Le peuple a vaincu le fascisme japonais, il saura vaincre l’impérialisme américain (1965)

Discours du camarade Louo Jouei-king au meeting tenu à Pékin, le 3 septembre 1965, à l’occasion du 20e anniversaire de la fin victorieuse de la Guerre de Résistance contre le Japon

Camarades et Amis,

Aujourd’hui, la population de Pékin, le peuple chinois tout entier, les commandants et les soldats de l’Armée populaire de Libération de Chine célèbrent dans l’enthousiasme cette grande journée du 20e anniversaire de la victoire remportée par la Guerre de Résistance contre le Japon.

Cette victoire remportée par le peuple chinois grâce à la direction éclairée du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung revêt une grande signification historique. Le peuple chinois avait le puissant soutien des peuples antifascistes du monde durant sa Guerre de Résistance qui, elle-même, constituait un grand soutien à la guerre des peuples contre le fascisme.

La victoire remportée par la Guerre de Résistance de la Chine fut une des grandes victoires de la guerre mondiale antifasciste.

Le peuple chinois avait, depuis la Guerre de l’Opium de 1840, livré pendant près de cent ans une suite de combats héroïques contre l’agression impérialiste, mais aucune victoire complète n’avait été enregistrée.

A l’époque de la Guerre de Résistance contre le Japon, sous la direction du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung, le peuple chinois parvint, après huit années d’une héroïque et âpre résistance, à triompher de l’impérialisme japonais, à remporter pour la première fois dans l’histoire moderne du pays une grande victoire dans la guerre contre l’agression.

Ce fut à partir de cette victoire, et toujours sous la direction du Parti communiste chinois, que le peuple chinois l’emporta sur la clique réactionnaire kuomintanienne qui, avec le soutien de l’impérialisme américain et sous son commandement, n’avait pas hésité à déclencher une guerre civile contre-révolutionnaire, et il fonda la grande République populaire de Chine.

Ayant ainsi renversé les trois fléaux, l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique, qui pesaient sur lui comme des montagnes, le peuple chinois que d’innombrables misères accablaient s’est enfin dressé, tel un géant.

Après la victoire enlevée par sa Guerre de Résistance contre le Japon, puis par sa Guerre de Libération, la Chine, qui représente près du quart du genre humain, s’est transformée, de pays semi-colonial et semi-féodal qu’elle était, de victime de l’agression et des vexations des puissances impérialistes qu’elle a été, en un grand pays socialiste, un puissant bastion qui combat fermement l’impérialisme, qui soutient résolument les mouvements de libération de toutes les nations et de tous les peuples opprimés.

L’éclatante victoire qui couronna la révolution chinoise entraîna un changement important dans le rapport des forces entre révolution et contre-révolution à l’échelle mondiale.

L’humanité venait d’enregistrer une autre grande victoire qui, faisant suite à la Révolution d’Octobre, fut une grande victoire du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Tsé-toung.

L’expérience de la victorieuse Guerre de Résistance du peuple chinois contre le Japon et de l’ensemble de la victorieuse guerre révolutionnaire chinoise nous apprend que le parti du prolétariat doit maintenir haut levé le drapeau de l’anti-impérialisme et de la libération nationale, diriger les grandes masses populaires, former le front uni le plus large contre l’impérialisme et ses laquais sur la base de l’alliance des ouvriers et des paysans, mener le combat révolutionnaire par les armes en comptant sur ses propres forces, bâtir une armée populaire de type nouveau, appliquer la stratégie et les tactiques de la guerre du peuple, et ce qui est particulièrement important, s’implanter dans les campagnes, y établir des bases révolutionnaires, encercler les villes à partir de la campagne afin de les prendre ensuite et d’arracher la victoire à l’échelle nationale.

C’est là la juste voie qui permettra aux nations opprimées des colonies et semi-colonies de parvenir à la libération.

Dans l’article Vive la victorieuse guerre du peuple, qu’il a écrit à l’occasion du 20e anniversaire de la fin victorieuse de la Guerre de Résistance contre le Japon, le camarade Lin Piao montre les riches acquis que le peuple chinois a tirés de la guerre populaire qu’il mena pendant plus de vingt ans, il expose systématiquement et de manière approfondie la théorie du camarade Mao Tsé-toung relative à la guerre du peuple, et il dit son importance sur le plan international.

Et abordant la lutte présente contre l’impérialisme américain et le révisionnisme moderne, il montre la trahison de la guerre populaire par les révisionnistes khrouchtchéviens et la voie victorieuse qui permet au peuple révolutionnaire de partout de battre l’impérialisme américain et ses laquais par la guerre populaire.

Chacun de nous doit étudier sérieusement ce texte. Et de même que nous nous sommes appuyés, dans le passé, sur la guerre du peuple pour battre l’impérialisme japonais et les réactionnaires kuomintaniens, nous continuerons à nous appuyer sur la même guerre populaire pour mettre en échec toute guerre d’agression que les impérialistes américains pourraient déclencher contre nous, afin de défendre notre patrie socialiste et la paix mondiale.

TOUT EN CÉLÉBRANT L’ANNIVERSAIRE DE LA GRANDE VICTOIRE REMPORTÉE PAR LA GUERRE DE RÉSISTANCE CONTRE LE JAPON, FAISONS EN SORTE QUE NOTRE CONFIANCE DANS LA VICTOIRE TOTALE SUR L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN SOIT MULTIPLIÉE PAR CENT ET QU’UNE GRANDE FERMETÉ PRÉSIDE A NOTRE COMBAT CONTRE LA TRAHISON DES RÉVISIONNISTES KHROUCHTCHEVIENS QUI ESSAIENT D’INTIMIDER LES PEUPLES PAR LA TERREUR DE LA GUERRE.

L’impérialisme américain prit la relève des fascistes allemands, japonais et italiens, immédiatement après leur chute, il emprunta le chemin frayé par eux et il s’efforce de mettre sa stratégie mondiale contre-révolutionnaire en application pour tenter d’asseoir son hégémonie sur le monde. Sa politique d’agression et de guerre est devenue plus sanglante et plus cynique encore avec l’administration Johnson. La doctrine Johnson est du néo-hitlérisme, du néo-fascisme, elle est synonyme d’agression et de guerre.

L’impérialisme paraît terrible, mais en réalité, il n’est pas si puissant. Le vaincre est parfaitement possible. La force vraiment invincible est celle du peuple. La victorieuse Guerre de Résistance du peuple chinois contre le Japon a mis cette vérité en lumière. Et si les fascistes nippo-germano-italiens des années 40 du siècle ont pu être battus, les impérialistes américains des années 60 le seront également.

Les impérialistes américains ne sont-ils pas les plus puissants des impérialistes ? Ne disposent-ils pas de bombes atomiques, que les fascistes japonais, allemands et italiens ne possédaient pas ? Sur quoi nous basons nous pour affirmer que les Etats-Unis aussi finiront par être vaincus ?

La marche de l’histoire fournit la réponse. Et les choses deviennent parfaitement limpides si l’on compare les conditions dans lesquelles les fascistes japonais, allemands et italiens déclenchèrent la guerre à la situation que les impérialistes américains connaissent actuellement.

Nous disons que ceux-ci finiront par être vaincus, tout d’abord parce que des changements considérables sont intervenus dans le rapport des forces sur le plan mondial et que, comparés aux fascistes allemands, japonais et italiens, les impérialistes américains se trouvent clans une posture beaucoup plus fâcheuse.

Lorsque les fascistes japonais, allemands et italiens déclenchèrent leurs guerres d’agression au cours des années 30, le rapport des forces, pris dans son ensemble, jouait momentanément en leur faveur et était défavorable aux peuples.

Il n’existait qu’un seul Etat socialiste, l’Union soviétique. Et la Chine était encore un pays en partie colonial, en partie semi-colonial et semi-féodal, extrêmement pauvre et arriéré, notre Parti ne représentait qu’une force peu importante et l’armée dirigée par lui ne comptait qu’un peu plus de 40.000 hommes.

Le moment était particulièrement dur pour la lutte populaire, sur le plan mondial et en Chine. La guerre de résistance de l’Abyssinie contre l’Italie échoua, la révolution espagnole fut étouffée, et Hitler déferla sur toute l’Europe en l’espace de quelques mois. En Orient, les fascistes japonais occupaient non seulement la moitié du territoire chinois, mais aussi presque tout le Pacifique occidental.

Et quelle est la situation aujourd’hui ? Les pays socialistes forment un camp puissant, avec une population qui est passée de 200 millions à plus d’un milliard. En Asie, en Afrique et en Amérique latine, les mouvements de libération nationale et les mouvements révolutionnaires populaires ont éclaté comme des volcans, se propageant de pays en pays, de territoire en territoire, transformant les arrières de l’impérialisme en un front anti-impérialiste.

Le mouvement ouvrier aussi a connu de nouveaux développements dans les pays capitalistes. Le système impérialiste court à son effondrement total et la crise générale du capitalisme en arrive à un degré jamais atteint. L’arène mondiale voit le vent d’Est qui l’emporte sur le vent d’Ouest, elle voit les forces du socialisme et de la paix l’emporter de plus en plus sur celles de l’impérialisme et de la guerre, les forces révolutionnaires surpasser chaque jour davantage les forces contre-révolutionnaires.

L’actuel front uni contre l’impérialisme américain est d’une ampleur bien plus grande que celui constitué jadis contre le fascisme. Puisque la guerre déclenchée par les fascistes japonais, allemands et italiens, à un moment où le rapport des forces était ce qu’il était, s’est soldée par leur effondrement total, les impérialistes américains peuvent-ils escompter une issue heureuse en déclenchant et en étendant la guerre alors que le rapport des forces est loin de leur être favorable ?

Nous disons que les impérialistes américains peuvent être vaincus, parce que, assaillis de tous côtés par les luttes anti-impérialistes du peuple révolutionnaire de partout, les Etats-Unis sont militairement plus vulnérables que leurs devanciers, les fascistes allemands, japonais et italiens ; il leur est encore plus difficile de faire front à la guerre populaire.

Les fascistes japonais, allemands et italiens purent maintenir une certaine supériorité militaire pendant un temps et enregistrer quelques « brillants faits d’armes », après avoir déclenché la guerre, mais les impérialistes américains ne cessent d’essuyer des défaites, et leur supériorité aéronavale tant vantée s’est avérée inopérante. Si les Etats-Unis ont sur leurs devanciers l’avantage des bombes atomiques, ils ont cependant vite perdu leur monopole nucléaire et leur chantage nucléaire s’avère de plus en plus inopérant. Plus aucune arme ne peut intimider les peuples qui veulent la révolution et veulent s’émanciper.

La bombe atomique n’effraie que les couards qui ont abandonné toute volonté révolutionnaire, elle n’effraie pas le peuple révolutionnaire.

Les bombes atomiques américaines, dont la fabrication va croissant depuis vingt ans, n’ont pu empêcher le feu de la lutte contre l’impérialisme, pour la libération nationale, de monter de plus en plus en Asie, en Afrique et en Amérique latine, et elles n’ont pas épargné à l’impérialisme américain des défaites de plus en plus désastreuses dans ses guerres d’agression, Il a essuyé et continue à essuyer des coups foudroyants et des échecs lamentables en Chine, en Corée, au Vietnam, au Laos, au Congo (L), à Cuba, en République Dominicaine, partout où le peuple se dresse pour résister à son agression.

Sa défaite est telle au Sud-Vietnam que ses chargés de presse ont dû admettre qu’avec toute leur supériorité aéronavale, les forces américaines se trouvent au Sud-Vietnam battues « par quelques dizaines de milliers de partisans qui sont des paysans nu-pieds, armés de fusils, de grenades, et parfois seulement de coutelas de fabrication locale ».

« Nous [les Etats-Unis] sommes capables d’aller dans la lune, mais pas dans un hameau sud-vietnamien sans escorte armée » [1], disent-ils sur un ton plein d’affliction. La guerre d’agression a déjà valu des échecs honteux à l’impérialisme américain et l’avenir verra sa défaite totale.

L’héroïque peuple sud-vietnamien combat intrépidement, il acquiert par sa grandiose guerre de résistance contre les Etats-Unis une puissance qui ne cesse de croître ; il a acculé les agresseurs américains dans l’impasse, donnant par là un magnifique exemple de lutte contre l’impérialisme américain à tous les peuples du monde. La défaite de l’impérialisme américain au Sud-Vietnam est certaine.

Il ne peut y échapper, quelle que soit l’importance des renforts qu’il pourrait envoyer, quels que soient les subterfuges auxquels il pourrait encore recourir. Les forces d’agression impérialistes américaines marchent inexorablement vers leur tombe, et l’héroïque peuple vietnamien avance irrésistiblement vers la libération du Sud-Vietnam et la réunification de tout le Vietnam.

Nous disons que les impérialistes américains peuvent être vaincus, parce que les alliances militaires contre-révolutionnaires mises sur pied par les Etats-Unis sont en pleine désagrégation. Entre les folles ambitions et l’insuffisance des effectifs de l’impérialisme américain, la contradiction est plus flagrante encore que celle que connurent ses devanciers. Plus il étend ses pattes, plus nombreuses seront les cordes qui lui seront passées au cou, et plus proche sera le jour où les peuples le traîneront à la potence.

Dans les années 30, les fascistes allemands, japonais et italiens parvinrent tant bien que mal, malgré les nombreuses contradictions entre eux, à constituer un axe qui tînt un certain temps, et déclenchèrent la Seconde guerre mondiale.

Tandis que les diverses alliances militaires de caractère agressif, laborieusement montées par l’impérialisme américain après la guerre, connaissent une situation qui n’est nullement enviable. Le CENTO, autrefois Pacte de Bagdad, n’existe depuis longtemps que de nom ; l’OTASE est frappée de paralysie et au sein de l’OTAN, entre les pays membres, c’est du compagnonnage forcé, « unis par les lèvres mais divisés par le cœur ».

En créant ces alliances militaires au nom de l’« anticommunisme » et de l’« antisocialisme », les impérialistes américains visaient en fait et avant tout à prendre en main les vastes zones intermédiaires situées entre les Etats-Unis et le camp socialiste et à les placer sous leur contrôle.

Les pays liés par ces traités sont les premiers à souffrir du contrôle militaire, de la pénétration économique et de l’intervention politique des Etats-Unis. Chez eux, la politique américaine se heurte non seulement à l’énergique opposition des grandes masses populaires, mais elle suscite aussi des contradictions entre l’impérialisme américain et les classes dominantes et les aggrave. Aussi les alliances échafaudées par l’impérialisme américain vont-elles irrémédiablement vers la désagrégation la plus complète.

En témoigne de façon éclatante la situation dans laquelle les Etats-Unis sont plongés par leur guerre d’agression au Vietnam. « Nous avons beau chercher sur toute la surface du globe, nous n’y trouvons pas un défenseur véritable et actif de notre politique » [2], pour reprendre les termes de la presse bourgeoise américaine. Les Etats-Unis étaient parvenus malgré tout, après avoir déclenché la guerre de Corée, à mettre sur pied une armée de l’ONU, composée de troupes de seize pays. Aujourd’hui, une dizaine d’années plus tard, ils se trouvent dans l’impossibilité de pratiquer le même jeu avec le Vietnam.

Appétit insatiable, trop grande présomption de leurs capacités, surestimation de leurs forces, sous-estimation de la puissance du peuple, voilà la maladie commune aux impérialistes et à tous les réactionnaires et elle est incurable. Hitler et Tojo se tournèrent contre de nouveaux adversaires sans même avoir vaincu les premiers, alors que leurs forces étaient dispersées sur un front déjà très étendu. Ils hâtèrent ainsi leur défaite.

C’est une leçon d’histoire pour les impérialistes. Mais il n’est rien dont ils soient capables de tirer la leçon. L’impérialisme américain n’est-il pas, aujourd’hui, sur la voie de Hitler et de Tojo ? Ne répète-t-il pas l’erreur de ses devanciers ?

Son armée ne dépasse pas 3 millions d’hommes et il l’a pourtant disséminée aux quatre coins du monde. Il a porté la guerre au Nord-Vietnam et il cherche à l’étendre à la Chine, alors qu’il n’a même pas pu conquérir le Sud-Vietnam. Cela peut-il lui valoir autre chose que la précipitation de sa défaite ?

Et en hâtant sa montée aux échelons de sa guerre d’agression au Vietnam, conformément à sa stratégie de l’« escalade », il ne fait que courir plus vite à sa perte totale.

Nous disons que les impérialistes américains peuvent être vaincus, parce qu’ils éprouvent de plus en plus de difficultés, en cette époque où les peuples du monde entier connaissent un éveil sans précédent, à étendre la guerre en recourant à la propagande anticommuniste et en attisant les sentiments racistes.

Durant les années 30, les fascistes japonais, allemands et italiens montèrent tout un jeu de théories réactionnaires et forgèrent d’innombrables et infâmes mensonges pour mystifier le peuple, exciter l’hystérie anticommuniste, et la bestialité raciste ; ils purent ainsi provoquer la Seconde guerre mondiale qui coûta la vie à des millions et des millions d’hommes.

Mais, comme le camarade Mao Tsé-toung l’a dit : « la guerre a beaucoup appris aux peuples, ils gagneront la guerre, la paix et le progrès aussi sera à eux » [3].

La guerre antifasciste leur a permis de mieux apprécier le Parti communiste et le socialisme. Ceux qui se tournèrent vers le Parti communiste et le socialisme devinrent de plus en plus nombreux. Les peuples de toutes les couleurs discernèrent de plus en plus clairement la propagande trompeuse des racistes. La propagande anticommuniste des fascistes et leur théorie de la nation élue ont honteusement échoué.

L’impérialisme américain a beau seriner tous les lieux communs possibles sur la supériorité américaine, l’« anticommunisme » et l’« antisocialisme », de moins en moins nombreux sont ceux qui ajoutent foi à ses absurdités.

Les faits ne manquent pas qui montrent clairement que l’« anticommunisme » prôné par les impérialistes américains n’est autre chose que l’opposition à tous ceux qui se refusent à devenir leurs esclaves, à tous ceux qui défendent leur indépendance, leur souveraineté et leur dignité nationales, à tous ceux qui n’acceptent pas leur agression, leur contrôle, leur intervention et leurs mesures vexatoires.

Les actes criminels commis par l’impérialisme américain au nom de l’« anticommunisme » ont amené plus de 90 pour cent de la population mondiale à se lever en masse pour le battre, et il se voit ainsi réduit à un état d’isolement qu’il n’a jamais connu.

Aux Etats-Unis mêmes se déroule un mouvement de masse s’opposant ouvertement à la politique d’agression et de guerre de l’administration Johnson, et la lutte de la population noire contre la violence s’y poursuit, tous deux d’une ampleur sans précédent dans l’histoire du pays.

Si la guerre d’agression de l’impérialisme est vouée à l’échec, la raison fondamentale en est qu’il est coupé du peuple, qu’il en est l’ennemi. Tous ceux qui sont loin du peuple, qui lui sont hostiles finiront par échouer, quoi qu’il leur soit possible de tromper quelquefois le peuple. Défaite limitée dans une guerre limitée, grande défaite dans une grande guerre, défaite complète dans une guerre générale, tel sera le sort inéluctable que l’impérialisme récoltera avec ses guerres d’agression contre les peuples.

C’est pour la même raison que les fascistes japonais et allemands, triomphants matamores à un moment, ont finalement connu la défaite. Cette même raison vaudra le même sort aux impérialistes américains.

Les impérialistes américains peuvent être vaincus, et la raison fondamentale en est que le marxisme-léninisme s’est considérablement développé après la Seconde guerre mondiale et qu’il est devenu une arme idéologique plus puissante que jamais à laquelle le peuple révolutionnaire recourt pour sa libération.

La victoire que la Chine a remportée par sa Guerre de Résistance contre le Japon et par l’ensemble de sa révolution est une victoire de la pensée de Mao Tsé-toung, pensée qui allie la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise.

La grande pensée de Mao Tsé-toung est un développement créateur du marxisme-léninisme. Elle s’enrichit et se développe sans cesse dans la pratique de la révolution et de l’édification socialiste du peuple chinois. Cette pratique a démontré que la pensée de Mao Tsé-toung est science et vérité, et la lutte en cours sur le plan mondial contre les impérialistes, les réactionnaires et les révisionnistes modernes continue à le démontrer.

Elle est donc le joyau de la révolution du peuple chinois, celui de toutes les nations et de tous les peuples opprimés, de la révolution mondiale du prolétariat. Puissante arme idéologique pour le combat contre l’impérialisme et toute la réaction, la pensée de Mao Tsé-toung l’est aussi pour la lutte contre le révisionnisme et le dogmatisme modernes.

L’histoire de la révolution chinoise nous apprend qu’une fois alliée à la pratique concrète de la révolution du pays, la vérité universelle du marxisme-léninisme engendre aussitôt une force immense, qui permet à la révolution de ce pays de prendre une tournure toute nouvelle, de s’assurer la victoire.

Le grand débat de ces dernières années entre les deux lignes au sein du mouvement communiste international est d’une immense portée historique, car il a eu, entre autres, pour effet de contribuer à propager au maximum le marxisme-léninisme et d’accélérer l’union de la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution de tous les peuples, ce qui hâtera inévitablement la fin des impérialistes américains et de leurs laquais, précipitera la faillite complète du révisionnisme moderne et donnera une impulsion au développement victorieux de la cause de la lutte des peuples du monde entier pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme, ainsi qu’au développement victorieux de la cause de la révolution mondiale du prolétariat.

Les révisionnistes khrouchtchéviens, qui se plient au chantage nucléaire de l’impérialisme américain, propagent la terreur de la guerre et de l’arme nucléaire, et prétendent qu’un pays sans armes nucléaires ne peut l’emporter sur un pays détenant ces armes, que la moindre étincelle du feu de la guerre de libération nationale, si elle n’est pas aussitôt écrasée, peut dégénérer en une guerre nucléaire mondiale qui détruirait notre planète de fond en comble, qu’il serait regrettable que soient réduites en cendres, en raison de la résistance persévérante à l’agression impérialiste, les réalisations obtenues par les pays socialistes à la suite des longues années d’efforts de leur édification pacifique, etc., etc.

Bref, c’est intimider au moyen de la guerre et de l’arme nucléaire et ne pas admettre que l’on fasse la révolution. Ils esquissent parfois des gestes anti-américains, font mine d’aider la lutte révolutionnaire des autres peuples et recourent à des tours mesquins.

Mais ils cherchent tout bonnement avec tout cela à mystifier le peuple, à placer les révolutions des autres peuples sous leur contrôle pour les intégrer à leur sphère révisionniste ; pour en user comme d’un capital politique dans leurs transactions avec l’impérialisme américain. Ils tiennent à jouir personnellement de la tranquillité, à pactiser avec le potentat nucléaire américain en vue de dominer le monde, et ils n’ont pas hésité à trahir leurs frères et amis pour y parvenir.

Leur conduite a considérablement encouragé l’impérialisme américain dans ses aventures guerrières et stimulé son arrogante agressivité. Le chantage à la guerre de l’impérialisme américain n’a pu intimider le peuple, et est-ce la propagande des révisionnistes khrouchtchéviens sur la terreur de la guerre nucléaire qui y parviendra ?

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne peuvent, par leurs agissements, ni étouffer le feu de la lutte anti-impérialiste des peuples de partout, ni s’arroger une sécurité. De même que tous les révisionnistes du passé, ils finiront par connaître un sort lamentable.

EN CÉLÉBRANT LA GRANDE VICTOIRE REMPORTÉE PAR LA GUERRE DE RÉSISTANCE CONTRE LE JAPON, NOUS NE DEVONS PAS PERDRE DE VUE LA LEÇON HISTORIQUE QUE NOUS ONT DONNÉE LES FASCISTES JAPONAIS, ALLEMANDS ET ITALIENS EN DÉCLENCHANT LA GUERRE AU NOM DE LA « PAIX », ET NOUS DEVONS REDOUBLER DE VIGILANCE DEVANT LES MANŒUVRES PAR LESQUELLES LES IMPÉRIALISTES AMÉRICAINS CHERCHENT A DÉCLENCHER ET A ÉTENDRE LA GUERRE D’AGRESSION SOUS LE COUVERT TROMPEUR DE LA « PAIX » ,ET COMBATTRE ÉNERGIQUEMENT LES ACTES DE TRAHISON DES RÉVISIONNISTES KHROUCHTCHEVIENS QUI TROMPENT LES PEUPLES DU MONDE ENTIER.

L’impérialisme se sert d’une double tactique contre-révolutionnaire, guerre et paix truquée, pour faire face aux nations et aux peuples opprimés. Les impérialistes américains se trouvent aujourd’hui dans une position stratégique plus défavorable et se heurtent à de plus graves difficultés pour déclencher la guerre et l’étendre que les fascistes japonais, allemands et italiens n’en ont éprouvées ; c’est pour cela qu’ils recourent plus souvent et avec plus de ruse à des subterfuges pacifiques afin de tromper les peuples et d’étayer leurs agissements belliqueux.

L’expérience historique montre que l’impérialisme recourt toujours à des prétextes du genre « défense de la liberté », « pour la paix et l’ordre », lorsqu’il déclenche une guerre, son but étant de couvrir son agression et de mystifier le peuple. Les fascistes japonais ne perpétrèrent-ils pas leur agression de grand style contre la Chine au nom de l’établissement d’« un ordre nouveau en Asie orientale » ?

Les fascistes allemands ne déclenchèrent-ils pas la guerre au nom de la création d’un « ordre nouveau européen » ? Après la Seconde guerre mondiale, les présidents successifs des Etats-Unis ont repris, à plusieurs reprises, les clameurs de leurs devanciers. Johnson déclama que « le gouvernement des Etats-Unis assume la responsabilité historique de conduire le monde libre » [4].

L’objectif poursuivi par les Etats-Unis au Vietnam, et ailleurs dans le monde, « est d’aider à la restauration de la paix et au rétablissement d’un ordre adéquat » [5], disait-il, et il affirmait que la présence de troupes américaines au Vietnam avait aussi pour but de « renforcer l’ordre dans le monde » [6]. Ne s’agit-il pas du refrain même que poussaient les fascistes japonais, allemands et italiens ?

Quelle est la « liberté » que Johnson entend défendre ?

Le président Mao Tsé-toung a montré de façon pénétrante que c’est « la liberté de massacrer les autres peuples à l’aide d’avions, de navires de guerre et de canons. La liberté d’occuper des territoires, de fouler aux pieds la souveraineté des autres nations selon son bon plaisir, la liberté de tuer et de piller comme des bandits de grand chemin. La liberté d’écraser les autres pays et les autres peuples sous sa botte » [7].

Quel est l’« ordre » que Johnson entend établir et renforcer ? C’est celui des gangsters, celui qui lui permet de massacrer, d’incendier et qui interdit au peuple de riposter en légitime défense. En Chine, les fascistes japonais avaient assis leur « ordre nouveau » par leur politique de « massacre total, incendie total, pillage total ».

Les fascistes allemands, quant à eux, avaient assis leur « ordre nouveau » par la création de camps de concentration du genre Auschwitz.

Aujourd’hui, un autre « ordre nouveau » règne, il est présent dans l’agression, le pillage et le massacre perpétrés par les Etats-Unis en Asie, en Afrique et en Amérique latine, dans les bases militaires qu’ils ont installées partout dans le monde.

Le type même de l’« ordre nouveau » du fascisme américain est présent, plus particulièrement dans les hameaux stratégiques que les Etats-Unis ont montés au Sud-Vietnam, dans le massacre de la population sud-vietnamienne, dans l’utilisation massive et barbare de poisons chimiques pour détruire les conditions de survie de la population sud-vietnamienne, ainsi que dans le bombardement fébrile de paisibles populations civiles, de digues et de barrages, d’hôpitaux et d’écoles au Nord-Vietnam. Quelle nation amoureuse de la liberté pourrait tolérer pareil « ordre » ?

Et la résistance la plus ferme ne doit-elle pas être opposée à cet « ordre » lorsque l’impérialisme américain vient à l’imposer ?

L’histoire de la Guerre de Résistance contre le Japon et la brûlante réalité de la lutte anti-américaine nous enseignent qu’il n’y a pas de liberté pour le peuple lorsque l’impérialisme et la réaction jouissent de la « liberté », et que le peuple doit leur enlever la « liberté » s’il veut jouir de la sienne. Le jour où tous les pays et tous les peuples victimes des vexations, de l’oppression, du contrôle, du pillage et de l’agression de l’impérialisme américain se dresseront pour arracher sa liberté à celui-ci, leur liberté sera à portée de la main.

L’expérience historique nous apprend que l’impérialisme répand généralement un opaque rideau de « paix » pour émousser la vigilance du peuple, affaiblir sa volonté de combat, lorsqu’il se prépare à déclencher ou à étendre la guerre, lorsque la guerre évolue à ’son désavantage, ou lorsqu’il cherche à diviser et à amollir les forces de résistance des pays victimes.

L’impérialisme japonais ne prêchait-il pas à cor et à cri le « règlement pacifique » de la question sino-japonaise au moment même où il passait à la guerre d’agression généralisée contre la Chine ?

Et n’a-t-il pas appâté une fois de plus, à l’époque, le gouvernement du Kuomintang avec la paix, par des conditions du genre du retrait de ses troupes de la Chine centrale et méridionale, lorsqu’il lui fallait consolider les positions conquises et chercher à diviser le front antijaponais en Chine, après l’occupation de Wouhan et après avoir rempli les premiers objectifs de sa guerre ?

Ces derniers temps, l’administration Johnson agite vivement son rameau d’olivier, elle chante sans se lasser ses vieilles antiennes, « discussions sans conditions » et « règlement pacifique », mais ne cesse d’expédier des renforts au Sud-Vietnam et d’élargir ses bombardements au Nord-Vietnam.

Le gouvernement et le peuple vietnamiens lui ont opposé un refus solennel et elle ne se le tient pas pour dit, elle continue à nourrir les rumeurs selon lesquelles « la fenêtre reste ouverte à la paix » [8]. Elle a aussi parlé de recours à « toutes les ressources… des Nations unies » pour « réaliser la paix » [9].

Pourquoi tant de zèle dans la recherche de la paix ? La mèche est éventée, la guerre d’agression des Etats-Unis contre le Vietnam se heurte à la condamnation et à l’opposition énergiques de tous les peuples, peuple américain y compris ; et la guerre populaire du Sud-Vietnam a mis le colosse impérialiste américain mal en point, et il est à bout de ressources.

C’est pour cela que l’administration Johnson se voit forcée de mettre à contribution les « négociations pacifiques », qui n’ont pour tout but que de tromper les peuples, d’apaiser l’opinion mondiale, de semer la discorde, d’atténuer les sentiments anti-américains, et de gagner du temps pour consolider les positions, souffler un peu, amasser des forces et passer à de nouvelles aventures de plus grande envergure.

Il y a longtemps que nous avons souligné que chaque hymne à la paix entonné par l’impérialisme américain cache une bûche qui vient s’ajouter au foyer de sa guerre d’agression au Vietnam. Plus retentissants sont ses hymnes, plus violent est l’incendie, et à chaque fois la guerre monte d’un échelon.

C’est dans le même temps où elle intensifie ses tromperies à la paix que l’administration Johnson accélère ses envois de renforts au Sud-Vietnam et continue à élargir ses bombardements au Nord-Vietnam.

Elle menace le peuple vietnamien en disant qu’elle l’amènera autour du tapis vert par « la mort et la désolation » [10].

Elle menace le peuple chinois et les autres peuples du Sud-Est asiatique en leur claironnant que les Etats-Unis sont prêts à entreprendre une guerre asiatique. Elle n’a pas reculé devant de flagrantes provocations à la guerre dirigées contre le peuple chinois, elle a allégué que « l’idée de sanctuaire est morte » [11].

Elle a même envoyé des avions dans le ciel de notre île de Hainan et de notre province du Yunnan pour y faire du harcèlement. Des actes de guerre, un chantage à la guerre d’une telle fébrilité, ne font-ils pas apparaître avec toute la clarté voulue ce que Johnson entend par « règlement pacifique » ?

Bref, tout comme les fascistes japonais, allemands et italiens, les impérialistes américains massacrent, puis couvrent de gants blancs leurs mains tachées de sang et mettent un masque de bouddha sur leur mufle de loup.

Cependant, ce sont leurs agissements qui font apparaître leurs mensonges. Plus ils essayent de dissimuler leurs crocs et leurs griffes ensanglantés, mieux ils se révèlent, apparaissent au grand jour sous leur vrai visage, se faisant ainsi, pour les peuples, les meilleurs professeurs par l’exemple négatif.

Et de plus en plus nombreux sont ceux qui, instruits par des centaines et des centaines de leçons sanglantes, ne se laissent plus attraper ; le peuple a compris qu’il ne peut gagner une paix véritable qu’en luttant résolument et jusqu’au bout contre l’impérialisme américain et en déjouant son plan de guerre d’agression.

Les révisionnistes khrouchtchéviens sont venus chanter en chœur avec les impérialistes américains au moment même où la duperie exercée par ceux-ci s’avérait de plus en plus inopérante. Ils ont proclamé que Johnson est « sensé » et « raisonnable », que les Etats-Unis veulent une solution pacifique à la question vietnamienne, qu’il faut leur donner un coup de main pour trouver une porte de sortie honorable, etc., etc.

En enjolivant avec tant de zèle l’impérialisme américain et en aidant avec tant de dévouement l’administration Johnson à mystifier le peuple, ils ont trahi de la manière la plus infâme le marxisme-léninisme, les pays frères et les peuples du monde entier.

Mais il y a beau temps que les mensonges de l’impérialisme américain ont été percés à jour. Et de quelle aide peut lui être le coup de main d’une poignée de révisionnistes khrouchtchéviens ? Ceux-ci ne feront que révéler davantage leur vraie face de traître s’ils s’obstinent dans leurs agissements, et ils s’affirmeront une fois de plus comme des professeurs par l’exemple négatif pour les peuples du monde entier.

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne sont qu’une poignée, ils se sont sérieusement coupés du peuple, de plus de 90 pour cent de la population de chez eux et de plus de 90 pour cent de la population mondiale.

Phénomène néfaste, leur apparition a nui pendant un temps à la cause révolutionnaire des peuples. Mais ils ont beaucoup appris aux peuples, par leur exemple négatif, ils leur ont dessillé les yeux, ils ont élevé le degré de conscience des peuples, et ce fut là une immense contribution à la promotion de la grande unité révolutionnaire des peuples du monde entier. Le phénomène est donc en même temps positif.

Quelle que soit l’énergie que les révisionnistes khrouchtchéviens mettront à provoquer des troubles, rien ne pourra modifier la situation où le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest, nulle force ne pourra endiguer le torrent de la révolution des peuples, et la défaite définitive de l’impérialisme américain est certaine.

LA CÉLÉBRATION DE LA GRANDE VICTOIRE REMPORTÉE PAR LA GUERRE DE RÉSISTANCE CONTRE LE JAPON SIGNIFIE AUSSI QUE NOUS DEVONS POURSUIVRE ET DÉVELOPPER LES TRADITIONS RÉVOLUTIONNAIRES DE NOTRE PARTI ET DE NOTRE ARMÉE, QUE NOUS DEVONS ETRE PRÊTS A CONTRE-CARRER L’AGRESSION IMPÉRIALISTE AMÉRICAINE ET RENFORCER NOTRE SOUTIEN AU PEUPLE VIETNAMIEN ET AUX AUTRES PEUPLES DANS LEUR LUTTE ANTI-AMÉRICAINE.

Les impérialistes américains ont commis tous les crimes et accumulent les erreurs ; leurs jours sont comptés. Mais l’impérialisme américain est le plus puissant des impérialismes, il ne se résigne pas à la défaite et il ne daignera pas s’arrêter là où il en est. Il précipite l’« escalade » de sa guerre d’agression au Vietnam et ne cesse de proclamer qu’il compte étendre la guerre à la Chine.

C’est le sursaut désespéré de celui qui ne rencontre qu’échecs lamentables au Vietnam et dans diverses régions du monde. Il se pourrait que la rage le prenne au cours des efforts qu’il fait pour échapper à la défaite. Cette possibilité ne peut être négligée en aucun cas et nous devons être prêts à faire face à l’extension de sa guerre d’agression au Vietnam et à ses tentatives de nous imposer la guerre.

Il existe mille et une manières de s’y préparer ; mais le plus important, l’essentiel, c’est de porter bien haut le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Tsé-toung et de bien préparer la guerre populaire dans tous les domaines, conformément à la théorie du camarade Mao Tsé-toung.

Le mouvement de masse pour l’étude des œuvres du président Mao Tsé-toung, qui bat son plein à travers le pays, est en fait une des mesures fondamentales qui permet de nous armer moralement avec le marxisme-léninisme, de mener à bien notre travail dans tous les domaines, et de nous tenir prêts pour la guerre.

L’article du camarade Lin Piao, publié aujourd’hui dans la presse quotidienne est de l’excellent matériel d’enseignement au sujet de la pensée du camarade Mao Tsé-toung sur la guerre populaire. Je ne m’étendrai pas plus longuement sur ce point.

Je vais m’arrêter sur la question de la poursuite et du développement de nos traditions révolutionnaires. Bien poursuivre et développer nos traditions révolutionnaires constitue une importante garantie pour vaincre définitivement l’impérialisme américain.

Qu’entend-on par traditions révolutionnaires de notre Parti et de notre armée ? Nous les appelons habituellement traditions des monts Tsingkang, traditions de notre vieille Armée rouge, traditions de Yenan, traditions de la VIIIe Armée de Route, traditions de l’Armée populaire de Libération.

Ce sont les traditions révolutionnaires établies au cours de la lutte dans les monts Tsingkang où le camarade Mao Tsé-toung créa l’Armée rouge ; elles ne cessèrent de s’enrichir et de se développer durant les vingt-deux longues années de guerres révolutionnaires du peuple.

Ce sont aussi les traditions du « style de travail trois-huit » et de « la démocratie en matière politique, économique et militaire » sur lesquelles le camarade Lin Piao a mis l’accent à plusieurs reprises, ces dernières années, ainsi que les traditions qu’il a synthétisées par les formules « la politique au premier plan » et « les quatre primautés », également au cours des dernières années.

Si le peuple tout entier a pris avec enthousiasme l’Armée de Libération pour modèle, c’est essentiellement pour vulgariser et développer plus avant ces traditions révolutionnaires de notre Parti.

Elles sont l’expression concentrée de l’excellent style et des nobles qualités que le peuple chinois a acquis graduellement sous la direction du Parti communiste chinois, au cours de la longue guerre révolutionnaire.

Ces traditions, extrêmement riches en contenu, comportent comme élément premier, essentiel, l’esprit révolutionnaire qui veut qu’on se tienne fermement aux côtés du peuple, qu’on le serve de tout cœur, avec un entier désintéressement et dévouement, qu’on se guide en tout sur l’intérêt suprême du peuple et de la révolution, et qu’on considère comme le plus grand bonheur de la vie celui de se consacrer à la cause de la libération du peuple.

Animé de cet esprit, on fera preuve d’un héroïsme sans pareil, on bravera la mort dans la lutte révolutionnaire, et loin de craindre les difficultés, on en sera fier. Chacun fera jouer pleinement son activité créatrice, et recourra à toute son initiative, tous ses talents et toute son intelligence,

Chacun saura se débarrasser de toutes les tendances pernicieuses, comprendre et appliquer de la façon la plus correcte la politique et les décisions du Parti, surmonter difficulté après difficulté et aller de victoire en victoire dans la guerre révolutionnaire et dans toute autre entreprise révolutionnaire.

L’homme qui possédera ces traditions sera le plus courageux, le plus intelligent et le plus capable ; si une unité armée possède ces traditions, elle sera la plus combative, la plus vaillante, elle agira avec la plus grande souplesse et remportera le plus de victoires.

Dans le passé, c’est grâce à ces traditions révolutionnaires que nous avons vaincu les impérialistes japonais et les réactionnaires kuomintaniens. A l’avenir, nous continuerons à nous appuyer sur ces mêmes traditions pour mettre complètement en échec les impérialistes américains et les réactionnaires qui oseraient déclencher la guerre contre nous.

Au moment où l’impérialisme américain intensifie ses préparatifs en vue d’étendre la guerre, il nous est d’autant plus nécessaire de voir clairement sa nature belliqueuse et de nous tenir moralement prêts à parer à toutes les éventualités.

Il est donc d’autant plus nécessaire de ne pas oublier les fours difficiles du passé, de préconiser et de développer l’intrépidité dont il a été fait preuve à l’époque de la guerre révolutionnaire, et qui se manifeste par la persévérance dans le travail et le courage au combat, par le mépris des difficultés et de la mort.

Les impérialistes et les réactionnaires ont toujours cherché à soumettre le peuple révolutionnaire par la « mort » et les « difficultés ». Et si le peuple chinois et l’Armée populaire de Libération de Chine ont pu abattre tous les ennemis au lieu de se laisser écraser par eux, c’est parce que, forts des enseignements du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung, ils ont fait preuve de cet esprit révolutionnaire conséquent, de ce mépris des difficultés et de la mort.

Que reste-t-il à craindre au monde si l’on ne redoute ni les difficultés ni la mort au nom de la cause révolutionnaire ? Qu’est-ce qui pourrait donc nous écraser ? Quels miracles ne sont pas à notre portée ?

Les impérialistes ont toujours recouru au massacre pour maintenir leur domination et conquérir des pays. Ils sont armés jusqu’aux dents, ils disposent de tous les engins de mort.

Et à ceux qui craignent à en mourir les avions, les canons et les bombes atomiques des impérialistes, qui plient sous la menace de la mort, il ne reste donc qu’à se rendre à l’ennemi. Pourrait-il encore être question de libération nationale et de libération du peuple dans ces conditions ?

Au début de la Guerre de Résistance contre le Japon, l’impérialisme japonais disposait d’un armement et d’un équipement d’innombrables fois supérieurs aux nôtres. Il y a peu d’exemples, dans l’histoire des guerres, d’une disproportion aussi accentuée dans le rapport des forces.

L’impérialisme japonais mit sa supériorité militaire à profit, il effectua contre nos bases antijaponaises de multiples opérations de « ratissage » d’une rare cruauté, il appliqua une politique d’une ignoble sauvagerie : incendie total, pillage total, massacre total, il créa de sinistres no man’s land. En un mot, il essaya d’intimider le peuple chinois par la menace de la « mort ».

Mais une longue guerre contre l’agression avait enseigné la vérité que voici au peuple chinois : Pas de libération, d’émancipation sans qu’il n’y ait de sang à verser et de sacrifices à consentir. L’effusion de sang et les sacrifices ne peuvent être réduits que lorsqu’on ne les craint pas. Le sang versé et les sacrifices consentis par une minorité permettent d’épargner l’effusion de sang et les sacrifices à l’écrasante majorité.

A la lumière des enseignements du Parti et du camarade Mao Tsé-toung, le peuple chinois s’est aguerri dans son combat révolutionnaire qui l’a doté d’un héroïsme collectif dont l’expression est l’intrépidité et le mépris devant la mort dans la lutte pour sa propre libération, pour la libération de la patrie, pour l’émancipation de toute l’humanité.

Un exemple type de cet héroïsme révolutionnaire a été fourni, durant la résistance antijaponaise, par les cinq vaillants combattants des monts Langya. Cette tradition a été pleinement développée aussi bien au cours de la Guerre de Libération que de la Guerre de Résistance à l’Agression américaine et d’Aide à la Corée, que dans la lutte de ces dernières années pour la défense de notre espace aérien, de nos eaux territoriales et de nos frontières et dans les contre-attaques menées en légitime défense sur la frontière sino-indienne.

Parmi les héros que ces combats ont vu surgir, figurent Lieou Hou-lan, Tong Tsouen-jouei, Houang Ki-kouang, Yang Ken-se, An Yé-min, Tou Feng-jouei, Louo Kouang-sié, Semayi-maimaiti et Tchen Tai-fou, appelé Houang Ki-kouang vivant, ainsi que Wou Yuan-ming qui, seul, tint tête, au pont de Tsehjao, à des dizaines de soldats indiens qui l’encerclaient et le provoquaient, sans reculer d’un pas.

D’autres héros et personnages exemplaires, dont Lei Feng, Hsiang Sieou-li, Eouyang Hai, Sié Tchen et Siu Hsiué-houei se sont également affirmés pendant la révolution et l’édification socialistes. Tous sont de grandes figures. Leur esprit de sacrifice envers la cause révolutionnaire sera toujours un modèle pour nous.

Les impérialistes suscitent des difficultés au peuple en lutte contre leur agression, non seulement en recourant au massacre, mais aussi à la destruction par des opérations de guerre et au blocus économique, espérant par-là menacer le peuple dans son existence même et l’amener finalement à ployer le genou.

Les impérialistes japonais agirent de la sorte face à la population et à l’armée qui les combattaient. Et les impérialistes américains essayent aujourd’hui d’utiliser les mêmes procédés contre nous. Si l’on est dépourvu de caractère, si l’on ne peut supporter les privations et subir l’épreuve des difficultés, on ne pourra faire triompher la guerre contre l’agression.

Nous avons combattu inflexiblement sans aucune aide matérielle de l’étranger durant la Guerre de Résistance contre le Japon, alors que nous étions pris sous le feu combiné des impérialistes japonais et des réactionnaires kuomintaniens, et que nous souffrions de leur blocus. Les difficultés étaient vraiment grandes, tant et si bien qu’à un moment, nous fûmes sur le point d’être privés de tout, vivres et vêtements.

Mais, à l’appel du Comité central du Parti et du camarade Mao Tsé-toung, et en faisant donner à fond l’esprit intrépide de l’Armée rouge qui lui avait fait gravir les montagnes neigeuses et franchir les steppes marécageuses au cours de sa Longue Marche de 25.000 lis, la population et l’armée des bases antijaponaises se lancèrent dans le combat contre les difficultés.

Responsables et hommes du rang, cadres et soldats, armée et population se nourrirent avec du son et des plantes sauvages, défrichèrent et cultivèrent, rivalisèrent pour la première place dans les privations à subir et la dernière dans les quelques rares joies à s’accorder.

Et qu’advint-il ? Le résultat fut que le blocus de l’ennemi et les difficultés matérielles ne parvinrent pas à nous réduire, que nous surmontâmes les difficultés et vainquîmes l’ennemi.

Cette âpre tradition de combat fait partie de notre patrimoine révolutionnaire. Elle a été pleinement développée depuis notre victoire sur le plan national. Voici plus de dix ans que la « Bonne 8ème Compagnie de la rue de Nankin », repoussant fermement les assauts des idées bourgeoises de toutes nuances, a su garder intactes les qualités du peuple travailleur et de l’armée révolutionnaire.

Dans l’édification industrielle et agricole, les champs de pétrole de Taking et la brigade de production de Tatchai sont des exemples des grands succès obtenus grâce à la mise en œuvre de l’esprit de la confiance en soi, du travail ardu et de l’âpreté dans la lutte.

Ce sont là de nouveaux développements de cette tradition révolutionnaire. Cet esprit par lequel les traditions révolutionnaires de notre Parti et de notre armée ont été maintenues et mises en valeur dans les nouvelles conditions historiques doit être vulgarisé et développé au maximum sur tous les fronts de la révolution et de l’édification socialistes de notre pays.

Le peuple chinois, fort de 650 millions d’hommes, poursuivra fermement la révolution jusqu’au bout, sous le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Tsé-toung, qu’il porte au plus haut. Ni les difficultés ni la mort ne l’effraient.

Il ose et il sait lutter et vaincre. Partant, aucune difficulté ne pourrait nous réduire à merci, aucune force au monde ne pourrait l’emporter sur nous. Les visées des impérialistes et des réactionnaires quant à un nouvel asservissement du peuple chinois ne peuvent qu’aboutir à un échec complet.

Déplacer une montagne doit être plus facile à réaliser que soumettre le peuple chinois !

Nous sommes profondément convaincus qu’à la lumière de la juste ligne marxiste-léniniste du Parti, le peuple chinois, éduqué par le Parti communiste chinois et le camarade Mao Tsé-toung, saura poursuivre et développer l’esprit révolutionnaire conséquent et les glorieuses traditions de travail ardu et d’âpre lutte, qu’il saura prendre toutes les mesures efficaces pour que son pouvoir, qui est solide comme l’acier, ne change jamais de couleur, qu’il saura poursuivre avec succès la révolution et l’édification socialistes, soutenir les peuples du monde dans les mouvements révolutionnaires qu’ils mènent pour abattre l’impérialisme et ses laquais, qu’il saura assurer, dans l’avenir, le passage du socialisme au communisme.

Camarades et Amis,

L’impérialisme américain accélère l’application de sa stratégie globale contre-révolutionnaire en vue d’asseoir son hégémonie mondiale et il intensifie sa guerre d’agression contre le peuple vietnamien.

Nous tenons à avertir une fois de plus l’administration Johnson que la politique de soutien que le peuple chinois pratique vis-à-vis de la lutte des peuples contre l’impérialisme américain et ses laquais, vis-à-vis de la lutte du peuple vietnamien contre l’agression américaine et pour le salut de la patrie, est forme et inébranlable.

Elle l’était, elle l’est et continuera à l’être, jusqu’à ce que les agresseurs américains se soient retirés totalement, complètement et radicalement du Sud-Vietnam et des territoires étrangers qu’il a envahis et qu’il occupe.

L’impérialisme américain qui agit en ennemi du peuple chinois continue à occuper notre terre de Taïwan. Nous sommes décidés à libérer Taïwan et à faire aboutir la cause sacrée de la réunification de notre patrie.

Nous, peuple chinois, nous chérissons la paix, mais en aucun cas nous ne craignons la guerre. Peu importe, si les impérialistes américains s’obstinent à vouloir nous l’imposer.

Qu’ils viennent par air, par mer, par voie terrestre, qu’ils viennent par dizaines ou centaines de milliers, par millions ou plus, qu’ils viennent avec leurs effectifs au complet, plus nombreux ils seront, mieux cela vaudra.

S’ils viennent, nous les exterminerons ; plus il en viendra, plus il y en aura d’exterminés. Si l’ensemble de leurs effectifs vient, cet ensemble sera exterminé.

Les agresseurs américains se sont profondément enfoncés dans le bourbier sous l’effet de la guerre populaire que leur livre la population sud-vietnamienne et ils ne peuvent s’en tirer. Si l’impérialisme américain pousse la témérité jusqu’à envoyer ses troupes envahir la Chine, c’est son anéantissement total qui l’attendra.

II cherche à se servir d’une poignée d’éléments fascistes japonais pour ressusciter le militarisme japonais, en faire son homme de main dans la nouvelle guerre qu’il viendrait à déclencher en Orient ; et s’appuyant sur lui, ces éléments essayent de reprendre vie et d’effectuer un retour contre le peuple chinois et les autres peuples d’Asie afin de renflouer leur vieux rêve de « sphère de coprospérité de la grande Asie orientale ». Leurs calculs sont fantasques.

Aujourd’hui, la Chine est un grand pays socialiste, un bon nombre de pays asiatiques mènent une lutte révolutionnaire victorieuse contre l’impérialisme américain et ses laquais. Et plus éveillé que jamais, le grand peuple japonais fait déferler les vagues de son indignation contre la politique d’agression des Etats-Unis, contre la renaissance du militarisme.

Les impérialistes américains et les réactionnaires japonais espèrent à pareil moment pouvoir convertir le peuple japonais en chair à canon au service de l’agression, mais cela n’aura pour autre résultat que de hâter l’avènement d’un nouveau Japon, libre et indépendant, entièrement débarrassé de l’occupation militaire américaine.

Camarades et Amis,

Dès le début de la Guerre de Résistance contre le Japon, le camarade Mao Tsé-toung disait : « Notre guerre est une guerre sacrée, juste et progressiste ; son but est la paix, non pas la paix pour un seul pays, mais la paix pour tous les pays du monde, non pas une paix temporaire, mais une paix perpétuelle. Pour atteindre ce but, il faut mener une lutte à mort, il faut être prêt à accepter n’importe quel sacrifice et tenir jusqu’au bout ; il ne faut jamais cesser la lutte avant que le but soit atteint. Les pertes seront grandes, il faudra beaucoup de temps, mais devant nos yeux se dessine avec clarté l’image d’un monde nouveau où régneront pour toujours la paix et la lumière. Ce qui nous soutient dans cette guerre, c’est justement la conviction que de nos efforts vont naître la Chine nouvelle et Je monde nouveau où régneront pour toujours la paix et la lumière. » [12]

Conformément aux instructions du camarade Mao Tsé-toung, le peuple chinois triompha, au bout des huit années de sa Guerre de Résistance, de l’impérialisme japonais qui l’avait longtemps tenu sous son joug et l’avait humilié, et il contribua de façon importante à la guerre mondiale antifasciste.

Aujourd’hui, si l‘Impérialisme américain pousse la témérité jusqu’à déclencher une guerre d’agression contre la Chine, le peuple chinois saura certainement infliger à l’agresseur la défaite totale, et de concert avec les peuples du monde entier, vaincre définitivement l’ennemi commun le plus féroce des peuples, l’impérialisme américain, ainsi que ses laquais, et apporter une nouvelle contribution à la victoire encore plus grande de la paix mondiale, de la libération nationale, de la démocratie populaire et du socialisme.

La victoire sera au peuple chinois ! Elle sera également aux peuples et aux nations opprimés du monde entier !

Vive la grande unité anti-américaine des peuples du monde !

Vive le grand peuple chinois !

Vive la grande République populaire de Chine !

Vive le grand et glorieux Parti communiste chinois à la juste politique !

Vive le président Mao Tsé-toung, notre grand guide !


[1] Mission in Torment, par John Mecklin, ancien directeur de l’U.S. Information Service à Saigon.

[2] Walter Lippmann ; New York Herald Tribune, 21 avril 1965.

[3] « Du gouvernement de coalition » (20 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome III.

[4] L. Johnson, discours du 12 octobre 1964.

[5] L. Johnson, allocution à l’American Bar Association., 12 août 1964.

[6] L. Johnson, discours à la Johns Hopkins University, 7 avril 1965.

[7] « Déclaration de Mao Tsé-toung soutenant la résistance du peuple dominicain contre l’agression armée américaine », 12 mai 1965.

[8] L. Johnson, déclaration sur le Vietnam, 17 avril 1965.

[9] L. Johnson, à sa conférence de presse du 28 juillet 1965.

[10] Ibidem.

[11] Rusk, au cours du Programme de Radio et Télévision (Questions et Réponses) de l’American Broadcasting Corporation du 11 juillet 1965.

[12] « De la guerre prolongée » (mai 1938), Écrits militaires de Mao Tsé-toung.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Un contre dix sur le plan stratégique, dix contre un sur le plan tactique (1965)

Écrit par la rédaction du Hongqi, 16 aout 1965 

La pensée de Mao Tsé-toung, c’est, à l’époque où l’impérialisme approche de sa ruine totale et où le socialisme marche vers la victoire mondiale, l’héritage du marxisme-léninisme recueilli et développé avec génie, d’une façon créatrice et dans tous les domaines ; c’est le sommet du marxisme-léninisme de notre époque ; c’est la plus haute et la plus vivante expression du marxisme-léninisme.

Le camarade Mao Tsé-toung est le plus grand marxiste-léniniste de notre temps.

La pensée de Mao Tsé-toung s’est développée dans la pratique de la révolution démocratique populaire, de la révolution socialiste et de l’édification socialiste de notre pays ; elle s’est développée dans la lutte de notre Parti et des marxistes-léninistes des divers pays contre l’impérialisme et le révisionnisme moderne ; elle s’est développée en faisant le bilan des nouvelles expériences acquises dans la lutte des peuples et des nations opprimés contre l’impérialisme et les réactionnaires de tous les pays ; elle s’est développée en faisant le bilan des nouvelles expériences acquises dans la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat sur le plan mondial depuis la Grande Révolution socialiste d’Octobre ; elle s’est développée en tirant la grave et cruelle leçon de l’usurpation de la direction du Parti, de l’armée et du gouvernement par la clique khrouchtchévienne de l’Union soviétique, qui a conduit ce pays du système socialiste à la voie de la restauration du capitalisme.

La pensée de Mao Tsé-toung a été et demeure le seul guide correct dans les diverses étapes de la révolution chinoise ; elle est la puissante arme idéologique de la révolution des peuples et nations opprimés contre l’impérialisme, le révisionnisme moderne et tous les réactionnaires.

La pensée de Mao Tsé-toung est l’instruction suprême pour chaque domaine de travail du Parti communiste chinois et de l’Armée populaire de Libération de Chine. Depuis ses débuts, l’A.P.L. a mené une lutte prolongée et héroïque sous la direction du Parti communiste chinois et du camarade Mao Tsé-toung pour vaincre les ennemis intérieurs et étrangers et libérer la Chine.

La révolution chinoise prit la lutte armée comme principale forme de lutte ; en anéantissant l’une après l’autre les forces armées contre-révolutionnaires et en écrasant l’appareil d’Etat réactionnaire dans une région après l’autre, elle s’empara finalement du pouvoir d’Etat dans tout le pays et mit fin à la domination réactionnaire de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.

L’expérience historique de la révolution chinoise, qui a remporté cette grande victoire, a donné une preuve convaincante de la sagesse, de la grandeur et de la justesse de la pensée de Mao Tsé-toung. Le drapeau de la pensée de Mao Tsé-toung est le drapeau de la victoire.

Au moment de sa création, l’armée révolutionnaire du peuple chinois était inférieure tarit en nombre qu’en équipement aux forces armées réactionnaires du Kuomintang, soutenues par les impérialistes. Pendant une très longue période, elle fut assiégée et constamment attaquée par un puissant ennemi.

Par conséquent, oser combattre et remporter la victoire en se battant un contre dix sur le plan stratégique et être à même de combattre et de remporter la victoire en se battant dix contre un sur le plan tactique devint une question capitale.

Ce fut le camarade Mao Tsé-toung qui, intégrant la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution chinoise, formula la ligne politique et militaire juste pour la révolution chinoise.

Partant des principes fondamentaux d’une guerre populaire et d’une armée populaire, il élabora la ligne directrice et les principes pour l’édification d’une telle armée populaire, résolut une série de problèmes stratégiques et tactiques concernant la manière dont une armée populaire peut vaincre un ennemi plus puissant qu’elle et mena la lutte révolutionnaire armée du peuple chinois de victoire en victoire.

La pensée fondamentale du camarade Mao Tsé-toung sur la stratégie et la tactique d’une guerre populaire est de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une ; et c’est aussi la méthode traditionnelle de combat de notre armée.

Cette méthode a évolué et s’est développée au cours de la pratique des guerres révolutionnaires chinoises et dans les luttes contre les lignes militaires erronées de l’opportunisme « de gauche » et de droite.

Elle a grandement contribué à l’anéantissement des ennemis intérieurs et étrangers du peuple chinois et à la victoire à l’échelle nationale.

Ainsi que l’a souligné le camarade Mao Tsé-toung : « Si l’Armée rouge chinoise, apparaissant dans l’arène de la guerre civile comme une armée peu nombreuse et faible, a pu à maintes reprises infliger des défaites à un ennemi puissant et étonner le monde par ses victoires, cela est dû largement à l’emploi qu’elle a fait de la concentration des forces ». (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Il dit par ailleurs : « Pratiquer cette méthode, c’est aller à la victoire ; ne pas la pratiquer, c’est aller à la défaite. » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Pour acquérir une profonde connaissance de la pensée militaire du camarade Mao Tsé-toung et faire une étude générale de la riche expérience de combat accumulée par notre armée au cours de plusieurs décennies, il est extrêmement important d’étudier sérieusement la méthode qui consiste à combattre en concentrant une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.

I. La méthode de combat par « concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une » est l’expression concrète de la pensée stratégique et tactique : « Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique mais en tenir pleinement compte du point de vue tactique » dans les luttes militaires

Pour assurer la victoire à la révolution, il est de toute première importance d’évaluer correctement la situation en ce qui concerne l’ennemi et nous-mêmes et d’avoir une idée générale correcte sur le plan stratégique et tactique.

En se fondant sur l’expérience acquise dans la lutte prolongée contre l’ennemi intérieur et étranger et sur les points de vue du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, et après avoir analysé l’histoire de Chine et du monde et la situation internationale contemporaine, le camarade Mao Tsé-toung a avancé la célèbre thèse selon laquelle « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » ; il a formulé le grand concept stratégique et tactique marxiste-léniniste consistant à mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et à en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné maintes et maintes fois que bien que l’impérialisme et tous les réactionnaires paraissent puissants, ils représentent les classes réactionnaires et décadentes.

La loi du développement historique détermine leur inévitable destin.

Par conséquent, le peuple révolutionnaire doit les considérer, de par leur nature et à longue échéance, ni plus ni moins comme des tigres en papier ; il doit les mépriser du point de vue stratégique, oser lutter contre eux et oser arracher la victoire et baser là-dessus sa pensée stratégique.

En même temps, le camarade Mao Tsé-toung a aussi indiqué à maintes reprises que tout comme il n’existe pas au monde une chose qui n’ait une nature double, de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont une double nature.

Avant d’être finalement vaincus, ils peuvent être puissants pendant un certain temps, jouir encore d’un avantage militaire temporaire et décimer le peuple. De ce point de vue, ils sont des tigres vivants, réels et de fer.

Par conséquent, du point de vue tactique, en ce qui concerne chaque lutte spécifique, le peuple révolutionnaire doit tenir pleinement compte de l’ennemi, être prudent, faire preuve d’art dans la lutte et baser ses conceptions tactiques sur ces données.

C’est seulement en combinant un esprit révolutionnaire intrépide avec un art militaire inventif et souple qu’il lui sera possible de remporter la victoire dans chaque rencontre spécifique et, finalement, d’atteindre le but qui est de vaincre l’ennemi.

Résumant l’expérience de la Deuxième guerre civile révolutionnaire (1927-1937), le camarade Mao Tsé-toung a dit :

« Notre stratégie, c’est de nous battre ’à un contre dix’, mais notre tactique, c’est de nous battre ’à dix contre un’. Voilà Tune des lois fondamentales qui garantissent notre victoire sur l’ennemi. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Il a poursuivi : « Nous vainquons des effectifs supérieurs avec des effectifs inférieurs – voilà ce que nous déclarons à l’ensemble des forces dominantes de la Chine.

Mais en même temps, nous vainquons des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs – voilà ce que nous déclarons à cette partie des forces ennemies avec laquelle nous nous mesurons sur le champ de bataille. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et en tenir pleinement compte du point de vue tactique peut être considéré comme une généralisation sur un plan plus élevé du point de vue suivant : « se battre à un contre dix » et « vaincre des effectifs supérieurs avec des effectifs inférieurs » sur le plan de la stratégie et « se battre à dix contre un » et « vaincre des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs » sur le plan de la tactique.

La méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est une expression condensée dans la lutte militaire de l’idée de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique ; c’est une expression concrète du concept de « se battre à dix contre un » et de « vaincre des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs » dans le domaine de la tactique.

Dans une lutte militaire, c’est parce que nous tenons pleinement compte de l’ennemi et ne sous-estimons pas sa force que nous soulignons la nécessité de bien se préparer pour chaque bataille et de ne pas engager le combat sans préparation ou sans être certains de son issue victorieuse ; nous nous opposons à la mentalité qui consiste à compter sur la chance, à la mentalité qui consiste à prendre l’ennemi à la légère et à agir de façon téméraire ; nous faisons en sorte d’être certains que chaque bataille engagée sera victorieuse, sinon nous l’évitons.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Plusieurs solides gaillards ont facilement raison d’un seul. C’est une vérité élémentaire. » (« De la guerre prolongée », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Ainsi, dans chaque bataille, nous concentrons une force deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois supérieure à celle de l’ennemi.

Nous nous assurons ainsi la victoire.

En même temps, nous attachons une très grande importance à l’art de diriger les batailles ; nous veillons à profiter des faiblesses, des erreurs et des contradictions internes de l’ennemi et d’autres conditions favorables pour nous afin d’anéantir ses forces une a une.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une par une et l’ennemi ne peut être écrasé que morceau par morceau.
Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une, les paysans ne peuvent labourer la terre que parcelle par parcelle. ( … ) C’est ce qu’on appelle la solution un par un.

Et en langage militaire, cela s’appelle écraser l’ennemi un par un. » (Mao Tsé-toung sur l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier)

La méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une traduit également l’idée de mépriser l’ennemi du point de vue stratégique.

Car ce n’est qu’en méprisant l’ennemi du point de vue stratégique, et en faisant preuve de l’esprit révolutionnaire et militant d’être prêt à « nous battre à un contre dix », que nous pouvons conserver notre sang-froid en face d’un ennemi puissant et ne pas nous laisser intimider par son attitude menaçante ou tromper par une situation complexe ; c’est seulement ainsi que nous oserons concentrer nos forces et porter des coups à l’ennemi.

D’autre part, les victoires remportées dans les campagnes et batailles en recourant à cette méthode de combat éduqueront davantage le peuple et son armée et leur permettront de voir clairement, de par leur propre expérience, que l’ennemi peut être vaincu et qu’il est absolument juste de le mépriser du point de vue stratégique.
Ce qui accroîtra inévitablement la confiance du peuple et de son armée dans la lutte contre l’ennemi et les encouragera à lutter et à remporter de plus grandes victoires encore.

Certains soutiennent que la tactique est subordonnée à la stratégie et qu’étant donné que nous devons, stratégiquement, « nous battre à un contre dix », nous ne pouvons « nous battre à dix contre un » tactiquement, sinon la tactique sera en conflit avec la stratégie.

Ceux-là envisagent les choses d’une façon métaphysique. Ils ne comprennent pas le rapport dialectique entre la stratégie et la tactique.

Lorsque nous parlons de la subordination de la tactique à la stratégie, nous voulons dire que toute la tactique doit assurer efficacement l’application du principe stratégique et la réalisation du but stratégique.

La stratégie et la tactique, tout en étant étroitement liées, se distinguent l’une de l’autre.

Leur interconnexion se traduit par le fait que la tactique est subordonnée à la stratégie et sert le but stratégique.

Mais l’objet de l’étude de la science de la stratégie, ce sont les lois qui régissent la direction d’une guerre dans son ensemble tandis que l’objet de l’étude de la science des tactiques, ce sont les lois qui régissent la direction de certaines parties d’une guerre ; là réside la différence.

Par exemple, notre principe stratégique dans la Guerre de résistance contre le Japon était « une guerre défensive prolongée sur les lignes intérieures » tandis que notre principe opérationnel fondamental au cours des campagnes et batailles était « une guerre offensive de décision rapide sur les lignes extérieures ».

Les deux semblent opposés, mais le premier ne pourrait être réalisé sans le second.
De même, « se battre à un contre dix » stratégiquement et « se battre à dix contre un » tactiquement semblent opposés, mais le dernier principe est le moyen nécessaire pour réaliser le premier.

Si nous ignorons la différence entre la stratégie et la tactique et soulignons la nécessité de nous « battre à un contre dix » dans des batailles spécifiques, nous commettrons certainement l’erreur de sous-estimer l’ennemi et d’agir de façon imprudente.

Il est évident que dans certaines circonstances où tous les avantages sont de notre côté en ce qui concerne le soutien des masses, le terrain, les conditions climatiques et l’adversaire particulier ou si une tâche de combat particulière doit être assumée, il peut y avoir de nombreuses occasions dans lesquelles des campagnes ou des batailles sont engagées avec des effectifs inférieurs contre des effectifs supérieurs.

