I. INTRODUCTION
Au Xe Congrès du Parti communiste italien, le
camarade Togliatti a ouvertement attaqué le Parti communiste chinois
et soulevé une controverse en public.
Cela fait des années que le camarade Togliatti et
certains autres camarades du Parti communiste italien tiennent, sur
une série d’importantes questions de principe du mouvement
communiste international, toutes sortes de propos erronés allant à
rencontre des principes fondamentaux du marxisme-léninisme. Nous
n’avons jamais approuvé de tels propos. Cependant, nous n’avons pas
voulu et n’entendions pas entamer de controverse publique avec ces
camarades.
Nous avons toujours été pour le renforcement de
l’unité du mouvement communiste international. Nous avons toujours
été pour le règlement des rapports entre partis frères selon les
principes d’indépendance, d’égalité et d’unanimité de vues par
voie de consultations, définis dans les Déclarations de Moscou.
Nous avons toujours été pour l’élimination des
divergences entre partis frères par voie intérieure, au moyen de
consultations, d’entretiens entre deux partis ou entre plusieurs
partis ou de conférences de tous les partis frères. Nous avons
toujours estimé qu’aucun parti ne peut blâmer publiquement et
unilatéralement un autre parti frère, quel qu’il soit, et encore
moins le calomnier et l’attaquer.
Telle est l’attitude que nous avons inflexiblement
maintenue pour défendre l’unité. Nous ne nous attendions pas à ce
que Togliatti et d’autres camarades utilisent ce congrès de leur
parti pour attaquer publiquement le Parti communiste chinois.
Mais ils nous ont provoqués directement à ce
débat et que nous restait-il à faire? Pouvions-nous garder le
silence comme dans le passé? Serait-il dit que « le préfet est
libre de mettre le feu comme bon lui semble alors que le peuple n’a
même pas le droit d’allumer un lumignon »?
Non, cela ne sera jamais, jamais toléré. Nous
devions répondre, absolument. Et comme ils ne nous avaient pas
laissé d’autre issue, nous ne pouvions que leur donner une réponse
publique. Nous avons donc publié, dans le Renmin Ribao du 31
décembre 1962, un éditorial intitulé « Les divergences entre
le camarade Togliatti et nous ».
Cet éditorial n’étant nullement à leur goût,
le camarade Togliatti et certains autres camarades du Parti
communiste italien ont renouvelé leurs attaques contre nous, dans
toute une suite d’articles qu’ils ont fait paraître depuis. Ils
disent qu’à nos articles « manque souvent une explicite clarté »,
que la façon de raisonner y est « très abstraite et formelle »,
que « le sens des réalités » leur fait défaut (Voir P.
Togliatti: « Ramenons la discussion à ses termes réels »,
Unità, 10 janvier 1963); que nous pouvons « ne pas être bien
informés » sur la situation en Italie et le travail du Parti
communiste italien (Voir P. Togliatti: « Ramenons la discussion à
ses termes réels », Unità, 10 janvier 1963); que nous nous
sommes livrés à une « falsification manifeste » des
positions du Parti communiste italien (Voir L. Longo: « La
Question du pouvoir », Unità, 16 janvier 1963); que nous sommes
des « dogmatiques et [des] sectaires qui dissimulent leur
opportunisme sous une phraséologie ultra-révolutionnaire »
(Voir L. Longo: « La Question du pouvoir », Unità, 16
janvier 1963), etc.
Togliatti et ces autres camarades s’obstinent à
poursuivre cette controverse publique. Eh bien, poursuivons,
puisqu’il en est ainsi!
Nous nous proposons, dans cet article, de faire
une analyse et une critique plus approfondies des propos erronés que
Togliatti et d’autres camarades tiennent depuis des années, pour
répliquer à leurs attaques répétées. Nous verrons comment ces
camarades réagiront après en avoir pris connaissance.
Viendront-ils encore nous dire qu’il nous « manque
souvent une explicite clarté »? Que notre façon de raisonner
est « très abstraite et formelle » et que « le sens des
réalités » nous fait défaut? que nous pouvons « ne pas
être bien informés » sur la situation en Italie et le travail
du Parti communiste italien et que nous nous livrons à une
« falsification manifeste » des positions du Parti communiste
italien? que nous sommes des « dogmatiques et [des] sectaires qui
dissimulent leur opportunisme sous une phraséologie
ultra-révolutionnaire »?
Attendons, et nous aviserons une fois fixés!
Bref, il est inadmissible que le préfet soit
libre de mettre le feu comme bon lui semble tandis que le peuple
n’aurait même pas le droit d’allumer un lumignon. Jamais, d’aussi
loin que l’on se souvienne, le peuple n’a admis loi si injuste.
D’autant plus qu’entre communistes, il ne peut être adopté qu’une
seule attitude pour régler nos divergences, celle de raisonner avec
faits à l’appui, et en aucun cas en se comportant comme un maître
envers ses serviteurs.
L’unité des prolétaires et des communistes du
monde entier doit être, mais elle ne peut reposer que sur la base
des Déclarations de Moscou, sur la méthode qui consiste à
raisonner, faits à l’appui, sur des consultations menées sur un
pied d’égalité et dans la réciprocité, sur la base du
marxisme-léninisme.
Quand les maîtres se permettent d’agite leur
trique au-dessus des serviteurs, tout en scandant « unité!
unité! », ce qu’ils entendent, c’est en fait, « scission!
scission! ». Les prolétaires du monde entier ne sauraient
accepter ces agissements scissionnistes. C’est l’unité que nous
voulons, et nous ne tolérerons jamais qu’une poignée d’individus
machinent la scission.
II. QUEL EST LE CARACTÈRE DU GRAND DÉBAT ACTUEL
ENTRE LES COMMUNISTES DU MONDE?
Un grand débat portant sur des questions de
théorie, de ligne fondamentale et de politique se déroule
actuellement au sein du mouvement communiste international, par suite
du défi lancé aux marxistes-léninistes par les révisionnistes
modernes. Il met en jeu l’ensemble de la cause du prolétariat et des
peuples travailleurs du monde entier et le sort de toute
l’humanité.
Les courants d’idées qui s’y affrontent
sont, en dernière analyse, d’une part, l’idéologie authentiquement
prolétarienne, c’est-à-dire le marxisme-léninisme révolutionnaire
et, d’autre part, l’idéologie bourgeoise qui s’est infiltrée dans
les rangs ouvriers, c’est-à-dire les idées
anti-marxistes-léninistes.
Depuis qu’est né le mouvement ouvrier, la
bourgeoisie s’est toujours efforcée de corrompre idéologiquement la
classe ouvrière, afin de mettre le mouvement ouvrier au service de
ses intérêts fondamentaux, d’affaiblir les luttes révolutionnaires
des peuples et d’induire ceux-ci en erreur. A ces fins, l’idéologie
bourgeoise revêt des formes différentes, selon les circonstances,
se manifestant tour à tour sous des couleurs de droite ou « de
gauche ».
Les marxistes-léninistes ont donc pour tâche,
ainsi que Marx, Engels, Lénine et Staline en ont donné l’exemple,
de ne pas se dérober aux défis lancés par l’idéologie bourgeoise,
sous quelque forme qu’elle se présente, d’être prêts à briser à
tout moment ses attaques, sur le terrain de la théorie, de la ligne
fondamentale, comme sur celui de la politique, et d’indiquer au
prolétariat, aux peuples et aux nations opprimés la juste voie à
suivre dans leur lutte pour la victoire.
Depuis que le marxisme prédomine dans le
mouvement ouvrier, les marxistes ont mené de multiples combats
contre les révisionnistes et les opportunistes, au cours desquels
deux grands débats furent de la plus haute importance historique, et
l’actuel est le troisième.
Le premier fut celui qui mit Lénine aux prises
avec les révisionnistes et les opportunistes de la Ile
Internationale, Kautsky et Bernstein entre autres, et amena le
marxisme à une nouvelle étape de développement, l’étape du
léninisme, qui est le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de
la révolution prolétarienne. Le second opposa les communistes
d’Union soviétique et ceux d’autres pays, qui avaient à leur tête
Staline, aux aventuristes « de gauche » et aux opportunistes
de droite, Trotski, Boukharine et autres; il défendit le léninisme
et mit en lumière les théories et tactiques de Lénine concernant
la révolution prolétarienne, la dictature du prolétariat, la
révolution des nations opprimées et l’édification du socialisme.
Parallèlement, au sein du Parti communiste
chinois, le camarade Mao Zedong dut mener, au cours d’une longue
période, de violents débats avec les aventuristes « de gauche »
et les opportunistes de droite pour unir étroitement la vérité
universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la
révolution chinoise.
Le grand débat actuel, le troisième, fut tout
d’abord provoqué par la clique Tito de Yougoslavie qui trahit
ouvertement le marxisme-léninisme.
Il y a bien longtemps que la clique Tito s’est
engagée dans la voie du révisionnisme.
En hiver 1956, mettant à profit la campagne
antisoviétique, anticommuniste déclenchée par l’impérialisme,
elle s’employa, d’une part, à faire de la propagande
anti-marxiste-léniniste, et d’autre part, en coordination avec les
plans dressés par l’impérialisme, entreprit des activités
subversives au sein des pays socialistes. Cette propagande et cette
activité de sape parvinrent à leur point culminant lors de la
rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie. Tito prononça alors
le fameux discours de Pula.
La clique Tito fit tout pour dépeindre le régime
socialiste sous les couleurs les plus noires, soulignant la
« nécessité » pour la Hongrie « de changements radicaux
dans le système politique » (Voir Discours de Kardelj à
l’Assemblée nationale de la République populaire fédérative de
Yougoslavie, Borba, 8 décembre 1956) et affirmant que les camarades
hongrois « n’ont pas à faire des tentatives stériles pour
restaurer le Parti communiste. » (Voir Discours de Kardelj à
l’Assemblée nationale de la République populaire fédérative de
Yougoslavie, Borba, 8 décembre 1956) Les communistes de tous les
pays menèrent une lutte sérieuse contre cette attaque de la clique
Tito qui constituait une trahison.
En avril 1956, nous avions publié l’article « De
l’expérience historique de la dictature du prolétariat ».
Devant cette attaque de la clique Tito, nous avons publié un autre
article à la fin de décembre 1956 « Encore une fois à propos
de l’expérience historique de la dictature du prolétariat « .
En 1957, la Conférence des Représentants des Partis communistes et
ouvriers des Pays socialistes adopta la célèbre Déclaration de
Moscou. Celle-ci indiquait clairement que le révisionnisme est à
l’heure actuelle le principal danger du mouvement communiste
international; elle condamnait les révisionnistes modernes parce
qu’ils « s’efforcent de discréditer la grande doctrine du
marxisme-léninisme, déclarent qu’elle a ‘vieilli’ et prétendument
perdu toute importance pour le développement social actuel ».
La clique Tito refusa de signer cette déclaration
et publia en 1958 un programme de bout en bout révisionniste,
qu’elle opposa à la Déclaration de Moscou. Ce programme fut
unanimement condamné par les communistes de tous, les pays.
Cependant, par la suite, plus particulièrement
depuis 1959, les dirigeants de certains partis communistes vinrent à
enfreindre l’accord commun qu’ils avaient signé et approuvé, et
tinrent un langage proche de celui de Tito. Puis, ces gens-là
perdirent toujours plus leur contrôle, leur langage devint de plus
en plus semblable à celui de Tito; ils s’efforcèrent, outre, de
présenter les impérialistes américains sous les plus belles
couleurs. Ils dirigèrent toute l’ardeur de leur lutte contre
les partis frères qui s’en tenaient fermement au marxisme-léninisme
et aux principes révolutionnaires de la Déclaration de Moscou de
1957 et entreprirent des attaques virulentes contre ces partis.
A la Conférence des Représentants des Partis
communistes et ouvriers de 1980, à l’issue de consultations dans
l’égalité, un accord fut conclu sur nombre de problèmes ayant
suscité des divergences entre partis frères. La Déclaration de
Moscou publiée à l’issue de cette conférence condamna sévèrement
la trahison du marxisme-léninisme par les dirigeants de la Ligue des
Communistes de Yougoslavie.
Nous nous réjouissions de l’accord conclu entre
partis frères, à cette conférence, et dans nos actes, l’avons
strictement observé et défendu. Cependant, peu après, les
dirigeants de certains partis frères en sont venus, une fois encore,
à enfreindre l’accord qu’ils avaient signé et approuvé, et au
congrès de leur propre parti, ils ont attaqué publiquement d’autre
partis frères, étalant ainsi devant l’ennemi les divergences du
mouvement communiste international. Tout en attaquant des partis
frères, ils se mirent à porter aux nues la clique Tito, persistant
à la suivre dans son bourbier.
Or, la marche des événements montre que le
courant du révisionnisme moderne est un produit de la politique
impérialiste dans des conditions nouvelles. Ce courant d’idées a
donc nécessairement un caractère international et le débat engagé
entre les marxistes-léninistes et les révisionnistes modernes se
développera nécessairement, comme les précédents, à l’échelle
mondiale.
Le premier grand débat entre les
marxistes-léninistes et les révisionnistes et opportunistes aboutit
à la victoire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre et à la
fondation, dans le monde entier, de partis révolutionnaires
prolétariens de type nouveau.
Le second vit triompher l’édification du
socialisme en Union soviétique et la guerre antifasciste mondiale
qui eut la grande Union soviétique pour force principale, il
conduisit à la victoire de la révolution socialiste dans une série
de pays d’Europe et d’Asie et à celle de la grande révolution du
peuple chinois.
Le grand débat actuel se situe, lui, à l’époque
où le camp impérialiste est en voie de désagrégation, où les
forces du socialisme se développent et grandissent, où les grands
mouvements révolutionnaires déferlent impétueusement en Asie, en
Afrique et en Amérique latine et où la grande classe ouvrière
d’Europe et d’Amérique connaît un nouvel éveil.
Ayant provoqué ce débat, les révisionnistes
modernes espèrent qu’ils pourront biffer le marxisme-léninisme d’un
simple trait de plume, liquider les luttes que les nations et peuples
opprimés mènent pour leur libération, et sauver l’impérialisme et
la réaction mondiale de la fin qui les attend. Mais il est
impossible de biffer le marxisme-léninisme, de liquider les luttes
de libération des peuples, de sauver les impérialistes et les
réactionnaires, de l’anéantissement inéluctable, et contrairement
au désir des révisionnistes modernes, ces honteuses ambitions sont
vouées à l’échec.
La tâche que le mouvement ouvrier mondial actuel
pose devant tous les marxistes-léninistes est de riposter aux
révisionnistes modernes qui procèdent à une révision générale
du marxisme-léninisme.
Par cette révision qui répond aux besoins
présents de l’impérialisme international, des réactionnaires des
différents pays et de la bourgeoisie de leur propre pays, ils
cherchent à vider le marxisme-léninisme de son âme révolutionnaire
et à faire table rase du principe de la lutte des classes, principe
le plus élémentaire du marxisme-léninisme dont ils ne veulent
conserver que l’étiquette.
En dissertant sur les problèmes internationaux et
les problèmes sociaux, les révisionnistes modernes substituent la
conception bourgeoise « au-dessus des classes », qui est pure
hypocrisie, à la conception marxiste-léniniste de l’analyse des
classes. Ils fabriquent toutes sortes de suppositions,
d »’hypothèses » dénuées de tout fondement et purement
subjectives, et les substituent à l’examen scientifique,
marxiste-léniniste, des conditions réelles de la société. Ils
substituent le pragmatisme bourgeois au matérialisme dialectique et
au matérialisme historique.
En un mot, ils utilisent une foule de propos
absurdes, à peine intelligibles et croyables pour eux-mêmes, dans
le dessein d’abuser la classe ouvrière, les peuples et les nations
opprimés.
Les événements internationaux des dernières
années ont sans cesse prouvé la faillite des » théories »
des révisionnistes modernes et de leur politique. Cependant, chaque
fois que leur » théorie » et leur politique les couvrent
d’opprobre devant les peuples du monde entier, « ils se vantent de
leur déshonneur » (V. I. Lénine: « Ce qu’il ne faut pas imiter
dans le mouvement ouvrier allemand », Œuvres, tome 20), comme
dit Lénine, et, ne reculant devant rien, insouciants des
conséquences possibles, ils prennent pour cible les
marxistes-léninistes révolutionnaires, leurs frères en d’autres
pays qui les avaient prévenus de ne pas s’illusionner de la sorte et
de ne pas agir aussi aveuglément.
Ils espèrent prouver leur « victoire » en
retournant leur rancœur contre ceux de leur propre camp, cherchant
ainsi à isoler les marxistes-léninistes révolutionnaires, isoler
tout frère qui défend les principes révolutionnaires en d’autres
pays.
Dans de telles circonstances, comment les
marxistes-léninistes authentiques, révolutionnaires, pourraient-ils
ne pas relever le défi des révisionnistes modernes? En ce qui
concerne les divergences et controverses sur des questions de
principe, les marxistes-léninistes ont le devoir de distinguer le
vrai du faux, de tirer les problèmes au clair.
Dans l’intérêt commun de l’union contre
l’ennemi, nous avons toujours été partisans d’une solution obtenue
par consultations intérieures, nous opposant à ce que les
divergences soient exposées devant l’ennemi. Mais, puisque certains
ont tenu à rendre la controverse publique, que nous reste-t-il à
faire, sinon relever publiquement leur défi?
Ces derniers temps, le Parti communiste chinois a
été en butte à des attaques insensées. Les attaquants ont mené
grand tapage et forgé toutes sortes d’accusations, au mépris
total des faits. On comprend sans peine pourquoi et comment ces
attaques furent opérées. Quant à savoir sur quelles positions se
placent ceux qui ont fomenté et lancé ces attaques et aux côtés
de qui ils se rangent, c’est clair comme le jour.
Quiconque a pris connaissance des propos tenus ces
dernières années par le camarade Togliatti et d’autres camarades du
Parti communiste italien comprendra que ce n’est pas une question de
hasard si, au récent Congrès du Parti communiste italien, ils ont
fait écho aux attaques lancées contre les vues marxistes-léninistes
du Parti communiste chinois.
Les Thèses de ce Congrès, ainsi que le rapport
et les conclusions que le camarade Togliatti y a présentés sont,
d’un bout à l’autre, imprégnés d’idées incompatibles avec le
marxisme-léninisme.
Leur langage est semblable à celui des
social-démocrates et des révisionnistes modernes, tant dans les
problèmes internationaux que dans les problèmes intérieurs de
l’Italie. Il suffit d’examiner dans leurs détails les Thèses et
d’autres documents du Parti communiste italien pour découvrir que
les nombreuses formulations et vues qu’ils contiennent ne sont guère
des nouveautés mais reprennent, pour l’essentiel, ce que l’on trouve
déjà chez les vieux révisionnistes et ce que, de leur côté, les
révisionnistes titistes de Yougoslavie ont toujours propagé.
Passons maintenant à l’analyse des Thèses du Parti communiste italien et d’autres documents qui s’y rattachent pour montrer à quel point Togliatti et d’autres camarades se sont éloignés du marxisme-léninisme.
III.LES CONTRADICTIONS DU MONDE ACTUEL
Les nouvelles conceptions du camarade
Togliatti
Le camarade Togliatti et d’autres camarades du
Parti communiste italien partent essentiellement de leur appréciation
de la situation internationale pour poser chaque problème.
Et de là, ils ont élaboré de nouvelles
conceptions, dont ils sont fiers, sur les questions aussi bien
internationales qu’italiennes.
1. « Il faut, dans le cadre de la lutte mondiale
pour la paix et la coexistence pacifique, combattre pour une
politique de coopération économique internationale permettant de
venir à bout des contradictions qui, aujourd’hui, s’opposent à un
développement économique plus rapide se traduisant en progrès
social. » (Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien)
2. « En Europe, tout particulièrement, il est
nécessaire de développer une initiative unitaire pour poser les
bases d’une coopération économique européenne, même entre Etats à
structure sociale différente, qui permette, dans le cadre des
organismes économiques et politiques de l’O.N.U., d’intensifier les
échanges, d’éliminer ou diminuer les obstacles douaniers,
d’intervenir en commun pour favoriser le progrès des régions
sous-développées.» (Thèses du Xe Congrès du Parti communiste
italien)
3. « Il faut exiger que . . . se développe une
action systématique qui vise à surmonter la division de l’Europe et
du monde en blocs, en brisant les obstacles d’ordre politique et
militaire qui maintiennent cette division… pour reconstituer de
cette manière un marché mondial unique. » (Thèses du Xe Congrès
du Parti communiste italien)
4. Avec les techniques militaires modernes, « la
guerre … devient une chose qualitativement différente de ce
qu’elle était autrefois. Face à ce changement de la nature de la
guerre, notre doctrine elle-même exige un nouvel examen. »
(P.Togliatti:
« Unité des classes laborieuses pour avancer
vers le socialisme dans la démocratie et la paix « , rapport
présenté le 2 décembre 1962 au Xe Congrès du Parti communiste
italien.)
5. « En combattant pour la paix et la coexistence
pacifique, nous voulons créer un monde nouveau, dont la première
caractéristique sera d’être un monde sans guerre». (Thèses du Xe
Congrès du Parti communiste italien)
6. « Le régime colonial s’est presque
complètement écroulé. » (P. Togliatti: « Unité des classes
laborieuses pour avancer vers le socialisme dans la démocratie et la
paix », rapport présenté le 2 décembre 1962 au Xe Congrès du
Parti communiste italien), « il n’existe plus, dans le monde, de
sphères d’influence réservées à l’impérialisme ». (P.
Togliatti: « Aujourd’hui, il est possible d’éviter la guerre »,
intervention faite le 21 juillet 1960 à la session plénière du
Comité central du Parti communiste italien.)
7. « En fait, il existe aujourd’hui, dans le
monde capitaliste, une poussée pour des transformations
structurelles et des réformes de caractère socialiste, poussée qui
est en rapport avec le progrès économique et avec la nouvelle
expansion des forces productives. » (P. Togliatti: « Unité des
classes laborieuses pour avancer vers le socialisme dans la
démocratie et la paix », rapport présenté le 2 décembre 1962 au
Xe Congrès du Parti communiste italien.)
8. «…le terme de dictature du prolétariat
lui-même peut prendre un contenu autre que celui qu’il eut pendant
les dures années de la guerre civile et de la construction
socialiste entreprise pour la première fois, dans un pays encerclé
par le capitalisme. » (Thèses du Xe Congrès du Parti communiste
italien, voir Unità, Supplément, 13 septembre 1962)
9. Dans les pays capitalistes, pour « réaliser
de profondes réformes dans les structures économiques et politiques
actuelles », « une fonction de premier plan peut… incomber aux
institutions parlementaires. » (Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien)
10. Dans un pays capitaliste tel que l’Italie peut
se réaliser l’« avènement de tout le peuple à la direction du
pays » (P. Togliatti: « Unité des classes laborieuses pour avancer
vers le socialisme dans la démocratie et la paix », rapport
présenté le 2 décembre 1962 au Xe Congrès du Parti communiste
italien.) En Italie, les forces démocratiques sont à même « de
s’opposer à la nature de classe et aux objectifs de classe de l’Eta
tout en acceptant totalement et en défendant le pacte
constitutionnel.» (Thèses du Xe Congrès du Parti communiste
italien, voir Unità, Supplément, 13 septembre 1962)
11. La « nationalisation », la « programmation
» et « l’intervention de l’Etat » dans la vie économique peuvent
« devenir un moyen de lutte contre le pouvoir du grand capital, pour
frapper, limiter et briser la domination des grands groupes
monopolistes » (P. Togliatti: « Unité des classes laborieuses
pour avancer vers le socialisme dans la démocratie et la paix »
, rapport présenté le 2 décembre 1962 au Xe Congrès du Parti
communiste italien.)
12. Les groupes dirigeants bourgeois peuvent
maintenant accepter « les concepts de planification et de
programmation économiques considérés un temps comme une
prérogative socialiste », « cela ne peut manquer de devenir un
signe de maturité des conditions objectives pour le passage du
capitalisme au socialisme » (P. Togliatti: » Unité des classes
laborieuses pour avancer vers le socialisme dans la démocratie et la
paix », rapport présenté le 2 décembre 1962 au Xe Congrès du
Parti communiste italien.)
Bref, Togliatti et d’autres camarades nous ont
brossé, avec ces nouvelles conceptions, un tableau du monde actuel
tel qu’ils l’imaginentI.ls ont beau se retrancher, dans leurs Thèses
et leurs écrits, derrière une terminologie marxiste-léniniste et
nombre de formules trompeuses et ambiguës, il leur est impossible de
voiler ce que ces nouvelles conceptions signifient dans le fond.
Elles signifient qu’ils veulent substituer la collaboration de classe
à la lutte de classe, les « réformes de structure » à la
révolution prolétarienne, l’ »intervention commune » au
mouvement de libération nationale.
Ces nouvelles conceptions de Togliatti et d’autres
camarades laissent entendre que les contradictions sociales
antagonistes sont en train de disparaître à l’échelle
internationale et que les forces sociales antagonistes sont en train
de fusionner.
Par exemple, les forces antagonistes que sont
régime socialiste et régime capitaliste, camp socialiste et camp
impérialiste, pays impérialistes différents, pays impérialistes
et nations opprimées, bourgeoisie et prolétariat, ou autres couches
du peuple travailleur, des pays capitalistes, ainsi que les
différents groupes monopolistes des pays impérialistes, etc.,
seraient en train de fusionner ou fusionneront.
Nous
voyons difficilement en quoi les nouvelles conceptions de Togliatti
et d’autres camarades diffèrent, en somme, des points de vue
absurdes, anti-marxiste- léninistes, figurant dans le programme qui
fait la triste réputation de la clique Tito.
Sans aucun doute, ces nouvelles conceptions sont
un défi, de la plus grande gravité, à la doctrine
marxiste-léniniste; elles tentent de faire table rase du
marxisme-léninisme. Ceci nous rappelle le titre que donna Engels à
son ouvrage polémique adressé à Dühring : « M.E. Dühring
bouleverse la science ». Le camarade Togliatti aurait-il
l’intention d’emboîter le pas à Dühring et d’opérer à son tour
un « bouleversement », celui de la doctrine
marxiste-léniniste?
Ils ont une recette pour transformer le monde,
mais n’y croient pas eux-mêmes
Comment « venir à bout des contradictions qui,
aujourd’hui, s’opposent à un développement économique plus rapide
se traduisant en progrès social » (Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien)? Ou bien, comment parvenir à fondre les forces
sociales antagonistes, internationales et intérieures?
Togliatti et d’autre camarades répondent à la
question en ces termes: « Les pays socialistes, et en premier lieu
l’Union soviétique, lancent aux classes dirigeantes bourgeoises un
défi pour une compétition pacifique dans l’instauration d’un ordre
économique et social capable de satisfaire toutes les aspirations
des hommes et des peuples à la liberté, au bien-être, à
l’indépendance au développement complet et au respect total de la
personne humaine, à la coopération pacifique entre tous les Etats »
(Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien)
Est-ce que Togliatti et d’autres camarades
entendent part là qu’ il suffit de pratiquer la compétition
pacifique entre pays socialistes et pays capitalistes, sans passer
par la révolution populaire, pour que soit instauré dans les pays
capitalistes, « un ordre économique et social » semblable à
celui qui existe dans les pays socialistes ?
Cela ne revient-il pas à dire que le capitalisme
cesserait d’être ce qu’il est, l’impérialisme aussi, et que la
bourgeoisie, au lieu de poursuivre ses luttes à mort à l’intérieur
comme à l’étranger pour les profits ou les surprofits, pourrait,
dans le but de satisfaire toutes les aspirations de l’humanité,
« coopérer pacifiquement » avec tous les pays et tous les
hommes ?
Voilà la recette imaginée par le camarade
Togliatti pour transformer le monde. Toutefois, et puisque cette
panacée n’a pas même prouvé son efficacité par la pratique en
Italie, comment les marxistes-léninistes pourraient-ils être assez
crédules pour la prendre au sérieux?
Comme on le sait, et les marxistes-léninistes
doivent l’avoir mieux en tête que les autres, au lendemain même de
la Révolution d’Octobre, Lénine a avancé la politique de
coexistence pacifique entre pays socialistes et pays capitalistes, et
il préconisa la compétition économique entre eux.
L’Union soviétique socialiste s’est trouvée,
durant la majeure partie de ses quarante et quelques années
d’existence en état de coexistence pacifique avec les pays
capitalistes. Nous estimons que la politique de coexistence pacifique
que pratiquaient Lénine et Staline est parfaitement juste et
nécessaire.
Elle montre que les pays socialistes ne veulent
pas et n’ont nul besoin de régler les différends entre pays par le
recours à la force. La supériorité du système socialiste, qui a
été prouvée dans les pays qui l’appliquent, encourage énormément
à l’heure actuelle les peuples et les nations opprimés.
Après la Révolution d’Octobre, Lénine déclara
à maintes reprises que l’édification socialiste de l’Union
soviétique ferait figure d’exemple pour le monde entier. Il disait
notamment qu’un système communiste pouvait être établi par le
prolétariat victorieux et que « cette tâche a une portée
universelle. » (V. I. Lénine: » Notre situation extérieure et
intérieure et les tâches du Parti « , Œuvres, tome 31)
En 1921, lorsque la guerre civile était pour
l’essentiel terminée, que le pays des Soviets commençait à
s’engager dans la voie de l’édification pacifique, Lénine posa
l’édification économique socialiste comme la tâche principale du
pays des Soviets. «A présent, dit-il, nous exerçons notre
influence sur la révolution internationale essentiellement par notre
politique économique. » (V. I. Lénine: « Dixième Conférence
du Parti communiste (bolchevik) de Russie », Œuvres, tome 32)
Lénine avait raison.
C’est précisément de cette façon que les forces
du socialisme ont exercé une influence sans cesse accrue sur la
situation internationale.
Cependant Lénine n’a pas affirmé que
l’édification du pays des Soviets pouvait remplacer la lutte menée
par les peuples du monde pour leur libération. La quarantaine
d’années d’histoire de l’Union soviétique prouve, par ailleurs, que
la révolution et le changement de régime en un pays, quel qu’il
soit, ne se réalisent que par son peuple, et que la politique de
coexistence et de compétition pacifiques pratiquée par les pays
socialistes ne peut en aucune façon transformer le système social
des autres pays.
Sur quoi Togliatti et d’autres camarades se
basent-ils donc pour affirmer que, étant donné la politique de
coexistence et de compétition pacifiques pratiquée par les pays
socialistes, il serait possible de transformer le système social
dans tout le reste du monde et d’instaurer « un ordre économique
et social » répondant aux aspirations de tous ?
Il est vrai que Togliatti et d’autres camarades ne
sont pas tellement sûrs de leur recette, puisque, dans leurs Thèses,
ils poursuivent: « Cependant, les groupes dirigeants des pays
impérialistes ne veulent pas renoncer à la domination sur le monde
entier ».
Mais Togliatti et ces autres camarades n’ont pas
cherché à comprendre, à partir des lois du développement social,
pourquoi les groupes dirigeants des pays impérialistes « ne
veulent pas renoncer à la domination sur le monde entier ». Ils
estiment qu’il s’agirait simplement là d’une conception erronée ou
d’une mauvaise « compréhension » de la situation mondiale
chez les groupes dirigeants des pays impérialistes et que c’est
précisément de cette conception erronée, de cette mauvaise
« compréhension » que « découle l’incertitude de la
situation internationale. » (Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien)
Comment peut-on, d’un point de vue
marxiste-léniniste, ramener les efforts de l’impérialisme pour
maintenir sa domination, l’instabilité de la situation
internationale, etc., à une simple question de compréhension par
les groupes dirigeants des pays impérialistes et ne pas les tenir
pour des manifestations des lois du développement
capitaliste-impérialiste?
Comment peut-on supposer que le système social
des différents pays sera transformé radicalement, sans lutte de
classe ni révolution par les peuples, le jour où les groupes
dirigeants des pays impérialistes auront une « juste
compréhension » des choses et où les personnalités dirigeantes
de ces pays seront devenues « raisonnables » ?
Deux points de vue totalement différents sur
les contradictions dans le monde
En analysant la situation mondiale actuelle, les
marxistes-léninistes doivent être en possession des données
politiques et économiques essentielles sur les différents pays du
monde et saisir les principales contradictions que voici: les
contradictions entre le camp socialiste et le camp impérialiste,
entre les pays impérialistes eux-mêmes, entre les pays
impérialistes et les nations opprimées, et, dans les pays
capitalistes, celles entre la bourgeoisie d’une part, et le
prolétariat, le peuple travailleur de l’autre, entre les différents
groupes monopolistes, entre la bourgeoisie monopoliste et la petite
et la moyenne bourgeoisies, etc.
Il est évident que ce n’est qu’avec la
connaissance de ces contradictions, par leur analyse et celle des
modifications qu’elles présentent à différentes époques, et par
la localisation du point de convergence des contradictions concrètes
de l’heure, que les partis de la classe ouvrière de tous les pays
pourront arriver à une juste estimation de la situation
internationale et intérieure et baser leur politique sur des
positions théoriques sûres.
Malheureusement, ce sont ces mêmes contradictions
que Togliatti et d’autres camarades n’ont pas voulu envisager
sérieusement dans leurs Thèses, et immanquablement, leur programme
s’est écarté des principes mêmes du marxisme-léninisme
Bien sûr, Togliatti et d’autres camarades ont
cité également nombre de contradictions dans leurs Thèses, mais ce
qui est pour le moins étonnant, c’est que le camarade Togliatti, qui
prétend être un « marxiste-léniniste », a soigneusement
évité d’aborder les contradictions principales.
Voici ce
que, traitant du Marché commun européen, les Thèses du Xe Congrès
du Parti communiste italien ont énuméré en fait de contradictions
se manifestant dans la situation internationale:
« Les
rivalités économiques accrues entre grands Etats capitalistes
s’accompagnent toutefois d’une tendance prononcée on seulement aux
accords internationaux entre grands monopoles, mais encore à la
création d’ententes organiques commerciales et économiques entre
groupes d’Etats.
L’extension des marchés, qui, en Europe
occidentale, est la conséquence d’une de ces ententes (le Marché
commun européen), a stimulé le développement économique de
quelques pays (Italie, République fédérale allemande).
L’intégration économique, effectuée sous la
direction des grands groupes monopolistes et liée à la politique
atlantique de réarmement et de guerre, a toutefois fait surgir, à
l’échelle internationale et dans le cadre d’un pays pris en
particulier, de nouvelles contradictions: entre le progrès de
quelques régions hautement industrialisées et le retard et la
décadence, permanents et même relativement croissants, d’autres
régions ; entre le rythme d’accroissement de la production de
l’industrie et celui de l’agriculture qui traverse partout une
période de graves difficultés et de crise; entre les zones, plus ou
moins étendues, de bien-être et de grande consommation et les zones
extrêmement étendues de bas salaires, de sous-consommation et de
misère; entre, d’une part, l’énorme masse de richesse qui est
détruite, non seulement pour le réarmement mais encore pour des
dépenses improductives, et le luxe effréné, et d’autre part,
l’impossibilité de résoudre des problèmes qui sont essentiels pour
la vie des masses populaires et pour le progrès (l’habitat, l’école,
la sécurité sociale, etc.). »
Toute une série de prétendues contradictions ou
« nouvelles contradictions » est étalée dans ce passage;
mais comme par un fait exprès, il n’y a nulle mention des
contradictions de classes, des contradictions qui opposent
l’impérialisme et ses laquais aux peuples de tous les pays, etc. Les
contradictions existant « à l’échelle internationale et dans le
cadre d’un pays pris en particulier » seraient, selon Togliatti
et d’autres camarades, des contradictions entre régions
industriellement développées et régions industriellement
sous-développées, et celles entre zones riches et zones
pauvres.
Ils admettent la concurrence économique entre
pays capitalistes, l’existence de grands monopoles, de groupes
d’Etats, mais la conclusion qu’ils en tirent, c’est que les
contradictions sont en marge ou au-dessus des classes. Ils estiment
que les contradictions entre pays impérialistes sont conciliables et
peuvent être éliminées par des « accords internationaux entre
grands monopoles » et » la création d’ententes organiques
commerciales et économiques entre groupes d’Etats « . Ce point
de vue plagie, en fait, la théorie de l’ »ultra-impérialisme
« des vieux révisionnistes, qualifiée par Lénine
d »‘ultra-niaiserie ».
On sait que c’est à
l’époque de l’impérialisme que Lénine avança l’importante thèse:
«l’inégalité du développement économique et politique est une
loi absolue du capitalisme » (V. I. Lénine: « A propos du mot
d’ordre des Etats-Unis d’Europe », Œuvres, tome 21). Le
développement inégal des pays capitalistes, à l’époque de
l’impérialisme, se manifeste par des sauts et des bonds; des pays
restés en arrière passant d’un trait en tête et d’autres, d’abord
en tête, se laissent distancer.
Cette loi absolue du développement inégal du
capitalisme n’a pas disparu après la Seconde guerre mondiale.
Les impérialistes américains, les révisionnistes
et les opportunistes débitent à longueur de journée que le
développement du capitalisme américain est au-dessus de cette loi
absolue, mais dans l’après-guerre, le rythme du développement
économique au Japon, en Allemagne occidentale, en Italie, en France
et dans d’autres pays capitalistes a, depuis plusieurs années,
dépassé celui des Etats-Unis. La place occupée par les Etats-Unis
dans l’économie capitaliste mondiale a diminué en importance.
La production industrielle américaine qui, en
1948, représentait 53,4 pour cent de celle du monde capitaliste, est
tombée à 44,1 pour cent en 1960 et à 43 pour cent en 1961.
Quoique le rythme du développement économique du
capitalisme américain soit tombé au-dessous de celui enregistré
dans nombre d’autres pays capitalistes, les Etats-Unis n’ont pas
encore complètement perdu le monopole qu’ils détiennent dans le
monde capitaliste.
D’où d’une part, les Etats-Unis qui cherchent à
conserver et à étendre leur position déterminante et de monopole
dans le monde capitaliste; et d’autre part, les autres pays
impérialistes et pays capitalistes qui s’efforcent de se soustraire
à l’emprise de l’impérialisme américain.
C’est là une contradiction réelle du système
politico-économique du capitalisme mondial, et elle est flagrante,
et s’ai guise de jour en jour. En dehors d’elle, il y a encore
d’autres contradictions entre certains pays impérialistes ainsi
qu’entre certains pays capitalistes. Entre les pays impérialistes,
elles entraîneront inéluctablement et, en fait, entraînent déjà
une exacerbation de la lutte pour la conquête de marchés, de
débouchés pour les capitaux et de sources de matières premières.
A ceci viennent se mêler les luttes entre
colonialistes et néo-colonialistes, pays impérialistes vainqueurs
et pays impérialistes vaincus. Les événements du Congo, les
querelles suscitées par le Marché commun européen et par les
restrictions imposées par les Etats-Unis aux importations en
provenance du Japon en sont des exemples typiques.
Bien que les Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien aient souligné que « la prépondérance
économique absolue du capitalisme américain commence à disparaître
par suite du processus de développement inégal et par bonds, propre
au capitalisme et à l’impérialisme », le camarade Togliatti et les
autres camarades n’ont pas vu, dans ce phénomène nouveau, un
élargissement et un approfondissement des contradictions du monde
capitaliste ; ils n’ont pas vu non plus que ce phénomène
nouveau peut engendrer une situation nouvelle, faite de luttes à
mort entre les pays impérialistes, de luttes serrées entre les
divers groupes monopolistes des pays impérialistes et de luttes
serrées, dans les pays capitalistes, entre le prolétariat et le
peuple travailleur d’une part et le capital monopoliste de l’autre.
Et en particulier, le marché mondial, que
contrôlait l’impérialisme s’est trouvé rétréci suite à la
révolution socialiste victorieuse dans une série de pays; de plus,
l’accession à l’indépendance nationale de nombreux pays d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine, ébranle le monopole économique de
l’impérialisme dans ces dernières régions. Dans ces conditions,
les luttes serrées qui se déroulent dans le monde capitaliste, loin
de se relâcher, ont encore gagné en violence.
Deux systèmes économiques mondiaux de nature
différente existent, le système socialiste et le système
capitaliste, et deux camps mondiaux antagonistes, le camp socialiste
et le camp impérialiste. L’évolution de la situation a vu le
socialisme l’emporter en puissance sur l’impérialisme.
La force des pays socialistes, à laquelle
viennent s’ajouter celle des peuples révolutionnaires du monde,
celle du mouvement de libération nationale et celle du mouvement de
la paix — ces forces réunies dépassent sans aucun doute et
considérablement celles des impérialistes et de leurs laquais. Cela
signifie que, dans le rapport mondial des forces, la supériorité
appartient au socialisme et aux peuples révolutionnaires et non à
l’impérialisme; la supériorité appartient aux forces qui défendent
la paix mondiale et non aux forces de guerre impérialistes. Selon
les communistes chinois, « le vent d’Est l’emporte sur le vent
d’Ouest ».
Il serait totalement faux de ne pas tenir compte
de l’énorme changement intervenu dans le rapport des forces après
la Seconde guerre mondiale. Toutefois, ce changement n’a pas supprimé
les différentes contradictions inhérentes au monde capitaliste, il
n’a pas modifié la « loi de la jungle », tuer ou être tué,
de la société capitaliste ni, non plus, exclu la possibilité de
voir les pays impérialistes se scinder en différents blocs et se
lancer dans toutes sortes de conflits pour réaliser leurs intérêts
particuliers.
Comment peut-on affirmer que, suite au changement
intervenu dans le rapport mondial des forces, la distinction entre
les deux systèmes sociaux que sont le capitalisme et le socialisme
s’estompera d’elle-même ?
Comment peut-on affirmer que, suite au changement
intervenu dans le rapport mondial des forces, les multiples
contradictions internes du monde capitaliste disparaîtront
d’elles-mêmes ?
Comment peut-on affirmer que, suite au changement
intervenu dans le rapport mondial des forces, les forces dominantes
des pays capitalistes quitteront d’elles-mêmes l’arène de
l’histoire ?
Et cependant, on trouve cette façon de voir dans
les Thèses de Togliatti et d’autres camarades.
Le
foyer des contradictions mondiales après la Seconde guerre mondiale
Togliatti et ces autres camarades vivent dans le
monde capitaliste, mais leur pensée vogue dans quelque fabuleux pays
des songes.
Les communistes vivant dans le monde capitaliste
ont pour devoir d’analyser, suivant la conception marxiste-léniniste
de l’analyse de classes et en partant de la situation mondiale prise
dans son ensemble, non seulement les contradictions entre camp
socialiste et camp impérialiste, mais encore et surtout les
contradictions entre les pays impérialistes eux-mêmes, entre pays
impérialistes et nations opprimées, entre la bourgeoisie, d’une
part, et, d’autre part, le prolétariat et le peuple travailleur des
pays impérialistes, afin de montrer la juste voie au prolétariat de
leur pays et à tous les peuples et nations opprimés. Et nous
trouvons regrettable que Togliatti et d’autres camarades n’agissent
pas de la sorte.
Ils ne font que débiter sur ces contradictions
des futilités sans queue ni tête, et dissimulent en fait ces
contradictions pour égarer le prolétariat de leur propre pays,
égarer tous les peuples et nations qui sont opprimés.
Tout comme Tito, le camarade Togliatti identifie
contradictions entre camp impérialiste et camp socialiste et «
l’existence et l’opposition de deux grands blocs militaires » (Voir
P. Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien), et
il prétend que le « changement de la situation » suffit à
créer un monde nouveau « sans guerre » et de « coopération
pacifique » (Voir P. Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti
communiste italien). Ainsi disparaîtraient les contradictions entre
les deux grands systèmes sociaux du monde.
