Résolution sur l’ICJ au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

1. — L’ICJ depuis le 4 e Congrès Mondial

§1. Conformément aux décisions du 4e Congrès de l’IC, le 3e Congrès de l’ICJ a concrétisé le mot d’ordre général «Aux masses» posé au 2e Congrès de l’ICJ. Il a défini les formes d’organisation, le contenu des méthodes et de l’activité d’une organisation de masses de la jeunesse ouvrière ; il a indiqué comme tâche principale le transfert de la base d’organisation dans les ateliers par la création de Cellules d’usines ; il a souligné la nécessité de donner un caractère plus politique aux JC en les faisant participer aux combats et aux problèmes de la classe ouvrière ; il a assigné comme objectif pratique immédiat aux JC la lutte contre le militarisme bourgeois, contre le danger de guerre et l’offensive du capital.

§2. L’histoire des JC pendant la dernière période a montré la justesse et la nécessité de ces résolutions. Elles ont été entièrement vérifiées et ont permis aux JC de se transformer en une organisation de masses de la jeunesse ouvrière. L’ICJ a fait des pas de géant dans ce sens.

Cela s’est manifesté par les progrès incessants, en qualité et en quantité, des JC les plus importantes. Ces progrès sont d’autant plus intéressants qu’on a pu constater dans le même temps un déclin des jeunesses «socialistes».

Si les JC continuent à appliquer énergiquement les résolutions de leurs 2 e et 3 e Congrès Mondiaux conformément à la situation objective révolutionnaire, on verra que leur essor n’est pas fortuit ni passager, mais durable et fera d’elles un vaste mouvement des jeunes travailleurs en amenant la complète liquidation des Jeunesses suivant encore les drapeaux «sociaux» ou «socialistes».

§3. Les résultats les plus importants ont été atteints dans les domaines suivants :

a) L’activité politique des JC, leur participation aux combats de la classe ouvrière et des PC, ont cru considérablement. Leur ligne politique a toujours été bonne et juste. Elles se sont montrées, dans la plupart des cas, les meilleurs champions d’avant-garde de l’IC, surtout contre les tendances opportunistes surgies dans divers pays.

b) Pour la réorganisation sur la base des Cellules d’entreprise, les JC n’ont pas seulement fait l’éducation idéo logique de leurs membres ; les plus importantes ont encore créé les conditions préliminaires nécessaires à leur réforme complète. Les JC et l’ICJ ont été les pionniers de cette réforme et par-là ont beaucoup aidé l’œuvre des PC et de l’IC et recueilli une expérience précieuse.

c) L’IC félicite chaudement l’ICJ de son initiative et de son action héroïque dans la lutte contre la guerre et l’impérialisme et dans le travail au sein de l’armée bourgeoise.

La propagande parmi les troupes d’occupation françaises en Allemagne, surtout dans la Ruhr, a été le premier travail international pratique et concret exécuté dans ce domaine. De même l’œuvre des JC françaises dans l’armée française marque un énorme progrès. L’IC des Jeunesses a fourni la preuve qu’un travail de ce genre, même dans les conditions les plus difficiles, est possible et efficace.

d) L’ICJ a également obtenu de grands résultats quant à son développement en une organisation mondiale, fortement centralisée et soudée par une direction internationale.

Outre la croissance des effectifs des plus importantes Jeunesses, l’IC constate l’approfondissement incessant de son influence sur la jeunesse ouvrière et la conjonction intime de plus en plus parfaite des Jeunesses des divers pays en une solide organisation mondiale.

Les JC n’ont malheureusement trouvé qu’un appui insuffisant auprès des PC.

Tandis que différents Partis (par exemple les Partis français et allemand) leur ont apporté un vigoureux concours, elles ont eu à surmonter une forte résistance de certains autres, ou plutôt de leurs organes dirigeants, avant de pouvoir remplir leur mission (par exemple en Pologne, où le Parti n’a rien fait pour encourager leur campagne antimilitariste ; en Suède, où les JC et l’ICJ ont été vivement combattues par la majorité du CC, parce qu’elles défendaient la ligne de l’IC ; en Tchécoslovaquie, où le Parti a longtemps entravé la création des Cellules d’usine ; dans les Balkans et ailleurs).

Les décisions du 3e Congrès de l’IC sur l’indépendance des Jeunesses ne sont pas encore tout à fait appliquées.

§4. Dans certains domaines, les Jeunesses n’ont pu développer leur activité qu’incomplètement. Ainsi la lutte contre l’offensive du capital, contre la paupérisation de la jeunesse ouvrière, le travail dans les Syndicats, sauf dans quelques pays, ont été trop faibles.

Le travail d’éducation ne correspond pas encore aux tâches posées par le rajeunissement, par l’afflux de nombreux nouveaux membres et par les grandes luttes à soutenir. Le manque de l’appui des Partis y a contribué.

Le travail pour conquérir la jeunesse des campagnes, qui doit emprunter des méthodes particulières, est encore insuffisant. La lutte contre les jeunesses fascistes, nouvellement créées, ainsi que contre les Jeunesses chrétiennes, ne put être menée comme il convient dans la période écoulée.

2. — Tâches prochaines de l’ICJ

§5. Le développement de l’ICJ, dans la dernière période, permet au 5e Congrès de constater que les décisions des 2e et 3e Congrès de l’ICJ et celles du 3e Congrès de l’IC sur les Jeunesses étaient absolument justes et ont été vérifiées par la pratique.

L’ICJ et ses Sections doivent continuer leur travail dans le sens de ces décisions et entreprendre immédiatement leur transformation en organisations vraiment léninistes, points d’appui du bolchévisme. La bolchévisation des Jeunesses doit être la tâche centrale de l’ICJ, le point de départ de tous ses travaux.

La bolchévisation de l’ICJ doit trouver surtout, et plus énergiquement que jusqu’ici, son expression dans la transformation des JC en organisations de masses de la jeunesse ouvrière. L’idée que l’organisation des jeunes communistes est l’unique organisation de classe qui dirige la jeunesse travailleuse, qui en défend les intérêts, doit prendre racine dans la jeunesse ouvrière.

Les Jeunesses ont aussi la tâche importante d’éduquer leurs membres pour en faire de véritables jeunes léninistes. Elles doivent faire comprendre à chacun les principes et la tactique de Lénine et le mettre en état de les pratiquer. L’éducation léniniste doit s’exprimer par la participation active des Jeunesses aux luttes du PC et de la classe ouvrière, par l’union du travail pratique dans les masses et de la théorie.

L’ICJ doit continuellement affermir dans ses Sections les principes de la centralisation, de la discipline internationale, de l’unité et de l’enracinement dans les masses, ainsi que l’idée que la classe ouvrière est le guide de tous les opprimés ; elle doit faire entrer les paysans pauvres et les Jeunesses opprimées des pays coloniaux dans le front de la classe ouvrière internationale.

§6. Les JC doivent s’occuper principalement des questions que voici : intime participation à la vie du PC et aux luttes de la classe ouvrière (activité politique), réorganisation sur la base des Cellules d’usine, travail actif dans l’armée bourgeoise et lutte contre la menace de guerre, préparation pratique (surtout militaire) à la guerre civile, travail économique et syndical, travail parmi la jeunesse agricole, travail d’éducation.

a) Activité politique. — Elle doit être renforcée là où elle n’a pas atteint un degré suffisant.

Elle consiste à participer activement, en étroite liaison avec les PC et, sous leur direction, à toutes les luttes de la classe ouvrière, à mobiliser à cet effet la jeunesse ouvrière et à collaborer avec la même activité à la solution et à l’éclaircissement de toutes les questions des PC et de l’Internationale et, en général, à la vie du Parti. Ce n’est pas une tâche particulière à côté de toutes les autres : la politique pénètre toute l’activité, l’anime et l’oriente dans un sens léniniste.

Elle constitue la base et la méthode de toutes les tâches de la Jeunesse Communiste. Les PC doivent tout faire pour développer les JC, renfort de la classe ouvrière et pépinière de nouveaux combattants politiquement qualifiés.

b) Quant à la création des Cellules d’usine, les JC doivent continuer énergiquement le travail commencé. Elles doivent aborder maintenant immédiatement la réforme. Pour le prochain congrès mondial, réorganisation complète sur la base des Cellules d’usine !, voilà le mot d’ordre que tout jeune communiste doit tâcher de réaliser.

c) Le travail dans l’armée et contre les nouvelles guerres doit être continué immédiatement et énergiquement.

C’est une des tâches les plus urgentes découlant de la situation internationale et des perspectives de révolution. La transition de la simple propagande au travail concret, comme nous l’avons vu commencer dans les régions occupées de l’Allemagne et en France, doit s’étendre à l’échelle internationale.

Il faut accorder une attention et une force spéciales à la réalisation du mot d’ordre de Lénine sur la création de Cellules dans les armées bourgeoises. Les JC doivent donner toutes leurs forces pour mobiliser la jeunesse ouvrière contre les nouvelles guerres impérialistes.

Elles doivent opposer, au mot d’ordre hypocrite et trompeur des social-démocrates sur la grève générale contre la guerre, une propagande appuyée sur la façon dont éclatent les guerres et sur la nécessité de transformer la guerre impérialiste, une fois qu’elle a éclaté, en guerre civile au sein des Etats impérialistes, et de mener en conséquence un travail révolutionnaire dans les armées bourgeoises.

d) La période de la lutte directe pour le pouvoir, qui est imminente dans plusieurs pays, oblige l’ICJ à examiner sérieusement les expériences faites en septembre en Bulgarie et en octobre en Allemagne ; elle doit, sous la direction du PC, faire dans les Sections intéressées un travail préparatoire d’après ces expériences.

L’éducation militaire systématique des membres des JC sous la direction du PC est particulièrement nécessaire.

e) La lutté économique syndicale doit être renforcée, ou bien sérieusement commencée. Les JC doivent passer à l’action dans la défense des intérêts matériels et culturels de la jeunesse ouvrière.

Elles ont donc à augmenter considérablement leurs efforts dans les Syndicats réformistes pour les révolutionner. Elles continueront à former et à consolider leurs fractions au sein de tous les Syndicats et à lutter en principe contre toute séparation des adultes et des jeunes, surtout sous la forme de Sections des jeunesses dans les Syndicats.

Elles peuvent le faire en prouvant par la pratique devant les syndicats et devant les ouvriers adultes que les JC sont là seule organisation de masse de la jeunesse ouvrière, que ce sont elles qui défendent les intérêts de la jeunesse laborieuse dans le cadre de la lutte de tout le prolétariat.

C’est ce qu’elles feront aussi à l’égard des Syndicats Rouges, avec lesquels les JC collaborent le plus étroitement possible, car seuls ils sont prêts à défendre effectivement les intérêts de la jeunesse ouvrière.

Les communistes au sein des Syndicats doivent travailler à ce que les JC soient reconnus dans les Syndicats et par les ouvriers adultes comme organisations représentant et défendant les intérêts économiques et autres de la jeunesse ouvrière.

Les fractions communistes doivent veiller à ce qu’aux élections des différents Comités syndicaux des membres des JC soient présentés comme candidats et élus.

f) Il est très important de gagner la jeunesse travailleuse des campagnes, qui dans la plupart des pays influera la victoire de la révolution prolétarienne. Ce travail est encore à commencer dans la plupart des pays.

g) Plus les JC rallient au tour d’elle la jeunesse travailleuse, et plus elles doivent s’efforcer de poursuivre parmi les jeunes un travail d’éducation léniniste, systématique et communiste, étroitement lié aux luttes du PC et de la classe ouvrière. Autrement elles risquent de perdre le caractère communiste de leur lutte et leur activité.

L’éducation à poursuivre dans la période prochaine doit être surtout politique. Elle doit rendre les jeunes communistes, capables de recueillir et de continuer l’héritage de Lénine en paroles et en actes.

Il dépendra de l’appui accordé par l’IC et les PC que les JC soient capables d’accomplir cette tâche d’éducation léniniste. C’est une des tâches les plus urgentes de l’Internationale de rendre possible cet appui. Le travail antireligieux doit également trouver l’attestation nécessaire.

§7. À côté des tâches sur lesquelles les JC peuvent concentrer leur travail, dans le temps prochain, elles ne doivent pas négliger leurs tâches en d’autres domaines.

La lutte contre les adversaires, surtout contre les organisations fascistes, contre la jeunesse socialiste et contre les associations religieuses doit continuer à l’avenir le plus énergiquement, et les JC doivent se rendre compte le but de cette lutte ne pourra être que la liquidation, c’est-à-dire l’anéantissement de cette organisation.

Il ne faut pas non plus oublier de préparer les JC contre les tentatives d’oppression de la part de la bourgeoisie et pour le temps d’illégalité.

Le travail dans les colonies et les pays semi-coloniaux des États impérialistes, doit se poursuivre à l’avenir énergiquement avec comme but le soulèvement de la jeunesse travailleuse indigène et son entraînement dans l’ICJ.

En même temps l’ICJ a la tâche de rallier aux directives de l’IC la jeunesse coloniale et semi-coloniale, des dominons et de l’Orient luttant pour sa libération nationale et de la conquérir pour la lutte émancipatrice de la classe ouvrière internationale.

Une lutte régulière et intense contre les organisations sportives bourgeoises et pour la création d’associations sportives ouvrières est également nécessaire. Où il n’y a pas encore d’associations ouvrières de gymnastique et de sport, les JC doivent tâcher d’en fonder.

Dans les associations sportives ouvrières existantes, elles ont à développer une vive propagande pour l’Internationale Rouge des Sports. §8. Il faut accorder une attention systématique et grande à la propagande parmi les jeunes ouvrières et paysannes, pour les gagner davantage que jusqu’ici à l’organisation des JC

Il faut accorder une grande attention au travail parmi les enfants, dont les JC sous-estiment encore aujourd’hui souvent l’importance.

Ce travail doit être accompli d’après les principes de l’éducation communiste, qui veut entraîner les enfants prolétariens dans la participation à la lutte de leur classe. Les groupes d’enfants communistes doivent être dirigés par les JC

§9. Toutes ces tâches ne pourront être complètement accomplies par l’ICJ et par ses Sections que si les PC lui prêtent le concours nécessaire. L’appui de l’ICJ et de ses Sections sera dans l’avenir prochain une des tâches les plus urgentes de l’IC et des PC Les accomplir c’est gagner les grandes masses de la jeunesse travailleuse pour le communisme et faire entrer au PC de nouveaux cadres de léninistes fermes et conscients.

En détail, ces tâches doivent consister à entraîner les JC et leurs membres à la participation, à l’activité politique du PC et aux luttes ouvrières et les aider à collaborer à la solution des problèmes du PC et de l’IC Partout où il y a des Cellules d’usines, des Sections, des Fédérations du Parti, et où il doit se créer ses organisations pour la JC, la JC doit soutenir, à son tour, activement la formation du Parti là où il n’y a pas encore d’organisations du Parti.

Les Cellules du PC dans les usines et les fractions du PC dans les Syndicats doivent soutenir le plus énergiquement les JC dans leur lutte économique et dans l’accomplissement de leurs autres tâches. Il est surtout important et nécessaire de soutenir les JC et l’ICJ dans leur travail dans l’armée et contre les nouvelles guerres.

L’accomplissement de ces travaux qui une des conditions les plus importantes de la victoire de la révolution prolétarienne ne pourra être garantie que par la participation dirigeante du PC La tâche la plus urgente de l’éducation léniniste des jeunes communistes dépend également de l’aide constante et énergique du PC.

§10. Les JC doivent faire tout pour réaliser avec les PC une liaison de plus en plus étroite et ferme. Ils doivent soutenir le PC de toutes leurs forces, non seulement dans son activité quotidienne, mais aussi par une éducation systématique de leurs membres pour le PC et veiller à ce que leurs membres entrent au PC lorsqu’ils auront atteint l’âge nécessaire.

Ainsi, les JC et l’ICJ rempliront leurs devoirs envers les PC et l’IC, et elles seront là même de répondre aux espérances de l’Internationale. Elles seront, dans l’avenir comme par le passé, les meilleurs défenseurs de la ligne et des décisions de l’IC.

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Résolution au cinquième congrès de l’Internationale Communiste sur le travail du PC parmi les Femmes Laborieuses

Introduction

§1. La situation économique et politique mondiale ouvre au prolétariat international des perspectives de lutte de classe d’une ampleur, d’une durée et d’une acuité exceptionnelles. L’objectif de cette lutte est la conquête du pouvoir par le prolétariat et l’établissement de sa dictature. Dans cette lutte, le prolétariat doit concentrer toute son énergie, toute sa résistance, toute sa cohésion.

Le gage de la victoire est dans le front unique par en bas, dans l’union des travailleurs de la ville et de la campagne.

§2. Le front unique prolétarien et le développement de notre ligne de combat ne seront possibles que lorsque les masses des femmes laborieuses participeront activement à la lutte.

Les contre-révolutionnaires ont compris la grande importance des femmes dans la lutte de classe. Les social-démocrates et les réformistes, de toutes nuances, les fascistes et tous les Partis bourgeois n’épargnent pas leurs efforts pour attirer à eux les femmes.

Devant un tel fait, les PC doivent se donner comme objectif immédiat de détacher le plus grand nombre de femmes de l’influence contre-révolutionnaire et de les enrôler dans les rangs du communisme.

§3. Dans les conditions actuelles, l’enrôlement de la femme orientale dans la lutte de classe internationale prend une signification particulière. Les peuples opprimés et exploités de l’Orient commencent à se soulever contre leurs oppresseurs, à lutter pour leur indépendance, à combattre toute espèce d’asservissement et d’exploitation.

En même temps, les femmes de l’Orient s’éveillent de leur esclavage. Elles exigent l’égalité et la reconnaissance de leur dignité humaine. Leur participation à la lutte contre l’impérialisme apportera à la révolution mondiale le puissant appui d’énergies nouvelles.

§4. C’est en conquérant le pouvoir et en le consolidant, en instaurant le régime soviétique que les travailleurs pourront remplir leur mission. Ils doivent réédifier toute la société selon les principes du communisme, aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine idéologique.

Mais dans aucun domaine de la vie sociale, rien ne pourra être fait sans la coopération des masses féminines. Dans les Républiques soviétistes, il est nécessaire d’intéresser les millions de femmes laborieuses à l’œuvre d’édification prolétarienne.

§5. La situation mondiale impose à l’IC d’accorder une attention particulière au travail parmi les femmes laborieuses. Les PC ne doivent pas seulement arracher les femmes à l’idéologie bourgeoise, mais les faire participer activement aux combats du prolétariat révolutionnaire.

L’expérience a montré que les femmes savent manifester un grand courage lorsqu’elles sont touchées par l’idée révolutionnaire. La lutte en Russie, en Bulgarie et en Allemagne en est une preuve.

§6. Le 5e Congrès rappelle à toutes les Sections de l’Internationale les résolutions des précédents Congrès sur le travail politique parmi les femmes. Il confirme la pensée directrice de ces résolutions qui est d’éveiller, d’organiser et de préparer les masses féminines afin d’accélérer la révolution mondiale.

Le Congrès soutient que le travail parmi les femmes n’est pas une tâche accessoire du PC, mais une de ses tâches les plus importantes. Il rappelle à tous les PC les paroles de Lénine :

«La Révolution prolétarienne ne peut vaincre que si les millions de femmes laborieuses prennent part à la lutte».

Nos tâches

Notre travail en vue de gagner les femmes laborieuses de tous les pays se subdivise en :

1) Travail parmi les femmes des pays capitalistes ;

2) Des pays coloniaux et semi-coloniaux ;

3) Des Républiques Soviétistes.

Vu la nécessité de réorganiser les Partis sur la base des Cellules d’usine, le Congrès déclare que le centre de gravité de notre action parmi les femmes doit être fixé au lieu de travail.

C’est ainsi qu’on arrivera à débarrasser les ouvrières de l’illusion qu’il est possible de remédier à leur situation misérable à l’aide de la démocratie, en restant dans le régime bourgeois.

Tout en les éduquant politiquement, en éveillant leur conscience de classe, il faut préparer et organiser les ouvrières en vue de leur participation active à la lutte économique et politique du prolétariat.

Les chômeuses doivent également être entraînées dans cette lutte.

Le même travail d’éducation politique et d’enrôlement dans la lutte de classe doit être mené non seulement parmi les ouvrières de l’industrie, mais aussi parmi les domestiques et les ouvrières des campagnes. Il faut entreprendre immédiatement une action énergique parmi les paysannes laborieuses, en premier lieu dans les pays agraires.

La base de notre action féminine dans les campagnes doit être recherchée parmi les ouvrières rurales, les paysannes pauvres, les veuves de guerre, les domestiques, etc. Cette action doit être en contact étroit avec le mouvement coopératif.

Les PC doivent faire tout leur possible pour renforcer leur influence parmi les employées des administrations publiques, des postes, de l’enseignement.

Il est très important de gagner les femmes d’ouvriers. Il est nécessaire de mener parmi elles une propagande qui doit être rattachée à notre action dans l’usine où travaille le mari.

En outre, les femmes communistes doivent renforcer leur activité dans les Syndicats de locataires et autres organisations où l’on côtoie les masses prolétariennes petites-bourgeoises.

Parlementarisme et action illégale

La participation des femmes peut rendre plus féconde notre action parlementaire. Les femmes doivent présenter des revendications au Parlement, organiser les manifestations de protestation, soutenir les interventions de la fraction communiste.

Il convient d’accorder une attention particulière à l’action dans les municipalités, où le danger de déviations opportunistes est beaucoup plus grand et où sont débattues des questions qui touchent directement les femmes.

La situation actuelle rend indispensable de préparer les femmes communistes à l’action illégale en général, au travail de désagrégation de l’armée, à la lutte contre le fascisme, à la participation directe au combat.

Les conditions historiques en Orient nous imposent certaines tâches particulières. Il faut placer au premier plan la lutte contre les préjugés religieux et moraux. Autrement, il ne peut être question d’une action communiste féconde parmi les femmes laborieuses de l’Orient.

Dans l’US, la première tâche est de faire participer les femmes laborieuses à l’œuvre de consolidation du pouvoir soviétique, au relèvement de l’économie, à tous les domaines du travail économique et gouvernemental, ainsi qu’à l’éducation de la nouvelle génération.

Organisation

Le Congrès déclare résolument que le travail parmi les femmes doit être l’œuvre du Parti dans son ensemble. Ce travail doit être lié plus étroitement que par le passé avec l’activité générale. Dans tous leurs actes, dans toute leur campagne, nos Partis doivent étudier d’avance les mesures nécessaires pour mobiliser les femmes.

Le travail féminin doit revêtir un caractère nettement politique. Les femmes communistes doivent être entraînées dans le travail politique général du Parti. La création d’organes spéciaux de travail parmi les femmes a pour but de coordonner ce travail et de donner à tout le Parti des directives sur ses tâches en ce domaine.

Le 5e Congrès engage tous les PC à appliquer immédiatement les mesures suivantes :

1) Au moment de la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’usine, désigner dans chaque Cellule un camarade, homme ou femme, particulièrement chargé du travail parmi les femmes. De même dans le travail syndical.

Il faut en faire autant dans toutes les organisations : Labour Party, coopératives, Syndicats de locataires, Comités de parents, associations de victimes de la guerre, etc.

2) Le CC de chaque Parti doit veiller à ce que les organes communistes publient régulièrement des pages, des suppléments et des rubriques féminines, et à ce qu’ils consacrent des articles à des questions touchant de près les femmes.

Dans la mesure où c’est possible, il faut éditer un journal féminin. Il faut encourager la création de journaux pour les ouvrières.

Tous les organes de préparation théorique et pratique des membres du Parti doivent accorder la place nécessaire à la préparation révolutionnaire des femmes.

Les Comités centraux des Partis doivent éditer à leurs frais des documents de propagande parmi les femmes (brochures, tracts, affiches, etc.).

3) Dans tous les organes dirigeants, depuis le Comité Local jusqu’au CC, un camarade doit être responsable du travail parmi les femmes.

4) Il convient de former une commission spéciale pour aider ce camarade.

Chaque CC doit avoir un Secrétariat Féminin. Au secrétariat féminin doit se trouver au moins un secrétaire appointé (homme ou femme).

5) Pour les pays d’Orient, il doit exister, au sein du Secrétariat Féminin International, une Section orientale qui, au point de vue politique et organique, sera partie composante de la Section d’Orient.

L’application de ces mesures est d’une importance particulière à l’heure actuelle, alors que les PC doivent entreprendre leur réorganisation sur la base des Cellules. Leur grande tâche est de transformer les femmes laborieuses, aujourd’hui esclaves dociles du capital, en combattantes conscientes de la lutte de classe.

Vu que la participation consciente des femmes laborieuses à la lutte est une nécessité absolue pour l’instauration de la dictature du prolétariat et l’édification de la société communiste, l’IC invite toutes ses Sections à faire leur devoir dans ce domaine.

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Résolution sur le Rôle des Coopératives et des Coopérateurs Communistes au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

Trois ans de travail coopératif communiste montrent que les résolutions du dernier Congrès sur le rôle et le caractère des coopératives et sur notre rôle et notre tactique étaient parfaitement justes. Le 5e Congrès confirme les décisions précédentes, les complète sur certains points et souligne particulièrement ce qui suit :

§1. Le travail d’organisation, d’éducation et de propagande à l’intérieur des coopératives a, dans la période actuelle de la révolution prolétarienne, une importance plus grande que jamais.

L’espoir d’avantages matériels attire dans les coopératives des ouvriers et des paysans qui ne sont pas encore conscients de la nécessité de participer à la lutte de classe des Partis politiques et des Syndicats. Dans ces conditions, les coopératives se présentent comme un facteur extrêmement utile de rassemblement de la classe prolétarienne.

Des services particulièrement importants sont rendus par elles, en ce sens qu’elles rallient les femmes des prolétaires, qui n’appartiennent pas aux organisations syndicales puisqu’elles ne travaillent pas dans les entreprises.

Agir parmi les masses arriérées des ouvriers et des paysans, et surtout parmi les femmes, est donc un des premiers devoirs des coopératives.

§2. Dans les pays capitalistes, le paysan est indispensable à la victoire du prolétariat. Aussi les militants doivent-ils s’efforcer de faire ressortir la communauté des intérêts ouvriers et paysans.

Une excellente occasion leur en est fournie par les relations qui s’établissent directement entre coopératives de consommation et Syndicats ouvriers d’une part et les coopératives paysannes de l’autre.

De cette façon, les intermédiaires et les mercantis, qui divisent ville et campagne en dévalisant autant les paysans que les ouvriers, sont évincés. Ce travail exige l’application des méthodes recommandées par la résolution coopérative de la 1e Conférence Paysanne Internationale.

Outre son utilité pour la lutte prolétarienne, cette alliance est le lien par lequel le prolétariat arrivé au pouvoir prend la direction générale de tout le mouvement coopératif. Cette direction est un des fondements économiques de l’État prolétarien.

§3. Il est très important de faire participer au travail commun les éléments non hostiles au prolétariat des employés, des artisans, des intellectuels et autres petits-bourgeois.

L’expérience montre que le travail en commun avec les éléments petits-bourgeois opportunistes au sein des coopératives peut nuire à la conscience de classe et renforcer les illusions réformistes. Aussi les communistes doivent-ils intensifier leur agitation et leur propagande de lutte de classe au sein’ du mouvement coopératif.

§4. Pour réaliser la solidarité de classe des coopératives, il faut augmenter leur contact et leur travail commun avec les Syndicats.

Particulièrement nécessaire est leur liaison avec les Syndicats rouges et, à l’échelle internationale, avec l’ISR. Cette union est d’autant plus utile qu’une coalition entre l’Internationale d’Amsterdam et l’Internationale coopérative est déjà effective.

§5. En ce qui concerne le danger fasciste, les coopérateurs communistes doivent faire front unique avec les autres organisations ouvrières et mener les organisations paysannes contre le fascisme.

De plus, il est nécessaire de créer des organes de défense et de préparation à la lutte armée pour rendre impossible une destruction des coopératives comme celle qui a eu lieu en Italie.

Là où le fascisme possède le pouvoir et s’est emparé de la direction des coopératives, les coopérateurs communistes ne doivent pas quitter les rangs. Ils doivent continuer clandestinement leur activité et, quand les intérêts de la classe ouvrière l’exigent, agir ouvertement.

§6. Maintenant que, dans un certain nombre de pays, des gouvernements ouvriers sont au pouvoir, le danger se manifeste d’une recrudescence provisoire des illusions réformistes.

