Jean Racine et la dynamique dialectique de la vie psychique

Racine avait comme manière de procéder, pour la rédaction de ses œuvres tragiques, de tout d’abord en formuler la trame générale et, une fois qu’il y était parvenu, d’écrire les vers. Il considérait paradoxalement que le plus difficile était de formuler le cadre général et sa dynamique, pas de former des vers en alexandrins.

Cela nous semble étonnant, mais la raison en est que l’écriture de ces vers s’appuie sur la dynamique formulée par la trame générale. C’est par elle seulement que Racine trouve les moyens de fournir aux mots une liaison pleine d’énergie entre eux.

Si l’on reprend le fameux passage de l’aveu de Phèdre à Oenone, on peut voir par exemple que l’ensemble des vers est construit de telle manière à représenter la pleine dimension du conflit interne de cette femme amoureuse de son beau-fils.

Je le vis, je rougis, / je pâlis à sa vue ;

Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,

Je sentis tout mon corps et transir et brûler.

La contradiction est ici dialectique : Phèdre rougit et pâlit en même temps, elle est morte de froid et brûle en même temps. Elle est à la fois troublée et totalement perdue, ce qui implique une activité vivace et une passivité totale. Elle voit sans voir, elle pense sans être en mesure de parler.

Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,

D’un sang qu’elle poursuit, tourments inévitables.

Par des vœux assidus / je crus les détourner :

Là encore, le conflit est total : c’est en étant assidu à déesse Vénus… qu’elle veut la détourner ! Vénus, déesse pourtant de l’amour, est également présentée comme redoutable ; elle poursuit, alors qu’en même temps sa victoire est inévitable : ce n’est pas là une incohérence, mais une présentation du trouble général, d’un trouble dialectique, où tout est à la fois vrai et faux.

Ce rapport dialectique se retrouve dans toute l’œuvre, mais pas seulement dans les expressions des personnages pris en particulier. Le rapport des personnages entre eux a lui-même une dimension dialectique approfondie, permettant des sauts qualitatifs faisant avancer le propos.

Leurs rapports s’affirment ou bien de manière antagonique, ou bien de manière non antagonique, mais toujours avec une énorme charge, amenant les éléments à s’attirer ou se repousser/fusionner.

Dans Britannicus, Agrippine expose même directement ce rôle, ici par rapport à Néron.

Surprenons, s’il se peut, les secrets de son âme.

Voici comment Monime exprime sa détresse par rapport à la situation où elle se trouve, par l’intermédiaire des remarques de Phoedime.

Ces remarques ne sont nullement d’une faible qualité, simple prétexte ; elles soulignent en effet ce que Monime exprime en se situant exactement dans la même tonalité.

Il y a cela de fort que, de par l’entrelacement dialectique, les rapports entre les personnages chez Racine forment un tout. Ici Phoedime est Monime, Monime est Phoedime.

Phoedime

Ainsi vous retombez dans les mêmes alarmes

Qui vous ont dans la Grèce arraché tant de larmes ?

Et toujours Xipharès revient vous traverser ?

Monime

Mon malheur est plus grand que tu ne peux penser.

Xipharès ne s’offrait alors à ma mémoire

Que tout plein de vertus, que tout brillant de gloire,

Et je ne savais pas que, pour moi plein de feux,

Xipharès des mortels fût le plus amoureux.

Phoedime

Il vous aime, Madame ? Et ce héros aimable…

Monime

Est aussi malheureux que je suis misérable.

Il m’adore, Phoedime ; et les mêmes douleurs

Qui m’affligeaient ici le tourmentaient ailleurs.

Il est également significatif que Racine, en de nombreuses occasions, parvienne à montrer de manière ouverte le caractère intérieur de la situation psychologique.

Les personnages se parlent à eux-mêmes, comme Mithridate ou Titus, ce dernier passant même du je au tu puis au nous royal, révélant une vie psychique en train de s’effondrer, de céder sous la pression des multiples possibilités combinées à l’opposition entre la passion et le devoir.

Le paradoxe est que cela donne des personnages passionnés, mais avec de grands moments de lucidité, présentant les faits de manière ouverte, témoignant qu’ils savent pertinemment quelle est leur situation et quelle est la nature de celle-ci.

Dans Iphigénie, Agamemnon doit sacrifier sa fille, ainsi l’ont voulu les dieux ; il sait la dimension barbare de sa propre intention.

Eurybate

Seigneur.

Agamemnon

Que vais−je faire ?

Puis−je leur prononcer cet ordre sanguinaire ?

Cruel ! à quel combat faut−il te préparer ?

Quel est cet ennemi que tu leur vas livrer ?

Une mère m’attend, une mère intrépide,

Qui défendra son sang contre un père homicide.

Je verrai mes soldats, moins barbares que moi,

Respecter dans ses bras la fille de leur roi.

La qualité de la tragédie de Racine tient à cette capacité à représenter la dynamique dialectique de la vie psychique ; tout se joue dans une série de nœuds contradictoires.

=>Retour au dossier sur Jean Racine, notre auteur national

Jean Racine : les femmes à la place centrale

L’élément déterminant dans le théâtre de Racine est l’omniprésence des femmes, la reconnaissance de leur richesse psychologique, la profondeur et l’ampleur de leurs attitudes, de leurs valeurs. Il y a ici une dimension absolument révolutionnaire, littéralement renversante et reflétant la grande affirmation des femmes des classes supérieures en France au 17e siècle.

La signification des femmes dans le théâtre de Racine est évidemment systématiquement incomprise, voire même totalement oubliée des analyses pourtant nombreuses des intellectuels bourgeois. Cela n’est pas étonnant, puisque le thème de la vie intérieure échappe complètement à une bourgeoisie française ayant raté le protestantisme.

Les femmes sont en effet, chez Racine, le vecteur de l’affirmation de la vie intérieure. Il est souvent affirmé, de manière erronée, que Racine est janséniste ; en réalité, le jansénisme est une catholicisme ultra visant à bloquer l’émergence du protestantisme, au moyen de la valorisation de « l’expérience intérieure ».

Là où cette expérience est sociale, progressiste chez le protestantisme, elle est isolée et individualiste dans le jansénisme, c’est-à-dire fondamentalement réactionnaire. C’est parce que Racine s’arrache au jansénisme qu’il a connu durant sa jeunesse pour découvrir la culture parisienne qu’il a pu exprimer le besoin d’affirmation de la vie intérieure, que la bourgeoisie avait raté avec le protestantisme.

Les femmes sont chez Racine le levier pour que s’exprime la richesse de la vie intérieure. On est ici dans l’exact opposé de l’affirmation patriarcale – aristocratique du théâtre de Corneille. Corneille représente le vieil esprit de la chevalerie et son espoir vain de revenir sur le devant de la scène ; Racine exprime la convergence historique (et momentanée) de la monarchie absolue et de la bourgeoisie.

Cela va avec la reconnaissance des femmes ; cela va également avec la pleine reconnaissance de leur identité, de leur existence, à l’opposé d’une prétendue « simplicité ».

Pour cette raison, si l’on omet la Thébaïde et Alexandre comme œuvres de jeunesse, alors sur neuf tragédies de Racine, six ont pour titre des nom de femmes ; encore faut-il noter la présence extrêmement décisive d’Agrippine dans Britannicus et de Roxane dans Bajazet, toutes deux étant des protagonistes de la plus haute importance.

Dans Bajazet, Roxane qui relève du harem organise pas moins qu’un coup d’État, dont elle veut faire profiter Bajazet dont elle est amoureuse.

Bajazet, il est vrai, m’a tout fait oublier.

Malgré tous ses malheurs, plus heureux que son frère,

Il m’a plu, sans peut−être aspirer à me plaire.

Femmes, gardes, vizir, pour lui j’ai tout séduit ;

En un mot, vous voyez jusqu’où je l’ai conduit.

Grâces à mon amour, je me suis bien servie

Du pouvoir qu’Amurat me donna sur sa vie.

Les femmes ont des positions fermes ; elles possèdent une haute capacité de raisonnement et d’analyse critique, même autocritique. Elles ne sont jamais cantonnées dans une seule position sociale, puisqu’on a une veuve et une femme mariée, une fille et une mère, une fiancée et une femme qui tente de conquérir l’homme qu’elle aime par le charme, la conviction ou la force.

Il serait tout à fait erroné de définir ici la place des femmes comme un prétexte à la tendresse, qu’on opposerait à l’héroïsme de Corneille. Les femmes ne sont pas un prétexte, ni simplement un lieu de passage pour des expressions sentimentales. Leur richesse intérieure est d’ailleurs telle que les femmes n’hésitent pas à aller jusqu’à l’ultra-violence. Rien qu’avec cela, Racine montre qu’il est un titan de la littérature, ayant bien vu que les femmes ne sont nullement des mineures ad vitam aeternam.

On a ainsi Agrippine, nostalgique de quand elle tenait le pouvoir de manière indirecte. Voici ce qu’elle expose comme conception du pouvoir justement dans Britannicus :

Lorsqu’il se reposait sur moi de tout l’État,

Que mon ordre au palais assemblait le sénat,

Et que derrière un voile, invisible et présente,

J’étais de ce grand corps l’âme toute−puissante

Et elle impose à Néron, son fils, un véritable agenda politique.

Néron

Eh bien donc ! prononcez. Que voulez−vous qu’on fasse ?

Agrippine

De mes accusateurs qu’on punisse l’audace ;

Que de Britannicus on calme le courroux ;

Que Junie à son choix puisse prendre un époux ;

Qu’ils soient libres tous deux, et que Pallas demeure ;

Que vous me permettiez de vous voir toute heure ;

Que ce même Burrhus, qui nous vient écouter,

A votre porte enfin n’ose plus m’arrêter.

On a la reine Bérénice, amoureuse de Titus avec qui elle est censée se marier, qui voit son ami Antiochus déclarer sa flamme pour elle, qu’elle repousse avec cordialité, tendresse, presque ferveur.

Seigneur, je n’ai pas cru que, dans une journée

Qui doit avec César unir ma destinée,

Il fût quelque mortel qui pût impunément

Se venir à mes yeux déclarer mon amant.

Mais de mon amitié mon silence est un gage :

J’oublie en sa faveur un discours qui m’outrage.

Je n’en ai point troublé le cours injurieux ;

Je fais plus : à regret je reçois vos adieux.

Bérénice s’efface d’ailleurs devant le devoir de Titus, qui doit régner à Rome et ne peut se marier avec une reine de Palestine. Atalide, dans Bajazet, exprime dans une même mise en perspective le capacité d’engagement féminin, appelant le ciel à la punir elle seule pour un amour pourtant commun, partagé.

Eh bien ! Zaïre, allons. Et toi, si ta justice

De deux jeunes amants veut punir l’artifice,

O ciel, si notre amour est condamné de toi,

Je suis la plus coupable : épuise tout sur moi !

A l’opposé, dans Andromaque, Hermione fait preuve d’une capacité totale à vouloir répandre le sang, pour se venger de l’affront fait par l’homme qu’elle aime et qui la trahit. Obstacle à son mariage, Andromaque elle-même veut l’éviter et explique : « Allons, fuyons sa violence ».

Hermione a une approche d’une très grande brutalité, exprimant la grande richesse de son activité psychique, à l’entrecroisée des sentiments et des réflexions, l’amenant à être en même temps torturée, à la fois agressive et pleine d’espérance. La femme est ici un être réel, tout à fait concret, de chair et de sang, de psychisme et de sensations.

Elle est digne d’un homme, mais témoigne également de plus de profondeur. La portée de l’oeuvre de Racine sur la profondeur de la dimension psychique féminine est immense.

C’est là une très grande affirmation progressiste et universelle, et on peut tout à fait penser qu’une telle complexité ne peut pas du tout être présenté par un homme, qu’il fallait les femmes et leur intensité dans le rapport à la vie pour cela, les hommes se cantonnant somme toute dans l’existence plus que la vie elle-même.

Ce que Hermione explique à Cléone, puis à Oreste qui est amoureux d’elle et qu’elle utilise comme assassin, est ainsi d’une froideur toute particulière, c’est une véritable construction, fruit d’une riche vie intérieure, d’une mise en jeu de toute la vie elle-même.

Tout s’appuie sur sa douleur, façonnant son identité.

Si je le hais, Cléone ! Il y va de ma gloire,

Après tant de bontés dont il perd la mémoire ;

Lui qui me fut si cher, et qui m’a pu trahir,

Ah ! je l’ai trop aimé pour ne le point haïr !

Sa réaction n’est nullement passive, mais bien au contraire toujours dans le sens de l’activité. On a ici une femme pour qui la passivité n’existe pas et n’est même pas recevable comme manière de poser son existence.

Vengez−moi, je crois tout.

(…)

Je veux qu’à mon départ toute l’Épire pleure.

Mais si vous me vengez, vengez−moi dans une heure.

Tous vos retardements sont pour moi des refus.

Courez au temple. Il faut immoler… [Qui?] Pyrrhus.

Et comme Oreste hésite, elle s’annonce prête à réaliser le crime elle-même.

Hermione

Parlez : mon ennemi ne vous peut échapper,

Ou plutôt il ne faut que les laisser frapper.

Conduisez ou suivez une fureur si belle ;

Revenez tout couvert du sang de l’infidèle ;

Allez : en cet état soyez sûr de mon cœur.

Oreste

Mais, Madame, songez…

Hermione

Ah ! c’en est trop, Seigneur.

Tant de raisonnements offensent ma colère.

J’ai voulu vous donner les moyens de me plaire,

Rendre Oreste content ; mais enfin je vois bien

Qu’il veut toujours se plaindre, et ne mériter rien.

Partez : allez ailleurs vanter votre constance,

Et me laissez ici le soin de ma vengeance.

De mes lâches bontés mon courage est confus,

Et c’est trop en un jour essuyer de refus.

Je m’en vais seule au temple où leur hymen s’apprête,

Où vous n’osez aller mériter ma conquête.

Là, de mon ennemi je saurai m’approcher,

Je percerai le cœur que je n’ai pu toucher,

Et mes sanglantes mains, sur moi−même tournées,

Aussitôt, malgré lui, joindront nos destinées

Ce n’est pas tout : une fois le crime fait, la vie intérieure continue de s’exprimer, avec le désespoir d’avoir perdu l’être aimé qui se refusait et qu’elle a elle-même fait tuer par Oreste.

Hermione

Va faire chez tes Grecs admirer ta fureur,

Va ; je la désavoue, et tu me fais horreur.

Barbare, qu’as−tu fait ? Avec quelle furie

As−tu tranché le cours d’une si belle vie ?

Avez−vous pu, cruels, l’immoler aujourd’hui,

Sans que tout votre sang se soulevât pour lui ?

Mais parle : de son sort qui t’a rendu l’arbitre ?

Pourquoi l’assassiner ? Qu’a−t−il fait ? A quel titre ?

Qui te l’a dit ?

Oreste

O dieux ! Quoi ? ne m’avez−vous pas

Vous−même, ici, tantôt, ordonné son trépas ?

Hermione

Ah ! fallait−il en croire une amante insensée ?

Ne devais−tu pas lire au fond de ma pensée ?

Et ne voyais−tu pas, dans mes emportements,

Que mon cœur démentait ma bouche à tous moments ?

Quand je l’aurais voulu, fallait−il y souscrire ?

N’as−tu pas dû cent fois te le faire redire ?

Toi−même avant le coup me venir consulter,

Y revenir encore, ou plutôt m’éviter ?

Que ne me laissais−tu le soin de ma vengeance ?

Qui t’amène en des lieux où l’on fuit ta présence ?

La démonstration de la richesse intérieure de la femme est ici un véritable saut de civilisation. Elle est véritablement propre à la France. Alors que Molière présente la libération sociale de la femme, concernant au moins son sentiment amoureux, Racine formule l’affirmation de sa vie intérieure, de sa richesse psychique, en pleine reconnaissance.

Il faut à ce titre noter que Marie Desmares, dit Mademoiselle de Champmeslé, ou encore la Champleslé (1642-1698), fut la muse de Racine. Elle joua Athalie dans Bajazet, Monime dans Mithridate, Bérénice, Iphigénie et Phèdre dans les pièces du même nom.

Elle avait une grâce et une voix en imposant véritablement au théâtre, ce qui joua dans le succès auprès du public alors ; Racine fut l’un de ses nombreux amants.

=>Retour au dossier sur Jean Racine, notre auteur national

Jean Racine, notre auteur national: la concision au service de la concentration

L’élément prédominant de Racine, ce qui a marqué ses contemporains et en a fait celui qu’on doit considérer le grand écrivain national aux côtés de Molière, c’est la fluidité du propos, s’appuyant en même temps sur une profonde intensité grâce aux termes choisis, par ailleurs parfaitement imbriqués les uns dans les autres. Racine est celui qui donne son esprit à la langue française, qui s’affirme en tant que tel au XVIe siècle seulement avec la formation de la nation française grâce à François Ier.

Le français est, depuis le grand siècle que fut le XVIIe siècle, une langue concise où l’on est toujours capable de formuler les choses dans l’à-propos. On sait quoi dire quand il faut le dire : le français est une langue d’avocat et de technicien, d’orateur politique et de chef militaire.

 Portrait de Jean Racine d’après Santerre,
XVIIe siècle

Le français n’est ainsi pas une langue de savante construction comme l’allemand, ni de fulgurantes lancées comme l’italien ; il n’a pas non plus la ligne mélodique de l’anglais ou l’affirmation étoffée de l’espagnol. Il est avant tout un art – au sens d’une technique – d’expression. En France, on doit savoir parler comme on met la table, on doit savoir écrire comme on sait se tenir.

Et le vers en douze pieds, c’est-à-dire en douze sons délimités, est son rythme naturel, permettant de poser, telle une succession de vagues, les propos encastrés les uns dans les autres pour fournir une certaine cohérence musicale.

Voici par exemple le tout début d’Andromaque ; les propos d’Oreste sont les premiers que le public entend et ils sont entièrement fluides, formant une vraie totalité :

Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,

Ma fortune va prendre une face nouvelle ;

Et déjà son courroux semble s’être adouci

Depuis qu’elle a pris soin de nous rejoindre ici.

Rappelons qu’avec la césure à l’hémistiche, c’est-à-dire le découpage de l’alexandrin en deux (hémistiches séparés d’une césure, c’est-à-dire d’un mini temps d’attente), cela donne :

Oui, puisque je retrouve / un ami si fidèle,

Ma fortune va prendre / une face nouvelle ;

Et déjà son courroux / semble s’être adouci

Depuis qu’elle a pris soin / de nous rejoindre ici.

La lettre E finale est toujours muette ; dans certains cas elle se lit, dans d’autres non, cela dépend car il faut toujours avoir six pieds d’un côté, de même de l’autre. Ainsi le second vers ici voit le E de fortune ne pas se prononcer, mais celui de face l’être quant à lui.

Voici, pareillement, le tout début de Mithridate, avec Xipharès présentant la situation de manière limpide.

On nous faisait, Arbate, un fidèle rapport :

Rome en effet triomphe, et Mithridate est mort.

Les Romains, vers l’Euphrate, ont attaqué mon père,

Et trompé dans la nuit sa prudence ordinaire.

Ce qui s’exprime de la manière suivante.

On nous faisait, Arbate, / un fidèle rapport :

Rome en effet triomphe, / et Mithridate est mort.

Les Romains, vers l’Euphrate, / ont attaqué mon père,

Et trompé dans la nuit / sa prudence ordinaire.

Cependant, on aurait tort de croire que l’art de Racine n’est que concision. En effet, cette concision est au service d’une puissante concentration. L’art littéraire de Racine est la tragédie, et pour réaliser sa mise en perspective, il doit faire ressentir deux choses au spectateur : la pitié pour la personne frappée par le destin, mais également la terreur par rapport à ses actes.

Cette dialectique pitié – terreur a été conceptualisée par le philosophe grec Aristote comme permettant une catharsis, c’est-à-dire une purgation des passions du spectateur, qui devient ainsi apaisé, et donc meilleur citoyen. Racine s’en sert comme levier pour l’affirmation de la vie intérieure, de la portée de la dimension psychique.

Racine utilise donc la concision au service de moments propres à la tragédie, sous la forme d’intensité brève et psychologiquement très fortes. Voici l’un des passages les plus célèbres, tout à fait représentatif de cela. Il s’agit du moment où Phèdre fait son aveu : elle explique à sa servante qu’elle est amoureuse de son beau-fils.

Je le vis, je rougis, / je pâlis à sa vue ;

Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,

Je sentis tout mon corps et transir et brûler.

Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,

D’un sang qu’elle poursuit, tourments inévitables.

Par des vœux assidus / je crus les détourner :

Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;

De victimes moi−même à toute heure entourée,

Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.

D’un incurable amour remèdes impuissants !

En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :

Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,

J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,

Même au pied des autels que je faisais fumer,

J’offrais tout à ce dieu que je n’osais nommer.

Je l’évitais partout. O comble de misère !

Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.

Cette intensité psychique est toujours au service de moments qui sont de vrais tournants, car ils expriment la crise, ils la révèlent, ils l’exposent, aboutissant à des modifications dans les rapports entre les personnages mobilisés par leur passion et qui cherchent perpétuellement à évaluer la situation, à l’espérer en leur faveur.

Voici un exemple tiré de Mithridate, lorsque le roi revient et que Monime va devoir se marier avec lui, alors qu’elle n’en veut pas, étant amoureuse d’un autre.

Phoedime

Croyez−moi, montrez−vous, venez à sa rencontre.

Monime

Regarde en quel état tu veux que je me montre :

Vois ce visage en pleurs ; et loin de le chercher,

Dis−moi plutôt, dis−moi que je m’aille cacher.

Dans La vie dans la tragédie de Racine, Georges Le Bidois note avec justesse que :

« Ils [les mots qui portent coup] sont si nombreux qu’on est en peine de les transcrire. Prenez une seule pièce, Andromaque : vous trouverez à chaque page de brèves paroles qui font une révolution dans l’âme d’un personnage ou produisent dans l’action une péripétie considérable.

La conduite d’Andromaque ou d’Oreste, de Pylade ou de Pyrrhus, est perpétuellement suspendu à un mot. Et, de même, quelques mots de Narcisse auront plus de pouvoir sur Néron que les plus longs discours.

Veut-on savoir jusqu’où va, chez Racine, l’effet dramatique d’un mot, qu’on relise seulement le dernier entretien de Roxane et de Bajazet, qu’on entende le Sortez ! qui lui sert de conclusion.

Jamais l’économie de la parole n’eut au théâtre un effet plus saisissant. »

On notera bien, par ailleurs, que cette affirmation du théâtre de Racine présuppose la négation de Victor Hugo, et vice-versa. Pour Victor Hugo, Racine et Molière ne comptent pas ; au sujet de Racine, il dit même :

« Il fourmille d’images fausses et de fautes de français… Si vous voulez lire attentivement avec moi une de ses tragédies… Nous n’aurons pas fini de les relever ; mais elles échappent à une lecture rapide, parce qu’elles n’ont rien de très choquant, et qu’elles se dérobent habilement dans le tissu harmonieux du style. »

Il y a là en réalité un affrontement idéologique majeur, entre Racine et Molière comme plus hautes expressions de la culture nationale, et Victor Hugo un artisan du divertissement grossier utilisant le grotesque et le sublime pour des œuvres divertissantes dans l’esprit démocrate-chrétien.

Pareillement, selon Taine, Racine fait plaider, pour Sainte-Beuve, Racine est un discoureur au théâtre, etc.

=>Retour au dossier sur Jean Racine, notre auteur national

Le matérialisme dialectique et le communisme

« Merci camarade Staline
pour notre vie heureuse ! »

« Nous avons un nom qui est devenu un symbole des victoires du socialisme. Ce nom est en même temps un symbole de l’unité morale et politique du peuple soviétique.
Vous savez quel est ce nom – Staline !
(V.M. Molotov) »

Le communisme est le produit du mouvement de synthèse de la matière à travers des sauts, c’est-à-dire que la matière cesse de s’utiliser elle-même de manière partiellement improductive pour trouver une manière de former une totalité agissante.

Par partiellement improductive, il faut comprendre que la matière ne peut utiliser que la matière pour se développer elle-même, ce qui implique qu’un aspect se développe aux dépens d’un autre, dans le cadre d’un développement inégal.

Le déséquilibre provoqué se résout par un saut dialectique.

Mao Zedong nous dit ici que :

« Le déséquilibre est une loi générale et objective.

Le cycle, qui est sans fin, passe du déséquilibre à l’équilibre et, à nouveau, de celui-ci à celui-là. Chaque cycle, cependant, correspond à un niveau supérieur de développement. Le déséquilibre est absolu, tandis que l’équilibre est temporaire et relatif.

La rupture de l’équilibre, c’est un bond en avant. »

Le mode de production capitaliste permet ainsi le développement des forces productives, mais cela aux dépens des prolétaires ; le socialisme en est la négation et le communisme qui le prolonge est alors l’humanité appliquant le principe De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.

Il n’y a cependant pas de négation de la négation et le socialisme organisé par l’humanité ne signifie nullement que c’est seulement elle qui va au communisme.

En réalité, pour le matérialisme dialectique, l’univers entier va au Communisme. Dialectiquement, cela signifie que l’univers entier est également allé au communisme.

La matière est éternelle et infinie ; elle est inépuisable. Par conséquent, elle a déjà connu une évolution dialectique, au moyen de transformations, puisque c’est sa nature même. Cela implique donc qu’elle a déjà connu et qu’en fait à chaque grande étape, chaque bond en avant, elle connaît un saut communiste.

Ce communisme consiste en l’universalisation des moyens de production d’une forme matérielle, sa combinaison synthétique. Toute élévation de la complexité de la matière sur un certain plan correspond à une affirmation communiste.

Les montagnes, les galaxies, les végétaux et les animaux sont des exemples de saut synthétique correspondant à une étape communiste. On a une affirmation d’un système complexe et organisé, une mise en commun de multiples aspects contradictoires de la matière. Ces systèmes complexes ont eux-mêmes un passé constitué d’étapes ayant établi les éléments qui allaient se synthétiser.

Les éléments séparés se combinent ; ils forment une totalité harmonieuse et obéissant en même temps à une contradiction interne les impliquant dans un développement.

Ce développement se fait lui-même de manière inégale et cela explique les différentes galaxies, les différentes montagnes, les différents végétaux, les différents animaux. La systématisation de la production d’un système complexe se fait lui-même de manière inégale.

Il ne s’agit pas d’essais de la nature ou d’erreurs de la nature ; il s’agit d’une réalité propre à tout développement que d’être inégal.

Tout processus profite d’un processus passé par définition inégal pour lui-même produire une forme plus complexe, par un développement également inégal.

Ce passé est infini, tout autant que l’avenir. Le processus est sans fin, ses aspects infinis. La matière, s’appuyant sur les inégalités de développement de ses différents aspects, connaît un développement infini par l’affirmation de contradictions aboutissant à un saut communiste, produisant des formes nouvelles qui elles-mêmes apportent davantage de complexité dans le développement général.

Tout saut ne correspond pas à une étape communiste. Mais chaque saut contient, en germe, la tendance au bond en avant vers la nature communiste du système.

L’étape communiste se distingue des autres par une unification où la contradiction cesse d’être antagonique entre différents aspects pour permettre un développement harmonieux – ce qui correspond au développement de nouvelles contradictions, qui sont différentes des précédentes, qui se sont déplacées.

Ce déplacement se fait en plaçant la nouvelle forme dans de nouveaux rapports avec le reste de la matière. Chaque montagne, chaque galaxie… est le fruit d’une contradiction interne, et sa réalisation en tant que forme complexe produit une contradiction nouvelle avec d’autres aspects de la matière, par exemple la galaxie avec une autre galaxie, la montagne avec un fleuve, etc.

La contradiction interne initiale, permettant l’avènement d’une forme nouvelle, plus complexe, se déplace alors vers le rapport dialectique entre la chose nouvelle et une autre chose, formant une nouvelle contradiction interne.

L’article « L’Univers est l’unité du fini et de l’infini », publié dans le Journal de la dialectique de la Nature au moment de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, présente de la manière suivante le nouveau rapport qui s’établit :

« La fin de toute chose concrète, le soleil, la Terre et l’humanité n’est pas la fin de l’Univers. La fin de la Terre apportera un corps cosmique nouveau et plus sophistiqué.

À ce moment-là, les gens tiendront des réunions et célébreront la victoire de la dialectique et souhaiteront la bienvenue à la naissance de nouvelles planètes.

La fin de l’humanité se traduira également par de nouvelles espèces qui hériteront de toutes nos réalisations. En ce sens… la mort de l’ancien est la condition de la naissance du nouveau. »

Le communisme se généralise donc à des niveaux toujours plus complexes, car la matière se transforme et son interaction à un niveau complexe s’approfondit, se systématise. Il n’y a en ce sens pas de négation de négation, pas de fin de l’Histoire, ni d’ailleurs de début. Il y a le communisme pour le communisme, la matière pour la matière.

L’univers est un système infini où la complexité se développe par sauts. Le physicien japonais Shoichi Sakata, dans Physique théorique et dialectique de la nature, en juin 1947, définit ainsi sa conception de l’Univers en oignon, saluée par Mao Zedong :

« La science actuelle a trouvé que, dans la nature, il existe des « niveaux » qualitatifs différents : la forme du mouvement, par exemple une série de niveaux comme particules élémentaires-noyaux-atomes-molécules-masses-corps célestes-nébuleuses.

Ces niveaux forment des points nodaux variés qui restreignent les différents modes qualitatifs de l’existence de la matière en général. Et ainsi ils ne sont pas simplement reliés de manière directe comme décrit ci-dessus.

Les « niveaux » sont également connectés dans une direction comme molécules-colloïdes-cellules-organes-individus-sociétés. Même dans les masses semblables, il existe des « niveaux » d’états correspondant aux solides-liquides-gaz.

Dit de manière métaphorique, ces circonstances peuvent être décrites comme ayant une sorte de structure multi-dimensionnelle du type d’un filet de pêche ou, plutôt serait-il mieux de dire, qu’ils ont une structure du type des oignons, en phases successives.

Ces niveaux ne sont en rien isolés mutuellement et indépendants, mais sont connectés mutuellement, dépendants et constamment « transformés » les uns en les autres.

Un atome, par exemple, est construit à partir des particules élémentaires et une molécule est construite à partir d’atomes et, inversement, peut être fait la décomposition d’une molécule en atomes, d’un atome en particules élémentaires.

Ces types de transformation arrivent constamment, avec la création d’une nouvelle qualité et la destruction des autres, dans des changements incessants. »

L’univers est un océan infini de contradictions élevant la matière à un niveau plus complexe, apportant des contradictions plus riches, permettant une combinaison toujours plus riche de la matière, plus sensible, plus complexe, et ce dans toutes les directions. C’est le sens du communisme.

>>Revenir au sommaire des articles sur le matérialisme dialectique

Mouvement Révolutionnaire Internationaliste: Sur la Situation Mondiale (1993)

En 1984, la Déclaration du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste indiquait: «Le monde d’après la Deuxième Guerre mondiale est rapidement en train de se désagréger.

Les rapports économiques et politiques au niveau international – le ‘partage du monde’ – qui avaient été établis au cours de la Deuxième Guerre Mondiale et dans les suites de cette guerre, ne se prêtent plus à ce que les différentes puissances impérialistes puissent continuer, ‘de façon pacifique’, à assurer l’expansion et l’extension nécessaires de leurs empires fondés à base de profit.

Et si le monde d’après-guerre a déjà connu des transformations importantes à cause des conflits entre les impérialistes et à cause, surtout, des luttes révolutionnaires de cette période, on assiste aujourd’hui à une remise en cause générale de tout le réseau de rapports économiques, politiques et militaires dans son ensemble.

La stabilité relative des grandes puissances impérialistes… se désagrège.

On assiste à une recrudescence des luttes révolutionnaires des nations et des peuples opprimés, et ces luttes portent de nouveau atteinte à l’ordre impérialiste mondial…

Aujourd’hui déjà, l’accentuation des contradictions entraîne tous les pays et toutes les régions du monde, ainsi que certains secteurs des masses qui étaient restées jusqu’ici assoupies et à l’écart de la vie politique, dans le tourbillon de l’histoire mondiale; et ce phénomène ne sera que plus marqué à l’avenir.

Les communistes révolutionnaires doivent donc se préparer et préparer les ouvriers munis d’une conscience politique de classe ainsi que d’autres secteurs révolutionnaires du peuple et doivent intensifier les luttes révolutionnaires».

L’analyse de la Déclaration sur le caractère temporaire de l’ordre mondial existant et son appel à des préparatifs urgents en vue de changements soudains et d’accélérations subites des développements ont été confirmés par les événements dans le monde, bien que le cours exact des événements – la désagrégation du camp social-impérialiste soviétique et l’atténuation de la rivalité aiguë entre les blocs impérialistes sous l’emprise des Etats-Unis et des Soviétiques qui avait amené le monde au bord de la guerre mondiale – ne pouvait être prévu.

Dans le cadre de l’aggravation de la crise du système impérialiste, les traits principaux de la situation mondiale actuelle sont: la recrudescence des luttes des nations opprimées dans le monde, en particulier les succès glorieux de la Guerre Populaire au Pérou, le déclenchement de révoltes dans le ventre même des bêtes impérialistes immondes, la ré-émergence de l’impérialisme US en tant que seul gendarme en chef de l’ordre impérialiste, l’intervention et l’agression impérialistes contre les nations opprimées et une intensification de l’exploitation et des attaques à l’encontre des masses des nations opprimées et des pays capitalistes eux-mêmes et le réalignement des forces qui se produit dans les rangs des puissances impérialistes.

Le rêve fumeux des impérialistes 
d’un «Nouvel Ordre Mondial»

A la suite de la désagrégation du camp impérialiste soviétique, ce qui n’a été en fait qu’une manifestation marquante de la crise sévère qui étreint le système impérialiste dans son ensemble, système dont l’Union soviétique constituait un des principaux piliers, les impérialistes US ont déclaré avec arrogance qu’ils imposaient un «Nouvel Ordre Mondial».

Pour leurs propres adeptes chez eux et pour les oreilles très crédules, cet ordre nouveau a été maquillé superficiellement par des mots comme «respect de la loi internationale», «nouvelle ère de paix», «démocratie», «lutte contre la tyrannie et la dictature» et même «droits de l’homme».

Les puissances impérialistes qui, la veille, se prenaient à la gorge faisaient mine de s’embrasser.

Les Nations unies et les autres organisations impérialistes du même genre ont été présentées comme les gardiens de la «nouvelle ère de paix mondiale».

Les impérialistes espéraient naïvement masquer la nature réelle de la débâcle du bloc social-impérialiste soviétique et comptaient utiliser celle-ci pour désaisir les masses opprimées de l’arme que constitue l’idéologie révolutionnaire communiste.

Leurs idéologues, avec les réactionnaires et les révisionnistes de tout poil, ont lancé une offensive contre-révolutionnaire proclamant la fin de l’idée communiste d’un monde libéré de l’exploitation et même la «fin de l’histoire».

L’impérialisme, la réaction et le révisionnisme se sont démenés à perdre haleine pour agiter le drapeau dépenaillé et décrépit de la « démocratie », symbole de la domination inhumaine et sanglante du capital, et pour le présenter comme la seule alternative.

Il s’est vraiment agi d’une sinistre conspiration dont les conséquences sordides et sanguinaires ne sont que trop évidentes.

L’acte inaugural de ce «nouvel» ordre mondial a été le viol brutal de l’Irak par les Etats-Unis secondés par d’autres puissances impérialistes et avec l’aide d’une légion étrangère d’un type nouveau constituée de soldats originaires des pays qu’ils dominent.

Le but recherché était de délimiter les empires et de soumettre les opprimés par la terreur.

Mais cela n’a servi qu’à leur arracher leurs masques de «paix» et qu’à souligner une fois de plus que les régimes compradors des nations opprimées ne peuvent jamais asséner des coups résolus et sans compromis à leurs maîtres impérialistes.

Les impérialistes ont mis en scène leur propre désarmement mais la paix ne pouvait jamais sortir des salles de banquets de ces vampires.

Après tous leurs pactes et traités, ils détiennent encore, en particulier les impérialistes des Etats-Unis et de la Russie actuelle, des arsenaux mortels capables de détruire le monde un nombre incalculable de fois.

Les impérialistes ont parlé d’une «nouvelle ère de développement et de coopération» mais le seul résultat a été une intensification de l’exploitation des masses dans les nations opprimées et dans les pays capitalistes eux-mêmes – la paupérisation des producteurs réels.

Dans les pays de l’ancien bloc soviétique, y compris la Russie, la domination ouverte du capital réduit progressivement à néant les illusions de prospérité et de croissance à l’abri des crises.

Et les rêves des impérialistes occidentaux de surmonter leur crise se sont transformés en cauchemars: ils s’enlisent de plus en plus, ils créent des troubles et on leur riposte, et aujourd’hui ils ont à faire face à la colère des opprimés même dans leurs propres pays.

Le cours des événements a été rapide, ce qui souligne une fois encore le caractère explosif de la situation mondiale.

Le son des trompettes de la contre-offensive réactionnaire, qui faisait tant de bruit il n’y a encore que deux ans, tombe de plus en plus dans des oreilles de sourds.

Des fractions de plus en plus nombreuses des masses dans bien des parties du monde continuent à s’éveiller à la résistance, à la révolte et à la révolution, plus profondément conscientes de la banqueroute des révisionnistes aux abois, acueillant avec chaleur la montée radieuse du pouvoir rouge dans les hautes montagnes du Pérou et cherchant des moyens plus efficaces pour asséner des coups à leurs propres oppresseurs.

Le «Grand Désordre» est une bonne chose

Mao Tsétoung, le grand dirigeant du prolétariat mondial, nous a enseigné que l’impérialisme soulève toujours une grosse pierre dans le but de la lancer contre les opprimés et finit par se la laisser tomber sur les pieds.

Cela s’applique tout à fait à la situation mondiale actuelle. Le grand tapage au sujet de leur «nouvel» ordre mondial et le cours réel des événements a seulement servi à prouver sans le moindre doute que rien de bon ne peut résulter de ce système qui dévore les hommes.

Leurs institutions, leurs laquais réactionnaires et leurs créatures révisionnistes sont de plus en plus démasqués.

La Guerre Populaire au Pérou a conquis des zones libérées où notre classe a une nouvelle fois établi le pouvoir du peuple. Dans les nations opprimées du monde, la «zone des tempêtes» de la révolution mondiale, les luttes et la résistance des masses contre l’impérialisme et leurs laquais réactionnaires sont en plein essor, écartant les dirigeants corrompus d’hier, de nouvelles générations prennent en main les tâches qui feront avancer leurs luttes.

Il y a de l’effervescence et de la révolte, à des degrés divers, dans chaque couche et dans toutes les couches d’opprimés, parmi les femmes, dans la jeunesse et dans les couches les plus profondes des masses enchaînées depuis des siècles par la réaction sous toutes ses formes montrueuses.

L’ignoble brute US vient juste de recevoir un sérieux avertissement sur son propre territoire de la part des victimes de son oppression de classe et raciale.

Et les tigres en papier impérialistes continuent à se dégonfler comme des baudruches sous les coups des lances acérées des masses opprimées dans tous les pays où ils osent commettre des aggressions.

Une grande vague de «désordre révolutionnaire» grossit et c’est une bonne chose.

Dans le cadre de l’aggravation de la crise du système impérialiste mondial, toutes les contradictions essentielles – la contradiction entre les nations opprimées et les puissances impérialistes, la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie dans les pays capitalistes et impérialistes et la contradiction entre les puissances impérialistes elles-mêmes- connaissent un nouveau développement.

Parmi ces contradictions, celle entre les nations opprimées et les puissances impérialistes et avec une ampleur notable, quoique secondaire, la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie dans les pays impérialistes s’intensifient.

La désagrégation du camp impérialiste soviétique a amené un relâchement de la contradiction inter-impérialiste par rapport à son niveau antérieur d’intensité.

Mais la collusion des impérialistes repose sur la concurrence, ce qui se manifeste aujourd’hui dans le réalignement des forces et les nouvelles rivalités qui surgissent entre puissances impérialistes face à l’aggravation de leur crise et à la montée des luttes du peuple.

Pour reprendre les mots de la Déclaration de 1984, dans cette période où des perspectives sans précédent pour la révolution se font jour: «Nous devons intensifier notre vigilance révolutionnaire et redoubler d’efforts afin d’être prêts, sur le plan politique et idéologique, en matière d’organisation et sur le plan militaire, pour pouvoir profiter de ces occasions de façon à favoriser au maximum les intérêts de notre classe et conquérir le plus possible d’avant-postes pour la révolution prolétarienne mondiale».

L’existence du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste et des partis Maoïstes regroupés en son sein fournit une base puissante à l’accomplissement de cette tâche, et il faut la réaliser.

En particulier, les communistes doivent remettre l’arme du Marxisme-Léninisme-Maoïsme entre les mains de la multitude des masses opprimées, persévérer dans la lutte implacable contre toutes les formes de révisionnisme, ancien ou moderne, créer des partis Maoïstes là où ils n’existent pas et renforcer ceux qui existent, de façon à préparer, lancer et conduire à la victoire des Guerres Populaires pour détruire à jamais l’impérialisme et la réaction et avancer vers l’avenir glorieux du communisme.

26 décembre 1993

=>Revenir au dossier sur le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste

Mouvement Révolutionnaire Internationaliste: Vive le maoïsme ! (1993)

Introduction

En 1984, le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI) a été fondé, en regroupant le noyau des révolutionnaires Maoïstes dans le monde qui étaient déterminés à mener la lutte pour un monde sans exploitation et sans oppression, sans impérialisme, un monde dans lequel même la division de la société en classes serait abolie – le monde communiste du futur.

Depuis la formation de notre Mouvement, nous avons continué de progresser et aujourd’hui, à l’occasion du centenaire de Mao Tsétoung, avec un sens profond de nos responsabilités, nous déclarons au prolétariat international et aux masses opprimées dans le monde que l’idéologie qui nous guide est le Marxisme-Léninisme-Maoïsme.

Notre Mouvement a été fondé sur la base de la Déclaration du Mouvement Internationaliste adoptée lors de la Seconde Conférence des Partis et Organisations Marxistes-Léninistes en 1984.

La Déclaration défend l’idéologie prolétarienne révolutionnaire et sur cette base elle envisage de façon correcte pour l’essentiel les tâches des communistes révolutionnaires dans différents pays et à l’échelle mondiale, l’histoire du mouvement communiste international et nombre d’autres questions vitales.

Aujourd’hui nous réaffirmons que la Déclaration est le fondement solide de notre Mouvement à laquelle nous apportons une nouvelle clarification, une compréhension approfondie de notre idéologie et une unité plus profonde de notre Mouvement.

La Déclaration insiste à juste titre sur les «apports d’ordre qualitatif de Mao Tsétoung à la science du Marxisme-Léninisme» et affirme qu’il l’a fait progresser à une « nouvelle étape ».

Cependant, l’utilisation du terme de « Marxisme-Léninisme- Pensée Mao Tsétoung» dans notre Déclaration reflétait une compréhension encore incomplète de cette nouvelle étape.

Au cours des neuf dernières années, notre Mouvement a été engagé dans une discussion et une lutte prolongées, riches et approfondies pour assimiler plus profondément les développements de Mao Tsétoung sur le Marxisme.

Pendant la même période, les partis et les organisations de notre Mouvement et du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste dans leur ensemble ont été engagés dans la lutte révolutionnaire contre l’impérialisme et la réaction.

Le plus important a été l’expérience avancée de la Guerre Populaire dirigée par le Parti Communiste du Pérou (PCP) qui a réussi à mobiliser les masses par millions, balayant le pouvoir d’Etat dans de nombreuses régions du pays et établissant le pouvoir des ouvriers et des paysans dans ces zones.

Ces avancées, en théorie et en pratique, nous ont permis d’approfondir notre compréhension de l’idéologie prolétarienne et, sur cette base, de faire un pas essentiel, la reconnaissance du Marxisme-Léninisme-Maoïsme en tant que troisième étape nouvelle et supérieure du Marxisme.

La troisième étape nouvelle
et supérieure du Marxisme

Mao Tsétoung a développé de nombreuses thèses sur toute une série de questions vitales de la révolution. Mais le Maoïsme n’est pas la simple somme des grandes contributions de Mao.

Il est un développement du Marxisme-Léninisme en profondeur et sous tous ses aspects qu’il a porté à une étape nouvelle et supérieure.

Le Marxisme-Léninisme-Maoïsme est un ensemble intégré; il représente l’idéologie du prolétariat, mise sous une forme synthétique et élevée à de nouveaux stades, du Marxisme au Marxisme-Léninisme puis au Marxisme-Léninisme-Maoïsme, par Karl Marx, V.I. Lénine et Mao Tsétoung, sur la base de l’expérience du prolétariat et de l’humanité dans la lutte de classe, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique.

Il constitue l’arme invincible qui permet au prolétariat de comprendre le monde et de le changer par la révolution.

Le Marxisme-Léninisme-Maoïsme est une idéologie vivante et scientifique qui peut être appliquée de façon universelle, qui se développe constamment et qui s’enrichit davantage par son application au processus révolutionnaire ainsi que par les progrès de la connaissance humaine en général.

Le Marxisme-Léninisme-Maoïsme est l’ennemi de toutes les formes du révisionnisme et du dogmatisme. Toute sa puissance vient de ce qu’il est vrai.

Karl Marx

Karl Marx, le premier, a développé le communisme révolutionnaire il y a presque 150 ans.

