La mort de Gilbert Mury (1975)

[Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

Le 16 mai 1975, le camarade Gilbert Mury est mort. Pour nous, sa vie a une valeur d’exemple. Il appartient, dans sa génération, au petit nombre de ceux qui engagé à 20 ans dans le combat de la Résistance, n’ont jamais abdiqué leur conviction communiste. Jusqu’à sa mort, il a poursuivi le combat pour la révolution.

« Dire pour quoi je vis, c’est dire pourquoi je me suis battu depuis que j’ai quitté le lit où je traînais d’opération en opération, de plâtre en béquilles, depuis bientôt sept ans. Il était parfaitement clair en ces jours d’octobre-novembre 1940, que les envahisseurs allemands occupaient le sol national et qu’il fallait les en chasser.

Mais la libération d’un territoire n’est pas nécessairement celle des hommes qui l’habitent. Et l’oppression ne prend pas toujours la forme d’un uniforme ennemi. Alors la lutte a continué. Il est arrivé que le Parti des Fusillés est devenu le parti de M. Marchais… Les combats de la Résistance ont décidé de toute ma vie.

C’est en définitive pour rester fidèle aux vivants et aux morts de la lutte armée de libération nationale que j’ai choisi la guerre de classe aux côtés du prolétariat. Et si depuis lors, j’ai commis parfois des erreurs graves dans mes analyses politiques, jamais du moins, si dure que fut la bataille engagée par mes camarades, je n’ai oublié la leçon prise dès la fin d’octobre 1940 : ne pas reculer « .

Dans son combat de résistant, Gilbert a acquis, inébranlablement deux certitudes: le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution et la nécessité de la violence révolutionnaire.

 » Venu au combat de classe par le relais de la guerre de libération nationale, je n’ai jamais pu croire que nous irions au socialisme par la voie pacifique, ni qu’au lendemain d’une victoire militaire, les classes vaincues disparaîtraient sans aucune lutte et sans tenter de reprendre le pouvoir « .

Au lendemain de la Résistance, il ne cherche pas comme certains à se prévaloir si peu que ce soit de ses titres de Résistant et de dirigeant du  » Mouvement de Libération National « . Intellectuel de formation et de profession, il aspire avant tout, à poursuivre dans les rangs du PCF, le combat au service de la classe ouvrière. Car pour lui, le socialisme n’a rien d’un but abstrait: c’est une réalité vivante, et rattachée par mille liens de solidarité et de classe aux peuples qui déjà le construisent.

 » Lorsqu’à la fin d’octobre 1940, j’ai rejoint les rangs du Parti Communiste, j’ai commencé à découvrir ce que représente pour un militant, l’amour d’un pays qu’il ne connaît pas encore, mais où la révolution monte comme une flamme. Hier l’Union Soviétique, aujourd’hui la Chine.

Je n’ai jamais vécu ni dans l’une ni dans l’autre. Je n’ai jamais cru que la France de la révolution victorieuse reproduirait mécaniquement, servilement un modèle inventé à l’autre bout de l’Europe ou à l’extrémité de l’Asie. Seulement, il me semble difficile de combattre pour elle sans trouver dans cette bataille, telle qu’elle se déroule sur notre sol, toutes les raisons de chercher à connaître et à vivre le socialisme tel qu’il grandit, même loin de nous « .

C’est en luttant contre le révisionnisme en France, que Gilbert Mury a appris à aimer, d’une amitié extrêmement forte, le peuple albanais, sa révolution, son Parti.  » Camarade Mury, l’Albanie est votre seconde Patrie  » lui a dit un jour Enver Hoxha.

Et c’est vrai, il ne parlait jamais de ce pays sans émotion et il est celui qui inlassablement par ses écrits, par son action, en créant en 1972 l’Association des Amitiés Franco-Albanaises, a le plus oeuvré pour faire connaître, comprendre, pour faire aimer l’élan révolutionnaire du peuple albanais.

Chez lui, l’adhésion aux idées du communisme ne faisait qu’un avec les sentiments de classe qui l’unissaient, au plus profond de lui-même, à la révolte de tous les exploités en lutte, aux combats des peuples contre l’impérialisme. Et c’est là qu’il puise la force et la certitude pour s’opposer courageusement au déferlement du révisionnisme.

A quoi servaient les calomnies et les injures du XXème Congrès contre Staline ? Il répondait en 66 :  » discréditer le principe même de la dictature du prolétariat, c’est à dire de l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière « .

Qui soutient la lutte héroïque du peuple vietnamien ? La Chine socialiste unie  » comme les lèvres et les dents  » au peuple vietnamien, selon le mot d’Ho Chi Minh, ou le P »C »F révisionniste qui interdit la diffusion du  » courrier du Vietman « .

