L’ampleur et l’harmonie de l’architecture soviétique

L’architecte soviétique doit être impliqué dans son oeuvre, s’engager lui-même en elle et non pas avoir un regard froid, extérieur, car il s’agit de la reconnaissance de la dignité du réel, au cœur du matérialisme dialectique.

Ce n’est qu’ainsi qu’on est capable de suivre le cours réel des choses et de saisir le développement intérieur. Pour l’architecte, cela signifie être capable d’être un producteur et en même temps de comprendre de l’intérieur l’utilisation de ses œuvres, leur nature concrète.

Habitations à Leningrad, 1936-1940
Maison des stakhanovistes du chantier naval Krasnoïé Sormovo n°112 de la ville de Gorki, 1936-1939

L’architecte soviétique travaille pour le peuple soviétique, tout en relevant du peuple soviétique ; son travail est le support pour l’activité du peuple soviétique. C’est pourquoi les productions architecturales doivent permettre de saisir le processus en cours, au sens où ils reconnaissent eux-mêmes la dignité du réel de la construction du socialisme. C’est cela qui explique le classicisme comme expression de l’ampleur, de l’harmonie de la société en construction.

Opéra et ballet de Novossibirsk
Habitations à Magnitogorsk

L’architecture soviétique va dans le sens d’œuvres rassurantes et en même temps puissantes dans leur affirmation ; ces œuvres sont accessibles, elles n’écrasent pas, et en même temps elles sont un vecteur idéologique.

Sanatorium pour enfants à Yalta
Maison des bateliers à Kouïbychev

Il va de soi ici que la question du pouvoir est incontournable ; l’existence même de ces œuvres produites par le socialisme exprime directement l’activité des ouvriers et des paysans, qui sont aux commandes de la société et profitent directement des avancées faites. C’est cela qui fait que l’architecture soviétique est une composante de la mentalité de la citoyenneté soviétique.

Habitation à Gorki
Club des cheminots à Sverdlovsk

Il ne s’agit pas seulement de développer les forces productives, mais de le faire en restant aligné dans la perspective socialiste, dans les valeurs du socialisme.

Habitation à Moscou
Habitation à Moscou

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L’architecte soviétique face à son œuvre

La critique du constructivisme en architecture, au sens d’une tendance à privilégier la composition architecturale abstraite, à considérer la forme comme fin en soi, triompha aisément parmi les architectes soviétiques, qui avaient bien vu qu’on était à un tournant.

Karo Alabyan, dans Les tâches de l’architecture soviétique, souligne en 1937 que l’architecte produit au sein d’une société organisée, pour des êtres humains concrets, dont il n’est pas séparé par une muraille de Chine comme c’est le cas dans le capitalisme.

Il explique ainsi que :

« Le principe directeur de notre construction est le souci stalinien de l’homme.

À cet égard, l’architecture du métro de Moscou dirigée par L.M. Kaganovitch : le Parti a confié aux constructeurs la tâche de faire des gares souterraines de véritables œuvres d’art, qu’elles aient de belles formes, des couleurs vives, qu’elles soient légères, spacieuses, confortables, afin qu’une personne qui monte dans le métro ressente un sentiment de joie (…).

seul un mépris de l’homme peut expliquer l’indifférence totale de certains architectes à l’aménagement intérieur, à la décoration et à l’équipement des bâtiments, notamment résidentiels.

L’intérieur est ce domaine de l’architecture où une personne entre quotidiennement en contact avec l’art de l’architecture, le plus directement, pour ainsi dire, intimement.

C’est pour l’architecture soviétique, conçue pour répondre au maximum aux besoins quotidiens d’une personne, que les questions intérieures revêtent une importance exceptionnelle.

Dans la pratique de l’aménagement intérieur des bâtiments résidentiels, les vestiges du fameux «fonctionnalisme», une interprétation simpliste et purement mécaniste des «processus se déroulant dans le bâtiment», affectent encore.

L’architecture intérieure d’un bâtiment résidentiel doit prendre en compte les besoins et les exigences les plus divers d’une personne, allant de ses plus petits besoins quotidiens à ses besoins esthétiques et ses goûts artistiques. »

Pour se tourner de manière adéquate vers les êtres humains concrets et leurs besoins, les architectes doivent vivre au rythme du peuple et de son activité. Leurs productions doivent être en phase avec la réalité et les gens réels, s’inscrire dans leur vie et donc être accessible.

L’école 518 à Moscou, par Ivan Andreevich Zvezdine, 1935

On retrouve les principes du réalisme socialiste en peinture, en musique, en sculpture… le caractère typique, l’ancrage dans la vie quotidienne réelle, l’adéquation avec le peuple et son histoire. Karo Alabyan résume pour cette raison l’approche architecturale selon le réalisme socialiste par les principes de vérité et de simplicité.

« Notre architecture soviétique est étrangère au mensonge, aux formes abstraites, à toutes sortes de bouffonneries esthétiques bourgeoises. Le réalisme socialiste en architecture signifie avant tout : vérité et simplicité.

La véritable simplicité artistique n’a rien à voir avec la simplification. Il témoigne de la véritable maîtrise de toute la richesse du contenu.

Pouchkine a travaillé dur pour parvenir à une forme simple de ses brillants poèmes. Les œuvres de Lénine et de Staline sont simples et claires, car elles sont le summum de la pensée humaine. 

La simplicité des formes d’une structure architecturale signifie avant tout la belle harmonie de ces formes, qui, à son tour, est l’expression des proportions et des rapports les plus parfaits des éléments individuels.

Le réalisme socialiste n’est pas un système de normes et de canons abstraits. L’étroitesse et la limitation sont, par leur nature même, étrangères à la méthode du réalisme socialiste.

C’est la méthode du réalisme socialiste qui ouvre à l’architecte des possibilités illimitées d’enrichir son langage artistique, sa créativité et sa compréhension des différents styles. »

Le métro de Moscou, une initiative d’envergure pour l’architecture socialiste dans les années 1930

Cette vérité et cette simplicité s’opposent au culte de la forme pour la forme – c’est le formalisme, dénoncé à tous les niveaux artistiques en URSS dans les années 1930. Karo Alabyan constate ainsi que la bataille est en cours :

« La restructuration créative de l’architecture soviétique est loin d’être achevée. Dans notre pratique, les rechutes du formalisme, du constructivisme et d’autres influences qui nous sont étrangères sont encore fortes.

Le culte de la « forme pure » surgit toujours sur la base de l’appauvrissement de la pensée, de l’absence de grandes idées. Plus l’architecte est impuissant à révéler le contenu, à résoudre l’image artistique, plus il essaie de se vanter de manière intrusive de son « originalité », en recourant à diverses fausses méthodes, à la création de formes abstraites et à la ruse pour cela.

A ses origines, le formalisme de notre architecture, comme le constructivisme, est lié aux dernières tendances décadentes de l’architecture bourgeoise d’Europe occidentale. Les opus formalistes n’ont rien de commun avec la réalité soviétique. Le formalisme est anti-peuple, anti-démocratique, il est hostile à la vérité, hostile à nos grandes idées de construction socialiste.

C’est pourquoi la lutte contre le formalisme est en même temps une lutte pour les architectes, qui, bien que sujets à cette grave maladie, ne sont pas désespérés du point de vue de leur restructuration ; c’est la lutte pour leur développement créatif et idéologique correct, la lutte pour leur vision du monde. »

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L’architecture soviétique : des œuvres architecturales posées

Ce qui n’allait pas avec la démarche fonctionnaliste, portée souvent par des architectures d’esprit moderniste, de type cubo-futuriste, c’était la dimension impersonnelle de leur travail.

L’architecture soviétique de l’époque socialiste a inversement toujours souligné deux choses : tout d’abord, qu’il fallait arriver à un style qui porte une dimension humaine, avec un architecture portant son oeuvre, dans une confrontation subjective, et non pas au moyen d’un « objectivisme » neutralisateur et abstrait.

Ensuite, qu’il n’y avait pas de ligne de conduite générale pour tous les architectes, seulement des exigences historiques. C’est ce qui explique le puissant élan qu’il y a dans les années 1930 qu’il y a chez les architectes soviétiques à formuler des œuvres qui posent quelque chose.

Habitations, Moscou
Habitations, Moscou

Cette démarche de « poser » une oeuvre a puissamment puisé dans le classicisme ; l’une des références incontournables est ici le Vénitien Andrea Palladio (1508–1580). Les commentateurs bourgeois considèrent d’ailleurs l’architecture « stalinienne » comme un néo-palladianisme.

Bibliothèque d’Etat Lénine, Moscou

C’est que l’architecture soviétique s’inscrit dans la construction du socialisme et marque donc l’établissement d’objets architecturaux à la fois nécessaires et marquants. Il s’agit à la fois de refléter la construction du socialisme et de relever de celle-ci. La construction de logements est emblématique de cela.

Habitations, Moscou
Habitations, Moscou

La question de l’envergure était d’autant plus nécessaire que la réalité soviétique était en rupture quantitative complète avec le régime passé qui pourrissait sur pied. Il y avait des choses nouvelles et d’importance.

Habitations, Moscou
Siège de la Pravda, Moscou

La ville de Moscou acquiert ici la dimension principale de l’architecture soviétique, car elle était considérée comme la capitale du socialisme.

Habitations, Moscou
Habitations, Moscou

L’architecture soviétique ne se veut donc pas une fin en soi, ni un mode opératoire, elle ne prétend pas modifier la réalité. Elle l’accompagne, la reflète, l’exprime.

Habitations, Moscou
Intérieur de la maison de la culture de l’usine automobile Staline à Moscou

C’est pourquoi les habitations elles-mêmes relèvent d’une véritable exigence au niveau du style, sans quoi elles voient leur statut dégradé à un simple niveau fonctionnel faussement pragmatique, comme cela le sera justement dans le révisionnisme à partir de 1953.

C’est pourquoi aussi les critiques furent innombrables à l’époque, chaque production étant analysée, évaluée, afin d’avancer toujours plus. Il n’y avait aucune auto-satisfaction, même si bien entendu il fallait également lutter contre les routines.

Habitations, Rostov sur le Don
Habitations, Kiev

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Le bâtiment de la Centrosoyuz

Pour comprendre l’architecture soviétique, ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas, on peut s’appuyer sur l’exemple du bâtiment de la Centrosoyuz, l’Union centrale des coopératives de consommateur, qui ouvrit ses portes en 1934 à Moscou et abrita très rapidement le bâtiment du Commissariat du peuple à l’industrie légère. C’est le fruit de tout l’esprit des années 1920 et du début des années 1930, avec une vague de jeunes intellectuels ayant rejoint le camp de la révolution de 1917 et œuvrant dans une perspective utilitaire.

La mise en place du nouveau régime a en effet libéré les forces productives et permis un élan généralisé de constructions ; sur le plan architectural, cela implique la construction de bâtiments publics, de maisons de la culture, d’hôpitaux, de centres sportifs, d’installations scientifiques, d’écoles et d’universités, d’usines, de bureaux, de bâtiments résidentiels, etc.

Cela a permis à toute une génération de se mettre à la tâche, d’avoir des idées nouvelles, mais également, de fait, d’expérimenter sans un réel cadre et de faire parfois un fétiche de cette expérimentation.

Le bâtiment de la Centrosoyuz n’a toutefois pas été réalisé par un jeune architecte, mais par l’architecte suisse Le Corbusier, aidé de son cousin et associé Pierre Jeanneret, ainsi que du jeune architecte russe Nikolaï Kolli. Le Corbusier était alors en train de devenir la principale figure mondiale de l’architecture, avec, pour résumer, l’utilisation massive de structures en acier ou en béton armé afin de faire tenir l’ensemble et d’agencer librement le reste, tout ce qui était porteur initialement n’étant plus nécessaire.

Le Corbusier a ainsi une conception qui le fait passer, à ses yeux, d’architecte à urbaniste, c’est-à-dire de maître d’un certain agencement, suivant une logique compositionnelle. Au sujet du Centrosoyuz, il explique ainsi :

« Nous avons abordé le problème en urbanistes, c’est-à-dire que nous avons considéré que les couloirs et les escaliers sont comme des rues fermées.

En conséquence, ces rues ont une largeur de 3,25 mètres et sont toujours bien éclairées. De plus, nous avons remplacé les volées d’escaliers pénibles par des rampes en pente douce (14 %) qui permettent une circulation libre et facile. »

De fait, le bâtiment n’a strictement aucun escalier, l’accès aux sept étages se faisant par des rampes, le bâtiment lui-même consistant en trois immeubles accueillant 3 500 personnes, avec une cantine, des salles de conférence (dont une grande dans un bâtiment séparé), une salle de lecture, etc. ; l’idée était de faciliter le mouvement en permanence.

Le projet initial de Le Corbusier a d’ailleurs été modifié, puisqu’il y avait un concours d’architecture, Le Corbusier étant vainqueur au troisième tour.

Alexandre Vesnine, le plus grand représentant des architectes soviétiques de perspective « constructiviste » des années 1920 et du début des années 1930, salua ainsi l’œuvre de Le Corbusier :

« Le bâtiment du Commissariat du peuple de l’industrie légère à Moscou, sur la rue Myasnitskaya, en cours de construction selon le projet de l’architecte Le Corbusier, sera sans aucun doute le meilleur bâtiment construit à Moscou depuis un siècle.

La clarté exceptionnelle de la pensée architecturale, la netteté de la construction des masses et des volumes, la pureté des proportions, la clarté des rapports de tous les éléments opposés en contraste et en nuance, l’ampleur de la structure entière dans son ensemble et dans ses parties individuelles, la légèreté alliée à la monumentalité, l’unité architecturale, une stricte simplicité caractérisent cet ouvrage. »

Inversement, Ivan Fomine critique l’absence d’esprit à l’œuvre, ce qui aboutissait selon lui à une démarche planiste-formelle :

« Le Corbusier est l’architecte d’un pays capitaliste. Il veut construire magnifiquement, à moindre coût, commodément, sous des formes constructivement justifiées – et c’est sa tâche.

