1948 et au bout de 17 jours la ligne extérieure de défense était tombée, alors que la DSE fut même obligée de ramener 4 000 combattants pour tenir le coup.

    Cela ne suffit pas et au bout de 29 jours la DSE fut obligée de quitter la zone, avec un repli réussi dans la région de Vitsi.

    Des combattants de la DSE

    L’affrontement de la DSE avec les forces réactionnaires grecques était devenu une bataille avec une force directement au service de l’impérialisme américain soutenant le régime de toutes ses forces : pas moins de 20 000 obus furent envoyés sur la crête durant l’opération.

    Van Fleet lança tout de suite ses troupes à la poursuite des troupes de la DSE se repliant, afin de tenter d’empêcher une installation pour l’hiver.

    S’ensuivirent des offensives et des contre-offensives, avec finalement la victoire de la DSE dans la mesure où ce fut le double échec pour les forces réactionnaires : leur offensive échoua et qui plus est la DSE se réinstalla dans les monts Gramos.

    La DSE avait su aussi protéger en général les liaisons avec l’Albanie et la Yougoslavie, pays laissant également passer les troupes de la DSE et les aidant militairement.

    De plus, la DSE avait renforcé ses activités dans la région de Tripoli-Sparte au sud du Péloponnèse, ainsi que dans la région montagneuse de Thessalie.

    La DSE avait tenu le choc et résisté à l’opération d’anéantissement de Van Fleet.

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  • L’intervention américaine en Grèce

    Si la DSE représentait la tendance démocratique, progressiste, se renforçant par rapport à une réaction déchaînée, mais s’épuisant, un nouveau facteur vint entièrement modifier la donne.

    Les États-Unis considérèrent en effet qu’il était nécessaire qu’elles interviennent, afin d’empêcher la Grèce de devenir une démocratie populaire, étant donné que la Grande-Bretagne n’était plus en mesure de porter le régime grec.

    L’Armée Démocratique de Grèce – DSE

    L’hypothèse d’une victoire démocratique en Grèce apparaissait aux États-Unis comme une menace stratégique aux conséquences incalculables, surtout que la Turquie risquait d’être isolée.

    Aussi, en mai 1947 le congrès américain accorda 300 millions de dollars d’aides économiques et militaires jusqu’en juin 1948. Le régime monarchiste grec changeait de tuteur, la Grande-Bretagne cédant la place aux États-Unis.

    Il y eut d’ailleurs aussi bien entendu le plan Marshall, la Grèce recevant de nouveau pas moins de 649 millions de dollars, ce qui la rendait entièrement dépendante désormais des États-Unis, dans une optique de militarisme généralisé. Au total, les Etats-Unis fourniront 1,5 milliard de dollars au régime réactionnaire grec.

    84,7 % de la somme totale de l’aide étrangère passait dans les dépenses militaires, la part de celles-ci dans le budget national grec étant d’ailleurs également de 42 %.

    C’était en pratique désormais James Van Fleet, le responsable militaire américain envoyé spécialement pour gérer la Grèce (et qui « s’illustrera » ensuite dans la guerre de Corée), qui dirigeait le pays.

    James Van Fleet

    Un célèbre reporter américain, Homer Bigart, écrivit à ce moment dans le New York Herald Tribune que :

    « Athènes est aujourd’hui un royaume d’intrigues, de haine, de méchanceté et de corruption défiant les mœurs du moyen-âge. »

    Cela provoqua un nouveau saut répressif. Une conséquence immédiate fut l’arrestation, le 9 juin 1947, de 9 000 personnes dans les villes ; certaines estimations font monter ce chiffre à 20 000.

    L’un des éléments essentiels qui vint s’ajouter fut également l’utilisation systématique par les réactionnaires de l’évacuation des villages, afin d’assécher les bases populaires aidant la DSE.

    Le nombre de réfugiés fut alors croissant : 15 000 en septembre 1946, 200 000 en août 1947, 485 000 en février 1948, puis 700 000.

    La DSE organisa, afin de protéger les enfants victimes des offensives de l’armée réactionnaire avec notamment les bombardements, des évacuations, avec l’appui de certains pays de l’Est européen, qui avait lancé l’initiative eux-même lors d’une conférence internationale de la jeunesse s’étant tenue à Belgrade. Plus de 10 000 enfants furent concernés.

    Cela fut le prétexte pour une très vaste campagne, appelée « paidomazoma » (rassemblement des enfants), accusant la DSE de vouloir slaviser les enfants grecs, de les transformer en futurs soldats en les manipulant, etc., tout en organisant sous l’égide de la reine grecque Frederika de Hanovre des campagnes pour enlever des enfants des villages et les placer dans des camps avec une éducation idéologique réactionnaire forcenée.