Cette façon de voir du camarade Togliatti est par
trop naïve. Il espère, jour après jour, que les dirigeants des
pays impérialistes deviendront « raisonnables », mais les
impérialistes ne désarmeront jamais ni ne changeront eux-mêmes
leur système social, comme le souhaite le camarade Togliatti.
Tout ce que l’on peut en déduire, c’est que cette
façon de voir équivaut, en somme, à demander aux pays socialistes
d’abandonner ou de supprimer leurs forces de défense, à vouloir que
dans le système socialiste se produise une « évolution
pacifique » ou une « évolution spontanée » vers la
soi-disant libéralisation capitaliste que les impérialistes ont
toujours souhaitée.
La contradiction qui oppose camp impérialiste et
camp socialiste est une contradiction entre deux systèmes sociaux,
une contradiction fondamentale dans le monde, et qui, sans nul doute,
est aiguë. Comment un marxiste-léniniste peut-il la considérer
comme une contradiction entre deux blocs militaires et non entre deux
systèmes sociaux ?
Par ailleurs, un marxiste-léniniste ne doit pas
non plus, d’une manière simpliste, tenir pour seules contradictions
existant dans le monde celles entre camp impérialiste et camp
socialiste.
Sachons que, de par leur nature, les pays
socialistes n’ont nul besoin d’expansion et il est impossible qu’lis
la pratiquent ; ils ne le doivent pas, et ils ne se le permettent
pas. Ils ont leurs marchés, et la Chine et l’Union soviétique plus
que n’importe quel pays, ont les plus vastes marchés intérieurs du
monde. Les pays socialistes font également du commerce
international, ils le font suivant le principe d’égalité et de
l’intérêt mutuel ; mais ils n’ont pas à disputer des
débouchés et des zones d’in fluence aux pays impérialistes, ils
n’ont absolument pas besoin, à ce sujet, de conflits, en particulier
de conflits armés avec les pays impérialistes.
Par contre, il en va tout autrement pour les pays
impérialistes.
Tant qu’il a système capitaliste-impérialiste,
les lois de l’impérialisme capitaliste continuent à jouer. Les
impérialistes ne cesseront jamais d’opprimer et d’exploiter le
peuple de leurs pays… et d’envahir, d’opprimer et d’exploiter les
autres nations.
Ils considéreront toujours les colonies, les
semi-colonies et les diverses zones d’in fluence comme des sources de
richesse qui leur reviennent. Les chacals « civilisés »
impérialistes considèrent depuis toujours l’Asie l’Afrique et
l’Amérique latine comme d’alléchantes proies à arracher, à
dévorer. Ils ne cessent de réprimer par tous les moyens les luttes
et les insurrections populaires dans les colonies et les diverses
zones d’influence.
Quelle que soit la politique adoptée par
l’impérialisme capitaliste, politique colonialiste ou
néocolonialiste, les contradictions entre l’impérialisme et les
nations opprimées subsisteront. Ce sont des contradictions
inconciliables, aiguisées à l’extrême, que rien ne peut escamoter.
De même, entre les pays impérialistes se
poursuit en permanence la lutte pour les débouchés, les sources de
matières premières, les zones d’influence et pour les profits sur
les transactions d’arme est munitions. Bien qu’il ait parfois
quelque relâchement dans cette rivalité, que des compromis soient
réalisés et qu’il se constitue même des « ententes entre
groupes d’Etats », ces relâchements, compromis et ententes
couvent toujours des contradictions et luttes encore plus aiguës,
plus violentes et plus vastes.
Après la Seconde guerre mondiale, les
impérialistes américains ont pris la relève des fascistes
allemands, italiens et japonais, et ont toujours poursuivi une
politique mondiale d’expansion.
Sous couvert d’antisoviétisme ,ils se sont tout
d’abord mis à envahir, annexer ou contrôler les anciennes colonies
ou les sphères d’influence de la Grande-Bretagne, de la France, de
l’Allemagne, du Japon et de l’Italie. Toujours sous le même
prétexte, ils ont profité des conditions de l’après-guerre pour
mettre un bon nombre de pays capitalistes, tels que la
Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne occidentale, le Japon,
l’Italie la Belgique, le Canada, l’Australie, sous le contrôle
direct du capital monopoliste américain, contrôle qui s’étend aux
domaines militaire, politique et économique.
Cela
signifie que l’impérialisme américain cherche à mettre sur pied,
dans le monde capitaliste, un grand empire sans précédent dans
l’histoire. La création de l’empire dont il rêve implique non
seulement l’asservissement direct des pays vaincus, Allemagne
occidentale, Italie et Japon, et de leurs anciennes colonies et
sphères d’influence, mais encore l’asservissement direct de ses
alliés du temps de guerre, Grande-Bretagne, France et Belgique,
ainsi que de leurs anciennes colonies et sphères d’influence.
Cela signifie que dans la réalisation pratique,
les efforts de l’impérialisme américain pour créer ce vaste empire
sans précédent portent en premier lieu sur l’annexion des zones
intermédiaires, extrêmement vastes, situées entre les Etats-Unis
et les pays socialistes. Et il use, en même temps, de tous les
moyens pour entreprendre des activités subversives, de sabotage et
d’agression contre les pays socialistes.
Il n’est pas inutile de rappeler ici les paroles
célèbres que le camarade Mao Zedong prononça au cours d’un
entretien en août 1946 et par lesquelles, dévoilant le tapage
antisoviétique qui n’était qu’un écran de fumée tendu par
l’impérialisme américain, il résuma la situation mondiale :
« Les Etats-Unis et l’Union soviétique sont
séparés par une zone très vaste qui englobe de nombreux pays
capitalistes, coloniaux et semi-coloniaux en Europe, en Asie et en
Afrique. Avant que les réactionnaires américains n’aient assujetti
ces pays, une attaque contre l’Union soviétique est hors de
question.
Dans le Pacifique, les Etats-Unis contrôlent
maintenant des régions plus étendues que l’ensemble de toutes les
anciennes sphères d’in fluence qu’y possédait la Grande-Bretagne;
ils contrôlent le Japon, la partie de la Chine soumise à la
domination du Kuomintang, la moitié de la Corée et le Pacifique
Sud. Ils contrôlent depuis longtemps l’Amérique centraient
l’Amérique du Sud.
Ils cherchent en outre à contrôler tout l’Empire
britannique et l’Europe occidentale. Sous divers prétextes, les
Etats-Unis prennent des dispositions militaires de grande envergure
et établissent des bases militaires dans de nombreux pays. Les
réactionnaires américains disent que les bases militaires qu’ils
ont établies et celles qu’ils se préparent à établir partout dans
le monde sont toutes dirigées contre l’Union soviétique.
Certes, elles visent l’Union soviétique. Mais
pour le moment, ce n’est pas l’Union-soviétique mais bien les pays
où ces bases militaires se trouvent établies qui ont à souffrir
les premiers de l’agression américaine. Je crois que ces pays ne
tarderont pas à comprendre qui, de l’Union soviétique ou des
Etats-Unis, les opprime vraiment. Le jour viendra où les
réactionnaires américains s’apercevront qu’ils ont contre eux les
peuples du monde entier.
Bien entendu, je ne veux pas dire que les
réactionnaires américains n’aient pas l’intention d’attaquer
l’Union soviétique. L’Union soviétique est le défenseur de la paix
mondiale, elle est un puissant facteur qui fait obstacle à la
conquête de l’hégémonie mondiale par les réactionnaires
américains.
Du fait de l’existence de l’Union soviétique, il
est absolument impossible aux réactionnaires des Etats-Unis et du
monde entier de réaliser leurs ambitions. C’est pourquoi les
réactionnaires américains vouent une haine implacable à l’Union
soviétique et rêvent effectivement de détruire cet Etat
socialiste. Mais les réactionnaires américains font aujourd’hui,
peu après la fin de la Seconde guerre mondiale, un tel tapage à
propos d’une guerre américano-soviétique — au point d’empoisonner
l’atmosphère internationale — que nous sommes obligés d’examiner
de plus près leurs véritables intentions.
Il apparaît alors que, sous le couvert de slogans
antisoviétiques, ils se livrent à des attaques frénétiques contre
les ouvriers et les milieux démocratiques de leur pays et
transforment en dépendances américaines tous les pays visés par
l’expansion des Etats-Unis. A mon avis, le peuple américain et les
peuples de tous les pays menacés par l’agression américaine doivent
s’unir et lutter contre les attaques des réactionnaires américains
et de leurs laquais dans ces pays. Seule la victoire remportée dans
cette lutte permettra d’éviter une troisième guerre mondiale;
sinon, celle-ci est inévitable » (Mao Zedong: Entretien avec la
journaliste américaine Anna Louise Strong, Œuvres choisies tome 4)
C’est ainsi que le camarade Mao Zedong montrait il
y a seize ans, en termes on ne peut plus clairs, comment les
impérialistes américains s’y prennent pour mettre leur grand empire
mondial sur pied. Il indiquait en même temps, en termes tout aussi
explicites, comment il faut procéder pour mettre en échec ce plan
insensé des impérialistes américains qui vise à asservir le monde
entier et comment orienter nos efforts pour éviter une troisième
guerre mondiale à l’humanité.
Ces paroles du camarade Mao Zedong montrent qu’il
existe, entre l’impérialisme américain et les pays socialistes, une
très vaste zone intermédiaire, englobant l’ensemble du monde
capitaliste, exception faite des Etats-Unis. Les cris de guerre
lancés par l’impérialisme américain contre le camp socialiste
indiquent, d’une part, qu’il se prépare effectivement à une guerre
d’agression contre les pays socialistes, qu’il rêve de les faire
disparaître, et d’autre part, qu’ il s’agit là d’un écran de fumée
derrière lequel il camoufle ses objectifs réels, l’agression et
l’asservissement de la zone intermédiaire.
Cette
politique ambitieuse d’agression et d’asservissement par laquelle
l’impérialisme américain cherche à asseoir son hégémonie dans le
monde se heurte en premier lieu à la résistance des nations et
peuples opprimés de la zone intermédiaire, en particulier ceux
d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Cette politique réactionnaire de l’impérialisme
américain est devenue, en fait, une sorte d’amorce révolutionnaire
pour les nations et peuples opprimés d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine; elle y a fait lever les flammes révolutionnaires qui s’y
propagent depuis une dizaine d’années. Dans ces régions, le feu de
la révolution ébranle encore plus fortement les fondements de la
domination impérialiste. Il s’é tend et gagnera à coup sûr des
régions plus vastes.
En outre, la politique d’hégémonie mondiale de
l’impérialisme américain accentuera nécessairement les rivalités
entre pays impérialistes et entre colonialistes et néocolonialistes,
pour la possession de colonies et de sphères d’influence; elle
aiguisera la lutte entre les impérialistes américains et les autres
impérialistes, ceux-là voulant imposer leur contrôle et ceux-ci
s’efforçant de s’y soustraire. Cette lutte touchant à leurs
intérêts vitaux, les impérialistes sont impitoyables entre eux,
chacun ne cherchant qu’à étrangler le rival.
Les impérialistes américains et leurs acolytes
appliquent vis-à-vis de la lutte de libération des nations et
peuples opprimés d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, une
politique ultra-réactionnaire, faite de répression et de duperie.
Les pays socialistes pratiquent à l’égard de la lutte
révolutionnaire nationale et démocratique dans ces régions —
cela va de soi, et c’est d’ailleurs un devoir auquel ils ne sauraient
se dérober — une politique de sympathie et de soutien.
Il s’agit là de deux politiques foncièrement
différentes, et les contradictions qui les opposent ne peuvent
manquer de se manifester de façon flagrante dans ces régions. La
politique adoptée par les révisionnistes modernes à l’égard de
celles-ci sert en réalité la politique de l’impérialisme. Il
s’ensuit que les contradictions entre la politique des
marxistes-léninistes et celle des révisionnistes modernes ne
peuvent manquer non plus de se manifester avec évidence dans ces
mêmes régions.
La population de ces régions d’Asie, d’Afrique et
d’Amérique latine représente plus des deux tiers de la population
du monde capitaliste. La montée constante de la marée
révolutionnaire dans ces régions, la lutte entre les pays
impérialistes, et entre les colonialistes et les néocolonialistes
pour la possession de ces régions font ressortir avec force que là
se trouve le point de convergence de toutes les contradictions du
monde capitaliste, et l’on peut dire également que le foyer des
contradictions mondiales est là. Ces régions constituent le maillon
le plus faible de l’impérialisme, la source principale de la
révolution mondiale actuelle qui bat en tempête.
L’expérience de ces seize dernières années a confirmé toute la justesse de la thèse du camarade Mao Zedong sur la localisation du foyer des contradictions mondiales après la Seconde guerre mondiale.
Le foyer des contradictions mondiales s’est-il
déplacé ?
D’énormes changements sont intervenus dans le
monde au cours des seize dernières années. Voici les principaux:
Premièrement: Une série de pays socialistes sont
nés en Europe et en Asie, le peuple chinois a triomphé dans sa
révolution, et ils ont formé avec l’Union soviétique le camp
socialiste comprenant douze pays: Albanie, Bulgarie, Hongrie,
Vietnam, République démocratique allemande, Chine, Corée,
Mongolie, Pologne, Roumanie, Union soviétique et Tchécoslovaquie,
et comptant un milliard d’hommes. Le rapport des forces dans le monde
en a été radicalement modifié.
Deuxièmement: Les forces de l’Union soviétique,
ainsi que de l’ensemble du monde socialiste, se sont considérablement
accrues et l’influence du monde socialiste s’est grandement élargie.
Troisièmement: Le mouvement de libération
nationale et le mouvement révolutionnaire des peuples d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine ont détruit et continuent à
détruire, dans de vastes régions et avec une puissance foudroyante,
les positions des impérialistes américains et de leurs acolytes.
L’héroïque peuple cubain a renversé le régime réactionnaire des
laquais de l’impérialisme américain, sa grande révolution est
victorieuse et il s’est engagé dans la voie du socialisme.
Quatrièmement: La lutte pour les droits
démocratiques et le socialisme menée par la classe ouvrière et le
peuple travailleur dans les pays capitalistes européens et
américains a pris un nouvel essor et connu un nouveau développement.
Cinquièmement: Le développement inégal des pays
capitalistes s’est accentué. Les forces capitalistes de la France
ont acquis un développement nouveau, et déjà elles commencent à
se sentir de taille à affronter les Etats-Unis.
Les contradictions entre la Grande-Bretagne et les
Etats-Unis se sont encore aggravées. Les pays vaincus de la Seconde
guerre mondiale, Allemagne occidentale, Italie et Japon, se sont
redressés, avec le soutien des Etats-Unis, et cherchent, l’un plus,
l’autre moins, à se dégager de la domination américaine.
L’Allemagne occidentale et le Japon, où le
militarisme renaît, deviennent une fois de plus des foyers de
guerre. L’Allemagne et le Japon étaient, avant la. Seconde guerre
mondiale, les principaux concurrents de l’impérialisme américain.
Aujourd’hui, de nouveau en tant que principale concurrente,
l’Allemagne occidentale s’est retrouvée avec les impérialistes
américains sur le marché mondial capitaliste; le sentier est étroit
et aucun des deux ne tient à céder le passage à l’autre. La
concurrence entre le Japon et les Etats-Unis s’intensifie également
de jour en jour.
Sixièmement: L’inégalité accrue du
développement économique et politique entre les pays capitalistes
s’est accompagnée d’une concurrence encore plus vive entre les
différents groupes monopolistes.
Ces changements nous
apprennent que si les peuples prennent conscience et s’unissent, ils
pourront vaincre les impérialistes américains et leurs laquais et
gagner la liberté et leur émancipation.
Ils nous apprennent aussi que plus les forces des
pays socialistes se développent, plus l’unité du camp socialiste se
renforce, plus le mouvement de libération des nations opprimées
gagne en ampleur, plus la lutte du prolétariat et d’autres couches
populaires opprimées des pays capitalistes s’étend, plus grande
devient alors la possibilité de lier pieds et mains aux
impérialistes, de les obliger à ne plus dédaigner l’opinion
mondiale, d’empêcher une nouvelle guerre mondiale et de sauvegarder
la paix mondiale.
Ils nous apprennent encore que les contradictions
entre l’impérialisme américain et les autres puissances
impérialistes s’aggravent de plus en plus et deviennent toujours
plus aiguës, et que de nouveaux conflits se développent entre eux.
La révolution victorieuse du peuple chinois, les
victoires des pays socialistes dans leur édification, la révolution
nationale et démocratique victorieuse dans de nombreux pays et la
révolution victorieuse du peuple cubain ont porté un coup
extrêmement sévère au plan insensé, d’asservissement mondial, de
l’impérialisme américain.
En vue de poursuivre leur politique d’agression,
les impérialistes américains mènent ces dernières années, en
dehors de leur propagande antisoviétique, une propagande
particulièrement nourrie contre la Chine.
L’objectif de leur propagande antichinoise est
naturellement de perpétuer leur mainmise sur le territoire chinois
du Taïwan, et de poursuivre toutes sortes d’activités criminelles
de sabotage et d’intimidation contre notre pays. Par ailleurs, il est
évident pour tout le monde qu’à la faveur de leur propagande
antichinoise, les impérialistes américains tentent en même temps
d’atteindre un important but pratique: le contrôle et
l’asservissement du Japon, de la Corée du Sud et de l’ensemble du
Sud-est asiatique. Les soi-disant « Pacte de sécurité
nippo-américain », « Organisation du Traité de défense
collective de l’Asie du Sud-est », etc., sont des instruments aux
Etats-Unis à contrôler et asservir un bon nombre de pays des
régions intéressées.
Depuis des années, les impérialistes américains
soutiennent, publiquement ou secrètement, les réactionnaires
indiens, soutiennent le gouvernement Nehru. Quel est leur but réel?
Ils voudraient, par un tour de passepasse, placer l’Inde, ancienne
colonie britannique et toujours membre du Commonwealth, dans la
sphère d’in fluence des Etats-Unis, et escamoter le joyau qui orna
la couronne de l’Empire britannique pour le sertir dans la couronne
de l’Empire du Dollar. Pour y parvenir, il leur faut tout d’abord
trouver un prétexte et tendre un rideau de fumée, devant le peuple
indien et les peuples du monde entier, d’où la « campagne
antichinoise » et l’opposition à la prétendue « agression
chinoise », bien qu’ils ne croient nullement à cette
agression-ci.
Les impérialistes américains considèrent
l’action militaire antichinoise du gouvernement Nehru comme une
occasion magnifique pour placer l’Inde sous leur contrôle.
Après que Nehru eut déclenché le conflit
frontalier sino-indien, ils se sont introduits en Inde avec un
sans-gêne superbe, en invoquant la « campagne antichinoise »,
y étendant ainsi leur influence dans les domaines militaire,
politique et économique.
Cette intrusion d’envergure constitue un pas
important du plan néo-colonialiste appliqué par les réactionnaires
américains en Inde, et un événement important dans le cadre de la
lutte actuelle, ouverte ou sournoise, entre les pays impérialistes
pour l’accaparement de marchés, de sphères d’influence et pour un
nouveau partage du monde. Ces agissements des impérialistes
américains contribueront immanquablement à une nouvelle prise de
conscience du peuple indien et aggraveront nécessairement les
contradictions qui opposent impérialisme américain et impérialisme
britannique en Inde.
Par suite de la perte des colonies, du
développement du mouvement de révolution nationale et du
rétrécissement du marché mondial capitaliste, les disputes entre
pays impérialistes, non seulement continuent à se manifester dans
de nombreuses régions d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et
d’Australie, mais apparaissent encore en Europe occidentale, berceau
du capitalisme.
Jamais encore dans l’histoire. La rivalité entre
pays impérialistes n’a pris une telle ampleur en temps de paix,
gagnant tous les coins de l’Europe occidentale, jamais non plus, ces
pays ne se sont disputés à tel point des régions industriellement
développées comme l’Europe occidentale.
Le Marché commun européen, formé par six pays,
dont l’Allemagne occidentale, la France et l’Italie, et l’Association
européenne de Libre-échange, constituée par sept pays et ayant à
sa tête la Grande-Bretagne, ainsi que la Communauté atlantique dont
la mise sur pied est vivement encouragée par les Etats-Unis sont
autant de preuves que la dispute des marchés de l’Europe occidentale
entre les pays impérialistes s’aggrave de plus en plus. Le «
développement du commerce italien dans toutes les directions »
(Thèses du Xème congrès du Parti communiste italien), dont parlent
Togliatti et d’autres camarades, reflète en fait l’aspiration de la
bourgeoisie monopoliste italienne à l’accaparement des marchés.
En dehors de l’Europe occidentale, la querelle
ouverte suscitée par les restrictions imposées dernièrement par
les Etats-Unis aux importations de cotonnades japonaises, montre
qu’entre les Etats-Unis et le Japon, la dispute des marchés
s’extériorise de plus en plus.
Togliatti et certains camarades disent: « Le
régime colonial s’est presque complètement écroulé » (P.
Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien), « il
n’existe plus, dans le monde, de sphères d’influence réservées à
l’impérialisme ». (P. Togliatti: Intervention faite le 21 juillet
1960 à la session Plénière du Comité central du Parti communiste
italien) D’autre disent que « dans le monde, il n’y a plus que 50
millions d’homme gémissant sous le joug colonialiste », que du
système colonial il ne reste plus que des séquelles. A leurs yeux,
la lutte contre l’impérialisme n’est déjà plus une tâche
importante pour les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Cette façon de présenter les choses ne repose
sur aucun fait. En Asie, en Afrique et en Amérique latine, la
plupart des pays sont toujours en butte à l’agression et à
l’oppression impérialistes, ils sont toujours sous l’asservissement
colonialiste et néocolonialiste. Ces dernières années, de nombreux
pays sont devenus indépendants, mais leur économie se trouve
toujours sous l’emprise du capital monopoliste étranger. Les vieux
colonialistes ont été chassés de certains pays, mais les
néocolonialistes, plus puissants et dangereux, ont fait irruption,
menaçant gravement l’existence de nombreuses nations.
La lutte que les peuples de ces régions ont à
mener contre l’impérialisme est bien loin d’être accomplie. Même
notre pays, la Chine, qui a achevé sa révolution nationale et
démocratique et fait triompher la révolution socialiste, a encore
pour tâche de lutter contre l’agression des impérialistes
américains qui occupent toujours notre territoire sacré du Taïwan.
Nombre de Pays impérialistes ne reconnaissent
toujours pas l’existence de la grande République populaire de Chine,
notre pays se voit jusqu’ici injustifiablement privé de son siège
légitime à l’O.N.U. La lutte contre l’impérialisme, le
colonialisme et le néocolonialisme reste pour les nations et les
peuples opprimés des vastes régions d’Asie, d’Afrique et
d’Amérique latine la tâche primordiale, la plus urgente.
Les changements intervenus dans le monde durant
les seize dernières années confirment sans cesse que les
contradictions entre, d’une part, la politique d’asservissement
poursuivie par les impérialistes américains et les peuples du monde
d’autre part, les contradictions qui opposent la politique
d’expansion mondiale, pratiquée par l’impérialisme américain, aux
autres puissances impérialistes, constituent le point de convergence
des contradictions dans le monde après la Seconde guerre mondiale.
Celles-ci sont illustrées, plus particulièrement, par les
contradictions entre les impérialistes américains et leurs laquais
d’une part, et les nations et peuples opprimés d’Asie, d’Afrique
et d’Amérique latine d’autre part, ainsi que par celles entre les
colonialistes et les néocolonialistes qui se disputent ces régions.
Prolétaires de tous les pays et peuples
opprimés, unissez-vous!
L’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine ont été
de longue date l’objet des rapines et de l’oppression des
colonialistes européens et américains. Ces derniers se sont emparés
d’immenses richesses dans ces vastes régions et s’en sont
engraissés. Le sang et la sueur des peuples de ces régions leur
servant d’ « engrais pour la culture et la civilisation capitalistes
» (V. I. Lénine: Rapport au Ile Congrès de Russie des
Organisations communistes des Peuples d’Orient Œuvres, tome 30), il
en est résulté chez ces peuples une misère extrême et un immense
retard sur le plan économique et culturel.
Mais l’excès appelle la révolte. La politique
d’asservissement pratiquée de longue date par ces oppresseurs
étrangers, ces colonialistes et impérialistes a eu pour conséquence
inévitable de leur valoir la haine des peuples de ces régions, de
faire prendre conscience à ceux-ci et de les obliger à se dresser
dans des luttes continuelles allant jusqu’à la résistance ou
l’insurrection armées afin d’assurer leur propre existence et celle
de leur nation. Ceux qui n’acceptent pas l’asservissement comprennent
les couches sociales les plus larges: non seulement les ouvriers,
paysans, artisans, petits bourgeois, intellectuels, mais aussi les
éléments de la bourgeoisie nationale patriote et même certains
éléments patriotes de la noblesse.
La résistance que les peuples d’Asie, d’Afrique
et d’Amérique latine opposent au colonialisme et à l’impérialisme
a été sans cesse en butte à des répressions atroces et a essuyé
maints échecs.
Mais après chaque échec, ils se sont dressés de
nouveau et ont repris le combat. Le camarade Mao Zedong a mis en
lumière, de façon concise, l’agression de la Chine par les
impérialistes, et il a montré comment cette agression a évolué
vers son contraire. Lorsqu’en 1949 la grande révolution du peuple
chinois remporta sa victoire fondamentale, le camarade Mao Zedong
écrivit dans « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la
lutte »: « Toutes ces guerres d’agression plus l’agression et
l’oppression politiques, économiques et culturelles, ont fait naître
chez les Chinois la haine contre l’impérialisme, les ont amenés à
se demander ce que cela pouvait bien signifier, et les ont obligés à
déployer leur esprit révolutionnaire et à s’unir dans la lutte.
Lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec,
nouvelle lutte encore; et ce n’est qu’au bout d’une expérience de
109 ans, faite de centaines de luttes, grandes et petites, militaires
et politiques, économiques et culturelles, avec ou sans effusion de
sang, que le peuple chinois a remporté la victoire fondamentale
d’aujourd’hui ». (Mao Zedong: Œuvres choisies, tome IV)
L’expérience de la lutte du peuple chinois revêt
une signification actuelle pour la lutte de libération populaire de
nombreux pays et territoires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine. La Grande Révolution d’Octobre a uni la lutte
révolutionnaire du prolétariat au mouvement de libération des
nations opprimées et a ainsi frayé un chemin nouveau à la lutte de
ces dernières pour leur libération. La réussite de la révolution
du peuple chinois est, pour les nations opprimées, un magnifique
exemple de victoire.
Suite à la Révolution russe d’Octobre et à la
révolution chinoise, la lutte révolutionnaire du peuple a pris une
ampleur sans précédent dans de vastes régions d’Asie, d’Afrique et
d’Amérique latine. Et les faits n’ont cessé de montrer que si les
luttes dans ces régions connaissent parfois des revers, les
impérialistes et leurs valets sont, de toute façon, dans
l’impossibilité de résister à ce torrent.
A l’heure actuelle, les pays impérialistes
d’Europe et d’Amérique se trouvent encerclés par les peuples
d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine en lutte pour leur
libération. Cette lutte est un appui de la plus grande portée pour
la lutte de la classe ouvrière d’Europe occidentale et d’Amérique
du Nord.
Marx, Engels et Lénine ont toujours considéré
la lutte des paysans des pays capitalistes et la lutte des peuples
des colonies et des pays dépendants comme deux grandes alliées
directes de la révolution prolétarienne des pays capitalistes.
Comme chacun le sait, Marx a formulé l’espoir
suivant en 1856: « Tout dépendra en Allemagne de la possibilité de
faire appuyer la révolution prolétarienne par une réédition de la
guerre des paysans. » (V. I. Lénine: « Karl Marx (Brève notice
biographique comportant un exposé du marxisme), Préface »,
Œuvres, tome 21) Et Lénine a dénoncé sévèrement les « héros »
de la Ile Internationale qui avaient éludé cette indication
expresse de Marx énoncée « dans sa correspondance se rapportant
… à 1856, où il formulait l’espoir de voir se réaliser, en
Allemagne, l’union de la guerre paysanne, capable de créer une
situation révolutionnaire, au mouvement ouvrier.
Même cette indication expresse, ils l’éludent,
ils tournent autour et à côté, comme ferait un chat autour d’une
bouillie chaude. » (V. I. Lénine: « Sur notre révolution »,
Œuvres, tome 33) Parlant de l’importance que l’alliance avec la
paysannerie représente pour l’émancipation du prolétariat, Lénine
disait: « Ce n’est que dans le renforcement de l’alliance des
ouvriers et des paysans que gît la libération générale de toute
l’humanité de choses telles que le récent carnage impérialiste, de
ces sauvages contradictions que nous apercevons maintenant dans le
monde capitaliste. » (V. I. Lénine: « IXe Congrès des Soviets
de Russie », Œuvres, tome 33). De son côté, Staline a dit:
«…l’indifférence pour une question aussi importante que la
question paysanne, à la veille de la révolution prolétarienne, est
l’autre face de la négation de la dictature du prolétariat, un
indice certain de trahison directe envers le marxisme. » (J.
Staline: « Des principes du léninisme », Œuvres, tome 6.)
On se rappelle aussi la phrase célèbre de Marx
et d’Engels: « Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être
libre ». En 1870, se basant sur la situation de l’époque, Marx
prédisait: « Après m’être penché pendant bien des années sur la
question de l’Irlande, j’en suis arrivé à la conclusion que le coup
fatal aux classes dominantes anglaises … ne saurait être porté en
Angleterre, mais seulement en Irlande » (K. Marx: « Lettre à S.
Meyer et à A. Vogt ».) Lors de la Révolution des Taiping en
Chine, Marx écrivit, en 1853, son célèbre article « La
révolution en Chine et en Europe ». Il y disait notamment: « On
peut augurer sans crainte de se tromper que la révolution chinoise
jettera des étincelles dans la mine bourrée d’explosifs du système
industriel d’aujourd’hui et provoquera l’explosion de la
crise générale, longtemps mûrie, qui, s’étendant au-delà de
l’Angleterre, entraînera directement des révolutions politiques
dans le continent européen » (K. Marx & F. Engels: Œuvres
complètes, tome 9).
Reprenant et développant la thèse de Marx et
d’Engels, Lénine a souligné la grande importance que revêt l’union
du prolétariat des pays capitalistes avec les nations opprimées
pour la victoire de la révolution prolétarienne.
Il estime juste, à notre époque, le mot d’ordre
« Prolétaires de tous les pays et peuples opprimés, unissez-vous!
» (Voir V. I. Lénine: « Discours à l’Assemblée des militants
actifs de l’organisation de Moscou du Parti communiste (bolchévik)
de Russie », Œuvres, tome 31)
Et il indiqua: « Le mouvement révolutionnaire
des pays avancés ne serait, en fait, qu’une simple duperie sans
l’union complète et la plus étroite dans la lutte des ouvriers en
Europe et en Amérique contre le capital et des centaines et
centaines de millions d’esclaves ‘coloniaux ‘opprimés par ce
capital. » (V.I. Lénine: « Le IIe Congrès de l’Internationale
communiste », Œuvres, tome 31)
Staline a repris et développé les théories de
Marx, Engels et de Lénine à propos de la question nationale, et a
en outre développé la thèse de Lénine selon laquelle la question
nationale s’inscrit dans la question générale de la révolution
socialiste mondiale. Il a souligné, dans « Des principes du
léninisme « :
Le léninisme « … a détruit le mur qui
séparait Blancs et Noirs, Européens et Asiatiques, esclaves
‘civilisés’ et ‘non-civilisés’ de l’impérialisme, et il a rattaché
ainsi la question nationale à la question des colonies. Par là
même, la question nationale, de question particulière, de question
intérieure d’Eta t, est devenue une question générale et
internationale, la question universelle de la libération des peuples
opprimés des pays dépendants et des colonies, du joug de
l’impérialisme» (J. Staline: Œuvres, tome 6)
Dans « La Révolution d’Octobre et la question
nationale », Staline dit, en parlant de la portée mondiale de la
Révolution d’Octobre, que celle-ci a « jeté . . . un pont entre
l’Occident socialiste et l’Orient asservi, en créant contre
l’impérialisme mondial un nouveau front de révolutions, qui s’étend
des prolétaires d’Occident aux peuples opprimés de l’Orient, en
passant par la Révolution russe » (J. Staline: Œuvres, tome 4)
C’est ainsi que Marx, Engels, Lénine et Staline
ont montré avec clarté les deux conditions fondamentales
nécessaires au prolétariat européen et américain pour son
émancipation et sa victoire. Ils considèrent qu’en tant que
condition extérieure, le développement de la lutte pour la
libération nationale assènera un coup décisif aux classes
dominantes des métropoles capitalistes.
Ainsi qu’on le
sait, le camarade Mao Zedong puissamment contribué à mettre en
lumière les thèses de Marx, Engels, Lénine et Staline sur la
question des deux grands alliés du prolétariat dans la lutte pour
son émancipation. Et dans la pratique de la révolution chinoise
dont il assuma la direction, il a résolu concrètement et I avec
succès la question paysanne et celle de la libération nationale,
assurant ainsi la victoire de la grande révolution chinoise.
Toutes les luttes pour l’existence menées par les
nations opprimées ont eu la chaleureuse sympathie et fait I l’objet
des éloges de Marx, Engels et Lénine.
Bien que Marx, Engels, et même Lénine n’aient pu
voir les impétueuses luttes de libération nationale et de
révolution populaire qui se déroulent aujourd’hui en Asie, en
Afrique et en Amérique latine, bien qu’ils n’aient pu en voir les
victoires successives, les lois qu’ils ont dégagées de l’expérience
de la lutte pour la libération nationale de leur époque sont
confirmées de plus en plus par les faits.
Les grands changements survenus après la Seconde
guerre mondiale en Asie, en Afrique et en Amérique latine ne
prouvent nullement que le principe marxiste-léniniste de la liaison
entre le mouvement de libération nationale et le mouvement
révolutionnaire du prolétariat soit périmé, comme certains le
prétendent; bien au contraire, ils ne font qu’apporter des
preuves nouvelles de la grande vitalité de ce principe que la
pratique des luttes révolutionnaires des peuples d’Asie, d’Afrique
et d’Amérique latine a encore enrichi.
De là découle une tâche fondamentale, à notre
époque, pour le mouvement communiste international: appuyer les
luttes révolutionnaires des nations et peuples opprimés d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine; car elles jouent un rôle décisif
pour l’ensemble de la cause du prolétariat mondial. En un certain
sens, la cause révolutionnaire du prolétariat mondial dépend, en
définitive, de l’issue de la lutte des peuples de ces régions qui
constituent l’écrasante majorité de la population mondiale, ainsi
que de l’appui qu’elle pourra trouver dans les luttes
révolutionnaires de ces mêmes régions.
Ces luttes ne
peuvent être étouffées. Elles éclateront, et rien ne peut les en
empêcher. Et à moins d’en assumer la direction, les partis
prolétariens de ces régions se couperont inévitablement du peuple
et ne pourront gagner sa confiance.
Dans la lutte antiimpérialiste de ces régions,
les alliés du prolétariat englobent les couches les plus larges.
Par conséquent, il faut qu’avec son détachement d’avant-garde, le
prolétariat soit aux premiers rangs de la lutte, brandisse le
drapeau antiimpérialiste et de l’indépendance nationale et qu’ il
sache au mieux organiser ses alliés, former un vaste front uni
antiimpérialiste et antiféodal, démasquer les multiples duperies
des impérialistes, des réactionnaires et des révisionnistes
modernes, orienter la lutte dans la bonne voie, afin de l’acheminer
vers la victoire et d’asseoir la victoire de chaque combat sur une
base solide.
Sans quoi, la lutte révolutionnaire ne saurait
être victorieuse, et même si la victoire était remportée, elle ne
pourrait être consolidée, les réactionnaires pourraient encore
s’emparer de ses fruits, et le pays et la nation se retrouveraient
sous le joug impérialiste.
Nombreux sont les exemples, de nos jours comme
dans le passé, du peuple trahi au cours de la lutte révolutionnaire,
et l’échec de la révolution chinoise en 1927 est un de ces
exemples, et de poids.
De son côté, le prolétariat des
pays capitalistes d’Europe et d’Amérique doit être au premier rang
pour appuyer la lutte révolutionnaire des nations et peuples
opprimés des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. En
l’appuyant il concourt, en fait, à sa propre émancipation.
Car, sans le soutien de la lutte révolutionnaire
des nations et peuples opprimés d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine, le prolétariat et les masses populaires des pays
capitalistes d’Europe et d’Amérique ne parviendront pas à se
débarrasser des souffrances qu’ils ont à endurer sous l’oppression
du capital et de la menace de guerre que l’impérialisme fait peser
sur eux. En conséquence, le parti politique du prolétariat des
métropoles impérialistes doit considérer comme de son devoir
d’écouter la voix des peuples révolutionnaires de ces régions,
d’étudier leurs expériences de lutte, de respecter leurs sentiments
révolutionnaires, d’agir en coordination avec leur lutte
révolutionnaire.
Il n’a pas le moindre droit d’a buser de sa
qualité d’aîné, de son ancienneté, de jouer au grand seigneur,
de se pavaner, ou d’afficher envers ces peuples un arrogant et
superbe mépris, comme le camarade Thorez qui déplore leur «
jeunesse et inexpérience » (M. Thorez: Rapport présenté le 15
décembre 1960 au Comité central du Parti communiste français)
A plus forte raison, ils ont encore moins le droit
d’adopter une attitude social-chauvine pour calomnier, maudire,
menacer et entraver la lutte révolutionnaire des peuples de ces
régions.
Il faut bien savoir, comme l’enseigne le
marxisme-léninisme, que si un parti ouvrier d’une métropole
impérialiste n’a pas une position juste, une ligne et une politique
justes à l’égard des mouvements de libération nationale et des
mouvements révolutionnaires des peuples des pays d’Asie , d’Afrique
et d’Amérique latine, il lui est impossible d’avoir une position,
une ligne et une politique justes pour la lutte de la classe ouvrière
et des masses populaires dans son propre pays.
Les mouvements de libération nationale et les
mouvements révolutionnaires des peuples des pays d’Asie d, ‘Afrique
et d’Amérique latine constituent un appui puissant et une force très
importante qui assure les pays socialistes contre l’agression de
l’impérialisme .Il ne fait pas de doute que les pays socialistes
doivent témoigner une chaleureuse sympathie et donner un soutien
actif à ces mouvements, et ne jamais afficher de complaisance
gratuite, par manière d’acquit, agir en nationalistes égoïstes ou
faire montre de chauvinisme de grande nation; il est encore moins
admissible de chercher à les empêcher de se dérouler, à les
entraver ou à les trahir ou les torpiller.
Les pays où le socialisme a triomphé doivent
considérer comme un devoir internationaliste sacré le soutien aux
luttes de libération nationale de tous les pays et aux luttes
révolutionnaires des peuples. Certains estiment que pour les pays
socialistes, ce soutien n’est qu’un « fardeau », un devoir
unilatéral.
C’est là un point de vue tout à fait erroné,
anti-marxiste-léniniste. On doit savoir que ce soutien est
bilatéral, réciproque. Les pays socialist.es apportent leur soutien
aux luttes révolutionnaires des peuples de tous les pays et, en
retour, les luttes révolutionnaires de ces peuples contribuent à
soutenir et à défendre les pays socialistes.
Sur ce point, Staline a dit très justement: « La
particularité caractéristique de cette aide du pays victorieux, ce
n’est pas seulement qu’elle accélère la victoire des prolétaires
des autres pays, mais aussi que, facilitant cette victoire, elle
assure par là même la victoire définitive du socialisme dans le
premier pays victorieux. » (J. Staline: « La Révolution
d’Octobre et la tactique des communistes russes », Œuvres, tome
6)
Il y a des gens qui estiment qu’à l’heure
actuelle, le principal moyen pratique par lequel les pays socialistes
devraient faire face à l’impérialisme est d’engager avec lui une
compétition économique pacifique. La lutte de libération
nationale, la lutte révolutionnaire des peuples, la dénonciation de
l’impérialisme, etc., etc., ne seraient qu’un « moyen, sans
doute le meilleur marché, de lutter », « des procédés de
sorciers et de rebouteurs ».
Tels de riches seigneurs pleins de miséricorde,
ils disent aux peuples de ces régions: N’affichez pas un « courage
factice », ne provoquez pas d’ »étincelles », ne
cherchez pas à « mourir noblement ».
Vous ne devez pas « manquer de foi dans la
possibilité de vaincre le régime capitaliste dans la compétition
économique pacifique », attendez jusqu’au moment où le
socialisme aura complètement battu le capitalisme dans le domaine du
développement des forces productives et, alors, naturellement, vous
aurez tout ce qu’il faut; quant à l’impérialisme il s’écroulera
alors de lui-même. Chose étrange, ces gens-là craignent comme la
peste les luttes révolutionnaires des peuples de ces régions.
Pareille attitude n’a rien de marxiste-léniniste,
elle est entièrement contraire aux intérêts des nations et des
peuples opprimés et à ceux du prolétariat et du peuple travailleur
du pays intéressé; elle est également entièrement contraire aux
intérêts des pays socialistes eux-mêmes.
Bref, à
l’heure actuelle, la situation est excellente pour les peuples du
monde. Cette situation est des plus favorables aussi bien pour les
nations et peuples opprimés des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine que pour le prolétariat et le peuple travailleur des pays
capitalistes, les pays socialistes et la cause de la paix mondiale.
Cette situation n’est mauvaise que pour l’impérialisme, les réactionnaires de tous les pays et les forces d’agression et de guerre. Dans une telle situation, l’attitude adoptée à l’égard de la lutte révolutionnaire des nations et des peuples opprimés des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine est un critère important qui permet de distinguer entre révolution et non-révolution, entre internationalisme et social-chauvinisme, entre marxisme-léninisme et révisionnisme moderne, et aussi de distinguer ceux qui défendent réellement la paix mondiale de ceux qui encouragent les forces d’agression et de guerre.
Brèves conclusions
Nous récapitulons ici les vues exposées plus
haut sur la situation internationale:
Premièrement: L’impérialisme américain est
l’ennemi commun de tous les peuples du monde, le gendarme
international réprimant les justes luttes des peuples, le principal
bastion du colonialisme contemporain.
Il a fait des efforts insensés, après la guerre,
pour s’approprier les vastes zones intermédiaires situées entre les
Etats-Unis et les pays socialistes, pour asservir non seulement les
vaincus et leurs anciennes colonies et sphères d’influence, mais
aussi contrôler ses alliés du temps de guerre, usant de tous les
moyens pour réaliser sa mainmise sur leurs anciennes colonies et
sphères d’influence. Mais il est encerclé par les peuples du monde;
ses folles ambitions l’ont voué à un isolement de plus en plus
complet parmi les pays impérialistes, et, en réalité, ses forces
ne cessent de décliner alors que s’élargit continuellement le front
uni des peuples du monde contre l’impérialisme ayant à sa tête les
Etats-Unis.
Le peuple américain, les nations et peuples
opprimés du monde pourront vaincre l’impérialisme américain par
leurs luttes. La situation n’est rien moins que brillante chez les
impérialistes et les réactionnaires de tous les pays, ayant les
Etats-Unis à leur tête; par contre la puissance des peuples ne
cesse de croître.
