Fraction Armée Rouge: Communiqué aux prisonniers en grève de la faim (1975)

[2 février 1975]

Nous vous prions de mettre fin à la grève maintenant, bien que les revendications ne sont pas satisfaites : la suppression de l’isolement.

Les luttes des classes ne sont pas assez développées, du fait de la corruption des organisations de classe du prolétariat et d’une gauche révolutionnaire faible.

Comprenez, ceci est un ordre.

En réalité, les possibilités de la gauche légale pour organiser ‘la solidarité comme arme de manière à sortir de la défensive et du désarroi face au nouveau fascisme en liaison avec la constitution de la guérilla – la politique de la R.A.F. – n’ont pas été assez développées.

La grève a souligné leur réalité : l’impuissance de stratégies politiques, repoussant les problèmes de l’action et de l’initiative depuis l’illégalité de même manière que ces organisations repoussent la nécessité d’une politique armée en tant que pratique concrète de l’internationalisme prolétarien.

Du développement de notre grande mobilisation de 68 à sa défaite – les sectes, la corruption, l’éparpillement – se laisser coincer dans la défensive.

Nous déclarons que la grève a atteint tout ce qui était possible de faire ici pour expliquer, mobiliser et organiser la politique anti-impérialiste, son escalade n’a pas été perçue comme une lutte d’une nouvelle qualité.

Permettre que vous la prolongiez contre le calcul le la propagande étatique et l’exécution exemplaire le guérilleros emprisonnés, parce qu’ils luttent, luttent toujours et malgré tout continuent à lutter, signifierait donner à cette lutte l’apparence d’un acte désespéré et vous sacrifier.

Parce que la lutte pour les camarades emprisonnés est maintenant notre cause du fait du rapport de forces ne peut être que notre cause et celle de nos armes qui en décideront.

Nous vaincrons.

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Déclaration de grève de la faim des prisonniers de la RAF (1974)

[La grève durera du 13 septembre 1974 au 2 février 1975]

Celui qui a reconnu sa situation, comment pourrait-il être empêcher d’agir ?

Ceci est notre troisième grève de la faim, contre les traitements spéciaux, contre la détention-liquidation des prisonniers politiques détenus en République Fédérale d’Allemagne et à Berlin-Ouest.

L’isolement est le vieux truc de l’impérialisme, naguère la « solution finale », par un traitement spécial contre des minorités décrétées « indignes de vivre ».

Aujourd’hui  » traitement spécial  » des prisonniers politiques décrétés  » hors la loi  » par les flics.

Résister à la détention-destruction, aux traitements spéciaux suivants :

– déshumanisation par l’isolement social, des années durant ;

– lavages de cerveaux par la privation sensorielle dans des sections silencieuses : depuis début mai Ronald Augustin est détenu à la section silencieuse de la prison de Hanovre ;

– nouvelles cellules d’isolement, à température constamment trop élevée, insonorisées, et surveillées par la T.V., selon le modèle expérimenté au secteur de recherche de la « Deutsche Forschungsgemeinschaft » de Hambourg, à : Berlin-Tegel, Berlin Lehr-terstrabe, Bruchsal, Essen, Cologne, Straubing ;

– transferts après chaque tentative de rompre l’isolement en appelant d’autres prisonniers :

– au mitard de Berlin-Moabit,
– au mitard de Bruchsal,
– au mitard de Essen,
– au mitard de Straubing,
– au mitard de Preungesheim,
– au mitard de Fuhlbiittel ;

– dans la cellule d’isolement (la cloche) surveillée par la T.V., accoustiquement neutre, et attaché des journées entières, à la prison de Hambourg ;

– tentative de meurtre par la privation d’eau au cours de la grève de la faim à Schwalmstadt, Munich, Hambourg, Cologne ;

– sections de concentration pour les prisonniers politiques à la prison de Lubeck ;

– promenade quotidienne, les mains enchaînées à Hambourg et Lubeck ;

– depuis deux ans et demi, détention dans des cellules spéciales à Cologne Ossendorf, voisinant directement les portes de passages principales de la prison d’où impossibilité de repos, la même chose à la prison de Berlin-Moabit ;

– tentative de psychiatrisation, menaces et prescription d’anesthésie forcée dans des buts servant l’enquête ;

– cellule parloir avec vitre de séparation pour les visites d’avocats, rendant impossible la communication humaine, c’est-à-dire politique à Hanovre, Stuttgart, Straubing ;

– confiscation régulière de tout le matériel de préparation à la défense : notes personnelles par le Sicherungsgruppe Bonn Abteilung Staatschutz ;

– diffamation et criminalisation des avocats des prisonniers politiques ;

– manipulation et refus de communiquer les dossiers par la B.K.A. Bundeskriminalamt ;

– assouplissement ponctuel des mesures d’isolement afin de se servir de prisonniers contrôlés par la police, comme témoins et espions pour les procès, c’est ainsi qu’à Cologne-Ossendorf ou Jan Cari Raspe refuse de faire la promenade quotidienne, du fait que la cour où il fait sa promenade est utilisée par des prisonniers en transit d’une prison à l’autre, c’est-à-dire tous les jours d’autres codétenus, c’est une fluctuation dans laquelle il n’est possible ni de communiquer, ni de s’orienter.

Jusqu’à ce jour il s’est avéré que tous les contacts autorisés exceptionnellement étaient organisés et contrôlés par les flics (Sicherungsgruppe) ;

– terreur envers les parents par perquisition, observations, injures et filatures avant et après les visites afin de faire pression sur eux pour qu’ils agissent sur les prisonniers comme les flics l’entendent

La grève de la faim est notre seul moyen de résistance collective au système de détention des cochons, contre la « contre-stratégie  » de l’impérialisme qui veut détruire psychiquement et physiquement, c’est-à-dire politiquement des révolutionnaires emprisonnés ou des prisonniers qui en détention ont commencé à résister de manière organisée.

C’est notre unique possibilité, étant désarmés, emprisonnés, isolés, d’utiliser notre force travail, nos forces physiques et intellectuelles, notre identité en tant qu’êtres humains, afin de faire tomber la pierre que l’Etat de la classe dominante a dressé contre nous sur ses propres pieds.

La lutte, c’est transformer la faiblesse en force.

L’isolement est l’arme du système de détention contre tous les prisonniers, qui sont décidés à ne pas se laisser détruire en prison, et qui sont décidés à combattre l’expérimentation sur des êtres humains, le lavage de cerveau, le programme du système de détention impérialiste.

Ils sont isolés afin de liquider toute politisation et résistance en prison de façon à rouler, à tromper tous les autres prisonniers de droit commun qui n’ont pas encore compris, bien qu’ils souffrent et ne possèdent rien, comme nous, et n’ont rien d’autre à perdre que leurs chaînes.

Nous appelons tous les prisonniers isolés à lutter avec nous contre l’isolement.

La suppression de l’isolement est la condition de base à réaliser par notre lutte afin que l’organisation autonome des prisonniers, la politique révolutionnaire, la lutte de libération en prison puisse devenir une possibilité réelle de contre-violence prolétarienne dans le cadre de la lutte des classes ici même, dans le cadre des luttes de libération des peuples des Tiers et Quart Mondes, dans le cadre de l’internationalisme prolétarien, dans le cadre d’un front unique de libération anti-impérialiste dans les prisons et camps de prisonniers des parties du monde dominées par l’impérialisme.

TOUT LE POUVOIR AU PEUPLE PAR LA CONQUÊTE DE LA VIOLENCE !

LIBERTÉ PAR LA LUTTE ARMÉE ANTI-IMPÉRIALISTE !

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Fraction Armée Rouge: A propos de l’attaque du Q.G. de l’armée américaine en Europe à Heidelberg (1972)

QUE TOUTES LES FORMES DE MONSTRUOSITÉ SOIENT VAINCUES !

Mercredi 24 mai 1972, deux bombes d’une charge de 200 kg de T.N.T. ont explosé au Quartier général des Forces armées américaines en Europe, situé à Heidelberg.

Cette attaque a été exécutée après que le général Daniel James, responsable d’un département du Pentagone, ait déclaré, ce même mercredi, à Washington : « Depuis les derniers bombardements au Vietnam, il ne reste plus à l’armée de l’air américaine un seul objectif au Nord et au Sud du 17e parallèle. »

Lundi, le ministre des Affaires étrangères de Hanoï avait une nouvelle fois accusé les États-Unis d’avoir bombardé des zones de population très dense au Nord-Vietnam.

L’armée de l’air américaine a déversé dans les sept dernières semaines plus de bombes au Vietnam qu’il n’en a été lancé sur le Japon et sur l’Allemagne réunis pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est en plusieurs millions de tonnes d’explosifs que se compte le discours que veut imposer le Pentagone pour stopper l’offensive du Nord-Vietnam.

C’est un pur et simple génocide, l’extermination de tout un peuple, — la « solution définitive » pour le peuple vietnamien.

Si les citoyens allemands ne veulent pas soutenir les poursuites engagées par les forces de sécurité contre les commandos, c’est parce qu’ils ne veulent rien avoir à faire avec les crimes de l’impérialisme américain et l’assentiment que leur donne la classe dominante ; c’est parce qu’ils n’ont pas oublié Auschwitz, Dresde, Hambourg ; c’est parce qu’ils savent qu’il y aura une justice contre ces exterminateurs au Vietnam ; et parce qu’ils ont fait l’expérience que les manif es talions et les protestations contre le crime innommable de l’impérialisme n’ont servi de rien.

Nous exigeons que cessent les bombardements sur le Vietnam.

Nous exigeons l’arrêt du minage systématique du Nord-Vietnam.

Nous exigeons le retrait des troupes américaines de l’Indochine.

Nous sommes décidés à poursuivre nos attaques contre les exterminateurs du Vietnam jusqu’à la victoire finale du Vietcong.

Nous exhortons tous les militants allemands à faire de toutes les installations américaines le but de leurs attaques dans leur combat politique contre l’impérialisme américain.

SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE VIETNAMIEN !

QUE VOLENT EN ÉCLATS ET SOIENT ANÉANTIES LES FORCES DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN !

VICTOIRE A LA GUERRE DU PEUPLE !

Commando du 15 juillet
Fraction Armée Rouge  

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Fraction Armée Rouge : Actions à Augsburg et Munich (1972)

Le vendredi 12 mai 1972, le commando Thomas Weisbecker a fait exploser trois bombes à la présidence de la police d’Augsburg et dans les bureaux de la police criminelle de Munich.

Thomas Weisbecker a été assassiné le 2 mars sans même avoir eu le temps de réagir dans le cadre d’une action par surprise de la police criminelle munichoise et de la police d’Augsburg prévue depuis longtemps.

La police n’a sciemment pas fait prisonnier Thomas Weisbecker, mais l’a tué.

Les responsables de notre poursuite doivent désormais prendre en considération qu’ils ne peuvent pas en liquider un d’entre nous sans devoir compter que nous rendrons les coups.

La police, la gendarmerie mobile, la police criminelle, la police des frontières et leurs donneurs d’ordre administratifs et politiques doivent prendre en considération que leurs efforts pour « résoudre » de manière fasciste les problèmes sociaux de ce pays – par l’escalade d’armement de la police, par la militarisation des luttes de classes, par l’utilisation inconsidérée et sournoise des armes – rencontrera une résistance.

Cela est valable pour les interventions de police comme lors de l’attaque de la banque de Munich, celle de Cologne, comme contre le professeur Epple de Tübingen, contre des travailleurs étrangers.

La tactique et les moyens que nous employons sont la tactique et les moyens de la lutte de guérilla. Le ministre de l’intérieur et le parquet évaluent mal la situation s’ils pensent pouvoir dominer avec leurs commandos d’exécuteurs.

C’est l’essence de la guérilla qu’elle ne peut pas être effacée par des actions militaires, parce qu’elle lutte pour les intérêts du peuple et peut reconquérir autant de fois sa liberté d’agir qu’elle peut le perdre temporairement.

A la brutale confiance en soi de l’administration responsable de notre poursuite, au « procès rapide » des fascistes, nous opposons la construction pas à pas de la guérilla révolutionnaire, le processus long et prolongé de la lutte de libération du fascisme, de l’exploitation capitaliste et de l’oppression du peuple.

Pour la lutte contre les commandos de tueurs de la police!

Pour la lutte contre la pratique de SS de la police!

Pour la lutte contre tous les exploiteurs et ennemis du peuple!

commando Thomas Weisbecker

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Fraction Armée Rouge : A propos de l’attaque du Q.G. de l’armée américaine à Francfort (1972)

Jeudi 11 mai 1972 — le jour même du début du bombardement systématique du Nord-Vietnam par les impérialistes américains, le Commando Petra Schelm a fait sauter, avec une charge de 80 kg de T.N.T., le quartier général du 5e corps d’armée des Forces d’occupation américaine en Allemagne de l’Ouest, basé à Francfort.

L’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest ne doivent plus servir de pays de repli assuré pour les stratèges de l’extermination.

Ils doivent désormais savoir que leurs crimes contre le peuple vietnamien leur ont créé de nouveaux ennemis qui s’acharneront à les combattre, qu’il n’y a plus de place pour eux dans le monde où ils puissent être en sécurité devant les attaques des unités de guérilla révolutionnaires.

Nous exigeons l’arrêt immédiat du pilonnage systématique au Nord-Vietnam.

Nous exigeons la cessation immédiate des bombardements au Nord-Vietnam.

Nous exigeons le retrait immédiat de toutes les troupes américaines d’Indochine. Victoire pour le Vietcong !

Pour l’organisation de la guérilla révolutionnaire

Aie le courage de combattre et la force de vaincre

Crée deux, trois, de nombreux Vietnam !

Commando Petra Schelm
Fraction Armée Rouge  

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Fraction Armée Rouge : Sur la conception de la guérilla urbaine (1972)

« Entre l’ennemi et nous, il nous faut tracer une ligne de démarcation bien nette. » (Mao Zedong)

« Être attaqué par l’ennemi est une bonne chose et non une mauvaise chose ; en ce qui nous concerne, qu’il s’agisse d’un individu, d’une armée, d’un parti ou d’une école, j’estime que l’absence d’attaque de l’ennemi contre nous est une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons cause commune avec l’ennemi.

Si nous sommes attaqués par l’ennemi, c’est une bonne chose car cela prouve que nous avons établi une ligne de démarcation bien nette entre lui et nous.

Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c’est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l’ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succès remarquables dans notre travail. » (Mao Zedong, 26 mai 1939)

Soutenir la lutte armée!

1. RÉPONSES CONCRÈTES A DES QUESTIONS CONCRÈTES

« Je persiste à soutenir qu’à moins d’avoir enquêté, on ne peut prétendre au droit à la parole. » (Mao)

Quelques camarades ont déjà des idées toutes faites à notre sujet. Pour eux, rattacher ce « groupe anarchiste » au mouvement socialiste n’est que « démagogie de la part de la presse bourgeoise ».

Dans la mesure où ils l’utilisent de manière fausse et dénonciatrice, leur conception de l’anarchisme ne va plus loin que celle de la presse Springer . Nous ne discuterons avec personne à un niveau aussi débile.

Pourtant, de nombreux camarades désirent savoir ce que nous en pensons. Notre lettre à 883 (journal underground berlinois) était trop générale. La bande magnétique d’une certaine Michèle Ray dont le Spiegel a publié des extraits n’était pas authentique et provenait simplement de conversations privées.

Cette femme voulait écrire un article en se servant de la bande comme aide-mémoire. Elle nous a roulés ou nous l’avons surestimée. Si notre pratique était aussi à l’emporte-pièce que certaines de ses formules, on nous aurait arrêté depuis longtemps. Le Spiegel a payé Michèle Ray 1000 dollars pour cela.

Que presque tout ce que les journaux publient sur nous – et comment ils l’écrivent – n’est que mensonge, cela est clair. Les projets d’enlèvement de Willy Brandt qu’ils nous attribuent ont pour but de nous faire passer pour des débiles politiques; le rapprochement qu’ils établissent entre nous et ceux qui ont enlevé un enfant tend à nous assimiler à des criminels sans scrupule quant au choix de leurs moyens.

Cela va jusqu’à des « détails de source sûre » dans « Konkret » (N°5, mai 1971) , détails sans importance bâclés ensemble pour la forme.Il y aurait parmi nous des « officiers et des soldats » ; certains d’entre nous seraient dépendants, certains d’entre nous auraient été liquidé; ceux qui nous ont quitté auraient à craindre de nous; nous entrerions dans les appartements ou aurions accès aux passeports le flingue à la main; nous exercerions un « terrorisme de groupe » – tout cela n’est que du vent.

Qui se représente une organisation illégale de résistance d’après le modèle d’organisation des Corps-Francs et de la Sainte-Vehme , veut lui-même le pogrom. Horkheimer et Adorno, dans La personnalité autoritaire, et Wilhelm Reich, dans Psychologie de masse du fascisme, ont montré le rapport entre le fascisme et les mécanismes psychiques qui produisent de telles projections.

Le caractère révolutionnaire forcé est une contradiction en soi – une contradiction improductive. Une pratique politique révolutionnaire, dans les rapports dominants que nous connaissons – ou même dans tous les cas -, suppose la concordance permanente du caractère individuel et de la motivation politique, c’est-à-dire l’identité politique. Critique et auto-critique marxistes n’ont pas grand chose à voir avec « l’autolibération », mais bien plutôt avec la discipline révolutionnaire.

Qui veut « uniquement faire les premières pages », ce n’est même pas une quelconque « organisation de gauche », qui le ferait anonymement, mais « konkret » lui-même, dont le rédacteur en chef soigne son image de bras gauche d’Edouard Zimmermann (rédacteur en chef de l’émission « XYZ » sur [la chaîne nationale] ZDF où la population est appelée à devenir les assistants de la police criminelle), afin de permettre à cette présentation d’étudiants membres de corporations de remplir une part de marché.

Il y aussi beaucoup de camarades qui répandent des mensonges. Ils se font mousser en racontant que nous aurions habité chez eux, qu’ils auraient organisé nos voyages en Palestine, qu’ils seraient informé de nos contacts, qu’ils auraient fait des choses pour nous alors qu’ils n’ont rien fait.

Certains veulent juste montrer qu’ils sont « in ». Cela a rattrapé Günther Voigt, qui s’était vanté devant Dürrenmatt d’être un des libérateurs de Baader, ce qu’il aura regretté quand les flics sont arrivés.

Le démenti, même s’il exprime la vérité, n’est après pas si simple. Certains veulent par là prouver que nous sommes idiots, irresponsables, imprudents, dingues. Ainsi ils en amènent d’autres contre nous.

Ils consomment. Nous n’avons rien à faire avec ces beaux-parleurs, pour qui la lutte anti-impérialiste se déroule au café. Ils sont beaucoup ceux qui ne racontent pas n’importe quoi, qui ont une conception de la résistance, ceux qui en ont suffisamment marre pour nous souhaiter bonne chance, parce qu’ils savent que leur intégration et leur adaptation à la vie ne vaut rien.

Le logement de la Knesebeckstrasse, où Malher a été arrêté, n’a pas été découvert à cause d’une négligence de notre part, mais à la suite d’une trahison.

L’indicateur était l’un d’entre nous. A l’inverse, pour ceux qui font ce que nous faisons il n’y pas de moyen de se défendre; contre le fait que les camarades se font briser par les flics, qu’un autre craque car ne supportant plus la terreur que le système développe contre ceux qui la combattent. Ils n’auraient pas le pouvoir, les porcs, s’ils n’avaient pas les moyens.

Certains, à cause de nous, sont contraints à de pénibles justifications. Pour éviter toute discussion politique et la mise en cause de leur propre pratique par la nôtre, ils n’hésitent pas à falsifier de simples faits.

Ainsi il est toujours affirmé que Baader n’avait plus que trois, neuf ou douze mois de prison à purger, avant que nous ne le libérions, bien qu’il soit facile de rétablir la vérité: trois ans pour incendie, six mois d’un précèdent sursis, six mois pour falsification de documents, etc., et le procès devait encore avoir lieu.

Andreas Baader avait déjà purgé quatorze de ces quarante-huit mois dans dix prisons différentes de la Hesse, et avait déjà été neuf fois transféré de l’une dans l’autre pour mauvaise conduite : organisation de mutinerie, résistance. Le calcul, où 34 mois deviennent trois, neuf ou douze, avait pour but d’ôter tout impact à sa libération le 14 mai.

C’est ainsi que rationalisent certains camarades leur peur devant les conséquences personnelles qu’aurait une discussion avec nous.

La question de savoir si nous aurions libéré Baader sachant qu’une personne de gauche (employé de l’institut berlinois des questions sociales, où Andreas Baader a été libéré) allait être blessé dans l’opération – elle nous a suffisamment été posé – ne peut être répondu que par la négative.

La question du type, que ce serait-il passé si, est pourtant ambiguë – pacifique, platonique, moraliste, sans parti pris. Qui réfléchit sérieusement à une libération de prisonniers ne pose la question – il trouve la réponse lui-même.

Avec de telles questions les gens veulent savoir si nous sommes aussi brutaux que nous présentent la presse Springer; on devrait nous faire réciter le catéchisme.

C’est une tentative de bricoler la question de la violence révolutionnaire, de placer à un dénominateur commun la violence révolutionnaire et la morale bourgeoise, ce qui ne marche pas. Il n’y avait dans la prise en considération et des modalités aucune raison de penser qu’un civil pourrait, et c’est ce qui s’est passé, se jeter au milieu.

Que les flics s’en moqueraient, c’était clair pour nous. La pensée voulant qu’une libération de prisonniers soit mené sans armes, est suicidaire.

Le 14 mai, comme à Francfort où deux d’entre nous se sont barrés parce qu’ils devaient être arrêté, parce que nous ne laissons pas arrêter facilement, – les flics ont tiré en premier. Les flics ont à chaque fois visé leurs tirs. Nous n’avons en partie pas du tout tiré – et si nous avons tiré c’est sans viser: à Berlin, Nuremberg, Francfort.

C’est prouvable, parce que c’est vrai. Nous ne faisons pas « utilisation de nos armes sans ménagements ». Le flic, qui se trouve dans la contradiction entre son statut de « petit homme » et celui d’esclave du capitaliste, entre le fait de recevoir un petit salaire et celui de fonctionnaire du capitalisme monopoliste, ne se trouve pas en situation de détresse. Nous tirons si l’on tire sur nous. Les flics qui nous laissent courir, nous les laissons aussi courir.

Il est juste d’affirmer qu’avec l’immense dispositif de recherche contre nous c’est toute la gauche socialiste de R.F.A. et de Berlin-Ouest qui est visée.

Ni le peu d’argent que nous aurions pris, ni le vol de voitures ou de documents pour lesquels on nous recherche, ni la tentative de meurtre qu’on cherche à nous mettre sur le dos, justifient toute cela.

La peur a traversé les os des dominants, qui pensaient déjà avoir totalement en main cet État et tous ses habitants et classes et contradictions, réduit les intellectuels à leurs revues, enfermé les gauchistes dans leurs cercles, désarmé le marxisme-léninisme. La structure de pouvoir qu’ils représentent n’est pourtant pas aussi vulnérable que leur effarouchement peut nous le laisse penser.

Leurs vociférations ne doivent pas permettre de nous surestimer.

Nous affirmons que l’organisation de groupes armés de résistance est actuellement juste, possible et justifiée en République fédérale et à Berlin-Ouest.

Qu’il est juste, possible et justifiée de mener ici et maintenant la guérilla urbaine. Que la lutte armée comme « plus haute forme du marxisme-léninisme » (Mao) peut et doit commencer maintenant, que sans cela il n’y a pas de lutte anti-impérialiste dans la métropole.

Nous ne disons pas que l’organisation de groupes armés illégaux de résistance peut remplacer les organisations prolétaires légales, ni que les actions individuelles remplacent les luttes de classe, ni que la lutte armée peut remplacer le travail politique dans l’usine ou dans le quartier. Nous affirmons seulement que le développement et le succès de l’un suppose l’autre.

Nous ne sommes ni des blanquistes ni des anarchistes, bien que nous tenions Blanqui pour un grand révolutionnaire et que nous ne méprisions nullement l’héroïsme de beaucoup d’anarchistes.

Notre pratique n’a pas une année. C’est trop peu pour pouvoir déjà parler de résultats. La grande publicité que nous a faite les messieurs Genscher, Zimmermann & Co nous permet d’apparaître opportunément de manière propagandiste, de faire déjà quelques remarques.

« Si vous voulez savoir ce que pensent les communistes, regardez leurs mains et non leur bouche » a dit Lénine.

2. LA MÉTROPOLE RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE

« La crise ne naît pas tant de l’arrêt des mécanismes de développement que du développement lui-même. Ayant pour but le pur accroissement du profit, ce développement favorise de plus en plus le parasitisme et le gaspillage, relègue des couches entières de travailleurs en marge de la société, produit des besoins croissants qu’il ne parvient pas à satisfaire et accélère la désagrégation de la vie sociale.

Seul un monstrueux appareil de manipulation de l’opinion et de répression ouverte peut contrôler les tensions et les révoltes ainsi alimentées! La rébellion des étudiants et du mouvement noir en Amérique, la crise de l’unité politique de la société américaine, l’extension des luttes étudiantes en Europe, la reprise vigoureuse et les nouveaux contenus de la lutte ouvrière et de la lutte de masse, jusqu’à l’explosion du Mai français, jusqu’à la tumultueuse crise sociale de l’Italie et la reprise de l’insatisfaction en Allemagne, telles sont les grandes lignes de ce tableau. »

(Il Manifesto, Pour le Communisme, thèse 33)

Les camarades du Manifesto mentionnent la république fédérale en dernière position et caractérisent sa situation par le terme vague d’insatisfaction. L’Allemagne, dont Barzel disait, il y a six ans, qu’elle était un géant politique mais un nain politique – sa force économique ne s’est pas amoindrie, contrairement à sa force politique, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Avec la formation de la grande coalition de 1966 on devance le danger politique qui aurait pu naître alors spontanément de l’imminente récession. Avec les lois d’urgence on s’est donné l’instrument qui assure l’action unifiée des dominants pour les crises futures – l’unité entre la réaction politique et tous ceux qui sont encore attachés à la légalité.

La coalition social-libéral a réussi à notablement absorber « l’insatisfaction » qui s’est fait remarquer par le mouvement étudiant et le mouvement extra-parlementaire, dans la mesure où le réformisme du parti social-démocrate n’a pas perdu de sa valeur dans la conscience de ses partisans, où est repoussé, grâce à ses promesses de réforme, l’actualité d’une alternative communiste pour la majeure partie de l’intelligentsia, où est enlevé aux protestations anti-capitalistes sa pointe.

Leur ostpolitik amène au capital de nouveaux marchés, permet la contribution allemande à l’équilibre et l’alliance entre l’impérialisme US et l’Union Soviétique dont les USA ont besoin pour avoir les mains libres dans leurs guerres d’agression dans le tiers-monde.

Ce gouvernement semble également arriver à séparer la nouvelle gauche des vieux anti-fascistes et ainsi à isoler une fois de plus la nouvelle gauche de son histoire, celle du mouvement ouvrier. Le DKP, qui doit sa permission d’exister à la nouvelle complicité de l’impérialisme US et du révisionnisme soviétique, organise des manifestations en faveur de l’ostpolitik de ce gouvernement; Niemöller – figure symbolique antifasciste – concoure pour le SPD dans les prochaines luttes électorales…

Sous le couvert de « l’intérêt général » le dirigisme étatique tient en bride les bureaucraties syndicales par le biais des contrats de progrès des salaires et la concertation Les grèves de septembre ’69 ont montré qu’on avait passé la mesure en faveur du profit, ont montré dans leur déroulement comme grève seulement économique comment on les tenait bien en mai.

Le fait que malgré ses presque deux millions de travailleurs étrangers la république fédérale peut utiliser dans la récession se dessinant un chômage approchant les 10%, toute la terreur, tous les mécanismes de discipline, sans avoir à faire face à une armée de chômeurs, sans avoir au cou la radicalisation politique de ces masses, permet une conception de la force du système.

Participant avec l’aide militaire et économique aux guerres d’agression des USA, la république fédérale profite de l’exploitation du tiers-monde, sans avoir la responsabilité de ces guerres, sans avoir à se disputer avec une opposition à l’intérieur. Pas moins agressive que l’impérialisme US, mais moins attaquable.

Les possibilités politiques de l’impérialisme ne sont épuisées ni dans leur variante réformiste ni dans leur variante fasciste, ses capacités d’intégrer ou opprimer les contradictions qu’il produit lui-même ne sont pas terminées.
Le concept de guérilla urbaine de la fraction de l’armée rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation en république fédérale et à Berlin-Ouest.

3. LES RÉVOLTES ÉTUDIANTES

« De la connaissance du caractère unitaire du système de domination capitaliste résulte l’impossibilité de séparer la révolution dans les points « culminants » de celle des « régions arriérées ». Sans une relance de la révolution en occident, on ne peut empêcher avec certitude l’impérialisme, entraîné par sa logique de violence, de chercher un débouché dans une guerre catastrophique, ou les super-puissances d’imposer au monde un joug écrasant ».

(Il Manifesto, thèse 52)

Rabaisser le mouvement étudiant au niveau d’une révolte petite-bourgeoise, c’est: le réduire à ses propres surestimations qui l’ont accompagné; c’est: nier son origine qu’est la contradiction concrète entre l’idéologie bourgeoise et la société bourgeoisie; c’est: nier le niveau théorique, avec la connaissance de ses limites forcées, que sa protestation anticapitaliste a déjà atteint.

Bien sûr le pathos avec lequel s’identifiaient les étudiants, qui prenaient conscience de leur misère psychique dans les usines du savoir, avec les peuples exploités d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, était exagéré ; la comparaison entre l’impression massive du journal Bild ici et les bombardements de masse sur le Viet-Nam était une grande simplification; la comparaison entre la critique du système idéologique ici et la lutte armée là-bas était orgueilleux; la considération d’être le sujet révolutionnaire – tant que c’était au nom de Marcuse – était ignorante de la figure réelle de la société bourgeoise et des rapports de production la fondant.

En république fédérale et à Berlin-Ouest, il revient au mouvement étudiant – ses combats de rue, ses incendies, son utilisation de la violence, son pathos, donc aussi ses exagérations et ses ignorances, bref: sa praxis, d’avoir reconstruit le marxisme-léninisme comme théorie politique, dans la conscience au moins de l’intelligentsia, sans laquelle les faits politiques, économiques et idéologiques et leurs modes d’apparition ne peuvent pas être saisis, et sans laquelle leurs connexions intérieures et extérieures ne peuvent pas être décrites.

C’est justement parce que le mouvement étudiant part de l’expérience concrète de la contradiction entre l’idéologie de la liberté du savoir et la réalité de la mainmise du capital monopoliste sur l’Université, parce qu’il n’a pas été que initié idéologiquement, il n’a pas rendu son dernier souffle jusqu’à ce que le lien entre crise de l’Université et crise du capitalisme soit examiné de fond en comble, au moins théoriquement.

Jusqu’à ce que pour eux et pour leur « public » il soit clair que ce ne sont pas la « liberté, égalité, fraternité », pas les droits de l’homme, pas la charte de l’ONU qui forment le contenu de cette démocratie ; qu’ici est valable ce qui l’a toujours été pour l’exploitation colonialiste et impérialiste de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Asie: la discipline, la soumission et la brutalité à l’encontre des opprimés, pour ceux qui se mettent de leur côté, pour ceux qui soulèvent des protestations, qui résistent, qui mènent la lutte anti-impérialiste.

De manière idéologique critique, le mouvement étudiant a quasiment saisi tous les domaines de la répression étatique comme expression de l’exploitation impérialiste: dans la campagne de presse de Springer, dans les manifestations contre l’agression américaine au Viet-Nam, dans la lutte contre la justice de classe, dans la campagne contre l’armée, contre les lois de l’état d’urgence, dans le mouvement lycéen. Expropriez Springer!, Brisez l’OTAN!, luttez contre le terrorisme de la société de consommation!, luttez contre la terrorisme de l’éducation!, luttez contre le terrorisme des loyers! ont été des slogans politiques justes.

Ils visaient l’actualisation des contradictions produites par le capitalisme mûr lui-même dans la conscience de tous les opprimés, entre les nouveaux besoins et les nouvelles possibilités de satisfaction des besoins par le développement des forces productives d’un côté et la pression à la soumission irrationnelle dans la société de classes.

Ce qu’il y avait dans leur propre conscience, ce n’était pas des luttes de classe élargis ici, mais la conscience d’être une partie du mouvement international, d’avoir affaire au même ennemi de classe ici que les Vietcongs là-bas, avec les mêmes tigres de papier, avec les mêmes porcs.

Le deuxième mérite du mouvement étudiant est d’avoir brisé la coupure provincialiste des vieilles gauches: la stratégie de front populaire comme marche de Pâques, Union allemande pour la paix, journal populaire allemand, comme espoir irrationnel en un « grand tremblement de terre » à n’importe quelle élection, sa fixation parlementaire sur Strauss ici, sur Heinemann là, sa fixation pro- et anti-communiste sur la R.D.A., leur isolement, leur résignation, leur déchirement moral: prêt à tout sacrifice, capable d’aucune praxis.

La partie socialiste du mouvement étudiant a pris conscience d’elle-même – malgré des imprécisions théoriques – de la reconnaissance juste du fait que « l’initiative révolutionnaire occidental peut aujourd’hui compter sur la crise de l’équilibre global du monde et sur la maturation de forces nouvelles dans tous les pays. » (Il Manifesto, thèse 55).

Ils ont donné comme contenu de leur agitation et propagande cela de quoi ils pouvaient se revendiquer eu égard des rapports allemands: que contre la stratégie globale de l’impérialisme la perspective de luttes nationales doit être internationaliste, que seulement la liaison des contenus nationaux avec les contenus internationaux peut stabiliser des formes traditionnelles de luttes avec les initiatives révolutionnaires internationalistes.

Ils ont fait de leur faiblesse leur force car ils ont reconnu qu’il n’y a qu’ainsi qu’une résignation renouvelée, un découpage provincial, le réformisme, la stratégie de front populaire, l’intégration, pouvaient être évités – les culs-de-sac de la politique socialiste dans les conditions post- et pré-fascistes, comme elles sont en république fédérale et à Berlin-Ouest.

Les gauches savaient alors qu’il aurait été juste de relier la propagande socialiste dans les usines avec l’empêchement pratique de la distribution du journal Bild.

Qu’il aurait été juste de relier la propagande pour les GI’s, pour qu’ils ne se laissent pas envoyer au Viet-Nam, avec les attaques pratiques contre des avions militaires pour le Viet-Nam, la campagne de l’armée avec les attaques pratiques contre les bases aériennes de l’OTAN.

Qu’il aurait été juste de relier la critique de la justice de classe avec les explosions des murs de prison, la critique du conglomérat de Springer avec le désarmement de ses milices patronales, juste de mettre en marche une propre radio, de démoraliser la police, d’avoir des logements illégaux pour les déserteurs de l’armée, de pouvoir falsifier des papiers d’identité pour l’agitation chez les travailleurs étrangers, d’empêcher par des sabotages dans les usines la production de Napalm.

Et il est faux de rendre sa propagande dépendante de l’offre et de la demande : pas de journal parce que les travailleurs ne peuvent pas encore les financer, pas de voiture, parce que le « mouvement » ne peut pas encore l’acheter, pas d’émetteur, parce qu’il n’y a pas de licence, pas de sabotage, parce que le capitalisme ne s’écroule pas pour autant tout de suite.

Le mouvement étudiant s’écroula lorsque sa forme d’organisation spécifiquement étudiante / petite-bourgeoise, le « camp anti-autoritaire », se révéla inapte à développer une pratique appropriée quant à ses objectifs, parce qu’il ne pouvait pas y avoir d’élargissement de sa spontanéité aux entreprises ni dans une guérilla urbaine capable, ni dans une organisation socialiste de masse. Il s’écroula, lorsque l’étincelle du mouvement étudiant – différemment d’en Italie ou d’en France – n’est pas devenu le brasier des prairies de luttes de classe élargie . Il pouvait nommer les buts et contenus de la lutte anti-impérialiste – mais n’était pas lui-même le sujet révolutionnaire, ne pouvait pas se permettre la médiation organisationnelle.

A la différence des « organisations prolétaires » de la nouvelle gauche, la fraction de l’armée rouge ne nie pas sa préhistoire comme histoire du mouvement étudiant, qui a reconstruit le marxisme-léninisme comme arme dans la lutte de classe et a posé le contexte international pour le combat révolutionnaire dans les métropoles.

4. PRIMAT DE LA PRATIQUE

« Pour connaître directement tel phénomène ou tel ensemble de phénomènes, il faut participer personnellement à la lutte pratique qui vise à transformer la réalité, à transformer ce phénomène ou cet ensemble de phénomènes, car c’est le seul moyen d’entrer en contact avec eux en tant qu’apparences; de même, c’est là le seul moyen de découvrir l’essence de ce phénomène ou de cet ensemble de phénomènes, et de les comprendre.

Mais le marxisme accorde une grande importance à la théorie justement et uniquement parce qu’elle peut être un guide pour l’action. Si, étant arrivé à une théorie juste, on se contente d’en faire un sujet de conversation, pour la laisser ensuite de côté, sans la mettre en pratique, cette théorie, si belle qu’elle puisse être, reste sans intérêt. » (Mao Zedong, De la pratique)

Le retour des gauchistes, de socialistes, qui étaient en même temps les autorités du mouvement étudiant, à l’étude du socialisme scientifique, l’actualisation de la critique de l’économie politique comme leur autocritique vis-à-vis du mouvement étudiant, a été en même temps un retournement à des travaux livresques.

A juger par la production de papier, leurs modèles d’organisation, du mal qu’ils se donnent pour et dans leurs explications, on pourrait penser que les révolutionnaires revendiquent la direction de luttes de classe violentes, comme si l’année 67/68 était le 1905 du socialisme en Allemagne.

Lorsque Lénine, en 1903 dans « Que faire? », soulignait le besoin théorique des travailleurs russes et donnait comme postulat, contre les anarchistes et les socialistes révolutionnaires, la nécessité d’une analyse de classe, de l’organisation, d’une propagande démystifiante, c’est parce que des luttes de classe massives se déroulaient.

« C’est justement à travers les infamies de la vie russe que les masses ouvrières vont se réveiller avec force et nous ne savons même pas réunir, concentrer, si l’on peut parler ainsi, toutes les gouttes et les rigoles des passions populaires qui sourdent de la vie russe en foule innombrable, plus grande que nous ne l’imaginions ou ne le croyons, et qui doivent être unies en un fleuve impétueux » (Lénine, Que faire?)

Nous doutons qu’il soit déjà possible de développer dans les conditions présentes en république fédérale et à Berlin-Ouest une stratégie unifiant la classe ouvrière, d’en arriver à une organisation qui soit à la fois expression et initiatrice d’un processus d’unification nécessaire. Nous doutons que l’alliance entre les intellectuels socialistes et le prolétariat puisse être soudée par des déclarations de programmes ou être obtenue par la prétention de créer des organisations prolétariennes. Les gouttes et les rigoles des infamies de la vie allemande sont rassemblées jusque là par le conglomérat Springer, qui les conduit à de nouvelles infamies.