Mais nous devons insister sur l’utilisation d’effectifs supérieurs pour vaincre des effectifs inférieurs et sur la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, car c’est là notre concept directeur dans les opérations, notre principale méthode de combat.

On peut donc voir que la méthode de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une montre à la fois notre esprit révolutionnaire d’oser lutter et remporter la victoire, notre attitude strictement scientifique et notre art de lutte souple et inventif.

Elle traduit concrètement dans la lutte militaire le grand concept marxiste-léniniste de stratégie et de tactique, l’idée de mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et d’en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

II. La concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est la méthode la plus efficace de combat pour changer une situation dans laquelle l’ennemi est puissant tandis que nous sommes faibles et pour hâter la victoire finale

Au début, et pendant une assez longue période, les forces armées révolutionnaires du peuple sont toujours relativement faibles, peu nombreuses et soumises à des attaques continuelles et à « l’encerclement et à l’anéantissement » par des ennemis puissants.

Telle est habituellement la situation objective en ce qui concerne le rapport des forces.
Aux yeux des marxistes-léninistes, cette situation peut être changée. Le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « Nous pouvons sortir de notre infériorité et de notre passivité stratégiques relatives en nous assurant, dans un grand nombre de campagnes, la supériorité et l’initiative locales, de façon à arracher à l’ennemi la supériorité et l’initiative sur le plan local et à le condamner à l’infériorité et à la passivité.

L’ensemble de ces succès locaux nous permettra d’acquérir la supériorité et l’initiative stratégiques, et l’ennemi se trouvera réduit à l’infériorité et à la passivité stratégique.

La possibilité d’un tel tournant dépend d’une direction subjective juste. » (« De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Cette juste direction envisage, tout d’abord et avant tout, d’appliquer la méthode de combat caractérisée par la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.
Cette méthode de combat a été largement utilisée dans toutes les périodes historiques de la guerre révolutionnaire en Chine.

Elle a joué un rôle très important en changeant la situation en ce qui concerne l’avance et la retraite, l’offensive et la défensive, et le combat sur les lignes intérieures ou extérieures, aussi bien qu’en permettant à notre armée de se transformer de faible en forte et de passer de l’infériorité à la supériorité.

Elle a été mise à l’épreuve tout au long de la pratique prolongée de la guerre révolutionnaire et s’est révélée juste.

Durant la période de la Deuxième guerre civile révolutionnaire, le camarade Mao Tsé-toung fit, à la lumière de la vérité universelle du marxisme-léninisme, une analyse approfondie de la situation dans laquelle l’ennemi était fort tandis que l’Armée rouge était faible.

Il a souligné que la guerre révolutionnaire en Chine se trouvait dans des conditions à la fois favorables et défavorables, c’est-à-dire que l’Armée rouge pouvait croître et vaincre l’ennemi, mais qu’elle n’y parviendrait pas à brève échéance. Telle était la loi fondamentale régissant la guerre révolutionnaire en Chine.

En vertu de cette loi, le camarade Mao Tsé-toung a formulé toute une série de principes et de méthodes d’opérations tels que « disperser les forces pour soulever les masses, concentrer les forces pour faire face à l’ennemi », « l’ennemi avance, nous reculons ; l’ennemi s’immobilise, nous le harcelons ; l’ennemi s’épuise, nous le frappons ; l’ennemi recule, nous le pourchassons » ; « créer des bases révolutionnaires stables, recourir à la tactique de la progression par vagues ; au cas où l’on est talonné par un ennemi puissant, adopter la tactique qui consiste à tourner en rond », « attirer l’adversaire loin dans l’intérieur de notre territoire » et « concentrer des forces supérieures, choisir les endroits faibles de l’ennemi ; par des actions assurées, anéantir, en manœuvrant, une partie, voire la plus grande partie de l’adversaire, battre les ennemis un par un » ; et c’est ainsi qu’il a résolu le problème le plus difficile : comment la faible et petite Armée rouge pourrait-elle vaincre un ennemi puissant ?

De 1930 à 1933, en recourant à la stratégie et à la tactique susmentionnées, l’Armée rouge des Ouvriers et des Paysans, sous la direction du camarade Mao Tsé-toung, a réussi à écraser les quatre campagnes contre-révolutionnaires d’ »encerclement et d’anéantissement » déclenchées par Tchiang Kaï-chek. De cette façon, l’Armée rouge augmenta ses forces et étendit les bases révolutionnaires.

Vers la fin de 1930, Tchiang Kaï-chek concentra 7 divisions, soit une force évaluée à 100.000 hommes environ, et tenta d’en finir une fois pour toutes avec l’Armée rouge en adoptant la tactique d’une attaque conjuguée en plusieurs colonnes dans sa campagne « d’encerclement et d’anéantissement » contre l’Armée rouge centrale qui se trouvait dans le Kiangsi.

Avec une force nettement inférieure de 40.000 hommes, nous adoptâmes le principe d’attirer l’ennemi loin à l’intérieur de notre territoire pour l’anéantir unité par unité en concentrant nos forces. Les 40.000 hommes attaquèrent par surprise la division ennemie commandée par Tchang Houei-tsan et l’anéantirent. Puis, poursuivant leur avance, ils détruisirent encore la moitié de la division de Tan Tao-yuan. Ainsi fut brisée la première campagne « d’encerclement et d’anéantissement ».

En mai 1931, l’ennemi déclencha sa seconde campagne avec 200.000 hommes, alors que les effectifs de l’Armée rouge des régions soviétiques centrales au Kiangsi ne s’élevaient qu’à une trentaine de milliers d’hommes, c’est-à-dire qu’ils étaient inférieurs même à ceux de la première campagne. Cette fois-là encore, nos troupes adoptèrent le même principe, et mirent en déroute 11 régiments de Wang Kin-yu et autres, en profitant des contradictions chez l’ennemi.

Puis, elles passèrent à l’attaque contre les autres fronts ennemis. Après avoir remporté successivement cinq victoires et capturé plus de 20.000 armes en parcourant 350 kilomètres en 15 jours, elles finirent par briser la seconde campagne de l’ennemi.

En juillet 1931, Tchiang Kaï-chek déclencha sa troisième campagne avec 300.000 hommes divisés en trois colonnes. Lui-même en assurait le commandement. Son but était de liquider l’Armée rouge en l’obligeant à accepter la bataille sur les rives du Kankiang.

Notre armée, qui dut livrer de rudes combats dans la campagne précédente, n’avait pas encore eu le temps de compléter ses rangs et de se refaire ; ses effectifs s’élevaient toujours à 30.000 hommes environ. Face à cette situation, elle chercha « à éviter le gros des forces ennemies et à attaquer leurs points faibles ».

Dans le grand encerclement de l’ennemi, elle parcourut des centaines de kilomètres, se faufila par les brèches laissées par l’ennemi, amena celui-ci à manœuvrer comme elle le désirait, l’épuisa, et enfin trouva l’occasion de passer à l’attaque dans la région de Hsingkouo-Ningtou.

Les trois batailles qu’elle y livra furent toutes victorieuses, et plus de 10.000 armes furent capturées. L’Armée rouge anéantit par la suite une division plus une brigade ennemie lors du retrait de celles-ci. Trois mois de combats acharnés permirent à l’Armée rouge de briser la troisième campagne de l’ennemi.

Lors de la quatrième campagne où l’ennemi attaqua en trois colonnes la région soviétique centrale, nous concentrâmes nos forces sur le front ouest où nous mîmes deux divisions ennemies hors de combat, puis anéantîmes une autre division sur le front central.

Ces deux opérations permirent à notre armée de s’enrichir de plus de 10.000 armes. La quatrième campagne de l’ennemi fut ainsi pratiquement brisée.

Mais l’Armée rouge ne parvint pas à briser la cinquième campagne d’ »encerclement et d’anéantissement » lancée par l’ennemi et subit de lourdes pertes, parce que les opportunistes « de gauche », faisant leur apparition pour la troisième fois, agirent diamétralement à rencontre de la ligne militaire du camarade Mao Tsé-toung.

Durant la période de la Guerre de résistance contre le Japon (1937-1945), le camarade Mao Tsé-toung, après avoir fait une juste analyse des caractéristiques de l’ennemi et de nous-mêmes et de la situation intérieure et internationale, expliqua que la Guerre de résistance contre le Japon allait inévitablement être une guerre prolongée.

Il réfuta la « théorie de l’asservissement inéluctable de la Chine » et la « théorie de la victoire rapide » et prédit de manière scientifique le développement de la guerre en trois étapes stratégiques. (« La première sera l’étape de l’offensive stratégique de l’ennemi et de notre défensive stratégique ; la deuxième, l’étape de la consolidation stratégique des positions de l’ennemi et de notre préparation à la contre-offensive ; la troisième, l’étape de notre contre-offensive stratégique et de la retraite stratégique de l’ennemi. » Dans : « De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao)

Ainsi fut défini le principe général d’une guerre prolongée et formulé le principe stratégique spécifique : « les opérations offensives dans une guerre défensive, les opérations de décision rapide dans une guerre de longue durée et les opérations à l’extérieur des lignes dans la guerre à l’intérieur des lignes ».

De cette manière, la méthode de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une connut un nouveau développement et différents moyens d’application dans des circonstances et des conditions nouvelles.

Le camarade Mao Tsé-toung conféra à la guerre de partisans dans la Guerre de résistance contre le Japon un rôle d’importance stratégique et a résolu ainsi correctement une série de problèmes sur la façon de conduire la guerre de partisans sur les arrières de l’ennemi.

Premièrement, il a nettement formulé le principe suivant : « notre armée recourait principalement à la dispersion des forces pour mener la guerre de partisans, et avait comme méthode auxiliaire la concentration des forces pour mener la guerre de mouvement » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung), et il a critiqué et réfuté le concept erroné de la « guerre de partisans de mouvement » formulé par les opportunistes de droite.

Deuxièmement, il a souligné la nécessité d’établir des bases d’appui. Celles-ci étaient des bases stratégiques que nous utilisions pour mener la guerre de partisans, conserver et renforcer nos forces et pour anéantir et chasser l’ennemi. Sans ces bases, la guerre de partisans n’aurait pu continuer ni se développer.

Et « une base d’appui de la guerre de partisans ne peut être réellement établie qu’après la réalisation graduelle des trois conditions fondamentales : créer des forces armées antijaponaises, infliger des défaites à l’ennemi et mobiliser les masses populaires ». (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Troisièmement, en ce qui concerne l’utilisation des forces dans la guerre de partisans, « les principales formes sont la dispersion, la concentration et le déplacement ». (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

C’est-à-dire que nous devons à un moment intégrer les parties en un tout et à un autre diviser le tout en parties et nous montrer subitement ici et un moment après ailleurs, et nous déplacer et combattre simultanément.

En ce qui concerne les relations entre la dispersion, la concentration et le déplacement, le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « La guerre de partisans, par sa nature même, se fait avec des forces dispersées, ce qui donne à ses opérations un caractère d’ubiquité.

En outre, une série d’autres tâches qui lui sont dévolues, celles de harceler l’ennemi, de l’immobiliser, de faire des sabotages et d’effectuer le travail de masse, exigent la dispersion des forces.

Cependant, les détachements et les corps de partisans doivent concentrer leurs forces principales lorsqu’ils se donnent pour tâche d’anéantir les forces de l’ennemi et surtout lorsqu’ils s’efforcent de briser l’offensive de l’ennemi.

‘Concentrer de grandes forces pour battre de petites unités de l’ennemi’ demeure l’un des principes des opérations militaires dans la guerre de partisans. » (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Lorsque les circonstances et les tâches l’exigent, les unités et les corps de partisans doivent se déplacer secrètement et avec la rapidité de l’éclair.

Quatrièmement, lorsque la guerre de partisans aura commencé et atteint une certaine ampleur, l’offensive de l’ennemi contre les bases d’appui de la guerre de partisans deviendra inéluctable.

C’est pourquoi, sur les arrières de l’ennemi, « le principe des opérations de partisans consiste à briser cette attaque concentrique en passant à la contre-attaque ». (« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Mais comment écraser une attaque concentrique de ce genre ?

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « La disposition de nos troupes doit être calculée de façon à en utiliser une petite partie pour fixer les forces de plusieurs colonnes de l’ennemi, et à lancer nos forces principales contre une seule de ces colonnes, en adoptant dans nos campagnes et nos combats la méthode des attaques par surprise (essentiellement des embuscades) et en frappant l’ennemi pendant qu’il est en marche. »

« Une fois l’ennemi défait dans une direction, il faut porter rapidement nos forces dans une autre direction, et défaire ainsi par fraction l’ennemi qui se livre à une attaque concentrique. »(« Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Au cours des huit années de la Guerre de résistance contre le Japon, notre armée a strictement observé ces principes stratégiques et tactiques du camarade Mao Tsé-toung. Elle a mené à une vaste échelle la guerre de partisans sur les arrières de l’ennemi et a établi des bases démocratiques antijaponaises. Elle a résisté à 64% des envahisseurs japonais et à plus de 95% des troupes fantoches et impitoyablement écrasé les opérations d’ »encerclement » et de « nettoyage », de « grignotage » et de « blocus ».

Pendant les moments les plus durs, l’ennemi a concentré la grande majorité de ses forces pour attaquer les bases démocratiques antijaponaises, employant plus de 800.000 hommes rien qu’en Chine du Nord.

Dans ces conditions, le gros de nos forces armées, les partisans locaux et la milice populaire s’unirent étroitement, coopérèrent l’un avec l’autre pour combattre avec souplesse à la fois sur les lignes intérieures et extérieures.

Ils inventèrent diverses tactiques ingénieuses : guerres des moineaux, des mines, des souterrains, dynamitage, opérations de partisans sur l’eau.

D’une part, une partie de nos forces principales était dispersée pour opérer en coordination avec les unités de la milice et des partisans afin d’investir et de harceler l’ennemi en utilisant mines, carabines et fusils de fortune, et grenades pour décimer l’ennemi.

D’autre part, le gros de nos forces principales se libéra de l’ »encerclement » ennemi et saisit les occasions pour attaquer l’ennemi, concentrer les forces afin d’anéantir les colonnes ou unités ennemies une à une et ainsi écraser les attaques de l’ennemi.
Au cours des huit années de la Guerre de résistance contre le Japon, notre armée a anéanti plus de 527.000 envahisseurs japonais et plus de 1.180.000 soldats fantoches, établi 19 bases d’appui démocratiques antijaponaises et libéré un vaste territoire avec une population de près de 100 millions d’habitants.

Notre armée passa ainsi de quelques dizaines de milliers d’hommes à plus de 900.000 hommes. Tout ceci a été un facteur pour la grande victoire finale dans la guerre de résistance.

Au cours de la période de la Troisième guerre civile révolutionnaire (1946-49), les troupes réactionnaires du Kuomintang totalisaient 4.300.000 hommes, dont 106 divisions étaient équipées par l’impérialisme américain ; elles avaient en outre repris l’équipement d’un million d’envahisseurs japonais à la fin de la Guerre de résistance.

Elles contrôlaient une région peuplée de plus de 300 millions d’habitants ainsi que toutes les grandes villes et la plupart des lignes de chemins de fer du pays.

Elles pouvaient être considérées comme puissantes. A cette époque, notre armée ne totalisait que 1.200.000 hommes, soit moins du tiers de celle du Kuomintang. De plus, elle était dispersée dans plus de dix bases d’appui, mal équipée et sans aide extérieure.

En juillet 1946, lorsque les réactionnaires du Kuomintang déclenchèrent une guerre civile d’une envergure sans précédent dans l’histoire, le camarade Mao Tsé-toung fit une analyse approfondie de la situation à cette époque.

Il indiqua que la force du gouvernement Tchiang Kaï-chek n’était que temporaire et superficielle, qu’en fait, c’était un gouvernement fort en apparence, mais faible au fond ; que ses offensives pouvaient être écrasées et que les masses se rebelleraient infailliblement contre lui, que ses partisans l’abandonneraient et que son armée serait complètement anéantie.

En vue de mettre en échec les attaques de la clique Tchiang Kaï-chek, le camarade Mao Tsé-toung formula le concept d’opérations : « la concentration de nos forces pour la guerre de mouvement doit être primordiale, et la dispersion de nos forces pour la guerre de partisans doit être complémentaire ».

En outre, en mettant en lumière les dix principes fondamentaux d’opération, il a de nouveau expliqué en termes concrets la méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.

Durant les quatre années de guerre, en mettant constamment en pratique cette méthode fondamentale de vaincre l’ennemi, notre armée mit hors de combat plus de 8 millions d’ennemis et libéra le continent chinois.

Les dix principes fondamentaux d’opération :

1. Attaquer d’abord les forces ennemies dispersées et isolées, et ensuite les forces ennemies concentrées et puissantes.

2. S’emparer d’abord des villes petites et moyennes et des vastes régions rurales, et ensuite des grandes villes.

3. Se fixer pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et non pas la défense ou la prise d’une ville ou d’un territoire. La possibilité de garder ou de prendre une ville ou un territoire résulte de l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et souvent une ville ou un territoire ne peut être tenu ou pris définitivement qu’après avoir changé de mains à plusieurs reprises.

4. A chaque bataille, concentrer des forces d’une supériorité absolue ( deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi), encercler complètement les forces ennemies, s’efforcer de les anéantir totalement, sans leur donner la possibilité de s’échapper du filet.

Dans des cas particuliers, infliger à l’ennemi des coups écrasants, c’est-à-dire concentrer toutes nos forces pour une attaque de front et une attaque sur l’un des flancs de l’ennemi ou sur les deux, afin d’anéantir une partie de ses troupes et mettre l’autre partie en déroute, de sorte que notre armée puisse déplacer rapidement ses forces pour écraser d’autres troupes ennemies.

S’efforcer d’éviter les batailles d’usure dans lesquelles les gains sont inférieurs aux pertes ou les compensent seulement. Ainsi, bien que dans l’ensemble nous soyons (numériquement parlant) en état d’infériorité, nous avons la supériorité absolue dans chaque secteur déterminé, dans chaque bataille, et ceci nous assure la victoire sur le plan opérationnel. Avec le temps, nous obtiendrons la supériorité dans l’ensemble et finalement nous anéantirons toutes les forces ennemies.

5. Ne pas engager de combat sans préparation, ou un combat dont l’issue victorieuse ne soit pas certaine. Faire les plus grands efforts pour se bien préparer à chaque engagement, faire les plus grands efforts pour s’assurer la victoire dans un rapport de conditions donné entre l’ennemi et nous.

6. Mettre pleinement en œuvre notre style de combat-bravoure, esprit de sacrifice, mépris de la fatigue et ténacité dans les combats continus (c’est-à-dire engagements successifs livrés en un court laps de temps et sans prendre de repos).

7. S’efforcer d’anéantir l’ennemi en recourant à la guerre de mouvement. En même temps, accorder une grande importance à la tactique d’attaque de positions dans le but de s’emparer des points fortifiés et des villes de l’ennemi.

8. En ce qui concerne l’attaque des villes, s’emparer résolument de tous les points fortifiés et de toutes les villes faiblement défendus par l’ennemi. S’emparer au moment propice de tous les points fortifiés et de toutes les villes modérément défendus par l’ennemi, à condition que les circonstances le permettent. Quant aux points fortifiés et villes de l’ennemi puissamment défendus, attendre que les conditions soient mûres, et alors les prendre.

9. Compléter nos forces à l’aide de toutes les armes et de la plus grande partie des effectifs pris à l’ennemi. Les sources principales d’hommes et de matériel pour notre armée sont au front.

10. Savoir mettre à profit l’intervalle entre deux campagnes pour reposer, instruire et consolider nos troupes. Les périodes de repos, d’instruction et de consolidation ne doivent pas, en général, être très longues, et, autant que possible, il ne faut pas laisser à l’ennemi le temps de reprendre haleine. (« La situation actuelle et nos tâches », Écrits militaires de Mao Tsé-toung.)

Au début de la guerre, les réactionnaires kuomintaniens mirent en ligne plus de 1.600.000 hommes pour lancer une offensive générale contre nous. Notre armée appliqua alors le principe de défense active, c’est-à-dire qu’elle fit de rapides retraites et avança sur de grandes distances, abandonna de sa propre initiative certaines villes et localités afin d’attirer l’ennemi loin dans l’intérieur, et ensuite concentra une force nettement supérieure et choisit des unités faibles et isolées de l’ennemi, pour les éliminer une à une pendant qu’elles étaient en déplacement.

C’est ainsi qu’en un an, 1.120.000 soldats ennemis furent anéantis, l’ennemi fut forcé de recourir à une défense générale tandis que notre armée passait de la défensive stratégique à l’offensive stratégique.

En juillet 1947, l’Armée de campagne du Chansi-Hopei-Chantong-Honan força le passage du fleuve Jaune et gagna la région des monts Tapie. Des offensives de grande envergure furent alors déclenchées par d’autres armées de campagne, constituant une offensive stratégique générale.

Dès lors, les principaux champs de bataille furent déplacés dans les régions contrôlées par le Kuomintang. En juin 1948, 2.640.000 soldats ennemis avaient été anéantis et d’énormes quantités d’armes et d’équipement capturées. Non seulement notre armée repoussa les attaques de Tchiang Kaï-chek, mais elle grossit également jusqu’à atteindre le chiffre de 2.800.000 soldats dans le cours de la guerre. De notables changements eurent ainsi lieu dans le rapport des forces militaires et la situation stratégique.

Les cinq corps stratégiques du Kuomintang furent respectivement enlisés dans les champs de bataille de la Chine du Nord-Est, de l’Est, du Nord, du Centre et du Nord-Ouest. Ils se trouvèrent réduits à la passivité en face des attaques et engagés dans une lutte désespérée.

A la lumière de ce développement de la situation militaire, le camarade Mao Tsé-toung vit que le moment était venu d’engager des batailles stratégiquement décisives.

Juste avant que Tchiang Kaï-chek tentât de retirer ses troupes et d’effectuer une retraite générale vers le sud, le camarade Mao Tsé-toung saisit promptement cette excellente occasion pour organiser et engager des campagnes d’une envergure sans précédent, celles de Liaoning-Chenyang, de Houai-Rai et de Peiping-Tientsin.

Ce furent trois grands engagements stratégiquement décisifs. Dans ces campagnes, la méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une fut perfectionnée et appliquée encore plus efficacement et plus judicieusement.

Tout en encerclant stratégiquement les troupes ennemies, notre armée adopta dans chaque campagne les tactiques consistant à couper, encercler et anéantir les unités ennemies, c’est-à-dire couper stratégiquement les corps stratégiques de l’ennemi, les diviser sur plusieurs champs de bataille et, sur chaque champ de bataille, les couper en plusieurs groupes isolés et concentrer alors une force supérieure pour anéantir ces groupes un à un.

En 141 jours, du 12 septembre 1948 au 31 janvier 1949, un total de 1.540.000 ennemis furent anéantis et l’ensemble de la Chine du Nord-Est et du Nord et d’autres vastes régions furent libérés.

Les forces principales de notre armée parvinrent jusqu’à la rive nord du Yangtsé, tandis que les troupes d’élite sur lesquelles comptait le Kuomintang pour mener sa guerre civile contre-révolutionnaire étaient pratiquement anéanties. Ce fait hâta considérablement la libération de l’ensemble du pays.

La pratique de la guerre révolutionnaire en Chine a prouvé que l’application de la méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, non seulement a changé notre position d’infériorité en position de supériorité quand nous occupions la première et l’ennemi la seconde, mais a hâté la victoire finale de la guerre révolutionnaire après que ces positions respectives eurent été interverties.

III. La guerre d’anéantissement est l’application de l’idée fondamentale de la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une

La guerre d’anéantissement est l’idée fondamentale de la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une.

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « La guerre d’anéantissement suppose la concentration de forces supérieures et l’adoption de la tactique des encerclements et des mouvements tournants ; elle est impossible sans cela. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

La guerre d’anéantissement est le principe essentiel et la pensée fondamentale guidant toutes les opérations de notre armée ; c’est l’essence de la brillante pensée stratégique et tactique du camarade Mao Tsé-toung. Elle figure dans tous les principes directeurs d’opérations dans la guerre révolutionnaire de Chine.

Engager une guerre d’anéantissement signifie lutter pour anéantir l’ennemi jusqu’au dernier dans chaque bataille afin que chaque compagnie, bataillon, régiment ou division éliminé diminue d’autant les forces ennemies.

De la sorte, l’ennemi perd des effectifs et du matériel et son moral est ainsi durement atteint ; il est découragé et démoralisé. Et même si les rangs de l’ennemi se reforment, plus il combat, plus il s’affaiblit. Cette méthode de lutte est le moyen le plus efficace pour affaiblir l’ennemi.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Dans une guerre contre un adversaire puissant, les actions qui visent à le mettre en déroute ne peuvent déterminer d’une manière radicale l’issue de la guerre, alors que les combats d’anéantissement produisent immédiatement de profondes répercussions chez l’adversaire, quel qu’il soit.

Dans une bagarre, il vaut mieux arracher un doigt à l’adversaire que de lui en blesser dix ; il vaut mieux anéantir une division de l’adversaire que d’en mettre dix en déroute. »(« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

C’est là une explication pénétrante du concept de la guerre d’anéantissement.

La concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est un principe intégral et indivisible d’opérations dans une guerre d’anéantissement.
Le rapport entre la concentration de forces et la destruction des forces ennemies une à une est dialectique, chacune formant la condition de l’existence de l’autre.

Ce n’est que par la concentration d’une force supérieure que les forces ennemies peuvent être anéanties une à une, et, en même temps, ce n’est qu’en adoptant la méthode d’anéantir les forces ennemies une à une qu’une supériorité de forces peut être facilement développée et maintenue.

Une juste application du principe de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une peut fournir simultanément la base matérielle et la méthode concrète pour mener une guerre d’anéantissement.

La concentration de forces est la base matérielle sur laquelle une guerre d’anéantissement est engagée. Marx a souligné : « La concentration est le secret de la stratégie »(K. Marx et F. Engels : « K. Marx, La révolte en Inde », La 1ère Guerre de l’indépendance indienne, 1857-59).

Le camarade Mao Tsé-toung a également indiqué : « L’initiative, ce n’est pas un concept abstrait, mais quelque chose de concret, de matériel. Ici, ce qui importe avant tout, c’est de conserver et de masser le maximum de forces actives. » (’ »Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Ecrits militaires de Mao Tsé-toung)

Qu’importé que le rapport des forces soit en notre faveur ou non, les opérations doivent toujours être menées par la concentration de nos forces.

Notamment lorsque l’ennemi est puissant et que nous sommes faibles, ce n’est qu’en concentrant une force supérieure qu’il nous est possible de rassembler une force suffisante pour engager une bataille d’anéantissement et obtenir une décision rapide.

De cette manière, lorsque des opérations d’offensive sont lancées, nous pouvons rapidement percer les lignes de défense de l’ennemi, écraser ses renforts et ses contre-attaques, masser suffisamment de troupes pour le déborder, l’encercler et diviser ses forces, livrer un engagement après l’autre et exploiter rapidement le succès.

Lors d’opérations défensives, nous pouvons affaiblir les attaquants et leur infliger de lourdes pertes, gagner du temps pour nous-mêmes et même passer de la défensive à l’offensive.

Si nous ne concentrons pas une force supérieure, nous ne pouvons ni atteindre le but, qui est d’anéantir l’ennemi, ni livrer de rapides engagements et obtenir une décision rapide.

De plus, le déroulement des campagnes et des batailles peut aboutir soit à un équilibre stérile de forces, soit à la simple déroute de l’ennemi, soit à une guerre d’usure où les gains compensent mal les pertes, voire au danger d’être grignotés par l’ennemi.

Détruire les forces ennemies une à une est un important principe d’opérations quand on livre une guerre d’anéantissement, un principe qui doit être constamment observé par notre armée, stratégiquement et tactiquement.

Une fois nos forces concentrées, devons-nous adopter la méthode d’anéantir les forces ennemies d’un coup ou celle de les écraser une à une ?

Il est évident que ce n’est qu’en adoptant la première méthode que nous pouvons les liquider avec succès. Il en est notamment ainsi lorsque l’ennemi est puissant et que nous sommes faibles.

En affrontant un ennemi supérieur en nombre, nous ne pouvons employer qu’une méthode : fractionner et encercler les unités ennemies, afin de créer une supériorité dans chaque secteur pour les anéantir une à une. Cette méthode doit aussi être employée même en combattant un ennemi absolument inférieur. C’est seulement ainsi que nous pouvons rapidement et complètement anéantir l’ennemi avec le moins de pertes.

En concentrant une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, nous pouvons également envisager dialectiquement le rapport entre l’anéantissement des forces vives de l’ennemi et la défense ou la prise de villes.

C’est-à-dire que l’issue d’une guerre ne dépend pas de la prise ou de la perte d’une ville ou d’un territoire mais de la baisse ou de l’accroissement des forces vives des belligérants.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Le principe de concentration des forces pour anéantir celles de l’ennemi une à une a pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et non pas la défense ou la prise d’un territoire. » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Face aux attaques d’un puissant ennemi, en vue de concentrer nos forces pour anéantir les forces ennemies, il est nécessaire de l’amener à pénétrer profondément dans notre territoire, c’est-à-dire d’abandonner, de notre propre chef et selon un plan bien établi, un certain nombre de villes et de régions et d’y attirer l’adversaire pour l’attaquer.

C’est seulement ainsi que le peuple peut participer de différentes manières aux opérations et faire jouer au maximum la puissance de la guerre populaire.

C’est seulement en laissant l’adversaire pénétrer chez nous que nous pouvons l’obliger à disperser ses forces, à ployer sous le fardeau, à commettre des erreurs, c’est-à-dire faire en sorte que l’adversaire se laisse aller à la joie et ait les dix doigts occupés et les jambes embourbées.

Nous pouvons alors concentrer une force supérieure pour anéantir l’adversaire unité par unité, morceau par morceau. Et nous ne pouvons garder ou prendre en définitive les villes et les régions qu’après l’anéantissement des forces vives de l’ennemi.

Disperser nos forces pour interdire tous les accès et défendre obstinément chaque position par peur d’abandonner du terrain et que l’ennemi ne vienne faire de la casse est une tactique qui ne permet ni d’éliminer l’ennemi ni de défendre les villes et les régions, et nous la rejetons catégoriquement.

C’est ainsi qu’au cours de la première année de la Troisième guerre civile révolutionnaire, en vue de concentrer ses forces, d’acquérir une grande mobilité d’action et d’attirer les forces ennemies à l’intérieur, afin de les anéantir « une à une pendant leurs déplacements, notre armée a abandonné de sa propre initiative 105 villes importantes telles que Yenan, Tchangkiakeou, Tchengteh, Chenyang et Antong (actuellement Tantong), dont la lourde charge retombant sur l’ennemi réduisait considérablement sa force de frappe.

Dans le même temps, notre armée évita la force offensive principale de l’ennemi, déplaça ses troupes sur ses flancs et sur ses arrières pour rechercher la bataille dans des conditions favorables, anéantissant les forces ennemies en grand nombre pendant qu’elles étaient en marche. C’est ainsi que non seulement les villes perdues furent reprises mais que de nouvelles furent libérées.

Bien entendu, ne pas considérer la défense de villes et de territoires des régions de base comme notre principal objectif ne signifie nullement leur abandon arbitraire ou la liberté laissée à l’ennemi de les occuper aisément et sans coup férir.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit : « Nous devons tenir ou prendre un territoire chaque fois que le rapport des forces entre l’ennemi et nous le permet, ou que ce territoire revêt une importance opérationnelle ou tactique. » (« Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Observant fidèlement cette directive du camarade Mao Tsé-toung, au stade de la défense stratégique, notre armée, tout en anéantissant les forces vives de l’ennemi, a défendu résolument les villes et territoires qui devaient être gardés comme positions pour lancer les contre-offensives et offensives stratégiques.

A l’étape de l’offensive stratégique, notre armée lia étroitement l’anéantissement des forces vives de l’ennemi et la prise des villes et territoires, atteignant ainsi simultanément le but d’écraser l’ennemi, et accomplissant la tâche de défendre des villes et des territoires ou de s’en emparer.

Le principe fondamental des opérations de notre armée est de mener une guerre d’anéantissement, mais cela n’implique pas la négation totale de la guerre d’usure.

Quand l’ennemi est puissant et que nous sommes faibles, nous conseillons stratégiquement une guerre d’usure mais des combats d’anéantissement dans les campagnes et les combats, et de réaliser l’usure stratégique par ces derniers.

Ainsi que l’a dit le camarade Mao Tsé-toung : « les campagnes d’anéantissement sont un moyen pour user l’ennemi sur le plan stratégique » (« De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao Tsé-toung).

Par conséquent, à chaque fois que les circonstances sont favorables, nous devons concentrer une force supérieure, recourir à des tactiques d’encerclement et de débordement et livrer des batailles d’anéantissement.

Dans des circonstances particulières, nous pouvons aussi adopter la méthode consistant à porter des coups d’anéantissement à l’ennemi afin d’écraser une partie de ses forces tout en mettant une autre partie en déroute.

Dans les campagnes et les engagements, la bataille d’anéantissement est la méthode principale.

Mais elle a un auxiliaire : la bataille d’usure qui ne signifie nullement un « combat à l’usure ».

Par exemple, quand la principale force de notre armée est employée à anéantir certaines forces ennemies, il est parfois nécessaire dans d’autres directions de mener une bataille d’usure aux fins d’interception ou de fixation des forces ennemies.

IV. Comment concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une

La méthode de combat qui consiste à concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est d’une importance vitale dans une guerre d’anéantissement et de décision rapide pour remporter une victoire complète.

Aussi, comment cette méthode peut-elle être mise en pratique correctement et comment peut-on atteindre ce but : concentrer une force supérieure pour détruire les forces ennemies une à une ?

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « A première vue, la concentration des forces semble chose facile, mais dans la pratique, il n’en est pas ainsi. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Pour ce faire et sur le plan stratégique, les dirigeants militaires doivent garder la tête froide ; ils doivent être capables, sans se laisser abuser par des situations difficiles, d’analyser correctement la situation de l’ennemi et la nôtre ; ils doivent aussi être capables d’employer leurs troupes indépendamment et en toutes circonstances. Ils doivent pouvoir aborder correctement les problèmes importants suivants :

Premièrement, ils doivent correctement choisir la direction des opérations.

Décider de la direction principale et des directions secondaires des opérations est le premier problème qui doit être résolu quand on concentre les troupes et quand on forme un « poing » dans la disposition des troupes.

Il ne doit y avoir qu’une seule direction principale d’opération à la fois.

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « Si nous avons affaire à un ennemi puissant, nous devons utiliser, pour une période déterminée, nos forces, quelle que soit leur importance, dans une direction principale et non dans deux à la fois ». (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Pourquoi ne doit-il y avoir à la fois qu’une seule principale direction des opérations ?

Il en est ainsi parce qu’en dépit des réalités très complexes de la guerre et des nombreuses tâches opérationnelles à effectuer, il faut peser les avantages et les inconvénients, les gains et les pertes, déterminer la priorité et l’urgence de chaque action et tenir compte du potentiel des effectifs disponibles, afin de concentrer les troupes dans cette direction stratégique et tactique qui est à ce moment-là de la plus grande urgence et qui, sur le cours de la guerre, aura une grande portée.

De cette façon seulement, nous pouvons obtenir et conserver l’initiative, former et maintenir une force supérieure pour anéantir l’ennemi.

En insistant sur une direction principale des opérations, nous ne limitons pas les opérations à cette seule direction.

Une fois que cette direction principale est décidée, des opérations coordonnées dans des directions secondaires doivent être organisées. Ces opérations sont en rapport avec l’opération principale et en sont inséparables.

S’il n’y avait qu’une direction principale sans directions secondaires coordonnées, il serait impossible de diviser et d’immobiliser l’ennemi, de permettre à la direction principale de jouer son plein rôle et d’assurer la victoire de l’opération dans cette direction. Mais si aucune distinction n’est faite entre la direction principale et les directions secondaires, c’est de l’égalitarisme militaire.

Aussi, en déployant les forces, devons-nous donner la plus grande importance à la direction principale mais, du même coup, prendre en juste considération les directions secondaires et faire notre possible pour employer avec économie les troupes engagées dans ces directions afin d’assurer la supériorité dans la direction principale, unifiant ainsi toutes les opérations dans l’objectif commun d’anéantissement des forces ennemies.

Les forces utilisées dans la direction principale doivent être concentrées pour mener l’assaut principal. Mais celles qui sont employées dans les directions secondaires devront également concentrer leurs efforts dans leurs directions principales respectives, car c’est seulement ainsi qu’elles pourront immobiliser les forces ennemies.

Deuxièmement, jusqu’à quel point faut-il concentrer nos forces pour nous estimer supérieurs à l’ennemi ? Cela dépend des conditions spécifiques et il n’est pas possible d’établir une formule absolue ou une proportion définitive.

Le camarade Mao Tsé-toung a déclaré : « La concentration des forces que nous réclamons est fondée sur la nécessité de nous assurer la supériorité absolue ou relative sur le champ de bataille.

Contre un adversaire puissant ou dans un secteur-clé, nous devons livrer bataille en disposant de la supériorité absolue des forces…

Dans le cas d’opérations menées contre un adversaire faible ou dans un secteur peu important, il suffit d’avoir une supériorité relative. » (« Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Il remarquait un peu plus loin : II faut « à chaque bataille, concentrer des forces d’une supériorité absolue (deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi), encercler complètement les forces ennemies, s’efforcer de les anéantir totalement, sans leur donner la possibilité de s’échapper du filet ». (« La situation actuelle et nos tâches », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

En d’autres termes, les troupes doivent être concentrées jusqu’à ce que l’on soit sûr d’anéantir l’ennemi, c’est-à-dire que, dans chaque bataille, au lieu de concentrer des troupes d’une façon aveugle sans considération de limitations ou de conditions, une supériorité de forces doit être créée sur l’ennemi afin de disposer de troupes suffisantes pour le fractionner, l’encercler et le détruire, pour exploiter la victoire, poursuivre et détruire les ennemis en fuite, tout en disposant d’un certain nombre de soldats pour intercepter les renforts ennemis. Le degré de concentration diffère suivant les circonstances.

Cela dépend de l’importance, dans la situation globale, de la bataille qui va s’engager, s’il s’agit d’une offensive ou d’une opération défensive, d’une direction principale ou secondaire, d’une prise de position pour des engagements ou d’une campagne de percée, d’une première bataille ou d’une bataille en cours, d’un ennemi puissant ou faible, mobile ou cantonné dans des postes fixes etc…

Cette concentration dépend aussi des objectifs spécifiques, du moment, du lieu, des conditions locales.

Par exemple, dans la Guerre de Résistance contre le Japon, les troupes qui combattaient l’envahisseur japonais étaient plus puissamment concentrées que celles qui étaient alignées devant les troupes fantoches.

Au début de la Troisième guerre civile révolutionnaire, quand le moral des troupes du Kuomintang était relativement élevé et qu’elles lançaient une offensive générale, nos troupes étaient plus concentrées que lorsque celles du Kuomintang avaient été décimées et démoralisées dans des engagements successifs.

Pendant la campagne de Pei-ping-Tientsin, le nombre des effectifs déployés pour s’emparer de Tientsin qui était solidement fortifié, était 2,3 fois celui de l’ennemi, tandis que dans le secteur de la percée dans la principale direction d’assaut, le degré de concentration était encore plus important, atteignant sur l’ennemi une supériorité de 5 contre 1.

Il est extrêmement important de saisir le moment où il faut concentrer les troupes.
En y procédant trop tôt, on s’expose au danger de laisser deviner ses intentions, et en le faisant trop tard, on risque de manquer l’occasion propice de passer à l’attaque. L’un et l’autre sont nuisibles au déroulement des opérations et susceptibles de causer des pertes.

Dans les conditions actuelles des guerres notamment, la concentration rapide et déguisée, au bon moment, de même que la dispersion rapide et déguisée, une fois la mission accomplie, revêtent une importance particulière.

Une juste concentration des forces dépend d’une haute initiative consciente de la part du commandant. Dès le début de l’engagement, il se doit de réorganiser son dispositif selon le déroulement des opérations et les changements dans les tâches et chez l’ennemi, afin de s’assurer une supériorité constante.

Durant les batailles et combats, il doit encore savoir déceler ce qui est en train de se transformer en direction principale ou en direction secondaire pour pouvoir concentrer les forces dans la nouvelle direction principale, afin de s’assurer la victoire totale.

Troisièmement, une stratégie et des tactiques flexibles doivent également être adoptées et la méthode consistant à anéantir les forces ennemies une à une doit être employée correctement afin d’atteindre l’objectif : réduire l’ennemi à néant.

Comment peut-on créer les conditions propices à la destruction des forces ennemies une à une ? D’une part, nous devons profiter, au moment opportun, des faiblesses de l’ennemi et saisir chaque occasion pour lancer des attaques-surprises ; d’autre part, nous devons manœuvrer et fractionner l’ennemi par nos propres actions afin de créer les conditions favorables au combat. Par exemple, nous devons employer les méthodes consistant à attirer l’ennemi à l’intérieur, à « faire une feinte à l’est pour frapper à l’ouest » et à assiéger l’ennemi pour attaquer ses renforts.

Pour assurer l’anéantissement de l’ennemi, l’objectif de nos attaques doit être correctement choisi. Quand nous affrontons plusieurs colonnes ou groupes ennemis, nous devons, au lieu de les attaquer simultanément, concentrer une force supérieure pour attaquer d’abord une colonne ou un groupe d’ennemis, et puis, le succès obtenu, nous attaquer aux autres.

Nous devons attaquer d’abord les unités faibles et ensuite les unités plus puissantes ; attaquer d’abord les forces dispersées ou isolées et ensuite celles qui sont concentrées et plus fortes.

Par ailleurs, il est préférable d’attaquer les points faibles Se l’ennemi et ses centres névralgiques. Une fois dispersées et isolées, même des forces ennemies puissantes deviendront faibles.

En concentrant une force supérieure pour attaquer des forces ennemies dispersées et isolées, nous pouvons aisément créer une situation où le fort attaque le faible, où nous avons les meilleures chances de balayer l’ennemi et pouvons mieux atteindre notre objectif : la destruction des forces ennemies une à une.

Quatrièmement, l’application correcte des tactiques d’encerclement, de débordement et de fractionnement est un moyen important d’anéantissement des forces ennemies une à une. En employant ces tactiques, nous pouvons tronçonner une force ennemie massive en plusieurs morceaux, faire perdre aux fractions ainsi créées tout contact stratégique ou tactique, les obligeant à combattre isolées ; ainsi nous atteindrons le but d’anéantissement total de l’ennemi dans des combats de décision rapide.

Les tactiques d’encerclement, de débordement et de fractionnement doivent être utilisées avec souplesse en fonction des conditions diverses.

Quand nous avons affaire à une force ennemie isolée et immobile, nous devons d’abord l’encercler puis l’attaquer.

Quand il s’agit d’une force ennemie en déplacement, nous devons couper sa voie de retraite avant de l’attaquer, ou l’attaquer et l’encercler en même temps ; quand un ennemi tient une série de positions sans exposer ses flancs, nous devons d’abord faire une percée puis le fractionner et l’encercler.

Quand nous attaquons des forces ennemies que nous avons déjà encerclées, nous devons concentrer la plus grande part de nos forces d’attaque et la masse essentielle de notre puissance de feu pour constituer « une pointe de couteau » soutenue par des forces puissantes et mener l’assaut principal tout en utilisant le reste de nos troupes pour opérer un encerclement de deux, trois ou quatre côtés à la fois et lancer des attaques convergeant vers le centre en coordination étroite avec les principales forces d’assaut.

 V. Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est un principe basé sur l’idée d’une guerre populaire, d’une armée populaire et du matérialisme dialectique. Dans ces conditions, les forces antipopulaires ne peuvent ni utiliser ni affronter notre stratégie et nos tactiques

Bien que les experts militaires de toutes les époques et de tous les pays se soient familiarisés avec ces idées d’ »emploi concentré de troupes » et d’écrasement des forces ennemies une à une » et qu’une grande quantité d’ouvrages militaires les aient souvent soulignées et discutées, personne cependant ne les avait considérées comme un tout ou ne les avait utilisées dialectiquement.

Seul, le camarade Mao Tsé-toung posa d’une façon globale le principe stratégique et tactique, de « concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une » et, d’une manière dialectique, le mit en pratique avec plein succès dans la guerre révolutionnaire chinoise.

Cela est dû au fait que la guerre engagée était une guerre populaire, que notre armée était une armée populaire et que les opérations militaires étaient guidées par la pensée matérialiste dialectique.

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné : « Les grandes forces de la guerre ont leurs sources profondes dans les masses populaires. »

Il ajouta également : « L’armée doit s’unir avec le peuple et ne faire qu’un avec lui, afin que le peuple ait en elle sa propre armée.

Une telle armée sera invincible. » (« De la guerre prolongée », Écrits militaires de Mao Tsé-toung) C’est la condition fondamentale de la victoire dans la guerre révolutionnaire populaire.

Le camarade Mao Tsé-toung a brillamment résumé cette stratégie et ces tactiques de la guerre populaire en une phrase :

« Vous combattez de votre manière et nous combattons de la nôtre, nous nous battons lorsque nous pouvons remporter la victoire, et nous nous retirons lorsque nous ne le pouvons pas. »

En d’autres termes, vous comptez sur les armes modernes et nous nous appuyons sur un peuple à haute conscience révolutionnaire ; vous mettez votre supériorité à contribution et nous faisons de même avec la nôtre ; vous avez votre manière d’attaquer et nous avons la nôtre ; lorsque vous voulez nous attaquer, nous ne vous laissons pas nous toucher et vous ne pouvez même pas fondre sur nous.

Mais lorsque nous voulons vous attaquer, nous sommes sûrs de vous atteindre, et nous frapperons juste et vous anéantirons.

Nous vous éliminons lorsque nous le pouvons ; lorsque nous ne pouvons pas vous éliminer, nous ne nous laissons pas non plus éliminer par vous. Ne pas se battre quand on peut gagner est de l’opportunisme.

Et s’obstiner à combattre lorsqu’on ne peut vaincre est de l’aventurisme. Tous nos principes stratégiques et tactiques reposent sur ce point fondamental − attaquer. La nécessité du repli est subordonnée aux nécessités de l’attaque.

Chaque repli vise à attaquer l’ennemi, à l’anéantir une fois pour toutes. L’application de cette stratégie et de ces tactiques n’est possible que dans une guerre populaire et par une armée populaire guidée par la pensée matérialiste dialectique.

La guerre que nous avons menée fut une guerre populaire dans laquelle on mit en pratique le principe consistant à combiner les forces principales et les forces locales, les unités de l’armée régulière d’une part, les troupes locales et les milices populaires de l’autre, enfin les masses armées et les masses sans armes.

Les unités armées locales, les milices et les masses populaires prirent part à la guerre sur une grande échelle.

Elles soutinrent activement le front, consolidèrent les arrières et, en coordination directe avec les opérations des forces principales, détruisirent les communications et les transports sur les arrières de l’ennemi, retinrent et dispersèrent ses troupes, harcelant et menaçant ses arrières.

Cela permit aux principales forces de notre armée de concentrer encore plus leurs troupes et de mener les opérations avec une grande souplesse.

Pendant ce temps, la participation des milices et des masses à des activités telles que missions de garde, de reconnaissance, de guide et de prévention contre la fuite de renseignements créa également pour notre armée les conditions favorables pour concentrer ses troupes à temps et en secret afin de surprendre, d’encercler et d’anéantir l’ennemi.

Prenons pour exemple la campagne de Pinghsingkouan qui eut lieu au début de la Guerre de Résistance contre le Japon.

Nos troupes furent massées pendant une semaine à une distance de 15 à 30 kilomètres de l’itinéraire de l’avance ennemie, mais l’ennemi ne les découvrit pas en raison de l’active coopération des masses qui faisaient le black-out total sur leur présence et empêchèrent les agents spéciaux de l’ennemi et les traîtres de faire leur travail.

Grâce à l’aide des masses, notre armée fut rapidement informée de l’état de l’ennemi et disposa correctement ses forces, prenant ainsi l’ennemi par surprise et le mettant hors de combat avec la vitesse de l’éclair.

Par contre, en raison de son caractère antipopulaire, la guerre menée par l’ennemi n’avait pas le soutien du peuple et ne bénéficiait pas de sa coopération ; par conséquent, il combattait isolément.

Partout où l’ennemi occupait l’une de nos places, il se heurtait à l’opposition du peuple et devait affecter des troupes à la défense.

Tout cela rendait inévitablement difficile la concentration de ses troupes.

Même s’il avait réussi à les concentrer sur une certaine zone, il restait toujours dans une position passive et éprouvait des difficultés à exécuter ses plans, car il ne réussissait pas à gagner le soutien populaire, ne pouvait connaître les conditions locales ou préciser les objectifs de ses attaques, tandis que le secret de ses actions était toujours éventé.

Fondée conformément à la pensée du camarade Mao Tsé-toung sur l’armée, notre armée, placée sous la direction absolue du Parti communiste chinois, est une armée d’un type nouveau, entièrement au service du peuple.

De par sa nature, elle peut mettre pleinement en œuvre la puissance de la méthode de combat consistant à concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une. Toute stratégie, toutes tactiques sont menées à bien par les hommes. Les qualités d’une armée jouent un rôle important dans l’application d’une stratégie et d’une tactique correctes avec le maximum d’efficacité.

Notre armée bénéficie de la ferme direction du Parti communiste et applique la ligne et la politique marxistes-léninistes du Parti avec une loyauté à toute épreuve.

Elle s’impose une discipline dont elle a une haute conscience, manifeste un héroïsme propre à la faire triompher de n’importe quel ennemi, à lui faire surmonter toutes les difficultés.

Dans ses rangs règne l’unité la plus complète entre cadres et combattants, entre personnel des échelons supérieurs et celui des échelons inférieurs, entre départements différents, entre unités sœurs.

Elle a établi un travail politique révolutionnaire solide, les larges masses de nos commandants et de nos combattants ont une haute conscience de classe et sont parfaitement conscients qu’ils luttent pour les intérêts du peuple.

Ainsi, dans l’application de la méthode consistant à concentrer des forces supérieures pour anéantir les forces ennemies une à une, ils manifestent une vigoureuse volonté de combat et un esprit de lutte intrépide.

En effectuant la concentration, ils se déplacent rapidement et ne craignent ni la fatigue, ni les difficultés. Pendant l’offensive, ils avancent courageusement et avec détermination, osant déborder l’ennemi, osant le fractionner et le combattre indépendamment.

Dans la défensive, ils peuvent résister aux attaques successives d’un ennemi puissant, tenir fermement leurs positions et lutter avec obstination. Les unités de l’armée sont capables de coopérer de leur propre initiative et de coordonner étroitement leurs actions.

Elles n’ont pas peur de se sacrifier pour l’intérêt de la collectivité. De plus, les commandants et les combattants peuvent mettre pleinement en jeu leur sagesse pour élaborer diverses méthodes permettant de vaincre l’ennemi.

Tout cela assure que cette méthode de combat peut être utilisée avec le maximum de profit et la plus grande efficacité pour amener la défaite de l’ennemi et obtenir la victoire.

L’armée ennemie est une armée antipopulaire. La grande majorité de ses soldats sont enrôlés par la force ou par la ruse. Leurs intérêts fondamentaux sont diamétralement opposés à ceux des classes dirigeante réactionnaires.

De profondes contradictions existent entre les officiers et les soldats ainsi qu’entre supérieurs et subordonnés.

Bien que les classes dirigeantes réactionnaires fassent tout leur possible dans le domaine d’une propagande trompeuse et de la diffusion d’idées réactionnaires chez les soldats, le moral de leurs troupes reste peu élevé et elles manquent de vigueur combattante.

De telles troupes ont peur des combats corps à corps, des combats de nuit, des encerclements et des pertes en hommes. De plus, la méfiance et les rivalités mutuelles existant entre les différents corps d’armées et les différentes factions rendent impossible la coordination de leurs activités de leur propre initiative.

En raison de ces faiblesses inhérentes aux forces ennemies, bien que, subjectivement, elles essaient de s’opposer à nous en employant la méthode de concentration de forces supérieures, dans la pratique, elles ne réussissent pas la plupart du temps à atteindre leur objectif, particulièrement quand les conditions sont difficiles et que le temps presse.

Nous étudions, analysons et dirigeons la guerre en utilisant les principes du matérialisme dialectique. Nous pouvons employer correctement la méthode consistant à concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une et obtenir les plus grands résultats dans ce domaine précisément parce que nous sommes capables de juger correctement des situations subjectives et objectives, d’analyser de façon globale le rapport des forces entre l’ennemi et nous, d’utiliser les contradictions existant dans les rangs ennemis et de partir de la réalité en toutes choses.

C’est aussi parce que nous pouvons maîtriser correctement les différentes relations qui existent au cours de l’utilisation de cette méthode de combat, telles celles existant entre le tout et les parties, la concentration et la dispersion, les directions principales et secondaires, l’anéantissement de l’ennemi et la défense de villes ou de places fortes, l’avance et la retraite, l’offensive et la défensive.

En conséquence, même lorsque nous luttons contre un ennemi puissant, nous sommes invincibles et pouvons atteindre notre objectif : balayer l’ennemi tout en préservant et en accroissant nos propres forces.Nos ennemis sont idéalistes et leurs méthodes de pensée sont métaphysiques.

Ils sont incapables d’analyser correctement et totalement la situation objective et de partir de la réalité. Ils surestiment toujours leurs propres forces et sous-estiment les forces révolutionnaires ; ils jugent la situation d’un point de vue subjectiviste, font peu de cas de leur adversaire et avancent témérairement.

Ils considèrent toujours les problèmes d’une façon unilatérale et ne peuvent saisir les différentes relations qui se présentent dans les activités militaires.

Durant la Troisième guerre civile révolutionnaire, par exemple, afin de contrecarrer notre méthode consistant à concentrer une force supérieure pour anéantir les unités ennemies une à une, les réactionnaires du Kuornintang utilisèrent pendant un moment la prétendue « tactique consistant à masser des troupes pour avancer de front » et selon laquelle « l’emploi des troupes doit être conventionnel et non original, le stationnement des troupes doit être concentré et non dispersé et leurs manœuvres doivent être lentes plutôt que rapides » − avec les troupes portant des armes lourdes.

A un autre moment, ils formulèrent la prétendue « tactique consistant à tirer parti des failles » au moyen de troupes portant armes légères et vivres et utilisant les sentiers de montagnes de préférence aux grandes routes.

Ils recouraient tantôt à cette tactique, tantôt à une autre, sans principe défini. En outre, en raison de la nature antipopulaire de la guerre qu’ils menaient, leurs objectifs stratégiques et leur action réelle étaient toujours en contradiction.

Au début de la Troisième guerre civile révolutionnaire, Tchiang Kaï-chek se fixa le principe de « concentration et d’utilisation souple des troupes ». Mais, d’un autre côté, il voulait occuper de trop nombreuses régions : la Chine centrale, le Nord-Kiangsou, Tchengteh, Chenyang et An-tong [aujourd’hui Tantong], etc.

Avec des objectifs aussi dispersés et des forces aussi limitées, quand il occupait une ville, il devait envoyer des troupes pour la défendre, se chargeant ainsi d’un fardeau supplémentaire.

Plus il occupait de régions, plus était lourd le fardeau et encore plus réduites les troupes qu’il pouvait employer d’une manière souple. C’est pourquoi le principe qu’il avait formulé demeurait lettre morte.

Même s’il avait réussi à concentrer momentanément une force relativement supérieure dans une région particulière et s’il avait obtenu certains avantages, des quantités de lacunes se manifestaient dans d’autres régions. Pour l’ennemi, de telles contradictions étaient insurmontables.

En bref, la méthode consistant à concentrer des forces supérieures pour anéantir les forces ennemies une à une est basée sur la poursuite d’une guerre populaire par une armée populaire, sur la pensée du matérialisme dialectique.

Elle ne peut être employée efficacement que par une armée populaire. Aucune armée antipopulaire ne peut l’utiliser avec fruit, ni ne peut la contrecarrer avec efficacité.
Comme le déclarait le camarade Mao Tsé-toung : « La bande de Tchiang Kaï-chek et le personnel militaire de l’impérialisme américain en Chine connaissent bien ces méthodes militaires qui nous sont propres.

Dans l’espoir de trouver des contre-mesures, Tchiang Kaï-chek a plusieurs fois réuni dans des cours d’instruction ses généraux et ses officiers supérieurs et leur a donné à étudier nos publications militaires et les documents saisis pendant la guerre.

Le personnel militaire des États-Unis a recommandé à Tchiang Kaï-chek un système après l’autre de stratégie et de tactique pour détruire l’Armée populaire de Libération ; il s’est chargé pour lui de l’instruction de ses troupes et lui a fourni le matériel de guerre. Mais ces efforts ne peuvent sauver la bande Tchiang Kaï-chek de la défaite. » (« La situation actuelle et nos tâches », Écrits militaires de Mao Tsé-toung)

Concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est la concrétisation dans le domaine militaire des idées stratégiques et tactiques du camarade Mao Tsé-toung : stratégiquement « opposer un contre dix » et tactiquement « opposer dix contre un ».

C’est aussi une grande contribution apportée par le camarade Mao Tsé-toung à la science militaire marxiste-léniniste en appliquant le marxisme-léninisme − sa position, sa conception et ses méthodes − à la pratique concrète de la guerre révolutionnaire chinoise.

C’est la cristallisation des expériences acquises par le peuple chinois dans sa lutte armée de longue durée contre les ennemis intérieurs et extérieurs. Ce principe n’est pas seulement utilisable dans les opérations de campagne et les batailles, mais aussi comme guide pour la stratégie.

Il s’adapte à une guerre menée dans des conditions telles que l’ennemi est fort et que nous sommes faibles et vice versa. C’est un principe d’offensive, mais en tant que principe directeur dans les opérations, il est également valable pour la défense.

En dehors du rôle glorieux qu’il joua au cours des guerres révolutionnaires du peuple chinois dans le passé et de sa grande signification historique dans ces guerres, ce principe a une énorme valeur pratique dans le renforcement de notre défense nationale et pour nous préparer aujourd’hui à écraser l’agression impérialiste.

En tant que méthode pour guider la pensée et le travail, concentrer ses forces pour mener une guerre d’anéantissement ne s’applique pas seulement à des luttes militaires, mais aussi à des combats politiques et économiques. Ce principe est d’une grande portée pour guider toutes les activités de notre édification socialiste.

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contre l’hégémonie des superpuissances

De l’attitude envers l’impérialiste américain, deux lignes politiques s’affrontent (1965)

par Fan Sieou-Tchou, publié dans Da Gong Bao de Pékin du 26 juillet 1965

D’importantes divergences de principe existent entre marxistes-léninistes et révisionnistes khrouchtchéviens quant à l’interprétation de l’impérialisme américain et à l’attitude à adopter envers lui.

Polémiques publiques et luttes acharnées se déroulent à une échelle sans précédent et depuis plusieurs années entre eux, partis marxistes-léninistes et marxistes-léninistes d’une part, révisionnistes khrouchtchéviens de l’autre.

Et l’un des thèmes essentiels autour desquels le débat est centré, c’est : faut-il rallier autour de soi les peuples du monde entier pour combattre l’impérialisme américain et ses laquais, ou au contraire, faut-il se rallier à ces derniers et, ainsi, s’opposer aux peuples ?

Les divergences de principe touchant à ce sujet existent depuis le XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, qui vit le révisionnisme khrouchtchévien se montrer au grand jour.

C’est à partir de là que la direction du P.C.U.S., avec Khrouchtchev à sa tête, se mit à rejeter le marxisme-léninisme et, trahissant les intérêts du peuple soviétique, des peuples du camp socialiste, de tous les peuples, appliqua sa ligne révisionniste de « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » et capitula chaque jour un peu plus devant l’impérialisme américain pour s’en attirer les bonnes grâces.

Les dirigeants de l’Union soviétique et des Etats-Unis se lancent mutuellement des fleurs, s’entendent de mieux en mieux et portent leur amitié aux nues.

Cette ligne révisionniste-là a été dénoncée sans merci, ces dernières années, par tous les marxistes-léninistes, elle s’est heurtée à l’opposition de tous les peuples, elle a connu une faillite honteuse. En effet, Khrouchtchev, le « grand personnage », qui, voici quelque temps encore, prenait de la place dans les actualités, n’a-t-il pas dû, tout échaudé, lâcher les tréteaux de l’histoire ?

Et en prenant son lamentable bagage en charge, les adeptes du khrouchtchévisme sans Khrouchtchev se rendirent compte qu’agir avec son imprudence et l’impudence qu’il avait, les placerait dans une même fâcheuse posture. Ils imposèrent donc une étiquette nouvelle à sa camelote surannée.

Ils se grimèrent, ils se donnèrent des allures différentes de celui qu’ils avaient défenestré. Et ils utilisent la politique de la douceur, qui est bien plus sournoise, face aux marxistes-léninistes et aux révolutionnaires, ils se gargarisent de phrases anti-impérialistes pour duper les peuples, pour s’immiscer dans les rangs révolutionnaires des peuples, pour reprendre souffle et capitaliser politiquement.

Les anciens collaborateurs de Khrouchtchev sont des révisionnistes tout comme lui, et rien ne les différencie. Qu’ils recourent à quelque métamorphose que ce soit, ils n’en resteront pas moins ce qu’ils sont. Ils poursuivent leur pratique du révisionnisme moderne, de la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde », de l’alliance avec l’impérialisme américain et ses laquais, leur but étant de s’opposer à l’ensemble des peuples.

La lutte des peuples contre l’impérialisme américain est passée à une phase plus aiguë. Et les adeptes du khrouchtchévisme sans Khrouchtchev se sont mis au service de l’impérialisme américain d’une manière plus camouflée, plus rusée.

Ils ne causent pas moins de, tort que Khrouchtchev, ils en causent davantage. Dénoncer leur double jeu, leur hypocrisie, faire échouer complètement la ligne révisionniste khrouchtchévienne prônant la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » s’avère donc indispensable afin de faire accéder la lutte contre l’impérialisme américain à des victoires plus grandes.

Les divergences de principe entre marxistes-léninistes et révisionnistes khrouchtchéviens quant à l’interprétation de l’impérialisme et à l’attitude à adopter envers lui portent essentiellement sur les trois points suivants :

1. Jugement sur la nature de l’impérialisme américain ;

2. Appréciation de la puissance de l’impérialisme américain ;

3. Attitude à adopter envers l’impérialisme américain.

DU JUGEMENT SUR LA NATURE DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

L’impérialisme est agressif et belliqueux de par sa nature même. Tel il est quand il marque des points, tel il est aussi quand il essuie des échecs, et tel il est encore quand les forces révolutionnaires sont faibles, et tel il reste quand elles sont puissantes. Somme toute, il est immuable. Le moindre écart de ce point de vue risque d’amener à se faire des illusions à son sujet, de faire hésiter dans la lutte à lui opposer, de faire verser dans l’opportunisme.

Une loi marxiste

Lénine disait à la fin de la Première guerre mondiale :

« L’impérialisme, lui, c’est-à-dire le capitalisme de monopole, dont la maturité ne date que du XXe siècle, se distingue, en raison de ses caractères économiques primordiaux, par le minimum de pacifisme et de libéralisme, par le développement maximum et le plus généralisé du militarisme. ’Ne pas remarquer’ cela, quand on examine jusqu’à quel point la révolution pacifique ou la révolution violente est typique ou probable, c’est tomber au niveau du plus vulgaire laquais de la bourgeoisie. » [1]

Et après la Première guerre mondiale, alors que le capitalisme connaissait une période relativement stable, Staline déclarait :

« L’impérialisme ne peut vivre sans violences et rapines, sans effusions de sang et bombardements. C’est bien pourquoi il est l’impérialisme. » [2]

La Seconde guerre mondiale terminée et le peuple chinois ayant battu la clique réactionnaire Tchiang Kaï-chek que soutenait l’impérialisme américain et fait triompher sa grande révolution populaire, le camarade Mao Tsé-toung affirmait :

« Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine − telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple : et jamais ils n’iront contre cette logique. C’est là une loi marxiste. Quand nous disons : ’l’impérialisme est féroce’, nous entendons que sa nature ne changera pas, et que les impérialistes ne voudront jamais poser leur couteau de boucher, ni ne deviendront jamais des bouddhas, et cela jusqu’à leur ruine. » [3]

Depuis la naissance de l’impérialisme, l’histoire a établi ceci, qui est une vérité et qui est marxiste-léniniste : la nature de l’impérialisme ne change pas. Les agressions et les crimes de guerre perpétrés par l’impérialisme américain, le chef de file des impérialismes, au cours de l’après-guerre n’ont fait que renforcer cette vérité. De plus en plus nombreux sont les gens qui en saisissent tout le sens et elle est, aujourd’hui, un levain puissant pour l’élévation de la conscience politique, l’organisation des forces dans la lutte contre ce même impérialisme.

Dans une société de classes, l’homme a pour nature de classe ce qui est sa nature, son essence mêmes. Et la nature de l’impérialisme américain, c’est celle de la bourgeoisie monopoliste américaine. Johnson déclarait en 1964 à la réunion traditionnelle de la Chambre de Commerce : « Vous [les capitalistes monopoleurs] êtes tous des actionnaires de mon gouvernement… J’exécute le travail pour lequel vous m’avez embauché. » Voilà la nature de classe du gouvernement américain dans toute sa crudité.

L’impérialisme américain essaie d’imposer au monde un empire d’une ampleur sans précédent. Il veut envahir les vastes zones intermédiaires situées entre le camp socialiste et les Etats-Unis, mettre la main dessus, pour étouffer la révolution des nations et des peuples opprimés afin de passer ensuite à la liquidation des pays socialistes, ce qui lui permettrait de placer tous les peuples, tous les pays, sous le joug et le contrôle des monopoles américains.

C’est là le but essentiel de la « stratégie globale », contre-révolutionnaire, que tous les gouvernements des Etats-Unis ont appliquée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et c’est aussi l’expression concentrée de la nature agressive de l’impérialisme américain.

Dans ses « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international », le Comité central du Parti communiste chinois, reprenant les justes conclusions de la Déclaration de la Conférence de Moscou de 1960, affirme que l’impérialisme américain est devenu le plus grand exploiteur international, le rempart principal de la réaction mondiale, le gendarme international, l’ennemi des peuples du monde entier. Cette affirmation est basée sur la connaissance scientifique, sur le marxisme-léninisme.

Les plus vulgaires laquais de l’impérialisme américain

Les révisionnistes khrouchtchéviens agissent totalement à l’encontre des principes marxistes-léninistes sur l’impérialisme de la Déclaration de 1960 qu’ils ont signée, ils rejettent les faits les plus évidents, et prétendent qu’avec le renforcement du camp socialiste et l’apparition des armes nucléaires, la nature de l’impérialisme aurait changé, que les forces d’agression et de guerre sont devenues des forces « défendant la paix » et les chefs de l’impérialisme américain, des « sages » attachés à la paix. D’après eux, l’homme n’est qu’humain et n’a pas de caractère de classe.

Les impérialistes aussi ont « un crâne », « une cervelle » et « ne souhaitent pas une guerre qui aboutirait à leur propre anéantissement » [4].

D’après les révisionnistes khrouchtchéviens, les armes nucléaires ont changé le cours de l’histoire ; « la bombe atomique ne suit pas le principe de classe » [5] ; le socialisme ne doit pas combattre le capitalisme, mais l’aimer ; « les uns n’aiment pas le socialisme et les autres le capitalisme, et nous filtrons par détruire notre arche − la Terre » [6].