Avec l’aide de son proche compagnon d’armes Friedrich Engels, il a développé un système philosophique complet, le matérialisme dialectique, et a découvert les lois fondamentales qui gouvernent l’histoire humaine.

Marx a développé une science de l’économie politique qui a révélé la nature de l’exploitation du prolétariat, l’anarchie inhérente et les contradictions du mode de production capitaliste.

Karl Marx a développé sa théorie révolutionnaire en étroite relation avec et au service de la lutte de classe du prolétariat international.

Il a construit la Première Internationale et a écrit, avec Engels, le Manifeste du Parti Communiste qui a retenti par son appel «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!».

Marx a porté une grande attention et a tiré les leçons de la Commune de Paris de 1871, la première grande tentative du prolétariat pour se saisir du pouvoir d’Etat.

Il a armé le prolétariat mondial de la compréhension de sa mission historique: prendre le pouvoir politique par la révolution et utiliser ce pouvoir – la dictature du prolétariat – pour transformer les conditions sociales jusqu’à ce que les bases mêmes de la division de la société en classes soient éliminées.

Marx a mené la lutte contre les opportunistes dans le mouvement prolétarien qui cherchaient à restreindre la lutte des ouvriers à l’amélioration des conditions de l’esclavage salarié sans remettre en cause l’existence même de cet esclavage.

Pris ensemble, la position, le point de vue et la méthode de Marx ont pris le nom de Marxisme, lequel représente le premier grand jalon du développement de l’idéologie du prolétariat.

V.I. Lénine

V.I. Lénine a porté le Marxisme à un tout nouveau stade de développement dans sa conduite du mouvement prolétarien révolutionnaire en Russie et de la lutte au sein du mouvement communiste international contre le révisionnisme.

Entre autres contributions, Lénine a analysé le développement du capitalisme à son stade suprême et final, l’impérialisme.

Il a montré que le monde était divisé entre une poignée de puissances impérialistes et la grande majorité, les nations et les peuples opprimés, et a montré que les puissances impérialistes seraient forcées de rentrer en guerre périodiquement pour repartager le monde entre elles.

Lénine a décrit l’ère dans laquelle nous vivons comme l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Lénine a développé le concept de parti politique de type nouveau, le Parti Communiste, comme l’outil indispensable pour mener les masses révolutionnaires à la prise du pouvoir.

Le plus important est que Lénine a élevé la théorie et la pratique de la révolution prolétarienne à un niveau complètement nouveau pendant qu’il dirigeait le prolétariat, pour la première fois dans l’histoire, vers la prise et la consolidation de son pouvoir politique, sa dictature révolutionnaire, par la victoire de la révolution d’Octobre dans l’ancienne Russie tsariste en 1917.

Lénine a mené une lutte à mort contre les révisionnistes de son temps au sein de la Deuxième Internationale qui avaient trahi la révolution prolétarienne et avaient appelé les ouvriers à défendre les intérêts de leurs maîtres impérialistes au cours de la Première Guerre mondiale.

Les «échos des canons de la révolution d’Octobre» et la lutte de Lénine contre le révisionnisme se sont répandus plus largement dans le mouvement communiste dans le monde entier, établissant le lien entre les luttes des peuples opprimés et la révolution prolétarienne mondiale, et la Troisième Internationale (ou Internationale Communiste) a été formée.

Le développement général et dans tous les domaines du Marxisme par Lénine représente le second grand bond de l’élaboration de l’idéologie prolétarienne.

Après la mort de Lénine, Joseph Staline a défendu la dictature du prolétariat contre des ennemis intérieurs et contre les agresseurs impérialistes au cours de la Deuxième Guerre mondiale et il a poursuivi la construction et la transformation socialistes en Union Soviétique.

Staline a lutté pour que le mouvement communiste international reconnaisse le Marxisme-Léninisme comme le second grand jalon du développement de l’idéologie prolétarienne.

Mao Tsétoung

Mao Tsétoung a porté le Marxisme-Léninisme à une étape nouvelle et supérieure au cours des décennies pendant lesquelles il a dirigé la Révolution Chinoise, la lutte internationale contre le révisionnisme moderne et, surtout, en découvrant en pratique et en théorie la méthode de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat afin d’empêcher la restauration du capitalisme et de poursuivre la marche vers le communisme.

Mao Tsétoung a magistralement développé les trois composantes du Marxisme – la philosophie, l’économie politique et le socialisme scientifique.

Mao a dit: «Le pouvoir est au bout du fusil».

Mao Tsétoung a largement développé la science militaire du prolétariat par sa théorie et sa pratique de la Guerre Populaire.

Mao nous a enseigné que le peuple, et non les armes, est le facteur décisif dans la guerre.

Il a mis en lumière que chaque classe a ses propres formes de guerre avec des caractères, des buts et des moyens spécifiques.

Il a fait remarquer que toute la logique militaire peut se résumer au principe «Vous avez votre façon de vous battre, nous avons la nôtre» et que le prolétariat doit se forger une stratégie et une tactique militaires qui sachent tirer parti de ses avantage propres, en libérant et en s’appuyant sur l’initiative et l’enthousiasme des masses révolutionnaires.

Mao a établi que la politique de conquérir des zones libérées et d’établir systématiquement le pouvoir politique était la clef de la mobilisation des masses et du développement de la force du peuple sur le plan militaire et de la progression par vagues de leur pouvoir politique.

Il a insisté sur la nécessité de diriger les masses en réalisant des transformations révolutionnaires dans les zones libérées et de développer ces zones sur les plans politique, économique et culturel en les mettant au service du progrès de la guerre révolutionnaire.

Mao a enseigné que le Parti doit contrôler les fusils et qu’il ne faut jamais permettre aux fusils de contrôler le Parti.

Le Parti doit être construit comme le moyen permettant de lancer et de diriger la guerre révolutionnaire.

Il a insisté sur le fait que la tâche centrale de la révolution est la prise du pouvoir par la violence révolutionnaire.

La théorie de Mao Tsétoung sur la Guerre Populaire est applicable de façon universelle dans tous les pays, bien qu’elle doive être appliquée en fonction des conditions concrètes dans chaque pays et doive, en particulier, prendre en considération les deux grands types de pays – les pays impérialistes et les pays opprimés – qui existent dans le monde d’aujourd’hui.

Mao a résolu le problème de la manière de faire la révolution dans un pays dominé par l’impérialisme.

La voie fondamentale qu’il a tracée pour la révolution en Chine représente une contribution inestimable pour la théorie et la pratique de la révolution et représente le guide pour libérer les pays opprimés par l’impérialisme.

Cela consiste en une Guerre Populaire prolongée, encerclant les villes par la campagne, reposant sur la lutte armée comme forme principale de lutte et sur l’armée dirigée par le Parti comme forme principale d’organisation des masses, en mobilisant la paysannerie, principalement la paysannerie pauvre, en menant la révolution agraire; cela consiste aussi en la construction d’un front uni sous la direction du Parti Communiste pour mener à bien la Révolution de Démocratie Nouvelle contre l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique et en l’établissement de la dictature conjointe des classes révolutionnaires sous la direction du prolétariat comme prélude nécessaire à la révolution socialiste qui doit faire immédiatement suite à la victoire de la première étape de la révolution.

Mao a avancé la thèse des «trois armes magiques» – le Parti, l’Armée et le Front Uni – instruments indispensables pour faire la révolution dans chaque pays qu’il faut adapter aux conditions et à la voie spécifiques de la révolution.

Mao Tsétoung a largement développé la philosophie prolétarienne, le matérialisme dialectique. En particulier, il a mis l’accent sur la loi de la contradiction, l’unité et la lutte des contraires, en tant que loi fondamentale régissant la nature et la société.

Il a souligné que l’unité et l’identité de toute chose sont passagères et relatives, alors que la lutte des contraires est ininterrompue, absolue, et que cela est à l’origine des ruptures radicales et des bonds révolutionnaires.

Il a magistralement appliqué sa compréhension de cette loi à l’analyse de la relation entre la théorie et la pratique, en insistant sur le fait que la pratique est à la fois la seule source et le critère ultime de la vérité et en mettant l’accent sur le bond entre la théorie et la pratique révolutionnaires.

De cette façon, Mao a développé plus avant la théorie prolétarienne de la connaissance.

Il a été en première ligne pour mettre à la disposition des masses les plus larges la philosophie en popularisant, par exemple, l’idée que «un se divise en deux» par opposition à la thèse révisionniste selon laquelle «deux fusionnent en un».

Mao Tsétoung a développé plus avant la compréhension de l’idée que «le peuple et le peuple seul est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle».

Il a développé la compréhension de la ligne de masse «Recueillir les idées des masses (dispersées, non systématiques), les concentrer (en idées généralisées et systématisées, après étude), puis aller de nouveau dans les masses pour les diffuser et les expliquer, faire en sorte que les masses se les assimilent, y adhèrent fermement et les traduisent en action et vérifier dans l’action même des masses la justesse de ces idées».

Mao a insisté sur la vérité profonde selon laquelle la matière peut se transformer en conscience et la conscience en matière, développant plus avant le rôle dynamique de la conscience des hommes dans tous les domaines de leur activité.

Mao Tsétoung a dirigé la lutte internationale contre le révisionnisme moderne à la tête duquel se trouvaient les révisionnistes krouchtchéviens.

Il a défendu la ligne idéologique et politique communiste contre les révisionnistes modernes et a appelé les révolutionnaires prolétariens authentiques à rompre avec eux et à créer des partis fondés sur les principes Marxistes-Léninistes-Maoïstes.

Mao Tsétoung a entrepris une analyse pénétrante des leçons de la restauration du capitalisme en URSS et des insuffisances comme des succès de la construction du socialisme dans ce pays.

Tout en défendant les grandes contributions de Staline, Mao a aussi fait le bilan des erreurs de Staline.

Il a résumé l’expérience de la révolution socialiste en Chine et des luttes répétées entre les deux lignes contre les quartiers généraux du révisionnisme au sein du Parti Communiste Chinois.

Il a magistralement appliqué la dialectique matérialiste à l’analyse des contradictions de la société socialiste.

Mao a enseigné que le Parti doit jouer le rôle d’avant-garde – avant, pendant et après la prise du pouvoir – en dirigeant le prolétariat dans son combat historique pour le communisme.

Il a fait progresser notre compréhension de la façon de préserver le caractère révolutionnaire du Parti en menant une lutte idéologique active contre les influences bourgeoises et petites-bourgeoises dans ses rangs, la transformation idéologique des membres du Parti, la critique et l’autocritique et l’application de la lutte entre les deux lignes contre les tendances opportunistes et révisionnistes dans le Parti.

Mao a enseigné qu’une fois que le prolétariat a saisi le pouvoir et que le Parti est devenu la force dirigeante dans l’Etat socialiste, la contradiction entre le Parti et les masses devient une expression concentrée des contradictions qui font de la société socialiste une transition entre capitalisme et communisme.

Mao a développé la compréhension du prolétariat de l’économie politique, du rôle contradictoire et dynamique de la production elle-même et de son interrelation avec la superstructure politique et idéologique de la société.

Mao a enseigné que le système de propriété détermine de façon décisive les rapports de production mais que, sous le socialisme, il faut prendre garde à ce que la propriété publique soit socialiste dans son contenu comme dans sa forme.

Il a insisté sur l’interaction entre le système de propriété socialiste et les deux autres aspects des rapports de production, les liens entre les rapports humains dans le travail et le système de distribution.

Mao a développé la thèse léniniste selon laquelle la politique est l’expression concentrée de l’économie, en montrant que dans la société socialiste la justesse de la ligne idéologique et politique détermine si le prolétariat détient réellement les moyens de production.

En outre, il a souligné que la montée du révisionnisme signifie la montée de la bourgeoisie, qu’étant donnée la nature contradictoire de la base économique du socialisme il serait facile aux responsables engagés dans la voie capitaliste de réinstaurer le système capitaliste s’ils revenaient au pouvoir.

Il a fait une critique approfondie de la théorie révisionniste des forces productives et en a tiré la conclusion que la superstructure, la conscience, peuvent transformer l’infrastructure et, avec l’aide du pouvoir politique, développer les forces productives.

Tout cela est exprimé dans le mot d’ordre de Mao: «Faire la Révolution, Promouvoir la Production».

Mao Tsétoung a lancé et dirigé la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne qui a constitué un grand bond en avant dans l’expérience de l’exercice de la dictature du prolétariat.

Des centaines de millions de gens se sont dressés pour renverser les responsables engagés dans la voie capitaliste qui avaient émergé au sein de la société socialiste et qui s’étaient particulièrement concentrés dans la direction du Parti lui- même (tels Liou Chao-chi, Lin Piao et Deng Xiao-ping).

Mao a dirigé le prolétariat et les masses dans leur confrontation avec les responsables engagés dans la voie du capitalisme pour imposer les intérêts, le point de vue et la volonté de la grande majorité dans tous les domaines qui, même dans la société socialiste, étaient restés la chasse gardée des classes exploiteuses et de leur mode de pensée.

Les grandes victoires remportées au cours de la Révolution Culturelle ont empêché la restauration du capitalisme en Chine pendant une décennie et ont conduit à de grandes transformations socialistes dans la base économique comme dans l’éducation, la littérature et l’art, la recherche scientifique et les autres domaines de la superstructure.

Sous la direction de Mao, les masses ont retourné le vieil humus qui engendre le capitalisme -tels le droit bourgeois et les trois grandes différences entre ville et campagne, entre ouvriers et paysans et entre travail intellectuel et travail manuel.

Au cours de cette lutte idéologique et politique implacable, des millions d’ouvriers et d’autres masses révolutionnaires ont fortement approfondi leur conscience de classe et leur maîtrise du Marxisme-Léninisme-Maoïsme et ont renforcé leur capacité à forger le pouvoir politique.

La Révolution Culturelle a été menée comme une partie intégrante de la lutte internationale du prolétariat et a été une école de l’internationalisme prolétarien.

Mao a saisi la relation dialectique entre le besoin d’une direction révolutionnaire et la nécessité de soulever les masses révolutionnaires et de s’appuyer sur elles pour mettre en oeuvre la dictature du prolétariat.

En agissant ainsi, le renforcement de la dictature du prolétariat a été aussi l’exercice le plus étendu et le plus approfondi de la démocratie prolétarienne qui ait été réalisé dans le monde et des chefs révolutionnaires héroïques se sont révélés, tels Kiang Tsing et Tchang Tchouen-kiao, qui sont restés aux côtés des masses et les ont dirigées dans la bataille contre les révisionnistes et qui n’ont pas cessé de tenir haut levé le drapeau du Marxisme-Léninisme-Maoïsme face à une défaite amère.

Lénine a dit: «Celui-là seul est un Marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte de classe jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat».

A la lumière des leçons inestimables et des succès remportés par la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne dirigée par Mao Tsétoung, cette ligne de démarcation a été précisée davantage.

Aujourd’hui on peut affirmer que seul est Marxiste celui qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat et jusqu’à la reconnaissance de l’existence objective des classes, de contradictions antagoniques de classe, de la bourgeoisie dans le Parti et de la continuation de la lutte des classes sous la dictature du prolétariat pendant toute la période du socialisme jusqu’au communisme.

Comme Mao l’a exprimé avec tant de force: «Toute confusion à cet égard ménera au révisionnisme».

La restauration du capitalisme après le coup d’Etat contre-révolutionnaire de 1976 dirigé par Houa Kuo-feng et Deng Xiao-ping ne remet en aucune façon en cause le Maoïsme ou les réalisations historiques universelles et les leçons magistrales de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne; plutôt, cette défaite confirme les thèses de Mao sur la nature de la société socialiste et la nécessité de poursuivre la révolution sous la dictature du prolétariat.

A l’évidence, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne représente une épopée de l’histoire mondiale de la révolution, un sommet victorieux pour les communistes et les révolutionnaires du monde, une réalisation impérissable.

Bien qu’il nous reste un long chemin à parcourir, cette révolution nous a légué d’importantes leçons que nous appliquons déjà comme, par exemple, l’idée que la transformation idéologique est fondamentale pour que notre classe prenne le pouvoir.

Le Marxisme-Léninisme-Maoïsme: le troisième grand jalon
Au cours de la révolution chinoise, Mao avait développé le Marxisme-Léninisme dans de nombreux domaines.

Mais ce fut l’épreuve de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne qui a fait faire un bond à notre idéologie et que le troisième grand jalon, le Marxisme-Léninisme-Maoïsme, a complètement pris forme.

En se plaçant au niveau supérieur du Marxisme – Léninisme – Maoïsme les communistes révolutionnaires peuvent assimiler plus profondément les enseignements des grands dirigeants précédents et, véritablement, même les contributions antérieures de Mao Tsétoung prennent un sens plus profond.

Aujourd’hui, sans le Maoïsme, il ne peut y avoir de Marxisme-Léninisme. A l’évidence, nier le Maoïsme revient à nier le Marxisme-Léninisme lui-même.

Chaque jalon important dans le développement de l’idéologie révolutionnaire du prolétariat rencontre une résistance acharnée et n’est reconnu qu’à travers une lutte intense et que grâce à son application dans la pratique révolutionnaire.

Aujourd’hui, le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste déclare que le Marxisme-Léninisme-Maoïsme doit être le commandant en chef et le guide de la révolution mondiale.

Par centaines de millions, les prolétaires et les masses opprimées dans le monde se trouvent propulsés dans la lutte contre le système impérialiste mondial et toute la réaction. Sur le champ de bataille contre l’ennemi, ils cherchent le drapeau qui est le leur.

Les communistes révolutionnaires doivent forger notre idéologie universelle et la répandre dans les masses de façon à les mobiliser et organiser encore mieux leurs forces afin de prendre le pouvoir par la violence révolutionnaire.

Pour accomplir cela, des partis Marxistes-Léninistes-Maoïstes, unis dans le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste, doivent être créés là où ils n’existent pas et ceux qui existent doivent se renforcer pour préparer, lancer et mener jusqu’à la victoire la Guerre Populaire pour la prise du pouvoir au service du prolétariat et des peuples opprimés.

Nous devons soutenir, défendre et surtout appliquer le Marxisme – Léninisme – Maoïsme.

Nous devons accélérer notre lutte pour la formation d’une Internationale Communiste d’un type nouveau, fondée sur le Marxisme-Léninisme-Maoïsme. La révolution prolétarienne mondiale ne peut avancer vers la victoire sans forger une telle arme parce que, comme nous l’a enseigné Mao Tsétoung, ou bien nous marchons tous ensemble au communisme ou personne n’y va.

Mao Tsétoung a dit: «Le Marxisme comprend des milliers de vérités, mais elles se résument toutes en une phrase: on a raison de se révolter».

Le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste prend la révolte des masses comme point de départ et appelle le prolétariat et les révolutionnaires du monde entier à se saisir du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.

Cette idéologie libératrice et partisane doit être mise entre les mains du prolétariat et de tous les opprimés parce qu’elle seule permettra à la révolte des masses de balayer des milliers d’années d’exploitation de classe et de donner naissance au monde nouveau du communisme.

Tenons haut levée la grande bannière rouge du Marxisme-Léninisme-Maoïsme!

26 décembre 1993

=>Revenir au dossier sur le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste

Mouvement Révolutionnaire Internationaliste: Déclaration de 1984

Mouvement Révolutionnaire Internationaliste: Déclaration (1984, réactualisée en 1993 [le document parlait initialement de Marxisme-Léninisme pensée Mao Zedong, pas de Maoïsme])

«Aujourd’hui le monde se trouve au seuil d’événements d’une très grande importance.

La crise du système impérialiste amène à un rythme rapide le danger qu’éclate une nouvelle guerre mondiale, la troisième, ainsi que de réelles perspectives pour la révolution dans des pays à travers le monde».

L’évolution de la situation mondiale ces derniers temps non seulement témoigne de l’exactitude scientifique de ces mots tirés de l’Appel lancé par notre Première Conférence Internationale à l’automne 1980, mais révèle aussi à quel point cette situation s’est entretemps intensifiée et aggravée.

Le mouvement marxiste-léniniste-maoïste se retrouve donc face à une responsabilité d’une gravité exceptionnelle, qui est de s’unifier davantage et de préparer ses rangs en vue des immenses épreuves et occasions à saisir, et des batailles décisives, qui se profilent à l’horizon.

La mission historique du prolétariat appelle de façon de plus en plus pressante à ce que l’on se prépare sur tous les fronts à faire face à des bonds et désordres soudains dans la situation objective, particulièrement dans la conjoncture actuelle où l’évolution de la situation au niveau mondial influe plus profondément sur la situation au niveau d’un pays particulier, et où des perspectives de révolution sans précédent sont en cours de préparation.

Nous devons intensifier notre vigilance révolutionnaire et redoubler d’efforts afin d’être prêts, sur le plan politique et idéologique, en matière d’organisation et sur le plan militaire, à pouvoir profiter de ces occasions de façon à favoriser au maximum les intérêts de notre classe et conquérir le plus possible d’avant-postes pour la révolution prolétarienne mondiale.

Armés des enseignements scientifiques de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Tsétoung, nous avons pleinement conscience des tâches qui nous incombent dans la situation actuelle, et nous sommes fiers de pouvoir les assumer et agir conformément à cette responsabilité à portée historique.

Le mouvement marxiste-léniniste-maoïste continue à s’affronter à une grave et profonde crise qui s’est précisée et qui a éclaté à la suite du coup d’Etat réactionnaire qui eut lieu en Chine au lendemain de la mort de Mao Tsétoung et de la perfide trahison commise par Enver Hoxha.

Mais malgré ces revers, l’on trouve, sur tous les continents, d’authentiques marxistes-léninistes-maoïstes qui se sont refusés à abandonner la lutte pour le communisme.

Le mouvement communiste international est en voie d’évolution grâce à un processus qui consiste à consolider davantage l’unité déjà réalisée et à avancer plus loin encore en accord avec les principes scientifiques du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.

Depuis 1980 nous avons pris des forces, et notre capacité à influencer et à guider l’évolution de certains événements s’est accrue.

Notre Deuxième Conférence Internationale de Partis et Organisations Marxistes-Léninistes, qui s’est réunie en dépit de conditions difficiles et défavorables, a constitué un bond en avant d’ordre qualitatif du point de vue de l’unité et du degré de maturation de notre mouvement.

Les tâches qui réclament depuis longtemps notre attention vont pouvoir être accomplies, et nous nous acquitterons de ces tâches en dressant une barricade invincible à l’encontre de l’idéologie révisionniste et de toute l’idéologie bourgeoise; en prenant place au premier rang des vagues d’assaut révolutionnaires qui s’apprêtent à déferler et en leur apportant une direction scientifique; en faisant consciemment application des principes du Marxisme-Léninisme-Maoïsme afin qu’ils puissent guider notre pratique et afin de pouvoir évaluer nos expériences dans le creuset de la lutte des classes révolutionnaire.

C’est à travers un processus de discussions soutenues et de large envergure, et en débattant les questions de ligne avec intégrité et sur un plan élevé, que les délégués et observateurs participant à la Deuxième Conférence Internationale de Partis et Organisations Marxistes-Léninistes qui a formé le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste ont réussi à forger la Déclaration dont le texte paraît dans les pages suivantes.

La Situation Mondiale

Aujourd’hui, toutes les contradictions essentielles du système impérialiste mondial s’accentuent à un rythme accéléré: la contradiction entre les différentes puissances impérialistes; la contradiction entre l’impérialisme et les nations et peuples opprimés; et la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat dans les pays impérialistes.

Toutes ces contradictions ont pour souche commune le mode de production capitaliste et la contradiction fondamentale du capitalisme.

La rivalité des deux blocs impérialistes, dirigés respectivement par les Etats-Unis et l’URSS, va très certainement finir par déclencher une guerre mondiale à moins que la révolution ne puisse l’en empêcher, et cette rivalité exerce une très grande influence sur le déroulement des événements à l’échelle mondiale.

Le monde d’après la Deuxième Guerre mondiale est rapidement en train de se désagréger. Les rapports économiques et politiques au niveau international -le «partage du monde», – qui avaient été établis au cours de la Deuxième Guerre mondiale et dans les suites de cette guerre, ne se prêtent plus à ce que les différentes puissances impérialistes puissent continuer, «de façon pacifique», à assurer l’expansion et l’extension nécessaires de leurs empires à base de profit.

Et si le monde d’après-guerre a déjà connu des transformations importantes à cause des conflits entre les impérialistes et à cause, surtout, des luttes révolutionnaires de cette période, l’on assiste aujourd’hui à une remise en cause générale de tout le réseau de rapports économiques, politiques et militaires dans son ensemble.

La stabilité relative des grandes puissances impérialistes et la prospérité relative d’un tout petit nombre de pays (réalisée grâce à leur exploitation de la majorité du peuple et des nations du monde et arrosée de sang et de misère) se désagrège.

L’on assiste à une recrudescence des luttes révolutionnaires des nations et peuples opprimés, et ces luttes portent de nouveau atteinte à l’ordre impérialiste mondial.

Dans ces circonstances l’on ressent d’autant plus clairement la vérité et nécessité urgente qu’exprime la formule de Mao Tsétoung: «ou c’est la guerre qui provoque la révolution, ou c’est la révolution qui conjure la guerre».

La logique même du système impérialiste, et les luttes révolutionnaires, préparent le terrain d’une situation nouvelle.

La contradiction entre les bandes rivales des impérialistes, la contradiction entre les impérialistes et les nations opprimées, et la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat dans les pays impérialistes, vont toutes s’exprimer très probablement par la force des armes dans la période à venir et à une échelle sans précédent.

Pour reprendre ce que disait Staline à propos de la Première Guerre mondiale:

La guerre impérialiste qui s’est déchaînée il y a dix ans a, entre autres, cette signification qu’elle a rassemblé toutes ces contradictions en un seul noeud et les a jetées dans le plateau de la balance, accélérant et facilitant ainsi les batailles révolutionnaires du prolétariat.

Aujourd’hui déjà, l’accentuation des contradictions entraîne tous les pays et toutes les régions du monde, ainsi que certains secteurs de masses qui étaient restées jusqu’ici assoupies et à l’écart de la vie politique, dans le tourbillon de l’histoire mondiale; et ce phénomène ne se fera que plus marqué à l’avenir.

Les communistes révolutionnaires doivent donc se préparer et préparer les ouvriers munis d’une conscience politique de classe ainsi que d’autres secteurs révolutionnaires du peuple et doivent intensifier les luttes révolutionnaires.

Les communistes sont adversaires résolus de la guerre impérialiste et ils doivent mobiliser et diriger les masses pour lutter contre les préparatifs d’une troisième guerre mondiale qui représenterait le plus grand crime de l’histoire de l’humanité.

Mais les marxistes-léninistes-maoïstes ne cacheront jamais aux masses la vérité qui est qu’il n’y a que la révolution, que les guerres révolutionnaires que les marxistes-léninistes-maoïstes et forces révolutionnaires dirigent déjà ou qu’ils s’apprêtent à pouvoir diriger, qui puissent empêcher un tel crime.

Les marxistes-léninistes-maoïstes doivent saisir les occasions de faire avancer la révolution qui sont rapidement en train de prendre forme, et ils doivent amener les masses à intensifier la lutte révolutionnaire sur tous les fronts -lancer la guerre révolutionnaire là où il est possible de le faire et redoubler d’effort pour s’y préparer là où les conditions ne sont pas encore suffisament mûres pour la guerre révolutionnaire.

De telles initiatives feront avancer la lutte pour le communisme, et il est possible que, si le prolétariat et les peuples opprimés réussissent à sortir victorieux de certaines batailles décisives, les préparatifs de guerre mondiale que font aujourd’hui les impérialistes finissent par voler en éclats, que la classe ouvrière puisse saisir le pouvoir politique dans plusieurs pays et que la situation mondiale devienne globalement plus favorable à l’avancée de la lutte révolutionnaire.

Par contre, si la lutte révolutionnaire ne réussit pas à empêcher une troisième guerre mondiale, les communistes et le prolétariat et les masses révolutionnaires doivent être prêts à mobiliser la fureur que susciteraient inévitablement une telle guerre et toutes les souffrances l’accompagnant, et à retourner cette fureur contre la source même de cette guerre -l’impérialisme – et doivent profiter de l’état affaibli de l’ennemi, afin d’arriver à transformer la guerre impérialiste réactionnaire en une guerre juste contre l’impérialisme et la réaction.

L’impérialisme ayant réussi à intégrer le monde tout entier dans un seul et unique système global (et cette intégration continuant à prendre des proportions de plus en plus importantes), la situation mondiale influe de plus en plus sur le déroulement des événements dans chaque pays; les forces révolutionnaires partout dans le monde doivent donc développer leur activité à partir d’une analyse correcte de la situation mondiale dans son ensemble.

Ceci n’entend pas nier le fait que les forces révolutionnaires ont pour tâche cruciale d’analyser les conditions particulières de chaque pays, de formuler une stratégie et une tactique qui soient en rapport avec ces particularités et de développer une pratique révolutionnaire.

Mais si les marxistes-léninistes-maoïstes ne saisissent pas bien le rapport dialectique qui existe entre la situation mondiale dans son ensemble et les conditions concrètes particulières de chaque pays, ils ne pourront pas mettre à profit la situation mondiale extrêmement favorable pour faire avancer la révolution dans chaque pays.

Il faut lutter contre la tendance dans le mouvement international à ne pas envisager la révolution dans un pays particulier en tant que partie intégrante de la lutte globale pour le communisme.

Lénine dit que: «il n’est qu’un, et un seul, internationalisme véritable: il consiste à travailler avec abnégation au développement du mouvement révolutionnaire et de la lutte révolutionnaire dans son propre pays, à soutenir (par la propagande, la sympathie, une aide matérielle) cette même lutte, cette même ligne, et elle seule, dans tous les pays sans exception».

Lénine a beaucoup insisté sur le fait qu’un révolutionnaire prolétarien ne doit pas aborder la question de son activité révolutionnaire du point de vue de «mon» pays mais «du point de vue de ma participation à la préparation, à la propagande, aux travaux d’approche de la révolution prolétarienne mondiale».

Des Deux Composantes de
la Révolution Prolétarienne Mondiale

Lénine avait analysé, il y a déjà longtemps, le fait que le monde est divisé entre, d’une part, un tout petit nombre de pays capitalistes avancés et, d’autre part, un très grand nombre de nations opprimées qui regroupent la grande majorité des terres et des peuples du monde et que les impérialistes parasitiques pillent et obligent à rester dépendants et arriérés.

C’est à partir de cette constatation de faits que se dégage la thèse léniniste, depuis confirmée par l’histoire, selon laquelle la révolution prolétarienne mondiale est essentiellement composée de deux courants: la révolution socialiste-prolétarienne accomplie par le prolétariat et ses alliés dans les métropoles impérialistes, et la révolution de libération nationale (ou révolution pour la démocratie nouvelle), accomplie par les peuples et nations qui sont sous le joug de l’impérialisme.

La stratégie révolutionnaire à l’époque impérialiste repose fondamentalement (aujourd’hui encore) sur l’alliance de ces deux courants révolutionnaires.

Depuis la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’aujourd’hui, la lutte des nations et peuples opprimés a constitué la principale zone de tempêtes de la révolution mondiale.

La prospérité, la stabilité et la «démocratie» dans plusieurs pays impérialistes ont été achetées au prix d’une intensification de l’exploitation et de la misère des masses dans les pays opprimés.

L’entrée sur scène du néocolonialisme, loin d’éliminer la question nationale et coloniale, a en fait poussé encore plus loin la subjugation de nations et de peuples tout entiers en accord avec les exigences du capital international, et a provoqué toute une série de guerres révolutionnaires contre la domination impérialiste.

Aujourd’hui, l’intensification des contradictions à l’échelle mondiale fait ressortir de nouvelles possibilités pour ces mouvements, mais cela les obligent aussi à affronter de nouveaux obstacles et de nouvelles tâches.

En dépit du fait que les puissances impérialistes s’efforcent (et même avec quelque succès) de subvertir ou de pervertir les luttes révolutionnaires des masses opprimées qu’elles espèrent surtout transformer en instruments de rivalisation inter-impérialiste, ces luttes continuent néanmoins à assener de gros coups au système impérialiste et font accélérer le développement des perspectives de révolution dans le monde tout entier.

Dans les pays impérialistes du bloc occidental, la période d’après la Deuxième Guerre mondial a été essentiellement caractérisée par une situation non-révolutionnaire, reflétant la stabilité relative des régimes impérialistes dans ces pays, laquelle est inextricablement liée à l’intense exploitation des peuples opprimés par ces puissances impérialistes.

Néanmoins les conditions sont aujourd’hui plus propices à la révolution qu’à tout autre moment de mémoire récente. L’histoire démontre que les situations révolutionnaires sont rares dans ce genre de pays, et que leur apparition correspond généralement à une période d’intensification extrême des contradictions mondiales, comme ce qui caractérise la conjoncture mondiale qui prend forme aujourd’hui.

Les luttes de masse révolutionnaires qui ont éclaté dans la plupart des pays impérialistes occidentaux, particulièrement au cours des années 1960, ont nettement démontré la possibilité de ce qu’il y ait des révolutions prolétariennes dans ces pays, même si, à l’époque, les conditions n’étaient pas encore propices à une prise du pouvoir, et même si ces mouvements ont régressé avec le reflux général du mouvement mondial.

Aujourd’hui l’intensification croissante de la situation mondiale se reflète de plus en plus à l’intérieur même de ces pays, ce dont témoignent, par exemple, d’importantes révoltes des couches les plus déshéritées du prolétariat dans certains pays impérialistes, ainsi que l’évolution d’un puissant mouvement contre les préparatifs de guerre impérialiste qui recouvre plusieurs pays et qui comprend une fraction révolutionnaire.

Dans les pays capitalistes et impérialistes du bloc de l’Est, d’importants clivages et fissures sont apparus dans l’édifice relativement stable des régimes de la bourgeoisie capitaliste-étatiste.

En Pologne, le prolétariat et d’autres secteurs des masses se sont révoltés et ont frappé de grands coups contre l’ordre établi. Dans ces pays aussi, les perspectives de révolution prolétarienne se développent davantage et augmenteront plus encore avec l’évolution et l’intensification des contradictions mondiales.

Il est important que les éléments révolutionnaires dans les deux types de pays soient éduqués de façon à comprendre la nature de l’alliance stratégique entre le mouvement révolutionnaire prolétarien dans les pays avancés et les révolutions nationales et démocratiques des nations opprimées.

La position sociale-chauvine qui nié l’importance de la lutte révolutionnaire des peuples opprimés ou leur capacité, sous la direction du prolétariat et d’un authentique parti marxiste-léniniste-maoïste, à aller jusqu’à établir le socialisme, continue à représenter une déviation dangereuse qu’il faut continuer à combattre.

On relève comme exemples de cette tendance pernicieuse: la position des révisionnistes modernes dirigés par l’URSS qui prétend qu’une lutte de libération nationale ne peut réussir que si elle bénéficie de «l’aide» que lui octroie son «allié naturel», impérialiste; et la position des trotskystes qui nient par principe la possibilité de la transformation de la révolution nationale et démocratique en une révolution socialiste.

D’autre part on trouve une autre déviation qui a posé des problèmes importants ces derniers temps: celle qui consiste à ne pas reconnaître la possibilité qu’apparaissent des situations révolutionnaires dans les pays avancés ou à estimer que ces situations révolutionnaires ne peuvent apparaître qu’en tant que conséquence directe des avancées des luttes de libération nationale.

Ces deux genres de déviation minent les forces du prolétariat révolutionnaire parce qu’ils ne tiennent pas compte de la conjoncture mondiale qui est en train de, prendre forme et des occasions que cela va présenter pour faire avancer la révolution dans les différents types de pays et à l’échelle mondiale.

Quelques Questions Concernant l’Histoire du Mouvement Communiste International

Dans les quelques plus de cent ans qui se sont écoulés depuis que la première édition du Manifeste Communiste lança l’appel «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!» le prolétariat international a pu accumuler une très vaste expérience.

Cette expérience est celle du mouvement révolutionnaire dans différents types de pays et elle recouvre de merveilleux moments faits de triomphes décisifs et d’élan révolutionnaire et aussi de noires périodes de reflux et de réaction.

A travers les flux et les reflux du mouvement, la science du Marxisme-Léninisme-Maoïsme a pu prendre forme et a évolué à travers une lutte incessante contre ceux qui auraient voulu en extirper le coeur révolutionnaire et/ou en faire un dogma stérile et privé de vie.

Les grands tournants dans l’évolution de l’histoire du monde et de la lutte des classes ont toujours été accompagnés de combats acharnés sur le terrain idéologique entre le marxisme d’une part et le révisionnisme et le dogmatisme d’autre part.

Il en fut ainsi à l’époque de la lutte de Lénine contre la Deuxième Internationale (qui a correspondu au déclenchement de la Première Guerre mondiale et à l’apparition d’une situation révolutionnaire en Russie et ailleurs) et à l’époque de la lutte de Mao Tsétoung contre les révisionnistes modernes soviétiques – un grandiose combat qui a reflété des événements à portée historique mondiale (la restauration du capitalisme en URSS; l’intensification de la lutte des classes en Chine socialiste; et la manifestation d’une poussée révolutionnaire mondiale dirigée particulièrement contre l’impérialisme des Etats-Unis).

De même, la crise profonde que traverse aujourd’hui le mouvement communiste international est le reflet du fait que le pouvoir prolétarien a été renversé en Chine et que la Révolution culturelle a été sujette à un assaut général après la mort de Mao Tsétoung et le coup d’Etat de Teng Siao-ping et Houa Kouo-feng; et cette crise reflète aussi l’intensification générale des contradictions mondiales qui fait croître du même coup la menace de guerre mondiale et les perspectives de révolution.

Aujourd’hui, tout comme à l’époque des grandes luttes antérieures, les forces qui se battent pour une ligne révolutionnaire ne constituent qu’une petite minorité encerclée et assaillie par les révisionnistes et par toutes sortes d’apologistes de la bourgeoisie.

Néanmoins ces forces représentent l’avenir, et pour que le mouvement communiste international puisse continuer à avancer il faudra que ces forces se montrent capables d’élaborer une ligne politique qui définisse un chemin à suivre pour le prolétariat révolutionnaire dans la situation complexe d’aujourd’hui.

En effet, si la ligne est correcte, même si l’on n’a pas de soldats, on aura des soldats, même si l’on n’a pas le pouvoir, on aura le pouvoir.

La vérité de cette formule a été confirmée par l’expérience historique du mouvement communiste international depuis l’époque de Marx.

Une analyse correcte de l’expérience historique de notre mouvement est un élément extrêmement important pour l’élaboration d’une telle ligne générale pour le mouvement communiste international.

Ce serait tout ce qu’il y a de plus irresponsable et contraire aux principes de la théorie de la connaissance marxiste que de ne pas attacher une importance suffisante à l’expérience acquise et aux leçons apprises au cours des luttes de masse révolutionnaires de millions d’êtres humains, qui ont été achetées au prix d’innombrables martyrs.

Aujourd’hui le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste, ainsi que d’autres forces maoïstes, sont les héritiers de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, et ils doivent se fonder bien fermement sur cet héritage.

Mais tout en prenant cet héritage comme fondement de leur pensée, ils doivent aussi oser en critiquer les insuffisances. Certaines expériences méritent d’être louées et d’autres sont affligeantes.

Les communistes et les révolutionnaires de tous les pays doivent bien méditer et étudier ces expériences, ces succès et ces échecs, afin d’en tirer de justes conclusions et d’utiles enseignements.

Faire le bilan de notre héritage est une responsabilité collective que doit assumer le mouvement communiste international dans son ensemble.

Il faut qu’un tel bilan soit établi de manière rigoureusement scientifique; qu’il se fonde sur les principes du Marxisme-Léninisme-Maoïsme; qu’il tienne pleinement compte des conditions historiques concrètes des époques en question et des limites que ces conditions ont imposé à l’avant-garde prolétarienne; et, surtout, qu’il soit établi dans l’esprit d’utiliser le passé pour servir le présent, afin d’éviter de tomber dans l’erreur métaphysique qui consiste à prendre la mesure du passé avec les instruments du présent, sans tenir compte des circonstances historiques.

L’établissement d’un bilan aussi complet prendra évidemment pas mal de temps, mais la pression des événements à l’échelle mondiale et l’apparition de certaines ouvertures pour des avancées révolutionnaires exigent que l’on dégage dès maintenant certaines leçons essentielles qui permettront aux forces d’ avant-garde du prolétariat de mieux s’acquitter de leurs responsabilités.

L’évaluation de l’expérience historique a elle-même toujours constitué un terrain très contesté dans la lutte des classes.

A partir de la défaite de la Commune de Paris, les opportunistes et les révisionnistes n’ont pas manqué de se jeter sur les échecs et insuffisances du prolétariat pour intervertir le bien et le mal, confrondre les questions secondaires avec les questions principales, et de finir par conclure que le prolétariat «n’aurait pas dû prendre les armes».

L’apparition de conditions nouvelles a souvent servi de prétexte pour renier les principes fondamentaux du marxisme tout en prétendant y apporter des « innovations ».

D’un autre côté, on aurait tout aussi tort, et il serait tout aussi nuisible, d’abandonner l’esprit critique du marxisme, de ne pas chercher à faire le bilan des insuffisances du prolétariat en même temps que celui de ses succès, et de penser qu’il suffit amplement de défendre ou de revendiquer des positions que l’on estimait être justes autrefois.

Une telle méthode rendrait le Marxisme-Léninisme-Maoïsme sec et cassant, peu apte à résister aux assauts de l’ennemi, et incapable de guider de nouvelles avancées dans la lutte des classes – en fait, une telle méthode étoufferait l’essence révolutionnaire du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.

En fait l’histoire montre que les réelles innovations du marxisme (tout au contraire des distorsions révisionnistes) ont toujours été inextricablement liées à des combats acharnés pour défendre et soutenir les principes fondamentaux du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.

Relevons deux exemples qui témoignent de cette vérité historique: le double combat mené par Lénine, contre ceux qui étaient ouvertement révisionnistes, et contre ceux qui, comme Kautsky, s’opposaient à la révolution tout en prétendant se fonder sur une «orthodoxie marxiste»; et le grand combat livré par Mao Tsétoung contre les révisionnistes modernes et leur reniement de l’expérience de l’édification du socialisme en URSS du temps de Lénine et de Staline, combat qu’il a mené en même temps qu’il s’efforçait de faire une critique complète et scientifique des origines du révisionnisme.

Aujourd’hui il nous faut aborder les questions et problèmes épineux que soulève l’histoire du mouvement communiste international avec une semblable méthode.

Ceux qui, face aux revers subis depuis la mort de Mao Tsétoung, proclament l’échec total du marxisme-léninisme, ou qui prétendent que le Marxisme-Léninisme-Maoïsme est dépassé et que toute l’expérience acquise par le prolétariat doit faire l’objet d’une remise en cause, représentent un danger grave.

Cette tendance cherche à renier l’expérience de la dictature du prolétariat en URSS, et à exclure Staline des rangs des dirigeants du prolétariat, et elle s’attaque en fait à la thèse fondamentale du léninisme sur la nature de la révolution prolétarienne, sur la nécessité d’un parti d’avant-garde et sur la dictature du prolétariat.

Comme l’a si bien dit Mao: «A mon avis, il y a deux ‘épées’: l’une est Lénine et l’autre, Staline.» A partir du moment où on laisse tomber l’épée de Staline, «une fois cette porte grande ouverte, le léninisme est pratiquement rejeté».

L’expérience du mouvement communiste international jusqu’à présent montre que cette observation faite par Mao Tsétoung en 1956 est toujours aussi valable.

De même, aujourd’hui, les apports de Mao Tsétoung à la science de la révolution sont aussi assaillis ou rendus méconnaissables. Tout cela n’est en fait qu’une version «nouvelle», d’un révisionnisme et d’une sociale-démocratie qui sont tout ce qu’il y a de plus décrépits et stériles.

Ce révisionnisme plus ou moins «ouvert», qu’il provienne des partis traditionnellement pro-Moscou, ou du courant «eurocommuniste», des usurpateurs révisionnistes en Chine, ou des trotskystes et critiques petits-bourgeois du léninisme, continue à constituer le plus grave danger pour le mouvement communiste international.

En même temps, la forme dogmatique du révisionnisme continue à se poser en ennemi implacable du marxisme révolutionnaire. Ce courant, dont l’expression la plus flagrante est la ligne politique de Enver Hoxha et du Parti du Travail d’Albanie, s’attaque à le maoïsme, à la voie de la Révolution chinoise et, surtout, à l’expérience de la Grande Révolution culturelle prolétarienne.

Prétendant faussement défendre Staline (alors qu’en fait bon nombre de leurs thèses relèvent du trotskysme), ces révisionnistes profanent l’authentique héritage révolutionnaire de Staline.

Ces imposteurs utilisent des insuffisances et erreurs du mouvement communiste international, plutôt que ses succès, pour tenter d’étayer leur ligne trotskyste et révisionniste, et ils réclament que le mouvement communiste international en fasse autant, sous prétexte qu’il faudrait chercher à retrouver une espèce de «pureté doctrinale» mystique.

Les nombreux éléments que la ligne hoxhaïste partage avec la forme classique du révisionnisme (y compris le fait que les révisionnistes soviétiques, tout comme les réactionnaires en général, savent promouvoir et/ou profiter de l’anti-léninisme ouvert des eurocommunistes tout autant que de l’anti-léninisme voilé de Hoxha) témoignent du fait que ces lignes sont toutes deux ancrées dans l’idéologie bourgeoise.