Deuxièmement: Les luttes entre les puissances
impérialistes qui se disputent débouchés et zones d’influence, en
Asie, Afrique, Amérique latine et même en Europe occidentale les
ont amenées à de nouvelles divisions et de nouveaux regroupements.
Les contradictions et les conflits entre pays
impérialistes sont un fait objectif déterminé par la nature du
système impérialiste. Vus sous l’angle des intérêts pratiques des
pays impérialistes, ils sont, bien plus alarmants, directs et réels
que les contradictions entre ces pays et les pays socialistes.
Ne pas en avoir conscience revient à nier
l’exacerbation des contradictions provoquées par le développement
inégal du capitalisme au stade de l’impérialisme, il devient alors
impossible de comprendre la politique, réelle de l’impérialisme et,
dans ces conditions, impossible pour les communistes d’élaborer une
ligne et une politique justes pour le combattre.
Troisièmement: Le camp socialiste est le plus
solide bastion de la défense de la paix mondiale, de la cause de la
justice. La consolidation et le renforcement continuels de ce bastion
empêcheront d’autan pt lus les impérialistes de l’attaquer à la
légère. Car ils savent que l’attaquer est une entreprise par trop
risquée, une entreprise dont ils ne retireraient que les plus grands
déboires, et qui mettrait jusqu’à leur existence en jeu.
Quatrièmement: D’aucuns tiennent, d’une manière
simpliste, pour seules contradictions du monde actuel celles entre
camp socialiste et camp impérialiste, ils ne voient pas, ou veulent
en fait voiler les contradictions qui opposent les impérialistes,
les colonialistes et néocolonialistes, et les valets de tout ce
monde, aux nations et peuples opprimés d’Asie, d’Afrique, d’Amérique
latine; ils ne voient pas, ou veulent en fait voiler les
contradictions entre les pays impérialistes; ils ne voient pas, ou
veulent en fait voiler le point de convergence des contradictions du
monde actuel. Nous ne pouvons être d’accord avec ce point de vue.
Cinquièmement: D’aucuns, tout en reconnaissant
qu’il existe des contradictions entre le camp socialiste et le camp
impérialiste, estiment qu’il suffit de supprimer ce qu’ils
appellent « l’existence et l’opposition des deux grands blocs
militaires » (P. Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti
communiste italien) ou qu’ il suffit aux pays socialistes de lancer «
aux classes dirigeantes bourgeoises un défi pour une compétition
pacifique » (Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien)
pour que, pratiquement, ces contradictions disparaissent, et que
système socialiste et système capitaliste se fondent en un seul.
Nous ne pouvons être d’accord avec ce point de
vue.
Sixièmement: le développement du capitalisme
monopoliste d’Etat dans les pays impérialistes provient de ce que la
bourgeoisie monopoliste veut renforcer par tous les moyens, et non
pas laisser s’affaiblir les positions dominantes qu’elle détient
dans le pays et sa position dans la concurrence à l’étranger. De
même, si les impérialistes de tous les pays s’emploient
fiévreusement à renforcer leur machine de guerre, ce n’est pas
seulement pour piller les autres nations et éliminer leurs
concurrents à l’étranger, c’est aussi pour opprimer encore
davantage le peuple de leur propre pays.
Dans les pays impérialistes, la soi-disant
démocratie bourgeoise s’est avérée encore plus ouvertement comme
une dictature de la tyrannie exercée par une poignée d’oligarques
monopolistes sur les esclaves salariés et les grandes masses.
N’est-ce pas du subjectivisme le plus fantaisiste
que d’affirmer que, dans ces pays, le capitalisme monopoliste d’Etat
est en voie de passer graduellement au socialisme, que le peuple
travailleur peut accéder ou participer déjà à la direction de
l’Etat, et d’en déduire qu’ « en fait, il existe aujourd’hui,
dans le monde capitaliste, une poussée pour des transformations
structurelles et des réformes de caractère socialiste? » (P.
Togliatti : Rapport au Xème Congrès du Parti communiste italien)
L’histoire n’appartient pas aux impérialistes et
aux réactionnaires, qui ont les Etats-Unis à leur tête, elle est
aux peuples du monde. Sentant la faillite approcher, ils cherchent
désespérément une issue. Et dans leur imagination délirante, ils
ont musé sur un prétendu « conflit sino-soviétique. »
Il y a longtemps que les impérialistes et leurs
porte-parole ont répandu cette idée. Les inqualifiables attaques et
calomnies lancées ces derniers temps contre le Parti Communiste
chinois par les révisionnistes modernes et leurs partisans les ont
encore encouragés dans la poursuite de cette chimère.
Ils exultent et s’en donnent à cœur joie pour
semer la discorde. Mais ces rêveurs réactionnaires ont par trop
sous-estimé la grande force de l’amitié des peuples chinois et
soviétique et celle de la solidarité internationale prolétarienne,
et par trop surestimé le rôle que jouent les révisionnistes
modernes et leurs partisans. L’histoire balayera un jour toutes leurs
illusions, et ce seront ces réactionnaires hallucinés qui
connaîtront l’échec.
L’erreur de Togliatti et d’autres camarades
consiste en ce que leurs Thèses, rapports et conclusions touchant à
la situation internationale sont foncièrement en divorce avec
l’analyse scientifique marxiste-léniniste, avec l’analyse de classe.
Lénine a raillé les populistes: « Toute leur
philosophie se résout en lamentations sur ce thème: il y a la lutte
et l’exploitation, mais elle ‘pourrait bien’ ne pas exister
si…s’il n’y avait pas d’exploiteurs. » Il disait qu’ils «
s’accommodaient toute leur vie de ‘si’ et de ‘car’ »
(V.I. Lénine : « Ce que sont les ‘amis du peuple’ et
comment ils luttent contre les social-démocrates », Œuvres tome
I)
Un marxiste-léniniste n’a pas à se comporter
comme un populiste !
Cependant, le fondement et l’argumentation des
Thèses et rapport de Togliatti et d’autres camarades reposent
justement sur une utilisation recherchée des « si » et des
« car « . Et c’est pour cela que les conceptions nouvelles
qu’ils ont élaborées ne peuvent être autre chose qu’un amas de
notions fort confuses.
IV. LA GUERRE ET LA PAIX
Le problème a ses racines dans les lois mêmes du
développement social, il n’a rien d’une supposition toute subjective
Ces dernières années, de soi-disant
« marxistes-léninistes » ont discouru sans fin, écrit des
quantités d’articles sur la guerre et la paix, et noyé le marché
sous une masse de livres et de brochures. Mais ils n’ont pas
manifesté le moindre désir d’étudier sérieusement où gît
l’origine même de la guerre, la nature différente des guerres et où
est la voie qui permettra d’en finir avec la guerre.
Les
anarchistes exigeaient que l’Etat soit supprimé du jour au
lendemain. Aujourd’hui, alors que le système capitaliste et le
système d’exploitation existent encore, des gens qui se prétendent
« marxistes-léninistes » voudraient qu’apparaisse un beau
matin « un monde sans armes, sans armées et sans guerres ».
Ils proclament fièrement que c’est là « une grande découverte
faisant époque », « un changement révolutionnaire de la
conscience humaine », une « contribution créatrice » au
marxisme-léninisme. Et un des crimes qu’ils reprochent aux
« dogmatiques », c’est que ceux-ci se refusent à accepter le
cadeau scientifique qui leur est fait.
Il semble que le camarade Togliatti et certains
autres camarades du Parti communiste italien colportent ce cadeau
avec zèle. Ils prétendent que la seule stratégie à adopter pour
créer un nouveau monde « sans guerres » est la « stratégie
pour la coexistence pacifique », telle qu’ils l’interprètent .
Mais celle-ci diffère totalement par le contenu
de la politique de coexistence pacifique avancée par Lénine après
la Révolution d’Octobre et approuvée par tous les
marxistes-léninistes.
Dominée par la bourgeoisie monopoliste, l’Italie
possède actuellement, en temps de paix, une armée permanente de
plus de 400.000 hommes destinée à écraser le peuple, quelque
100.000 hommes en armes dans la police et près de 80.000 dans la
gendarmerie, sans parler des bases militaires américaines équipées
de fusées balistiques.
Alors, dans un pays comme celui-ci, quel sens cela
a-t-il, quand vous, camarade Togliatti et d’autres camarades,
demandez « la paix et la coexistence pacifique »? Si vous
demandez au gouvernement italien de suivre une politique de paix et
de neutralité et de pratiquer la coexistence pacifique avec les pays
socialistes, évidemment, c’est juste.
Mais à part cela, demandez-vous encore à la
classe ouvrière et aux autres masses opprimées d’Italie d’adopter
cette politique « de paix et de coexistence pacifique » avec
la bourgeoisie monopoliste? Cette sorte de « paix et coexistence
pacifique » implique-t-elle que les impérialistes américains
enlèveront d’eux-mêmes leurs bases militaires d’Italie et, que les
capitalistes monopolistes italiens déposeront d’eux-mêmes les armes
et dissoudront leurs armées ?
Et si ceci est une impossibilité, comment
pourrait-il y avoir, en Italie, « paix et coexistence pacifique »
entre classe des oppresseurs et classe opprimée? Et, d’une manière
plus large, comment « un monde sans guerres » pourrait-il
être créé ?
Évidemment, ne serait-ce pas admirable si, en
fait, « un monde sans armes, sans armées et sans guerres »
pouvait surgir? Pourquoi n’approuverions-nous pas de tout cœur ?
Pour les marxistes-léninistes cependant, le
problème a de toute évidence, ses racines dans les lois mêmes du
développement social, il n’a rien d’une supposition toute
subjective.
Dans Problèmes stratégiques de la guerre
révolutionnaire en Chine qu’il écrivit en 1936, le camarade Mao
Zedong dit: « La guerre, ce monstre qui sème le massacre entre les
hommes, sera en définitive éliminée au cours du développement de
la société humaine » (Mao Zedong: Œuvres choisies, tome I)
Cet idéal, le camarade Mao Zedong l’affirma une
fois de plus, en 1938, pendant la Guerre de Résistance contre le
Japon, dans son ouvrage De la guerre prolongée. Il y dit à ce
sujet: « Les fascistes et les impérialistes veulent que les guerres
se poursuivent indéfiniment. Quant à nous, nous voulons mettre un
terme aux guerres dans un avenir pas très lointain » (Mao Zedong:
Œuvres choisies, tome II)
Dans ce même ouvrage, le camarade Mao Zedong
déclara que la guerre par laquelle la nation chinoise cherchait à
se libérer visait à une paix perpétuelle; que « notre Guerre de
Résistance a le caractère d’une guerre pour la paix perpétuelle »
(Mao
Zedong: Œuvres choisies, tome II)
Le camarade Mao Zedong y dit aussi que la guerre
est née « par suite de l’apparition des classes » (Mao Zedong:
Œuvres choisies, tome II) Et il ajouta: « Dès que l’humanité aura
liquidé le capitalisme, elle entrera dans l’ère de la paix
perpétuelle et elle n’aura plus besoin de guerres. Il n’y aura plus
besoin d’armées, de vaisseaux de guerre, d’avions militaires ni de
gaz toxiques. Dans tous les siècles des siècles, l’humanité ne
connaîtra plus jamais de guerres » (Mao Zedong: Œuvres choisies,
tome II)
Ce point de vue du camarade Mao Zedong correspond
entièrement à celui sans cesse exposé par Lénine au sujet de la
guerre et de la paix.
En 1905, lors de la première révolution russe,
Lénine écrivait:
« Les social-démocrates n’ont jamais considéré
et ne considèrent pas la guerre d’un point de vue sentimental. Tout
en condamnant résolument les guerres en tant que méthode brutale
pour résoudre les différends de l’humanité, les social-démocrates
savent que les guerres sont inévitables aussi longtemps que la
société est divisée en classes, aussi longtemps que l’exploitation
de l’homme par l’homme existe. Et nous ne réussirons pas à en finir
avec cette exploitation sans des guerres que commencent toujours et
partout les classes exploiteuses, dominantes et oppresseuses
elles-mêmes » (V. I. Lénine: « L’Armée révolutionnaire et le
gouvernement révolutionnaire », Œuvres, tome 8)
En 1915, lors de la Première guerre mondiale
impérialiste, il disait :
Les marxistes « ont toujours condamné les
guerres entre les peuples comme une entreprise barbare et bestiale.
Mais notre attitude à l’égard de la guerre est foncièrement
différente de celle des pacifistes (partisans et propagandistes de
la paix) bourgeois et des anarchistes. Nous nous distinguons des
premiers en ce sens que nous comprenons le lien inévitable qui
rattache les guerres à la lutte des classes à l’intérieur du pays,
que nous comprenons qu’il est impossible de supprimer les guerres
sans supprimer les classes et sans instaurer le socialisme; et aussi
en ce sens que nous reconnaissons parfaitement la légitimité, le
caractère progressiste et la nécessité des guerres civiles,
c’est-à-dire des guerres de la classe opprimée contre celle qui
l’opprime, des esclaves contre les propriétaires d’esclaves, des
paysans serfs contre les seigneurs terriens, des ouvriers salariés
contre la bourgeoisie. Nous autres, marxistes, différons des
pacifistes aussi bien que des anarchistes en ce sens que nous
reconnaissons la nécessité d’analyser historiquement (du point de
vue du matérialisme dialectique de Marx) chaque guerre prise à part
» (V. I. Lénine: « Le Socialisme et la guerre », Œuvres,
tome 21)
Durant la Première guerre mondiale, Lénine, en
marxiste éminemment consciencieux, consacra le plus gros de ses
efforts à l’étude du problème de la guerre, l’analysant
scientifiquement et dans les moindres détails. Il réfuta
énergiquement les stupides arguments sur la guerre et la paix des
opportunistes et des révisionnistes à la Kautsky et montra à
l’humanité la juste voie menant à la suppression de la guerre.
Aujourd’hui, il se trouve cependant des gens se
prétendant « léninistes » qui parlent à tort et à travers
de la guerre et de la paix sans vouloir tenir aucun compte ni des
méthodes dont Lénine s’est servi pour examiner la guerre ni des
conclusions scientifiques auxquelles il est arrivé dans l’étude de
la question de la guerre et de la paix. Et malgré cela, ils accusent
bruyamment les autres de trahir Lénine et prétendent qu’ils sont
les seuls à « personnifier Lénine ».
La thèse: « la guerre est la continuation de
la politique par d’autres moyens » est-elle périmée ?
Certains diront peut-être: Inutile de dépenser
tant de salive. Nous connaissons aussi bien que vous les points de
vue de Lénine sur la guerre et la paix, mais les circonstances ayant
changé depuis, ces points de vue sont maintenant périmés.
La clique Tito fut la première à traiter
ouvertement la théorie fondamentale de Lénine sur la guerre et la
paix de périmée.
Elle estime que la thèse: « la guerre est la
continuation de la politique par d’autres moyens », sur laquelle
Lénine insistait comme étant la base théorique pour l’étude des
guerres et la détermination de leur caractère n’est plus valable
depuis l’apparition de l’arme atomique. D’après elle, les guerres ne
sont plus, désormais, le prolongement de la politique d’une classe
ou d’une autre, elles n’ont plus un contenu de classe, et on ne peut
plus les différencier en guerres justes et injustes. En avançant
que le caractère des guerres a changé avec les techniques
militaires modernes, Togliatti et d’autres camarades ne font, en
fait, que répéter ce que la clique Tito dit depuis longtemps.
Il est évident que les impérialistes et les
réactionnaires des différents pays ne se débarrasseront pas de
leurs armes, ne cesseront pas de réprimer les peuples et les nations
sous leur joug, ne renonceront pas aux activités d’agression et de
subversion contre les pays socialistes, parce que les révisionnistes
modernes répudient la thèse: « la guerre est la continuation de
la politique par d’autres moyens », ni ne mettront-ils fin pour
cela aux conflits qui les opposent et qui ont pour origine la lutte
pour les surprofits.
En fait, les révisionnistes modernes s’efforcent,
par de tels arguments, d’influencer les peuples et les nations
opprimés, de les désorienter, en leur donnant l’impression que les
actes de guerre des impérialistes contre les peuples et les nations
opprimés, l’accroissement de leurs armements et leurs préparatifs
de guerre, ainsi que leurs conflits armés directs ou indirects pour
des débouchés et sphères d’influences ne seraient pas le
prolongement de la politique impérialiste. C’est ainsi que la guerre
menée par les impérialistes américains pour réprimer le peuple
sud-vietnamien et celle qui a éclaté au Congo, à l’instigation des
colonialistes et des néocolonialistes, ne seraient pas le
prolongement de la politique impérialiste.
Les opérations militaires poursuivies par les
impérialistes américains au Sud-Vietnam et les conflits armés au
Congo entre colonialistes et néo-colonialistes peuvent-ils être
considérés comme des guerres? S’ils ne peuvent l’être, alors que
sont-ils? Et si ce sont effectivement des guerres, y a-t-il un
rapport entre elles et le régime et la politique de l’impérialisme
américain? Si oui, quel est ce rapport?
Le camarade
Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien
estiment qu’ « il est possible d’éviter de petites guerres locales
» (Voir Interventions de la délégation du Parti communiste italien
à la Conférence des 81 Partis communistes et ouvriers, publié en
janvier 1962 par la Section de Presse et de Propagande du Comité
central du Parti communiste italien); ils soutiennent également que
« la guerre deviendra impossible dans la société humaine, même si
le socialisme n’a pas encore vaincu partout » (Voir Interventions de
la délégation du Parti communiste italien à la Conférence des 81
Partis communistes et ouvriers, publié en janvier 1962 par la
Section de Presse et de Propagande du Comité central du Parti
communiste italien) Ce sont là probablement les conclusions qu’ils
ont tirées après « nouvelles réflexions » sur « notre
doctrine elle-même ».
C’est en novembre 1960 que Togliatti et d’autres
camarades ont tenu ces propos. Or, même en laissant de côté les
événements ayant eu lieu avant 1960, nous voyons qu’en cette même
année 1960, il s’est produit dans diverses parties du monde
différents conflits et interventions armés appartenant pour la
plupart à la catégorie qualifiée par Togliatti et d’autres
camarades de « petites guerres locales » :
1960 était la sixième année de la guerre de
répression entreprise par l’armée coloniale française contre le
mouvement de libération nationale de l’Algérie.
Cette année-là, la brutale oppression que
continuent à exercer les impérialistes américains et leur valet
Ngo dinh Diem suscite un redoublement de la résistance armée du
peuple sud-vietnamien.
En janvier et février, il y a des chocs armés
entre la Syrie et Israël soutenu par les Etats-Unis.
Le 5 février, 4.000 marines américains
débarquent en République dominicaine et interviennent par les armes
dans les affaires intérieures de ce pays.
Le 1er mai, un U2 américain s’introduit dans
l’espace aérien soviétique et est abattu par des unités
soviétiques armées de fusées.
Le 10 juillet, la Belgique intervient par les
armes au Congo; et le 13, le Conseil de Sécurité de l’O.N.U adopte
une résolution prévoyant l’envoi des « troupes de l’O.N.U. »
au Congo pour y réprimer le mouvement de libération nationale.
En août, au Laos, grâce au soutien des
Etats-Unis, la clique de Savannakhet déclenche la guerre
civile.
Les événements de 1960 ne sont peut-être pas du
domaine auquel Togliatti et d’autres camarades faisaient allusion;
serait-ce alors les événements mondiaux des années 1961 et 1962
qui confirmeraient leur prédiction?
Voyons les faits:
Les forces coloniales françaises poursuivirent
leur guerre criminelle contre le mouvement de libération nationale
de l’Algérie jusqu’au jour où elles furent contraintes d’y mettre
fin, en mars 1962. Cette guerre avait duré plus de sept ans. La
« guerre spéciale » contre le peuple menée par les
impérialistes américains au Sud-Vietnam se poursuit à ce jour.
Les « troupes de l’O.N.U. »(en majeure
partie des soldats indiens), au service des néo-colonialistes
américains, continuent à réprimer le peuple congolais. Au début
de 1961, le héros national congolais Lumumba est assassiné par les
valets des impérialistes américano-belges, à l’instigation de ces
derniers. De septembre 1961 à fin 1962, les « troupes de
l’O.N.U. », contrôlées par les Etats-Unis, ont déjà lancé
trois attaques armées contre la province du Katanga, contrôlée par
les colonialistes britanniques, français et belges.
En mars 1961, soutenus par l’impérialisme
américain, les colonialistes portugais concentrent des troupes et
entreprennent des opérations d’envergure, réprimant et massacrant
le peuple angolais qui exige l’indépendance nationale. Cette
criminelle et sanglante opération se poursuit toujours.
Le 17 avril 1961, des mercenaires américains
passent à l’agression armée contre Cuba; ils sont complètement
anéantis en 72 heures sur la plage Giron par l’armée et le peuple
héroïques de Cuba.
Le 1er juillet 1961, des troupes britanniques
débarquent à Koweït. Le 19, des troupes françaises attaquent le
port tunisien de Bizerte.
Les 19 et 20 novembre 1961, les Etats-Unis
interviennent de nouveau en République dominicaine, avec des
bâtiments de guerre et des avions militaires.
Le 15 janvier 1962, les forces navales des
colonialistes néerlandais attaquent des unités navales
indonésiennes au large des côtes de l’Irian occidental.
En avril 1962, le peuple indonésien déclenche
une guerre de partisans contre les colonialistes néerlandais en
Irian occidental.
En mai 1962, les Etats-Unis fomentent au Laos une
guerre civile élargie et cherchent à intervenir directement par les
armes. Le 17, des troupes américaines entrent en Thaïlande; le 24,
la Grande-Bretagne y envoie aussi une escadrille aérienne.
Ces actions militaires des Etats-Unis et de la
Grande-Bretagne menacent directement la paix dans le Sud-Est
asiatique. Grâce à la lutte résolue du peuple du Laos et aux
efforts conjugués des pays socialistes et des Etats neutres, la
Conférence élargie de Genève pour un règlement pacifique de la
question laotienne aboutit à la signature, le 23 juillet 1962, de la
« Déclaration sur la neutralité du Laos », ainsi que d’un
« Protocole » s’y rapportant.
Le 24 août 1962, des navires américains
bombardent les quartiers résidentiels de la plage de La Havane.
Le
26 septembre 1962, un coup d’Etat militaire éclate au Yémen, et les
Etats-Unis poussent l’Arabie saoudite à intervenir par les armes.
En 1962, avec le soutien de l’impérialisme
américain, le gouvernement Nehru effectue de fréquentes incursions
armées en territoire chinois; le 20 octobre, ce gouvernement
déclenche une offensive militaire de grand style sur la frontière
sino-indienne.
Le 22 octobre 1962, les Etats-Unis, agissant en
véritables pirates, font le blocus militaire de Cuba et se livrent à
des provocations de guerre contre ce pays. L’événement bouleverse
le monde. La lutte du peuple cubain pour la défense de sa
souveraineté nationale, lutte soutenue par les pays socialistes et
tous les peuples du monde; aboutit à une grande victoire.
Au cours des deux dernières années, la cruelle
exploitation, la sauvage répression et l’intervention armée
entreprises par les impérialistes et leurs laquais ont continué à
susciter la résistance armée des peuples dans de nombreux pays et
celle des nations opprimées, notamment le soulèvement armé
antibritannique du peuple du Brunei, le 8 décembre 1962.
Les faits ont confirmé maintes et maintes fois
les vérités énoncées par Lénine sur ce que « toujours et
partout » les guerres sont commencées par « les classes
exploiteuses, dominantes et oppresseuses elles-mêmes », et « la
guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».
Les réalités d’aujourd’hui et de demain confirmeront encore ces
vérités mises en lumière par Lénine.
Que nous apprennent l’histoire et la réalité
présente ?
Étant donné que les impérialistes et les
réactionnaires suscitent sans cesse des guerres dans différentes
Parties du monde, pour les besoins de leur politique, il est
impossible d’empêcher les peuples et nations opprimés de mener des
guerres de résistance à l’oppression.
Ceux qui se prétendent « marxistes-léninistes »
peuvent ne pas considérer comme des guerres celles que nous venons
de citer. Pour eux, les seules guerres sont celles qui se produisent
« dans les régions civilisées hautement développées ». En
fait, il n’y a rien de neuf dans cette manière de voir.
Lénine
a critiqué, il y a longtemps, l’absurdité de l’assertion: les
« guerres en dehors de l’Europe ne sont pas des guerres ».
Dans un discours fait en 1917, il disait ironiquement qu’il y a des «
guerres que nous, Européens, ne considérons pas comme telles, car
trop souvent elles ressemblent moins à des guerres qu’à un sauvage
massacre, à une extermination de peuples désarmés. » (V.I. Lénine
: « La guerre et la révolution », Œuvres, tome 24)
Il existe effectivement aujourd’hui des gens
pareils à ceux critiqués par Lénine. Tant qu’il n’y a pas de
guerre dans leur pays, ou leurs environs, ils estiment le monde en
paix. Ils ne se soucient pas du tout de ce que les impérialistes et
leurs laquais se livrent à des atrocités, massacrent le peuple,
entreprennent des interventions et conflits armés ou fomentent des
guerres. Ce qui les préoccupe, c’est que les « étincelles »
jaillissant de la résistance des nations et des peuples opprimés de
ces régions ne provoquent une grande catastrophe et viennent
troubler leur tranquillité. Ils n’éprouvent nullement le besoin
d’étudier comment les guerres se sont produites dans ces régions,
quelles classes sociales les mènent, et quelle est la nature de ces
guerres. Ils les rejettent sans autre forme de procès. Peut-on dire
de ce point de vue qu’il est léniniste ?
Parlant de la guerre, d’autre soi-disant
« marxistes-léninistes » ne songent qu’à la guerre entre le
camp socialiste et le camp impérialiste, comme si toute guerre autre
que celle entre les deux camps était inconcevable. La clique Tito
fut également la première à inventer cela, et sur ce point, il
s’en est trouvé qui ont joint leur voix à celle de la clique Tito.
Ceux-là ne veulent tout bonnement pas voir la réalité, ni prêter
attention à l’histoire.
S’ils n’avaient pas la mémoire si courte, ils
sauraient que la Première guerre mondiale a commencé alors qu’il
n’y avait pas encore de pays socialiste et moins encore de camp
socialiste. Et il y eut cependant guerre mondiale.
Bien entendu, s’il n’étaient pas frappés
d’amnésie, ils se rappelleraient aussi que la Seconde guerre
mondiale s’est déroulée entre pays impérialistes, dans le monde
capitaliste, et cela pendant près de deux ans, de septembre 1939 à
juin 1941, date où éclata la guerre germano-soviétique. Pendant
ces deux années, la guerre mondiale ne fut nullement une guerre
entre pays socialiste et pays impérialistes.
Si après l’attaque de Hitler contre l’Union
soviétique, celle-ci devint la force principale dans cette guerre
contre les hordes fascistes, il ne convient cependant pas de
considérer la Seconde guerre mondiale, après juin 1941, uniquement
comme une guerre entre pays socialiste et pays impérialistes. Dans
les rangs de ce front antifasciste, il y avait en effet, en plus de
l’Union soviétique, pays socialiste, toute une série de pays
capitalistes, dont la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France et
de nombreux pays coloniaux et semi-coloniaux, victimes de
l’oppression et de l’agression.
D’où l’on peut conclure
que les deux guerres mondiales ont été, l’une comme l’autre,
engendrées par les contradictions inhérentes au monde capitaliste,
par les conflits d’intérêt entre pays impérialistes, et
déclenchées par les pays impérialistes.
La guerre mondiale ne naît pas du système
socialiste, car au sein des pays socialistes, il n’existe pas de
contradictions sociales antagonistes, qui sont le propre des pays
capitalistes. La guerre d’expansion n’est nullement nécessaire, ni
admissible, pour un pays socialiste. Jamais la guerre mondiale ne
sera déclenchée par un pays socialiste.
De nouveaux et importants changements continuent à
se produire dans le monde grâce aux victoires des pays socialistes
et à celles du mouvement révolutionnaire national et démocratique*
de nombreux pays. Togliatti et d’autres camarades n’ont pas tort de
dire que, par les changements intervenus dans le rapport des forces
mondiales, l’impérialisme n’a plus les mains libres. En fait,
Lénine l’avait déjà remarqué, peu après la Révolution
d’Octobre. A la lumière des changements survenus dans le rapport des
forces des classes de l’époque, il affirmait:
« Aujourd’hui la bourgeoisie internationale n’a
plus les mains libres. » (V. I. Lénine: « Le VIIème Congrès
du Parti communiste (bolchevik))
Cependant, qu’il s’agisse du passé, du présent
ou de l’avenir a, lors que le rapport des forces mondiales est de
plus en plus favorable au socialisme et aux peuples de tous les pays,
que nous constatons que les impérialistes ne sont plus libres de
faire ce qu’sil veulent, faut-il en déduire la disparition spontanée
de toute possibilité de conflit engendré par les contradictions de
toutes sortes inhérentes au monde capitaliste?
Faut-il en déduire que les pays impérialistes ne
rêvent plus, ni ne se préparent à une attaque contre les pays
socialistes ?
Faut-il en déduire que les pays impérialistes ne
rêvent plus, ni ne se préparent à une attaque contre les pays
socialistes ?
Faut-il en déduire que les pays impérialistes
renoncent à leur agression et leur oppression dans les pays
coloniaux et semi-coloniaux ?
Faut-il en déduire que les pays impérialistes ne
se battront plus à mort pour des débouchés ou des sphères
d’influence? Faut-il en déduire que la bourgeoisie monopoliste
s’abstiendra de martyriser et de persécuter son peuple? Évidemment
non.
Le problème de la guerre et de la paix ne sera
jamais compris s’il n’est pas envisagé sous l’angle des rapports
sociaux, des systèmes sociaux et des lois sociales.
Selon Kautsky, ce vieil opportuniste: « la guerre
est le produit de la course aux armements », « si l’on aboutit de
plein gré à des accords sur le désarmement », « on tarira une
source essentielle de la guerre » (Voir K. Kautsky: « L’Etat
national, l’Etat impérialiste et l’Union des Etats »)
Lénine a vertement condamné cette façon
antimarxiste de Kautsky et d’autres vieux opportunistes d’envisage
l’origine de la guerre sans se baser sur le système social, sur le
système d’exploitation.
Dans « Le Programme militaire de la révolution
prolétarienne », Lénine disait: « C’est seulement après que
le prolétariat aura désarmé la bourgeoisie qu’il pourra, sans
trahir sa mission historique universelle, jeter à la ferraille
toutes les armes en général, et il ne manquera pas de le faire mais
alors seulement, et en aucune façon avant. » (V. I. Lénine:
Œuvres, tome 23) Telle est la loi du développement social.
Incapables d’expliquer la guerre et la paix
sous l’optique de l’histoire et par la position de classe, les
révisionnistes modernes abordent immanquablement ce problème d’une
manière simpliste. Ils ne distinguent pas la guerre juste de la
guerre injuste. Certains cherchent à nous faire croire qu’une fois
réalisé le désarmement général et complet, les oppresseurs
n’auront plus d’armes dans les mains et que par conséquent, il sera
« plus que jamais facile » aux peuples d’obtenir leur
émancipation.
Nous estimons que c’est là parler à tort et à
travers, se détacher entièrement de la réalité, invertir l’ordre
des choses. Selon le mot de Lénine, ils procèdent ainsi « en vue
de réconcilier deux classes ennemies et deux politiques ennemies au
moyen d’un vocable ‘unissant’ les choses les plus différentes »
(V.I. Lénine: La question de la paix, Œuvres tome 21)
La « paix » et la « stratégie pour la
coexistence pacifique » des révisionnistes modernes reviennent
en fait à fonder l’espoir de gagner la paix mondiale sur la
« sagesse » des personnalités dirigeantes de l’impérialisme,
au lieu de s’appuyer sur l’union et la lutte des peuples du monde.
Tout leur est bon pour entraver le mouvement des peuples en lutte,
pour paralyser leur volonté révolutionnaire, pour les faire
renoncer à l’action révolutionnaire, afin d’affaiblir les forces
qui combattent l’impérialisme et qui défendent la paix mondiale.
Cette façon d’agir ne peut avoir pour effet que d’encourager
l’insolence réactionnaire des forces impérialistes d’agression et
de guerre, et d’accroître le danger d’une guerre mondiale.
Matérialisme historique ou la théorie: « les
armes décident de tout » ?
Aux dires des révisionnistes modernes, depuis
l’apparition de l’arme atomique, les lois du développement social ne
jouent plus et la théorie fondamentale du marxisme-léninisme sur la
guerre et la paix est dépassée. Le camarade Togliatti partage cette
manière de voir. Nous avons déjà traité, dans l’article du Renmin
Rïbao du 31 décembre 1962, des principales divergences entre le
camarade Togliatti et nous sur la question de l’arme et de la guerre
nucléaires. Nous nous proposons d’étudier ici cette question d’une
façon plus approfondie.
Les marxistes-léninistes estiment, correctement
et à sa juste valeur, le rôle des armes nouvelles et des techniques
militaires nouvelles dans l’organisation des forces armées et dans
la guerre. Dans Travail salarié et capital, Marx a écrit ces
lignes célèbres: « Par la découverte d’un nouvel engin de guerre,
l’arme à feu, toute l’organisation interne de l’armée a été
nécessairement modifiée; les conditions dans lesquelles les
individus constituent une armée et peuvent agir en tant qu’armée se
sont trouvées transformées, et les rapports des diverses armées
entre elles en ont été changés également. » (K. Marx & F.
Engels: Œuvres complètes, tome 6)
Toutefois, les marxistes-léninistes n’ont jamais
été partisans de la théorie selon laquelle « les armes
décident de tout ».
Après la Révolution d’Octobre, Lénine disait: «
Celui qui gagne, dans une guerre, est celui qui possède les plus
grandes réserves, les plus grandes sources de force, le plus grand
soutien de la masse de son peuple. » Et il ajoutait: « De
tout cela, nous en avons plus que n’ont les Blancs, et plus que n’en
a le ‘mondialement puissant’ impérialisme anglo-français, ce,
colosse aux pieds d’argile. » (V.I. Lénine: « Le Bilan de la
Semaine du Parti à Moscou et nos tâches », Œuvres, tome
30)
Un autre passage de Lénine nous aidera à mieux
saisir le problème. Il y est dit: « Dans toute guerre, la victoire
dépend, en fin de compte, de l’état d’esprit des masses qui versent
leur sang sur le champ de bataille… Le fait que les masses ont pris
conscience des buts et des causes de la guerre a une importance
considérable: c’est le gage de la victoire. » (V. I. Lénine:
« Discours à la Conférence élargie des ouvriers et soldats
rouges du quartier Rogojsko-Simonovski », Œuvres, tome
31)
Evaluer à sa juste valeur le rôle de l’homme dans la
guerre, voilà un des principes fondamentaux des marxistes-léninistes
quant à la guerre, principe trop souvent perdu de vue cependant par
certains qui se prétendent « marxistes-léninistes ». Dès
l’apparition de l’arme atomique, vers la fin de la Seconde guerre
mondiale, certains commencèrent à ne plus voir clair, ils se
figurèrent que la bombe atomique serait à même de décider de la
guerre.
A l’époque, le camarade Mao Zedong disait à ce
sujet: « Ces camarades montrent même moins de jugement qu’un pair
d’Angleterre… Ces camarades retardent plus que Mountbatten. » (Mao
Zedong: « La Situation et notre politique après la victoire dans
la Guerre de Résistance contre le Japon », Œuvres choisies, tome
IV.)
En effet, Lord Mountbatten, alors chef suprême
des forces alliées du Sud-Est asiatique, venait de déclarer que «
la pire des erreurs serait de croire la bombe atomique capable de
mettre fin à la guerre en Extrême-Orient » (Voir Mao Zedong: « La
Situation et notre politique après la victoire dans la Guerre de
Résistance contre le Japon », note 27, Œuvres choisies tome 4)
Il va sans dire que le camarade Mao Zedong juge à
sa juste valeur la puissance de destruction des armes atomiques. «
La bombe atomique, dit-il, est une arme qui peut faire d’immenses
massacres. » (Mao Zedong : Entretien avec la journaliste américaine
Anna Louise Strong, Œuvres choisies tome 4) Le Parti communiste
chinois a toujours estimé que l’arme nucléaire est d’une puissance
de destruction sans précédent, et que si une guerre nucléaire
éclatait, l’humanité connaîtrait une catastrophe sans précédent.
C’est précisément pour cette raison que nous
avons toujours été pour l’interdiction générale des armes
nucléaires, c’est-à dire, l’interdiction complète de leur essai,
fabrication, stockage et utilisation. Nous avons toujours été pour
la destruction de ces armes. En même temps, nous avons toujours
maintenu que, quoi qu’il en soit, l’arme atomique ne peut, en fin de
compte, ni modifier les lois du développement historique de la
société, ni décider de l’issue de la guerre, ni sauver
l’impérialisme de sa ruine, ni empêcher le prolétariat, les
peuples de tous les pays et les nations opprimées de triompher dans
la révolution.
En septembre 1946, Staline déclarait: « Je ne
considère pas la bombe atomique comme une force aussi sérieuse que
certains hommes politiques inclinent à le croire. Les bombes
atomiques sont destinées à intimider ceux qui ont les nerfs
faibles, mais elles ne peuvent décider de l’issue d’une guerre,
parce qu’elles sont absolument insuffisantes pour atteindre ce but.
Certes, la possession monopolisée du secret de la bombe atomique
représente une menace, mais il existe au moins deux remèdes à cet
égard: a) la possession monopolisée de la bombe atomique ne peut
durer longtemps; b) l’usage de la bombe atomique sera interdit. »
(Staline: « Entrevue avec M. A. Werth, correspondant du Sunday
Times à Moscou », Après la victoire pour une paix durable.) Ces
paroles de Staline entrevoyaient bien l’avenir.
Après la Première guerre mondiale, quelques pays
impérialistes ont mené grand bruit autour d’une prétendue théorie
militaire suivant laquelle la suprématie aérienne, l’attaque par
surprise permettrait d’obtenir rapidement la victoire dans une
guerre.
La Seconde guerre mondiale a démontré l’inanité
de cette théorie. Après l’apparition de l’arme nucléaire, des
impérialistes ont relancé cette théorie à cor et à cri, fait du
chantage nucléaire, estimant que l’arme nucléaire pouvait décider
rapidement de l’issue de la guerre. Il est certain qu’une telle
théorie est vouée à la faillite. Toutefois, les révisionnistes,
tels ceux de la clique Tito, ont entrepris de servir les
impérialistes américains et autres, de vanter bruyamment cette
théorie afin d’intimider les peuples du monde.
La politique de chantage nucléaire des
impérialistes américains révèle leur projet perfide d’asservir le
monde, et en même temps leur effroi.
N’oublions pas que si les impérialistes prenaient
l’initiative de recourir à l’arme nucléaire, les conséquences en
seraient fatales pour eux.
1. Si les impérialistes utilisaient les premiers
l’arme nucléaire pour attaquer d’autres pays, ils se retrouveraient
inéluctablement dans l’isolement le plus complet sur le plan
mondial. Car pareille attaque serait le plus grand crime allant à
rencontre de la conception humaine de la justice, ce serait se
déclarer l’ennemi de toute l’humanité.
2. En menaçant d’autres pays de l’arme nucléaire,
les impérialistes font avant tout planer une menace sur le peuple de
leur propre pays, le maintenant sous la terreur de l’arme nucléaire.
En s’obstinant dans leur politique de chantage nucléaire, les
impérialistes éveilleront progressivement leurs propres peuples, de
façon telle que ceux-ci se dresseront contre eux.
Après la guerre, les bombardements atomiques
ayant été condamnés par toute l’humanité, un aviateur américain
qui avait pris part au premier bombardement atomique effectué par
les Etats-Unis contre le Japon, tenta de se suicider, et il fut, en
conséquence, envoyé à plusieurs reprises dans un « asile
d’aliénés « . Ce fait même prouve à quel point est
impopulaire la politique de guerre nucléaire de l’impérialisme
américain.
3. Le but poursuivi par les impérialistes en
faisant la guerre, c’est la conquête de territoires, l’élargissement
des débouchés, le pillage des richesses et l’asservissement des
travailleurs d’autres pays. Mais la puissance de destruction de
l’arme nucléaire les oblige à y réfléchir à deux fois, parce que
l’utilisation de cette arme aurait des conséquences
contraires, incompatibles avec les intérêts réels qu’ils
recherchent.
4. Depuis longtemps, le secret de l’arme nucléaire
a cessé d’être un monopole. Tu as l’arme nucléaire, mais tu ne
peux empêcher les autres pays de l’avoir ! Tu as le missile, mais tu
ne peux empêcher les autres pays de l’avoir! Les impérialistes qui
rêvent de détruire leurs adversaires avec l’arme nucléaire
s’exposent eux-mêmes à la destruction.
Ce qui précède a trait aux conséquences
qu’entraînerait inévitablement le déclenchement d’une guerre
nucléaire par les impérialistes. Et c’est aussi une des raisons
importantes pour lesquelles nous avons toujours estimé qu’il est
possible de conclure un accord sur l’interdiction générale des
armes nucléaires.
Remarquons aussi que la politique d’expansion
effrénée des armes nucléaires poursuivie par les impérialistes,
en particulier les impérialistes américains, accentue la crise même
du système capitaliste-impérialiste. Ce qui se traduit par les
faits suivants :
1. Les peuples des pays impérialistes sont
obligés de supporter des dépenses militaires d’un poids sans
précédent, et l’économie nationale y prend un développement de
plus en plus difforme à mesure qu’elle se militarise, accroissant
l’opposition du peuple au gouvernement et à sa politique d’expansion
des armements et de préparation à la guerre.
2. La course aux armements entreprise par les
impérialistes, en particulier la course aux armements nucléaires,
accentue la lutte entre les pays impérialistes et celle entre les
divers groupes monopolistes de ces pays.
Dans Anti-Dühring écrit pendant les années 70
du XIXe siècle, Engels dit: « Le militarisme domine et dévore
l’Europe .Mais ce militarisme porte aussi en lui le germe de sa
propre ruine. »
Il est bien plus fondé, aujourd’hui, de dire
que la politique d’expansion des armes nucléaires, poursuivie par
les impérialistes américains et autres, domine et dévore
l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale. Mais cette politique, ce
nouveau militarisme, porte aussi en elle le germe de la ruine du
système impérialiste lui-même.
Aussi est-il évident que la politique d’expansion
des armements nucléaires poursuivie par l’impérialisme américain
et ses partenaires se révélera comme dirigée contre eux-mêmes. Et
s’ils osaient déclencher une guerre nucléaire, il en résulterait
leur propre destruction.
Que doit-on en conclure? Contrairement à « la
destruction totale de l’humanité » dont parlent Togliatti et
d’autres camarades, la seule conclusion possible est :
Premièrement, l’humanité détruira les armes
nucléaires, celles-ci ne détruiront pas l’humanité ;
Deuxièmement, l’humanité fera disparaître le
système impérialiste, ce dévoreur d’hommes, le système
impérialiste ne fera pas disparaître l’humanité.
Togliatti
et d’autres camarades estiment qu’avec l’apparition de l’arme
nucléaire, « le destin de l’humanité est aujourd’hui
incertain » (Résolution politique du Xe Congrès du Parti
communiste italien). Ils estiment que, en présence de l’arme
nucléaire et sous la menace de la guerre nucléaire, il ne sert à
rien de continuer à discuter du choix de systèmes sociaux. Si l’on
adopte ce point de vue, qu’advient-il de la loi du développement
social selon laquelle le système capitaliste sera inéluctablement
remplacé par le système socialiste et communiste?
