1. Il y a deux méthodes que nous, communistes, devons appliquer dans n’importe quel travail : l’une consiste à lier le général au particulier, l’autre, à lier la direction aux masses.
2. Pour l’accomplissement de quelque
tâche que ce soit, il est impossible, sans lancer un appel général,
d’entraîner les masses à l’action.
Mais si les dirigeants se bornent à
cet appel, s’ils ne s’occupent pas personnellement, de façon
concrète et approfondie, dans quelques-unes des organisations, de
l’exécution du travail pour lequel ils ont lancé l’appel – en
sorte que, après avoir obtenu un premier résultat, ils puissent,
grâce à l’expérience acquise, orienter le travail dans les
autres secteurs qu’ils dirigent -, ils ne seront pas à même de
vérifier si l’appel général est juste, ni d’enrichir son
contenu ; et cet appel général risque alors de n’aboutir à rien.
Ainsi, en 1942, au cours du mouvement
de rectification, des succès ont été remportés là où on a su
lier l’appel général à une direction concrète dans tel ou tel
secteur particulier ; en revanche, là où on n’a pas adopté cette
méthode, aucun succès n’a été obtenu.
En 1943, au cours du même mouvement,
les bureaux et sous-bureaux du Comité central, les comités
régionaux et préfectoraux du Parti doivent, afin d’acquérir de
l’expérience, procéder comme suit :
Tout en lançant un appel général
(le plan du mouvement pour l’année), ils choisiront dans leur
propre organisme, ainsi que dans les organismes, les écoles et les
forces armées du voisinage, deux ou trois unités (il n’est pas
nécessaire d’en prendre beaucoup) qu’ils soumettront à une
étude approfondie, pour saisir dans le détail comment s’y déroule
le mouvement de rectification et pour examiner de près le cas de
quelques membres représentatifs du personnel (là non plus il n’est
pas nécessaire d’en prendre beaucoup), examen qui portera sur leur
passé politique, leurs caractéristiques idéologiques, leur
application à l’étude et la qualité de leur travail ; ils
guideront eux-mêmes les responsables de ces unités dans la
recherche d’une solution concrète des questions pratiques.
Les responsables de chaque organisme,
école ou unité de l’armée doivent procéder de la même manière,
puisque ceux-ci se composent à leur tour d’un certain nombre
d’unités plus petites.
C’est là aussi une méthode qui
permet d’apprendre tout en dirigeant.
Aucun responsable ne peut assumer la
direction générale des unités qui lui sont confiées s’il
n’acquiert pas l’expérience pratique dans quelques-unes d’entre
elles, auprès de certaines personnes et sur des questions
déterminées.
Il faut populariser largement cette
méthode, afin que les cadres dirigeants à tous les échelons
sachent l’appliquer.
3. L’expérience de 1942 a par ailleurs
démontré que, pour assurer le succès du mouvement de
rectification, il est nécessaire, au cours même du mouvement, de
former dans chaque unité un groupe dirigeant composé d’un petit
nombre d’éléments actifs réunis autour du principal responsable
et d’assurer la liaison étroite de ce groupe dirigeant avec les
larges masses qui participent au mouvement.
Si actif que soit le groupe
dirigeant, son activité se réduirait à l’effort infécond d’une
poignée de gens, si elle n’était pas liée avec celle des larges
masses.
Mais, d’autre part, l’activité
des larges masses qui n’est pas orientée comme il convient par un
fort groupe dirigeant ne peut se maintenir longtemps, ni se
développer dans une direction juste et s’élever à un niveau
supérieur.
Les masses, en tout lieu, comprennent
grosso modo trois sortes d’éléments : ceux qui sont relativement
actifs, ceux qui sont relativement arriérés et ceux qui sont entre
les deux.
C’est pourquoi les dirigeants
doivent être capables de réunir autour d’eux le petit nombre des
éléments actifs et s’appuyer sur ces derniers pour élever le
niveau des éléments intermédiaires et rallier les éléments
arriérés. Un groupe dirigeant vraiment uni et lié aux masses se
constituera progressivement, dans la lutte même des masses et non à
l’écart de celle-ci.
Dans la majorité des cas, le groupe
dirigeant ne doit ni ne peut rester immuable dans sa composition du
début à la fin d’une grande lutte ; il faut promouvoir
continuellement les éléments actifs qui se sont distingués au
cours de la lutte et les substituer aux membres du groupe dirigeant
qui sont comparativement moins qualifiés ou qui ont dégénéré.
L’une des raisons essentielles pour
laquelle, en bien des endroits et dans nombre d’organismes, on
n’arrive pas à faire progresser le travail, c’est l’absence
d’un tel groupe dirigeant, solidement uni, lié aux masses et qui
demeure constamment sain.
Si, par exemple, dans une école
d’une centaine de personnes, il n’existe pas de groupe dirigeant
constitué en fonction de la situation (et non pas formé
arbitrairement), composé de quelques-uns, parfois un peu plus d’une
dizaine, des éléments les plus actifs, les plus droits et les plus
capables parmi les enseignants, les employés et les élèves, cette
école fonctionnera certainement mal.
L’indication relative à la création d’un noyau dirigeant,
formulée par Staline dans la neuvième des douze conditions de la
bolchévisation des partis communistes1, nous devons l’appliquer
partout, sans exception, dans les organismes, les écoles, les unités
de l’armée, les usines, les villages, qu’ils soient grands ou
petits.
Le choix des membres d’un tel groupe dirigeant doit avoir pour
critère les quatre conditions qu’a formulées Dimitrov en parlant
de la politique des cadres : dévouement le plus profond, liaison
avec les masses, capacité de s’orienter par soi-même dans toutes
les situations, esprit de discipline2.
Que l’on accomplisse une des tâches
centrales – guerre, production, éducation (mouvement de
rectification compris) – ou d’autres tâches, comme le contrôle
du travail, la vérification des cadres, il faut, tout en liant
l’appel général à une direction concrète dans tel ou tel
secteur particulier, assurer la liaison du groupe dirigeant avec les
larges masses.
4. Dans toute activité pratique de notre
Parti, une direction juste doit se fonder sur le principe suivant :
partir des masses pour retourner aux masses. Cela signifie qu’il
faut recueillir les idées des masses (qui sont dispersées, non
systématiques), les concentrer (en idées généralisées et
systématisées, après étude), puis aller de nouveau dans les
masses pour les diffuser et les expliquer, faire en sorte que les
masses les assimilent, y adhèrent fermement et les traduisent en
action, et vérifier dans l’action même des masses la justesse de
ces idées.
Puis, il faut encore une fois
concentrer les idées des masses et les leur retransmettre pour
qu’elles soient mises résolument en pratique.
Et le même processus se poursuivra
indéfiniment, ces idées devenant toujours plus justes, plus
vivantes et plus riches. Voilà la théorie marxiste de la
connaissance.
5. Des rapports justes doivent s’établir
entre le groupe dirigeant et les larges masses, que ce soit dans une
organisation ou au cours d’une lutte ; la direction ne peut
formuler des idées justes que si elle recueille les idées des
masses et les concentre, puis les retransmet aux masses, afin
qu’elles les appliquent fermement ; en mettant en pratique les
idées de l’organisme dirigeant, il faut lier l’appel général à
une direction concrète dans tel ou tel secteur particulier.
Au cours du mouvement actuel de
rectification, toutes ces conceptions doivent être largement
propagées, afin que nos cadres puissent corriger leurs points de vue
erronés à propos des méthodes de direction.
Beaucoup de camarades ne s’attachent
pas à unir autour d’eux les éléments actifs pour former un noyau
dirigeant ou ne sont pas capables de le faire ; ils ne s’attachent
pas à établir un lien étroit entre ce noyau dirigeant et les
larges masses ou ne sont pas capables de le faire ; c’est pourquoi
leur direction devient bureaucratique et se coupe des masses.
Beaucoup de camarades ne s’attachent
pas à dresser le bilan de l’expérience acquise dans la lutte des
masses ou ne sont pas capables de le faire ; se croyant intelligents,
ils aiment exposer de manière subjective une foule d’opinions qui
se réduisent, en fait, à des paroles creuses et qui n’ont aucun
rapport avec la réalité.
Beaucoup de camarades se contentent
de lancer un appel général pour l’accomplissement d’une tâche
et ne s’attachent pas à passer immédiatement à un travail de
direction particulier et concret ou ne sont pas capables de le faire,
de sorte que leur appel reste sur leurs lèvres, sur le papier ou
dans la salle de conférence, et leur travail de direction tombe dans
le bureaucratisme.
Au cours du mouvement actuel de
rectification, nous devons corriger ces défauts et apprendre à
employer, dans notre étude comme dans le contrôle du travail et la
vérification des cadres, les méthodes suivantes : lier la direction
aux masses et lier le général au particulier. Nous appliquerons ces
méthodes dans tout travail que nous ferons.
6. Recueillir les idées des masses et les
concentrer, puis les retransmettre aux masses, afin qu’elles les
appliquent fermement, et parvenir ainsi à élaborer de justes idées
pour le travail de direction : telle est la méthode fondamentale de
direction.
Au cours du processus de
concentration des idées et de leur ferme application, il faut lier
l’appel général à une direction concrète dans tel ou tel
secteur particulier ; cela fait partie intégrante de la méthode
fondamentale.
Il faut, à partir de nombreux cas de
direction concrète, formuler des idées générales (appel général),
les mettre à l’épreuve dans beaucoup d’unités différentes
(non seulement il faut le faire soi-même, mais également inviter
les autres à le faire), puis concentrer les nouvelles expériences
(en faire le bilan) et élaborer des directives nouvelles pour guider
partout les masses.
Nos camarades doivent procéder ainsi
au cours du mouvement actuel de rectification, de même que dans tout
autre travail. Une bonne direction découle de l’aptitude des
dirigeants à procéder selon cette méthode.
7. Lorsqu’un organisme dirigeant
supérieur et ses différents services confient aux échelons
inférieurs une tâche quelconque (guerre révolutionnaire,
production ou éducation ; mouvement de rectification, contrôle du
travail ou vérification des cadres ; travail de propagande, travail
d’organisation ou élimination des éléments hostiles ; etc.), ils
doivent passer par les principaux responsables de l’organisme
inférieur intéressé, pour que ceux-ci prennent eux-mêmes leurs
responsabilités ; on parviendra ainsi à une division du travail en
même temps qu’à une direction unique (centralisation de
l’autorité).
Il ne faut pas seulement qu’un
service d’un organisme supérieur prenne contact avec le service
correspondant de l’échelon inférieur (par exemple, un bureau de
l’échelon supérieur, chargé de l’organisation, de la
propagande ou de l’élimination des éléments hostiles, avec le
bureau correspondant de l’échelon inférieur), ce qui laisse dans
l’ignorance le principal responsable de l’organisme inférieur
(par exemple, le secrétaire, le président, le chef d’un
département ou le directeur d’une école) ou l’empêche
d’assumer ses responsabilités.
Il faut que le principal responsable
et les personnes responsables qui lui sont immédiatement
subordonnées soient tous informés de la tâche assignée et
répondent de son exécution.
Cette méthode de centralisation de
l’autorité, qui associe la division du travail à une direction
unique, permet, par l’intermédiaire du principal responsable, de
mobiliser pour une tâche donnée un grand nombre de cadres, parfois
même tout le personnel d’un organisme ; ainsi, on pourra remédier
au manque de cadres dans tel ou tel service et faire qu’un grand
nombre de personnes deviennent des cadres actifs dans
l’accomplissement de cette tâche.
C’est là encore une manière de
lier la direction aux masses.
Prenons, par exemple, la vérification
des cadres.
Si ce travail se fait isolément,
s’il est confié seulement à un petit nombre de personnes d’une
section de l’organisme dirigeant comme le bureau d’organisation,
il ne sera sûrement pas bien accompli ; mais si, pour procéder à
cette vérification, le chef d’un organisme ou d’une école
mobilise un grand nombre de personnes de son organisme ou d’étudiants
de son établissement, voire parfois tout le personnel ou tous les
étudiants, et si le chef du bureau d’organisation de l’échelon
supérieur oriente convenablement ce travail et applique le principe
qui consiste à lier la direction aux masses, la vérification des
cadres sera sûrement faite de façon satisfaisante.
8. Dans une région, il ne saurait y avoir
en même temps plusieurs tâches centrales ; pour une période
donnée, il ne peut y en avoir qu’une seule, à laquelle s’ajoutent
d’autres tâches de deuxième ou de troisième ordre.
C’est pourquoi le principal
responsable d’une région doit, en tenant compte de l’histoire et
des circonstances de la lutte dans cette région, accorder à chacune
des tâches la place qui lui revient ; il ne doit pas agir sans aucun
plan, en passant d’une tâche à l’autre à mesure que les
instructions lui parviennent, car cela donnerait lieu à autant de
« tâches centrales » et aboutirait à la confusion et au
désordre.
Les organismes supérieurs, pour leur
part, ne doivent pas assigner aux organismes inférieurs beaucoup de
tâches à la fois sans les classer selon leur degré d’importance
et d’urgence et sans spécifier laquelle est la tâche centrale ;
car cela désorganiserait le travail des organismes inférieurs et
les empêcherait d’obtenir les résultats prévus.
Un dirigeant doit considérer la
situation dans son ensemble, à la lumière des conditions
historiques et des circonstances dans une région donnée, déterminer
correctement le centre de gravité et l’ordonnance du travail pour
chacune des périodes envisagées, puis faire appliquer fermement la
décision prise afin que des résultats certains soient obtenus ;
cela relève de l’art de diriger.
C’est également une question de
méthode de direction qu’il faut chercher à résoudre lorsqu’on
applique les principes : lier la direction aux masses et lier le
général au particulier.
9. Nous n’allons pas épuiser ici tous
les éléments du problème des méthodes de direction, mais nous
espérons qu’à la lumière des principes qui viennent d’être
exposés les camarades, dans les différentes régions, se livreront
à de sérieuses réflexions et feront appel à leur faculté
créatrice.
Plus la lutte est ardue, plus il
importe que les communistes lient étroitement leur travail de
direction aux exigences des larges masses et leur appel général à
une direction concrète dans tel ou tel secteur particulier, pour
qu’on en finisse définitivement avec les méthodes de direction
subjectivistes et bureaucratiques.
Tous les camarades du Parti qui
assument une fonction dirigeante doivent, à chaque instant, opposer
les méthodes de direction scientifiques, marxistes, aux méthodes
subjectivistes, bureaucratiques, et se servir des premières pour
éliminer les secondes.
Les subjectivistes et les
bureaucrates ne connaissent pas les principes qui consistent à lier
la direction aux masses et le général au particulier, ce qui
entrave considérablement le travail de notre Parti.
Pour combattre ces méthodes de direction subjectivistes et bureaucratiques, nous devons propager largement et faire pénétrer en profondeur les méthodes de direction scientifiques, marxistes.
Un parti consiste en des dirigeants et des cadres. Les dirigeants et les cadres sont deux aspects différents d’une contradiction1. Les dirigeants et les cadres ont respectivement un rôle précis dans la révolution.
Ligne du parti et direction
Le président Mao a dit :
« La direction implique deux responsabilité principales : élaborer des idées et bien se servir des cadres ».
« Les choses telles qu’établir des plans, prendre des décisions et donner des ordres et des directives sont toutes dans la catégorie de « élaborer des idées » »2.
Cela signifie qu’il est de la responsabilité de la direction de produire des lignes politiques, militaires, organisationnelles, idéologiques, méthodologiques et autres et de se servir des cadres pour les réaliser.
Le rôle de la direction dans la préparation de la ligne et dans l’utilisation des cadres est déterminant. La chose la plus importante pour le développement et la victoire d’un parti est la détermination d’une ligne correcte. Si la ligne est correcte, les forces de qualité inférieure deviennent plus fortes, si il n’y a pas d’armée, elle se développera, s’il n’y a pas de pouvoir politique, il sera atteint, des cadres sont recrutés, ils sont motivés pour se sacrifier, avoir de la discipline et obéir au centre.
Si la ligne est erronée, les cadres ne sont pas motivés pour se sacrifier, n’ont pas de discipline.
Finalement, ils s’en vont et le parti perd aussi un succès pré-obtenu. Si la ligne est correcte, le sacrifice et le massacre des cadres sont utiles tandis qu’ils sont vains quand la ligne est erronée. Par conséquent, une ligne correcte est la vie du parti. Le grand Lénine a produit la ligne correcte du Parti communiste de l’Union soviétique et le parti a accepté et a activé cela. Par conséquent, le sacrifice du peuple et du prolétariat en Union Soviétique est devenu significatif (plus tard, ce sacrifice est devenu inutile quand les révisionnistes se sont emparés du pouvoir là-bas).
Le président Mao Zedong a produit la ligne correcte du grand Parti communiste chinois, le parti l’a acceptée et matérialisée. Ainsi, la révolution chinoise obtient des victoires, et le sacrifice et le massacre des cadres sont utiles.
Siraj Sikder a produit la ligne correcte du Mouvement des travailleurs du Bengale Oriental et du Parti prolétarien, l’organisation l’a acceptée et les cadres l’ont matérialisée. Ainsi, l’organisation remporte constamment des victoires et évolue, et le sacrifice et le massacre des cadres, des guérilleros et des sympathisants sont utiles.
Ce n’est qu’en raison de cette ligne correcte que le Mouvement des travailleurs s’est développé, que des cadres ont été recrutés et qu’ils ont été incités au sacrifice. Il s’est maintenu et développé dans une situation critique de lutte de classe et nationale, et finalement, en remplissant son rôle historique, il a constitué le Parti prolétarien du Bengale Oriental.
Le Parti prolétarien, malgré l’attaque intérieure et extérieure violente d’ennemis nationaux et de classe et de leurs agents, se maintient en raison de sa ligne correcte et de son développement constant.
Par conséquent, le Parti prolétarien du Bengale Oriental s’est développé comme un parti s’appuyant sur les masses à l’échelle de tout le Bengale Oriental et a atteint le niveau pour lancer une guerre massive de libération nationale armée.
De l’autre côté, les lignes erronées et traitres de Huq-Toha, Motin-Aluddin, Debem-Basar, Kaji-Rono, Moni Singh-Mujaffar, etc, ces différents types de dirigeants révisionnistes ont dévoilé leur visage devant les véritables cadres et révolutionnaires ordinaires; et les cadres, réalisant leur trahison, rejoignent le véritable parti révolutionnaire en grand nombre. Par conséquent, différents types de révisionnistes sont sérieusement isolés et ont atteint le stade de la destruction finale.
Le massacre et le sacrifice des cadres moyens qui leurs sont affiliés sont mal employés, dans la mauvaise voie, et ne servent à rien. En raison de la ligne erronée et traitre du Parti communiste de l’Inde-Pakistan avant 1947, le sacrifice de centaines de milliers de membres des masses et de révolutionnaires prolétariens ont été vain et la bourgeoisie bureaucratique collaboratrice impérialiste et les féodalistes se sont emparés du pouvoir en Inde-Pakistan.
La ligne erronée de la direction du Parti communiste d’Indonésie s’est soldée par la mort de centaines de milliers de communistes et de simples citoyens.
La ligne bourgeoise traitre du Parti communiste soviétique a transformé l’Union Soviétique en un pays socio-impérialiste, un pays pour la constitution duquel des millions de révolutionnaires et de prolétaires ont sacrifié leur vie et le Parti communiste a été transformé en un parti fasciste bourgeois.
En conséquence, le sacrifice de millions de membres des masses et de révolutionnaires prolétariens n’a servi à rien. La ligne traitre de la direction du parti de plusieurs pays de l’Europe de l’Est et le parti mongol se sont transformés en partis révisionnistes et ces pays sont devenus des colonies social-impérialistes soviétiques ou des pays dépendants3.
C’est la raison pour laquelle le président Mao a dit : « La chose la plus dangereuse est l’émergence du révisionnisme dans le comité central ». C’est parce que le comité central est l’organe principal suprême et que l’organisation entière est subordonnée à cela. Donc l’émergence et l’importance du révisionnisme dans le comité central signifie que l’organisation est devenue révisionniste.
C’est pourquoi les agents de classe et les ennemis nationaux chez nous et à l’étranger, les différents types de révisionnistes et les autres réactionnaires font un effort maximum pour s’emparer de la direction du parti et détruire le parti révolutionnaire du prolétariat et en faire un parti qui protège l’intérêt des ennemis intérieurs et internationaux.
La clique du traitre Fazlu, l’ennemi de classe à l’intérieur du Parti prolétarien du Bengale Oriental, de connivence avec les ennemis nationaux et de classe nationaux et internationaux et leurs différentes formes d’agents impérialistes ont fait un effort maximum pour s’emparer de la direction du Parti prolétarien du Bengale Oriental. Son but étant de s’emparer de la direction pour produire une ligne traitre, utiliser les services de tous les cadres pour matérialiser cela, mener leur sacrifice dans la mauvaise direction et servir les ennemis de classe et nationaux chez nous et à l’étranger et leurs différentes formes d’agents révisionnistes.
Ils ont nié le rôle de la direction convenable et de la ligne correcte du camarade Siraj Sikder, ont fait mention du sacrifice et du massacre des cadres et ont produit un effort haï pour utiliser cela pour satisfaire leur propre ignoble intérêt.
Ils voulaient que les cadres ne comprennent pas l’importance de la direction et de la ligne correctes de Siraj Sikder, qu’ils pensent que c’était sans valeur et secondaire et soient la cible du plan général de la clique de Fazlu pour la prise du pouvoir du parti.
En formant la clique, le traitre Fazlu s’est opposé à la popularisation de la direction correcte du camarade Siraj Sikder. Populariser la direction correcte signifie d’instaurer un seul centre à l’intérieur du parti et de le renforcer, de rendre le centre influent et puissant, de rendre les cadres du parti et les gens confiants et obéissants à la direction, de terroriser les ennemis et de faire une déchirure parmi eux.
L’objectif de la clique de Fazlu était de briser et d’affaiblir l’unique centre, d’amoindrir son influence et son pouvoir, de faire que les cadres du parti et les masses manquent de confiance à l’égard de la direction et aider les ennemis.
Il s’est opposé à la popularisation de la direction, et a calomnié de la façon la plus ignoble la direction, il a fait des tonnes d’effort pour l’écraser et le discréditer et a même organisé un complot pour tuer la direction correcte. Son but final était de s’emparer du pouvoir du parti grâce à ces actes malfaisants.
Comment la direction prépare-t-elle la ligne correcte ?
La ligne correcte de la direction ne se développe qu’après la répétition, à plusieurs reprises, du cycle de la matière à la conscience et de la conscience à la matière, c’est-à-dire de la pratique à la connaissance et de la connaissance à la pratique.
C’est l’épistémologie du marxisme, c’est-à-dire l’épistémologie matérialiste dialectique. Le président Mao l’a examinée plus minutieusement dans « A propos des méthodes de direction ».
Là, il a dit :
« Toute direction correcte de notre parti est nécessairement ‘partir des masses pour retourner aux masses’. Cela signifie: recueillir les idées des masses (idées diffuses et peu méthodiques) et les concentrer (par l’étude, les transformer en idées concentrées et systématiques) pour ensuite aller vers les masses propager et expliquer ces idées jusqu’à ce que les masses les comprennent comme étant les leurs, les retiennent et les traduisent action et tester la justesse de ces idées dans l’action.
Puis, encore une fois, rassembler les idées issues des masses et encore une fois aller vers les masses afin que ces idées soient appuyées et menées à bonne fin. Et ainsi de suite maintes et maintes fois dans une spirale sans fin, les idées devenant plus correctes, plus essentielles et plus riches chaque fois. Telle est la théorie marxiste de la connaissance ».
De cela, nous obtenons les deux processus suivants de développement de la connaissance :
A : Connaissance perceptuelle issue de la matière – Pratique
Recueillir les idées des masses, c’est-à-dire aller au contact de l’objet, traduire cela au niveau cérébral et accumuler une connaissance perceptuelle. Pour cela, la direction a besoin de rompre la glace. Cela signifie résoudre tous les problèmes quant à la direction dans une unité ou dans une zone.
B : Connaissance conceptuelle – Stade de la théorie
Cette étape est celle de transformer des idées recueillies en idées synthétisées, de créer une ligne connaissance conceptuelle – théorie – plan – général, c’est-à-dire d’élever le stade de connaissance perceptuelle – matière au stade de connaissance conceptuelle – conscience.
C : Contact avec la matière – Pratique
Amener la ligne connaissance conceptuelle – conscience – théorie – plan – général aux masses, activer cela, c’est-à-dire appliquer la ligne connaissance conceptuelle – conscience – théorie – plan – général à la pratique et éprouver la justesse de la ligne théorie – plan – général par la transformation, avec persévérance, de la matière selon cela.
La transformation de la matière se produisant au cours de la pratique selon la ligne connaissance conceptuelle – conscience – théorie – plan – général est correcte. A ce stade, la connaissance pour ce qui concerne la matière complète.
Si la connaissance conceptuelle n’est pas complètement en conformité avec le changement et la transformation de la matière, alors, nous devons créer une connaissance perceptuelle dans la pratique et l’application, effacer les erreurs en faisant la récapitulation de l’expérience et des recherches et faire une nouvelle ligne théorie – plan – général, c’est-à-dire que la connaissance conceptuelle doit être créée.
Là encore, cela doit être appliqué dans la pratique pour vérification. Nous devons mettre cela en pratique pour changer et transformer la matière. Ainsi, la ligne correcte se développe en suivant les cycles répétés de matière – pratique – connaissance perceptuelle vers la ligne conscience – connaissance conceptuelle – théorie – plan – général et de la ligne conscience – connaissance conceptuelle – théorie – plan – général vers la matière – pratique – connaissance perceptuelle. Nous devons aussi appliquer la méthode de la ligne de masse pour guider les cadres.
Si nous n’appliquons pas cette méthode, la direction sera bureaucratique et subjective.
Cela signifie que les bureaucrates donnent seulement un ordre mais cela devient subjectif parce qu’il n’a aucune base matérielle.
Par conséquent, la ligne de direction correcte ne tombe pas du ciel et n’est pas innée.
Elle ne vient que de la pratique. Les lignes correctes de la lutte de classe et nationale ne viennent que de la lutte de classe et nationale.
Différentes formes de révisionnistes et la clique de Fazlu disent que le Parti prolétarien du Bengale Oriental et que le camarade Siraj Sikder ne sont pas en contact avec la population alors que la ligne du parti est correcte.
Cela signifie que la ligne correcte du Parti prolétarien du Bengale Oriental est innée chez le camarade Siraj Sikder ou qu’elle tombe du ciel. Cela montre bien que les différentes formes de révisionnistes et la clique de Fazlu sont des idéalistes.
Le rôle créatif de l’humain
Le rôle créatif de l’humain est de recueillir l’expérience matérielle, de la résumer, de produire la ligne correcte et d’appliquer cela dans la guidance générale.
Cela variera selon les hommes, c’est-à-dire que les compétences varieront selon les hommes. Le rôle créatif de la direction est d’une extrême nécessité.
De tels dirigeants sont indispensables pour la révolution. Avec l’aide du Marxisme−Léninisme−Pensée Maotstétoung, ils sont capables de résumer l’expérience matérielle, de produire la ligne correcte et de mettre cela en pratique.
Comme le rôle créatif varie selon les hommes, certains deviennent de grands génies, certains deviennent de grands marxistes-léninistes.
Malgré que les responsabilités soient réparties sur base des différentes compétences, tout le monde devrait être au service de la population de façon désintéressée. Si quelqu’un a davantage de compétences, il ou elle n’a pas le droit d’être en position de maître au-dessus de la population.
Le président Mao a enseigné aux dirigeants et aux cadres :
« Nous devons tout apprendre de lui (Norman Béthune) l’esprit d’absolu altruisme. Avec cet esprit, tout le monde peut être très utile au peuple. L’aptitude d’un homme peut être grande ou petite, mais si il a cet esprit, il est déjà noble d’esprit et pur, un homme intègre moralement et au-dessus des intérêts vulgaires, un homme qui a de la valeur pour la population »
La clique du traitre Fazlu a refusé d’admettre le rôle créatif de la direction du parti et du camarade Siraj Sikder en disant des choses telles que le camarade Siraj Sikder n’a aucun rôle dans le développement du parti et dans l’atteinte du stade actuel afin qu’il puisse matérialiser son plan pour s’emparer de la direction du parti. Il pensait [Fazlu] qu’il était la personne la plus qualifiée au monde et que donc « la terre s’arrêtera de tourner sans lui ».
Plutôt que d’être un serviteur désintéressé du peuple, il voulait se tenir au-dessus des camarades du parti et du peuple et être le maître. Il se faisait l’illusion d’instaurer une autocratie.
La direction collective et le rôle de l’individu
La direction se compose des cadres les plus avancés du parti. Chaque direction a un rôle matériel dans la révolution.
Il est de la responsabilité des révolutionnaires prolétariens et de la direction de garantir les pleines perspectives de développement de tous les membres de la direction et d’en même temps, activer la direction collective en conservant une vie démocratique parmi les dirigeants et ainsi d’effectuer une coordination appropriée entre le rôle individuel et la direction collective.
Au cours de la lutte de classe et nationale du prolétariat et du peuple, la direction et les dirigeants politiques prolétariens se développent. Un tel dirigeant joue un rôle essentiel parmi la direction (par exemple, Comité central) dans la production de la ligne et l’utilisation des cadres.
L’organe de direction examine et prend en considération la ligne de ce genre de dirigeant, accepte cela et active la démocratie et la direction collective et le parti tout entier et la révolution remportent la victoire.