Que devient le P »C »F ? un parti bourgeois qui considère de plus en plus les ouvriers les plus exploités comme une masse de manoeuvres électorales. Les révisionnistes ont beau lui confier d’importantes responsabilités de propagandiste, pour tenter à la fois de se le concilier et de le neutraliser.

C’est à partir de telles positions de classe que Gilbert Mury se bat au sein du P »C »F jusqu’à ce que la rupture devienne inévitable. Il rejoint alors les premières forces marxistes-léninistes regroupées dans le MCF(ml).

Portant une grande attention aux luttes ouvrières, il contribue à y mettre en avant la nécessité pour les communistes authentiques d’organiser les couches les plus exploitées de la classe ouvrière, les OS et, notamment les immigrés. Il a le mérite, rejetant tout esprit de chapelle d’engager, sur le terrain politique, la polémique avec l’UJC (ml).

Si Gilbert n’a pas participé au Congrès de Puyricard, c’est qu’il a finalement douté à l’époque, des conditions dans lesquelles pouvait s’édifier le Parti.

Mais il est resté un militant et a consacré alors notamment son énergie à lier le mouvement de solidarité pour le peuple palestinien avec la lutte des travailleurs arabes en France. Ce qui lui valut toute sorte d’attaques et de vexations de la part de la bourgeoisie.

En 1970, Gilbert est à Amann contre le sionisme, contre le racisme, il contribue de toutes ses forces à faire du soutien à la cause palestinienne, un élément indissoluble de la lutte révolutionnaire. Gilbert s’est rapproché de nous à partir du moment où il a pu apprécier la portée de notre rupture avec l’opportunisme, où il a saisi concrètement comment notre Parti se liait à la classe ouvrière. Dès lors, il n’a pas cessé malgré la fatigue, la maladie, de nous apporter une aide précieuse et multiple.

Il joua un rôle considérable dès 1972 dans la constitution des Comités Indochine Palestine, a participé au Comité de Rédaction de  » Front Rouge « , à la revue  » Octobre « , apportant à la tribune de nombreux meetings, sa force de conviction, son enthousiasme militant.

Depuis plusieurs mois, il avait accepté de donner des cours à l’Ecole Centrale du Parti : loin de se contenter de transmettre ses connaissances, philosophiques, historiques, il s’efforçait toujours de les repenser, de répondre aux questions, aux besoins, au point de vue des camarades ouvriers.

Oui, camarade Gilbert, tu étais l’un des nôtres !

Tu as consacré sans compter jusqu’au dernier souffle ton énergie, ton intelligence, ta force de conviction au service de la révolution, de l’internationalisme prolétarien. Ton courage, ta détermination, tes sentiments de classe, sont un exemple qui nous porte en avant. Ton oeuvre, ton action ne peuvent mourir avec toi : elles se poursuivent déjà dans le combat de notre Parti, dans la lutte révolutionnaire du peuple de France.

Gilbert Mury a écrit de nombreux ouvrages à caractère militant, sur des questions philosophiques, historiques ou sociologiques.

Signalons ici ceux qui, dans la dernière période, ont joué et jouent un rôle important dans la propagation des idées du marxisme-léninisme.
Albanie, terre de l’homme nouveau
Face au révisionnisme : oeuvres d’Enver Hoxha choisies et préfacées.
La Révolution Culturelle: recueil de documents précédés d’une importante introduction.
Le sang ouvrier : Etude sur les accidents du travail aujourd’hui

Message du bureau politique
du Parti Communiste
Révolutionnaire (m.l.)
à Suzanne MURY

Camarade,

La mort de Gilbert nous a profondément affectés. Il compte parmi ceux qui, en France, ont, les premiers, engagé courageusement la lutte contre le révisionnisme, ont défendu et propagé les idées du marxisme-léninisme. Il compte parmi le petit nombre de ceux qui, depuis, n’ont jamais abandonné la bataille, ont toujours cherché, malgré les difficultés, à transformer en force agissante leurs convictions révolutionnaires.

Gilbert a beaucoup aidé notre Parti: par son expérience, ses capacités de propagandiste, son intelligence, sa force de persuasion. Nous le considérons comme un des nôtres; jusqu’au dernier moment il a fait part au Parti de son énergie révolutionnaire.

Permets-nous, camarade, de partager avec toi et votre fils, votre douleur.

Nous conserverons vivante la mémoire de Gilbert, son oeuvre. Elle a fait corps avec la lutte de notre Parti, avec le développement même de la révolution en France.

Le Bureau Politique du PCR (ml.)