Aujourd’hui la défense des apports d’ordre qualitatif de Mao Tsétoung à la science du marxisme-léninisme constitue une question particulièrement importante et pressante pour le mouvement international et pour les ouvriers munis d’une conscience politique de classe et pour toute autre personne à l’esprit révolutionnaire partout à travers le monde.

Le principe en question n’est rien de moins que de savoir s’il faut ou non défendre les apports décisifs de Mao Tsétoung à la révolution prolétarienne et à la science du Marxisme-Léninisme, et avancer sur cette base.

Il ne s’agit donc de rien moins que de savoir s’il faut ou non défendre le Marxisme-Léninisme proprement dit. Staline a dit que «Le léninisme est le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne».

C’est tout à fait vrai. Depuis la mort de Lénine le monde a certes subi de grandes transformations. Mais l’époque est restée la même. Les principes fondamentaux du léninisme ne sont pas dépassés et constituent aujourd’hui encore le fondement théorique qui guide notre pensée.

Nous affirmons que le maoïsme constitue une nouvelle étape dans le développement du marxisme-léninisme. Sans défendre le Marxisme-Léninisme-Maoïsme et sans construire sur cette base, il n’est pas possible de vaincre le révisionnisme, l’impérialisme et la réaction en général.

L’URSS et le Komintern

La Révolution d’Octobre en Russie et l’établissement de la dictature du prolétariat dans ce pays ouvrent une nouvelle étape dans l’histoire du mouvement international de la classe ouvrière.

La Révolution d’Octobre fut la preuve vivante de la justesse des apports essentiels de Lénine à la théorie marxiste de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat.

Pour la première fois dans l’histoire du monde la classe ouvrière réussit à faire éclater l’ancien appareil d’Etat; à instaurer son propre gouvernement; à repousser les initiatives des exploiteurs qui, dès le début, ont cherché à étouffer le régime socialiste; à créer les conditions politiques nécessaires pour l’établissement d’un nouvel ordre économique socialiste.

Et l’expérience a démontré l’importance cruciale du rôle qu’assume un parti politique d’avant-garde de type nouveau, le parti léniniste, tout au long de ce processus.

La Révolution russe eut d’immenses répercussions sur le plan international surtout du fait qu’elle avait éclaté en plein dans une conjoncture mondiale marquée par la Première Guerre mondiale et par la poussée révolutionnaire qui a accompagné cette guerre.

Dès le début les dirigeants révolutionnaires et les ouvriers munis d’une conscience politique de classe dans le nouveau pays socialiste ont considéré que le triomphe de la révolution dans ce pays ne devait pas constituer une fin en soi mais plutôt une première grande percée dans la lutte mondiale qui a pour objectif de vaincre l’impérialisme, de déraciner l’exploitation et d’instaurer le communisme partout à travers le monde.

A la suite de la Révolution russe une nouvelle Internationale, une Internationale communiste, se constitua et se fixa comme objectif de faire assimilation des leçons vitales de la Révolution bolchevique et de faire rupture avec le réformisme et la social-démocratie qui avaient tant empoisonné, et fini par caractériser, l’écrasante majorité des partis socialistes de la Deuxième Internationale.

En rapport avec les transformations dans les conditions objectives effectuées par la Première Guerre mondiale, la Révolution russe et le Komintern ont transformé la lutte pour le socialisme et le communisme d’un phénomène jusque-là essentiellement européen en un phénomène à dimensions réellement globales pour la première fois dans l’histoire du, monde.

Lénine et Staline ont élaboré la ligne prolétarienne sur les questions nationales et coloniales, soulignant l’importance des révolutions dans les pays opprimés pour le processus de la révolution mondiale prolétarienne dans son ensemble, et contestant les thèses de ceux qui, comme Trotsky, estimaient que le succès de la révolution dans ces pays dépendait de la victoire du prolétariat dans les pays impérialistes et qui refusaient de reconnaître la possibilité que le prolétariat puisse effectuer une révolution socialiste du fait d’avoir réussi à diriger la première étape de la révolution (celle de la démocratie bourgeoise) dans ce genre de pays.

La période qui suivit la Révolution russe fut une période marquée par une effervescence révolutionnaire partout à travers le monde et où l’on vit la classe ouvrière tenter une prise du pouvoir dans plusieurs pays.

En dépit de l’aide fournie sans hésitation par le nouvel Etat soviétique, et en dépit du fait que Lénine se consacra aux problèmes du mouvement révolutionnaire mondial, le fait qu’il y eut, outre des insuffisances dans le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière, une résolution provisoire de la crise qu’avait concentrée la Première Guerre mondiale, et le fait que les puissances impérialistes n’étaient pas encore à bout de forces, mena à ce que la révolution ne puisse triompher en dehors des frontières de l’URSS.

Lénine et son successeur Staline se sont trouvés face à la nécessité de sauvegarder les acquis de la révolution en URSS et de mener à bien l’établissement d’un système économique socialiste dans l’Union soviétique seule.

Après la mort de Lénine, Staline mena une lutte politique et idéologique importante contre les trotskystes et d’autres éléments qui prétendaient qu’il était impossible de construire le socialisme en URSS vu le niveau de développement peu élevé des forces productives, l’existence d’une immense paysannerie, et l’isolation de l’URSS sur le plan international. Cette façon érronée de voir les choses qui menait à la capitulation a été réfutée à la fois sur le plan de la théorie et, plus encore, sur le plan de la pratique, lorsque des dizaines de millions d’ouvriers et de paysans se sont engagés dans la lutte pour complètement démantibuler l’ancien système capitaliste, collectiviser l’agriculture, et créer un nouveau système économique qui ne soit pas fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme.

Ces émouvantes campagnes et les victoires importantes qu’elles remportèrent firent beaucoup pour répandre plus largement encore l’influence du Marxisme-Léninisme à travers le monde, et le prestige de l’URSS en fut accru.

Les ouvriers munis d’une conscience politique de classe et les peuples opprimés considéraient, très justement, que l’URSS socialiste leur appartenait et ils se sont félicités des succès de la classe ouvrière en URSS et se sont empressés de défendre l’URSS contre les menaces et attaques des impérialistes.

Néanmoins, avec le recul du temps, on se rend compte que le processus de la révolution socialiste en URSS a comporté des points faibles et des insuffisances importantes, même à l’époque des grandes transformations socialistes des années 1920 et 1930.

Certains de ces problèmes s’expliquent du fait du manque d’expérience historique préalable de la dictature du prolétariat (mis à part la Commune de Paris, qui n’a duré que très peu de temps) et du fait que les impérialistes se sont montrés très agressifs à l’égard de l’URSS et lui ont imposé un rigoureux blocus.

Mais ces problèmes ont été aggravés et de nouveaux problèmes sont apparus à cause de certaines erreurs théoriques et politiques importantes.

Mao Tsétoung, tout en défendant Staline contre les calomnies de Khrouchtchev, a fait une critique sérieuse et juste de ses erreurs.

Mao expliquait le fondement idéologique des erreurs de Staline ainsi: «Il y a pas mai de métaphysique chez Staline et il a appris à beaucoup de gens à la pratiquer», «Staline ne voyait pas la liaison entre la lutte des contraires et leur unité.

Certains Soviétiques ont une méthode de pensée métaphysique, leur pensée est tellement sclérosée qu’ils ne reconnaissent pas l’unité des contraires; pour eux, ou c’est comme ceci ou c’est comme cela.

Par conséquent, ils ne manquent pas de commettre des erreurs d’ordre politique».

L’erreur la plus fondamentale qu’ait commise Staline est de ne pas avoir su faire une stricte application de la dialectique dans tous les domaines; ceci l’à mené à tirer des conclusions tout à fait erronées à propos de la nature de la lutte de classes sous le socialisme et des moyens d’empêcher une restauration capitaliste.

Tout en menant une lutte implacable contre les anciennes classes exploiteuses, Staline n’a pas reconnu sur le plan théorique qu’une nouvelle bourgeoisie était apparue à l’intérieur même de la société socialiste et que les révisionnistes au sein du parti communiste au pouvoir étaient à la fois le reflet et l’expression la plus concentrée de cette nouvelle bourgeoisie, d’où l’erreur de Staline lorsqu’il proclama que «les contradictions de classe antagoniques» n’existaient plus en URSS puisqu’un système de propriété socialiste avait été essentiellement instauré dans le domaine de l’industrie et de l’agriculture.

De même, le fait de ne pas avoir rigoureusement appliqué la dialectique dans l’analyse de la société socialiste a conduit les dirigeants soviétiques à conclure que la contradiction entre les forces productives et les rapports de production avait aussi disparu avec l’avènement du socialisme, et à ne pas attacher une importance suffisante à la nécessité de poursuivre la révolution dans la superstructure et de continuer à révolutionnariser les rapports de production bien après qu’un système de propriété socialiste ait été essentiellement instauré.

Cette interprétation erronée de la nature de la société socialiste a aussi contribué à ce que Staline ne puisse distinguer correctement les contradictions entre le peuple et l’ennemi et les contradictions au sein du peuple.

Cela devait à son tour contribuer à une tendance marquée à avoir recours à des méthodes bureaucratiques pour régler ces contradictions, et cela a fourni des ouvertures à l’ennemi.

Dans la période qui a suivi la mort de Lénine, Staline a dirigé l’Internationale communiste et celle-ci a continué à jouer un rôle important, aidant à faire avancer la révolution mondiale et à développer et à consolider des partis communistes récemment constitués.

L’année 1935 voit la convocation d’un très important Congrès de l’Internationale Communiste, à un moment où: une crise économique mondiale battait son plein; une nouvelle guerre mondiale menaçait de plus en plus d’éclater et les impérialistes menaçaient de plus en plus d’attaquer l’URSS; le fascisme accédait au pouvoir en Allemagne et le Parti Communiste Allemand était écrasé; et le fascisme s’instaurait ou menaçait de s’instaurer dans plusieurs autres pays.

Il était juste et nécessaire que l’Internationale Communiste s’efforce d’élaborer une ligne tactique qui recouvre toutes ces questions.

Ce Septième Congrès du Komintern ayant exercé une influence énorme sur l’histoire du mouvement international, il est nécessaire de procéder à une évaluation sérieuse et scientifique du Rapport de ce Congrès, à la lumière des conditions historiques de l’époque.

Il faut tout particulièrement faire une analyse de fond des facteurs qui ont provoqué la défaite du Parti communiste allemand.

Mais nous pouvons dès maintenant dégager quelques conclusions par rapport à ces questions, et il faut faire cela vu les tâches que les marxistes-léninistes ont à entreprendre aujourd’hui; nous pouvons relever trois déviations qui sont très nettement apparentes.

Premièrement, la façon dont on a traité la différence entre le fascisme et la démocratie bourgeoise dans les pays impérialistes: bien que cette différence ait certainement eu une signification réele et importante pour les partis communistes de l’époque, la façon dont a été traitée cette question revenait néanmoins à faire un absolu de la différence qui existe entre ces deux formes de dictature bourgeoise et à considérer que la lutte contre le fascisme représentait une étape stratégique de la révolution.

Deuxièmement, le Congrès avança une thèse selon laquelle l’appauvrissement de plus en plus marqué du prolétariat dans les pays avancés allait constituer une base matérielle permettant de clore la scission dans la classe ouvrière et mettre fin à la résultante polarisation de cette classe que Lénine a si bien analysée dans ses écrits sur l’impérialisme et sur la faillite de la Deuxième Internationale.

Bien qu’il soit tout à fait vrai que la sévérité de la crise eut pour effet de miner la base sociale de l’aristocratie ouvrière dans les pays capitalistes avancés et que cela donnait aux partis communistes l’occasion qu’il leur fallait prendre de chercher à s’unir à de larges secteurs des ouvriers qui avaient été jusque-là dans l’orbite de la social-démocratie, il était toutefois érroné de croire qu’on pourrait clore la scission dans la classe ouvrière dans un quelconque sens stratégique.

Troisièmement, le fascisme a été défini en tant que régime politique de la fraction la plus réactionnaire de la bourgeoisie monopoliste des pays impérialistes; cela a ouvert la porte à de dangereuses tendances réformistes et pacifistes qui vont jusqu’à considérer qu’une fraction de la bourgeoisie monopoliste est de nature progressiste.

Bien qu’il soit nécessaire de faire un bilan de ces erreurs et d’en tirer les leçons pertinents, il faut tout en même temps reconnaître que, même à cette époque, l’Internationale Communiste fait partie de l’héritage de la lutte révolutionnaire pour le communisme, et il faut riposter aux attaques des liquidateurs et des trotskystes qui profitent d’erreurs véritables pour établir des conclusions réactionnaires.

Même pendant cette époque, l’Internationale communiste a su mobiliser des millions d’ouvriers pour lutter contre les ennemis de classe et elle a mené des combats héroïques contre la réaction, organisant, par exemple, les Brigades Internationales qui se sont battues contre le fascisme en Espagne; le sang qu’y ont versé un grand nombre des plus dignes fils et filles de la classe ouvrière est une preuve émouvante d’internationalisme.

L’Internationale Communiste a aussi, très justement, attaché beaucoup d’importance à la défense de l’Union soviétique, terre du socialisme.

Mais lorsque l’URSS dut en arriver à certains compromis avec divers pays impérialistes, la plupart du temps les dirigeants du Komintern n’ont pas su comprendre un aspect essentiel de cette question, que Mao devait formuler ainsi en 1946 (à l’époque où l’URSS faisait des compromis avec les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France): «De tels compromis n’exigent pas des peuples des différents pays du monde capitaliste qu’ils fassent en conséquence des compromis dans leur propre pays».

Rajoutons à cela que ces compromis doivent aussi avant tout tenir compte de l’évolution générale du mouvement révolutionnaire mondial, dans laquelle la défense des pays socialistes occupe bien évidemment une place importante.

Dans les circonstances où un ou plusieurs pays socialistes sont encerclés par les impérialistes, la défense de ces conquêtes révolutionnaires constitue une tâche très importante pour le prolétariat international.

Les pays socialistes sont aussi obligés de lutter sur le terrain de la diplomatie et doivent parfois établir divers types d’accords avec différents pays impérialistes.

Mais la défense des pays socialistes doit toujours être subordonnée à l’avancée générale de la révolution mondiale, et l’on ne doit jamais considérer que la défense des pays socialistes est l’équivalent de la lutte internationale du prolétariat, ou encore moins, qu’elle puisse s’y substituer.

Dans certaines circonstances la défense d’un pays socialiste peut se poser en tant que question principale pour le mouvement international, mais c’est justement parce que cette défense est alors d’une importance décisive pour l’avancée de la révolution mondiale.

Il est nécessaire de faire le bilan de l’expérience du mouvement communiste international à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale à la lumière de ce qui précède.

L’on ne peut pas considérer que la Deuxième Guerre mondiale ait été une simple répétition de la Première Guerre mondiale car, même si, dans les deux cas, la responsabilité de la guerre retombe sur la même logique meurtrière du système capitaliste, la Deuxième Guerre mondiale a rassemblé un mélange complexe de contradictions.

Au tout début de la guerre, en 1939, il s’agissait, comme le dit alors Mao, d’une guerre «injuste, spoliatrice, impérialiste». Mais une transformation importante, à répercussions globales, eut lieu lorsque l’Allemagne hitlérienne lança ses troupes d’assaut contre l’URSS.

La classe ouvrière et les peuples opprimés à travers le monde ont tiré beaucoup d’inspiration de la résistance héroïque de l’Armée Rouge et du peuple et de la classe ouvrière soviétiques et l’engagement de l’URSS dans cette guerre juste suscita sympathie et appui.

Et là il ne s’agissait pas seulement d’une sympathie qu’on témoigne à la victime d’une agression, mais de l’expression d’une profonde conviction du fait que défendre l’URSS, c’était aussi défendre la base d’appui socialiste pour la révolution mondiale.

La guerre du peuple chinois (sous la direction du Parti Communiste Chinois) contre les agressions du japon fut aussi indiscutablement une guerre juste et un élément à part entière de la révolution prolétarienne mondiale.

Surtout après l’entrée en guerre de l’Union soviétique, le caractère de la Deuxième Guerre mondiale se complique. Cette guerre compte maintenant quatre composantes la guerre entre le socialisme et l’impérialisme; la guerre entre les blocs impérialistes; les guerres des peuples opprimés contre l’impérialisme; et la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie, qui atteint dans certains pays le stade de la lutte armée.

Ces différents aspects de la guerre ont conduit, d’une part, à une augmentation des forces socialistes, à la défaite des puissances impérialistes fascistes, à l’affaiblissement de l’impérialisme et à une accélération des luttes de libération nationale.

D’autre part, cela a aussi mené à ce que la division du monde entre les impérialistes soit complètement refaite, et à ce que les Etats-Unis se placent à la tête des brigands impérialistes.

Le déroulement de la Deuxième Guerre mondiale a été ponctué de grands succès révolutionnaires; mais il est impossible de ne pas reconnaître aussi que de graves erreurs furent commises, et il faut entamer le processus collectif d’une analyse de fond de ces erreurs afin d’être plus aptes à affronter les tempêtes qui se préparent.

En particulier, nous devons prendre note de l’erreur qui consistait à combiner de façon éclectique les contradictions énumérées ci-dessus.

Au niveau de la politique concrète, les activités des partis communistes du Komintern se sont confondues de plus en plus avec la lutte de l’URSS sur le plan diplomatique et avec les accords internationaux auxquels l’URSS participait.

Ce problème contribua aussi au renforcement de la tendance qu’il y avait à donner l’impression que les puissances non-fascistes n’étaient pas ce qu’elles étaient en fait, c’est-à-dire des puissances impérialistes qu’il allait falloir renverser.

Dans les pays européens qui étaient occupés par les troupes fascistes allemandes, les partis communistes n’avaient pas tort de profiter, au sens tactique, des sentiments nationaux suscités par cette occupation du point de vue de la mobilisation des masses; mais des erreurs ont été commises àcause de la transformation de telles mesures tactiques en questions d’ordre stratégique.

Les luttes de libération dans les colonies dominées par les Alliés impérialistes ont aussi été entravées à cause de tels points de vue érronés.

Sans perdre de vue à quel point nous sont précieuses les conquêtes et les luttes révolutionnaires monumentales de cette période cruciale et des premières années de l’après-guerre, et sans cesser de défendre ces acquis, les marxistes-léninistes-maoïstes doivent aujourd’hui chercher à approfondir leur compréhension des erreurs commises et de leur fondement.

Le camp socialiste issu de la Deuxième Guerre mondiale n’a jamais été bien solide. Il y eut peu de transformations révolutionnaires dans la plupart des Démocraties populaires des pays de l’Europe de l’Est.

Et en URSS même, de puissants éléments révisionnistes qui avaient pu prendre un certain essor dans les années de l’avant-guerre et pendant et juste après la Deuxième Guerre mondiale, se sont renforcés davantage et ont exercé une influence encore plus importante.

En 1956, après la mort de Staline, ces forces révisionnistes dirigées par Khrouchtchev ont réussi à s’emparer du pouvoir politique, à s’attaquer au Marxisme-Léninisme dans tous les domaines et à restaurer le capitalisme en URSS.

Il est maintenant évident que le coup d’Etat de Khrouchtchev et des révisionnistes en URSS a aussi constitué le coup de grâce pour le mouvement communiste tel qu’il avait jusque lors existé.

Le cancer du révisionnisme s’était largement propagé et avait déjà fauché un grand nombre de partis (y compris certains des plus influents) qui avaient constitué le Komintern. Bien d’autres partis ne s’accrochaient plus qu’à quelques faibles prétentions révolutionnaires, et dégénéraient à toute vitesse vers les positions du révisionnisme moderne tandis que leurs éléments révolutionnaires périssaient étouffés.

En URSS même, après la mort de Staline, le prolétariat et les authentiques marxistes-léninistes, épuisés par la guerre et désarmés du fait d’erreurs politiques et idéologiques importantes, n’ont pas été capables de monter une riposte vigoureuse contre les traîtres révisionnistes.

Mao Tsétoung, la Révolution Culturelle, et le Mouvement Marxiste-Léniniste-Maoïste

Immédiatement après le coup d’Etat monté par Khrouchtchev, Mao Tsétoung et les marxistes-léninistes du Parti Communiste Chinois se sont mis à analyser ce qui s’était passé en URSS et dans le mouvement communiste international et à lutter contre le révisionnisme moderne.

L’année 1963 voit l’édition des Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international (la Lettre en 25 points), qui condamne publiquement et intégralement le révisionnisme, et qui lance un appel aux authentiques marxistes-léninistes de tous les pays.

Le mouvement marxiste-léniniste-maoïste contemporain doit ses origines à cet appel historique et aux polémiques qui l’ont accompagné.

Dans la Lettre en 25 points et dans les polémiques l’accompagnant, Mao et le Parti Communiste Chinois ont très justement:

– défendu la position léniniste sur la dictature du prolétariat, et réfuté la théorie révisionniste du soi-disant «Etat du peuple tout entier»;

– défendu la nécessité de la révolution armée et rejeté la stratégie du soi-disant «passage pacifique au socialisme»;

– appuyé et encouragé l’évolution des guerres de libération nationale des peuples opprimés; montré qu’il ne peut y avoir de véritable indépendance sous le «néo-colonialisme», et rejeté la position révisionniste qui prétend qu’il faut éviter qu’il y ait des guerres de libération nationale sous prétexte qu’elles risquent de rompre «la paix mondiale»;

– tracé un bilan d’ensemble positif sur la question de Staline et de l’expérience de la construction du socialisme en URSS et rejeté les calomnies traitant Staline de «boucher» et de «tyran», tout en faisant quelques critiques importantes concernant des erreurs commises part Staline;

– opposé les efforts faits par Khrouchtchev pour chercher à imposer une ligne révisionniste à d’autres partis, tout en critiquant Thorez, Togliatti, Tito et d’autres révisionnistes modernes;

– présenté une première esquisse embryonnaire de la thèse à laquelle travaillait Mao Tsétoung sur la nature de classe de la société socialiste et sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat;

– appelé à ce que l’on fasse une analyse de fond de l’expérience historique du mouvement communiste international et des origines du révisionnisme.

Ces propositions, ainsi que d’autres aspects de la Lettre en 25 points et des polémiques, furent, et sont encore, d’une importance capitale pour pouvoir distinguer le marxisme-léninisme du révisionnisme.

A travers ces polémiques Mao et le Parti Communiste Chinois ont encouragé les marxistes-léninistes à faire scission vis-à-vis des révisionnistes et à reconstituer de nouveaux partis prolétariens révolutionnaires.

Ces polémiques représentaient une rupture fondamentale par rapport au révisionnisme moderne et elles ont constitué une base suffisante pour que les marxistes-léninistes puissent s’engager dans la lutte.

Et pourtant, cette critique du révisionnisme n’est pas allée assez loin par rapport à plusieurs questions, et certains points de vue erronés ont été assimilés en même temps qu’on en critiquait d’autres.

Et c’est précisément parce que Mao et le Parti Communiste Chinois et ces polémiques ont joué un rôle si important dans la mise au monde d’un nouveau mouvement marxiste-léniniste-maoïste qu’il est juste et indispensable de relever les aspects secondaires d’ordre négatif de ces polémiques et de la lutte du Parti Communiste Chinois dans le mouvement communiste international.

En ce qui concerne les pays impérialistes, la Lettre en 25 points avance la thèse suivante:

«Dans les pays capitalistes que les impérialistes américains contrôlent ou essaient de contrôler, la classe ouvrière et les masses populaires doivent diriger principalement leurs attaques contre l’impérialisme américain, et aussi contre le capital monopoliste et les autres forces de la réaction intérieure qui trahissent les intérêts de la nation».

Cette façon de voir les choses, qui a beaucoup nui au développement du mouvement marxiste léniniste dans ce genre de pays, obscure le fait que les «intérêts de la nation» dans un pays impérialiste sont des intérêts impérialistes, et que ces intérêts ne sont pas trahis, mais tout au contraire défendus, par la classe capitaliste monopoliste au pouvoir; et il en est ainsi quelles que soient les alliances qu’elle puisse forger avec d’autres puissances impérialistes et en dépit du fait que ces alliances comportent inévitablement des inégalités.

L’on a cependant encouragé le prolétariat de ces pays à s’efforcer de rivaliser avec la bourgeoisie impérialiste pour voir qui pourrait le mieux défendre les intérêts de cette dernière.

Cette façon de voir les choses a toute une histoire dans le mouvement communiste international, et il est grand temps de s’en débarrasser.

Bien que le Parti Communiste Chinois se soit sérieusement préoccupé de développer des partis marxistes-léninistes-maoïstes opposés aux révisionnistes, ils n’ont pas réussi à délimiter les formes et les méthodes nécessaires pour construire l’unité internationale des communistes.

Malgré tout ce qu’ils ont apporté à l’unité idéologique et politique, ils n’ont pas fait d’efforts correspondants pour construire l’unité à l’échelle mondiale en matière d’organisation.

Le PCC s’est trop centré sur les aspects négatifs du Komintern (tels surtout le problème de sa centralisation excessive) qui ont eu pour effet d’étouffer l’initiative et l’indépendance des partis communistes membres du Komintern.

Bien que le PCC eut raison de critiquer la conception d’un «parti père» et son influence nocive dans le mouvement communiste international, et bien qu’il ait eu raison de mettre l’accent sur le principe de relations fraternelles entre partis, l’absence d’un forum organisé où l’on aurait pu débattre différents points de vue et en arriver à une perspective commune n’a pas contribué à résoudre ce problème, et l’a en fait exacerbé.

Si la lutte contre le révisionnisme moderne au niveau théorique a joué un rôle capital dans le regroupement du mouvement marxiste-léniniste-maoïste, c’est surtout une forme de lutte nouvelle et sans précédent historique, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (qui fut elle-même en bonne partie le fruit de cette lutte contre le révisionnisme moderne) qui allait engendrer toute une nouvelle génération de marxistes-léninistes-maoïstes.

Les dizaines de millions d’ouvriers, de paysans et de jeunes révolutionnaires qui se sont lancés dans la lutte pour renverser les responsables engagés dans la voie capitaliste (retranchés à l’intérieur du parti et des appareils d’Etat) et pour pousser plus loin encore la révolutionnarisation de la société toute entière, ont touché au plus profond d’eux-mêmes des millions de gens à travers le monde qui étaient en train de se révolter et qui ont fait partie de la grande poussée révolutionnaire qui a balayé le monde au cours des années 1960 et du début des années 1970.

La Révolution Culturelle représente le niveau le plus avancé auquel la dictature du prolétariat et la révolutionnarisation de la société sont jusqu’ici parvenues.

Pour la toute première fois dans l’histoire de l’humanité, des ouvriers et d’autres éléments révolutionnaires se sont trouvés munis d’une bonne compréhension de la nature de la lutte de classes dans la société socialiste; du fait qu’il serait nécessaire de se soulever et de renverser les responsables engagés dans la voie capitaliste dont l’apparition en plein coeur de la société socialiste est inévitable et qui se révèlent être particulièrement concentrés au niveau de la direction du parti lui-même; et du fait qu’il faudrait lutter pour pousser plus loin encore les transformations socialistes et miner ainsi à la base les conditions matérielles qui engendrent ces éléments capitalistes.

Les grandes conquêtes qui ont ponctué le cours de la Révolution Culturelle ont servi à empêcher une restauration révisionniste en Chine pendant une dizaine d’années, et ont mené à des transformations socialistes importantes dans le domaine de l’enseignement, de l’art et de la littérature, de la recherche scientifique et dans bien d’autres domaines de la superstructure.

A travers les combats idéologiques et politiques acharnés de la Révolution culturelle, des millions d’ouvriers et d’autres révolutionnaires ont beaucoup approfondi leur conscience politique de classe et leur maîtrise du marxisme-léninisme et cela les a rendu plus aptes à exercer le pouvoir politique.

La Révolution culturelle a été menée de façon à en faire une partie intégrante de la lutte internationale du prolétariat, et elle a servi de terrain d’instruction dans les principes de l’internationalisme prolétarien, ce dont témoigne non seulement l’appui prêté à des luttes révolutionnaires partout à travers le monde mais aussi les vrais sacrifices que le peuple chinois a dû faire pour prêter cet appui.

La Révolution culturelle a produit des dirigeants révolutionnaires, tels que Kiang Tsing et Tchang Tchouen-kiao, qui se sont rangés aux côtés des masses, qui ont dirigé des assauts contre les révisionnistes, et qui ont continué à défendre le Marxisme-Léninisme-Maoïsme même face à une défaite cruelle.

Lénine dit que «celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat ».

Ce critère que proposa Lénine a été affiné davantage à la lumière des inestimables leçons et succès de la Grande Révolution culturelle prolétarienne dirigée par Mao Tsétoung.

On peut maintenant dire que ceux-là seuls sont marxistes qui étendent la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat et aussi jusqu’à la reconnaissance de l’existence objective de classes, de contradictions de classe antagoniques et de la continuation de la lutte des classes sous la dictature du prolétariat durant toute la période socialiste et jusqu’à l’avènement du communisme.

Comme l’a si bien dit Mao: «Toute confusion à cet égard mènera au révisionnisme».

La Révolution culturelle fut la preuve vivante de la vitalité du marxisme-léninisme.

Elle a démontré que la révolution prolétarienne se distingue de toutes les révolutions antérieures qui ne peuvent mener qu’à ce qu’un système d’exploiteurs en remplace un autre.

Et elle a servi d’inspiration aux révolutionnaires de tous les pays.

C’est pour toutes ces raisons que tous les réactionnaires et révisionnistes du monde n’ont pas arrêté de cracher sur la Révolution culturelle et sur Mao Tsétoung, et c’est aussi pourquoi la Révolution culturelle est un élément indispensable de l’héritage révolutionnaire du mouvement communiste international.

En dépit des merveilleux succès de la Révolution culturelle, les révisionnistes à l’intérieur du parti et des appareils d’Etat chinois ont pu continuer à occuper des postes importants et à prôner des lignes et des mesures politiques qui ont beaucoup nui aux initiatives encore fragiles de ceux qui s’efforçaient de reconstruire un véritable mouvement communiste international.

Les révisionnistes en Chine, qui contrôlaient une bonne part de la diplomatie et des rapports entre le Parti Communiste Chinois et les autres partis marxistes-léninistes-maoïstes, ont soit tourné le dos aux luttes révolutionnaires du prolétariat et des peuples opprimés, soit ont tenté de subordonner ces luttes aux intérêts de l’Etat chinois.

C’est ainsi que de véritables despotes réactionnaires se sont vus attribuer de fausses étiquettes «anti-impérialistes», et que, de plus en plus sous prétexte qu’il fallait mener une lutte mondiale contre «l’hégémonisme», certaines puissances impérialistes du bloc occidental ont été représentées comme étant des forces intermédiaires ou même positives dans le contexte mondial.

Déjà à l’époque, plusieurs partis marxistes-léninistes-maoïstes pro-chinois qui avaient bénéficié de l’appui des révisionnistes du PCC ont commencé à se mettre impudemment à la remorque de la bourgeoisie et même à défendre (ou tout du moins à ne pas s’opposer à) des interventions militaires des impérialistes ou leurs préparatifs de guerre dirigés contre l’URSS, pays qu’on caractérisait de plus en plus comme étant «l’ennemi principal» à l’échelle mondiale.

Toutes ces tendances se sont pleinement épanouies à la suite du coup d’Etat en Chine et avec l’élaboration subséquente des révisionnistes de la «théorie des trois mondes», qu’ils ont essayé de faire avaler au mouvement communiste international.

Les marxistes-léninistes-maoïstes ont très justement réfuté les calomnies révisionnistes qui prétendent que la «théorie des trois mondes» avait été prônée par Mao Tsétoung.

Mais cela ne suffit pas. Il faut approfondir la critique de la «théorie des trois mondes», en critiquant les concepts qui la sous-tendent et en tentant de découvrir les origines de cette théorie.

Et là il est important de noter le fait que les usurpateurs révisionnistes en Chine ont été obligés de condamner publiquement les plus proches compagnons d’armes de Mao Tsétoung en les accusant de s’être opposés à la «théorie des trois mondes».

La contradiction entre les pays socialistes et les pays impérialistes est une des contradictions ou caractéristiques essentielles de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne.

Bien qu’aujourd’hui cette contradiction ait momentanément disparu à cause de la transformation révisionniste des divers pays qui étaient autrefois socialistes, cela ne change rien au fait que de faire le bilan de l’expérience historique du mouvement communiste vis-à-vis de la façon dont a été traitée cette contradiction reste une tâche théorique importante: en effet, le prolétariat va inévitablement se retrouver un jour face à une situation où un (ou plusieurs) pays socialistes devront affronter l’existence d’ennemis prédateurs impérialistes.

Au lendemain de la mort de Mao Tsétoung en 1976, les responsables engagés dans la voie capitaliste ont monté un perfide coup d’Etat grâce auquel ils ont pu révoquer les conclusions justes de la Révolution Culturelle, renverser les révolutionnaires dans la direction du PCC, mettre en oeuvre tout un programme révisionniste dans tous les domaines, et capituler à l’impérialisme.

Les révolutionnaires du Parti Communiste Chinois ont opposé une résistance à ce coup d’Etat et ont continué à lutter pour que la direction prolétarienne puisse reprendre le dessus dans ce pays.

Sur le plan international, des communistes révolutionnaires dans bon nombre de pays ne se sont pas faits prendre à la ligne révisionniste de Teng Siao-ping et Houa Kouo-feng et ont pris des initiatives pour démasquer et critiquer les responsables engagés sur la voie capitaliste en Chine.

Cette résistance (en Chine et aussi sur le plan international) face au coup d’Etat, rend hommage à la direction pénétrante de Mao Tsétoung qui n’a jamais cessé de travailler inlassablement pour armer le prolétariat et les marxistes-léninistes-maoïstes d’une analyse de la lutte des classes sous la dictature du prolétariat et pour leur faire comprendre la possibilité d’une restauration capitaliste.

Le travail théorique entrepris par l’ état-major prolétarien sous la direction de Mao Tsétoung a aussi fait beaucoup pour fournir aux marxistes-léninistes-maoïstes les éléments nécessaires pour qu’ils puissent interpréter correctement la nature des contradictions de la société socialiste, et leur travail a représenté une élaboration importante de le maoïsme.

Ceci a permis au mouvement marxiste-léniniste-maoïste d’être mieux préparé idéologiquement à affronter les tragiques événements de 1976 qu’il ne l’était vingt ans auparavant, lors du coup d’Etat révisionniste en URSS, même s’il le fallait cette fois affronter le problème sans qu’il y ait de pays socialiste dans le monde.

Néanmoins il était inévitable que la restauration du capitalisme dans un pays qui rassemblait entre ses frontières un quart de l’humanité et la main-mise des révisionnistes sur un parti marxiste-léniniste-maoïste qui avait été dans l’avant-garde du mouvement international aient de profondes répercussions sur la lutte révolutionnaire mondiale et sur le mouvement marxiste-léniniste-maoïste.

De nombreux partis qui avaient jusque-là appartenu au mouvement communiste international ont acclamé les révisionnistes en Chine et adopté leur «théorie des trois mondes», et ils ont fini par abandonner complètement la lutte révolutionnaire.

Cela a mené à ce que ces partis réussissent à propager une certaine démoralisation, en même temps qu’ils finissaient par perdre toute créance auprès des éléments révolutionnaires; ces partis ont donc fait l’expérience d’une crise profonde, ou bien se sont complètement effondrés.

Même parmi d’autres forces marxistes-léninistes-maoïstes qui s’étaient refusées à suivre la direction des révisionnistes chinois, le revers subi en Chine a conduit à une certaine démoralisation et à une remise en cause du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.

Cette tendance s’est exacerbée davantage lorsque Enver Hoxha et le PTA ont ouvertement déclenché un véritable tir de barrage contre le maoïsme.

Bien qu’on pouvait s’attendre à ce que le mouvement communiste international traverse une certaine crise après le coup d’Etat en Chine, la profondeur de cette crise et les grandes difficultés à en sortir démontrent que le révisionnisme sous toutes ses formes avait déjà bien planté ses crocs dans le mouvement marxiste-léniniste-maoïste même avant 1976.

Les marxistes-léninistes-maoïstes doivent poursuivre leurs enquêtes et leurs études sur ces questions afin d’arriver à mieux comprendre les racines du révisionnisme, non seulement dans la période la plus récente mais aussi dans les périodes antérieures du mouvement international; et ils doivent poursuivre le combat contre l’influence que les révisionnistes continuent à exercer, tout en persistant à défendre et à avancer sur la base des principes fondamentaux qui ont été forgés au cours des avancées révolutionnaires du prolétariat international et du mouvement communiste tout au long de son histoire.

Les Tâches des
Communistes Révolutionnaires

Les communistes révolutionnaires de tous les pays ont pour tâche d’accélérer le rythme de développement de la révolution mondiale: ils doivent faire en sorte que le prolétariat et les masses révolutionnaires puissent renverser l’impérialisme et la réaction; établir la dictature du prolétariat en conformité avec les étapes et alliances requises par la révolution dans différents pays; lutter pour éliminer tous les vestiges matériels et idéologiques de la société exploiteuse et parvenir de cette façon à une société sans classes, le communisme, à l’échelle mondiale.

Avant tout et surtout, les communistes doivent éviter de perdre de vue leur propre raison d’être, et agir conformément à cette orientation, sinon ils ne pourront rien apporter à la révolution et, pis encore, finiront par dégénérer au point de constituer eux-mêmes des obstacles sur la voie de la révolution.

L’expérience historique démontre qu’on ne peut parvenir à la révolution prolétarienne et assurer sa continuation que si l’on dispose d’un authentique parti prolétarien qui prend comme base la science du marxisme-léninisme-maoïsme, est organisé selon les normes léninistes, et est capable d’attirer et de former les meilleurs éléments révolutionnaires du prolétariat et des autres secteurs des masses.

Aujourd’hui ce genre de parti n’existe pas dans la plupart des pays du monde, et même là où on eh trouve, ils ne sont généralement pas suffisamment forts du point de vue idéologique et en matière d’organisation pour affronter les exigences et les occasions à saisir dans la période à venir.

C’est pour cela qu’une tâche essentielle du mouvement communiste international tout entier doit être de fonder et de consolider de vrais partis marxistes-léninistes-maoïstes.

Dans les pays ou il n’y a pas encore de parti marxiste-léniniste-maoïste, les communistes révolutionnaires ont pour tâche immédiate de constituer un tel parti avec l’aide du mouvement communiste international.

L’aspect clé dans la formation d’un parti c’est l’élaboration d’une ligne et d’un programme politiques qui soient corrects à la fois vis-à-vis des particularités d’un pays donné et aussi vis-à-vis de la situation mondiale dans son ensemble.

Il faut que le travail d’édification du parti marxiste-léniniste-maoïste soit étroitement lié à une activité révolutionnaire parmi les masses et à la mise en oeuvre d’une ligne de masse révolutionnaire, et l’on doit particulièrement chercher à répondre aux questions politiques pressantes qu’il faut résoudre pour que le mouvement révolutionnaire puisse avancer.

Si l’on ne procède pas de cette façon, la tâche d’édification d’un parti peut devenir une tâche stérile, se retrouver coupée de la pratique révolutionnaire et ne mener nulle part.

D’un autre côté, on aurait tout aussi tort de considérer qu’on ne peut constituer le parti que si l’on a déjà rallié un nombre déterminé d’adhérents, ou d’insister qu’il faut absolument avoir atteint un certain niveau d’influence auprès des masses avant de pouvoir former un parti.

La plupart du temps le parti ne comptera à sa fondation qu’un petit nombre d’adhérents; quoiqu’il en soit il faut constamment chercher à rallier les éléments révolutionnaires à létendard du parti et accroître linfluence du parti auprès du prolétariat et des masses.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste doit être construit et consolidé à travers une lutte idéologique active contre l’influence sur ses rangs de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie.

Dans l’édification du parti d’avant-garde les marxistes-léninistes-maoïstes doivent mettre à profit les leçons de la Révolution culturelle à travers laquelle Mao s’est battu pour assurer le caractère prolétarien et le rôle d’avant-garde du parti.

Mao a enrichi la conception de base du parti d’avant-garde élaborée par Lénine grâce à son analyse de la lutte entre deux lignes à l’intérieur du parti, à sa critique du concept érroné de «parti monolithique», et à son insistance sur la nécessité de la transformation idéologique des membres du parti.

Il est important de créer une situation politique où règnent à la fois le centralisme et la démocratie, la discipline et une large initiative, l’unité de volonté et d’action, et un état d’esprit où chacun se sent à son aise et plein d’entrain.

La pratique patauge dans le noir si elle n’est pas guidée par la théorie révolutionnaire.

Les partis marxistes-léninistes-maoïstes et le mouvement communiste international dans son ensemble doivent parvenir à mieux maîtriser la théorie révolutionnaire en même temps qu’ils font une analyse concrète des conditions concrètes de la société et du monde tout entier.

Les marxistes-léninistes-maoïstes ne doivent pas céder le terrain de l’analyse de nouveaux phénomènes à d’autres forces, et doivent développer une lutte théorique active qui s’adresse à tous les problèmes de fond et sujets de débat dans le mouvement révolutionnaire et dans la société dans son ensemble.

L’édification et l’organisation du parti marxiste-léniniste-maoïste doivent être accomplies san perdre de vue l’objectif fondamental qui est de saisir le pouvoir politique; le parti doit préparer dans ce sens ses propres rangs, le prolétariat et les masses révolutionnaires, à la fois sur le plan de l’organisation et en matière de ligne politique et idéologique.

Pour reprendre la formule de lAppel lancé à l’automne 1980: «En deux mots, les communistes sont partisans de la guerre révolutionnaire».

Il faut faire en sorte que la guerre révolutionnaire et que les autres formes de lutte révolutionnaire puissent constituer un terrain particulièrement favorable à la formation des masses révolutionnaires, de façon à ce qu’elles puissent être capables d’exercer le pouvoir politique et de transformer la société.

Même lorsque les conditions requises pour le déclenchement de la lutte armée des masses ne sont pas encore présentes, les communistes doivent entreprendre le travail de préparation nécessaire, en vue de l’apparition éventuelle de ces conditions.

Ce principe entraîne toute une série d’implications pour les partis marxistes-léninistes-maoïstes (quelques soient les différences qui existent du point de vue des tâches et des étapes de la révolution dans les différents pays), y compris le fait que l’organisation des structures sous-jacentes du parti doit être clandestine, et que le parti doit être prêt à pouvoir encaisser les mesures répressives des réactionnaires qui ne tolèreront pas longtemps de façon pacifique un véritable parti révolutionnaire.

En même temps qu’il s’engage dans la lutte armée pour la conquête du pouvoir ou qu’il se prépare à s’y engager, le parti marxiste-léniniste-maoïste doit aussi trouver divers moyens de développer une activité légale et/ou «ouverte».

L’expérience historique démontre que, si ce genre d’activité est important et même absolument essentiel dans certaines périodes, il doit toujours être accompagné de révélations politiques qui servent à démasquer la nature de classe de la démocratie bourgeoise; et, quelques soient les circonstances, les communistes ne doivent jamais relâcher leur garde et doivent prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que le parti puisse continuer son activité révolutionnaire dans le cas où les diverses ouvertures légales auraient disparu.

Il faut faire un bilan de l’expérience du passé à ce sujet et en tirer les leçons pertinentes afin de pouvoir régler correctement la question de la contradiction qui consiste à faire utilisation des ouvertures et possibilités de travail légales, sans pour cela tomber dans le légalisme ou crétinisme parlementaire.

Afin de s’acquitter de ses tâches révolutionnaires et de préparer les masses à la prise du pouvoir, le parti marxiste-léniniste-maoïste doit s’armer d’un organe de presse communiste, qui paraisse régulièrement, même si cette presse va jouer un rôle différent dans les deux types de pays vis-à-vis des tâches qu’implique la voie de la révolution dans ces pays.

La presse communiste doit éviter d’être mesquine ou à horizons limités, et éviter d’être stérile et dogmatique.

Elle doit s’efforcer d’armer les prolétaires munis d’une conscience politique de classe, et d’autres éléments avec les moyens d’examiner sur toutes les coutures la société et le monde tout entier, ce qu’elle fait principalement par le biais d’analyses et de révélations politiques qui suivent de très près le déroulement des événements de l’actualité.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste se constitue dans chaque pays en tant que détachement du mouvement communiste international, et il doit développer son activité de façon à ce qu’elle fasse partie intégrante de la lutte mondiale pour le communisme, à laquelle elle doit être subordonnée.

Le parti doit éduquer ses propres rangs, les ouvriers munis d’une conscience politique de classe et les masses révolutionnaires dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien, en comprenant que l’internationalisme ne signifie pas seulement que le prolétariat d’un pays doit prêter son appui au prolétariat d’un autre pays; en effet l’internationalisme doit, plus fondamentalement, refléter le fait que le prolétariat appartient à une seule et même classe partout à travers le monde, qu’il n’a qu’un seul et même intérêt en tant que classe, qu’il s’affronte à un système impérialiste mondial, et qu’il a pour tâche l’émancipation de l’humanité toute entière.

Ce genre d’éducation et de propagande internationaliste est indispensable si l’on veut préparer le parti et le prolétariat à pouvoir continuer la révolution même après la prise du pouvoir dans un pays donné.

L’accession au pouvoir politique, ou même l’établissement d’un système socialiste qui ne soit pas fondé sur l’exploitation, ne doivent pas être considérés comme une fin en soi: ce sont là des premiers pas dans une longue période transitoire qui sera pleine de flux et de reflux et ponctuée d’inévitables revers comme de conquêtes. jusqu’à ce que soit réalisé l’objectif du communisme à l’échelle mondiale.