D’après eux, la bourgeoisie pourrait être transformée en prolétariat, et les capitalistes monopolistes pourraient devenir des communistes ; et « lorsque le peuple soviétique connaîtra le bonheur communiste », même les capitalistes admettront qu’il était « absurde » et « criminel » de leur part de combattre le communisme, ils se mettront à soutenir le socialisme et « adhéreront au Parti communiste » [7].

Y a-t-il quoi que ce soit de communiste, de marxiste-léniniste dans ce que débitent ces soi-disant disciples de Lénine ? Ne sont-ils pas exactement semblables aux plus vulgaires laquais de l’impérialisme américain dont parlait Lénine ?

Tout comme leur maître, les khrouchtchévistes sans Khrouchtchev s’obstinent dans les vues les plus absurdes, ils se refusent à tirer la leçon des choses. Peu importe qui accède à la présidence des Etats-Unis, ils l’enjolivent. Quand Eisenhower occupa la Maison Blanche, ils en dirent qu’il « aspirait sincèrement à la paix », « se souciait du maintien de la paix ».

Cependant, c’est le même Eisenhower qui brisa leur rêve de « coopération soviéto-américaine » en envoyant un U-2 opérer dans le ciel de l’Union soviétique. Le camarade Mao Tsé-toung fit remarquer à l’époque : « Il ne faut pas se nourrir d’illusions au sujet des impérialistes. Certains ont décrit Eisenhower comme un grand amoureux de la paix, je souhaite que les faits les ramènent à la réalité » [8].

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne sont cependant pas revenus à la réalité. Kennedy élu à la présidence, ils le portèrent aux nues, le disant un homme « aux vues larges », à l’« esprit lucide », à l’« attitude faite de sagesse ».

C’est pourtant le même Kennedy qui, lors de la crise des Caraïbes, prit Khrouchtchev à la gorge et le couvrit de ridicule. Mais lors de l’affaire de Dallas, Khrouchtchev et ses pareils abandonnèrent toute pudeur, et, larmoyants et tristes comme pour un membre de la famille, pleurèrent que « la mort de Kennedy est un coup sérieux pour tous ceux qui ont à cœur la cause de la paix et la coopération soviéto-américaine » [9], donnant ainsi l’impression que la disparition de cet homme mettait vraiment l’existence de l’humanité en cause.

Pragmatistes, les révisionnistes khrouchtchéviens adoptent des attitudes différentes envers un même chef impérialiste américain selon qu’il est au pouvoir ou non. Avant que Johnson n’occupe la Maison Blanche, ils en disaient qu’il « nie toute possibilité de collaboration entre pays capitalistes et socialistes » [10].

Mais ils exprimèrent leur « satisfaction » quand il passa à la présidence. Et l’année dernière, son élection les remplit de joie, au point qu’ils claironnèrent que de son administration, on pouvait attendre « des mesures réalistes pour améliorer le climat politique dans le monde » [11], et qu’ils chantèrent qu’« un vaste terrain de coopération » existait entre l’Union soviétique et les Etats-Unis.

A leurs yeux, l’impérialisme américain agressif par nature a cessé d’être. Et ce qu’il faut, avec les Etats-Unis, c’est « des concessions », « des compromis », « la conciliation », « l’accommodement », de part et d’autre. Mais le cours des événements vient démentir leurs sophismes, il ne fait que prouver que la nature agressive et belliqueuse de l’impérialisme américain n’a nullement changé.

Qu’est ce que la « doctrine Johnson » ?

L’administration Johnson a hérité de la « stratégie globale », contre-révolutionnaire, de son prédécesseur, qui vise à détruire les pays socialistes, à occuper la première zone intermédiaire, c’est-à-dire l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, et à contrôler les pays capitalistes de la deuxième zone intermédiaire, l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord, l’Océanie et le Japon.

Elle est beaucoup plus aventureuse en appliquant sa double tactique contre-révolutionnaire, elle recourt davantage à la guerre d’agression et tend plus nettement à ignorer ses alliés et à agir seule, tête baissée, à la façon d’un bandit de grand chemin.

Elle a adopté, envers les pays socialistes, une tactique sournoise, une manière de traiter variant de l’un à l’autre. Elle proclame que les Etats-Unis doivent s’efforcer d’amener « les forces à l’Intérieur de l’Union soviétique à provoquer un changement », en vue d’y restaurer le capitalisme.

Les Etats-Unis « doivent accélérer la lente corrosion du rideau de fer », afin que les pays d’Europe orientale se détachent du camp socialiste. Ils n’admettent pas que l’Union soviétique accorde son appui au mouvement de libération nationale et érigent cette prétention en une des conditions du maintien de « la paix ».

Ceci montre que, tout en exerçant une puissante pression militaire et en se préparant à l’agression, l’administration Johnson cherche à faire éclater l’Union soviétique et les pays socialistes d’Europe orientale par des moyens pacifiques. Johnson a déclaré aussi que « le communisme en Asie revêt un aspect beaucoup plus agressif », qu’il faut faire face à « l’agression communiste ». Il en découle que son administration menace principalement les pays socialistes d’Asie avec la guerre, et en fait, elle se livre à de sérieuses provocations militaires contre eux.

En Asie, Afrique et Amérique latine, elle réprime brutalement le mouvement de libération nationale et intervient directement partout par les armes. Elle a étendu et étend son agression contre le Sud-Vietnam, elle a massacré la population au Congo-Léopoldville, elle a dépêché des troupes en République dominicaine pour y mater Je soulèvement patriotique, elle a donc mené des guerres d’agression sur ces trois continents.

Envers les jeunes pays indépendants, elle a pour politique, l’agression, l’intervention et l’infiltration. Elle soutient la « Malaysia », une production néo-colonialiste, et ainsi menace l’Indonésie.

Elle pousse la Thaïlande et la clique fantoche sud-vietnamienne à provoquer constamment le Cambodge par les armes. Elle a mené une série d’activités subversives contre des pays africains, dont la Tanzanie, le Congo-Brazzaville, le Burundi.

Elle s’est abouchée avec l’Allemagne occidentale pour épauler Israël dans ses provocations et ses menaces contre les pays arabes. Elle a manigancé le coup d’Etat militaire réactionnaire au Brésil. Et de tout cela découle qu’elle cherche à étouffer, par des opérations de guerre et la subversion, le mouvement de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine, à y étrangler les jeunes pays indépendants. Elle a commis des méfaits devant lesquels ses prédécesseurs reculaient.

La fameuse « doctrine Johnson », c’est un brutal étalage supplémentaire de la nature agressive de l‘impérialisme américain. Lorsque, en mai dernier, Johnson envoya des troupes en République dominicaine, il déclara, comme s’il allait tout casser, que « les pays d’Amérique [lisez l’impérialisme américain] ne peuvent pas, ne doivent pas admettre et n’admettront jamais l’installation d’un autre gouvernement communiste dans l’hémisphère occidental ».

Il ajouta qu’au Vietnam et dans tous les lieux du monde où les Etats-Unis ont des « obligations », « nos forces sont essentielles, pour l’épreuve finale », Ainsi, Il a fait connaitre au monde entier son programme politique, qui se propose d’en finir avec la liberté et l’indépendance de tous les pays, d’étouffer le mouvement révolutionnaire des peuples, au moyen de guerres d’agression.

La « doctrine Johnson » est plus folle et plus aventureuse que toutes les « doctrines » des administrations qui se sont succédé aux Etats-Unis depuis la guerre.

L’administration Kennedy, elle, tout en renforçant son armement e en accélérant ses préparatifs de guerre, appliquait ce qu’elle appelait la « stratégie de la paix » qui, envers les pays socialistes, consistait à tirer profit du contre-courant qu’est le révisionnisme moderne, pour effectuer une pénétration pacifique, et envers les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, à intensifier sa politique néo-colonialiste faite d’« Opération parenté », d’envoi de « Corps de Paix », et de l’« Alliance pour le Progrès » qu’elle avait montée.

Mais le rapide développement du mouvement révolutionnaire des peuples pulvérisa la « stratégie de la paix » de Kennedy. Cependant, les slogans « paix », « démocratie », « progrès, etc., qui ne visaient qu’à duper, s’étant révélés inopérants, Johnson hissa carrément le pavillon noir des pirates, dès son accession à la présidence. Le New York Times a dit de la « doctrine Johnson » qu’elle signifie « contrecarrer par la force des armes les progrès du communisme en quelque lieu du monde que ce soit ».

Le jeu classique d’Hitler consistait à passer à l’agression et à mener la guerre au nom de l’anticommunisme, à imposer l’étiquette « menace communiste » à toutes les luttes populaires pour la liberté et l’indépendance. Et le chroniqueur américain Drew Pearson a dû admettre que les Etats-Unis sont considérés comme des « agresseurs à la Hitler ». Les faits montrent d’ailleurs que la « doctrine Johnson » est bel et bien du néo-hitlérisme.

En stratégie militaire, l’administration Johnson a formulé la théorie de l’« escalade ». Eisenhower, lui, avait compris l’amère leçon de la guerre de Corée, il savait qu’affronter les pays socialistes en une guerre au sol lui coûterait cher. Aussi avait-il établi la stratégie des « représailles massives », cherché à utiliser les armes nucléaires stratégiques comme moyen de « dissuasion », et « s’appuyer essentiellement sur une énorme capacité de riposte, pour agir instantanément, par les moyens et aux endroits de notre choix ».

Les grandes victoires remportées par les peuples d’Indochine, de Cuba et d’Algérie sonnèrent le glas de cette stratégie. Quant à Kennedy, il avait admis qu’« une puissance nucléaire écrasante ne peut mettre fin à une guerre de partisans ».

Et son administration adopta la stratégie de la « riposte adaptée », se préparant à la fois à la guerre nucléaire, à la guerre localisée et à la « guerre spéciale ». Elle insista essentiellement sur le recours à la « guerre spéciale » pour réprimer le mouvement de libération nationale.

Le Sud-Vietnam fut choisi pour en faire l’expérience. Et c’est là que cette « guerre spéciale » échoua lamentablement. Alors, Johnson passa à l’« escalade », à partir de la stratégie de la « riposte adaptée », c’est-à-dire qu’il divisa « guerre spéciale », guerre localisée et guerre nucléaire en un certain nombre d’échelons à gravir progressivement, afin d’imprimer de plus en plus d’envergure au conflit.

Cette « escalade » revient à ceci : après chaque pas, envisager le pas suivant ; c’est comme passer au meurtre et à l’incendie, tout en tremblant à chaque moment à l’idée du châtiment mérité.

Eisenhower déclarait en 1954, soit presque immédiatement après la guerre de Corée : « Si les Etats-Unis se laissaient entraîner seuls avec leurs troupes dans le conflit indochinois, puis en une suite de guerres en Asie, il en résulterait finalement l’épuisement de nos ressources, l’affaiblissement de notre dispositif général de défense ».

Généraux et officiels américains frissonnent, aujourd’hui encore, à l’idée d’une guerre comme celle de Corée. Dans celle-ci, les Etats-Unis perdirent quelque 400.000 hommes et ils furent repoussés jusqu’à l’endroit d’où ils avaient déclenché l’agression.

Ce fut une défaite terrible. Il est évident que s’ils s’obstinent à étendre la guerre, ils ne s’attireront que des défaites plus cuisantes. Néanmoins, Johnson ne peut s’empêcher d marcher droit sur l’abîme. Les révisionnistes khrouchtchéviens répandent que l’impérialisme ne déclenchera pas la guerre parce qu’il prévoit sa défaite. Tous les faits viennent contredire les sophismes du genre.

Théories et pratique de la « doctrine Johnson » témoignent des affres de l’impérialisme américain à l’agonie. La nature de classe de l’impérialisme et de tous les réactionnaires les pousse inéluctablement à creuser leur propre tombe en étendant leurs guerres d’agression.

Guillaume II œuvra à sa propre chute en déclenchant la Première guerre mondiale ; Hitler eut le destin qu’il méritait en allumant la Seconde guerre mondiale ; et l’impérialisme japonais s’effondra suite à son agression contre la Chine et à la guerre qu’il porta dans le Pacifique. L’impérialisme américain est sur la même vole, et ce ne sont pas les échecs qui le rendront plus « sage ».

Le caractère réactionnaire, agressif, aventureux de l’administration Johnson est tellement évident que le blanchir exigerait toutes les eaux du monde. Les révisionnistes khrouchtchéviens se voient donc parfois obligés de parler de l’impérialisme américain « agresseur », « gendarme international », « principale force de guerre et d’agression de nos jours », etc., etc. Tout cela n’est cependant que pour la forme, et ils le font dans la limite où cela ne touche pas à la « coopération soviéto-américaine ».

De l’administration Johnson qui a porté le fléau de la guerre au Vietnam, ils parlent à la légère et en disent, en termes évasifs, qu’il en ressort uniquement que « le char de l’Etat » américain « penche » du côté des « maniaques » et que prévoir que « la ligne politique américaine virera rapidement vers la droite dans un avenir proche ne repose sur rien ». [12]

C’est de l’enfantillage ! Qui, des milieux dirigeants américains, est maniaque, après tout, et qui est « sage » ? Les révisionnistes khrouchtchéviens ont affirmé à certain moment que Johnson était le « modéré » et Goldwater le « maniaque », et voilà qu’ils affirment que Johnson a endossé la politique de Goldwater et « penche » du côté des maniaques.

Quelle est, en fin de compte, la différence entre les deux ? Les révisionnistes khrouchtchéviens prétendent qu’il est faux de prévoir un virage vers la droite de la politique américaine, mais Johnson n’est-il pas suffisamment à droite, ou bien serait-il à « gauche » ?

Ils affirment une chose un jour, autre chose le lendemain, et tout est illogique, contradictoire, et cela dans le seul but de disculper l’impérialisme américain, de trouver un fétu de paille auquel accrocher leur ligne de « coopération soviéto-américaine » et la sauver de la noyade.

La nature de l’impérialisme américain a « changé », disent-ils. Et leur caractère de classe, à eux, s’exprime précisément par là. Ils ont substitué la théorie bourgeoise de la nature humaine à l’analyse de classe, et le pragmatisme bourgeois au marxisme-léninisme. D’après leur philosophie, « quelque chose d’humain persiste au tréfonds du criminel même le plus endurci » [13].

Et chez l’impérialisme américain, le plus cruel de son espèce, il subsisterait également des traces de bonté. Pour eux, mouvement révolutionnaire et lutte des classes sont totalement inutiles. Quant au sort des peuples et de l’humanité, il n’y a qu’à se fier à la bonté de l’impérialisme américain. Il est clair que les peuples ne pourront mener résolument et efficacement le combat contre l’impérialisme américain tant que ces absurdités révisionnistes n’auront pas été complètement balayées.

DE L’APPRÉCIATION DE LA PUISSANCE DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

L’impérialisme américain a une nature agressive qui ne changera jamais et sa stratégie d’asservissement de tous les peuples a été établie une fois pour toutes. Tout comme une féroce bête de proie, il attaquera et dévorera l’homme, que celui-ci l’irrite ou non. L’abattre ou se laisser manger, telle est l’alternative. Entre les peuples et l’impérialisme américain, une épreuve de force est donc inévitable. Et à ceux-ci se posent les questions suivantes : Comment apprécier la puissance de l’impérialisme américain ? Et peut-on le vaincre ?

Voir au-delà des apparences

Dès 1946, le camarade Mao Tsé-toung énonçait sa célèbre thèse : L’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier. Il disait : « Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires. » [14]

Deux ans après la victorieuse Révolution d’Octobre, Lénine affirmait : « L’impérialisme mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible, que les ouvriers d’un pays arriéré qui tentaient de s’insurger contre lui pouvaient être taxés de folie. Mais aujourd’hui, en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les deux années écoulées, nous voyons que nos adversaires, eux aussi, commencent de plus en plus à nous donner raison. Nous voyons que l’impérialisme, que l’on considérait comme un colosse invincible, s’est révélé aux yeux de tous un colosse aux pieds d’argile. » [15]

Cette thèse marxiste-léniniste, l’impérialisme est un colosse aux pieds d’argile et un tigre en papier, révèle l’essence du problème au-delà des apparences. Le peuple est le moteur de l’histoire, l’impérialisme et tous les réactionnaires constituent les forces décadentes de la réaction dont le divorce d’avec les masses est complet, et aussi puissants qu’ils paraissent, cette apparence même n’est que phénomène passager.

C’est uniquement en envisageant l’impérialisme américain dans son essence, qui est celle d’un tigre en papier, que l’on trouvera la hardiesse de le combattre et d’enlever la victoire. Surestimer la puissance de l’impérialisme américain et sous-estimer celle des masses populaires ne peut que rendre l’impérialisme américain plus agressif, émousser la combativité révolutionnaire des peuples.

Khrouchtchev et ses successeurs, qui se prétendent « marxistes-léninistes », ont pour l’impérialisme américain une admiration mêlée de crainte. Ils attaquent la thèse du tigre en papier du camarade Mao Tsé-toung, déforment les célèbres paroles de Lénine sur le colosse aux pieds d’argile, et insistent sur le fait que l’impérialisme américain est un tigre en papier aux « dents atomiques », qu’il est un « colosse », quoiqu’il « ait une base instable » ; ils proclament que l’impérialisme américain « est toujours puissant, que le combattre n’est pas facile ».

Ils estiment que les fusées, les bombes A et H sont les facteurs qui décident de la guerre, tandis que les forces armées populaires ne sont qu’« un tas de chair ». Leur seul but, en stimulant de la sorte l’arrogance de l’impérialisme américain et en répandant des vues pessimistes parmi les peuples, c’est de faire accroire que l’impérialisme américain est invincible, que la révolution des peuples est sans espoir.

Un arbre évidé par les vers

L’impérialisme américain est faible par essence, quoiqu’il paraisse solide. La grande révolution victorieuse du peuple chinois et les grandes victoires des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, survenues après la Seconde guerre mondiale, ont confirmé la thèse scientifique du camarade Mao Tsé-toung sur l’impérialisme et tous les réactionnaires, tigres en papier.

Que les peuples s’unissent, qu’ils ne craignent pas les difficultés, qu’ils combattent résolument en dépit des sacrifices à consentir, et ils vaincront l’impérialisme américain.

La pensée qui anime le peuple sud-vietnamien dans son héroïque résistance à l’agression impérialiste américaine, c’est « plutôt la mort que l’asservissement ».

Et malgré son manque de forces aériennes et navales, il a battu des centaines de milliers de soldats fantoches équipés d’armes ultra-modernes par l’impérialisme américain, fait échouer la « guerre spéciale » et il résiste victorieusement aux forces d’agression américaines.

Les Etats-Unis enverront plus de soldats au Sud-Vietnam, et leur défaite n’en sera que plus cuisante. Le soldat américain est pris de panique sitôt envoyé en ligne, les bases aériennes américaines se font attaquer les unes après les autres, et le personnel de l’ambassade des Etats-Unis à Saïgon vit dans la terreur.

Les Américains ont d’ailleurs admis qu’ils ne peuvent venir à bout du peuple sud-vietnamien, même avec 500.000 de leurs hommes.

La République dominicaine, dont la population n’est que de 3 millions, se trouve sur une île au seuil même des Etats-Unis ; lorsque son peuple se souleva, Johnson fut dans ses petits souliers et, en l’espace de quelques jours, expédia une force d’agression de 30.000 hommes pour essayer de mater rapidement la lutte patriotique anti-américaine.

Mais le peuple dominicain ne s’est pas laissé intimider par l’impérialisme américain, il lui résiste et fermement, et le combat qui dure depuis trois mois à Saint-Domingue gagne maintenant l’intérieur du pays. La situation de l’administration Johnson était déjà peu brillante, elle s’est enfoncée dans un nouveau bourbier.

Entre l’insatiable soif d’agression de l’impérialisme américain et sa puissance qui a des limites et qui décline chaque jour, la contradiction est implacable. Il est allé trop loin, et il se fait battre partout où il passe à l’agression. Il est dans une situation semblable à celle de la Famille du Seigneur Jong du Rêve du Pavillon rouge [16], que Leng Tse-hsing dépeignit comme suit : « quoique la charpente tînt encore debout, le ver rongeur était dans ses entrailles ».

Les Etats-Unis ne disposent que de 2.700.000 soldats, dont plus d’un million sont distribués dans le monde entier, et ceux-ci sont si dispersés qu’ils ne peuvent être partout où il y a résistance.

La guerre d’agression au Sud-Vietnam et en République dominicaine leur font ressentir leur manque d’hommes, auquel ils doivent remédier par le recrutement de jeunes qui ne tiennent pas tous à servir de chair à canon.

Que feraient les Etats-Unis si des situations analogues à celles du Sud Vietnam et de la République dominicaine venaient à se produire ailleurs ? C’est la question que se pose non sans inquiétude Walter Lippmann, le chroniqueur bien connu de la presse bourgeoise : « Dans combien de Vietnam et de République dominicaine, les marines pourraient-ils maintenir l’ordre simultanément ? »

La politique d’agression et de guerre de l’administration Johnson est extrêmement impopulaire aux Etats-Unis où ouvriers, paysans, intellectuels et personnalités de tous les milieux se sont unis dans de gigantesques mouvements de protestation contre l’agression au Vietnam, et les réunions, manifestations et déclarations se multiplient. Cent mille enseignants et étudiants ont organisé des « conférences-débats » condamnant l’administration Johnson.

Affolée, la Maison Blanche a dépêché de hauts fonctionnaires aux quatre coins du pays pour « expliquer », pour calmer l’indignation des grandes masses. Les Rusk, Bundy et Cie ont été accueillis partout par des huées et les questions embarrassantes les trouvèrent à court de réponses.

Des mouvements politiques d’une telle ampleur sont rares dans l’histoire des Etats-Unis et sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale. Ils témoignent d’un nouvel éveil du peuple américain.

L’économie des Etats-Unis craque de partout ; sa militarisation a entraîné de sérieuses conséquences : surproduction, marché en contraction constante, chômage frappant plus de 10 millions d’hommes à certain moment. Les Etats-Unis, qui passent pour être le pays le plus riche au monde, ont la plus grande dette, secteurs privé et public dépassent 1.300 milliards de dollars. La balance des paiements est largement déficitaire, la toute-puissance du dollar, cet instrument d’agression, n’est plus, la situation monétaire et financière est dans un état critique.

Le président de l’American Federal Reserve Board, W.M. Martin, s’est étonné de ce que la situation actuelle « offre des analogies inquiétantes » avec la dépression des années 20.

Après la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont été pendant longtemps des « bienfaiteurs » pour d’autres pays capitalistes, ils renforcèrent leur emprise sur leurs alliés dans tous les domaines, les foulant ainsi au pied, mais d’énormes changements se sont produits dans le rapport des forces du monde capitaliste ; les pays d’Europe occidentale s’insurgent contre ce contrôle et mettent sérieusement l’hégémonie américaine au défi. Les contradictions entre la France et les Etats-Unis sont devenues un antagonisme à l’échelle planétaire.

Et il en existe d’irréductibles aussi entre les Etats-Unis et d’autres grandes puissances capitalistes : Grande-Bretagne, Allemagne de l’Ouest, Japon et Canada.

Les blocs militaires agressifs que les Etats-Unis eurent toutes les peines du monde à mettre sur pied se désagrègent, l’un après l’autre. Et malgré les fortes pressions que l’administration Johnson exerce sur ses alliés et ses vassaux pour qu’ils dépêchent des troupes au Sud-Vietnam, afin d’y faire remonter le moral et d’y remédier à la situation, la plupart des pays ont refusé poliment, à l’exception de quelques-uns qui ont fourni une poignée d’hommes. Un journaliste américain remarquait tristement : « Nous recherchons vainement de par le monde les vrais el actifs partisans de notre politique ».

L’impérialisme américain est comme un grand arbre à l’intérieur tout rongé, il craque sous la tempête révolutionnaire mondiale, il va de mal en pis. Johnson est sur les dents, il s’agite 24 heures sur 24.

Un journaliste américain disait de lui qu’il était affable avant son accession à la présidence, mais qu’il est devenu d’une humeur exécrable, qu’il déteste la critique et que les conseils l’exaspèrent. L’atmosphère de la Maison Blanche est mouvementée. Et quand Johnson met une aventure militaire au point, il lui est impossible de trouver le sommeil.

Fatigué et tourmenté, le président se couche à une heure du matin et s’éveille à trois heures. Il a admis que sa plus grande crainte, ce sont les appels téléphoniques urgents, car les bonnes nouvelles sont rares.

Il s’emporte facilement et est mal à l’aise. Les questions à régler le plongent dans la confusion, et quand il n’en peut plus, il quitte furtivement la Maison Blanche, par la porte de service, pour aller se détendre sur « le sombre fleuve », Le lamentable et hystérique Johnson rappelle le Hitler des derniers jours !

Une incurable mollesse

Les jours de l’impérialisme américain sont comptés sous l’impact du vigoureux mouvement anti-américain qui balaie le monde. C’est lui qui craint les peuples, et le contraire n’est pas vrai − voilà la caractéristique de la situation sur le plan mondial.

Comme tout ce qui existe au monde, l’impérialisme américain a un caractère double. Du point de vue stratégique, il est, par essence, un tigre en papier, moins puissant qu’il n’y paraît. Mais du point de vue lactique, pour ce qui est de chaque combat spécifique, il doit être tenu pour un vrai tigre, un mangeur d’hommes.

N’a-t-il pas détruit et ne détruit-il pas des milliers el des milliers de vies humaines au Sud-Vietnam, au Congo et en République dominicaine ?

Il doit donc être traité par le mépris sur le plan stratégique et pris sérieusement en considération sur le plan tactique. Car en le traitant par le mépris sur le plan stratégique, on trouvera l’audace de le combattre, et en le prenant sérieusement en considération sur le plan tactique, on saura comment le combattre.

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne voient que sa puissance apparente et non sa faiblesse inhérente ; ils distinguent uniquement le tigre authentique et non le tigre en papier, el ils qualifient même la conception dialectique marxiste-léniniste de « double jeu », preuve qu’ils n’entendent rien au marxisme-léninisme.

D’après eux, un égale un et deux égale deux, les forts sont forts et les faibles sont faibles ; il n’y a pas de faiblesse dans ce qui est fort, et ce qui est faible ne peut rien renfermer de fort ; il ne peut y avoir mutation du fort en faible, ni du faible en fort. A leurs yeux, l’impérialisme américain sera toujours fort et le peuple toujours faible.

Mais, pour les marxistes-léninistes, toute chose se transforme en son contraire dans des conditions données : devient faible ce qui est fort, et fort ce qui est faible. Lénine disait : « Voulez-vous une révolution ? Eh bien, vous devez être puissants ! » [17] 

Cela signifie que les forces révolutionnaires naissantes sont peu nombreuses et faibles au début, mais que leurs effectifs grossiront, qu’elles deviendront puissantes, et elles sont donc nécessairement les forts.

Toutes les puissances impérialistes et réactionnaires, aussi grandes et fortes qu’elles soient au départ, finiront par s’amenuiser et s’affaiblir, et elles sont donc nécessairement les faibles.

Staline disait : « Ce qui naît dans la vie et grandit de jour en jour, est irrésistible, et l’on ne saurait en arrêter le progrès… [le prolétariat] si faible et peu nombreux qu’il soit aujourd’hui, il finira néanmoins par vaincre … Par contre, ce qui dans la vie vieillit et s’achemine vers la tombe, doit nécessairement subir la défaite, … [la bourgeoisie] si forte et nombreuse qu’elle soit aujourd’hui, elle finira néanmoins par essuyer la défaite. » [18]

La mutation qui s’opère de fort en faible, de grand en petit, de ce qui monte en ce qui va vers sa fin et vice versa, c’est toute l’histoire de la lutte des classes de l’humanité. Il n’y a que les aveugles pour ne pas le voir. La mutation présuppose certaines conditions, cela va de soi.

La lutte révolutionnaire des peuples ne se fait pas sans heurts, la route n’est pas toute droite, elle peut être parsemée de difficultés et d’obstacles, et de lourds sacrifices à consentir provisoirement doivent même être prévus. Aussi, dans ces conditions, l’essentiel est-il le combat et l’esprit de sacrifice.

Une fois cet esprit révolutionnaire acquis, en dépit des « sentiers étroits, forêts profondes, mousses glissantes », « le vent déploiera le drapeau rouge comme un tableau ». [19]

Yuan Mei, de l’époque de la dynastie des Tsings, écrivait dans le conte « Comment Tchen Peng-nien exorcisa un spectre avec son souffle » : le spectre d’un pendu souffla sur Tchen une haleine qui le glaça jusqu’aux os et fit vaciller la lampe dont la flamme vira au bleu, prête à s’éteindre. Mais Tchen se dit : « Le spectre a du souffle, et j’en ai aussi ».

Il fit une longue inspiration, et dirigea son souffle puissant sur le spectre qui s’évanouit en fumée. Cette histoire prouve que si l’homme ne craint pas le spectre, c’est le spectre qui le craindra. L’impérialisme américain aussi est un spectre, tout juste bon à effrayer les gens ; si vous le craignez, il vous nuira ; si vous ne le craignez pas et lui rendez coup pour coup, il ne saura à quel saint se vouer.

Le chantage à la guerre de l’impérialisme américain intimide les révisionnistes khrouchtchéviens, ils plient sous la pression, ils sont affligés d’une incurable mollesse. La révolution les effraie, les sacrifices aussi, ils n’osent pas rendre coup pour coup à l’impérialisme américain et ils combattent même la cause révolutionnaire des peuples. Ils dressent un tableau terrifiant de la guerre, ils opposent révolution mondiale et défense de la paix mondiale ; et ils ont été jusqu’à proclamer que certains « prétendent que la révolution mondiale est plus importante que la défense de la paix. Mais, qu’est-ce qui importe plus, la tête ou le corps ? » [20] 

En mendiant la paix, ils trahissent la révolution ; pour eux, c’est l’esclavage qui est préférable à la mort et non le contraire. Voilà la philosophie de renégat des révisionnistes khrouchtchéviens.

Lénine l’a dit, « celui qui ne sait pas distinguer les sacrifices consentis au cours de la lutte révolutionnaire et pour sa victoire, quand toutes les classes possédantes et contre-révolutionnaires combattent la révolution, celui qui ne sait pas distinguer ces sacrifices de ceux d’une guerre de brigandage et d’exploitation, celui-là fait preuve de l’ignorance la plus crasse, et on doit dire à son sujet : il faut lui mettre un abécédaire en mains et, avant de lui donner l’instruction extra-scolaire, l’envoyer à l’école primaire ; ou bien alors, il incarne l’hypocrisie à la Koltchak la plus haineuse, quel que soit le nom qu’il se donne, quels que soient les sobriquets sous lesquels il se dissimule. » [21] N’est-ce pas là le portrait même du révisionniste khrouchtchévien ?

DE L’ATTITUDE A ADOPTER ENVERS L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

Qui est l’ami et qui est l’ennemi ? Avec qui faut-il faire l’unité et qui faut-il combattre ? Ces questions sont d’importance primordiale pour la révolution. Car pour faire triompher une lutte révolutionnaire, il est indispensable de faire l’unité avec les vrais amis et de combattre les vrais ennemis.

L’impérialisme américain est la principale force d’agression et de guerre du monde d’aujourd’hui, il est le principal ennemi de tous les peuples. Quand il s’agit d’en finir avec une bande de malfaiteurs, il importe avant tout de mettre la main sur le chef, et la première tâche de tous les marxistes-léninistes, de tous les révolutionnaires, est de faire l’unité entre les peuples, de diriger la pointe de leur combat contre l’impérialisme américain.

Les révisionnistes khrouchtchéviens ont cependant tout inversé : ils tiennent l’impérialisme américain pour leur grand ami et le peuple révolutionnaire de partout pour leur ennemi. Cette façon d’agir ne peut qu’aboutir à une lutte aiguë entre les deux lignes quant à l’attitude à adopter envers l’impérialisme américain.

Sous le victorieux étendard du Front uni anti-américain

C’est à partir de la situation réelle dans le monde, d’une analyse de classe des contradictions fondamentales existant dans le monde et en tenant compte de la « stratégie globale » contre-révolutionnaire de l’impérialisme américain, que le Comité central du Parti communiste chinois a fait ressortir, dans ses « Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international » qu’il est indispensable et possible, pour le prolétariat international, d’unir toutes les forces pouvant être unies, de mettre à profit les contradictions internes de l’ennemi, afin d’établir un vaste front uni contre l’impérialisme américain et ses laquais, par la mobilisation sans réserve des masses, le renforcement des forces révolutionnaires, l’attraction à soi des forces intermédiaires, et l’isolement de l’impérialisme américain et ses laquais.

Le camarade Mao Tsé-toung a fait, ces dernières années, de nombreuses déclarations de soutien au juste combat de tous les peuples contre l’impérialisme américain. L’idée essentielle en est que les peuples du monde entier doivent s’unir pour abattre l’agresseur américain et tous ses laquais.

Le président Mao Tsé-toung en appelle aux peuples des pays du camp socialiste, aux peuples asiatiques, africains, latino-américains, à ceux de tous les continents, aux pays attachés à la paix et aux pays victimes de l’agression, du contrôle, de l’intervention et des brimades des Etats-Unis, pour qu’ils s’unissent, constituent le front uni le plus large contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain, pour la défense de la paix mondiale.

La situation internationale va précisément dans ce sens.

C’est chaque jour que les peuples prennent un peu plus conscience, que la lutte contre l’impérialisme américain gagne en ampleur et que s’élargit le front uni contre lui.

Les peuples des pays socialistes et les peuples et nations opprimés combattent sur un même front. La lutte des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine contre le néo-colonialisme et le colonialisme, qui ont les Etats-Unis à leur tête, se développe de façon foudroyante et de plus en plus nombreux sont les peuples qui prennent les armes et engagent un combat sans merci contre l’impérialisme américain et ses laquais.

En Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Océanie, la lutte des peuples contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain marque également des points. De par le monde ne cesse de croître le nombre de ceux qui entrent dans les rangs du front uni anti-américain. Les peuples du monde entier font le siège de l’impérialisme américain.

Une sombre trame contre-révolutionnaire

Les révisionnistes khrouchtchéviens n’ont pas conscience de la puissance du peuple révolutionnaire de partout, ils tiennent l’impérialisme américain pour tout puissant et estiment que les questions mondiales doivent être réglées par le canal de leur collaboration avec les Etats-Unis.

Ainsi agissait Khrouchtchev, et ses successeurs en font autant. La sombre trame contre-révolutionnaire de « la coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » court tout au long de la politique révisionniste, qu’il s’agisse de la « coexistence pacifique », du « passage pacifique », de l’« émulation pacifique ».

Que cette ligne révisionniste ait pris corps, qu’elle se soit développée, n’est pas le fait du hasard, ses racines plongent au plus profond des classes sociales. Sur le plan intérieur, elle est due à la rapide avance des forces capitalistes en Union soviétique ; sur le plan international, elle est la résultante de la double tactique contre-révolutionnaire de l’impérialisme, qui consiste à la fois en menaces et en flatteries.

La clique révisionniste khrouchtchévienne est l’expression politique de la nouvelle couche bourgeoise, les privilégiés, qui a fait son apparition en Union soviétique, et elle place les intérêts de celle-ci au-dessus des intérêts du peuple soviétique, des peuples des pays socialistes, de tous les peuples. Elle ne poursuit plus la révolution et elle craint que les révolutions des autres ne viennent perturber ses doux rêves d’existence bourgeoise.

A l’internationalisme prolétarien, elle a substitué l’égoïsme national et le chauvinisme de grande nation ; elle divise le camp socialiste et le mouvement communiste international, elle sape la cause révolutionnaire des peuples et des nations opprimés, elle capitule devant l’impérialisme américain.

Les peuples veulent-ils survivre ? Qu’ils s’en remettent à la « coopération soviéto-américaine » ; mais qu’ils ne fassent pas la révolution, jamais ; car « une seule étincelle peut allumer une catastrophe » [22], « n’importe quel conflit entre nations peut dégénérer en une conflagration mondiale » [23].

Les nations opprimées veulent-elles l’indépendance ?

Qu’elles patientent jusqu’à ce que les Nations unies règlent l’affaire. « Qui, sinon l’Organisation des Nations unies, assumerait la défense de l’abolition du système colonial ? » [24]

Les peuples vivent-ils dans la misère ? Qu’ils patientent jusqu’à la conclusion du « désarmement général » de l’Union soviétique et des Etats-Unis. Si 8 à 10 pour cent, tout au plus, des sommes consacrées de par le monde aux dépenses militaires étaient libérés, « il sera possible d’en finir avec la faim, les maladies et l’analphabétisme dans les régions déshéritées du globe, et cela en vingt ans » [25].

Les pays ayant accédé à l’indépendance veulent-ils développer leur économie nationale ? Qu’ils s’adressent à l’Union soviétique et aux Etats-Unis pour une « aide » économique. Il apparaît que pour pouvoir développer leur économie, les pays libérés « se voient forcés de recourir en bonne partie aux pays impérialistes », mais l’Union soviétique intervenant dans l’affaire, il leur est loisible d’accepter l’« aide » américaine « en toute indépendance et sur un pied d’égalité » [26].

Les peuples craignent-ils l’agression ? Qu’ils s’inclinent devant les armes nucléaires soviétiques ! « Les fusées et la puissance nucléaire soviétiques sont le facteur décisif du maintien de la paix » [27].

Les peuples aspirent-ils au socialisme ? Qu’ils attendent donc les fruits d’or de la « compétition pacifique » soviéto-américaine ! Dès que l’Union soviétique sera devenue la première puissance au monde, « tous les peuples du monde seront définitivement acquis au socialisme », et « la voie pacifique » de la révolution socialiste « sera plus que jamais possible » [28].

En un mot, que l’Union soviétique et les Etats-Unis se donnent la main, et les relations internationales entreront dans une ère nouvelle, la situation internationale se détendra, les peuples jouiront de la paix, de l’indépendance, de la liberté et du bonheur.

Comment la « coopération soviéto-américaine » pourrait-elle engendrer de tels miracles ? Les révisionnistes khrouchtchéviens l’ont dit en termes clairs : « Chacune de ces deux puissances (Union soviétique et Etats-Unis) est à la tête d’un bon nombre de pays, l’Union soviétique dirige le système socialiste mondial, les Etats-Unis dirigent le camp capitaliste » [29].

L’Union soviétique et les Etats-Unis « sont les pays les plus puissants au monde et si nous nous unissons pour la paix, il ne peut y avoir de guerre. Alors, s’il prenait envie à quelque déséquilibré de faire la guerre, il nous suffira de claquer des doigts pour qu’il s’éloigne » [30].

Si les chefs de gouvernement de l’Union soviétique et des Etats-Unis s’entendent, « les problèmes internationaux dont dépend le sort de l’humanité recevront leur solution » [31].

Que de grandeur et de puissance dans « la coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » ! Il semble que ces seigneurs suprêmes n’aient qu’à remuer le petit doigt pour que les peuples de partout dans le monde se soumettent à leur volonté, soient prêts à se laisser massacrer par eux. Et le globe, pour vaste qu’il est, reposerait entre leurs mains. N’est-ce pas du chauvinisme de grande puissance, de la politique de force, dans tout ce qu’ils ont de plus caractérisé ?

Au bon plaisir de l’impérialisme américain

Tout ce qu’entreprennent les révisionnistes khrouchtchéviens vise à s’attirer les bonnes grâces de l’impérialisme américain. Leurs paroles et leurs actes répondent aux désirs des impérialistes américains.

Ceux-ci interdisent aux peuples de faire la révolution, et ils en font autant. L’impérialisme américain veut faire de l’O.N.U. son instrument, et ils portent cette organisation aux nues. Lui cherche à paralyser les peuples avec le mensonge du « désarmement », afin de pouvoir préparer la guerre sans encombre, et eux chantent le désarmement général et complet comme un service immense à rendre à l’humanité.

Lui cherche à installer son néo-colonialisme par le canal de l’« aide », et eux s’empressent d’avoir leur mot dans l’affaire. Lui cherche à amener les nations opprimées à opérer un « changement pacifique », et eux lui emboîtent le pas, ils demandent aux nations et peuples opprimés d’emprunter la voie du « passage pacifique », tout en appliquant chez eux l’« évolution pacifique » vers le capitalisme.

Pourquoi leurs paroles et leurs actes ressemblent-ils tant à ceux de l’impérialisme américain, au point qu’il n’y a pas de différence ? D’où peut provenir cette similitude, si ce n’est qu’il y a collusion entre les deux ?

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si la ligne de « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » des révisionnistes est appréciée uniquement par l’impérialisme américain et ses laquais, alors que tous les peuples la condamnent.

Kennedy disait : « Il nous faut une arme bien meilleure que la bombe H, une arme meilleure que les engins balistiques ou les sous-marins nucléaires, et cette arme meilleure, c’est la coexistence pacifique ». Et la presse occidentale écrivait : « Pour le monde libre, le camarade Khrouchtchev est le meilleur premier ministre russe qu’il y ait jamais eu. Il croit sincèrement à la coexistence pacifique. »

Dernièrement encore, alors que l’impérialisme américain étendait son agression contre le Vietnam, Johnson déclarait : « Les peuples de Russie et des Etats-Unis ont beaucoup d’intérêts en commun. Et je veux dire au peuple de l’Union soviétique : Les Etats-Unis n’ont aucun intérêt à entrer, en quelque lieu que ce soit, en conflit avec le peuple soviétique.

Et soutenir l’agression ou la subversion en quelque lieu que ce soit n’est pas dans l’intérêt véritable de l’Union soviétique. » Ce qui revient à dire que les Etats-Unis ont beaucoup d’« intérêts communs » avec les révisionnistes khrouchtchéviens et « collaboreraient » volontiers avec eux, tant que ceux-ci ne soutiennent pas les luttes révolutionnaires des peuples du Vietnam et d’ailleurs, tant qu’ils acceptent les conditions américaines pour la « paix ». Comme Khrouchtchev, les révisionnistes khrouchtchéviens se tiennent aux ordres de l’impérialisme américain.

L’apparence et la réalité

Ils pourraient protester parce que nous les mettons dans le même panier que Khrouchtchev. N’en appellent-ils pas à tout bout de champ à combattre l’impérialisme américain, à soutenir Je mouvement de libération nationale et les pays socialistes frères ?

Cela ne les différencie-t-il pas un peu de Khrouchtchev ? Mais ils parlent d’une manière et agissent d’une autre. Les marxistes-léninistes jugent d’après les faits et non d’après les mots. Seuls les faits parlent aux gens, tandis que les mots ne peuvent les duper longtemps. Voyons donc les faits.

Les révisionnistes khrouchtchéviens prétendent qu’ils sont contre l’impérialisme américain, mais, en fait, ils ne cessent d’affirmer à celui-ci qu’ils entendent poursuivre la politique de « coopération soviéto-américaine ».

Ils prétendent soutenir le mouvement de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine, mais, en fait, ils le minent. Et c’est en coordination avec la manipulation américaine appelée « réconciliation nationale », qu’ils continuent à disloquer le mouvement de libération nationale au Congo (L).

Ils travaillent main dans la main avec l’impérialisme américain pour mettre sur pied une armée permanente onuesque en vue de réprimer les révolutions des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Ils ont présenté tout dernièrement 5 millions de dollars à l’O.N.U. au litre de « paiement anticipé à valoir sur le budget ».

Ils prétendent soutenir les pays socialistes frères, mais, en fait, continuent à en trahir les intérêts. Ils ont affirmé encore et encore que le statu quo dans la question allemande est « relativement satisfaisant », que « rien n’en motive le changement », reléguant ainsi dans les dossiers la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne et la question de Berlin-Ouest, qui devraient pourtant être réglés au plus tôt.

Il n’y eut pas de riposte énergique de leur part lorsque les militaristes ouest-allemands tinrent une session du Bundestag à Berlin-Ouest, ce qui était une grave provocation contre la R.D.A. et le camp socialiste.

Leur double visage apparaît de façon plus claire avec la question du Vietnam. D’un côté, ils crient qu’ils soutiennent le peuple vietnamien, et de l’autre, ils répriment de façon sanglante, à Moscou et à Léningrad, les manifestations anti-américaines organisées par des étudiants vietnamiens et autres. Dans certains cas, ils font semblant d’exiger le départ des troupes américaines du Sud-Vietnam, et dans d’autres, ils n’en soufflent mot.

Ils ont quelques petits gestes pour aider le Vietnam, mais, par ailleurs, portent cette aide à la connaissance des Etats-Unis. D’un côté, ils se disent contre l’agression américaine au Vietnam, et de l’autre, donnent l’accolade aux fidèles valets et chouchous de l’impérialisme américain que sont Tito et Shastri et en chœur chantent avec eux, claironnant au sujet de « pourparlers de paix », afin de trouver une porte de sortie pour l’impérialisme américain.

Une simple analyse de ces faits contradictoires suffit pour voir au-delà des apparences, les débarrasser de leurs fioritures, pour s’apercevoir que si les révisionnistes khrouchtchéviens se faufilent dans les rangs de tous les peuples du monde qui soutiennent la lutte patriotique de résistance à l’agression américaine du peuple vietnamien, et s’ils arborent le drapeau du « soutien au Vietnam », ce n’est que pour capitaliser politiquement, dans le but de passer plus de marchés avec les Etats-Unis et de trahir la cause révolutionnaire du peuple vietnamien. Telle est la trahison que cache le soutien en apparence.

Et alors qu’ils clament à cor et à cri leur soutien au Vietnam, les impérialistes américains affirment que les révisionnistes khrouchtchéviens sont « désireux » de reprendre « le dialogue au sujet de la coexistence pacifique » avec les Etats-Unis, qu’ils « cherchent éperdument à soustraire les relations soviéto-américaines à de nouvelles détériorations dues à la guerre au Vietnam ». De tels propos donnent matière à réflexion.

Cette tactique à volte-face continuelle ne correspond-elle pas exactement à celle de l’« homme aux deux visages » de Les fleurs dans le miroir [32] ?

L’« homme aux deux visages » adopte parfois un air distingué et parfois se montre tel qu’il est, féroce, chacun des visages servant à un but déterminé. Ce que les révisionnistes khrouchtchéviens appellent soutien et aide au Vietnam leur sert à duper. Leur vrai but, c’est placer la question vietnamienne sur l’orbite de la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde », c’est étouffer la lutte du peuple vietnamien contre l’agression américaine.

Tel sera pris qui croyait prendre

Les temps ont changé, l’époque où quelques grandes puissances pouvaient décider du sort des autres est à jamais révolue. Les révisionnistes khrouchtchéviens vont à contre-courant de l’histoire et leur échec est certain s’ils estiment que l’Union soviétique et les Etats-Unis peuvent agir en maîtres dans le monde sans se soucier des autres.

Le monde compte plus de 130 pays, et plus de 3 milliards d’habitants dont plus de 90 pour cent veulent la révolution. Là où il y a agression, et oppression, il y a lutte pour la liberté et la libération. La cause révolutionnaire des peuples est un puissant courant historique que rien ne peut endiguer.

Les impérialistes américains, de même que les révisionnistes khrouchtchéviens, ne sont après tout qu’une poignée de gens qui démontrent leur inconscience en s’opposant à la révolution, alors qu’ils ont à faire face à tous les peuples, y compris le peuple soviétique. « Des fourmis prennent des airs de grande nation dans un acacia qu’elles enchaînent ;

D’autres, sans douter de rien, veulent ébranler un grand chêne. » [33] Pourquoi craindre que croule le monde parce que des mouches heurtent le mur ?

Les marxistes-léninistes s’en tiennent aux principes, poursuivent la révolution, s’opposent fermement à l’impérialisme américain et estiment indispensable de dénoncer et de condamner le révisionnisme khrouchtchévien. Les peuples des pays socialistes veulent mener la révolution jusqu’au bout. Les révisionnistes khrouchtchéviens sont dans l’incapacité de résoudre les contradictions qui les opposent au peuple soviétique, et plus encore d’agir en maître avec tous les pays socialistes.

Les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine veulent décider de leur propre destin, poursuivre leur révolution nationale et démocratique jusqu’au bout, et ce ne sont pas les révisionnistes khrouchtchéviens qui les en empêcheront. Ces peuples font avancer, dans la voie de la victoire, la roue de la révolution contre l’impérialisme, Etats-Unis en tête, et ses laquais. Les révisionnistes khrouchtchéviens sont-ils à même de faire tourner cette roue en sens inverse ?

En admettant que leurs manœuvres parviennent à infliger provisoirement des revers à la lutte révolutionnaire d’un peuple, elles ne joueront tout au plus qu’un rôle de professeur par la négative.

Au Congo-Léopoldville, par exemple, les révisionnistes khrouchtchéviens s’étaient abouchés avec l’impérialisme américain pour torpiller l’indépendance nationale, mais le peuple congolais, qui a tiré les enseignements de cette sanglante leçon, a pansé ses plaies, pris les armes et engagé de nouveau une lutte victorieuse. Cet exemple ne peut qu’aider à comprendre qu’il est impossible de faire accéder la révolution nationale et démocratique à des victoires plus grandes sans écarter et éliminer le contrôle et l’influence exercés par le révisionnisme khrouchtchévien.

Les nouveaux pays indépendants veulent sauvegarder leur indépendance nationale, briser les complots d’agression et de subversion de l’impérialisme américain, et ce ne sont pas les révisionnistes khrouchtchéviens qui pourront les étouffer.

L’Indonésie s’est retirée des Nations unies pour sauvegarder le « sceptre de son indépendance », et les révisionnistes khrouchtchéviens n’y peuvent rien, aussi déplaisant que cela leur soit. Il en est de même du Cambodge qui, pour défendre sa souveraineté et sa dignité, n’a pas hésité à rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis.

Un bon nombre de pays capitalistes résistent également au contrôle américain, et l’hégémonie américaine est ébranlée. Et là aussi, les révisionnistes khrouchtchéviens sont incapables de venir en aide aux Etats-Unis.

Si les révisionnistes khrouchtchéviens rêvent de dominer le monde avec les Etats-Unis, l’impérialisme américain a toujours eu pour « stratégie globale » de dominer le monde à lui seul, sans partager avec qui que ce soit. Pourquoi irait-il faire une exception pour les révisionnistes khrouchtchéviens et serait-il plus indulgent avec eux, alors qu’envers ses propres alliés, il use de l’escroquerie et pratique la loi de la jungle, qu’il n’hésite pas à expédier dans l’autre monde ses laquais devenus inutiles ?

Les révisionnistes khrouchtchéviens ne s’attireront que des humiliations de plus en plus nombreuses en capitulant sans cesse devant lui. Et il se fera que la « domination conjointe » verra ses fervents propagateurs transformés en « sujets », car le partenaire est impitoyable.

Une fable d’Esope rapporte qu’ayant rencontré un lion, le renard attira l’âne, son ami, dans un piège, le sacrifiant et croyant ainsi pouvoir se sauver. Mais le lion ne le lâcha pas. La fable rappelle que ceux qui trahissent leurs amis pour leur nuire, finissent par nuire à eux-mêmes.

LES DEUX LIGNES SONT INCONCILIABLES

L’attitude à adopter envers l’impérialisme américain touche au sort de l’humanité, car elle implique la question de savoir si les deux tiers de la population mondiale vivant encore sous le régime impérialiste et capitaliste ont à faire la révolution, et si le tiers déjà engagé dans la voie du socialisme doit poursuivre la révolution jusqu’au bout.

Il appartient à chacun de se prononcer et, par-là, de se montrer révolutionnaire, non révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. Et c’est dans cette question capitale que les marxistes-léninistes et les révisionnistes khrouchtchéviens poursuivent deux lignes politiques diamétralement opposées.

Ces deux lignes doivent mener inévitablement à deux résultats totalement différents.

Par la ligne marxiste-léniniste, les forces révolutionnaires mondiales se développeront, leur unité se verra continuellement renforcée, et elles finiront par vaincre l’impérialisme américain et sauvegarder la paix dans le monde, tandis que la ligne des révisionnistes khrouchtchéviens mènera à l’affaiblissement des forces révolutionnaires mondiales, au sapement de l’unité des peuples, à l’encouragement des visées agressives de l’impérialisme américain et à la mise en danger de la paix mondiale.

Les deux lignes sont nettement distinctes, elles doivent aboutir à des résultats situés aux antipodes. Tous les peuples doivent s’en tenir à la première, s’efforcer d’en obtenir les résultats, ils doivent combattre la deuxième et en empêcher les conséquences.

Les marxistes-léninistes et le peuple révolutionnaire de partout ont déjà remporté de grandes victoires dans la lutte contre le révisionnisme khrouchtchévien.

Mais les révisionnistes khrouchtchéviens ne se résignent pas à leur échec, ils veulent aller jusqu’au bout. Ils poursuivent leur ligne révisionniste par des moyens hypocrites et sournois, ils continuent à s’aboucher avec l’impérialisme américain et ses laquais pour s’opposer à tous les révolutionnaires du monde.

« Une lutte contre l’impérialisme qui ne serait pas indissolublement liée à la lutte contre l’opportunisme serait une phrase creuse ou un leurre » [34], disait Lénine à juste titre.

La révolution mondiale est, en fin de compte, la cause des masses innombrables. Aussi la conscience révolutionnaire et la combativité des peuples ne pourront-elles être élevées que par la dénonciation continuelle de la trahison des intérêts des masses par les révisionnistes khrouchtchéviens et en montrant qu’ils sont les agents de fait de l’impérialisme.

Le combat inflexible contre le révisionnisme khrouchtchévien est une des conditions indispensables pour assurer la victoire finale des peuples en lutte contre l’impérialisme américain et ses laquais.

La situation mondiale devient de plus en plus favorable aux marxistes-léninistes et au peuple révolutionnaire de partout, et de plus en plus défavorable à l’impérialisme américain, aux réactionnaires de tous les pays et au révisionnisme moderne.

L’impérialisme américain se trouve en fâcheuse posture et son horizon est bouché, tandis que, à l’exemple du soleil levant, la cause révolutionnaire mondiale rayonne dans toute sa splendeur.

« Que vos corps et votre nom viennent à disparaître, le cours des fleuves n’en sera pas arrêté » [35]. Quelque service que les révisionnistes khrouchtchéviens rendent à l’impérialisme américain, ils ne pourront l’arracher à la défaite et à son sort, ils connaîtront eux-mêmes la ruine et la honte, et les générations à venir les maudiront.


[1] V. I. Lénine : « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Œuvres, tome 28.

[2] J. Staline : Discours prononcé à la Ve Conférence de la Fédération des Jeunesses communistes léninistes de l’U.R.S.S. le 29 mars 1927.

[3] « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[4] Khrouchtchev : Discours prononcé à un meeting pour l’amitié soviéto-hongroise, le 19 juillet 1963 ; Discours prononcé au IIIe Congrès du Parti ouvrier roumain le 21 juin 1960.

[5] Lettre ouverte du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique (14 juillet 1963).

[6] Khrouchtchev : Discours prononcé à l’Association Autriche-U.R.S.S. le 2 juillet 1960.

[7] Khrouchtchev : Discours prononcé à la Conférence nationale des cultivateurs du coton de l’U.R.S.S. du 19 février 1958 ; Discours prononcé à la réception donnée le 8 février 1960, par l’Ambassade de l’Italie en U.R.S.S., à l’occasion de la visite du président Gronchi de la République italienne.

[8] Entretien du président Mao Tsé-toung avec des amis japonais, cubains, brésiliens et argentins à Wouhan, Renmin Ribao, 15 mai 1960.

[9] Message de condoléances de Khrouchtchev en date du 23 novembre 1963 lors de la mort de Kennedy.

[10] « A propos de la déclaration du président Kennedy », Izvestia, 4 décembre 1961.

[11] Commentateur, Izvestia, 4 novembre 1964.

[12] « La politique extérieure et le monde moderne », éditorial du Kommunist, N° 3, 1965.

[13] « Crime et peine », article paru dans la Literaturnaïa Gazeta, 13 mai 1965.

[14] Mao Tsé-toung : « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies, tome IV.

[15] V.I. Lénine : « Deux années de pouvoir soviétique », discours, Œuvres, tome 30.

[16] Célèbre roman classique de Tsao Siué-kin, de l’époque des Tsings. La famille féodale dont il est question se nourrit des vestiges du « bon vieux temps ».

[17] V.I. Lénine : « Pas de mensonge ! Notre force réside dans ce que nous disons la vérité ! », Œuvres, tome 9.

[18] J. Staline : Anarchisme ou socialisme ?

[19] « Nouvel An », poème de Mao Tsé-toung, janvier 1930.

[20] « Le réalisme des révolutionnaires », Literaturnaïa Gazeta, 22 avril l965.

[21] V.I. Lénine : « Ier Congrès de l’enseignement extra-scolaire de Russie, Comment on trompe le peuple avec les mots d’ordre de liberté et d’égalité », Œuvres, tome 29.

[22] N.S. Khrouchtchev : Lettre du 5 mars 1958 à Bertrand Russell.

[23] N.S. Khrouchtchev : Discours au banquet en l’honneur de Sihanouk, Ier décembre 1960.

[24] N.S. Khrouchtchev : Discours à l’Assemblée générale de l’O.N.U., septembre 1960.

[25] N.S. Khrouchtchev : Discours au Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, 10 juillet 1962.

[26] V. Tyagunenko : « Problèmes urgents de la voie du développement non capitaliste », L’économie mondiale et les relations internationales (U.R.S.S.), N° 11, 1964.

[27] N.S. Khrouchtchev : Discours au Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, 10 juillet 1962.

[28] A. Shapiro : « La compétition économique entre les deux systèmes − base importante pour la lutte des classes sur le plan international », Problèmes économiques (U.R.S.S.), N° 11, 1965.

[29] N.N. Yakovlev : « Trente années… » (Brochure publiée en Union soviétique à l’occasion du 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis).

[30] N.S. Khrouchtchev : Interview accordée au correspondant américain C.L. Sulzberger le 5 septembre 1901, Pravda, 10 septembre 1961.

[31] A.A. Gromyko : Allocution au Soviet suprême, 13 décembre 1962.

[32] Roman de Li Jou-tchen, écrivain de l’époque des Tsings.

[33] Poème de Mao Tsé-toung, « Réponse au camarade Kouo Mo-jo », 9 janvier 1963.

[34] V.I. Lénine : « Programme militaire de la révolution prolétarienne », Œuvres, tome 23.

[35] Poème du poète Tou Fou, dynastie des Tangs.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Pour l’anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand ! Pour la lutte jusqu’au bout contre l’impérialisme américain ! (1965)

par Louo Jouei-king, publié dans le Hongqi, le 10 mai 1965

Vingt années se sont écoulées depuis la grande victoire sur le fascisme allemand.

Et bientôt il y aura aussi vingt ans que fut remportée la grande victoire sur l’ensemble du bloc fasciste germano-nippo-italien.

Ces vingt années ont été le témoin d’immenses changements dans le monde. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, la victoire qui termina la guerre mondiale antifasciste « a ouvert des possibilités encore plus larges et des voies encore plus efficaces pour la libération de la classe ouvrière et des peuples opprimés du monde entier. » [1].

L’après-guerre a vu surgir un extraordinaire bouillonnement révolutionnaire suite à la jonction des deux grands courants historiques que sont la révolution socialiste et le mouvement de libération nationale, et qui transforment rapidement l’aspect du monde.

Et une confiance sans limites dans la victoire nous sera procurée par un coup d’œil sur la victoire remportée il y a vingt ans sur les fascistes allemands, japonais et italiens, par un tour d’horizon de l’excellente situation que connaît aujourd’hui la révolution des peuples de partout, et par un regard aux radieuses perspectives de la lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme.

Il y a plus de vingt ans, lorsque les hitlériens déferlaient sur le continent européen et jetaient toutes leurs forces dans une attaque brusquée contre l’Union soviétique, croyant pouvoir l’« anéantir » en un mois et demi ou en deux mois, d’un coup tout s’assombrit dans le monde, comme si « l’entière cité allait crouler sous la sombre nuée ».

Telle une contagion, la peur inspirée par Hitler gagna bien des gens de par le monde, qui pâlissaient au seul nom de cette bête féroce et envisageaient la situation internationale avec pessimisme et désespoir. Les hordes fascistes hitlériennes étaient considérées comme pratiquement invincibles. Les petits pays européens avaient été incapables de leur tenir tête et même des puissances impérialistes comme la Grande-Bretagne et la France reculèrent sous la panique ou s’effondrèrent au premier choc.

Était-il possible, dans ces conditions, que le socialisme triomphe du fascisme ? Était-il possible que le système socialiste l’emporte sur le système impérialiste capitaliste ? L’Union soviétique résisterait-elle à l’assaut des troupes fascistes hitlériennes et son armée les vaincrait-elle ?

Telles étaient les questions qui préoccupaient les peuples du monde entier. L’épreuve fut dure pour le premier Etat socialiste, pour le système socialiste et pour les forces armées révolutionnaires du prolétariat. Le problème était capital et de lm dépendait le sort de l’humanité.

Sous la clairvoyante direction du Parti communiste de l’Union soviétique et du Commandement suprême soviétique, ayant le camarade Staline à leur tête, l’Etat soviétique, que Lénine créa, un jeune Etat ayant tout juste réalisé l’industrialisation socialiste, et sa jeune Armée rouge des ouvriers et des paysans, non seulement tinrent fermement sous les assauts des troupes fascistes hitlériennes, réputées invincibles, en anéantirent en masse les forces vives, mais encore passèrent résolument et le moment venu à la contre-offensive, poursuivant l’ennemi jusqu’à Berlin, brisant définitivement la machine de guerre des fascistes hitlériens et remportant la grande victoire décisive de cette guerre antifasciste.

Celle victoire n’était pas comme les autres, ce ne fut pas une victoire ordinaire, partielle, mais une victoire d’une importance considérable pour le sort de l’humanité et le progrès de l’histoire. Cette grande victoire est celle du système socialiste, du peuple et de l’armée soviétiques, de la direction marxiste-léniniste du P.C.U.S. qui avait le camarade Staline à sa tête. Elle est également celle des peuples d’Allemagne, d’Europe, d’Asie et du monde entier remportée par la lutte commune.

Le peuple soviétique a fait preuve d’une volonté inflexible et d’un héroïsme sans pareil dans son combat contre les bandits fascistes. Il n’a reculé devant aucun sacrifice, devant aucune difficulté, et sa contribution à la victoire sur le fascisme fut immense.

Animée par un esprit révolutionnaire indomptable, l’Armée rouge soviétique a combattu héroïquement, sans défaillance, sous le drapeau de Lénine et de Staline, et par ses exploits immortels, a rempli brillamment son glorieux rôle de force principale dans la lutte antifasciste.

Poursuivant l’œuvre de Lénine, le camarade Staline a doté le peuple soviétique de l’arme de la pensée marxiste-léniniste, il a fait se réaliser l’industrialisation socialiste et la collectivisation agricole dans l’avant-guerre, transformant ainsi la Russie arriérée en une puissance socialiste avancée.

Il fit preuve d’une intrépidité et d’une sagesse admirables face à la violente offensive des armées fascistes hitlériennes, et c’est sous sa conduite que le peuple et l’armée soviétiques ont, après des combats d’une opiniâtreté sans égale, remporté la victoire totale dans la guerre nationale antifasciste. Les faits montrent qu’en dépit de certaines erreurs, y compris celles dans le domaine militaire, Staline est un grand marxiste-léniniste, qu’il fut le clairvoyant capitaine des forces armées révolutionnaires du prolétariat.

Les peuples du monde entier glorifieront éternellement les hauts faits d’armes du peuple et de l’armée soviétiques, qui ont donné des héros comme Zoïa et Matrossov, ils exalteront à jamais les mérites que la conduite de cette guerre a valus au P.C.U.S. qui avait Staline à sa tête.

Ces vingt dernières années, les impérialistes et les révisionnistes modernes ont fait circuler d’innombrables rumeurs, accumulé les mensonges en vue de déformer délibérément la vérité sur l’histoire de la guerre nationale antifasciste. Ils se sont évertués à salir l’image de l’héroïque peuple et de l’héroïque armée soviétique, à calomnier perfidement Je rôle dirigeant du P.C.U.S. à la tête duquel se trouvait Staline.

Mais, plus ils en font et mieux apparaissent la justesse de la conduite de Staline et la grandeur du peuple et de l’armée soviétiques unis sous le drapeau de Lénine et de Staline.

L’histoire ne supporte pas les falsifications. Si, à l’époque, le peuple et l’armée soviétiques n’avaient pas été dirigés par Staline, mais l’auraient été par des révisionnistes du genre Khrouchtchev, s’ils n’avaient pas agi conformément à la ligne, à la politique et aux méthodes marxistes-léninistes que Staline incarnait, mais selon celles que les révisionnistes représentés par Khrouchtchev pratiquent aujourd’hui à l’égard de l’impérialisme américain, on peut imaginer que le seul aboutissement aurait été la capitulation ou une défaite désastreuse, et combien de souffrances les peuples de l’Union soviétique et du monde entier n’auraient-ils pas eu à endurer en plus, et de combien d’années l’histoire de l’Union soviétique et de l’humanité n’aurait-elle pas été ramenée en arrière !

La marche de l’histoire se fait selon les lois qui lui sont propres. Les bandits fascistes comme Hitler et les révisionnistes du genre Khrouchtchev sont en dehors du peuple, ils sont contre lui, ils n’assument sur la scène de l’histoire qu’un rôle épisodique, alors que l’œuvre socialiste et l’œuvre antifasciste entreprises par Staline, par le peuple et l’armée soviétiques qu’il dirigeait, brilleront éternellement dans l’histoire !

Nous ne pouvons oublier en ce jour où nous célébrons le XXe anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand et du triomphe de la guerre antifasciste que le rôle joué par l’impérialisme américain est d’une férocité plus grande encore que celui joué par Hitler.

C’est immédiatement après la guerre antifasciste que l’impérialisme américain s’est mis à remplacer les fascismes allemand, japonais et italien, à élaborer et à appliquer activement sa stratégie mondiale contre-révolutionnaire en vue d’asseoir son hégémonie sur le monde, en faisant ainsi de l’empire du dollar le plus grand exploiteur international, le gendarme du monde, le principal bastion des forces réactionnaires et colonialistes du monde, la principale source d’agression et de guerre de notre époque, l’ennemi le plus féroce des peuples du monde entier.

Au cours des vingt dernières années, il s’est occupé fébrilement et sans relâche d’élargir son armement et de préparer la guerre. Il se livre partout à l’agression, tout en cherchant à imposer une nouvelle guerre mondiale aux peuples. Nous disions, dans le passé, que le fascisme, c’est la guerre, mais aujourd’hui, il y a bien plus de raisons de dire que l’impérialisme américain, c’est la guerre.

Et c’est pour mettre en échec l’agression impérialiste américaine, pour déjouer le déclenchement de la nouvelle guerre que l’impérialisme américain complote, qu’il est indispensable, et d’une haute signification pratique, que les peuples des pays socialistes et de tous les autres pays passent en revue l’expérience historique qu’ils ont tirée de la guerre contre les fascistes allemands, japonais et italiens.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QUE, TANT QU’EXISTE L’IMPÉRIALISME, LES PAYS SOCIALISTES ET LE PEUPLE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARTOUT DOIVENT MAINTENIR LA PLUS HAUTE VIGILANCE RÉVOLUTIONNAIRE, ETRE EFFECTIVEMENT PRÊTS A FAIRE FACE AUX GUERRES BRUSQUÉES QUE L’IMPÉRIALISME POURRAIT LEUR IMPOSER ÉVENTUELLEMENT.

