Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • Résolution sur le Fascisme au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    §1. Le fascisme est une des formes classiques de la contre-révolution à l’époque de la décadence de l’ordre capitaliste, à l’époque de la révolution prolétarienne, surtout là où le prolétariat a engagé la lutte pour le pouvoir mais où, faute d’expérience révolutionnaire et d’un Parti de classe dirigeant, il n’a pas su organiser la lutte révolutionnaire et pousser le soulèvement des masses jusqu’à l’établissement de la dictature prolétarienne.

    Le fascisme est l’instrument de combat de la grande bourgeoisie contre le prolétariat, que les instruments légaux de l’État ont été insuffisants à terrasser ; il est l’arme extra-légale de la grande bourgeoisie pour établir et consolider sa dictature.

    Mais, par sa structure le fascisme est un mouvement petit-bourgeois. Il a ses racines dans les classes moyennes vouées à la disparition par la crise du capitalisme, ainsi que dans les éléments déclassés par l’après- guerre (anciens officiers, etc.) et en partie même dans les éléments déçus dans leurs espoirs révolutionnaires et aigris du prolétariat.

    Plus la société bourgeoise se décompose, et plus tous les Partis bourgeois, surtout la social-démocratie, prennent un caractère plus ou moins fasciste, se servant des méthodes violentes contre le prolétariat, et dissolvant ainsi eux-mêmes l’ordre social pour le maintien du quel ils s’étaient formés.

    Le fascisme et la social-démocratie sont les deux côtés d’un seul et même instrument de la dictature du grand capitalisme. Voilà pourquoi la social-démocratie ne pourra jamais être une alliée sûre du prolétariat dans la lutte contre le fascisme.

    Par ses contradictions intérieures d’intérêts entre la grande bourgeoisie d’un côté et les éléments petits-bourgeois et prolétariens de l’autre), le fascisme sombre après sa victoire dans une banqueroute politique qui a conduit à sa décomposition intérieure (Italie).

    Il tombe dans une crise semblable aussi là où, sans avoir remporté la victoire formelle, il est obligé de soutenir et de défendre ouvertement le régime grand-bourgeois (Allemagne).

    §2. Vu le rôle historique, le caractère et la structure sociale du fascisme, la lutte des communistes contre le fascisme doit être menée avec des méthodes et des moyens qui permettent à la fois d’en triompher politiquement et de repousser directement son agression armée contre le prolétariat révolutionnaire.

    Ces moyens sont entre autres :

    a) Sur le terrain politique

    1) Une stratégie et une politique vraiment révolutionnaires inspirant au prolétariat, aux éléments petit-bourgeois et aux petits paysans de la confiance dans le mouvement communiste, faisant naître et affermissant chez eux l’idée que les problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels seront résolus par la dictature du prolétariat.

    2) Une éducation systématique de la classe ouvrière sur caractère contre-révolutionnaire et anti-ouvrier du fascisme.

    3) Une éducation systématique des masses petites-bourgeoises et petites paysannes prolétarisées et opprimées par la crise capitaliste, sur leur situation et sur les fonctions purement grandes capitalistes du fascisme.

    4) Une politique étrangère active contre les traités impérialistes, les réparations, la duperie de la Société des Nations, etc.; le démasquement de la nature de la politique impérialiste et de ses conséquences désastreuses pour les masses laborieuses.

    5) La lutte pour l’alliance révolutionnaire avec l’Union des Républiques Soviétistes ; une politique léniniste dans la question nationale ; la lutte pour le droit d’auto-détermination et de sécession de toutes les nations opprimées.

    6) La campagne pour le front unique de toutes les classes laborieuses contre le fascisme ; pour le front unique international du prolétariat sous la direction de l’IC

    7) La subordination de la propagande antifasciste aux Centrales des Partis ; large propagande antifasciste par affiches et tracts et par la presse.

    b) Sur le terrain militaire et de l’organisation

    1) Organisation de la défense armée contre le fascisme armé (centuries prolétariennes, etc.)

    2) Désarmement des fascistes, confiscation de leurs stocks d’armes et de munitions.

    3) Contre les démonstrations fascistes, contre-manifestations de la classe ouvrière sous protection armée.

    4) Contre les actes terroristes des fascistes (destruction des maisons syndicales, des imprimeries, etc., attentats contre les ouvriers et les leaders ouvriers, etc.), organisation de la grève générale, terreur ouvrière, représailles contre les fascistes, leurs chefs, leurs imprimeries et leurs entreprises.

    5) Sabotage des transports lors des mobilisations, expéditions, concentrations et démonstrations fascistes.

    6) Expulsion des fascistes des usines ; sabotage, résistance passive, grèves dans les entreprises où des fascistes sont employés et jouent le rôle de mouchards ou d’agents provocateurs…

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  • Résolution sur le gouvernement travailliste anglais au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne est un gouvernement capitaliste et non un gouvernement de classe ouvrière.

    C’est un instrument dévoué de Sa Majesté le roi, l’Empire, des capitalistes ; il n’a rien de commun avec le socialisme, ni avec le mouvement ouvrier, et il dépend uniquement de la classe dominante.

    En tant qu’agent de la bourgeoisie il continue la politique de l’exploitation et de l’oppression capitaliste des Indes, de l’Égypte, de l’Afrique, etc., et soutient la politique de défense du capitalisme, de renforcement de l’impérialisme anglais et de la poursuite de la colonisation économique et financière des contrées battues pendant la guerre mondiale.

    Ce n’est même pas un gouvernement ouvrier dans sa composition, mais un gouvernement de coalition, composé des leaders de la 2e Internationale qui ont trahi les ouvriers pendant la guerre, de politiciens libéraux et lords tories.

    Dans la plupart des postes gouvernementales où l’influence des impérialistes se fait le plus sentir, la vieille clique des impérialistes est en place au pouvoir.

    La création du gouvernement travailliste n’est pas un phénomène particulier à l’Angleterre. C’est un produit de la période de désintégration capitaliste, où les vieilles formes du gouvernement capitaliste deviennent incapables de résoudre les problèmes engendrés par le capitalisme, dans le domaine national et international, social, politique et économique.

    Dans cette période, la classe capitaliste a recours à différents moyens de défense, depuis le labourisme (ministèrialisme socialiste) avec son pacifisme sous toutes ses formes, selon l’acuité des antagonismes de classes et les rapports que ces problèmes ont créés entre les classes sociales. Le gouvernement travailliste et le gouvernement fasciste sont les deux pôles de la méthode employée par la bourgeoisie pour prolonger sa dictature.

    Par leur incapacité de résoudre les problèmes, les Partis bourgeois anglais aggravent les antagonismes de classes.

    Pendant que la désunion s’accroît dans les rangs de leurs propres partis, alarmés devant ces nouvelles preuves de la conscience de classe s’éveillant chez les ouvriers, ils ont consenti à la formation du gouvernement travailliste par les laquais de la 2e Internationale.

    Ce n’est pas là le gouvernement ouvrier pour lequel les ouvriers anglais peiné et souffert. Ces six mois d’activité le dénoncent comme un gouvernement de trahison de la classe ouvrière.

    Sous l’apparence de concessions légères, la réduction illusoire du coût de la vie, l’abolition des interruptions dans le payement des chômeurs et des volumes des promesses pacifistes, il a mené une politique impérialiste bourgeoise.

    À l’égard des ouvriers, il a adopté une conduite de tolérance libérale à la formation du gouvernement travailliste par les laquais de la 2e Internationale.

    Ce n’est pas là le gouvernement ouvrier lequel les ouvriers anglais avaient peiné et souffert. Ces six mois d’activité le dénoncent comme un gouvernement de trahison de la classe ouvrière.

    Sous l’apparence de concessions légères, la réduction illusoire du coût de la vie, l’abolition des interruptions dans le paiement des chômeurs et les volumes de promesses pacifistes, il a mené une politique impérialiste bourgeoise avec autant de vigueur et sûrement avec plus de succès que ses prédécesseurs sortis de l’aile droite de la bourgeoisie.

    À l’égard des ouvriers anglais, il a adopté une conduite de tolérance libérale tant qu’ils restent tranquilles et qu’ils ne menacent pas la classe capitaliste.

    Aussitôt qu’ils commencent à protester activement, le gouvernement ouvrier envoie ses espions travailler dans les organisations de la classe ouvrière, envoie des briseurs de grève dans les grèves, mobilise la police pour charger les ouvriers qui protestent et préparent des mesures militaires contre eux, ainsi que cela est arrivé dans la grève des cheminots. Les mineurs ont été laissés sans leur salaire minimum.

    Le gouvernement travailliste a permis aux libéraux et aux tories de saboter les projets de lois sur la nationalisation des mines et le salaire minimum des mineurs, sans tenter le moindre effort pour mobiliser les ouvriers contre.

    Il n’a même pas essayé de briser la mainmise des officiers aristocrates sur les forces militaires ou d’affaiblir d’une façon quelconque cette arme puissante du capitalisme dans ses actions contre les ouvriers.

    Sous le masque de promesses pacifistes, il a fait tout son possible pour construire des cuirassés et des avions et il a adopté les mesures les plus rapides pour perfectionner les armements en vue des boucheries et de l’asservissement.

    Sous le masque de promesses pacifistes, ce gouvernement travailliste est en train de préparer pour l’amour de la bourgeoisie une nouvelle tuerie dépassant en horreur le massacre en masse de la “grande guerre”.

    La lutte dans les rangs de la classe ouvrière contre le gouvernement travailliste est devenue, par conséquent, une lutte pour sauver l’humanité d’une destruction en masse.

    En tant que gardien de l’impérialisme anglais, le gouvernement travailliste refuse les droits politiques les plus élémentaires d’organisation aux ouvriers hindous, sanctionner leur persécution et les mesures pour les affamer, appuie de son autorité le passage par les armes et le terrorisme dirigé contre les masses des Indes, de l’Égypte et de la Mésopotamie. L’Irlande reste dans les griefs de l’impérialisme anglais et des centaines d’ouvriers irlandais restent en prison de par le consentement du gouvernement travailliste.

    Le gouvernement travailliste est celui qui applique le traité de Versailles et s’est allié ouvertement avec les impérialismes français et américain et avec la bourgeoisie allemande pour appliquer le plan des experts asservis et dégrader les ouvriers allemands.

    Même dans leurs relations avec l’Union des Républiques Socialistes Soviétistes ; ils ont prouvé la fausseté de leur prétention à être les gardiens des intérêts de la classe ouvrière par le soutien honteux réclamations des détenteurs de valeurs et des banquiers contre les ouvriers et les paysans russes.

    Pendant que le gouvernement travailliste défend ainsi à chaque pas le capitalisme, il s’efforce de répondre l’illusion qu’il poursuit une politique propre à renforcer le mouvement ouvrier et à sauver l’humanité de la guerre.

    Les chefs du Labour Party et particulièrement ceux de l’Indépendant Labour Party sont les alliés les plus puissants du gouvernement travailliste dans cette œuvre de trahison. Si le Labour Party représentait réellement les ouvriers, il cherchait en dépit de l’opposition des classes dominantes, à employer son influence pour mobiliser masses pour la lutte contre le capitalisme anglais.

    Mais, fermant les yeux aux réalités de la lutte des classes, corrompu par les surprofits de la démocratie capitaliste, enivré par les succès électoraux, le Labour Party joue son jeu aux dépends des Sections les plus ignorantes la classe ouvrière et livre les organisations de cette classe, y compris le Labour Party lui-même, à la bourgeoisie sans faire un simulacre de lutte.

    C’est la tâche de l’IC et sa Section, le PC de Grande-Bretagne, d’arracher le mouvement de la classe ouvrière à la direction réactionnaire actuelle, de détruire les illusions qui existent encore dans les esprits des masses sur la possibilité de leur affranchissement, grâce aux améliorations progressives du réformisme parlementaire, de faire comprendre aux ouvriers qu’ils ne se délivreront de l’exploitation capitaliste que par une guerre de classe résolue et par la destruction du pouvoir de la bourgeoisie.

    Dans ce but, et dans ce but seulement, le PC anglais doit continuer sa lutte pour l’affiliation au Labour Party et cette lutte doit être gagnée au moyen de combats incessants avec le réformisme sur tout le front.

    Dans cette lutte contre les trahisons du Labour Party, la direction incombe au PC anglais, déjà une grave fermentation a lieu dans larges masses qui sont mécontentes de la direction réactionnaire du Labour Party. Des grèves non officielles éclatent à chaque instant contre la volonté et en opposition à la bureaucratie syndicale.

    Le mouvement de gauche s’est même manifesté dans les organes dirigeants des trade-unions. Il n’a aucun programme précis, il est timide et hésitant. Néanmoins, il représente le mécontentement croissant parmi les ouvriers contre l’ancienne direction.

    Au sein de cette aile gauche amorphe, des mouvements organisés de minorité se précisent. Ils ont un programme défini, ils sont composés d’ouvriers révolutionnaires et disciplinés et se répandent de district en district popularisant la politique de l’Internationale Syndicale Rouge.

    Quoique ridiculisés et [illisible] par la bureaucratie syndicale, ils organisent la révolte de masses contre la direction traîtresse et sont une garantie que l’esprit révolutionnaire des masses et, sous la direction du PC, arrivera à sauver le mouvement de la classe ouvrière du désastre.

    Pour gagner cette victoire, le PC anglais doit :

    a) appuyer le mouvement de l’aile gauche dans toutes ses actions contre la bureaucratie Syndicale, dans ses grèves, dans sa propagande et combattre toutes les hésitations dans les rangs de la gauche sans hésiter en même temps à souligner les faiblesses incohérences de ce mouvement ;

    b) fortifier la solidarité du mouvement de minorité, lui donner une base nationale, avec un programme établi sur la plateforme de l’ISR ;

    c) renforcer le mouvement de minorité en luttant la création des Comités d’usines, en posant ainsi les fondations d’un syndicalisme industriel avec le Comité d’usine comme base de l’organisation, industrielle ;

    d) lutter pour la participation active du mouvement syndical anglais aux luttes internationales du prolétariat.

    Le PC doit combattre vaillamment dans les demandes de la classe ouvrière, partie de la lutte contre le capitalisme anglais, surtout.

    Quand ces demandes et ces besoins touchent la vie quotidienne de la classe ouvrière et parce que ce sont des forces puissantes. Pour souder la classe ouvrière et pour lui communiquer une plus grande force combative.

    Le PC doit mettre en avant les mots d’ordre et revendications immédiates suivantes et entreprendre une campagne énergique pour leur réalisation :

    a) un salaire national minimum ;

    b) la nationalisation des mines, contrôle ouvrier ;

    c) [phrase mal lisible : des maisons les ouvriers, bâties par les ouvriers sans la des ouvriers ; ]

    d) pour les chômeurs, application de la charte des chômeurs, minimum de 3 livres par semaine les chefs de famille.

    Le PC doit combattre vaillamment dans les luttes quotidiennes des masses réunies autour de ce mot d’ordre et prendre ainsi la direction des ouvriers dans chaque action du mouvement ouvrier.

    Les mouvements de minorité dirigés contre la bureaucratie syndicale et les luttes populaires pour les réformes indiquées plus haut sont d’importantes bases pour l’activité du PC, mais notre Parti ne doit pas borner là son activité.

    Les tâches principales sont :

    a) d’éveiller les masses ouvrières d’Angleterre à la lutte contre le pacifisme hypocrite du gouvernement de McDonald, masquant les préparatifs de nouvelle guerre ;

    b) d’expliquer la politique impérialiste et militaire et international du gouvernement travailliste de Sa Majesté ;

    c) de déclencher un mouvement des masses en union avec les ouvriers de l’Allemagne, aussi bien avec ceux des pays de l’Entente contre le rapport des experts ;

    d) de combattre les préjugés impérialistes parmi les ouvriers anglais avec le mouvement révolutionnaire des nations opprimées et des masses ayant à souffrir de la dictature de l’impérialisme anglais. Le mot d’ordre de cette lutte doit être :

    L’affranchissement des ouvriers de l’Angleterre dépend de l’affranchissement des colonies.

    Tous ces problèmes sont des parties intégrantes de la tâche principale lutte des masses pour leur émancipation.

    Cette victoire ne peut être gagnée, la dictature du prolétariat ne peut être établie sans un PC de masses, un Parti qui unisse les masses sur la base de l’activité et d’un combat incessant contre la bourgeoisie et flétrisse les traîtres socialistes dans les rangs de la classe ouvrière.

    Un PC de masse militant, telle est la véritable réponse de la classe ouvrière au gouvernement travailliste bourgeois.

    Vive le PC anglais !

    Vive l’Internationale !

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  • Notre Tactique dans le Mouvement Syndical (Directives lors du cinquième congrès de l’Internationale Communiste)

    1. — Un Tournant dans le Mouvement Ouvrier

    1924 est caractérisé par les traits suivants :

    a) la retraite générale des ouvriers a cessé ;

    b) dans quelques pays et dans certaines industries, il se produit des offensives ouvrières ; dans d’autres, la défense contre l’empirement des conditions du travail s’est renforcée ;

    c) l’Internationale d’Amsterdam a montré son caractère impérialiste et ententophile (occupation de la Ruhr, plan des experts, etc.). Il s’est manifesté dans son sein une minorité encore informe, politiquement indéterminée, mais mécontente de sa politique traditionnelle ;

    [pas de « d) » ou bien il manque dans le texte publié en français]

    e) le mécontentement des masses ouvrières et petites-bourgeoises à entraîner dans quelques pays (Angleterre, France, Danemark), la substitution aux gouvernements nettement réactionnaires de gouvernements semi-socialistes et pacifistes destinés de continuer, sous une étiquette nouvelle, l’ancienne politique de la classe bourgeoisie ;

    f) en même temps que l’influence des syndicats réformistes baissait, qu’ils s’affaiblissaient moralement, politiquement, financièrement et numériquement, on a constaté la croissance des syndicats révolutionnaires et des minorités, dont le rôle a augmenté non seulement dans les batailles politiques du prolétariat, mais également le dans la lutte économique ;

    g) le poids de l’IC et des PC dans le mouvement syndical mondial s’est considérablement accru et l’ISR qui n’était autrefois qu’un Comité International de propagande, s’est transformée maintenant en une véritable organisation universelle de syndicats révolutionnaires et combatifs ;

    h) toutes ces [illisible] ont amené d’une part une offensive effrénée des réformistes contre les syndicats révolutionnaires (exclusion des communistes, organisation de Sections antibolchévique, intensification de la campagne de calomnies, etc.) et d’autre part, tentatives de l’Internationale d’Amsterdam elle-même pour apprivoiser le mouvement syndical révolutionnaire ;

    i) les dirigeants des syndicats réformistes étant devenus des instruments de la réaction fasciste, il est apparu dans certains pays (Allemagne), un état d’esprit favorable à une modification de la tactique de l’IC, à l’abandon des Syndicats et à la création d’organisations nouvelles.

    Voilà les traits essentiels dont il faut tenir compte pour définir notre politique syndicale.

    2. — La campagne pour l’unité

    Toute l’activité de l’IC est régie par ce fil conducteur de l’unité syndicale. Ce n’est pas qu’elle fasse de l’organisation un fétiche, mais elle croit que les communistes, en militant pour l’unité syndicale, étendent la zone d’influence des PC et de l’IC sans séparer un instant des masses. Combattre pour l’unité du mouvement syndical, c’est la meilleure façon de conquérir les masses. Voilà pourquoi rien ne peut ni ne doit obliger l’Internationale et les Partis à modifier leur ligne fondamentale.

    Les anciens mots d’ordre : Conquête et non pas destruction des syndicats ; lutte contre la désertion des syndicats ; rentrée dans les syndicats ; lutte pour l’unité, restent vrais et doivent être appliqués avec résolution et énergie. La campagne pour l’unité s’impose non seulement aux pays où la grande majorité des syndiqués est dans les syndicats réformistes, mais aussi à ceux où il existe parallèlement des Centrales réformistes et des centrales révolutionnaires (France, Tchécoslovaquie).

    En aucun cas, les PC ne doivent laisser le monopole de l’unité aux réformistes qui, le mot d’unité aux lèvres, divisent, corrompent et démoralisent le mouvement ouvrier.

    Il est du devoir communistes de ne pas laisser s’éparpiller les ouvriers exclus ou inorganisés, mais de les réunir et de les organiser pour combattre le capitalisme et le réformisme. Mais dans ce cas aussi, la lutte pour le rétablissement de l’unité est la tâche la plus essentielle des exclus et de leurs organisations.

    3. — L’Internationale d’Amsterdam et son aile gauche

    Notre attitude envers l’Internationale d’Amsterdam, fixée par les Congrès précédents, reste en vigueur. Cette Internationale, au moins dans ses dirigeants, est le rempart de l’impérialisme, elle reflète on ne peut mieux le conservatisme, le nationalisme borné la mentalité impérialiste, bourgeoise et retardataire des catégories ouvrières les plus corrompues par la bourgeoisie.

    La lutte contre l’Internationale d’Amsterdam, sa théorie et sa pratique demeure la tâche essentielle de l’IC et de ses Sections.

    Démasquer sans pitié les larbins du capital et faire une guerre à mort à ce rempart de la réaction capitaliste, bourgeoise et fasciste, voilà la devise d’actualité.

    Luttant contre l’Internationale d’Amsterdam, nous ne devons pas perdre de vue deux choses :

    a) la présence dans les syndicats réformistes de millions de prolétaires ;

    b) l’apparition d’une aile gauche très informe et politiquement hésitante, mais d’une aile gauche cependant.

    La présence de millions d’ouvriers dans l’Internationale d’Amsterdam doit forcer les PC à décupler d’efforts pour les libérer des illusions réformistes. Mais il ne suffit pas d’intensifier l’agitation et la propagande. Les ouvriers se libéreront des illusions réformistes dans la mesure où les communistes sauront jouer le rôle principal dans les combats économiques de la classe ouvrière.

    Les conflits économiques offrent des occasions particulièrement favorables à l’application la tactique du front unique et au démasquement du rôle de fasciste et traître des chefs. L’aile gauche de l’Internationale d’Amsterdam n’a ni programme clair ni tactique. Cette aile gauche, qui comprend elle-même plusieurs tendances, n’a pas et essayé d’avoir sa plateforme.

    Il se fait un certain groupement sur la question des rapports avec les syndicats russes, mais la «gauche» ne se distingue en rien d’essentiel de la «droite» dans les questions politiques fondamentales (réparations, conclusions des experts, politique coloniale et autres). Son défaut radical et principal consiste à vouloir réconcilier le réformisme avec le communisme et à croire qu’on peut trouver une ligne moyenne entre ces ennemis mortels.

    Cette indétermination, cette inconsistance, ce caractère bâtard ont été illustrés par de Congrès de Vienne, où l’aile gauche a voté la résolution de la droite, sans essayer de présenter une plate-forme à elle. Elle n’en reflète pas moins une sérieuse fermentation des masses, particulièrement en Angleterre, où elles sont mécontentes de l’ancienne et cherchent une issue à l’impasse réformiste.

    De là découle notre attitude. L’IC et les PC soutiennent l’aile gauche dans la mesure où elle lutte réellement contre le programme et la tactique d’Amsterdam.

    Ce serait une grande erreur de surestimer cette aile gauche, de taire son inconséquence, son amorphie, son caractère hybride et son inconsistance. Les communistes et les organisations syndicales qui se trouvent sous leur influence doivent proposer à l’aile gauche d’Amsterdam de créer en commun des organes d’action contre la réaction bourgeoise et capitaliste.

    Le facteur décisif dans les propositions de ce genre, c’est l’action. Les communistes doivent exiger que les éléments de gauche de l’Internationale d’Amsterdam, qui parlent d’entente avec les syndicats révolutionnaires mettent leurs offres en pratique dans la lutte quotidienne de chaque pays. La réelle disposition de ces éléments à agir de concert avec nous mesurera l’appui que nous leur donnerons.

    Les communistes ne doivent pas oublier que l’aile gauche de l’Internationale d’Amsterdam veut sauver cette Internationale non par un abandon radical de son ancienne tactique, mais par de légers changements dans cette tactique. Les PC doivent, par l’intermédiaire des syndicats influencés par eux, exercer la pression nécessaire sur certaines fractions de l’Internationale d’Amsterdam.

    4. — La campagne pour l’unité syndicale

    Les quatre années d’existence de l’ISR ont eu pour résultat de grouper et d’unir tous les éléments révolutionnaires du mouvement syndical universel. Le monopole de l’Internationale d’Amsterdam est depuis longtemps détruit. L’IC et les PC ont à mener une énergique Campagne pour l’union syndicats révolutionnaires, pour leur groupement compact autour de l’ISR, pour le renforcement de l’influence communiste et de la direction communiste dans les syndicats rouges de tous les pays.

    Ce résultat ne peut être obtenu que s’ils mènent en même temps une action systématique pour l’unité syndicale. La crise doctrinale et politique qui s’aggrave dans l’Internationale d’Amsterdam, l’apparition d’une aile gauche visant à établir un front unique avec les syndicats révolutionnaires et les progrès de l’état d’esprit révolutionnaire dans le mouvement syndical anglais permettent à l’IC et aux PC de déclencher avec succès une lutte décisive pour le rétablissement de l’unité internationale.

    Cette unité pourrait être rétablie par la convocation d’un Congrès international auquel seraient représentés sur une base proportionnelle tous les syndicats affiliés à l’Internationale d’Amsterdam et à l’ISR.

    Ce Congrès international d’union, auquel doivent être représentés les syndicats du monde entier, pourrait poser les fondements d’une nouvelle Internationale unifiée des syndicats qui deviendrait effectivement l’organisation mondiale du prolétariat. Ce Congrès marquerait un progrès gigantesque dans la voie de la concentration de toutes les forces pour la lutte contre la bourgeoise.