Le grand Lénine en Union Soviétique a produit la ligne du parti et la façon d’utiliser les cadres, ce que le Comité central et tout le parti a examiné, pris en considération et accepté. Les camarades de tout le parti ont matérialisé cela.
Ainsi, le Comité central a donné l’occasion de développer entièrement le rôle personnel du grand Lénine et en même temps, il a maintenu la démocratie et la direction collective.
En Chine, le président Mao a composé la ligne et la méthode de travail du parti. Le parti les a acceptés et les a matérialisés. Par conséquent, toute la Chine a été libérée.
Enver Hoxha en Albanie a fixé la ligne et la méthode de travail du parti. Le parti les a acceptés et les a matérialisés. La même chose s’est passée dans le cas du Vietnam et de la Corée.
En présence de réactionnaires et d’opportunistes également, le rôle individuel devient important dans la direction collective.
On l’a vu dans le cas de différentes formes de révisionnistes et de réactionnaires également où certains individus dans la direction déterminent une ligne et une méthode de travail erronées et se servent de cela. Kautsky, en tant que dirigeant de la Deuxième Internationale, a utilisé sa ligne et sa méthode de travail révisionniste réactionnaire et a dupé les cadres, le prolétariat et les masses.
Khrouchtchev a produit une ligne révisionniste réactionnaire, l’a activée et a transformé le Parti communiste soviétique et l’Etat en un parti et un Etat bourgeois. Brejnev marche sur ses traces.
Moni Singh, Mojaffar, Huq, Toha, Bashar, Motin, Kaji, etc, les différentes formes de révisionnistes jouent respectivement un rôle principal dans leurs organes dirigeants réactionnaires.
Dans le Mouvement des travailleurs du Bengale Oriental et le Parti prolétarien, le camarade Siraj Sikder a produit la ligne correcte, le Conseil révolutionnaire et le Comité central ont accepté ces lignes correctes et tout le parti les a activées. En conséquence, le parti a obtenu des victoires et des progrès continuels.
La démocratie et la direction collective est activée par le comité central grâce à l’examen, l’acceptation et l’accord de la ligne générale composée par le camarade Siraj Sikder.
Par conséquent, le camarade Siraj Sikder a joué un rôle fondamental et central dans la ligne et l’utilisation des cadres parmi la direction collective.
Dans la récente conspiration pour détruire le Parti prolétarien du Bengale Oriental, entre Fazlu, Sultan, Humayun Kabir, etc, la clique du traitre Fazlu a joué le rôle principal.
Comme ses prédécesseurs Khrouchtchev-Liu Chao Chi, la clique Fazlu s’est montrée médiocre dans le rôle de la direction correcte, comme Khrouchtchev (Khrouchtchev, au nom de l’opposition au prétendu culte de la personnalité de Staline a voulu effacer l’immense contribution de Staline dans le cadre de la révolution ruse, allant jusqu’à le qualifier de réactionnaire) en se déclarant direction collective mais en voulant en fait établir leur propre direction réactionnaire et autocratique. Cataloguant la direction comme réactionnaire, ils ont joué le rôle principal dans la création de la clique et dans la trahison.
Par conséquent, nous constatons que dans tous les cas, tant révolutionnaires que contre-révolutionnaires ou réactionnaires, l’individu particulier joue un rôle essentiel et central parmi la direction collective.
Direction correcte : création de la révolution
Le prolétariat, au cours de la lutte de classe et nationale contre la bourgeoisie et les autres classes exploiteuses, aujourd’hui ou demain, crée son propre parti politique révolutionnaire représentatif et crée également une direction capable pour guider le parti politique.
Cela signifie que la création d’un parti politique et d’une direction correcte est l’aboutissement inévitable du mouvement de l’histoire.
Donc, la création du Parti communiste chinois et Mao Zedong ne sont pas un quelconque événement accidentel, mais plutôt l’aboutissement inévitable de la lutte de classe et du développement social de la Chine.
Par conséquent, l’aboutissement inévitable du développement social du Bengale Oriental est la naissance d’un parti politique correct et d’une direction du prolétariat.
Le dirigeant du Parti prolétarien, étant soit un membre du Comité central ou d’un Comité local, est issu du peuple par la lutte de classe et national, il obéi continuellement à la population, a un contact étroit avec elle et il sait centraliser et activer les opinions du peuple. Ce genre de dirigeant est le véritable représentant du prolétariat et avoir ce genre de direction est le signe de la maturité politique d’un parti prolétarien reconnu par le peuple. L’espoir de victoire de la cause du prolétariat se trouve là.
De manière absolument correcte, Lénine a dit :
« Pas une seule classe dans l’histoire n’a atteint le pouvoir sans produire ses dirigeants politiques… »
Il a de plus ajouté :
« La formation de dirigeants de parti influents et expérimentés est un travail long et difficile. Et sans lui, la dictature du prolétariat et son ‘unité de volonté’ restent de simples vœux pieux ».
Le Parti prolétarien du Bengale Oriental et sa direction se sont développés au cours de la lutte de classe et nationale du prolétariat et du peuple. Ce n’est pas un phénomène accidentel.
Capable de créer une ligne correcte et de l’activer, et reconnu par une énorme quantité de camarades du parti et du peuple, la direction correcte du camarade Siraj Sikder démontre que le Parti prolétarien du Bengale Oriental devient politiquement mûr. En refusant d’admettre cette réalité, la clique de Fazlu voulait diriger en donnant la priorité à l’opportunisme et à l’intérêt individuel dans la lutte de classe et nationale. Ainsi, plutôt que d’être compatible avec la marche de l’histoire il est devenu son obstacle en s’y opposant tel un scélérat. Inévitablement, comme Bakounine, Bernstein, Kautsky, Khrouchtchev et Liu Chao Chi, il a été renvoyé vers la poubelle de l’histoire.
La direction est sujette au changement
Le président Mao a dit :
« Dans le processus de la grande lutte, la composition du groupe de dirigeants ne devrait et ne peut pas, dans la plupart des cas, rester totalement inchangé tout au long des stades initial, du milieu et final ».
Cela signifie qu’au cours de la lutte, la direction se divise constamment en deux. Certains cadres principaux sont opportunistes, révisionnistes, s’abâtardissent, conspirent, forment des cliques ou sont exclus comparé aux cadres nouveaux venus. C’est pourquoi les éléments opportunistes, révisionnistes, immoraux, conspirateurs, de clique et exclus sont mis au rebus et remplacés par les nouveaux cadres au sang neuf et capables.
Ceci est applicable à la direction suprême et au dirigeant ou président du Comité central du Parti également. Si le président ne s’empare pas lui-même de la lutte entre les deux lignes, ne lutte pas et écarte les aspects non-prolétariens, laisse les aspects non-prolétariens être principaux et qu’à la fin, cela devient réellement principal, alors, ses activités politiques et autres seront orientées d’après une perspective non-prolétarienne. Donc tout sera faux. Inévitablement, les éléments purs et prolétariens du parti poursuivront une lutte contre cela et le président, s’il n’est pas bon et qualifié, sera abandonné.
En Chine et dans de nombreux partis prolétariens du monde, plusieurs fois, le président ou le secrétaire adjoint ont été évincés parce qu’ils s’étaient transformés en non-prolétariens. Beaucoup de ceux liés à la création du Mouvement des travailleurs du Bengale Oriental, l’organisation préalable au Parti prolétarien du Bengale Oriental, ont été abandonnés au cours de la révolution. De nombreux membres de l’organe principal du Mouvement des travailleurs du Bengale Oriental, le conseil révolutionnaire, ont été abandonnés parce qu’ils s’étaient rendus inaptes.
En tant que membre du premier Comité central du Parti prolétarien du Bengale Oriental, la clique Fazlu-Sultan, en complicité avec les ennemis de classe nationaux et internationaux, a soutenu une conspiration, a formé une clique et une faction. Ils ont été évincés.
Le même processus s’est également produit à différents niveaux du Mouvement des travailleurs du Bengale Oriental. Le même processus se produit aussi à différents niveaux du Parti prolétarien. Cela signifie que le processus « Eliminer la crasse et prendre le vert » est également applicable à la direction.
Evaluations de la direction et des cadres
En s’opposant à la ligne réactionnaire bourgeoise de Khrouchtchev, le Parti communiste chinois a dit :
« Le P.C.C. a toujours estimé qu’il faut faire une analyse complète, objective et scientifique des mérites et des erreurs de Staline, en recourant à la méthode du matérialisme historique et en représentant l’histoire telle qu’elle est, et non pas répudier Staline de façon totale, subjective et grossière, en recourant à la méthode de l’idéalisme historique, en déformant et en altérant à plaisir l’histoire. »4
A partir de cela, nous comprenons qu’il faut que nous évaluions la direction et les cadres avec l’aide du matérialisme historique par une analyse matérielle et scientifique. Nous devons présenter l’histoire telle qu’elle est arrivée. D’une manière plus résumée, Mao a dit ici :
« Tracer deux lignes de distinction. Premièrement entre la révolution et la contre-révolution, entre Yan’an et Xi’an. Certains ne comprennent pas qu’ils doivent tracer cette ligne de distinction. Par exemple, lorsqu’ils combattent la bureaucratie, ils parlent de Yan’an comme si ‘rien n’était bien là’ et ne parviennent pas à faire une comparaison et à faire la distinction entre la bureaucratie à Yan’an et la bureaucratie à Xi’an. Ceci est fondamentalement erroné. Deuxièmement, à l’intérieur des rangs révolutionnaires, il est nécessaire de faire une distinction claire entre le juste et le faux, entre les réussites et les défauts, et de bien faire comprendre lequel des deux est principal et lequel est secondaire.
Par exemple, les réussites équivalent-elles à 30% ou à 70% de l’ensemble? Ni comprendre ni exagérer ne feront l’affaire. Nous devons avoir une évaluation fondamentale du travail d’une personne et établir si ses réussites équivalent à 30% et ses erreur à 70% ou vice-versa. Si ses réussites équivalent à 70% de l’ensemble, alors, en général, son travail devrait être approuvé. Il serait totalement faux de décrire un travail dans lequel les réussites sont principales comme un travail dans lequel les erreurs sont principales.
Dans notre approche des problèmes, il ne faut pas que nous oubliions de tracer ces deux lignes de distinction, entre la révolution et la contre-révolution, et entre les réussites et les défauts. Nous serons capables de bien gérer les choses si nous tenons compte de ces deux distinctions. Sinon, nous confondrons la nature des problèmes. Pour bien établir ces distinctions, une étude et une analyse consciencieuses sont bien sûr nécessaires. Il faut que notre attitude à l’égard de chaque personne et de chaque question soit une attitude d’analyse et d’étude. »
Il se peut que la direction et les cadres fassent des erreurs. Nous devons lutter contre celles-ci d’après la méthode démocratique de la critique – autocritique. « Il faut que nous insistions sur l’analyse des circonstances dans lesquelles les erreurs ont été commises, sur le contenu des erreurs et sur leurs racines sociales, historiques et idéologiques, et il faut que ceci soit fait dans l’esprit d’ ‘apprendre des erreurs passées pour éviter les erreurs futures’ et de ‘guérir la maladie pour sauver le patient’ afin de parvenir à l’objectif double de la clarté dans l’idéologie et de l’unit entre les camarades.»5
La direction et les camarades ont une vie personnelle qui leur est propre. A moins que des défauts personnels soient liés à des erreurs politiques ou organisationnelles, il n’y a pas lieu d’être trop critique et d’embarrasser les camarades concernés. Si c’est le cas, les membres du parti se concentreront entièrement sur des erreurs mineures, mettront le parti en danger et oublieront les tâches politiques du parti. Cela servira uniquement le souhait de l’ennemi.
Comme son maître Khrouchtchev, la clique du traitre Fazlu a évalué le camarade Siraj Sikder et d’autres véritables camarades par l’entremise de l’idéalisme historique, a déformé l’histoire et la vérité en les changeant selon son désir, inventant de prétendues erreurs, manquements et crimes [soi-disant] imposés par le camarade Siraj Sikder et d’autre véritables camarades, a fait courir des rumeurs et des diffamations contre eux, se concentrant surtout sur leur vie personnelle. Comme Khrouchtchev, il (Fazlu), au nom de l’opposition à l’individualisme, a totalement nié le rôle du camarade Siraj Sikder.
Donc, nous devons nous opposer à la méthode bourgeoise réactionnaire de Khrouchtchev et de son élève, la clique Fazlu, dans l’évaluation de la direction et des cadres et suivre la méthode marxiste.
Le rôle des cadres dans la révolution
Au sujet du rôle des cadres, le président Mao a dit :
« Une fois que la ligne politique est établie, les cadres sont le facteur décisif ».
Après que la ligne de parti soit établie, le parti a besoin de cadres qui, en étant d’esprit déterminé, sans peur du sacrifice, franchissant tous les virages et tous les obstacles, mettront la ligne du parti en pratique et lutteront pour parvenir à la victoire.
Le parti entre en contact avec les masses grâce aux cadres et la ligne du parti est activée grâce aux cadres.
L’effort assidu, le sacrifice et le massacre des cadres portent leur fruit lorsqu’ils sont utilisés pour matérialiser la ligne correcte du parti, ce qui signifie que le parti parvient au développement et au succès et qu’à la fin, la classe du prolétariat et la population parviennent à la libération. Si la ligne du parti est erronée, leur effort, sacrifice et massacre ne servent à rien.
C’est pour cette raison que les cadres sont obligés d’atteindre les qualifications minimales suivantes :
« Un cadre est ferme dans la mise en œuvre de la ligne du parti s’il se tient à la discipline du parti, si il a des liens étroits avec les masses, si il a la capacité de trouver ses positions de façon autonome et si il est actif, travailleur et désintéressé. »
La responsabilité des cadres est de continuellement contrôler la direction, de parvenir à l’aptitude d’établir ce qui est bien et ce qui est mal, de réaliser consciemment le rôle de la direction en déterminant la ligne du parti, de rester fidèle à la direction correcte du parti et de défendre, renforcer et populariser cela, de constamment augmenter leur capacité de travail et de se rendre de plus en plus capables de prendre la responsabilité de servir le peuple.
Sur la manière d’utiliser les cadres
Le président Mao a dit :
« Premièrement, leur donner des conseils. Cela signifie leur accorder carte blanche dans leur travail afin qu’ils aient le courage d’assumer leur responsabilité et en même temps, leur donner des instructions opportunes pour que, guidés par la ligne politique du parti, ils soient en mesure de faire un usage complet de leur initiative.
Deuxièmement, élever leur niveau. Cela signifie les instruire en leur donnant la chance d’étudier afin qu’ils puissent améliorer leur compréhension théorique et leur capacité de travail.
Troisièmement, vérifier leur travail, les aider à résumer leur expérience, à faire avancer leurs réalisations et à corriger leurs erreurs. Attribuer le travail sans se renseigner et ne réagir que lorsque de graves erreurs sont faites- ce n’est pas la manière de prendre soin des cadres.
Quatrièmement, en général, utiliser la méthode de la persuasion avec les cadres qui ont fait des erreurs et les aider à les corriger. Il faut que la méthode de la lutte soit limitée à ceux qui font de graves erreurs et qui néanmoins, refusent d’accepter les conseils. Ici, la patience est indispensable. Il est injuste de cataloguer à la légère les gens d’ ‘opportunistes’. Cinquièmement, les aider avec leurs difficultés. Quand les cadres sont en difficulté des suites d’une maladie, de moyens limités, d’ennuis domestiques ou autres, nous devons être sûrs de leur donner le plus d’attention possible. »
Quand on juge leur travail, il ne faut pas seulement que nous recueillions les avis du niveau auquel il ou elle appartient, mais aussi des rangs inférieurs, et même si possible, également de la population. Cela veut dire que nous devons évaluer le travail des cadres d’en haut et d’en bas.
Conclusion
« Le peuple et seul le peuple, est la force motrice dans la réalisation de l’histoire du monde ».
Penser autrement est de l’idéalisme historique. De plus, le président Mao a ajouté :
« Si seules les masses sont actives sans un solide groupe de dirigeants pour organiser leur activité de manière correcte, une activité pareille ne peut pas être poursuivie pendant longtemps ».
C’est la raison pour laquelle le président Mao a dit :
« S’il doit y avoir une révolution, il doit y avoir un parti révolutionnaire ».
Un parti révolutionnaire est le type de groupe de dirigeants qui est la force au cours de l’aboutissement de la cause du peuple. Le rôle du parti est de diriger les masses et le prolétariat dans la lutte contre les ennemis de classe (et les ennemis nationaux), de comprendre les lois de ces luttes et de les guider en conséquence, et d’ainsi transformer la société et le monde.
La responsabilité de la direction du parti est de comprendre les lois de la lutte de classe et de la lutte nationale; de produire une ligne correcte et de guider les cadres pour matérialiser cela. En étant guidés par la direction, la responsabilité des cadres est de matérialiser la ligne du parti et de diriger le prolétariat et les masses dans la lutte de classe et dans la lutte nationale.
La direction révolutionnaire est essentielle pour rendre actifs les cadres du parti révolutionnaire. Sans cela, les cadres du parti ne peuvent pas poursuivre leurs activités et les élever à un niveau supérieur. Et il ne peut pas y avoir de parti révolutionnaire non plus. Entre les masses et le parti, le parti est l’aspect principal pour guider le peuple et diriger les masses.
Le peuple est l’aspect principal dans la question de la transformation de la société et du monde; entre la direction et les cadres, la direction est l’aspect principal dans la création de la ligne et l’utilisation des cadres dans le parti tandis que les cadres sont l’aspect principal dans l’application de la ligne du parti.
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1 – Le président Mao a dit : « Chaque différence est une contradiction ». Entre les dirigeants et les cadres, il y a une différence de niveau et de compétence. C’est la raison pour laquelle les cadres ont une contradiction avec les dirigeants. Il s’agit d’une contradiction au sein du peuple. Le leadership doit garder cette contradiction non-antagoniste en se rendant compte des lois des cadres, en les guidant en conséquence et en appliquant correctement la démocratie, le centralisme et la méthode de la ligne de masse. Il se peut que la contradiction entre les cadres et le leadership prenne une forme antagoniste. Lorsque le leadership tout entier ou une partie de celui-ci devient révisionniste ou réactionnaire ou contre-révolutionnaire, il se peut que leur contradiction avec les cadres moyens prenne une forme antagoniste. Ces dirigeants sont alors évincés.
2 – Citation de Mao Zedong
3 – Bulgarie, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est, etc. La Yougoslavie dépend de l’impérialisme américain
Le marxisme nous enseigne qu’ « en découvrant la loi de la matière, on peut transformer en conséquence ».
De même, en découvrant la loi des cliques, on peut combattre les cliques, les briser et empêcher qu’il ne s’en forme de nouvelles.
En conséquence, nous pouvons utiliser la connaissances des cliques dans notre propre intérêt. Alors, de matière en soi, elles se transforment en matière pour soi. [1]
Nous avons pris connaissance de l’émergence de cliques dans les organisations révolutionnaires de différents pays du monde, de l’incidence et du résultat final de la formation de cliques dans les organisations petites bourgeoises et dans les factions bourgeoises soi-disant marxistes du Bengale oriental. Dans notre parti, il y a eu des incidences de formation de cliques, comme la clique de Sadek à Hazipur, et la clique de Abul Hasan-Shanti Lal.
Mais comme ces phénomènes ont été limités, ils ne nous ont pas permis de découvrir la loi générale sur les cliques.
Par contre nous avons eu le loisir d’examiner de près le clique de Fazlu et Sultan, ses activités, sa signification, sa portée et ses conséquences. Cela nous a permis de formuler une loi générale s’appliquant à ce type de phénomènes.
L’intérêt personnel est l’aspect principal de toutes les cliques
Rêvant de devenir rapidement un leader connu dans tout le pays et une autorité dans le parti, Sadek de Hazipur a formé une clique et mené des activités aventuristes. Son but était de se faire un nom, et de devenir un leader et une autorité du parti.
Abul Hasan a formé une clique pour bénéficier de libéralités sexuelles, détourner de l’argent et devenir dirigeant.
Fazlu, au lieu de placer son intérêt sexuel en dessous de l’intérêt révolutionnaire, a fait le contraire et a travaillé pour obtenir une position et se faire un nom dans le parti. Il était critiqué pour cela depuis son ralliement à la révolution, et a fini par perdre son poste dans le parti.
C’est alors qu’il a formé une clique.
Sultan n’a pas placé son propre intérêt sexuel en dessous de l’intérêt révolutionnaire, et il travaillait pour obtenir un poste.
Dès qu’il a été démis de son poste, il a formé une clique.
Ainsi, les causes fondamentales de la formation de cliques sont : l’intérêt sexuel, l’intérêt pour un poste, l’intérêt pour la notoriété, autrement dit, l’intérêt personnel, autrement dit, les intérêts bourgeois.
La conspiration, la diffamation et les rumeurs sont employés pour former une clique
Les faiseurs de cliques, en s’éloignant de la voie démocratique de type « unité – critique – unité » qui permet de résoudre les contradictions au sein du parti, choisissent la voie de la conspiration, diffusent des rumeurs et des diffamations. Ils ne disent rien dans les réunions, rien aux camarades concernés, rien à la direction.
Sadek de Hajipur a raconté des mensonges absurdes et infondés au sujet du parti et de sa direction, a conspiré secrètement avec des renégats, a organisé la supercherie de se présenter comme une autorité du parti.
Fazlu, en ne disant rien lors des réunions au sujet des cadres concernés, a répandu des mensonges et des absurdités, des rumeurs, les a empêché d’en faire le rapport, a formé une clique qui a volé l’argent et les armes du parti.
Sultan a fait la même chose en ne disant rien en face à face ou dans les réunion.
La raison de cela est que si ces personnages avaient répandu rumeurs et calomnies en réunion ou en présence des camarades concernés, ils auraient été chassés pour avoir dit des choses fausses et sans fondement. C’est pourquoi ils agissent derrière et pas devant. Ils sont les vents empoisonnés de la nuit qui n’ont pas leur place en plein jour. Ils sont chassés par la lumière de la réalité.
Les opportunistes au sein du parti sont à l’origine des cliques
Sadek de Hajipur a donné un espace aux opportunistes et aux renégats et a formé une clique.
De la même façon, Abul Hasan a formé une clique avec les opportunistes.
Fazlu a ouvert la voie à Sultan, un élément opportuniste et dégénéré qui a succombé à ses propres intérêts sexuels. Ils ont créé un espace pour tous les opportunistes au sein du parti qui étaient insatisfaits du parti pour des raisons personnelles ou autres, et ceux qui étaient critiqués par le parti.
Ainsi, ils ont formé une clique d’opportunistes, de dégénérés et de renégats, de tous les mécontents, ont trompés les cadres principaux et le peuple, et se sont présentés comme les autorités du parti.
Les faiseurs de clique jouent sur deux tableaux, comme Khrouchtchev
Quand Sadek parlait du parti, il montrait son allégeance, mais en fait il conspirait en secret.
Fazlu s’est avéré être un excellent acteur quand il parlait aux camarades et aux dirigeants, il écrivait même des vers à la gloire de Siraj Sikder, disait que celui ou celle qui s’oppose au camarade Sikder n’était pas un vrai révolutionnaire ; mais déjà il répandait des mensonges haineux, des diffamations et des rumeurs contre le camarade Siraj Sikder. Il a demandé à des camarades d’écrire des lettres, alors qu’il préparait sa fuite, disait une chose à l’un et le contraire à l’autre. Il était élogieux devant, mais semait la discorde derrière.
La clique de Sultan et Fazlu a fait preuve d’une grande obéissance en paroles. Personne ne croyait qu’ils ne pourraient faire du tort au parti, encore moins qu’ils allaient prendre la fuite ; et pourtant ils ont conspiré, volé les fonds et les armes du parti, formé une clique et organisé leur fuite.
Les faiseurs de clique brisent la discipline du parti
Les faiseurs de clique abandonnent la discipline du parti en présentant les résolutions en déformant leur importance. Ils font cela afin que les cadres fassent l’objet de défiance ; ainsi, l’autorité des cadres est entamée.
Les faiseurs de clique déforment l’histoire et le marxisme
Khrouchtchev a déformé l’histoire et le marxisme pour justifier sa prise de pouvoir.
Il a complètement nié le grand rôle de Staline dans la révolution soviétique, a répandu des calomnies révoltantes à son propos, et a abandonné le marxisme-léninisme en affirmant qu’il était passé de mode et en développant sa propre théorie contre-révolutionnaire.
La clique de Fazlu a elle aussi déformé l’histoire, en concoctant sa théorie réactionnaire et en tentant de justifier sa propre conspiration contre-révolutionnaire pour accéder au pouvoir.
Fazlu a complètement nié le rôle du camarade Siraj Sikder dans le Mouvement des Travailleurs du Bengale Oriental, le grand Payrabagan et le Parti Prolétarien. En déformant l’histoire, il a répandu calomnies et mensonges au sujet du camarade Siraj Sikder.
Les faiseurs de clique tissent des intrigues, se défendent mutuellement, et établissent au autre centre à l’intérieur du parti
Sadek et tous les autres n’ont pas reporté leurs activités au parti, et se sont défendus mutuellement.
Dans la clique de Habul Hasan, personne ne s’est fait connaître.
Fazlu et Sultan n’ont pas fait connaître leurs activités, au contraire ils se sont protégés mutuellement. Fazlu a dissimulé une lettre de Sultan contenant la preuve de son opportunisme, plutôt que de la soumettre au parti.
Fazlu et Sultan on brisé la discipline du parti, ont nommé des cadres illégalement (ce que seul pouvait faire le comité central), les ont financé, ont établi une ligne conspiratrice, se sont présentés comme un centre alternatif en opposition au seul centre du parti, le comité central.
Ils s’envoyaient des télégrammes pour éviter que le parti ne prennent des mesures contre eux. Fazlu et Sultan ont affirmé que le traître renégat Nurul Hasan était un bon camarade, et que les mesures que le parti avait pris contre eux étaient incorrectes.
Ainsi, ils ont donné un espace aux traîtres renégats Dipu et Mahbub. De cette façon ils se sont réduits eux-mêmes à l’état de traîtres renégats.
Des conspirateurs aboutis, comme Khrouchtchev et Liu Chao Chi, travaillent secrètement, et tissent leurs intrigues sans rien faire paraître devant l’autorité.
Khrouchtchev a réussi à prendre le pouvoir.
La clique de Liu Chao Chi a été démasquée et renversée.
Nos conspirateurs à nous sont beaucoup plus idiots. Leurs stratagèmes sont vites découverts et ils se font facilement attraper.
Les faiseurs de clique volent les possessions et utilisent la renommée du parti
Pour arriver à leurs fins, les meneurs de clique volent l’argent, les armes et les possessions du parti, créent de faux comptes et détournent des fonds.
En utilisant le prestige du parti, ils se présentent comme des autorités du parti, disent que le parti est bon, mais que la direction est mauvaise, etc.
Sans en informer le parti, Fazlu et Sultan ont bafoué la confiance du parti, et volé ses fonds. Leur objectif était de voler tout l’argent. Fazlu avait prévu de fuit avec tout l’argent de fonctionnement du parti.
Leur but était de rendre impossible le travail du parti en en volant les ressources, de mettre le parti à genoux pour pouvoir s’établir en tant qu’autorités du parti en échange de l’argent volé.
Les faiseurs de clique établissent des sanctuaires
Les faiseurs de clique essaient d’établir dans leurs zones des sanctuaires loin du comité central et du parti. Ils travaillent de manière à ce que les cadres ne fassent pas confiance au parti et à son comité central, mais à eux et eux seuls.
A Khulna, Fazlu a essayé de former un de ces sanctuaires. A cette fin, il a stocké beaucoup d’armes, a formé des cadres, a imprimé des tracts en son nom personnel, et a profité de la renommée du parti pour recruter des hommes sur la base féodale des liens du sang.
Il s’est opposé à la décision de son transfert par le comité central, et a même exprimé la volonté de travailler sous l’autorité de cadres par lui désignés. Autrement dit, il a essayé par tous les moyens de rester à Khulna.
Si le comité central ne l’avait pas banni de Khulna, il aurait essayé de faire de la zone un sanctuaire puissant, en propageant la défiance envers le comité central et certains camarades, en diffusant des rumeurs, des calomnies et des mensonges parmi les cadres pour conserver leur faveur.
De là, il aurait bénéficié de l’aide d’opportunistes. On trouve un cas de figure similaire en la personne de Motin-Alauddin de Pabna, qui a pu établir un sanctuaire grâce à son influence. Idem pour Toha et compagnie, qui a formé son sanctuaire de la même façon. En d’autres mots, telle zone appartient à Motin, et telle zone appartient à Toha.
En Chine, Peng Chen a établi un sanctuaire dans la municipalité de Pékin. Tau Chu a établi un sanctuaire dans le sud. Nous devons toujours nous garder de ce genre de formation par les conspirateurs, les cliques et les opportunistes.
Les faiseurs de clique rejettent leurs propres erreurs sur les autres et se disent sans reproche
Fazlu et Sultan ont attribué leurs propres erreurs à la direction du comité central et aux autres camarades, et se sont présentés comme sans reproche.
Ils posent de façon à donner l’impression qu’ils livrent un combat politique et idéologique, qu’ils sont innocents et qu’on les a démis de leurs postes injustement. Ils agissent comme Khrouchtchev.
Les cliques et les conspirateurs commettent secrètement des meurtres de camarades ou les font arrêter. Ils deviennent des agents de l’ennemi, à l’intérieur et à l’extérieur
La clique de Fazlu et Sultan ont essayé de faire arrêter par le gouvernement un camarade malade, et ont plus tard conspiré pour le tuer.