A tous les camarades et amis de Gilbert Mury

Vous êtes des combattants marxistes-léninistes. Vous êtes de ceux qui préparent les lendemains où les hommes sauront ce que c’est que d’être un homme.

J’ai été la compagne pendant plus de 30 ans de Gilbert Mury.

J’ai participé avec mes moyens, mes défauts et mes qualités à son oeuvre, j’ai essayé de t’aider et de le suivre.

C’était un homme intègre, c’était un homme de devoir, c’était un militant.

Il a consacré sa vie, ses loisirs, son temps, sa santé à préparer la venue de cet homme nouveau qu’il avait rencontré en Albanie socialiste. A travers les orages et les difficultés de la vie militante qui a été la sienne, un amour profond nous a toujours liés. Il est resté avec moi jusqu’à la dernière minute.

Et je vous demande camarades, je vous demande à tous, ceux qui croient en la révolution et en la possibilité d’un homme total, un homme délivré des servitudes du capitalisme et de l’aliénation dans lesquelles on retient le meilleur de lui-même, de reprendre son combat, de reprendre sa lutte et de rester toujours fermes sur les positions qui furent les siennes, à savoir le soutien aux peuples combattants, aux peuples déshérités, aux peuples en lutte.

Et je vous demande aussi de garder en vous le souvenir de ce que fut pour lui l’oeuvre de Staline, à laquelle il était profondément et fidèlement attaché. C’est avec vous que je lui donne mon dernier message fraternel et mon message d’amour.

Adieu, mon camarade. 

Suzanne MURY

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Interview du secrétaire national de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

INTERVIEW DE JEAN FRANÇOIS VITTE, secrétaire national de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire

FR. : Camarade, tu as été élu lors du congrès constitutif de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire, Secrétaire National de cette organisation. Peux-tu nous expliquer ce que signifie la création de l’UCJR ?

JFV : La création de notre organisation marque bien sûr l’avancée du Parti marxiste léniniste qui se donne ainsi les moyens d’apporter une réponse correcte aux questions que posent les larges masses de la jeunesse.
    Elle représente également la possibilité à terme, pour la marche vers le socialisme, d’une union plus étroite du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui du prolétariat. Jusqu’à présent en effet, la politique de division entretenue par la bourgeoisie et les révisionnistes, a en partie réussi à empêcher qu’ils ne se rejoignent de façon durable et sur des bases claires. Aujourd’hui, les choses commencent à changer, dans la mesure où l’expérience même des jeunes les amène à souhaiter plus vivement ce rapprochement avec les masses.

FR. : Quels sont les facteurs favorables à un tel rapprochement ?

JFV : La situation de crise politique de l’impérialisme français se répercute dans la jeunesse d’une façon extrêmement claire Elle se marque notamment par la recherche spontanée, parfois maladroite, mais chaque fois plus claire, d’une alternative révolutionnaire face aux tentatives de la bourgeoisie et des révisionnistes pour canaliser la révolte des jeunes vers les impasses anarchisantes ou purement électoralistes. De ce point de vue, la lutte entre la voie de la coexistence avec la bourgeoisie, et celle du combat révolutionnaire est facilitée par les échecs répétés de toutes les forces de confusion et de compromis, par le dégoût qu’inspire aux jeunes la perversion trotskiste notamment.

Ce qui favorise dans la jeunesse une telle situation, c’est évidemment l’évolution, dans un sens favorable à la révolution, des contradictions entre les masses et le révisionnisme. Les jeunes suivent avec attention le développement des luttes ouvrières, l’évolution de la situation dans le monde. La ligne marxiste-léniniste apparaît ainsi comme la seule qui soit capable de rendre compte de l’ensemble de ces phénomènes.

FR. : Plus précisément quels sont les principes qui guident le travail de l’UCJR ?

JFV : Ils sont ceux qu’a approuvé notre congrès selon l’indication du camarade Max Cluzot :  » apprendre, créer, organiser « .
Apprendre, cela veut dire à la fois étudier le marxisme-léninisme qui est le produit théorisé de l’expérience du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière et étudier la situation de la lutte des classes en France et dans le monde.

Mais cela veut dire surtout apprendre à écouter les masses, construire entre les jeunes et leur organisation communiste des liens d’un type différent, balayer le sectarisme. Comme nous le disons dans notre programme,  » les jeunes communistes ne sont pas des donneurs de leçon « . Ils construisent leur point de vue à partir de l’expérience des masses.

De nombreux points de ligne sont encore obscurs pour nous : cela nous impose de savoir mener une enquête patiente, un débat soutenu parmi les jeunes, pour pouvoir avancer nos idées avec certitude. Les jeunes en ont assez de ces gens, qui, pour avoir réponse à tout, disent n’importe quoi, n’importe quand « .