Les Tâches dans les Pays Coloniaux 
et Semi- (ou Néo-) Coloniaux

Les pays coloniaux (ou néo-coloniaux) qui sont sous le joug de l’impérialisme ont été le théâtre principal de la lutte mondiale du prolétariat depuis la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’aujourd’hui.

Dans cette période nous avons pu accumuler une vaste expérience en matière de luttes révolutionnaires, y compris par rapport aux questions soulevées par la guerre révolutionnaire.

L’impérialisme a subi de très graves défaites et le prolétariat a remporté des victoires imposantes, allant jusqu’à établir des pays socialistes.

D’un autre côté, le mouvement communiste a aussi fait la pénible expérience de situations où les masses révolutionnaires de ces pays ont livré des combats héroïques, et même des guerres de libération nationale, sans que cela mène pour autant à ce que le prolétariat et ses alliés puissent prendre le pouvoir politique, mais où de nouveaux exploiteurs, généralement associés à une quelconque puissance impérialiste (ou à plusieurs de ces puissances), ont accaparé les fruits des victoires populaires.

Tout cela démontre qu’une tâche très importante pour le mouvement communiste international est de faire le bilan des aspects positifs et négatifs des plusieurs dizaines d’années d’expérience révolutionnaire dans ce genre de pays.

La théorie élaborée par Mao Tsétoung pendant les longues années de la guerre révolutionnaire en Chine continue à être la référence fondamentale pour l’élaboration de la stratégie et de la tactique révolutionnaires dans les pays coloniaux et semi- (ou néo-) coloniaux.

Dans ces pays la révolution a pour cible l’impérialisme étranger et aussi la bourgeoisie bureaucratique et «compradore» et les féodaux, ces deux dernières classes étant des classes dépendantes et étroitement liées aux impérialistes.

Dans ces pays la révolution traverse deux étapes: une première révolution, la révolution pour la démocratie nouvelle, qui mène ensuite directement à une deuxième révolution, la révolution socialiste.

La nature, la cible, et les tâches de la première étape de la révolution sont telles que le prolétariat peut, et doit, former un large front uni qui rassemble toutes les classes et couches sociales qui peuvent être amenées à soutenir le programme de la démocratie nouvelle.

Cependant le prolétariat entreprend de construire ce front uni en conformité avec le principe du développement et du renforcement de ses propres forces indépendantes; cela implique, par exemple, que le prolétariat doit pouvoir disposer de ses propres forces armées lorsque les conditions pour cela existent, et qu’il doit établir son rôle dirigeant vis-à-vis des secteurs des masses révolutionnaires, et en particulier vis-à-vis des paysans pauvres.

Cette alliance prend comme axe fondamental l’alliance des ouvriers et des paysans, et la révolution agraire (c’est-à-dire la lutte contre l’exploitation semi-féodale à la campagne et/ou la réalisation du mot d’ordre «la terre à ceux qui la travaillent ») doit occuper une place centrale dans le programme de la démocratie nouvelle.

Dans ces pays le prolétariat et les masses sont très sévèrement exploités, les abus dus à la domination impérialiste sont incessants, et les classes dirigeantes exercent généralement leur dictature de manière directe et brutale; même lorsque ces classes emploient une forme de régime démocratique bourgeois ou parlementaire, cette dictature est à peine voilée.

Cette situation provoque fréquemment des luttes révolutionnaires de la part du prolétariat, des paysans, et d’autres secteurs des masses et ces luttes prennent souvent la forme de luttes armées.

Pour toutes ces raisons (y compris aussi le fait que le développement déformé et complètement désiquilibré de ces pays crée de grandes difficultés pour les classes réactionnaires qui ont du mal à maintenir la stabilité de leurs régimes et à consolider leur pouvoir dans tous les coins et recoins du pays), il arrive souvent que la révolution prenne la forme d’une guerre révolutionnaire prolongée, à travers laquelle les forces révolutionnaires réussissent à établir une forme quelconque de base d’appui à la campagne, et à mettre en oeuvre la stratégie fondamentale qui consiste à encercler les villes à partir des campagnes.

Pour accomplir une révolution pour la démocratie nouvelle, il est essentiel que le prolétariat maintienne son rôle indépendant et qu’il soit capable d’établir son rôle dirigeant dans la lutte révolutionnaire, ce qu’il fait à travers son parti marxiste-léniniste-maoïste.

L’expérience historique a démontré et re-démontré que même lorsqu’une fraction de la bourgeoisie nationale s’associe au mouvement révolutionnaire, elle ne veut pas (et ne peut pas) diriger une révolution pour la démocratie nouvelle, et il n’est donc évidemment pas question qu’elle la mène à bon terme.

De même, l’expérience historique démontre qu’un «front anti-impérialiste» (ou autre «front révolutionnaire» de ce genre) qui n’est pas dirigé par un parti marxiste-léniniste-maoïste ne mène nulle part, même lorsque ce front (ou certaines forces qui en font partiel adoptent une certaine couverture «marxiste», ou plutôt, pseudo-marxiste. Bien que de telles formations révolutionnaires aient parfois dirigé des combats héroïques et même frappé de grands coups contre les impérialistes, elles se sont montrées incapables, sur le plan idéologique et en matière d’organisation, de résister aux influences impérialistes et bourgeoises.

Même là où ces éléments ont pu prendre le pouvoir, ils n’ont pas été capables d’assurer une transformation révolutionnaire intégrale de la société, et ils finissent tous, tôt ou tard, par se faire renverser par les impérialistes ou par se transformer eux-mêmes en un nouveau pouvoir réactionnaire, travaillant la main dans la main avec des impérialistes.

Dans les situations où les classes dirigeantes exercent une dictature brutale ou fasciste, le parti communiste peut mettre à profit les contradictions que cela suscite de façon à favoriser la révolution pour la démocratie nouvelle, et peut établir des accords ou alliances provisoires avec des éléments d’autres classes.

Cependant de telles initiatives ne peuvent réussir que si le parti continue à maintenir son rôle dirigeant et se sert de ces alliances dans le cadre défini par sa tâche globale et principale, qui est de mener à bien la révolution, sans faire de la lutte contre la dictature une étape stratégique de la révolution, puisque le contenu de la lutte anti-fasciste n’est autre que le contenu de la révolution pour la démocratie nouvelle.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste doit non seulement armer le prolétariat et les masses révolutionnaires des moyens de comprendre la nature de la tâche à accomplir dans l’immédiat (mener à bien la révolution pour la démocratie nouvelle) et le rôle et les intérêts contradictoires des représentants des différentes classes (amies ou ennemies), mais doit aussi leur faire comprendre la nécessité de préparer la transition à la révolution socialiste, et le fait que l’ultime objectif doit être de parvenir au communisme à l’échelle mondiale.

Les marxistes-léninistes-maoïstes partent du principe que le parti doit diriger la guerre révolutionnaire de façon à ce qu’elle soit une véritable guerre des masses.

Même dans les conditions difficiles qu’impose une guerre, les marxistes-léninistes-maoïstes doivent s’efforcer d’éduquer largement les masses et les aider à atteindre un niveau plus élevé en matière de théorie et d’idéologie.

Pour cela il faut assurer l’édition et le développement d’une presse communiste à parution régulière, et faire en sorte que la révolution pénètre les domaines culturels.

Dans les pays coloniaux et semi- (ou néo-) coloniaux, la principale déviation de cette dernière période a été (et est toujours) la tendance à ne pas reconnaître ou à renier cette orientation fondamentale pour le mouvement révolutionnaire dans ce genre de pays: la tendance à renier le rôle dirigeant du prolétariat et du parti marxiste-léniniste-maoïste; à rejeter, ou à pervertir de manière opportuniste la théorie de la guerre populaire; à abandonner l’édification d’un front uni, fondé sur l’alliance des ouvriers et des paysans et dirigé par le prolétariat.

Cette déviation révisionniste s’est autrefois manifestée à la fois sous une forme de «gauche» et sous une forme ouvertement de droite.

Les révisionnistes modernes ont beaucoup prêché le «passage pacifique au socialisme» (surtout jusqu’à ces derniers temps) et ont cherché à favoriser la direction bourgeoise dans les luttes de libération nationale.

Ce révisionnisme de droite, qui ne cache pas sa politique de capitulation, a cependant toujours trouvé son écho dans une autre forme de révisionnisme avec laquelle elle s’entrecoupe aujourd’hui de plus en plus: une espèce de révisionnisme armé, de «gauche», que prône de temps en temps la direction cubaine, entre autres, qui mène à ce que les masses soient gardées à l’écart de la lutte armée, et qui avance l’idée qu’on peut combiner toutes les étapes de la révolution et ne faire qu’une seule révolution, une révolution soi-disant «socialiste»; cette politique en fait revient à essayer de rallier les ouvriers à une perspective tout ce qu’il y a de plus limitée et à renier le fait que la classe ouvrière doit diriger les paysans et d’autres forces et entreprendre ainsi d’éliminer complètement l’impérialisme et les rapports économiques et sociaux arriérés et déformés dont le capital étranger se nourrit, et qu’il s’efforce de consolider.

Aujourd’hui cette forme du révisionnisme constitue un des principaux moyens utilisés par les sociaux-impérialistes pour s’insérer dans les luttes de libération nationale et pour les contrôler.

Afin que l’évolution du mouvement révolutionnaire dans les pays coloniaux et semi-(ou néo-) coloniaux puisse se faire dans un sens correct, il faut que les marxistes-léninistes-maoïstes continuent à intensifier la lutte contre toutes les formes du révisionnisme et à défendre lSuvre de Mao Tsétoung en tant que fondement théorique indispensable à une analyse de fond des conditions concrètes et à l’élaboration d’une ligne politique appropriée dans les divers pays de ce type.

Il faut en même temps prendre note de quelques autres déviations, secondaires celles-ci, qui se sont manifestées parmi les véritables forces révolutionnaires qui se sont efforcées de mettre en oeuvre une ligne révolutionnaire dans les pays coloniaux et dépendants.

Il faut tout d’abord constater que les pays qui rassemblent les nations opprimées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine ne constituent pas un seul et unique bloc monolithique et qu’ils comportent des différences importantes au niveau de leur composition de classe, de la forme de la domination impérialiste, et de leur position vis-à-vis de la situation mondiale dans son ensemble.

Les tendances à ne pas faire une analyse de fond, une analyse scientifique, de ces questions; à copier mécaniquement l’expérience préalable du prolétariat international; ou à ne pas tenir compte des transformations qui ont eu lieu dans la situation internationale et dans des pays particuliers – ne peuvent que nuire à la cause de la révolution et affaiblir les forces marxistes-léninistes-maoïstes.

Au cours des années 1960 et du début des années 1970, les forces marxistes-léninistes-maoïstes dans un grand nombre de pays (forces qui avaient été influencées par la Révolution culturelle en Chine et qui faisaient partie de la poussée révolutionnaire qui balayait le monde à l’époque) se sont joints à certains secteurs des masses pour engager la lutte armée révolutionnaire.

Dans plusieurs pays, les forces marxistes-léninistes-maoïstes ont pu rallier une proportion considérable de la population au drapeau de la révolution, et assurer la sauvegarde du parti marxiste-léniniste-maoïste et des forces armées populaires en dépit d’une sanglante répression contre-révolutionnaire.

Ces premières tentatives pour créer des nouveaux partis marxistes-léninistes-maoïstes et lancer la lutte armée allaient inévitablement être empreintes d’un certain caractère primitif et faire preuve de certaines insuffisances en matière d’idéologie et de politique; et il n’est évidemment pas surprenant que les impérialistes et révisionnistes se soient jetés sur ces erreurs et insuffisances pour condamner les révolutionnaires, les traitant de «gauchistes» ou pis.

Il en reste néanmoins que ces initiatives méritent généralement d’être défendues en tant qu’éléments importants de l’héritage du mouvement marxiste-léniniste-maoïste qui ont aidé à jeter les bases pour des avancées subséquentes.

En règle générale, les pays opprimés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine se trouvent constamment à l’état de situation révolutionnaire.

Mais il est important de bien comprendre ce que cela veut dire: une situation révolutionnaire ne suit pas un cours en fil droit, mais comprend des flux et des reflux.

Les partis communistes ne doivent pas perdre de vue cet aspect de la question.

Ils ne doivent pas se mettre à voir les choses de façon unilatérale et affirmer que le déclenchement de la guerre populaire et une victoire totale dans cette guerre ne dépendent, en tout et pour tout, que du facteur subjectif (c’est-à-dire des communistes), une façon de voir les choses qu’on associe souvent au «lin-piaoisme».

Bien qu’à tous moments dans ce genre de pays, une forme quelconque de lutte armée soit généralement favorable et nécessaire à la réalisation des tâches de la lutte des classes, il peut y avoir des moments où la lutte armée est la forme principale de la lutte, et d’autres moments ou cela n’est pas le cas.

Lorsqu’une situation révolutionnaire est en période de reflux, les partis communistes doivent trouver quelles sont les mesures tactiques à employer dans cette situation et ne pas se lancer dans des initiatives qui relèvent de précipitation et d’impatience.

Dans ce genre de situation, il ne faut pas manquer d’effectuer les préparatifs requis (sur le plan politique et de l’organisation) pour une guerre populaire prolongée et, en attendant que les conditions soient propices à une nouvelle avancée, il faut trouver diverses formes de lutte et d’organisation qui correspondent aux conditions concrètes afin d’accélérer le rythme de développement de la révolution.

Il est nécessaire de combattre tous les points de vue érronés qui cherchent à retarder le développement de la lutte armée (ou l’utilisation d’une forme quelconque de lutte armée) jusqu’à ce que les conditions soient favorables à la lutte armée révolutionnaire d’un bout à l’autre du pays.

Cette façon de voir les choses nie le fait que la révolution et les situations révolutionnaires ne se développent pas de façon bien régulière dans ces pays, et est tout à l’opposé de l’orientation de Mao qu’exprime la formule: «Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine».

Il est important aussi de prendre note du fait que la situation internationale dans son ensemble influe sur le processus de la révolution dans un pays particulier; le fait de ne pas en tenir compte mène à ce que les marxistes-léninistes-maoïstes ne soient pas prêts à saisir les occasions qui se présentent lorsque le déroulement des événements à léchelle mondial provoque une accélération du processus révolutionnaire.

Aujourd’hui, l’acuité croissante de la menace d’une nouvelle guerre mondiale implique que les partis et organisations marxistes-léninistes-maoïstes dans les pays néo-coloniaux doivent aussi s’affronter à la tâche urgente qui est de se préoccuper de la lutte contre la guerre impérialiste.

Les communistes doivent tenir compte du fait que bon nombre de ces pays pourraient être entraînés dans cette guerre entre les impérialistes, par rapport à la position qu’ils occupent vis-à-vis des différents blocs impérialistes.

Les partis communistes doivent envisager les multiples situations concrètes que pourrait faire ressortir une telle guerre impérialiste, et ils doivent élaborer une réflexion qui tienne compte de toutes ces possibilités.

Etant donné les conditions objectives dans ces pays, les masses ont généralement moins conscience du danger de guerre impérialiste et de ce que cela implique, et c’est aux marxistes-léninistes-maoïstes de les éduquer à ce sujet.

En cas de guerre impérialiste, la tâche la plus importante pour les marxistes-léninistes-maoïstes est d’essayer de mettre à profit les occasions favorables qu’une telle guerre fera ressortir, de façon à intensifier la lutte révolutionnaire et à transformer la guerre impérialiste en une guerre révolutionnaire contre l’impérialisme et la réaction.

L’Appel de l’automne 1980 a constaté que:

Il y a une tendance indéniable à ce que l’impérialisme introduise des éléments importants de rapports capitalistes dans les pays qu’il domine.

Dans certains pays dépendants ce développement capitaliste s’est fait à un tel point qu’il n’est pas correct de caractériser ces pays en tant que pays semi-féodaux; il vaudrait mieux les caractériser en tant que pays à prédominance capitaliste, bien que l’on puisse encore y trouver d’importants éléments ou vestiges des rapports de production semi-féodaux, et que ceux-ci soient reflétés dans la superstructure.

Dans de tels pays il faut faire une analyse concrète de ces conditions et en tirer les conclusions appropriées en ce qui concerne la voie à suivre, les tâches, le caractère et l’alignement des forces de classes.

Dans tous les cas, l’impérialisme étranger continue à être une cible de la révolution.

Le mouvement international continue à avoir pour tâche importante de faire une analyse de ce qu’implique l’augmentation de rapports capitalistes dans les pays dominés par l’impérialisme, y compris dans le cas particulier des pays opprimés que l’on peut correctement désigner des pays «à prédominance capitaliste».

L’on peut toutefois déjà dégager quelques conclusions importantes à ce sujet.

L’idée que la combinaison de l’indépendance politique formelle et de l’introduction importante de rapports capitalistes a éliminé la nécessité d’une révolution pour la démocratie nouvelle dans la plupart (ou même dans un grand nombre) des pays qui étaient autrefois sous la tutelle directe des impérialistes, est un point de vue érroné et dangereux.

Cette notion, qu’avancent divers trotskystes, sociaux-démocrates et critiques petits-bourgeois du marxisme révolutionnaire, revient à dire qu’il n’y a pas de distinction d’ordre qualitatif entre l’impérialisme et les nations opprimées par l’impérialisme, et réussit donc à effacer d’un seul coup une des caractéristiques les plus importantes de toute l’époque impérialiste.

La réalité est que l’impérialisme continue à entraver les forces productives dans les pays qu’il exploite.

Le certain niveau de «développement» capitaliste (plus ou moins important) que l’impérialisme introduit indéniablement dans ces pays ne mène pas à la formation d’un marché national bien articulé, ou à un système économique capitaliste de type «classique»: le développement de ces pays est complètement désiquilibré et dépendant vis-à-vis du capital étranger, et sert les intérêts de ce dernier.

Même dans les pays opprimés à prédominance capitaliste, la première étape de la révolution doit continuer à prendre pour cible l’impérialisme étranger, en même temps que les éléments qui sont les appuis de cet impérialisme à l’intérieur du pays.

Bien que la révolution dans ces pays suivra souvent un cours assez différent du cours de la révolution dans les pays où prédominent les rapports semi-féodaux, il faudra quand même, en règle générale, que la révolution passe par une étape anti-impérialiste et démocratique avant que l’on puisse commencer la révolution socialiste.

L’accroissement du niveau de développement capitaliste dans certains pays opprimés soulève un problème extrêmement important du point de vue de l’importance relative des villes vis-à-vis de la campagne, à la fois sur le plan politique et sur le plan militaire.

Dans quelques-uns de ces pays il est juste de déclencher la lutte armée en commençant par des insurrections dans les villes, et de ne pas suivre le schéma qui consiste à encercler les villes à partir des campagnes.

De plus, même dans les pays où la voie de la révolution implique l’encerclement des villes à partir des campagnes, il se peut qu’il se présente des situations où des révoltes de masses conduisent à des soulèvements et à des insurrections dans les villes, et le parti doit être prêt à profiter de telles situations dans le cadre de sa stratégie globale.

Mais dans les deux cas, le succès de la révolution dépend très largement de la capacité du parti à mobiliser les paysans et à les gagner à participer à cette révolution sous la direction du prolétariat.

Etant donné le fait qu’un appareil d’Etat central a été établi dans ces pays même avant qu’ils puissent subir un développement capitaliste, la plupart des pays semi- (ou néo-) coloniaux regroupent des formations multinationales; souvent, l’appareil d’Etat a lui-même été créé par les impérialistes eux-mêmes.

En plus le tracé des frontières de ces pays est le résultat des occupations et des machinations des impérialistes.

Ainsi il y a généralement des nations opprimées, des inégalités nationales et une oppression nationale impitoyable à l’intérieur même des pays opprimés par l’impérialisme.

A notre époque la question nationale ne se limite plus à un problème interne de pays particuliers et se trouve maintenant subordonnée à la question de la révolution prolétarienne mondiale: la résolution intégrale de ce problème dépend donc maintenant directement du succès de la lutte contre l’impérialisme.

Dans ce contexte les marxistes-léninistes-maoïstes doivent prôner le droit à l’autodétermination des nations opprimées des pays semi-coloniaux multinationaux.

Ainsi l’on peut dire que les marxistes-léninistes-maoïstes dans les pays coloniaux et néo-coloniaux ont une double tâche à remplir sur le front politique et idéologique: ils doivent d’une part continuer à défendre et à promouvoir les enseignements fondamentaux de Mao sur le caractère et la voie de la révolution dans ce type de pays, et doivent aussi défendre et tenter d’avancer sur les bases jetées par les initiatives révolutionnaires qui ont marqué les «années folles» (pour reprendre l’expression de Lénine) des années 1960; d’autre part, les communistes révolutionnaires doivent faire preuve de l’esprit critique marxiste pour analyser à la fois l’expérience du passé, la situation actuelle, et les changements qui peuvent porter sur le déroulement de la révolution dans ces pays.

Les Pays Impérialistes

Pour reprendre la formule de l’Appel de 1980: Dans les pays impérialistes, «la Révolution d’Octobre reste la référence fondamentale pour la stratégie et la tactique marxiste-léniniste».

Ceci doit être réaffirmé et approfondi car les principes fondamentaux du léninisme concernant la préparation et la réalisation de la révolution prolétarienne dans les pays impérialistes sont longtemps restés ensevelis sous une avalanche de déformations révisionnistes.

Lénine a très justement souligné l’importance de ce que les communistes développent parmi les ouvriers un mouvement politique de très grande envergure, qui soit capable, lorsque les conditions s’y prêteront, de diriger l’insurrection des forces sociales révolutionnaires contre le pouvoir d’Etat réactionnaire.

Lénine a aussi très justement fait remarquer qu’un mouvement révolutionnaire de ce type ne pourrait pas surgir spontanément des luttes économiques des ouvriers pour leur survie quotidienne, et que ce genre de luttes ne constituent pas le terrain le plus important pour le développement d’une activité révolutionnaire.

Lénine avança la thèse que les révolutionnaires doivent «faire dévier» le mouvement spontané des masses pour les faire sortir du chemin trop restreint des luttes qui se préoccupent des conditions de survie et de vente de la force du travail.

Pour réussir à faire «dévier» ce mouvement spontané, il faut apporter aux ouvriers les éléments d’une conscience politique de classe qui proviennent «d’en dehors» l’orbite restreint de leurs expériences quotidiennes, grâce surtout à des révélations politiques et à des analyses de tous les événements importants dans tous les domaines de la société: dans le domaine politique, de la culture, des sciences, etc.

Ce n’est qu’ainsi qu’un secteur du prolétariat muni d’une conscience politique de classe pourra prendre forme, rassemblant des prolétaires conscients de leurs tâches révolutionnaires et de la nature et du rôle de toutes les autres forces de classe dans la société.

Lénine a aussi beaucoup insisté sur le fait que l’agitation et la propagande, pour aussi essentielles qu’elles soient, ne suffisent pas.

Ce n’est qu’à travers la lutte de classes, particulièrement à travers la lutte politique et révolutionnaire, que les masses peuvent développer à fond leur conscience révolutionnaire et apprendre à se battre.

De cette façon, et en combinaison avec une activité communiste de large envergure, les masses peuvent apprendre à partir de leurs propres expériences et être éduquées dans la fournaise de la lutte de classes.

Loin de prêcher «l’unité monolithique de la classe ouvrière», Lénine démontra que l’impérialisme mène inévitablement à un «changement des rapports de classe», à une scission au sein de la classe ouvrière des pays impérialistes, entre, d’une part, le prolétariat opprimé et exploité et, d’autre part, une couche supérieure d’ouvriers qui partagent le butin de la bourgeoisie impérialiste et qui travaillent la main dans la main avec elle.

Lénine s’est aussi vigoureusement opposé à tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, cherchaient à assimiler les intérêts du prolétariat aux intérêts de «leur propre» bourgeoisie impérialiste.

Il s’est battu inlassablement pour une ligne de défaitisme révolutionnaire vis-à-vis des guerres impérialistes et n’a jamais cessé de porter haut l’étendard de l’internationalisme prolétarien en opposition au minable «drapeau national» de la bourgeoisie.

Lénine a aussi montré comment les perspectives de révolution dans les pays capitalistes sont liées au développement de situations révolutionnaires qui sont rares dans ces pays, mais qui expriment d’une manière concentrée les contradictions fondamentales du capitalisme.

Il a analysé le fait que la Deuxième Internationale avait commis une erreur en misant tout sur l’idée que l’influence socialiste allait s’accroître parmi les masses tout doucement et sans faire de remous et il affirma tout au contraire que, dans les périodes relativement «calmes», les communistes doivent se préparer en vue de l’apparition éventuelle de ces moments exceptionnels de l’histoire où il devient possible d’effectuer des transformations révolutionnaires dans ce genre de pays, et où les activités des révolutionnaires laissent une empreinte sur la société et sur le monde pour «des décennies à venir».

Bien que Lénine se soit exprimé très clairement à ce sujet, et bien que ces questions occupent une place centrale dans l’ensemble de la théorie scientifique du socialisme, les léninistes ont bien souvent décidé de n’y prêter aucune attention.

Des déviations économistes et des conceptions érronées de «partis de masse» dans les situations non-révolutionnaires se sont manifestées dans la politique de certains partis assez tôt dans l’histoire de la Troisième Internationale.

Ces tendances se sont renforcées et ont fini par constituer de véritables articles de foi dans le mouvement communiste, en même temps que se sont manifestées d’autres tendances érronées et extrêmement dangereuses à s’empresser de défendre les intérêts nationaux de la bourgeoisie dans les pays impérialistes.

Malheureusement, la rupture vis-à-vis du révisionnisme moderne dans les années 1960 a été nettement insuffisante, surtout par rapport à la question de la stratégie et de la tactique communistes dans les pays impérialistes.

Bien que la thèse de la «voie pacifique» ait été critiquée et rejetée, et que l’analyse du fait que des soulèvements armés seraient événtuellement nécessaires ait été largement propagée, on s’est très peu efforcé de faire un bilan des origines historiques du révisionnisme dans le mouvement communiste des pays capitalistes et, en règle générale, les forces marxistes-léninistes ont axé leur activité plus sur les expériences négatives de certains partis communistes pendant les années 1930 que sur la «voie de la Révolution d’Octobre» qui avait été forgée sous la direction de Lénine.

Dans la plupart des pays impérialistes pendant les années 1960, on a vu une fraction significative de toutes-nouvelles forces révolutionnaires virer à l’aventurisme ou au sectarisme de gauche.

Mais, surtout à mesure que les années s’écoulaient, les nouveaux partis et organisations marxistes-léninistes-maoïstes ont généralement plutôt opté pour une ligne qui les conduisit à centrer leur travail sur les luttes des ouvriers pour leur survie quotidienne et à disputer aux révisionnistes et aux chefs de syndicats bourgeois la direction de ces luttes.

Ce culte de «l’ouvrier moyen» et cette prédilection pour les luttes économiques n’ont pas réussi à faire grand-chose pour gagner réellement les ouvriers et pour les amener à prendre une position révolutionnaire et à entrer dans les partis marxistes-léninistes-maoïstes – mais cette politique a malheureusement eu un effet nocif sur les partis marxistes-léninistes-maoïstes eux-mêmes et sur leurs membres.

La ligne économiste qui a prédominé dans le mouvement marxiste-léniniste-maoïste de ces pays s’est révélée être tout à l’opposé des principes révolutionnaires sur lesquels ce mouvement avait été fondé.

Les jeunes militants, qui constituaient la grande majorité des membres de ces partis, y étaient entrés parce qu’ils voulaient apporter leur contribution au processus mondial de la révolution, parce qu’ils voulaient se battre pour le communisme.

Leur désir d’élargir le mouvement révolutionnaire des années 1960 pour y rallier le prolétariat et de se mêler eux-mêmes aux ouvriers (qui avait certainement été inspiré en grande mesure par l’expérience des jeunes révolutionnaires de la Révolution culturelle) représentait un juste et puissant sentiment révolutionnaire, qui fut néanmoins étouffé et perverti sous l’influence de l’économisme.

Lorsque la poussée révolutionnaire mondiale connut une période de reflux, les partis et organisations marxistes-léninistes-maoïstes ont eu tendance à filer de plus en plus vers la droite, dans l’espoir de trouver un plus large écho parmi les masses sur la base d’une ligne qui n’était pas révolutionnaire.

Il y avait, pour les militants de ces organisations, de moins en moins de rapport entre les tâches qu’ils s’efforçaient de remplir, et la préparation d’une révolution. Cela a mené à toute sorte de déviation, à une démoralisation des militants et à un renforcement de l’opportunisme.

Cette situation a été aggravée par la confusion dont ont fait preuve les marxistes-léninistes-maoïstes vis-à-vis de la question des «tâches nationales» (ou plus exactement, vis-à-vis de leur absence) dans les pays impérialistes.

Nous avons déjà signalé que les polémiques du Parti Communiste Chinois comportaient des erreurs importantes par rapport à cette question, et que ces erreurs avaient été assimilées par le mouvement marxiste-léniniste-maoïste.

Le désir, tout à fait juste et internationaliste, de se battre contre l’impérialisme des Etas-Unis (qui avait été correctement désigné le rempart principal de la réaction mondiale à l’époque) s’est mêlé de plus en plus à une politique qui menait à ce qu’on défende les intérêts de certains pays impérialistes à partir du moment ou ces intérêts se heurtaient à ceux des Etas-Unis, ou (surtout à partir du début des années 1970) à ceux de l’URSS.

De très nombreux partis marxistes-léninistes-maoïstes ont adopté des positions de plus en plus érronées par rapport aux événements au niveau international; ces positions allaient à l’encontre de l’internationalisme et s’alignaient objectivement aux préparatifs de guerre impérialiste et à la suppression contre-révolutionnaire.

L’on a déjà eu l’occasion de faire remarquer que certains partis marxistes-léninistes-maoïstes dans les pays impérialistes avaient adopté une ligne tout à fait sociale-chauvine bien avant le coup d’Etat en Chine en 1976.

L’économisme et le social-chauvinisme (y compris la forme embryonnaire de la «théorie des trois mondes») sont deux erreurs graves et reliées l’une à l’autre, qui sont les principaux facteurs subjectifs ayant contribué à l’effondrement presque total du mouvement marxiste-léniniste-maoïste en Europe à la suite du coup d’Etat en Chine.

Lorsqu’ils s’efforceront de construire et de consolider d’authentiques partis marxistes-léninistes-maoïstes dans les pays capitalistes avancés, les communistes doivent attacher beaucoup d’importance à la lutte contre l’influence qu’ont exercée ces déviations.

Tandis que le mouvement marxiste-léniniste-maoïste dans la plupart des pays capitalistes avancés partait à la dérive, certaines fractions de jeunes révolutionnaires ont essayé de se trouver une «nouvelle idéologie» et une autre voie à suivre.

Le fait qu’une proportion considérable des jeunes s’est vue attirée par l’anarchisme ou par d’autres formes de radicalisme petit-bourgeois est le reflet du fait qu’ils désirent réaliser des transformations révolutionnaires.

Ces forces sont cependant incapables de jouer un rôle pleinement révolutionnaire dans la mesure où il leur manque la seule théorie qui soit entièrement révolutionnaire, le marxisme.

Dans certains pays un petit nombre d’éléments a opté pour le terrorisme, une idéologie et une ligne politique qui ne s’appuient pas sur les masses révolutionnaires et qui n’envisagent pas correctement les moyens de renverser l’impérialisme de façon révolutionnaire.

Bien que ces mouvements terroristes aiment prétendre qu’ils sont extrêmement «révolutionnaires», en fait ils ont le plus souvent fait assimilation de toute une série de déviations révisionnistes et réformistes, comme par exemple l’idée qu’il faudrait lutter pour la soi-disant «libération nationale» de certains pays impérialistes, défendre l’Union soviétique impérialiste, etc., etc.

Ces mouvements partagent avec l’économisme un manque de compréhension fondamental du fait qu’il est essentiel, pour préparer la révolution, de développer le niveau de conscience politique des masses et les diriger dans des luttes politiques.

Bien que «l’excavation» des principes fondamentaux du léninisme doive servir de point de départ à toute élaboration de ligne révolutionnaire dans les pays impérialistes, on ne peut se permettre d’en rester là.

Les pays impérialistes d’aujourd’hui sont très différents à plusieurs égards de la Russie du début du siècle ou des autres pays impérialistes de l’époque; l’on a aussi accumulé beau-coup d’expérience (positive et négative) depuis la Révolution d’Octobre par rapport à la construction d’un mouvement révolutionnaire dans ces pays.

Au cours de son évolution, l’impérialisme a réalisé plusieurs transformations importantes dans ces pays, dont lélimination presque totale de la paysannerie dans certains pays, une croissance rapide de nouveaux secteurs de la petite bourgeoisie, etc., etc.

Mais la transformation la plus importante se révèle être l’immense augmentation du parasitisme des pays impérialistes (reposant sur le pillage des nations opprimées) et l’intensification de la polarisation au sein de la classe ouvrière qui l’accompagne.

Il existe, dans les pays impérialistes, une large aristocratie ouvrière, d’assise solide et d’influence considérable, qui bénéficie de l’existence de l’impérialisme et qui ne demande pas mieux que se servir ses intérêts.

L’impérialisme accentue la contradiction entre ces ouvriers et une large couche de la classe ouvrière (y compris l’armée de réserve de l’industrie – les chômeurs) qui sont appauvris et désirent se battre pour une transformation radicale des choses et sont enclins à se battre pour y parvenir.

Dans les principaux pays impérialistes occidentaux, cette couche inférieure de la classe ouvrière comprend une proportion importante d’ouvriers immigrés venus des pays dominés par l’impérialisme et aussi, dans certains cas, des minorités nationales et des nations opprimées à l’intérieur même des pays impérialistes.

C’est cette couche inférieure de la classe ouvrière qui constitue l’élément le plus important de la base sociale du parti du prolétariat dans les pays impérialistes.

Entre ces deux couches de la classe ouvrière il y a un grand nombre d’ouvriers (parfois même la majorité) qui, même s’ils ne profitent pas de l’existence de l’impérialisme de la même façon que l’aristocratie ouvrière, ont toutefois subi l’influence d’une longue période de prospérité relative et qui ne sont pas enclins, en temps ordinaires, à faire preuve de sentiments révolutionnaires.

Un élément important de la lutte entre d’une part, les prolétaires révolutionnaires munis d’une conscience politique de classe et dirigés par le parti marxiste-léniniste-maoïste et, d’autre part, l’aristocratie ouvrière réactionnaire et ses formes d’expression politique, sera de chercher à gagner l’allégeance des larges masses de ces ouvriers à mesure que l’aggravation de la crise les pousse à agir, surtout lorsque prendra forme une situation révolutionnaire.

Bien qu’il ne doive pas négliger de développer une certaine activité parmi les secteurs bourgeoisifiés de la classe ouvrière, le parti marxiste-léniniste dans les pays impérialistes doit centrer son activité principalement parmi les couches des ouvriers qui ont le plus de potentiel révolutionnaire.

L’on ne peut pas construire un mouvement révolutionnaire et le conduire à la victoire si l’on ne prête pas attention aux luttes des masses de la classe ouvrière et d’autres couches sociales pour leur survie quotidienne.

Tout en évitant de centrer son attention ou celle des masses sur ce genre de luttes, et tout en évitant d’y gaspiller ses propres forces et énergies ou celles des masses, le parti ne doit pas manquer de faire preuve d’une certaine activité par rapport à ces luttes.

Si l’on dirige des luttes économiques cela ne veut pas dire qu’on fait preuve d’économisme.

Le parti prolétarien doit sérieusement tenir compte de ces luttes, surtout là où il existent des possibilités que ces luttes dépassent le cadre des limites conventionnelles.

Cela signifie qu’il faut développer une activité par rapport à ces luttes qui soit telle qu’elle facilite le passage des masses à une prise de position révolutionnaire, surtout lorsque les conditions seront mûres pour une révolution.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste doit s’efforcer de mettre en oeuvre la directive de Lénine: faire des usines des forteresses du communisme. Cela est important non seulement du point de vue de la préparation politique de la révolution, mais aussi du point de vue de tout ce que cela implique pour l’insurrection armée du prolétariat.

Si les partis marxistes-léninistes-maoïstes des pays impérialistes ne réussissent pas à plonger des racines profondes parmi les masses révolutionnaires à travers l’élaboration et la mise en oeuvre d’une ligne de masse révolutionnaire, ils auront beaucoup de mal a profiter de l’apparition de situations révolutionnaires.

Ici la tactique et le style de travail élaborés par le parti bolshévique et que Lénine a décrits et analysés continuent à nous servir de modèle de base.

Cependant, pour mettre en oeuvre une ligne de masse et un style de travail révolutionnaires, les marxistes-léninistes-maoïstes des pays impérialistes doivent rejeter les schémas conventionnels qui prétendent prescrire les seules façons «correctes» de lutter et de s’organiser, de même que toutes les formules dogmatiques en général; ils doivent faire une analyse des particularités propres à l’impérialisme contemporain et examiner de près la nature des luttes dans lesquelles les masses sont engagées; et ils doivent s’efforcer de trouver de nouveaux terrains se prêtant à la pratique révolutionnaire et développer de nouvelles formes de lutte et d’organisation des masses.

Pour reprendre la vive évocation de Lénine: le communiste «ne doit pas avoir pour idéal le secrétaire de trade-union, mais le tribun populaire».

Tout en se basant principalement sur les couches du prolétariat qui ont le plus de potentiel révolutionnaire, le parti marxiste-léniniste-maoïste doit s’efforcer de développer une certaine activité révolutionnaire dans d’autres couches de la société, y compris parmi certains éléments de la petite-bourgeoisie.

Un autre facteur qui risque d’être très favorable à la révolution prolétarienne dans bon nombre de pays impérialistes est le fait que ces monstres impérialistes recèlent, au plus profond d’eux-mêmes, des minorités nationales et des nations opprimées.

L’on a déjà noté le fait qu’un nombre important de prolétaires de ces nationalités y constituent souvent une fraction importante de la seule et unique classe multinationale qu’est le prolétariat.

En outre la question nationale se pose plus largement, s’étendant à d’autres classes et couches de ces nationalités opprimées.

De telles situations ont souvent mené à ce qu’éclatent des luttes nationales très aiguës à l’intérieur même de ces pays impérialistes; si les partis prolétariens dans ces pays (qui doivent appuyer ces luttes et défendre le droit à l’autodétermination là où la question se pose) traitent ces questions correctement, ces luttes peuvent jouer un rôle important dans la lutte pour le renversement de l’Etat impérialiste.

Dans les pays de l’Europe de l’Est les marxistes-léninistes-maoïstes ont pour tâche d’élaborer une stratégie et des mesures tactiques correctes pour pouvoir faire une révolution socialiste, en tenant compte de la domination du social-impérialisme soviétique et des tâches concrètes que cela implique, mais sans pour cela minimiser ou perdre de vue la tâche centrale qui est de renverser le pouvoir d’Etat de leur propre bourgeoisie bureaucratique.

L’évolution de la situation actuelle dans le sens d’une guerre mondiale, et les dangers et occasions révolutionnaires que cela entraîne, exigent que les partis marxistes-léninistes-maoïstes dans les pays impérialistes attachent une grand importance à la question de la guerre mondiale et de la révolution.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste doit démasquer les préparatifs de guerre des impérialistes en s’efforçant de révéler tout particulièrement les intérêts et les machinations de «sa propre» classe dirigeante impérialiste.

Le parti doit démontrer aux masses qu’une telle guerre découle de la nature même de l’exploitation capitaliste, qu’elle représente une continuation de l’économie et de la politique impérialistes, et que seule l’avancée de la révolution mondiale peut empêcher la guerre qu’ils préparent et s’attaquer aux causes profondes de cette guerre.

Les communistes doivent constamment lutter contre toutes les initiatives de ceux qui cherchent à assimiler les intérêts du prolétariat à ceux de la bourgeoisie impérialiste, et ils doivent apprendre aux prolétaires munis d’une conscience politique de classe et à d’autres éléments à reconnaître que le drapeau national appartient à l’impérialisme et baigne dans le sang.

Les communistes doivent amener les masses à soutenir la lutte anti-impérialiste des peuples et nations opprimés même lorsque ces luttes ne sont pas sous la direction de marxistes-léninistes-maoïstes.

Le parti doit chercher régulièrement et de façon concrète à former le prolétariat dans l’esprit de l’internationalisme.

L’acuité croissante de la menace d’une guerre mondiale se fait àujourd’hui ressentir de façon pressante parmi les masses des pays impérialistes, et les communistes doivent beaucoup prêter attention aux mouvements de masses contre les préparatifs de guerre et tout faire pour répondre aux questions que soulèvent ces mouvements.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste doit prêter son appui aux éléments révolutionnaires dans ces mouvements et s’efforcer de les rallier au parti.

Le parti doit s’unir aux sentiments des masses qui sont contre la guerre, en même temps qu’il s’efforce de combattre l’idée illusoire qu’un quelconque «mouvement pour la paix» pourrait empêcher la guerre impérialiste et lutter tout particulièrement contre les perspectives nationalistes et chauvines qui seraient pour sacrifier le reste du monde si cela pouvait éviter qu’une quelconque nation impérialiste soit dévastée par la guerre.

Tout en cherchant à s’unir aux masses dans la lutte contre les préparatifs de guerre impérialiste, le parti marxiste-léniniste-maoïste dans les pays impérialistes ne doit pas prôner ou appuyer les revendications qui réclament l’établissement de «zones non-nucléaires», les notions illusoires concernant l’abolition des blocs impérialistes, etc., etc.

Même dans les pays de moindre poids qui ne disposent pas d’armes nucléaires, les communistes doivent constamment s’efforcer de faire comprendre aux masses que l’impérialisme engendre des guerres mondiales, que toutes les classes impérialistes au pouvoir ont leur part de responsabilité dans la préparation de ce crime contre l’humanité, et que la seule solution réelle c’est de faire la révolution, plutôt que de s’efforcer d’obtenir que certains pays restent «neutres», une initiative qui n’a pas de fondement dans la réalité et qui, en fin de compte, est une initiative réactionnaire.

Le parti marxiste-léniniste-maoïste doit se préparer et préparer le prolétariat révolutionnaire de façon à ce que – si la révolution n’arrive pas à empêcher une guerre mondiale – le parti soit en mesure de: profiter de l’affaiblissement des impérialistes; pousser plus loin encore les sentiments de haine qu’inspirera très certainement, et très largement, cette guerre, et les retourner contre les impérialistes eux-mêmes; et de transformer la guerre impérialiste en une guerre civile.

Les marxistes-léninistes-maoïstes de tous les pays impérialistes doivent adopter une politique de défaitisme révolutionnaire.

Dans les pays impérialistes la presse communiste joue un rôle particulièrement important vis-à-vis de la préparation de la révolution prolétarienne.

Il faut développer la presse de façon à ce qu’elle soit un organe collectif pour la propagande, l’agitation et l’organisation du parti.

Les marxistes-léninistes-maoïstes dans les pays capitalistes avancés ont pour tâche de continuer à combattre l’influence perfide du révisionnisme et du réformisme dans leurs propres rangs.

Ici la question essentielle est de continuer à se battre pour les principes élaborés par Lénine dans la préparation et dans la réalisation de la Révolution d’Octobre qui se fit sous sa direction.

En même temps les marxistes-léninistes-maoïstes doivent: faire un bilan de l’expérience du passé; combattre le dogmatisme; être fermes en matière de principe et souples en matière de tactique; et entreprendre de faire une analyse scientifique des transformations qui ont eu lieu dans les pays impérialistes au cours de ces dernières dizaines d’années et du développement de la stratégie révolutionnaire que ces transformations peuvent rendre nécessaires.

Pour l’Unité des Marxistes-Léninistes-Maoïstes en matière d’Idéologie, de Politique, et d’Organisation

Le mouvement communiste est, et ne peut qu’être, un mouvement international.

En effet, en lançant le socialisme scientifique le Manifeste Communiste déclarait déjà: «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!».

Avec le succès de la Révolution d’Octobre, la formation de l’Internationale communiste et la diffusion subséquente du marxisme-léninisme aux quatres coins du globe, l’unité internationale de la classe ouvrière revêt une signification encore plus profonde.

Aujourd’hui, dans le cadre de la crise profonde qui sévit dans les rangs marxistes-léninistes, l’on ressent de façon pressante la nécessité d’unité internationale et la nécessité d’une nouvelle organisation internationale.

En s’efforçant de s’organiser à l’échelle mondiale, le prolétariat international a accumulé une expérience à la fois positive et négative.

L’idée d’un seul parti mondial, et la centralisation excessive du Komintern qui en résulta, doivent faire l’objet d’une analyse afin que l’on puisse tirer des leçons pertinentes à propos de cette période, tout comme par rapport aux succés de la Première, de la Deuxième et de la Troisième Internationale.

Il faut aussi examiner de près la réaction exagérée du Parti Communiste Chinois devant les aspects négatifs du Komintern qui les conduit à refuser de prendre sur eux la responsabilité qui s’imposait de diriger la construction de l’unité des forces marxistes-léninistes sur le plan de l’organisation à l’échelle internationale.

A ce moment critique de l’histoire mondiale, le prolétariat international doit relever le défi et entreprendre de se constituer une organisation, une Internationale de type nouveau, avec comme fondement théorique le marxisme-léninisme-maoïsme, qui fasse assimilation des précieuses expériences du passé.

Et cet objectif doit être proclamé bien haut devant le prolétariat international et les opprimés du monde entier, avec la même audace révolutionnaire dont ont fait preuve nos prédécesseurs, dès Communards de Paris jusqu’aux rebelles prolétaires de Changhai, qui ont osé prendre le ciel d’assaut et qui résolurent de réussir «l’impossible» – bâtir un monde communiste.

