L’échec-catastrophe de l’unité ouvrière en France en février 1933

Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier. Le Parti Communiste Français ne peut que constater jour par jour le processus de démolition que subit à son encontre le Parti Communiste d’Allemagne. Mais c’est déjà une chose essentielle, permise par le poids de l’Internationale Communiste dont le Parti Communiste Français est membre.

Du côté des socialistes de la SFIO, en effet, on ne perçoit pas l’ampleur des événements, pour des raisons tant idéologiques puisque les socialistes ne considèrent pas qu’il y a une crise générale du capitalisme, que pratiques car les dirigeants socialistes entendent participer au gouvernement, ou du moins le soutenir, et une opposition interne est désormais vent debout contre une telle démarche.

Cela va provoque une grande bataille interne et le 6 février 1933, le Conseil national du Parti socialiste SFIO condamne ainsi avec bien plus des 2/3 des voix le groupe parlementaire pour s’être orienté dans une démarche gouvernementale avec « des partis de démocratie bourgeoise ».

Le chef de file de l’aile gauche du Parti socialiste SFIO, Jean Zyromski, en 1932

Rappelons qu’il existe également, depuis la campagne contre la guerre menée par le Comité d’Amsterdam, un important rapprochement anti-guerre et pro-URSS des ouvriers communistes et socialistes.

Le Parti Communiste Français fit alors une erreur tactique. Il se dit qu’il y allait avoir une poussée révolutionnaire des masses, en raison des mesures anti-sociales du gouvernement et de la prise de conscience de la victoire fasciste en Allemagne.

Il part ici notamment d’une base erronée parce qu’il pense que, par l’Internationale Communiste, il peut avoir un regard prenant les choses comme par en haut. C’est un formalisme, qui se lit bien dans l’appel suivant de début février 1933 :

« Appel au combat international contre le fascisme

déclaration commune des partis communistes de France, de Pologne et d’Allemagne.

L’établissement de la dictature ouverte en Allemagne, par la prise du pouvoir du gouvernement Hitler-Hugenberg-Papen, accentue, dans un rythme accéléré, les contradictions impérialistes entre l’Allemagne d’une part et la Pologne et la France de l’autre.

La bourgeoisie de ces pays déploie une campagne chauvine effrénée qu’elle exploite pour détourner l’attention des masses de la lutte de classe et accélérer fiévreusement les préparatifs de la guerre impérialiste.

En face de la politique agressive et rapace de l’impérialisme polonais, qui pousse vers l’annexion de Dantzig et de la Prusse orientale, et vis-à-vis de l’armement formidable de l’impérialisme français voulant maintenir son hégémonie en Europe et le système de Versailles, se dresse le réarmement militaire, la campagne chauvine et la politique de la bourgeoisie allemande, de la dictature fasciste en Allemagne.

Les peuples de l’Europe sont menacés plus fort que jamais d’un nouveau massacre impérialiste mondial.

Dans cette situation, en face des dangers graves de la guerre, les partis communistes de Pologne, de France et d’Allemagne déclarent leur volonté d’opposer avec plus d’audace la bannière de l’internationalisme prolétarien à la campagne chauvine de la bourgeoisie, de déployer la solidarité fraternelle dans la lutte de masse internationale commune des ouvriers d’Allemagne, de France et de Pologne et des autres travailleurs de ces pays et d’accentuer au plus degré la lutte contre l’ennemi dans leurs propres pays contre la classe dirigeante.

Le régime de terreur ouverte du fascisme, les attaques des dirigeants fascistes en Allemagne contre le prolétariat allemand et son avant-garde, le P.C.A., mettent en danger en même temps les intérêts vitaux des ouvriers et paysans de Pologne et de France.

Le règne de terreur fasciste et de sang de Pilsudski en Pologne menace non seulement les ouvriers et paysans polonais, mais également les travailleurs des autres pays. La politique de guerre de l’impérialisme français, pour le maintien du système de Versailles, ne signifie pas seulement l’oppression et la misère pour les ouvriers de France, mais aussi pour les masses travailleuses des autres pays.

A la campagne chauvine, à l’armement, au militarisme, au règne fasciste de la classe dirigeante, il faut opposer l’action internationale des masses prolétariennes et des travailleurs de la ville et de la campagne.

Nous déployons en Allemagne, en Pologne, en France, la bannière de combat de l’internationalisme prolétarien. Trois pays, mais un seul drapeau : le drapeau rouge du prolétariat combattant.

Les partis communistes de France, d’Allemagne et de Pologne disent aux masses :

Ne vous laissez pas détourner de la lutte de classe par vos ennemis, dans votre propre pays, par vos exploiteurs qui veulent vous imposer le service militaire obligatoire, le travail forcé, la discipline militaire et autres vertus militaires ! Ce n’est pas l’ouvrier ou le paysan polonais qui est l’ennemi des travailleurs d’Allemagne, ni vice-versa. Ce n’est pas l’ouvrier allemand qui est l’ennemi de l’ouvrier ou du paysan français.

Regardez l’Union soviétique où il n’existe pas d’oppression nationale, ni la terreur fasciste, ni une politique de guerre impérialiste, ni le chômage, ni la crise. C’est l’exemple pour les ouvriers et opprimés de tous les pays !

OUVRIERS SOCIALISTES DE FRANCE, DE POLOGNE ET D’ALLEMAGNE !

Abandonnez la politique de trahison de classe de vos chefs. Abandonnez les dirigeants de la IIe Internationale qui soutiennent la politique de guerre de la bourgeoisie, qui préparent le terrain au fascisme, qui retiennent les ouvriers de la lutte et du front uni antifasciste !

Forgez le front unique invincible du prolétariat combattant !

Pour vous tous, pour les masses travailleuses en France, en Pologne, comme en Allemagne, il n’y a qu’une seule issue de la crise. Il n’y a qu’un seul chemin vers l’affranchissement social et national, une seule voie qui anéantisse le système de Versailles, qui écarte le danger de la guerre impérialiste, qui détruise le système capitaliste :

LE POUVOIR OUVRIER ET SOCIALISTE !

Signé : Le P.C. de Pologne, le P.C. de France, le P.C. d’Allemagne. »

Le Parti Communiste Français rompit ainsi le 6 février toutes les discussions avec la SFIO, arguant qu’il s’agissait d’un « jeu de dupes », que la SFIO ne voulait en réalité pas de débats publics authentiques mais des positionnements en vases clos, que la SFIO n’était somme toute qu’un appendice des radicaux et le resterait.

Il se focalisa alors unilatéralement sur la dénonciation des mesures anti-sociales gouvernementales. Or, ces mesures touchaient principalement les fonctionnaires et les travailleurs des services publics. De par cette base sociale, il ne fallut que peu de temps aux socialistes pour se lancer eux-mêmes dans la bataille et se réaffirmer.

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Avicenne, la révélation – synthèse et la révolution du rapport entre essence et existence

Avicenne modifie la définition de Dieu que l’on trouve chez Aristote. Chez ce dernier en effet, Dieu n’est que le « moteur premier ». Il est simplement le moteur lui-même non mu, car il fallait bien un démarreur pour activer le système de causes et de conséquences caractérisant le monde.

Aristote ne pose pas la question d’un Dieu qui serait tourné vers nous en quelque manière que ce soit, c’est seulement un principe à côté du monde, pour l’expliquer.

Avicenne modifie la définition dans un sens religieux, parallèle à l’Islam. Il dit en effet que Dieu est la cause du monde, et pas seulement son moteur. Même si comme chez Aristote Dieu et le monde ont toujours coexisté, car il ne pouvait pas en être autrement (Dieu étant ce qu’il est et ne choisissant pas), Dieu est comme dans l’Islam la source du monde.

Détail d’une enluminure du Canon medicinae d’Avicenne

Pourquoi cela ? Pourquoi Avicenne, qui s’appuie sur le matérialisme d’Aristote, conjugue-t-il cela apparemment avec une sorte d’Islam néo-platonicien (correspondant à l’ismaélisme) ?

La raison est le saut qualitatif. Aristote est parfois retombé sur la dialectique, tout comme Avicenne. Mais étant donné qu’il raisonnait en termes de causes et de conséquences, il n’existait pas de principe d’opposition, de transformation interne, de saut qualitatif.

Avec Aristote, on accumule des connaissances au moyen de l’expérience, fournissant des données qu’on compile, les classifiant et les reliant au moyen du syllogisme (Socrate est un homme, les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel). Il n’y a pas de place pour la rupture, le saut, l’infini.

Comment alors expliquer que l’esprit humain peut conceptualiser quelque chose de nouveau, qu’il puisse apprendre de nouvelles vérités sur le monde ? Ou, plus précisément, comment expliquer que, parfois, un esprit synthétise et saisisse subitement un nouveau concept ?

Avicenne contribue ici à la philosophie d’Aristote, qui n’explique pas cela, en disant : il s’agit en fait d’une « révélation » divine. Dieu fournit des connaissances « auto-évidentes ».

Ce n’est évidemment pas le cas : pour nous, c’est un saut qualitatif du processus de réflexion. Il n’y a toutefois pas cela dans un système cause-conséquence – d’où l’utilisation des messages de l’au-delà pour expliquer ces conceptions nouvelles.

D’où d’ailleurs la poésie du prophète, qui ne comprend pas ce qu’il a compris, et qui comme Moïse, Jésus et Mahomet déraille dans sa présentation de ce qu’il a conceptualisé, en s’imaginant porteur d’un message divin. Incapables de comprendre leur propre démarche, ils l’attribuent à l’au-delà.

Avicenne représenté en 1271

Avicenne a ici en fait une analyse matérialiste inversée quant à ces prophètes, reconnaissant que leurs compréhensions viennent de l’au-delà, mais en expliquant que c’est tout de même une réflexion de l’ordre universel. Si l’on supprime l’au-delà, alors cette réflexion vient du processus matériel, et on a le matérialisme dialectique.

Cela a une conséquence gigantesque sur le plan intellectuel, qui va avoir un impact absolument massif en Europe lors de la diffusion, à partir de la fin du moyen-âge, des écrits d’Avicenne et d’Averroès, les principaux représentants des partisans d’Aristote dans le monde musulman.

En effet, si Dieu est capable d’amener des révélations, alors cela signifie que Dieu est présent dans le monde.

Dans les religions, c’est tout à fait différent : on a un Dieu qui est la cause de la création du monde, tout en restant séparé. Il transmet des messages par l’intermédiaire de figures individuelles qu’il a choisi, principalement selon les religions Moïse, Jésus, Mahomet.

Or, chez Avicenne, tout le monde est tout le temps capable de se tourner vers les concepts formant le monde – tout comme chez Aristote.

Cela signifie que la révélation est tout le temps présente – et que tout le monde peut y accéder.

Première page du Canon d’Avicenne, 1597

Ici, « Dieu » fournit un message universel et ne connaît pas les particuliers. Moïse, Jésus, Mahomet sont simplement des figures ayant mieux « réceptionné » le message que les autres, ils n’ont pas été choisis de manière décidée et arbitraire par Dieu.

Il s’ensuit une modification essentielle, sur le plan des idées, des notions d’essence (Al-Māhia الماهية) et d’existence (Al-Wujūd الوجود). Avicenne va ici littéralement bouleverser la conception religieuse traditionnelle et permettre à la philosophie d’Aristote d’incarner Dieu – dans le monde, en tant que monde.

Il préfigure ni plus ni moins que Spinoza, qui est en fait un avicennien absolu.

On peut faire le tableau suivant pour bien comprendre ce qui se passe au niveau conceptuel.


Dieu est…Le monde est…Rapport entre Dieu et le monde
Chez AristoteMoteur premier et silencieuxParallèle de manière éternelle au moteurSéparé
Pour la religionCréateur et envoyeur
de messages personnalisés
Mystère temporaire
jusqu’à la fin des temps
Séparé
Chez AvicenneMoteur premier et communicateur des concepts universelsProlongement lointain d’un moteur premier sur-émanant de la bontéUnifié

Aristote était un matérialiste. Mais comme il avait besoin d’une source pour le principe des causes et des conséquences, il a dit : il y a un moteur premier, loin et séparé. Cela pose tout de même un problème pour un matérialiste que ce « Dieu » séparé.

Avicenne résout le problème en utilisant Islam dans une version à la fois panthéiste et ismaélienne. Il dit : Dieu n’est pas du tout séparé. L’intellect agent qui « flotte » au-dessus du monde et dont parle Aristote, ce n’est pas une figure abstraite formant tous les concepts universels de la réalité.

C’est le prolongement du moteur-premier, sous la forme d’un archange qui est un décalque d’un décalque d’un décalque de Dieu, une sorte de chargé de mission à responsabilité limitée.

Donc ce moteur premier n’est pas séparé du monde. On comprend aisément pourquoi Spinoza prolongera le tir et assimilera Dieu et le monde, en disant que « Dieu » est simplement la Nature, c’est-à-dire l’essence de toutes les choses existantes.

Avicenne ne va pas aussi loin. Mais il dit tout de même déjà que l’essence et l’existence ne sont pas séparées, mais liées. Cela Aristote le disait déjà : chaque chose a une forme (chien, chat, table…) obéissant à des règles propres à sa nature, ce qui est son essence.

Cependant, il existe une essence parallèle, celle du moteur divin, à l’origine du fonctionnement du monde, comme « moteur premier ».

Avicenne modifie cela en disant : le moteur premier n’est pas une essence parallèle, c’est la première essence, qui combine sa nature avec l’existence. Dieu est la fusion de l’essence et de l’existence, tandis que pour tout le reste, c’est séparé.

Dans son Livre de sciences, Avicenne déclare ainsi que tout a une cause, une existence nécessaire dans un cheminement déterminé par la cause, et qu’en fait, on peut ainsi remonter jusqu’à Dieu :

« Vous savez que les choses ne se passent pas sans être nécessaires. Il y a une cause pour tout, mais toutes les causes ne nous sont pas connues… si nous avions connu toutes les causes, nous en aurions eu la certitude.

Tout existant a son origine dans l’Existant nécessaire, et sa procession à partir de l’Existant nécessaire est nécessaire. »

Dieu ne peut donc pas avoir choisi de créer le monde, il était obligé de le faire et il a l’a toujours fait : le monde est éternel comme Dieu.

La révélation – synthèse implique la révolution du rapport entre essence et existence : Dieu rejoint dans le monde matériel, quittant les limbes d’une existence théorique-abstraite en tant que « cause des causes » nécessaire au principe des causes et des conséquences formulées par Aristote.

Avicenne reste cependant totalement engagé dans le cadre du féodalisme, d’où la limite de sa proposition. Son universalisme reste sur le fond impérial, c’est-à-dire féodal et non bourgeois, de par la nature de l’islam, c’est même un féodalisme beaucoup plus abouti que dans sa version occidentale et latine ou même gréco-byzantine au sens où dans ces derniers cas, l’Empire sera défaillant.

Ce sera même la chance historique de la bourgeoisie européenne que de pouvoir se frayer un chemin à travers les mailles du féodalisme impérial défaillant de l’Occident latin.

Avicenne, lui, s’adresse essentiellement à l’aristocratie féodale, d’où sa faiblesse. Historiquement, seule la bourgeoisie, en portant l’individu comme particulier et la coopération comme conceptualisation du collectif, permet de posséder de manière plus complète Aristote et de parvenir à le dépasser.

En un sens, sa proposition avait une dimension démocratique, au sens bourgeois et dans une perspective encore élémentaire.

Mais adressée à l’aristocratie militaire dans le cadre du féodalisme, l’aristotélisme islamique ne pouvait qu’échouer, avant de renaître sous une autre forme, puis à nouveau échouer etc. Toute l’histoire de l’Islam après Avicenne est comme hantée par l’aristotélisme, c’est-à-dire par ses propres contradictions cherchant à dépasser le féodalisme.

La version aristotélicienne de l’Islam proposée par Avicenne tente ainsi d’aller à la science et à l’universel, mais cela suppose une base en mesure d’assumer une vision du monde matérialiste, au moins partiellement.

Une telle vision était cependant encore trop déconnectée de la vie des masses, prises en étau dans le mysticisme et le besoin de sécurité, et l’aristocratie militaire, même profondément engagée dans le chi’isme, ne pouvait l’assumer sans se liquider au bout du compte et liquider avec elle tout l’Empire et le féodalisme comme mode de production.

La mise en œuvre des forces productives passe alors encore par une religion féodale, exprimant le service chevaleresque et majestueux d’une aristocratique militaire supérieure, noble, mais qui s’affirme « esclave » au sens de serviteur, de l’Empire et de Dieu, pour le bien de l’Humanité. Il s’agit toujours de dominer la Nature et la société de manière complète, pour l’organiser et la pacifier, et la ramener vers son modèle idéal et divin.

Il n’y a alors pas de base sociale assez large et développée pour porter une vision du monde comme celle d’Avicenne qui replace l’Humanité dans la Nature, et lui redonne sa dignité, assumant le réel et la matière et l’harmonie du Cosmos. Une telle vision va même au-delà de ce que la bourgeoisie pourrait assumer, alors l’aristocratie féodale le peut encore moins.

S’il a été en mesure de formuler une étape pour faire avancer le matérialisme – et quel immense succès rien que cela ! – Avicenne était bloqué historiquement par la réalité historique.

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Avicenne et l’imagination comme moyen de synthèse intellectuelle

Avicenne a longuement exposé les moyens nécessaires pour que l’être humain parvienne à saisir les concepts universels.

On a chez Avicenne un être humain comme être pensant, c’est-à-dire capable d’appréhender son entourage matériel et de le comprendre en se conformant à l’ordre universel au moyen de la réflexion intellectuelle.

Cela amène une vision divine au sens où l’on voit littéralement le monde à travers les yeux de l’archange-intellect lui-même. Non seulement le prophète peut faire cela, mais également tout être humain se tendant dans la même direction.

C’est un matérialisme qui considère qu’il y a un Dieu et qu’on peut humainement fusionner avec le regard divin lui-même au moyen d’une intense capacité intellectuelle.

Il s’agit d’avoir à l’esprit l’ordre du monde lui-même, avec ses concepts, le monde entier reflété dans son esprit, et alors on devient le monde lui-même ou plus exactement on fusionne avec Dieu qui est le moteur de ce monde.

Avicenne formule cela de la manière suivante dans le Livre de la Guérison :

« La perfection de l’âme rationnelle est de devenir un monde intellectuel où l’on trouve un dessein de la forme du tout, de l’ordre intelligible qui est dans le tout et du bien qui flue dans le tout ; et cela en commençant par le principe du tout, en procédant vers les substances nobles, qui sont [les substances] spirituelles d’une façon absolue, pour continuer vers celles qui sont spirituelles mais reliées en quelque sorte aux corps, et encore vers les corps célestes, avec leurs dispositions et leurs puissances, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la disposition de tout l’être se trouve exaucée dans [l’âme] et qu’elle devienne à la fois un monde intelligible, parallèle au monde existant tout entier ; et [tout] cela en contemplant ce qui est la bonté absolue, le bien absolu, la beauté absolue et réelle, en s’unifiant à elle, en imprimant en soi-même son modèle et sa disposition, en parcourant son chemin et en devenant partie de sa substance. »

L’être humain peut de fait parvenir à une jonction avec le sens du monde consistant en le « catalogue » des concepts universels des choses formant le monde. Et il y a plusieurs degrés dans la jonction : ceux qui y parviennent au moins un peu se mettent à l’écart des choses particulières, pour passer à l’universel.

C’est tout à fait dialectique, c’est la systématisation de la réflexion, dans sa nature dialectique, qui est ici exposée, les degrés de « jonction » étant ceux de la capacité à synthèse.

Avicenne expose ici toute une psychologie matérialiste qui se fonde directement sur Aristote et exprimée par le prisme de la question de la prophétie, au sens du « décryptage » du sens du réel par une personne en particulier.

Ce que dit Avicenne, c’est que la question essentielle ici, c’est celle de l’imagination. Si cette dernière est bloquée par les sens, elle est limitée. Elle ne peut pas se joindre à l’intellect (qui est le catalogue des concepts universels), autrement dit on reste prisonnier du particulier par rapport à l’universel.

Après, même en faisant travailler son imagination, encore faut-il que celle-ci puisse saisir des « images » adéquates, d’une part, et qu’elle soit en mesure de ne pas être effacée par une activité sensorielle trop débordante, d’autre part.

De plus, les « images » qu’on obtient en réfléchissant (et qui sont une réflexion des concepts universels dans son propre esprit) doivent être clairs, ils ne doivent pas être découverts au moyen de choses ressemblantes, approximatives, permettant de les saisir mais comme imparfaitement, de manière insuffisamment nette.

Voilà pourquoi Avicenne parle de capacité prophétique comme le degré maximum : on reçoit les concepts universels à la base du monde comme une sorte de « révélation ». Et il souligne que dans le sommeil, on obtient parfois des « images », qui proviennent de « l’invisible » (et sont pour nous le saut qualitatif d’une réflexion au sein du cerveau, ce qu’on traduit communément par « la nuit porte conseil ») :

« L’expérience et le raisonnement s’accordent à prouver qu’il appartient à l’âme humaine d’obtenir de l’invisible quelque faveur dans l’état de sommeil.

Rien n’empêche donc quelque chose de semblable de se produire dans l’état de veille, à moins que, pour un motif quelconque, cette faveur soit supprimée ou qu’elle puisse être enlevée. »

En clair, Avicenne pose une méthode pour ouvrir son esprit à l’ordre du monde, en allant vers les concepts universels. Le paradoxe est bien entendu que lorsqu’on arrive à ces concepts universels, par une voie intellectuelle, on arrive à une extase qui est elle parareligieuse ou du moins mystique.

On a d’un côté la raison, de l’autre Dieu que l’on redécouvre au bout de la raison.

Mais comment définit-il alors ce Dieu ?

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Avicenne et la connaissance par Dieu des particuliers

Il est évident que puisque chez Avicenne l’esprit est une âme, alors il y a désaccord avec Aristote pour qui l’esprit disparaît quand le corps meurt. Avicenne est ici prisonnier de son époque, de la croyance religieuse en la vie après la mort, d’un au-delà avec un Dieu qu’on pourrait selon lui rejoindre « intellectuellement » et donc de manière mystique, car il a organisé le monde.

L’âme se voit accorder une valeur « substantielle » ; elle existe en soi, comme dit ici dans Le livre de la science :

« Lorsque l’âme vient à l’existence, et comme elle est une substance, elle subsiste parce que le principe de son existence subsiste.

Lorsque son organe est détruit et comme elle ne subsiste ni par cet organe ni dans cet organe, elle n’est pas détruite.

Certes, ses facultés organiques – telles que la sensation, l’imagination, le désir, la colère et autres facultés analogues – se séparent d’elle et sont détruites par suite de la destruction de l’organe. »

Seulement, cela pose alors un problème simple à comprendre si l’on suit la démarche d’Avicenne.

L’âme existe en effet en soi selon lui uniquement parce qu’elle a la dignité de relever d’une « intelligence » rassemblant toutes les âmes. Cela veut dire qu’une fois le corps mort, l’âme retourne à sa source.

Or, cela implique que l’âme n’a pas de caractère individuel et que donc il ne peut pas y avoir de résurrection, chose annoncée pourtant par l’Islam. Comment Avicenne peut-il alors dire cela ?

C’est qu’Avicenne est dans la tradition chiite, pas sunnite. Cela implique qu’il n’est pas pour une lecture littérale du Coran. Partant de là, il dit : ce sont des images, que le Coran emploie pour éduquer. Il ne faut pas prendre le paradis, l’enfer, la résurrection au pied de la lettre.

Il va très loin sur ce plan, car il relativise de ce fait ouvertement les lois islamiques, considérées comme faites pour un peuple à un moment donné dans une langue donnée, sans valeur directe et universelle. Il dit dans son Épître sur le Retour que :

« Tout cela montre donc que les Lois ont été énoncées pour s’adresser au peuple par ce qu’ils comprennent, rapprochant ce qu’ils ne comprennent pas de leur imagination à l’aide d’images et d’anthropomorphisme. Et s’il en était autrement, les Lois n’auraient servi absolument à rien. »

Il est cependant un point auquel Avicenne ne peut pas échapper. En effet, la résurrection des morts n’implique pas seulement la résurrection, elle implique les morts eux-mêmes, au sens où Dieu reprend chaque personne et la relie au corps disparu. Autrement dit, Dieu connaît les gens un par un, il les connaît en particulier.

Or, cela s’oppose formellement au matérialisme d’Aristote, pour qui la connaissance ne peut être que conceptuelle : on peut connaître l’humanité, telle espèce d’arbre, mais pas tous les êtres humains, ni tous les arbres de cette espèce en particulier. Une synthèse en tant que réflexion dans un cerveau est toujours conceptuelle, à caractéristique universelle.

Un Dieu « personnel » connaissant les individus « personnellement » est donc impossible. Aristote conçoit son « intellect » planant au-dessus du monde comme une base de données des concepts (tels telle espèce, la notion de fleuve ou de montagne, etc.), pas comme un catalogue des particuliers.

Avicenne devait, concrètement, obligatoirement tendre ici soit vers la religion, soit vers le matérialisme.

Soit on a un Dieu traditionnel de la religion, qui connaît « tout » non seulement en général mais également en particulier.

Soit on a un « Dieu » simple moteur de l’univers, qui connaît « tout » mais seulement en général car sa pensée n’est qu’une liste de concepts correspondant à la réalité elle-même.