Nous affirmons que sans initiative révolutionnaire, sans l’intervention pratique de l’avant-garde, des travailleurs et intellectuels socialistes, sans la lutte anti-impérialiste concrète il n’y a pas de processus d’unification, que l’union ne peut être posé que par les luttes communes ou pas du tout, dans lesquelles la fraction consciente des travailleurs et intellectuels ne dirige pas la « mise en scène », mais montre l’exemple.

Dans la production de papier des organisations nous reconnaissons leur pratique à leur lutte concurrentielle d’intellectuels, qui luttent pour la meilleure interprétation de Marx devant un jury imaginaire, qui ne peut pas être la classe ouvrière parce que son langage exclut déjà leur participation. Ils sont davantage gênés d’être attrapé à s’être trompé dans une citation de Marx que de mentir quant à leur pratique.

La page qu’il donne toujours avec la remarque correspond presque toujours, le nombre d’adhérents à leur organisation ne correspond presque jamais. Ils ont plus peur du reproche d’impatience révolutionnaire que celui de corruption dans les professions bourgeoises; prévoir le long terme avec Lukacs est important pour eux, comme est suspect de se laisser agiter à court terme par Blanqui.

Leur internationalisme s’exprime dans la censure vis-à-vis de telle organisation commando palestinienne par rapport à une autre – des messieurs blancs qui jouent aux mandataires du marxisme; ils l’expriment dans les faits sous la forme du mécénat, dans la mesure où ils mendient auprès de leurs riches amis au nom du Black Panther; ils portent à leur crédit, en vue du jugement dernier, ce qu’on leur donne par mauvaise conscience alors que leur premier souci, plutôt que la victoire de la guerre populaire, est de jouir de leur bonne conscience.

Ce n’est pas cela, une méthode révolutionnaire d’intervention.

Mao, dans son Analyse des classes de la société chinoise (1926) oppose la lutte de la révolution à celle de la contre-révolution lorsque la « bannière rouge de la révolution, levé par la IIIe Internationale, afin de rallier autour d’elle toutes les classes opprimées du monde; l’autre est le drapeau blanc de la contre-révolution, et c’est la Société des Nations qui l’a levé afin de rallier autour d’elle toutes les forces contre-révolutionaires du monde ».

Mao distingue les classes de la société chinoise en fonction de comment elles se décideraient, pour l’avancée de la révolution, entre la bannière rouge et la bannière blanche. Cela ne lui suffisait pas d’analyser la situation économique des différentes classes de la société chinoise. Faisait partie de son analyse également la prise de position des différentes classes par rapport à la révolution.

Il n’y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes dans les futurs luttes de classes si l’avant-garde ne tient pas elle-même la bannière rouge de l’internationalisme prolétarien et si l’avant-garde ne répond pas elle-même à la question de savoir comment sera érigé la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique du prolétariat doit être exigé, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle n’est pas prête avec une pratique à y répondre.

L’analyse de classe dont nous avons besoin n’est pas à faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire.

Les « revendications révolutionnaires de transition » que les organisations prolétaires ont posé ici et là, comme la lutte contre l’intensification de l’exploitation, la réduction du temps de travail, contre le gaspillage de la richesse sociale, pour le même salaire entre hommes, femmes et travailleurs immigrés, contre les cadences infernales, etc. – ces revendications de transition ne sont rien que de l’économisme syndicaliste, tant que n’est pas répondu en même temps à la question de savoir comment briser la pression politique, militaire et propagandiste qui se mettront de manière agressive au travers de la route de ces revendications si elles soulèvent des luttes de classe massives.

Mais après – si on en reste à elles – ce n’est plus que de merde économiste, parce que pour elles cela ne vaut pas le coup de prendre en charge le combat révolutionnaire et de mener à la victoire, parce que « vaincre suppose que l’on accepte le principe selon lequel la vie n’est pas le bien suprême pour les révolutionnaires » (Debray). On peut intervenir de manière syndicaliste avec ces revendications – mais « la politique trade-unioniste de la classe ouvrière est la politique bourgeoise de la classe ouvrière » (Lénine). Ce n’est pas une méthode d’intervention révolutionnaire.

Les soi-disantes organisations prolétaires ne se différencient du DKP , quand elles ne posent pas la question de l’armement comme réponse aux lois d’urgence, à l’armée, aux gardes-frontières, à la police, à la presse Springer, quand elles passent cela sous silence de manière opportuniste, que parce qu’elles sont encore moins ancrées dans les masses, parce qu’elles sont plus radicales en parole, parce qu’elles en savent plus au niveau théorique.

En pratique elles s’agitent au niveau des spécialistes du droit, qui pour la popularité à tout prix soutiennent les mensonges de la bourgeoisie qu’il y aurait encore dans cet Etat quelque chose à obtenir avec les moyens de la démocratie parlementaire, encouragent le prolétariat à des luttes qui vu le potentiel de violence de cet Etat ne peuvent être que perdues – de manière barbare.

« Ces fractions ou partis marxistes-léninistes » écrit Debray à propos des communistes en Amérique latine – « agissent à l’intérieur des mêmes questionnements politiques que ceux contrôlés par la bourgeoisie. Au lieu de les modifier, ils ont contribué à les ancrer encore plus fortement… »

Aux milliers d’apprentis et de jeunes qui ont tiré comme conclusion de leur politisation pendant le mouvement étudiant de se retirer de la pression de l’exploitation dans l’entreprise, ces organisations ne proposent aucune perspective politique, avec la proposition de s’accommoder encore une fois de la pression capitaliste de l’exploitation. Elles prennent vis-à-vis de la criminalité de la jeunesse le même point de vue que les directeurs de prison, vis-à-vis des camarades en tôle le point de vue de leurs juges, vis-à-vis de l’Underground le point de vue des travailleurs sociaux.

Sans pratique, la lecture du « capital » n’est rien qu’une étude bourgeoise.

Sans pratique, les déclarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique, l’internationalisme prolétarien n’est qu’un mot ronflant. Prendre théoriquement le point de vue du prolétariat, c’est le prendre pratiquement.

La fraction armée rouge parle de primat de la pratique. S’il est juste d’organiser maintenant la résistance armée dépend de sa possibilité; si cela est possible ne peut être compris qu’en pratique.

5. GUÉRILLA URBAINE

« Ainsi, considérés dans leur essence, du point de vue de l’avenir et sous l’angle stratégique, l’impérialisme et tous les réactionnaires doivent être tenus pour ce qu’ils sont: des tigres en papier. C’est là-dessus que se fonde notre pensée stratégique. D’autre part, ils sont aussi des tiges vivants, des tigres de fer, de vrais tigres; ils mangent des hommes. C’est là-dessus que se fonde notre pensée tactique. » Mao Zedong, 1.12.1958

S’il est juste que l’impérialisme américain soit un tigre de papier, c’est-à-dire qu’en dernier recours il peut être vaincu; et si la thèse des communistes chinois est juste, que la victoire sur l’impérialisme américain est devenu possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menée contre lui, et qu’ainsi les forces de l’impérialisme soient éparpillées et que par cet éparpillement il soit possible de l’abattre – si cela est juste, alors il n’y a aucune raison d’exclure un pays quel qu’il soit ou une région qu’elle quelle soit parce que les forces de la révolution sont particulièrement faibles, les forces de la réaction particulièrement fortes.

Comme il est faux de décourager les forces de la révolution dans la mesure où on les sous-estime, il est faux de leur proposer des conflits où elles ne peuvent que s’affaiblir et être détruites. La contradiction entre les camarades sincères au sein des organisations – laissons les baratineurs de côté – et la fraction armée rouge réside en ce que nous leur reprochons de décourager les forces de la révolution, et qu’ils nous soupçonnent d’affaiblir les forces de la révolution.

Qu’ainsi soit donné la direction où peuvent « traverser le fleuve » la fraction des camarades travaillant dans les usines et les quartiers et la fraction armée rouge; cela correspond à la réalité. Le dogmatisme et l’aventurisme sont depuis longtemps les déviations caractéristiques dans les périodes de faiblesse de la révolution dans un pays.

Que depuis longtemps les anarchistes aient été les plus sévères critiques de l’opportunisme, a amené le fait que celui qui critique l’opportunisme se voit opposé le reproche d’anarchisme. C’est d’une certaine manière un classique.

Le concept de guérilla urbaine provient d’Amérique latine. C’est là-bas la même chose que ce qui peut seulement être ici: la méthode d’intervention révolutionnaire de forces révolutionnaires faibles en général.

La guérilla urbaine part du principe qu’il n’existe pas d’ordre de marche prussien où beaucoup de soi-disant révolutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte révolutionnaire. Part du principe que lorsque la situation sera mûre pour la lutte armée il sera trop tard de la préparer.

Que sans initiative révolutionnaire dans un pays dont le potentiel de violence est si grand, dont la tradition révolutionnaire est si cassée et si faible comme en république fédérale, il n’y aura aucune orientation révolutionnaire quand les conditions pour la lutte révolutionnaire seront plus favorables qu’elles ne le sont maintenant – à cause du développement politique et économique du capitalisme tardif lui-même.

La guérilla urbaine est dans cette mesure la conséquence de la négation accomplie depuis longtemps de la démocratie parlementaire par ses propres représentations, la réponse inévitable aux lois d’urgence et aux lois des grenades à main , la disposition à lutter avec les moyens que le système s’est déjà mis à la disposition afin d’éliminer ses opposants. La guérilla urbaine se base sur la reconnaissance de faits, au lieu de l’apologie de faits.

Ce que la guérilla peut faire, le mouvement étudiant l’a en partie déjà su. Elle peut rendre concrète l’agitation et la propagande où le travail de la gauche est encore réduit.

On peut se présenter cela pour la campagne de la presse Springer d’alors, et pour la campagne Cabora Bassa des étudiants d’Heidelberg, pour les occupations de maisons de Francfort, en relation avec les aides militaires que la république fédérale donne aux régimes compradors d’Afrique, en relation avec la critique du régime de semi-liberté, de la justice de classe, des milices patronales et de la justice dans l’entreprise.

Elle peut concrétiser l’internationalisme verbal comme la fourniture d’armes et d’argent. Elle peut émousser l’arme du système, l’illégalisation des communistes, dans la mesure où elle organise la clandestinité, qui reste enlevée à l’intervention policière. La guérilla urbaine est une arme dans la lutte de classe.

La guérilla urbaine est lutte armée, dans la mesure où c’est la police qui fait utilisation sans restriction des armes de tirs, et c’est la justice de classe qui acquitte les policiers responsables de bavures, et enterre vivant les camarades, si on ne l’en empêche pas. La guérilla urbaine signifie ne pas se laisser démoraliser par la violence du système.

La guérilla urbaine vise à détruire l’appareil de domination étatique en certains points, à le mettre à certains moments hors d’état de nuire, à anéantir le mythe de l’omniprésence du système et de son invulnérabilité.

La guérilla urbaine a comme présupposé l’organisation d’appareil illégal, ce sont des appartements, des armes, des munitions, des voitures, des papiers. Ce qui est à considérer en particulier a été décrit par Marighella dans son « petit manuel du guérillero urbain ». Ce qui à quoi il faut encore faire attention, nous sommes prêts à tout moment de le dire à celui qui veut la faire, si il s’est décidé. Nous ne connaissons pas encore grand chose, mais savons déjà certaines choses.


Il est important qu’avant de se décider à lutter par les armes on ait déjà fait des expériences politiques légales. Là où la liaison avec la gauche révolutionnaire ne représente qu’un besoin de mode, on ne se décide vraiment que là où on l’on peut retourner.

La fraction armée rouge et la guérilla urbaine sont respectivement la fraction et la pratique qui, dans la mesure où elles tracent un trait clair entre elles et l’ennemi, sont le plus terriblement combattues. Cela présuppose qu’un processus d’apprentissage se soit déjà déroulé.

Notre concept originel d’organisation impliquait la liaison de la guérilla urbaine et le travail à la base. Nous voulions que chacun d’entre nous participe en même temps dans les quartiers ou dans les usines dans les groupes socialistes existant là-bas, influence le processus de discussion, fasse des expériences, apprenne. Il s’est montré que cela ne marche pas.

Que les contrôles que la police politique fait sur ces groupes, leurs rendez-vous, leurs réunions, leurs contenus de discussion, portent déjà si loin qu’on ne peut pas être là-bas si l’on ne veut pas être contrôlé. Que le seul travail légal ne peut pas être relié avec le travail illégal.

La guérilla urbaine présuppose être clair quant à ses motivations, être sûr que les méthodes à la Bild-Zeitung ne fasse pas d’effet sur quelqu’un, que le syndrome antisémites – criminels – sous-hommes et incendiaires qui est plaqué sur les révolutionnaires, toute ces merdes, qui ne sont qu’en mesure d’isoler et d’articuler, et qui influencent encore beaucoup de camarades dans leur jugement sur nous, que cela ne touche personne.

Car naturellement le système ne nous laisse pas le terrain et il n’y a aucun moyen – même pas avec la calomnie -, qu’ils ne seraient pas prêt d’utiliser contre nous.

Et il n’y a pas d’opinion publique qui aurait un autre but que de mettre à profit d’une manière ou d’une autre les intérêts du capital, et il n’y a pas d’opinion publique socialiste, qui se dépasserait elle-même, son cercle, sa diffusion manuelle, ses abonnés, qui ne se déroulerait pas majoritairement dans des formes hasardeuses, privées, personnelles, bourgeoises.

Il n’y pas de moyen de publication qui ne seraient pas contrôlés par le capital, par le marché de la pub, par l’ambition des auteurs de rentrer dans le grand establishment, par les avis des médias, par la concentration sur le marché de la presse. L’opinion publique dominante est l’opinion publique des dominants, divisés en parts de marché, se développant en idéologies spécifiques aux couches sociales, ce qu’elle diffuse sert à sa propre affirmation sur le marché. La catégorie journalistique signifie: vente.

L’information comme marchandise, la nouvelle comme consommation. Ce qui n’est pas consommable doit les emmerder. La liaison des journaux avec les moyens de publication, les taux d’écoute à la télévision – cela ne peut permettre aucune contradiction entre soi et le public, pas d’antagonismes, pas de suites.

La liaison avec les plus puissants faiseurs d’opinion sur le marché est nécessaire à celui qui veut rester sur le marché; c’est-à-dire que la dépendance vis-à-vis du trust Springer grandit dans la mesure où le trust grandit, trust qui a également commencé à acheter les journaux locaux. La guérilla urbaine n’a rien d’autre à attendre de cette opinion publique que l’inimité amère. Elle doit s’orienter avec la critique marxiste et l’autocritique, sinon rien.

« Qui n’a pas peur d’être écartelé ose renverser l’empereur de son cheval » dit Mao à propos de cela.

Le long terme et le travail à petite échelle sont les postulats qui sont vraiment valables pour la guérilla dans la mesure où l’on ne fait pas qu’en parler, mais qu’on agit aussi par la suite. Sans laisser ouvert le retour à un emploi bourgeois, sans pouvoir ou vouloir mettre la révolution au clou, c’est-à-dire avec la conviction que Blanqui a exprimé: « le devoir d’un révolutionnaire est de toujours lutter, de lutter malgré tout, de lutter jusqu’à la mort ».

– il n’y a pas de lutte révolutionnaire et il n’y en a pas eu dont la morale n’était pas celle-là: Russie, Chine, Cuba, Algérie, Palestine, Vietnam.

Certains disent que les possibilités politiques de l’organisation, de l’agitation, de la propagande sont loin d’être épuisées, mais que seulement après on pourrait poser la question de l’armement. Nous disons: les possibilités politiques ne seront pas vraiment utilisées tant que le but, la lutte armée, n’est pas reconnaissable comme but de la politisation, tant que la définition stratégique, que tous les réactionnaires ne sont que des tigres de papier, n’est pas reconnaissable derrière la définition tactique, qu’ils sont des criminels, des meurtriers, des exploiteurs.


Nous ne parlerons pas de « propagande armée », mais nous la ferons. La libération de prisonniers ne se déroule pas pour des raisons de propagande, mais pour sortir le type. Les cambriolages de banques, comme on les cherche à nous attribuer, nous ne les ferions que pour nous procurer de l’argent. Les « succès brillants » dont Mao dit que nous devrions les avoir visé, « quand l’ennemi nous dépeint des couleurs les plus noires », ne sont que la rançon de nos propres succès.

Les grandes clameurs qui ont été faites à notre propos nous en remercions plus les camarades latino-américains – en raison du trait clair entre soi-même et l’ennemi qu’ils ont déjà tracés -, qui fait que les dominants ici nous  » rentrent énergiquement dedans  » à cause du soupçon de quelques braquages de banques comme s’il y avait déjà ce que nous avons commencé de construire: la guérilla urbaine de la fraction armée rouge.

6 LÉGALITE ET ILLEGALITÉ

« Le développement de la révolution en occident, la contestation du pouvoir capitaliste à l’intérieur de ses places-fortes sont à l’ordre du jour et ont une signification décisive.

Il n’existe dans le monde ni l’endroit, ni les forces capables de garantir une évolution pacifique et une stabilisation démocratique; la crise tend à s’aggraver. S’enfermer dans des horizons bornés ou repousser la lutte à plus tard, c’est se laisser emporter par la dégénérescence totale ambiante. »

(Il Manifesto, thèse 55).

Le slogan des anarchistes « détruis ce qui te détruit » vise la mobilisation directe de la base, des jeunes dans les tôles et les foyers, dans les écoles et dans l’apprentissage, se dirige vers ceux qui sont le plus dans la merde, vise à une compréhension spontanée, est l’appel à la résistance directe. Le slogan black power de Stokely Carmichael: « fais confiance à ta propre expérience ! » voulait dire exactement cela.

Le slogan part de l’examen que dans le capitalisme rien, mais qu’il n’y a également rien, qui oppresse, fait souffrir, gêne, qui n’aurait pas son origine dans les rapports de productions capitalistes, que chaque oppresseur, quel que soit la forme avec laquelle il apparaît, est un représentant du capital, c’est-à-dire: un ennemi de classe.

Dans cette mesure le slogan des anarchistes est juste, prolétaire, combattant de classe. Il est faux tant qu’il amène la fausse conscience qu’il suffirait simplement de frapper, de taper dans la gueule, que l’organisation serait de seconde importance, la discipline bourgeoise, l’analyse de classe superflue.

Sans défense face à la répression renforcée qui suit leurs actions, bloqué, sans avoir fait attention organisationnellement à la dialectique de la légalité et de l’illégalité, ils sont légalement arrêtés.

La phrase de beaucoup d’organisations « les communistes ne sont pas assez simplistes pour s’illégaliser eux-mêmes » fait écho à la justice de classe, et à personne d’autre. Tant qu’elle signifie que les possibilités légales d’agitation et de propagande communiste, de lutte politique et économique, doivent être à tout prix utilisées et ne doivent pas être mis en jeu avec légèreté, c’est juste – mais ce n’est pas du tout cela qui est dit.

Elle veut dire que les frontières que l’État de classe et sa justice posent au travail socialiste suffisent pour utiliser tous les moyens, que l’on doit s’en tenir à ces (dé)limitations, que face aux attaques illégales de cet État, qui sont à chaque fois légalisées, on doit à tout prix reculer – la légalité à tout prix. Arrestations illégales, jugements de terreur, attaques de la police, chantage et pression par la magistrature – marche ou crève, les communistes ne sont pas si simplistes…

Cette phrase est opportuniste. Elle est non solidaire. Elle abandonne les camarades en tôle, elle exclu l’organisation et la politisation de tous ceux du mouvement socialiste qui à cause de leurs origines sociales et de leurs situations ne peuvent pas faire autre chose que survivre comme criminel: l’underground, le sous-proletariat, les innombrables jeunes prolétaires, les travailleurs immigrés.

Elle sert la criminalisation théorique de tous ceux qui ne se raccordent pas aux organisations. Elle est leur union avec la justice de classe. Elle est bête.

La légalité est une question de pouvoir. Le rapport entre légalité et illégalité est à définir par la contradiction entre l’exercice réformiste et fasciste du pouvoir, dont les représentants à Bonn est à présent la coalition social/libéral ici, Barzel/Strauss là-bas, dont les représentants publicistes sont par exemple le journal « Süddeutsche Zeitung », la revue « Stern », le troisième programme de radio-Cologne et de radio Berlin libre , le journal « Frankfurter Rundschau », du trust Springer, de la deuxième chaîne de télévision (ZDF), du courrier bavarois, de la police et de sa ligne munichoise ou du modèle berlinois, avec la justice du tribunal constitutionnel ici, la cour fédérale de justice là-bas.

La ligne réformiste vise à éviter les conflits par des promesses de réformes (dans le régime de semi-liberté par exemple), dans la mesure où elles évitent les provocations (la ligne souple de la police berlinoise et du tribunal constitutionnel de Berlin par exemple), par des reconnaissances verbales de malentendus (dans l’éducation publique dans la région de Hesse et à Berlin par exemple).

Cela appartient à la tactique du réformisme évitant les conflits que de se mouvoir à l’intérieur et un peu moins à l’extérieur de la légalité, cela lui donne l’apparence de la légitimité, l’apparence d’avoir les lois constitutionnelles sous le bras, cela vise l’intégration des contradictions, cela laisse tourner à vide la critique de gauche, disparaître, car cela les jeunes socialistes et le parti socialistes veulent le garder.

Que la ligne réformiste au sens d’une stabilisation à long terme de la domination capitaliste est la ligne la plus effective, on ne peut pas en douter, mais cela est lié à des présuppositions précises.

Elle présuppose la prospérité économique, car la ligne souple de la police munichoise est par exemple beaucoup plus coûteuse que le tour dur de la police berlinoise – comme le président de la police de Munich l’a présenté de manière évidente: « deux fonctionnaires avec des mitrailleuses tiennent 1000 personnes en échec, 100 fonctionnaires avec des matraques peuvent tenir 1000 personnes en échec. Sans de tels instruments on aurait besoin de 300 à 400 policiers ».

La ligne réformiste présuppose une opposition anticapitaliste peu ou pas du tout organisée – comme on le sait depuis l’exemple de Munich.

De surcroît la monopolisation du pouvoir étatique et économique grandit sous le manteau du réformisme politique, ce qu’entreprend Schiller avec sa politique économique et Strauss a imposé avec sa réforme financière – l’aggravation de l’exploitation par l’intensification du travail et la division du travail dans le domaine de la production, par des mesures à long terme de rationalisation dans le domaine de la gestion et des performances des services.

Que l’accumulation de violence dans les mains fonctionne avec un peu moins d’absence de résistance, quand on la mène silencieusement, quand on évite pour cela des provocations inutiles qui pourraient avoir pour suite des processus de solidarisation incontrôlables – on l’a appris du mouvement étudiant et de mai à Paris.

C’est pourquoi les cellules rouges ne sont pas encore interdites, c’est pourquoi le PC d’Allemagne est – sans levée de l’interdiction du PC d’Allemagne – autorisée comme PC allemand, c’est pourquoi il y a encore des émissions de télévision libérales et c’est pourquoi certaines organisations peuvent encore se permettre de ne pas se considérer comme aussi simplistes qu’elles le sont.

Le champ de la légalité que le réformisme propose est la réponse du capital aux attaques du mouvement étudiant et de l’opposition extra-parlementaire (APO) – tant qu’on peut se permettre la réponse réformiste, c’est la plus effective.

Miser sur cette légalité, compter sur elle, l’allonger métaphysiquement, l’estimer statiquement, ne vouloir que la défendre, c’est répéter la stratégie de zones d’auto-défense en Amérique latine, c’est ne rien avoir appris, laisser du temps à la réaction pour se former, se réorganiser, jusqu’à ce qu’elle, non pas illégalise la gauche, mais l’anéantit.

Willy Weyer ne joue même pas sur la tolérance, mais manoeuvre et rétorque à la presse libérale qui le critique de transformer par ses alcootests chaque automobiliste en criminel: « nous continuerons! » – montrant à l’opinion publique libérale son absence de signification.

Edouard Zimmerman fait de tout un peuple des policiers, le trust Springer a fait la direction de la police berlinoise, le journaliste du journal de Berlin (la BZ) écrit les ordres d’arrestations pour les juges berlinois. La mobilisation de masse au sens du fascisme, d’attaque, de peine de mort, de force de frappe, d’intervention – avec comme façade le new look que l’administration de Brandt, Heinemann et Scheel ont donné à la politique de Bonn.

Les camarades qui traitent si superficiellement la question de légalité et d’illégalité ont apparemment mal saisi le sens de l’amnistie par laquelle on a rendu inoffensif le mouvement étudiant . Dans la mesure où l’on supprime la criminalisation de centaines d’étudiants, ceux-ci reviennent de leur peur, on prévient à une radicalisation continue, on leur rappelle énergiquement à quel point les privilèges estudiantins ont de la valeur, malgré une université usine du savoir, l’ascension sociale.

Ainsi les barrières de classes entre eux et le prolétariat sont à nouveau formées, entre leur quotidien privilégié comme étude et le quotidien du travailleur et de la travailleuse dépendant/e des accords sur le salaire, qui n’ont pas été amnistié par le même ennemi de classe. Ainsi encore une fois la théorie a été coupé de la pratique. La compte – amnistie égale pacification – était bon.

L’initiative social-démocrate des électeurs, faite par certains écrivains honorables – pas seulement cet enfoiré de Grass – comme tentative d’une mobilisation positive, démocratique comprise comme défense contre le fascisme et ainsi à considérer, confond la réalité de certaines éditions et rédactions des médias, qui ne sont pas encore soumises à la rationalité des monopoles qui boîte derrière, avec le tout de la réalité politique.

Les domaines où la répression s’est aggravée ne sont pas ceux avec lesquels un écrivain a à faire en premier: prisons, justice de classe, guerre des tarifs salariaux, accidents du travail, consommation choisie, école, journal Bild et BZ (de Berlin), les casernes-appartements des banlieux, les ghettos pour étrangers – tout cela les écrivains le reçoivent au mieux de manière esthétique, pas politiquement.

La légalité est l’idéologie du parlementarisme, du partenariat social, de la société pluraliste. Elle devient un fétiche quand ceux qui s’en targuent ignorent que les téléphones peuvent être légalement écoutés, le courrier légalement contrôlé, les voisins interrogés légalement, les indics payés légalement, que l’on peut légalement surveiller – que l’organisation du travail politique, si elle ne veut pas être mise hors-circuit de manière permanente par l’attaque de la police politique, doit être en même temps légal et illégal.

Nous ne misons pas sur la mobilisation antifasciste spontanée par la terreur même, et le fascisme, et ne considérons pas la légalité comme une corruption et savons que notre travail fournit des prétextes, comme l’alcool de Willy Meyer et la criminalité en hausse pour Strauss, l’ostpolitik pour Barzel et le feu rouge que le yougoslave grille pour les taxis de Francfort, la main dans le sac pour le meurtrier du voleur de voiture à Berlin.

Et pour encore plus de prétextes, parce que nous sommes communistes, et qu’il dépend des communistes si la terreur et la répression n’amènent que peur et résignation, ou provoquent résistance et haine de classe et solidarité, si tout ici est net au sens de l’impérialisme est balancé par dessus bord ou pas. Parce que cela dépend si les communistes sont si naïfs pour tout se laisser faire ou utilisent la légalité entre autres pour organiser l’illégalité, au lieu d’en fétichiser l’un par rapport à l’autre.

Le sort du Black Panther Party et le sort de la Gauche Prolétarienne devaient découler d’une fausse appréciation, qui n’a pas réalisé la contradiction de fait entre constitution et réalité de la constitution, et de l’aggravation de celle-ci quand la résistance organisée fait son entrée.

Qui n’a pas réalisé que les conditions de la légalité, avec la résistance active, se modifient nécessairement et qu’il est pour cela nécessaire d’utiliser la légalité pour la lutte politique et en même temps pour l’organisation de l’illégalité, et qu’il est faux d’attendre l’illégalisation comme coup du sort imposé par le système, parce que l’illégalisation signifie l’écrasement immédiat, et que la question est alors réglée.

La fraction armée rouge organise l’illégalité comme position offensive pour l’intervention révolutionnaire.
Mener la guérilla urbaine, c’est mener la lutte anti-impérialiste de manière offensive. La fraction armée rouge pose le lien entre lutte légale et illégale, entre lutte nationale, entre lutte politique et lutte armée, entre la définition tactique et stratégique du mouvement communiste international.

La guérilla urbaine c’est, malgré la faiblesse des forces révolutionnaires en république fédérale et Berlin-Ouest, intervenir ici et maintenant de manière révolutionnaire!

Vous êtes partie prenante de l’aggravation ou de la solution du problème. Entre les deux il n’y a rien. Depuis des décennies et des générations on a contemplé et analysé la merde de tous les côtés. Je suis personnellement d’avis que la plupart des choses qui se passent dans ce pays n’ont pas besoin d’être analysées plus longtemps – dit Cleaver.

SOUTENIR LA LUTTE ARMÉE!
VICTOIRE DANS LA GUERRE POPULAIRE!

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Fraction Armée Rouge : Construire l’armée rouge! (1970)

Camarades du 883 [revue qui a été de 1968 à 1973 le principal organe de la scène « underground »], cela n’a aucun sens que d’expliquer ce qui est correct aux gens qui ne le sont pas.

Cela, nous l’avons suffisamment longtemps. L’action de libération de Baader, nous ne devons pas l’expliquer aux radoteurs intellectuels, à ceux qui flippent, à ceux qui savent tout sur tout, mais aux couches populaires potentiellement révolutionnaires.

C’est-à-dire, ceux qui peuvent immédiatement comprendre cet acte, parce qu’ils sont eux-mêmes prisonniers.

Ceux qui ne peuvent rien commencer avec le blabla des « gauches », parce que c’est sans conséquences et sans actions. Ceux qui en ont marre!

L’action de libération de Baader, vous devez l’expliquer aux jeunes du quartier de Märkisch, aux filles d’Eichenhof, à Ollenhauer, Heiligensee, aux jeunes du foyer pour jeunes, du centre d’aide à la jeunesse, à la maison verte [un foyer pour la jeunesse], au Kieferngrund [idem].

Aux familles nombreuses, aux jeunes travailleurs et aux apprentis, aux lycéens, aux familles des quartiers en rénovation, aux travailleurs de Siemens et d’AEG-Telefunken, de SEL et d’Osram, aux travailleuses mariées qui en plus du ménage et des enfants doivent travailler à la pièce – quelle merde !

C’est à eux qu’il faut diffuser l’action, parce qu’ils n’ont pas de dédommagements pour leur exploitation par le niveau de vie, la consommation, les Plans d’Epargne Logement, les petits crédits, la voiture moyenne. Eux qui ne peuvent pas se permettre tout ce bric-à-brac, qui ne pendent pas à tout ça.

Ceux qui ont découvert tout le caractère mensonger des promesses de futur de leurs éducateurs et professeurs et gérants d’immeuble et travailleurs sociaux et contremaîtres et responsables syndicaux et maires de quartiers, et qui n’ont peur encore que de la police. C’est à eux – et non pas aux intellectuels petits-bourgeois -, qu’il faut expliquer que c’est fini maintenant, que ça commence, que la libération de Baader n’est que le début!

Qu’une fin de la domination des flics est en vue!

C’est à eux qu’il faut dire que nous construisons l’armée rouge, que c’est leur armée.

C’est à eux qu’il faut dire que tout commence. Ils ne vous demanderont pas stupidement : pourquoi maintenant précisément? Ils ont derrière eux mille chemins vers les autorités et les administrations, la valse des procès, les salles d’attente, et toujours la date où cela a réussi et celle où ça n’a pas réussi.

Et la discussion avec la prof sympa, qui n’a pas pour autant empêché le transfert en lycée professionnel, et la responsable du jardin d’enfant qui elle non plus n’y pouvait rien qu’il n’y ait pas de place.

Eux ne vous demanderont carrément pas pourquoi maintenant!

Ils ne vous croiront certainement pas si vous n’êtes pas capables de diffuser le journal avant qu’il soit confisqué.

Parce que vous ne devez pas agiter les mange-merdes de gauche, mais les gauches objectives, vous devez construire un réseau de distribution inatteignable par les porcs.

Ne bavardez pas comme quoi c’est trop dur. L’action de libération de Baader n’était pas non plus une sinécure. Si vous avez compris ce qui se passe (et vos commentaires montrent que vous avez compris, mais c’était de la merde opportuniste de trous de culs que de dire que vous auriez vous aussi une balle dans le ventre), si vous avez compris quelque chose, vous devez organiser de manière meilleure la diffusion. Et nous ne vous dirons pas plus sur les méthodes que sur les plans d’actions – bandes d’emprisonnés dans les tourbières! Tant que vous vous laissez choppés, vous ne pouvez pas donner de conseils aux gens pour qu’ils ne se fassent pas chopper. Qu’est-ce que l’aventurisme? S’introduire soi-même des indics. Alors.

Qu’est-ce que cela signifie, porter les conflits à leur pointe? Cela signifie : ne pas se laisser massacrer.

C’est pourquoi nous construisons l’armée rouge. Derrière les parents il y a les professeurs, le juge pour enfants, la police.

Derrière le contremaître il y a le chef, le bureau du personnel, la protection du travail, le travailleur social, la police.

Derrière le concierge il y a le gérant, le propriétaire, l’huissier, la menace d’expulsion, la police.

Ils arrivent par cela ce que les porcs font avec les censures, les licenciements, les renvois, avec les scellés et les matraques. Évidemment qu’ils saisissent leurs armes de service, au gaz lacrymogène, aux grenades et aux mitraillettes, évidemment qu’ils font l’escalade des moyens, s’ils n’y arrivent pas autrement.

Évidemment que les Gis au Vietnam sont formés de manière nouvelle à la tactique de la guérilla, que les bérets verts ont des cours sur la torture. Et alors?

Il est clair que les peines seront alourdies pour les politiques. Vous devez rendre clairs le fait que c’est de la merde social-démocrate que de prétendre que l’impérialisme, avec tous ses Neubauer [sénateur de Berlin] et Westmoreland [commandant des forces US au Vietnam de 1964 à 1968 puis chef d’état-major], Bonn [capitale administrative], le sénat, le tribunal pour jeunes et les administrations d’arrondissements, tout le bordel des porcs, se laisserait noyauter, balader, prendre au dépourvu, intimider, dissoudre sans combat.

Rendez clair le fait que la révolution ne sera pas une balade printanière. Que les porcs feront l’escalade des moyens aussi loin qu’ils le pourront, mais également pas plus loin.

Afin que les conflits puissent en arriver à être accentués jusqu’à leur résolution, nous construisons l’armée rouge.

Sans construire en même temps l’armée rouge, tout conflit se gâte, devient réformisme tout travail politique dans l’entreprise et à Wedding [quartier de Berlin-Ouest] et dans le Märkischen Viertel [cité-dortoir de Berlin-Ouest] et à la Plötze [prisons pour femmes de Berlin-Ouest / Plötzensee] et dans la salle du procès, c’est-à-dire: vous n’en arrivez qu’à de meilleurs moyens disciplinaires, de meilleures d’intimidation, de meilleures méthodes d’exploitation. Cela casse le peuple et ne casse pas ce qui casse le peuple! Sans construire l’armée rouge, les porcs peuvent tout faire, les porcs peuvent continuer: enfermer, licencier, hypothéquer, voler les enfants, intimider, tirer, dominer.

Faire que les conflits puissent en arriver à être accentués jusqu’à leur résolution, cela signifie: qu’ils ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent, mais qu’ils doivent faire ce que nous nous voulons.

C’est à eux à qui vous devez le rendre clair, ceux qui n’ont rien de l’exploitation du tiers-monde, du pétrole perse, des bananes de Bolivie, de l’or sud africain, qui n’ont aucune raison de s’identifier aux exploiteurs. Eux peuvent capter cela, que ce qui se commence ici a déjà commencé, au Vietnam, en Palestine, au Guatemala, à Okland et Watts, à Cuba et en Chine, en Angola et à New York.

Eux captent cela, si vous leur expliquez, que l’action de libération de Baader n’est pas une action unique et isolée, qu’elle ne l’a jamais été, mais la première de ce type en RFA. Nom de dieu.

Ne restez pas assis sur le sofa de ton appartement perquisitionné en comptant les amours et les petits esprits mesquins. Construisez l’appareil de diffusion correct, laissez tomber les flippés, les mangeurs de choux, les travailleurs sociaux, ceux qui ne cherchent qu’à gagner des faveurs, le pack de Lumpen.

Débrouillez-vous pour savoir où sont les foyers et les familles nombreuses et le sous-prolétariat et les femmes prolétaires, qui ne font qu’attendre de pouvoir frapper dans la gueule ceux qui le méritent.

Eux prendront la direction. Et ne vous faites pas attraper, et apprenez d’eux comment on fait pour ne pas se faire attraper, ils en savent plus que vous.

Élargir les luttes de classes
Organiser le prolétariat
Commencer avec la lutte armée
à construire l’armée rouge !

RAF, 5.6.1970

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

Ernst Aust sur la section RDA du KPD/ML (1976)

Bien que dans l’illégalité profonde, le PCA / ML a été mis en place en Allemagne de l’Est!

Mesdames et Messieurs,

en dépit de la profonde terreur fasciste, dans l’année 1975-1976, la section de notre parti, le PCA / ML, a été fondée en RDA. 20 ans après que le socialisme en Allemagne de l’Est a été trahis par la clique Ulbricht-Honecker et une nouvelle classe exploiteuse vassal de Moscou a pris le pouvoir à Berlin-Est, la classe ouvrière en Allemagne de l’Est a de nouveau une direction révolutionnaire, un parti communiste vraiment révolutionnaire!

Lorsque notre parti ici dans l’Ouest, a été fondé en 1968, nous avons écrit dans la déclaration de fondation:

« Tant la bourgeoisie monopoliste de l’Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est a trahi les intérêts sociaux et nationaux du peuple allemand, qui ont sacrifié les intérêts de l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique de dominer le monde. Ni le gouvernement de Bonn ou le Berlin-Est ont le droit de parler pour le peuple allemand. Par conséquent, la révolution prolétarienne en Allemagne est un besoin objectif. »

L’Allemagne appartient au peuple Allemand! Sous la direction du PCA / ML, la classe ouvrière à la fois dans la République fédérale, comme en Allemagne de l’Est va mener la révolution socialiste et établir la dictature du prolétariat – dans la ligne au front mondial contre les deux superpuissances: les Etats-Unis et les Russes impérialistes – et les combats par l’Allemagne et l’Europe unies, indépendantes et socialistes.

« Oui, mais …? »

Souvent, nos camarades de parti quand ils vendent notre journal et à d’autres occasions, ils entendent, « Merci mais non! » Et ce ne sont pas toujours une manifestation de camarades ignorants ou réactionnaires. Pour beaucoup, cela était tout simplement la façon dont ils définissent leur colère et leur indignation contre le système de suppression sociale-fasciste à Berlin-Est. Seulement, nous ne devons pas nous livrer à la propagande bourgeoise d’Orient et d’Occident, qui dispose également que ce régime est communiste ou socialiste.