Le danger de guerre existera tant qu’existera l’impérialisme, Et la victoire remportée par un pays ou toute une série de pays socialistes, la victoire remportée par un pays ou toute une série de pays par la conquête de l’indépendance nationale ou de la libération nationale ne sera jamais définitivement acquise ni complète, tant que l’impérialisme n’aura pas été liquidé et que le socialisme n’aura pas triomphé dans le monde entier.

L’histoire n’a cessé de confirmer cette vérité. L’impérialisme et tous les réactionnaires cherchent toujours et par tous les moyens à réprimer et à étouffer la révolution triomphante, dans tous les pays et chez tous les peuples. Il en va ainsi quand les forces révolutionnaires sont faibles, et il en est de même lorsqu’elles deviennent puissantes. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung : « le principe qu’observent les forces réactionnaires à l’égard des forces démocratiques populaires est de détruire résolument toutes les forces démocratiques qu’elles peuvent, et de se préparer à détruire plus tard celles qu’elles n’arrivent pas à détruire pour le moment. » [2]

Tel elles se comportent envers l’Union soviétique et aussi envers la Chine, envers les pays socialistes et aussi envers les pays nationalement indépendants, envers les pays et les peuples qui ont déjà triomphé et aussi envers les pays et les peuples qui poursuivent le combat pour la libération nationale ou sont engagés dans la lutta révolutionnaire populaire.

C’est un comportement dicté par la nature de classe de l’impérialisme. Les impérialistes restent des impérialistes, jamais ils ne déposeront leur coutelas pour se transformer en bouddhas.

Les révisionnistes modernes à la Khrouchtchev prétendent que l’accroissement de la puissance du camp socialiste a fait changer l’impérialisme de nature. Ceci s’inscrit en faux contre les fondements mêmes de la théorie de Lénine sur l’impérialisme, et c’est le summum en fait d’absurdité.

L’impérialisme américain manœuvre actuellement avec sa double tactique contre-révolutionnaire, de guerre et de « paix ». Tout en usant activement de la tromperie à la paix, il lance un peu partout des guerres d’agression et se prépare intensivement en vue d’une nouvelle guerre.

Aussi est-il plus que jamais nécessaire, dans ces circonstances, de ne pas oublier l’expérience historique de la guerre antifasciste, de maintenir une haute vigilance révolutionnaire de tous les instants, d’être ferme devant la tromperie à la paix des impérialistes, de nous garder contre tout relâchement de notre vigilance, et de ne pas tabler sur le hasard.

Les pays socialistes et les pays ayant accédé à l’indépendance nationale doivent, tout en poursuivant résolument leur politique étrangère de paix et leur édification économique, renforcer leur défense nationale et se préparer pour pouvoir affronter n’importe quelle guerre d’agression impérialiste.

Entre être prêt à la guerre quand celle-ci vient à éclater et ne pas l’être, la différence est énorme. Et de tous les préparatifs, les premiers à achever sont ceux du domaine politique et idéologique. Par ailleurs, la préparation à la guerre doit avoir en vue les conditions les plus difficiles, les circonstances les plus graves qui pourraient se présenter.

Il faut non seulement être-prêt à affronter une guerre impérialiste de petite envergure, mais aussi une guerre de moyenne ou même de grande envergure. Il faut envisager non seulement l’emploi par l’impérialisme des armes conventionnelles, mais aussi remploi de l’arme atomique. Cette façon de voir les choses et d’agir est relativement plus réaliste, elle permet mieux l’initiative et de faire face assez aisément à la situation, quoi qu’il arrive, et de vaincre l’ennemi à coup sûr.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QUE L’IMPÉRIALISME NE MÉRITE PAS LA MOINDRE CONFIANCE. LES PAYS SOCIALISTES PEUVENT, DANS DES CONDITIONS DÉTERMINÉES, NÉGOCIER AVEC LES PAYS IMPÉRIALISTES, ABOUTIR A CERTAINS ACCORDS AVEC EUX. MAIS POUR DÉFENDRE LA PAIX MONDIALE, ILS NE PEUVENT EN AUCUN CAS PLACER LEURS ESPOIRS DANS DE TELS NÉGOCIATIONS ET ACCORDS. ILS DOIVENT COMBATTRE RÉSOLUMENT TOUTE POLITIQUE MUNICHOISE A LA CHAMBERLAIN ET A LA DALADIER.

Les impérialistes et tous les réactionnaires sont de ces pragmatistes qui débitent de « belles paroles » et ne reculent devant rien. Ils peuvent s’asseoir avec vous, à une même table, pour négocier, ou pour parler à profusion de « paix » et d’« amitié », signer quelques traités ou accords, prendre tels ou tels engagements, faire telles ou telles promesses, quand ils l’estiment nécessaire, quand ils ne sont pas prêts à attaquer, quand ils ont besoin d’un écran de fumée pour masquer leurs préparatifs d’agression, quand il leur faut reprendre haleine après de lourdes défaites dans leur guerre d’agression, ou quand ils sont à bout.

Mais dès qu’ils se croient capables de vous dévorer, qu’ils estiment la situation favorable, et que leur coutelas est bien aiguisé, ils font volte-face, déchirent traités et accords formels et renient leurs promesses solennelles.

L’histoire moderne abonde en exemples de ce genre. Ainsi, un an et dix mois à peine après la signature de son pacte de non-agression avec l’Union soviétique, l’Allemagne hitlérienne déclenchait la guerre-éclair contre elle, sans notification aucune.

Telle était la façon d’agir d’Hitler ; mais n’en est-il pas de même aujourd’hui avec l’impérialisme américain ?

Dire de l’impérialisme américain qu’il a la perfidie d’Hitler ne suffit pas à le qualifier. Car, comparé à celui-ci, il est vraiment bien plus sournois, bien plus pervers. Même leurs plus proches alliés et partenaires, comme la Grande-Bretagne et la France, leurs plus fidèles valets et hommes de main, comme Syngman Rhee et Ngo Dinh Diem, dont ils se servent quand ils en ont besoin, les Etats-Unis les écartent d’un coup de pied quand ils ne sont plus d’aucune utilité, ils abattent l’âne quand il a fini de faire tourner la meule.

Et alors qu’ils agissent de la sorte avec leurs partenaires, serait-il possible qu’avec les pays socialistes, les pays nationalement indépendants et le peuple révolutionnaire de partout, ils soient de parole ?

Nous ne devons donc jamais nous faire d’illusions sur les promesses des impérialistes et des réactionnaires lorsque nous avons affaire à eux, ni nous leurrer au sujet de leurs « belles paroles ».

C’est la nature même de notre société socialiste qui détermine le caractère pacifique de notre politique étrangère.

Et c’est dans l’intérêt du peuple et de la révolution, pour sauvegarder la paix mondiale, pour dénoncer l’ennemi et éduquer le peuple que nous ne nous sommes jamais opposés aux négociations nécessaires avec les pays impérialistes et que nous les avons toujours entreprises avec beaucoup de sérieux ; nous n’avons jamais refusé de conclure avec eux les traités et accords nécessaires, et avons toujours, au contraire, respecté tous ceux que nous avons signés.

Cependant, en ce faisant, n’oublions pas que l’impérialisme veut la guerre et que, quels qu’ils soient, les traités et les accords n’y changent rien. Celui qui, pour conjurer la guerre, place ses espoirs dans de tels traités et accords se verra gravement berné et aura à le regretter.

Bousculer les faibles et craindre les forts est commun aux impérialistes et à tous les réactionnaires. Qui veut assurer sa propre sécurité au moyen de concessions et de compromis sans principes, ou en cherchant à assouvir l’ambition des agresseurs aux dépens des autres peuples, ne fait que soulever une pierre qui lui retombera sur les pieds.

C’est dans l’espoir que Hitler tournerait le fer de lance de son agression contre l’Union soviétique, que Chamberlain et Daladier rejetèrent la proposition de l’U.R.S.S. en faveur d’une action commune contre la menace de guerre fasciste, qu’ils tramèrent le complot de Munich et bradèrent les intérêts des peuples tchécoslovaque et polonais.

Cependant, Hitler mit le doigt sur leur point faible, la peur de la guerre, et les attaqua les premiers, les prenant au dépourvu, L’année française, forte de trois millions d’hommes, fut battue à plate couture en un mois et demi, tandis que la Grande-Bretagne se vit presque anéantie et n’échappa au sort tragique de la France que grâce à la Manche.

La politique munichoise de Chamberlain et de Daladier, néfaste pour les autres autant que pour eux-mêmes, s’est acquis à jamais une triste notoriété. Celui qui cherche aujourd’hui, face au chantage à la guerre de l’impérialisme américain, à manigancer quelque nouveau Munich, ne connaîtra pas de sort différent de celui de Chamberlain et de Daladier : il commencera par vouloir nuire aux autres et finira par se nuire à lui-même. La prise de conscience des peuples du monde entier voue ce genre de complot à l’échec. Et le comploteur ne connaîtra pas de fin heureuse.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QU’IL FAUT SAVOIR DISTINGUER ENTRE ENNEMIS ET AMIS, EXPLOITER LES CONTRADICTIONS, S’ALLIER LA MAJORITÉ, UNIR TOUTES LES FORCES SUSCEPTIBLES D’ÊTRE UNIES POUR FORMER LE FRONT UNI LE PLUS LARGE CONTRE L’ENNEMI PRINCIPAL.

Le bloc fasciste formé par l’Allemagne, le Japon et l’Italie représentait l’impérialisme le plus rapace et le plus agressif de l’époque. Sa politique de rapine menaça sérieusement la liberté et l’indépendance de toutes les nations et le bloc n’épargna même pas ses partenaires, les gangsters s’en prenant aux gangsters. La nature rapace des impérialistes les voue non seulement à l’opposition des masses populaires les plus larges du monde entier, mais leur vaut aussi d’être minés par les antagonismes et la division.

Un des grands mérites de Staline est d’avoir analysé correctement la lutte des classes sur le plan international, d’avoir défini la principale contradiction existant dans le monde et désigné le principal ennemi de tous les peuples, et par voie de conséquence, d’avoir avancé le juste mot d’ordre du front uni antifasciste et d’être parvenu à rallier toutes les forces antifascistes du monde dans le front uni antifasciste ayant l’Union soviétique et le prolétariat des autres pays comme force principale.

Ainsi fut brisée l’alliance impérialiste antisoviétique et fut établie l’alliance antifasciste ; l’encerclement par l’impérialisme du pays socialiste qu’est l’Union soviétique était rompu, tandis que se constituait un contre-encerclement des forces d’agression fascistes par les forces mondiales opposées à l’agression. La situation stratégique avait vu s’opérer un changement radical, changement qui nous favorisait et défavorisait l’ennemi. Ce facteur d’une importance extrême contribua à la grande victoire sur le fascisme.

Aujourd’hui, l’impérialisme américain cherche à liquider le socialisme, à s’emparer des vastes régions de la première zone intermédiaire que constituent l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, mais encore à contrôler les pays capitalistes impérialistes d’Europe occidentale, d’Amérique du Nord, d’Océanie, ainsi que le Japon, c’est-à-dire les pays de la deuxième zone intermédiaire.

Cette politique d’hégémonie mondiale ralliera immanquablement plus de 90 pour cent de la population mondiale contre l’impérialisme américain qui, abandonné et trahi par les siens, cerné de toutes parts par ses ennemis, se verra acculé pas à pas à l’isolement le plus complet.

Les plans d’agression et de guerre des Etats-Unis peuvent, dans ces circonstances, être déjoués et mis en échec, si comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, nous savons non seulement unir les forces anti-impérialistes des peuples du camp socialiste et des autres pays, mais aussi exploiter les contradictions existant au sein du camp impérialiste et créer le front uni le plus large contre l’impérialisme américain. Et nous serons mieux en mesure d’infliger à l’impérialisme américain la défaite la plus totale s’il se hasarde à déclencher une nouvelle guerre mondiale.

Au lieu d’œuvrer à la formation d’un front uni anti-américain, en ralliant toutes les forces anti-américaines et en exploitant les contradictions au sein du camp impérialiste, les révisionnistes modernes du genre Khrouchtchev confondent ennemis et amis, prennent les ennemis pour des amis, s’unissent avec les Etats-Unis et entretiennent avec eux une « coopération pacifique » dirigée contre la révolution des peuples du monde entier.

Cela, c’est trahir en grand la révolution mondiale prolétarienne et les nations et peuples opprimés. Et par là, ils ne font qu’aider l’impérialisme américain à se dégager de son isolement, que flatter son arrogance agressive et accroître le danger de déclenchement d’une nouvelle guerre par ce dernier. C’est ce que nous devons combattre résolument.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE QUE LE PRINCIPE STRATÉGIQUE DE LA DÉFENSE ACTIVE EST LE SEUL PRINCIPE CORRECT A ADOPTER PAR LES PAYS SOCIALISTES CONTRE LA GUERRE D’AGRESSION IMPÉRIALISTE.

Le principe stratégique de la défense active, appliqué par Je Commandement suprême soviétique à la tête duquel se trouvait Staline, fut l’un des grands facteurs de la victoire de l’U.R.S.S. dans sa guerre nationale antifasciste. Son application permit de dénoncer entièrement la nature agressive de l’Allemagne fasciste, de soulever la légitime et profonde colère du peuple et de l’armée soviétiques, et d’assurer largement à l’Union soviétique la sympathie et le soutien des peuples de partout.

Elle permit aussi à l’armée soviétique de gagner du temps, tout en cédant du terrain, d’user et d’anéantir en masse les forces vives de l’ennemi, de l’obliger à passer de l’offensive à la défensive stratégique, puis de lui faire prendre le chemin de la débâcle. Et c’est encore l’application de ce principe qui permit à l’armée soviétique d’exploiter pleinement les avantages que présente une guerre juste, de sorte qu’elle put se renforcer au fur et à mesure des combats, passer de la défensive à la contre-offensive stratégique, puis se lancer à la poursuite de l’ennemi et, avec le soutien et la coopération des peuples du monde entier, remporter finalement la grande victoire de la guerre nationale antifasciste.

Khrouchtchev et consorts se sont opposés de toutes leurs forces à ce principe stratégique, ils ont prétendu qu’il s’agissait là d’un des crimes de Staline, que c’était une théorie inventée par lui pour justifier ses erreurs du début de la guerre. C’est déformer les faits et c’est de la calomnie la plus grossière. Si, à les en croire, le principe de la défense active appliqué par Staline était faux, quel principe stratégique l’U.R.S.S. aurait-elle donc dû adopter ? L’attaque préventive ?

L’incompatibilité avec la nature du système socialiste est flagrante. Un pays socialiste n’a nul besoin et ne se permettra jamais d’attaquer le premier d’autres pays, et jamais il ne tirera la première cartouche. La défense passive en attendant les coups ?

Le désavantage est évident. Engels soutenait déjà que « la défense passive conduit certainement à la défaite, même si l’on possède des armes perfectionnées. » [3] La capitulation devant l’ennemi ? Ç’aurait été trahir la révolution, trahir le peuple. Et il est impossible que le peuple l’eût admis. Qui capitule devant l’ennemi sera rejeté par le peuple et marqué à jamais comme traître. Quel principe est donc le juste ? Celui de la défense active, bien entendu.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit à ce sujet : « On appelle aussi la défense active, défense offensive ou défense par combats décisifs. On peut aussi qualifier la défense passive de défense purement défensive ou de défense pure. En fait, la défense passive n’est qu’une pseudo défense. Seule la défense active est la véritable défense, elle seule prépare le passage à la contre-offensive et à l’offensive. » [4]

Le principe de la défense active ne vise pas essentiellement, sur le plan opérationnel, à défendre ou à enlever des territoires, mais à concentrer des forces supérieures pour anéantir les forces vives de l’ennemi.

C’est parce que l’U.R.S.S. adopta ce principe stratégique, lors de la guerre nationale antifasciste, que Hitler fut contraint, sur un front interminable qui passait par Léningrad, Moscou, Stalingrad et allait jusqu’au Caucase, d’arrêter ses troupes au pied des hautes montagnes et devant les villes inexpugnables, sans pouvoir ni avancer, ni reculer, tout en subissant des pertes énormes et en s’engageant dans un cul-de-sac.

La bataille de Stalingrad, au cours de laquelle furent encerclées et anéanties des troupes d’élite de l’Allemagne fasciste fortes de plus de 300.000 hommes, marqua le tournant de la Seconde guerre mondiale. Les contre-offensives qui suivirent, virent la destruction massive des forces vives de l’agresseur. Telle fut la brillante stratégie qui porta le coup fatal à Hitler.

L’expérience montre que seule la destruction active des forces vives de l’ennemi permet de redresser efficacement la situation, de tenir réellement les villes et le terrain, et de vaincre finalement l’agresseur.

Le principe de la défense active ne vise pas uniquement à chasser l’agresseur hors du territoire national, elle vise aussi à entreprendre une poursuite stratégique pour anéantir l’ennemi à son point de départ, c’est-à-dire dans son propre repaire. Comme l’a dit Staline, il ne faut pas laisser le fauve blessé ramper vers sa tanière et se remettre de ses blessures. Il faut le traquer et l’achever dans sa tanière.

Ce principe, appliqué par le Commandement suprême soviétique, à la tête duquel se trouvait Staline, a permis à l’armée soviétique, au cours de ses opérations de poursuite stratégique, de coordonner activement son action avec les soulèvements armés antifascistes des peuples des divers pays d’Europe, d’aider les peuples d’Europe orientale à renverser la domination réactionnaire chez eux et à faire triompher la révolution.

Cette contribution du peuple et de l’armée soviétiques est des plus grandes. Les pays socialistes ne doivent pas appliquer d’autre principe dans les guerres à opposer à l’agression impérialiste américaine. Qu’il nous soit permis de donner un conseil aux impérialistes américains :

N’imaginez pas, si vous nous attaquez, qu’il n’y aura pas de contre-attaque. Tout se paie en ce monde.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE CONTRE LE FASCISME NOUS ENSEIGNE QUE LES ARMES CONSTITUENT UN FACTEUR IMPORTANT MAIS NON LE FACTEUR DÉCISIF DE LA GUERRE, QUE C’EST L’HOMME, ET NON LE MATÉRIEL, QUI EST LE FACTEUR FONDAMENTAL DONT DÉPEND L’ISSUE DE LA GUERRE.

Coupés comme ils sont du peuple et opposés à lui, les impérialistes et les réactionnaires, quels qu’ils soient, n’osent pas ni ne peuvent s’appuyer, dans la guerre, sur le peuple et les soldats, ils ne peuvent que placer leurs espoirs dans les armes.

Ils font tout pour exagérer le rôle des armes, simplement parce qu’ils veulent intimider, et en premier lieu désarmer moralement les victimes de l’agression pour qu’elles perdent toute confiance dans la résistance, de manière à les vaincre en un seul combat ou même sans coup férir. C’est là leur magistrale application de la théorie : « les armes décident de tout », qu’ils s’évertuent à propager.

La théorie : « les forces aériennes décident de la guerre » et la théorie : « les tanks décident de la guerre » avancées dans le temps par les bandits fascistes, n’étaient-elles pas vraiment effrayantes ? Le mythe de « l’invincibilité de l’armée allemande » fabriqué par Goebbels, auquel vinrent s’ajouter le hurlement strident des bombes sifflantes et les activités des 5e colonnes, sema la panique dans l’Europe capitaliste, un certain nombre de pays furent de la sorte moralement désarmés avant même que Hitler eût lancé son offensive, et cela lui fut d’une grande aide.

Mais lorsque les avions et les tanks hitlériens se lancèrent à l’assaut de l’Union soviétique, pays socialiste, ils ne semblaient déjà plus si puissants et ils ne jouaient déjà plus de rôle décisif.

Pourquoi ? En vertu de quel secret ? Est-ce parce que l’Union soviétique possédait des avions et des tanks en plus grand nombre et d’une puissance supérieure ? Non, certainement pas.

A ce moment, l’Union soviétique le cédait à l’Allemagne hitlérienne dans ce domaine. Quelle est donc la force qui permit à l’armée soviétique de tenir tête à l’armée fasciste hitlérienne et de la vaincre ? Elle n’avait rien de mystérieux, elle était en fait et tout simplement la force née du peuple, du régime socialiste, du travail politique révolutionnaire dans l’Armée rouge soviétique, de la direction marxiste-léniniste du Parti communiste.

En un mot, la machine de guerre fasciste fut démolie parce qu’on s’appuya sur le peuple conscient dirigé par le parti du prolétariat. Telle est la loi qui présida à la victoire, et telle est la vérité.

N’est-ce pas exact ? Qu’aurait pu faire l’armée fasciste hitlérienne, même féroce et redoutable comme elle l’était, face aux troupes soviétiques et aux grandes masses soviétiques, fortes des glorieuses traditions de la Révolution d’Octobre, armées par les idées marxistes-léninistes et ne reculant devant aucun sacrifice pour défendre leur patrie socialiste, face aux milliers de soldats avançant vaillamment, narguant la mort, engageant l’ennemi en corps à corps au cri de : « Pour la Patrie, pour Staline » ?

N’est-ce pas exact non plus ? Qu’aurait pu faire l’armée fasciste hitlérienne, même nombreuse et puissante comme elle l’était, pour mieux tenir les régions occupées, face à la vaste guerre de partisans et aux sabotages que les masses menaient partout à l’arrière des lignes ? Qu’aurait-elle pu faire, sinon disperser ses forces ? Comment aurait-elle pu éviter l’assaut qui lui était donné de toutes parts ? Comment aurait-elle pu échapper à l’encerclement par le peuple et à la défaite totale ?

Ces faits montrent une fois de plus que, dans une guerre, la victoire n’est pas déterminée par une ou deux armes nouvelles ni par des unités d’une certaine arme, mais qu’elle dépend de l’étroite fusion des forces armées et des masses civiles, des efforts conjugués du front et de l’arrière, de la coordination des opérations en première ligne avec celles sur les arrières de l’ennemi, de l’étroite coopération entre toutes les armées et toutes les armes, et principalement des forces terrestres, en particulier de l’infanterie.

Aucune arme nouvelle, si puissante soit-elle, ne peut décider de l’issue des combats sans l’héroïsme des forces terrestres, et elle ne permet pas, à elle seule, de parvenir aux buts politiques de la guerre. C’est là une autre loi de la guerre, une autre vérité.

Et cela vaut tout autant pour la guerre contre le fascisme que pour les autres guerres. Cela valait avant l’apparition de la bombe atomique et cela vaut après son apparition. Cela vaut tout autant pour un puissant pays socialiste comme l’Union soviétique, que pour les peuples opprimés engagés dans le combat révolutionnaire.

L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE NOUS ENSEIGNE ENCORE QUE TOUTES LES GUERRES RÉVOLUTIONNAIRES SE SOUTIENNENT ENTRE ELLES. LES PAYS DÉJÀ VICTORIEUX DOIVENT AIDER LES PAYS ET LES PEUPLES DONT LA LUTTE RÉVOLUTIONNAIRE N’A PAS ENCORE ÉTÉ COURONNÉE PAR LA VICTOIRE. LES PAYS SOCIALISTES DOIVENT SERVIR DE BASE D’APPUI A LA RÉVOLUTION MONDIALE, DEVENIR LA FORCE PRINCIPALE DANS LA LUTTE CONTRE L’AGRESSION IMPÉRIALISTE.

Par sa guerre nationale antifasciste victorieuse, l’Union soviétique a soutenu tous les peuples, aidé les pays d’Europe orientale à se libérer et soutenu le peuple chinois clans sa Guerre de Résistance contre le Japon.

Par contre, la lutte des peuples du monde entier contre le fascisme, les soulèvements et la lutte armée des peuples d’Europe contre les fascistes allemands et italiens, en particulier la grande guerre de résistance antijaponaise dont le peuple chinois fut la force principale, ont contribué dans une très grande mesure à immobiliser les armées de l’ensemble du bloc fasciste, qu’elles ont frappées et affaiblies. Sans tous ces facteurs, l’Union soviétique n’aurait pu remporter une telle victoire dans sa guerre nationale contre le fascisme.

Du point de vue marxiste-léniniste, la guerre révolutionnaire ou la guerre contre l’agression, dans n’importe quel pays, est dans l’intérêt de ce pays, de son peuple, et constitue en même temps une aide à la lutte révolutionnaire des autres pays, une aide aux pays où la révolution a triomphé, une contribution à la défense de la paix mondiale.

Les pays et les peuples engagés dans une telle guerre doivent s’efforcer d’immobiliser, de détruire au maximum les forces ennemies, et les pays déjà victorieux, en particulier les pays socialistes, doivent développer pleinement l’internationalisme et considérer que soutenir la lutte révolutionnaire des peuples opprimés est un devoir irrécusable.

Tous les pays, grands ou petits puissants ou faibles, se doivent, dans ce soutien mutuel, de prévenir et de combattre résolument le chauvinisme de grande puissance et l’égoïsme national.

Aider les autres, c’est s’aider soi-même, et il n’appartient à personne de se poser en sauveur ou en libérateur. Pour les pays déjà victorieux, il est une pierre de touche qui montre si l’on est ou non pour la révolution et contre l’impérialisme, et c’est oser ou ne pas oser servir de base d’appui à la révolution mondiale et endosser la responsabilité de soutenir la révolution des autres peuples.

ENFIN, L’EXPÉRIENCE HISTORIQUE DE LA GUERRE CONTRE LE FASCISME NOUS ENSEIGNE QUE LA GUERRE IMPOSÉE PAR L’IMPÉRIALISME ENTRAÎNE DES SACRIFICES, DES DESTRUCTIONS, DES PERTES, MAIS ELLE FORME LE PEUPLE, ET LE PEUPLE GAGNERA LA GUERRE, COMME IL GAGNERA LA PAIX ET DONNERA LIBRE COURS AU PROGRÈS.

Les fascistes allemands ont détruit des milliers de villes et agglomérations soviétiques, ils ont infligé des pertes innombrables en vies humaines au cours de la guerre, mais il en est résulté la victoire de l’Union soviétique, la libération de l’Europe orientale et le développement du socialisme, qui déborda du cadre d’un seul pays pour former un vaste camp. L’U.R.S.S. a réalisé de nouveaux développements dans le domaine de l’édification socialiste.

Elle n’a pas été affaiblie par les ravages de la guerre, elle est devenue plus puissante. La guerre imposée par les impérialistes se transforme, suite-à notre résistance et à notre victoire, de facteur négatif en facteur positif qui accélère le cours de l’histoire et le développement de la société.

La guerre nationale antifasciste menée par l’Union soviétique le confirme, et aussi les dizaines d’années de guerre révolutionnaire qui furent imposées au peuple chinois, la guerre du peuple coréen contre l’agression américaine, la guerre du peuple vietnamien contre l’agression française, la guerre révolutionnaire du peuple cubain et la guerre de libération de l’Algérie. Et il y aura confirmation encore par la guerre de libération que poursuivent les peuples du Sud-Vietnam, du Laos, du Congo-Léopoldville, et par la guerre révolutionnaire d’autres peuples.

Nous sommes contre le déclenchement de la guerre par les impérialistes, mais nous ne devons pas la craindre, et moins encore nous opposer à la guerre révolutionnaire par crainte de la guerre. A quoi sert-il de craindre la guerre, si les impérialistes s’obstinent à nous l’imposer ?

Notre crainte pourrait-elle parvenir à les empêcher de la déclencher ? Pourrait-elle parvenir à éliminer la guerre ? Non, l’expérience historique nous apprend que la crainte de la guerre ne contribue en rien à l’empêcher et moins encore à l’éliminer.

La guerre ne peut être éliminée que si on lui oppose des guerres de résistance. La guerre contre-révolutionnaire ne peut être éliminée que si on lui oppose la guerre révolutionnaire. La loi du fusil ne peut être abolie que si on prend le fusil.

Si nous prenons le fusil, c’est parce qu’on nous y oblige, et si nous faisons la guerre révolutionnaire, c’est non seulement pour en finir avec l’asservissement et l’oppression, mais également et plus précisément pour liquider l’impérialisme, source de toutes les guerres.

La riche expérience historique de la guerre contre le fascisme a été payée par le peuple révolutionnaire du monde avec son sang. Trésor commun à tous les peuples, elle est toujours d’une très grande signification pratique pour la lutte actuelle contre l’impérialisme américain.

Hitler, Tojo, Mussolini et autres bandits fascistes ont rencontré, il y a longtemps, leur destin. Mais l’impérialisme américain, qui s’est substitué aux fascismes allemand, japonais et italien après la guerre et est devenu le pire ennemi de tous les peuples, s’est engagé dans la voie empruntée par les bandits fascistes, et c’est fébrilement qu’il poursuit leur œuvre contre-révolutionnaire inachevée et qu’il a imposé une suite de guerres d’agression aux peuples.

Les révisionnistes modernes comme Khrouchtchev prétendent que Hitler n’aurait pas déclenché la guerre contre l’Union soviétique s’il avait pu en prévoir l’issue.

Ils prétendent que les chefs de file de l’impérialisme américain sont nettement différents d’Hitler, qu’ils se sont rendu compte de la force du socialisme, qu’ils sont à même de tirer les leçons de l’histoire, qu’ils sont devenus « sensés », voire « pacifiques », et qu’ils ne courraient pas le risque de déclencher la guerre comme le fit Hitler.

Ils ont ainsi tissé un joli conte de fées dans le but de faire accroire que l’impérialisme et le socialisme peuvent marcher la main dans la main vers un soi-disant monde « sans armes, sans armées et sans guerres ».

Des mensonges aussi détestables, des absurdités aussi grossières peuvent-ils avoir été proférés par des communistes ? Qui ignore que c’est la nature de classe des capitalistes monopolistes allemands qui a poussé Hitler à déclencher la guerre ? Et de même, c’est la nature de classe des capitalistes monopolistes américains qui pousse les impérialistes américains à déclencher leurs guerres.

Avant que le capitalisme n’eût atteint son stade monopoliste, Marx avait cité dans une des notes du Capital : Pour des profits à 100 pour cent, la bourgeoisie foule aux pieds toutes les lois humaines ; à 300 pour cent, il n’est pas de crime qu’elle n’ose commettre, même au risque de la potence [5].

A plus forte raison, les intérêts de classe poussent-ils les capitalistes monopolistes à se jeter dans de folles aventures guerrières en vue de profits, et c’est leur désir insensé de richesses qui leur tourne la tête. Entraînés dans la course aux profits, ils sous-estiment toujours la force du peuple tout en surestimant la leur, ils ne cessent de « faire une mauvaise guerre contre un ennemi mal choisi, à un mauvais moment et au mauvais endroit ». [6]

Les exemples manquent-ils dans les livres d’histoire ? Napoléon a vu échouer son plan de conquête de l’Europe et du monde, et cependant Guillaume II lui a emboîté le pas. Guillaume II échoua, puis vint Hitler. Hitler échoua, et ce sont les impérialistes américains qui ont chaussé ses bottes. Les impérialistes ne seront jamais à même de tirer la leçon de la défaite subie par leurs prédécesseurs. Ils descendent dans la tombe, l’un après l’autre, et il en ira ainsi jusqu’à l’effondrement total du système impérialiste sur cette planète !

Hitler, qui paraissait invincible, échoua finalement.

L’impérialisme américain d’aujourd’hui est-il plus fort que Hitler ? Son sort sera-t-il meilleur que celui d’Hitler ? La comparaison entre ce qui fut et ce qui est répond clairement à la question.

L’impérialisme américain a trop embrassé. Les contradictions entre ses folles ambitions, ses fronts étendus et ses lointains arrière, d’une part, et l’insuffisance de ses forces d’autre part, sont bien plus graves que les contradictions auxquelles Hitler se buta. Il rêve d’anéantir le camp socialiste, constitué de territoires d’un seul tenant, ayant un milliard d’habitants, et combien de fois plus puissant que l’Union soviétique de l’époque.

Dans sa guerre d’agression contre les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, il se heurte à l’énergique résistance d’un mouvement de libération nationale d’une ampleur sans précédent, résistance que Hitler n’a pas connue. Son armée, qui a subi de fréquentes défaites lors de la répression des révolutions des peuples et dans les guerres d’agression contre d’autres pays, est une armée de gommeux de loin inférieure à l’armée fasciste hitlérienne.

De plus, les blocs agressifs qu’il a laborieusement échafaudés se trouvent dans un état de désagrégation que Hitler n’a jamais eu à affronter. Sur tout cela, l’impérialisme américain le cède de loin à son prédécesseur. Le camarade Mao Tsé-toung a fait remarquer il y a longtemps que l’impérialisme américain n’est qu’un tigre en papier, que sa « puissance n’est que superficielle et passagère.

Des contradictions inconciliables, tant à l’intérieur que sur le plan international, menacent quotidiennement comme un volcan l’impérialisme américain. L’impérialisme américain est assis sur ce volcan ». [7] 

Alors quel dans des conditions et avec un rapport de forces beaucoup plus favorables, Hitler a essuyé une défaite totale dans son attaque contre l’Union soviétique, à quel résultat les Etats-Unis pourraient-ils aboutir en déclenchant partout des guerres d’agression dans des circonstances qui leur sont aussi nettement défavorables, si ce n’est à accélérer leur propre destruction ?

L’impérialisme américain, disent certains, est malgré tout plus puissant que Hitler, car ne possède-t-il pas la bombe atomique ? Il est vrai qu’il dispose de la bombe atomique que Hitler n’avait pas.

Il est vrai aussi que la bombe atomique est une arme de destruction massive, mais, comme l’a indiqué le camarade Mao Tsé-toung, les bombes atomiques ne peuvent décider de l’issue d’une guerre, et « sans les luttes menées par le peuple, les bombes atomiques à elles seules restent vaines. » [8] « La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens. » [9]

Qui plus est, il y a beau temps qu’a été brisé le monopole américain de la bombe atomique. Si les Etats-Unis possèdent des bombes atomiques, d’autres pays en ont aussi. Au cours des vingt dernières années, les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars pour produire en masse des bombes atomiques et thermonucléaires, mais à quoi celles-ci leur ont-elles servi, en dehors de l’effroi causé à certains névrosés ?

Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple chinois de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire. Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple coréen de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire. Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple vietnamien de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire.

Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple cubain de triompher dans sa grande guerre révolutionnaire. Elles n’ont pas empêché et ne pouvaient empêcher le peuple algérien de faire triompher sa grande guerre révolutionnaire.

Elles n’ont pas pu et ne pourront jamais empêcher le développement et la victoire de la lutte révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, de même qu’elles n’ont pas pu et ne pourront jamais empêcher le développement et la victoire de la lutte révolutionnaire des peuples d’Europe occidentale, d’Océanie, d’Amérique du Nord et du peuple des Etats-Unis.

Brandissant ses bombes atomiques et menaçant de représailles nucléaires, l’impérialisme américain est dérouté par les prouesses que le peuple révolutionnaire accomplit avec des fusils, des grenades, et même avec des armes aussi rudimentaires que des arcs, des flèches et des sabres. Voilà le beau spectacle offert par l’impérialisme atomique dans les années 60 du XXe siècle. Ce spectacle ne se reproduit-il pas actuellement, mais avec plus d’éclat, au Sud-Vietnam ?

De quoi l’impérialisme américain peut-il se vanter, alors que la puissance dite la plus grande au monde, abondamment pourvue en fusées et en armes nucléaires, se laisse battre par les 14 millions de Sud-Vietnamiens au point d’être frappée de panique, d’abandonner armes et bagages et de ne pouvoir même protéger son ambassade ?

L’histoire des vingt années d’après-guerre confirme pleinement que, malgré ses dents nucléaires, l’impérialisme américain n’est rien d’autre qu’un grand arbre vermoulu, et qu’approche le jour où la tempête révolutionnaire des peuples du monde entier le déracinera.

Cependant, tout au long de l’histoire, les forces réactionnaires moribondes ont toujours livré un dernier combat sans espoir contre les forces révolutionnaires. Voyez Tchiang Kaï-chek. Il a combattu les communistes pendant des dizaines d’années, il a tout perdu à ce jeu et a fui à Taïwan avec une poignée de soldats dépenaillés et quelques généraux vaincus, ce qui ne l’empêche pas de crier tous les jours à la « contre-offensive contre le continent ».

Peut-on concevoir que le gigantesque impérialisme américain se retirera tranquillement de la scène de l’histoire sans déclencher de batailles décisives, sans se livrer à de multiples épreuves de force et sans combats à mort ?

Les groupes monopolistes américains sont encore de vrais colosses ; ils disposent d’une base industrielle relativement puissante ; l’après-guerre a vu leurs forces armées augmenter de 8 fois par les vingt ans d’efforts déployés pour accroître leur armement et se préparer à la guerre ; leurs bases militaires constellent le monde, et des 2.700.000 hommes de leur armée permanente, plus d’un million sont stationnés à l’étranger et ne cessent de mener l’agression contre le peuple révolutionnaire de partout.

Il est évident qu’ils ne s’avoueront jamais vaincus et ne renonceront jamais à leurs plans de guerre contre la révolution tant que leurs forces contre-révolutionnaires n’auront pas été anéanties et qu’ils n’auront pas complètement perdu la mise. Comme l’a dit le camarade Mao Tsé-toung, il y a longtemps : « Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine – telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple ; et jamais ils n’iront contre cette logique. C’est là une loi marxiste. » [10]

Un trait marquant des efforts de l’impérialisme américain pour échapper à sa défaite est l’extension aventureuse de sa guerre d’agression au Vietnam. Sa « guerre spéciale » ayant échoué honteusement au Sud-Vietnam, il applique maintenant la théorie inventée par lui de la guerre d’« escalade ». Il divise la guerre en un certain nombre d’étapes, elles-mêmes subdivisées en un certain nombre d’échelons.

Selon l’ordre des échelons, il renforce et étend graduellement le recours à la force et la menace du recours à la force. Trait caractéristique, chaque fois qu’il ajoute une bûche au foyer de sa guerre d’agression, il récite une prière pour la paix, afin d’essayer de se sauver de la défaite par une meilleure application de sa double tactique contre-révolutionnaire, c’est-à-dire par une plus étroite coordination de la menace et de la séduction.

A l’heure actuelle, les Etats-Unis sont en train, conformément à leur théorie de l’« escalade » de transformer la guerre d’agression au Sud-Vietnam en une guerre localisée du type coréen. Ils ont porté la guerre au Nord-Vietnam, et ils se préparent à la porter en Chine. Ce grave défi, c’est à tous les pays et à tous les peuples attachés à la paix que l’impérialisme américain le lance.

Guidé par le Parti des Travailleurs du Vietnam et le président Ho Chi Minh, le vaillant peuple vietnamien combat dans l’unité la plus complète aux premières lignes de la lutte contre l’impérialisme américain, sous le mot d’ordre, sacré et solennel, de résistance à l’agression américaine pour le salut de la patrie, pour la libération du Sud, la défense du Nord et la réunification de la patrie.

Par sa lutte héroïque contre les forces américano-fantoches, le peuple sud-vietnamien a déjà libéré les quatre cinquièmes du territoire et plus des deux tiers de la population, et sa guerre de libération approche jour après jour de la victoire finale. Le peuple du Nord Vietnam, qui est décidé dans son combat et résolu à arracher la victoire, lutte héroïquement contre les bombardements par l’impérialisme américain et il n’a cessé de frapper durement les agresseurs.

L’héroïque lutte du peuple vietnamien immobilise de plus en plus de forces armées de l’impérialisme américain et bouleverse sa stratégie mondiale contre-révolutionnaire. C’est là un soutien à la lutte révolutionnaire des peuples de tous les pays, un magnifique exemple pour les peuples de partout et une grande contribution à la défense de la paix en Asie et dans le monde.

Le peuple révolutionnaire de partout dans le monde se réjouit des grandes victoires que remporte le peuple vietnamien. Un impétueux mouvement de masse de soutien au Vietnam dans sa résistance anti-américaine se déroule dans le monde. Partout, Je peuple révolutionnaire frappe, selon diverses méthodes, l’impérialisme américain et ses laquais.

Les vaillants peuples du Congo-Léopoldville, du Laos, de Corée, d’Indonésie, du Cambodge, du Japon, de Cuba, du Venezuela, de la République dominicaine, des pays arabes, ainsi que tous les autres pays et peuples en lutte contre l’impérialisme américain et ses laquais, contribuent chacun de leur côté à la cause sacrée de la lutte contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et pour la défense de la paix mondiale.

Le peuple chinois soutient fermement le peuple vietnamien dans sa lutte contre l’agression américaine pour le salut de la patrie. Il soutient fermement tous les peuples en lutte contre l’impérialisme américain.

A toutes ces luttes, nous accordons un soutien total, politique et moral, un soutien matériel que seules limitent nos possibilités, mais nous sommes également prêts à envoyer nos hommes combattre aux côtés du peuple vietnamien dès qu’il en aura besoin. Le peuple chinois est ferme et inébranlable dans son attitude. Nous soutenons le peuple vietnamien, que les impérialistes américains nous bombardent ou non, qu’ils étendent la guerre ou non.

Les menaces de bombardement que profère l’impérialisme américain et ses braillements sur l’extension de la guerre ne nous intimident pas. Notre opposition à l’impérialisme américain a toujours été nette. Notre principe est : Nous n’attaquerons pas à moins d’être attaqués, et si nous sommes attaqués, nous contre-attaquerons ! Nous anéantirons tous ceux qui se permettront de nous attaquer !

Aux attaques des Etats-Unis, nous répondrons par des attaques de même importance ! Nous n’avons jamais qu’une parole. Nous sommes fin prêt pour la guerre. Notre peuple est tout à fait prêt, de même que notre Armée populaire de Libération.

Si l’impérialisme américain veut absolument nous imposer la guerre, nous éliminerons résolument, de concert avec les peuples du monde entier, la guerre contre-révolutionnaire par la guerre révolutionnaire, et nous apporterons notre contribution à la liquidation complète de l’impérialisme américain, principal fauteur d’agression et de guerre de notre temps.

En ce jour anniversaire de la grande victoire sur le fascisme allemand et de l’ensemble de la guerre contre le fascisme, c’est une haute estime et une confiance illimitée que nous éprouvons pour le grand peuple soviétique et la grande armée soviétique qui ont grandi à la lumière de la glorieuse pensée de Lénine et de Staline, qui possèdent de glorieuses traditions révolutionnaires, qui sont passés par le creuset de la guerre antifasciste et qui ont remporté une victoire éclatante par cette guerre.

Nous sommes profondément convaincus que nous ferons l’unité sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, que nous lutterons ensemble contre l’ennemi commun, l’impérialisme américain, et avancerons côte à côte avec les peuples du monde entier vers la victoire finale dans la lutte contre la guerre d’agression, et vers une ère nouvelle, celle de la véritable paix dans le monde.


[1] « Forces révolutionnaires du monde entier, unissez-vous, combattez l’agression impérialiste ! », œuvres choisis de Mao Tsé-toung, tome IV.

[2] « Quelques appréciations sur la situation internationale actuelle », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[3] F. Engels : « Histoire du fusil ».

[4] « Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome I.

[5] K. Marx : Le Capital, tome I.

[6] « La politique de défense nationale des Etats-Unis après la guerre », rapport de la Commission des Forces armées à la Chambre des Représentants des Etats-Unis, novembre 1956.

[7] « La Situation actuelle et nos tâches », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[8] « La situation et notre politique après la victoire de la Guerre de Résistance contre le Japon », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[9] « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

[10] « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte », Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome IV.

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contre l’hégémonie des superpuissances

L’expérience historique de la guerre antifasciste (1965)

Rédaction du Renmin Ribao, 9 mai 1965

Vingt années se sont écoulées depuis la fin victorieuse de la grande guerre antifasciste.

La guerre antifasciste fut un grand affrontement entre les forces antifascistes du monde ayant pour bastion l’Union soviétique, pays socialiste, d’une part, et l’Allemagne, l’Italie et le Japon, pays fascistes, de l’autre ; guerre juste, elle fut d’une envergure inconnue dans l’histoire.

Elle se termina sur la victoire totale des forces antifascistes et la défaite complète des fascistes allemands, italiens et japonais. Le fascisme s’effondra en Italie, et les impérialistes allemands et japonais capitulèrent sans conditions les 8 mai et 2 septembre 1945, respectivement.

A la veille de la victoire finale, le camarade Mao Tsé-toung, partant des principes fondamentaux du marxisme-léninisme, porta cette appréciation sur la situation mondiale : « En dépit des calculs de la réaction, en Chine et à l’étranger, les forces d’agression fascistes seront inévitablement écrasées et les forces démocratiques, populaires, remporteront inévitablement la victoire. L’humanité avancera sur la voie du progrès et non sur celle de la réaction. »

« La guerre a beaucoup appris aux peuples, ils gagneront la guerre, la paix et le progrès aussi sera à eux. » [1]

L’histoire a confirmé les prévisions scientifiques du camarade Mao Tsé-toung. La victorieuse guerre antifasciste fut, après la Révolution d’Octobre, un autre grand tournant de l’histoire de l’humanité dont elle a inauguré une page nouvelle.

La victorieuse guerre antifasciste porta un coup sévère à l’impérialisme international. Si la grande Révolution d’Octobre fut la première à briser le front impérialiste international, cette guerre victorieuse fit s’écrouler celui-ci en grande partie. L’apparition des forces fascistes, et la guerre mondiale qu’elles déclenchèrent furent le fruit des efforts désespérés de l’impérialisme le plus réactionnaire.

Les brigands fascistes ont martelé de leurs bottes l’Europe, l’Asie et l’Afrique, ils ont plongé une bonne moitié du globe dans un chaos effroyable, et ils n’ont néanmoins pu échapper à la défaite. La guerre mondiale se solda par la défaite de trois grandes puissances impérialistes, l’Allemagne, l’Italie et le Japon, et le sérieux affaiblissement de deux autres de ces puissances, la Grande-Bretagne et la France. Provoquée par les impérialistes, elle a grandement accéléré leur marche au tombeau.

La victorieuse guerre antifasciste consolida et développa largement les grandes conquêtes de la Révolution socialiste d’Octobre. Les forces du socialisme grandirent dans le monde. L’épreuve rendit l’Union soviétique, premier Etat socialiste, plus puissante. En Europe comme en Asie, toute une série de pays socialistes virent le jour dans les nouvelles conditions historiques nées de la victorieuse guerre antifasciste.

Ces pays et l’Union soviétique formèrent un puissant camp socialiste opposé au camp impérialiste sur le déclin. Le camarade Mao Tsé-toung dit : « Avec le triomphe de la grande Révolution socialiste d’Octobre en Union soviétique s’est dessinée une situation mondiale où la victoire des peuples est devenue une certitude et maintenant, avec la fondation de la République populaire de Chine et des démocraties populaires, la situation s’est développée et consolidée. » [2]

La victorieuse guerre antifasciste porta à un nouveau stade la lutte révolutionnaire des peuples et nations opprimés que les salves de la guerre avaient secoués dans tous les coins du monde. De prodigieuses tempêtes révolutionnaires se levèrent en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

La domination impérialiste dans les colonies et semi-colonies avait connu une période d’une stabilité relative après la Première guerre mondiale ; cette stabilité disparut après la Seconde guerre mondiale. Les luttes révolutionnaires anti-impérialistes que les peuples de partout menèrent de façon ininterrompue ébranlèrent et sapèrent les fondements mêmes de la domination impérialiste. L’impérialisme n’eut plus d’arrières stables, il les perdit à jamais.

Résumant la grande portée historique de la victorieuse guerre antifasciste, le camarade Mao Tsé-toung dit : « Si la Révolution d’Octobre a ouvert de larges possibilités et des voies efficaces pour la libération de la classe ouvrière et des peuples opprimés du monde entier, la victoire remportée dans la Seconde guerre mondiale antifasciste a ouvert pour leur libération des possibilités encore plus larges et des voies encore plus efficaces. » [3]

La victoire qui couronna la guerre antifasciste fut celle du socialisme, système le plus avancé qu’ait connu l’histoire de l’humanité, elle fut celle des peuples qui s’unirent dans la lutte pour la liberté et l’émancipation, et celle du marxisme-léninisme.

L’histoire de cette guerre témoigne, une fois de plus et avec force, de l’universalité et de la pérennité des principes fondamentaux du marxisme-léninisme, de l’invincibilité et du caractère triomphant des lignes et des mesures politiques de la stratégie et de la tactique, élaborées sur la base de ces principes.

Une série d’importantes divergences de principe opposent marxistes-léninistes et révisionnistes modernes quant aux jugements à porter sur cette guerre antifasciste, aux enseignements et à l’expérience à en tirer. Partant du matérialisme historique, les marxistes-léninistes respectent la réalité des faits historiques, en dégagent les lois et aboutissent à de justes conclusions ; par contre, dès le XXe Congrès du P.C.U.S., les révisionnistes khrouchtchéviens, représentants du révisionnistes modernes, dénaturent délibérément les faits historiques, masquent la réalité historique et forgent à dessein les conclusions les plus nuisibles, afin d’altérer le marxisme-léninisme.

I. L’HISTOIRE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE MONTRE QUE LE SYSTÈME SOCIALISTE EST DOUÉ D’UNE VITALITÉ IMMENSE, CAPABLE DE RÉSISTER AUX ÉPREUVES LES PLUS DURES, ET QUE L’ETAT DE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT EST INVINCIBLE.

Le choc principal de la guerre antifasciste opposa l’Union soviétique, seul pays socialiste de l’époque, à l’Allemagne fasciste, le plus puissant des pays impérialistes du moment. Après avoir occupé la quasi-totalité de l’Europe capitaliste continentale, ce dernier mit d’énormes ressources humaines et matérielles en ligne pour faire la guerre à l’Union soviétique. Ce fut une dure épreuve pour le jeune Etat soviétique, une bataille décisive entre le système impérialiste et le système socialiste.

Loin d’être écrasé par la machine de guerre hitlérienne, le premier Etat socialiste, fondé par Lénine, remporta une grande victoire historique. Le Parti communiste de l’Union soviétique, avec Staline à sa tête, portant haut l’étendard du léninisme, dirigea le peuple et les vaillantes armées soviétiques, riches des glorieuses traditions de la Révolution d’Octobre.

Ils surmontèrent ainsi des difficultés sans nombre et finirent par triompher du gang hitlérien qui avait mis la main sur les forces militaires et économiques d’une dizaine de pays d’Europe. Le peuple et l’armée soviétiques défendirent victorieusement la patrie et frayèrent également la voie à la libération des peuples d’Europe orientale que la clique d’Hitler avait asservis. Le peuple soviétique se révéla digne du nom de grand peuple et l’armée soviétique, digne du nom de grande armée. Leurs éclatants faits d’armes brilleront à jamais dans l’histoire.

Ces magnifiques exploits sont indissolublement liés à l’incomparable supériorité du système socialiste et à la puissance de la dictature du prolétariat en Union soviétique. C’est le système socialiste et la dictature du prolétariat qui ont assuré la victoire du peuple et de l’armée soviétiques. Eux seuls étaient à même de résister à la guerre-éclair lancée par l’impérialisme le plus féroce, de tenir fermement, et de faire se lever une armée et un peuple capables de combattre les bandits fascistes sans fléchir jusqu’à la victoire finale.

Eux seuls ont permis à l’Etat soviétique de réaliser, en une période relativement courte, l’industrialisation du pays et la collectivisation de l’agriculture, et de bâtir ainsi des forces économiques et militaires suffisamment puissantes pour vaincre les fascistes hitlériens.

Tout comme l’a dit Staline : « Notre victoire signifie, avant tout, que c’est notre régime social soviétique qui a triomphé ; que le régime social soviétique à subit avec succès l’épreuve du feu de la guerre et a prouvé sa parfaite vitalité. » « La guerre a montré que le régime social soviétique est une régime véritablement populaire, issus des profondeurs du peuple et bénéficiant de son puissant appui. » [4]

La victoire du peuple et de l’armée de l’Union soviétique est indissolublement liée à la direction de Staline. C’est Staline qui, la guerre engagée et au moment où l’Etat soviétique connaissait des heures critiques, assuma les lourdes tâches de la direction du Parti et de l’Etat et sut unir les multiples nationalités du pays en un détachement invincible qui livra un combat à mort aux bandits fascistes.

Staline mena la guerre du début jusqu’à la victoire finale, il dirigea toutes les batailles importantes, en sa qualité de commandant suprême des forces armées de l’U.R.S.S. Les peuples de l’Union soviétique et du monde entier purent entendre sa voix, ferme et pleine de confiance, au moment crucial où les troupes du gang hitlérien approchaient de Moscou : « … Exterminer jusqu’au dernier tous les Allemands qui auront pénétré dans le territoire de notre Patrie en qualité d’envahisseurs. » [5]

Et lorsque vint la grande contre-offensive, tous les officiers et soldats des forces armées soviétiques entendirent l’appel retentissant de Staline : « Il faut traquer le fauve allemand blessé, et l’achever dans sa tanière. » [6] 

Le nom de Staline stimula le peuple et l’armée soviétiques pendant toute la guerre. Il reste un grand marxiste-léniniste et un grand capitaine, dans toute l’acception du terme, malgré certaines erreurs commises. Son immense apport à la victoire qui mit fin à la guerre antifasciste est ineffaçable.

II y a longtemps que le monde entier a admis tout ceci. Et cependant, Khrouchtchev et ses disciples en vinrent à falsifier l’histoire de la guerre antifasciste du peuple soviétique de façon flagrante. Les révisionnistes khrouchtchéviens élaborèrent une ligne révisionniste anti-marxiste-léniniste au XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique. Le rapport d’activité et le rapport secret qui y furent présentés par Khrouchtchev sont des produits typiquement révisionnistes.

Le signe le plus manifeste de cette ligne est sa négation totale du rôle de Staline. Les révisionnistes khrouchtchéviens brossèrent le système socialiste et la dictature du prolétariat sous les couleurs les plus sombres. Ils calomnièrent le grand peuple soviétique, le traitant de pessimiste, de désespérant, de vulgaire, et traitant la vaillante armée soviétique d’un amas de peureux indisciplinés.

Selon Khrouchtchev, Staline serait resté « indifférent » devant les plans d’agression de l’ennemi et aurait « tout négligé » avant la guerre ; et au début de la guerre, démoralisé, il aurait « renoncé à la direction » et estimé que « tout était fini » ; tandis qu’au cours de la guerre, il « ne dressait les plans de bataille qu’en se fiant à un globe terrestre ». Bref, selon Khrouchtchev, Staline n’était nullement un grand capitaine, c’était une « ganache ».

Tout en dénigrant Staline à fond, les falsificateurs de l’histoire portèrent Khrouchtchev aux nues. Ils prétendirent que, pendant la guerre, Khrouchtchev « était toujours là où il y avait le plus de difficultés », qu’il prit à maintes reprises des « décisions plus adéquates » que celles du haut commandement ; qu’il fut non seulement « l’âme de ceux de Stalingrad », mais aussi le commandant de nombreuses « batailles décisives ». C’est de cette façon qu’on a fait du lieutenant-général que fut Khrouchtchev le commandant en chef du temps de la guerre patriotique de l’Union soviétique.

Dénigrer Staline et chanter Khrouchtchev fut une mesure de grande importance que les révisionnistes khrouchtchéviens adoptèrent pour s’opposer au marxisme-léninisme et passer à l’application du révisionnisme. Ils se sont efforcés d’effacer et de rabaisser le rôle de Staline dans la guerre antifasciste pour abattre l’immense prestige dont jouit ce grand marxiste-léniniste aux yeux des peuples soviétique et du monde entier et pour altérer le marxisme-léninisme.

En diffamant Staline, ils diffamèrent en fait le système socialiste, la dictature au prolétariat et le Parti communiste de l’Union soviétique, afin de pouvoir transformer un Etat de la dictature du Prolétariat en un Etat au « peuple tout entier » et un parti du prolétariat en un parti du « peuple tout entier ».

En travestissant ce bouffon de Khrouchtchev en « héros » de la guerre antifasciste, ils espérèrent lui donner du prestige, substituer le révisionnisme khrouchtchévien au marxisme-léninisme. Cependant, dans le creuset de l’histoire, l’or reste ce qu’il est et la scorie reste ce qu’elle est. Les révisionnistes khrouchtchéviens qui s’emploient à falsifier l’histoire, à dénigrer à outrance Staline et le marxisme-léninisme, connaissent déjà la faillite et leur faillite ne pourra être que plus totale.

II. L’HISTOIRE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE MONTRE QUE L’IMPÉRIALISME EST LA SOURCE DES GUERRES MODERNES, QUE SA NATURE AGRESSIVE NE CHANGERA PAS, ET QU’UNE LUTTE DU TAC AU TAC DOIT ETRE MENÉE CONTRE LUI, POUR LA DÉFENSE DE LA PAIX MONDIALE.

La Seconde guerre mondiale fut le point culminant d’une série de guerres d’agression déclenchées dans les années trente et étendues progressivement par les trois pays fascistes, l’Allemagne, l’Italie et le Japon. Elle tire son origine de la politique d’agression et de guerre poursuivie par les impérialistes. Ces trois pays fascistes étaient les plus agressifs des pays impérialistes. Ils déclenchaient sans aucun scrupule des guerres d’agression pour résoudre leurs Crises politiques et économiques et piller plus de pays avec encore plus de sauvagerie.

A l’époque, il existait sur le plan international, deux politiques diamétralement opposées face à l’agression fasciste. Les impérialistes britanniques, français et américains, ainsi que leurs partenaires pratiquèrent longtemps à l’égard des fascistes allemands, italiens et japonais une politique d’apaisement, en faisant preuve de complaisance coupables et en laissant les coudées franches au fauve. Ils fermèrent les yeux sur l’agression de l’impérialisme japonais contre la Chine.

Ils tolérèrent l’agression de Mussolini contre l’Abyssinie (Ethiopie). Ils poussèrent les fascistes allemands et italiens à intervenir par les armes en Espagne.

Ils encouragèrent Hitler à annexer l’Autriche et à occuper la région des Sudètes, en Tchécoslovaquie. Tout cela, loin d’apporter la paix n’a fait qu’exacerber la soif d’agression des fascistes et amena la guerre mondiale. Par leur politique d’apaisement, les impérialistes britanniques, français et américains soulevèrent la pierre pour se la laisser tomber sur les pieds et l’histoire se chargea de les châtier.

Les peuples du monde entier, eux, pratiquèrent une autre politique, celle de la résistance résolue à l’agression fasciste. Les peuples d’Union soviétique, de Chine et de nombreux autres pays combattirent vigoureusement la politique d’apaisement des impérialistes britanniques, français et américains, et assumèrent courageusement la lourde responsabilité de la guerre antifasciste ; ils finirent par gagner la guerre et aussi la paix.

Résumant l’expérience acquise par le peuple chinois et les peuples du monde entier dans leur lutte contre l’impérialisme et les réactionnaires, y compris celle tirée de la guerre antifasciste, le camarade Mao Tsé-toung montra clairement que la nature de l’impérialisme ne change pas, qu’il ne faut pas se bercer d’illusions à son sujet, et qu’il est nécessaire de le combattre du tac au tac.

Il dit : « Les impérialistes ne voudront jamais poser leur couteau de boucher, ni ne deviendront jamais des bouddhas, et cela jusqu’à leur ruine. » « Il est impossible d’espérer qu’on puisse persuader les impérialistes et les réactionnaires chinois de faire preuve de bon cœur et de revenir dans le droit chemin. La seule voie à suivre, c’est d’organiser des forces pour lutter contre eux. » [7] 

L’histoire de ces vingt années d’après-guerre a pleinement confirmé la justesse de la politique de la lutte contre l’impérialisme et la réaction, définie par le camarade Mao Tsé-toung.

L’impérialisme américain s’est substitué aux fascistes allemands, italiens et japonais au cours de l’après-guerre, il est devenu l’impérialisme le plus agressif. Il est la principale force d’agression et de guerre. Il cherche à conquérir le monde et est devenu le pire ennemi de tous les peuples.

Partout, il pratique l’expansion et s’est lancé dans toute une série de guerres d’agression. Les administrations Truman, Eisenhower, Kennedy et Johnson sont toutes sorties d’un même moule ; celle-ci, comme les précédentes, applique fidèlement la politique d’agression et de guerre du capitalisme monopoliste nord-américain.

L’expérience a appris aux peuples du monde entier à comprendre de plus en plus clairement que la paix ne s’obtient en aucun cas en la quémandant à l’impérialisme, que seule la lutte résolue contre l’impérialisme et notamment l’impérialisme américain peut permettre de la sauvegarder efficacement.

La victorieuse guerre révolutionnaire du peuple chinois, la victorieuse guerre coréenne contre l’agression américaine, la victorieuse guerre révolutionnaire du peuple cubain et les victorieuses luttes anti-américaines de maints autres pays ont rabattu l’arrogance de l’impérialisme américain et contribué puissamment à la défense de la paix mondiale.

Il est évident que les peuples ne peuvent déjouer les plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et conjurer la guerre mondiale que s’ils continuent à frapper les agresseurs américains sur tous les fronts de la lutte contre l’impérialisme américain.

Pour tenir tête au peuple révolutionnaire de partout, l’impérialisme recourt invariablement à la double tactique contre-révolutionnaire : agression armée et tromperie à la paix, qu’il utilise alternativement ou simultanément. De leur côté, les peuples doivent être maîtres dans l’art de manier la double tactique révolutionnaire dans combat qu’ils mènent contre lui.

Le Pacte de non-agression germano-soviétique signé à la veille de la guerre antifasciste, l’accord d’armistice coréen et les accords des deux Conférences de Genève, signés après la guerre, nous montrent clairement qu’il est parfaitement admissible et même nécessaire d’entamer, au moment opportun, des négociations et d’aboutir à certains accords avec l’impérialisme, pour autant que les intérêts fondamentaux du peuple ne soient pas lésés.

Même lors des négociations, la lutte du tac au tac contre l’impérialisme est nécessaire. Ce qu’on n’a pu obtenir sur le champ de bataille, il est vain de l’espérer de la négociation.

L’impérialisme peut déchirer à tout moment les accords ou traités conclus, il n’a pas le respect de la parole donnée. Et la dure réalité finira par frapper celui qui, pour empêcher la guerre et maintenir la paix, place ses espoirs dans la négociation avec l’impérialisme et n’hésite pas, pour ce faire, à sacrifier les intérêts fondamentaux du peuple et à se montrer accommodant avec l’impérialisme.

Les révisionnistes khrouchtchéviens nient cette importante expérience historique de la guerre antifasciste. Ils prêchent d’abondance que la nature de l’impérialisme a changé, afin de truquer la théorie du marxisme-léninisme sûr l’impérialisme, source des guerres de notre temps.

A leurs yeux, la guerre mondiale ne serait ni un produit du régime impérialiste, ni un produit de sa nature spoliatrice, mais serait due à l’émotivité ou à l’inconscience d’un individu donné. Eisenhower et Kennedy ont été présentés par eux comme des gens « attachés à la paix », et maintenant, c’est l’administration Johnson qu’ils qualifient de « modérée » et de « sensée ».

Ils pratiquent le capitulationnisme devant l’impérialisme américain envers lequel ils préconisent les « concessions mutuelles », le « compromis mutuels », les « arrangements mutuels » et les « accommodements mutuels », ils cherchent à intégrer la lutte révolutionnaire des peuples à leur ligne générale de « coexistence pacifique » et de « coopération soviéto-américaine pour le règlement des problèmes mondiaux ».

Ils ont trahi les intérêts du peuple révolutionnaire de partout, aussi bien lors de la crise des Caraïbes et avec le problème du Congo, qu’au sujet du traité de paix avec l’Allemagne et de Berlin Ouest, ou encore avec la question de l’interdiction partielle des essais nucléaires etc.

Les successeurs de Khrouchtchev agissent de façon plus rusée, ils font de belles phrases sonores et usent de fourberie ; cependant, ils se cramponnent à la ligne révisionniste du XXe Congrès du P.C.U.S., reprennent les rengaines de Khrouchtchev et continuent d’exiger la soumission du peuple révolutionnaire à la « coopération soviéto-américaine ».

Ils cherchent même à organiser, en collusion avec l’impérialisme américain, des « troupes de l’O.N.U. », véritable gendarmerie internationale destinée à sévir contre les peuples et nations opprimés. Ils s’abouchent avec les agresseurs américains et complotent pour trahir les intérêts fondamentaux du peuple vietnamien et ceux de tous les peuples, le peuple soviétique compris.

Les révisionnistes khrouchtchéviens sont d’incorrigibles partisans de l’apaisement. Leur ligne n’aide pas à défendre la paix mondiale, mais encourage l’impérialisme américain à passer à l’agression et à déclencher la guerre. Elle est vouée au discrédit le plus total à mesure que les peuples du monde entier gagnent en conscience.

III. L’HISTOIRE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE MONTRE QUE LA GUERRE POPULAIRE EST SURE DE L’EMPORTER ; QU’IL EST PARFAITEMENT POSSIBLE DE BATTRE LES AGRESSEURS IMPÉRIALISTES, QUE L’IMPÉRIALISME EST UN TIGRE EN PAPIER, FORT EN APPARENCE MAIS FAIBLE EN RÉALITÉ, ET QUE LA BOMBE ATOMIQUE AUSSI UN TIGRE EN PAPIER, CAR C’EST L’HOMME QUI DÉCIDE DE L’ISSUE DE LA GUERRE ET NON UNE ARME QUELLE QU’ELLE SOIT.

Au début de la guerre, les trois pays fascistes, l’Allemagne, l’Italie et le Japon, firent parade de leurs forces et plastronnèrent un temps. Ils mirent toute leur machine de guerre en mouvement et disposèrent d’une grande supériorité militaire. Ils contrôlèrent la quasi-totalité de l’Europe capitaliste continentale, occupèrent la moitié de l’Asie et envahirent l’Afrique, et plus de 800 millions d’hommes furent ainsi réduits à vivre sous leur botte.

Mais ce fut passager. La vraie puissance fut avec le peuple et non avec le fascisme et sa supériorité militaire. C’est que la guerre menée par les fascistes était une guerre injuste, une guerre d’agression, qu’ils se déclarèrent les ennemis des peuples du monde entier, y compris le peuple de leur propre pays ; la victoire qu’ils remportèrent à un certain moment reposait donc sur le sable, n’avait aucune base solide.

La guerre menée par les peuples fut une guerre juste contre l’agression, pour la défense de la patrie. Le potentiel que recèlent les peuples est inépuisable. Sous une direction juste et en appliquant une ligne juste, les forces populaires croissent et se développent au cours de la lutte, modifient graduellement le rapport des forces entre elles et l’ennemi et finissent par vaincre les agresseurs fascistes. La guerre juste du peuple finit par triompher, et la guerre injuste de l’impérialisme est condamnée à la débâcle.

C’est précisément après avoir fait le bilan de l’expérience acquise par le peuple chinois et les peuples du monde entier, au cours de leurs luttes révolutionnaires, et de l’expérience historique dégagée de la guerre mondiale antifasciste, que le camarade Mao Tsé-toung a exposé en 1946 sa célèbre thèse : L’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier. Il dit : « Tous les réactionnaires sont es tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants.

A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires. » « Hitler n’a-t-il pas passé pour très fort ? Mais l’histoire a prouvé qu’il était un tigre en papier. De même Mussolini, de même l’impérialisme japonais Par contre, l’Union soviétique et les peuples épris de démocratie et de liberté de tous les pays se sont révélés beaucoup plus puissants qu’on ne l’avait prévu. » [8]

Par ailleurs, le camarade Mao Tsé-toung a sévèrement critiqué la thèse « les armes décide de tout » en soulignant qu’il s’agissait là d’« une façon mécaniste d’aborder la question de la guerre et d’un point de vue subjectiviste et unilatéral sur celle-ci ».