L’influence de ces illusions est particulièrement pernicieuse dans les coopératives, car elles contiennent des éléments retardataires et, de plus, la direction y appartient, la plupart du temps, aux opportunistes. Il s’ensuit que, dans les coopératives, il faut accorder une attention toute particulière à combattre le Macdonaldisme.

§7. Le danger d’une nouvelle guerre, qui dépasserait en horreur tout ce que nous avons vu au cours de la guerre mondiale, est imminent. Toutes les dépenses en retomberaient sur les épaules des travailleurs ; c’est pourquoi les coopératives, comme les autres organisations ouvrières, doivent combattre énergiquement le militarisme croissant et l’éventualité de guerre.

Dans cette lutte, qui doit être menée de concert avec les PC, les Syndicats révolutionnaires et le CPI, tous les moyens doivent être mis en action, qui ont été exposés par la délégation russe au Congrès de la Paix de décembre 1922, à La Haye.

Les coopérateurs communistes doivent déployer une vive agitation dans tous les pays pour que l’Alliance Coopérative prenne l’initiative de la convocation d’un nouveau Congrès international avec participation de toutes les organisations ouvrières partageant le point de vue de la lutte de classe, afin d’élaborer des mesures énergiques contre la guerre.

§8. En regard de la grosse signification que prennent les coopératives à la veille de la conquête du pouvoir, le Congrès Mondial de l’IC décide que :

a) Tous les membres des PC doivent devenir coopérateurs ; ils sont tenus de former dans les coopératives des Cellules communistes et, avec les autres éléments prolétariens d’opposition, des fractions.

Chaque action doit être au préalable étudiée par les Cellules et systématiquement réalisée par les communistes.

b) Toutes les questions qui touchent le travail dans les coopératives doivent être examinées sans retard par les PC et les organes du Parti doivent leur offrir tout leur concours. Dans tous les conflits, soit politiques, soit économiques, les coopératives doivent être admises à participer.

c) Chaque PC doit charger du travail coopératif des militants et militantes énergiques.

d) La presse du Parti doit accorder aux questions coopératives une place importante. Les quotidiens doivent, quand cela est possible, tirer des suppléments coopératifs ; une littérature coopérative communiste doit être éditée et diffusée le plus largement possible.

e) Les décisions des 3e et 4e Congrès sur les actions communes des Syndicats et des coopératives (voyez aussi les décisions du 2e Congrès de l’ISR en 1922) doivent dès maintenant être mises en pratique dans tous les pays.

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Résolution sur le Conseil Paysan International au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le Congrès prend acte avec satisfaction de la 1e Conférence Paysanne Internationale tenue en octobre 1923 et de la fondation de l’Internationale Paysanne («Le Conseil Paysan International»).

Il constate qu’entre les thèses adoptées par cette Conférence et les résolutions des 2e et 4e Congrès de l’IC sur la question paysanne, il n’y a aucune opposition. Il invite toutes les Sections de l’IC à soutenir le CPI et les organisations lui appartenant dans les différents pays dans leurs efforts pour organiser les travailleurs contre le régime actuel qui exploite et opprimé également les paysans et les ouvriers.

Il exprime en même temps sa conviction que l’alliance entre les salariés et les paysans exploités possédant leurs propres instruments de travail, grâce à la crise agraire, aux charges militaristes, aux dangers de guerre menaçants, parties intégrantes de la crise générale du capitalisme, se resserrera rapidement et conduira bientôt, à travers de durs combats, au remplacement de la domination des grands propriétaires et de la bourgeoisie par le gouvernement des ouvriers et des paysans.

§2. Le Congrès partage sans réserves l’opinion exprimée dans les thèses de la 1e Conférence Paysanne Internationale, que la classe paysanne est incapable, sans le concours et la direction de la classe ouvrière, de conquérir le pouvoir et d’affirmer son indépendance en face des grands propriétaires et de la bourgeoisie, mais que d’autre part que la classe ouvrière a besoin du concours des paysans travailleurs pour triompher de la bourgeoisie et s’emparer de l’État.

§3. Les communistes doivent donc tous les mouvements de paysans travailleurs tendant à améliorer leur situation et à entraîner une lutte générale contre les classes dominantes. Il s’ensuivra bien souvent la constitution d’un bloc d’ouvriers et paysans pour une période de temps plus ou moins prolongée.

§4. Les combats engagés par les paysans travailleurs ne peuvent être couronnés de succès que si ces dernières soustraient à l’influence de grands propriétaires et des riches cultivateurs ainsi que de leurs agents, prêtres, politiciens, fonctionnaires, etc…

La plupart des organisations paysannes sont encore aujourd’hui moralement et matériellement dans la dépendance des agrariens et des paysans riches. Dans ces conditions, toute victoire est impossible.

Les communistes doivent prendre part aux campagnes des grandes organisations de la classe paysanne ; ils doivent, si possible, entrer dans ces organisations et aider leurs membres pauvres à se libérer de la direction de leurs ennemis et à donner à ces organisations un véritable caractère de classe.

§5. Il doit s’établir entre les organisations de la classe ouvrière et celles des paysans une étroite collaboration. Cette tâche incombe avant tout aux camarades travaillant dans les entreprises industrielles rurales ou dans les grandes exploitations agricoles.

Les ouvriers industriels et agricoles doivent coordonner les efforts de la classe paysanne contre les grands propriétaires et la bourgeoisie et servir les intérêts des paysans pauvres en combattant par les voies révolutionnaires l’influence des paysans riches. Les PC s’occuperont tout particulièrement d’organiser les ouvriers agricoles.

§6. Là où il existe des Partis paysans ou d’autres organisations politiques de la classe des paysans, les camarades doivent aider les paysans pauvres et à s’en emparer, à chasser de la direction les riches et les grands propriétaires, même si cela doit entraîner une scission, car les intérêts des paysans pauvres ne peuvent être que trahis par une organisation ayant à sa tête des riches et de gros propriétaires.

§7. Là où les paysans pauvres s’opposent aux grands propriétaires pour obtenir une nouvelle répartition du sol à l’intérieur du régime bourgeois, les communistes, au lieu d’assister indifférents à ce mouvement, doivent au contraire l’encourager par tous les moyens (réunions, manifestations, actions parlementaires…).

Ils doivent cependant souligner toujours qu’une réforme agraire bourgeoise ne saurait améliorer sérieusement le sort des travailleurs ; ils doivent préconiser l’expropriation sans indemnité de tous les grands domaines et leur distribution gratuite aux paysans pauvres et inciter par-là ces derniers au combat révolutionnaire.

De même ils encourageront les campagnes des paysans travailleurs pour la diminution des impôts, des fermages et des hypothèques, mais en même temps ils réclameront leur suppression révolutionnaire pour les travailleurs. Les communistes souligneront toujours que la complète satisfaction des exigences de la classe paysanne ne sera possible qu’après la confiscation des grands domaines et des capitaux et l’instauration du pouvoir des Soviets.

§8. Les PC doivent entretenir une liaison constante avec le CPI et les organisations qui lui sont affiliées. Les communistes doivent s’efforcer d’amener les organisations paysannes de leur pays à adhérer au CPI.

Ils doivent coordonner campagnes du prolétariat et des paysans travailleurs ; ils doivent, par un soutien mutuel et quotidien dans les grèves et conflits agricoles, par la constitution d’un bloc ouvrier et paysan, affermir dans les deux grandes classes exploitées la conviction de leurs intérêts communs.

Une fois le combat révolutionnaire engagé, il faut former des Soviets paysans agissant de concert avec les Soviets ouvriers des villes. Seule une action révolutionnaire commune peut affranchir les deux classes du joug de la bourgeoisie.

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de l’Internationale Communiste



Le cinquième congrès de l’Internationale Communiste sur les Questions Nationales dans l’Europe Centrale et les Balkans

La guerre impérialiste, où la bourgeoisie s’est efforcée d’entraîner les travailleurs par des mots d’ordre trompeurs sur la protection des petites nationalités et leur droit de disposer d’elles-mêmes, a conduit en réalité, par la victoire d’une des deux coalitions capitalistes, au renforcement des antagonismes nationaux et de l’oppression nationale dans l’Europe Centrale et dans les Balkans.

Dictés par l’Entente victorieuse, les traités de Versailles, de Saint- Germain et ceux qui les ont suivis ont créé, pour la lutte contre la Révolution prolétarienne, de nouveaux petits États impérialistes : Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie, Grèce, fondés sur l’annexion de territoires considérables peuplés d’autres nationalités et constituant des foyers d’oppression nationale et de réaction sociale.

La question de l’oppression nationale est aujourd’hui à l’ordre du jour, même pour certaines grandes puissances qui, avant la guerre, étaient les acteurs, et sont devenues maintenant les victimes de la politique d’oppression. L’exemple le plus éclatant en est l’Allemagne.

L’impérialisme de l’Entente ne s’est pas contenté d’annexer conformément aux «traités de paix» des territoires peuplés d’Allemands, il a prétendu démembrer l’Allemagne par une série d’annexions raffinées et masquées sous prétexte d’«autonomie nationale» (occupation des villes du Rhin), ou bien par des actes de brigandage non déguisés et dépassant tous les traités, comme l’occupation de la Ruhr.

Ainsi, la question nationale a acquis, après la guerre mondiale, une importance nouvelle et est en ce moment une des questions politiques les plus essentielles de l’Europe Centrale et des Balkans.

La lutte des peuples opprimés contre le joug national devient une lutte contre la domination de la bourgeoisie impérialiste sortie victorieuse de la guerre, de même que la consolidation des puissances impérialistes de création récente signifie la consolidation de l’impérialisme mondial.

L’importance de cette lutte contre l’oppression nationale est encore accrue du fait que les nationalités opprimées par la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Roumanie et la Grèce sont composées en majeure partie de paysans et que leur lutte pour l’émancipation nationale est en même temps une lutte des masses paysannes contre les propriétaires fonciers et les capitalistes d’autres nationalités.

En conséquence, les PC de l’Europe Centrale et des Balkans doivent soutenir de toutes leurs forces le mouvement national révolutionnaire des nationalités opprimées.

Le «droit de chaque nation à disposer librement d’elle-même jusqu’à la séparation» doit, dans la période prérévolutionnaire actuelle, s’exprimer dans les États impérialistes nouvellement créés par le mot d’ordre : «Séparation nationale des peuples opprimés de Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Grèce.

Le Congrès constate, dans certains partis, l’existence d’une déviation qui consiste en ce que des camarades et des groupes basent leur attitude envers le mouvement national-révolutionnaire de leur pays sur les États créés par les traités de Saint-Germain et autres.

Ces camarades et ces groupes, au lieu de s’attaquer à ces États basés sur l’oppression nationale et dirigés contre la révolution prolétarienne, demandent seulement leur réforme partielle et l’autonomie des populations qu’ils oppriment.

Le Congrès condamne résolument cette déviation, de caractère social-démocrate, de même que la déviation national-bolchéviste, qui fait que des communistes, au lieu de soutenir le mouvement national- révolutionnaire lui-même, se mettent au service des classes possédantes et des Partis qui en ont la direction, ce qui revient à placer les travailleurs sous l’influence et l’hégémonie de la bourgeoisie chauvine.

Le Congrès pose aux PC de l’Europe Centrale et des Balkans la tâche suivante : Tout en soutenant de toutes leurs forces le mouvement national-révolutionnaire des peuples opprimés contre le pouvoir de la bourgeoisie dominante, constituer, dans les organisations

nationales révolutionnaires, des Cellules communistes, de façon à prendre la tête du mouvement national-révolutionnaire des peuples opprimés et de l’orienter dans une voie claire et bien définie, celle de la lutte révolutionnaire contre la domination de la bourgeoisie, en solidarité étroite avec tous les travailleurs luttant en commun, dans chaque pays, pour le pouvoir ouvrier et paysan.

Seule, cette union des éléments communistes à l’intérieur des organisations nationales peut assurer aux classes laborieuses la prépondérance en face des éléments bourgeois, féodaux ou aventuriers qui, trop souvent, les exploitent dans leur intérêt de classe ou en font des instruments de l’impérialisme de tel ou tel gouvernement capitaliste.

Le Congrès met tous les PC en demeure de mener une lutte énergique contre la haine nationale et le chauvinisme allumés par la bourgeoisie et les Partis social-traîtres, en expliquant aux travailleurs des peuples opprimés ou oppresseurs le caractère social de l’oppression nationale et de la lutte révolutionnaire nationale, et la dépendance où se trouve cette lutte de celle du prolétariat mondial pour l’émancipation sociale et nationale intégrale des travailleurs.

Le Congrès condamne également la déviation particulariste et estime que l’exercice du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, jusqu’à se séparer, n’a rien de commun avec le particularisme et n’est pas en contradiction avec le développement des forces de production.

Le Congrès constate la signification contre-révolutionnaire de la politique colonialiste des classes dominantes des petits États impérialistes, qui conduit à une exacerbation extrême des antagonismes nationaux. Il oblige les PC de Pologne, de Roumanie, de Yougoslavie, de Tchécoslovaquie et de Grèce à mener une lutte énergique contre cette politique.

Le Congrès approuve le mot d’ordre, lancé par les PC balkaniques, d’une Fédération des Républiques ouvrières et paysannes, indépendantes et égales, des Balkans.

Constatant la croissance rapide de l’antisémitisme dans les États impérialistes nouvellement créés, surtout en Pologne, en Roumanie et en Hongrie, et la tendance des classes dominantes à s’en servir pour distraire l’attention des travailleurs des véritables coupables de leur misère et de la lutte révolutionnaire, le Congrès oblige tous les Partis à mener contre l’antisémitisme une lutte résolue et énergique en lançant les mots d’ordre : suppression des limitations de toutes sortes dont souffre la population juive, et pleine liberté pour elle de développement intellectuel.

En ce qui concerne la question nationale dans les divers pays de l’Europe Centrale et des Balkans, le Congrès décide :

1. — Macédoine et Thrace

§1. Les questions de la Macédoine et de Thrace sont, depuis une dizaine d’années, la cause de conflits sanglants incessants entre la Turquie, la Bulgarie, la Grèce et la Yougoslavie, et un moyen de politique impérialiste dans les Balkans.

La dernière guerre impérialiste de 1914-18 dans les Balkans, qui s’est terminée par la ruine économique, l’asservissement politique et le repartage de la Macédoine et de la Thrace entre la Yougoslavie, la Grèce et la Bulgarie, a encore envenimé la question nationale et approfondi les haines entre peuples.

Le partage de la Macédoine entre la Yougoslavie, la Grèce et la Bulgarie a renforcé l’aspiration des Macédoniens, dans les divers tronçons de leur patrie démembrée, à s’unir et à constituer une Macédoine, une et indépendante.

La même aspiration à une Thrace indépendante unit le peuple thrace, déchiré en trois parties par la Grèce, la Turquie et la Bulgarie.

§2. Cette situation fait, des questions macédonienne et thrace, un nœud unique et essentiel, que la Fédération des Balkans communiste doit s’efforcer de dénouer dans le sens du développement de la révolution prolétarienne dans les Balkans.

Le Congrès constate avec satisfaction que la 5 e Conférence de la Fédération Balkanique a donné une solution, dans l’ensemble juste, de cette question de première importance.

§3. Le Congrès estime que les mots d’ordre formulés par la Fédération Balkanique : «Macédoine une et indépendante», «Thrace une et indépendante» sont parfaitement justes et vraiment révolutionnaires.

Les mots d’ordre d’autonomie des diverses parties de la Macédoine et de la Thrace, dans les frontières d’un des États bourgeois artificiellement créés par le traité de Sèvres et autres, doivent être éliminés comme opportunistes et favorisant une entente entre les éléments aisés des populations macédonienne et thrace et les classes dominantes des Etats en question, pour l’oppression sociale et nationale des Macédoniens et des Thraces pauvres.

§4. Le Congrès souligne, en même temps, que la lutte révolutionnaire des peuples macédonien et thrace pour leur émancipation nationale et sociale ne peut être efficace que lorsqu’elle sera menée de concert avec les ouvriers et paysans révolutionnaires de chaque pays balkanique.

§5. Les des Balkans et la Fédération Balkanique doivent soutenir de toute leur énergie le mouvement national révolutionnaire des peuples opprimés de Macédoine et de Thrace pour la création de républiques indépendantes.

§6. La Fédération Balkanique coordonne et dirige l’activité des PC des divers pays balkaniques en ce qui concerne la question nationale, et tout spécialement les questions de Macédoine et de Thrace.

2. — Question Ukrainienne

§1. La question ukrainienne est une des questions nationales les plus importantes en Europe Centrale. Sa solution touche les intérêts de la révolution prolétarienne en Pologne, en Roumanie et en Tchécoslovaquie, de même que dans tous les pays limitrophes.

Le Congrès constate que les questions ukrainiennes de Pologne, de Roumanie et de Tchécoslovaquie ne forment qu’une question ukrainienne unique, qui exige une solution révolutionnaire commune.

§2. La population ukrainienne, en majorité paysanne, des régions annexées par la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Roumanie, subit un joug social extrêmement pénible, ce qui rattache intimement la lutte pour l’émancipation nationale à la lutte contre les propriétaires fonciers, les capitalistes et les fonctionnaires et fournit un terrain favorable à une alliance durable entre les paysans et le prolétariat de ces pays pour une lutte commune contre le joug social et national.

§3. Le Congrès constate que les mots d’ordre d’autonomie pour la Ruthénie des Carpathes en Tchécoslovaquie, pour l’Ukraine occidentale (Galicie orientale, Volhynie, Podliachie, Poliesie de Volynie et Région de Scholm) en Pologne, ou pour la Bessarabie et la Bukovine en Roumanie, mènent à la formation d’une coalition entre les paysans aisés ukrainiens et les classes dirigeantes de Tchécoslovaquie, de Pologne et de Roumanie, consolident l’asservissement économique et national de la masse paysanne et doivent, pour cette raison, être abandonnés par les PC

§4. Tout en soutenant le mot d’ordre, lancé par le PC, de lutte contre l’annexion de la Bessarabie par la Roumanie et le droit de la Bessarabie à disposer d’elle-même, le Congrès estime nécessaire que les PC de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Roumanie réclament la réunion des terres ukrainiennes actuellement divisées de la Pologne, de Tchécoslovaquie et de Roumanie en une république soviétiste ouvrière et paysanne.

Le Congrès constate que les PC de Pologne et de Roumanie travaillent à réaliser ce mot d’ordre.

§5. Le Congrès souligne en même temps que la lutte révolutionnaire des paysans ukrainiens de Pologne, Tchécoslovaquie et Roumanie pour leur émancipation nationale ne peut être fructueuse qu’à cette condition, absolument indispensable, qu’ils bâtiront toute leur campagne et leur organisation sur une alliance étroite avec les ouvriers et les paysans de ces pays, militant sous la direction des PC contre le pouvoir du capital.

§6. Le Congrès oblige les PC de Tchécoslovaquie, de Pologne et de Roumanie à favoriser la consolidation des Partis et organisations communistes de ces régions ukrainiennes. Il constate avec satisfaction les résultats obtenus dans ce domaine.

§7. Approuvant les résolutions du 2 e Congrès du Parti de Pologne et de la 5 e Conférence du PC d’Ukraine occidentale (Galicie), tendant à créer des conditions favorables à la propagande et à l’organisation communiste en Ukraine occidentale, le Congrès estime également nécessaire, en vue de coordonner leur activité, d’établir un contact périodique d’une part entre les organisations communistes d’Ukraine occidentale, de Ruthénie des Carpathes et de Bukovine, d’autre part entre ces dernières et le PC (bolchévik) d’Ukraine, les PC de Pologne, de Roumanie et de Tchécoslovaquie, conservant la direction centralisée envers ces organisations.

§8. Le Congrès recommande aux PC de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Roumanie d’entreprendre des actions concertées sur les questions intéressant le mouvement national révolutionnaire en Ukraine, de publier des appels, organiser des congrès paysans communs, etc.

3. — La Question Yougoslave

§1. La Yougoslavie est un État à nationalités multiples. La bourgeoisie serbe, qui exerce l’hégémonie, représente une nation qui ne constitue que 39c/o de la population. Les autres peuples composant l’immense majorité de la population sont tous plus ou moins soumis à l’oppression nationale et à une politique de dénationalisation.

§2. Les Serbes, les Croates, les Slovènes forment trois nations distinctes. La théorie d’une nation serbo-croate-slovène n’est que le masque de l’impérialisme serbe.

§3. Le PC de Yougoslavie doit lutter résolument contre l’oppression nationale sous toutes ses formes, pour le droit des nations à librement disposer d’elles-mêmes, et soutenir les mouvements d’émancipation nationale, en s’efforçant sans cesse de les soustraire à l’influence de la bourgeoisie et de les lier à la lutte commune des travailleurs contre la bourgeoisie et le capitalisme.

§4. La question nationale en Yougoslavie n’est pas une question constitutionnelle et c’est pourquoi on ne peut l’identifier à celle de la révision de la constitution de Vidowdan. C’est, premièrement’ la lutte de populations, opprimées nationalement, pour le droit à disposer librement d’elles-mêmes, et, deuxièmement, la lutte révolutionnaire des travailleurs dans toute la Yougoslavie.

§5. La lutte contre l’asservissement national, pour le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, jusques et y compris la séparation ; et pour le pouvoir ouvrier et paysan doit être liée à la lutte contre la bourgeoisie serbe, contre la monarchie et contre la sanction politique de la constitution de Vidowdan.

§6. Quoique la question nationale ne puisse être résolue, par la révision de la constitution, le PC de Yougoslavie doit tout de même prendre une part active à la campagne de révision, afin de renverser le régime d’oppression de la bourgeoisie serbe et de conquérir le maximum de garanties, de droits politiques et de liberté pour les travailleurs des nationalités opprimées, en s’efforçant sans cesse de les unir dans la lutte pour la création d’un pouvoir ouvrier et paysan et en leur expliquant que, seul, il peut résoudre définitivement la question nationale.

§7. Étant donné qu’il existe en Yougoslavie un mouvement de masse contre l’oppression nationale sous toutes ses formes, le problème national a une forme actuelle bien nette et intéressant directement les travailleurs.

Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes doit être formulé par le PC de Yougoslavie comme le droit, pour la Croatie, la Slovénie et la Macédoine, de se séparer de l’État yougoslave et de former des républiques indépendantes.

§8. En ce qui concerne la population croate et slovène des territoires occupés par l’Italie, le PC italien devra mener sa propagande dans le sens des mots d’ordre indiqués plus haut, en liaison avec le Parti frère de Yougoslavie.

4. — La Question Tchécoslovaque

§1. Le régime des nationalités en Tchécoslovaquie rappelle beaucoup celui de Yougoslavie. Le Congrès constate qu’il n’y a pas une nation tchécoslovaque : l’État tchécoslovaque, outre la nationalité tchèque, comprend des Slovaques, des Allemands, des Hongrois, des Ukrainiens et des Polonais.

§2. Le Congrès estime nécessaire que le PC de Tchécoslovaquie, en ce qui concerne ces minorités nationales, proclame et mette en pratique le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, jusques et y compris celui de se séparer ; le PC de Tchécoslovaquie, en particulier, devra soutenir la lutte des Slovaques pour leur indépendance, en cherchant toujours à soustraire ce mouvement à l’influence de la bourgeoisie nationaliste et à le rattacher à la lutte commune des travailleurs contre le capital. Le mot d’ordre de l’autonomie, formulé par les Partis bourgeois et nationalistes, tend à réduire en esclavage les travailleurs de toutes nationalités au profit de leur bourgeoisie nationale alliée à la bourgeoisie tchèque.

§3. Le Congrès souligne que la libération nationale des minorités de Tchécoslovaquie ne sera obtenue que si les travailleurs de toutes nationalités mènent leur campagne en alliance intime avec celle des ouvriers et des paysans du pays tout entier, pour abattre le pouvoir du capital et instaurer la dictature du prolétariat. 5. — La Question Silésienne Le Congrès constate que le plébiscite de 1921, qui fut suivi du partage de la Haute-Silésie, n’a pas aboli l’antique haine nationale.

En même temps que l’exploitation capitaliste, nous voyons grandir, dans les deux moitiés désunies de cette région, l’oppression nationale.

La Haute-Silésie est un des centres industriels les plus importants de l’Europe Centrale : grâce à sa population, composée en majeure partie de prolétaires, elle fait le pont entre les révolutions de Pologne et d’Allemagne.

La libération nationale des travailleurs allemands habitant la Pologne et des ouvriers polonais vivant en Allemagne ne sera obtenue qu’en supprimant le pouvoir du capital et en établissant la dictature du prolétariat.

Le 5 e Congrès constate des succès importants du PC dans la partie allemande de la Haute-Silésie, où le PC allemand, grâce à sa politique révolutionnaire décisive, a pris la direction des batailles du prolétariat.

Le Congrès attire spécialement l’attention des PC de Pologne et d’Allemagne sur la nécessité d’unir et d’intensifier leur activité en Haute-Silésie, afin de gagner à leur influence le prolétariat silésien, dans les deux États. Les deux Partis frères doivent lutter en commun contre l’oppression nationale sous toutes ses formes ; dans leur propagande, ils doivent tenir compte de la question des langues pour les travailleurs allemands et polonais.

6. — La Question Blanc-Russienne

§1. La question blanc-russienne, à côté de la question ukrainienne, est une des plus importantes de Pologne, au point de vue national ; elle sera résolue sur le même plan.

§2. Le Congrès constate que le second congrès du PC polonais a bien compris l’importance de la question nationale et agraire en Russie Blanche. Il note le travail énergique du PC de Russie Blanche occidentale. Grâce à ces causes, le PC de Russie Blanche occidentale est presque le seul influent parmi les paysans de cette contrée.

§3. Le Congrès approuve la revendication formulée par le PC polonais de l’union des territoires séparés de Russie Blanche en une république soviétiste ouvrière et paysanne de Blanche Russie.

7. —La Question Lithuanienne

Le Congrès estime nécessaire d’intensifier l’activité communiste parmi les travailleurs lithuaniens des régions de la Russie Blanche occidentale et de la Lithuanie orientale, annexées par la Pologne.

Le PC de Pologne doit proclamer le droit de la population lithuanienne à disposer d’elle-même, jusque et y compris la séparation de l’État polonais.

8. — La Question Hongroise

Le Congrès estime qu’il est indispensable de renforcer l’activité communiste parmi les Hongrois des régions annexées par la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie ; les PC de ces pays doivent revendiquer pour eux le droit de disposer d’eux-mêmes, jusque et y compris leur séparation des États qui les ont annexés.

9. — Les Questions de Transylvanie et de Dobroudja

Le Congrès approuve les revendications du PC de Roumanie proposant de séparer la Transylvanie et la Dobroudja de l’État roumain pour en former des régions indépendantes.

10. — La Question Albanaise

En ce qui concerne l’Albanie, dont le partage et la conquête sont disputés entre l’Italie, la Yougoslavie et la Grèce, il faut appuyer intégralement la lutte de la population albanaise pour son indépendance.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur le Fascisme au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le fascisme est une des formes classiques de la contre-révolution à l’époque de la décadence de l’ordre capitaliste, à l’époque de la révolution prolétarienne, surtout là où le prolétariat a engagé la lutte pour le pouvoir mais où, faute d’expérience révolutionnaire et d’un Parti de classe dirigeant, il n’a pas su organiser la lutte révolutionnaire et pousser le soulèvement des masses jusqu’à l’établissement de la dictature prolétarienne.

Le fascisme est l’instrument de combat de la grande bourgeoisie contre le prolétariat, que les instruments légaux de l’État ont été insuffisants à terrasser ; il est l’arme extra-légale de la grande bourgeoisie pour établir et consolider sa dictature.

Mais, par sa structure le fascisme est un mouvement petit-bourgeois. Il a ses racines dans les classes moyennes vouées à la disparition par la crise du capitalisme, ainsi que dans les éléments déclassés par l’après- guerre (anciens officiers, etc.) et en partie même dans les éléments déçus dans leurs espoirs révolutionnaires et aigris du prolétariat.

Plus la société bourgeoise se décompose, et plus tous les Partis bourgeois, surtout la social-démocratie, prennent un caractère plus ou moins fasciste, se servant des méthodes violentes contre le prolétariat, et dissolvant ainsi eux-mêmes l’ordre social pour le maintien du quel ils s’étaient formés.

Le fascisme et la social-démocratie sont les deux côtés d’un seul et même instrument de la dictature du grand capitalisme. Voilà pourquoi la social-démocratie ne pourra jamais être une alliée sûre du prolétariat dans la lutte contre le fascisme.