Notre architecte, avec son architecture, apporte l’esprit de gaieté, de courage et de gaieté dans notre nouveau mode de vie. Il n’y a pas de tels mots dans le lexique du Corbusier. »

La critique d’Ivan Fomine l’emporta et de fait, au moment de la construction de la Centrosoyuz, l’architecture soviétique était déjà passée à autre chose. Cette question de l’esprit était central : l’architecture se devait d’avoir un architecte s’engageant humainement dans son œuvre, sans quoi la démarche tournait à l’abstraction.

C’était le développement du réalisme socialiste dans l’architecture. La Centrosoyuz ne servit ainsi pas de modèle, alors que du tuf arménien y fut ajoutée pour humaniser les larges surfaces neutres.

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L’architecture soviétique de l’époque socialiste: une construction parallèle au socialisme

Lorsque se produit la révolution d’Octobre en 1917, les pays qui vont constituer l’Union Soviétique sont très peu développés. Cela signifie que l’architecture soviétique a dû accompagner le développement des différents pays, tout en dépendant étroitement des capacités productives en train d’être mises en place seulement.

Cela produisit une contradiction significative initialement entre des architectes en mode utopiste, élaborant en laboratoire des plans d’autant plus de grande envergure qu’ils s’avéraient irréalisables, et la réalité architecturale d’une URSS en construction cherchant à mettre en place à la fois des références et des exemples majeurs.

Les années 1920, plutôt expérimentales, cédèrent pour cette raison la place à des années 1930 où l’architecture s’alignait sur le réalisme socialiste, en soulignant la véracité, la simplicité, l’affirmation.

Habitations à Leningrad
Monument pour Lénine, Kazan

Par véracité, il faut comprendre que l’architecture se fonde sur la vie quotidienne réelle des gens en URSS ; par simplicité, il faut saisir l’absence de fonctionnalisme ou de formalisme, c’est-à-dire de fioritures, de formes comme fin en soi ou pseudo-preuve de « radicalité ».

Par affirmation, il faut entendre la mise en valeur d’une vie nouvelle, d’une culture propre à des pays socialistes, avec chacun leurs particularités culturelles historiques.

Station sur le canal Moscou à Khimki, près de Moscou
Maison de la culture Maxime Gorki MoscouNarva à Leningrad

L’architecture soviétique de l’époque socialiste rejette ainsi le fonctionnalisme, qui fait de la fonction l’alpha et l’oméga de toute construction. Elle n’accepte pas le formalisme, qui fait de la forme une fin en soi. Elle exige de se tourner vers les gens et d’accompagner la réalité socialiste en construction de ces gens.

Boulevard Nikitsky, Moscou
Place Arbat, Moscou

L’architecture soviétique de l’époque socialiste – de 1917 à 1953, ou plus exactement pour être strict du début des années 1930 à 1953 – se veut ainsi à la fois un accompagnement et une mise en perspective. Il n’y a pas de recettes définitives, mais des mises en place qui visent à exprimer une réalité et à s’inscrire en elle, dans un rapport dialectique.

Perspective Kirov, Leningrad
Perspective Kirov, Leningrad

L’architecture soviétique de l’époque socialiste cherche donc à synthétiser une époque ; elle n’a eu de cesse de travailler à l’élaboration d’un style qui soit en correspondance avec l’esprit de la planification soviétique et la démarche socialiste de millions d’ouvriers et de paysans. C’est là la tension dialectique à la base en ce domaine.

Institut de l’industrie légère, Leningrad
Habitations à Leningrad

Il y a donc l’exigence d’un nouveau classicisme, d’une architecture en phase avec la citoyenneté soviétique.

Ecole d’ingénieurs, Leningrad

Il faut ici remarquer que l’architecture soviétique va nécessairement de pair avec la sculpture et des arts en général, de l’urbanisme au sens de l’agencement des lieux. Il ne saurait exister d’endroits séparés du reste par une muraille de Chine, comme c’est justement le cas dans le capitalisme qui sépare tout.

Monument aux victimes du 9 janvier 1905 à Leningrad
Monument à Lénine à Smolny

En ce sens, comprendre l’architecture soviétique de l’époque socialiste est simple en général, mais demande plus concrètement, si l’on veut pousser les choses jusqu’au bout, de s’intéresser à chaque ville en particulier, avec son histoire et sa nature particulière.

Leningrad est ainsi une ville historique, laissant peu de moyens de construire des œuvres majeures nouvelles, alors que Moscou a été façonnée par le capitalisme et exigeait une réorganisation. Inversement la ville de Stalino (aujourd’hui Donetsk) était pratiquement entièrement nouvelle.

Parc central de culture et de loisirs Gorki, Moscou
Monument à Volodarski, Leningrad

Le Parc central de culture et de loisirs Gorki à Moscou, ouvert en 1928, est ainsi emblématique de l’accompagnement de la vie quotidienne des gens.

Parc central de culture et de loisirs Gorki, Moscou
Parc central de culture et de loisirs Gorki, Moscou

Il est pour cette raison erroné de séparer l’architecture soviétique de l’époque socialiste de la réalité concrète à l’époque, des gens réels dans leur vie quotidienne, même si c’est naturellement nécessaire pour une introduction et une compréhension du phénomène historiquement.

Parc culture et de recréation Izmaïlovsky, Moscou
Habitations, Moscou

L’architecture soviétique de l’époque socialiste est, en ce sens, toujours une réponse concrète à une question concrète. C’est ce qui explique aussi les différences de sensibilité ou le décalage qu’on peut avoir aujourd’hui sur certains points, principalement la question du rapport à la Nature. Il s’agit ici de la maturité d’une époque qui joue, pas une question idéologique en soi – même si inversement l’époque joue sur l’idéologie, ce qu’explique la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine populaire.

Stade du dynamo
Stade du dynamo

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Le matérialisme dialectique et le passage de l’unité addition/soustraction à l’unité multiplication/division

Il existe en mathématiques l’addition, qu’on oppose à la soustraction, et la multiplication, qu’on oppose à la division. En réalité, addition et soustraction relèvent d’un seul même phénomène, uni par deux aspects contradictoires, tout comme multiplication et division formant un seul phénomène eux-mêmes.

Et le phénomène que représente l’addition et la soustraction, comme contradiction, produit le phénomène qu’est la multiplication et la division.

Une addition est concrètement une soustraction et une soustraction une addition. Si l’on dit que 2+3=5, on dit en même temps 5-3=2. Il s’agit de la même chose, mais inversée, comme vue à travers un miroir. On peut dire que l’addition est le reflet de la soustraction, ou inversement que la soustraction est le reflet de l’addition.

Cette dernière démarche semble plus juste, car tout reflet est nécessairement imparfait ou plus exactement asymétrique. Cela se voit avec le caractère remplaçable des nombres dans l’addition, qu’on ne retrouve pas dans la soustraction.

Dans l’addition, on a indifféremment 2+3=5 et 3+2=5. Or, pour la soustraction, on a d’un côté la même dimension remplaçable, mais sans aboutir au même résultat, puisque d’un côté 5-3=2, de l’autre 5-2=3.

La soustraction permet de revenir aux même fondamentaux que l’addition, mais en même temps elle est en décalage. On ne retrouve pas l’identité entre 3 et 2 qu’on a dans l’addition : 2 et 3, dans la soustraction, restent différents, malgré leur liaison.

C’est en ce sens qu’on peut dire que la soustraction est le reflet asymétrique de l’addition.

La multiplication et la division découlent, comme phénomène contradictoire, de cette contradiction addition/soustraction. Cela se voit dans les caractéristiques qu’on y retrouve.

Si l’on prend la multiplication, on a indifféremment 5×2=10 ou 2×5=10. Dans la division, on a 10:2=5 et 10:5=2. On a pareillement l’identité dans la multiplication, comme dans l’addition, et la différence dans la division, comme dans la soustraction. 2 et 5 sont remplaçable dans la multiplication, pas dans la division.

Ce qui change par contre pour la multiplication/division par rapport à l’addition/soustraction, c’est que la première relève de la qualité, la seconde de la quantité.

Dans l’addition comme la soustraction, on fonctionne suivant le principe de l’accumulation. On peut tout à fait remplacer un chiffre par des bâtonnets, on est dans un calcul très facile à saisir pour l’esprit puisqu’on ajoute, on retranche et qu’on peut le faire sans interruption aucune, en continuité.

On a ainsi I I I I I auquel on enlève II, ce qui donne I I I, auquel peut ajouter I I I I I ce qui donne I I I I I I I I ; on peut ajouter, soustraire, on s’y retrouve très facilement.

Cela n’est pas vrai pour la multiplication et la division. Pour le comprendre, on peut s’appuyer sur la légende de la naissance du jeu d’échecs en Inde. Ayant inventé le jeu pour le roi, Sissa demanda qu’on lui fournisse du riz de la manière suivante : un grain de riz pour la première case du jeu, deux pour la seconde, quatre pour la troisième, huit pour la quatrième, et ainsi de suite.

Sur le plan mathématique, Sissa a demandé qu’on double le nombre de grains de riz à chaque case. Le roi accepta la demande, sauf que si on double le grain de riz depuis la première case jusqu’à la soixante-quatrième, on obtient au final plus de 18 milliards de milliards de grains de riz.

Le roi avait raisonné en termes d’addition, pensant que le processus correspondrait à 1, 1+1, 2 +2, 4+4, 8+8,16+16, etc. et que cela n’irait pas bien loin. En réalité, il s’agissait du passage de la quantité à la qualité, de l’addition à la multiplication.

Cela se comprend si on regarde l’échiquier dans son ensemble. Si l’on prend deux cases qui se suivent, on reste dans l’addition. Mais dès qu’on voit les chiffres, on constate qu’on est dans des proportions propres à la multiplication.

Voici justement quelques exemples de multiplications qu’on retrouve au travers des nombres qui doublent. On ainsi 32×8192=262144, 4096×8388608=34359738368, etc.

Ce qui est cohérent puisqu’on double à chaque fois, qu’il s’ensuit la mise en place d’une proportion et que la multiplication reflète cette proportion. Autrement dit, lorsqu’on double à chaque fois, procédant à une addition de deux nombres identiques, il s’ensuit un rapport entre les nombres qui sont le produit de cette addition, qu’on retrouve sous la forme de proportion visible dans la multiplication.

L’erreur du roi en Inde consistait précisément à s’en tenir à un développement linéaire – accumulatif, là où en réalité le mouvement d’addition connaissait un saut qualitatif aboutissant à un développement inégal procédant par bonds.

C’est un excellent exemple de comment la multiplication/division est issue de l’addition/soustraction, par l’établissement de nouveaux rapports, de nouvelles liaisons internes.

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Sur la déclaration révisionniste « Non à la guerre mondiale! Non à la guerre nucléaire! »

Nous voulons ici attirer l’attention sur une déclaration anti-guerre de juin 2022, rendue publique début juillet 2022 et signée par l’ensemble des courants politiques issus de la gauche du Parti « Communiste » Français des années 1990. Cette déclaration véhicule une lecture erronée de la guerre, en raison d’une conception non scientifique de ce qu’est le capitalisme.

Cette déclaration commune contient d’ailleurs toute une série d’erreurs et de fautes en termes d’économie politique. Nous voulons cependant ici souligner le point le plus essentiel, car il forme l’aspect principal et qui veut sincèrement combattre la guerre doit absolument le comprendre.

Il est possible de résumer notre critique en disant que nous sommes fidèles à la conception de la guerre comme « repartage du monde » exprimée par Lénine dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, alors que la déclaration reprend la conception erronée d’un impérialisme comme « militarisme » développée notamment par Rosa Luxembourg dans L’accumulation du capital.

Tout peut être compris à partir de comment la déclaration présente ce que seraient les « causes » des guerres :

« Les guerres à répétition qui ont éclaté depuis la dissolution du Pacte de Varsovie ont toutes les mêmes causes : le besoin de repousser à plus tard les effets de la crise aggravée du capitalisme tardif, donc de conquérir des marchés, de lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit et d’assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels, quasiment le seul secteur industriel à n’avoir pas été délocalisé dans le cadre du capitalisme mondialisé.

Le système dominant a ainsi démontré que dans sa course poursuite vers la stagnation, la régression et la folie destructrice, il ne reculait devant aucune violence, aucune guerre, aucune manipulation, aucune provocation. »

Si l’on va au fond des choses, ces lignes reflètent la conception révisionniste selon laquelle l’impérialisme aurait cédé la place à un « capitalisme monopoliste d’État ». Cette thèse a été développée dans les années 1950-1960 à la fois en URSS par Eugen Varga et en France par Paul Boccara, puis adoptée comme idéologie officielle tant par l’URSS que l’ensemble des « partis communistes » qui lui étaient liées.

Les signataires de la déclaration commune s’alignent justement tous sur cette conception, car ils sont issus de l’opposition interne au sein du Parti « Communiste » Français des années 1990 – il s’agit du Comité internationaliste pour la solidarité de classe, du Rassemblement communiste, du Pôle de Renaissance communiste en France, de l’Association nationale des communistes, du Parti communiste révolutionnaire de France, des Jeunes pour la Renaissance communiste en France.

Cependant, les signataires cherchent à masquer cela et procèdent pour cette raison par allusions et par manipulation. Ils ne peuvent en effet pas ouvertement assumer qu’ils se fondent sur une conception révisionniste des années 1960 : cela nuirait à l’image qu’ils veulent donner et ils ne veulent de toutes façons pas assumer l’économie politique, afin de toujours se donner des portes de sortie, par opportunisme. C’est de cela qu’il ne faut pas être dupe et c’est cela que nous voulons démasquer.

Les mots-clefs sont ici « capitalisme tardif », « stagnation », « régression », « folie destructrice », « manipulation », « provocation », tous correspondant à la thèse révisionniste du « capitalisme monopoliste d’État », avec pour cette raison une définition erronée des objectifs de la guerre : « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels ».