Un Etat qui ne peut contrôler leur population qu’à travers les murs et de barbelés, miradors et sentinelle de vol et de l’émigration, est tout sauf un « Etat ouvrier et paysan». A cette époque, peu de temps après la guerre, il était différent. A cette époque, après la défaite du nazisme et de la destruction de ses fondamentaux économiques, nos frères de classe en Allemagne de l’Est ont vraiment commencé à construire le socialisme. A propos de la jeune socialiste RDA reposait l’espoir de tout le prolétariat Allemand.

A cette époque, avec un grand risque, des milliers ont essayé d’aller à la RDA, ce qui a été rejetée par les forces de police de l’Allemagne de l’Ouest par la force. Et pourtant, ils allaient et ils retournent des grands événements des masses révolutionnaires, comme le Festival mondial de la Jeunesse en 1952.

La RDA – un vassal sociale-fasciste de Moscou!

Mais de façon similaire à la prise du pouvoir par les révisionnistes Khrouchtchéviens dans l’Union Soviétique, aussi dans la RDA il y avait un processus de dégénérescence similaire dans les années 50 avec le PSUA. Nos camarades de la RDA décrivent dans sa déclaration fondation:

« Au lieu de renforcer l’ordre socialiste, le PSUA poursuivait un économisme d’incitations matérielles. Au lieu de la révolution idéologique des masses, il y avait les formalités administratives et la promotion de la pensée bourgeoise. Les révisionnistes ont transformé le PSUA dans un parti bourgeois, social-fasciste. »

Puis vint la construction du mur, l’ordre de tirer. Le socialisme a été trahi par le PSUA, qu’a complètement abandonné la lutte pour l’unité nationale Allemande. La RDA a été transformée en un Etat capitaliste, seulement au lieu de capitalistes individuels identifiés il y a le capitalisme d’Etat qui exploite les travailleurs.

Les révisionnistes ont saisi l’appareil d’Etat et ont transformé les organes de la dictature du prolétariat dans les organes de son gouvernement bourgeois. Ils mettent en place un régime social-fasciste, qui est «socialiste» seulement en paroles mais fasciste en actes.

Aujourd’hui, la classe ouvrière est de plus en plus exploitée et opprimée, puisque la RDA est devenue un état vassal des nouveaux tsars du Kremlin, qui détiennent et pillaient la RDA à travers son occupation militaire.

Pour mener à bien la révolution socialiste, la restauration du parti communiste révolutionnaire était absolument nécessaire dans la RDA. Sous sa direction, nos camarades d’Allemagne de l’Est iront expulser les occupants Russes et vont faire tomber le régime Honecker.

Alors, quand la classe ouvrière tenant à nouveau le pouvoir et la dictature du prolétariat victorieux est établi, puis tous les esclavagistes accords, lois et la Constitution de la RDA qui entravent « pour toujours et irrévocablement » notre peuple avec les voleurs Russes sont déchirés! Il est également la façon dont nous avons à traiter avec «nos» capitalistes et les occupants Américains ici. Ensuite, rien ne nous empêchera d’avoir une Allemagne et une Europe unies, indépendantes et socialistes.

Le communisme ne peut pas être interdit – nulle part!

« Eh bien, » ont dit certains camarades quand ils ont appris de la fondation de notre parti dans la RDA, « mais qu’est-ce que vous allez faire? » Il est vrai. Les conditions sont difficiles. La STASI (la Sécurité d’État, la Gestapo de l’Allemagne de l’Est) est la. Nous savons ce qui se passe avec les vrais Marxistes-Léninistes qui y sont pris. Prison, les camps de travail ou « hôpital psychiatrique », disparaissant souvent pour ne jamais revenir.

Un mot seulement contre les occupants Russie, écrit au crayon sur le mur d’une maison, peut donner au moins deux ans de prison. Mais même malgré l’horreur inimaginable (en URSS, le nombre de prisonniers politiques est maintenant dans les millions!), vous ne pouvez pas faire revenir en arrière la roue de l’histoire. Le communisme ne peut pas être interdire en nulle part.

En raison de la conscience de classe de la classe ouvrière, sa haine révolutionnaire contre la classe dirigeante et contre sa dictature recevez chaque jour de nouveaux aliments. Avec chaque peine de mort prononcée contre les prisonniers politiques qui disparaissent dans les camps de travail, le système génère des dizaines de nouveaux ennemis.

La meilleure preuve de ce sont nos compagnons Polonais. Le Parti Communiste illégal de la Pologne, qui doit aussi lutter dans la clandestinité, a récemment célébré son 10º (!) anniversaire, plus fort et mieux ancré dans les masses que jamais.

Il est un tel succès que même les agences de renseignement et de terreur Polonais et Russes n’ont pas réussi à le détenir. Le parti a mené le soulèvement des travailleurs dans les ports et chantiers navals en 1970 à Gdansk, Szczecin et d’autres villes. Sûrement notre Section de RDA va par cette voie victorieuse.

Bien sûr, les camarades ont besoin de notre aide avec leur lutte. Nous devons les soutenir en achetant le journal «Demain Rouge» et des dons à notre compte. Ainsi, chaque centime donné par ses camarades et frères de classe de l’Allemagne de l’Ouest seront convertis dans une claque dans le visage de la clique révisionniste de Honecker et de ses patrons Russes!

Battons-nous avec le PCA / ML en Orient et en Occident!

Vers une Europe et une Allemagne unies, indépendantes et socialistes!

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

La démocratie populaire en Tchécoslovaquie

Une victoire de l’unité des partis ouvriers – Rudolf Appelt

publié dans Unité, organe théorique du SED (Parti de l’Unité Socialiste), juillet 1946

Les élections parlementaires qui se sont déroulées le 26 mai 1946 en Tchécoslovaquie méritent une grande attention de la part du mouvement ouvrier socialiste international. Premièrement, parce que les élections ont amené une majorité communiste – social- démocrate.

Deuxièmement, parce qu’elles ont condamné à l’échec l’espoir de la réaction interne et externe au pays à tourner en arrière la roue du développement progressiste en Tchécoslovaquie. Et troisièmement, parce qu’en raison de la grande victoire électorale, le Parti Communiste est devenu le parti incontesté et dirigeant.

Les élections parlementaires tchécoslovaques se sont déroulées une année après la libération de la domination hitlérienne, elles ont consisté en le jugement du peuple quant à la démocratisation touchant profondément le pays, et quant à la politique de chaque parti en particulier.

Partant de là, il est juste que le mouvement ouvrier socialiste des autres pays apprennent des choses de la politique et des expériences du mouvement ouvrier en Tchécoslovaquie.

Quelques chiffres sur les résultats des élections.

En Bohême-Moravie.

Parti Communiste 2 205 658 voix 40,17 % 93 mandats

Parti Social-démocrate 855 771 voix 15,59 % 36 mandats

En Slovaquie.

Parti Communiste 490 257 voix 30,48 % 21 mandats

Parti du Travail (proche de la social-démocratie) 49 983 voix 3,11 % 3 mandats

Sur un total de 7 099 411 voix, les communistes et les sociaux-démocrates en ont obtenu ensemble 3 601 669, soit 50,72 %, la majorité ; sur un total de 300 mandats, ils en ont obtenu 153, soit plus de la moitié. Il faut noter une différence significative entre le résultat en Bohême-Moravie et celui en Slovaquie.

Dans la partie tchèque, la part communiste – social-démocrate des voix est de 55,76 %, dans la partie slovaque seulement de 33,59 %. En Bohême-Moravie, le Parti Communiste est, à l’exception d’une seule circonscription, le Parti en tête dans toutes les circonscriptions électorales.

Il est de plus le Parti le plus fort dans toutes les grandes villes, dont la capitale Prague. Il est, enfin, la force dominante dans les parties largement paysannes du pays. Cela prouve qu’il n’est pas seulement le parti le plus fort chez les ouvriers, mais également dans la paysannerie.

Il a en même temps de fortes positions chez les employés et les fonctionnaires, les artisans et les commerçants, les professions libérales. Le Parti Communiste de Tchécoslovaquie est aujourd’hui sorti du cadre d’un « pur parti ouvrier » et il est devenu un vrai parti populaire, la force dominante de l’ensemble du peuple travailleur.

La défaite qu’ont connu les forces réactionnaires aux élections est absolument claire. Comme les anciens partis réactionnaires sont interdits, la réaction tchèque s’est cachée derrière les socialistes nationaux tchèques et le parti populaire catholique, tentant d’influencer la campagne électorale de ces deux partis.

Les éléments réactionnaires du parti des socialistes nationaux tchèques ont voulu avant les élections faire sauter le Front National et imposer le retrait de leur parti du programme gouvernemental et des mesures de nationalisation. Le peuple a condamné de manière déterminée une telle attaque à l’encontre de l’unité nationale.


Le parti des socialistes nationaux tchèques escomptait sortir des élections comme parti le plus fort, en récupérant par sa politique les voix des partis réactionnaires désormais interdits. Au lieu de cela, il est loin derrière les communistes ; il n’a obtenu en Bohême et en Moravie que 23,66 % des voix. Le parti populaire catholique a eu encore moins de voix, avec 20,23 %.

Même la presse réactionnaire en Europe de l’Ouest ne saurait douter de ce jugement absolument clair du peuple en Tchécoslovaquie, même si c’est contre leur ligne. Elle est dans l’obligation d’admettre que ces élections parlementaires étaient démocratiques à 100 %, où tous les partis candidats – 4 dans la partie tchèque, également 4 dans la partie slovaque – ont disposé des mêmes conditions et ont pu mener une propagande électorale nullement empêchée par personne.

Les anciens électeurs des partis réactionnaires désormais interdits (parti agraire, parti [fasciste] de Hlinka) se sont même vus donner la possibilité, s’ils ne voulaient pas voter pour un des partis présents, de choisir un vote blanc. Il est caractéristique de l’activité politique des masses que même pas un demi pour cent des électeurs ont utilisé ce vote blanc.

Le développement progressiste à gauche que connaît la Tchécoslovaquie depuis une année a été confirmé par les résultats électoraux. Le peuple travailleur a validé toutes les mesures démocratiques de rupture du gouvernement du Front National pour le remodelage politique et économique de la République. Il a repoussé toutes les influences internes et externes de la réaction qui entendent bloquer, faire reculer le développement démocratique et progressiste. Ont été en particulier confirmés par le peuple :

* l’instauration du régime de la démocratie populaire, incarné par les commissions nationales dans les communes, les arrondissements et les régions, et par le gouvernement de Front National des Tchèques et des Slovaques ;

* la réalisation de la nationalisation de l’ensemble de l’industrie lourde, des industries de l’énergie, des grandes entreprises de l’industrie légère, des banques et des assurances ;

* la réalisation de la réforme agraire ;

* la transformation de la Tchécoslovaquie en un État slave des Tchèques et des Slovaques, sans
minorité allemande et hongroise [avec l’expulsion de plus deux millions d’Allemands et de cent mille Hongrois ayant pris parti pour les régimes fascistes allemand et hongrois en en devenant citoyens] ;

* le règlement national des relations entre le peuple tchèque et le peuple slovaque, sur la base de l’égalité des droits et de la reconnaissance du peuple slovaque comme nation en tant que telle ;

* la politique étrangère, dont le solide fondement est l’amitié et un étroit travail en commun avec les États slaves, en particulier l’Union Soviétique.

Ce qui nous intéresse en particulier dans ces résultats électoraux, c’est la question : par quelle politique est-ce que le Parti Communiste a obtenu une telle influence de masse ? Comment s’est mise en place la majorité communiste – social-démocrate aux élections ?

Pour répondre à cela, nous devons d’abord étudier les traits essentiels de la libération nationale du peuple tchèque et slovaque du fascisme hitlérien, parce qu’ils déterminent la ligne politique du Parti Communiste.

La Tchécoslovaquie a été occupée par l’Allemagne hitlérienne pendant plus de six ans. La domination mise en place par Hitler dans ce pays était barbare ; elle menaçait le peuple tchèque dans son existence nationale. Si les nazis avaient vaincu, ils n’auraient pas hésité à déplacer les Tchèques n’importe où ailleurs ou même à les exterminer. Après que le peuple tchèque, opprimé pendant 300 ans par la vieille Autriche, ait ainsi vu son existence étatique autonome volé, il a connu le même destin après vingt années de liberté.

L’instauration de la République tchécoslovaque a été rendue possible par l’effondrement de la monarchie austro-hongroise ; cette fois la libération est allée avec le démantèlement du régime nazi et la défaite militaire totale du troisième Reich. La libération de la Tchécoslovaquie est venue de l’Est.

Ce fut l’Union Soviétique – une grande puissance slave – et son armée rouge, qui ont libéré les Tchèques et les Slovaques de l’oppression et de l’esclavage allemands-fascistes.

Alors que la révolution russe d’Octobre 1917 avait déjà beaucoup contribué à la réalisation de la république tchécoslovaque en 1918, cette fois le peuple russe a versé beaucoup de sang pour sauver les petits peuples frères slaves de la disparition. Cela et le fait que désormais la Tchécoslovaquie a une frontière commune avec l’Union Soviétique [alors que la partie orientale du pays, carpathique ukrainienne, a rejoint l’Ukraine], sont solidement ancrés dans la pensée politique des Tchèques et des Slovaques.

Tout comme dans d’autres pays occupés, l’ancienne couche dominante de la bourgeoisie financière, industrielle et agraire a fait faillite idéologiquement, politiquement et moralement en Tchécoslovaquie pendant la période nazie.

Elle a préparé avec l’agent hitlérien Henlein les décisions [des accords] de Munich ainsi que le 15 mars 1939, elle a servi Hitler pendant six années et essayé de gagner le peuple tchèque à une collaboration avec le fascisme allemand. Elle a été néfaste en agissant dans le dos du peuple dans sa libération nationale.

Alors que des dizaines de milliers de combattants étaient jetés dans les camps de concentration, ou exécutés, la grande bourgeoisie tchèque a trahi la nation et l’État et a profité des guerres de Hitler.

C’est pourquoi cette couche autrefois dominante a pour toujours perdu, d’après le peuple, de pouvoir parler au nom de lui et de guider la République. Le droit de gouverner, c’est maintenant le peuple travailleur qui l’a dans les villes et les campagnes.

À l’exception d’une couche proportionnellement petite de traîtres et de collaborateurs, le peuple tchèque et slovaque a été uni dans sa résistance contre la domination étrangère.

Il a formé une unité nationale contre les occupants et les traîtres, un large front national, qui a été forgé dans les actions de sabotage et de partisans, dans les camps de concentration et les prisons, dans le soulèvement slovaque et le soulèvement praguois de mai.

Cette unité nationale, le peuple la regarde comme le bien le plus précieux et entend à tout prix le conserver également après la libération, dans la période de reconstruction de la République.

Le Parti Communiste s’est fondé sur ces faits essentiels dans sa politique après la libération du pays. Il était essentiel que le Parti dispose d’une estimation claire du caractère de la révolution en cours. Il a dit aux masses populaires : « Du point de vue de la Tchécoslovaquie et du point des autres ennemis de l’Allemagne hitlérienne, la guerre a été une guerre juste, une guerre démocratique, une guerre de libération nationale.

Il résulte de ce caractère national et démocratique de la guerre que les conséquences révolutionnaires immédiates de la défaite allemande ont un caractère avant tout national, antifasciste et démocratique pour la Tchécoslovaquie. »

La lutte pour la liberté nationale a été une lutte sans compromis contre l’occupation étrangère du fascisme allemand et contre sa propre traître oligarchie grande-capitaliste et grande-agraire et la réaction. Le peuple ne voulait pas pour après la victoire un retour à la situation de 1938.

Le Parti Communiste s’est ainsi fait l’agent de la volonté populaire en faisant en sorte de réaliser une nouvelle, authentique République de démocratie populaire directement issue de la pensée provenant de la révolution nationale.

Une république de démocratie populaire dont les fondements ont été formulés de manière si prégnante et compréhensible par tout un chacun dans le programme gouvernemental de Kosice. Ce programme du premier gouvernement du Front National a été élaboré par les communistes et signé par tous les partis.

Les communistes ont inlassablement lutté pour sa réalisation conséquente et mobilisé les larges masses. Aucun parti n’a eu l’autorisation de se retirer du programme accepté et signé, car
derrière lui il y avait l’écrasante majorité du peuple.

Le problème principal de chaque révolution, également de la révolution nationale et
démocratique en Tchécoslovaquie, est la question du pouvoir. Il s’agissait d’empêcher que la clique traître de la bourgeoisie financière et agraire, qui gouvernait la République avant 1938, parvienne de nouveau au pouvoir avec la renaissance de l’État.

En même temps, il s’agissait d’imposer que de manière réelle et correspondante comptent
la volonté et le pouvoir du peuple travailleur, qui avait porté la charge principale de la lutte de libération nationale. Quelle a été la voie et quelle est-elle encore dans la réalisation de ce but ?

Avant tout ont été mis hors d’état de nuire dans la vie politique les représentations politiques des couches traîtres, des partis réactionnaires existant auparavant (parti agraire, parti de Hlinka, etc.), par l’interdiction c’est-à-dire la non-autorisation dans le nouvel État.

Par là il a été rendu possible aux simples soutiens individuels de ces pays, du moment qu’ils n’étaient pas compromis dans une collaboration avec l’occupant, de rejoindre les partis du Front National ou les organisations unies de masse mises en place.

Tous ceux par contre qui avaient nui aux intérêts de la nation ou de l’État ont fait face (ou vont le faire) à un tribunal populaire, ou condamnés pour les cas les plus légers selon le décret gouvernemental « sur l’honneur national » .

Le nouveau régime en Tchécoslovaquie ne doit pas, suivant la volonté du peuple, être une réédition de la République de 1918-1938. Cela ne doit pas être un régime de la démocratie simplement parlementaire formelle, mais la domination d’une réelle démocratie populaire, où le peuple peut sans intermédiaires participer à l’administration étatique et publique.

Ou, en d’autres mots, où ce ne sont pas simplement des députés élus qui peuvent décider, mais où la réalisation des lois, décrets et décisions gouvernementales repose dans les mains de gens qui ont été choisis par le peuple leur confiant une mission déterminée.

C’est ainsi que sont nés de nouveaux organes démocratiques populaires sous la forme des commissions nationales comme porteuses de l’administration étatique et publique.

Il y a des commissions nationales dans les communes, les arrondissements et les régions, en lieu et place des anciennes représentations à ces niveaux, avec la grande différence que ces organes ne sont pas simplement des organes d’auto-administration donnant conseil ou prenant des décisions, mais possèdent également le pouvoir de mise en place.

Les commissions nationales sont élues par le peuple, sont sous contrôle permanent, et chaque membre peut être à tout moment révoqué. Dans la première République, les porteurs de l’administration étatique et publique formaient une bureaucratie étrangère au peuple, l’administration reposait sur des gens relevant de la bureaucratie locale et des gendarmes.

Maintenant, elle est dans les mains des ouvriers, des paysans et des intellectuels, des représentants du peuple travailleur, qui ne permettent pas que l’appareil d’État et l’administration publique n’agissent contre les intérêts du peuple et de l’État, que la police soit employée contre la classe ouvrière, etc.

Le système des commissions nationales est un système non-bureaucratique, qui se montre excellent dans la pratique et a permis à des dizaines de milliers de travailleurs la participation active à l’administration d’État.

C’est, en plus de cela, un pas d’une signification réellement révolutionnaire, qui marque de manière ouverte la Tchécoslovaquie du sceau de la République populaire. Afin que le pouvoir politique reste dans les mains du Front National, c’est-à-dire dans les mains du Bloc des ouvriers, paysans, artisans et commerçants et des intellectuels travailleurs, il faut qu’il soit cimenté par des mesures économiques d’envergure.

Il doit y avoir la garantie que les cercles auparavant dominant ne puissent pas mener une seconde fois la nation et l’État à la catastrophe. L’interdiction des partis réactionnaires ne suffit pas en soi. La grande bourgeoisie traître doit également être économiquement désarmée.

Cela a été réalisé par une large nationalisation de l’industrie, des banques et des assurances. Ont été nationalisés de manière planifiée l’ensemble des mines, de l’électricité et du gaz, les grandes entreprises du reste de ce qui touche à l’énergie, tout comme l’ensemble du secteur privé des banques et des assurances. Il existe encore à côté de ce secteur nationalisé de l’économie un large secteur privé, formé des petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et du commerce.

La grande action de la nationalisation n’a pas été présentée par le Parti Communiste comme une mesure socialiste, comme une abolition du capitalisme, mais comme une nécessité nationale et démocratique au renforcement de la République, pour garantir l’existence nationale du peuple tchèque et slovaque, comme une mesure pour la punition des criminels de guerre et des traîtres, et la nationalisation a été en ce sens comprise et unanimement appuyée par le peuple.

La réforme agraire qui a été réalisée poursuivait avant tout l’objectif de faire passer l’ensemble des terres en possession allemande dans les mains des paysans, paysans sans terre et ouvriers agricoles tchèques.

C’était en même temps un coup contre les traîtres et les collaborateurs des rangs des grands propriétaires terriens, car eux aussi ont été expropriés sans dédommagement. La révolution en Tchécoslovaquie a été nationale, antifasciste et démocratique. Elle a été nationale, parce que le pouvoir est de nouveau passé des mains des oppresseurs allemands (et hongrois) au peuple tchèque et slovaque.

Elle a été antifasciste, parce que les occupants consistaient en le fascisme allemand (et hongrois). Elle a été démocratique, parce qu’elle s’est également dirigée contre les soutiens autochtones aux occupants, c’est-à-dire contre la réaction tchèque et slovaque, qu’elle a attaqué ses positions de pouvoir politiques et économiques.

Comme la révolution était nationale, elle devait évidemment être anti-allemande et anti-hongroise. Il est nécessaire de politiquement comprendre cela, afin que soient comprises les mesures prises en Tchécoslovaquie contre les minorités allemande et hongroise.

La grande majorité des Allemands des Sudètes et également une grande partie de la population hongroise ont joué en 1938 et durant les années d’occupation le rôle de cinquième colonne.

Ils ont soutenu le fascisme allemand et hongrois contre le peuple tchèque et slovaque. La conséquence qu’en ont tiré les Tchèques et les Slovaques est qu’ils ne voulaient plus vivre avec la minorité allemande et hongroise et ont exigé leur expulsion. Cette exigence a également été approuvée à la conférence de Potsdam par les trois grandes puissances.

La grande question liée à celle de l’expulsion des Allemands était celle de savoir si le gouvernement tchécoslovaque serait en mesure de peupler de manière suffisante les territoires aux frontières avec des ouvriers, paysans et artisans tchèques, afin que l’activité des entreprises continue et que les sols soient cultivés.

Aujourd’hui, on peut dire que cette tâche a été réalisée avec succès, car dans les territoires des Sudètes il y a déjà presque deux millions de Tchèques venus de l’intérieur du pays. La grande œuvre du peuplement a été rendu possible grâce à l’excellente activité du Parti Communiste ; sans le Parti cela n’aurait pas été possible.

Le Parti a montré une grande sagesse étatique dans la résolution de la question slovaque, c’est-à-dire dans le règlement des rapports nationaux entre Tchèques et Slovaques.

La manière avec laquelle le fascisme hitlérien a utilisé la question slovaque non résolue en 1938/1939 est connue ; elle avait comme but de séparer les Slovaques des Tchèques, par la formation d’un État – marionnette slovaque « autonome ».

Le peuple slovaque a cependant prouvé par son soulèvement en 1944 qu’il n’était pas d’accord avec cet « État » et ce régime, qu’il voulait ensemble avec le peuple tchèque la renaissance de la République tchécoslovaque.

Cela a donné la possibilité au Parti Communiste de faire triompher devant les autres partis et l’ensemble du peuple tchèque une résolution de la question nationale en apparence simple, en réalité cependant la seule juste : la reconnaissance que les Slovaques forment une nation tout comme les Tchèques, que la Tchécoslovaquie libérée doit être un État de deux nations avec les mêmes droits, que les Slovaques gouvernent en Slovaquie et les Tchèques dans les régions tchèques, et que chaque question d’État qui concerne la République commune doit être résolue dans un mutuel accord.

Six années d’occupation et la guerre hitlérienne ont causé de lourds dégâts économiques à la Tchécoslovaquie. Rien que les dégâts directement provoqués par la guerre, même s’ils sont bien moins importants que dans d’autres pays (comme la Pologne, la Yougoslavie), concernent 50 milliards de couronnes ; les dégâts relevant du pillage économique concernent une somme par contre éminemment plus grande.

La reconstruction de l’économie a été un des principaux problèmes de la République libérée. Et le Parti Communiste a été en première ligne également dans cette tâche. Il a expliqué aux masses que les difficultés économiques ne pourraient être surmontées que par le travail impliqué et plein de sacrifices de toute la nation. Que ce n’est que par le travail qu’il serait possible d’en revenir au niveau de vie d’avant-guerre.

L’initiative du Parti a été de mobiliser, pour une participation de toutes leurs forces à la reconstruction économique, les organisations syndicales, les conseils d’entreprises, les commissions nationales, le associations paysannes, les associations de jeunesse.
Un mouvement stakhanoviste s’est développé dans les mines, dans beaucoup d’entreprises se sont formées des commissions de productions avec les ouvriers et les ingénieurs, des centaines de milliers de travailleurs ont travaillé bénévolement le dimanche.

Par une réforme monétaire déterminée et par une régulation des prix et salaires, l’inflation fut évitée et le salaire réel maintenu. De tous les pays d’Europe centrale et d’Europe du sud-ouest, la Tchécoslovaquie est au premier rang en ce qui concerne la reconstruction de l’économie.

Par le vote de confiance obtenu par le Parti Communiste aux élections parlementaires ont été encore renforcés sa position de plus fort parti du peuple travailleur et de parti guide du gouvernement et de l’État. Ce n’est pas immérité. Cela a été conquis par un travail exemplaire pour le peuple travailleur, pour l’ensemble de la nation et pour la République.

Aux yeux des masses populaires, le Parti Communiste est aujourd’hui la force qui permet la réalisation du développement démocratique continu de l’État, la sécurité de la République, l’ordre démocratique et une vie meilleure pour toutes les couches du peuple travailleur. Pour le Parti, il n’y avait ainsi aucune obligation de modifier les fondements de sa politique et de son programme après les élections.

Il propose toujours le maintien et le renforcement du Front National qui est l’expression politique pour le Bloc social des ouvriers, des paysans, des artisans et commerçants et des intellectuels.

Ce bloc, qui s’est développé dans la lutte de libération nationale, a fait ses preuves lors de la première année de la République, et il est nécessaire de le maintenir dans la période de reconstruction. Le nouveau gouvernement formé après les élections parlementaires est de nouveau un gouvernement du Front National, établi sur la base d’un programme concret, que réaliseront ensemble tous les partis présents au gouvernement.

Le nouveau programme gouvernemental est un développement prolongé du premier programme, du programme de Kosice, et contient les points fondamentaux suivants : Un plan de deux ans de reconstruction économique de la République, la modernisation et la décentralisation de la construction administrative étatique où les commissions nationales doivent obtenir encore plus de droits, la réalisation d’une réforme fiscale, la continuation de l’épuration dans la vie publique, l’organisation accélérée de l’économie nationalisée et l’élaboration des éléments essentiels d’une nouvelle constitution afin d’ancrer les conquêtes et progrès de la démocratie populaire jusque-là.

Il y a au sein du Front National un travail en commun très étroit entre le Parti Communiste et le Parti Social-démocrate.

Les deux partis incarnent l’influence de la classe ouvrière dans le Front National, et par leur travail en commun amical et étroit ils amènent à faire adéquatement valoir le pouvoir et l’influence de la classe ouvrière. La classe ouvrière tchécoslovaque a compris qu’il fallait mettre en place des rapports tels avec les autres couches populaires, en particulier à la paysannerie et les travailleurs intellectuels, que soient renforcées les relations amicales qui se sont produites pendant la guerre.

Les intérêts de la classe ouvrière ne sont nullement opposés aux intérêts des autres couches travailleuses. La classe ouvrière ne s’est pas limité à représenter ses intérêts de classe, mais a également représenté les exigences de la paysannerie, des artisans et commerçants, des intellectuels et au-delà de l’ensemble de la nation et de l’État.

Elle a prou vé qu’elle représente les intérêts du peuple et de l’État de meilleure manière que la classe dominante précédente. La réaction avait une longue expérience de gouvernement.

La classe ouvrière n’avait pas une chose telle. Mais elle a appris à gouverner et elle a très rapidement appris. Et, aujourd’hui, la classe ouvrière tchécoslovaque, ensemble avec les autres couches populaires travailleuses, conduit l’État de manière meilleure que nulle part ailleurs la bourgeoisie.

=>Retour au dossier sur les démocraties populaires

Constitution de la République Populaire de Pologne (1953)

La République Populaire de Pologne est une république du peuple travailleur. La République Populaire de Pologne continue les plus nobles traditions progressistes du peuple polonais et met en pratique les idées libératrices des masses travailleuses polonaises.

Le peuple travailleur de Pologne, sous la direction de l’héroïque classe ouvrière, et s’appuyant sur l’alliance des ouvriers et des paysans, a lutté pendant des dizaines d’années pour se libérer de l’asservissement national imposé par les annexionnistes et colonisateurs prussiens, autrichiens et russes, de même qu’il a lutté pour l’abolition de l’exploitation des capitalistes et des grands propriétaires fonciers polonais.

Pendant l’occupation, le peuple polonais a mené une lutte héroïque et inflexible contre la sanglante invasion hitlérienne.

La victoire historique de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques sur le fascisme a libéré le territoire polonais, a permis au peuple travailleur polonais de prendre le pouvoir et a créé les conditions de la renaissance nationale de la Pologne frontières nouvelles et justes. Les Territoires Recouvrés sont à jamais revenus à la Pologne.

En réalisant les principes mémorables du Manifeste du Comité Polonais de Libération Nationale du 22 Juillet 1944, et en développant son programme, le pouvoir populaire — grâce aux efforts créateurs et pleins de dévouement du peuple travailleur polonais, dans la lutte contre la résistance acharnée des débris de l’ancien régime des capitalistes et des grands propriétaires fonciers — a accompli de grandes transformations sociales.

A la suite des luttes et des changements révolutionnaires, le pouvoir des capitalistes et des grands propriétaires fonciers a été aboli, l’Etat de démocratie populaire a été consolidé, un nouveau régime social, conforme aux intérêts et aux aspirations des masses travailleuses les plus larges, se forme et s’affermit. Les principes juridiques de ce régime sont déterminés par la Constitution de la République Populaire de Pologne.

L’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie laborieuse est la base du pouvoir populaire actuel en Pologne. Dans cette alliance le rôle dirigeant appartient à la classe ouvrière, en tant que classe d’avant-garde de la société, qui se fonde sur les conquêtes révolutionnaires du mouvement ouvrier polonais et international, sur les expériences historiques de l’édification socialiste victorieuse dans l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, le premier Etat des Ouvriers et des Paysans.

Fidèle à la volonté de la nation polonaise et conformément à sa mission, la Diète Législative de la République de Pologne adopte solennellement la présente Constitution en tant que loi fondamentale que la nation polonaise et tous les organes du pouvoir du peuple travailleur polonais doivent observer afin de:

– consolider l’Etat populaire en tant que force fondamentale assurant l’épanouissement le plus complet de la nation polonaise, son indépendance et sa souveraineté; accélérer le développement politique, économique et culturel de la Patrie, ainsi que l’accroisse-ment de ses forces;

– approfondir les sentiments patriotiques, l’unité et la cohésion du peuple polonais dans la lutte pour l’amélioration continue des rapports sociaux, pour la suppression complète de l’exploitation de l’homme par l’homme, pour la réalisation des grandes idées du socialisme;

– resserrer l’amitié et la coopération entre les nations, sur la base de l’alliance et de la fraternité qui unissent aujourd’hui le peuple peuples épris de paix, dans leur commune: rendre impossible l’agression et consolider la paix mondiale.

CHAPITRE 1.

REGIME POLITIQUE

Article 1.

1. La République Populaire de Pologne est un Etat de démocratie populaire.

2. Le pouvoir dans la République Populaire de Pologne appartient au peuple travailleur des villes et des campagnes.

Article 2.

1. Le peuple travailleur exerce le pouvoir d’Etat par ses représentants à la Diète de la République Populaire de Pologne et aux Conseils du Peuple, élus au suffrage universel, égal, direct et au scrutin secret.

2. Les représentants du peuple à la Diète et aux Conseils du Peuple sont responsables devant leurs électeurs et peuvent être révoqués par eux.

Article 3.

La République Populaire de Pologne:

1) veille à la protection des conquêtes du peuple travailleur polonais des villes et des campagnes garantit son pouvoir et sa liberté contre les forces hostiles au peuple;

2) assure le développement et l’accroissement constant des forces productives du pays par son industrialisation, par la liquidation du retard économique, technique et culturel;

3) organise l’économie planifiée, en s’appuyant sur les entreprises qui constituent la propriété sociale;

4) limite, élimine et liquide les classes sociales qui vivent de l’exploitation des ouvriers et des paysans;

5) garantit le relèvement constant du bien-être, de l’état de santé et du niveau culturel des masses populaires;

6) assure l’épanouissement général de la culture nationale.

Article 4.

1. Les lois de la République Populaire de Pologne sont l’expression des intérêts et de la volonté du peuple travailleur.

2. La stricte observation des lois de la République Populaire de Pologne est le devoir fonda-mental de chaque organe de l’Etat et de chaque citoyen.

3. Tous les organes du pouvoir et de l’administration d’Etat agissent conformément à la loi.

Article 5.

Tous les organes du pouvoir et de l’administration d’Etat se basent dans leur activité sur la coopération consciente et active des masses populaires les plus larges et sont tenus:

1) de rendre compte au peuple de leur activité:

2) d’examiner attentivement et de prendre en considération, conformément aux lois en vigueur, les justes propositions, les réclamations et les voeux exprimés par les citoyens;

3) d’expliquer aux masses laborieuses les buts fondamentaux et les lignes directrices de la politique du pouvoir populaire dans les divers domaines de l’activité administrative, économique et culturelle.

Article 6.

Les forces armées de la République Populaire de Pologne veillent à la sauvegarde de la souveraineté et de l’indépendance de la nation polonaise, de sa sécurité et de la paix.

CHAPITRE 2.

REGIME SOCIAL ET ECONOMIQUE

Article 7.

1. La République Populaire de Pologne, s’appuyant sur les moyens de production, d’échange, de communication et de crédit socialisés, développe la vie économique et culturelle du pays sur la base du plan économique national, en particulier par l’extension de l’industrie socialiste d’Etat, facteur, décisif dans la transformation des rapports sociaux et économiques.

2. L’Etat détient le monopole du commerce extérieur. 3. Le but fondamental de la politique économique planifiée de la République Populaire de Pologne est le développement constant des forces productives du pays, le relèvement continu du ni-veau ide vie des masses laborieuses, la consolidation de la force, de la capacité de défense et de l’indépendance de la Patrie.

12 Constitution de la République Populaire de Pologne

Article 8.

Les biens de la nation: les richesses du sous_soi les eaux, les forêts domaniales, les mines, les routes, les chemins de fer, les transports par eau et par air, les Postes, Télégraphes et Téléphones les banques, les établissements industriels d’État, les exploitations agricoles d’Etat et les station; d’Etat de machines agricoles, les entreprises commerciales d’Etat, les entreprises et les installations communales, sont l’objet des soins particuliers et de la protection de l’Etat et de tous les citoyens.

Article 9.

1. La République Populaire de Pologne renforce d’une manière planifiée l’union économique entre la ville et la campagne, sur la base de la coopération fraternelle des ouvriers et des paysans.

2. Dans ce but, la République Populaire de Pologne assure l’accroissement constant de la production de l’industrie d’Etat, qui sert à pourvoir pleinement aux besoins de production et de con-sommation de la population rurale, tout en influant en même temps et conformément au plan, sur l’accroissement constant de la production agricole marchande, qui approvisionne l’industrie en matières premières et la population des villes en denrées alimentaires.

Article 10.

1. La République Populaire de Pologne protège les exploitations agricoles individuelles des paysans travailleurs et leur accorde son assistance afin de les défendre contre l’exploitation capitaliste, d’augmenter la production, d’élever le niveau de la technique agricole et d’accroître le bien-être des paysans.

2. La République Populaire de Pologne accorde son appui particulier et son assistance pleine et entière aux coopératives agricoles de production qui se constituent selon le principe de la libre adhésion, en tant que formes d’exploitation collective. Grâce à l’application des méthodes les plus efficientes de la culture en commun et à la mécanisation du travail, l’exploitation collective permet aux paysans travailleurs de réaliser un tournant dans la production et constitue un moyen de supprimer complètement l’exploitation de l’homme par l’homme à la campagne, ainsi que d’effectuer un relèvement rapide et considérable de son bien-être et de son niveau culturel.

3. Les formes principales de l’appui et de l’assistance de l’Etat aux coopératives agricoles de production sont: les stations d’Etat de machines agricoles, permettant d’appliquer une technique moderne, ainsi que le crédit d’Etat à taux avantageux.

Article 11.

La République Populaire de Pologne favorise le développement des diverses formes du mouve-ment coopératif à la ville et à la campagne et lui accorde son assistance pleine et entière dans l’accomplissement de ses tâches, elle assure en particulier son aide et sa protection à la propriété coopérative en tant que propriété sociale.

Article 12.

La République Populaire de Pologne reconnaît et protège, en vertu des lois en vigueur, laproprié-té individuelle et le droit d’héritage de la terre, des bâtiments et autres moyens de production appartenant aux paysans, aux artisans et aux travailleurs à domicile.

Article 13.

La République Populaire de Pologne garantit l’entière protection ainsi que le droit d’héritage de personnelle des citoyens.

Article 14.

1. Le travail est pour chaque citoyen un droit, un devoir et une question d’honneur. Par son travail, par l’observation de la discipline du travail, par l’émulation au travail et le perfectionnement des méthodes de travail, le peuple travailleur des villes et des campagnes consolide la force et la puissance de la Patrie, accroît la prospérité de la nation et accélère la réalisation complète du régime socialiste.

2. Les travailleurs de choc sont entourés de l’estime générale de la nation.

3. La République Populaire de Pologne applique dans une mesure toujours plus large le principe: « De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail ».

CHAPITRE 3.

ORGANES SUPERIEURS DU POUVOIR D’ETAT

Article 15.

1. La Diète de la République Populaire de Pologne est l’organe supérieur du pouvoir d’Etat.

2. La Diète, en tant qu’expression suprême de la volonté du peuple travailleur des villes et des campagnes réalise les droits souverains de la nation.

3. La Diète adopte les lois et exerce le con-trôle de l’activité des autres organes du pouvoir et de l’administration d’Etat.

Article 16.

1. Les députés à la Diète sont élus par les citoyens dans le cadre des circonscriptions électorales à raison d’un député par 60.000 habitants.

2. La Diète est juge de la validité de l’élection des députés. 3. Aucun député ne peut être poursuivi en justice ni arrêté, sans l’assentiment de la Diète, et dans l’intervalle des sessions de la Diète, sans l’assentiment du Conseil d’Etat.