Avicenne, c’est là sa grandeur historique, s’est ici tourné vers le matérialisme. Il assume que « Dieu » ne connaît que des universels, ce qui le ramène au « Dieu » d’Aristote, lointain, tourné vers lui-même, en fait purement fonctionnel comme déclencheur du principe de cause et de conséquence.

C’est là une rupture ouverte avec le concept de Dieu en Islam. C’est dire si à son époque, pour qu’il puisse s’exprimer, il y avait un espace pour pouvoir exprimer cela !

Tel fut le cadre persan-chiite (et plus précisément ismaélien).

De plus, un tel Dieu si à l’écart implique qu’il reste toujours à l’écart. Avicenne admet donc le principe d’Aristote comme quoi le monde est éternel, ayant toujours existé, de manière parallèle à un « Dieu » simple moteur.

C’est là également une remise en cause fondamentale du Dieu de l’Islam.

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Avicenne et l’archange-intelligence

L’ismaélisme ne dit en fait pas autre chose qu’Avicenne sur le « découpage » de l’ordre universel, et inversement. On a en effet toute une série d’archanges issus de Dieu et ce sont eux qui jouent un rôle essentiel dans le « maintien » du monde, dans son fonctionnement.

On est ici dans un pompage direct des conceptions néo-platoniciennes. Chez Platon, il y a un monde matériel qui n’est qu’un tas de matière formé de manière imparfaite sur des modèles parfaits issus d’un monde spirituel (comme expliqué dans l’allégorie de la caverne).

Chez les néo-platoniciens, il y a l’idée pour justifier l’existence du monde que ce dernier est une sorte d’image-fantôme de Dieu, par l’intermédiaire d’une procession d’autres images-fantômes intermédiaires. Plus on s’éloigne de la source, plus on est prisonnier de la matière et loin de la spiritualité pure qu’est Dieu.

Il faut donc méditer, pratiquer l’ascèse, et par des formules bientôt magiques, retrouver le chemin menant à Dieu, en quittant le plus la matière. Les premiers chrétiens dans le désert, les chrétiens dans les monastères et les ascètes hindous ont la même conception.

Et il y a tout un bricolage intellectuel pour placer des « archanges » entre Dieu et le monde, chacun étant en quelque sorte un sous-délégué, avec un moins de pouvoir à chaque descente de l’échelon. Et tout en bas, le dernier archange – d’habitude on en compte dix, mais parfois neuf ou onze – se confond avec les âmes des êtres humains.

Pour simplifier le trait, on peut dire que c’est comme dans le matérialisme d’Aristote, sauf que l’esprit est un reflet du monde et que comme le monde a été créé par Dieu, l’esprit se voit accorder une importance particulière, et devient une âme.

Chez Avicenne, cela donne ainsi :

« Le monde sublunaire [= notre monde] (…) est réel tantôt en sa matérialité physique et tantôt en son intelligibilité pour l’ange, tantôt en sa sensibilité et tantôt en son intelligibilité pour nous.

Selon ces divers modes, il constitue des réalités à ne pas confondre et qui se rattachent à des sujets précis : la matière, les anges, notre psychisme et notre pur esprit. »

Et donc, contrairement à Aristote pour qui la « pensée » du monde n’est que l’ensemble de ce qui peut être pensé correctement, de manière virtuelle, et sur lequel on retombe quand on réfléchit bien sur la réalité (et depuis la réalité, par la réalité) … la « pensée » du monde est une sorte de super-entité divine, le plus bas des archanges, qui contient toutes les âmes.

Lorsque les âmes reviennent à cet archange, elles acquièrent une nouvelle dignité, une sorte d’extase intellectuelle, comme dit ici par Avicenne dans Le livre de la science :

« Comme les intelligibles sont en puissance dans l’âme, puis viennent à l’acte, il faut qu’il y ait une entité intelligente qui les fasse passer de la puissance à l’acte.

Il n’est pas douteux que cette entité est une des intelligences dont nous avons parlé en métaphysique – particulièrement celle qui est la plus proche de ce bas-monde et qu’on nomme : intelligence active – celle qui agit sur nos intelligences pour les faire passer de la puissance à l’acte.

Mais tant que tout d’abord les sensations et les imaginations n’existent pas, notre intelligence ne vient pas à l’acte.

Et quand les sensations et les imaginations viennent à l’existence, les formes se mêlent à des accidents qui leurs sont étrangers, et elles sont alors voilées comme les choses qui se trouvent dans l’obscurité.

Mais ensuite les rayonnements de l’intelligence active tombent sur les imaginations, de même que celui du soleil tombe sur les formes qui se trouvent dans l’obscurité.

Puis, partant de ces imaginations, les formes abstraites se présentent à l’intelligence, de même qu’à cause de la lumière les formes visibles se présentent dans le miroir ou dans l’œil : comme ces formes sont abstraites, elles sont universelles ; en effet, si tu retranches de la perception d’humanité les parties superflues, il en reste le concept général, tandis que les particularités individuelles disparaissent.

Ainsi l’intelligence distingue l’un de l’autre l’essentiel et l’accidentel, et les sujets et prédicats apparaissent ; tout prédicat lié à un sujet sans l’aide d’un intermédiaire se présente à l’intelligence, et tout prédicat auquel il faut un intermédiaire [pour que son lien à un sujet soit conçu] se conçoit au moyen de la réflexion.

Lorsque l’âme humaine prend connaissance des intelligibles isolés de la matière, lorsque le besoin de percevoir par les sens disparaît et que la séparation de l’âme et du corps intervient, [alors] l’union de l’âme au rayonnement suprême s’accomplit. »

On doit littéralement parler d’une illumination intellectuelle. Par le savoir, par la connaissance du fonctionnement du monde, on fusionne avec la pensée « pure » que l’archange-intelligence rassemblant les âmes, et on rejoint le divin.

Il faut toutefois bien prendre garde à quelque chose. Avicenne reprend aux néo-platoniciens l’idée d’une « procession » depuis Dieu par l’intermédiaire d’archanges.

Cependant, les néo-platoniciens n’accordent aucune valeur au monde matériel, qui est selon eux une sorte d’illusion. Avicenne reconnaît par contre l’existence du monde, sa validité.

Les néo-platoniciens proposent une sortie du monde par la méditation, la prière, le mysticisme.

Avicenne rejette catégoriquement cela et ne propose comme chemin à Dieu uniquement la raison, la science, la connaissance.

Le vrai scientifique, admirant scientifiquement l’univers, est au bout du compte comme ivre de Dieu.

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Avicenne, la conscience et « l’homme volant »

L’ismaélisme (tout comme le chiisme en général) accorde une valeur certaine à la conscience, dans la mesure où tout n’est pas « scellé » par une prophétie passée, mais au contraire en permanence actualisée par un « imam caché » (sans lequel le monde ne pourrait pas exister), voire même modifiée par un imam nouveau sans cesse renouvelé (ce qui est la position ismaélienne, qui n’adopte pas le point de vue du dernier imam « occulté »).

Avicenne peut ainsi donner libre cours à son affirmation d’Aristote, parce que le matérialisme présuppose une conscience tournée vers la réalité, capable de la saisir. Mais Avicenne étant un musulman (de type chiite), il ne s’intéresse pas tant à la réalité que :

– à la manière dont elle existe,

– et par l’intermédiaire de la conscience.

Il a employé une allégorie devenue extrêmement célèbre pour exprimer son point de vue, celle de « l’homme volant ». Il dit la chose suivante : prenons un homme qui flotterait et à qui on enlèverait toute sensation. Il aurait tout de même l’impression d’exister. C’est donc que la conscience se perçoit elle-même. Elle a une valeur en soi.

Voici ce que dit Avicenne dans la section « Le traité de l’âme » dans le Sifa (La Guérison) :

« Il faut que l’un de nous s’imagine qu’il a été créé d’un seul coup, et qu’il a été créé parfait, mais que sa vue a été voilée et privée de contempler les choses extérieures.

Qu’il a été créé tombant dans l’air ou dans le vide, de telle sorte que la densité de l’air ne le heurte, dans cette chute, d’aucun choc qui lui fasse sentir ou distinguer ses différents membres lesquels, par conséquent, ne se rencontrent pas et ne se touchent pas.

Eh bien ! qu’il réfléchisse et se demande s’il affirmera qu’il existe bien, et s’il ne doutera pas de son affirmation, de ce que son ipséité [c’est-à-dire son identité particulière] existe, sans affirmer avec cela une extrémité à ses membres, ni une réalité intérieure de ses entrailles, ni cœur, ni cerveau, ni rien d’entre les choses extérieures.

Bien mieux, il affirmera l’existence de son ipséité [ce qui fait qu’un être est lui-même et non pas autre chose], mais sans affirmer d’elle aucune longueur, largeur ou profondeur.

Et s’il lui était possible, en cet état, d’imaginer une main ou un autre membre, il ne l’imaginerait ni comme une partie de son ipséité, ni comme une condition de son ipséité.

Or tu sais bien, toi, que ce qui est affirmé est autre que ce qui n’est pas affirmé. Et la proximité est autre que ce qui n’est pas proche.

Par conséquent, cette ipséité dont est affirmée l’existence a quelque chose qui lui revient en propre, en ceci qu’elle est lui-même, par soi-même, non pas son corps et ses organes qui, eux, ne sont nullement affirmés.

Ainsi a-t-on l’occasion d’attirer l’attention sur une voie qui conduit à mettre en lumière l’existence de l’âme comme quelque chose qui est autre que le corps, mieux qui est autre que tout corps. Et que lui, il le sait et le perçoit.

S’il l’avait oublié, il aurait besoin d’être frappé d’un coup de bâton. »

Ce n’est pas ce que dit Aristote, qui lui affirme l’empirisme, la primauté de l’expérience. Avicenne a ici un point de vue idéaliste. Cependant, il tend vers Aristote parce qu’il reconnaît une place au corps, d’une part, et qu’il reconnaît une dignité à la conscience, d’autre part.

Il n’est pas aligné sur le point de vue islamique (sunnite) de type dictature militaire + matraquage religieux. Il s’y oppose même formellement en formulant le fait que la conscience, même si elle est ici une « âme », peut se conjuguer à l’univers, se confondre avec l’ordre du monde.

Il y a ici une dimension religieuse, de type panthéiste, qui s’associe à la lecture matérialiste d’Aristote. Puisque le monde est organisé et qu’on a une conscience, alors cette conscience peut saisir l’organisation du monde et en ce sens accéder à une lecture rationnelle du Dieu créateur, et même attendre le bonheur complet en contemplant cette organisation (comme le dit Aristote), et même s’unir à Dieu par l’extase de la compréhension de la générosité divine (chez Avicenne seulement).

Chez Aristote, être heureux, c’est être conforme à sa nature ainsi que contempler l’intelligence d’un monde organisé et purement matériel. Avicenne ajoute un niveau à cela, en faisant de la conscience une âme qui peut voguer jusqu’au créateur ayant réalisé le monde matériel.

L’âme est « illuminée » par le caractère organisé de la création.

Dans Le livre de la science (écrit en persan), le Dānesh Nāma-i ʿAlāʿı écrit pour Ala ad-Dawla Muhammed, un chef militaire ayant fondé la dynastie des Kakouyides, Avicenne expose ainsi cette mise en adéquation de l’âme humaine avec « l’intelligence active » qui en quelque le souffle de Dieu ayant créé le monde :

« Étant donné que la cause du perfectionnement de l’âme est l’intelligence active (laquelle est éternelle et d’un rayon constant), que l’âme reçoit [les intelligibles] par elle-même et non par un organe, et que l’âme est éternelle, donc l’union de l’âme à l’intelligence active et son perfectionnement par elle sont perpétuels, et l’âme ne subit ni obstacle ni altération ni destruction.

Il est devenu évident que le plaisir de chaque faculté consiste en la perception de la chose pour laquelle cette faculté est réceptacle naturel.

Il est aussi devenu évident que rien n’est plus délectable que les concepts intelligibles. »

L’être humain doit ainsi parvenir à une jonction (ittisâl) de son âme avec l’univers créé par Dieu – c’est un parallèle avec Aristote où l’être humain doit parvenir à une jonction de son esprit uniquement lié au corps avec l’univers uniquement matériel et uniquement parallèle à Dieu impersonnel uniquement tourné vers lui-même et simple « moteur » de l’existence du monde.

Chez Aristote, l’être humain est matériel et sa dimension intellectuelle lui permet de contempler l’ordre cosmique. Chez Avicenne, l’aspect matériel de l’être humain n’est qu’un réceptacle pour une pensée-âme qui parviendrait à comprendre l’ordre cosmique et à « fusionner » avec lui dans une extase mystique.

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Avicenne et le chiisme ismaélien

Il va de soi qu’en disant qu’un être humain peut comprendre l’univers et le refléter, Avicenne redit la même chose qu’Aristote, mais même s’il intègre cela à l’Islam, il y a un décalage fort avec cette religion.

Pour l’Islam en effet, Dieu est à la base même extrêmement loin et inaccessible, incompréhensible et indéfinissable. C’est le principe du Tawhid, de l’unicité divine portée jusqu’à la négation de toute définition de la raison elle-même.

On parle cependant ici de l’Islam dans sa version sunnite. Or, Avicenne a comme contexte l’affirmation tant de la révolte persane que de l’affirmation du chiisme dans sa variante ismaélienne, qui prédominera d’ailleurs dans le chiisme à cette époque.

C’est là quelque chose d’à la fois de très facile et de très difficile à comprendre.

Fragment d’un bol du 11e siècle

Le principe est le suivant. Avicenne est un médecin : il pense qu’il peut soigner, car il y a des lois dans le développement de la matière. Le médecin découvre ces lois et organise son activité de guérison en fonction.

Or, en tant que médecin, il va justement soigner des gens concrets. Dans sa jeunesse, il parvient ainsi au diagnostic d’une intoxication par le plomb du prince Nouh ibn Mansour en raison des peintures décorant la vaisselle employée. En remerciement, il a accès à la très riche bibliothèque royale de la dynastie musulmane persane des Samanides.

Et cette médecine rentre toujours dans ce cadre musulman persan. Avicenne part en effet ensuite pendant plusieurs années pour le royaume persan des Korasmiens, avant de rejoindre Gorgan, la capitale du royaume persan des Ziyarides, puis Rayy, la capitale du royaume persan des Bouyides, et enfin Hamadan, capitale d’un royaume persan des Bouyides temporairement concurrent.

Il y devient vizir, puis, à la mort du prince Chams ad-Dawla, il est précipité en prison, dont il parvient de s’enfuir au bout de quatre mois pour parvenir à Ispahan, capitale du royaume persan ka-kouyide, encore une scission temporaire du royaume persan des Bouyides.

On sait justement que le chiisme est né comme expression politique des courants musulmans persans cherchant à donner un trait impérial à l’Islam, en lieu et place de l’Islam purement militaire des Arabes. Ces derniers ont dû de toutes façons céder en partie devant les traditions persanes afin d’être en mesure de former une administration.

Mais le chiisme va plus loin encore : il dit que le chef de l’État islamique doit être conforme à une tradition religieuse de « pureté » et non un simple chef de guerre. C’est une tentative de formuler un cadre impérial, avec une véritable équipe politico-religieuse autour du chef, en lieu et place d’une simple dictature militaire connectée à la religion.

Ali avec son épée Zulfikar

Le chiisme a cependant réussi à triompher au point qu’il y a plusieurs royaumes s’en revendiquant. Naturellement, cela pose un souci : comment peut-il y avoir plusieurs royaumes avec tous un chef « pur » ? Il faudrait qu’il n’y ait qu’un seul « chef » pur dans un seul royaume. De là une situation de concurrence acharnée, avec une modification idéologique du chiisme.

La variante ismaélienne dit en effet qu’il n’est pas tout à fait exact que le chef de l’État islamique doit être conforme à une tradition religieuse de « pureté » et non un simple chef de guerre. Cela voudrait dire en effet que la « prophétie » islamique est terminée.

L’ismaélisme dit alors que chaque chef « pur » porte lui-même la prophétie et que, par conséquent, il a le droit d’établir un nouveau style, une nouvelle mentalité, une nouvelle approche, voire de nouvelles règles.

Cela répond au besoin nécessaire d’ajuster l’orientation idéologique, dans une démarche impériale capable de fédérer et non plus simplement de diriger par en haut de manière absolutiste. L’Imam n’est pas que le représentant d’une tradition avec toute une équipe : il l’ajuste.

On notera ici d’ailleurs que l’un des sens profonds de la révolution islamique iranienne de 1979 et le renversement du shah d’Iran, un bureaucrate moderniste qui n’était tourné que vers la population persane, au profit d’une « république islamique » d’allure en fait impérialo-religieuse unissant les peuples d’Iran (soit environ 65 % de Perses , 8 % de Kurdes, 14 % d’Azéris, 6 % de Lors, 2 % d’Arabes, 2 % de Baloutches, ainsi que des Turkmènes, des Arméniens, des Assyriens, des Tats, des Mazandaris, des Chaldéens, etc.).

La forteresse ismaélienne d’Alamut, source wikipédia

Les tentatives ismaéliennes vont être extrêmement nombreuses, diversifiées et insurrectionnelles. L’une des plus connues a abouti à la mise en place du califat dit fatimide (882-1171), mis en place par « l’imam » Ubayd Allah al-Mahdi.

On a également les Qarmates, qui n’hésitent pas à s’inspirer du zoroastrisme persan. Leur insurrection va même les amener à piller La Mecque pendant 17 jours en 930 et à voler la fameuse « pierre noire », pièce essentielle du dispositif religieux musulman.

Une scission fatimide est à l’origine d’un épisode très célèbre et marquant : celui de la mise en place, par le « vieux de la montagne » Hassan ibn al-Sabbah (1050-1124), de la forteresse d’Alamut comme base ismaélienne « hashashyn » envoyant des assassins, les fedayins, mener des assassinats ciblés contre ses ennemis.

Son fils Hassan II proclama justement à Alamut, en 1162, la « Résurrection des Résurrections », impliquant une sorte de dépassement des préceptes islamiques. Cela correspond à l’esprit ismaélien de l’imam dirigeant la communauté et « actualisant » la religion.

Miniature persane du 15e siècle présentant la forteresse d’Alamut

D’où d’innombrables variantes-scissions de l’ismaélisme, ainsi que les syncrétismes. L’ismaélisme au Gujarat en Inde s’est divisé en Jafari Bohras, Dawoodi Bohras, Sulaymani Bohras, Aliyah Bohras, etc.., alors qu’il existe une variante indienne hindoue-ismaélienne, le Satpanth.

Ce qu’il faut bien saisir ici, au niveau idéologique, c’est que pour justifier « l’actualisation » des préceptes religieux, des valeurs, etc., l’ismaélisme se revendique d’une lecture non littérale du Coran. C’est la variante du chiisme qui pousse le plus loin la théorie d’un message « secret » dans le Coran, que justement Ali aurait connu, Mahomet étant si l’on veut la face visible.

Un hadith, c’est-à-dire un propos rapporté de Mahomet, dit la chose suivante dans la tradition chiite :

« Dieu Très-haut m’a dit : Ô Mohammad [= Mahomet]! J’ai envoyé Ali avec les autres prophètes invisiblement, je l’ai envoyé à toi visiblement.

[Et Mahomet de dire à Ali:] Tu es par rapport à moi comme Aaron par rapport à Moïse. »

Un autre hadith de tradition chiite dit par exemple :

« Le Coran est descendu selon sept lectures dont chacune a un sens apparent et un sens caché, et ‘Alî Ibn Abî Tâlib possède la science du sens apparent et du sens caché. »

Si le chiisme (aujourd’hui majoritaire) à 12 imams (dont le dernier est « occulté ») se veut le gardien de la tradition islamique et le porteur du « secret » dans le Coran, l’ismaélisme se veut simplement le porteur du « secret » dans le Coran.

Et il n’hésite pas à ouvertement se tourner vers tous les discours lui pouvant être utile à l’explication de ce secret, y compris la philosophie grecque, en particulier Platon. Cela est justifié intellectuellement par le fait que le « secret » de l’ordre cosmique peut être compris, et qu’il y a donc eu des tentatives de le faire par certains ailleurs ou auparavant.

L’ismaélisme est ainsi proche de l’hindouisme dans le syncrétisme, à ceci près que lui mélange, fusionne les mysticismes.

C’est très exactement dans cette émergence de l’ismaélisme qu’il y avait un espace pour Avicenne, dont le père et le frère appartenaient à ce courant religieux encore musulman.

Il n’existe pour le reste strictement aucune information quant au choix de la variante islamique effectué par Avicenne, ce qui est par ailleurs relativement conforme à l’esprit de prudence propre à l’ismaélisme, même si au fond Avicenne était avant tout un médecin et un philosophe partisan d’Aristote.

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Avicenne, l’univers organisé selon l’Islam et la dignité de l’être humain

Avicenne est un médecin (et même un immense médecin) ; il pense qu’il peut soigner, car il y a des lois dans le développement de la matière. Autrement dit, les choses sont ce qu’elles sont et les choses sont bien faites.

Il est des cas où cela ne fonctionne pas, mais c’est justement exceptionnel, c’est qu’un accident s’est produit. Cela a empêché le processus de suivre son cours naturel. C’est là qu’il faut intervenir.

Cependant, normalement, tout processus se déroule à un endroit donné, à un moment donné, avec en vue un objectif final, une fin. Un processus porte en lui une matrice aboutissant à quelque chose devant inévitablement se produire.

Ici, on suit Aristote à la lettre. Avicenne résume cela ainsi dans son Commentaire sur la Physique (d’Aristote) :

« Il est clair de tout cela que les mouvements naturels des éléments matériels sont par voie d’un objectif naturel d’eux à un endroit défini, et que cela se passe toujours ou la plupart du temps, et c’est ce que nous entendons par le terme « fin » (ghaya).

Ensuite, il est évident que les objectifs qui émanent de la nature quand la nature ne s’oppose pas [à cela], et ne place pas d’obstacles, sont bons et parfaits.

Si elles conduisent à une mauvaise fin qui n’est pas toujours [ainsi] ou [pas] la plupart du temps, plutôt d’une manière telle que notre âme cherche une cause accidentelle dans ces choses, et il est dit « qu’est-ce qui a fait que ces pousses de palmier se fanent ? », et « qu’est-ce qui a fait faire une fausse couche cette femme ? ».

Même si cela se produit, la nature se meut pour le bien du bien, et ce n’est pas seulement [observable] dans la croissance animale et végétale, mais aussi dans le mouvement des corps simples et dans les actions qui émanent d’eux par la nature (bi-l-tab’).

Car ils se déplacent toujours vers les fins, à condition que rien ne les en empêche, selon un ordre déterminé (nizam mahdud), sans déviation, à moins qu’il n’existe une cause s’opposant. »

On est ici dans le matérialisme. Avicenne considère que l’univers est organisé, qu’il y a des lois effectives dans les processus matériels. On peut donc comprendre ces derniers. C’est le sens de son activité de médecin, puisque soigner l’être humain, c’est le refaire correspondre à sa nature, c’est le remettre dans l’ordre, exactement comme les préceptes de l’Islam remettent les êtres humains dans l’ordre.

On lit ainsi dans le Coran, Sourate 95 :

« 4. Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite.

5. Ensuite, Nous l’avons ramené au niveau le plus bas,

6. sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes ouvres : ceux-là auront une récompense jamais interrompue. »

C’est cette dimension cosmique de l’Islam qui permet, intellectuellement parlant, au matérialisme d’Aristote d’avoir un espace, contrairement au christianisme qui s’aligne sur un platonisme séparant radicalement le matériel du spirituel, aux dépens du premier.

Il ne faut jamais oublier en effet que l’Islam, au contraire du christianisme qui cherche avant tout substantiellement la sortie du monde matériel, reconnaît une valeur certaine à la réalité matérielle et qu’elle considère même que l’ordre cosmique a une portée naturelle.

L’être humain est sur Terre pour être éprouvé. Dieu est ici à la fois miséricordieux et punisseur, avec une opposition dialectique très marquée pour insister sur la rigueur à atteindre (l’Islam se forgeant directement dans la contradiction villes/campagnes avec La Mecque comme « modèle »).

On lit dans le Coran de manière permanente que l’univers a une nature orchestrée de manière divine, comme ici dans la Sourate 39 :

« 5. Il a créé les cieux et la terre en toute vérité. Il enroule la nuit sur le jour et enroule le jour sur la nuit, et Il a assujetti le soleil et la lune à poursuivre chacun sa course pour un terme fixé. C’est bien Lui le Puissant, le Grand Pardonneur ! »

La Sourate 3 parle de « signes » que l’on peut décoder dans l’organisation du monde :

« 189. A Allah appartient le royaume des cieux et de la terre. Et Allah est Omnipotent.

190. En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence,

191. qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre (disant) : ‘‘Notre Seigneur ! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi ! Garde-nous du châtiment du Feu’’. »

La Sourate 36 mentionne pareillement les « preuves » qu’il y a dans la nature organisée du monde :

« 33. Une preuve pour eux est la terre morte, à laquelle Nous redonnons la vie, et d’où Nous faisons sortir des grains dont ils mangent.

34. Nous y avons mis des jardins de palmiers et de vignes et y avons fait jaillir des sources,

35. afin qu’ils mangent de Ses fruits et de ce que leurs mains n’ont pas produit. Ne seront-ils pas reconnaissants ?