Selon en effet la thèse révisionniste du capitalisme monopoliste d’État, le capitalisme aurait dépassé le stade impérialiste en atteignant un stade « organisé ». Le capitalisme serait ainsi justement « tardif », en « stagnation », en « régression », il maintiendrait toutefois son existence en manipulant la société au moyen de l’État.

Autrement dit et pour résumer, les monopoles capitalistes auraient effectué une main-mise fusionnelle sur l’État et seraient en mesure d’organiser et de réorganiser l’économie comme bon leur semble. C’est le principe de privatiser les profits et socialiser les pertes. Cela sauverait le capitalisme qui aurait fait sans cela son temps.

Eugen Varga explique cette thèse de la manière suivante dans Le Capitalisme au vingtième siècle (1961), un ouvrage majeur du révisionnisme :

« L’alliance des monopoles et de l’État est effectué principalement sous la forme de la fusion des monopoles et de la machine d’État. Les monopoles envoient leurs représentants à des postes dirigeants dans le gouvernement, comme ministres, sénateurs ou membres du parlement.

La réciproque est également vrai – des généraux, des diplomates et des ministres quittent fréquemment le service du gouvernement pour des postes hautement payés dans les monopoles.

L’alliance prend aussi la forme de décisions communes au sujet de questions économiques importantes (…).

Le capitalisme monopoliste d’État pleinement développé se manifeste principalement par la régulation étatique de l’économie, des entreprises possédées par l’État et l’appropriation et la redistribution d’une plus part du revenu national par l’État. »

Cette interprétation des faits servait à justifier une alliance populiste contre uniquement les grands monopoles et non plus la bourgeoisie, en présentant également l’État comme un outil neutre qu’on pourrait récupérer pour ensuite faire l’inverse des monopoles. Mais là n’est pas ici la question ; ce qui compte, c’est que cette thèse aboutit à une définition de la guerre comme une tentative de « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels ».

Cela est erroné, car cela présente la guerre comme des poussées quantitatives qui seraient choisies de manière rationnelle. C’est la réduction de la guerre à une sorte de militarisme pragmatique utilisée par des manipulateurs tirant les ficelles en ce sens. Les grands capitalistes seraient « conscients » de ce qui leur manque et agirait en fonction, en manipulant les gens et en donnant libre cours au militarisme.

Mais précisons ici tout de suite quelque chose de très important, le document considérant que la guerre est apparue sous sa forme actuelle en 1991.

Est-il juste que depuis la dissolution du Pacte de Varsovie, en février 1991, le capitalisme a eu besoin de « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels » ?

Absolument pas. De 1991 à 2020, le capitalisme a connu une formidable expansion. Il a connu un saut qualitatif en multipliant les marchés, en développant les forces productives. Il a profité comme on le sait de la Chine passée au capitalisme après la mort de Mao Zedong et de l’intégration des pays de l’Est européen dans le dispositif capitaliste occidental.

Il suffit de voir qu’aujourd’hui on utilise quotidiennement des ordinateurs portables, des smartphones et internet pour saisir comment le capitalisme a développé des technologies majeures depuis 1991. Des barrières morales, culturelles, politiques, idéologiques… sont également tombées, permettant au capitalisme d’ouvrir de nouveaux marchés.

Dans les faits, le capitalisme a très puissamment développé la consommation au cours des trois dernières décennies, façonnant une société capitaliste de bout en bout, sans commune mesure avec auparavant. Il faut être nostalgique de l’URSS social-impérialiste des années 1980 pour ne pas le voir. Nier l’expansion capitaliste depuis 1991 est aberrant.

Cela est très important, car cela montre que pour les signataires de la déclaration commune, le capitalisme ne serait pas en mesure de se développer par lui-même, il devrait chercher pour ainsi dire à l’extérieur de lui-même pour connaître une expansion. Le capitalisme ne pourrait pas se suffire à lui-même sans se ratatiner, l’accumulation du capital aurait forcément et uniquement besoin de ressources extérieures.

Rosa Luxembourg fut la grande théoricienne de cette conception où le capitalisme devait forcément profiter d’une zone non capitaliste pour être en mesure de connaître une expansion. Eugen Varga et Paul Boccara, avec leur thèse du « capitalisme monopoliste d’État », ont ensuite réédité l’erreur de Rosa Luxembourg quant à l’accumulation du capital.

Or, c’est là ne pas comprendre le développement en spirale et le fait que le capitalisme s’appuie non seulement sur le capital qui produit des marchandises, mais également sur le capital produisant les moyens de produire les marchandises. Les deux processus forment un mouvement dialectique. C’est cela qui permet l’élargissement des forces productives et du marché capitaliste.

Si l’on voit uniquement ce mouvement dialectique renforçant les forces productives, alors on bascule dans la conception d’Eduard Bernstein et du réformisme en général, puisque le capitalisme semble se développer sans limites. Et si on ne voit pas ce mouvement, comme Rosa Luxembourg, on est obligé d’inventer des fantasmagories pour expliquer que le capitalisme existe encore alors qu’il est censé être agonisant.

C’est là justement le sens de la conception révisionniste du capitalisme monopoliste d’État : le capitalisme, pour se développer, devrait ainsi chercher dans les poches des travailleurs, du capitaliste voisin ou du capitaliste étranger. On en arrive alors à l’opposition entre une poignée d’ultras grands capitalistes et la société, à une sorte de super parasitisme.

C’est la raison pour laquelle la déclaration commune ne parle justement pas des travailleurs, des ouvriers, des prolétaires, mais des « forces du travail et de citoyenneté », ce qui correspond ici à la conception populiste des 99 % contre les 1 % d’ultras-riches – la déclaration n’employant pas non plus le terme de bourgeoisie.

La déclaration commune des révisionnistes aboutit ainsi à une présentation des Français qui vivraient dans toujours plus de pauvreté, avec une France où la misère s’installerait, et emmenée dans la guerre comme malgré elle, en raison d’une poignée de parasites utilisant « consciemment » le militarisme.

Les rares acquis tiendraient dans ce panorama misérabiliste des « conquêtes sociales obtenues par des luttes menées par les révolutionnaires tout au long du siècle précédent », ce qui est tout simplement ridicule pour quiconque voit le riche capitalisme français puissamment développé et aligné sur les avancées de la superpuissance impérialiste américaine. Ni Netflix, ni les télévisions écran plat, ni les McDonald’s, ni les commandes par Amazon ne sont des « conquêtes sociales » du siècle dernier, alors qu’elles font (malheureusement) partie de la vie quotidienne des masses en France.

La vérité est que les révisionnistes nient le développement du capitalisme depuis 1991, ils reprennent à leur compte la lecture erronée d’un capitalisme ne pouvant subsister que par des conquêtes extérieures, et ainsi, par un esprit unilatéral, confondent la paupérisation générale – les masses deviennent plus pauvres en général – avec la paupérisation relative, où les masses ont un meilleur niveau de vie tout en étant toujours plus pauvres en comparaison avec les couches dominantes, relativement à la masse des valeurs produites.

Cela reflète précisément leur base sociale : l’aristocratie ouvrière, c’est-à-dire la partie du prolétariat vendue à la bourgeoisie depuis les années 1960, par l’intermédiaire de la CGT, devenue une « force de proposition » pour mieux gérer les entreprises. Il faut rappeler en ce sens que tant le Parti « Communiste » Français que la CGT ont été farouchement opposés au mouvement de Mai et Juin 1968. Ils pensaient « réformer » l’État et lui conférait une nouvelle orientation, pas le détruire et le remplacer par un État socialiste de nature fondamentalement différente.

Tout cela est essentiel, car cela montre en quoi la définition de la guerre par les révisionnistes est erronée. Selon eux, il s’agit par la guerre de « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels ».

Or, en réalité, la guerre impérialiste n’est pas un « choix » de la part d’un capitalisme organisé, ni des poussées organisées en des sens précis. C’est le produit inévitable du chaos propre au capitalisme en crise générale, comme la bataille pour le repartage du monde.

L’Internationale Communiste expliquait à son septième congrès en 1935 dans sa résolution sur la préparation d’une nouvelle guerre mondiale par les impérialistes que :

« La crise économique mondiale et la rupture de la stabilisation capitaliste ont engendré une extrême instabilité de toutes les relations internationales. L’aggravation de la lutte sur le marché mondial, rétréci l’extrême à la suite de la crise économique, a conduit une guerre économique acharnée. En fait, le nouveau partage du monde a déjà commencé. »

La guerre impérialiste est une guerre de repartage. Ce n’est pas que les capitalistes ne font plus de profits, c’est qu’ils n’en font pas assez par rapport au cours naturel de l’accumulation capitaliste, et qu’il faut compenser cela. Et cette faiblesse a comme base la crise générale du capitalisme.

Concrètement, l’inégalité de développement dans la période d’accumulation élargie du capital n’engendre pas directement des rapports antagoniques entre les puissances impérialistes. Mais dès qu’un grippage absolu dans l’accumulation apparaît, c’est-à-dire lors de la crise générale, l’inégalité de développement enfante nécessairement des contradictions antagoniques qui ne peuvent que se résoudre par la guerre, plus précisément la guerre de repartage, soit pour conserver le statu quo pour la puissance hégémonique ayant bénéfice de la période antérieure, soit pour combler l’inégalité pour la principale puissance lésée par la période antérieure ou du moins non hégémonique

C’est pour cette raison que nous avons affirmé au début de l’année 2020 que le capitalisme connaissait sa seconde crise générale avec la pandémie et que nous avons annoncé dès avril 2021 qu’il y aurait la guerre en Ukraine : nous avions compris la nature de la nouvelle période.

Les révisionnistes ne considèrent pas qu’il y ait une césure en 2020. Pour eux, le capitalisme est en crise générale depuis 1917, ce qui est totalement ridicule. La thèse d’un mode de production qui est en crise générale sur un siècle tout en développant de manière formidable les forces productives est totalement incohérente du point de vue des enseignements de Marx et Engels.

Encore faut-il comprendre que Lénine et Staline prolongent Marx et Engels, que Mao Zedong prolonge Lénine et Staline. Sans cela, on ne comprend pas le matérialisme dialectique, et on bascule dans des conceptions unilatérales et fantasmagoriques, comme ce capitalisme monopoliste d’État qui maintiendrait en vie le capitalisme, avec la guerre qui correspondrait de manière pragmatique au « besoin de repousser à plus tard les effets de la crise aggravée du capitalisme tardif ».

Voilà en quoi la déclaration commune des révisionnistes est pernicieuse : elle prétend dénoncer la guerre, mais en réalité elle diffuse en contrebande des conceptions erronées, une vision totalement fausse de la réalité.

Et, sur le plan politique, elle masque le fait qu’en France, la situation se caractérise jusqu’à présent non pas par une misère de masse se systématisant – ce n’est pas encore le cas, cela va arriver mais cela découle de la crise générale -, mais par l’expansion des rapports marchands à toutes les sphères de la vie sociale, aux dépens toujours plus de la Nature.

On ne saurait attendre toutefois des signataires de la déclaration qu’ils comprennent cette question de la Nature, notamment celle des animaux, puisque pour eux le capitalisme n’est qu’un phénomène abstrait et ininterrompu, une abstraction théorique linéaire, et certainement pas un mode de production contradictoire où l’humanité produit et reproduit ses conditions réelles d’existence.

Il faut assumer le marxisme-léninisme-maoïsme pour avoir une vision du monde correcte et être capable de se fonder sur le matérialisme dialectique. C’est alors qu’on comprend réellement ce qu’est la guerre impérialiste, à savoir la crise générale du capitalisme produisant le chaos de la compétition capitaliste et amenant les grandes puissances à la bataille pour le repartage du monde – et non pas un choix conscient d’un capitalisme moribond porté à bout de bras par un État « neutre » manipulé pour être à son service.

C’est alors qu’on comprend la nature capitaliste de la société française, façonnée par sa réalité impérialiste, et ce à tous les niveaux. Dans un pays comme la France de notre époque, combattre la tendance à la guerre sur une base juste sur le plan conceptuel implique de combattre non seulement l’OTAN et le complexe militaro-industriel français, mais aussi et surtout le capitalisme sur ses propres fondements internes – ce qui implique une rupture au sein des masses françaises en elles-mêmes, par rapport à leur routine dans le capitalisme, car c’est précisément cette routine qui conduit implacablement à l’acceptation de la guerre sur tous les plans, comme évolution « naturelle » du mode de production capitaliste.

On l’a bien vu en 1914 où la routine capitaliste a empêché les masses françaises de comprendre la nature de la guerre impérialiste. Lénine et les bolcheviks ont inversement réussi à affronter la guerre impérialiste, car ils assumaient cete rupture qui exige une idéologie de classe et une direction culturelle sur une base prolétarienne imposant à chaque étape la clarification de la ligne rouge à suivre pour élever sans cesse le niveau de conscience et de combativité des forces engagées dans la lutte.

C’est la raison pour laquelle, à l’école de Lénine, il faut implacablement démonter toutes les lignes erronées qui faussent la route vers la rupture de masse à mesure que la situation nécessite profondeur et recul critique, clarté et évidence dans la ligne rouge.

C’est par le marxisme-léninisme-maoïsme et uniquement par le marxisme-léninisme-maoïsme qu’on peut saisir la réalité des contradictions actuelles dans le monde, qui déchirent la paix et nous précipitent dans la guerre.

« Nous considérons qu’il existe trois contradictions fondamentales, dans cette situation en perspective où nous évoluons.

La première et la principale contradiction est celle entre nations opprimées, d’un côté, et superpuissances et puissances impérialistes, de l’autre –même si c’était une redondance, nous préférons les énumérer ainsi pour que ce soit clair- ; une telle contradiction trouve sa solution dans la révolution démocratique, avec la guerre populaire.

Une deuxième contradiction fondamentale, c’est prolétariat-bourgeoisie ; celle-ci se règle avec des révolutions socialistes et des révolutions culturelles prolétariennes, également au moyen de la guerre populaire, et j’insiste, tout en considérant le type de révolution et les conditions spécifiques de chaque pays.