Par ses contradictions intérieures d’intérêts entre la grande bourgeoisie d’un côté et les éléments petits-bourgeois et prolétariens de l’autre), le fascisme sombre après sa victoire dans une banqueroute politique qui a conduit à sa décomposition intérieure (Italie).

Il tombe dans une crise semblable aussi là où, sans avoir remporté la victoire formelle, il est obligé de soutenir et de défendre ouvertement le régime grand-bourgeois (Allemagne).

§2. Vu le rôle historique, le caractère et la structure sociale du fascisme, la lutte des communistes contre le fascisme doit être menée avec des méthodes et des moyens qui permettent à la fois d’en triompher politiquement et de repousser directement son agression armée contre le prolétariat révolutionnaire.

Ces moyens sont entre autres :

a) Sur le terrain politique

1) Une stratégie et une politique vraiment révolutionnaires inspirant au prolétariat, aux éléments petit-bourgeois et aux petits paysans de la confiance dans le mouvement communiste, faisant naître et affermissant chez eux l’idée que les problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels seront résolus par la dictature du prolétariat.

2) Une éducation systématique de la classe ouvrière sur caractère contre-révolutionnaire et anti-ouvrier du fascisme.

3) Une éducation systématique des masses petites-bourgeoises et petites paysannes prolétarisées et opprimées par la crise capitaliste, sur leur situation et sur les fonctions purement grandes capitalistes du fascisme.

4) Une politique étrangère active contre les traités impérialistes, les réparations, la duperie de la Société des Nations, etc.; le démasquement de la nature de la politique impérialiste et de ses conséquences désastreuses pour les masses laborieuses.

5) La lutte pour l’alliance révolutionnaire avec l’Union des Républiques Soviétistes ; une politique léniniste dans la question nationale ; la lutte pour le droit d’auto-détermination et de sécession de toutes les nations opprimées.

6) La campagne pour le front unique de toutes les classes laborieuses contre le fascisme ; pour le front unique international du prolétariat sous la direction de l’IC

7) La subordination de la propagande antifasciste aux Centrales des Partis ; large propagande antifasciste par affiches et tracts et par la presse.

b) Sur le terrain militaire et de l’organisation

1) Organisation de la défense armée contre le fascisme armé (centuries prolétariennes, etc.)

2) Désarmement des fascistes, confiscation de leurs stocks d’armes et de munitions.

3) Contre les démonstrations fascistes, contre-manifestations de la classe ouvrière sous protection armée.

4) Contre les actes terroristes des fascistes (destruction des maisons syndicales, des imprimeries, etc., attentats contre les ouvriers et les leaders ouvriers, etc.), organisation de la grève générale, terreur ouvrière, représailles contre les fascistes, leurs chefs, leurs imprimeries et leurs entreprises.

5) Sabotage des transports lors des mobilisations, expéditions, concentrations et démonstrations fascistes.

6) Expulsion des fascistes des usines ; sabotage, résistance passive, grèves dans les entreprises où des fascistes sont employés et jouent le rôle de mouchards ou d’agents provocateurs…

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Résolution sur le gouvernement travailliste anglais au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

Le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne est un gouvernement capitaliste et non un gouvernement de classe ouvrière.

C’est un instrument dévoué de Sa Majesté le roi, l’Empire, des capitalistes ; il n’a rien de commun avec le socialisme, ni avec le mouvement ouvrier, et il dépend uniquement de la classe dominante.

En tant qu’agent de la bourgeoisie il continue la politique de l’exploitation et de l’oppression capitaliste des Indes, de l’Égypte, de l’Afrique, etc., et soutient la politique de défense du capitalisme, de renforcement de l’impérialisme anglais et de la poursuite de la colonisation économique et financière des contrées battues pendant la guerre mondiale.

Ce n’est même pas un gouvernement ouvrier dans sa composition, mais un gouvernement de coalition, composé des leaders de la 2e Internationale qui ont trahi les ouvriers pendant la guerre, de politiciens libéraux et lords tories.

Dans la plupart des postes gouvernementales où l’influence des impérialistes se fait le plus sentir, la vieille clique des impérialistes est en place au pouvoir.

La création du gouvernement travailliste n’est pas un phénomène particulier à l’Angleterre. C’est un produit de la période de désintégration capitaliste, où les vieilles formes du gouvernement capitaliste deviennent incapables de résoudre les problèmes engendrés par le capitalisme, dans le domaine national et international, social, politique et économique.

Dans cette période, la classe capitaliste a recours à différents moyens de défense, depuis le labourisme (ministèrialisme socialiste) avec son pacifisme sous toutes ses formes, selon l’acuité des antagonismes de classes et les rapports que ces problèmes ont créés entre les classes sociales. Le gouvernement travailliste et le gouvernement fasciste sont les deux pôles de la méthode employée par la bourgeoisie pour prolonger sa dictature.

Par leur incapacité de résoudre les problèmes, les Partis bourgeois anglais aggravent les antagonismes de classes.

Pendant que la désunion s’accroît dans les rangs de leurs propres partis, alarmés devant ces nouvelles preuves de la conscience de classe s’éveillant chez les ouvriers, ils ont consenti à la formation du gouvernement travailliste par les laquais de la 2e Internationale.

Ce n’est pas là le gouvernement ouvrier pour lequel les ouvriers anglais peiné et souffert. Ces six mois d’activité le dénoncent comme un gouvernement de trahison de la classe ouvrière.

Sous l’apparence de concessions légères, la réduction illusoire du coût de la vie, l’abolition des interruptions dans le payement des chômeurs et des volumes des promesses pacifistes, il a mené une politique impérialiste bourgeoise.

À l’égard des ouvriers, il a adopté une conduite de tolérance libérale à la formation du gouvernement travailliste par les laquais de la 2e Internationale.

Ce n’est pas là le gouvernement ouvrier lequel les ouvriers anglais avaient peiné et souffert. Ces six mois d’activité le dénoncent comme un gouvernement de trahison de la classe ouvrière.

Sous l’apparence de concessions légères, la réduction illusoire du coût de la vie, l’abolition des interruptions dans le paiement des chômeurs et les volumes de promesses pacifistes, il a mené une politique impérialiste bourgeoise avec autant de vigueur et sûrement avec plus de succès que ses prédécesseurs sortis de l’aile droite de la bourgeoisie.

À l’égard des ouvriers anglais, il a adopté une conduite de tolérance libérale tant qu’ils restent tranquilles et qu’ils ne menacent pas la classe capitaliste.

Aussitôt qu’ils commencent à protester activement, le gouvernement ouvrier envoie ses espions travailler dans les organisations de la classe ouvrière, envoie des briseurs de grève dans les grèves, mobilise la police pour charger les ouvriers qui protestent et préparent des mesures militaires contre eux, ainsi que cela est arrivé dans la grève des cheminots. Les mineurs ont été laissés sans leur salaire minimum.

Le gouvernement travailliste a permis aux libéraux et aux tories de saboter les projets de lois sur la nationalisation des mines et le salaire minimum des mineurs, sans tenter le moindre effort pour mobiliser les ouvriers contre.

Il n’a même pas essayé de briser la mainmise des officiers aristocrates sur les forces militaires ou d’affaiblir d’une façon quelconque cette arme puissante du capitalisme dans ses actions contre les ouvriers.

Sous le masque de promesses pacifistes, il a fait tout son possible pour construire des cuirassés et des avions et il a adopté les mesures les plus rapides pour perfectionner les armements en vue des boucheries et de l’asservissement.

Sous le masque de promesses pacifistes, ce gouvernement travailliste est en train de préparer pour l’amour de la bourgeoisie une nouvelle tuerie dépassant en horreur le massacre en masse de la “grande guerre”.

La lutte dans les rangs de la classe ouvrière contre le gouvernement travailliste est devenue, par conséquent, une lutte pour sauver l’humanité d’une destruction en masse.

En tant que gardien de l’impérialisme anglais, le gouvernement travailliste refuse les droits politiques les plus élémentaires d’organisation aux ouvriers hindous, sanctionner leur persécution et les mesures pour les affamer, appuie de son autorité le passage par les armes et le terrorisme dirigé contre les masses des Indes, de l’Égypte et de la Mésopotamie. L’Irlande reste dans les griefs de l’impérialisme anglais et des centaines d’ouvriers irlandais restent en prison de par le consentement du gouvernement travailliste.

Le gouvernement travailliste est celui qui applique le traité de Versailles et s’est allié ouvertement avec les impérialismes français et américain et avec la bourgeoisie allemande pour appliquer le plan des experts asservis et dégrader les ouvriers allemands.

Même dans leurs relations avec l’Union des Républiques Socialistes Soviétistes ; ils ont prouvé la fausseté de leur prétention à être les gardiens des intérêts de la classe ouvrière par le soutien honteux réclamations des détenteurs de valeurs et des banquiers contre les ouvriers et les paysans russes.

Pendant que le gouvernement travailliste défend ainsi à chaque pas le capitalisme, il s’efforce de répondre l’illusion qu’il poursuit une politique propre à renforcer le mouvement ouvrier et à sauver l’humanité de la guerre.

Les chefs du Labour Party et particulièrement ceux de l’Indépendant Labour Party sont les alliés les plus puissants du gouvernement travailliste dans cette œuvre de trahison. Si le Labour Party représentait réellement les ouvriers, il cherchait en dépit de l’opposition des classes dominantes, à employer son influence pour mobiliser masses pour la lutte contre le capitalisme anglais.

Mais, fermant les yeux aux réalités de la lutte des classes, corrompu par les surprofits de la démocratie capitaliste, enivré par les succès électoraux, le Labour Party joue son jeu aux dépends des Sections les plus ignorantes la classe ouvrière et livre les organisations de cette classe, y compris le Labour Party lui-même, à la bourgeoisie sans faire un simulacre de lutte.

C’est la tâche de l’IC et sa Section, le PC de Grande-Bretagne, d’arracher le mouvement de la classe ouvrière à la direction réactionnaire actuelle, de détruire les illusions qui existent encore dans les esprits des masses sur la possibilité de leur affranchissement, grâce aux améliorations progressives du réformisme parlementaire, de faire comprendre aux ouvriers qu’ils ne se délivreront de l’exploitation capitaliste que par une guerre de classe résolue et par la destruction du pouvoir de la bourgeoisie.

Dans ce but, et dans ce but seulement, le PC anglais doit continuer sa lutte pour l’affiliation au Labour Party et cette lutte doit être gagnée au moyen de combats incessants avec le réformisme sur tout le front.

Dans cette lutte contre les trahisons du Labour Party, la direction incombe au PC anglais, déjà une grave fermentation a lieu dans larges masses qui sont mécontentes de la direction réactionnaire du Labour Party. Des grèves non officielles éclatent à chaque instant contre la volonté et en opposition à la bureaucratie syndicale.

Le mouvement de gauche s’est même manifesté dans les organes dirigeants des trade-unions. Il n’a aucun programme précis, il est timide et hésitant. Néanmoins, il représente le mécontentement croissant parmi les ouvriers contre l’ancienne direction.

Au sein de cette aile gauche amorphe, des mouvements organisés de minorité se précisent. Ils ont un programme défini, ils sont composés d’ouvriers révolutionnaires et disciplinés et se répandent de district en district popularisant la politique de l’Internationale Syndicale Rouge.

Quoique ridiculisés et [illisible] par la bureaucratie syndicale, ils organisent la révolte de masses contre la direction traîtresse et sont une garantie que l’esprit révolutionnaire des masses et, sous la direction du PC, arrivera à sauver le mouvement de la classe ouvrière du désastre.

Pour gagner cette victoire, le PC anglais doit :

a) appuyer le mouvement de l’aile gauche dans toutes ses actions contre la bureaucratie Syndicale, dans ses grèves, dans sa propagande et combattre toutes les hésitations dans les rangs de la gauche sans hésiter en même temps à souligner les faiblesses incohérences de ce mouvement ;

b) fortifier la solidarité du mouvement de minorité, lui donner une base nationale, avec un programme établi sur la plateforme de l’ISR ;

c) renforcer le mouvement de minorité en luttant la création des Comités d’usines, en posant ainsi les fondations d’un syndicalisme industriel avec le Comité d’usine comme base de l’organisation, industrielle ;

d) lutter pour la participation active du mouvement syndical anglais aux luttes internationales du prolétariat.

Le PC doit combattre vaillamment dans les demandes de la classe ouvrière, partie de la lutte contre le capitalisme anglais, surtout.

Quand ces demandes et ces besoins touchent la vie quotidienne de la classe ouvrière et parce que ce sont des forces puissantes. Pour souder la classe ouvrière et pour lui communiquer une plus grande force combative.

Le PC doit mettre en avant les mots d’ordre et revendications immédiates suivantes et entreprendre une campagne énergique pour leur réalisation :

a) un salaire national minimum ;

b) la nationalisation des mines, contrôle ouvrier ;

c) [phrase mal lisible : des maisons les ouvriers, bâties par les ouvriers sans la des ouvriers ; ]

d) pour les chômeurs, application de la charte des chômeurs, minimum de 3 livres par semaine les chefs de famille.

Le PC doit combattre vaillamment dans les luttes quotidiennes des masses réunies autour de ce mot d’ordre et prendre ainsi la direction des ouvriers dans chaque action du mouvement ouvrier.

Les mouvements de minorité dirigés contre la bureaucratie syndicale et les luttes populaires pour les réformes indiquées plus haut sont d’importantes bases pour l’activité du PC, mais notre Parti ne doit pas borner là son activité.

Les tâches principales sont :

a) d’éveiller les masses ouvrières d’Angleterre à la lutte contre le pacifisme hypocrite du gouvernement de McDonald, masquant les préparatifs de nouvelle guerre ;

b) d’expliquer la politique impérialiste et militaire et international du gouvernement travailliste de Sa Majesté ;

c) de déclencher un mouvement des masses en union avec les ouvriers de l’Allemagne, aussi bien avec ceux des pays de l’Entente contre le rapport des experts ;

d) de combattre les préjugés impérialistes parmi les ouvriers anglais avec le mouvement révolutionnaire des nations opprimées et des masses ayant à souffrir de la dictature de l’impérialisme anglais. Le mot d’ordre de cette lutte doit être :

L’affranchissement des ouvriers de l’Angleterre dépend de l’affranchissement des colonies.

Tous ces problèmes sont des parties intégrantes de la tâche principale lutte des masses pour leur émancipation.

Cette victoire ne peut être gagnée, la dictature du prolétariat ne peut être établie sans un PC de masses, un Parti qui unisse les masses sur la base de l’activité et d’un combat incessant contre la bourgeoisie et flétrisse les traîtres socialistes dans les rangs de la classe ouvrière.

Un PC de masse militant, telle est la véritable réponse de la classe ouvrière au gouvernement travailliste bourgeois.

Vive le PC anglais !

Vive l’Internationale !

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de l’Internationale Communiste

Notre Tactique dans le Mouvement Syndical (Directives lors du cinquième congrès de l’Internationale Communiste)

1. — Un Tournant dans le Mouvement Ouvrier

1924 est caractérisé par les traits suivants :

a) la retraite générale des ouvriers a cessé ;

b) dans quelques pays et dans certaines industries, il se produit des offensives ouvrières ; dans d’autres, la défense contre l’empirement des conditions du travail s’est renforcée ;

c) l’Internationale d’Amsterdam a montré son caractère impérialiste et ententophile (occupation de la Ruhr, plan des experts, etc.). Il s’est manifesté dans son sein une minorité encore informe, politiquement indéterminée, mais mécontente de sa politique traditionnelle ;

[pas de « d) » ou bien il manque dans le texte publié en français]

e) le mécontentement des masses ouvrières et petites-bourgeoises à entraîner dans quelques pays (Angleterre, France, Danemark), la substitution aux gouvernements nettement réactionnaires de gouvernements semi-socialistes et pacifistes destinés de continuer, sous une étiquette nouvelle, l’ancienne politique de la classe bourgeoisie ;

f) en même temps que l’influence des syndicats réformistes baissait, qu’ils s’affaiblissaient moralement, politiquement, financièrement et numériquement, on a constaté la croissance des syndicats révolutionnaires et des minorités, dont le rôle a augmenté non seulement dans les batailles politiques du prolétariat, mais également le dans la lutte économique ;

g) le poids de l’IC et des PC dans le mouvement syndical mondial s’est considérablement accru et l’ISR qui n’était autrefois qu’un Comité International de propagande, s’est transformée maintenant en une véritable organisation universelle de syndicats révolutionnaires et combatifs ;

h) toutes ces [illisible] ont amené d’une part une offensive effrénée des réformistes contre les syndicats révolutionnaires (exclusion des communistes, organisation de Sections antibolchévique, intensification de la campagne de calomnies, etc.) et d’autre part, tentatives de l’Internationale d’Amsterdam elle-même pour apprivoiser le mouvement syndical révolutionnaire ;

i) les dirigeants des syndicats réformistes étant devenus des instruments de la réaction fasciste, il est apparu dans certains pays (Allemagne), un état d’esprit favorable à une modification de la tactique de l’IC, à l’abandon des Syndicats et à la création d’organisations nouvelles.

Voilà les traits essentiels dont il faut tenir compte pour définir notre politique syndicale.

2. — La campagne pour l’unité

Toute l’activité de l’IC est régie par ce fil conducteur de l’unité syndicale. Ce n’est pas qu’elle fasse de l’organisation un fétiche, mais elle croit que les communistes, en militant pour l’unité syndicale, étendent la zone d’influence des PC et de l’IC sans séparer un instant des masses. Combattre pour l’unité du mouvement syndical, c’est la meilleure façon de conquérir les masses. Voilà pourquoi rien ne peut ni ne doit obliger l’Internationale et les Partis à modifier leur ligne fondamentale.

Les anciens mots d’ordre : Conquête et non pas destruction des syndicats ; lutte contre la désertion des syndicats ; rentrée dans les syndicats ; lutte pour l’unité, restent vrais et doivent être appliqués avec résolution et énergie. La campagne pour l’unité s’impose non seulement aux pays où la grande majorité des syndiqués est dans les syndicats réformistes, mais aussi à ceux où il existe parallèlement des Centrales réformistes et des centrales révolutionnaires (France, Tchécoslovaquie).

En aucun cas, les PC ne doivent laisser le monopole de l’unité aux réformistes qui, le mot d’unité aux lèvres, divisent, corrompent et démoralisent le mouvement ouvrier.

Il est du devoir communistes de ne pas laisser s’éparpiller les ouvriers exclus ou inorganisés, mais de les réunir et de les organiser pour combattre le capitalisme et le réformisme. Mais dans ce cas aussi, la lutte pour le rétablissement de l’unité est la tâche la plus essentielle des exclus et de leurs organisations.

3. — L’Internationale d’Amsterdam et son aile gauche

Notre attitude envers l’Internationale d’Amsterdam, fixée par les Congrès précédents, reste en vigueur. Cette Internationale, au moins dans ses dirigeants, est le rempart de l’impérialisme, elle reflète on ne peut mieux le conservatisme, le nationalisme borné la mentalité impérialiste, bourgeoise et retardataire des catégories ouvrières les plus corrompues par la bourgeoisie.

La lutte contre l’Internationale d’Amsterdam, sa théorie et sa pratique demeure la tâche essentielle de l’IC et de ses Sections.

Démasquer sans pitié les larbins du capital et faire une guerre à mort à ce rempart de la réaction capitaliste, bourgeoise et fasciste, voilà la devise d’actualité.

Luttant contre l’Internationale d’Amsterdam, nous ne devons pas perdre de vue deux choses :

a) la présence dans les syndicats réformistes de millions de prolétaires ;

b) l’apparition d’une aile gauche très informe et politiquement hésitante, mais d’une aile gauche cependant.

La présence de millions d’ouvriers dans l’Internationale d’Amsterdam doit forcer les PC à décupler d’efforts pour les libérer des illusions réformistes. Mais il ne suffit pas d’intensifier l’agitation et la propagande. Les ouvriers se libéreront des illusions réformistes dans la mesure où les communistes sauront jouer le rôle principal dans les combats économiques de la classe ouvrière.

Les conflits économiques offrent des occasions particulièrement favorables à l’application la tactique du front unique et au démasquement du rôle de fasciste et traître des chefs. L’aile gauche de l’Internationale d’Amsterdam n’a ni programme clair ni tactique. Cette aile gauche, qui comprend elle-même plusieurs tendances, n’a pas et essayé d’avoir sa plateforme.

Il se fait un certain groupement sur la question des rapports avec les syndicats russes, mais la «gauche» ne se distingue en rien d’essentiel de la «droite» dans les questions politiques fondamentales (réparations, conclusions des experts, politique coloniale et autres). Son défaut radical et principal consiste à vouloir réconcilier le réformisme avec le communisme et à croire qu’on peut trouver une ligne moyenne entre ces ennemis mortels.

Cette indétermination, cette inconsistance, ce caractère bâtard ont été illustrés par de Congrès de Vienne, où l’aile gauche a voté la résolution de la droite, sans essayer de présenter une plate-forme à elle. Elle n’en reflète pas moins une sérieuse fermentation des masses, particulièrement en Angleterre, où elles sont mécontentes de l’ancienne et cherchent une issue à l’impasse réformiste.

De là découle notre attitude. L’IC et les PC soutiennent l’aile gauche dans la mesure où elle lutte réellement contre le programme et la tactique d’Amsterdam.

Ce serait une grande erreur de surestimer cette aile gauche, de taire son inconséquence, son amorphie, son caractère hybride et son inconsistance. Les communistes et les organisations syndicales qui se trouvent sous leur influence doivent proposer à l’aile gauche d’Amsterdam de créer en commun des organes d’action contre la réaction bourgeoise et capitaliste.

Le facteur décisif dans les propositions de ce genre, c’est l’action. Les communistes doivent exiger que les éléments de gauche de l’Internationale d’Amsterdam, qui parlent d’entente avec les syndicats révolutionnaires mettent leurs offres en pratique dans la lutte quotidienne de chaque pays. La réelle disposition de ces éléments à agir de concert avec nous mesurera l’appui que nous leur donnerons.

Les communistes ne doivent pas oublier que l’aile gauche de l’Internationale d’Amsterdam veut sauver cette Internationale non par un abandon radical de son ancienne tactique, mais par de légers changements dans cette tactique. Les PC doivent, par l’intermédiaire des syndicats influencés par eux, exercer la pression nécessaire sur certaines fractions de l’Internationale d’Amsterdam.

4. — La campagne pour l’unité syndicale

Les quatre années d’existence de l’ISR ont eu pour résultat de grouper et d’unir tous les éléments révolutionnaires du mouvement syndical universel. Le monopole de l’Internationale d’Amsterdam est depuis longtemps détruit. L’IC et les PC ont à mener une énergique Campagne pour l’union syndicats révolutionnaires, pour leur groupement compact autour de l’ISR, pour le renforcement de l’influence communiste et de la direction communiste dans les syndicats rouges de tous les pays.

Ce résultat ne peut être obtenu que s’ils mènent en même temps une action systématique pour l’unité syndicale. La crise doctrinale et politique qui s’aggrave dans l’Internationale d’Amsterdam, l’apparition d’une aile gauche visant à établir un front unique avec les syndicats révolutionnaires et les progrès de l’état d’esprit révolutionnaire dans le mouvement syndical anglais permettent à l’IC et aux PC de déclencher avec succès une lutte décisive pour le rétablissement de l’unité internationale.

Cette unité pourrait être rétablie par la convocation d’un Congrès international auquel seraient représentés sur une base proportionnelle tous les syndicats affiliés à l’Internationale d’Amsterdam et à l’ISR.

Ce Congrès international d’union, auquel doivent être représentés les syndicats du monde entier, pourrait poser les fondements d’une nouvelle Internationale unifiée des syndicats qui deviendrait effectivement l’organisation mondiale du prolétariat. Ce Congrès marquerait un progrès gigantesque dans la voie de la concentration de toutes les forces pour la lutte contre la bourgeoise.

La création d’une Internationale unifiée, sur la [illisible] de la liberté d’agitation et de la discipline la plus rigoureuse dans toutes les actions contre la bourgeoisie devrait tout naturellement entraîner la dissolution des Internationales existants maintenant parallèlement (l’ISR et l’Internationale d’Amsterdam).

Jusqu’à ce que nous réussissions à rétablir l’unité du mouvement syndical international, l’IC et les PC doivent continuer leur aide, leur concours et leur soutien à l’ISR et à toutes les leur organisations à qui s’y rallient.

5. — Nos côtés faibles

Malgré le grand travail fourni par tous les PC dans le domaine syndical, il s’est manifesté pendant ces deux dernières années dans ce travail des traits qui doivent être combattus de la façon la plus catégorique. Ils se remmènent à ce qui suit :

§1. L’absence dans beaucoup de pays de fractions communistes ou leur création par en-haut, là où elles existent.

§2. Le refus de créer des fractions, dans les organisations qui ont une direction communiste ou approchante.

§3. Le refus de créer des fractions dans les syndicats réformistes, dans les pays où il existe une organisation révolutionnaire (France).

§4. Le défaut de discipline des membres du Parti ; qui suivent leur ligne impressionniste, d’où abandon en masse des syndicats et politique syndicale propre, en dehors des décisions du Parti et de l’IC (Allemagne).

§5. La négligence des Partis à l’égard des syndicats révolutionnaires qui se forment parallèlement aux syndicats réformistes (Amérique, Belgique, Hollande), lorsqu’il faudrait les diriger systématiquement au point de vue moral et politique et les éduquer dans l’esprit de notre tactique.

§6. Une propagande abstraite à l’intérieur des syndicats, da au lieu d’intensifier la lutte contre tes réformistes en se basant sur les besoins journaliers de la classe ouvrière.

§7. Une attention insuffisante, à quelques rares exceptions près (Allemagne), à la création et au fonctionnement des Comités d’usines et l’inaptitude à utiliser la lutte économique des masses pour former ces Comités.

§8. La faiblesse à combattre les tendances et préjugés corporatifs profondément enracinés même chez les ouvriers révolutionnaires.

§9. La très mauvaise préparation politique et communiste des Congrès et Conférences intersyndicaux et syndicaux et le caractère fortuit des interventions communistes à ces Congrès.

§10. Une excessive nervosité à l’égard des manœuvres scissionnistes des réformistes, une utilisation insuffisante des exclusions individuelles et surtout des exclusions en masse.

§11. La sous-estimation du fait que les entreprises, les Comités d’usine et les syndicats sont le champ naturel d’organisation du front unique des ouvriers.

§12. La sous-estimation de l’importance et du rôle du travail syndical, d’où une attention insuffisante de la presse du Parti.

§13. Les Organes centraux de beaucoup de Partis consacrent trop peu de place aux questions syndicales. L’absence de littérature syndicale d’agitation et de propagande.

Tous les côtés faibles énumérés plus haut se rencontrent dans des proportions variables presque dans tous les pays. Le défaut fondamental et le point de départ de tous les côtés faibles de notre travail dans les syndicats, c’est l’absence ou l’état embryonnaire des Cellules du Parti dans les usines et les entreprises.

La création de Cellules communistes dans les usines est la condition préalable de l’établissement de fractions par en-bas, du renforcement de l’activité tous les membres du Parti dans le domaine syndical et de l’application d’une directive unique à tous les degrés de l’organisation syndicale.

6. — Nos objectifs immédiats

§1. La tâche fondamentale de tous les PC est l’organisation de fractions militantes, en commençant par l’usine et en remontant sur l’échelle syndicale et intersyndicale et le renforcement du contrôle du Parti sur l’activité et le travail des membres et surtout des fractions syndicales.

§2. Le centre de gravité du travail doit être transporté dans les masses, dans les entreprises. De là la nécessité de créer des Comités d’usines là où il n’y en a pas, de travailler et de pénétrer d’esprit révolutionnaire ceux qui existent. Il faut faire en sorte que les Comités d’usines prennent une part active et énergique à la lutte économique et interviennent là où il est nécessaire, contre les syndicats réformistes quand ils se mettent du côté des patrons.

§3. Il faut poser et résoudre effectivement dans chaque Parti la question d’organes militants pour la direction de la lutte économique.

Cela est particulièrement nécessaire là où les ouvriers révolutionnaires se trouvent dans les syndicats réformistes et où le point de départ des actions économiques dépend de pourparlers secrets et l’esprit conciliation des dirigeants syndicaux.