    Cette campagne de dénigrement de la DSE fut également largement soutenue par l’ONU.

    L’armée fit également en sorte de contrôler les déplacements de la population, pour empêcher les communistes des bastions d’Athènes et de Thessalonique de rejoindre la guérilla.

    La torture et le meurtre furent généralisés ; ce qui est également caractéristique du combat mené par le monarcho-fascisme contre la DSE, c’est la systématisation des démonstrations terroristes, avec les têtes coupées des membres tués de la DSE accrochées dans les villages.

    James Van Fleet inspectant une position en Grèce,
    devant des soldats tués de la DSE

    Voici ce que raconte en juillet 1947 le journal de l’EAM Eleftheri Héllada :

    « Les monarchistes ont suspendu la tête de l’andartès [du rebelle] Palos sur une hampe et l’ont arborée sur la place publique de Héraclion de l’île de Crète. Puis, ils se mirent à danser tout autour et à tirer des coups de feu.

    Le préfet sortit alors sur le balcon et leur tint un discours ayant en face de lui la tête coupée. C’est au milieu de cette orgie de cannibales que le directeur de l’école commença aussi son discours. »

    L’îlot de Makronissos fut l’un des principaux centres de torture, où passèrent au moins 50 000 personnes, brisés physiquement par la soif, la faim, la chaleur, le froid, les tortures.

    Voici un extrait de ce que raconte en septembre 1947 une personne déportée à Youra, un îlot similaire :

    « Les conditions de vie sont horribles. Dans un enclos entouré de fila barbelés sont placées les tentes-abris sous lesquelles nous vivons.

    Durant la journée, le soleil brillant: durant la nuit, l’humidité, les scorpions et les serpents. Sur ce rocher anhydre, il n’y a pas une goutte d’eau. Un bateau de navette transporte chaque semaine 40 tonnes d’eau pour les milliers de détenus.

    La nourriture est infecte, le pain est immangeable, tellement il est moisi. Celui qui ose protester est battu pendant dix jours. Nous n’avons aucune assistance médicale.

    50 % des détenus souffrent de dysenterie. Le camp est dirigé par le commandant Papadimitriou et par Piastres, tous deux geôliers-chefs du camp de Pavlos Melas à Salonique. La terreur est indescriptible… »

    En octobre 1947, la presse du KKE et de l’EAM furent interdits, en conséquence de quoi la réponse fut, le 24 décembre 1947, l’annonce de la formation d’un « gouvernement démocratique provisoire de la Grèce libre », avec en réaction l’interdiction du KKE et de l’EAM.

    Il était clair que c’en était fini de l’option de marcher sur deux jambes et de tenter de parvenir à un compromis. La guerre civile s’était cristallisée, mais, de par l’intervention américaine, les réactionnaires avaient pris l’initiative et la tendance ne s’arrêtait pas.

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  • La DSE – Armée Démocratique de Grèce

    La non-participation aux élections fut une erreur tactique, donnant le champ libre aux réactionnaires : le référendum sur le retour du Roi obtint 69 % de voix favorables à celui-ci, qui revint alors le 27 septembre 1946 à Athènes, accueilli triomphalement par ses partisans.

    Le régime avait également auparavant annulé en mai 1946 la victoire (88%) aux élections syndicales de l’ERGAS (Ergatikos Antiphasistikos Synaspismos – Bloc ouvrier antifasciste), tout comme il avait en juin 1946 modifié la direction du syndicat GSEE, jusque-là communiste.

    Jusqu’en 1947, le bilan de la répression s’élevait à 24 000 personnes assassinées, 105 exécutés par les cours martiales, 6 671 personnes grièvement blessées, 31 682 torturés, 84 931 détenus, 18 867 foyers saccagés, 577 bureaux et imprimeries mis à sac, 165 viols, 5 817 exils, 12 000 personnes envoyés en camp de concentration.

    L’armée s’appuyait sur 200 000 hommes, la gendarmerie sur 25 000, la Garde nationale sur 50 000, à quoi il faut ajouter les troupes britanniques et les multiples structures armées d’extrême-droite.

    Le sol se dérobait sous les pieds du KKE et la stratégie sur deux jambes de Níkos Zachariádis ne laissait plus comme perspective que le déclenchement de la lutte armée.

    Les Partis Communistes de France et d’Italie considéraient que c’était une erreur, ceux d’URSS et de Bulgarie appelaient à la prudence et à la mesure dans ce processus, celui de Yougoslavie assurait son soutien.

    De fait, il y avait déjà 4 650 membres de l’ELAS réfugiés en Yougoslavie, dans le village de Bulkes près de Belgrad, auparavant occupé par des immigrés allemands ayant fini par fuir en 1944.

    La première action organisée fut l’attaque, par un commando partisan de 33 personnes, de la station de Litochoro, au pied du mont Olympe, qui avait connu de sévères et régulières agressions contre les activistes de gauche.

