Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • L’obsession du Coran pour les ténèbres et la lumière

    Les premiers humains vivaient dans des conditions très difficiles ; sortis de l’état de nature, ils affrontaient la faim, la soif, le froid. Leurs carences étaient inévitablement immenses, alors que l’agriculture et la domestication ne s’étaient pas suffisamment développées et leur cerveau en développement ressentait les chocs de la vie courante avec une immense amplitude.

    Les délires provoqués par les carences étaient interprétés comme une attaque du « mal », des forces de l’obscurité, tout comme l’utilisation de drogues naturelles devait permettre de ressentir au maximum la joie, la lumière apportant la visibilité et la chaleur.

    Toutes les religions primitives insistent pour cette raison sur l’opposition entre l’obscurité et la lumière, la mort et la vie, deux forces allant ensemble et en lutte ininterrompue.

    Le Coran s’appuie sur le même schéma, très exactement ; il est parsemé d’opposition entre la lumière et l’obscurité. Les versets les plus représentatifs se trouvent dans la sourate Le Créateur :

    19 L’aveugle et celui qui voit ne sont pas semblables,

    20 ni les ténèbres et la lumière,

    21 ni l’ombre et la chaleur ardente.

    Néanmoins, on retrouve l’insistance sur le conflit obscurité-lumière dans toute l’œuvre ; voici des titres de sourates exprimant la perspective de Mahomet sur ce plan : « La caverne », « Les lumières », « L’étoile », « La lune », « Les constellations », « L’astre du soir », « L’aube », « Le soleil », « La nuit », « La clarté du jour », « L’aube naissante ».

    Cette dernière sourate est très courte et parfaitement représentative :

    1 Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur de l’aube naissante,

    2 contre le mal des êtres qu’Il a créés,

    3 contre le mal de l’obscurité quand elle s’approfondit,

    4 contre le mal de celles qui soufflent [les sorcières] sur les nœuds,

    5 et contre le mal de l’envieux quand il envie. »

    L’approche est littéralement polythéiste-animiste. Il faut de l’aide pour ne pas être happé par l’obscurité, c’est-à-dire au sens le plus large toute la souffrance qu’a éprouvé l’humanité au début de son existence, alors qu’elle n’avait pas encore réussi à trouver les moyens de transformer suffisamment la réalité au moyen du travail.

    On parle ici d’une période terriblement longue, où l’être humain n’est plus un animal, sans disposer pour autant de moyens de satisfaire à ses besoins. En fait, cette période ne cessera au sens strict qu’avec le communisme.

    Mahomet formule une religion qui date, sur le plan idéologique, du mode de production féodal, sauf que lui-même vit au sein d’une mode de production esclavagiste, et encore, peu développé. C’est la contradiction au cœur de l’Islam.

    D’où son discours conforme au polythéisme animiste, avec une « vie » interne de l’univers qui implique un conflit ininterrompu entre l’obscurité et la lumière.

    Mahomet recevant le Coran de Gabriel vu par l’oeuvre persane Histoire du Monde, 1307

    Dans le monothéisme, on a déjà un mode de production esclavagiste avancé, mûr pour son effondrement et il n’y a plus la bataille pour la survie à travers les carences alimentaires au point d’avoir des individus délirants, des visions, etc., même si cela reste bien entendu à relativiser, car on sait comment le moyen-âge a connu des périodes de famine, d’hystérie collective, alors que de toutes façons les paysans vivaient misérablement, ce qui a totalement été oublié.

    Mahomet veut le monothéisme ; il se situe dans une période donnée, mais entend vivre dans une autre période ; il valorise d’autant plus Dieu comme capable de résoudre le conflit obscurité-lumière typique des débuts de l’humanité.

    On lit dans la sourate La lumière :

    35. Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat; son combustible vient d’un arbre béni : un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient.

    Mahomet explique que c’est grâce à Dieu que la lumière l’emporte et s’il est capable de le faire et d’être compris, c’est bien qu’il y en a la possibilité à la base chez les Arabes alors, au moins partiellement.

    Si Mahomet est en mesure de prétendre que l’alternance des jours et des nuits est ordonnée, alors les Arabes ont dépassé la période si longue où l’humanité craignait que le soleil ne revienne pas.

    Ce qui a accompagné et suivi historiquement cette peur, c’est l’astronomie : les peuples anciens ayant réussi à établir une civilisation se sont précipités dans l’observation des astres et de leurs mouvements, avec un travail acharné.

    De la fascination pour le soleil et la peur qu’il ne revienne pas jusqu’à l’astronomie, il y a une immense étape, puis encore une immense étape jusqu’au monothéisme.

    Et Mahomet part d’un point très en arrière pour aller très en avant, là est la clef du Coran ; il joue le rôle de catalyseur historique, d’où le jeu dans le Coran sur le soleil et la lune, et les étoiles.

    Le polythéisme animiste consistait en la bataille permanente – au moyen des prières, des sacrifices – pour faire revenir la lumière, pour maintenir à distance relative l’obscurité. Et Mahomet vient annoncer que Dieu, le Dieu unique, Allah, est là pour maintenir la lumière.

    On lit dans la sourate Ya-Sin :

    36. Louange à Celui qui a créé tous les couples de ce que la terre fait pousser, d’eux-mêmes, et de ce qu’ils ne savent pas !

    37. Et une preuve pour eux est la nuit. Nous en écorchons le jour et ils sont alors dans les ténèbres.

    38. et le soleil court vers un gîte qui lui est assigné ; telle est la détermination du Tout-Puissant, de l’Omniscient.

    39. Et la lune, Nous lui avons déterminé des phases jusqu’à ce qu’elle devienne comme la palme vieillie.

    40. Le soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour ; et chacun vogue dans une orbite.

    La question n’est pas ici qu’en réalité le soleil ne trouve pas un « gîte » ou bien que la lune se rétrécisse réellement, ou encore que le soleil et la lune se courent après. Encore que cela est important, car on a ici des approches qui relèvent clairement du polythéisme animiste.

    Ce qui compte ici comme aspect principal, c’est l’intérêt pour le soleil et la lune, exprimé comme inquiétude que le soleil ne revienne pas, avec Allah comme solution.

    Pour en revenir à la question de l’astronomie, il y a même une sourate nommée Les constellations, c’est-à-dire les signes du zodiaque et commençant par :

    1 Par le ciel aux constellations !

    2 Et par le jour promis !

    On est ici tellement dans un cadre polythéiste animiste que, de manière absurde, dans la sourate L’Évènement, Dieu… « jure » dans le Coran et le fait « par les positions des étoiles ».

    68 Voyez-vous donc l’eau que vous buvez?

    69 Est-ce vous qui l’avez fait descendre du nuage ? Ou [en] sommes Nous le descendeur?

    70 Si Nous voulions, Nous la rendrions salée. Pourquoi n’êtes-vous donc pas reconnaissants?

    71 Voyez-vous donc le feu que vous obtenez par frottement?

    72 Est-ce vous qui avez créé son arbre ou [en] sommes Nous le Créateur?

    73 Nous en avons fait un rappel (de l’Enfer), et un élément utile pour ceux qui en ont besoin.

    74 Glorifie donc le nom de ton Seigneur, le Très Grand !

    75 Non !.. Je jure par les positions des étoiles (dans le firmament).

    76 Et c’est vraiment un serment solennel, si vous saviez.

    77 Et c’est certainement un Coran noble,

    78 dans un Livre bien gardé

    79 que seuls les purifiés touchent ;

    80 C’est une révélation de la part du Seigneur de l’Univers.

    Le Dieu du Coran est là pour rattraper le monothéisme, mais il n’est pas issu d’une situation donnant naissance de manière « naturelle » au monothéisme.

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  • Le fond polythéiste animiste du Coran: les étoiles

    L’humanité primitive célébrait les étoiles, le soleil et la lune ; outre le soleil et la lune, les étoiles sont un thème essentiel du Coran. Le début de la Sourate La royauté est exemplaire de leur valorisation.

    1 Béni soit celui dans la main de qui est la royauté, et Il est Omnipotent.

    2 Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur.

    3 Celui qui a créé sept cieux superposés sans que tu voies de disproportion en la création du Tout Miséricordieux. Ramène [sur elle] le regard. Y vois-tu une brèche quelconque ?

    4 Puis, retourne ton regard à deux fois : le regard te reviendra humilié et frustré.

    5 Nous avons effectivement embelli le ciel le plus proche avec des lampes [des étoiles] dont Nous avons fait des projectiles pour lapider les diables et Nous leur avons préparé le châtiment de la Fournaise.

    Dans la sourate Les Rangées, on a pareillement les étoiles filantes comme « projectiles ».

    1. Par ceux qui sont rangés en rangs.

    2. Par ceux qui poussent (les nuages) avec force.

    3. Par ceux qui récitent, en rappel :

    4. « Votre Dieu est en vérité unique,

    5. le Seigneur des cieux et de la terre et de ce qui existe entre eux et Seigneur des Levants ».

    6. Nous avons décoré le ciel le plus proche d’un décor : les étoiles,

    7. afin de le protéger contre tout diable rebelle.

    8. Ils ne pourront être à l’écoute des dignitaires suprêmes [les Anges] ; car ils seront harcelés de tout côté,

    9. et refoulés. Et ils auront un châtiment perpétuel.

    10. Sauf celui qui saisit au vol quelque [information]; il est alors pourchassé par un météore transperçant. »

    Les étoiles, dans le Coran, sont donc ces projectiles contre les démons et également un guide pour voyager en tant que moyen de se repérer. On a ici une séparation entre le monde invisible et le monde visible qui relève résolument du polythéisme animiste.

    Dans le monothéisme, en effet, le monde est ce qu’il est ; les forces du mal sont un arrière-plan, une contre-tendance à la création, mais il n’y a pas de bataille perpétuelle entre le bien et le mal afin d’avoir le dessus au moment présent.

    Avec les étoiles filantes, particulièrement visibles dans le désert, on a un phénomène marquant qui n’est pas mis de côté par le Coran comme peut le faire un monothéisme : il se voit attribuer une signification grandiose.

    Cela s’associe à l’insistance de Mahomet pour dire que Dieu « règle » le monde. Il faut revenir sur cet aspect, afin de bien voir comment Mahomet enchevêtre le polythéisme animiste et le monothéisme.

    Dans la sourate Les versets détaillés, il est proclamé la chose suivante ;

    9 Dis: « Renierez-vous [l’existence] de celui qui a créé la terre en deux jours et Lui donnerez-vous des égaux ? Tel est le Seigneur de l’univers,

    10 c’est Lui qui a fermement fixé des montagnes au-dessus d’elle, l’a bénie et lui assigna ses ressources alimentaires en quatre jours d’égale durée. [Telle est la réponse] à ceux qui t’interrogent.

    11 Il S’est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu’à la terre: « Venez tous deux, bon gré, mal gré. » Tous deux dirent: « Nous venons obéissants. »

    12 Il décréta d’en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction. Et Nous avons décoré le ciel le plus proche de lampes [étoiles] et l’avons protégé. Tel est l’Ordre établi par le Puissant, l’Omniscient.

    Dieu s’adresse à la terre et au ciel… avant qu’ils existent. Cela n’a pas de sens, et on voit bien comment le Dieu du Coran est en fait une force bien plus organisatrice que créatrice.

    Si on comprend cela, alors il est facile de voir pourquoi Mahomet fait des étoiles filantes des missiles anti-démons. C’est que tout est réglé : le cours des choses, depuis les animaux jusqu’aux étoiles, en passant par l’alternance du jour et de la nuit.

    S’il se déroule un événement hors-norme, c’est qu’il a une fonction hors-norme.

    Et c’est là la base du Coran, qui est un incessant appel à bien se comporter, à suivre l’ordonnancement du monde par Allah. L’être humain existe ici sur le même plan que toutes les autres choses, car on est dans l’approche du polythéisme animiste.

    D’où ces paroles de la sourate Le pèlerinage :

    18 N’as-tu pas vu que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi que beaucoup de gens ?

    Il y en a aussi beaucoup qui méritent le châtiment. Et quiconque Allah avilit n’a personne pour l’honorer, car Allah fait ce qu’il veut.

    Mais pour arriver à comprendre pourquoi le Coran consiste en cet appel à se comporter adéquatement avec l’ordre divin, il faut d’abord se tourner vers l’obsession pour les ténèbres et les lumières, là encore un trait polythéiste animiste.

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  • Le fond polythéiste animiste du Coran: le soleil et la lune

    Mahomet vit dans une société datant d’avant le monothéisme. C’est un cadre polythéiste animiste, mais lui-même connaît le christianisme, ainsi que le judaïsme, dont plusieurs courants étaient actifs dans la région. Il veut se tourner vers le monothéisme, mais le cadre arabe ne le permet pas.

    Il va alors provoquer une onde de choc en formulant le monothéisme de nature féodale à travers le polythéisme animiste de type semi-esclavagiste. Pour que son entreprise réussisse, il doit toutefois conserver la dimension polythéiste animiste.

    Comment repérer cela dans le Coran ? C’est simple : le polythéisme animiste parle d’un monde vivant, multiforme ; le monothéisme pose un cadre sans mouvement, avec un dieu statique.

    Or, dans le Coran, on ne cesse de parler des choses comme étant en mouvement. Ce n’est pas seulement que Dieu a créé l’univers de manière ordonnée : on peut voir qu’il est en même temps dit que Dieu ramène l’ordre. Il y a ici une incohérence, due à la contradiction entre le polythéisme animiste et le monothéisme.

    Ces versets de la sourate Le tonnerre sont ici exemplaires :

    2 Allah est Celui qui a élevé [bien haut] les cieux sans piliers visibles. Il S’est établi [istawâ] sur le Trône et a soumis le soleil et la lune, chacun poursuivant sa course vers un terme fixé. Il règle l’Ordre [de tout] et expose en détail les signes afin que vous ayez la certitude de la rencontre de votre Seigneur.

    3 Et c’est Lui qui a étendu la terre et y a placé montagnes et fleuves. Et de chaque espèce de fruits Il y établit deux éléments de couple. Il fait que la nuit couvre le jour. Voilà bien là des preuves pour des gens qui réfléchissent.

    D’un côté, dans le verset 3, Dieu est le créateur. Mais dans le verset 2, Dieu est clairement celui qui met de l’ordre : il soumet le soleil et la lune, il règle l’Ordre et expose les signes qu’on est certain de trouver, ce qui implique qu’ils soient partout.

    Le verset 3 relève du monothéisme, le verset 2 exprime clairement un point de vue polythéiste animiste. Normalement, dans le polythéisme animiste, le Dieu suprême n’ordonne pas le monde : il est un dieu impersonnel constituant en l’univers lui-même, univers où s’activent les dieux personnels.

    Ici, Mahomet lui attribue une fonction, celle d’ordonner. Cela sonne étrangement et on a bien l’impression qu’on a un dieu personnel du polythéisme animiste qui se voit prendre une place suprême.

    En fait, comme dans le judaïsme qui est un monothéisme non totalement abouti, on a la figure de Dieu comme « roi », comme grand ordonnateur. On n’a pas un Dieu absolu et total, comme le prétend l’Islam, bien au contraire : dans le Coran, on a un Dieu roi interventionniste.

    Mahomet représenté sur une illustration ottomane du 17e siècle

    Le thème de la soumission du soleil et de la lune n’est pas anecdotique, il est très révélateur puisque les dieux du soleil et de la lune sont traditionnellement de grande importance dans le polythéisme animiste.

    Le Dieu du Coran a en fait soumis les dieux du soleil et de la lune, c’est ainsi qu’il faut le comprendre. Mais on reste paradoxalement dans le polythéisme animiste, car on a encore le soleil et la lune comme thème.

    Voici un autre exemple, qu’on trouve dans la sourate Le Créateur :

    13 Il fait que la nuit pénètre le jour et que le jour pénètre la nuit. Et Il a soumis le soleil et la lune. Chacun d’eux s’achemine vers un terme fixé. Tel est Allah, votre Seigneur : à Lui appartient la royauté, tandis que ceux que vous invoquez, en dehors de Lui, ne sont même pas maîtres de la pellicule d’un noyau de datte.

    Un passage très connu du Coran, qu’on trouve dans la sourate La lune, concerne également la lune :

    1. L’Heure approche et la lune s’est fendue.

    Le miracle de la lune fendue est de grande importance dans l’Islam ; elle est censée être une preuve de la révélation faite par Mahomet. En réalité, cette insistance lunaire relève du polythéisme animiste et, d’ailleurs, le symbole de l’Islam, le croissant lunaire et l’étoile de Vénus, est un symbole qu’on trouve dans l’antiquité babylonienne et égyptienne.