Il ajoutait : « A la différence des partisans de cette thèse, nous considérons non seulement les armes mais aussi les hommes. Les armes sont un facteur important mais non décisif de la guerre. Le facteur décisif, c’est l’homme et non le matériel. Le rapport des forces se détermine non seulement par le rapport des puissances militaires et économiques, mais aussi par le rapport des ressources humaines, et des forces morales. » [9]

Il souligna : « La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens. Elle a l’air terrible, mais en fait elle ne l’est pas. Bien sûr, la bombe atomique est une arme qui peut faire d’immenses massacres, mais c’est le peuple qui décide de l’issue d’une guerre, et non une ou deux armes nouvelles. » [10]

L’histoire des vingt années d’après-guerre montre que la thèse du camarade Mao Tsé-toung − l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, et sa thèse sur le juste rapport entre l’homme et les armes sont une vérité irréfutable, capable de subir l’épreuve de la pratique.

Bien que l’impérialisme américain possède l’arme nucléaire, il n’a pu empêcher pour autant le triomphe de la révolution chinoise, ni la victoire de la Corée dans sa résistance à l’agression américaine, ni le triomphe de la révolution cubaine, ni le triomphe des luttes révolutionnaires des autres régions du monde, et il ne pourra à plus forte raison empêcher la victoire du peuple vietnamien.

L’arme nucléaire de l’impérialisme américain ne saurait intimider que ceux qui ont les nerfs faibles, mais non le peuple révolutionnaire de partout. Si brutale que soit la répression exercée par l’impérialisme américain contre la lutte révolutionnaire des peuples du monde entier, les flammes de la révolution populaire ne pourront être étouffées.

Le mouvement de la révolution nationale et démocratique est aujourd’hui en plein essor en Asie, en Afrique et en Amérique latine, et la lutte anti-américaine de tous les peuples gagne en ampleur et en profondeur ; ne sont-ce pas là les faits les plus éloquents ?

Les révisionnistes khrouchtchéviens nient cette importante expérience historique de la guerre antifasciste, Ils n’ont plus confiance dans la lutte contre l’impérialisme.

Ils n’ont jamais cru à la grande force des masses populaires, ni à la possibilité de voir triompher la lutte révolutionnaire des peuples de partout. Ce sont de fanatiques partisans de la théorie dite « les armes décident de tout », Ils ne voient que les armes nucléaires entre les mains de l’impérialisme américain, et ils en tremblent.

Pour intimider les peuples, s’opposer à leur lutte révolutionnaire et la saboter, ils s’étendent avec complaisance sur les horreurs de la guerre et la philosophie de la survie qui enseigne que « si la tête tombe, de quelle utilité sont encore les principes ! » Ils ont dégénéré au point qu’ils sont devenus des propagandistes bénévoles de la politique de chantage nucléaire de l’impérialisme américain.

IV. L’HISTOIRE DE LA GUERRE ANTIFASCISTE MONTRE QUE, POUR VAINCRE LES AGRESSEURS IMPÉRIALISTES, IL FAUT S’APPUYER SUR L’UNION DES FORCES RÉVOLUTIONNAIRES DES PEUPLES DU MONDE ENTIER, RALLIER TOUTES LES FORCES SUSCEPTIBLES D’ÊTRE RALLIÉES, FORMER LE FRONT UNI INTERNATIONAL LE PLUS LARGE ET CONCENTRER L’ATTAQUE SUR L’ENNEMI PRINCIPAL DES PEUPLES.

La victoire de la guerre antifasciste est celle du large front uni international antifasciste. Dès le 23 juin 1941, c’est-à-dire le deuxième jour de la guerre germano-soviétique, le camarade Mao Tsé-toung soulignait en termes explicites : « La tâche des communistes du monde entier, à l’heure actuelle, c’est de mobiliser les peuples de tous les pays en vue de créer un front international uni de lutte contre le fascisme, pour la défense de l’U.R.S.S., pour la défense de la Chine, pour la défense de la liberté et de l’indépendance de tous les peuples. A l’heure présente, toutes les forces doivent être dirigées vers la lutte contre l’asservissement fasciste. » [11]

A l’époque, les fascistes allemands, italiens et japonais représentaient la plus grande menace pour l’humanité. Promoteurs de la guerre d’agression, ils constituaient les principales forces réactionnaires dans le monde. Combattre l’agression et l’asservissement fascistes devint donc la tâche commune de tous les peuples, qui sont l’ossature même des forces antifascistes. L’issue victorieuse de la guerre antifasciste est le fruit de leur soutien mutuel et de leur lutte commune.

L’Union soviétique, le seul pays socialiste de l’époque, fut le facteur principal de l’anéantissement du fascisme allemand et joua un rôle décisif dans la lutte qui permit de vaincre le fascisme. De son côté, le peuple chinois mena seul et pendant longtemps une guerre révolutionnaire contre l’impérialisme japonais, contribuant dans une large mesure à la victoire sur le fascisme.

Les peuples de nombreux pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique apportèrent aussi leurs contributions à la guerre antifasciste. Les peuples des pays occupés par les fascistes allemands, italiens et japonais poursuivirent la guerre de partisans et la lutte clandestine chez eux, ou formèrent à l’étranger des troupes pour le retour dans la patrie, les armes à la main.

Pendant la dernière phase de la guerre, certains peuples s’insurgèrent victorieusement et libérèrent de grandes parties de leurs pays ; et d’autres, après avoir reconquis leur patrie, lancèrent des unités à la poursuite des troupes des bandits fascistes, soutenant par là le combat libérateur des peuples encore dominés.

En Allemagne, en Italie et au Japon, les masses populaires engagèrent la lutte sous toutes ses formes, y compris la lutte armée, pour résister à la domination fasciste intérieure et soutenir la lutte des autres peuples, victimes de l’agression et de l’asservissement fascistes.

C’est à tout cela qu’est due la victoire et c’est là une des pages de gloire de l’histoire de la guerre antifasciste. Mais, les révisionnistes khrouchtchéviens ont biffé d’un trait de plume le rôle joué dans cette guerre par les peuples, prétendant, sans gêne aucune, que l’Union soviétique fut « l’unique force qui a mis en pièces la machine du fascisme allemand ».

C’est du chauvinisme de grande puissance et par là, ils veulent exiger des pays ayant bénéficié de l’aide de l’armée soviétique, qu’ils obéissent à leurs ordres, acceptent leur mainmise, se laissent bousculer et exploiter par eux.

L’histoire de la guerre antifasciste nous enseigne que les pays impérialistes ne forment pas un tout. Le développement inégal du capitalisme poussa les fascistes allemands, italiens et japonais à s’attaquer, pour commencer, aux sphères d’influence de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis.

Les impérialistes britanniques, français et américains adoptèrent, au début de la guerre, une politique d’apaisement, laissant les mains libres aux agresseurs, puis, pendant une certaine période après le début de la guerre germano-soviétique, la politique dite de « suivre le combat des fauves en spectateurs » ; mais des contradictions irréconciliables existaient entre eux et les fascistes allemands, italiens et japonais. Aussi est-ce dans leur propre intérêt qu’ils entrèrent également dans la lutte antifasciste.

Il est évident que la victoire aurait été rendue impossible si toutes les forces antifascistes susceptibles d’être unies n’avaient pas été unies et si un large front uni antifasciste n’avait pas été formé à l’échelle mondiale.

L’impérialisme américain est devenu l’ennemi numéro un des peuples après la fin de la guerre. Il représente le plus important capitalisme monopoliste de notre époque et est le principal pilier de l’ensemble des forces réactionnaires. Il a déclenché, un peu partout dans le monde, une série de guerres d’agression et d’intervention armées, il menace sérieusement la paix mondiale. Il est engagé maintenant dans la voie que les fascistes allemands, italiens et japonais, empruntèrent voici plus de vingt ans.

C’est avec insolence qu’il menace militairement et provoque à la guerre les pays socialistes, qu’il réprime brutalement la lutte révolutionnaire des peuples et des nations opprimés. Et cela exige des pays socialistes qu’ils forment avec ces derniers une étroite alliance pour combattre l’impérialisme américain et ses laquais.

L’impérialisme américain accentue en même temps le contrôle politique, économique et militaire qu’il exerce sur tous ses alliés et multiplie les vexations à leur égard. Entre les Etats-Unis et leurs alliés, il est des contradictions irréconciliables. Et il est donc dans l’ordre des possibilités que ces derniers, dans leur propre intérêt, se dressent contre l’impérialisme américain, à un moment donné et au sujet d’un problème donné.

Par conséquent, les peuples du monde entier ont pour tâche commune d’unir toutes les forces susceptibles d’être unies, de diriger le principal fer de lance contre l’impérialisme américain et de concentrer leurs efforts sur l’ennemi numéro 1.

C’est dans ces circonstances que le camarade Mao Tsé-toung a lancé le grand appel demandant la formation d’un front uni international contre l’impérialisme américain et ses laquais.

Il dit : « Les peuples des pays du camp socialiste doivent s’unir, les peuples des différents pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine doivent s’unir, les peuples de tous les continents doivent s’unir, tous les pays épris de paix et tous les pays victimes de l’agression, du contrôle, de l’intervention et des vexations des Etats-Unis doivent s’unir, afin de former le front uni le plus large contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et pour la sauvegarde de la paix mondiale. » [12]

Ce front uni international se développe. Partout dans le monde, l’impérialisme américain s’est fait des ennemis et se heurte à leur résistance. Son isolement devient de plus en plus grand, les peuples du monde entier le cernent de toutes parts.
Les révisionnistes khrouchtchéviens nient cette importante expérience historique de la guerre antifasciste.

Traitant les amis en ennemis et les ennemis en amis, ils ont trahi l’internationalisme prolétarien. Au lieu d’unir toutes les forces du monde qui s’opposent à l’impérialisme américain, ils s’appliquent à faire alliance avec lui pour contenir les peuples du monde entier et partager l’hégémonie mondiale entre l’Union soviétique et les Etats- Unis.

Ils restent obstinément attachés à leur ligne scissionniste ; sapent l’unité du camp socialiste et celle du mouvement communiste international, traitent en ennemis les pays et les partis frères fidèles au marxisme-léninisme. Ils ont pris une grave mesure pour diviser le mouvement communiste international, en tenant la réunion de mars de Moscou, alors que l’impérialisme américain étend sa guerre d’agression au Vietnam et que l’unité est plus que jamais nécessaire pour faire face à l’ennemi.

A l’heure actuelle, les successeurs de Khrouchtchev parlent bruyamment d’« unité contre l’ennemi », d’« action commune », et tout cela n’est que mensonge. Nous leur demandons : Somme toute, l’ennemi que vous entendez affronter, est-ce l’impérialisme américain ou est-ce le peuple révolutionnaire de partout ?

L’action commune que vous entendez réaliser, signifie-t-elle lutte contre l’impérialisme américain ou capitulation devant lui ? L’unité dont vous parlez, a-t-elle, en fin de compte, le marxisme-léninisme ou le révisionnisme de Khrouchtchev pour fondement ?

Comment pouvez-vous espérer voir les marxistes-léninistes et les masses populaires qui représentent 90 % de la population du monde se joindre à vous pour une « action commune », alors que vous restez attachés à la ligne révisionniste définie aux XXe et XXIIe Congrès et contenue dans le programme du P.C.U.S., à la ligne de la « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » ?

Cherchez-vous à ce que nous pratiquions le révisionnisme en votre compagnie, à ce que nous nous soumettions à votre ligne de « coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » ? Naturellement, nous tombons là dans le domaine des impossibilités.

Bref, envisager correctement l’histoire de la guerre mondiale antifasciste et en tirer les enseignements et l’expérience qui s’imposent, implique non seulement l’attitude à adopter à l’égard de l’histoire, mais a aussi une importante valeur pratique. Les divergences à ce sujet, entre nous et les révisionnistes khrouchtchéviens, se résument à ceci : faut-il ou non combattre l’impérialisme, faut-il ou non faire la révolution, faut-il réaliser une unité authentique ou une unité factice, et en dernière analyse, faut-il rester fidèle au marxisme-léninisme ou le trahir ?

Le grand Lénine nous apprend qu’« une lutte contre l’impérialisme qui ne serait pas indissolublement liée à la lutte contre l’opportunisme serait une phrase creuse ou un leurre. » [13] 

Durant l’après-guerre, la pratique de la lutte révolutionnaire par les peuples a montré la nécessité d’appliquer la ligne marxiste-léniniste si l’on veut accroître les forces révolutionnaires, promouvoir la cause révolutionnaire et sauvegarder la paix mondiale.

Agir selon la ligne révisionniste khrouchtchévienne ne peut qu’affaiblir les forces révolutionnaires, enterrer la cause révolutionnaire et mettre la paix mondiale en danger.

Pour promouvoir la lutte révolutionnaire des peuples et nations opprimés, pour déjouer les plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et défendre la paix mondiale, pour développer le front uni contre l’impérialisme américain et ses laquais, il est nécessaire de démasquer complètement le révisionnisme khrouchtchévien, de liquider son influence et de mener ce combat jusqu’au bout.

A l’heure actuelle, les peuples du monde entier se trouvent devant le grave danger d’une extension par L’impérialisme américain de sa guerre d’agression contre le Vietnam. Le problème vietnamien est le point de convergence de la lutte qui oppose les forces révolutionnaires de tous les peuples aux forces contre-révolutionnaires, les forces de la paix aux forces de la guerre.

Par leur lutte héroïque contre l’agression américaine et pour le salut de la patrie, les 30 millions de Vietnamiens se battent non seulement pour la défense et la réunification de leur patrie, mais aussi pour la sauvegarde de la paix mondiale. Sur le plan international, il est du devoir de toutes les forces révolutionnaires et de tous les pays et peuples épris de paix de soutenir leur lutte.

Récemment, l’impérialisme américain envoya en République dominicaine d’importantes forces armées réprimer la lutte que mène le peuple de ce pays pour renverser le régime dictatorial de trahison nationale. C’est là non seulement une intervention barbare dans les affaires intérieures de la République dominicaine, mais également une provocation contre les peuples d’Amérique latine, et tous les autres peuples en lutte pour les droits sacrés que sont la sauvegarde de l’indépendance nationale, la démocratie et la liberté.

Et au Laos, au Cambodge, en Corée du Sud et au Japon, l’impérialisme américain se livre encore à l’agression et à l’intervention. Par ailleurs, il a créé la « Malaysia » de connivence avec l’impérialisme britannique et use de l’agression contre l’Indonésie, Il réprime le mouvement révolutionnaire du peuple du Congo-Léopoldville.

Il se sert d’Israël pour menacer les pays arabes. Il poursuit des activités de subversion et de sape contre Cuba. Il épaule les forces militaristes de l’Allemagne occidentale pour leur permettre d’annexer Berlin Ouest et de se livrer à la subversion contre la République démocratique allemande.

De plus, il a commis toutes les vilenies possibles, partout, en Asie, en Afrique, en Amérique latine, en Océanie et en Europe. Sur le plan international, il est aussi du devoir de toutes les forces révolutionnaires, de tous les pays et peuples attachés à la paix de soutenir résolument la lutte anti-américaine de ces peuples.

Les ambitions agressives de l’impérialisme américain n’en seront que stimulées et ce sera l’encourager à étendre la guerre si on laisse les agresseurs américains agir selon leur bon plaisir, et si on laisse les révisionnistes modernes s’aboucher avec l’impérialisme américain et trahir les intérêts de tous les peuples.

Par contre, si le peuple révolutionnaire de partout et tous les pays et peuples épris de paix s’unissent, passent à l’action et combattent résolument l’impérialisme américain, il sera possible de mettre en pièces son plan d’extension de la guerre d’agression.

La tâche la plus brûlante qui se pose aux peuples du monde entier est de développer le large front uni contre l’impérialisme américain et ses laquais et de mener à l’échelle mondiale un mouvement de masse d’une puissance sans égale, pour contraindre les agresseurs américains à déguerpir du Vietnam, de la République dominicaine, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine, de l’Europe et de l’Océanie, de tous les territoires qu’ils occupent.

La situation mondiale est foncièrement différente de celle d’avant la guerre antifasciste.

Les forces révolutionnaires des peuples du monde entier sont aujourd’hui plus puissantes que jamais. L’Union soviétique n’est plus le seul pays socialiste au monde, un camp socialiste composé de toute une série de pays est apparu. Les vastes régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ne sont plus les arrières de l’impérialisme, elles se sont transformées en fronts avancés dans la lutte anti-impérialiste. En Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Océanie se manifeste une nouvelle prise de conscience de la classe ouvrière et des larges masses travailleuses.

Jamais les forces marxistes-léninistes n’ont été aussi puissantes. Aguerri par la lutte contre le révisionnisme moderne, le mouvement communiste international a vu croître sa combativité d’une façon considérable. Un noyau dirigeant marxiste-léniniste, longuement éprouvé, a fait son apparition dans les partis communistes de nombreux pays. Les forces marxistes-léninistes se développent également au sein des partis communistes encore contrôlés par les révisionnistes.

Le déclin de l’impérialisme international est sans pareil, L’impérialisme américain va de mal en pis. Partout, sous ses pieds, des volcans s’éveillent. Les contradictions entre impérialistes s’aiguisent et leur camp se disloque.

Les révisionnistes khrouchtchéviens se révèlent de plus en plus clairement les complices de l’impérialisme. Leur ligne révisionniste a fait faillite. Il n’y a au monde qu’une poignée de révisionnistes divisés entre eux, complotant les uns contre les autres. Ils ne peuvent sauver la vie de l’impérialisme et voient leur propre trône chanceler.

Dans la conjoncture mondiale actuelle, la situation stratégique des Etats-Unis est bien pire que celle d’Hitler. Déclencher une guerre mondiale s’avère beaucoup plus difficile pour eux. De plus, les forces qui défendent la paix mondiale sont de loin supérieures à celles d’il y a plus de vingt ans. La possibilité de conjurer la guerre mondiale est devenue bien plus grande.

Par leur lutte commune, le peuple révolutionnaire et tous les pays et peuples attachés à la paix dans le monde sauront déjouer les plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain. Les peuples du monde entier remporteront des victoires encore plus grandes dans leur lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme. Si l’impérialisme américain s’obstine à emboîter le pas à Hitler et s’avise de leur imposer une guerre mondiale, il connaîtra à coup sûr le sort honteux d’Hitler.

Le camarade Mao Tsé-toung déclarait il y a longtemps :

« La Première guerre mondiale a été suivie par la naissance de l’Union soviétique avec une population de 200 millions d’habitants. La Seconde guerre mondiale a été suivie de la formation du camp socialiste qui englobe une population de 900 millions d’hommes.

Il est certain que si, envers et contre tout, les impérialistes déclenchent une troisième guerre mondiale, des centaines de millions d’hommes passeront du côté du socialisme et seul un territoire peu étendu demeurera aux mains des impérialistes : l’effondrement complet de tout le système impérialiste est également possible. » [14]

La juste cause des peuples du monde entier triomphera, l’impérialisme américain sera vaincu !

Le marxisme-léninisme triomphera, le révisionnisme sera vaincu !


[1] Mao Tsé-toung : « Sur le gouvernement de coalition », Œuvres choisies, tome III.

[2] Mao Tsé-toung : Discours d’ouverture prononcé le 23 octobre 1951 à la 3e session du premier Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois.

[3] Mao Tsé-toung : « Forces révolutionnaires du monde entier, unissez-vous, contre l’agression impérialiste ! », Œuvres choisies, tome IV

[4] Staline : Discours prononcé devant les électeurs de la circonscription Staline, à Moscou, le 9 février 1946.

[5] Staline : Rapport présenté le 6 novembre 1941 à la séance solennelle du Soviet des députés des travailleurs de Moscou, élargie aux organisations sociales et du Parti, à l’occasion du XXIVe anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre.

[6] Staline : Ordre du jour du commandant en chef des forces armées de l’U.R.S.S., 1er mai 1944.

[7] Mao Tsé-toung : « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte », Œuvres choisies, tome IV.

[8] Mao Tsé-toung : « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies, tome IV.

[9] Mao Tsé-toung : « De la guerre prolongée », Œuvres choisies, tome II.

[10] Mao Tsé-toung : « Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres choisies, tome IV.

[11] Mao Tsé-toung : « Sur le front uni international antifasciste », Œuvres choisies, tome III.

[12] Mao Tsé-toung : Déclaration faite le 12 janvier 1964 devant un correspondant du Renmin Ribao au sujet de la lutte patriotique du peuple panamien contre l’impérialisme américain.

[13] Lénine : « Le Programme militaire de la révolution prolétarienne », Œuvres, tome 23.

[14] Mao Tsé-toung : « De la juste solution des contradictions au sein du peuple ».

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contre l’hégémonie des superpuissances

Luttons pour aider le peuple vietnamien dans sa résistance à l’agression américaine (1965)

Editorial du Renmin Ribao, 29 mars 1965

Le président Lyndon Johnson a fait une déclaration le 25 mars dans laquelle, tout en menaçant de poursuivre l’agression militaire contre le Vietnam, il brandit énergiquement le rameau d’olivier en disant que son pays « ne sera jamais le dernier » à rechercher une « négociation honorable » et une « paix honorable ».

Pourquoi cette brute qui n’a cessé d’étendre les flammes de la guerre en Indochine adopte-t-elle soudainement une attitude de paix ?

Parce que la déclaration du 22 mars du Front national de Libération du Sud-Vietnam qui exprime sa détermination de poursuivre la guerre de résistance jusqu’à la victoire finale, constitue une riposte énergique à l’administration Johnson qui s’entête dans l’extension de son aventure de guerre.

Les 17 millions de Nord-Vietnamiens ont également déclaré explicitement qu’avec leurs compatriotes du Sud, ils sont décidés à lutter jusqu’au bout.

Parce que le peuple vietnamien, du Nord comme du Sud, a, avec sa grande ardeur au combat, infligé de rudes coups aux agresseurs américains.

Près de deux mois se sont écoulés depuis que l’administration Johnson a pris la grave mesure d’étendre la guerre par des bombardements répétés de la République démocratique du Vietnam, mais les Etats-Unis se sont placés dans une situation plus difficile que jamais.

Parce que le peuple chinois, le peuple coréen et les peuples révolutionnaires du monde répondent de tout cœur à la déclaration du Front national de Libération du Sud-Vietnam et la soutiennent résolument.

A l’heure actuelle, un puissant mouvement pour aider la population sud-vietnamienne à résister à l’agression américaine déferle rapidement avec la force de la foudre à travers le monde.

Parce que les actes de l’administration Johnson en vue d’étendre la guerre, ses clameurs en vue d’une nouvelle « escalade », ses crimes de guerre que constitue l’utilisation des gaz toxiques et des bombes au napalm sur le théâtre de la guerre au Sud-Vietnam, ont provoqué une opposition toujours plus grande et une condamnation véhémente des peuples du monde tout en inquiétant gravement ses alliés.

Les masses populaires américaines, elles aussi, deviennent de plus en plus conscientes du fait que l’administration Johnson pousse les Etats-Unis vers l’abîme de la guerre, et elles organisent des manifestations de protestation.

Les choses sont dans une mauvaise passe et l’administration Johnson se trouve dans une situation embarrassante tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

C’est ainsi que Johnson lui-même a jugé nécessaire de se montrer affublé d’un masque pacifique dans l’espoir de tromper les gens épris de paix aux Etats-Unis et dans le monde, de cacher la réalité de l’agression américaine et d’échapper à la condamnation de l’opinion publique mondiale.

« Vers une paix honorable », a dit Johnson. Il a aussi ajouté que pour cela il était prêt à se rendre n’importe où, à n’importe quel moment, et à rencontrer n’importe qui.
Ce qui sonne très bien. Mais, qu’entend-il par « paix honorable » ?

Dans sa déclaration, Johnson a répété que son pays recherchait uniquement « un règlement…basé sur la fin de l’agression communiste » et que « l’agression venant du Nord doit être arrêtée ».

Tout ceci, comme l’a fait remarquer le journal vietnamien Nhan Dan, signifie que « la population sud-vietnamienne doit déposer les armes, que la population nord-vietnamienne doit cesser d’aider ses compatriotes et que le Vietnam doit capituler. »

Par son âpre lutte sanglante qui dure depuis plus de 10 ans, la population sud-vietnamienne a libéré plus des trois quarts du territoire et les deux tiers des habitants des mains des agresseurs américains et de leurs laquais.

Dans le reste du territoire sud-vietnamien qui n’a pas encore été libéré, la clique fantoche est en pleine désintégration tandis que les agresseurs américains, partout exposés aux attaques, ne savent plus quoi faire ni ce qui va se passer.

L’administration Johnson a complètement échoué au Sud-Vietnam.

Pourtant, par le chantage à l’« escalade » de la guerre, elle espère obliger le peuple sud-vietnamien qui remporte victoire sur victoire à s’agenouiller devant elle.

C’est tout simplement absurde !

Le Front national de Libération du Sud-Vietnam a déjà déclaré :

« La tentative américaine d’envoyer au Sud-Vietnam de nouvelles troupes des 3 armes des États-Unis et de leurs satellites, de bombarder le Nord-Vietnam et le Royaume du Laos dans l’espoir de gagner une soi-disant ’position de force’ et d’obliger le Front national de Libération du Sud-Vietnam et la population sud-vietnamienne à vendre leur patrie dans une certaine négociation avec les États-Unis − cette tentative n’est qu’un rêve insensé de politiciens fous et de militaires aventuriers ».

Cette ferme attitude du peuple sud-vietnamien s’est acquis le chaleureux soutien de la population du Nord.

Le Front de la Patrie du Vietnam affirme nettement dans sa déclaration du 27 mars :

« Notre peuple est épris d’indépendance authentique et de la paix durable, mais nous sommes résolus à ne pas nous laisser duper par les mensongères allégations des impérialistes américains, et nous déjouerons leurs sinistres machinations. »

Johnson a ajouté dans sa déclaration :

« Nous avons même dit à plusieurs reprises − à tous ceux qui sont intéressés par nos déclarations de principe en faveur d’une négociation honorable − que nous ne cherchons rien de plus qu’un retour aux points essentiels des accords de 1954. »

Quel cynisme que d’oser présenter un argument aussi mensonger !

Il est bien connu dans le monde entier que l’impérialisme américain est le principal criminel qui a saboté les Accords de Genève de 1954.

Au mépris des dispositions de ces accords qui garantissaient la souveraineté, l’indépendance, la réunification et l’intégrité territoriale du Vietnam, il a délibérément commis son agression contre le Sud-Vietnam, allant jusqu’à y déclencher une « guerre spéciale ».

Faisant fi des clauses des Accords de Genève interdisant l’envoi de personnel militaire ou de troupes ainsi que de tout type d’armes et de munitions au Vietnam, il envoya tout d’abord au Sud-Vietnam du personnel militaire américain se chiffrant par dizaines de milliers d’hommes et d’énormes quantités de matériel de guerre et lança ensuite ouvertement des forces terrestres de combat américaines dans la région.

Ce qui est plus grave encore, il a bombardé sans cesse la République démocratique du Vietnam. Les Accords de Genève sont valables aussi bien pour le Sud que pour le Nord du Vietnam.

Cependant, après avoir déchiré les Accords de Genève dans le Sud, les États-Unis se rabattent maintenant sur le Nord.

Pour échapper à la défaite au Sud-Vietnam, ils tentent de soumettre la partie nord.

Les États-Unis ont ainsi complètement mis en pièces les Accords de Genève.

Dans ces conditions, si les États-Unis veulent négocier et remettre en vigueur les Accords de Genève, ils doivent immédiatement mettre fin à leur agression contre le Vietnam et retirer du Sud-Vietnam toutes leurs forces armées.

C’est seulement ainsi qu’il peut être question de remise en vigueur des Accords de Genève et d’une « solution politique » sur la base des accords.

Autrement, toutes les déclarations sur un « retour aux Accords de Genève », sur « des négociations de paix » et sur la « solution politique » sont fausses et mensongères.

Ceci a été nettement et résolument exprimé dans la déclaration du Front national de Libération du Sud-Vietnam :

« Toute négociation avec les impérialistes américains serait, en ce moment, absolument inutile, tant qu’ils n’auront pas retiré du Sud-Vietnam toutes leurs troupes et tout leur matériel de guerre et ceux de leurs satellites, qu’ils n’auront pas détruit toutes leurs bases militaires au Sud-Vietnam, que les droits sacrés d’indépendance et de démocratie de la population sud-vietnamienne continueront d’être offerts à genoux par les traîtres vietnamiens aux impérialistes américains, et que le Front national de Libération du Sud-Vietnam, l’unique représentant authentique des 14 millions de Sud-Vietnamiens, n’aura pas une voix décisive au chapitre. »

Les peuples du monde entier se rendent compte plus clairement que jamais qu’il ne pourra y avoir de paix au Vietnam et dans le reste de l’Indochine que lorsque les forces d’agression des États-Unis auront été retirées complètement du Sud-Vietnam.

Le retrait complet du Sud-Vietnam des troupes d’agression américaines est devenu l’objectif commun pour lequel tous les peuples luttent afin de défendre la paix en Indochine, en Asie et dans le monde.

Johnson a ouvertement proclamé dans sa déclaration que les actions militaires américaines se poursuivront tant que ses conditions de paix ne seront pas acceptées.

On voit où il veut en venir. Johnson s’est lui-même trahi ; il a, de ses propres mains, rejeté le masque de prétendue « paix honorable » qu’il arborait. Il en ressort qu’il recourt au chantage de guerre dans toute sa nudité.

Cependant, Johnson peut-il intimider avec son air arrogant et féroce les 30 millions d’héroïques Vietnamiens ?

Les Vietnamiens du Sud et du Nord ont pris depuis longtemps la résolution de poursuivre jusqu’au bout le combat contre les agresseurs américains.

Comme l’a dit un officier responsable du commandement des Forces de Libération du Sud-Vietnam : « Nous avons déjà prévu comment les choses se passeraient. Notre peuple et nos forces de libération ont déjà adopté une attitude sans équivoque : si nous avions craint les impérialistes américains, nous ne les aurions pas combattus.

Maintenant que nous les avons combattus, nous combattrons jusqu’au bout. Si c’est une guerre spéciale, nous la combattrons.

Si c’est une guerre spéciale étendue, nous la combattrons. Si c’est une guerre locale, nous la combattrons également. Nous combattrons cinq ou même vingt autres années, jusqu’à la victoire finale. »

De son côté, le Front de la Patrie du Vietnam a également proclamé solennellement, dans une déclaration, qu’il approuvait entièrement l’attitude inébranlable du Front national de Libération du Sud-Vietnam de poursuivre jusqu’au bout la guerre de résistance contre les États-Unis et pour le salut national.

« C’est là, dit la déclaration, également l’attitude inébranlable commune à notre peuple tout entier. »

Les peuples chinois et vietnamien sont des compagnons d’armes et des frères qui ont partagé joies et peines au cours de luttes communes prolongées.

Les 650 millions de Chinois ne laisseront jamais les impérialistes américains incendier et massacrer au Vietnam.

Nous comprenons parfaitement que, tout en occupant par la force le Sud-Vietnam et en bombardant le Nord-Vietnam, l’impérialisme américain prend la Chine comme prochain objectif d’invasion.

La lutte anti-américaine que mène le peuple vietnamien constitue un grand soutien au peuple chinois, sa lutte est aussi la nôtre.

C’est seulement en chassant du Sud-Vietnam les agresseurs américains que l’on obtiendra la paix au Vietnam, en Indochine et en Asie.

C’est seulement ainsi que peuvent être assurées la paix et la sécurité de la Chine.

C’est par conséquent pour le peuple chinois un devoir internationaliste sacré que d’aider le peuple vietnamien.

Nous avons déjà déclaré que le peuple chinois répond résolument à la déclaration du Front national de Libération du Sud-Vietnam et qu’il est prêt à accorder à la population sud-vietnamienne toute l’aide nécessaire, y compris des armes et tout autre matériel de guerre.

En vue d’éliminer les agresseurs américains, nous sommes aussi prêts à envoyer, quand la population sud-vietnamienne en aura besoin, nos hommes combattre côte à côte avec elle.

Notre aide à la population sud-vietnamienne dans sa lutte contre les agresseurs américains se poursuivra jusqu’au jour où les impérialistes américains auront été chassés du Sud-Vietnam.

Tant que les États-Unis persisteront dans leur guerre, nous maintiendrons cette aide à la population vietnamienne jusqu’à sa victoire finale.

La déclaration exaltante et pleine d’héroïsme du Front national de Libération du Sud-Vietnam est parvenue rapidement à tous les coins de la Chine.

Les crimes monstrueux de l’impérialisme américain qui persécute et massacre le peuple vietnamien sont profondément ressentis par le peuple chinois vivement indigné.

En même temps, les victoires éclatantes remportées dans le combat par l’intrépide peuple vietnamien réjouissent et encouragent le peuple chinois dont la volonté de lutte est rehaussée par la résolution de l’armée et du peuple vietnamiens qui préfèrent la mort à l’esclavage et sont décidés à poursuivre jusqu’au bout leur guerre de résistance.

Mettons pleinement en jeu l’esprit de l’internationalisme prolétarien et achevons tous les préparatifs pour aider le peuple vietnamien à vaincre les agresseurs américains !

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contre l’hégémonie des superpuissances

Déclaration du gouvernement de la République populaire de Chine du 12 mars 1965

Les 8 et 9 mars, l’administration Johnson envoyait ostensiblement 3.500 fusiliers marins au Sud-Vietnam.

En l’espace d’un mois, les impérialistes américains, après avoir lancé quatre attaques aériennes contre la République démocratique du Vietnam, ont fait intervenir leurs forces terrestres dans la guerre au Sud-Vietnam.

Cela constitue une mesure grave destinée à étendre encore la guerre en Indochine.
Le Comité central du Front national de Libération du Sud-Vietnam et le gouvernement de la République démocratique du Vietnam, dans leurs déclarations publiées respectivement les 9 et 10 mars, ont condamné énergiquement ce nouvel acte d’agression et cette nouvelle provocation de guerre de l’impérialisme américain.

Le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement et sans réserve la juste position de l’héroïque peuple vietnamien qui défend sa grande patrie.

Par leur envoi de forces terrestres au Sud-Vietnam, les Etats-Unis violent dans leurs principes mêmes les Accords de Genève de 1954 sur l’Indochine et en particulier, ceux sur le Vietnam.

Les Etats-Unis ont depuis longtemps fait un sort lamentable à ces accords.

Néanmoins, ils se sont toujours gardés, auparavant, de se poser ouvertement en adversaires desdits accords.

Ils ont introduit une grande quantité de matériel de guerre et envoyé des dizaines de milliers de militaires au Sud-Vietnam.

Ils prétendaient que ces militaires étaient « conseillers » ou « instructeurs », et ne participaient pas aux combats, lesquels étaient l’affaire des seuls Sud-Vietnamiens.
Mais aujourd’hui, le masque est tombé.

Les Accords de Genève ont pour disposition fondamentale l’interdiction d’introduire des troupes étrangères au Vietnam.

L’administration Johnson, elle, vient d’envoyer avec un superbe sans-gêne des forces opérationnelles américaines au Sud-Vietnam : c’est ce que les administrations Eisenhower et Kennedy ont toujours voulu mais n’ont jamais osé faire. Elle a ainsi déchiré de ses propres mains les Accords de Genève sur le Vietnam.

Ce fait prouve une fois de plus que Lyndon Johnson, loin d’être « sensé », est le pire chef de file des bandits américains.

L’envoi de forces terrestres américaines au Sud-Vietnam proclame la faillite de cette « guerre spéciale » que les impérialistes américains ont tant vantée ces dernières années.

A la suite du cuisant échec subi par les Etats-Unis dans la guerre de Corée, les stratèges de l’impérialisme américain se sont creusé la tête pour mettre au point une méthode qui leur permettrait de réprimer les mouvements de libération nationale sans pertes de vies américaines.

Ils ont avancé plus d’une formule et ont fini par inventer cette guerre dite spéciale dans laquelle les Américains fournissent les armes et la population locale la chair à canon.

Les Etats-Unis fournissent également des hommes, en petit nombre, qui servent essentiellement de « conseillers » et d’« instructeurs » aux mercenaires.

Cette « guerre spéciale », les Etats-Unis l’expérimentent au Sud-Vietnam depuis plus de trois ans.

Et, le résultat en est que les mercenaires s’avèrent tout à fait décevants, que les pertes humaines des militaires américains sont de plus en plus lourdes, tandis que l’Armée de Libération du Sud-Vietnam gagne toujours en puissance.

Tout en niant leur participation directe à la guerre, les Etats-Unis n’ont cessé en fait d’en subir les déboires. Pourquoi alors ne pas jeter directement leurs forces terrestres dans la guerre d’agression ?

C’est donc pour se sortir d’embarras que l’administration Johnson a pris cette décision.
Comme Da Nang n’était pas en sécurité, il a fallu y envoyer 3.500 hommes. Pleiku non plus n’est pas en sécurité ! Il faudrait alors aussi y envoyer des troupes.

Quant à Quy Nhon, Binh Gia, An Lao, Bien Hoa et autres endroits, peut-on affirmer que la sécurité y règne ?

Pour les agresseurs américains, aucun village, aucune ville, aucune forêt, aucune route du Sud-Vietnam n’offre de sécurité. 3.500 hommes sont manifestement insuffisants.

En tout état de cause, « la guerre spéciale », qui repose principalement sur les mercenaires, a fait faillite.

Le débarquement de fusiliers marins américains indique que les Etats-Unis n’ont eu d’autres choix que de s’engager dans la voie d’une guerre du type coréen.

La participation à la guerre des forces terrestres américaines n’est pas de nature à intimider l’héroïque peuple sud-vietnamien.

Dans sa déclaration publiée le 9 mars, le Comité central du Front national de Libération du Sud-Vietnam affirme : « Les agissements des impérialistes américains ne peuvent en aucune manière empêcher le développement du mouvement révolutionnaire au Sud-Vietnam.

La population sud-vietnamienne est décidée à réaliser ses aspirations fondamentales qui sont l’indépendance, la démocratie, la paix et la neutralité.

Elle est résolue à chasser les impérialistes américains du territoire vietnamien, à abattre le régime fantoche et à fonder un gouvernement de coalition nationale et démocratique.

La situation ne sera stabilisée que lorsque ces aspirations de la population du Sud-Vietnam auront été réalisées. »

Les agresseurs américains doivent déguerpir du Sud-Vietnam, et le régime fantoche installé par les Etats-Unis au Sud Vietnam doit être liquidé.

Le peuple chinois soutient fermement cette juste position révolutionnaire du peuple sud-vietnamien.

L’arrivée des forces terrestres américaines au Sud-Vietnam sera assurément une nouvelle leçon par l’exemple négatif pour la population sud-vietnamienne et tout le peuple du Vietnam.

La population sud-vietnamienne se rendra encore plus clairement compte que le fond de la question du Sud-Vietnam réside dans l’oppression et l’agression de l’impérialisme américain.

Seul un petit nombre de traîtres à la nation vietnamienne ont lié leur sort à celui des agresseurs américains.

Ainsi, de plus en plus nombreux seront les Sud-Vietnamiens qui, éveillés, prendront les armes pour livrer une lutte à mort aux agresseurs américains, coupables de tous les forfaits.

Comment 3.500 soldats parviendront-ils à sauver cette guerre d’agression de la défaite ?!

Plus importants seront les renforts, et plus lourdes seront les pertes. C’est là une certitude.

Par l’envoi de leurs forces terrestres au Sud-Vietnam, les Etats-Unis ont fait un pas de plus pour bloquer le règlement politique de la question du Vietnam.

Ce qui n’empêche nullement l’administration Johnson de prétendre avec cynisme que « la voie politique reste ouverte ».

Quelle est donc la voie politique qui conduit au règlement de la question du Vietnam et de toute l’Indochine ?

C’est d’agir conformément aux Accords de Genève.

Dans sa déclaration du 10 mars, le gouvernement de la République démocratique du Vietnam exige que « le gouvernement des Etats-Unis applique rigoureusement les Accords de Genève de 1954 sur le Vietnam, mette immédiatement un terme à sa guerre d’agression contre le Sud-Vietnam et à toutes ses provocations contre la République démocratique du Vietnam, retire entièrement ses troupes et ses moyens de guerre du Sud-Vietnam et laisse la population sud-vietnamienne régler elle-même ses affaires intérieures. »

Le gouvernement chinois soutient résolument cette juste revendication du gouvernement de la République démocratique du Vietnam.

Les Etats-Unis doivent cesser immédiatement leurs agressions et provocations contre le Vietnam.

Toutes les forces armées américaines doivent être retirées de ce pays.

C’est la seule et unique voie politique qui permette d’apporter une solution politique à la question vietnamienne.

Par l’envoi de renforts au Sud-Vietnam et l’extension de l’agression contre le Vietnam, les Etats-Unis ne parviendront pas à s’assurer le droit de se cramponner à ce pays.

La solution politique exige le retrait de leurs troupes. Ils devront retirer de ce pays autant de soldats qu’ils y ont envoyés. Pas un seul de leurs soldats n’y sera toléré.

L’administration Johnson devra porter la responsabilité de toutes les graves conséquences découlant de l’extension de la guerre en Indochine.

Quelques navires de guerre, quelques centaines d’avions et quelques dizaines de milliers de soldats des Etats-Unis ne peuvent intimider le peuple vietnamien.

En élargissant leur agression, les Etats-Unis ne font que donner à la République démocratique du Vietnam et à tous les pays fidèles aux Accords de Genève le droit de prendre l’initiative de leur riposter.

Depuis quelques jours, la presse américaine clame à qui veut l’entendre que dans la guerre du Vietnam, il ne saurait plus y avoir de « sanctuaires » comme dans la guerre de Corée, et que les Américains soumettraient à une « poursuite acharnée » ceux qui soutiendraient la lutte du peuple vietnamien.

En termes plus explicites, cela revient à dire qu’ils bombarderaient la Chine.

Que les agresseurs américains retiennent bien ceci : le peuple chinois ne se laissera pas impressionner.

Nous n’avons jamais fondé notre sécurité sur l’espoir que les Etats-Unis renonceraient par bienveillance à une agression contre nous.

Nous avons pris nos dispositions.

Le peuple chinois est décidé à prendre toutes les mesures possibles pour soutenir le peuple vietnamien et les peuples d’Indochine à mener jusqu’au bout la lutte contre les agresseurs américains.

En définitive, vous n’avez à votre disposition que ces forces armées et ces quelques méthodes que nous vous connaissons. Agissez comme bon vous semble.

Nous agirons comme nous l’entendons.

Mais ce qui est certain, c’est que la guerre ne se fera pas à votre idée et que la lutte finira par vous contraindre, agresseurs américains, à déguerpir du Vietnam, de l’Indochine et du Sud-est asiatique.

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contre l’hégémonie des superpuissances

L’administration Johnson tient un langage de gangster (1965)

Editorial du Renmin Ribao du 10 février 1965

Le bombardement barbare et criminel du territoire de la République démocratique du Vietnam perpétré par l’impérialisme américain est une agression flagrante contre un Etat souverain, une violation grossière des Accords de Genève de 1954 et du droit international, et un défi délibéré à la paix dans le Sud-Est asiatique, en Asie et dans le monde.

Ce crime d’agression commis par les impérialistes américains est condamné avec indignation par les peuples du monde entier. Cependant, l’administration Johnson s’est creusé la tête pour inventer un certain nombre d’« arguments » dans l’intention de justifier son agression.

Il n’y a rien d’étrange à ce que l’impérialisme cherche à justifier son agression. Mais les « arguments » inventés cette fois par l’administration Johnson sont si piètres qu’ils sombrent dans le ridicule.

Premier « argument » : cet acte de guerre des Etats-Unis constituerait une « attaque de représailles ». Quel droit l’impérialisme américain a-t-il de parler de « représailles » ?

Les Etats-Unis sont les agresseurs. Ils ont massacré des milliers et des milliers de gens au Sud-Vietnam, rasé de nombreux villages et détruit des richesses incalculables. Ils ont contracté une lourde dette de sang à l’endroit de la population sud-vietnamienne. Celle-ci a le droit de punir les agresseurs américains.

Les coups terribles que les impérialistes américains ont reçus à Bien Hoa, An Lao, Binh Gia et Pleiku sont un châtiment mérité pour tous les crimes qu’ils ont commis. Tant qu’il restera un soldat américain au Sud-Vietnam, la population sud-vietnamienne n’interrompra, fût-ce un jour, son tir vengeur.

Quant aux représailles, ce ne sont pas les agresseurs américains, mais la population sud-vietnamienne, le peuple du Congo-Léopoldville, le peuple cubain et tous les autres pays et peuples sujets à l’agression américaine qui sont en droit de les exercer. Mais, à quoi assiste-t-on ?

Seraient-ce les pays victimes de l’agression américaine qui auraient envoyé des avions bombarder les Etats-Unis ? Tout au contraire : ce sont les Etats-Unis qui ont envoyé des avions bombarder la République démocratique du Vietnam !

Le mot « représailles » dans la bouche des Américains relève du langage de gangster. Pourquoi l’impérialisme américain a-t-il bombardé la République démocratique du Vietnam au moment où il subissait une défaite au Sud-Vietnam ?

La raison inventée par l’administration Johnson est que la lutte armée de la population sud-vietnamienne pour résister à l’agression américaine est « directement prescrite, commandée et inspirée par Hanoï ». Tel est son deuxième « argument ».

Qui sème le vent récolte la tempête. L’agression des impérialistes américains au Sud-Vietnam est vouée à engendrer la résistance de la population sud-vietnamienne. En fait, ce sont les Etats-Unis qui l’ont forcée à prendre les armes ; ce sont eux également qui lui ont appris à combattre ; et ce sont encore et toujours les Etats-Unis qui lui ont fourni armes et munitions.

Si la lutte des nations opprimées pour résister à l’agression doit être imputée aux initiatives de forces extérieures, on ne peut alors s’empêcher de demander : qui a dirigé et inspiré la guerre de l’Indépendance que les insurgés, sous la conduite de George Washington, ont menée contre la Grande-Bretagne ?

Johnson, Mc Namara et consorts paraissent avoir perdu tout souvenir de leurs ancêtres et de l’histoire américaine d’il y a moins de deux siècles. C’est en vain qu’ils cherchent à découvrir dans les jungles de Pleiku, un « commandement » ou une « inspiration » étrangers.

Troisième « argument » : « C’est là un test de volonté » pour les Etats-Unis : telle est la raison pour laquelle ils ont bombardé la République démocratique du Vietnam, car ils ne « pouvaient pas ne pas répondre ».

La population sud-vietnamienne et les peuples révolutionnaires du monde entier ont appris depuis longtemps à connaître la « volonté » des Etats-Unis. Ceux-ci veulent se cramponner au Sud-Vietnam et en faire une colonie, une base pour la répression des mouvements de libération nationale dans le Sud-Est asiatique, et une tête de pont en vue d’attaquer le camp socialiste.

Les peuples révolutionnaires ne nourrissent pas le moindre doute sur cet aspect de la « volonté » américaine. Mais il en existe un autre : si les Etats-Unis malmènent les faibles, ils craignent les forts, ils ont peur des peuples révolutionnaires qui prennent les armes et ils craignent une lutte qui rend coup pour coup.

La « volonté » américaine a été depuis longtemps mise à l’épreuve en Corée, à Cuba, au Congo-Léopoldville, et au Sud-Vietnam : une autre épreuve s’imposait-elle ?

Quatrième « argument » : Si les Etats-Unis n’avaient pas déclenché des attaques contre la République démocratique du Vietnam, on pourrait croire qu’ils « veulent se retirer du Vietnam », qu’ils sont « faibles » et qu’ils sont le « tigre en papier dont parlent les communistes chinois ».

A vrai dire, il ne dépend pas de la volonté des agresseurs américains qu’ils se retirent ou non du Sud-Vietnam. Tôt ou tard, ils devront vider les lieux. Parmi toutes les options possibles, l’évacuation est la meilleure des politiques. Le plus sage pour eux est de faire leurs valises et de décamper. Sinon, le Sud-Vietnam sera leur cimetière.

Quant à leur peur d’être le tigre en papier, nous pouvons leur dire qu’ils se sont avérés tels depuis longtemps au Sud Vietnam. Plus l’administration Johnson recourra à de telles extrémités et s’évertuera par là à modifier l’idée que les peuples se font ainsi des Etats-Unis, plus elle trahira sa hideuse vérité.

Après leurs raids contre la République démocratique du Vietnam, les impérialistes américains ont eu, une fois encore, recours à leur tactique habituelle, et ont écrit au Conseil de Sécurité de l’O.N.U. qu’ils « se réservent le droit de le saisir de la question relative à la situation au Vietnam ».

L’administration Johnson pense que ses actes d’agression seront légalisés si elle soumet ce problème à l’O.N.U. Mais ce tour de passe-passe ne peut que dénoncer une fois de plus la vraie nature de cette organisation.

L’administration Johnson sait fort bien que ses « arguments » sont absolument inconsistants et ne convaincront personne. Et les Nations unies sont trop mal famées pour servir d’asile aux agresseurs américains.

C’est pourquoi ils se sont employés à faire accroire qu’ils ne cherchaient pas à élargir la guerre et qu’il s’agissait d’actes de guerre « limités » : ils espéraient par là échapper au verdict de l’opinion mondiale.

Mais qu’entend l’administration Johnson par « limités » ? Les Etats-Unis ont mis en scène les « incidents du golfe du Bac Bô » et ont lancé à maintes reprises des attaques contre la République démocratique du Vietnam : chaque fois, ils ont parlé d’actions « limitées ».

Ils ont propagé les flammes de la guerre au Laos en y effectuant une intervention armée directe ; ils se sont livrés à des provocations et à des agressions continuelles dans les zones frontalières du Cambodge : toutes ces actions ont été également qualifiées de « limitées ».

Comme on le voit, au moyen de toutes ces actions « limitées », l’administration Johnson réalise l’« escalade » de la guerre en Indochine et, pas à pas, étend ses aventures agressives à l’ensemble de cette région et du Sud-Est asiatique. Devant la matérialité de ces faits, l’allégation de l’administration Johnson selon laquelle elle « ne cherche pas à élargir la guerre » n’a-t-elle pas tout l’air d’un mensonge monstrueux ?

De toute évidence, l’un des objectifs qu’elle poursuit en présentant ces actions comme « limitées », c’est de porter les gens à accepter l’extension de la guerre en Indochine comme un fait accompli. Jusqu’où l’administration Johnson s’aventurera-t-elle sur la voie de cette extension de la guerre, c’est là une question à laquelle elle est en mesure de répondre elle-même.

Mais, une fois embarqué dans l’aventure, l’impérialisme américain, en tant que belligérant, ne serait plus en état de fixer ni de contrôler la durée, l’extension et l’envergure de la guerre. Il est très désavantageux pour l’impérialisme américain de choisir l’Indochine ou l’Asie du Sud-Est comme champ de bataille.

Les Etats-Unis doivent savoir qu’une agression contre la République démocratique du Vietnam est une agression contre la Chine et contre l’ensemble du camp socialiste. Soutenir par des actes concrets la République démocratique du Vietnam constitue, pour le peuple chinois et tous les pays socialistes, un devoir international auquel ils ne sauraient se soustraire.

Nous tenons toujours notre parole. Si l’impérialisme américain veut vraiment propager l’incendie et nous imposer la guerre, alors nous n’aurons pas d’autre choix que de nous y engager et de la mener jusqu’à son terme.

En ce cas, les flammes de la révolution embraseront l’ensemble du Sud-Est asiatique, l’ensemble de l’Asie et consumeront si totalement l’impérialisme yankee qu’on ne trouvera même pas trace de ses cendres !

Après avoir lancé ces attaques contre la République démocratique du Vietnam. Johnson a effrontément proclamé que les Etats-Unis « sont prêts à relever n’importe quel défi et à payer n’importe quel prix afin de s’assurer que la liberté ne périra pas ». Il a également mis tout le monde en garde contre le renouvellement « de graves erreurs de calcul » au sujet des Etats-Unis.

Mais qui se laisserait intimider par de telles fanfaronnades ? N’y a-t-il pas eu des épreuves de force entre l’impérialisme américain, d’une part, et les peuples du Vietnam, du reste de l’Indochine, et de la Chine, de l’autre ? Et, comme dit le proverbe chinois, « sans affrontement, pas de compréhension mutuelle ».

Nous nous sommes depuis longtemps rendu compte que l’impérialisme américain est fort en apparence, mais faible en réalité. Quand ils profèrent ces menaces de guerre, les impérialistes américains ne présument-ils pas d’eux-mêmes, alors qu’ils n’ont à leur disposition que des forces médiocres, éparpillées le long d’un arc qui s’étend démesurément de la Corée du Sud jusqu’aux confins de l’Indochine ?

Aujourd’hui, la situation que connaît la lutte de libération nationale du peuple sud-vietnamien est excellente. L’impérialisme américain a déjà été sérieusement mis à mal et ne saurait tenir longtemps au Sud-Vietnam.

Comme l’a souligné le gouvernement chinois, dans sa déclaration du 9 février, « l’impérialisme américain tente d’intimider, par des raids aériens contre le Nord-Vietnam, la population sud-vietnamienne, pour qu’elle renonce à toucher aux agresseurs américains. Jamais il n’y parviendra. »

A quelque extrémité qu’en viennent les impérialistes américains, la vaillante population du Sud-Vietnam redoublera d’efforts, et infligera à ces agresseurs des défaites cuisantes jusqu’à la victoire finale de sa lutte pour la libération nationale.

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contre l’hégémonie des superpuissances

La vérité sur l’alliance de la direction du P.C.U.S. avec l’Inde contre la Chine (1963)

Rédaction du Renmin Ribao, 2 novembre 1963

Le 19 septembre, la Rédaction de la Pravda a publié sur la question de la frontière sino-indienne, et sous le titre : « Grave foyer de tension en Asie », un article que nous avons reproduit in extenso le 25 septembre. Au mépris des faits et mêlant le vrai et le faux, l’article calomnie la Chine en prétendant qu’elle veut résoudre la question de la frontière sino-indienne par la guerre et qu’elle ne désire pas sincèrement le règlement pacifique de cette question.

Il cherche à semer la discorde entre la Chine et les pays d’Asie et d’Afrique et accuse la Chine de n’avoir pas, comme l’Inde, « positivement réagi aux propositions de la Conférence de Colombo, les acceptant intégralement et sans réserve ». Craignant qu’il n’y ait plus de trouble sous le ciel, il fait une déclaration incendiaire et affirme que le conflit frontalier sino-indien peut « à nouveau s’envenimer ».

L’article de la Pravda fut loué aussitôt par la réaction indienne et l’impérialisme américain.

Nehru déclara le 21 septembre qu’il témoigne d’« un développement significatif de l’appréciation soviétique sur la position de l’Inde ».

Se réjouissant de l’aubaine, l’Indian Information Service demanda à tous ses services d’information de donner « le maximum de publicité » au texte intégral de l’article.

La presse réactionnaire de l’Inde chanta le « total soutien soviétique à l’Inde contre la Chine », et déclara que, « se dépouillant de sa réserve ‘fraternelle’, l’Union soviétique s’est placée maintenant ouvertement aux côtés de l’Inde dans le différend frontalier sino-indien ».

De con côté, le journal américain Christian Science Monitor affirma que l’Union soviétique « joue maintenant un rôle actif » en réfrénant la Chine et que l’« Occident a raison d’en éprouver un profond et très nécessaire soulagement ». Il ajoutait que beaucoup d’Indiens envisageaient l’article de la Pravda comme un élément de dissuasion comparable aux prochaines manœuvres aériennes en faveur de l’Occident ».

L’article de la Pravda est assurément un document très important. Il y a longtemps que les dirigeants soviétiques se sont alliés aux réactionnaires indiens contre la Chine socialiste. L’article marque leur passage de la neutralité simulée, qui était en fait une prise de position en faveur de la réaction indienne, à la collaboration avec l’impérialisme américain pour appuyer ouvertement la réaction indienne.

I

La question de la frontière sino-indienne est l’une des importantes divergences de principe qui existent entre les dirigeants soviétiques et nous. Nous aurions préféré rester discrets quant à l’origine et l’évolution de cette divergence entre la Chine et l’Union soviétique.

Mais les dirigeants soviétiques ont maintenant sur cette origine et cette évolution levé le voile et, de plus ils ont affirmé dans la déclaration du 21 septembre du gouvernement soviétique que, depuis 1959, leur position au sujet de la question de la frontière sino-indienne a toujours été juste, tandis que celle de la Chine est fausse, il s’avère donc nécessaire de voir comment notre divergence d’avec les dirigeants soviétiques dans cette question a évolué au cours de ces quelques dernières années, afin de pouvoir distinguer entre la vérité et le mensonge.

1. Après que les réactionnaires indiens eurent échoué dans leur aide à la clique réactionnaire des couches supérieures du Tibet qu’ils avaient incitée à la rébellion armée, ils provoquèrent le premier choc armé à la frontière sino-indienne à la date du 25 août 1959. Le 6 septembre 1959, un dirigeant chinois informait le chargé d’affaires soviétique par intérim des faits concernant ce choc armé et de la politique chinoise toute en efforts pour éviter les conflits.

Il fit remarquer également que le but poursuivi par le gouvernement indien, en provoquant le conflit frontalier, était de combattre le communisme et la Chine, que la bourgeoisie indienne devenait de plus en plus réactionnaire avec l’accentuation de la lutte de classes à l’intérieur et que cela était tout à fait dans la logique des choses ; qu’il était indispensable de ne pas donner dans le piège de Nehru qui s’efforçait d’exercer une pression sur la Chine en utilisant l’Union soviétique.

2. Dans la matinée du 9 septembre 1959, le chargé d’affaires soviétique par intérim informa le gouvernement chinois que son gouvernement ferait émettre, le 10 septembre, une déclaration par l’Agence Tass sur la question de la frontière sino-indienne et lui en remit copie. Le gouvernement chinois déclara aussitôt, par principe, qu’il serait préférable que le gouvernement soviétique s’abstienne de faire une déclaration publique sur le sujet.

Dans l’après-midi du même jour, le gouvernement chinois remit au chargé d’affaires soviétique par intérim copie de la lettre adressée le 8 septembre par le premier ministre Chou En-laï au premier ministre Nehru et par laquelle le gouvernement chinois proposait au gouvernement indien un règlement à l’amiable de la question frontière par voie de négociations et le statu quo à la frontière jusqu’au moment du règlement.

Dans la soirée du même jour, le gouvernement chinois informa le chargé d’affaires soviétique par intérim que la Chine avait publié la lettre du premier ministre Chou En-laï à Nehru et demanda que le gouvernement soviétique prenne en considération l’attitude et la position du gouvernement chinois telles qu’exprimées dans la lettre et qu’il ne fasse pas émettre la déclaration de l’Agence Tass.

3. Dans la nuit du 9 septembre 1959, sans tenir compte de l’avis de la Chine, le gouvernement soviétique faisait émettre la déclaration de l’Agence Tass, et cela en avance sur l’horaire et il y a porté au grand jour les divergences sino-soviétiques.

Dans cette déclaration, il exprimait vaguement son « regret » au sujet du conflit frontalier sino-indien, sans opérer de distinction entre le vrai et le faux, et quoique assumant une neutralité toute en apparence, prenait parti pour l’Inde et condamnait la Chine.

4. Le 30 septembre 1959, le camarde Khrouchtchev blâma publiquement la Chine, prétendant qu’elle voulait « sonder par la force la stabilité du capitalisme ». Le monde entier y vit une insinuation comme quoi la Chine était « belliqueuse » dans ce qui touchait à Taïwan et à la frontière sino-indienne.

5. Le 2 octobre 1959, les dirigeants chinois expliquèrent de vive voix au camarade Khrouchtchev le conflit frontalier sino-indien tel qu’il se présentait en réalité et en firent l’historique, tout en faisant remarquer que c’était l’Inde qui avait franchi la frontière et mené des provocations et que céder tout le temps aux réactionnaires indiens n’arrangerait rien. Mais Khrouchtchev ne désirait nullement connaître la vraie situation ni les auteurs de la provocation, et il se contenta d’insister sur le fait que, n’importe comment, tuer des gens est mal.

6. Le 21 octobre 1959, les réactionnaires indiens provoquaient un second choc armé à la frontière sino-indienne. Le 26 octobre, le gouvernement chinois mit le chargé d’affaires soviétique par intérim au courant des faits.

7. Le 31 octobre 1959, à une session du Soviet suprême de l’U.R.S.S., Khrouchtchev exprima une fois de plus « regret » et « affliction » à propos du conflit frontalier sino-indien et écarta la responsabilité de l’Inde dans cette provocation.

8. Le 7 novembre 1959, recevant un correspondant de l’hebdomadaire indien New Age, Khrouchtchev déclara que l’incident de frontière sino-indien était une histoire « triste » et « stupide ». Il cita le règlement de la question de la frontière soviéto-iranienne et dit : « Que sont quelques kilomètres pour un pays tels que l’Union soviétique ? », insinuant par là que la Chine devrait faire cession de territoire pour satisfaire aux prétentions de l’Inde.

9. Entre le 10 décembre 1959 et le 30 janvier 1960, les dirigeants chinois eurent six entretiens avec l’ambassadeur soviétique, au cours desquels ils lui firent remarquer que les dirigeants soviétiques avaient tort d’« observer strictement la neutralité » dans la question de la frontière sino-indienne et que, loin d’être neutres, leurs déclarations blâmaient en fait la Chine et étaient en faveur de l’Inde.

10. Le 6 février 1960, une notification verbale au Comité central du P.C.C., le comité central du P.C.U.S. déclarait qu’« il ne serait nullement sérieux de croire qu’un Etat comme l’Inde, de loin plus faible militairement et économiquement que la Chine, pourrait réellement tenter de déclencher une attaque militaire contre la Chine et passer à l’agression contre elle », que la manière d’agir de la Chine était « l’expression d’un nationalisme étroit » et que « lorsque des coups de feu retentirent à la frontière sino-indienne à la veille du voyage de N.S. Khrouchtchev aux Etats-Unis, le monde entier estima que c’était là un événement susceptible d’entraver l’action pacifique de l’Union soviétique ».

11. Le 22 juin 1960, à la rencontre de Bucarest, Khrouchtchev déclara au chef de la délégation du P.C.C. : « Je sais ce qu’est la guerre. Puisque des Indiens ont été tués, cela signifie que la Chine a attaqué l’Inde ». Et d’ajouter : « Nous sommes des communistes et savoir où court la ligne frontière n’est pas un problème important pour nous ».

12. Le 8 octobre 1962, un dirigeant chinois informa l’ambassadeur soviétique que la Chine avait des informations sur ce que l’Inde allait déclencher une attaque massive à la frontière sino-indienne et que si elle attaquait, la Chine se défendrait résolument.

Il fit remarquer également que l’utilisation par l’Inde d’hélicoptères et d’avions de transport de fabrication soviétique pour opérer des parachutages dans les régions situées le long de la frontière sino-indienne et y transporter des fournitures militaires faisait mauvaise impression sur nos garde-frontières, et que nous tenions pour un devoir international d’en informer le côté soviétique.

13. Les 13 et 14 octobre 1962, Khrouchtchev déclara à l’ambassadeur de Chine : Pour ce qui est des préparatifs indiens en vue de déclencher une attaque contre la Chine, nos informations concordent avec les vôtres. Si nous nous trouvions dans votre position, nous aurions adopté les mêmes mesures que vous. La neutralité dans la question de la frontière sino-indienne est impossible. Ce serait un acte de trahison si nous nous déclarions neutres quand la Chine est attaquée.

14. Le 20 octobre 1962, les réactionnaires indiens déclenchaient une attaque massive contre la Chine. Le 25 octobre, la Pravda publiait un éditorial qui faisait ressortir que la ligne McMahon de triste notoriété avait été imposée aux peuples chinois et indien, et qu’elle n’avait jamais été reconnue par la Chine.

Le journal disait que les trois propositions formulées par le gouvernement chinois dans sa déclaration du 24 octobre étaient constructives et représentaient une base acceptable pour l’ouverture de négociations entre les deux parties, la Chine et l’Inde, en vue d’un règlement pacifique du différend.

15. Le 12 décembre 1962, Khrouchtchev, oubliant tout ce qu’il avait dit moins de deux mois plus tôt, reprenait le ton qu’il avait abandonné et insinuait ce qui suit à une session du Soviet suprême de l’U.R.S.S. : Les régions contestées par la Chine et l’Inde ne présentent pas un grand intérêt pour la vie si on en juge par le fait que la densité de la population y est infime. Nous ne pensons pas du tout que l’Inde ait voulu déclencher la guerre contre la Chine.

Dans la question des différends frontaliers, nous nous en tenons aux principes de Lénine. L’expérience de quarante-cinq ans d’existence de l’Union soviétique nous dit qu’il n’est pas de différend frontalier que l’on ne puisse régler sans faire appel aux armes. Bien sûr, c’était bien de la part de la Chine d’avoir ordonné de son côté un cessez-le-feu et d’avoir retiré ses troupes ; mais n’aurait-ce pas été mieux si les troupes chinoises n’avaient pas avancé à partir de leurs positions initiales ?

16. Par la publication le 19 septembre 1963 de l’article de la Rédaction de la Pravda, les dirigeants soviétiques ont rejeté tout camouflage et se sont rangés ouvertement du côté des impérialistes américains en appuyant les réactionnaires indiens contre la Chine socialiste.

Il découle clairement des faits cités plus haut que la Chine a fait tout ce qu’elle pouvait pour éliminer les divergences entre elle et l’Union soviétique au sujet de la question de la frontière sino-indienne. Mais les dirigeants du P.C.U.S. se sont obstinés dans leur attitude de chauvinisme de grande puissance, ils n’ont nullement voulu entendre raison et prêter oreille à l’opinion de la Chine.

Ils ont porté les divergences sino-soviétiques au grand jour afin de créer le soi-disant esprit de Camp David et de faire un cadeau de circonstance aux impérialistes américains. Durant la crise des Caraïbes, il leur est arrivé d’avoir quelques paroles équitables en apparence, par souci des convenances.

Mais la crise passée, ils sont revenus sur leurs paroles. Ils ont toujours été du côté des réactionnaires indiens, contre la Chine. Les faits montrent que la position adoptée par les dirigeants du P.C.U.S. dans la question de la frontière sino-indienne est une trahison totale envers l’internationalisme prolétarien.

II

Les divergences, de ces quatre dernières années, entre les dirigeants soviétiques et nous à propos de la question de la frontière sino-indienne peuvent être résumées sous les quatre points suivants :

1. La question de la frontière sino-indienne est-elle une question de principe majeure ou une question insignifiante ?

2. Qui a insisté sur le maintien du statu quo à la frontière et qui a provoqué les chocs armés ?

3. Quelle attitude un pays socialiste se doit-il d’adopter face aux attaques armées de la réaction bourgeoise ?

4. Qui ne désire pas sincèrement le règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne, l’Inde ou la Chine ?

Voyons maintenant comment, sur ces quatre points, les dirigeants soviétiques ont, pour un motif inavoué, dédaigné les faits et mêlé le vrai et le faux en soutenant l’Inde et en trahissant la Chine.