Article 17.

1. La Diète délibère en sessions. Les sessions de la Diète sont convoquées par le Conseil d’Etat, au moins deux fois par an. Le Conseil d’Etat est également tenu de convoquer une session à la demande écrite du tiers des députés.

2. La première session de la Diète nouvellement élue doit être convoquée dans un délai d’un mois à dater du jour des élections.

Article 18.

1. La Diète élit parmi ses membres un Président, des vice-présidents et des commissions.

2. Le Président, ou le vice-président qui le supplée, dirige les débats et veille sur le cours des travaux de la Diète.

3. Les débats de la Diète sont publics. La Diète peut décider de se réunir en séance secrète, si l’intérêt de l’Etat l’exige.

4. L’ordre des travaux de la Diète, la nature et le nombre des commissions sont déterminés par le règlement adopté par la Diète.

Article 19.

1. La Diète vote les plans économiques nationaux pour des périodes de plusieurs années.

2. La Diète vote chaque année le budget de l’Etat.

Article 20.

1. L’initiative des lois appartient au Conseil d’Etat, au gouvernement et aux députés.

2. Les lois votées par la Diète sont signées par le Président et le Secrétaire du Conseil d’Etat. La publication d’une loi au Journal des Lois est ordonnée par le Président du Conseil d’Etat.

Article 21.

La Diète peut nommer une commission pour examiner une question déterminée. La compétence et le mode de fonctionnement de la com-mission sont fixés par la Diète.

Article 22.

Le Président du Conseil des Ministres ou les ministres respectifs sont tenus de fournir, dans un délai de sept jours, une réponse à l’interpellation d’un député.

Article 23.

1. La Diète est élue pour une durée de quatre ans.

2. Le Conseil d’Etat ordonne les élections à la Diète, un mois au plus tard avant l’expiration de la législature, en fixant la date des élections à un jour férié, et dans le courant des deux mois qui suivent l’expiration de la législature.

Article 24.

1. La Diète, lors de sa première séance, élit parmi ses membres le Conseil d’Etat, composé comme suit:

le Président du Conseil d’Etat,
quatre vice-présidents,
le Secrétaire du Conseil d’Etat,
neuf membres.

2. Le Président et les vice-présidents de la Diète peuvent être élus au Conseil d’Etat en qualité de vice-présidents ou de membres.

3. Après l’expiration de la législature, le conseil d’Etat demeure en fonction jusqu’à l’élection d’un nouveau Conseil d’Etat par la Diète nouvellement élue.

Article 25.

1. Le Conseil d’Etat:

1) ordonne les élections à la Diète;

2) convoque les sessions de la Diète;

3) établit l’interprétation des lois obligatoire pour tous;

4) rend des décrets ayant force de loi;

5) nomme et rappelle les représentants plénipotentiaires de la République Populaire de Pologne dans les autres Etats;

6) reçoit les lettres de créance et de rappel des représentants diplomatiques des autres Etats, accrédités auprès du Conseil d’Etat;

7) ratifie et dénonce les traités internationaux;

8) nomme aux postes civils et militaires prévus par les lois;

9) décerne les décorations et confère les ordres et les titres honorifiques;

10) exerce le droit de grâce;

11) remplit toutes les autres fonctions du Conseil d’Etat prévues par la Constitution ou qui lui sont attribuées en vertu des lois.

2. Le Conseil d’Etat dans toute l’étendue de son ‘activité est subordonné à la Diète.

3. Le Conseil d’Etat fonctionne sur la base du travail collectif de ses membres.

4. Le Conseil d’Etat est représenté par son Président ou par le vice-président qui le supplée.

Article 26.

1. Dans l’intervalle des sessions de la Diète, le Conseil d’Etat rend des décrets ayant force de loi. Le Conseil d’Etat soumet les décrets à l’approbation de la Diète, lors de sa prochaine session.

2. Les décrets rendus par le Conseil d’Etat sont signés par le Président et le Secrétaire du Conseil d’Etat. La publication d’un décret au Journal des Lois est ordonnée par le Président du Conseil d’Etat.

Article 27.

Le Conseil d’Etat exerce le contrôle supérieur sur les Conseils du Peuple. Les attributions du Conseil d’Etat dans ce domaine sont précisées par la loi.

Article 28.

1. La proclamation de l’état de guerre ne peut être décidée qu’en cas d’agression militaire con tre la République Populaire de Pologne ou dans la nécessité d’exécuter les engagements découlant des traités internationaux de défense mutuelle contre l’agression. Une telle décision est prise par la Diète, ou, dans l’intervalle des sessions de la Diète, par le Conseil d’Etat.

2. Le Conseil d’Etat peut proclamer la loi martiale sur tout ,ou partie du territoire de la République Populaire de Pologne, si des considérations de défense ou de sécurité de l’Etat l’exigent. Le Conseil d’État peut, pour les mêmes raisons, proclamer la mobilisation partielle ou générale.

CHAPITRE 4.

ORGANES SUPERIEURS DE L’ADMINISTRATION D’ETAT

Article 29.

1. La Diète nomme et révoque le Gouverne-ment de la République Populaire de Pologne — le Conseil des Ministres ou les ministres individuellement.

2. Dans l’intervalle des sessions de la Diète, le Conseil d’Etat, sur proposition du Président du Conseil des Ministres, nomme et révoque ales membres du Conseil des Ministres. Le Conseil d’Etat soumet sa décision à la Diète pour approbation, lors de sa prochaine session.

Article 30.

1. Le Conseil des Ministres est l’organe exécutif et administratif supérieur du pouvoir d’Etat.

2. Le Conseil des Ministres est responsable et rend compte de son activité devant la Diète, et, dans l’intervalle des sessions de la Diète, devant le Conseil d’État.

Article 31.

Le Conseil des Ministres est composé comme suit: le président du Conseil des Ministres, les vice-présidents du Conseil des Ministres, les ministres, les présidents des commissions et des comités déterminés par la loi et exerçant les fonctions d’organes supérieurs de l’administration d’Etat.

Article 32.

Le Conseil des Ministres:

1) coordonne l’activité des ministres et des autres organes qui lui sont subordonnés, et dirige leurs travaux;

2) adopte et soumet à la Diète le projet du budget annuel de l’Etat, adopte et soumet à la Diète le projet du plan économique national pour une période de plusieurs années;

3) adopte les plans économiques nationaux annuels;

4) assure l’exécution des lois;

5) veille sur l’exécution du plan économique national et du budget de l’Etat;

6) présente à la Diète un rapport annuel sur l’emploi du budget de l’Etat;

7) assure le maintien de l’ordre public, protège les intérêts de l’Etat et les droits des citoyens;

8) en vertu des lois et pour en assurer l’exécution, prend des arrêtés et des décisions et veille sur leur exécution;

9) assume la ,direction d’ensemble dans le domaine des relations avec les Etats étrangers;

10) assume la direction d’ensemble dans le domaine de la défense du pays et de l’organisation des forces armées de la République Populaire de Pologne et fixe chaque année le contingent de citoyens appelés au service militaire actif ;

11) dirige le travail des présidiums des Conseils du Peuple.

Article 33.

1. Les ministres dirigent des secteurs déterminés de l’administration d’Etat. La compétence des ministres est déterminée par les lois.

2. Les ministres prennent des arrêtés et des dispositions dans le cadre des lois, et en vue de leur exécution.

3. Le Conseil des Ministres peut abroger les dispositions et les arrêtés pris par un ministre.

CHAPITRE 5

ORGANES LOCAUX DU POUVOIR D’ETAT

Article 34.

1. Les Conseils du Peuple sont les organes lo-caux du pouvoir d’Etat dans les communes, les villes, les quartiers des villes importantes, les districts et les voïvodies. 2. Les Conseils du Peuple sont élus par la population pour une durée de trois ans.

Article 35.

Les Conseils du Peuple expriment la volonté du peuple travailleur et développent son initiative créatrice et son activité afin d’accroître les forces, la prospérité et la culture de la nation.

Article 36.

Les Conseils du Peuple renforcent les entre le pouvoir d’Etat et le peuple travailleur des villes et des campagnes, faisant participer à la direction de l’Etat des couches toujours plus larges de travailleurs.

Article 37.

Les Conseils du Peuple dirigent, dans les limites de leur compétence, l’activité économique sociale et culturelle, en reliant les besoins locaux aux tâches générales de l’Etat.

Article 38.

Les Conseils du Peuple sep réoccupent constamment des besoins et des intérêts quotidiens de la population, combattent toute manifestation d’arbitraire et toute attitude bureaucratique à l’égard des citoyens, exercent et élargissent le contrôle social de l’activité de l’administration, des entreprises, des établissements.

Article 39.

Les Conseils du Peuple veillent au maintien de l’ordre public et au respect de la légalité populaire, protègent la propriété sociale, garantissent les droits des citoyens, coopèrent au renforcement de la capacité de défense et de la sécurité de l’État.

Article 40.

Les Conseils du Peuple mettent en valeur toutes les ressources et possibilités locales -pour le développement général, économique et culturel du territoire, pour la satisfaction de plus en plus large des besoins de la population en matière d’approvisionnement et des services d’utilité publique, de même que pour l’extension des établissements communaux, d’enseignement, de culture, de santé et de sport.

Article 41.

Les Conseils du Peuple adoptent les plans économiques locaux et les budgets locaux.

Article 42.

1. Les Conseils du Peuple délibèrent en sessions.

2. Les organes exécutifs et administratifs des Conseils du Peuple sont les présidiums élus par eux.

3. Le présidium du Conseil du Peuple relève du Conseil du Peuple qui l’a élu, ainsi que du présidium du Conseil du Peuple de l’échelon supérieur.

Article 43.

Les Conseils du Peuple nomment des commissions pour les divers domaines de leur activité. Les commissions des Conseils du Peuple maintiennent une liaison constante et étroite avec la population, la font participer à la réalisation des tâches du Conseil, exercent le contrôle social au nom du Conseil du Peuple et présentent des pro-positions au Conseil et à ses organes.

Article 44.

1. Le Conseil du Peuple annule la décision du Conseil de l’échelon inférieur ou de son présidium, si cette décision est contraire à. la loi ou si elle n’est pas conforme à la ligne fondamentale de la politique de l’Etat.

2. Le présidium du Conseil du Peuple peut suspendre l’exécution de la décision du Conseil du Peuple de l’échelon inférieur et soumettre la question à la prochaine session de son Conseil.

Article 45.

La composition détaillée, la compétence et le mode de fonctionnement des Conseils du Peuple et de leurs organes sont précisés par la loi.

CHAPITRE 6.

TRIBUNAUX ET PARQUETS,

Article 46.

1. Dans la République Populaire de Pologne la justice est rendue par la Cour Suprême, par les tribunaux de voïvodie, par les tribunaux de district et par les tribunaux spéciaux.

2. L’organisation et la compétence des tribunaux ainsi que la procédure judiciaire sont déterminées par la loi.

Article 47.

Les tribunaux rendent la justice au nom de la République Populaire de Pologne.

Article 48.

Les tribunaux veillent à la sauvegarde du régime de la République Populaire de Pologne, protègent les conquêtes du peuple travailleur de Pologne, la légalité populaire, la propriété sociale et les droits des citoyens, ils châtient les criminels.

Article 49.

L’audition et le jugement des affaires dans les tribunaux ont lieu avec la participation d’assesseurs populaires, à l’exception des cas prévus par la loi.

Article 50.

1. Les juges et les assesseurs populaires sont élus.

2. Le mode d’élection ainsi que la durée du mandat des juges et des assesseurs des tribunaux de voïvodie et de district sont déterminés par la loi.

3. Le mode de nomination des luges des tribunaux spéciaux est déterminé par la loi.

Article 51.

1. La Cour Suprême est l’organe judiciaire supérieur ; elle contrôle l’activité judiciaire de tous les autres tribunaux.

2. Le mode d’exercice du contrôle par la Cour Suprême est déterminé par la loi.

3. La Cour Suprême est élue par le Conseil d’Etat pour une durée de cinq ans.

Article 52.

Les juges sont indépendants et n’obéissent qu’à la loi.

Article 53.

1. Les débats dans tous les tribunaux de la République Populaire de Pologne sont publics. Une loi peut déterminer des exceptions à ce principe.

2. Le droit de défense est garanti à l’accusé. L’accusé a droit à un défenseur de son choix ou désigné d’office.

Article 54.

1. Le Procureur Général. de la République Populaire de Pologne protège la légalité populaire, veille à la protection de la propriété sociale, assure le respect des droits des citoyens.

2. Le Procureur Général veille en particulier à la poursuite des crimes menaçant le régime, la sécurité et l’indépendance de la République Populaire de Pologne.

3. La compétence et le mode d’activité du Procureur Général sont déterminés par la loi.

Article 55.

1. Le Procureur Général de la République Populaire de Pologne est nommé et révoqué par le Conseil d’Etat.

2. Le mode de nomination et de révocation des procureurs subordonnés au Procureur Général, ainsi que les principes d’organisation et de fonctionnement des organes du Parquet, sont déterminés par la loi.

3. Le Procureur Général rend compte devant le Conseil d’Etat du fonctionnement du Parquet.

Article 56.

Les organes du Parquet sont subordonnés au Procureur Général de la République Populaire de Pologne, et, dans l’exercice de leurs fonctions, sont indépendants des organes locaux.

CHAPITRE 7.

DROITS ET DEVOIRS FONDAMENTAUX DES CITOYENS

Article 57.

La République Populaire de Pologne, en affermissant et en multipliant les conquêtes du peuple travailleur, consolide et élargit les droits et les libertés des citoyens.

1. Les citoyens de la République Populaire de Pologne ont droit au travail, c’est-à-dire à un emploi rémunéré selon la quantité et la qualité du travail fourni.

2. Le droit au travail est assuré par: la propriété sociale des moyens fondamentaux de production, le développement à la campagne d‘une structure sociale coopérative exempte de toute exploitation, l’accroissement planifié des forces productives, l’élimination des causes des crises économiques et la suppression du chômage.

Article 59.

1. Les citoyens de la République Populaire de Pologne ont droit au repos.

2. Le droit au repos est assuré aux ouvriers et aux employés par: la réduction légale de la journée de travail , grâce à l’application de la journée de huit heures, ou de moins de huit heures dans les cas prévus par la loi, l’établisse-ment de jours fériés légaux, les congés payés annuels.

3. L’organisation des vacances, le développe-ment du tourisme, des stations !climatiques, des aménagements sportifs, des maisons de la culture, des clubs et des foyers, des parcs et autres aménagements créent les possibilités d’un repos sain et culturel pour des couches toujours plus larges des travailleurs des villes et des campagnes.

Article 60.

1. Les citoyens de la République Populaire de Pologne ont droit à la protection de la santé et à l’assistance en cas de maladie ou d’incapacité de travail.

2. Ces droits sont assurés dans une mesure toujours plus large par:

1) le développement des assurances sociales des ouvriers et des employés en cas de maladie, de vieillesse et d’incapacité de travail, ainsi que par le développement des diverses formes d’assistance sociale;

2) le développement de la protection de la santé publique, organisée par l’Etat, le développement de l’équipement sanitaire et l’amélioration des conditions sanitaires dans les villes et les campagnes, l’amélioration constante des conditions de la sécurité et de l’hygiène du travail, une vaste action pour prévenir et combattre les maladies, l’extension systématique de l’assistance médicale gratuite, le développement du réseau des hôpitaux, des sanatoriums, des dispensaires, des centres médicaux ruraux, l’assistance aux invalides.

Article 61.

1. Les citoyens de la République Populaire de Pologne ont droit à l’instruction.

2. Le droit à l’instruction est assuré dans une mesure toujours plus large par:

1) l’enseignement primaire général, gratuit et obligatoire;

2) le développement constant de l’enseignement secondaire, général et professionnel, ainsi que de l’enseignement supérieur;

3) l’aide de I’Etat pour le perfectionnement professionnel des citoyens employés dans les entreprises industrielles et autres établissements à la ville et à la campagne;

4) le système des bourses d’Etat, la multiplication des internats et des maisons d’étudiants, ainsi que d’autres formes d’aide matérielle aux enfants des ouvriers, des paysans travailleurs, des employés et des intellectuels.

Article 62.

1. Les citoyens de la République Populaire de Pologne ont le droit de bénéficier des acquisitions de la culture et de participer activement au développement de la culture nationale.

2. Ce droit est assuré dans une mesure toujours plus large par: le développement et la mise à la portée du peuple travailleur des villes et des campagnes des bibliothèques, des livres, de la presse, de la radio, des cinémas, des théâtres, des musées et des expositions, des maisons de la culture, des clubs et des foyers, ainsi que par l’appui et l’encouragement donnés à l’activité créatrice des masses populaires et au développement des talents.

Article 63.

La République Populaire de Pologne encourage le développement général de la science, basée sur le patrimoine de la pensée humaine d’avant-garde et de la pensée polonaise progressiste, d’une science au service de la nation.

Article 64.

La République Populaire de Pologne encourage le développement de la littérature et des arts, exprimant les besoins et les aspirations de la nation et répondant aux meilleures traditions progressistes de la culture polonaise.

Article 65.

La République Populaire de Pologne protège en particulier l’intelligence créatrice — les travailleurs de la science, de l’enseignement, de la littérature et de l’art ainsi que les pionniers du progrès technique, les rationalisateurs et les inventeurs.

Article 66,

1. Dans la République Populaire de Pologne la femme a des droits égaux à ceux de l’homme dans tous les domaines de la vie publique, politique, économique, sociale et culturelle.

2. L’égalité des droits de la femme est garantie par:

1) des droits égaux à ceux de l’homme quant au travail et au salaire, selon le principe « à travail égal, salaire égal », le droit au repos, aux assurances sociales, à l’instruction, aux charges honorifiques et aux décorations, à l’exercice des fonctions publiques ;

2) la protection de la mère et de l’enfant, payés avant et après l’accouchement, le développement du réseau des maternités, des crèches et des jardins d’enfants, le développement du réseau des services d’utilité publique, des cantines et des restaurants.

Article 67.

1. La République Populaire de Pologne accorde aide et protection au mariage et à la famille. L’Etat entoure d’une sollicitude particulière les familles nombreuses.

2. La naissance hors du mariage ne restreint pas les droits de l’enfant.

Article 68.

La République Populaire de Pologne protège avec un soin particulier l’éducation de la jeunesse et lui assure les plus larges possibilités de développement.

Article 69.

1. Les citoyens de la République Populaire de Pologne jouissent de droits égaux, indépendamment de la nationalité, de la race et de la confession, dans tous les domaines de la vie publique, politique, économique, sociale et culturelle. La violation de ce principe par l’établissement de privilèges quels qu’ils soient, directs ou indirects, ou par la restriction des droits en raison de la nationalité, de la race ou de la confession est passible de punition.

2. Il est interdit de propager la haine ou le mépris, de semer la discorde ou d’humilier un homme en raison des différences de nationalité, de race ou de confession.

Article 70.

1. La République Populaire de Pologne garantit aux citoyens la liberté de conscience et de confession. L’Eglise et les autres unions confessionnelles peuvent librement exercer leurs fonctions religieuses. Il est interdit d’empêcher les citoyens de prendre part à l’exercice du culte ou aux rites religieux. Il est également interdit d’astreindre qui que ce soit à prendre part à l’exercice du culte ou aux rites religieux.

2. L’Église est séparée de l’Etat. Les principes qui régissent les rapports de l’Etat et de l’Église, ainsi que la situation juridique des unions confessionnelles et de leurs biens, sont déterminés par les lois.

3. L’abus de la liberté de conscience et de confession dans le but de porter atteinte aux intérêts de la République Populaire de Pologne est passible de punition.

Article 71.

1. La République Populaire de Pologne garantit aux citoyens la liberté de parole, de la presse, des réunions et des meetings, des défilés et des manifestations.

2. L’exercice de ces libertés est assuré par la mise à la disposition du peuple travailleur et de ses organisations des imprimeries, des stocks de papier, des salles et des édifices publics, des Postes, Télégraphes et Téléphones, de la radio et des autres moyens matériels indispensables.

Article 72.

1. Dans le but de développer l’activité politique, sociale, économique et culturelle du peuple travailleur des villes et des campagnes, la République Populaire de Pologne garantit aux citoyens le droit d’association.

2. Les organisations politiques, les syndicats, les unions de paysans travailleurs, les unions coopératives, les organisations de jeunesse, les organisations de femmes, les organisations sportives et de défense, les associations culturelles, techniques et scientifiques, de même que les autres organisations sociales du peuple travailleur groupent les citoyens en vue de leur participation active à la vie politique, sociale, économique et culturelle.

3. Il est interdit de créer des associations et de participer à des associations, dont le but ou l’activité portent atteinte au régime politique et social ou à l’ordre légal de la République Populaire de Pologne.

Article 73.

1. Les citoyens ont le droit d’adresser des plaintes et des réclamations à tous les organes de l’Etat.

2. Les plaintes et les réclamations des citoyens doivent être examinées et réglées rapidement et équitablement. Ceux qui retardent l’examen des plaintes et des réclamations des citoyens et se comportent en bureaucrates indifférents, en seront rendus responsables.

Article 74.

1. La République Populaire de Pologne garantit aux citoyens l’inviolabilité de la personne. Un citoyen ne peut être privé de la liberté que dans les cas déterminés par la loi. Toute personne arrêtée doit être libérée si, dans les quarante-huit heures qui suivent son arrestation, la décision du tribunal ou du procureur, ordonnant son arrestation, ne lui a pas été remise.

2. L’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance sont garantis par la loi. La perquisition à domicile n’est admise que dans les cas déterminés par la loi.

3. La confiscation des biens ne peut avoir lieu que dans les cas prévus par la loi, en vertu d’un arrêt définitif.

Article 75.

La République Populaire de Pologne accorde le droit d’asile aux citoyens des pays étrangers persécutés pour la défense des intérêts des mas-ses travailleuses, la lutte pour le progrès social, l’activité en faveur de la paix, la lutte de libération nationale, ou à cause de leur activité scientifique.

Article 76.

Chaque citoyen de la République Populaire de Pologne est tenu d’observer les prescriptions de la Constitution et des lois ainsi que la discipline socialiste du travail, de respecter les règles de la vie sociale et de remplir consciencieusement ses devoirs envers l’Etat.

Article 77.

1. Chaque citoyen de la République Populaire de Pologne est tenu de protéger la propriété sociale et de la consolider, en tant que base inébranlable du développement de l’Etat et en tant que source de la richesse et de la puissance de la Patrie.

2. Les personnes qui commettent un acte de sabotage, de diversion, de malfaisance, ou qui, d’une autre manière, portent atteinte à la propriété sociale, sont punies selon toute la rigueur de la loi.

Article 78.

1. La défense de la Patrie est le devoir sacré de chaque citoyen.

2. Le service militaire est un devoir patriotique d’honneur des citoyens de la République Populaire de Pologne.

Article 79.

1. La vigilance à l’égard des ennemis du peuple et la stricte observation du secret d’Etat sont un devoir pour chaque citoyen de la République Populaire de Pologne.

2. La trahison de la Patrie: espionnage, affaiblissement des forces armées, passage à l’ennemi — est punie selon toute la rigueur de la loi comme le pire forfait.

CHAPITRE 8.

PRINCIPES DU DROIT ELECTORAL

Article 80.

Les élections à la Diète et aux Conseils du Peuple ont lieu au suffrage universel, égal, direct, et au scrutin secret.

Article 81.

Chaque citoyen ayant atteint l’âge de dix-huit ans a le droit de vote, sans distinction de sexe, de nationalité ou de race, de confession, de degré d’instruction, de délai de résidence, d’origine sociale, de profession ou de situation matérielle.

Article 82.

Chaque citoyen ayant atteint l’âge de dix-huit ans peut être élu au Conseil du Peuple; chaque citoyen ayant atteint l’âge de vingt et un ans peut être élu à la Diète.

Article 83.

Les femmes jouissent de tous les droits électoraux à l’égal des hommes.

Article 84.

Les militaires jouissent de tous les droits électoraux à l’égal de tous les citoyens.

Article 85.

Ne jouissent pas des droits électoraux: les personnes atteintes de maladies mentales ainsi que les personnes privées des droits civiques en vertu d’un arrêt judiciaire.

Article 86.

Les candidats à la Diète ou aux Conseils du Peuple sont présentés par les organisations politiques et sociales, qui groupent les citoyens des villes et des campagnes.

Article 87.

Les députés et les membres des Conseils du Peuple sont tenus de rendre compte aux électeurs de leur travail et de l’activité de l’organe auquel ils ont été élus.

Article 88.

Le mode de présentation des candidatures et de l’organisation des élections, ainsi que k mode de révocation des députés et des membres des Conseils du Peuple sont déterminés par la loi.

CHAPITRE 9.

EMBLEME, COULEURS ET CAPITALE DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE POLOGNE

Article 89.

1. L’emblème de la République Populaire de Pologne représente un aigle blanc sur champ rouge.

2. Les couleurs de la République Populaire de Pologne sont le blanc et le rouge.

3. Les détails sont déterminés par la loi.

Article 90.

La capitale de la République Populaire de Pologne est Varsovie — ville des traditions héroïques du peuple polonais.

CHAPITRE 10.

REVISION DE LA CONSTITUTION

Article 91.

La modification de la Constitution ne peut avoir lieu qu’en vertu d’une loi. de la Diète de la République Populaire de Pologne, adoptée à la majorité des deux tiers au moins et en présence de la moitié au moins du nombre total des députés.

=>Retour au dossier sur les démocraties populaires

SED : la nature de la RFA et la RDA (1952)

Extrait du discours de Wilhelm Pieck, le 9 juillet 1952, lors du deuxième congrès du SED (Parti Socialiste de l’Unité).

Nous voulons conserver une solide fidélité à la bannière de Marx – Engels – Lénine – Staline et réaliser de manière conséquente les conseils du grand Staline sur la nécessité d’assurer l’amitié entre les peuples. (Applaudissements tempétueux)

En Allemagne de l’est, après la libération par l’armée soviétique, ont été tirées les leçons de la catastrophe où le fascisme hitlérien avait amené l’Allemagne. Les forces démocratiques et amoureuses de la paix ont mené une politique de paix, de reconstruction de l’économie pacifique et d’amitié entre les peuples.

En Allemagne de l’ouest par contre, avec l’aide du pouvoir d’occupation américain, anglais et français, a été réétabli la domination des messieurs des monopoles et des bureaucrates fascistes, la politique hitlérienne de revanche reprise, la haine contre les autres peuples multipliée et une politique de préparation à la guerre menée.

En quoi consiste la différence entre le développement en République Démocratique Allemande et en Allemagne de l’ouest?

1. Dans la République Démocratique Allemande, l’ordre antifasciste – démocratique s’est développé, où la classe ouvrière a le rôle dirigeant, en alliance avec la paysannerie travailleuse et les intellectuels travailleurs.

La République Démocratique Allemande se tient fermement dans le camp de la paix, de la démocratie et du socialisme, et profite du soutien fraternel de l’Union soviétique et des pays de démocratie populaire, tout comme des couches progressistes de la population des pays capitalises. (Forts applaudissements)

2. La République Démocratique Allemande est libérée de l’esclavage impérialiste. Il n’y a dans la République Démocratique Allemande plus de monopole capitaliste ni de grands propriétaires terriens.

Les terres des grands agrariens et junkers sont passés aux mains des paysans travailleurs. Toutes les richesses du pays, les usines, les ateliers, les lignes ferroviaires, appartiennent au peuple et non pas aux exploiteurs capitalistes.

3. La République Démocratique Allemande a rétabli, grâce aux performances des travailleurs, en un tempo rapide l’économie de paix, et s’est posée une vie heureuse du peuple par les grandes tâches de reconstruction du plan quinquennal.

Les causes des crises économiques ont été liquidées, il ne peut plus y avoir de chômage. Lever le niveau de vie des ouvriers, des paysans travailleurs et des intellectuels est une loi de notre développement.

Le revenu populaire de notre pays ne sert pas l’enrichissement d’une poignée de capitalistes et de grands propriétaires terriens, mais la réalisation de notre grand travail de construction et l’élévation du bien-être de l’ensemble du peuple.

4. La République Démocratique Allemande a la possibilité de la construction sans empêchement de la défense nationale. Les organes de pouvoir de notre État comme la police, la justice, la sécurité d’État, sont au service des intérêts des ouvriers, des paysans et de l’ensemble de la population travailleuse.

Dans tous ces organes étatiques, les membres de la classe ouvrière ont les fonctions décideuses entre les mains.

5. Toutes les conquêtes de la culture, de la science et de la technique sont mis à la disposition des masses travailleuses.

L’ancien monopole de la formation de la classe capitaliste dominante a été liquidé, et chaque ouvrier, chaque paysan travailleur, chaque membre des intellectuels, et leurs enfants ont les possibilités illimitées de développer leurs facultés, d’acquérir des formations.

6. Le développement de la République Démocratique Allemande est d’une grande utilité et d’une importance décisive pour la réunification de l’Allemagne, pour la formation d’une Allemagne unie, indépendante, démocratique et aimant la paix.

La République Démocratique Allemande est le bastion de la lutte de libération nationale du peuple allemand contre l’impérialisme et ainsi en même temps un fondement de la lutte pour une Allemagne unie, démocratique, amie de la paix et indépendante.

7. L’Allemagne de l’ouest se développe dans les conditions de l’esclavage national par l’impérialisme américain, qui est établi dans le pacte séparé de Bonn [petite ville à côté de Cologne devenant la capitale de l’Allemagne de l’ouest].

Les occupants américains, anglais et français ont aidé les militaristes et impérialistes ouest-allemands à rétablir leur pouvoir, et préparent une dictature militaire.

8. Les usines, les ateliers, les banques, les lignes ferroviaires, les richesses du pays, appartiennent en Allemagne de l’ouest aux grands capitalistes, aux Krupp, aux Flick, aux Pferdmenges, aux Vögler, aux Zangen et compagnie, dans la mesure où ils ne sont pas tombés dans les mains avides des monopolistes américains, anglais et français.

Plus de la moitié de la surface des terres agricoles et des forêts appartiennent en Allemagne de l’ouest aux grands propriétaires terriens et aux junkers. Le gouvernement Adenauer représente les intérêts de cette clique de grands capitalistes et de grands propriétaires terriens, qui poursuivent des buts impérialistes, pillards.

9. Les ouvriers et paysans d’Allemagne de l’ouest souffrent ainsi du double joug des grands capitalistes et grands propriétaires terriens étrangers et ouest-allemands.

Le travail des travailleurs sert avant tout à l’enrichissement d’une poignée d’exploiteurs. Le revenu de ces exploiteurs grands capitalistes dépasse du double le revenu des millions d’ouvriers et d’employés d’Allemagne de l’ouest.

10. L’Allemagne de l’ouest se voit enlever, par les interventions régulières des occupants américains, la possibilité de développer son économie de paix et d’organiser ses forces nationales de défense pour la défense du pays.

Les impérialistes américains et ouest-allemands mènent un réarmement fiévreux, dans l’objectif de la transformation de l’Allemagne de l’ouest dans la base militaire principale des États-Unis en Europe.

Par là, suivant les indications des ministres de Bonn, les dépenses de l’Allemagne de l’ouest pour l’Armée des États-Unis en Europe sont plus hautes que celles nécessaires pour la formation d’une propre armée.

11. L’Allemagne de l’ouest a une armée de réserve de précisément trois millions de chômeurs et de travailleurs temporaires, qui en raison de la crise générale du capitalisme et des possibilités réduites de commerce de l’Allemagne de l’ouest sur le marché mondial, n’ont pas la perspective de trouver un emploi fixe.

L’abaissement régulier du niveau de vie des ouvriers, des paysans travailleurs et des intellectuels est une des caractéristiques principales du développement en Allemagne de l’ouest. Le chômage par millions est un moyen des capitalistes pour pressuriser les salaires et décimer la force de combat de la classe ouvrière.

12. En Allemagne de l’ouest, les Américains mènent une lutte ouverte contre la culture nationale du peuple allemand, contre les traditions humanistes dans la littérature et dans l’art, et tentent de chasser l’héritage culturel allemand par la non-culture américaine du type gangster.

13. L’appareil étatique de pouvoir en Allemagne de l’ouest est dans les mains des forces réactionnaires d’Allemagne de l’ouest et sert au maintien des positions de pouvoir des capitalistes étrangers et ouest-allemands et à l’oppression du mouvement de libération populaire en Allemagne de l’ouest.

C’est avec tous les moyens qu’en Allemagne de l’ouest le gouvernement de Bonn a empêché une décision sur la réunification de l’Allemagne de l’ouest et de la République Démocratique Allemande, par des élections libres d’une assemblée nationale panallemande, avec comme but l’établissement d’un État allemand uni, indépendant, démocratique et aimant la paix.

Malgré toute la terreur, la grande majorité de la population a exprimé sa volonté par les mots d’ordre : « Pour un accord de paix ! », « Les Allemands réunis à une même table ! », « Mettons fin à l’accord général et au gouvernement Adenauer ! ».

La population d’Allemagne de l’ouest se tient devant la nécessité de développer largement la lutte de libération nationale, afin d’amener à sa réalisation, par la chute du gouvernement Adenauer et par l’union de toutes forces patriotiques, la réunification de l’Allemagne, contre la volonté des impérialistes. (Forts applaudissements)

En Allemagne de l’ouest, les Américains et les Anglais tentent d’empoisonner la vie du peuple par la propagande revanchiste et le bourrage de crâne guerrier, mais la population se rend toujours davantage compte que la lutte pour un accord de paix pour la solution pacifique de la question allemande correspond à ses intérêts.

De la différence dans la situation, dans les rapports de force politiques, il s’ensuit que, bien que les deux partis ouvriers d’Allemagne de l’ouest et de l’est, le KPD et le SED, mènent ensemble la lutte pour la paix et l’unité de l’Allemagne, les conditions de lutte et les tâches dans les deux parties de l’Allemagne sont différents.

=>Retour au dossier sur les démocraties populaires

Boleslaw Bierut : la lutte pour la paix est inséparable de la lutte pour la réalisation du plan de six ans

En Pologne, la lutte pour la paix est inséparable de la lutte pour la réalisation du plan de six ans

Discours de clôture prononcé à à la VIe Session Plénière du C.C. du Parti Ouvrier Unifié, 1951

Pourquoi posons nous dans la situation internationale actuelle la question du Front National au premier plan de la lutte pour la paix et pour le Plan de six ans? Nous le faisons pour les raisons suivantes :

Premièrement : la situation internationale actuelle — alors que l’impérialisme mobilise toutes ses forces pour une nouvelle agression nous impose de nouvelles tâches importantes et exige la plus grande concentration de tous nos efforts et la mobilisation de toutes nos réserves.

Deuxièmement: l’agression impérialiste menace les conquêtes et les acquisitions des masses laborieuses, l’existence même de la nation polonaise et son indépendance.

Troisièmement: la situation nous fait un devoir de renforcer notre Parti politiquement, afin d’augmenter considérablement son activité et ses capacités de mobilisation.

Quatrièmement : trempée par les luttes des dernières dizaines d’années, notre classe ouvrière par l’exercice de la dictature du prolétariat, transforme la physionomie de la nation et peut l’entraîner à sa suite dans la lutte pour la paix et pour le Plan de six ans.

Voilà pourquoi notre Parti représentant les aspirations historiques et la lutte de la classe ouvrière, et qui est devenu aujourd’hui la force principale de la nation, fait appel à la nation tout entière, lui demandant d’intensifier la lutte pour la paix et le Plan de six ans et d’élever le niveau de cette lutte.

On pourrait demander pourquoi nous ne limitons pas le mot d’ordre de Front National uniquement à la lutte pour la paix.

Pourquoi l’appel au Front National s’unit pour nous non seulement à la lutte pour la paix, mais aussi à la réalisation du Plan de six ans ?

La lutte pour la paix est, en effet, une lutte pour la défense de l’indépendance de la Pologne, car l’impérialisme américain fait marcher de pair ses projets d’agression en Europe avec la reconstitution de l’armée hitlérienne et, par des plans d’une nouvelle attaque dirigée contre la Pologne, s’efforce d’encourager les Allemands de l’Ouest à participer à une guerre.

Dans ces conditions, le Front National de lutte pour la défense de la paix et de l’indépendance est nécessaire et justifié.

Mais pourquoi lier le mot d’ordre de Front National avec celui de la réalisation du Plan de six ans, base de notre édification du socialisme ?

En effet, n’y a-t-il pas chez nous des gens, et même toute une classe — les koulaks, qui ne veulent pas du socialisme ? Des hésitations de ce genre ne seraient pas justes.

On ne peut séparer la lutte pour la paix de la lutte pour la réalisation du Plan de six ans,dans nos conditions, la lutte pour la paix, séparée et isolée du Plan de six ans, serait abstraite et vide de sens ou bien se réduirait tout au plus à des déclarations de propagande et au verbalisme.

Il est évident que dans nos conditions, une action se limitant uniquement à des déclarations, à des paroles, serait sans fondement, et ce fait me semble-t-il n’a même pas besoin d’être démontré.

Nous pouvons et nous devons associer le plus étroitement possible le mot d’ordre de Front National avec la lutte pour la paix — comprise d’une manière réaliste et non comme une déclaration verbale.

Nous devons l’associer avec la lutte pour la paix et l’indépendance nationale dont notre Plan de six ans est la garantie la plus sûre.

Le mot d’ordre de Front National, dans son sens le plus général, c’est à dire, dans le sens de la lutte de la nation pour la paix et le Plan de six ans, nous pouvons et nous devons le mettre en avant pour les raisons suivantes :

1. les changements sociaux qui ont déjà été accomplis et qui s’accomplissent actuellement sous l’égide de la classe ouvrière, le rôle, l’importance et l’autorité de la classe ouvrière dans l’Etat et dans la nation ont fait d’elle non seulement la force principale, mais aussi une force reconnue par l’énorme majorité de la nation, une force qui décide du sort de la nation et qui est responsable du sort de cette nation;

2. notre nation, édifiant le socialisme, c’est-à-dire réalisant les tâches historiques de la classe ouvrière, a changé — grâce à ces transformations historiques profondes — son contenu social est en train de devenir une nation socialiste.

Au cours de la discussion, des camarades ont formulé des craintes que le fait de mettre en avant le mot d’ordre de Front National ne provoque dans certains des rouages les plus faibles de notre Parti des déformations opportunistes lors de l’application pratique et de la réalisation de ce mot d’ordre, surtout dans les campagnes où par exemple l’action pour l’achat du blé a permis de constater par endroits une attitude conciliante vis-à-vis des koulaks.

Evidemment, le danger d’une déformation opportuniste des mots d’ordre et des directives du Parti existe et ceci non seulement dans les organisations rurales.

Mais il n’en résulte nullement que nous ne dussions mettre en avant des mots d’ordre justes, ni entreprendre des tâches importantes – bien que difficiles – ni élever le niveau de notre travail politique.

Ceci nous impose une lutte encore plus énergique et plus approfondie contre les déviations opportunistes et sectaires.

En luttant pour la paix, nous devons combattre plus fermement encore tous les symptômes de ces déviations, toutes les tentatives de simplifier la ligne de notre Parti ou de la faire dévier.