§4. Il faut grouper dans chaque pays tous les syndicats révolutionnaires autonomes, de même que les syndicats des exclus, et les mettre en rapport, par l’intermédiaire des Comités d’action, avec l’opposition au sein des organisations réformistes.

§5. Il faut intensifier la lutte contre la trahison des chefs syndicaux ; tous les faits de trahison doivent être l’objet d’un examen dans les entreprises et les usines. Il faut rendre populaire le mot d’ordre «Les bureaucrates traîtres, à la porte des organisations prolétariennes !»

§6. Là où le mouvement syndical est divisé, il faut mener un travail systématique dans les masses pour rétablir l’unité syndicale par la convocation d’un Congrès général d’union sur la base de la représentation proportionnelle et de la liberté de la lutte d’idées. Le mot d’ordre du rétablissement de l’unité d’action des ouvriers de toute tendance contre le capital doit être le mot d’ordre fondamental de la période prochaine.

§7. Là où l’abandon des syndicats, sous l’influence des traîtres politiques et économiques de la bureaucratie syndicale, a atteint une grande acuité, les Partis doivent mener une lutte énergique contre ce symptôme de passivité et de désespoir.

Il faut déclarer une guerre sans merci à l’abandon des syndicats par les communistes. Dans ces pays la campagne doit être menée sous le mot d’ordre : «Retour aux syndicats !»

§8. Il faut travailler énergiquement à organiser et à entraîner dans la lutte les ouvriers non organisés. Ce serait une faute de créer des organisations nouvelles d’ouvriers non organisés : le point initial et naturel est de groupement de tous les ouvriers non organisés et dans ce nombre de tous ceux qui pour des motifs divers ont quitté les syndicats, ce sont les Comités d’usines, les Comités d’action, etc.

Tout le travail pour l’union des non organisés doit avoir pour but les faire entrer dans les syndicats et de changer les mécontents en militants actifs contre la bureaucratie syndicale,

§9. Il faut consacrer une attention toute particulière à l’organisation des ouvriers des branches qui peuvent jouer un rôle décisif dans la lutte de classe ouvrière pour le pouvoir (transports, métallurgie, industrie chimique, électricités, gaz, etc…). Le succès des communistes les syndicats sera en proportion de leur succès dans le groupement et l’organisation des ouvriers de ces branches.

§10. Il faut procéder à la création de Comités mixtes (franco-allemands, allemands-polonais, allemands-tchèques, franco-italien, franco-allemands-italiens, anglo-russes, russo-polonais, etc.), formés d’ouvriers de principales branches (transport, mines, etc.) pour l’organisation d’offensives parallèles concertés des deux côtés des frontières.

Ces Comités mixtes peuvent jouer un rôle considérable si les Partis savent choisir avec le soin nécessaire les membres de ces organes de lutte unissant plusieurs nationalités ou plusieurs États.

§11. Les PC des pays dont la bourgeoisie exploite des peuples coloniaux ou semi-coloniaux doivent accorder une attention spéciale au mouvement professionnel qui se développe dans les colonies, premièrement pur libérer ces jeunes organisations syndicales de l’idéologie syndicaliste et deuxièmement, pour les libérer de toute sujétion à la politique impérialiste de la bureaucratie syndicale de la métropole.

§12. Dans les pays où, sous le pavillon de et de l’indépendance et de l’autonomie syndicale, on mène une politique hostile aux PC et au communisme, il faut intensifier travail dans les masses, en dévoilant le caractère anti-prolétarien de ce mot d’ordre et renforçant la collaboration avec les éléments acceptant les décisions de l’ISR. La lutte contre la démagogie et la confusion anarchistes-syndicalistes est la tâche la plus importante des Partis de ce pays.

§13. La connaissance de l’adversaire est la condition préliminaire du succès et c’est pourquoi les PC doivent, de concert avec les syndicats, organiser l’étude minutieuse des organisations patronales, de leur structure, de leurs organes et de leurs méthodes habituelles de corrompre et dissoudre les organisations ouvrières. Les patrons ont en grand nombre leurs agents parmi les ouvriers.

Les PC et les syndicats révolutionnaires doivent organiser un service de contre-espionnage économique afin de connaître la force et les limites de la puissance de résistance de nos ennemis de classe.

§14. Tous les PC doivent établir un contact étroit entre les syndicats et les membres syndiqués se trouvant à l’armée. La création d’organes et de caisses spéciales, reliant les soldats à leurs syndicats respectifs peut rendre de grands services dans le travail antimilitariste des PC Il faut s’efforcer en particulier d’établir un lien étroit entre les organisations des marins et les matelots de la flotte militaire.

7. — Conclusions

Le 5e Congrès en confirmant toutes les décisions des Congrès précédents sur les tâches des communistes dans le mouvement syndical, attire l’attention des PC sur l’importance exceptionnelle du travail syndical. Aucune hésitation n’est tolérable dans cette question.

Les syndicats jouent un rôle considérable dans la préparation de la révolution, ils en joueront un exceptionnel au moment de la révolution sociale et à eux surtout incombera la construction socialiste, lorsqu’après la victoire du prolétariat ils deviendront les organes de la dictature prolétarienne. La révolution sociale est impossible sans la conquête préalable des syndicats.

C’est pourquoi il convient de poursuivre avec acharnement la route indiquée par tous les Congrès. La conquête des syndicats, c’est la conquête des masses. C’est pour la révolution sociale une question de vie ou de mort. C’est pourquoi le 5e Congrès de l’IC convie toutes ses Sections à ne pas s’écarter d’un pas des décisions adoptées et de mener à bonne fin l’œuvre de la conquête des syndicats, c’est-à-dire la conquête des masses.

Le 5e Congrès charge tous les communistes de défendre les principes exposés plus haut au prochain 3e Congrès de l’ISR.

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de l’Internationale Communiste



Résolution sur la Question Syndicale au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le 5 e Congrès de l’IC confirme les directives présentées par Lozovski sur la question syndicale. La rédaction définitive en est confiée à une Commission composée de Lozovski, Radecki, Semard, Dunne, Kohn, plus un camarade Anglais, un Polonais, un Italien et un Balkanique à désigner par leurs délégations.

Le Congrès remet le titre IV des directives à l’Exécutif élargi, qui traitera en détail les questions se rapportant au Congrès de Vienne de la Fédérations Syndicale Internationale et déterminera la ligne de conduite à adopter.

§2. Le 5 e Congrès de l’IC déclare que les conceptions de Wilhelm Schumacher et de ses partisans sur la question syndicale ainsi que leur conduite dans le mouvement syndical contredisent les décisions de l’I. C.

Le Congrès condamne comme nuisible à la révolution toute doctrine ou pratique la favorisant le mouvement pour l’abandon des syndicats ou la scission syndicale en Allemagne.

Il invite tous les ouvriers qui ont abandonné les syndicats à y rentrer et, en général, tous les ouvriers à s’organiser syndicalement.

Il souligne que les syndicats sont le rendez-vous de tous les exploités et que les communistes doivent y exercer une action d’éducation et de propagande.

Quitter les syndicats c’est déserter la révolution et travailler au profit des ennemis du prolétariat.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la Propagande dans l’IC et ses Sections au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

1. — Les Buts Objectifs de la Propagande Communiste

§1. Les conflits intérieurs de l’IC sont en même temps des crises d’idéologie. Les déviations de droite ou de gauche sont inséparables d’une déformation de l’idéologie prolétarienne, du marxisme- léninisme.

La «maladie infantile de gauche», qui se manifesta au 2 e Congrès mondial et après, était une déviation du marxisme-léninisme vers le syndicalisme (marxisme hollandais, K.A.P.D., antiparlementarisme, etc.)

Les conflits actuellement en cours dans certains PC, et dont le début coïncida avec la défaite allemande d’octobre, résultent des survivances dans ces Partis de la vieille idéologie social-démocrate.

Le moyen d’en venir à bout est de bolchéviser les PC en passant par-dessus le «marxisme» de la 2e Internationale et les restes du syndicalisme. Par «bolchévisation», il faut entendre le triomphe idéologique définitif du marxisme et du léninisme (en d’autres termes, du marxisme dans la phase de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne).

§2. La bolchévisation des PC sera donc obtenue par une pénétration plus profonde du marxisme et du léninisme dans la conscience des PC et de leurs membres. Ce n’est pas une adoption mécanique des mesures concrètes du PC russe, mais l’adaptation des méthodes du bolchévisme à la situation de chaque pays dans l’époque historique donnée. C’est le seul moyen pour eux de devenir des guides véritables de la masse.

Seule, une assimilation effective et organique du marxisme-léninisme permettra aux PC de réduire au minimum les fautes de politique, de tactique et d’organisation et de mener à bonne fin l’émancipation des travailleurs. «Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. Le rôle d’avant-garde ne peut être joué que par un Parti muni d’une théorie d’avant- garde.» (LÉNINE).

À l’IC et à ses Sections incombe la tâche de faire de cette théorie d’avant-garde — le marxisme-léninisme le bien commun de leurs membres.

Les PC ne doivent pas se borner à faire de l’agitation dans la masse pour quelques idées fondamentales du marxisme-léninisme ; ils doivent s’efforcer, par une propagande systématique et énergique, de faire de l’ensemble du marxisme-léninisme le patrimoine de chacun de leurs membres. Il faut pour cela former des cadres possédant pleinement cette arme théorique et capables d’en munir l’ensemble des communistes.

Ce qui importe particulièrement, c’est l’assimilation de cette théorie par la jeunesse communiste. Les Sections prendront donc toutes mesures en conséquence.

La condition première d’une bonne organisation de la propagande est que chaque PC sache l’importance d’une parfaite connaissance théorique du marxisme-léninisme.

Les PC comprendront que l’orientation de leurs efforts vers les succès pratiques ne peut, à aucun degré, signifier indifférence ou négligence à l’égard des problèmes et des joutes théoriques. Au contraire, les succès pratiques dans les combats révolutionnaires sont conditionnés par une claire connaissance théorique, aussi largement répandue que possible dans le Parti.

§3. L’idéologie du cadre dirigeant et de l’ensemble des PC exige un autocontrôle incessant. Si nous ne possédons pas encore la base concrète qui est la condition préliminaire de ce contrôle, nous pouvons cependant constater que la propagation de la pensée marxiste-léniniste, en profondeur et en étendue, ne progresse pas de pair avec l’accroissement constant et rapide de l’effectif des Partis.

On peut remarquer presque dans toutes les Sections de l’IC, une stagnation de la pensée théorique. C’est un grave danger, car le travail théorique est appelé, par l’analyse des conditions réelles, à augmenter la sûreté du travail politique et, par la découverte des forces motrices de la Révolution, à en préciser les perspectives et les conditions, ainsi que les méthodes de tactique, d’organisation et de propagande du Parti.

L’indifférence d’une partie des dirigeants l’égard de la théorie peut seule expliquer l’apparition, au sein de l’IC, de «théories» en contradiction évidente avec le marxisme-léninisme.

Tout d’abord, parmi les dirigeants ou dans la masse du Parti, elles jettent, quelque temps, la confusion sur la philosophie, la doctrine et l’économie ; ensuite, elles passent dans la politique et la tactique sous forme de déviations de droite ou de gauche : position de quelques chefs du Parti suédois dans la question religieuse ; erreurs de certains chefs de la droite allemande sur l’État bourgeois et sur les racines de l’opportunisme dans l’aristocratie ouvrière ; déviation philosophique de certains milieux intellectuels des Partis de l’Europe centrale tendant à vider le matérialisme dialectique de son essence matérialiste ; tentatives de camarades italiens pour réviser la doctrine économique du marxisme.

L’éducation des Partis laisse aussi beaucoup à désirer. La nécessité de la propagande n’est pas encore suffisamment sentie. La grande majorité de nos recrues s’est convaincue de façon purement empirique, au cours des conflits économiques et politiques de chaque jour, du caractère hypocrite de l’opportunisme et du réformisme et de la valeur prolétarienne du PC

Bien que ce fait soit tout à notre avantage et qu’il souligne la grande supériorité de l’IC sur la 2e Internationale, il n’en témoigne pas moins que les travailleurs peuvent encore être hantés par des réminiscences d’idéologie social- démocrate. Il est impossible de supprimer mécaniquement cet héritage social-démocrate.

Il faut pour cela, outre l’étude de la pratique révolutionnaire, une propagande systématique de la pensée marxiste-léniniste, un enracinement des principes fondamentaux et des méthodes du marxisme-léninisme dans la conscience des masses.

§4. En la personne de Lénine, représentant par excellence de l’orthodoxie marxiste, continuateur de la théorie et de la pratique de Marx, l’IC et tous les PC possèdent un baromètre absolument sûr contre toute déviation de droite ou de gauche, de théorie ou de pratique.

Seul le léninisme, que Lénine et ses collaborateurs, la vieille garde bolchévique, ont conçu en effet comme la théorie de la révolution prolétarienne, peut remplacer Lénine. La mort de Lénine doit inciter toutes les Sections de l’IC, comme déjà le PC russe, à redoubler d’efforts pour propager le marxisme-léninisme en superficie et en profondeur.

Par suite de la faiblesse idéologique des Partis et de leur pauvreté en cadres, cette tâche retombe sur l’IC, En face du pseudo-marxisme de la 2 e Internationale, le léninisme, cette renaissance du marxisme révolutionnaire, ne contient pas une seule proposition qui n’ait son importance pratique dans les luttes révolutionnaires, quotidiennes du prolétariat. De là découle pour l’IC une mission de première importance et de première urgence : propager sans relâche cet enseignement et prendre toutes mesures d’organisation de nature à assurer cette propagande.

2. — Mesures d’Organisation

§5. Ni l’IC, ni les Partis ne disposent encore d’aucun organe spécial pour la propagande, ou bien ils n’ont que des organes insuffisants.

Pour la mise en pratique des résolutions du 4e Congrès sur le travail d’éducation, nos Sections ont si peu fait jusqu’ici qu’il ne pouvait en découler aucun résultat concret.

Faute d’organes appropriés, il ne pouvait question de recueillir, d’analyser, de résumer, de généraliser et d’échanger l’expérience acquise, ni de systématiser le travail de propagande. C’est pourquoi la création, dans les partis, de Sections d’agitation et de propagande sera encore, après le 5e Congrès mondial, une des tâches fondamentale les de l’IC

§6. Un des obstacles essentiels à la propagande du marxisme- léninisme consiste dans la pauvreté de la littérature marxiste-léniniste, dans le manque d’éditions des originaux, dans l’absence de manuels et de guides populaires.

Les œuvres marxistes classiques sont restées dans bien des pays d’Occident des raretés bibliographiques. Il n’y a guère de rééditions.

Pour les œuvres nouvelles, on n’a pas souvent affaire à un livre marquant véritablement une nouvelle fécondation ou utile vulgarisation de la pensée marxiste.

II faut donc, avant tout, publier dans le plus grand nombre de langues possible, Les œuvres de Marx et de Lénine (au moins les principales) et, parallèlement, des manuels et des guides populaires pour l’éducation des Partis et l’étude de la doctrine.

§7. Un autre obstacle essentiel consiste dans le manque de liaison entre marxistes. Les camarades qui s’occupent de la théorie et s’y intéressent profondément, disséminés à travers les différentes Sections de l’IC, n’ont entre eux aucune liaison leur permettant de se diviser la tâche, d’échanger leurs opinions et, par là même, d’organiser convenablement le travail.

Cette situation, ainsi que l’isolement des quelques revues de théorie et de propagande qui existent, rend impossible l’utilisation pratique et la vérification mutuelle des résultats des recherches marxistes-léninistes.

Le groupement de tous les talents marxistes-léninistes participant au mouvement international communiste et la répartition du travail entre eux sont nécessaires pour obtenir une bonne organisation en superficie et en profondeur de notre propagande. Il faut également décider les Sections de l’IC à créer des publications consacrées à la théorie et à la propagande, capables de servir leur travail d’éducation.

§8. Les objectifs immédiats de l’IC, en la matière, sont :

a) La création d’une Section d’agitation et de propagande ; la mise à sa disposition de marxistes-léninistes qualifiés et ayant l’expérience de l’organisation de la propagande ; le contrôle du travail de propagande des partis ; la généralisation et l’échange mutuel des expériences faites ; l’assistance aux Partis dans l’élaboration des méthodes et formes d’éducation communiste.

b) La réforme et l’agrandissement du service de presse de l’IC, pour munir les Partis non seulement de matériaux d’actualité politique, mais aussi de matériaux sur la théorie et la propagande ; l’édition des principaux ouvrages de Marx, Engels et Lénine ; la création d’une collection populaire de manuels et de guides, sur les questions fondamentales du programme, de la tactique et de l’organisation communiste.

c) La publication d’une revue de propagande, destinée à servir à l’instruction des fonctionnaires du Parti, et en premier lieu, des propagandistes.

Cette revue servirait d’intermédiaire entre les marxistes, étudierait les questions de plan d’éducation, assurerait l’unité d’orientation et la systématisation de l’éducation communiste, élaborerait les méthodes de propagande, donnerait une bibliographie systématique des matériaux à utiliser et consignerait les résultats des recherches marxistes-léninistes. En outre, elle servirait les agitateurs, en mettant à leur disposition des matériaux instructifs.

Cette revue doit être éditée en allemand, français et anglais.

d) Afin de répondre aux besoins les plus pressants des principaux Partis en fait de théoriciens qualifiés, l’appel à Moscou, pour une assez longue durée, d’un certain nombre de militants allemands, anglais, américains, tchécoslovaques, italiens, français, et si possible orientaux pour les former à l’étude de la théorie et de la pratique marxiste-léniniste.

Il faut choisir des camarades capables, moyennant une direction générale, de poursuivre ensuite personnellement leur éducation marxiste-léniniste et de fournir un travail scientifique (autant que possible ouvriers).

Le but doit être de leur inculquer une éducation marxiste-léniniste approfondie et de les préparer à un travail personnel de direction politique fondé sur la théorie.

e) La convocation et la préparation d’une conférence des fonctionnaires dirigeant le travail de propagande dans les diverses Sections et des directeurs des écoles du Parti, afin d’élaborer les objectifs concrets à atteindre, de spécialiser et de coordonner les méthodes.

f) L’encouragement à l’ICJ d’organiser l’éducation communiste de la jeunesse.

3. — Rôle des Sections

§9. L’agitation et la propagande doivent être centralisées dans une branche particulière de l’appareil du Parti, si possible partout, mais au moins dans les grands Partis.

Au centre il y aura un service particulier d’éducation (propagande), qui dirigera le travail de propagande et d’agitation. À lui incombera la charge de développer la propagande du marxisme- léninisme, d’élaborer les systèmes et les méthodes et de fournir les matériaux nécessaires.

§10. L’une des conditions préalables d’une propagande organisée est le recensement des marxistes qualifiés, leur encouragement à poursuivre leur instruction personnelle et leur soutien dans leur travail d’éducation communiste.

Il faut procéder à la création d’un nouveau cadre de propagandistes et à la transformation de l’ancien dans l’esprit du léninisme. Etant donnée la disette de spécialistes propagandistes, ces derniers ne doivent pas être employés seulement à un travail immédiat d’instruction, mais être aussi appelés à servir d’instructeurs pour ceux qui ne se consacrent pas spécialement à la propagande.

En outre, ils doivent être réunis en commissions permanentes ou périodiques près des Sections d’agitation et de propagande. Le rôle de ces commissions sera d’aider de leurs conseils et autrement la masse des membres à s’instruire eux-mêmes dans le marxisme-léninisme et à s’organiser pour cela.

§11. Chaque Parti entreprendra, l’automne prochain, une large campagne afin d’éveiller l’intérêt pour les questions de théorie, de politique, de tactique et d’organisation dans l’esprit marxiste- léniniste. Cette campagne sera rattachée à la mort de Lénine, au nouveau programme de l’IC, aux questions actuelles de l’IC et des Partis. Elle servira de point de départ à un travail d’éducation systématique.

§12. Il faut obliger formellement tous les membres et en particulier les fonctionnaires élus à s’instruire. Au sein du système d’éducation, il faut prévoir le moyen d’aider ces fonctionnaires à accroître et à approfondir leurs connaissances théoriques.

Partout où cela sera possible, on fera pour eux, à l’exemple des Semaines du Parti, des cours de perfectionnement. En même temps, on exigera de chaque membre la possession d’un certain minimum de connaissances politiques et théoriques les mettant à même de répondre aux questions des ouvriers sur le programme, les buts et la tactique du PC, et de combattre à l’atelier les préjugés les plus grossiers que la classe ouvrière a hérités de la petite bourgeoisie et de la social-démocratie. L’exécution de ce devoir d’instruction sera contrôlée par le Parti.

§13. La presse du Parti doit être également utilisée pour susciter l’intérêt pour le travail d’éducation communiste sous toutes ses formes et pour les problèmes marxistes-léninistes.

Les revues approfondiront théoriquement les questions politiques et tactiques, tout en restant à la portée de la masse des lecteurs. La presse quotidienne pourra en faire autant, mais naturellement dans la mesure convenable et à propos de l’actualité politique et des luttes économiques du prolétariat. Elle fournira surtout des indications bibliographiques soigneusement rassemblées.

Chaque question, chaque événement politique, chaque anniversaire marquant doivent être exploités pour populariser les idées marxistes-léninistes, en ayant en vue le minimum de connaissances que doit posséder tout ouvrier communiste. La presse quotidienne doit également, par ses conseils, encourager ses lecteurs à s’instruire eux-mêmes, d’accord avec les organes d’agitation et de propagande du Parti.

La rubrique bibliographique sera développée dans ce sens et notera, d’une façon intéressante et détaillée, les nouvelles publications communistes, tant articles de revues que livres et brochures. Dans les revues, la Section bibliographique ne se bornera pas à enregistrer et à critiquer ; elle appréciera et utilisera au point de vue de la propagande et de la méthode les matériaux présentés.

La bibliographie communiste sera un moyen puissant d’éveiller la soif de connaissances marxistes dans la masse, à l’intérieur et hors du Parti et parmi les dirigeants communistes.

§14. Il faut résoudre la question des bibliothèques en rapport avec le problème de la propagande. Le Parti doit posséder des bibliothèques marxistes-léninistes avec des conservateurs véritablement au service des ouvriers. Il faut profiter des bibliothèques publiques ou syndicales dans tous les cas où il sera possible d’acquérir une influence sur elles de façon à les faire servir à la propagande marxiste-léniniste.

4. — Le Système de la Propagande Marxiste

§15. La diversité de condition et de développement des Sections exige l’application de divers systèmes et de diverses méthodes de propagande. Cependant les indications suivantes peuvent servir de principes généraux pour tous les pays et pour tous les Partis :

a) le système d’éducation communiste doit être conçu de façon à en faire profiter sous une forme quelconque tous les membres du Parti.

Les Partis doivent s’efforcer de donner chacun au moins les connaissances élémentaires : mais les fonctionnaires supérieurs doivent approfondir et compléter sans cesse leur expérience.

b) chaque partie du système doit viser des buts pratiques et précis et n’embrasser qu’une seule catégorie d’individus aussi homogènes que possible. Aussi bien dans le choix de personnes que dans la fixation du programme et des méthodes, on doit ne jamais oublier le travail précis que les élèves auront à accomplir dans le Patti et les problèmes pratiques qui se poseront à eux.

c) Chaque partie du système formera un tout autonome ayant son rôle propre et ne doit pas être considérée comme la préparation à un degré supérieur.

§16. Le système des institutions de propagande marxiste-léniniste doit prendre deux aspects, pour embrasser, malgré la limitation des ressources matérielles et le plus grand nombre possible de membres du Parti : les écoles régulières et l’encouragement aux autodidactes.

§17. Pour les écoles, deux pôles à atteindre pour chaque Parti : a) l’école centrale ; b) les cours élémentaires (cours du soir, séries de conférences, écoles du dimanche, etc.).

§18. L’école centrale doit réunir, pour un temps plus ou moins long, selon les ressources du Parti (ou d’un groupe de Partis de même langue) des militants déjà informés des principes fondamentaux du marxisme-léninisme.

Le but est la systématisation, l’extension et l’approfondissement des connaissances déjà possédées par les auditeurs et, par là même, la formation de militants qualifiés et, particulièrement dans les premiers temps, d’an nouveau cadre de propagandistes.

§19. Le but des cours élémentaires du soir (écoles du dimanche) est l’enseignement des connaissances politiques élémentaires, de l’A.B.C. des principes fondamentaux, de la théorie et de la méthode marxistes-léninistes.

Le programme de l’IC doit servir de canevas cet enseignement. Le but est de rendre les membres du Parti aptes à participer activement au travail du Parti et à mener la propagande individuelle parmi les masses ouvrières.

§20. Entre ces deux pôles peuvent se trouver différentes formes d’éducation, selon les conditions particulières des pays et des Partis : depuis les écoles du dimanche, les cours locaux et de courte durée, jusqu’aux écoles de district répondrait déjà de plus hautes exigences et destinées former les fonctionnaires locaux.

Partout on attachera une importance particulière au perfectionnement ininterrompu des propagandistes, qui peuvent être périodiquement réunis pour des cours de répétition.

§21. Les PC ne doivent pas négliger les écoles qui, sous une étiquette neutre, s’occupent de la formation ouvrière (Universités ouvrières, labour collèges, universités populaires, écoles de conseils d’usine, établissements syndicaux, etc…). Ils s’efforceront de combattre les dangers dont ces écoles menacent l’idéologie prolétarienne et même, si possible, d’y exercer leur influence et de les soumettre à leur contrôle afin de les utiliser pour l’éducation communiste.

§22. Ni les ressources matérielles, ni les ressources scientifiques des Partis ne leur permettent de créer un système d’écoles marxistes- léninistes assez vaste pour grouper à bref délai la majorité écrasante de leurs membres. Pour cette raison et aussi parce que le système scolaire ne suffit pas à lui seul pour une assimilation complète et approfondie de la théorie marxiste-léniniste, l’intérêt des membres du Parti doit être aussi dirigé vers l’étude à domicile. Il faut encourager les groupes d’autodidactes. Il faut créer un réseau de cercles marxistes-léninistes.

Les camarades ayant une certaine expérience de la propagande et des aptitudes pédagogiques formeront, au sein de la Section centrale d’agitation et de propagande, une commission pour l’encouragement des autodidactes du marxisme», qui donnera des conseils aux individus ou aux groupes, par correspondance ou par l’intermédiaire de la presse.

§23. Cette organisation de la propagande ne doit pas se borner aux instances supérieures, elle doit s’étendre à toutes les grandes Cellules d’usine et aux plus petits groupements territoriaux. Dans ces derniers, il y a lieu d’élire des organisateurs propagandistes, dont la fonction consistera à éveiller l’intérêt des ouvriers pour l’éducation communiste, en conformité avec les instructions des organes de propagande du Parti.

§24. Le CEIC doit prendre des mesures pour qu’au cours de l’année prochaine, au moins dans les Partis les plus importants, soient organisées des écoles modèles et quelques cours du soir pour l’enseignement du marxisme-léninisme. Il se mettra en relations directes avec ces institutions modèles sur la proposition du CC des Partis intéressés, afin de les soutenir idéologiquement et de leur envoyer des livres et autres moyens d’enseignement.

À leur tour, les Comités centraux des Partis entreront en rapports directs avec les institutions de propagande et les cercles marxistes-léninistes des districts ouvriers les plus importants. De même, par les soins de l’IC, il s’établira un contact entre les Universités communistes, les écoles du Parti, les cercles marxistes-léninistes de Russie et les institutions étrangères correspondantes.

§25. Les Partis collaboreront à la création d’institutions correspondantes pour la jeunesse, à la désignation de maitres propagandistes pour ces institutions ou rendront accessibles à la jeunesse communiste les institutions d’éducation du Parti.

§26. Les Partis veilleront à ce que les étudiants communistes et autres intellectuels continuent à se perfectionner. L’isolement et l’autonomie des étudiants communistes doivent être combattus.

Les cercles d’étudiants communistes ou les fractions existant déjà, qui jusqu’ici adoptaient la forme de cercles autonomes et étrangers à tout système, doivent être tirés de cet état stérile pour le mouvement ouvrier, et, sous la direction immédiate des théoriciens les plus versés dans le marxisme-léninisme et les plus expérimentés dans la direction du mouvement ouvrier, être rendus profitables pour la propagande communiste. D’un autre côté, les membres de ces groupes d’étudiants doivent être, sans aucune exception, appelés à participer au travail pratique du Parti.

§27. Chaque PC inscrira à l’ordre du jour de son prochain Congrès National l’organisation de la propagande marxiste-léniniste et des institutions destinées à l’assurer.