Et de la vérité énoncée par Lénine, que
l’impérialisme est du capitalisme parasitaire, décadent et
moribond ?
Le point de vue en question ne relève-t-il pas du
« fatalisme », du « scepticisme » et du « pessimisme »
les plus purs ?
Dans « Vive le léninisme », nous avons
dit :
« Mais pourvu que les peuples de tous les pays
élèvent leur conscience et soient complètement prêts, et dans les
conditions où le camp socialiste dispose également d’armes
modernes, nous pouvons affirmer que si les impérialistes américains
ou autres impérialistes se refusent à consentir à un accord sur
l’interdiction des armes atomiques et nucléaires et osent un jour «
faire fi de la volonté de l’humanité tout entière » en
déclenchant une guerre menée au moyen d’armes atomiques et
nucléaires, le résultat ne pourra en être que la destruction très
rapide de ces monstres eux-mêmes qui seront encerclés par les
peuples du monde entier et il en résultera, en aucune façon,
l’anéantissement de l’humanité.
Nous nous sommes toujours opposés aux guerres
criminelles lancées par les impérialistes, car les guerres
impérialistes imposent d’énormes sacrifices aux peuples des
différents pays (y compris les peuples des Etats-Unis et des autres
pays impérialistes). Mais si les impérialistes veulent obstinément
imposer ces sacrifices aux peuples des différents pays, nous sommes
persuadés que, justement comme l’a démontré l’expérience de la
révolution russe et de la révolution chinoise, ces sacrifices
trouveront leur récompense. Sur les ruines d’un impérialisme
défunt, les peuples victorieux créeront avec une extrême rapidité
une civilisation mille fois supérieure au système capitaliste et,
pour eux-mêmes, un avenir véritablement radieux. » (Hongqui, n°8,
1960)
N’est-ce pas exact ?
Or, ces dernières années, des gens qui se disent
« marxistes-léninistes » ont déformé et condamné à
plaisir ces points de vue marxistes-léninistes, s’obstinant à
affirmer que les ruines de l’impérialisme défunt seraient les
« ruines de l’humanité » ,et mettant ainsi destin du système
impérialiste et destin de l’humanité sur un même pied. Pareille
assertion équivaut, en fait, à défendre le système impérialiste.
Si ceux-ci se donnaient la peine de lire quelques
classiques du marxisme-léninisme, ils sauraient qu’ériger un
système nouveau sur les ruines de l’ancien est une formulation dont
usèrent Marx, Engels, Lénine.
Dans Anti-Dühring, Engels dit: « La
bourgeoisie a mis en pièces le régime féodal et édifié sur ses
ruines la constitution bourgeoise de la société. » Faudrait-il
entendre par les ruines du régime féodal dont parle Engels « les
ruines de l’humanité » ?
Dans « Les Elections de l’Assemblée
constituante et la dictature du prolétariat » écrit en décembre
1919, Lénine disait également que le prolétariat devait «
organiser le socialisme sur les ruines du capitalisme » (V. I.
Lénine: Œuvres, tome 30) Les ruines du capitalisme, dont parle
Lénine, signifieraient-elles « les ruines de l’humanité » ?
Décrire les ruines du système ancien, dont
parlent les marxistes-léninistes, comme étant « les ruines de
l’humanité », c’est introduire une parodie de raisonnement dans
une discussion sérieuse. Est-ce là « le ton harmonieux »
dont parlent Togliatti et d’autres camarades? Est-ce là « la
polémique menée sur un ton » qui ne soit pas « inadmissible »,
que demandent Togliatti et d’autres camarades?
D’ailleurs, au moment de la chute du fascisme
italien, le camarade Togliatti disait lui-même :
« Une grande tâche nous incombe: nous devons
bâtir une Italie nouvelle sur les ruines du fascisme, sur les ruines
de la tyrannie réactionnaire. » (Le Parti communiste italien, édité
en mai 1950 par le Parti communiste italien)
Un marxiste-léniniste sérieux doit tenir compte
de la possibilité d’un recours par les impérialistes aux moyens les
plus criminels pour infliger aux peuples de lourds sacrifices et de
grandes souffrances. Il doit en tenir compte, en vue de pouvoir
éveiller les peuples, les mobiliser et les organiser mieux, trouver
la juste voie de la lutte pour la libération, trouver une voie pour
libérer l’humanité de ses souffrances, pour gagner la paix, face à
la menace impérialiste, et trouver la voie pour conjurer
efficacement la guerre nucléaire.
Tout le monde sait, et même les impérialistes
américains, les impérialistes et les réactionnaires de tous les
pays savent, qu’aucun pays socialiste ne déclenchera jamais de
guerre d’agression La défense nationale de chaque pays socialiste
est là pour le protéger contre l’agression, et certainement pas
pour attaquer d’autres pays. Si l’agresseur impose la guerre aux pays
socialistes, alors ceux-ci mèneront une guerre qui sera, avant tout,
défensive, une guerre d’autodéfense.
C’est également et
entièrement dans un but défensif et pour empêcher les
impérialistes de déclencher la guerre nucléaire que les pays
socialistes disposent de l’arme nucléaire. Aussi, la supériorité
nucléaire entre leurs mains, ils n’attaqueront jamais d’autres pays
avec cette arme; ils ne se permettront jamais et ils n’ont nul besoin
de déclencher de telles attaques.
Les pays socialistes s’opposent résolument à la
politique de chantage nucléaire, ils préconisent l’interdiction et
la destruction totales des armes nucléaires. C’est là l’attitude,
la ligne de conduite et la politique de la République populaire de
Chine et du Parti communiste chinois en ce qui concerne les armes
nucléaires.
C’est là l’attitude, la ligne de conduite, la
politique adoptée par les marxistes-léninistes. Les révisionnistes
modernes déforment délibérément les nôtres et usent de calomnies
et de mensonges, infâmes et ineptes ; ils visent en fait à couvrir
le chantage nucléaire des impérialistes, et à camoufler
l’aventurisme et le capitulationnisme dont ils font preuve dans la
question de l’arme nucléaire. Il doit être souligné que
l’aventurisme et le capitulationnisme dans le domaine de l’arme
nucléaire sont extrêmement dangereux et sont l’expression de la
pire irresponsabilité.
Une étrange formulation
De par la nature de leur système social, les pays
socialistes accordent sympathie et soutien aux luttes libératrices
de tous les peuples et de toutes les nations opprimés du monde. Mais
ils ne déclencheront jamais de guerre extérieure pour remplacer la
lutte révolutionnaire menée par les peuples des autres pays.
L’émancipation d’un peuple est l’affaire même de ce peuple —;
c’est là un point de vue auquel, depuis l’époque de Marx, s’en
tiennent invariablement tous les vrais communistes, y compris les
communistes au pouvoir. Le point de vue selon lequel « la
révolution ne peut être ni exportée ni importée » a également
toujours eu l’adhésion de tous les marxistes-léninistes.
Si
le peuple d’un pays ne veut pas de la révolution, nul ne peut la lui
imposer de l’extérieur; là où il n’y a pas crise révolutionnaire
et où les conditions pour la révolution ne sont pas mûres, il
n’est personne qui puisse en créer une. Evidemment, si le peuple
d’un pays veut la révolution et se lève pour la faire, personne ne
pourra l’en empêcher, tout comme personne n’a pu empêcher la
révolution à Cuba, en Algérie et au Sud-Vietnam.
Togliatti et d’autres camarades ont dit que la
coexistence pacifique implique l’exclusion de « la possibilité
d’interventions étrangères visant à ‘exporter’ soit la
contrerévolution soit la révolution » (« Thèses du Xe Congrès
du Parti communiste italien ») Nous voudrions demander: Quand
vous parlez d’ »interventions étrangères visant à
exporter…la révolution », entendez-vous que les pays
socialistes veulent l’exporter?
C’est précisément ce que les impérialistes et
les réactionnaires n’ont cessé de prétendre. Un communiste
devrait-il parler de la sorte?
Pour ce qui est des pays impérialistes, ils ont
toujours exporté la contre-révolution. Qui peut citer un pays
impérialiste ne l’ayant pas fait? Et peut-on oublier l’intervention
directe des impérialistes contre la Grande Révolution d’Octobre?
oublier l’intervention directe des impérialistes contre la
révolution chinoise?
Qui peut nier que les impérialistes américains
occupent toujours, par la force, notre territoire du Taïwan? Qui
peut nier que les impérialistes américains n’ont cessé
d’intervenir contre la révolution cubaine? L’impérialisme
américain, ce gendarme international, ne s’efforce-t-il pas
d’exporter la contrerévolution dans toutes les parties du monde et
d’intervenir dans les affaires intérieures des autres pays du monde
capitaliste?
Togliatti et d’autres camarades ne font pas de distinction entre pays à systèmes sociaux de nature différente, ils ne comprennent pas la thèse marxiste-léniniste: « la révolution ne peut être ni exportée ni importée », ils ne veulent pas voir que les impérialistes n’ont cessé d’exporter la contrerévolution, et, en parlant de coexistence pacifique, ils prennent en bloc, sans distinction aucune, les termes « exporter la contre-révolution » et « exporter la révolution ». Comment ne pas dire que cette formulation étrange est une erreur de principe!
Le point de vue fondamental des communistes
chinois sur la question de la guerre et de la paix
Sur
la question de la guerre et de la paix, les communistes chinois s’en
sont toujours tenus au point de vue de Lénine.
Nous avons cité plus haut les paroles de Lénine
sur le parti du prolétariat qui « condamne résolument les
guerres », qui « a toujours condamné les guerres entre les
peuples ». Mais Lénine a toujours estimé que si l’on doit
s’opposer aux guerres injustes, il faut par contre soutenir les
guerres justes, il ne s’opposait pas en bloc à toutes les guerres.
A présent, il se trouve des gens qui,
s’identifiant sans rougir à Lénine, disent que ce dernier, et même
Liebknecht et Luxemburg étaient, tout comme eux, contre la guerre.
Ces gens-là ont émasculé la théorie et la
politique de Lénine sur la guerre et la paix.
Tout le monde sait que lors de la Première guerre
mondiale, Lénine mena une lutte résolue contre la guerre
impérialiste, tout en préconisant, au cas où une guerre éclaterait
entre pays impérialistes, que le prolétariat et les autres couches
laborieuses transforment la guerre impérialiste en une guerre
révolutionnaire, juste, au sein des pays impérialistes, à savoir
une guerre révolutionnaire, juste, menée par le prolétariat et les
autres couches travailleuses contre les impérialistes de leur propre
pays. Dès le lendemain de la Révolution d’Octobre, sous la
présidence de Lénine, le IIe Congrès des Soviets des Députés
ouvriers et soldats de Russie adopta le célèbre « Décret sur
la Paix ».
En s’adressant au prolétariat mondial, en
particulier aux ouvriers conscients d’Angleterre, de France et
d’’Allemagne, ce décret dit qu’ils « accompliront les tâches
qui « leur incombent aujourd’hui, qu’ils libéreront
l’humanité des horreurs de la guerre et de ses conséquences
que ces ouvriers, par leur activité multiple, décisive, par leur
énergie sans réserve, nous aideront à mener avec succès jusqu’au
bout la lutte pour la paix et, en même temps, la lutte pour
l’affranchissement des masses laborieuses et exploitées de tout
esclavage et de toute exploitation ».
Le décret dit que le gouvernement soviétique
estime que « poursuivre cette guerre pour savoir comment partager
entre les nations fortes et riches les peuples faibles qu’elle sont
conquis, c’est… le plus grand des crimes contre l’humanité; et il
se déclare solennellement résolu à signer immédiatement des
conditions de paix qui mettront fin à cette guerre, conditions déjà
indiquées d’égalité et de justice pour tous les peuples sans
exception » (V. I. Lénine: « IIe Congrès des Soviets des
Députés ouvriers et soldats de Russie », Œuvres, tome 26) Ce
décret établi par Lénine est un grand document de l’histoire
révolutionnaire du prolétariat.
Or, aujourd’hui, des gens poussent l’audace jusqu’
à le déformer et le tronquer, et, en corrigeant ce que dit Lénine
de la guerre entre pays impérialistes, pour le partage du monde et
l’oppression des nations faibles, affirment avec intention que « la
guerre est ‘le plus grand des crimes contre l’humanité’ « . Ils
montrent le grand révolutionnaire prolétarien, le grand marxiste
que fut Lénine sous le jour d’un pacifiste bourgeois.
Tout en déformant cyniquement Lénine, en
déformant le léninisme, en déformant l’histoire ils font force
effets oratoires disant que les autres ne « comprennent pas le
sens de la doctrine marxiste sur la lutte révolutionnaire »;
n’est-ce pas là un raisonnement singulier et paradoxal?
Si, nous, communistes chinois, sommes en butte aux
invectives des révisionnistes modernes, c’est parce que nous nous
opposons au charabia et aux paradoxes qui déforment le léninisme,
et que nous persistons à rétablir, sous son vrai jour, la théorie
de Lénine sur la question de la guerre et de la paix.
Les
marxistes-léninistes soutiennent que, pour défendre la paix
mondiale, pour prévenir une nouvelle guerre mondiale, il faut
compter sur l’unité et le développement des forces des pays
socialistes, sur la lutte des nations et peuples opprimés, sur la
lutte du prolétariat international, sur la lutte des pays et peuples
épris de paix du monde entier.
C’est là la ligne juste des peuples de tous les
pays du monde pour défendre la paix mondiale, ligne entièrement
conforme à la théorie léniniste sur la guerre et la paix. Certains
calomnient cette ligne, la traitant de » ‘théorie’ selon
laquelle la voie qui mène à la victoire du socialisme passe par la
guerre entre les Etats, par les ruines, le sang et la mort de
millions d’individus ».
Ils opposent la défense de la paix mondiale à la
lutte révolutionnaire des peuples et, de plus, estiment que, pour
avoir la paix, il faut que les peuples se soumettent à
l’impérialisme, que les nations et peuples opprimés en finissent
avec leur lutte de libération. Au lieu de s’appuyer sur la lutte
unie des forces éprises de paix du monde pour gagner la paix
mondiale, ils ne font que quémander la paix mondiale auprès de
l’impérialisme ayant pour chef de file les Etats-Unis, en espérant
que celui-ci leur en « fasse don ». Cette « théorie »
et cette ligne à eux sont entièrement erronées, elles sont
anti-léninistes.
Dans l’éditorial du Renmin Ribao du 31 décembre
1962, nous avons mis en lumière le point de vue fondamental des
communistes chinois sur la question de la guerre et de la paix et
exposé en quoi résident les divergences qui existent sur ce
problème entre Togliatti et d’autres camarades, d’une part, et nous,
d’autre part. Voici un passage de cet éditorial:
« sur
la question de savoir comment empêcher la guerre mondiale et
défendre la paix mondiale, le Parti communiste chinois a toujours
maintenu qu’il fallait dénoncer énergiquement l’impérialisme
renforcer le camp socialiste, soutenir fermement le mouvement de
libération nationale et les luttes révolutionnaires des peuples,
unir sur la base la plus large tous les pays et tous ceux attachés à
la paix, et en même temps, tirer le profit maximum des
contradictions entre nos ennemis et recourir aux pourparlers, de même
qu’aux autres formes de lutte.
Tout cela a précisément pour but de prévenir
efficacement la guerre mondiale et de sauvegarder la paix mondiale.
Cette position est tout à fait conforme au marxisme-léninisme et
aux deux Déclarations de Moscou. C’est là la juste orientation
permettant d’empêcher la guerre mondiale et de défendre la paix
mondiale.
Et nous persistons précisément dans celle-ci
parce que nous sommes profondément convaincus qu’il est possible
d’empêcher la guerre mondiale en s’appuyant sur la lutte commune de
toutes les forces dont il a été question plus haut. Comment
pareille position peut-elle donc être décrite comme un manque de
confiance dans la possibilité d’éviter la guerre mondiale? Comment
peut-on l’appeler ‘belliqueuse’?
En agissant comme le préconisent ceux qui
attaquent le Parti communiste chinois, c’est-à-dire en enjolivant
l’impérialisme en plaçant ses espoirs de paix en lui, en adoptant
une attitude négative et hostile envers le mouvement de libération
nationale et la lutte révolutionnaire du peuple, en s’inclinant
devant l’impérialisme et en capitulant devant lui, on n’apportera
aux peuples du monde qu’une paix factice ou une vraie guerre.
Cette politique est fausse et tous les
marxistes-léninistes, tous les révolutionnaires, tous ceux attachés
à la paix doivent la combattre résolument. »
Récapitulons ici notre point de vue fondamental
sur la question de la guerre et de la paix.
1. Nous avons
toujours estimé que les forces d’agression et de guerre, avec
l’impérialisme américain à leur tête, préparent effectivement
une troisième guerre mondiale; et le danger de guerre existe. Mais,
en cette dernière dizaine d’années, le rapport des forces
mondiales s’est modifié de plus en plus en faveur du socialisme et
de la lutte pour la libération nationale, la démocratie populaire
et la défense de la paix mondiale. Le peuple est le facteur décisif.
L’impérialisme et la réaction se trouvent isolés. En nous appuyant
sur l’unité et la lutte des peuples, sur la juste politique des pays
socialistes et des partis prolétariens des différents pays, nous
pouvons éviter une nouvelle guerre mondiale, éviter une guerre
nucléaire, et conclure un accord sur l’interdiction générale des
armes nucléaires.
2. Si les peuples du monde veulent
sauvegarder la paix mondiale, empêcher une nouvelle guerre mondiale,
empêcher une guerre nucléaire, il faut qu’ils se soutiennent,
qu’ils forment le front uni le plus large, qu’ils unissent toutes les
forces pouvant être unies, y compris le peuple américain, pour
s’opposer à la politique de guerre et d’agression du bloc
impérialiste, qui a la réaction américaine à sa tête.
3. Les pays socialistes sont pour la politique de
coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents et
s’en tiennent fermement à cette politique; et ils développent des
relations amicales et commercent avec ces pays sur un pied d’égalité.
Par la poursuite de la politique de coexistence pacifique, les pays
socialistes s’opposent à l’usage de la force pour résoudre les
différends entre Etats, et ils n’interviennent pas dans les affaires
intérieures des autres pays.
D’aucuns prétendent que la coexistence pacifique
entraînera la transformation du système social de tous les pays
capitalistes et qu’elle est « la voie menant au socialisme à
l’échelle mondiale » (T. Jivkov: « La Paix, question
décisive de l’heure », Problèmes de la paix et du socialisme,
n°8, 1960); d’autres pensent que la politique de coexistence
pacifique est « la forme la plus évoluée de la lutte contre
l’impérialisme et pour la libération nationale » (Voir «
Polémiques non fondées des communistes chinois », Unita, 31
décembre 1962) de tous les peuples et de toutes les nations
opprimés. Ils mêlent coexistence pacifique entre pays à systèmes
sociaux différents et lutte de classes dans les pays capitalistes,
lutte des nations opprimées pour leur libération, déformant
totalement la politique de coexistence pacifique de Lénine.
4. Nous avons toujours cru à la nécessité de
maintenir constamment une haute vigilance au sujet du danger
d’agression des pays socialistes par les impérialistes. En même
temps, nous avons toujours cru à la possibilité pour les pays
socialistes de parvenir à des accords avec les pays impérialistes
par voie de négociations pacifiques, et à la possibilité de
réaliser les compromis nécessaires dans certaines questions, y
compris des questions de haute importance. Toutefois, comme l’a dit
le camarade Mao Zedong, « de tels compromis n’exigent pas des
peuples des différents pays du monde capitaliste qu’ils fassent en
conséquence des compromis dans leur propre pays. Les peuples de ces
pays continueront à engager des luttes différentes selon les
conditions différentes » (Mao Zedong: « Quelques appréciations
sur la situation internationale actuelle », Œuvres choisies,
tome IV)
5. Les contradictions aiguës entre pays
impérialistes existent objectivement et sont inconciliables. Des
conflits, grands ou petits, directs ou indirects, sous une forme ou
sous une autre, se produisent nécessairement entre pays
impérialistes et entre groupes de pays impérialistes, car leurs
intérêts réels sont en jeu, et telle est leur nature. Prétendre
que la possibilité de conflit entre pays impérialistes, du fait de
leurs intérêts réels, a disparu avec les conditions historiques
nouvelles revient à dire que l’impérialisme a changé de nature; et
en réalité ce serait enjoliver l’impérialisme.
6. Étant donné que la guerre a sa source dans
l’existence même du système capitaliste-impérialiste et du système
d’exploitation, personne ne peut garantir que les impérialistes et
la réaction n’entreprendront pas de guerres d’agression contre les
nations et peuples opprimés, ni de guerres contre le peuple. Et
d’autre part, nul ne peut empêcher les nations et les peuples
opprimés qui ont pris conscience de se dresser et d’entreprendre la
guerre révolutionnaire.
7. La thèse: « la guerre est la continuation
de la politique », affirmée et soulignée par Lénine, est
toujours valable. De même que le système social des pays
capitalistes-impérialistes diffère foncièrement de celui des pays
socialistes, la politique intérieure et extérieure des pays
capitalistes-impérialistes diffère foncièrement de celle des pays
socialistes. D’où les positions foncièrement différentes des pays
capitalistes-impérialistes et des pays socialistes sur la question
de la guerre et de la paix.
Pour ce qui est des pays
capitalistes-impérialistes, qu’ils mènent la guerre ou se déclarent
pour la paix, leur but est la poursuite ou le maintien de leurs
intérêts impérialistes. Les pacifistes bourgeois et les
opportunistes ont toujours nié que la guerre impérialiste est la
continuation de la politique de paix de l’impérialisme, et que la
paix impérialiste est la continuation de la politique de guerre de
l’impérialisme ; tout comme l’a dit Lénine, « l’idée: ‘la guerre
est la continuation de la politique de paix, la paix est la
continuation de la politique de guerre’ n’a jamais été comprise par
les pacifistes des deux nuances » (V. I. Lénine: « Pacifisme
bourgeois et pacifisme socialiste », Œuvres, tome 23)
8. L’humanité connaîtra une ère de paix
perpétuelle; l’ère d’où toutes les guerres auront été extirpées
viendra. C’est pour cela que nous luttons. Mais cette ère magnifique
ne sera là qu’après l’extirpation par l’humanité du système
capitaliste-impérialiste, et non avant. Comme l’indique la
Déclaration de Moscou de 1960: « Le triomphe du socialisme dans le
monde entier éliminera définitivement toutes les causes sociales et
nationales du déclenchement de toute guerre. » (Déclaration de la
Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers,
1960)
C’est là notre point de vue fondamental sur la
question de la guerre et de la paix.
Il découle de l’analyse d’une multitude de
phénomènes existant objectivement dans le monde, de l’analyse des
rapports politico-économiques extrêmement complexes entre les
différents pays du monde, et de l’analyse des conditions concrètes
de cette époque nouvelle du monde, époque de la transition du
capitalisme au socialisme et inaugurée par la Grande Révolution
d’Octobre ,analyses qui sont toutes basées sur la conception
matérialiste marxiste de l’histoire.
Ce point de vue est non seulement juste sur le
plan théorique, il a maintes fois fait ses preuves dans la pratique.
Incapables de le réfuter, les révisionnistes modernes et leur suite
l’ont déformé et ont menti à plaisir pour essayer de détruire la
vérité. Mais comment la vérité pourrait-elle être détruite?
Ceux qui s’y essaient seront, tôt ou tard, vaincus par elle. Et
cette manière-ci de présenter les choses n’est-elle pas plus juste?
Aujourd’hui, des gens qui se prétendent des
« marxistes-léninistes créateurs » s’imaginent que
l’histoire du monde se déroule au gré de leur baguette, et non
selon les lois objectives de la société. Cela nous rappelle une
phrase de Diderot, le célèbre philosophe français, citée par
Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme:
« II y a un moment de délire où le clavecin
sensible a pensé qu’il était le seul clavecin qu’il y eût au
monde, et que toute l’harmonie de l’univers se passait en lui. »
(V.I. Lénine: Œuvres, tome 14)
Que ces idéalistes historiques qui s’imaginent
être tout, et s’imaginent que tout est dans leur propre
subjectivisme, ruminent soigneusement ces lignes!
V. L’ETAT ET LA REVOLUTION
En quoi la théorie des « réformes de
structure » du camarade Togliatti est-elle une « contribution
positive »?
Togliatti et d’autres camarades présentent leur
« ligne fondamentale » des « réformes de structure »
comme une « ligne commune à tout le mouvement communiste
international » (P. Togliatti: Conclusions prononcées au
Xe Congrès du Parti communiste italien), et leur théorie des
« réformes de structure » comme un « principe de
stratégie mondiale du mouvement ouvrier et communiste dans la
situation actuelle » (P. Togliatti: Intervention faite en avril
1962 à la session plénière du Comité central du Parti communiste
italien)
Il semble en découler que Togliatti et d’autres
camarades veulent imposer la « voie italienne » non seulement
à la classe ouvrière et au peuple travailleur italiens, mais encore
aux peuples du monde capitaliste tout entier. Car ils considèrent la
« voie italienne », proposée par eux, comme la « voie
vers le socialisme » pour l’ensemble du monde capitaliste actuel
et, apparemment, comme la seule et unique voie. Vraiment, le camarade
Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien
ont une bien haute opinion d’eux-mêmes.
Et il nous paraît bon de présenter au lecteur
les traits principaux de leur « voie italienne » et de leurs
« réformes de structure », afin de mettre les choses au
point.
1. Le point de vue le plus fondamental du
marxisme-léninisme, c’est-à-dire celui sur la destruction de la
machine d’Etat de la dictature bourgeoise et sur l’installation
de la machine d’Etat de la dictature prolétarienne, est-il,
aujourd’hui encore, entièrement valable? De l’avis de ces
camarades, c’est là « un sujet à discuter » (P. Togliatti:
« La Voie italienne vers le socialisme », rapport présenté
en juin 1956 à la session plénière du Comité central du Parti
communiste italien) « … il est évident, disent-ils, que nous
rectifions quelque peu ce point de vue, compte tenu des
transformations qui sont intervenues et qui sont en train
d’intervenir dans le monde. » (P. Togliatti: « La Voie
italienne vers le socialisme », rapport présenté en juin 1956 à
la session plénière du Comité central du Parti communiste italien)
2. « Aujourd’hui la question de faire ce qui a
été fait en Russie ne se pose pas aux ouvriers italiens. » (P.
Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien) Ceci a
été exprimé dès avril 1944 par le camarade Togliatti, et dans son
rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien, il a réaffirmé
que cette vue a « un caractère de programme ».
3. La classe ouvrière italienne peut
« s’organiser, dans le cadre du régime constitutionnel, en une
classe dirigeante » (« Points essentiels de la
Déclaration-programme du Parti communiste italien », adoptés en
décembre 1956 par le Ville Congrès du Parti communiste italien)
4. La Constitution italienne « accorde aux
forces ouvrières une place nouvelle, prééminente », elle
« permet et prévoit » des « réformes de structure »
(« Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien ») « La
lutte pour donner à la démocratie italienne un contenu nouveau,
socialiste, trouve donc dans notre Constitution un large champ de
développement. » (« Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien »)
5. « … nous pouvons parler de la possibilité
d’utiliser largement la voie légale et même le Parlement pour
réaliser d’importantes transformations sociales. » (P.
Togliatti: Rapport présenté en mars 1956 à la session Plénière
du Comité central du Parti communiste italien) « Le Parlement
doit être investi des pleins pouvoirs qui lui permettent non
seulement de remplir les tâches législatives, mais aussi de diriger
et de contrôler l’activité de l’Exécutif. » (« Thèses du
Xe Congrès du Parti communiste italien »), et il faut un
« …élargissement effectif des pouvoirs du Parlement sur le
plan économique » (« Thèses politiques adoptées par le IXe
Congrès du Parti communiste italien »)
6. « …l’édification d’un régime
démocratique nouveau qui progresse vers le socialisme est
étroitement liée à la formation d’un nouveau bloc historique qui,
sous la direction de la classe ouvrière, combat pour un changement
de la structure sociale et serait le porteur d’une révolution
politique aussi bien qu’intellectuelle et morale. » (« Thèses
du Xe Congrès du Parti communiste italien »)
7. « On
ne peut ni ne doit différer la liquidation des structures les plus
arriérées et les plus paralysantes de la société italienne, ainsi
que leur transformation dans le sens démocratique et socialiste, à
l’heure de la conquête du pouvoir par la classe ouvrière et par ses
alliés. » (« Points essentiels de la Déclaration-programme
du Parti communiste italien », adoptés en décembre 1956 par le
Ville Congrès du Parti communiste italien)
8. En Italie, l’économie nationalisée,
c’est-à-dire le capital monopoliste d’Etat ,peut être « en
opposition avec les monopoles » (A. Pesenti: « Formes
directes et indirectes de l’intervention de l’Etat » ,Rinascita,
9 juin 1962), elle peut être une « expression des masses
populaires » (A. Pesenti: « S’agit-il de la structure
ou de la superstructure? », Rinascita, 19 mai 1962) et devenir un
« instrument plus efficace pour combattre le développement des
monopoles » (A. Pesenti: « Formes directes et
indirectes de l’intervention de l’Etat » , Rinascita, 9 juin
1962). Au moyen de nationalisation, il est possible « de briser
et d’abolir la propriété monopoliste des grandes forces
productives, de la transformer en propriété collective »
(« Points essentiels de la Déclaration-programme du Parti
communiste italien », adoptés en décembre 1956 par le VllIe
Congrès du Parti communiste italien).
9. L’intervention de l’Etat dans la vie économique
peut « garantir un développement économique
démocratique » (P. Togliatti: Intervention faite en avril
1962 à la session
Plénière du Comité central du Parti
communiste italien) et « devenir un moyen de lutte contre le
pouvoir du grand capital, pour frapper, limiter et briser la
domination des grands groupes monopolistes » (P.
Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien).
10. En régime capitaliste et sous la dictature
bourgeoise, « les concepts de planification et de programmation
économiques considérés un temps comme une prérogative socialiste »
(P. Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien)
peuvent être acceptés. La classe ouvrière, « en participant à
l’élaboration et à l’application de la politique de planification,
réalisant pleinement ses propres idéaux et son autonomie, avec la
force de son unité » (« Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien »), peut transformer cette politique de
planification en « un instrument pour satisfaire les besoins des
hommes et de la collectivité nationale » (« Thèses du Xe
Congrès du Parti communiste italien »).
En un mot, « la voie italienne » et « les
réformes de structure » des camarades Togliatti et autres
reviennent à ceci: dans le domaine politique, « modifier
progressivement l’équilibre intérieur et la structure (de l’Etat] »
pour « imposer l’avènement de classes nouvelles à la
direction de l’Etat » (« Thèses du Xe Congrès du
Parti communiste italien »), tout en maintenant la dictature
bourgeoise et en empruntant la « voie légale » de la
démocratie bourgeoise, de la Constitution et du Parlement bourgeois.
Quant à savoir ce que l’on entend par « classes nouvelles »,
l’interprétation donnée a toujours été ambiguë; et dans le
domaine économique, cela revient, tout en maintenant le régime
capitaliste, à « limiter » et « briser »
progressivement le capital monopoliste par « la nationalisation »,
« la programmation » et « l’intervention de l’Etat ».
En d’autres termes, il est possible de parvenir au socialisme en
Italie par la dictature de la bourgeoisie, sans passer par la
dictature du prolétariat.
Togliatti et les autres camarades estiment que
leurs points de vue sont une « contribution positive à
l’approfondissement et au développement du marxisme-léninisme,
doctrine révolutionnaire de la classe ouvrière » (P. Togliatti:
« Ramenons la discussion à ses termes réels’) Malheureusement,
il n’y a rien de nouveau dans leurs idées; elles sont fort vieilles
et fort désuètes; c’est du socialisme bourgeois, que Marx et Engels
ont rejeté impitoyablement, il y a longtemps.
Le socialisme bourgeois que Marx et Engels
critiquèrent appartient à la période d’avant l’apparition du
capitalisme monopoliste. Si Togliatti et d’autres camarades ont fait
quelque « contribution positive », c’est au développement
non pas du marxisme mais du socialisme bourgeois. Ils ont développé
le socialisme de la bourgeoisie libérale en socialisme de la
bourgeoisie monopoliste. Mais, en fait, c’est le « développement »
proposé il y a beau temps par la clique Tito. Togliatti et les
autres camarades l’ont adopté après « étude et profonde
compréhension » de ce que la clique Tito a fait et de ce qu’elle
fait.
Comparons avec le léninisme
La possibilité de passer au socialisme, et de le
réaliser, avant le renversement de la dictature bourgeoise et
l’instauration de la dictature du prolétariat, a toujours été la
question la plus fondamentale, la plus controversée entre les
marxistes-léninistes et les opportunistes et révisionnistes de
toutes les nuances. Dans L’Etat et la révolution et La Révolution
prolétarienne et le renégat Kautsky, les grandes œuvres que
connaissent tous les marxistes-léninistes,
Lénine a exposé cette question la plus
fondamentale de manière exhaustive et pénétrante, défendu et
développé le marxisme révolutionnaire, et dénoncé et condamné
complètement les déformations infligées au marxisme par les
opportunistes et les révisionnistes.
En réalité, les « réformes de structure »
et le « changement de l’équilibre intérieur [de l’Etat] »
et autres idées de Togliatti et des autres camarades sont toutes des
vues de Kautsky, condamnées par Lénine dans L’Etat et la
révolution. Le camarade Togliatti dit: « Les camarades chinois
cherchent à nous effrayer en rappelant Kautsky, avec les vues duquel
notre politique n’a rien de commun. » (P. Togliatti: « Ramenons
la discussion à ses termes réels ») Cherchons-nous à effrayer
Togliatti et les autres camarades?
Leur politique n’a-t-elle vraiment « rien de
commun » avec les vues de Kautsky? Nous aimerions, à notre tour,
« leur demander de nous permettre de leur rappeler » qu’il
serait bon de relire attentivement L’Etat et la révolution et les
autres œuvres de Lénine!
Togliatti et les autres camarades ne veulent pas
comprendre la différence fondamentale qu’il y a entre révolution
socialiste prolétarienne et révolution bourgeoise.
Lénine
dit:
« Ce qui distingue précisément une
révolution socialiste d’une révolution bourgeoise, c’est que
celle-ci a des formes toutes prêtes de rapports capitalistes, tandis
que le pouvoir soviétique — prolétarien — ne trouve pas de
rapports tout prêts… » (V.I. Lénine : VIIème congrès du Parti
Communiste (bolchévik) de Russie, Œuvres, tome 27)
Dans la société de classes, tout pouvoir d’Etat
est destiné à défendre un régime socio-économique donné,
c’est-à-dire des rapports de production donnés. Comme l’a dit
Lénine, « la politique est l’expression concentrée de l’économie
» (« Encore une fois sur les syndicats, la situation actuelle et
les fautes de Trotski et Boukharine », Œuvres tome 32) A chaque
régime socio-économique correspond un régime politique qui est à
son service, et qui lui permet d’écarter ce qui fait obstacle à son
développement.
Dans l’histoire, les maîtres d’esclaves, les
seigneurs féodaux et la bourgeoisie ont tous dû s’ériger
politiquement en classe dirigeante, prendre le pouvoir d’Etat en main
en vue de faire prévaloir leurs rapports de production sur tous les
autres, de les consolider et développer.
Le point fondamental qui différencie les
révolutions des classes exploiteuses de la révolution
prolétarienne, c’est que, avant l’accession au pouvoir des trois
grandes classes exploiteuses—maîtres d’esclaves, propriétaires
fonciers et « bourgeoisie — les rapports de production
esclavagistes, féodaux et capitalistes existaient déjà dans la
société et, dans certains cas, étaient même parvenus à une
maturité remarquable.
Mais il n’existe pas de rapports de production
socialistes dans la société avant la prise du pouvoir par le
prolétariat. La raison en est claire. Une nouvelle forme de
propriété privée peut naître spontanément sur la base de
l’ancienne, tandis qu’ il sera toujours impossible à la propriété
publique socialiste des moyens de production de naître spontanément
sur la base de la propriété privée, capitaliste.
Comparons
les idées et le programme du camarade Togliatti et des autres
camarades avec le léninisme.
Contrairement au léninisme,
Togliatti et les autres camarades soutiennent que les rapports de
production socialistes peuvent naître graduellement, sans révolution
socialiste et sans pouvoir d’Etat du prolétariat, et que les
intérêts économiques fondamentaux du prolétariat peuvent être
satisfaits sans le recours à une révolution politique remplaçant
la dictature de la bourgeoisie par la dictature du prolétariat.
C’est là le point de départ de la « voie italienne » et de
la théorie des « réformes de structure » de Togliatti et
des autres camarades.
Qui a raison? Marx, Engels et Lénine, ou
Togliatti et les autres camarades? Où y a-t-il « manqué du sens
des réalités »? Chez les marxistes-léninistes ou dans les
idées et programme de Togliatti et des autres camarades?
Voyons la réalité italienne.
L’Italie est un pays de 50 millions d’habitants
.Selon les statistiques, elle a maintenant, en temps de paix,
quelques centaines de milliers de fonctionnaires, plus de 400.000
hommes dans l’armée permanente, près de 80.000 gendarmes, environ
100.000 policiers, plus de 1.200 tribunaux de toutes instances et
près de 1.000 prisons; ceci ne comprend pas l’appareil secret de
répression et son personnel armé. En outre, il y a des bases
militaires américaines et des troupes américaines en Italie.
Dans leurs Thèses, Togliatti et les autres camarades prennent plaisir à parler de la démocratie, de la Constitution et du Parlement de l’Italie, etc., mais ils ne soumettent les militaires, les gendarmes, la police, les tribunaux, les prisons et autres instruments de violence aucune analyse de classe. Qui, ces instruments de violence, protègent-ils et qui répriment-ils? Protègent-ils le prolétariat et le peuple travailleur et répriment-ils les capitalistes monopolistes ou est-ce l’inverse? Un marxiste-léniniste, quel qu’il soit, ne doit pas éluder cette question en parlant du régime d’Etat, mais doit y répondre.
Poursuivons
et voyons à quoi ces instruments de violence sont utilisés en
Italie. Voici quelques exemples:
De 1948 à 1950, soit en
trois ans, plus de 3.000 personnes ont été tuées ou blessées, et
plus de 90.000 arrêtées, au cours de la répression des masses
populaires, par le gouvernement italien.
En juillet 1960,
lors de la répression par le gouvernement Tambroni du mouvement
antifasciste du peuple travailleur italien, onze personnes furent
tuées, plus de mille blessées et plus de mille arrêtées.
En
1962, après la formation du gouvernement « centre-gauche »
de Fanfani, il y eut une suite d’incidents au cours desquels le
gouvernement réprima les grèves et manifestations des masses
populaires à Ceccano en mai, à Turin en juillet, à Bari en août,
à Milan en octobre, et à Rome en novembre. Rien qu’à Rome, des
dizaines de personnes furent blessées, et environ 600 arrêtées.
Ce ne sont que quelques exemples, mais ne
suffisent-ils pas à montrer de quel genre est la « démocratie
italienne »? Est-il possible que, dans une Italie dotée d’un
puissant appareil d’Etat, tant public que secret, et destiné à
réprimer le peuple, la « démocratie italienne » ne soit pas
une « démocratie » de la bourgeoisie monopoliste italienne,
c’est-à-dire la dictature de la bourgeoisie monopoliste italienne?
Est-il possible que la classe ouvrière et le
peuple travailleur d’Italie participent à l’élaboration de la
politique intérieure et extérieure du gouvernement, dans la
« démocratie italienne » vantée par Togliatti et les autres
camarades? Si vous, camarade Togliatti et les autres, l’imagine z
possible, êtes-vous prêts à prendre la responsabilité des
nombreux crimes commis dans la répression du peuple par le
gouvernement italien et de l’acceptation par ce dernier de bases
militaires américaines en Italie, de la participation de celle-ci à
l’O.T.A.N., etc.?
Bien entendu, vous direz que vous ne pouvez être
responsables de la politique réactionnaire poursuivie par le
gouvernement italien, tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Mais
puisque vous vous attribuez une part dans l’élaboration des
politiques, pourquoi n’avez-vous pas réalisé le moindre changement
dans ces mesures politiques les plus fondamentales de l’actuel
gouvernement italien?
Ne pas opérer de distinction quant
à la nature de classe de la démocratie, mais vanter « la
démocratie » d’une façon générale, c’est en fait, entonner la
vieille rengaine que les héros de la Ile Internationale et les
leaders social-démocrate de droite ont usée jusqu’ à la corde.
N’est-il pas étrange que des gens qui se disent
« marxistes-léninistes » présentent ces rengaines éculées
comme des « créations nouvelles » de leur cru?
Le camarade Togliatti désire peut-être tracer
une ligne, de l’épaisseur d’un cheveu, entre lui-même et les
social-démocrates. Il prétend que, en fait de « raisonnement
abstrait », on peut convenir du caractère de classe de l’Etat et
du caractère bourgeois de l’actuel Etat italien, mais que
« l’exprimer en termes concrets » est une autre affaire.
En « raisonnement concret », il soutient
qu’ »en partant de l’actuelle structure de l’Etat » et « en
réalisant s profondes réformes prévues par la Constitution »,
« il serait possible… de changer l’actuel bloc au pouvoir et
créer les conditions d’un autre bloc auquel les classes
travailleuses participeront et dans lequel elles assumeront les
fonctions qui leur incombent »; et permettre ainsi à l’Italie de
« marcher vers le socialisme dans la démocratie et la paix »
(Voir P. Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste
italien) Traduites en langage clair, ces paroles ambiguës du
camarade Togliatti signifient que la nature de la machine d’Etat de
la bourgeoisie monopoliste italienne peut être transformée
graduellement, sans révolution populaire en Italie.
Le « raisonnement concret » du camarade
Togliatti fait mauvais ménage avec son « raisonnement abstrait ».
Dans son « raisonnement abstrait », il se rapproche quelque
peu du marxisme-léninisme; mais dès qu’il aborde le « raisonnement
concret », il s’en éloigne et de beaucoup. Peut-être
estime-t-il que c’est là le seul moyen de ne pas être « dogmatique »!
Si nous regardons Togliatti et les autres
camarades à la lumière de leur « raisonnement concret »,
nous découvrons que le cheveu les séparant des social-démocrates
disparaît.
Et en ce moment où certains s’efforcent de
prostituer la théorie marxiste-léniniste sur l’Etat et la
révolution et où les révisionnistes modernes se servent du nom de
Lénine pour attaquer follement le léninisme, nous voudrions attirer
l’attention des uns et des autres, par les deux paragraphes suivants,
sur ce que Lénine a dit au 1er Congrès de l’Internationale
communiste en 1919:
« Le point essentiel que les socialistes ne
comprennent pas, et qui explique leur myopie théorique, qui fait
qu’ils demeurent prisonniers des préjugés bourgeois, qui constitue
leur trahison politique à l’égard du prolétariat, c’est que dans
la société capitaliste, dès que la lutte de classe qui en est le
fondement s’accentue d’une manière tant soit peu sérieuse, il ne
peut y avoir aucun terme moyen entre la dictature de la bourgeoisie
et la dictature du prolétariat.