    La création d’une Internationale unifiée, sur la [illisible] de la liberté d’agitation et de la discipline la plus rigoureuse dans toutes les actions contre la bourgeoisie devrait tout naturellement entraîner la dissolution des Internationales existants maintenant parallèlement (l’ISR et l’Internationale d’Amsterdam).

    Jusqu’à ce que nous réussissions à rétablir l’unité du mouvement syndical international, l’IC et les PC doivent continuer leur aide, leur concours et leur soutien à l’ISR et à toutes les leur organisations à qui s’y rallient.

    5. — Nos côtés faibles

    Malgré le grand travail fourni par tous les PC dans le domaine syndical, il s’est manifesté pendant ces deux dernières années dans ce travail des traits qui doivent être combattus de la façon la plus catégorique. Ils se remmènent à ce qui suit :

    §1. L’absence dans beaucoup de pays de fractions communistes ou leur création par en-haut, là où elles existent.

    §2. Le refus de créer des fractions, dans les organisations qui ont une direction communiste ou approchante.

    §3. Le refus de créer des fractions dans les syndicats réformistes, dans les pays où il existe une organisation révolutionnaire (France).

    §4. Le défaut de discipline des membres du Parti ; qui suivent leur ligne impressionniste, d’où abandon en masse des syndicats et politique syndicale propre, en dehors des décisions du Parti et de l’IC (Allemagne).

    §5. La négligence des Partis à l’égard des syndicats révolutionnaires qui se forment parallèlement aux syndicats réformistes (Amérique, Belgique, Hollande), lorsqu’il faudrait les diriger systématiquement au point de vue moral et politique et les éduquer dans l’esprit de notre tactique.

    §6. Une propagande abstraite à l’intérieur des syndicats, da au lieu d’intensifier la lutte contre tes réformistes en se basant sur les besoins journaliers de la classe ouvrière.

    §7. Une attention insuffisante, à quelques rares exceptions près (Allemagne), à la création et au fonctionnement des Comités d’usines et l’inaptitude à utiliser la lutte économique des masses pour former ces Comités.

    §8. La faiblesse à combattre les tendances et préjugés corporatifs profondément enracinés même chez les ouvriers révolutionnaires.

    §9. La très mauvaise préparation politique et communiste des Congrès et Conférences intersyndicaux et syndicaux et le caractère fortuit des interventions communistes à ces Congrès.

    §10. Une excessive nervosité à l’égard des manœuvres scissionnistes des réformistes, une utilisation insuffisante des exclusions individuelles et surtout des exclusions en masse.

    §11. La sous-estimation du fait que les entreprises, les Comités d’usine et les syndicats sont le champ naturel d’organisation du front unique des ouvriers.

    §12. La sous-estimation de l’importance et du rôle du travail syndical, d’où une attention insuffisante de la presse du Parti.

    §13. Les Organes centraux de beaucoup de Partis consacrent trop peu de place aux questions syndicales. L’absence de littérature syndicale d’agitation et de propagande.

    Tous les côtés faibles énumérés plus haut se rencontrent dans des proportions variables presque dans tous les pays. Le défaut fondamental et le point de départ de tous les côtés faibles de notre travail dans les syndicats, c’est l’absence ou l’état embryonnaire des Cellules du Parti dans les usines et les entreprises.

    La création de Cellules communistes dans les usines est la condition préalable de l’établissement de fractions par en-bas, du renforcement de l’activité tous les membres du Parti dans le domaine syndical et de l’application d’une directive unique à tous les degrés de l’organisation syndicale.

    6. — Nos objectifs immédiats

    §1. La tâche fondamentale de tous les PC est l’organisation de fractions militantes, en commençant par l’usine et en remontant sur l’échelle syndicale et intersyndicale et le renforcement du contrôle du Parti sur l’activité et le travail des membres et surtout des fractions syndicales.

    §2. Le centre de gravité du travail doit être transporté dans les masses, dans les entreprises. De là la nécessité de créer des Comités d’usines là où il n’y en a pas, de travailler et de pénétrer d’esprit révolutionnaire ceux qui existent. Il faut faire en sorte que les Comités d’usines prennent une part active et énergique à la lutte économique et interviennent là où il est nécessaire, contre les syndicats réformistes quand ils se mettent du côté des patrons.

    §3. Il faut poser et résoudre effectivement dans chaque Parti la question d’organes militants pour la direction de la lutte économique.

    Cela est particulièrement nécessaire là où les ouvriers révolutionnaires se trouvent dans les syndicats réformistes et où le point de départ des actions économiques dépend de pourparlers secrets et l’esprit conciliation des dirigeants syndicaux.

    §4. Il faut grouper dans chaque pays tous les syndicats révolutionnaires autonomes, de même que les syndicats des exclus, et les mettre en rapport, par l’intermédiaire des Comités d’action, avec l’opposition au sein des organisations réformistes.

    §5. Il faut intensifier la lutte contre la trahison des chefs syndicaux ; tous les faits de trahison doivent être l’objet d’un examen dans les entreprises et les usines. Il faut rendre populaire le mot d’ordre «Les bureaucrates traîtres, à la porte des organisations prolétariennes !»

    §6. Là où le mouvement syndical est divisé, il faut mener un travail systématique dans les masses pour rétablir l’unité syndicale par la convocation d’un Congrès général d’union sur la base de la représentation proportionnelle et de la liberté de la lutte d’idées. Le mot d’ordre du rétablissement de l’unité d’action des ouvriers de toute tendance contre le capital doit être le mot d’ordre fondamental de la période prochaine.

    §7. Là où l’abandon des syndicats, sous l’influence des traîtres politiques et économiques de la bureaucratie syndicale, a atteint une grande acuité, les Partis doivent mener une lutte énergique contre ce symptôme de passivité et de désespoir.

    Il faut déclarer une guerre sans merci à l’abandon des syndicats par les communistes. Dans ces pays la campagne doit être menée sous le mot d’ordre : «Retour aux syndicats !»

    §8. Il faut travailler énergiquement à organiser et à entraîner dans la lutte les ouvriers non organisés. Ce serait une faute de créer des organisations nouvelles d’ouvriers non organisés : le point initial et naturel est de groupement de tous les ouvriers non organisés et dans ce nombre de tous ceux qui pour des motifs divers ont quitté les syndicats, ce sont les Comités d’usines, les Comités d’action, etc.

    Tout le travail pour l’union des non organisés doit avoir pour but les faire entrer dans les syndicats et de changer les mécontents en militants actifs contre la bureaucratie syndicale,

    §9. Il faut consacrer une attention toute particulière à l’organisation des ouvriers des branches qui peuvent jouer un rôle décisif dans la lutte de classe ouvrière pour le pouvoir (transports, métallurgie, industrie chimique, électricités, gaz, etc…). Le succès des communistes les syndicats sera en proportion de leur succès dans le groupement et l’organisation des ouvriers de ces branches.

    §10. Il faut procéder à la création de Comités mixtes (franco-allemands, allemands-polonais, allemands-tchèques, franco-italien, franco-allemands-italiens, anglo-russes, russo-polonais, etc.), formés d’ouvriers de principales branches (transport, mines, etc.) pour l’organisation d’offensives parallèles concertés des deux côtés des frontières.

    Ces Comités mixtes peuvent jouer un rôle considérable si les Partis savent choisir avec le soin nécessaire les membres de ces organes de lutte unissant plusieurs nationalités ou plusieurs États.

    §11. Les PC des pays dont la bourgeoisie exploite des peuples coloniaux ou semi-coloniaux doivent accorder une attention spéciale au mouvement professionnel qui se développe dans les colonies, premièrement pur libérer ces jeunes organisations syndicales de l’idéologie syndicaliste et deuxièmement, pour les libérer de toute sujétion à la politique impérialiste de la bureaucratie syndicale de la métropole.

    §12. Dans les pays où, sous le pavillon de et de l’indépendance et de l’autonomie syndicale, on mène une politique hostile aux PC et au communisme, il faut intensifier travail dans les masses, en dévoilant le caractère anti-prolétarien de ce mot d’ordre et renforçant la collaboration avec les éléments acceptant les décisions de l’ISR. La lutte contre la démagogie et la confusion anarchistes-syndicalistes est la tâche la plus importante des Partis de ce pays.

    §13. La connaissance de l’adversaire est la condition préliminaire du succès et c’est pourquoi les PC doivent, de concert avec les syndicats, organiser l’étude minutieuse des organisations patronales, de leur structure, de leurs organes et de leurs méthodes habituelles de corrompre et dissoudre les organisations ouvrières. Les patrons ont en grand nombre leurs agents parmi les ouvriers.

    Les PC et les syndicats révolutionnaires doivent organiser un service de contre-espionnage économique afin de connaître la force et les limites de la puissance de résistance de nos ennemis de classe.

    §14. Tous les PC doivent établir un contact étroit entre les syndicats et les membres syndiqués se trouvant à l’armée. La création d’organes et de caisses spéciales, reliant les soldats à leurs syndicats respectifs peut rendre de grands services dans le travail antimilitariste des PC Il faut s’efforcer en particulier d’établir un lien étroit entre les organisations des marins et les matelots de la flotte militaire.

    7. — Conclusions

    Le 5e Congrès en confirmant toutes les décisions des Congrès précédents sur les tâches des communistes dans le mouvement syndical, attire l’attention des PC sur l’importance exceptionnelle du travail syndical. Aucune hésitation n’est tolérable dans cette question.

    Les syndicats jouent un rôle considérable dans la préparation de la révolution, ils en joueront un exceptionnel au moment de la révolution sociale et à eux surtout incombera la construction socialiste, lorsqu’après la victoire du prolétariat ils deviendront les organes de la dictature prolétarienne. La révolution sociale est impossible sans la conquête préalable des syndicats.

    C’est pourquoi il convient de poursuivre avec acharnement la route indiquée par tous les Congrès. La conquête des syndicats, c’est la conquête des masses. C’est pour la révolution sociale une question de vie ou de mort. C’est pourquoi le 5e Congrès de l’IC convie toutes ses Sections à ne pas s’écarter d’un pas des décisions adoptées et de mener à bonne fin l’œuvre de la conquête des syndicats, c’est-à-dire la conquête des masses.

    Le 5e Congrès charge tous les communistes de défendre les principes exposés plus haut au prochain 3e Congrès de l’ISR.

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  • Résolution sur la Question Syndicale au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    §1. Le 5 e Congrès de l’IC confirme les directives présentées par Lozovski sur la question syndicale. La rédaction définitive en est confiée à une Commission composée de Lozovski, Radecki, Semard, Dunne, Kohn, plus un camarade Anglais, un Polonais, un Italien et un Balkanique à désigner par leurs délégations.

    Le Congrès remet le titre IV des directives à l’Exécutif élargi, qui traitera en détail les questions se rapportant au Congrès de Vienne de la Fédérations Syndicale Internationale et déterminera la ligne de conduite à adopter.

    §2. Le 5 e Congrès de l’IC déclare que les conceptions de Wilhelm Schumacher et de ses partisans sur la question syndicale ainsi que leur conduite dans le mouvement syndical contredisent les décisions de l’I. C.

    Le Congrès condamne comme nuisible à la révolution toute doctrine ou pratique la favorisant le mouvement pour l’abandon des syndicats ou la scission syndicale en Allemagne.

    Il invite tous les ouvriers qui ont abandonné les syndicats à y rentrer et, en général, tous les ouvriers à s’organiser syndicalement.

    Il souligne que les syndicats sont le rendez-vous de tous les exploités et que les communistes doivent y exercer une action d’éducation et de propagande.

    Quitter les syndicats c’est déserter la révolution et travailler au profit des ennemis du prolétariat.

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  • Résolution sur la Propagande dans l’IC et ses Sections au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    1. — Les Buts Objectifs de la Propagande Communiste

    §1. Les conflits intérieurs de l’IC sont en même temps des crises d’idéologie. Les déviations de droite ou de gauche sont inséparables d’une déformation de l’idéologie prolétarienne, du marxisme- léninisme.

    La «maladie infantile de gauche», qui se manifesta au 2 e Congrès mondial et après, était une déviation du marxisme-léninisme vers le syndicalisme (marxisme hollandais, K.A.P.D., antiparlementarisme, etc.)

    Les conflits actuellement en cours dans certains PC, et dont le début coïncida avec la défaite allemande d’octobre, résultent des survivances dans ces Partis de la vieille idéologie social-démocrate.

    Le moyen d’en venir à bout est de bolchéviser les PC en passant par-dessus le «marxisme» de la 2e Internationale et les restes du syndicalisme. Par «bolchévisation», il faut entendre le triomphe idéologique définitif du marxisme et du léninisme (en d’autres termes, du marxisme dans la phase de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne).

    §2. La bolchévisation des PC sera donc obtenue par une pénétration plus profonde du marxisme et du léninisme dans la conscience des PC et de leurs membres. Ce n’est pas une adoption mécanique des mesures concrètes du PC russe, mais l’adaptation des méthodes du bolchévisme à la situation de chaque pays dans l’époque historique donnée. C’est le seul moyen pour eux de devenir des guides véritables de la masse.

    Seule, une assimilation effective et organique du marxisme-léninisme permettra aux PC de réduire au minimum les fautes de politique, de tactique et d’organisation et de mener à bonne fin l’émancipation des travailleurs. «Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. Le rôle d’avant-garde ne peut être joué que par un Parti muni d’une théorie d’avant- garde.» (LÉNINE).

    À l’IC et à ses Sections incombe la tâche de faire de cette théorie d’avant-garde — le marxisme-léninisme le bien commun de leurs membres.

    Les PC ne doivent pas se borner à faire de l’agitation dans la masse pour quelques idées fondamentales du marxisme-léninisme ; ils doivent s’efforcer, par une propagande systématique et énergique, de faire de l’ensemble du marxisme-léninisme le patrimoine de chacun de leurs membres. Il faut pour cela former des cadres possédant pleinement cette arme théorique et capables d’en munir l’ensemble des communistes.

    Ce qui importe particulièrement, c’est l’assimilation de cette théorie par la jeunesse communiste. Les Sections prendront donc toutes mesures en conséquence.

    La condition première d’une bonne organisation de la propagande est que chaque PC sache l’importance d’une parfaite connaissance théorique du marxisme-léninisme.

    Les PC comprendront que l’orientation de leurs efforts vers les succès pratiques ne peut, à aucun degré, signifier indifférence ou négligence à l’égard des problèmes et des joutes théoriques. Au contraire, les succès pratiques dans les combats révolutionnaires sont conditionnés par une claire connaissance théorique, aussi largement répandue que possible dans le Parti.

    §3. L’idéologie du cadre dirigeant et de l’ensemble des PC exige un autocontrôle incessant. Si nous ne possédons pas encore la base concrète qui est la condition préliminaire de ce contrôle, nous pouvons cependant constater que la propagation de la pensée marxiste-léniniste, en profondeur et en étendue, ne progresse pas de pair avec l’accroissement constant et rapide de l’effectif des Partis.

    On peut remarquer presque dans toutes les Sections de l’IC, une stagnation de la pensée théorique. C’est un grave danger, car le travail théorique est appelé, par l’analyse des conditions réelles, à augmenter la sûreté du travail politique et, par la découverte des forces motrices de la Révolution, à en préciser les perspectives et les conditions, ainsi que les méthodes de tactique, d’organisation et de propagande du Parti.

    L’indifférence d’une partie des dirigeants l’égard de la théorie peut seule expliquer l’apparition, au sein de l’IC, de «théories» en contradiction évidente avec le marxisme-léninisme.

    Tout d’abord, parmi les dirigeants ou dans la masse du Parti, elles jettent, quelque temps, la confusion sur la philosophie, la doctrine et l’économie ; ensuite, elles passent dans la politique et la tactique sous forme de déviations de droite ou de gauche : position de quelques chefs du Parti suédois dans la question religieuse ; erreurs de certains chefs de la droite allemande sur l’État bourgeois et sur les racines de l’opportunisme dans l’aristocratie ouvrière ; déviation philosophique de certains milieux intellectuels des Partis de l’Europe centrale tendant à vider le matérialisme dialectique de son essence matérialiste ; tentatives de camarades italiens pour réviser la doctrine économique du marxisme.

    L’éducation des Partis laisse aussi beaucoup à désirer. La nécessité de la propagande n’est pas encore suffisamment sentie. La grande majorité de nos recrues s’est convaincue de façon purement empirique, au cours des conflits économiques et politiques de chaque jour, du caractère hypocrite de l’opportunisme et du réformisme et de la valeur prolétarienne du PC

    Bien que ce fait soit tout à notre avantage et qu’il souligne la grande supériorité de l’IC sur la 2e Internationale, il n’en témoigne pas moins que les travailleurs peuvent encore être hantés par des réminiscences d’idéologie social- démocrate. Il est impossible de supprimer mécaniquement cet héritage social-démocrate.

    Il faut pour cela, outre l’étude de la pratique révolutionnaire, une propagande systématique de la pensée marxiste-léniniste, un enracinement des principes fondamentaux et des méthodes du marxisme-léninisme dans la conscience des masses.

    §4. En la personne de Lénine, représentant par excellence de l’orthodoxie marxiste, continuateur de la théorie et de la pratique de Marx, l’IC et tous les PC possèdent un baromètre absolument sûr contre toute déviation de droite ou de gauche, de théorie ou de pratique.

    Seul le léninisme, que Lénine et ses collaborateurs, la vieille garde bolchévique, ont conçu en effet comme la théorie de la révolution prolétarienne, peut remplacer Lénine. La mort de Lénine doit inciter toutes les Sections de l’IC, comme déjà le PC russe, à redoubler d’efforts pour propager le marxisme-léninisme en superficie et en profondeur.

    Par suite de la faiblesse idéologique des Partis et de leur pauvreté en cadres, cette tâche retombe sur l’IC, En face du pseudo-marxisme de la 2 e Internationale, le léninisme, cette renaissance du marxisme révolutionnaire, ne contient pas une seule proposition qui n’ait son importance pratique dans les luttes révolutionnaires, quotidiennes du prolétariat. De là découle pour l’IC une mission de première importance et de première urgence : propager sans relâche cet enseignement et prendre toutes mesures d’organisation de nature à assurer cette propagande.

    2. — Mesures d’Organisation

    §5. Ni l’IC, ni les Partis ne disposent encore d’aucun organe spécial pour la propagande, ou bien ils n’ont que des organes insuffisants.

    Pour la mise en pratique des résolutions du 4e Congrès sur le travail d’éducation, nos Sections ont si peu fait jusqu’ici qu’il ne pouvait en découler aucun résultat concret.

    Faute d’organes appropriés, il ne pouvait question de recueillir, d’analyser, de résumer, de généraliser et d’échanger l’expérience acquise, ni de systématiser le travail de propagande. C’est pourquoi la création, dans les partis, de Sections d’agitation et de propagande sera encore, après le 5e Congrès mondial, une des tâches fondamentale les de l’IC

    §6. Un des obstacles essentiels à la propagande du marxisme- léninisme consiste dans la pauvreté de la littérature marxiste-léniniste, dans le manque d’éditions des originaux, dans l’absence de manuels et de guides populaires.

    Les œuvres marxistes classiques sont restées dans bien des pays d’Occident des raretés bibliographiques. Il n’y a guère de rééditions.

    Pour les œuvres nouvelles, on n’a pas souvent affaire à un livre marquant véritablement une nouvelle fécondation ou utile vulgarisation de la pensée marxiste.

    II faut donc, avant tout, publier dans le plus grand nombre de langues possible, Les œuvres de Marx et de Lénine (au moins les principales) et, parallèlement, des manuels et des guides populaires pour l’éducation des Partis et l’étude de la doctrine.

    §7. Un autre obstacle essentiel consiste dans le manque de liaison entre marxistes. Les camarades qui s’occupent de la théorie et s’y intéressent profondément, disséminés à travers les différentes Sections de l’IC, n’ont entre eux aucune liaison leur permettant de se diviser la tâche, d’échanger leurs opinions et, par là même, d’organiser convenablement le travail.

    Cette situation, ainsi que l’isolement des quelques revues de théorie et de propagande qui existent, rend impossible l’utilisation pratique et la vérification mutuelle des résultats des recherches marxistes-léninistes.

    Le groupement de tous les talents marxistes-léninistes participant au mouvement international communiste et la répartition du travail entre eux sont nécessaires pour obtenir une bonne organisation en superficie et en profondeur de notre propagande. Il faut également décider les Sections de l’IC à créer des publications consacrées à la théorie et à la propagande, capables de servir leur travail d’éducation.

    §8. Les objectifs immédiats de l’IC, en la matière, sont :

    a) La création d’une Section d’agitation et de propagande ; la mise à sa disposition de marxistes-léninistes qualifiés et ayant l’expérience de l’organisation de la propagande ; le contrôle du travail de propagande des partis ; la généralisation et l’échange mutuel des expériences faites ; l’assistance aux Partis dans l’élaboration des méthodes et formes d’éducation communiste.

    b) La réforme et l’agrandissement du service de presse de l’IC, pour munir les Partis non seulement de matériaux d’actualité politique, mais aussi de matériaux sur la théorie et la propagande ; l’édition des principaux ouvrages de Marx, Engels et Lénine ; la création d’une collection populaire de manuels et de guides, sur les questions fondamentales du programme, de la tactique et de l’organisation communiste.

    c) La publication d’une revue de propagande, destinée à servir à l’instruction des fonctionnaires du Parti, et en premier lieu, des propagandistes.

    Cette revue servirait d’intermédiaire entre les marxistes, étudierait les questions de plan d’éducation, assurerait l’unité d’orientation et la systématisation de l’éducation communiste, élaborerait les méthodes de propagande, donnerait une bibliographie systématique des matériaux à utiliser et consignerait les résultats des recherches marxistes-léninistes. En outre, elle servirait les agitateurs, en mettant à leur disposition des matériaux instructifs.

    Cette revue doit être éditée en allemand, français et anglais.

    d) Afin de répondre aux besoins les plus pressants des principaux Partis en fait de théoriciens qualifiés, l’appel à Moscou, pour une assez longue durée, d’un certain nombre de militants allemands, anglais, américains, tchécoslovaques, italiens, français, et si possible orientaux pour les former à l’étude de la théorie et de la pratique marxiste-léniniste.

    Il faut choisir des camarades capables, moyennant une direction générale, de poursuivre ensuite personnellement leur éducation marxiste-léniniste et de fournir un travail scientifique (autant que possible ouvriers).

    Le but doit être de leur inculquer une éducation marxiste-léniniste approfondie et de les préparer à un travail personnel de direction politique fondé sur la théorie.

    e) La convocation et la préparation d’une conférence des fonctionnaires dirigeant le travail de propagande dans les diverses Sections et des directeurs des écoles du Parti, afin d’élaborer les objectifs concrets à atteindre, de spécialiser et de coordonner les méthodes.

    f) L’encouragement à l’ICJ d’organiser l’éducation communiste de la jeunesse.

    3. — Rôle des Sections

    §9. L’agitation et la propagande doivent être centralisées dans une branche particulière de l’appareil du Parti, si possible partout, mais au moins dans les grands Partis.

    Au centre il y aura un service particulier d’éducation (propagande), qui dirigera le travail de propagande et d’agitation. À lui incombera la charge de développer la propagande du marxisme- léninisme, d’élaborer les systèmes et les méthodes et de fournir les matériaux nécessaires.

    §10. L’une des conditions préalables d’une propagande organisée est le recensement des marxistes qualifiés, leur encouragement à poursuivre leur instruction personnelle et leur soutien dans leur travail d’éducation communiste.

    Il faut procéder à la création d’un nouveau cadre de propagandistes et à la transformation de l’ancien dans l’esprit du léninisme. Etant donnée la disette de spécialistes propagandistes, ces derniers ne doivent pas être employés seulement à un travail immédiat d’instruction, mais être aussi appelés à servir d’instructeurs pour ceux qui ne se consacrent pas spécialement à la propagande.

    En outre, ils doivent être réunis en commissions permanentes ou périodiques près des Sections d’agitation et de propagande. Le rôle de ces commissions sera d’aider de leurs conseils et autrement la masse des membres à s’instruire eux-mêmes dans le marxisme-léninisme et à s’organiser pour cela.

    §11. Chaque Parti entreprendra, l’automne prochain, une large campagne afin d’éveiller l’intérêt pour les questions de théorie, de politique, de tactique et d’organisation dans l’esprit marxiste- léniniste. Cette campagne sera rattachée à la mort de Lénine, au nouveau programme de l’IC, aux questions actuelles de l’IC et des Partis. Elle servira de point de départ à un travail d’éducation systématique.

    §12. Il faut obliger formellement tous les membres et en particulier les fonctionnaires élus à s’instruire. Au sein du système d’éducation, il faut prévoir le moyen d’aider ces fonctionnaires à accroître et à approfondir leurs connaissances théoriques.

    Partout où cela sera possible, on fera pour eux, à l’exemple des Semaines du Parti, des cours de perfectionnement. En même temps, on exigera de chaque membre la possession d’un certain minimum de connaissances politiques et théoriques les mettant à même de répondre aux questions des ouvriers sur le programme, les buts et la tactique du PC, et de combattre à l’atelier les préjugés les plus grossiers que la classe ouvrière a hérités de la petite bourgeoisie et de la social-démocratie. L’exécution de ce devoir d’instruction sera contrôlée par le Parti.

    §13. La presse du Parti doit être également utilisée pour susciter l’intérêt pour le travail d’éducation communiste sous toutes ses formes et pour les problèmes marxistes-léninistes.