    Le soleil et la lune de l’Islam témoignent de l’intégration forcée du polythéisme animiste dans le monothéisme, au moyen du Coran comme synthèse naturaliste du monde.

    La naissance de Mahomet vu par l’oeuvre ottomane Histoire du prophète, fin du 16e siècle

    Dans la sourate Les bestiaux, on trouve d’ailleurs littéralement la preuve que le culte des étoiles, du soleil et de la lune a été remplacés par un Dieu « statique » ; c’est tellement flagrant qu’il est étrange que les commentateurs bourgeois aient raté ce qui se pose comme une évidence historique.

    75 Ainsi avons-Nous montré à Ibrahim (Abraham) le royaume des cieux et de la terre, afin qu’il fût de ceux qui croient avec conviction.

    76 Quand la nuit l’enveloppa, il observa une étoile, et dit: « Voilà mon Seigneur ! » Puis, lorsqu’elle disparut, il dit: « Je n’aime pas les choses qui disparaissent. »

    77 Lorsqu’ensuite il observa la lune se levant, il dit: « Voilà mon Seigneur ! » Puis, lorsqu’elle disparut, il dit: « Si mon Seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés. »

    78 Lorsqu’ensuite il observa le soleil levant, il dit: « Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand » Puis lorsque le soleil disparut, il dit: « Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah.

    79 Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés. »

    Dans la même sourate, on lit par ailleurs un peu plus loin :

    95 C’est Allah qui fait fendre la graine et le noyau : du mort il fait sortir le vivant, et du vivant, il fait sortir le mort. Tel est Allah. Comment donc vous laissez-vous détourner ?

    96 Fendeur de l’aube, Il a fait de la nuit une phase de repos ; le soleil et la lune pour mesurer le temps. Voilà l’ordre conçu par le Puissant, l’Omniscient.

    97 Et c’est Lui qui vous a assigné les étoiles, pour que, par elles, vous vous guidiez dans les ténèbres de la terre et de la mer. Certes, Nous exposons les preuves pour ceux qui savent !

    Cette réduction des étoiles à un moyen de se guider reflète la position primitive du caravanier, cependant c’est aussi une manière de masquer, comme pour le soleil et la lune, le caractère polythéiste-animiste du thème des étoiles, également omniprésent dans le Coran.

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  • Mahomet et le Coran: un rattrapage tendant au féodalisme

    Les modes de production ne sont pas séparés par une muraille de Chine ; l’Histoire avance par couches contradictoires, où tout s’entremêle, même s’il y a une tendance principale. Dans le cheminement inégal de l’Histoire, on a un bédouin qui s’est retrouvé à l’intersection de plusieurs de ces couches.

    Vivant parmi les clans, dans un environnement esclavagiste peu développé et tourné vers le commerce régional, Mahomet a été frappé par la vague monothéiste qui a suivi l’émergence du christianisme.

    Il a vécu en lui une contradiction : il a voulu un Dieu unique, mais ce qui l’entourait relevait de l’animisme polythéiste et il n’y avait pas de force unificatrice capable de transcender les divisions pour porter une certaine unité.

    C’est là où son rêve de Dieu unique s’est confondu avec le regroupement des tribus arabes. Une idéologie extérieure s’alignait sur une situation interne – en contrecoup les Arabes passaient d’un esclavagisme arriéré au féodalisme, qu’il fallait par contre alimenter à coups de conquêtes.

    Le développement inégal produisait avec Mahomet une nouvelle couche s’intercalant entre les autres couches historiques.

    Page du Coran en script maghribi, 13e ou 14e siècle

    C’est pourquoi Mahomet et le Coran semblent sortir de nulle part, et son peuple, les Arabes, semblent pareillement faire une irruption subite, inattendue, victorieuse qui plus est. En quelques siècles, l’Islam acquiert un prestige immense et les Arabes passent au cœur d’une civilisation à cheval sur trois continents : l’Europe, l’Afrique, l’Asie.

    Ce qui semble mystérieux possède en réalité une nature qualitative de grande envergure. Mahomet a fait un pari humain incroyable, et il l’a réussi. Voici quelle a été son entreprise. L’époque où il vit est celle où les Arabes vivent en clans de manière arriérée. Leur religion est un polythéisme animiste, où chaque clan a son dieu de prédilection, les dieux s’empilant à La Mecque.

    On est ici dans un cadre patriarcal traditionnel, nécessairement semi-esclavagiste mais où tout est éparpillé, divisé, sans unité. Dans l’Islam, on appelle jahiliyya, « l’époque de l’ignorance », cette période précédant Mahomet.

    Cependant, la clef est précisément à ce niveau. Il ne faut pas croire que Mahomet ait rompu avec la période précédente, pour apporter une nouvelle loi. En réalité, il est une figure historique du plus haut niveau, car il combine justement le polythéisme animiste avec le monothéisme, en faisant en sorte de « sauter » toutes les étapes intermédiaires.

    C’est de là que vient la charge incroyable de l’Islam. Quand on lit le Coran, on est frappé de l’incohérence continue qu’on y trouve. Il y a une célébration des étoiles et en même temps un appel à l’unicité divine la plus complète. Il y a des avertissements ininterrompus et violents sur les châtiments de l’enfer et en même temps une véritable poésie naturaliste.

    Toute la contradiction interne de l’Islam se trouve justement dans la figure de Mahomet, d’où son immense prestige. Il a assumé la dimension polythéiste animiste pré-islamique et, sans la supprimer ni la dépasser, l’a intégré dans le monothéisme.

    Coran écrit en Kufi doré sur du vélin teint à l’indigo, 10e siècle

    Il n’y avait qu’un seul moyen pour cela : prétendre compiler l’univers entier dans un livre, dont les formules seraient non seulement de Dieu, mais coexistantes à Dieu de toute éternité. Le Coran est inséparable de Dieu, et Dieu du Coran.

    La raison est que tout l’équilibre de l’Islam tient dans la contradiction productive entre le naturalisme généralisé propre au polythéisme animiste et une démarche juridique-moraliste relevant du monothéisme.

    Il faut en effet bien avoir en tête que si le polythéisme animiste est un matérialisme naturaliste, il s’exprime à travers un mode de production esclavagiste propice aux débordements meurtriers et à la logique du sacrifice. Le monothéisme présente ici une amélioration, un ordonnancement des mœurs en même temps qu’une proposition universelle unificatrice permettant de dépasser l’horizon borné de l’organisation sociale en tribus.

    La force de Mahomet, c’est d’avoir conservé la fascination magique pour l’univers pour l’intégrer dans un monothéisme rigoureux. C’est comme si un philosophe aztèque avait entendu parler du christianisme des Espagnols présents à Cuba avant l’invasion des conquistadors, et avait tenté une vaste réforme en poussant de force la religion aztèque dans un strict monothéisme rigoureux.

    Manuscrit andalou du Coran, 12e siècle

    Il faut toutefois être ici plus précis. Mahomet ne connaît en effet pas simplement de loin le monothéisme. Bien au contraire même, il connaît très bien le judaïsme et le christianisme ; dans tout le Coran, on trouve des références à ces religions et Mahomet y puise même son inspiration.

    Un verset du Coran, de la sourate « Le repentir », dit par exemple :

    30 Les Juifs disent: « ‘Uzayr est fils d’Allah » et les Chrétiens disent: « Le Christ est fils d’Allah. » Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ?

    Certes, le judaïsme n’a jamais considéré qu’un homme était fils de Dieu ; il s’agit ici fort vraisemblablement d’un écho d’un ouvrage apparu au 1er siècle, L’apocalypse d’Esdras, censé raconter les « visions » de celui qui a dirigé la sortie de l’exil de Babylone. La connaissance par Mahomet des religions chrétiennes et juives était donc élémentaire et pénétrée d’éléments hétérodoxes mais existant probablement dans son environnement immédiat.

    C’est là une preuve de la connaissance par Mahomet des textes religieux circulant à l’époque et si on ne connaît pas suffisamment leur influence, on a suffisamment d’aperçu en termes de tendance historique pour voir de quoi il en retourne pour le Coran.

    De la même manière, il faut justement prendre des distances avec Mahomet comme unique auteur du Coran. D’une part, on sait que les versets des sourates du Coran ont été révélés sur plus de vingt ans. Ils sont le fruit d’une longue évolution, d’une sorte de synthèse de la situation historique.

    Preuve de cela très connue, il y a des corrections faites en 24 heures par Mahomet lui-même, lorsqu’il affirma que Satan lui avait fait prononcer des paroles incorrectes lors de la sourate L’Étoile, afin de modifier une alliance temporaire.

    Surtout, il y a la mise à l’écrit et l’organisation interne du Coran qui datent d’après la mort de Mahomet, dans un contexte de guerre civile musulmane. Il est probable ici qu’il y ait eu des modifications, des ajouts et des retraits, et on sait que des versions alternatives du Coran ont été détruites à l’époque.

    Le Coran est donc un outil historique pour les Arabes, dont la constitution a duré plusieurs décennies, dont on sait peu de choses avec certitude et c’est uniquement vers sa substance qu’il faut se tourner.

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  • Le matérialisme dialectique et le caractère national-universel de la révolution socialiste

    Le matérialisme dialectique insiste sur la contradiction comme produit du passé et de l’avenir. Les contradictions ne sont pas le fruit d’une accumulation d’antagonismes en boule de neige dans le passé. Elles sont une réalité perpétuelle, avec de multiples couches en interaction.

    Pour cette raison, connaître le présent ne se fait pas qu’en lisant le passé, mais également en saisissant l’avenir. Il y a des tendances historiques rendant des phénomènes inéluctables ; si on les comprend, on est capable de lire ce qui va se passer. Naturellement, les modalités ne peuvent pas être devinées précisément ; on a néanmoins le cadre général.

    Il y a ici un aspect qui joue fondamentalement pour la question de la révolution socialiste. Initialement, avec le marxisme, il était pensé que toutes les révolutions seraient grosso modo de même nature. Avec le léninisme, le cadre national a été reconnu dans ses spécificités. Le maoïsme a approfondi la compréhension de ses spécificités.

    Désormais, on est capable d’avoir une vue d’ensemble ; le matérialisme dialectique permet de lire la dialectique de l’Histoire, du passé et de l’avenir.

    Lorsqu’il se produit une révolution socialiste, c’est l’expression de la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat. Cependant, le prolétariat est une classe qui veut abolir les classes. En ce sens, le socialisme, où le capitalisme est dépassé, est déjà en rapport avec le communisme, société où le socialisme a triomphé et s’est généralisé à tous les domaines.

    Cela veut dire qu’une révolution socialiste n’a pas qu’un rapport avec le passé, mais également avec l’avenir. Le prolétariat fait la révolution pour prendre le pouvoir, et en même temps, lorsqu’il le fait, il porte sa disparition en tant que classe.

    En ce sens, une révolution socialiste dans un pays donné relève du particulier, puisqu’il s’agit d’une révolution dans un pays particulier. Mais ce particulier est en rapport avec l’universel, vu qu’il porte l’universel.

    Cela veut dire que le cadre national dont on parle pour une révolution socialiste n’est pas un cadre national en tant qu’accumulation de phénomènes, d’expériences, etc. qu’il faudrait prendre en compte pour saisir les mentalités et s’y adapter pour être crédible.

    Le cadre national dont on parle pour une révolution socialiste relève au contraire de l’universel, dans la mesure où il est particulier.

    Dit différemment : lorsque toutes les révolutions socialistes ont eu lieu, tous les pays s’unissent dans une seule nation, qui alors n’est plus une nation, les particuliers devenant l’universel. S’il y a fusion, c’est que la fusion est possible et nécessaire, donc que ce qui fusionne, bien que particulier, porte en soi l’universel.

    Donc: chaque peuple va apporter dans la grande fusion des choses qui lui sont propres, mais qui présentent un aspect humain universel. L’humanité, dans le communisme, retrouve par là sa complexité perdue en sortant de la Nature, mais avec un saut qualitatif. C’est cela qui lui permet également de revenir à la Nature, en tant qu’être social.

    Et comme chaque peuple va apporter ce qu’il porte en particulier et qui sera universel, chaque révolution socialiste s’appuiera fondamentalement sur ce particulier, puisque la tendance est à l’universel.

    Le cadre national n’est ici plus un arrière-plan, si on regarde simplement le passé. En regardant le futur, on voit que l’apport du cadre national va se maintenir, et que donc c’est un aspect du futur qui va se maintenir depuis le présent, et qui joue par conséquent un rôle essentiel.

    Il ne s’agit donc pas que de prendre en compte le cours du passé : il faut avoir comme fil conducteur ce qui va se maintenir dans l’universel. On parle ici de ce que chaque peuple va apporter à l’humanité en fusion.

    L’être humain nouveau, revenu à lui-même après son parcours comme animal dénaturé, va récupérer toutes les facettes de son existence réelle : c’est le sens des multiples parcours, des multiples sensibilités nationales.

    Chaque nation a en fait développé une nuance, une différence de sensibilité relevant de l’être humain universel.

    La révolution socialiste dans chaque pays porte donc un aspect national – mais ce qui joue, c’est ce qui se relie à l’universel. La révolution socialiste française ne sera française que dans la mesure où elle porte en elle la disparition de la France comme nation.

    L’apport de la France, ce sera bien entendu l’esprit sceptique-critique, tout comme l’Angleterre apportera le flegme, la Russie la profondeur électrisée, l’Ukraine la profondeur brumeuse, la Pologne l’élan brumeux, la Tchéquie la bonhommie intelligente, la Suède l’introversion ouverte, la Finlande la détermination stoïque, la Corée le jeu de l’esprit, l’Inde la psychologie coordonnée, le Mexique la mise en scène, le Pérou le statique volontaire, la Turquie l’introspection engagée, l’Iran l’introspection cultivée, etc.

    En fait, tout comme les débuts du capitalisme donnent naissance à la nation, la fin du socialisme y met un terme. Et les parcours nationaux ont été un gigantesque détour pour récupérer de manière approfondie la richesse humaine perdue lorsque l’être humain a cessé d’être naturel.

    L’humanité unifiée ne formera plus une seule nation : le principe même de nation aura été dépassé. Les nuances et les différences trouveront alors une voie différente pour se produire et faire vivre la contradiction sur le plan culturel.

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  • Le PMD, forteresse révolutionnaire au cœur du nexus des première et seconde crises générales

    Dans le processus révolutionnaire, on sait qu’il y a des phases dont Mao a bien éclairé les dynamiques à travers le schéma de défense stratégique, équilibre stratégique puis offensive stratégique. Dans ce schéma, il y a dialectiquement la dynamique au travers de l’offensive, puis contre-défense, contre-offensive, etc., dans un cheminement en spiral se prolongeant en continu jusqu’au Communisme.

    Lorsqu’on prend du recul sur l’expérience menée dans le cadre de la Première crise générale, ouverte en 1917 puis terminée en 1989, on doit souligner un élément idéologique important pour notre époque.

    À chaque intervalle historique qui s’est présenté comme « défense stratégique », un travail théorique spécifique a été fourni, non pas pour les tâches immédiates de la révolution, mais pour sa consolidation universelle. Cela formait la contre-offensive prolétarienne face à la contre-offensive bourgeoise, une sorte de contre-contre-offensive.

    Lorsque Friedrich Engels publie son analyse sur la « Dialectique de la Nature » en 1883, cela prend place dans un contexte historique plutôt défavorable. On est sur les cendres de l’échec de la Commune de Paris, la première Internationale est explosée et la seconde non encore fondée, et les conditions politiques de la lutte en Allemagne sont particulièrement durcies avec les lois anti-socialistes prononcées en 1878 par Bismarck.

    Avec une telle mise en avant de l’idéologie, le recul de la Révolution devient relatif, car elle continue sa lancée en consolidant ses fondations, dans un mouvement de reflet avec la pratique. En effet, la « Dialectique de la Nature » correspond à un contexte de répression, mais dans le même temps à la stabilisation d’un centre social-démocrate dont le noyau politique est affermi.

    De la même manière, lorsque Lénine publie en 1908 « Matérialisme et Empiriocriticisme », la Révolution en Russie est confrontée à la « réaction stolypinienne », mais aussi à la solidification de la fraction majoritaire du parti social-démocrate de Russie. Le recul de la révolution devient là aussi relatif, car avec cet ouvrage sont battus en brèche les errements idéalistes et autres opportunismes idéologiques présents jusque dans le camp social-démocrate.

    Ainsi n’y a-t-il pas de hasard au fait qu’historiquement « Matérialisme et Empiriocriticisme » soit placé en continuité avec « Dialectique de la Nature » d’Engels, dont le texte était inconnu de Lénine. Il avait en effet été récupéré par les révisionnistes de la social-démocratie allemande, qui avaient bien pris soin de le mettre de côté. Ce n’est qu’en 1925 qu’il fut republié par les communistes russes.