36. Louange à Celui qui a créé tous les couples de ce que la terre fait pousser, d’eux-mêmes, et de ce qu’ils ne savent pas !

37. Et une preuve pour eux est la nuit. Nous en écorchons le jour et ils sont alors dans les ténèbres.

38. et le soleil court vers un gîte qui lui est assigné ; telle est la détermination du Tout-Puissant, de l’Omniscient.

39. Et la lune, Nous lui avons déterminé des phases jusqu’à ce qu’elle devienne comme la palme vieillie.

40. Le soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour ; et chacun vogue dans une orbite. »

On notera également, et c’est essentiel, que si l’être humain est présenté par le Coran et Mahomet comme propice à dérailler, il reste en mesure de percevoir ces « signes », ces « preuves ». On retrouve un propos très important à ce niveau dans la Sourate 33 :

« Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. »

Le terme de « responsabilité » est souvent traduit par « dépôt », comme si Dieu avait déposé le sens de la création auprès de l’être humain, et que celui-ci peut, malgré sa nature, le porter et le préserver, même si imparfaitement de par sa nature.

Et c’est là qu’intervient Avicenne. Comme Aristote dit que l’être ne pense pas, qu’il ne peut que refléter l’ordre cosmique, Avicenne peut saisir Aristote. Bien entendu, il le modifie relativement, pour en faire un musulman capable de saisir le « dépôt » qui est le sens même de l’ordre cosmique.

C’est une dimension religieuse, mais en même temps cet aspect est relativisé par la dimension humaniste du propos, puisque par la philosophie l’être humain peut acquérir une véritable dignité, de portée littéralement divine.

Lorsque l’être humain dispose adéquatement son esprit pour avoir un intellect en phase avec l’ordre cosmique, il répond pour ainsi dire à Dieu qui a créé le monde, en s’y conformant. Le mouvement de descente de la création se voit littéralement répondre par une sorte de remontée au moyen de son esprit.

Avicenne formule ainsi, dans le Livre de la genèse et du retour, cette conception d’un être humain re-saisissant l’ordre du monde et le reflétant dans son esprit, donc reflétant l’ordre cosmique, donc revenant à Dieu le créateur :

« Du principe premier aux éléments, c’est l’arrangement qui s’instaure selon l’ordre des principes et, chez l’homme, le retour s’achève.

A lui le retour réel et l’assimilation aux principes intellectuels. »

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Avicenne et la saisie de la philosophie d’Aristote

Initialement, Avicenne est un enfant extrêmement intelligent, qui s’intéresse à la logique, la physique et aux mathématiques, puis à la médecine, assimilant immédiatement les contributions de Hippocrate et Galien, au point qu’à seize ans, il a déjà une telle réputation que des médecins plus âgés viennent étudier chez lui, et qu’à 17 ans il donne des cours à des médecins étrangers à l’hôpital de Boukhara.

Cette orientation scientifique se situe très clairement dans le prolongement de la philosophie d’Aristote, qui est en effet un matérialiste tourné vers le monde réel, un monde réel qu’il faut étudier au moyen de la logique.

Voici comment Avicenne raconte les tourments qu’il connaissait parfois lorsque son utilisation du principe du syllogisme mis en place par Aristote ne lui permettait pas de trouver la solution :

« Toutes les fois que j’étais embarrassé dans une question, raconte-t-il, et que je ne trouvais pas le terme moyen d’un syllogisme, je m’en allais à la mosquée, et je priais et suppliais l’auteur de toutes choses de m’en découvrir le sens difficile et fermé.

La nuit, je revenais à ma maison ; j’allumais le flambeau devant moi, et je me mettais à lire et à écrire.

Quand j’étais dominé par le sommeil ou que je me sentais faiblir, j’avais coutume de boire un verre de vin qui me rendait des forces, après quoi je recommençais à lire.

Quand enfin je succombais au sommeil, je rêvais de ces mêmes questions qui m’avaient tourmenté dans la veille, en sorte qu’il arriva que, pour plusieurs d’entre elles, j’en découvris la solution en dormant. »

Cependant, la philosophie d’Aristote a beau être pratique, elle n’a de sens que si on en saisit le cœur, c’est-à-dire son explication du fonctionnement du monde. La conception d’Aristote selon laquelle tout est cause ou conséquence, comme quoi tout phénomène est un aboutissement d’un processus prédéterminé de par sa nature même, repose sur la considération que la réalité physique obéit à des principes universels.

Ces principes universels sont expliqués dans l’ouvrage appelé « la métaphysique ». Ces principes sont valables partout ; toutes les sciences portent sur des domaines différents, mais elles ont toutes la même base en leur fond.

Les différents domaines scientifiques présentent les propriétés des choses, des phénomènes ; la métaphysique explique leur dynamisme, leur nature en tant que phénomène.

Et pour être un bon scientifique, il ne faut pas que constater quelque chose, il faut en saisir le mouvement, le parcours, la nature. C’est ce que fait la métaphysique qui dit que tout phénomène est un accomplissement de quelque chose existant en puissance et devenant en acte, se réalisant nécessairement selon sa nature.

La matière est « brute » ; c’est la forme qui change. Et comme tout est cause et conséquence, il faut une cause suprême sans cause, ce qu’Aristote appelle le « moteur premier », correspondant à un « Dieu impersonnel ».

Au-delà ce principe apparemment simple aujourd’hui, la métaphysique est un ouvrage très difficile à comprendre et, surtout, il faut saisir qu’Aristote dit qu’au-delà des sciences il existe une base scientifique commune à toutes.

C’est cela qui a tourmenté Avicenne, qui comprenait les apports d’Aristote en science, mais ne voyait pas quel était l’utilité d’un tel « arrière-plan » théorique.

Il raconte ainsi sa « découverte » du sens de la Métaphysique :

« Je lus ce livre, mais je ne le compris pas, et la donnée m’en resta obscure au point que, après l’avoir relu quarante fois, je le savais par cœur et ne le comprenais pas encore.

Je désespérai et je me dis : ce livre est incompréhensible.

Un jour, je me rendis à l’heure de l’asr [c’est-à-dire la prière musulmane de l’après-midi] chez un libraire, et j’y rencontrai un intermédiaire qui avait en mains un volume dont il faisait l’éloge et qu’il me montra.

Je le lui rendis d’un air ennuyé, convaincu qu’il n’y avait pas d’utilité dans cet ouvrage.

Mais cet homme me dit : Achète-le-moi ; c’est un livre à bon marché ; je te le vends trois dirhems ; son possesseur a besoin d’argent.

Je le lui achetai. C’était un ouvrage d’Abou Nasr el-Farabi sur les intentions d’Aristote dans le livre de la métaphysique.

Je rentrai chez moi et je m’empressai de le lire. Aussitôt tout ce qu’il y avait d’obscur dans ce livre se découvrit à moi, car déjà je le savais par cœur.

J’en conçus une grande joie, et le lendemain, je distribuai aux pauvres des aumônes abondantes pour rendre grâces à Dieu. »

On remarquera que, dans cette histoire, il y a comme la rencontre entre le livre et Avicenne. De plus, cette rencontre se fait à l’heure de l’asr, l’une des cinq prières de la journée en Islam, qui doit être faite au moment où le soleil est à mi-chemin entre le zénith et le coucher, c’est-à-dire à un moment « intermédiaire » dans un processus.

On peut librement y voir une allégorie, car le principe de la « conjonction » est essentiel chez Avicenne. Il faut être en conjonction avec l’univers, avec sa propre nature. Car l’univers est organisé et chaque chose a une nature déterminée.

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Avicenne prolonge Al-Farabi avec la philosophie d’Aristote

On a vu comment Al-Farabi (872-950) dans son contexte propose son modèle de la « cité vertueuse », avec une réflexion puisant ouvertement dans Platon et Aristote.

Les philosophies de ces derniers, qui pour Al-Farabi forment d’ailleurs une seule et même philosophie, permettraient une explication rationnelle du monde créé par Dieu.

Ainsi, la connaissance n’est ni plus ni moins qu’une « clairvoyance [kahanat] dans les choses divines », conjuguant connaissance de la réalité et de la source divine, le dirigeant de la Cité vertueuse devant par là-même être à la fois un chef, un philosophe et en quelque sorte un prophète.

Le monde étant de fait organisé et établi selon des règles, ici divines, le dirigeant est simplement celui qui « capte » le plus l’organisation de ce monde, qui saisit le plus ses règles. Il est celui qui passe de la sensation à une compréhension intellectuelle complète.

Il y a ainsi un premier niveau chez Al-Farabi :

« Les sensations dont nous avons fait une fois l’expérience ne sont pas tout à fait morte. Elles peuvent réapparaître sous la forme d’images. La puissance par laquelle nous faisons revivre une expérience sensible passée sans l’aide d’un stimulus physique s’appelle imagination (el-motakhayilah).

La puissance par laquelle nous combinons et divisons des images est appelé le cogitative (el-mofakarah).

Si nous étions limités à la seule expérience de nos sensations présentes, nous aurions seulement le présent, et avec elle il n’y aurait pas de vie intellectuelle du tout.

Mais heureusement nous sommes dotés de la puissance de rappel d’une expérience ancienne, et c’est ce qu’on appelle la mémoire (el-hafizah-el-zakirah). »

Et il y a un second niveau, où le monde a sa propre logique – un intellect comme planant autour, dans et au-dessus du monde – qui illumine les esprits de ceux capables de « réceptionner » cela de manière adéquate. Al-Farabi dit ainsi :

« L’intellect actif brille d’une sorte de lumière sur le passif, par lequel le passif devient réel (aql bilfil) et l’intelligible en puissance devient intelligible en acte.

En outre, l’intellect actif est une substance distincte, qui, en allumant les fantasmes, fait qu’ils soient en fait intelligibles. »

Les êtres humains sont en quelque sorte comme des ordinateurs se raccordant eux-mêmes, d’une manière naturelle, à l’internet qu’est l’univers, qui leur donne des informations (que « l’internet » cosmique éternel conserve toujours telle une base de données).

Les êtres humains « prennent des informations » ; ils ne créent pas, ils « compilent ». C’est là ni plus ni moins que la conception d’Aristote, qu’Al-Farabi place dans le cadre islamique, accordant au philosophie-prophète-chef une nature particulière.

La tentative d’Al-Farabi est clairement philosophique, mais avec la philosophie comme outil afin de résoudre une question pratique, relevant de l’organisation de l’État islamique dans un contexte extrêmement difficile alors, une question qui ne connaîtra d’ailleurs jamais de réponse satisfaisante.

Billet de banque de 1999 du Kazakhstan avec une représentation allégorique d’Al-Farabi

L’État islamique bascule, à partir de cette période, toujours davantage dans un mythe politico-militaire, religieux-théologique, utopiste-populaire… qui sera par ailleurs puissamment réactivé dans la seconde moitié du 19e siècle avec la colonisation et surtout l’effondrement de l’empire ottoman à la suite de la première guerre mondiale impérialiste.

Avicenne intervient ici à la suite d’Al-Farabi en renversant le sens des priorités. Il fait de l’ensemble des activités un outil de la philosophie, au lieu que la philosophie ne fasse que contribuer directement à une formulation étatique.

Il liquide en fait ce qui parasitait la philosophie d’Aristote, posant un grand retour à son matérialisme, dans le cadre concret de son époque.

D’ailleurs, à l’opposé d’Al-Farabi, il comprend que Platon et Aristote n’ont rien à voir et il supprime toute référence au platonisme et aux platoniciens, ainsi qu’aux néo-platoniciens. Avicenne se fonde sur la philosophie d’Aristote en tant que telle.

=>Retour au dossier Avicenne, le chi’isme ismaélien et la jonction avec l’univers

L’existence d’Avicenne dans le cadre de l’élan de l’islam chi’ite et de l’approfondissement du féodalisme oriental

Ibn Sina (980-1037), connu en Europe sous le nom d’Avicenne, a été médecin, philosophe, astronome, physicien, poète, juriste, mathématicien. Ses études médicales, rassemblées dans un « canon », ont eu un impact énorme en Europe par la suite, notamment dans l’optique.

Mais il est surtout le grand philosophe de la culture arabo-islamique. Il faudrait ajouter ici le terme persan, car cela se déroule dans la période où l’empire conquis par les musulmans est divisé en différentes entités, alors qu’il y a une influence persane décisive sur le plan de l’administration et une présence turque toujours plus massive et influente.

Avicenne dans une miniature persane

L’islam est ainsi marqué par un très important factionnalisme, où les conceptions chi’ites à base persane se développent afin de proposer une direction politique qui porte en soi une dimension religieuse, propice à une démarche « impériale » justifiée par la religion, en remplacement du principe arabe d’un calife simple militaire adjoint à l’appareil religieux.

Le contexte de cette époque est ainsi celui de l’effondrement de l’Islam comme Empire arabe, ou plutôt donc arabo-persan, au sens strict et de son appareil. À mieux parler, celui-ci est investi par des forces militaires jusque-là périphériques, qui le poussent à développer de manière plus approfondie ses caractéristiques féodales.

Les conquêtes musulmanes (en bordeaux 622-632, en ocre orangé 632-661,
en beige 661-750 avec à l’ouest Lisbonne et à l’est Kaboul)

Deux mouvements vont marquer cette évolution qualitative, l’un concernant l’Occident du monde arabe, le Maghreb, porté par les Amazighs islamisés, et l’autre son Orient, porté par les Persans, puis par les Turcs seldjoukides, eux-mêmes fortement marqué par l’islam persan.

Les deux mouvements suivent une symétrie remarquable. Notamment par leur détermination à écraser l’islam juridico-urbain sunnite maintenu par les forces militaires arabes, désormais incapables de faire le poids face aux masses nationales non arabes et islamisées et à l’aristocratie militaire qui s’appuie sur elles.

C’est ce qui explique cette nouvelle vague de dissidence religieuse chi’ite au Xe siècle, qui va servir de fer de lance idéologique pour investir l’Empire arabo-persan tel que mis en place jusque-là et lui donner une forme féodale plus marquée, en mesure de gagner l’appui des masses.

En Afrique du Nord, ce mouvement prendra donc la forme des Fatimides, qui établissent au Caire un Califat dissident (969-1171) avec un tout appareil de propagande culturelle et politique de très grande envergure visant à écraser le Califat sunnite de Bagdad, occupé à la même époque par les Buyides persans chi’ites eux aussi.

Source wikipédia

C’est dans ce cadre par exemple qu’est fondée une nouvelle Dar al-Hikma, une Maison de la Sagesse, sur le modèle antérieur de celle de Bagdad, avec la même prétention à l’Empire universel, ajusté cette fois sur la ville du Caire et sur la doctrine chi’ite.

Ce sont donc véritablement les Fatimides qui élancent le chi’isme au plan culturel comme réforme impériale de l’islam, intégrant d’ailleurs dans leur appareil administratif et militaire des Juifs et des chrétiens. Leur propagande gagne aussi la Syrie et une partie de l’Iran, avec le développement des courants ismaéliens et Druzes qui en sont les échos.

Toute la doctrine mise en forme se résume en fait à un néo-platonisme mystique universaliste mettant en avant l’aristocratie militaire comme une chevalerie supérieure au service de l’Humanité, tout entière appelée à l’Islam.

En l’état du niveau de développement culturel atteint, cette dimension chevaleresque de l’Islam comme portée par une élite supérieure au service du peuple et reliée à Dieu de manière initiatique, secrète et graduelle, suffit largement à gagner l’adhésion et la fidélité de pans entiers des masses.

Mais dans les villes, le niveau de coopération atteint, la complexité relativement plus grande des rapports sociaux et le savoir accumulé permettait de poser de manière plus approfondie la question de l’idéologie. Un espace existait pour se tourner vers Aristote, son pré-matérialisme avec sa métaphysique.

Médecin préparant une potion, Illustration d’un manuscrit (daté de 1224, peut-être de Bagdad) traduction en arabe du De Materia Medica du Grec Dioscoride (vers 40-90 de notre ère)

Fondamentalement, le problème est le suivant : le féodalisme a besoin d’une idéologie chevaleresque de service pour se relancer et s’approfondir, ce qui va dans le sens d’une relecture du platonisme classique dans le cadre d’un mysticisme religieux allant à l’abstraction idéologique. Cela s’exprimera par le chi’isme relancé de cette époque.

Mais en même temps cet son élan et son élargissement ouvrent un espace pour s’ajuster au réel et donc affirmer la science et l’appartenance totale de l’Humanité au Cosmos et à son mouvement harmonieux et dialectique.

L’ouverture de cet espace a permis de se reconnecter à la pensée d’Aristote, de la comprendre avec une grande justesse, de la diffuser et de l’approfondir comme jamais jusque-là.

Si ce phénomène touche l’ensemble des territoires marqués alors par l’Islam arabo-persan, cela est encore plus vrai dans la région orientale de la Perse que l’on appelait alors le Khorassan (c’est-à-dire pays du soleil levant, ou Orient) et qui englobe grosso modo, outre l’est de l’Iran, l’Afghanistan actuel, ainsi que le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan.

Le Khorassan aux 7-8e siècle de notre ère, source wikipédia

Cette région avait la particularité d’être un foyer extrêmement productif de culture persane, à la fois marquée par la domination d’une aristocratie militaire iranienne puissante, organisée autour des Samanides, et par la présence de riches villes marchandes, où une bourgeoisie primitive commençait à se constituer de par l’accumulation prolongée des capacités de production et par les circulations articulant autour de la culture persane, à la fois l’héritage méditerranéen de la pensée hellénistique et les influences indiennes.

Cela allait jusqu’à permettre à la dynastie des Samanides de tenter de s’appuyer sur cette bourgeoisie naissante pour mettre au pas la noblesse, et même à faire reculer l’usage de la langue arabe au profit du persan, y compris dans le cadre du culte.

Source wikipédia

L’influence culturelle de cette région, déjà sensible avec l’avènement des Abbassides, s’étend encore à l’époque d’Avicenne, englobant tout l’Iran, jusqu’à la zone d’influence fatimide, poussant à une convergence relative des deux élans.

Et plus encore, elle gagne l’Asie centrale turcophone et son immense réserve de force militaire au sein des tribus d’archers turco-mongoles pastorales et cavalières.

Pour autant, on aurait tort de disqualifier avec l’effondrement de l’Empire arabo-persan son idéologie sunnite, elle-même d’ailleurs composite et non unifiée. Face à l’élan du mysticisme chevaleresque du chi’isme, des noyaux formellement loyalistes au calife arabo-persan de Bagdad ont engagé un tournant allant dans le même sens, mais sans rompre avec le sunnisme.

Il faut voir que celui-ci disposait de tout un appareil administratif, judiciaire et fiscal, en mesure d’incarner sinon une certaine stabilité, du moins une idée de continuité, qui est d’ailleurs strictement le sens de cette idéologie, qui signifie littéralement le traditionalisme, qui avait une certaine force de conservation face aux élans parfois déstabilisant du chi’isme.

La diversité de ses écoles juridico-religieuses a permis de gagner localement une certaine surface au sein des masses, en collant relativement avec leurs attentes, notamment là où les villes étaient relativement puissantes, dans les conditions tout de même bornées de l’époque. En Syrie, en Irak et même en Égypte, les pouvoirs chi’ites ont dû ainsi composer avec des élites notables sunnites, qui en retour, ont dû composer avec les doctrines chi’ites.

Au Khorassan, cette situation a pris un tour encore plus particulier du fait de la proximité avec les tribus turques nomades, celles relevant notamment des Seldjoukides, une vaste alliance militaro-tribale, se convertissent à l’islam dans les années 1020. Elles adoptent immédiatement une ligne loyaliste à l’égard du calife de Bagdad, afin de disposer d’un point d’entrée à leur avantage dans le monde musulman.

Le Grand Empire seldjoukide à son apogée, à la mort de Malik Shah Ier en 1092, source wikipédia

Avicenne meurt avant que ne déferlent les hordes seldjoukides en Perse, balayant le chi’isme et refoulant notamment les Fatimides, sans parvenir néanmoins à les écraser complètement. Ce sont les Seldjoukides qui porteront jusqu’au bout l’élan féodal-impérial, appuyé sur un islam chevaleresque et mystique, mais sous une forme sunnite, ayant partiellement fusionné avec certains éléments du chi’isme pour relancer l’Empire.

La proposition d’Avicenne est, dans ce cadre, d’une grande importance historique, une avant-garde de la Culture, profitant de ce vaste mouvement de relance du féodalisme de l’Islam, qui essaye d’affirmer une place plus centrale à la notabilité pré-bourgeoise des villes dans le cadre de l’Empire, en poussant celui-ci vers un universalisme plus accompli, mais du coup moins ajusté au féodalisme, qui ne pourra donc l’assumer.

Mais c’est précisément cette avance historique qui fait d’Avicenne un titan de la pensée humaine, une étape dans la longue marche de l’Humanité vers le matérialisme dialectique dans le cadre de la Culture.

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Communiqué du groupe Barbara Kistler (au sujet de l’AIZ)

[mars 1995]

Lors de la campagne des élections générales de lannée dernière, nous avons posé une bombe dans le bureau régional du parti démocrate-chrétien CDU à Sieburg, le 24 décembre.

Parmi d’autres, Kurt Lamers, porte-parole du groupe parlementaire CDU aux affaires étrangères, et Peter Hinze, secrétaire général de la CDU, y avaient leurs bureaux.

Les médias ont faussement attribué cette action à la Cellule Anti-Impérialiste (A.I.Z). Pour cette raison, nous jugeons nécessaire d’examiner la politique de l’A.I.Z et sur la base de cette critique, d’entamer une discussion sur les développements à venir de l’intervention militante.

Ce papier n’est pas uniquement adressé à l’A.I.Z. .Nous espérons pouvoir faire avancer le débat sur les buts de l’action militante dans la lutte de la gauche radicale pour le socialisme.

Bien que nous considérions au début la ligne de l’A.I.Z comme correcte, et que nous ayons coordonné notre lutte à la sienne, à la fois dans le contenu et dans le temps, aujourd’hui nous voyons que l’A.I.Z donne sur plusieurs points fondamentaux des réponses qui ne sont pas les nôtres.

L’A.I.Z n’était pas d’accord avec le cessez-le-feu de la R.A.F en avril 1992 et voyait sa propre politique comme la continuation de l’ancienne ligne.

De notre côté, nous voyions l’arrêt opéré par la R.A.F comme le résultat des vingt années de leur politique.

Cet arrêt était une condition pour séparer le vrai du faux, une méthode qui est et reste un aspect fondamental de la lutte révolutionnaire.

L’A.I.Z refuse de reconnaître cette impasse dans laquelle la R.A.F a abouti, comme s’il n’y avait eu à aucun moment la nécessité d’un renouveau.

Ses actions sont un peu plus que la faible imitation de vingt ans d’expérience armée.

La R.A.F a laissé beaucoup de possibilités ouvertes pour le prolongement de sa politique, elle n’a pas été capable de combler les vides de ses propres contenus politiques, mais n’a pas pour autant cherché à masquer ses faiblesses, et la faiblesse de la gauche en général, en continuant tout bonnement sur sa voie qui avait clairement conduit à l’échec.

« Pour créer une pression politique, nous avons volontairement inscrit, dans un espace et un temps limité, un danger de mort potentiel dans les endroits où nous menons nos actions. » (A.I.Z, 13.03.1995)

La responsabilité révolutionnaire signifie faire porter le danger sur ceux qui sont impliqués par l’effet politique. Dans ce sens, les personnes impliquées, ce sont toutes celles qui ont une position de responsabilité dans la cible attaquée.

Un danger pour les personnes non-impliquées doit, dans tous les cas, être évité. Nous rejetons l’absence de scrupules, l’idée que « la fin justifie les moyens ».

A notre avis, des attaques ciblées contre des individus, nous ne parlons pas seulement des dommages collatéraux d’une action, sont hors de question à l’heure actuelle en Allemagne.

Tous ceux qui en Allemagne interviennent de façon militante dans les processus sociaux doivent assumer leur responsabilité pour les répercussions politiques.

Une mort, même celle de la personne qui mène l’action, détruirait toutes les tentatives qui visent à faire sortir la politique militante des cercle étroits où elle se trouve encore.

Les attaques à Brème (contre le bureau du parti centriste FDP) et à Wolfsburg (contre la maison de Volkmar Koehler, ancien secrétaire d’Etat et actuel président de la Société d’Amitiés Germano-Marocaines) auraient pu tuer, même des personnes non-impliquées.

Si quelqu’un avait été tué dans ces attaques, ni le coût immédiat (une vie) ni le coût politique n’auraient pu être justifiés par le bénéfice politique (en termes d’ancrage) de l’action.

La responsabilité révolutionnaire signifie toujours examiner le danger auquel on expose les personnes non-impliquées et faire correspondre les aspects techniques d’une action à ce danger.

L’A.I.Z n’a pas fait cela, elle en est arrivé à une position que nous ne pouvons plus accepter. Nous critiquons l’attaque contre la maison de Volkmar Koehler sur les points suivants :

1. des moyens inappropriés

Une bombe peut être un instrument très utile pour endommager le système logistique d’individus, d’entreprises, de bureaux gouvernementaux, etc.

Mais, placée en face d’une maison, cette arme ne devient qu’un pur et simple symbole de danger de mort.

Les groupes militants devraient rejeter ce type d’action symbolique à cause du risque de mort pour les personnes non-impliquées.