Le processus d’édification d’une telle organisation sera très probablement un processus à caractère prolongé.

A cet égard, la tâche la plus cruciale pour les marxistes-léninistes est d’établir une ligne générale et une forme d’organisation correcte et viable en conformité avec la réalité complexe du monde d’aujourd’hui et avec les occasions que cela présente.

Cette nouvelle Internationale aura pour fonction de continuer à établir et à approfondir le bilan des expériences vécues, de développer plus encore la ligne générale sur laquelle elle se fonde, et de servir de centre politique qui puisse fournir une direction d’ensemble.

Ces tâches exigent une forme de centralisme démocratique fondé sur l’unité idéologique et politique des marxistes-léninistes.

Mais cela ne peut pas fonctionner de la même façon que dans un parti dans un pays particulier puisque cette organisation internationale sera constituée de partis différents qui seront à pied d’égalité et qui auront la responsabilité de diriger la révolution dans chaque pays particulier, dans le sens que chaque parti aura sa part de participation à apporter à la préparation et à l’accélération de la révolution mondiale.

Etant donné le niveau d’unité idéologique et politique et de maturité auxquels les partis et organisations marxistes-léninistes sont parvenus lors de la Deuxième Conférence, ces partis et organisations doivent mettre en oeuvre certaines mesures pratiques qui jetteront des bases pour la réalisation des tâches plus élevées mentionnées ci-dessus:

1. Une revue internationale doit être développée de façon à constituer un outil essentiel pour la reconstruction du mouvement communiste international.

Cette revue doit être à la fois un véhicule de diffusion d’analyses et de commentaires politiques, et aussi un forum où l’on puisse débattre les questions qui se posent dans le mouvement international.

Cette revue doit être traduite en le plus grand nombre possible de langues, et doit être diffusée de manière active dans les rangs des partis marxistes-léninistes et parmi d’autres forces révolutionnaires. Les partis marxistes-léninistes doivent entreprendre de correspondre régulièrement avec la revue et y contribuer des articles et critiques.

2. Le mouvement communiste international a pour tâche collective d’aider à former de nouveaux partis marxistes-léninistes et de renforcer ceux qui existent déjà.

Il faut trouver les moyens d’assurer que le mouvement international dans son ensemble puisse aider les marxistes-léninistes dans les différents pays à remplir cette tâche essentielle.

3. Les partis et organisations marxistes-léninistes doivent entreprendre des campagnes communes et coordonnées. Les activités du Premier Mai doivent être réalisées à partir des mots d’ordre unifiés.

4. Les différents partis et organisations marxistes-léninistes doivent mettre en oeuvre la ligne politique et les mesures qui ont été adoptées par les Conférences Internationales et auxquelles ces partis ont adhéré, tout en continuant à lutter avec intégrité et sur un plan élevé sur les questions où il existe des divergences.

5. Tous les partis et organisations marxistes-léninistes doivent, dans la mesure de leurs capacités, participer à la pratique et au financement des tâches à entreprendre pour accroître davantage l’unité des communistes.

6. Un comité intérimaire – un centre politique à l’état embryonnaire – doit être constitué afin de fournir une direction d’ensemble au processus d’édification de l’unité des communistes en matière d’idéologie, de politique et d’organisation, y compris à travers la préparation d’un projet de texte sur une ligne générale du mouvement communiste.

La constitution du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste, sur la base de l’unité idéologique et politique plus avancée qu’ont atteint les marxistes-léninistes à travers un processus de luttes menées avec intégrité et sur un plan élevé représente un pas en avant extrêmement important pour le mouvement communiste international.

Mais il est toujours évident qu’il va falloir se battre contre la montre pour rattraper notre retard vis-à-vis de l’évolution rapide des conditions objectives à l’échelle mondiale. La lutte révolutionnaire des masses populaires de tous les pays réclame une direction révolutionnaire véritable.

Les authentiques marxistes-léninistes dans les pays particuliers et à l’échelle internationale ont la responsabilité de leur fournir cette direction en même temps qu’ils continuent à lutter pour consolider et accroître leur niveau d’unité.

De cette façon une ligne idéologique et politique juste pourra faire apparaître de nouveaux soldats et constituera dans le monde une force matérielle de plus en plus puissante.

Les mots du Manifeste Communiste sonnent encore plus fort aujourd’hui: «Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner».

Mars, 1984 (-1993)

=>Revenir au dossier sur le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste

Résolution du KKE sur la Yougoslavie de Tito

Résolution de la quatrième session
du Comité Central du Parti Communiste de Grèce

GRAMMOS 30-31 juillet 1948

Le 4e Plenum du C.C. du Parti Communiste de Grèce approuve la résolution du Bureau d’Informations des Partis Communistes et Ouvriers sur la situation dans le Parti communiste de Yougoslavie. Le Plenum considère comme désastreuse pour la lutte des communistes et contraire aux principes du Parti marxiste-léniniste la politique du comité central du P. C. de Yougoslavie, son refus de discuter, sur une base de Parti, avec les autres Partis frères, membres du Bureau d’Informations, les problèmes du Parti, ainsi que son attitude envers le Parti communiste (bolchévique) de l’U.R.S.S. et les autres Partis frères.

Cette attitude rompt le front de la démocratie et du socialisme et sert l’impérialisme international et la réaction dans chaque pays. Le Plenum salue le Parti communiste (bolchévique) de l’U.R.S.S. et son chef Staline, qui ont eu l’initiative dans la mise en lumière des erreurs du C.C. du Parti communiste yougoslave et manifeste le dévouement absolu du Parti Communiste de Grèce au rôle dirigeant de l’Union Soviétique dans la lutte pour la paix, la démocratie et le socialisme.

L’attitude du C.C. du Parti communiste yougoslave vis-à-vis de ses erreurs est confirmé par le fait que la direction du P.C.Y. s’éloigne du marxisme-léninisme sur les problèmes fondamentaux de la lutte de classe.

Le Plenum croit que la sous-estimation du rôle de la classe ouvrière dans la lutte pour la démocratie et le socialisme, l’abaissement du rôle dirigeant du Parti communiste, le manque de démocratie, de critique et d’autocritique au sein du Parti, la négligence de la théorie marxiste-léniniste vivante, la culture de la conception et de l’action pour l’édification du socialisme à part, et même à l’encontre, des autres démocraties populaires et du pays du socialisme — l’Union Soviétique — sont des éléments fondamentaux qui confirment cet éloignement, cultivent le nationalisme bourgeois et menacent le régime démocratique-populaire, en Yougoslavie même, et la lutte populaire, en général, dans les Balkans.

Une preuve de ce fait est la satisfaction et l’encouragement qu’en a éprouvés le monarcho-fascisme en Grèce.

La guerre dure de libération nationale que le peuple grec et la DSE, avec en tête le Parti Communiste de Grèce, est en train de livrer contre l’impérialisme américano-anglais et le monarcho-fascisme qui menacent la paix surtout dans les Balkans, confirme avec force, la justesse des principes marxistes-léninistes sur l’internationalisme prolétarien et prouve la nécessité impérieuse d’une coopération démocratique et socialiste internationale.

Le 4e Plenum invite le Parti Communiste de Grèce tout entier ainsi que chacun de ses cadres et de ses membres, d’étudier et d’assimiler avec un esprit constructif les enseignements de la résolution du Bureau d’Informations.

Le développement du niveau politique-idéologique des communistes, la plus grande divulgation et assimilation de la théorie marxiste-léniniste, le développement de la critique et de l’autocritique dans le Parti même, l’élimination de toute déviation nationaliste bourgeoise, la, culture de l’esprit prolétarien internationaliste et la vulgarisation de l’oeuvre de l’Union Soviétique — voilà quels sont les devoirs fondamentaux qui émanent pour nous de la résolution du Bureau d’Informations.

La nécessité d’éviter les méthodes militaristes de direction dans le Parti, qui se font signaler aussi dans nos rangs, est spécialement impérieuse pour le Parti Communiste de Grèce, comme un facteur de consolidation de l’armée révolutionnaire populaire et de toute notre oeuvre démocratique-populaire.

L’accomplissement des devoirs ci-haut mentionnés est la condition, et constitue une source de force, pour la poursuite victorieuse de la libération nationale et pour la victoire de la démocratie populaire en Grèce.

Le 4e Plenum, ayant en vue la situation particulière du Parti Communiste de Grèce et de notre mouvement à l’égard de la Yougoslavie, a décidé de remettre pour le moment la publication de la présente résolution qui ne sera communiquée que parmi les membres du Parti seulement.

Grammos, le 30-31 Juillet 1948.   

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

Les impérialistes anglais et la résistance nationale de Grèce et de Yougoslavie

par COSTAS CARAGHIORMS

Rien ne pourrait, peut-être illustrer plus nettement et d’une manière plus caractéristique la dégénérescence trotskiste et chauviniste des dirigeants du PCY que leur conduite envers la lutte antiimperialiste de libération nationale du peuple grec. A l’heure actuelle leur position est devenue plus franchement et plus ouvertement hostile.

Des paroles (déclarations de Tito, Pjade, Djilas, émissions de la radio yougoslave, articles de la presse yougoslave) on est passé aux actes. Les titistes n’ont pas hésité à aider par des actes les monarcho-fascistes en leur permettant de passer par le territoire yougoslave, pour nous frapper à Kaimaktchalan.

Le clou fut la fermeture de la frontière, ce qui fit jubiler les officiers monarcho-fascistes dans leurs unités et faire ouvertement l’éloge de Tito qui « est revenu au droit chemin ».

Si la ligne anti-révolutionnaire hostile de Tito envers le mouvement de libération grecque a été à présent entièrement démasquée, l’histoire de cette trahison remonte, cependant, à une date beaucoup plus reculée.

Tito et ses collaborateurs inaugurèrent cette conduite envers nous déjà dès 1942-43 et ils l’ont depuis suivie avec conséquence dans la pratique, en la camouflant, avec plus ou moins de succès, de parole hypocrites.

Il y a quantité de documents sur la trahison titiste envers le mouvement grec durant toutes ces années, des trahisons qui seront relatées chacune à son tour. Cet article s’occupera seulement de la période de l’occupation des Allemands et des Italiens en Grèce et en Yougoslavie, et de la conduite des Anglais du gouvernement dit national de Churchill, tant vis-à-vis du mouvement grec, que vis-à-vis du mouvement yougoslave.

Le camarade Jacques Duclos écrit dans son article « Les nationalistes yougoslaves, agents de l’impérialisme » (No. 13 (40) de « Pour une paix durable, pour la Démocratie Populaire »):

« Une chose est sûre, les services secrets des impérialistes ont leurs hommes dans les milieux dirigeants de la Yougoslavie et on peut se demander s’il n’était pas ainsi depuis longtemps déjà. Nous savons par exemple comment Churchill refusa d’envoyer des armes aux Francs-tireurs et Partisans français.

Par contre, comme on le sait, Churchill avait adopté une attitude toute différente vis-à-vis de Tito et comme le vieux réactionnaire britannique n’a jamais perdu de vue les intérêts de la réaction, la question se pose de savoir quelles garanties avaient déjà pu lui être données par Tito.

On est en droit de supposer que, pendant la guerre, l’Intelligence Service avait déjà ses hommes dans l’entourage de Tito. La trahison ouverte de la clique de Tito était, sans aucun doute, préparée de longue date ».

Nous. autres communistes grecs, nous aurions à ajouter quelques faits à ces réflexions du camarade Duclos.

Car, sans aucun doute, clans les années 1942-1945 nous avons envisagé, en Grèce, une attitude de Churchill qui fut diamétralement opposée à celle qu’il appliqua à Tito en Yougoslavie.

En Grèce, les Anglais faisaient tout pour mutiler le mouvement de libération nationale de l’EAM-ELAS, tandis qu’en même temps ils aidaient de tous les moyens l’Union Grecque Démocratique Nationale (EDES) de Zervas, la Renaissance Nationale et Sociale (EKKA) de Psarros et toute autre organisation nationaliste semi-fasciste ou ouvertement fasciste, pour peu qu’elle se proclamât anti-communiste (au général Sarafis, avant qu’il n’eût adhéré à l’ELAS, le général brigadier Eddy proposa d’aller avec eux en lui promettant de le « faire puissant ». Le général Sarafis ne fut cependant pas un traître à sa patrie, comme Zervas et Psarros).

En Yougoslavie, au contraire, comme on le sait, Tito fut sérieusement aidé en matériel.

A ses côtés se trouvait, pour un assez long laps de temps, comme officier de liaison du Commandement du Moyen Orient, Randolph Churchill, fils de Wintson Churchill, un fasciste pur sang, tandis que fut abandonné à son sort Michailovitch malgré le fait qu’il fut ministre du roi Pierre et qu’il présentait des garanties beaucoup plus grandes pour les Anglais que ne le fit en Grèce l’aventurier et escroc Napoléon Zervas.

Dès le premier jour où les officiers anglais Eddy, Hills, Eggs et Tom Brown (fin 1942 et premier semestre 1943) mirent leur pied sur le sol de la Grèce occupée, ils ne firent aucun effort pour organiser la guerre contre les Allemands et les Italiens, ils nous dirent ouvertement qu’ils s’intéressaient, seulement à un certain sabotage dans les principales lignes de communications des Allemands.

Ils concentrèrent toute leur attention à la façon dont ils dissoudraient l’ELAS et dont ils pourraient pousser en avant les autres organisations armées, monarchistes ou pseudo-démocratiques.

Ce fut en vain que notre peuple et notre armée, dans n’importe quelle réunion où assistaient des Anglais, criaient: « Des armes! Des armes! » L’aide qui fut donnée en armes était ridicule.

Et, souvent, ce fut une pure ironie. Nous mentionnons quelques faits qui sont bien connus de tous ceux qui ont vécu en Grèce Libre pendant l’occupation allemande. Une fois on nous avertit qu’on allait nous parachuter des armes, spécialement des mitrailleuses, comme nous l’avions demandé.

En vérité, ils nous parachutèrent quelques-unes en Roumélie. En ouvrant les colis, nous vîmes qu’il en manquait des accessoires essentiels.

Le lendemain nous fûmes avertis qu’il y avait eu erreur, et que les accessoires avaient été parachutés en Macédoine. Une autre fois ils nous parachutèrent des bottes que nous avions demandées instamment. En ouvrant les colis, nous trouvâmes des bottes seulement pour le pied gauche, ceux du pied droit furent parachutées à l’autre bout de la Grèce.

D’autres fois ils nous avertirent qu’ils allaient nous parachuter des articles de ravitaillement. Dans les paquets il y avait de l’orge pour le bétail.

Leur façon de justifier leur manque d’empressement de nous aider par la phrase « il y a des nuages » est restée proverbiale.

Un autre cas, dans la Macédoine Occidentale: les Anglais avaient d’assez grandes quantités d’armes dans des dépôts (des grenades, des pantzers, etc.) et ils refusèrent, même pendant les opérations allemandes contre l’ELAS de nous les donner : à la fin ces dépôts tombèrent entre les mains des Allemands. Au mois de mai 1944 ils ne trouvèrent rien de plus approprié à parachuter en Thessalie que quelques centaines de capotes.

Nous les avions demandées depuis l’automne et pendant tout l’hiver : et ils les ont envoyées au début de l’été. Pas un andartès n’accepta de traîner avec lui une capote dans la chaleur de l’été au cours de nos déplacements continuels. De temps à autre ils arrêtaient – en guise de punition – même ces maigres traces de ravitaillement qu’ils parachutaient dans certaines régions, comme ce fut, par exemple, le cas en Roumélie, Péloponnèse. En Epire ils n’ont jamais rien envoyé à nous, tout allait à Zervas.

En Macédoine orientale, le major anglais Miller arrangeait les choses de sorte que les parachutages s’effectuent « par-erreur » dans le territoire bulgare et le matériel tombait ainsi aux mains des bulgares de Boris et de Filai.

Dans la même période, les Anglais accordaient une aide énorme, à Zervas, en Epire, par voie de sous-marins. Chaque fois ils débarquaient 500 cargaisons d’armes, de munitions, de médicaments, etc. pour lui, en plus de ce que lui parachutaient les avions.

A l’autre organisation, l’EKKA (vendue de la tête aux pieds à l’Intelligence Service) on parachutait de tout en abondance avant même que cette organisation eût fait ses premiers pas. En Macédoine orientale les Anglais aidaient de tous les moyens Tsaouss-Anton. C’est même sur ordre du Commandement du Moyen Orient que ce Tsaouss-Anton signa un pacte (le trahison avec les bulgares de Boris et de Filer, afin de battre l’ELAS et pour que les fascistes bulgares restent en Macédoine orientale et en Thrace.

Le colonel actuel de l’armée monarcho-fasciste Sfelsos, qui, à l’énigme signa au nom de Anton Tsaouss. le pacte avec Filof, et était aussi allé alors à Sofia déclara tout bonnement, il y a deux ans, à un procès qui a eu lieu à Salonique, que tel fut l’ordre formel du Commandement du Moyen Orient.

Cependant dans leurs efforts acharnées de dissoudre l’ELAS, les Anglais allèrent encore plus loin.

L’officier anglais Don se rencontra avec des officiers supérieurs allemands de la Gestapo, à Athènes, par l’intermédiaire du maire quisling Georgatos. Le sujet de l’entrevue était la coordination de l’activité allemande et anglaise contre l’EAM-ELAS. Cette rencontre cynique fut plus tard relatée en détail dans le journal monarcho-fasciste d’Athènes « Vradini ».

Quand en 1945, eut lieu à Athènes le procès du Premier quisling Pains, celui-ci déposa à l’appui de documents que les Anglais lui avaient dit de devenir Premier pour le compte des Allemands. D’ailleurs, c’est à l’archevêque Damaskinos, lié depuis lors avec l’Intelligence Service et qui plus tard eut la grande sympathie de Churchill et du Foreign Office, qu’il a prêté serment.

Au même procès de Rallis, Stylianos Gonatas, l’inspirateur des Bataillons de Sécurité c’est-à-dire des prétoriens de l’occupation allemande, déclara que ce fut sous les directives des Anglais qu’il fonda les bataillons de Sécurité.

D’ailleurs, la plupart des bourreaux de l’occupation allemande, les pires brutes des bataillons de Sécurité et de la police secrète présentèrent à leurs procès un certificat comme quoi ils étaient, en même-temps liés avec le Commandement du Moyen Orient.

Scobie plaça comme Commandant militaire de l’Attaque, le général Spiliotopoulos, qui avait livré même des Anglais aux Allemands, tandis qu’en même temps, il était en liason avec le Commandement du Moyen Orient. Le brigadier Gérakinis qui, à la tête des forces allemandes, combattait l’ELAS en Eubée, fut plus tard placé par Scobie sous-directeur de l’Ecole Militaire, parce que, lui aussi, était lié avec le Commandement du Moyen Orient.

En 1944 surtout, les officiers anglais en Grèce se lièrent, financèrent et organisèrent les pires gredins qui, l’année d’après, lorsque l’occupation anglaise substitua celle des Allemands, se déchaînèrent complètement comme des « bandes de droite (Sourlas, Calambalikis, Manganas, etc.)

Dans la période de. la plus horrible activité de ces bandes, un officier anglais se faisait photographier avec la bande du brigand Soudas.

Cette photographie fut publiée dans le journal « Rizospastis ». D’autre part, le Président du Conseil du Gouvernement à l’étranger Georges Papandréou, écrit dans le livre qu’il a publié et qui se rapporte à cette période, que son but était alors le même que celui des Anglais de Churchill : dissoudre l’EAM-ELAS et quant à la libération de la Grèce, celle-ci serait effectuée par les Anglais seuls.

Et le plus important: le colonel anglais Kris, chef de la mission alliée en Grèce, proposa ouvertement en 1944, au Commandement du Moyen Orjent qu’ont fasse descendre en Grèce une sérieuse force de parachutistes pour exterminer l’Etat Major de l’ELAS et ensuite attaquer et dissoudre l’ELAS tout entier : Le texte de ce télégramme fut publié en 1946 dans l’organe du PCG « Rizospastis », et Kris n’a pas même essayé de le démentir.

A cette époque, pour des raisons d’opportunité le Commandement du Moyen Orient n’a pas envoyé les parachutistes pour nous « dissoudre », mais il envoya plus tard — après que les Allemands furent chassés, — le général Scobie avec des tanks, une forte aviation, et des troupes britanniques et coloniales afin de noyer dans le sang la Résistance nationale grecque.

La fureur de l’attaque britannique en décembre 1944, qui dépassait la fureur allemande, donne la mesure des intentions de Churchill à l’égard de L’EAM—ELAS et à l’égard des « brigands et bandits communistes grecs » ainsi qu’il nous appelait dans la Chambre des Communes où il n’a pas manqué de nous qualifier même « des trotskistes, pas des communistes ».

Cependant dans cette même période, 1942-1945, Churchill s’était arrangé fort bien avec Tito.

Il fit son éloge dans la Chambre des Communes britannique. Celui-ci n’était pas « trotskiste, bandit ou canaille » comme les communistes grecs, il était le chef du peuple yougoslave. Churchill lui sacrifia bien volontiers, non seulement Michaïlovitch, mais le roi Pierre lui-même. A Tito, ils n’ont pas seulement fourni une aide importante en matériel, mais ils ont aussi donné un aéroport à Naples qui ne fut pas contrôlé par les Anglais et de même un endroit de liaison non contrôlé dans la ville de Naples.

Quel pouvait donc être le contenu des rapports secrets qu’envoyait à son père le fils de Churchill, quand il restait si longtemps auprès de Tito? Et quelle était alors l’opinion anglaise sur Djilas, quand Djilas depuis 1945 était de l’avis que les officiers soviétiques étaient inférieurs aux officiers anglais au point de vue moral? Et à quoi était due l’inssistance assidue de Tito et de ses collaborateurs à ne pas vouloir changer le premier adjoint du Ministère des Affaires étrangères de la Yougoslavie Vélébit ainsi que l’Ambassadeur yougoslave à Londres, Léon-ditch et trois de ses collaborateurs du moment que le Gouvernement Soviétique, avec toute son autorité, affirmait responsablement qu’ils sont des espions des Anglais?

Nous ne pouvons pas manquer de noter qu’en même temps que les Anglais aidaient systématiquement Tito, tandis qu’ils sabotaient systématiquement le mouvement de libération grec, les nationalistes yougoslaves, de leur côté, avaient déjà commencé leur perfide campagne de calomnies contre le Parti Communiste de Grèce. A la tête de cette campagne se trouvait le général Tempo lui-même, l’homme de Tito pour Macédoine.

C’est de celui-ci et de ses collaborateurs que partait la politique dislocatrice parmi le peuple slavo-macédonien de la Macédoine grecque, la sape de l’autorité de PCG, l’accusation qu’il « avait trahi les Macédoniens, qu’il s’était vendu aux Anglais » que toute sa direction se composait de traîtres etc. etc.

Quand Tempo vint en Grèce Libre, en automne 1943, il se rencontra à Conisco de Thessalie, avec une délégation du CC du PCG, composée de Georges Siantos, Pandas Simos et Costas Caraghiorghis. Outre l’arrogance étonnante dont il fit preuve et les « conseils » qu’il prodigua en abondance, il n’hésita point à déclarer à la délégation que selon l’opinion des chefs yougoslaves, la lettre historique du camarade Zachariadis, qui en novembre 1940, appelait le peuple grec à organiser sa résistance contre Mussolini, est une « trahison des principes du communisme ».

On peut s’imaginer ce que fomentaient encore d’autre contre le PCG, les chauvinistes du PCY, surtout parmi la population slavo-macédonienne. Leur but était dès lors simplement chauviniste, tel qu’il serait même si Michailovitch et le roi Pierre l’avait emporté: annexer à la Yougoslavie la Macédoine de l’Egée et avoir accès à la mer Egée par un corridor, sinon prendre aussi Salonique.

Et ils comprenaient bien que le plus granit obstacle à une telle politique chauvine, serait le PCG avec sa politique nationale conséquente aux principes de Lénine et de Staline et son vrai internationalisme prolétarien-révolutionaire.

Pour revenir aux Anglais, comment ne pas trouver de nouveau quelque rapport entre la politique macédonnienne chauvine de Tito et de Tempo et la propagande du consul anglais, Hill à Florina, qui en 1945-46 parlait d’ « autonomie »de la Macédoine?

Il .n’y avait pas à Florina et dans toute la Macédoine Occidentale, un seul sujet britannique les intérêts duquel aurait pu défendre un consulat britannique.

Mais il y avait les intérêts de l’impérialisme britannique et le mot d’ordre liquidateur « automomie de la Macédoine », secondait à merveille la politique chauvine de Tito et de Tempo, qui réeclamaient l’annexion de la Macédoine grecque à la Yougoslavie. Quand, au mois de décembre 1944 arriva l’heure de la collision armée du peuple grec, avec à sa tête l’EAM-ELAS, un camarade fut envoyé auprès de Tito pour lui demander du secours.

La rencontre eut lieu, mais aucune aide ne fut donnée. Cependant, en même temps, quand, sous la pression militaire des Anglais, L’ELAS fut obligé de quitter Athènes, les nationalistes yougoslaves nous mandèrent que « quitter Athènes signifie trahir ».

Il est vrai que, parmi toutes les difficultés qu’a rencontrées sur son chemin la révolution démocratique populaire en Grèce, la plus grave fut, et l’est encore, la trahison des dirigeants nationalistes du PCY.

Ce n’est pas curieux, que le fait seul que Tito et ses collaborateurs ont jeté leur pays comme un cadeau inattendu dans les bras de l’impérialisme, ait enthousiasmé les impérialistes anglo-américains. Depuis la trahison de Tito, ils insistent beaucoup plus sur la question grecque, en soutenant de tous les moyens le monarcho-fascisme d’Athènes pourri jusqu’à la moelle.

Avec une Grèce monarcho-fasciste assujettie à eux, comme une géographique d’une Yougoslavie de Tito, asservie elle aussi (malgré son pseudo-communisme, démasqué actuellement) ils tâcheront d’isoler et d’étrangler les autres Démocraties Populaires aux Balkans pour s’assurer ainsi une tête de pont impérialiste de plus grande étendue encore qu’ils ne l’avaient espéré l’année passée avec seule la Grèce.

Il y a quelques jours le « Manchester Guardian » demandait aux puissances occidentales d’intensifier la guerre froide en Bulgarie et en Albanie et d’encourager « leurs peuples » à une révolte ouverte contre le régime des Démocraties Populaires. La discussion y relative à la Chambre des Communes en mars dernier est caractéristique ainsi que tout ce qu’a déclaré à ce sujet l’ex-ministre conservateur Mac Millan avec le cynisme bien connu des Torries.

Si les Anglo-Américains n’interviennent pas plus énergiquement la Grèce peut s’effondrer cet été, et alors ils perdraient toute autre possibilité favorable qu’ils pouvaient avoir dans les Balkans et surtout en Yougoslavie. Cependant ni le peuple grec, ni le peuple yougoslave ne permettront à Tito et à ses collaborateurs de compléter leur trahison. Ils démentiront les espoirs des maîtres de Tito, les impérialistes anglais et américains.

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

La trahison de Tito et le Parti Communiste de Grèce

ar PETROS ROUSSOS

Cet article a été transmis pour la première fois par la Radio de la Grèce Libre le 6 août 1949

L’agence télégraphique « Grèce Libre » a révélé que le 5 juillet 1949 des officiers de Tito ont collaboré à la frontière avec des collègues monarcho-fascistes.

A cette collaboration ont participé des officiers américains et anglais. La même agence dénonce encore le fait que, au cours des opérations à Kaimaktchalan, des troupes monarcho-fascistes ont utilisé le territoire yougoslave, pour attaquer des unités de la DSE.

Comme de juste cette révélation fit sensation dans l’opinion mondiale démocratique non informée. Les gouvernants de Belgrade ont tâché de démentir l’irréfutable et leur chef Tito, dans un discours prononcé à Pola le 10 juillet a. c., s’est livré à des infâmes insultes contre notre lutte démocratique et ses chefs.

Cependant les insultes ne peuvent jamais couvrir les faits. Quelques jours s’écoulèrent et la soi-disant commission Balkanique vint confirmer que le 7 juillet une rencontre entre de membres de cette Commission et un officier supérieur yougoslave avait eu lieu en effet et que la Yougoslavie « a fermé la frontière ».

Les événements ont leur logique inéluctable et dans ce cas il était évident pour chaque militant de notre camp, que le groupe de Tito aboutirait, aussi dans ses rapports avec le camp démocratique de la Grèce, là même où elle a fini avec tout le camp démocratique et socialiste du monde : à l’hostilité et a la trahison. C’est la logique de la défection de ceux qui se sont dressés contre l’URSS et les pays de démocratie populaire.

Aucun communiste de la Grèce n’avait le moindre doute quant à l’évolution du groupe de Tito, dès le moment que fut connue sa position antibolchevik.

Mais sa conduite précédente envers le PCG et les problèmes de la Grèce fut assez instructive pour nous.

Des raisons spécifiques, qui dérivent du fait que notre Parti et notre peuple sont engagés dans l’âpre guerre de libération, ont fait remettre une complète révélation (de la conduite traîtresse de Tito envers la lutte libératrice de notre peuple. Si l’équipe de Belgrade a cru qu’elle pourrait spéculer sur ce fait, ou si elle s’était faite des illusions sur la position du PCG, elle éprouve aujourd’hui une déception bien naturelle.

La révélation de sa politique traitresse dans ses relations avec nous, nous oblige de remonter un peu dans le passé. Dans une série de questions fondamentales le C.C. du PCY a pris, dès le début, une position d’incompréhension, une position anticommuniste, hostile et suspecte.

Les nécessités urgentes de la lutte contre l’impérialisme imposèrent et permirent au CC du PCG de mettre de côté ces divergences et de collaborer d’une manière communiste appropriée pour forger entre les deux Partis communistes — et voisins — les relations fraternelles internationales indispensables. Personne ne peut dire que le CC du PCG n’a pas rempli ce devoir. Mais depuis que le CC du PCY a commencé à s’éloigner toujours plus du camp communiste  »international, il a aussi inauguré envers nous la même politique de sape et de sabotage.

Pour nous, les communistes grecs, ce fut une récidive qui montrait qu’au fond le groupe de Tito ne fut jamais communiste. A l’heure actuelle nous sommes forcés de penser s’il ne fut même sournoisement antibolchévik, anticontnuniste.

Toute la ligne de conduite du CC du PCY envers le PCG et le peuple de la Grèce, au cours de la première occupation constitue un effort anti-réaliste et sans fondements, d’hégémonie dans notre lutte nationale de libération, un effort de saper l’oeuvre et l’autorité du PCG dans le peuple.

Mais comme il a été démontré actuellement. Tito et ses amis ont suivi la même politique dans la pratique envers tous les Partis frères et – surtout envers le Partis communistes des Balkans.

Très caractéristique est particulièrement son attitude envers la Démocratie Populaire Albanaise.

Dans cette politique envers nous, les titistes ont exploité trois points : Primo, la lutte armée des peuples de la Yougoslavie, qui fut possible seulement grâce à la guerre antihitlérienne et aux sacrifices de l’Union Soviétique.

Secondo, l’existence d’une minorité macédonienne dans notre pays comme partie du peuple de la Macédoin. Terzo, certaines fautes de la direction de notre Parti, que le CC du PCY exagérait systématiquement pour arriver à ses buts dès lors nationalistes et trotskistes.

Très peu de camarades à l’étranger savent que, vers la fin de l’occupation des fascistes allemands, le groupe de Tito a divisé l’ELAS et au moment critique, où nous chassions les hitlérofascistes de notre territoire, il incita à la défection un régiment entier de I’ELAS et l’entraine en Macédoine Yougoslave, en disant que la politique nationale du PCG fut une politique nationaliste de trahison.

La plate-forme de Tito au problème macédonien constitue un exemple classique d’ignorance de la politique marxiste-léniniste dans la question nationale, d’incapacité de comprendre la tactique léniniste-staliniste, incapacité qui est déterminée par un nationalisme bourgeois effréné et un aventurisme trotskiste.

Son but et son idée fixe était d’annexer la Macédoine de l’Egée à la Yougoslavie. Dans aucun domaine la clique de Tito n’a nui et ne pouvait nuire plus au mouvement de libération nationale de la Grèce — tant des Grecs que des Macédoniens — qu’elle l’a fait dans la question macédonienne.

Avec cette politique le groupe de Tito faisait le jeu de l’impérialisme qui déploie des efforts désespérés pour garder la Grèce comme une tête-de-pont contre les pays de démocratie populaire et l’Union Soviétique dans les Balkans et qui dans ce but, par ses agents, faisait et continue à faire tout son possible pour semer la discorde entre les Grecs et les Macédoniens, parmi les Macédoniens eux-mêmes et entre tous les peuples des Balkans.

Il a fourni des arguments au monarcho-fascisme pour soulever la plus grande campagne possible contre le PCG, une campagne qui avait comme but la dislocation du grand front de libération nationale de l’EAM et qui, plus encore aujourd’hui, vise à disloquer la DSE.

Dans le Parti communiste entier de Yougoslavie, dans l’armée et au peuple on répandait l’idée que le PCG tout entier était opportuniste, « anglais ».

Tous les cadres du PCG, Zachariadis lui-même (à cette époque incarcéré à Dachau) furent calomniés comme mouchards ; uniquement Tito et sa clique étaient présentés comme monopolisateurs de l’application de la ligne bolchévik.

Il est vrai que pour un certain temps le groupe de Belgrade réussit à créer une certaine confusion.

Les traîtres et carrieristes ne peuvent cependant pas se cacher à l’infini. Au moment critique ils furent dévoilés.

Toutes les accusations de nationalisme et de chauvinisme adressées à l’équipe Tito par le CC du Parti Bolchévik dans ses lettres, ainsi que la résolution du Bureau d’Informations contre le groupe de Tito, avaient déjà été confirmées par anticipation dans un état embryonnaire, au moins dans la conduite de ce groupe envers la lutte du peuple grec.

Mais aussi dans la nouvelle phase de notre lutte contre les Anglo-Américains et les monarcho-fascistes les chefs du PCY ne laissèrent se perdre aucune occasion pour calomnier et saper indirectement les Partis frères, p. ex. ceux de Bulgarie, d’Albanie, de Tchécoslovaquie, de Hongrie, de Roumanie et le Parti Bolchevik lui-même, ce qui augmente de nou-veau notre soupçon quant à leurs tendances internationalistes et chauvinistes.

Sur ce point il convient de dire que la clique de Tito, conséquente à son point de départ aventurier, antimarxiste et antiléniniste, s’efforçait de toute façon de démontrer que les autres Partis frères, avec le PC de l’Union Soviétique et le camarade Staline en tête, sous-estimaient soit-disant la lutte du peuple grec dont le seul défenseur fut Tito et son groupe.

Tandis qu’en vérité le groupe de Tito, comme cela a été prouvé, ne fit rien d’autre que de servir ses plans nationalistes de domination dans les Balkans contre les Démocraties Populaires et au profit de l’infiltration de l’impérialisme.

Actuellement que ses plans ont été dévoilés et que l’outre de ses rêves de domination nationaliste a été dégonflée, il a recours à la collaboration ouverte avec le monarcho-fascisme et l’impérialisme, il frappe de dos notre lutte démocratique et par la méthode trotskiste il accuse nos alliés — les Démocraties Populaires et l’Union-Soviétique — d’avoir « vendu » le mouvement populaire de libération en Grèce.

Les journaux de la réaction à Athènes, à New-York, à Londres, à Paris et dans le monde entier ne disent rien de différent, rien de plus infâme. Il est cependant démontré que les infamies de la propagande titiste de 1949 sont en relation directe avec ses perfides intrigues précédentes que nous venons de rapporter.

Dans la période 1943-1944 Tito recevait de Churchill des quantités importantes de matériel de guerre.

Et tandis que les Anglais de Churchill et de Bevin se moquaient de nous en nous parachutant, p. ex. 17 fusils sans cartouches, ou quelque capote usée, ou bien des godilles toutes pour le même pied, le Quartier Général de Tito, avec lequel nous avions signé un accord de collaboration officiel, n’arriva jamais à nous aider.

En récompense de notre aide régulière et aux soins qu’offraient l’ELAS, et notre Parti, aux unités des maquisards de Tito en Macédoine, nous recevions les bêtises anti-marxistes et les calomnies de Tempo (Vouhmanovitch) et l’activité furieuse de dislocation qu’organisaient à Skoplje dans l’ELAS et parmi le peuple Macédonien, dès 1943, quand échoua la tentative de Tempo et de ses amis de mettre notre mouvement sous la tutelle de Tito.

Tempo est maintenant général-main droite de Tito dans l’armée.

Skoplje, où gouverne Colisefski, est de nouveau — et n’a jamais cessé de l’être — l’antre de la maffia qui ourdit et dirige tous les actes d’espionnage de Tito contre la DSE, le PCG et la lutte populaire en Grèce. Malgré les démarches de notre Parti auprès du CC du PCY et malgré les assurances données par ce dernier, le travail de sape et de dissolution de la clique de Belgrade-Skoplje n’a jamais cessé dans les rangs de notre mouvement.

Ce travail s’exprime par les faits fondamentaux suivants:

a) Propagande d’annexion à la Macédoine Yougoslave, de la Macédoine qui se trouve à la frontière grecque.

b) Organisation du travail pour gagner de nouveaux convertis dans son territoire.

c) Organisation d’un réseau de propagandistes et d’agents-espions avec Skoplje comme centre et sous la direction directe du CC du PC de Macédoine.

d) Organisation d’un réseau d’agents dans les groupes des réfugiés macédoniens qui, ont cherché asile en Yougoslavie, fuyant les persécutions du monarcho-fascisme.

Persécution de tout élément qui désirait la fraternisation et la collaboration sincère avec les Grecs (et les Bulgares). Promotion aux postes importants des éléments les plus corrompus du mouve-ment macédonien dont plusieurs appartenaient dans le passé à la BMRO fasciste et ont collaboré avec l’Othrana.

De même qu’en 1944, à l’heure actuelle aussi, ce sont les déserteurs de notre lutte, Keramiallef-Gotché et autres qui à la tête de ce travail de sape, sont les principaux piliers de Belgrade-Skoplje. A une différence près, que maintenant ils ont été dévoilés et sont restés des commandants sans bataillons.

e) Organisation d’un réseau d’agents dans les groupes de réfugiés grecs (Bettlkès), attisage des querelles fractionnistes dans le but, de provoquer leur désagrégation et de les amener à se tourner contre le PCG.

Toutes ces manoeuvres ont lamentablement échoué grâce à l’attitude ferme du PCG et de ses [illisible], grâce à leur niveau idéologique internationaliste élevé et au développement grandiose de notre lutte armée.

Le CC du PCY camoufla pour un laps de temps important ces manoeuvres par des manifestations d’amitié à double face.

Mais quand la clique de Tito fut démasquée par le Bureau d’Informations et vit s’éteindre ses illusions d’annexer le PCG dans une politique antibolchévik funeste, quand elle vit échouer son travail de sape, en Macédoine, elle eut recours à une activité plus intense de désagrégation. Ses agents se mirent à cultiver et à semer sournoisement le mot d’ordre que la lutte de la DSE, est « vaine », que les Macédoniens versent « à tort » leur sang du moment que lés Grecs « ont vendu leur lutte » — en mettant de cette façon dans le même sac communistes grecs et monarcho-fascistes grecs. Ils organisèrent une propagande défaitiste dans notre armée et notre peuple et ils encouragèrent un courant de fuite de la population (et des désertions de certains combattants de la DSE) vers la Macédoine Yougoslave.

Le Commandement Suprême de la DSE découvrit tout un réseau et se vit obligé de prendre de mesures sévères.   

Conséquente à sa plate-forme antibolchévik et sa duplicité, la clique de Tito commença à persécuter les cadres de nos réfugiés en Yougoslavie par des moyens qui ne correspondaient nullement à ses déclarations d’hospitalité fraternelle.

C’est ainsi qu’en octobre de l’année dernière elle expulsa le Président du Conseil Municipal et d’autres cadres des réfugiés grecs, en les accusant de s’être exprimés en faveur de la ré-solution du Bureau d’Informations des Partis Communistes et Ouvriers.

La terreur exercée par le ministre de la Police Rankovitch s’étendit donc aussi comme il était naturel à nos combattants réfugiés.

Dans leurs derniers discours. Tito et son haut-par-leur Djilas nous ont rappelé sur un ton mélodramatique que la Yougoslavie a aidé la lutte de notre peuple, qu’elle a soigné nos réfugiés et nos enfants, qu’elle a toujours pris position en faveur de nos droits dans les corps internationaux, etc., etc.

Il est de notre devoir de déclarer que dans la Yougoslavie voisine — comme partout ailleurs —, ses peuples ont témoigné de la plus vive sympathie et donné le plus grand soutien à la lutte du peuple grec. Cependant il ne faut pas confondre ces sentiments avec la politique nationaliste chauviniste de leur gouvernement actuel, qui a exploité et exploite toujours sans scrupules les sympathies pures de ses peuples, pour amener la Yougoslavie là où ils l’ont amenée: à son isolement du camp démocratique international et de l’Union Soviétique, c’est-à-dire dans les bras de l’impérialisme et à la collaboration avec le monarcho-fascisme grec. Ce n’est pas tout. L’aides à nos réfugiés est actuellement une aide de camp de concentration.

Dans les groupes de nos enfants on désigne comme personnel des anciens collaborateurs de la Gestapo et de l’Ochrana, fasciste, comme un certain Colisefski, pour inculquer aux enfants le venin anti-hellénique, anti-macédonien et anti-internationaliste du nationalisme titiste.

Quant à l’appui diplomatique auquel se réfère Djilas, la réponse est donnée par l’article du « Times » du 14 juillet 1949 et par le communiqué de la fameuse Commission Balkanique (21-7-49) un vrai certificat de bonne conduite pour le gouvernement Tito, qui « a fermé les frontières » aux andartès grecs, c.-à.-d. qu’il a ouvert les frontières au monarcho-fascisme et aux Américains. Cela fut la contre-valeur des quelques dollars qu’on lui a promis comme emprunt.

Nous demandons. quelle est « la plus grande canaillerie et infamie », dont parlait Tito dans son discours de Pola: Le dévoilement de sa malhonnêteté ou son coup dans le dos des héros de notre lutte pour quelques écus ?

Toute la politique du CC du PCY dans tous les domaines a magistralement confirmé les constatations de la résolution de l’année dernière du Bureau d’Informations des Partis Communistes et Ouvriers, que le CC du PCY a dévié sur toute la ligne des thèses du marxisme-léninisme et qu’il mène la Yougoslavie au camp impérialiste.

Son effort de se présenter comme « mal compris » n’a pas duré longtemps.

Aujourd’hui tous les éléments du groupe de Tito ont été obligés de se démasquer: ils déversent avec incontinence leur fiel antisoviéttque.

Leur effort de se présenter comme la « troisième situation » ne trompe non plus personne. Dans la division actuelle du monde en deux camps opposés, celui qui n’est pas du côté de l’Union Soviétique, est d’une façon ou de l’autre contre elle, contre le camp démocratique mondial, un appui de l’impérialisme.

La vérité c’est qu’il y avait dans la vie du PCY assez de points qui donnaient à penser et qui trahissaient une certaine anomalie… Arrêtons-nous à quelques-uns:

a) Le führerisme du régime, qui n’avait rien à faire avec l’élection démocratique et, comme nous le voyons, avec l’amour sincère du peuple entier envers ses fiefs qu’on observe dans les autres Partis Communistes.

Dans la vie quotidienne Tito fut tout, et non le PCY.

b) Le style militaire dans lequel fonctionnait le Parti et la dissimulation systématique du visage du Parti comme avant garde de la classe ouvrière et guide du peuple.

Au contraire, le Front Populaire, qui fut constitué après la guerre, se présentait comme expression unique du régime politique. Jamais jusqu’à la résolution du Bureau d’Informations, personne n’a appris qui forment la direction, ni ce que fait le CC comme organe directeur, central et collectif, du Parti.

Le manque d’un organe théorique collectif est caractéristique de la sous-estimation de l’analyse marxiste-léniniste des problèmes du Parti. Les chefs yougoslaves s’en justifiaient en disant qu’ils éditaient un organe théorique « toutes les fois qu’il y a des problèmes » comme si la vie ne posait pas quotidiennement des problèmes.

Dans là pratique cela voulait dire que l’organe théorique paraissait quand il avait à publier quelque article de Tito, de Cardelj, de Djilas. Comme dans toutes les questions de politique générale, de même dans la question grecque, la direction yougoslave s’est énormément trompée.

Surestimant son rôle, dans la période de la lutte contre l’hitlérisme, il voulut rayer le fait principal que l’héroïsme des peuples yougoslaves dans la Résistance de 1941-45, fut possible uniquement grâce à la guerre de l’Armée Rouge.

C’est de la même façon qu’elle a sous-estimé le PCG. Les facteurs suivants pris dans l’histoire du PCG ont échappé à la clique des néophytes « marxistes-léninistes » et en vérité trotskistes:

a) Que notre Parti dès le premier moment de sa naissance s’est rangé sans réserves et activement du côté du Parti Bolchévik, et de la Révolution d’octobre; qu’il s’est développé sous le souffle de cette révolution depuis sa constitution et qu’il a mené une lutte ouverte contre l’intervention antisoviétique des impérialistes en 1918.

b) Que dès le premier moment de la manifestation antiléniniste du trotskisme dans le Parti bolchevik et ailleurs ainsi que chez ses agents grecs dans notre pays (liquidaristes, archiomarxistes, etc.) il lutta avec la plus grande âpreté pour démasquer et déraciner le trotskisme. Il lutta pour l’oeuvre de Lénine qui se trouve entre les dignes mains du camarade Staline.