    Environ mille personnes armées furent structurées, avec une montée en puissance très rapide, puisqu’en novembre il y avait déjà 5 000 membres d’une nouvelle structure militaire qui fut officiellement annoncée dans Rizopastis, l’organe du KKE, le 21 novembre 1946 : l’Armée Démocratique de Grèce (Δημοκρατικός Στρατός Ελλάδας – DSE).

    Le symbole de la DSE

    En février 1947, la DSE disposait déjà de 12 000 combattants et fut même en mesure de prendre la ville de Sparte, libérant 176 prisonniers enfermés dans cette ville. Quelques mois plus tard, la DSE disposera de 30 000 partisans.

    Le prix politique fut cependant élevé, dans la mesure où la combinaison légale/illégale était pratiquement bricolée, le KKE ne reconnaissant pas officiellement les partisans comme étant son initiative.

    Le résultat fut qu’au début de 1947, 50 % des cadres du Parti avaient été arrêtés, ainsi que 90 % des anciens officiers de l’ELAS.

    Cependant, la ligne de Níkos Zachariádis était de gagner le plus de temps possible, afin de faire en sorte que l’axe politique de la DSE soit le plus large possible.

    Voici justement le serment des membres la DSE, qui reflète tout à fait cette démarche de bataille pour la démocratie populaire, contre les réactionnaires, mais également avec la dimension de libération nationale face à la présence britannique :

    « Moi, enfant du peuple de Grèce et combattant de l’Armée Démocratique de Grèce, je jure de me battre avec armes à la main, de donner mon sang et même ma vie pour chasser tout occupant étranger qui se trouve sur le sol de ma patrie.

    Pour faire disparaître toute trace de fascisme. Pour faire disparaître et pour défendre l’indépendance nationale, l’intégrité territoriale de ma patrie. Pour garantir et défendre la démocratie, l’honneur, le travail, les biens et le progrès de notre peuple.

    Je jure d’être bon, brave et soldat discipliné, d’obéir aux ordres de mes supérieurs hiérarchiques, et d’exécuter les dispositions du règlement et de garder les secrets de l’Armée démocratique de Grèce.

    Je jure d’avoir une conduite exemplaire vers le peuple, promoteur et meneur de l’unité populaire et de conciliation et d’éviter chaque acte qui m’expose et me déshonore en tant qu’individu et combattant.Mon idéal est une Grèce Démocratique libre et forte et le progrès et la prospérité du peuple. Pour servir cet idéal je dispose mon arme et ma vie.

    Si jamais je suis déloyal et je viole intentionnellement mon serment, que la patrie me sanctionne impitoyablement, que mon peuple me haïsse et méprise. »

    Voici les propos du dirigeant de la DSE, Márkos Vafiádis, exprimés dans un discours au nom du quartier général de la DSE, définissant la nature de celle-ci :

    « Il y a presque un an. les combattants du peuple qui se réfugièrent dans la montagne et qui se trouvaient isolés au début, se groupèrent en diverses unités séparées, afin d’échapper à la persécution exterminatrice de l’occupant étranger et du monarcho-fascisme. et commencèrent ainsi à former la DSE.

    Le grand crime de ces combattants fut d’avoir trop aimé leur patrie et d’avoir donné, au temps de l’occupation hitléro-fasciste toutes leurs forces sans ménagement pour chasser l’occupant étranger, reconstruire leur pays, et former une nouvelle Grèce vraiment libre, indépendante ot démocratique, digne de son histoire et de son peuple.

    Notre but était au début, de sauver notre vie, de protéger nos familles, nos maisons, nos biens et de combattre nos persécuteurs par les mêmes moyens qu’ils utilisaient pour notre extermination et notre ruine économique.

    Nous avons toujours été convaincus et nous le sommes encore, que notre peuple dans sa majorité décisive veut la tranquillité, la réconciliation et la vie normale pour pouvoir, par sa sueur et son travail. assurer le pain quotidien de ses enfants et travailler au progrès de sa liberté.

    Nous n’avons jamais rien désiré de plus que ce qui peut-être réalisé par la liberté, la démocratie, le redressement économique et la reconstruction, lorsque la paix et l’indépendance nationale sont assurées.

    C’est cet idéal que nous avons proclamé dans notre Programme et c’est pour cet idéal que nous avons lutté et combattu dès le premier jour de notre existence. La réconciliation et l’apaisement furent dès le début, et continuent à l’être, notre aspiration fondamentale.

    Mais le monarcho-fascisme et l’occupation étrangère répondent à tout cela par les assassinats, l’extermination générale, l’établissement d’un fascisme intégral et l’asservissement total de notre pays aux ploutocrates étrangers.

