Le problème quand on a des idées nouvelles dans un pays capitaliste développé, c’est qu’il y a forcément de nombreux petits-bourgeois qui tentent de se les approprier. Acquérir de nouvelles conceptions n’est pas une mauvaise chose en soi, mais les petits-bourgeois ne savent pas le faire sans procéder à d’importantes déformations. Parfois, c’est sincère ; dans d’autres cas cela aboutit à de véritables détournements, des falsifications.
Il va de soi que notre affirmation du maoïsme n’a pas échappé à ce processus, avec de très nombreux individus et groupes tentant de récupérer notre travail, de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Nous avons toujours observé cela avec attention, mais avec distance, pour deux raisons.
La première, c’est que nous menons notre propre travail et que nous en sommes satisfaits. Que des faux maoïstes s’agitent sur Facebook, recrutent sur les forums, fréquentent les milieux anarchistes, disent du mal du nous en racontant que nous n’existerions pas, etc., ce n’est en soi nullement traumatisant. Quand on n’a pas d’ego, mais qu’on sert réellement le peuple, de tels phénomènes laissent de marbre.
La seconde, c’est qu’il faut toujours voir s’il n’y a pas quelque chose de positif qui peut apparaître dans un tel processus. C’est très important, parce que le processus de rupture avec le capitalisme est quelque chose de difficile, parfois il y a des détours, pour ne pas dire tout le temps.
Le problème, c’est que pour parvenir à quelque chose, il faut du temps, il faut de la patience. Or, la petite-bourgeoisie n’en a pas. Cela fait que même si quelque chose de positif pouvait ressortir de tout cela, il n’y en avait pas le temps.
On a ainsi une Unité Communiste Lyon qui s’est formée en se revendiquant du maoïsme et en nous dénigrant, puis très vite le maoïsme a été mis de côté. Il y a une Organisation Communiste Futur Rouge qui a fait exactement de même. Il y a eu un Parti Communiste Maoïste qui s’est présenté comme un centre d’agitation, pour disparaître du jour au lendemain sans rien expliquer. La liste de choses similaires à cela est très longue.
Et cela relève d’un fil ininterrompu. La « Cause du peuple » a par exemple publié un article en janvier 2021, où on lit une paraphrase complète de ce que nous-mêmes disons :
« Les gouvernements bourgeois ne pourront pas combattre l’épidémie de covid-19, qui, par sa nature même, risque de devenir endémique.
La catastrophe de la gestion du covid-19 risque de se répeter avec la multiplication des épidémies, causés par la crise que traverse la biosphère, qui est une partie de la crise générale de notre système économique. »
Nous sommes les seuls à parler de Biosphère de manière développée et nous sommes les seuls à expliquer que la crise de la biosphère est une partie de la crise du système économique, encore que dit comme cela c’est inexact, puisque nous parlons de crise générale du mode de production, pas simplement d’un « système économique ».
Mais nous l’avons déjà dit ailleurs (Le faux maoïsme, un exemple de diversionnisme ; Les faux « maoïstes », un opportunisme régressif). Le faux maoïsme n’existe que comme notre ombre, de manière déformée, de manière défigurée.
Et nous voulons souligner ici un aspect essentiel à la base de ce phénomène : la peur de la guerre populaire, c’est-à-dire la peur de l’organisation, la peur de l’insurrection.
La peur de la guerre populaire
Il existe en Italie un « Parti Communiste Maoïste », qui affirme être pour la guerre populaire. Cependant, alors qu’il y a eu une intense lutte armée en Italie dans les décennies 1970-1990, il n’en dit pas un mot. Il existait même déjà durant cette période, sans évidemment ne rien faire.
C’est un excellent contre-exemple. Quand on est révolutionnaire, on sait qu’il y a immédiatement deux tendances. Il y a ceux qui parlent beaucoup, mais qui finalement font du syndicalisme. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les faux maoïstes ont toujours soutenu la CGT, alors que la base du maoïsme en France, c’est le rejet de la CGT. Et il y a ceux qui ne disent rien, mais font le travail de fond, en évitant les associations, les syndicats, le regard de l’État.
Il est très facile, naturellement, pour les premiers de dire que les seconds n’existent pas. En même temps, les premiers sont constamment obligés de s’adapter afin de se donner une image « révolutionnaire », d’où leur fascination – répulsion pour les seconds.
Nous avons toujours constaté ce phénomène et selon nous, il ne s’arrêtera pas pour toute une longue période. Il y a toujours eu des petits-bourgeois comprenant que nous avons raison, mais s’arrêtant au dernier moment parce qu’il y a un obstacle à franchir : l’acceptation de la guerre populaire.
Dire qu’on est pour la révolution, c’est une chose. Assumer qu’il faille organiser un soulèvement à grande échelle, c’est bien souvent autre chose.
C’est là la frontière très claire que les faux maoïstes, petits-bourgeois par définition, ne peuvent pas franchir. Même s’ils prétendent la franchir, ils sont stoppés malgré eux-mêmes dans leur élan, en raison de leur propre nature de classe.
Ce n’est pas pour rien que les faux maoïstes ne s’intéressent d’ailleurs pas du tout à nos nombreuses analyses matérialistes historiques. Tout ce qui les intéresse, c’est l’apparence, les mots qui claquent, les concepts qui sonnent à la fois comme forts et nouveaux. Ce qui donne des choses grotesques, comme l’utilisation dans des pays impérialistes du symbole du Parti Communiste du Pérou pour lutter contre la « transphobie », alors que Gonzalo considérait que même l’homosexualité, anti-dialectique dans sa nature, disparaîtrait avec le socialisme.
Cependant, quand on utilise des mots, ceux-ci entraînent. Il faut alors assumer ou non. Le Parti Communiste Maoïste annonce en 2016 qu’il veut la guerre populaire, puis cesse en juillet 2020 de publier quoi que ce soit sur son site et fait disparaître sa page Facebook. Quel est le sens de tout cela ?
Placer l’idéologie au poste de commandement
Il ne s’agit pas de critiquer une agitation contre le capitalisme, car cela c’est forcément bien. Mais sans continuité, sans élévation du niveau de conscience, une chose se retourne aisément en son contraire. Et alors qu’on croit faire avancer les choses, on a en fait contribué à la confusion, aux illusions, au spontanéisme.
C’est pour cela que Mao Zedong enseigne qu’il faut placer l’idéologie au poste de commandement. Les faux maoïstes ont par contre une idéologie qui tient sur une carte postale, au nom d’une pratique qui n’est rien d’autre que du syndicalisme, voire de la charité. Il y a des gens qui s’imaginent maoïstes en France parce qu’ils proposent des paquets de pâtes gratuitement ! En France, pays impérialiste, où la majeure partie des gens possèdent leur logement, alors que la sécurité sociale est universelle !
Ce genre de fiction n’a rien à voir avec la guerre populaire comme perspective de destruction de l’État par l’océan des masses en armes. Et cela rappelle comment, dans un pays impérialiste, la petite-bourgeoisie est aisément en mesure d’inventer des contes à dormir debout.
D’où la primauté de l’idéologie, sa compréhension systématique, sa considération qu’elle est notre véritable forteresse.
Sous le drapeau de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong !
Guerre populaire jusqu’au Communisme !
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Janvier 2021