Ils ont conspiré pour assassiner des membres de la direction du parti, des membres du comité central et des révolutionnaires authentiques du parti.
Ce faisant, ils n’ont pas hésité à emprunter la voie la plus sale vers l’accès au pouvoir.
Dans l’histoire du parti communiste soviétique, la clique à l’intérieur du parti a fait assassiné le camarade Kirov (chef du parti à Leningrad) en 1934.
Dans l’histoire du parti birman, la clique révisionniste a fait assassiner le Président Thakin Than Tun en 1967.
Dans l’histoire du parti de Chine, les cliques sont dans de nombreux cas devenues des agents de l’ennemi, et ont fait arrêter des centaines de camarades.
Lin Biao a conspiré pour faire tuer le Président Mao.
Ainsi, de nombreuses cliques et conspirateurs sont devenus les agents des ennemis domestiques et internationaux.
Les opportunistes sont avantagés par les activités anti-partidaires des cliques
Certains cadres du parti opportunistes, en s’appuyany sur les activités anti-partidaires des conspirateurs et des cliques, essaient de bénéficier de la structure du parti et d’accéder au pouvoir.
Certains d’entre eux servent d’amplificateurs aux conspirateurs et aux cliques.
Si ces derniers ne prennent pas garde, ils seront pris aux pièges des cliques et des opportunistes et rejoindront leurs rangs. Les cliques et les opportunistes font travailler pour eux les camarades les plus naïfs, qui peuvent en devenir les victimes.
Le but ultime des cliques et des conspirateurs est de s’emparer du pouvoir dans le parti
En répandant les mensonges, les rumeurs et les calomnies les plus sales, la clique de Fazlu et de Sultan a tenté de tourner l’opinion publique contre la direction du parti, le comité central et les camarades disciplinés et honnêtes, de les faire assassiner, de faire en sorte que les camarades qui représentaient un obstacle se fassent arrêter, et de disposer des camarades encore loyaux en leur faisant miroiter des opportunités ou en exerçant leur pression sur eux. Ensuite la clique a tenté de s’emparer du pouvoir dans le parti en formant son propre comité central et en organisant un « quo-de’tat », une soi-disant réunion des camarades de la direction.
Pour commencer, Fazlu et Sultan ont ouvert un espace aux opportunistes et ont trompé des cadres authentiques.
Ensuite, ils ont volé l’argent du parti afin d’interrompre le travail effectué par le comité central mené par le camarade Siraj Sikder, et par les révolutionnaires authentiques ; afin que de leur côté, ils puissent se déplacer aux quatre coins de l’organisation, répandre des rumeurs sur la direction, le comité central et les vrais camarades, pour que l’opinion publique se tourne contre ces derniers. Dans ce but, ils ont envoyé partout leurs porte-flingues.
Ils ont établi une liste des personnes à abattre. Ils ont exigé une réunion camarades dirigeants – l’étape supérieure de leur plan.
Leur conspiration a été découverte grâce à la méfiance de la direction, à la sincérité et à la confiance des camarades envers la direction et la révolution. Tout leur plan réactionnaire s’est effondré comme un château de cartes. Certains des conspirateurs se sont enfui, alors que d’autres essaient encore de se justifier pour sauver leur peau.
En Union Soviétique Khrouchtchev s’est emparé du pouvoir de la même façon. En 1934, le camarade Kirov de Leningrad a été assassiné.
Liu Chao Chi a fait la même tentative mais a échoué. Lin Biao a lui aussi échoué.
Nos conspirateurs n’ont pas réussi non plus à s’emparer du pouvoir dans le parti. De surcroit, ils sont désormais haïs et condamnés par les camarades et le peuple.
Les conspirateurs et les cliques sont en fait les agents du féodalisme, du capitalisme bureaucratique, de l’expansionnisme indien, de l’impérialisme U.S. et du social-impérialisme soviétique
Si la clique de Fazlu et Sultan avait pu s’emparer du pouvoir de cette façon méprisable, ce parti serait-il demeuré un parti révolutionnaire ? Aucunement. Il serait devenu le garant des intérêts des ennemis domestiques et internationaux.
La clique de Fazlu et Sultan a tenté d’unifier les opportunistes et les traîtres renégats, et à conspirer pour faire assassiner ou renverser des cadres authentiques. Ce sont eux qui accordent une importance primordiale à l’intérêt personnel. En conséquence, le parti aussi serait devenu le vecteur des intérêts personnels, le pourvoyeur de libéralités sexuelles, de pouvoir, d’argent, de renommée et de statut social. Cela signifie que le parti n’aurait plus rien de marxiste, ni même d’honnête.
La conséquence aurait été la soumission aux intérêts des ennemis domestiques et internationaux.
Le Parti Prolétarien du Bengale oriental est le danger numéro un pour les ennemis domestiques et internationaux. A présent, la situation est exceptionnellement favorable au développement du parti.
A l’heure actuelle, la clique de Fazlu et Sultan avec ses activités de destruction du parti, est le meilleur appui de nos ennemis.
La chute des faiseurs de clique est inévitable
Les cadres ont fini par prendre connaissance de tous les crimes de la clique de Fazlu et Sultan : on ne peut pas tricher.
Ils sont connus de tous les cadres pour ce qu’ils sont : des voleurs, des conspirateurs, et une clique. Il est clair pour tout le monde qu’ils ont intrigué. Ils ont fini par prendre la fuite et abandonné l’organisation.
Le Président Mao a dit : « une mentalité malhonnête entraîne la chute. »
La chute de Abul Hasan et de Shanti Lal incombe à cela. Les chutes de Khrouchtchev et de Liu Chao Chi ont la même cause, ainsi que celle de Lin Biao.
La chute de Sultan et Fazlu découle de cette même raison. Ils ont joué sur deux tableaux, en se présentant comme des honnêtes hommes, mais le temps a dévoilé leur personnalité répugnante et réactionnaire. On ne peut pas tricher toute sa vie, et leur vrai visage a été découvert.
Ils finiront donc dans les poubelles de l’histoire. Dans le processus de mouvement dans la société, les salissures et la poussière disparaîtront, et ce sont les révolutionnaires authentiques qui feront avancer le mouvement social.
Le parti se renforce en expulsant les opportunistes, les conspirateurs et les éléments dégénérés
Les cliques de Sadek et d’Abul Hasan-Shanti ont quitté le parti. La clique de Fazlu a elle aussi pris la fuite.
En conséquence, le parti a essuyé quelques départs. Des cadres ont quitté le parti et dans certaines zones, notre travail en a pâti, voire a été détruit par les activités anti-organisationnelles des conspirateurs ; certains cadres généraux ont été confrontés à des objections, les ennemis s’en sont réjouis et à cause de cela nous avons perdu de nouveaux contacts.
Mais il y a aussi un aspect positif à tout cela. Car ces conspirateurs créaient de la frustration, de l’hésitation et de l’instabilité chez les cadres du parti. Ils avaient crée un centre alternatif à l’intérieur du parti en affaiblissant ou en brisant la discipline . C’était une bombe à retardement qui a entraîné des meurtres et de la trahison au sein du parti, et qui annonçait de terribles pertes dans le futur.
Staline a dit que les conséquences de la lutte aux côtés de tels alliés, c’est que le parti se trouve pris entre deux feus : le feu des ennemis extérieurs, et le feu des ennemis intérieurs. Dans de telles conditions il est impossible que le parti soit vainqueur.
De l’exemple négatif de l’affaire de la clique de Sultan et Fazlu, le parti a retenu un enseignement de grande valeur. Cette expérience s’est avérée absolument nécessaire pour les luttes contre les futures cliques, conspirations et intrigues.
Quand les complots des faiseurs de clique sont démasqués, certains se disent en faveur de l’unité pour sauver leur peau
Après l’échec de leur complot pour prendre le pouvoir, les acolytes de Fazlu et Sultan étaient en état de choc. La clique de Fazlu a pris la fuite. D’autres se disent en faveur de l’unité pour sauver leur peau. Ils pleurent des larmes de crocodile pour l’unité et les intérêts du parti.
Mais ce n’est qu’un leurre. Maintenant ils parlent de l’unité et des intérêts du parti, mais ils portent préjudice au parti. Il faut vraiment que ces personnes soient animés ar la mauvaise foi pour agir ainsi.
L’unité dont ils parlent, c’est l’unité du parti avec, et dans l’intérêt des opportunistes, des conspirateurs, des factionnaires, des assassins, des réactionnaires, des détournements d’armes, de fonds, etc.
Ils recherchent seulement la clémence temporaire du parti, de manière à pouvoir rester dans le parti pour pouvoir mieux le détruire.
Ce sont les conspirateurs qui ont eu la chance de rester au sein du parti qui ont tué le camarade Kirov, et le camarade Thakin Than Tun en Birmanie.
C’est pourquoi Staline a dit que « le parti ne peut rien faire tant qu’il est pris entre deux feux, celui de l’ennemi extérieur, et celui de l’ennemi à l’intérieur du parti ».
Dans cette situation, c’est la responsabilité du parti de se dissocier fermement des conspirateurs, des opportunistes et des assassins, de les exclure sans conditions, de ne leur laisser aucune chance, de démasquer ceux qui se cachent au sein du parti et de les sanctionner.
Ainsi, il est du devoir du parti de se renforcer en permanence en excluant les opportunistes, les conspirateurs, les cliques, les assassins et les éléments dégénérés ; cela implique qu’il faut rester ferme quand on bat les chiens fous, même lorsqu’ils tombent dans l’eau, pour mener à bien la lutte des classes contre ceux-là, et réaliser l’unité des vrais révolutionnaires à travers ce combat.
Conclusion
Les cadres du parti devraient étudier très attentivement les lois que nous avons pu formuler à partir des cliques que nous avons observées. Les phénomènes ci-dessus mentionnés sont annonciateurs de cliques, d’intrigues et de trahisons.
Les cadres du partis ne devraient jamais prendre ce chemin. Ils doivent être justes, sincères et indépendants d’esprit, emprunter la voie des luttes démocratiques au sein du parti, résoudre les contradictions selon le principe d’ « unité-critique-unité », et œuvrer à un parti uni, discipliné et centré sur son développement.
Celui ou celle qui rompt la discipline sert l’ennemi. C’est pourquoi les cadres doivent se défier des briseurs de discipline, et poursuivre la lutte contre les opportunistes, les conspirateurs, les faiseurs de cliques, les acteurs et les hypocrites jusqu’à son terme.
NOTE
La maladie du cancer existe dans le monde, elle existe que nous y pensions ou pas. Cela signifie que le cancer existe indépendamment de notre pensée. Ainsi, la matière existe en soi. Mais il y a des personnes qui tentent de comprendre le cancer au moyen de la recherche, c’est à dire ses causes, et son traitement.
Quand ces personnes réussiront, le cancer sera transformé en matière pour soi. Les matérialistes croient en cette transformation, alors que les idéalistes disent que nous ne pouvons pas connaître la nature, ni la contrôler, ni la transformer en matière pour soi.
S’appuyer sur les paysans dans la Guerre de. Libération Nationale!
Briser la campagne d’hiver des bandits militaires pakistanais et les activités anti-populaires du laquais des six montagnes, les réactionnaires fascistes de la « Force de libération » de la Ligue Awami!
Propager la guérilla à de plus larges régions!
Le régime colonial pakistanais au pouvoir a déclenché sa campagne hivernale qui sera intensifiée et impitoyable dès qu’une large panoplie de régions rurales du Bengale oriental s’asséchera. La campagne se poursuivra jusqu’en juin-juillet 1972.
Le but de la campagne hivernale des fascistes militaires pakistanais est de balayer des villages les guérilleros de l’Armée de Libération nationale dirigée par le Parti prolétarien du Bengale oriental et la force fasciste de « libération » la Ligue Awami, de nettoyer les villages, d’organiser des élections législatives en décembre et de maintenir le système colonial au pouvoir.
Les réactionnaires du laquais des six montagnes, la force fasciste de « libération » de la Ligue Awani est le problème supplémentaire qui a été ajouté au problème de la campagne hivernale des fascistes militaires pakistanais. Ils essayent d’écraser le Parti prolétarien du Bengale oriental et la Force de Libération Nationale qu’il dirige.
Par conséquent, dans le contexte de la campagne hivernale des fascistes militaires pakistanais d’une part et l’attaque des réactionnaires fascistes de Ligue Awani, il faut que nous résolvions le problème de nos moyens de subsistance et de notre développement.
1. Afin de détruire l’Armée de Libération Nationale dirigée par le et Parti prolétarien du Bengale oriental de la Ligue Awani en zone rurale, les fascistes militaires pakistanais vont conduire une campagne d’encerclement et anéantissement, ou de ‘recherche et destruction’.
Ils mettront la première en pratique dans ces régions où ils pensent qu’il y a des activités de l’Armée de libération, par exemple la Front Area n°1 {la région de Payarabagan du district de Barisal était la Front Area n°1 – note de Sarbaharapath}.
D’abord, ils encerclent toute la région, établissent un campement principal dans les carrefours importants de sorties de ces régions, imposent un couvre-feu et gèrent une sentinelle 24 heures sur 24 dans la région que couvre chaque campement. Le campement principal communique régulièrement avec la grosse base militaire la plus proche.
Ensuite, ils établissent plusieurs sous campements à l’intérieur de la région encerclée. Ceux-ci sont généralement installés dans les bâtiments scolaires ou les maisons en brique.
A partir de ces campements, ils conduisent la campagne de ‘recherche et destruction’ dans chaque village sans exception à l’intérieur de cet encerclement et dans les régions environnantes, ils pillent tout, brûlent tout et tuent tout le monde.
Dans certains cas, sous la menace d’un fusil ou avec l’aide des ennemis nationaux, ils utilisent de force des centaines de personnes de régions voisines pour démasquer les guérilleros et pour piller, brûler et tuer. Quelques fois, ils se servent de la différence de religion, de langue ou de nationalités et utilisent une section de la population contre une autre.
Ils poursuivent la campagne jusqu’à ce qu’ils se voit confirmée la démolition des guérilleros ou jusqu’à ce qu’ils (les bandits militaires pakistanais) soient vaincus. Ensuite, ils lèvent l’encerclement et se dispersent.
En règle générale, la campagne de ‘recherche et destruction’ est déclenchée de jour, ils détruisent un village après l’autre. L’armée de tueurs se rassemble à un endroit en provenance de différents directions et ils rentrent à la base urbaine après avoir mené un massacre toute la journée durant.
Dans la campagne d’encerclement et ou de ‘recherche et destruction’, dans la plupart des cas, les unités de bandits militaires pakistanais avancent en tirant sans but vers les buissons, les champs.
Parce qu’ils craignent chaque buisson, chaque champ et chaque maison comme un ennemi et qu’ils ont une peur folle de la possible attaque surprise venant de n’importe quel endroit, leur position est donc facilement susceptible d’être découverte.
Les ennemis nationaux qui ont fui les villes, les ennemis nationaux des régions avoisinantes et leurs agents secrets et publics dans les villages accompagnent les bandits fascistes militaires et leur indiquent le chemin à suivre, effectuent du pillage, des meurtres et des incendies; gèrent leur abri, leur procurent des renseignements, cherchent pour trouver les guérilleros et aident à attraper les personnes suspectes.
2. Avec des renseignements corrects, les fascistes le la « Force de libération » de la Ligue Awami ont cerné certaines de nos unités, ont désarmé des cadres et les ont tués.
A Tangail, ayant été informé par un président (président d’Union Council – Sarbaharapath), ils ont sauvagement tué nos deux guérilleros en découpant leurs corps et en mettant du sel dans leurs blessures. Dans de nombreux endroits, ils ont prononcé la peine de mort contre nos cadres.
Avec la confiance en la simplicité, nous avons recruté certains anciens intellectuels et membres du lumpen prolétariat apparentés à la Ligue Awani et à la « Force de libération » qu’elle dirige dans notre Armée de guérilla et les avons sauvé des fascistes militaires pakistanais.
Mais lorsqu’ils sont entrés en contact avec la « Force de libération » revenue d’Inde, ils ont été motivés par elle et ont abandonné le groupe, ont perfidement averti des localisations de nos cadres et unités et ont rejoint la « Force de libération ».
Dans certains cas, certains sympathisants intellectuels, bourgeois et féodalistes liés à la Ligue Awami et à la « Force de libération » qu’elle dirige qui ont survécu grâce à notre protection sont devenus des informateurs de la « Force de libération » de retour d’Inde.
Dans certains cas, sous prétexte de pourparlers d’unité, ils ont trahi à la table des pourparlers d’unité, ont arrêté et désarmé nos cadres et leur ont donné la peine de mort.
Dans ceci, les gens sont intervenus; ils nous ont protégé et leur ont demandé de les tuer d’abord avant de nous tuer nous. Effrayés par l’intervention des gens, ils furent contraints de libérer nos cadres. Dans certains cas, nos cadres ont pu s’enfuir.
3. Notre force de guérilleros s’est développée à partir de zéro, ils sont peu nombreux, sont armés de pistolets et de vieux modèles de fusils; tous les guérilleros ne sont pas armés en raison du manque d’armes, ils n’ont pas l’habitude de combattre les fascistes militaires pakistanais.
Ce sont leurs faiblesses. D’un autres côté, leurs points forts sont que leur discipline est de haute qualité, qu’ils mènent une guerre juste dans leur propre pays, qu’ils sont aiguisés grâce à la liquidation de l’ennemi national, qu’ils ont l’habitude des allers et venues nocturnes, qu’ils ont de solides liens avec différentes unités et rangs supérieurs, il y a un parti politique convenable pour guider les guérilleros, grâce à la formation politique, ils sont poussés au sacrifice et sont plus liés aux masses.
Les points forts des fascistes militaires pakistanais est qu’ils ont le pouvoir d’état, des armes modernes, une morale religieuse féodaliste, un système de communication de haut niveau et la difficulté. Mais leurs points faibles sont qu’ils mènent une guerre barbare injuste dans un pays étranger et qu’ils n’ont pas le soutien du peuple. Ils sont peu nombreux et mènent une guerre dans des villages étrangers.
Les points forts des fascistes de la « Force de libération » de la Ligue Awami sont qu’ils ont des armes modernes, des hommes, que l’Inde les aide et les soutient, que les impérialistes les aident et les soutiennent via l’Inde, et qu’ils ont aussi un certain soutien populaire.
Leurs points faibles sont qu’ils torturent les gens, qu’ils n’ont aucun dirigeant de parti révolutionnaire pour les guider sur le bon chemin, qu’ils se sont vendus aux six montagnes, qu’ils mènent une guerre contre-progressiste d’intérêt impérialiste pour fonder une colonie indienne et impérialiste, qu’ils ont moins de coordination entre eux, qu’ils entrent en désaccords entre eux et qu’ils ne sont pas proches du peuple.
A la suite de nos faiblesses et de la force de l’ennemi, nous devons mener une guerre défensive et la guerre sera prolongée.
A la suite de notre force et de la faiblesse de l’ennemi, nous pouvons contre-encercler les éléments plus faibles de l’ennemi oppresseur et les écraser rapidement. De cette façon, nous nous remettrons peu à peu de notre faiblesse et la faiblesse de l’ennemi augmentera. A la fin, ils seront écrasé par nous.
4. Les fascistes militaires pakistanais, en raison de leur manque d’effectifs, sont contraints de se diviser en unités plus petites (2, 4 ou 6 personnes) dans la campagne d’encerclement et anéantissement ou de ‘recherche et destruction’. En conséquence, certaines de leurs plus petites unités s’affaiblissent comparé à l’ensemble.
Etant donné qu’ils n’ont pas l’appui du peuple et que les gens ne coopèrent pas avec eux, ils n’ont pas de renseignements corrects au sujet des positions de la guérilla.
Comme ils mènent une guerre dans des régions étrangères, ils ne connaissent pas les routes et les chemins, et par conséquent, ils ont un trou à l’intérieur de leurs unités en marche, et le trou demeure également à l’intérieur de leur encerclement.
Il se peut que nos guérilleros prennent position à l’intérieur du trou de différentes unités des bandits militaires pakistanais, cherchent et suivent l’unité la plus faible, mobilisent certains guérilleros, mènent une attaque surprise contre le gang de bandits dans un endroit opportun et l’écrase.
Il se peut que les guérilleros soient déployés pour s’opposer à tout renforcement possible pour secourir l’unité attaquée par d’autres unités voisines. Les guérilleros encercleront complètement les unités de bandits; feront le net par une fusillade (tir de déblaiement du terrain – Saraharapath), s’assureront qu’aucun bandit n’est en mesure de s’enfuir; écraseront rapidement les ennemis, prendront les blessés et les prisonniers; rassembleront les armes et les uniformes et se disperseront. Si possible, nous devons attaquer une autre unité de bandits.
Nos forces doivent être concentrées pour attaquer l’ennemi mobile de cette manière; nous devons rester cachés jusqu’à ce que l’attaque commence, le cas échéant, nous devons nous mettre à couvert sous des buissons de plantes, de feuilles et nous tenir en embuscade en nous cachant sous la forêt de buissons, de bambou et de bananier et dans les maisons sur le chemin de l’ennemi.
Si à tort, nous attaquons un ennemi plus puissant ou que pour une autre raison, nous ne pouvons pas être en mesure de rapidement les écraser, nous devons rapidement déployer quelques guérilleros pour arrêter l’ennemi par un tir de couverture pendant que la majorité de nos guérilleros se disperseront.
Les guérilleros restant se disperseront plus tard. Lorsque les bandits militaires pakistanais campent dans un bâtiment ou sont là en très grand nombre, nous ne les attaquerons pas. Nous ne ferons une attaque en embuscade préparée à l’avance que contre l’ennemi mobile.
Nous attaquerons quand nous seront certains que nous pouvons écraser l’ennemi. Si ce n’est pas possible d’écraser l’ennemi et de s’emparer de ses armes, nous ne gaspillerons pas une seule balle; c’est-à-dire, nous ne mènerons pas une guerre à perte.
Si l’ennemi est complètement écrasé, nous pourrons nous emparer de ses armes et de ses munitions. Nous pourrons amoindrir sa force, briser son moral, augmenter le courage du peuple et des guérilleros; nous pourrons également devenir plus forts en étant équipés avec les armes de l’ennemi.
Nous devons mettre les principes suivants en pratique:
‘L’ennemi avance, nous battons en retraite; l’ennemi campe, nous harcelons; l’ennemi fatigue, nous attaquons; l’ennemi bat en retraite, nous poursuivons’.
‘Nous combattons quand nous sommes certains de gagner; s’il n’y a aucun espoir de gagner, nous battons en retraite; lorsque l’ennemi veut se battre contre nous, nous ne le ferons pas et même, il ne nous trouvera pas, mais lorsque nous voulons nous battre contre lui, nous nous assurons qu’il ne sera pas en mesure de s’échapper, nous l’attaquons correctement et nous l’écrasons; quand nous pouvons l’écraser, nous le faisons, quand nous ne pouvons pas le faire, nous ne les laissons pas nous écraser’.
A notre attaque, nous devons ajouter une résistance populaire.
Avec l’aide de la population, nous pouvons faire beaucoup de choses comme creuser les routes et en faire des champs, planter du bambou toxique au bord tranchant ou des arbres à noix de bétel sur le chemin de l’ennemi, et les recouvrir pour les camoufler, planter des bâtons toxiques au bord tranchant dans les canaux de genre de ceux à travers lesquels l’ennemi passe, creuser des trous de la taille d’un pied sur la route, planter des bâtons de fer dedans et les recouvrir au niveau de la route pour les camoufler, tendre des embuscades depuis les buissons des villages avec des flèches, des lances et des harpons, faire des pièges à grenade sur le chemin, planter des mines et si possible, dresser des abeilles et en faire des pièges.
Ainsi, la guerre collective des guérilleros et de la population peut infliger d’énormes pertes aux bandits pakistanais.
Ce genre de guerre commune concertée peut être menée dans nos zones de base stables et instables qui sont libérées de l’ennemi national si les gens sont de notre côté et l’ennemi n’obtiendra aucun renseignement. Donc, les bandits militaires devront être attirés par la ruse très avant dans les zones libérées et devront être pris au piège dans la mer de guerre concertée du peuple et des guérilleros.
Par conséquent, en dépit de notre manque d’armés, malgré notre quantité et qualité de soldats, si nous mettons en œuvre la méthode de rassemblement de la plupart des guérilleros, de la participation populaire dans la guerre et de la mobilisation des guérilleros qui ont été formés à la politique révolutionnaire et poussés au sacrifice, cela sera bien des fois plus puissant que la plus faible section des bandits pakistanais.
Donc, quoique inférieurs au tout, nous sommes supérieurs à la partie. Par conséquent, dans un contexte d’encerclement et anéantissement, nous prenons une position de guerre défensive, tandis qu’en contre-encerclant leur plus faible section et en la détruisant, nous appliquons la stratégie d’attaque dans la défense.
Lorsque les bandits militaires pakistanais nous attaquerons avec une force énorme, que notre région de guérilla sera plus petite, que la population ne prendra pas part à la guerre, et que la force des différentes unités de bandits militaires pakistanais sera plus élevée que notre capacité d’attaque, nous devrons nous diviser en groupes et nous échapper à travers l’encerclement. Nous devons étendre la guérilla dans les régions ennemies avoisinantes.
Si nous avons d’autres régions voisines, nous pouvons nous y installer.
Dans les régions ennemies, nous pouvons nous abriter parmi les travailleurs agricoles, les paysans pauvres, les paysans moyens inférieurs, les ouvriers et les sympathisants. Si cela n’est pas possible, nous pouvons nous abriter dans les buissons, les forêts et les vastes étendues vertes.
Nous devrions faire des pré-préparatifs au sujet du lieu vers lequel nous déplacer dans le cas où nous pourrions supporter la campagne encercler-anéantir. Autrement, nous subirons des pertes et des difficultés en nous déplaçant sous la contrainte. Par exemple, le transfert depuis la Front Area No. 1 sous la pression des bandits militaires pakistanais.
Il faut que les guérilleros s’abritent dans la maison des ouvriers agricoles, des paysans pauvres, des paysans moyens inférieurs et des ouvriers (aussi bien dans les régions ennemies que dans les zones libérées), qu’ils recrutent des guérilleros parmi eux, qu’ils fassent la publicité du parti parmi eux et qu’ils poursuivent la campagne de liquidation de l’ennemi national en se reposant entièrement sur eux.
Dans les régions ennemies, les activités de la guérilla doivent être exécutées avec initiative, souplesse et but.
Il faut que les différentes unités de guérilleros se voient préciser un endroit, un moyen de contact et des responsabilités. Il faut que chaque unité ait le pouvoir de fonctionner librement dans les régions ennemies en dehors de l’encerclement-anéantissement.
Après que l’encerclement soit levé, la force de guérilla retournera de nouveau à la zone de base.
C’est la raison pour laquelle il ne faut pas que nous fassions de grosses provisions dans une zone de base instable sur un terrain plat et qu’il faut que nous ne conservions que ce matériel que nous pouvons transporter. Parmi les matériaux saisis, ce qui est vendable doit être vendu et ce qui est distribuable doit être distribué parmi la population.
Dans ces zones de base instables, il faut mettre l’accent au maximum sur la formation d’une force régulière ou d’une force régulière plus puissante sous le leadership du parti.
C’est là que réside la clé pour constituer une zone de base. La manière par laquelle nous devons construire la formation armée est de former le groupe de guérilleros réguliers avec les guérilleros recrutés parmi les irréguliers, la section à partir du groupe de guérilleros réguliers et la compagnie en prenant plusieurs sections.
Nous devons y développer l’organisation du parti, y gérer le travail politique, la rendre mûre par la guerre, les rendre efficaces dans différents travaux y compris de faire des activités de propagande parmi les masses, en plus de la guerre, de faire la publicité de l’organisation parmi la population, de l’armer, de l’aider à asseoir son autorité politique, de l’organiser dans des organisations de masse.
De cette façon, une armée invincible qui est motivée par la politique, associée à la population et guidée sous la direction du parti se développera.
Dans les régions libérées stables et instables, nous devons combiner le travail clandestin et le travail public.
Au cas où notre armée et nos cadres publics sont transférés en raison de l’encerclement-anéantissement ou toute autre raison, les cadres clandestins peuvent construire et guider l’organisation du parti, la milice villageoise, le groupe de guérilleros locaux, le comité d’organisation du village, et les autres organisations de masse et garder le contact avec les rangs supérieurs.
C’est la raison pour laquelle nous devons construire une organisation de parti dans les zones de base stables et instables. Lorsque le travail du parti sera un peu public, la section principale restera clandestine; dans la zone ennemie, le travail du parti sera entièrement clandestin.
Par conséquent, nous devons créer une situation telle que les nouveaux ennemis nationaux ne puissent nous causer aucun mal par le nouvel encerclement-anéantissement ou que si la Force fasciste de libération la Ligue Awami s’empare de notre zone, nous puissions poursuivre notre travail.
Si les zones sans ennemi national s’élargissent sous notre direction, et qu’une partie de celles-ci tombe sous l’encerclement-anéantissement, nous pouvons nous transférer vers l’autre partie. Lorsque, dans la Front Area No.1, une partie de notre zone libérée fut encerclée par les bandits militaires pakistanais, certaines régions sont restées en dehors de ça.
C’est ce que le président Mao a dit, que la condition principale de subsistance des guérilleros en terrain plat est l’expansion des zones de base.
Dès que nous lançons une activité de la guérilla dans une certaine région, nous devons mettre l’accent sur la question de l’expansion. Pendant les activités de la guérilla, des gens venant de très loin proposent une liste d’ennemis nationaux à liquider et sollicitent les guérilleros.