    A toute proposition de réconciliation ils répondent par de nouvelles opérations de nettoyage, cherchant vainement à assurer leur domination fasciste absolue.

    La Grèce, notre chère Patrie, est devenue aujourd’hui une jungle. où les cannibales du monarcho-fascime se livrent, sur les directives des étrangers, à des orgies effrénées et à des massacres sans précédent contre notre peuple.

    Le dernier accord gréco-américain couronne le crime commis contre l’intégrité et l’indépendance de notre pays. contre l’honneur national.

    Le mornarcho-fascisme s’est tellement avili et ses amis d’Ankara se sont enhardis à un tel point, que des unités entières de l’armée turque entrent librement et à toute heure dans le territoire grec de Thrace, préparant ainsi le terrain pour une occupation permanente de ces territoires avec la tolérance des monarcho-fascistes et la bénédiction de leurs patrons étrangers.

    Ainsi, à l’état où le monarcho-fascisme nous a réduit au cours de ces dernières deux années et demie, une seule question se pose à nous et à tous les grecs.

    Il ne s’agit plus d’une question individuelle, ni simplement EAM-ique ou démocratique. Il ne s’agit plus du combattant individuel qui s’est réfugié dans la montagne pour sauver sa vie.

    Il s’agit maintenant de l’existence même de la Grèce. La question qui se pose aujourd’hui est la suivante: la Grèce va-t-elle exister ou non.

    C’est ce dilemme qui est aujourd’hui posé par l’histoire et par la vie devant tous les grecs, devant tous ceux qui vivent dans notre pays.

    Et devant chacun de nous s’ouvrent deux voies:

    L’une s’appelle Honneur National. L’autre mène à la Trahison Nationale. »

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  • Le retour de Níkos Zachariádis en 1945

    Le paradoxe du gigantesque succès du KKE avec l’EAM et l’ELAS, c’est que le théoricien de la ligne de libération nationale qui amena cela n’était plus présent depuis plusieurs années.

    Arrêté en 1936 par la dictature de Ioánnis Metaxás, Níkos Zachariádis fut envoyé au camp de concentration de Dachau en 1941. Le KKE n’avait plus aucune nouvelle de lui depuis.

    Grande figure historique cependant du KKE – à ce titre, Níkos Zachariádis était très connu des masses – la nouvelle de son retour, annoncée le 1er mai 1945 dans l’organe du Parti Rizospastis, provoqua une onde de choc.

    Níkos Zachariádis était considéré comme le grand théoricien du KKE, celui qui avait développé la ligne juste, ce qui était systématiquement souligné dans les publications du Parti.

    Avec l’échec de décembre 1944, l’espoir était d’autant plus grand. Níkos Zachariádis formula d’ailleurs tout de suite une nouvelle ligne.

    Il expliqua que la Grèce était d’un côté un pays balkanique, de l’autre un pays méditerranéen. Cela signifiait, en pratique, qu’il y avait d’un côté une liaison avec des pays comme la Bulgarie et la Yougoslavie, passés dans le camp socialiste, et de l’autre une certaine dépendance envers l’impérialisme britannique qui considérait la zone comme sa chasse gardée.

    Etait donc nécessaire, effectivement comme demandé par les communistes de Bulgarie avec Georgi Dimitrov au KKE, une ligne de mouvement politique de masses, c’est-à-dire une ligne adaptée au contexte d’entre-deux de la Grèce, avec la dimension balkanique et la tendance au communisme, de l’autre la présence massive de l’impérialisme britannique.

    Ce dernier devait inévitablement chercher la stabilité et à moins de rayer le KKE de la carte, ce qu’il ne pouvait pas, il devait aller dans le sens de trouver un compromis. Le KKE devait donc assurer le maintien de la démocratie, que les masses voulaient, en tenant compte des limites historiques du moment.

    D’ailleurs, pour lui la défaite de décembre 1944 apparaissait comme inévitable en raison de la situation de la Grèce, de par la présence britannique.

    Níkos Zachariádis

    Níkos Zachariádis formula cette conception dans Rizospastis le 5 juin 1945 et le jour même il rencontra l’ambassadeur anglais ; il l’affirma de nouveau à la réunion du Comité Central du KKE trois semaines plus tard.

    Cependant, Níkos Zachariádis ajouta un aspect important. La réunion du Comité Central mentionna « certains cercles anglais à l’étranger » comme jouant un rôle particulièrement négatif et Níkos Zachariádis affirma même ouvertement le rôle négatif de la présence britannique, que le KKE n’avait jamais ouvertement dénoncé jusqu’à présent dans le contexte de la guerre mondiale :

    « Nous pouvons dire sans exagération que les autorités militaires et politiques britanniques ne témoignent pas d’une attitude démocratique et n’amènent pas à la réalisation des traités de Varkiza et Yalta. »

    De plus, la réunion du Comité Central appela à la formation généralisée de l’autodéfense autonome des masses (Μαζική Λαϊκή Αυτοάμυνα – MLA), avec des groupes organisés, des initiatives politiques, des grèves, jusqu’à la lutte armée en cas de danger.