Tout rêve d’on ne sait quelle troisième voie est
une lamentation réactionnaire de petits bourgeois. Témoin en est
l’expérience d’un développement de plus d’un siècle de la
démocratie bourgeoise et du mouvement ouvrier dans tous les pays
évolués, notamment l’expérience des dernières cinq années. C’est
ce qu’établissent également la science de l’économie politique, le
contenu du marxisme qui explique la nécessité dans toute économie
marchande de la dictature de la bourgeoisie qui ne peut être
remplacée que par la classe développée, multipliée, cimentée,
renforcée par l’évolution même du capitalisme, c’est-à-dire la
classe des prolétaires. »
« Une autre erreur politique et théorique des
socialistes est due à ce fait qu’ils ne comprennent pas que les
formes de démocratie ont changé nécessairement au cours des
siècles, à partir de ses germes dans l’antiquité au fur et à
mesure que les classes dominantes se succédaient. Dans les
républiques de la Grèce antique, dans les villes du moyen âge,
dans les pays capitalistes évolués, la démocratie revêt des
formes différentes et elle est appliquée à des degrés divers. Il
serait parfaitement absurde de penser que la révolution la plus
profonde que l’histoire de l’humanité ait jamais connue, le passage,
pour la première fois dans le monde, du pouvoir de la minorité des
exploiteurs à la majorité des exploités, puisse s’effectuer dans
l’ancien cadre de l’ancienne démocratie, de la démocratie
bourgeoise, parlementaire, puisse s’effectuer sans les tournants les
plus profonds, sans la création de nouvelles formes de démocratie,
de nouvelles institutions qui matérialisent les conditions nouvelles
de son application, etc. » (V. I. Lénine: « 1er Congrès de
l’Internationale communiste », Œuvres, tome 28)
Nous voyons que Lénine a tiré ces conclusions
catégoriques et définitives de toute la doctrine marxiste, de
l’ensemble de l’expérience de la lutte de classe dans la société
capitaliste et de l’ensemble de l’expérience de la Révolution
d’Octobre Il estimait impossible de transférer le pouvoir d’Etat de
la bourgeoisie au prolétariat, impossible d’accomplir la révolution
la plus profonde de l’histoire de l’humanité — la révolution
socialiste, dans le vieux cadre de la démocratie bourgeoise,
parlementaire.
Ces vérités concrètes, formulées par Lénine
en 1919, n’ont-elles pas trouvé ample confirmation dans l’expérience
de chaque pays où la révolution socialiste a eu lieu? L’expérience
n’a-t-elle pas démontré abondamment que la voie de la Révolution
d’Octobre, que Lénine dirigea, est la voie commune pour
l’émancipation de l’humanité?
Les Déclarations de Moscou de 1957 et de 1960
n’ont-elles pas réaffirmé qu’elle st la voie au socialisme, commune
à la classe ouvrière de tous les pays? Evidemment, l’utilisation de
moyens pacifiques ou non pacifiques par la classe ouvrière «
dépendra…du degré de résistance des milieux réactionnaires à
la volonté de la très grande majorité du peuple, du recours à la
violence de ces milieux à telle ou telle étape de la lutte pour le
socialisme » (Déclaration de la Conférence des Représentants des
Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes, 1957).
Mais, d’une façon ou d’une autre il est
nécessaire de briser le vieil appareil d’Etat bourgeois et
d’instaurer la dictature du prolétariat.
En prétendant que le socialisme peut être
réalisé en Italie dans le cadre de la démocratie parlementaire
bourgeoise, sans briser la vieille machine d’Etat, Togliatti et les
autres camarades se basent non pas sur l’expérience de la lutte
révolutionnaire du prolétariat ou sur la réalité vivante de la
société italienne, mais sur la Constitution italienne actuelle.
Leur « régime démocratique nouveau » n’est autre qu’un
« élargissement » de la démocratie bourgeoise. Il n’est
donc pas étonnant que leur « raisonnement concret » se
différencie à tel point de la vérité concrète du
marxisme-léninisme.
Une Constitution merveilleuse
Les Thèses du Xe Congrès du Parti communiste
italien affirment: « La voie italienne vers le socialisme passe par
l’édification d’un nouvel Etat décrit dans la Constitution (il
diffère profondément du régime actuel) et par l’accès à sa
direction de nouvelles classes dirigeantes. » (« Thèses du Xe
Congrès du Parti communiste italien »)
Selon Togliatti et les autres camarades, la
Constitution italienne est vraiment une merveille.
1. La Constitution républicaine est « un
pacte unitaire, librement conclu par la grande majorité du peuple
italien » (« Points essentiels de la Déclaration-programme
du Parti communiste italien »)
2. Elle prévoit « des réformes fondamentales
qui. . . Portent la marque du socialisme » (P. Togliatti: Rapport
présenté en mars 1956 à la session plénière du Comité central
du Parti communiste italien)
3. Elle « affirme le principe de la
souveraineté du peuple » (« Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien »)
4. Elle « proclame qu’il [l’Etat] est ‘fondé
sur le travail’ » (P. Togliatti: « Pour une voie italienne
vers le socialisme. Pour un gouvernement démocratique des classes
travailleuses », rapport présenté en décembre 1956 au Ville
Congrès du Parti communiste italien) et « accorde aux forces
ouvrières une place nouvelle, prééminente » (« Thèses du
Xe Congrès du Parti communiste italien »)
5. Elle reconnaît « aux travailleurs le droit
d’accéder à la direction de l’Etat » (« Points essentiels
de la Déclaration-programme du Parti communiste italien »)
6.
Elle « affirme qu’il faut procéder à des transformations
politiques et économiques indispensables afin de rénover la société
nationale et de l’amener dans la voie du socialisme » (P.
Togliatti: « Pour une voie italienne vers le socialisme. Pour un
gouvernement démocratique des classes travailleuses », rapport
présenté en décembre 1956 au VIlle Congrès du Parti communiste
italien)
7. Elle a résolu » le problème de principe
de la marche vers le socialisme dans le cadre de la légalité
démocratique » (P. Togliatti: « Pour une voie italienne vers
le socialisme. Pour un gouvernement démocratique des classes
travailleuses », rapport présenté en décembre 1956 au Ville
Congrès du Parti communiste italien)
8. Elle permet au peuple de « s’opposer à la
nature de classe et aux objectifs de classe de l’Eta tout en
acceptant totalement et en défendant le pacte constitutionnel »
(« Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien », voir
Unità, Supplément, 13 septembre 1962)
9. Elle permet à la classe ouvrière de
« s’organiser, dans le cadre du régime constitutionnel, en une
classe dirigeante » (« Points essentiels de la
Déclaration-programme du Parti communiste italien »)
10. « Le respect, la défense, l’application
intégrale de la Constitution républicaine constituent le pivot de
tout le programme politique du Parti » (Points essentiels de
la
Déclaration-programme du Parti communiste italien)
Nous ne nions pas, évidemment, qu’il y ait de
belles phrases sonores dans la Constitution italienne actuelle. Mais
comment un marxiste-léniniste peut-il prendre les belles phrases
sonores d’une constitution bourgeoise pour a réalité?
La Constitution italienne actuelle a 139 articles.
Mais, en définitive, sa nature de classe y est donnée le plus
clairement par l’article 42 qui stipule que « la propriété
privée est reconnue et garantie par la loi ». Dans la réalité
italienne, cet article protège la propriété privée du capital
monopoliste. Par lui, la Constitution satisfait aux exigences de la
bourgeoisie monopoliste, dont la propriété privée est rendue
sacrée et inviolable. Essayer de cacher la vraie nature de la
Constitution italienne et parler de celle-ci au superlatif ne sert
qu’à se duper soi-même et à duper les autres.
Togliatti et les autres camarades disent que la
Constitution italienne « porte la marque de la présence de la
classe ouvrière », « affirme le principe de la souveraineté
du peuple » et « reconnaît des droits nouveaux aux
travailleurs » (Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien).
Lorsqu’ils parlent de ce « principe » et de ces « droits
nouveaux », pourquoi ne comparent-ils pas la Constitution
italienne aux autres constitutions bourgeoises avant de conclure?
Il est à remarquer que la disposition, « le
peuple est souverain », a été insérée dans presque toutes les
constitutions bourgeoises depuis la publication de la « Déclaration
des droits de l’homme » de la révolution bourgeoise française
de 1789, et qu’elle n’est pas particulière à la Constitution
italienne. « Le peuple est souverain » était un mot d’ordre
révolutionnaire servant à la bourgeoisie pour s’opposer à « l’Etat,
c’est Moi » des seigneurs féodaux. Mais depuis l’instauration de
la domination bourgeoise, une telle disposition est devenue une
phrase creuse camouflant la nature de la dictature de la bourgeoisie.
Il est à remarquer que la Constitution italienne
n’est pas la seule où l’on trouve des dispositions sur « les
libertés du citoyen ». Il s’en trouve dans les constitutions de
presque tous les pays capitalistes. Mais après avoir affirmé ces
libertés du citoyen, certaines de celles-ci ont aussitôt pris des
dispositions les limitant ou les supprimant.
Et comme Marx le dit en parlant de la Constitution
française de 1848, « chaque article comprend un aspect contraire
qui élimine totalement l’article lui-même » (K. Marx & F.
Engels: « Constitution de la République française adoptée le 4
novembre 1848 », Œuvres complètes, tome 7).
Il existe des constitutions où de tels articles
ne sont pas suivis de dispositions les limitant ou les annulant, mais
les gouvernements bourgeois intéressés peuvent parvenir au même
but par d’autres moyens. La Constitution italienne fait partie de la
première catégorie; en d’autres mots, elle est une constitution
purement bourgeoise et ne peut en rien être décrite comme étant
« d’inspiration essentiellement socialiste » (P. Togliatti:
« La Lutte des communistes pour la liberté, la paix et le
socialisme », rapport à la Quatrième Conférence nationale du
Parti communiste italien).
Lénine disait: « Lorsque les lois s’écartent de
la réalité, la Constitution est fallacieuse; lorsqu’elles sont
conformes à la réalité, la Constitution n’est pas fallacieuse. »
(V. I. Lénine: « Comment les socialistes-révolutionnaires font
le bilan de la révolution », Œuvres, tome 15) La Constitution
italienne actuelle offre ces deux aspects; elle est à la fois
« fallacieuse » et « pas fallacieuse ». « Pas
fallacieuse » dans les sujets essentiels, telle la protection des
intérêts de la bourgeoisie, et « fallacieuse » dans les
belles phrases sonores destinées à duper le peuple.
Au VIe Congrès du Parti communiste italien, tenu
en janvier 1948, le camarade Togliatti disait:
« L’avenir de notre politique et même de notre
Constitution est incertain, car il est à prévoir que de sérieux
conflits se produiront entre les forces progressistes qui
s’appuieront sur une partie de notre charte constitutionnelle et les
forces conservatrices et réactionnaires qui chercheront des moyens
de résistance dans l’autre partie de la Constitution. Il s’ensuit
qu’on commettrait une grave erreur politique, et on décevrait le
peuple, si l’on ‘ ne fait que dire: ‘Tout est maintenant écrit dans
la Constitution; appliquons ce qui y est prévu et toutes les
aspirations populaires seront réalisées. C’est erroné.
Jamais aucune Constitution ne sert à sauver la
liberté, si pour la défense de cette dernière il n’y a pas la
conscience des citoyens, leur force et leur capacité d’écraser
chaque tentative réactionnaire.
Aucune disposition constitutionnelle ne nous
assure d’elle-même le progrès démocratique et social, si les
forces organisées et conscientes des masses laborieuses ne sont pas
capables de conduire tout le pays dans la voie de ce progrès et de
briser la résistance de la réaction. »
Il semble que ces paroles prononcées par le
camarade Togliatti en 1948 contiennent encore certaines vues
marxistes-léninistes, car il admettait que l’avenir de la politique
et de la Constitution italiennes était incertain, que la
Constitution italienne avait un caractère double et pouvait être
utilisée aussi bien par les forces conservatrices et réactionnaires
que par les forces progressistes. Le camarade Togliatti estimait à
l’époque que la foi aveugle dans la Constitution italienne était
« une grave erreur politique » et que c’était « décevoir
le peuple ».
En janvier 1955, le camarade Togliatti disait dans
un discours: « II est clair que nous avons dans notre Constitution
les traits d’un programme non seulement politique, mais aussi
économique et social, programme qui est d’inspiration
essentiellement socialiste ». Ainsi, à cette époque, le camarade
Togliatti considérait déjà la Constitution italienne comme étant
« d’inspiration essentiellement socialiste »(P. Togliatti:
Rapport à la Quatrième Conférence nationale du Parti communiste
italien)
Le Togliatti de 1955 prenait donc le contre-pied
du Togliatti de 1948.
Depuis lors, le camarade Togliatti a amorcé un
virage serré et littéralement divinisé la Constitution
italienne.
Il disait en 1960, dans son rapport au IXe
Congrès du Parti communiste italien: « Nous agissons dans le cadre
de la Constitution, et à tous ceux qui nous demandent ce que nous
ferions si nous étions au pouvoir, nous leur rappelons la
Constitution. Nous avons dit dans notre ‘Déclaration-programme’ et
nous répétons qu’il est possible de réaliser ‘dans la pleine
légalité constitutionnelle les réformes de structure nécessaires
pour saper le pouvoir des groupes monopolistes, défendre les
intérêts de tous les travailleurs contre les oligarchies
économiques et financières, exclure du pouvoir ces oligarchies et y
faire accéder les classes laborieuses. »
C’est-à-dire que le camarade Togliatti demandait
que la classe ouvrière et les autres couches travailleuses d’Italie
agissent en toute légalité, dans le respect de la constitution
bourgeoise et prennent appui sur celle-ci pour « saper le pouvoir
des groupes monopolistes ».
Au Xe Congrès du Parti communiste italien, en
1962, le camarade Togliatti et certains autres camarades ont
réaffirmé leur « fermeté » à ce sujet. Ils disaient que «
la voie italienne vers le socialisme passe par l’édification d’un
nouvel Etat décrit dans la Constitution … et par l’accès à sa
direction de nouvelles classes dirigeantes » (« Thèses du Xe
Congrès du Parti communiste italien »); que cette voie signifie
« réclamer et imposer la transformation de l’Etat à la lumière de
la Constitution, conquérir dans le pays de nouvelles positions de
force et promouvoir la transformation socialiste de la société »
(« Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien »); et
qu’elle signifie « former un bloc socio-politique capable de
réaliser, dans la légalité constitutionnelle, la transformation
socialiste de l’Italie » (« Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien »).
Ils affirment encore qu’on peut « s’opposer à la
nature de classe et aux objectifs de classe de l’Etat tout en
acceptant totalement et en défendant le pacte constitutionnel et au
moyen d’une action étendue et concertée dont le but est d’amener
l’Etat dans la voie du progrès et de la démocratie, voie de
développement vers le socialisme » (« Thèses du Xe Congrès du
Parti communiste italien », voir Unita, Supplément, 13 septembre
1962).
En un mot, ils veulent « réaliser le
socialisme » dans le cadre de la constitution bourgeoise de
l’Italie, et ils oublient complètement que, quoiqu’il y ait quelques
articles joliment libellés dans la Constitution italienne, la
bourgeoisie monopoliste peut, selon ses besoins et lorsque l’occasion
se présente, frapper la Constitution de nullité, tant qu’elle
détient la machine d’Etat et toutes les forces armées.
Les marxistes-léninistes doivent dénoncer
l’hypocrisie des constitutions bourgeoises, mais ils devraient, en
même temps, se servir de certains articles de ces constitutions
comme d’une arme contre la bourgeoisie. Refuser, dans des
circonstances ordinaires, d’utiliser la constitution bourgeoise pour
mener les luttes légales possibles est une erreur, qualifiée par
Lénine de maladie infantile « gauchiste ».
Mais demander aux membres du Parti et au peuple
d’avoir une foi aveugle dans la constitution bourgeoise, propager
l’idée que pareille constitution peut apporter le socialisme au
peuple, et parler du respect qu’on lui accorde, de sa défense et de
son application totale comme du « pivot de tout le programme
politique du Parti » (« Points essentiels de la
Déclaration-programme du Parti communiste italien »), ce n’est
plus simplement de « la maladie infantile », mais, et
toujours selon les paroles de Lénine, être moralement prisonnier
des préjugés bourgeois.
Le « crétinisme
parlementaire » contemporain
Togliatti et certains autres camarades du Parti
communiste italien admettent que la réalisation du socialisme
implique la lutte, qu’il doit être réalisé par la lutte. Mais
ils limitent la lutte du peuple au cadre autorisé par la
constitution bourgeoise et attribuent le rôle principal au
Parlement.
Décrivant comment naquit la Constitution
italienne actuelle, le camarade Togliatti disait: « Cela est dû au
fait que les communistes, en 1946, ont rejeté la voie de la rupture
de la légalité qui aurait été de tenter désespérément de
s’emparer du pouvoir et ont choisi, au contraire, la voie de la
participation aux travaux de la Constituante » (P. Togliatti:
Rapport présenté en mars 1956 à la session Plénière du Comité
central du Parti communiste italien)
C’est ainsi qu’il en est venu à considérer la
« voie parlementaire » comme celle par laquelle la classe
ouvrière et les autres couches travailleuses d’Italie « avanceront
vers le socialisme ».
Pendant des années, le camarade Togliatti et
d’autres camarades ne se lassent d’affirmer:
« Aujourd’hui, on a formulé, d’une manière
générale, la thèse selon laquelle est possible une avance vers le
socialisme selon les règles de la légalité démocratique et même
parlementaire » (P. Togliatti: Rapport au VIIIème Congrès du Parti
communiste italien). « Cette thèse est celle de 1944-46 » (Voir
P. Togliatti: « Le Parlement et la lutte pour le socialisme »,
Pravda, 7 mars 1956)
« Il est possible de passer au socialisme…par
la voie parlementaire. » (Voir P. Togliatti: « Le Parlement et
la lutte pour le socialisme », Pravda, 7 mars 1956)
Nous aimerions discuter, ici, avec le camarade
Togliatti et les autres camarades la question de savoir si le passage
au socialisme peut être effectué par la voie parlementaire.
La
question doit être claire. Nous avons toujours soutenu que la
participation à la lutte parlementaire est une forme de combat
légale que la classe ouvrière doit utiliser, dans des conditions
données. Refuser d’utiliser la lutte parlementaire quand c’est
nécessaire, et jouer à la révolution et user de phraséologie
révolutionnaire, cela, tous les marxistes-léninistes le combattent
résolument. Pour cette question, nous nous en sommes toujours tenus
entièrement à la théorie exposée par Lénine dans La
Maladie infantile du communisme (« le gauchisme »).
Certains déforment délibérément notre point de
vue. Ils affirment que »nous nions catégoriquement la
nécessité de la lutte parlementaire, que nous nions qu’il y ait
tours et détours dans le développement de la révolution, que nous
croyons que la révolution des peuples de tous les pays peut être
réalisée en une seule et belle matinée, ou encore, comme le
camarade Togliatti le dit le 10 janvier de cette année dans sa
réponse à notre article, que nous demandons aux camarades du Parti
communiste italien « de se borner à prêcher et à attendre le
grand jour de la révolution ». Ces derniers temps, la
dénaturation de l’argumentation adverse est pratiquement devenue la
manière d’agir favorite des gens qui se disent
« marxistes-léninistes », quand ils s’en prennent aux
communistes chinois.
Posons la question: Quelles
divergences y a-t-il entre nous et Togliatti et d’autres camarades
quant à l’attitude à adopter envers les parlements bourgeois?
Tout d’abord, nous estimons que les
parlements bourgeois, y compris le parlement italien actuel, ont un
caractère de classe et sont un ornement de la dictature bourgeoise.
Comme le dit Lénine, dans « n’importe quel pays parlementaire,
depuis l’Amérique jusqu’à la Suisse, depuis la France jusqu’à
l’Angleterre, la Norvège, etc., la véritable besogne d’Etat « se
fait dans la coulisse; elle est exécutée par les départements, les
chancelleries, les états-majors » (V. I, Lénine: « L’Etat et
la révolution », Œuvres, tome 25). Et « plus la démocratie
[bourgeoise]
est puissamment développée, et plus la Bourse et les
banquiers se soumettent les parlements bourgeois » (V. I. Lénine:
« La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky »,
Œuvres, tome 28)
En second lieu, nous sommes pour la lutte
parlementaire, mais contre la propagation d’illusions à son sujet,
contre le « crétinisme parlementaire ». Comme l’a dit aussi
Lénine, le parti de la classe ouvrière « est pour l’utilisation
de la lutte parlementaire et la participation à cette lutte, mais
dénonce impitoyablement le ‘crétinisme parlementaire’, c’est-à-dire
la conviction que la lutte parlementaire constitue la seule ou, dans
tous les cas, la principale forme de la lutte politique » (V. I.
Lénine: « Rapport sur le Congrès d’Unification du Parti Ouvrier
social-démocrate de Russie », Œuvres, tome 10)
En
troisième lieu, nous sommes pour l’utilisation de la plate-forme
parlementaire de la bourgeoisie dans le but de dénoncer les tares de
la société bourgeoise et la duperie des parlements bourgeois. Dans
des conditions déterminées, et pour son propre intérêt, la
bourgeoisie peut admettre des représentants du parti de la classe
ouvrière au Parlement, et c’est précisément par cette méthode
qu’elle cherche à duper, à corrompre et même à acheter certains
représentants ou dirigeants ouvriers. Le parti de la classe ouvrière
qui s’engage dans la lutte parlementaire doit donc avoir une haute
vigilance et maintenir constamment son indépendance politique.
Togliatti et d’autres camarades ont littéralement
rejeté la conception léniniste en ce qui concerne ces trois
questions. Ils considèrent le Parlement comme une chose au-dessus
des classes, ils exagèrent, sans raison aucune, le rôle du
parlement bourgeois et considèrent celui-ci comme la seule voie par
laquelle le socialisme pourrait être réalisé en Italie.
Togliatti et d’autres camarades sont complètement
obsédés par le parlement italien.
Ils estiment qu’avec une « loi [électorale]
honnête » et que « tant que dans le Parlement se constitue une
majorité conforme à la volonté du peuple » (P. Togliatti: « Le
Parlement et la lutte pour le socialisme »), on pourra réaliser
« de profondes réformes sociales » (P. Togliatti: « Le
Parlement et la lutte pour le socialisme »), « modifier les
rapports actuels de production, et, partant, modifier le régime de
la grande propriété» (« Thèses politiques adoptées par le
IXe Congrès du Parti communiste italien »)
Les choses peuvent-elles vraiment se dérouler
ainsi?
Non. Elles ne peuvent être que ceci: Dans les
conditions où la bourgeoisie maintient son contrôle sur la machine
d’Etat bureaucratique et militaire, il est impossible, pour le
prolétariat et ses proches alliés, dans une situation normale et en
se conformant aux lois électorales de la bourgeoisie, d’obtenir une
majorité au Parlement, et l’auraient-ils, qu’elle ne serait
nullement assurée.
Après la Seconde guerre mondiale, les partis
communistes et ouvriers de nombre de pays capitalistes ont eu des
sièges au Parlement et certains d’entre eux en ont eu un bon nombre.
Cependant, la bourgeoisie recourt invariablement à toutes sortes de
moyens pour empêcher les députés communistes de devenir majorité,
soit par l’annulation des élections, la dissolution du Parlement, la
révision des lois électorales et de la Constitution, soit en
interdisant le Parti communiste.
Pendant longtemps, après la Seconde guerre
mondiale, le Parti communiste français recueillit le plus grand
nombre de voix et il fut le premier parti au Parlement, mais la
bourgeoisie monopoliste amenda les lois électorales, révisa même
la Constitution, et il se vit arracher un grand nombre de sièges.
La classe ouvrière peut-elle devenir la classe
dirigeante en s’en tenant simplement aux votes électoraux?
L’histoire n’a vu aucune classe opprimée devenir classe dirigeante
par les élections. La bourgeoisie fait l’éloge de la démocratie
parlementaire et du système électoral, mais il n’est pas un pays où
la bourgeoisie ait pris la place des seigneurs féodaux par des voix
gagnées aux scrutins. Et à plus forte raison, il est impossible
pour le prolétariat de devenir la classe dirigeante par les
élections.
Comme Lénine le dit dans Salut aux communistes
italiens, français et allemands: « Seuls des misérables ou des
imbéciles peuvent croire que le prolétariat doit d’abord conquérir
la majorité en participant aux votes effectués sous le joug de la
bourgeoisie, sous le joug de l’esclavage salarié, et après
seulement conquérir le pouvoir. C’est le comble de la stupidité ou
de l’hypocrisie; c’est remplacer la lutte de classes et la révolution
par des votes sous l’ancien régime, sous l’ancien pouvoir. » (V. I.
Lénine: Œuvres, tome 30)
L’histoire nous enseigne que lorsqu’un « parti
ouvrier » renonce à son programme révolutionnaire prolétarien,
et dégénère, devient un appendice de la bourgeoisie, donc un parti
politique servile, il se peut que la bourgeoisie lui permette de
détenir pour un temps la majorité au Parlement et de former le
gouvernement. Tel fut le cas avec le Parti travailliste en
Grande-Bretagne, et tel fut également le cas avec quelques partis
social-démocrates qui ont trahi leur programme révolutionnaire
socialiste.
Mais ceci ne peut que maintenir et consolider la
dictature de la bourgeoisie, et ne change absolument en rien l’é tat
d’oppression et d’exploitation dans lequel se trouve le prolétariat.
Le Parti travailliste anglais a été trois fois au pouvoir depuis
1924, mais la Grande-Bretagne impérialiste est restée impérialiste,
et la classe ouvrière britannique qui n’avait pas le pouvoir n’est
pas plus avancée.
Le camarade Togliatti songe-t-il à marcher sur
les traces du Parti travailliste anglais et des partis
social-démocrates?
Les Thèses du Xe Congrès du Parti communiste
italien disent que le Parlement doit être investi de tous les
pouvoirs nécessaires pour légiférer, diriger et contrôler
l’Exécutif. Nous ignorons qui, au bout du compte, doit investir le
Parlement des pouvoirs auxquels aspirent certains dirigeants du Parti
communiste italien.
Appartient-il à la bourgeoisie ou au camarade
Togliatti et d’autres camarades de le faire? Les faits montrent que
les pouvoirs du parlement bourgeois lui sont investis par la classe
bourgeoise. Etendus ou non, ils sont déterminés par les intérêts
de la bourgeoisie.
Peu importe la somme des pouvoirs qu’elle délègue
à son Parlement, il ne sera jamais l’organe du véritable pouvoir de
l’Etat bourgeois. Les organes du véritable pouvoir dont la
bourgeoisie se sert pour dominer le peuple, ce sont l’appareil
bureaucratique et l’appareil militaire de la bourgeoisie, et non le
parlement bourgeois.
Si des communistes renoncent à la voie de la
révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat, s’ils
n’espèrent qu’obtenir par voie d’élections la majorité au
parlement bourgeois et attendent que leur soient « investis »
des pouvoirs pour diriger l’Etat quelle différence y a-t-il donc
entre cette voie et la voie parlementaire prônée par Kautsky?
Celui-ci disait: «…le but de notre lutte
politique reste donc, comme par le passé, la conquête du pouvoir
d’Etat par l’acquisition de la majorité au Parlement et la
transformation de ce dernier en maître du gouvernement » (Voir K.
Kautsky: « Tactique nouvelle ». Neue Zeit, No 46, 1912.)
Critiquant la voie kautskiste, Lénine disait que ce n’était que de
« l’opportunisme le plus pur et le plus plat » (V.I. Lénine:
« L’Etat et la révolution », Œuvres, tome 25)
Parlant, en mars 1956, de l’utilisation de la voie
légale et de la voie parlementaire, le camarade Togliatti disait:
« Ce que nous faisons aujourd’hui n’aurait été ni possible ni
juste il y a trente ans, c’aurait été du pur opportunisme comme
nous l’avions affirmé alors. » (P. Togliatti: Rapport présenté en
mars 1956 à la session plénière du Comité central du Parti
communiste italien)
Qu’est-ce qui permet d’affirmer que ce
qui était ni juste ni possible il y a trente ans est, aujourd’hui,
juste et possible? Qu’est-ce qui permet d’affirmer que ce qui était
pur opportunisme dans le passé est brusquement devenu du
marxisme-léninisme pur? Les propos du camarade Togliatti reviennent
en fait à reconnaître que la voie adoptée est identique à celle
des opportunistes de jadis.
Cependant, lorsque d’autres
faisaient remarquer qu’il avait emprunté la voie parlementaire, le
camarade Togliatti changeait de ton et affirmait en juin 1956: « Je
voudrais reprendre ces camarades qui ont dit — comme si c’était
une chose indiscutable — que la voie italienne de développement
vers le socialisme signifie la voie parlementaire et rien de plus. Ce
n’est pas vrai. » (P. Togliatti: Rapport présenté en juin 1956 à
la session plénière du Comité central du Parti communiste italien)
Et il ajoutait: « Réduire cette lutte aux
campagnes pour le Parlement et attendre la conquête des 51 pour cent
serait non seulement naïf, mais illusoire. » (P. Togliatti:
Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien) Le camarade
Togliatti prétend que ce qu’il préconise, ce n’est pas seulement
« un parlement qui fonctionne » (P. Togliatti: Rapport présenté
en juin 1956 à la session plénière du Comité central du Parti
communiste italien), mais aussi « un grand mouvement populaire »
(P. Togliatti: Rapport présenté en juin 1956 à la session plénière
du Comité central du Parti communiste italien)
Réclamer « un grand mouvement populaire »,
c’est fort bien. Et les marxistes-léninistes ne peuvent que
s’en réjouir. D’autre part, il faut reconnaître qu’il y a
actuellement en Italie un mouvement de masse très vaste, et que le
Parti communiste italien a fait beaucoup de travail dans ce domaine.
Mais il est regrettable que le camarade Togliatti
limite le mouvement de masse au cadre établi par le Parlement. Il
estime que le mouvement de masse « fait surgir du pays des exigences
qui, ensuite, pourront être satisfaites par le Parlement dans lequel
les forces populaires ont obtenu une représentation suffisamment
forte. » (P. Togliatti: Rapport présenté en juin 1956 à la
session plénière du Comité central du Parti communiste italien)
Les exigences montent des masses, le Parlement les
satisfait, telle est la formule du mouvement de masse du camarade
Togliatti.
Le principe même du marxisme-léninisme en
matière de tactique est comme suit: Dans tout mouvement de masse,
comme dans la lutte parlementaire, conserver l’indépendance
politique du prolétariat, opérer une nette distinction entre ce
dernier et la bourgeoisie, fondre intérêts immédiats et intérêts
à long terme du mouvement, et lier le mouvement du moment à
l’ensemble de la lutte de la classe ouvrière et à son but final.
Celui qui oublie et enfreint ce principe tombera
dans le bourbier du bernsteinisme et acceptera en fait la formule
célèbre: « Le but final n’est rien, le mouvement est tout ».
Au fond, quelle différence y a-t-il entre la formule du camarade
Togliatti sur le mouvement de masse et celle de Bernstein?
Le capital monopoliste d’Etat peut-il devenir un
« instrument plus efficace pour combattre le développement des
monopoles »?
En réponse à un éditorial du quotidien chinois
Renmin Ribao, un des principaux dirigeants du Parti communiste
italien, le camarade Luigi Longo, écrivait le 4 janvier 1963: «
Notre Xe Congrès a aussi réaffirmé avec force que le point sur
lequel nous sommes fermes et que nous appelons la voie italienne vers
le socialisme est de reconnaître, aujourd’hui, dans les actuelles
conditions internationales et nationales, alors que le régime
capitaliste existe toujours, qu’ il est possible et nécessaire de
parvenir à la liquidation des monopoles et de leur pouvoir
économique et politique ».
Ces camarades estiment possible, par l’adoption
des méthodes établies par eux, de changer les rapports de
production capitalistes distant actuellement en Italie, de changer
« le système de grande propriété » de la bourgeoisie
monopoliste italienne.
Les mesures économiques de « réformes de
structure », élaborées par Togliatti et d’autres camarades,
consistent, selon eux, en ceci: « Exiger des nationalisations
déterminées, exiger une programmation, exiger une intervention de
l’Etat en vue d’assurer un développement économique démocratique,
et ainsi de suite » (P. Togliatti: Intervention faite en avril 1962
à la session plénière du Comité central du Parti communiste
italien); et « élargir l’intervention directe de l’Etat dans la vie
économique, par la programmation, la nationalisation de secteurs
productifs entiers, etc. » (« Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien »)
Togliatti et d’autres camarades imagineront
peut-être encore d’autres « mesures ». Le camarade Togliatti
et les autres ont évidemment le droit de penser et de dire ce qu’ils
veulent, nul n’a à s’en mêler, et nous non plus ne désirons nous
en mêler. Mais puisqu’ils veulent que les autres pensent et parlent
comme eux, nous ne pouvons que continuer à discuter les questions
soulevées par eux.
Prenons d’abord la question de l’intervention de
l’Etat dans la vie économique.
Depuis que l’Etat est l’Etat,
et quel qu’il soit, Etat des maîtres d’esclaves, des seigneurs
féodaux ou des capitalistes, n’est-il pas intervenu dans la
vie économique? Quand ces classes se trouvent en période
ascendante, leur Etat peut intervenir dans la vie économique sous
une forme donnée; quand ces classes se trouvent en période
descendante, cette intervention peut revêtir une autre forme.
Dans les Etats de même nature, l’intervention
dans la vie économique peut revêtir des formes différentes, selon
les pays. Pour le moment, nous ne parlerons pas de la façon dont
l’Etat esclavagiste ou l’Etat féodal intervenait dans la vie
économique, mais seulement de l’intervention de l’Etat bourgeois.
Quelle que soit la politique adoptée par l’Etat
bourgeois, politique de conquête coloniale, politique visant à
l’hégémonie mondiale, politique libre-échangiste ou
protectionniste, ce sont là autant d’interventions de l’Etat dans la
vie économique et les Etats bourgeois les pratiquent depuis bien
longtemps pour défendre les intérêts de la bourgeoisie. Ce genre
d’intervention a joué un grand rôle dans le développement du
capitalisme. L’intervention de l’Etat ans la vie économique n’est
donc nullement une nouveauté venant de faire son apparition en
Italie.
Par « intervention de l’Etat dans la vie
économique », Togliatti et d’autres camarades n’entendent
peut-être pas les politiques citées plus haut et pratiquées depuis
longtemps par la bourgeoisie, mais peut-être et surtout la
« nationalisation », comme ils disent.
Parlons donc de « nationalisation ». En
fait, les différentes sortes d’Etats qui ont fait suite à la
société esclavagiste ont eu chacun une « économie
nationalisée » différente. L’Etat dirigé par les maîtres
d’esclaves avait une économie nationalisée, et l’Etat des seigneurs
féodaux aussi. L’Etat bourgeois a une économie nationalisée depuis
le jour de sa naissance. Aussi s’agit-il de connaître la nature de
cette « nationalisation » et au service de quelle classe elle
est.
Le vieux militant communiste qu’est le camarade
Togliatti n’ignore certainement pas ce que Engels dit dans Socialisme
utopique et socialisme scientifique :
« Quoi qu’il en soit, avec trusts ou sans
trusts, il faut finalement que le représentant officiel de la
société capitaliste, l’Etat en [la production] prenne la direction.
La nécessité de la transformation en propriété d’Etat apparaît
d’abord dans les grands organismes de communication: postes,
télégraphes, chemins de fer. »
Engels a consacré une très importante note à
cet énoncé:
« Je dis: il faut. Car ce n’est que dans le
cas où les moyens de production et de communication sont réellement
trop grands pour être dirigés par les sociétés par actions, où
donc l’étatisation est devenue une nécessité économique, c’est
seulement en ce cas qu’elle signifie un progrès économique, même
si c’est l’Etat actuel qui l’accompli t qu’elle signifie qu’on
atteint à un nouveau stade, préalable à la prise de possession de
toutes les forces productives par la société elle-même.
Mais on a vu récemment, depuis que Bismarck s’est
lancé dans les étatisations, apparaître certain faux socialisme
qui même, çà et là, a dégénéré en quelque servilité, et qui
proclame socialiste sans autre forme de procès, toute étatisation,
même celle de Bismarck.
Évidemment, si l’étatisation du tabac était
socialiste, Napoléon et Metternich compteraient parmi les fondateurs
du socialisme. Si l’Etat belge, pour des raisons politiques et
financières très terre à terre, a construit lui-même ses chemins
de fer principaux; si Bismarck, sans aucune nécessité économique,
a étatisé les principales lignes de chemins de fer de la Prusse,
simplement pour pouvoir mieux les organiser et les utiliser en temps
de guerre, pour faire des employés de chemins de fer un bétail
électoral au service du gouvernement et surtout pour se donner une
nouvelle source de revenus indépendante des décisions du Parlement,
— ce n’était nullement là des mesures socialistes, directes ou
indirectes, conscientes ou inconscientes.
Autrement ce seraient des institutions socialistes
que la Société royale de commerce maritime, la Manufacture royale
de porcelaine et même, dans la troupe, le tailleur de compagnie,
voire l’étatisation proposée avec le plus grand sérieux, vers les
années 30, sous Frédéric-Guillaume III, par un gros malin, —
celle des bordels. »
Ensuite, Engels met l’accent sur la nature de ce
qui est appelé « propriété d’Etat » dans les pays
capitalistes. Il dit:
« Mais ni la transformation en sociétés par
actions et en trusts, ni la transformation en propriété d’Etat ne
supprime la qualité de capital des forces productives. Pour les
sociétés par actions et les trusts, cela est évident. Et l’Etat
moderne n’est à son tour que l’organisation que la société
bourgeoise se donne pour maintenir les conditions extérieures
générales du mode de production capitaliste contre des empiétements
venant, des ouvriers comme des capitalistes isolés.
L’Etat moderne, quelle qu’en soit la forme, est
une machine essentiellement capitaliste: l’Etat des capitalistes, le
capitaliste collectif en idée. Plus il fait passer de forces
productives dans sa propriété, et plus il devient capitaliste
collectif en fait, plus il exploite de citoyens. Les ouvriers restent
des salariés, des prolétaires. Le rapport capitaliste n’est pas
supprimé, il est au contraire poussé à son comble. Mais, arrivé à
ce comble, il se renverse. La propriété d’Etat sur les forces
productives n’est pas la solution du conflit, mais elle renferme en
elle le moyen formel, la façon d’approcher de la solution. »
Ces
passages ont été écrits par Engels à l’époque où le capital
monopoliste commençait à apparaître et où le capitalisme
commençait à passer de la libre concurrence au monopole. Ses
arguments ont-ils perdu leur valeur alors que le capital monopoliste
en vient à dominer complètement? Peut-on dire qu’à l’heure
actuelle, la nationalisation dans les pays capitalistes a transformé
et même supprimé la « qualité de capital des forces
productives »? Peut-on dire qu’à l’heure actuelle, le
capitalisme monopoliste d’Etat, constitué par le canal de la
nationalisation capitaliste ou d’autres moyens, a cessé d’être le
capitalisme? A tout ceci, on ne peut répondre par l’affirmative pour
d’autres pays, et le pourrait-on pour l’Italie?
Il nous faut parler ici de capitalisme monopoliste
d’Etat et de capitalisme monopoliste d’Etat italien.
La concentration des capitaux engendre le
monopole. Depuis la Première guerre mondiale, le capitalisme mondial
fit un pas en avant non seulement en direction du monopole en
général, mais encore, de ce dernier en direction du monopole d’Etat
.Après la Première guerre mondiale, et en particulier après la
crise économique du monde capitaliste en 1929, le capitalisme
monopoliste d’Etat a pris un nouvel essor, dans tous les pays
impérialistes.
Durant la Seconde guerre mondiale, la bourgeoisie
monopoliste des pays impérialistes belligérants a utilisé au
maximum le capital monopoliste d’Etat pour tirer des bénéfices
exorbitants de la guerre. Depuis la guerre, le capital monopoliste
d’Etat est même devenu, à des degrés différents, le facteur
économique déterminant dans quelques pays impérialistes.
Des principaux pays impérialistes du monde,
l’Italie est celui où les fondements du capitalisme sont
relativement faibles. Elle s’est engagée il y a longtemps dans la
voie du capitalisme d’Etat, afin de concentrer les forces du capital,
et de pouvoir accaparer des profits maximums, concurrencer le capital
monopoliste international, élargir ses débouchés et parvenir à un
nouveau partage des colonies. Le gouvernement italien fonda, en 1914,
le Consortium pour la Subvention de l’Industrie (Consorzio per
Sovvenzione su Valore Industria) pour fournir crédits et subventions
aux grandes banques et entreprises industrielles.
Le règne fasciste de Mussolini a vu une fusion
plus poussée des organes d’Etat et des organisations du capital
monopoliste. Lors de la grande crise de 1929-1933 en particulier, le
gouvernement italien acheta massivement, aux cotes d’avant la crise,
des actions de banques et autres entreprises en voie de faillite, et,
en soumettant de nombreuses banques et entreprises au contrôle de
l’Etat créa la Société de Reconstruction industrielle (Istituto
per la Ricostruzione Industriale) et constitua ainsi une gigantesque
organisation du capital monopoliste d’Etat.
Après la Seconde guerre mondiale, le capital
monopoliste italien, y compris le capital monopoliste d’Etat, qui
avait servi de fondement au régime fasciste, fut laissé intact et
se développa même à un rythme plus rapide. Aujourd’hui, les
entreprises du capital monopoliste d’Etat et les entreprises mixtes,
à capitaux monopolistes et d’Etat et privés, représentent environ
30 pour cent de l’ensemble de l’économie italienne.
Quelles conclusions les marxistes-léninistes
doivent-ils tirer du développement du capitalisme monopoliste
d’Etat? Peut-on dire qu’en Italie, comme l’on affirmé le camarade
Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien,
les entreprises nationalisées, c’est-à-dire le capital monopoliste
d’Etat, peuvent être « en opposition avec les monopoles » (A.
Pesenti: « S’agit-il de la structure ou de la superstructure? »),
être l’ « expression des masses populaires » (A. Pesenti:
« S’agit-il de la structure ou de la superstructure? »), un «
instrument plus efficace pour combattre le développement des
monopoles » (A. Pesenti: « Formes directes et indirectes de
l’intervention de l’Etat »)?
Il n’est pas possible
qu’un marxiste-léniniste tirer pareilles conclusions.
Le capitalisme monopoliste d’Etat est le
capitalisme monopoliste où capital monopoleur et pouvoir d’Etat sont
fondus ensemble. Utilisant à plein les pouvoirs de l’Etat, il
accélère la concentration et l’accumulation des capitaux,
intensifie l’exploitation des travailleurs, accélère l’absorption
des entreprises moyennes et petites et l’absorption des différents
groupes monopolistes entre eux. De plus, il aide à renforcer le
capital monopoliste sur le plan international, pour la concurrence et
l’expansion.
Sous couvert d »‘intervention de l’Etat dans
la vie économique » et d’ »opposition aux monopoles »,
et au nom de l’ »E tat », il use de duperies et, par des
méthodes cachées et habiles, fait passer des bénéfices énormes
dans les mains des groupes monopolistes.
Les formes principales sous lesquelles le capital
monopoliste d’Etat rend service à la bourgeoisie monopoliste sont:
1. Utilisation des fonds du Trésor et des impôts
payés par la population pour prendre sur lui les risques auxquels
s’exposent les capitalistes en investissant et assurer ainsi de
grands bénéfices aux monopoles.
Exemple: L’Etat garantit
le principal et paye l’intérêt des bons d’emprunt émis par la
Société de Reconstruction industrielle, la plus grande organisation
monopoliste d’Etat italienne. Les porteurs reçoivent en général un
intérêt annuel, qui va de 4,5 à 8%, et en plus touchent des
dividendes si l’entreprise fait des bénéfices.