Après enquête, les guérilleros accepteront l’appel; d’abord ils n’iront pas trois loin pendant deux/trois jours, ensuite, ils iront loin pour plus de temps. Ainsi, la guérilla se répandra dans des régions éloignées et les groupes de guérilleros apprendront comment travailler de façon autonome.
Pour les régions depuis lesquelles nous n’avons pas reçu de sollicitation, mais dont nous avons besoin pour propager la guérilla, nous devons envoyer un groupe de courrier ou de cadres.
Sa tâche sera d’enquêter sur les ennemis nationaux en travaillant clandestinement parmi les travailleurs agricoles, les paysans pauvres, les paysans moyens inférieurs, les ouvriers et les sympathisants, trouver le moyen d’abriter les guérilleros et recruter parmi la population locale.
Sur base de leur travail, les unités de guérilleros viendront. Ils liquideront l’ennemi national et l’équipe de courriers progressera plus loin. Derrière elle, l’unité de guérilleros suivra, et l’unité organisationnelle suivra l’unité de guérilleros.
La tâche de l’unité organisationnelle ou de l’individu sera de développer le parti parmi les travailleurs agricoles, les paysans pauvres, les paysans moyens inférieurs et les ouvriers et faire un cercle d’étude parmi ceux qui veulent rejoindre le parti en provenance de la milice villageoise, du groupe de guérilleros locaux et parmi les intellectuels et les patriotes dans les régions où l’ennemi national a été ou est liquidé.
Il ne faut pas que l’expansion soit sans but ni sans plan. Il faut que le but important de l’expansion soit d’établir un rapport entre les différentes régions, zones de base et zones de front de la guérilla, de progresser en évitant la grosse mobilisation des réactionnaires de la « Force de libération » et de marcher en avant vers des régions appropriées pour la guérilla.
Les rivières et les canaux sont reliés à nos régions de guérilla. Par conséquent, nous devons travailler dans les rivières et dans les canaux parmi les passeurs, les pêcheurs et les habitants des îles fluviales et recruter des guérilleros ou déployer des guérilleros avec bateau pour une guérilla navale dans les rivières. Ils mèneront des activités de guérilla en travaillant comme passeurs ou pêcheurs.
Les guérilleros des plaines adjacentes aux rivières et aux canaux seront facilement transférés d’une région à une autre par bateau. Les guérilleros naxals peuvent, de façon autonome ou conjuguée avec la plaine, mener la guérilla dans les îles fluviales, sur les berges des rivières et de canaux et dans les rivières et les canaux. Ils pourront perturber le système de communication de l’ennemi.
De cette façon, au Bengale oriental, en particulier dans les plaines, les rivières et les canaux, si la guérilla conjuguée est menée, cela ouvrira la porte à de nouvelles perspectives.
Les guérilleros urbains liquideront ces ennemis nationaux qui s’enfuient des régions rurales et fluviales de guérilla. Comme cela, nous devons combiner le travail urbain avec la guerre révolutionnaire rurale.
5. Dans le cas des réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami, nous devons prendre certaines dispositions particulières.
A l’exception des travailleurs agricoles, des paysans pauvres, des paysans moyens inférieurs, des ouvriers, des membres de la ligue des jeunes et des organisations de masse dirigées par le parti, personne ne devrait être recruté directement vers le parti.
Ceux qui, parmi les intellectuels ruraux, les anciens de la ligue Awami, de la « Force libération » et autres patriotes, souhaitent rejoindre le parti, avec une enquête convenable, il faut qu’ils soient d’abord organisés dans un cercle d’étude, puis ils devront travailler parmi les paysans, avoir une formation sur la position du parti et aller en opération avec les guérilleros.
Ainsi, ceux qui remplissent les conditions pour rejoindre le parti peuvent être recrutés pour l’Armée de guérilla.
Ceux issus du milieu intellectuel, les Jaminders, les paysans riches, les paysans moyens et autres classes exploiteuses qui ne veulent pas rejoindre le cercle d’étude ou la parti doivent être empêchés d’être recrutés directement comme guérillero, et si recrutés, il faut les évincer. En ce qui concerne le débat, il faut se conformer aux principes de discussion.
Les guérilleros et les cadres du parti travailleront en restant rigoureusement dans la clandestinité dans les régions où la « Force de libération » de la Ligue Awami est active, se reposeront principalement sur les ouvriers, les travailleurs agricoles, les paysans pauvres, les paysans moyens inférieurs, resteront dispersés dans leurs maisons, construiront l’organisation du parti parmi eux et travailleront dans des régions plus vastes en se reposant sur eux.
Les paysans constituent la classe la plus révolutionnaire dans les villages. La Guerre de Libération Nationale est surtout leur guerre. Notre existence et la victoire de la révolution dépend de combien nous comptons sur eux, les poussons à agir et les organisons.
Dans les régions rurales, nous devons concrétiser solidement la distribution gratuite des terres des ennemis nationaux aux travailleurs agricoles, aux paysans pauvres et diminuer l’exploitation des Jaminders patriotes (gros propriétaires fonciers), des Jotedars (petits propriétaires fonciers) et des usuriers.
Les masses paysannes nous soutiendront entièrement pendant la matérialisation de notre programme de distribution des terres et de diminution de l’exploitation féodale.
En s’opposant à ce programme, les réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami seront reconnus comme ennemis des paysans. Ceci est le point qui sera la distinction importante de notre travail avec eux.
En nous reposant sur eux, nous pouvons écraser les activités de guérilla des laquais des six montagnes. En se reposant sur les masses, 17 de nos guérilleros ont attaqué 287 de ces réactionnaires, en tuant cinq tandis que le reste fuyait craignant de mourir. Au final, ils furent tués par les bandits militaires pakistanais.
Nous pouvons mener des activités de guérilla de la façon mentionnée ci-dessus contre les envahisseurs réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami infiltrés dans nos zones libérées, et nous pouvons conserver notre autorité dans nos zones en les renversant et en les évinçant.
6. Récemment, parmi nos guérilleros se sont posées des questions pour savoir si oui ou non nous pouvons poursuivre la guérilla dans les plaines, faire face à l’attaque réactionnaire de la « Force de libération » de la Ligue Awami et travailler dans de telles zones où ils sont présents.
La question de savoir si oui ou non nous pouvons poursuivre la guérilla dans les plaines résulte de l’intensité et de la violence de la campagne d’encerclement-anéantissement des fascistes militaires pakistanais dans la Front Area No 1 et de la notion à laquelle les cadres sont parvenus par la lecture de livres, notion selon laquelle les collines sont appropriées à la guérilla.
La dernière question résulte de la présence de la « Force de libération » de la Ligue Awami partout, de leur position de membre ‘naxal’, de leur encerclement et désarmement de nos unité dans la Front Area No 1 et les autres Front Areas, de la capture et du meurtre de nos cadres par eux, et enfin, du repli de nos guérilleros de différents fronts.
La majeure partie du Bengale oriental est constitué de terrains plats et fluviaux. La victoire et l’échec de la révolution du Bengale oriental dépend du lancement, du maintien et du développement de la guérilla dans ces plaines et ces rivières.
L’expérience des derniers mois a déjà démontré que des zones libérées instables et interchangeables peuvent être établies dans les plaines. Les Fronts Area No 1, 2, 5 (les Fronts Area No 2 et 5 étaient dans les districts de Barisal et de Faridpur – Sarbaharapath) et celles de Pabna et de Tangail sont des preuves de cela.
Ces régions ne sont pas contrôlées par les ennemis nationaux, les guérilleros se déplacent en toute liberté, l’autorité politique est ou a été instaurée.
Les expériences de la Front Area No 1 et d’autres prouve que la campagne d’encerclement-anéantissement des bandits militaires pakistanais ne peut pas nous écraser et que si nous ne pouvons pas briser cet encerclement-anéantissement en effectuant une contre-attaque, la guérilla peut être étendue vers de nouvelles régions en franchissant l’encerclement.
Ainsi, après l’encerclement et l’anéantissement sur la Front Area No 1, la guérilla s’est propagée dans certaines régions des districts du Barisal et s’est maintenue.
Mais parmi les guérilleros, des réactionnaires de la Force de libération de la Ligue Awami qui ont rejoint les réactionnaires de la force de libération revenus d’Inde nous ont trahi et les ont informés des positions de nos guérilleros. Dans certaines régions, les Jotedars, les Jaminders et les intellectuels réactionnaires ont transmis nos renseignements aux réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami, ce qui nous a infligé d’énormes pertes.
Les raisons derrière cet échec sont: ne pas avoir effectué l’organisation du parti, ne pas avoir donné de cours de politique aux guérilleros, le militarisme dans le leadership, ne pas avoir eu de bon rapport entre les commandants et les commissaires politiques de haut rang d’une part et les membres d’autre part, ne pas avoir fait de travail organisationnel parmi les masses, ne pas s’être reposé uniquement sur les paysans et ne pas avoir bien gardé le secret quant aux positions de la guérilla et dans le rapport entre les rangs inférieurs et supérieurs.
Par conséquent, si nous éliminons ces raisons, la trahison interne et l’apostasie seront empêchées et personne ne sera en mesure de nous séparer du peuple et de nous anéantir.
De plus, les guérilleros doivent être directement recrutés dans les révolutionnaires des travailleurs agricoles, des paysans pauvres, des ouvriers, de la Ligue de la Jeunesse et des organisations de masses dirigées par le parti.
Ces intellectuels et autres patriotes qui ont rempli les conditions pour devenir membre du parti en rejoignant le cercle d’étude peuvent être admis dans la force de guérilla.
Il faut que les guérilleros abandonnent l’habitude de vie qu’est le camping et s’abritent dispersés dans les maisons des travailleurs agricoles, des paysans pauvres, des paysans moyens inférieurs et des ouvriers, ils doivent participer au travail avec eux et les organiser.
De cette façon, les cadres seront remodelés, la confiance en la paysannerie se développera et la relation inséparable avec le peuple se développera.
Les réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami sont isolés du peuple; ils restent sur les bateaux ou dans les maisons des Jotedars et des Mahajans (Mahajans signifie usuriers – Sarbaharapath).
Ils recrutent les guérilleros parmi ceux qui ont minimum un diplôme moyen d’école primaire, c’est à dire qui viennent de familles de Jotedars, de Mahjans (usuriers – Sarbaharapath), de paysans riches et de la bourgeoisie.
Dans les régions rurales, la communauté des travailleurs agricoles, des paysans pauvres, des paysans moyens inférieurs et des ouvriers est totalement différente de celle des Jotedars, des Jaminders et des paysans riches.
En profitant de cette occasion, il est parfaitement possible pour nous de facilement faire un travail clandestin parmi les travailleurs agricoles, les paysans pauvres, les paysans moyens inférieurs et les ouvriers, d’y recruter des guérilleros, d’anéantir l’ennemi national, de construire l’organisation du parti et d’écraser et de désarmer les réactionnaires de la Force de libération de la Ligue Awami.
Dans les régions où il y a la Force de libération de la Ligue Awami, nous devons travailler en gardant le secret avec sérieux, recruter les guérilleros un par un, rester dans la clandestinité, si nécessaire régulièrement changer d’abri, garder cela secret, entrer dans l’abri la nuit et sortir tôt le matin, le cas échéant, pendant la journée, rester en se servant de méthode telle que de rester sur l’échafaudage.
Nous devons former les guérilleros au sujet du secret et à faire la propagande en chuchotant et par l’intermédiaire d’affiches et de tracts.
Les travailleurs agricoles et les paysans pauvres d’un village ont des rapports et une familiarité avec ceux d’autres villages. Ainsi, grâce aux paysans d’un village, nous pouvons faire un groupe de guérilleros, une organisation de parti, anéantir l’ennemi national et propager les activités de la guérilla dans un village après l’autre.
Nous devons nous servir de ces types d’intellectuels qui peuvent facilement vivre une vie de travailleur agricole ou de paysan pauvre et travailler en gardant le secret sérieusement.
Dans les régions où la Force de libération ne reste pas en permanence mais où elle se rend souvent, il faut que nous travaillions de la façon mentionnée ci-dessus. Notre travail se déroule de cette façon dans trois régions proches de Dhaka devant les réactionnaires de la Liberation Force de l’Awami League.
Dans certains cas, ils s’abritent dans les maisons de nos sympathisants ou de nos cadres. Bientôt, la campagne pour les désarmer et les renverser va être déclenchée.
L’expérience démontre que sin nous suivons la méthode mentionnée ci-dessus dans le recrutement et le travail, nous pouvons étendre et maintenir la guérilla dans les régions des réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami et les régions où ils viennent souvent et enfin nous pouvons capturer leurs régions en chassant ces réactionnaires.
Les fascistes de « Force libération » Awani restent généralement sur des bateaux en mouvement. En règle générale, ils s’arrêtent dans les maisons des Jaminders féodaux, des paysans riches, mangent et boivent avec insouciance, libèrent des ennemis nationaux en échange d’argent, s’abritent dans leurs maisons, perçoivent de l’argent violemment.
Parfois, ils vont dans les maisons des pauvres et s’ils n’obtiennent pas de viande et de riz, ils les frappent sous la menace d’un fusil, ils utilisent des passeurs sans payer, obligent les gens à transporter des armes, torturent les femmes, commettent des actes de banditisme, endommagent les propriétés des gens, en particulier les cultures et brûlent les Jutes.
La majeure partie des membres de la « Force de libération » viennent de familles de Jaminders, de Jotedars, de paysans riches et d’intellectuels, c’est-à-dire des classes exploiteuses.
Ils utilisent des revolvers pour supprimer les travailleurs agricoles, les paysans pauvres, les paysans moyens inférieurs et les ouvriers. Sans distinction d’ennemi ou d’allié, ils tuent tout le monde, même leurs propres gens aussi.
Ils n’effectuent pas de propagande parmi la population, ne l’arment pas et n’instaurent pas leur autorité politique, etc. Plutôt que de s’unir avec les révolutionnaires patriotes, ils ont pris la voie de leur désarmement et de leur liquidation. Avec ce but, par ordre des réactionnaires du soi-disant gouvernement du Bangladesh, ils travaillent pour l’intérêt des six montagnes.
Pour toutes ces raisons, dans la plupart des régions, la population est furieuse contre eux et craint leur terreur. Dans certaines régions, les habitants veulent récompenser ceux qui liquideraient les réactionnaires de la « Forcede libération ». Ils veulent renverser aussi bien les bandits militaires pakistanais que les bandits réactionnaires de la « Force de libération ».
Très souvent, il n’y a aucun contact entre les différentes unités de ce gang de bandits réactionnaires. Ils se livrent à des tirs fratricides, un groupe désarme ou tue un autre.
Bien qu’ils aient des armes modernes et des hommes, ils n’ont pas la stratégie ni la tactique militaire, la morale ni la confiance en la population qui sont nécessaires pour affronter la campagne d’encerclement et d’anéantissement ou de ‘recherche et destruction’ des bandits militaires pakistanais.
Ceux dont ils utilisent la maison comme abri et qu’ils libèrent, ces ennemis nationaux les anéantiront en appelant les bandits militaires. Dans certaines régions, les habitants aideront aussi les bandits militaires contre eux.
Il ne sera pas possible pour les grosses unités du gang de bandits réactionnaires de la « Force de libération » de la Lige Awami de se maintenir face à la campagne hivernale des bandits militaires pakistanais. Ils se sépareront, un grand nombre perdra la vie tandis qu’un grand nombre ira en Inde.
Ils sont nombreux à déjà aller en Inde avec l’espoir de revenir à la prochaine saison des pluies. En conséquence des arrestations à Dhaka, les membres d’unités différentes ont perdu contact.
C’est pourquoi la pression exercée par les réactionnaires de la « Force de libération » de la Ligue Awami sur nous s’atténuera. Dans cette situation, il nous sera possible de recueillir les armes des membres de ce gang de bandits et d’instaurer notre droit dans un rayon plus large de leurs zones abandonnées. Nous serons en mesure de revenir dans nos anciennes zones.
7. Si nous pouvons passer en revue et appliquer de façon créative les points ci-dessus, nous serons certainement en mesure de maintenir notre développement et notre dynamisme et de remporter la victoire en faisant face à encore plus de problèmes complexes.
Le mot « épistémologie » n’est pas commun, mais il est important. Il vient du grec et signifie parler au sujet de la connaissance (« episteme »), c’est-à-dire l’étude des fondements de la science.
Par exemple, le fondement de la « science » chrétienne est la figure du Christ, et celui du matérialisme dialectique est la matière considérée comme éternelle et en mouvement.
Le grand révolutionnaire bangladeshi Siraj Sikder exprime ici un point de vue très intéressant, très profond, très intense, très dense. Voici ce qu’il dit :
« La ligne correcte de la direction ne se développe qu’après la répétition, à plusieurs reprises, du cycle de la matière à la conscience et de la conscience à la matière, c’est-à-dire de la pratique à la connaissance et de la connaissance à la pratique.
C’est l’épistémologie du marxisme, c’est-à-dire l’épistémologie matérialiste dialectique.
Le président Mao l’a examinée plus minutieusement dans « A propos des méthodes de direction».
Là, il a dit :
« Toute direction correcte de notre parti est nécessairement ‘partir des masses pour retourner aux masses’. Cela signifie : recueillir les idées des masses (idées diffuses et peu méthodiques) et les concentrer (par l’étude, les transformer en idées concentrées et systématiques) pour ensuite aller vers les masses propager et expliquer ces idées jusqu’à ce que les masses les comprennent comme étant les leurs, les retiennent et les traduisent action et tester la justesse de ces idées dans l’action.
Puis, encore une fois, rassembler les idées issues des masses et encore une fois aller vers les masses afin que ces idées soient appuyées et menées à bonne fin. Et ainsi de suite maintes et maintes fois dans une spirale sans fin, les idées devenant plus correctes, plus essentielles et plus riches chaque fois. Telle est la théorie marxiste de la connaissance ».
De cela, nous obtenons les deux processus suivants de développement de la connaissance :
A : Connaissance perceptuelle issue de la matière – Pratique
Recueillir les idées des masses, c’est-à-dire aller au contact de l’objet, traduire cela au niveau cérébral et accumuler une connaissance perceptuelle. Pour cela, la direction a besoin de rompre la glace. Cela signifie résoudre tous les problèmes quant à la direction dans une unité ou dans une zone.
B : Connaissance conceptuelle – Stade de la théorie
Cette étape est celle de transformer des idées recueillies en idées synthétisées, de créer une ligne connaissance conceptuelle – théorie – plan – général, c’est-à-dire d’élever le stade de connaissance perceptuelle – matière au stade de connaissance conceptuelle – conscience.
C : Contact avec la matière – Pratique
Amener la ligne Connaissance Conceptuelle – Conscience – Théorie – Plan – Général aux masses, activer cela, c’est-à-dire appliquer la ligne Connaissance Conceptuelle – Conscience – Théorie – Plan – Général à la pratique et éprouver la justesse de la ligne Théorie – Plan – Général par la transformation, avec persévérance, de la matière selon cela.
La transformation de la matière se produisant au cours de la pratique selon la ligne Connaissance Conceptuelle – Conscience – Théorie – Plan – Général est correcte.
A ce stade, la connaissance pour ce qui concerne la matière complète.
Si la connaissance conceptuelle n’est pas complètement en conformité avec le changement et la transformation de la matière, alors, nous devons créer une connaissance perceptuelle dans la pratique et l’application, effacer les erreurs en faisant la récapitulation de l’expérience et des recherches et faire une nouvelle ligne Théorie – Plan – Général, c’est-à-dire que la connaissance conceptuelle doit être créée.
Là encore, cela doit être appliqué dans la pratique pour vérification.
Nous devons mettre cela en pratique pour changer et transformer la matière.
Ainsi, la ligne correcte se développe en suivant les cycles répétés de Matière – Pratique – Connaissance Perceptuelle vers la ligne Conscience – Connaissance Conceptuelle – Théorie – Plan – Général et de la ligne Conscience – Connaissance Conceptuelle – Théorie – Plan – Général vers la Matière – Pratique – Connaissance Perceptuelle.
Nous devons aussi appliquer la méthode de la ligne de masse pour guider les cadres. »
C’est de fait une explication correcte de la loi du reflet. Quand il dit :
« Recueillir les idées des masses, c’est-à-dire aller au contact de l’objet, traduire cela au niveau cérébral et accumuler une connaissance perceptuelle »
Siraj Sikder utilise des mots très clairs pour cela :
– বস্তু signifie objet (« bastu »),
– মস্তিষ্কে signifie cerveau (« mastiṣka »),
– প্রতিফলিত করা signifie refléter (traduit ici en français par « traduire » dans « traduire cela au niveau cérébral »).
Et nous pouvons voir deux étapes : la première de ces étapes concerne les cinq sens. C’est logique, comme les humains sont de la matière vivante. Ce qui conduit les humains n’est pas un « esprit », une « âme », mais leur propre existence matérielle.
Par conséquent, la première étape ne peut être que basé sur la perception, reliée à la pratique, parce que la pratique signifie la transformation et ainsi les ressentis qui vont avec. C’est pourquoi la classe ouvrière est la classe la plus révolutionnaire de l’histoire.
La seconde étape concerne la théorie, la conceptulisation. Ici, Siraj Sikder montre qu’il a parfaitement compris les enseignements de Lénine et, avant lui, de la social-démocratie européenne à la fin du XIXe siècle.
Le matérialisme dialectique considère que sans la conceptualisation, il n’y a pas de synthèse. Bien entendu, la synthèse doit revenir aux masses, et c’est une tâche difficile. Mais rien n’est plus faux que la ligne spontanéiste qui refuse cette conceptualisation.
Lorsque nous regardons Charu Mazumdar, nous pouvons voir qu’il est souvent accusé de gauchisme, en Inde, pour sa ligne de l’anéantissement. Mais si nous regardons les enseignements de Charu Mazumdar, nous ne voyons pas qu’il ait « arrêté » le processus à la première étape. Au contraire, il a bataillé pour la constitution du Parti – précisément pour l’existence du niveau de conceptualisation. Ainsi, il n’était pas un simple partisan de la spontanéité.
Le concept de « Parti » n’est pas simplement un concept « politique », ce n’est pas simplement une « organisation » : c’est un lieu pour la synthèse, et c’est pourquoi il y a toujours une lutte de deux lignes en son sein : cela reflète le processus dialectique qui se déroule.
Le Parti est en lui-même le reflet de la réalité en mouvement, et la pensée guide est l’outil permettant le saut du niveau de la perception à celui de la conceptualisation.
Siraj Sikder, le grand révolutionnaire du Bengale Oriental, c’est-à-dire du Bangladesh, a formulé une opinion très intéressante concernant l’utilisation de la matière.
Parlant des cliques d’opportunistes qui se forment à l’intérieur du Parti, Siraj Sikder constate que, forcément, il y a une base matérielle pour cela.
On ne peut pas nier les cliques, on ne peut pas nier la réalité. Par contre en comprenant la loi matérielle donnant naissance à ces cliques, on peut les briser et faire en sorte qu’elles n’apparaissent plus, en utilisant alors l’existence de ces cliques à notre profit.
Siraj Sikder explique ainsi que :
« nous pouvons utiliser la connaissances des cliques dans notre propre intérêt. Alors, de matière en soi, elles se transforment en matière pour soi. »
Dans une note qu’il place alors dans son article, Siraj Sikder précise sa pensée, en prenant l’exemple du cancer. Il dit la chose suivante :
« La maladie du cancer existe dans le monde, elle existe que nous y pensions ou pas. Cela signifie que le cancer existe indépendamment de notre pensée.
Ainsi, la matière existe en soi. Mais il y a des personnes qui tentent de comprendre le cancer au moyen de la recherche, c’est à dire ses causes, et son traitement.
Quand ces personnes réussiront, le cancer sera transformé en matière pour soi. Les matérialistes croient en cette transformation, alors que les idéalistes disent que nous ne pouvons pas connaître la nature, ni la contrôler, ni la transformer en matière pour soi. »
Ce que dit Siraj Sikder est d’une très grande importance. Il explique que la matière ne peut pas être réfutée : il ne suffit pas de dire que les cliques, ou le cancer, ne devraient pas exister. Il y a une base matérielle qui est à leur origine.
Mais il ne dit pas que cela. Il dit que leur existence appartient à un processus général, qui est l’évolution de la matière. Il ne s’agit donc pas ici simplement de faire « disparaître » le problème, mais d’utiliser sa propre réalité dans un sens favorable.
On image déjà les cris enragés des bourgeois, qui parleront de folie, de mysticisme, etc. Ce sont là les reproches traditionnels faits aux enseignements du matérialisme dialectique, notamment à l’encontre de Mao Zedong.
En effet, comprendre que chaque chose a deux aspects est impossible pour la bourgeoisie. Un point de vue bourgeois ne peut donc avoir qu’un point de vue unilatéral. Il n’y a pas de compréhension que un devient deux, et que donc ce qui se produit relève d’un processus.
Le cancer ne peut ainsi pas être compris de manière abstraite ; pour en saisir la nature, il faut comprendre à quoi il appartient, de quel processus matériel il relève. On comprend que l’horizon bourgeois, foncièrement borné à l’individu, ne soit pas en mesure de saisir ce qui relève du rapport étroit des humains à leur environnement, sans parler évidemment de tous les processus de symbiose qui existent sur le plan des bactéries.
Le processus de « contrôle de la nature », dont parle Sikder, relève justement de ce processus symbiotique.
Les révisionnistes ayant pris le pouvoir en Union Soviétique en 1953 ont eu une interprétation mécaniste de ce principe de « contrôle », d’où les catastrophes qui s’en sont suivies sur le plan écologiste. On peut constater le même phénomène en Chine populaire, suite à la prise du pouvoir par la clique fasciste du révisionnisme en 1976.
Selon le matérialisme dialectique en effet, la « pensée » n’est que le reflet du mouvement général de la matière. Si ainsi l’humanité prend le « contrôle » de la nature, c’est en fait la matière en général qui se saisit elle-même.
L’humanité est un outil de la matière dans le cadre de son évolution générale – et elle est un outil qui elle-même est une partie de la matière.
C’est là quelque chose de difficile à saisir, parce que la bourgeoisie a tout fait pour affirmer l’individu sur tous les plans, en en faisant une sorte de « Dieu ». La matière devrait se soumettre à l’esprit humain, libre de toute matière – cet idéalisme est bien entendu étranger à Siraj Sikder.
D’ailleurs, si le cancer se transforme de matière en soi en matière pour nous, est-ce que cela sera comme l’humanité le « veut », ou bien selon la réalité matérielle du cancer lui-même ? Bien entendu, cela se déroulera selon la logique des faits, selon la loi interne de la matière, et non pas selon notre « volonté ».
Ainsi, comprise de manière adéquate, la formulation par Siraj Sikder du passage de matière en soi à matière pour soi est extrêmement riche en perspective, et demande une réflexion approfondie.
Les camarades du Bangladesh ont traduit en anglais des documents de Siraj Sikder, ce qui est une grande contribution à l’histoire du mouvement communiste international, mais aussi pour le champ actif de l’idéologie qui est le nôtre.
En particulier, l’importance du document intitulé « Sur certains slogans », de Janvier 1971, est à souligner, car dedans Siraj Sikder exprime l’approche fondamentale du matérialisme dialectique.
Voyons voir en quoi cela consiste.
1.L’affirmation de la loi de la contradiction
Siraj Sikder a compris que chaque nation a été construit par le développement de l’économie dans une situation concrète, et que c’était à considérer pour comprendre comment les changements sociaux se produisent.
Correctement, il souligne:
« La matérialisme dialectique nous enseigne que « La cause fondamentale du développement des choses et des phénomènes n’est pas externe, mais interne ; elle se trouve dans les contradictions internes des choses et des phénomènes eux-mêmes. »
Il nous explique de plus que « le développement de la société est dû surtout à des causes internes et non externes. »
Cela signifie que la raison fondamentale pour laquelle le Bengale oriental démocratique indépendant est le résultat final du développement social du Bengale oriental se trouve à l’intérieur de la société du Bengale oriental. C’est le matérialisme dialectique. »
2.Les slogans comme expression de la pensée
Néanmoins, Siraj Sikder ne serait pas un grand dirigeant s’il ne comprenait que la loi fondamentale de la contradiction. Il comprenait également le principe de la direction.
Ici, Siraj Sikder nous précise la question des slogans comme reflet de la nécessité du développement du Bengale oriental.
« Le prolétariat comme classe est minoritaire à l’heure actuelle dans la société du Bengale oriental et, même, elle le restera jusqu’à un certain stade dans la société socialiste également.
Dans cette situation, comment le prolétariat mènera-t-il les entières masses du pays?
« D’abord, en mettant en avant des slogans politiques fondamentaux qui concordent avec le cours du développement historique et en mettant en avant des slogans d’action pour chaque stade de développement et chaque virage majeur d’événements, afin de traduire ces slogans politiques dans la réalité. » (Mao Zedong)
Ainsi, afin de diriger les masses entières de la société du Bengale oriental, le prolétariat du Bengale oriental doit faire la stratégie politique et les tactiques correspondant au développement historique du Bengale oriental d’une part, et des slogans stratégique et tactique comme réflexion de la stratégie et des tactiques respectives de l’autre, et elles doivent être améliorées également.
Dans ce contexte, il faut étudier et analyser si oui ou non les slogans soulevées par les différentes formes des révisionnistes du Bengale oriental reflètent de manière adéquate la société du Bengale oriental et son développement. »
Même si une minorité, la classe ouvrière, car elle est à l’avant-garde, indique la voie correcte.