    Níkos Zachariádis tint d’ailleurs un discours à Thessalonique le 24 août 1945 où était exigé un développement normal de la politique intérieure, affirmant que la passivité devant les attaques des monarcho-fascistes finiraient par avoir une réponse armée. 

    Juste auparavant, le 6 août, le KKE expliquait que dans la situation actuelle, aucune élection ne pouvait se tenir.

    Il est ici significatif que l’acte constitutionnel 26, promulgué le 24 mars 1945, décidant de purger de l’administration ceux ayant collaboré avec l’occupant nazi, suive l’acte constitutionnel 25, promulgué le 22 mars 1945, décidant de purger les personnes liées à la « mutinerie du 3 décembre 1944 ».

    L’acte 26 était de la poudre aux yeux pour prétendre rétablir l’ordre en général, alors que les persécutions se lançaient de manière généralisée contre les personnes liées de près ou de loin à l’EAM.

    Trois mois après, en juin 1945, seulement 18 000 personnes étaient poursuivis pour faits de collaboration, 1 100 étant en prison attendant leur procès, tandis que 48 956 personnes étaient emprisonnées pour liens avec l’EAM, le chiffre doublant quelques mois plus tard.

    Dans ce cadre, lors du VIIe congrès du KKE, début octobre 1945, Níkos Zachariádis critiqua de manière claire et nette les tendances considérant qu’une voie pacifique était possible, expliquant que depuis le traité de Varkiza il y avait eu une restauration de la monarcho-fascisme et que ce qui avait été possible auparavant ne l’est plus.

    Impossible par conséquent de ne pas considérer que le mouvement politique de masses devait également porter en lui la question de la lutte armée si les blocages s’avéraient trop importants. Níkos Zachariádis mit en place à ce titre une Commission militaire panhéllénique.

    Le lieu d’une bataille où des cadres de l’EPON résistèrent en 1944

    Naturellement, la question des modalités des élections allait s’avérer primordiale. Lorsque le gouvernement annonça le 5 octobre 1945 que celles-ci se tiendraient dès le 20 janvier 1946, ce fut considéré comme inacceptable par les libéraux, les socialistes, le parti paysan et le parti progressiste, et bien entendu le KKE.

    Il apparaissait pour toutes ces forces que les élections sous l’égide d’un gouvernement façonné par la Grande-Bretagne au moyen des partisans de la monarchie ne sauraient être libres.

    La Grande-Bretagne lâcha du lest et permit la formation en novembre 1945 d’un gouvernement d’orientation libérale, accepté également par le KKE, tout en refusant systématiquement le remplacement des officiers monarchistes et fascistes dans l’armée et la gendarmerie par des républicains.

    Devant le blocage de la situation et la continuation des actions terroristes d’extrême-droite soutenues par la Grande-Bretagne et l’appareil d’État grec, le KKE cessa en décembre son soutien au gouvernement, alors que Níkos Zachariádis fit réunir le Comité Central en janvier 1946, afin de préparer le tournant de la bataille pour l’indépendance nationale contre la Grande-Bretagne.

    Níkos Zachariádis

    La Commission militaire panhéllénique prépara alors des structures dans les montagnes pour des actions de partisans et l’EAM formula les points suivants pour accepter de participer aux élections : la formation d’un nouveau gouvernement avec une participation de l’EAM, le désarmement des groupes d’extrême-droite, l’amnistie pour les combattants de la résistance, une révision des listes électorales et enfin l’exclusion de l’armée, de la police et de l’administration des éléments ayant collaboré avec l’Allemagne nazie.

    Devant le refus de ce compromis, le KKE boycotta les élections, ainsi que les socialistes et la gauche en général.

    Sur 1 850 000 personnes pouvant voter, 743 000 s’abstinrent, le Parti Populaire et le Parti Libéral National, pro-monarchie, obtinrent 55 % des voix soit 206 sièges parlementaires, les fascistes issus de l’EDES du Parti National en eurent de leur côté 20, contre 68 pour les conservateurs de l’Union Politique Nationale et 48 pour les libéraux.

    C’était un signe du retournement de situation : les pro-monarchistes du parti populaire, pro-monarchie, passaient en quelques mois d’une situation d’inexistence concrète à l’obtention de 609 000 voix.

    Lors d’une réunion à Moscou en 1950, Staline critiqua la non-participation aux élections comme ayant été une erreur tactique, ce que Níkos Zachariádis reconnut.