5. — Programme et Méthodes de Propagande

§28. Le but politique prochain de la propagande du marxisme- léninisme est le suivant : pour obtenir la bolchévisation du Parti, l’éducation communiste doit être rattachée à l’actualité politique, aux problèmes de tactique et d’organisation de l’IC et des Partis. Le programme et la méthode du travail de propagande doivent être basés sur ce principe. Ils doivent être orientés sur les objectifs pratiques du Parti.

En évitant le plus possible les programmes et méthodes abstraites, il faut cependant s’efforcer d’obtenir que les fonctionnaires et la masse du Parti acquièrent la connaissance des fondements théoriques que le marxisme-léninisme propose à la classe ouvrière luttant pour son affranchissement et qui peuvent seuls la conduire au but, comme l’a démontré l’histoire de la révolution russe et internationale. Il faut éviter toute opposition entre le marxisme du siècle de Marx et d’Engels et celui du siècle de Lénine.

§29. Il faut éviter toute séparation mécanique, toute conception définissant le marxisme comme la théorie et le léninisme comme la pratique. Le marxisme et le léninisme comprennent l’un et l’autre la fois la théorie et la pratique de la lutte ouvrière ; ils font à eux deux l’unité de la théorie révolutionnaire et de la pratique révolutionnaire.

Au rebours du marxisme des épigones de Marx, du «marxisme» de la 2e Internationale, qui, sous une forme prétendue orthodoxe, sépare la théorie de la pratique et rejette en pratique l’action révolutionnaire après l’avoir admise en théorie, «le léninisme est le marxisme de la période de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne.

Pour parler plus exactement, le léninisme est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature prolétarienne en particulier» (Staline).

A la base du programme d’éducation communiste et de notre méthode de propagande, il faut mettre ce principe : il est impossible de séparer le léninisme du marxisme. Le marxisme, de son côté, à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, ne peut être propagé avec succès que sous la forme du léninisme.

§30. Le programme de l’éducation communiste doit avoir son centre de gravité dans l’économie et la théorie marxiste-léniniste de l’État.

Dans la théorie de l’économie, les phénomènes de l’impérialisme doivent former le fondement. En outre, on étudiera la stratégie, la tactique et l’organisation de la révolution prolétarienne et la solution de ces problèmes d’après les exemples de la révolution prolétarienne russe et internationale.

Enfin, une des parties indispensables de ce programme sera : l’histoire du mouvement ouvrier dans les principaux pays et dans le sien propre ; l’histoire de son propre parti, en insistant particulièrement sur les racines sociales et sur le rôle de l’opportunisme dans le mouvement ouvrier. Dans les pays agricoles, on insistera sur la question agraire, sur la paysannerie, selon l’esprit du léninisme.

Une propagande large et approfondie des problèmes tactique et théorique de l’insurrection armée et de la guerre civile est aussi de la plus haute importance. De même, les principes du léninisme dans les questions nationale et coloniale doivent être propagés dans les pays intéressés. La condition économique et sociale de la femme laborieuse est à étudier partout.

§31. À aucun degré de l’éducation communiste, il ne faut perdre de vue la philosophie générale du marxisme-léninisme. Marx, Engels et Lénine étaient tous trois des matérialistes militants ; leur enseignement et leur conception du monde sont basés sur le matérialisme philosophique à son plus haut degré, le matérialisme dialectique.

L’insertion dans le programme général d’éducation communiste de la propagande du matérialisme a aussi un but politique très important : l’affermissement des PC contre les courants idéalistes qui ont pénétré dans nos rangs, contre les différentes formes de l’idéalisme philosophique, contre la religion ou l’indifférentisme en matière religieuse, etc. Tous ces courants représentent, en fin de compte, des intérêts étrangers au prolétariat.

La propagande du marxisme-léninisme ne peut être regardée comme complète sans la propagande du matérialisme militant. À tous les degrés du programme d’éducation, il faut lui faire une place appropriée.

§32. La méthode d’enseignement doit faire l’objet de beaucoup de soin et d’attention, aussi bien dans les écoles que pour les autodidactes. Sans une juste méthode, ou bien la propagande n’atteindra pas son but, ou bien elle ne donnera lieu qu’à un gaspillage inutile des forces des propagandistes et surtout des auditeurs.

Une méthode erronée entraîne le plus souvent, comme nous le montre l’expérience, la ruine de tout le système et des institutions particulières de propagande. Aussi doit-on avoir soin que les propagandistes possèdent, outre la science théorique requise, les méthodes d’enseignement.

Les organes centraux de propagande du Parti doivent les munir continuellement d’instructions sur la méthode ; ils doivent rassembler tous les matériaux sur la matière, élaborer l’expérience acquise, la généraliser et la mettre à profit.

6. — Organisation des Recherches Marxistes Scientifiques

§33. Le léninisme ne marque pas seulement une renaissance du marxisme révolutionnaire, mais un enrichissement de son contenu théorique et pratique. Cependant la pensée marxiste, la théorie marxiste n’a pas été suffisamment approfondie dans l’IC Ce qui manque ici, c’est à la fois l’initiative et l’organisation.

Les tentatives des épigones de Marx, celles de la 2e Internationale et du marxisme autrichien pour continuer l’œuvre du marxisme orthodoxe d’avant la guerre sont condamnées à échouer, avant tout parce que la pratique social-démocrate dément à chaque instant les prétentions de la théorie, chez des gens comme Kautsky, Hilferding et Bauer, à être véritablement marxistes.

La décadence universelle de la science après la guerre a eu tout naturellement sa répercussion dans le domaine des recherches marxistes. Le seul pays où elles soient en progrès est la Russie du prolétariat révolutionnaire. Les Partis d’Occident n’ont au contraire à offrir, pour le moment, aucun ouvrage théorique notable.

Outre l’étude du marxisme-léninisme au point de vue de la propagande, l’IC doit donc encourager l’étude de leurs travaux sous le rapport des recherches scientifiques.

§34. Les centres internationaux de l’étude théorique du léninisme, au point de vue scientifique, sont : l’Institut Marx-Engels, l’Institut Lénine et l’Académie Communiste. La tâche de l’IC est d’utiliser leurs travaux pour le plus grand bien du mouvement communiste international, à savoir :

a) Entrer en étroites relations avec ces Instituts, par l’intermédiaire de sa Section d’agitation et de propagande, et exploiter les résultats de leurs recherches dans le sens international ;

b) Grouper autour de ces Instituts les militants de tous les PC s’occupant d’investigations théoriques ou s’intéressant à la théorie ;

c) Editer avec leur concours une revue de recherches marxistes- léninistes, une bibliothèque des classiques du marxisme, ainsi que des éditions complètes, scientifiques et critiques des œuvres de Marx, Engels et Lénine, et une Encyclopédie communiste.

§ 35. Près des écoles centrales des Sections les plus importantes de l’IC, il faut monter un cabinet de recherches marxistes-léninistes.

Ces cabinets encourageront les travaux personnels, organiseront des séminaires pour les camarades s’intéressant à la théorie, faciliteront l’élaboration des études de politique et de propagande et enfin serviront de lien avec les Instituts soviétistes.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la Réorganisation du Parti sur la Base des Cellules d’Entreprise au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

§1. La différence essentielle qui existe dans le rôle et l’activité des PC et social-démocrates se manifeste également dans leurs formes d’organisation.

La social-démocratie, occupée uniquement de réformisme dans le cadre de la démocratie bourgeoise, surtout de besogne électorale et parlementaire, est, en conséquence, organisée par districts électoraux ; elle a à sa base la Section locale et comme principe d’organisation le lieu d’habitation. Le PC, qui entraîne les ouvriers vers la lutte révolutionnaire pour abattre le capitalisme et conquérir le pouvoir, crée d’autres formes d’organisation, car son point d’appui principal est dans les usines.

Le PC doit avoir sa base parmi les travailleurs, à l’usine et sur le lieu de travail. Le remaniement du Parti sur la base des Cellules d’entreprise lui permet d’abord d’entretenir une liaison réelle, intime et durable, avec les ouvriers. Il lui permet d’être toujours au courant des besoins et des dispositions de la classe ouvrière et de réagir comme il convient.

Il lui permet de l’influencer continuellement et de la diriger efficacement en organisant la lutte révolutionnaire contre le patronat, le fascisme et l’État capitaliste pour conquérir le pouvoir.

Ce changement des formes d’organisation est la garantie de la qualité sociale des effectifs du Parti ; il assure son caractère prolétarien. Et, ce qui est d’une importance tout à fait particulière pour le PC, il permet de combattre réellement pour obtenir le contrôle sur la production et arriver, après la conquête du pouvoir, à dominer la production en atelier. «Chaque usine sera une citadelle du PC», tel est le mot d’ordre de Lénine.

§2. Les 3e et 4e Congrès de l’IC ont indiqué la nécessité de réorganiser le Parti sur la base des Cellules d’entreprise. Le 4e Congrès a constaté qu’un PC ne peut être considéré comme une organisation de masse sérieuse et solide que lorsqu’il possède des Cellules puissantes dans les usines, les fabriques, les mines, les chemins de fer, etc.

L’expérience acquise dans la lutte du PC depuis le 4e Congrès a confirmé cette constatation. Les résolutions du 4e Congrès ont une importance vitale pour le PC Les événements allemands nous enseignent aussi que la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’entreprise est une condition indispensable pour triompher dans la lutte pour le pouvoir.

Il est donc nécessaire de mettre en pratique les résolutions du CEIC élargi de janvier 1924, conformes aux décisions prises à ce sujet par les et 4e Congrès, et que le 5e Congrès confirme ; il faudra agir dans ce sens énergiquement et systématiquement. Le Congrès considère qu’une des tâches principales du PC dans l’avenir immédiat est de terminer sa réorganisation sur la base des Cellules d’entreprise.

§3. Le Congrès tient à souligner encore quelques points qui ont surgi dans la pratique du Parti depuis le mois de janvier et qui nécessitent une rectification ou une mise en évidence.

Il ne faut pas qu’il subsiste de doutes sur les décisions du Congrès et la résolution de janvier. Elles ne doivent pas seulement obtenir des modifications superficielles de la structure des Partis ; elles doivent remanier fond et effectivement nos organisations en les réorganisant d’après le modèle du Parti bolchévik.

Cette œuvre devra se faire méthodiquement et soigneusement, afin de ne perdre aucune force, il faut pourtant que cette réorganisation se poursuive énergiquement et que la structure existant jusqu’à présent (Sections, méthodes de cotisation, composition des directions, enregistrement, etc.) soit modifiée en s’orientant vers les Cellules d’entreprises.

Dans notre pratique, jusqu’à présent, on a constaté que cette idée n’était pas assez admise. Dans bien des cas, la Cellule n’est pas considérée comme la base ; même après le remaniement, on continue à l’envisager comme une ramification s’ajoutant à celles qui existaient autrefois.

C’est pour cette raison qu’on crée, dans beaucoup de cas, au lieu de Cellules d’entreprise, des fractions d’usine avec des tâches limitées ; cette conception doit être rejetée. Souvent, on s’abandonne aussi à la tendance de fixer aux Cellules d’usine des objectifs purement syndicaux,

Au contraire, le rôle et la position des Cellules d’usine, en tant que base de l’organisation du Parti, doivent être nettement et résolument proclamés et apparaître comme tels dans la pratique. La Cellule d’usine a tous les droits d’une organisation du Parti. Elle examine et prend position au sujet de toutes les questions du Parti. Cela doit également influencer l’organisation des Cellules d’usine.

Elles enrôleront de nouveaux membres, recueilleront les cotisations de leurs adhérents, en conservant un certain pourcentage, enregistreront leurs membres, etc. La Cellule d’usine indique à chaque membre son travail et prend soin que chacun exécute la tâche qui lui a été confiée. Naturellement, l’activité des Cellules d’entreprise doit s’étendre à tous les domaines du travail du Parti.

§4. Dans l’esprit de la résolution sur la réorganisation du Parti, un de ses effets les plus importants doit être l’amélioration de la composition sociale actuelle de nos effectifs.

Il faut que la grande majorité de nos adhérents se compose de prolétaires industriels et que l’écrasante majorité des membres du Parti fassent directement partie des Cellules d’usine et de domaine agricole. Lorsque nous arriverons à ce résultat et que les Cellules du Parti seront suffisamment nombreuses et puissantes, alors que les Cellules de quartier seront complètement superflues et les membres qui ne travaillent pas dans les entreprises seront rattachés à celles-ci.

Provisoirement, avant que l’organisation atteigne ce degré (la situation est différente selon les pays et les arrondissements), on pourrait grouper les membres du Parti ne travaillant pas dans les usines en Cellules de quartier.

Etant donné qu’il existe à ce sujet des opinions erronées, le 5e Congrès affirme que, là où ces Cellules de quartier seront constituées, elles ne pourront point influencer les Cellules d’usine et égaler ces dernières par leur importance et leur rôle.

En aucun cas, il ne peut être question de considérer les Cellules d’entreprise et les Cellules de quartier comme les deux bases du Parti. Seule, la Cellule d’entreprise est la base du Parti ; la Cellule de quartier en est une ramification. Le centre de gravité est dans les Cellules d’usine.

§5. Au début de la réorganisation pratique, le Parti doit tout d’abord se concentrer dans les districts industriels et là, de nouveau, dans les localités les plus importantes et dans les organisations les plus fortes.

Dans une localité, la direction doit d’abord commencer la réorganisation dans les parties les plus importantes. Cela ne signifie pas, naturellement, que les autres organisations du Parti peuvent, pendant ce temps, ajourner ce travail pratique de réorganisation. La réorganisation doit s’accomplir progressivement de bas en haut.

§6. Au sujet des Cellules d’entreprise de la Jeunesse Communiste, le Congrès estime que le Parti doit tendre à ce que la plus grande partie des membres de la Cellule d’entreprise des Jeunesses participent également au PC.

Entre les deux Partis doit exister une collaboration intime et une Cellule d’entreprise spéciale aux Jeunesses Communistes, en dehors de la Cellule du Parti, est indispensable. Elle constitue, en effet, la base organique de la Fédération des Jeunesses en entier, qui possède son organisation spéciale à côté du Parti.

§7. Le Congrès Mondial charge le CEIC de veiller à la réalisation décisive de cette organisation et d’élaborer des instructions sur la forme des organes locaux et centraux des partis.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur les Statuts de l’IC au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

En 1864 fut fondée à Londres l’Association Internationale des Travailleurs, la 1e Internationale. Ses statuts étaient précédés du préambule suivant :

«Considérant :

que l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ;

que les efforts des travailleurs pour conquérir leur émancipation ne doivent pas tendre à constituer de nouveaux privilèges, mais à établir pour tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ; que l’assujettissement du travailleur au capital est la source de toute servitude : politique, morale et matérielle ;

que, pour cette raison, l’émancipation économique des travailleurs est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique, comme un moyen ;

que tous les efforts faits jusqu’ici ont échoué faute de solidarité entre les ouvriers des diverses professions dans chaque pays, et d’une union fraternelle entre les travailleurs des diverses contrées ; que l’émancipation des travailleurs n’est pas un problème simplement local ou national, qu’au contraire ce problème intéresse toutes les nations civilisées, sa solution étant nécessairement subordonnée à leur concours théorique et pratique ; que le mouvement qui s’accomplit parmi les ouvriers des pays les plus industrieux de l’Europe, en faisant naître de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs, et conseille de combiner tous les efforts encore isolés.»

La 2e Internationale, fondée en 1889, à Paris, s’était engagée à continuer l’œuvre de la 1ère Internationale. Mais en 1914, au début de la guerre mondiale, elle a subi un krach complet. La 2e Internationale a péri, minée par l’opportunisme et terrassée par la trahison de ses chefs, passés dans le camp de la bourgeoisie.

La 3e IC, fondée en mars 1919, dans la capitale de la République socialiste fédérative des Soviets, Moscou, a déclaré solennellement à la face du monde qu’elle se chargeait de poursuivre et d’achever la grande œuvre entreprise par la 1e Internationale des Travailleurs.

La 3e IC s’est constituée à la fin du carnage impérialiste de 1914-18, au cours du quel la bourgeoisie des différents pays a sacrifié 20 millions de vies.

Souviens-toi de la guerre impérialiste ! Voilà la première parole que l’IC adresse à chaque travailleur, quelles que soient son origine et la langue qu’il parle. Souviens-toi que, du fait de l’existence du régime capitaliste, une poignée d’impérialistes a eu, pendant quatre longues années, la possibilité de contraindre les travailleurs de partout à s’entr’égorger !

Souviens-toi que la guerre bourgeoise a plongé l’Europe et le monde entier dans la famine et le dénuement ! Souviens-toi que, sans le renversement du capitalisme, la répétition de ces guerres criminelles est non seulement possible, mais inévitable !

L’IC se donne pour but la lutte armée pour le renversement de la bourgeoisie internationale, et la création de la République Internationale des Soviets, première étape dans la voie de la suppression complète de tout régime gouvernemental. L’IC considère la dictature du prolétariat comme l’unique moyen disponible pour arracher l’humanité aux horreurs du capitalisme. Et l’IC considère le pouvoir des Soviets comme la forme imposée par l’histoire à la dictature du prolétariat.

La guerre impérialiste a créé un lien particulièrement étroit entre les destinées des travailleurs d’un pays et celles du prolétariat de tous les autres pays. La guerre impérialiste a confirmé une fois de plus la véracité de ce qu’on pouvait lire dans les statuts de la 1e Internationale : l’émancipation des travailleurs n’est pas une tâche locale, ni nationale, mais bien une tâche sociale et internationale.

L’IC rompt définitivement avec la tradition de la 2e Internationale pour laquelle n’existaient en fait que les peuples de race blanche.

Dans l’IC fraternisent les hommes de race blanche, jaune, noire, les travailleurs de toute la terre.

L’IC soutient, intégralement et sans réserves, les conquêtes de la grande révolution prolétarienne en Russie, de la première révolution socialiste, qui, dans l’histoire ait été victorieuse, et elle invite les prolétaires du monde à marcher dans la même voie. L’IC s’engage à soutenir par tous les moyens en son pouvoir toute république soviétiste qui serait créée en quelque point du globe que ce soit.

L’IC n’ignore pas que, pour hâter la victoire, l’Association Internationale des Travailleurs, qui combat pour l’abolition du capitalisme et l’instauration du communisme, doit avoir une organisation fortement centralisée. Le mécanisme organisé de l’IC doit assurer aux travailleurs de chaque pays la possibilité de recevoir, à tout moment, de la part des travailleurs organisés des autres pays, tout le secours possible.

Tout cela considéré, l’IC adopte les statuts que voici :

1. — Clauses Fondamentales

§1. La nouvelle Association Internationale des Travailleurs unit les PC en un Parti mondial qui, dirigeant et organisant le mouvement révolutionnaire du prolétariat de tous les pays, lutte pour conquérir la majorité de la classe ouvrière et de larges masses de paysans pauvres aux principes et aux buts du communisme, pour l’instauration de la dictature du prolétariat, pour la fondation d’une Union Mondiale des Républiques Socialistes des Soviets, pour l’abolition complète des classes et la réalisation du socialisme, première étape de la société communiste.

§2. La nouvelle Association Internationale des Travailleurs porte le nom d’IC

§3. Les Partis adhérant à l’IC portent le nom de : «Parti Communiste de… (Section de l’IC)». Dans chaque pays, il ne peut y avoir qu’un seul Parti adhérant à l’IC

§4. Pour être membre d’un PC et de l’IC, il faut en accepter le programme et les statuts, être membre d’une des organisations de base de ce Parti et y travailler activement, se soumettre à toutes les décisions du Parti et de l’IC et payer régulièrement ses cotisations.

§5. L’organisation de base des Partis et de l’IC est la Cellule d’entreprise (Cellule d’usine, de fabrique, de mine, d’atelier, de bureau, de magasin, de ferme, etc.), à laquelle doivent appartenir tous les membres du Parti travaillant dans ladite entreprise.

§6. L’IC et les PC sont fondés sur la base du centralisme démocratique, dont les principes fondamentaux sont :

a) L’élection de tous les organes, de la base au sommeil, par les Assemblées générales, les Conférences ou Congrès ;

b) L’obligation, pour ces organes, de rendre compte périodiquement de leur activité à leurs électeurs ;

c) L’obligation, pour les organes subalternes, d’exécuter rapidement et exactement les décisions des organes supérieurs.

La discussion est libre pour les membres et les organisations, jusqu’à ce qu’une décision soit intervenue de la part des organes compétents du Parti. Une fois une décision prise par le Congrès de l’IC, par un Congrès National ou par les organes dirigeants du Parti, elle doit être absolument exécutée, même si une partie des membres ou des organisations locales ne l’approuvent pas.

En période illégale, les organes subalternes peuvent être nommés soit par les organes supérieurs, soit par voie de cooptation ratifiée par les organes supérieurs.

2. — Le Congrès Mondial

§7. L’organe suprême de l’IC est le Congrès Mondial de tous les Partis (Sections) et organisations affiliés.

Le Congrès Mondial examine et tranche les plus importantes questions ayant trait au programme, à la tactique, à l’organisation et à toute l’activité de l’IC et de ses Sections. Seul, il peut modifier le programme et les statuts de l’IC

Le Congrès se réunit au moins une fois tous les deux ans, sur la convocation du CEIC Les Sections envoient un nombre de délégués fixé par le CEIC.

Le nombre des voix délibératives attribuées à chaque Section est déterminé chaque fois par une décision particulière du Congrès, d’après l’effectif de la Section et l’importance politique du pays.

Les mandats impératifs sont annulés d’avance.

§8. Des Congrès extraordinaires peuvent être convoqués si les Partis qui en font la demande ont eu au précédent Congrès ordinaire au moins la moitié des voix délibératives.

§9. Le Congrès Mondial élit le président de l’IC, le CEIC et la Commission Internationale de Contrôle (C.IC)

§10. Le Congrès Mondial désigne le siège du CEIC.

3. — Le Comité Exécutif

§11. Le CEIC dirige l’IC dans l’intervalle des Congrès. Il donne aux Partis et organisations affiliés des directives impératives et contrôle leur activité.

Le CEIC publie, en 4 langues au moins, l’organe central de l’IC §12. Les décisions étant obligatoires sont immédiatement appliquées. Les Sections peuvent faire appel de ces décisions devant le Congrès Mondial sans que cet appel puisse avoir un caractère suspensif.

§13. Les organes centraux des PC sont responsables de leurs actes devant le Congrès et devant le CEIC. Ce dernier a le droit d’annuler ou d’amender les décisions des organes centraux et des Congrès des Sections et de prendre des décisions dont l’application est obligatoire pour les organes centraux. (Voir §12.)

§14. Le CEIC a le droit d’exclure de l’IC les partis, groupes et membres portant atteinte au programme, aux statuts, aux décisions des Congrès mondiaux et du CEIC. Les Partis et les membres exclus peuvent faire appel devant le Congrès Mondial.

§15. Il appartient au CEIC de ratifier le programme de chaque Section. En cas de non-ratification, cette dernière peut faire appel devant le Congrès Mondial.

§16. Les décisions et documents officiels du CEIC doivent être publiés par les organes centraux des Sections.

§17. Le CEIC a le droit d’admettre dans l’IC, avec voix consultative, les organisations et Partis sympathisant au communisme et à l’IC

§18. Le CEIC élit parmi ses membres un Présidium, organisme permanent, qui dirige tout le travail du CEIC dans l’intervalle des séances de ce dernier. Le Présidium rend compte au CEIC.

Le président de l’CEIC et du Présidium est de droit président de l’IC §19. Le CEIC élit au Bureau d’organisation qui discute et tranche toutes les questions d’organisation et de finances. Il peut être fait appel des décisions du Bureau d’organisation devant le Présidium.

Mais jusqu’à leur annulation ou par le Présidium, ces décisions sont obligatoires. Le CEIC fixe la composition du Bureau d’organisation.

§20. Le CEIC élit un Secrétariat qui est l’organe exécutif du CEIC, du Présidium et du Bureau d’Organisation. Les membres du Secrétariat font partie du Bureau d’Organisation.

§21. Le CEIC élit la rédaction de la revue mensuelle l’IC, ainsi que lés rédacteurs des autres publications de l’IC

§22. Le CEIC nomme un Secrétariat International pour le mouvement communiste des femmes et prend, en commun avec lui, les décisions soit politiques, soit d’organisation concernant ce mouvement.

§23. Le CEIC crée des Sections pour l’Information et la Statistique, l’Agitation et la Propagande, l’Organisation, et une Section pour l’Orient. Il a le droit de créer en cas de besoin d’autres Sections et de donner à l’appareil d’exécution la forme la plus utile.

§24. Le CEIC et son Présidium peuvent envoyer des représentants dans les Sections. Ces représentants reçoivent du CEIC des directives et lui rendent compte. Ils doivent être admis à toutes les réunions et séances des organes centraux et des organisations locales de la Section où le CEIC les a envoyés. Ils remplissent leur mandat en contact étroit avec la centrale de cette Section.

Néanmoins, ils peuvent, dans les Congrès, Conférences ou délibérations, convoqués par la Section, défendre une opinion différente de celle de la Centrale si les directives du CEIC l’exigent. Les représentants du CEIC ont le devoir particulier de contrôler l’application des décisions des Congrès et du CEIC par les Sections.

§25. Les séances du CEIC ont lieu au moins une fois par mois. Elles sont valables lorsque la moitié des membres au moins sont présents.

4. — Exécutifs Élargis

§26. Pour résoudre des questions particulièrement graves, mais pouvant souffrir quelque ajournement, le CEIC convoque, au moins deux fois par an, le Plénum Élargi du CEIC prennent part, outre les membres du CEIC, les représentants des Sections. Le nombre en est fixé par le Congrès pour chaque Section.

Le CEIC Élargi tient session, en dehors des réunions fixées plus haut, immédiatement avant le Congrès.

5. — La Commission Internationale de Contrôle

§27. Les tâches de la CIC, élue par le Congrès, sont :

a) de vérifier les plaintes portées contre les diverses Sections de l’appareil d’exécution du CEIC et, faire à celui-ci des propositions pour remédier aux défauts constatés ;

b) examiner les plaintes portées par des personnes ou des organisations contre les mesures disciplinaires prises par les Partis à leur égard et de faire ensuite des propositions au CEIC qui prendra les mesures nécessaires ;

c) contrôler les finances du CEIC ;

d) contrôler les finances des Sections sur décision du CEIC, du Présidium ou du Bureau d’Organisation.

La Commission de Contrôle ne peut intervenir dans les conflits politiques, administratifs ou d’organisation qui surgiraient soit à l’intérieur des Sections, soit entre les Sections et le CEIC.

6. — Rapports Entre les Sections et le CEIC

§28. Les Comités Centraux de toutes les Sections, affiliées ou sympathisantes, doivent envoyer régulièrement au CEIC les procès- verbaux de leurs réunions et les comptes rendus de leurs travaux.

§29. Le fait, pour des membres du CC d’une Section ou pour un groupe d’entre eux, de donner leur démission doit être considéré comme un acte de désorganisation du mouvement communiste.

Tout poste dirigeant dans un PC appartient à l’IC et non pas à celui qui l’occupe. Les membres du CC d’une Section ne peuvent abandonner leur mandat qu’avec le consentement du CEIC. Les démissions approuvées par le CC d’un parti, sans le consentement du Comité Exécutif, ne sont pas valables.

§30. Les Sections de l’IC, surtout celles de pays voisins, doivent entretenir entre elles une liaison étroite d’organisation et d’information. Cette liaison peut être réalisée par une représentation mutuelle aux conférences et congrès, ainsi que par l’échange de militants compétents, avec le consentement du CEIC.

Des copies des rapports de ces représentants à leurs Sections doit être envoyée à l’IC

Deux ou plusieurs Sections de l’IC qui (comme par exemple les pays ou balkaniques) sont particulièrement tenues à l’alliance par la communauté politique de leur pays, peuvent, avec l’approbation du CEIC, pour des actions communes et régulièrement coordonnées, constituer une Fédération travaillant sous le contrôle et la direction du CEIC.

§31. Les Sections de l’IC doivent verser au CEIC des cotisations régulières, dont le montant est fixé par ce dernier.

§32. Les congrès nationaux, ordinaires et extraordinaires, ne peuvent être convoqués par les Sections qu’avec l’approbation du CEIC.