2. la signification de l’attaque

Cette attaque n’avait aucun sens pour les gens, pas plus pour l’opinion publique que pour la gauche radicale.

De plus elle n’aura pas d’effet sur la politique de la Société d’Amitiés Germano-Marocaines, et ne jettera aucune lumière sur les activités de cette société, en tous cas pas plus que n’en a dit le communiqué de l’AIZ.

Enfin, cette attaque n’aidera en aucune façon à développer les forces progressistes au Maroc.

3. Le communiqué et l’action

Le communiqué est un bon document de recherche sur la situation au Maroc. Il expose la nature de la Société d’Amitié et son rôle dans la guerre du gouvernement contre l’opposition révolutionnaire.

En revanche, le communiqué ne montre aucune perspective pour des développements possibles ici ou au Maroc.

La bombe a explosé dans un vide. Le seul effet obtenu, à part d’avoir endommagé la maison, fut d’avoir trouvé de nombreux lecteurs pour le communiqué.

Et, en proclamant un danger de mort potentiel, l’AIZ a encore augmenté l’intensité des recherches policières.

Dans le communiqué contre Koehler, l’AIZ se réfère positivement à Khadaffi et au Mouvement Islamique.

Celui-là, on peut encore l’analyser politiquement, par contre il est impossible d’exprimer une quelconque solidarité avec la Libye.

Une posture seulement anti-impérialiste, comme c’est le cas pour la Lybie, est insuffisante si elle n’est pas reliée aux principes fondamentaux d’une politique émancipatrice.

Par exemple, quand Khadaffi écrit dans le « Livre Vert » que le rôle de la femme est défini par la nature et « une femme qui néglige la maternité a oublié son rôle naturel dans la vie », cela retire toute possibilté de solidarité.

L’ impérialisme signifie l’exploitation économique et culturelle de vastes portions du monde par les Etats hautement industrialisés. Ce sont les valeurs capitalistes placées dans des continents entiers.

Une lutte anti-impérialiste qui cherche simplement à s’extraire des conditions impérialistes n’est pas nécessairement progressiste si elle ne recherche pas en même temps à se libérer de l’exploitation et de l’oppression d’une partie de la société par une autre.

En plus de cela, il y a évidemment la libération des structures patriarcales.

Il est nécessaire de mesurer les mouvements et organisations antiimpérialistes en fonction de leur contenu émancipateur, dans le but de joindre notre lutte à la leur pour la libération mondiale.

C’est seulement de cette façon que notre solidarité internationale peut être mise en pratique. La situation actuelle de la gauche se caractérise par la scission et la liquidation.

La plupart des initiatives politiques ne vont pas au-delà de quelques éléments de libération subjectifs. Leur vision de la réalité sociale en Allemagne est basée sur leur propre niveau de développement politique.

Les groupes militants et combattants cherchent de nouvelles voies pour sortir de cet isolement social. La question de l’ancrage est une question centrale pour toute politique révolutionnaire.

Cela a à voir avec les perspectives socialistes qui peuvent former l’alternative au capitalisme pour de grands secteurs de la population.

Nous devrions voir l’importance de la faille qui existe entre « ceux d’en-haut qui font ce qu’ils veulent » et ceux qui se disent « qu’est-ce que je peux y faire? », pour faire en sorte d’apporter quelque chose de positif à ces gens qui veulent le changement.

Cette faiblesse objective de la gauche radicale ne peut être changée que par un contenu solide et une politique consistante dans la société, hors du confinement dans la scène-ghetto.

Les groupes qui sont concernés par les effets de l’ordre social contemporain (groupes de quartier, groupes qui travaillent avec les sans-logis et les chômeurs, groupes antiracistes, etc.) peuvent former une base pour la politique révolutionnaire.

Si on s’accorde sur le fait que les différentes formes de lutte peuvent et doivent se relier les unes aux autres, alors les iniatives militantes et armées ont la capacité de renforcer ces mouvements et d’augmenter la pression pour leurs revendications.

Ces actions mettent en question l’omnipotence du capitalisme et causent objectivement un affaiblissement matériel des capacités de l’Etat, en même temps qu’elles renforcent les mouvements radicaux.

L’AIZ ne remplit aucun des critères qui définissent un groupe révolutionnaire.

Pour cette raison, nous leur suggérons d’abandonner leur projet.


=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Communiqué de l’AIZ du 13 février 1995

[Ce communiqué date du 13.2.1995, l’AIZ est l’anti-imperialistische zelle, cellule anti-impérialiste.]

Depuis 1992, nous, la cellule anti-impérialiste, avons mené une série d’actions militantes en RFA.

Dans la nuit du 22.1.1995 nous avons placé là où habite docteur [titre honorifique pour les bacs + 5] Volkmar Kôhler (président de l’association germano-marocaine), à Wolfsburg, deux explosifs avec un premier communiqué.

Comme arrière-plan à cette action nous apportons maintenant cette deuxième contribution à la discussion.

Nous voulons contribuer avec ce texte à ce que soit appris à connaître en RFA la résistance de nos soeurs et de nos frères au Maghreb/Proche-Orient, et à combattre l’impérialisme avec eux/elles.

Maintenant, le 14.2.1995, devrait en fait avoir lieu le soi-disant référendum au Sahara Occidental; le secrétaire général des nations-unies Boutros-Ghali a toutefois fait savoir dès le 5.11.1994 que ce délai ne pourrait pas être tenu, parce que la procédure pour enregistrer les votant/e/s serait trop  » compliqué ».

Depuis l’armistice du 6.9.91 entre les troupes d’occupation marocaines et le Frente Polisario (frente popular para la liberacion de la saghiael hamra y del rio de oro), les Sarahoui/e/s vivant dans les camps de réfugié/e/s du Sahara Occidental ou plus exactement d’Algérie attendent en vain que se tienne enfin le référendum quant à l’indépendance du Sahara Occidental.

Les impérialistes se servent de rinstrument de l’ONU pour tromper le peuple sahraoui et prolonger l’occupation marocaine.

Le destin des Sahraoui/e/s est l’objet d’une opération particulière de l’ONU: le minurso (mission de las naciones unidas para el référendum en el sahara occidental).

80% du territoire ouest-saharien est occupé par l’appareil militaire d’Hassan; l’ONU a dans le cadre du minurso placé 272 militaires et 50 flics en civil afin d' » observer  » le status quo d’occupation; les flics en civil sont guidés par Jürgen Friedrich Reimann, officier supérieur de la police frontalière de RFA.

Hassan, en tant que partenaire des Etats impérialistes, peut de cette manière continuer sa politique d’oppression au Sahara Occidental; s’il y a des difficultés avec la résistance sahraouie, le minurso s’occupe pour ainsi dire du reste: par exemple lorsqu’on octobre 92 il y eut des manifestations, des jeunes se sont enfui/e/s, à cause de la répression marocaine frappant brutalement, dans la station du minurso au Sahara.

Ils/Elles furent sur le champ livréEs par le minurso aux troupes marocaines. Le quotidien des Sahraoui/e/s au Sahara Occidental est marqué par les persécutions et une misère extrême.

Au lieu des nombreux chiffres qui montrent quantitativement cette pauvreté, ne citons ici que le chiffre de la world population profil (le bureau US de recensement): en 1993 sur 1000 nouveaux nés/nouvelles nées il en mourut 177, c’est-à-dire que le Sahara Occidental a un taux de mortalité infantile encore phis grand que des pays où se déroulent une guerre civile, comme l’Afghanistan ou l’Angola.

A quel point les Etats impérialistes s’investissent pour donner aux rapports de domination la légitimité apparente du droit des peuples se voit dans la manière d’agir du minurso dans l’organisation du référendum: du 28.8. jusqu’au 25.10.1994 les Sahraoui/e/s vivant à l’intérieur et à l’extérieur du Sahara Occidental pouvaient après des années de retard s’inscrire sur les listes auprès du minurso.

Sur les 230 000 demandes, il en vient pointant une part considérable de gens n’étant pas du tout d’origine sahraouie. Le gouvernement marocain a donné lors de la dernière semaine avant le 25.10. en bloc 150 000 demandes.

Pour Hassan il est clair que le référendum confirmera la « marocanité du Sahara Occidental « , et pour ne rien laisser au hasard l’ONU est du point de vue que sont inscrits d’office tous ceux/toutes celles appartenant à une tribu dont au moins une personne est recensée par le pouvoir colonial de 1974.

Ainsi des tribus entières du nord du Maroc peuvent participer au référendum et les Sahraoui/e/s devinrent une minorité dans l’ensemble des inscrit/e/s.

En tout cas Hassan a déjà atteint son objectif, pouvoir à l’avenir continuer sa terreur d’occupation: le minurso ne s’est décidé jusqu’au 31.10.94 que pour 4000 demandes et l’on peut deviner combien de temps le minurso aura besoin pour 230 000 demandes.

Est-ce que le minurso pourra imposer totalement ou de manière modifiée ses critères de sélection, ce n’est pour l’instant pas clair.

Les marocain/e/s déporté/e/s au Sahara Occidental par Hassan (45 000 rien que de septembre à octobre 1991) doivent en attendant se tenir prêt pour le référendum dans les camps de rassemblement.

Si le référendum ne devait pas se dérouler comme voulu, Hassan a menacé dans  » Libération  » (30.10.94): les perdants seraient armés par le Maroc.

Ce quel cela signifie, est clair.

La lutte de libération sahraouie a touché ses Limites au cours des années 80: à la fin des années 70 l’ELPS (ejercito de liberacion popular sahraouie, armée de libération populaire sahraouie) contrôlait 90% du Sahara Occidental; les impérialistes attaquèrent alors en se divisant le
travail: à partir de 1980 la France envoya au Maroc des conseillers militaires, les USA à partir de 1982 et Israël à partir de 1985.

Le résultat de cette politique, ce sont les 2400 km de fortifications avec des mines devant, qui protègent quasiment 80% du territoire sahraouie à l’Est et au Sud, afin qu’il n’y ait quasiment plus d’espace pour les attaquer de l’extérieur.

Les puissants partenaires du Maroc, comme la RFA et l’Arabie Saoudite, se sont portés garants pour qu’Hassan puisse s’offrir ce coûteux  » mur « .

Des négociations de paix continues n’ont jusque là pas eu lieu entre le gouvernement marocain et le polisario.

La RFA et la France ont clairement montré lors de la réunion de l’ONU en octobre 1994 que de telles négociations n’étaient pas. du tout indispensables.

 » De la même manière nous rappelons à tous les peuples du monde leur responsabilité et leur devoir de défendre ce peuple attaqué, et de mettre en échec le complot impérialiste dont il est devenu victime  » (polisario 4.3.1976).

Alors que certaines grandes figures du polisario s’avancent toujours plus sur le plan diplomatique, beaucoup de Sahraoui/e/s plaident pour donner l’expression a leur propre détermination, la plus grande arme dans toute lutte de libération.

C’est l’arrière-plan pour les actions de protestations des Sahraoui/e/s dans le Sud du Maroc en septembre 1992 et au Sahara Occidental en octobre de la même année.

La détermination, c’est ce qui a amené des camarades comme El Ouali Mustapha Saved à commencer au début des années 70 avec la lutte militante [armée].

Le petit groupe  » cellule fondamentale d’un mouvement de liberation du Sahara  » propagea chez tous les Sahraoui/e/s disperséEs dans tout le Maghreb la lutte de libération contre l’Espagne.

A part la Libye aucun pays ne s’affirma prêt a aider ce groupe.

Les militant/e/s sahraoui/e/s ont commencé en 73/74 avec des actions en  » piqûres d’aiguilles  » contre le pouvoir colonial espagnol, dans la mesure ou ils/elles sont par exemple rentré/e/s dans les stations de contrôle des actionnaires du phosphate, construits par le konzern Krupp (RFA) entre Bou Craa et El aaiun, qui n’étaient pas surveillées et y mirent le feu.

En 1975 les USA et la France arrivèrent à ce que l’Espagne vende sa colonie à la Mauritanie et au Maroc, ce à quoi le polisario réagit en décidant de forcer les troupes d’occupation mauritaniennes, plus faibles que celles du Maroc, à reculer.

Dans le but de ménager les faibles forces sahraouies et afin de pouvoir en même temps exercer une pression politique optimale, el ouali fît en sorte qu’au lieu d’une confrontation directe son menée une attaque surprise à Nouakchott, capitale de la Mauritanie: en juin 76 le palais présidentiel est bombardé de grenades, en même temps sont touchées les terrains des ambassades d’URSS et de RFA.

Lors du repli après cette action el ouali fut exécuté par des soldats mauritaniens.

Quel que soit la manière et la date, lorsque les réfugiéVe/s sahraoui/e s des camps, qui sont toléré/e/s par le gouvernement algérien dans la région de Tindouf, pourront retourner au Sahara Occidental les femmes sahraouies, qui organisent depuis presque vingt années la vie d’après un modèle de société radical-démocratique et égalitaire, conformément aux fondements anti-impérialistes du polisario, placeront leur expérience de résistance comme arme contre les nouvelles tentatives de domination patriarcale/impérialiste.

 » Pour les femmes sahraouies l’Islam n’est ni misogyne ni un retour en arrière – comme beaucoup de femmes allemandes veulent l’entendre de leur part -, mais une des sources où s’alimente leur lutte de libération  » (Salimah Mella).

Si le rôle révolutionnaire potentiel que l’Islam peut posséder dans la lutte anti-impérialiste internationale doit être compris, alors une approche différenciée est nécessaire. Nous voulons expliquer, avec certains points historiques, ce que nous entendons par là:

l)Le slogan ‘ » aï-islam huwa al hall  » (c’est-à-dire que  » l’Islam est la solution « ), comme on peut parfois l’entendre dans le monde islamique, ne peut être que refusé. Rien que la guerre civile insensée en Afghanistan montre que ce slogan n’est pas valable.

2) La communauté islamique mondiale (al-umma al-islamiya) forme tout sauf une unité: ici on ajuste besoin de comparer l’islamisme d’Etat conservateur, comme il est représenté par « la ligue islamique mondiale  » comme idéologie de légitimation anti-révolutionnaire de la monarchie saoudienne, avec la théorie de  » wilayat al-faqih  » de ruhollah musawi al-khomeini, qui a amené à la révohltion islamique à la fin des années 70 et à la chute du Shah.

3) Dans la résistance à l’impérialisme culturel occidental, s’accrocher à sa propre identité culturelle islamique est pour beaucoup de gens au Maghreb et au Proche-Orient une nécessité élémentaire.

Nous devons subir quotidiennement la  » culture  » de la RFA. qu’on peut définir comme un mélange d’éthanol, de RTL (téle>radio) et de TUI (agence de voyage).

On ne peut pas attendre des gens au Maghreb/Proche-Orieni qu’ils/elles prennent quelque chose de ce genre.

4) Les Etats impérialistes s’arrangent particulièrement bien avec les conceptions de l’Islam qui servent à l’oppression des gens et sont ainsi fonctionnelles pour les mécanismes d’exploitation impérialistes.

Au Maghreb/Proche-Orient c’est surtout le cas du « commandeur de tous les croyants « , comme se fait appeler le roi marocain.

Sa compréhension de  » l’islam  » se voit par exemple avec la mosquée  » Hassan le deuxième  » à Casablanca; pour ce symbole de statut, cofinancé par l’Arabie Saoudite, il a fait détruire toute une partie de la ville, alors que des milliers de Marocain/e/s doivent vivre dans des bidonvilles.

A la 7ème conférence de l’ICO l’année passée Hassan a tenté très sérieusement de faire en sorte que les principes islamiques soient définis selon les intérêts des Etats impérialistes et soient documentés par écrit.

Caractéristique de sa compréhension de  » l’Islam » a été son comportement lors de la deuxième guerre du golfe, qui a signifie une terrible catastrophe pour le peuple irakien: les troupes d’Hassan appartiennent aux premières troupes qui intervinrent en soutien aux USA en automne 1990 en Arabie Saoudite.

Lorsque le 3.2.91 500 000 Marocain/e/s manifestaient contre la guerre et scandaient le slogan  » kafana mina
Fhurub – america ‘adouat achchu ‘ub  » (nous en avons assez de la guerre – l’amérique est Fennemi des peuples), Hassan expliqua a ses  » chers sujets  » (c’est ainsi qu’il appelle le peuple marocain et sahraoui) que les troupes avaient
été envoyé en Arabie Saoudite pour défendre La Mecque.

5) Il existe des conceptions de l’Islam qui sont en contradiction brutale avec le système impérialiste et qui devraient ainsi être d’un grand intérêt pour ceux/celles se comprenant comme élément de la lutte anti-impérialiste internationale.

 » L’Islam n’est pas la religion des gros ventres et des poches pleines! « , c’est sous cet épigraphe que se tient la conception de l’Islam de la jamahiriya [littéralement l’Etat des masses, démocratie directe pratiquée en Libye].

Les principes islamistes sont ici compris comme instruction pour la révolution permanente.

Cet Islam révolutionnaire sert comme arme dans la lutte pour la liberté et la justice.

Le genre du haddith [recueils relatant les enseignements du prophète, ses paroles et ses gestes, et les débuts de la première communauté musulmane.

Sert d’exemple et de modèle aux croyants], où la conduite de la vie du prophète Muhammad n’est pas rapporté authentiquement, est refusé.

Est reconnu à l’opposé le Coran avec ses principes humanistes et éthiques/moraux généraux.

Le igtiad est décisif, c’est-à-dire l’ait et la manière de mettre en pratique ces principes dans les circonstances des temps et des lieux d’aujourd’hui.

Selon les principes démocratiques à la base de la jamahiriya, le igtiad ne résulte pas d’une élite religieuse; ainsi par exemple le système judiciaire, en tant que transcription du principe du sura du Coran dans le temps présent, est discuté et fixé démocratiquement.

Le droit islamique traditionnel, la charia, est par là comprise comme un héritage culturel et n’est utilisé que dans la
mesure où cela a un sens pour le développement d’une société égalitaire.

L’Islam, dirigé vers la révolution, dans la jamarhiriya, est là-bas un des points de référence dans la lutte pour une société sans exploitation des gens par les gens. De cela vient un rapprochement avec nous en tant que communistes.

« Before my eyes, all the colonial powers are in an alliance and carrying on a joint combat. We must we the others, thus fight collectively, or else, they will deal us fatal blows, one after the other. This is a matter of extreme importance.

The joint struggle should conform to the principles we proclaim. It should be a natural right that should be enjoyed by all the peoples and all the masses averywhere in the world.

Joint struggle presupposes the recognition of the right of the peoples to organize a joint front fighting for liberty and against imperialisrn, zionism, racism, reaction and fascism in all parts of the world « . (mu’ammar al-qaddqfi en mars 86 au congrès de la résistance internationale à Tripoli)

La position anti-impérialiste que la Jamahiriya tente de prendre en théorie et en pratique est pour les Etats impérialistes, en particulier les USA, une telle provocation que tout est tenté pour faire chanter la Jamahiriya.

A cela appartient le bombardement direct de Tripoli et de Benghazi le 15.4.1986, où plus de 70 Libyen/ne/s ont été tué.

Cette action des bombers US a été planifié et dirigé par EUCOM, le commandement central des forces US en Europe, à Stuttgart (RFA).

A cela appartient également l’embargo que l’ONU en tant qu’instrument des Etats impérialistes a décidé exactement le jour six ans après le bombardement, le 15.4.1992.

Cet embargo a entre-temps été renforcé et est une des nombreuses mesures qui doivent placer la Jamahiriya sous une pression permanente.

6) Il se pose intenationalement de manière générale la question de savoir dans quelle mesure un travail commun avec des groupes révcdodomaires-islamistes est possible et sensé pour imposer des buts limités.

Les camarades palestinien/ne/s par exemple se sont décidé/e/s pour la formation d’un front de résistance contre la clique rabin/arafat avec des organisations qui luttent avec des fondements islamiques.

Cette tentative d’amener ensemble différents groupes pour le renforcement de la lutte anti-impérialiste dans le cadre d’un travail commun pragmatique est une avancée positive, qui peut être directeur.

 » Mais si j’avais la possibilité de faire d’Israël un Etat binational de, disons 4,4 millions, peut-être aussi 5,5 ou 6 millions de Juifs, et 3 millions de Palestiniens, alors ce n’est pas, selon mon modeste avis, la vision que les Juifs ont eu lors des 2000 dernières années d’un retour à Sion  » (le premier ministre Rabin, 23.4.1994).

Après le dôturage de la bande de Gaza, l’Etat d’Israël travaille maintenant à des plans pour une clôture-frontière longue de 380 km et assurée de manière électronique, qui doit aller de Mehola au Nord du territoire jordanien occidental jusqu’au Sud, après en-gedi, en passant par Jérusalem.

L’Etat d’Israël garde 9000 Palestinien/ne/s comme prisonnier/e/s politiques, en particulier ceux/celles qui refusent Faccord Gaza-Jéricho du 13.9.1993.

La fonction de la paix d’Oslo/Washington repose entre autres dans Fétouffement de l’Intifada. Cela doit être effectué par les  » fonctionnsires nationaux  » palestiniens, qui sont dirigés par la clique d’Arafat et sous la surveillance de l’armée d’Israël.

Que les 9000 flics d’Arafat soient appropriés pour cela, cela s’est vu le 18.11.1994 à Gaza city: une marche de protestation du dschihad islami, après la prière du vendredi à la mosquée et allant dans la ville, a été attaqué par ces flics au pistolet-mitrailleur, plus de vingt manifestant/e/s furent tuéEs.

Comme récompense les Etats impérialistes, entre autres la RFA, ont commencé à payer de fait le soutien financier jusque là que promis a Arafat pour son territoire autonome, en  » pays donateurs « .

Sur la voie d’une société où peuvent vivre des gens d’origine juive/palestinienne sans oppression et exploitation, sont important/e/s les Juifs/Jtdves qui rompent sciemment avec le consensus sioniste et manifestent par exemple avec des Palestinien/ne/s contre la terrible politique de colonisation de FEtat d’Israel.

De l’autre, les camarades palestinien/ne/s du fatah-conseil révolutionnaire attaquent depuis de nombreuses années les exposants de la clique d’Arafat de manière militante [armée] directe.

 » Si l’Allemagne poursuit sa participation dans la politique de destruction et d’anéantissement du Kurdistan, des objectifs économiques et politiques seront attaqués par FARGK [aile armée du PKK].

En Turquie et au Kurdistan nous mènerons des actions suicides contre des objectifs allemands « .

Les insitutions de l’Etat-RFA coopèrent très étroitement avec les représentants de l’idéologie kemaliste [de Mustapha Kemal], qui définit la politique de la Turquie.

Le  » partenaire si estimé  » (Kanther, de la CDU [parti de droite]) a besoin de 3 millions de dollars chaque jour dans la guerre contre le mouvement de libération kurde.

Sans le soutien des Etats impérialistes l’Etat turc ne pourrait pas continuer cette guerre.

En s’incendiant eux-mêmes en mars 94 à Mannheim nilgûn gildirim et bedriye tas voulaient montrer la correspondance des mesures de l’Etat turc et de FEtat allemand dans leurs objectifs: ce qui est visé c’est Fétouffement de la résistance kurde.

Pour cela la Turquie utilise la méthode de la guerre ouverte, la RFA celle de l’Etat policier: interdiction des organisations, arrestations de kurdes que les organes de répression qualifient de  » cadres dirigeants « , persécution par le Verfassungschutz [renseignements généraux], exécution de Halim Dener [jeune de quinze ans tué par plusieurs balles alors qu’il collait une affiche du mouvement de libération kurde -ERNK, interdit- dans une rue de Hannovre].

Sans outrer qu’en ce qui concerne le conflit entre le PKK/ARGK et l’Etat turc, le comportement des gauches turques est de signification: les camarades du THKP/C devrimci sol luttent en Turquie pour la reconstruction d’une force anti-impérialiste militante, qui prenne une position révolutionnaire concernant la lutte de libération kurde.

Dans sa propre lutte pour la libération, soutenir les sœurs et les frères qui résistent à l’impérialisme au Maghreb / Proche-Orient par l’Intervention directe en RFA !


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Chronologie de la révolte allemande

[Cette chronologie n’est pas exhaustive et des éléments seront ajoutés.]

octobre 1959 ● Ulrike Meinhof rejoint la direction de la revue Konkret, qui va devenir le principal organe intellectuel de l’Opposition extra-parlementaire par la suite.

fin octobre 1966 ● multiples initiatives de sociaux-démocrates de gauches et de syndicalistes à Francfort contre « la situation d’état d’urgence de la démocratie ».

décembre 1966 ● Rudi Dutschke, dirigeant de la SDS (Union socialiste allemande des étudiants) et principale figure contestataire, appelle à la mise en place d’une Opposition extra-parlementaire (Außerparlamentarischen Opposition).

Rudi Dutschke (3e en partant de la gauche) à Amsterdam en février 1968 en soutien aux Noirs américains

19 février 1967 ● établissement de la Kommune I, commune hippie et base contestataire.

2 juin 1967 ● la manifestation contre la venue du Shah d’Iran à Berlin-Ouest est attaqué par les services secrets du Shah et la police, cette dernière tue à bout portant un étudiant, Benno Ohnesorg.

5 septembre 1967 ● lors du congrès du SDS Rudi Dutschke et Hans-Jürgen Krahl font un exposé sur le principe d’organisation faisant référence au principe de guérillero urbain.