    En réalité, il y a un processus d’enrichissement tel un escalier avec des marches qui se compilent pour atteindre toujours plus de hauteur de vue. C’est la raison pour laquelle on lit dans le fameux « Précis d’histoire du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchévik) », publié en 1938, que :

    « Pour apprécier la portée immense de l’ouvrage [Matérialisme et Empiriocritisme] de Lénine dans l’histoire de notre Parti et comprendre quel trésor théorique Lénine a défendu contre toutes les espèces de révisionnistes et de dégénérés de la période de réaction stolypinienne, il est indispensable de prendre connaissance, ne fût-ce que sommairement, des principes du matérialisme dialectique et historique.

    C’est d’autant plus nécessaire que le matérialisme dialectique et le matérialisme historique constituent le fondement théorique du communisme, les principes théoriques du Parti marxiste ; connaître ces principes, les assimiler est le devoir de tout militant actif de notre Parti.

    Ainsi donc :

    1° Qu’est-ce que le matérialisme dialectique ?

    2° Qu’est-ce que le matérialisme historique ? »

    S’en suit dans le « Précis », le grand classique « Matérialisme dialectique et matérialisme historique » rédigé par Staline spécialement pour l’occasion. C’est au même moment, en 1937, que Mao rédigea « De la contradiction », classique qui, au-delà de protéger et défendre les acquis deviendra aussi un nouveau phare éclairant et approfondissant la compréhension matérialiste dialectique du monde.

    À cette période, la Révolution mondiale doit également faire face au renforcement de la contre-révolution dans le cadre des régimes fascistes, et son allié objectif présent dans le camp révolutionnaire – le trotskysme – mais aussi à la stabilisation du premier État socialiste, avec l’URSS.

    À chaque moment où la Révolution est sur la défensive, il se reflète inéluctablement des conceptions idéalistes, mécaniques, régressives au cœur même du camp révolutionnaire. Cela entraîne l’apathie et la démoralisation, comme le remarque le « Précis » de 1938 :

    « La défaite de la révolution de 1905 avait porté la désagrégation et la décomposition parmi les compagnons de route de la révolution.

    La décomposition et l’abattement moral étaient particulièrement graves parmi les intellectuels. Les compagnons de route qui étaient venus du milieu bourgeois dans les rangs de la révolution quand celle-ci prenait un impétueux essor, abandonnèrent le Parti dans les jours de réaction. (…)

    L’offensive de la contre-révolution se poursuivit aussi sur le front idéologique.

    On vit apparaître toute une kyrielle d’écrivains à la mode qui « critiquaient » et « exécutaient » le marxisme, bafouaient la révolution, la traînaient dans la boue, glorifiant la trahison, la débauche sexuelle au nom du « culte de la personne ».

    Dans le domaine de la philosophie se multiplièrent les tentatives de « critiquer », de réviser le marxisme ; on vit également apparaître toute sorte de courants religieux couverts de prétendus arguments « scientifiques ». »

    C’est la raison pour laquelle les quatre classiques cités précédemment forment, bien qu’à des moments différents, une seule et même vérité : celle de la réaffirmation des bases idéologiques de la Révolution dans un contexte marqué par l’abattement subjectif de ses forces.

    Cela permet de temporiser la défense stratégique dans le sens où est affirmé le principe universel, scientifique, qui sous-tend la Révolution, et par conséquent de sauvegarder la subjectivité révolutionnaire. Et l’on sait combien la subjectivité révolutionnaire est la base motrice à la Révolution elle-même.

    Il y a un prolongement et un enrichissement de « Dialectique de la nature » (1883) à « Matérialisme dialectique et matérialisme historique » (1938), en passant par « Matérialisme et empiriocritisme » (1908) et « De la contradiction » (1937). Le dernier mot « inversé » de la contre-contre-offensive révolutionnaire tient évidemment les écrits de la Grande Révolution culturelle Prolétarienne en Chine.

    Entre 1883 et 1938 (mais aussi jusqu’en 1966), on se situe au cœur des premiers mouvements en spirale de la révolution (offensive, défensive, contre-offensive, etc.) dans le cadre de la première crise générale du capitalisme : les textes cités viennent affirmer et stabiliser des éléments théoriques considérés comme acquis de par une pratique antérieure.

    On a là un travail de synthèse. Si on comprend justement cela, on voit que la mise en avant du Parti matérialiste dialectique (PMD) correspond à une situation historique évidente : celle du nexus entre la première crise générale et la seconde crise générale.

    Dit autrement : la Révolution est en défense stratégique par rapport à la dynamique passée, mais tendanciellement à l’offensive par rapport au futur.

    Il s’agit de correspondre à cette situation au plan général, dans l’affirmation idéologique elle-même pour contrer l’abattement, la démoralisation, affirmer l’offensive générale et l’optimisme révolutionnaire.

    Il y a un besoin de ré-impulser la subjectivité révolutionnaire dans un contexte d’écrasement de la Révolution, non pas simplement conjoncturel telles les répressions bismarckienne, stolypinienne, hitlérienne, etc., mais de manière générale.

    On parle ici d’une situation marquée par l’écrasement général de la première vague de la Révolution mondiale et la naissance des conditions pour le déploiement de la seconde vague.

    Le PMD signifie précisément cette lecture des choses et s’intercale au cœur du nexus comme gardien du temple (celui des acquis du siècle précédent) et vecteur d’avant-garde du mouvement révolutionnaire futur.

    C’est le sens de l’affirmation du PMD, car il apparaît dans un tel contexte historique qu’il y a besoin d’affirmer la vision du monde non plus seulement comme « base théorique » à l’engagement révolutionnaire pratique, mais comme l’engagement révolutionnaire lui-même, sa substance subjective même. L’époque le permet désormais.

    Nous n’affirmons pas simplement la continuité des textes classiques précédemment cités, dans l’idée d’un héritage cumulatif, mais bien leur synthèse universelle, ou plutôt leur universalisation de manière synthétique.

    Ce n’est pas une nouvelle marche dans l’escalier comme le furent les éléments théoriques précédents, mais l’arrivée sur un palier avant l’ascension d’un nouvel escalier.

    Cela se matérialise par une nouvelle connexion cérébrale, synaptique avec une subjectivité développant une vision du monde totale, celle du matérialisme dialectique.

    Le PMD, c’est l’expression révolutionnaire dans le nexus lui-même, et par cela-même il se doit de protéger et systématiser la vision du monde matérialiste dialectique tout en la prolongeant, car la révolution ne peut reculer que de manière relative. Qui ne le comprend pas se place d’emblée en dehors de la Révolution mondiale qui s’annonce.

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  • L’Aube de la Nouvelle Humanité à travers le nexus dialectique

    Dans le cours de notre analyse de la Crise du capitalisme de notre époque, il a été découvert et formalisé le concept de nexus, comme élément-clef de la compréhension du développement en spirale de la matière.

    Ce concept est un étendard de grande valeur que nous opposons frontalement et de manière significative aux ennemis du matérialisme dialectique, qui masquent leur idéalisme ou leur dualisme derrière une compréhension erronée du matérialisme (dans le meilleur des cas). Il est un critère de différenciation décisif permettant d’identifier notre organisation.

    On peut considérer que cela nous retranche de toutes les personnes ou les organisations qui valident sans réfléchir les fameux propos d’Antonio Gramsci (1891-1937), célèbre figure du communisme italien, cité à tort et à travers :

    « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »

    Beaucoup considèrent qu’il y a là un résumé de leur façon de voir les choses, ce qui est vrai. Or, c’est justement toute leur façon de voir les choses qui est incorrecte.

    En effet, cette affirmation erronée rend confuse le concept de « transition », entendue dans le sens donné ici comme le moment d’une unification censée être révolutionnaire, amalgamant d’un côté le vieux monde dans un rebut tendant à la monstruosité, alors que dans le même mouvement, s’opérerait symétriquement l’unification d’éléments formellement opposés au vieux monde, jusque-là séparés, voire même contraires, dont l’unification permettrait de donner un élan, une dynamique.

    Nous résumons cette approche inexacte en disant qu’elle dit que deux deviennent un, à quoi nous opposons le principe correct : un devient deux, permettant justement de saisir la transition au sens révolutionnaire comme étant un nexus.

    Cette juste compréhension est une attaque totale sur le plan culturel de la conception bourgeoise du monde, et notamment un dépassement de la conception même d’Histoire au sens bourgeois.

    C’est pour nous la ligne rouge que nous traçons pour affirmer le plus exactement et le plus complètement possible la rupture révolutionnaire avec le vieux monde.

    La lutte que nous entendons porter est en effet une lutte totale, opposant la bourgeoisie, et sa vision du monde, au matérialisme dialectique, porté par le prolétariat en tant que classe révolutionnaire.

    Le concept de nexus permet de prendre la mesure effective de l’ampleur de notre rupture révolutionnaire, de comprendre que celle-ci, dans le cadre du processus de lutte des classes dans notre pays, est un renversement complet de l’ordre bourgeois, de fond en comble, annonçant une vague de transformation universelle.

    Notre rupture est l’affirmation d’une nouvelle étape du développement de l’Humanité comme matière pensante au sein de la Biosphère, c’est une élévation de la Culture à la fois inscrite dans la longue marche de l’Humanité dans sa compréhension du Cosmos et à la fois nouvelle dans son épanouissement.

    En tant qu’organisation d’avant-garde, c’est tout notre parcours qui nous a permis de saisir les premiers et si complètement tous ces aspects avec le plus de netteté possible. Prolongeant le gigantesque héritage historique ayant permis à l’Humanité de formaliser le matérialisme historique, nous comprenons le mieux ce que signifie la période dans laquelle nous entrons.

    L’Humanité est maintenant en mesure de comprendre non seulement la nécessité historique de dépasser le Capitalisme comme vision du monde, mais également, dès lors que le concept d’anthropocène a été exprimé avec la modification de la planète par l’humanité, la nécessité d’établir de manière consciente et scientifique la symbiose entre le développement culturel que l’Humanité a accompli et son existence harmonieuse en tant qu’espèce, en tant que matière pensante, au sein de notre biosphère.

    Pour parvenir à une pleine compréhension de cette étape vertigineuse et décisive, il a fallu des années et des années d’organisation productive. Nous savions que nous avions raison au tournant du XXIe siècle de prendre le recul stratégique nécessaire à rassembler et formaliser les bases d’une nouvelle pensée-guide, de mettre notre énergie au service d’un vaste travail de compilation et d’élaboration idéologique, ajustant notre pratique au sein de notre environnement, à notre théorie, avec exigence et en s’imposant une stricte discipline prolongée.

    Notre organisation a donc existé sur cette base en générant et en rassemblant l’énergie de personnes s’ajustant à notre vision du monde, s’affinant et se complexifiant toujours plus.

    Ce travail idéologique a été unique et sans équivalent dans les organisations révolutionnaires, ou prétendues telles, de France, au point que nous pouvons dire très ouvertement aujourd’hui : nous sommes la véritable base du matérialisme dialectique en France.

    Nous sommes installés sur le sommet d’une production de centaines et de centaines d’articles, couvrant une large gamme de domaines, reflétant la profondeur de notre compréhension de la société française, au sein de notre époque, comme élément de l’Histoire collective de l’Humanité et comme composante de l’évolution de notre biosphère, au sein des gigantesques mouvements d’un Cosmos éternel.

    Nous sommes parvenus à ce stade à saisir tous ensemble la totalité et la complexité de ces couches et leur dynamique, ce qui a donné dans le cadre des revues que nous avons générées pour analyser la seconde crise générale du mode de production capitaliste dans laquelle nous sommes engagés, et notamment de notre organe Crise, des analyses prospectives validées par les faits de manière implacablement vérifiée.

    Ce travail nous a permis de stimuler collectivement notre conscience, de nous souder à l’international, et notamment en Belgique, à des camarades ayant entamé le même travail productif, et de nous projeter avec enthousiasme dans le futur, certains d’être le matériel biologique d’une vaste transformation de notre espèce dont nous sommes dans notre époque les prototypes.

    Nous sommes des battements de coeur et nous devons nous aligner sur le rythme de l’Histoire !

    Fort de cette énergie collective et de notre alignement tout à la fois sur le mouvement historique du développement de notre espèce et de sa place dans le Cosmos au sein de notre Biosphère, nous développons un engagement toujours plus symbiotique dans le Parti que nous générons, d’où chacun de nos éléments peut tirer en retour un soutien moral sans faille, exprimé par un enthousiasme ne cédant à aucune morosité ni nihilisme et un esprit de rupture toujours plus poussé avec la société bourgeoise dans sa décadence, ses institutions et surtout avec sa vision du monde. Car :

    « En fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste ; c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine. Quels que soient les efforts des réactionnaires pour freiner la roue de l’histoire dans son mouvement en avant, la révolution éclatera tôt ou tard et sera nécessairement victorieuse. » (Mao Zedong)

    Certains d’être l’avant-garde de la nouvelle Humanité, annonçant l’établissement d’un nouvel ordre conforme à l’évolution de notre espèce, nous arborons fièrement l’héritage de notre Histoire et nous tournons nos yeux vers le Cosmos infini et éternel, vers lequel se dirige l’étoile d’or illuminant le drapeau rouge que nos coeurs brandissent à l’assaut du ciel.

    Que ceci soit un signal à toutes les consciences pour lesquelles résonnera notre appel à venir oeuvrer au service de la Culture et de l’Humanité, par la lutte prolongée et sans capitulation face à la bourgeoisie, pour installer au pouvoir le prolétariat, au service des masses, par le triomphe toujours plus approfondi de son idéologie : le matérialisme dialectique

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  • La célébration de l’univers, la fin des religions

    Pourquoi les religions existent-elles encore au début du 21e siècle ? C’est parce qu’en plus de refléter des intérêts de classe, elles forment une réponse civilisationnelle à la crise de la nature humaine. En effet, l’humanité est en crise, depuis son émergence historique « hors de la Nature », comme animal ou ancien animal capable de réflexion avancée et en mesure de transformer la Nature.

    Un animal qui n’en est plus un, voilà comment est désormais l’être humain. La sortie de l’animalité par l’espèce humaine est ainsi contradictoire : elle s’est concrètement réalisée, mais en même temps elle est illusoire car les êtres humains restent des animaux. Les religions tentent alors de fournir un cadre général à l’humanité afin de pouvoir se regarder dans le miroir.

    C’est la raison pour laquelle Jésus pouvait dire que « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! ». En effet, les personnes ayant un problème intellectuel majeur, étant « simplet » ou « attardé », n’ont pas à jongler entre le bien et le mal comme les êtres humains en général, ou plus exactement avec des situations ressenties comme vraiment « positives » et d’autres vécues comme particulièrement « négatives ».

    Ils n’ont donc pas l’angoisse, l’inquiétude qui tourmente l’humanité en général, ce va-et-vient positif et négatif qui bouleverse le vécu. Toute l’Amérique précoloniale célébrait, pour la même raison que Jésus, les personnes ayant un retard intellectuel ou mental, y voyant des êtres en contact avec le divin, avec la bonté, avec le ciel.

    Les religions, c’est une tentative de préserver les apparences, de neutraliser l’oscillation entre le « bien » et le « mal ». Les religions, c’est l’obsession de maintenir un cadre à l’humanité, pour s’extraire de la barbarie de la période où l’humanité vivait « sur le tas », avec des institutions sommaires établies à petite échelle.

    C’est le paradoxe dialectique : d’un côté, les religions disent que l’humanité est mauvaise, de l’autre c’est par cette capacité non-animale à être mauvais que l’humanité peut être bonne. C’est un message contradictoire qui traverse toute la religion, à l’instar de ce qu’on lit dans le Coran : « En vérité, Nous avons proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes le Dépôt. Ils ont refusé de le porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; il est vraiment foncièrement injuste et ignorant. »

    Les religions sont une fiction, car elles disent que l’humanité oscille tout le temps entre le bien et le mal, et pourtant c’est vers elle que se tournerait Dieu. En réalité, Dieu est un moyen de « tenir », de poser un certain calme.

    C’est en ce sens qu’il est intéressant de regarder le double aspect de ce qui se passe au début du 21e siècle. D’un côté, les religions ne cessent de reculer, s’effaçant devant la vie quotidienne capitaliste qui ne laisse pas d’espace à une telle démarche spirituelle.