Si le Congrès National n’a pas lieu avant le Congrès Mondial, la Section doit tenir (avant la désignation des délégués au Congrès Mondial) une conférence ou une réunion plénière de la Centrale pour préparer les questions à l’ordre du jour du Congrès Mondial.

§33. L’IC des Jeunes est membre de l’IC, jouit de tous les droits des autres membres et est subordonnée au CEIC.

§34. Les PC doivent être prêts à passer à l’état d’illégalité. Le CEIC a le devoir de les aider dans la préparation du travail illégal et de veiller à ce que ce travail soit exécuté.

§35. Le passage d’un membre d’une Section de l’IC à une autre n’est permis qu’avec l’autorisation du CC de la Section intéressée. Les communistes changeant de résidence doivent adhérer à la Section du pays où ils arrivent. Les communistes partant sans autorisation de leur CC ne peuvent pas être admis par les autres Sections de l’IC.

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Résolution sur la Question du Programme au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

§1. Le Congrès accepte le projet de programme élaboré par la Commission comme base de discussion dans les Sections.

§2. Une Commission de rédaction est chargée d’assurer la rédaction définitive du projet conformément aux résolutions de la Commission.

§3. Le Congrès propose l’institution par le CEIC d’une Commission Permanente du Programme, qui publiera le plus vite possible le projet avec les matériaux explicatifs nécessaires, afin d’orienter la discussion internationale et de la rendre féconde.

§4. La décision définitive sur le programme est réservée au prochain Congrès.

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Résolution sur la Situation Économique Mondiale au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

1. — L’Offensive du Capital. — La Continuation de la Crise

§1. Entre le 3e Congrès qui a adopté les dernières thèses sur la situation économique mondiale, et le 5e Congrès, la bourgeoisie a réussi à terminer presque partout victorieusement son offensive contre le prolétariat. Les concessions que, d’accord avec les chefs social-démocrates, elle avait faites au prolétariat immédiatement après la fin de la guerre pour calmer les masses révolutionnaires, ont été retirées avec l’appui ouvert ou secret des chefs social-démocrates et syndicaux.

Le niveau d’existence du prolétariat a partout été abaissé ; la journée de 8 heures est effectivement supprimée dans la plupart des pays ; à l’usine le pouvoir absolu du capitalisme est rétabli.

§2. La tactique de la bourgeoisie a variée selon les pays. Là où les chefs opportunistes jouissent encore d’un prestige solide dans le prolétariat, où les masses, conservent encore l’illusion de pouvoir améliorer leur situation au sein du capitalisme et par les moyens pacifiques habituels : grèves, démocratie parlementaire, la bourgeoisie a employé les vieux procédés démocratiques par lesquels elle couvera sa dictature : lock-outs, lois et décrets.

Mais même là, en Norvège, en Angleterre, etc.. l’exaspération des antagonismes sociaux a exaspéré également les méthodes de la dictature bourgeoise. De longs chômages et l’inflation ont épuisé les caisses de secours des Syndicats.

En face des organisations du patronat, de plus en plus fermement organisé en «conzerns», les vieilles méthodes de lutte isolé et pacifique de Syndicats isolés devaient nécessairement échouer, même si la bourgeoisie syndicale avait sincèrement voulu la lutte. Dans quelques pays : Angleterre, Danemark, Australie, la bourgeoisie va jusqu’à confier le gouvernement, complètement ou partiellement, aux chefs des Partis «ouvriers» à faire exercer la dictature bourgeoise par les chefs des Partis ouvriers réformistes.

§3. Là où le mouvement ouvrier a pris des formes révolutionnaires et où l’influence des chefs social-démocrates, agents de la bourgeoisie comme Lénine les a toujours justement appelés, ne suffit plus à maintenir la classe ouvrière sous le joug, la bourgeoisie a eu recours à la terreur : coups de main militaires, comme en Bulgarie et en Espagne ; exploitations contre le prolétariat de l’esprit de révolte des classes moyennes et ruinés (le fascisme en Italie); ou combinaison des deux moyens, comme en Allemagne. Le fascisme et la social-démocratie sons de la même façon les instruments des classes dirigeantes contre le prolétariat révolutionnaire.

La social-démocratie bulgare a participé, en alliance déclarée avec une bande d’officiers, à la lutte contre le prolétariat révolutionnaire et contre les paysans pauvres. Ailleurs, en Italie, en Allemagne, aux États-Unis, la social-démocratie combat en apparence le fascisme, mais elle collabore en réalité avec lui contre le prolétariat révolutionnaire (d’Arragona et Mussolini en Italie, consentement de la social-démocratie au renversement du prolétariat en Saxe et en Thuringe, grande coalition en Prusse. Gompers et la Légion Américaine aux États-Unis).

§4. Les succès de l’offensive du capital contre le prolétariat révolutionnaire, la haute conjoncture aux États-Unis, la décroissance du chômage en Angleterre, la stabilisation provisoire du change allemand, autrichien et polonais, donnent aux social-démocrates, laquais de la bourgeoisie, la possibilité de proclamer que la crise du capitalisme est surmontée, qu’une nouvelle période de prospérité commence.

C’est pourquoi, selon eux, les méthodes révolutionnaires proposées par les PC sont fausses et le sort du prolétariat peut être amélioré par les moyens pacifiques.

Cependant, un examen approfondi de l’histoire économique de ces trois dernières années, ainsi que l’état actuel du capitalisme dans le monde prouvent que la conception fondamentale du 3e Congrès de l’IC était juste. L’ébranlement de l’économie capitaliste a fait, dans maints pays essentiels des progrès considérables.

L’offensive du capital peut soulager provisoirement certains États capitalistes ou certains groupes de capitalistes, mais cela ne fait qu’aggraver les antagonismes entre ces États et ces groupes. Dire comme les réformistes, que le capitalisme est en hausse et que par suite le sort du prolétariat peut être amélioré par des moyens pacifiques à l’intérieur du capitalisme est une erreur.

2. — La Période de Crise. — Désagrégation de l’Économie Mondial

Pas de conjoncture d’ensemble

§5. En capitalisme « normale » la production des pays capitalistes s’accroît beaucoup plus rapidement que la population. La production de 1923, l’année la meilleure d’après-guerre, année de haute conjoncture dans l’État capitaliste le plus important, les États-Unis, atteint à peine le niveau d’avant-guerre.

L’industrie métallurgique, la plus caractéristique pour le capitalisme moderne, n’en est pas encore là. Dans le vieux centre du capitalisme, en Europe, se sont toutes les branches qui sont encore loin d’avoir retrouvé les chiffres d’avant-guerre. L’outillage, agrandi pendant la guerre, reste en grande partie inutilisé. Le bâtiment, forme typique de l’accumulation de richesses réelles est arrêté dans toute l’Europe.

§6. Le chômage dans tous les pays capitalistes n’est pas moins grand qu’il y a trois ans. S’il décroît dans un pays, il croit dans un autre. Il ne s’agit pas d’une «armée de réserve du Travail» au sens d’autrefois, mais d’une armée de chômeurs permanents que même une bonne conjoncture ne réussit pas à résorber complètement.

§7. Il n’y a plus après la guerre d’économie capitaliste mondiale homogène. La Russie soviétique, un sixième de la terre, est définitivement perdue pour le capitalisme. Les pays capitalistes, jusqu’aux petits États de l’Europe balkanisée, entravent entre eux la circulation économique par des douanes prohibitives et des interdictions. L’équilibre capitaliste mondial est fondamentalement dérangé. Nombre de pays consomment, en permanence ou pour un temps, plus qu’ils ne produisent.

Le centre de gravité de l’économie capitaliste se déplace toujours davantage vers l’Amérique. Un torrent ininterrompu d’or afflue aux États-Unis. La réserve d’or des États européens a tellement diminuée que le rétablissement d’une monnaie à base d’or apparaît presque impossible, même au point de vue technique. La monnaie or et remplacée par la papier-monnaie, exposée à oscillations sans bornes.

L’afflux et le reflux du capital d’emprunt d’un pays capitalistes dans l’autre n’a plus lieu. En Angleterre, le taux d’intérêt est de 3 %, en Allemagne est de 50 %. À la place du mécanisme relativement ferme et facile à pénétrer du capitalisme normal, c’est une insécurité générale. Au lieu de produire et calculer, on s’adonne aux jeux et à la spéculation.

§8. Les phases de prospérité et de crise n’alternent plus simultanément dans tous les pays. Chacun à sa conjoncture particulière, et l’amélioration la situation économique dans un pays est rachetée par une aggravation dans un autre. Dans un même pays on passe d’une crise de vente pendant la stabilisation passagère de la monnaie à conjoncture de liquidation facile à la première chute du change.

§9. Le meilleur exemple de la marche irrégulière de la conjoncture est la haute conjoncture que les États-Unis viennent de connaître.

Les premiers signes d’amélioration se montraient déjà vers le milieu de 1921. La courbe monta sans discontinuer jusqu’en avril 1923. À partir de cette date, elle descendit lentement, sauf améliorations passagères, jusqu’à ce que, vers la fin d’avril 1924, se produisit le revirement définitif. La haute conjoncture américaine touche visiblement à sa fin ; la crise est là.

La prospérité des États-Unis fut réelle. La production dépassa de beaucoup celle d’avant-guerre. À son apogée, il n’y eut pas de chômage. Il y eut une forte accumulation s’exprimant par l’augmentation de l’appareil de production, par une activité inouïe du bâtiment, par une multiplication fabuleuse des automobiles, etc.

§10. Mais cette prospérité reste entièrement limitée aux États- Unis (seules les colonies anglaises y participèrent dans une faible mesure). Elle était fondée exclusivement sur la capacité d’achat du marché intérieur ; la construction de bâtiments pour rattraper le temps perdure pendant la guerre et le renouvellement d’un immense matériel de chemin de fer y jouèrent un rôle important.

La haute conjoncture américaine resta sans rapport avec les phénomènes qui se produisirent dans les autres parties du monde capitaliste. Les exportations diminuaient, la capacité d’achat du marché intérieur était si grande qu’au printemps de 1923, les États-Unis eurent durant quatre mois une balance commerciale passive. Mais l’importation accrue de marchandises européennes et la diminution de la concurrence américaine sur le marché mondial ne suffisaient pas à étendre à l’Europe la haute conjoncture.

3. — La Crise Particulière à l’Europe Occidentale

§11. La haute conjoncture américaine a passé presque sans laisser de traces en Europe. L’influence de la crise en Europe était si forte qu’elle en supprimait totalement les effets. Il y a une crise spéciale traversée par les pays industriels d’Europe.

Cette crise est due : 1) à l’industrialisation des pays autrefois fournisseurs de matières premières et de produits alimentaires et acheteurs de produits industriels ; 2) à la politique protectionniste des États qui veulent assurer un marché intérieur à leur industrie. Les pays industriels d’Europe ne trouvent plus de marché pour leurs marchandises d’exportation, d’où crise de vente chronique et chômage. Le chômage à son tour réduit le pouvoir d’achat du marché intérieur. Ainsi l’économie européenne se traîne dans un cercle vicieux.

§12. L’Angleterre est le pays qui possède la plus petite base agraire et qui dépend le plus de l’exportation de ses produits industriels, pour pouvoir importer les matières premières et les produits alimentaires nécessaires. Voilà pourquoi la crise s’y manifeste sous la forme d’une crise des industries d’exportation : textile, construction de machines et de navires.

Le chiffre officiel des sans-travail, quoique en diminution depuis assez longtemps, dépasse toujours un million. Le chiffre réel est plus élevé encore de quelques centaines de milliers. Le chômage se concentre toujours dans les industries d’exportation.

Les efforts de la bourgeoisie anglaise et les impôts très forts qu’elle paye ont réussi à rétablir le budget et à reconquérir à la livre sterling sa position dominante dans le monde. Mais aucune mesure de politique économique n’a pu venir à bout de la crise des industries d’exportation.

Même la réduction des salaires, ramenés dans ces branches d’industrie à niveau de beaucoup inférieur à celui d’avant- guerre, n’a rien changé à la situation. L’amélioration de 1923 était due principalement à la réduction de la production de l’industrie lourde en Allemagne, en France et en Belgique, par suite de l’occupation de la Ruhr.

§13. La France a moins souffert de la crise que les autres pays industriels d’Europe. Elle disposait d’un débouché particulièrement assuré pour son industrie la reconstruction des régions dévastées.

Elle a subi à la guerre de grandes pertes d’hommes, qu’elle ne remplace que fort difficilement, vu la stagnation de la natalité. Voilà pourquoi le chômage est insignifiant en France. Au contraire, les ouvriers étrangers y trouvent du travail. La reconstruction cependant s’est faite essentiellement aux dépens des classes expropriées par l’inflation, la dette publique accrue sans interruption et le franc tombé à un cinquième de sa valeur nominale. Cela prouve que la situation de l’économie française est très favorable. La base économique du pays ne peut supporter son ambitieuse superstructure politique.

§14. L’Allemagne a traversé une série de crises propres. À la conjoncture de vente facile de 1921, succède la première crise de stabilisation au printemps de 1922. Cette crise cède la place à une nouvelle conjoncture d’inflation.

L’occupation de la Ruhr paralyse la région industrielle la plus importante. La bourgeoisie allemande et, avant tout l’industrie lourde, ont employé l’inflation à piller les classes moyennes et à réduire au minimum le salaire réel jusqu’au jour où la crise sociale ainsi provoquée (refus par le paysan de livrer ses produits à la ville, arrêt de la circulation, explosions spontanées de désespoir), les força à créer une nouvelle monnaie.

Le prolétariat une fois réprimé par la force, on pratique à ses dépens la stabilisation du mark. Cette opération entraîna une crise violente que les capitalistes exploitent systématiquement contre le prolétariat. Ils ont profité de la défaite d’Octobre pour raffermir leurs positions, arrêtant les entreprises, renvoyant en masse les ouvriers, chassant des usines les éléments révolutionnaires.

Au début de l’année plus de la moitié des ouvriers étaient sans travail ou au travail réduit. Les capitalistes se dédommagent de la perte des bénéfices de l’inflation en allongeant la journée de travail et en diminuant les salaires.

Cette tentative de restauration capitaliste de l’économie allemande au moyen d’une monnaie stable et aux dépens du prolétariat a paru dans les premiers mois de 1924 devoir réussir. La stabilisation du mark mit un frein à la dépossession des classes moyennes et améliora la condition des ouvriers occupés. Il s’ensuivit un relèvement de la capacité d’achat. La production reprit. Le chômage baissa sensiblement.

Cependant, le succès est compromis par l’écart grandissant entre les prix agricoles et industriels, le pouvoir d’achat diminué de l’agriculture, la cessation des exportations, les grands conflits s’étendant à toutes les branches, enfin les lourdes charges prévues dans le projet des experts. Le manque de crédit, l’écroulement des grandes entreprises, la disette de capitaux, témoignent de l’extrême faiblesse de l’économie allemande.

§15. Les autres États européens qui ont une industrie vivant de l’exportation (Belgique, Tchécoslovaquie, Autriche, Pologne) souffrent pareillement de la crise industrielle, proportionnellement à leurs besoins d’exportation.

4. — La Crise Agraire

§16. La période de crise s’exprime en outre par une crise agraire embrassant le monde entier. Les prix des produits agricoles sont considérablement tombés par rapport aux prix des produits industriels. Les producteurs agricoles se voient hors d’état de payer leur fermage, les intérêts de leurs dettes et leurs impôts. Ils sont obligés par millions de quitter leurs champs et de gagner leur pain comme salariés.

La chute des prix est particulièrement forte pour les céréales, moins pour le bétail, tandis que les matières premières de l’industrie textile atteignent des prix considérables La crise agraire est le plus accentuée aux États-Unis et dans quelques colonies anglaises. Mais aussi l’agriculture continentale, surtout celles des pays protégés avant la guerre par de fortes taxes protectionnistes (Allemagne, Tchécoslovaquie, Italie et France), en souffre considérablement.

§17. La cause de ce phénomène n’est pas une surproduction absolue. Bien que la population du globe se soit fortement accrue au cours des dix dernières années, malgré la guerre mondiale, la surface ensemencée et la production agricole sont moins élevées qu’avant la guerre.

La cause en doit être recherchée avant tout dans la crise générale du capitalisme. Le chômage permanent et la diminution des salaires réels réduisent la consommation alimentaire. En Allemagne, exemple, la consommation annuelle de blé est tombée par tête d’habitant de 239 kilos en 1913 à 150 kilos en 1923 ; la consommation de viande de 46 à 25 kilos.

D’autre part, le capital groupé en cartels, trusts, «konzerns» monopolisateurs, empêche plus que jamais une réduction des prix industriels, seul moyen de diminuer l’écart. Le pouvoir d’achat de la population agricole se trouvant réduit partout, la crise agraire accentue ainsi à son tour la crise des pays industriels d’Europe.

5. — La Crise de la Politique Économique

Autonomie économique ou intégration internationale, protectionnisme ou libre-échange, inflation, dettes interalliées

§18. Le capitalisme s’est montré incapable de résoudre les grands problèmes économiques internationaux.

Tous les États, à l’exception de l’Angleterre, s’efforcent de se suffire à eux-mêmes. Des tarifs douaniers très élevés, des interdictions d’importation et d’exportation entravent les échanges internationaux. Les pays autrefois agricoles et producteurs de matières premières, tant les États indépendants que les colonies anglaises (y compris les Indes), s’efforcent de protéger leur industrie nouvellement éclose par des barrières douanières. Les petits États de l’Europe balkanisée se ferment les uns aux autres.

Outre les rivalités économiques de la bourgeoisie, la question des préparatifs de guerre joue un rôle prédominant : chaque État s’efforce de produire à l’intérieur de ses frontières la plus grande part possible des objets nécessaires à la conduite de la guerre. Comme contre-tendance en face de cet isolement, nous voyons de plus en plus une subordination économique de l’Europe continentale à l’influence anglo-américaine.

§19. Jusqu’ici, l’Angleterre fait exception. La tentative de la Conférence d’Empire pour former, à l’aide de tarifs d’exception réciproques, un Empire britannique se suffisant à lui-même, a échoué partiellement grâce à la résistance des colonies, qui ne veulent pas sacrifier leur jeune industrie à l’Angleterre.

Mais elle a échoué aussi à cause de la nécessité qui en serait résulté d’imposer l’importation des produits comestibles, d’où élévation des salaires et diminution de la capacité de concurrence de l’industrie anglaise sur le marché mondial. C’est pourquoi la bourgeoisie anglaise s’en tient pour le moment au libre-échange, tandis que l’Empire marche rapidement à sa ruine grâce au détachement progressif des colonies à population d’origine anglaise et au mouvement révolutionnaire des peuples coloniaux opprimés.

§20. La bourgeoisie s’est montrée également incapable de résoudre le chaos monétaire. Il semble que dans certains États d’Europe, en Allemagne, en Pologne, en Autriche, après une pression sans exemple dans l’histoire, on soit arrivé pour le moment stabiliser la monnaie à un niveau très bas, quoique cette stabilisation repose sur une base économique très faible. D’un autre côté, plusieurs monnaies regardées jusqu’ici comme stables — le yen, la peseta, la couronne norvégienne ou danoise — commencent à entrer dans le processus de dépression.

Le franc français a, pendant un mois, accusé des oscillations de 50%. La livre sterling qui, au commencement de cette période, avait atteint la parité de l’or moins 3 ou 4%, a de nouveau un disagio de 10%. Tous les projets de création de monnaie stable ont échoué devant le conflit des intérêts entre classes diverses de chaque pays ou entre bourgeoisies de différents pays.

§21. Les différentes catégories de la bourgeoisie ne peuvent adopter une politique commune au sujet du change. Théoriquement, tout le monde est d’accord que la stabilisation de toutes les monnaies au niveau actuel serait très favorable pour le capitalisme.

Mais la bourgeoisie des pays à monnaie appréciée regarde avec envie et crainte la bourgeoisie des pays et en premier lieu de l’Allemagne, qui, par une dépréciation extraordinaire, ont été libérés de leurs dettes publique et privée et n’ont plus à nourrir aux dépens de la production une classe improductive de rentiers. Des milieux influents de la grande bourgeoisie travaillent ouvertement ou secrètement en Angleterre et en France en faveur d’une inflation, qui ramènerait l’égalité de la concurrence avec l’Allemagne.

§22. Le problème des dettes interalliées reste jusqu’ici insoluble. Il n’y a que l’Angleterre qui ait commencé le paiement des intérêts et l’amortissement de sa dette envers l’Amérique. Mais l’expérience montre que cette solution est également nuisible à l’Angleterre et aux États-Unis. Elle augmente la réserve d’or de l’Angleterre pour les marchandises américaines et entrave la stabilisation de la livre.

L’annulation réciproque des dettes se heurte à de profondes contradictions et rivalités pour l’hégémonie politique entre les différentes puissances de l’Entente.

6. — La Question des Réparations et les Conflits Internationaux. — La Situation en Russie Soviétique

La question des réparations reste insoluble

La tentative faite par l’Allemagne pour payer les réparations en monnaie étrangère, sans se soucier des répercussions sur le cours du mark, a ébranlé de fond en comble la monnaie allemande et toute l’économie capitaliste. Par là, les antagonismes sociaux ont été, en Allemagne, tellement accrus, que le danger de révolution sociale ou de coup d’État nationaliste est devenu immédiat.

§23. La rivalité des grandes puissances impérialistes pour l’hégémonie politique : France, Angleterre, États-Unis, ainsi que l’opposition aiguë des différentes classes au sein de chacun de ces États, ont empêché jusqu’ici toute tentative d’intervention concertée dans la question des réparations.

§24. Le plan de l’industrie lourde et des militaristes de France prévoyait l’annexion politique et économique de la rive gauche du Rhin et du bassin de la Ruhr ; la séparation de l’Allemagne du Sud et de l’Allemagne du Nord ; l’extension de l’hégémonie continentale française sur l’Allemagne ainsi morcelée ; la garantie à l’industrie française du charbon et du coke nécessaires, ainsi que d’un débouché en Allemagne pour ses produits métallurgiques.

Cette solution aurait fait de l’Allemagne une colonie française. La supériorité militaire de la France par rapport’ à l’Angleterre et son armement plus perfectionné (sous-marins, aviation) auraient encore été consolidés par l’annexion de la Ruhr et de ses grandes usines chimiques. L’occupation violente et l’opération de rapine de la Ruhr étaient une tentative pour réaliser ce programme impérialiste.

§25. La supériorité militaire momentanée de la France mettait l’Angleterre hors d’état de s’opposer par la force à ce plan impérialiste. L’Angleterre se contenta de soutenir ouvertement et secrètement l’Allemagne dans sa résistance passive, dans l’espoir que les deux adversaires sortiraient tellement affaiblis de la lutte économique qu’ils seraient tous les deux obligés de se soumettre à ses conditions.

§26. L’Angleterre appréhende également la restauration économique de l’Allemagne et la prédominance militaire de la France. Une réduction des charges des réparations à un niveau facile à porter ferait reparaître la concurrence allemande, sa plus dangereuse rivale sur le marché mondial. Le sens économique de la guerre serait perdu pour l’Angleterre.

C’est pourquoi la politique anglaise ne veut nullement libérer l’Allemagne du fardeau des réparations, mais au contraire l’asservir économiquement afin de l’empêcher de tomber sous l’hégémonie impérialiste de la France.

§27. La bourgeoisie des États-Unis dans son ensemble, par suite de la période de prospérité, n’a eu aucun besoin de s’immiscer dans les affaires européennes. Le fait que cette période de prospérité a pu se développer, malgré l’état chaotique de l’Europe, était une raison de plus pour s’isoler de l’Europe malade.

En faveur d’une participation à la solution du problème des réparations, c’est-à-dire au pillage du prolétariat allemand, se déclarèrent les groupes suivants : une partie de la bourgeoisie industrielle qui, par crainte de la contagion communiste, voulait éviter le contact des immigrants avec les ouvriers américains corrompus par Gompers et Cie, et exploiter la classe ouvrière européenne et particulièrement la classe ouvrière allemande non pas en Amérique en tant qu’immigrants, mais chez elle en Allemagne ; le capital bancaire, et en premier lieu le trust Morgan, qui Voulait accorder de larges emprunts et obtenir le contrôle de toute l’industrie métallurgique allemande ; enfin les paysans, qui attendaient un assainissement de l’Allemagne et de l’Europe une hausse des produits de consommation.

La fin de la phase de prospérité et la nécessité. D’écouler sur le marché mondial le superflu des produits manufacturés américains augmentent l’intérêt qu’a l’Europe pour la bourgeoisie américaine et la participation à l’exploitation de l’Allemagne paraît maintenant plus désirable à celle-ci.

§28. La guerre de la Ruhr s’est terminée par la capitulation de l’Allemagne, après que la bourgeoisie allemande, au lieu de consentir des sacrifices, eut profité de la résistance passive pour s’enrichir en pillant le trésor public. Les grands industriels de la Ruhr et du xnx ont été contraints par la France à accepter les lourdes charges des contrats avec la M.ICU.M., moyennant quoi ils s’assuraient le concours des autorités d’occupation pour l’exploitation renforcée des ouvriers. Poincaré avait enfin en mains les «gages productifs» si souvent réclamés.

Mais la France s’est montrée trop (faible pour profiter de sa victoire. La chute rapide du franc dans l’hiver de 1924 la força à recourir à raide du capital bancaire anglais et américain.

Elle dut renoncer à la solution «française» de la question des réparations et au morcellement de l’Allemagne et se résigner à une nouvelle solution internationale répondant aux intérêts de l’Angleterre et de l’Amérique. La victoire du Bloc des gauches aux élections montre que les petits-bourgeois et les paysans français désirent avant tout une reprise du franc et non une politique impérialiste.

§29. Le rapport des experts constitue une tentative de la bourgeoisie des puissances impérialistes pour arriver à une solution commune du problème des réparations. Ce rapport exclue l’Allemagne du nombre des États indépendants et la place sous la surveillance financière et économique de l’Entente.

Le système exposé dans ce rapport en ce qui concerne le paiement des réparations doit protéger le mark contre une nouvelle chute catastrophique et l’Europe contre le danger d’une révolution prolétarienne. La métallurgie française recevra le combustible nécessaire. Le contrôle de la politique de crédit, des impôts et des finances de l’Allemagne protégera les pays industriels de l’Europe Occidentale contre toute possibilité de concurrence sérieuse.

La question des réparations est insoluble objectivement. Le capitalisme de l’Entente n’est pas en mesure de trouver une forme sous laquelle il puisse, sans de graves inconvénients pour lui-même, percevoir les réparations de l’Allemagne. Il se contente d’asservir l’industrie allemande.

Au lieu de la conquête de nouveaux marchés, qui indiquerait un progrès du capitalisme et une capacité croissante de production, nous voyons ici clairement une tentative d’entraver violemment la production d’un des grands pays capitalistes.

§30. La situation économique et politique de l’Union des Républiques soviétiques s’est remarquablement affermie. Étant donné la crise de débouchés des pays industriels européens, le marché russe acquiert une signification particulière. Cette considération et aussi la rivalité politique des puissances impérialistes forcent tous les États les uns après les autres à entrer en rapports politiques et économiques avec la Russie.

Le front unique du capital qu’on avait essayé d’établir à Gênes et à La Haye s’est brisé sur les conflits entre impérialismes. L’espoir que les Républiques soviétistes, en conservant extérieurement le système soviétiste, se laisseraient réduire en colonies de l’Entente a été détruit par l’énergique résistance du gouvernement des Soviets.

Par suite, malgré l’intérêt économique qu’a pour la bourgeoisie le marché russe, une nouvelle intervention contre la Russie n’est aucunement exclue.

La bourgeoisie anglaise et américaine inclinait à confier la besogne d’abattre l’US avant tout à la bourgeoisie allemande, si toutefois une solution temporaire de la question des réparations n’eut pu être obtenue. Mais la crainte de la bourgeoisie française devant un armement de l’Allemagne est trop grande. Cela rend très difficile l’établissement d’une ligne de conduite commune.

§31. Mais la crise du capitalisme peut s’aggraver au point que la bourgeoisie de l’Entente ne trouve plus d’autre issue pour refréner le mouvement révolutionnaire que de s’engager dans une nouvelle guerre soit contre la Russie soviétiste, soit entre puissances de l’Entente. Malgré toutes les assurances de paix, malgré le traité de Washington, les armements se multiplient. On invente et on produit avec zèle des instruments meurtriers pour faire la guerre sur terre, sur la mer, sous la mer et dans t’air avec des gaz asphyxiants et des bacilles.