21 octobre 1967 ● échec de l’attaque à l’explosif contre la Maison de l’Amérique de Berlin-Ouest par Andreas Baader et Astrid Proll.

avril 1968 ● établissement de la Wieland Kommune, commune hippie et base contestataire.

11 avril 1968 ● un attentat brise grièvement Rudi Dutschke.

17 et 18 février 1968 ● congrès international pour le Vietnam à Berlin-Ouest autour de Rudi Dutschke et manifestation de 12 000 personnes.

Le congrès international pour le Vietnam

2 avril 1968 ● une bombe incendiaire explose dans la nuit dans deux grands magasins de Francfort, le « Kaufhof » et le « Schneider », en protestation contre « le génocide au Vietnam », un procès s’ensuit pour Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Thorwald Proll, Horst Söhnelein.

11 mai 1968 ● manifestation de 70 000 personnes à Bonn contre les mesures d’état d’urgence.

30 mai 1968 ● mise en place des lois sur l’état d’urgence par l’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest.

4 novembre 1968 ● mobilisation de l’Opposition extra-parlementaire et très violents affrontements avec la police (130 policiers blessés) de la part des étudiants soutenus par des ouvriers et des rockers.

31 décembre 1968 ● fondation du Parti Communiste d’Allemagne / Marxistes-Léninistes (Kommunistische Partei Deutschlands/Marxisten-Leninisten – KPD/ML).

Matin rouge, l’organe du KPD/ML

26 février 1969 ● échec de l’attaque à l’explosif contre le parcours du président américain Richard Nixon à Berlin-Ouest par la Wieland Kommune.

15 juillet 1969 ● organisation pendant une semaine d’un campement consacré aux prisons et à la répression, avec de nombreuses figures futures de la lutte armée.

septembre 1969 ● 150 000 travailleurs rentrent en grève hors syndicats dans les industries de l’acier, des métaux, des chantiers navals, des mines et du textile.

novembre 1969 ● fondation des « Tupamaros West-Berlin » et des « Tupamaros Munich », sur une ligne spontanéiste anti-impérialiste et anti-sioniste, menant plusieurs actions incendiaires.

20 décembre 1969 ● attaque incendiaire des Tupamaros West Berlin contre le KaDeWe (centre commercial de l’ouest) à Berlin-Ouest.

1970 ● la CIA dispose de 200 bases et de 20 000 agents, ainsi que de 7 000 personnes liées par des contrats ; le plan opérationnel 101-1 de l’OTAN prévoit en cas de situation exceptionnelle l’arrestation par la police militaire américaine d’une liste de gens considérés comme anti-américains.

février 1970 ● début des discussions entre Andreas Baader et Ulrike Meinhof (qui a quitté la revue Konkret en 1969) pour l’établissement d’une guérilla urbaine.

Ulrike Meinhof

12 février 1970 ● fondation du Collectif socialiste des patients (Sozialistische Patientenkollektiv), mouvement anti-psychiatrique dont seront issus de nombreux activistes de la RAF (Elisabeth von Dyck, Hanna Krabbe, Lutz Taufer, Bernhard Rössner, Sieglinde Hofman, Siegfried Hausner, etc.).

21 mars 1970 ● dissolution du SDS comme organisation nationale unifiée, les structures locales disparaissent au fur et à mesure.

4 avril 1970 ● arrestation d’Andreas Baader lors d’un contrôle de véhicule.

14 mai 1970 ● un commando libère Andreas Baader lors de son travail surveillé dans un institut de question sociales, fondation de la Fraction Armée Rouge (Rote Armee Fraktion – RAF).

Le symbole de la RAF

Juin 1970 ● départ des membres de la RAF pour un camp palestinien du Fatah en Jordanie.

5 juin 1970 ● la revue 883 publie le texte de la RAF « Construire l’armée rouge » – « Élargir les luttes de classes Organiser le prolétariat Commencer avec la lutte armée à construire l’armée rouge ! »

24 juin 1970 ● interdiction du dernier groupe de la SDS existant, à Heidelberg, en raison d’affrontements avec la police.

19 septembre 1970 ● premier squat en Allemagne, à Francfort, organisé par la mouvance spontanéiste dont la ville est le bastion.

29 septembre 1970 ● trois banques à Berlin sont braquées par la RAF pour deux d’entre elles et le mouvement du 2 juin pour la troisième.

février 1971 ● fondation du Parti Communiste d’Allemagne – Organisation de construction (Kommunistische Partei Deutschlands Aufbauorganisation).

avril 1971 ● la RAF publie « Le concept de guérilla urbaine » – « S’il est juste que l’impérialisme américain soit un tigre de papier, c’est-à-dire qu’en dernier recours il peut être vaincu; et si la thèse des communistes chinois est juste, que la victoire sur l’impérialisme américain est devenue possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menée contre lui, et qu’ainsi les forces de l’impérialisme soient éparpillées et que par cet éparpillement il soit possible de l’abattre – si cela est juste, alors il n’y a aucune raison d’exclure un pays quel qu’il soit ou une région quelle qu’elle soit parce que les forces de la révolution sont particulièrement faibles, les forces de la réaction particulièrement forte. »

1er mai 1971 ● fondation à Berlin-Ouest de la structure hippie dénommée Yippies West-Berlin, dont une partie rejoindra le Mouvement du deux juin.

mai 1971 ● publication de Sur la lutte armée en Europe de l’Ouest, signé RAF mais écrit uniquement par l’avocat Horst Malher, le document est récusé, Malher sera exclu et rejoindra plusieurs décennies plus tard l’extrême-droite.

15 juillet 1971 ● plus grande campagne de contrôle policier de l’histoire de l’Allemagne de l’Ouest et de Bernlin-Ouest pour intercepter 50 membres de la RAF, dans ce cadre Petra Schelm est exécutée par la police.

La membre de la RAF Petra Schelm

septembre 1971 ● sortie par le groupe hippie rock Ton Steine Scherben de son premier album « Warum geht es mir so dreckig? » (Pourquoi ma vie est-elle si misérable?), emblématique de toute la période.

novembre 1971 ● Astrid Proll devient la première prisonnière de la RAF à affronter la cellule de déprivation sensorielle, à Cologne-Ossendorf.

4 décembre 1971 ● opération de 3000 policiers à Berlin-Ouest marquée par l’exécution du membre des Tupamaros West-Berlin Georg von Rauch.

6 décembre 1971 ● occupation à Berlin-Ouest d’un ancien hôpital dit Bethanien et nommé « maison Georg von Rauch ».

décembre 1971 ● discussions d’unification comme « Mouvement du deux juin » des « Tupamaros West-Berlin », du « Conseil central des rebelles du hasch errants » et de « l’Armée rouge de la Ruhr ».

1972 ● auto-dissolution de la revue 883, la principale revue de la scène révolutionnaire ouest-allemande, dont presque tous les numéros parus avaient été saisis par la répression.

janvier 1972 ● fondation de la guérilla du Mouvement du deux juin, qui vise l’établissement d’une guérilla populaire – « A l’époque de l’impérialisme développé il n’y a pas besoin de nouvelles analyses, la tâche principale n’est pas la construction d’un parti mais le démarrage de l’action révolutionnaire, la formation d’une organisation, d’un contre-pouvoir armé du peuple contre la violence organisée de l’appareil d’Etat. » ● fondation de la guérilla des Cellules Révolutionnaires, dont les membres ont la particularité de ne pas passer dans la clandestinité.

Le symbole du Mouvement du deux juin

28 janvier 1972 ● le décret sur la radicalité concernant les fonctionnaires aboutit à l’espionnage de 3,5 millions de candidats pour l’enseignement, 11 000 actions judiciaires, 2 200 procédures disciplinaires, 1 250 interdictions professionnelles et 265 licenciements.

2 février 1972 ● le Mouvement du 2 juin attaque à l’explosif à Berlin le club nautique britannique et deux voitures des forces américano-franco-britanniques.

2 mars 1972 ● Tommy Weisbecker, activiste du Mouvement du 2 juin, est tué par la police lors de son arrestation à Augsbourg.

22 mars 1972 ● Le gouvernement élargit les mesures et les capacités sécuritaires.

3 mars 1972 ● le Mouvement du 2 juin attaque à l’explosif la police criminelle de Berlin-Ouest.

11 avril 1972 ● le Mouvement du 2 juin attaque à l’explosif le club des officiers américains à Berlin, l’action échoue.

5 mai 1972 ● le Mouvement du 2 juin attaque à l’explosif la faculté de droit de Berlin après que les policiers responsables de la mort de Thomas Weisbecker ne soient pas poursuivis.

Andreas Baader (à Paris en 1969)

11 mai 1972 ● le commando Petra Schelm de la RAF attaque à la bombe le QG du 5e corps américain à Francfort – « L’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest ne doivent plus servir de pays de repli assuré pour les stratèges de l’extermination. »

12 mai 1972 ● le commando Thomas Weisbecker de la RAF mène une attaque à l’explosif contre la direction de la police d’assurance d’Augsbourg, ainsi qu’à Munich contre le parking de la police criminelle (10 blessés et 100 voitures totalement détruites) – « La tactique et les moyens que nous employons sont la tactique et les moyens de la lutte de guérilla. »

16 mai 1972 ● le commando Manfred Grashof de la RAF mène une attaque à l’explosif contre la voiture du juge Buddenberg, à Karlsruhe.

19 mai 1972 ● le Mouvement du 2 juin attaque à l’explosif la maison d’édition du grand trust Springer.

24 mai 1972 ● le commando 15 juillet de la RAF mène une attaque à l’explosif contre le QG du corps de l’année US stationnée à Heidelberg, et détruit l’ordinateur central coordonnant les bombardements au nord-Vietnam.

31 mai 1972 ● 130 000 policiers organisent des contrôles dans tout le pays.

avril 1972 ● la RAF publie le document Guérilla urbaine et lutte de classes.

1er juin 1972 ● arrestation d’Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Carl Raspe.

15 juin 1972 ● arrestation d’Ulrike Meinhof.

L‘une des affiches policières appelant à la dénonciation des membres de la RAF

5 Août 1972 ● fondation de l’Union ouvrière communiste d’Allemagne (Kommunistische Arbeiterbund Deutschlands – KABD).

5 septembre 1972 ● un commando palestinien de Septembre Noir prend en otage neuf sportifs israéliens lors des Jeux Olympiques à Munich.

octobre 1972 ● sortie par le groupe hippie rock Ton Steine Scherben de son second album « Keine Macht für Niemand » (Pas de pouvoir pour personne), emblématique de toute la période.

novembre 1972 ● la RAF publie le document Sur l’action de Septembre Noir à Munich.

17 janvier 1973 ● première grève de la faim des prisonniers de la RAF (jusqu’au 15 février).

2 mars 1973 ● à Berlin, mise en place obtenue par les revendications de la maison Tommy-Weisbecker, un an après jour pour jour après le décès de celui-ci.

8 mai 1973 ● grève de la faim des prisonniers de la RAF (jusqu’au 2 juin).

17 novembre 1973 ● attaque à l’explosif contre ITT à Berlin-Ouest par les Cellules Révolutionnaires.

18 novembre 1973 ● attaque à l’explosif contre ITT à Nuremberg par les Cellules Révolutionnaires – « Luttons ensemble contre l’impérialisme ouest-allemand ! Mener la lutte anti-impérialiste de manière militante ! Solidarité avec le peuple chilien ! Solidarité avec le MIR ! »

février 1974 ● mise en place par l’État d’un « programme pour la sécurité intérieure de la RFA ». ● démantèlement du groupe armé organisé par Sigurd Debus, qui s’est politisé dès le début des années 1960.

Sigurd Debus

1er mai 1974 ● les Cellules Révolutionnaires incendient la voiture d’un responsable de la destruction d’une maison de jeunesse à Berlin-Ouest.

26 mai 1974 ● début d’une semaine de manifestation d’un millier de jeunes, lycéens et travailleurs, contre la hausse des prix des transports à Francfort, avec des affrontement avec la police ; un lycéen est tué.

5 juin 1974 ● le Mouvement du 2 juin exécute un agent infiltré ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le consulat général du Chili à Berlin-Ouest.

septembre 1974 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’usine Korf à Mannheim appartenant aux 2/3 à des Israéliens et le bureau de la compagnie aérienne israélienne EL-AL à Francfort.

13 septembre 1974 ● grève de la faim des prisonniers de la RAF et du Mouvement du 2 juin (jusqu’au 5 février 1975).

14 septembre 1974 ● manifestation de 30 000 personnes à Francfort d’une semaine de mobilisation véritablement dans toute l’Allemagne de l’Ouest en solidarité avec le Chili.

14 octobre 1974 ● attentat contre le siège de Shell à Francfort par le Groupe Enriquez, en référence au secrétaire général du MIR chilien Miguel Enriquez, assassiné.

14 octobre 1974 ● occupation d’un bâtiment à Francfort dans le quartier de Bockenheim, qui devient un centre de jeunesse malgré 240 arrestations suite à de très violents accrochages avec la police.

novembre 1974 ● l’État organise l’opération « voyage hivernal », avec contrôles d’identité massives et perquisitions de bureaux, cabinets d’avocat, imprimeries et colocations considérés comme de gauche.

9 novembre 1974 ● le prisonnier de la RAF Holger Meins meurt lors de la grève de la faim, après avoir été notamment nourri de force, sa mort provoque une onde de choc.

Le guérillero Holger Meins assassiné par la sécurité de l’Etat, la justice

10 novembre 1974 ● le Mouvement du 2 juin tente d’enlever le président de la chambre des magistrats de Berlin Günter von Drenkmann, celui-ci est tué. D’intenses débats naissent au sujet de l’illégalité dans la mouvance spontanéiste, la tendance majoritaire s’en dissociant.

11 novembre 1974 ● 15 000 personnes manifestent à Berlin-Ouest en soutien à la grève de la faim des prisonniers de la RAF.

16 novembre 1974 ● les Cellules Révolutionnaires incendient la voiture du directeur des usines Krone (un des principaux constructeurs de remorques) devant le conseil d’entreprise en cours.

26 novembre 1974 ● opération « voyage hivernal » de la police avec des perquisitions dans neuf villes.

4 décembre 1974 ● le philosophe français Jean-Paul Sartre rend visite à Andreas Baader en prison, Daniel Cohn-Bendit servant d’interprète.

1975 ● début de la parution (jusqu’en 1985) de la revue pro-spontanéiste, inspirée par l’autonomie italienne, Autonomie. Matériaux contre la société industrielle (AUTONOMIE. Materialien gegen die Fabrikgesellschaft).

20 janvier 1975 ● interview des prisonniers de la RAF dans la revue Der Spiegel.

27 février 1975 ● le Mouvement du 2 juin enlève le candidat du parti de droite aux élections municipales de Berlin, Peter Lorentz ; est obtenue la libération de trois prisonniers du Mouvement du 2 juin et de deux de la RAF.

Peter Lorentz, prisonnier du Mouvement du 2 juin

3 mars 1975 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque incendiaire contre la cathédrale de Bamberg.

4 mars 1975 ● des femmes des Cellules Révolutionnaires mènent une attaque incendiaire contre le tribunal constitutionnel à Karlsruhe.

22 mars 1975 ● fondation du Secours Rouge d’Allemagne sous l’égide du KPD/ML (qui agit également en Allemagne de l’Est).

24 avril 1975 ● prise d’otages à l’ambassade d’Allemagne de l’Ouest à Stockholm en Suède par le commando Holger Meins de la RAF, exigeant la libération des prisonniers ; la police lance l’assaut.

29 avril 1975 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque incendiaire contre l’Union industrielle, l’Union des chambres patronales ainsi que la chambre du commerce et de l’industrie à Mayence, contre la chambre du commerce et de l’industrie à Ludwigshafen.

30 avril 1975 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque incendiaire contre la police de l’immigration à Berlin-Ouest.

mai 1975 ● premier numéro de « Colère Révolutionnaire », revue des Cellules Révolutionnaires, thématisant les actions anti-impérialistes, les actions anti-sionistes, les actions en soutien aux luttes des ouvriers, des jeunes et des femmes.

9 mai 1975 ● Phillip Werner Sauber, proche du Mouvement du 2 juin, est tué lors d’un affrontement avec la police.

Affiche de la police visant le Mouvement du 2 juin

10 mai 1975 ● l’avocat d’Andreas Baader Siegfried Haag est arrêté et ses documents confisqués ; il passe le lendemain dans la clandestinité et rejoint la RAF.

21 mai 1975 ● début du procès monstre contre la RAF dans un nouveau bâtiment construit pour l’occasion comme annexe-forteresse de la prison de Stuggart-Stammheim.

29 juin 1975 ● la prisonnière de la RAF Katharina Hammerschmidt meurt faute de soins, elle est libérée juste avant son décès.

31 juin 1975 ● le Mouvement du deux juin braque deux banques à Berlin-Ouest et en profite pour distribuer des chocolats au personnel et aux clients.

16 juillet 1975 (et 17 novembre 1975) ● les Cellules Révolutionnaires distribuent à Berlin-Ouest 120 000 tickets de transport falsifiés accompagnés de tracts dans les boîtes aux lettres de quartiers populaires, avec également une émission de radio pirate.

13 septembre 1975 ● attentat à la gare de Hambourg attribué par les médias à la RAF, qui dénonce une provocation fasciste.

21 décembre 1975 ● prise d’otages du siège de l’OPEP à Vienne par Carlos et les Cellules Révolutionnaires ; l’opération se conclut par un transport à Alger ; le membre des Cellules Révolutionnaires Hans-Joachim Klein (issu des spontanéistes de Francfort) qui a participé à l’opération sera à partir de 1977 un dissocié largement utilisé par les institutions allemandes (notamment par l’intermédiaire du quotidien français Libération).

1976 ● Les mouvements marxistes-léninistes s’estompent toujours plus, les « spontis » prennent le dessus dans le mouvement révolutionnaire.

16 janvier 1976 ● Le parlement instaure des lois portant à jusqu’à trois années de prison la condamnation pour possession de documents célébrant le violence.

« Solidarité avec la Fraction Armée Rouge! Pour la construction de la guérilla urbaine! »

20 janvier 1976 ● L’avocat d’Ulrike Meinhof Axel Azzola demande que les prisonniers de la RAF soient considérés comme des prisonniers de guerre.

pâques 1976 ● congrès anti-répression impliquant 20 000 personnes.

8 mai 1976 ● Ulrike Meinhof est assassinée dans sa cellule d’isolement carcéral de Stuttgart-Stammheim.

10 mai 1976 ● affrontements avec la police à Berlin-Ouest en soutien à Ulrike Meinhof ; des cocktails molotov sont lancés contre le tribunal de Wuppertal.

11 mai 1976 ● affrontements avec la police à Francfort lors d’une manifestation de 7 000 personnes en soutien à Ulrike Meinhof.

printemps 1976 ● les Cellules Révolutionnaires – Brigade Ulrike Meinhof revendiquent un vol d’explosifs à l’armée américaine ● les Cellules Révolutionnaires diffusent à au moins 180 sans abris des bons d’achat falsifiés.

mai 1976 ● publication par les Cellules Révolutionnaires de « Colère Révolutionnaire » numéro 2 – « La violence ne se résume pas dans des formations particulières, dans la police et l’armée, elle traverse bien plutôt l’ensemble du processus de la vie. La destruction du processus du travail, la destruction de la personnalité, la dissolution des liens sociaux, l’encasernement dans le béton social, la division du travail intellectuel et du travail manuel (…). Nous ne croyons pas en une victoire uniquement militaire sur la violence étatique. Il n’y aura pas en Europe de soulèvement général, mais un processus révolutionnaire prolongé. Les points de référence organisationnels de ce processus seront les organes du pouvoir populaire où peuvent s’organiser ouvertement ou plus exactement de manière semi-légale les ouvriers, les femmes, les étudiants, et les noyaux politico-militaires des gauches révolutionnaires, la guérilla urbaine ».

1er mai 1976 ● cortèges significatifs des marxistes-léninistes : 3000 du KPD et 600 du KPD/ML à Berlin-Ouest, 2000 du KPD à Dortmund, 400 du KPD et 250 du KPD/ML à Francfort ; le KPD organisa au totala des initiatives à Hambourg, Nuremberg, Cologne, Hanovre, Kassel, Bonn, Augsbourg, Sarrebruck, Kiel, Rüsselsheim, Dortmund, Stuttgart, Aix-la-Chapelle, Münster, Brême, Bielefeld, Francfort, Hanau, Offenbach, Neustadt-Breuberg, Mayence, Wolfsbourg et Berlin-Ouest.

15 mai 1976 ● les Cellules Révolutionnaires – Brigade Ulrike Meinhof attaquent à l’explosif le tribunal de la ville de Hamm ● début d’un vaste mouvement de solidarité (occupations, manifestations, grève de la faim…) à Francfort avec un militant accusé d’avoir participé aux manifestations violentes à la suite de la mort d’Ulrike Meinhof.

juin 1976 ● les Cellules Révolutionnaire attaquent à l’explosif le club des officiers de l’armée américaine à Francfort – « Nous voyons notre action comme la poursuite de la lutte anti-impérialiste armée de nos frères et sœurs qui ont été emprisonnés assassinés par l’impérialisme germano-américain dans les camps de destruction de Stuttgart-Stammheim, Cologne-Ossendorf, etc. comme Petra Schelm, Georg von Rauch, Thomas Weissbecker, Holger Meins, Katherina Hammerschmidt, Werner Sauber, Ulrich Wessel, Siegfried Hausner, Ulrike Meinhof » ● tenue d’un congrès anti-répression à Francfort avec une manifestation de 20 000 personnes.

18 juin 1976 ● premier numéro de la revue Radikal, « journal socialiste pour Berlin-Ouest », destinée à l’ensemble de la scène révolutionnaire de la ville.

27 juin 1976 ● un vol d’Air France en provenance d’Israël est détourné par un commando commun du Front populaire de libération de la Palestine et des Cellules révolutionnaires ; un commando israélien libère les otages à Entebbe en Ouganda le 3 juillet.

18 août 1976 ● instauration de la loi 129a sur le soutien à une association terroriste.

septembre 1976 ● les Cellules Révolutionnaires incendient à Francfort les listes des personnes contrôlées sans titres de transport.

octobre 1976 ● fondation à Francfort du journal hebdomadaire « Pflasterstrand » (plage de pavés ») dirigé par Daniel Cohen-Bendit et représentant le courant spontanéiste anti-guérilla anti-autonome avant de former le noyau dur du courant « realo » des Verts.

décembre 1976 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le casino des officiers de la base militaire américaine Rhein-Main à Francfort – « L’anti-impérialisme est notre révolution culturelle pour une nouvelle vie des peuples autonomes avec des gens libres ».

janvier 1977 ● les Cellules Révolutionnaires incendient dans plusieurs villes des cinémas diffusant un film américain sur le détournement d’avion et l’opération israélienne s’en suivant à Entebbe ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le terrain militaire américain à Giessen.

février 1977 ● les Cellules Révolutionnaires – commando Siegfried Hausner incendient la voiture d’un avocat commis d’office de prisonniers de la RAF – « La solidarité avec les prisonniers révolutionnaires ne peut que consister en la poursuite conséquente de leur politique ! Formez beaucoup de Cellules Révolutionnaires ! Nous serons des êtres humains. »

19 février 1977 ● 30 000 manifestants nucléaires à Itzehoe et à la Wilster Marsch parviennent à manifester malgré une intense propagande médiatique et un des deux rassemblements interdits.

mars 1977 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le bureau du président de la chambre des avocats de Francfort.

19 mars 1977 ● 20 000 manifestants protestent contre la centrale nucléaire de Grohnde, forçant les barrages de police et détruisant des barrières autour de la centrale.

29 mars 1977 ● grève (jusqu’au 30 avril) des prisonniers de la RAF et d’autres emprisonnés (au total cent personnes).

7 avril 1977 ● le commando Ulrike Meinhof de la RAF exécute le procureur Siegfried Buback – « Nous empêcherons que nos combattants soient assassinés dans les prisons ouest-allemandes. »

20 avril 1977 ● Le chancelier ouest-allemand Helmut Schmidt exige que soit détruit les sources spirituelles du terrorisme.

Helmut Schmidt : « Nous vaincrons les terroristes ». Le tabloid Bild fut en première ligne dans la dénonciation et le soutien au régime

avril 1977 ● des Cellules Révolutionnaires saluent l’exécution de Buback par la RAF ● un article universitaire très critique envers l’action mais parlant de « joie secrète » aboutit à une répression massive à Göttingen ● Zora la Rouge attaque la chambre des médecins de Cologne.

mai 1977● les Cellules Révolutionnaires incendient les voitures d’un procureur et d’un juge ; sortie de « Colère Révolutionnaire » numéro 3.

juin 1977 ● les Cellules Révolutionnaires incendient à Berlin-Ouest les listes des personnes contrôlées sans titres de transport.

17 juin 1977 ● les marxistes-léninistes du Kommunisticher Bund (Union Communiste) rassemblent 1000 personnes pour marcher malgré l’interdiction contre le congrès du parti d’extrême-droite NPD.

11 juillet 1977 ● un avocat de la RAF, Klaus Croissant, demande l’asile politique à la France.

30 juillet 1977 ● la RAF exécute le procureur Jürgen Ponto, directeur de la Dresdner Bank.

août 1977 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre l’entreprise américaine Man à Nuremberg, ainsi que contre l’entreprise Klein, Schanzlin & Becker à Frankenthal, deux entreprises liées au nucléaire.