3.La matière est dynamique et ce dynamisme a sa propre loi
Ainsi, les slogans sont l’expression – à travers la pensée qui les formule – des nécessités du mouvement de la réalité sociale, c’est à dire de la matière.
Voici ce que dit Siraj Sikder :
« Le matérialisme dialectique nous enseigne que la matière existe indépendamment de notre conscience.
La matière est primaire, tandis que la conscience est le reflet de la matière dans notre cerveau par cinq organes de perception. La conscience est créée à partir de la matière et est secondaire.
Il nous enseigne, en outre, que la matière est dynamique et que ce dynamisme a sa propre loi.
S’il y a plusieurs contradictions dans le processus de développement d’une chose, dans ce cas, chaque contradiction a une existence séparée, elles ont aussi des relations mutuelles et la matière se développe périodiquement grâce à la résolution de la contradiction principale.
Ceci est le reflet de la loi du développement de la matière qui a été inclus dans la loi du matérialisme dialectique et de la contradiction principale. »
4.La matérialisation du programme
Toute cette parfaite compréhension de Siraj Sikder lui fait dire une affirmation qui est un non-sens pour le révisionnisme et le réformisme:
« La République populaire matérialisera le grand programme du Mouvement des Ouvriers du Bengale oriental. »
En effet, selon le matérialisme dialectique, cette phrase signifie que la réalisation de la République populaire est le produit de la pensée, la pensée qui a effectué la synthèse des nécessités de la matière, en produisant par là le grand programme.
Dans la logique du révisionnisme et du réformisme, qui est idéaliste, les « revendications » produisent un mouvement qui fait un programme. Ces « idées » doivent être « acceptées » et apporter une « révolution. »
En fait, une révolution ne se fait pas comme ça. La révolution est le produit de la matière en mouvement, et il y a un mouvement dialectique avec la pensée. La pensée reflète ce mouvement de la matière, et dialectiquement, il jette des forces dans ce mouvement, pour accomplir le saut qualitatif.
C’est pourquoi Siraj Sikder soulève l’importance des slogans, expression des besoins du mouvement de la matière… Et c’est pourquoi la révolution concrétisera la feuille de route synthétisée par l’avant-garde.
La question du Bengale est un cas très proche de
la question allemande, les pays allemands se séparant en deux
nations : l’Allemagne et l’Autriche. Fondamentalement, dans
l’histoire, le Bengale a été coupé en deux parties, partageant le
même langage, mais divisées pour ce qui concerne la principale
idéologie, qui était, à cette époque féodale, la religion.
En raison de cela et suivant la définition
marxiste de la nation, la séparation de l’Ouest et de l’Est est plus
proche de la séparation Allemagne / Autriche que de la séparation
Allemagne de l’Ouest/de l’Est de 1945-1989.
Voyons maintenant comment le peuple bengali a
évolué.
Bengale : l’impossibilité de la conversion à l’Islam de masse depuis l’extérieur
La raison d’une telle séparation comme celle qui
s’est déroulée au Bengale – avec la formation du Bangladesh –
ne peut pas simplement s’expliquer par les conversions de masses dans
le Bengale oriental amenées par les missionnaires musulmans.
L’Islam est arrivé au 12ème siècle, par la
conquête d’un côté, par le commerce de l’autre, particulièrement
sur la zone côtière, avec le port de Chittagong par exemple.
Ensuite, de nombreux missionnaires arrivèrent pour propager l’Islam.
Mais cela ne peut pas avoir amené au fait
qu’aujourd’hui, 90,4% de la population du Bangladesh est de culture
islamique.
Pourquoi cela ?
a) Premièrement, nous pouvons voir que la
culture islamique ne s’est pas répandue avec cette ampleur dans la
partie occidentale du Bengale. De plus, l’Islam n’a pas commencé
comme un courant tentant de devenir le courant principal.
Il n’a jamais eu les particularités d’une culture
minoritaire, comme cela a été le cas à Hyderabad en Andhra
Pradesh, où il s’agit d’une sorte « d’île » islamique.
En raison de cela, l’explication qui donne un rôle
central aux gouverneurs, rois, nizams, etc. musulmans et aux
missionnaires n’est pas valide.
L’Islam a simplement été accepté par
les masses du Bengale oriental, et cela d’une manière massive, du
jour au lendemain. Le langage bengali – le bangla – est resté
pratiquement intouché, restant fortement fondé sur une origine
sanskrite et des emprunts aborigènes.
Il n’y a absolument pas eu de processus de
construction d’une langue comme l’hindustani, où ce qui est
aujourd’hui le hindi et l’ourdou ont massivement emprunté au
vocabulaire et aux expressions du persan, en raison de l’influence
majeure de la culture islamique.
Les masses du Bangladesh ont même pris la langue
comme une arme principale dans le leur lutte contre le Pakistan
occidental, une culture où la culture islamique avait l’hégémonie.
b) Ensuite, nous pouvons voir que le Bengale
musulman était et est toujours aujourd’hui une petite poche dans une
zone du monde où l’hindouisme est toujours une composante principale
de l’idéologie dominante : l’Inde.
Le Bengale était loin des centres culturels
islamiques ; il était séparé par de nombreux peuples et de
nombreuses cultures ; il n’était pas en contact direct.
L’empire britannique a essayé de comprendre cette
réalité, et le recensement effectué en 1872 montre que les proches
musulmanes au Bengal se situaient dans les plaines alluviales.
Voyant cela, ainsi que seulement un peut plus d’1%
de la population interrogée affirmait être d’origine étrangère,
les cadres britanniques pensaient qu’ils venaient des basses castes,
qui s’étaient converties à l’Islam pour échapper à la domination
de l’hindouisme.
Mais cette explication est mécanique. Le Bengale
était en effet avant l’Islam sous l’influence du bouddhisme, et le
bouddhisme ne connaît pas les castes. Il y avait également le
jaïnisme qui existait dans l’Inde ancienne, et qui ne reconnaissait
pas les castes.
Pourquoi est-ce que les masses opprimées
choisiraient une religion venant de loin, si c’était uniquement pour
une question de castes, alors qu’elles pourraient simplement soutenir
le bouddhisme, comme auparavant ?
La situation particulière du Bengale
Le matérialisme dialectique nous enseigne que la
contradiction est un processus interne. Ainsi, la raison pour le
triomphe de l’Islam dans la partie orientale du Bengale doit venir du
Bengale oriental lui-même.
L’Islam au Bengale ne peut pas avoir été
« importé. »
Donc, regardons l’histoire du Bengale. Nous
pouvons voir ces traits particuliers :
a) Suivant les Manusmṛti, connus en Europe
sous le nom de « Lois de Manu » (entre 200 avant et 200
après JC), le Bengale ne faisait pas partie de l’Āryāvarta (« la
demeure des Aryens » en sanskrit).
b) Ce n’est que sous l’Empire Maurya (321-185
avant JC) que la partie occidentale du Bengale a été jointe pour la
première fois à l’Inde ancienne, la partie orientale formant
l’extrémité de l’empire.
c) Ce n’est que lors de l’empire Gupta
(320-550 après JC), que les chefs locaux ont été écrasés au
Bengale.
Qu’est-ce que cela signifie ? Que sous
l’empire Maurya, le Bengale (principalement son côté occidental) a
connu un saut de civilisation, notablement par l’intermédiaire du
grand empereur bouddhiste Ashoka.
Puis, avec l’Empire Gupta et son extermination du
Bouddhisme en Inde, le Bengale est devenu le dernier endroit de
confrontation entre l’hindouisme et le bouddhisme. S’ensuivit une
politique de missionnaires promouvant l’hindouisme.
Il est clair que les empires Maurya et Gupta ont
changé la réalité du Bengale occidental, développant sa société
à un stage supérieur, avec une administration d’État produite
par le haut développement en Inde occidentale.
En raison de cela, l’effondrement de l’empire
Gupta a amené une situation de chaos au Bengale, une situation
appelée « matsyanyaya. » Une nouvelle dynastie connut
une naissance localement, les Palas, qui mirent en avant le
bouddhisme – clairement pour avoir un meilleur rapport de force
avec l’Inde ancienne, qui était sous domination hindouiste. Même
dans le sud est du Bengale, les rois locaux suivaient cette politique
pro-bouddhisme.
Mais les Palas essayèrent d’envahir certaines
parties de l’Inde ancienne, particulièrement le Bihar, à l’ouest du
Bengale. Le centre de gravité se décala à l’ouest, s’éloignant
toujours plus du Bengale oriental. Cela aura des conséquences
fatales pour l’unité du Bengale.
La source de la division du Bengale
A cette époque, le Bengale bouddhiste qui aurait
été une partie de l’Inde ancienne n’aurait pas été possible :
les forces hindouistes contrôlaient l’Inde, le Bengale en était
dépendant, et ainsi la culture hindouiste se répandit dans la
culture des Palas.
Les rois Palas étaient entourés d’un appareil
d’État hindouiste (de la poésie aux ministres), se marièrent à
des femmes de familles brahmanes ; dans ce processus, le Bengale
occidental était attiré par l’Inde ancienne, cette fois de manière
décisive.
Le bouddhisme n’était maintenu sous les Palas
qu’afin de conserver une identité distincte, que le règne des Palas
soit justifié, et également parce qu’il s’agissait d’une expression
de la culture bengalie de cette époque.
De fait, le bouddhisme bengali de cette époque
était caractérisé par la présence massive de déesses. Nous
trouvons par exemple ces importantes figures, présentes dans la
version du bouddhisme des Palas :
Tara
Kurukullâ
Aparâjita
Vasudharâ
Marîchî
Paranùabari
Prajnâparamitpa
Dhundâ
Nous verrons que la présence massive de déesses
dans la culture bengali nous aidera d’une manière significative.
Néanmoins, et ce qui compte ici dans ce
processus, c’est que ce n’était qu’une question de temps avant que
les forces féodales – reliées à l’Inde hindouiste – renversent
la dynastie des Palas. Cela se fit sous Vijaysena, un
brahmane-guerrier du sud de l’Inde, qui établit une dynastie
hindouiste, intégrant le Bouddha comme un avatar (maléfique) de
Vishnou.
La dynastie des Senas mit en avant l’hindouisme
d’une manière massive, amenant des brahmanes du reste de l’Inde pour
former une nouvelle classe dominante, avec des dons de terres
également. Les Senas installèrent une petite minorité comme pure
« élite » religieuse », d’une manière fortement
hiérarchique.
Le Bengale était pratiquement colonisé par
l’Inde ancienne hindouiste ; l’impact de cette colonisation
avait évidemment un centre de gravité au centre du Bengale.
La dynastie des Senas marqua la ruine du commerce
des marchands, qui soutenaient le bouddhisme – ici l’aspect
« égalitaire » du bouddhisme montre son aspect
pré-bourgeois, très proche du protestantisme, avec également de
soulignées la civilisation globale et l’administration unifiée.
Pour cette raison, le Bengale est devenu féodal,
par le haut de la société, en raison de l’influence de l’Inde
ancienne.
Nous avons ici la clef principale de la division.
En effet, nous pouvons voir ici :
a) l’influence Maurya et Gupta a amené le
Bengale occidental à un stade plus élevé de culture, tandis que la
partie orientale restait arriérée, mais toujours influencée par la
culture aborigène et le matriarcat ;
b) Ensuite, il y avait la chance historique
pour le Bengale de s’unifier – sous la bannière du bouddhisme,
comme ce qui est arrivé dans les pays à l’Est du Bengale (Birmanie,
Laos, Thaïlande…). Cette unification aurait été faite par un
royaume fondé principalement dans la partie occidentale et la
généralisation du commerce.
c) Mais la dynastie Sena s’est effondrée, en
raison de l’expansion de l’Inde ancienne, et le Bengale occidental
est devenu une composante de celle-ci sur les plans culturels et
économiques, ce qui signifie que l’aspect féodal a triomphé sur
les aspects pré-bourgeois portés par le bouddhisme et les villes.
d) La partie orientale avait besoin d’un saut
qualitatif, qui a été pratiquement raté durant les empires Maurya
et Gupta, mais cela ne pouvait pas être fondé sur le bouddhisme,
puisqu’il avait été l’idéologie de la dynastie des Palas, dont le
fondement était dans la partie orientale ou même au Bihar.
e) L’invasion musulmane est arrivée
précisément à ce moment d’une besoin général d’un mouvement
anti-féodal.
f) Néanmoins, le mouvement pré-bourgeois
anti-brahmane ne sera pas présent qu’à l’est, avec l’Islam – il
existera également dans la partie occidentale, par le culte de la
déesse qui était déjà présent dans le bouddhisme, et qui sera
placé dans l’hindouisme.
Une nouvelle dynamique
Les historiens bourgeois pensent que la conversion
de masse à l’Islam a été une réaction paysanne à la pénétration
aryenne au Bengale oriental ; en fait, l’Islam à l’est et
l’hindouisme influencé par les aborigènes à l’ouest ont été tous
deux une expression pré-bourgeoise contre le féodalisme.
Les historiens bourgeois notent que les paysans
étaient trop faibles sur le plan économique, mais pensent qu’ils
ont essayé de combattre dans les domaines idéologiques et
culturels, par les armes de l’Islam empruntés à l’étranger.
Cela signifierait que les paysans seraient une
classe unie et consciente – ce qui n’a jamais été le cas dans
l’histoire. En fait, les classes pré-bourgeoises ont construit une
arme idéologique pour contre-attaquer face à la pénétration
féodale au Bengale.
L’invasion islamique – qui n’a pas été une
invasion, mais une conquête – a été le détonateur de ce moment
historique de la lutte de classe.
Au Bengale oriental, l’Islam a été massivement
accepté. Mais cet Islam était spécifiquement bengali. Il y avait
une sur-importance accordée aux aspects magiques des missionnaires
qui apportaient l’Islam. Ces « soufis » étaient
considérés comme guérissant les malades, marchant sur l’eau, etc.
Même si l’Islam au Bangladesh est sunnite, d’une
manière unique il célèbre les saints, les tombes sont l’occasion
de pèlerinages, etc.
De la même manière, les sites hindous et
bouddhistes ont simplement été adaptés au culte musulman.
Au Bengale occidental, l’hindouisme devint
hégémonique, mais il a étalement été altéré. La manière
principale de considérer l’hindouisme est le kali-kula – le culte
de la grande déesse (Mahadevi) ou de la déesse (Devi), également
connu sous le nom de shaktisme.
Le film de Satyajit Ray « Devi »
dépeint cette réalité ; au Bengale, la déesse Kali est
révérée, et le shaktisme peut être considéré comme plus
puissant que le shivaïsme et le vaishnavisme, qui représentent des
aspects plus typiques de la culture et de l’idéologie patriarcales
indo-aryennes.
Ainsi, au Bengale occidental et oriental,
l’hindouisme célèbre des déesses comme Durga, Kali, Lakshmi,
Sarasvati, Manasa, ou Shashthi, Shitala, Olai Chandi.
Mais ce n’est pas tout. Le syncrétisme est apparu
comme la tendance nationale bengalie à l’unification.
Lorsque le Bengale occidental s’est tourné vers
une variante de l’hindouisme et le Bengale oriental vers une variante
de l’Islam, et en raison de l’unité encore grande entre ces deux
parties du monde, une tendance syncrétique s’est développée.
Il s’agissait clairement d’une expression
d’éléments pré-bourgeois, qui essayaient d’unifier et non pas de
diviser ; en raison de cet aspect bourgeois, l’expression était
universaliste.
Dans la partie occidentale, Chaitanya Mahaprabhu
(1486–1534) a développé un culte de Krishna comme seul Dieu réel,
au-dessus des castes, fondé sur « l’amour » dans une
union mystique avec la vérité absolue ; au Bengale oriental,
les soufis enseignaient le caractère central de l’amour pour
rejoindre Dieu, au-delà des aspects formels de la religion.
Dans ce cas musulman, les soufis ont adopté la
position des gourous dans l’hindouisme et le bouddhisme, enseignant
la voie de la vérité au disciple, par la méditation en
particulier.
La question principale était alors : est-ce
que les deux se rejoindraient finalement ? Ou bien ces deux
tendances suivraient des voies particulières, modifiant les traits
psychologiques en deux parties séparées, donnant naissance à deux
différentes nations ?
Si nous avons raison concernant la thèse sur la
situation du Bengale à l’arrivée de l’Islam, alors les points
suivants doivent être vérifiés :
– tout d’abord, d’acharnées luttes de classe
doivent avoir eu lieu avec les nouvelles armes idéologiques
(hindouisme shakti et l’islam);
– ces armes, si elles étaient de vraies armes,
doivent avoir prouvé leur efficacité, si non alors une autre arme
aurait été soulevée;
– la classe dirigeante au Bengale doit
nécessairement aussi avoir reflété cette situation de «deux voies
culturelles» au Bengale.
Le Bengale réussit à se protéger
De fait, le Bengale a prospéré et a ou défendre
sa situation nouvelle. Deux points principaux sont à noter:
a) Sous Shamsuddin Ilyas Shah, qui régna de
1342 à 1358, le Bengale a été unifié. Le Sultanat nouvellement
formé a même été capable de résister, sous des généraux
hindous et musulmans, à l’attaque du Sultanat de Delhi, dirigé par
Firuz Shah Tughlaq.
Le Bengale était alors connu sous le nom de
Bangalah et l’État était le sultanat musulman du Bengale. Le
sultan était appelé Sultan-i-Bangalah, Shah-i-Bangalah, ou de
Shah-i-Bangaliyan.
Le mot est venu en Europe par Marco Polo, donnant
naissance au mot « Bengale » (Marco Polo n’a jamais été
au Bengale et a même fait une confusion, pensant en fait à une
partie de la Birmanie!).
Le nouvel État islamique a modernisé le pays et
son système administratif. La culture idéologique, basé sur la
culture populaire du Bengale, mettait en avant l’islam, mais de
manière locale. De nombreux éléments ont été pris aux arts
bouddhiste et hindou (lotus ouvert de profil, éléments floraux, le
lotus et le diamant, le lotus à pétales en frise, le trèfle, la
rosette, le fleuron, le feston, la corde torsadée, damier, le
diamant croisé etc.).
Husain Shah avait même des hindous comme Premier
ministre (vizir), médecin, chef des gardes du corps, secrétaire
privé, surintendant, etc.
b) Ala-ud-din Husain Shah, qui régna de 1494
à 1519, a défendu la littérature bengalie, promu la coexistence
religieuse au Bengale, donnant à Chaitanya Mahaprabhu pleine
possibilité de faire la diffusion de sa version mystique du
Vishnouisme (ou Vaishnavisme) (pas de castes, culte de l’amour,
universalité, etc.).
Cela a été l’aspect positif de la nouvelle
situation. Le Bengale existait en tant que structure, avec une solide
base interne, ce qui n’aurait pas été possible:
– Si le Bengale était bouddhiste, parce que le
conquérant musulman aurait totalement rejeté tout compromis avec
les élites locales, et surtout pillé la terre;
– Si le Bengale avait été hindou dans sa version
traditionnelle, car alors il aurait idéologiquement submergé par
l’Inde ancienne, et serait devenu une simple région orientale, sans
réelle possibilité de développement local.
Les hindous ont été intégrés dans la noblesse
bengali, nommé par les dirigeants musulmans. Le Bengale existait et
pouvait se développer. Cela montre que la résistance pré-bourgeoise
pouvait se structurer à travers une certaine variante de
l’hindouisme et une certaine version de l’islam.
Regardons maintenant l’aspect négatif. Le fait
que deux religions existent au Bengale était un problème
idéologique. Pour réaliser une forte unité nationale, l’existence
d’une seule unité religieuse dans le pays était nécessaire pour
l’élément pré-bourgeois, allié au conquérant locale établissant
son autorité.
Nous verrons que cet objectif sera retrouvé
beaucoup de fois, même dans l’histoire moderne du Bengale.
Quoi
qu’il en soit, à cette époque, les problèmes étaient les
suivants:
– il y avait nécessairement deux factions
soutenant l’islam ou l’hindouisme comme principal centre idéologique;
– ces factions seraient nécessairement en lutte
et essayant de gagner de l’importance au sein du pouvoir d’État,
qui était dominée par les conquérants musulmans.
L’épisode de la dynastie Ganesha au 15ème siècle
a été une expression de cela: le propriétaire terrien Raja Ganesha
a renversé la dynastie musulmane, mis son fils comme souverain
musulman pour le renverser dès que l’invasion musulmane était
passée, il essaiera même la manœuvre une seconde fois, mais a
alors été tué.
Cela montre quelle a été la faiblesse de la
position de l’élite locale. Cela aura une conséquence fatale.
L’ère moghole
Le Bengale avait du 12ème siècle au 16ème
siècle pour faire son unité. Il a réussi à se protéger et à
maintenir sa culture nationale, mais il a échoué à s’unir dans un
sens national fort, avec une culture pré-bourgeoise unifiée au
niveau de toute la nation.
Cela a eu une terrible conséquence, lorsque
l’empereur moghol réussi à envahir le Bengale. Dès cet instant, le
Bengale était gouverné par le haut – un haut loin du Bengale
lui-même, basé dans le nord de l’Inde.
De 1574 à 1717, le Bengale a été gouverné par
32 subahdars – un subah étant une province moghole et le subahdar un
mot désignant le gouverneur, bien sûr choisi par le (grand) moghol
ou les plus hauts officiers.
Le Bengale était considéré comme un endroit
riche, dont les richesses devaient appartenir au moghol en Inde du
Nord, et particulièrement l’armée. Pour cette raison, les cadres de
l’Empire moghol ont été envoyés au Bengale.
Le souverain moghol Akbar mis même en place un
nouveau calendrier, encore utilisé aujourd’hui. Le but de ce
calendrier était d’améliorer la collecte de l’impôt foncier au
Bengale. Comme ailleurs sous la domination moghole, le langage
utilisé pour la justice et l’administration était le persan.
Le pays n’était plus en mesure de produire sa propre classe dirigeante. La classe dirigeante était une construction faite par le Moghol, et composé d’aristocrates musulmans, parlant l’ourdou comme dans le nord de l’Inde, et séparés sur le plan culturel des autres musulmans.
Akbar célébrant la victoire moghole au Bengale
Fin de l’ère moghole: le Nawabs
Lorsque l’empire moghol était sur le déclin, la
situation n’a pas changé. Le Bengale a commencé à être gouverné
par une dynastie de gouverneur, et le subahdar bengali était
désormais connu comme le nawab du Bengale (le mot donnant le mot
français « Nabab »).
Cela signifie que le modèle féodal de l’empire
moghol a été importé au Bengale, et même modernisé.
Murshid Quli Khan, premier Nawab (de 1717 à
1727), a aboli le système du jagirdar, terre donnée pour la vie à
quelqu’un qui était considéré comme méritoire pour son service
militaire (avec sa mort la terre revenait, théoriquement, dans les
mains du monarque).
Au lieu du système du jagirdar, qui était adapté
à l’État militaire des Moghols, Murshid Quli Khan a installé le
système mal zamini. Dans ce système, la terre était louée à un
ijaradar – un fermier général.
Cela était plus adapté à une économie où un
autocrate avait besoin de richesses produites localement, de la même
manière que la monarchie française déclinante avec les « Fermiers
Généraux ». Comme le fermier général payait au gouvernement
les neuf dixième de la production, il était très engagé pour
faire une meilleure production.
Mais Murshid Quli Khan fit face au fait que, ce
faisant, il ne pouvait pas fonder ce système sur un ijaradar
musulman, parce qu’il avait besoin d’aller contre la culture moghole,
et de toute façon il ne recevait plus les cadres plus de l’Empire
moghol à placer comme fermier général.
Murshid Quli Khan organisa par conséquent son
système ijaradar de cette façon: il a divisé la province en 13
divisions administratives appelées chaklahs, les plus gros fermiers
généraux étant mis en place comme chaklahdars, et il a choisi
essentiellement des hindous. Des 20 fermiers généraux choisis par
Murshid Quli Khan, 19 étaient des hindous.
La colonisation britannique: la première période
De manière intéressante, l’Empire britannique
qui a colonisé le Bengale a continué de la « même manière. »
L’acte d’établissement permanent de 1793 a rendu héréditaire les
positions des fermiers généraux.
Par conséquent, le système de fermiers généraux
de Murshid Quli Khan doit être considéré comme un système
parasitaire, d’un type féodal. Karl Marx, dans La domination
britannique en Inde (1853), a décrit cela comme un « despotisme
européen, planté sur le despotisme asiatique » :
« Il ne peut pas, cependant, rester aucun doute,
comme quoi la souffrance infligée par les Britanniques sur
l’Hindoustan est d’ordre essentiellement différente et infiniment
plus intense que ce que tout l’Hindoustan a eu à souffrir
auparavant.
Je ne parle pas du despotisme européen, planté sur le
despotisme asiatique, par la British East India Company, formant une
combinaison plus monstrueuse que tout monstres divin nous surprenant
dans le Temple de Salsette [île de Salsette, au nord de Bombay et
célèbre pour ses grottes aux 109 temples bouddhistes]. Ce n’est pas
une caractéristique distinctive de la domination coloniale
britannique, mais seulement une imitation des Hollandais (…).
Aussi étrangement complexe, rapides et destructrices que
puissent apparaître l’action successive en Hindoustan de toutes les
guerres civiles, les invasions, les révolutions, les conquêtes, les
famines, tout cela n’est pas allé plus loin que sa surface.
L’Angleterre a [quant à elle] décomposé l’ensemble
du cadre de la société indienne, sans aucun symptôme de la
reconstitution qui apparaîtrait.
Cette perte de son ancien monde, avec aucun gain d’un
nouveau, donne un genre particulier de mélancolie à la misère
actuelle de l’Hindou, et sépare l’Hindoustan, gouverné par la
Grande-Bretagne, de toutes ses anciennes traditions, et de l’ensemble
de son histoire passée. »
Karl Marx a parfaitement vu cette question de la
mélancolie, tellement présente dans les pays opprimés, une
mélancolie donnant naissance à de nombreux fondamentalismes
romantiques.
En tout cas, du côté britannique, cela a
également clairement suivi la logique impérialiste traditionnelle
de « diviser pour régner. »
Des commerçants travaillent avec la Compagnie des
Indes dans les périodes 1736-1740, l’ensemble des 52 bengali à
Calcutta étaient hindous, 10 des 12 de ceux à Dacca, et l’ensemble
des 25 à Kashimbazar.
Ensuite, l’empire britannique a défait
le nabab à la bataille de Plassey en 1757, créant la présidence du
Bengale et dirigeant finalement directement le Bengale et l’Inde.
La colonisation britannique: la deuxième période
La soumission du Bengale par l’impérialisme
britannique a apporté une nouvelle situation, dans le sens où au
féodalisme post-moghole, il faut ajouter le colonialisme
britannique.
Ce ne fut pas compris à cause du manque d’analyse
matérialiste dialectique. L’impérialisme a été compris comme le
seul et unique responsable de la situation. Cela a été aidé bien
sûr par le fait que l’impérialisme britannique a utilisé les
hindous comme fermiers généraux.
Pour cette raison, la lutte des classes se
développa sur une base religieuse: les grands propriétaires
terriens étaient hindous au Bengale, et comme l’impérialisme
britannique travaillaient avec eux, alors logiquement l’Islam devait
être pris comme un drapeau révolutionnaire.
Cela a également été causée par le fait que
les anciens dirigeants – ceux avant les Nawabs semi-autonome et
indépendant (par rapport au moghol) et les Nawabs semi-autonome et
indépendant (par rapport aux Britanniques), c’est à dire les
aristocrates formés par les Moghols – semblaient être un idéal
romantique.
Une expression très importante de cette
conception romantique jusqu’à aujourd’hui au Bangladesh est
l’appréciation très forte du Taj Mahal, qui peut être trouvé dans
de nombreux dessins, en particulier sur les rick-shaws.
En raison de cela, l’islam « pur »
idéologiquement – celui des moghols, qui semblait
« anti-impérialiste » – a été prise comme une arme.
Cela s’est passé avec le mouvement Faraizi,
fondée par Haji Shariatullah (1781-1840). Il est allé en Arabie et
a utilisé la version de l’islam là-bas – le wahhabisme – comme
arme fondamentaliste au Bengale, faisant la promotion d’un islam
« purifié » de l’influence hindouiste, c’est-à-dire de
la présence britannique.
« Fairaz » désigne l’obligation due à
Dieu ; bien sûr, l’islam bengali était très loin de l’islam
arabe, avec toutes ses pensées magiques et son esprit d’ouverture
d’esprit aux déesses hindoues.
Mais ce mouvement de « purification »
a été perçue comme une façon romantique afin, au moins,
d’affirmer la nation du Bengale.
Néanmoins, ce fut romantique, et comprenant de
manière non dialectique l’hindouisme comme un simple allié de
l’impérialisme. Ainsi, ce processus de « purification »
de l’islam, même si elle ne s’est pas généralisée – a tué pour
de bon la possibilité d’une union du Bengale sous le drapeau
bourgeois. Le Bengale aurait pu avoir été unifié seulement si son
élément culturel national pouvait être pris comme un dénominateur
commun.
Le fondamentalisme a tué cette possibilité.
Voulant lutter contre l’impérialisme, les masses paysannes ont
rejetée hindouisme comme autant qu’elles le pouvaient, ne voyant pas
que le problème était la question agraire.
Haji Shariatullah avait mis en avant une lutte
cosmopolite anti-nationale – mais cela semblait révolutionnaire,
parce que cela sonnait anti-impérialiste (et par là anti-féodal).
Néanmoins, pour cette raison, le mouvement
Fairazi a été pris par les masses comme anti-impérialiste (et par
là anti-féodal); un Etat dans l’Etat a été créée au Bengale,
formant une énorme opposition à l’Empire britannique.