Malgré la Société des Nations, malgré les perpétuelles assurances de paix, malgré le Gouvernement travailliste en Angleterre et le Bloc des gauches pacifiste en France, la bourgeoisie de tous les pays poursuit les préparatifs de guerre. L’expérience montre que dans ces conditions la guerre peut éclater «d’elle-même».

Guerre impérialiste ou révolution prolétarienne, voilà toujours la seule alternative.

7. — Exacerbation des Conflits Sociaux

§32. Le processus de concentration et de centralisation, de formation de cartels et de trusts se développe rapidement dans la période actuelle du déclin capitaliste. Bien que, dans beaucoup de pays, la richesse réelle diminue, la part des capitalistes les plus puissants devient toujours plus grande.

L’abîme entre le petit groupe de capitalistes contrôlant les trusts et les couches moyennes et petites-bourgeoises s’élargit de plus en plus. Le nombre des petits- bourgeois ayant une indépendance apparente et devenant la proie du capitalisme augmente toujours.

§33. Dans les pays à monnaie dépréciée, la petite bourgeoisie se trouve expropriée de ses biens au profit de la grande bourgeoisie. Les rentiers ont disparu. Le capital investi dans les emprunts, dans les obligations des villes ou de l’industrie est complètement perdu. Les épargnes, les assurances sur la vie, les pensions de vieillesse, tout est dévoré par l’inflation.

L’expropriation de la petite bourgeoisie adonnée au commerce et aux métiers s’est poursuivie de la façon suivante : dans la période d’inflation, elle a vendu les marchandises au-dessous du prix de rachat et, tout en paraissant s’enrichir, elle allait au-devant de sa ruine.

Le revenu des professions libérales, des fonctionnaires et des employés est descendu considérablement au-dessous du niveau d’avant-guerre et se rapproche de celui du prolétariat.

Des catégories qui, autrefois, jouissaient d’un niveau élevé d’existence et vivaient en partie du travail d’autrui, se trouvent ainsi déclassées. Les uns ont été poussés dans le mouvement fasciste ; les autres ont grossi les bataillons du prolétariat révolutionnaire.

§34. La crise agraire ruine des millions de paysans et de fermiers, les réduit à s’endetter et les rejette dans le prolétariat. La fidélité aveugle de la paysannerie au régime capitaliste commence à devenir hésitante. L’union du prolétariat avec les éléments laborieux de la paysannerie contre le capitalisme et la grande propriété, — union qui trouve son expression politique dans le mot d’ordre «Gouvernement des ouvriers et des paysans» — gagne de plus en plus, grâce à la crise agraire, les sympathies de la paysannerie laborieuse.

§35. L’offensive du capital contre la classe ouvrière se poursuit par tous les moyens. Le salaire réel est diminué et le conflit des classes se trouve ainsi exaspéré.

D’un autre côté, le capital essaie d’accuser des différences dans les salaires, de créer une aristocratie ouvrière aux dépens des ouvriers non qualifiés ou des apprentis, de favoriser les hommes aux dépens des femmes et des jeunes gens afin de briser la résistance de la classe ouvrière.

§36. L’appauvrissement de la petite bourgeoisie urbaine, les graves dommages que subit la paysannerie à cause de la crise agraire rendent hésitantes toutes ces classes qui acceptaient sans mot dire, en temps normal, la direction des classes dominantes.

L’expression de cette hésitation est, entre autres, le renforcement du mouvement populiste en. Allemagne, les succès du Bloc des gauches en France, du Labour Party en Angleterre. Dans le prolétariat lui-même, le passage des éléments les plus conscients de la social-démocratie au PC reflète l’exacerbation des conflits. L’interdiction de l’immigration en Amérique ferme la dernière soupape de sûreté offerte au capitalisme européen et active, sur le continent, la fermentation révolutionnaire.

8. — Perspectives

§37. La crise continue. La période de prospérité aux États-Unis est demeurée un phénomène isolé. La crise industrielle chronique dans les grands pays capitalistes européens, la crise agraire dans le monde entier sont les formes principales de cette crise.

Pour l’avenir prochain, il faut compter aux États-Unis avec une phase de crise qui vient de s’annoncer avec une violence inouïe. La crise prolongée des pays industriels européens, au cas où se produirait une tentative sérieuse pour appliquer le rapport des experts, pourrait dégénérer en une nouvelle crise aiguë, s’étendant simultanément à tous les pays européens, au lieu de ces alternatives d’essor et de crise se produisant séparément dans les différents pays de l’Europe.

Les vues des théoriciens social-démocrates (Hilferding), d’après lesquelles le capitalisme aurait surmonté la crise d’après-guerre et se trouverait à la veille d’une grande période de prospérité mondiale, sont absolument sans fondement. Une telle conception rend seulement service à la bourgeoisie ; elle a pour but de tenir les couches ouvrières encore hésitantes loin du mouvement révolutionnaire communiste.

§38. L’avenir immédiat offrira de nouveaux combats acharnés entre le capital et le prolétariat, qui n’aura pas seulement à repousser les attaques du capital, mais aussi à reconquérir ses positions antérieures. Le capital, dans la période de déclin de l’économie capitaliste, est objectivement incapable de satisfaire les revendications du prolétariat.

Ces luttes se déroulent dans une situation où la petite bourgeoisie et la paysannerie traversent une crise douloureuse et ne peuvent plus constituer pour la bourgeoisie des alliés sûrs et fidèles, quand bien même une partie (fascistes) s’engagerait comme son avant-garde contre le prolétariat.

La dislocation politique des couches moyennes et leurs hésitations entre la bourgeoisie et le prolétariat donnent au prolétariat de grandes chances de succès si le PC réussit à transformer les luttes économiques en les élargissant en luttes politiques.

§39. Le moment actuel de la période de déclin du capitalisme aboutira-t-il à la chute de la bourgeoisie ou à une nouvelle consolidation, relativement durable de sa domination ?

Cela dépend dans une large mesure des PC, selon qu’ils seront en état ou non d’exploiter les situations objectivement révolutionnaires qui se présentent. Automatiquement, sans une attaque décidée, acharnée et dévouée du prolétariat révolutionnaire, le régime des classes ne sera jamais détruit.

De puissants mouvements du prolétariat sont à bref délai inévitables. Si nous arrivons à briser définitivement l’influence des Partis social-démocrates et nationalistes ou fascistes sur le prolétariat, à mobiliser la majorité des fractions décisives de ce prolétariat sous la direction des PC en vue du combat pour le pouvoir, à faire entrer les paysans travailleurs, qui ont tant à souffrir de la crise agraire, dans une alliance de combat, ces combats, dans la période actuelle de déclin du capitalisme, conduiront à d’autres combats, couronnés de succès, pour le pouvoir.

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de l’Internationale Communiste

Résolution sur la Tactique au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

1. — La Situation Internationale

1. La phase démocratico-pacifiste

Ce qui frappe surtout lorsqu’on considère l’état politique international actuel, c’est le début d’une phase démocratico-pacifiste.

Ce zigzag de la politique de la bourgeoisie avait été prédit par le 4e Congrès de l’IC qui se tint à l’apogée de la réaction universelle.

Cette apparence de phase démocratico-pacifiste est à l’heure actuelle caractérisée par les faits suivants :

En Angleterre un gouvernement soi-disant «travailliste» ayant à sa tête les chefs de la 2e Internationale, est au pouvoir. En France, les élections ont donné la victoire au bloc des gauches et le Parti Socialiste, un des plus importants de la 2e Internationale, est pratiquement une partie intégrante du gouvernement.

En Allemagne, la propagande pour le rapport des experts dénote une tendance au renforcement des illusions démocratico-pacifistes et de la social-démocratie, interprète de cette politique ; par contre les classes dominantes prétendent se servir de ce rapport des experts et de la social-démocratie pour redoubler de cynisme et de brutalité dans l’exploitation des travailleurs et la répression du mouvement révolutionnaire.

La social-démocratie demeure, sous quelque aspect que ce soit, un Parti collaborant au pouvoir avec la bourgeoisie et, d’une façon ou de l’autre, consolidant la dictature de la bourgeoisie sur le prolétariat.

En Allemagne, malgré le résultat des élections parlementaires, qui ont fortifié les deux ailes extrêmes, un gouvernement d’opinion moyenne reste au pouvoir, s’appuyant également en fait sur la social-démocratie qui sous des aspects divers demeure un Parti gouvernemental de la bourgeoisie et coopère, d’une façon ou d’une autre, à l’exercice de sa dictature contre le prolétariat.

En Amérique a triomphé l’aile démocratico-pacifiste de l’impérialisme, qui consent à intervenir dans les affaires européennes et est prête soutenir les conclusions des Experts. Le mouvement croissant pour la formation d’un tiers Parti petit-bourgeois donne également une idée du progrès des dispositions démocratico- pacifistes.

Au Japon, la bourgeoisie «démocratique» marche également à la conquête du pouvoir et se prépare à remplacer au gouvernail le Parti féodal. Le changement récent de gouvernement est aussi interprété comme une victoire de la «démocratie» et du pacifisme.

Au Danemark, un gouvernement soi-disant ouvrier, ayant à sa tête un des représentants les plus en vue de la 2 e Internationale, est au pouvoir.

En Belgique, les prochaines élections peuvent amener au pouvoir les chefs du Parti «ouvrier» qui sont déjà de fait ministres sans portefeuille.

En Autriche, la social-démocratie a remporté une grande victoire électorale et elle constitue pratiquement une des colonnes du régime bourgeois.

En Tchécoslovaquie, en Pologne et aussi particulièrement dans des Balkans, où la bourgeoisie est sous la dépendance des impérialistes des grandes puissances de l’Entente, s’annonce la répercussion des changements qui ont eu lieu en Angleterre et en France.

2. Le sens réel de l’étape actuelle de la politique internationale

En réalité ce qui se passe n’est nullement l’aurore d’une stabilisation de l’ordre capitaliste consolidé fondé sur la «démocratie» et la paix. C’est seulement un paravent avec lequel la réaction, bourgeoisie universelle exacerbée trompe une fois de plus le peuple.

Non seulement la phase « démocratico-pacifiste » n’a pas abouti et ne peut aboutir à la réduction des armements, mais ces armements ne font que croître avec une vitesse effrayante. Les intrigues de la diplomatie secrète sont plus florissantes que jamais. Chaque démocratie s’arme plus ou moins ouvertement en vue de conflits impérialistes inconciliables avec une démocratie « amie ».

Le conflit fondamental entre les impérialismes américain et japonais n’est nullement réglé. Le mobile intérieur de ce conflit, qui amènera nécessairement à une nouvelle explosion de guerres impérialistes, continue son action mécanique.

Les oppositions d’intérêts entre les coteries impérialistes d’Angleterre et de France ne sont nullement résolues par la victoire de la «démocratie» dans l’un et l’autre pays. Il n’y a que la forme de changée.

Le pillage des colonies et des pays semi-coloniaux demeure la condition naturelle du «progrès», et de la «civilisation».

3. La conclusion des experts

L’Évangile du «pacifisme» et de la «démocratie» contemporains ce sont les conclusions des experts. En réalité ce document a pour but l’exploitation des travailleurs d’Allemagne et constitue une tentative d’impérialistes, bien encore ennemis, pour rétablir leurs affaires aux dépens des travailleurs de leurs propres pays.

L’occupation de la Ruhr n’a pas abouti au résultat attendu par les impérialistes français. Le pillage déclaré n’a pas réussi.

La seule issue aux problèmes des réparations est dans un détroussement prolongé, couvert sous des phrases démocratico- pacifistes.

C’est à quoi procèdent les impérialistes de l’Entente, soutenu par les éléments les plus intéressés de la bourgeoisie allemande et par la social-démocratie au service de la bourgeoisie.

Les conclusions des experts, auxquelles se rallie toute la social-démocratie internationale contre-révolutionnaire, sont véritablement le document le plus honteux de notre temps. C’est la corde au cou des travailleurs non seulement d’Allemagne, mais de nombre d’autres pays.

En appuyant les conclusions des experts, la social-démocratie ne trahit pas moins la cause ouvrière que lors de la guerre impérialiste, car les conclusions des experts ne sont que la continuation de la guerre par d’autres moyens.

Les conclusions des experts même si elles reçoivent un commencement d’exécution, ne peuvent en aucune façon résoudre les conflits d’intérêts entre les divers groupements impérialistes. Ces d’intérêts ne tentent de s’accorder actuellement sur le papier que pour s’entrechoquer avec une force décuplée à bref délai.

4. La situation internationale de l’URSS

La seule contrée qui poursuive systématiquement et jusqu’au bout sa politique de paix, c’est l’URSS. Le premier pays où la Révolution prolétarienne a triomphé, entouré de tous côtés d’ennemis bourgeois, poursuit héroïquement et infatigablement une politique de paix.

Pendant la période qui vient de s’écouler, l’URSS a sensiblement fortifié sa situation internationale. La prospérité croissante à l’intérieur, l’appui de tout ce qu’il y a de honnête et de conscient dans la classe ouvrière internationale et l’habile politique du gouvernement soviétique ont conduit à la reconnaissance de [illisible] de l’URSS par quelques-uns des États les plus puissants du monde.

Cependant c’est pas impossible que précisément cette phase démocratico-pacifiste soit marquée pour le premier État prolétarien par de nouvelles difficultés, est hors de doute que la fraction la plus traîtresse de la « démocratie » travaille actuellement à constituer en politique internationale un front unique contre l’URSS pour mettre à genoux la Révolution prolétarienne victorieuse et la forcer à payer les vieilles dettes du tsarisme, soit sous une forme analogue aux conclusions des experts, soit sous une autre.

Il ne faut pas oublier que l’ère démocratico-pacifiste est une des dernières phases du capitalisme, plus la position devient difficile pour la bourgeoisie internationale, et plus une aventure militaire contre l’URSS devient vraisemblable.

La participation des social-démocrates aux gouvernements «démocratiques» ne fait qu’augmenter le danger. Les chefs contre- révolutionnaires de la social-démocratie dans leur haine sans borne des Soviets, se résoudront encore plus vite une aventure militaire que certains bourgeois.

La classe ouvrière doit être prête à ce que la réaction qui opère aujourd’hui sous le pavillon du pacifisme «démocratique» arrive à créer ce front unique contre l’URSS Les ouvriers du monde entier lutteront avec un dévouement sans réserve contre cet politique des classes dominantes et feront le nécessaire pour briser la chaîne avant qu’elle se soude.

5. La politique internationale de la social-démocratie

La social-démocratie contre-révolutionnaire, qui au mois d’août 1919 a dû jeter le masque et soutenir ouvertement dans chaque pays sa bourgeoisie, suit aujourd’hui la même politique sous une forme déguisée. Partout où elle est une force importante elle soutient comme par le passé «ses» impérialistes, en masquant cette trahison des mots sonores de démocratie et de

Ce sont les chefs de la social-démocratie qui sont actuellement des partisans les plus ardents et des conclusions des experts, et d’un nouvel isolément de l’URSS, avec même attaque directe du capital international contre la première Révolution prolétarienne du monde.

Cependant pour endormir la vigilance des masses ils prodiguent dans leurs Congrès les phrases mensongères sur la grève générale, comme moyen d’empêcher la guerre.

Entre les chefs politiques de la bourgeoisie et ceux de la Social-démocratie contre-révolutionnaire il y a seulement division du travail : les premiers créent une apparence d’ère démocratico-pacifiste, les seconds tâchent de développer les illusions « démocratico-pacifistes » au sein des classes laborieuses.

2. — Le Problème du Pouvoir

1. L’ébranlement du régime bourgeois

Le régime bourgeois a pour un certain laps de temps sauvé son existence, bien que la première guerre impérialiste mondiale ait provoqué sur la fin une immense explosion de mécontentement populaire spontané. Les forces du prolétariat international n’étaient pas suffisamment organisées. Les Partis de coup d’État prolétarien étaient trop faibles et c’est pourquoi la victoire de la révolution prolétarienne à la fin de la guerre impérialiste était impossible.

Mais cette guerre n’en a pas moins causé des secousses profondes.

Ses suites se manifesteront encore pendant bien des années. Ses conséquences sociales et politiques ne sont encore qu’esquissées.

Les traités impérialistes n’ont été, comme l’occupation de la Ruhr l’a montré, qu’une continuation de la guerre avec d’autres moyens ; ils n’ont pas guéri les blessures faites par la guerre. Les conséquences de la guerre ne sont pas écartées et ne le seront pas par les méthodes capitalistes.

En tout cas, à la suite de la première guerre impérialiste mondiale, le régime capitaliste apparaît sapé et ébranlé à la fois économiquement et politiquement. Les symptômes de la fragilité du capitalisme se montrent parfois avec une évidence plus frappante encore dans la politique que dans l’économie.

Le changement rapide et incessant des gouvernements est un de ces symptômes. Dans maints pays le problème du pouvoir est à l’ordre du jour, sous une forme inconnue avant la guerre.

2. Les deux politiques de la bourgeoisie

L’après-guerre et en partie la période qui la précéda ont révélé deux tendances politiques de la bourgeoisie : L’une franchement réactionnaire et l’autre démocratico-réformiste. L’incarnation la plus marquante de la première est Poincaré et de la seconde Lloyd George.

Dans ces années de crise révolutionnaire, ce phénomène n’est pas fortuit. Quand le sol tremble sous les pieds de la bourgeoisie, quand l’ère «normale» de sa domination stable entre dans le passé, quand les évènements révolutionnaires s’annoncent manifestement et les forces du coup d’État prolétarien grandissent, deux systèmes de politique doivent nécessairement se présenter aux chefs de la classe dominante : l’un qui voudrait écraser et réprimer les forces révolutionnaires avant qu’elles aient grandi, par une furieuse campagne contre elles ; l’autre, a plus longues vues, qui au moyen de petites concessions, en corrompant les dirigeants de la classe ouvrière, en un mot par la démocratie, le pacifisme et le réformisme, s’efforce de modifier le rapport des forces en faveur de la bourgeoisie.

3. Entre la social-démocratie et le fascisme

La bourgeoisie ne peux plus gouverner avec les anciennes méthodes. C’est un des symptômes de l’approche lente, mais sûre, de la révolution prolétarienne. La bourgeoisie a recours tantôt aux bons offices du fascisme et tantôt a ceux de la social-démocratie. Dans les deux cas, elle tâche de masquer le caractère capitaliste de sa domination et de lui donner des traits plus ou moins «populaires».

Fascistes (première période de Mussolini) et social-démocrates (première période de Noske) servent la bourgeoisie en tant qu’organisation de combat, bandes armées, troupes de choc contre l’armée prolétarienne naissante.

Avec l’aide du fascisme et de la social-démocratie, la bourgeoisie essaye de regrouper les forces sociales en fabriquant l’apparence d’une victoire politique de la petite bourgeoisie et d’une participation du peuple à l’exercice du pouvoir.

4. La social-démocratie, tiers Parti de la bourgeoisie

En Amérique il se fait beaucoup de bruit autour de la création d’un tiers Parti de la bourgeoisie (la petite bourgeoisie). En Europe, la social-démocratie est déjà en un certain sens ce tiers Parti.

La chose est particulièrement visible en Angleterre, où, aux deux Partis classiques de la bourgeoisie qui jadis se relevaient pratiquement l’un l’autre au pouvoir, c’est ajouté comme facteur gouvernemental le Labour Party, qui fait en réalité à peu près la politique d’une des ailes de la bourgeoisie. Les chefs traîtres du Labour Party sont appelés à coopérer plusieurs années, sous une forme ou sous une autre, à l’exercice du pouvoir de la bourgeoisie.

Il est également hors de doute qu’en France, en Angleterre et dans beaucoup d’autres pays, les leaders de la 2e Internationale jouent le rôle de misérables bourgeois et sont pratiquement à la tête d’une fraction de la bourgeoisie «démocratique».

Depuis longtemps déjà l’aile droite du mouvement ouvrier, dégénère de plus en plus en aile gauche de la bourgeoisie et par endroits en aile du fascisme. C’est pourquoi il est historiquement faux de parler de victoire du fascisme sur la social-démocratie. Le fascisme et la social-démocratie (dans la mesure où il s’agit des dirigeants) sont la main droite et la main gauche du capitalisme contemporain ébranlé par la première guerre impérialiste mondiale et par les premières révoltes des travailleurs.

5. La social-démocratie de nouveau au pouvoir

Pendant la guerre et immédiatement après la guerre nous avons vu les leaders de la 2e Internationale au pouvoir dans un certain nombre de pays. Le fait s’expliquait par le besoin pratique brutal des impérialistes d’opposer le mouvement ouvrier des pays ennemis.

À l’heure actuelle la bourgeoisie invite les chefs de la social-démocratie à partager le pouvoir pour la seconde fois. En situation «normale» et sans guerre, ce phénomène témoigne de l’instabilité de l’hégémonie bourgeoise, de colossales anormalités et de terribles crises que recèle pour la bourgeoisie cette situation normale.

6. Entre la terreur blanche et les «gouvernements ouvriers»

Malgré une apparence de consolidation du régime bourgeois sa puissance est en réalité de plus en plus minée. La position devient de plus en plus instable. Le parlementarisme vit ses derniers moments.

Sur les ruines du vieux parlementarisme, la bourgeoisie a de plus en plus de peine à bâtir un équilibre tant soit peu solide. Les dernières élections en France et en Allemagne en sont une illustration : voilà deux Parlements bourgeois de deux grands États d’Europe qui n’ont pas de majorité stable. La bourgeoisie sera ballottée d’un côté à l’autre de la terreur blanche au «gouvernement ouvrier».

Il peut arriver que dans un avenir prochain nous voyons des «gouvernements ouvriers» non pas dans un pays ou dans deux, mais dans beaucoup. Ils seront le résultat de la lutte du prolétariat pour le pouvoir et des hésitations de la bourgeoisie, inévitables dans la période actuelle.

Objectivement, ces «gouvernements ouvriers», peuvent être un progrès en ce sens qu’ils témoigneront de la dislocation progressive du régime bourgeois et du manque de suite dans la politique des classes dominantes. Le gouvernement «ouvrier» contre- révolutionnaire (en réalité, libéral) de McDonald est un progrès.

Mais le rôle des véritables partisans de la révolution prolétarienne doit consister non pas à porter aux nuées de semblables gouvernements «ouvriers», mais à grouper l’armée prolétarienne pour la lutte révolutionnaire intransigeante et franchir au plus vite ce gouvernement soi-disant ouvrier pour faire triompher la dictature du prolétariat.

7. La signification objective et les perspectives probables de la phase démocratico-pacifiste

La signification objective de la phase démocratico-pacifiste que nous traversons consiste en ceci que la bourgeoisie ne peut plus se maintenir au pouvoir au moyen des anciennes méthodes. Elle est l’expression de la faiblesse du régime capitaliste et de son déclin.

Les gouvernements démocratico-pacifistes, actuellement au pouvoir, de même que tous les gouvernements de type analogue qui peuvent y venir, non seulement ne mèneront pas une politique réellement démocratique et pacifique, mais au contraire se teinteront très vite de fascisme. La lutte de classes, loin de se calmer, s’exaspérera encore dans le cadre de cette «démocratie», de ce «pacifisme». L’alternance des régimes (démocratie-fascisme- démocratie) sapera encore plus profondément la base du capitalisme déjà ébranlée.

De chaque changement les masses populaires et, au premier chef, les masses prolétariennes, sortiront enrichies d’expérience politique et plus décidées à la lutte, tandis que la bourgeoisie et les leaders social-démocrates qui la servent en sortiront chaque fois affaiblis, plus démoralisés et perdant davantage la foi en eux-mêmes et en leur politique.

Ainsi croîtront les forces de la Révolution prolétarienne, jusqu’au jour de sa victoire décisive.

3. — La Création de Grands PC, Problème Central de Toute une Époque

1. La crise du capitalisme et le facteur subjectif

Si la bourgeoisie mondiale n’a pas été vaincue au terme de la guerre impérialiste, c’est surtout parce que nous n’avions pas dans les pays décisifs de grands PC capables d’organiser la Révolution et de mener au combat les masses spontanément levées contre les fauteurs de la guerre. Le capitalisme a dû à cette circonstance un certain répit.

À un moment où le capitalisme ne peut plus régner sans la social-démocratie, où le mal qui le mine, bien que chronique, devient de plus en plus irrémédiable, le facteur subjectif c’est-à-dire le degré d’organisation du prolétariat et de son avant-garde, les PC, devient dominant.

2. Aux masses

Le mot d’ordre, lancé par le 3e Congrès Mondial : Aux masses !, reste en vigueur totalement. Les succès remportés par l’IC dans la période écoulée n’en sont que les premiers fruits. Certaines Sections ne les ont pas encore consolidés, et si, dans la conquête des masses, nous n’avançons pas, nous pouvons facilement reculer.

3. La conquête de la majorité

Le 3e et 4e Congrès s’expriment de la façon suivante au sujet de la conquête de la majorité :

«§3. La conquête de la majorité :

Dans ces conditions, l’indication fondamentale du e Congrès Mondial : «Conquérir une influence communiste dans la majorité de la classe ouvrière et mener au combat la partie décisive de cette classes», subsiste dans toute sa force.

La conception suivant laquelle, dans l’équilibre instable actuel de la société bourgeoise, la plus grave crise peut subitement éclater par suite d’une grande grève, d’un soulèvement colonial, d’une nouvelle guerre, ou même d’une crise parlementaire, garde toute sa force aujourd’hui encore plus qu’à l’époque du 3e Congrès.

Mais c’est précisément pour cela que le facteur «subjectif» c’est-à-dire le degré de conscience, de volonté, de combat et d’organisation de la classe ouvrière et son avant-garde, acquiert une importance énorme.

La majorité de la classe ouvrière d’Amérique et d’Europe doit être gagnée ; c’est la tâche essentielle de l’IC à présent comme auparavant.

Dans les pays coloniaux et semi-coloniaux l’IC a deux tâches : 1) créer un noyau de PC qui défend les intérêts généraux du prolétariat, et 2) appuyer de sautes ses forces le mouvement national révolutionnaire dirigé contre l’impérialisme, devenir l’avant-garde de ce mouvement et mettre en relief et renforcer le mouvement social au sein du mouvement national.

Le 5e Congrès confirme intégralement les formules des 3e et 4e Congrès. Il repousse catégoriquement comme erronées, d’une part, les tendances de droite qui exigent la conquête préalable de la majorité statistique de toute la classe ouvrière et estime ne saurait être question de batailles révolutionnaires sérieuses avant l’acquisition au communisme de 99 % des travailleurs ; et d’autre part, l’opinion de l’extrême-gauche qui n’a pas encore compris la portée universelle et décisive du mot d’ordre : Aux masses !

Et, qui a l’air parfois de croire que les PC peuvent être des organisations d’une minorité prolétarienne terroriste et que, sans embrasser les masses ; ils peuvent les conduire au combat n’importe quand.

4.— Les Conditions de la Formation de PC de Masse

Ces conditions sont les suivantes :

§1. La construction du Parti sur la base des Cellules d’usines. L’immense majorité des PC d’Europe conserve les vieux principes d’organisation, empruntés à la social-démocratie. C’est le vestige d’une époque où le Parti était considéré comme une machine électorale auxiliaire. II ne peut être question de créer un PC de masses sérieux et solide tant que ce Parti n’a pas à sa base des Cellules dans les entreprises mêmes (la même remarque se rapporte aux jeunesses, aux femmes, etc…)

Ce n’est pas seulement une question d’organisation, c’est une question profondément politique. Aucun PC ne pourra mener au combat des masses prolétariennes décisives ni vaincre la bourgeoisie tant qu’il n’aura pas une base solide à l’usine et tant que chaque grande entreprise ne sera devenue une citadelle du PC

§2. L’action communiste à l’intérieur des syndicats. La formation effective, et non-verbale, d’un réseau de fractions communistes dans les syndicats (légalement si possible, illégalement là où il le faut), une campagne systématique, prolongée pendant des années pour la conquête des syndicats, la réponse à l’invitation des leaders social-démocrates à la scission et à la désertion par un effort encore plus grand d’unité au sein même des syndicats, voilà encore des prémices essentielles de la formation de PC de masses solides.

§3. La Fondation des Comités d’usines. Le mouvement des Comités d’usines est une nouvelle forme d’organisation du prolétariat, dont il sortira peu à peu de nouveaux syndicats réellement révolutionnaires et qui, dans des circonstances favorables, servira d’embryon aux Soviets de députés ouvriers. Le PC qui n’a pas encore réussi à faire naître un sérieux mouvement de Comités d’usines ou à conquérir une influence importante dans le mouvement déjà existant, ne peut être considéré comme un PC de masse.