Une troisième contradiction, c’est celle entre les impérialistes, entre les superpuissances, entre les superpuissances et les puissances impérialistes, et entre les puissances impérialistes elles-mêmes.

Ces contradictions, entre eux, se règlent par des agressions, des guerres impérialistes et visent à définir l’hégémonie de la domination du monde dans une Troisième Guerre Mondiale.

Pourquoi les plaçons-nous dans cet ordre? Parce que c’est ainsi que nous considérons leur ordre d’importance ; nous insistons sur le fait que la contradiction nations opprimées, d’un côté, et superpuissances impérialistes et puissances impérialistes, de l’autre, est la contradiction principale et qu’elle est de grande importance pour la révolution mondiale.

À notre avis, cela a un rapport avec le poids des masses dans l’histoire ; il est évident que l’immense majorité des masses qui peuplent la Terre, vivent dans les nations opprimées ; de même, il est évident que les populations des nations opprimées s’accroissent quatre fois plus rapidement que celles vivant dans les pays impérialistes.

Si nous appliquons le principe qui dit que ce sont les masses qui font l’histoire, si nous tenons compte du fait que la Seconde Guerre Mondiale a mis les masses debout politiquement (comme le reconnaissent, même les conseillers réactionnaires des États-Unis), nous pensons qu’une guerre mondiale engendrée par la contradiction entre les impérialistes serait une nouvelle guerre inter-impérialiste pour l’hégémonie mondiale et le partage de la Terre, donc le partage du butin.

Le butin, ce sont les nations opprimées, et donc ils seraient obligés d’occuper notre territoire pour nous dominer ; et ainsi, à nouveau, la contradiction principale redevient la contradiction entre les masses opprimées, d’un côté, et les superpuissances et puissances impérialistes de l’autre.

Nous y croyons fermement. Ce n’est pas, comme le disent certains, par chauvinisme d’appartenir aux pays ou aux nations opprimées ; non, ce n’est pas cela ; c’est la tendance que montre l’histoire ; c’est le poids de la masse dans l’histoire et, de plus, les faits le démontrent peu à peu que c’est avec la lutte qui se livre dans les nations opprimées que l’impérialisme s’enfonce et se ruine de plus en plus ; ce sont des faits irréfutables.

Par conséquent nous considérons que cette contradiction principale est d’une grande importance ; elle est décisive pour balayer l’impérialisme et la réaction de la face de la Terre à condition que la révolution mondiale soit commandée et guidée par le marxisme-léninisme-maoïsme, que se développent des partis communistes basés sur cette idéologie et que soit assumée la guerre populaire, et j’insiste encore une fois, suivant le type de révolution et les conditions spécifiques. »

Gonzalo, dirigeant du Parti Communiste du Pérou, 1988

Combattre la guerre impérialiste exige une compréhension adéquate des contradictions dans le monde et de leur évolution. C’est là le rôle de l’avant-garde authentiquement communiste, portant la ligne rouge et la rendant victorieuse sur les lignes noires.

Guerre à la guerre impérialiste, guerre à l’OTAN !

Vive le marxisme-léninisme-maoïsme, à bas le révisionnisme !

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
Juillet 2022

[Le document critiqué est téléchargeable ici.]

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L’OTAN met en place une force de réaction à l’échelle d’une armée conventionnelle en Europe – c’est l’annonce d’une guerre impérialiste !

Nous prévenons les travailleurs de Belgique et de France que, désormais, l’engrenage menant à une guerre de dimension continentale en Europe est enclenché. Lors de son sommet de Madrid des 29 et 30 juin 2022, l’OTAN a en effet décidé de porter à au-delà de 300 000 soldats sa « force de réaction », contre 40 000 jusqu’à présent. Cela implique à la fois que la superpuissance impérialiste américaine va envoyer des troupes en Europe et que l’ensemble des forces militaires européennes va passer sous le commandement direct de l’OTAN.

L’objectif est de disposer d’une force armée suffisante pour affronter et mettre en déroute l’armée russe. Le chef d’état-major de l’armée britannique a expliqué en ce sens que 2022 était l’équivalent de l’année 1937, alors que la Suède et la Finlande sont désormais en train de rejoindre l’OTAN et donc de permettre une présence accrue sur le flanc nord de la Russie.

Au sujet de ce dernier pays, il faut souligner que c’est un pays impérialiste qui a des visées néo-impériales, comme le montre ses intentions en Ukraine. Son président Vladimir Poutine se voit marcher dans les pas prétentieux des tsars et compte « rétablir » une vaste zone d’influence.

Ce n’est toutefois qu’un aspect de la question, car l’Ukraine avait également été transformée en bastion militaire agressif par la superpuissance impérialiste américaine.

Cette dernière compte en fait organiser un affrontement à vaste échelle sur le continent européen, cela dans le but de maintenir son hégémonie en écrasant la Russie, d’affaiblir par là indirectement ainsi la Chine, d’en même temps mettre au pas les pays européens et de contrer son propre déclin. Il ne s’agit pas d’un complot de la superpuissance impérialiste américaine, qui n’a nullement un regard matérialiste sur elle-même, mais l’expression de sa tentative de surmonter ses propres faiblesses historiques.

L’objectif de la superpuissance impérialiste américaine de maintenir son hégémonie mondiale est le moteur d’un processus généralisé de militarisme occidental et de réimpulsion du capitalisme, notamment par l’élargissement du marché à de nouveaux domaines. Cela correspond à toute une époque historique, où le capitalisme connaît une crise générale en raison d’une expansion bloquée, où il y a désormais une bataille sino-américaine pour le maintien de l’hégémonie ou son obtention, avec une multitude d’autres contradictions impérialistes qui ont toujours comme substance la bataille pour le repartage du monde.

En ce sens, « l’OTAN, c’est la guerre impérialiste et la contre-révolution préventive » (20 thèses finales des Brigades Rouges, 1980).

C’est-à-dire que la mobilisation militariste prend une place centrale également en raison de la vaine tentative de souder l’ensemble des États européens dans une vaste chaîne impérialiste pour renforcer la stabilité d’un grand marché capitaliste qui reste sous contrôle dans un monde en proie aux troubles. C’est la tentative de l’impérialisme qui périclite de se revitaliser par la constitution d’un noyau dur plus large, plus actif, plus homogène.

Le militarisme exprime ici un redéploiement structurel visant à empêcher la recomposition du prolétariat à travers la crise générale. Les restructurations en permanence et le maintien d’une société de consommation sont le moyen pour le capitalisme d’avoir un coup d’avance sur le prolétariat, de le désorienter, de le diviser et de l’atomiser.

C’est la raison pour laquelle, de manière absolument indiscutable, l’Union européenne et l’OTAN sont deux structures qui forment deux aspects d’un seul et même processus. Ce processus est indéniable. Les sociétés belge et française se voient par conséquent toujours plus pénétrées et déterminées, dans tous les domaines et à tous les niveaux, par la réimpulsion capitaliste qu’implique l’Union européenne et par la marche à la guerre qu’implique l’OTAN.

C’est cela qui forme le contenu de la troisième guerre mondiale qui a de fait commencé le 24 février 2022 avec l’invasion russe de l’Ukraine, mettant à jour le niveau des contradictions inter-impérialistes dans la situation mondiale qui inévitablement primeront jusqu’à emporter le monde dans la guerre pour un grand repartage. Le capitalisme à l’époque de la crise générale peut parvenir à des restructurations et les réaliser, mais dans tous les cas la guerre est inévitable en raison des contradictions inter-impérialistes toujours plus aiguës.

Déjà on voit que toutes les initiatives des États s’inscrivent dans cette perspective de compétition mondiale, afin de renforcer un camp et d’en affaiblir un autre. Chaque pays cherche à se placer pour profiter du gâteau de la redivision du monde ou pour éviter de trop relever du butin à partager.

Nous affirmons ici qu’il ne faut jamais reculer devant la dimension démesurée de ses propres buts et qu’il faut se préparer à affronter la guerre impérialiste. Il faut contrer la tendance à la guerre, saboter les entreprises impérialistes, affirmer que l’ennemi est dans son propre pays et aller dans le sens de la guerre civile. La Belgique et la France sont des puissances impérialistes, leur nature est réactionnaire ; les régimes capitalistes de la Belgique et de la France sont une partie du problème et non de la solution.

La solution tient à l’inexorable cours de l’histoire, où les pays visent l’indépendance, les nations la libération, les peuples la révolution. Chaque pays doit pouvoir vivre en paix et sans interférence extérieure ; chaque nation doit être libre et ne pas connaître le joug d’une autre nation ; le peuple exige la justice par l’instauration d’une démocratie qu’il fait lui-même vivre.

Nous affirmons pour cette raison qu’aucun pragmatisme n’est possible et qu’il n’y a aucune raison qui puisse être valable pour se placer sous la coupe d’une superpuissance impérialiste ou d’une puissance impérialiste. Il n’y a jamais lieu de converger avec la tendance à la guerre sous quelque forme que ce soit, parce que l’intérêt des masses mondiales est en contradiction formelle avec les démarches d’affrontements militaires conquérantes.

Par là même, en raison des exigences de l’internationalisme prolétarien, l’ennemi est dans son propre pays et il faut toujours être à la hauteur des exigences, et partant de là aller résolument dans le sens de procéder au sabotage de son propre impérialisme. Cela est d’autant plus vrai que la tendance à la guerre déchire la pacification sociale mise en place par l’impérialisme, appauvrit les masses, provoque une situation révolutionnaire. Mao Zedong nous enseigne que soit la révolution conjure la guerre, soit la guerre provoque la révolution.

C’est pour nous préparer à ce défi historique que nous avons œuvré jusqu’à présent à défendre, arborer et appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme, notre idéologie qui est l’expression politique du matérialisme dialectique, vision du monde du prolétariat. Nous avons combattu le révisionnisme et affirmé les fondamentaux du Communisme, en assumant l’idéologie de l’URSS de Staline des années 1950 et de la Chine populaire de Mao Zedong de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

C’est là le patrimoine incontournable pour assumer l’expression prolétarienne des choses et être capable d’ouvrir un espace révolutionnaire pour faire face au défi de notre époque qu’est la guerre impérialiste. Le capitalisme tourne inévitablement à l’impérialisme et rend la guerre inéluctable. Pour vaincre la guerre, il faut donc assumer l’Histoire et ses exigences. Mao Zedong nous enseigne que :

« La guerre, ce monstre qui fait s’entretuer les hommes, finira par être éliminée par le développement de la société humaine, et le sera même dans un avenir qui n’est pas lointain. Mais pour supprimer la guerre, il n’y a qu’un seul moyen: opposer la guerre à la guerre, opposer la guerre révolutionnaire à la guerre contre-révolutionnaire, opposer la guerre nationale révolutionnaire à la guerre nationale contre-révolutionnaire, opposer la guerre révolutionnaire de classe à la guerre contre-révolutionnaire de classe…

Lorsque la société humaine en arrivera à la suppression des classes, à la suppression de l’État, il n’y aura plus de guerres — ni contre-révolutionnaires, ni révolutionnaires, ni injustes, ni justes. Ce sera l’ère de la paix perpétuelle pour l’humanité. En étudiant les lois de la guerre révolutionnaire, nous partons de l’aspiration à supprimer toutes les guerres; c’est en cela que réside la différence entre nous autres communistes et les représentants de toutes les classes exploiteuses. »

C’est le sens des mots d’ordre « Guerre à la guerre impérialiste ! Guerre à l’OTAN ! ». Ce sont les mots d’ordre que nous prônons alors qu’un mortel engrenage a été déclenché. La guerre du peuple est la réponse à la guerre impérialiste ; la 3e guerre mondiale connaît son pendant dialectique : la guerre populaire mondiale.

Nous dépasserons les divisions nationales et instaurerons la République socialiste mondiale !

1er juillet 2022

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

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L’exclusion de Jacques Doriot

L’exclusion de Jacques Doriot par la Conférence nationale du Parti Communiste Français de la fin juin 1934 s’est ainsi déroulé de manière strictement parallèle à l’unité antifasciste communiste – socialiste se mettant en place.

C’est le paradoxe, puisque Jacques Doriot était censé être le représentant d’une telle unité. Mais les communistes n’ont pas été dupes et ont compris le sens liquidateur de son initiative, tout en réussissant véritablement l’unité antifasciste dans les faits. Il a bien été compris que Jacques Doriot s’était transformé en agent du fascisme, en cinquième colonne.

Voici l’article de l’Humanité annonçant la nouvelle de l’exclusion de Jacques Doriot.

« POUR LE FRONT UNIQUE ANTIFASCISTE POUR L’UNITÉ DU PARTI

Doriot est exclu du Parti communiste

La Conférence Nationale a dit avec force : « Le Parti communiste veut obtenir à tout prix l’unité d’action des masses contre la bourgeoisie et le fascisme. Le Parti communiste pratique loyalement et constamment la tactique du front unique ».

La Conférence du Parti a rappelé la condamnation prononcée autrefois contre Treint, passé au trotskysme contre-révolutionnaire, pour qui la tactique du front unique consistait à « plumer la volaille ».

La Conférence Nationale a condamné l’attitude scissionniste et antiunitaire de Doriot. Comme Treint autrefois, Doriot considère le front unique comme une manoeuvre subalterne et non comme un effort réel et sincère pour l’organisation effective de la lutte anti-fasciste de tous les travailleurs. Il souhaite le refus du Parti socialiste aux propositions d’action commune de notre Parti, alors que dans l’intérêt de la classe ouvrière, nous souhaitons la réalisation d’un accord pour la lutte contre le fascisme.

Les phrases hypocrites de Doriot sur l’unité ont pour but de masquer le travail de désagrégation entrepris par lui contre le Parti communiste, champion et organisateur de l’unité ouvrière. Doriot mène son attaque antiunitaire au moment où les travailleurs poussent à l’organisation du front unique, au moment où les ouvriers socialistes se rapprochent de leurs frères communistes, au moment où rayonne d’un éclat toujours plus grand le prestige de l’Internationale Communiste et de l’Union soviétique.