    Les revues approfondiront théoriquement les questions politiques et tactiques, tout en restant à la portée de la masse des lecteurs. La presse quotidienne pourra en faire autant, mais naturellement dans la mesure convenable et à propos de l’actualité politique et des luttes économiques du prolétariat. Elle fournira surtout des indications bibliographiques soigneusement rassemblées.

    Chaque question, chaque événement politique, chaque anniversaire marquant doivent être exploités pour populariser les idées marxistes-léninistes, en ayant en vue le minimum de connaissances que doit posséder tout ouvrier communiste. La presse quotidienne doit également, par ses conseils, encourager ses lecteurs à s’instruire eux-mêmes, d’accord avec les organes d’agitation et de propagande du Parti.

    La rubrique bibliographique sera développée dans ce sens et notera, d’une façon intéressante et détaillée, les nouvelles publications communistes, tant articles de revues que livres et brochures. Dans les revues, la Section bibliographique ne se bornera pas à enregistrer et à critiquer ; elle appréciera et utilisera au point de vue de la propagande et de la méthode les matériaux présentés.

    La bibliographie communiste sera un moyen puissant d’éveiller la soif de connaissances marxistes dans la masse, à l’intérieur et hors du Parti et parmi les dirigeants communistes.

    §14. Il faut résoudre la question des bibliothèques en rapport avec le problème de la propagande. Le Parti doit posséder des bibliothèques marxistes-léninistes avec des conservateurs véritablement au service des ouvriers. Il faut profiter des bibliothèques publiques ou syndicales dans tous les cas où il sera possible d’acquérir une influence sur elles de façon à les faire servir à la propagande marxiste-léniniste.

    4. — Le Système de la Propagande Marxiste

    §15. La diversité de condition et de développement des Sections exige l’application de divers systèmes et de diverses méthodes de propagande. Cependant les indications suivantes peuvent servir de principes généraux pour tous les pays et pour tous les Partis :

    a) le système d’éducation communiste doit être conçu de façon à en faire profiter sous une forme quelconque tous les membres du Parti.

    Les Partis doivent s’efforcer de donner chacun au moins les connaissances élémentaires : mais les fonctionnaires supérieurs doivent approfondir et compléter sans cesse leur expérience.

    b) chaque partie du système doit viser des buts pratiques et précis et n’embrasser qu’une seule catégorie d’individus aussi homogènes que possible. Aussi bien dans le choix de personnes que dans la fixation du programme et des méthodes, on doit ne jamais oublier le travail précis que les élèves auront à accomplir dans le Patti et les problèmes pratiques qui se poseront à eux.

    c) Chaque partie du système formera un tout autonome ayant son rôle propre et ne doit pas être considérée comme la préparation à un degré supérieur.

    §16. Le système des institutions de propagande marxiste-léniniste doit prendre deux aspects, pour embrasser, malgré la limitation des ressources matérielles et le plus grand nombre possible de membres du Parti : les écoles régulières et l’encouragement aux autodidactes.

    §17. Pour les écoles, deux pôles à atteindre pour chaque Parti : a) l’école centrale ; b) les cours élémentaires (cours du soir, séries de conférences, écoles du dimanche, etc.).

    §18. L’école centrale doit réunir, pour un temps plus ou moins long, selon les ressources du Parti (ou d’un groupe de Partis de même langue) des militants déjà informés des principes fondamentaux du marxisme-léninisme.

    Le but est la systématisation, l’extension et l’approfondissement des connaissances déjà possédées par les auditeurs et, par là même, la formation de militants qualifiés et, particulièrement dans les premiers temps, d’an nouveau cadre de propagandistes.

    §19. Le but des cours élémentaires du soir (écoles du dimanche) est l’enseignement des connaissances politiques élémentaires, de l’A.B.C. des principes fondamentaux, de la théorie et de la méthode marxistes-léninistes.

    Le programme de l’IC doit servir de canevas cet enseignement. Le but est de rendre les membres du Parti aptes à participer activement au travail du Parti et à mener la propagande individuelle parmi les masses ouvrières.

    §20. Entre ces deux pôles peuvent se trouver différentes formes d’éducation, selon les conditions particulières des pays et des Partis : depuis les écoles du dimanche, les cours locaux et de courte durée, jusqu’aux écoles de district répondrait déjà de plus hautes exigences et destinées former les fonctionnaires locaux.

    Partout on attachera une importance particulière au perfectionnement ininterrompu des propagandistes, qui peuvent être périodiquement réunis pour des cours de répétition.

    §21. Les PC ne doivent pas négliger les écoles qui, sous une étiquette neutre, s’occupent de la formation ouvrière (Universités ouvrières, labour collèges, universités populaires, écoles de conseils d’usine, établissements syndicaux, etc…). Ils s’efforceront de combattre les dangers dont ces écoles menacent l’idéologie prolétarienne et même, si possible, d’y exercer leur influence et de les soumettre à leur contrôle afin de les utiliser pour l’éducation communiste.

    §22. Ni les ressources matérielles, ni les ressources scientifiques des Partis ne leur permettent de créer un système d’écoles marxistes- léninistes assez vaste pour grouper à bref délai la majorité écrasante de leurs membres. Pour cette raison et aussi parce que le système scolaire ne suffit pas à lui seul pour une assimilation complète et approfondie de la théorie marxiste-léniniste, l’intérêt des membres du Parti doit être aussi dirigé vers l’étude à domicile. Il faut encourager les groupes d’autodidactes. Il faut créer un réseau de cercles marxistes-léninistes.

    Les camarades ayant une certaine expérience de la propagande et des aptitudes pédagogiques formeront, au sein de la Section centrale d’agitation et de propagande, une commission pour l’encouragement des autodidactes du marxisme», qui donnera des conseils aux individus ou aux groupes, par correspondance ou par l’intermédiaire de la presse.

    §23. Cette organisation de la propagande ne doit pas se borner aux instances supérieures, elle doit s’étendre à toutes les grandes Cellules d’usine et aux plus petits groupements territoriaux. Dans ces derniers, il y a lieu d’élire des organisateurs propagandistes, dont la fonction consistera à éveiller l’intérêt des ouvriers pour l’éducation communiste, en conformité avec les instructions des organes de propagande du Parti.

    §24. Le CEIC doit prendre des mesures pour qu’au cours de l’année prochaine, au moins dans les Partis les plus importants, soient organisées des écoles modèles et quelques cours du soir pour l’enseignement du marxisme-léninisme. Il se mettra en relations directes avec ces institutions modèles sur la proposition du CC des Partis intéressés, afin de les soutenir idéologiquement et de leur envoyer des livres et autres moyens d’enseignement.

    À leur tour, les Comités centraux des Partis entreront en rapports directs avec les institutions de propagande et les cercles marxistes-léninistes des districts ouvriers les plus importants. De même, par les soins de l’IC, il s’établira un contact entre les Universités communistes, les écoles du Parti, les cercles marxistes-léninistes de Russie et les institutions étrangères correspondantes.

    §25. Les Partis collaboreront à la création d’institutions correspondantes pour la jeunesse, à la désignation de maitres propagandistes pour ces institutions ou rendront accessibles à la jeunesse communiste les institutions d’éducation du Parti.

    §26. Les Partis veilleront à ce que les étudiants communistes et autres intellectuels continuent à se perfectionner. L’isolement et l’autonomie des étudiants communistes doivent être combattus.

    Les cercles d’étudiants communistes ou les fractions existant déjà, qui jusqu’ici adoptaient la forme de cercles autonomes et étrangers à tout système, doivent être tirés de cet état stérile pour le mouvement ouvrier, et, sous la direction immédiate des théoriciens les plus versés dans le marxisme-léninisme et les plus expérimentés dans la direction du mouvement ouvrier, être rendus profitables pour la propagande communiste. D’un autre côté, les membres de ces groupes d’étudiants doivent être, sans aucune exception, appelés à participer au travail pratique du Parti.

    §27. Chaque PC inscrira à l’ordre du jour de son prochain Congrès National l’organisation de la propagande marxiste-léniniste et des institutions destinées à l’assurer.

    5. — Programme et Méthodes de Propagande

    §28. Le but politique prochain de la propagande du marxisme- léninisme est le suivant : pour obtenir la bolchévisation du Parti, l’éducation communiste doit être rattachée à l’actualité politique, aux problèmes de tactique et d’organisation de l’IC et des Partis. Le programme et la méthode du travail de propagande doivent être basés sur ce principe. Ils doivent être orientés sur les objectifs pratiques du Parti.

    En évitant le plus possible les programmes et méthodes abstraites, il faut cependant s’efforcer d’obtenir que les fonctionnaires et la masse du Parti acquièrent la connaissance des fondements théoriques que le marxisme-léninisme propose à la classe ouvrière luttant pour son affranchissement et qui peuvent seuls la conduire au but, comme l’a démontré l’histoire de la révolution russe et internationale. Il faut éviter toute opposition entre le marxisme du siècle de Marx et d’Engels et celui du siècle de Lénine.

    §29. Il faut éviter toute séparation mécanique, toute conception définissant le marxisme comme la théorie et le léninisme comme la pratique. Le marxisme et le léninisme comprennent l’un et l’autre la fois la théorie et la pratique de la lutte ouvrière ; ils font à eux deux l’unité de la théorie révolutionnaire et de la pratique révolutionnaire.

    Au rebours du marxisme des épigones de Marx, du «marxisme» de la 2e Internationale, qui, sous une forme prétendue orthodoxe, sépare la théorie de la pratique et rejette en pratique l’action révolutionnaire après l’avoir admise en théorie, «le léninisme est le marxisme de la période de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne.

    Pour parler plus exactement, le léninisme est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature prolétarienne en particulier» (Staline).

    A la base du programme d’éducation communiste et de notre méthode de propagande, il faut mettre ce principe : il est impossible de séparer le léninisme du marxisme. Le marxisme, de son côté, à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, ne peut être propagé avec succès que sous la forme du léninisme.

    §30. Le programme de l’éducation communiste doit avoir son centre de gravité dans l’économie et la théorie marxiste-léniniste de l’État.

    Dans la théorie de l’économie, les phénomènes de l’impérialisme doivent former le fondement. En outre, on étudiera la stratégie, la tactique et l’organisation de la révolution prolétarienne et la solution de ces problèmes d’après les exemples de la révolution prolétarienne russe et internationale.

    Enfin, une des parties indispensables de ce programme sera : l’histoire du mouvement ouvrier dans les principaux pays et dans le sien propre ; l’histoire de son propre parti, en insistant particulièrement sur les racines sociales et sur le rôle de l’opportunisme dans le mouvement ouvrier. Dans les pays agricoles, on insistera sur la question agraire, sur la paysannerie, selon l’esprit du léninisme.

    Une propagande large et approfondie des problèmes tactique et théorique de l’insurrection armée et de la guerre civile est aussi de la plus haute importance. De même, les principes du léninisme dans les questions nationale et coloniale doivent être propagés dans les pays intéressés. La condition économique et sociale de la femme laborieuse est à étudier partout.

    §31. À aucun degré de l’éducation communiste, il ne faut perdre de vue la philosophie générale du marxisme-léninisme. Marx, Engels et Lénine étaient tous trois des matérialistes militants ; leur enseignement et leur conception du monde sont basés sur le matérialisme philosophique à son plus haut degré, le matérialisme dialectique.

    L’insertion dans le programme général d’éducation communiste de la propagande du matérialisme a aussi un but politique très important : l’affermissement des PC contre les courants idéalistes qui ont pénétré dans nos rangs, contre les différentes formes de l’idéalisme philosophique, contre la religion ou l’indifférentisme en matière religieuse, etc. Tous ces courants représentent, en fin de compte, des intérêts étrangers au prolétariat.

    La propagande du marxisme-léninisme ne peut être regardée comme complète sans la propagande du matérialisme militant. À tous les degrés du programme d’éducation, il faut lui faire une place appropriée.

    §32. La méthode d’enseignement doit faire l’objet de beaucoup de soin et d’attention, aussi bien dans les écoles que pour les autodidactes. Sans une juste méthode, ou bien la propagande n’atteindra pas son but, ou bien elle ne donnera lieu qu’à un gaspillage inutile des forces des propagandistes et surtout des auditeurs.

    Une méthode erronée entraîne le plus souvent, comme nous le montre l’expérience, la ruine de tout le système et des institutions particulières de propagande. Aussi doit-on avoir soin que les propagandistes possèdent, outre la science théorique requise, les méthodes d’enseignement.

    Les organes centraux de propagande du Parti doivent les munir continuellement d’instructions sur la méthode ; ils doivent rassembler tous les matériaux sur la matière, élaborer l’expérience acquise, la généraliser et la mettre à profit.

    6. — Organisation des Recherches Marxistes Scientifiques

    §33. Le léninisme ne marque pas seulement une renaissance du marxisme révolutionnaire, mais un enrichissement de son contenu théorique et pratique. Cependant la pensée marxiste, la théorie marxiste n’a pas été suffisamment approfondie dans l’IC Ce qui manque ici, c’est à la fois l’initiative et l’organisation.

    Les tentatives des épigones de Marx, celles de la 2e Internationale et du marxisme autrichien pour continuer l’œuvre du marxisme orthodoxe d’avant la guerre sont condamnées à échouer, avant tout parce que la pratique social-démocrate dément à chaque instant les prétentions de la théorie, chez des gens comme Kautsky, Hilferding et Bauer, à être véritablement marxistes.

    La décadence universelle de la science après la guerre a eu tout naturellement sa répercussion dans le domaine des recherches marxistes. Le seul pays où elles soient en progrès est la Russie du prolétariat révolutionnaire. Les Partis d’Occident n’ont au contraire à offrir, pour le moment, aucun ouvrage théorique notable.

    Outre l’étude du marxisme-léninisme au point de vue de la propagande, l’IC doit donc encourager l’étude de leurs travaux sous le rapport des recherches scientifiques.

    §34. Les centres internationaux de l’étude théorique du léninisme, au point de vue scientifique, sont : l’Institut Marx-Engels, l’Institut Lénine et l’Académie Communiste. La tâche de l’IC est d’utiliser leurs travaux pour le plus grand bien du mouvement communiste international, à savoir :

    a) Entrer en étroites relations avec ces Instituts, par l’intermédiaire de sa Section d’agitation et de propagande, et exploiter les résultats de leurs recherches dans le sens international ;

    b) Grouper autour de ces Instituts les militants de tous les PC s’occupant d’investigations théoriques ou s’intéressant à la théorie ;

    c) Editer avec leur concours une revue de recherches marxistes- léninistes, une bibliothèque des classiques du marxisme, ainsi que des éditions complètes, scientifiques et critiques des œuvres de Marx, Engels et Lénine, et une Encyclopédie communiste.

    § 35. Près des écoles centrales des Sections les plus importantes de l’IC, il faut monter un cabinet de recherches marxistes-léninistes.

    Ces cabinets encourageront les travaux personnels, organiseront des séminaires pour les camarades s’intéressant à la théorie, faciliteront l’élaboration des études de politique et de propagande et enfin serviront de lien avec les Instituts soviétistes.

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    de l’Internationale Communiste

  • Résolution sur la Réorganisation du Parti sur la Base des Cellules d’Entreprise au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    §1. La différence essentielle qui existe dans le rôle et l’activité des PC et social-démocrates se manifeste également dans leurs formes d’organisation.

    La social-démocratie, occupée uniquement de réformisme dans le cadre de la démocratie bourgeoise, surtout de besogne électorale et parlementaire, est, en conséquence, organisée par districts électoraux ; elle a à sa base la Section locale et comme principe d’organisation le lieu d’habitation. Le PC, qui entraîne les ouvriers vers la lutte révolutionnaire pour abattre le capitalisme et conquérir le pouvoir, crée d’autres formes d’organisation, car son point d’appui principal est dans les usines.

    Le PC doit avoir sa base parmi les travailleurs, à l’usine et sur le lieu de travail. Le remaniement du Parti sur la base des Cellules d’entreprise lui permet d’abord d’entretenir une liaison réelle, intime et durable, avec les ouvriers. Il lui permet d’être toujours au courant des besoins et des dispositions de la classe ouvrière et de réagir comme il convient.

    Il lui permet de l’influencer continuellement et de la diriger efficacement en organisant la lutte révolutionnaire contre le patronat, le fascisme et l’État capitaliste pour conquérir le pouvoir.

    Ce changement des formes d’organisation est la garantie de la qualité sociale des effectifs du Parti ; il assure son caractère prolétarien. Et, ce qui est d’une importance tout à fait particulière pour le PC, il permet de combattre réellement pour obtenir le contrôle sur la production et arriver, après la conquête du pouvoir, à dominer la production en atelier. «Chaque usine sera une citadelle du PC», tel est le mot d’ordre de Lénine.

    §2. Les 3e et 4e Congrès de l’IC ont indiqué la nécessité de réorganiser le Parti sur la base des Cellules d’entreprise. Le 4e Congrès a constaté qu’un PC ne peut être considéré comme une organisation de masse sérieuse et solide que lorsqu’il possède des Cellules puissantes dans les usines, les fabriques, les mines, les chemins de fer, etc.

    L’expérience acquise dans la lutte du PC depuis le 4e Congrès a confirmé cette constatation. Les résolutions du 4e Congrès ont une importance vitale pour le PC Les événements allemands nous enseignent aussi que la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’entreprise est une condition indispensable pour triompher dans la lutte pour le pouvoir.

    Il est donc nécessaire de mettre en pratique les résolutions du CEIC élargi de janvier 1924, conformes aux décisions prises à ce sujet par les et 4e Congrès, et que le 5e Congrès confirme ; il faudra agir dans ce sens énergiquement et systématiquement. Le Congrès considère qu’une des tâches principales du PC dans l’avenir immédiat est de terminer sa réorganisation sur la base des Cellules d’entreprise.

    §3. Le Congrès tient à souligner encore quelques points qui ont surgi dans la pratique du Parti depuis le mois de janvier et qui nécessitent une rectification ou une mise en évidence.

    Il ne faut pas qu’il subsiste de doutes sur les décisions du Congrès et la résolution de janvier. Elles ne doivent pas seulement obtenir des modifications superficielles de la structure des Partis ; elles doivent remanier fond et effectivement nos organisations en les réorganisant d’après le modèle du Parti bolchévik.

    Cette œuvre devra se faire méthodiquement et soigneusement, afin de ne perdre aucune force, il faut pourtant que cette réorganisation se poursuive énergiquement et que la structure existant jusqu’à présent (Sections, méthodes de cotisation, composition des directions, enregistrement, etc.) soit modifiée en s’orientant vers les Cellules d’entreprises.

    Dans notre pratique, jusqu’à présent, on a constaté que cette idée n’était pas assez admise. Dans bien des cas, la Cellule n’est pas considérée comme la base ; même après le remaniement, on continue à l’envisager comme une ramification s’ajoutant à celles qui existaient autrefois.

    C’est pour cette raison qu’on crée, dans beaucoup de cas, au lieu de Cellules d’entreprise, des fractions d’usine avec des tâches limitées ; cette conception doit être rejetée. Souvent, on s’abandonne aussi à la tendance de fixer aux Cellules d’usine des objectifs purement syndicaux,

    Au contraire, le rôle et la position des Cellules d’usine, en tant que base de l’organisation du Parti, doivent être nettement et résolument proclamés et apparaître comme tels dans la pratique. La Cellule d’usine a tous les droits d’une organisation du Parti. Elle examine et prend position au sujet de toutes les questions du Parti. Cela doit également influencer l’organisation des Cellules d’usine.

    Elles enrôleront de nouveaux membres, recueilleront les cotisations de leurs adhérents, en conservant un certain pourcentage, enregistreront leurs membres, etc. La Cellule d’usine indique à chaque membre son travail et prend soin que chacun exécute la tâche qui lui a été confiée. Naturellement, l’activité des Cellules d’entreprise doit s’étendre à tous les domaines du travail du Parti.

    §4. Dans l’esprit de la résolution sur la réorganisation du Parti, un de ses effets les plus importants doit être l’amélioration de la composition sociale actuelle de nos effectifs.

    Il faut que la grande majorité de nos adhérents se compose de prolétaires industriels et que l’écrasante majorité des membres du Parti fassent directement partie des Cellules d’usine et de domaine agricole. Lorsque nous arriverons à ce résultat et que les Cellules du Parti seront suffisamment nombreuses et puissantes, alors que les Cellules de quartier seront complètement superflues et les membres qui ne travaillent pas dans les entreprises seront rattachés à celles-ci.

    Provisoirement, avant que l’organisation atteigne ce degré (la situation est différente selon les pays et les arrondissements), on pourrait grouper les membres du Parti ne travaillant pas dans les usines en Cellules de quartier.

    Etant donné qu’il existe à ce sujet des opinions erronées, le 5e Congrès affirme que, là où ces Cellules de quartier seront constituées, elles ne pourront point influencer les Cellules d’usine et égaler ces dernières par leur importance et leur rôle.

    En aucun cas, il ne peut être question de considérer les Cellules d’entreprise et les Cellules de quartier comme les deux bases du Parti. Seule, la Cellule d’entreprise est la base du Parti ; la Cellule de quartier en est une ramification. Le centre de gravité est dans les Cellules d’usine.

    §5. Au début de la réorganisation pratique, le Parti doit tout d’abord se concentrer dans les districts industriels et là, de nouveau, dans les localités les plus importantes et dans les organisations les plus fortes.

    Dans une localité, la direction doit d’abord commencer la réorganisation dans les parties les plus importantes. Cela ne signifie pas, naturellement, que les autres organisations du Parti peuvent, pendant ce temps, ajourner ce travail pratique de réorganisation. La réorganisation doit s’accomplir progressivement de bas en haut.

    §6. Au sujet des Cellules d’entreprise de la Jeunesse Communiste, le Congrès estime que le Parti doit tendre à ce que la plus grande partie des membres de la Cellule d’entreprise des Jeunesses participent également au PC.

    Entre les deux Partis doit exister une collaboration intime et une Cellule d’entreprise spéciale aux Jeunesses Communistes, en dehors de la Cellule du Parti, est indispensable. Elle constitue, en effet, la base organique de la Fédération des Jeunesses en entier, qui possède son organisation spéciale à côté du Parti.

    §7. Le Congrès Mondial charge le CEIC de veiller à la réalisation décisive de cette organisation et d’élaborer des instructions sur la forme des organes locaux et centraux des partis.

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    de l’Internationale Communiste

  • Résolution sur les Statuts de l’IC au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    En 1864 fut fondée à Londres l’Association Internationale des Travailleurs, la 1e Internationale. Ses statuts étaient précédés du préambule suivant :

    «Considérant :

    que l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ;

    que les efforts des travailleurs pour conquérir leur émancipation ne doivent pas tendre à constituer de nouveaux privilèges, mais à établir pour tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ; que l’assujettissement du travailleur au capital est la source de toute servitude : politique, morale et matérielle ;

    que, pour cette raison, l’émancipation économique des travailleurs est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique, comme un moyen ;

    que tous les efforts faits jusqu’ici ont échoué faute de solidarité entre les ouvriers des diverses professions dans chaque pays, et d’une union fraternelle entre les travailleurs des diverses contrées ; que l’émancipation des travailleurs n’est pas un problème simplement local ou national, qu’au contraire ce problème intéresse toutes les nations civilisées, sa solution étant nécessairement subordonnée à leur concours théorique et pratique ; que le mouvement qui s’accomplit parmi les ouvriers des pays les plus industrieux de l’Europe, en faisant naître de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs, et conseille de combiner tous les efforts encore isolés.»

    La 2e Internationale, fondée en 1889, à Paris, s’était engagée à continuer l’œuvre de la 1ère Internationale. Mais en 1914, au début de la guerre mondiale, elle a subi un krach complet. La 2e Internationale a péri, minée par l’opportunisme et terrassée par la trahison de ses chefs, passés dans le camp de la bourgeoisie.

    La 3e IC, fondée en mars 1919, dans la capitale de la République socialiste fédérative des Soviets, Moscou, a déclaré solennellement à la face du monde qu’elle se chargeait de poursuivre et d’achever la grande œuvre entreprise par la 1e Internationale des Travailleurs.

    La 3e IC s’est constituée à la fin du carnage impérialiste de 1914-18, au cours du quel la bourgeoisie des différents pays a sacrifié 20 millions de vies.

    Souviens-toi de la guerre impérialiste ! Voilà la première parole que l’IC adresse à chaque travailleur, quelles que soient son origine et la langue qu’il parle. Souviens-toi que, du fait de l’existence du régime capitaliste, une poignée d’impérialistes a eu, pendant quatre longues années, la possibilité de contraindre les travailleurs de partout à s’entr’égorger !

    Souviens-toi que la guerre bourgeoise a plongé l’Europe et le monde entier dans la famine et le dénuement ! Souviens-toi que, sans le renversement du capitalisme, la répétition de ces guerres criminelles est non seulement possible, mais inévitable !

    L’IC se donne pour but la lutte armée pour le renversement de la bourgeoisie internationale, et la création de la République Internationale des Soviets, première étape dans la voie de la suppression complète de tout régime gouvernemental. L’IC considère la dictature du prolétariat comme l’unique moyen disponible pour arracher l’humanité aux horreurs du capitalisme. Et l’IC considère le pouvoir des Soviets comme la forme imposée par l’histoire à la dictature du prolétariat.

    La guerre impérialiste a créé un lien particulièrement étroit entre les destinées des travailleurs d’un pays et celles du prolétariat de tous les autres pays. La guerre impérialiste a confirmé une fois de plus la véracité de ce qu’on pouvait lire dans les statuts de la 1e Internationale : l’émancipation des travailleurs n’est pas une tâche locale, ni nationale, mais bien une tâche sociale et internationale.