La solution des problèmes énumérés dans ces 5 paragraphes constitue la condition essentielle et élémentaire de l’existence de grands PC Il est impossible autrement d’aborder sérieusement les autres questions de la politique communiste.

§4. Le Parti et les paysans. Non seulement dans les pays agraires et semi-agraires, mais aussi dans les pays typiquement industriels, la crise provoquée par la guerre impérialiste a rendu des fractions importantes de la population paysanne beaucoup plus accessible aux idées révolutionnaires des communistes.

Le prolétariat ne peut vaincre ni édifier le régime des Soviets s’il n’a pas, longtemps avant, travaillé à neutraliser certains éléments de la classe paysanne et à gagner les sympathies de certains autres. Les PC qui veulent devenir de grands Partis révolutionnaires ne peuvent se contenter d’avoir des thèses sur la question paysanne, ils doivent savoir établir un contact vivant entre l’avant-garde prolétarienne et l’élite des paysans.

Ce contact (qui présente une énorme importance pour leur liaison avec l’armée recrutée surtout parmi les paysans) peut être obtenu principalement par l’intermédiaire des ouvriers. Il faut prendre pour règle que les ouvriers révolutionnaires des entreprises où les communistes jouissent d’une grande influence envoient systématiquement dans les campagnes de grandes délégations et recueillent pour cela les ressources matérielles nécessaires. Le manque d’attention pour question paysanne est un vestige de social-démocratie.

Les PC qui n’ont pas su organiser l’action révolutionnaire chez les paysans ne peuvent être reconnus comme des Partis de masse posant sérieusement la question de la conquête du pouvoir. II va de soi que nos Sections n’en demeurent pas moins des Partis ouvriers marxistes et ne doivent pas dégénérer en Partis ouvriers et paysans.

§5. La question des nationalités. Dans un certain nombre de pays, le partage du monde, effectué après la guerre impérialiste, a renforcé l’oppression et l’enchevêtrement des nationalités. En Europe, et plus encore dans les colonies et semi-colonies, s’est accumulée une quantité de matières explosives capables de faire sauter la domination bourgeoise.

Une bonne politique des communistes dans la question nationale, telle qu’elle est fondée en détail dans les thèses du 2e Congrès Mondial, est une des parties essentielles de la conquête des masses et de la préparation d’une révolution victorieuse. Le nihilisme et les déviations opportunistes dont font preuve à l’égard de la question coloniale un certain nombre de PC est le point faible de ces Partis qui, s’ils persistent dans leur erreur, ne pourront jamais remplir leur mission historique.

5. — Entre Deux Vagues de la Révolution Prolétarienne

Au cours de l’année dernière ont apparu les premiers indices d’une nouvelle vague révolutionnaire. Les combats d’Allemagne, les insurrections de Bulgarie et de Pologne, les grandes grèves économiques de plusieurs autres pays, annoncent de nouveaux événements révolutionnaires.

Ce sont précisément les époques intermédiaires entre deux révolutions ou entre deux vagues révolutionnaires qui sont d’ordinaire grosses de déviations opportunistes vers la droite et de déviations d’extrême-gauche vers une passivité cachée sous le radicalisme des mots, vers un menchévisme à rebours.

6. — Guerre Sans Merci aux Déviations Opportunistes de Droite

La période écoulée entre le 4 e et le 5 e Congrès a montré des déviations opportunistes, dans le mouvement communiste, plus fortes qu’on n’aurait pu le soupçonner. Un certain nombre de Sections, venues de la social-démocratie, en ont apporté des résidus de traditions non encore effacées. À mesure que les Partis de l’IC deviennent des Partis de masse, les déviations de droite peuvent être plus dangereuses.

Au Congrès, le fait s’est définitivement éclairci que, dans certains des pays les plus importants pour le mouvement ouvrier, les représentants de la droite ont essayé de déformer la tactique du front unique et du gouvernement ouvrier et paysan en l’interprétant comme une étroite alliance politique, comme une coalition organique de «tous les Partis ouvriers», c’est-à-dire comme l’union politique des communistes avec la social-démocratie.

Pour l’IC, la tactique du front unique avait pour but principal de combattre les chefs de la social-démocratie contre-révolutionnaire et de libérer les ouvriers social-démocrates de leur influence ; la droite l’a interprétée comme équivalant à une union politique avec la social-démocratie.

Le Congrès condamne résolument cette déviation petite- bourgeoise, repousse catégoriquement l’altération de la tactique du front unique qui s’est marquée dans plusieurs Sections et déclare qu’il combattra sans merci cette politique radicalement contraire aux décisions de l’IC.

7. — Les Déviations d’Extrême-gauche

Le bolchévisme s’est constitué dans une lutte acharnée non seulement contre le menchévisme et le centrisme, mais aussi contre les déviations d’extrême-gauche. L’IC, organisation internationale du bolchévisme, fait dès ses premiers jours une guerre impitoyable à la fois à l’opportunisme de droite et aux déviations d’extrême-gauche qui souvent ne sont que le revers de l’opportunisme.

Entre le 4 e et le 5 e Congrès, les déviations d’«extrême-gauche» ont revêtu un aspect particulièrement dangereux dans la question du travail dans les syndicats réactionnaires. Le mouvement en faveur de l’abandon des syndicats est gros de dangers immenses pour le communisme.

Si l’IC ne donne pas une riposte catégorique à ces tendances qui font uniquement le jeu des chefs contre-révolutionnaires de la social-démocratie, désireux d’être débarrassés de la présence des communistes dans les syndicats, nous n’aurons jamais de Partis véritablement bolchéviks.

Les déviations d’ «extrême-gauche» se sont manifestées également dans le rejet par principe de la manœuvre en général et, en particulier, dans l’incompréhension de la tactique du front unique, dans une mauvaise volonté à la mettre en pratique, ou bien dans son admission seulement en matière économique et pas en politique, etc.

Mais la manœuvre ne doit naturellement pas donner prétexte à méthodes opportunistes.

Tout en combattant sans merci les déviations opportunistes de droite, l’IC doit systématiquement expliquer la terreur et la nocivité de la déviation d’«extrême-gauche», hostile la création de Partis de masses aptes à la manœuvre.

8. — La Tactique du Front Unique

En dépit de grandes erreurs opportunistes et de sa déformation par la droite au point d’entraîner parfois une dégénération des PC, la tactique du front unique, entre le 4e et le 5e Congrès de l’IC, a en somme été utile et nous a rapprochés de la transformation de plusieurs Sections en grands Partis.

Pendant la période où les PC des principaux pays restent en minorité, où la social-démocratie, par suite de toutes sortes de circonstances historiques, entraîne encore à sa suite une fraction considérable du prolétariat, où l’offensive capitaliste continue sous une forme ou sous une autre, où la classe ouvrière n’a pas encore la force même de se défendre sérieusement, la tactique du front unique était et demeure absolument juste et indispensable.

L’expérience de la tactique du front unique, à laquelle l’IC a déjà fait allusion, demeure et il est apparu que de simples formules ne mènent plus à rien, que, dans la période actuelle, les Partis de l’IC ne peuvent rien entreprendre avec la tactique du front unique en soi et que cette tactique, de méthode bolchévique et révolutionnaire, menace de se changer en tactique opportuniste et en source de révisionnisme.

La tactique du front unique est simplement un moyen d’agiter et de mobiliser les masses pour toute une période. Vouloir interpréter cette tactique comme une coalition politique avec la social-démocratie contre-révolutionnaire, c’est un opportunisme repoussé par l’IC.

La tactique révolutionnaire du front unique n’est justement appliquée que si chaque Section, en pleine conscience de ses dangers et sans adopter des formules mécaniques, se propose concrètement de mobiliser les masses pour certains buts et revendications partiels, de les organiser, pour toujours s’orienter sur la révolution et l’entraînement au combat de la majorité des couches décisives du prolétariat afin de réaliser enfin l’assaut à la bourgeoisie.

1. La tactique du front unique par en bas est nécessaire toujours et partout, à l’exception peut-être des rares moments de lutte décisive où les ouvriers révolutionnaires communistes doivent tourner leurs armes même contre les groupes du prolétariat qui, dans leur inconscience, se battent contre nous. Mais même dans ces moments exceptionnels, il faut faire tout son possible pour réaliser l’unité par en bas avec les ouvriers qui ne marchent pas encore avec les communistes. L’expérience de la révolution russe et de la lutte révolutionnaire en Allemagne a montré que cela est possible.

2. L’unité par en bas et les pourparlers par en haut à la fois sont une méthode à employer assez souvent dans les pays où la social- démocratie est encore une force. Ces pourparlers avec les chefs ne doivent pas lier l’indépendance communiste du Parti. Ici la base doit encore être l’unité par en bas. L’appel aux organes officiels de la social-démocratie (lettres ouvertes, etc.) ne doit pas devenir une routine.

Le principal est de créer au préalable parmi les ouvriers (y compris les ouvriers social-démocrates) un état d’esprit favorable à l’action projetée, à la campagne à entamer pour, après seulement, s’adresser aux organes officiels de la social-démocratie, les placer ainsi en face du fait accompli d’une classe ouvrière déterminée ou, s’ils refusent de la soutenir, les démasquer devant les masses.

Il va de soi que les PC doivent conserver leur pleine et entière indépendance et, à tout moment des pourparlers, leur physionomie communiste. À cet effet, tous les pourparlers avec les dirigeants social-démocrates doivent être menés à découvert et les communistes doivent tout faire pour fixer sur eux l’attention des ouvriers.

3. L’unité seulement par en haut est une méthode que l’IC repousse catégoriquement et résolument.

Le plus important est le front unique par en bas, c’est-à-dire l’union réalisée, sous la direction du PC, entre les ouvriers communistes, social-démocrates et sans-Parti d’une entreprise, d’un Comité d’usine, d’un syndicat, d’un seul centre industriel ou de toute une région, d’une profession ou de tout le pays, etc.

Il va de soi que la tactique du front unique peut et doit varier avec la situation concrète de chaque pays et de chaque période. Une application routinière et globale la priverait de toute signification, la transformerait en son contraire.

En concrétisant les méthodes tactiques, il faut tenir compte de toute la situation du pays, de sa structure, de l’état de la Section en portant le centre de gravité sur la mobilisation des masses par en bas, la création d’organes de combat, la liaison avec les principaux éléments des masses laborieuses (prolétariat, paysans, ouvriers agricoles) qui doivent être appelés au combat.

La tactique du front unique a été et reste une méthode de révolution et non d’évolution pacifique. Elle a été et reste une tactique de manœuvre stratégique révolutionnaire de l’avant-garde communiste entourée d’ennemis et luttant tout d’abord contre les chefs traîtres de la social-démocratie contre-révolutionnaire ; elle n’est en aucun cas une tactique d’alliance avec eux.

Elle a été et reste une tactique consistant à gagner progressivement à notre cause les ouvriers social-démocrates et les meilleurs des sans-parti, mais en aucun cas à rabaisser nos objectifs au degré de compréhension des ouvriers.

9. — Le Gouvernement Ouvrier et Paysan

Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan a été et est encore compris par l’IC comme une déduction de la tactique du front unique dans l’acception ci-dessus indiquée.

Les éléments opportunistes de l’IC ont essayé, dans la période écoulée, d’altérer non seulement le mot d’ordre du front unique, mais aussi celui du gouvernement ouvrier et paysan, en l’interprétant comme un gouvernement  «dans le cadre de la démocratie bourgeoise », comme une alliance politique avec la social-démocratie.

Le 5e Congrès Mondial repousse catégoriquement une telle interprétation. Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan est, pour l’IC, traduit dans la langue de la révolution, dans la langue du peuple, la dictature du prolétariat. La formule du gouvernement ouvrier et paysan, née de l’expérience de la Révolution russe, a été et ne peut être qu’un moyen d’agiter et de mobiliser les masses en vue du renversement révolutionnaire de la bourgeoisie et de l’instauration du régime soviétiste.

Pour former un gouvernement véritablement ouvrier ou ouvrier et paysan, il faut avant tout renverser la bourgeoisie, qui actuellement détient partout le pouvoir, sauf dans l’URSS. Abattre et mettre hors d’état de nuire la bourgeoisie, réprimer sa résistance et créer les prémisses réelles d’un véritable gouvernement ouvrier et paysan, tout cela n’est possible que par le soulèvement armé du prolétariat entraînant les meilleurs des paysans, et par la victoire de travailleurs dans la guerre civile.

Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan a été et demeure la formule pour aborder les masses, l’ensemble des travailleurs.

Dans la période présente, où les chefs social-démocrates s’engagent de plus en plus dans des combinaisons gouvernementales avec la bourgeoisie, tandis que les ouvriers qui suivent encore la social-démocratie sont aux prises avec une misère de plus en plus profonde, il se crée une situation qui est souvent très favorable à l’application de la tactique du front unique et du gouvernement ouvrier et paysan.

Si, précisément dans la période où la social-démocratie officielle devient le  «tiers parti » gouvernemental de la bourgeoisie et où ses chefs s’enfoncent de plus en plus dans les combinaisons gouvernementales de la bourgeoisie, nous réussissons, nous autres communistes, par un habile emploi de tactique du front unique, à entraîner un nombre considérable d’ouvriers social-démocrates d’abord dans les combats économiques, puis dans les combats politiques côte à côte avec nous, nous obtiendrons par là même une conjoncture on ne peut plus propre à ruiner l’influence de la social-démocratie et à attirer au communisme de nombreux éléments travailleurs.

Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan n’est en aucun cas, pour les communistes, une tactique d’accords et de transactions parlementaires avec les social-démocrates.

Bien au contraire, l’activité parlementaire des communistes doit, elle aussi, avoir pour objet de démasquer le rôle contre-révolutionnaire de la social-démocratie et d’expliquer aux travailleurs la falsification et l’imposture des gouvernements  «ouvriers » créés par la bourgeoisie et qui ne sont en réalité que des gouvernements bourgeois libéraux.

10. — Revendications Partielles

La tactique de l’IC non seulement n’exclut pas, mais sous-entend l’emploi, dans notre agitation et dans notre politique, des revendications partielles. Il faut seulement ne pas perdre de vue trois circonstances :

a) les revendications partielles que nous formulons doivent être vivantes, c’est-à-dire pouvoir être soutenues par les travailleurs ;

b) elles doivent être dans la ligne de la révolution ;

c) elles doivent toujours être rattachées au but final ; nous devons aller du particulier au général, des revendications partielles à tout le système de revendications dont l’ensemble constitue la révolution sociale.

Tandis que les réformistes formulent les revendications partielles au lieu et place de la Révolution prolétarienne, les communistes s’en servent pour mieux préparer la révolution prolétarienne. Toute l’agitation des communistes en faveur des revendications partielles lei de la façon la plus étroite chacune de ces revendications au programme de la Révolution, surtout dans les pays où il y a crise du régime bourgeois.

11. — Les Illusions Démocratico-pacifistes

La situation actuelle engendre inévitablement pour un temps, parmi certains éléments des travailleurs, des illusions démocratico-pacifistes. Les chefs de la social-démocratie feront tout leur possible pour les encourager.

La lutte contre ces illusions, qui sera pour les communistes une des tâches principales de cette période, n’exclut en aucune façon l’application de la tactique du front unique.

Bien au contraire, c’est justement l’application habile de cette tactique (participation des ouvriers social-démocrates à la lutte économique des communistes, revendications politiques élémentaires impossibles cependant à satisfaire pour les gouvernements démocratiques et «ouvriers» qui sera le meilleur moyen de venir à bout des illusions démocratico- pacifistes.

L’application de la tactique du front unique ne sera couronnée de succès qu’à une condition : c’est que les illusions démocratico- pacifistes ne pénétreront pas dans nos rangs et que les communistes ne perdront pas de vue les dangers du front unique et du gouvernement ouvrier et paysan, plus d’une fois signalés par l’IC.

12. — Occident et Orient

L’IC est l’organisation de la Révolution universelle. Cependant un certain nombre de circonstances ont fait que ses efforts ont été trop tournés vers l’Occident. Il est indispensable de porter une attention beaucoup plus grande sur l’Orient, au sens le plus large. Aux Indes, au Japon, en Chine, en Turquie se sont créées les premières Cellules d’un mouvement communiste.

Dans tous ces pays commence une vaste lutte économique des ouvriers. L’IC doit accorder une attention renforcée à ce mouvement et en outre prêter son concours au mouvement de toutes les nationalités opprimées contre l’impérialisme, dans l’esprit de la résolution du 2e Congrès, en se rappelant que ces mouvements sont une partie intégrante du grand mouvement d’affranchissement qui seul peut conduire à la Révolution non seulement en Europe, mais dans le monde.

13. — Deux Perspectives

L’époque de la révolution internationale est ouverte. La vitesse de son développement et en particulier la vitesse de l’évolution révolutionnaire sur tel ou tel continent, dans tel ou tel pays, est impossible à prévoir avec exactitude. Deux perspectives sont possibles : un développement ralenti de la Révolution prolétarienne n’est pas exclu ; d’un autre côté le terrain est à tel point miné sous le capitalisme et ses antagonismes s’exaspèrent avec une telle rapidité que la solution peut intervenir ici ou là à temps très court.

L’IC doit bâtir sa tactique sur ces deux éventualités. Sa manœuvre doit consister à savoir rapidement s’adapter aux changements de vitesse de l’histoire et en tout cas, même si cette vitesse diminue, elle doit rester le grand PC intransigeant de la Révolution prolétarienne et en cette qualité grouper les masses et les former à la lutte révolutionnaire pourvoir.

14. — La Bolchévisation des Partis et la Formation du PC Universel

L’objectif essentiel de cette période de l’IC est la bolchévisation de ses Sections. Ce mot d’ordre ne doit en aucune façon être compris comme la transposition automatique de toute l’expérience du Parti bolchévik aux autres Partis. Les traits essentiels d’un Parti réellement bolchévik se ramènent à ce qui suit :

a) le Parti doit être une véritable organisation de masses, c’est-à- dire, légal ou illégal, se maintenir en contact étroit et indispensable avec les ouvriers et exprimer leurs besoins et leurs espoirs.

b) il doit être capable de manœuvrer, c’est-à-dire ne pas avoir une tactique dogmatique et sectaire, mais employer contre l’ennemi n’importe quel manœuvre stratégique sans cesser de rester lui- même : c’est la faute capitale de nos Partis de souvent ne pas le comprendre ;

c) il doit être un Parti essentiellement révolutionnaire et marxiste, poursuivant irrésistiblement son but dans toutes les circonstances et faisant le maximum d’efforts pour rapprocher l’heure de la victoire du prolétariat sur la bourgeoisie ;

d) il doit être un Parti centralisé, n’admettant ni fractions, ni tendances, ni groupements, un Parti monolithe fondu d’un seul bloc ;

e) doit se livrer dans l’armée bourgeoise à un travail systématique de propagande et d’organisation.

La bolchévisation des Partis, cela signifie le transfert dans nos Sections de tout ce qui dans le bolchévisme a été et est encore d’une portée internationale.

C’est seulement à mesure que les principales Sections de l’IC se transforment en Partis bolchéviks, que l’IC deviendra vraiment le Parti bolchévik universel pénétré du léninisme.

15. — Objectifs des Principales Sections de l’IC

1. Angleterre. — Dans la situation actuelle, c’est l’Angleterre avec ses possessions qui joue généralement le premier rôle dans toutes les questions internationales. Il s’ensuit que le PC anglais acquiert une importance exceptionnelle.

Mettre ce Parti en état de répondre aux tâches qui lui incombent doit être un des objectifs essentiels de l’IC Le PC anglais, dans ses rapports avec le Gouvernement travailliste, s’est rendu coupable de certaines déviations de doctrine et de tactique. Il doit dans la période qui commence, concentrer ses efforts sur les buts suivants :

a) soutenir et encourager l’aile gauche existant à l’intérieur du Labour Party, de façon à ce qu’il devienne une véritable fraction révolutionnaire, et en même temps développer une action intense au sein de l’opposition syndicale ;

b) combattre dans les masses, clairement et sans ambiguïté le «Gouvernement ouvrier» de McDonald en démasquant son caractère bourgeois hostile la masse ouvrière ;

c) dans les élections partielles et dans la prochaine campagne électorale, avoir une ligne communiste nette et bien tranchée ;

d) conduire les conflits économiques de façon à donner la prépondérance aux organes ouvriers du front unique (Comités de grives, conseils d’usines, etc.) et à rendre évident aux ouvriers le sens politique de ces conflits ;

e) engager une active campagne pour créer des Comités d’action dans les entreprises et dans les syndicats, pour que, par leur pression, ils obligent le Gouvernement à réaliser la partie de son programme qui a laissé tomber, à savoir, la socialisation des chemins de fer et des mines, l’augmentation de l’allocation aux chômeurs, la construction de maisons ouvrières, etc..

C’est en démontrant par la misère quotidienne des ouvriers, la trahison du Gouvernement travailliste, c’est en cherchant à gagner les masses au combat pour les buts énumérés plus haut, que le PC détruira les illusions subsistant à l’égard du Gouvernement du Labour Party ;

f) se mettre en liaison avec les colonies, soutenir les mouvements de libération nationale des pays coloniaux, traiter systématiquement les questions du militarisme, du marinisme, du désarmement, des rapports de l’Angleterre avec la Russie soviétiste et la France impérialiste, du rapport des experts ;

g) s’appliquer à s’étendre son influence sur les sans-travail ;

h) travailler à la réforme intérieure du parti, au recrutement de nouveaux membres parmi les ouvriers ; à la constitution de Cellules d’entreprises, l’éducation communiste des membres, à l’extension des connaissances sur le mouvement ouvrier international.

France.— Le Congrès enregistre avec satisfaction les progrès sensibles faits par le Parti français, qui a exclu tous les éléments douteux et devient un véritable Parti du prolétariat.

Cependant il signale au Parti frère de France l’instante nécessité :

a) de créer un véritable appareil, sans lequel l’existence d’un Parti prolétarien est impossible ;

b) de travailler sérieusement les centres industriels particulièrement ceux où, comme l’ont montré les dernières élections, les socialistes jouissent encore d’une grande influence. Paris est indubitablement d’une grande importance, mais on ne saurait songer à la victoire tant que les principaux centres industriels ne seront pas acquis ;

c) de faire un sérieux travail parmi les paysans ;

d) d’appliquer comme il convient la tactique du front unique. Les chefs du socialisme français n’ont pas osé entrer ouvertement dans le gouvernement Herriot, mais ils en font partie en fait. De là la nécessité de changer noire mode d’agitation, tout en restant dans les limites de la tactique du front unique ;

e) d’accorder la plus sérieuse attention à la création de Cellules d’entreprises, sans quoi il ne peut y avoir de PC de masse ;

f) la Seine doit se proposer d’avoir sous peu 25,000 membres. La même campagne de recrutement doit être faite partout ;

g) de faire tout pour créer un vaste mouvement de Comités d’usines ;

h) de venir à bout des vestiges des tendances de droite et de rassembler tout le Parti sous le drapeau au de l’IC en constituant un centre solide et vraiment capable de fonctionner. Tous frottements entre la gauche et l’ancien centre doivent cesser. Tout le Parti doit être une gauche ne faisant qu’un avec l’IC ;

i) de raffermir à tout prix les liaisons internationales et avant tout d’entretenir un contact constant avec le Parti allemand. La grosse industrie française joue un rôle d’une importance toujours croissante dans les antagonismes impérialistes et dans la politique intérieure.

Le PCF a à combattre l’influence croissante de cette grande industrie, avant tout à propos de l’exécution du rapport des experts et en accord étroit avec le Parti allemand.

j) de hâter l’entrée, dans le Parti de tous les éléments communistes murs de la CGTU.

Les chefs de la CGTU doivent prendre une position plus nette contre l’anarchisme et le syndicalisme vulgaire de la vielle école.

Dans cette lutte aucune place ne doit être accordée à la théorie fausse de la neutralité dans les questions fondamentales touchant le communisme.

Il ne faut pas oublier un seul instant que, malgré tous les progrès accomplis, ni le Parti, ni les syndicats révolutionnaires n’ont encore vraiment gagné les masses et consolidé leur influence organiquement, de sortie qu’ils ne sont pas encore l’avant-garde authentique du prolétariat français.

Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan reste particulièrement opportun dans la France contemporaine. La propagande de ce mot d’ordre dans l’esprit du 5e Congrès sera l’axe de toute agitation du PC français.

2. Allemagne. — Dans son essence les perspectives de la Révolution restent les mêmes que celles qui ont été tracées par l’Exécutif en automne 1923. Il se peut que la victoire du pacifisme démocratique en Angleterre et en France redonne une certaine force à la bourgeoisie et à t la social-démocratie d’Allemagne.

Les illusions démocratico-pacifistes venant par ricochet d’Angleterre et de France, peuvent atteindre l’Allemagne. Il n’est pas exclu que les gouvernements de MacDonald et d’Herriot relèvent provisoirement le prestige parlementaire de la social-démocratie allemande et même la remettent en selle.

Tout cela complique la situation politique et rend possible une évolution lente. II n’en est pas moins vrai que la situation internationale de la bourgeoisie et de la social-démocratie allemandes reste absolument désespérée, si disposées qu’elles soient à renier trois fois l’intérêt de la «patrie» et a bénir les Experts. La crise intérieure peut s’aggraver très rapidement. Cela est attesté par les grands combats de classes de ces derniers temps.

La crise du Parti, en somme est surmontée. Mais pour en rendre le retour impossible, le CC actuel doit : d’une main de fer donner la riposte à toute tendance d’abandon des syndicats social-démocrates ; engager tous les militants à appliquer en conscience la tactique de l’IC et du Congrès de Francfort dans les syndicats ; opérer énergiquement et résolument la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’entreprises ; cela rendra des services inappréciables en particulier en cas de travail illégal ; repousser catégoriquement et impitoyablement les tendances qui, sous les masque du radicalisme, veulent introduire dans le Parti le révisionnisme théorique et les déviations menchéviques ; utiliser tous les militants indépendamment de leur appartenance à telle ou telle des anciennes fractions ; appliquer énergiquement et fermement les principes de l’IC sur la question paysanne ; faire de même pour la question nationale ; au travail parlementaire, unir l’intransigeance et la brutalité communiste au savoir faire ; accorder beaucoup plus d’attention au mouvement des Comités d’usines.

Le CEIC et toutes les Sections sœurs doivent offrir au CC du PCA un concours illimité. Dans ces conditions le Parti n’aura aucune difficulté à maîtriser les déviations de droite qui lui ont porté un si grand préjudice et qui ci et là peuvent encore renaître.

3. Tchécoslovaquie. — Les tendances de droite qui en Allemagne sont arrivées a leur terme logique et, par conséquent ont manifesté toute leur inconsistance, ont été observées et s’observent encore clans le Parti tchécoslovaque aussi. Si elles n’y ont pas fait aussi évidemment faillite qu’en Allemagne c’est simplement parce que le cours de la vie politique tchécoslovaque est plus lent. Au sein de I’IC, les Sections prennent connaissance de leurs fautes réciproques et peuvent ainsi les éviter. C’est ce que doit faire le Parti tchécoslovaque, qui est constitué pour la plupart par d’excellents éléments prolétariens, mais qui cependant n’est pas arrivé encore à se transformer en un véritable Parti bolchévik. II lui faut :

a) redresser sa ligne théorique :

b) reconnaître l’erreur des formules qui figurent dans les Résolutions de Prague et de la dernière Conférence de Brunn ;

c) inspirer à tout le Parti l’opinion qu’il ne suffit pas d’embrasser les masses, mais qu’il est nécessaire de les conduire aux luttes partielles révolutionnaires et de les préparer par l’idéologie et l’organisation à la lutte finale ;

d) dans l’application de la tactique du front unique, combattre les tendances de droite et exécuter sans hésitations les décisions du 5 e Congrès ;

e) déployer plus d’activité parmi les paysans’;

f) avoir un programme colonial et pratiquer une politique nationale dans un sens clairement léniniste ;

g) conduire son activité parlementaire dans le sens du parlementarisme révolutionnaire ;

h) raffermir l’activité du CC, rendre la direction plus constante, plus attentive, plus énergique ;

i) renforcer le CC d’éléments nouveaux tirés de l’élite ouvrière ; j) accueillir avec camaraderie et sans préventions les exigences fondées de la minorité manifestées au 5e Congrès, surtout des jeunesses.

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de l’Internationale Communiste