8 août 1977 ● grève de la faim des prisonniers de la RAF (jusqu’au 2 novembre 1977).

été 1977 ● scission dans le mouvement anti-nucléaire entre les légalistes (socialistes, pro-RDA…), les pacifistes, les marxistes-léninistes et les autonomes.

5 septembre 1977 ● le commando Siegfried Hausner de la RAF enlève le patron des patrons Hanns Martin Schleyer.

« Prisonnier depuis 31 jours »

28 septembre 1977 ● mise en place du jour au lendemain d’un loi sur l’interdiction de tout contact pour totalement isoler les prisonniers de la RAF.

13 octobre 1977 ● un commando du FPLP palestinien détourne un avion de ligne allemand en soutien aux revendications de la RAF.

17 octobre 1977 ● perquisition de 38 lieux de la scène ouest-berlinoise (imprimerie, appartements, librairie, Secours rouge…) dans le cadre d’une opération contre la revue Info-Bug, accusé de « soutien à une organisation terroriste selon le paragraphe 129a ». Le rassemblement de 200 personnes dans la foulée pour un meeting à ce sujet est écrasé par la police et une quarantaine de personnes arrêtées.

18 octobre 1977 ● la police allemande lance l’assaut contre l’avion détourné, Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe coupés du monde sont retrouvés « suicidés » dans leur cellule, Irmgard Möller grièvement blessée de coups de couteaux, la RAF exécute en réponse Hanns Martin Schleyer.

Jan-Carl Raspe, Gudrun Ennslin et Andreas Baader

12 novembre 1977 ● la membre de la RAF Ingrid Schubert est retrouvée « suicidée » dans sa cellule.

janvier 1978 ● les Cellules Révolutionnaires publient « Colère révolutionnaire » numéro 4 – « C’est l’heure de la contre-révolution préventive »

27-29 janvier 1978 ● les spontis tiennent à Berlin-Ouest le congrès « Tunix » (« ne bosse pas ») impliquant 20 000 personnes.

mars 1978 ● les Cellules Révolutionnaires incendient à Francfort la voiture d’un contrôleur et démolissent l’entrée de la maison d’un autre.

10 avril 1978 ● grève de la faim (jusqu’au 2 mars) des prisonniers de la RAF.

mai 1978 ● les Cellules Révolutionnaires tirent dans les jambes d’un avocat commis d’office et détruisent la voiture d’un autre et mènent une attaque à l’explosif le 8 mai contre le centre de surveillance de la police de Basse-Saxe et incendiant la voiture d’un haut responsable policier à Duisbourg.

juin 1978 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent l’entreprise israélienne d’importation Agrexpo ainsi qu’un chargé des affaires sociales de la ville de Mayence ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le casino des officiers américains à Wiesbaden.

17 juin 1978 ● les marxistes-léninistes du Kommunisticher Bund (Union Communiste) rassemblent 10 000 personnes bloquant le congrès du parti d’extrême-droite NPD en occupant les lieux.

5 juin 1978 ● procès contre la revue ouest-berlinoise Radikal en raison des propos sur la mort du procureur Buback.

juillet1978 ● les Cellules Révolutionnaires incendient un bâtiment de l’industrie du nucléaire d’Allemagne du Nord à Lübeck.

septembre 1978 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif la caserne militaire en construction de Garlstedt.

6 septembre 1978 ● la police abat le membre de la RAF Willy-Peter Stoll lors de son arrestation.

8 octobre 1978 ● Michael Knoll de la RAF est tué lors d’un affrontement avec la police.

12 décembre ● « bataille de Kreuzberg 36 », vague de 200 occupations de maisons

6 novembre 1978 ● occupation de la rédaction de Francfort de l’Agence de presse allemande DPA en faveur de prisonniers de la RAF dont la santé est gravement menacée.

31 mars 1979 ● fin de la marche anti-nucléaire de Gorleben, commencée le 25 mars, avec 100 000 personnes à Hanovre.

avril 1979 ● les Cellules Révolutionnaires dévastent le pavillon d’Eugen Loderer et la voiture de Hans Mayr, deux des plus hauts dirigeants syndicaux de l’IG Metall.

20 avril 1979 ● grève de la faim (jusqu’au 26 juin) des prisonniers de la RAF.

4 mai 1979 ● la police abat le membre de la RAF Elisabeth van Dyck lors de son arrestation.

Elisabeth van Dyck

juin 1979 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif un camion de l’entreprise israélienne d’importation Hameico à Francfort.

17 juin 1979 ● les marxistes-léninistes du Kommunisticher Bund (Union Communiste) organisent un concert « rock contre la droite » rassemblant 50 000 personnes.

25 juin 1979 ● action du commando Andreas Baader de la RAF contre le général américain Alexander Haig, le plus haut responsable de l’OTAN – « Le combat ne s’arrête jamais. Détruire l’impérialisme US et ses bases partout dans le monde. Organiser la résistance armée en Europe de l’Ouest. Construire le front anti-impérialiste dans les métropoles. Solidarité avec la lutte de la résistance palestinienne contre la solution finale impérialiste. Solidarité avec la résistance anti-impérialiste en Turquie »

4 septembre 1979 ● à l’occasion de l’année de la mort d’Elisabeth van Dyck, une rue est renommée à son nom à Berlin-Ouest.

novembre1979 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif une tour météo permettant une construction liée au nucléaire à Ahaus et sabotent plusieurs véhicules de transports de l’entreprise Seeland liée au nucléaire.

12 décembre 1979 ● l’OTAN décide de l’installation de missiles américains Pershing II à tête nucléaire en Allemagne.

janvier 1980 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’agence fédérale pour l’emploi à Nuremberg.

13 janvier 1980 ● fondation du parti des Verts.

Mars 1980● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le tribunal fédéral pour l’emploi à Kassel.

4 mars 1980 ● occupation du toit du centre culturel américain la maison de l’Amérique à Hambourg : « Cette action est l’expression de notre solidarité avec les prisonniers de la guérilla urbaine, qui luttent depuis dix ans en RFA avec tous les moyens contre leur anéantissement (…). Solidarité avec les groupes de résistance armée anti-impérialistes combattants en Allemagne de l’Ouest et en Europe de l’Ouest ! »

6 mai 1980 ● perturbations du serment des nouvelles recrues de l’armée allemande dans un stade à Brême, alors que 10 000 personnes s’étaient également rassemblés en protestation.

Brême le 6 mai 1980 : « La lutte continue Un front avec la guérilla »

16 mai 1980 ● occupation du toit du centre culturel américain la maison de l’Amérique à Berlin-Ouest – « Organiser le front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest ! Guerre à la guerre impérialiste, brisons l’OTAN ! Solidarité avec la RAF et le deux juin ! »

17 mai 1980 ● manifestation contre l’isolement et les emprisonnements en quartier de haute sécurité – « Cette manifestation n’est qu’une partie d’une solidarité toujours plus large et forte avec les prisonniers de la résistance anti-impérialiste armée ».

25 mai 1980 ● déclaration au procès d’extradition de la prisonnière de la RAF Sieglinde Hofmann à Paris – « Le développement en France fonctionne de manière complètement conforme avec la stratégie de l’OTAN (…). Ce qui se développe de manière toujours plus apparente en Europe de l’Ouest comme la « sécurité intérieure et extérieure » signifie, pour la formation de la stratégie de la politique révolutionnaire, comprendre l’État national comme appareil de répression à l’intérieur de l’État à partir d’une définition internationale répondant à la politique d’expansion de l’impérialisme US. Et ce n’est que par là qu’on peut saisir que la brisance stratégique de la guérilla métropolitaine est le moment de l’instabilité. Parvenir au front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest. Unité dans la lutte armée anti-impérialiste ».

2 juin 1980 ● le Mouvement du deux juin publie son communique de dissolution, ses membres rejoignant la RAF : « nous décidons de la dissolution du mouvement du 2 juin en tant qu’organisation et continuons la lutte anti-impérialiste dans la RAF – en tant que RAF. »

4 juin 1980 ● 10 000 policiers évacuent les 2 000 occupants de la « République libre de Wendland » du site de Gorleben prévu pour une installation nucléaire, occupé plus d’un mois.

La « République libre de Wendland »

17 juin 1980 ● occupation d’un bâtiment à la suite d’une manifestation à Francfort.

26 juillet 1980 ● la RAF annonce la mort de Wolfgang et de Juliane dans un accident.

13 août 1980● Zora la Rouge attaque le cabinet d’avocat Wagner à Cologne.

25 août 1980● 15 000 personnes manifestent malgré l’interdiction contre la candidature de l’ultra-réactionnaire Franz Josef Strauss.

1981 ● sortie du premier album du groupe punk Slime, Slime I, dont des chansons seront emblématiques de la scène autonome des années 1980 (Deutschland muss sterben, l’Allemagne doit mourir).

janvier 1981 ● 160 bâtiments sont squattés à Berlin ● Les Cellules Révolutionnaires publient « Colère révolutionnaire » numéro 6 – « Nous sommes d’accord avec le mouvement du deux juin, que nous voulons une guérilla populaire ! Une guérilla dont les actions sont comprises, qui a les sympathies du peuple et qui est largement soutenue dans une mise en perspective, sans pour autant devenir opportuniste ».

2 février 1981 ● manifestation anti-nucléaire à Hambourg de 2000 jeunes socialistes d’un côté, d’un front de 10 000 manifestants de l’autre avec destruction sur le parcours de vitrines de banques et d’hôtels de luxe, d’assurances et de sex-shops ● grève de la faim (jusqu’au 18 avril) des prisonniers de la RAF pour obtenir le regroupement – « Armer la résistance. Organiser l’illégalité. Organiser la résistance armée en Europe de l’Ouest. »

24 février 1981 ● attaque à l’explosif contre le consulat général britannique à Hambourg – « Si nous attaquons ensemble avec la RAF, nous vaincrons le monstre US ».

28 février 1981 ● 100 000 personnes participent à la manifestation anti-nucléaire interdite à Brokdorf.

mars 1981 ● la section RDA du KPD/ML est démantelée par la répression.

18 mars 1981 ● incendie des locaux régionaux du SPD à Berlin-Ouest en soutien à la grève de la faim des prisonniers de la RAF

30 mars 1981● les Cellules Révolutionnaires distribuent des milliers de tickets de transports falsifiés à Hagen, Dortmund, Bochum, Recklinghausen, Gelsenkirchen, Essen, Wuppertal, Bottrop, Oberhausen, Duisburg, Mülheim, Krefeld, Mönchengladbach et Düsseldorf.

5 avril 1981 ● incendie de l’American International School de Düsseldorf en soutien à la grève de la faim des prisonniers de la RAF, sont peints les slogans « Mort à l’impérialisme US », « Regroupement immédiat des prisonniers de la RAF en groupes autodéterminés », « Solidarité avec la RAF, les BR, l’IRA, l’INLA, ETA » – « Il y a un blackout total de l’information au sujet de notre action. Il ne nous est pas clair s’ils veulent de nouveau passer sous silence toutes les attaques contre les yankees. Aussi, diffusez notre communiqué et faites la passer. Mort à l’impérialisme US ! ».

9 avril 1981 ● destruction à Francfort du parking de la police militaire américaine, ainsi que de 9 véhicules : « mort à l’impérialisme US », « Regroupement des prisonniers de la RAF ».

16 avril 1981 ● attaque des locaux de l’Instit Aspen auprès de l’Institut Max Planck, un think tank américain : « Regroupement immédiat des prisonniers de la RAF. Solidarité avec la lutte des prisonniers de l’IRA et de l’INLA pour leur statut politique. À bas l’impérialisme US ». ● mort de Sigurd Debus lors d’une grève de la faim, initiateur d’un groupe armé il avait rejoint ensuite la RAF.

mai 1981 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif la cantine de l’armée américaine à Francfort – « La révolution à l’Ouest, le défi au pouvoir capitaliste dans les bastions est le devoir du moment. Elle est d’une signification décisive. »

11 mai 1981 ● les Cellules Révolutionnaires tirent dans les jambes du ministre de l’économie de la Hesse et haut responsable du parti libéral Heinz Hubert Karry, qui meurt dans l’opération.

31 août 1981 ● attaque du quartier général de l’US Air Force à Ramstein par le commando Sigurd Debus de la RAF : « Faire passer la résistance contre l’anéantissement au front pour la révolution en Europe. Mener la lutte dans la métropole en commun avec les révolutionnaires du tiers-monde ».

15 septembre 1981 ● manifestation anti-impérialiste à Berlin-Ouest contre la venue du secrétaire d’État américain Alexander Haig. Le tabloïd Bild titre le lendemain « Haig à Berlin – du sang, des flammes ».● attaque contre le général américain Kroesen, responsable de l’OTAN zone centre, par le commando Gudrun Ensslin de la RAF : « La lutte dans la métropole peut tenir en échec l’appareil impérialiste global à partir d’ici, afin que soit réussi une nouvelle percée avec les révolutionnaires du tiers-monde (…). La guérilla ouest-européenne ébranle ce centre. Luttez avec nous ».

automne 1981 ● début des occupations de onze bâtiments de la Hafenstrasse à Hambourg.

Les squats de la Hafenstrasse

octobre 1981 ● les Cellules Révolutionnaires sabotent des véhicules de construction de l’entreprise Züblin/Bratengeier à Francfort, contre l’extension de l’aéroport.

10 octobre 1981 ● manifestation de 300 000 personnes à Bonn contre l’installation des missiles à tête nucléaire Pershing II en Allemagne de l’Ouest.

2 novembre 1981 ● intervention ultra-violente de la police pour dégager un campement de mobilisation contre l’extension de l’aéroport de Francfort, 10 000 personnes manifestent dans la foulée en protestation dans la zone pendant plusieurs jours.

5 novembre 1981 ● déversement de produits puissamment malodorants et écriture de slogans anti-impérialistes dans les salles de conférence de la Gartenhalle à Karlsruhe la veille d’une grande réunion du SPD au sujet du tiers-monde. « Organiser la résistance anti-impérialiste ! Solidarité avec la RAF ! Mort à l’impérialisme US ! »

7 novembre 1981 ● manifestation de 40 000 personnes contre l’extension de l’aéroport de Francfort.

14 novembre 1981 ● manifestation de 150 000 personnes contre l’extension de l’aéroport de Francfort avec remise d’une pétition pour un référendum.

Des autonomes dans la lutte contre contre l’extension de l’aéroport de Francfort (ma « Startbahn West »)

21 novembre 1981 ● des militants du KPD/ML s’enchaînent sur la place Alexanderplatz à Berlin-Est.

décembre 1981 ● les Cellules Révolutionnaire attaquent le ministère pour l’économie et la technique de la région de la Hesse (l’action échoue) et diffusent un manuel pratique pour mener des actions incendiaires et à l’explosif : « Feu et flamme pour cet Etat ».

2 décembre 1981 ● incendie deux véhicules de l’armée allemande « contre la politique de guerre impérialiste » et en réaction aux arrestations massives dans la mouvance anti-impérialiste.

janvier 1982 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le consulat du Salvador à Cologne.

février 1982 ● les Cellules Révolutionnaires sabotent des véhicules de construction de l’entreprise Philip Holzmann à Neu Isenburg, ainsi que contre Bilfinger & Berger à Wiesbaden, contre l’extension de l’aéroport à Francfort.

mars 1982 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’entreprise immobilière Neue Heimat à Berlin-Ouest, ainsi que l’entreprise Züblin à Duisbourg, contre l’extension de l’aéroport à Francfort ; Zora la Rouge mène une attaque incendiaire contre l’entreprise pharmaceutique Schering.

mai 1982 ● les Cellules Révolutionnaires incendient la voiture du responsable des biens immobiliers de la ville de Francfort. ● publication par la RAF du document stratégique « Guérilla, Résistance et front anti-impérialiste » – L’unité de la lutte révolutionnaire devient possible et nécessaire. Voilà pour tous ceux qui veulent mener cette lutte, une ligne d’action sur laquelle la rupture avec l’état, la révolte et les combats militants peuvent converger partout en une politique – une stratégie de l’attaque contre le centre impérialiste. » Naissance s’ensuit de la mouvance dite des « anti-imps » dont les slogans représentatifs sont « IRA, RAF, Brigaden, ETA – eine Front in Westeuropa » (IRA, RAF, Brigades (rouges), Eta – un seul front en Europe de l’Ouest), « die Front ensteht – als kämpfende Bewegung » (Le front se forme comme mouvement combattant) ; les prisonniers anti-imps seront désignés comme les « prisonniers de la résistance ».

1er juin 1982● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’entreprise américaine McDonell Douglas à Cologne, le quartier général de l’armée américaine à Francfort, la station de radiodiffusion militaire américaine AFN à Berlin-Ouest, l’entreprise américaine ITT à Hanovre, les entreprises américaines IBM et Control Data à Düsseldorf, le club des officiers américains à Hanau, le club des officiers américains à Gelnhausen.

4 juin 1982 ● attaque incendiaire des Cellules Révolutionnaires contre l’entreprise américaine Bourns Ketronic (liée à l’aéronautique militaire) à Hambourg.

5 juin 1982 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’Institut germano-américain à Tübingen.

10 juin 1982 ● manifestation de 500 000 personnes à Bonn contre l’installation des missiles à tête nucléaire Pershing II en Allemagne de l’Ouest et contre la visite du président américain Ronald Reagan.

11 juin 1982 ● émeutes à Berlin-Ouest en réponse à la visite du président américain Ronald Reagan à l’occasion d’une réunion de l’OTAN, alors que le cortège des groupes autonomes et anti-impérialistes regroupait plus de 4000 personnes ; la presse parle pour la première fois des « groupes autonomes » lors de la « bataille de la place de Nollendorf ».

juillet1982● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’entreprise Bilfinger & Berger à Mannheim et incendient des véhicules de Dressler KG à Francfort, contre l’extension de l’aéroport à Francfort.

20 juillet 1982 ● l’Union ouvrière communiste d’Allemagne (KABD) devient le Parti Marxiste-Léniniste d’Allemagne (Marxistisch-Leninistische Partei Deutschlands – MLPD), un parti menant principalement des activités syndicales et se présentant aux élections.

5 août 1982 ● attaque d’un club d’officiers américain à Karlsruhe – « les actions militantes contre les installations américaines d’Athènes à Berlin, jusqu’à la manifestation du 11 juin contre la visite de Reagan, montrent que malgré tous les moyens possibles employés nous sommes parvenus à mettre en place une attaque militante contre la politique de guerre de l’OTAN ».

1er septembre 1982 ● vague de perquisitions.

septembre 1982 ● incendies de véhicules et de containers de l’entreprise Faber & Schnepp sur le terrain de l’entrepôt de l’OTAN à Vogelsberg : « Guerre à la guerre impérialiste. Destruction de l’OTAN. Solidarité avec la résistance palestinienne. Solidarité avec la RAF. »

octobre 1982 ● émissions piratant les fréquences publiques par la radio clandestine Guerre à la guerre, à Karlsruhe – « Andreas, Gudrun, Jan et Ingrid vivent partout où continue et se développe la résistance pour la libération ».

novembre1982 ● Les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le centre Interatom à Bernsberg et la société pour la sûreté nucléaire à Cologne, ainsi qu’un pylône de transport d’électricité à Kalkar, et déposent un produit malodorant dans l’appartement du journaliste Georg Luze à Braunschweig.

3 novembre 1982 ● occupation du consulat turc à Cologne par une dizaine de membres de Devrimci Sol.

21 novembre 1982 ● des militants du KPD/ML s’enchaînent à la représentation de la RDA à Bonn.

24 janvier 1983 ● déclaration au procès de Helga Roos – « Nous entendons percer cette tentative d’encerclement et, en ce que nous, les prisonniers de la résistance anti-impérialiste, exigeons le regroupement avec les prisonniers de la RAF, nous brisons la stratégie de l’État, qui avec les conditions de détention destructrices à notre égard ne fait pas que réagir aux débuts réels du front, mais entend le détruire de manière préventive par l’effet effrayant d’isolement et de terreur pendant des années, auxquels nous faisons et ferons face encore ».

février1983 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’entreprise Texas Instruments à Nuremberg, « en solidarité avec les prisonniers politiques de l’OTAN » et « avec la lutte de libération des peuples au Proche-Orient et en Amérique latine » ● Zora la Rouge incendie la voiture d’un médecin liée aux campagnes de stérilisation dans le tiers-monde.

27 février 1983 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif la Standart Elektrik Lorenz, filiale de l’entreprise américaine ITT, à Düsseldorf.

mars 1983● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’entreprise IBM à Reutlingen ● Zora la Rouge incendie la voiture d’un gérant de bordel à Cologne et attaque à l’explosif le consulat des Philippines à Bonn.

13 janvier 1980 ● les Verts rentrent au parlement avec 5,6% des voix.

avril 1983 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’institut de crédit immobilier de Berlin-Ouest ; publication par les Cellules Révolutionnaires du document « Beethoven contre MacDonald » critiquant l’anti-américanisme.

2 mai 1983 ● trente camions de la poste sont maculés de slogans anti-impérialistes et le mur extérieur du camp de concentration de Dachau voit inscrit : « Nous n’oublierons aucun d’entre vous : avril 1981 Sigurd – 9 mai 76 ulrike assassinés / Si nous luttons ensemble, alors il est entendu qu’un jour tous les camps de concentration du monde disparaîtront / Regroupement des prisonniers de la RAF et de la résistance / Bernd en grève de l’hygiène doit aller à la prison de Celle / Solidarité avec les prisonniers de Dev Sol ». ● début des émissions pirate pour Berlin-Est de la Radio Roter Stachel (Radio de la piqure rouge) du KPD/ML – « Radio de la piqure rouge. Radio de la piqure rouge. Vous écoutez l’émetteur du Parti Communiste illégal en RDA. »

20 mars 1983● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le parcours de la parade des forces alliées à Berlin-Ouest.

août 1983● les Cellules Révolutionnaires publient un document d’analyse de la lutte contre l’extension de l’aéroport de Francfort ; Zora la Rouge incendie le bus faisant la navette avec l’aéroport d’un gérant de bordel à Münster.

2 juin 1983 ● manifestation nationale à Krefeld contre la propagande belliciste et l’OTAN, au moment de la venue du vice-président et ex-chef de la CIA Georges Bush, dont la voiture est même caillassée par les manifestants ; l’appel des groupes autonome et anti-impérialistes se concluait par les mots d’ordre : « Développer la résistance contre la destruction en front pour la révolution dans les métropoles ! Dans la lutte commune contre la politique belliciste américaine / l’État RFA imposer le regroupement des prisonniers de la RAF et de la résistance ! Solidarité avec la lutte de libération en Amérique centrale, au Proche-Orient, en Afrique du Sud et en Turquie ! ».

Krefeld le 2 juin 1983 : « Lutte contre la politique de guerre de l’OTAN »

25 juin 1983 ● 100 000 personnes manifestent contre la venue du vice-président américain Georges Bush à Berlin-Ouest, sa voiture est caillassée.

septembre 1983● Les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif, à Ginsheim-Gustavsburg, l’entreprise américaine MAN liée à l’armement.

novembre 1983 ● Les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif la Fondation Konrad-Adenauer à Bonn ● Zora la Rouge attaque à l’explosif Siemens à Witten et Braunschweig.

décembre 1983 ● Zora la Rouge attaque à l’explosif l’entreprise d’informatique Nixdorf à Hanovre et l’association pour la réforme du crédit à Neuss.

30 juin 1983 ● attaque incendiaire contre une école de formation pénitentiaire à Wuppertal dans le prolongement de la manifestation anti-impérialiste de Krefeld.

10 septembre 1983 ● manifestation à Cologne en solidarité avec les membres de Devrimci Sol arrêtés lors de l’occupation du consulat turc.

automne 1983 ● le nombre de prisonniers de la RAF et de la résistance, ainsi que d’autonomes, est de 140.

novembre 1983 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif la gestion pénitentiaire de la région de Westphalie à Hamm.

23 novembre 1983 ● les missiles Pershing II à tête nucléaire sont installées dans les silos de trois bases américaines en Allemagne.

décembre 1983 ● les Cellules Révolutionnaires publient un document d’analyse de la lutte du mouvement pacifiste.

février 1984 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le siège d’une compagnie de transports publics à Gelsenkirchen et le consulat général de Turquie à Cologne.

mars 1984 ● cessation de la revue ouest-berlinoise Radikal en raison de vagues de répression. ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif la Société allemande pour le travail en commun économique à Cologne. ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’Institut Fraunhofer (spécialisé en micro-électronique et lié à l’armement) à Duisbourg.

30 mai 1984 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif le pipe-line de l’OTAN à Mörfelden – « Unité dans la lutte social-révolutionnaire et anti-impérialiste ! Regroupement des prisonniers de la RAF et de la résistance ! Organiser la résistance ! Formez beaucoup de Celulles Révolutionnaires ! »

14 juin 1984 ● attaque des Cellules Révolutionnaires contre le pipe-line de l’OTAN à Lorch – « Une partie des préparations de guerre impérialiste de l’OTAN est l’expansion continue d’un réseau militaire d’approvisionnement en carburant dans toute la RFA (…). Ce sont 220 aéroports, 10 000 km de pipe-line et de réserves pour deux millions de mètres cube de carburant (…). Contre la division et l’individualisation de la résistance, pour l’organisation et la détermination dans la lutte anti-impérialiste ! (…) Construire le contre-pouvoir prolétarien, organiser le front anti-impérialiste ! »

août 1984 ● Les Cellules Révolutionnaires incendient un véhicule de l’entreprise Kreuzer à Bonn et attaquent à l’explosif l’entreprise Koch à Gütersloh, les deux étant liés à la construction de prison.

automne 1984 ● reparution clandestine de la revue ouest-berlinoise Radikal, avec un graphisme s’appuyant sur le collage et s’assumant ouvertement comme expression de la scène des groupes autonomes et des organisations de lutte armée ; des manuels de fabrication d’explosifs ou de moyens de sabotage sont régulièrement publiés, amenant entre 1984 et 1997 215 poursuites pour association terroriste.