Les masses n’ont pas vu que le problème était la
question agraire, mais ils ont estimé que soutenir le mouvement
Fairazi – non pas tant dans la purification religieuse que
socialement – était dans leur intérêt.
En ce sens, le mouvement Fairazi était un
mouvement anti-féodal, mais dirigé par des cercles intellectuels et
non pas une bourgeoisie qui était terriblement faible en raison du
type d’économie moghol et post-moghol.
Pour cette raison, le mouvement Fairazi s’est
transformé en un mouvement paysan utopique et vint même mettre en
avant la doctrine de la propriété de la terre comme revenant au
travail.
Logiquement, le même processus a existé avec
l’hindouisme, naturellement avec un centre de gravité au Bengale
occidental. Les éléments bourgeois ont essayé de construire une
nouvelle idéologie, un hindouisme en mesure de mobiliser les masses,
en mettant de côté le systèmes des castes et la hiérarchie
religieuse.
Ainsi naquit le Brahmo Samaj, fondée par le
brahmanes et bourgeois Dwarkanath Tagore (1794 – 1846) et le brahmane
et intellectuel Raja Ram Mohan Roy (1772-1833).
Mais plus encore que le mouvement Fairazi, il
échoua à mobiliser les masses de façon révolutionnaire – les deux
ont été portés par les cercles intellectuels tentant de trouver
une sortie universelle de la situation au Bengale alors, mais au
moins le mouvement au Bengale oriental a réussi à avoir un forte
identité populaire.
Ainsi, les deux ont été progressistes dans le
sens où ils ont été critiquant et rejetant le féodalisme, tous
les deux ont pris une position universelle, mais les deux ont regardé
dans un passé idéalisé pour trouver le noyau de l’idéologie qui
aurait dû être trouvé dans le présent.
Tous deux ont été petit-bourgeois, un mouvement
romantique. Leur échec était inévitable parce que la bourgeoisie
était faible, arrivant trop tard dans l’histoire, et ne pouvait pas
freiner le progrès de l’impérialisme.
Mais il y avait une différence: au Bengale
occidental, le processus a été organisé autour des cercles
petits-bourgeois et grand bourgeois, ce qui est appelé jusqu’à
aujourd’hui les « bhadralok » (ou Bhodro Lok), c’est à
dire les « gens meilleurs. ».
Les « bhadra lok » étaient
culturellement occidentalisés, mais idéologiquement ils voulaient
une société bourgeoise et rejetaient par conséquent la culture
occidentale (exactement comme le fondateur du Pakistan ne parlait pas
l’ourdou et était l’un des hommes les « mieux » habillés
dans le monde, soit dans le style anglais).
Au Bengale oriental, le mouvement réussit, au
contraire, à profondément influencer les masses, à défaut de les
mobiliser de manière révolutionnaire.
La colonisation britannique: troisième période
Après le Brahmo Samaj et le mouvement Fairazi, il
n’y avait plus de forces pour unir le Bengale ; la bourgeoisie
est arrivée trop tard, et les éléments petits-bourgeois étaient
faibles et idéologiquement divisés en deux parties du Bengale.
Au contraire, les forces pour diviser le Bengale
étaient fortes. L’empire britannique a joué un rôle important en
divisant le Bengale pour des raisons administratives en 1905. Il n’a
pas réussi à cela – du Bengale a été unifié à nouveau, en 1919.
Mais il pousse la contradiction entre l’Ouest et
l’Est du Bengale. Les Hindous, qui avaient gagné des points avec le
colonialisme et ensuite pensaient qu’ils allaient bénéficier d’une
Inde indépendante, comme elle serait principalement hindoue, ont
mené une lutte contre la partition de 1905.
Les forces petites-bourgeoises, au Bangladesh,
craignant l’hégémonie de la partie hindoue, ont accepté pour leur
part cette partition, parce qu’ils pensaient que cela permettrait le
renforcement de la nation bengalie.
Ce processus, une fois engagé, ne pouvait plus
être arrêté: en 1919, les Britanniques ont divisé le peuple
bengali avec des élections séparées pour les hindous et les
musulmans. Encore une fois, les forces petites-bourgeoises du Bengale
oriental ont pensé que cela était favorable à leur
affirmation.
Le colonialisme britannique est allé très loin
dans cette politique, utilisant même la famine. La famine de 1770 a
tué approximativement le tiers de la population (donc, environ 10
millions de personnes); il y eut par la suite des famines en 1783,
1866, 1873-1874, 1892, 1897. Le colonialisme britannique préférait
bloquer les approvisionnements, qui étaient au service de ses
bénéfices, même si cela signifiait la mort par la faim de millions
de personnes.
Quand les Japonais ont conquis la Birmanie, le
colonialisme britannique a poursuivi cette politique de façon
extrême, donnant la mort à près de 5 millions de personnes au
Bengale en 1943-1944. La famine n’a même pas été officiellement
déclarée. Satyajit Ray a fait un fameux film sur cet
événement, Distant Thunder.
La situation était par conséquent inacceptable
et il était nécessaire de faire un saut, à tout prix. Ceci a
conduit à la scission du Bengale, en le Bengale occidental et le
Pakistan oriental.
En 1947, l’Inde est devenue indépendante, mais
bien sûr ce n’était pas possible pour les éléments bourgeois au
Bengale Oriental de lutter contre l’Inde pour des liens ouverts avec
le Bengale occidental; de toute façon la bourgeoisie (hindoue) du
Bengale occidental pensait – à cause de sa propre force – qu’il
serait plus intéressant d’être une partie de l’Inde.
Donc, le Bengale oriental s’est précipité dans
les bras du « Pakistan », devenant le Pakistan oriental.
Les Pakistan occidental et oriental étaient à 1,600 kilomètres de
distance ; il n’y avait entre eux aucun lien économique,
psychologique et culturel véritable entre les Pakistan de l’Ouest et
de l’Est.
Mais c’était une option pratique pour, au moins,
avoir ce qui a semblé être un Bengale indépendant.
« Le Pakistan oriental » était une façon de libérer le Bengale de l’Inde « hindouiste. » Le Pakistan était vu comme un retour à l’ère moghole.
Fondamentalement, il est facile de voir que le
choix du Pakistan n’était pas en effet une définition religieuse,
mais une définition nationale. Une preuve pour ceci était la prise
de la chanson « Amar Shonar Bangla » (« Mon Bengale
d’or ») écrite par Rabindranath Tagore comme hymne national.
Nous avons ici des éléments étonnants : tout
d’abord, cela a signifié que le Pakistan oriental s’est compris
comme le vrai Bengale.
Dans la même façon, nous devons voir que l’Inde
a également pris une chanson de Tagore comme hymne national – ceci
ne peut pas relever du hasard et a été clairement connecté à la
question du Bengale Occidental, que l’Inde voulait garder à
n’importe quel prix.
Et, finalement, nous devons voir un fait étrange : Amar Shonar Bangla a été à l’origine écrit contre la division 1905, que les dirigeants musulmans du Bengale Oriental ont accepté. Il ne devrait pas être logique de choisir cette chanson – à moins que nous ne comprenions que le but était un Bengale unifié, séparé de l’Inde.
Rabindranath Tagore (1861-1941)
Le Bengale oriental devient le Pakistan oriental
Quand le Bengale oriental a rejoint le Pakistan,
l’espoir était que le pays serait gouverné d’une façon qui
permettrait à la bourgeoisie orientale du Bengale de se développer.
Pour la bourgeoisie qui a adopté l’Islam comme une identité, ceci
devrait être une conséquence logique.
Mais l’Islam n’était pas celui du Bengale
historiquement; c’était une construction de l’impérialisme,
théorisé par des étudiants indiens en Angleterre, inventant un
« Pakistan » comme les sionistes ont inventé « l’État
d’Israël. » Il n’y avait aucun rapport avec une conception
idéalisée d’un « retour au moghol. »
C’était une illusion de penser que l’État
pakistanais serait un développement en termes historiques. Et la
situation est devenue bientôt épouvantable.
Le Pakistan avait 69 millions de personnes, 44
millions étant au Pakistan oriental. Mais le Pakistan occidental
avait une hégémonie totale : il avait la capitale fédérale, le
commandement militaire, la cour suprême de justice…
Depuis le début on a donné la priorité au
Pakistan occidental qui avait les ¾ des fonds de développement. Le
Pakistan oriental produisait la plupart des exportations (jute,
thé…), mais avait seulement ¼ des revenus.
Et la situation n’était pas seulement insupportable pour le Pakistan oriental. Le Pakistan est né comme semi-colonie britannique et est de plus en plus devenu une semi-colonie américaine.
Manifestation d’étudiantes à Dhaka, le 21 février 1953, bravant l’interdiction et exigeant l’emploi de la langue bengalie.
Les masses, dans l’atmosphère révolutionnaire
mondiale générale, ont commencé à protester avec les étudiants
en 1968, suivis ensuite par les paysans et les ouvriers, dans un
front commun contre la dictature militaire.
Un intellectuel rural a réussi à unir le
mouvement démocratique paysan au Bengale : Maulana Abdul Hamid Khan
Bhashani. Profondément influencé par la Chine, il s’est même
séparé de l’Awami League pro-bourgeois (Awami signifiant peuple)
pour former le National Awami Party.
Mais Bhashani était un démocrate, dans une
période où la révolution démocratique ne pouvait être menée que
par le Parti communiste. Pour cette raison, il a fait plusieurs
erreurs, notamment en 1970 en laissant la Ligue Awami être seule
présente dans les élections.
Sheikh Mujibur Rahman, dirigeant de la Ligue Awami
bourgeoise (ou plutôt petit-bourgeoise), a reçu un triomphe,
devenant pour les masses le dirigeant de la lutte démocratique. 167
des 169 sièges de l’Assemblée nationale au Pakistan oriental
étaient ainsi détenus par la Ligue Awami.
La Ligue Awami n’était certainement pas prête
pour la sécession – mais les masses éveillées, notamment par le
Parti National Awami, poussait à une libération de l’hégémonie du
Pakistan occidental.
A joué ici aussi un rôle important le cyclone de
1970, où 200 000 personnes sont mortes, et où l’État pakistanais
n’a pas été en mesure d’organiser un secours sérieux. A ce moment,
l’armée officielle du Pakistan – où les officiers étaient
principalement du Pakistan occidental – a commencé à être
considéré par les larges masses comme une armée d’occupation.
Pour cette raison, le 25 mars 1971, l’armée
pakistanaise a fait une intervention, qui est devenu un véritable
génocide.
L’objectif de l’armée pakistanaise était
d’écraser tous les intellectuels de langue bengali, de violer des
femmes autant que possible (environ 200 000), de tuer autant que
possible les hindous. La langue bengali et les hindous ont été
considérés comme un obstacle à l’unification islamique, et donc,
comme des cibles.
Mais ce n’était pas seulement une tactique de
l’armée pakistanaise. C’était conforme à l’idéologie d’une partie
de la petite-bourgeoisie du Bengale.
Par conséquent, le parti Jamaat-e-Islami a aidé
dans les massacres, en tant que volontaires (les « Razakars »)
et la formation de milices – Al-Badar et Al-Shams. Cette fraction
de l’Est du Bengale s’est donc transformée en une bourgeoisie
bureaucratique servant les intérêts pakistanais.
Les résultats de ce processus a été trois
millions de morts.
La naissance du Bangladesh
Le soulèvement de masse, la grève générale, la
lutte armée généralisée a permis de vaincre l’offensive
pakistanaise.
Mais la défaite totale du Pakistan aurait
également signifié la défaite de l’Inde. L’Inde ne pouvait pas
accepter un Bangladesh indépendant, cela signifierait la perte du
Bengale occidental à moyen terme.
Cela était
particulièrement évident alors que les conseils ouvriers et
paysans se répandaient dans tout le pays, la guerre populaire
étant également initiée par différentes organisations, en
particulier le Purba Bangla Sarbohara Party (Parti
prolétarien du Bengale oriental), dirigé par Siraj Sikder.
Peter
Hazlehurst du Times commente alors: « Le Bengale rouge
alarmerait Delhi encore plus qu’Islamabad. » Il est à noter
que le philosophe français Bernard Henri Lévy, publiant ses
premiers travaux sur la question indienne et le Bangladesh, n’a pas
compris ce processus et pensait que la guerre populaire initiée
n’avait pas comme objectif la révolution démocratique au Bengale,
favorisant ainsi le pessimisme et la confusion.
En raison de la situation, l’armée indienne a
lancé une offensive contre le Pakistan et organisé depuis le début
à grande échelle la « Mukti Bahini », « l’armée
de libération » sous contrôle de la Ligue Awami. L’objectif
était la formation d’un Bengale oriental, sous contrôle de l’Inde
et son maître, le social-impérialisme russe.
La situation était très compliquée pour les révolutionnaires. Ils ont dû se battre contre l’expansionnisme indien et le colonialisme pakistanais, mais aussi contre les forces féodales. Et l’impérialisme américain et le social-impérialisme russe soutenaient certaines fractions pour les transformer en une bourgeoisie bureaucratique.
Carte de la situation militaire en 1971
L’intervention massive de l’Inde a apporté
beaucoup de problèmes tactiques, l’ennemi principal changeant de
manière rapide. Cela a permis la formation du Bangladesh, sous
contrôle indien. Le dirigeant de la Ligue Awami, Sheikh Mujib, est
devenu le premier ministre, puis le président.
Représenter le bourgeoisie bureaucratique
pro-Inde et pro-URSS social-impérialiste, Sheikh Mujib a commencé à
donner la même orientation idéologique. Il a mis en avant, comme
principes fondamentaux, « le nationalisme, la laïcité, la
démocratie et le socialisme. »
Il a fait en sorte que seule un partie a été
toléré dans le pays, la Bangladesh Krishak Sramik Awami
League-BAKSAL, et se mit en tant que président à vie.
Ce fut bien sûr inacceptable par les masses, et
cela a été utilisé par les impérialistes. Après la famine de
1974, qui a tué 1,5 millions de personnes, l’impérialisme américain
a poussé à un coup d’Etat militaire, le 15 août en 1975.
L’officier de l’armée Ziaur Rahman est devenu le
dirigeant, qui a créé un parti politique exprimant les intérêts
de l’impérialisme américain et de la bourgeoisie bureaucratique qui
lui est soumis: le Bangladesh Nationalist Party (BNP).
Ziaur Rahman a fait une politique qui était à
l’opposé de la précédente, l’Etat a fait des privatisations,
l’islam s’est vu donné un rôle national; Golam Azad, chef exilé du
Jamaat-e-Islami, a été autorisé à revenir en Juillet 1978 avec un
passeport pakistanais et a pu rester, même après l’expiration du
visa, etc
Ziaur Rahman a subi quelques différents coups
d’Etat, qui ont tous échoué, même s’il a été tué dans cellede
1981. Son successeur, le lieutenant-général Hussain Muhammad
Ershad, a suivi sa politique, mais a formé son propre parti
politique, le Parti Jatiya.
Gouvernant d’une manière autocratique, Ershad a
ouvert la voie à un Bangladesh «démocratique» – une
« démocratie » sous le contrôle des deux fractions de
la bourgeoisie bureaucratique.
La domination de la Ligue Awami et du BNP
Sous le régime Ershad – qui a servi comme un
Bonaparte dans une situation de crise – la Ligue Awami et le BNP se
sont réorganisés.
Khaleda Zia, veuve de Zia, est devenue la
dirigeante du BNP, qui a été (et est) une force pro-américaine, et
a formé l’alliance des 7 partis.
De l’autre côté, la Ligue Awami a été dirigée
par Sheikh Hasina, la fille de Mujib ; la Ligue était (et est)
une force pro-indo-soviétique, formant historiquement l’alliance des
15 partis.
Le BNP et la Ligue Awami se sont unis contre la
loi martiale d’Ershad. Ils se sont alliés aussi avec la
Jamaat-e-Islami, et une « Ligue démocratique » qui était
également pro-américaine.
En 1987, la Ligue Awami a boycotté les élections,
en 1988, elle a été rejoint dans son boycott par le BNP. La
pression générale contre lui – des fractions bureaucratiques, mais
aussi des masses, où les révolutionnaires jouaient un rôle
significatif – ont amené Ershad à démissionner, en 1990. Son
parti politique devint alors un allié de la Ligue Awami.
Depuis 1990, la BNP et la Ligue Awami sont les
principaux partis politiques institutionnels, représentant les deux
principales tendances bureaucratiques bourgeoise, avec la
Jamaat-e-Islami.
En 1991, les deux parties étaient à peu
près équivalent, puis, le BNP a gagné en 1996, la Ligue Awami dans
une autre élection en 1996, le BNP gagna à nouveau en 2001, la
Ligue Awami de nouveau en 2008.
De 1991 à 1996, Khaleda Zia, a été Premier
ministre, Sheikh Hasina a alors dominé de 1996 à 2001, Khaleda Zia
revint de 2001 à 2006, et après un gouvernement de transition dans
une situation instable, avec même un état d’urgence, Sheikh Hasina
est revenue au 2009.
Bangladesh: un pays opprimé
Pour comprendre la situation d’aujourd’hui, nous
allons jeter un oeil à ce qu’il est possible de lire sur un site web
contre les criminels de guerre de 1971:
«En 1971, deux pouvoirs suprêmes les États-Unis et la
Chine étaient avec eux. Mais Allah était avec les Bengalis
désarmés. Donc nous avons gagné la guerre. Bien que nous ayons
perdu nos bien-aimés, mais nous avons eu notre désiré
Bangladesh. »
Ce qui est écrit ici m’aide beaucoup à
comprendre l’illusion qui prévaut dans beaucoup de secteurs des
masses.
Parce que ce n’était pas « Allah »,
mais l’armée indienne qui a donné des armes et combattu contre
l’armée pakistanaise d’un côté, les masses qui se sont armées de
l’autre, avec une forte influence communiste.
Mais en raison
de la faiblesse de l’avant-garde communiste, le Bangladesh, à sa
fondation, est devenu une marionnette de l’Inde et de l’URSS
social-impérialiste. Cela a donné de nouveau de la vigueur à
l’idéologie du « retour au moghol », qui a été de
nouveau utilisée par la bourgeoisie bureaucratique pro-américaine.
Et elle a permis aux ex-Razakars de se « justifier. »
Nous avons ici une clé idéologique. Le
Bangladesh est né comme un pays sur un génocide de 3 millions de
personnes, dont la seule faute était d’être Bengali et en cette
nouvelle nation n’a pas été en mesure jusqu’à présent de
préserver leur mémoire et de punir les criminels.
Comment cela est-il possible?
C’est parce que l’aspect religieux est si forte
que même juste après l’indépendance de 1971, le nouvel État du
Bangladesh n’a pas été en mesure de réprimer la razakars, qui ont
aidé l’armée pakistanaise dans ses massacres. Même Mujib a utilisé
l’islam comme une arme idéologique.
Et, de plus en plus, le Bangladesh connaît une
influence plus grande de l’islam. En juin 1988, la constitution a
même été modifiée afin d’établir l’Islam comme religion d’État,
abandonnant la laïcité de l’État. La Ligue Awami accepte cela –
parce qu’elle n’a absolument plus aucun aspect bourgeois, elle est
purement bureaucratique.
Ceci est logique: le Bangladesh, rejetant une voie
démocratique, est de plus en plus en train d’utiliser l’islam d’une
manière national-bureaucratique abstraite, afin de maintenir le
Bangladesh tel qu’il est. Même les forces pro-Inde ont besoin de cet
islam pour maintenir le Bangladesh comme il est, pour être en mesure
d’exister.
L’option des maoïstes au début des années 1970
a été correcte: l’organisation de la révolution agraire se propage
comme un feu au Bangladesh, en Inde, au Pakistan, elle permettrait
d’unifier les masses qui ont déjà beaucoup de liens culturels. Et
cela permettrait de s’opposer à la fois aux forces pro-américaines
et pro-URSS.
Mais le Bangladesh a désormais de plus en plus un
capitalisme bureaucratique organisé par le haut, avec des milliers
d’usines où des grandes rébellions sont mêmes organisées. Il
n’est pas possible de nier cette évolution.
Le pays a pris ou prend le tournant, comme
beaucoup de pays, d’un pays semi-colonial semi-capitaliste
bureaucratique, avec des éléments semi-féodaux massifs sur le plan
culturel et idéologique. Il y a même un système idéologique
unifié pour justifier l’État: un islam influencé par un
romantisme du « retour au moghol. »
Bangladesh: nation inachevée du Bengale
Néanmoins, cette idéologie d’État, de plus en
plus influencée par l’islam, a une base très faible. Elle n’est pas
conforme à la base nationale.
La révolution de nouvelle démocratie lève ce
drapeau, pour unifier les masses contre ceux qui invente de faux
principes pour maintenir leur domination.
Mais la principale question révolutionnaire est
la suivante: où est le soutien principal de la révolution de
nouvelle démocratie?
Hier, cela aurait été essentiellement la
révolution agraire. Aujourd’hui, alors que la nation a avancé mais
d’une façon erronée, cela doit encore être l’aspect démocratique,
mais sur une base populaire. La lutte contre le fascisme et les
forces fascistes a de fait été très forte depuis 1971.
Et certainement, la question de la culture bengali joue un rôle central. Une révolution démocratique réalise un aspect universel, et comme il est un voisin très proche sur le plan culturel – le Bengale occidental – la question de la révolution démocratique porte de nouveau la question de la nation bengalie.
Ce n’est pas seulement que le socialisme unifie les peuples, c’est aussi qu’une fédération des deux Bengale a une valeur idéologique démocratique. Tant l’Ouest que l’Est ont vécu des expériences de soumission à des formes qui ne permettent pas leur développement. Ils ont besoin de trouver une autre voie – leur réunion démocratique, d’une manière ou d’une autre, est inévitable.
Déclaration du camarade Mao
Zedong, président du Comité central du Parti communiste chinois
pour soutenir la lutte des Afro-américains contre la répression par
la violence, 16 avril 1968
Il y a quelques jours, le pasteur
afro-américain Martin Luther King a été soudainement assassiné
par les impérialistes américains. II était pour la non-violence.
Mais les impérialistes américains ne l’ont pas épargné pour
autant ; ils ont, au contraire, usé de la violence
contre-révolutionnaire et l’ont fait périr sous les coups
sanglants de la répression.
Cet événement a été une profonde leçon pour
les masses afro-américaines. Il a déchaîné dans leur lutte contre
la violence répressive une nouvelle tempête qui balaie plus d’une
centaine de villes américaines ; voilà qui est sans précédent
dans l’histoire des Etats-Unis. C’est une preuve manifeste de la
prodigieuse force révolutionnaire que recèlent les Afro-américains,
qui sont plus de 20 millions.
Qu’une telle lutte fasse rage aux Etats-Unis est
une manifestation éclatante de l’ensemble de la crise politique et
économique que connait aujourd’hui l’impérialisme américain.
C’est un rude coup porté à ce dernier ; qui est aux prises
avec de multiples difficultés intérieures et extérieures.
Cette lutte n’est pas seulement une lutte pour
la liberté et l’émancipation menée par les Afro-américains
exploités et opprimés ; elle est aussi un nouvel appel de
clairon dans la lutte de tous les Américains exploités et opprimés
contre la féroce domination de la bourgeoisie monopoliste. Elle
constitue pour tous les peuples du monde comme pour le peuple
vietnamien un puissant soutien et un immense encouragement dans leur
lutte contre l’impérialisme américain. Au nom du peuple chinois,
j’exprime mon ferme soutien à la juste lutte des Afro-américains.
La discrimination raciale qui sévit aux
Etats-Unis est un produit du système colonialiste et impérialiste.
La contradiction entre les masses afro-américaines et la clique
dominante de ce pays est une contradiction de classes. Ce n’est que
par le renversement de la domination réactionnaire de la bourgeoisie
monopoliste américaine et la destruction du système colonialiste et
impérialiste que les Afro-américains parviendront à une
émancipation totale.
Les masses afro-américaines et les travailleurs
blancs des Etats-Unis ont des intérêts et des objectifs de lutte
communs. Aussi la lutte des Afro-américains bénéficie-t-elle de la
sympathie et du soutien d’un nombre toujours croissant de
travailleurs et de progressistes blancs du pays. Cette lutte s’unira
nécessairement avec le mouvement ouvrier américain : ainsi
sera-t-il mis fin, une fois pour toutes, à la domination criminelle
de la bourgeoisie monopoliste des Etats-Unis.
Je soulignais, en 1963, dans ma « Déclaration
pour soutenir les Afro-américains dans leur juste lutte contre la
discrimination raciale pratiquée par l’impérialisme américain »,
que « l’exécrable système colonialiste et impérialiste,
dont la prospérité a débuté avec l’asservissement et la traite
des Noirs, disparaîtra avec l’émancipation complète des Noirs ».
Je maintiens toujours ce point de vue.
A l’heure actuelle, la révolution mondiale est
entrée dans une nouvelle et grande époque. La lutte des
Afro-américains pour l’émancipation est une composante de la
lutte générale des peuples du monde contre l’impérialisme
américain, une composante de la révolution mondiale de notre temps.
J’appelle les ouvriers, les paysans et les intellectuels
révolutionnaires de tous les pays ainsi que tous ceux qui veulent
combattre l’impérialisme américain à passer à l’action et à
manifester une puissante solidarité aux Afro-américains en lutte.
Peuples du monde, unissez-vous plus étroitement encore, lancez des attaques violentes et soutenues contre notre ennemi commun, l’impérialisme américain, et contre ses complices ! On peut affirmer que le jour n’est plus éloigné qui verra l’effondrement total du colonialisme, de l’impérialisme et de tous les systèmes d’exploitation, ainsi que l’émancipation complète des peuples et des nations opprimés du monde entier.
Nous sommes pour la lutte idéologique
positive, car elle est l’arme qui assure l’unité à l’intérieur
du Parti et des groupements révolutionnaires dans l’intérêt de
notre combat. Tout communiste et révolutionnaire doit prendre cette
arme en main.
Le libéralisme, lui, rejette la
lutte idéologique et préconise une entente sans principes ; il en
résulte un style de travail décadent et philistin qui, dans le
Parti et les groupements révolutionnaires, conduit certaines
organisations et certains membres à la dégénérescence politique.
Le libéralisme se manifeste sous
diverses formes.
On sait très bien que quelqu’un
est dans son tort, mais comme c’est une vieille connaissance, un
compatriote, un camarade d’école, un ami intime, une personne
aimée, un ancien collègue ou subordonné, on n’engage pas avec
lui une discussion sur les principes et on laisse aller les choses
par souci de maintenir la bonne entente et l’amitié.
Ou bien, on ne fait qu’effleurer la
question au lieu de la trancher, afin de rester en bons termes avec
l’intéressé. Il en résulte qu’on fait du tort à la
collectivité comme à celui-ci. C’est une première forme de
libéralisme.
On se livre, en privé, à des
critiques dont on n’assume pas la responsabilité au lieu de
s’employer à faire des suggestions à l’organisation.
On ne dit rien aux gens en face, on
fait des cancans derrière leur dos ; on se tait à la réunion, on
parle à tort et à travers après. On se moque du principe de la vie
collective, on n’en fait qu’à sa tête. C’est une deuxième
forme de libéralisme.
On se désintéresse complètement de
tout ce qui ne vous concerne pas ; même si l’on sait très bien ce
qui ne va pas, on en parle le moins possible ; en homme sage, on se
met à l’abri et on a pour seul souci de n’être pas pris
soi-même en défaut. C’en est la troisième forme.
On n’obéit pas aux ordres, on
place ses opinions personnelles au-dessus de tout. On n’attend que
des égards de l’organisation et on ne veut pas de sa discipline.
C’en est la quatrième forme.
Au lieu de réfuter, de combattre les
opinions erronées dans l’intérêt de l’union, du progrès et du
bon accomplissement du travail, on lance des attaques personnelles,
on cherche querelle, on exhale son ressentiment, on essaie de se
venger. C’en est la cinquième forme.
On entend des opinions erronées sans
élever d’objection, on laisse même passer des propos
contre-révolutionnaires sans les signaler : on les prend avec calme,
comme si de rien n’était. C’en est la sixième forme.
On se trouve avec les masses, mais on
ne fait pas de propagande, pas d’agitation, on ne prend pas la
parole, on ne s’informe pas, on ne questionne pas, on n’a pas à
cœur le sort du peuple, on reste dans l’indifférence, oubliant
qu’on est un communiste et non un simple particulier. C’en est la
septième forme.
On voit quelqu’un commettre des
actes nuisibles aux intérêts des masses, mais on n’en est pas
indigné, on ne l’en détourne pas, on ne l’en empêche pas, on
n’entreprend pas de l’éclairer sur ce qu’il fait et on le
laisse continuer. C’en est la huitième forme.
On ne travaille pas sérieusement
mais pour la forme, sans plan ni orientation, cahin-caha : « Bonze,
je sonne les cloches au jour le jour ». C’en est la neuvième
forme.
On croit avoir rendu des services à
la révolution et on se donne des airs de vétéran ; on est
incapable de faire de grandes choses, mais on dédaigne les tâches
mineures ; on se relâche dans le travail et dans l’étude. C’en
est la dixième forme.
On a commis des erreurs, on s’en
rend compte, mais on n’a pas envie de les corriger, faisant preuve
ainsi de libéralisme envers soi-même. C’en est la onzième forme.
Nous pourrions en citer d’autres
encore, mais ces onze formes sont les principales.
Elles sont toutes des manifestations
du libéralisme.
Le libéralisme est extrêmement
nuisible dans les collectivités révolutionnaires. C’est un
corrosif qui ronge l’unité, relâche les liens de solidarité,
engendre la passivité dans le travail, crée des divergences
d’opinions.