Que les services rendus par le camarade Zachariadis dans ce sens sont inestimables et primordiales. De la même manière notre Parti a déraciné toute manifestation fractionniste antimarxiste-antiléniniste.

c) Qu’au moment de l’attaque perfide de l’hitlérisme contre l’URSS, en 1941, notre Parti arbora le drapeau de la Résistance nationale et lança au peuple le mot d’ordre: « La défense de l’Union Soviétique est le de-voir suprême de tout patriote ».

Et malgré les difficultés spécifiques de la lutte sur le théâtre de guerre grec, malgré notre distance stratégique et géographique de l’Armée Rouge, le PCG resta fidèle à ce mot d’ordre, car pour tout communiste et honnête patriote de la Grèce (comme de tous les pays), l’Union Soviétique est l’incarnation et le rempart de la libération et de la renaissance socialiste de tous ces peuples.

Les dirigeants actuels yougoslaves ont ignoré ces simples vérités.

Et cela parce qu’ils n’étaient pas, comme il fut prouvé, imprégnés des principes du marxisme-léninisme. Ils continuent donc toujours à com-mettre sous une forme nouvelle — et dans une position beaucoup plus responsable — des vieux péchés de fractionnisme trotskiste au sein du PCY.

Personne plus que les combattants de la Grèce Démocratique ne s’afflige plus de l’état où ont jeté les peuples de la Yougoslavie ses gouvernants actuels.

Nous avons toujours gardé et nous gardons dans notre mémoire les souvenirs de la guérilla commune contre les hitlériens.

Nous sommes fermement persuadés que les combattants yougoslaves qui se sont sacrifiés au nom de la liberté dans le même camp avec tous les peuples au nom de leur indépendance nationale et sous les ailes de la grande Union Soviétique, ne permettront pas eux non plus qu’on vende si vilement la récompense de leur victoire. Nous croyons au sain internationalisme de la grande majorité des communistes de la Yougoslavie, qui trouveront le moyen de se débarrasser du groupe antisoviétique des traîtres Tito-Rankovitch-Cardelj-Djilas.

Nous croyons à l’invincibilité des grandes idées de Marx-Engels-Lénine-Staline et du grand front mondial de la Démocratie et du Socialisme.

Les vrais camarades et patriotes de la Yougoslavie trouveront toujours dans le PCG et chez le peuple démocratique, le fidèle allié et ami, malgré tout le sang que coûte à notre peuple la pression forcenée de l’impérialisme américain et anglais et du monarcho-fascisme, auxquels adhère maintenant la clique de Tito. C’est l’intérèt commun de nous débarrasser de l’impérialisme, du fascisme et du titisme qui le demande.

C’est à Belgrade que fut tué par les Turcs, en 1798, le premier grand martyr de la Démocratie balkanique et de la fraternité des peuples balkaniques, notre com-patriote Rigas Velestinlis.

Cependant très peu parmi les dirigeants actuels de la Yougoslavie, aveuglés par le nationalisme bourgeois en ont une idée.

Au lieu de cultiver les liens démocratiques, des luttes communistes dans l’amour de la liberté des deux peuples, eux, ils ont déserté le camp de la démocratie populaire.

Aucun andartès de la Grèce n’oubliera que cela eut lieu au moment critique de la bataille titanique de Grammos (juillet 1948) et que ce fut comme un coup de poignard dans son dos. Mais personne n’a fléchi.

Avec plus d’entêtement et plus de fermeté la DSE se bat, frappe, résiste à l’ennemi aux plusieurs têtes. La cause de la libération populaire triomphera dans notre patrie, n’importe ce qu’elle nous coûtera. Quant à la clique de Tito, elle peut bien servir momentanément les monopoles de Wall-Street et du City, comme rêve aussi de les servir ce Fuyard, le roi Pierre, qu’on a marié à une princesse des Glücksbourg d’Athènes.

La dernière parole en Yougoslavie sera dite par ses communistes fidèles à l’internationalisme. qui épureront le PCY et à la tête de la lutte des ouvriers, des paysans et de ses nationalités, en renversant le régime de Tito, restaureront la Démocratie Populaire et marcheront vers le socialisme.  

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

La clique de Tito poignarde dans le dos la Grèce démocratique populaire

par Níkos Zachariádis

Cet article a été publié pour la première fois dans l’organe du Bureau d’Informations des Partis Communistes et Ouvriers « Pour une Paix durable pour la Démocratie Populaire » N°15 du 1er aout 1949

N’importe quel habitant de la Grèce sait bien que s’il n’y avait pas l’aide ouverte et multiple des impérialistes anglais et américains, le monarcho-fascisme n’aurait pu tenir, ne fût-ce que quelques mois. Nos principales difficultés proviennent de ce que l’impérialisme anglo-américain s’obstine à rester en Grèce : ce pays lui offre une position stratégique d’une importance primordiale dont il veut faire une importante tète de pont contre les pays de démocratie populaire et l’Union soviétique.

On connaît depuis longtemps déjà les intentions de Churchill à ce sujet. Mais l’année dernière, lorsque le monarcho-fascisme essuya son échec militaire à Grammos-Vitsi et qu’il vit s’écrouler ses plans stratégiques pour 1948.

Les positions de l’impérialisme étranger en Grèce se trouvèrent ébranlées.

Le mouvement populaire révolutionnaire et l’Armée démocratique ont élargi et fortifié leurs positions dans le Péloponnèse, en Roumélie, en Thessalie, dans les îles de Samos et d’Eubée.

Le régime monarcho-fasciste s’est trouvé dans une situation critique. Dans leurs rapports, les généraux Papagos, Vendiris, Tsakalotos et autres ont reconnu franchement que le moral de l’armée avait fléchi. Des centaines de soldats et d’officiers ont été passés par les armes. Le roi Paul fut lui-même obligé de parler d’une crise morale dans l’armée.

La situation économique de la clique d’Athènes n’était pas meilleure et la crise politique sapait de plus en plus profondément les bases du monarcho-fascisme.

A l’étranger comme à l’intérieur du pays, des gens que l’on était loin de considérer comme nos amis, ont commencé à comprendre que la seule issue pour les réactionnaires était de résoudre pacifiquement les problèmes et de conclure un accord. La trahison de la clique Tito est venue juste au moment où la crise du monarcho-fascisme atteignait son point culminant.

Elle a créé de nouvelles et sérieuses difficultés à notre mouvement démocratique populaire :

en effet elle a renforcé les impérialistes anglo-américains dans leur décision de garder la Grèce à tout prix, justement pour tirer le plus grand Profit de la clique Tito et élargir leur place d’armes dans les Balkans. En même temps, le passage de la clique Tito dans le camp de l’impérialisme a relevé le moral déprimé du monarcho-fascisme.

Depuis la première occupation, jamais le mouvement démocratique populaire de notre pays n’avait eu d’ennemi aussi perfide et abject que la clique Tito. Le chauvinisme grand-serbe de la clique Tito s’est manifesté à l’égard du mouvement de résistance de la Grèce dès 1943, quand la direction du P. C. yougoslave a déclaré que le peuple de la Macédoine égéenne ne ne pourrait trouver l’indépendance que dans le cadre de la Yougoslavie.

D’où il découlait que le devoir primordial des patriotes macédoniens était de lutter contre le P. C. grec et l’EAM et de collaborer avec les agents de Tito.

Telle est d’ailleurs la directive qu’appliqua depuis lors l’émissaire de Tito en Macédoine égéenne, Tempo (Voukmanovitch).C’est cette même directive qu’a suivie leur principal agent Gotché et que suit aujourd’hui la bande Gotché-Keramidjief.

Durant toutes ces années, la clique Tito a envoyé dans les rangs du Parti communiste de Grèce et de l’EAM des milliers d’agents pour qu’ils minent le P. C. grec de l’intérieur et brisent l’unité du mouvement de libération nationale. Nous pouvons constater que la réaction grecque et l’impérialisme anglo-américain ne pouvaient trouver de meilleur allié que la clique Tito.

Un détail caractéristique à ce sujet vaut la peine d’être cité: quand les Anglais ont débarqué en Grèce en octobre 1944, Tempo, qui était à la tète d’un mouvement provocateur contre le Parti Communiste de Grèce, a déclaré aux communistes de la Macédoine égéenne qu’il avait demandé à Tito deux divisions pour occuper Salonique.

C’était encore avant les événements de décembre 1944 ; les Anglais n’étaient pas sûrs de se maintenir en Grèce et, préférant que Salonique soit prise par Tito plutôt que de tomber dans les mains de l’ELAS, ils parachutèrent des armes sur l’aérodrome des Chroupista, d’où elles étaient transportées à Vapsori, aux agents de Tito : Tempo, Gotché et Péios, pour servir contre l’E.L.A.S.

Déjà sous l’occupation hitlérienne, Cotché et Péios formaient des groupes de Macédoniens et collaboraient avec Tempo. On peut considérer comme établi aujourd’hui que par la suite l’Anglais Evans, ancien représentant de la mission militaire britannique en Macédoine, a particulièrement insisté pour que soit élargi le réseau de ces groupes, dont Gotché, Péios et Keramidjief, se servaient pour diviser le mouvement de libération populaire en Grèce.

En décembre 1944, rêvant d’arracher Salonique à la Grèce démocratique populaire, Tito n’a rien entrepris, en dépit de ses phrases trompeuses, pour nous aider à combattre les Anglais.

La seule chose qu’il ait faite a été d’intensifier la campagne de calomnies contre le Parti Communiste de Grèce, auprès de la population de la Macédoine égéeene en premier lieu. Tito a organisé une vague d’émigration de Macédoniens vers la Yougoslavie. Ainsi, d’une part, il privait la Macédoine égéenne de la population macédonienne ce vers quoi les monarcho-fascistes grecs tendent depuis des années pour changer la composition ethnique de la Macédoine égéenne.

D’autre part, les titistes s’efforcent de recruter parmi les réfugiés des agents qu’ils réexpédient en Grèce, après une instruction préalable, pour nuire au P.C. grec, à I’E.A.M. et à notre mouvement populaire révolutionnaire.

Le Parti Communiste de Grèce et le mouvement révolutionnaire grec se trouvent, au moins depuis 1943, entre deux feux: d’une part, les impérialistes étrangers et les monarcho-fascistes; d’autre part, la clique Tito et son organisme d’exécution, la bande de Gotché-Keramidjief, qui disposait et dispose dans la Macédoine égéenne de centaines d’agents d’espionnage yougoslaves. En 1944, sur un ordre venu de Skoplie, Gotché est passé en Yougoslavie avec son détachement.

A l’heure actuelle, Catché et Keramidjief ont leur état-major à Skoplie.

En son temps, le Comité central du Parti Communiste de Grèce s’est à plusieurs reprises adressé au C. C. du P. C. yougoslave en dénonçant à l’aide de documents concrets et irréfutables les agissements contre-révolutionnaires de ces agents et en demandant que l’on mette un terme à leur activité. Le C. C. du P. C. yougoslave n’a absolument rien fait pour mettre fin à cette activité provocatrice.

Aujourd’hui, il est démontré de façon irréfutable que Christos Vlachos, qui assassina Yannis Zevgos, membre du Bureau politique du P. C. grec, à Salonique en 947, était un agent de l’espionnage yougoslave, et recevait ses instructions de Skoplie.

Il est venu à Salonique sur l’ordre de l’espionnage yougoslave, il s’est mis au service du général Zervas, agent de l’Intelligence Service et assassina Zevgos.

Cinq officiers monarcho-fascistes, prisonniers de guerre, parmi lesquels se trouvaient des bourreaux du peuple, se sont enfuis avec l’aide des agents de Rankovitch d’un camp de prisonniers et se sont réfugiés en Yougoslavie. Le Comité central du Parti communiste yougoslave a déclaré ne savoir absolument rien de cela.

Cependant, nous avions indiqué la date et le lieu précis où les officiers monarcho-fascistes avaient franchi la frontière; les officiers et soldats gardes-frontières nous ont déclaré que ces monarcho-fascistes étaient passés en Yougoslavie.

Nous avons arrêté des dizaines d’agents de l’espionnage yougoslave. En décembre 1948, à Prespa, nous avons arrêté deux agents yougoslaves: Gounaris Menus et Caillas Masos. Ces agents nous ont donné des renseignements précis: le nom des officiers de l’espionnage yougoslave qui les avaient envoyés et la mission concrète qui leur avait été confiée.

Le Parti Communiste de Grèce dispose d’une foule d’autres preuves indéniables de l’activité traîtresse et scissionniste de la clique Tito à l’égard du mouvement révolutionnaire en Grèce.

La bande nationaliste des chefs traîtres yougoslaves a toujours été le plus mortel ennemi du Parti communiste et du peuple grecs. Les derniers événements montrent une fois de plus que la clique Tito aidait et aide de plus en plus ouvertement la réaction grecque et internationale contre le peuple grec. Dans le communiqué du commandement suprême de l’Armée démocratique en date du 6 juillet 1949, il est indiqué que le 5 juillet, les troupes monarcho-fascistes ont utilisé le territoire yougoslave pour contourner les unités de l’Armée démocratique dans la région de Keinaktchalan.

Le même jour, l’agence télégraphique « Grèce libre », se fondant sur un document officiel : le rapport du commandant du 516e bataillon monarcho-fasciste, le lieutenant-colonel Petropoulos, adressé au général Grigoropoulos, commandant du 3e corps d’armée, a annoncé que le 4 juillet 1949, c’est-à-dire la veille du jour où les monarcho-fascistes ont utilisé le territoire yougoslave, une rencontre avait eu lieu entre les officiers de la Yougoslavie et de la Grèce monarcho-fasciste dans la région de Popovolossi à Kaimaktchalan.

A cette rencontre assistaient également des officiers britanniques et américains. L’agence Tanyoug n’a pas démenti le fait. Le représentant du ministère des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, interrogé à ce sujet, n’a pas nié non plus. Dans le discours qu’il a prononcé à Pola (Istrie), le 10 juillet 1949, Tito n’a pas démenti non plus cette rencontre.

Tout comme l’agence Tanyoug, il a seulement essayé de démentir qu’un accord était intervenu sur l’utilisation du territoire yougoslave par les monarcho-fascistes C’est ainsi qu’on présentait les choses à Belgrade quand, le 21 juillet 1949, la commission balkanique de l’O.N.U. à Athènes a publié un communiqué dont l’unique but était de masquer la collaboration de la clique Tito et des monarcho-fascistes, collaboration dénoncée par le commandement suprême de l’Armée démocratique de Grèce et la radio de la Grèce libre le 6 juillet 1949.

Ce communiqué de la commission balkanique de l’O.N.U. est remarquable à plus d’un titre car, premièrement, la commission reconnaît pour la première fois de son histoire que les monarcho-fascistes ont violé de nombreuses fois la frontière yougoslave dans la région de Kaimaktchalan, tout en affirmant cependant que cela n’a pas été le fait d’unités d’infanterie, mais de l’artillerie et de l’aviation.

Deuxièmement, le communiqué de la commission balkanique a reconnu qu’une rencontre avait eu lieu avec des officiers yougoslaves dans la région de Kaimaktchalan. Après les révélations faites devant l’humanité progressiste et le peuple yougoslave sur la trahison de la clique Tito à l’égard de la lutte libératrice du peuple grec, les dirigeants yougoslaves ont été obligés de mobiliser un provocateur de plus.

Après Tito et Djilas, Kardelj a, lui aussi, fait une déclaration sur la question grecque, le 24 juillet 1949, à l’agence Tanyoug.

Kardelj nie tout l’accord avec Tsaldaris, les pourparlers dans la région de Kalmaktchalan, l’utilisation du territoire yougoslave par les monarcho-fascistes, et il termine en affirmant jésuitiquement que le gouvernement de Belgrade « continue à sympathiser » avec le mouvement du peuple grec, mais qu’il ne peut lui « imposer son aide par la force » et que, dans cette affaire, les coupables ce sont les « agents du Bureau d’information qui ont calomnié Tito ».

Nous n’avons jamais douté de la Sympathie du peuple yougoslave. Quant aux coupables, le « Times » se charge de les désigner quand il affirme que par sa déclaration de Pola, Tito a donné par avance aux Américains les garantis indispensables à l’octroi des dollars dont il a besoin. Pour masquer leur trahison, les traîtres abjects Tito, Djilas, Kardelj et Cie crient maintenant que le moral des démocrates grecs baisse et qu’ils perdent confiance en la victoire. En réalité, la clique de Tito fait tout ce qu’elle peut pour saper le moral des démocrates grecs. La trahison de Tito et son long travail de sape contre le mouvement démocratique populaire de Grèce nous créent de sérieuses difficultés.

Tito hait à mort le mouvement de libération populaire grec et il le combat furieusement. Mais, comme ses alliés monarcho-fascistes et leurs martres communs, il se trompe en espérant qu’ils réussiront à nous briser. Dans toute la Grèce, en Roumélie, en Thessalie, dans le Péloponnèse, en Epire, en Macédoine, en Thrace, dans les îles, l’Armée démocratique grecque continue avec un courage inébranlable à combattre l’ennemi, tout en surmontant d’immenses difficultés. Dans les villes se développe un vaste mouvement gréviste qui englobe des dizaines de milliers d’ouvriers et d’employés.

Les centaines de milliers de paysans qui meurent dans les villes où les monarcho-fascistes les ont déportés de force, haïssent de toute leur âme le gouvernement d’Athènes. La réaction grecque traverse une crise économique, politique et morale dont elle ne pourra sortir.

L’Armée démocratique de Grèce affrontera résolument le monarcho-fascisme dans les grandes batailles qui se préparent à Gramtnos et à Vitsi. Nous autres, nous-combattons parce que nous voulons la paix, la démocratie et l’indépendance de la Grèce. La réaction veut la guerre. Elle veut nous écraser par tous les moyens et, dans ce but, elle utilise la clique Tito. Grâce à l’aide et à la solidarité de l’humanité progressiste y compris le peuple yougoslave le peuple de Grèce vaincra dans la guerre comme dans la paix et conquerra la démocratie populaire et l’indépendance nationale.

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

La clique de Tito et le Parti Communiste de Grèce

par ZISSIS ZOGRAFOS

La trahison de Tito et de sa clique aboutit, ces derniers temps, à son extrême conséquence logique envers l’Union Soviétique, les Démocraties Populaires, le front anti impérialiste en général.

De jour en jour elle se révèle toujours plus clairement, par des faits irréfutables, être un groupe (les chauvinistes bourgeois, dont les fautes (des fautes qu’avait signalé le Bureau d’Informations) n’étaient que « l’expression d’une politique antimarxiste bourgeoise-chauviniste voulue d’ennemis de la classe ouvrière, d’ennemis du socialisme, d’ennemis de l’Union Soviétique et de l’entier front communiste international ». Actuellement, après cette évolution, la lutte ouverte contre le communisme en Yougoslavie et son passage au camp impérialiste avec comme occupation principale la lutte anticommuniste, antisoviétique, la question qui se pose est de rechercher et de déterminer les origines de cette trahison qui indubitablement avait été préparée par les impérialistes anglo-américains.

De ce point de vue, l’altitude des titistes envers la lutte du peuple grec, envers notre mouvement démocratique populaire, et surtout envers le Parti Communiste de Grèce, pas seulement aujourd’hui, mais depuis longtemps déjà (surtout depuis 1943), est très caractéristique et instructive.

Si la « pierre de touche » du vrai internationalisme prolétarien de tout communiste, de tout véritable patriote, est son attitude vis-à-vis de l’Union Soviétique, il est hors de toute discussion que dans cette appréciation, l’attitude envers la dure lutte que mène le peuple grec sous la direction du PCG contre les monarchie fascistes et les envahisseurs impérialistes étrangers, qui s’efforcent de transformer la Grèce en une (les bases et des points de départ, destinés en application de leur plan guerrier et stratégique, à être utilisés pour les buts offensifs contre l’U.R.S.S. et les pays de démocratie populaire, constitue aujourd’hui un sérieux critérium.

Cette raison, ainsi que le fait que la lutte du peuple grec avait toujours un retentissement profond chez le peuple yougoslave, faisait que la clique de Tito et ses maîtres, les impérialistes anglo-américains, évitaient soigneusement de laisser la Yougoslavie éclaircir franchement son attitude sur la « question grecque ».

C’est seulement maintenant, malgré la « profonde compréhension » qu’ont toujours montré les patrons de Tito pour sa situation délicate (et qui est si habilement présentée dans le dernier article du journal « Times » de Londres) qu’ils ont obligé Tito à éclaircir son attitude envers la lutte du peuple grec, ce qui bien entendu, fut lit avec grand empressement par Tito lui-même (discours à Pola), Effilas (discours à Cetinje), déclarations de l’agence « Tanjug », pourparlers avec les monarcho-fascistes, passage des troupes monarcho-fascistes par le territoire yougoslave pour frapper les andartès à Kaïmaktchalan, collaboration actuellement étroite et cordiale avec l’agence connue des impérialistes dans les Balkans, la Commission Balkanique dernières déclarations de Cardelj à l’agence « Tanjug » le 23-7-49.

Les impérialistes et les monarcho-faschistes se trouvent dans une situation difficile en Grèce.

La grande opération (la coupe amère) contre la DSE, qui est dangereusement retardée jusqu’à ce moment, doit avoir lieu. Et pour sa réussite il faut que soit ouvertement jetée dans la balance la clique traîtresse de Tito pour le bien aussi de la clique elle-même, vu que dans le cas d’un succès de l’expédition monarcho-fasciste les titistes « respireront » (comme l’ont écrit certains journaux monarcho-fascistes d’Athènes) « de l’encerclement suffocant de la Yougoslavie par les Démocratie populaires et la Grèce Libre.

Le nouveau, dans ce cas, c’est que maintenant Tito se présente ouvertement comme ennemi du peuple grec, ennemi du Parti Communiste de Grèce Cependant cela n’a jamais cessé d’être depuis longtemps, surtout depuis 1943, (pour nous borner à l’époque récente qui a un rapport plus étroit avec la situation actuelle et les événements contemporains).

A vrai dire, cette attitude des titistes, étroitement liée à leur politique chauvine et nationaliste, était toujours une attitude de scission, de sape, de dissolution, une attitude ennemie, dépourvue de toute trace d’internationalisme prolétarien, de solidarité prolétarienne de compréhension, d’assistance.

En Grèce la force politique qui fut l’inspirateur, l’organisateur et le guide dans la lutte de libération nationale du peuple grec au temps de la première occupation et dans sa résistance actuelle contre les plans des impérialistes anglo-américains, c’est le Parti Communiste de Grèce. C’est contre lui que furent et que sont dirigés les feux des monarcho-fascistes et des impérialistes.

C’est contre ce même Parti Communiste de Grèce que les chauvinistes yougoslaves, rassemblés autour de la clique de Tito, n’ont pas un moment cessé d’agir d’une façon séditieuse, le regardant comme le plus sérieux obstacle à la réalisation de leurs desseins chauvinistes de la Grande Serbie, l’annexion de la Macédoine de l’Egée y compris Salonique.

Dans toute cette période – depuis 1941 jusqu’à maintenant – les chauvinistes rassemblés autour de la clique de Tito, sous sa direction directe, n’ont rien fait d’autre que calomnier le Parti Communiste de Grèce et sa direction. Rassembler autour d’eux et utiliser les éléments suspects, finis, traîtres, exclus du Parti Communiste de Grèce Organiser des groupes scissionnistes et des fractions dans le P. C. G. Envoyer des agents, les gens de l’O.Z.N.A. et du 2e bureau de l’État-Major de l’armée yougoslave. Tâcher de toute façon de faire chantage au Parti Communiste de Grèce Organiser et réaliser des assassinats de ses membres et de ses cadres.

Avec pour comble l’attitude actuelle ouvertement et franchement hostile au peuple grec et évidemment, au Parti Communiste de Grèce, qui est l’âme de la lutte démocratique-populaire en Grèce.

***

Au temps de la double (allemande-italienne) et pour la Macédoine la triple (allemande-italienne-bulgare) occupation, les chauvinistes de Tito ont joué le jeu des occupants étrangers et de l’Intelligence Service, qui avaient comme but d’empêcher l’union des mouvements de résistance nationale, de disloquer l’unité de lutte du peuple grec et slavo-macédonien. Leur campagne calomniatrice était en premier lieu dirigée contre le Parti Communiste de Grèce — tout comme la campagne des occupants et de l’Intelligence Service – et avait comme but (en exploitant les fautes et les faiblesses du Parti Communiste de Grèce) de voiler le fait irréfutable que le Parti Communiste de Grèce a toujours été un ennemi du nationalisme belliqueux dans les Balkans et a lutté contre les plans de subordination, et de partage de la Macédoine qu’avaient les monarchies balkaniques et les cliques capitalistes.

En effet, dès 1924 le Parti Communiste de Grèce a maintenu avec conséquence le mot d’ordre « Macédoine-Thrace indépendantes et unifiées », et malgré les difficultés et les persécutions sauvages, il est resté fidèle à la lutte du peuple macédonien sacrifiant à la défense de son droit de disposer librement de son sort, contre la politique de conquête du capitalisme grec, plusieurs de ses membres et de ses cadres.

C’est ce qui arriva aussi après 1935, lorsque le Parti Communiste de Grèce remplaça ce mot d’ordre par celui de « pleine égalité de droits aux minorités ».

Ce changement, comme l’avait souligné la résolution relative du 5e Congrès du Parti Communiste de Grèce (décembre 1935) : ne signifiait nullement la négation du principe marxiste-léniniste du droit des minorités nationales de disposer librement de leur sort, il fut imposé par « le changement même dans la composition ethnologique dans la partie grecque de la Macédoine en étroite relation avec le changement des conditions dans lesquelles se développe aujourd’hui le mouvement révolutionnaire en général dans les Balkans et spécialement dans notre pays, avec comme devoir fondamental la lutte contre le fascisme et contre la guerre…

Le Parti ne cesse de proclamer qu’à la fin et définitivement la question macédonienne sera résolue fraternellement après la victoire du pouvoir soviétique dans les Balkans, qui déchirera les pactes infâmes de l’échange des populations et prendra toutes les mesures pratiques, afin que soient éliminées leurs iniquités impérialistes ». Se basant sur ce terrain ferme de la réalité, le Parti Communiste de Grèce a lutté sans relâche sur cette ligne, démasquant chaque fois, aux masses laborieuses, l’ennemi de classe, qui voulait présenter cette politique comme une politique de trahison, pour éterniser sa domination, pour créer des complications dans les Balkans, que seulement la coopération fraternelle des deux peuples pouvait faire échouer.

Mais ce fut justement cette coopération fraternelle, qui servait tant les intérêts de la révolution en Grèce, que les intérêts du peuple macédonien lui-même, qu’attaquèrent les titistes s’efforçant de réaliser leurs visées chauvinistes de la Grande Yougoslavie au dépens de notre lutte de libération nationale.

Avec comme fond idéologique la calomnie infâme: « le Parti Communiste de Grèce a trahi la révolution », « le Parti Communiste de Grèce va vendre le peuple macédonien aux Anglais », « dans le Parti Communiste de Grèce les Anglais ont mis les pieds », – ils ont organisé un travail de scission et de dissolution systématique qui fut étendu et intensifié après la création d’un P.C.M. séparé). dans les rangs du Parti Communiste de Grèce, dans leurs. propres organisations de parti en Macédoine de l’Egée.

Le but était clair: Ébranler la confiance des Macédoniens dans le Parti Communiste de Grèce. Transformer ces dernier., en ennemis du Parti Communiste de Grèce Cultiver chez eux le sentiment qu’il faut attendre leur salut de Tito.

C’est sur cette ligne qu’ont travaillé tous les agents des titistes.

N. Péios (actuellement à l’U.D.B.A. — Sûreté de Skoplje) vient de Coliséfski (secrétaire du . P.C.M.), qui au début était chez les partisans macédoniens de Yougoslavie et fut ensuite envoyé à l’E.L.A.S. Cet agent de l’Intelligence Service, avait comme seule occupation en Macédoine d’Égée, sous la direction du P.C.Y.: De calomnier sans cesse le Parti Communiste de Grèce L’exposer aux yeux des Slavo-macédoniens.

S’accrocher aux faiblesses et aux moindres fautes des Comités Régionaux du Parti Communiste de Grèce de Florina-Castoria et de les présenter comme une action préméditée contre les intérêts du peuple macédonien. Semer la discorde entre les peuples macédonien et grec. Créer un sentiment de doute en ce qui concerne la sincérité des Grecs envers les Macédoniens.

Cultiver l’idée que Tito est le seul libérateur de la Macédoine.

C’est ce même Péios qui déclara une fois: « Il vaut mieux tuer des communistes-grecs, que des Allemands ». Le même qui réalisa la première Scission en 1944 (mois de mai) et partit avec 70 Elassites macédoniens pour être accueilli sans réserve par Tito (après être parti sur ordre), être armé de nouvelles armes et directives et rentrer en Grèce pour continuer son activité, pas contre les occupants, mais contre le Parti Communiste de Grèce en canalisant la ligne des titistes.

C.-à -d. jouer un rôle qu’ils ont tâché de couvrir par une « autocritique » grossière de N. Péios et par une déclaration encore plus grossière dans la lettre de Ortse (membre du C.C. du P.C.Y. et dirigeant alors de Péios) aux dirigeants politiques des sections de partisans que « le passage de N. Péios dans nos rangs — yougoslaves — a été nuisible ».

Sur la même ligne travaillaient : La femme de Colisefski, Laliana Tsaliofski et Cole Caninki, avocat de Velossino de Monastiri (« vous, les Macédoniens, vous devez demander un Etat fédéré: Macédoine de l’Egée plus Grèce »), qui faisaient les Macédoniens ne pas demander « qu’adviendra -t-il avec les occupants qui exterminent le peuple », mais « qu’adviendra-t-il avec la question macédonienne ».

Lazo Popofski et Traitse Groujefski (dont après la libération, le premier fut secrétaire du P.C.M., à Monastire, et l’autre, secrétaire adjoint dans la même organisation) avec Dinitse Miliopski, de Nizopole de Monastire, quand ils venaient en Macédoine d’Egée (surtout après la proclamation de la Yougoslavie en Etat fédéral) chercher parmi leurs parents et leurs amis des mécontents du Parti Communiste de Grèce pour les recruter et les employer convenablement.

Gotché, un des principaux agents du P.C.V. pour la « conquête » duquel on disposa un cadre du P.C.M. (Desso Desko), déchirait la presse grecque révolutionnaire et spécialement celle du Parti.

Il refusa de prendre part aux opérations de nettoyage contre les Allemands dans le secteur de la IXe division. Il refusa de donner des armes de son bataillon pour l’attaque de Kozani. Et à la fin il partit (scission d’octobre 1944, sous la direction de Desko) avec son bataillon en Yougoslavie où il commença une campagne effrenée contre le Parti Communiste de Grèce et, avec l’aide des Yougoslaves, un large recrutement à la brigade de Gotché, qui, pour rentrer en Grèce, mettait les conditions que lui dictait le P.C.M. et le P.C.Y.

Ces agents qui avaient joué le jeu des Anglais juste quelques mois avant la collision de décembre, n’hésitèrent, au cours de cette collision (de décembre) de frapper dans le dos l’E.L.A.S. à Calo Kalinika de Cas-Ioda, au mentent où celui-ci (l’E.L.A.S.) livrait des dures batailles pour faire échouer les plans de conquête des Anglais en Grèce et dans les Balkans.

Le soi-disant Comité Politique de la Macédoine de l’Égée (organe de Colisefski), sous l’influence indirecte de Colisefski et celle directe de Vlachof, rentrant après son élection (3-12-44) dans sa région (Fiarina-Castoria, etc.) devint le hérault de la ligne de Tito.

Tous ces agents, tous les efforts de scission, de dislocation dans cette période, n’ont qu’un but: Créer des unités macédoniennes, séparées, sous la direction du P.C.Y., de façon qu’entre les mains de la clique chauviniste il existe une sérieuse force pour la réalisation des visées en Macédoine d’Egée.

Dans cet effort les titistes naturellement n’ont pas seulement ignoré le Parti Communiste de Grèce et toute notion d’internationalisme prolétarien, mais, encore, par leurs agents, ils ont calomnié le Parti Communiste de Grèce, ils ont fait tout leur possible pour disloquer ses forces, en organisant des fractions dans ses rangs et en formant en Macédoine d’Egée leurs propres organisations de parti.

***

Le travail hostile séditieux de Tito et de sa clique prend une extension sans précédent après la défaite militaire de décembre et sa conséquence, l’accord de Varkiza. Évidemment la défaite de décembre et le non-achèvement de la victoire de la révolution démocratique populaire, n’est pas sans rapport avec des fautes et des faiblesses de notre Parti dans le passé, mais aussi au cours même de la révolte de décembre.

Notre Parti a vu ses faiblesses et ses fautes dans les Plénums (11e et 12e de 1945) du C.C. et a complété sa thèse sur cette question par l’article du camarade Zachariadès dans la revue du Bureau d’Informations des P.C. et O. « Pour une paix durable, pour la démocratie populaire » (No. 27/15.12-48) et la résolution récente (30–31.1-99) du 5e Plénium du C.C. du Parti Communiste de Grèce, où fut même souligné que le Parti Communiste de Grèce, et surtout ses cadres dirigeants, doivent franchement voir leurs fautes opportunistes dans le passé. Mais le fait reste que l’accord de Varkiza, conséquence de la défaite militaire en décembre, fut pour nous une retraite.

Il nous permettrait cependant (comme l’écrit le camarade Zachariadis dans le même article) « de regrouper nos forces et de lancer une nouvelle offensive, quand la politique et l’activité du monarcho-fascisme et de l’occupation britannique auraient été démasquées, grâce à notre activité propre et quand les niasses auraient constaté, par leur propre expérience, que la voie de l’indépendance nationale et de la démocratie populaire, est la seule voie juste pour que le peuple soit sauvé de la faim et de l’esclavage ».

Quand le Parti Communiste de Grèce se jetait dans cette dure lutte politique et sociale dans les conditions extrêmement difficiles de l’offensive de la réaction, qui transforma Varkiza en un chiffon de papier et envoya des milliers de combattants du peuple en prison, en déportation et assassinait les membres et les cadres du Parti Communiste de Grèce, tandis que les Anglo-saxons comptaient par ce même accord subjuguer le mouvement populaire, « légaliser » leur position en Grèce et réaliser leurs desseins impérialistes dans les Balkans, que faisaient-ils alors les chauvinistes de Tito avec leurs agents en Macédoine d’Egée, qu’est-ce qu’ils faisaient aux réfugiés politiques de la Grèce, qu’est-ce qu’ils faisaient vis-à-vis de tout membre et de tout cadre du Parti Communiste de Grèce?

Quoi d’autre que de jouer le jeu de la réaction, le jeu de l’Intelligence Service? Quoi d’autre que d’intensifier leur campagne calomniatrice contre le Parti Communiste de Grèce? Semer le défaitisme parmi les réfugiés politiques?

Les terroriser, les battre et assassiner des membres et des cadres du Parti Communiste de Grèce en Macédoine d’Egée? Voilà ce qui en est au juste de cette période.

Les dirigeants yougoslaves parlaient partout contre le Parti Communiste de Grèce Les combattants de la résistance du peuple grec, aussitôt entrés en Yougoslavie, entendaient de la part de tous les responsables des thèses comme les suivantes: « Le Parti Communiste de Grèce a trahi le peuple grec », « La cause du mouvement grec est perdue », « Le Parti Communiste de Grèce a livré le peuple grec aux Anglais », (comme le déclarait Colisefski à des cadres de notre parti) et que « seulement l’armée yougoslave, arrivant jusqu’à Athènes, peut libérer la Grèce ».

« Le Parti Communiste de Grèce est plein d’agents de l’Intelligence Service », « Des 9 membres du Bureau Politique du C.C. du Parti Communiste de Grèce les 7 sont des agents de l’Intelligence Service », « Que soient damnés les Allemands qui ont laissé Zachariadis vivant » .

Tempo (général de Tito) dans un discours officiel à Monastire de la Macédoine du Vardar, traçant toute une ligne contre le Parti Communiste de Grèce, au moment où les Allemands n’étaient encore partis des Balkans et les Anglais les remplaçaient en Grèce, disait entre autres: « Nos frères à Florina, à Castoria, à Salonique gémissent sous le joug ».

Avec l’initiative de Colisefski on ouvrait partout des « livres » et on prenait des dépositions sur l’attitude du Parti Communiste de Grèce sur la question macédonienne. C’était ce même Kolisefski qui demandait au peuple de quitter la Macédoine de l’Egée, et de passer en Macédoine du Vardar, (c.-à.-d. d’abandonner la lutte et faciliter l’oeuvre des Anglais) il organisait des rencontres avec des personnes (p. ex. des liaisons du Bureau Politique du C.C. du Parti Communiste de Grèce etc.) qu’il croyait être en état de lui fournir des renseignements sérieux sur les cadres du Parti Communiste de Grèce A l’O.Z.N.A. (comme s’appelait au début la Sûreté) on a créé un bureau spécial de propagande pour la Grèce, dont évidemment la pointe principale était dirigée contre le Parti Communiste de Grèce (beaucoup de Macédonines furent jetés en prison parce qu’ils étaient dans le Parti Communiste de Grèce).

Le commissaire du peuple Kyro Miloiski arrangea que de tous les villages de la Macédoine de l’Egée on envoie des motions à sans prendre en considération l’existence du Parti Communiste de Grèce, justement pour saper son autorité et l’exposer aux yeux des Macédoniens.

Dimiter Vlachof, Pécar (instructeur du C.C. du P.C.M.), Déian Aléxitch (directeur de l’agence « Tanjug » pour la Macédoine), Noucarefski (colonel-major du commandement de place de Skoplje) Mitre Mitref (critique écrivain) – parlaient avec les plus viles ex-pressions du Parti Communiste de Grèce et de sa direction, quand ils lurent dans l’organe du C.R. du Parti Communiste de Grèce de Florina un article sur le scissionniste, leur agent, Gotché sous le titre « Nous le livrons au mépris public ».

Le colonel-major Petri Traikof était leur ennemi numéro un parce qu’il parlait de la nécessité d’entente et de réconciliation avec le Parti Communiste de Grèce.

Comme l’on ne trouvait d’autre accusation pour le diffamer et le garder loin des réfugiés de la Macédoine de l’Egée, on disait qu’il était « postomane » (Note: il aspirait à de hauts postes), qu’il veut devenir général; que son passé n’est point propre et c’est pour cela qu’il ne doit pas influencer les réfugiés macédoniens de l’Egée.

Parallèlement avec cette campagne calomniatrice contre le Parti Communiste de Grèce, ses membres et ses cadres, on faisait circuler, par l’intermédiaire du Comité Politique et sous la surveillance de Dise (actuellement ministre du commerce) et de Ivan de Prisen (membre du conseil populaire du Commandement Général de Monestire) des tracts, qui appelaient le peuple de Florina à s’enrôler dans la brigade du scissionniste Gotché. Ils mobilisaient l’organisation N.O.F., par la polémique contre le Parti Communiste de Grèce, pour organiser des agences d’espionnage, dont les renseignements principaux auxquels ils s’intéressaient ne regardaient ni les troupes anglaises d’occupation en Grèce, ni les forces monarcho-fascistes, niais les organisations et les forces du Parti Communiste de Grèce dans les différents villages.

Ils envoyaient des groupes armées dans la région de Florina, de Casloria. qui ne parlaient pas seulement contre le Parti Communiste de Grèce mais qui terrorisaient aussi et battaient les membres et les cadres du Parti.

Avec tout cela le comportement orgueilleux et insolent de la clique de Tito et de Tito lui-même, envers des hauts cadres et mêmes supérieurs de notre Parti n’est pas moins caractéristique.

Le Parti Communiste de Grèce s’est efforcé de mettre fin à ce travail de faction, de scission, de dislocation, de sape du P.C.Y., qui nuisait tant à notre lutte. Mais la clique de Tito comme le souligne très justement la résolution de l’organisation communiste de la Macédoine de l’Egée le 20-6-49 « trompait à cette époque aussi le Parti Communiste de Grèce et tandis qu’elle était d’accord dans les paroles de dissoudre ses fractions et ses agences au sein du Parti Communiste de Grèce, en réalité elle continua sournoisement son travail avec l’O.Z.N.A. et le 2e bureau de l’Etat-Major de l’armée yougoslave ».

Plus encore. Elle étendit le travail de dislocation et de sape aux Grecs, réfugiés politiques, qui avaient été concentrés à Boulkès de Yougoslavie. En premier lieu les titistes tâchaient d’empêcher les combattants grecs, et surtout les Macédoniens. d’aller au même endroit (Boulkès) où étaient concentrés les émigrés politiques, pensant que ce serait ainsi plus facile de les « différencier » et les employer pour leurs buts.

Puis ils envoyaient des agents à Boulkès pour créer un « courant dé fuite » de l’organisation des émigrés politiques. Et enfin ils recevaient, sans réserve, tout élément démoralisé, tout élément sédition tout élément aventurier, exclu de l’organisation (il suffit qu’il fût contre la direction de Boulkès), et l’employait pour des buts d’espionnage contre le Parti Communiste de Grèce et sa direction.

Colisefski ramassa des éléments chassés de Boulkès comme Christos Vlachos, Takis Saillions, St. Valtadoros, il les employa à des postes responsables, malgré le fait que leur passé malpropre était connu et que c’était pour cette raison qu’ils furent exclus de Bouikès. Par conséquent, il ne peut être étranger aux responsabilités des crimes et du mal qu’ont fait à notre mouvement ces éléments aventuriers.

A l’heure actuelle, où il surfit pour Tito et sa clique qu’un communiste dise qu’il est adhérent du Bureau d’Informations, partisan de l’U.R.S.S , qu’il a confiance dans le Parti Bolchévik, pour être jeté dans les prisons de Rankovitch, à cette heure, où dans ces mêmes prisons on torture et on assassine des cadres communistes de la Yougoslavie, comment ne pas comprendre que les fils de la conspiration contre la vie du camarade Zevgos, qui partent de l’Intelligence Service et de la Sûreté monarcho-fasciste, embrassent aussi les titistes, qui ont toujours si mortellement combattu le Parti Communiste de Grèce, ses membres et ses cadres, puisque il a été démontré que l’assassin de Zevgos, Vlachos, avait passé par Colisefski et l’O.Z.N.A. avant de descendre en Grèce?

***

En ce moment, — dans le feu de la guerre, — où le monarcho-fascisme concentre ses forces pour obtenir un résultat décisif à Grammos et à Vitsi et où les impérialistes font tout leur possible pour garder la Grèce comme position-clef dans la guerre froide contre la Russie, la Grèce comme « porte des Balkans », la clique traîtresse de Tito a trouvé l’occasion d’ajouter ouvertement son écot pour faciliter l’oeuvre du monarcho-fascisme et de l’impérialisme anglo-améri-cain en Grèce et dans les Balkans.

En appliquant avec conséquence le principe: rece-voir dans le P.C.Y. chacun qui est ennemi du Parti Bolchévik et des Partis frères, la clique de Titio est devenue le pole d’attraction pour tous les éléments de dissolution et de scission du Parti Communiste de Grèce, de la N.O.F. et de la DSE, avec à la tête les scissionistes-traîtres bien connus Gotché-Keramidjief.

On peut deviner la qualité de tous ces éléments par la qualité de « leurs chefs », chefs en scission et en trahison. Gotché, un vagabond aventurier qui n’a jamais pu devenir communiste.

Il fut un élément fractionniste et diviseur dans la prison, où il provoquait toujours des incidents. Il fut un élément disloquant et aventurier quand il était en déportation, où à plusieurs reprises, il fut exclu et vécut hors du groupe des déportés. Agent du chauvinisme bulgare au début, il devint ensuite un agent enragé du chauvinisme de la Grande Serbie. Jamais il n’a offert des services positifs à la cause du peuple macédonien, mais au contraire, « toujours il la sapait, toujours il divisait le mouvement révolutionnaire du peuple macédonien, sa collaboration et son unité combattantes avec le peuple grec ».

De la même étoffe est Kéramidjief, le collaborateur ouvert du fascisme bulgare au début, puis de l’O.Z.N.A., ce « communiste déguisé », paniquard et égoiste. Agents aveugles de Tito sous la direction directe du P.C.Y., — ils sont actuellement à la tête de l’effort de sape et de scission. Ils envoient des espions à Vitsi avec la mission de recueillir des renseignements militaires et politiques rétablir des lieux de contact, se lier avec les agents de l’O.Z.N.A., organiser de nouveaux réseaux.

Ce sont ces agents que les titistes ont fait présenter un programme complet titiste franchement séditieux, par lequel ils demandaient: Que soit créée une armée macédonienne séparée avec un Etat-Major (commandement) macédonien, qui agirait dans les régions macédoniennes. etc. En d’autres termes. créer des unités prêtes et promptes à suivre les ordres de Tito que celui-ci donnerait au premier signe de l’impérialisme anglo-américain, en tant que « caporal » fidèle de ce dernier. Le monarcho-fascisme auquel, parait-il, ce service inestimable de dislocation de la part de la clique de Gotché Kerarnidlief, agents des titistes, ne fut point inattendu, s’empressa d’exploiter aussitôt l’occasion.

Il parachuta des tracts à Vitsi destinés aux Slavo-macédoniens les appelant à demander au Parti Communiste de Grèce ce qu’il avait fait de leur chefs (Gotché-Keraniidjief).