    De l’autre, les religions ne cessent de s’agiter, multipliant leurs formes, leurs tentatives de jouer autant que possible sur la direction des sociétés. L’hindouisme veut l’hégémonie sur l’Inde, l’Islam sur toute une série de pays, le judaïsme entend contrôler Israël, le bouddhisme cherche à façonner les pays où il est majoritaire, l’évangélisme exige de prendre les commandes morales aux Etats-Unis, le catholicisme romain se veut un profond levier culturel et moral, alors que l’Église orthodoxe marche en tandem avec l’État russe.

    Les religions agonisent et en même temps elles visent une expansion, afin de s’ancrer dans la modernité. C’est là lourd de sens, car ce qui se joue, c’est la modification complète de la vision du monde qu’a l’humanité. Les forces productives se sont tellement développées que les religions sont une anomalie, dont l’existence correspond à une humanité du passé. On en sait trop pour que les religions n’aient même la moindre crédibilité. On en sait trop sur le passé de la planète dans le cadre cosmique, sur le passé des animaux avec les dinosaures, sur l’évolution de l’humanité comme espèce…

    Et pourtant les religions existent encore. Ce paradoxe implique qu’elles doivent disparaître. En ce début de 21e siècle, alors qu’on en passe le dernier quart, une rupture va se dérouler au sein de l’humanité, avec les religions qui sont remplacées non pas simplement par une lecture « sociale » des choses, mais par une vision matérialiste de la réalité, à la hauteur de l’univers.

    C’est le rêve de Spinoza que le 21e siècle va réaliser, avec une humanité reconnaissant la Nature comme système et abandonnant l’hypothèse vaniteuse de « l’Homme dans la nature comme un empire dans un empire ».

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  • La grille d’analyse nécessaire au PMD

    Pour transformer un pays par la révolution, il faut une analyse stratégique. Sans stratégie, il n’y a rien ; on peut mener autant d’initiatives tactiques que l’on voudra, cela n’aboutira à rien, car la quantité n’est pas la qualité. Espérer pareillement qu’à force d’initiatives, la quantité se transforme en qualité, est vain, car des initiatives dispersées, sans fil conducteur, ne relèvent pas seulement de la quantité, mais de la qualité individuelle, avec une très mauvaise qualité.

    Seule une vision sur le long terme permet de voir ce que veut telle ou telle chose, l’impact que peut avoir telle ou telle initiative. Pour avoir une grille de lecture, il faut envisager les choses en termes de périodes, de développement historique, d’exigences propres à ces périodes et ce développement.

    Alors, quand on fait quelque chose, on le calibre en fonction des objectifs, des attentes historiques ; si on constate un phénomène, on évalue s’il est en phase ou non avec les attentes historiques.

    Il faut toujours évaluer ce qu’on fait, ce qu’on constate, au moyen d’une analyse des deux lignes : quelle est la ligne rouge, quelle est la ligne noire, où se situe la chose, le phénomène, par rapport à ces lignes.

    C’est ainsi de l’opportunisme que de se précipiter dans la moindre exigence revendicative, la moindre grève, la moindre contestation. De toutes manières, la France moderne, celle de 1945 à 2023, a été rempli de contestations, de grèves, de protestations, sans que jamais on aboutisse à une contestation de masse du capitalisme. La gréviculture de fonctionnaires et l’esprit étudiant de révolte n’ont jamais abouti à rien de concret.

    Prenons un exemple concret. La France est un pays en décadence. Chez les gens, le niveau scientifique, culturel et sur le plan des idées connaît un effondrement prononcé. Il y a un laisser-aller général, une attitude pleine d’oisiveté car reflétant la situation parasite de la France par rapport au tiers-monde. Les Français veulent conserver leurs acquis, et cela s’arrête là.

    Si on porte son attention sur les modalités et l’état d’esprit du mouvement contre la réforme des retraites de 2023, ou bien les Gilets Jaunes auparavant, on voit très bien alors qu’on a affaire à des initiatives réactionnaires visant à simplement conserver le capitalisme français tel quel. Rien ne pouvait en sortir de bon.

    Comment faut-il envisager la ligne rouge, alors ? Il faut constater que la France est un pays qui perd des positions sur le marché mondial ; le niveau de vie ne peut pas être maintenu. Il y a déjà une vraie cassure entre une bourgeoisie vivant dans une bulle prononcée de consommation ostentatoire et des larges masses vivant sur le tas, avec la propriété de son habitation comme considération centrale. Cette cassure va s’élargir, produisant mécaniquement de l’aigreur et de la rancoeur.

    Ce dernier aspect représente la difficulté morale majeure, puisqu’on est dans l’attitude rétrograde du prolétaire de pays riches. Néanmoins, l’aspect positif qui l’emporte est qu’il est désormais possible d’affirmer la civilisation comme socialiste.

    Dans les années 1960, 1980, 2000… la bourgeoisie était encore éduquée, bien élevée, capable de cadrer les choses. Elle disposait du prestige de la tradition, de la continuité morale et civilisationnel. Qui allait faire confiance à des gauchistes ou des syndicalistes pour partir à l’aventure ? Personne, bien entendu.

    Désormais, le prolétariat ne fait plus face à un ennemi si solide. Il lui reste toutefois à se transformer lui-même, massivement et profondément, pour s’assumer comme classe dominante.

    Les syndicalistes de 2023 ou les Gilets Jaunes convergent-ils avec cette nécessité d’auto-critique du prolétariat, avec l’idée d’une civilisation socialiste ? Pas du tout. Les syndicalistes et les Gilets Jaunes s’alignaient sur l’illusion du capitalisme redistributeur à l’infini, pour peu qu’on puisse « gratter » des acquis.

    Comment le PMD doit-il voir les choses ? Il doit partir du principe que le capitalisme français n’est pas statique, qu’il évolue. Il évolue en raison de ses contradictions internes, et il est en rapport également avec la compétition mondiale des puissances, petites et grandes. L’évolution interne, c’est la décadence ; le rapport avec la compétition mondiale, c’est la guerre. La France va à la guerre, elle est obligée pour chercher à maintenir son rang dans les rapports de force mondiaux, et également pour essayer de renforcer ses propres positions.

    Au ratatinement interne s’associe donc une tendance à la guerre qui, nécessairement, va provoquer des remous dans la société. On tend alors à une situation révolutionnaire, que Lénine décrit comme suit :

    « La loi fondamentale de la révolution, confirmée par toutes les révolutions et notamment par les trois révolutions russes du XX° siècle, la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements.

    Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque« ceux d’en bas » ne veulent plusetque « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher.

    Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs).

    Ainsi donc, pour qu’une révolution ait lieu, il faut: premièrement, obtenir que la majorité des ouvriers (ou, en tout cas, la majorité des ouvriers conscients, réfléchis, politiquement actifs) ait compris parfaitement la nécessité de la révolution et soit prête à mourir pour elle ; il faut ensuite que les classes dirigeantes traversent une crise gouvernementale qui entraîne dans la vie politique jusqu’aux masses les plus retardataires (l’indice de toute révolution véritable est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi la masse laborieuse et opprimée, jusque-là apathique), qui affaiblit le gouvernement et rend possible pour les révolutionnaires son prompt renversement. »

    Le PMD doit, pour chaque chose ou phénomène, se demander non pas simplement une « position de classe », mais en quoi il y a connexion avec le Nouveau ou l’Ancien. En quoi, la chose, le phénomène, contribue-t-il à la décadence, ou au contraire y fait obstacle ? En quoi, la chose, le phénomène, contribue-t-il à la tendance à la guerre, ou au contraire y fait obstacle ?

    Puis, vient la question de se placer historiquement : en quoi, la chose, le phénomène, converge-t-il, reflète-t-il à la conscience prolétarienne, à la vision du monde matérialiste dialectique ? Car sans le matérialisme dialectique, il n’y a pas de solidité suffisante.

    C’est une analyse des deux lignes tout d’abord, puis de l’alignement avec l’exigence historique de civilisation socialiste ensuite. C’est le moteur du Parti et c’’est pourquoi Mao Zedong dit que se tenir sur une position de classe ne suffit pas en soi. Il faut s’aligner entièrement sur le Parti qui exprime le nouveau dans son caractère historique, complet.

    « Nous nous tenons sur les positions du prolétariat et des masses populaires. Pour les membres du Parti communiste, cela implique la nécessité de se tenir sur la position du Parti, de se conformer à l’esprit de parti et à la politique du Parti. »

    Le nouveau chasse l’ancien, le Parti porte l’avenir.

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  • La mise en avant du matérialisme dialectique comme reflet de la maturité prolétarienne

    Lorsque la bourgeoisie part à la conquête du pouvoir, elle se confronte à l’idéologie de l’ancienne classe dominante matérialisée dans l’Église et la religion catholique. Les Lumières ont été l’aboutissement du conflit idéologique avec la superstructure d’ancien régime, en mettant en avant la figure de l’individu doué de raison et d’un libre-arbitre.

    La mise en place du mode de production capitaliste, ou plutôt la consolidation du pouvoir de la bourgeoisie sur toute la société tout au long du XIXe siècle, amène une transformation des valeurs et du style de vie. Karl Marx et Friedrich Engels avaient déjà remarqué cela dans le Manifeste de 1847, disant de la bourgeoisie que :

    « Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques.

    Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à ses « supérieurs naturels », elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du « paiement au comptant ».

    Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste.

    Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce.

    En un mot, à la place de l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.

    La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.

    La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent. »

    Cette transformation du mode de vie fut bien décrite dans les œuvres d’Honoré de Balzac, avec une portée critique, sur une base romantique d’idéalisation du passé. Marx et Engels ont qualifié de « socialisme féodal » cette idéologie venant justifier le retour un retour à l’ancien régime, et qui se recombinera au XXe siècle dans le fascisme et son idéologie corporatiste.

    Toujours est-il que le rôle historique de la bourgeoisie fut celle de la dissolution la plus complète de toutes les normes morales de l’ancien régime.

    Dans le cadre de la France, on peut affirmer que la mission historique de la bourgeoisie se déploie sur deux siècles, entre 1789 et 1989.

    Entre 1789 et 1917, on a la pleine affirmation de la bourgeoisie face aux couches sociales d’ancien régime dans ses prétentions à diriger la société. Cela passe évidemment par une lutte principalement politique, notamment sur les questions d’ordre institutionnel, scolaire et clérical. C’est l’époque du tâtonnement de la bourgeoisie pour parvenir à former le régime politique le plus apte à affirmer sa domination et sa capacité de direction.

    Ainsi en 1875 est actée la forme républicaine du régime, puis dans la foulée ce sera l’école comme institution centrale, l’influence de l’Église étant historiquement mise de côté en 1905 dans la « querelle des inventaires », jusqu’en 1913 où est inscrite dans la loi l’obligation du vote secret dans l’isoloir et par enveloppe, mettant fin à l’hégémonie du tandem curé-notable dans les campagnes.

    La Première Guerre mondiale est le point d’aboutissement du processus : il n’y a pas de craquage dans l’édifice politique, la mobilisation pour la guerre est pleine et entière, à tous les niveaux de la société. La bourgeoisie apparaît comme la force dirigeante ayant triomphé entièrement de l’ancienne classe dominante.

    Mais cela ne signifie pas que la bourgeoisie ait terminé ses tâches historiques car il lui reste à former et consolider un prolétariat, encore bien trop immature, non au sens pour lui-même mais par rapport aux nécessités d’accumulation du capital.

    Il faut bien comprendre que, jusqu’aux années 1920, en France, la population reste encore massivement rurale, avec un océan de producteurs domestiques autosuffisants et une industrie encore éclatée et mise en branle par des travailleurs professionnels aux savoirs hérités de la corporation. De la même manière, jusqu’aux années 1970, subsiste la figure de l’« ouvrier-paysan » dans de nombreuses régions industrielles françaises, tout comme certains foyers ouvriers dans les campagnes les plus isolées n’ont pas de toilettes et d’eau courante.

    Ainsi débute au cœur même de la première crise générale du capitalisme, la seconde mission de la bourgeoisie : la transformation de la paysannerie, elle-même formatée par l’ancien régime en un prolétariat n’existant pas dans le capitalisme, mais par l’accumulation du Capital.

    Avec le recul historique, on peut donc affirmer sans peine que la France voit se former un prolétariat dans la période 1920-1970, au même moment où le mode de production capitaliste connaît sa première cassure qualitative.

    À ce point de vue, on doit affirmer la chose suivante : la première crise générale du capitalisme n’est pas l’espace de la confrontation entre le prolétariat et la bourgeoisie, mais plutôt l’espace d’affirmation de la bourgeoisie sur le prolétariat.

    Les prolétariats de chaque pays étaient encore trop immatures pour se poser en protagoniste positif face à une bourgeoisie qui n’était entrée que relativement en décomposition, puisque victorieuse que par un de ses côtés, celui de sa confrontation avec l’ancien régime féodal, encore si prégnant sur l’ensemble du globe.

    Il ne faut pas oublier non plus l’émergence des Etats-Unis, vaste pays au capitalisme se déployant sans obstacles, généralisant un mode de vie parfaitement adapté aux besoins capitalistes, sans avoir à se confronter à la situation historique telle qu’elle existe en Europe.

    Les expériences socialistes du 20e siècle apparaissent comme la tentative d’un prolétariat naissant de prendre en charge le mouvement historique, universel, d’élévation des forces productives. C’est une contradiction de taille : une force sociale historique encore au stade de sa chrysalide a été amenée à diriger un processus scientifique majeur que fut l’industrialisation.

    C’était un processus d’autant plus difficile à diriger par la planification que le prolétariat mûrissait lui-même à l’intérieur du processus. Cette contradiction s’est matérialisée dans les débats sur les modalités du nouvel appareil d’État socialiste et les tâtonnements sur la mise en œuvre de la planification.

    Ce n’est qu’après cette période d’établissement économique que le prolétariat de ces pays, 1930-1940 pour l’URSS, 1950-1960 pour la Chine populaire, voit s’ouvrir à lui la pleine compréhension de sa propre vision dirigeante, le matérialisme dialectique.

    Mais c’est également à ce tournant que le prolétariat a échoué face au révisionnisme, car la bourgeoisie était encore sur sa lancée, elle n’avait pas totalement réalisée sa seconde tâche, n’étant entrée en décadence que de manière relative.

    Si le prolétariat « termine » en des pays arriérés les deux missions de la bourgeoisie, révélant ainsi sa supériorité historique, il est resté au seuil de la réalisation de sa mission propre à lui-même. L’affirmation de l’idéologie socialiste-communiste s’est ainsi cantonné dans l’affirmation du prolétariat comme pôle opposé à la bourgeoisie, illustré par son emblème du marteau de la faucille.

    Lorsque le prolétariat vise (et parvient à) la conquête du pouvoir au XXe siècle, c’est avant tout pour orienter les forces productives dans le sens de la pleine satisfaction des besoins de la société. Ce qui est l’objectif, c’est une production quantitative sur la base d’une planification harmonieuse.

    C’est le sens du Socialisme que d’en finir avec le paupérisme, mais aussi avec l’individu-roi illustré par le triomphe de l’entrepreneur privé décidant de la vie de travailleurs tout autant que des consommateurs.

    Dans cette optique, le prolétariat n’est pas confronté aux conséquences de l’industrialisation capitaliste sur le plan de la société de consommation. La société de consommation, c’est le point d’aboutissement historique du mode de production capitaliste, celui qui ouvre la voie au prolétariat de se saisir lui-même, pour lui-même et avec sa propre mission historique.

    La raison est simple : il fallait que l’emprise de la marchandise se soit généralisée à tous les aspects de la vie humaine, et qu’à la subsomption du travailleur se superpose la subsomption du consommateur comme achèvement du mode de production capitaliste.

    Ce n’est pas pour rien si Marx commence le Capital par l’analyse de la marchandise et cette affirmation si connue « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une ‘‘immense accumulation de marchandises’’ ».

    Prenons une image. Si l’on fait lire « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret » à un ouvrier des années 1920, il en percevra la dimension mais pas avec une telle profondeur que le prolétaire de 2023. L’ouvrier des années 1920 est marginalisé sur le plan de la consommation, il vit de manière restreinte sur ce plan ; il ne connaît pas les marchandises comme le prolétaire de 2023, dont la consommation est partout présente.

    Si on fait lire « La journée de travail » à un prolétaire de 2023, il en saisira inversement la substance, mais pas avec une telle intensité que l’ouvrier de 1936. Non pas que le prolétaire de 2023 travaille moins, mais l’implication psychique et psychologique du travail l’empêchent d’avoir la même distance que l’ouvrier par rapport au travail en 1936.

    On assiste à l’achèvement de la seconde mission historique de la bourgeoisie avec l’existence d’un prolétariat participant de plain-pied, tout à la fois comme producteur et comme consommateur, au capitalisme.