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  • Les dekemvrianá et ses conséquences

    Winston Churchill, le Premier ministre anglais, avait exigé lors de la conférence de Moscou en octobre 1944 un découpage en zones d’influence, suivant les modalités suivantes : Hongrie et Yougoslavie : 50%- 50%, Roumanie : 10% – 90%, Bulgarie: 25% – 75% et Grèce : 90 % – 10%.

    Ces pourcentages n’ont aucune signification en soi, à part qu’ils signifiaient que l’impérialisme britannique ne tolérerait pas d’intervention ouverte de l’Armée rouge en Grèce.

    Impossible pour l’URSS de ne pas accepter cela, de par la nécessité de l’alliance générale contre l’Allemagne nazie – le risque n’étant pas de ne pas battre celle-ci, mais que celle-ci réussisse un retournement d’alliance avec les États-Unis et la Grande-Bretagne dans une optique anti-soviétique.

    Le KKE avait pris conscience de cet arrière-plan et à part le chef partisan Áris Velouchiótis, une tête brûlée à l’esprit aventurier qui sera exclu du KKE en 1945, il n’y avait pas l’idée d’un affrontement considéré comme impossible avec l’armée britannique.

    Restait toutefois la question de l’ELAS, que le KKE refusait d’insérer dans l’armée nationale nouvelle si la même dissolution ne se produisait pas pour la 3e brigade de montagne grecque et le Bataillon sacré.

    Le gouvernement d’union nationale procéda alors à l’exclusion du KKE et, en réponse, afin de faire une démonstration de force, le KKE appela à une vaste manifestation pour le 3 décembre 1944, avec une grève générale à partir du lendemain.

    La réponse de l’impérialisme britannique et des forces réactionnaires fut claire et nette, avec la police qui tira sans prévenir sur les manifestants, devant les journalistes massés sur les balcons de l’hôtel Grande-Bretagne et alors que les tanks britanniques étaient aux côtés de la police.

    Il y eut 28 morts et 140 blessés et même le quotidien conservateur The Times parla d’une « action fasciste ». Il apparaît que le signal fut donné par le chef de la police athénienne dans une action concertée, avec plusieurs groupes de tireurs, les tirs étant prévus pour quand la manifestation atteindrait la tombe du soldat inconnu.

    En réponse, l’ELAS occupa des commissariats dans la périphérie d’Athènes et la grève du 4 décembre fut un triomphe.

    Partant de quoi, le chef militaire britannique Ronald Scobie déclara l’état d’urgence, ce qui provoqua un affrontement armé, confiné à Athènes, entre l’ELAS et les forces britanniques faisant notamment venir la 4e division d’infanterie indienne d’Italie, utilisant les tanks et les avions de la Royal Air Force.

    L’ELAS sous-estima l’importance de prendre l’offensive, ne prenant jamais l’initiative dans une posture uniquement défensive, en ne mobilisant pas assez ses troupes hors d’Athènes pour renforcer sa présence dans la capitale.

    Aussi ce sont les forces britanniques qui prirent au fur et à mesure le dessus, alors qu’initialement, l’ELAS contrôlait les 9/10 d’Athènes.

    Toutefois, l’impérialisme britannique, par ce coup de force et son refus de la démission du gouvernement, étaient allé trop loin, même aux yeux des masses britanniques. Pour cette raison, il fallut temporiser et le Premier ministre Winston Churchill vint même à Athènes pour participer à une conférence le 25 décembre.

    Un cessez-le-feu fut alors mit en place ; cela revenait à une défaite de l’ELAS, qui de fait avait perdu 1/4 de ses effectifs, alors que les structures du KKE à Athènes et au Pirée, le bastion essentiel du Parti, avaient été démantelées.

    L’ELAS disposait toutefois encore de six divisions avec 40 000 partisans disposant de six mois de munitions, contrôlant la moitié du territoire, un tiers de la population.

    Aussi, les événements de décembre (Δεκεμβριανά, dekemvrianá), qui firent 7 000 morts, aboutirent alors au traité de Varkiza le 12 février 1945 : en échange du désarmement de l’ELAS, l’EAM pourrait librement participer aux élections et la première mettrait en place une constituante.

    Une amnistie fut également prévu, mais la nature politique fut souvent éludée pour arrêter les membres de l’EAM, de l’ELAS, du KKE : sur 16 700 prisonniers en octobre 1945, 2 896 l’était pour collaboration avec l’occupant, 7 077 l’était pour des délits et des crimes, alors que 6 027 personnes étaient emprisonnées en raison des dekemvrianá.

    Non seulement l’armée ne fut pas nettoyée de ses officiers liés à l’extrême-droite comme le prévoyait le traité de Varkiza, mais au contraire même elle s’ouvrit de manière résolue aux cadres monarchistes, fascistes, etc.