La Conférence Nationale, exprimant la volonté unanime du Parti, a demandé au Comité Central l’exclusion de Doriot.

Le Comité Central déclare :

Par sa lutte ouverte contre le Parti et l’Internationale Communiste, Doriot a couronné une longue période d’hostilité plus ou moins dissimulée, à l’égard du Parti et de ses organismes dirigeants.

Doriot s’est désintéressé de ses propres responsabilités. Doriot a refusé d’accomplir de nombreuses délégations que voulait lui confier le Comité Central (grève de Strasbourg, meeting à Issoudun contre le renégat Chasseigne).

Il a refusé d’interpeller à la Chambre sur les affaires Gorgulov et Staviski. Jetant les bases de son groupement fractionnel, Doriot a encouragé et soutenu Barbé qui refusa de se plier à une décision du Comité Central.

Depuis son agression publique contre le Parti, Doriot a cessé d’assister aux séances du Bureau Politique. Rompant avec la plus élémentaire discipline, Doriot a rédigé et publié de nombreux factums hostiles au Parti et à l’Internationale Communiste.

Il a transformé le journal communiste l’Emancipation en une feuille de ragots et de calomnies contre le Parti et ses militants. Il a désorganisé l’activité du rayon de Saint-Denis et des cellules. Il a rendu difficile et même impossible aux ouvriers fidèles à l’Internationale Communiste, la présence dans les assemblées du Parti et l’expression de leur attachement au communisme.

Doriot a démissionné de ses fonctions de maire sans y être autorisé, afin de provoquer une campagne électorale dirigée exclusivement contre le Parti communiste, et tenter de dresser les ouvriers de Saint-Denis contre le communisme. Par la violence, il a empêché d’entendre, le 26 avril, au meeting de Saint-Denis le représentant du Comité Central, le camarade Marcel Cachin.

Doriot s’est associé aux renégats du communisme, aux ennemis déclarés de l’Union soviétique, pour entreprendre une campagne de discrédit contre le Parti et l’Internationale communiste (meetings de Rouen et de Troyes).

Malgré l’invitation répétée du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, et en dépit de ses propres déclarations destinées à tromper les ouvriers de Saint-Denis sur ses véritables intentions scissionnistes, Doriot a refusé de se rendre à Moscou. Par sa réponse hostile à la décision du Comité Exécutif, signée du nom glorieux de Dimitrov, Doriot s’est démasqué comme un ennemi de l’Internationale Communiste.

Enfin Doriot, membre de droit de la Conférence Nationale, avisé par une lettre expresse de la Conférence, « qu’il eût pu et qu’il pouvait encore développer ses opinions à la tribune » n’a pas daigné se présenter, marquant ainsi sa volonté de rupture avec le Parti.

Doriot a fait la démonstration qu’il est devenu un élément étranger à la classe ouvrière et au Parti communiste. Il a prouvé qu’il ne lutte pas pour l’unité de la classe ouvrière. Il a vérifié le jugement porté sur son activité par l’Internationale Communiste. Il rejoint le contre-révolutionnaire Trotsky. Il roule à l’abime.

Par son activité, Doriot n’aide pas au front unique contre le fascisme ; il aide le fascisme.

Le Comité Central du Parti, ayant épuisé tous les moyens de sauver Doriot, ratifiant la volonté unanime du Parti qui exige que soient écartés tous les obstacles s’opposant à l’unité d’action, exclut Doriot des rangs du Parti communiste.

Appel de cette décision peut être fait devant le congrès du Parti et devant le congrès de l’Internationale Communiste.

Le Comité Central.

Le séquence de février 1934 est ainsi complexe : le Parti Communiste Français est combatif, mais n’a pas l’initiative politique ; il profite toutefois du travail effectué en amont et parvient à éviter le piège terrible tendu par Jacques Doriot. La voie est ouverte au Front populaire.

=>Retour au dossier sur
La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français

L’unité antifasciste ouvrière qui suit le 6 février 1934

L’Humanité publia le document de l’Internationale Communiste au sujet de Jacques Doriot en soulignant la présence au Comité Exécutif de Dimitrov, grande figure antifasciste voire même principale antifasciste.

Et la publication se produisit au moment où le Parti Communiste mobilisa, le 20 mai 1934, 30 000 personnes contre le fascisme à Vincennes, alors que se tenait un congrès national antifasciste, prolongement de la fusion en juin 1933 des mouvements anti-guerres d’Amsterdam et du mouvement antifasciste de Pleyel, avec 3487 délégués (les deux-tiers étant mandatés par des structures parisiennes).

C’est là le succès qui va démarrer le processus du Front populaire, alors que le 27 mai 100 000 personnes se pressent à Paris au mur des Fédérés pour célébrer la Commune de 1871.

En effet, la capacité du Parti Communiste Français à mettre en place une telle initiative antifasciste va imposer un rythme unitaire. Sur le plan de l’antifascisme, le Parti Communiste Français est à la fois légitime et concret sur le terrain. Il n’a pas été le porteur de la vague du 12 février, qui revient aux socialistes et à la CGT, mais en amont c’est lui qui a été le plus affirmatif à ce niveau.

Pour cette raison, l’unité organique antifasciste devient toujours plus incontournable. En octobre 1934, le mouvement Pleyel-Amsterdam parvient ainsi à s’entendre avec le Centre de Liaison des Forces Antifascistes mis en place par la fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO, dominée par l’aile gauche.

Cela aboutit à un Comité Central d’Unité d’Action Antifasciste, qui se voit rejoint en novembre 1934 par le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, une structure fondée en mars 1934 par des intellectuels et scientifiques (avec notamment l’ethnologue Paul Rivet qui est socialiste, le philosophe écrivain Alain qui radical, le physicien Paul Langevin qui est proche du Parti Communiste, Victor Basch qui est président de la Ligue des droits de l’homme, l’écrivain surréaliste André Breton, le philosophe Georges Canguilhem, l’écrivain André Malraux).

Il y a également, le même mois, l’adhésion du petit Parti radical-socialiste Camille Pelletan, scission de gauche des radicaux au congrès de mai 1934, puis les républicains-radicaux et radicaux-socialistes de la Seine, et enfin la Ligue des Droits de l’Homme (qui compte 180 000 adhérents) en janvier 1935.

On a là la dynamique même du Front populaire. Le succès du congrès national antifasciste de mai 1934 joue donc un rôle capital et on peut dire que si le Parti Communiste Français n’a pas bien géré la séquence des 6 et 12 février 1934, heureusement il y avait le mouvement d’Amsterdam-Pleyel pour l’ancrer dans la réalité politique et l’arracher à sa démarche de type Parti politique du syndicalisme révolutionnaire.

Il faut souligner ici également que les provocations fascistes et le soutien de la police à celle-ci ont également grandement joué. De février à mai 1934, les affrontements ouvriers avec les policiers protégeant les initiatives fascistes sont très nombreux en France, et particulièrement violents, faisant 18 morts du côté ouvrier.

De plus, les provocateurs fascistes sont toujours plus munis d’armes, leur militarisation se faisant alors de manière systématique, les Croix-de-Feu possédant littéralement une petite armée.

François de La Rocque, le fondateur du mouvement des Croix-de-Feu qui deviendra le Parti Social Français

Qui plus est, le gouvernement forme un bloc réactionnaire unifié. L’instabilité politique suite au 6 février 1934 a amené la constitution dès le 9 février d’un gouvernement sous l’égide de Gaston Doumergue, avec un parlement court-circuité.

On y retrouve déjà de nombreuses figures de la Collaboration, puisque Philippe Pétain est ministre de la Guerre, le néo-socialiste Adrien Marquet est ministre du Travail, Pierre-Étienne Flandin est ministre des Travaux Publics, Louis Germain-Martin est ministre des Finances, Georges Rivollet est ministre des Pensions, Pierre Laval en étant rapidement ministre des Affaires étrangères et Paul Marchandeau ministre de l’Intérieur, ainsi que Henry Lémery ministre de la Justice.

La pression pour l’unité antifasciste vient pour cette raison vraiment de la base, non pas de manière politique au sens strict, mais dans une reconnaissance mutuelle d’une approche commune sur le terrain, de la même sensibilité antifasciste. Les discussions se multiplient ainsi, bon gré mal gré, au plus haut niveau du Parti Communiste Français et du Parti socialiste SFIO d’un côté, de la CGTU et de la CGT de l’autre.

Tout le mois de juin – depuis une initiative du 30 mai 1934 pour être précis proposant une action commune contre le fascisme, contre les décrets-lois, pour la défense du dirigeant communiste allemand Thälmann et des victimes du nazisme – est ainsi marqué par l’irrépressible tendance à une rencontre entre les directions communiste et socialiste.

Le 22 juin 1934, Marcel Cachin publie dans l’Humanité l’article « Poursuivons nos efforts pour l’unité d’action », qui regrette le refus de l’unité par la direction socialiste, et lorsque Léon Blum lui répond le 23 juin dans Le Populaire, il salue « un ton de mesure et de cordialité confiante », et met en avant un tableau censé refléter le point de vue socialiste : si les communistes cessent leur dénonciation de la direction socialiste, un accord est possible.

Voici le tableau, publié initialement dans La bataille, le journal de la Fédération socialiste du nord.

« Nous demandons une simple chose : la trêve. La trêve des partis prolétariens en face de la trêve des partis bourgeois.

Le 29 novembre 1932, entre la République Française et la République des Soviets, il a été signé un pacte dont on lira ci-dessous les articles. |

Nous voulons nous aussi signes un pacte de non-agression.

A L’INSTAR DE CECI…

Pacte de non-agression franco-soviétique

M. Albert Lebrun, président de la République Française.

M. Edouard Herriot, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères;

Le Comité central exécutif de l’Union des Républiques Soviétiques et Socialistes;

M. Valérien Dovgalevsky, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’U.R.S.S. près le président de la République Française;

Animés de la volonté de consolider la paix,
Convaincus qu’il est dans l’intérêt des deux hautes parties contractantes d’aménager et de développer les relations entre les deux pays,

Désireux de confirmer et de préciser, en ce qui concerne leurs rapports respectifs, le Pacte général de renonciation à la guerre du 27 août 1928, Ont résolu de conclure un traité à ces fins et ont convenu des dispositions suivantes :

Article premier. – Chacune des hautes parties contractantes s’engage, vis-à-vis de l’autre, à ne recourir, en aucun cas contre elle, soit isolément, soit conjointement avec une ou plusieurs tierces puissances, ni à la guerre, ni à aucune agression par terre ou par mer.

Art. 2. – Si l’une des hautes parties contractantes est l’objet d’une agression, l’autre partie contractante s’engage à ne prêter ni directement, ni indirectement, aide ou assistance à l’agresseur ou aux agresseurs, pendant la durée du conflit.

Art. 3. – Les engagements énoncés aux articles 1 et 2 ci-dessus ne peuvent en aucune façon limiter ou modifier les droits et obligations découlant des accords conclus par elle avant l’entrée en vigueur du présent traité.

Art. 4. – Chacune des hautes parties contractantes s’engage pour la durée aucune entente internationale ayant pratiquement pour effet d’interdire la vente ou l’achat de marchandises ou l’octroi de crédits à l’autre partie.

Art. 5. – Chacune des hautes parties contractantes s’engage à respecter à tous égards la souveraineté ou l’autorité de l’autre partie, à ne s’immiscer en aucune façon dans ses affaires intérieures, à s’abstenir notamment d’une action quelconque tendant à susciter ou à favoriser toute agitation, propagande ayant pour but déporter atteinte à son intégrité territoriale ou de transformer par la force le régime politique ou social de tout ou partie de ses territoires.

Fait à Paris en double expédition, le 29 novembre 1932

Signé : LEBRUN, HERRIOT, pour la France. STALINE, DOVGALEVSKY, pour l’U.R.S.S.

Celui-ci est une réalité et nous nous en félicitons

EST-IL VRAIMENT IMPOSSIBLE D’OBTENIR CELA ?…

Pacte de non-agression socialo-communiste

Les citoyens Paul Faure, secrétaire général du Parti socialiste S.F.I.O. ;

Léon Blum, directeur politique du «Populaire» ;

La C.A.P. du Parti socialiste ;

Les citoyens Thorez, secrétaire général du Parti communiste ;

Marcel Cachin, directeur politique de l’«Humanité» ;

Le Comité central du Parti communiste ;
Animés de la volonté de battre le fascisme,
Convaincus qu’il est dans l’intérêt de la classe ouvrière d’améliorer et de rendre plus fraternelles les relations entre les deux partis,

A défaut d’unité organique dont les conditions ne sont peut-être pas encore réalisées, les contractants, en présence du danger que le fascisme fait courir au monde du travail, reconnaissent la nécessité de mener en commun accord des actions déterminées, et ont résolu de
conclure un pacte contenant les dispositions suivantes :

Article premier. – Chacune des parties contractantes s’engage, vis-à-vis de l’autre, à mettre fin aux attaques, injures et critiques contre leurs organismes et militants, responsables ou élus. Cet engagement vaut pour les organisations régionales et locales.

Art. 2. – Si, à l’occasion de réunions ou de manifestations des militants appartenant à l’un ou à l’autre parti se trouvent aux prises avec des adversaires fascistes, les ressortissants des parties contractantes se devront aide et assistance mutuelle pour repousser les agressions.

Art. 3. – Les engagements énoncés aux articles 1 et 2 ci-dessus ne peuvent, en aucune façon, limiter ou interdire le droit que conserve chaque parti de faire sa propre propagande et d’assurer son propre recrutement.

Art. 4. – Les controverses doctrinales et la confrontation des méthodes tactiques, loin d’être proscrites, sont désirables en tant qu’elles élèvent le niveau intellectuel des masses, et qu’elles se déroulent dans une atmosphère correcte et loyale.