Il faut intensifier nos efforts pour faire comprendre à tous les militants de notre Parti que le mot d’ordre de Front National n’est en aucun cas synonyme « d’entente nationale » et ne signifie ni abandon, ni même atténuation de la lutte de classes.

Le mot d’ordre de Front National signifie que le niveau de la lutte de classes sera plus élevé, qu’elle sera menée dans des conditions plus favorables pour nous; il marque aussi le changement des méthodes de lutte politique appliquées jusqu’à présent, mais non des objectifs et des tâches fondamentales de cette lutte, qui doit permettre de réaliser la mission historique de la classe ouvrière, c’est-à-dire la victoire du socialisme.

Pour cette raison, il me semble, qu’il faut éviter des formules telles que « mot d’ordre stratégique », le changement stratégique signifiant, en effet, le changement des objectifs et des buts de la lutte. Au cours de la discussion des camarades ont critiqué à juste titre l’attitude sectaire de certains militants de notre Parti et des jeunesses, qui omettent fort souvent le mot « nation », habitués qu’ils sont à utiliser seulement le mot « prolétariat ».

Ils évitent le mot « patrie », alors qu’ils sont au service de cette patrie. Il faut faire prendre l’air à ces sectaires et aérer les têtes dans lesquelles se développent les microbes du sectarisme.

Il faut démontrer qu’ils sont restés en arrière, qu’ils ne parviennent pas à suivre les changements profonds qui s’accomplissent au sein de notre nation, et que ces soi-disant révolutionnaires, par suite de leurs dispositions psychiques, vivent encore à l’époque du capitalisme et de la bourgeoisie, et sont incapables de se rendre compte que cette époque est bien révolue.

C’est justement au cours d’une polémique avec de semblables « révolutionnaires », que le camarade Staline a écrit :

« Est-ce est difficile de comprendre qu’à la disparition du capitalisme les nations bourgeoises qu’il a engendrées devront disparaître?

Penseriez-vous que les vieilles nations, les nations bourgeoises, pourraient subsister et se développer en régime soviétique, sous la dictature du prolétariat? Il ne manquerait plus que cela encore… »

Et plus loin:

« Votre erreur réside justement en ce que vous ne voyez pas d’autres nations que les nations bourgeoises, et que, par suite, vous perdez entièrement de vue la période de création en Union soviétique de nations socialistes, nées sur les ruines des vieilles nations, des nations bourgeoises. »

Il faut toutefois éviter d’amoindrir le mot d’ordre du Front National, de le réduire aux seules formes extérieures, c’est-à-dire à l’emploi des mots: « nation », « patrie », « tradition nationale ». etc., sans associer ce mot d’ordre aux tâches concrètes et aux acquisitions ce des masses laborieuses.

Notre travail d’aujourd’hui, nos réalisations, ainsi que les tâches politiques, économiques et culturelles qui nous attendent élèvent le niveau des masses populaires et en même temps celui de toute la nation.

Faut-il souligner combien s’est développée notre classe ouvrière pendant les six dernières années, combien se sont élevées au-dessus de leur ancien niveau de vie nos masses paysannes, quels horizons nouveaux se sont ouverts à l’initiative créatrice de notre intelligentsia, de notre jeunesse, de nos femmes !

Ce sont eux qui représentent cette nation polonaise régénérée, en train de se trans-former en nation socialiste, et non la poignée de koulaks, de spéculateurs et de débris de la bourgeoisie, récalcitrants au changements sociaux; l’évolution de notre vie sociale et notre lutte politique incessante les tiendront à l’écart, jusqu’au moment, où ils ne seront plus qu’un souvenir historique.

Nous n’avons aucun besoin de nous entendre avec eux, de les neutraliser ou d’affaiblir la lutte contre leurs tendances â l’exploitation.

Nous devons les com-battre jusqu’ â les contraindre à renoncer d’eux-mêmes non seulement à toute résistance, mais aussi à leur manière de vivre basée sur la spéculation et l’exploitation.

L’affaiblissement de la lutte contre eux signifierait, précisément, que nous retardons notre évolution, ce dont nous a prévenus le camarade Staline — ses paroles ont été citées pendant la discussion par le camarade Cyrankiewicz.

Il ne nous est pas permis de ralentir notre rythme. Certains de nos camarades s’inquiètent et pensent : que fera le koulak lorsqu’il s’agira de lutter pour le Front National, sur quel rayon devrons-nous le ranger, pourrons-nous le tirer par les pans de sa veste vers le Front National?

Eh bien, il faut se le dire en toute clarté : la consolidation du Front National s’effectue dans les conditions de lutte contre les koulaks en tant classe.

Qu’obtenons-nous dans ce secteur en proclamant le mot d’ordre du Front National? Nous rendons plus difficile la situation politique des koulaks, nous pouvons les isoler davantage, nous sommes à même de briser plus efficacement leur résistance.

Par une pression morale et politique plus forte nous briserons leur résistance ou bien nous les obligerons à se soumettre et à exécuter loyalement les devoirs imposés par l’Etat.

Poursuivant notre offensive politique, nous restons maîtres de son rythme et de sa forme. Souvenons nous que le but du Front National consiste avant tout à renforcer notre union, à accroître nos forces, à gagner nos réserves sociales, c’est-à-dire les paysans travailleurs, l’intelligentsia et les petits bourgeois des villes.

Notre passé nous fournit de nombreuses raisons de fierté nationale. Nous devons savoir sortir de l’ombre de l’histoire ces acquisitions, ces hommes dont les talents, les efforts pleins d’abnégation et d’héroïsme doivent nous servir d’exemple à nous et à notre jeunesse car les classes qui étaient autrefois au pouvoir, ne montraient pas, le plus souvent, à la nation, ce qu’elle possédait de plus précieux, de plus valeureux, de plus progressif et de plus créateur.

Nous avons aussi toutes les raisons d’être fiers des changements actuels, des actions et des réalisations auxquelles participent des masses toujours plus grandes du peuple polonais, intensifiant et élevant les forces et les valeurs matérielles et spirituelles de notre nation, faisant surgir de nouveaux talents et de nouveaux héros, formant les meilleurs fils et les meilleurs patriotes de notre Patrie Populaire.

Nous ne devons pas oublier un seul instant que ce sont là les acquisitions de notre nation, en voie de devenir une nation socialiste.

Le mot d’ordre du Front National n’est pas pour ainsi dire un mot d’ordre, c’est plutôt un élargisse-ment et un enrichissement des moyens de notre travail politique, rendus possibles dans les conditions nouvelles de notre développement et de l’édification socialiste. Par conséquent ce mot d’ordre du Front National exige un niveau d’autant plus élevé du travail du Parti, de notre ‘travail social, et de notre travail pour l’Etat, en général.

Or, un niveau plus élevé du travail du Parti ne peut être concilié avec un relâchement quelconque, ni dans la lutte de classes, ni dans la discipline du Parti.

Le camarade Lénine a dit en 1921 : « Etre sentimental n’est pas un délit moins grave que de penser en temps de guerre uniquement à sauver sa peau. Qui s’écarte actuellement des règles de la discipline, permet aux ennemis de s’introduire dans son milieu. »

Nous devons donc élever le niveau de la discipline dans notre Parti et renforcer cette discipline, surtout en contrôlant plus efficacement la mise en oeuvre des décisions et des directives du Parti. Combien d’actualité sont aujour’hui pour nous les paroles de Lénine, qui enseignait aux militants chargés de la propagande et de l’éducation dans l’esprit du Parti, que l’ennemi numéros est la vanité communiste.

« La vanité communiste — disait Lénine — consiste à croire qu’étant membre du parti communiste et avant d’en être exclu on s’imagine pouvoir accomplir toutes les tâches par des décrets communistes.

Apprendre à avoir une conscience politique — voilà ce dont il s’agit, et nous n’avons pas encore réussi à l’apprendre et nous n’abordons pas encore cette question comme il conviendrait de le faire. »

La méthode fondamentale de notre travail de parti consiste à rendre les gens conscients de leur tâches et à les convaincre.

La force, l’autorité, l’influence idéologique et politique de notre Parti sont fondées sur l’union la plus étroite, l’union de tous les jours avec les masses laborieuses.

Seule une telle union permet aux mots d’ordre et directives du Parti de pénétrer dans les larges masses du peuple.

Les problèmes politiques et économiques, soulevés à cette session du Comité Central, exigent une liaison encore plus étroite avec les masses laborieuses, un effort encore plus énergique pour faire comprendre aux masses la ligne politique du Parti.

Ces tâches nécessitent un niveau plus élevé de notre travail du Parti en général.

Voici ce que la « Pravda » a écrit récemment au sujet des méthodes de travail du Parti et que l’on pourrait appliquer à tous nos militants:

« Le travail du Parti est une oeuvre vivante, créatrice qui ne supporte ni la bureaucratie sans âme ni le formalisme.

Les méthodes administratives de commandement que l’on ne peut concilier avec l’esprit même de notre Parti, lui sont étrangères.

Notre Parti est une organisation de combat, sachant penser, pleine d’initiative, vivant d’une vie réelle et créant du nouveau.

Un militant du Parti est un dirigeant politique, actif et soucieux de mettre en pratique la politique du Parti.

C’est un organisateur et un éducateur d’hommes.

Son devoir, sa vocation est de travailler avec les hommes, avec les cadres, de les former selon les idées du Parti de Lénine et de Staline. »

Pour éduquer les hommes, les instruire, les rendre conscients de leurs tâches, il faut élever son propre niveau, il faut s’instruire auprès des masses, vivre avec elles en les aidant à résoudre les difficultés de leur travail, partager leurs soucis et leurs préoccupations de tous les jours.

Si nos militants comprennent et adoptent cette méthode de travail de Parti, le niveau de ce travail s’élevèra certainement et en même temps grandira l’autorité du Parti parmi les larges masses.

Alors seulement notre Parti saura réaliser ce mot d’ordre fort difficile et comportant une grande responsabilité qu’est le Front National de lutte pour la paix et le Plan de six ans.

Notre nation se développe de même que grandit le rôle de notre Parti et que ses tâches augmentent.

Mais nous ne sommes pas seuls; en tant que nation, nous sommes un chaînon important du grand camp mondial de la paix ; nous sommes un Parti créé par le mouvement ouvrier guidé par une idéologie d’avant-garde et l’un de ses créateurs — le génial Staline.

Aussi aucun de nous ne saurait douter que notre Parti fera face aux tâches nouvelles qui l’attendent.

Certes, nous n’épargnons pas les critiques quand il s’agit de nos propres lacunes, de nos erreurs.

Mais n’oublions pas, que notre Parti grandit, que la plupart de ses organisations sont des organisations de combat, travaillant courageusement et se développant sans cesse, qu’elles ont su former des hommes admirables, donnant l’exemple du dévouement, de l’esprit de sacrifice, du patriotisme et de l’internationalisme. Un tel Parti saura garantir à notre nation l’indépendance et un succès total dans sa transformation en une des grandes nations socialistes.

=>Retour au dossier sur les démocraties populaires

Boleslaw Bierut : La lutte du peuple polonais pour la paix et le plan sexennal

La lutte du peuple polonais pour la paix et le plan sexennal

Rapport présenté au cours de la 6e session plénière du Comité Central du Parti Ouvrier Polonais Unifié, le 17 février 1951

La première année de notre grand Plan Sexennal, de notre plan de relèvement, de consolidation et de renforcement des forces politiques, économiques, culturelles et spirituelles de la Pologne Populaire, est écoulée.

Les tâches de cette première année ont été réalisées avec succès et considérablement dépassées par les travailleurs de notre pays.

Nous entrons actuellement dans la deuxième année de notre Plan Sexennal. Il n’est que juste qu’au seuil de cette année nous nous rappe-lions l’étendue, l’importance et le caractère des tâches qui nous attendent pendant cette deuxième année de notre plan qui, avec l’année suivante, est l’une des plus importantes car elle constituera l’étape décisive pour la réalisation de l’ensemble du Plan Sexennal et pour sa victoire.

Le camarade Mine va exposer, dans un rapport plus détaillé, les tâches que demande la réalisation de cette, partie extrêmement importante de notre économie planifiée.

Quant à moi, je voudrais esquisser certains, aspects de la situation politique, internationale et intérieure dans laquelle nous réalisons notre oeuvre d’édification des bases du socialisme, d’accroissement de nos forces de production et de consolidation de la paix mondiale.

En même temps, je voudrais attirer tout particulièrement votre attention sur le fait que la réalisation des tâches de notre grandiose Plan Sexennal, tout en multipliant nos forces de production, augmente le poids et l’importance de notre contribution nationale à l’oeuvre de consolidation de la paix poursuivie par toute l’humanité, à la lutte générale des peuples pour écarter la menace de la guerre.

De cette manière, nos tâches actuelles et urgentes en politique intérieure et dans l’économie, sont directement et indissolublement liées aux tâches d’importance vitale pour l’humanité tout entière, qui sont : la lutte pour assurer la paix et la liberté et pour paralyser l’agression impérialiste qui apporte aux peuples l’esclavage et l’extermination.

La lutte pour la paix, qui est aujourd’hui l’expression des désirs les plus ardents de toute l’humanité progressiste, rassemble sous le même drapeau des centaines de millions d’hommes. Ces hommes veulent défendre l’humanité devant la menace d’une nouvelle vogue de barbarie et de sauvagerie que la politique de l’impérialisme impose aujourd’hui au monde.

Répondant aux machinations bellicistes des agresseurs impérialistes, le mouvement puissant des défenseurs de la paix se développe et grandit dans tous les pays du monde.

Il n’est pas de peuple qui ne sache que la politique actuelle des impérialistes américains et de leurs vassaux s’efforce de précipiter le monde dans une nouvelle catastrophe, que cette politique signifie la préparation d’une nouvelle guerre mondiale, d’une nouvelle série de crimes.

C’est pourquoi la lutte pour la paix est aujourd’hui la tâche la plus importante de l’humanité entière, de chaque peuple et de chaque homme sachant qu’il faut prévenir les crimes des impérialistes, afin que l’humanité à avancer dans la voie du progrès.

Pour le peuple polonais les tâches de la lutte pour la paix sont très étroitement liées au Plan Sexennal, à ce plan qui doit arracher la Pologne à son retard séculaire, qui doit éliminer sa faiblesse économique —héritage de l’ancien régime des hobereaux et des capitalistes.

La lutte pour la paix et l’accomplissement du Plan Sexennal sont aujourd’hui les tâches fondamentales qui ont une importance décisive pour assurer et renforcer l’indépendance de notre peuple, multiplier ses forces et ses richesses et qui déterminent l’importance historique, le rôle et l’avenir de notre Patrie.

C’est dans une paix durable, dans l’alliance avec l’Union Soviétique et dans l’essor puissant des forces productrices du pays, multipliées par notre Plan Sexennal, que réside la source inépuisable et vivifiante de la force, la garantie de l’indépendance et de la souveraineté de la Pologne, le levier sûr et le moteur de l’histoire future de notre peuple.

C’est pour ces raisons qu’en parlant des aspects nouveaux de la situation internationale et intérieure, je voudrais attirer l’attention de l’Assemblée sur ces deux problèmes fondamentaux, bien que nous les ayons déjà considérés à maintes reprises.

En effet, c’est de ces deux questions essentielles que découlent nos nouvelles tâches politiques, économiques et d’organisation concrètes.

Ce qui préside à la réalisation de ces tâches, c’est la nécessité de mobiliser large-ment les efforts de toute la nation dans tous les secteurs de notre travail. Organiser un vaste Front National de lutte pour la paix et le Plan Sexennal — voilà comment on pourrait résumer ces tâches.

Toutefois, avant d’examiner plus avant les tâches qui nous attendent, essayons de faire un tour d’horizon de la situation internationale actuelle.

Le fait de concentrer notre attention sur les problèmes résultant de la situation internationale est aujourd’hui particulièrement important et indispensable pour les raisons suivantes:

1) dans la période actuelle, la situation internationale influe de plus en plus fortement sur les conditions intérieures politiques et économiques, culturelles et spirituelles de la majorité des pays du monde.

Dans les pays capitalistes, elle accentue les contradictions, dans lesquelles s’empêtre, se débat et étouffe le régime social pourri, basé sur l’exploitation, la violence et le brigandage.

Les agresseurs impérialistes troublent l’existence paisible des centaines de millions d’hommes, limitent de plus en plus les droits et les conditions d’existence des masses laborieuses, portent atteinte à l’indépendance politique des peuples et déchaînent impudemment l’agression armée contre les peuples asiatiques, qui se sont libérés du joug de l’esclavage.

Depuis près de huit mois, l’armée des pillards et des génocides dévaste le sol coréen, incendie les villes et les villages, déverse des millions de bombes et de projectiles sur les écoles et les hôpitaux, sur les maisons et sur les cités, assassine sans scrupules des centaines de milliers de femmes, d’enfants et de vieillards et plus d’une fois dans sa bestialité, surpasse les plus ignobles crimes des assassins hitlériens.

En proie à la soif de domination du monde, l’impérialisme américain est entré dans la voie des opérations militaires directes sur le territoire de l’Asie, et des préparatifs d’une agression en Europe.

Il organise, dans des proportions jamais encore égalées, la course armements, et oblige tous les pays européens marshallisés à y prendre part, en leur imposant son propre commandement militaire. Violant tous les accords internationaux, il impose la remilitarisation de l’Allemagne de l’Ouest, reconstitue la Wehrmacht hitlérienne, relâche les criminels de guerre emprisonnés, et les place à la tête des forces avec l’aide desquelles il voudrait réaliser ses plans d’agression.

Déchaînant la guerre en Corée, occupant l’île chinoise de Taïwan, violant la souveraineté territoriale de la République Populaire Chinoise, les impérialistes américains s’efforcent de cacher leurs activités agressives derrière le paravent de l’ONU et, dans ce but, exercent la pression la plus brutale sur tous les gouvernements qui leur sont financièrement et politiquement subordonnés.

Les fauteurs de guerre utilisent l’Organisation internationale, appelée à lutter contre la violence et l’agression — pour voiler l’agression la plus sauvage, le génocide le plus impitoyable et ils s’en servent en même temps comme d’un étendard.

Il n’est point besoin de prouver qu’une telle situation exige de tous ceux qui ont le sentiment de la responsabilité des destinées humaines et du progrès social une action contrecarrant les crimes impérialistes pour défendre la dignité humaine.

2) Dans la période actuelle, la situation internationale exerce aussi une influence de plus en plus grande sur la vie intérieure des pays qui se sont libérés des chaînes du capitalisme et édifient un régime social nouveau — le régime socialiste. Parmi ces pays se trouve également la Pologne.

Le développement de l’édification socialiste fait de notre pays qui, avant la guerre, était arriéré, pauvre, faible, dépendant des autres et réduit à la misère, un pays où l’industrie s’accroît et où la technique se perfectionne, un pays de tracteurs et de machines nouvelles, un pays puissant, où le travail créateur bat son plein, un pays augmentant rapidement son avoir national, élevant son niveau culturel, ses forces productrices et, par cela même son indépendance et son importance parmi les autres peuples.

S’il est quelque chose qui gêne le développement de plus en plus rapide de nos réalisations, c’est en premier lieu la menace des réarmements impérialistes, la menace des complications internationales, la menace d’une agression que les fauteurs de guerre préparent, fomentent et s’efforcent de provoquer, tantôt dans une partie du monde, tantôt dans une autre.

Il n’est point besoin de démontrer qu’il est du devoir de tous les pays, qui développent l’édification créatrice et pacifique sur la base d’une nouvelle économie socialiste grâce au pouvoir populaire et au nouveau régime social — de faire tout, afin de protéger leur édification pacifique devant la menace d’une agression impérialiste.

3) Les préparatifs impérialistes d’une nouvelle guerre, de nouveaux crimes contre l’humanité, s’effectuent non seulement par la mobilisation des forces, des moyens financiers, militaires et de production. Parallèlement aux préparatifs dans le domaine des réserves matérielles, est déclenchée une propagande de mensonges inouïe par ses proportions, une propagande dont le but est d’obscurcir et de tromper les esprits de millions de simples gens – victimes de ce crime. C’est là une méthode éprouvée et bien connue des brigands impérialistes; seules les formes et les moyens de duperie la perfidie, l’étendue et la concentration de la propagande du mensonge sont nouveaux. Et c’est pour cela, afin de rendre plus efficaces la lutte contre la guerre et l’action pour la défense de la paix, que nous devons suivre nous-mêmes, avec la plus grande attention, et la plus grande vigilance, l’évolution de la situation internationale.

Nous devons sans cesse et d’une manière compréhensible exposer aux plus larges masses populaires les causes réelles et l’origine des changements et des événements mondiaux, leur montrer les tendances et le rapport des forces qui déterminent la situation inter-nationale, définissent son orientation et ses perspectives.

I. LES CAUSES DE L’AGGRAVATION DE LA SIT UATION INTERNATIONALE

Il n’y a pas de doute, que depuis la IVème Session du CC pendant laquelle nous avons examiné les tendances et les dangers de la politique aventurière du camp impérialiste, la situation internationale s’est compliquée et est devenue encore plus tendue.

Où faut-il rechercher les causes de cette tension croissante? Les causes générales sont évidentes — elles résident dans l’agressivité croissante de l’impérialisme des Etats-Unis, elles découlent de leur tendance à la domination du monde.

L’impérialisme américain s’est développé, s’est enrichi et est arrivé à sa position prédominante actuelle parmi les Etats impérialistes, grâce aux pillages de guerre, grâce aux livraisons de matériel de guerre, en profitant des guerres se déroulant sur des territoires éloignés, et en s’assurant des bénéfices énormes dans ces guerres auxquelles il a participé, tout en se sachant bien en sécurité derrière les océans qui le séparaient des conséquences terribles qu’entraîne chaque guerre La guerre était pour les Etats-Unis une source de richesses et de puissance.

FAIRE LA GUERRE AVEC LES MAINS ET LE SANG D’AUTRUI — TELLE EST L’ORIENTATION DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

Les fomentateurs de guerre américains du XXème siècle organisent des guerres et y participent avant tout en tant qu’entrepreneurs, fournisseurs, « marchands de mort » et spéculateurs.

La participation des armées américaines dans les deux grandes guerres mondiales consistait à entrer dans la guerre dans sa phase finale afin d’y jouer, autant que possible sans encourir de risques, le rôle qui leur convenait le mieux.

Faire la guerre avant tout avec les mains et le sang d’autrui — voilà le principe stratégique de l’impérialisme américain. D’ailleurs, ce n’est pas uniquement le principe des Etats-Unis.

Nous savons qu’il a été égale-ment la règle de la politique de l’impérialisme britannique. A l’époque de Munich, c’est-à-dire à l’époque des préparatifs de la 2ème guerre mondiale, ce principe était celui des puissances impérialistes qui excitaient et encourageaient les agresseurs d’alors, les « pays de l’Axe » (Allemagne, Japon, Italie) — à une guerre contre l’URSS. Le camarade Staline disait alors que: « les provocateurs de guerre se sont habitués à tirer les marrons du feu avec les mains d’autrui ».

Ce principe gouverne aujourd’hui la politique des impérialistes américains dans leurs préparatifs d’une troisième guerre mondiale.

Les impérialistes américains, en réarmant, menaçant, incitant à la guerre et en terrorisant les pays européens et asiatiques asservis au point de vue financier, économique et politique, leur assignent avant tout le rôle de fournisseurs de chair à canon lors d’une nouvelle guerre mondiale, tout en se réservant la direction stratégique et politique.

Pourtant la question fondamentale que l’on se pose est la suivante : quel doit être le but de la prochaine guerre? L’agressivité de l’impérialisme américain ne peut s’expliquer uniquement par la soif de nouveaux bénéfices réalisés grâce à une guerre, bénéfices qui constitueraient une mine d’or pour l’oligarchie financière gouvernant aujourd’hui les Etats-Unis.

Evidemment, la soif de nouveaux bénéfices qu’une politique de paix ne pourrait jamais assurer dans les mêmes proportions que l’ont fait les deux guerres mondiales, est l’un des facteurs essentiels qui peuvent tenter les fomentateurs de guerre.

La cause fondamentale est pourtant non seulement la soif de nouveaux bénéfices, mais une raison bien plus importante pour l’impérialisme — en tant que système — cette raison est la soif de domination mondiale.

La tendance à dominer le monde, à s’approprier les débouchés mondiaux et les sources de matières premières, non seulement par la concurrence politique et économique, mais avant tout par des méthodes de domination par les armes, constitue de plus en plus nettement le caractère fondamental de l’impérialisme sous sa forme actuelle.

Cependant, les méthodes guerrières, non seulement ne suppriment pas les contradictions de l’économie mondiale impérialiste mais, au contraire, les approfondissent.

Le développement des pays capitalistes, à l’époque, que actuelle, comme l’a démontré Lénine dans son analyse de l’impérialisme, se poursuit d’une manière inégale, à travers des crises et des conflits internationaux, où les différents pays luttent pour supplanter leurs concurrents, pour s’assurer une nouvelle répartition des colonies, des marchés mondiaux, et des matières premières.

La politique de la concurrence pacifique se trans_ forme, infailliblement dans des conditions appropriées, en politique de concurrence par les méthodes de guerre, provoquant de nouveaux changements dans le système des forces et des influences des puissances impérialistes dans le monde.

La loi de l’inégalité du développement des pays capitalistes à l’époque de l’impérialisme est la cause des guerres impérialistes. La rivalité des grands blocs impérialistes, qui a con-duit à la première guerre mondiale en 1914 — a, par suite de cette guerre, écarté du champ de bataille des Etats impérialistes tels que l’Autriche-Hongrie et la Russie tsariste; elle a affaibli pour un temps assez long l’Allemagne et l’Italie, elle a grandement enrichi les Etats-Unis et le Japon, et elle a considérablement épuisé la Grande Bretagne et la France.

Mais en même temps, à l’issue de la première guerre mondiale, le système impérialiste dans son ensemble a subi une défaite irréparable et décisive. La Révolution Socialiste a arraché à l’exploitation impérialiste un sixième du monde, créant un Etat prolétarien, d’où est sorti vainqueur un nouveau régime social, le socialisme, Depuis ce temps, parallèlement aux crises économiques troublant périodiquement les processus économiques dans les pays du capitalisme, a commencé la période de la crise générale et de la décadence du système capitaliste.

L’intervention armée des 14 pays capitalistes dans les années 1917-21, tendant à étouffer la Révolution Socialiste, a été une tentative de consolidation armée du monde capitaliste contre l’URSS dans le but de rétablir l’exclusivité de la domination du régime capitaliste dans le monde. Cette tentative, comme nous le savons, s’est terminée par un échec.

Depuis la Grande Révolution Prolétarienne, l’économie mondiale se divise en deux systèmes dont le système socialiste se renforce sans cesse au point de vue politique, économique et culturel en développant de puissantes forces créatrices soda-les et en prouvant ainsi au monde entier son incontestable supériorité.

La création d’un Etat socialiste a exercé une grande influence sur le prolétariat du monde entier, a renforcé ses rangs, et a contribué à élever le niveau de sa lutte.

Le développement de ce pays, la coexistence fraternelle des peuples de l’URSS, le rythme rapide de l’accroissement de leur économie et de leur culture ont exercé une grande influence sur les peuples coloniaux, et ont éveillé des aspirations libératrices parmi les peuples asiatiques, surtout sur les territoires immenses de la Chine. Tous ces faits ont accentué la crise générale du capitalisme qui s’est exprimée par l’aggravation de ses contradictions intérieures.

Cependant sur ce fond de faiblesse générale du capitalisme, les Etats-Unis constituaient déjà pendant la période entre la première et la deuxième guerre mondiale « le centre principal de l’exploitation financière du monde entier ». (Staline).

Par la suite du développement inégal des pays capitalistes, les Etats-Unis ont dépassé leurs rivaux et sont devenus le banquier le plus puissant du monde capitaliste.

De quelle but manière et dans quel les Etats-Unis ont-ils mis a profit leur supériorité? La paternité de la conception de la « diplomatie du dollar » revient à l’ancien président des Etats-Unis William Taft.

D’après la conception de Taft et pour la résumer en quelques mots, le dollar représente la lutte pour la conquête du monde. Nous nous souvenons des paroles de Lénine: « Sur chaque dollar sont visibles des tâches de sang ».

La politique financière des Etats-Unis consistait principalement à financer la livraison d’armes dans toutes les parties du monde, même les plus éloignées, où avaient lieu des conflits armés, où coulait le sang des hommes, où se formaient des plans d’agression future.

Si le gouvernement et les soldats américains n’ont pas participé officiellement à telle ou telle autre guerre, le dollar a certainement participé à presque toutes les guerres qui ont eu lieu durant la seconde moitié du siècle dernier.

A la lumière de la politique rusée du dollar nous parvenons à comprendre pourquoi les Etats-Unis, après la première guerre mondiale à laquelle ils ont pris part en tant qu’adversaires prétendus de l’Allemagne, donnaient des capitaux si importants pour la reconstruction du potentiel militaire du Reich, et surtout pourquoi ils finançaient les préparatifs agressifs d’Hitler.

Pendant le procès des criminels de hitlériens à Nuremberg, Schacht réfutait les reproches qui lui étaient faits de la façon suivante:

« Pourquoi n’ont-ils pas donné (les Alliés) à la République de Weimar le dixième de ce qu’ils ont donné à Hitler » (tiré du journal de G. M. Gilbert, membre de la commission juridique alliée, sur la conversation avec Schacht – G. M. Gilbert « Nuremberg Diary », London, 1948 p. 91).

Les contre-arguments de Schacht ne sont pas privés de logique. Sur le banc des accusés à Nuremberg, à côté de Schacht, auraient dû se trouver les représentants de la diplomatie du dollar, ces inspirateurs qui finançaient les préparatifs d’agression d’Hitler.

Aujourd’hui, alors que les Américains, l’ont fait sortir de prison, Schacht comprend pourquoi les « alliés », non moins coupables que lui s’il s’agit de l’appui financier donné aux préparatifs de l’agression, ont été forcés par la pression de l’opinion publique, de le juger et de le punir. A l’issue de la guerre, une nouvelle situation s’est créée dont le fait saillant a été un nouveau rapport des forces mondiales.

Ce nouveau rapport des forces a fait entre autres que parmi les juges de Nuremberg se trouvaient les représentants de l’URSS.

Évidemment, Hitler et ses alliés n’étaient pas en règle avec leurs créanciers, ils ont abusé de leur confiance et ils les ont trompés ; ils ont dupé les politiciens de Munich, et n’ont pas respecté les accords conclus avec eux.

L’hitlérisme proclamait que ses préparatifs ont pour but la réalisation d’un « pacte antikomintern », ce qui voulait dire qu’ils étaient dirigés contre l’URSS.

A cette fin, une aide puissante lui était fournie par l’oligarchie financière des Etats-Unis, et il jouissait de l’appui de tous les « alliés » de la première guerre mondiale.

La preuve de cet appui était leur consentement à l’occupation de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie.

Cependant la conquête de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie a tourné la tête de Hitler, qui décida alors de subordonner l’Europe entière, afin de réaliser ensuite ses intentions de dominer le monde.

Ces dernières aspirations contrecarraient évidemment et sans aucun doute possible la mission que les Etats-Unis se réservaient exclusivement. L’attitude et la tactique des Etats-Unis pendant la deuxième guerre mondiale ne deviennent compréhensibles qu’à la lumière de cette rivalité de l’impérialisme américain tendant à dominer le monde.

Les Américains misaient sur la prolongation au maximum de la durée de la guerre, ainsi que sur l’épuise-ment des forces prenant une part active à la lutte, et se basaient sur la conviction que de l’issue de la guerre décidera celui, qui sera en possession des principaux atouts, qui disposera d’une réserve de forces militaires fraîches et non-épuisées, s’appuyant sur des arrières puissants par leurs capacités de production et n’ayant pas subi les méfaits de la guerre.

Ceci explique pour-quoi, pendant la dernière guerre guerre mondiale, la création du deuxième front fut retardée par les Anglo-Saxons jusqu’au moment où l’Armée Rouge avait déjà décidé en principe de la défaite des forces militaires hitlériennes, jusqu’au moment où il n’était plus douteux qu l’Armée Soviétique pourrait à elle seule obliger l’Allemagne à une capitulation entière, même si la création du deuxième front devait encore être retardée.

L’ AGRESSIVITE DE L’ IMPERIALISME AMERICAIN AUGMENTE LES CONTRADICTIONS DU SYSTEME CAPITALISTE

La deuxième guerre mondiale, qui a causé la mort de millions d’hommes, qui a causé des destructions et des pertes immenses à de nombreux peuples de l’Europe et, en premier lieu, à l’Union Soviétique et à la Pologne a été en même temps une nouvelle source de gains et de richesses pour les grands capitalistes américains, participant à cette guerre en qualité de banquiers et de fournisseurs, et cela par l’intermédiaire même et avec l’aide organisée de leur appareil d’État.

Il est donc difficile de s’étonner que, la guerre à peine ter-minée, alors que tous les peuples du monde plaçaient leurs espoirs dans une paix durable, des déclarations comme celle qui suit, pouvaient être faites au Congrès des Etats-Unis, dans une atmosphère d’approbation bienveillante:

« Nous avons dépensé pour la dernière guerre près de 450 milliards de dollars, dont 250 milliards constituent encore une dette due à l’Etat, que notre peuple doit payer en impôts.

Actuellement nous sommes prêts à mener une autre guerre dès que se présentera le moment opportun. » (Déclaration du président du Sous-Comité des Territoires et des Possessions Insulaires. Fred. I. Crawford à la 80ème session du Congrès des Etats-Unis, le 29 mai 1947).

Le cynisme d’une telle déclaration aurait dû provoquer le dégoût et l’horreur, mais les sentiments humains sont en général étrangers à un esprit dépravé par le culte du dollar.

Des milliards, des milliards de dollars… — voilà les paroles dont le charme étourdit les businessmen américains et étouffe en eux tout sentiment humain.

La guerre est un moyen miraculeux pour acquérir ces milliards de dollars ; les businessmen sont donc prêts à la guerre, favorable s’en présente. Ni le désespoir humain, ni les millions d’existences arrachées à la vie et les dizaines de millions de mutilés, ni les ruines des villes, ni les trésors inestimables de la culture humaine perdus à jamais ne peuvent les émouvoir.

Ils n’ont jamais été touchés eux-mêmes par ces douloureuses expériences, il les connaissent à peine d’après les récits ou les compte-rendus des journaux, et n’y sont pas sensibles. Ils ne réagissent qu’au bruit métallique ou au froisse-ment de papier du dollar.

Tel est l’état d’esprit « de dollar » des diplomates « du dollar », des banquiers, des milliardaires américains qui occupent aujourd’hui une position dominante dans le monde capitaliste. C’est le peuple américain qui paye en partie les frais de la guerre — mais pas eux. Les autres peuples doivent également payer une partie des frais.

Voilà pourquoi Monsieur Truman et ses collaborateurs disposent si facilement aujourd’hui de budgets de plusieurs milliards pour de nouveaux armements. Après la deuxième guerre mondiale, tous les concurrents capitalistes des Etats-Unis ont subi des défaites ou sont devenus plus ou moins dépendants du capital américain au point de vue politique, financier et économique.

Par suite de la loi de l’évolution inégale, un seul Etat impérialiste — les Etats-Unis — , a accédé à une position éminemment privilégiée, dominante au point de vue politique et économique et a acquis le monopole de certains secteurs. Ce nouveau rapport des forces dans le monde capitaliste a contribué à accentuer encore davantage les contradictions entre le monde du capitalisme et celui du socialisme. Le danger d’une guerre impérialiste contre l’URSS et les pays de démocratie populaire a donc grandi.

Ce phénomène signifie-t-il le renforcement du système économique capitaliste? Signifie-il sa consolidation? Bien au contraire — il signifie son affaiblissement et l’aggravation de ses contradictions intérieures.

Seuls les escrocs et les glorificateurs du capitalisme de tout genre, depuis les gangsters de Wall-Street jusqu’aux gangsters titistes, répandent le mensonge d’une consolidation du système impérialiste.

Ils y ajoutent même une « théorie » — où excellent surtout les sociaux-démocrates de droite — que si un Etat impérialiste a acquis une prépondérance marquée dans la rivalité des Etats impérialistes pour la possession des débouchés mondiaux, des sources mondiales de matières premières et des terrains coloniaux d’exploitation, il en résulte que le système capitaliste dans son en-semble a atteint, soi-disant, le point culminant de son évolution, qu’il est entré dans une nouvelle phase où l’économie capitaliste mondiale sera réglée dorénavant sans lutte pour la répartition du monde entre les blocs antagonistes d’Etat capitalistes, que de cette façon a été éliminée l’une des contradictions fondamentales qui auparavant minait dangereusement le monde capitaliste — c’est-à-dire la lutte des différents blocs capitalistes entre eux.

Cela ne rappelle-t-il pas les théories du « super-impérialisme » de Kautsky — tant à la mode après la première guerre mondiale, théories que les renégats de toutes sortes du socialisme et les apologistes de l’impérialisme américain s’empressaient de saisir au vol ?

La fausseté de ces piètres théories n’a-t-elle pas été démontrée une fois déjà lors de la mémorable crise de 1929 ?

A une autre époque, c’est-à-dire en décembre 1926, le camarade Staline, analysant le phénomène de nivellement dans l’évolution économique des pays capitalistes a écrit:

« Peut-on dire que l’amoindrissement de la différence de niveau dans l’évolution des pays capitalistes et le développe ment du nivellement de ces pays affaiblit la loi de l’évolution inégale dans le système impérialiste?

Non, on ne peut pas dire cela…

Le développement du nivellement n’est-il pas en contradiction avec l’accroissement de l’inégalité de l’évolution dans le système impérialiste? Non, il ne l’est pas.

Au contraire, le nivellement est justement le fond et la base sur laquelle l’accroissement de l’inégalité de l’évolution dans le système impérialiste est possible. »

Après 25 années, après l’affaiblissement considérable de l’impérialisme mondial est-il donc permis de dire que ces contradictions aient diminuées, aujourd’hui, à l’époque de la marshallisation et de « l’atlantisation » des Etats capitalistes ?

Au contraire, il est incontestable que ces contradictions vont en s’accentuant, par exemple quant il s’agit de la remilitarisation de l’Allemagne et du Japon, de matières premières, etc. Les nouvelles qui nous parviennent quotidiennement de la Grande Bretagne et de la France, de l’Italie et des Indes, de la Nouvelle-Zélande et de l’Indonésie en sont la preuve.

C’est à la base de faux raisonnements de ce genre qu’on a développé différentes théories cosmopolites dont les vieux apologistes du capitalisme du camp de la social-démocratie de droite se firent les propagateurs les plus fervents.

Le but caché de ces théories était la préparation du terrain, pour le « plan Marshall », car c’est justement au moment de la mise en application de ce « plan » qu’elles furent propagées avec un zèle tout particulier.

Quel fut cependant l’aspect de ce « plan Marshall » en face de la réalité crue de la vie, comment apparut-il à la lumière de la pratique et non plus à. celle des théories trompeuses?