1. La question de la frontière sino-indienne est-elle une question de principe majeure ou une question insignifiante

Tout le monde sait qu’elle met en cause 125.000 kilomètres² de territoire chinois. C’est pour cela qu’elle est d’importance majeure et non pas insignifiante. Nous avons toujours soutenu que même une question d’une telle importance peut être réglée, si chacune des parties traite l’autre en égale et fait preuve d’un esprit de compréhension et de concession mutuelles.

Cependant, le gouvernement indien a non seulement occupé 90.000 km² de territoire chinois situés dans le secteur oriental de la frontière sino-indienne, au sud de la ligne McMahon qui n’a aucune légalité, et 2.000 km² dans le secteur central, mais il est insatiable et se propose d’envahir, dans le secteur occidental, 33.000 km² de territoire qui ont toujours été sous juridiction chinoise. C’est pour cette raison que la question de la frontière sino-indienne n’a pu être réglée depuis tout ce temps.

Les dirigeants soviétiques affirment toutefois qu’il s’agit d’une question insignifiante.

Khrouchtchev a déclaré : « Que sont quelques kilomètres ? »

Nous ne pouvons pas marquer notre accord à ce sujet. Il n’est pas question de quelques kilomètres, mais de 125.000 km². Que représentent 125.000 km² ? Une superficie dépassant celle des Républiques soviétiques d’Azerbaïdjan et d’Arménie, prises ensemble. Si un pays capitaliste se mettait en tête d’envahir ces deux républiques fédératives de l’Union soviétique, les dirigeants soviétiques l’envisageraient-ils aussi comme une affaire insignifiante, ne valant pas qu’on s’y arrête ?

Nous ne pouvons pas plus marquer notre accord avec ceci. Qui a jamais affirmé que les pays socialistes ne doivent défendre que leurs territoires à population dense et non ceux à population clairsemée ? La densité de la population de la région du secteur oriental de la frontière sino-indienne équivaut à celle de la République socialiste de Turkménistan.

Et la région du secteur occidental de la frontière sino-indienne n’est en aucune façon moins peuplée que la vaste zone glacée du nord-est de l’Union soviétique, qu’un bras de mer sépare de l’Alaska, qui est américain. Si un pays capitaliste se mettait en tête d’envahir ces régions de l’Union soviétique, les dirigeants soviétiques estimeraient-ils aussi qu’il n’y a pas lieu de s’en soucier et que cession pourrait être faite ?

Les dirigeants soviétiques prétendent aussi que les communistes n’ont pas à se préoccuper de savoir où court la ligne frontière.

Ce sont évidemment de fortes paroles. Les dirigeants soviétiques ont malheureusement oublié que nous vivons dans un monde où existent classes et Etats, un monde qui compte toujours des impérialistes et la réaction bourgeoise. Si ces paroles avaient force d’application, les pays socialistes ne serait-ils pas totalement privés du droit de défendre leurs propres frontières ?

Et que resterait-il de la détermination unanime des pays socialistes de maintenir l’intangibilité de la ligne Oder-Neisse comme frontière germano-polonaise ? De toute évidence, les peuples de l’Union soviétique et des autres pays socialistes ne peuvent accepter ces propos absurdes.

2. Qui a insisté sur le maintien du statu quo à la frontière et qui a provoqué les chocs armés ?

La réponse est claire.

Quoique l’Inde ait déjà occupé plus de 90.000 km² de territoire chinois, la Chine a toujours estimé qu’il fallait régler pacifiquement, par voie de négociations, la question frontière, et qu’il fallait maintenir le statu quo à la frontière et éviter tout conflit en attendant qu’intervienne pareil règlement.

Mais les réactionnaires indiens, eux, ne veulent ni régler pacifiquement la question de la frontière par la négociation, ni maintenir le statu quo, qui est un fait objectif. Pour réaliser leur ambition qui est d’occuper encore un peu plus de 30.000 km² de territoire chinois, ils n’ont pas hésité à recourir à la force, à violer de façon répétée le statu quo à la frontière et ils y ont même provoqué des chocs armés.

Pour celui qui respecte les faits et est sans préjugés, les deux positions diamétralement opposées de la Chine et de l’Inde dans la question de la frontière sino-indienne sont parfaitement claires.

La Chine s’est efforcée inlassablement de maintenir le statu quo à la frontière, d’y assumer la tranquillité et de promouvoir un règlement négocié de la question.

Elle ne reconnaît pas la ligne McMahon qui n’a aucune légalité. Et cependant elle ne l’a jamais franchie au cours de la bonne dernière dizaine d’années.

Après que l’Inde eut provoqué deux chocs armés à la frontière, c’est la Chine qui proposa, le 7 novembre 1959, que les forces armées des deux parties se retirent de part et d’autre de la ligne de contrôle effectif sur une profondeur de vingt kilomètres et cessent d’y patrouiller. L’inde rejeta cette proposition. Néanmoins, la Chine cessa les patrouilles de son côté.

En avril 1960, en dépit de la campagne antichinoise déclenchée par la réaction indienne, le premier ministre chinois se rendit en personne à New Delhi et y eut des entretiens avec le premier ministre indien. Cependant, l’Inde ne veut ni le règlement pacifique de la question frontière ni le maintien du statu quo à la frontière.

En 1961, et plus particulièrement en 1962, l’Inde tira parti de la cessation des patrouilles par la Chine seule et avança, occupant de plus en plus de territoire chinois et passant à des provocations armées de plus en plus sérieuses. La Chine fit preuve de la plus grande longanimité et d’une retenue extrême, et, d’août à octobre 1962, elle proposa par trois fois l’ouverture de négociations au sujet de la question frontière, que l’Inde rejeta par trois fois.

Le 12 octobre 1962, Nehru annonça qu’il avait donné l’ordre de « nettoyer » les territoires chinois de leurs troupes chinoises. Le 20 octobre 1962, les troupes indiennes déclenchaient une attaque générale de grand style. Et ce n’est que lorsque la situation fut intenable et qu’il n’y eut plus où reculer que la Chine riposta pour se défendre.

Cependant, pour retourner la situation, elle formula trois propositions, au moment opportun, le 24 octobre, afin de mettre fin au conflit, de reprendre les négociations et de régler pacifiquement la question de la frontière. L’Inde ayant rejeté ces propositions, la Chine prit une fois de plus l’initiative en appliquant d’importantes mesures conciliatoires ; cessez-le-feu, retrait des troupes, etc.

Les événements de ces dernières années montrent que c’est la Chine qui a insisté sur le maintien du statu quo à la frontière, et que c’est l’Inde qui a essayé de le modifier par la force. C’est la Chine qui a formulé toutes les propositions de paix, et c’est l’Inde qui a provoqué chacun des chocs armés.

Cependant, les dirigeants soviétiques ferment les yeux sur tous ces faits, qui sont flagrants. Ils n’ont jamais proféré publiquement le moindre blâme contre l’Inde, alors que, depuis plusieurs années, les réactionnaires indiens multiplient les provocations armées, grignotent le territoire chinois et ont fini par lancer une attaque de grand style.

Et lorsque la Chine fut dans l’obligation de passer à la riposte, ils ont fait se lever un tollé général, calomnié la Chine à outrance, et n’ont pas voulu démordre de ce qu’elle « voulait résoudre par voie militaire la discorde frontalière avec l’Inde ». Sur quoi s’appuient-ils pour formuler pareille affirmation ?

Khrouchtchev a déclaré : « Je sais ce qu’est la guerre. Puisque des Indiens ont été tués, cela signifie que la Chine a attaqué l’Inde ».

C’est tout ce qu’il y a de plus saugrenu. Cela revient à dire que, face à l’agresseur, il faut accepter de se laisser battre et ne pas riposter, parce que si riposte il y a, l’adversaire pourrait avoir des tués et, ainsi, vous seriez- vous-même l’agresseur. Peut-on s’exprimer de la sorte sans aller à l’encontre de sa conscience ?

Khrouchtchev a dit : « Nous ne pensons pas du tout que l’Inde ait voulu déclencher la guerre contre la Chine. Les dirigeants soviétiques ont dit aussi qu’« il ne serait nullement sérieux de croire qu’un Etat comme l’Inde, de loin plus faible militairement et économiquement que la Chine, pourrait réellement tenter de déclencher une attaque militaire contre la Chine et passer à l’agression contre elle ». En d’autres termes, puisque la Chine est plus puissante que l’Inde, il n’y a pour les dirigeants soviétiques qu’une seule possibilité : c’est la Chine qui a déclenché une attaque militaire et est passée à l’agression contre l’Inde, l’inverse étant exclu.

Cette affirmation est tout aussi saugrenue. Il suffit d’avoir une connaissance élémentaire du marxisme-léninisme pour savoir que tous les réactionnaires sont des subjectivistes et mésestiment généralement le rapport des forces et l’évolution de la conjoncture. Les réactionnaires indiens ne font pas exception à la règle. Ils ont considéré la longanimité et la retenue dont la Chine fait preuve depuis longtemps comme un signe de sa faiblesse et de ce qu’elle pouvait être rudoyée.

Ils s’imaginaient qu’ils n’avaient rien à craindre puisque les impérialistes les épaulaient et que les dirigeants soviétiques les soutenaient, qu’il leur suffisait de passer à l’action pour contraindre la Chine à reculer et réaliser ainsi leurs ambitions territoriales. C’est à partir de ces fausses analyses et estimations qu’ils ont déclenché leur attaque massive contre la Chine. Et loin d’oser affronter les faits, les dirigeants soviétiques ont pris la puissance d’un pays comme critère permettant de juger qui est agresseur ou victime, ce qui est absurde.

Y a-t-il la moindre parcelle de marxisme-léninisme dans cette attitude ?

Le cessez-le-feu et le retrait dont la Chine a pris l’initiative ont été chaudement acclamés et loués dans le monde entier par les pays et les peuples attachés à la paix. Mais, pour quelque motif peu avouable, Khrouchtchev a attaqué la Chine de biais, en affirmant que c’était bien, de la part de la Chine, d’avoir ordonné de son côté un cessez-le-feu et d’avoir retiré ses troupes, mais ajouta-t-il, n’aurait-ce pas été mieux si les troupes chinoises n’avaient pas avancé à partir de leurs positions initiales ?

La question semble fort adroite. Mais nous aimerions demander au dirigeant soviétique : Pourquoi n’avez-vous pas demandé à Nehru s’il n’aurait pas été bien plus préférable encore de ne pas donner l’ordre d’attaquer ? Comment peut-il y avoir eu riposte sans qu’il y ait eu attaque ? N’est-ce pas quelque chose que même un écolier peut saisir ?

Nous pouvons dire au dirigeant soviétique que si, au cours de leur riposte en légitime défense, les gardes-frontières chinois ont été jusque sur la terre chinoise située au sud de l’illégale ligne McMahon, c’était pour défaire complètement l’assaut des réactionnaires indiens et briser leur plan visant à modifier le statu quo à la frontière par la force.

Nous avons alors pris l’initiative du cessez-le-feu et du retrait, conformément à notre position constante de ne pas modifier le statu quo à la frontière par la force et afin de susciter les conditions qui permettraient de régler la question de la frontière par la négociation. Il n’y a là rien d’incompréhensible.

Comme les faits le prouvent, c’est parce que nous avons riposté que les réactionnaires indiens se sont quelque peu assagis et que la tension à la frontière indienne s’est, pour l’essentiel, relâchée.

3. Quelle attitude un pays socialiste se doit-il d’adopter face aux attaques armées de la réaction bourgeoise ?

Face aux attaques armées de la réaction bourgeoise, il ne reste à un pays socialiste qu’à se défendre ou à capituler. Selon la logique des déclarations des dirigeants soviétiques, seule la capitulation serait admissible, et agir autrement reviendrait à violer les principes de la coexistence pacifique. Leur point de vue, disent-ils, est léniniste, tandis que la riposte opérée en légitime défense par la Chine et le rejet de l’assaut des réactionnaires indiens participent d’une manière d’agir non léniniste et sont l’expression d’un nationalisme étroit.

Le léninisme interdit-il la riposte comme moyen de défense contre les attaques armées de la réaction ? Non, certainement pas. Et affirmer le contraire est un outrage à la mémoire du grand Lénine.

La coexistence pacifique telle que l’a formulée Lénine prescrit-elle qu’il faut accepter les coups sans les rendre ? Non, certainement pas. Et affirmer le contraire est une insulte à la mémoire du grand Lénine.

Tout le monde sait que la coexistence pacifique constitue un principe auquel les deux parties doivent se tenir. Les conflits ne peuvent être évités et la coexistence pacifique ne peut être que si les deux parties désirent cette coexistence et la pratiquent.

Le conflit est inévitable si l’une des deux parties est décidée à recourir à la force et quelle que soit la longanimité dont l’autre partie fait preuve. C’est du simple bon sens. La Chine a fait tout ce qu’il lui était possible de faire pour éviter le conflit au sujet de la frontière sino-indienne. Les réactionnaires indiens ont imposé les chocs armés à la Chine.

Si, après sa riposte en légitime défense, la Chine a appliqué rapidement un cessez-le-feu et opéré un retrait, c’est précisément pour régler la question de la frontière par la négociation et pour maintenir la coexistence pacifique. Ce que les dirigeants soviétiques entendent par coexistence pacifique est en vérité du capitulationnisme. Et le capitulationnisme n’entre pas dans notre politique.

Pour défendre ses vues erronées, Khrouchtchev a déclaré : L’expérience de quarante-cinq ans d’existence de l’Union soviétique nous dit qu’il n’est pas de différend frontalier que l’on ne puisse régler sans faire appel aux armes.

Voilà une entorse flagrante à l’histoire de l’Union soviétique.

Rappelons l’incident qui marqua les relations soviéto-turques en 1921 : l’Etat soviétique avait soutenu énergiquement la révolution turque et un traité d’amitié soviéto-turc était en cours de négociation, mais le gouvernement de Kémal Pacha, qui rêvait de rétablir la grande Turquie, occupa par la force des territoires de l’Etat soviétique, et après la signature du traité soviéto-turc, il s’empara même de Batoum, la grande cité géorgienne. C’est dans ces circonstances que le gouvernement des Soviets ordonna à l’Armée rouge de riposter pour se défendre.

Elle reprit Batoum après trois jours de combat. C’est seulement ainsi qu’un coup d’arrêt fut porté aux ambitions expansionnistes du gouvernement de Kémal Pacha, que la frontière de l’Etat soviétique fut protégée et que les relations amicales entre l’Union soviétique et la Turquie furent préservées.

On aimerait demander ceci aux dirigeants soviétiques : Pouvez-vous affirmer que cette action de légitime défense de l’Armée rouge était non léniniste ? Pouvez-vous affirmer que la décision prise par Lénine était la manifestation d’un nationalisme étroit ?

Non, bien sûr. Tout au contraire, les vues de Khrouchtchev sur la question de la frontière sino-indienne sont un exemple frappant de son altération de la coexistence pacifique selon Lénine.

4. Qui ne désire pas sincèrement le règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne, l’Inde ou la Chine ?

Après avoir repoussé l’attaque massive des réactionnaires indiens, la Chine a poursuivi fermement, comme par le passé, sa politique de règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne. Le gouvernement chinois a pris des mesures positives pour stabiliser le cessez-le-feu, rompre le contact entre les forces armées des deux parties, détendre la situation à la frontière, en vue de rechercher un règlement négocié de la question.

Le gouvernement indien s’est efforcé, tout au contraire, d’ébranler le cessez-le-feu, de maintenir le contact entre les forces armées des deux parties, il continue à créer la tension et refuse obstinément de négocier. Le monde entier peut juger de ces deux attitudes qui sont nettement opposées.

Néanmoins, les dirigeants soviétiques ont accusé la Chine, sans aucune justification, de ne pas désirer sincèrement le règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne, de ne pas écouter la voix de la raison qui exprime la volonté des peuples afro-asiatiques, et ils ont prétendu que, « alors que le gouvernement de l’Inde avait réagi positivement aux propositions de la Conférence de Colombo, les acceptant intégralement et sans réserve, et s’était déclaré prêt à entamer des pourparlers avec la République populaire de Chine sur la base de ces propositions, le gouvernement chinois n’a pas accepté jusqu’ici ces propositions des pays neutres amis et ne s’est pas montré disposé à entamer des pourparlers sur la base proposée… Aucune mesure constructive n’a été prise par le gouvernement chinois ».

Les faits sont plus forts que les paroles. Voyons ce qu’a fait la Chine.

1) Les gardes-frontières chinois ont, sur notre initiative, cessé le feu et opéré un retrait. Ils ont non seulement évacué les territoires appartenant à la Chine et où ils étaient arrivés au cours de leur riposte en légitime défense, mais ils se sont retirés jusqu’à vingt kilomètres en deçà de la ligne de contrôle effectif du 7 novembre 1959.

2) Pour créer une atmosphère propice à la reprise des négociations, le gouvernement chinois a, de sa propre initiative, libéré et rapatrié tous les officiers et soldats indiens capturés et remis à la partie indienne la plupart des armes et autres matériels de guerre saisis.

3) Le gouvernement chinois a proposé à plusieurs reprises des entretiens entre premiers ministres chinois et indien et déclaré que si le Premier ministre indien voyait quelque inconvénient à venir à Pékin, notre Premier ministre était disposé à se rendre une fois de plus à New Delhi en vue d’y rechercher une voie qui permettait de régler pacifiquement la question de la frontière sino-indienne. Nous avons renouvelé cette proposition récemment encore.

4) Les grands efforts faits par la Chine ont constitué le fondement de la médiation des pays de la Conférence de Colombo, fait qui a été unanimement reconnu par ces pays. Le gouvernement chinois a répondu positivement à l’appel et aux propositions de la Conférence de Colombo, il a, par ses propres actions, mis la majeure partie de ces propositions en application, et dans certains domaines, il est même allé au-delà de ce qu’attendent les propositions de Colombo.

Par exemple, les propositions de Colombo demandaient à la Chine de se retirer de vingt kilomètres uniquement dans le secteur occidental de la frontière sino-indienne. Or, la chine en a fait autant dans les secteurs central et oriental.

5) En réponse aux efforts de médiation des pays de la Conférence de Colombo, la Chine a, en outre, évacué sans y installer de postes civils les régions situées du côté chinois de la ligne de contrôle effectif et qui avaient été envahies par l’Inde, ainsi que les régions où il y a contestation entre la Chine et l’Inde au sujet des dispositions du cessez-le-feu.

6) L’attitude de la Chine envers les propositions de Colombo est sincère et conséquente. La Chine accepte en principe ces propositions comme base pour l’ouverture de négociations entre la Chine et l’Inde, et n’érige pas sa propre interprétation de certaines clauses en conditions préalable à l’ouverture des négociations.

Ces mesures importantes et constructives, prises par la Chine, ont fourni des conditions appropriées pour de nouvelles négociations sino-indiennes, et ont valu à la Chine la haute estime et des éloges de la part des pays de la Conférence de Colombo.

Pas un seul de ces pays n’a nié que l’attitude de la Chine à l’égard de la Conférence de Colombo soit positive, qu’elle participe d’un esprit de coopération, que la Chine désire sincèrement un règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne et qu’elle ait déjà contribué de manière importante à ce règlement. N’est-ce pas pur mensonge de la part de la Pravda d’affirmer qu’« aucune mesure constructive n’a été prise par le gouvernement chinois ? »

Voyons maintenant ce qu’a fait le gouvernement indien.

Alors que la Chine prenait l’initiative du cessez-le-feu, l’Inde poursuivait ses provocations à la frontière.

Alors que la Chine opérait un retrait de sa propre initiative, l’Inde repartait en avant.

Alors que la Chine libérait et rapatriait tous les Indiens capturés, l’Inde arrêtait et persécutait les ressortissants chinois.

Alors que la chine faisait, comme toujours, ce qu’elle pouvait pour améliorer les relations entre les deux pays, l’Inde continuait à attiser l’hystérie antichinoise.

Alors que la Chine proposait l’ouverture inconditionnelle des négociations, l’Inde insistait sur ses conditions préalables et refusait de négocier.

Tout cela signifie, selon les dirigeants soviétiques, que l’Inde « réagi positivement » aux propositions de Colombo, tandis que la Chine, elle, n’aurait rien fait. Lorsqu’ils divaguent de la sorte, que s’imaginent-ils qu’est la Conférence de Colombo ? Une conférence pour promouvoir la négociation directe entre la Chine et l’Inde ou une conférence pour favoriser l’Inde contre la Chine ?

Pour essayer de masquer l’arrogance que constitue son refus de la négociation, le gouvernement indien a invoqué un prétexte qui s’appelle « l’acceptation en bloc des propositions de Colombo ». Que cache cette acceptation ? Au début, l’Inde aussi avait estimé que les propositions de Colombo n’étaient pas claires et elle avait déclaré ne les accepter qu’en principe.

C’est seulement lorsqu’eut été produit un document présenté comme les éclaircissements de New Delhi concernant les propositions de Colombo qu’elle déclara « accepter en bloc » ces propositions. La Chine ignorait tout de ces prétendus éclaircissements de New Delhi. Elle découvrit par la suite qu’il s’agissait en fait d’un document élaboré par le gouvernement indien, de son interprétation des propositions de Colombo.

Aussi, en insistant sur la nécessité d’une « acceptation en bloc des propositions de Colombo », le gouvernement indien posait-il en fait comme préalable à l’ouverture de négociations entre la Chine et l’Inde l’acceptation de son interprétation à lui de ses propositions. Il savait parfaitement bien que la Chine n’accepterait jamais de telles conditions préalables que rien ne peut justifier. Il a insisté à ce sujet pour empêcher la négociation. C’est là une machination visant à dénaturer les bonnes intentions médiatrices des pays de la Conférence de Colombo.

Et en chantant cette vile manœuvre, la Pravda fait ressortir tout simplement que les dirigeants soviétiques ne désirent ni voir régler la question de la frontière sino-indienne ni voir réussir les efforts de médiation des pays de la Conférence de Colombo.

Plus ridicule encore est la tentative de la Pravda de couvrir la réaction indienne, en décrivant la conclusion par la Chine d’accords frontaliers avec la Birmanie, le Népal et d’autres pays voisins, par voie de négociations, comme la preuve de son manque de sincérité au sujet de la solution pacifique à donner à la question de la frontière sino-indienne. La logique de la Pravda revient à ceci : Puisque la Chine a su régler pacifiquement ses questions de frontière avec la Birmanie, le Népal et d’autres pays, pourquoi ne peut-elle en faire autant avec l’Inde ?

Il en découle que la Chine manque de sincérité au sujet de la solution pacifique à donner à la question de la frontière sino-indienne. Quelle magnifique déduction ! N’importe qui à même de raisonner logiquement déduira certainement de la conclusion par la Chine d’accords frontaliers avec la Birmanie, le Népal et d’autres pays voisins que si le gouvernement indien était sincère, lui aussi, la question de la frontière sino-indienne pourrait être résolue pacifiquement, tout comme la question de la frontière sino-birmane et la question de la frontière sino-népalaise l’ont été.

Si la question de la frontière sino-indienne n’a pas été réglée, la responsabilité n’en incombe nullement à la Chine. Les dirigeants soviétiques en ont néanmoins tiré une conclusion diamétralement opposée. Il semble que dans leurs efforts pour collaborer avec les États-Unis, soutenir l’Inde et s’opposer à la Chine, les dirigeants soviétiques sont descendus au point de dédaigner la logique élémentaire.

III

La position des dirigeants soviétiques dans la question de la frontière sino-indienne est un total abandon de l’internationalisme prolétarien et ne peut même pas être considéré comme neutre. Avec l’impérialisme américain, ils aident les réactionnaires indiens contre la Chine socialiste et aussi contre le peuple indien. Ils ont trahi le camp socialiste et le peuple indien.

Leur position est également toute différente de celle des pays d’Asie et d’Afrique qui maintiennent une stricte neutralité.

Les pays afro-asiatiques respectent les faits et écoutent patiemment les points de vue de la Chine et de l’Inde. Les dirigeants soviétiques, eux, veulent ignorer les faits et ne prêtent l’oreille qu’aux réactionnaires indiens.

Les pays afro-asiatiques examinent sérieusement qui dans le différend est dans le vrai et le faux et évitent les jugements hâtifs. Les dirigeants soviétiques, eux, s’obstinent à affirmer arbitrairement que la Chine est tombée dans l’erreur.

Les six pays d’Asie et d’Afrique qui ont participé à la Conférence de Colombo ont fait connaître à maintes reprises que leur tâche était la médiation et non l’arbitrage, qu’ils visaient à promouvoir la négociation directe entre la Chine et l’Inde et qu’il n’était pas indispensable que les deux pays acceptent en bloc les propositions de Colombo avant de se retrouver autour d’une table.

Cependant, tout comme les réactionnaires indiens, les dirigeants soviétiques demandent que la Chine « accepte en bloc » ces propositions, ceci dans l’intention d’amener les pays de la Conférence de Colombo sur une position pro-indienne.

Les pays afro-asiatiques souhaitent sincèrement que la question de la frontière sino-indienne aboutisse à un règlement pacifique par voie de négociations et que la détente se maintienne à la frontière sino-indienne. Le communiqué conjoint publié récemment par Gamal Abdel Nasser, président de la R.A.U., et Mme Sirimavo Bandaranaike, premier ministre de Ceylan, estime que « les pays de Colombo doivent poursuivre leurs efforts afin de faire disparaître les relations tendues entre ces deux grands pays [la Chine et l’Inde] avec lesquelles la R.A.U. et Ceylan sont unis par les liens de l’amitié ».

Par contre, les dirigeants soviétiques font l’impossible pour attiser le feu et ont affirmé que le conflit frontalier sino-indien peut « à nouveau s’envenimer », dédaignant par là le fait que la tension s’est depuis longtemps relâchée à la frontière sino-indienne grâce aux efforts de la Chine.

La vérité est à tel point évidente que même la clique du renégat Tito, proche amie des dirigeants soviétiques, a dû admettre que « dans ses analyses concernant le conflit himalayen, le gouvernement soviétique est allé plus loin encore que les pays de Colombo, accusant avant tout la Chine d’être responsable « du conflit ». (Nouvelle action des pays de Colombo, Politika, Belgrade, 4 octobre 1963).

Les choses n’en sont pas restées là. Ces derniers temps, il est arrivé aux dirigeants soviétiques d’en faire même plus que l’impérialisme américain, dans leur soutien aux réactionnaires indiens. L’impérialisme américain sait pertinemment bien que c’est pour lui soutirer de l’argent que les réactionnaires indiens fabriquent des rumeurs fantastiques selon lesquelles la Chine s’apprêterait à « envahir » l’Inde, et c’est pourquoi il adopte la plupart du temps, à ce sujet, une attitude faite d’expectative et de réserve. Tandis que les dirigeants soviétiques, eux, se dépensent sans compter pour faire écho aux rumeurs inventées par le gouvernement de Nehru.

Dans la question de la frontière sino-indienne, nous avons toujours accueilli favorablement les efforts faits par les pays amis d’Asie et d’Afrique dans un esprit d’équité en vue de promouvoir la négociation directe entre la Chine et l’Inde, tout en s’abstenant de s’immiscer dans le différend, et nous avons toujours prêté une oreille attentive à leurs avis, qui sont en faveur de la justice.

Mais, à l’instar de la clique du renégat Tito, les dirigeants soviétiques se sont tout à fait rangés du côté des réactionnaires indiens. Et ce de fait, ils ont perdu tout droit à la parole dans la question de la frontière sino-indienne.

Ils soutiennent non seulement énergiquement la réaction indienne sur le plan politique, mais encore, s’alignant sur l’impérialisme américain, ils lui apportent une aide économique et militaire active dans son opposition à la Chine.

De 1955 à avril 1963, le montant de l’aide économique accordée ou promise par le gouvernement soviétique à l’Inde s’est élevé à 5 milliards de roupies, somme dont la majeure partie a été offerte après que les réactionnaires indiens eurent déclenché leur campagne anti-chinoise.

Les dirigeants soviétiques ont commencé à fournir une aide militaire à l’Inde dès 1960, c’est-à-dire après que les réactionnaires indiens eurent mené des provocations armées contre la Chine.

Depuis octobre 1962, mois durant lequel les réactionnaires indiens déclenchèrent une attaque armée de grand style contre la Chine, les dirigeants soviétiques ont intensifié leur aide. Subramaniam, ministre indien de la Sidérurgie et de l’Industrie lourde, a déclaré à des journalistes le 19 décembre dernier que depuis la proclamation de l’« état d’urgence », l’Union soviétique a accéléré les travaux de construction auxquels elle aide l’Inde.

Après les entretiens qui ont eu lieu en juillet dernier entre les partis chinois et soviétique, les dirigeants soviétiques ont promis d’augmenter encore l’aide miliaire qu’ils accordent aux réactionnaires indiens.

L’article de la Pravda dit que « l’aide accordée par l’U.R.S.S. à l’Inde a exactement le même caractère que celle fournie à beaucoup d’autres jeunes États en pleine évolution ».

L’aide des pays socialistes aux pays nouvellement indépendants ne peut qu’avoir un seul but, celui de les aider à développer une économie nationale indépendante, à liquider l’influence colonialiste, à se débarrasser de l’emprise impérialiste, et il ne peut en aucun cas être question d’aider ces pays à combattre un autre pays socialiste.

Le mobile de l’aide du gouvernement soviétique aux pays nouvellement indépendants est sujet à caution. Pour ce qui est de son aide aux réactionnaires indiens, le gouvernement soviétique soutient de manière flagrante leur alignement sur l’impérialisme américain, leur opposition à la Chine, au communisme et au peuple. Le fait est clair.

Dans sa déclaration du 21 septembre, le gouvernement soviétique dit : « Les dirigeants chinois ne ménagent pas les accusations déclarant que l’Inde fait la guerre contre la Chine en utilisant des armes soviétiques. Premièrement, cela ne correspond pas à la réalité.

Deuxièmement, si l’on suit cette logique, le gouvernement indien pourrait déclarer avec bien plus de fondement que les troupes chinoises font la guerre à l’Inde en utilisant des armes soviétiques, car il est de notoriété publique que l’U.R.S.S. accorde à la Chine une aide militaire très importante ».

Les dénégations et les arguments fallacieux ne sont d’aucune utilité. Premièrement, au cours de leur riposte en légitime défense, les gardes-frontières chinois ont saisi des armes de fabrication soviétique utilisées par les troupes indiennes. Deuxièmement, nous voulons demander aux dirigeants soviétiques : Qui êtes-vous donc ? Des marchands de canon ? Si oui, ce que vous avez déclaré est tout à faire juste.

Cela s’appelle paiement à la livraison et il vous est loisible de commercer avec tout le monde. Mais si vous vous considérez toujours comme des communistes, et des dirigeants d’un pays socialiste, alors vos propos sont tout à faire erronés et fous, par-dessus le marché. Comment un communiste peut-il mettre sur le même pied la Chine socialiste et l’Inde sur laquelle règnent la grande bourgeoisie et les gros propriétaires fonciers ? Comment peut-il mettre l’aide à ses propres frères de classe à parité avec celle accordée aux réactionnaires ?

Les dirigeants soviétiques affirment qu’en soutenant l’Inde, l’Union soviétique peut l’aider à maintenir sa position neutraliste et l’empêcher de se rapprocher de l’impérialisme américain et d’autres pays occidentaux.

C’est un mensonge et de l’hypocrisie. Les faits prouvent exactement le contraire. Plus importante est l’aide soviétique, plus la réaction indienne s’écarte de sa position neutraliste, et plus elle se rapproche de l’impérialisme américain.

Voyons donc les événements survenus depuis un an. Le gouvernement indien a conclu avec l’impérialisme américain un accord sur l’aide militaire et l’« Accord sur la défense aérienne », qui ont caractère de traité militaire ; un important personnel militaire américain est entré en Inde et de grandes quantités d’armes et d’équipements militaires américains ont été déversées dans le pays.

Le gouvernement indien s’est engagé à fournir plus d’informations militaires aux États-Unis et a consenti à ce que l’impérialisme américain et l’impérialisme britannique entreprennent des manœuvres aériennes chez lui. Le communiqué conjoint, publié le 4 juin 1963 par le président Radhakrishnan et le président Kennedy, déclare sans ambages que les deux parties sont convenues que « leurs pays respectifs prendront chacun leur part de défense commune pour contrecarrer les projets d’une agression chinoise contre le sous-continent ».

Ainsi, il est clair pour toute personne sans parti pris que le gouvernement Nehru a contracté une alliance militaire de fait avec les États-Unis et que le prétendu « non-alignement » de l’Inde n’a plus guère de sens.

Il y a longtemps que l’Inde a cessé de figurer parmi les pays, qui comme le dit la Déclaration de Moscou de 1957, « se tiennent sur des positions anti-impérialistes et forment avec les pays socialistes une vaste zone de paix ».

Si le gouvernement Nehru peut encore se servir de son drapeau plein d’accrocs de « non alignement » pour tromper le monde, c’est uniquement parce que les dirigeants soviétiques lui prêtent main-forte et le soutiennent. Et c’est précisément grâce à ce soutien et cette aide que le gouvernement Nehru peut se placer sans scrupule sous l’égide de l’impérialisme américain, malgré l’opposition du peuple indien.

En fait, par leur appui aux réactionnaires indiens, les dirigeants soviétiques sont non seulement en compétition avec l’impérialisme américain, mais gèrent, de concert avec lui, une société par actions.

Après la parution de l’article du 19 septembre de la Rédaction de la Pravda, l’Indian Express écrivait tout délirant : « Cela donne à l’Inde, en plus des Etats-Unis, un autre allié puissant, face à la Chine » et « la corde est déjà autour du cou de Pékin. Nous n’avons qu’à la serrer avec nos deux puissants alliés. » Pour ultra-réactionnaires qu’elles soient, ces divagations n’en révèlent pas moins les buts commerciaux de la société américano-soviétique pour l’aide à l’Inde contre la Chine.

Avec l’accroissement de l’aide soviétique, les réactionnaires indiens exploitent et répriment le peuple avec de plus en plus d’âpreté. Le gouvernement Nehru s’efforce d’attiser l’hystérie belliciste, d’intensifier les armements et les préparatifs de guerre. II a privé ouvertement le peuple indien de ses droits fondamentaux et emprisonné par milliers les communistes indiens et autres progressistes.

Usant de tous les prétextes possibles, il prélève des impôts écrasants et a, de ce fait, plongé le peuple indien dans un abîme de souffrances et de misère. L’hebdomadaire indien Blitz admettait dans son numéro du 22 juin 1963 que l’écrasante majorité des millions d’hommes du pays est au bord de la famine, que la colère du peuple indien monte, qu’« une haine de classe lente mais ardente s’accumule ».

L’hebdomadaire s’écriait : « Le tonnerre roule, tandis que les nuages de la crise et de la démoralisation assombrissent notre pays ». Le gouvernement Nehru a jeté par-dessus bord sa panoplie de fausse « démocratie » et de faux « progrès ». La politique qu’il applique est anticommuniste et antipopulaire à cent pour cent. Elle provoque une opposition de plus en plus violente au sein des grandes masses populaires.

Et le soutien et l’aide apportés par les dirigeants soviétiques au gouvernement Nehru ont précisément permis à celui-ci de masquer son caractère réactionnaire et d’accroître ses forces de répression contre le peuple, tant et si bien qu’il a les mains libres pour aller plus loin encore avec sa politique contre-révolutionnaire.

Comme le dit la Déclaration de Moscou de 1960, la bourgeoisie nationale des pays nouvellement indépendants a un double caractère. A mesure que s’exacerbent les contradictions sociales, la bourgeoisie nationale manifeste une tendance accrue à pactiser avec la réaction intérieure et l’impérialisme. Les communistes des pays nouvellement indépendants doivent dénoncer les tentatives de l’aile réactionnaire de la bourgeoisie de faire passer ses intérêts égoïstes, de classe, pour les intérêts de toute la nation.

La clique Dange, clique renégate du Parti communiste de l’Inde, loin de travailler à démasquer la politique réactionnaire du gouvernement Nehru, a trahi complètement le prolétariat et le peuple de l’Inde, elle a dégénéré tant et si bien qu’elle est devenue un ignoble instrument de la grande bourgeoisie et des gros propriétaires fonciers. Au lieu de dénoncer la clique renégate de Dange, les dirigeants soviétiques l’ont encouragée à aider la réaction indienne à persécuter les vrais communistes et progressistes, pour tenter d’étouffer le mouvement révolutionnaire du peuple indien.

Le gouvernement Nehru s’est mis sous l’égide de l’impérialisme et réprime le peuple. Et les dirigeants soviétiques accordent un soutien énergique à ce gouvernement et s’emploient par tous les moyens à défendre et à enjoliver sa politique réactionnaire. Ils ont trahi la cause révolutionnaire du peuple indien ; c’est un compte qui sera réglé tôt ou tard.

IV

Alors que la situation à la frontière sino-indienne s’est détendue grâce aux initiatives prises par la Chine, la Pravda, affectant une certaine nervosité, publie soudain un article au titre percutant : « Grave foyer de tension en Asie ». Dans quel but ?

Cet article témoigne-t-il de l’intérêt que les dirigeants soviétiques porteraient à la sauvegarde de la paix en Asie ? Évidemment non. Il est vrai que la tension existe en Asie, que la paix s’y trouve menacée et sabotée. Mais c’est l’impérialisme, avec les Etats-Unis pour chef de file, qui la menacent et la sapent. Les foyers de tension en Asie se situent dans les territoires victimes de l’agression et de l’occupation américaines, par exemple en Corée du Sud, à Taïwan, au Japon, au Sud-Vietnam, au Laos et ailleurs.

Au Sud-Vietnam, en particulier, l’impérialisme américain mène une guerre plus qu’inhumaine, la guerre spéciale. Pourquoi les dirigeants soviétiques ferment-ils les yeux devant ces foyers de tension ?

Pourquoi n’osent-ils se dresser pour parler franchement de l’intervention et de l’agression de l’impérialisme américain dans ces régions, notamment au Sud-Vietnam et au Laos ? Et pourquoi ont-ils précisément choisi la situation, déjà détendue, à la frontière sino-indienne pour mener tout un vacarme ?

Si les dirigeants soviétiques ont agi ainsi, c’est qu’ils veulent, en vérité, mettre la question de la frontière sino-indienne à profit pour créer la dissension entre les pays afro-asiatiques et la Chine, pour détourner les peuples afro-asiatiques de la lutte contre l’impérialisme et couvrir les activités agressives et bellicistes de l’impérialisme américain. C’est trahir la cause révolutionnaire anti-impérialiste des peuples d’Asie et du monde entier.

La Pravda fait l’impossible pour semer la discorde, affirmant en des termes qui tiennent de la calomnie, que la Chine refuse la médiation des pays de la Conférence de Colombo, qu’elle ne tient aucun compte des efforts de ces pays et même qu’elle « met en doute la compétence de la Conférence de Colombo ».

Ces paroles montrent pleinement que les dirigeants soviétiques sont entièrement du côté des réactionnaires indiens pour s’opposer à la Chine socialiste, et qu’ils essaient, par leur démagogie et leurs activités en sous-main, d’inciter les pays de la Conférence de Colombo à renoncer à leur noble mission médiatrice et à les suivre dans leur guerre froide antichinoise au sujet de la frontière sino-indienne.

L’hebdomadaire indien Blitz du 5 octobre, disait la vérité. Il écrivait : « La Pravda a ouvertement condamné la Chine, lui reprochant d’avoir créé la tension à la frontière sino-indienne », « la Russie s’est chargée, de sa propre initiative du travail d’explication auprès des pays afro-asiatiques qui, à en croire la Chine, ont critiqué la position de l’Inde dans la question de la frontière sino-indienne ». Et qu’entend ce périodique indien par le mot « explication » ? Simplement semer la discorde.

Tout en soutenant les réactionnaires indiens dans leur refus de régler pacifiquement la question de la frontière sino-indienne, les dirigeants soviétiques s’opposent à l’établissement et au développement de relations amicales entre la Chine et les autres pays afro-asiatiques, et en particulier au règlement par la Chine, avec d’autres pays d’Asie, des différends légués par l’histoire.

L’article de la Pravda et la déclaration du gouvernement soviétique datée du 21 septembre expriment à tout bout de champ leur mécontentement à propos du règlement de la question de la frontière et du développement des relations de bon voisinage entre la Chine et le Pakistan et calomnient perfidement la Chine en prétendant qu’elle « flirte » avec des « régimes manifestement réactionnaires d’Asie et d’Afrique ».

Pour les dirigeants soviétiques, leur capitulation devant le chef de l’impérialisme est une grande contribution à la paix mondiale, tandis que le règlement pacifique par la Chine de ses questions de frontières avec un de ses voisins est un crime. Nous voudrions, quant à nous, demander aux dirigeants soviétiques : Ne vous suffit-il pas de soutenir les réactionnaires indiens qui créent la tension à la frontière sino-indienne ? Tenez-vous aussi à créer la tension à la frontière sino-pakistanaise ?

Au sein des diverses organisations internationales de masse, les dirigeants soviétiques se sont attachés à interdire toute activité dirigée contre l’impérialisme et à encourager la campagne antichinoise, et ils ont essayé de se servir de la question de la frontière sino-indienne pour rompre le front uni anti-impérialiste.

La Chine a fait remarquer constamment et en toute sincérité que pour maintenir l’unité et faire face ensemble à l’impérialisme, les différends entre pays afro-asiatiques ne devraient pas être soulevés au sein de ces organisations ; cependant, l’Union soviétique a incité à maintes reprises et même encouragé les délégués indiens à utiliser la question de la frontière sino-indienne pour semer le trouble.

Par exemple, au Congrès mondial des Femmes à Moscou, l’Union soviétique, en sa qualité de pays invitant, a encouragé la délégation indienne à soulever la question de la frontière sino-indienne, qui n’avait rien à voir avec les thèmes du Congrès, et, de plus, elle a manœuvré pour que le Congrès prive la délégation chinoise de son droit de réponse.

Ce n’est un secret pour personne que ce spectacle antichinois avait été minutieusement préparé et mis en scène par l’Union soviétique. Autre exemple : A la conférence de Solidarité des Peuples afro-asiatiques à Moshi, les délégués indiens, appuyés par les délégués soviétiques, ont insisté pour que cette question soit inscrite à l’ordre du jour.

Le chef de la délégation indienne a révélé, dans une lettre à l’Indian Express, les dessous de ces activités sournoises. « Nous avons, dit-il, obtenu le soutien total et la coopération complète de la délégation soviétique ». Les faits ne pourraient être plus clairs.

Et pourtant la Pravda a eu l’audace, dans son article du 19 septembre, de reprocher à la Chine d’avoir utilisé la question de la frontière sino-indienne pour « envenimer » l’atmosphère des différentes rencontres internationales. Ce journal serait-il dépourvu de tout sentiment de honte ?

La situatin à la frontière sino-indienne a été détendue grâce aux efforts dot laChine apris l’initiative et à l’active médiation des pays de la Conférence de Colombo.

Cette situation détendue peut parfaitement être maintenue, si l’Inde ne passe pas à de nouvelles provocations. Mais pour répondre aux exigences de leur politique tant intérieure qu’extérieure, les réactionnaires indiens s’efforcent de créer une nouvelle tension.

Les impérialistes américains redoutent évidemment le manque de désordre dans le monde. Les manœuvres aériennes anglo-américaines qui vont avoir lieu sous peu en Inde prouvent qu’ils ne souhaitent pas voir la détente se maintenir à la frontière sino-indienne.

De même, le fait que les dirigeants soviétiques sèment la dissension parmi les pays afro-asiatiques et soufflent le feu montre qu’ils s’efforcent d’aggraver la situation. Alors que l’impérialisme américain essaie de l’exploiter pour placer l’Inde sous son contrôle, les dirigeants soviétiques, eux, essaient de l’utiliser pour jeter le discrédit sur la Chine.

Ce sont des chemins différents menant à un même but. C’est pour cela que ne peut être écartée la possibilité de voir les réactionnaires indiens provoquer un nouveau conflit, avec le soutien des impérialistes américains et des dirigeants soviétiques.

Mais, après tout, 1963 n’est pas 1962. Les six pays de la Conférence de Colombo ont assumé la responsabilité de la médiation pour la paix, les peuples d’Asie, d’Afrique et de partout dans le monde distinguent de plus en plus clairement ce qu’il y a de juste et de faux dans la question de la frontière sino-indienne, les traits réactionnaires du gouvernement Nehru se manifestent de plus en plus et le complot antichinois des impérialistes américains, des dirigeants soviétiques et des réactionnaires indiens a cessé d’être un secret. Si les réactionnaires indiens osaient provoquer de nouveaux chocs dans ces conditions, nous sommes persuadés qu’ils se verront, ainsi que ceux qui les soutiennent, condamnés énergiquement et catégoriquement par les peuples d’Asie, d’Afrique et de partout dans le monde.

Nous souhaitons que la situation à la frontière reste détendue et nous ferons à cette fin tout ce qu’il nous est possible de faire. Nous avons dit aux pays de la Conférence de Colombo que nous les tiendrions régulièrement au courant des provocations indiennes et nous avons commencé à le faire.

Si l’Inde procède non seulement à des provocations par des raids de harcèlement, mais encore à des invasions comme celles d’avant le 20 octobre 1962, et si elle refuse de se retirer du territoire chinois, nous demanderons aux pays de la Conférence de Colombo de la persuader de se retirer. Nous n’envisagerons la riposte, en légitime défense, que si l’Inde rejette ces conseils et est décidée à occuper de la terre chinoise.

Nous ne modifierons pas notre politique de recherche d’un règlement pacifique et négocié de la question de la frontière sino-indienne, quelque action qu’entreprennent les réactionnaires indiens et quelle que soit l’importance du soutien que leur accorderont les dirigeants soviétiques.

Nous sommes pleinement convaincus que notre politique finira pas triompher, quoi qu’il puisse advenir dans le monde et quel que soit le délai qui sera apporté à ce règlement. La grande amitié des peuples chinois et indien est indestructible.

La position assumée par les dirigeants soviétiques dans la question de la frontière sino-indienne et leur politique démontrent à suffisance qu’ils ont trahi le peuple chinois, le peuple soviétique, le peuple de tous les autres pays du camp socialiste, le peuple indien et tous les peuples et nations opprimés.

Il devient de plus en plus clair que les dirigeants soviétiques ne considèrent plus les impérialistes, que les États-Unis dirigent, et toute la réaction comme étant leurs ennemis. Leurs ennemis, ce sont les marxistes-léninistes, le peuple révolutionnaire et la Chine en particulier.

En vue de combattre la Chine, qui s’en tient fermement au marxisme-léninisme, aux principes révolutionnaires des Déclarations de 1957 et de 1960, les dirigeants soviétiques se sont alliés à l’impérialisme américain et à la clique du renégat Tito, et maintenant, par l’article du 19 septembre de la Rédaction de la Pravda et la déclaration du 21 septembre du gouvernement soviétique, ils ont proclamé leur alliance avec les réactionnaires indiens.

Ils imaginent probablement qu’en se joignant à tout ce qui n’a plus visage humain dans le monde pour proférer des insultes à l’unisson, ils pourront discréditer la Chine et l’isoler.

Nous conseillons aux dirigeants soviétiques de ne pas se réjouir trop tôt. La Chine révolutionnaire ne peut pas être isolée. Plus vous collaborerez cyniquement avec tous les impérialistes et les réactionnaires, plus vous vous isolerez. Rien ne peut discréditer la Chine.

La vérité est avec elle. La faiblesse qui vous sera fatale, c’est votre mépris de la vérité, car plus de 90 pour cent de la population du monde est sensible à la vérité. Comme le dit un dicton chinois : « avec la vérité pour soi, on peut aller partout dans le monde, sans elle on ne peut faire un pas ». Ceux qui ne respectent en rien la vérité connaîtront finalement l’échec.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre l’ennemi commun ! (1962)

Renmin Ribao, 15 décembre 1962

Ces derniers temps, au moment même où l’impérialisme et les réactionnaires de tous les pays cherchent par tous les moyens à combattre les pays socialistes, à saper le mouvement communiste international et à réprimer la lutte révolutionnaire des peuples, et où les communistes de tous les pays ont grand besoin de renforcer leur unité dans la lutte commune contre l’ennemi, il est pénible de constater que dans les rangs du mouvement communiste international est apparu un courant contraire, contre le marxisme-léninisme, contre le Parti communiste chinois et d’autres partis marxistes-léninistes, et qui mine l’unité du mouvement communiste international.

En un peu plus d’un mois, l’Europe a vu le VIIIe Congrès du Parti communiste de Bulgarie, le VIIIe Congrès du Parti ouvrier socialiste de Hongrie, le Xème Congrès du Parti communiste italien et le XIIème Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie.

Malheureusement, la tribune de ces congrès a été utilisée pour attaquer des partis frères. Le courant contraire qui mine l’unité et provoque la scission est parvenu à u nouveau sommet aux Congrès du Parti communiste italien et du Parti communiste de Tchécoslovaquie.

Des camarades de certains partis frères y ont non seulement continué à attaquer le Parti du Travai d’Albanie, mais ils ont attaqué aussi, publiquement et nommément, le Parti communiste chinois et même blâmé le Parti du Travail de Corée qui désapprouvait les attaques contre le Parti communiste chinois.

C’est là une violation des plus grossières des principes énoncés dans les Déclarations de Moscou de 1957 et de 1960 qui ont été adoptées à l’unanimité par les Partis communistes et ouvriers. C’est là un événement d’une gravité extrême pour le mouvement communiste international.

La délégation du Parti communiste chinois, qui était invitée au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, a souligné solennellement dans sa déclaration du 8 décembre : « Cette façon d’agir ne correspond pas à l’esprit des deux Déclarations de Moscou, elle est préjudiciable à l’unité du camp socialiste et à celle du mouvement communiste international, à la lutte contre l’impérialisme, à la lutte pour la paix mondiale, et ne répond pas aux intérêts fondamentaux des peuples des pays socialistes… Cette façon d’agir erronée ne peut qu’aggraver les divergences et créer la scission ; elle ne peut qu’affliger les nôtres et réjouir l’ennemi. »

Le Parti communiste chinois a toujours estimé que l’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sont d’un intérêt fondamental pour les peuples du monde entier. Il est du devoir sacré de tous les communistes de maintenir et de renforcer sans défaillance cette unité internationaliste.

Etant donné que les problèmes d’intérêt commun pour les différents partis frères sont extrêmement complexes, que les conditions dans lesquelles se trouve chacun de ces partis diffèrent grandement, et étant donné que la situation objective est constamment en mouvement, les divergences d’opinions sont souvent inévitables entre partis frères, et cela n’est pas nécessairement un mal.

L’important, c’est de partir de la position qu’il faut défendre et renforcer l’unité internationaliste et d’être ensemble dans la lutte contre l’ennemi, c’est d’observer les principes régissant les rapports entre les partis et les pays frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, de parvenir à l’unanimité des vues par voie de consultations, afin que l’unité puisse être assurée solidement. La pratique erronée, qui consiste à se servir du congrès d’un parti pour attaquer un parti frère, fut utilisée pour la première fois, il y a un an, au XXIIe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique.

Le Parti communiste chinois s’y opposa résolument. Durant ce Congrès et par la suite, le Parti communiste chinois en appela sincèrement, et à plusieurs reprises, aux partis frères ayant controverses ou divergences ; entre eux, pour qu’ils s’unissent de nouveau sur la base du marxisme-léninisme et du respect mutuel de l’indépendance et de l’égalité, et c’est plus particulièrement celui ayant déclenché l’attaque qui devrait prendre l’initiative.

Or, il est regrettable que ces efforts sincères n’aient pu empêcher la situation de s’aggraver. Loin d’envisager l’abandon de ces pratiques erronées, des dirigeants de certains partis frères persistent dans ce sens, allant encore et toujours plus loin dans la voie de la scission, si bien qu’elles ont fait leur apparition, tour à tour, aux récents congrès de quatre partis frères d’Europe.

Nous voudrions, ici, dire quelques mots sur ce qui s’est passé au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie. A ce Congrès, des camarades du Parti communiste de Tchécoslovaquie et de certains autres partis frères ont dénigré et attaqué à plaisir le Parti communiste chinois, le traitant d’ »aventuriste », de « sectariste », de « scissionniste », de « nationaliste » et de « dogmatiste ». Dans sa déclaration, la délégation du Parti communiste chinois s’est opposée résolument contre cette manière d’agir, qui provoque la scission.

La déclaration a souligné que ces pratiques erronées ont déjà entraîné de graves conséquences et que si elles se poursuivent, il en résultera de plus graves encore. Cependant, cette attitude, de profond attachement à l’unité, du Parti communiste chinois n’a pas réussi à faire changer d’avis ceux qui persistent dans ces pratiques erronées.

Certains dirigeants du Parti communiste de Tchécoslovaquie ont fait savoir qu’ils « ne pouvaient approuver » le point de vue de la délégation du Parti communiste chinois, ont continué à « aller plus loin » avec cette manière d’agir, et ils ont même demandé au Parti communiste chinois de « reconsidérer » sa position au sujet des grands problèmes internationaux et étalé devant le monde entier leurs calomnies et attaques contre la Chine. Dans ces conditions, nous nous voyons obligés de donner la réponse qui s’impose.

Des camarades du Parti communiste de Tchécoslovaquie et de certains autres partis frères ont accusé le Parti communiste chinois d’avoir commis ce qu’ils appellent des erreurs « aventuristes ». Ils ont reproché à la Chine de s’être opposée à un « compromis raisonnable » dans l’affaire cubaine et de vouloir « plonger (le monde entier) dans une guerre thermonucléaire ».

Les faits sont-ils vraiment tels qu’ils l’ont déclaré ?

Le peuple chinois est attaché à la paix, comme les peuples de tous les autres pays socialistes et du reste du monde. La Chine a toujours poursuivi une politique étrangère de paix. Nous avons toujours lutté énergiquement pour arriver à la détente internationale et pour la défense de la paix mondiale. La Chine est l’un des promoteurs des cinq principes de la coexistence pacifique.

Et elle a toujours préconisé la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents sur la base des Cinq Principes, elle a toujours été pour le règlement des différends internationaux par la négociation et s’est opposée au recours à la force.

Le Parti communiste chinois a toujours soutenu que pour sauvegarder la paix mondiale, réaliser la coexistence pacifique et parvenir à la détente internationale, il faut avant tout combattre résolument la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et mobiliser les masses populaires pour qu’elles ripostent du tac au tac dans la lutte contre l’impérialisme américain.

Nous sommes persuadés que, comme l’ont indiqué les deux Déclarations de Moscou, la lutte conjointe des forces socialistes, des forces de libération nationale, des forces démocratiques et de toutes les forces de paix peut déjouer les plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et empêcher la guerre mondiale d’éclater.

En ce qui concerne l’attitude à adopter envers les impérialistes et tous les réactionnaires, le Parti communiste chinois a toujours soutenu qu’il faut les mépriser sur le plan de la stratégie, mais en tenir sérieusement compte sur le plan de la tactique.

C’est-à-dire que, stratégiquement, et en envisageant les choses à longue échéance et dans leur ensemble, les impérialistes et tous les réactionnaires sont destinés en fin de compte à connaître l’échec, tandis que les masses populaires triompheront à coup sûr. Sans cette conception, il n’est pas possible d’encourager les masses populaires à mener, pleinement confiantes et fermement, le combat révolutionnaire contre l’impérialisme et tous les réactionnaires, il n’est pas possible de conduire la révolution à la victoire.

D’autre part, du point de vue tactique, dans chaque question concrète de l’heure, il est nécessaire de faire face à l’impérialisme et à tous les réactionnaires avec le plus grand sérieux, il est nécessaire d’agir avec prudence et circonspection, et de prêter attention à l’art de mener le combat.

Sans cette conception, il n’est pas possible de mener victorieusement la lutte révolutionnaire, il y a danger de subir revers et échecs, et il n’est pas possible non plus de conduire la révolution à la victoire.

Ce point de vue, auquel le Parti communiste chinois s’est toujours tenu et qui est d’opposer le mépris à l’ennemi sur le plan de la stratégie et d’en tenir sérieusement compte sur le plan de la tactique, montre pourquoi l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, ainsi que nous l’avons souvent affirmé ; ce point de vue est parfaitement marxiste-léniniste.

Nous sommes et contre le capitulationnisme et contre l’aventurisme. Tous ceux qui veulent faire la révolution et remporter la victoire doivent adopter cette attitude envers l’ennemi et, pour eux, il ne peut y en avoir d’autre. En effet, si, stratégiquement, on n’ose mépriser l’ennemi, on versera inévitablement dans le capitulationnisme.

Et si, tactiquement, on agit à la légère et imprudemment dans une lutte concrète donnée, on versera inévitablement dans l’aventurisme. Et, enfin, si stratégiquement on n’ose mépriser l’ennemi et si, de surcroît, on agit tactiquement à la légère et imprudemment, on versera alors et dans le capitulationnisme sur le plan de la stratégie et dans l’aventurisme sur le plan de la tactique.

Quant à la question des armes nucléaires, les communistes chinois ont toujours préconisé l’interdiction générale de ces armes à grande puissance de destruction et se sont toujours opposés à la criminelle politique de guerre nucléaire des impérialistes.

Ils ont toujours soutenu que, le camp socialiste détenant une grande supériorité, il est possible de parvenir à un accord sur l’interdiction des armes nucléaires par la négociation et en dénonçant et combattant continuellement l’impérialisme américain.

Mais aucun marxiste-léniniste, aucun révolutionnaire n’a jamais été paralysé d’effroi par les armes nucléaires aux mains de l’impérialisme et abandonné la lutte contre l’impérialisme et ses laquais.

Nous, marxistes-léninistes, nous ne sommes pas partisans de la théorie selon laquelle « les armes décident de tout », ni de la théorie selon laquelle « les armes nucléaires décident de tout ».

Nous n’avons jamais cru que les armes nucléaires peuvent décider du sort de l’humanité. Nous sommes profondément convaincus que les masses populaires sont la force déterminante du développement de l’histoire. Elles seules peuvent décider du cours de l’histoire. Nous sommes implacablement contre la politique de chantage nucléaire de l’impérialisme.

Et nous soutenons aussi qu’il n’y a pas la moindre nécessité pour les pays socialistes d’user des armes nucléaires comme d’un enjeu ou comme moyen d’intimidation.

Agir ainsi reviendrait véritablement à verser dans l’aventurisme. Si l’on a une foi aveugle dans les armes nucléaires, si l’on ne voit pas la force des masses populaires et n’a pas confiance en elle, et si l’on perd la tête devant le chantage nucléaire de l’impérialisme, on risque de passer d’un extrême à l’autre et de verser dans le capitulationnisme.

Nous estimons que dans sa lutte contre l’impérialisme américain, l’héroïque peuple cubain n’a versé ni dans le capitulationnisme ni dans l’aventurisme. Comme tous les autres peuples du monde, le peuple cubain aime ardemment la paix et travaille énergiquement pour elle.

Mais, comme l’a dit le camarade Fidel Castro : « La voie de la paix n’est pas celle qui consiste à sacrifier les droits du peuple ou à empiéter sur eux, parce que cela, c’est précisément la voie qui mène à la guerre. »

Le Comité directeur national des Organisations révolutionnaires intégrées de Cuba et le Gouvernement révolutionnaire cubain ont proclamé solennellement par leur déclaration commune du 25 novembre : « La meilleure forme de règlement est celle passant par des chemins pacifiques et la discussion entre gouvernements. Mais nous réaffirmons en même temps que jamais nous ne céderons devant les impérialistes. A la position de force des impérialistes, nous opposerons notre fermeté. A la tentative de nous humilier des impérialistes, nous opposerons notre dignité. A l’agression impérialiste, nous opposerons notre détermination de combattre jusqu’au dernier. »

Sous la ferme direction des Organisations révolutionnaires intégrées de Cuba et du gouvernement cubain ayant à leur tête Fidel Castro, et dans les conditions les plus complexes et les plus difficiles, le peuple cubain unanime, loin d’être effrayé par le chantage nucléaire des Etats-Unis, a mené une lutte résolue contre l’impérialisme américain et a persévéré dans ses cinq justes demandes ; de plus, avec le juste soutien des peuples du monde entier, il a remporté une autre grande victoire dans sa lutte contre l’agression américaine.

Le Parti communiste, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent résolument la juste ligne des Organisations révolutionnaires intégrées de Cuba et du gouvernement cubain, les cinq justes demandes du peuple cubain et sa lutte héroïque. Par-là, la Chine remplit le devoir que lui confère l’internationalisme prolétarien et auquel elle ne peut faillir.

Si le soutien de la Chine à la juste lutte du peuple cubain contre les agresseurs américains doit être qualifié d’ »aventuriste », nous voudrions demander : Cela signifie-t-il que le peuple chinois devrait s’abstenir de donner tout le soutien en son pouvoir à la lutte de Cuba contre l’agression impérialiste américaine pour ne pas être appelé « aventuriste » ?

Et cela signifie-t-il que ce n’est qu’en forçant Cuba à abdiquer sa souveraineté, à renoncer à son indépendance et à ses cinq justes demandes que l’on peut éviter d’être appelé aventuriste ou capitulationniste ?

Le monde entier a pu voir que nous n’avons ni demandé l’introduction d’armes nucléaires à Cuba ni empêché le retrait des prétendues « armes offensives » qui s’y trouvent. Aussi, en ce qui nous concerne, il ne peut en aucune façon être question d’ »aventurisme », et encore moins de « plonger (le monde entier) dans une guerre thermonucléaire ». Certains ont trouvé à redire à la juste position de la Chine dans la question de la frontière sino-indienne, comme si la Chine avait provoqué un esclandre. Mais quels sont les faits ?

La Chine a toujours été pour le règlement des questions de frontière avec ses voisins par voie de négociations, et elle a, sur la base des Cinq Principes, réglé, à la satisfaction de tous, ses questions de frontière avec la Birmanie et le Népal par des consultations amicales et dans un esprit de compréhension mutuelle et de concessions réciproques.

En ce qui concerne la question de la frontière sino-indienne, il est clair, dès à présent, pour tout le monde, qui, pendant tout ce temps, a rejeté les négociations pacifiques, a occupé le territoire d’autrui, s’est livré à des provocations armées et a lancé des attaques massives.

Envers les folles tentatives de la clique réactionnaire indienne visant à modifier par la force la situation à la frontière sino-indienne et devant ses empiétements sans cesse grandissants sur les régions frontalières chinoises, le peuple chinois a, pendant des années, fait montre de longanimité, s’efforçant encore et toujours d’aboutir à une solution juste et équitable par voie de négociations pacifiques. Néanmoins, le gouvernement Nehru a rejeté catégoriquement la négociation. Il a interprété la longanimité de la Chine comme signe de ce qu’elle est faible et peut être malmenée.

Le 12 octobre, le premier ministre indien donna de manière flagrante l’ordre de lancer des attaques contre la Chine, de « nettoyer » les gardes-frontière chinois du territoire chinois. Alors les gardes-frontière chinois se virent forcés de riposter en légitime défense.

La Chine est un pays socialiste attaché à la paix, mais elle ne permettra jamais qu’on la malmène à volonté. En ripostant, en légitime défense, aux attaques massives des troupes indiennes, la Chine a adopté la mesure légitime la plus élémentaire, celle que n’importe quel Etat souverain prendrait dans semblables circonstances.

Après avoir repoussé les attaques indiennes, la Chine proposa sans tarder un arrêt du conflit, la rupture de contact entre les forces armées des deux côtés et la reprise des négociations, et elle prit l’initiative en appliquant un cessez-le-feu et en procédant au retrait de ses troupes.

Si la situation à la frontière sino-indienne a commencé à se détendre et si un cessez-le-feu de facto a été réalisé, c’est précisément parce que le peuple chinois a mené la lutte indispensable contre les visées expansionnistes des nationalistes réactionnaires indiens.

Les efforts constants et sincère de la Chine pour le règlement pacifique de la question de la frontière sino-indienne sont reconnus universellement. Or, il est étrange que certains, se prétendant marxistes-léninistes, aient jeté le marxisme-léninisme à tous les vents ; ils ne se sont pas souciés d’analyser, sous l’angle de la conception de classe du marxisme-léninisme, la politique réactionnaire du gouvernement Nehru qui a provoqué le conflit de la frontière sino-indienne et qui refuse toujours le règlement pacifique.

Ils ne veulent pas voir que cette politique découle du besoin de la grande bourgeoisie et des grands propriétaires fonciers indiens de combattre le peuple et le mouvement progressiste indiens ; ils refusent également de reconnaître que cette politique répond précisément aux besoins des impérialistes, spécialement à ceux des impérialistes américains, et qu’elle a leur soutien.

En fait, ces dernières années, le gouvernement Nehru recourt à la répression contre le peuple avec une brutalité qui va croissant, et prend de plus en plus appui sur l’impérialisme américain, agissant comme son complice dans de nombreuses et importantes questions internationales, par exemple celle du Congo.

La persistance du gouvernement Nehru dans sa position antichinoise est le résultat même de sa politique intérieure et extérieure, de jour en jour plus réactionnaire. Ceux qui accusent la Chine d’avoir poussé le gouvernement Nehru dans les bras de l’ »Occident » inversent cause et effet. Tout au long du « différend » de la frontière sino-indienne, ils ont mêlé le vrai et le faux, se donnant des airs « neutres », et traitant la Chine de pays « frère » en parole, alors qu’en réalité ils considéraient la clique réactionnaire indienne comme de la parenté.

Ceux-là ne feraient-ils pas bien de procéder à un examen de conscience et de se demander ce qu’il est advenu de leur marxisme-léninisme et de leur internationalisme prolétarien ?

Au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, certains ont une fois de plus accumulé les injures contre le Parti du Travail d’Albanie, prétendant que ses dirigeants sont « antisoviétiques », sapent l’unité, qu’ils sont des « scissionnistes » et des « sectaristes ». Ils ont en outre condamné aussi le Parti communiste chinois pour la juste position qu’il a adoptée en s’opposant aux attaques dirigées contre le Parti du Travail d’Albanie et en défendant les principes régissant les rapports entre partis frères, et, de même, ils lui ont imputé les crimes de « scissionnisme », de « sectarisme » et de « nationalisme ».

Mais ces calomnies et ces attaques, appelant noir ce qui est blanc, sont tout à fait peine perdue.

Les critères à utiliser pour savoir qui défend l’unité, qui est scissionniste et sectariste, ce sont les principes régissant les rapports entre les partis frères et entre les pays frères, tels qu’ils sontt définis dans les Déclarations de Moscou adoptées à l’unanimité par les deux Conférences des Représentants des Partis communistes et ouvriers.

Ces principes sont : l’égalité absolue, l’union des uns avec les autres mais en maintenant l’indépendance, et l’unanimité des vues par consultation en toute camaraderie et sur un pied d’égalité.

L’expérience a montré que tant que ces justes principes sont appliqués, l’unité entre partis et pays frères peut être renforcée, et que, même lorsque surgit telle ou telle divergence, une solution raisonnable peut être réalisée.

Mais, inversement, si ces principes sont violés et que, dans les rapports entre partis frères et pays frères, quelqu’un use de pressions pour imposer ses vues propres aux autres ou substitue la calomnie et l’attaque à la recherche de l’unanimité des vues par consultation, on portera inévitablement atteinte à l’unité et on versera dans le scissionnisme et le sectarisme.

Il y a un an déjà, au XXIIe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, la délégation du Parti communiste chinois déclarait : « Nous soutenons que si, par malheur, des controverses ou divergences surgissent entre partis et pays frères, elles doivent être résolues patiemment dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien et selon les principes de l’égalité et de l’unité de vues, par voie de consultations.