4 septembre 1984 ● grève de la faim (jusqu’au 5 février) des prisonniers de la RAF.

14 octobre 1984 ● attaques à Francfort contre le siège du SPD et contre le Crédit Commercial de France en solidarité avec trois membres d’ETA expulsés par la France vers l’Espagne.

décembre 1984 ● grève de la faim des prisonniers de la RAF et de la résistance – « Les prisonniers de guerre en Europe de l’Ouest sont près les uns des autres. Leurs luttes sont l’antagonisme et l’offensive contre contre le système du capital et la contre-révolution de l’OTAN (…). La dialectique des luttes révolutionnaires a plus de poids que la doctrine impérialiste de la ligne dure. »

Affiche d’un meeting pour le regroupement des prisonniers de la RAF et de la Résistance le 12 décembre 1984 dans plusieurs villes

17 décembre 1984 ● attaque incendiaire à Francfort contre Siemens en soutien à la grève de la faim – « L’internationalisme prolétarien, le front anti-impérialiste se développe dans l’attaque contre l’OTAN, l’État et le capital. Siemens est une partie de la structure de pouvoir impérialiste. Son savoir-faire / ses produits apportent leur contribution à la lutte anti-insurrection (sur les plans policier et militaire). Solidarité avec les grévistes de la faim de la RAF et de la résistance. Pour le communisme. Le front anti-impérialiste se produit comme mouvement combattant. »

18 décembre 1984 ● attaque à l’explosif contre la shape-school formant des cadres de l’OTAN à Obermmergau par le commando Jan Raspe de la RAF.

22 décembre 1984 ● attaque à l’explosif contre le siège de la production de câbles électriques d’AEG-Telefunken, largement présente dans l’électronique militaire, revendiqué par « Guerre à la guerre impérialiste » – « Notre perspective est le front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest, c’est la conception d’un concept stratégique d’initiatives révolutionnaires à tous les niveaux inter-opérant et obtenus à partir de la résistance dans l’illégalité et la légalité. C’est la conception d’une interaction des forces anti-impérialistes dans la construction d’un contre-pouvoir. La guérilla est le cœur de cette conception. »

24 décembre 1984 ● attaque incendiaire contre une base de l’aviation militaire américaine à Wiesbaden – « Unité de la lutte dans le front anti-impérialiste » ● attaque contre le centre régional de recherches de Reutlingen par l’unité combattante Gudrun Ensslin des Cellules Révolutionnaires.

25 décembre 1984 ● revendication des actions contre un parking de la police le 21 décembre et le quartier général de l’armée britannique le 24 décembre – « Nous comprenons nos attaques comme expression pratique de notre solidarité avec les camarades combattants dans les prisons de Stammheim, Ankara, jusqu’à Long Kesh ! Mais également comme expression de notre résistance contre l’oppression et l’aliénation ici dans les métropoles. Contre les attaques du bloc impérialiste en Amérique centrale, qui se montre par exemple sous la forme de l’attaque contre le Nicaragua. Contre l’oppression fasciste ouverte au Chili, en Turquie, et du peuple palestinien (…). Pour un front collectif, combattant, de la résistance et de la guérilla ».

26 décembre 1984 ● sabotages contre un parking de Siemens à Cologne. « Obtenir par la lutte le regroupement comme partie du front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest ».

30 décembre 1984 ● attaque à l’explosif contre un bureau des services secrets de l’armée américaine à Düsseldorf – «  La lutte partout dans le monde pour la révolution est entrée dans une phase décisive. Dans cette situation, il est nécessaire d’établir l’unité révolutionnaire entre les luttes de libération des pays du tiers-monde et celles des métropoles. Ce n’est que dans la lutte anti-impérialiste, internationale, qu’il y a la perspective pour une percée de la révolution. Concrètement, cela signifie pour nous de faire relier notre résistance à la lutte de la guérilla. De lutter ensemble avec la guérilla dans un concept ouvert et ainsi de construire à partir d’ici un nouveau front dans la guerre de classe internationale » ● attaque à l’explosif contre une antenne-relais de l’armée américaine à Edingen – « Le front en Europe de l’Ouest est la solidarité dont ont besoin les Sandinistes, les Palestiniens, le FMLN… et qui en même temps obtient par la lutte une perspective de victoire dans la métropole. Obtenir par la lutte le regroupement des prisonniers de la RAF et de la résistance. Unité de la lutte dans le front anti-impérialiste » ● attaque à l’explosif contre la mission technique française de l’armement à Bonn – « En Europe de l’Ouest, la RFA et la France sont les pays qui poussent à la guerre et le facteur décisif de pouvoir dans la concrétisation de la stratégie impérialiste globale, avec comme but la mise en place de l’Europe de l’Ouest comme second pilier de l’OTAN (…). Unité dans l’offensive contre l’OTAN et le capital multinational. Mener la lutte en Europe de l’Ouest comme partie de la guerre de classe internationale. Guerre de classe à la guerre impérialiste. Regroupement des prisonniers de la guérilla et de la résistance. »

janvier 1985 ● multiplication de barricades devant les maisons squattées de la Hafenstrasse à Hambourg en soutien à la grève de la faim de la RAF.

Le soutien à la grève de la faim de la RAF dans la Hafenstrasse

3 janvier 1985 ● attaque à l’explosif contre le ministère de l’intérieur de la Basse-Saxe – « Avec l’attaque nous avons fait un pas en avant, nous nous sommes décidés à lutter comme partie du front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest. De la connaissance que l’impérialisme organise maintenant ici en Europe de l’Ouest son Roll-Back mondial, nous savons également quant à la possibilité de la résistance révolutionnaire ici. Avec l’offensive d’Action Directe en France, l’offensive des Cellules Communistes Combattantes en Belgique et l’offensive des commandos et des groupes de la résistance ici, nous savons que cette possibilité est saisie et le sera. »

15 janvier 1985 ● déclaration commune RAF – Action Directe – « Le projet central dans la phase actuelle de la stratégie impérialiste est la tentative de souder les Etats européens en une structure homogène, en un bloc dur, qui soit complètement intégré dans le noyau du pouvoir impérialiste: l’OTAN en tant que la structure de domination la plus avancée ici. »

16 janvier 1985 ● attaque à l’explosif contre l’antenne-relais de l’OTAN à Nettelstedt – « Après la défensive de l’impérialisme US, provoquée par la victoire des mouvements de libération au Vietnam, en Angola, au Mozambique et au Nicaragua, les Etats impérialistes cherchent maintenant avec un grand élan de faire tourner la roue de l’histoire dans le mauvais sens (…). L’expansion de l’appareil contre-révolutionnaire de l’État RFA dont le noyau dur sont les Etats-Unis donne la direction pour le développement des autres pays ouest-européens : le fascisme informatisé, la mise au pas des médias, un appareil policier unifié sous la direction de l’office fédéral de la police criminelle, l’exportation des prisons spéciales, etc. Leur volonté de destruction ne connaît pas de frontières là où à leurs objectifs que sont le dépassement de la crise et la reconstruction des rapports capitalistes internationaux sont opposés la résistance et la lutte pour la libération – le communisme (…). Construire le front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest ! »

19 janvier 1985 ● attaque à l’explosif à Karlsruhe contre les locaux d’AEG Telefunken, Brown, Boveri & Cie et l’entreprise de données Südat – « AEG et BBC appartiennent aux plus grandes entreprises d’armement en RFA. La production forcée d’armement, des projets internationaux de recherche et de planification sont essentiels pour la réalisation d’une Europe sous la coupe de l’OTAN et des Etats-Unis qui soit forte économiquement, militairement et politiquement, suivant les intérêts des plans de domination impérialiste mondiale (…). La solide expérience de ces dernières semaines est qu’à partir de la solidarité avec nos camarades prisonniers, du besoin de soi-même attaquer et de l’effet de la volonté de l’unité des luttes anti-impérialistes, des initiatives politiques très différentes et des attaques se produisent, à partir des expériences personnelles et des possibilités de chacun – et deviennent une force. Nous établissons ainsi le sol pour le processus continu, subjectivement, pratiquement, politiquement ; la résistance passe ensemble, de manière internationale, à l’attaque contre les projets impérialistes ; le front anti-impérialiste combattant en Europe de l’Ouest devient une perspective réelle. » ● début en France de la grève de la faim des prisonniers d’Action Directe – « L’OTAN c’est la guerre impérialiste ! L’OTAN c’est la programmation de la mort, que ce soit par l’oppression quotidienne ou la destruction atomique ! »

20 janvier 1985 ● attaque contre le centre d’essai spatial à Stuttgart, décès lors de l’action d’un membre du commando, Jonas Thimme.

25 janvier 1985 ● démolition à l’explosif d’un pylône électrique à Geesthacht contre le programme nucléaire et en solidarité avec la grève de la faim des prisonniers de la RAF et de la résistance.

26 janvier 1985 ● grande manifestation en soutien à la grève de la faim des prisonniers de la RAF et de la résistance à Karlsruhe, la figure de Jonas Thimme est largement mise en avant.

27 janvier 1985 ● attaque incendiaire contre des poids lourds de l’armée devant être exportés à la Turquie – « Avec la grève de la faim des prisonniers politiques en RFA et en France, un nouvelle étape de notre lutte pour la libération a commencé. Il s’agit désormais de renforcer dans toute l’Europe le front de la guérilla et de la résistance, de le faire devenir matériel. Cela signifie pour nous : nous arracher subjectivement et objectivement des structures bloquées, d’un quotidien paralysant, n’ayant pas de sens, afin d’assumer la confrontation, la lutte pour la totale. »

1er février 1985 ● le commando Patsy O’Hara de la RAF attaque Ernst Zimmermann, patron des patrons dans l’industrie aéronautique – « Le capital multinational ne peut en arriver à une nouvelle spirale dans le cycle crise – reconstruction – crise et assurer au niveau international ses conditions de valorisation qu’en planifiant, préparant et menant en une fois une agression militaire sur tous les fronts et en agglomérant en une stratégie commune contre la crise économique le bloc trilatéral USA, Europe de l’ouest, Japon. »

2 février 1985 ● la RAF demande la cessation de la grève de la faim des prisonniers de la RAF et de la résistance, le front anti-impérialiste n’ayant pas encore atteint le niveau suffisant pour la victoire de leurs revendications.

mars 1985 ● les Cellules Révolutionnaires attaquent à l’explosif l’agence patronale minière à Essen, l’entreprise Peter Döhle KG à Hambourg, le syndicat industriel mines et énergies à Bochum.

avril 1985 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre la Deutsche Bank à Düsseldorf, l’Union industrielle de la métallurgie à Cologne, Hoechst à Cologne, contre Siemens à Isernhagen ● Zora la Rouge attaque à l’explosif le parc technologique à Heidelberg.

8 avril 1985 ● l’unité combattante Jonas Thimme attaque à l’explosif les bureaux consacrés aux recherches spatiales, liées à la mise en place par huit pays de l’OTAN d’une nouvelle frégate – « La perspective, et la stratégie pour lesquelles nous luttons – détruire l’OTAN comme noyau du pouvoir impérialiste-, se développent à partir des attaques contre leurs projets existentiels de guerre en Europe de l’Ouest. » ● l’unité combattante Ulrike Meinhof des Cellules Révolutionnaires attaque à l’explosif la station de pompage du pipe-line de l’OTAN à Gmünd – « La lutte contre la politique impérialiste de l’OTAN se définit par la ligne de développement du contre-pouvoir révolutionnaire dans la métropole Europe de l’Ouest (…). Regroupement des prisonniers de la guérilla et de la résistance. Solidarité avec les prisonniers politiques dans les camps de concentration de l’OTAN. Guerre de classe contre la guerre impérialiste. Formez beaucoup d’unités combattantes des Cellules Révolutionnaires. » ● le commando action prolétarienne pour la construction du front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest attaque à l’explosif, à Cologne, les locaux de l’entreprise française TRT (Télécommunications radioélectriques et téléphoniques), liée à l’armement.

13 mai 1985 ● un groupe pour la construction de cellules anarchistes attaque l’entreprise de BTP Held à Ebersberg en raison de ses travaux pour un dépôt de l’OTAN.

août 1985 ● Zora la Rouge attaque à l’explosif l’Institut de génétique humaine à Münster.

8 août 1985 ● le commando George Jackson de la RAF attaque la base militaire américaine Rhein Main Air Base à Francfort.

août 1985 ● Zora la Rouge attaque à l’explosif l’Institut Max Planck à Cologne.

15 août 1985 ● l’unité combattante « pour la construction du front anti-impérialiste en Europe de l’Ouest » mène des attaques à l’explosif et incendiaires contre un dépôt d’armes en attente pour une situation d’intervention de renforts de l’armée américaine – « L’Europe de l’Ouest est devenu le point focal et la base de départ de la stratégie de guerre impérialiste. »

21 août 1985 ● des groupes autonomes et anti-impérialistes dévastent les locaux du quotidien TAZ, un équivalent de Libération, pour sa dénonciation de la RAF présentée comme basée à la Hafenstrasse.

Une barricade montée devant un bâtiment de la Hafenstrasse.

25 août 1985 ● la RAF justifie l’exécution d’un soldat américain pour l’obtention de sa carte d’identité afin de pouvoir mener l’attaque contre la Rhein Main Air Base, alors que toute la scène anti-impérialiste se focalise sur cette question – « Pour nous les soldats US en RFA ne sont pas en même temps des bourreaux et des victimes, nous ne portons pas sur eux ce regard faussé de travailleur social. Après le Vietnam, le Liban, Grenade et l’introduction officielle de la doctrine de guerre air-terre, la stratégie offensive pour des blitzkriegs au tiers-monde et les attaques contre les États socialistes à l’Est, chaque GI doit saisir qu’il paiera pour mener la guerre, c’est-à-dire que tous doivent saisir que c’est la guerre – et choisir (…). Les bases militaires, les installations et les centres de commandement des forces US, de l’OTAN, sont des terrains de guerre. »

septembre 1985 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre Scientic Control Systems à Hambourg et le Centre de service de programmation et de conseil à Dortmund.

8 septembre 1985 ● le commando guerre à la guerre sabote un véhicule de l’armée américaine à Stuttgart Bad Cannstatt – « Nous avons remarqué que notre slogan « guerre à la guerre » n’est pas encore devenue une décision prise concrètement tenant à saisir l’organisation et à la lutte, chacun selon ses capacités, pour attaquer continuellement cette machine de guerre. Ce n’est qu’ainsi que nous parviendrons pourtant à un rapport de forces international et au terrain pour un développement révolutionnaire (…). Regroupement des prisonniers de la RAF, de la résistance et tous les combattants en lutte ! Application des garanties minimales des conventions de Genève [sur les prisonniers de guerre] ! Yankees – ne touchez pas au Nicaragua et au Salvador ! Victoire au peuple en Afrique du Sud ! Développer la guerre révolutionnaire dans la métropole ! »

28 septembre 1985 ● manifestation antifasciste à Francfort où la police tue l’antifasciste Günter Sare, s’ensuite une semaine d’affrontements à Francfort et des manifestations et affrontements à Berlin, Hanovre, Stuttgart, Karlsruhe, Tübingen, Fribourg, Nuremberg, Hambourg, Brême.

Octobre 1985 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre l’Institut pour la génétique à Cologne.

13 octobre 1985 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre le pylône d’alimentation électrique de l’équipementier automobile ZF à Friedrichshafen et contre Daimler Benz à Schwäbisch-Gmünd.

15 octobre 1985 ● sabotage de l’alimentation électrique d’une usine de Daimler Benz à Schwäbischgmünd par les unités combattantes Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin des Cellules Révolutionnaires. « Unité dans la lutte pour le front en Europe de l’Ouest ! »

décembre 1985 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre l’entreprise Brüggemann & Brandt à Hagen et contre Mercedes Lueg à Bochum.

janvier 1986 ● déclaration « Construire le front révolutionnaire » de la RAF, qui trace un bilan de l’offensive anti-OTAN et reproche que la discussion sur l’exécution du GI parasite cette question principale. ● déclaration « À ceux qui luttent avec nous » de la RAF, qui fait son auto-critique pour l’exécution du GI qui aurait été une escalade sans qu’elle l’ait remarquée. ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre Daimler Benz à Wuppertal.

31 janvier – 4 février 1986 ● congrès de la résistance anti-impérialiste et anti-capitaliste à Francfort, avec un millier de participants et notamment une importante délégation espagnole, alors que se lance au même moment une grève de la faim des prisonniers du PCE(r) et des GRAPO – « Il en va de travailler à une réelle conception des conditions spécifiques dans la métropole, conditions à partir desquelles se développent les luttes et contre lesquelles nous devons en même temps nous imposer : le 24 heures sur 24 de l’exploitation, la destructivité qui occupe toutes les expressions de la vie, l’État qui avec une prétention au pouvoir total se précipite pour écraser tout ce qui s’organise de manière auto-déterminée, les mécanismes de contrôle traversant toutes les structures sociales… Ici, la racine des luttes n’est pas le besoin d’une assurance matérielle, mais le besoin de vivre – les buts subjectifs de l’auto-détermination et de la collectivité. »

début mai 1986 ● un « groupe anti-impérialiste » sabote une installation de ravitaillement de l’armée américaine à Kirchheimbolanden.

7 juin 1986 ● 50 000 personnes manifestant contre le nucléaire à Hambourg, une partie st bloquée par des barrages de police, les 30 000 prolongeant le cortège jusqu’à la centrale en construction de Brokdorf sont violemment réprimés.

Des autonomes à Brokdorf le 7 juin 1986

9 juillet 1986 ● le commando Mara Cagol de la RAF attaque Karl-Heinz Beckurts, un haut responsable technico-scientifique chez Siemens ainsi que dans les institutions concernant le nucléaire – « L’histoire de Siemens est celle de la continuité du fascisme et de l’impérialisme de l’Allemagne, de la RFA (…). Que dans le développement de l’impérialisme il arrive à une étape où il ne peut plus que produire désastres, des forces destructrices : c’est le socle objectif du processus de polarisation qui aujourd’hui, dans tous les pays du tiers-monde et des métropoles, sera politiquement efficace contre le système. Il se forme subjectivement, dans ce développement, de manière internationale, l’unité du prolétariat du front politico-militaire révolutionnaire, leur stratégie commune et leur perspective commune : la déstructuration mondialement unifiée du système impérialiste et sa destruction dans le processus révolutionnaire mondial. Il n’y a pas pour la bourgeoisie d’autre issue que la restructuration dans la métropole, en l’imposant de manière violente, et en écrasant de manière fasciste la résistance. Il n’y a pas pour elle d’autre issue que l’escalade politique et militaire contre la lutte internationale pour la libération nationale et la tentative d’obtenir la supériorité militaire sur les pays socialistes (…). Il en va maintenant de continuer à développer cette stratégie dans le processus pratique et de l’ancrer dans le mouvement révolutionnaire et l’ensemble des forces antagonistes en Europe de l’Ouest. Organiser le front révolutionnaire en Europe de l’Ouest ! »

24 juillet 1986 ● l’unité combattante Sheban Atlouf attaque à l’explosif l’institut Fraunhofer pour les lasers à Aix-la-Chapelle – « Attaquer les projets stratégiques actuels de la formation politique, économique et militaire du système impérialiste en Europe de l’Ouest! » ● l’unité combattante du nom inconnu d’une militante péruvienne décédée dans l’attaque à la roquette du congrès socialiste international attaque l’entreprise d’aéronautique Dornier. « Dans l’attaque contre les projets centraux et les structures de la formation militaire – économique – politique de l’Europe de l’Ouest comme centre de guerre contre l’antagonisme – le front anti-impérialiste développe la stratégie qui ébranle la base politique et matérielle de la restructuration impérialiste, qui fait avancer le front en Europe de l’Ouest comme facteur concret dans la confrontation internationale de classe, et est ainsi orientation dans le combat pour la vie et la libération dans la métropole. »

août 1986 ● un problème technique amène l’envoi d’une grande partie des numéros de la revue clandestine ouest-berlinoise Radikal à être envoyé du même bureau de poste, la répression le découvre, suivent jusqu’en février 1987 les perquisitions de 60 centres d’informations et 59 appartements, 192 personnes étant accusés de soutien à une association terroriste selon l’article 129a, elle reprend dès 1988 sur la base de groupes rédactionnels autonomes et compartimentés. ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre la section dédiée aux étrangers de la police de Hambourg.

11 août 1986 ● l’unité combattante Crespo « Cepa » Gallende attaque une base de la garde frontière fédérale à Swisstal-Helmerzheim – « La discussion sur le front est présente dans toutes les villes et toutes les scènes. Mais il manque souvent le noyau : trouver ce qu’on veut soi-même faire à partir de cette conception (…). Organiser le front révolutionnaire en Europe de l’Ouest ! »

13 août 1986 ● une unité combattante attaque à l’explosif l’entreprise américaine spécialisée dans le nucléaire Westinghouse – « Dans l’attaque contre les projets centraux politiques, militaires et économiques de formation du système impérialiste global, construire le front révolutionnaire ! »

18 août 1986 ● attaques incendiaires contre des véhicules de l’entreprise Dywidag construisant un tunnel aux dépens d’une forêt et s’insérant dans l’infrastructure militaire, l’entreprise participant à de multiples projets en ce sens – « Développer le front anti-impérialiste, anti-capitaliste, antifasciste en front révolutionnaire en Europe de l’Ouest ! (…) Lutter ensemble pour le communisme ! »

27 août 1986 ● attaque d’une succursale de la banque de Dresde à Marbourg – « Une fois perdu de vue l’objectif politique, les inimitiés personnelles et les petits soucis du quotidien ont vite fait de prendre le dessus et de grignoter de l’intérieur la solidarité et de la faire se briser (Action Directe) »

Septembre 1986 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre le haut tribunal administratif de Luneburg, contre la Croix-Rouge allemande à Berlin-Ouest, contre le registre central des étrangers à Cologne.

8 septembre 1986 ● attaque à l’explosif du siège des services secrets intérieurs à Cologne par l’unité combattante Christos Tsoutsouvis – « Dans l’attaque contre les projets centraux et les structures de la formation militaire – économique – politique de l’Europe de l’Ouest comme centre de guerre contre l’antagonisme – le front anti-impérialiste développe la stratégie qui ébranle la base politique et matérielle de la restructuration impérialiste, qui fait avancer le front en Europe de l’Ouest comme facteur concret dans la confrontation internationale de classe, et est ainsi orientation dans le combat pour la vie et la libération dans la métropole. »

15 septembre 1986 ● attaque à l’explosif du bâtiment abritant les entreprises œuvrant à la production d’avions de chasse par l’unité combattante Anna Maria Ludmann – « Nous continuons à développer l’offensive du front ouest-européen. »

Octobre 1986 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre la compagnie aérienne Lufthansa à Cologne et tirent dans les jambes du président de la police dédiée aux étrangers à Berlin-Ouest.

5 octobre 1986 ● le KPD/ML s’unit aux trotskystes du Gruppe Internationale Marxisten pour former le Parti Socialiste Unifié (Vereinigten Sozialistischen Partei).

10 octobre 1986 ● attaque par le commando Ingrid Schubert de la RAF contre Gerold von Braunmühl, un directeur politique du ministère des affaires étrangères – « Le mouvement révolutionnaire d’Europe Occidentale doit déjouer les plans stratégiques de domination mondiale de la bourgeoisie impérialiste, plans dont les métropoles sont les bases matérielles et politiques. Déjouer ces plans signifie les bloquer et les briser politiquement, ici même, en attaquant l’axe central et la force d’impulsion du pouvoir impérialiste, avant qu’il ne puise les mettre à exécution. »

Hafenstrasse, 1986

16 novembre 1986 ● attaque par l’unité combattante Hind Alameh du centre scientifique de IBM – « Relier la politique et la pratique dans une stratégie révolutionnaire globale pour la déstructuration du système dans le centre et pour l’unité du prolétariat métropolitain, développer le front révolutionnaire en Europe de l’Ouest dans le processus pratique, et l’ancrer dans l’ensemble des forces antagonistes en Europe de l’Ouest ! »

19 décembre 1986 ● attaque par l’unité combattante Rolando Olalia l’association allemande pour le travail économique commun à Cologne – « Ne jamais reculer devant la dimension démesurée de ses propres buts ! »

21 décembre 1986 ● attaque par l’unité combattante Mustafa « Celal » Aktas de la fondation Friedrich Ebert – « La collectivité comme structure et objectif de la guerre de libération (…). Organiser le front révolutionnaire en Europe de l’Ouest comme partie de la guerre internationale de libération ! »

cembre 1986 ● envoi d’une lettre à une quarantaine de personnes la somme d’un million de marks allemands en l’échange d’informations sur les structures de la RAF.

1er mai 1987 ● très violente manifestation à Berlin, la police doit quitter plusieurs heures le quartier de Kreuzberg.