2. Redistribution au profit des organisations du
capital monopoliste d’une grande partie du revenu national, par la
législation et le budget d’Etat, afin d’assurer d’importants
bénéfices aux groupes monopolistes.
Exemple: En 1955,
les sommes consacrées par le gouvernement italien aux achats,
commandes, etc., passés aux groupes monopolistes privés
représentaient environ un tiers du budget d’Etat.
3. Achat et revente des entreprises par l’Etat,
forme utilisée tour à tour et qui permet, à un moment donné, de
passer à l’Etat les entreprises déficitaires, les entreprises en
voie de faillite ou celles qui, après leur nationalisation, seront
profitables à certains monopoles; cession, à un moment donné,
d’entreprises rentables aux groupes monopolistes privés.
Exemple: Selon des chiffres établis par
l’économiste italien Gino Longo, de 1920 à 1955, pour acheter les
actions des banques et autres entreprises en voie de faillite, les
différents gouvernements italiens ont dépensé au total 1.647
milliards de lires (valeur 1953), soit un montant qui représente
plus de la moitié du capital nominal de 1955 de toutes les sociétés
italiennes par actions ayant un capital atteignant ou dépassant 50
millions de lires. Par ailleurs, selon des données incomplètes, la
seule Société de Reconstruction industrielle a revendu, depuis sa
fondation et jusqu’en 1958, 491 milliards de lires (valeur 1953)
d’actions d’entreprises rentables aux organisations monopolistes
privées.
4. Utilisation du pouvoir d’Etat pour renforcer
la concentration et l’accumulation des capitaux, et intensifier
l’absorption des entreprises moyennes et petites par le capital
monopoliste.
Exemple: De 1948 à 1958, le capital nominal, pris
en bloc, des dix plus grands monopoles qui contrôlent les artères
vitales de l’économie nationale italienne s’est vu multiplié par
15. Celui de la Fiat (Fabbrica Italiana Automobili Torino) s’est
notamment accru de 24 fois, celui de la Compagnie italienne du Ciment
(Italcemento) de 39 fois. Les dix plus grandes sociétés italiennes
représentent moins de 0,04 pour cent du nombre total des sociétés
italiennes par actions; cependant, les actions privées qu’elles
détiennent ou contrôlent directement se chiffrent par 64 pour cent
du montant global du capital privé par actions de l’Italie .Le
nombre des entreprises moyennes et petites faisant faillite ne cessa
de s’élever au cours de cette époque.
5. Luttes acharnées du capital monopoliste d’Etat
pour la conquête de débouchés extérieurs au nom de l’ »Etat
« et par les moyens diplomatiques et utilisation du capital
monopoliste d’Etat par la bourgeoisie monopoliste italienne, en
qualité d’instrument de propagation du néocolonialisme.
Exemple: La Société nationale italienne des
Hydrocarbures (Ente Nazionale Idrocarburi) a obtenu, rien qu’entre
1956 et 1961, le droit de prospecter, d’exploiter ou de vendre du
pétrole, ou de construire des pipelines et des raffineries de
pétrole dans les pays suivants: République arabe unie, Iran, Libye,
Maroc, Tunisie, Ethiopie, Soudan, Jordanie, Inde, Yougoslavie,
Autriche, Suisse. Par-là, elle a installé les capitalistes,
monopolistes italiens sur le marché mondial du pétrole.
Les faits mentionnés montrent clairement que les
monopoles d’Etat et privés sont bien deux formes qui se complètent
et qui permettent à la bourgeoisie monopoliste d’arracher des
profits énormes. Le développement du capital monopoliste d’Etat
aggrave les contradictions inhérentes au régime impérialiste. Il
ne peut, en aucun cas, « limiter et briser le pouvoir des grands
groupes dirigeants monopolistes » (« Thèses du Xe Congrès du
Parti communiste italien »), ou transformer les contradictions
inhérentes au régime impérialiste, comme le prétendent les
camarades Togliatti et autres.
Certains, en Italie, sont
d’avis que le capitalisme n’y est plus, aujourd’hui, ce qu’ il
était il y a 50 ans, qu’ il est dans une « phase nouvelle ».
Ils le qualifient de « néocapitalisme ». Et ils prétendent
avec obstination que sous ce « néocapitalisme » ou dans
cette « phase nouvelle » du capitalisme, les principes
fondamentaux du marxisme-léninisme sur la lutte des classes, la
révolution socialiste, la conquête du pouvoir par le prolétariat
et la dictature du « ‘prolétariat, etc., ont perdu toute
utilité.
A leurs yeux, ce « néocapitalisme »
aurait pour rôle de régler, au sein même du régime capitaliste,
les contradictions fondamentales du capitalisme, par la
« programmation », le « progrès technique », le
« plein emploi », l’ »Etat du bien-être » et
d’autres moyens, ainsi que par le truchement des « alliances
internationales ».
Cette « théorie », le mouvement
catholique et les social-réformistes sont les premiers à la
soutenir et la propager. Et c’est là que Togliatti et d’autres
camarades ont, en fait, puisé l’argumentation pour leur théorie des
« réformes de structure ». Togliatti et d’autres camarades
estiment que « les concepts de planification et de programmation
économiques considérés un temps comme une prérogative socialiste
sont aujourd’hui toujours plus largement discutés et acceptés »
(Rapport au Xe
Congrès du Parti communiste).
Selon le camarade Togliatti, premièrement,
l’économie nationale peut se développer suivant un plan non
seulement dans les pays socialistes, mais aussi en régime
capitaliste, et, deuxièmement, la planification et la programmation
économiques propres au socialisme peuvent être acceptées en Italie
capitaliste.
Les marxistes-léninistes ont toujours estimé
qu’il est à la fois nécessaire et possible, pour un pays
capitaliste, d’adopter des mesures politiques qui régularisent d’une
certaine manière l’économie nationale, dans l’intérêt de la
bourgeoisie prise dans son ensemble. Cette idée se trouve dans les
citations que nous avons faites d’Engels. A l’époque du capital
monopoliste, cette fonction régulatrice de l’Etat capitaliste
s’exerce essentiellement dans l’intérêt de la bourgeoisie
monopoliste.
Cette régularisation peut même s’exercer parfois
aux dépens de certains groupes monopoles, mais jamais elle ne nuira
aux intérêts généraux de la bourgeoisie monopoliste, au
contraire, elle représentera ses intérêts généraux.
Lénine a exposé magistralement le sujet. Il
disait: « …l’erreur la plus répandue est l’affirmation réformiste
bourgeoise prétendant que le capitalisme monopoliste ou le
capitalisme monopoliste d’Etat n’est déjà plus du capitalisme,
qu’il peut dès lors être qualifié de ‘socialisme d’Etat’, etc.
Naturellement, les trusts n’ont jamais donné, ne donnent pas jusqu’à
présent, ni ne peuvent donner une planification intégrale. Ils
introduisent pourtant une planification; les magnats du Capital
escomptent par avance le volume de la production à l’échelle
nationale ou même internationale et règlent cette production
d’après un plan, mais nous restons cependant en régime capitaliste,
dans une nouvelle phase, certes, mais indéniablement en régime
capitaliste. » (V. I. Lénine: « L’Etat et la révolution »,
Œuvres, tome 25)
Cependant, certains camarades du Parti communiste
italien soutiennent qu’en réalisant une « planification » dans
l’Italie dominée par la bourgeoisie monopoliste, il est possible de
résoudre les grands problèmes suscités par l’histoire de l’Italie
y, compris « les problèmes concernant la liberté et l’émancipation
de la classe ouvrière » (« Thèses du Xe Congrès du Parti
communiste italien ») Comment pareil miracle serait-il possible?
Le camarade Togliatti dit: « Le capitalisme
monopoliste d’Etat, qui est l’aspect moderne revêtu par le régime
capitaliste dans presque tous les grands pays, est, comme l’a affirmé
Lénine, l’étape au-delà de laquelle, pour aller de l’avant, il ne
reste que le socialisme. Cependant, de cette nécessité objective,
il faut faire surgir un mouvement conscient. » (P. Togliatti:
Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien)
Nous savons tous que Lénine a dit: «…le
capitalisme… est allé de l’avant, du capitalisme à
l’impérialisme, des monopoles à l’étatisation .Tout cela a
rapproché la révolution socialiste et lui a créé des conditions
objectives favorables » (V. I. Lénine: « La Septième
Conférence de Russie du P.O.S.D.R. (b), (Conférence d’Avril) »,
Œuvres, tome 24).
Il a aussi exprimé cette même idée à d’autres
moments. Il est clair que le point sur lequel Lénine met l’accent,
c’est que le développement du capitalisme monopoliste d’Etat « doit
constituer…un argument en faveur de la proximité…de la
révolution socialiste, et non point un argument pour tolérer la
négation de cette révolution et les tentatives de farder le
capitalisme, à quoi s’emploient tous les réformistes » (V. I.
Lénine: « L’Etat et la révolution », Œuvres, tome 25) En
parlant de « réformes de structure » et de « mouvement
conscient », le camarade Togliatti use, exactement comme les
réformistes, d’un langage ambigu pour se dérober au problème de la
révolution socialiste posé par le marxisme-léninisme et il
s’efforce de farder le capitalisme italien.
Souvenons-nous des enseignements du grand
Lénine
De la série de questions exposées plus haut, on
peut voir que la théorie des « réformes de structure » de
Togliatti et des autres camarades est, de pied en cap, une révision
générale du marxisme-léninisme dans le domaine fondamental de
l’Etat et de la révolution.
A ce sujet, le camarade Togliatti hissait en
1956 déjà, le drapeau de la révision générale du
marxisme-léninisme. En juin de cette année-là, il déclarait à la
session plénière du Comité central du Parti communiste italien:
« D’abord Marx et Engels, puis Lénine ont
affirmé, en exposant cette théorie [la théorie de la dictature du
prolétariat — note de la Rédaction], qu’on ne peut se servir de
l’appareil d’Etat bourgeois pour édifier une société socialiste.
Cet appareil doit être brisé et détruit par la classe ouvrière,
il doit être remplacé par l’appareil d’Etat prolétarien —
c’est-à-dire l’appareil d’Etat dirigé par la classe ouvrière
elle-même. Ce n’est pas là le point de vue que Marx et Engels
adoptèrent dès le début mais celui qu’ils ont soutenu après
l’expérience de la Commune de Paris et qui a été en particulier
développé par Lénine. Ce point de vue conserve-t-il aujourd’hui
encore toute sa valeur?
C’est là un sujet à discuter. En fait, lorsque
nous affirmons qu’ il est possible d’avancer vers le socialisme non
seulement sur une base démocratique mais encore en utilisant les
formes parlementaires, il «est évident que nous rectifions quelque
peu ce point de vue, compte tenu des transformations qui sont
intervenues et qui sont en train d’intervenir dans le monde. »
Là, le camarade Togliatti pose à l’historien
marxiste », tout en déformant fondamentalement l’histoire du
marxisme.
Voyons donc les faits suivants :
Dans le Manifeste du Parti communiste, écrit en
1847, Marx et Engels déclarent en termes fort clairs que « la
première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du
prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie »
(K. Marx & F. Engels: Œuvres complètes, tome 4)
Et Lénine dit à ce sujet que « l’on trouve
formulée ici l’une des idées les plus remarquables et les plus
importantes du marxisme au sujet de l’Etat ,celle de la ‘dictature du
prolétariat’ (comme devaient s’exprimer Marx et Engels après la
Commune de Paris) » (V. I. Lénine: « L’Etat et la révolution »
, Œuvres, tome 25)
Après avoir fait le bilan de l’expérience tirée
de la période 18481851, Marx posa la question de la destruction de
la vieille machine d’Etat. Comme le dit Lénine, « ici, la question
est posée de façon concrète et la déduction est éminemment
précise, définie, pratiquement tangible: toutes les révolutions
antérieures ont perfectionné la machine de l’Etat ; or il faut la
briser, la démolir ». Lénine ajoute: « Cette déduction est le
principal, l’essentiel, dans la doctrine marxiste de l’Etat ». (V.
I. Lénine: « L’Etat et la révolution », Œuvres, tome 25)
En se basant sur l’expérience de 1848-1851, Marx
en vint à la conclusion que, à la différence des révolutions
antérieures, la révolution prolétarienne ne se contenterait pas de
transférer la machine bureaucratique et militaire de l’Etat d’un
groupe de personnes à un autre. Il ne donna pas de réponse
concrète, à l’époque à, la question de savoir ce qui remplacerait
la machine d’Etat dé truite.
Comme le fit remarquer Lénine, la raison en est
que Marx posait les tâches en s’en tenant strictement à
l’expérience historique et non en partant simplement de déductions
logiques (Voir V. I. Lénine: « L’Etat et la révolution »,
Œuvres, tome 25) Sur cette question concrète, rien ne pouvait
être tiré des données d’avant 1852, mais plus tard, en 1871, la
Commune de Paris inscrivit la question à l’ordre du jour. « La
Commune est la première tentative faite par la révolution
prolétarienne pour briser la machine d’Etat bourgeoise; elle est la
forme politique ‘enfin trouvée’ par quoi l’on peut et l’on doit
remplacer ce qui a été brisé. » (V. I. Lénine: « L’Etat et
la révolution », Œuvres, tome 25)
Par-là, nous voyons que la destruction de la
machine d’Etat bourgeoise et ce qui doit en prendre la place sont
deux questions distinctes, et Marx donna d’abord réponse à l’une,
puis l’autre, sur la base de l’expérience historique de
périodes différentes.
Le camarade Togliatti dit que Marx et Engels n’ont
soutenu la nécessité pour le prolétariat de briser la machine
d’Etat bourgeoise qu’après l’expérience de la Commune de Paris en
1871.
C’est déformer les faits.
Tout comme Kautsky, le camarade Togliatti « admet
la conquête du pouvoir sans la destruction de la machine d’Etat »
(V. I. Lénine: « L’Etat et la révolution », Œuvres, tome
25) Il estime que la machine d’Etat bourgeoise peut être
conservée et que les objectifs que s’assigne le prolétariat peuvent
être atteints si l’on utilise cette machine d’Etat toute prête.
Il serait bon que le camarade Togliatti voie
comment Lénine a réfuté Kautsky à de multiples reprises sur ce
sujet.
Lénine dit: « Ou bien Kautsky renonce
complètement au passage du pouvoir politique aux mains de la classe
ouvrière, ou bien il admet que la classe ouvrière prenne en main la
vieille machine d’Etat bourgeoise; mais il n’admet d’aucun manière
qu’elle la brise, la démolisse et la remplace par une machine
nouvelle, prolétarienne. Qu’on ‘interprète’ et qu’on ‘explique’
comme on voudra le raisonnement de Kautsky, dans les deux cas sa
rupture avec le marxisme et son ralliement à la bourgeoisie sont
évidents. » (V. I. Lénine: « La Révolution prolétarienne et
le renégat Kautsky », Œuvres, tome 28)
Alors que le camarade Togliatti vante son
programme comme étant « un approfondissement et un développement
du marxisme-léninisme », il doit être noté que la théorie des
« réformes de structure » fut, en fait, imaginée par
Kautsky. Dans Révolution sociale, Kautsky disait: « II va de soi
que nous n’arriverons pas au pouvoir dans les conditions du régime
actuel. La révolution elle-même suppose des luttes de longue
haleine, d’une grande profondeur, qui auront eu le temps de modifier
notre structure politique et sociale actuelle. »
Il en ressort que, Kautsky essaya, voici
longtemps, de substituer la théorie des « réformes de
structure » à la doctrine de la révolution prolétarienne et
que la camarade Togliatti a hérité de ses oripeaux. Néanmoins, si
nous examinons soigneusement leurs vues respectives, nous
constaterons que le camarade Togliatti va plus loin que Kautsky, car
celui-ci admettait que « nous n’arriverons pas au pouvoir dans
les conditions du régime actuel », tandis que le camarade
Togliatti, lui, soutient précisément qu’il est possible d’arriver
au pouvoir « dans les conditions du régime actuel ».
Togliatti
et les autres camarades estiment que pour progresser vers le
socialisme, l’Italie a besoin d’un « régime démocratique
nouveau » qui serait établi conformément à la merveilleuse
Constitution italienne, et que soit formé, en même temps, un « bloc
historique nouveau » ou un « nouveau bloc des forces
dirigeantes sociales et politiques » (Voir « Thèses du
Xe Congrès du Parti communiste italien »). Ils prétendent que
c’est ce « bloc historique nouveau », plutôt que le
prolétariat italien, qui est « le porteur d’une révolution
politique aussi bien qu’intellectuelle et morale » (Voir « Thèses
du Xe Congrès du Parti communiste italien ») de l’Italie.
Nul ne sait ce qu’est vraiment ce « bloc
historique nouveau » ni comment il sera formé. Parfois,
Togliatti et les autres camarades disent que ce « bloc historique
nouveau » se trouve « sous la direction de la classe ouvrière
» (Voir « Thèses du Xe Congrès du Parti communiste italien »),
et d’autres fois qu’il est lui-même le « bloc des forces
dirigeantes ».
Ce genre de bloc, est-ce une organisation de
classe du prolétariat ou est-ce une alliance de différentes
classes? Est-il placé sous la direction de la classe ouvrière, ou
de la bourgeoisie, ou d’une autre classe? Seul Dieu le sait! En
définitive, ils se servent de cette formulation fantaisiste et vague
simplement pour se soustraire à l’idée fondamentale du
marxisme-léninisme sur la révolution prolétarienne et la dictature
du prolétariat.
L’idée du camarade Togliatti est, premièrement,
qu’il n’est pas nécessaire de briser la machine d’Etat bourgeoise,
et, deuxièmement, qu’il n’est pas nécessaire de mettre une
machine d’Etat prolétarienne sur pied. Il rejette donc l’expérience
de la Commune de Paris.
A la suite de Marx et d’Engels,
Lénine n’a cessé d’expliquer l’expérience de la Commune de
Paris, et il a insisté invariablement sur son caractère
d’universalité pour le prolétariat de tous les pays du monde. Il
n’a pas dissocié l’expérience de la Révolution russe de celle de
la Commune de Paris, mais tenait la première pour un prolongement et
un développement de la seconde. Il considérait les Soviets comme «
reproduisant le type d’Etat élaboré par la Commune de Paris » (V.
I. Lénine: « Les Tâches du prolétariat dans notre révolution »,
Œuvres, tome 24), et estimait que la Commune de Paris a « fait le
premier pas sur cette voie, le premier pas d’une portée historique
et universelle, et le pouvoir des Soviets a fait le second » (V. I.
Lénine: « 1er Congrès de l’Internationale communiste »,
Œuvres, tome 28) dans la voie de la destruction de la vieille
machine d’Etat.
Ayant rejeté l’expérience de la Commune de
Paris, il est immanquable que le camarade Togliatti oppose carrément
ses idées au marxisme-léninisme, rejette carrément l’expérience
de la Révolution d’Octobre, et rejette l’expérience des révolutions
populaires qui ont eu lieu dans différents pays depuis la Révolution
d’Octobre; il oppose donc sa « voie italienne » à la voie
commune à l’ensemble du prolétariat international.
Le camarade Togliatti a affirmé: « Aujourd’hui,
la question de faire ce qui a été fait en Russie ne se pose pas aux
ouvriers italiens. » (Voir P. Togliatti: Rapport au Xe Congrès du
Parti communiste) Voilà la substance du problème.
Dans les Points essentiels de la
Déclaration-programme adoptés par le VIIIe Congrès du Parti
communiste italien en 1956, il est dit: « Dans les premières
années après la Première guerre mondiale, la conquête
révolutionnaire du pouvoir par les méthodes qui avaient conduit à
la victoire en Union soviétique s’est révélée impossible ».
Voilà encore la substance du problème.
Parlant de
l’expérience de la révolution chinoise, le camarade Togliatti a
déclaré que dans la période de la conquête du pouvoir par le
peuple chinois, la ligne politique du Parti communiste chinois « ne
correspondait en aucune façon à la ligne stratégique et tactique
suivie, par exemple, par les bolcheviks au cours de la révolution de
mars à octobre [1917] » (P. Togliatti: Conclusions prononcées au
Xe Congrès du Parti communiste italien). C’est là une déformation
de l’histoire de la révolution chinoise.
La révolution chinoise a ses particularités
propres, dans les conditions concrètes de la Chine. Cependant, comme
le camarade Mao Zedong l’a souligné à plusieurs reprises, la ligne
politique de notre Parti a été élaborée en fonction du principe
de l’union de la vérité universelle du marxisme-léninisme avec la
pratique concrète de la révolution chinoise.
Nous avons toujours considéré la révolution
chinoise comme un prolongement de la Grande Révolution d’Octobre, et
il va sans dire qu’elle est aussi un prolongement de l’œuvre de la
Commune de Paris. Quant à la question la plus fondamentale de la
doctrine de l’Etat et de la révolution, c’est-à-dire la destruction
de la vieille machine d’Etat militaire et bureaucratique et la mise
sur pied de la machine d’Etat de la dictature du prolétariat,
l’expérience essentielle de la révolution chinoise correspond
entièrement à celle de la Révolution d’Octobre et de la Commune de
Paris. Comme le camarade Mao Zedong le disait en 1949, dans son
célèbre De la dictature démocratique populaire: « S’engager dans
la voie des Russes, telle a été la conclusion. » (Mao Zedong:
Œuvres choisies, tome IV)
Pour défendre ses révisions des principes
fondamentaux du marxisme-léninisme, ou les « rectifications »,
comme il les appelle avec ses camarades, le camarade Togliatti
affirme que l’expérience de la révolution chinoise « ne
correspondait en aucune façon » à celle de la Révolution
d’Octobre, que ce sont deux choses différentes. Mais comment cette
déformation formation peut-elle aider en quoi que ce soit la théorie
des « réformes de structure » de Togliatti et des autres
camarades?
Leur théorie des « réformes de
structure », c’est celle du « passage pacifique » ou,
selon leurs propres paroles, « la marche vers le socialisme dans
la démocratie et la paix » (« Thèses du Xe Congrès du
Parti communiste italien ») Toute leur théorie et leur programme
tout entier débordent de louanges pour « la paix entre les
classes » en société capitaliste et ne contiennent absolument
rien sur la « marche vers le socialisme »; il n’y a que
« paix » entre les classes et pas du tout de « passage »
d’une société à une autre.
Le marxisme-léninisme est la science de la
révolution prolétarienne, et il se développe sans cesse dans la
pratique révolutionnaire. Ici et là, un principe ou une conclusion
doit inévitablement faire place à un nouveau principe ou une
nouvelle, conclusion convenant aux nouvelles conditions historiques.
Mais cela ne signifie pas que les principes
fondamentaux du marxisme-léninisme peuvent être rejetés ou
révisés. La théorie marxiste-léniniste sur l’Etat et la
révolution n’est nullement un principe ou une conclusion quelconque,
mais un principe fondamental né du bilan marxiste-léniniste de
l’expérience tirée des luttes du prolétariat international.
Rejeter ou réviser ce principe fondamental, c’est se détourner
entièrement du marxisme-léninisme.
Nous voudrions, à notre tour, donner
« respectueusement » et en toute franchise, un conseil au
camarade Togliatti: Ne soyez pas orgueilleux au point de déclarer
que vous ne ferez pas ce qu’a fait la Révolution russe d’Octobre.
Un peu plus de modestie et rappelez-vous ce que le grand Lénine nous
enseignait en 1920: «…dans certaines questions très essentielles
de la révolution prolétarienne, tous les pays passeront
inévitablement par où a passé la Russie » (V. I. Lénine: « La
Maladie infantile du communisme, le ‘gauchisme’) », Œuvres, tome
31)
Soutenir ou combattre les principes de la
stratégie prolétarienne avancés par Lénine et confirmés par la
victoire de la Grande Révolution d’Octobre, voilà en quoi réside
la différence fondamentale entre, d’une part, les léninistes et,
d’autre part, les révisionnistes modernes et ceux qui marchent sur
leurs traces.
VI. MEPRISER L’ENEMI SUR LE PLAN STRATEGIQUE, EN
TENIR SERIEUSEMENT COMPTE SUR LE PLAN TACTIQUE
Une analyse de l’histoire
Soudain, tout dernièrement, des gens qui se
disent « marxistes-léninistes » se sont remis à manifester
bruyamment leur opposition à la thèse des communistes chinois selon
laquelle l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres
en papier. Tantôt, ils disent que c’est là « mésestimer
l’impérialisme « et « démobiliser les masses », puis,
que c’est « méconnaître la puissance du socialisme » ; un
moment, ils la traitent de « pseudo-révolution », puis de
thèse « due à la crainte ».
Ils essaient de crier plus fort que le voisin et
ils rivalisent d’efforts, chacun tentant de « surpasser le
précédent » et voulant montrer qu’il ne « retarde »
pas. Leurs propos sont bourrés de contradictions et tiennent presque
de l’aberration délirante, et tout cela dans le but de démolir
cette thèse. Dans tous leurs propos perce cependant une faiblesse
fatale; ils n’ont jamais osé aborder, ne serait-ce qu’avec un
minimum de sérieux, la thèse scientifique de Lénine selon laquelle
l’impérialisme est du capitalisme parasitaire, décadent et
moribond.
Au Xe Congrès du Parti communiste italien, le
camarade Togliatti fut le premier à déclencher l’attaque Il dit: «
II est…faux…d’affirmer que l’impérialisme est un simple
tigre en papier qu’un coup d’épaule pourrait renverser » (P.
Togliatti: Rapport au Xe Congrès du Parti communiste italien) Et
aussi: « S’ils [les impérialistes] sont des tigres en papier,
pourquoi tant d’énergie et tant de luttes pour les combattre? »
(Voir « Ramenons la discussion à ses termes réels »)
Si le camarade Togliatti était un élève d’école
primaire qui, au cours d’une leçon sur le sens des mots, répondrait
que le tigre en papier est du papier encollé sous forme de tigre, il
obtiendrait facilement la mention « satisfaisant ».
Mais les vues simplistes ne sont pas de mise
lorsqu’il s’agit d’étudier des questions théoriques. Le camarade
Togliatti prétend avoir apporté « une contribution positive à
l’approfondissement au développement du marxisme-léninisme,
doctrine révolutionnaire de la classe ouvrière » (Voir « Ramenons
la discussion à ses termes réels »), et cependant, c’est une
réponse d’écolier qu’il donne à une question théorique
sérieuse. Quoi de plus stupide et de plus ridicule?
La thèse « L’impérialisme et tous les
réactionnaires sont des tigres en papier » du camarade Mao
Zedong a toujours été limpide. Voici ce qu’il dit à ce sujet:
« Pour lutter contre l’ennemi, nous avons formé,
au cours d’une longue période, le concept que voici: Du point de vue
stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis, et du point de
vue tactique, tenir sérieusement compte de tous les ennemis.
Ce qui veut dire aussi que nous devons mépriser
l’ennemi dans son ensemble mais en tenir sérieusement compte en ce
qui concerne chacune de toutes les questions concrètes. Si nous ne
méprisons pas l’ennemi dans son ensemble, nous commettrons une
erreur d’opportunisme. A eux deux, Marx et Engels, déjà à leur
époque, ont déclaré que le capitalisme serait renversé dans le
monde entier.
Mais sur les questions concrètes et sur les
questions se rapportant à chaque ennemi en particulier, si nous ne
tenons pas sérieusement compte de l’ennemi, nous commettrons une
erreur d’aventurisme ». (Mao Zedong: Intervention faite en 1957 à
la Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers,
Moscou)
Ceux qui refusent d’entendre la vérité sont plus
sourds que les sourds. Qui a jamais dit qu’un coup d’épaule
suffirait à renverser l’impérialisme ? Qui a jamais dit qu’ il ne
faut ni énergie ni lutte pour renverser l’impérialisme?
Nous voulons citer encore le camarade Mao Zedong:
« De même qu’il n’y a aucune chose au
monde dont la nature ne soit double (c’est la loi de l’unité des
contraires), de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont
une double nature — ils sont de vrais tigres et en même temps des
tigres en papier.
Dans le passé, la classe des propriétaires
d’esclaves, la classe féodale des propriétaires fonciers et la
bourgeoisie furent, avant leur conquête du pouvoir et quelque temps
après, pleines de vitalité, révolutionnaires et progressistes;
c’étaient de vrais tigres. Mais, dans la période postérieure,
comme leurs antagonistes — la classe des esclaves, la classe
paysanne et le prolétariat — grandissaient et engageaient la lutte
contre elles, une lutte de plus en plus violente, ces classes
régnantes se sont transformées peu à peu en leur contraire, sont
devenues réactionnaires, rétrogrades, des tigres en papier.
Et, en fin de compte, elles ont été renversées
par le peuple ou le seront un jour. Même dans la lutte à outrance
que leur livrait le peuple, ces classes réactionnaires, rétrogrades,
décadentes avaient encore cette double nature. En un sens, elles
étaient de vrais tigres; elles dévoraient les gens, les dévoraient
par millions et par dizaines de millions.
La lutte populaire traversait une période de
difficultés et d’épreuves, et son chemin faisait bien des tours et
détours. Le peuple chinois a dû consacrer plus de cent ans à la
lutte pour liquider la domination en Chine de l’impérialisme, du
féodalisme et du capitalisme bureaucratique, et donner des dizaines
de millions de vies humaines, avant de parvenir à la victoire en
1949. Voyez, n’étaient-ce pas des tigres vivants, des tigres de fer,
de vrais tigres? Mais, en fin de compte, ils sont devenus des tigres
en papier, des tigres morts, des tigres en fromage de soya.
Ce sont là des faits historiques. Est-ce qu’on ne
les a pas vus, est-ce qu’on n’en a pas entendu parler? En vérité,
il y en a eu des milliers et des dizaines de milliers!
Des milliers et des dizaines de milliers! Ainsi,
considérés dans leur essence, du point de vue de l’avenir et sous
l’angle stratégique, l’impérialisme et tous les réactionnaires
doivent être tenus pour ce qu’ils sont: des tigres en papier. C’est
là-dessus que se fonde notre pensée stratégique. D’autre part, ils
sont aussi des tigres vivants, des tigres de fer, de vrais ils
mangent les hommes. C’est là-dessus que se fonde notre pensée
tactique. » (Voir Mao Zedong: « Entretien avec la journaliste
américaine Anna Louise Strong », note introductive, Œuvres
choisies, tome IV)
Cette citation montre le double caractère des
trois grandes classes exploiteuses non seulement dans les différentes
phases de leur développement historique, mais aussi, dans leur
ultime combat à mort avec les peuples. C’est, de toute évidence,
une analyse marxiste-léniniste de l’histoire.
La ligne de partage entre révolutionnaires et
réformistes
L’histoire nous enseigne que tous les
révolutionnaires, y compris, bien entendu, les révolutionnaires
bourgeois, en arrivent à être des révolutionnaires, lorsqu’ils ont
pardessus tout l’audace de mépriser l’ennemi, de mener la lutte et
d’arracher la victoire. Ceux qui craignent l’ennemi et n’ont pas le
courage de combattre et d’arracher la victoire sont des lâches, des
réformistes ou des capitulationniste; ils ne seront jamais des
révolutionnaires.
Tous les vrais révolutionnaires de l’histoire ont
eu l’audace de mépriser les réactionnaires, de mépriser les
classes dominantes réactionnaires, de mépriser l’ennemi, parce que,
dans les conditions historiques de l’époque, le peuple commençait à
ressentir la nécessité de remplacer le vieux système par un
système nouveau, et était confronté avec de nouvelles tâches
historiques. Lorsque le besoin de changer existe, le changement
devient irrésistible et il s’affirme tôt ou tard, qu’on le veuille
ou non. Marx a dit: « Ce n’est pas la conscience des hommes qui
détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale
qui détermine leur conscience. » (K. Marx & F. Engels:
« ’Contribution à la critique de l’économie politique’,
Préface », Œuvres complètes, tome 13)
Le besoin de changement social suscite la
conscience révolutionnaire des hommes. Nul ne pourrait poser de
tâches révolutionnaires ou faire la révolution avant que les
conditions historiques n’aient engendré le besoin d’un changement,
malgré tous les efforts.
Mais, lorsque les conditions historiques ont
engendré le besoin de changement, alors apparaissent les
révolutionnaires et les combattants populaires d’avant-garde qui ont
l’audace de défier et de dénoncer les classes dominantes
réactionnaires, et les traitent comme des tigres en papier. Et par
tout ce qu’ils entreprennent, ils affermissent toujours la volonté
de combat du peuple et rabattent la morgue de l’ennemi. C’est
l’histoire qui en décide ainsi, et c’est ainsi qu’il doit en être
dans la révolution sociale.
Quant à savoir à quel moment une révolution
éclate et, ayant éclaté, si elle triomphera rapidement ou s’il se
passera du temps avant qu’elle ne triomphe, ou si elle connaîtra des
difficultés et des revers nombreux et sérieux, voire même de
graves échecs: avant la victoire finale, et ainsi de suite, tout
dépend de différents facteurs historiques concrets. Néanmoins,
même s’il y a de graves difficultés, de gros revers, voire des
échecs sérieux, les vrais révolutionnaires continueront à avoir
l’audace de mépriser l’ennemi et à croire au triomphe de la
révolution.
Après la défaite de la révolution de 1927, le
peuple et le Parti communiste chinois furent plongés dans une
situation extrêmement difficile. Révolutionnaire prolétarien, le
camarade Mao Zedong nous fit entrevoir alors les perspectives de
développement et de victoire de la révolution chinoise.
Il estimait, d’une part, que grossir, sans raison,
les forces subjectives de la révolution, et de ce fait minimiser les
forces contre-révolutionnaires, est un point de vue unilatéral,
erroné; et d’autre part, il soulignait que grossir les forces
contre-révolutionnaires, et de ce fait sous-estimer le potentiel des
forces révolutionnaires, est également un point de vue unilatéral,
erroné. Le développement et la victoire de la révolution chinoise
ont confirmé les appréciations faites à l’époque par le camarade
Mao Zedong. La situation mondiale actuelle prise dans son ensemble
est des plus favorables pour tous les peuples.
Mais, face à cette situation, il se trouve des
gens dont les efforts convergent pour attaquer à plaisir la thèse
selon laquelle il faut mépriser l’ennemi sur le plan stratégique;
ils grossissent les forces de l’impérialisme, contribuent à
accroître l’arrogance des impérialistes et de toute la réaction et
aident les impérialistes à intimider les peuples révolutionnaires.
Par-là, ils n’affermissent pas la volonté de combat des peuples ni
ne rabattent la morgue de l’ennemi, ils accroissent la morgue de
l’ennemi et tentent d’abattre la volonté de combat des peuples.
Lénine a dit: « Si vous voulez la
révolution…vous devez être forts. » (V. I. Lénine: « Pas de
mensonges! notre force réside dans l’affirmation de la vérité! »,
Œuvres, tome 9) Mais pourquoi les révolutionnaires
doivent-ils l’être ; et pourquoi le sont-ils nécessairement? Parce
que les révolutionnaires représentent les forces neuves et
montantes de la société, ils croient à la force du peuple, et ils
ont l’immense puissance du peuple comme appui.
Alors que les réactionnaires sont faibles, et le
sont immanquablement, parce qu’ils sont coupés du peuple; aussi
forts qu’ils puissent paraître sur le moment, ils sont voués à la
défaite. « Pour la méthode dialectique, ce qui importe avant tout,
ce n’est pas ce qui à un moment donné paraît stable, mais commence
déjà à dépérir; ce qui importe avant tout, c’est ce qui naît et
se développe si même, à un moment donné, la chose semble
instable, car selon la méthode dialectique, il n’y a d’invincible
que ce qui naît et se développe. » (J. Staline: « Le
Matérialisme dialectique et le matérialisme historique », Les
Questions du léninisme)
Pourquoi Lénine a-t-il maintes et maintes fois
parlé de l’impérialisme en termes de « colosse aux pieds
d’argile ». d’ »épouvantail » ? En dernière analyse,
c’est parce qu’il se basait sur les lois objectives du développement
de la société, qu’il croyait que les forces naissantes de la
société vaincraient finalement les forces décadentes et que les
forces populaires triompheraient finalement des forces
antipopulaires. Et cela n’est-il pas vrai?
A tous ceux qui cherchent à démolir la thèse des communistes chinois sur les tigres en papier que sont l’impérialisme et tous les réactionnaires, nous aimerions dire: vous devriez d’abord démolir la thèse de Lénine. Pourquoi ne réfutez-vous pas directement la thèse de Lénine qui présente l’impérialisme comme un « colosse aux pieds d’argile « , un « épouvantail », etc.? Qu’est-ce donc que tout cela, sinon une preuve de votre couardise face à la vérité?
Tant la formulation de Lénine sur l’impérialisme
« colosse aux pieds d’argile », « épouvantail »,
etc., que celle des communistes chinois, « l’impérialisme et
tous les réactionnaires sont des tigres en papier », sont des
métaphores très justes pour tout marxiste-léniniste sensé. Elles
sont basées sur les lois du développement social; leur but est de
montrer le problème dans son essence, en une langue claire et
compréhensible. Les grands marxistes-léninistes, et de nombreux
savants et philosophes recourent fréquemment aux métaphores dans
leurs explications, et ils y ont souvent réussi, leurs métaphores
ayant grande précision et beaucoup de profondeur.
Obligés de se montrer d’accord avec l’image de
Lénine sur la nature de l’impérialisme, certains s’attachent à
combattre la métaphore utilisée par les communistes chinois. Pour
quelle raison? Pourquoi s’obstinent-ils? Pourquoi tout ce tintamarre
à ce sujet, en ce moment? Ceci ne fait que montrer la pauvreté de
leur formation idéologique, et bien entendu ils ont un but.
Quel est donc ce but?
Après la Seconde guerre mondiale, le camp
socialiste a beaucoup grandi en force. Dans les vastes régions
d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, les révolutions dirigées
contre les impérialistes et leurs laquais gagnent sans cesse du
terrain.
Au sein des pays impérialistes, les
contradictions, multiples et inconciliables, tant intérieures
qu’extérieures, sont comme des volcans, menaçant constamment la
domination de la bourgeoisie monopoliste. Les pays impérialistes
intensifient la course aux armements et tentent par tous les moyens
d’engager leur économie nationale dans l’orbite de la
militarisation.
Tout ceci pousse l’impérialisme dans l’impasse
.Pour remédier au sort présent et à venir de leurs patrons, les
brain-trusts de l’impérialisme ont dressé des plans et encore des
plans, mais ne sont pas parvenus à trouver d’issue à la situation
sans espoir dans laquelle se trouvent leurs patrons.
Et cependant, dans cette conjoncture
internationale, certains, qui se disent « marxistes-léninistes »,
ont l’esprit brouillé; une sorte de mélancolie « fin de siècle »
a supplanté, chez eux, la raison froide. Ils ne songent nullement à
guider les peuples pour qu’ils se débarrassent des malheurs dus à
l’impérialisme et ne croient pas les peuples capables de rejeter le
malheur et de se créer une vie nouvelle.
Il serait plus exact de dire qu’ils se
préoccupent davantage du sort de l’impérialisme et de toute la
réaction que de celui du socialisme et des peuples. Si, en ce
moment, ils font beaucoup de bruit autour de la puissance de
l’ennemi, s’sil exagèrent cette puissance et battent la grosse
caisse pour l’impérialisme ce n’est pas pour combattre
l’aventurisme, mais bien pour empêcher les peuples et nations
opprimés de se dresser, de faire la révolution ; ils utilisent tout
simplement l’ »opposition à l’aventurisme » pour parvenir à
leur vrai but qui est de s’opposer à la révolution.
Parlant
en 1906 des partis libéraux de la Douma russe, Lénine disait que «
les partis libéraux au sein de la Douma ne soutenaient la volonté
du peuple que d’une manière fort insuffisante et timide; ils se
souciaient bien plus de modérer et d’affaiblir la lutte
révolutionnaire en cours que de liquider l’ennemi du peuple. » (V.
I. Lénine: « Résolution (II) du Comité de Saint-Pétersbourg
du P.O.S.D.R. sur l’attitude envers la Douma d’Etat », Œuvres,
tome 10)
Actuellement, dans les rangs du mouvement ouvrier,
on trouve des libéraux du genre de ceux dont parlait Lénine,
c’est-à-dire des libéraux bourgeois. Ceux-ci se soucient, non pas
de battre les impérialistes et les autres ennemis du peuple, mais de
tempérer et d’affaiblir les luttes révolutionnaires, qui prennent
tant d’ampleur, des peuples et nations opprimés. Évidemment, on
peut difficilement attendre de pareilles gens qu’ils saisissent la
thèse selon laquelle les marxistes-léninistes doivent mépriser
l’ennemi sur le plan stratégique.
De grands exemples
Après s’en être pris à ce que les communistes
chinois disent au sujet de « mépriser l’ennemi sur le plan
stratégique », des « héros » ont ensuite tourné leur
colère contre « en tenir sérieusement compte sur le plan
tactique ». Ils prétendent que mépriser l’ennemi sur le plan
stratégique et en tenir sérieusement compte sur le plan tactique
tient de la « double comptabilité » et est « contraire
au marxisme-léninisme ».
En apparence, ces « héros » admettent
toujours que la stratégie n’est pas la tactique et que la tactique
est au service des buts stratégiques. Mais en fait, ils nient toute
différence entre stratégie et tactique et confondent entièrement
la notion de stratégie avec celle de tactique. Ce n’est pas la
tactique qu’ils font dépendre de la stratégie, mais celle-ci
qu’ils font dépendre de la tactique. Ils s’enlisent dans les
luttes quotidiennes, et dans les luttes concrètes ils s’accommodent
de tout, versant ainsi dans le capitulationnisme, ou agissent à la
légère, versant alors dans l’aventurisme.
Et tout cela, en fin de compte, dans le but de
rejeter les principes stratégiques des marxistes-léninistes
révolutionnaires et les buts stratégiques de tous les communistes.
Comme dit plus haut, si les révolutionnaires de
l’histoire ont été des révolutionnaires, c’est qu’ils eurent,
avant tout, l’audace de mépriser l’ennemi, de combattre et de
vaincre. Nous voulons ajouter ici que, similairement, le
révolutionnaire qui a su faire triompher la révolution est celui
qui non seulement a osé mépriser l’ennemi, mais aussi a su en tenir
sérieusement compte et agir avec prudence dans chaque question
particulière et dans chaque lutte concrète. D’une façon générale,
si un révolutionnaire, en particulier un révolutionnaire
prolétarien, ne parvient pas à agir de la sorte, il ne pourra
diriger la révolution dans la bonne voie, et il risque de verser
dans l’aventurisme, portant ainsi préjudice à la révolution et
la faisant même échouer.
Durant toute leur vie de combat au service de la
cause du prolétariat, Marx, Engels et Lénine ont toujours méprisé
l’ennemi sur le plan stratégique, tout en en tenant sérieusement
compte sur le plan tactique. Ils ont toujours mené la lutte sur deux
fronts, selon la situation concrète, tant contre l’opportunisme de
droite et le capitulationnisme que contre l’aventurisme « de
gauche ». Et ils nous ont fourni de grands exemples.
Marx et Engels ont achevé le Manifeste du Parti
communiste par ces mots célèbres :
« Les communistes ne s’abaissent pas à
dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament
ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le
renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes
dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste! Les
prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un
monde à y gagner. » (K. Marx & F. Engels: Œuvres complètes,
tome 4)
Ceci a toujours été le principe et le but de la
stratégie générale de l’ensemble du mouvement communiste
international. Toutefois, même dans le Manifeste du Parti
communiste, Marx et Engels ont tenu soigneusement compte des
conditions différentes dans lesquelles se trouvaient les communistes
des divers pays. Ils n’ont jamais fixé de formules types rigides et
ne les ont jamais imposées aux communistes; car, de tous temps, les
marxistes ont considéré qu’il appartient aux communistes de
chaque pays de fixer, en se basant sur les conditions propres à leur
pays, les tâches stratégiques et tactiques concrètes dans les
différentes phases historiques.