    L’IC rompt définitivement avec la tradition de la 2e Internationale pour laquelle n’existaient en fait que les peuples de race blanche.

    Dans l’IC fraternisent les hommes de race blanche, jaune, noire, les travailleurs de toute la terre.

    L’IC soutient, intégralement et sans réserves, les conquêtes de la grande révolution prolétarienne en Russie, de la première révolution socialiste, qui, dans l’histoire ait été victorieuse, et elle invite les prolétaires du monde à marcher dans la même voie. L’IC s’engage à soutenir par tous les moyens en son pouvoir toute république soviétiste qui serait créée en quelque point du globe que ce soit.

    L’IC n’ignore pas que, pour hâter la victoire, l’Association Internationale des Travailleurs, qui combat pour l’abolition du capitalisme et l’instauration du communisme, doit avoir une organisation fortement centralisée. Le mécanisme organisé de l’IC doit assurer aux travailleurs de chaque pays la possibilité de recevoir, à tout moment, de la part des travailleurs organisés des autres pays, tout le secours possible.

    Tout cela considéré, l’IC adopte les statuts que voici :

    1. — Clauses Fondamentales

    §1. La nouvelle Association Internationale des Travailleurs unit les PC en un Parti mondial qui, dirigeant et organisant le mouvement révolutionnaire du prolétariat de tous les pays, lutte pour conquérir la majorité de la classe ouvrière et de larges masses de paysans pauvres aux principes et aux buts du communisme, pour l’instauration de la dictature du prolétariat, pour la fondation d’une Union Mondiale des Républiques Socialistes des Soviets, pour l’abolition complète des classes et la réalisation du socialisme, première étape de la société communiste.

    §2. La nouvelle Association Internationale des Travailleurs porte le nom d’IC

    §3. Les Partis adhérant à l’IC portent le nom de : «Parti Communiste de… (Section de l’IC)». Dans chaque pays, il ne peut y avoir qu’un seul Parti adhérant à l’IC

    §4. Pour être membre d’un PC et de l’IC, il faut en accepter le programme et les statuts, être membre d’une des organisations de base de ce Parti et y travailler activement, se soumettre à toutes les décisions du Parti et de l’IC et payer régulièrement ses cotisations.

    §5. L’organisation de base des Partis et de l’IC est la Cellule d’entreprise (Cellule d’usine, de fabrique, de mine, d’atelier, de bureau, de magasin, de ferme, etc.), à laquelle doivent appartenir tous les membres du Parti travaillant dans ladite entreprise.

    §6. L’IC et les PC sont fondés sur la base du centralisme démocratique, dont les principes fondamentaux sont :

    a) L’élection de tous les organes, de la base au sommeil, par les Assemblées générales, les Conférences ou Congrès ;

    b) L’obligation, pour ces organes, de rendre compte périodiquement de leur activité à leurs électeurs ;

    c) L’obligation, pour les organes subalternes, d’exécuter rapidement et exactement les décisions des organes supérieurs.

    La discussion est libre pour les membres et les organisations, jusqu’à ce qu’une décision soit intervenue de la part des organes compétents du Parti. Une fois une décision prise par le Congrès de l’IC, par un Congrès National ou par les organes dirigeants du Parti, elle doit être absolument exécutée, même si une partie des membres ou des organisations locales ne l’approuvent pas.

    En période illégale, les organes subalternes peuvent être nommés soit par les organes supérieurs, soit par voie de cooptation ratifiée par les organes supérieurs.

    2. — Le Congrès Mondial

    §7. L’organe suprême de l’IC est le Congrès Mondial de tous les Partis (Sections) et organisations affiliés.

    Le Congrès Mondial examine et tranche les plus importantes questions ayant trait au programme, à la tactique, à l’organisation et à toute l’activité de l’IC et de ses Sections. Seul, il peut modifier le programme et les statuts de l’IC

    Le Congrès se réunit au moins une fois tous les deux ans, sur la convocation du CEIC Les Sections envoient un nombre de délégués fixé par le CEIC.

    Le nombre des voix délibératives attribuées à chaque Section est déterminé chaque fois par une décision particulière du Congrès, d’après l’effectif de la Section et l’importance politique du pays.

    Les mandats impératifs sont annulés d’avance.

    §8. Des Congrès extraordinaires peuvent être convoqués si les Partis qui en font la demande ont eu au précédent Congrès ordinaire au moins la moitié des voix délibératives.

    §9. Le Congrès Mondial élit le président de l’IC, le CEIC et la Commission Internationale de Contrôle (C.IC)

    §10. Le Congrès Mondial désigne le siège du CEIC.

    3. — Le Comité Exécutif

    §11. Le CEIC dirige l’IC dans l’intervalle des Congrès. Il donne aux Partis et organisations affiliés des directives impératives et contrôle leur activité.

    Le CEIC publie, en 4 langues au moins, l’organe central de l’IC §12. Les décisions étant obligatoires sont immédiatement appliquées. Les Sections peuvent faire appel de ces décisions devant le Congrès Mondial sans que cet appel puisse avoir un caractère suspensif.

    §13. Les organes centraux des PC sont responsables de leurs actes devant le Congrès et devant le CEIC. Ce dernier a le droit d’annuler ou d’amender les décisions des organes centraux et des Congrès des Sections et de prendre des décisions dont l’application est obligatoire pour les organes centraux. (Voir §12.)

    §14. Le CEIC a le droit d’exclure de l’IC les partis, groupes et membres portant atteinte au programme, aux statuts, aux décisions des Congrès mondiaux et du CEIC. Les Partis et les membres exclus peuvent faire appel devant le Congrès Mondial.

    §15. Il appartient au CEIC de ratifier le programme de chaque Section. En cas de non-ratification, cette dernière peut faire appel devant le Congrès Mondial.

    §16. Les décisions et documents officiels du CEIC doivent être publiés par les organes centraux des Sections.

    §17. Le CEIC a le droit d’admettre dans l’IC, avec voix consultative, les organisations et Partis sympathisant au communisme et à l’IC

    §18. Le CEIC élit parmi ses membres un Présidium, organisme permanent, qui dirige tout le travail du CEIC dans l’intervalle des séances de ce dernier. Le Présidium rend compte au CEIC.

    Le président de l’CEIC et du Présidium est de droit président de l’IC §19. Le CEIC élit au Bureau d’organisation qui discute et tranche toutes les questions d’organisation et de finances. Il peut être fait appel des décisions du Bureau d’organisation devant le Présidium.

    Mais jusqu’à leur annulation ou par le Présidium, ces décisions sont obligatoires. Le CEIC fixe la composition du Bureau d’organisation.

    §20. Le CEIC élit un Secrétariat qui est l’organe exécutif du CEIC, du Présidium et du Bureau d’Organisation. Les membres du Secrétariat font partie du Bureau d’Organisation.

    §21. Le CEIC élit la rédaction de la revue mensuelle l’IC, ainsi que lés rédacteurs des autres publications de l’IC

    §22. Le CEIC nomme un Secrétariat International pour le mouvement communiste des femmes et prend, en commun avec lui, les décisions soit politiques, soit d’organisation concernant ce mouvement.

    §23. Le CEIC crée des Sections pour l’Information et la Statistique, l’Agitation et la Propagande, l’Organisation, et une Section pour l’Orient. Il a le droit de créer en cas de besoin d’autres Sections et de donner à l’appareil d’exécution la forme la plus utile.

    §24. Le CEIC et son Présidium peuvent envoyer des représentants dans les Sections. Ces représentants reçoivent du CEIC des directives et lui rendent compte. Ils doivent être admis à toutes les réunions et séances des organes centraux et des organisations locales de la Section où le CEIC les a envoyés. Ils remplissent leur mandat en contact étroit avec la centrale de cette Section.

    Néanmoins, ils peuvent, dans les Congrès, Conférences ou délibérations, convoqués par la Section, défendre une opinion différente de celle de la Centrale si les directives du CEIC l’exigent. Les représentants du CEIC ont le devoir particulier de contrôler l’application des décisions des Congrès et du CEIC par les Sections.

    §25. Les séances du CEIC ont lieu au moins une fois par mois. Elles sont valables lorsque la moitié des membres au moins sont présents.

    4. — Exécutifs Élargis

    §26. Pour résoudre des questions particulièrement graves, mais pouvant souffrir quelque ajournement, le CEIC convoque, au moins deux fois par an, le Plénum Élargi du CEIC prennent part, outre les membres du CEIC, les représentants des Sections. Le nombre en est fixé par le Congrès pour chaque Section.

    Le CEIC Élargi tient session, en dehors des réunions fixées plus haut, immédiatement avant le Congrès.

    5. — La Commission Internationale de Contrôle

    §27. Les tâches de la CIC, élue par le Congrès, sont :

    a) de vérifier les plaintes portées contre les diverses Sections de l’appareil d’exécution du CEIC et, faire à celui-ci des propositions pour remédier aux défauts constatés ;

    b) examiner les plaintes portées par des personnes ou des organisations contre les mesures disciplinaires prises par les Partis à leur égard et de faire ensuite des propositions au CEIC qui prendra les mesures nécessaires ;

    c) contrôler les finances du CEIC ;

    d) contrôler les finances des Sections sur décision du CEIC, du Présidium ou du Bureau d’Organisation.

    La Commission de Contrôle ne peut intervenir dans les conflits politiques, administratifs ou d’organisation qui surgiraient soit à l’intérieur des Sections, soit entre les Sections et le CEIC.

    6. — Rapports Entre les Sections et le CEIC

    §28. Les Comités Centraux de toutes les Sections, affiliées ou sympathisantes, doivent envoyer régulièrement au CEIC les procès- verbaux de leurs réunions et les comptes rendus de leurs travaux.

    §29. Le fait, pour des membres du CC d’une Section ou pour un groupe d’entre eux, de donner leur démission doit être considéré comme un acte de désorganisation du mouvement communiste.

    Tout poste dirigeant dans un PC appartient à l’IC et non pas à celui qui l’occupe. Les membres du CC d’une Section ne peuvent abandonner leur mandat qu’avec le consentement du CEIC. Les démissions approuvées par le CC d’un parti, sans le consentement du Comité Exécutif, ne sont pas valables.

    §30. Les Sections de l’IC, surtout celles de pays voisins, doivent entretenir entre elles une liaison étroite d’organisation et d’information. Cette liaison peut être réalisée par une représentation mutuelle aux conférences et congrès, ainsi que par l’échange de militants compétents, avec le consentement du CEIC.

    Des copies des rapports de ces représentants à leurs Sections doit être envoyée à l’IC

    Deux ou plusieurs Sections de l’IC qui (comme par exemple les pays ou balkaniques) sont particulièrement tenues à l’alliance par la communauté politique de leur pays, peuvent, avec l’approbation du CEIC, pour des actions communes et régulièrement coordonnées, constituer une Fédération travaillant sous le contrôle et la direction du CEIC.

    §31. Les Sections de l’IC doivent verser au CEIC des cotisations régulières, dont le montant est fixé par ce dernier.

    §32. Les congrès nationaux, ordinaires et extraordinaires, ne peuvent être convoqués par les Sections qu’avec l’approbation du CEIC.

    Si le Congrès National n’a pas lieu avant le Congrès Mondial, la Section doit tenir (avant la désignation des délégués au Congrès Mondial) une conférence ou une réunion plénière de la Centrale pour préparer les questions à l’ordre du jour du Congrès Mondial.

    §33. L’IC des Jeunes est membre de l’IC, jouit de tous les droits des autres membres et est subordonnée au CEIC.

    §34. Les PC doivent être prêts à passer à l’état d’illégalité. Le CEIC a le devoir de les aider dans la préparation du travail illégal et de veiller à ce que ce travail soit exécuté.

    §35. Le passage d’un membre d’une Section de l’IC à une autre n’est permis qu’avec l’autorisation du CC de la Section intéressée. Les communistes changeant de résidence doivent adhérer à la Section du pays où ils arrivent. Les communistes partant sans autorisation de leur CC ne peuvent pas être admis par les autres Sections de l’IC.

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    de l’Internationale Communiste

  • Résolution sur la Question du Programme au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    §1. Le Congrès accepte le projet de programme élaboré par la Commission comme base de discussion dans les Sections.

    §2. Une Commission de rédaction est chargée d’assurer la rédaction définitive du projet conformément aux résolutions de la Commission.

    §3. Le Congrès propose l’institution par le CEIC d’une Commission Permanente du Programme, qui publiera le plus vite possible le projet avec les matériaux explicatifs nécessaires, afin d’orienter la discussion internationale et de la rendre féconde.

    §4. La décision définitive sur le programme est réservée au prochain Congrès.

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    de l’Internationale Communiste

  • Résolution sur la Situation Économique Mondiale au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    1. — L’Offensive du Capital. — La Continuation de la Crise

    §1. Entre le 3e Congrès qui a adopté les dernières thèses sur la situation économique mondiale, et le 5e Congrès, la bourgeoisie a réussi à terminer presque partout victorieusement son offensive contre le prolétariat. Les concessions que, d’accord avec les chefs social-démocrates, elle avait faites au prolétariat immédiatement après la fin de la guerre pour calmer les masses révolutionnaires, ont été retirées avec l’appui ouvert ou secret des chefs social-démocrates et syndicaux.

    Le niveau d’existence du prolétariat a partout été abaissé ; la journée de 8 heures est effectivement supprimée dans la plupart des pays ; à l’usine le pouvoir absolu du capitalisme est rétabli.

    §2. La tactique de la bourgeoisie a variée selon les pays. Là où les chefs opportunistes jouissent encore d’un prestige solide dans le prolétariat, où les masses, conservent encore l’illusion de pouvoir améliorer leur situation au sein du capitalisme et par les moyens pacifiques habituels : grèves, démocratie parlementaire, la bourgeoisie a employé les vieux procédés démocratiques par lesquels elle couvera sa dictature : lock-outs, lois et décrets.

    Mais même là, en Norvège, en Angleterre, etc.. l’exaspération des antagonismes sociaux a exaspéré également les méthodes de la dictature bourgeoise. De longs chômages et l’inflation ont épuisé les caisses de secours des Syndicats.

    En face des organisations du patronat, de plus en plus fermement organisé en «conzerns», les vieilles méthodes de lutte isolé et pacifique de Syndicats isolés devaient nécessairement échouer, même si la bourgeoisie syndicale avait sincèrement voulu la lutte. Dans quelques pays : Angleterre, Danemark, Australie, la bourgeoisie va jusqu’à confier le gouvernement, complètement ou partiellement, aux chefs des Partis «ouvriers» à faire exercer la dictature bourgeoise par les chefs des Partis ouvriers réformistes.

    §3. Là où le mouvement ouvrier a pris des formes révolutionnaires et où l’influence des chefs social-démocrates, agents de la bourgeoisie comme Lénine les a toujours justement appelés, ne suffit plus à maintenir la classe ouvrière sous le joug, la bourgeoisie a eu recours à la terreur : coups de main militaires, comme en Bulgarie et en Espagne ; exploitations contre le prolétariat de l’esprit de révolte des classes moyennes et ruinés (le fascisme en Italie); ou combinaison des deux moyens, comme en Allemagne. Le fascisme et la social-démocratie sons de la même façon les instruments des classes dirigeantes contre le prolétariat révolutionnaire.

    La social-démocratie bulgare a participé, en alliance déclarée avec une bande d’officiers, à la lutte contre le prolétariat révolutionnaire et contre les paysans pauvres. Ailleurs, en Italie, en Allemagne, aux États-Unis, la social-démocratie combat en apparence le fascisme, mais elle collabore en réalité avec lui contre le prolétariat révolutionnaire (d’Arragona et Mussolini en Italie, consentement de la social-démocratie au renversement du prolétariat en Saxe et en Thuringe, grande coalition en Prusse. Gompers et la Légion Américaine aux États-Unis).

    §4. Les succès de l’offensive du capital contre le prolétariat révolutionnaire, la haute conjoncture aux États-Unis, la décroissance du chômage en Angleterre, la stabilisation provisoire du change allemand, autrichien et polonais, donnent aux social-démocrates, laquais de la bourgeoisie, la possibilité de proclamer que la crise du capitalisme est surmontée, qu’une nouvelle période de prospérité commence.

    C’est pourquoi, selon eux, les méthodes révolutionnaires proposées par les PC sont fausses et le sort du prolétariat peut être amélioré par les moyens pacifiques.

    Cependant, un examen approfondi de l’histoire économique de ces trois dernières années, ainsi que l’état actuel du capitalisme dans le monde prouvent que la conception fondamentale du 3e Congrès de l’IC était juste. L’ébranlement de l’économie capitaliste a fait, dans maints pays essentiels des progrès considérables.

    L’offensive du capital peut soulager provisoirement certains États capitalistes ou certains groupes de capitalistes, mais cela ne fait qu’aggraver les antagonismes entre ces États et ces groupes. Dire comme les réformistes, que le capitalisme est en hausse et que par suite le sort du prolétariat peut être amélioré par des moyens pacifiques à l’intérieur du capitalisme est une erreur.

    2. — La Période de Crise. — Désagrégation de l’Économie Mondial

    Pas de conjoncture d’ensemble

    §5. En capitalisme « normale » la production des pays capitalistes s’accroît beaucoup plus rapidement que la population. La production de 1923, l’année la meilleure d’après-guerre, année de haute conjoncture dans l’État capitaliste le plus important, les États-Unis, atteint à peine le niveau d’avant-guerre.

    L’industrie métallurgique, la plus caractéristique pour le capitalisme moderne, n’en est pas encore là. Dans le vieux centre du capitalisme, en Europe, se sont toutes les branches qui sont encore loin d’avoir retrouvé les chiffres d’avant-guerre. L’outillage, agrandi pendant la guerre, reste en grande partie inutilisé. Le bâtiment, forme typique de l’accumulation de richesses réelles est arrêté dans toute l’Europe.

    §6. Le chômage dans tous les pays capitalistes n’est pas moins grand qu’il y a trois ans. S’il décroît dans un pays, il croit dans un autre. Il ne s’agit pas d’une «armée de réserve du Travail» au sens d’autrefois, mais d’une armée de chômeurs permanents que même une bonne conjoncture ne réussit pas à résorber complètement.

    §7. Il n’y a plus après la guerre d’économie capitaliste mondiale homogène. La Russie soviétique, un sixième de la terre, est définitivement perdue pour le capitalisme. Les pays capitalistes, jusqu’aux petits États de l’Europe balkanisée, entravent entre eux la circulation économique par des douanes prohibitives et des interdictions. L’équilibre capitaliste mondial est fondamentalement dérangé. Nombre de pays consomment, en permanence ou pour un temps, plus qu’ils ne produisent.

    Le centre de gravité de l’économie capitaliste se déplace toujours davantage vers l’Amérique. Un torrent ininterrompu d’or afflue aux États-Unis. La réserve d’or des États européens a tellement diminuée que le rétablissement d’une monnaie à base d’or apparaît presque impossible, même au point de vue technique. La monnaie or et remplacée par la papier-monnaie, exposée à oscillations sans bornes.

    L’afflux et le reflux du capital d’emprunt d’un pays capitalistes dans l’autre n’a plus lieu. En Angleterre, le taux d’intérêt est de 3 %, en Allemagne est de 50 %. À la place du mécanisme relativement ferme et facile à pénétrer du capitalisme normal, c’est une insécurité générale. Au lieu de produire et calculer, on s’adonne aux jeux et à la spéculation.

    §8. Les phases de prospérité et de crise n’alternent plus simultanément dans tous les pays. Chacun à sa conjoncture particulière, et l’amélioration la situation économique dans un pays est rachetée par une aggravation dans un autre. Dans un même pays on passe d’une crise de vente pendant la stabilisation passagère de la monnaie à conjoncture de liquidation facile à la première chute du change.

    §9. Le meilleur exemple de la marche irrégulière de la conjoncture est la haute conjoncture que les États-Unis viennent de connaître.

    Les premiers signes d’amélioration se montraient déjà vers le milieu de 1921. La courbe monta sans discontinuer jusqu’en avril 1923. À partir de cette date, elle descendit lentement, sauf améliorations passagères, jusqu’à ce que, vers la fin d’avril 1924, se produisit le revirement définitif. La haute conjoncture américaine touche visiblement à sa fin ; la crise est là.

    La prospérité des États-Unis fut réelle. La production dépassa de beaucoup celle d’avant-guerre. À son apogée, il n’y eut pas de chômage. Il y eut une forte accumulation s’exprimant par l’augmentation de l’appareil de production, par une activité inouïe du bâtiment, par une multiplication fabuleuse des automobiles, etc.

    §10. Mais cette prospérité reste entièrement limitée aux États- Unis (seules les colonies anglaises y participèrent dans une faible mesure). Elle était fondée exclusivement sur la capacité d’achat du marché intérieur ; la construction de bâtiments pour rattraper le temps perdure pendant la guerre et le renouvellement d’un immense matériel de chemin de fer y jouèrent un rôle important.

    La haute conjoncture américaine resta sans rapport avec les phénomènes qui se produisirent dans les autres parties du monde capitaliste. Les exportations diminuaient, la capacité d’achat du marché intérieur était si grande qu’au printemps de 1923, les États-Unis eurent durant quatre mois une balance commerciale passive. Mais l’importation accrue de marchandises européennes et la diminution de la concurrence américaine sur le marché mondial ne suffisaient pas à étendre à l’Europe la haute conjoncture.

    3. — La Crise Particulière à l’Europe Occidentale

    §11. La haute conjoncture américaine a passé presque sans laisser de traces en Europe. L’influence de la crise en Europe était si forte qu’elle en supprimait totalement les effets. Il y a une crise spéciale traversée par les pays industriels d’Europe.

    Cette crise est due : 1) à l’industrialisation des pays autrefois fournisseurs de matières premières et de produits alimentaires et acheteurs de produits industriels ; 2) à la politique protectionniste des États qui veulent assurer un marché intérieur à leur industrie. Les pays industriels d’Europe ne trouvent plus de marché pour leurs marchandises d’exportation, d’où crise de vente chronique et chômage. Le chômage à son tour réduit le pouvoir d’achat du marché intérieur. Ainsi l’économie européenne se traîne dans un cercle vicieux.

    §12. L’Angleterre est le pays qui possède la plus petite base agraire et qui dépend le plus de l’exportation de ses produits industriels, pour pouvoir importer les matières premières et les produits alimentaires nécessaires. Voilà pourquoi la crise s’y manifeste sous la forme d’une crise des industries d’exportation : textile, construction de machines et de navires.

    Le chiffre officiel des sans-travail, quoique en diminution depuis assez longtemps, dépasse toujours un million. Le chiffre réel est plus élevé encore de quelques centaines de milliers. Le chômage se concentre toujours dans les industries d’exportation.

    Les efforts de la bourgeoisie anglaise et les impôts très forts qu’elle paye ont réussi à rétablir le budget et à reconquérir à la livre sterling sa position dominante dans le monde. Mais aucune mesure de politique économique n’a pu venir à bout de la crise des industries d’exportation.

    Même la réduction des salaires, ramenés dans ces branches d’industrie à niveau de beaucoup inférieur à celui d’avant- guerre, n’a rien changé à la situation. L’amélioration de 1923 était due principalement à la réduction de la production de l’industrie lourde en Allemagne, en France et en Belgique, par suite de l’occupation de la Ruhr.

    §13. La France a moins souffert de la crise que les autres pays industriels d’Europe. Elle disposait d’un débouché particulièrement assuré pour son industrie la reconstruction des régions dévastées.

    Elle a subi à la guerre de grandes pertes d’hommes, qu’elle ne remplace que fort difficilement, vu la stagnation de la natalité. Voilà pourquoi le chômage est insignifiant en France. Au contraire, les ouvriers étrangers y trouvent du travail. La reconstruction cependant s’est faite essentiellement aux dépens des classes expropriées par l’inflation, la dette publique accrue sans interruption et le franc tombé à un cinquième de sa valeur nominale. Cela prouve que la situation de l’économie française est très favorable. La base économique du pays ne peut supporter son ambitieuse superstructure politique.

    §14. L’Allemagne a traversé une série de crises propres. À la conjoncture de vente facile de 1921, succède la première crise de stabilisation au printemps de 1922. Cette crise cède la place à une nouvelle conjoncture d’inflation.

    L’occupation de la Ruhr paralyse la région industrielle la plus importante. La bourgeoisie allemande et, avant tout l’industrie lourde, ont employé l’inflation à piller les classes moyennes et à réduire au minimum le salaire réel jusqu’au jour où la crise sociale ainsi provoquée (refus par le paysan de livrer ses produits à la ville, arrêt de la circulation, explosions spontanées de désespoir), les força à créer une nouvelle monnaie.

    Le prolétariat une fois réprimé par la force, on pratique à ses dépens la stabilisation du mark. Cette opération entraîna une crise violente que les capitalistes exploitent systématiquement contre le prolétariat. Ils ont profité de la défaite d’Octobre pour raffermir leurs positions, arrêtant les entreprises, renvoyant en masse les ouvriers, chassant des usines les éléments révolutionnaires.

    Au début de l’année plus de la moitié des ouvriers étaient sans travail ou au travail réduit. Les capitalistes se dédommagent de la perte des bénéfices de l’inflation en allongeant la journée de travail et en diminuant les salaires.

    Cette tentative de restauration capitaliste de l’économie allemande au moyen d’une monnaie stable et aux dépens du prolétariat a paru dans les premiers mois de 1924 devoir réussir. La stabilisation du mark mit un frein à la dépossession des classes moyennes et améliora la condition des ouvriers occupés. Il s’ensuivit un relèvement de la capacité d’achat. La production reprit. Le chômage baissa sensiblement.