Il s’est avéré que, sous le couvert de l’aide économique, ce plan assurait à l’oligarchie financière des Etats-Unis une forme d’exploitation particulièrement dure et d’allure semi-coloniale des pays qui avaient accepté ce plan, ou plutôt, auxquels il avait été imposé.

Le plan Marshall a démontré que le centre d’exploitation financière le plus important du monde capitaliste, c’est-à-dire, les Etats-Unis, dictent aux pays capitalistes des conditions qui, non seulement ne mènent pas à la consolidation de leur économie, mais au contraire, poussent cette économie dans un état de crise chronique; la désorganisent, la soumettent aux intérêts d’une poignée de milliardaires américains, et par conséquent, ne diminuent pas les contradictions entre les pays capitalistes, mais les accentuent.

La rivalité des Etats impérialistes dans la lutte pour s’assurer des terrains d’exploitation n’a nullement dis-paru, mais du fait de la prépondérance des Etats-Unis, elle se poursuit sous d’autres formes d’une manière plus cachée.

D’une part, les Etats-Unis tendent avec persévérance à s’emparer en Asie et en Afrique, des colonies appartenant aux pays marshallisés et, d’autre part, ils les obligent, avec non moins de persévérance, à participer à leurs plans de guerre et de conquêtes dirigés contre l’URSS et les pays de démocratie populaire.

Le Plan Marshall était précisément l’introduction et la préparation du Pacte Atlantique, c’est-à-dire du bloc de guerre de 12 Etats qui sont aujourd’hui obligés d’adapter leur production ) l’économie de guerre.

« …Que signifie, disait le camarade Staline au XVIIIe Congrès du PC(b) de l’URSS en 1939, engager l’économie nationale dans la voir de l’économie de guerre ? C’est orienter l’industrie dans un sens unique, vers la guerre ; c’est élargir par tous les moyens la production des objet, nécessaires à la guerre, production qui n’est pas liée à la consommation nationale; c’est rétrécir à l’extrême la production et surtout le ravitaillement du marché en objets de consommation; c’est restreindre, par conséquent, la consommation de la population et placer le pays en face d’une crise économique. » (Staline, Questions du Léninisme)

Le camarade Staline a prononcé ces paroles en pensant à l’économie de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon, Etats qui menaient à cette époque une politique d’agression à laquelle ils adaptaient l’économie de leurs pays.

Actuellement, suivant l’exemple des agresseurs fascistes et malgré leur fin honteuse, les Etats-Unis imposent une politique de guerre à tous les pays capitalistes placés sous leur dépendance et font entrer l’économie capitaliste du monde entier dans le cadre de l’économie de guerre.

Il est évident qu’ils exposent de cette façon l’économie des pays capitalistes à une crise éco mique terrible. no-Aujourd’hui déjà, les masses laborieuses des capitalistes y compris celles des Etats-Unis pays se ressentent des lourdes conséquences de cette politique de guerre.

La consommation de la population et l’approvisionnement du marché sont limités, non seulement par des mesures directes, comme c’est le cas en Grande Bretagne p. ex. où l’on a déjà réduit à plusieurs reprises les rations de viande et d’autres produits alimentaires, de même que les rations de charbon.

La consommation des masses laborieuses est limitée aussi par la hausse continue des prix, l’inflation, la diminution du pouvoir d’achat. En même temps on viole le droit des ouvriers à lutter pour l’augmentation de leurs salaires de plus en plus réduits.

Par l’augmentation des impôts, les emprunts de guerre, la dévaluation, la vie chère et les difficultés d’approvisionnement, cette politique de guerre met non seulement la classe ouvrière dans une situation difficile, mais également la masse des intellectuels, des paysans et des petits bourgeois.

Cette politique de guerre est en liaison étroite avec l’accroissement de la terreur policière envers les organisations ouvrières et progressistes.

Les méthodes purement fascistes de la persécution des membres du Parti Communiste aux Etats-Unis et dans les pays marshallisés en sont un exemple, de même que les interdictions et les limitations honteuses concernant les organisations internationales en France, l’attitude du gouvernement travailliste, qui ne lui fait pas honneur, envers le Congrès de la Paix qui devait avoir lieu à Sheffield, les furieuses campagnes des fauteurs de guerre de tout le plus admirable que l’histoire ait jamais connu. partisans de la paix, genre contre le mouvement des partisans de la paux, le plus admirable que l’histoire ait jamais connu.

LE CHAMP D’OPPRESSION IMPERIALISTE CONTINUE A ETRE SOUMIS A UN RETRECISSEMENT CONSIDERABLE

Pourquoi la tendance à l’hégémonie mondiale de l’impérialisme américain qui prédomine dans le monde capitaliste conduit-elle à des préparatifs de guerre de plus en plus cyniques et de plus en plus brutaux contre les pays socialistes ?

Pourquoi les impérialistes américains, avec un sans-gêne sans cesse grandissant ordonnent-ils à leurs satellites de s’armer et de préparer de la chair à canon pour eux? Pourquoi réarment-ils sans aucun scrupule les fascistes allemands et japonais ?

Premièrement, parce que le monde capitaliste lui-même devient de plus en plus petit. Les espoirs des impérialistes qui comptaient sur l’épuisement et l’affaiblissement de l’URSS après la deuxième guerre mondiale ont été entièrement déçus. Il en fut de même du rêve d’un effondrement du régime socialiste, d’une crise éventuelle dans l’économie socialiste.

Il s’est avéré en effet que l’économie socialiste ne connaît pas de crises et que celles-ci sont le privilège exclusif de l’économie capitaliste. Les forces du monde socialiste n’ont pas faibli, mais se sont fortement développées et continuent à croître grâce au régime socialiste qui porte en lui des sources intarissables de développement et d’accroissement des forces productrices.

Par contre, le champ d’exploitation capitaliste en Europe et particulièrement en Asie s’est considérablement rétréci à la suite de la dernière guerre, et la crise générale de tout le système de l’économie capitaliste s’est encore aggravée en comparaison avec la période d’entre les deux guerres.

Les démocratie populaire se sont détachés du système de l’économie capitaliste, et le grand peuple chinois s’est libéré de l’oppression colonialiste de l’impérialisme.

Les mouvements de libération s’emparent des peuples coloniaux de l’Asie et de l’Afrique; la lutte des masses laborieuses pour la liberté se poursuit sur un niveau de plus en plus élevé, de même que sous l’égide de la classe ouvrière la maturité politique des peuples des pays capitalistes s’affermit de jour en jour.

Dans ces conditions, la domination du monde par le capital, c’est-à-dire le champ d’exploitation et d’oppression impérialiste s’est rétréci très sensiblement par suite de la lutte libératrice des peuples du monde, et continue dans cette voie. L’oligarchie financière voudrait arrêter ce processus par la force et la violence.

Aussitôt après la fin de la guerre mondiale, les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars afin d’assurer la livraison d’armes à Tchan-Kai-Chek, espérant écraser par son intermédiaire la lutte libératrice du peuple chinois, et par conséquent, garantir au capital américain l’exploitation de l’immense territoire chinois.

Cet espoir a été déçu. L’armée populaire chinoise a libéré de l’oppression impérialiste un peuple de 475 millions et a une fois de plus, rétréci très sérieusement le monde capitaliste. Toutefois les impérialistes américains n’ont nullement renoncé à l’espoir de conquérir les territoires asiatiques.

Ils ont donc dépensé de nouveaux milliards de dollars pour équiper l’armée de Li-Syn-man et l’ont poussé à attaquer la Corée du Nord, voulant faire de la Corée une base d’agression contre la Chine.

Une fois encore cet espoir est en train d’être déçu, mais les impérialistes américains ne sont nullement enclins à abandonner la lutte pour conquérir la Chine, d’autant plus qu’ils ont aussi des visées sur d’autres pays asiatiques dont ils voudraient faire leurs colonies.

Agrandir ses bases d’expansion et intensifier l’oppression des colonies, c’est-à-dire étendre sa domination du monde, tels sont les buts précis de la politique de guerre de l’impérialisme américain.

Plus encore, l’impérialisme américain veut profiter de son hégémonie du monde capitaliste, justement pour forcer les pays sous sa dépendance à participer aux frais de cette politique de guerre agressive, et avant tout à fournir les contingents d’hommes qu’elle exige.

Deuxièmement : l’hégémonie de l’impérialisme américain dans le monde capitaliste ne signifie nullement la disparition ou l’affaiblissement des contradictions entre les pays appartenant au camp capitaliste.

Bien au contraire. Ces contradictions sont forcément accentuées par la dépendance politique et économique grandissante des Etats autrefois indépendants du principal centre de l’exploitation financière et économique dont la di-rection est actuellement aux mains de l’oligarchie la plus brutale et et la plus implacable qui gouverne les Etats-Unis.

L’oligarchie financière des Etats-Unis se trouve à la tête des consortiums, trusts, cartels et autres associations capitalistes les plus puissantes et par conséquent les plus rapaces qui étendent leurs tentacules sur tous les marchés mondiaux, en écartant les capitaux plus faibles, et leur imposent leurs conditions.

La tendance des grands consortiums américains à s’assurer le mono-pole des sources et des réserves déficitaires de matières premières sous prétexte des exigences qu’impose une politique de guerre, la limitation des échanges de marchandises, la réglementation, les mesures d’interdiction la désorganisation des crédits, des marchés et de la production dans les pays dépendants, la dictature financière, la discrimination des changes etc, toutes ces mesures doivent nécessairement renforcer le chaos, la spéculation, la faillite et aussi intensifier la lutte intérieure des groupes capitalistes respectifs entre eux, de même que la lutte de la bourgeoisie des pays respectifs contre la dictature de l’oligarchie financière des Etats-Unis.

LA LUTTE DES MASSES POPULAIRES DES PAYS CAPITALISTES CONTRE L’IMPERIALISME AMERICAIN ET POUR LEUR INDEPENDANCE NATIONALE

Troisièmement : Dans les pays capitalistes, les contra-dictions s’accentuent et s’accentueront encore davantage entre l’attitude des groupes gouvernants, vendus à l’oligarchie financière, usant de méthodes de terreur policière et fasciste, sacrifiant les intérêts nationaux au profit de l’impérialisme des USA, et l’attitude des masses populaires, luttant pour l’indépendance de leur pays et leur propre standard de vie. Imposant aux masses des charges et des sacrifices au nom de la guerre, les gouvernements capitalistes sont à la fois banquiers et clients, et assurent des bénéfices énormes aux fournisseurs et fabricants d’armes, c’est-à-dire aux grands monopoles capitalistes.

La politique de guerre transforme la vie économique entière en une orgie de pillage des masses populaires, bien longtemps avant le pillage de l’adversaire prévu par les forces armées des impérialistes. Indépendamment d’ailleurs de son cours, chaque guerre fournit aux requins capitalistes des occasions de pillage et de butin.

Ainsi, par exemple, en Corée la guerre cause d’une part des destructions terribles et entraîne de douloureuses pertes en hommes pour le peuple coréen, mais elle entraîne également des pertes et des frais énormes pour les peuples des Etats-Unis qui ont qui ont par suite de cette guerre déjà eu à supporter de lourdes charges et des défaites.

Et pendant ce temps les magnats du capitalisme des Etats-Unis, actionnaires et propriétaires des plus grands trusts, les milliardaires américains, ramassent à pleines mains des bénéfices qui, déjà pendant les premiers mois de la guerre sanglante en Corée, ont monté de 54 pour cent par rapport à ceux réalisés pendant une même période avant cette guerre.

Les frais de guerre calculés en milliards, annoncés par Truman et acceptés sans protestation par le Congrès américain retourneront en fait tel un flot d’or toujours grossissant dans les coffres-forts des milliardaires américains, semant sur leur parcours la mort et la destruction parmi des millions de simples gens et apportant la faim et la misère aux masses laborieuses qui auront à supporter le poids de cette guerre.

Telles sont en partie aujourd’hui, et telles seront sans aucun doute à l’avenir les conséquences de la politique agressive de l’impérialisme américain et de ses tendances à dominer le monde — tant que les masses populaires ne mettront pas fin à cette politique.

MÉTHODES QUI NE PEUVENT QU’ACCELERER LA CHUTE DE L’IMPERIALISME EN VOIE DE DECOMPOSITION

Il n’y a pas de doute que le camp du socialisme et de la démocratie populaire dont la puissance ne cesse de croître, constitue l’obstacle principal auquel se heurtent les fauteurs de guerre impérialistes dans leurs aspirations à la domination du monde. C’est pourquoi ils ont recours au vieux mot d’ordre hitlérien dont l’impuissance a été révélée déjà plusieurs fois, surtout lors de la dernière guerre — de la croisade du monde capitaliste contre l’URSS et les pays de démocratie populaire.

Que peut signifier ce mot d’ordre si ce n’est le retour aux méthodes et moyens utilisés par les pays fascistes, lorsqu’ils se préparaient à la deuxième guerre mondiale? L’impérialisme pourrissant, qui s’empêtre dans des contradictions toujours croissantes et se débat dans une crise générale qu’une politique aventurière d’agression ne fait qu’aggraver, s’accroche à nouveau aux mêmes moyens qui, maintes fois déjà ont fait faillite, et qui ne peuvent que précipiter sa chute.

Ces moyens sont: la remise sur pied de guerre des forces militaires hitlériennes détruites lors de la dernière guerre, les efforts tendant à faire revivre l’esprit de revanche en Allemagne de l’Ouest et au japon, les tentatives de consolider le camp de l’agression dans tous les pays capitalistes, avec le soutien des éléments fascistes les plus dégénérés et les plus réactionnaires.

Le programme de cette partie du monde en voie de décomposition ne peut être qu’une nouvelle guerre d’agression, que le mot d’ordre d’un nouveau pillage des richesses du monde, et par conséquent une croisade contre les tendances progressistes quelles qu’elles soient, contre le mouvement ouvrier, contre les aspirations des masses populaires du monde entier à la liberté, contre les aspirations à une paix durable, contre la lutte pour la paix.

Afin de consolider leurs préparatifs d’agression, les politiciens américains font des efforts fiévreux pour faire du pacte atlantique une force agissante et conclure de nouveaux pactes du même genre avec les pays du bassin méditerranéen, ainsi qu’avec les pays bordant l’Océan Pacifique.

Bien que ces pays soient financièrement et économiquement de plus en plus dépendants des Etats-Unis, ceux-ci ne parviennent pas si facilement à les entraîner d’une manière efficace dans leur politique de guerre.

La pression à laquelle on ne peut pas toujours donner la forme d’une intervention confidentielle revêt le plus souvent le caractère d’une pression brutale d’un style purement américain. C’est un fait que le Pacte Atlantique dont le « Plan Marshall » constituait la base économique et financière, s’est révélé jusqu’à présent, dans les préparatifs agressifs des Etats-Unis en Europe, comme un instrument peu maniable et récalcitrant.

Renforcer cet instrument d’agression en y ajoutant l’Allemagne de l’Ouest et en mobilisant les cadres des vieux routiers qui ont fait leurs preuves pendant la dernière guerre, c’est-à-dire les anciens conseillers et aides d’Hitler, ainsi que les criminels de guerre amnistiés, voilà le but des efforts et des soucis actuels des diplomates du dollar et, entre autres, le sujet de la mission du général Eisenhower, élevé au rang de chef suprême de « l’armée européenne », le Mac-Arthur de l’Europe d’après la formule consacrée des journalistes américains.

II. LES PLANS DES FAUTEURS DE GUERRE IMPERIALISTES ET LA POLOGNE

C’est bien sous tous ses aspects que la politique agressive du bloc atlantique est également dirigée contre la Pologne, mais c’est tout particulièrement la remilitarisation de l’Allemagne Occidentale, représentant un danger pour le monde entier, qui menace aussi directement la Pologne.

Les tendances revanchardes sont attisées parmi les Allemands par les Adenauer et les Schumacher, avec l’aide des généraux de la Wehrmacht hitlérienne remis en activité, et du clergé allemand maintenu par le Vatican artificiellement à ses postes anciens, bien que perdus sans retour ; cela se fait en présentant l’appât d’une nouvelle marche vers la Pologne.

L’excitation contre le peuple polonais, contre les frontières polonaises sur l’ Odra (Oder) et la Nyssa (Neisse), contre l’alliance et la collaboration pacifiques de la Pologne avec la République Démocratique Allemande, est devenue une méthode pour affaiblir la résistance grandissante des Allemands, entraînés sur le territoire de la Trizone dans l’orbite des plans américains d’agression ; elle est devenue l’un des atouts essentiels de la propagande qui cherche à allécher les Allemands auxquels les politiciens du dollar réservent dans la troisième guerre mondiale le triste rôle de chair à canon.

Il convient de rappeler que ces atouts et ces appâts n’ont rien de nouveau. Bien au contraire, les Etats impérialistes ont toujours été enclins à établir le prétendu équilibre européen au détriment de la Pologne.

Déjà dans la première phase du capitalisme, lorsque les frontières et les sphères d’influence des Etats capitalistes en Europe s’établissaient dans des cataclysmes et dans des conflits armés, la Pologne a été, en général, rayée de la carte politique, malgré ses tentatives désespérées de lutter pour son indépendance et son droit à l’existence.

Vers la fin de la première guerre mondiale, la Pologne est devenue à nouveau l’objet et un atout dans les mains des capitalistes, surtout da les mains des politiciens américains qui considéraient que cette guerre avait été catastrophique pour l’Allemagne désiraient, sans aucun doute en adoucir pour elle les conséquences aux dépens de la Pologne.

Mais la question de l’indépendance de la Pologne avait été posée clairement et directement devant les peuples du monde, au cours même de la guerre, par la révolution russe, elle avait été posée par Lénine et par Staline.

C’est pourquoi il a été impossible de rayer cette question de l’ordre du jour à la fin de la guerre. Quelle a été, au cours de cette période, la position des Etats-Unis dans la question polonaise ?

Voici ce qu’écrit à ce sujet un des participants aux pourparlers sur les questions polonaises en 1918, Roman Dmowski, dans son livre « La politique polonaise et la restauration de l’Etat » publié en 1925. Il cite une déclaration de Wilson pendant un entretien privé qu’il eut avec lui en automne 1918.

« Wilson: — Est-ce que vraiment la neutralisation du cours inférieur de la Vistule et du port libre de Danzig ne vous suffit pas?

« Seuls des gens qui ne comprennent pas le langage politique, déclare Drnowski, auraient pu voir dans les paroles de Wilson (« libre » accès à la mer) une reconnaissance des territoires nous appartenant sur la Baltique. Cette expression « libre » signifiait justement la garantie de l’accès à la mer par le territoire d’autrui… »

Une Pologne aussi diminuée que possible et incapable de vivre, une Pologne future proie facile du Reich allemand, une Pologne privée en fait d’accès à la mer ou n’ayant tout au plus qu’un accès au port de Gdansk (Dantzig) par la « Vistule neutralisée », une Pologne victime des magnats américains de la finance, une Pologne base d’agression contre la Russie soviétique, voilà comment Wilson voyait la restauration de l’Etat polonais :

Dmowski rappelle : « Quant, après la première déclaration de Wilson relative à « l’indépendance de la Pologne », le chancelier allemand protestait contre l’immixtion des Etats-Unis dans les affaires intérieures des puissances centrales, Gerard, ambassadeur américain à Berlin, déclara au nom de son gouvernement que l’attitude de Wilson ne se rapportait qu’à « une Pologne telle que l’ont créé les puissances centrales ».

Les puissances centrales après avoir occupé les territoires polonais, jonglèrent pendant un certain temps (en 19l6) avec le mirage d’un Etat polonais étroitement lié à l’Allemagne et à l’Autriche, avec cette réserve que la Pologne ne déborderait pas au delà des territoires annexés auparavant par la Russie lors des partages.

Il s’agissait de créer sur ce territoire une armée polonaise qui combattrait sous commandement allemand. La déclaration de Wilson, de janvier 1917, est en principe conforme à cette conception.

D’après le récit cité Wilson s’expliquait devant les puissances centrales sur ce qu’il entendait par « l’indépendance de la Pologne ».

Dmowski raconte par ailleurs :

« …Après la remise aux délégués allemands à Versailles du projet de traité le Président des Etats-Unis cédant à Lloyd George, accepta de modifier la décision concernant la haute Silésie octroyée à la Pologne, et l’organisation d’un plébiscite dans cette région. Il me communiqua cette décision ainsi qu’à Paderewski au Conseil Supérieur, en la motivant entre autres par l’argument avancé par la délégation allemande qui affirmait que la population de là-bas bien que parlant polonais, restait attachée à l’Allemagne ne voulait pas appartenir à la Pologne et que dans un plébiscite elle voterait pour l’Allemagne’.

Nous savons qu’en échange de cet appui ambigu des Etats anglo-saxons, en réalité, très peu favorables à la restauration de la Pologne, la bourgeoisie polonaise s’était engagée devant ces Etats à « défendre l’Occident » contre le bolchévisme, c’est-à-dire à l’intervention armée contre l’Etat socialiste qui, le premier et sans aucune réserve, avait reconnu l’indépendance de la Pologne conformément au principe léniniste du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et, dès les premières décisions du gouvernement révolutionnaire, avait annulé toutes les annexions du tsarisme.

Erigeant plus tard un monument de reconnaissance à l’Amérique, en glorifiant Wilson comme le « libérateur » et le « protecteur » de la Pologne, la bourgeoisie polonaise s’est efforcée de cacher au peuple ou de falsifier la vérité dans la question de savoir à quelles forces sociales et à quels mouvements la Pologne doit véritablement sa renaissance…

Des conclusions intéressantes se dégagent, par exemple de l’analyse de la prétendue « aide » accordée par Hoover à la Pologne après la première guerre mondiale.

Ainsi qu’il ressort des publications de la Société des Nations, une partie insignifiante de « l’aide » était gratuite, tandis que la partie la plus importante se composait de crédits commerciaux à un taux élevé d’intérêts portant surtout sur des vivres. Ces crédits ne s’étendaient ni aux machines, ni aux matières premières.

Bien que ces marchandises aient été de mauvaise qualité, se composant surtout des surplus militaires, les prix en étaient de deux fois et demi supérieurs aux prix normaux.

Nous voulons nullement heurter les sentiments des citoyens américains, et en particulier des Polonais américains qui sans doute avaient éprouvé une chaleureuse sympathie pour cette action. Il convient toutefois, dans l’intérêt même de la vérité, de dévoiler le sens exact de cette action, telle qu’elle a été réalisée par les magnats de Wall-Street, et non par l’Américain moyen.

Les politiciens bourgeois polonais, issus le plus souvent de la noblesse marquée par tous les complexes d’une aristocratie décadente, ou encore de l’intelligentsia bourgeoise ne péchant pas, le plus souvent, par une grande profondeur de pensée, étaient toujours fascinés par l’Occident et inculquaient au peuple pendant des dizaines d’années le culte de l’Occident et des hommes soit-disant providentiels pour la Pologne.

Mais ces grands hommes changeaient comme dans un kaléidoscope si vite, que la jeunesse scolaire ne parvenait même pas à apprendre les noms de ces célébrités éphémères.

LES TRADITIONS ANTIPOLONAISES DE LA POLITIQUE DU VATICAN

Dmowski qui avait, pendant un demi-siècle, fréquenté en compagnie d’autres comtes et de différents politiciens « providentiels » de la Pologne, les antichambres et les salles d’attente des ministres et des ministères de toutes les capitales du monde, qui avait eu « l’honneur » de converser directement avec des dizaines de ces dignitaires qui géraient la politique mondiale, sans en exclure la Cour Apostolique, a consigné leurs épanchements dans de nombreux volumes.

Tous ces grands chefs de gouvernement ignoraient souvent la géographie de l’Europe, en particulier celle de la Pologne et régulièrement celle des petits pays. Ils écoutaient. plus souvent avec une impatience contenue, les plaintes et les doléances au sujet de la « question polonaises ».

Dmowski, lui-même, relate ces entretiens avec – une certaine amertume. Voici un extrait, certainement sincère étant donné sa source :

« J’ai reçu l’accueil le moins favorable à nos aspirations en un lieu où, semblerait-il, nous aurions pu nous y attendre le moins, à savoir, au Vatican… J’aborde là un sujet très délicat pour un pays catholique, mais en même temps très important pour nous et exigeant d’être traité avec sérieux et exactitude. Je fais une distinction entre l’Eglise et la politique de la Cour Apostolique.

L’Eglise, représente pour les catholiques le pouvoir auquel, en matière de foi, ils doivent une obéissance absolue. La politique du Vatican est une chose humaine, et comme toute chose humaine, susceptible de commettre des erreurs…

Il me semble que la politique du Vatican a commis pendant la guerre de grandes fautes, en particulier en ce qui concerne la Pologne. Son attitude dans la question polonaise se trouve parfaite-ment précisée par une conversation que j’ai eue en janvier 1916 avec un haut dignitaire du Vatican et dont je cite textuellement la partie ayant un intérêt.

Je me suis vu poser la question suivante:

— Pourquoi marchez-vous avec la Russie? — Parce qu’il faut que l’Allemagne soit battue. — Pourquoi vous faut-il la défaite de l’Allemagne? — Parce que sans elle il n’y aura pas de Pologne unifiée… En cherchant l’unification, nous cherchons une Pologne indépendante.

J’ai entendu alors une explosion de rire.

— Une Pologne indépendante? Mais c’est un rêve, c’est un but inaccessible !

Je ne saurais dire que mon oreille de Polonais en ait été flattée. En guise de réponse, j’ai posé la question:

— Quel conseil Votre Eminence nous donnerait-elle? — Votre avenir est lié à l’Autriche.

C’est avec ces mots qu’au Vatican on m’a conseillé une politique qui bénéficiait en Pologne du titre de politique « d’indépendance ». La Pologne indépendante constitue un rêve irréalisable — son avenir est lié à l’Autriche. Je pense que la Cour Apostolique était bien renseignée sur les desseins de l’Autriche à l’égard de la Pologne… » (Dmowski, Ecrits, vol. V, page 260).

Je m’excuse de cette citation un peu longue, mais elle m’a paru intéressante, parce que le jugement de Dmowski sur l’attitude du Vatican dans les affaires polonaises est tout à fait d’actualité.

De nombreux dignitaires ecclésiastiques soulèvent des protestations et mettent en doute les appréciations de « Trybuna Ludu », sur la politique du Vatican. Mais Dmowski, lui, n’est pourtant ni un marxiste, ni un athée; ce n’est pas un partisan de notre idéologie, mais bien son ennemi juré.

Bien que Dmowski ait été un national-démocrate forcené, bien qu’il ait été atteint au plus haut degré de la maladie consistant à flairer partout l’intrigue juive, que ce soit dans l’entourage de Wilson, dans celui de Lloyd George, parmi tous les « alliés » Américains, Anglais, Français, Italiens et jusque dans l’entourage du Pape — il serait difficile de mettre en doute l’exactitude de ses dires, quand il se plaint de la froide indifférence des dirigeants de la politique mondiale de l’Occident à l’égard des petites nations, et dans leur nombre, de la Pologne.

L’attitude des grandes puissances occidentales la Pologne, fut celle des Etats impérialistes envers des pays plus faibles.

« Il ne se trouvera pas beaucoup d’hommes politiques des grandes puissances – a dit le camarade Staline au cours de la réception d’une délégation finnoise, en avril 1948 — qui considèrent les petites nations comme égal aux grandes.

La plupart d’entre eux regardent les petites nations de haut. Parfois ils consentent assez volontiers à accorder une garantie unilatérale aux petites nation. Mais ces hommes politiques d’une manière générale ne se prêtent pas à la conclusion de traités égaux avec les petites nations, car ils ne les considèrent pas comme leurs partenaires. »

Sur l’échiquier de la « grande politique » impérialiste, les nations plus faibles n’ont joué jusqu’à présent que le rôle de pions, à moins de se prêter, pour une raison ou une autre à devenir directement une proie de guerre.

Vingt-cinq ans séparent la première guerre mondiale de la deuxième, mais l’attitude des représentants des puissances impérialistes anglo-saxonnes envers la Pologne et les petits peuples n’a pas changé quant au fond.

Deux ans seulement après la fin de la deuxième guerre mondiale M. Byrnes, un des participants à la conférence de Potsdam, a le premier avancé la thèse du caractère provisoire des décisions prises par les grandes puissances dans la question des frontières occidentales de la Pologne. C’était une tentative de transformer la question des frontières polonaises en instrument de chantage politique dans l’arsenal de la diplomatie du dollar.

Le camarade Molotov a riposté clairement et sans ambages à ces tentatives en déclarant que les questions concernant le territoire d’un Etat n’est pas un jeu, et que les décisions internationales prises dans ces questions sont obligatoires.

En défendant les principes de vérité et de justice, l’Union Soviétique a aidé le peuple polonais à récupérer les terres ayant appartenu de tout temps à la Pologne. Et là où de profondes transformations démocratiques ont été réalisées, là où ont été extirpées les racines de l’agression allemande, le peuple allemand a compris et il a exprimé son accord.

LA LUTTE CONTRE LE REARMEMENT DE L’ALLEMAGNE OCCIDENTALE

La naissance de la République Démocratique All-mande a été le grand tournant historique dans le développement des relations pacifiques et amicales entre les peuples polonais et allemand.

Une preuve de ce tournant historique a été fournie par les accords conclus entre les deux Etats et fixant définitivement la frontière sur l’ Odra et la Nyssa, comme frontière de paix et d’amitié. Le symbole de ce tournant fut la récente visite de Wilhelm Pieck, Président de la République démocratique Allemande à la capitale polonaise.

La vive coopération économique et culturelle qui se développe entre les deux pays, avantageusement pour les deux parties, constitue la meilleure garantie de la durée de ces nouvelles relations qui sont une précieuse contribution à l’oeuvre de consolidation de la paix.

Seules, l’amitié et la coopération de bon voisinage, appuyées sur le respect mutuel et la lutte commune pour la Paix et le progrès social sont susceptibles de fournir des bases solides à l’indépendance et à l’essor des peuples.

Aussi bien, favoriser les efforts en vue de l’unification de l’Allemagne sur la base de sa démocratisation mettrait un terme à son agressivité, voilà ce qui qui aussi partie des buts poursuivis par notre Etat populaire dans sa politique extérieure.

Notre tâche consiste à lutter côte à côte avec tous les peuples aspirant à la paix, contre la remilitarisation de l’Allemagne Occidentale, contre les tentatives de l’impérialisme américain en vue d’imposer au peuple allemand une nouvelle forme du régime catastrophique hitlérien par lequel les fauteurs de guerre désirent exciter le peuple allemand et le précipiter dans une nouvelle guerre de conquêtes en Europe, au profit des Etats-Unis.

LA FACE HIDEUSE DE L’IMPERIALISME AMERICAIN

Dans son ouvrage consacré à la Conférence de la Paix de 1919 à Versailles, le diplomate et écrivain anglais, Harold Nicolson, cite à propos des disputes et des divergences de vue entre les diplomates des pays anglo-saxons et des pays latins une appréciation, non dépourvue de sagacité, de la politique américaine, vue avec les yeux des peuples latins :

« Ainsi, par exemple, ils se sont aperçus — écrit Nicolson, que les Etats-Unis, au cours de leur histoire brève mais riche en conquêtes, ont toujours prétendu à la plus grande vertu, mais ont toujours en même temps violé leur symbole de foi, en manifestant le matérialisme le plus vulgaire.

Ils se sont aperçus que les Américains aiment sentir suivant l’exemple de Jefferson et agir suivant celui de Hamilton. »

« Il se sont aperçus que des principes tels que l’égalité entre les hommes, n’étaient appliqués ni à l’égard des jaunes ni à l’égard des Noirs. Ils se sont également aperçus que la doctrine sur les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ne s’appliquait ni aux Indes, ni même aux Etats du Sud.

Ainsi inclinaient-ils à examiner les tendances et principes américains, non à la lumière de la déclaration de Philadelphie, mais à la lumière de la guerre du Mexique, de la Louisiane, et d’innombrables accords conclus avec des Indiens, puis violés avec cynisme avant même que l’encre avec laquelle ils furent écrits n’ait eu le temps de sécher.

Ils se sont aperçus que sans même chercher plus loin ce dont se souvient la seule génération contemporaine, l’empire américain s’agrandissait toujours par la force brutale »…

Avec quelle passion le jeune Henryk Sienkiewicz ne décrit-il pas dans ses « Lettres de voyage », éditées en 1878, le martyrologe des Indiens, la cruauté et la dureté des « pionniers » américains :

« C’est en vain — écrit Sienkiewicz en parlant des Indiens —qu’ils envoient des délégations pour démontrer leurs droits de propriété par des parchemins, des sceaux et des signatures. »

« Le Gouvernement assigne aux sauvages des terres que les Blancs confisquent, et où ils fondent de nouveaux Etats après avoir exterminé les Indiens.

Que reste-t-il alors aux Peaux-Rouges? La guerre, une guerre sans espoir de victoire; une guerre seulement pour la mort. »

En soulignant les aptitudes des Indiens et leur niveau intellectuel, Sienkiewicz précise qu’ils « ne sont nullement inférieurs aux Kalmouks, Bachkires et autres peuplades nomades vivant dans les steppes de la Russie et de l’Asie. »

« Ces tribus — écrit plus loin Sienkiewicz à propos des Indiens — sont déjà malgré tout parvenues à une certaine civilisation, elles seraient donc susceptibles de progresser encore et d’arriver, aidées intelligemment, au niveau de notre civilisation, si cette « civilisation » n’avait pas trouvé plus expéditive: au lieu de soute et de procédure r ure bien renforcer les faibles — elle les tue. »

Quelle signification saisissante acquiert à nos yeux le parallèle que Sienkiewicz établit entre les Indiens et les Bachkires!

Aujourd’hui, tout homme qui pense honnêtement doit arriver, en observant le sort de ces peuples, à se faire une opinion sur les résultats auxquels aboutissent deux modes de vie différents: le mode de vie capitaliste américain, et le mode de vie socialiste soviétique.

Les Indiens ont été exterminés par les « civilisateurs » américains. La Bachkirie, comme également les autres Républiques Soviétiques, est aujourd’hui une république florissante possédant une industrie et une agriculture riches, ayant une très belle littérature et ses propres académies et centres scientifiques.

A la lumière des expériences des dernières années, et tout particulièrement des cinq dernières années, la caractéristique citée plus haut, écrite par Nicolson, politicien bourgeois, à qui l’analyse marxiste est étrangère, trouve une nouvelle et frappante confirmation, non seulement aux yeux des peuples latins auxquels il fait allusion, mais aussi des peuples slaves et avant tout des peuples d’Asie.

Aujourd’hui que l’impérialisme américain, possédé par la soif de dominer le monde, a entrepris l’armement forcené des fascistes allemands et japonais en mettant à leur tête des criminels de guerre relâchés de prison au moment où il essaye par le fer et par le feu d’étouffer et de noyer dans le sang l’héroïque peuple coréen luttant pour sa liberté — le visage de l’impérialisme américain apparaît dans toute sa laideur.

Nous sommes loin, c’est évident, de vouloir identifier les intentions souvent bonnes de l’Américain moyen qui prend à la lettre les déclarations avancées par des personnalités officielles avec des buts qui sont loin d’être honnêtes et que poursuivent différents rois de l’acier ou du saucisson, les barons du charbon ou les prophètes de Wall Street.

IL FAUT INTENSIFIER LA LUTTE CONTRE LA. PROPAGANDE MENSONGERS DE L’AMERIQUE

Entre les masses travailleuses des Etats-Unis et l’oligarchie impérialiste de l’argent qui les dominent il existe des contradictions qui iront en s’intensifiant et en s’approfondissant.

Les impérialistes cachent leurs buts expansionnistes et leur agressivité aussi bien aux yeux de leur peuple que du monde entier.

Mais leur politique de guerre doit rendre la crise plus grave et les effets de celle-ci pèseront de plus en plus lourdement sur les masses travailleuses des Etats-Unis également, en rendant plus intense la lutte pour leurs droits et pour des conditions de vie meilleures.

La politique de l’oligarchie de l’argent doit conduire à l’abaissement du niveau de vie des masses, non seulement dans les pays marshallisés, mais aussi aux Etats-Unis.

Elle aboutit déjà aujourd’hui à augmenter le malaise, le nombre des suicides, la criminalité et la décomposition morale.

Attisant l’hystérie guerrière, les dirigeants de la politique américaine cherchent à rejeter sur l’URSS et les pays de démocratie populaire, sur la Corée et la Chine, la responsabilité de la situation qu’ils créent eux-mêmes.

Dans ce but, ils développent une propagande mensongère d’une ampleur et d’une lâcheté inégalées jusqu’ici. Terroriser les populations par la peur, agir sur l’esprit des gens en créant une atmosphère de mensonge, d’inquiétude et de panique, afin de mieux les abêtir et d’en faire des êtres incapables de juger sainement – voilà la méthode par laquelle les fauteurs de guerre voudraient obscurcir et voiler les sources et les foyers de crimes, voilà la méthode par laquelle ils voudraient présenter comme auteurs de ces crimes leurs propres victimes.

Tout en dévastant la Corée, pourtant séparée des Etats-Unis par le plus vaste des océans, les militaristes américains crient que l’Amérique est menacée par le minuscule peuple coréen; tout en assassinant bestialement des femmes et des enfants coréens, ils accusent d’agression leurs propres victimes assassinées.

Tout en annexant l’île chinoise de Taiwan et en sou-tenant le gouvernement de Tchang-Kai-Chek en faillite, ils envoient une formidable flotte de guerre dans les mers lointaines de Chine et d’Asie.

Tout en organisant constamment des survols au-dessus des territoires de la Chine et en menaçant ces territoires, les agresseurs américains obligent les pays à leur obédience à condamner la Chine dont ils violent eux-mêmes le territoire, et contre laquelle ils commettent des crimes. Dans une interview récemment publiée, accordée au correspondant de la « Pravda » le camarade Staline constate:

L’Organisation des Nations Unies, créée pour être le rempart de la paix, se transforme en instrument de guerre, en un moyen pour déclencher une nouvelle guerre mondiale.

Le noyau agressif de l’ONU est constitué par dix pays, les membres du Pacte Nord Atlantique d’agression (Etats-Unis d’Amérique, Grande-Bretagne, France, Canada, Belgique, Hollande, Luxembourg, Danemark, Norvège, Islande) et par vingt pays de l’Amérique latine…

De cette manière l’ONU, se transformant en instrument d’une guerre d’agression, cesse en même temps, d’être une organisation mondiale de nations égales en droit ; en réalité, l’ONU est aujourd’hui moins une organisation mondiale qu’une organisation pour les Américains, agissant selon le bon plaisir des agresseurs américains…

L’Organisation des Nations Unies s’engage de cette façon sur la voie peu glorieuse de la Société des Nations. Par là elle enterre son autorité morale et se condamne à la désagrégation. »

En déchaînant à un degré inconnu auparavant, la course aux armements, en effectuant la reconversion à des fins de guerre de toute l’économie des pays liés par des pactes et des accords publics ou secrets à l’impérialisme américain instigateur d’une nouvelle guerre, les fauteurs de guerre propagent par tous le mensonge ignoble affirmant que ce ne sont pas eux, mais bien l’URSS et les pays de démocratie populaire qui menacent la paix.