Il prive les rangs de la révolution
d’une organisation solide et d’une discipline rigoureuse, empêche
l’application intégrale de la politique et coupe les organisations
du Parti des masses populaires placées sous la direction du Parti.
C’est une tendance des plus
pernicieuses.
Le libéralisme a pour cause
l’égoïsme de la petite bourgeoisie qui met au premier plan les
intérêts personnels et relègue au second ceux de la révolution ;
d’où ses manifestations sur le plan idéologique, politique ainsi
que dans le domaine de l’organisation.
Ceux qui sont imbus de libéralisme
considèrent les principes du marxisme comme des dogmes abstraits.
Ils approuvent le marxisme, mais ne sont pas disposés à le mettre
en pratique ou à le mettre intégralement en pratique ; ils ne sont
pas disposés à remplacer leur libéralisme par le marxisme.
Ils ont fait provision de l’un
comme de l’autre : ils ont le marxisme à la bouche, mais
pratiquent le libéralisme ; ils appliquent le premier aux autres, le
second à eux-mêmes. Ils ont les deux articles et chacun a son
usage. Telle est la façon de penser de certaines gens.
Le libéralisme est une manifestation
de l’opportunisme, il est en conflit radical avec le marxisme. Il
est négatif et aide en fait l’ennemi, qui se réjouit de le voir
se maintenir parmi nous. Le libéralisme étant ce qu’il est, il ne
saurait avoir sa place dans les rangs de la révolution.
Nous devons vaincre le libéralisme,
qui est négatif, par le marxisme, dont l’esprit est positif.
Un communiste doit être franc et
ouvert, dévoué et actif ; il placera les intérêts de la
révolution au-dessus de sa propre vie et leur subordonnera ses
intérêts personnels. Il doit toujours et partout s’en tenir
fermement aux principes justes et mener une lutte inlassable contre
toute idée ou action erronées, de manière à consolider la vie
collective du Parti et à renforcer les liens de celui-ci avec les
masses.
Enfin, il se souciera davantage du
Parti et des masses que de l’individu, il prendra soin des autres
plus que de lui-même. C’est seulement ainsi qu’il méritera le
nom de communiste.
Que tous les communistes loyaux, honnêtes, actifs et droits s’unissent dans le combat contre les tendances au libéralisme qui se manifestent chez certaines gens, pour les ramener dans le droit chemin ! C’est là une de nos tâches sur le front idéologique.
Vous n’avez pas fait d’enquête sur un problème, et on vous prive du droit d’en parler. Est-ce trop brutal ? Non, pas du tout.
Du moment que vous ignorez le fond du problème, faute de vous être enquis de son état actuel et de son historique, vous n’en sauriez dire que des sottises.
Et les sottises, chacun le sait, ne sont pas faites pour résoudre les problèmes, qu’y a-t-il donc d’injuste à vous priver du droit de parler ?
Or, beaucoup de camarades ne font que divaguer,
les yeux fermés ; c’est une honte pour des communistes ! Comment
un communiste peut-il parler ainsi en l’air, les yeux fermés ?
C’est inadmissible !
Inadmissible !
Faites des enquêtes !
Et ne dites pas de sottises !
Enquêter sur un problème, c’est
le résoudre
Vous ne pouvez pas résoudre un
problème ? Eh bien ! allez-vous informer de son état actuel et de
son historique ! Quand vous aurez fait une enquête approfondie, vous
saurez comment le résoudre. Les conclusions se dégagent au terme de
l’enquête et non à son début.
Il n’y a que les sots qui, seuls ou à
plusieurs, sans faire aucune enquête, se mettent l’esprit à la
torture pour « trouver une solution », « découvrir une idée ».
Remarquons qu’aucune bonne solution, aucune bonne idée n’en
sortira. En d’autres termes, ces sots ne peuvent arriver qu’à
une mauvaise solution, à une mauvaise idée.
Ils ne sont pas rares, nos
inspecteurs, nos chefs de partisans, nos cadres nouvellement
installés qui se plaisent, dès leur arrivée, à faire des
déclarations politiques et qui se mettent, sur de simples
apparences, pour quelque détail infime, à censurer ceci, à
condamner cela avec force gestes autoritaires.
Rien de plus détestable, vraiment, que cette
manière de dire des sottises qui est purement subjective. Ces gens
sont sûrs de tout gâcher, de perdre l’appui des masses et de ne
pouvoir résoudre aucun problème.
Nombreux sont les dirigeants qui ne
font que pousser des soupirs en face des problèmes difficiles, sans
pouvoir les résoudre. Perdant patience, ils demandent à être
mutés, alléguant qu’ « ils ne peuvent s’acquitter de leur
tâche, par manque de capacité ». C’est là le langage d’un
lâche. Mais remuez-vous un peu ! Allez faire un tour dans les
secteurs et les localités qui sont de votre ressort et faites comme
Confucius qui« posait des questions sur tout » !
Si peu de capacité que vous ayez, vous saurez
alors résoudre les problèmes ; car s’il est vrai qu’en sortant
de chez vous, vous avez la tête vide, il n’en sera plus de même à
votre retour : votre cerveau sera muni de tous les matériaux
nécessaires à la solution des problèmes, qui se trouveront ainsi
résolus.
Est-il toujours nécessaire de sortir de chez vous
?
Pas forcément. Vous pouvez convoquer à une
réunion d’information des personnes bien renseignées pour
remonter à l’origine de ce que vous appelez un problème difficile
et pour vous éclairer sur son état actuel ; il vous sera alors
facile de résoudre ce problème difficile.
L’enquête est comparable à une
longue gestation, et la solution d’un problème au jour de la
délivrance. Enquêter sur un problème, c’est le résoudre.
Contre le culte du livre
Tout ce qui est dans les livres est
juste, tel est, aujourd’hui encore, l’état d’esprit des
paysans chinois, culturellement arriérés. Mais il est surprenant
que dans les discussions du Parti communiste il se trouve aussi des
gens pour lancer à tout propos : « Montre-nous ça dans ton livre !
»
Quand nous disons que les directives des organes
dirigeants supérieurs sont justes, ce n’est pas simplement parce
qu’elles émanent d’un « organe dirigeant supérieur », mais
parce que leur contenu correspond aux conditions objectives et
subjectives de la lutte et répond à ses besoins. Exécuter
aveuglément les directives, sans les discuter ni les examiner à la
lumière des conditions réelles, voilà l’erreur profonde de
l’attitude formaliste, uniquement dictée par la notion d’ «
organe supérieur ».
C’est précisément par la faute de ce
formalisme que la ligne et la tactique du parti n’ont pu jusqu’ici
pénétrer profondément dans les masses. Exécuter aveuglément, et
apparemment sans objection aucune, les directives d’un organe
supérieur n’est pas les exécuter réellement, c’est la manière
la plus habile de s’y opposer ou de les saboter.
En sciences sociales également, la
méthode qui consiste à étudier exclusivement dans les livres est
on ne peut plus dangereuse, elle peut même conduire à la
contre-révolution.
La meilleure preuve, c’est que bien des
communistes chinois qui, dans leur étude des sciences sociales, ne
quittaient jamais les livres sont devenus, les uns après les autres,
des contrerévolutionnaires. Nous disons que le marxisme est une
théorie juste ; non certes que Marx soit un « prophète », mais sa
théorie s’est vérifiée dans notre pratique, dans notre lutte.
Nous avons besoin du marxisme dans notre lutte. En
acceptant cette théorie, nous n’avons en tête aucune idée
formaliste, voire mystique comme celle de « prophète ». Parmi ceux
qui ont lu des livres marxistes, beaucoup sont devenus des renégats
de la révolution ; et souvent des ouvriers illettrés sont capables
de bien assimiler le marxisme. Il faut étudier les livres marxistes,
bien sûr, mais sans omettre de les rapporter à la réalité de
notre pays. Nous avons besoin de livres, mais nous devons absolument
nous débarrasser du culte que nous leur vouons au mépris de la
réalité.
Comment nous en débarrasser ? Le
seul moyen est de faire des enquêtes sur l’état réel de la
situation.
L’absence d’enquête sur la
réalité donne lieu à une appréciation idéaliste des forces de
classe et à une direction idéaliste du travail, ce qui conduit soit
à l’opportunisme, soit au putschisme
Vous ne croyez pas à cette
conclusion ? Les faits vous y obligeront. Essayez d’apprécier la
situation politique ou de diriger une lutte en dehors de toute
enquête sur la réalité et vous verrez si votre appréciation ou
votre direction n’est pas vaine, idéaliste, et si cette façon
vaine et idéaliste de faire une appréciation politique ou de
diriger un travail ne conduit pas aux erreurs opportunistes ou
putschistes. Assurément, elle y conduira.
Ce n’est pas que vous n’ayez pas pris soin de
préparer un plan avant d’agir ; mais vous ne vous êtes pas
attachés à connaître les conditions réelles de la société avant
d’élaborer le plan ; cette façon de faire se rencontre
fréquemment dans les unités de partisans de l’Armée rouge.
Des officiers du genre de Li Kouei punissent sans
discernement leurs hommes dès qu’ils les trouvent en défaut. Le
résultat, c’est que les coupables se plaignent, que des querelles
s’ensuivent et que les dirigeants perdent tout leur prestige. Cela
n’est il pas souvent arrivé dans l’Armée rouge ?
C’est en nous débarrassant de
l’idéalisme, en nous gardant de commettre toute erreur
opportuniste ou putschiste que nous pouvons gagner à nous les masses
et vaincre l’ennemi. Et pour nous débarrasser de l’idéalisme,
nous devons nous efforcer de faire des enquêtes sur la réalité.
L’enquête sur les conditions
sociales et économiques a pour but d’arriver à une juste
appréciation des forces de classe et de définir ensuite une juste
tactique de lutte
Telle est notre réponse à la
question : Quel est le but d’une enquête sur les conditions
sociales et économiques ? Ce qui fait l’objet de notre enquête,
ce sont donc les différentes classes sociales et non pas des
phénomènes sociaux fragmentaires.
Depuis quelque temps, les camarades du 4e corps de
l’Armée rouge donnent en général leur attention au travail
d’enquête, mais la méthode de beaucoup d’entre eux est erronée.
Le résultat de leur enquête ressemble aux comptes d’un épicier,
rappelle cette foule d’histoires sensationnelles qu’un campagnard
a entendu raconter en ville, ou bien fait penser à une cité
populeuse aperçue de loin au sommet d’une montagne. Une telle
enquête n’est guère utile et ne nous permet pas d’atteindre
notre objectif principal qui est de connaître la situation politique
et économique des différentes classes de la société.
Notre enquête doit pouvoir nous donner, en
conclusion, un tableau de la situation actuelle de chaque classe
ainsi que des hautes et des bas qu’elle a connus dans le passé.
Par exemple, lorsque nous faisons une enquête sur
la composition de la paysannerie, nous ne devons pas seulement nous
renseigner sur le nombre des paysans propriétaires, des paysans
semi-propriétaires et des fermiers, qui se distinguent les uns des
autres sous le rapport de la location des terres, nous devons surtout
connaître le nombre des paysans riches, des paysans moyens et des
paysans pauvres, qui se distinguent par des différences de classe ou
de couche sociale.
Lorsque nous procédons à une enquête sur la
composition des commerçants, nous ne devons pas seulement connaître
le nombre des personnes réparties dans le commerce du grain, dans la
confection, dans le commerce de plantes médicinales, etc., nous
devons surtout nous enquérir du nombre des petits commerçants, des
commerçants moyens et des gros commerçants. Nous devons enquêter
non seulement sur la situation de chaque profession ou état, mais
encore et surtout sur sa composition de classe. Nous devons enquêter
non seulement sur les relations entre les différents états, mais
avant tout sur les rapports entre les différentes classes.
Notre principale méthode d’investigation est de
disséquer les différentes classes sociales, et notre but final est
de connaître leurs relations mutuelles, d’arriver à une juste
appréciation des forces de classe et de définir ensuite une juste
tactique pour notre lutte, en déterminant quelles sont les classes
qui constituent nos forces principales dans la lutte révolutionnaire,
quelles sont celles que nous devons gagner à nous comme alliées et
quelles sont celles que nous devons renverser. Voilà tout notre but.
Quelles sont les classes sociales qui
doivent faire l’objet de l’enquête ? Ce sont :
Le prolétariat industriel,
les ouvriers artisanaux,
les salariés agricoles,
les paysans pauvres,
les indigents des villes,
le Lumpenproletariat,
les propriétaires d’entreprises
artisanales,
les petits commerçants,
les paysans moyens,
les paysans riches,
les propriétaires fonciers,
la bourgeoisie commerciale,
la bourgeoisie industrielle.
Au cours de notre enquête, nous
devons porter notre attention sur la condition de toutes ces classes
(ou couches sociales). Dans la région où nous travaillons pour le
moment, seuls le prolétariat industriel et la bourgeoisie
industrielle font défaut, les reste nous est familier. Notre
tactique de lutte n’est autre que celle que nous adoptons à
l’égard de toutes ces classes et couches sociales.
Nous avons eu dans notre travail
d’enquête une autre insuffisance sérieuse : nous avons mis
l’accent sur les régions rurales au détriment des villes, de
sorte que nombre de nos camarades ont toujours eu une idée bien
vague sur la tactique à adopter à l’égard des indigents des
villes et de la bourgeoisie commerciale.
Le développement de la lutte nous a fait quitter
la montagne pour la plaine ; physiquement, nous sommes depuis
longtemps descendus des hauteurs, mais mentalement, nous y sommes
toujours. Nous devons connaître la ville aussi bien que la campagne
; autrement, nous ne pourrions répondre aux besoins de la
révolution.
La victoire dans la lutte
révolutionnaire en Chine dépend de la connaissance qu’ont les
camarades chinois des conditions de leur pays
Le but de notre lutte est de passer
de la démocratie au socialisme. Dans cette tâche, la première
chose à faire, c’est de mener à son terme la révolution
démocratique en gagnant à nous la majorité de la classe ouvrière
et en soulevant les masses paysannes et les indigents des villes pour
renverser la classe des propriétaires fonciers, l’impérialisme et
le régime du Kuomintang.
Puis, avec le développement de cette lutte, nous
aurons à réaliser la révolution socialiste. L’accomplissement de
cette grande tâche révolutionnaire n’est pas chose simple et
aisée ; il dépend entièrement de la justesse et de la fermeté de
la tactique de lutte employée par le parti prolétarien. Si cette
tactique est erronée ou hésitante, la révolution essuiera
inévitablement un échec temporaire.
Sachons bien que les partis bourgeois, eux aussi,
discutent chaque jour leur tactique de lutte ; il s’agit, pour eux,
de savoir comment propager les idées réformistes dans les rangs de
la classe ouvrière pour abuser celle-ci et la soustraire à la
direction du Parti communiste, comment gagner les paysans riches pour
liquider les insurrections des paysans pauvres et comment organiser
le Lumpenproletariat pour réprimer la révolution, etc.
Quand la lutte de classes devient de plus en plus
acharnée et prend la forme d’un corps à corps, le prolétariat
doit entièrement compter, pour sa victoire, sur la justesse et la
fermeté de la tactique de lutte de son parti, le Parti communiste.
Une tactique de lutte du Parti communiste qui soit aussi juste que
ferme ne saurait être élaborée par quelques personnes s’enfermant
entre quatre murs ; elle ne peut provenir que de la lutte des masses,
c’est-à-dire de l’expérience pratique. C’est pourquoi nous
devons constamment nous tenir au courant de l’état de la société
et faire des enquêtes sur la réalité.
Les camarades qui ont l’esprit figé,
conservateur, formaliste et indûment optimiste croient que la
tactique de lutte adoptée aujourd’hui est la meilleure qui soit,
que les « livres » publiés par le VIème Congrès du Parti
communiste garantissent à jamais notre victoire et qu’il suffît
de se conformer aux décisions prises pour vaincre partout.
Cette façon de voir est tout à fait fausse, elle
est incompatible avec l’idée qui veut que les communistes créent
par. la lutte des situations nouvelles ; elle ne représente qu’un
ligne purement conservatrice. Si elle n’est pas totalement rejetée,
cette ligne conservatrice causera un grand préjudice à la
révolution et nuira à ces camarades eux-mêmes.
De toute évidence, certains camarades de l’Armée
rouge sont heureux d’en rester là, ils ne cherchent pas à
connaître le fond des choses, sont d’un optimisme vain et
propagent cette idée fausse : « Ça, c’est du prolétariat ».
Ils ne font que manger et boire toute la journée et passent leur
temps à sommeiller dans leurs bureaux, sans vouloir jamais mettre le
pied dans la société, parmi les masses, pour faire une enquête.
Quand ils s’adressent aux gens, c’est toujours la même rengaine
assommante. Pour réveiller ces camarades, il nous faut leur crier :
Débarrassez-vous au plus vite de
votre esprit conservateur !
Remplacez-le par un esprit agissant,
progressiste et communiste !
Allez dans la lutte !
Allez parmi les masses et faites des
enquêtes sur la réalité !
La technique de l’enquête
1) Tenir des réunions d’information
et procéder aux enquêtes au moyen de la discussion.
Seule cette façon de faire permet
d’approcher la vérité et de tirer des conclusions. S’en
rapporter uniquement à la relation que fait quelqu’un de sa propre
expérience, sans tenir de réunions d’information ni mener une
enquête au moyen de la discussion, est une méthode sujette à
l’erreur. Et celle qui consiste seulement à poser à la réunion
quelques questions au hasard sans soulever les problèmes essentiels
ne permet pas de tirer des conclusions plus ou moins exactes.
2) Qui doit assister à la réunion
d’information ? Ceux qui connaissent parfaitement la situation
sociale et économique. Du point de vue de l’âge, les personnes
âgées sont préférables, car elles ont une riche expérience et
connaissent non seulement l’état actuel des choses, mais encore
leurs causes et effets. Les jeunes ayant l’expérience de la lutte
doivent être aussi du nombre, parce qu’ils ont des idées
progressistes et un sens aigu de l’observation.
Du point de vue de l’état, on peut faire venir
des ouvriers, des paysans, des commerçants, des intellectuels,
parfois des soldats et même des vagabonds. Naturellement, quand
l’enquête porte sur un sujet bien déterminé, il n’est pas
nécessaire d’avoir des gens étrangers à la question ; ainsi, les
ouvriers, les paysans et les étudiants n’ont pas besoin d’être
présents quand il s’agit d’une enquête sur le commerce.
3) Qu’est-ce qui est préférable,
une grande ou une petite réunion d’information ?
Cela dépend de la capacité de
l’enquêteur à conduire la réunion. Pour un enquêteur capable,
le nombre des participants peut dépasser une dizaine ou même une
vingtaine.
Une réunion nombreuse a son avantage : elle
permet d’établir des statistiques relativement exactes (par
exemple, lorsqu’on veut connaître le pourcentage des paysans
pauvres par rapport au nombre total des paysans) et de tirer des
conclusions relativement correctes (par exemple, lorsqu’on veut
savoir si la distribution égale des terres est préférable à leur
distribution différenciée). Naturellement, une réunion nombreuse
présente également des inconvénients : celui qui ne sait pas bien
la conduire n’arrive pas à y maintenir l’ordre.
Ainsi, le nombre des participants dépend de la
compétence de l’enquêteur. Toutefois, une réunion doit avoir au
moins trois personnes, sinon les renseignements seraient trop limités
pour refléter la vérité
4) Etablir un plan d’enquête.
Il faut avoir un plan préparé.
L’enquêteur posera des questions en suivant l’ordre prévu par
ce plan et les participants y répondront de vive voix. Les points
obscurs ou douteux seront soumis au début. Le plan d’enquête doit
comporter des chapitres et des sous-chapitres ; par exemple, dans le
chapitre « commerce », les tissus, les grains, les articles divers,
les plantes médicinales constituent autant de sous-chapitres, et le
sous-chapitre « tissus » se subdivise à son tour en calicots,
tissus de fabrication locale, soieries, etc.
5) Participer personnellement à
l’enquête.
Ceux qui occupent un poste dirigeant,
depuis le président du gouvernement cantonal jusqu’au président
du gouvernement central, depuis le chef de détachement jusqu’au
commandent en chef, depuis le secrétaire de cellule jusqu’au
secrétaire générale du Parti, doivent sans exception enquêter
personnellement sur la réalité sociale et économique, ils ne
doivent pas se fier uniquement aux rapports écrits, car autre chose
est d’enquêter soi-même, autre chose est de lire des rapports.
6) Approfondir la matière.
Tous ceux qui débutent clans le
travail d’enquête doivent procéder à une ou deux enquêtes
approfondies, c’est-à-dire connaître parfaitement un endroit (un
village, une ville) ou une question (les grains, la monnaie). La
connaissance approfondie d’un endroit ou d’une question leur
permettra de s’orienter plus facilement dans les enquêtes
ultérieures sur d’autres endroits ou d’autres questions.
7) Prendre soi-même des notes.
L’enquêteur doit non seulement présider lui-même la réunion d’information et la diriger convenablement, mais encore prendre lui-même des notes afin de consigner les résultats de son enquête. Il ne faut pas confier ce travail à d’autres.
Le troisième anniversaire du déclenchement de la
Guerre de Résistance contre le Japon et le dix-neuvième
anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois tombent au
même moment. En célébrant aujourd’hui l’anniversaire de la
Guerre de Résistance, nous communistes, nous ressentons notre
responsabilité avec une force toute particulière.
La responsabilité d’assurer le
salut de la nation chinoise doit être assumée par tous les partis
et groupements politiques qui résistent au Japon, par le peuple tout
entier, mais nous estimons, nous communistes, que celle qui nous
incombe est la plus lourde. La déclaration sur la situation
actuelle, publiée par le Comité central de notre Parti, est
essentiellement un appel à la résistance et à l’union jusqu’au
bout.
Nous espérons qu’elle sera
approuvée par les armées et partis amis et par tout le peuple
chinois ; quant aux membres du Parti communiste, c’est à eux,
en particulier, qu’il appartient d’appliquer consciencieusement
la ligne politique définie par cette déclaration.
Les communistes doivent savoir que
c’est seulement en résistant jusqu’au bout que l’on demeurera
unis jusqu’au bout, et inversement. C’est pourquoi ils auront une
conduite exemplaire qu’il s’agisse de la Résistance ou de
l’union. Nous ne combattons que l’ennemi et les capitulards et
anticommunistes endurcis ; nous nous efforçons d’unir à nous
tous les autres éléments.
D’ailleurs, les capitulards et
anticommunistes endurcis ne sont partout qu’une minorité. J’ai
enquêté sur la composition du personnel d’un organe du pouvoir
local. Parmi ses 1.300 membres, il ne s’est trouvé que 40 à 50
anticommunistes endurcis, soit moins de 4 pour cent ; tous les
autres veulent l’union et la Résistance.
Nous ne pouvons évidemment pas nous
montrer tolérants à l’égard des capitulards et anticommunistes
endurcis : ce serait leur permettre de saper la Résistance et
l’union. C’est pourquoi il faut combattre résolument les
capitulards et repousser avec fermeté, en légitime défense, les
attaques des éléments anticommunistes. Sinon, nous ferions de
l’opportunisme de droite, ce qui porterait préjudice à l’union
et à la Résistance.
Cependant, il faut pratiquer une
politique d’union à l’égard de tous ceux qui ne sont pas des
capitulards ou des anticommunistes invétérés. Certains d’entre
eux jouent double jeu, d’autres agissent par contrainte, d’autres
encore ont fait momentanément fausse route ; tous ces gens-là,
nous devons les gagner à notre cause, afin de maintenir l’union et
de poursuivre la Résistance.
Sinon, nous tomberions dans
l’opportunisme « de gauche », ce qui porterait
également préjudice à l’union et à la Résistance. Tous les
communistes doivent savoir qu’en tant que promoteurs du front uni
national antijaponais nous avons le devoir de le maintenir. A l’heure
où s’aggravent les malheurs de la nation et où de profonds
changements se produisent dans la situation internationale, nous
devons assumer la lourde responsabilité de sauver la nation
chinoise.
Nous vaincrons l’impérialisme
japonais, nous ferons de la Chine une république indépendante,
libre, démocratique, et, pour cela, il est indispensable d’unir le
plus grand nombre possible de gens, affiliés ou non à un parti ou
groupement politique.
Toutefois, les communistes ne doivent
pas former un front uni sans principe ; aussi est-il
indispensable de lutter contre toute manœuvre visant à désintégrer,
à limiter, à contenir, à persécuter le Parti communiste, et
contre l’opportunisme de droite dans le Parti. Mais, en même
temps, il n’est permis à aucun communiste d’enfreindre la
politique de front uni du Parti ; les membres du Parti doivent
donc unir, sur le principe de la Résistance, tous les éléments qui
sont encore disposés à résister à l’envahisseur, et combattre
l’opportunisme « de gauche » dans le Parti.
Ainsi, dans la question du pouvoir,
nous nous prononçons pour le pouvoir de front uni ; nous nous
opposons à la dictature d’un seul parti, quel que soit le parti
qui l’exerce, y compris le Parti communiste, mais nous sommes pour
la dictature conjointe de tous les partis et groupements politiques,
de tous les milieux et de toutes les forces armées, c’est-à-dire
pour le pouvoir de front uni.
Lorsque, sur les arrières de
l’ennemi, nous créons des organes du pouvoir antijaponais après
avoir détruit ceux du pouvoir fantoche, nous devons appliquer le
« système des trois tiers » selon la décision de notre
Comité central. Les membres du Parti communiste n’entreront que
pour un tiers dans les organismes tant administratifs que
représentatifs, afin que les deux tiers restants soient formés de
représentants des autres partis et groupements politiques et des
sans-parti qui sont pour la Résistance et la démocratie.
Quiconque n’est pas partisan de la
capitulation et de l’anticommunisme peut travailler dans les
organismes gouvernementaux. Tout parti ou groupement politique, tant
qu’il n’est pas pour la capitulation et ne combat pas le
communisme, a le droit d’exister et de poursuivre ses activités
sous le pouvoir antijaponais.
Au sujet de l’armée, la
déclaration de notre Parti précise que nous continuerons à
respecter la décision de « ne pas créer d’organisations de
notre Parti dans les armées amies ». Là où les organisations
locales du Parti n’ont pas strictement appliqué cette décision,
il est indispensable de redresser immédiatement la situation.
Il convient d’avoir une attitude
amicale à l’égard de toutes les troupes qui s’abstiennent de
provoquer des « frictions » avec la VIIIe Armée de Route
et la Nouvelle IVe Armée. Par ailleurs, il faut rétablir des
relations amicales même avec les troupes qui ont provoqué des
« frictions », à condition qu’elles aient cessé ce
genre d’activité. Telle est notre politique de front uni en ce qui
concerne l’armée.
Pour répondre aux besoins de la
Guerre de Résistance, il est indispensable d’appliquer, dans le
domaine des finances, de l’économie, de la culture, de l’éducation
et de l’élimination des éléments hostiles, la politique de front
uni sur la base du rajustement des intérêts des différentes
classes, et de lutter contre l’opportunisme, qu’il soit de droite
ou « de gauche ».
Sur le plan international, la guerre
impérialiste est en voie de s’étendre au monde entier, et la
crise politique et économique extrêmement grave qu’elle engendre
fera inévitablement éclater la révolution dans de nombreux pays.
Nous traversons une époque nouvelle de guerres et de révolutions.
L’Union soviétique, qui n’a pas
été entraînée dans le tourbillon de cette guerre impérialiste,
soutient toutes les nations et tous les peuples opprimés du monde.
Toutes ces circonstances favorisent la Guerre de Résistance en
Chine.
Toutefois, le danger d’une
capitulation est plus grand que jamais, car l’impérialisme
japonais, se préparant à envahir les pays du Sud-Est asiatique,
intensifie ses attaques contre la Chine, et il cherchera à amener à
la capitulation certains des éléments hésitants de notre pays. La
quatrième année de la Guerre de Résistance sera la plus dure. Nous
avons pour tâche d’unir toutes les forces qui résistent au Japon,
de lutter contre les capitulards, de vaincre toutes les difficultés
et de poursuivre avec ténacité la Guerre de Résistance à
l’échelle nationale.
Tous les membres du Parti communiste doivent s’unir étroitement avec les armées et partis amis en vue de réaliser cette tâche. Nous sommes persuadés que, grâce aux efforts conjugués des membres de notre Parti, des armées et partis amis, de notre peuple tout entier, on parviendra à conjurer la capitulation, à surmonter les difficultés, à chasser les envahisseurs japonais et à reconquérir le sol de la patrie. Notre Guerre de Résistance a de brillantes perspectives.
A l’heure actuelle, un nouvel essor
de la lutte contre l’impérialisme américain s’affirme à
l’échelle mondiale. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale,
l’impérialisme américain et ceux qui sont à sa remorque n’ont
cessé de se livrer à des guerres d’agression, et les peuples ont
toujours recouru à la guerre révolutionnaire pour vaincre les
agresseurs. Le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure et les
peuples du monde doivent y être préparés.
Mais aujourd’hui, dans le monde, la
tendance principale, c’est la révolution.
Les agresseurs américains, ne
pouvant gagner la guerre au Viet Nam et au Laos, ont fomenté le coup
d’Etat réactionnaire de la clique Lon Nol − Sirik Matak, envoyé
sans vergogne leurs troupes au Cambodge et repris le bombardement du
Nord Viet Nam ; ce qui a suscité la résistance indignée des
trois peuples indochinois.