    Cependant, le succès est compromis par l’écart grandissant entre les prix agricoles et industriels, le pouvoir d’achat diminué de l’agriculture, la cessation des exportations, les grands conflits s’étendant à toutes les branches, enfin les lourdes charges prévues dans le projet des experts. Le manque de crédit, l’écroulement des grandes entreprises, la disette de capitaux, témoignent de l’extrême faiblesse de l’économie allemande.

    §15. Les autres États européens qui ont une industrie vivant de l’exportation (Belgique, Tchécoslovaquie, Autriche, Pologne) souffrent pareillement de la crise industrielle, proportionnellement à leurs besoins d’exportation.

    4. — La Crise Agraire

    §16. La période de crise s’exprime en outre par une crise agraire embrassant le monde entier. Les prix des produits agricoles sont considérablement tombés par rapport aux prix des produits industriels. Les producteurs agricoles se voient hors d’état de payer leur fermage, les intérêts de leurs dettes et leurs impôts. Ils sont obligés par millions de quitter leurs champs et de gagner leur pain comme salariés.

    La chute des prix est particulièrement forte pour les céréales, moins pour le bétail, tandis que les matières premières de l’industrie textile atteignent des prix considérables La crise agraire est le plus accentuée aux États-Unis et dans quelques colonies anglaises. Mais aussi l’agriculture continentale, surtout celles des pays protégés avant la guerre par de fortes taxes protectionnistes (Allemagne, Tchécoslovaquie, Italie et France), en souffre considérablement.

    §17. La cause de ce phénomène n’est pas une surproduction absolue. Bien que la population du globe se soit fortement accrue au cours des dix dernières années, malgré la guerre mondiale, la surface ensemencée et la production agricole sont moins élevées qu’avant la guerre.

    La cause en doit être recherchée avant tout dans la crise générale du capitalisme. Le chômage permanent et la diminution des salaires réels réduisent la consommation alimentaire. En Allemagne, exemple, la consommation annuelle de blé est tombée par tête d’habitant de 239 kilos en 1913 à 150 kilos en 1923 ; la consommation de viande de 46 à 25 kilos.

    D’autre part, le capital groupé en cartels, trusts, «konzerns» monopolisateurs, empêche plus que jamais une réduction des prix industriels, seul moyen de diminuer l’écart. Le pouvoir d’achat de la population agricole se trouvant réduit partout, la crise agraire accentue ainsi à son tour la crise des pays industriels d’Europe.

    5. — La Crise de la Politique Économique

    Autonomie économique ou intégration internationale, protectionnisme ou libre-échange, inflation, dettes interalliées

    §18. Le capitalisme s’est montré incapable de résoudre les grands problèmes économiques internationaux.

    Tous les États, à l’exception de l’Angleterre, s’efforcent de se suffire à eux-mêmes. Des tarifs douaniers très élevés, des interdictions d’importation et d’exportation entravent les échanges internationaux. Les pays autrefois agricoles et producteurs de matières premières, tant les États indépendants que les colonies anglaises (y compris les Indes), s’efforcent de protéger leur industrie nouvellement éclose par des barrières douanières. Les petits États de l’Europe balkanisée se ferment les uns aux autres.

    Outre les rivalités économiques de la bourgeoisie, la question des préparatifs de guerre joue un rôle prédominant : chaque État s’efforce de produire à l’intérieur de ses frontières la plus grande part possible des objets nécessaires à la conduite de la guerre. Comme contre-tendance en face de cet isolement, nous voyons de plus en plus une subordination économique de l’Europe continentale à l’influence anglo-américaine.

    §19. Jusqu’ici, l’Angleterre fait exception. La tentative de la Conférence d’Empire pour former, à l’aide de tarifs d’exception réciproques, un Empire britannique se suffisant à lui-même, a échoué partiellement grâce à la résistance des colonies, qui ne veulent pas sacrifier leur jeune industrie à l’Angleterre.

    Mais elle a échoué aussi à cause de la nécessité qui en serait résulté d’imposer l’importation des produits comestibles, d’où élévation des salaires et diminution de la capacité de concurrence de l’industrie anglaise sur le marché mondial. C’est pourquoi la bourgeoisie anglaise s’en tient pour le moment au libre-échange, tandis que l’Empire marche rapidement à sa ruine grâce au détachement progressif des colonies à population d’origine anglaise et au mouvement révolutionnaire des peuples coloniaux opprimés.

    §20. La bourgeoisie s’est montrée également incapable de résoudre le chaos monétaire. Il semble que dans certains États d’Europe, en Allemagne, en Pologne, en Autriche, après une pression sans exemple dans l’histoire, on soit arrivé pour le moment stabiliser la monnaie à un niveau très bas, quoique cette stabilisation repose sur une base économique très faible. D’un autre côté, plusieurs monnaies regardées jusqu’ici comme stables — le yen, la peseta, la couronne norvégienne ou danoise — commencent à entrer dans le processus de dépression.

    Le franc français a, pendant un mois, accusé des oscillations de 50%. La livre sterling qui, au commencement de cette période, avait atteint la parité de l’or moins 3 ou 4%, a de nouveau un disagio de 10%. Tous les projets de création de monnaie stable ont échoué devant le conflit des intérêts entre classes diverses de chaque pays ou entre bourgeoisies de différents pays.

    §21. Les différentes catégories de la bourgeoisie ne peuvent adopter une politique commune au sujet du change. Théoriquement, tout le monde est d’accord que la stabilisation de toutes les monnaies au niveau actuel serait très favorable pour le capitalisme.

    Mais la bourgeoisie des pays à monnaie appréciée regarde avec envie et crainte la bourgeoisie des pays et en premier lieu de l’Allemagne, qui, par une dépréciation extraordinaire, ont été libérés de leurs dettes publique et privée et n’ont plus à nourrir aux dépens de la production une classe improductive de rentiers. Des milieux influents de la grande bourgeoisie travaillent ouvertement ou secrètement en Angleterre et en France en faveur d’une inflation, qui ramènerait l’égalité de la concurrence avec l’Allemagne.

    §22. Le problème des dettes interalliées reste jusqu’ici insoluble. Il n’y a que l’Angleterre qui ait commencé le paiement des intérêts et l’amortissement de sa dette envers l’Amérique. Mais l’expérience montre que cette solution est également nuisible à l’Angleterre et aux États-Unis. Elle augmente la réserve d’or de l’Angleterre pour les marchandises américaines et entrave la stabilisation de la livre.

    L’annulation réciproque des dettes se heurte à de profondes contradictions et rivalités pour l’hégémonie politique entre les différentes puissances de l’Entente.

    6. — La Question des Réparations et les Conflits Internationaux. — La Situation en Russie Soviétique

    La question des réparations reste insoluble

    La tentative faite par l’Allemagne pour payer les réparations en monnaie étrangère, sans se soucier des répercussions sur le cours du mark, a ébranlé de fond en comble la monnaie allemande et toute l’économie capitaliste. Par là, les antagonismes sociaux ont été, en Allemagne, tellement accrus, que le danger de révolution sociale ou de coup d’État nationaliste est devenu immédiat.

    §23. La rivalité des grandes puissances impérialistes pour l’hégémonie politique : France, Angleterre, États-Unis, ainsi que l’opposition aiguë des différentes classes au sein de chacun de ces États, ont empêché jusqu’ici toute tentative d’intervention concertée dans la question des réparations.

    §24. Le plan de l’industrie lourde et des militaristes de France prévoyait l’annexion politique et économique de la rive gauche du Rhin et du bassin de la Ruhr ; la séparation de l’Allemagne du Sud et de l’Allemagne du Nord ; l’extension de l’hégémonie continentale française sur l’Allemagne ainsi morcelée ; la garantie à l’industrie française du charbon et du coke nécessaires, ainsi que d’un débouché en Allemagne pour ses produits métallurgiques.

    Cette solution aurait fait de l’Allemagne une colonie française. La supériorité militaire de la France par rapport’ à l’Angleterre et son armement plus perfectionné (sous-marins, aviation) auraient encore été consolidés par l’annexion de la Ruhr et de ses grandes usines chimiques. L’occupation violente et l’opération de rapine de la Ruhr étaient une tentative pour réaliser ce programme impérialiste.

    §25. La supériorité militaire momentanée de la France mettait l’Angleterre hors d’état de s’opposer par la force à ce plan impérialiste. L’Angleterre se contenta de soutenir ouvertement et secrètement l’Allemagne dans sa résistance passive, dans l’espoir que les deux adversaires sortiraient tellement affaiblis de la lutte économique qu’ils seraient tous les deux obligés de se soumettre à ses conditions.

    §26. L’Angleterre appréhende également la restauration économique de l’Allemagne et la prédominance militaire de la France. Une réduction des charges des réparations à un niveau facile à porter ferait reparaître la concurrence allemande, sa plus dangereuse rivale sur le marché mondial. Le sens économique de la guerre serait perdu pour l’Angleterre.

    C’est pourquoi la politique anglaise ne veut nullement libérer l’Allemagne du fardeau des réparations, mais au contraire l’asservir économiquement afin de l’empêcher de tomber sous l’hégémonie impérialiste de la France.

    §27. La bourgeoisie des États-Unis dans son ensemble, par suite de la période de prospérité, n’a eu aucun besoin de s’immiscer dans les affaires européennes. Le fait que cette période de prospérité a pu se développer, malgré l’état chaotique de l’Europe, était une raison de plus pour s’isoler de l’Europe malade.

    En faveur d’une participation à la solution du problème des réparations, c’est-à-dire au pillage du prolétariat allemand, se déclarèrent les groupes suivants : une partie de la bourgeoisie industrielle qui, par crainte de la contagion communiste, voulait éviter le contact des immigrants avec les ouvriers américains corrompus par Gompers et Cie, et exploiter la classe ouvrière européenne et particulièrement la classe ouvrière allemande non pas en Amérique en tant qu’immigrants, mais chez elle en Allemagne ; le capital bancaire, et en premier lieu le trust Morgan, qui Voulait accorder de larges emprunts et obtenir le contrôle de toute l’industrie métallurgique allemande ; enfin les paysans, qui attendaient un assainissement de l’Allemagne et de l’Europe une hausse des produits de consommation.

    La fin de la phase de prospérité et la nécessité. D’écouler sur le marché mondial le superflu des produits manufacturés américains augmentent l’intérêt qu’a l’Europe pour la bourgeoisie américaine et la participation à l’exploitation de l’Allemagne paraît maintenant plus désirable à celle-ci.

    §28. La guerre de la Ruhr s’est terminée par la capitulation de l’Allemagne, après que la bourgeoisie allemande, au lieu de consentir des sacrifices, eut profité de la résistance passive pour s’enrichir en pillant le trésor public. Les grands industriels de la Ruhr et du xnx ont été contraints par la France à accepter les lourdes charges des contrats avec la M.ICU.M., moyennant quoi ils s’assuraient le concours des autorités d’occupation pour l’exploitation renforcée des ouvriers. Poincaré avait enfin en mains les «gages productifs» si souvent réclamés.

    Mais la France s’est montrée trop (faible pour profiter de sa victoire. La chute rapide du franc dans l’hiver de 1924 la força à recourir à raide du capital bancaire anglais et américain.

    Elle dut renoncer à la solution «française» de la question des réparations et au morcellement de l’Allemagne et se résigner à une nouvelle solution internationale répondant aux intérêts de l’Angleterre et de l’Amérique. La victoire du Bloc des gauches aux élections montre que les petits-bourgeois et les paysans français désirent avant tout une reprise du franc et non une politique impérialiste.

    §29. Le rapport des experts constitue une tentative de la bourgeoisie des puissances impérialistes pour arriver à une solution commune du problème des réparations. Ce rapport exclue l’Allemagne du nombre des États indépendants et la place sous la surveillance financière et économique de l’Entente.

    Le système exposé dans ce rapport en ce qui concerne le paiement des réparations doit protéger le mark contre une nouvelle chute catastrophique et l’Europe contre le danger d’une révolution prolétarienne. La métallurgie française recevra le combustible nécessaire. Le contrôle de la politique de crédit, des impôts et des finances de l’Allemagne protégera les pays industriels de l’Europe Occidentale contre toute possibilité de concurrence sérieuse.

    La question des réparations est insoluble objectivement. Le capitalisme de l’Entente n’est pas en mesure de trouver une forme sous laquelle il puisse, sans de graves inconvénients pour lui-même, percevoir les réparations de l’Allemagne. Il se contente d’asservir l’industrie allemande.

    Au lieu de la conquête de nouveaux marchés, qui indiquerait un progrès du capitalisme et une capacité croissante de production, nous voyons ici clairement une tentative d’entraver violemment la production d’un des grands pays capitalistes.

    §30. La situation économique et politique de l’Union des Républiques soviétiques s’est remarquablement affermie. Étant donné la crise de débouchés des pays industriels européens, le marché russe acquiert une signification particulière. Cette considération et aussi la rivalité politique des puissances impérialistes forcent tous les États les uns après les autres à entrer en rapports politiques et économiques avec la Russie.

    Le front unique du capital qu’on avait essayé d’établir à Gênes et à La Haye s’est brisé sur les conflits entre impérialismes. L’espoir que les Républiques soviétistes, en conservant extérieurement le système soviétiste, se laisseraient réduire en colonies de l’Entente a été détruit par l’énergique résistance du gouvernement des Soviets.

    Par suite, malgré l’intérêt économique qu’a pour la bourgeoisie le marché russe, une nouvelle intervention contre la Russie n’est aucunement exclue.

    La bourgeoisie anglaise et américaine inclinait à confier la besogne d’abattre l’US avant tout à la bourgeoisie allemande, si toutefois une solution temporaire de la question des réparations n’eut pu être obtenue. Mais la crainte de la bourgeoisie française devant un armement de l’Allemagne est trop grande. Cela rend très difficile l’établissement d’une ligne de conduite commune.

    §31. Mais la crise du capitalisme peut s’aggraver au point que la bourgeoisie de l’Entente ne trouve plus d’autre issue pour refréner le mouvement révolutionnaire que de s’engager dans une nouvelle guerre soit contre la Russie soviétiste, soit entre puissances de l’Entente. Malgré toutes les assurances de paix, malgré le traité de Washington, les armements se multiplient. On invente et on produit avec zèle des instruments meurtriers pour faire la guerre sur terre, sur la mer, sous la mer et dans t’air avec des gaz asphyxiants et des bacilles.

    Malgré la Société des Nations, malgré les perpétuelles assurances de paix, malgré le Gouvernement travailliste en Angleterre et le Bloc des gauches pacifiste en France, la bourgeoisie de tous les pays poursuit les préparatifs de guerre. L’expérience montre que dans ces conditions la guerre peut éclater «d’elle-même».

    Guerre impérialiste ou révolution prolétarienne, voilà toujours la seule alternative.

    7. — Exacerbation des Conflits Sociaux

    §32. Le processus de concentration et de centralisation, de formation de cartels et de trusts se développe rapidement dans la période actuelle du déclin capitaliste. Bien que, dans beaucoup de pays, la richesse réelle diminue, la part des capitalistes les plus puissants devient toujours plus grande.

    L’abîme entre le petit groupe de capitalistes contrôlant les trusts et les couches moyennes et petites-bourgeoises s’élargit de plus en plus. Le nombre des petits- bourgeois ayant une indépendance apparente et devenant la proie du capitalisme augmente toujours.

    §33. Dans les pays à monnaie dépréciée, la petite bourgeoisie se trouve expropriée de ses biens au profit de la grande bourgeoisie. Les rentiers ont disparu. Le capital investi dans les emprunts, dans les obligations des villes ou de l’industrie est complètement perdu. Les épargnes, les assurances sur la vie, les pensions de vieillesse, tout est dévoré par l’inflation.

    L’expropriation de la petite bourgeoisie adonnée au commerce et aux métiers s’est poursuivie de la façon suivante : dans la période d’inflation, elle a vendu les marchandises au-dessous du prix de rachat et, tout en paraissant s’enrichir, elle allait au-devant de sa ruine.

    Le revenu des professions libérales, des fonctionnaires et des employés est descendu considérablement au-dessous du niveau d’avant-guerre et se rapproche de celui du prolétariat.

    Des catégories qui, autrefois, jouissaient d’un niveau élevé d’existence et vivaient en partie du travail d’autrui, se trouvent ainsi déclassées. Les uns ont été poussés dans le mouvement fasciste ; les autres ont grossi les bataillons du prolétariat révolutionnaire.

    §34. La crise agraire ruine des millions de paysans et de fermiers, les réduit à s’endetter et les rejette dans le prolétariat. La fidélité aveugle de la paysannerie au régime capitaliste commence à devenir hésitante. L’union du prolétariat avec les éléments laborieux de la paysannerie contre le capitalisme et la grande propriété, — union qui trouve son expression politique dans le mot d’ordre «Gouvernement des ouvriers et des paysans» — gagne de plus en plus, grâce à la crise agraire, les sympathies de la paysannerie laborieuse.

    §35. L’offensive du capital contre la classe ouvrière se poursuit par tous les moyens. Le salaire réel est diminué et le conflit des classes se trouve ainsi exaspéré.

    D’un autre côté, le capital essaie d’accuser des différences dans les salaires, de créer une aristocratie ouvrière aux dépens des ouvriers non qualifiés ou des apprentis, de favoriser les hommes aux dépens des femmes et des jeunes gens afin de briser la résistance de la classe ouvrière.

    §36. L’appauvrissement de la petite bourgeoisie urbaine, les graves dommages que subit la paysannerie à cause de la crise agraire rendent hésitantes toutes ces classes qui acceptaient sans mot dire, en temps normal, la direction des classes dominantes.

    L’expression de cette hésitation est, entre autres, le renforcement du mouvement populiste en. Allemagne, les succès du Bloc des gauches en France, du Labour Party en Angleterre. Dans le prolétariat lui-même, le passage des éléments les plus conscients de la social-démocratie au PC reflète l’exacerbation des conflits. L’interdiction de l’immigration en Amérique ferme la dernière soupape de sûreté offerte au capitalisme européen et active, sur le continent, la fermentation révolutionnaire.

    8. — Perspectives

    §37. La crise continue. La période de prospérité aux États-Unis est demeurée un phénomène isolé. La crise industrielle chronique dans les grands pays capitalistes européens, la crise agraire dans le monde entier sont les formes principales de cette crise.

    Pour l’avenir prochain, il faut compter aux États-Unis avec une phase de crise qui vient de s’annoncer avec une violence inouïe. La crise prolongée des pays industriels européens, au cas où se produirait une tentative sérieuse pour appliquer le rapport des experts, pourrait dégénérer en une nouvelle crise aiguë, s’étendant simultanément à tous les pays européens, au lieu de ces alternatives d’essor et de crise se produisant séparément dans les différents pays de l’Europe.

    Les vues des théoriciens social-démocrates (Hilferding), d’après lesquelles le capitalisme aurait surmonté la crise d’après-guerre et se trouverait à la veille d’une grande période de prospérité mondiale, sont absolument sans fondement. Une telle conception rend seulement service à la bourgeoisie ; elle a pour but de tenir les couches ouvrières encore hésitantes loin du mouvement révolutionnaire communiste.

    §38. L’avenir immédiat offrira de nouveaux combats acharnés entre le capital et le prolétariat, qui n’aura pas seulement à repousser les attaques du capital, mais aussi à reconquérir ses positions antérieures. Le capital, dans la période de déclin de l’économie capitaliste, est objectivement incapable de satisfaire les revendications du prolétariat.

    Ces luttes se déroulent dans une situation où la petite bourgeoisie et la paysannerie traversent une crise douloureuse et ne peuvent plus constituer pour la bourgeoisie des alliés sûrs et fidèles, quand bien même une partie (fascistes) s’engagerait comme son avant-garde contre le prolétariat.

    La dislocation politique des couches moyennes et leurs hésitations entre la bourgeoisie et le prolétariat donnent au prolétariat de grandes chances de succès si le PC réussit à transformer les luttes économiques en les élargissant en luttes politiques.

    §39. Le moment actuel de la période de déclin du capitalisme aboutira-t-il à la chute de la bourgeoisie ou à une nouvelle consolidation, relativement durable de sa domination ?

    Cela dépend dans une large mesure des PC, selon qu’ils seront en état ou non d’exploiter les situations objectivement révolutionnaires qui se présentent. Automatiquement, sans une attaque décidée, acharnée et dévouée du prolétariat révolutionnaire, le régime des classes ne sera jamais détruit.

    De puissants mouvements du prolétariat sont à bref délai inévitables. Si nous arrivons à briser définitivement l’influence des Partis social-démocrates et nationalistes ou fascistes sur le prolétariat, à mobiliser la majorité des fractions décisives de ce prolétariat sous la direction des PC en vue du combat pour le pouvoir, à faire entrer les paysans travailleurs, qui ont tant à souffrir de la crise agraire, dans une alliance de combat, ces combats, dans la période actuelle de déclin du capitalisme, conduiront à d’autres combats, couronnés de succès, pour le pouvoir.

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    de l’Internationale Communiste

  • Résolution sur la Tactique au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    1. — La Situation Internationale

    1. La phase démocratico-pacifiste

    Ce qui frappe surtout lorsqu’on considère l’état politique international actuel, c’est le début d’une phase démocratico-pacifiste.

    Ce zigzag de la politique de la bourgeoisie avait été prédit par le 4e Congrès de l’IC qui se tint à l’apogée de la réaction universelle.

    Cette apparence de phase démocratico-pacifiste est à l’heure actuelle caractérisée par les faits suivants :

    En Angleterre un gouvernement soi-disant «travailliste» ayant à sa tête les chefs de la 2e Internationale, est au pouvoir. En France, les élections ont donné la victoire au bloc des gauches et le Parti Socialiste, un des plus importants de la 2e Internationale, est pratiquement une partie intégrante du gouvernement.

    En Allemagne, la propagande pour le rapport des experts dénote une tendance au renforcement des illusions démocratico-pacifistes et de la social-démocratie, interprète de cette politique ; par contre les classes dominantes prétendent se servir de ce rapport des experts et de la social-démocratie pour redoubler de cynisme et de brutalité dans l’exploitation des travailleurs et la répression du mouvement révolutionnaire.

    La social-démocratie demeure, sous quelque aspect que ce soit, un Parti collaborant au pouvoir avec la bourgeoisie et, d’une façon ou de l’autre, consolidant la dictature de la bourgeoisie sur le prolétariat.

    En Allemagne, malgré le résultat des élections parlementaires, qui ont fortifié les deux ailes extrêmes, un gouvernement d’opinion moyenne reste au pouvoir, s’appuyant également en fait sur la social-démocratie qui sous des aspects divers demeure un Parti gouvernemental de la bourgeoisie et coopère, d’une façon ou d’une autre, à l’exercice de sa dictature contre le prolétariat.

    En Amérique a triomphé l’aile démocratico-pacifiste de l’impérialisme, qui consent à intervenir dans les affaires européennes et est prête soutenir les conclusions des Experts. Le mouvement croissant pour la formation d’un tiers Parti petit-bourgeois donne également une idée du progrès des dispositions démocratico- pacifistes.

    Au Japon, la bourgeoisie «démocratique» marche également à la conquête du pouvoir et se prépare à remplacer au gouvernail le Parti féodal. Le changement récent de gouvernement est aussi interprété comme une victoire de la «démocratie» et du pacifisme.

    Au Danemark, un gouvernement soi-disant ouvrier, ayant à sa tête un des représentants les plus en vue de la 2 e Internationale, est au pouvoir.

    En Belgique, les prochaines élections peuvent amener au pouvoir les chefs du Parti «ouvrier» qui sont déjà de fait ministres sans portefeuille.

    En Autriche, la social-démocratie a remporté une grande victoire électorale et elle constitue pratiquement une des colonnes du régime bourgeois.

    En Tchécoslovaquie, en Pologne et aussi particulièrement dans des Balkans, où la bourgeoisie est sous la dépendance des impérialistes des grandes puissances de l’Entente, s’annonce la répercussion des changements qui ont eu lieu en Angleterre et en France.

    2. Le sens réel de l’étape actuelle de la politique internationale

    En réalité ce qui se passe n’est nullement l’aurore d’une stabilisation de l’ordre capitaliste consolidé fondé sur la «démocratie» et la paix. C’est seulement un paravent avec lequel la réaction, bourgeoisie universelle exacerbée trompe une fois de plus le peuple.

    Non seulement la phase « démocratico-pacifiste » n’a pas abouti et ne peut aboutir à la réduction des armements, mais ces armements ne font que croître avec une vitesse effrayante. Les intrigues de la diplomatie secrète sont plus florissantes que jamais. Chaque démocratie s’arme plus ou moins ouvertement en vue de conflits impérialistes inconciliables avec une démocratie « amie ».

    Le conflit fondamental entre les impérialismes américain et japonais n’est nullement réglé. Le mobile intérieur de ce conflit, qui amènera nécessairement à une nouvelle explosion de guerres impérialistes, continue son action mécanique.

    Les oppositions d’intérêts entre les coteries impérialistes d’Angleterre et de France ne sont nullement résolues par la victoire de la «démocratie» dans l’un et l’autre pays. Il n’y a que la forme de changée.

    Le pillage des colonies et des pays semi-coloniaux demeure la condition naturelle du «progrès», et de la «civilisation».

    3. La conclusion des experts

    L’Évangile du «pacifisme» et de la «démocratie» contemporains ce sont les conclusions des experts. En réalité ce document a pour but l’exploitation des travailleurs d’Allemagne et constitue une tentative d’impérialistes, bien encore ennemis, pour rétablir leurs affaires aux dépens des travailleurs de leurs propres pays.