    Dialectiquement, c’est également la consécration de la maturité du prolétariat. On ne peut pas avoir un prolétaire consommateur, donc aliéné, sans avoir un prolétaire subjectivement actif dans des choix de consommation.

    La société de consommation correspond à un stade de développement approfondi des forces productives qui, dans son cadre capitaliste, donne lieu à des multitudes de marchés valorisant des tas d’identités subjectives. Cela exige une certaine disposition cognitive en tant que consommateur, mais également un degré d’enrichissement intellectuel en tant que producteur.

    En ce sens, la classe ouvrière peut se saisir de la science, non plus simplement comme modalité d’analyse de chaque secteur de la vie (biologie, chimie, neurologie, etc., etc.), mais comme un principe universel qui prend le nom de matérialisme dialectique. Cette compréhension est d’autant plus facilitée par l’héritage de la vaste et longue expérience du 20e siècle.

    Jusqu’au développement de la société de consommation, la contradiction entre prolétariat et bourgeoisie posait un cadre qu’on peut dire encore formel. Il y avait les bourgeois d’un côté, les prolétaires de l’autre.

    La compréhension du matérialisme dialectique restait encore marquée par des résidus de conceptions « unilatérales » : si ce n’était pas bourgeois, c’était prolétaire, et inversement. Le contenu réel de la bourgeoisie et du prolétariat comme classes s’effaçait devant des considérations restreintes, ce qui a amené le triomphe des tendances économistes, syndicalistes, réformistes.

    Même en refusant l’abandon de la cause, c’était réducteur que de considérer qu’il fallait « appliquer » la dialectique dans tel domaine, chaque domaine étant vu de manière séparée, comme s’ils avaient une vie propre sans connexions logiques entre eux dans le tout général.

    C’est ce qui fait que, même avec la meilleure volonté du monde, la social-démocratie d’avant 1914, le mouvement communiste de la première moitié du 20e siècle, puis même la Chine populaire de la seconde moitié du 20e siècle, devaient toujours courir derrière, à l’aveugle, les problèmes pour essayer de les résoudre. Il manquait la capacité à une vue globale.

    La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP) fut justement la compréhension de ce manque de vue globale. Avant la GRCP, le Parti apparaissait comme un centre qui devait se charger de soutenir et d’orienter dans la bonne direction. Avec la GRCP, le Parti est considéré comme le noyau dur irradiant tout le pays de sa démarche. La Chine populaire appela ça la « pensée Mao Zedong », considérant qu’il s’agissait à la fois d’idéologie, d’idéologie appliquée aux conditions concrètes de la Chine, d’un état d’esprit, d’une mentalité.

    C’est tout à fait juste et chaque pays a besoin effectivement d’une pensée-guide, synthèse historique de la réalité nationale exposant les contradictions.

    Néanmoins, la GRCP ce n’est pas que l’expression du besoin d’une pensée-guide, c’est aussi la considération de l’idéologie comme irradiant tout le pays depuis son noyau dur, le Parti.

    Il est évidemment plus facile de comprendre cette vision des choses au 21e siècle qu’en 1966. Dans un pays peu développé, et même dans la seconde partie du 20e siècle en général, on avait tendance à séparer les choses, à considérer que chaque chose existait à part, formant un domaine à part.

    Avec le développement des forces productives, il apparaît au contraire immédiatement que tout est lié : il n’est plus possible de faire de l’économie sans mathématiques, de la physique sans de la philosophie, de la géographie sans de la physique, de l’archéologie sans l’astronomie, du droit sans l’histoire, de l’architecture sans l’esthétique, de la mécanique sans l’informatique, du sport sans de la biologie, etc.

    Avant, il y avait peu de marchandises et un reflet d’artisanat était encore présent, ou bien on s’imaginait quelques grosses usines pour les biens les plus massifs, tels les automobiles. Désormais, on sait qu’il y a des industries variées, dans différents pays, des concepteurs dans d’autres pays, des vendeurs, des transporteurs, des livreurs, etc.

    L’existence même d’internet comme réseau mondial implique les connexions multiples. Naturellement, ce réseau est découpé, séparé par les pays et leurs blocages éventuels, les monopoles s’accaparant son utilisation, le manque d’accès technique dans certains pays du monde encore, etc. Néanmoins, une conscience humaine qui connaît internet est foncièrement différente de celle ne l’ayant pas connu.

    Pour résumer, on voit désormais comment tout est relié. Malheureusement, cette élévation du niveau de connaissances se déroule dans le cadre du capitalisme, parallèlement à une généralisation de la consommation. Tout ce qui est intelligence sert la concurrence capitaliste et la systématisation de la marchandisation à tous les niveaux.

    Le matérialisme dialectique se pose comme le niveau de compréhension de cette contradiction entre des forces productives développées et une lecture des choses démolie par la société de consommation. Le matérialisme dialectique fait se rejoindre là où le capitalisme divise, et il sépare là où le capitalisme fait artificiellement se rassembler.

    Ce qui se joue concrètement, ce n’est pas simplement une nouvelle répartition matérielle au sein de l’humanité, mais le rétablissement de l’être humain comme animal social après un détour commencé avec l’agriculture et l’élevage. La civilisation humaine cesse de vivre « à côté » de la réalité, dans l’illusion de la toute-puissance.

    Le Parti Matérialiste Dialectique (PMD) assume de mettre en avant cette thèse essentielle pour le 21e siècle : la lutte de classe prolétarienne ne se situe pas simplement dans un espace-temps humain, mais se déroule dans le cadre du développement cosmologique lui-même.

    Dit autrement, la révolution prolétarienne n’est pas simplement la réconciliation de l’Humanité avec elle-même, mais l’unification harmonieuse d’elle-même avec la matière vivante toute entière, avec la planète considérée comme Biosphère. En tant que pôle opposé à la bourgeoisie, le prolétariat porte une révolution sociale mais aussi un saut qualitatif pour l’Humanité tout entière.

    Cette conception de la révolution prolétarienne comme vecteur du prolongement-enrichissement de la civilisation avait bien été aperçu par les fondateurs du matérialisme dialectique. C’est la thèse bien connue du communisme comme « fin de la préhistoire » que l’on trouve dans la Préface à la critique de l’économie politique, de 1859 de Marx, Préface rendu célèbre par Staline lui-même qui s’efforça de présenter ce texte comme le classique général du matérialisme dialectique et historique.

    Voici ce que Marx écrit :

    « Les rapports de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire du processus de production sociale, contradictoire non pas dans le sens d’une contradiction individuelle, mais d’une contradiction qui naît des conditions d’existence sociale des individus ; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s’achève donc la préhistoire de la société humaine. »

    Historiquement cette thèse a été comprise comme cela de la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme et plus généralement de toute oppression. C’est tout à fait juste, mais dit ainsi c’est la limiter à une seule dimension. Il faut insister sur le fait qu’il est parlé de « préhistoire » et non pas simplement d’« histoire » : il y a une lecture du développement de l’Humanité non pas seulement par et pour elle-même mais dans le cadre de la Matière toute entière, dont l’humanité est une partie seulement.

    Pour le comprendre, il faut lire ce passage du Capital où est analysé « le caractère fétiche de la marchandise et son secret » :

    « En général, le reflet religieux du monde réel ne pourra disparaître que lorsque les conditions du travail et de la vie pratique présenteront à l’homme des rapports transparents et rationnels avec ses semblables et avec la nature.

    La vie sociale, dont la production matérielle et les rapports qu’elle implique forment la base, ne sera dégagée du nuage mystique qui en voile l’aspect, que le jour où s’y manifestera l’œuvre d’hommes librement associés, agissant consciemment et maîtres de leur propre mouvement social.

    Mais cela exige dans la société un ensemble de conditions d’existence matérielle qui ne peuvent être elles-mêmes le produit que d’un long et douloureux développement. »

    Le mode de production socialiste, c’est l’humanité qui se saisit elle-même et, se saisissant elle-même, ne peut que saisir sa propre nature d’être vivant agissant dans le grand tout de la matière en mouvement. Dialectiquement, il fallait arriver à cette époque de généralisation de la marchandise pour que la révolution prolétarienne soit un point d’aboutissement pour l’Humanité, celui du passage vers une nouvelle Civilisation permise par la vision du monde matérialiste dialectique.

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  • Du marxisme au matérialisme dialectique

    Le marxisme est né avec le mouvement ouvrier ; il consiste en les écrits de Karl Marx et de Friedrich Engels, mais également en leur action politique, avec la première Internationale et la naissance de la social-démocratie allemande.

    Ce dont on parle ici, c’est de gens en particulier, dans un pays en particulier, avec des idées en particulier. Et de par la dimension de ces idées de ces gens dans ce pays, c’est l’universel qui a prévalu et dans le monde entier, le marxisme a été reconnu comme juste par le mouvement ouvrier. Comme juste, non pas seulement pour l’Allemagne, mais pour tous les pays.

    D’autres idées sont apparues et se sont ajoutées au marxisme, se plaçant en son sein, le développant à travers des obstacles, des difficultés, des conflits. Pareillement des idées développées en Russie et en Chine ont été reconnues ayant une valeur non pas simplement pour ces pays seulement, mais pour tous les pays.

    Lénine et Mao ont été des références dans le monde entier.

    Pourrait-alors penser que le processus peut continuer comme cela à l’infini, que d’autres peuvent s’ajouter, que le marxisme continuerait ainsi de se développer ?

    Bien sûr, mais alors on doit reconnaître que ce n’est plus du marxisme. Le marxisme serait la base encore, mais il y aurait tellement d’ajouts, d’approfondissements, que le marxisme serait méconnaissable. Ce serait le marxisme, mais transformé. Déjà à l’époque de Lénine, le marxisme était transformé de manière profonde par rapport à l’époque de Marx, et c’est pareil avec Mao.

    Une discussion intéressante avait eu lieu à ce sujet, dans les années 1990 entre les maoïstes français et des représentants en France du Parti Communiste du Pérou. Ces derniers expliquaient que pour comprendre le marxisme, il fallait d’abord comprendre le maoïsme, car le maoïsme était la forme la plus avancée du marxisme.

    Pour les communistes français, cela semblait être le contraire : c’est en comprenant bien le marxisme qu’on arrivait, fort naturellement, au maoïsme. En un sens, les deux ont naturellement raison, car c’est une contradiction. Cependant, si c’est une contradiction, alors elle est productive.

    C’est justement en se tournant vers cette nature productive qu’on dépasse les séparations entre marxisme, léninisme, maoïsme et qu’on saisit l’unité de substance, qui permet de voir en quoi il s’agit d’une seule et même chose, et non de trois choses avec lesquelles il faudrait « composer ».

    Mao Zedong avait déjà pressenti ce qu’il faut bien appeler la mort du marxisme, mort non pas au sens où il est dépassé, devenu inutile ayant fait son temps, mais au sens où il forme de la matière qui s’est insérée dans quelque chose de plus développé.

    Mao Zedong dit avec une profonde justesse et un regard historique d’une vaste ampleur que :

    « Le monde est infini. A la fois dans le temps et l’espace, le monde est infini et inépuisable. Au-delà de notre système solaire, il y a de nombreuses étoiles qui, ensemble, forment la Voie Lactée. Au-delà de cette galaxie, il existe de nombreuses autres galaxies.

    Considéré globalement l’univers est infini, et considéré étroitement, l’univers est aussi infini.

    Non seulement l’atome est divisible, mais c’est aussi le cas du noyau atomique et il peut être divisé à l’infini (…).

    Tous les individus et toutes les choses spécifiques ont leurs naissances, leurs développements, et leurs morts.

    Chaque personne meurt, parce qu’elle est née. L’être humain doit mourir, et Chang San [NDLR : équivalent de Dupont, Durand, etc.] étant un homme, il doit mourir.

    Personne ne peut voir Confucius qui vivait il y a 2000 ans, parce qu’il devait mourir.

    L’humanité est née, et par conséquent l’humanité doit aussi mourir. La Terre est née, et ainsi elle doit également mourir.

    Toutefois, quand nous disons que l’humanité mourra et que la Terre mourra, c’est différent de ce que disent les chrétiens au sujet de la fin du monde.

    Lorsque nous parlons de la mort de l’humanité et de celle de la Terre nous voulons dire que quelque chose de plus avancé que l’humanité viendra la remplacer, et ceci est un stade plus élevé dans le développement des choses.

    J’ai dit que le marxisme avait également sa naissance, son développement et sa mort. Cela peut sembler absurde.

    Mais comme Marx dit que toutes les choses qui se déroulent ont leur mort, comment cela ne serait-il pas applicable au marxisme lui-même ?

    Dire qu’il ne mourra pas, c’est de la métaphysique.

    Naturellement, la mort du marxisme signifie que quelque chose de plus élevé que le marxisme viendra le remplacer. »

    La mort du marxisme dont parle ici Mao Zedong, c’est la naissance du matérialisme dialectique.

    Est-ce que cela veut dire que le matérialisme dialectique lui-même connaîtra la mort, disparaîtra ? C’est évidemment le cas ; le matérialisme dialectique connaîtra le même sort que le marxisme : il s’effacera pour laisser place à une compréhension plus approfondie du monde. Ce sera le matérialisme dialectique ayant connu un saut qualitatif.

    Quand cela déroulera-t-il ? Très certainement dans les décennies suivant l’unification de l’humanité et la systématisation du matérialisme dialectique au niveau mondial. Il y aura alors un tel approfondissement, un tel développement de nuances, que des différences apparaîtront et que la loi de la contradiction s’appliquera au matérialisme dialectique lui-même.

    Mais on n’en est, bien sûr, pas encore là. Ce dont il s’agit, pour la période donnée, c’est que l’humanité assimile les fondamentaux du matérialisme dialectique et sache les manier dans la pratique, ou plutôt : que le matérialisme dialectique soit porté comme vision du monde par toujours davantage de gens, jusqu’à la généralisation complète à l’échelle de la société.

    Le socialisme triomphera lorsque le prolétariat comprendra la contradiction qui le lie et l’oppose à la bourgeoisie, et lorsque la loi de la contradiction sera saisie dans la vie quotidienne, dans l’expérimentation scientifique et les sciences, dans la production industrielle et sa conception, dans les arts et les lettres.

    C’est une nouvelle ère où, plus les connexions sont comprises, plus les connexions se développent, le saut qualitatif connaît sa maturité, et se réalise.

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  • L’esprit français et la révolution

    La France est un pays qui a son propre parcours historique et la révolution sera nécessairement le fruit de ce parcours spécifique. C’est pour cela qu’il faut maîtriser parfaitement la trajectoire nationale française, l’évolution de la société et des modes de production, cet ensemble posant le cadre où les contradictions s’expriment et mettent en perspective l’avenir comme fruit du passé.

    La France est née au 16e siècle, lorsque l’unification réalisée par la monarchie, avec François Ier principalement, permet d’établir un cadre d’ampleur suffisante à la langue française, un territoire profitant d’une homogénéité relative sur le plan de l’unification, une économie commune au moins significativement, une culture assez active pour établir une formation psychique.

    Cependant, la France naissante affronte les guerres de religion qui vont la traumatiser, et le maintien de son existence est passée par l’existence d’un appareil d’État centralisé mis en place par les « Politiques ». Ceux-ci mettaient de côté les religions et les luttes de factions ; leur mot d’ordre était le « scepticisme » afin de maintenir un certain rationalisme. Son philosophe fut Montaigne, qui était au premier rang pour épauler Henri IV. Ce dernier changea six fois de religion dans sa vie, la dernière fois afin de devenir roi de France.

    Ce scepticisme à prétention rationaliste est l’essence de l’esprit français ; même au 17e siècle, où le rationalisme triomphe en tant que tel avec l’esprit classique, les penseurs et écrivains s’activent à porter un regard sceptique sur la nature humaine et les mœurs, avec l’espoir de les corriger (Molière, Racine, La Fontaine, La Rochefoucauld, La Bruyère, etc.).

    Par la suite, les Lumières se poseront surtout comme un scepticisme généralisé de l’idéologie dominante, de la monarchie absolue et du catholicisme ; la démarche reste principalement au niveau du regard critique, de la critique mordante dont Voltaire est le plus grand représentant. S’il a bien existé un matérialisme français (Diderot, d’Holbach, Helvétius, La Mettrie) dont l’Encyclopédie est la somme, il ne s’est jamais élevé à une synthèse et ne s’est jamais généralisé en un système de pensée. Pour cette raison, la révolution française passée, il s’étiola très rapidement.