Le travail de scission et de dissolution, qui a lieu dans le Parti Communiste de Grèce par les trois centres ci-dessous, qui tous évidemment se trouvent sous la direction immédiate du P.C.Y., n’est pas moins important. Le centre politique (dirigeant Colisefski), de l’O.Z.N.A., du 2e Bureau. Les deux premiers créent leurs propres organisations, des triades, des agents et des lieux de contact dans le Parti Communiste de Grèce Le dernier tâche, par un contact direct avec les soldats de l’Armée Démocratique, de créer ses propres lieux de contact et agences.

Maintenant sont connues les déclarations « serment de foi au P.C.Y. » qu’était obligé de signer chacun qui descendait en Grèce, où il devait trouver des « naschibrate (nos frères), et avec eux former des cadres des fidèles au P.C.Y. ». Dernièrement le travail de dislocation à la commune de Bottikès fut aussi plus intense.

Là, les titistes ont tâché de préparer idéologiquement le terrain, en diffusant avec insistance des mots d’ordres tels que: « Marcos fut rame du mouvement partisan. Révolutionnaire conséquent. Intransigeant. Depuis que Marcos est parti, les choses vont de mal en pis tous les jours ». « Le P.C. grec va vers une nouvelle Varkixa, vers une nouvelle capitulation (c’est le mot d’ordre cher à l’O.Z.N.A., avant que Djilas ne le proclamât ouvertement dans son dernier discours).

Ce qui se cache derrière ces mots d’ordre, en plus de leurs aspirations plus générales, directement pour la commune de Boulkès, n’est pas difficile à concevoir leur effort.

C’est en exposant le Parti Communiste de Grèce (ici ils frappent avec rage de tous leurs marteaux) et en employant tous les moyens (tous les éléments anticommunistes, qui ont quel-que vieille sale histoire), dissoudre la commune et disséminer par-ci, par-là les réfugiés. Dans ce but, pour exposer les dirigeants, ils tachent de trouver des provocations, fonder des accusations de détournement de fonds de l’État yougoslave, pour pouvoir décapiter l’organisation du Parti et ajouter encore quelques honnêtes communistes au prisons de Rankovitch.

« La politique nationaliste et chauviniste de Tito et de Colisefski » a souligné Dimitrov au 5e Congrès du P.C.B., — « qui constitue l’envers de leur ligne anti-soviétique, n’est pas dirigée seulement contre la Bulgarie et le peuple bulgare, mais aussi contre le peuple macédonien. Cette politique qui a adopté les méthodes des nationalistes bulgares et serbes, sème la haine parmi le peuple macédonien lui-même, elle excite une partie de ce peuple contre l’autre, elle oppresse et terrorise ceux qui ne sont pas d’accord avec la ligne des leaders actuels yougoslaves. De cette façon la réalisation de l’idéal séculaire du peuple macédonien, son unité nationale, est habilement retardé ».

Aujourd’hui, où en réalité la clique de Tito glisse sur la pente du plus « vil nationalisme » et reste sur la plate-forme du chauvinisme de la Grande Serbie qui visait à l’hégémonie dans les Balkans et à l’annexion de la Macédoine à la Serbie, « il devient clair pour tout patriote macédonien », comme le souligne très justement la résolution du K.O.E.M., « que le travail de sape de Tito et de, sa bande a constitué l’obstacle principal et fondamental dans l’application conséquente et la poussée en avant de la politique du Parti Communiste de Grèce dans la question macédonienne, car la bande des agents de Tito, conformément aux ordres qu’elle recevait, ne regardait jamais la question macédonienne comme une partie et une réserve dans la révolution populaire en Grèce, mais comme une visée de conquéte du chauvinisme de la Grande Serbie, qui ruinait les intérêts de la révolution populaire en Grèce.

Et c’est un service indiscutable rendu au monarcho-fascisme que de lui avoir donné la possibilité, — juste au moment où il était serré intérieurement et internationalement, par la politique correcte du G.D.P. et les coups de la DSE et qu’il était de plus en plus isolé, — d’intensifier, après la résolution du 5e Plénium la campagne calomniatrice contre le PCG d’allumer les passions chauvinistes et semer la confusion parmi les couches les plus arriérées de la population.

Le Parti Communiste de Grèce a pris résolument sur ses epaules, dans les conditions difficiles de sa lutte, cette difficulté complémentaire avec la certitude que la poussée en avant de la question nationale des Macédoniens dé-voilerait et isolerait encore plus la bande des agents titistes, Tito lui-même, et encouragerait la résolution du peuple macédonien dans la lutte commune jusqu’à la victoire finale, par le renforcement de l’activité de la DSE et la persévérance dans la politique juste, fidèle et conséquente vis-à-vis de la lutte anti-impérialiste du camp de la paix et du socialisme, à la tète duquel se trouve l’Union Soviétique.

Et cela eut vraiment lieu par la thèse juste, conséquente marxiste-léniniste-staliniste, qu’adopta le 5e Plénuin du C.C. du Parti Communiste de Grèce: « En Grèce du Nord, le peuple macédonien (slavo-macédonien) a tout donné pour la lutte et combat avec une telle intégralité d’héroïsme et de sacrifice qui suscitent l’admiration. On ne doit garder aucun doute que, comme résultat de la victoire de la DSE et de la révolution populaire, le peuple macédonien trouvera sa pleine réhabilitation nationale, comme il la veut lui-même, donnant à l’heure actuelle son sang pour l’acquérir. Les communistes macédoniens se trouvent toujours à la tête de la lutte de leur peuple.

En même temps les communistes macédoniens doivent prendre garde des actions de scission et de dissolution que développent des éléments chauvins et réactionnaires, mûs par des étrangers, pour disloquer l’unité entre le peuple macédonien (slavo-macédonien) et grec, dislocation qui n’aidera que leur ennemi commun, le monarcho-fascisme et l’impérialisme anglo-américain: En même temps le Parti Communiste de Grèce doit radicalement éliminer tous les obstacles, frapper toutes les expressions chauvinistes de la Grande Grèce et les agissements qui provoquent un mécontentement et un malaise chez le peuple macédonien et aident ainsi les diviseurs dans leur activité traitresse, et encouragent l’oeuvre de la réaction.

C’est seulement unis que le peuple grec et le peuple slavo-macédonien peuvent vaincre. Divisés, ils n’essuieront que des défaites. C’est pour cela que l’unité dans la lutte des deux peuples doit être gardée comme la prunelle des yeux et être aidée, renforcée, fermement de jour en jour ».

Cette thèse du 5e Plénum du Parti Communiste de Grèce trouva un écho chaleureux et fut accueillie avec enthousiasme par le peuple macédonien, comme cela fut solennellement exprimé par la proclamation du 2e Congrès de la N.O.F. (25-26-3-49). Auprès des autres peuples balkaniques, la résolution du 5e Plénum trouve le même accueil chaleureux. Le journal « Troud » de Sofia a écrit dans son éditorial du 14-2-49:

« Tout patriote macédonien progressiste se sent joyeux et fier de cette déclaration (note: du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce) qui est la meilleure preuve de la fraternisation entre les Grecs et les Macédoniens dans la lutte commune contre les monarcho-fascistes et leurs protecteurs et inspirateurs… Le peuple macédonien a une confiance absolue en cette déclaration, car le peuple grec a prouvé par sa lutte dure et héroïque contre le monarcho-fascisme, — qui provoque l’admiration et les sympathies du monde démocratique entier, – son attachement à la cause de la démocratie populaire et sa capacité de mettre son sentiment national sur une base internationaliste ».

Et, bien sûr, la haine des impérialistes, et tout d’abord celle de la clique de Tito. qui simula être d’accord, tandis qu’en même temps, par « les méthodes policières, conspiratrices, illégales bien connues, il mobilisait ses agents dans la Yougoslavie et en dehors d’elle, afin qu’ils missent par tous les moyens d’obstacles à la lutte commune du peuple grec et slavomacédonien.

Il prenait des mesures immédiates pour anéantir l’écho favorable qu’avait chez les réfugiés en Yougoslavie, voulant rentrer dans leur patrie (de ce point de vue est caractéristique le cas des villages Gakovo et Kroussévlie) et mettait ses agents (Gotché etc.) intensifier la propagande chez les Slavo-macédoniens réfugiés en Serbie, avec le mot d’ordre: personne ne doit rentrer; nous y irons tous ensemble organisés en unité. A part tout cela, cependant, la clique de Tito, voyant avec inquiétude la neutralisation de ses mots d’ordre en Macédoine d’Égée et l’affaiblissement du travail de ses agents, vise actuellement aux mêmes buts, en échange du service rendu au monarcho-fascisme et aux impérialistes anglo-américains, par le passage à présent ouvert de la Yougoslavie au camp de l’impérialisme.

* * *

Dès le premier moment de la manifestation scissionniste de la clique traîtresse de Tito, non seulement les communistes, mais tous les combattants grecs, dans la DSE et en dehors d’elle, y virent une action qui frappait de dos, qui était utile directement aux impérialistes et aux monarcho-fascistes et les asservait. Dès le premier moment ils ont exprimé leur indignation pour ce glissement vers le camp de l’impérialisme.

Ce furent uniquement les conditions spéciales dans lesquelles il agissait, et la position en général difficile où se trouvait le Parti Communiste de Grèce, qui firent que le 4e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce, 31-7-48, décida de ne pas publier immédiatement la résolution unanime sur la question yougoslave, ruais de la mettre seulement à discussion dans les cellules du Parti. Il n’y avait aucun doute dès le début, ni sur la justesse léniniste-staliniste de la résolution du Bureau d’Informations ni sur la signification et l’intensification de la trahison de la direction du P.C.Y.

Cela fut prouvé dans les discussions qui eurent lieu ainsi que dans les décisions unanimes qui furent prises dans les cellules et les organisations du Parti.

Le fait aussi que plusieurs membres et cadres du Parti Communiste de Grèce dans la DSE et avant lui, dans la lutte libératrice, avaient connu de près l’attitude égoïste, arrogante, l’attitude de la Grande Yougoslavie, l’attitude disloquante, chauvine et nationaliste des nationalistes chauvinistes rassemblés autour de la clique de Tito, attitude qui actuellement a atteint son comble, a suffisamment contribué dans cette conjoncture.

Par la décision de l’actif dirigeant du K.O.E.M., sur la clique nationaliste-traîtresse de ,Kéramidjief-Gotché (20.6-49), c’est encore un démasquement courageux de la clique traîtresse de Tito, qui patronne et dirige ces ennemis mortels du peuple macédonien et grec pour suivre ses propres intérêts et visées ainsi que les intérêts analogues des impérialistes.

Dans les trois années de la lutte la plus dure contre le monarcho-fascisme et les impérialistes anglo-américains, le Parti Communiste de Grèce avait aussi à lutter contre le travail de sape et d’espionnage de la clique de Tito.

Actuellement ce travail est transformé en une collaboration non déguisée et ouverte avec les impérialistes et le monarcho-fascisme, en une attaque non dissimulée contre la politique de la pacification en Grèce, qui est dans l’intérêt tant de son peuple, que du camp anti-impérialiste démocratique mondial. Ainsi par les facilités provocatrices, – politiques, diplomatiques et même militaires – de Tito au monarcho-fascisme, une nouvelle difficulté s’ajoute à l’oeuvre déjà lourde qu’accomplit à la tête du peuple grec le Parti Communiste de Grèce, cerveau et âme de la résistance actuelle des peuples grec et slavo-macédonien.

Cependant, malgré les difficultés, sans compter les peines et les sacrifices, le Parti Communiste de Grèce demeure fermentent au camp de la paix et du socialisme, au camp antiimpérialiste, à la tête duquel se trouve l’Union Soviétique.

La résolution du Bureau d’Informations eut aussi pour le Parti Communiste de Grèce comme pour tous les autres Partis, une signification énorme. Le Parti Communiste de Grèce, ainsi que tous les autres Partis, par le cas de la politique de trahison de la clique de Tito, s’est convaincu encore plus que « l’Union Soviétique et le Parti Bolchevik constituent le centre du Communisme international, que le Parti Bolchevik avec à sa tête le camarade Staline est le leader et le guide du prolétariat international entier, de tous les travailleurs du monde ».

En approfondissant la critique de ses fautes et de ses faiblesses, par la résolution du 5e Plénum, —comme l’indique la décision du Bureau d’Informations, — avec un courage et une sévérité léniniste-staliniste, en assimilant d’une façon constructive les enseignements de la résolution du Bureau d’Informations et en intensifiant la vigilance révolutionnaire, il marche avec fermeté et résolution à l’accomplissement de ses lourds devoirs envers le peuple grec, le mouvement populaire démocratique, le camp de la démocratie et de la paix.

Par la résolution du 5e Plénum le C.C. du Parti Communiste de Grèce a proclamé: « Dans la confrontation mondiale entre la démocratie et l’impérialisme, la Grèce de la démocratie populaire se trouve inébranlablement à la première ligne de la lutte pour le progrès, la paix, le socialisme.

La Grèce ne deviendra jamais une tête de pont impérialiste militaire et de guerre, contre l’Union Soviétique et la démocratie populaire dans les Balkans et dans toute l’Europe. Le Parti Communiste de Grèce, fidèle à l’internationalisme prolétarien et à l’enseignement de Marx-Engels-Lénine-Staline tient haut le drapeau de la démocratie populaire, de la paix, du socialisme et accomplit jusqu’au bout son devoir révolutionnaire.

À l’heure qu’il est, 25 ans après la mort du grand Lénine, le Parti Communiste de Grèce marche fermement sur la voie du léninisme, en brisant sans pitié, comme l’enseignent nos grands maîtres, Lénine et Staline, toute capitulation opportuniste, toute tendance de liquidation dans ses rangs.

Le Parti Communiste de Grèce offre aussi son apport au mouvement communiste mondial en luttant pour assurer la victoire de la Démocratie Populaire en Grèce. Les plans des monarcho-fascistes et les visées impérialistes américaines s’écrouleront, car c’est la volonté du Peuple. Jusqu’à l’anéantissement de l’ennemi, jusqu’à la victoire de la Démocratie Populaire en Grèce, l’appel unanime reste:

TOUS AUX ARMES ! TOUT POUR LA VICTOIRE !  

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

La clique de Tito au fond de la trahison

par MILTIADE PORFYROGENIS

Quand, vers la fin de juin 1948 fut communiquée la résolution du Bureau d’Informations des Partis Communistes et Ouvriers, sur la situation dans le Parti Communiste de Yougoslavie, et avant même que le Parti Communiste de la Grèce eût annoncé sa thèse sur la résolution, des simples membres du Parti, ici dans la Grèce Libre, exprimaient leur indignation pour l’attitude des dirigeants du P.C. de Yougoslavie.

Le critérium révolutionnaire du peuple classait, à juste titre dès le premier moment, la clique de Tito parmi les ennemis de la révolution. En même temps, la joie des monarcho-fascistes montrait que l’ennemi estimait aussi correctement la signification de la brèche que réalisait Tito dans le camp antiimpérialiste et démocratique populaire.

La direction du Parti Communiste de Grèce approuvait la décision du Bureau d’Informations, et, fin juillet, le 4e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce par une résolution spéciale, caractérisait nettement et sans détours cette trahison de la clique de Tito.

Il est dit dans cette résolution: « …Le Plénum salue le P. C. (b) de l’U.R.S.S. et son chef Staline, qui ont eu l’initiative dans le dévoilement des fautes du C.C. du P.C.Y. et déclarent l’attachement absolu du Parti Communiste de Grèce au rôle dirigeant de l’Union Soviétique dans la lutte pour la paix, la démocratie et le socialisme… L’attitude du C.C. du P.C.Y. face à ses fautes affirme le fait que la direction du P.C.Y. s’éloigne du marxisme-léninisme dans les questions fondamentales de la lutte de classe.

La dure guerre de libération nationale que mène le peuple grec et la DSE, avec à la tête le Parti Communiste de Grèce, contre l’impérialisme anglo-américain et le monarcho-fascisme, qui menacent la paix, tout spécialement dans les Balkans, affirme d’une façon tangible combien sont justes les principes marxistes-léninistes de l’internationalisme prolétarien et combien est impérieuse la nécessité de la collaboration internationale démocratique et socialiste… »

Depuis, une année s’est écoulée. Une année riche en événements dans le monde entier, mais surtout clez nous, en Grèce: Notre mouvement montait toujours, mûrissait, se raffermissait. la DSE après avoir, par la lutte héroïque au Grammos, fait saigner très sérieusement l’ennemi faisait l’admirable manoeuvre de Grammos, elle passait à Vitsi, elle brisait là l’attaque de l’armée monarcho-fasciste, développait en hiver une activité magnifique dans tout le pays, elle en-trait dans une série de villes bien fortifiées (Carditsa, Naoussa, Carpénissi surtout), elle renversait les plans du monarcho-fascisme pour le printemps, reconquérait l’entier Grammos et transformait ses deux bases, Grammos et Vitsi, en des régions et des bases libres, mortellement dangereuses pour le monarcho-fascisme.

I.es jubilations de l’année passée du monarcho-fascisme transformaient en jérémiades et en des cris de détresse adressés à ses patrons impérialistes de le sauver par une intervention armée ouverte, sur laquelle seule, les criminels d’Athènes mettent toutes leurs espérances. Ce développement de notre mouvement armée allait de pair avec une montée générale du mouvement de tous les peuples contre les impérialistes et leurs plans de guerre et de domination mondiale.

Les peuples, les uns libres, bâtissant les fondements de la société socialiste, d’autres écrasant par des marches triomphantes et surprenantes l’armée ennemie de mercenaires et libérant l’immense terre chinoise, d’autres encore, dans des conditions d’une oppression toujours plus intense, luttant fermement pour leurs droits à la vie et pour la paix et tout d’abord l’Union Soviétique, par la réalisation victorieuse et l’admirable dépassement du plan stalinien d’après guerre et par sa politique conséquente de paix, et tous sous la direction de leurs Partis Communistes, avec à la tête l’Union Soviétique, font échouer les plans des impérialistes et montrent avec persévérance et décision combien avait raison notre inoubliable camarade Jdanov lorsqu’il disait au mois de septembre 1947 que les peuples sont les plus forts.

Les impérialistes, face à cette lutte et cette résistance toujours grandissantes des peuples, se sont trouvés obligés d’utiliser leurs réserves.

Les socialistes de droite dans les pays occidentaux, démasqués devant les masses, ont dans une large mesure cessé d’être de simples réserves.

Ils ont été jetés depuis longtemps dans la bataille, du côté, évidemment, des impérialistes. Il était temps de « mettre en valeur La clique de Tito et ses semblables. Cela doit être la raison pour laquelle dans cette année difficile pour les impérialistes, année de la lutte intense des peuples,. la clique de Tito descendait de jour en jour plu, bas les degrés de la trahison, jusqu’à ce qu’elle se trouve actuellement corps et âme aux côtés des traîtres de toute sorte sous le commandement général des impérialistes. Et cela tant dans la pratique, que dans la théorie.

En voilà un exemple caractéristique: En décembre 1947 le trotskiste et socialiste français Marceau Pivert écrivait dans la « Revue Socialiste »: « Il y a la possibilité de réaliser l’Europe socialiste par le développement de l’économie européenne dans les cadres des intérêts stratégiques des États-Unis » (ndtr retraduit du grec), Tito parle aujourd’hui de la possibilité d’édifier le socialisme en Yougoslavie avec des dollars américains. Celui qui ne voit l’identité de l’idée, doit être aveugle. Le temps où Tito protestait avec véhémence pour convaincre par des paroles creuses les naïfs de sa fidélité à l’Union Soviétique est à jamais révolu.

A l’heure actuelle on peut lire des paroles de Tito et croire que ce sont p. ex. des citations de Blum. Mais là cependant où la « mise en valeur » de la réserve trotskiste de Tito se montre dans toute son étendue, c’est dans le mouvement grec. Ici il faut dire une chose. Notre mouvement était et est très aimé par les peuples de la Yougoslavie.

Cette grande sympathie – que montrent les peuples de Yougoslavie pour notre mouvement, a obligé Tito à manoeuvrer avec quelque prudence. Ce fut dans ses mains un moyen de tromper le peuple et souvent ses gens employaient l’argument: « On nous dit que nous marchons avec les impérialistes. Mais voici, vous voyez combien sont amicales nos relations avec les communistes et démocrates grecs et combien nous les appuyons dans leur lutte contre – le monarcho-fascisme ».

Les peuples de la Yougoslavie ne pouvaient pas savoir que même au temps où Tito et sa clique faisaient semblant d’aider, ils faisaient perfidement et en secret tout ce qui était dans leur pouvoir pour diviser notre mouvement, le diffamer et l’affaiblir. Mais cela, c’est une autre histoire. La question c’est que en apparence ils étaient obligés de spéculer sur le mouvement grec. Le fait qu’ils sont obligés de changer de tactique montre dans quelle situation difficile doivent se trouver les impérialistes pour qu’ils les obligent à abandonner un argument sérieux de leur démagogie.

Au mois de juillet de l’année passée, le journaliste américain Joseph Alsop dévoilait que Tito suppliait l’aide américaine, demandant qu’on ne le mette pas dans une situation trop difficile par des manifestations d’amitié par trop déclarées.

Cette année le « Times » écrit ouvertement qu’on ne doit pas s’étonner de quelques phrases tranchantes de Tito, car, en fin de compte, il ne faut pas oublier qu’il parle à un public communiste. Dans les moments difficiles de la lutte de classes, les agents de grand calibre sont obligés de descendre à l’arène.

C’est une vieille histoire. Tito et ses amis ne pouvaient échapper à cette logique de la lutte de classes.

En tout cas l’évolution de la politique de Tito envers notre mouvement est un exemple très instructif. Le Parti Communiste de Grèce en prenant position sur la résolution du Bureau d’Informations, a jugé utile de ne pas l’annoncer publiquement se bornant à la communiquer aux membres du Parti. Cela eut lieu à cause des conditions spéciales dans lesquelles nous menions notre lutte armée.

Cette situation délicate, dans laquelle se trouvait le Parti Communiste de Grèce et cette manière d’envisagée la question offraient la possibilité à Tito et à sa clique, s’ils avaient l’ombre de bonne foi, de la montrer dans ce cas. Nous disons cela, car au commencement on pourrait attribuer l’attitude contre-révolutionnaire de Tito à l’égoïsme, l’orgueil, la vanité, etc.

Evidernment l’évolution a montré qu’il ne s’agissait pas seulement de cela. Cependant, leur attitude envers nous est encore une preuve, et pas infime, qu’il ne s’agit pas d’une « erreur » causée par l’égoïsme, etc., mais d’une pure trahison d’agents de l’ennemi.

Car le comportement forcement délicat de notre Parti ne donnait pas lieu à des « accès » d’égoïsme, etc. Au contraire, l’attitude du Parti Communiste de Grèce offrait du terrain à quiconque de bonne foi, disons-nous, ayant glissé dans des manifestations contre-révolutionnaires, de prouver qu’on aurait pu lui faire un peu tort. Naturellement nous, qui connaissions depuis longtemps leurs intrigues et leurs efforts d’affaiblir, de frapper, de disloquer notre mouveinent, nous n’avions pas d’illusions à ce sujet. Mais il existe toujours des naïfs. Les faits ont montré qu’il s’agissait d’une politique sciemment traîtresse.

Des agents de l’UDBA, l’ancien OZNA, et du 2e Bureau, étaient depuis longtemps envoyés en Grèce Libre. Ceux-ci justifiaient à l’époque en disant, soit qu’ils venaient espionner dans l’armée monarcho-fasciste, soit qu’ils font du marché noir.

Nous nous rappelons maintenant qu’au printemps 1947 fut arrêté un agent de l’UDBA, boiteux, d’environ 45 ans, qui colportait des allumettes et du hachiche. Quand nous savons qu’en Grèce les Anglais, outre les autres moyens qu’ils employaient pour corrompre le peuple, employaient aussi le hachiche, nous pouvons voir la liaison étroite entre de tels envois d’agents de l’UDBA et du 2e Bureau et le travail de l’Intelligence Service.

Depuis juillet 1948 un envoi d’agents mandatés en plus grand nombre commença qui avaient comme centre non plus seulement les mouvements des monarcho-fascistes – comme c’était le cas auparavant, pour que soit camouflé leur rôle disloquant – – mais ouvertement, l’espionnage et le travail de scission dans la DSE Leur lieu de contact sur les différents points de la frontière et dans les villages libres de la Macédoine augmentaient. Les agents qui étaient arrêtés par nos troupes répandaient sans vergogne et d’une façon provocante qu’ils travaillent les uns pour l’UDBA, les autres pour le 2e Bureau de l’armée yougoslave (il y avait même un antagonisme entre ces deux services, qui rappelait l’antagonisme entre les différents services de l’Intelligence Service anglais).

Rien qu’en juillet-août 1948 six de ces agents furent arrêtés.

Au début, pour ne pas donner lieu à des protestations hypocrites, nous les renvoyions là d’où ils venaient, mais cela les rendaient trop impertinents et nous fûmes obligés de nous comporter différemment envers eux. Il est à noter, que, depuis longtemps déjà, les services de l’EMBA et du 2e Bureau, à Skoplje, faisaient signer à tous les Macédoniens ou autres démocrates qui par hasard se réfugiaient à Skoplje, sous la contrainte ou la menace, des déclarations qui disaient: « Je m’engage à tenir au courant le camarade .. ou autre personne qu’il m’indiquera, sur tout ce que je vois et entends au dépens du P.C.Y. et de l’Etat.

Si je n’accomplis pas cette mission, je serai déféré en justice… »

Ils faisaient aussi signer de telles déclarations aux membres du Parti Communiste de Grèce qui par hasard et tout à fait provisoirement se trouvaient à Skoplje. Chacun peut comprendre quelle relation il peut y avoir entre une telle action et la solidarité communiste entre Partis frères. Les agents qui arrivaient maintenant, après juillet-août 1948, apportaient des ordres tels que: Organiser dans la région macédonienne libre un réseau d’agents au dépens de la DSE et du pouvoir populaire.

Avoir régulièrement des rapports sur la force de notre armée, sur les routes, les ponts, les ravins, les endroits fortifiés, la composition de la population, sur ceux qui travaillent dans lé pouvoir populaire, sur ce qu’ils y font, etc.

Un chapitre spécial du questionnaire écrit concerne des renseignements relatifs au siège du Haut-Commandement et du Gouvernement Démocratique Provisoire, à la force de la garnison, aux conditions de circulation dans cette région, etc…

Sur ce point les questions ne diffèrent point des questions que reçoivent de la part des officiers américains, anglais et monarcho-fascistes les espions qui sont envoyés de l’autre côté du front. Une autre tâche qu’on donne aux agents est de développer le travail de scission dans la N.O.F. et d’encourager et organiser des désertions vers la Yougoslavie.

Tout cela ressort non seulement des aveux des agents, mais aussi des questionnaires écrits que nous avons capturés et que le toupet de l’impunité faisait les agents porter sur eux. L’instruction qu’ils reçoivent avant de partir pour la Grèce Libre est: « Les Grecs vous massacreront tous, vous, Slavomacédoniens. Ils se moquent de vous, il ne vous accordent pas vos droits, ils vous ont trahit etc. ».

Et, bien sûr, ils insultent les cadres du Parti Communiste de Grèce ainsi que les cadres Slavo-macédoniens politiques et militaires conscients. Au village Megali Sterna, ont été arrêtés par un détachement de la DSE les agents Jean Vogiatsis et Jean Pétroulis.

Tous les deux étaient d’anciens déserteurs de la DSE Ils étaient armés de fusils automatiques anglais Sten et habillés en pantalons, godillots, chemises, blouses anglais de I’U.N.R.R.A..

A l’instruction ils ont avoué qu’en Yougoslavie, où ils avaient fui, ils avaient été soignés et des officiers de l’UDBA les avaient approché en leur disant: « Ici c’est bien, vous recevez de l’argent, nous avons du cinéma, du football, etc. Pour qui iriez vous vous battre? Zachariadis vous a vendu, -etc. »

Plus tard un homme de l’UDBA les arma, les habilla et les envoya en Grèce en leur disant: « Par-tout il y a la lutte.

Actuellement vous allez travailler pour le Parti. Vous direz que vous êtes des combattants de Ia DSE pour faire votre travail, mais faites attention de ne pas tomber entre les mains de la DSE ». Et il y a beaucoup de tels exemples. Caractéristique de l’hypocrisie des traîtres de Tito est aussi l’incident suivant: En décembre 1948 nous avons arrêté deux agents, Gallios et Gounaris. Pour mettre fin à cette sale affaire, nous avons avisé le P.C.Y. que nous avons arrêté deux agents qui disent qu’ils ont été -envoyés par des officiers yougoslaves et nous demandions qu’ils nous répondent si vraiment ils ont été envoyés par leurs gens. La réponse fut négative.

La clique de Tito n’avait pas le courage d’avouer qu’elle -envoyait des agents en Grèce.

Mais les aveux des deux agents étaient clairs et l’un d’eux avant d’être exécuté, insultait et maudissait Tito et ses amis, qui les avaient poussé à la trahison pour les abandonner après.Du point de vue de l’identité des buts entre les agents de Tito et les agents des monarcho-fascistes, il est aussi significatif que beaucoup d’agents de Tito entretenaient en même temps des relations avec des officiers américains ou anglais ou monarcho-fascistes.

Certains agents organisaient des désertions tantôt vers la Yougoslavie, tantôt vers les monarcho-fascistes. « Ou à Florina, ou à Tito, c’est actuellement la même chose » disaient-ils aux candidats déserteurs.

Nous avons beaucoup de tels exemples, surtout dernièrement par un réseau d’agents qui ont été arrêtés dans la région de Boufi. Une certaine Stavroula Simou p. ex. travaillait à la fois pour le compte des monarcho-fascistes et pour le compte de l’UDBA par l’entremise d’un agent appelé Doissinis qui venait régulièrement de Skoplje et qui fut arrêté dernièrement.

Les provocateurs yougoslaves concentraient spécialement leur attention à la question de l’organisation de désertions.

Quand ils virent que les combattants et les combattantes Slavo-macédoniens étaient attachés à la politique du Parti Communiste de Grèce et que les efforts de leurs agents de diviser le mouvement chez les Macédoniens avaient manifestement fait faillite, tant par l’intervention à tentes du P. C. G. que par le ralliement ides Macédoniens dans le Parti et leurs organisations, alors la clique de Tito considéra l’organisation de désertions comme le moyen le plus commode.

Bien sûr, notre lutte est dure du point de vue des souffrances, des privations, des sacrifices.

Tout le peuple macédonien participe comme un homme dans cette lutte et a donné et donne tout pour elle.

La clique de Tito pensait que si, dans les privations et l’âpreté de la lutte, elle jetait, par ses agents, des mots d’ordre qui engourdiraient le peuple, qui refroidiraient son enthousiasme et si, en même temps, elle cultivait chez lui l’idée qu’en allant en Yougoslavie chacun trouverait des soins et ferait aussi son devoir comme patriote macédonien — vu que « Zachariadès a trahi »— elle pourrait avoir des résultats.

Et ce travail sournois commença systématiquement et avec persistance.

Les mots d’ordres défaitistes étaient abondamment jetés (nous ne pouvons pas tenir le coup à l’Amérique, nous n’avons pas à manger, nous serons tous tués, etc.) et en même temps les solutions étaient toutes prêtes: l’affaire des Macédoniens c’est d’aller en Yougoslavie, où ils trouveront tous les soins et là ils seront prêts à descendre pour unir la Macédoine de l’Egée à la Macédoine du Vardar.

Ce travail devint plus systématique quand arrivèrent en Yougoslavie quelques cadres de la N.O.F. corrompus et en faillite.

La clique Colisefski—Ambos embrassa ces éléments en faillite et nomma même l’un d’eux, Gotché, Sous Secrétaire au Ministère de la Providence Sociale et tous ensemble, en étroite collaboration, ils développèrent le travail de dissolution.

Il est vrai qu’au début quelques combattants sont tombés victimes de leur propagande et ont déserté vers la Yougoslavie. De même, partirent des habitants des villages près de la frontière, organisés par des agents. Et avec eux quelques éléments lâches qui se sont sauvés sur la planche traîtresse que leur tendaient les provocateurs.

Tous ces déserteurs trouvaient asile et soins en Yougoslavie, ils furent placés dans des postes et devenaient des agents de la clique de Tito.

Même les cadres les plus responsables du P.C.Y. ne nient pas qu’on donne asile aux déserteurs. Quand en février dernier, une délégation du Parti Communiste de Grèce et de la N.O.F. posa ouverte-ment à Colisefski-Ambos et à un représentant du C.C. du P.C.Y. la question de cette tactique de trahison et de dislocation, ils répondirent cyniquement que la constitution de la Yougoslavie accorde asile à des fugitifs politiques. Et par des fugitifs politiques ces traîtres entendent les déserteurs d’une lutte antifasciste.

De la même façon que l’Angleterre et l’Amérique donnent asile à tout le choeur des traîtres, à toute sorte de Mikolaitchik et autres.

Le général de Tito Jobo Capétchich disait dernièrement au cours d’un entretien privé: « Nous recevons et nous donnons asile à des déserteurs de la DSE ».

Et pour modérer l’impression que firent ces aveux, il ajouta: « nous gardons seulement les déserteurs que des raisons politiques et des divergences politiques ont fait déserter ». Seule une créature corrompue de Tito pourrait parler des « divergences politiques », qui justifient la trahison et la désertion.

Cependant, indépendamment de cela et indépendamment du fait que ce sont eux-mêmes qui organisent les désertions, nous avons des exemples concrets où des gardes frontières Youkoslaves suivant évidemment des ordres, ne font pas seulement la propagande ouverte de la désertion à des combattants de la DSE, mais prennent aussi par la force quelques-uns et les amènent à l’intérieur du pays, où l’UDBA les contraint à rester là et devenir des agents et des espions.

En voilà quelques exemples: Le 28-3-49 des gardes frontières yougoslaves ont arrêté un commandant de la DSE qui les approcha.

Quand le sous-lieutenant de la DSE, le commissaire politique de la compagnie.

Cestas Djiocas en fut renseigné, il se rendit avec deux autres combattants au poste de garde et demanda qu’on mit en liberté le combattant en question. Au heu de cela, les yougoslaves arrêtèrent aussi le sous-lieutenant avec les deux combattants et les envoyèrent tous au siège de la compagnie. Là, on leur dit que personne d’eux ne rentrerait plus en Grèce, car « la Yougoslavie se reconstruit et a besoin d’eux pour les mettre au travail.

La Grèce est en guerre, tandis que la Yougoslavie est une Démocratie Populaire ».

Le 2 avril on les envoya à l’instruction à Monastire.

Là, la Sûreté demandait au sous-lieutenant Djiocas quelles étaient les leçons qu’il faisait à sa compagnie comme commissaire politique, sur Tito, comment il voit la DSE, Tito, etc. I.e 4 avril on l’amena à Skoplje et après deux jours dans un camp. Là, le secrétaire du camp, l’agent connu de l’UDBA, Mitsos Tarpofski l’aborde et lui proposa de rester en Yougoslavie, de se marier et de travailler pour la reconstruction ».

« Ici il y a reconstruction, beaucoup à manger et pas de guerre comme en Grèce ». Le 23.4-49 les combattants Tsounis Jean, Miscas Christo et Sindis Geor-ges se rendant en mission de Kaimaktchalan à Paicos, perdirent leur chemin à un point près de la frontière yougoslave à cause de la neige abondante et touchèrent ainsi le territoire yougoslave. Les soldats yougoslaves qui les virent, les arrêtèrent et les amenèrent par force au siège de la compagnie.

Là, le capitaine leur déclara que « ceux qui désertent les rangs de la DSE et viennent en Yougoslavie sont les meilleurs gens et combattants et vous n’allez plus rentrer en Grèce ». Le 27-4-49 Soultana Nascova membre du C.E. du CA.C. de l’A.F.G. (front antifasciste des femmes slavo-macédoniennes), Ivan Nitsef, Maria Samarentsova et Traianca Georgieva, cadres de la N.O.F. du département de Pelli se rendaient de Katmaktchalan à Paicos.

Marchant dans la neige, les pluies et la tempête, ils perdirent leur chemin et tombèrent un peu dans le territoire yougoslave. Comme ils s’étaient arrêtés un moment tâchant de s’orienter des gardes yougoslaves arrivèrent et leur ordonnèrent de les suivre au siège de la compagnie.

A leur négation, les gardes yougoslaves chargèrent leurs armes, mirent en joue et leur ordonnèrent de livrer leurs armes. Les Macédoniens refusèrent en disant: « Tuez-nous ici, nous ne venons pas, ni ne livrons nos armes ». L’incident dura plus de trois heures.

On ligota Soultana Nascova et par force on les amena tous au siège de la compagnie. Le 1er mai on les amena il Skoplje ; là, on les jeta en prison où vint les visiter un officier qui leur demanda s’ils insistent de rentrer. Ils déclarèrent que bien sûr ils insistent, et, lui, leur prometta qu’ils seraient laissés libres d’aller où ils veulent.

Cependant le lendemain matin on les transporta par camion dans un camp.

Là on leur prit tout ce qu’ils avaient avec eux, des livres, des journaux, des notes, etc., on les interrogea sur leur travail en Grèce, on leur demanda comment le peuple macédonien voit la lutte de la DSE, etc.

Ces exemples ne sont pas uniques. On voit que le travail de dislocation devenait toujours plus provocant, plus effronté. Les derniers mois on faisait aux candidats déserteurs la propagande de la nécessité de prendre avec eux leurs armes et de se battre s’il y avait lieu contre les gardes de la DSE De cette façon, quelques déserteurs prirent avec eux aussi de chevaux et d’autres articles de la DSE et d’autres livrèrent même des batailles à des gardes de la DSE avant d’être arrêtés.

Il est à noter que du côté des monarcho-fascistes avait aussi dernièrement lieu une propagande de désertion pour la Yougoslavie. On a arrêté des agents du monarcho-fascisme au moment où ils prêchaient à des combattants la fuite vers la Yougoslavie.

Il est évident que la source de ces deux efforts est une et la même.

D’ailleurs les agents des deux côtés le disent: « Ou vers Florina, ou vers la Yougoslavie. C’est actuellement la même chose ». Cette solidarité des agents se révéla dernièrement par la fuite de 5 officiers de l’armée monarcho-fasciste du camp des prisonniers, qui allèrent en Yougoslavie. Il s’agissait de 5 gredins monarcho-fascistes qui avaient été faits prisonniers dans la bataille de Naoussa.

Parmi eux se trouvait aussi le commandant de la Sûreté de Naoussa.

Ces 5 officiers partirent en Yougoslavie avec les instructions d’agents de Colisefski et avec leur aide. Naturellement, la clique de Tito n’a pas soufflé mot sur l’asile que, conformément à leur constitution, a été accordé à des hommes qui se sont enfuis des mains de la DSE pour des « raisons politiques », mais le fait reste cependant et il est irréfutable.

De tout ceci, il appert clairement que la clique de Tito depuis l’année dernière jusqu’à cette année a de plus en plus ouvertement, de plus en plus honteusement suivi sa politique hostile envers notre mouvement et a fait tout ce qu’elle pouvait pour l’affaiblir et le briser, en pleine concordance avec les efforts des monarcho-fascistes et des impérialistes anglo-américains. Tout cela, ce sont des faits, des aveux, des documents que personne ne peut contester.

LE TRAVAIL DE DISSOLUTION
DANS LA N.O.F.

Ce fut toujours la politique de la clique de Tito d’arracher la Macédoine de l’Egée et de l’annexer à la Macédoine du Vardar dans les cadres de la Yougoslavie. Il tâchait toujours d’utiliser les organisations des Macédoniens de l’Egée à ces propres buts chauvinistes. C’est pour cela qu’il organisa certains cadres de la N.O.F. comme ses agents et les faisait signer des déclarations comme quoi ils travailleraient pour le compte du P.C.Y..

Cependant, depuis le mois de juillet 1948 le travail de dislocation, de sape et de trahison prenait un caractère de plus en plus effronté.

En août 1948 le premier Plénum du C.C. de la N.O.F. destitua à l’unanimité le président de la N.O.F. Kéramidjief, pour activité fractionniste qui se faisait sous les directives de Colisefski-Ambos et Cie et leur ordonna d’entreprendre du travail militaire dans la DSE Kéramidjief, un élément corrompu et lâche qui a collaboré étroitement avec les fascistes bulgares à Sofia et prenait part comme enseigne aux défilés fascistes de Filof, déclara aussitôt, là, devant le Plénum, que ses nerfs sont à bout, qu’il est pris de peur quand il entend des avions et qu’il demande à subir un traitement.

Il trompa ainsi le Parti et déserta à Skoplje.

Là bas, la clique de Colisefski le reçut ainsi que ses semblables à bras ouverts, les mit à des postes d’État et les mit à vomir un tas d’ordures contre notre mouvement. Aux réfugiés on semait des mots d’ordre défaitistes, on cultivait la haine contre la direction de notre recrutement et on répandait les mots d’ordre chauvinistes de la clique de Tito.

On leur disait que nous, ici, nous assassinons les Macédoniens, qu’il y a un ordre d’un chef militaire de massacrer tous les enfants macédoniens, que les Macédoniens sont méconnus, etc.

Quand au mois de février 1949 une délégation de la N.O.F., avec un représentant du Parti Communiste de Grèce, se rendit à Skoplje et tâcha de persuader ces déserteurs de rentrer et d’abandonner leur œuvre de trahison, eux, ayant l’appui de la clique Colisefski, répétaient à la délégation les mêmes calomnies, ils déclaraient qu’ils n’ont aucune confiance en le Parti Communiste de Grèce et mettaient pour rentrer des conditions par lesquelles ils demandaient prendre dans leurs sales mains la direction de la N.O.F. et des troupes macédoniennes.

Relativement à la décision du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce sur la question macédonienne, ils déclarèrent qu’elle n’est pas suffisante et qu’ils doivent être libres de faire la propagande de l’annexion de la Macédoine de l’Egée à la « démocratie populaire » de la Macédoine du Vardar (Yougoslavie).

Quand on leur a dit que cela ne leur sera jamais permis, l’un d’eux répondit: « C’est-à-dire vous nous défendez de parler de notre patrie ». Des membres de la délégation demandèrent à Colisefski-Ambos de définir leur attitude envers ces types. Colisefski-Ambos, en pures trotskistes, sous des phrases ultra-révolutionnaires, restèrent au fond solidaires avec eux, ils refusèrent de cesser leur activité et renvoyèrent la délégation à Belgrade.

En même temps ils défendirent à la délégation d’avoir le moindre contact avec les réfugiés macédoniens.

A Belgrade la même réponse fut donnée, couverte des mêmes phrases ultra-révolutionnaires.

Et Kéramidjief, Gotché, etc. continuèrent, avec l’appui entier maintenant et la direction de Colisefski, etc., l’organisation des désertions, l’envoi d’agents.

Ils continuèrent à contaminer notre mouvement à un tel point que les réfugiés macédoniens eux-mêmes s’indignèrent et les insultèrent en leur disant de s’en aller au diable. En vérité, les résolutions du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce avaient soulevé un grand enthousiasme chez les réfugiés, que Kéramidjief et Cie, cherchaient en vain d’étouffer. Dans quelques cas la clique de Colisefski employa aussi la police pour réprimer des manifestations patriotiques des Macédoniens.

Ainsi p. ex. en mars 1949 dans le groupe des réfugiés de Gacovo, sur l’ordre de Colisefski et de ses amis, on est allé dissoudre le groupe.

Le groupe refusa, les jeunes demandaient rentrer chez eux et ce fut seulement par l’intervention de la police que le groupe fut dissout.

Ce fut aussi le cas dans le groupe de Croussévlié. La « thèse » politiques du groupe traître des déserteurs Kéramidjief etc., est que tous les Macédoniens qui aujourd’hui luttent dans la DSE sont des traîtres, que le devoir national des Macédoniens est actuellement d’aller en Yougoslavie, sauf si le Parti Communiste de Grèce accepte de livrer le mouvement à ces traîtres, agents des provocateurs de Tito.

Cela est aussi dit dans une lettre qu’ils ont envoyée au mois de mai au C.C. au Parti Communiste de Grèce, qui est un vrai document d’attitude contraire à l’esprit du Parti, de dévergondage, de mensonge et d’effronterie, écrit — c’est clair — par Colisefski et ses amis.

Nous pensons que, même s’il n’y avait aucune autre preuve et s’il n’y avait pas tant de documents qui montrent la trahison de la clique de Tito, le seul fait qu’ils ont reçu à bras ouverts cette bande de vauriens, qu’ils ont nommé Getché Sous-Secrétaire au Ministère de la Prévoyance Sociale et qu’ils les dirigent dans leur activité criminelle, suffit pour montrer la profondeur de leur trahison.

TRAVAIL DANS LES COMMUNAUTÉS DES RÉFUGIES.

Il y a cependant tant de documents qu’on ne sait par où commencer. Prenons leur attitude envers les émigrés politiques de Boulkès. Comme l’on sait, à Boulkès habitent environ 4.000 émigrés politiques, surtout des vieillards, des invalides et des enfants.

Depuis juillet 1948 les provocateurs yougoslaves ont commencé à faire plus intenses leurs attaques contre la communauté.

Sous le prétexte que le président du conseil municipal n’avait pas mis le portrait de Tito dans un petit magasin du village — ce qui était une pure provocation — ils le chassèrent du village et l’expulsèrent. Petit à petit les provocations se dirigeaient contre toute la communauté. Ils approchaient des membres du groupe et leur disaient de s’en aller et de devenir leurs agents.