    De plus, si l’ELAS avait remis notamment pratiquement 49 000 fusils et pistolets, une centaine de pièces d’artillerie, 713 armes automatiques, etc., tout en conservant cependant 20 000 armes de manière clandestine, toutes les forces réactionnaires furent toujours plus appuyées par les forces britanniques pour lancer une vaste opération de terreur blanche.

    La gendarmerie et la garde nationale, les forces de sécurité gouvernementales, l’organisation X, les bataillons de sécurité ayant collaboré avec l’Allemagne nazie, etc., toutes ces forces s’unirent dans une grande opération d’arrestations, de torture, de meurtre, dans tout le pays.

    Entre février 1945 et mars 1946, l’EAM dut subir la mort de 1289 activistes, alors que 6 671 autres avaient été blessés, 31 632 torturés, 8624 emprisonnés, 165 femmes violées. 677 bureaux de l’EAM avaient été fermés.

    Voici par exemple ce qu’on lit dans une note adressée au Premier Ministre Voulgaris le 5 juin 1945, écrite par les les chefs politiques du Centre, à savoir les anciens présidents du Conseil Themistoklis Sofoulis, Georgios Kafandaris, Emmanuel Tsoudéros et Nikólaos Plastiras.

    « La terreur instaurée après les événements de décembre par l’extrême droite, dans tout le pays, s’amplifie tous les jours. Elle a pris un développement et une étendue qui rendent impossible la vie des citoyens non-royalistes et excluent méme la pensée qu’on puisse procéder à un plébiscite libre ou à des élections.

    Les organisations terroristes de l’extrême droite, dont les principales avaient été années en partie par les Allemands et avaient de toutes les manières collaboré avec eux, non seulement ne furent pas désarmées, non seulement ne sont pas poursuivies, mais encore collaborent ouvertement avec les agents de l’ordre en vue d’étouffer complètement toute pensée démocratique. »

    Dans certains cas, les armes remises par l’ELAS aboutirent même dans leurs mains et à cela s’ajouta la justice du nouvel État soumis à l’impérialisme britannique : en 1945, ce sont officiellement 48 956 personnes qui furent poursuivis pénalement.

    Dans ce climat, le KKE ne put rassembler que 40 000 personnes le premier mai 1945.

    A cela s’ajoute un élément essentiel : si les socialistes avaient maintenu leur soutien à l’EAM lors des dekemvrianá, la situation leur apparaissait désormais comme intenable et ils prirent leur autonomie complète en avril 1945, en unifiant leurs différentes structures.

    L’échec de décembre 1944 avait provoqué une année de 1945 catastrophique pour le KKE, alors que la victoire sur l’Allemagne nazie était scellée.

    Le bilan était, par ailleurs terrible. L’occupation nazie avait amené la mort de 260 000 personnes en raison de la famine, 70 000 tués par l’occupant, 60 000 morts en déportation, 15 000 morts au front en 1940 et en 1941, 6 000 partisans étaient morts au combat alors que 70 000 autres étaient blessés, 300 000 personnes étant des réfugiés, 500 000 des sans abris.

    70% des ponts étaient détruits, ainsi que 65% des véhicules motorisés ; la production agricole avait chuté de 50%, 95% des voies ferrés étaient endommagées.

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  • Le KKE, l’EAM et l’ELAS face à l’impérialisme britannique

    Si le KKE avait l’initiative jusque-là, la présence britannique allait se révéler être un énorme un obstacle. Cette question allait être au cœur du positionnement du KKE et la source de la guerre civile.

    Quelles sont les raisons à cela ? Déjà, parce que cela signifiait à court terme une reformation de l’EDES, qui put mener une dernière contre-offensive en janvier 1944, ce qui provoqua immédiatement une réponse acharnée de l’ELAS.

    Ensuite, parce que l’impérialisme britannique s’était placé au centre des négociations entre l’ELAS, l’EKKA et l’EDES.

    Enfin, parce qu’avec ce positionnement, l’impérialisme britannique appuyait tout azimut les initiatives anti-communistes, récupérant toutes les forces possibles, même celles ayant été auparavant des fervents soutiens de l’Allemagne nazie.

    Affiche de l’EPON, l’organisation panhellénique
    unifiée de la jeunesse, membre de l’EAM

    C’est-à-dire que l’impérialisme britannique avait comme objectif de réinstaurer la monarchie et de s’appuyer sur les forces d’extrême-droite les plus agressives, ainsi que sur les partis bourgeois traditionnels, pour liquider le KKE présenté comme la menace la plus grande.

    Et que, de l’autre côté, le KKE pensait se sortir de cette situation en assumant la position d’avant-garde républicaine, en s’appuyant sur le mouvement de masses, tout en sachant que la question militaire était essentielle.