    L’occupation de la Ruhr n’a pas abouti au résultat attendu par les impérialistes français. Le pillage déclaré n’a pas réussi.

    La seule issue aux problèmes des réparations est dans un détroussement prolongé, couvert sous des phrases démocratico- pacifistes.

    C’est à quoi procèdent les impérialistes de l’Entente, soutenu par les éléments les plus intéressés de la bourgeoisie allemande et par la social-démocratie au service de la bourgeoisie.

    Les conclusions des experts, auxquelles se rallie toute la social-démocratie internationale contre-révolutionnaire, sont véritablement le document le plus honteux de notre temps. C’est la corde au cou des travailleurs non seulement d’Allemagne, mais de nombre d’autres pays.

    En appuyant les conclusions des experts, la social-démocratie ne trahit pas moins la cause ouvrière que lors de la guerre impérialiste, car les conclusions des experts ne sont que la continuation de la guerre par d’autres moyens.

    Les conclusions des experts même si elles reçoivent un commencement d’exécution, ne peuvent en aucune façon résoudre les conflits d’intérêts entre les divers groupements impérialistes. Ces d’intérêts ne tentent de s’accorder actuellement sur le papier que pour s’entrechoquer avec une force décuplée à bref délai.

    4. La situation internationale de l’URSS

    La seule contrée qui poursuive systématiquement et jusqu’au bout sa politique de paix, c’est l’URSS. Le premier pays où la Révolution prolétarienne a triomphé, entouré de tous côtés d’ennemis bourgeois, poursuit héroïquement et infatigablement une politique de paix.

    Pendant la période qui vient de s’écouler, l’URSS a sensiblement fortifié sa situation internationale. La prospérité croissante à l’intérieur, l’appui de tout ce qu’il y a de honnête et de conscient dans la classe ouvrière internationale et l’habile politique du gouvernement soviétique ont conduit à la reconnaissance de [illisible] de l’URSS par quelques-uns des États les plus puissants du monde.

    Cependant c’est pas impossible que précisément cette phase démocratico-pacifiste soit marquée pour le premier État prolétarien par de nouvelles difficultés, est hors de doute que la fraction la plus traîtresse de la « démocratie » travaille actuellement à constituer en politique internationale un front unique contre l’URSS pour mettre à genoux la Révolution prolétarienne victorieuse et la forcer à payer les vieilles dettes du tsarisme, soit sous une forme analogue aux conclusions des experts, soit sous une autre.

    Il ne faut pas oublier que l’ère démocratico-pacifiste est une des dernières phases du capitalisme, plus la position devient difficile pour la bourgeoisie internationale, et plus une aventure militaire contre l’URSS devient vraisemblable.

    La participation des social-démocrates aux gouvernements «démocratiques» ne fait qu’augmenter le danger. Les chefs contre- révolutionnaires de la social-démocratie dans leur haine sans borne des Soviets, se résoudront encore plus vite une aventure militaire que certains bourgeois.

    La classe ouvrière doit être prête à ce que la réaction qui opère aujourd’hui sous le pavillon du pacifisme «démocratique» arrive à créer ce front unique contre l’URSS Les ouvriers du monde entier lutteront avec un dévouement sans réserve contre cet politique des classes dominantes et feront le nécessaire pour briser la chaîne avant qu’elle se soude.

    5. La politique internationale de la social-démocratie

    La social-démocratie contre-révolutionnaire, qui au mois d’août 1919 a dû jeter le masque et soutenir ouvertement dans chaque pays sa bourgeoisie, suit aujourd’hui la même politique sous une forme déguisée. Partout où elle est une force importante elle soutient comme par le passé «ses» impérialistes, en masquant cette trahison des mots sonores de démocratie et de

    Ce sont les chefs de la social-démocratie qui sont actuellement des partisans les plus ardents et des conclusions des experts, et d’un nouvel isolément de l’URSS, avec même attaque directe du capital international contre la première Révolution prolétarienne du monde.

    Cependant pour endormir la vigilance des masses ils prodiguent dans leurs Congrès les phrases mensongères sur la grève générale, comme moyen d’empêcher la guerre.

    Entre les chefs politiques de la bourgeoisie et ceux de la Social-démocratie contre-révolutionnaire il y a seulement division du travail : les premiers créent une apparence d’ère démocratico-pacifiste, les seconds tâchent de développer les illusions « démocratico-pacifistes » au sein des classes laborieuses.

    2. — Le Problème du Pouvoir

    1. L’ébranlement du régime bourgeois

    Le régime bourgeois a pour un certain laps de temps sauvé son existence, bien que la première guerre impérialiste mondiale ait provoqué sur la fin une immense explosion de mécontentement populaire spontané. Les forces du prolétariat international n’étaient pas suffisamment organisées. Les Partis de coup d’État prolétarien étaient trop faibles et c’est pourquoi la victoire de la révolution prolétarienne à la fin de la guerre impérialiste était impossible.

    Mais cette guerre n’en a pas moins causé des secousses profondes.

    Ses suites se manifesteront encore pendant bien des années. Ses conséquences sociales et politiques ne sont encore qu’esquissées.

    Les traités impérialistes n’ont été, comme l’occupation de la Ruhr l’a montré, qu’une continuation de la guerre avec d’autres moyens ; ils n’ont pas guéri les blessures faites par la guerre. Les conséquences de la guerre ne sont pas écartées et ne le seront pas par les méthodes capitalistes.

    En tout cas, à la suite de la première guerre impérialiste mondiale, le régime capitaliste apparaît sapé et ébranlé à la fois économiquement et politiquement. Les symptômes de la fragilité du capitalisme se montrent parfois avec une évidence plus frappante encore dans la politique que dans l’économie.

    Le changement rapide et incessant des gouvernements est un de ces symptômes. Dans maints pays le problème du pouvoir est à l’ordre du jour, sous une forme inconnue avant la guerre.

    2. Les deux politiques de la bourgeoisie

    L’après-guerre et en partie la période qui la précéda ont révélé deux tendances politiques de la bourgeoisie : L’une franchement réactionnaire et l’autre démocratico-réformiste. L’incarnation la plus marquante de la première est Poincaré et de la seconde Lloyd George.

    Dans ces années de crise révolutionnaire, ce phénomène n’est pas fortuit. Quand le sol tremble sous les pieds de la bourgeoisie, quand l’ère «normale» de sa domination stable entre dans le passé, quand les évènements révolutionnaires s’annoncent manifestement et les forces du coup d’État prolétarien grandissent, deux systèmes de politique doivent nécessairement se présenter aux chefs de la classe dominante : l’un qui voudrait écraser et réprimer les forces révolutionnaires avant qu’elles aient grandi, par une furieuse campagne contre elles ; l’autre, a plus longues vues, qui au moyen de petites concessions, en corrompant les dirigeants de la classe ouvrière, en un mot par la démocratie, le pacifisme et le réformisme, s’efforce de modifier le rapport des forces en faveur de la bourgeoisie.

    3. Entre la social-démocratie et le fascisme

    La bourgeoisie ne peux plus gouverner avec les anciennes méthodes. C’est un des symptômes de l’approche lente, mais sûre, de la révolution prolétarienne. La bourgeoisie a recours tantôt aux bons offices du fascisme et tantôt a ceux de la social-démocratie. Dans les deux cas, elle tâche de masquer le caractère capitaliste de sa domination et de lui donner des traits plus ou moins «populaires».

    Fascistes (première période de Mussolini) et social-démocrates (première période de Noske) servent la bourgeoisie en tant qu’organisation de combat, bandes armées, troupes de choc contre l’armée prolétarienne naissante.

    Avec l’aide du fascisme et de la social-démocratie, la bourgeoisie essaye de regrouper les forces sociales en fabriquant l’apparence d’une victoire politique de la petite bourgeoisie et d’une participation du peuple à l’exercice du pouvoir.

    4. La social-démocratie, tiers Parti de la bourgeoisie

    En Amérique il se fait beaucoup de bruit autour de la création d’un tiers Parti de la bourgeoisie (la petite bourgeoisie). En Europe, la social-démocratie est déjà en un certain sens ce tiers Parti.

    La chose est particulièrement visible en Angleterre, où, aux deux Partis classiques de la bourgeoisie qui jadis se relevaient pratiquement l’un l’autre au pouvoir, c’est ajouté comme facteur gouvernemental le Labour Party, qui fait en réalité à peu près la politique d’une des ailes de la bourgeoisie. Les chefs traîtres du Labour Party sont appelés à coopérer plusieurs années, sous une forme ou sous une autre, à l’exercice du pouvoir de la bourgeoisie.

    Il est également hors de doute qu’en France, en Angleterre et dans beaucoup d’autres pays, les leaders de la 2e Internationale jouent le rôle de misérables bourgeois et sont pratiquement à la tête d’une fraction de la bourgeoisie «démocratique».

    Depuis longtemps déjà l’aile droite du mouvement ouvrier, dégénère de plus en plus en aile gauche de la bourgeoisie et par endroits en aile du fascisme. C’est pourquoi il est historiquement faux de parler de victoire du fascisme sur la social-démocratie. Le fascisme et la social-démocratie (dans la mesure où il s’agit des dirigeants) sont la main droite et la main gauche du capitalisme contemporain ébranlé par la première guerre impérialiste mondiale et par les premières révoltes des travailleurs.

    5. La social-démocratie de nouveau au pouvoir

    Pendant la guerre et immédiatement après la guerre nous avons vu les leaders de la 2e Internationale au pouvoir dans un certain nombre de pays. Le fait s’expliquait par le besoin pratique brutal des impérialistes d’opposer le mouvement ouvrier des pays ennemis.

    À l’heure actuelle la bourgeoisie invite les chefs de la social-démocratie à partager le pouvoir pour la seconde fois. En situation «normale» et sans guerre, ce phénomène témoigne de l’instabilité de l’hégémonie bourgeoise, de colossales anormalités et de terribles crises que recèle pour la bourgeoisie cette situation normale.

    6. Entre la terreur blanche et les «gouvernements ouvriers»

    Malgré une apparence de consolidation du régime bourgeois sa puissance est en réalité de plus en plus minée. La position devient de plus en plus instable. Le parlementarisme vit ses derniers moments.

    Sur les ruines du vieux parlementarisme, la bourgeoisie a de plus en plus de peine à bâtir un équilibre tant soit peu solide. Les dernières élections en France et en Allemagne en sont une illustration : voilà deux Parlements bourgeois de deux grands États d’Europe qui n’ont pas de majorité stable. La bourgeoisie sera ballottée d’un côté à l’autre de la terreur blanche au «gouvernement ouvrier».

    Il peut arriver que dans un avenir prochain nous voyons des «gouvernements ouvriers» non pas dans un pays ou dans deux, mais dans beaucoup. Ils seront le résultat de la lutte du prolétariat pour le pouvoir et des hésitations de la bourgeoisie, inévitables dans la période actuelle.

    Objectivement, ces «gouvernements ouvriers», peuvent être un progrès en ce sens qu’ils témoigneront de la dislocation progressive du régime bourgeois et du manque de suite dans la politique des classes dominantes. Le gouvernement «ouvrier» contre- révolutionnaire (en réalité, libéral) de McDonald est un progrès.

    Mais le rôle des véritables partisans de la révolution prolétarienne doit consister non pas à porter aux nuées de semblables gouvernements «ouvriers», mais à grouper l’armée prolétarienne pour la lutte révolutionnaire intransigeante et franchir au plus vite ce gouvernement soi-disant ouvrier pour faire triompher la dictature du prolétariat.

    7. La signification objective et les perspectives probables de la phase démocratico-pacifiste

    La signification objective de la phase démocratico-pacifiste que nous traversons consiste en ceci que la bourgeoisie ne peut plus se maintenir au pouvoir au moyen des anciennes méthodes. Elle est l’expression de la faiblesse du régime capitaliste et de son déclin.

    Les gouvernements démocratico-pacifistes, actuellement au pouvoir, de même que tous les gouvernements de type analogue qui peuvent y venir, non seulement ne mèneront pas une politique réellement démocratique et pacifique, mais au contraire se teinteront très vite de fascisme. La lutte de classes, loin de se calmer, s’exaspérera encore dans le cadre de cette «démocratie», de ce «pacifisme». L’alternance des régimes (démocratie-fascisme- démocratie) sapera encore plus profondément la base du capitalisme déjà ébranlée.

    De chaque changement les masses populaires et, au premier chef, les masses prolétariennes, sortiront enrichies d’expérience politique et plus décidées à la lutte, tandis que la bourgeoisie et les leaders social-démocrates qui la servent en sortiront chaque fois affaiblis, plus démoralisés et perdant davantage la foi en eux-mêmes et en leur politique.

    Ainsi croîtront les forces de la Révolution prolétarienne, jusqu’au jour de sa victoire décisive.

    3. — La Création de Grands PC, Problème Central de Toute une Époque

    1. La crise du capitalisme et le facteur subjectif

    Si la bourgeoisie mondiale n’a pas été vaincue au terme de la guerre impérialiste, c’est surtout parce que nous n’avions pas dans les pays décisifs de grands PC capables d’organiser la Révolution et de mener au combat les masses spontanément levées contre les fauteurs de la guerre. Le capitalisme a dû à cette circonstance un certain répit.

    À un moment où le capitalisme ne peut plus régner sans la social-démocratie, où le mal qui le mine, bien que chronique, devient de plus en plus irrémédiable, le facteur subjectif c’est-à-dire le degré d’organisation du prolétariat et de son avant-garde, les PC, devient dominant.

    2. Aux masses

    Le mot d’ordre, lancé par le 3e Congrès Mondial : Aux masses !, reste en vigueur totalement. Les succès remportés par l’IC dans la période écoulée n’en sont que les premiers fruits. Certaines Sections ne les ont pas encore consolidés, et si, dans la conquête des masses, nous n’avançons pas, nous pouvons facilement reculer.

    3. La conquête de la majorité

    Le 3e et 4e Congrès s’expriment de la façon suivante au sujet de la conquête de la majorité :

    «§3. La conquête de la majorité :

    Dans ces conditions, l’indication fondamentale du e Congrès Mondial : «Conquérir une influence communiste dans la majorité de la classe ouvrière et mener au combat la partie décisive de cette classes», subsiste dans toute sa force.

    La conception suivant laquelle, dans l’équilibre instable actuel de la société bourgeoise, la plus grave crise peut subitement éclater par suite d’une grande grève, d’un soulèvement colonial, d’une nouvelle guerre, ou même d’une crise parlementaire, garde toute sa force aujourd’hui encore plus qu’à l’époque du 3e Congrès.

    Mais c’est précisément pour cela que le facteur «subjectif» c’est-à-dire le degré de conscience, de volonté, de combat et d’organisation de la classe ouvrière et son avant-garde, acquiert une importance énorme.

    La majorité de la classe ouvrière d’Amérique et d’Europe doit être gagnée ; c’est la tâche essentielle de l’IC à présent comme auparavant.

    Dans les pays coloniaux et semi-coloniaux l’IC a deux tâches : 1) créer un noyau de PC qui défend les intérêts généraux du prolétariat, et 2) appuyer de sautes ses forces le mouvement national révolutionnaire dirigé contre l’impérialisme, devenir l’avant-garde de ce mouvement et mettre en relief et renforcer le mouvement social au sein du mouvement national.

    Le 5e Congrès confirme intégralement les formules des 3e et 4e Congrès. Il repousse catégoriquement comme erronées, d’une part, les tendances de droite qui exigent la conquête préalable de la majorité statistique de toute la classe ouvrière et estime ne saurait être question de batailles révolutionnaires sérieuses avant l’acquisition au communisme de 99 % des travailleurs ; et d’autre part, l’opinion de l’extrême-gauche qui n’a pas encore compris la portée universelle et décisive du mot d’ordre : Aux masses !

    Et, qui a l’air parfois de croire que les PC peuvent être des organisations d’une minorité prolétarienne terroriste et que, sans embrasser les masses ; ils peuvent les conduire au combat n’importe quand.

    4.— Les Conditions de la Formation de PC de Masse

    Ces conditions sont les suivantes :

    §1. La construction du Parti sur la base des Cellules d’usines. L’immense majorité des PC d’Europe conserve les vieux principes d’organisation, empruntés à la social-démocratie. C’est le vestige d’une époque où le Parti était considéré comme une machine électorale auxiliaire. II ne peut être question de créer un PC de masses sérieux et solide tant que ce Parti n’a pas à sa base des Cellules dans les entreprises mêmes (la même remarque se rapporte aux jeunesses, aux femmes, etc…)

    Ce n’est pas seulement une question d’organisation, c’est une question profondément politique. Aucun PC ne pourra mener au combat des masses prolétariennes décisives ni vaincre la bourgeoisie tant qu’il n’aura pas une base solide à l’usine et tant que chaque grande entreprise ne sera devenue une citadelle du PC

    §2. L’action communiste à l’intérieur des syndicats. La formation effective, et non-verbale, d’un réseau de fractions communistes dans les syndicats (légalement si possible, illégalement là où il le faut), une campagne systématique, prolongée pendant des années pour la conquête des syndicats, la réponse à l’invitation des leaders social-démocrates à la scission et à la désertion par un effort encore plus grand d’unité au sein même des syndicats, voilà encore des prémices essentielles de la formation de PC de masses solides.

    §3. La Fondation des Comités d’usines. Le mouvement des Comités d’usines est une nouvelle forme d’organisation du prolétariat, dont il sortira peu à peu de nouveaux syndicats réellement révolutionnaires et qui, dans des circonstances favorables, servira d’embryon aux Soviets de députés ouvriers. Le PC qui n’a pas encore réussi à faire naître un sérieux mouvement de Comités d’usines ou à conquérir une influence importante dans le mouvement déjà existant, ne peut être considéré comme un PC de masse.

    La solution des problèmes énumérés dans ces 5 paragraphes constitue la condition essentielle et élémentaire de l’existence de grands PC Il est impossible autrement d’aborder sérieusement les autres questions de la politique communiste.

    §4. Le Parti et les paysans. Non seulement dans les pays agraires et semi-agraires, mais aussi dans les pays typiquement industriels, la crise provoquée par la guerre impérialiste a rendu des fractions importantes de la population paysanne beaucoup plus accessible aux idées révolutionnaires des communistes.

    Le prolétariat ne peut vaincre ni édifier le régime des Soviets s’il n’a pas, longtemps avant, travaillé à neutraliser certains éléments de la classe paysanne et à gagner les sympathies de certains autres. Les PC qui veulent devenir de grands Partis révolutionnaires ne peuvent se contenter d’avoir des thèses sur la question paysanne, ils doivent savoir établir un contact vivant entre l’avant-garde prolétarienne et l’élite des paysans.

    Ce contact (qui présente une énorme importance pour leur liaison avec l’armée recrutée surtout parmi les paysans) peut être obtenu principalement par l’intermédiaire des ouvriers. Il faut prendre pour règle que les ouvriers révolutionnaires des entreprises où les communistes jouissent d’une grande influence envoient systématiquement dans les campagnes de grandes délégations et recueillent pour cela les ressources matérielles nécessaires. Le manque d’attention pour question paysanne est un vestige de social-démocratie.

    Les PC qui n’ont pas su organiser l’action révolutionnaire chez les paysans ne peuvent être reconnus comme des Partis de masse posant sérieusement la question de la conquête du pouvoir. II va de soi que nos Sections n’en demeurent pas moins des Partis ouvriers marxistes et ne doivent pas dégénérer en Partis ouvriers et paysans.

    §5. La question des nationalités. Dans un certain nombre de pays, le partage du monde, effectué après la guerre impérialiste, a renforcé l’oppression et l’enchevêtrement des nationalités. En Europe, et plus encore dans les colonies et semi-colonies, s’est accumulée une quantité de matières explosives capables de faire sauter la domination bourgeoise.

    Une bonne politique des communistes dans la question nationale, telle qu’elle est fondée en détail dans les thèses du 2e Congrès Mondial, est une des parties essentielles de la conquête des masses et de la préparation d’une révolution victorieuse. Le nihilisme et les déviations opportunistes dont font preuve à l’égard de la question coloniale un certain nombre de PC est le point faible de ces Partis qui, s’ils persistent dans leur erreur, ne pourront jamais remplir leur mission historique.

    5. — Entre Deux Vagues de la Révolution Prolétarienne

    Au cours de l’année dernière ont apparu les premiers indices d’une nouvelle vague révolutionnaire. Les combats d’Allemagne, les insurrections de Bulgarie et de Pologne, les grandes grèves économiques de plusieurs autres pays, annoncent de nouveaux événements révolutionnaires.

    Ce sont précisément les époques intermédiaires entre deux révolutions ou entre deux vagues révolutionnaires qui sont d’ordinaire grosses de déviations opportunistes vers la droite et de déviations d’extrême-gauche vers une passivité cachée sous le radicalisme des mots, vers un menchévisme à rebours.

    6. — Guerre Sans Merci aux Déviations Opportunistes de Droite

    La période écoulée entre le 4 e et le 5 e Congrès a montré des déviations opportunistes, dans le mouvement communiste, plus fortes qu’on n’aurait pu le soupçonner. Un certain nombre de Sections, venues de la social-démocratie, en ont apporté des résidus de traditions non encore effacées. À mesure que les Partis de l’IC deviennent des Partis de masse, les déviations de droite peuvent être plus dangereuses.

    Au Congrès, le fait s’est définitivement éclairci que, dans certains des pays les plus importants pour le mouvement ouvrier, les représentants de la droite ont essayé de déformer la tactique du front unique et du gouvernement ouvrier et paysan en l’interprétant comme une étroite alliance politique, comme une coalition organique de «tous les Partis ouvriers», c’est-à-dire comme l’union politique des communistes avec la social-démocratie.

    Pour l’IC, la tactique du front unique avait pour but principal de combattre les chefs de la social-démocratie contre-révolutionnaire et de libérer les ouvriers social-démocrates de leur influence ; la droite l’a interprétée comme équivalant à une union politique avec la social-démocratie.

    Le Congrès condamne résolument cette déviation petite- bourgeoise, repousse catégoriquement l’altération de la tactique du front unique qui s’est marquée dans plusieurs Sections et déclare qu’il combattra sans merci cette politique radicalement contraire aux décisions de l’IC.

    7. — Les Déviations d’Extrême-gauche

    Le bolchévisme s’est constitué dans une lutte acharnée non seulement contre le menchévisme et le centrisme, mais aussi contre les déviations d’extrême-gauche. L’IC, organisation internationale du bolchévisme, fait dès ses premiers jours une guerre impitoyable à la fois à l’opportunisme de droite et aux déviations d’extrême-gauche qui souvent ne sont que le revers de l’opportunisme.

    Entre le 4 e et le 5 e Congrès, les déviations d’«extrême-gauche» ont revêtu un aspect particulièrement dangereux dans la question du travail dans les syndicats réactionnaires. Le mouvement en faveur de l’abandon des syndicats est gros de dangers immenses pour le communisme.

    Si l’IC ne donne pas une riposte catégorique à ces tendances qui font uniquement le jeu des chefs contre-révolutionnaires de la social-démocratie, désireux d’être débarrassés de la présence des communistes dans les syndicats, nous n’aurons jamais de Partis véritablement bolchéviks.

    Les déviations d’ «extrême-gauche» se sont manifestées également dans le rejet par principe de la manœuvre en général et, en particulier, dans l’incompréhension de la tactique du front unique, dans une mauvaise volonté à la mettre en pratique, ou bien dans son admission seulement en matière économique et pas en politique, etc.

    Mais la manœuvre ne doit naturellement pas donner prétexte à méthodes opportunistes.

    Tout en combattant sans merci les déviations opportunistes de droite, l’IC doit systématiquement expliquer la terreur et la nocivité de la déviation d’«extrême-gauche», hostile la création de Partis de masses aptes à la manœuvre.

    8. — La Tactique du Front Unique

    En dépit de grandes erreurs opportunistes et de sa déformation par la droite au point d’entraîner parfois une dégénération des PC, la tactique du front unique, entre le 4e et le 5e Congrès de l’IC, a en somme été utile et nous a rapprochés de la transformation de plusieurs Sections en grands Partis.

    Pendant la période où les PC des principaux pays restent en minorité, où la social-démocratie, par suite de toutes sortes de circonstances historiques, entraîne encore à sa suite une fraction considérable du prolétariat, où l’offensive capitaliste continue sous une forme ou sous une autre, où la classe ouvrière n’a pas encore la force même de se défendre sérieusement, la tactique du front unique était et demeure absolument juste et indispensable.

    L’expérience de la tactique du front unique, à laquelle l’IC a déjà fait allusion, demeure et il est apparu que de simples formules ne mènent plus à rien, que, dans la période actuelle, les Partis de l’IC ne peuvent rien entreprendre avec la tactique du front unique en soi et que cette tactique, de méthode bolchévique et révolutionnaire, menace de se changer en tactique opportuniste et en source de révisionnisme.

    La tactique du front unique est simplement un moyen d’agiter et de mobiliser les masses pour toute une période. Vouloir interpréter cette tactique comme une coalition politique avec la social-démocratie contre-révolutionnaire, c’est un opportunisme repoussé par l’IC.

    La tactique révolutionnaire du front unique n’est justement appliquée que si chaque Section, en pleine conscience de ses dangers et sans adopter des formules mécaniques, se propose concrètement de mobiliser les masses pour certains buts et revendications partiels, de les organiser, pour toujours s’orienter sur la révolution et l’entraînement au combat de la majorité des couches décisives du prolétariat afin de réaliser enfin l’assaut à la bourgeoisie.

