Le Coran assume l’esclavage ; on trouve de nombreux passages où il est expliqué que l’esclavage est juste, avec une définition relativement précise du cadre juridique. L’Islam conquérant, du 6e au 16e siècle, va systématiser l’esclavage, tant pour les hommes castrés et utilisés comme force de travail, que pour les femmes réduites au statut d’objets sexuels.
La castration était interdite par Mahomet, donc des non-musulmans se chargeaient de réaliser l’opération ; comme on le sait, le Coran soutient également la polygamie. On est ici dans une démarche relevant du mode de production esclavagiste.
On lit dans la sourate Les femmes :
3 Et si vous craignez de n’être pas justes envers les orphelins,… Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela, afin de ne pas faire d’injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille).
Et :
23 Vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes paternelles et tantes maternelles, filles d’un frère et filles d’une sœur, mères qui vous ont allaités, sœurs de lait, mères de vos femmes, belles-filles sous votre tutelle et issues des femmes avec qui vous avez consommé le mariage; si le mariage n’a pas été consommé, ceci n’est pas un péché de votre part; les femmes de vos fils nés de vos reins; de même que deux sœurs réunies -exception faite pour le passé. Car vraiment Allah est Pardonneur et Miséricordieux ;
24 et, parmi les femmes, les dames (qui ont un mari), sauf si elles sont vos esclaves en toute propriété. Prescription d’Allah sur vous ! A part cela, il vous est permis de les rechercher, en vous servant de vos biens et en concluant mariage, non en débauchés. Puis, de même que vous jouissez d’elles, donnez-leur leur mahr [un don ] comme une chose due. Il n’y a aucun péché contre vous à ce que vous concluez un accord quelconque entre vous après la fixation du mahr, car Allah est, certes, Omniscient et Sage.
À voir cela, on se dit que le Coran n’est qu’une superstructure monothéiste – féodale à une base esclavagiste. Et c’est le cas, sauf qu’en pratique, de manière dialectique, c’est l’esclavagisme qui va servir de superstructure à une base monothéiste-féodale.
C’est cela, la particularité de l’Islam.
Mahomet a concrètement entrepris une synthèse de deux contraires qui ne pouvait être réalisée que sur une base romantique propre à un polythéisme animiste porté à son paroxysme dans une région désertique.
Ce n’est pas Dieu qui fait le Coran, bien entendu, mais au-delà, c’est par l’établissement du Coran que Mahomet atteint Dieu, en procédant à un « décodage » du monde polythéiste animiste où tout est attribué à Dieu.
Le Coran est un moyen et une fin et il combine deux visions du monde séparés normalement par des générations et une accumulation importante de forces productives. C’est cela qui fait la force, la vigueur incroyable du Coran, qui a réussi à parler à des millions de personnes liées au polythéisme animiste et c’est là sa faiblesse, car son discours palpite en permanence, sans jamais rien poser.
D’où, pour maintenir la stabilité de l’entreprise, la conception d’un Coran « incréé », qui existerait parallèlement à Dieu de toute éternité. L’idée est absurde, mais elle est magistrale, car elle justifie en permanence la conquête musulmane.
Ce n’est pas seulement que le Coran est le message de Dieu, le message est divin en soi, il est vivant, donc il « palpite » de la même manière que l’animisme polythéiste. L’Islam est incessant et l’une des premières choses que va faire le droit musulman, ou la première chose, c’est de diviser le monde en Dar al-Islam et Dar al-Harb, en le domaine de l’Islam et le domaine de la guerre.
Qu’est-ce que cela veut dire, dans les faits ? Eh bien que l’Islam, au lieu d’établir une féodalité fondée sur la propriété foncière, va réaliser une féodalité militaire. L’Islam, lorsqu’il se développe, fonde des villes à partir des camps militaires, dont l’immense Bagdad.
On peut ainsi dire que là où en Europe la féodalité est dans les campagnes, dans l’Orient islamique elle est dans les villes. Le processus islamique prendra sa vraie maturité féodale lors de la fusion des éléments arabes et iraniens, à l’origine de l’établissement de tout le système moderne des empires islamiques, qui se prolongera avec l’empire ottoman d’une part, les Moghols de l’autre.
Mahomet entendait, avec le monothéisme, civiliser les Arabes prisonniers d’un mode de production esclavagiste décadent, mais lui-même en faisait partie ; d’où la contradiction entre ce que lui-même ait eu beaucoup d’esclaves, hommes et femmes, tout en appelant chaque musulman à affranchir son esclave.
Mahomet porte en fait la ville contre les campagnes et en même temps les campagnes contre les villes ; tout tourne autour de La Mecque et des clans arabes dispersés et du dépassement des contradictions claniques.
La Sourate La Cité résume de la manière la plus pure cet appel de Mahomet à une urbanité islamique – qui dans les faits n’existera que comme féodalisme militaire.
1 Non ! Je jure par cette Cité !
2 Et toi, tu es un résident dans cette cité –
3 Et par le père et ce qu’il engendre !
4 Nous avons, certes, créé l’homme pour une vie de lutte.
5 Pense-t-il que personne ne pourra rien contre lui ?
6 Il dit: « J’ai gaspillé beaucoup de biens. »
7 Pense-t-il que nul ne l’a vu ?
8 Ne lui avons Nous pas assigné deux yeux,
9 et une langue et deux lèvres ?
10 Ne l’avons-Nous pas guidé aux deux voies ?
11 Or, il ne s’engage pas dans la voie difficile !
12 Et qui te dira ce qu’est la voie difficile ?
13 C’est délier un joug [affranchir un esclave],
14 ou nourrir, en un jour de famine,
15 un orphelin proche parent
16 ou un pauvre dans le dénuement.
17 Et c’est être, en outre, de ceux qui croient et s’enjoignent mutuellement l’endurance, et s’enjoignent mutuellement la miséricorde.
18 Ceux-là sont les gens de la droite ;
19 alors que ceux qui ne croient pas en Nos versets sont les gens de la gauche.
20 Le Feu se refermera sur eux.
Mahomet porte, avec le Coran, l’animisme polythéiste au niveau du monothéisme, il attribue à l’humanité une responsabilité divine, qui ne pouvait s’exprimer, de par les conditions des Arabes, que dans l’esprit de conquête militaire, base d’un féodalisme construit artificiellement par les armes.
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