    En France, le protestantisme a donc échoué au 16e siècle, le classicisme du 17e siècle n’a jamais composé de monument théorique et la vision des Lumières du 18e siècle ne s’est jamais non plus établie en système complet. C’est vrai pour le 19e siècle également. Aucun des mouvements le marquant profondément n’aura érigé de doctrine : ni la franc-maçonnerie, ni le royalisme de l’Action française, ni le radicalisme républicain, ni le mouvement ouvrier (qu’il soit socialiste ou syndicaliste).

    Le scepticisme reste la substance qu’on retrouve en filigrane dans l’esprit français et si on regarde bien, on peut voir que son pendant est le légitimisme. L’esprit français étant à prétention rationaliste, il considère tant que les choses sont, il y aura moyen de les prolonger d’une manière ou d’une autre. Pour qu’il y ait un engouement nouveau, il faut au préalable qu’une nouvelle légitimité ait pu être instaurée.

    Les Lumières n’ont pour cette raison pas été un mouvement de masse en France ; elles ont été un mouvement de conquête de légitimité des idées nouvelles, ouvrant la porte à une transformation du scepticisme français qui est alors passé du scepticisme pour le nouveau, au scepticisme pour l’ancien.

    Pareillement, le Front populaire et la Résistance n’ont pas été des mouvements de masse : c’est après leur installation et en raison d’une situation historique « bloquée » que les masses, reconnaissant leur légitimité, se sont précipitées à leur suite.

    Cette question de la légitimité explique la défaite complète de Mai-1968 dont l’irruption brutale ne sut pas s’inscrire dans la société française, sauf par François Mitterrand et le long travail de légitimité menée depuis 1945 par la « seconde gauche » ; elle permet également de comprendre le triomphe complet du coup d’État du général de Gaulle en 1958, porté par la légitimité de son action en réponse à la défaite de 1940.

    Si la question de la légitimité nouvelle joue toujours un rôle fondamental dans l’établissement d’un nouveau régime, il faut bien en saisir les modalités par rapport à l’esprit français sceptique à prétention rationaliste. C’est un écueil qui ne se contourne pas et qu’il faut affronter comme la grande épreuve pour parvenir à la révolution en France.

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  • Nous avons besoin du Parti matérialiste dialectique

    Nous voulons ici exprimer une réflexion qui, à nos yeux, possède une valeur très importante, dans la mesure où elle souligne qu’il faut être inscrit dans son époque, afin d’avoir non pas seulement un sens historique, mais également une signification sur le long terme.

    Autrement dit, nous sommes au 21e siècle et celui-ci se transforme à très grande vitesse depuis 2020. Il est donc impossible d’en rester à des manières anciennes de voir les choses. Le nouveau chasse l’ancien, c’est la loi même du mouvement des choses.

    Lorsqu’on est porté par un élan historique, l’aspect principal a d’autant plus d’importance et on possède alors vraiment les défauts de ses qualités. C’est ce qui explique que Karl Marx et Friedrich Engels, lorsqu’ils comprennent sur le long terme les modes de production et la dialectique de la Nature sur le très long terme, envisagent le succès des luttes de classe du prolétariat à relativement court terme.

    On raisonnait alors en termes d’années, avec une visibilité sur quelques décennies. Cela contraste avec la compréhension des modes de production sur des millénaires et de la dialectique de la Nature sur des centaines de milliers, des millions d’années.

    Chez Lénine, c’est également vrai, mais dans une moindre mesure. La fondation de l’Internationale Communiste en 1919 amenait initialement à envisager la victoire de la révolution mondiale en quelques années, puis rapidement il fut raisonné en termes de décennies.

    Par contre, les conceptions scientifiques de l’URSS de Staline analysaient déjà les phénomènes sur le très long terme, que ce soit en cosmologie, en histoire, en physique, en chimie, etc. La conception soviétique du voyage spatial, de la conquête de l’espace par l’humanité, élaborée par Constantin Tsiolkovsky ressort de cette lecture au long cours, tout comme la compréhension par Vladimir Vernadsky de la planète Terre comme « Biosphère » façonnée par la vie pendant un temps immense.

    Avec Mao Zedong, les choses connurent un saut qualitatif. Il fallait immédiatement raisonner en décennies et cette nouvelle lecture du rapport au temps s’inscrivait dans un approfondissement de la compréhension du rôle des mentalités, de la culture, de la vie quotidienne, des arts et des lettres.

    C’est la raison pour laquelle a été développée en Chine la « révolution culturelle » comme accompagnatrice des phases d’intenses transformation. Il a dès le départ été considéré qu’il faudrait plusieurs révolutions culturelles pour avancer historiquement, dans le cadre du socialisme. On a là une lecture sur le très long terme.

    Pour résumer :

    * chez Karl Marx et Friedrich Engels, la révolution était conçue comme une révolte populaire de masse organisée par une classe ouvrière organisée en Parti (c’est la social-démocratie), avec une victoire à relativement court terme ;

    * chez Lénine, la révolution était déclenchée dans chaque pays par un état-major mondial (l’Internationale Communiste) agençant les luttes de classes pour aller à la victoire dans les 5, 10, 15 ans ;

    * chez Mao Zedong, l’affrontement entre révolution et contre-révolution continue même après une victoire, amenant à voir les choses en termes de décennies, voire à raisonner en siècles.

    Le Parti Communiste de Chine constate la chose suivant dans ses statuts de 1973 :

    « La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

    Tout au long de cette période existent les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du social-impérialisme.

    Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et à la pratique guidée par cette théorie.

    La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine est précisément une grande révolution politique que le prolétariat mène, dans les conditions du socialisme, contre la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, en vue de consolider la dictature du prolétariat et de prévenir la restauration du capitalisme.

    Une telle révolution devra encore être menée à de nombreuses reprises dans l’avenir. »

    Voici un bon résumé de la question des phases historiques, par le Parti Communiste du Pérou, en 1988 :

    « Le Président Gonzalo nous dit que les trois moments du processus mondial d’élimination de l’impérialisme et de la réaction de la face de la terre sont :

    1° Défense stratégique ;

    2° Equilibre stratégique ;

    et

    3° Offensive stratégique de la révolution mondiale.

    Il l’énonce en appliquant à la révolution la loi de la contradiction, car la contradiction existe en toutes choses et toute contradiction a deux aspects en lutte, dans ce cas révolution et contre-révolution.

    La défense stratégique de la révolution mondiale, opposée à l’offensive de la contre-révolution, débute en 1871 avec la Commune de Paris et prend fin avec la Seconde Guerre Mondiale.

    L’équilibre stratégique se situe autour du triomphe de la révolution chinoise, de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et du développement des puissants mouvements de libération nationale.

    Postérieurement, la révolution passe à l’offensive stratégique ; on peut situer ce moment vers les années 80 quand nous distinguons des signes tels que la guerre Iran-Irak, l’Afghanistan, le Nicaragua, le début de la guerre populaire au Pérou, époque qui s’inscrit dans « les prochaines 50 à 100 années ».

    A partir de là [c’est-à-dire la victoire sur l’impérialisme au niveau mondial] se développera la contradiction entre le capitalisme et le socialisme dont la solution nous mènera au communisme.

    Nous concevons un processus long et non pas court, convaincus que nous arriverons au communisme, même si l’on doit connaître une série de détours et de revers qui se produiront nécessairement.

    De plus, ce n’est pas étonnant que nous appliquions les trois moments à la révolution mondiale, car le Président Mao les a appliqués au processus de la guerre populaire prolongée.

    Et, en tant que communistes, nous devons penser non seulement au moment présent mais aussi aux longues années à venir. » (La ligne internationale)

    Tout cela est indéniablement juste.

    Il existe une grande différence de conception entre le marxisme, le léninisme et le maoïsme au sujet du rapport entre le Parti, l’État, l’armée, l’école, les arts.

    Karl Marx et Friedrich Engels n’ont pas accordé une place principale à ces thèmes. À leurs yeux, il s’agissait de phénomènes surtout secondaires par rapport à l’aspect principal qu’était la question du mode de production. Le travail énorme à réaliser à ce niveau ne leur a pas permis d’approfondir vraiment les autres thèmes, même s’il faut bien souligner que ces titans s’intéressaient à tout, conformément à l’esprit matérialiste.

    La révolution russe d’octobre 1917 a été inversement confrontée à la nécessité d’établir des définitions les plus précises pour le Parti, l’État, l’armée, l’école, les arts. Rien que la définition de l’État a valu à Lénine non seulement de développer celle-ci, mais également de se confronter aux déformations opportunistes, révisionnistes d’une social-démocratie devenue réformiste.

    La conception qui en a découlé est la suivante : le Parti est le dirigeant, comme grand accompagnateur. Il joue le rôle de grand frère ou de grande sœur, ou si l’on veut de « commissaire politique ».

    L’État, l’armée, l’école, les arts… tout comme la culture en général et les sciences, existent donc en dehors du Parti, mais connaissent des interventions de celui-ci pour fixer les grandes orientations ou procéder à des rectifications, des corrections.

    Avec la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine populaire, cette conception d’une action de l’extérieur est par contre remise en cause. Il a été considéré que tous ces domaines qui formaient des « royaumes indépendants » étaient autant de portes ouvertes à des conceptions hostiles au prolétariat, au socialisme.

    Les communistes chinois profitaient également de l’expérience soviétique où les communistes devaient parfois intervenir en catastrophe, afin de rétablir la ligne rouge dans les arts ou les sciences, alors que se propageaient des conceptions capitalistes.

    C’est pourquoi en Chine, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne des années 1970, dans le prolongement de l’expérience des communes populaires des années 1960, a procédé à l’assimilation de l’État, de l’armée, de l’école, des arts, des sciences, de la culture.

    Il fallait arrêter de concevoir de manière séparée les structures de l’État, de l’armée, de l’école, des arts, des sciences, de la culture. Il fallait trouver un moyen de relier tout cela : c’est là précisément l’esprit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

    Cela voulait dire que le Parti, après avoir procédé à une mise en forme des structures nouvelles à la suite de la révolution, ne pouvait plus se contenter d’un avis extérieur à ces domaines. Il devait porter lui-même tous ces domaines. Son rôle s’élargit.

    Le Grande Révolution Culturelle Prolétarienne n’a ainsi pas seulement été une mobilisation populaire pour redresser le Parti face à la menace de trahison interne, mais également et surtout une généralisation de la vision communiste du monde à absolument tous les domaines, dans la considération que tout est lié à tout.

    Dans les constitutions de l’URSS et des démocraties populaires (avant la mort de Staline), le Parti Communiste n’apparaît pas : il forme un levier lié à la société dans son ensemble, mais en tant qu’appareil extérieur.

    La constitution chinoise de 1975 affirme inversement que :

    « Article premier.

    La République populaire de Chine est un État socialiste de dictature du prolétariat, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

    Article 2.

    Le parti communiste chinois est le noyau dirigeant du peuple chinois tout entier. La classe ouvrière exerce sa direction sur l’État par l’intermédiaire de son détachement d’avant-garde, le parti communiste chinois.

    Le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong constituent le fondement théorique sur lequel notre État guide sa pensée. »

    Il est donc établi que le Parti n’est pas là pour « pousser » à la révolution, en utilisant la lutte des classes comme « levier ». Son rôle dirigeant tient à sa dimension d’avant-garde : le Parti porte en lui le nouveau et rejette l’ancien, il ouvre la voie de l’avenir en l’incarnant, car il sait où il faut aller et comment, de par son propre vécu.

    Cette dimension d’avant-garde n’est pas seulement politique, elle porte sur tous les domaines, même si naturellement la dimension politique est l’aspect principal, car il s’agit de mener la révolution, afin de pouvoir réaliser les changements, les transformations.

    Le Parti de la révolution ne peut pas se disperser sur toutes les questions secondaires, il se focalise sur l’aspect principal : le renversement du mode de production. En même temps, il ne saurait « attendre » que la révolution ait eu lieu pour avoir un point de vue sur par exemple les arts ou l’école, car avoir un point de vue erroné à ce sujet, ou pas d’avis du tout, conduit à l’échec.

    On ne peut en effet porter le socialisme, le communisme, si en certains domaines on se laisse emporter par la ligne noire. Tel est le grand enseignement de la révolution culturelle en Chine. La ligne rouge ne doit rien laisser passer et toucher tous les domaines.

    Naturellement, cela ne veut pas dire qu’il faille passer au « gradualisme » et s’imaginer qu’il suffirait d’avoir des points de vue justes sur tout au sein du capitalisme pour parvenir à aller de manière « naturelle », évolutionniste, au socialisme. Tel était le point de vue du chef de la social-démocratie, Karl Kautsky, au début du 20e siècle, puis de tous les révisionnistes « révisant » le marxisme.

    Mais cela ne veut pas dire pour autant que le Parti soit une simple structure d’accueil de contestataires qui désirent la « révolution » et qui ne portent eux-mêmes aucun contenu révolutionnaire.

    La révolution n’est pas une forme, c’est un contenu. Les valeurs révolutionnaires s’incarnent : tel est l’enseignement de la révolution culturelle en Chine.

    Bien sûr, les communistes ont toujours porté une grande attention au style de vie, à la morale des membres du Parti.

    Néanmoins, il ne s’agit pas seulement d’être correct, mais bien d’être en phase avec l’esprit du changement historique. Comme nous sommes en France, nous pouvons résumer ici facilement cette conception en disant que si pour arriver à 1789 il y avait une séparation entre les Lumières et les forces politiques bourgeoises, la révolution socialiste implique par contre que ce soit le Parti qui porte les nouvelles Lumières.

    La société française a totalement changé en 2020, avec l’ouverture de ce que nous considérons comme une crise générale du capitalisme au niveau mondial, où la tendance au repartage militaire du monde devient prédominante.

    Partant de là, si on veut affirmer un esprit des « Lumières » du 21e siècle, il faut partir de cette nouvelle séquence dans tout ce qu’on fait, en n’ayant aucun fétichisme pour le passé.

    Notre passé politique est le suivant : au début des années 2000 nous avons signé « pour le Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste », puis nous sommes passés à Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste et enfin à Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste).

    Cela reflète la tentative qui a été la nôtre de profiter du passé maoïste français des années 1960-1970 pour réaffirmer que l’option du maoïsme était la seule viable. Plus les années ont passé et plus la dimension programmatique, idéologique, culturelle nous est apparue comme essentielle.

    Car il ne s’agit pas de se poser comme fraction d’une révolte existante : il n’y a en fait strictement plus rien et tout est à reconstruire. Il faut oser le dire : la première vague de la révolution mondiale, commencée en 1917, a été battue.

    Soit on dit qu’il faut la prolonger, la continuer, en rectifiant le tir (ce que nous avons fait avant 2020 grosso modo), soit on dit que l’on est dans une nouvelle époque. Ce n’est pas que le capitalisme a changé, c’est que ses modalités ne sont plus les mêmes ; la réalité des pays elle aussi a changé.

    Il ne faut pas se voiler la face non plus : le capitalisme a incroyablement profité de la chute en 1989 du bloc dirigé par le social-impérialisme soviétique, ainsi que de l’intégration de la Chine dans le marché mondial. De 1989 à 2020, le capitalisme a connu une incroyable expansion, rendant impossible toute avancée révolutionnaire réelle. Il suffit de constater le développement massif des forces productives dans le monde entier.

    Avec 2020, tout change, l’expansion du capitalisme a rencontré sa limite et désormais tous les pays cherchent à se replacer sur la carte mondiale, au moyen de l’affrontement militaire. On ne peut donc pas simplement re-proposer ou proposer de faire mieux, ou se contenter d’affirmer une simple continuité sur le plan des idées, des valeurs, des conceptions. Il y a la nécessité de passer une étape historique, imposant une rupture.

    C’est donc le moment de dire : on a compris le passé, on comprend ce qui se passe, voilà comment on pose la solution aux problèmes.

    Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie du prolétariat, il ne peut en être qu’ainsi, mais parler de marxisme-léninisme-maoïsme, c’est politiquement affirmer le 20e siècle et non le 21e. C’est là un problème fondamental pour faire passer un message.

    Il est évident que pour les gens au 21e siècle, on ne peut pas avoir l’air de vouloir comme modèles des sociétés du 20e siècle. Sur le fond, les gens ont tort, car ils devraient regarder la substance de ces « modèles » ; en pratique, ils souffrent pourtant déjà à comprendre leur propre époque, alors on ne peut pas s’aventurer à vouloir leur expliquer le 20e siècle de long en large.

    C’est d’autant plus vrai que le 20e siècle sera compris justement par le prisme des avancées du 21e siècle. C’est par la compréhension matérialiste dialectique de la France au 21e siècle qu’on comprendra l’URSS et la Chine populaire du 20e siècle, et non pas le contraire.