Je soutiens chaleureusement l’esprit
de lutte de Samdech Norodom Sihanouk, chef de l’Etat du Cambodge,
contre l’impérialisme américain et ses laquais ; je soutiens
chaleureusement la déclaration commune de la Conférence au Sommet
des Peuples indochinois ; je soutiens chaleureusement
l’établissement du Gouvernement royal d’Union nationale placé
sous l’égide du Front uni national du Kampuchéa.
En renforçant leur unité en se
prêtant mutuellement aide et soutien, et en persévérant dans une
guerre populaire de longue durée, les trois peuples indochinois
pourront surmonter toutes les difficultés et arracher la victoire
totale.
L’impérialisme américain, tout en
se livrant au massacre à l’étranger, tue les Blancs et les Noirs
dans son propre pays. Les violences fascistes de Nixon ont fait
jaillir les flammes ardentes du mouvement révolutionnaire de masse
aux Etats-Unis. Le peuple chinois apporte son ferme soutien à la
lutte révolutionnaire du peuple américain. Héroïque au combat, le
peuple américain sera vainqueur et la domination fasciste aux
Etats-Unis essuiera une défaite inéluctable ; telle est ma
conviction.
L’administration Nixon est
assaillie par de multiples difficultés tant intérieures
qu’extérieures ; elle est aux prises avec un pays en plein
chaos et est fort isolée dans le monde. Le mouvement de masse en
protestation contre l’agression américaine au Cambodge se déchaîne
à travers le monde. Moins de dix jours après sa formation, le
Gouvernement royal d’Union nationale du Cambodge a été reconnu
par près de vingt pays.
La guerre de résistance des peuples
vietnamien, lao et cambodgien contre l’agression américaine et
pour le salut national connaît une situation toujours meilleure.
La lutte armée révolutionnaire des
peuples du Sud-Est asiatique, la lutte des peuples de Corée, du
Japon et des autres pays asiatiques contre la résurrection du
militarisme japonais perpétrée par les réactionnaires
américano-japonais, la lutte du peuple palestinien et des autres
peuples arabes contre les agresseurs américano-israéliens, la lutte
des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine pour la
libération nationale ainsi que la lutte révolutionnaire des peuples
d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Océanie se développent
toutes avec impétuosité.
Le peuple chinois soutient fermement
les trois peuples indochinois et les autres peuples du monde dans
leur lutte révolutionnaire contre l’impérialisme américain et
ses laquais.
L’impérialisme américain a l’air
d’un colosse, mais il n’est en réalité qu’un tigre en papier,
et il se débat désespérément. Au fond, qui a peur de qui dans le
monde actuel ? Ce ne sont pas les peuples du Viet Nam, du Laos,
du Cambodge, de Palestine, des autres pays arabes et du reste du
monde qui craignent l’impérialisme américain, c’est
l’impérialisme américain qui craint les peuples du monde. Au
moindre remous, il est pris de panique.
Des faits innombrables prouvent
qu’une cause juste bénéficie toujours d’un large soutien,
tandis qu’une cause injuste en trouve peu. Un pays faible est à
même de vaincre un pays fort, et un petit pays de vaincre un grand
pays. Le peuple d’un petit triomphera à coup sûr de l’agression
d’un grand pays s’il ose se dresser pour la lutte, recourir aux
armes et prendre en main le destin de son pays. C’est là une loi
de l’Histoire.
Peuples du monde, unissez-vous, pour abattre les agresseurs américains et tous leurs laquais !
Nous avons critiqué le Livre blanc américain et la lettre d’Acheson dans trois articles (« Un Aveu d’impuissance », « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte » et « Bon voyage, Leighton Stuart ! »). Nos critiques ont, à travers le pays, éveillé l’attention générale et soulevé d’amples discussions dans tous les partis démocratiques et organisations populaires, dans la presse et les établissements scolaires du pays, ainsi que parmi les personnalités démocrates de tous les milieux ; beaucoup de déclarations, d’interviews et de commentaires justes et utiles ont été publiés.
Des colloques sur le Livre blanc vont
leur train, et toute la discussion est encore en plein développement.
Elle porte sur les relations sino-américaines, les relations
sino-soviétiques, les relations entre la Chine et les pays étrangers
au cours des cent dernières années, la relation mutuelle entre la
révolution chinoise et les forces révolutionnaires du monde, la
relation entre les réactionnaires du Kuomintang et le peuple
chinois, l’attitude à adopter par les partis démocratiques, les
organisations populaires et les personnalités démocrates de tous
les milieux dans la lutte contre l’impérialisme, l’attitude à
adopter par les libéraux ou ceux qu’on appelle les individualistes
démocrates à l’égard des relations intérieures et extérieures
du pays prises dans leur ensemble, les moyens de venir à bout des
nouvelles intrigues impérialistes, etc. Tout cela est fort bien et
d’une grande valeur éducative.
Le monde entier discute maintenant la révolution chinoise et le Livre blanc américain. Ce fait n’est pas dû au hasard ; il montre la grande portée de la révolution chinoise dans l’histoire mondiale.
Quant à nous, Chinois, nous avons remporté ln victoire fondamentale dans notre révolution, mais l’occasion nous a longtemps manqué pour discuter à fond la relation réciproque entre cette révolution et les différentes forces dans notre pays et à l’étranger. Or, une telle discussion est nécessaire, et maintenant nous en avons trouvé l’occasion : c’est l’examen du Livre blanc américain.
Si l’occasion nous a manqué jusqu’ici pour une telle discussion, c’est que, la révolution n’ayant pas remporté la victoire fondamentale, les réactionnaires chinois et étrangers avaient complètement coupé des régions libérées populaires les grandes villes du pays, et que le développement de la révolution n’avait pas encore mis en pleine lumière certains aspects des contradictions.
Maintenant, la situation est différente. La plus grande partie de la Chine est libérée, tous les aspects des contradictions intérieures et extérieures apparaissent au grand jour, et à ce moment précis les États-Unis publient le Livre blanc ; l’occasion pour cette discussion est donc trouvée.
Le Livre blanc est un livre contre-révolutionnaire qui montre ouvertement l’intervention de l’impérialisme américain en Chine. A cet égard, l’impérialisme s’est écarté de sa pratique habituelle.
La grande révolution chinoise victorieuse a forcé un groupe ou une faction de la clique impérialiste des États-Unis à publier, pour répondre aux attaques d’un autre groupe ou d’une autre faction, certaines données authentiques sur ses propres menées contre le peuple chinois, non sans en tirer des conclusions réactionnaires ; il ne lui restait, en effet, pas d’autre moyen de se maintenir au pouvoir. La révélation publique substituée à la dissimulation montre que l’impérialisme s’est écarté de sa pratique habituelle.
Quelques semaines encore avant la publication du Livre blanc, les gouvernements des pays impérialistes, tout en se livrant quotidiennement à des activités contre-révolutionnaires, n’avaient à la bouche ou n’offraient dans les documents officiels que des protestations d’humanité, de justice et de vertu, ou d’autres déclarations plus ou moins analogues, et ils ne disaient jamais la vérité. Cela reste vrai de l’impérialisme britannique, ce vieux rusé, ce maître en fourberie, comme du reste des autres pays impérialistes moins importants.
Combattu d’un côté par le peuple et de l’autre par une faction de son propre camp, le groupe impérialiste américain représenté par ces parvenus aux nerfs faibles, récemment promus au pouvoir, les Truman, Marshall, Acheson, Leighton Stuart et consorts, a estimé nécessaire et possible d’utiliser la révélation publique de quelques-uns de ses agissements contre-révolutionnaires (mais pas tous) pour argumenter contre ses adversaires dans son propre camp sur la question de savoir quelle tactique contre-révolutionnaire est la plus habile.
Il a essayé par là de convaincre ses adversaires, afin de pouvoir continuer d’appliquer ce qu’il considère comme la plus habile des tactiques contre-révolutionnaires. Deux factions de contre-révolutionnaires sont entrées en compétition. L
’une a dit : « Notre méthode est la meilleure. » L’autre a dit : « C’est la nôtre la meilleure. » Comme la dispute devenait inextricable, une des factions abattit soudain son jeu et livra le secret de bien des tours qu’elle avait dans son sac. D’où le Livre blanc.
Et voilà comment le Livre blanc est devenu matériel d’enseignement pour le peuple chinois. Durant bien des années, un certain nombre de Chinois (il fut un temps où c’était un grand nombre) ne croyaient qu’à moitié ce que nous communistes, nous disions sur beaucoup de questions, surtout sur la nature de l’impérialisme et du socialisme, et ils pensaient : « Peut-être bien que ce n’est pas comme ça. »
Cette situation a changé depuis le 5 août 1949. En effet, Acheson leur a fait une leçon, où il a parlé en sa qualité de secrétaire d’Etat américain. En ce qui concerne certaines données et conclusions, ce qu’il dit coïncide avec ce que nous disions, nous les communistes et les autres progressistes. Du coup, il n’a plus été possible de ne pas nous croire, et beaucoup de gens ont ouvert les yeux : « C’était donc bien comme ça ! »
Acheson commence sa lettre à Truman
en racontant comment il a préparé le Livre blanc. A l’en croire,
son Livre blanc est différent de tous les autres, il est très
objectif et très sincère :
« Voici un témoignage sincère d’une période
extrêmement complexe et des plus malheureuses dans la vie d’un
grand pays, auquel les États-Unis ont été longtemps attachés par
les liens de la plus étroite amitié. Aucun document disponible n’a
été omis, même s’il contient des affirmations critiques sur
notre politique ou peut servir de base à une critique future. La
force inhérente à notre système réside dans la sensibilité du
gouvernement à l’égard d’une opinion publique bien informée et
à l’esprit critique. C’est précisément cette opinion publique
que les gouvernements totalitaires, qu’ils soient de droite ou
communistes, ne peuvent supporter et ne tolèrent pas. »
Certains liens existent en effet entre le peuple chinois et le peuple américain. Grâce aux efforts communs des deux peuples, ces liens pourront se renforcer à l’avenir au point de devenir « la plus étroite amitié ». Mais les obstacles dressés par les réactionnaires chinois et américains ont gêné et gênent encore sérieusement le développement de ces liens.
Bien plus, dans les deux pays, les réactionnaires ont raconté tant de mensonges au peuple et lui ont joué tant de vilains tours, en d’autres termes, répandu tant de propagande pernicieuse et commis tant de mauvaises actions que les liens entre les deux peuples sont bien loin d’être étroits.
Ce qu’Acheson appelle « liens de la plus étroite amitié », ce sont ceux qui existent entre les réactionnaires des deux pays, non entre les deux peuples. Ici, Acheson n’est ni objectif ni franc, il confond les relations entre les deux peuples avec les relations entre les réactionnaires des deux pays. Pour les peuples des deux pays, la victoire de la révolution chinoise et la défaite des réactionnaires chinois et américains sont les événements les plus réjouissants qu’ils aient jamais connus, et la période actuelle est la plus heureuse de leur vie.
Par contre, c’est seulement pour Truman, Marshall, Acheson, Leighton Stuart et les autres réactionnaires américains, et pour Tchiang Kaï-chek, H. H. Kung, T.V. Soong, Tchen Li-fou, Li Tsong-jen, Pai Tchong-hsi et les autres réactionnaires chinois que cette période est vraiment « une période extrêmement complexe et des plus malheureuses » de leur vie.
En parlant d’opinion publique, les Acheson ont confondu l’opinion publique des réactionnaires avec celle du peuple.
A l’égard de l’opinion publique du peuple, les Acheson sont incapables de la moindre « sensibilité », ils sont aveugles et sourds. Depuis des années, ils ont fait la sourde oreille à l’opposition exprimée par les peuples des États-Unis, de Chine et des autres pays du monde à la politique extérieure réactionnaire du gouvernement américain.
Qu’est-ce donc qu’Acheson entend par « opinion publique bien informée et à l’esprit critique » ? Ce sont les nombreux instruments de propagande, spécialisés dans la fabrication de mensonges et dans les menaces contre le peuple, tels que les journaux, les agences d’information, les périodiques et les stations de radiodiffusion contrôlés par les deux partis réactionnaires des Etats-Unis, les républicains et les démocrates.
Acheson a raison de dire que les
communistes (et avec eux le peuple) « ne peuvent supporter et
ne tolèrent pas » ces choses. Aussi nous avons fermé les
services d’information impérialistes, nous avons interdit aux
agences de presse impérialistes de distribuer leurs dépêches aux
journaux chinois, et nous n’avons pas admis qu’elles continuent à
empoisonner à leur guise l’âme du peuple chinois sur le sol
chinois.
Dire que le gouvernement dirigé par
le Parti communiste est un « gouvernement totalitaire »
est aussi à moitié vrai. C’est en effet un gouvernement qui
exerce la dictature sur les réactionnaires chinois et étrangers et
n’accorde à aucun d’eux la moindre liberté pour mener des
activités contre-révolutionnaires. Les réactionnaires se mettent
en colère et vocifèrent : « Gouvernement totalitaire ! »
Certes, rien n’est plus vrai s’il s’agit du pouvoir du gouvernement populaire de réprimer les réactionnaires. Ce pouvoir est maintenant inscrit dans notre programme ; il sera également inscrit dans notre constitution. Pour un peuple victorieux, ce pouvoir est quelque chose dont il ne peut se passer, fût-ce un seul instant, comme la nourriture et le vêtement.
C’est une chose excellente, un talisman protecteur, une arme magique à transmettre de génération en génération, et dont il ne faut en aucun cas se dessaisir avant la suppression complète et définitive de l’impérialisme à l’étranger et des classes à l’intérieur du pays. Plus les réactionnaires vocifèrent : « Gouvernement totalitaire ! », plus il devient évident que c’est un trésor.
Mais la remarque d’Acheson est
aussi à moitié fausse. Pour les masses du peuple, un gouvernement
de dictature démocratique populaire dirigé par le Parti communiste
n’est pas dictatorial, mais démocratique. C’est le gouvernement
du peuple même. Le personnel en fonction de ce gouvernement doit
prêter une attention respectueuse à la voix du peuple et être en
même temps l’instituteur du peuple, auquel il apprend à s’éduquer
par la méthode de l’auto-éducation et de l’autocritique.
Quant à ce qu’Acheson appelle un « gouvernement totalitaire de droite », c’est au gouvernement des États-Unis que revient, à ce titre, la première place dans le monde d’aujourd’hui, depuis la chute des gouvernements fascistes d’Allemagne, d’Italie et du Japon.
Tous les gouvernements bourgeois, y compris les gouvernements de réactionnaires allemands, italiens et japonais protégés par l’impérialisme, sont des gouvernements de ce type. Le gouvernement Tito en Yougoslavie est devenu maintenant un complice de cette bande.
Les gouvernements des États-Unis et de la Grande-Bretagne sont du type de gouvernement par lequel une seule classe, la bourgeoisie, exerce la dictature sur le peuple. Contraire en tout point au gouvernement populaire, ce type de gouvernement pratique ce qu’on appelle la démocratie pour la bourgeoisie, mais exerce la dictature sur le peuple.
Les gouvernements de Hitler, Mussolini, Tojo, Franco et Tchiang Kaï-chek ont rejeté le voile de la démocratie bourgeoise, ou ne s’en sont pas servis du tout, parce que la lutte de classes avait atteint dans leur pays une intensité extrême et qu’ils ont trouvé plus avantageux de le rejeter ou simplement de ne pas l’utiliser, de peur que le peuple de son côté ne s’en serve à ses propres fins.
Le gouvernement des États-Unis garde encore un voile de démocratie, mais les réactionnaires américains l’ont tellement coupé qu’il n’en reste qu’un petit morceau, misérablement déteint, et bien loin d’être ce qu’il était au temps de Washington, Jefferson et Lincoln. La raison en est que la lutte de classes est devenue plus intense. Quand elle le deviendra encore plus, le voile de la démocratie américaine sera inévitablement jeté aux quatre vents.
Chacun peut voir quelle quantité d’erreurs Acheson commet, dès qu’il ouvre la bouche. Cela est inévitable, puisqu’il est un réactionnaire. Quant à savoir dans quelle mesure le Livre blanc est un « témoignage sincère », nous pensons qu’il est sincère tout en ne l’étant pas. Les Acheson sont francs quand ils s’imaginent que leur franchise profitera à leur parti ou à leur faction. Sinon, ils ne le sont pas. Feindre la franchise est une ruse de guerre.
La bataille de Stalingrad a été
comparée, par la presse britannique et américaine, à la bataille
de Verdun, et le « Verdun rouge » est maintenant connu du monde
entier. Cette comparaison n’est pas heureuse.
L’actuelle bataille de Stalingrad
diffère, par son caractère même, du Verdun de la Première guerre
mondiale. Un point cependant leur est commun : aujourd’hui comme
alors, beaucoup de gens sont abusés par les opérations offensives
de l’Allemagne et s’imaginent qu’elle peut encore remporter la
victoire.
La Première guerre mondiale s’est
terminée dans l’hiver 1918 ; en 1916, l’armée allemande lança
plusieurs offensives contre la place forte française de Verdun.
Le Kronprinz conduisait lui-même les
opérations, et les forces jetées dans cette bataille étaient
l’élite de l’armée allemande. La bataille fut décisive.
Les furieux assauts des Allemands
ayant échoué, tout le camp germano-austro-turco-bulgare se trouva
dans une situation sans issue ; ses difficultés ne cessèrent
d’augmenter, la rébellion gagna ses rangs, la désagrégation s’y
installa, et finalement ce fut l’effondrement.
Mais à l’époque le camp
anglo-américano-français ne comprenait pas cette situation, il
croyait l’armée allemande encore très forte et ne se doutait pas
que sa propre victoire était à portée de la main.
Dans l’histoire de l’humanité,
toute force réactionnaire au seuil de sa perte se lance
nécessairement, dans un ultime sursaut, contre les forces de la
révolution ; et souvent, des révolutionnaires sont un moment
induits en erreur par cette force apparente qui masque la faiblesse
intérieure, ils ne voient pas ce fait essentiel que l’ennemi
approche de sa fin et qu’eux-mêmes sont près de la victoire.
Or, la montée de l’ensemble des
forces fascistes et les guerres d’agression qu’elles mènent
depuis quelques années constituent justement cet ultime sursaut des
forces réactionnaires et, dans la guerre actuelle, l’attaque sur
Stalingrad marque l’ultime sursaut des forces fascistes
elles-mêmes.
Face à ce tournant de l’histoire,
beaucoup de gens au sein du front mondial antifasciste se sont aussi
laissé abuser par l’aspect féroce du fascisme et n’en ont pas
discerné la réalité interne.
Des combats d’une âpreté sans
précédent dans l’histoire se sont déroulés pendant
quarante-huit jours, depuis le 23 août, date à laquelle les troupes
allemandes achevèrent de franchir la boucle du Don et déclenchèrent
une attaque générale contre Stalingrad, jusqu’au 9 octobre, jour
où le Bureau d’Information soviétique annonça que l’Armée
rouge avait brisé l’encerclement allemand du quartier industriel
qui occupe le nord-ouest de la ville et dans lequel une partie des
troupes allemandes avait fait irruption le 15 septembre.
La bataille fut finalement gagnée
par les forces soviétiques.
Pendant ces quarante huit jours, les
nouvelles provenant quotidiennement de cette ville sur le déroulement
de la bataille ont tenu en haleine des dizaines et des centaines de
millions d’hommes, leur apportant tantôt l’affliction, tantôt
l’allégresse.
Cette bataille est non seulement le
tournant de la guerre germano-soviétique, ou encore de la guerre
mondiale antifasciste, elle est aussi un tournant dans l’histoire
de toute l’humanité.
Pendant ces quarante-huit jours,
l’attention des peuples du monde entier était fixée sur
Stalingrad, plus fortement encore qu’elle ne l’avait été sur
Moscou, en octobre dernier.
Avant qu’il eût remporté ses
victoires sur le front ouest, Hitler semblait faire preuve de
prudence. Dans ses attaques contre la Pologne, contre la Norvège,
contre les Pays-Bas, la Belgique et la France et contre les Balkans,
il concentrait toujours ses forces sur un seul objectif, sans oser en
détourner son attention.
Mais après ses victoires à l’ouest,
il fut grisé par le succès et tenta de vaincre l’Union soviétique
en trois mois.
De Mourmansk, dans le nord, à la
Crimée, dans le sud, il déclencha une offensive générale contre
cet immense et puissant pays socialiste, et ce faisant, il dispersa
ses forces. L’échec de son offensive contre Moscou en octobre de
l’an dernier mit fin à la première phase de la guerre
germano-soviétique ; le premier plan stratégique de Hitler avait
fait faillite.
L’Armée rouge arrêta l’offensive
allemande de l’année dernière et, au cours de l’hiver, passa à
la contre-offensive sur tout le front ; ce fut la deuxième phase de
la guerre germano-soviétique. Hitler dut battre en retraite et se
mettre sur la défensive.
Entre-temps, il limogea le commandant
en chef des opérations von Brauchitsch, assuma lui-même le
commandement, décida d’abandonner son plan d’offensive générale
et se prépara, en rassemblant toutes les forces dont il pouvait
encore disposer en Europe, à lancer sur le front sud une offensive
limitée, mais qu’il tenait pour décisive, afin de frapper les
secteurs vitaux de l’Union soviétique.
Comme cette offensive avait un
caractère décisif, et que le sort même du fascisme en dépendait,
Hitler massa des forces énormes, engageant même sur ce front une
partie des avions et des chars qui opéraient en Afrique du Nord.
Avec l’attaque allemande sur Kertch
et Sébastopol en mai dernier, la guerre entra dans sa troisième
phase.
Ayant rassemblé une armée de plus
de 1.500.000 hommes, appuyée par le gros de ses forces aériennes et
blindées, Hitler lança une offensive d’une violence inouïe en
direction de Stalingrad et du Caucase.
Il tenta de s’en emparer
rapidement, visant deux buts : couper la Volga et prendre Bakou, afin
de marcher ensuite vers le nord contre Moscou et de percer au sud
jusqu’au golfe Persique.
En même temps, les fascistes
japonais devaient concentrer leurs forces en Mandchourie en vue d’une
offensive en Sibérie, après la chute de Stalingrad.
Hitler croyait pouvoir affaiblir la
puissance de l’Union soviétique à tel point qu’il pourrait
dégager du front soviétique les forces principales de l’armée
allemande afin de parer sur le front ouest à l’éventualité d’une
offensive anglo-américaine, de s’emparer des ressources du
Proche-Orient, d’effectuer la jonction avec l’armée japonaise,
tandis que le gros des forces japonaises se retirerait du nord et se
dirigerait vers l’ouest et le sud, contre la Chine, la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis, sans que les armées allemandes et
japonaises eussent à se soucier de leurs arrières.
Voilà comment il comptait remporter
la victoire pour le front fasciste.
Or, que s’est-il passé au cours de
cette phase ? Hitler se heurta au plan soviétique qui lui fut fatal.
Ce plan visait à attirer d’abord l’ennemi loin à l’intérieur
du territoire et à lui opposer ensuite une résistance opiniâtre.
En cinq mois de combats, l’armée
allemande n’a pu ni pénétrer dans les champs de pétrole du
Caucase ni prendre Stalingrad, et Hitler s’est vu obligé d’arrêter
ses troupes au pied de hautes montagnes et devant les murs d’une
cité imprenable, sans pouvoir ni avancer ni reculer, subissant des
pertes énormes et s’engageant dans une impasse.
Nous voici en octobre et l’hiver
arrive ; la troisième phase de la guerre touche à sa fin, la
quatrième va commencer.
De tous les plans d’attaque
stratégiques de Hitler contre l’Union soviétique, il n’en est
pas un qui n’ait échoué.
Pendant cette période, se rendant
compte que son échec de l’été de l’an dernier était dû à
l’éparpillement de ses troupes, Hitler concentra ses forces sur le
front sud. Mais comme il cherchait toujours à atteindre d’un seul
coup le double objectif de couper la Volga à l’est et de s’emparer
du Caucase au sud, il divisait quand même ses forces.
Il n’a pas vu dans ses calculs
quelle distance séparait ses desseins de sa force réelle, et ainsi,
comme « un porteur qui voit sa charge glisser des deux bouts d’une
palanche sans point d’arrêt », il s’est trouvé dans l’impasse
actuelle.
Par contre, plus l’Union soviétique
combat, plus elle devient forte.
Par sa brillante direction
stratégique, Staline s’est assuré entièrement l’initiative et
pousse partout Hitler vers sa ruine.
La quatrième phase de la guerre, qui
commencera cet hiver, conduira Hitler à sa perte.
Si l’on compare la situation où se
trouvait Hitler au cours de la première et au cours de la troisième
phase de la guerre, on verra qu’il est au seuil d’une défaite
définitive.
Actuellement, tant à Stalingrad que
dans le Caucase, l’Armée rouge a déjà arrêté, en fait,
l’offensive allemande ; Hitler est à bout de souffle et il a
échoué dans son offensive contre Stalingrad et le Caucase.
Les quelques forces qu’il a réussi
à rassembler au cours de toute la période d’hiver, de décembre à
mai derniers, sont déjà épuisées.
Maintenant que, dans un mois à
peine, l’hiver va s’installer sur le front germano-soviétique,
Hitler devra passer en toute hâte à la défensive. La région
entière située à l’ouest et au sud du Don sera pour lui la plus
dangereuse, car l’Armée rouge y lancera sa contre-offensive.
Cet hiver, sous la menace d’une
issue fatale, Hitler essayera une fois de plus de regrouper ses
armées. Il lui sera peut-être encore possible, en rassemblant le
reste des forces, de former quelques nouvelles divisions ; en outre,
il appellera à la rescousse ses trois partenaires fascistes,
l’Italie, la Roumanie et la Hongrie, et leur demandera de lui
fournir de la chair à canon pour faire face à la situation critique
sur les fronts est et ouest.
Mais il doit s’attendre à des
pertes énormes au cours de la campagne d’hiver sur le front est et
à l’ouverture d’un second front à l’ouest, tandis que
l’Italie, la Roumanie et la Hongrie, accablées devant les
perspectives d’un effondrement inévitable de Hitler, s’éloigneront
de lui chaque jour davantage.
Bref, après le 9 octobre, une seule
voie reste ouverte à Hitler, celle de l’anéantissement.
Il y a quelque chose de commun entre
la défense de Stalingrad par l’Armée rouge pendant ces
quarante-huit jours et sa défense de Moscou l’année dernière :
la défense de Stalingrad a fait échouer le plan de Hitler de cette
année comme celle de Moscou son plan de l’année dernière.
La différence réside dans le fait
que l’Armée rouge, malgré la contre-offensive d’hiver qu’elle
entreprit immédiatement après la défense de Moscou, dut subir
encore cette année une offensive d’été de l’armée allemande,
parce que, premièrement, il restait encore à l’Allemagne et à
ses partenaires européens des forces disponibles et que,
deuxièmement, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis retardaient
l’ouverture du second front.
Mais, après la bataille pour la
défense de Stalingrad, la situation sera entièrement différente.
D’une part, l’Union soviétique
déclenchera une seconde contreoffensive d’hiver d’une ampleur
exceptionnelle, la Grande- Bretagne et les Etats-Unis ne pourront
plus différer longtemps l’ouverture du second front (bien qu’il
ne soit pas possible d’en préciser la date exacte) et les peuples
d’Europe, à leur tour, seront prêts à répondre par des
soulèvements.
D’autre part, comme l’Allemagne
et ses partenaires européens n’ont plus la force d’entreprendre
une offensive de grande envergure, Hitler se verra contraint de
passer entièrement à la défense stratégique.
Or, si Hitler est contraint de passer
à la défense stratégique, le sort du fascisme est réglé.
En effet, un Etat fasciste comme
celui de Hitler a, dès sa naissance, fondé toute sa vie politique
et militaire sur l’offensive, et son offensive une fois enrayée,
son existence prend fin.
La bataille de Stalingrad arrêtera
l’offensive fasciste ; elle est décisive.
Et ce caractère décisif déterminera
tout le cours de la guerre mondiale.
Hitler a devant lui trois ennemis
puissants : l’Union soviétique, la Grande-Bretagne avec les
Etats-Unis, le peuple des régions qu’il occupe.
Sur le front est, l’Armée rouge se
dresse telle une forteresse inébranlable, et elle poursuivra ses
contre-offensives toute la seconde saison d’hiver et au-delà ;
voilà la force qui décidera de l’issue de la guerre et du destin
de l’humanité.
Sur le front ouest, même si la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis continuent à adopter une politique
d’attente et d’atermoiement, ils ouvriront tôt ou tard le second
front lorsqu’il leur sera donné de s’attaquer à un tigre déjà
mort.
Il existe en outre un front intérieur
contre Hitler : c’est le grand soulèvement populaire qui se
prépare en Allemagne, en France et dans d’autres parties de
l’Europe. Dès que se déclenchera la contre-offensive générale
de l’Union soviétique et que tonneront les canons du second front,
les peuples d’Europe répondront par l’ouverture d’un troisième
front.
Une offensive convergente contre
Hitler sur ces trois fronts sera le grand fait historique qui suivra
la bataille de Stalingrad.
La carrière politique de Napoléon
s’est terminée à Waterloo, mais c’est sa défaite à Moscou qui
avait décidé de son sort.
Aujourd’hui, Hitler marche sur les
traces de Napoléon, et la bataille de Stalingrad a scellé son
destin.
Cette situation aura des
répercussions directes sur l’Extrême-Orient.
L’année qui vient ne promet rien
de bon non plus au fascisme japonais.
Avec le temps, ses maux de tête
iront croissant, jusqu’à ce qu’il descende au tombeau.
Tous ceux qui tirent des conclusions pessimistes des événements mondiaux devraient modifier leur point de vue.