Art. 5. – Chacune des parties contractantes s’engage à respecter à tous égards la souveraineté ou l’autorité des organismes dirigeants de l’autre partie à ne pas s’immiscer en aucune façon dans ses affaires intérieures, à s’abstenir notamment d’une action quelconque tendant à susciter ou favoriser toute tentative de désagrégation.

Fait à Paris, le…

Signé : Paul FAURE, Léon BLUM, pour le Parti Socialiste. M. THOREZ et Marcel CACHIN, pour le Parti Communiste.

Celui-là n’est hélas, qu’une hypothèse et nous le déplorons »

Cet appel à l’unité dans Le Populaire a lieu le même jour que le compte-rendu du verdict de Saint-Omer, qui tient en l’acquittement de deux « camelots du roi » de l’Action française ayant tué au pistolet l’ouvrier communiste Joseph Fontaine le 11 avril 1934 lors d’une contre-manifestation organisée à Hénin-Liétard ; la veuve de Joseph Fontaine dut payer les frais de justice.

Dès le lendemain, Le Populaire lance une campagne en titrant : « Les travailleurs n’accepteront pas le verdict de Saint-Omer ». Et parallèlement, le Parti Communiste Français qui vient d’ouvrir une « conférence nationale », formula à ce titre des propositions au Parti socialiste SFIO le 25 juin :

« Aux ouvriers et aux sections socialistes.

A la C.A.P. du Parti socialiste.

Camarades,

traduisant les sentiments de la classe ouvrière et des masses laborieuses de France, la Conférence nationale du Parti communiste français est indignée par le verdict de Saint-Omer qui constitue un encouragement aux assassins de prolétaires.

Seule l’action commune des travailleurs peut faire reculer la bourgeoisie et c’est pourquoi la Conférence propose aux ouvriers socialistes, aux sections socialistes, ainsi qu’à la C.A.P. du Parti socialiste, sans préjudices des propositions antérieures faites par le Comité central du P.C.F., d’engager dans tout le pays une large action de masse contre le verdict inique.

Nous proposons l’organisation en commun de :

1) Meetings et manifestations dans les principaux centres du pays déjà indiqués dans nos précédentes propositions pour arracher la libération du camarade Thälmann et de tous les antifascistes [emprisonnés en Allemagne].

2) Meetings et manifestations dans les bassins miniers du Nord et du Pas-de-Calais, Hénin-Liétard, Lens, Douai, Béthune, Anzin.

3) Pétitions de masse contre le verdict dans tout le pays, dans toutes les entreprises, les puits, les transports et lieux de pointage des chômeurs. Les petits commerçants, paysans, travailleurs, intellectuels, etc., qu’il est nécessaire de gagner à la lutte antifasciste seront invités à prendre part à ces pétitions.

4) Groupes d’auto-défense de masse antifascistes constitués en commun.

Nous proposons aussi que le groupe parlementaire socialiste et la fraction communiste à la Chambre déposent ensemble une proposition tendant à assurer la défense des libertés démocratiques conquises par les travailleurs (droit syndical de réunions, de manifestations, de grève, etc.) ainsi que le désarmement et la dissolution des ligues fascistes.

Au cours de la campagne, dont nous proposons la réalisation, cette proposition de loi sera largement développée et les travailleurs seront appelés à lutter ensemble pour en imposer l’adoption.

En raison de la gravité du verdict de classe, rendu par la cour d’assises de Saint-Omer, nous espérons avoir une réponse très rapide.

Afin de ne pas perdre de temps et pour permettre l’organisation immédiate de l’action commune, vous pourriez, dès ce jour, comme nous le faisons nous-mêmes, donner des instructions à vos Fédérations et Sections pour qu’elles s’entendent d’urgence avec nos organisations correspondantes.

Salutations communistes.

La Conférence nationale du Parti communiste. »

Le jour même un accord pour la réalisation d’un meeting fut trouvé entre la section parisienne du Parti Communiste et la Fédération socialiste de la Seine, alors que le dirigeant de la CGTU Cheminots, Pierre Sémard, fut accueilli pour prendre la parole au congrès de la CGT Cheminots.

Voici le texte de l’accord, consistant en un appel.

« Tous unis dans l’action !

La Région communiste de Paris-Ville et la Fédération socialiste de la Seine ont décidé de mener la lutte en commun pour arracher les victimes du fascisme des mains de leurs bourreaux.

En Allemagne, le chef du Parti communiste, Ernst Thälmann, et de nombreux antifascistes sont menacés de mort par les bandes hitlériennes.
En Autriche, la militante socialiste Paula Wallisch et d’autres lutteurs ouvriers sont dans les prisons du sinistre Dollfuss.

IL FAUT LES SAUVER !

IL FAUT LES RENDRE A LA LIBERTÉ !

IL FAUT BARRER LA ROUTE AU FASCISME EN FRANCE !

SOCIALISTES, COMMUNISTES, VOUS TOUS TRAVAILLEURS

Luttez ensemble pour vos frères de classe, otages du fascisme !
Luttez ensemble contre les décrets-lois de misère, contre toutes diminutions de salaire, et pour. la défense des chômeurs !

Luttez ensemble contre les manœuvres aériennes qui préparent la guerre !

Luttez ensemble contre les provocations des bandes fascistes, protégées par le Gouvernement d’Union Nationale qui vient de faire prononcer l’odieux verdict de Saint-Omer, acquittant les fascistes assassins de Joseph Fontaine.

Pour la défense des libertés ouvrières !

Pour le désarmement et la, dissolution des ligues fascistes !

TOUS EN MASSE AU GRAND MEETING D’UNITÉ D’ACTION
qui se tiendra lundi 2 juillet à Bullier 20 h 30

Orateurs

Marcel CACHIN Jacques DUCLOS Maurice LAMPE
du Parti Communiste du Parti Communiste Secrétaire de la Région Communiste de Paris.

Jean ZYROMSKI Claude JUST Emile FARINET
du Parti Socialiste du Parti Socialiste Secrétaire de la Fédération Socialiste de la Seine »

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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français

Le rejet par le Parti Communiste Français de la ligne de Jacques Doriot

Voici la « décision du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste concernant la politique scissionniste du camarade Doriot », qui répond à la « lettre ouverte » et en condamne la démarche.

« Moscou, le 16 mai 1934.

En présence de la lutte commencée par Doriot contre le Comité central du Parti communiste de France, le Comité exécutif de l’Internationale communiste a proposé, le 23 avril dernier, au Comité central du Parti communiste de France et à Doriot, de cesser la lutte intérieure dans le Parti et de soumettre les divergences à l’examen du Comité exécutif de l’Internationale communiste.

En prenant cette décision, le Comité exécutif de l’Internationale communiste était inspiré, par la nécessité d’assurer l’unité du Parti et de la classe ouvrière dans la lutte contre le fascisme ainsi que par le souci de protéger Doriot contre son isolement avec les masses ouvrières.

Or, tandis que le Comité central du Parti communiste français, se conformant aux indications du Comité exécutif de l’Internationale communiste, cessait immédiatement la lutte, Doriot a continué sa lutte contre le Comité central du Parti communiste français.

Aux demandes réitérées du Comité exécutif de l’Internationale communiste, il répondit invariablement par le refus d’accepter la proposition du Comité exécutif de l’Internationale communiste de se rendre à Moscou.

Le Comité exécutif de l’Internationale communiste a épuisé ainsi tous les moyens en vue de sauver Doriot pour le Parti et empêcher son isolement des masses ouvrières. Pour l’Internationale communiste, il est clair que Doriot parle et écrit sur le front unique non pas dans l’intérêt de sa réalisation effective, mais simplement pour pouvoir, sous le couvert de phrases sur le front unique, préparer la scission dans le Parti.

L’Internationale communiste ne croit pas, que Doriot, qui brise le front unique à l’intérieur du Parti, puisse être honnêtement et sincèrement pour le front unique de la classe ouvrière.

La lettre ouverte de Doriot au Comité exécutif de l’Internationale communiste n’est qu’un masque couvrant la politique scissionniste de Doriot. Ainsi, Doriot prend le chemin sur lequel autrefois est parti le contre-révolutionnaire Trotsky dans sa lutte contre le Parti communiste de l’U. R. S. S. et contre l’Internationale communiste.

Le Comité exécutif de l’Internationale communiste décide

1) de refuser à Doriot la défense de l’Internationale communiste,

2) d’autoriser le Comité central du Parti communiste français à prendre envers Doriot toutes les mesures d’ordre idéologique, et d’organisation qu’il considérera nécessaires afin de pouvoir assurer l’unité du Parti et la lutte victorieuse contre le fascisme.

Par ordre du Comité exécutif de l’Internationale communiste.
Dimitrov, Heckert, Kuusinen, mac Ilhone, Manouilsky, Piatnisky »

Par conséquent, le Parti Communiste Français décida de la chose suivante, par une résolution de son Bureau Politique :

« En affirmant à nouveau l’attachement indéfectible du Parti communiste de France à l’Internationale Communiste, guide sûr et éprouvé du prolétariat mondial, le Bureau politique, certain d’interpréter les sentiments unanimes des communistes, approuve sans réserve la décision du Comité exécutif de l’Internationale Communiste au sujet de l’activité scissionniste du camarade Doriot.

Cette activité du camarade Doriot entrave l’action du Parti communiste pour la réalisation du front unique de lutte, contre le fascisme.

Comme le Comité exécutif de l’Internationale Communiste, le Bureau politique du Parti communiste français ne croit pas que Doriot, qui brise le front unique à l’intérieur du Parti, puisse être honnêtement et sincèrement pour le front unique de la classe ouvrière.

Le Bureau politique demande au camarade Doriot

1) d’approuver et de se conformer au document de l’Internationale Communiste ;

2) de cesser immédiatement la lutte contre le Comité central sous toutes ses formes (meetings, articles de presse, travail fractionnel dans le Parti, organisations de masse et municipalités, etc.) ;

3) de publier le document du Comité exécutif de l’Internationale Communiste dans l’Emancipation ;

4) de faire une déclaration, publiée dans l’Emancipation et l’Humanité, indiquant qu’il accepte de cesser toute lutte contre le Comité central et que, sous sa direction, il entreprendra la lutte contre le fascisme, pour le front unique d’action gêné jusqu’ici par sort travail scissionniste ;

5) d’assurer la parution de l’Emancipation sous le contrôle du Comité régional de la région Paris-Nord, ainsi qu’il est prévu dans les statuts fondamentaux du Parti.

Le Bureau politique fait appel à tout le Parti pour tendre ses efforts en vue de renforcer et d’élargir le front unique de lutte contre les décrets-lois, le fascisme et la guerre, de démasquer concrètement l’attitude de trahison et de division de la Social-démocratie et de faire échec à toute tentative ayant pour but d’aggraver la division et la scission dans les rangs de la classe ouvrière.

Le Bureau politique du Parti communiste français appelle tous les communistes et tous les travailleurs de Saint-Denis, qui ont dû soutenir tant de combats pour conserver leur unité, à se serrer plus fortement que jamais autour du Parti communiste et de l’Internationale Communiste, seuls capables de les conduire à la victoire sur le fascisme et de les libérer définitivement de l’exploitation capitaliste.

Le Bureau politique décide de porter la résolution du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste à la connaissance de tout le Parti et de toute la classe ouvrière. »

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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français

La crise interne du Parti Communiste Français portée par Jacques Doriot

Lorsque le Parti socialiste SFIO tient son congrès à Toulouse en mai 1934, c’est pour lui une réussite. Il a surmonté la grande crise néo-socialiste, il a réussi à s’affirmer politiquement lors de la crise fasciste de février 1934.

Comme le Parti Communiste ne parvient pas à le déborder dans cette situation, cela va provoquer une crise interne, sous la forme d’une capitulation ultra-opportuniste, avec Jacques Doriot.

Né en 1898, il devient ouvrier métallurgiste, et rejoignant les Jeunesses Socialistes devenant les Jeunesses Communistes, il devient rapidement leur dirigeant de fait dès 1921 en raison des arrestations, puis officiellement en 1923-1924. Il représente d’ailleurs les Jeunesses Communistes à Moscou au congrès de l’Internationale communiste des Jeunes en 1921, ainsi qu’en 1922, faisant partie désormais de la direction internationale du mouvement.

Jacques Doriot

Dans ce cadre, il est poursuivi et condamné à la prison pour ses activités et c’est en prison qu’il est élu député et libéré en 1924, année où il devient membre du Bureau Politique du Parti Communiste. Un colosse physiquement, il obtient une réputation virile lorsque en 1925, dans le cadre d’un mouvement de grève, il affronte avec succès plusieurs policiers devant le siège parisien de la CGTU, rue de la Grange-aux-Belles.

Il devient alors maire de Saint-Denis en 1931, qu’il transforme en royaume séparé, faisant même en sorte le 12 février 1934 que la section du Parti Communiste ne participe pas à la manifestation, mais mène une action localement, avec 10 000 personnes. Qui plus est, cela se fit sous la forme de la mise en place d’un Comité de Vigilance antifasciste, ouvert aux socialistes, aux radicaux et à la CGT.

Dans la foulée fut tirée le 9 avril 1934 une brochure à 30 000 exemplaires, au nom de la section de Saint-Denis : « Les communistes de Saint-Denis et les événements du 6 au 12 février. Pour l’unité d’action ! Lettre ouverte à l’Internationale communiste ».

C’était une tentative ouverte de putsch au sein du Parti Communiste. L’Internationale Communiste est censée ni plus ni moins que liquider la direction et placer Jacques Doriot à la tête du Parti. On lit ainsi :

« La majorité des délégués à notre Conférence a adopté cette importante résolution pour les raisons suivantes :

1° Elle est convaincue que les résolutions du C. C. ne correspondent pas aux nécessités de la lutte révolutionnaire actuelle.

2° Elle est convaincue que les propositions formulées par Doriot au Comité Central du Parti correspondent à l’étape actuelle de la lutte, à la volonté et aux aspirations de la classe ouvrière et peuvent permettre son rassemblement rapide pour l’action.