« Le premier Attlee — disait dans son interview le camarade Staline — a besoin de mentir sur l’Union Soviétique, il a besoin de représenter la politique de paix de l’Union Soviétique comme une politique agressive, et la politique agressive du gouvernement britannique comme une poli-tique de paix.

Cela pour induire en erreur le peuple britannique, lui imposer ce mensonge sur l’Union Soviétique et, en le trompant, l’entraîner dans une nouvelle guerre mondiale, organisée par les milieux dirigeants des Etats-Unis d’Amérique. »

Il est clair que la propagande impérialiste a pour but d’abrutir les plus naïfs ou ceux qui s’y retrouvent difficilement, dans les questions politiques et les phénomènes sociaux. De tels hommes sont nombreux dans les pays capitalistes et les pays coloniaux.

Ailleurs par contre, dans les pays déhç libérés des chaînes de l’économie capitaliste, la propagande impérialiste s’appuie sur les débris des gros propriétaires terriens et capitalistes, elle essaye également d’exercer son influence sur ceux qui subissent encore le joug des vieux préjugés et qui portent encore le poids de l’héritage laissé par la mensongère idéologie bourgeoise.

Nous savons bien que la su pression totale de cet héritage infernal exige un très long travail d’éducation, un incessant développement du savoir et de la culture et un constant relèvement de la conscience politique des masses.

Nous devons nous rappeler que la lutte contre la propagande mensongère des impérialistes exige de nous une plus grande tension de nos forces et de notre énergie que jamais.

Dans la lutte contre la propagande mensongère des impérialistes, nous avons pour tâche d’expliquer aux masses quels sont les véritables buts et les véritables sources de la politique agressive de l’impérialisme, et de leur montrer également où elle conduit. Notre propre propagande doit s’appuyer sur l’expérience des masses qui ont déjà subi les conséquences monstrueuses de la politique agressive de l’impérialisme hitlérien.

Les fauteurs de guerre américains reprennent et poursuivent la politique de l’hitlérisme qui était une politique d’agression et qui a conduit à la deuxième guerre mondiale. Les masses travailleuses savent par leur propre expérience quelles destructions et quelles calamités la guerre apporte à tous les peuples, ps compris à ceux dont les gouvernements ont déclenché la guerre. C’est pourquoi les masses travailleuses veulent s’opposer à la guerre et veulent soutenir la politique de paix.

La lâcheté de la propagande impérialiste repose sur le mensonge que les armements impérialistes auraient pour but d’assurer la paix. Mais tous les hommes sensés savent que la course aux armements ne peut sauvegarder la paix, que celle-ci peut-être assurée seulement par le désarmement et une politique de paix.

Le camarade Staline a démasqué cette hypocrisie d’une façon péremptoire :

« Le premier Attlee se prétend partisan de la paix. Mais s’il tient vraiment à la paix, pourquoi a-t-il repoussé la proposition de l’Union Soviétique à l’Organisation des Nations Unies concernant la conclusion immédiate d’un Pacte de paix entre l’Union Soviétique, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis d’Amérique, la Chine et la France?

S’il tient vraiment à la paix, pourquoi a-t-il repoussé les propositions de l’Union Soviétique, de procéder immédiatement à la réduction des armements, d’interdire immédiatement l’arme atomique?

S’il tient vraiment à la paix, pourquoi poursuit-il les partisans de la paix? Pourquoi a-t-il interdit le Congrès des défenseurs de la paix en Grande-Bretagne? La campagne de défense de la paix peut-elle menacer la sécurité de la Grande-Bretagne? Il est clair que le premier Attlee ne tient pas au maintien de la paix, mais au déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale d’agression. »

L’URSS MENE UNE POLITIQUE CONSEQUENTE DE PAIX

Les Etats socialistes : l’URSS et les pays de démocratie populaire ont maintes fois demandé le désarmement, tant au sein de l’ONU que dans les conférences internationales. Le mouvement mondial des partisans de la paix qui combat également pour le désarmement, trouve dans sa lutte un appui puissant dans l’URSS et dans les pays de démocratie populaire.

L’URSS poursuit sa politique de paix avec ténacité et persévérance depuis qu’elle existe. Un des principe mots d’ordre de la Révolution Socialiste, d’où est née l’URSS, était celui de la lutte pour la paix.

Les chefs de la Révolution Socialiste, Lénine et Staline, furent porte-parole de la paix, ses initiateurs et ses défenseurs infatigables. Le marxisme-léninisme montrait aux masses travailleuses du monde entier dès la naissance du mouvement ouvrier, où résident les causes des guerres et comment lutter pour les combattre.

Fidèle aux idées du marxisme-léninisme, l’URSS applique systématiquement depuis 33 ans une politique de paix et préconise la réduction des armements dans toutes les conférences internationales où elle est représentée ou en dehors d’elles.

Par contre l’exemple suivant pourrait témoigner combien fausse et hypocrite fut toujours la politique de l’oligarchie financière américaine : en 1925 devait se dérouler à Genève la conférence internationale convoquée pour étudier le problème du commerce des armes en vue d’une diminution des armements.

Hoover, alors ministre du commerce des USA, avait organisé des réunions préliminaires des producteurs d’armes américains en précisant sur les invitations qu’il importait que le représentant américain à Genève fût informé à fond sur le point de vue des producteurs américains d’armes et de munitions afin de pouvoir protéger leurs intérêts. La défense des intérêts des producteurs d’armes américains, voilà la ligne directrice de la politique du gouvernement des Etats-Unis aussi bien à cette époque qu’aujourd’hui, et aujourd’hui à une échelle beaucoup plus vaste qu’alors.

Aussi, c’est en citant de tels faits que nous devons démasquer le mensonge de l’actuelle propagande impérialiste destinée a cacher le vrai visage agressif des fauteurs de guerre américains.

L’effort fait par l’URSS depuis la guerre en vue de renforcer la paix s’exprime avant tout dans sa détermination d’aboutir à un règlement commun du problème allemand par l’application des décisions de Potsdam (collaboration aux travaux de la Commission de Contrôle, conférences des quatre puissances à Londres, Paris, Moscou).

Après la scission de l’Europe et de l’ Allemagne résultant du plan Marshall, l’URSS ne renonce pas à ses efforts de régler pacifiquement le problème allemand, et le prouve à la conférence de Varsovie (1948) et à celle de Prague (1950) en même temps, en respectant l’autorité des décision internationales prises, et en dépit des violations brutales de ces décisions par les Etats capitalistes, l’URSS défend systématiquement la réalisation des décisions de Potsdam.

L’URSS prenait au sein de l’ONU en commun avec les pays de démocratie populaire, l’initiative de proposer: 1. l’interdiction de l’emploi de l’arme atomique et de tout autre moyen d’extermination massive, ainsi que le contrôle de l’énergie atomique, 2. le désarmement progressif ainsi que la conclusion d’un pacte des cinq grandes puissances en vue de ce désarmement.

Le dynamisme du Mouvement Mondial des Partisans de la Paix, mouvement de masse, le plus puissant de tous ceux qui aient jamais existe, témoigne que ces répondent aux aspirations de tendances millions d’hommes.

La politique de paix de l’URSS et des pays de démocratie populaire trouve son expression non pas uniquement dans la politique étrangère et dans les efforts que ces Etats accomplissent sur l’arène internationale.

Ce qui témoigne encore mieux des efforts et du travail accomplis dans l’intérêt de la paix, c’est le sens qu’on donne aux efforts d’un pays dans le domaine de son économie et de sa production.

Les grandes réalisations du communisme en URSS, sur lesquelles se concentre aujourd’hui l’attention de toute la population soviétique, les travaux formidables pour fertiliser les déserts, pour protéger par la plantation de forêts d’immenses territoires dévastés par la sécheresse, les puissants barrages hydroélectriques et les canaux édifiés par les peuples soviétiques pour élever encore plus leur production agricole, l’essor culturel, artistique et scientifique de l’URSS, toujours plus grand et sans aucune comparaison avec celui d’aucun autre pays, qui pourrait nier que tout ce magnifique et puissant effort d’une société socialiste de 200 millions d’hommes ne domine aujourd’hui toute sa vie et tout son travail.

TRAVAILLER EN PAIX — VOILA LE SOUCI PRINCIPAL DU PEUPLE POLONAIS

Qui pourrait nier, sinon un fourbe ou un menteur, qu’en Pologne le travail bat son plein pour la reconstruction des villes et des villages, que le peuple polonais reconstruit à un rythme extraordinaire sa capitale dé-truite par les impérialistes hitlériens, les mêmes que l’impérialisme américain excite aujourd’hui à une nouvelle guerre?

Qui oserait nier, en dehors des rebuts pervertis de l’émigration, que les masses travailleuses en Pologne industrialisent leur pays avec un enthousiasme formidable, qu’elles construisent de nouvelles usines de tracteurs, de machines agricoles, d’engrais, de camions pour l’agriculture?

Qui oserait nier que d’année en année l’extraction du charbon augmente Pologne, que de nouvelles mines et aciéries y sont construites, que s’édifient de nouvelles usines et de nouvelles cités autour de ces usines, que d’année en année la production industrielle augmente à un rythme inconnu dans les pays capitalistes.

Qui oserait nier que le plan sexennal — destiné à sortir la Pologne du retard hérité de l’époque capitaliste et à la transformer d’un pays pauvre en un pays riche et fort — sera réalisé et dépassé par le peuple travailleur?

Qui pourrait nier que cet immense travail pacifique constitue l’effort principal et le souci majeur du peuple polonais et que le peuple polonais a conscience de renforcer, par son travail intense, dévoué et noble, l’indépendance de la Pologne, de renforcer la paix dans le monde!

Ce que font par contre les pays capitalistes, je l’ai déjà dit. Les pays capitalistes procèdent à une reconversion de toute leur économie pour une production de guerre !

Dans quelle basse perfidie ne doit-on pas être tombé pour oser, à l’aide d’une presse vénale et de dizaines de postes émetteurs dans toutes les grandes villes capitalistes d’Europe, diffuser sans arrêt et précisément dans les langues des peuples construisant, le socialisme, que ce ne sont pas les impérialistes qui préparent une guerre, mais bien l’URSS et les pays de démocratie populaire ; que ce ne sont pas les impérialistes qui s’arment, mais les Etats socialistes; que ce ne sont pas les impérialistes qui menacent la paix, mais l’URSS.

Le rôle le plus infâme, le plus sale dans cette propagande éhontée de mensonges est joué par les, agences titistes au service des fauteurs de guerre impérialiste , ainsi que par les flagorneurs invétérés de l’impérialisme, la droite social-démocrate.

Dans le cadre de la politique que de guerre des agresseurs américains, le bloc titiste et social-démocrate se spécialise dans l’action de diversion et dans la calomnie au sein du mouvement ouvrier et à l’intérieur du camp des partisans de la paix.

Après la faillite rapide des tentatives d’une diversion idéologique à l’aide de mesquines théories cosmopolites, la droite social-démocrate en commun avec les gangsters titistes essaye encore de jongler avec une phraséologie syndicaliste défraichie d’un goût nettement fasciste, tout en se démenant avec un zèle de laquais, pour proférer contre l’URSS et les pays de démocratie populaire les mensonges et les calomnies les plus dégoûtantes et les plus effrénées.

ON PEUT ET ON DOIT EMPECHER LA GUERRE

Pour justifier et rendre plus aisée leur politique de guerre, les impérialistes déchaînent une hystérie et une panique de guerre. Cette atmosphère ainsi que l’a constaté le vieux fauteur de guerre Hoover — s’empare beaucoup plus des Etats-Unis eux mêmes que des autres pays auxquels elle est destinée. La guerre en Asie dure déjà depuis huit mois, et les effets qu’elle exerce aux Etats-Unis augmentent encore le désarroi dans le monde capitaliste.

La fameuse « puissance militaire » des Etats-Unis, tant vantée et affichée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, qui devait sans grande peine conquérir le monde à son gré, a trébuché guerre et s’est compromise dans la contre le petit peuple de Corée faiblement armé.

« Et cette guerre — dit le Camarade Staline — est au plus haut point impopulaire parmi les soldats américains et britanniques.

Il est effet difficile de convaincre les soldats que la Chine qui ne menace ni la Grande Bretagne ni l’Amérique et à qui les Américains ont pris l’île de Taiwan est l’agresseur, tandis que les Etats-Unis d’Amérique, qui se sont emparés de l’île de Taiwan, ont amené leurs troupes jusqu’aux frontières même de la Chine sont ceux qui se défendent.

Il est difficile de convaincre les soldats que les Etats-Unis d’Amé-rique ont le droit de défendre leur sécurité sur le territoire de la Corée aux frontières de la Chine, tandis que la Chine et la Corée n’ont pas le droit de défendre leur sécurité sur leur propre territoire et aux frontières de leur Etat.

De là l’impopularité de la guerre parmi les soldats anglo-américains. Il est compréhensible que les généraux et les officiers les plus expérimentés puissent subir une défaite si leurs soldats considèrent la guerre qui leur est imposée comme profondément injuste, et si, de ce fait, ils remplissent leurs obligations sur le front d’une façon toute formelle, sans foi dans la justesse de leur mission, sans enthousiasme. »

Néanmoins la guerre continue et le fait qu’elle pourrait facilement s’étendre constitue une menace avec laquelle comptent les hommes de tous les pays du monde.

Cette menace se trouve aggravée par l’orgie des armements déclenchée par l’impérialisme. Rien d’étonnant donc que le souci le plus grave de la plupart des hommes soit aujourd’hui celui de préserver la paix.

Aussi la politique de paix poursuivie par l’URSS et les pays de démocratie populaire trouve-t-elle un appui de plus en plus large dans les masses travailleuses et parmi les hommes les plus avancés du monde entier.

Le caractère aventurier de la politique impérialiste, l’incertitude du lendemain, le mensonge comme principale arme idéologique et instrument de propagande, le mépris de l’homme, le mépris des aspirations de la dignité nationale des pays vassalisés, le profond déclin spirituel et moral – voilà les facteurs que l’on retrouve sous la dictature de l’impérialisme américain.

Celle-ci repousse, inquiète et heurte beaucoup d’hommes sensés et honnêtes.

C’est sur cette toile de fond que se développe et s’intensifie le grand mouvement mondial des partisans de la paix. Chacun se rend compte du danger que présente la tension de la situation internationale.

L’impérialisme pourrissant se débat dans une grave crise qui augmente encore la folie aventurière de l’oligarchie avide du dollar, déchaînée dans sa rage de domination et d’exploitation.

Cette oligarchie dispose de moyens techniques et d’un matériel puissants qu’elle essaye de transformer en une force de destruction. C’est pourquoi la politique de guerre impérialiste constitue une menace sérieuse pour l’humanité, pour son développement et son progrès et nous n’avons pas le droit de la sous-estimer.

Elle n’est pas sous-estimée par des millions de simples gens dans tous les pays du monde, elle n’est pas sous-estimée par les masses polonaises qui tous les jours se posent cette inquiétante question : la guerre est-elle inévitable ?

Notre Parti doit donner aux masses une réponse claire et décidée: on doit et on peut empêcher la guerre ! La guerre est un besoin et un espoir des impérialistes tyrans, oppresseurs et assassins des peuples, elle est un attentat et un crime contre l’humanité. La guerre est une preuve manifeste de la faillite et du déclin de l’impérialisme en tant que régime social, c’est une preuve de sa profonde décomposition.

« Celui qui dit que la guerre est inévitable, calomnie l’humanité » — proclame justement la résolution du deuxième Congrès Mondial de la Paix. A la question si une nouvelle guerre mondiale est inévitable, le camarade Staline donne la réponse suivante :

« Non. Du moins à l’époque actuelle on ne peut la considérer comme inévitable.

Evidemment, aux Etats-Unis d’Amérique, en Grande-Bretagne, aussi bien qu’en France, il existe des forces agressives qui ont soif d’une nouvelle guerre. Elles ont besoin d’une guerre pour réaliser des surprofits, pour piller les autres pays.

Ce sont les milliardaires et les millionnaires qui considèrent la guerre comme un chapitre de recettes rapportant d’immenses profits. Ce sont elles, ces forces agressives, qui tiennent clans leurs mains les gouvernements réactionnaires et qui les dirigent.

Mais en même temps, elles ont peur de leurs propres peuples qui ne veulent pas d’une nouvelle guerre et sont pour le maintien de la paix. C’est pour cela qu’elles essaient d’employer les gouvernements réactionnaires pour envelopper leurs peuples de mensonges, pour les duper et présenter une nouvelle guerre comme une guerre défensive, et la politique de paix des pays pacifiques comme une politique agressive.

Elles essaient de tromper leurs peuples pour leur imposer leurs plans d’agression et les entraîner dans une nouvelle guerre. C’est précisément pour cela qu’elles ont peur de la campagne de défense de la paix, craignant que celle-ci ne dévoile les intentions agressives des gouvernements réactionnaires. »

Il est nécessaire et possible de conjurer le danger d’agressions impérialistes à condition d’arriver à une mobilisation active et permanente de toutes les forces progressistes pour la défense de la paix.

Le mouvement des combattants et des défenseurs de la paix est un nouveau mouvement social grandiose d’une importance de premier plan; un tel mouvement n’existait pas à l’échelle internationale ni sous une forme organisée dans la période qui a précedé la deuxième guerre mondiale.

Il y a là un mouvement reflétant ce développement nouveau qui représente l’élévation rapide de la conscience de millions de gens influencés par l’expérience de la guerre passée et des calamités effrayantes qu’elle a apportées à l’humanité.

Des millions de gens s’intéressent à la situation interna.. tionale et suivent son développement. La lutte générale pour la défense de la paix trouve un vif écho parmi les travailleurs de la Pologne populaire.

La collecte des signatures pour l’appel de Stockholm à laquelle le peuple polonais tout entier a participé en est une preuve, comme l’est aussi le grand mouvement de sympathie de la part de toute la nation envers le deuxième Congrès Mondial pour la paix, durant lequel la capitale de la Pologne était devenue la capitale de la paix.

Les travailleurs prennent toujours plus con-science que la lutte pour la paix les concerne tous et chacun en particulier et qu’elle est très étroitement liée au travail quotidien du peuple tout entier. Il en ressort que la lutte pour la paix doit englober le peuple tout entier et doit avoir le caractère d’un large front national.

Que faut-il entendre par là? Il n’existe pas en Pologne un grand nombre d’hommes dont on pourrait dire qu’ils désirent la guerre. Des hommes pareils ne forment dans notre société qu’une méprisable poignée, ce ne sont en général que des dévoyés dont on pourrait se dispenser de parler.

Mais nous n’avons pas le droit de fermer les yeux sur le fait que même des agents de diversion et des agents des services d’espionnages étrangers, recrutés spécialement parmi les rescapés des milieux capitalistes et spéculateurs, peuvent, même s’ils sont peu nombreux, nuire par la diffusion des mensonges de diversion et par une propagande chuchotée; d’autant plus que la propagande par radio organisée par les impérialistes, mensongère jusqu’à la bêtise mais d’autant plus criarde, essaye de s’infiltrer parmi les éléments les plus rétro-grades de notre pays.

Il faut extirper entièrement cette diversion criminelle. La lutte pour la paix est une lutte dans laquelle notre peuple doit se trouver le plus uni. Il ressort clairement de ce que j’ai dit que la lutte pour la paix constitue dans les conditions actuelles le plus haut devoir patriotique et humain.

Quel est le sens politique du Front National?

Nous savons que le problème de l’unité nationale dans la lutte pour la libération, problème qui avait eu un sens progressiste dans la période de nos insurrections nationales au XIXe siècle, dans la période de l’évolution ascendante de la bourgeoisie polonaise — est devenu, dans les décades ultérieures, entre les mains de la national-démocratie, du pilsudskisme, de la droite du Parti socialiste polonais (PPS) et plus tard du régime de la « sanacja », un mot d’ordre de charlatanisme politique.

Dans la période où la bourgeoisie polonaise, liée aux propriétaires terriens était déjà devenue une classe dont les intérêts s’opposaient aux intérêts , nation, une classe qui marchait de plus en plus dans: la la voie de la trahison nationale — dans cette période le mot d’ordre de Front National n’était pour elle qu’un instrument pour paralyser les masses ouvrières, paysannes et la petite bourgeoisie urbaine par un nationalisme chauffé à blanc ou par des théories racistes empruntées à l’arsenal hitlérien.

Il s’agissait de couvrir d’une feuille de vigne cette caricature de Front National, la nudité repoussante de la trahison, et la félonie de la classe d’exploiteurs au gouvernement. La politique de cette classe a conduit la Pologne à la catastrophe de septembre, avec toute l’immense hécatombe humaine, les destructions et les souffrances qui étaient devenues le lot du peuple.

Nous pouvons aujourd’hui observer avec dégoût cette poignée de faillis qui, se trouvant en émigration, sont tombés au fond même de la félonie et de la trahison. Ils se vendent en gros et en détail à tous les services d’espionnage impérialistes qui consentent à les acheter.

Ces petites cliques d’émigrés qui se mordent entre elles, racontent des fables sur la Pologne « d’entre-deux-mers » et pour satisfaire leur patron américain raillent à qui mieux la souveraineté nationale, tout en agitant le petit drapeau de l’unité nationale.

Les vieillissantes sirènes de l’émigration à têtes fascistes et à queues d’espions américains louchent de plus en plus tendrement du côté de la Trizone, y dépêchent leurs Anders, Hutten-Gzapski et Mackiewicz pour vendre, en suivant les traces du général Prchala, les émigrés polonais hébétés comme chair à canons aux généraux hitlériens. Nous combattions et démasquions ces ennemis du peuple quand ils se couvraient de la phraséologie national-démocrate ou démocrate-chrétienne, populiste, social-démocrate ou de l’assainissement fasciste (sanacja), aujourd’hui ils se démasquent eux-mêmes en tant que mercenaires americano-hitlériens.

LA CLASSE OUVRIERE – FORCE DIRIGEANTE DU FRONT NATIONAL

Dans la nuit sombre de l’esclavage et de l’occupation hitlérienne, notre Parti a lancé le mot d’ordre de Front National de lutte contre l’envahisseur allemand, il a édifié victorieusement ce front, en rassemblant les meilleures forces de la nation autour du Conseil National.

Nous partions fermement du principe que c’était la classe ouvrière qui devait diriger le Front National, car un glissement sur la voie du Conseil dit d’Unité Nationale avec le gouvernail aux mains des partis bourgeois—comme le voulaient les partisans de la déviation opportuniste de droite — aurait infailliblement conduit à sa perte la lutte pour la libération nationale, l’aurait conduit à se vendre à l’impérialisme anglo-saxon.

Grâce à cette attitude patriotique et conséquente tant au point de vue de classe qu’au point de vue national, grâce à l’alliance avec la grande Union Soviétique, grâce a l’aide de l’héroïque Armée Soviétique, la Pologne a été libérée.

Le pouvoir populaire a procédé à l’édification de la Pologne sur des principes nouveaux, socialistes. Voilà pourquoi nous pouvons faire face aujourd’hui à tous les dangers qui nous menacent de la part de l’impérialisme américain.

Alors que le danger d’une agression américaine menace le monde, des millions d’hommes des pays de l’Europe Occidentale prennent toujours plus conscience l’oppression américaine et de la perte de leur indépendance, ce qui constitue la base d’un large front national, pour la paix et la reconquête de l’indépendance de ces pays. La lutte héroïque de millions d’hommes de France et d’Italie en témoigne.

A la tête de cette lutte se trouvent les partis communistes, champions inflexibles de la liberté et de l’indépendance nationale. Le programme du Parti Communiste de Grande-Bretagne publié récemment constitue un document précieux à cet égard, nous y lisons entre autres

« Pour la première fois dans son histoire, notre pays a perdu son indépendance et sa liberté d’action dans la politique étrangère, économique et militaire, il s’est soumis à une puissance étrangère — les Etats-Unis d’Amérique.

La reconquête de l’indépendance nationale de la Grande-Bretagne trahie par les dirigeants des partis conservateur, libéral et travailliste est une condition expresse du relèvement de la Grande-Bretagne et de son progrès politique, économique et social. Nous appelons tous les patriotes authentiques à s’unir pour défendre les intérêts nationaux et l’indépendance de la Grande-Bretagne. Nous sommes pour une Grande-Bretagne libre, forte et indépendante. » (Pour une Paix durable, n° 5, 2 février 1951)

Les Fronts Nationaux de lutte pour la paix et l’indépendance nationale issus de la situation concrète des pays de l’Europe Occidentale sont nos alliés dans cette lutte.

LA SIGNIFICATION DU MOT D’ORDRE DU IRONT NATIONAL DE LUTTE POUR LA PAIX ET LE PLAN SEXENNAL

Quel est le contenu politique de notre mot d’ordre du Front National de lutte pour la paix et la réalisation du Plan Sexennal ? Nous proclamons aujourd’hui ce mot d’ordre pour resserrer encore davantage les rangs des millions de Polonais.

Ce n’est pas une coïncidence si c’est précisément aujourd’hui que ce mot d’ordre se place au premier plan. Trois facteurs y ont contribué Premièrement, le danger de guerre, le danger d’une agression américano-hitlérienne qui s’est considérable-ment accru ces derniers temps.

Les horreurs de la dernière guerre sont encore présentes à notre mémoire ; nous nous souvenons, nous nous souvenons bien de la face bestiale des hitlériens, actuellement patronnés par les Américains. Aujourd’hui, ils tendent leurs griffes rapaces aussi bien vers nos territoires de l’Ouest que vers toute la Pologne qu’ils veulent asservir.

Nous savons ce que signifierait l’invasion des hordes arnéricano-hitlériennes la mort, la faim, les mutilés. Y-a-t-il un Polonais honnête qui, devant ces plans criminels, ne prendrait pas une position nette et bien définie?

Peut-on y répondre autrement qu’en resserrant les rangs dans le Front National de lutte pour la paix et pour le Plan de six ans ?

Deuxièmement, s’appuyant sur l’union dite atlantique et sur la Trizone dans laquelle il réarme les hordes hitlériennes et remet le pouvoir aux mains des généraux hitlériens battus, l’impérialisme américain menace notre indépendance.

Il voudrait bien faire de la Pologne sa colonie, son « hinterland » [arrière-pays], fournisseur de matières premières, et administré par des gauleiters hitlériens. Y-a-t-il un seul Polonais honnête, un seul véritable patriote qui ne serrerait les poings en réponse à Ces plans, à ces lâches intentions, à ces desseins abjects ?

Peut-on y répondre autrement qu’en resserrant les rangs du Front National de lutte pour la paix et pour le Plan de six ans, garantie de notre industrialisation, de notre force et de notre souveraineté ?

Troisièmement, nous appelons à resserrer les rangs du Front National parce que les ouvriers, les paysans travailleurs et les intellectuels travailleurs constituent le noyau essentiel de notre peuple. De profondes trans-formations se sont produites au cours des siècles dans le peuple polonais, aujourd’hui, il entre dans la période de son épanouissement, car il devient une nation socialiste.

LA NATION POLONAISE DEVIENT UNE NATION SOCIALISTE

Et comment cela s’est-il produit du point de vue historique?

La nationalité polonaise s’est développée dans la période du morcellement médiéval, dans la période précapitaliste, c’est-à-dire vers la fin du XVIIIe siècle.

Il n’existait alors que des éléments de la nation future comme la langue, le territoire, la communauté culturelle, etc. La noblesse s’intitulait alors elle-même, la « nation des nobles », laissant de côté la bourgeoisie et les paysans.

C’est au XIXe siècle que s’est constituée la nation polonaise dans l’acception moderne de ce terme, une nation dont la physionomie était déterminée par la bourgeoisie liée avec la noblesse, c’est-à-dire une nation bourgeoise.

Les autres classes, malgré leur importance numérique, étaient soumises à l’hégémonie de la bourgeoisie et ne pouvaient jouer le rôle dirigeant pour former la nation ni pour déterminer sa physionomie.

L’arrivée au pouvoir de la classe ouvrière polonaise, en 1944, a inauguré une nouvelle période historique, la période de la transformation de la nation bourgeoise en nation socialiste avec un nouveau régime économique, avec une nouvelle composition de classe, avec une nouvelle physionomie morale et politique.

Par conséquent, pendant l’étape historique actuelle, notre peuple traverse tin processus très profond de trans-formation et de passage à la société socialiste. Ce processus se poursuit, et tant qu’il n’atteindra pas un stade déterminé, il doit être lié à la lutte de classe.

Mais c’est un processus qui mène à la société sans classes. Chez nous, on a liquidé à jamais les principaux piliers de la société bourgeoise précédente : les industriels capitalistes et les propriétaires fonciers. Les couches de la bourgeoisie moyenne ont été évincées dans une large mesure de notre industrie, de notre commerce et de nos transports.

Il ne reste que les couches de la petite bourgeoisie. A la campagne, il ne reste que la couche des koulaks dont l’influence sur l’agriculture ira en diminuant. La grande masse des exploitations paysannes à petite production marchande est liée avec notre économie socialiste générale par toute une série de formes comme les coopératives, les contrats, etc.

Et ce qui est le plus important, elle commence à passer de plus en plus résolument à la production coopérative.

L’ alliance sans cesse plus solide des ouvriers et des paysans sous la direction de la classe ouvrière constitue ch nous la forme politique sous laquelle les masses paysannes sont entraînées dans l’édification socialiste.

Il est clair que tout cela se déroule dans les conditions d’une lutte de classe qui va en s’aggravant.

Les couches bourgeoises en voie d’élimination recourent à des formes de lutte de plus en plus âpres qui vont de la diversion au sabotage, de l’espionnage à la provocation et des actes clandestins de banditisme à l’organisation d’officines impérialistes soigneusement camouflées.

Le processus par lequel les vestiges de l’ancien régime se joignent à la campagne de diversion de l’impérialisme et des fauteurs de guerre, oppose ces éléments aux intérêts vitaux du peuple, les exclut de la nation.

Le glaive vengeur de notre justice s’abattra sur eux avec toute la rigueur de la loi. Nous briserons résolument la résistance de l’ennemi de classe et de la diversion impérialiste.

En même temps nous adopterons l’attitude la plus indulgente et la plus bienveillante à l’égard de ceux qui jadis errant dans les ténèbres, se trouvaient sous l’influence de l’idéologie hostile et qui, aujourd’hui, veulent servir fidèlement le peuple et consacrer toutes leurs forces au renforcement de notre patrie.

Et comment se forme la nation socialiste? Le camarade Staline a répondu à cette question en 1929 dans son ouvrage « La question nationale et le léninisme ».

« L’union de la classe ouvrière et de la paysannerie travailleuse à l’intérieur de la nation pour la liquidation des restes du capitalisme au nom de l’édification victorieuse du socialisme, la destruction des restes de l’oppression nationale au nom de l’égalité des droits et du libre développement des nations et des minorités nationales, la destruction des restes du nationalisme au non-i de l’institution de l’amitié entre les peuples et de l’établissement de l’internationalisme, le front commun avec toutes les nations opprimées ou qui ne jouissent pas de tous leurs droits, dans la lutte contre la politique de conquête et des guerres de conquête, dans la lutte contre l impérialisme telle est la physionomie spirituelle et socialo-politique de ces nations. »

Le camarade Staline qui a lutté toute sa vie contre le nihilisme national, contre la sous-estimation de la question nationale déclare catégoriquement que la liquidation des nations bourgeoises ne signifie en aucun cas la liquidation des nations en général, mais seulement la liquidation des nations bourgeoise.

Le camarade Staline a souligné que les nouvelles nations socialistes sont plus unies que n’importe quelle nation bourgeoise, car « elles sont délivrées des irréconciliables contradictions de classe qui divisent les nations bourgeoises, et autrement plus universellement populaires que n’importe quelle nation bourgeoise ».

Nous pouvons déclarer à la lumière de ces thèses que, malgré les contradictions de classe qui existent encore chez nous, nous avons fait incontestablement un grand pas en avant dans la voie de la transformation de notre nation en nation socialiste.

C’est justement pour cette raison que la nation polonaise actuelle, pour reprendre les expressions du camarade Staline. est beaucoup plus universellement populaire que ne l’a jamais été la nation polonaise dans la période bourgeoise.

C’est pourquoi le mot d’ordre avancé par nous du Front National signifie la cohésion des rangs de la nation qui se transforme en nation socialiste, sous la direction de la classe ouvrière, dans la lutte pour les populaires les plus importants, tels que la paix, la garantie de l’indépendance et la réalisation du Pian six ans.

C’est précisément et exclusivement dans ce sens que nous lançons le mot d’ordre du Front National de lutte pour la paix et la réalisation du Plan de six ans mot d’ordre qui est qualitativement différent des mots d’ordre précédents.

En liquidant les classes parasitaires, nous laissons à ceux qui en sont issus la possibilité de se joindre à la nouvelle communauté nationale, en participant à l’activité de production, à l’activité du peuple tout entier. En renforçant le Front National de lutte pour la paix et la réalisation du Plan de six ans, nous multiplions de la façon la plus effective les forces du peuple.

Nous assurons les conditions les plus favorables pour son épanouissement en nous appuyant sur son glorieux héritage, riche de plusieurs siècles, et en enrichissant sans cesse notre patrimoine national, notre contribution à l’oeuvre universelle de la paix et du progrès.

LA LUTTE CONTRE L’OPPORTUNISME ET LE SECTARISME

La lutte pour la paix est aujourd’hui la tâche principale, la plus importante de notre parti, comme elle est la tâche essentielle de tous les partis communistes et ouvriers du monde entier et de tous les progressistes honnêtes. Le souci d’assurer la direction de cette lutte sur le plan politique et sur le plan de l’organisation ne saurait être séparé des autres tâches qui se posent au parti.

Lorsque nous parlons d’un vaste front national de lutte pour la paix, cela signifie que dans le domaine de l’organisation, il s’agit d’entraîner la majorité des hommes épris de paix dans une lutte active, pleine d’abnégation pour la défense de la paix.

Au premier abord, cette tâche ne semble pas difficile, puisque nous savons que la plupart des hommes aspirent réelle-ment à une paix durable. Mais, en réalité, c’est une tâche immense et qui n’ est pas facile à accomplir.

Organiser des masses inorganisées, éveiller en elles, pour une longue période, l’activité et la vigilance, les rendre prêtes à se dévouer dans un effort collectif, diriger et ceux qui aspirent à la paix, et ceux qui ont compris comment il fallait lutter efficacement pour la paix, cela comme nous le savons déjà par notre propre expérience, est une tâche difficile.

D’aucuns pourraient dire: Mais comment? Nous avons recueilli 18 millions de signatures sous l’Appel de Stockholm, il existe dans notre pays tant de milliers de comités de la paix.

Qu’y a-t-il donc ici de difficile? Certes, la collecte des signatures a été une belle campagne. Mais celle-ci n’a recueilli qu’une déclaration des signataires, exprimant leur position dans une question déterminée, posée par l’Appel de Stockholm.

Mais ces déclarations ne signifiaient nullement que les signataires étaient décidés à faire preuve, pendant une longue période, d’activité, de vigilance, qu’ils étaient prêts à déployer des efforts permanents pour la, cause de la paix.

L’opinion selon laquelle signer l’appel et se déci partisan de la paix serait une forme suffisante de participation à la lutte pour la paix, ainsi que la tendance à se contenter du nombre des comités de la paix déjà créés, sont des phénomènes dangereux.

On ne doit pas restreindre les tâches de la lutte pour la paix à ces seules formes que constituent la propagande et les déclarations. De nombreux camarades sont encore portés à commettre cette erreur.

De nombreux camarades ont une tendance dangereuse et particulièrement nocive à substituer à l’activité de propagande et d’organisation des méthodes mécaniques et (sous différentes formes) des abus de pouvoir condamnables, afin « d’alléger » leurs tâches, et cela, bien entendu, non seulement au cours de la campagne de lutte pour la paix.

On pourrait citer une longue liste d’actes de sectarisme les plus variés, qui se manifestent dans différentes actions sociales, mais les camarades de la province ici présents connaissent certainement ces « exploits » mieux que moi.

Par contre, je tiens à souligner à cette Assemblée Plénière du CC le fait alarmant d’une attitude tolérante dans les provinces envers ce sectarisme extrêmement dangereux qui non seulement n’accélère pas notre marche en avant, mais qui la freine considérablement.

Toutes les manifestations de sectarisme qui sont accompagnées d’abus de pouvoir, doivent être traitées de sabotage envers le pouvoir populaire, faute d’autant plus lourde, que ce sont surtout des membres du parti qui la commettent.

Le respect de l’autorité du pouvoir populaire, une attitude pleine de déférence envers les lois promulguées par ce pouvoir, le respect à chaque pas des principes de la légalité révolutionnaire est, semble-t-il, un devoir élémentaire de chaque citoyen.

Cependant l’attitude de beaucoup de membres du parti envers la question de la légalité rappelle parfois celle des hommes les plus rétrogrades, socialement parlant.

Ce sont là des remarques faites en passant, et je pense que nous y reviendrons à une prochaine occasion, ou qu’elles trouveront leur expression au cours de la discussion. En revenant aux tâches concernant la lutte pour la paix, je veux mettre en garde contre un autre grave danger, celui qui consiste à avoir dans cette lutte, une attitude superficielle, qu’on pourrait rapprocher du pacifisme bourgeois.

Il ne s’agit pas de garder un « calme béat », de se laisser aller à la réconciliation des classes, il ne s’agit pas non plus d’estomper les contra-dictions et la lutte de classes, ni de ralentir le rythme de l’édification de la société sans classes.

Ce qui importe, c’est que nous luttons pour la paix, contre le déclenche-ment d’une guerre impérialiste d’agression et que nous sommes en train de créer un Front National comme levier pour la réalisation du Plan de six ans qui est pour notre peuple la forme principale de lutte pour assurer son indépendance et son développement pacifique.

Nous sommes marxistes, et une attitude neutre dans les luttes sociales qui se poursuivent — nous est étrangère. Une neutralité de cette espèce est toujours un symptôme d’opportunisme. Cependant il y a encore pas mal d’opportunisme dans nos rangs.

Nous devons nous opposer à ces symptômes catégoriquement et les com-battre avec décision. De même dans la lutte pour la paix, ce qui importe c’est une activité réelle et non une attitude passive qui en fait équivaut, à une attitude « neutre ».

La défense active de la paix exige tout d’abord dans notre travail quotidien, nous soyons vigilant; face aux menées des agresseurs et des fauteurs de guerre de tout acabit, c’est-à-dire que nous soyons vigilants far à l’activité perfide, camouflée des agents de diversion des espions, des saboteurs et des autres agents ennemis.

Comment se présente cette vigilance dans la pratique ? Les camarades de la Chambre Suprême de contrrôle nous répondront peut-être plus en détail à ce sujet eux, qui dernièrement ont vérifié comment on garde, dans nos institutions, des documents constituant des secrets d’Etat.

Des camarades de notre Parti nous diront à ce sujet comment sont gardés, même dans les bureaux du Parti des documents du Parti, alors que les Comités de Voïvodies ont une attitude tolérante en-vers les coupables.

Nous avons parlé à la 3e Session Plénière du CC du devoir de vigilance envers l’ennemi de classe, les camarades intervenant dans la discussion nous diront certainement comment les choses se présentent aujourd’hui sous ce rapport dans beaucoup d’organisations du Parti.