    Ce qui joue ici, c’est notre insistance sur la socialisation. Il ne sert à rien d’être « radical » si c’est pour être hors-sol, tout comme il n’est pas utile d’être présent dans la société française si c’est pour être intégré, désintégré par le capitalisme.

    C’est pourquoi nous pensons que « Parti matérialiste dialectique » est en phase avec notre époque et ses attentes, plus que Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste), même si cela revient substantiellement au même.

    C’est un pas nécessaire, non pas cosmétique, mais exprimant que le nouveau chasse l’ancien, qu’il faut entièrement assumer le nouveau et ne pas faire un fétichisme de l’ancien. Tel est notre souci de ne pas nous faire piéger par la contre-révolution, qui propose des « balles enrobées de sucre » tels des postes ou des emplois « dorés » ou bien des cultes sectaires sur la base de caricatures d’expériences du passé.

    Nous sommes des scientifiques, pas des prédicateurs et autres gourous des réseaux sociaux, et c’est par la science que nous l’emporterons sur le capitalisme, pour arriver au Communisme à travers la guerre populaire et les révolutions culturelles.

    Voici quatre idées marquantes pour saisir notre manière de voir les choses.

    a) Shein, Ikea, Google, Vinted, Facebook… représentant des socialisations, une expression de collectivisme… mais au sein du capitalisme. La bourgeoisie a été contrainte dans son capitalisme de tendre aux monopoles, avec une dimension mondiale. Cela se signifie une grande maturation vers la fusion de l’humanité dans une seule et même économie, de type socialiste. Cela implique également un renforcement paradoxal du capitalisme et une profonde aliénation.

    b) Le prolétariat peut (et va) se saisir plus facilement de la science qu’auparavant grâce aux formidables moyens matériels dont dispose l’humanité désormais. C’est une question de maturité. Mais pour que cette saisie soit opérationnelle, il faut ne pas se disperser, par exemple en jetant un regard trop fort vers le passé, et il faut aussi parvenir à proposer une rupture subjective pour qu’il y ait un décrochage avec les mentalités capitalistes. C’est pourquoi nous nous focalisons en pratique précisément sur la question de la subjectivité révolutionnaire.

    c) On a cru trop longtemps que la révolution socialiste était le renversement d’une classe par une autre sous la direction du prolétariat et qu’on arriverait à la fin de l’histoire. La révolution, c’est en réalité le début de l’humanité au niveau du matérialisme dialectique. Et le communisme, bien loin d’être une simple répartition, est ainsi la résolution des contradictions nées de l’affirmation historique de l’humanité, du néolithique : l’enjeu n’est rien d’autre que de trouver notre place en tant qu’espèce, de dépasser le passé pour établir un rapport productif avec la planète comme Biosphère (puis au Cosmos).

    d) Le Parti ne se résume pas à un vecteur politique réalisant une proposition stratégique ; il doit être un moteur idéologique et scientifique formant une base dont la portée est justement par-là même politique et culturelle. Il exprime de manière incarnée une conception du monde tout autant qu’il la propose. Il porte en lui la résolution des contradictions historiques manuel/intellectuel, villes/campagnes, théorie/pratique, à travers le passage nécessaire à une forme supérieure de développement.

    Guerre populaire jusqu’au Communisme !

    Décembre 2023

  • Constitution de la Chine populaire du 17 janvier 1975

    Préambule.

    La fondation de la République populaire de Chine a marqué la grande victoire de la révolution de démocratie populaire nouvelle que le peuple chinois après plus d’un siècle de lutte héroïque, a finalement remportée sous la direction du parti communiste de Chine, en renversant par la guerre révolutionnaire populaire la domination réactionnaire de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique ; et elle a inauguré une période historique nouvelle, celle de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat.

    Au cours des vingt et quelques années écoulées, le peuple de toutes les nationalités, poursuivant sa marche triomphale sous la direction du parti communiste de Chine, a remporté de grandes victoires dans la révolution et l’édification socialistes ainsi que dans la Grande Révolution culturelle prolétarienne, et a consolidé et renforcé la dictature du prolétariat.

    La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

    Tout au long de cette période existent les classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du social-impérialisme.

    Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et à la pratique guidée par cette théorie.

    Nous devons maintenir la ligne et les principes politiques fondamentaux du parti communiste de Chine élaborés pour toute la période historique du socialisme et persévérer dans la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat pour que notre grande patrie avance toujours dans la voie indiquée par le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong.

    Nous devons consolider la grande union du peuple de nos diverses nationalités, dirigée par la classe ouvrière et basée sur l’alliance des ouvriers et des paysans et développer le front uni révolutionnaire.

    Nous devons distinguer les contradictions entre l’ennemi et nous, et les contradictions au sein du peuple, puis leur donner une juste solution.

    Nous devons poursuivre les trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte des classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique, mener l’édification du socialisme selon les principes : indépendance et autonomie ; compter sur nos propres forces ; travailler dur ; édifier le pays avec diligence et économie ; déployer tous nos efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie.

    Nous devons nous préparer en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et tout faire dans l’intérêt du peuple.

    Dans les affaires internationales, nous devons rester fidèles à l’internationalisme prolétarien. La Chine ne sera jamais une superpuissance.

    Nous devons resserrer notre unité avec les pays socialistes et tous les peuples et nations opprimés, en renforçant le soutien mutuel, oeuvrer pour la coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents, sur la base des cinq principes : respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques, coexistence pacifique, et lutter contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme et du social-impérialisme, contre l’hégémonie des superpuissances.

    Notre peuple a la ferme conviction que, sous la direction du parti communiste de Chine, il vaincra les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur et surmontera toutes les difficultés pour faire de la Chine un puissant État socialiste de dictature du prolétariat et apporter une plus grande contribution à l’humanité.

    Que le peuple de toutes nos nationalités s’unisse pour remporter des victoires encore plus grandes !

    Chapitre premier.
    Des principes généraux.

    Article premier.

    La République populaire de Chine est un État socialiste de dictature du prolétariat, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

    Article 2.

    Le parti communiste de Chine est le noyau dirigeant du peuple chinois tout entier. La classe ouvrière exerce sa direction sur l’État par l’intermédiaire de son détachement d’avant-garde, le parti communiste de Chine.

    Le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong constituent le fondement théorique sur lequel notre État guide sa pensée.

    Article 3.

    Tout le pouvoir de la République populaire de Chine appartient au peuple. Les organes par lesquels le peuple exerce son pouvoir sont les assemblées populaires aux divers échelons, composées principalement de députés ouvriers, paysans et soldats.

    Les assemblées populaires aux divers échelons et tous les autres organes de l’État pratiquent le centralisme démocratique.

    Les députés aux assemblées populaires des différents échelons sont élus par voie de consultation démocratique.

    Les unités électorales et les électeurs ont le droit d’exercer leur contrôle sur les députés qu’ils ont élus, et de les remplacer à tout moment conformément aux dispositions prévues par la loi.

    Article 4.

    La République populaire de Chine est un État multinational uni. Les régions où est appliquée l’autonomie régionale des nationalités sont partie inséparables de la République populaire de Chine.

    Toutes les nationalités sont égales en droits. Il faut s’opposer au chauvinisme de grande nationalité et au chauvinisme de nationalité locale.

    Toutes les nationalités jouissent de la liberté d’utiliser leur langue parlée et écrite.

    Article 5.

    A l’étape actuelle, la propriété des moyens de production en République populaire de Chine se présente essentiellement sous les deux formes suivantes : la propriété socialiste du peuple tout entier et la propriété collective des masses travailleuses.

    L’État permet aux travailleurs individuels non agricoles d’exercer, dans les limites autorisées par la loi et sans exploiter autrui, une activité individuelle, conformément aux dispositions d’ensemble prises par les organisations de quartier dans les villes et les bourgs, ou par les équipes de production des communes populaires rurales. Il convient en même temps de les guider afin qu’ils prennent graduellement la voie de la collectivisation socialiste.

    Article 6.

    L’économie d’État est la force dirigeante de l’économie nationale.

    Les ressources minières, les eaux, ainsi que les forêts, les terres incultes et autres ressources que l’État possède, sont propriété du peuple entier.

    L’État peut, selon les dispositions de la loi, exproprier, réquisitionner ou nationaliser la terre ou les autres moyens de production dans les villes et les campagnes.

    Article 7.

    La commune populaire rurale est une organisation qui fusionne le pouvoir de l’échelon de base et la gestion économique.

    A l’étape actuelle, l’économie relevant de la propriété collective de la commune populaire rurale présente, en général, un système de propriété à trois échelons ayant l’équipe pour base, c’est-à-dire la propriété de la commune populaire, de la brigade de production et de l’équipe de production, celle-ci étant l’unité de compte de base.

    Dans les conditions où sont assurés le développement et la prépondérance absolue de l’économie collective des communes populaires, les membres de celles-ci peuvent cultiver de petites parcelles réservées à leur propre usage et se livrer, dans des limites restreintes, à des occupations subsidiaires familiales ; dans les régions d’élevage, les membres peuvent posséder un petit nombre de têtes de bétail à titre individuel.

    Article 8.

    Les biens publics socialistes ne souffrent aucune atteinte.

    L’État assure la consolidation et le développement de l’économie socialiste et interdit à quiconque de nuire, de quelque manière que ce soit, à l’économie socialiste et à l’intérêt public.

    Article 9.

    L’État applique le principe socialiste : « Qui ne travaille pas, ne mange pas » et « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail ».

    L’État protège le droit des citoyens à la propriété des revenus du travail, d’épargnes, de maisons d’habitation et d’autres mayens d’existence.

    Article 10.

    L’État applique le principe dit : faire la révolution et promouvoir la production, améliorer le travail et se préparer activement en prévision d’une guerre ; en prenant l’agriculture comme base et l’industrie comme facteur dominant, et en faisant pleinement jouer l’initiative de l’autorité centrale et de l’autorité locale, il stimule le développement planifié et proportionné de l’économie socialiste.

    Il améliore graduellement la vie matérielle et culturelle du peuple, sur la base de l’accroissement continu de la production sociale, et consolide l’indépendance et la sécurité du pays.

    Article 11.

    Les organismes d’État et les travailleurs d’État doivent étudier consciencieusement le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong, placer toujours la politique prolétarienne au poste de commande, combattre la bureaucratie, se lier étroitement aux masses, et servir le peuple de tout coeur. Les cadres des différents échelons doivent participer au travail collectif de production.

    Les organismes d’État doivent appliquer le principe d’une administration simplifiée ; leurs organes dirigeants doivent incarner la triple union des personnes âgées, des personnes d’âge moyen et des jeunes.

    Article 12.

    Le prolétariat doit exercer sa dictature intégrale sur la bourgeoisie dans le domaine de la superstructure, y compris les divers secteurs de la culture. La culture et l’éducation, la littérature et l’art, le sport et la santé publique, la recherche scientifique doivent servir la politique prolétarienne, servir les ouvriers, paysans et soldats, et être combinés avec le travail productif.

    Article 13.

    La libre expression d’opinions, le large exposé de vues, le grand débat et le dazibao sont des formes nouvelles créées par les masses populaires pour mener la révolution socialiste.

    L’État assure aux masses populaires le droit d’y recourir, pour créer une atmosphère politique où règnent à la fois le centralisme et la démocratie, la discipline et la liberté, l’unité de volonté et, pour chacun, un état d’esprit fait de satisfaction et d’entrain, afin de favoriser la consolidation de la direction du parti communiste chinois sur l’État, la consolidation de la dictature du prolétariat.

    Article 14.

    L’État défend le régime socialiste, réprime toute activité contre-révolutionnaire et de trahison nationale, châtie tous les traîtres à la nation et éléments contre-révolutionnaires.

    L’État, en vertu de la loi, prive les propriétaires fonciers, les paysans riches, les capitalistes réactionnaire et les autres éléments malfaisants des droits politiques pour une période déterminée, tout en leur accordant un moyen de gagner leur vie, afin qu’ils se réforment par le travail et deviennent des citoyens observant la loi et vivant de leur propre labeur.

    Article 15.

    L’armée populaire de libération de Chine et la milice populaire sont les forces armées de nos ouvriers et paysans, dirigées par le parti communiste de Chine, les forces armées du peuple de nos diverses nationalités.

    Le président du comité central du parti communiste de Chine assume le commandement de toutes les forces armées du pays.

    L’armée populaire de libération de Chine sera toujours un corps de combat et en même temps un corps de travail et un corps de production.

    Les forces armées de la République populaire de Chine ont pour tâche de défendre les conquêtes de la Révolution socialiste et les réalisations de l’édification du socialisme, de défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et la sécurité du pays, et de préserver le pays de la subversion et de l’agression de l’impérialisme, du social-impérialisme et de leurs laquais.

    Chapitre II.
    De la structure de l’État.

    Section 1. De l’Assemblée populaire nationale.

    Article 16.

    L’Assemblée populaire nationale est l’organe suprême du pouvoir d’État, placé sous la direction du parti communiste de Chine.

    L’Assemblée populaire nationale est composée de députés élus par les provinces, les régions autonomes, les municipalités relevant directement de l’autorité centrale et l’armée populaire de libération. S’il y a nécessité, des personnalités patriotes peuvent y être spécialement invitées à titre de députés.

    L’Assemblée nationale populaire est élue pour une durée de cinq ans. Dans des cas exceptionnels, cette durée peut être prolongée.

    L’Assemblée populaire nationale se réunit une fois par an. S’il y a nécessité, sa convocation peut être avancée ou retardée.

    Article 17.

    L’Assemblée populaire nationale exerce les fonctions et pouvoirs suivants : amender la Constitution ; voter les lois ; sur proposition du comité central du parti communiste de Chine, nommer le premier ministre du Conseil des affaires d’État et les membres du Conseil des affaires d’État, et les décharger de leurs fonctions ; approuver les plans de l’économie nationale, le budget d’État et le rapport sur l’exercice budgétaire ;et exercer les autres fonctions et pouvoirs qu’elle jugera nécessaire d’assumer.

    Article 18.

    Le comité permanent de l’Assemblée populaire nationale est l’organe permanent de ladite assemblée . Il exerce les fonctions et pouvoirs suivants : convoquer les sessions de l’Assemblée populaire nationale ; interpréter les lois ; prendre des décrets ; nommer et rappeler les représentants plénipotentiaires à l’étranger ; recevoir les représentants diplomatiques des États étrangers ; ratifier et dénoncer les traités conclus avec les États étrangers ; et exercer les autres fonctions et pouvoirs qui lui seraient impartis par l’Assemblée populaire nationale.

    Section 2. Du Conseil des affaires d’État.

    Article 19.

    Le Conseil des affaires d’État est le gouvernement populaire central. Il est responsable devant l’Assemblée populaire nationale et le comité permanent de celle-ci, et leur rend compte de son activité.

    Le Conseil des affaires d’État est composé du premier ministre, des vice-premiers ministres, des ministres et des ministres chargés des commissions.

    Article 20.

    Le Conseil des affaires d’État exerce les fonctions et pouvoirs suivants : conformément à la Constitution, aux lois et aux décrets, arrêter des mesures administratives, émettre des décisions et promulguer des ordonnances ; exercer une direction unifiée sur l’activité des ministères, des commissions et des organismes d’État locaux des divers échelons dans tout le pays ; arrêter et mettre en application les plans de l’économie nationale et le budget d’État ; et exercer les autres fonctions et pouvoirs qui lui seraient impartis par l’Assemblée populaire nationale ou par son comité permanent.

    Section 3. Des assemblées populaires locales et des comités révolutionnaires locaux aux différents échelons.

    Article 21.

    Les assemblées populaires locales des différents échelons sont les organes locaux du pouvoir d’État.

    La durée des pouvoirs des assemblées populaires des provinces et des municipalités relevant directement de l’autorité centrale est de cinq ans. Celle des assemblée populaires des préfectures, des municipalités et des districts est de trois ans Celle des assembles populaires des communes populaires rurales et des bourgs est de deux ans.

    Article 22.

    Les comités révolutionnaires locaux des divers échelons sont les organes permanents des assemblées populaires locales et, en même temps, les gouvernements populaires locaux, aux divers échelons.

    Un comité révolutionnaire local est composé du président, des vice-présidents et des membres, qui sont élus et peuvent être relevés de leurs fonctions par l’assemblée populaire de l’échelon correspondant ; leur élection et révocation doivent être soumises à l’organe d’État de l’échelon immédiatement supérieur pour examen et approbation.

    Un comité révolutionnaire local est responsable devant l’assemblée populaire de l’échelon correspondant et l’organe d’État de l’échelon immédiatement supérieur, et leur rend compte de son activité.

    Article 23.