3° Elle est convaincue — ayant discuté profondément dans le Parti et avec les larges masses de travailleurs — que la tactique suivie par le Comité Central rend plus difficile le rassemblement contre le fascisme des masses laborieuses ;

4° Parce que le Comité Central ne veut pas ouvrir dans le Parti une discussion approfondie sur tous les problèmes de tactique, alors qu’une telle discussion exprimerait le véritable sentiment de la base du Parti et renforcerait nos organisations ;

5° Parce qu’au lieu d’accepter la discussion, le Secrétariat du Parti a, de toute évidence, déformé les propositions faites au Comité Central dans le but de montrer que l’unanimité du Parti (mal informé sur les véritables propositions faites) était contre l’union sans principe avec les chefs du Parti socialiste.

Nous considérons que tous ces faits paralysent le fonctionnement normal du Parti, empêchent le sentiment de la base d’être connu, détruisent l’initiative, affaiblissent le Parti au lieu de le renforcer et entravent la mobilisation des masses contre le fascisme. Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons décidé de nous adresser à vous. »

Jacques Doriot aurait obtenu d’excellents résultats à Saint-Denis, alors que le Parti Communiste multiplie les échecs nationalement ; le journal local LÉmancipation serait un succès, ainsi que les activités syndicales et des anciens combattants, le recrutement en général, etc. La direction du Parti bloquerait toute discussion et entraverait les progrès.

L’accusation principale qui justifierait un grand changement serait le péril fasciste, que la direction du Parti sous-estime, comme le refléterait l’article « pas d’énervement » du 1er février 1934, qui récuse les initiatives appelées par Jacques Doriot comme visant à « ressusciter la vieille théorie anarcho-syndicaliste des « minorités agissantes » condamnées par le marxisme et par les faits » .

Le document dénonce qui plus est le Parti Communiste pour avoir, dans la foulée du 6 février, dénoncé également le gouvernement au lieu de se focaliser sur la menace fasciste. Constatant alors que les milliers d’initiatives du 12 février 1934 ont été réalisées dans un esprit commun, il faut en déduire qu’il faut entièrement renverser la ligne du Parti.

Ce qui est ici fascinant, bien entendu, c’est qu’on sait ce que Jacques Doriot est devenu après : le fondateur en 1936 du Parti Populaire Français, un mouvement fasciste, alors que Jacques Doriot devint l’une des grandes figures de la collaboration avec l’Allemagne nazie au nom de l’anticommunisme le plus acharné.

Mais c’est que le mouvement de Jacques Doriot est une ligne opportuniste de gauche, visant à liquider de l’intérieur le Parti, au nom d’un dépassement victorieux. Le document « Les communistes de Saint-Denis et les événements du 6 au 12 février. Pour l’unité d’action ! Lettre ouverte à l’Internationale communiste » présente en effet les comités antifascistes qui se sont mis en place comme les embryons des soviets à venir :

« Durant ces journées, les masses ont imposé au Parti Socialiste et aux syndicats réformistes l’Unité d’Action et elles ont spontanément trouvé les moyens de la réaliser. Sous des noms divers (Comités d’Action, de Vigilance, d’Unité) elles ont créé des organismes de Front Unique.

Ces Comités ont joué un rôle considérable pendant les journées de Février. En de nombreux cas, ils ont dirigé. les grandioses manifestations du 12. Cette multitude de comités se formant spontanément et prenant en mains la direction politique et technique des manifestations, formés des représentants des partis et des syndicats, élus avec enthousiasme par la masse, prenaient l’aspect d’organes du pouvoir révolutionnaire.

Sous une forme embryonnaire et très imparfaite, ces comités représentent les ort3anes de direction des combats révolutionnaires de demain. Ils ont été, en fait, les premiers organes de direction du mouvement de masse au début de la vague révolutionnaire. C’est leur rôle révolutionnaire immense.

Certes, on peut adresser à ces comités beaucoup de reproches ; leur programme n’a pas toujours été clair et net. Les communistes n’ont pas toujours su trouver les mots d’ordre justes. Parfois, ils ont accepté des mots d’ordre condamnés par notre Parti comme la défense de la République. Au reste, ils ont quelquefois aussi accepté le mot d’ordre d’Unité organique avec le Parti Socialiste.

Par contre, des communistes ont, dans certains endroits, refusé d’entrer dans ces comités. Ces erreurs inévitables et qui peuvent parfaitement être rectifiées, n’enlèvent rien au rôle considérable joué par ces comités de Front Unique.

Or, la direction du Parti n’a pas compris tout de suite le rôle important de ces comités. Elle a pris contre eux une position sectaire et parfois hostile. »

Le document ne cache d’ailleurs pas qu’il faut considérer de manière unilatérale le Parti socialiste comme relevant du mouvement ouvrier et de la perspective révolutionnaire.

C’est là très véritablement l’aspect principal, reflétant une capitulation sous la forme d’une convergence avec l’aile gauche du Parti socialiste SFIO qui en a pris le contrôle après l’éviction des « participationnistes » qu’ont été les néo-socialistes, mais qui reste sur une base « socialiste française » hostile au communisme.

« L’acceptation du Parti Socialiste et la participation de toutes ces organisations à ce Congrès détermineraient un grand courant d’enthousiasme dans la classe ouvrière.

L’organisation d’une vaste campagne d’agitation et la formation de comités d’action dans tout le pays ferait monter la vague révolutionnaire en France.

La participation officielle du Parti Socialiste entraînerait des conséquences extrêmement favorables pour le développement de l’action révolutionnaire.

L’union de ces forces et des forces inorganisées renforcerait considérablement la capacité d’action révolutionnaire des masses laborieuses de France. Elle créerait clans le pays une situation pré-révolutionnaire (…).

Il faut faire, à propos de la social-démocratie française, les remarques suivantes : contrairement aux autres sections de la IIe Internationale, elle n’a jamais participé ouvertement au pouvoir.

Ces actes de collaboration gouvernementale ont été faits sous la forme de soutien souvent interrompus par la pression de la base du Parti. Une scission s’est produite sur cette question. »

L’aspect secondaire, qui va devenir principal par la suite, est l’insistance sur les « classes moyenne », un concept totalement étranger aux principes du communisme, pour qui il s’agit de la petite-bourgeoisie constituant une couche sociale oscillante entre prolétariat et bourgeoisie. Le document propose ainsi de mettre en place une « organisation et défense des luttes des classes moyennes (révision des baux commerciaux, moratoire des dettes, révision sur les patentes) ».

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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français

Le 12 février 1934 et son impact

C’est en province que tout se joua. Dans les jours qui suivirent la tentative fasciste de coup d’État du 6 février 1934, il y eut de très nombreux rassemblements et une cinquantaine de manifestations antifascistes. Une dizaine de ces manifestations furent appelées par le Parti Communiste Français, une autre dizaine par la SFIO, 12 par les deux organisations (de manière commune ou pas), 17 par les syndicats ou comme unité antifasciste générale, une par la Ligue des Droits de l’Homme.

Et c’est cela qui produit une tendance à la mobilisation générale des socialistes, des communistes et de leurs sympathisants, avec un appel systématique à manifester le 12 février. Il y a alors 347 manifestations dans tout le pays ce jour-là, celle à Paris rassemblant 150 000 personnes en partant de Vincennes, les cortèges socialistes et communistes étant séparés, mais se réunissant de fait lors de l’aboutissement place de la Nation. Un million de personnes ont fait grève en région parisienne.

200 000 personnes se rassemblent alors le 17 février 1934 pour l’enterrement au cimetière parisien du Père-Lachaise de six ouvriers morts tués par la police. Il s’agit de l’ouvrier ajusteur communiste Vincent Perez, du sympathisant communiste Marc Tailler, de l’ouvrier du bâtiment syndiqué CGT Louis Lauchin, du membre du Comité de lutte contre la guerre Maurice Buleau, du sympathisant communiste Ernest Scharbach, de l’ouvrier Vincent Moris.

De fait, la répression policière n’a, depuis le 6 février, jamais cessé d’être extrêmement violente, faisant de nombreux morts, des centaines de blessés, des milliers d’arrestations. C’est particulièrement vrai en région parisienne où les initiatives fascistes se voient opposés des actions lancées par les communistes ; même le cortège funéraire, avec plus de 100 000 personnes, du jeune ouvrier parisien Henri Willemin, tué par la police, est attaqué par cette dernière.

A la mi-mars, lors d’un meeting communiste avec 8 000 personnes à Paris, un provocateur se suicida également après avoir échoué à assassiner Marcel Cachin.

Il y a alors, dans les faits, une convergence des actions des socialistes et des communistes, mais avec une sorte de division du travail, même si en théorie chacun entend l’emporter sur l’autre en se présentant comme le garant de l’unité générale des travailleurs.

Du côté communiste, la ligne est simple : le paquet est mis dans le style volontariste pour apparaître enfin comme l’organisation la plus active, la plus activiste, la plus sincère. Le souci est que s’il a décidé d’abandonner sa ligne « ultra » portée par le groupe Barbé-Celor, il reste poussé au sectarisme de par un style substitutiste issu du syndicalisme révolutionnaire.

Il n’est capable de lui-même que de mobiliser quelques milliers de personnes dans ses bastions, le plus souvent de la banlieue parisienne. Les rassemblements anti-guerres du traditionnel premier août 1933 furent un fiasco, la fête de la jeunesse ouvrière deux semaines plus tard à Garches en banlieue parisienne rassembla 25 000 personnes, un meeting international en rassembla six mille à Paris à la fin du mois, puis 80 000 à Garches début septembre pour la fête de l’Humanité, et encore 30 000 contre la guerre le 11 novembre 1933.

C’est peu, d’autant plus que lorsque les mairies communistes inaugurent en 1933, le même jour, une piscine à Saint-Denis et un groupe scolaire à Pierrefitte, ce ne sont pas moins de 30 000 travailleurs qui se rassemblent pour l’événement. Et lorsque la mairie communiste de Monitngy-en-Gohelle ouvre un groupe scolaire, elle le dénomme Marcel Cachin, du nom d’un de ses dirigeants, ce qui sera refusé par l’État.

On reconnaît ici une démarche syndicaliste « dure » considérant que ce qui est réel, c’est ce qui s’installe concrètement, même si de par l’assimilation des principes marxistes-léninistes, il accepte l’importance de la dimension morale et intellectuelle, et ce d’autant plus qu’il y a eu le succès du mouvement anti-guerre d’Amsterdam et du mouvement antifasciste de Pleyel.

Ainsi, le Parti Communiste Français est une grande bulle séparée du reste de la société, formant un milieu à part dans le prolongement du syndicalisme révolutionnaire, se proposant somme toute comme le Parti du syndicalisme, avec des réformes municipales comme seul argument parlant à des travailleurs français soutenant mais ne saisissant pas substantiellement ce qui se passe en URSS. Il n’est pas capable d’une initiative politique réelle.

Le 25 février 1934, l’Humanité parle d’ailleurs de « seconde vague d’assaut fasciste », alors que le gouvernement « d’union nationale » de Gaston Doumergue peut gouverner sans contrôle plusieurs mois, et début mars, le Parti socialiste est toujours présenté comme le « principal soutien » de la bourgeoisie, alors que les colonnes de l’Humanité ne parlent pas tant de la menace fasciste que des suites sans fin du scandale Stavisky.

Ce faisant, il ne comprend pas comment le processus de fascisation n’est pas mécanique mais implique une rupture, et il ne voit pas que la SFIO se présente comme désormais libérée de l’aile droite « participationniste », se prétendant dédouanée de tous ses soutiens passés aux gouvernements.

Or, le Parti socialiste SFIO, s’il n’a pas mené l’action systématique et vigoureuse du Parti Communiste cherchant à ce que le mouvement déborde dans un sens violemment contestataire, a une capacité de proposition et de programme bien plus élaborée.

Le concept clef qui apparaît ici dans le discours socialiste, c’est la « République », désormais systématiquement associé au terme « ouvrier », tout comme le terme « royaliste » se voit associé à celui de « fasciste ». C’est là non seulement un retour assumé à l’idéologie de Jean Jaurès, mais également l’adoption du style germano-autrichien, où face aux monarchistes encore extrêmement puissants il y avait la mise en avant de la République comme ne pouvant être, de manière authentique, qu’ouvrière.

Cela permet ici politiquement surtout une latitude très grande au niveau des propositions, en se tournant à la fois vers les communistes sur la gauche et les radicaux sur la droite. Les communistes n’ont pas encore d’autre ligne que celle de pousser, pousser et encore pousser, pour parvenir à un moment de rupture. Ils tentent de mettre à tout prix la direction du Parti socialiste SFIO derrière eux, et sont ainsi dénoncés comme sectaires par celle-ci.

Il y a également sur ce plan pour les socialistes le prestige du fait que la grève générale du 12 février 1934 a été appelée par la CGT, liée au Parti socialiste SFIO, ce qui accorde à ce tandem une réelle légitimité. Et comme le Parti socialiste SFIO a qui plus est coupé court aux initiatives de sa tendance pro-gouvernementale dite « néo-socialiste », il apparaît largement coupé de ses péchés.

Le Parti socialiste SFIO, loin d’avoir été ébranlé au point de s’effondrer et qui s’appuie sur 130 000 membres (avec comme bastion le Nord et la région parisienne), s’est restructuré ; il n’a eu aucun mal, dès le 7 février, à prendre l’initiative politique, et ce non seulement au niveau de la direction, mais également de l’appareil lui-même. Dès le 8 février il fut également en mesure de s’aligner sur la CGT et son appel pour le 12 février.