Marx et Engels ont eu une part directe dans les
luttes révolutionnaires de masse de 18481849. Ils considéraient la
révolution démocratique bourgeoise de l’époque comme le prélude
de la révolution socialiste prolétarienne, mais ils s’opposèrent
au mot d’ordre de lutte immédiate « Pour une République des
ouvriers ».
C’était là leur stratégie concrète de
l’époque. D’ autre part, ils s’opposèrent aussi à des tentatives
pour déclencher la révolution en Allemagne par les armes à partir
de l’extérieur, considérant que ce serait là « jouer à la
révolution ». Ils proposèrent le retour au pays, « l’un
après l’autre, « des ouvriers allemands résidant à l’étranger,
pour qu’ils s’y lancent dans la lutte révolutionnaire des masses.
Autrement dit, dans les cas concrets, la conception et la façon
d’agir de Marx et d’Engels sur le plan tactique différaient
foncièrement de celles des aventuristes « de gauche ». Dans
les questions de lutte concrète, ils s’efforçaient toujours de
partir d’une base solide.
Au printemps de 1850, peu après l’échec des
révolutions de 1848-1849, Marx et Engels exprimèrent l’opinion,
dans une analyse de la situation de l’époque, qu’une nouvelle
révolution était proche. Mais en été, ils s’aperçurent qu’une
reprise immédiate de la révolution n’était plus possible. Certains
dédaignèrent les possibilités objectives et essayèrent de créer
une « révolution artificielle » en usant de phraséologie
révolutionnaire au lieu de tenir compte de la réalité du
développement révolutionnaire. Ils dirent aux ouvriers qu’ils
devaient s’emparer immédiatement du pouvoir ou bien aller se
coucher. Marx et Engels combattirent résolument cet aventurisme.
Comme Lénine l’a dit: « Lorsque l’époque des
révolutions de 1848-1849 fut close, Marx se dressa contre toute
tentative de jouer à la révolution (lutte contre Shapper-Willich),
exigeant que l’on sût travailler dans la nouvelle époque qui
préparait, sous une ‘paix’ apparente, de nouvelles révolutions. »
(V. I. Lénine: « Karl Marx », Œuvres, tome 21)
En septembre 1870, quelques mois avant la Commune
de Paris, Marx mit le prolétariat français en garde contre une
insurrection en temps inopportun. Cependant, lorsque les ouvriers se
virent forcés de se soulever en mars 1871, il salua avec
enthousiasme l’héroïsme sans borne des ouvriers de la Commune de
Paris. Dans une lettre à L. Kugelmann, il écrivait:
« De quelle souplesse, de quelle initiative
historique, de quelle faculté de sacrifice sont doués ces
Parisiens! Affamés et ruinés pendant six mois, par la trahison
intérieure plus encore que par l’ennemi, ils se soulevèrent sous
les baïonnettes prussiennes comme s’il n’y avait jamais eu de
guerre entre la France et l’Allemagne, comme si l’étranger n’était
pas aux portes de Paris! L’histoire ne connaît pas encore d’exemple
d’une pareille grandeur! S’ils succombent, seul leur, caractère ‘bon
garçon’ en sera cause. » (« Lettres de Karl Marx à L.
Kugelmann »)
Voyez comment Marx louait les ouvriers de la
Commune de Paris pour leur héroïque dédain de l’ennemi. C’est en
partant du but stratégique général de tout le Mouvement communiste
international qu’il fit cette estimation de la Commune de Paris, en
disant : « L’histoire ne connaît pas encore d’exemple d’une
pareille grandeur! » »
Il est vrai que la Commune de Paris commit des
erreurs ; elle ne marcha pas aussitôt sur Versailles, centre de la
contrerévolution, et le Comité central résilia trop tôt ses
fonctions; il est vrai aussi qu’elle échoua; cependant, l’étendard
de la révolution prolétarienne déployé par la Commune de Paris
restera à jamais glorieux.
Dans La Guerre civile en France, Marx dit: « Le
Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le
glorieux fourrier d’une société nouvelle. Le souvenir de ses
martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe
ouvrière. Ses exterminateurs, l’histoire les a déjà cloués à un
pilori éternel, et toutes les prières de leurs prêtres
n’arriveront pas à les racheter. »
Lors du XXIe anniversaire de la Commune de Paris,
Engels écrivait: « Ce qui fait la grandeur historique de la
Commune, c’est son caractère sincèrement international, c’est le
défi qu’elle jeta hardiment à tout sentiment de chauvinisme
bourgeois. Le prolétariat de tous les pays l’a bien compris. » (K.
Marx & F. Engels: « Projet d’appel pour le 21e anniversaire
de la Commune de Paris », Œuvres complètes, tome 22)
Mais, aujourd’hui, il semble que notre
camarade Togliatti estime que la haute appréciation de Marx et
Engels sur la Commune de Paris, qui est de portée universelle pour
la cause révolutionnaire du prolétariat international, ne vaut pas
la peine qu’on en parle encore.
Comme l’a montré Engels, après la défaite de la
Commune, les ouvriers de Paris eurent besoin d’un long répit pour
refaire leurs forces. Mais sans tenir compte des conditions
existantes, les blanquistes préconisèrent une nouvelle
insurrection. Engels critiqua sévèrement cet aventurisme.
Le capitalisme connaissait une période de
développement pacifique en Europe et en Amérique; Marx et Engels
continuèrent à lutter sur les deux fronts dans k mouvement ouvrier.
D’une part, ils blâmèrent sévèrement les phrases creuses sur la
révolution, préconisèrent l’utilisation de la « légalité
bourgeoise » pour lutter contre la bourgeoisie; et d’autre part,
ils critiquèrent sévèrement, en fait beaucoup plus sévèrement,
les idées opportunistes qui dominaient alors au sein de la
social-démocratie, car les opportunistes avaient perdu toute fermeté
révolutionnaire prolétarienne, se cantonnaient dans la lutte légale
et n’étaient pas décidés à recourir aussi aux moyens illégaux
dans leur lutte contre la bourgeoisie.
Cela montre qu’à tout moment, y compris la
période du développement pacifique, Marx et Engels s’en sont tenus
inébranlablement aux principes stratégiques de la révolution
prolétarienne, tout en adoptant prudemment des tactiques souples
répondant aux conditions concrètes de chaque période.
Entré
dans l’arène de l’histoire de la lutte révolutionnaire du
prolétariat, Lénine, en grand marxiste qu’il était, formula de
la façon la plus précise la question de la stratégie
révolutionnaire du prolétariat russe. Dans la conclusion de son
premier ouvrage célèbre, Ce que sont les « amis du peuple »
et comment ils luttent contre les social-démocrates, il dit:
« Lorsque les représentants avancés de cette
classe [la classe ouvrière] se seront assimilé les idées du
socialisme scientifique, l’idée du rôle historique de l’ouvrier
russe; lorsque ces idées seront largement diffusées et que, parmi
les ouvriers, les organisations solides seront fondées, susceptibles
de transformer l’actuelle guerre économique, menée en ordre
dispersé par les ouvriers, en une lutte de classe consciente, alors
l’OUVRIER russe, prenant la tête de tous les éléments
démocratiques, abattra l’absolutisme et conduira le PROLÉTARIAT
RUSSE (aux côtés du prolétariat de TOUS LES PAYS), par la voie
directe d’une lutte politique déclarée, vers la VICTOIRE DE LA
REVOLUTION COMMUNISTE. » (V. I. Lénine: Œuvres, tome 1)
Cette stratégie établie par Lénine a toujours
servi d’orientation générale à l’avant-garde du prolétariat russe
et au peuple russe dans leur lutte pour la libération.
Lénine
s’y est toujours tenu strictement. C’est pour cela qu’il a mené
des luttes intransigeantes contre les populistes, les « marxistes
légaux », les « économistes », les menchéviks, les
opportunistes et révisionnistes de la Ile Internationale, et contre
Trotski et Boukharine.
En 1902, lors de l’élaboration du Programme du
Parti ouvrier social-démocrate de Russie, de graves divergences
surgirent entre Lénine et Plékhanov au sujet des principes
stratégiques prolétariens. Lénine insista pour que la dictature du
prolétariat fût inscrite dans le Programme et que le rôle
dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution y fût nettement
défini.
Deux tactiques de la social-démocratie dans la
révolution démocratique, que Lénine écrivit au cours de la
Révolution de 1905, exprime l’héroïsme du prolétariat russe qui
osa assumer la direction du combat et combattre pour la victoire.
Lénine y donne une théorie complète du rôle dirigeant du
prolétariat dans la révolution démocratique et de l’alliance
ouvrière et paysanne, sous la direction de la classe ouvrière,
développant ainsi la théorie marxiste sur la transformation de la
révolution démocratique bourgeoise en révolution socialiste.
Pendant la Première guerre mondiale, Lénine
porta la conception stratégique du prolétariat à un niveau plus
élevé avec La Faillite de la Ile Internationale, L’Impérialisme,
stade suprême du capitalisme et autres grands classiques du
marxisme. Ces ouvrages disent que l’impérialisme est la veille de la
révolution sociale du prolétariat et montrent que la révolution
prolétarienne pouvait triompher tout d’abord dans un seul ou
quelques pays. Ces conceptions stratégiques ont préparé la
victoire de la Grande Révolution d’Octobre.
Et il y a d’autres exemples.
Dans les questions tactiques concrètes, Lénine a
toujours déterminé l’action à entreprendre par le prolétariat ;
suivant les différentes conditions existantes. Par exemple, il a
déterminé dans quelles circonstances le parti du prolétariat doit
participer au Parlement et dans lesquelles il doit boycotter le
Parlement; dans quelles circonstances il doit créer une alliance
donnée et dans lesquelles une autre alliance; dans quelles
circonstances il doit faire des-compromis nécessaires et dans
lesquelles il doit rejeter les compromis; dans quelles circonstances!
Il doit mener la lutte légalement, et dans lesquelles il doit la
mener illégalement, et comment combiner avec souplesse les deux
formes de lutte; à quel moment il doit attaquer, à quel Moment
reculer ou avancer par un chemin détourné, etc. Lénine a exposé
ces questions de manière systématique et profonde dans La Maladie
infantile du communisme (« le gauchisme »).
Il y dit à juste titre:
«…la première [conclusion], c’est que la
classe révolutionnaire, pour remplir sa tâche, doit savoir prendre
possession de toutes les formes et de tous les côtés, sans la
moindre exception, de l’activité sociale…la seconde, c’est que la
classe révolutionnaire doit se tenir prête à remplacer vite et
brusquement une forme par une autre. » (V. I. Lénine: Œuvres, tome
31)
A propos des différentes formes de la lutte,
Lénine dit encore que, les communistes de tous les pays doivent
rechercher, étudier, découvrir, deviner, saisir ce qu’il y a de
particulièrement nationale, de spécifiquement national dans la
manière concrète dont chaque pays aborde la solution du problème
international, le même pour tous: vaincre l’opportunisme et le
dogmatisme de gauche au sein du mouvement ouvrier, renverser la
bourgeoisie et instaurer la dictature du prolétariat. On aurait tout
à fait tort de ne pas tenir compte, dans la lutte, des
particularités propres à sa nation.
Selon la conception de Lénine, chaque tactique
concrète du parti prolétarien vise à organiser les masses
innombrables, à mobiliser largement les alliés, à isoler au
maximum les ennemis du peuple, les impérialistes et leurs laquais,
afin de parvenir au but stratégique général, qui est
l’émancipation du prolétariat et du peuple. Lénine dit: «…les
formes de la lutte peuvent changer et changent constamment pour des
raisons diverses, relativement temporaires et particulières, alors
que l’essence de la lutte, son contenu de classe, ne saurait vraiment
changer tant que les classes existent. » (V. I. Lénine:
« L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres,
tome 22)
La conception stratégique et tactique
des communistes chinois
C’est à partir de la pensée de Marx, Engels et
Lénine que les communistes chinois ont défini la stratégie et la
tactique de la révolution chinoise au cours de la pratique concrète
révolutionnaire.
Le camarade Mao Zedong a résumé la conception
stratégique et tactique des communistes chinois comme suit:
« L’impérialisme dans le monde entier et le
règne de la clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek en Chine sont
pourris, ils n’ont pas d’avenir. Nous avons lieu de les mépriser, et
nous sommes sûrs et certains de vaincre tous les ennemis, intérieurs
et extérieurs, du peuple chinois.
Mais dans chaque situation particulière, dans
chaque lutte concrète (qu’il s’agisse d’une lutte militaire,
politique, économique ou idéologique), nous ne devons absolument
pas mépriser l’ennemi, mais au contraire, en tenir sérieusement
compte et concentrer toutes nos forces dans la lutte pour remporter
la victoire.
Du point de vue de l’ensemble de la stratégie,
nous relevons avec raison que nous devons mépriser l’ennemi, mais
dans aucune situation particulière, dans aucune question concrète,
nous ne devons le mépriser. Si, du point de vue de l’ensemble,
nous surestimons la force de l’ennemi et n’osons par conséquent le
renverser ni le vaincre, nous commettrons une erreur d’opportunisme
de droite.
Si, dans chaque situation particulière, dans
chaque question concrète, nous n’agissons pas avec prudence, ne
prenons pas soin d’étudier et de perfectionner l’art de la lutte, ne
concentrons pas toutes nos forces dans le combat et ne nous attachons
pas à gagner à notre cause tous les alliés qui devraient l’être
(paysans moyens, artisans et commerçants indépendants, moyenne
bourgeoisie, étudiants, instituteurs, professeurs et intellectuels
en général, fonctionnaires en général, membres des professions
libérales et hobereaux éclairés), nous commettrons une erreur
d’opportunisme ‘de gauche’ » (Mao Zedong: « Sur quelques
questions importantes de la politique actuelle du Parti », Œuvres
choisies, tome IV)
Par-là, le camarade Mao Zedong expose avec grande
netteté et sans équivoque possible la lutte du prolétariat dans
son ensemble, c’est-à-dire le problème de la stratégie, et, avec
la même grande netteté et sans équivoque possible, chaque
situation particulière, chaque question concrète de la lutte du
prolétariat, c’est-à-dire le problème de la tactique.
Pourquoi pouvons-nous mépriser l’ennemi à partir
de la situation prise dans son ensemble, c’est-à-dire sur le plan
stratégique? Parce que les impérialistes et tous les réactionnaires
sont pourris jusqu’ à la moelle, qu’ils sont sans avenir et
peuvent être renversés.
L’incapacité de voir ceci amène à craindre la
lutte révolutionnaire, à perdre confiance dans la révolution et à
fourvoyer le peuple. Et pourquoi, dans les luttes concrètes,
c’est-à-dire sur le plan tactique, ne devons-nous jamais faire peu
de cas de l’ennemi, mais au contraire, le prendre au sérieux? Parce
que les impérialistes et les réactionnaires contrôlent toujours la
machine à gouverner, ils sont toujours fortement armés et peuvent
encore duper le peuple.
Pour renverser le règne de l’impérialism et de
la réaction, le prolétariat et les masses populaires doivent passer
par des luttes âpres et pleines de vicissitudes. Les impérialistes
et les réactionnaires ne basculeront pas tout seul de leur trône.
Un parti révolutionnaire n’entamera jamais la
lutte révolutionnaire s’il renonce au but stratégique qui est de
renverser le vieux système, et s’il ne croit plus ‘ que l’ennemi
peut être renversé et que lui-même peut triompher; un parti
révolutionnaire ne remportera jamais la victoire escomptée s’il
se borne à formuler l’objectif de la révolution sans s’attaquer à
l’ennemi avec sérieux et prudence au cours de la lutte
révolutionnaire, sans accumuler et accroître graduellement les
forces .révolutionnaires et s’il considère la révolution comme
une question de paroles en l’air ou agit à l’aveuglette.
Ceci est d’autant plus vrai pour les partis
prolétariens.
Si un parti prolétarien, tout en observant
fermement les principes stratégiques du prolétariat, tient
sérieusement compte de l’ennemi dans chaque problème concret de la
lutte révolutionnaire et est habile à le combattre, alors, comme le
dit le camarade Mao Zedong, « avec le temps, nous obtiendrons la
supériorité dans l’ensemble » (Mao Zedong: « La Situation
actuelle et nos tâches », Œuvres choisies, tome IV), quoique le
prolétariat puisse se trouver en état d’infériorité au départ.
En d’autres termes, si l’ennemi est pris au sérieux dans les
questions de tactique, de lutte concrète, et si tous les efforts
sont engagés pour gagner chaque combat, la victoire révolutionnaire
sera hâtée et non retardée ou ajournée.
Le parti du prolétariat tient sérieusement
compte de l’ennemi sur le plan tactique, il œuvre pour faire
triompher les luttes concrètes, de façon à ce que des masses
toujours plus larges puissent se convaincre, par leur propre
expérience, qu’il est possible d’abattre l’ennemi, que notre mépris
de l’ennemi est justifié et fondé.
L’antiquité chinoise s’exprimait ainsi: Les
grandes entreprises de ce monde sont réalisées à partir de
petites; l’arbre que deux bras seulement permettent de ceinturer
vient d’un plant minuscule; les édifices à neuf étages commencent
par le tassement de minces couches de terre; les marches de mille
lieues commencent toutes par un premier pas. Pour les peuples
révolutionnaires qui ont à renverser la réaction, le principe est
le même, c’est-à-dire en menant d’innombrables luttes concrètes
les unes après les autres, en s’efforçant de les faire triompher,
et ainsi seulement sera-t-il possible de parvenir finalement au but
qui est d’abattre la réaction.
Le camarade Mao Zedong dit dans Problèmes
stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine: « Notre
stratégie, c’est de nous battre ‘un contre dix’, mais notre
tactique, c’est de nous battre ‘dix contre un’; voilà l’une des lois
fondamentales qui garantissent notre victoire sur l’ennemi. » Il dit
aussi: « Nous vainquons des effectifs supérieurs avec des effectifs
inférieurs — voilà ce que nous déclarons à l’ensemble des
forces qui règnent sur la Chine.
Mais dans le même temps, nous vainquons des
effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs — voilà ce
que nous déclarons à cette partie des forces ennemies avec laquelle
nous nous mesurons sur le champ de bataille. » (Mao Zedong: Œuvres
choisies, tome I)
Il s’agit ici des principes se rapportant à la
lutte sur le plan militaire, mais ces principes s’appliquent aussi à
la lutte politique. L’histoire nous apprend qu’au début, tous les
révolutionnaires, y compris les révolutionnaires bourgeois, sont
toujours en minorité, les forces qu’ils dirigent sont toujours
relativement faibles. Si, en stratégie, il leur manque la volonté
de « vaincre des effectifs supérieurs avec des effectifs
inférieurs » et de se battre « un contre dix » dans la
lutte contre l’ennemi, ils resteront faibles et impuissants, ils ne
pourront jamais rien entreprendre et ils ne deviendront jamais
majorité.
Par ailleurs, si sur le plan tactique,
c’est-à-dire dans la lutte concrète, ils ne comprennent pas le
besoin d’organiser les masses, de rallier tous les alliés possibles,
et de tirer parti des contradictions existant objectivement au sein
de l’ennemi, s’ils ne savent pas appliquer, dans la lutte, la
méthode de « vaincre des effectifs inférieurs avec des
effectifs supérieurs » et de se battre « dix contre un »,
et s’ils ne savent pas prendre toutes les dispositions nécessaires
aux luttes concrètes, ils ne pourront jamais remporter la victoire
dans chaque lutte concrète et transformer leurs petites victoires en
de grandes, ils courront le risque de voir leurs propres forces
écrasées l’une après l’autre par l’ennemi et de dissiper la
puissance révolutionnaire.
Un miroir
Pour résumer, dans les rapports entre stratégie
et tactique, le parti du prolétariat doit veiller tout
particulièrement au but final qui est l’émancipation du peuple
travailleur, avoir le courage d’écraser l’ennemi et la conviction de
pouvoir le faire. Il ne doit pas se laisser absorber par les gains et
les succès mineurs et immédiats au point de perdre le but final de
vue, et la puissance apparente et momentanée de l’ennemi ne doit pas
lui enlever la foi dans le triomphe de la révolution populaire. Il
doit, en même temps, prêter sérieusement attention aux luttes
quotidiennes, peu importantes à première vue.
Et pour chaque lutte concrète, il doit effectuer
les préparatifs qui s’imposent, bien mener le travail pour unir les
masses, étudier et perfectionner l’art de la lutte et tout faire
pour remporter la victoire dans chaque lutte concrète, pour que les
masses puissent en tirer des leçons et des encouragements. Il doit
arriver à la pleine compréhension du fait que les innombrables
luttes concrètes, y compris les toutes petites, peuvent se fondre et
se développer en une force qui ébranlera le vieux régime.
Il apparaît donc clairement que la stratégie et
la tactique sont à la fois différentes l’une de l’autre et, en même
temps, unies l’une à l’autre. Telle est précisément la dialectique
dont les marxistes-léninistes se servent pour examiner chaque
problème. Certains décrivent « mépriser l’ennemi sur le plan
stratégique et en tenir sérieusement compte sur le plan tactique »
comme étant de la « philosophie scolastique » ou une « double
comptabilité ». On pourrait se demander quelle est au juste leur
propre « philosophie »? En quoi peut bien consister leur
« comptabilité simple »?
Dans « Sur notre révolution », Lénine
dit ceci au sujet des héros de l’opportunisme :
« Tous ils se disent marxistes, mais ils
entendent le marxisme de façon pédantesque au possible. Ils n’ont
pas du tout compris ce qu’il y a d’essentiel dans le marxisme, à
savoir: sa dialectique révolutionnaire. » (V. I. Lénine: Œuvres,
tome 33)
Dans le même texte, Lénine dit encore:
« Par toute leur conduite ils se révèlent des
réformistes poltrons, qui craignent de s’écarter de la bourgeoisie
et, à plus forte raison, de rompre avec elle; en même temps ils
couvrent leur poltronnerie d’une phraséologie et d’une vantardise
effrénées. » (V. I. Lénine: Œuvres, tome 33)
Que ceux
qui attaquent le Parti communiste chinois veuillent bien lire
attentivement ces deux passages de Lénine! Ils sont comme un miroir
politique où certains se reconnaîtront.
VII. LA LUTTE SUR DEUX FRONTS
Le révisionnisme moderne est le principal
danger pour le mouvement ouvrier international
Le Parti communiste italien est dans le monde
capitaliste actuel, un grand parti. Il a combattu vaillamment durant
les noires années de la domination fasciste. Il a de glorieuses
traditions de lutte. Pendant la Seconde guerre mondiale, il dirigea
le peuple italien dans les héroïques insurrections armées et la
guerre de partisans contre le fascisme. Les forces armées du peuple
capturèrent Mussolini et le monstre fasciste fut mis à mort.
Il est naturel que ces hauts faits du Parti
communiste italien lui aient valu la sympathie et le soutien du
peuple italien.
Après la guerre, le capitalisme italien a connu
une période de développement pacifique. Et au cours de celle-ci le
Parti communiste italien a entrepris1 un travail substantiel en
recourant aux formes de lutte légales. La lutte légale a son rôle
positif dans les activités du parti de la classe ouvrière, mais
faute de vigilance et de fermeté révolutionnaires, elle peut aussi
jouer en sens contraire et avoir un rôle négatif. Marx, Engels et
Lénine ont constamment mis le prolétariat en garde contre une telle
éventualité.
Pourquoi, depuis la fin de la Seconde
guerre mondiale, le révisionnisme a-t-il été unanimement reconnu
comme le principal danger pour le mouvement ouvrier international?
Premièrement, parce que l’histoire est là, qui nous apporte les
leçons de l’expérience acquise par nombre de pays dans les divers
domaines de la lutte légale; deuxièmement, parce que dans la
réalité du monde actuel existent des conditions qui alimentent
l’opportunisme et le révisionnisme; troisièmement, parce qu’on l’a
vu effectivement apparaître avec le révisionnisme moderne
représenté par la clique Tito.
A examiner les points de
vue de Togliatti et d’autres camarades, on peut dire en toute
franchise que ce danger existe également dans le Parti communiste
italien.
Ces derniers temps, certains camarades du Parti
communiste français ont, dans une série d’articles, attaqué les
marxistes-léninistes révolutionnaires, attaqué les communistes
chinois. Les points de vue qu’ils défendent sur nombre de questions
fondamentales du mouvement communiste international sont de la même
marque que ceux de Togliatti et d’autres camarades italiens, ou à
peu de chose près. De plus, dans les rangs du mouvement communiste
international sont apparus récemment des gens qui, comme le dit
Lénine, « forment tous une seule famille, tous s’adressent des
louanges réciproques, s’instruisent les uns auprès des autres et
mènent campagne en commun contre le marxisme ‘dogmatique’ » (V. I.
Lénine: « Que faire? », Œuvres, tome 5.)
C’est là un phénomène étrange, mais il suffit
d’avoir quelque connaissance de marxisme-léninisme et d’analyser ce
phénomène pour comprendre qu’il n’est nullement le fait du hasard.
Le révisionnisme moderne s’est manifesté dans
certains pays capitalistes, et il peut, de même, se manifester dans
les pays socialistes. La clique Tito a été la première à lever le
drapeau du révisionnisme, elle a fait dégénérer pas à pas la
Yougoslavie, qui était un pays socialiste. Sur le plan politique, la
clique Tito est depuis longtemps devenue une complice des
impérialistes, américains et autres, et sur le plan économique,
elle a fait de la Yougoslavie une annexe de l’impérialisme
américain, transformant graduellement l’économie yougoslave en
cette « économie libéralisée » dont parlent les
impérialistes.
En mai 1921, Lénine déclarait à la Dixième
Conférence du Parti communiste de Russie:
« Milyukov avait raison. Il a tenu compte en
toute lucidité des degrés de développement politique, et dit que
pour le retour du capitalisme, il est nécessaire de passer par des
degrés semblables à ceux des socialistes-révolutionnaires et du
menchévisme. La bourgeoisie a besoin de tels degrés, celui qui ne
le comprend pas est un sot. » (V.I. Lénine: Dixième conférence du
Parti communiste (bolchévik) de Russie, Œuvres, tome 32)
Ces paroles de Lénine sont à tel point
pertinentes qu’elles semblent être une prédiction du comportement
de la clique Tito plusieurs dizaines d’années plus tard.
Pourquoi,
en pays socialiste, le révisionnisme peut-il également se
manifester? Tout comme le fait remarquer la Déclaration de Moscou de
1957: « L’influence bourgeoise est la source intérieure du
révisionnisme, et la capitulation devant la pression de
l’impérialisme en est la source extérieure. »
La
Déclaration de Moscou de 1960 réaffirme cette importante thèse de
la Déclaration de 1957 selon laquelle le révisionnisme constitue le
principal danger du mouvement ouvrier international, et, en même
temps, condamne la variante yougoslave de l’opportunisme
international.
La Déclaration de 1960 souligne à juste titre: «
Ayant trahi le marxisme-léninisme, proclamé par eux périmé, les
dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie ont opposé à
la Déclaration de 1957 leur propre programme révisionniste et
antiléniniste. Ils ont opposé la L.C.Y. à tout le mouvement
communiste international, ont détaché leur pays du camp socialiste,
l’ont fait dépendre de la soi-disant ‘aide’ des impérialistes,
américains et autres, et ont mis ainsi le peuple yougoslave en
danger de perdre les conquêtes révolutionnaires qu’il avait
acquises au prix d’une lutte héroïque.
Les révisionnistes yougoslaves se livrent à des
agissements subversifs contre le camp socialiste et le mouvement
communiste mondial. Sous prétexte de mener une politique en marge
des blocs, ils déploient une activité qui porte préjudice à
l’unité de toutes les forces et de tous les Etats pacifiques. »
«
Les partis marxistes-léninistes, poursuit la Déclaration, ont
toujours pour tâche impérieuse de dénoncer les dirigeants des
révisionnistes yougoslaves et de lutter énergiquement pour
préserver le mouvement communiste et le mouvement ouvrier des idées
antiléninistes des révisionnistes yougoslaves. »
Les représentants de 81 partis ont apposé leur
signature au bas de cette solennelle Déclaration, y compris ceux des
partis italiens, français et de tous les pays socialistes. Or,
l’encre en est à peine séchée que déjà, des responsables de
certains partis sont à tu et à toi avec la clique Tito.
Le
camarade Togliatti va jusqu’à déclarer « erronée » la
position prise à l’égard de la clique Tito par la Déclaration de
Moscou de 1960, prétendant que « lancer des invectives contre ‘la
clique Tito’ ne nous fait faire aucun pas en avant, mais nous fait au
contraire reculer beaucoup » (Voir P. Togliatti; « A propos de
la ‘clique Tito’ », Rinascita, 13 octobre 1962) Certains ont
même dit que « les communistes yougoslaves ont fait des pas vers
le rapprochement et l’unité avec tout le mouvement communiste
mondial », que « sur une série de problèmes internationaux
de première importance », la position prise par la clique Tito
et la leur « coïncident et se rapprochent ».
Leurs actes sont en divorce avec leurs
engagements, et les deux Déclarations de Moscou ne sont pour eux que
des documents vides et de pure forme.
En vue de se justifier, ils n’ont aucun scrupule à
fouler aux pieds la Déclaration de Moscou de 1960 et, au lieu de
reconnaître que le révisionnisme constitue aujourd’hui le
principale danger dans le mouvement communiste et ouvrier
international, ils estiment que « le danger du dogmatisme et du
sectarisme est devenu dans la dernière période le danger essentiel
pour le mouvement communiste et ouvrier international » (Résolution
adoptée le 14 décembre 1962 par le Comité central du Parti
communiste français)
Au VIème Congrès du Parti socialiste unifié
d’Allemagne, qui a eu lieu récemment, le délégué du Parti
communiste chinois a été traité au mépris de toute civilité
lorsque, dans son discours de salutations, il maintint la Déclaration
de Moscou de 1960 et condamna le révisionnisme de la clique Tito.
Cependant, les délégués de la clique Tito
étaient acclamés frénétiquement. Est-ce là ce qu’on appelle:
« toujours être fermement attaché à la ligne commune concertée
du mouvement communiste mondial »? Tout le monde sait que ce fut
un acte soigneusement prémédité qui ne peut qu’affliger les nôtres
et réjouir l’ennemi.
Tout cela a eu pour effet de décupler soudain la
cote de la clique Tito.
Et en agissant ainsi, certains cherchent à élever
celle-ci jusqu’à en faire leur « centre idéologique », à
substituer le révisionnisme moderne, représenté par la clique
Tito, au marxisme-léninisme, et le programme révisionniste moderne
de la clique Tito ou quelque autre chose aux Déclarations de Moscou.
Certains ne disent-ils pas à tout bout de champ qu’il faut « régler
l’heure sur nos montres »? Or, il y a deux montres: celle du
marxisme-léninisme, des Déclarations de Moscou; et celle du
révisionnisme moderne dont le représentant est la clique Tito. Sur
laquelle faut-il, en fin de compte, prendre l’heure? La montre
du marxisme-léninisme et des Déclarations de Moscou ou celle du
révisionnisme moderne?
Il y en a qui, non seulement ne permettent pas que
nous nous opposions au révisionnisme moderne, mais encore ne veulent
pas nous entendre parler du vieux révisionnisme de l’époque de la
Ile Internationale, tandis qu’eux-mêmes n’en finissent pas de
chanter à nouveau, avec délectation, l’antienne des vieux
révisionnistes.
Dans la préface de la deuxième édition de La
Question du logement, Engels a dit à propos du proudhonisme: « Celui
qui veut approfondir tant soit peu le socialisme moderne doit
apprendre à connaître également les ‘points de vue dépassés’ du
mouvement. » Il estimait que tant qu’existent dans la société
les conditions qui engendrent pareils points de vue, ces points de
vue ou les différentes tendances qu’ils traduisent réapparaîtront.
« Et si plus tard », poursuit Engels, cette tendance « venait
à se cristalliser, en prenant des contours plus précis, il lui
faudra pour formuler son programme remonter à ses prédécesseurs. »
A l’heure actuelle, pour nous opposer au
révisionnisme moderne, il faut naturellement étudier ses aînés,
étudier les leçons de l’histoire, étudier comment les
révisionnistes modernes ont rejoint leurs prédécesseurs. Ne
devrions-nous pas agir ainsi? Pourquoi serait-ce là « une
comparaison historique absolument inadmissible »? Toucherait-on à
quelque chose de tabou?
Puisque ces gens-là reprennent la vieille
rengaine de Bernstein, Kautsky et autres vieux révisionnistes, et
qu’ils empruntent les points de vue, les procédés et le langage des
vieux révisionnistes pour attaquer et calomnier les communistes
chinois et tous les marxistes-léninistes, ils n’ont aucune raison de
nous défendre de leur répondre par les critiques que Lénine
adressait aux vieux révisionnistes.
Voici ce qu’a dit Lénine:
« Les bernsteiniens ont eux aussi affirmé et
affirment encore qu’ils sont les seuls à comprendre les besoins
véritables du prolétariat, la nécessité d’accroitre ses forces,
d’approfondir son activité, de préparer les éléments de la
société nouvelle, la nécessité de la propagande et de
l’agitation.
Nous exigeons que l’on reconnaisse hautement ce
qui est! déclare Bernstein, qui, ce disant, consacre le ‘mouvement’
sans ‘but final’ consacre la seule tactique défensive et prêche la
tactique de cette appréhension: ‘Pourvu que la bourgeoisie ne se
détourne pas’. Les bernsteiniens, eux aussi, ont crié au
‘jacobinisme ‘des social démocrates révolutionnaires, à propos des
‘publicistes’ qui ne comprennent pas l »initiative ouvrière’,
etc., etc. En réalité, comme chacun sait, les social-démocrates
révolutionnaires n’ont jamais pensé à négliger le minutieux
travail quotidien, la préparation des forces, etc., etc.
Ils exigeaient simplement que l’on prît nettement
conscience du but final, que l’on déterminât avec précision les
tâches révolutionnaires; ils entendaient élever les couches
semi-prolétariennes et semi-petites-bourgeoises au niveau
révolutionnaire du prolétariat, au lieu d’abaisser ce niveau à des
considérations opportunistes: ‘Pourvu que la bourgeoisie ne se
détourne pas’ .
La question: Dûrfen wir siegen? ‘Oserons-nous
vaincre?’ Nous est-il permis de vaincre? N’est-il-pas dangereux pour
nous de vaincre? Devons-nous vaincre? — exprimait peut-être avec
le plus de relief ce dissentiment entre l’aile opportuniste
intellectuelle et l’aile révolutionnaire prolétarienne du Parti.
Etrange à première vue, cette question a pourtant été posée et
devait l’être, car les opportunistes redoutaient la victoire,
cherchaient à en détourner le prolétariat, prophétisaient ses
conséquences funestes, raillaient les mots d’ordre appelant
ouvertement à la victoire. » (V. I. Lénine: « Deux tactiques
de la social-démocratie dans la révolution démocratique »,
Œuvres, tome 9)
Cette citation se prête effectivement à
expliquer la résurrection du bernsteinisme, dans des conditions
historiques nouvelles, et à mettre en lumière le fond des
divergences entre les marxistes-léninistes et les révisionnistes
modernes.
« Notre doctrine n’est pas un dogme mais un
guide pour l’action »
Certains qui se prétendent des
« marxistes-léninistes créateurs » disent qu’il n’est plus
nécessaire de répéter les principes fondamentaux établis par Marx
et Lénine, l’époque ayant changé et les conditions étant
différentes. Ils s’opposent à ce que nous nous référions aux
classiques marxistes-léninistes, qualifiant cela de « dogmatisme ».
Rejeter le marxisme-léninisme sous prétexte de
se défaire de la contrainte des « dogmes » est un procédé
fort commode. Il y a longtemps que Lénine a démasqué cette
tactique propre aux opportunistes en disant: « Voilà un mot bien
commode que celui de ‘dogme ‘ ! Vous n’avez qu’à déformer un peu
une théorie adverse et dissimuler cette déformation derrière
l’épouvantail du ‘dogme’ et vous y êtes! » (V. I. Lénine:
« L’Aventurisme révolutionnaire », Œuvres, tome 6)
On sait que l’époque où vécut et lutta Lénine,
était bien différente de celle de Marx et d’Engels. Lénine a
développé sur tous les plans le marxisme et le fit accéder à une
étape nouvelle, celle du léninisme. Se basant sur la situation et
les caractéristiques nouvelles de son temps, Lénine écrivit de
nombreux et prestigieux ouvrages qui ont considérablement enrichi la
théorie marxiste et la stratégie et la tactique de la révolution
prolétarienne, et il avança des lignes de conduite et des tâches
nouvelles pour le mouvement ouvrier international.
Pour défendre les principes fondamentaux et la
pureté du marxisme et combattre les opportunistes et les
révisionnistes qui déformaient et altéraient le marxisme, Lénine
a maintes et maintes fois cité de nombreux passages de Marx et
d’Engels. Dans L’Etat et la révolution, par exemple, cette grande
œuvre d’importance capitale pour la théorie marxiste, Lénine n’a
pas épargné les citations. Et il le dit dans le premier chapitre:
« Devant cette diffusion inouïe des déformations
du marxisme, notre tâche est tout d’abord de rétablir la doctrine
de Marx sur l’Etat. Pour cela, il est nécessaire d’emprunter toute
une série de longues citations aux œuvres mêmes de Marx et
d’Engels. Sans doute ces longues citations alourdiront-elles l’exposé
et ne contribueront-elles nullement à le rendre plus populaire. Mais
il est absolument impossible de s’en dispenser.
Tous les passages ou, du moins, tous les passages
décisifs des œuvres de Marx et d’Engels sur l’Etat doivent
absolument être reproduits aussi complètement que possible afin que
le lecteur puisse lui-même se représenter l’ensemble des
conceptions des fondateurs du socialisme scientifique et le
développement de ces conceptions, et aussi pour que leur déformation
par le ‘kautskisme’ aujourd’hui prédominant soit démontrée,
documents à l’appui, et mise en évidence » ( V. I. Lénine:
Œuvres, tome 25)
Lénine a donc cité abondamment Marx et Engels à
une époque où le marxisme était altéré de façon absurde. Et
maintenant que le léninisme subit le même sort, tous les
marxistes-léninistes révolutionnaires se voient obligés de citer
Lénine. Car, ce faisant, nous pouvons mettre en lumière le
contraste frappant existant entre la vérité marxiste-léniniste et
les absurdités des révisionnistes et des opportunistes.
Il en ressort que le fait de citer la littérature
marxiste-léniniste n’est point un crime, comme certains le
prétendent. La question est de savoir s’il y a ou non nécessité
de la citer, comment la citer et si on la cite correctement.
Certains éludent délibérément le sujet que
nous voulons étayer en nous référant à la littérature
marxiste-léniniste, ils n’osent même pas publier nos citations et
savent seulement nous faire grief de procéder « à coup de
citations » (Voir « A quelle époque vivons-nous? », France
Nouvelle, 16 janvier 1963)
L’organe du Parti communiste français l’Humanité
est allé jusqu’à accuser le Parti communiste chinois d’être de
ceux qui, « dénaturant le marxisme-léninisme au point de n’en
retenir que des formules figées, s’arrogent le droit d’en être les
grands prêtres chargés d’en énoncer les dogmes » (Voir « Notre
unité et notre discipline », L’Humanité, 16 janvier 1963) Que
dénote ce langage acerbe, dont ils se servent contre nous avec
délectation? Tout simplement un état d’esprit et un sentiment: la
grande répugnance qui les saisit à la vue d’un mot de Marx,
d’Engels ou de Lénine.
Ces gens qui reprochent aux autres de se faire les
« grands prêtres » du marxisme-léninisme, sont devenus en
réalité les « grands prêtres » de
l’anti-marxisme-léninisme, les « grands prêtres » de
l’idéologie bourgeoise.
Certains nous attaquent violemment quand nous nous
référons à la littérature marxiste-léniniste pour mettre en
lumière les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, alors
qu’eux-mêmes ne se lassent pas de ressasser, en fait, le langage
de
Bernstein, de Kautsky et, de Tito, et bon nombre de leurs
points de vue essentiels ont été puisés chez ces derniers.
Il y en a même qui attaquent frénétiquement ce
qu’ils appellent le « dogmatisme » et raffolent cependant des
dogmes de la Bible. Ils ont le crâne bourré de formules bibliques
ou de choses du même genre, mais l’on n’y décèle pas la moindre
trace de marxisme-léninisme.
Lénine aimait à rappeler constamment cette
phrase de Marx et d’Engels : »Notre doctrine n’est pas un dogme
mais un guide pour l’action ».
Et maintenant que certains veulent faire croire
que nous sommes des « dogmatiques », nous devons franchement
leur dire: Le Parti communiste chinois a une riche expérience de la
lutte contre le dogmatisme. Il y a plus de vingt ans, sous la
direction du camarade Mao Zedong, nous avons mené une lutte
prestigieuse contre le dogmatisme, et, aujourd’hui encore, nous ne
perdons pas cette lutte de vue.
Les vrais marxistes-léninistes ne sont pas de
ceux qui se reposent sur des piles de livres, ils doivent savoir se
servir de la méthode marxiste-léniniste pour analyser, tant sur le
plan international que national, le milieu, ainsi que la situation et
les conditions concrètes de l’heure, étudier les diverses
expériences de la lutte pratique et fixer leur plan d’action. Le
camarade Mao Zedong nous rappelle constamment que nous devons prêter
attention à cette parole célèbre et éminemment pertinente de
Lénine: « Ce qui est la substance même, l’âme vivante du
marxisme: l’analyse concrète d’une situation concrète » (V.I.
Lénine: Le communisme, Œuvres, tome 31)
Critiquant les dogmatiques dans nos rangs, le
camarade Mao Zedong les appela « des paresseux qui se refusent à
toute étude ardue des choses concrètes » (Mao Zedong: « De la
contradiction », Œuvres choisies, tome 1)
En 1942, dans son rapport sur la « Rectification
du style de travail du Parti », le camarade Mao Zedong a fait une
critique incisive du dogmatisme en ces termes:
« Il existe encore nombre de gens qui considèrent
des formules isolées, empruntées à la littérature
marxiste-léniniste, comme une panacée toute prête, miraculeuse,
qu’il suffit d’acquérir pour guérir sans effort toutes les
maladies.
Cela relève d’une ignorance puérile de leur
part, et nous devons mener une campagne pour ouvrir les yeux à ces
gens. Tous ceux qui considèrent le marxisme-léninisme comme un
dogme religieux s’inscrivent au nombre de ces ignorants.
Il faut leur dire sans détours que leur dogme ne
sert à rien. Marx, Engels, Lénine, Staline ont répété plus d’une
fois que leur doctrine n’est pas un dogme, mais un guide pour
l’action .
Or, comme par un fait exprès, ces gens-là
oublient cette thèse qui est de la plus haute importance. Les
communistes chinois pourront considérer qu’ils unissent la théorie
à la pratique uniquement lorsqu’ils sauront, en partant des
positions marxistes-léninistes, appliquer comme il faut la méthode
du marxisme-léninisme et sa manière d’envisager les problèmes et
utiliser avec sagacité la doctrine de Lénine et de Staline sur la
révolution chinoise et quand, poussant encore plus avant, ils seront
à même, sur la base d’une étude sérieuse des réalités de
l’histoire de Chine et de la révolution chinoise, d’effectuer un
travail théorique créateur répondant aux besoins de la Chine dans
tous les domaines.