    Les assemblées populaires locales des divers échelons, ainsi que les comités révolutionnaires locaux qui en sont issus, assurent la mise en application des lois et décrets dans leurs régions respectives, dirigent la révolution et l’édification socialistes dans leurs régions respectives, examinent et approuvent les plans locaux de l’économie nationale, les budgets locaux et les rapports sur l’exercice budgétaire, maintiennent l’ordre révolutionnaire et protègent les droits des citoyens.

    Section 4. Des organes d’administration autonome des régions d’autonomie nationale.

    Article 24.

    Les régions autonomes, les départements autonomes et les districts autonomes sont tous des régions d’autonomie nationale ; leurs organes d’administration autonome sont les assemblées populaires et les comités révolutionnaires.

    Outre les fonctions et pouvoirs des organes locaux d’État, définis dans la section 3 du chapitre II de la présente Constitution, les organes d’administration autonome des régions d’autonomie nationale peuvent exercer l’autonomie dans les limites des pouvoirs qui leur sont conférés par la loi.

    Les organes d’État des échelons supérieurs doivent assurer aux organes d’administration autonome des régions d’autonomie nationale le plein exercice de leur autonomie et soutenir activement les différentes minorités nationales dans la révolution et l’édification socialistes.


    Section 5. Des organes judiciaires et des parquets.

    Article 25.

    La Cour populaire suprême, les tribunaux populaires locaux des divers échelons et les tribunaux populaires spéciaux exercent le pouvoir judiciaire.

    Les tribunaux populaires aux divers échelons sont responsables devant les assemblées populaires des échelons correspondants et leurs organes permanents, auxquels ils rendent compte de leur activité.

    Les présidents des tribunaux populaires aux divers échelons sont nommés et déchargés de leurs fonctions par les organes permanents des assemblées populaires des échelons correspondants.

    Les attributions des parquets incombent aux organes de la sécurité publique aux divers échelons.

    Pour enquêter et pour juger une affaire, il faut appliquer la ligne de masse. Pour les cas graves de délit pénal contre-révolutionnaire, il faut mobiliser les masses pour qu’elles les soumettent à la discussion et à la critique.

    Chapitre III.
    Des droits et des devoirs fondamentaux des citoyens.

    Article 26.

    Le droit et le devoir fondamentaux de tout citoyen, c’est d’être pour la direction du parti communiste de Chine, pour le régime socialiste, et de se conformer à la Constitution et aux lois de la République populaire de Chine.

    Défendre la patrie et résister à l’agression est la noble obligation de chaque citoyen. Accomplir le service militaire, conformément à la loi, est un devoir d’honneur pour les citoyens.

    Article 27.

    Tous les citoyens ayant dix-huit ans révolus ont le droit d’élire et d’être élus, à l’exception des personnes privées de ce droit par la loi.

    Les citoyens ont droit u travail et à l’instruction. Les travailleurs ont droit au repos et ont droit à l’assistance matérielle ans la vieillesse, en cas de maladie ou de perte de leur capacité de travail.

    Les citoyens ont le droit de porter plainte auprès des organes d’État de tous les échelons par écrit ou oralement contre tout travailleur d’un organisme d’État pour violation de la loi ou manquement à son devoir ; il est interdit à quiconque de susciter des obstacles ou d’empêcher la formulation de telles plaintes, ou d’user de représailles.

    La femme jouit des mêmes droits que l’homme dans tous les domaines.

    L’État protège le mariage, la famille, la mère et l’enfant.

    L’État protège les droits et intérêts légitimes des Chinois résidant à l’étranger.

    Article 28.

    Les citoyens jouissent de la liberté de parole, de correspondance, de la presse, de réunion, d’association, de cortège, de manifestation et de grève ; ils ont la liberté de pratiquer une religion, la liberté de ne pas pratiquer de religion et de propager l’athéisme.

    La liberté individuelle et le domicile des citoyens sont inviolables. Aucun citoyen ne peut être mis en état d’arrestation sans décision d’un tribunal populaire ou approbation d’un organe de la sécurité publique.

    Article 29.

    La République populaire de Chine accorde le droit de résidence à tout étranger poursuivi pour avoir défendu une juste cause, pour sa participation à un mouvement révolutionnaire ou en raison de son activité scientifique.

    Chapitre IV.
    Du drapeau national, de l’emblème national, de la capitale.

    Article 30.

    La drapeau national est un drapeau rouge à cinq étoiles.

    L’emblème comporte au centre la porte Tien-an-men surmontée de cinq étoiles, encadrée d’épis de céréales, avec une roue dentée à la base.

    La capitale est Pékin.

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  • Statuts du Parti Communiste de Chine (IXe congrès-1969)

    Chapitre premier.
    Programme général.

    Le Parti communiste de Chine est un parti politique prolétarien.

    Le programme fondamental du Parti communiste de Chine est de renverser définitivement la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, de substituer la dictature du prolétariat à la dictature de la bourgeoisie, d’assurer le triomphe du socialisme et le capitalisme. Le but final du Parti est la réalisation du communisme.

    Le Parti communiste de Chine est composé d’éléments avancés du prolétariat ; il est une organisation d’avant-garde, dynamique, qui dirige le prolétariat et les masses révolutionnaires dans leur combat contre l’ennemi de classe.

    Le fondement théorique sur lequel le Parti communiste de Chine guide sa pensée, c’est le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong. La pensée Mao Zedong est le marxisme-léninisme de l’époque où l’impérialisme va à son effondrement total et où le socialisme marche vers la victoire dans le monde entier.

    Pendant un demi siècle, au cours des grandes luttes qu’il a dirigées dans l’accomplissement de la révolution de démocratie nouvelle et dans la révolution et l’édification socialistes en Chine, de même qu’au cours de la grande lutte du mouvement communiste international contre l’impérialisme, le révisionnisme moderne et toute la réaction, le camarade Mao Zedong a uni la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution, continué, sauvegardé et développé le marxisme-léninisme, et il l’a fait accéder à une étape supérieure, toute nouvelle.

    Le camarade Lin Piao a toujours porté haut levé le drapeau de la pensée Mao Zedong. Il applique et défend avec la plus grande loyauté et la plus grande fermeté la ligne révolutionnaire prolétarienne du camarade Mao Zedong. Le camarade Lin Piao est le proche compagnon d’armes et le successeur du camarade Mao Zedong.

    Le Parti communiste de Chine ayant le camarade Mao Zedong pour dirigeant est un grand, un glorieux et un juste parti, il constitue le noyau dirigeant du peuple chinois. Il s’est aguerri dans la longue lutte de classes qu’il a menée pour prendre et consolider le pouvoir par les armes, s’est renforcé et développé dans la lutte contre les lignes opportunistes de droite et « de gauche » et, plein de confiance, il avance vaillamment sur la voie de la révolution et de l’édification socialistes.

    La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique.

    Tout au long de cette période existent les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme, ainsi que la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du révisionnisme moderne.

    Toutes ces contradictions ne peuvent être résolues que grâce à la théorie marxiste de la révolution continue et à la pratique guidée par cette théorie. La Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine est précisément une grande révolution politique que le prolétariat mène, dans les conditions du socialisme, contre la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses.

    Tout le parti doit porter haut levé le grand drapeau rouge du marxisme, du léninisme et de la pensée Mao Zedong et diriger les centaines de millions d’hommes de nos diverses nationalités dans la poursuite des trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte des classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique et le renforcement de la dictature du prolétariat, et dans l’édification du socialisme selon les principes suivants : indépendance et autonomie ; compter sur ses propres forces ; travailler dur ; déployer tous ses efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie.

    Fermement attaché à l’internationalisme prolétarien, le Parti communiste de Chine s’unit résolument avec les partis et groupements marxistes-léninistes authentiques, avec le prolétariat, et avec les peuples et la nations opprimés du monde entier dans la lutte en commun pour abattre l’impérialisme ayant à sa tête les États-Unis, le révisionnisme moderne ayant pour centre la clique des renégats révisionnistes soviétiques, ainsi que toute la réaction, et parvenir à l’abolition sur le globe du système d’exploitation de l’homme par l’homme, qui apportera l’émancipation à toute l’humanité.

    Les membres du Parti communiste de Chine, qui ont fait serment de consacrer leur vie à la cause du communisme, doivent s’armer de résolution, ne reculer devant aucun sacrifice et surmonter les difficultés pour remporter la victoire !

    Chapitre II.
    Les membres.

    Article premier.

    Peut être membre du Parti communiste de Chine tout ouvrier, paysan pauvre, paysan moyen-pauvre, militaire révolutionnaire et autre révolutionnaire chinois, ayant dix-huit ans révolus, qui accepte les statuts du Parti, adhère à l’une de ses organisations et y milite activement, applique les résolutions du Parti, observe la discipline du Parti et acquitte ses cotisations.

    Article 2.

    Celui qui demande à entrer au Parti doit suivre la procédure d’admission individuelle, être présenté par deux membres du Parti et remplir une demande d’admission ; une enquête sera faite à son sujet par la cellule, qui recueille largement l’opinion des masses au sein et en dehors du Parti ; sa demande doit être acceptée par l’assemblée générale de la cellule et l’admission ratifiée par le comité du Parti immédiatement supérieur.

    Article 3.

    Tout membre du Parti communiste de Chine doit :

    1. Étudier et appliquer de façon vivante le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong ;

    2. Lutter pour les intérêts de l’immense majorité de la population de la Chine et du monde ;

    3. Être capable de s’unir avec le plus grand nombre, y compris ceux qui, à tort, se sont opposés à lui, mais qui se corrigent sincèrement de leurs erreurs. Cependant, il faut être particulièrement vigilant afin d’empêcher les arrivistes, les comploteurs et les individus à double face d’usurper le direction du Parti et de l’État, à quelque échelon que ce soit, et de garantir que la direction du Parti et de l’État soit à jamais entre les mains des révolutionnaires marxistes ;

    4. Consulter les masses pour tout problème ;

    5. Pratiquer courageusement la critique et l’autocritique.

    Article 4.

    Si un membre commet une infraction à la discipline du parti, l’organisation du Parti de l’échelon intéressé, dans les limites de ses attributions et selon le cas considéré, lui appliquera l’une des sanctions suivantes : avertissement, blâme, destitution des fonctions au sein du Parti, mise en observation, exclusion du Parti.

    La mise en observation d’un membre est de deux ans au plus. Pendant la durée de cette mise en observation, il n’a pas le droit de vote ni le droit d’élire et d’être élu.

    Quant aux membres qui restent dans l’inertie et ne font aucun progrès en dépit des efforts pour les éduquer, il faut les persuader de se retirer du Parti.

    Quand un membre demande à quitter le Parti, sa radiation doit être confirmée par l’assemblée générale de la cellule qui en informe le comité du Parti immédiatement supérieur en vue d’enregistrement. En cas de nécessité, la radiation peut être portée à la connaissance des masses en dehors du Parti.

    Les renégats, les agents secrets, les responsables obstinément engagés dans la voie capitaliste, les éléments dégénérés et les éléments étrangers à nos rangs de classe, contre lesquels on possède des preuves irrécusables, seront expulsés du Parti et ne seront jamais autorisée à le réintégrer.

    Chapitre III.
    Le principe d’organisation du Parti.

    Article 5.

    Le principe d’organisation du Parti est le centralisme démocratique.

    Les organes de direction à tous les échelons du Parti sont élus par voie de consultation démocratique.

    Tout le Parti doit se soumettre à une discipline unique : l’individu doit se soumettre à l’organisation, la minorité à la majorité, l’échelon inférieur à l’échelon supérieur et l’ensemble du Parti au comité central.

    Les organes de direction à tous les échelons du Parti doivent régulièrement rendre compte de leur travail aux congrès ou aux assemblées générales des membres, recueillir constamment au sein et en dehors du Parti l’opinion des masses et accepter leur contrôle.

    Tout membre a le droit d’adresser des critiques et des suggestions aux organisations du Parti et aux dirigeants à tous les échelons.

    Tout membre, qui est en désaccord avec les résolutions ou instructions des organisations du Parti, est autorisé à réserver son opinion et a le droit de s’adresser directement aux échelons supérieurs, et ce jusqu’au comité central et au président du comité central.

    Il faut créer une atmosphère politique où règnent à la fois le centralisme et la démocratie, la discipline et la liberté, l’unité de volonté et, pour chacun, un état d’esprit fait de satisfaction et d’entrain.

    Les organes du pouvoir d’État de la dictature du prolétariat, l’Armée populaire de Libération, ainsi que la Ligue de la Jeunesse communiste, les organisations des ouvriers, des paysans pauvres et moyens-pauvres, des gardes rouges et les autres organisations révolutionnaires de masse doivent se soumettre sans exception à la direction du Parti.

    Article 6.

    L’organe suprême de direction du Parti est le congrès national et, dans l’intervalle des congrès, le comité central élu par lui.

    L’organe de direction du Parti, sur le plan local, dans l’armée et dans les différents départements, est le congrès ou l’assemblée générale des membres de l’échelon correspondant ainsi que le comité du Parti qui en est issu. Les congrès du Parti à tous les échelons sont convoqués par les comités du Parti des échelons correspondants.

    Sur le plan local et dans l’armée, la convocation des congrès du Parti et la liste des membres élus des comités respectifs doivent être soumises à l’approbation des organisations de l’échelon supérieur.

    Article 7.

    Les comités du Parti aux différents échelons établissent des bureaux de travail ou délèguent leurs organismes représentatifs, conformément aux principes de direction unique, de liaison étroite avec les masses et d’administration simplifiée.

    Chapitre IV.
    L’organisations centrale du Parti.

    Article 8.

    Le congrès national du Parti est convoqué tous les cinq ans. Dans des cas exceptionnels, sa convocation peut être avancée ou retardée.

    Article 9.

    La session plénière du comité central du Parti élit le bureau politique du comité central, le comité permanent du bureau politique ainsi que le président et le vice-président du comité central.

    La session plénière du comité central du Parti est convoquée par le bureau politique du comité central.

    Dans l’intervalle des sessions plénières du comité central, le bureau politique du comité central et son comité permanent exercent les fonctions du comité central.

    Sous la direction du président, du vice-président et du comité permanent du bureau politique du comité central, seront établis les organismes indispensables, simples mais efficaces, qui régleront de manière centralisée les affaires courantes du Parti, du gouvernement et de l’armée.

    Chapitre V.
    L’organisation du Parti sur le plan local et dans l’armée.

    Article 10.

    Les congrès du Parti, sur le plan local, à l’échelon du district et au-dessus, et dans l’Armée populaire de Libération, à l’échelon du régiment et au-dessus, sont convoqués tous les trois ans. Dans des cas exceptionnels, leur convocation peut être avancée ou retardée.

    Les comités du parti aux différents échelons, sur le plan local et dans l’armée, élisent leurs comités permanents ainsi que leurs secrétaires et secrétaires adjoints.

    Chapitre VI.
    L’organisation de base du Parti.

    Article 11.

    Il sera créé en général une cellule dans chacune des unités de base : usines, mines et autres entreprises, communes populaires, organismes, écoles, magasins, organisations de quartier, compagnies de l’Armée populaire de Libération, etc. ; une cellule générale et un comité de base peut être établi lorsque les membres du Parti sont nombreux ou que la lutte révolutionnaire l’exige.

    Dans les organisations de base du Parti, les élections ont lieu une fois par an. Dans des cas exceptionnels, elles peuvent être avancées ou retardées.

    Article 12.

    Les organisations de base du Parti doivent porter haut levé le grand drapeau rouge du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong, donner la primauté à la politique prolétarienne et faire s’épanouir le style qui consiste à unir la théorie et la pratique, à se lier étroitement aux masses populaires, à pratiquer la critique et l’autocritique. Leurs tâches principales sont les suivantes :

    1. Diriger les membres du Parti et les larges masses révolutionnaires dans l’étude et l’application vivantes du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong ;

    2. Éduquer constamment les membres du Parti et les larges masses révolutionnaires dans l’esprit de la lutte de classes et de la lutte entre les deux lignes, les diriger dans une lutte résolue contre l’ennemi de classe ;

    3. Propager et matérialiser la politique du Parti, appliquer ses résolutions, accomplir les tâches assignées par le Parti et l’État ;

    4. Se lier étroitement aux masses, se tenir constamment au courant de leurs opinions et de leurs désirs, développer au sein du Parti une lutte idéologique positive afin que la vie du Parti soit pleine de dynamisme ;

    5. Recruter de nouveaux adhérents, appliquer la discipline du Parti, procéder constamment à la consolidation des organisations du Parti, rejeter ce qui est altéré et absorber de nouveau, afin de maintenir les rangs du Parti dans toute leur pureté.

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