Le blâme public, unilatéral, infligé à un parti frère quel qu’il soit, ne contribue pas à l’unité et n’aide pas à résoudre les problèmes.

Étaler aux yeux de l’ennemi une controverse entre partis ou pays frères ne peut être considéré comme une sérieuse attitude marxiste-léniniste. »

C’est précisément par souci du maintien des principes régissant les rapports entre partis frères, entre pays frères, et leur unité, que le Parti communiste chinois s’est toujours opposé à ce que des attaques soient lancées contre un parti frère à partir du congrès d’un autre parti.

Qu’y a-t-il de mal dans cette position assumée par nous ?

Est-il possible que nous, qui avons tout fait en notre pouvoir pour maintenir l’unité et nous opposer aux agissements préjudiciables à l’unité, soyons devenus des « scissionnistes » et des « sectaristes », tandis que ceux ayant déclenché l’attaque et sapé l’unité ne seraient ni scissionnistes ni sectaristes ?

Au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, la délégation du Parti du Travail de Corée a été blâmée parce qu’elle n’approuvait pas l’attaque lancée par certains contre le Parti communiste chinois. Est-il possible que la position assumée par le Parti du Travail de Corée pour sauvegarder l’unité soit un crime, que ceux qui défendent les Déclarations de Moscou soient dans l’erreur, tandis que ceux allant à l’encontre des Déclarations de Moscou seraient dans le vrai ?

Les principes régissant les rapports entre partis et pays frères, tels que stipulés dans les Déclarations de Moscou, n’accordent à aucun parti, grand ou petit, le moindre droit d’attaquer à son congrès un autre parti frère. Si pareille manière d’agir erronée était admise, un parti pourrait en attaquer un autre, attaquer ce parti-ci aujourd’hui et demain ce parti-là. Si l’on continue de la sorte, qu’adviendra-t-il de l’unité du mouvement communiste international ?

Les principes régissant les rapports entre partis et pays frères, tels que stipulés dans les Déclarations de Moscou, sont l’expression même des principes de l’internationalisme prolétarien touchant aux rapports entre partis et pays frères. Ceux qui violent ces principes directeurs tomberont inévitablement dans le bourbier du chauvinisme de grande nation ou d’autres formes du nationalisme bourgeois.

Mais ceux qui ont accusé le Parti communiste chinois d’avoir versé dans l’erreur prétendument « nationaliste » ne se sont-ils jamais demandé sur quel pied ils ont en définitive placé leurs rapports avec les partis et les pays frères ?

Il est clair qu’ils ont, eux, violé les principes régissant les rapports entre partis et pays frères, attaqué un autre parti frère et un autre pays frère, emprunté la voie erronée du nationalisme et du chauvinisme de grande nation, et cependant ils veulent forcer chacun à suivre leur exemple et taxent de « nationalisme » celui qui refuse d’exécuter leurs ordres. Ceci répondrait-il aux principes de l’internationalisme prolétarien ? Ces pratiques erronées ne sont-elles pas la pire manifestation du scissionnisme et du sectarisme, du nationalisme et du chauvinisme de grande nation ?

Ceux qui accusent le Parti du Travail d’Albanie d’être « antisoviétique » et de saper l’unité devraient se demander qui d’abord, a provoqué le différend et qui, à son propre congrès, a attaqué le Parti du Travail d’Albanie.

Pourquoi n’attribuer qu’à soi-même le droit d’attaquer à volonté un parti frère, tout en déniant même le droit de réplique à ce parti frère ?

Si les camarades albanais doivent être qualifiés d’ »antisoviétiques », parce qu’ils ont répondu aux attaques lancées contre eux, que dire de ceux qui ont déclenché l’attaque et attaquent encore et encore le Parti du Travail d’Albanie ?

Et qu’en est-il de ceux ayant attaqué à loisir le Parti communiste chinois ?

Le moins que l’on devrait pouvoir exiger d’un communiste est qu’il sache opérer une nette distinction entre l’ennemi et ses propres camarades, qu’il soit sans pitié pour l’ennemi et compréhensif envers les siens. Mais certains font exactement le contraire.

Tout en étant si « accommodants » et en réalisant pareilles « concessions réciproques » avec l’impérialisme, ils traitent des partis et pays frères comme d’implacables ennemis !

Ils font des « compromis raisonnables » et usent de « modération » avec l’ennemi qui est toutes griffes et dents dehors, mais refusent d’être conciliants avec les partis et pays frères. Etre si « compréhensif » avec l’ennemi et si « impitoyable » avec des partis et des pays socialistes frères n’est pas, de toute évidence, la position qu’un marxiste-léniniste devrait adopter. La Déclaration de Moscou de 1960 affirme que le révisionnisme est le principal danger menaçant le mouvement communiste international.

Elle dit : « Ayant trahi le marxisme-léninisme, les dirigeants de la Ligue des communistes de Yougoslavie ont opposé la L.C.Y. à tout le mouvement communiste international, se livrent à des agissements subversifs contre le camp socialiste et le mouvement communiste mondial. »

En outre, la Déclaration en appelle aux communistes de tous les pays pour combattre activement l’influence des idées anti-léninistes des révisionnistes modernes yougoslaves. Mais certains communistes ont porté Tito, ce renégat du communisme, jusqu’aux nues et ils sont si intimes avec la clique Tito !

Au récent Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie, certains sont allés jusqu’à s’opposer à la dénonciation du révisionnisme moderne yougoslave par le Parti communiste chinois.

Bref, ceux avec qui ces gens-là veulent s’unir sont précisément ceux qu’il faudrait combattre ; et ceux auxquels ils s’opposent sont précisément ceux avec lesquels ils devraient s’unir. N’est-ce pas là une violation flagrante, grossière, des Déclarations de Moscou ? Où mènera pareille ligne de conduite ?

Tous les faits montrent que les communistes chinois, de même que tous les vrais communistes du monde, s’en sont invariablement tenus au marxisme-léninisme et aux principes révolutionnaires des Déclarations de Moscou.

Ceux qui attaquent le Parti communiste chinois s’obstinent à nous imposer l’étiquette de « dogmatistes » ; ceci prouve uniquement que le « dogmatisme » combattu, par eux n’est autre que les positions de la théorie marxiste-léniniste et les principes révolutionnaires des Déclarations de Moscou, défendus par les communistes chinois et tous les vrais communistes.

Ils s’imaginent qu’il leur suffit simplement d’accrocher l’enseigne de l’ »anti-dogmatisme » et de parler de ce qu’ils appellent l’ »esprit créateur » pour pouvoir déformer le marxisme-léninisme et altérer les Déclarations de Moscou comme bon leur semble.

Cela est totalement inadmissible. Nous voudrions leur demander : Ces deux documents historiques du mouvement communiste international, approuvés à l’unanimité et signés par tous les partis communistes et ouvriers, sont-ils toujours valables ? Doit-on toujours s’y conformer ?

Certains disent : nous sommes la majorité et vous êtes la minorité.

Donc, nous sommes des marxistes-léninistes à esprit créateur et vous êtes des dogmatistes ; nous avons raison et vous avez tort. Mais toute personne ayant un peu de bon sens sait que déterminer qui a raison et qui a tort, qui a la vérité pour soi, n’est pas une question pouvant être tranchée par la majorité ou la minorité d’un moment donné.

La vérité est chose objective. Après tout, se trouver en majorité à un moment donné ne peut transformer le faux en vrai ; de même, se trouver en minorité à un moment donné ne peut transformer le vrai en faux.

L’histoire abonde en exemples où à un moment donné et dans des circonstances données, la vérité n’est pas du côté de la majorité, mais de celui de la minorité. A l’époque de la IIe Internationale, Lénine et les bolcheviks se trouvèrent en minorité dans le mouvement ouvrier international, et, pourtant, la vérité était du côté de Lénine et des bolcheviks.

En décembre 1914, au début de la Première guerre mondiale, la majorité des députés du Parti social-démocrate allemand votèrent le budget de guerre au cours d’une séance du Reichstag, seul Karl Liebknecht vota contre ; et, pourtant, la vérité était de son côté. Ceux qui ont le courage de soutenir la vérité n’ont nullement peur de se trouver provisoirement en minorité. Par contre, ceux qui persistent dans l’erreur ne peuvent échapper à la ruine, même s’ils se trouvent provisoirement en majorité.

Le marxisme-léninisme soutient que la seule majorité vraiment solide dans le monde, c’est le peuple, qui décide du cours de l’histoire et constitue plus des 90% de la population mondiale.

Cependant, ceux qui vont à l’encontre des intérêts fondamentaux de ces plus de 90%, qui sont le peuple, peuvent pour un temps mener grand bruit et tonitruer en un certain endroit ou à certaine réunion, ils ne représentent nullement la majorité authentique. Leur « majorité » n’est qu’illusoire, apparente, et, au fond, ils sont, précisément, en minorité, alors que la « minorité » attaquée par eux est au fond la majorité.

Les marxistes-léninistes vont toujours au-delà des apparences pour examiner un problème dans son essence. Nous ne nous soumettons qu’à la vérité et aux intérêts fondamentaux des peuples du monde ; nous n’obéirons jamais à la baguette de quelque anti-marxiste-léniniste que ce soit.

Quelles que soient les injures et l’opposition des impérialistes, des réactionnaires et des révisionnistes modernes, elles n’ébranleront jamais notre position qui est la défense du marxisme-léninisme et de la vérité. Nous voudrions rappeler à ceux qui attaquent le Parti communiste chinois que leurs insultes ne sont d’aucune utilité.

L’insulte, aussi grossière et violente soit-elle, ne peut en rien entamer la gloire d’un parti marxiste-léniniste. Depuis le jour où le parti communiste est venu au monde, jamais on n’a entendu parler d’un véritable parti communiste qui n’ait pas été sujet aux insultes, et on n’a jamais entendu parler d’un véritable parti communiste qui ait succombé sous l’insulte.

Le Parti communiste chinois a grandi, il s’est aguerri et il a remporté victoire sur victoire sous les insultes des impérialistes, des réactionnaires, des révisionnistes et des opportunistes de toutes les nuances. Leurs insultes ne nous ont pas fait le moindre mal.

Au contraire, cela prouve justement que nous avons bien agi, qu nous nous en sommes tenus aux principes du marxisme-léninisme et que nous avons défendu les intérêts fondamentaux des peuples du monde entier.

Nous voudrions encore rappeler à ceux qui attaquent le Parti communiste chinois que l’impérialisme américain orchestre actuellement une grande campagne antichinoise ; Kennedy lui-même est entré en scène pour déclarer qu’ »un problème majeur », qui se pose actuellement au monde occidental, c’est de savoir comment « contenir » la « Chine communiste ». Ne croyez-vous pas que, à pareil moment, vous devriez établir une nette ligne de démarcation entre vous-mêmes et l’impérialisme américain et ses laquais ? La manière d’agir erronée qui provoque la scission et est apparue au sein du mouvement communiste international ne peut qu’aider l’impérialisme et toute la réaction.

Ne voyez-vous pas que les impérialistes, les réactionnaires de tous les pays et les révisionnistes modernes de Yougoslavie applaudissent et exultent à la vue de ces regrettables événements, qu’ils se réjouissent d’avance d’une scission au sein du mouvement communiste international ?

Dean Rusk déclarait récemment et sans ambages : « Ils (les désaccords entre partis communistes) sont fort sérieux et de très grande portée… la confusion qui a été jetée dans les partis communistes du monde entier… a aidé le monde libre. »

Tous ceux qui attaquent le Parti communiste chinois et d’autres partis marxistes-léninistes devraient y réfléchir : L’ennemi salue cette manière d’agir comme une grande aide au « monde libre ». Serait-ce là quelque chose dont on puisse s’enorgueillir ?

Il n’est nullement étonnant que le mouvement communiste international passe par des vicissitudes, d’une sorte ou d’une autre, dans sa marche en avant. Le marxisme-léninisme a sans cesse grandi au cours du combat contre l’opportunisme de toutes les espèces.

Le mouvement communiste international a toujours progressé, d’un pas ferme, en surmontant les difficultés de toutes sortes.

Tous les impérialistes, réactionnaires et révisionnistes modernes seront balayés dans la poubelle de l’histoire par le flot montant du mouvement communiste international et le déferlement du grand combat révolutionnaire des peuples du monde entier. Les communistes de tous les pays ont le même grand idéal, une même noble cause et ont devant eux un même ennemi. Nous avons mille et une raisons pour nous unir et pas la moindre pour créer la scission.

Les camarades engagés dans les activités scissionnistes devraient se reprendre !

Les communistes chinois espèrent sincèrement que les Partis communistes de tous les pays accorderont toute son importance à ce qui est l’intérêt même du mouvement communiste international, de la lutte menée en commun par le prolétariat international et les peuples du monde entier contre l’ennemi, qu’ils accorderont toute son importance à la glorieuse tâche historique que nous assumons, à ce que les peuples révolutionnaires du monde entier attendent impatiemment de nous, et adopteront de justes méthodes pour régler les divergences et sauvegarder l’unité, en accord avec les principes régissant les rapports entre partis et pays frères, tels que stipulés dans les Déclarations de Moscou.

Tant qu’existe chez chacun d’entre nous le désir de résoudre les problèmes, il n’est pas difficile de trouver la bonne méthode pour y parvenir.

La déclaration faite par la délégation du Parti communiste chinois au Congrès du Parti communiste de Tchécoslovaquie dit : « En vue de régler les divergences qui existent dans le mouvement communiste international concernant des questions de principe d’importance majeure, le Parti communiste chinois et plusieurs autres partis frères ont proposé que soit convoquée une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers du monde entier pour faire toute la lumière sur ce qui est juste et ce qui est faux et renforcer l’unité dans la lutte commune contre l’ennemi.

Nous considérons que c’est là la seule méthode correcte pour arriver à la solution de nos problèmes. »

Le Parti communiste chinois est prêt à faire tous les efforts, de concert avec les partis frères, pour renforcer l’unité et combattre la scission, sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, afin de remporter de nouvelles victoires pour la cause de la paix mondiale, de la libération nationale, de la démocratie et du socialisme.

Unissons-nous et n’épargnons aucun effort pour défendre inlassablement la grande unité du mouvement communiste international, la grande unité du « camp socialiste et la grande union des peuples révolutionnaires du monde et de tous les peuples attachés à la paix !

Lançons une fois de plus le grand appel de Marx et d’Engels : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

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contre l’hégémonie des superpuissances

Le camarade Mao Zedong sur «l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier» (1958)

Rédaction du Renmin Ribao – 27 octobre 1958

Comment arriver à bien connaître les forces de la révolution et les forces de la réaction est encore un grand problème en Chine comme partout dans le monde.

Bien des gens n’arrivent toujours pas à le résoudre.

L’impérialisme et ses laquais, dans tous les pays, sont semblables au soleil qui se couche à l’occident, alors que le socialisme et les mouvements de révolution nationale soutenus par le camp socialiste sont semblables au soleil se levant à l’orient.

Ceci est la caractéristique de notre époque.

Le temps où les impérialistes pouvaient imposer à leur guise leur domination féroce est à jamais révolu et ils en sont maintenant à la dernière extrémité.

Ce sont les réactionnaires qui devraient craindre les forces révolutionnaires et non le contraire.

A présent, il existe encore nombre de personnes qui ne se rendent pas compte de ce fait, qui ont des idées superstitieuses, qui nourrissent encore des illusions et qui redoutent encore les impérialistes en général et les impérialistes américains en particulier.

Devant ce problème, ils restent encore passifs.

Tous les progressistes et tous les marxistes et révolutionnaires doivent user de persuasion envers eux, afin que les larges masses aient une confiance et une résolution révolutionnaires, une clairvoyance et une fermeté révolutionnaires.

C’est là une condition morale indispensable pour hâter l’avance triomphale de la cause de la révolution.

Le camarade Mao Tsé-toung nous a souvent dit qu’en considérant un problème, il faut en saisir l’essence et non pas se laisser égarer par une simple apparence.

Au cours des trente et quelques années passées, à chaque moment décisif dans la lutte des classes dans notre pays, le camarade Mao Tsé-toung a toujours fait une analyse pénétrante de l’état de la lutte en se fondant sur la science marxiste-léniniste, et montré que tous les réactionnaires sont condamnés à périr et que la cause de la révolution est destinée à triompher.

Il a employé l’expression « tigre en papier » pour montrer que l’impérialisme et toutes les forces réactionnaires semblent puissantes mais sont faibles en réalité, il a utilisé le vieux dicton « Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine » pour montrer que les forces naissantes grandissent de jour en jour au cours de la révolution, et c’est en se basant sur cette appréciation qu’il a établi ses plans stratégiques.

La conception du camarade Mao Tsé-toung selon laquelle les forces de la révolution sont invincibles et les forces réactionnaires, provisoirement puissantes, sont vouées à l’échec a armé les communistes chinois, a éduqué et encouragé le peuple chinois et nous a conduits à nos grandes victoires.

Ce jugement clairvoyant du camarade Mao Tsé-toung nous montrant que « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » a déjà été confirmé par la victoire de la révolution chinoise et ne cessera d’être confirmé par le développement victorieux de la cause de la révolution en Chine et dans le monde entier.

La Rédaction de la revue Shijie Zhishi (Connaissance du monde) a récemment rassemblé et publié des passages des articles, discours et entretiens du camarade Mao Tsé-toung où il n’a cessé de démontrer que « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ».

C’est là un travail d’une grande signification politique, et très utile pour les peuples en lutte contre l’agression et l’oppression des impérialistes, en particulier des impérialistes américains.

Nous publions ici les textes qui ont été réunis dans cette revue en y ajoutant quelques documents importants s’y rapportant et en introduisant quelques changements dans la forme et dans la disposition des paragraphes.

L’ensemble du recueil reste divisé en trois parties.

- La première partie traite du fait que l’impérialisme et tous les réactionnaires représentant les forces décadentes n’ont aucun avenir, et que leur violence momentanée montre simplement qu’ils sont entrés dans les convulsions de l’agonie.

- La seconde partie montre que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont forts en apparence mais faibles au fond, et que les révolutionnaires ont toutes les raisons de les mépriser, mais qu’ils méritent notre attention au cours de toutes les luttes concrètes.

- La troisième partie décrit les traits essentiels de la situation internationale actuelle dans laquelle le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest, et où les forces du socialisme ont dépassé les forces de l’impérialisme.

Bien que la plupart de ces articles, discours et entretiens aient déjà été publiés et qu’une petite partie seulement n’ait pas encore été publiée, bien qu’ils s’étalent sur une période de vingt ans et soient présentés sous forme de recueil, ils se lisent encore comme une thèse politique fraîche constituant un tout.

Et cela parce que la contradiction fondamentale entre l’impérialisme et ses laquais d’une part, et les peuples de tous les pays de l’autre, n’a pas encore été résolue ; parce qu’il y a, en outre, l’impérialisme américain qui montre particulièrement griffes et dents et menace la paix du monde d’une guerre atomique, si bien que les peuples opprimés et menacés ont l’esprit tourmenté par cette situation tendue et qu’ils réclament instamment la solution de cette contradiction.

Les lecteurs seront donc naturellement intéressés par l’opinion avancée par le camarade Mao Tsé-toung sur la question de savoir s’il s’agit ou non de tigres en papier, première et principale question à résoudre parmi les multiples problèmes relatifs à la solution de cette contradiction.

Partie I

Dans La Démocratie nouvelle, une œuvre d’importance historique publiée en janvier 1940, le camarade Mao Tsé-toung souligne que le capitalisme a atteint la phase de la décomposition et de la mort, tandis que le communisme « se répand dans le monde entier avec l’impétuosité de l’avalanche et la force de la foudre » :

Le communisme est le système idéologique complet du prolétariat en même temps qu’un nouveau régime social.

Ce système idéologique et ce régime social diffèrent de tout autre système idéologique et de tout autre régime social et sont les plus parfaits, les plus progressistes, les plus révolutionnaires et les plus rationnels de toute l’histoire de l’humanité.

Le système idéologique et le régime social du féodalisme sont entrés au musée de l’histoire.

Ceux du capitalisme sont, eux aussi, entrés au musée dans une partie du monde (en U.R.S.S.) ; partout ailleurs, ils ressemblent à « un moribond qui décline rapidement, comme le soleil derrière les collines de l’Ouest » ; ils seront bientôt bons pour le musée.

Seuls le système idéologique et le régime social du communisme se répandent dans le monde entier avec l’impétuosité de l’avalanche et la force de la foudre ; ils feront fleurir leur merveilleux printemps.

Dans La Démocratie nouvelle, le camarade Mao Tsé-toung souligne encore que le déchaînement furieux de tous les réactionnaires, qui représentent les forces décadentes, montre qu’ils sont entrés dans les convulsions de l’agonie :

Le déchaînement furieux des forces ténébreuses de l’intérieur et de l’extérieur a plongé la nation dans le malheur ; mais ce déchaînement même, s’il montre la puissance que possèdent encore les forces ténébreuses, prouve d’autre part que ce sont leurs dernières convulsions et que les masses populaires se rapprochent de plus en plus de la victoire. Il en est ainsi en Chine comme dans tout l’Orient et le monde entier.

Le 17 juin 1945, dans une allocution prononcée au cours d’une cérémonie pour commémorer les martyrs de la révolution chinoise, le camarade Mao Tsé-toung indique que plus les réactionnaires s’obstinent dans leur voie, plus ils approchent de leur fin :

Tous les réactionnaires cherchent à étouffer la révolution par le massacre, et ils pensent que plus ils tueront de gens, plus ils affaibliront la révolution.

Mais, contrairement à l’espoir que nourrit la réaction, le fait est que plus les réactionnaires massacrent de gens, plus grandissent les forces de la révolution et plus les réactionnaires approchent de leur fin. C’est là une loi inexorable.

Le 6 novembre 1957, le camarade Mao Tsé-toung déclare à la réunion du Soviet suprême de l’U.R.S.S., lors de la célébration du 40e anniversaire de la Révolution d’Octobre :

Le système socialiste remplacera finalement le système capitaliste.

C’est là une loi objective, indépendante de la volonté humaine.

Quels que soient les efforts des réactionnaires pour empêcher la roue de !’Histoire d’avancer, la révolution éclatera tôt ou tard et finira certainement par triompher.

Un proverbe chinois qualifie l’action de certains sots en disant qu’« ils soulèvent une pierre pour se la laisser retomber sur les pieds ».

Les réactionnaires de tous les pays sont justement de ces sots.

Les répressions de toutes sortes qu’ils exercent contre le peuple révolutionnaire ne peuvent finalement que le pousser à étendre et à intensifier la révolution.

Les diverses répressions auxquelles se sont livrés le tsar et Tchiang Kaï-chek n’ont-elles pas justement joué ce rôle de stimulant dans les grandes révolutions russe et chinoise ?

Dans le discours Pour un régime constitutionnel de démocratie nouvelle, qu’il prononça à Yenan, le 20 février 1940, devant l’Association pour hâter l’avènement d’un régime constitutionnel, le camarade Mao Tsé-toung dénonce la propagande mensongère de Tchiang Kaï-chek sur le soi-disant établissement d’un régime constitutionnel et montre que les réactionnaires « avaient toujours abouti à un résultat contraire à celui qu’ils escomptaient » :

Bien que tous les irréductibles du monde restent tels aujourd’hui et le resteront demain et après-demain, ils ne pourront le rester éternellement ; en fin de compte, ils devront changer.

Wang Tsing-wei [1], par exemple, est resté longtemps un irréductible, mais quand il s’aperçut qu’il lui était impossible de le rester plus longtemps dans le camp des partisans de la résistance au Japon, force lui fut de se jeter directement dans les bras des Japonais.

Prenons un autre exemple, celui de Tchang Kouo-tao [2] ; lui aussi est resté longtemps un irréductible, mais quand nous avons organisé plusieurs réunions pour le combattre et quand nous l’avons bien tancé, il a également filé.

Au fond, les irréductibles sont des gens obstinés, mais sans solidité. Ils s’obstinent longtemps, mais finissent par changer : ils deviennent des canailles, odieuses à toute l’humanité.

Il arrive aussi parfois que des irréductibles changent en mieux. Cela aussi résulte de la lutte, de la longue lutte menée contre eux : ils reconnaissent alors leurs torts et changent en mieux.

En un mot, les irréductibles sont sujets à des changements.

Ils ont toujours à leur disposition une série de plans, dans le genre de ceux-ci : réaliser un gain aux dépens d’autrui, jouer un double jeu, etc.

Toutefois, tous les irréductibles, quels qu’ils soient, ont toujours abouti à un résultat contraire à celui qu’ils escomptaient : ils commencent toujours par porter préjudice à autrui, mais finissent par se nuire à eux-mêmes.

Nous avons dit à l’époque que Chamberlain, « ayant soulevé la pierre, se la laisserait tomber sur les pieds ».

C’est bien ce qui est arrivé. Chamberlain rêvait d’utiliser Hitler comme une pierre qu’il pourrait lancer dans les jambes du peuple soviétique.

Cependant, en ce jour de septembre de Tan dernier où éclata la guerre entre l’Allemagne d’une part, et l’Angleterre et la France d’autre part, cette pierre tomba des mains de Chamberlain et lui écrasa les pieds.

Et elle continue jusqu’à présent de punir Chamberlain. Il y a aussi beaucoup d’exemples analogues en Chine. Yuan Che-kai [3] voulait frapper le peuple, mais il se frappa lui-même : il mourut après quelques mois de règne.

Touan Ki-jouei, Siu Che-tchang, Tsao Kouen, Wou Pei-fou et d’autres voulaient écraser le peuple, mais ils furent finalement renversés par lui.

Quiconque recherche un profit aux dépens d’autrui se prépare à coup sûr une triste fin !

Le 24 avril 1945, le camarade Mao Tsé-toung présenta son célèbre rapport politique : Du gouvernement de coalition au VIIe Congrès du Parti communiste chinois.

Dans la partie intitulée « Notre programme concret », le camarade Mao Tsé-toung donne un avertissement aux réactionnaires du Kouo-Min-Tang qui tentent de mener en sous-main des activités contre le peuple sous prétexte de convoquer une « assemblée nationale », et il prédit qu’en appliquant cette politique réactionnaire, « ils se passent eux-mêmes la corde au cou » et vont à leur propre perte. Le camarade Mao Tsé-toung dit :

Les mesures que nos héros, ennemis du peuple, sont en train d’adopter suivant leur politique de division risqueraient de les conduire dans une impasse.

Ils sont en train de se passer une corde au cou dont le nœud coulant ne se desserrera pas ; cette corde, c’est l’« assemblée nationale » .

Ils voudraient se servir de cette « assemblée nationale » comme d’une arme magique, tout d’abord pour contrecarrer la proposition d’un gouvernement de coalition, en second lieu pour maintenir leur régime dictatorial, et en troisième lieu pour trouver quelque justification à une guerre civile.

L’Histoire, cependant, par sa propre logique, prendra une voie contraire à leurs vœux, et « ils soulèvent une pierre pour se la laisser tomber sur les pieds ».

Dans le commentaire « Du danger de la politique de Hurley » qu’il écrivit pour l’Agence Hsinhua, le 12 juillet 1945, le camarade Mao Tsé-toung indique que la politique des Etats-Unis à l’égard de la Chine a engendré le danger d’une guerre civile en Chine ; et il lance l’avertissement selon lequel la politique des Etats-Unis, hostile au peuple chinois, plongerait le gouvernement et le peuple des Etats-Unis dans « des épreuves et des malheurs sans fin » :

Sur les lèvres du même Hurley, le gouvernement du Kuomintang représenté par Tchiang Kaï-chek soudain devient la Belle, tandis que le Parti communiste chinois devient la Bête ; il va jusqu’à déclarer sans ambages que les Etats-Unis coopéreraient seulement avec Tchiang Kaï-chek et non avec le Parti communiste chinois.

Naturellement, il ne s’agit pas là d’une vue personnelle de Hurley, mais d’une vue d’un groupe du gouvernement des Etats-Unis ; c’est une vue erronée et dangereuse.

… Si l’on continue à appliquer cette politique de Hurley, le gouvernement des Etats-Unis s’enfoncera sans recours dans les profondeurs du cloaque de la réaction chinoise ; il se placera en opposition aux centaines de millions de Chinois conscients ou en train de prendre conscience, et il deviendra un obstacle pour la Guerre de Résistance contre le Japon, à présent, et pour la paix du monde, dans l’avenir ….

On peut affirmer avec certitude que si la politique de Hurley, qui approuve et soutient les forces antipopulaires en Chine et qui est hostile à de si larges masses du peuple chinois, elle ne change pas, elle pèsera lourdement sur le gouvernement et le peuple des Etats-Unis et les plongera dans des épreuves et des malheurs sans fin ; c’est un point qu’il faut porter clairement à la connaissance du peuple des Etats-Unis.

Dans son discours de clôture prononcé le 11 juin 1945 au VIIe Congrès du Parti communiste chinois : Comment le Vieux Fou déplaça les montagnes, le camarade Mao Tsé-toung dit :

La politique de soutien à Tchiang Kaï-chek et d’opposition au Parti communiste, adoptée par le gouvernement des Etats-Unis, montre la frénésie des réactionnaires américains.

Mais tous les plans des réactionnaires, de l’intérieur ou du dehors, pour empêcher le peuple chinois de remporter sa victoire sont voués à l’échec.

Actuellement, dans le monde, la démocratie est le courant principal, et la réaction contre la démocratie n’est qu’un contre-courant.

Le contre-courant de la réaction tente de l’emporter sur le courant principal : le mouvement pour l’indépendance nationale et la démocratie populaire, mais jamais il ne deviendra le courant principal.

Il est sûr que les réactionnaires s’écroulent et que la révolution triomphe.

Dans son discours de clôture au VIIe Congrès du Parti communiste chinois, le camarade Mao Tsé-toung lance un appel au peuple lui demandant d’avoir confiance dans la victoire certaine de la révolution.

Il cite la fable antique « Comment le Vieux Fou déplaça les montagnes » pour montrer qu’aussi longtemps que le peuple révolutionnaire garde sa confiance, qu’il n’a pas peur des réactionnaires et est bien résolu à mener la lutte jusqu’au bout, le triomphe de la révolution est certain :

Faire connaître la ligne politique du Congrès, c’est donner à tout le Parti et à tout le peuple la confiance que la victoire de la révolution est certaine.

Tout d’abord, nous devons éveiller cette conscience chez les forces d’avant-garde de la révolution, afin que, fermes dans leur détermination et prêtes aux sacrifices, elles surmontent toutes les difficultés dans la lutte pour la victoire.

Ceci, cependant, ne suffit pas ; nous devons aussi éveiller la conscience des masses populaires de tout le pays, afin qu’elles veuillent bien se joindre à nous dans la lutte commune pour la victoire.

Nous devons leur donner la conviction que la Chine appartient au peuple chinois et non aux réactionnaires.

Dans la Chine antique existait une fable intitulée « Comment le Vieux Fou déplaça les montagnes » .

C’est l’histoire d’un vieillard de la Chine du Nord dans les temps anciens, communément appelé le Vieux Fou de la Montagne du Nord.

Sa maison faisait face au sud et le chemin menant à sa porte était bloqué par deux hautes montagnes, les montagnes Taihang et Wangwou.

Il prit la résolution de les enlever à la pioche, et emmena ses fils travailler avec lui.
Un autre vieillard appelé le Vieux Sage, en voyant leurs efforts, riait et disait : Etes-vous fous de vous lancer dans une telle entreprise !

Vous et vos fils, vous ne pourrez jamais arriver à enlever ces deux grosses montagnes ! Le Vieux Fou répliqua : Lorsque je mourrai, mes fils seront là pour continuer ; lorsqu’ils mourront à leur tour, il y aura leurs fils, et ainsi de suite à l’infini.

Quant à ces deux montagnes, si élevées soient-elles, elles ne pourront plus grandir, au contraire, à chaque pelletée enlevée, elles diminueront d’autant.

Pourquoi ne parviendrions-nous pas à les enlever ? C’est ainsi qu’il réfuta le point de vue erroné du Vieux Sage et continua à creuser imperturbablement jour après jour.

Sa persévérance finit par émouvoir le dieu du Ciel ; celui-ci envoya deux génies célestes qui transportèrent les montagnes sur leur dos.

Aujourd’hui, deux montagnes pèsent lourdement sur le peuple chinois : l’une, c’est l’impérialisme, l’autre le féodalisme. Depuis longtemps le Parti communiste chinois a décidé de s’en débarrasser.

Nous devons persévérer et travailler sans relâche, et nous aussi nous parviendrons à émouvoir le dieu du Ciel.

Ce dieu n’est autre que les masses populaires de toute la Chine. Et si celles-ci viennent creuser avec nous, pourquoi n’enlèverions-nous pas ces deux montagnes ?

Dans le commentaire « Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte » qu’il écrivit pour l’Agence Hsinhua le 14 août 1949, le camarade Mao Tsé-toung fait une analyse pénétrante des deux logiques entièrement différentes qui dominent le développement des forces réactionnaires et des forces populaires.

Il fait aussi remarquer que ceux qui sont avancés doivent organiser des forces pour lutter contre les réactionnaires et qu’ils doivent éduquer, unir et gagner à leur cause tous ceux qui sont encore oscillants et hésitants, afin d’isoler complètement les réactionnaires :

Combien la logique des impérialistes est différente de celle du peuple ! Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine – telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple ; et jamais ils n’iront contre cette logique.

C’est là une loi marxiste.

Quand nous disons : « l’impérialisme est féroce », nous entendons que sa nature ne changera pas, et que les impérialistes ne voudront jamais poser leur couteau de boucher, ni ne deviendront jamais des bouddhas, et cela jusqu’à leur ruine.

Lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec, nouvelle lutte encore, et cela jusqu’à la victoire – telle est la logique du peuple, et lui non plus, il n’ira jamais contre cette logique.

C’est encore une loi marxiste. La révolution du peuple russe a suivi cette loi, il en est de même de la révolution du peuple chinois.

Lutte de classes – certaines classes sont victorieuses, d’autres sont éliminées.

Cela, c’est l’histoire ; c’est l’histoire des civilisations depuis des millénaires. Interpréter l’histoire d’après ce point de vue, cela s’appelle le matérialisme historique ; se placer à l’opposé de ce point de vue, c’est de l’idéalisme historique.

La méthode de l’autocritique ne s’applique qu’au sein du peuple ; il est impossible d’espérer qu’on puisse persuader les impérialistes et les réactionnaires chinois de faire preuve de bon cœur et de revenir dans le droit chemin.

La seule voie à suivre, c’est d’organiser des forces pour lutter contre eux, comme ce fut le cas dans notre Guerre de Libération populaire et dans notre révolution agraire, c’est de démasquer les impérialistes, de « provoquer » les impérialistes et les réactionnaires, de les renverser, de les punir de leurs infractions à la loi, et de « ne leur permettre que de marcher droit, sans tolérer de leur part aucun propos ou acte contre le pouvoir établi ».

C’est alors seulement qu’on pourra espérer traiter avec les pays étrangers impérialistes sur la base de l’égalité et de l’avantage mutuel.

C’est alors qu’on pourra espérer donner aux éléments de la classe des propriétaires fonciers, aux éléments de la bourgeoisie bureaucratique et aux membres de la clique réactionnaire du Kuomintang ainsi qu’à leurs complices, quand ils ont déposé les armes et capitulé, une éducation propre à transformer les mauvais éléments en bons, et cela dans toute la mesure du possible.

Si de nombreux libéraux chinois – éléments démocrates de type ancien, tenants de « l’individualisme démocratique », sur lesquels Truman, Marshall, Acheson, Leighton Stuart et consorts fondent leurs espoirs et qu’ils cherchent constamment à gagner à eux – sont souvent réduits à une position passive et se trompent fréquemment dans leurs jugements sur les gouvernants américains, sur le Kuomintang, sur l’Union soviétique et aussi sur le Parti communiste chinois, c’est précisément parce qu’ils ne considèrent pas ou n’admettent pas qu’on puisse considérer les problèmes du point de vue du matérialisme historique.

C’est le devoir des progressistes – communistes, membres des partis démocratiques, ouvriers politiquement conscients, jeunesse estudiantine et intellectuels progressistes- de s’unir, au sein de la Chine populaire, avec les couches intermédiaires, les éléments du centre, les éléments retardataires des différentes couches et tous ceux qui sont encore oscillants et hésitants (ceux-ci continueront à osciller longtemps encore et, même après avoir pris un parti, ils recommenceront dès qu’ils se heurteront à une difficulté), de leur apporter une aide sincère, de critiquer leur attitude hésitante, de les éduquer, de les gagner à la cause des grandes masses populaires, d’empêcher que les impérialistes ne les attirent à eux, de leur demander de rejeter leurs illusions et de se préparer à la lutte.

Il ne faut pas s’imaginer qu’avec la victoire, il ne soit plus besoin de faire du travail auprès d’eux.

Il nous faut encore travailler, même travailler bien davantage et avec patience avant de pouvoir réellement gagner ces éléments.

Une fois que nous les aurons gagnés, l’impérialisme sera complètement isolé, et les ruses d’Ache-sen ne trouveront plus à s’exercer.

Partie II

Dans l’éditorial « Le Tournant de la Seconde guerre mondiale » qu’il écrivit le 12 octobre 1942 pour le quotidien de Yenan Jiefang Ribao, le camarade Mao Tsé-toung analyse la nature même des forces réactionnaires qui, puissantes en apparence, dissimulent une faiblesse intérieure, et il rappelle au peuple révolutionnaire de ne pas se laisser tromper par cette simple apparence.

Il dit :

Dans l’histoire de l’humanité, toutes les forces réactionnaires qui sont au seuil de leur perte se lancent invariablement dans un ultime sursaut contre les forces de la révolution et, souvent, des révolutionnaires sont un moment induits en erreur par cette force apparente qui dissimule la faiblesse intérieure, ils ne voient pas ce fait essentiel que l’ennemi approche de sa fin et qu’eux-mêmes sont près de la victoire.

Or, la montée de l’ensemble des forces fascistes et les guerres d’agression qu’elles mènent depuis quelques années constituent justement cet ultime sursaut des forces réactionnaires et, dans la guerre actuelle, l’attaque sur Stalingrad marque l’ultime sursaut des forces fascistes elles-mêmes.

Face à ce tournant de l’histoire, beaucoup de gens au sein du front antifasciste mondial se sont aussi laissé abuser par l’aspect féroce du fascisme et n’en ont pas discerné la réalité interne.

Les réactionnaires se vantent toujours de la puissance purement apparente de leurs forces armées.

Au sein du peuple, il est des gens qui, à des degrés divers, éprouvent une certaine crainte devant la force militaire des réactionnaires.

C’est le point de vue de ceux qui sont partisans de la théorie dite « les armes décident de tout ».

Dans son traité bien connu « De la guerre prolongée », écrit en mai 1938, le camarade Mao Tsé-toung donne une critique pénétrante de ce point de vue :

… la théorie dite « les armes décident de tout » … est une théorie mécaniste, appliquée à la question de la guerre, un point de vue subjectiviste et unilatéral sur celle-ci.

A la différence des partisans de cette théorie, nous considérons non seulement les armes, mais aussi les hommes.

Les armes sont un facteur important, mais non décisif, de la guerre. Le facteur décisif, c’est l’homme et non le matériel.

Le rapport des forces se détermine non seulement par le rapport des puissances militaire et économique, mais aussi par le rapport des ressources humaines et des forces morales.

C’est l’homme qui dirige l’économie et les forces militaires.

En août 1946, le camarade Mao Tsé-toung reçut à Yenan la journaliste américaine Anna Louise Strong et lui exposa sa thèse célèbre selon laquelle tous les réactionnaires sont des tigres en papier.

Nous donnons ci-dessous le texte intégral de l’entretien :

A. L. Strong : Pensez-vous qu’on puisse espérer un règlement politique, pacifique des problèmes de la Chine dans un proche avenir ?

Mao Tsé-toung : Cela dépend de l’attitude du gouvernement des Etats-Unis. Si le peuple américain retient le bras des réactionnaires américains qui aident Tchiang Kaï-chek à mener la guerre civile, on peut espérer la paix.

Question : A supposer que les Etats-Unis n’accordent plus d’aide à Tchiang Kaï-chek en dehors de ce qu’ils lui ont déjà donné, combien de temps Tchiang Kaï-chek pourra-t-il continuer la guerre ?

Réponse : Plus d’un an.

Question : Tchiang Kaï-chek peut-il, économiquement, tenir si longtemps ?

Réponse : Il le peut.

Question : Et si les Etats-Unis faisaient savoir clairement qu’ils n’accorderont plus d’aide à Tchiang Kaï-chek à partir de maintenant ?

Réponse : Pour le moment, rien ne laisse prévoir que le gouvernement américain et Tchiang Kaï-chek aient le moindre désir d’arrêter prochainement la guerre.

Question : Combien de temps le Parti communiste peut-il tenir ?

Réponse : Pour autant qu’il s’agisse de nos propres désirs, nous ne demandons pas à nous battre même un seul jour. Mais si les circonstances nous y obligent, nous pouvons nous battre jusqu’au bout.

Question : Si le peuple américain demande pourquoi le Parti communiste se bat, que dois-je répondre ?

Réponse : Parce que Tchiang Kaï-chek veut massacrer le peuple chinois et que, pour survivre, le peuple doit se défendre. Cela, le peuple américain peut le comprendre.

Question : Que pensez-vous de l’éventualité d’une guerre des Etats-Unis contre l’Union soviétique ?

Réponse : La propagande pour une guerre contre l’Union soviétique présente un double aspect.

D’une part, l’impérialisme américain prépare effectivement une guerre contre l’Union soviétique ; la propagande actuelle pour une guerre antisoviétique, comme toute autre propagande antisoviétique, constitue une préparation politique à une telle guerre.

D’autre part, cette propagande est l’écran de fumée tendu par les réactionnaires américains pour couvrir de nombreuses contradictions réelles auxquelles l’impérialisme américain se heurte directement aujourd’hui.

Ce sont les contradictions entre les réactionnaires américains et le peuple américain, et les contradictions qui opposent les Etats-Unis impérialistes à d’autres pays capitalistes et aux pays coloniaux et semi-coloniaux.

A l’heure actuelle, le slogan d’une guerre contre l’Union soviétique lancé par les Etats-Unis signifie en fait l’oppression du peuple américain et l’expansion des forces agressives des Etats-Unis dans le monde capitaliste.

Comme vous le savez, Hitler et ses partenaires, les militaristes japonais, ont longtemps utilisé des slogans antisoviétiques comme prétexte pour asservir le peuple de leur pays et pour se livrer à des agressions contre d’autres pays.

Aujourd’hui, les réactionnaires américains agissent exactement de la même manière.
Pour déclencher une guerre, les réactionnaires américains doivent d’abord s’attaquer au peuple américain.

Ils le font déjà : ils oppriment politiquement et économiquement les ouvriers et les milieux démocratiques des Etats-Unis et se préparent à instaurer le fascisme dans leur pays.

Le peuple des Etats-Unis doit se lever pour résister aux attaques des réactionnaires américains. Je suis persuadé qu’il le fera.

Une zone très vaste englobant de nombreux pays capitalistes, coloniaux et semi-coloniaux en Europe, en Asie et en Afrique sépare les Etats-Unis de l’Union soviétique.

Avant que les réactionnaires américains n’aient assujetti ces pays, une attaque contre l’Union soviétique est hors de question.

Dans le Pacifique, les Etats-Unis contrôlent maintenant des régions plus étendues que l’ensemble de toutes les anciennes sphères d’influence qu’y possédait la Grande-Bretagne ; ils contrôlent le Japon, la partie de la Chine soumise à la domination du Kuomintang, la moitié de la Corée et le Pacifique Sud.

Ils contrôlent depuis longtemps l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Ils cherchent en outre à contrôler tout l’Empire britannique et l’Europe occidentale.

Sous divers prétextes, les Etats-Unis prennent des dispositions militaires de grande envergure et établissent des bases militaires dans de nombreux pays.

Les réactionnaires américains disent que les bases militaires qu’ils ont établies et celles qu’ils se préparent à établir partout dans le monde sont toutes dirigées contre l’Union soviétique. Certes, elles visent l’Union soviétique.

Mais pour le moment, ce n’est pas l’Union soviétique mais bien les pays où ces bases militaires se trouvent établies qui ont à souffrir les premiers de l’agression des Etats-Unis.

Je crois que ces pays ne tarderont pas à comprendre qui, de l’Union soviétique ou des Etats-Unis, les opprime vraiment. Le jour viendra où les réactionnaires américains s’apercevront qu’ils ont contre eux les peuples du monde entier.

Bien entendu, je ne veux pas dire que les réactionnaires américains n’aient pas l’intention d’attaquer l’Union soviétique.

L’Union soviétique est le défenseur de la paix mondiale, elle est un puissant facteur qui fait obstacle à la conquête de l’hégémonie mondiale par les réactionnaires américains.

Du fait de l’existence de l’Union soviétique, il est absolument impossible aux réactionnaires des Etats-Unis et du monde entier de réaliser leurs ambitions.

C’est pourquoi les réactionnaires américains vouent une haine implacable à l’Union soviétique et rêvent effectivement de détruire cet Etat socialiste.

Mais les réactionnaires américains font aujourd’hui, peu après la fin de la Seconde guerre mondiale, un tel tapage à propos d’une guerre américano-soviétique – au point d’empoisonner l’atmosphère internationale – que nous sommes obligés d’examiner de plus près leurs véritables intentions.

Il apparaît alors que, sous le couvert de slogans antisoviétiques, ils se livrent à des attaques frénétiques contre les ouvriers et les milieux démocratiques de leur pays et transforment en dépendances américaines tous les pays visés par l’expansion des Etats-Unis.

A mon avis, le peuple américain et les peuples de tous les pays menacés par l’agression américaine doivent s’unir et lutter contre les attaques des réactionnaires américains et de leurs laquais dans ces pays.

Seule la victoire remportée dans cette lutte permettra d’éviter une troisième guerre mondiale ; sinon, celle-ci est inévitable.

Question : Tout cela est très clair.

Mais supposez que les Etats-Unis emploient la bombe atomique ? Supposez que les Etats-Unis bombardent l’Union soviétique en partant de leurs bases en Islande, à Okinawa et en Chine ?

Réponse : La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens.

Elle a l’air terrible, mais en fait, elle ne l’est pas. Bien sûr, la bombe atomique est une arme qui peut faire d’immenses massacres, mais c’est le peuple qui décide de l’issue d’une guerre, et non une ou deux armes nouvelles.

Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants.

A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires.

En Russie, avant la Révolution de Février 1917, de quel côté était réellement la force ?

En apparence, le tsar était fort ; mais il fut balayé par le coup de vent de la Révolution de Février.

En dernière analyse, la force en Russie était du côté des Soviets d’ouvriers, de paysans et de soldats. Le tsar n’était qu’un tigre en papier.

Hitler n’a-t-il pas passé pour très fort ? Mais l’Histoire a prouvé qu’il était un tigre en papier. De même Mussolini, de même l’impérialisme japonais.

Par contre, l’Union soviétique et les peuples épris de démocratie et de liberté de tous les pays se sont révélés beaucoup plus puissants qu’on ne l’avait prévu.

Tchiang Kaï-chek et les réactionnaires américains qui le soutiennent sont aussi des tigres en papier.

En parlant de l’impérialisme américain, il y a des gens qui semblent le croire terriblement fort et les réactionnaires chinois se servent de cette « force » des Etats-Unis pour effrayer le peuple chinois.

Mais la preuve sera faite que les réactionnaires américains, comme tous les réactionnaires dans l’histoire, ne sont pas si forts que cela. Aux Etats-Unis, ce sont d’autres qui détiennent la force véritable : le peuple américain.

Prenez le cas de la Chine. Nous n’avons que millet et fusils pour toute ressource, mais l’Histoire prouvera en fin de compte que notre millet et nos fusils sont plus puissants que les avions et les tanks de Tchiang Kaï-chek.

Bien que le peuple chinois ait encore à faire face à beaucoup de difficultés et doive souffrir longtemps encore sous les coups des attaques conjuguées de l’impérialisme américain et des réactionnaires chinois, le jour viendra où ces réactionnaires seront battus et où nous serons victorieux.

La raison en est simple : les réactionnaires représentent la réaction, nous représentons le progrès.

Le 25 décembre 1947, le camarade Mao Tsé-toung fit un rapport sur « La Situation actuelle et nos tâches » à une réunion du Comité central du Parti communiste chinois.

Dans ce rapport, il déclare :

Ayant fait une appréciation lucide de la situation internationale et intérieure en se fondant sur la science du marxisme-léninisme, le Parti communiste chinois acquit la conviction que toutes les attaques des réactionnaires de l’intérieur et de l’extérieur non seulement devaient être, mais pouvaient être écrasées.

Lorsque des nuages ont assombri le ciel, nous avons fait remarquer que ces ténèbres n’étaient que temporaires, qu’elles se dissiperaient bientôt et que le soleil brillerait sous peu.

Quand Tchiang Kaï-chek et ses bandits déclenchèrent la guerre contre-révolutionnaire à l’échelle nationale, en juillet 1946, ils pensaient qu’il suffirait de trois à six mois pour battre l’Armée populaire de Libération.

Ils avaient estimé qu’avec une armée régulière de 2 millions d’hommes, plus d’un million d’irréguliers et un autre million d’hommes au moins dans les organismes militaires et les unités armées à l’arrière, ils possédaient, au total, une force militaire de plus de 4 millions d’hommes ; qu’ils avaient pris le temps de terminer leurs préparatifs d’offensive ; qu’ils contrôlaient à nouveau les grandes villes ; qu’ils avaient sous leur domination une population de plus de 300 millions d’habitants ; qu’ils avaient pris possession de tout l’équipement d’un million de soldats de l’armée d’invasion japonaise ; et qu’ils avaient obtenu une aide militaire et financière énorme du gouvernement des Etats-Unis.

De plus, ils jugeaient que l’Armée populaire de Libération était épuisée par les huit années de combats dans la Guerre de Résistance contre le Japon et qu’elle était de loin inférieure en effectifs et en équipement à l’armée du Kuomintang ; que la population des régions libérées dépassait à peine 100 millions d’habitants (Le recensement de la population était à l’époque inexact ; on évaluait généralement la population du pays à 450 millions d’habitants. Après la Libération, un recensement exact montra que la Chine avait une population de 600 millions d’habitants – Note de la Rédaction), que dans la plupart de ces régions les forces féodales réactionnaires n’étaient pas encore liquidées et la réforme agraire pas encore accomplie partout ni à fond, c’est-à-dire que les arrières de l’Armée populaire de Libération n’étaient pas encore solides.

Partant de ces évaluations, la bande de Tchiang Kaï-chek ne tint aucun compte du désir de paix du peuple chinois, déchira finalement l’Accord de trêve signé par le Kuomintang et le Parti communiste en janvier 1946, ainsi que les résolutions adoptées par la Conférence consultative politique de tous les partis, et déclencha une guerre aventureuse.

Nous avons dit à l’époque que la supériorité militaire de Tchiang Kaï-chek n’était que momentanée, qu’elle était un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, que l’aide de l’impérialisme américain était de même un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, alors que le caractère antipopulaire de la guerre de Tchiang Kaï-chek et les sentiments du peuple étaient des facteurs au rôle constant, et que, sous ce rapport, l’Armée populaire de Libération détenait la supériorité.

Patriotique, juste et révolutionnaire de par sa nature, la guerre menée par l’Armée populaire de Libération devait forcément gagner l’appui du peuple dans le pays tout entier.

C’était là la base politique de la victoire sur Tchiang Kaï-chek.

L’expérience de dix-huit mois de guerre a pleinement confirmé notre jugement.
Quand la clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek déclencha en 1946 la guerre civile à l’échelle nationale contre le peuple, elle osa prendre ce risque parce qu’elle comptait non seulement sur sa propre supériorité militaire, mais surtout sur l’impérialisme américain armé de ses bombes atomiques et qu’elle considérait comme « exceptionnellement puissant », « sans égal au monde ».

D’une part, elle croyait que l’impérialisme américain pourrait pourvoir à flots continus à ses besoins militaires et financiers ; d’autre part, elle se livrait à d’extravagantes spéculations sur le thème « la guerre entre les Etats-Unis et l’Union soviétique est inévitable », « une troisième guerre mondiale doit inévitablement éclater ».

Dépendre ainsi de l’impérialisme américain est le trait commun des forces réactionnaires des différents pays depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Ceci reflète la gravité des coups subis par le capitalisme mondial au cours de cette guerre, la faiblesse des forces réactionnaires dans les différents pays, leur désarroi et leur perte de confiance, ainsi que la puissance des forces révolutionnaires mondiales – situation qui fait sentir aux réactionnaires des différents pays qu’ils n’ont plus d’autre issue que de compter sur l’aide de l’impérialisme américain.

Mais l’impérialisme américain d’après la Seconde guerre mondiale est-il réellement aussi puissant que Tchiang Kaï-chek et les réactionnaires des divers pays se l’imaginent ?

Peut-il réellement leur envoyer des approvisionnements à flots continus ? Non, ce n’est pas le cas.

La puissance économique de l’impérialisme américain, qui s’était accrue pendant la Seconde guerre mondiale, doit faire face à des marchés intérieurs et extérieurs instables et qui se rétrécissent de jour en jour.

Le rétrécissement plus accentué de ces marchés provoquera des crises économiques.

Le boom du temps de guerre aux Etats-Unis n’était que temporaire. Leur puissance n’est que superficielle et passagère. Des contradictions inconciliables, tant à l’intérieur que sur le plan international, menacent quotidiennement comme un volcan l’impérialisme américain.

L’impérialisme américain est assis sur ce volcan.

Cette situation a poussé les impérialistes américains à dresser un plan d’asservissement du monde, à se ruer en forcenés comme des bêtes sauvages en Europe, en Asie et dans d’autres parties du monde, à rassembler dans les différents pays les forces réactionnaires, les rebuts vomis par le peuple, en vue de former un camp impérialiste et antidémocratique contre toutes les forces démocratiques ayant l’Union soviétique à leur tête, et à préparer la guerre dans l’espoir de déclencher un jour, à l’avenir, une troisième guerre mondiale pour vaincre les forces démocratiques.

C’est un plan insensé. Les forces démocratiques du monde entier doivent déjouer ce plan et peuvent certainement le faire.

La puissance du camp anti-impérialiste mondial a dépassé celle du camp impérialiste.

C’est nous qui détenons la supériorité et non l’ennemi.

Dans l’article Que les forces révolutionnaires du monde entier s’unissent pour combattre l’agression impérialiste qu’il écrivit en novembre 1948 pour le périodique Pour une paix durable, pour une démocratie populaire ! le camarade Mao Tsé-toung fait remarquer que « ce serait une erreur des plus graves de surestimer la force de l’ennemi et de sous-estimer celle de la révolution » :

Après la victoire dans la Seconde guerre mondiale, l’impérialisme américain, qui a pris la place de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon fascistes, avec ses laquais de divers pays, se prépare frénétiquement à une nouvelle guerre mondiale et menace le monde entier.

Ceci reflète l’extrême décadence du monde capitaliste et sa terreur devant la fin imminente.

Cet ennemi est encore fort, c’est pourquoi toutes les forces révolutionnaires dans chaque pays et les forces révolutionnaires de tous les pays doivent s’unir, elles doivent former un front anti-impérialiste uni ayant à sa tête l’Union soviétique et suivre une politique juste, sinon elles ne pourront remporter la victoire.

La base de cet ennemi est faible. Il se désagrège intérieurement, il est séparé du peuple et doit faire face à une crise économique inextricable.

Donc, il peut être vaincu.

Ce serait une erreur des plus graves de surestimer la force de l’ennemi et de sous-estimer celle de la révolution.

Le 18 janvier 1948, dans la directive Sur quelques questions importantes de la politique actuelle du Parti qu’il écrivit pour le Comité central du Parti communiste chinois en vue de sa communication au Parti, le camarade Mao Tsé-toung nous dit que dans l’ensemble et du point de vue stratégique, nous devons mépriser l’ennemi, tandis qu’en même temps nous devons nous attacher à l’art de la lutte et, en ce qui concerne, chaque partie prise en elle-même et dans chaque lutte concrète, nous devons tenir pleinement compte de l’ennemi :

Combattre la surestimation de la force de l’ennemi.

Par exemple : la peur de l’impérialisme américain, la peur d’aller se battre dans les régions du Kuomintang, la peur d’éliminer le système comprador-féodal, de procéder à la distribution des terres des propriétaires fonciers et de confisquer le capital bureaucratique, la peur d’une guerre de longue durée, etc. ; tout cela est erroné.

L’impérialisme dans le monde entier et le règne de la clique réactionnaire de Tchiang Kaï-chek en Chine sont pourris, ils n’ont pas d’avenir. Nous avons lieu de les mépriser, et nous sommes sûrs et certains de vaincre tous les ennemis, intérieurs et extérieurs, du peuple chinois.

Mais dans chaque situation particulière, dans chaque lutte concrète (qu’il s’agisse d’une lutte militaire, politique, économique ou idéologique), nous ne devons absolument pas mépriser l’ennemi, mais au contraire, en tenir sérieusement compte et concentrer toutes nos forces dans la lutte pour remporter la victoire.

Du point de vue de l’ensemble, de la stratégie, nous soulignons à juste titre que nous devons mépriser l’ennemi, mais dans aucune situation particulière, dans aucune question concrète, nous ne devons jamais le mépriser.

Si, du point de vue de l’ensemble, nous surestimons la force de l’ennemi et n’osons par conséquent le renverser ni le vaincre, nous commettrons une erreur d’opportunisme de droite.

Si, dans chaque situation particulière, dans chaque question concrète, nous n’agissons pas avec prudence, ne prenons pas soin d’étudier et de perfectionner l’art de la lutte, ne concentrons pas toutes nos forces dans le combat et ne nous attachons pas à gagner à notre cause tous les alliés qui devraient l’être (paysans moyens, artisans et commerçants indépendants, moyenne bourgeoisie, étudiants, instituteurs, professeurs et intellectuels en général, fonctionnaires en général, membres des professions libérales et hobereaux éclairés), nous commettrons une erreur d’opportunisme « de gauche ».

Le 18 novembre 1957, dans son intervention à la Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes tenue à Moscou, le camarade Mao Tsé-toung déclare :

Lorsqu’en 1946, Tchiang Kaï-chek nous attaqua, beaucoup de nos camarades et le peuple tout entier étaient fort inquiets :

Pourrait-on gagner la guerre ?

J’étais moi-même aussi soucieux à ce sujet. Mais nous avions confiance.

A ce moment, une journaliste américaine, Anna Louise Strong, vint à Yenan.

Au cours de notre entretien, nous avons discuté de beaucoup de questions, y compris Tchiang Kaï-chek, Hitler, le Japon, les Etats-Unis, la bombe atomique, etc.

J’ai dit alors que tous les réactionnaires réputés puissants n’étaient en réalité que des tigres en papier. Pour la bonne raison qu’ils sont coupés du peuple.

Eh bien, Hitler n’était-il pas un tigre en papier ? Hitler n’a-t-il pas été jeté à bas ?

J’ai dit aussi que le tsar en était un, de même que l’empereur de Chine, ainsi que l’impérialisme japonais.

Vous voyez bien, tous ont été renversés. L’impérialisme américain ne s’est pas encore effondré et il a, de plus, la bombe atomique ; mais, à mon avis, il tombera lui aussi, il est également un tigre en papier.

Tchiang Kaï-chek était très puissant ; il avait plus de 4 millions de troupes régulières.
Nous étions alors à Yenan. Quelle était la population de Yenan ?

7.000 habitants. Combien de troupes avions-nous ? Nous avions 900.000 partisans, tous divisés par Tchiang Kaï-chek en plusieurs dizaines clé bases. Mais nous disions que Tchiang Kaï-chek n’était qu’un tigre en papier et que nous le vaincrions sans aucun doute.

Pour combattre l’ennemi, nous avons formé, au cours d’une longue période, ce concept, à savoir que, du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis, et, du point de vue tactique, en tenir pleinement compte.

En d’autres termes, nous devons mépriser l’ennemi dans son ensemble, mais en tenir sérieusement compte en ce qui concerne chaque question concrète, si nous ne méprisons pas l’ennemi dans son ensemble, nous tomberons dans l’opportunisme.

Marx et Engels n’étaient que deux, mais ils affirmaient déjà que le capitalisme serait renversé dans le monde entier.

Mais sur les questions concrètes et sur les questions se rapportant à chaque ennemi particulier, si nous ne tenons pas suffisamment compte de l’ennemi, nous tomberons dans l’aventurisme.

Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une à une et les forces ennemies ne peuvent être anéanties qu’unité par unité.

Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une. Un paysan ne peut labourer la terre que parcelle par parcelle. Il en est de même pour les repas.

Stratégiquement, prendre un repas ne nous fait pas peur : nous pourrons en venir à bout. Mais nous mangeons bouchée par bouchée. Il nous serait impossible d’avaler le repas entier d’un seul coup.

C’est ce qu’on appelle la solution un par un. Et en langage militaire, cela s’appelle écraser l’ennemi unité par unité.

Partie III

Le 18 novembre 1957, dans son intervention à la Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes tenue à Moscou, le camarade Mao Tsé-toung fait une analyse de la situation internationale de l’époque et montre que les forces socialistes ont dépassé les forces impérialistes et que le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest.

Il déclare :

J’estime que la situation internationale est arrivée à un nouveau tournant. Il y a maintenant deux vents dans le monde : le vent d’est et le vent d’ouest.

Selon un dicton chinois, « ou bien le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest, ou c’est le vent d’ouest qui l’emporte sur le vent d’est ».

A mon avis, la caractéristique de la situation actuelle est que le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest, ce qui signifie que les forces socialistes ont acquis une supériorité écrasante sur les forces de l’impérialisme.

S’adressant aux étudiants chinois poursuivant leurs études en Union soviétique, la veille du jour où il fit son intervention susmentionnée, donc le 17 novembre, le camarade Mao Tsé-toung dit :

La direction du vent dans le monde a changé. Dans la lutte entre le camp socialiste et le camp capitaliste, ou bien le vent d’ouest l’emporte sur le vent d’est ou c’est le vent d’est qui l’emporte sur le vent d’ouest.

La population mondiale atteint maintenant le chiffre de 2.700 millions, les différents pays socialistes totalisent une population de près de 1 .000 millions d’habitants, celle des anciens pays coloniaux qui ont conquis leur indépendance dépasse 700 millions, et les pays qui luttent actuellement pour l’indépendance ou pour l’indépendance complète, ainsi que les pays capitalistes à tendance neutre comptent 600 millions d’habitants.

La population du camp impérialiste n’est donc que d’environ 400 millions d’hommes, lesquels, en outre, sont divisés intérieurement. Une « secousse sismique » peut se produire par là. A présent, ce n’est pas le vent d’ouest qui l’emporte sur le vent d’est, mais c’est le vent d’est qui l’emporte sur le vent d’ouest.

Le 6 novembre 1957, dans son intervention au Soviet suprême de !’U.R.S.S., à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire de la Révolution d’Octobre, le camarade Mao Tsé-toung déclare :

Les impérialistes cherchent le salut dans les répressions à l’égard des peuples de leurs pays, des peuples des colonies et des semi-colonies ; ils fondent par surcroît leurs espoirs sur la guerre.

Mais que peuvent-ils en attendre ?

Au cours du dernier demi-siècle, nous avons connu deux guerres mondiales. Après la première, la Grande Révolution socialiste d’Octobre a éclaté en Russie.

Après la deuxième, des révolutions nombreuses ont éclaté en Europe orientale et en Orient.

Si ces messieurs les impérialistes se décident à déchaîner une troisième guerre mondiale, ils n’obtiendront rien d’autre que l’accélération de la débâcle complète du système capitaliste dans le monde entier.

Le 27 février 1957, le camarade Mao Tsé-toung prononça son discours De la juste solution des contradictions au sein du peuple à la onzième session (élargie) de la Conférence suprême d’Etat.

Dans la section 10 de son discours, sous le titre « Une chose mauvaise peut-elle se transformer en une bonne ?  » il dit :

Actuellement, dans tous les pays du monde, on discute de l’éventualité d’une troisième guerre mondiale.

Nous devons être préparés psychologiquement à cette éventualité et l’envisager d’une manière analytique.

Nous sommes résolument pour la paix et contre la guerre.

Mais si les impérialistes s’entêtent à déclencher une nouvelle guerre, nous ne devons pas en avoir peur.

Notre attitude devant cette question est la même que devant tous les désordres : primo, nous sommes contre, et secundo, nous n’en avons pas peur.

La Première guerre mondiale a été suivie par la naissance de l’Union soviétique avec une population de 200 millions d’habitants.

La Seconde guerre mondiale a été suivie de la formation du camp socialiste qui englobe une population de 900 millions d’âmes.

Il est certain que si les impérialistes s’obstinent à déclencher une troisième guerre mondiale, des centaines de millions d’hommes passeront du côté du socialisme et seul un territoire peu étendu demeurera aux mains des impérialistes ; il est même possible que le système impérialiste s’effondre complètement.

Dans des conditions déterminées, chacun des deux aspects opposés d’une contradiction se transforme immanquablement en son contraire par suite de la lutte entre eux.

Ici, les conditions sont importantes.

Sans des conditions déterminées, aucun des deux aspects en lutte ne peut se transformer en son contraire.

De toutes les classes dans le monde, c’est le prolétariat qui désire le plus changer de situation, et ensuite, c’est le semi-prolétariat ; car le premier ne possède absolument rien et le second ne possède que peu de choses.

La situation qui existe aujourd’hui, où les Etats-Unis détiennent la majorité à l’O.N.U. et contrôlent de nombreuses régions du monde, est seulement temporaire. Un jour viendra nécessairement où elle changera.

La situation de la Chine en tant que pays pauvre, auquel les droits sont déniés sur l’arène internationale, changera également : le pays pauvre deviendra un pays riche, l’absence de droits deviendra la plénitude des droits, c’est-à-dire qu’il se produira une conversion des choses en leur contraire.

Ici, les conditions qui jouent un rôle décisif sont le régime socialiste et les efforts conjugués d’un peuple uni.

Le 28 juin 1950, lorsque l’impérialisme américain entreprit ouvertement une guerre d’agression contre la Corée et envahit notre territoire de Taïwan, le camarade Mao Tsé-toung fit la déclaration suivante à la huitième réunion du Conseil du Gouvernement populaire central :

Le peuple chinois a proclamé de longue date que les affaires des différents pays du monde devraient être dirigées par les peuples de ces pays, et que les affaires d’Asie devraient être dirigées par les peuples d’Asie et non pas par les Etats-Unis.

L’agression des Etats-Unis en Asie ne fera que soulever une large et ferme résistance des peuples d’Asie. Le 5 janvier de cette année, Truman a déclaré que les Etats-Unis n’interviendraient pas à Taïwan.

Maintenant, il a prouvé que sa propre déclaration était mensongère, et il a mis en pièces tous les accords internationaux concernant la non-ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures de la Chine.

Les Etats-Unis ont ainsi mis à nu leur visage d’impérialistes, ce qui est très profitable au peuple chinois et aux peuples d’Asie.

Il n’y a aucune raison pour que les Etats-Unis interviennent dans les affaires intérieures de la Corée, des Philippines, du Viêt-Nam et d’autres pays.

La sympathie de tout le peuple de Chine et des larges masses des peuples du monde entier ira aux victimes de l’agression, et sûrement pas à l’impérialisme américain.