    1. La tactique du front unique par en bas est nécessaire toujours et partout, à l’exception peut-être des rares moments de lutte décisive où les ouvriers révolutionnaires communistes doivent tourner leurs armes même contre les groupes du prolétariat qui, dans leur inconscience, se battent contre nous. Mais même dans ces moments exceptionnels, il faut faire tout son possible pour réaliser l’unité par en bas avec les ouvriers qui ne marchent pas encore avec les communistes. L’expérience de la révolution russe et de la lutte révolutionnaire en Allemagne a montré que cela est possible.

    2. L’unité par en bas et les pourparlers par en haut à la fois sont une méthode à employer assez souvent dans les pays où la social- démocratie est encore une force. Ces pourparlers avec les chefs ne doivent pas lier l’indépendance communiste du Parti. Ici la base doit encore être l’unité par en bas. L’appel aux organes officiels de la social-démocratie (lettres ouvertes, etc.) ne doit pas devenir une routine.

    Le principal est de créer au préalable parmi les ouvriers (y compris les ouvriers social-démocrates) un état d’esprit favorable à l’action projetée, à la campagne à entamer pour, après seulement, s’adresser aux organes officiels de la social-démocratie, les placer ainsi en face du fait accompli d’une classe ouvrière déterminée ou, s’ils refusent de la soutenir, les démasquer devant les masses.

    Il va de soi que les PC doivent conserver leur pleine et entière indépendance et, à tout moment des pourparlers, leur physionomie communiste. À cet effet, tous les pourparlers avec les dirigeants social-démocrates doivent être menés à découvert et les communistes doivent tout faire pour fixer sur eux l’attention des ouvriers.

    3. L’unité seulement par en haut est une méthode que l’IC repousse catégoriquement et résolument.

    Le plus important est le front unique par en bas, c’est-à-dire l’union réalisée, sous la direction du PC, entre les ouvriers communistes, social-démocrates et sans-Parti d’une entreprise, d’un Comité d’usine, d’un syndicat, d’un seul centre industriel ou de toute une région, d’une profession ou de tout le pays, etc.

    Il va de soi que la tactique du front unique peut et doit varier avec la situation concrète de chaque pays et de chaque période. Une application routinière et globale la priverait de toute signification, la transformerait en son contraire.

    En concrétisant les méthodes tactiques, il faut tenir compte de toute la situation du pays, de sa structure, de l’état de la Section en portant le centre de gravité sur la mobilisation des masses par en bas, la création d’organes de combat, la liaison avec les principaux éléments des masses laborieuses (prolétariat, paysans, ouvriers agricoles) qui doivent être appelés au combat.

    La tactique du front unique a été et reste une méthode de révolution et non d’évolution pacifique. Elle a été et reste une tactique de manœuvre stratégique révolutionnaire de l’avant-garde communiste entourée d’ennemis et luttant tout d’abord contre les chefs traîtres de la social-démocratie contre-révolutionnaire ; elle n’est en aucun cas une tactique d’alliance avec eux.

    Elle a été et reste une tactique consistant à gagner progressivement à notre cause les ouvriers social-démocrates et les meilleurs des sans-parti, mais en aucun cas à rabaisser nos objectifs au degré de compréhension des ouvriers.

    9. — Le Gouvernement Ouvrier et Paysan

    Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan a été et est encore compris par l’IC comme une déduction de la tactique du front unique dans l’acception ci-dessus indiquée.

    Les éléments opportunistes de l’IC ont essayé, dans la période écoulée, d’altérer non seulement le mot d’ordre du front unique, mais aussi celui du gouvernement ouvrier et paysan, en l’interprétant comme un gouvernement  «dans le cadre de la démocratie bourgeoise », comme une alliance politique avec la social-démocratie.

    Le 5e Congrès Mondial repousse catégoriquement une telle interprétation. Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan est, pour l’IC, traduit dans la langue de la révolution, dans la langue du peuple, la dictature du prolétariat. La formule du gouvernement ouvrier et paysan, née de l’expérience de la Révolution russe, a été et ne peut être qu’un moyen d’agiter et de mobiliser les masses en vue du renversement révolutionnaire de la bourgeoisie et de l’instauration du régime soviétiste.

    Pour former un gouvernement véritablement ouvrier ou ouvrier et paysan, il faut avant tout renverser la bourgeoisie, qui actuellement détient partout le pouvoir, sauf dans l’URSS. Abattre et mettre hors d’état de nuire la bourgeoisie, réprimer sa résistance et créer les prémisses réelles d’un véritable gouvernement ouvrier et paysan, tout cela n’est possible que par le soulèvement armé du prolétariat entraînant les meilleurs des paysans, et par la victoire de travailleurs dans la guerre civile.

    Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan a été et demeure la formule pour aborder les masses, l’ensemble des travailleurs.

    Dans la période présente, où les chefs social-démocrates s’engagent de plus en plus dans des combinaisons gouvernementales avec la bourgeoisie, tandis que les ouvriers qui suivent encore la social-démocratie sont aux prises avec une misère de plus en plus profonde, il se crée une situation qui est souvent très favorable à l’application de la tactique du front unique et du gouvernement ouvrier et paysan.

    Si, précisément dans la période où la social-démocratie officielle devient le  «tiers parti » gouvernemental de la bourgeoisie et où ses chefs s’enfoncent de plus en plus dans les combinaisons gouvernementales de la bourgeoisie, nous réussissons, nous autres communistes, par un habile emploi de tactique du front unique, à entraîner un nombre considérable d’ouvriers social-démocrates d’abord dans les combats économiques, puis dans les combats politiques côte à côte avec nous, nous obtiendrons par là même une conjoncture on ne peut plus propre à ruiner l’influence de la social-démocratie et à attirer au communisme de nombreux éléments travailleurs.

    Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan n’est en aucun cas, pour les communistes, une tactique d’accords et de transactions parlementaires avec les social-démocrates.

    Bien au contraire, l’activité parlementaire des communistes doit, elle aussi, avoir pour objet de démasquer le rôle contre-révolutionnaire de la social-démocratie et d’expliquer aux travailleurs la falsification et l’imposture des gouvernements  «ouvriers » créés par la bourgeoisie et qui ne sont en réalité que des gouvernements bourgeois libéraux.

    10. — Revendications Partielles

    La tactique de l’IC non seulement n’exclut pas, mais sous-entend l’emploi, dans notre agitation et dans notre politique, des revendications partielles. Il faut seulement ne pas perdre de vue trois circonstances :

    a) les revendications partielles que nous formulons doivent être vivantes, c’est-à-dire pouvoir être soutenues par les travailleurs ;

    b) elles doivent être dans la ligne de la révolution ;

    c) elles doivent toujours être rattachées au but final ; nous devons aller du particulier au général, des revendications partielles à tout le système de revendications dont l’ensemble constitue la révolution sociale.

    Tandis que les réformistes formulent les revendications partielles au lieu et place de la Révolution prolétarienne, les communistes s’en servent pour mieux préparer la révolution prolétarienne. Toute l’agitation des communistes en faveur des revendications partielles lei de la façon la plus étroite chacune de ces revendications au programme de la Révolution, surtout dans les pays où il y a crise du régime bourgeois.

    11. — Les Illusions Démocratico-pacifistes

    La situation actuelle engendre inévitablement pour un temps, parmi certains éléments des travailleurs, des illusions démocratico-pacifistes. Les chefs de la social-démocratie feront tout leur possible pour les encourager.

    La lutte contre ces illusions, qui sera pour les communistes une des tâches principales de cette période, n’exclut en aucune façon l’application de la tactique du front unique.

    Bien au contraire, c’est justement l’application habile de cette tactique (participation des ouvriers social-démocrates à la lutte économique des communistes, revendications politiques élémentaires impossibles cependant à satisfaire pour les gouvernements démocratiques et «ouvriers» qui sera le meilleur moyen de venir à bout des illusions démocratico- pacifistes.

    L’application de la tactique du front unique ne sera couronnée de succès qu’à une condition : c’est que les illusions démocratico- pacifistes ne pénétreront pas dans nos rangs et que les communistes ne perdront pas de vue les dangers du front unique et du gouvernement ouvrier et paysan, plus d’une fois signalés par l’IC.

    12. — Occident et Orient

    L’IC est l’organisation de la Révolution universelle. Cependant un certain nombre de circonstances ont fait que ses efforts ont été trop tournés vers l’Occident. Il est indispensable de porter une attention beaucoup plus grande sur l’Orient, au sens le plus large. Aux Indes, au Japon, en Chine, en Turquie se sont créées les premières Cellules d’un mouvement communiste.

    Dans tous ces pays commence une vaste lutte économique des ouvriers. L’IC doit accorder une attention renforcée à ce mouvement et en outre prêter son concours au mouvement de toutes les nationalités opprimées contre l’impérialisme, dans l’esprit de la résolution du 2e Congrès, en se rappelant que ces mouvements sont une partie intégrante du grand mouvement d’affranchissement qui seul peut conduire à la Révolution non seulement en Europe, mais dans le monde.

    13. — Deux Perspectives

    L’époque de la révolution internationale est ouverte. La vitesse de son développement et en particulier la vitesse de l’évolution révolutionnaire sur tel ou tel continent, dans tel ou tel pays, est impossible à prévoir avec exactitude. Deux perspectives sont possibles : un développement ralenti de la Révolution prolétarienne n’est pas exclu ; d’un autre côté le terrain est à tel point miné sous le capitalisme et ses antagonismes s’exaspèrent avec une telle rapidité que la solution peut intervenir ici ou là à temps très court.

    L’IC doit bâtir sa tactique sur ces deux éventualités. Sa manœuvre doit consister à savoir rapidement s’adapter aux changements de vitesse de l’histoire et en tout cas, même si cette vitesse diminue, elle doit rester le grand PC intransigeant de la Révolution prolétarienne et en cette qualité grouper les masses et les former à la lutte révolutionnaire pourvoir.

    14. — La Bolchévisation des Partis et la Formation du PC Universel

    L’objectif essentiel de cette période de l’IC est la bolchévisation de ses Sections. Ce mot d’ordre ne doit en aucune façon être compris comme la transposition automatique de toute l’expérience du Parti bolchévik aux autres Partis. Les traits essentiels d’un Parti réellement bolchévik se ramènent à ce qui suit :

    a) le Parti doit être une véritable organisation de masses, c’est-à- dire, légal ou illégal, se maintenir en contact étroit et indispensable avec les ouvriers et exprimer leurs besoins et leurs espoirs.

    b) il doit être capable de manœuvrer, c’est-à-dire ne pas avoir une tactique dogmatique et sectaire, mais employer contre l’ennemi n’importe quel manœuvre stratégique sans cesser de rester lui- même : c’est la faute capitale de nos Partis de souvent ne pas le comprendre ;

    c) il doit être un Parti essentiellement révolutionnaire et marxiste, poursuivant irrésistiblement son but dans toutes les circonstances et faisant le maximum d’efforts pour rapprocher l’heure de la victoire du prolétariat sur la bourgeoisie ;

    d) il doit être un Parti centralisé, n’admettant ni fractions, ni tendances, ni groupements, un Parti monolithe fondu d’un seul bloc ;

    e) doit se livrer dans l’armée bourgeoise à un travail systématique de propagande et d’organisation.

    La bolchévisation des Partis, cela signifie le transfert dans nos Sections de tout ce qui dans le bolchévisme a été et est encore d’une portée internationale.

    C’est seulement à mesure que les principales Sections de l’IC se transforment en Partis bolchéviks, que l’IC deviendra vraiment le Parti bolchévik universel pénétré du léninisme.

    15. — Objectifs des Principales Sections de l’IC

    1. Angleterre. — Dans la situation actuelle, c’est l’Angleterre avec ses possessions qui joue généralement le premier rôle dans toutes les questions internationales. Il s’ensuit que le PC anglais acquiert une importance exceptionnelle.

    Mettre ce Parti en état de répondre aux tâches qui lui incombent doit être un des objectifs essentiels de l’IC Le PC anglais, dans ses rapports avec le Gouvernement travailliste, s’est rendu coupable de certaines déviations de doctrine et de tactique. Il doit dans la période qui commence, concentrer ses efforts sur les buts suivants :

    a) soutenir et encourager l’aile gauche existant à l’intérieur du Labour Party, de façon à ce qu’il devienne une véritable fraction révolutionnaire, et en même temps développer une action intense au sein de l’opposition syndicale ;

    b) combattre dans les masses, clairement et sans ambiguïté le «Gouvernement ouvrier» de McDonald en démasquant son caractère bourgeois hostile la masse ouvrière ;

    c) dans les élections partielles et dans la prochaine campagne électorale, avoir une ligne communiste nette et bien tranchée ;

    d) conduire les conflits économiques de façon à donner la prépondérance aux organes ouvriers du front unique (Comités de grives, conseils d’usines, etc.) et à rendre évident aux ouvriers le sens politique de ces conflits ;

    e) engager une active campagne pour créer des Comités d’action dans les entreprises et dans les syndicats, pour que, par leur pression, ils obligent le Gouvernement à réaliser la partie de son programme qui a laissé tomber, à savoir, la socialisation des chemins de fer et des mines, l’augmentation de l’allocation aux chômeurs, la construction de maisons ouvrières, etc..

    C’est en démontrant par la misère quotidienne des ouvriers, la trahison du Gouvernement travailliste, c’est en cherchant à gagner les masses au combat pour les buts énumérés plus haut, que le PC détruira les illusions subsistant à l’égard du Gouvernement du Labour Party ;

    f) se mettre en liaison avec les colonies, soutenir les mouvements de libération nationale des pays coloniaux, traiter systématiquement les questions du militarisme, du marinisme, du désarmement, des rapports de l’Angleterre avec la Russie soviétiste et la France impérialiste, du rapport des experts ;

    g) s’appliquer à s’étendre son influence sur les sans-travail ;

    h) travailler à la réforme intérieure du parti, au recrutement de nouveaux membres parmi les ouvriers ; à la constitution de Cellules d’entreprises, l’éducation communiste des membres, à l’extension des connaissances sur le mouvement ouvrier international.

    France.— Le Congrès enregistre avec satisfaction les progrès sensibles faits par le Parti français, qui a exclu tous les éléments douteux et devient un véritable Parti du prolétariat.

    Cependant il signale au Parti frère de France l’instante nécessité :

    a) de créer un véritable appareil, sans lequel l’existence d’un Parti prolétarien est impossible ;

    b) de travailler sérieusement les centres industriels particulièrement ceux où, comme l’ont montré les dernières élections, les socialistes jouissent encore d’une grande influence. Paris est indubitablement d’une grande importance, mais on ne saurait songer à la victoire tant que les principaux centres industriels ne seront pas acquis ;

    c) de faire un sérieux travail parmi les paysans ;

    d) d’appliquer comme il convient la tactique du front unique. Les chefs du socialisme français n’ont pas osé entrer ouvertement dans le gouvernement Herriot, mais ils en font partie en fait. De là la nécessité de changer noire mode d’agitation, tout en restant dans les limites de la tactique du front unique ;

    e) d’accorder la plus sérieuse attention à la création de Cellules d’entreprises, sans quoi il ne peut y avoir de PC de masse ;

    f) la Seine doit se proposer d’avoir sous peu 25,000 membres. La même campagne de recrutement doit être faite partout ;

    g) de faire tout pour créer un vaste mouvement de Comités d’usines ;

    h) de venir à bout des vestiges des tendances de droite et de rassembler tout le Parti sous le drapeau au de l’IC en constituant un centre solide et vraiment capable de fonctionner. Tous frottements entre la gauche et l’ancien centre doivent cesser. Tout le Parti doit être une gauche ne faisant qu’un avec l’IC ;

    i) de raffermir à tout prix les liaisons internationales et avant tout d’entretenir un contact constant avec le Parti allemand. La grosse industrie française joue un rôle d’une importance toujours croissante dans les antagonismes impérialistes et dans la politique intérieure.

    Le PCF a à combattre l’influence croissante de cette grande industrie, avant tout à propos de l’exécution du rapport des experts et en accord étroit avec le Parti allemand.

    j) de hâter l’entrée, dans le Parti de tous les éléments communistes murs de la CGTU.

    Les chefs de la CGTU doivent prendre une position plus nette contre l’anarchisme et le syndicalisme vulgaire de la vielle école.

    Dans cette lutte aucune place ne doit être accordée à la théorie fausse de la neutralité dans les questions fondamentales touchant le communisme.

    Il ne faut pas oublier un seul instant que, malgré tous les progrès accomplis, ni le Parti, ni les syndicats révolutionnaires n’ont encore vraiment gagné les masses et consolidé leur influence organiquement, de sortie qu’ils ne sont pas encore l’avant-garde authentique du prolétariat français.

    Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan reste particulièrement opportun dans la France contemporaine. La propagande de ce mot d’ordre dans l’esprit du 5e Congrès sera l’axe de toute agitation du PC français.

    2. Allemagne. — Dans son essence les perspectives de la Révolution restent les mêmes que celles qui ont été tracées par l’Exécutif en automne 1923. Il se peut que la victoire du pacifisme démocratique en Angleterre et en France redonne une certaine force à la bourgeoisie et à t la social-démocratie d’Allemagne.

    Les illusions démocratico-pacifistes venant par ricochet d’Angleterre et de France, peuvent atteindre l’Allemagne. Il n’est pas exclu que les gouvernements de MacDonald et d’Herriot relèvent provisoirement le prestige parlementaire de la social-démocratie allemande et même la remettent en selle.

    Tout cela complique la situation politique et rend possible une évolution lente. II n’en est pas moins vrai que la situation internationale de la bourgeoisie et de la social-démocratie allemandes reste absolument désespérée, si disposées qu’elles soient à renier trois fois l’intérêt de la «patrie» et a bénir les Experts. La crise intérieure peut s’aggraver très rapidement. Cela est attesté par les grands combats de classes de ces derniers temps.

    La crise du Parti, en somme est surmontée. Mais pour en rendre le retour impossible, le CC actuel doit : d’une main de fer donner la riposte à toute tendance d’abandon des syndicats social-démocrates ; engager tous les militants à appliquer en conscience la tactique de l’IC et du Congrès de Francfort dans les syndicats ; opérer énergiquement et résolument la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’entreprises ; cela rendra des services inappréciables en particulier en cas de travail illégal ; repousser catégoriquement et impitoyablement les tendances qui, sous les masque du radicalisme, veulent introduire dans le Parti le révisionnisme théorique et les déviations menchéviques ; utiliser tous les militants indépendamment de leur appartenance à telle ou telle des anciennes fractions ; appliquer énergiquement et fermement les principes de l’IC sur la question paysanne ; faire de même pour la question nationale ; au travail parlementaire, unir l’intransigeance et la brutalité communiste au savoir faire ; accorder beaucoup plus d’attention au mouvement des Comités d’usines.

    Le CEIC et toutes les Sections sœurs doivent offrir au CC du PCA un concours illimité. Dans ces conditions le Parti n’aura aucune difficulté à maîtriser les déviations de droite qui lui ont porté un si grand préjudice et qui ci et là peuvent encore renaître.

    3. Tchécoslovaquie. — Les tendances de droite qui en Allemagne sont arrivées a leur terme logique et, par conséquent ont manifesté toute leur inconsistance, ont été observées et s’observent encore clans le Parti tchécoslovaque aussi. Si elles n’y ont pas fait aussi évidemment faillite qu’en Allemagne c’est simplement parce que le cours de la vie politique tchécoslovaque est plus lent. Au sein de I’IC, les Sections prennent connaissance de leurs fautes réciproques et peuvent ainsi les éviter. C’est ce que doit faire le Parti tchécoslovaque, qui est constitué pour la plupart par d’excellents éléments prolétariens, mais qui cependant n’est pas arrivé encore à se transformer en un véritable Parti bolchévik. II lui faut :

    a) redresser sa ligne théorique :

    b) reconnaître l’erreur des formules qui figurent dans les Résolutions de Prague et de la dernière Conférence de Brunn ;

    c) inspirer à tout le Parti l’opinion qu’il ne suffit pas d’embrasser les masses, mais qu’il est nécessaire de les conduire aux luttes partielles révolutionnaires et de les préparer par l’idéologie et l’organisation à la lutte finale ;

    d) dans l’application de la tactique du front unique, combattre les tendances de droite et exécuter sans hésitations les décisions du 5 e Congrès ;

    e) déployer plus d’activité parmi les paysans’;

    f) avoir un programme colonial et pratiquer une politique nationale dans un sens clairement léniniste ;

    g) conduire son activité parlementaire dans le sens du parlementarisme révolutionnaire ;

    h) raffermir l’activité du CC, rendre la direction plus constante, plus attentive, plus énergique ;

    i) renforcer le CC d’éléments nouveaux tirés de l’élite ouvrière ; j) accueillir avec camaraderie et sans préventions les exigences fondées de la minorité manifestées au 5e Congrès, surtout des jeunesses.

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    de l’Internationale Communiste

  • Résolution sur le Rapport du CEIC au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Le 5e Congrès de l’IC approuve sans réserve le fonctionnement du CEIC depuis le 4e Congrès et constate que sous sa direction juste et ferme, l’IC est presque partout sortie plus forte de cette étape d’attaques acharnées du capital combattant pour sa dictature.

    Dans ces dix-huit mois, l’offensive du capital, déjà commencée auparavant, s’est développée, dans la plupart des pays capitalistes, en agressions violentes contre le prolétariat révolutionnaire ; ainsi, en Bulgarie, en Italie, en Allemagne, en Pologne, en Finlande, en Roumanie, en Yougoslavie, en Espagne, au Japon et aux Indes. Même en France, les représailles contre les grévistes et les arrestations en masse de communistes sont à l’ordre du jour ; en Tchécoslovaquie, ce sont les lois d’exception ; en Autriche, les crimes fascistes ; en Norvège, depuis de longs mois, les incursions presque journalières de la police, la justice de classe et la formation d’une garde-blanche Le mouvement communiste n’a pas subi ces attaques sans de lourdes pertes. Il n’a pas toujours évité les erreurs et les déviations.

    Cependant, dans aucun pays, la puissance capitaliste n’a été en état de briser l’organisation de l’avant-garde communiste, ni de l’isoler du gros du prolétariat.

    En Italie même, l’extermination systématique du communisme ne put causer le moindre dommage à son influence sur les masses, pas même aux élections parlementaires.

    En Bulgarie, après leur défaite sanglante, les ouvriers et les paysans qui avaient combattu sous la direction des communistes se rallièrent immédiatement et unanimement, lors des élections, autour du drapeau communiste

    En Allemagne, après la grande défaite du mouvement, après une dangereuse crise intérieure et les persécutions les plus brutales, le PC a rapidement reformé ses rangs, s’est donné une ferme direction et a démontré, par une brillante victoire électorale où il a recueilli 3 millions de voix, que sa force révolutionnaire est plus grande et plus ferme que jamais. En France et en Tchécoslovaquie, les victoires électorales des communistes ont manifesté un progrès évident de l’influence du communisme sur les masses.

    En face de ces grandes luttes de classes, le CEIC a pris diverses mesures d’un caractère décisif pour la juste orientation des Sections.

    Le Congrès tient notamment à constater les cas suivants :

    §1. Aux Conférences internationales d’Essen et de Francfort au printemps de 1923, le CEIC indique justement l’objectif concret de préparation révolutionnaire intense imposé par l’occupation de la Ruhr au prolétariat occidental, surtout aux PC d’Allemagne et de France.

    §2. Lorsqu’en août, la montée du mouvement révolutionnaire annonça en Allemagne l’approche d’une situation favorable à la lutte décisive pour le pouvoir, le CEIC a justement demandé l’orientation immédiate du Parti vers cet objectif immédiat ; il lui a accordé à cet effet tout le concours possible et a mobilisé plusieurs Sections pour soutenir le plus vigoureusement possible la révolution allemande.

    §3. Après la capitulation d’octobre, effectuée presque sans combat et rendue possible par la trahison des chefs social-démocrates et l’insuffisance de la direction communiste, il était absolument juste et nécessaire que le C.E., averti par la gauche du PC allemand, et avec le soutien de cette gauche, soumit à une sévère critique l’attitude opportuniste du CC, condamnât sa déformation de la tactique du front unique lors de l’expérience saxonne et, par une lutte encore plus impitoyable contre l’opportunisme, en tirant les conséquences politiques.

    §4. Le CEIC avait déjà critiqué, d’après la conception de la gauche, les déraillements opportunistes du Congrès de Leipzig ; il avait, par deux fois avant octobre, complété la Centrale désignée à Leipzig en y faisant entrer des représentants de l’opposition de gauche.

    Maintenant, avec son concours, l’union de la gauche et du centre en un bloc de combat contre la droite fut réalisée et la direction confiée à ce bloc, dans la certitude que le Parti approuverait et confirmerait cet éloignement de la droite banqueroutière. C’est ce qui arriva.

    Cette solution énergique vint en aide au Parti allemand, écarta le danger de scission provoqué par les antagonismes intérieurs insurmontables et empêcha la crise du Parti allemand de dégénérer en une crise de toute l’Internationale à la suite de la panique déjà sensible çà et là chez les éléments incertains. Le mérite en revient à la classe ouvrière allemande comme au Parti allemand, qui ont exigé avec la dernière énergie l’extirpation des déviations de droite et qui, avec le soutien de l’IC ont trouvé en eux la force de sortir sans découragement et sans affaiblissement d’une crise aussi grave.