    Les deux camps allaient placer leurs pions pendant l’année 1944, jusqu’à un mois de décembre qui s’avérera décisif pour l’avenir.

    Initialement, afin d’aller de l’avant, le KKE décida en mars 1944 de générer le PEEA (Πολιτική Επιτροπή Εθνικής Απελευθέρωσης – Comité politique de la libération nationale) comme gouvernement portant les exigences de l’EAM.

    Le KKE ne disposait que d’un membre sur les 10 du gouvernement, néanmoins il s’agissait du ministre de l’intérieur et, en plus de cela, le ministre de la guerre, le général Manolis Mandakas, lui était lié.

    Le PEEA fut un franc succès et en avril 1944 se tinrent des élections, ouvertes aux femmes, auxquelles participèrent un million de personnes, élisant 180 délégués se réunissant en mai 1944 en tant que parlement.

    L’impact fut si grand que l’Armée britannique fut forcée de dissoudre par la force les deux brigades grecques présentes en exil en Égypte, internant 10 000 soldats et officiers, afin d’empêcher une jonction générale entre ces forces pro-EAM et le PEEA.

    Cette dissolution jouera un rôle capital par la suite. Ces forces allaient manquer cruellement à l’EAM, alors ne subsistaient plus que deux forces intégralement dirigées par des officiers pro-royalistes et encadrées par les forces armées britanniques : la 3e brigade de montagne grecque qui participa notamment à la bataille de Rimini en Italie et le Bataillon sacré qui lutta notamment en Libye.

    En plus de cela, il y avait l’organisation X, structure d’extrême-droite supervisée par les forces britanniques et récupérant du matériel militaire allemand, dans l’unique optique de combattre l’ELAS.

    A cela s’ajoute aussi le soutien britannique à l’EKKA, qui mena une politique toujours plus provocatrice et agressive envers l’ELAS, ce qui aboutit à un affrontement et la liquidation militaire de l’EKKA par l’ELAS, notamment de sa principale unité le régiment 5/42, dont le dirigeant Dimitrios Psarros fut exécuté.

    L’impérialisme britannique jeta alors toutes ses forces dans une grande conférence au Liban en mai 1944, rassemblant toutes les forces politiques grecques, où le KKE, l’EAM, l’ELAS et le PEEA se retrouvèrent pratiquement sur le banc des accusés.

    La délégation du KKE ne voulut pas pour autant que les communistes soient considérés comme à l’origine de l’échec de la conférence et prirent par conséquent une ligne de compromis, qui fut toutefois considérée ensuite comme une ligne de compromission par la direction et la base du KKE.

    En conséquence de quoi, le camp monarchiste lié à l’impérialisme britannique fut entièrement rejeté dans la propagande de l’EAM ; il fut choisi de liquider entièrement les derniers restes de l’EDES également remis en place par l’impérialisme britannique.

    Celles se situaient, de fait, dans des zones contrôlées par l’Allemagne nazie dans une situation de coexistence pacifique. On lit ici parfaitement le double jeu des forces réactionnaires grecques, cessant aisément le combat anti-nazi selon les opportunités.

    L’année 1944 fut également marqué, du côté du KKE, par un contact enfin pris avec l’URSS, qui commença toute une joute diplomatique avec l’impérialisme britannique, à qui elle finit par annoncer en août 1944 l’envoi d’une mission militaire en Grèce.

    L’opération fut menée secrètement en juillet 1944, avec un avion partant pour un « exercice » depuis la base anglo-américaine de Bari en Italie pour aller chercher dix officiers soviétiques en Yougoslavie, deux sautant en parachute sur la Macédoine, les autres étant amenés en Thessalie.

    L’intervention de l’URSS permit un compromis général, le KKE et l’EAM acceptant finalement les résultats de la conférence au Liban et entrant de manière minoritaire dans un gouvernement national.

    Le KKE considérait que ce compromis lui permettait de se positionner positivement sur le plan politique, alors que de toutes façons il avait désormais au moins 250 000 membres, que l’EAM s’appuyait sur plus de 1,5 million de personnes, que l’ELAS disposait de 50 000 membres, plus 20 000 réservistes.

    Tout alla cependant très vite, dans la mesure où les victoires de l’armée rouge en Roumanie et en Bulgarie forcèrent l’armée allemande à quitter la Grèce à partir de la fin août 1944.

    Il fallait soit prendre le pouvoir directement – ce qui était militairement tout à fait possible à court terme, mais politiquement hautement risqué surtout avec l’image d’un affrontement avec l’armée britannique, membre des Alliés – soit passer cette opportunité historique et attendre les résultats de la participation au gouvernement d’union nationale.

    Par conséquent, le PEEA procéda à sa dissolution en novembre 1944, ce qui amena au premier plan la question de la nature de la démilitarisation de l’ELAS.

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