Le peuple ne se laissera ni acheter ni intimider par l’impérialisme.

L’impérialisme est fort en apparence mais faible intérieurement, parce qu’il n’est pas soutenu par le peuple.

Peuples de Chine et du monde, unissez-vous et préparez-vous à fond pour faire échouer toute provocation de l’impérialisme américain !

Le 14 février 1955, à une réception donnée par l’Ambassade soviétique en Chine pour célébrer le Ve anniversaire de la signature du Traité sino-soviétique d’Amitié, d’Alliance et d’Assistance mutuelle, le camarade Mao Tsé-toung déclara :

Avec la coopération entre nos deux grands pays, l’Union soviétique et la Chine, je suis convaincu que les plans d’agression de l’impérialisme seront réduits à néant.

Nous pouvons tous nous rendre compte qu’avec la grande coopération entre la Chine et l’Union soviétique, il n’y a aucun des plans d’agression de l’impérialisme qui ne puisse être déjoué. Ils seront certainement tous complètement anéantis.

Que les impérialistes déclenchent une guerre d’agression, nous et les peuples du monde entier, nous les balaierons certainement de la surface du globe !

Le 8 septembre 1958, prenant la parole à la Conférence suprême d’Etat, le camarade Mao Tsé-toung dit :

La situation actuelle est favorable aux peuples du monde entier en lutte pour la paix.

La tendance générale est marquée par le fait que le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest.

L’impérialisme américain occupe notre territoire de Taïwan depuis neuf ans, et tout récemment encore, il a envoyé ses forces armées occuper le Liban.

Les Etats-Unis ont établi des centaines de bases militaires réparties dans de nombreux pays, à travers le monde entier.

Cependant, le territoire chinois de Taïwan, le Liban ainsi que toutes les bases militaires américaines à l’étranger sont autant de cordes de potence passées au cou de l’impérialisme américain.

Ce sont les Américains eux-mêmes, et personne d’autre, qui fabriquent ces cordes et se les mettent au cou, donnant l’autre bout de la corde au peuple chinois, aux peuples arabes et à tous les peuples du monde épris de paix et en lutte contre l’agression.

Plus les agresseurs américains s’attarderont en ces lieux, plus se resserreront les cordes qui leur étreignent la gorge.

L’impérialisme américain crée la tension partout dans le monde, en vue d’imposer aux peuples son agression et son joug asservissant.

Les impérialistes américains se figurent que la situation de tension leur est toujours avantageuse, mais en réalité, cette situation qu’ils ont créée est allée à rencontre de leur désir : elle a eu pour effet de mobiliser les peuples du monde entier contre les agresseurs américains.

Si les groupes de capitalistes monopoleurs américains persistent dans leur politique d’agression et de guerre, le jour viendra inévitablement où ils seront pendus par tous les peuples du monde. Le même sort attend les complices des Etats-Unis.

Le 29 septembre 1958, le camarade Mao Tsé-toung rentra à Pékin après une tournée d’inspection dans plusieurs provinces de la vallée du Yangtsé.

Dans une interview accordée à un correspondant de l’Agence Hsinhua, il déclare :

Les impérialistes n’en ont plus pour longtemps, car ils commettent tous les méfaits possibles.

Ils se font une spécialité de soutenir les réactionnaires hostiles au peuple dans les différents pays.

Ils occupent beaucoup de colonies, semi-colonies et bases militaires. Ils menacent la paix d’une guerre atomique.

Ce qui fait que plus de 90 pour cent de la population du monde se dressent ou vont se dresser en masse contre eux.

Les impérialistes sont encore vivants ; ils continuent à faire régner l’arbitraire en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

En Occident, ils oppriment encore les masses populaires de leurs pays respectifs.

Cette situation doit changer.

Il appartient aux peuples du monde entier de mettre fin à l’agression et à l’oppression de l’impérialisme, et principalement de l’impérialisme américain.


[1] Chef du groupe pro-japonais au sein du Kuomintang et traître à la nation. Il passa ouvertement aux envahisseurs japonais en décembre 1938, alors qu’il était vice-président du Kuomintang et président du Conseil politique national.

En mars 1940, il devint président du gouvernement central fantoche à Nankin. Il mourut au Japon en novembre 1944.

[2] Renégat de la révolution chinoise. Dans sa jeunesse, spéculant sur la révolution, il adhéra au Parti communiste chinois.

Il commit dans le Parti un nombre considérable d’erreurs qui dégénérèrent en véritables crimes. Le plus connu fut celui de 1935, lorsque, s’opposant à la marche de l’Armée rouge vers le nord, il préconisa par esprit défaitiste et liquidationniste la retraite de l’Armée rouge vers les régions peuplées de minorités nationales, situées à la limite du Setchouan et du Sikang (province supprimée en 1955 et incorporée dans le Setchouan et la Région autonome du Tibet) ; en outre, il se livra ouvertement à une activité de trahison contre le Parti et son Comité central, forma un pseudo-Comité central et sapa l’unité du Parti et de l’Armée rouge, faisant subir de lourdes pertes au IVe Front.

Cependant, grâce au patient travail d’éducation accompli par le camarade Mao Tsé-toung et le Comité central du Parti, l’Armée rouge du IVe Front et ses nombreux cadres revinrent rapidement se mettre sous la juste direction du Comité central et jouèrent un rôle honorable dans les luttes ultérieures. Quant à Tchang Kouo-tao, il resta incorrigible : au printemps de 1938, il s’enfuit seul de la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia et devint un agent des services secrets du Kuomintang.

[3] Chef de la clique des seigneurs de guerre du Peiyang dans les dernières années du règne de la dynastie des Tsing. Après que celle-ci eut été renversée en 1911, il s’appuya sur les forces armées de la contre-révolution, tabla sur le soutien de l’impérialisme et utilisa la tendance au compromis de la bourgeoisie – qui dirigeait alors la révolution – pour s’emparer de la présidence de la République et constituer le premier gouvernement des seigneurs de guerre du Peiyang, gouvernement représentant les intérêts des grands propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie compradore.

Comme il aspirait à devenir empereur, il accéda en 1915, afin de s’assurer le soutien de l’impérialisme japonais, aux vingt et une demandes par lesquelles le Japon visait à exercer un contrôle exclusif sur la Chine. En décembre 1915 éclata dans le Yunnan un soulèvement dirigé contre Yuan Che-kai qui s’était fait proclamer empereur. Ce soulèvement trouva de nombreux échos dans tout le pays. Yuan Che-kai mourut à Pékin en juin 1916.

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contre l’hégémonie des superpuissances

Être à la hauteur de notre époque

La crise du Covid-19 ouvre une nouvelle époque, parce qu’elle porte en elle tout un faisceau de contradictions historiques. L’humanité ne peut plus vivre comme avant, elle fait face à un défi qui est celui de trouver sa place dans la Biosphère. Elle ne peut plus simplement continuer à porter le mode de production capitaliste, qui mène très clairement à la destruction dans tous les domaines. Il faut une rupture.

On peut se douter que celle-ci n’est pas évidente. Elle implique une grande détermination face à la corruption capitaliste, une capacité à se tourner vers l’avenir, un sens de l’implication pour faire tourner les choses dans le bon sens. Sans un niveau idéologique suffisant, sans une lecture culturelle adéquate, on ne parvient pas à décrocher, à porter cette rupture, on est rattrapé par la vieille époque et ses valeurs.

Avec la crise du Covid-19, il s’est d’ailleurs déroulé un double phénomène. Il y a eu en effet d’un côté un effet de surprise, de peur, d’angoisse, face à un événement semblant incompréhensible eu égard à la prétention capitaliste de proposer un monde stable. Ce qui se déroule semble alors incompréhensible, calamiteux, une catastrophe et il y a une fuite en avant dans des raisonnements social-darwinistes, comme quoi les faibles doivent périr.

Cependant, de l’autre côté, il y a eu et il y a un sentiment de compréhension que toute une période s’était terminée. Avec le confinement, la fermeture des frontières, l’arrêt partiel des activités, la cessation du triomphalisme capitaliste… tout cela a dialectiquement également été une bouffée d’air frais. Cela a été enfin la preuve que le capitalisme ne pouvait pas se perpétuer sans connaître de blocages, qu’il n’est pas en mesure d’engloutir la vie privée et toute la société, et même la planète, sans que rien ne l’arrête. Le capitalisme apparaît comme dépassé.

Ce qui se pose comme alternative, c’est le socialisme ou la barbarie. Soit il y a une prise de conscience, un dépassement des vieilles valeurs et l’affirmation du communisme – que ce soit au niveau de la société ou dans le rapport à la nature. Soit il y a un repli national, identitaire, une fuite dans l’esprit de concurrence, la compétition, avec une acceptation du désastre et la tentative d’en profiter pour dominer les autres.

Soit la démocratie populaire, avec les masses laborieuses décidant des orientations de la société sur une base de partage, de coopération, de compassion, de refus des hiérarchies, d’unification des forces sociales et productives, soit le militarisme et la quête d’un sauveur national, menant au fascisme et la guerre impérialiste.

Soit la bourgeoisie est mise de côté politiquement, son État démantelé, son appareil d’État liquidé, avec le pouvoir populaire autour de la classe ouvrière, soit la haute bourgeoisie prend les commandes de l’État et pousse le capitalisme à participer à la bataille impérialiste pour le repartage du monde, en mobilisant de manière nationaliste et militariste.

Cette alternative ne se pose pas formellement. Il faudra du temps avant qu’elle se pose à tous les niveaux de la société. Du côté de la démocratie populaire, on ne sort pas du capitalisme facilement, que cela soit sur le plan des mentalités ou de l’établissement de nouvelles formes productives. Il y a beaucoup d’obstacles, comme l’aristocratie ouvrière, couche sociale achetée par les capitalistes, ou encore les influences néfastes d’une petite-bourgeoisie cherchant à abuser des masses pour négocier avec la bourgeoisie.

Du côté de la Réaction, il est difficile de faire passer le pays du libéralisme politique, du relativisme idéologique, de l’individualisme généralisé… aux mêmes valeurs, mais imbriquées dans un projet « collectif » agressif exigeant une participation à « l’effort national ». Le capitalisme dans sa forme libérale et le capitalisme dans sa forme fasciste sont à la fois la même chose et pas la même chose ; le passage de l’un à l’autre ne va pas sans heurt.

Il va de soi que ce qui est déterminant ici, ce sera la crise générale du capitalisme et plus précisément les formes qu’elle va prendre. On peut ainsi déjà voir que la dimension économique de la crise est terriblement profonde, qu’elle désarçonne de par son expression, qu’elle frappe pratiquement par surprise tel ou tel secteur. Le chômage, la précarité, la brutalité dans la vie quotidienne, l’angoisse pour le maintien de son existence sociale… tout cela peut être le terreau du fascisme, alors que la bourgeoisie cherche forcément une sortie par la rationalisation capitaliste et la guerre impérialiste.

Inversement, le caractère prolongé de la situation contribue à la réflexion, à la prise de conscience. Et on peut même voir, de manière relative, que les gens qui avaient tourné le dos aux valeurs du mode de vie dominant, qui ne faisaient pas confiance aux prétentions capitalistes, qui cherchaient un mode de vie alternatif… se sont subitement retrouvés comme ayant une certaine valeur, au lieu d’apparaître comme de simples marginaux comme auparavant.

Évidemment, il s’agit le plus souvent de démarches élémentaires, de repli, alors qu’il ne s’agit pas seulement de s’apercevoir que le rythme imposé par le capitalisme est insupportable. Si l’on s’arrête à cela, on ne voit pas que le capitalisme a fait son temps et qu’il ne s’agit pas de ralentir l’histoire, l’activité humaine en général, mais bien au contraire de l’accélérer. Il ne s’agit pas de faire triompher une démarche hippie pour « calmer », « encadrer » ou faire « reculer » le capitalisme, mais bien d’avoir une humanité active, protagoniste de choix nouveaux, permettant un nouveau développement. Il faut être à la hauteur de son époque.

Néanmoins, on peut ainsi déjà lire des comportements, des attitudes, des positionnements qui passent dans l’universel, la dimension planétaire, en opposition avec les valeurs cyniques, individualistes, nihilistes du capitalisme. Le dénominateur commun de tout c’est qu’il est considéré qu’on « ne peut plus faire comme avant ». Le refus du nucléaire ou de la chasse, l’exigence d’un haut niveau dans la santé, la détestation du gaspillage ou des divisions religieuses, l’affirmation du partage des biens culturels, que ce soit pour la musique, les films ou les images en général… De tels phénomènes rentrent, qu’ils en aient conscience ou pas, de manière tendancielle en conflit avec les exigences du 24 heures sur 24 du capitalisme.

Cela ne veut pas dire que les gens aient saisi toute l’ampleur du désastre, ni que la démarche ne soit pas récupérable en soi avec une modernisation du capitalisme. Ce qu’il y a ici, c’est une profonde contradiction entre d’un côté la bataille pour l’existence, avec la nécessité de travailler afin de pouvoir disposer d’un salaire pour vivre, de s’intégrer socialement, avec également l’aliénation faisant qu’on apprécie ce que propose le capitalisme… et de l’autre, de manière pas nécessairement comprise, un besoin culturel, matériel, psychologique de souffler, de temporiser, d’arrêter de sans cesse courir en suivant les desiderata du capitalisme, de s’épanouir en faisant les choses différemment, de manière meilleure. Dans quelle mesure cette contradiction sera positive, sous quelle forme, telle est la véritable question de fond.

En tout cas, il est possible de dire que les gens qui ont saisi avec satisfaction cette cassure, ce moment de pause dans la machinerie capitaliste, représentent la pointe de la conscience émergente qu’il faut en terminer avec tout cela, qu’il faut tout changer, que rien ne va plus. On est bien entendu encore loin de passer à l’affirmation qu’il faut détruire ce qui nous détruit, néanmoins un processus s’est enclenché.

Concrètement, on peut dire qu’il en est désormais terminé du grand élan capitaliste fondé sur l’effondrement du social-impérialisme soviétique et l’intégration de la Chine social-fasciste dans la division internationale du travail. Ce qui se brise, c’est le consensus capitaliste qui s’est maintenu entre 1989 et 2020, fondé sur une élévation relative du niveau de vie à l’échelle mondiale, l’absence de guerres majeures à travers le monde, une modernisation technologique et un meilleur accès à la santé.

Cette période entre 1989 et 2020 a été une traversée du désert au point de vue de la proposition stratégique communiste, cela a été extrêmement difficile à vivre pour les avant-gardes révolutionnaires de par le monde. La thèse selon laquelle le capitalisme va à la guerre semblait périmée ; le capitalisme élargissait la consommation de masses et semblait rendre caduque l’affirmation que l’exploitation conduisait à l’appauvrissement. Le mode de vie des masses changeait, que ce soit avec les ordinateurs, internet, les téléphones portables, le renforcement du cinéma et de la télévision dans la vie quotidienne. Une vaste petite-bourgeoisie se renforçait dans les pays impérialistes, développant des activités culturelles semblant épanouissantes ou du moins divertissantes.

Le terrain conquis avec tant de difficultés dans les années 1960-1970, lieu des engagements dans les années 1980, s’est littéralement évaporé en 1989. L’effondrement du social-impérialisme soviétique a permis aux pays impérialistes occidentaux de s’approprier de nouveaux marchés, et par l’intégration de la Chine social-fasciste, la production et la consommation capitalistes ont connu un grand élargissement.

Dans un tel contexte, la reconstitution des avant-gardes a été un combat difficile, exigeant de la patience et de la ténacité. En France, le PCF(MLM) se fonde sur un processus né dans les années 1990, avec l’affirmation du maoïsme au tout début des années 2000, pour une grande opération de reconstruction idéologique des principes fondamentaux. En Belgique, pays connaissant pareillement une grande tradition révolutionnaire, le processus d’agrégation des forces assumant la rupture avec le capitalisme a abouti en 2010 à la formation du Centre MLM.

Mais il ne s’agit pas que d’une récupération du patrimoine communiste. Il s’agit également d’un approfondissement, pour être à la hauteur des enjeux de l’époque. La question animale, notamment, se pose avec toute son acuité. On trouve à l’arrière-plan la contradiction entre villes et campagnes, avec la place de l’humanité dans la biosphère comme toile de fond d’une bataille pour l’orientation future qui doit être prise.

Nous ne comprenons pas les gens qui disent qu’ils veulent la révolution, mais qui n’ont aucun point de vue concret, pratique, sur toutes les questions brûlantes de notre époque et dont le discours pourrait se situer en 1980, en 1960, en 1930, voire même en 1900. S’imaginer qu’on peut mener une politique révolutionnaire en étant totalement dépassé culturellement est simplement une aberration strictement équivalente aux fascinations petites-bourgeoises pour tout ce qui apparaît comme nouveau phénomène culturel ou social.

Il faut être ancré dans son époque, dans sa société. La révolution n’est pas un processus cosmopolite. Ce qu’on appelle guerre populaire n’est pas un concept technique, mais une réalité populaire, avec le peuple composé de gens concrets, existant avec leur sensibilité dans une réalité matérielle bien définie. Il faut à la fois être en phase avec le peuple et avant-garde tourné vers le dépassement de la réalité, là est la contradiction productive définissant les communistes.

C’est d’autant plus vrai à une époque de crise et qui dit crise dit révolution. Ce qui se termine, c’est une époque où les révolutionnaires étaient marginalisés ou corrompus en raison de l’élan capitaliste. Cette époque était celle d’une neutralisation relative des antagonismes. On peut même dire que, depuis les années 1950, les pays capitalistes ont d’ailleurs connu une telle neutralisation, la vague révolutionnaire s’exprimant principalement en Afrique, en Amérique latine, en Asie. Les gens des pays capitalistes ont été écrasés par le capitalisme et ses valeurs, ils ont été intégrés dans sa démarche, adoptant le mode de vie qu’il a exigé. On en arrive désormais au point de rupture.

Une vie authentique n’est possible que dans le combat pour la libération et auparavant, c’est de manière isolée socialement qu’émergeait une telle démarche, que ce soit dans les « gauchistes » français autour de mai 1968, dans des initiatives ouvrières violentes italiennes des années 1970, dans les squats de Berlin des années 1980. Il y avait une coupure complète entre des avant-gardes prisonnières de leur style alternatif et des larges masses entièrement coupées de leur démarche et même inaccessible de par leur dédain pour ce qui n’était pas le mode de vie capitaliste traditionnel. La situation a changé avec l’ouverture de la crise ; le décrochage antagonique avec le 24 heures sur 24 du capitalisme reprend son sens !

Le projet de recomposer le tissu prolétarien par le mouvement démocratique des masses déchirant violemment l’hégémonie capitaliste à tous les niveaux peut reprendre son cours naturel. Le besoin de communisme peut s’exprimer de nouveau, secteurs par secteurs dans les masses populaires, en se posant comme hypothèse stratégique s’adressant de manière la plus large possible.

C’est un processus dont ne nous sommes qu’au début. Mais notre fierté est de l’avoir préparé, d’être en première ligne dans ce début. Et nous avons confiance dans la victoire de ce processus de dépassement de la crise générale du capitalisme, par la victoire des masses populaires pays par pays dans un processus prolongé et l’instauration, comme réalisation finale de la république socialiste mondiale.

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Septembre 2020

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La Turquie, maillon faible de la chaîne des pays dépendants

Si l’on prend les 500 entreprises mondiales les plus importantes, on trouve pour la Turquie, à la 420e place la Koç Holding, qui regroupe 113 entreprises dont des institutions de crédit, une raffinerie de pétrole, des usines de tracteurs, des usines de carrosseries d’autobus, des entreprises touristiques, la production d’électro-ménager notamment avec Beko, etc. On trouve également, de manière importante bien que moins puissante, la Sabancı Holding (avec notamment l’un des leaders du textile Kordsa Teknik Tekstil), la OYAK Holding, ainsi que trois monopoles étatiques : Turkish Airlines, la Halkbank et la Vakıfbank.

Dans tous les cas, on est très loin d’une exportation de capital de type impérialiste, dans un pays où le quart des femmes se marient avant 18 ans. D’ailleurs, pour une partie significative de leurs activités, toutes ces principales entreprises turques sont en étroit partenariat avec des entreprises de pays impérialistes (Toyota, Citibank, Philip Morris, Carrefour, DuPont, etc.).

La Turquie est en fait un pays dépendant très actif. Cela se lit dans les chiffres suivants. Ses investissements directs à l’étranger étaient de 27 millions de dollars en 1991, d’un milliard de dollars en 2005, de 4,7 milliards de dollars en 2015. En apparence, c’est très impressionnant. Cependant, en réalité, en 2015, cela ne formait pour autant que 0,32 % des investissements directs à l’étranger dans le monde, contre 0,01 % en 1991. Cela reste profondément marginal. La Turquie a profité de l’élan capitaliste après 1989, mais n’a pas changé de base. D’ailleurs, en 2015, la Turquie a connu une pénétration du capital étranger de 16,5 milliards de dollars, soit bien plus que ses propres interventions capitalistes hors de son territoire.

L’agressivité expansionniste du militarisme turc

Pourtant, malgré cette faiblesse très claire du point de vue économique, la Turquie est particulièrement agressive. Elle est active avec l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, elle a occupé une partie de Chypre en 1974, elle fait du Kurdistan irakien un satellite, elle intervient en Libye, elle a soutenu activement l’État islamique afin de profiter de pénétrer militairement en Syrie et elle a décidé, au nom de forages pétroliers en mer, d’assumer une position frontale avec la France et la Grèce.

Signe de cette tendance, la Turquie produit 70 % de son armement et le but, à l’horizon 2023, c’est de parvenir à ce que ce soit à hauteur de 100 %. On voit mal comment c’est possible technologiquement, comme le prouve l’achat à la Russie, au grand dam de l’impérialisme américain, du système de défense anti-aérienne et anti-missile S 400, extrêmement avancé.

La question de savoir d’où provient une telle agressivité est d’une grande importance. Il existe de très nombreuses organisations révolutionnaires en Turquie depuis les années 1970 et elles s’écharpent précisément sur cette question. Certaines voient la Turquie exprimer une agressivité propre au capitalisme, d’autres y voient l’activité d’un satellite américain, d’une néo-colonie. Certaines parlent de semi-capitalisme, d’autres de capitalisme avec des restes féodaux dans la superstructure ou encore de capitalisme bureaucratique.

La matrice de la Turquie : la crise générale du capitalisme

Ce n’est nullement un hasard que la Turquie devienne particulièrement agressive dans le cadre de la seconde crise générale du capitalisme. Ce pays est né de la première crise générale du capitalisme. C’en est même une composante.

Depuis la fondation de la République de Turquie par Mustafa Kemal en 1923, ce pays connaît d’innombrables soubresauts politiques, économiques, militaires, idéologiques, au point qu’en fait il aura été en crise permanente pendant pas moins d’un siècle. La moitié de son existence, au moins une partie du territoire aura été sous le régime de l’état d’urgence !

Il faut saisir que le pays est né sur les ruines de l’empire ottoman, ce qui a généré l’expulsion de plus d’un million de Grecs de son territoire, à quoi il faut ajouter à l’arrière-plan le génocide arménien de 1915 à 1923. La Turquie a réussi à sa fondation à expulser de son territoire les armées étrangères visant à une occupation permanente, mais est passée sous emprise allemande, puis sous emprise britannique, enfin sous emprise américaine. Il y a eu une instabilité permanente, avec des coups d’État militaires en 1960, 1971 et en 1980. Il y a de plus une importante minorité nationale kurde, qui a été inlassablement réprimée militairement pendant un siècle, alors que le pays a également d’importantes autres minorités, tels les Lazes, les Tcherkesses, les Arabes, les Zazas, de nombreux peuples caucasiens, etc.

Le régime turc, traversé par la violence

La Turquie est ainsi un pays d’une immense culture, mais également d’une immense complexité. Il existe de très nombreuses minorités, le pays a été formé par en haut ; il est à la fois un mélange de peuples et de nations et en même temps il forme une véritable bloc unifié. L’État central est quant à lui, depuis sa naissance, ultra-paranoïaque. Lors de l’effondrement de l’empire ottoman, les pays impérialistes voulaient en effet dépecer la partie turque de celui-ci et ont envoyé des troupes d’occupation. Une partie devait passer sous domination britannique, une autre sous domination française, des zones grecque et arménienne être mises en place et Istanbul former un petit État.

Ce scénario de cauchemar du point de vue turc est une clef de ce dispositif ultra-militariste turc, profitant d’un énorme écho populaire au nom de la « défense » des intérêts nationaux, mais en réalité au service de grands propriétaires terriens alliés à une haute bourgeoisie liée aux pays impérialistes et servant d’intermédiaires. Dans un tel cadre, l’armée joue un rôle omniprésent et les interventions clandestines de sa part – par des « disparitions », des meurtres, la contre-guérilla – ont été innombrables.

Cela fait de ce pays l’un des principaux maillons faibles de la chaîne des pays dépendants. Le pays est né sur le tas, dans le cadre de la première crise générale du capitalisme. Il a été relativement « gelé » avec l’affrontement des superpuissances américaine et soviétique. Mais une fois le cadre général remis en cause par la seconde crise générale du capitalisme, il repart en roue libre.

Le kémalisme

Le kémalisme naît comme réponse bourgeoise nationale à la tentative de partage impérialiste du pays. C’est ce qui explique son nationalisme ultra, son insistance sur la primauté absolue de l’État central et sur les nécessités de moderniser le pays. Les premiers succès militaires de Mustafa Kemal et le développement de la première crise générale du capitalisme aboutirent à un compromis et le kémalisme instaura un régime avec la reconnaissance des impérialistes, en échange d’une importante pénétration de ceux-ci dans le pays.

La Turquie est alors un pays comme bloqué. La bourgeoisie a commencé sa guerre d’indépendance mais s’est vendue dès le départ, en alliance avec les grands propriétaires terriens afin d’asseoir le nouveau régime. La bourgeoisie nationale authentique, arrivée trop tard historiquement (et en partie non-turque et notamment arménienne), s’est effacée devant une bourgeoisie « turquifiée » vendue à l’impérialisme .

Tout au long des années 1920, la Turquie connaît alors un terrible déficit commercial, alors que le capital des pays impérialistes s’approprie des entreprises ferroviaires, des mines, des industries, des commerces, des banques. En 1924, l’Allemagne possédait déjà 2352 des 4086 km de voies ferrées ; en 1937, 42 % des exportations et 36,5 % des importations sont avec l’Allemagne. La Turquie soutiendra d’ailleurs indirectement l’Allemagne nazie, maintenant ses échanges économiques massifs jusqu’à la toute fin de la guerre.

Cela se situait dans le prolongement d’une pression toujours plus grande sur les masses. De très nombreuses grèves avaient été réprimées dans le sang par le régime, alors qu’en janvier 1921 avait déjà été liquidée physiquement la direction du Parti Communiste de Turquie.

À partir de 1931 la police avait toute latitude pour les arrestations ; en 1934 le parlement donne à Mustafa Kemal le nom d’Atatürk, « le père des Turcs ». En 1936 furent supprimés les jours fériés et l’interdiction du travail des enfants, avec même une loi sur le travail repris de l’Italie fasciste ; en 1931 la presse fut contrôlée et en 1939 toute organisation chapeautée par l’État ; en 1943 les produits agraires furent taxés de 12 %, frappant durement les petits paysans, etc.

Le changement de tutelle après 1945

Le CHP, Parti républicain du peuple, qui avait été pro-Allemagne nazie, perdit la main après la seconde guerre mondiale au profit du DP, le parti démocratique, qui était pro-américain. La Turquie « bénéficia » du plan Marshall et d’un soutien militaire massif, les entreprises des pays capitalistes investirent en Turquie de manière approfondie, ce pays basculant dans l’OTAN en 1952 et en 1955 dans ce qui sera appelé le CENTO, faisant de ce pays une forteresse pro-impérialiste aux frontières avec l’URSS. C’est alors l’armée qui est passée aux commandes, commençant à mettre en place un complexe militaro-industriel.

C’est ainsi elle qui renverse le gouvernement du DP en 1960, qui avait été incapable de stabiliser le régime malgré sa démagogie pro-religieuse et nationaliste, aboutissant notamment à l’émeute d’Istanbul de 1955 contre la dernière communauté grecque, avec de nombreux morts et des dégâts très importants contre des bâtiments liés aux Grecs (4348 magasins, un millier de maisons, 110 hôtels, 27 pharmacies, 23 écoles, 21 usines, 73 églises, 2 monastères, une synagogue…). Cela provoqua l’exode de plus de 100 000 Grecs.

Le DP devenu AP (Parti de la justice) reprit le pouvoir quelques années après, accompagnant la transformation de la Turquie en une base productive pour les pays impérialistes, le déficit commercial de 1960 à 1972 étant d’entre 113 et 677 millions de dollars selon les années. La Turquie dépend alors très largement des États-Unis et de l’Allemagne de l’Ouest, puis de la France, du Japon, de la Grande-Bretagne, de la Suisse, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Belgique.

Le social-impérialisme soviétique fut également toujours plus présent, fournissant entre 1966 et 1979 2,7 milliards de dollars de crédit, soit plus que les États-Unis entre 1930 et 1974. L’instabilité continua cependant au point que l’armée intervint de nouveau, pour un second coup d’État, en 1971.

Les années 1970 et la systématisation de l’ultra-violence

En 1970, le régime turc était à l’agonie. Le quart du budget du pays passait à l’armée, contre seulement 4,7 % pour le développement de l’agriculture où vivait 65 % des habitants en 1970, et 3,8 % pour la santé. En 1970, plus du tiers des habitants des villes habitaient dans des bidonvilles (les « gecekondus », bâtiment construits en une nuit) ; plus de la moitié de la population est analphabète. 55 % des enfants meurent avant d’atteindre 18 ans. L’émigration devint massive vers l’Allemagne de l’Ouest, mais aussi l’Autriche, la Suisse.

Dans ce contexte misérable, marqué par des révoltes alors que l’impérialisme s’installa toujours plus largement, que les grands propriétaires terriens écrasaient les paysans, l’armée bascula alors dans l’écrasement. Le coup d’État de 1971 ouvrit une séquence qui allait s’étendre jusqu’à la fin des années 1990, avec une systématisation de l’ultra-violence. Face à la crise ininterrompue, l’armée prit les commandes en tant que tel et généralisa les arrestations, les meurtres, la torture, les interventions violentes, légales comme clandestines, directes ou par l’intermédiaire de réseaux nationalistes mafieux. Ceux-ci agirent notamment de manière marquante avec leur massacre, en décembre 1978, dans la ville de Kahramanmaraş, d’un millier de militants de gauche, jusque leurs familles.

Le premier mai 1977 avait déjà été marqué par des tirs contre la foule, faisant des dizaines et des dizaines de tués, alors que manifestaient 600 000 personnes. Les services secrets, le MIT, développaient directement des stratégies avec l’impérialisme US, pour contrer la multitude d’organisations révolutionnaires issues des trois premières initiatives du début des années 1970, la THKO, le THKP/C, le TKP/M-TIKKO, qui développaient la lutte armée. Les affrontements se généralisaient, avec une dizaine de morts par jour, plus de 5 000 au total, dont plus de 2000 militants des organisations révolutionnaires.

Alors que l’économie était à deux doigts de l’effondrement, l’armée prit alors l’initiative de mener un nouveau coup d’État, en décembre 1980, arrêtant 650 000 personnes, plaçant 1,6 million de personnes sur des listes noires, etc.

Des années 1980 à l’affirmation expansionniste ouverte

L’armée géra directement le pays de 1980 à 1983 et les organisations révolutionnaires ne furent pas en mesure de se réorganiser avant 1987, atteignant ensuite un haut niveau de combativité durant les années 1990. Les organisations révolutionnaires qui eurent alors le plus de succès furent le DHKP/C (guévariste), le MLKP (hoxhaiste), ainsi que relativement le TKP(ML) et le TKP/ML (tous deux maoïstes). Elles se sont toutefois enlisées, alors qu’inversement le PKK connaissait un succès toujours plus grand dans les masses kurdes, atteignant une grande ampleur et réussissant clairement à soumettre les organisations révolutionnaires par rapport à son propre agenda, sauf le DHKP/C.

L’échec des organisations révolutionnaires à faire basculer les choses dans les années 1990 a comme pendant le succès de Recep Tayyip Erdoğan. Celui-ci a été élu maire d’Istanbul en 1994, premier ministre de 2003 à 2014, année où il est devenu président de la République. Sa domination politique correspond à tout un changement dans la réalité turque. Islamiste, Recep Tayyip Erdoğan prônait une réactivation de l’idéologie islamique-ottomane, et non plus simplement un républicanisme « turc ». Il était en phase avec une haute bourgeoisie cherchant l’expansion.

L’erreur des organisations révolutionnaires de Turquie a ainsi été très simple. Toutes ont considéré que la Turquie était entièrement soumise à l’impérialisme américain par l’intermédiaire de l’armée. Or, l’arrivée de Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir correspond à l’arrivée d’une nouvelle faction au pouvoir. On en a la preuve avec le procès de centaines de personnes à la fin des années 2000, accusées de faire partie du réseau Ergenekon composé de militaires et de membres des services secrets. C’était là la décapitation de l’appareil d’État kémaliste. La réponse américaine fut notamment la tentative de coup d’État en 2016 par l’intermédiaire de la congrégation islamique Gülen, qui a échoué.

Mais le nouveau régime a réussi à se mettre en place. Il dépasse le nationalisme kémaliste né de la première crise générale du capitalisme pour y ajouter et placer comme aspect principal les visées néo-ottomanes.

La question du PKK et la Rojava

L’affirmation expansionniste de la Turquie ne pouvait concrètement pas être suivie par les Kurdes, ce qui explique que le PKK a été le seul mouvement capable de tenir face à la déferlante nationaliste-islamique, puisque les organisations révolutionnaires avaient fait l’erreur de croire qu’il y aurait un statu quo dans le suivisme des États-Unis.

Le PKK, Parti des Travailleurs du Kurdistan, est historiquement un mouvement très incohérent ; né sur une base communiste, il a néanmoins immédiatement cherché l’affrontement militaire, à la fin des années 1970, avec les organisations révolutionnaires de Turquie, et il a souvent été adepte du coup de force contre elles, jusqu’à aujourd’hui. Le PKK ne tolère aucune concurrence.

Inversement, il peut par moment exprimer un véritable internationalisme et une grande sympathie pour celles-ci, de par une convergence naturelle, notamment de sa base. De plus, le PKK exprime une bataille démocratique des masses kurdes et cela produit une abnégation par moments, un combat démocratique d’une grande profondeur. Il est également d’autant plus difficile d’appréhender le PKK de par le fait que les Kurdes sont historiquement divisés territorialement dans plusieurs pays (Turquie, Iran, Irak, Syrie).

En tout cas, afin de subsister politiquement et surtout militairement lors de l’existence de branches armées, toutes les organisations révolutionnaires de Turquie, à l’exception du DHKP/C, se sont alors mises littéralement à la remorque du PKK. Cela est vrai dès juin 1998 avec la Plate-forme des forces révolutionnaires unies (BDGP), regroupant le PKK, le TKP(ML), le MLKP, le TKP/ML, le TDP, le DHP, le TKP-Kıvılcım. Et cela prendra une ampleur encore plus grande lorsque dans la guerre civile syrienne, les forces kurdes établissant une zone indépendante, la Rojava, amenant en Turquie et au Rojava la mise en place du Mouvement révolutionnaire uni des peuples (HBDH), avec le PKK, le TKEP/L, le TKP/ML, le MKP, TIKB, le DKP, le MLKP, le THKP-C/MLSPB, le DK.

Est-ce là un choix adéquat contre la Turquie expansionniste ? En fait, à l’arrière-plan, il y a la question de savoir si la Turquie existe réellement et si la révolution se définit dans son cadre, ou bien si elle doit disparaître au profit d’un cadre régional de dimension proche-orientale. Il va de soi que le PKK pousse en ce dernier sens, de par son agenda national se définissant sur plusieurs pays, alors qu’inversement il y a une lecture considérant qu’un cadre national est toujours spécifique, à l’instar du DHKP/C et du TKP/ML (ce dernier s’étant retiré du HBDH précisément au sujet de cette question).

La fuite en avant panturquiste de la Turquie

Les organisations révolutionnaires furent ainsi dépassées par cette émergence d’une Turquie ouvertement agressive ; à leurs yeux, cela n’était pas concevable. Pourquoi les organisations révolutionnaires de Turquie ont-elles fait cette erreur ? En fait, elles n’ont pas vu que la Turquie partait en roue libre. En 1974, la Turquie avait déjà occupé une partie de Chypre, affirmant son expansionnisme qui ensuite, avec l’effondrement du social-impérialisme soviétique, s’est d’autant plus exprimé. Il existe en effet de très nombreux peuples dans le monde qui relèvent de l’histoire turque, avec son langage et sa culture : les Ouzbeks, les Ouïgours en Chine, les Azéris, les Kazaks, les Kirghizes, de nombreux peuples de Russie tels les Iakoutes ou les Tatars, les Turkmènes, etc.

Beaucoup de ces peuples vivaient en URSS et l’impérialisme américain a massivement appuyé le panturquisme afin de contribuer à déstabiliser son concurrent. La Turquie actuelle prolonge en fait, en roue libre, cette démarche, qui est un fanatisme culturalo-racialiste. Ainsi, une partie importante des gens d’origine turque en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Suisse… refuse toute assimilation, se définissant comme « Turcs », ne se mariant qu’entre Turcs, etc. Le panturquisme vise à l’union des Turcs et ce jusqu’en Chine et en Sibérie.

Il y avait là un espace pour que la haute bourgeoisie turque, disposant d’une armée massive issue de la guerre froide, ultra-agressive de par les fondements de la Turquie « moderne », se précipite dans une orientation expansionniste.

Ces ambitions démesurées ont littéralement porté une nouvelle vague politique en Turquie, dont

Recep Tayyip Erdoğan est l’expression directe. La dimension musulmane est toutefois également extrêmement importante ici, car le panturquisme, déjà largement présent dans le kémalisme, s’est couplé aux Frères musulmans, dont le Qatar et la Turquie sont les bastions.

La fuite en avant ottomane de la Turquie et le Qatar

Il n’y a pas d’Islam (sunnite) sans calife et c’est l’empire ottoman qui pendant plusieurs siècles a joué le rôle du califat. Son effondrement en 1918 a provoqué la naissance de l’islamisme comme mouvement visant à la reconstitution d’un califat. Lancé dans ses velléités expansionnistes, la Turquie a réactivé l’idéologie de l’empire ottoman, se proposant comme « protectrice » de l’Islam. Cela l’amène à avoir une influence très importante en Albanie et en Bosnie-Herzégovine.

Cette ligne islamique néo-ottomane est évidemment en conflit avec les prétentions de l’Arabie saoudite à se proposer comme modèle et gardienne de la Mecque. Les « wahabites » saoudiens sont ainsi en conflit ouvert avec la Turquie qui se fonde sur l’idéologie des frères musulmans, dont le bastion est le Qatar. Le « printemps arabe », où la chaîne qatarie Al-Jazeerah a joué un grand rôle, a en fait été une série de révoltes pro-frères musulmans, notamment en Égypte.

Le Qatar a très peu d’investissements en Turquie, mais très ciblée, épaulant celle-ci lorsque ses dettes sont trop importantes, faisant en 2008 l’acquisition pour plus d’un milliard de dollars du second groupe de médias (dirigé entre 2007 et 2013 par le gendre de Recep Tayyip Erdoğan), achetant pour 1,4 milliards de dollars le plus grand satellite de télévision turque, rentrant à 49 % dans une production de véhicules militaires avec même un représentant militaire qatarie membre de la direction.

La Turquie et la double dynamique de sa fuite en avant

La Turquie est dans un double système idéologique : d’un côté, en tant que « prolongement » de l’empire ottoman, il se prétend le cœur de l’Islam, ce qui justifie son hégémonie ; de l’autre, il y a un discours racialiste non religieux. Ce bricolage a comme base des velléités expansionnistes, mais en même temps il ne peut tenir que par les velléités expansionnistes.

On peut dire que, depuis le départ, la Turquie est le maillon faible de la chaîne des pays dépendants, parce qu’elle est née dans un bricolage issu de la première crise générale du capitalisme, qu’elle s’est maintenue artificiellement dans le cadre de la guerre froide et qu’avec la seconde crise générale du capitalisme sa fuite en avant se transformer littéralement en détonateur.

La bourgeoisie nationale qui a immédiatement joué le rôle de bourgeoisie bureaucratique à l’indépendance, en alliance avec les grands propriétaires terriens, a profité de son importance durant la guerre froide pour asseoir ses bases et prolonger sa fuite en avant au moyen d’une perspective néo-ottomane correspondant à son agressivité redoublée alors que la seconde crise générale du capitalisme s’affirme.

La Turquie est ainsi toujours en crise depuis 1923 et elle bascule, selon la nature de la crise générale au niveau mondial, dans telle ou telle agressivité. Elle se perd elle-même, comme le reflète le fanatisme et l’irrationalisme religieux.

Les tourments de l’histoire turque seront ainsi au cœur de la seconde crise générale du capitalisme. Des bouleversements de grande ampleur sont inévitables. La Turquie va connaître une période intense de crise durant les années 2020 et sera l’un des pays au cœur de la question révolutionnaire au niveau mondial.

Turkey, weak link in the chain of dependent countries

If we take the 500 most important global companies, we find, for Turkey, on the 420th place the Koç Holding, which brings together 113 companies including credit institutions, an oil refinery, tractor factories, bus bodies, tourist companies, the production of household appliances in particular with Beko, etc. Important though less powerfully, there are also Sabancı Holding (notably with one of the textile leaders Kordsa Teknik Tekstil), OYAK Holding, and three state monopolies: Turkish Airlines, Halkbank and Vakıfbank. In any case, we are very far from an imperialist-type export of capital, in a country where a quarter of women marry before the age of 18. Moreover, for a significant part of their activities, all these main Turkish companies are in close partnership with companies from imperialist countries (Toyota, Citibank, Philip Morris, Carrefour, DuPont, etc.).

Turkey is in fact a very active dependent country. This can be read in the following figures. Its foreign direct investment was $ 27 million in 1991, $ 1 billion in 2005, $ 4.7 billion in 2015. On the surface, it is very impressive. However, in reality, in 2015, this represented only 0.32% of foreign direct investment in the world, against 0.01% in 1991. This remains deeply marginal. Turkey took advantage of the capitalist momentum after 1989, but has not changed its base. Moreover, in 2015, Turkey experienced a penetration of foreign capital of 16.5 billion dollars, much more than its own capitalist interventions outside its territory.

The expansionist aggressiveness of Turkish militarism

However, despite this very clear weakness from an economic point of view, Turkey is particularly aggressive. It is active with Azerbaijan against Armenia, it occupied part of Cyprus in 1974, it makes Iraqi Kurdistan a satellite, it intervenes in Libya, it actively supported the Islamic State in order to take advantage of its military penetration into Syria and it decided, in the name of offshore oil drilling, to assume a frontal position with France and Greece.

A sign of this trend, Turkey produces 70% of its weapons and the goal, by 2023, is to achieve this at 100%. It is difficult to see how this is technologically possible, as evidenced by the purchase from Russia, to the chagrin of US imperialism, of the highly advanced S 400 anti-aircraft and anti-missile defense system.

The question of where such aggression stems from is of great importance. There are really many revolutionary organizations in Turkey since the 1970s and they are frantic on precisely this issue. Some see Turkey expressing an aggressiveness peculiar to capitalism, others see it as the activity of an American satellite, of a neo-colony. Some speak of semi-capitalism, others of capitalism with feudal remnants in the superstructure, or of bureaucratic capitalism.

Turkey’s matrix: the general crisis of capitalism

It is by no means a coincidence that Turkey becomes particularly aggressive in the context of the second general crisis of capitalism. This country was born from the first general crisis of capitalism. It is even a component of it.

Since the founding of the Republic of Turkey by Mustafa Kemal in 1923, this country has experienced countless political, economic, military and ideological upheavals, to the point that in fact it has been in permanent crisis for no less than a century. Half of its existence, at least parts of the territory have been under a state of emergency!

It must be understood that the country was born on the ruins of the Ottoman Empire, which generated the expulsion of more than a million Greeks from its territory, to which must be added the Armenian genocide in the background from 1915 to 1923. Turkey succeeded at its foundation in expelling from its territory the foreign armies aiming at a permanent occupation, but came under German control, then under British control, finally under American control. There has been permanent instability, with military coups in 1960, 1971 and 1980. There is also a significant Kurdish national minority, which has been tirelessly suppressed militarily for a century, while the country has also important other minorities, such as Lazs, Circassians, Arabs, Zazas, many Caucasian peoples, etc.

The Turkish regime, crossed by violence

Turkey is thus a country of immense culture, but also of immense complexity. There are a lot of minorities, the country was formed from above; it is at the same time a mixture of peoples and nations and at the same time it forms a real unified block. The central state has been, since its birth, ultra-paranoid. During the collapse of the Ottoman Empire, the imperialist countries indeed wanted to carve up the Turkish part of it and sent occupying troops. One part was to come under British rule, another under French rule, Greek and Armenian areas to be established and Istanbul to form a small state.

This nightmare scenario from the Turkish point of view is a key to this ultra-militarist Turkish device, benefiting from a huge popular echo in the name of the “defense” of national interests, but in reality in the service of large landowners allied to a upper bourgeoisie linked to imperialist countries and serving as intermediaries. Within such a framework, the army plays an omnipresent role, and its clandestine interventions – through “disappearances”, murders, counter-guerrillas – have been innumerable.

This makes this country one of the main weak links in the chain of dependent countries. The country was born on the job, in the framework of the first general crisis of capitalism. It has been relatively “frozen” with the clash of the American and Soviet superpowers. But once the general framework has been called into question by the second general crisis of capitalism, it sets off again.

Kemalism

Kemalism is born as a national bourgeois response to the attempt at imperialist partition of the country. This explains its ultra nationalism, its insistence on the absolute primacy of the central state and on the need to modernize the country. The first military successes of Mustafa Kemal and the development of the first general crisis of capitalism resulted in a compromise and Kemalism established a regime with the recognition of the imperialists, in exchange for their significant penetration into the country.

Turkey is then a country as if blocked. The bourgeoisie began its war of independence but sold itself from the start, in alliance with the big landowners in order to establish the new regime. The authentic national bourgeoisie, which arrived too late historically (and partly non-Turkish and notably Armenian), has withdrawn in front of a “turkified” bourgeoisie sold to imperialism.

Throughout the 1920s, Turkey then experienced a terrible trade deficit, while the capital of the imperialist countries appropriated railway companies, mines, industries, businesses, banks. In 1924, Germany already had 2,352 of the 4,086 km of railways; in 1937, 42% of exports and 36.5% of imports were with Germany. Turkey will also indirectly support Nazi Germany, maintaining its massive economic exchanges until the very end of the war.

This was a continuation of ever greater pressure on the masses. Many strikes had been bloodily suppressed by the regime, while in January 1921 the leadership of the Communist Party of Turkey had already been physically liquidated. From 1931 the police had full latitude for arrests; in 1934 the parliament gave Mustafa Kemal the name Ataturk, “the father of the Turks”. In 1936 public holidays and the ban on child labor were abolished, with even a labor law taken over from fascist Italy; in 1931 the press was controlled and in 1939 any organization headed by the state; in 1943 agrarian products were taxed at 12%, hitting hard small peasants, etc.

The change of supervision after 1945

The CHP, the Republican People’s Party, which had been pro-Nazi Germany, lost control after World War II to the DP, the Democratic Party, which was pro-American. Turkey “benefited” from the Marshall Plan and a massive military support, the companies of the capitalist countries invested in Turkey in a deep way, this country switching over to NATO in 1952 and in 1955 in what will be called the CENTO, making this country a pro-imperialist fortress on the borders with the USSR. It was then the army that took control, starting to build a military-industrial complex.

It was thus the army who overthrew the DP government in 1960, which had been unable to stabilize the regime despite its pro-religious and nationalist demagoguery, leading in particular to the Istanbul riot of 1955 against the last Greek community, with numerous deaths and very significant damage to buildings linked to the Greeks (4,348 stores, a thousand houses, 110 hotels, 27 pharmacies, 23 schools, 21 factories, 73 churches, 2 monasteries, a synagogue…). This caused the exodus of more than 100,000 Greeks.

The DP, which became the AP (Justice Party), resumed power a few years later, accompanying the transformation of Turkey into a productive base for the imperialist countries, the trade deficit from 1960 to 1972 being between 113 and 677 million dollars according to the years. Turkey then depended very largely on the United States and West Germany, then on France, Japan, Great Britain, Switzerland, Italy, the Netherlands, Belgium. Soviet social-imperialism was also ever more present, providing between 1966 and 1979 $ 2.7 billion in credit, more than the United States between 1930 and 1974. However, instability continued to the point that the army intervened to intervene again, for a second coup, in 1971.

The 1970s and the systematization of ultra-violence

In 1970, the Turkish regime was in agony. A quarter of the country’s budget went to the military, compared to only 4.7% for agricultural development where 65% of the population lived in 1970, and 3.8% for health. In 1970, more than a third of the inhabitants of the cities lived in shanty towns (the “gecekondus”, a building built overnight); more than half of the population was illiterate. 55% of children die before they turn 18. Emigration became massive to West Germany, but also to Austria, Switzerland.

In this miserable context, marked by revolts whereas imperialism became increasingly oresebtn as the large landowners crushed the peasants, the army then fell into crushing. The 1971 coup set off a sequence that would extend into the late 1990s, with a systematization of ultra-violence. Faced with the uninterrupted crisis, the army took the lead as such and generalized arrests, murders, torture, violent interventions, legal and clandestine, direct or through nationalist mafia networks. These notably acted in a terrible way with their massacre, in December 1978, in the city of Kahramanmaraş, of a thousand left activists, including their families.

May 1, 1977 had already been marked by shootings against the crowd, killing dozens and dozens of people, while 600,000 people demonstrated. The secret services, MIT, were developing strategies directly with US imperialism, to counter the multitude of revolutionary organizations resulting from the first three initiatives of the early 1970s, the THKO, the THKP / C, the TKP / M-TIKKO, who were developing the armed struggle. The clashes spread, with around ten deaths per day, more than 5,000 in total, including more than 2,000 militants of revolutionary organizations.

With the economy on the brink of collapse, the army then took the initiative of carrying out a new coup in December 1980, arresting 650,000 people, placing 1.6 million people on black lists, etc.

From the 1980s to open expansionist assertion

The army directly managed the country from 1980 to 1983 and the revolutionary organizations were not able to reorganize themselves until 1987, then reaching a high level of combativeness during the 1990s. The revolutionary organizations which then had the most success were the DHKP ​​/ C (Guevarist), the MLKP (Hoxhaist), as well as relatively the TKP (ML) and TKP / ML (both Maoists). They got bogged down, however, while conversely the PKK enjoyed ever greater success among the Kurdish masses, reaching great scale and clearly succeeding in subduing the revolutionary organizations to its own agenda, except for the DHKP / C.

The failure of the revolutionary organizations to turn things around in the 1990s was similar to the success of Recep Tayyip Erdoğan. He was elected mayor of Istanbul in 1994, prime minister from 2003 to 2014, when he became President of the Republic. Its political domination corresponds to quite a change in Turkish reality. Islamist Recep Tayyip Erdoğan advocated a reactivation of the Islamic-Ottoman ideology, and no longer simply a “Turkish” republicanism. He was in tune with an upper bourgeoisie seeking expansion.

The mistake of the revolutionary organizations in Turkey was thus very simple. They all considered Turkey to be fully subjugated to US imperialism through the military. However, the arrival of Recep Tayyip Erdoğan to power corresponds to the arrival of a new faction in power. We have proof of this with the trial of hundreds of people at the end of the 2000s, accused of being part of the Ergenekon network made up of soldiers and members of the secret service. This was the beheading of the Kemalist state apparatus. The American response included the attempted coup in 2016 through the Islamic congregation Gülen, which failed.

But the new regime managed to take hold. It goes beyond the Kemalist nationalism born of the first general crisis of capitalism to add to the neo-Ottoman aims and placed it as its main aspect.

The question of the PKK and Rojava

Turkey’s expansionist assertion could not concretely be followed by the Kurds, which explains why the PKK was the only movement able to hold out against the nationalist-Islamic wave, since the revolutionary organizations had made the mistake of believing that there would be a status quo in the following of the United States.

The PKK, Kurdistan Workers’ Party, is historically a very incoherent movement; born on a communist basis, it nonetheless immediately sought military confrontation in the late 1970s with the revolutionary organizations in Turkey, and has often been a follower of the coup against them until today. The PKK does not tolerate competition.

Conversely, it can at times express a real internationalism and a great sympathy for them, by a natural convergence, in particular of its base. Moreover, the PKK expresses a democratic battle of the Kurdish masses and this produces self-denial at times, a democratic struggle of great depth. It is also all the more difficult to apprehend the PKK by the fact that the Kurds are historically divided territorially in several countries (Turkey, Iran, Iraq, Syria).

In any case, in order to subsist politically and especially militarily in the case of the existence of armed branches, all revolutionary organizations in Turkey, with the exception of the DHKP / C, then literally followed the PKK. This is true from June 1998 with the Platform of United Revolutionary Forces (BDGP), bringing together the PKK, TKP (ML), MLKP, TKP / ML, TDP, DHP, TKP-Kıvılcım. And this will take on an even greater scale when in the Syrian civil war, the Kurdish forces establishing an independent zone, Rojava, bringing in Turkey and Rojava the establishment of the United Peoples Revolutionary Movement (HBDH), with the PKK, TKEP / L, TKP / ML, MKP, TIKB, DKP, MLKP, THKP-C / MLSPB, DK.

Is this an adequate choice against expansionist Turkey? In fact, in the background, there is the question of knowing if Turkey really exists and if the revolution is defined in its framework, or if it should disappear in favor of a regional framework of near-eastern dimension. It goes without saying that the PKK is pushing in the latter direction, due to its national agenda being defined over several countries, while conversely there is a reading considering that a national framework is always specific, like for the DHKP / C and TKP / ML (the latter having withdrawn from HBDH precisely on this issue).

Turkey’s pan-Turkish headlong rush

The revolutionary organizations were thus overtaken by this emergence of an openly aggressive Turkey; in their eyes, it was inconceivable. Why did the revolutionary organizations in Turkey make this mistake? In fact, they didn’t see that Turkey was coasting. By 1974, Turkey had already occupied part of Cyprus, affirming its expansionism which then, with the collapse of Soviet social-imperialism, was all the more expressed. There are indeed many peoples in the world who are part of Turkish history, with its language and culture: the Uzbeks, the Uighurs in China, the Azeris, the Kazaks, the Kyrgyz, many peoples of Russia such as the Yakuts or Tatars, Turkmens, etc.

Many of these peoples lived in the USSR, and US imperialism overwhelmingly supported pan-Turkism in order to help destabilize its competitor. Today’s Turkey is in fact, sustaining this approach, which is culturalo-racialist fanaticism, frewheeling. Thus, a significant portion of people of Turkish origin in Germany, Austria, Belgium, France, Switzerland… refuse any assimilation, defining themselves as “Turks”, only marrying between Turks, etc. Pan-Turkism aims at the union of the Turks and this as far as China and Siberia.

There was space there for the Turkish upper bourgeoisie, with its massive Cold War army, ultra-aggressive on the basis of “modern” Turkey, to rush into an expansionist orientation.

These inordinate ambitions literally carried a new political wave in Turkey, of which

Recep Tayyip Erdoğan is the direct expression. The Muslim dimension is, however, also extremely important here, as pan-Turkism, already widely present in Kemalism, has merged with the Muslim Brotherhood, of which Qatar and Turkey are the strongholds.

Turkey’s Ottoman headlong flight from and Qatar

There is no (Sunni) Islam without a Caliph and it is the Ottoman Empire which for several centuries has played the role of the Caliphate. Its collapse in 1918 sparked the birth of Islamism as a movement to reconstitute a caliphate. Launched into its expansionist ambitions, Turkey has reactivated the ideology of the Ottoman Empire, proposing itself as “protector” of Islam. This leads it to have a very important influence in Albania and in Bosnia and Herzegovina.

This neo-Ottoman Islamic line is obviously in conflict with Saudi Arabia’s claims to offer itself as the model and guardian of Mecca. The Saudi “Wahabis” are thus in open conflict with Turkey, which is based on the ideology of the Muslim Brotherhood, whose stronghold is Qatar. The “Arab Spring”, in which the Qatari channel Al-Jazeerah played a big role, was in fact a series of pro-Muslim brotherhood revolts, notably in Egypt.

Qatar has very little investment in Turkey, but very targeted, supporting it when its debts are too important, making in 2008 the acquisition for more than a billion dollars of the second group of media (led between 2007 and 2013 by Recep Tayyip Erdoğan’s son-in-law), buying Turkey’s largest television satellite for $ 1.4 billion, earning 49% in military vehicle production with even a Qatari military representative on the board.

Turkey and the double dynamic of its headlong rush

Turkey is in a double ideological system: on the one hand, as an “extension” of the Ottoman Empire, it claims to be the heart of Islam, which justifies its hegemony; on the other, there is a non-religious racialist discourse. This tinkering is based on expansionist inclinations, but at the same time it can only hold up through expansionist inclinations.

It can be said that, from the start, Turkey has been the weak link in the chain of dependent countries, because it was born in a tinkering resulting from the first general crisis of capitalism, that it maintained itself artificially in the framework of the cold war and that with the second general crisis of capitalism its headlong flight literally turns into a detonator.

The national bourgeoisie which immediately played the role of bureaucratic bourgeoisie at independence, in alliance with the large landowners, took advantage of its importance during the Cold War to establish its bases and prolong its flight forward by means of a neo-Ottoman perspective corresponding to its redoubled aggressiveness while the second general crisis of capitalism asserts itself.

Turkey has thus always been in crisis since 1923 and it tilts, depending on the nature of the general crisis at the world level, in such and such aggressiveness. It is losing itself, as reflected in religious fanaticism and irrationalism.

The turmoil of Turkish history will thus be at the heart of the second general crisis of capitalism. Large-scale upheavals are inevitable. Turkey will experience an intense period of crisis during the 2020s and will be one of the countries at the heart of the revolutionary question at the global level.

Keeping up with the times

The Covid-19 crisis opens a new era, because it carries with it a whole bundle of historical contradictions. Humanity can no longer live as before, it faces a challenge which consists in finding its place in the Biosphere. It can no longer simply continue to carry the capitalist mode of production, which very clearly leads to destruction in all areas. There is the need for a break.

We can imagine that this is not simple. It involves a great determination in the face of capitalist corruption, an ability to look to the future, a sense of involvement to make things turning in the right direction. Without a sufficient ideological level, without an adequate cultural reading, we cannot turn off, carry this rupture, we are caught up by the old era and its values.

With the Covid-19 crisis, a double phenomenon has unfolded. On the one hand, there was an effect of surprise, of fear, of anguish, in the face of an event that seemed incomprehensible given the capitalist claim to propose a stable world. What is unfolding then seems therefore incomprehensible, calamitous, a catastrophe and there is a headlong rush in social-Darwinist reasoning, that the weak must perish.

However, on the other hand, there was and there is a sense of understanding that a whole period has ended. With the confinement, the closing of the borders, the partial shutdown of activities, the cessation of capitalist triumphalism … all of this has dialectical been a breath of fresh air as well. It was finally the proof that capitalism could not perpetuate itself without knowing blockages, that it is not able to swallow up private life and the whole of society, and even the planet, without being stopped by something. Capitalism appears to be outdated.

What arises as an alternative is Socialism or barbarism. Either there is an awareness, a going beyond old values and the affirmation of Communism – whether at the level of society or in relation to nature. Either there is an identitarian, national withdrawal, an escape in the spirit of concurrence, competition, with an acceptance of the disaster and the attempt to take advantage of it to dominate others.

Either popular democracy, with the working masses deciding the orientations of society on a basis of sharing, cooperation, compassion, refusal of hierarchies, unification of social and productive forces, or militarism and the quest for a national savior, leading to fascism and imperialist war.

Either the bourgeoisie is politically put aside, its state dismantled, its state apparatus liquidated, with popular power around the working class, or the upper bourgeoisie takes control of the state and pushes capitalism to participate in the imperialist battle for the redistribution of the world, mobilizing in a nationalist and militarist manner.

This alternative does not arise formally. It will take time before it arises at all levels of society. On the side of popular democracy, we do not get out of capitalism easily, whether in terms of mentalities or the establishment of new forms of production. There are many obstacles, such as the workers’ aristocracy, a social layer bought by the capitalists, or even the nefarious influences of a petty bourgeoisie seeking to abuse the masses to negotiate with the bourgeoisie.

On the Reaction side, it is difficult to get the country from political liberalism, ideological relativism, generalized individualism… to the same values, but nested in an aggressive “collective” project requiring participation in “the national effort”. Capitalism in its liberal form and capitalism in its fascist form are both the same and not the same; the transition from one to the other is not smooth.

It goes without saying that what is decisive here will be the general crisis of capitalism and more precisely the forms it will take. We can already see that the economic dimension of the crisis is terribly deep, that it surprises by its expression, that it strikes almost by surprise this or that sector. Unemployment, precariousness, brutality in everyday life, anxiety for maintaining its social existence… all of this can be the breeding ground for fascism, while the bourgeoisie necessarily seeks an exit through capitalist rationalization and imperialist war.

Conversely, the prolonged nature of the situation contributes to reflection, to awareness. And we can even see, in a relative way, that people who had turned their backs on the values of the dominant way of life, who did not trust the capitalist pretensions, who sought an alternative way of life … suddenly found themselves having a certain value, instead of appearing as mere freaks as before.

Obviously, it is most often elementary steps, of withdrawal, while it is not only a question of realizing that the pace imposed by capitalism is unbearable. If we stop at that, we do not see that capitalism has had its day and that it is not a question of slowing down history, human activity in general, but quite the contrary of accelerating it. It is not about making a hippie approach triumph in order to « calm », « frame » or « roll back » capitalism, but rather to have an active humanity, protagonist of new choices, allowing a new development. You have to live up to the times.

Nevertheless, we can thus already read behaviors, attitudes, positions that pass into the universal, the planetary dimension, in opposition to the cynical, individualist, nihilist values of capitalism. The common denominator of all is that it is considered that we “can’t do the same anymore”. The refusal of nuclear power or of hunting, the requirement of a high standard in health, the detestation of waste or religious divisions, the affirmation of the sharing of cultural goods, whether for music , films or images in general… Such phenomena, whether they are aware of it or not, come tendencially into conflict with the 24 hour a day demands of capitalism.

This does not mean that people have grasped the full scale of the disaster, nor that the process is not recuperable in itself with a modernization of capitalism. What there is here is a deep contradiction between, on the one hand the battle for existence, with the need to work in order to have a salary to live, to integrate socially, with also alienation making us appreciate what capitalism offers… and on the other, in a way not necessarily understood, a cultural, material, psychological need to breathe, to temporize, to stop incessantly running by following the desiderata of capitalism, to flourish by doing things differently, in a better way. To what extent this contradiction will be positive, in what form, that is the real basic question.

In any case, it is possible to say that the people who have grasped with satisfaction this break, this moment of pause in the capitalist machinery, represent the point of the emerging consciousness that we must put an end to all this, that we must change everything, that nothing is right anymore. Of course, we are still a long way from coming to the affirmation that we must destroy what destroys us, nevertheless a process has started.

Concretely, we can say that the great capitalist impetus founded on the collapse of Soviet social-imperialism and the integration of social-fascist China into the international division of labor is now over. What shatters is the capitalist consensus that was maintained between 1989 and 2020, based on a relative rise in the standard of living on a global scale, the absence of major wars across the world, technological modernization and better access to health.

This period between 1989 and 2020 was a crossing of the desert from the point of view of the communist strategic proposal, it was extremely difficult for the revolutionary vanguards around the world to experience. The thesis that capitalism goes to war seemed out of date; capitalism was expanding mass consumption and seemed to overturn the claim that exploitation leads to impoverishment. The way of life of the masses was changing, whether with computers, internet, cell phones, the reinforcement of cinema and television in everyday life. A vast petty-bourgeoisie was getting stronger in the imperialist countries, developing cultural activities that seemed fulfilling or at least entertaining.

The ground conquered with so much difficulty in the years 1960-1970, place of the engagements in the years 1980, literally evaporated in 1989. The collapse of Soviet social-imperialism allowed the Western imperialist countries to appropriate new markets, and through the integration of social-fascist China, capitalist production and consumption have been greatly enlarged.

In such a context, the reconstitution of the avant-gardes was a difficult struggle, requiring patience and tenacity. In France, the CPF (MLM) is based on a process born in the 1990s, with the affirmation of Maoism at the very beginning of the 2000s, for a major operation of ideological reconstruction of fundamental principles. In Belgium, a country with a similarly great revolutionary tradition, the process of aggregation of forces assuming the break with capitalism led in 2010 to the formation of the MLM Center.

But it is not just about reclaiming the Communist heritage. It is also about deepening, to be up to the challenges of the time. The animal question, in particular, arises with all its acuteness. In the background there is the contradiction between city and country, with humanity’s place in the biosphere as the backdrop to a battle for the future direction to be taken.

We do not understand people who say they want revolution, but who have no concrete, practical point of view on all the burning issues of our time and whose speech could be in 1980, in 1960, in 1930, or even in 1900. To imagine that one can lead a revolutionary policy while being completely out of date culturally is simply an aberration strictly equivalent to the petty-bourgeois fascinations for anything that appears as a new cultural or social phenomenon.

You have to be anchored in your time, in your society. Revolution is not a cosmopolitan process. What is called people’s war is not a technical concept, but a popular reality, with the people made up of concrete people, existing with their sensibility in a well-defined material reality. It is necessary both to be in phase with the people and to be a vanguard turned towards overtaking reality, there is the productive contradiction defining the communists.

This is all the more true at a time of crisis and when one says crisis it means revolution. What is ending is a time when revolutionaries were marginalized or corrupted by capitalist momentum. It was a time of relative neutralization of antagonisms. We can even say that, since the 1950s, the capitalist countries have experienced such a neutralization, the revolutionary wave being expressed mainly in Africa, Latin America and Asia. The people of the capitalist countries were crushed by capitalism and its values, they were integrated into its process, adopting the way of life that it demanded. We are now at the breaking point.

An authentic life is only possible in the fight for liberation and before that, it is in a socially isolated way that such an approach emerged, whether in the French “leftists” around May 1968, in violent workers’ initiatives. Italians of the 1970s, in the Berlin squats of the 1980s. There was a complete break between avant-gardes prisoners of their alternative style and the broad masses entirely cut off from their approach and even inaccessible by their disdain for what was not the traditional capitalist way of life. The situation changed with the onset of the crisis; the antagonistic stall with the 24 hours a day of capitalism takes on its meaning!

The project of recomposing the proletarian fabric by the democratic movement of the masses violently tearing up capitalist hegemony at all levels can resume its natural course. The need for Communism can be expressed again, sector by sector in the popular masses, posing as a strategic hypothesis addressed as broadly as possible.

This is a process in which we are only at the beginning. But our pride is to have prepared, to be on the front line in this start. And we have confidence in the victory of this process of overcoming the general crisis of capitalism, by the victory of the popular masses country by country in a prolonged process and the establishment, as final achievement, of the world socialist republic.

Marxist Leninist Maoist Center [Belgium]
Communist Party of France (marxist leninist maoist)