    §5. En face des dangers de déviation de droite que l’application de la tactique du front unique avait fait apparaître plus menaçants qu’on ne s’y attendait, le CEIC a repoussé énergiquement, comme une interprétation opportuniste, toute tentative de faire de cette tactique plus qu’une méthode révolutionnaire d’agitation et de mobilisation des masses, toute tentative de faire servir le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan non pas à une agitation pour la dictature prolétarienne, mais à une coalition pour la démocratie bourgeoise. Aux représentations opportunistes de la social-démocratie le CEIC a opposé son véritable caractère d’aile gauche de la bourgeoisie

    §6. Mettant à profit la leçon des événements d’Allemagne pour perfectionner l’organisation communiste, le CEIC a pris d’énergiques mesures, en Allemagne et ailleurs, pour la construction des Cellules d’entreprises, comme base des Partis. Ces mesures ont conduit, dans plusieurs pays, à des résultats sensibles.

    §7. En face de la passivité à courte vue et opportuniste qui s’était révélée dans l’attitude du CC bulgare lors du coup d’État de juin 1923, Le CEIC s’est immédiatement efforcé par une critique franche et très instante, de pousser le Parti bulgare dans la voie d’une sérieuse préparation de la lutte armée en vue d’une attaque à prévoir de la contre-révolution.

    Mais il n’a pas réussi alors à faire admettre suffisamment son point de vue par la direction du Parti. Ce n’est qu’après sa défaite que ce point de vue fut adopté, et, sur cette plate- forme, que le PCB resserra ses rangs et se débarrassa de son aile droite pourrie.

    §8. De même en France avec la collaboration du CEIC et avec le soutien de la majorité du CD, le PC fut épuré de la plus grande part du ballast opportuniste et consolidé. La même opération s’est accomplie en Norvège avec les plus grandes difficultés : les communistes, minorité mal organisée, ont mené dans le Parti ouvrier opportuniste une rude lutte de fraction, sans cesse exposés au danger d’être jetés à la porte par une direction hostile au communisme.

    L’ambition sans borne des chefs opportunistes se changeant de plus en plus en sabotage déclaré et systématique des décisions de l’Internationale et même en désertion effrontée après la défaite d’octobre, il est impossible de tolérer la continuation de ces menées au nom du communisme.

    Quoi qu’il fut à prévoir qu’en cas de rupture de la direction avec l’IC, de bons prolétaires suivraient leurs chefs anti-communistes, le CEIC a dû demander au Congrès National du Parti norvégien une décision nette pour ou contre la loyale collaboration avec l’Internationale. D’où la scission et la fondation du PC de Norvège. Pendant ces 6 mois, le PCN acquit l’autorité d’un grand Parti révolutionnaire, par son activité et surtout par sa participation active aux grands conflits du travail.

    La lutte des adversaires norvégiens de l’Internationale a eu en Suède, avec les attaques des éléments de droite, un écho qui causa quelques panique, mais fut éteint par le C.E.

    §9. Le Parti Polonais a pris à son 2e Congrès, avec la participation active du CEIC, des résolutions qui fournissent un terrain bolchevik solide de sa croissance et sa consolidation. Mais son CC n’a pas déployé dans sa conduite pratique, en particulier lors des grands combats d’octobre, l’activité révolutionnaire voulue. Dans les questions russe et allemande, il a soutenu la droite et cherché à étouffer dans ses rangs, toute critique de gauche.

    §10. Le P. C. Tchécoslovaque n’a pas été exempt de fautes et de déviations opportunistes, ce qui est apparu entre autres dans son interprétation des décisions du 4e Congrès sur le front unique et le gouvernement ouvrier. Des hésitations et des confusions opportunistes se sont aussi fait jour chez lui dans les questions russe et allemande.

    Le Parti y a déployé dans certains domaines une activité plus grande, mais il n’a pas su rattacher les Interventions parlementaires aux actions des masses prolétariennes ni préparer convenablement ces dernières aux futurs combats révolutionnaires.

    §11. Des mouvements de masse de la classe ouvrière en Hongrie montrent que la situation est mûre pour l’organisation et la construction d’un PC Aux communistes hongrois incombe to tâche de l’organisation du Parti et, pour avancer ce travail, de hâter la liquidation déjà commencée des conflits de fractions.

    §12. Des déviations de droite se révélèrent aussi dans les Partis britannique et américain sur la question du front unique et des rapports du PC avec les chefs du Labour Party «tiers parti» de la bourgeoisie, le CEIC a réussi à convaincre les camarades anglais et américains de la nécessité de réviser leurs opinions. Les problèmes originaux et nouveaux posés par le mouvement révolutionnaire anglo-saxon ont été traités en détail à plusieurs reprises par le CEIC et réclameront encore d’avantage à l’avenir l’attention de la direction internationale.

    §13. Le CEIC a également, le cas échéant combattu les déviations d’extrême-gauche. Dans une fraction du PC italien subsiste toujours un dogmatisme non marxiste qui refuse par principe de régler la tactique sur des situations concrètes et par là entrave la capacité de manœuvre du Parti.

    Le PCI, s’il veut devenir un Parti de masses, doit se placer aujourd’hui sans réserve sur le terrain tactique de l’IC. La fusion des [illisible] avec le PC résoudra une question qui a causé des désaccords entre le PCI et l’IC Mais même après cette fusion, le PCI devra se préoccuper de conquérir les masses qui appartiennent aujourd’hui au P.S.

    §14. Dans les Syndicats, des progrès sont à constater dans bien de pays vers l’unité et l’intensité du travail (surtout en France). Des succès considérables (entre autres en Angleterre) ont été obtenus. En Allemagne, un état d’esprit d’extrême-gauche provoqué l’hiver dernier par la bureaucratie réformiste a amené une masse de communistes et de sympathisants à sortir des Syndicats.

    Le PC ne s’étant pas pendant un certain temps opposé catégoriquement à cette dangereuse déviation, le CEIC est intervenu de la façon la plus instante jusqu’à ce que la décision du Congrès de Francfort ait mis un terme à ce phénomène catastrophique et a mené un renversement total d’opinion en faveur du travail révolutionnaire au sein des Syndicats.

    §15. La propagande parmi les classes moyennes semi-prolétariennes et petites-bourgeoises a été souvent recommandée aux Sections pour enlever sa base au fascisme. On a en effet obtenu d’importants succès par cette tactique en Allemagne, en Italie presque aucun.

    §16. Le CEIC n’a cessé de recommander à toutes les Sections une agitation permanente et active en vue de gagner les paysans pauvres à la cause de la révolution prolétarienne. À cet effet le mot d’ordre de «gouvernement ouvrier» a été élargi en la formule «gouvernement ouvrier et paysan». La fondation de l’Internationale Paysanne, initiative de la plus haute importance, s’est opérée avec le concours énergique du CEIC.

    L’élaboration d’une politique agraire communiste indépendante s’imposera prochainement à presque toutes nos Sections.

    §17. En ce qui concerne la question des nationalités, le CEIC a maintes fois rappelé à l’ordre, pour exécution défectueuse des résolutions du 2 e Congrès, les Sections pour lesquelles ce problème est d’une importance vitale. Le principe essentiel du léninisme, exigeant une action énergique et incessante des communistes pour le droit des peuples à disposer de leur sort (jusqu’à se séparer et former un État indépendant) n’a pas encore été appliqué par toutes les Sections comme il convient.

    §18. À côté de la nécessité de gagner les sympathies des masses paysannes et des minorités nationales opprimées, le C.E a maintes fois souligné dans ses directives l’importance qu’il y a à obtenir de l’alliance des mouvements d’émancipation nationale des peuples coloniaux et de tous les peuples orientaux au prolétariat révolutionnaire des pays capitalistes. Cela suppose non seulement une extension de la liaison immédiate du CEIC avec les mouvements d’émancipation nationale d’Orient, mais encore un contact étroit entre les Sections des pays impérialistes et les colonies de ces pays et avant tout, dans chaque pays, une lutte permanente et acharnée contre la politique coloniale de la bourgeoisie. À ce point de vue l’action communiste est partout très faible.

    Pour le travail dans l’armée, le CEIC, de concert avec l’ICJ, a obtenu de remarquables résultats préparatoires (dans la Ruhr). Des Sections qui avaient à combattre les plus fortes puissances impérialistes ont trop souvent négligé les leçons de Lénine sur la guerre à la guerre et ont dû être rappelées à l’ordre par le CEIC.

    Cette ligne de conduite du CEIC qui est celle de la stratégie de la tactique et de l’organisation léniniste, elle et pas une autre, doit continuer à servir de fil conducteur à toutes les Sections de l’Internationale

    La bolchévisation des PC doit être réalisée conformément au testament de Lénine, en prenant en considération l’état de chaque pays.

    Ce travail commence à se développer dans ce sens. Cependant dans beaucoup de Sections, les Comités centraux, les groupements et les membres commencent, quoique lentement, à manifester plus d’activité. Parfois se font remarquer dans les meilleurs partis, l’initiative authentique, l’énergie du choc, la capacité intelligente de manœuvre de la discipline consciente d’organisation de combat, véritablement révolutionnaires.

    Il faut mener à bonne fin cette bolchévisation inlassablement, systématiquement et sans relâche. La conscience du rôle de chef révolutionnaire du PC et de l’IC doit entrer dans le sang de chaque organe et de chaque membre du Parti, de façon à susciter de leur part cette fidélité inébranlable qui fait du Parti une organisation bolchévique et de l’Internationale un Parti mondial triomphant.

    Présentement, il manque encore beaucoup à l’IC pour être un vrai Parti mondial. Le Congrès rappelle aux Sections leur devoir, plus effectif que jamais, de prendre part à la solution des problèmes internationaux, par l’envoi régulier d’informations et de correspondances, et à la direction collective de l’IC, par la délégation de leurs meilleurs membres au CEIC.

    L’expérience a montré qu’il est souvent impossible de convoquer les congrès nationaux après le congrès mondial. Le congrès supprime cette obligation. Les congrès nationaux (ordinaires et extraordinaires) ne peuvent cependant être convoqués que d’accord avec le CEIC.

    Le Congrès charge le CEIC de veiller plus strictement encore que jusqu’ici à la discipline de fer de toutes les Sections et de tous les dirigeants. Il constate que dans certains cas le CEIC, pour ne pas nuire au prestige de camarades de grand mérite, n’est pas intervenu avec l’énergie suffisante contre les infractions à la discipline.

    Il charge le CEIC, le cas échéant, d’agir avec plus de décision et de ne pas reculer devant les mesures exceptionnelles. Dans chaque pays et dans les organisations communistes, il faut travailler à fondre les Sections de l’IC en un seul et même Parti mondial.

    Avec cette ferme décision, l’Internationale affrontera les prochains combats, plus riche d’expériences, plus forte que jamais, plus pleine encore de volonté de lutte et de confiance en la victoire.

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  • La bolchevisation comme réponse lors du cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    La direction de l’Internationale Communiste pensait faire face à une ultra-gauche et une tendance droitière, elle ne devinait pas encore que les deux s’allieraient pour former le trotskysme. Si le cinquième congrès fut ainsi largement consacré à dénonciation de la tendance droitière, a posteriori la question de l’ultra-gauche apparut comme d’autant plus importante.

    Clara Zetkine, lors d’une réunion élargie du Comité exécutif de l’Internationale Communiste le 30 mars 1925, expliqua que le cinquième congrès avait été marqué par le fait de repousser tant l’opportunisme de droite que « le putschisme fantastique, le romantisme révolutionnaire » de gauche.

    Alfred Kurella résume cela, dans Les dangers d’extrême-gauche dans l’Internationale Communiste, publié dans les Cahiers du Bolchévisme d’août 1926, en disant :

    « Les petit-bourgeois à allure révolutionnaire combattirent par tous les moyens la tactique du front unique et des revendications partielles, faite pour empêcher les Partis communistes de s’isoler des masses. Ils se déclarèrent contre la politique communiste du travail dans les syndicats.

    Ils préconisèrent la sortie des syndicats et la création de nouvelles organisations syndicales beaucoup plus étroites. Enfin ils introduisirent dans les partis communistes un régime intérieur qu’on a justement baptisé centralisme bureaucratique.

    Ils « purifièrent » les partis communistes de tous les éléments qui résistaient à leur politique sectaire et firent des Partis communistes des organisations fermées, dans lesquelles les masses des ouvriers n’eurent plus aucune confiance. »

    Pour cette raison, le cinquième congrès passe tout le temps inaperçu pour les commentateurs bourgeois. Pour eux, les premiers congrès sont marqués par les débuts, la mise en place, les sixième et septième par la « stalinisation ». Il leur est nécessaire d’effacer le cinquième, car les tenants du trotskysme s’affrontaient alors comme tendance droitière et comme ultra-gauche.

    Inversement, le cinquième congrès apparaît comme la première opposition, encore indirecte, entre la tradition bolchevique et le trotskysme.

    Le cinquième congrès exigeait que soit cessé la convergence avec la social-démocratie de la part de la tendance droitière, ce qui consistait en un appel à la bolchevisation. Il fallait rompre avec les traditions erronées de la social-démocratie et assumer son prolongement révolutionnaire, le bolchevisme.

    L’ultra-gauche était considérée comme un sous-produit du combat contre la tendance droitière, mais très rapidement il se révéla qu’en réalité, il y avait une révolte post-social-démocrate, sous la forme du trotskysme, combinant tendance droitière et ultra-gauche, qui n’étaient que deux faces de la même bataille.

    C’est ce que disent les Thèses sur la bolchevisation des Partis de l’Internationale Communiste de mars-avril 1925, formulées par le Comité Exécutif et consistant en la clef d’une immense bataille idéologique marquant l’affirmation du marxisme-léninisme comme théorie et non pas du léninisme comme « méthode ».

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  • L’émergence future du trotskysme et le cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Ce qui se déroule en fait lors du cinquième congrès de l’Internationale Communiste, c’est une crise d’autant plus profonde qu’elle est alors non apparente. En effet, il y a une tendance droitière et une ultra-gauche s’opposant à la direction historique de l’Internationale Communiste.

    Cependant, la tendance droitière et l’ultra-gauche considèrent que leur propre affrontement est le cœur de l’actualité dans l’Internationale Communiste. C’est ainsi que les esprits conçoivent les choses lors du congrès : la tendance droitière fait de l’ultra-gauche sa cible, l’ultra-gauche fait de la tendance droitière son ennemi juré.

    Or, à la suite du congrès, la tendance droitière et l’ultra-gauche s’unifieront pour former ce qu’on appellera alors le trotskysme.

    Léon Trotsky au début des années 1920

    Léon Trotsky ne fut pas présent lors du cinquième congrès. Dès 1923 il avait entrepris de dénoncer une « bureaucratisation » du Parti et avait commencé à se mettre l’ensemble de celui-ci à dos. Il avait formulé sa pensée dans la brochure « Cours nouveau », où il dénonce une « pétrification » idéologique, appelant à garder une prétendue souplesse complète dans les orientations :

    « Si l’on prend maintenant notre parti bolchevik dans son passé révolutionnaire et dans la période consécutive à Octobre, on reconnaîtra que sa qualité tactique fondamentale la plus précieuse est son aptitude sans égale à s’orienter rapidement, à changer vite de tactique, à renouveler son armement et à appliquer de nouvelles méthodes, en un mot à opérer de brusques virages.

    Les conditions historiques orageuses ont rendu cette tactique nécessaire. Le génie de Lénine lui a donné une forme supérieure.

    Ce n’est pas à dire, certes, que notre Parti soit complètement affranchi d’un certain traditionalisme conservateur : un parti de masses ne peut avoir une telle liberté idéale.

    Mais sa force s’est manifestée en ce que le traditionalisme, la routine étaient réduits au minimum par une initiative tactique clairvoyante, profondément révolutionnaire, à la fois hardie et réaliste. C’est en cela que consiste et que doit consister la tradition véritable du Parti.

    La bureaucratisation plus ou moins grande de l’appareil du Parti s’accompagne inévitablement du développement du traditionalisme conservateur avec tous ses effets. Il vaut mieux s’exagérer ce danger que le sous-estimer.

    Le fait indubitable que les éléments les plus conservateurs de l’appareil sont enclins à identifier leurs opinions, leurs décisions, leurs procédés et leurs fautes avec « l’ancien bolchévisme » et tentent d’assimiler la critique du bureaucratisme à la destruction de la tradition, ce fait, dis-je, est déjà par lui-même l’expression incontestable d’une certaine pétrification idéologique.

    Le marxisme est une méthode d’analyse historique, d’orientation politique, et non un ensemble de décisions préparées à l’avance. Le léninisme est l’application de cette méthode dans les conditions d’une époque historique exceptionnelle.

    C’est précisément par cette alliance des particularités de l’époque et de la méthode qu’est déterminée cette politique courageuse, sûre d’elle-même, de tournants brusques, dont Lénine nous a donné les plus hauts modèles et qu’il a, à maintes reprises, éclairés théoriquement et généralisés. »

    Pour Léon Trotsky, le marxisme est une méthode et Lénine un véritable maître du pragmatisme. Il vise explicitement ceux pour qui au contraire il y a une idéologie à l’arrière-plan et qui chercheraient à en maintenir la « tradition ».

    Une telle lecture des choses de la part de Léon Trotsky, qui n’avait rejoint le Parti qu’en 1917, fut considéré comme inacceptable et il commença à être relégué. Lui qui était systématiquement intervenu aux autres congrès n’était même plus présent.

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  • Les multiples problèmes internes lors du cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    L’approche relativement mécanique sur le fascisme s’explique par le manque de cohérence interne des sections nationales. Au cinquième congrès, l’Internationale Communiste constate que la mise en place des Partis Communistes n’est pas encore réussie au sens où ceux-ci seraient opérationnels.

    Le fascisme apparaît pour cette raison comme un mouvement anti-opérationnel et il n’y a pas d’espace pour une approche idéologique, posée, calibrée.

    Surtout qu’il faut se confronter à des problèmes toujours plus complexes, en s’apercevant qu’une réponse uniforme s’avère par principe non satisfaisante.

    Le cas français est assez exemplaire. Le bastion de la Section Française de l’Internationale Communiste est le département de la Seine, c’est-à-dire la région parisienne. Mais si le Parti y reçoit 300 000 voix pour les élections, seulement 50 000 travailleurs sont abonnés à l’Humanité et il n’y a que 8 000 membres.

    L’organe de la SFIC en juin 1924

    Le cas américain est tout aussi exemplaire. Il est divisé en 17 blocs fondés sur la langue et une culture communautaire, seulement 10 % des membres étant anglophones. En Australie, les distances sont énormes, les liaisons difficiles, il est malaisé de disposer d’un centre de direction efficace.

    En Italie, c’est le fascisme qui est aux commandes du régime, ce qui implique une situation particulièrement ardue. En Angleterre, le parti du Labour est une structure très ouverte du mouvement ouvrier, rendant une participation en son sein incontournable pour des communistes encore faibles.

    D’autres pays sont marqués par d’énormes questions nationales intérieures. Les Grecs forment pareillement 68,4 % de la population grecque, les Roumains 70 % de la population roumaine, tout comme les Lituaniens 70 % de la population lituanienne.

    En Tchécoslovaquie, qui a 13,5 millions d’habitants, 44,4 % sont des Tchèques, 27,4 % des Allemands vivant dans des bastions industriels (textiles, mines, verreries), 14,8 % de Slovaques, 5,9 % de Hongrois, 2,7 % de Juifs qui sont germanophones. En Pologne, qui a 30 millions d’habitants, 52,7 % sont des Polonais, 21 % des Ukrainiens, 11 % des Juifs, 7,3 % des Biélorusses, 7 % des Allemands.

    L’organe du Parti Communiste de Tchécoslovaquie en juin 1924

    En Yougoslavie, on a 39 % de Serbes, 23,9 % de Croates, 8,5 % de Slovènes, 6,3 % de Musulmans, 5,3 % de Macédoniens, 4,3 % d’Allemands, 3,9 % de Hongrois, 4 % d’Albanais, ainsi que des Roumains, des Turcs, etc.

    Cette question nationale a une importance évidemment d’autant plus explosive dans les pays coloniaux. Sur les 1,7 milliard d’êtres humains, 1,25 milliard sont dans des pays colonisés.

    La question coloniale a, de fait, au cinquième congrès une place bien plus importante que lors des précédents congrès. Cependant, la clef n’était pas encore trouvée. Si en Amérique latine, très tournée vers l’Europe, la perspective communiste s’est vite affirmée, c’est bien moins le cas en Asie et encore moins le cas en Afrique.

    Et qui dit question coloniale dit question agraire. Ce qui se pose ici, c’est à la fois rapport à la bourgeoisie nationale et à la paysannerie. C’est une problématique qui parle aux communistes d’URSS, mais aucunement à ceux d’Europe occidentale, voire même pas à ceux des pays de l’Est.

    L »ouvrier montre la voie au paysan sur une pièce de monnaie soviétique de 1924

    Les communistes roumains sont totalement dépassés par la question agraire, tout comme les communistes français, voire les communistes en général. Ils sont tous liés à des bastions ouvriers. Lors des 62 interventions suivant la présentation de la situation mondiale par Zinoviev, l’ensemble formant la moitié du congrès, aucun n’a abordé la question agraire.

    Or, l’agriculture c’est 9 % des travailleurs, en Belgique 23 %, en Allemagne 29 %, aux États-Unis 33,2 %, en France 41,2 %, en Suède 50 %, en Espagne 56,8 %, en Italie 59,4 %, en Chine 60 %, au Japon 64 %, en Yougoslavie 80 %, en Bulgarie 83 %.

    Cette situation ajoutait au caractère centrifuge amené par la tendance droitière et l’ultra-gauche.

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  • Le cinquième congrès de l’Internationale Communiste et le fascisme comme prix à payer des échecs

    La question du fascisme occupe une place importante du cinquième congrès de l’Internationale Communiste, mais surtout symboliquement en fait. Le fascisme est considéré comme un phénomène italien d’un côté, une méthode employée en Allemagne de l’autre.

    Ce fut l’Italien Amadeo Bordiga qui intervint en premier à ce sujet. Il était une figure très appréciée pour son engagement, mais en même temps son refus ultra-gauchiste des élections et son approche ultra-centralisée non idéologique était perçue comme fondamentalement déroutante. Personne n’avait envie de l’exclure, mais il était clair pour tout le monde que c’était inévitable.

    Son point de vue concernant le fascisme relevait de son approche à la fois sectaire et schématique. Selon lui, le fascisme n’était qu’une initiative contre-révolutionnaire sans réelle portée et ne s’opposant pas en substance même à la démocratie bourgeoisie. Il expliqua au congrès que :

    « Le fascisme n’est pas un mouvement révolutionnaire ; il s’agit d’un mouvement purement conservateur en défense de l’ordre bourgeois existant, il n’apporte aucunement un nouveau programme (…).

    Le fascisme vient ainsi avec le vieux programme de la politique bourgeoise, mais ce programme apparaît dans une forme qui dans une certaine mesure résonne avec le programme de la social-démocratie, et qui contient quelque chose de certainement nouveau, à savoir une organisation politique et militaire violente, au service des puissances conservatrices (…).

    Il cherche à réaliser l’unité au sein de la bourgeoisie. »

    Amadeo Bordiga en est resté au fascisme comme mouvement politique porté au pouvoir par les actions violentes des « squadristes ». Il dit cela le 2 juillet 1924 ; le 10 juin 1924 le socialiste Giacomo Matteotti a été assassiné et cela a initié le début de la transformation de l’Italie sur la base d’un nouveau régime. Les « lois fascistissimes » vont être mises en place et Benito Mussolini va être le « Duce » en décembre 1925, alors que le Parti National Fasciste va être l’organe dirigeant du pays.

    Cette erreur d’Amadeo Bordiga est cependant assez représentative de l’interprétation du fascisme par les cadres de l’Internationale Communiste. C’est la thèse du prix à payer par le prolétariat pour ne pas avoir été capable de mener la révolution.

    Le délégué allemand Freimuth (en fait Hermann Remmele), qui prit la parole juste après la longue présentation de la situation italienne pour lui-même présenter longuement la situation allemande, dit que :

    « Pour finir je veux encore résumer : le fascisme est une des formes classiques de contre-révolution dans l’époque de l’effondrement de l’ordre social capitaliste et l’époque de la révolution prolétarienne.

    Il devient partout un mouvement de masse là où le prolétariat a entamé la bataille pour le pouvoir mais, par manque d’expérience révolutionnaire, par l’absence d’un parti dirigeant révolutionnaire de classe, n’a pas compris comment organiser la révolution prolétarienne et faire passer le soulèvement des masses jusqu’à la dictature prolétarienne.Le fascisme est un moyen de lutte de la grande bourgeoisie contre le prolétariat. C’est le moyen de lutte extra-légal là où les moyens étatiques ne suffisent pas à protéger la bourgeoisie du prolétariat révolutionnaire.

    De par sa structure, le fascisme est un mouvement petit-bourgeois, dont se sert la grande bourgeoisie dans la lutte contre le prolétariat. »

    On a ici une lecture dominante alors dans l’Internationale Communiste, puisqu’il n’y aura aucune discussion ni d’ailleurs d’autres rapports à part ceux d’Amadeo Bordiga et de Freimuth.

    Pourtant, cette approche va être totalement réfutée dans les congrès suivants. La logique dominante en 1924 est de combattre les fascistes, car ceux-ci sont des agitateurs cherchant à former une contre-réponse à la vague révolutionnaire, surfant sur la petite-bourgeoisie pour aider la bourgeoisie en général.

    Par la suite, l’Internationale Communiste réfutera totalement ce point de vue et le fascisme va être considéré comme un accompagnement de la tendance à la guerre porté directement par la fraction la plus agressive des capitalistes.

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