Je dirai simplement à cette occasion que l’attitude envers l’exécution des décisions prises par le Parti et le contrôle de leur exécution est une des principales faiblesses de notre travail de Parti, à laquelle nous devrions mettre fin le plus rapidement possible.

LE PLAN SEXENNAL — PLAN D’AUGMENTATION DE NOTRE FORCE

La lutte pour la paix est intimement liée à notre lutte pour le Plan de six ans, car celui-ci doit mettre fin à notre faiblesse, à notre état arriéré, et par conséquent, à notre incapacité de nous défendre. C’est surtout aux pays faibles, arriérés et sans défense que les impérialistes imposent leur volonté. La faiblesse économique d’un pays est une tentation pour les impérialistes qui pénètrent dans ce pays arriéré, soit par la violence, soit au moyen de la prétendue « aide » qui peut devenir, elle aussi, une forme particulière elle violence.

Chaque prêt consenti par un pays capitaliste s’accompagne de conditions de dépendance économique et politique imposées au pays bénéficiant du prêt. Il y a eu chez nous des gens pour affirmer que la Pologne ne pourrait pas surmonter ses difficultés sans une aide financière de la part de l’Amérique ou de la Grande-Bretagne.

Aujourd’hui, nous sommes heureux de le dire, grâce au soutien fraternel de l’Union Soviétique, nous avons parfaitement vaincu ces difficultés sans l’aide américaine. Nous avons devant nous l’exemple des pays qui « benéficient » de cette aide; elle les soutient comme la corde soutient le pendu.

Le Plan Sexennal augmente les forces de la Pologne et renforce son indépendance, et par là-même, augmente l’apport de la Pologne à la cause de la paix, qui est celle de toute l’humanité.

La lutte active pour la paix signifie donc le travail quotidien de chacun de nous pour l’accroissement des forces de la Pologne populaire, pour le renforcement de sa base économique, pour l’accroissement rapide de ses forces de production, c’est-à-dire de son industrie, de ses transports, de sa marine, de son agriculture et, en même temps, de sa culture, car la culture constitue sans aucun doute un facteur important de la force d’une nation.

Lutter activement pour la paix c’est contribuer de toutes ses forces et à chaque instant à la réalisation du Plan Sexennal.

Quelles obligations fondamental réalisation de ce plan nous impose-t-elle ? Etant donné qu’il en sera parlé plus en détail dans le rapport camarade Minc, je me bornerai à déclarer que les du conditions essentielles nécessaires pour continuer à, accomplir avec succès nos tâches économiques sont les suivantes:

a) la cohésion et l’abnégation des masses travailleuse de Pologne, des millions d’ouvriers, de paysans et d’intellectuels travailleurs;

b) l’augmentation de la productivité du travail et le développement intense de l’émulation socialiste;

c) l’abaissement du prix de revient de la production, grâce à la gestion plus rationnelle et plus économique; l’introduction du principe d’économie comme règle de conduite dans notre travail de production et dans nos propres foyers. d) une lutte énergique, implacable contre toute négligence, toute prodigalité, contre le sabotage et la dilapidation des biens publics;

e) un contrôle permanent, systématique de l’exécution des tâches du parti et de l’Etat. Voilà les directives essentielles de notre travail d’organisation. Elles nous aideront à remplir nos tâches avec succès, à remporter la victoire dans la lutte pour le Plan Sexennal — base d’airain de notre lutte pour la paix.

LE SYSTEME SOCIAL QUI NE SE SOUCIE PAS DE L’HOMME SE CONDAMNE LUI MEME

Le régime capitaliste est à nouveau dans une phase d’aggravation aiguë de sa politique d’aventures et de guerre. Il se débat dans des contradictions qu’il ne peut ni résoudre, ni surmonter. Ne tenant aucun compte des leçons de l’expérience et de l’histoire, les impérialistes cherchent une issue à la crise aiguë qui pèse sur leur système économique dans la course aux armements, c.à.d dans le déclenchement d’une guerre.

Cette folle politique accélère et approfondit la crise générale du capitalisme que les fauteurs de guerre impérialistes voudraient précisément éviter et qui les fait trembler. La même soif de dominer le monde qui a mené leurs prédécesseurs hitlériens à la catastrophe les conduit sur le même chemin, vers une nouvelle catastrophe du régime capitaliste.

Nous sommes profondément convaincus que la coexistence pacifique du système capitaliste et du système socialiste est possible. C’est un vil mensonge que d’accuser le camp socialiste de tendre à l’agression. Le système socialiste ne craint pas la compétition pacifique avec le capitalisme, car l’édification pacifique des pays socialistes, leur économie, leur culture se développent rapidement et sans interruption, libèrent l’énergie créatrice toujours plus magnifique des sociétés socialistes, multiplient leurs forces de production.

Ceci accroît la fureur des fauteurs de guerre impérialistes et suscite l’admiration des masses travailleuses du monde entier.

Dans la compétition des deux systèmes sociaux la supériorité du socialisme et son caractère progressiste et salutaire pour l’humanité deviennent évidents pour des centaines de millions d’hommes dans tous les coins du globe. Les forces et les capacités de production du grand Etat socialiste d’avant-garde se développent à une vitesse vertigineuse, sans précédent dans aucune période de l’histoire des sociétés.

Si, l’on compare le niveau actuel de la production en URSS a celui de la période capitaliste, c’est-à-dire au niveau de 1913 — cette seule comparaison suffit à condamner le système capitaliste.

Les pays capitalistes qui, autrefois étaient en tête tels que l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Belgique, le Japon — ne peuvent, quoiqu’ils fassent’ dépasser de beaucoup le niveau de production d’il’ y a 40 ans, et piétinent sur place.

En 20 ans, donc pendant la moitié de cette période, malgré les effroyables destructions causées par l’invasion hitlérienne, l’Union Soviétique a multiplié plusieurs fois les forces et les capacités de production des nations soviétiques, par rapport à la période capitaliste, c’est-à-dire par rapport à 1913, depuis elle les multiplie toujours plus rapide-ment d’année en année atteignant un niveau technique toujours plus élevé, avec un élan digne d’admiration, dont elle peut être fière.

Ainsi, dans les branches de la production les plus importantes et les plus difficiles — dans l’industrie lourde — l’URSS atteignait en 1940 (juste avant la guerre) une production annuelle de 15 millions de tonnes de fonte et plus de 18 millions de tonnes d’acier, c’est-à-dire une augmentation de 4 fois et demie en comparaison avec 1913.

En 1950, la production sidérurgique de l’URSS a augmenté de plus de 50% en com-paraison avec 1940, c’est-à-dire qu’elle est six fois supérieure à celle de 1913.

En 1940, on a extrait en URSS 166 millions de tonnes de charbon, c’est-à-dire 5 fois et demie de plus qu’en 1913. L’an dernier l’extraction du charbon a augmenté de deux tiers en comparaison avec 1940, c’est-à-dire qu’actuellement elle est environ 9 fois supérieure à celle de la période capitaliste en Russie.

En ce qui concerne la production des machines, il n’est pas possible de faire de comparaisons avec la période capitaliste, car un bond extraordinaire a été fait en URSS par rapport à la situation avant la première guerre.

Les hommes soviétiques se sont non seulement assimilé les découvertes de la technique la plus moderne, mais ils élèvent cette technique à un niveau toujours plus haut et la perfectionnent sans cesse.

Rien que pendant l’année 1950 les usines soviétiques de construction de machines ont produit plus de 400 nouveaux types et marques de machines et d’installations à. grand rendement.

La mécanisation de l’industrie, de l’agriculture, des transports, de la construction a atteint un niveau supérieur à celui de tous les autres pays et contribue à l’augmentation constante du rendement du travail. L’augmentation de la production, le développement de la technique, les réalisations économiques favorisent le développement de la culture et du bien-être des nations soviétiques.

Le capitalisme au contraire décline inéluctablement et de façon inégale. Il détruit ou dilapide les forces de production de la société, conduit à la ruine les populations des pays soumises à la dictature de l’oligarchie impérialiste, sème le désespoir et la mort.

Le socialisme assure à la société un magnifique développement, multiplie les forces de production de la société, élève à un niveau incomparablement supérieur les acquisitions de la pensée humaine, facilite les découvertes de la technique.

Le capitalisme fait peser sur l’humanité le danger de guerre et d’extermination.

La science, la pensée créatrice, la technique, les talents sont stimulés en URSS et y trouve des conditions de développement sans entrave et toujours es plus magnifique.

A chaque invention de nouveaux moyens de génocide l’impérialisme ne contient pas sa joie, mais malgré ses « armes magiques », l’impérialisme est battu par les peuples d’Asie mal armés, mais luttant héroïquement pour leur liberté.

Le socialisme fait tout pour développer l’homme – il enseigne à apprécier la dignité de l’homme, éveille en lui des idées nobles et un amour ardent de son pays natal et des grandes aspirations progressistes de l’humanité. L’impérialisme s’enivre du culte du dollar qui dégringole, et méprise l’homme.

Le système social qui n’a pas de considération pour l’homme est condamné à sa perte.

LES SOURCES DE NOTRE FIERTÉ NATIONALE

Notre pays est souvent visité par des délégations d’ouvriers, de femmes, de jeunes, de savants et d’artistes, de différents pays.

Nous leur montrons notre travail, et cela est l’expression de notre solidarité et de notre internationalisme que nous devons développer encore. En même temps, cela constitue aussi la source de notre légitime fierté nationale qui ne découle pas de la présomption, ni de l’orgueil, mais d’un patriotisme profond.

La fierté devant les succès remportés grâce aux efforts communs, la fierté de chaque ouvrier, de chaque paysan travailleur et de chaque instituteur, celle du médecin et de l’ingénieur devant ses conquêtes dans le travail, est un sentiment élevé que nous devons encourager.

L’aspiration à des conquêtes toujours plus importantes est belle et noble.

Nous apprécions nos ingénieurs et nos techniciens, nous apprécions tous nos intellectuels qui ont tant fait pour les succès de la Pologne populaire.

Nous voulons qu’ils soient entourés de respect et de reconnaissance. De grandes tâches les attendent cette année et dans les années à venir. C’est pourquoi nous voulons qu’ils aient devant eux des perspectives lumineuses, que leurs enfants jouissent des mêmes privilèges que les enfants d’ouvriers.

Nous sommes fiers de ne pas rester sur place, d’avoir obtenu, grâce à l’ardeur et aux recherches créatrices, malgré les hésitations et les erreurs, des résultats incontestables dans la science et la littérature, le théâtre et la peinture, la musique et le cinéma.

Nous ne pouvons en rester là. Nous désirons ardemment que soient créées chez nous des oeuvres dignes de notre grande époque, dignes de notre peuple.

NOUS PRENONS EXEMPLE SUR LE GRAND PAYS DU SOCIALISME VICTORIEUX

Nous devons critiquer plus hardiment, nous devons encourager les audacieuses recherches créatrices dans notre vie si riche de contenu, si pleine de nouveau. Nous devons encore plus profondément assimiler notre bel héritage culturel.

Nous devons encore plus largement utiliser les réalisations inestimables des savants et des artistes du grand pays du socialisme.

Notre Parti, le Parti ouvrier unifié polonais, est fier d’avoir montré au peuple polonais la voie du développement et du progrès ; il l’a aidé à s’engager sur le nouveau chemin, le chemin de l’édification socialiste.

Nous prenons exemple sur le grand et puissant pays où le socialisme a triomphé. Les réalisations de l’URSS sont un témoignage éloquent que, marchant dans la voie créatrice du socialisme, notre peuple augmentera sa force, élèvera son bien-être, multipliera rapidement les succès de son économie et de sa culture.

Nous sommes unis à l’URSS et aux pays de démocratie populaire par les liens solides de l’amitié. Cette amitié est indestructible. Avec l’Union Soviétique et les pays de démocratie populaire, nous luttons pour consolider la paix.

Avec des centaines de millions de gens, nous participons au mouvement puissant et toujours grandissant des combattants de la paix. Nous nous trouvons aux premiers rangs de ce magnifique mouvement, à la tête duquel se trouve le Grand Défenseur de la Paix, le camarade Staline. Les forces du camp de la paix grandissent.

Elles sont invincibles, car la source intarissable de leur développement réside dans sa conformité aux lois du progrès de l’histoire humaine, découvertes par la grande doctrine de Marx, d’Engels, de Lénine et de Staline.

La garantie de leur développement, c’est la pensée et l’idéologie marxistes-léninistes d’avant-garde hardies, créatrices qui ne restent jamais figées.

Le camp de la paix exprime les aspirations et les désirs de l’immense majorité des hommes, il renforce leur juste lutte pour la libération de tous les opprimés et déshérités.

Par conséquent, il jouit, dans les pays capitalistes et dépendants, de la sympathie et du soutien de millions d’hommes qui veulent être libres.

Les forces du camp de la paix s’appuient sur la base la plus solide : sur l’amitié, la coopération et la fraternité internationales. C’est pourquoi les forces mauvaises et hostiles de l’impérialisme ne pourront éviter le désastre si elles osent entreprendre une guerre criminelle, un nouvel attentat contre l’humanité.

Pour que triomphent les forces de la paix il faut qu’elles fassent jouer tous les facteurs de leur supériorité politique, morale et matérielle.

A la question : — Par quoi se terminera la lutte entre les forces agressives et les forces éprises de paix? — le camarade Staline à répondu :

« La paix sera conservée et consolidée si les peuples prennent en mains la cause du maintien de la paix et s’ils la défendent jusqu’au bout.

La guerre peut devenir inévitable si les fauteurs de guerre parviennent à envelopper les masses populaires de mensonges, à les tromper et à les entraîner dans une nouvelle guerre mondiale.

C’est pourquoi la vaste campagne en faveur du maintien de la paix en tant que moyen de dénoncer les machinations criminelles des fauteurs de guerre, revêt aujourd’hui une importance primordiale. En ce qui concerne l’Union Soviétique, elle continuera demain comme hier à mener inflexiblement une politique tendant à prévenir la guerre à maintenir la paix. »

LE TRAVAIL PLEIN DE DEVOUMENT POUR LA POLOGNE POPULAIRE — EXPRESSION DU PATRIOTISME PROFOND

Organisant la lutte du peuple polonais pour la paix et le Plan de six ans, nous devons nous souvenir de l’immense responsabilité qui nous incombe dans la juste direction politique de cette lutte.

Le sectarisme aride, l’opportunisme qui fait perdre le point de vue de classe, qui rend aveugle et endort la vigilance, voilà le principal danger qui menace de déformer notre ligne politique.

Nous devons lutter contre les déformations de tout genre avec l’arme éprouvée de la critique et de l’autocritique. Nous devons renforcer le contrôle de l’exécution des décision et des directives du parti. Nous devons améliorer notre organisation, chacun sur son secteur de travail, et tous ensemble par nos efforts communs.

C’est sur notre Plan de six ans, qu’est fondée la force indestructible du peuple polonais, c’est lui qui constitue notre plus importante contribution à l’oeuvre de la paix.

Faisons donc tout pour réaliser ce plan Nous devons expliquer au peuple l’importance du plan, mobiliser les masses pour augmenter la producti-vité du travail visant à réaliser ce plan créateur et historique.

Nous devons apprendre à notre jeunesse courageuse et pleine d’allégresse à accélérer par son noble enthousiasme les réalisations de notre travail et à consolider sa résolution de défendre la paix.

Que chaque Polonais, qui aime son pays, renforce sa vigilance envers les menées perfides de l’ennemi, qu’il ne ménage pas ses efforts pour consolider les forces économiques de la Pologne Populaire, qu’il donne l’exemple du patriotisme par sa volonté de travailler avec abnégation pour le bien de son peuple, qu’il serve l’humanité par sa résolution de défendre la paix.

La Pologne Populaire socialiste, industrialisée, économiquement consolidée, est un rempart puissant de la liberté et de l’indépendance de notre peuple. Liée par les sentiments de l’amitié et par une idéologie commune à l’Union Soviétique, aux pays de démocratie populaire, aux forces mondiales des partisans de la paix, la Pologne populaire devient un bastion invincible contre lequel se briseront toutes les menées perfides des agresseurs impérialistes.

Les forces du camp de la paix sauront paralyser les menées du camp de l’agression, de la tyrannie et des crimes. Elles sauront assurer à l’humanité une paix durable.

Staline est notre guide, la victoire est à nous !

=>Retour au dossier sur les démocraties populaires

Boleslaw Bierut : Nous édifions une Pologne socialiste

Discours prononcé le 16 juillet 1950 à la Ve session plénière du Comité Central du Parti Ouvrier Polonais Unifié

Les délibérations de la Ve Session plénière du CC sur le plan de six ans et la formation des cadres nécessaires à sa réalisation ont clos la longue période des travaux préparatoires, commencés encore avant le Congrès d’Unification, c’est-à-dire il y a de cela deux ans.

Des délibérations de cette Session plénière, il ressort que le plan de six ans est un plan prêt, un plan étudié, vérifié et entièrement préparé pour quo l’on puisse :

1. le présenter sous la forme d’un projet de loi aux organes compétents de l’État ;

2. le présenter à toutes les organisations du Parti comme un programme d’action formulé en chiffres simples, mais vibrant par son contenu social puissant et révolutionnaire;

3. le porter à la connaissance du peuple tout entier et de chaque citoyen, de chaque ouvrier, de chaque paysan, de chaque ingénieur, de chaque instituteur, le faire connaître à tous les travailleurs et à tous ceux qui se pré-parent à travailler en étudiant.

C’est le plan et la direction de notre voie de développement pour la période des six années à venir, mais en même temps un plan et une direction tels qu’ils déterminent tout notre avenir.

Celui qui ne verrait dans le plan de six ans que des chiffres secs quoique hardis, celui qui n’y verrait que des nombres ou indices quantitatifs, étonnants peut-être par leur grandeur ou leur éloquence comparative, mais n’exprimant qu’un simple calcul, qu’une simple confrontation de chiffres, qu’un bilan, qui, en un mot, n’y verrait que son aspect apparent en nombres, sans se rendre compte de sa qualité révolutionnaire transformant à fond nos rapports sociaux, celui-là se tromperait lourdement.

Le plan de six ans est un programme non seulement économique, mais également idéologique, politique et social.

Le plan de six ans crée les bases solides et inébranlables d’un nouveau régime social en Pologne, les bases du socialisme.

Dans ce sens, il constitue la forme concrète de la réalisation de l’idéologie de notre Parti pour une période déterminée ; il exprime une ligne directrice de la politique du Parti par des tâches définies, indique le chemin et oriente nos efforts.

Notre idéologie,notre programme, notre politique, notre propagande, notre travail d’organisation n’ont jamais rien eu de commun avec la fantaisie, l’utopie, avec la phraséologie toujours combattu le plus fermement possible et nous combattons toujours les mots vides de sens, ronflants, hypocrites et creux, sous lesquels la bourgeoisie et ses valets sociaux-démocrates, titistes et leurs semblables s’efforcent de masquer souvent les escroqueries et les machinations les plus perfides.

Le plan de six ans exprime, à l’étape actuelle, notre idéologie, notre programme, notre politique d’une manière concrète. C’est un programme clair et compréhensible, aussi clair qu’est le langage des chiffres dans lesquels il s’exprime. P

En quoi consiste ce programme, qu’exprime-t-il et de quoi parle-t-il ?

Ce programme dit qu’on ne peut instaurer le régime socialiste sans une transformation radicale de l’économie du pays, sans baser celle-ci sur un niveau technique beaucoup plus élevé.

Quel était le niveau de notre économie nationale avant-guerre, quel est-il encore dans une grande mesure aujourd’hui, malgré d’énormes transformations qui ont été effectuées dans notre pays au cours des cinq années écoulées?

Ce niveau est relativement bas: notre économie est sérieusement. arriérée tant matériellement que techniquement, en comparaison avec les paysanneries possédant une industrie développée.

Le rendement du travail de notre ouvrier industriel est encore relativement bas. C’est l’économie rurale individuelle disséminée et souvent rabougrie qui dans notre agriculture prédomine encore.

Nous avons fait un pas en avant considérable par rapport à ce dont nous avons hérité du régime bourgeois de la Pologne d’avant-guerre.

Notre production industrielle est, actuellement, deux fois et demie plus grande par habitant qu’elle ne l’a été avant-guerre. Nous n’avons pu effectuer un tel bond dans la production industrielle que grâce à une élévation importante du niveau de nos forces productives au cours des cinq années écoulées, tant dans l’industrie que dans l’agriculture.

Mais nous n’avons fait qu’un premier pas dans la transformation de notre économie arriérée.

Ce développement rend possible une marche rapide et réelle en avant pour atteindre un niveau technique encore plus élevé, répondant aux exigences d’un régime social nouveau – du régime socialiste.

Nous pouvons donc maintenant, selon la description imagée de Lénine, posant au Parti le devoir de créer une grande industrie mécanisée, « changer le cheval miséreux du paysan, du moujik, le cheval des économies prévues pour un paysan ruiné, contre celui que recherche et ne peut pas ne pas rechercher pour soi le prolétariat, contre le cheval de la grande industrie mécanisée, de l’électrification, de la centrale hydro-électrique du Volkhow, etc. » (Lénine: mieux vaut moins, mais mieux.)

Enfourchons le cheval d’une technique plus élevée, ayons de nouvelles machines toujours plus modernes de notre propre production, Nowa Huta dans l’industrie, l’électrification, des autos de notre propre production dans les transports, des tracteurs dans l’agriculture. et après nous pourrons édifier les bases solides et inébranlables du socialisme en Pologne.

Car ce n’est qu’une technique avancée qui rend possible un rendement élevé du travail de l’homme et crée les conditions pour une amélioration importante du bien-être et de la culture du peuple„ du bien-être et de la culture des masses laborieuses. sans lesquels il n’y a pas de socialisme.

« Le socialisme signifie — disait le camarade Staline au VII le Congrès — l’organisation dune vie aisée et cultivée pour tous les membres de la société. »

Le rendement actuel de l’ouvrier et du paysan polonais, limité par le niveau encore assez bas de la technique et par l’insuffisance de l’organisation du travail et de la qualification des travailleurs n’assure pas aux masses laborieuses un niveau de vie tel qu’il puisse nous contenter.

Nous voulons élever sensiblement le niveau de vie matérielle et culturelle des ruas laborieuses et nous saurons y parvenir. Nous avons les conditions nécessaires pour nous fixer il tel objectif et le réaliser en un temps relativement court. Le plan nous place devant cette tâche.

« Le socialisme — a dit le camarade Staline — ne petit être édifié que si les forces productrices de la société st développent vigoureusement, s’il y a abondance de produits et de marchandises ; quand les travailleurs mènent une vie aisée et que la culture monte impétueusement. »

Notre plan de six ans postule une élévation extraordinaire du niveau des forces productrices, jusqu’ici inconnue dans l’histoire du développement économique de notre pays, et basée sur la technique la plus moderne et la plus avancée.

Ceci aussi bien pour l’industrie et l’agriculture, que pour tous les domaines de notre économie nationale. Il résultera des réalisations du plan de six ans, une Pologne transformée en l’un des pays les plus industrialisés d’Europe. Il est donc inutile de démontrer quelle est l’importance du plan de six ans pour la défense de la Pologne, pour son indépendance économique, politique et nationale.

L’industrialisation du pays basée sur les formes socialistes de structure et d’économie, marque en même temps l’élimination radicale de toutes les influences capitalistes dans les différents domaines de notre vie.

Cela signifie également une plus grande participation de la Pologne dans le camp de la paix qui s’oppose tant à la politique de conquêtes et de servage économique, qu’à l’agression militaire de l’impérialisme, à sa politique de rapine et de guerre.

Dans ce sens, le plan de six ans possède non nationale. seulement une signification nationale, mais également internationale. Le camarade Minc en a parlé dans la partie finale de son rapport.

Cependant, au cours de la discussion on a mis l’accent des tâches du plan de six ans. sur l’aspect économique plutôt que sur le contenu politique des tâches du plan de six ans.

Certes, on ne peut séparer l’aspect politique du plan de six ans de son aspect économique, car il y a interdépendance et unité dialectique entre l’économie et la politique dans notre marche vers le socialisme.

Dans notre lutte pour la réalisation du plan de six ans, il ne nous est pas permis d’oublier, ne serait-ce qu’un instant, ce rap-port entre les tâches économiques et les tâches politiques.

Les masses laborieuses de Pologne, qui réalisent le plan grâce à des efforts pleins d’abnégation, doivent être conscients de participer ainsi à la lutte de classes, à la lutte sans merci entre les forces décadentes du capitalisme — et les forces nouvelles sans cesse ascendantes, réveillées par le prolétariat et inspirées par l’idée grandiose et invincible du socialisme.

Il est important que notre Parti fasse comprendre aux niasses laborieuses que leur travail quotidien, pénible, exigeant souvent une tension de toutes leurs forces, n’est autre chose que la lutte des classes, la lutte contre l’exploitation et la sauvagerie, contre le brigandage et la tyrannie de l’impérialisme, la lutte pour un monde meilleur, nouveau, pour une vie nouvelle et libre de l’homme.

C’est seulement lorsque les masses laborieuses se sentiront comme des soldats sur le front de la lutte de classes qui se déroule avec une opiniâtreté croissante tant à l’intérieur de notre pays qu’à l’extérieur, que nous réa-liserons avec succès et dépasserons même les grandes tâches du plan de six ans.

Un praticisme étroit qui ne verrait que des chiffres et non les êtres vivants, serait aussi dangereux et malfaisant qu’un détachement des soucis quotidiens et urgents dans les processus de production. Malheureusement, l’un et l’autre danger caractérisent encore aujourd’hui nombre de nos organismes, tant du Parti que des syndicats, de l’administration que de l’appareil d’État. Ceci nous empêche d’exploiter à fond d’énormes réserves humaines et matérielles, sociales et économiques, qui sont à notre disposition.

Les camarades ont parlé longuement, pendant la discussion, des réserves, des forces et des moyens inexploités et inemployés par suite de notre incapacité, par suite de l’organisation défectueuse du travail, par suite de l’attitude insouciante ou bureaucratique envers les tâches assignées.

Il serait impossible d’extirper efficacement cette plaie d’indifférence, d’insouciance ou d’attitude nettement coupable de certains individus à l’égard des tâches de production, à l’égard de la discipline du travail et de la propriété sociale, si nous ne mobilisions pas sans répit la vigilance des masses, si nous n’entraînions Pas dans la lutte pour le plan de production toute la classe ouvrière et chaque ouvrier pris à part.

Aussi longtemps qu’au sein des masses laborieuses, et dans de nombreux centres importants de notre économie et de notre ppareil d’État, agissent les agents camouflés des classes ennemies, le renforcement de la vigilance politique est la condition indispensable pour paralyser les tentatives insidieuses de l’ennemi.

Tant que les influences de la réaction pénètre certains groupes arriérés de travailleurs, la résistance politique à ses influences ne doit pas s’affaiblir, mais au contraire se renforcer.

Tant qu’il existe dans une société l’économie petite marchande engendrant journellement le capitalisme, tant qu’il existe des couches pratiquant l’exploitation capitaliste, stimulant la cupidité capitaliste et l’empressement à servir les intérêts de l’impérialisme, aussi longtemps la vigilance révolutionnaire et la lutte de classes doivent marquer chacun de nos pas, tout notre travail.

Autrement des défaites nous attendent, car chaque fois l’affaiblissement de notre vigilance et de notre activité politique renforce automatiquement et rend audacieux les agissements de l’ennemi de classe et anime la perfide activité de diversion de la réaction.

Les objectifs du plan de six ans dépendent des modifications importantes qui ont lieu dans les rapports sociaux de notre pays. Au cours des six années, plus de deux millions de nouveaux ouvriers afflueront dans les différents secteurs de l’économie, venant de la campagne et d’autres sources, inexploitées jusqu’à présent, de réserves humaines. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les rangs de l’armée prolétarienne qui réalise le plan de production.

Il faut que ce sort une armée de combattants du prolétariat, conscients, dévoués et décidés à lutter pour le socialisme, et qui crée consciemment, d’après son idéal, par conséquent avec le plus grand esprit do sacrifice et le plus grand dévouement, un nouveau régime social, meilleur et supérieur.

Nous devons donc enflammer d’un élan créateur capable d’animer tout homme simple, par la grande idée de socialisme, les masses de jeunes, de femmes, de paysans, de déshérités des villes et des campagnes qui s’offrent au travail de production.

Nous ne le ferons qu’à condition de changer de style de travail. Il faut en finir avec les méthodes de travail encore superficielles. On ne peut se contenter – comme cela a lieu généralement – de prendre des décisions justes, sans se préoccuper de leur exécution exacte, de leur réalisation effective.

« D’aucuns pensent – disait le camarade Staline au XVIIe Congrès – qu il suffit d’élaborer une juste ligne du Parti. de la proclamer hautement, de l’exposer sous formes de de thèses et résolutions générales et de l’adopter à l’unanimité, pour que la victoire vienne d’elle-même, pour dire spontanément.

C’est faux évidemment. C’est une grande erreur. Seuls les bureaucrates et des paperassiers incorrigibles peuvent penser ainsi… »

Le camarade Mine a dit dans son rapport que nous devons « élever le niveau de notre travail d’organisation au niveau de notre ligne politique ». Cela est extrêmement important et nous devons nous rendre compte de ce que cela signifie dans la pratique de notre travail d’organisation.

Le plan de six ans, dans ses grandes tâches productrices et sociales, reflète la ligne politique de notre Parti. Pour que le travail d’organisation soit à ta hauteur de ces tâches. non seulement chaque membre du Parti devra les comprendre, mais exercer une influence sur sou milieu social, sur ses collègues sans-parti. pour les entraîner à la réalisation des tâches dans son secteur ou dans celui qu’il peut activer.

Les camarades ont indiqué avec raison au cours de la discussion que pour réaliser avec succès le plan de production fixe peur une entreprise donnée, il faut qu’il soit connu non seulement par l’ensemble des travailleurs de l’entreprise, mais par chaque service, chaque équipe, chaque ouvrier.

Lorsque chaque ouvrier connaît les tâches du plan, les comprend, participe consciemment à leur exécution, il aura soin également de s’opposer à tout gaspillage, d’exploiter à fond les réserves existantes, d’assurer le rendement maximum, tant de son propre travail que de celui de toute l’équipe.

Le succès de la tâche dépend le plus souvent d’un tel style de travail d’organisation.

Le camarade Staline l’a montré au XVIIe Congrès du Parti. Il nous a appris que « la victoire ne vient jamais d’elle-même, ordinairement on l’arrache. »

On la gagne par un travail d’organisation adéquat. Voilà ce que disait à ce sujet le camarade Staline :

« … Après qu’une juste ligne, une juste solution du problème a été donnée, le succès dépend du travail d’organisation, de l’organisation de la lutte pour l’application pratique de la ligne du Parti, du choix judicieux des hommes, du contrôle de l’exécution des décisions adoptées par les organismes dirigeants.

Sans cela la ligne juste du Parti et les justes décisions risquent d’être sérieusement compromises. Bien plus: la ligne politique juste une fois donnée, c’est le travail d’organisation qui décide de tout, y compris du sort de la ligne politique elle-même, de réalisation ou de son échec. »

Le bon travail d’organisation décide donc de la victoire, Il consiste à activer et à utiliser tous les rouages d’organisation,

Dans le travail d’organisation de beaucoup de nos comités du Parti, se développe l’habitude de mobiliser les militants, c’est-à-dire les cadres d’avant-garde, sans se préoccuper des simples membres du Parti, sans même contrôler si ces militants réalisent les décisions de la direction.

Il arrive fréquemment que les militants, dont on n’exige pas de comptes rendus, dont on ne contrôle pas l’activité, abordent superficiellement leurs tâches, ne travaillent pas avec tous les membres du Parti, ne leur donnent pas de tâches définies, ne leur donnent pas d’impulsion, ne leur apprennent pas comment travailler avec les sans-parti.

C’est pourquoi nous avons un tel nombre de membres du Parti faiblement actifs, ou même entièrement passifs. C’est pourquoi, pendant l’exécution des tâches mêmes les plus importantes, nous forces et de notre influence, n’utilisons qu’une partie de nos Saurons-nous réaliser avec succès les grandes tâches du plan de six ans en continuant d’employer ce style de travail?

Non! Nous ne saurons pas les réaliser de façon satisfaisante. Le plan de six ans a considérablement élargi les tâches précédentes. Le rythme de l’augmentation de la production, donc la somme des moyens et des forces que nous devons mettre en mouvement pour assurer ce rythme, sont beaucoup plus importants que jusqu’à présent. La mobilisation de toutes nos forces pour ces grandes tâches de production est indispensable.

D’autre part, nous ne pouvons nous permettre de diminuer le rythme, de diminuer les tâches, car nous ne pouvons nous permettre de rester en arrière en ce qui concerne le niveau technique de notre industrie, en ce qui concerne le niveau de nos forces productrices.

Il nous est interdit de demeurer à l’arrière, quand les masses laborieuses veulent vivre mieux, d’une autre manière, plus cultivée. Nous ne pouvons nous permettre d’édifier les bases du socialisme au cours de dizaines d’années, car tout retard ne ferait que donner des atouts à l’ennemi de classe.

Enfin, nous devons assurer un rythme rapide de croissance de nos forces de production et du niveau de la technique— la situation internationale, le souci de notre indépendance et de la force défensive de notre Etat, ainsi que le souci de la croissance des forces du camp de la paix en lutte contre l’impérialisme agressif l’exigent.

C’est pourquoi, entreprenant les tâches grandioses et exaltantes du plan de six ans, nous devons mobiliser et entraîner toute la classe ouvrière, toute la population laborieuse des villes et des campagnes, dans la lutte pour la réalisation du plan.

Les masses laborieuses appuieront nos efforts avec enthousiasme, avec ardeur, avec dévouement, si nous les rendons conscientes du contenu social, révolutionnaire du plan de six ans. Il n’y avait pas et il n’y a pas dans l’histoire de l’humanité d’idéal plus beau, plus fécond, plus entraînant, que l’idéal de la pleine libération de l’homme de toute oppression et de tout esclavage.

Cet idéal c’est le socialisme. Notre plan de six ans est la réalisation de cet idéal, c’est l’édification des bases du socialisme en Pologne.

Nous connaissons les dures lois de la lutte des classes. C’est pourquoi nous savons que l’ennemi répondra au plan de six ans par une haine encore plus furieuse, par une lutte encore plus acharnée, par l’emploi d’armes encore plus perfides, encore plus empoisonnées!

Mais nos forces augmentent chaque jour. Les mensonges, les calomnies semées par l’ennemi, les tentatives d’exploiter l’obscurantisme et le fanatisme n’arriveront pas à s’opposer à l’offensive de vérité propagée par notre Parti, vérité réalisée tous les jours par des actes, par des millions de briques cimentées, des millions de tonnes de charbon extrait, des mil-lions de livres imprimés.

C’est pourquoi, défendant ardemment et inflexiblement la paix, nous mobiliserons tout le peuple pour la défense de la paix, nous soutiendrons ceux qui chancellent, nous démasquerons la duplicité, nous vérifierons par l’expérience quotidienne, les déclarations pacifiques et patriotiques.

Pour le sixième anniversaire du Comité Polonais de Libération Nationale, le sixième anniversaire de la renaissance de la Pologne, de la naissance de la Pologne Populaire, grâce à la victoire historique de l’URSS, portons les mots d’ordre du plan de six ans aux masses laborieuses, rendons les conscientes des tâches de ce plan.

Le Pouvoir Populaire a prouvé au cours de ces six années qu’il sait défendre et réaliser les mots d’ordre libérateurs du CPLN (Comité Polonais de Libération Nationale). Ce pouvour n’a jamais déçu les espoirs des travailleurs. Pendant la période qui vient de s’écouler, le Pouvoir Populaire avait à remplir de grandes et difficiles tâches; il les a réalisées avec succès grâce au travail et au dévouement des travailleurs.

Pendant la période écoulée, les masses laborieuses ont réalisé victorieusement et avant terme le plan triennal hardi et difficile. A la lumière de cette expérience nul ne peut douter que nous réaliserons le plan de six ans.

Il faut cependant, pour assurer la victoire, que chaque travailleur devienne un créateur conscient du plan de six ans. Il faut que, depuis l’école, chacun connaisse le plan et le programme de l’édification du socialisme, que chaque travailleur lui soit dévoué et devienne un combattant et un réalisateur du plan de six ans.

Jetons un coup d’œil en arrière! Combien d’existences humaines. combien de dons et talents ont été étouffés, gaspillés par le régime capitaliste ! Combien de millions d’hommes tenus dans l’obscurité qui dépravait leur âme !

Combien parmi les meilleurs militants révolutionnaires communistes polonais ont donné leur vie dans une lutte inégale contre l’oppression capitaliste!

Combien d’élans généreux se sont brisés. combien d’êtres se sont débattus, puis se sont effondrés sous le pouds de l’oppression et des atrocités du régime capitaliste !

Nous approuvons aujourd’hui le plan de six ans qui dépasse de mille fois, par son élan et son impétuosité créatrice, les rêves timides sur les « maisons de verre ».

Aujourd’hui, nous construisons l’édifice clair et heureux de la Pologne socialiste, appuyé sur les fondements de granit du patriotisme populaire et de l’internationalisme prolétarien, sur les bases inébranlables de la solidarité et de la fraternité avec la Grande Union Soviétique.

En réalisant le plan de six ans et en construisant les fondements de la Pologne Socialiste, nous exécutons le testament et donnons corps aux rêves de générations entières de Polonais révolutionnaires, combattants pour la liberté et la justice sociale, des meilleurs fils du peuple polonais qui tombaient sur les glacis de la Citadelle, sur les barricades des villes polonaises, dans leur lutte contre le fascisme, contre l’envahisseur hitlérien, contre le maquis fasciste et les agences impérialistes.

Aujourd’hui, approuvant le projet du plan de six ans à la Session plénière du CC de notre Parti, nous rendons honneur à la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la Pologne Socialiste.

Je vous souhaite, camarades, des résultats fructueux dans la popularisation auprès de larges couches de la population des immenses tâches du plan de six ans, dans la mobilisation des masses laborieuses pour son exécution. Portons hardiment dans tous les coins de notre pays les mots d’ordre et les tâches du plan de six ans.

Appelons à la réalisation du plan tous les combattants, tous les patriotes, tous ceux qui aiment leur pays, tous ceux qui sont fidèles au prolétariat, tous ceux qui comprennent et voient la supériorité e notre régime sur le régime capitaliste pourri et rapace.

Edifiant le socialisme en Pologne, nous nous plaçons dans es rangs de la grande légion des bâtisseurs et des combattants pour le socialisme, légion qui grandit aujourd’hui dans tous les pays du monde.

Staline est notre chef et guide, notre idéal – nos rangs sont donc invincibles! Fidèles aux idées de Marx ; Engels, Lénine et Staline, nous ne ménagerons pas nos efforts pour la réalisation du plan de six ans qui constitue notre contribution à la défense de la paix, à la victoire complète du socialisme.  

=>Retour au dossier sur les démocraties populaires