Parler en l’air d’union de la théorie et de la
pratique ne sert à rien, dût-on en parler cent années, si on ne
les unit pas dans les actes. En luttant contre la manière
subjective, unilatérale, d’aborder les problèmes, nous devons
battre en brèche le dogmatisme avec tout ce qu’il comporte de
subjectif et d’unilatéral ». (Mao Zedong: Œuvres choisies, tome
III)
Ceux qui maintenant s’époumonent pour crier au
dogmatisme n’ont aucune idée de ce que c’est, et ils savent encore
moins comment le combattre. Ils répètent sans cesse que les temps
ont changé, que la situation a évolué et qu’il faut « développer
le marxisme-léninisme avec un esprit créateur »; mais en fait,
ils révisent le marxisme-léninisme au moyen du pragmatisme
bourgeois.
Ils sont incapables de saisir l’essence dans les
changements de l’époque et de la situation, ils ne comprennent rien
aux contradictions dans le monde actuel et ignorent complètement où
se trouve le point de convergence de ces contradictions. Ils sont
incapables de saisir les lois du développement des phénomènes
objectifs et oscillent de-ci de-là, versant tantôt dans le
capitulationnisme, tantôt dans l’aventurisme. Ils se plient au cours
des événements et oublient les intérêts fondamentaux du
prolétariat, et c’est ce qui caractérise leur pensée et leurs
actes.
Ils n’ont donc pas de politique de principe et il
leur arrive souvent de ne pas distinguer entre l’ennemi, l’ami, et
ceux qui sont de leur propre camp, et même de les confondre,prenant
l’ennemi pour un être cher et les leurs pour des ennemis.
Lénine a dit du philistin qu’il « n’est jamais
guidé par une conception définie du monde, par les principes d’une
tactique intégrale de parti. Il se laisse toujours porter par le
courant, obéissant aveuglément à son humeur du moment. » (V. I.
Lénine: « La Situation politique et les tâches de la classe
ouvrière », Œuvres, tome 11) N’est-ce pas précisément ainsi
que certains, agissent aujourd’hui?
L’union de la vérité universelle du
marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution dans
chaque pays
Voici une vingtaine d’années que le camarade Mao
Zedong a avancé, au sein du Parti, la célèbre thèse de l’union de
la vérité universelle du marxisme-léninisme avec la pratique
concrète de la révolution chinoise. C’est là le bilan de
l’expérience acquise par le Parti communiste chinois au cours de sa
longue lutte menée sur deux fronts, et contre l’opportunisme de
droite et contre l’opportunisme « de gauche ».
La thèse de l’union de la vérité universelle du
marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution dans
le pays a deux aspects: d’une part, la nécessité de s’en tenir à
chaque instant à la vérité universelle du marxisme-léninisme,
sous peine de verser dans l’opportunisme de droite ou dans le
révisionnisme; d’autre part, la nécessité de partir toujours de la
réalité, de maintenir des contacts étroits avec les masses, de
faire constamment le bilan des expériences de leurs luttes, et
d’examiner son propre travail à la lumière de l’expérience acquise
dans la pratique, car, en agissant autrement, on verserait dans le
dogmatisme.
Pourquoi faut-il s’en tenir à la vérité
universelle du marxisme-léninisme, aux principes fondamentaux du
marxisme-léninisme? Lénine disait: « La doctrine de Marx est
toute-puissante, parce qu’elle est juste. Elle est harmonieuse et
complète; elle donne aux hommes une conception cohérente du monde,
inconciliable avec toute superstition, avec toute réaction, avec
toute défense de l’oppression bourgeoise. » (V. I. Lénine: « Les
Trois sources et les trois parties constitutives du marxisme »,
Œuvres, tome 19)
La vérité universelle du marxisme-léninisme ou,
autrement dit, les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, ne
sont pas des fictions ou des créations subjectives, mais des
conclusions scientifiques qui généralisent l’expérience des luttes
dans l’histoire de l’humanité tout entière et de la lutte du
prolétariat international.
Depuis Bernstein, les révisionnistes et
opportunistes de tous genres ont toujours estimé, en prétextant de
nouveaux changements et de nouvelles circonstances, que la vérité
universelle du marxisme a fait son temps.
Toutefois, les événements survenus dans le monde
depuis plus de cent années, ont sans cesse prouvé que la vérité
universelle du marxisme-léninisme est partout applicable. Elle est
applicable aussi bien en Occident qu’en Orient; elle a été
confirmée non seulement par la Grande Révolution d’Octobre, mais
aussi par la révolution chinoise et les révolutions victorieuses de
nombre de pays; non seulement par les mouvements ouvriers qui ont eu
lieu dans les pays capitalistes d’Europe et d’Amérique, mais aussi
par les grandes luttes révolutionnaires qui se déroulent
actuellement dans de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine.
En 1913, Lénine écrivait déjà, dans « Les
Destinées historiques de la doctrine de Karl Marx », que depuis
l’apparition du marxisme, chacune des grandes époques de l’histoire
universelle « lui a apporté de nouvelles confirmations et de
nouveaux triomphes. Mais l’époque historique qui vient apportera au
marxisme, doctrine du prolétariat, un triomphe plus éclatant encore
» (V. I. Lénine: Œuvres, tome 18)
Dans « Du rôle du matérialisme militant »,
Lénine écrivait en 1922 que Marx a appliqué la dialectique « avec
un tel succès que, maintenant, chaque jour, l’éveil de nouvelles
classes à la vie et à la lutte en Orient (Japon, Indes, Chine), —
c’est-à-dire l’éveil de centaines de millions d’humains qui forment
la plus grande partie de la population du globe et qui, par leur
inaction historique et leur sommeil historique, ont été cause,
jusqu’à présent, du marasme et de la décomposition frappant de
nombreux Etats avancés d’Europe —, chaque jour, l’éveil à la vie
de nouveaux peuples et de nouvelles classes confirme de plus en plus
le marxisme » (V. I. Lénine: Œuvres, tome 33)
Et les événements historiques de ces dernières
décennies sont encore venus confirmer ces jugements de Lénine.
La Déclaration de Moscou de 1957 qui fit le bilan
des expériences de l’histoire, formula des lois essentielles,
valables pour tous les pays qui s’engagent dans la voie du
socialisme. La première de ces lois générales est : « La
direction des masses travailleuses par la classe ouvrière, dont le
noyau est constitué par le parti marxiste-léniniste, pour accomplir
la révolution prolétarienne sous telle ou telle forme et instaurer
la dictature du prolétariat sous telle ou telle forme ». Or, ce
que Togliatti et d’autres camarades appellent « la voie
italienne » « vers le socialisme », c’est justement
l’abandon du principe le plus fondamental de tous, celui de la
révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat, une
négation de la loi la plus fondamentale, consacrée par la
Déclaration de Moscou de 1957.
Ceux qui s’opposent à la
vérité universelle et aux principes fondamentaux du
marxisme-léninisme, s’opposent forcément à la conception
marxiste-léniniste intégrale du monde et « sapent ses bases
théoriques fondamentales— la dialectique, la doctrine de
l’évolution historique, multiforme et pleine de contradictions »
(V. I. Lénine: « De certaines particularités du développement
historique du marxisme », Œuvres, tome 17)
Voici ce que dit la Déclaration de Moscou de 1957
au sujet de la conception marxiste-léniniste du monde:
«
La base théorique du marxisme-léninisme est le matérialisme
dialectique. Cette conception du monde reflète la loi générale du
développement de la nature, de la société et de la pensée. Cette
conception est valable pour le passé, le présent et l’avenir.
Au matérialisme dialectique s’opposent la
métaphysique et l’idéalisme .Si, en considérant les problèmes qui
se posent, un parti politique marxiste ne partait pas de la
dialectique et du matérialisme, il aboutirait à l’étroitesse et au
subjectivisme, à la fossilisation de la pensée, au détachement de
la pratique et à la perte de la faculté d’analyser comme il faut
les phénomènes et les choses, il aboutirait à des fautes
révisionnistes ou dogmatiques ainsi qu’à des fautes en politique.
L’application du matérialisme dialectique au travail pratique et
l’éducation des militants, ainsi que des larges masses, dans
l’esprit du marxisme-léninisme constituent une des tâches actuelles
des partis communistes et ouvriers. »
Il se trouve aujourd’hui des gens qui méprisent
complètement cette thèse d’une importance extrême inscrite dans la
Déclaration de Moscou de 1957 et se placent en opposition avec la
conception marxiste-léniniste du monde. Ils ont beaucoup de
répugnance pour la dialectique matérialiste et qualifient la
dialectique de « double comptabilité » et de « philosophie
scolastique ».
Ils agissent de la même façon que les vieux
révisionnistes qui « traitaient Hegel en ‘chien crevé’ et,
prêchant eux-mêmes l’idéalisme, un idéalisme mille fois plus
mesquin et plus plat que celui de Hegel, haussaient les épaules d’un
air de mépris à propos de la dialectique » (V.I. Lénine: Marxisme
et révisionnisme, Œuvres, tome 15)
Il est clair que le but de ceux qui s’attaquent à
la dialectique matérialiste est de colporter le révisionnisme
moderne.
Naturellement, la conception marxiste-léniniste
du monde est non seulement en opposition avec le révisionnisme, elle
l’est aussi avec le dogmatisme.
Si, en nous en tenant à la vérité universelle
du marxisme-léninisme, nous devons combattre en même temps le
dogmatisme, c’est que le dogmatisme s’écarte de la pratique concrète
de la révolution et qu’il considère le marxisme-léninisme comme
une formule figée.
Le marxisme-léninisme est plein de vitalité et
invincible pour la simple raison qu’il est né et s’est développé
dans la pratique révolutionnaire et qu’il s’enrichit constamment des
nouvelles expériences acquises dans la pratique de nouvelles luttes
révolutionnaires.
Lénine a dit souvent que le marxisme unit le plus
rigoureux esprit scientifique à l’esprit révolutionnaire le plus
élevé. Il a dit notamment: « Le marxisme diffère de toutes les
autres théories socialistes en ce qu’il allie de façon remarquable
la pleine lucidité scientifique dans l’analyse de la situation
objective et de l’évolution objective à la reconnaissance on ne
peut plus catégorique du rôle de l’énergie, de la création et de
l’initiative révolutionnaires des masses, et aussi, naturellement,
des individus, groupes, organisations, partis qui savent découvrir
et réaliser la liaison avec telles ou telles classes. » (V. I.
Lénine: « Contre le boycott ». Œuvres, tome 13)
Ces paroles de Lénine expliquent en termes précis
la nécessité de nous en tenir à la vérité universelle du
marxisme et de combattre en même temps le dogmatisme qui s’écarte
de la pratique de la révolution et des masses populaires.
L’explication que donne le camarade Mao Zedong des
rapports entre la nécessité de s’en tenir à la vérité
universelle du marxisme-léninisme et celle de combattre le
dogmatisme est entièrement en accord avec le point de vue de Lénine.
En traitant de la question de la connaissance, le camarade Mao Zedong
s’est exprimé en ces termes:
« Si l’on considère la progression du mouvement
de la connaissance humaine, on voit qu’elle s’élargit graduellement
de la connaissance de l’individuel et du spécifique à celle du
général. Les hommes commencent toujours par connaître d’abord
l’essence spécifique de nombreux phénomènes différents; c’est
seulement ensuite qu’i ls peuvent passer à la généralisation,
qu’ils peuvent connaître l’essence commune des phénomènes.
C’est seulement après avoir pris connaissance de
cette essence commune et en se guidant sur cette connaissance
commune, en étudiant par la suite les différentes choses concrètes
qui n’ont pas encore été étudiées ou qui l’ont été
insuffisamment, et en trouvant leur essence spécifique, qu’on peut
compléter, enrichir et développer la connaissance de cette essence
commune et veiller à ce qu’elle ne devienne pas quelque chose de
pétrifié, de mort. » (Mao Zedong: « De la contradiction »,
Œuvres choisies, tome 1)
L’erreur des dogmatiques réside en ce qu’ils font
de la vérité universelle du marxisme-léninisme ou, autrement dit,
des principes fondamentaux du marxisme-léninisme, quelque chose de
pétrifié, de mort.
Les dogmatiques déforment aussi, mais d’une autre
manière, le marxisme-léninisme.
S’écartant de la réalité, ils imaginent des
formules abstraites, vides de sens, ou imposent aux masses des
expériences de l’étranger qu’ils reprennent telles quelles, ce qui
a pour effet de restreindre la lutte des masses et de l’empêcher
d’obtenir les résultats qu’on serait en droit d’escompter. Ne tenant
pas compte du temps, du lieu et des conditions, ils s’accrochent à
une seule forme de lutte sans comprendre que, dans quelque pays que
ce soit, le mouvement révolutionnaire des masses populaires revêt
des formes infiniment complexes, qu’il faut adopter en même temps
les diverses formes nécessaires de lutte pour qu’elles se complètent
les unes les autres, qu’ il faut remplacer les anciennes par de
nouvelles lorsque des changements surviennent dans la situation, ou
continuer d’utiliser les formes anciennes mais en leur donnant un
contenu nouveau.
Il s’ensuit donc que, souvent, ils s’écartent des
masses et des alliés qu’ils pourraient se faire, et s’enfoncent dans
le sectarisme; il leur arrive, tout aussi souvent, d’agir avec
témérité et de verser dans l’aventurisme.
Il est impossible à un parti dont l’organisme
dirigeant a versé dans le dogmatisme, de saisir les lois du
mouvement pratique de la révolution; il restera forcément inerte
sur le plan théorique et commettra erreur sur erreur sur le plan
tactique. Un tel parti est incapable de conduire le mouvement
révolutionnaire du peuple à la victoire.
En combattant le dogmatisme au sein du Parti et en
mettant l’accent sur l’union de la vérité universelle du
marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution
chinoise, le camarade Mao Zedong a souligné que l’attitude
marxiste-léniniste consiste à se servir de la théorie et des
méthodes marxistes-léninistes pour procéder à des enquêtes et
études systématiques et minutieuses de la situation environnante.
Il a dit:
« Celui qui adopte cette attitude étudie la
théorie marxiste-léniniste dans un but défini, celui d’allier la
théorie marxiste-léniniste à la réalité du mouvement de la
révolution chinoise, afin de trouver dans le marxisme-léninisme la
position, les points de vue et les méthodes nécessaires pour
résoudre les problèmes théoriques et tactiques de la révolution
chinoise. Une telle attitude consiste à décocher sa flèche en
visant un objectif bien déterminé. Cet ‘objectif, c’est la
révolution chinoise; la ‘flèche’, c’est le
marxisme-léninisme.
Et c’est pour atteindre cet ‘objectif’: la
révolution en Chine et la révolution en Orient, que nous,
communistes chinois, avons été chercher cette ‘flèche’. Une telle
attitude consiste à rechercher la vérité dans les faits. Les
‘faits’, ce sont les choses et les phénomènes existant
objectivement; la ‘vérité, ‘c’est le lien interne, c’est-à-dire
les lois qui les régissent; la ‘rechercher’, c’est étudier. Nous
devons partir des conditions réelles dans le pays et au dehors, dans
la province et au dehors, dans le district et au dehors, dans
l’arrondissement et au dehors, en déduire les lois qui leur sont
inhérentes et non imaginées par nous, c’est-à-dire trouver dans
les événements qui se déroulent autour de nous le lien interne
pour nous servir de guide dans l’action.
Pour cela, nous devons compter, non sur notre
imagination, sur l’élan d’un instant, sur la connaissance livresque,
mais sur les faits existant objectivement, sur les matériaux
minutieusement recueillis et, nous guidant sur les principes généraux
du marxisme-léninisme, en tirer des conclusions justes. » (Mao
Zedong: « Réformons notre étude », Œuvres choisies, tome
III)
L’histoire du Parti communiste chinois, l’histoire
de la révolution chinoise victorieuse, c’est l’histoire de l’union
chaque jour plus étroite de la vérité universelle du
marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution
chinoise. Sans cette union, la victoire de la révolution chinoise
aurait été inconcevable.
Esprit de principe et
souplesse
« Une politique fidèle aux principes est la
seule juste », c’est là une parole célèbre de Lénine.
Si le marxisme a pu vaincre des courants
opportunistes de toutes nuances et de tous genres et occuper une
position dominante dans le mouvement ouvrier international, c’est
parce que Marx et Engels s’ne sont tenus à une politique fidèle aux
principes. Si le léninisme a pu continuer à vaincre des courants
révisionnistes et opportunistes de toutes nuances et de tous genres,
conduire la Révolution d’Octobre à la victoire et occuper, en une
ère nouvelle, une position dominante dans le mouvement ouvrier
international, c’est parce que Lénine, puis Staline, ont continué
l’œuvre de Marx et d’Engels, parce qu’ils s’en sont tenus à une
politique fidèle aux principes.
En quoi consiste une politique de principe? En ce
que tous les principes et mesures politiques que nous formulons et
élaborons doivent être basés sur la position du prolétariat, sur
ses intérêts fondamentaux, sur la théorie et les points de vue
fondamentaux du marxisme-léninisme.
Le parti du prolétariat ne doit pas borner son
horizon à l’intérêt immédiat, il ne doit pas se laisser aller là
où le pousse le vent et rejeter les intérêts fondamentaux; il ne
doit pas avoir pour seul souci de se plier aux événements du jour,
approuvant tantôt ceci, tantôt cela, préconisant tantôt ceci,
tantôt cela, prenant les principes pour un objet de troc. Ceci
revient à dire que le parti du prolétariat doit maintenir son
indépendance politique, se distinguer, sur les plans idéologique et
politique, de toutes les autres classes ainsi que de leurs partis
respectifs, se distinguer non seulement de la classe des
propriétaires fonciers et de la bourgeoisie mais aussi de la petite
bourgeoisie. Au sein du Parti, les marxistes-léninistes doivent se
distinguer des opportunistes de droite ou « de gauche » qui
reflètent toutes sortes d’idéologies non prolétariennes.
Certains qui, hier, signaient les Déclarations de
Moscou, approuvaient les principes révolutionnaires fondamentaux qui
y sont énoncés, en sont aujourd’hui à bafouer ces mêmes
principes révolutionnaires. Ils n’ont pas plutôt signé la
Déclaration de Moscou de 1960 et approuvé la conclusion portant que
« les dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie [ont]
trahi le marxisme-léninisme » qu’ils commencent à traiter les
renégats que sont Tito et consorts comme des frères, et des plus
chers.
Ils viennent d’approuver la conclusion disant que
« l’impérialisme américain est le rempart principal de la
réaction mondiale, le gendarme international, l’ennemi des peuples
du monde entier », et déjà ils estiment que la destinée de
l’humanité dépend de la « coopération », de la « confiance »
et de l’ »accord » entre les chefs des deux Etats, Etats-Unis
et Union soviétique.
Ils ont approuvé les principes des Déclarations
de Moscou régissant les rapports entre partis frères et entre pays
frères, mais ont vite fait de les jeter par-dessus bord, dressant
selon leur bon plaisir, au congrès de leur parti, un réquisitoire
public contre un parti et un pays frères.
Ces gens-là répètent à tout bout de champ
qu’il est inadmissible d’étendre les divergences idéologiques entre
partis frères au domaine des relations économiques et des rapports
entre Etats, alors qu’eux-mêmes déchirent à leur gré un grand
nombre de contrats, économiques et techniques, passés entre pays
frères, et vont même, en fait, jusqu’à rompre les relations
diplomatiques avec un autre pays frère. Ils ont approuvé la
conclusion des Déclarations de Moscou selon laquelle le
révisionnisme est le principal danger dans le mouvement ouvrier
international, et voilà qu’i les sont mis à propager sans retenue
l’idée que « le dogmatisme est le principal danger ».
Et les voilà lancés. Mais quel esprit de
principe ont-ils, ceux qui agissent de la sorte? De quels principes
relève donc leur politique?
Tout en s’en tenant à une politique de principe,
le parti du prolétariat doit encore faire preuve de souplesse. Dans
la lutte révolutionnaire, il serait erroné de nier la nécessité
d’agir selon les circonstances et d’emprunter des détours pour mieux
progresser. Les marxistes-léninistes se distinguent des
opportunistes et des révisionnistes en ce que la souplesse qu’ils
préconisent s’exerce dans le cadre de l’application de leur
politique de principe, tandis que la souplesse selon les
opportunistes et les révisionnistes consiste, en fait, à jeter la
politique de principe par-dessus bord.
La souplesse basée
sur l’esprit de principe n’est pas de l’opportunisme. Par contre, on
risquera de verser dans l’opportunisme si on ne sait, sur la base du
maintien des principes, user de la souplesse nécessaire et agir
selon le moment, suivant les conditions concrètes, et de faire subir
ainsi un préjudice injustifiable à la lutte révolutionnaire.
Le compromis est un point important de l’exercice
de la souplesse.
Les marxistes-léninistes l’envisagent ainsi: Ils
ne rejettent jamais les compromis qui s’avèrent nécessaires et sont
favorables à la révolution, c’est-à-dire les compromis reposant
sur les principes, mais ils n’admettront, à aucun moment, des
compromis qui équivalent à des trahisons, c’est-à-dire des
compromis qui sacrifient les principes.
Lénine l’a fort bien dit:
« Ce n’est pas sans raison que Marx et Engels
sont considérés comme les fondateurs du socialisme scientifique.
Ils étaient d’impitoyables ennemis de tous les phraseurs. Ils
enseignaient que les problèmes du socialisme (y compris les
problèmes de la tactique socialiste) doivent être posés de manière
scientifique. Dans les années 70 du siècle dernier, alors qu’Engels
analysait le manifeste révolutionnaire des blanquistes français,
déserteurs de la Commune, il leur dit carrément que leur
déclaration qui fanfaronne sur le ‘pas de compromis’ était une
phrase creuse.
Il est impossible de jurer être contre tous les
compromis. Ce qui importe, c’est de savoir, à travers tous les
compromis, — dont parfois la nécessité s’impose par la force des
circonstances, même au parti le plus révolutionnaire de la classe
même la plus révolutionnaire, — maintenir, renforcer, aguerrir,
développer les tactiques, l’organisation et la conscience
révolutionnaires, la fermeté et la préparation de la classe
ouvrière et de son avant-garde organisée, le Parti communiste. »
(V. I. Lénine: « A propos des compromis », Œuvres, tome 30)
Comment un parti marxiste-léniniste qui
réellement recherche la vérité en partant des faits, pourrait-il
s’opposer en bloc à tout compromis? L’éditorial « Léninisme et
révisionnisme moderne » publié dans le premier numéro du
Hongqi de cette année dit notamment: « Au cours de notre longue
lutte révolutionnaire, nous, communistes chinois, nous avons maintes
fois passé des compromis avec l’ennemi de l’intérieur comme de
l’extérieur. Par exemple, nous avons fait des compromis avec la
clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek, et également des
compromis avec les impérialistes américains dans la lutte contre
l’agression américaine et pour l’aide à la Corée, et bien d’autres
encore. »
Et plus loin: « C’est précisément d’après les
enseignements de Lénine que nous, communistes chinois, distinguons
entre les différents compromis, nous déclarant en faveur des
compromis qui profitent à la cause du peuple et à la paix mondiale,
et contre ceux ayant un caractère de trahison. Les faits sont
clairs: ont précisément une idéologie réellement trotskiste ou
relevant d’une variante du trotskisme ceux qui tombent tantôt dans
l’aventurisme, tantôt dans le capitulationnisme. »
Comme on le sait, Trotski a joué un rôle des
plus honteux au cours des négociations pour le traité de paix à
Brest-Litovsk et dans toute l’histoire de la révolution russe et de
l’édification de l’Union soviétique. Il était contre Lénine et
contre le léninisme sur tous les problèmes essentiels.
Il niait la possibilité de remporter la victoire
de la révolution et de l’édification socialistes d’abord dans un
seul pays. Dans les problèmes de la stratégie et de la tactique
révolutionnaires, son absence totale d’esprit de principe se
traduisait tantôt par un aventurisme « de gauche », tantôt
par un capitulationnisme de droite.
Dans l’affaire du Traité de Brest-Litovsk, il
commença par préconiser aveuglément une politique aventuriste; par
la suite, il contrevint aux directives de Lénine en refusant de
signer le traité de paix aux pourparlers de Brest-Litovsk, et, dans
le même temps, informa traîtreusement la partie allemande que la
République des Soviets s’apprêtait à cesser la guerre et à
démobiliser. Ceci accrut l’arrogance de l’agresseur, et l’Allemagne
posa des conditions encore plus draconiennes. Voilà ce que fut le
trotskisme dans l’affaire du Traité de paix de Brest-Litovsk.
A présent, il en est qui s’obstinent à mettre
dans le même sac les événements de Cuba et le Traité de paix de
Brest-Litovsk, deux questions de nature totalement différente, pour
établir une analogie historique dans laquelle ils se comparent à
Lénine et qualifient de « Trotski » ceux qui se sont opposés
à ce que la souveraineté d’un autre pays soit sacrifiée. C’est
tout simplement absurde et ridicule.
Lénine avait entièrement raison à l’époque,
de se prononcer pour la conclusion du Traité de paix de
Brest-Litovsk. Son but était de gagner du temps, pour consolider la
victoire de la Révolution d’Octobre .En 1936, le camarade Mao Zedong
a énergiquement critiqué, dans « Problèmes stratégiques de la
guerre révolutionnaire en Chine », l’erreur de l’opportunisme
« de gauche ».
Parlant du Traité de Brest-Litovsk, il a dit: «
Si, après la Révolution d’Octobre, les bolcheviks russes, se
ralliant au point de vue des ‘communistes de gauche’, avaient
repoussé le traité de paix avec l’Allemagne, le pouvoir des Soviets
qui venait de naître aurait risqué de périr. » (Mao Zedong:
Œuvres choisies, tome I) Le cours des événements a confirmé toute
la justesse des vues de Lénine et montré que la signature du Traité
de paix de Brest-Litovsk était un compromis révolutionnaire.
Et les événements de Cuba? C’est une tout autre
histoire.
Au cours des événements, le peuple cubain et ses
dirigeants, décidés à défendre jusqu’à la mort la souveraineté
de leur patrie, ont fait preuve d’un héroïsme magnifique et d’un
esprit de principe élevé, ils n’ont versé ni dans l’aventurisme,
ni dans le capitulationnisme.
Lors des événements de Cuba, il en est qui,
d’abord, ont versé dans l’aventurisme, pour tomber ensuite dans le
capitulationnisme, voulant même faire accepter au peuple cubain des
conditions humiliantes qui auraient signifié le sacrifice de sa
souveraineté, nationale. Ils pensaient se servir du Traité de paix
de Brest-Litovsk, signé par Lénine, pour se couvrir; mais en usant
de ce piètre artifice, ils n’ont réussi qu’à se dévoiler avec
plus de netteté encore.
A propos des rapports entre l’esprit de principe
et la souplesse, le camarade Liou Chao-chi, se basant sur
l’expérience de la révolution chinoise, a exposé le problème de
la façon suivante lors du VIIe Congrès du Parti communiste chinois:
« Notre souplesse est établie sur des principes
déterminés. Sont erronés la pseudo-souplesse ne relevant d’aucun
principe, la concession et le compromis outrepassant les principes,
l’ambiguïté et la confusion sur les questions de principe.
Les principes du Parti sont le critère et
l’étalon auxquels se mesure tout changement dans la politique et la
tactique. L’esprit de principe du Parti est le critère et l’étalon
auxquels se mesure la souplesse. Ainsi, lutter pour le plus grand
bien du plus grand nombre est pour nous, un principe immuable; ce
principe est le critère et l’étalon qui permettent de déterminer à
l’occasion de chaque changement dans notre politique et dans notre
tactique si celui-ci est juste. Tout changement conforme à ce
principe est juste, et ne l’est pas tout changement qui n’y est pas
conforme. » (Liou Chao-chi: Du Parti)
C’est ainsi que nous concevons le rapport entre
l’esprit de principe et la souplesse, et nous estimons qu’une telle
conception est marxiste-léniniste.
VIII.PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS!
« Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous! » — Ce grand appel lancé il y a plus d’un
siècle par Marx et Engels reste le principe que le prolétariat
international se doit d’observer à jamais.
Le Parti
communiste chinois, qui s’en est toujours tenu à l’unité du
mouvement communiste international, considère qu’il est de son
devoir sacré de la sauvegarder. Notre position sur cette question de
l’unité du mouvement communiste international a été réaffirmée
par le quotidien Renmin Ribao dans son éditorial du 27 janvier
dernier. Il y est dit:
« Veut-on oui ou non l’unité du mouvement
communiste international? Recherche-t-on l’unité réelle ou la
veut-on fictive? Cette unité doit-elle être établie sur la base
des deux Déclarations de Moscou ou sur celle du programme
révisionniste yougoslave, ou est-ce ‘l’unité’ sur autre chose
encore? En d’autres mots, veut-on en fin de compte aplanir les
divergences et renforcer l’unité, ou élargir les divergences et
créer la scission? »
« Les communistes chinois, tous les
marxistes-léninistes et l’humanité progressiste tout entière ont
en commun le désir de sauvegarder l’unité et de s’opposer à la
scission; d’assurer une unité authentique et de s’opposer à l’unité
fictive; de défendre la base commune de l’unité du mouvement
communiste international et de s’opposer à toute activité de sape
contre elle; de sauvegarder et de renforcer l’unité du camp
socialiste et l’unité du mouvement communiste international sur la
base des deux Déclarations de Moscou. »
Voilà l’attitude ferme, inébranlable du Parti
communiste chinois à l’égard de l’unité du mouvement communiste
international.
Maintenant, après avoir déclenché et
organisé toute une suite d’attaques absurdes contre le Parti
communiste chinois et d’autres partis frères, certains se mettent
subitement à entonner l’air de l »‘unité ». Mais leur
« unité » est telle qu’elle leur réserve le droit
d’injurier les autres, sans permettre à ces derniers ne fût-ce que
de raisonner avec eux. En appelant à la « cessation de la
polémique ouverte », ils entendent qu’il leur est permis
d’attaquer les autres comme bon leur semble, tout en interdisant aux
autres de leur répondre comme il se doit. Ils parlent d’unité mais
continuent à la saper; ils parlent de cesser la polémique ouverte
mais poursuivent leurs attaques ouvertes.
De plus, ils déclarent sur un ton menaçant que
si ceux qui sont victimes de leurs attaques ne se taisent pas, « il
faut continuer et même intensifier la lutte décisive contre eux ».
Cependant, ces gens recherchent effectivement
l’unité avec la clique Tito.
L’unité qu’ils veulent n’est pas celle du
mouvement communiste international, mais l’unité avec la clique
Tito; l’unité qu’ils veulent, c’est l’unité sur la base du
révisionnisme moderne représenté par la clique Tito ou l’unité
sous le bâton de commandement de certains, et non pas sur la base du
marxisme-léninisme et des Déclarations de Moscou. Ainsi, l’unité
qu’ils ont à la bouche est en fait synonyme de scission. Sous
l’enseigne de l’unité, ils cherchent à camoufler leurs véritables
activités scissionnistes.
Le révisionnisme représente
les intérêts de l’aristocratie ouvrière, et donc aussi les
intérêts de la bourgeoisie réactionnaire. Les courants
révisionnistes vont à l’encontre des intérêts du prolétariat,
des masses populaires et de tous les peuples et nations opprimés.
Depuis Bernstein, le marxisme-léninisme s’est
trouvé à plus d’une reprise assailli par les courants
révisionnistes et opportunistes qui, en leur temps, ont fait grand
bruit. Mais l’histoire a prouvé que le marxisme-léninisme, qui
représente les intérêts les plus fondamentaux du plus grand
nombre, est invincible. Tous les révisionnistes et opportunistes qui
ont défié le marxisme-léninisme révolutionnaire se sont
effondrés, l’un après l’autre, devant la vérité et ont été
rejetés par les masses.
Bernstein a échoué, Kautsky aussi, puis
Plékhanov, Trotski, Boukharine, Tchen Tou-sieou, Browder et les
autres. Tout aussi arrogants et pleins de morgue insolente sont ceux
qui lancent aujourd’hui de nouvelles attaques contre le
marxisme-léninisme révolutionnaire, et, cependant, il est sûr
qu’ils ne finiront pas mieux que les vieux révisionnistes et
opportunistes s’sil demeurent imperméables aux conseils, s’ils
s’obstinent à ne pas entendre raison.
D’aucuns ont recours à des pratiques indignes,
diffamation et calomnie, provocation et diversion, et s’acharnent à
provoquer une scission, mais l’écrasante majorité du peuple dans le
monde est pour l’unité du mouvement communiste international et
contre toute scission.
Leurs activités scissionnistes, leurs attaques
contre le Parti communiste chinois et d’autres partis frères, leurs
activités visant à saper l’unité du camp socialiste et celle du
mouvement communiste international sont contraires aux aspirations de
l’écrasante majorité du peuple dans le monde et sont absolument
impopulaires. Leur tactique de scission réelle et d’unité fictive
est claire pour tous. Dans l’histoire, les scissionnistes, traîtres
au marxisme-léninisme, ont tous fini dans l’ignominie. Nous avons
conseillé à ceux qui machinent la scission de « retenir le
cheval au bord du précipice », mais il s’en trouve encore parmi
eux qui ne daignent pas nous écouter.
Ils croient qu’ils ne sont pas encore « au
bord du précipice » et ils ne sont pas prêts à « retenir
le cheval ». Apparemment, ils brûlent encore d’envie de
poursuivre leurs activités scissionnistes. Qu’ils continuent donc,
puisqu’ils le veulent. Ils seront jugés par les masses, et par
l’histoire.
Il y a actuellement dans le mouvement communiste
international un phénomène fort amusant et généralisé.
Qu’est-ce que c’est? Eh bien, les héros qui
prétendent avoir le monopole de la vérité marxiste-léniniste
craignent comme le feu les articles écrits en réponse à leurs
attaques par ces « dogmatistes », « sectaristes »,
« scissionnistes », « nationalistes » et
« trotskistes » qu’ils flagellent impitoyablement. Ils
n’osent pas publier ces articles dans leurs journaux et revues.
Peureux comme la souris, et éperdus d’épouvanté,
ils n’ont pas le courage de les laisser venir à la connaissance de
leur propre peuple, et ils ont imposé un blocus aussi hermétique
qu’une cloison étanche.
Ils ont même recours au brouillage, par de
puissantes stations, pour empêcher leur peuple d’écoute nos
émissions. Très chers amis et camarades qui ‘détenez le monopole
de la vérité, puisque vous pensez que nos articles sont totalement
faux, pourquoi ne pas les publier tous et les réfuter ensuite, point
par point, de façon à soulever l’indignation parmi votre peuple,
indignation pour « l’hérésie » que vous appelez
« dogmatisme », « sectarisme »,
« anti-marxisme-léninisme »? Pourquoi n’osez-vous pas le
faire? Pourquoi ce blocus hermétique? Vous craignez la vérité. Le
spectre du « dogmatisme », le spectre du marxisme-léninisme
authentique, hante le monde et vous menace.
Vous n’avez pas confiance dans le peuple, et le
peuple n’a pas confiance en vous ; vous vous détachez des masses ;
c’est pourquoi vous craignez la vérité, et votre peur est telle
qu’elle en devient ridicule. Amis et camarades, si vous avez vraiment
de la dignité, montrez-le, publions de part et d’autre tous les
articles de critique du côté adverse, pour que le peuple de nos
pays et du monde entier puisse les étudier et juger. D’ailleurs,
c’est ce que nous faisons, et nous espérons que vous suivrez notre
exemple.
Nous ne craignons pas de publier votre
littérature, dans sa totalité et in extenso. Nous publions tous les
« chefs-d’œuvre » où vous déversez sur nous vos
invectives, puis, en guise de réponse, nous les réfutons point par
point ou brièvement. Des fois, nous nous bornons à publier vos
articles sans les faire suivre de réponse, les laissant à la
réflexion de nos lecteurs. N’est-ce pas encore assez en fait de
justice et d’équité? Vous, messieurs les révisionnistes modernes,
oserez-vous ou non en faire autant?
Si vous avez vraiment de la dignité, vous oserez
; mais si vous avez mauvaise conscience et disposez de faibles
arguments, si sous votre apparence terrible, vous êtes faibles en
dedans, si, en affichant la force du taureau, vous êtes peureux
comme la souris, alors vous n’oserez pas.
Nous sommes sûrs que vous n’oserez pas. N’en
est-il pas ainsi? Donnez-nous donc une réponse. Le Parti communiste
chinois estime qu’il existe une voie pour régler les divergences.
C’est celle indiquée par les deux Déclarations de Moscou. Avant de
terminer, nous tenons à citer un important passage des conclusions
de la Déclaration de Moscou de 1957:
« Après avoir échangé leurs opinions, les
participants à la Conférence ont conclu que dans les conditions
actuelles, parallèlement aux rencontres des dirigeants et à
l’échange d’informations entre deux partis, il est utile
d’organiser, en cas de besoin, des conférences plus larges des
partis communistes et ouvriers pour examiner les problèmes actuels,
pour échanger les résultats de leur expérience, pour prendre
mutuellement connaissance de leurs opinions et de leurs positions,
pour coordonner la lutte en vue des objectifs communs: paix,
démocratie et socialisme. » (Déclaration de la Conférence des
représentants des Partis communistes et ouvriers des Pays
socialistes. 1957)
Et nous tenons également à citer quelques
passages de la Déclaration de Moscou de 1960, où se trouvent
définis les principes fondamentaux régissant les rapports entre
partis frères:
« Alors que la réaction impérialiste rassemble
ses forces pour la lutte contre le communisme, il importe
particulièrement de raffermir par tous les moyens la cohésion du
mouvement communiste mondial. L’unité et la cohésion décuplent la
force de notre mouvement; elles sont une sûre garantie que la grande
cause du communisme progressera victorieusement et que toutes les
attaques de l’ennemi seront repoussées.
« Les communistes du monde entier sont unis par
la grande doctrine du marxisme-léninisme et par la lutte commune
qu’ils mènent pour sa mise en œuvre. Les intérêts du mouvement
communiste réclament l’observation solidaire par chaque parti
communiste des appréciations et des conclusions élaborées en
commun par les partis frères lors de leurs conférences quant aux
tâches générales de la lutte contre l’impérialisme, pour la paix,
la démocratie et le socialisme.
« Les intérêts de la lutte pour la cause de la classe ouvrière réclament une cohésion toujours plus étroite des rangs de chaque parti communiste et de la grande armée des communistes de tous les pays, leur unité de volonté et d’action. Avoir pour souci de renforcer constamment l’unité du mouvement communiste international est le devoir international suprême de chaque parti marxiste-léniniste.
«
Défendre résolument l’unité du mouvement communiste international
sur la base des principes du marxisme-léninisme et de
l’internationalisme prolétarien, n’admettre aucune action
susceptible de saper cette unité — ce sont là des conditions
obligatoires de la victoire dans la lutte pour l’indépendance
nationale, la démocratie et la paix, pour le succès des objectifs
de la révolution socialiste, de l’édification du socialisme et du
communisme. Transgresser ces principes aurait pour effet d’affaiblir
les forces du communisme.
« Les partis marxistes-léninistes sont tous
indépendants et égaux en droits; ils élaborent leur politique en
partant des conditions concrètes de leur pays et en s’inspirant des
principes du marxisme-léninisme; ils se prêtent un soutien mutuel.
Le succès de la cause de la classe ouvrière dans chaque pays exige
la solidarité internationale de tous les partis
marxistes-léninistes. Chaque parti est responsable devant la classe
ouvrière, devant les travailleurs de son pays, devant l’ensemble du
mouvement communiste et ouvrier international.
« En cas de nécessité, les partis communistes
et ouvriers tiennent des conférences pour y examiner les problèmes
de l’actualité, pour échanger leurs expériences et prendre
connaissance de leurs opinions et positions respectives, pour
parvenir à un point de vue unanime en procédant à des
consultations et concerter les actions conjointes dans la lutte pour
les buts communs.
« Lorsque, dans tel ou tel parti, des questions
surgissent touchant à l’activité d’un autre parti frère, sa
direction s’adresse à celle du parti correspondant; en cas de
nécessité, on procède à des rencontres et à des consultations.
« L’expérience et les résultats des rencontres
entre représentants des partis communistes, qui ont eu lieu ces
dernières années, notamment le bilan des deux plus grandes
Conférences, celle de novembre 1957 et la présente réunion,
montrent que, dans les conditions actuelles, de telles Conférences
sont une forme efficace d’é change d’opinions et d’expériences,
d’enrichissement collectif de la théorie marxiste-léniniste et
d’élaboration de positions unanimes dans la lutte pour les objectifs
communs. » (Déclaration de la Conférence des Représentants des
Partis communistes et ouvriers, 1960)
Après qu’un parti eut, à son propre Congrès,
attaqué ouvertement un autre parti frère, il y a plus d’un an, nous
avons appelé à plusieurs reprises à régler les divergences entre
partis frères conformément aux principes et méthodes
susmentionnés, définis par les deux Déclarations de Moscou.
Nous avons fait remarquer plus d’une fois
qu’attaquer ouvertement et unilatéralement un parti frère, quel
qu’il soit, ne contribue pas à la solution des problèmes ni à
l’unité. Nous avons toujours proposé que les partis frères ayant
des controverses et divergences entre eux cessent la polémique
ouverte et reviennent aux consultations par voie intérieure, et que
c’est plus particulièrement le Parti ayant déclenché les attaques
qui devrait prendre l’initiative dans, ce sens. Telle reste notre
position.
Dès avril 1962, le Comité central du Parti
communiste chinois a informé le parti frère intéressé que nous
appuyions sincèrement la proposition, formulée par certains partis
frères, de convoquer une conférence des partis frères, estimant
qu’il convenait d’envisager la convocation d’une conférence des
représentants des partis communistes et ouvriers pour discuter des
problèmes qui nous intéressent tous.
A ce moment déjà, nous avons souligné que pour
convoquer une conférence des partis frères et pour qu’elle fût
fructueuse, il était nécessaire en tout premier lieu de surmonter
de nombreux obstacles et difficultés et d’effectuer un important
travail préparatoire.
Nous espérions que les partis et pays frères
ayant des controverses entre eux prendraient des mesures,
fussent-elles minimes, pour aider à relâcher la tension et à
restaurer l’unité, de manière à améliorer le climat et préparer
les conditions nécessaires pour la tenue et le succès de la
conférence.
Nous avons proposé à l’époque que les partis
frères cessent leurs attaques ouvertes.
Nous estimions que des
entretiens bilatéraux ou multilatéraux, selon les nécessités,
entre partis frères, pour un échange de vues, contribueraient
également au succès de la conférence.
Ces propositions,
faites par nous en avril 1962 au parti frère intéressé, sont
parfaitement raisonnables et conformes aux stipulations des
Déclarations de Moscou concernant le règlement des divergences
entre partis frères. Nous les avons déjà exposées à plusieurs
reprises, et nous le faisons une fois de plus.
Dernièrement, des dirigeants de certains partis
frères ont accepté nos propositions dans une certaine mesure. S’il
y a là de la bonne volonté, si les paroles sont suivies par des
actes, ce sera évidemment excellent, et c’est ce que nous avons
toujours souhaité.
Nous maintenons que le mouvement communiste
international doit s’unir. Il s’unira, sans aucun doute!
Lançons
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!
Nations et peuples opprimés, unissez-vous!
Marxistes-léninistes, unissez-vous!
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