Ainsi firent-ils avec un certain Cosmidis, dont ils firent un agent qu’ils mirent calomnier, provoquer et menacer le groupe. Quand ils pensèrent que ces préparations étaient suffisantes ils firent leur attaque ouverte au mois de juin.

Le 12 juin 1949 ils envoyèrent une soi-disant commission de contrôle, qui défendit la sortie du village, prit des mesures sévères sur la circulation, elle compta les habitants et fit un contrôle de toute la propriété de la commune qui était faite à la sueur des habitants.

Ils ont tâché de semer le mécontentement chez les habitants contre le Bureau, ils appelaient les habitants à partir, ils leur disaient que le Bureau les exploite et en gèneral faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour dissoudre la commune.

Ce n’est pas de leur faute si les habitants, dans leur totalité, fidèles à leur Parti et à leu-direction, se rallièrent autour du Bureau.

Tout cela évidemment, eut lieu au nom de « l’internationalisme » de la « lutte antifasciste » et de la « solidarité » envers notre mouvement, comme osent le proclamer sans vergogne les trotskistes de Belgrade. Ils sont allés jus-qu’à traîner devant les tribunaux des membres de la commune et ce ne serait point étonnant de voir les cachots de Rankovitch recevoir aussi de militants honnêtes de la Grèce, des vieillards, des vieilles femmes et des invalides.

Dans un autre groupe d’émigrés ils obligeaient les réfugiés de signer des déclarations qu’ils resteront trois ans en Yougoslavie dans le but de les avoir en main.

D’autres militants, qui, pour diverses raisons, se sont trouvés en Yougoslavie, furent confinés, laissés à jeûne, on leur prit toutes leurs affaires et on les chassa d’une façon grossière, après avoir essayé de les persuader que le Parti Communiste de Grèce a trahi et qu’ils doivent devenir des agents. P. ex. le colonel-major Guiousa dit le 21 mai à un camarade: « Les vôtres ont livré les armes, les monarcho-fascistes arriveront prochainement à la frontière, les vôtres vous ont trahis ».

Un autre disait: « Ne vois-tu pas les propositions , de Vichinsky? On vous a trahi. » Et on les menaçait que s’ils ne signaient pas une déclaration comme quoi ils resteraient en Yougoslavie on les mettrait en prison. La même tactique fut suivie vis-à-vis des enfants, qui, l’année passée, s’étaient réfugiés en Yougoslavie

Chez eux aussi on commença des intrigues, des provocations, des renvois d’instituteurs. A la fin ils envoyèrent des parents d’enfants, qui eux aussi étaient des émigrés, créer sous différents prétextes ridicules. des histoires, en présence des enfants, dans la colonie d’enfants, de façon à bouleverser ces derniers et dissoudre les colonies.

Ils cultivent chez les enfants l’idée qu’ils vivront en Yougoslavie pour couper tout lien avec notre mouvement. Du moment que dans toutes les démocraties populaires l’éducation des enfants se trouve entre les mains du Gouvernement Démocratique Provisoire et que tous les enfants, grecs et macédoniens, sont élevés dans l’esprit de l’amour de leur patrie, dans leur langue maternelle, grecque ou macédonienne dans l’esprit de notre mouvement, en Yougoslavie — exploitant le fait qu’ils sont tous des enfants macédoniens — on s’efforce de les détacher de leur patrie et d’en faire des instruments pour les visées chauvinistes de la clique de Tito.

INTELLIGENCE AVEC LES MONARCHO- FASCISTES ET LES IMPÉRIALISTES

Chaque jour qui passait depuis juillet 1948 appelait une nouvelle preuve que la clique de Tito est depuis longtemps devenue une agence des impérialistes. Au début elle s’efforça de couvrir sa trahison par des phrases gauchistes. Sur la question grecque, pour les raisons que nous avons mentionnées au commencement, on était obligé de faire plus d’attention. Elle fut, cependant, obligée d’abandonner ici aussi les apparences.

Les impérialistes la serraient de près d’éclaircir son attitude. Déjà en novembre dernier « I’Economist » de Londres définissait la ligne de la politique anglaise. Il écrivait le 20 novembre 1948: Mais les conditions économiques pour de meilleures relations sont cependant relativement peu sérieuses en comparaison aux exigences qui doivent être formulée sur la politique extérieure de Tito.

Il faut employer les éléments les plus nationalistes de l’entourage de Tito pour les faire accepter l’idée de l’intérêt commun qu’ont la Yougoslavie et la Grèce vis-à-vis de l’expansionnisme bulgare et albanais (!)…

Ce mot d’ordre aura un retentissement… Dans le meilleur des cas il accélérera une évolution souhaitée de la politique yougoslave et rendra service à l’allié de l’occident — la Grèce – qui se trouve dans la situation la plus critique ».

L’orientation fut donc donnée à Tito par les impérialistes: Sauver la Grèce monarcho-fasciste qui se trouve dans une situation critique.

Comme on le verra, Tito a obéi. En février 1949, à l’occasion de la conférence des suppléants des 4 ministres à Londres sur le traité de paix avec l’Autriche, Bebler se rendit à Londres et eut une longue conversation avec Bevin qui, comme l’écrivait le « Nettes Osterreich » de Vienne, se déroula sur la base de la traditionnelle politique anglaise qui vise à la réconciliation entre la Yougoslavie et la Grèce.

Ces mêmes jours Tsaldaris arriva aussi à Londres, et comme il parait, eut, lui-aussi, une conversation avec Bebler qui fut gardée secrète. Les journaux monarcho-fascistes publièrent à l’époque la nouvelle qu’une réconciliation entre Belgrade et les puissances occidentales est probable.

Le voyage de Bebler a en tout cas apporté des résultats. Tsaldaris l’avoua quelques jours après, lorsque à l’inauguration de l’Isthme de Corinthe, il dit au correspondant du « Daily Mail » en montrant Paul Glücksburg: « Vous le voyez, cet homme-là? Dans quelque temps il sera avec Tito ». Il est vrai que Tsaldaris fut réprimandé par Bevin pour sa bêtise, mais l’aveu reste.

A la même époque le fils de Tsaldaris appelait, dans les « Kairi » les Serbes à se battre aux côtés des Grecs contre les andartès grecs.

D’ailleurs une série d’événements ont montré que les instructions de Bevin ont été suivies. Les provocations contre notre mouvement devinrent plus fréquentes, les journaux yougoslaves cessent de parler de notre mouvement, les réseaux des agents se multiplient. Au mois de mai ont lieu les attaques ouvertes contre des combattants grecs et macédoniens qui se trouvent en Yougoslavie.

En juin a lieu l’attaque contre la communauté de Boulkès. Le 4 juillet à 11 h30 le colonel major, commandant du 516 bataillon de l’armée monar-chofasciste avec des officiers américains et anglais se rencontre avec des officiers yougoslaves et dans une atmosphère « très amicale » sont résolues toutes les questions.

Bientôt l’armée monarcho-fasciste traverse la frontière yougoslave et attaque par derrière nos troupes. Comme l’on sait, l’agence « Tanjug » s’est empressée de démentir cette rencontre.

On a même osé faire du chantage à des blessés de la DSE pour les obliger à témoigner en faveur des titistes : juste de la même façon que le monarcho-fascisme et la commission Balkanique font chanter les combattants blessés de la DSE faits prisonniers pour les contraindre à appuyer leurs provocations. Mais voilà que le 21 juillet vient la Commission Balkanique elle-même révéler d’autres rencontres encore avec des officiers supérieurs yougoslaves, indépendamment du fait que fidèle à son rôti, elle veut donner un doux caractère à la rencontre.

Le fait c’est que l’accusation de l’agence « Grèce Libre » s’est prouvée vraie et le démenti du « Tanjug » une tromperie. C’est même très caractéristique et vraiment touchant de voir combien la Commission Balkanique montre de finesse en constatant pour la première fois des violations des frontières par les monarcho-fascistes rendant ainsi, en gentlemen pur sang la « compréhension » que montrent les traîtres yougoslaves.

Et les événements se succèdent avec une rapidité formidable. La clique de Tito demande un emprunt aux Américains pour renforcer un peu ses finances, en faillite à cause de la trahison.

Mais le temps où elle demandait de ne pas être « mise dans une situation difficile », est révolu.

En ces jours difficiles les impérialistes ont ouverte ment besoin de Tito. Ils lui demandent, pour lui accorder 100 millions de dollars, de prendre ouvertement position contre notre mouvement. La radio d’Ankara l’a dit le 26-6 et le correspondant du « New-York Herald Tribune » l’a câblé de Belgrade le 30-6. Et Tito, « au lieu de la faire après avoir reçu l’emprunt », écrit le « Times… « l’a faite à l’avance ».

Le 10 juillet à Pola, Tito parle sur la nouvelle d’une rencontre d’un officier yougoslave avec un officier monarcho-fasciste et dit: « Je suis convaincu que personne , jusqu’aujourd’hui n’a vu une plus grande canaillerie, une plus grande infâmie, qui n’a pas sans doute été inventée par les Grecs, mais par quelqu’un ailleurs ». Maintenant que la Commission Balkanique révèle beaucoup d’autres choses on peut juger qui a fait « la plus grande canaillerie et la plus grande infamie ».

Tito a donc trouvé l’occasion de faire une attaque infâme contre notre mouvement, de seconder la propagande monarcho-fasciste, qui tâche de persuader le monde qu’elle a fini avec les andartès, et de déclarer qu’il fermera la frontière. Ici aussi il est prouvé être un imposteur vulgaire. Car le 7 juillet, conformément à ce qu’a annoncé la Commission Balkanique et que Tito n’a pas démenti, l’officier supérieur yougoslave a déclaré que la frontière est fermée.

A la question si cela est aussi valable pour les andartès il a catégoriquement répondu : Oui.

Et après cela, Tito déclare, en trompant le peuple, qu’il fermera la frontière.

L’ambassadeur de Tito part aussitôt de Pola, va à Belgrade, se rencontre tout de suite avec l’ambassadeur américain et lui annonce les déclarations de Tito: « Donc maintenant vous pouvez nous donner les dollars ». Dans trois jours le théoricien de Tito, Djilas, parlant à Montenegro, lance une nouvelle attaque contre notre mouvement et l’U.R.S.S., en déclarant que « les propositions de l’U.R.S.S. ont découragé les combattants de la DSE et ont coupé toutes les perspectives de la lutte libératrice du peuple grec. Ceci au moment même où les propositions de l’Union Soviétique ont été reçues avec enthousiasme tant par la DSE que par tout le peuple de la Grèce, car elles expriment son désir d’un paix juste et démocratique.

Il faut rappeler que le monarcho-fascisme tâche ce dernier temps de faire croire que le moral de la DSE est tombé, qu’il a fini avec elle et qu’il n’en reste que quelques foyers près de la frontière albanaise et bulgare, pour le nettoyage desquels il a besoin d’une aide armée internationale.

Le monarcho-fascisme et ses maîtres espèrent par cette finasserie rencontrer moins de réaction dans l’O.N.U. que s’ils disaient la vérité, que c’est seulement par des troupes étrangères qu’il y a d’espoirs de soumettre le peuple de Grèce. Et la clique Tito vient renforcer le monarcho-fascisme dans la provocation. Maitre commun, commune manifestation des laquais.

Personne ne peut sous-estimer combien était sérieux ce coup au dos que fut la trahison ouverte de Tito. Cependant les impérialistes et leurs agents d’Athènes et de Belgrade se trompent s’ils croient que notre peuple, qui a traversé jusqu’à présent tant des difficultés indicibles fléchira parce qu’il est frappé ouvertement et dans le dos par une clique traîtresse. Toute la DSE entend avec indignation les insultes de Tito et de Djilas.

Cette trahison renforce encore plus sa veloute. du vaincre. Ce sont les provocateurs de Belgrade qui ont plus à craindre de cette trahison. Car elle les démasque plus encore aux yeux des peuples de la Yougoslavie et tout d’abord aux yeux des communistes.

Le processus de la décomposition du régime traite et de la résistance populaire contre lui sera accéléré par cette nouvelle trahison ouverte. Il est des saletés qu’aucune démagogie ne peut couvrir. L’attitude traitresse de Tito envers nous est du nombre. Nous l’avons payée déjà longtemps et nous la payons aussi aujourd’hui avec beaucoup de difficultés.

Nous les surmonterons cependant comme nous avons surmonté les anciennes Et nous avons la satisfaction que nous rendons un service aux peuples de la Yougoslavie, qui indubitablement, méritent un sort meilleur à celui que leur a imposé la clique des traîtres et des agents qui leur est assise sur le dos.  

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

L’exploitation infâme de la question Macédonienne par la clique traîtresse de Tito

L’exploitation infâme de la question Macédonienne par la clique traîtresse de Tito

par PANAYOTIS MAVROMATIS

La question nationale fut toujours une des questions les plus délicates et les plus difficiles qu’avaient eu et ont à envisager les Partis de la classe ouvrière.

Le plus difficile dans toute cette question c’est de vaincre le chauvinisme, qui constitue une des formes principales par laquelle s’exprime l’influence de l’idéologie bourgeoise dans les rangs du mouvement prolétarien révolutionnaire.

Sans vaincre le chauvinisme le Parti de la classe ouvrière n’est pas capable de jouer son rôle d’avant-garde pour la libération de la classe ouvrière et de tout le peuple travailleur des chaînes du capitalisme. De même qu’un peuple ne peut se libérer tant qu’il oppresse d’autres peuples (Marx), de même le prolétariat d’un pays ne pourra jouer son rôle, tant qu’il n’extirpe pas dans ses rangs tout reste de chauvinisme et tant qu’il ne s’éduque pas dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien.

C’est sur cette question que furent éprouvés et c’est contre elle que se heurtèrent les vieux Partis de la deuxième Internationale, qui dévièrent du marxisme jusqu’à ce qu’ils glissèrent sur le chemin de la trahison du social-chauvinisme et du social-impérialisme du temps de la première guerre mondiale et après.

C’est sur cette question que furent éprouvés et c’est contre elle que se heurtèrent presque tous les éléments opportunistes de droite et de « gauche » dans les rangs des Partis communistes qui ont fait leur apparition à différentes époques dans les divers pays, depuis les plus insignifiants petits groupes jusqu’au trotskisme contre-révolutionnaire avec comme dernier et classique exemple la clique traîtresse de Tito.

Dans notre pays l’idéologie national-chauviniste a été cultivée pendant des dizaines d’années et a été inculquée dans la conscience de notre peuple sous la forme de la  »Grande Idée ».

Sa force était telle qu’elle constitua un frein au développement d’un vrai mouvement démocratique progressiste libre.

Seulement par le développement du prolétariat et la création de son Parti et par l’expérience sanglante d’une série de guerres aventurières dont le zenith fut l’expédition en Ukraine et en Asie Mineure, on commença à dépasser l’influence du chauvinisme bourgeois dans les rangs du mouvement démocratique progressiste, jusqu’à ce que notre Parti émancipé et mûr éclaira la question sociale grecque sous la lumière du marxisme-léninisme et montra que le noyau de toutes les déviations chauvinistes était l’influence de la « Grande Idée ».

La question centrale, la pierre de touche, pour ainsi dire, sur laquelle fut éprouvée la politique nationale de notre Parti, c’est la question macédonienne.

Comme l’on sait, la question macédonienne ne fut pas résolue conformément à la volonté du peuple macédonien.

Par la solution réactionnaire qu’elle reçut, conformément aux intérêts de la bourgeoisie des pays balkaniques qui ont des frontières communes avec elle, la Macédoine, quand elle fut libérée du joug turc, fut partagée en trois parties dont chacune fut annexée à un autre pays balkanique. Une partie (la Macédoine du Vardar) fut annexée par la Serbie, une deuxième (la Macédoine de l’Egée) fut annexée par la Grèce, et une troisième, la plus petite, (la Macédoine de Pirine) fut annexée par la Bulgarie.

De cette façon la question macédonienne ne fut pas résolue.

Et qui plus est, elle resta la pomme de discorde et un objet d’antagonisme entre les régimes monarchistes réactionnaires de ces trois pays, dont chacun aspirait avoir pour son compte l’hégémonie dans les Balkans. L’hégémonie dans les Balkans, sans la possession de toute la Macédoine, était une chimère.

Ainsi commence la querelle autour d’elle. Cet antagonisme fut exploité, attisé et poussé en avant par les grandes puissances impérialistes, qui se servaient des gouvernements monarchistes des pays balkaniques comme des pions sur le grand échiquier de la politique mondiale, poursuivant leurs propres aspirations impérialistes de rapine.

En Macédoine de l’Egée, qui fut annexée à la Grèce, comme résultat des guerres balkaniques et de la première guerre mondiale, l’échange des populations avec la Turquie et la Bulgarie et la persécution implacable de tout élément slave par les régimes grecs réactionnaires, eurent comme résultat des changements radicaux dans la composition nationale de la population.

Cependant, en dépit de tout cela, il y est resté une minorité slavo-macédonienne relativement petite, mais compacte, surtout en Macédoine Occidentale du département de Kastoria, Florina, Edessa qui luttait, et lutte encore, pour sa libération. La ligne de notre Parti dans cette question avait comme guide la thèse du marxisme-léninisme-stalinisme sur la question nationale et l’intérêt plus général de la révolution qui vient au premier rang dans ce cas.

Ainsi fut changé le mot d’ordre central sur la question macédonienne, conformément à la situation, aux changements qui surviennent dans la composition de la population, ainsi qu’à l’intérêt plus général de la révolution en Grèce et dans le Sud-Est de l’Europe.

Il évoluait et changeait conformément au développement et aux changements de la situation (Macédoine Unifiée et Indépendante au début – droits égaux depuis 1935 et droit de disposer de soi-même au peuple macédonien. comme résultat de sa lutte actuelle, conformément à la résolution du 5e Plénum du C.C. du Parti Communiste de Grèce).

Les classes dirigeantes en Grèce et ses régimes réactionnaires et avec eux tous leurs maîtres étrangers qui sont passés par notre pays (Anglais, Allemands, Américains) ont utilisé et continuent à utiliser la question macédonienne comme une des principales cibles de provocations et de calomnies dans leur campagne contre le Parti Communiste de Grèce et le mouvement démocratique progressiste de notre peuple.

Ce fait néanmoins ne les empêchait pas de marchander et de vendre la Macédoine chaque fois que l’exigeaient les intérêts de leurs maîtres étrangers ou leur propre intérêt de classe plus étroit (trahison et livraison de Roupel et de Cavalla en 1916, signature du pacte Anion Tsaous-Syrakof en 1944, marchandages suspects des monarcho-fascistes actuels avec la clique de Tito, qui a des visées sur Salonique, etc.) Ie but des classes dirigeantes et de leurs maîtres étrangers était toujours d’ébranler la foi du peuple de la Grèce en son guide naturel, le par une propagande chauviniste effrénée, combinée avec une terreur sanglante féroce exterminatrice, pour briser l’unité du front progressiste démocratique el lui porter des coups décisifs.

A la tête de cet effort se trouvait l’impérialisme anglais. Mais quand. en 1941. la Grèce tomba sous le joug de l’Allemagne hitlérienne. -ce fut cette dernière qui continua l’oeuvre des Anglais sur ce point.

Effrayés devant la résistance unanime de notre peuple sous le drapeau de l’E.A.M. et du Parti Communiste de Grèce les conquérants hitlériens et les quislings indigènes échafaudèrent en 1943 la provocation bien connue du pacte Dascalof-loannidès, croyant ainsi ébranler la confiance de notre peuple en la lutte pour sa liberté, dans sa direction, pour diviser le mouvement de résistance qui créait tant de difficultés à l’hitlérisme en ces moments cruciaux de la guerre.

Quelle était l’évolution de la question macédonienne en ces sombres années de la barbare occupation hitlérienne dans notre pays? Comment s’exprima la collaboration et la solidarité entre les mouvements de résistance nationale des peuples des Balkans sur la question brûlante macédonienne, plus concrètement quelle fut la position du groupe Tito ; a-t-elle facilité où a-t-elle rendu plus difficile notre lutte?

L’E.A.M., qui était dirigé par le Parti Communiste de Grèce et qui constituait l’alliance de tout le peuple dans la lutte pour la libération de la Grèce du joug hitlérien, partant de la nécessité de la concentration de toutes les forces démocratiques antifascistes progressistes sous son drapeau, pour les jeter dans la balance de la lutté armée contre les envahisseurs fascistes, a proclamé la pleine égalité de droits du peuple slavomacédonien avec le peuple grec.

Cette proclamation du programme de trouve son expression dans la politique de la P.E.E.A., du premier gouvernement constitué en mars 1944 dans les montagnes libres de la Grèce et se manifesta par la fondation d’écoles slavo-rnacédoniennes, la constitution de conseils municipaux (self-government) des slaves indigènes, la participation à la justice populaire, la liberté de se servir de leur langue, etc. etc.

Encore, ce fut dans le feu de la guerre libératrice que firent leur apparition, dès 1943, les premières organisations slavo-macédoniennes populaires de libération (S.O.F., S.N.O.F.), qui se trouvaient en dehors de et collaboraient avec lui. ‘Tout cela évidemment ne se faisait pas et ne se réalisait pas normalement.

Mais dans une lutte dure, d’une part contre les chauvinistes restants dans les rangs du mouvement démocratique, et de l’autre contre les agents secrets ou déclarés de l’ennemi. Nombreux et différents étaient les agents, dont chacun frappait de sa façon propre.

Il y avait d’abord les agents de l’Ochrana Bulgare avec comme figures centrales Caltsef et Dimtsef. qui représentaient la tendance de la « Grande Idée » bulgare sur l’annexion de toute la Macédoine à la Bulgarie, vieux rêve des chauvinistes bulgares.

Il y avait ensuite les agents de l’impérialisme italien, dont la figure principale fut Ravali, qui révait de l’annexion d’une partie importante de la Macédoine de l’Egée à l’Albanie, alors colonie italienne.

Il y avait, troisièmement les agents de la Gestapo allemande, qui jouaient leur propre jeu et guidaient les deux premiers.

Il y avait quatrièmement. les agents de l’Intelligence Service Anglais, qui collaboraient avec tous les susdits, et avec l’Ochrana, et avec la Carabinéria et avec la Gestapo, dans le seul but de miner l’influence de l’E.A.M. et du Parti Communiste de Grèce, de les disloquer, de garder ouverte la plaie macédonienne pour saper l’unité de lutte de tous les peuples balkaniques.

C’était la vieille méthode de l’impérialisme anglais, la méthode de diviser et régner. Dans une lutte dure contre tous ceux-ci, se développait la lutte libératrice dans la Macédoine de l’Egée.

Dans leur lutte contre le mouvement de résistance du peuple de la Grèce ces agents employaient aussi les gens de Tito, qui exploitait les fautes éventuelles et les difficultés inévitables dans la question macédonienne, provenant de la nature même et de la composition de l’E.A.M. Leur but était de saper le mouvement de résistance en Grèce, de diviser les forces armées qui luttaient pour sa libération, et notamment l’E.L.A.S., aux moments même les plus critiques, — les jours où avaient lieu les pourparlers du Liban, en mai 1944, et les jours de la libération de la Grèce, en octobre 1944.

Sur ce point la politique des impérialistes Anglais s’identifiait avec celle des agents de Tito, qui étaient dirigés par l’Intelligence Service, car toutes les deux s’efforçaient de créer des histoires pour provoquer des difficultés et faire échouer le passage du pouvoir à l’E.A.M. Les agents de Tito, qui avaient dès lors des visées sur la Macédoine de l’Egée y compris Salonique, craignaient une solution vraiment démocratique de la question macédonniene par le passage définitif du pouvoir à l’E.A.M., ce qui mettrait fin à leurs plans de conquête; c’est pourquoi ils s’efforçaient de l’empêcher.

Les Anglais, à leur tour, appuyaient, d’une part les visées de Tito, pour l’avoir à leur disposition et de l’autre ils cherchaient ainsi immobiliser des forces de l’E.L.A.S. dans le Nord-Ouest de la Grèce, pour avoir les mains libres, vu qu’ils organisaient dès lors le coup sanglant de décembre 1944 à Athènes. La première occasion pour diviser ouvertement l’E.L.A.S. (leur travail de sape commence déjà plus tôt, en 1943) fut donnée aux agents de Tito par la décision, erronée par ailleurs, de la dissolution du S.N.O.F. et l’adhésion de ses membres à l’E.A.M., qui eut lieu en avril 1944. La scission fut réalisée en mai 1944, lorsque Péïos, avec 80 Slavo-macédoniens de l’E.L.A.S. partit en Yougoslavie, où il fut accueilli à bras ouverts et non comme un scissionniste et fin ennemi du mouvement de résistance.

Après quelque temps il rentra en Grèce, muni d’armes nouvelles et avec des directives concrètes sur l’organisation de son activité de scission.

Alors furent créés les premiers groupes des Slavo-macédoniens qui avaient un caractère politique et semi-militaire et qui recevaient leurs directives de la Yougoslavie, d’où ils recevaient aussi, servis prêts, leurs mots d’ordre: « La Macédoine peut être unie à la Yougoslavie, et même, pas comme un pays indépendant, niais comme une partie de celle-ci » etc.

De cette façon étaient servis les plans de conquête de Tito qui, dès lors, furent encouragés par certains milieux impérialistes. Et cela, juste au moment où s’imposait la coordination de toutes les forces en Grèce pour secouer le joug hitlérien et où il fallait laisser de côté la solution de toute la question slavomacédonienne, conformement au désir du peuple slavomacédonien, à un moment plus propice, après la libération de tous les Balkans de tous les envahisseurs étrangers. De cette façon, – dans le meilleur des cas, — le problème plus général de la révolution était subordonnés à la question nationale partielle en déviation du léninisme-stalinisme.

Alors que, comme le souligne le camarade Staline: « Le léninisme a prouvé que la guerre impérialiste et la révolution en Russie ont confirmé: que la question nationale peut être résolue seulement en liaison avec la révolution prolétarienne et sur le terrain de la révolution prolétarienne.

« Cela ne signifie évidemment pas que le prolétariat est obligé d’appuyer toujours et partout, dans tous les différents cas concrets, tout mouvement national. Il s’agit ici du soutien des mouvements nationaux qui contribuent à l’affaiblissement et au renversement de l’impérialisme et non à son affermissement et à son maintien » (Staline: « Les bases du léninisme »).

Mais ici, cet effort de résoudre la question macédonienne dans ce moment historique concret, ne fut pas seulement,– dans le meilleur des cas — une façon antidialectique et antimarxiste, vu qu’on la détachait de l’intérêt de la révolution en Grèce et plus généralement au Sud-Est de l’Europe, mais encore il servait les intérêts et les objectifs des impérialistes anglais et américains, qui à cette époque sapaient le mouvement de résistance dans les Balkans et surtout en Grèce, pour empêcher la victoire de la révolution populaire avec la défaite de l’impérialisme hitlérien, qui se faisait déjà entrevoir clairement après les coups mortels de l’Armée Rouge.

Aussi, avons-nous ici une rencontre d’intérêts, de visées et de mots d’ordre des agents de Tito et des agents de l’Intelligence Service en Macédoine d’Egée, qui se manifesta par une collaboration camouflée contre le mouvement de résistance des peuples de la Grèce, voire du peuple grec et slavo-macédonien. Dès lors, il est bien aisé d’aboutir à la conclusion que cette collaboration se faisait après une entente mutuelle.

Cette collaboration des agents de Tito et de l’Intelligence Service, se manifesta dans la pratique aux heures critiques d’octobre 1944, lorsque, au moment où les Allemands, devant le danger d’être coupé par l’Armée Rouge qui avançait, et sous les coups de l’E.L.A.S quittaient la Grèce et le pouvoir passait aux mains du peuple, un autre agent de Tito, Gotché, divisa l’E.L.A.S. en Macédoine Occidentale, et avec un bataillon d’Elassites macédoniens se réfugia en Yougoslavie, provoquant des incidents sanglants et une mauvaise situation dans cette région.

A la même époque les Anglais parachutaient indirectement, en octobre 1944, des, armes et de munitions aux groupes des Slavo-macédonniens, qui étaient dirigés directement par la Yougoslavie, disloquant ainsi l’unité du mouvement de résistance du peuple grec et slavomacédonien. Ces parachutages se faisaient à l’aéroport de Chromiista soit-disant pour l’E.L.A.S. De là les Anglais transportaient le matériel et l’emmagasinaient à Vaspori, d’où il était soi-disant volé par les groupes de Péïos et de Gotché pour être employé contre l’E.L.A.S.

Entre-temps, à Monasitri on lançait le mot d’ordre de la complète de Salonique.

Ces groupes continuèrent à exister aussi après l’accord de Varkiza, jusqu’en 1946, et étaient dirigés par le dit Comité Politique de la Macédoine de l’Egée, qui avait sou siège ,à Skoplje et qui recevait des ordres directement Coliseiski.

L’activité de ces groupes s’enchevêtre aussi avec l’activité post-varkizienne des agents anglais de l’Intelligence Service, qui avaient comme point de départ le vice-consulat à Florina, que les Anglais se dépêchèrent de fonder, sans aucune raison après la libération, et qui avaient comme agents-chefs le vice-consul Hills et l’officier anglais Evans (A noter ici, que les Anglais supprimèrent ce vice-consulat quand fut dévoilée son activité par la presse progressiste de notre pays, quelques jours avant l’arrivée en Grèce de l’autre agence officielle de l’impérialisme, la soit-disant commission Balkanique -de l’O.N.U.).

Dans la période de l’intervention ouverte des impérialistes anglais à Athènes, en décembre 1944, la pression de la part des Yougoslaves dans la question macédonienne fut un peu relâchée, — sans cependant cesser complètement — mais ceux-ci n’aidèrent le moins du monde le peuple grec dans la nouvelle phase sanglante de sa lutte libératrice.

Quand l’accord de Varkiza fut signé, l’attaque recommença sous le mot d’ordre qu’il s’agissait,d’une trahison, que le Parti Communiste de Grèce s’était vendu aux Anglais, etc.

Les groupes continuèrent leur activité qui commença de prendre aussi une forme sanglante par l’assassinat de cadres slavo-macédoniens restant fidèles sous les drapeaux de l’E.A.M. et du Parti Communiste de Grèce De tels assassinas eurent lieu dans les villages Maniaki, Lefki, Tichio, etc., tandis qu’en même temps on organisait des enlèvements de cadres Slavo-macédoniens qu’on transportait en Yougoslavie, comme ce fut le cas notamment de l’enlèvement de Georges Rogdanis du village Anclartiko, au mois de mars 1945.

Là, on les pressait pour en faire d’eux des agents de l’O.Z.N.A. dans le Parti Communiste de Grèce et l’E.AM. et quand ils se refusaient on leur interdisait de rentrer en Grèce prendre part à la lutte du peuple grec et slavo-macédonien dans les nouvelles conditions de l’occupation anglaise et de la terreur sanglante monarcho-fasciste.

Encore prenaient-ils une position négative et hostile à l’égard des luttes et de la politique de l’E.A.M. et de notre Parti.

A nos mots d’ordre ils répondaient par des mots d’ordre à eux. qui servaient le monarcho-fascisme et les Anglais.

En voilà un exemple: Au mot d’ordre de notre Parti de nous présenter et nous enrôler dans l’armée qu’organisait l’Etat d’après-décémbre, les agents de Tito jetaient le mot d’ordre réactionnaire, que personne ne devait se présenter, chose qui faisait difficile notre travail dans les nouvelles forces armées qu’organisait le monarcho-fascisme.

En même temps ils lançaient, de concert avec les gens de Hills et d’Evans, des mots d’ordre autonomistes parmi la population slavomacédonienne, facilitant ainsi la politique des provocations contre le mouvement démocratique, progressiste, de la Grèce, des provocations, qu’organisaient le monarcho-fascisme et les occuppants anglais et qui justifiaient les incursions des hordes du rnonarcho-fascisme et des Anglais dans les villages de la Macédoine, des incursions qui coûtaient cher en sang à notre peuple. En avril 1945 est fondé à Skoplje la N.O.F. spécialement pour la Macédoine de l’Egée, comme une extension de la politique de Tito dans notre pays Un peu plus tard les premiers groupes nofistes font leur apparition en Grèce.

Au début ils se présentent comme une continuation des groupes et recevaient leurs directives de la Yougoslavie.

La N.O.F. avait au commencement un caractère restreint. Le peuple macédonien la regardait avec méfiance, car il flairait des agents étrangers derrière.

Alors sont organisés les premières cellules dans le Parti Communiste de Grèce et l’E.A.M., par des agents de Tito et des gens du disloquant ainsi l’unité de tous les deux. Dans ces premiers groupes de la N.O.F. agissaient à leur aise, les gens de Hills et (l’Evans, dont un agent fut Klistidis de Crystalopighi.

Quand le 7e Congrès du Parti Communiste de Grèce prit la résolution de dissoudre ses organisations dans les villages et que ses membres et ses cadres devaient adhérer au Parti agraire de Grèce, les agents de Tito s’opposèrent à cela, pensant ainsi pécher dans les eaux troubles.

Cependant la vie, par un travail dur du Parti Communiste de Grèce, transforma vite l’organisation de la N.O.F. en une vraie organisation libératrice du peuple slavomacédonien.

A cela contribua tout d’abord la position positive que commença à prendre notre Parti envers cette organisation depuis fin 1945, ce qui permettra la N.O.F. de devenir une organisation de masse et d’être arraché graduellement aux griffes des agents titistes.

Les agents de Tito, dès ce moment, commencent à organiser les cellules du P.C.M. dans la N.O.F., ainsi que dans le Parti Communiste de Grèce, afin de continuer leur travail de scission, de sape et de provocation. au moment où il était devenu clair qu’en Grèce la situation s’acheminait vers une nouvelle confrontation armée entre le peuple et le monarcho-fascisme; ce dernier étant ouvertement secondé par les impérialistes anglo-américains.

Nous sommes au milieu de l’année 1946. Désormais la tactique de la clique traîtresse de Tito, Coli-sefski et de leurs agents Gotché-Kéramidlief, etc., s’adapte à la nouvelle situation.

La persécution implacable du peuple slavomacédonien par les hordes du monarcho-fascisme et des Anglais avait comme résultat que des dizaines de milliers de Slavo-macédoniens avec leurs familles passèrent la frontière et partirent pour les Démocraties Populaires. Un grand nombre d’entre eux partirent en Yougoslavie. Quand commença la nouvelle lutte armée pour la libération de la Grèce du monarcho-fascisme et des impérialistes étrangers, des millions de réfugiés s’apprêtent pour rentrer à leur patrie prendre part à la nouvelle lutte armée de leur peuple au côté du peuple grec.

Cependant les gens de Tito et de Colisefski empêchaient et interdisaient de-mille façons leur retour.

De cette façon ils appuyaient l’oeuvre sanglante du rnonarcho-fascisme et des Anglo-Américains qui tâchaient et tâchent de subjuguer le fier peuple grec et de transformer son pays en tête de pont militaire et base stratégique contre les pays de Démocratie Populaire et l’Union Soviétique.

Et quand la lutte armée en plein essor du peuple grec, conduisit à là création de l’ATM. et plus tard du GID.P., les gens des traîtres Tito-Colisefski-Gotché-Keramidjief, organisèrent à Skoplje un centre de scission, d’organisation de désertions et d’espionnage au dépens de la DSE combattante, dit Parti Communiste de Grèce et de la N:O:F:, laquelle trouva définitivement le droit chemin, surtout par son dernier deuxième Congrès.

Le but de leur activité, c’est comme le souligne la dernière résolution du K.O.E.M., de saper le Parti Communiste de Grèce et surtout la N:O.F: du dedans, soumettre leur politique à celle du P.C: de Yougoslavie, dont l’aspiration principale était d’annexer la Macédoine de l’Egée y compris Salonique à la Yougoslavie afin que la question macédonienne soit résolue non, certes, conformément aux intérêts du peuple macédonien, mais afin de l’enchevêtrer encore plus, en lui donnant une solution conforme aux intérêts de la clique traîtresse chauviniste trotskiste de Tito qui se trouve au service des impérialistes anglo-américains, lequel organise la troisième guerre mondiale.

De ce point jusqu’à la dernière dégradation des traîtres du Belgrade et de Skoplje, qui ont permis que des troupes monarcho-fascistes passent par le territoire yougoslave pour frapper dans le dos les unités de la DSE à Kaïmaktchalan, la voie était ouverte.

Mais nous ne nous arrêterons pas sur cette question.

Le but de notre article est de montrer le rôle suspect et contre-révolutionnaire qu’ont joué ces traîtres abjects en exploitant la question macédonienne et le noble désir d’un peuple martyr pour sa liberté, non pour la résoudre conformément à l’intérêt de la révolution et de la démocratie, mais dans l’intérêt de l’impérialisme mondial qui s’écroule et qui, empêtré dans ses contradictions, projette la répétition de l’opération hitlérienne, dont la fin pitoyable l’épouvante encore.

Cependant, le jour n’est pas loin où les peuples de Yougoslavie avec le peuple de la Macédoine du Vardar, qui, au lieu de liberté trouve des nouvelles chaînes fascistes, mettront fin au régime criminel de Tito, de Colisefski et de toute la canaille des traîtres qui les suivent.

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire

Le KKE et la révolte de Tachkent

Lorsque le KKE décide de cesser la lutte armée, la DSE dut organiser son repli. 55 381 personnes, dont 17 352 enfants, quittèrent la Grèce.

Voici la répartition des réfugiés grecs dans les différents pays de l’est européen et l’URSS :

– Bulgarie : 3 021 dont 1 140 du KKE ;

– Hongrie : 7 253 dont 1 017 du KKE ;

– Pologne : 11 458 dont 3 132 du KKE ;

– Roumanie : 9 100 dont 1 279 du KKE ;

– Tchécoslovaquie : 11 941 dont 1 707 du KKE ;

– République Démocratique Allemande : 1 128 (uniquement des enfants)

– URSS : 11 980 dont 8 173 du KKE.

Environ 70 % des réfugiés venaient de la paysannerie ; environ un tiers était membre du KKE. En URSS, c’est l’Ouzbékistan qui accueillit les réfugiés, dans le quartier Politeies de la capitale Tachkent.

Le KKE tint rapidement son troisième congrès, du 10 au 14 octobre 1950, réaffirmant ses positions. Le prestige historique du KKE est alors très grand et lors du XIXe congrès du PCUS en octobre 1952, Níkos Zachariádis est mis en avant comme l’une des principales figures du mouvement communiste international.

Or, comme il est connu, le révisionnisme prit le contrôle du Parti Communiste d’Union Soviétique à la suite de la mort de Staline. Par conséquent, le révisionnisme soviétique devait également procéder à la transformation, de gré ou de force, du KKE.

C’est dans ce cadre que se produisirent ce qui fut connu sous le nom des « événements de Tachkent ». Le PCUS de Nikita Khrouchtchev lança une offensive en s’appuyant sur une petite fraction au sein du KKE. Les militants de ce dernier, au nombre d’environ 200 sur les 7500, prirent d’assaut le siège local du KKE, en septembre 1955.

Ce fut un échec et le résultat fut qu’il y eut des centaines de blessés, avec l’intervention de la police. Le KKE ne se démonta pas et, au Ve plénum du Comité Central en octobre 1955, dénonça les « éléments aventuriers » tant grecs que soviétiques.

C’est la première bataille anti-révisionniste ouverte, une page de gloire pour le KKE et son dirigeant Níkos Zachariádis.

Níkos Zachariádis

Ce dernier assuma entièrement sa position lors du XXe congrès du PCUS, qui se déroula peu de temps après, en février 1956. Mikhaïl Souslov, qui devint par la suite le principal théoricien de Léonid Brejnev, y demanda que les passages critiquant le PCUS soient éliminés de la position du Comité Central du KKE : Níkos Zachariádis refusa.

Au même moment, la justice de l’URSS révisionniste poursuivit pour « vagabondage » et « hooliganisme » des vétérans de la DSE, dont l’ancien général Giorgos Kalianesis et le lieutenant-colonel Dimitris Vyssios.

Les condamnés furent exilés en Sibérie, dans des camps juste adjacents à ceux de criminels de guerre nazis ; alors que les réfugiés grecs survivaient de patates pourries, les anciens nazis étaient considérés comme des prisonniers de guerre et ne travaillaient pas, recevant des aides régulières de la croix rouge allemande.

Devant le refus général du KKE de céder, le lendemain même du refus à Mikhaïl Souslov de Níkos Zachariádis, le PCUS organisa un comité afin de briser le KKE.

Ce comité était fondé de représentants des partis de Bulgarie, de Hongrie, de Pologne, Roumanie, de Tchécoslovaquie et d’URSS (respectivement Yugov, Kovac, Mazur, Dej, Barak, Kuusinen), et sa tâche n’était pas moins que d’organiser le VIe plenum du Comité Central du KKE.

Le dit plenum fictif se tint alors en mars 1956 en Roumanie et procéda à l’éviction de Níkos Zachariádis du poste de secrétaire général, alors qu’un autre plenum fictif, le VIIe officiellement, alla une année après jusqu’à accuser Níkos Zachariádis d’être un agent des services secrets anglais.

Níkos Zachariádis fut alors exclu du KKE fictif formé par le PCUS et exilé à Borovits, dans la banlieue de Moscou ; cet épisode de prise de contrôle par ce « comité » ne sera reconnu par le « KKE » révisionniste qu’en 1997.

Níkos Zachariádis tenta alors coûte que coûte de reprendre contact avec le KKE authentique à Tachkent, d’où en 1958, 6 000 communistes historiques envoyèrent une lettre aux Comités Centraux des partis d’URSS, de Chine populaire, d’Italie, de France, de Vietnam, de Cuba, de Corée, d’Albanie, de Bulgarie, de Pologne, de Hongrie, de Roumanie, de Tchécoslovaquie, protestant contre la liquidation du Comité Central historique.

Níkos Zachariádis tenta par la suite un coup politique en allant se réfugier, le 8 mars 1962, à l’ambassade de Grèce, demandant d’être rapatrié et jugé.

C’était un coup de maître : si l’opération réussissait, il aurait été en mesure de réapparaître politiquement et de réaffirmer la ligne rouge du KKE authentique.

L’URSS parvint cependant à remettre la main sur lui et l’exila à Sourgout, en Sibérie.

Le PCUS proposa alors à Níkos Zachariádis de reprendre son poste s’il cédait, mais celui-ci formula des conditions authentiquement révolutionnaires et donc inacceptables.

Níkos Zachariádis exigeait en effet de choisir ses collaborateurs et que le PCUS reconnaisse son rôle négatif à Tachkent, que le siège du KKE soit placé en Europe de l’Ouest, que les résolutions du 6e plénum en Roumanie soient annulés, que les réfugiés grecs présents à Tachkent puissent quitter l’URSS s’ils le voulaient.

La conséquence fut que Níkos Zachariádis devint alors un exilé sans aucune reconnaissance juridique ni existence officielle, sans aucun droit de voyager en URSS même.

Une autre initiative fut la décision de célébrer à Tachkent, le 27 mai 1962, l’opération historique menée par des membres du KKE ayant permis de hisser le drapeau grec à la place du drapeau nazi flottant sur l’Acropole à Athènes, le 30 mai 1941.

Le PC d’Ouzbékistan menaça d’une très dure répression quiconque soutiendrait l’initiative et de fait le 18 mai un responsable du KKE fut arrêté, la police tabassant ensuite de manière barbare les communistes représentant la ligne historique du KKE venus protester, soixante personnes étant arrêtées, puis des licenciements en masse eurent lieu, avec des perquisitions, des confiscations de biens, etc.

Les responsables du KKE furent arrêtés un par un, envoyés parfois en exil au Kazakhstan, recevant plusieurs années de prison.

Níkos Zachariádis mena de son côté, par la suite, au moins quatre tentatives d’évasion et deux grèves de la faim, tout en écrivant de nombreuses lettres pour appeler à la formation d’une ligne rouge.

Il ne se voit reconnu des droits politiques que le 16 juillet 1970, devenant officiellement un réfugié politique, avant de mourir trois années plus tard.

Le décès de Níkos Zachariádis est apparu immédiatement comme suspect, en raison du timing tout à fait particulier. En effet, en 1967 la Grèce au gouvernement républicain connut un coup d’État militaire et devint la « Grèce des colonels ».

Le Roi partit alors en exil volontaire et l’Armée gouverna en son nom, mais dès 1973, le régime était aux abois. Il organisa alors le 29 juillet 1973 un plébiscite républicain, alors que déjà en mai tout l’équipage d’un destroyer fit défection afin de demander l’asile politique et que quelques mois plus tard eut lieu la vaste révolte étudiante de novembre 1973.

Or, comme il était évident que le régime modifierait sa forme, prenant un aspect « démocratique », il fallait que le KKE révisionniste puisse y trouver une place. Cela était cependant impossible si Níkos Zachariádis revenait, étant donné que sa ligne était en contradiction formelle avec le révisionnisme du KKE.

C’est dans ce contexte que le KKE devenu révisionniste, publia une annonce expliquant que Níkos Zachariádis était mort d’une crise cardiaque le 1er août 1973.

Cette version fut rejetée entièrement par les anti-révisionnistes, qui considérèrent que cela masquait en réalité son meurtre par le KGB. D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui le dossier est officiellement top secret en Russie.

Níkos Zachariádis est d’ailleurs enterré en Sibérie sous le nom de Nicolaï Nicolayevits Nicolayev, garde-forestier né en Turquie, de nationalité grecque, avant d’être rapatrié en Grèce en 1991.

=>Retour au dossier sur le KKE et la démocratie populaire