Il faut ici souligner l’importance de sa presse, avec de très nombreuses variantes locales : L’Eclaireur de l’Eure, Le Travailleur de l’Ain, Le Maroc socialiste, Le Populaire de l’Est, L’Eclaireur du Roannais, Alger socialiste, L’Eveil de la Meuse, Le Réveil socialiste du Cher, Le Travailleur des Alpes, Le Progrès social du Centre, Le Populaire de Corbières, Le Rappel du Morbihan, L’Auvergne socialiste, Le petit Limousin, La République socialiste de l’Ouest, Le Jura, Le Gers socialiste, Le Cri du Laonnais, Le Réveil Soissonnais, Le Socialiste savoyard, L’Ardèche socialiste, Le Midi socialiste, Le Socialiste ardennais, Le Socialiste de la Haute-Saône, etc.

Enfin, de manière secondaire mais marquante, les socialistes autrichiens, qui forment le cœur de la gauche des socialistes à l’internationale et dont Vienne est un bastion formant une forteresse rouge, sont écrasés par le coup d’État austro-fasciste en février 1934. Cela propulse le Parti socialiste SFIO au premier plan à l’internationale, avec la hantise en plus de subir le même sort que les socialistes allemands et désormais les socialistes autrichiens.

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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français

Les suites immédiates du 6 février 1934

Au moment du 6 février 1934, tout est particulièrement tumultueux. Il est compris, de part et d’autre, qu’une crise de régime s’exprime, dans le prolongement de la première crise générale du capitalisme commencée en 1917 et n’atteignant la France que dans un second temps, en liaison avec la crise américaine de 1929.

Ainsi, dès le 7 février, la Confédération générale du travail appelle à la grève générale pour le 12 février, un lundi. L’appel est le suivant :

« La Commission Administrative de la Confédération Générale du Travail a décidé hier, 7 février, que contre les menaces de fascisme et pour la défense des libertés publiques, une grève générale limitée à 24 heures devra être effectuée le 12 février.

Pour ce faire, les Union doivent en informer leurs syndicats pour que ceux-ci réunissent leur corporation dans leurs locaux habituels, le dimanche 11 février, en vue de préparer l’application de la décision confédérale. »

À Paris l’Action française organise des marches sur les boulevards, cherchant à faire monter la tension, alors que le Parti Communiste Français organise un rassemblement place de la République, avec une série d’affrontements avec la police, notamment au pistolet ; il y a 573 arrestations et plusieurs tués.

Le Parti Communiste Française réitère le 8, mais surtout le 9, avec 40 000 manifestants affrontant la police pour accéder à une place de la République qui leur est interdite ; il y a même l’érection de barricades. Le bilan va être de 1200 arrestations, de plusieurs centaines de blessés et encore une fois de plusieurs tués. C’est le moment historique où les quartiers de Ménilmontant et de Belleville, au nord de Paris non loin de la place de la République, apparaissent comme les bastions révolutionnaires.

L’appel à la mobilisation du 9 février 1934 lancé par le Parti Communiste Français et les Jeunesses Communistes est ici exemplaire de l’approche faite. Il n’y a pas d’unité proposée organiquement au Parti socialiste, seulement un appel à sa base ; il n’est pas non plus considéré que le fascisme entend renverser le régime – bien au contraire, le régime est présenté comme manœuvrant lui-même les fascistes.

« Brisez la vague fasciste !

Travailleurs !

Le sang ouvrier coule dans les rues de Paris !
Ce n’était pas assez de la baisse des salaires et du chômage ! Ce n’était pas assez du vol des assurances sociales ! Ce n’était pas assez des scandales répétés illustrant un régime qui se décompose !

À la faveur d’une démonstration provocatrice de bandes fascistes qu’elle a aidé à s’organiser militairement, la bourgeoisie jette son masque démocratique. Elle ne peut plus gouverner avec les anciennes méthodes.

Elle recourt à la dictature ouverte et à la terreur pour résister à la poussée révolutionnaire des masses. Un nouveau pas est fait vers le fascisme.

La politique du moindre mal qui a assuré te soutien des socialistes aux ministères de baisse des salaires et des traitements, aux ministères clos scandales, au ministère des fusilleurs Daladier Frot, voudrait livrer aujourd’hui le prolétariat aux mains de cette Union nationale que les fascistes saluent de leurs acclamations, tandis que Chiappe, complice de Staviski, s’apprête à réintégrer triomphalement la Préfecture de police.

En face de cette situation, le parti socialiste n’ose même plus maintenir son appel démagogique à une manifestation dans Paris.

Seul, le Parti communiste, sous le drapeau de la Commune, sous le drapeau qui flotte victorieux sur un sixième du globe en U.R.S.S. et sur un quart de la Chine, sous le drapeau de Lénine, vous appelle à l’action de classe sur tous les terrains.

Il faut briser la vague fasciste montante. Le succès dépend de la classe ouvrière, et d’elle seule, de son action de masse vigoureuse, rapide et unie.

FRONT UNIQUE D’ACTION POUR BRISER L’OFFENSIVE DE LA BOURGEOISIE ! OUVRIERS SOCIALISTES ET COMMUNISTES ! Préparez dans l’action la grève revendicative et politique de masse pour lundi.

OUVRIERS PARISIENS EN MASSE CE SOIR, A 20 HEURES, PLACE DE LA REPUBLIQUE.

Rassemblement dans les quartiers ouvriers pour s’y rendre en groupes.

LUTTONS ENSEMBLE

Pour l’arrestation immédiate du provocateur CHIAPPE, des chefs des ligues fascistes et des fusilleurs DALADIER et FROT !
Pour la dissolution des ligues fascistes!

Pour vos revendications immédiates !

Pour la représentation proportionnelle et la dissolution de la Chambre !

Pour la liberté de manifestations et de réunions

Pour la défense des libertés et de la presse ouvrières !

A bas la dictature sanglante du capital !

Vive le gouvernement ouvrier et paysan

LE PARTI ET LES JEUNESSES COMMUNISTES. »

On peut comparer cet appel à celui fait par la CGT et mis en avant par le Parti socialiste SFIO pour mobiliser le 12 février :

« Au Peuple ! Aux Travailleurs !

Le sang a coulé. Aujourd’hui, les factieux, fauteurs d’émeutes, sont démasqués.

L’offensive qui se dessinait depuis quelques mois contre les libertés publiques et la démocratie, a éclaté. Comptant sur la misère, sur le chômage, sur l’affreuse angoisse des jeunes, les forces fascistes militantes dressées contre le régime, ont agi.

Les scandales récents, la soif de justice du peuple ont été odieusement exploités. Pas un mot, pas une pensée pour les malheureux morts de la tragédie de Lagny. L’émeute a dicté sa volonté et la démocratie en reste dangereusement menacée.

Nous, travailleurs organisés, nous le répétons, nous ne voulons pas que soient confondus les voleurs, leurs suppôts et la démocratie. Nous voulons conserver les libertés fondamentales, si héroïquement arrachées par nos aïeux, et sans lesquelles la vie n’est plus digne d’être vécue.

C’est pour affirmer cette volonté inébranlable que les travailleurs, tous les travailleurs, doivent cesser le travail le lundi 12 février. Il faut démontrer que les forces populaires n’assisteront pas muettes et immobiles aux tentatives de substituer la dictature à la démocratie.

JEUNES HOMMES ! Devant vous, l’avenir est fermé. Vous avez cependant droit à la vie et c’est pour vous que les organisations syndicales agissent pour un ordre économique nouveau.

PAYSANS ! La classe ouvrière connaît votre misère. Elle a toujours pactisé avec vos propres révoltes. La Confédération Générale du Travail a toujours préconisé, sur le plan national et international, les mesures économiques propres à assurer votre condition de vie par l’écoulement normal et régulier de vos produits. Vous êtes attachés aux libertés républicaines et vous serez avec nous pour en assurer la défense.

INTELLECTUELS ET TECHNICIENS ! Vous êtes, vous aussi, profondément touchés par la crise qui vous prive de vos moyens d’existence et consomme la ruine de vos espérances les plus légitimes. Le fascisme vous asservirait. Votre personnalité ne peut s’exprimer totalement que dans un régime acceptant la liberté de pensée et la liberté de son expression.

TRAVAILLEURS ! Prenez garde ! La dictature hideuse vous guette. La barbarie hitlérienne avec ses violences, ses camps de concentration, ses matraquages, essaie de s’imposer en France. Vous ne voulez pas du traitement fasciste ou hitlérien. Vous voulez vivre libres, et travailler pour vivre !

Pour cela, à titre d’avertissement et pour manifester votre force et votre volonté, vous appliquerez unanimement, le lundi 12 février, le mot d’ordre de grève générale de 24 heures proclamé par la C. G. T.

La Confédération Générale du Travail »

Le Parti Communiste Français et la CGT Unitaire se cantonnèrent quant à eux dans des appels à l’action, se positionnant encore et toujours sur une ligne de débordement. Le 12 février 1934 fut alors le grand révélateur politique.

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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français

Le désastre du 6 février 1934 pour le Parti Communiste Français

Lors de l’affaire Stavisky, le Parti Communiste Français procéda à la dénonciation du « régime des escrocs » qui spolie les travailleurs, « l’avalanche des scandales politico-financiers » ; il entreprit de lancer une vague d’opposition à la répression contre les travailleurs et la corruption gouvernementale. Il exigea la dissolution de la Chambre et l’instauration de la proportionnelle.

Ce faisant, il s’inscrivit dans une démarche non pas politique, mais protestataire dans un esprit anti-étatique d’orientation anarchisante, un phénomène typiquement français voire parisien.

D’un côté, cela parla justement forcément à la base parisienne, dont c’était finalement le fondement. De par son implantation parisienne, le Parti Communiste Français parvint ainsi à rassembler 50 000 travailleurs à Paris le 22 janvier 1934, suivi le lendemain d’un meeting de 8 000 personnes, avec à chaque fois de très violents accrochages avec la police.

De l’autre, c’était cependant totalement en retard sur l’énorme dynamique protestataire d’extrême-droite utilisant la même approche, mais avec tout l’arrière-plan idéologique qui allait avec. Du 9 janvier au 5 février, l’Action française organisa 8 manifestations à Paris, les Jeunesses patriotes et Solidarité française prenant l’initiative d’une autre, tout comme la Fédération des contribuables de son côté.

Il y eut également plusieurs rassemblements d’extrême-droite à Lyon, Marseille, Lille, Dijon, Montpellier, Nancy, Nantes, Rouen. Dans tous les cas, surtout à Paris où cela se prolongea plusieurs fois jusqu’à minuit, les manifestants d’extrême-droite furent extrêmement violents, au point même une fois d’annuler une manifestation en raison de la pluie, ce qui aurait nui à l’expression de la violence.

Seuls les Croix-de-Feu de La Rocque, mieux organisés, se contentèrent d’une petite manifestation pacifique comme démonstration de force symbolique devant le ministère de l’intérieur le 5 février, en étant toutefois extrêmement structurés, avec des personnes dans les cafés pour utiliser les téléphones et assurer les communications.

Le 6 février 1934 fut alors le jour d’une émeute consistant en l’aboutissement de toute une vague fasciste, et également celui d’un désastre communiste, passé à la trappe par la suite mais tout à fait marquant.

Le Parti Communiste Français chercha en effet à profiter de l’affaire Stavisky pour passer en force. Le secrétariat du Comité Central lança un appel formel à la mobilisation le 6 février 1934, alors que l’assemblée devait aborder la question du scandale de l’affaire Stavisky :

« A toutes les organisations et aux membres du Parti des cinq régions parisiennes

Toutes les organisations du Parti et tous les militants doivent se mobiliser au maximum pour la réussite des manifestations de masse prévues aux usines et lieux de concentration des ouvriers d’une part, de l’autre pour les contre-manifestations à l’égard des organisations fascistes.

Tout doit être mis en œuvre tans les ateliers, sur les chantiers, etc., pour convaincre les ouvriers socialistes, et confédérés de la nécessité d’un front unique d’action puissant sur les mots d’ordre donnés par ailleurs par notre Parti.

Toutes les réunions intérieures de rayons, de cellules, de fractions, prévues pour ce soir sont annulées. La place de tous les communistes est à la tête des masses dans la bataille, suivant la ligne fixée par le Comité Central. »

Il s’agissait de tenter de profiter de l’affaire Stavisky pour provoquer la génération d’un mouvement ouvrier de contestation. Maurice Thorez devait également tenir un discours à l’assemblée le 6 février 1934, ce qu’il ne put faire en raison des événements ; en voici un extrait représentatif :

« Vous ne pouvez contrôler ceux qui spéculent et qui raflent les millions, mais vous pouvez découvrir et faire radier arbitrairement des fonds de chômage les malheureux qui n’avaient que les dix francs de secours pour tous moyens (…).

Le scandale Stavisky fait apparaître le mal incurable qui ronge votre société corrompue. Il est un des symptômes de la crise profonde qui secoue le monde capitaliste, qui ébranle la France bourgeoise et impérialiste (…).

La crise économique, entre autres conséquences, dresse violemment, les uns contre les autres, les capitalismes rivaux. De nouveau, la lutte pour les sources de matières premières, pour les marchés de plus en plus restreints, la guerre pour le partage du monde est à l’ordre du jour. »

On a ici une ligne générale juste, mais une incapacité à formuler les choses dans le cadre français, d’où l’idée de forcer les choses. Cela amena la présence d’anciens combattants et d’ouvriers communistes lors des rassemblements multiples devant l’Assemblée le 6 février culminant en tentative fasciste de prise d’assaut de celle-ci.

L’État avait réagi en faisant venir dans la capitale des compagnies de mitrailleuses, des tanks, une division de cavalerie, des pelotons de gardes mobiles, etc. ; ce fut un affrontement d’une extrême violence, faisant 15 morts, 669 manifestants blessés et 781 blessés du côté des forces de l’ordre (avec 120 chevaux blessés).

L’Action française revendiqua 4 morts, 16 membres blessés, 10 sympathisants blessés, les Jeunesses Patriotes 2 morts et 2 blessés, Solidarité française 1 mort et 8 blessés, les Croix de Feu 2 morts et 2 blessés, et enfin… le Parti Communiste Français 2 morts et 2 blessés.

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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français