15 février 1987 ● une cellule autonome sabote le passage d’un train d’approvisionnement de l’armée américaine à Brême.

Février 1987 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre le centre d’aide sociale pour les demandeurs d’asile à Berlin-Ouest.

23 avril 1987 ● 30 actions à Hambourg en soutien à la Hafenstrasse, ainsi qu’à Amsterdam, Copenhague.

1er mai 1987 ● la police attaque une fête de rue à Kreuzberg, les autonomes chassent la police du quartier.

Le 1er mai 1987

Juin 1987 ● Zora la Rouge attaque à l’explosif l’entreprise d’habillement Adler à Haibach.

11 juin 1987 ● violents affrontements des autonomes avec la police dans le quartier de Kreuzberg à Berlin-Ouest, entièrement bloqué pour la visite du président américain Reagan.

12 juin 1987 ● continuation des violents affrontements des autonomes avec la police dans le quartier de Kreuzberg à Berlin-Ouest, entièrement bloqué pour la visite du président américain Reagan.

septembre 1987 ● les Cellules Révolutionnaires tirent dans les jambes d’un juge du tribunal administratif fédéral à Berlin-Ouest et mènent une attaque à l’explosif contre le Centre fédéral de reconnaissance des réfugiés.

novembre 1987 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre l’entreprise REWE (qui gère des supermarchés) à Wesel.

2 novembre 1987 ● des tirs sont effectués contre la police lors d’une manifestation contre l’extension de l’aéroport à Francfort, deux policiers sont tués, sept blessés, 200 perquisitions s’ensuivent, le mouvement de contestation s’effondre dans la foulée.

18 décembre 1987 ● mille policier perquisitionnent 33 logements dans 10 villes, arrêtant 23 personnes considérées comme membres des Cellules Révolutionnaires ; les services secrets avaient remarqué que celles-ci utilisaient toujours le même type de réveil-matin pour leurs attentats et placés des numéros de série dans les réveils-matin, avec des caméras dans les magasins les vendant pour être en mesure de les attribuer.

février 1988 ● Zora la Rouge attaque à l’explosif l’Institut biotechnique de l’université technique de Berlin-Ouest.

16 février 1988 ● le groupe « pour le communisme » mène une attaque incendiaire contre un centre de formation de la Deutsche Bank à Kronberg.

1er mars 1988 ● le groupe « pour le communisme » mène une attaque incendiaire contre une succursale de Renault à Rosbach.

avril 1988 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre l’entreprise de transport Olff & Sohn à Hambourg – « Solidarité avec le soulèvement populaire en Palestine ! Solidarité avec la lutte de libération en Azanie ! »

1er mai 1988 ● très violente manifestation à Berlin.

4 mai 1988● premier numéro de l’hebdomadaire berlinois clandestin Interim, qui consiste en un rassemblement des différents tracts et documents du mouvement autonome (une trentaine de pages, 1500-2500 exemplaires).

20 septembre 1988 ● le commando Khaled Aker de la RAF attaque Hans Tietmeyer, secrétaire d’Etat du ministère des finances.

septembre 1988 ● à la suite de l’attaque par la RAF, diffusion en Italie d’une déclaration commune RAF – BR-PCC – « Le niveau historiquement atteint par la contre-révolution impérialiste a fondamentalement modifié le conflit entre l’impérialisme et les forces révolutionnaires. Cela signifie devenir conscient du poids croissant de la subjectivité dans la confrontation des classes et du fait que le terrain révolutionnaire ne peut pas être un simple réflexe aux conditions objectives. »

25 septembre 1988 ● manifestation de 80 000 personnes contre une réunion du FMI et de la Banque Mondiale à Berlin-Ouest.

27 septembre 1988 ● manifestation fortement réprimée par la police de 2 500 personnes contre une réunion du FMI et de la Banque Mondiale à Berlin-Ouest.

29 septembre 1988 ● manifestation de 8 000 personnes contre une réunion du FMI et de la Banque Mondiale à Berlin-Ouest.

1989 ● Le réseau des infoläden – les locaux alternatifs présents dans de très nombreuses villes où est vendue l’innombrable presse alternative et autonome allemande, publie le premier numéro de « Clash – Zeitung von/für Widerstand in Europa » (Clash – journal de/pour la résistance en Europe), immédiatement poursuivi ; il y aura huit numéros jusqu’en 1993, tous en version allemande (1500 exemplaires) et anglaise (500 exemplaires). les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre le tribunal administratif de Düsseldorf et le haut tribunal administratif de Münster – « Se saisir de la lutte de libération des femmes et des personnes de couleur dans les trois continents, mener la lutte anti-impérialiste au cœur de la bête ! » début des tournées du chanteur et accordéoniste Quetschenpaua reflétant la scène autonome.

1er février 1989 ● grève de la faim (jusqu’au 15 février) des prisonniers de la RAF et de la Résistance.

11 février 1989 ● 10 000 personnes manifestent à Essen en soutien à la journaliste féministe Ingrid Strobl accusée de faire partie des Cellules Révolutionnaires.

15 mars 1989 ● grève de la faim (jusqu’au 12 mai) des prisonniers de la RAF et de la Résistance.

1er mai 1989 ● très violente manifestation à Berlin, la police doit quitter plusieurs heures le quartier de Kreuzberg.

novembre 1989 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre le Centre administratif pour les Roms et les Sintis.

17 novembre 1989 ● l’antifasciste Conny Wessmann meurt en raison d’une intervention brutale de la police contre des antifascistes s’opposant à une émeute skinhead à Göttingen.

25 novembre 1989 ● 20 000 personnes manifestent à Göttingen en mémoire de Conny Wessmann.

« Conny est morte Transformez la colère et la tristesse en résistance »

1er novembre 1989 ● Occupation du bâtiment dédié au spectacle la Rote Flora à Hambourg, devenant une base des autonomes.

30 novembre 1989 ● le commando Wolfgang Beer de la RAF attaque à l’explosif la voiture du président de la Deutsche Bank Alfred Herrhausen.

1990 ● le véganisme commence à devenir la norme chez les autonomes et est hégémonique au milieu de la décennie, vague importante de squats dans la partieEst de Berlin en profitant du vide juridique.

1er mai 1990 ● manifestation pacifique à Berlin du cortège révolutionnaire de 12 000 personnes.

juin 1990 ● d’anciens membres de la RAF ayant rejoint une vie en RDA au début 1980 sont arrêtés.

27 juillet 1990 ● le commando José Manuel Sevillano de la RAF attaque le secrétaire d’État Hans Neusel – « Nous pensons qu’il est maintenant possible et qu’il peut y avoir un premier pas commun dans la reconstruction d’un mouvement révolutionnaire fort, que nous nous entendions concernant les thèmes centraux dans la confrontation impérialisme / libération, afin d’en arriver à partir de là à une intervention commune. »

14 novembre 1990 ● très violents affrontements alors que la police déloge 13 bâtiments occupés dans la Mainzerstrasse à Berlin.

La Mainzerstrasse

15 novembre 1990 ● 10 000 personnes manifestent à Berlin en soutien à la Mainzerstrasse.

1991 ● début à Berlin pour trois décennies (au moins) de la « ligue des voitures de sport » : chaque année depuis plusieurs centaines de voitures chics sont incendiés dans le pays, principalement à Berlin. ● Fondation de la scène donnant Pour un courant de gauche (Für eine linke Strömung) sur une base post-autonome à partir de multiples articles dénonçant violemment les traditions autonomes dans la revue hebdomadaire clandestine berlinoise Interim (les débats « Heinz Schenk » du nom d’un pseudonyme utilisé par les pro-post-autonomes).

janvier 1991● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre la chancellerie et contre le ministère du travail à Düsseldorf.

février 1991 ● les Cellules Révolutionnaire mènent une attaque incendiaire contre la colonne de la victoire à Berlin.

13 février 1991 ● le commando Ciro Rizzato de la RAF mitraille l’ambassade américaine à Bonn dans le cadre de la guerre du Golfe.

1er avril 1991 ● le commando Ulrich Wessel de la RAF exécute Detlev Rohwedder, dirigeant de la Treuhand gérant les privatisations en Allemagne de l’Est.

1er mai 1991 ● très violents affrontements entre les autonomes et les soutiens aux soutiens du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (un regroupement maoïste international).

11 Juin 1991 ● les Cellules Révolutionnaire mènent une attaque incendiaire contre le Reichstag à Berlin.

17 juillet 1991 ● les Cellules Révolutionnaire mènent une attaque incendiaire contre l’entreprise de distribution Kaiser à Berlin et Ravensbrück.

juillet 1991 ● les Cellules Révolutionnaire publient le document « This is not a love song! » (titre d’une chanson post-punk de PIL) critiquant les attaques contre la colonne de la victoire à Berlin et contre le Reichstag.

août 1991 ● l’Autonome antifa (M) de Göttingen publie un « document de discussion sur l’organisation autonome », critiquant l’esprit de sous-culture alternative, l’absence de représentation politique publique, proposant de combler à cela par une politique d’alliance et de représentants.

22 août 1991 ● les Cellules Révolutionnaires mènent une attaque à l’explosif contre le centre pour les étrangers à Böblingen.

29 août 1991 ● manifestation antifasciste de 15 000 personnes à Rostock, au coeur d’une vague d’émeutes racistes.

octobre 1991 ● L’Autonome Antifa M [pour mercredi, le jour des réunions, ou marxiste, selon la légende], un groupe de cadres existant de manière parallèle aux autonomes, propose un « papier de discussion sur l’organisation autonome » de l’antifascisme, alors qu’elle est immédiatement la cible d’une accusation de soutien au terrorisme.

Le style démonstratif proposé par l’Antifa M

janvier 1992 ● un réseau des Cellules Révolutionnaires annonce sa dissolution en raison du profond changement de situation en Allemagne ; la position est critiquée immédiatement par plusieurs autres réseaux ● fondation de Pour un courant de gauche (Für eine linke Strömung) sur une base post-autonome.

6 janvier 1992 ● le ministre de la Justice Klaus Kinkel parle de la capacité de l’État à la réconciliation et de commencer à libérer les prisonniers de la RAF.

4 avril 1992 ● un nazi meurt poignardé lors d’un affrontement à Berlin avec des antifascistes turcs et kurdes, l’affaire devient centrale dans le mouvement antifasciste.

10 avril 1992 ● la RAF annonce qu’elle cessera désormais de procéder à des exécutions de hauts dirigeants.

1er mai 1992 ● très violents affrontements entre les autonomes et les soutiens aux soutiens du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (un regroupement maoïste international), les manifestations se faisant désormais de manière séparée.

22 mai 1992 ● la Anti-imperialistiche Zelle (Cellule anti-impérialiste) publie un document affirmant la nécessité de la lutte armée.

20 juin 1992 ● 2 000 personnes manifestent à Bonn pour la libération des prisonniers de la RAF.

29 juin 1992 ● la RAF annonce la cessation des actions armées.

25 juillet 1992 ● fondation sous l’impulsion de l’Autonome antifa [M] d’une Antifaschistische Aktion/Bundesweite Organisation (Action antifasciste / Organisation au niveau fédéral) multipliant les groupes.

Lutte contre le FAP (un parti fasciste) – faire face de manière décidée au néo-fascisme

août 1992 ● long texte stratégique de la RAF – « nous devons trouver du neuf » – « Notre orientation est aujourd’hui en première ligne le développement d’un processus social, où s’organise un contre-pouvoir par en-bas, qui place à la valse répressive des frontières et la fait reculer. »

21 novembre 1992 ● la Cellule anti-impérialiste mène une attaque incendiaire contre la faculté de droit de Hambourg.

février 1993● Publication par le prisonnier du Mouvement du 2 juin Klaus Viehmann de l’ouvrage « Trois à un. Contradiction de classe, racisme et sexisme », qui a une influence majeure sur le mouvement autonome.

mars 1993 ● Klasse gegen Klasse (Classe contre classe) envoie une balle de pistolet à la rédaction berlinois du quotidien TAZ (l’équivalent de Libération) en menaçant de jambisation.

27 mars 1993 ● spectaculaire destruction de la prison en construction de Weiterstadt par le commando Katharina Hammerschmidt de la RAF.

La prison en construction de Weiterstadt

27 juin 1993 ● le membre de la RAF Wolfgang Grams est exécuté lors de son arrestation.

18 août 1993● La Cellule anti-impérialiste mène une attaque incendiaire contre l’appartement d’un membre de l’unité anti-terroriste à Solingen.

10 septembre 1993 ● Klasse gegen Klasse attaque à l’explosif le pavillon d’un propriétaire d’un immeuble de logements en location

18 octobre 1993 ● Klasse gegen Klasse attaque à la grenade un restaurant chic à Berlin.

28 octobre 1993 ● une partie des prisonniers de la RAF critique la RAF et le reste des prisonniers comme allant dans le sens d’un accord avec l’État.

17 novembre 1993● La Cellule anti-impérialiste tire sur le siège de l’Union patronale de l’industrie électronique et métallurgique à Cologne.

19 novembre 1993 ● Klasse gegen Klasse attaque à l’explosif deux pavillons, celui d’un architecte et celui du dirigeant de la planification urbaine du quartier berlinois de Kreuzberg, incendiant également leurs voitures.

5 juillet 1994 ● la Cellule anti-impérialiste attaque à l’explosif les locaux du parti chrétien-démocrate CDU à Düsseldorf. ● l’Autonome Antifa M subit 17 perquisitions.

27 juillet 1994 ● grève de la faim (jusqu’au 3 août) d’une partie des prisonniers de la RAF.

24 septembre 1994 ● la Cellule anti-impérialiste attaque à l’explosif le siège régional du parti libéral FDP à Brême.

27 octobre 1994 ● le K.O.M.I.T.E.E. mène une attaque incendiaire contre un bâtiment de l’armée à Bad Freienwalde.

1995● émergence de la scène « anti-deutsch » (anti-allemande) / anti-national se focalisant sur une dénonciation de l’antisémitisme allemand, critiquant l’anti-impérialisme comme anti-américanisme, puis passant sur une ligne philosophique antifasciste pro-américaine, provoquant une fracture complète dans la scène antifasciste.

22 janvier 1995 ● la Cellule anti-impérialiste attaque à l’explosif l’appartement d’un ancien secrétaire d’État à Wolfsburg.

10 avril 1995 1994 ● le K.O.M.I.T.E.E. tente de faire sauter une prison en construction destiné aux migrants avec 120 kilos d’explosif, l’action échoue et les membres passent dans la clandestinité puis se réfugient au Venezuela.

16 avril 1995 ● Congrès de l’Autonomie à Berlin avec un millier de participants, dernière expression des autonomes au sens strict.

23 avril 1995 ● la Cellule anti-impérialiste attaque à l’explosif l’appartement d’un parlementaire du parti chrétien-démocrate CDU à Düsseldorf.

13 juin 1995 ● cinquante perquisitions contre les réseaux clandestins autonomes et anti-impérialistes.

7 septembre 1995 ● la Cellule anti-impérialiste attaque à l’explosif l’appartement d’un parlementaire du parti chrétien-démocrate CDU à Siegen-Geisweid.

23 décembre 1995 ● la Cellule anti-impérialiste attaque à l’explosif le consulat du Pérou à Düsseldorf.

25 février 1996 ● deux membres de la Cellule anti-impérialiste sont arrêtés et se convertissent à l’Islam.

Printemps 1996 ● la revue post-autonome Arranca publie son huitième numéro au sujet de la sexualité et de la morale ; la revue n’est pas distribuée dans une partie de la scène et provoque d’intenses débats quant au patriarcat et la question de la morale.

25 mars 1996 ● Klasse gegen Klasse attaque à l’explosif la maison d’un expert berlinois du droit du travail.

Mars 1998 ● la RAF annonce sa dissolution – « Il y a presque 28 ans, le 14 mai 1970, la RAF naissait dans une action de libération : aujourd’hui nous en terminons avec ce projet. La guérilla urbaine sous forme de la RAF fait désormais partie de l’histoire. »

1er mai 1998 ● 5 000 nazis à Leipzig se voient opposés un cortège antifasciste bien plus grand se heurtant violemment à la police.

30 décembre 1999 ● série d’incendies de voitures chics à Berlin.

8 décembre2000 ● Klasse gegen Klasse incendie une voiture diplomatique de l’ambassade indienne à Berlin.

avril 2001 ● L’Action antifasciste / Organisation au niveau fédéral annonce sa dissolution.

22 juin 2001 ● la Militante Gruppe (groupe militant) envoie des munitions aux deux représentants de la fondation pourle dédommagement des travailleurs forcés dans le national-socialisme et incendient un véhicule de la succursale de Daimler-Benz à Berlin.

25 février 2002 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre le bureau d’aide sociale d’un quartier de Berlin et envoie une lettre avec une balle et un couteau à son responsable.

29 avril 2002 ● la Militante Gruppe incendie des voitures de la succursale de Daimler-Benz à Grossziethen.

30 octobre2002● Klasse gegen Klasse incendie la voiture du conseiller municipal responsable de la construction pour le quartier de Kreuzberg à Berlin.

1er janvier 2003● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre le centre des impôts d’un quartier de Berlin.

26 février 2003 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre deux véhicules de l’armée à Petershagen.

6 août2003 ● Klasse gegen Klasse incendie la cour du centre allemand d’architecture.

18 septembre 2003 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre le tribunal régional supérieur et une voiture du procureur général à Naumburg.

octobre 2003● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre des véhicules de l’entreprise de recyclage Alba à Berlin.

1er janvier 2004 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre l’Institut allemand de recherche économique à Berlin.

30 mars 2004 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre l’agence pour l’emploi pour le nord de Berlin.

7 mai 2004 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre des véhicules de la Deutsche Telekom à Berlin.

23 septembre 2004 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre le bureau d’aides sociales d’un quartier de Berlin et une administration de traitement des réfugiés à Berlin.

1er janvier 2005 ● fondation de la Gauche interventionniste (Interventionistische Linke) comme « organisation post-autonome multicentrique », regroupant rapidement une trentaine de groupes.

10 janvier 2005 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un nouveau magasin Lidl à Berlin.

2005 ● dans l’enquête contre la Militante Gruppe, envoi par les services secrets d’un faux texte de débat dans le milieu autonome pour obtenir des « réactions ».

29 avril 2005 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un véhicule d’un policier et des véhicules du ministère pour le développement agricole et l’écologie à Berlin.

novembre 2005 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre l’Institut allemand de recherche économique à Berlin.

17 février 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre une succursale de Renault à Berlin.

février 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un véhicule du Centre français de Berlin.

20 mars 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un véhicule du Bureau pour l’ordre public à Berlin.

8 avril 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un commissariat général à Berlin.

5 mai 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre deux véhicules de police à Berlin.

24 mai 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un tribunal pour petites peines à Berlin.

20 juillet 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un parking à Berlin.

4 septembre 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre deux véhicules de police à Berlin.

11 septembre 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre quatre véhicules du Bureau pour l’ordre public à Berlin.

décembre 2006 ● fondation de Ums Ganze (la totale), rassemblement « post-antifasciste » de groupes anticapitalistes.

20 décembre 2006 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre le garage d’un médecin à Berlin.

15 janvier 2007 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre des véhicules de police à Oranienburg.

16 mars 2007 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre l’Union des entrepreneurs et industriels turcs et contre la chambre italienne du commerce avec l’Allemagne, à Berlin.

18 mai 2007● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre des véhicules de police à Berlin.

14 janvier 2009 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un tribunal pour petites peines à Potsdam et contre une agence pour l’emploi à Berlin.

26 février 2009 ● la Militante Gruppe mène une attaque incendiaire contre un véhicule de l’armée à Burg.

juillet 2009 ● la Militante Gruppe annonce sa dissolution.

30 septembre 2009 ● les Revolutionäre Aktionszellen (Cellules d’Action Révolutionnaire) attaquent à l’explosif l’agence pour l’emploi à Berlin.

4 février 2010 ● les Revolutionäre Aktionszellen attaquent à l’explosif la maison de l’économie à Berlin.

19 novembre 2010 ● les Revolutionäre Aktionszellen mènent une attaque incendiaire contre l’office administratif fédéral à Berlin.

2 février 2011● très violente éviction d’un squatt de la Liebigstrasse à Berlin.

28 mars 2011 ● les Revolutionäre Aktionszellen envoient une balle au ministre de l’intérieur et au procureur général.

avril 2011 ● les Revolutionäre Aktionszellen mènent une attaque incendiaire contre la Cour centrale des relances.

3 décembre 2011 ● les Revolutionäre Aktionszellen mènent une attaque à l’explosif contre le tribunal administratif de Göttingen.

22 mai 2013 ● Vague de perquisitions dans 21 appartements à Berlin, Stuttgart et Madgebourg.

Janvier 2018 ● A la suite de l’occupation du nord de la Syrie (soit une zone kurde) par la Turquie, vague d’actions illégales (incendie de la voiture d’un fasciste turc à Heilbronn, actions contre des locaux associatifs pro-régime turc à Leipzig, Stade et Minden, contre des locaux fascistes turcs à Offenbach, contre plusieurs bureaux du SPD (Dresden Coblence, Leipzig…) et un de la CDU, contre la maison d’un responsable de l’OTAN, contre un commissariat à Leipzig à la suite de la répression d’une manifestation, contre une voiture de Thyssen à Francfort, etc.)

septembre 2020 ● les Revolutionäre Aktionszellen envoient une balle à toute une série de figures politiques (14 ministres régionaux, le président des services secrets intérieurs, etc.).

1er mai 2021 ● 93 policiers blessés et 354 personnes arrêtées dans le cadre de la manifestation à Berlin.

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Cellules Révolutionnaires : Action contre la ZSA (1987)

Notre attaque contre la ZSA [qui s’occupe des réfugiés] à Berlin est dirigée contre la politique de droit d’asile pratiquée par des administrations spéciales et racistes.

Ce n’est pas un appel à une politique de droit d’asile plus humaine. Il est fatal de croire pouvoir obtenir quelque chose en adressant des revendications aux dominants.

L’exemple des récentes expulsions vers le Liban démontre clairement la froide logique de politiciens expulseurs impitoyables. L’application administrative et technique des instructions du sénat berlinois ou du ministre de l’intérieur, non seulement fait partie intégrante de cette politique, mais en est aussi la condition nécessaire.

À Berlin, c’est la ZSA, une administration spéciale, spécialement créée pour les réfugiéEs arrivant ici, qui joue ce rôle.

L’action de cette administration repose sur des postulats directement liés aux intérêts des alliés européens : il s’agit de se protéger de façon systématique contre les mouvements de migrantEs venus du monde entier par la fermeture des frontières, et de l’accès à Berlin Ouest en premier lieu, et par la canalisation et la concentration des réfugiéEs dans des camps ou centres de regroupement.

Tout comme le registre central des étrangers à Cologne et les services des étrangers chez les flics, la ZSA est organisée de manière parfaitement centralisée – se distinguant en cela des autres administrations sociales, structurées par communes, voire par districts.

Avec un appareil administratif optimisé et une utilisation stricte de tout son arsenal d’outils sociaux-techniques, cette administration spéciale et raciste pose des critères de contrôle des conflits sociaux à venir. Outre la répartition des réfugiéEs dans les camps en RFA, et souvent dans les camps de regroupement de la croix rouge allemande, la ZSA gère « l’assistance sociale et médicale ».

Elle est en parfaite symbiose avec la croix rouge pour ce qui est de l’exploitation et de l’oppression au quotidien des habitantEs des camps.

Cela commence avec le fait de contraindre les réfugiéEs à faire des demandes de colis sociaux auprès de la ZSA, en leur interdisant de travailler pendant deux ans et en leur refusant ainsi le moyen de gagner leur vie.

La ZSA accorde une aide sociale dont le taux a considérablement diminué : les réfugiéEs reçoivent 50 marks par mois et, s’ils ne vivent pas en centre, 190 Marks en bons d’achats, mais la ZSA utilise tous les moyens possibles, le plus souvent la suppression des bons d’achats, des colis sociaux, des paiements de loyers, etc… pour essayer d’obliger les réfugiéEs à vivre dans les camps de regroupement.

La concentration en camps répond à trois raisons principales : premièrement, elle assure l’utilisation et l’adaptation des réfugiéEs au marché du travail puisqu’on peut les contraindre plus facilement à accepter n’importe quel travail ; deuxièmement, la croix rouge allemande se fait un maximum de fric par la gestion des camps.

C’est ce dont nous avons parlé dans notre déclaration relative aux incendies de voitures de fonctionnaires de la croix rouge.

Troisièmement, l’encasernement de réfugiéEs de différentes nationalités vise à réduire leur capacité de résistance : on les monte les unEs contre les autres et on les détourne ainsi de l’organisation d’une indispensable entraide, tout comme on tente d’empêcher la mise en place de structures clandestines.

Enfin, mais c’est tout aussi important, les barbelés entourant les camps rendent difficile le fait de se mêler au milieu local. Le niveau de vie maintenu au plus bas et le non-respect de l’aide la plus élémentaire – rétention des bons maladies, refus d’attestations, délaissement de traitements maladies – ne constituent pas le sommet de l’arbitraire mais sont la méthode employée par un appareil administratif raciste, fonctionnant de manière logique.

Notre but n’est pas de lutter pour l’amélioration de la technocratie sociale, nous attaquons cette administration spéciale par principe.La ZSA, et avec elle toutes les administrations racistes, doit disparaître !

Cellules Révolutionnaires

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