FR. : et créer ?

JFV : D’immenses perspectives s’ouvrent à nous dans tous les domaines et nous avons encore peu d’expérience. Beaucoup de choses ont été faites avant nous. Ce qu’il faut, c’est s’appuyer sur leurs aspects positifs, révolutionnaires, afin de les généraliser, de les porter à un stade supérieur radicalement nouveau. C’est le cas de la lutte contre l’école, l’armée etc… D’autres domaines sont encore en friche : celui des loisirs communistes, de la résolution des contradictions au sein de la famille, pour ne citer que ces deux là.

Il nous faudra donc là inventer, créer des formes nouvelles de lutte, à partir de l’énergie des jeunes.
Ce qui est en cause ici, c’est la construction d’une force large, capable, par l’image qu’elle offre de son propre fonctionnement et par les propositions qu’elle fait, de susciter l’adhésion massive de la jeunesse.

Notre but n’est pas de faire rentrer les jeunes dans une organisation figée, immuable : pour nous, développer nos forces et élever la qualité de notre travail ne peuvent être envisagés séparément.Enfin, il faut organiser :

Nous voulons organiser les jeunes, parce que leur mouvement spontané lui-même a exprimé l’exigence d’une force qui sache tracer la voie, au-delà des situations particulières et des jugements partiels, qui puisse tirer d’une année sur l’autre les leçons de l’expérience et de la pratique, qui soit capable de hâter la jonction avec les masses.

Nous voulons organiser les jeunes pour qu’ils fassent dans la pratique l’expérience de la nécessité de la voie révolutionnaire, de l’idéologie révolutionnaire, pour que leur apprentissage de la lutte politique s’effectue dans les meilleures conditions.

    Sans une force d’avant-garde, consciente, disciplinée, structurée dans la jeunesse, aucun succès n’est possible, les mêmes erreurs se répéteront, les mêmes échecs seront subis.

FR. : Quel sera le travail de l’UCJR dans les prochains mois ?

JFV : Nous avons 3 objectifs importants, correspondant à 3 campagnes.

+ Les comités de lutte contre le chômage : Au sein desquels il s’agit d’organiser massivement les jeunes, et notamment les élèves de CET qui vont sortir de l’école, à la fois parce que cela correspond à leurs intérêts et leurs besoins, et parce que cela leur permet dans le cadre de l’unité populaire, de participer aux côtés des ouvriers à la bataille contre le capitalisme.

+ Le stage de loisirs communistes en août : Nous voulons à l’occasion réunir des centaines de participants pour affirmer notre volonté réaliser l’unité révolutionnaire de la jeunesse, pour procéder à des échanges d’expérience, et développer le contact avec les masses et les peuples en lutte.

 Dans ce cadre là, nous verrons comment intensifier la lutte contre le chômage, et l’articuler à la lutte de septembre contre l’école de Haby.

+ Le quotidien communiste : Pour nous, le quotidien sera une arme irremplaçable. Elle fournira aux jeunes de régions différentes les informations sur le combat que nous menons. Elle sera un moyen de faire connaître concrètement la lutte des masses à la jeunesse et de briser par là même les ghettos dans lesquels la bourgeoisie prétend l’enfermer.

Ce quotidien communiste sera le complément indispensable pour répondre à l’actualité, de notre magazine mensuel  » Au service du peuple  » dont le N°1 est en préparation.

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L’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

[Mai 1975.]

VIVE LE CONGRES CONSTITUTIF DE L’UNION COMMUNISTE DE LA JEUNESSE REVOLUTIONNAIRE !

Venus d’une cinquantaine de villes et de régions différentes, des 4 coins de la France, plusieurs centaines de jeunes garçons et filles viennent de tenir le congrès de création de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire.

La présence à la tribune du Congrès, pendant toute la durée des travaux, d’André Roustan, président du Parti Communiste Révolutionnaire montrait l’importance que notre Parti accorde à la naissance aujourd’hui d’une telle organisation. En guidant la création et le développement des nombreux cercles jeunesse qui étaient représentés à ce Congrès, le PCR a tenu les engagements qu’il avait pris un an plus tôt, au moment de sa création. : œuvrer pour qu’à nouveau la jeunesse communiste s’exprime, pour qu’elle retrouve l’organisation que la politique de scission et de trahison du parti révisionniste a depuis longtemps détruite.

 » Que l’on songe, camarades, qu’il y a six mois il aurait été impossible de réunir ne serait-ce que le 6ème des forces représentées ici, que celles-ci, largement éparpillées ne pouvaient prétendre affirmer la voie marxiste-léniniste que dans quelques villes « … notait le rapport politique présenté à l’ouverture du Congrès.

Elèves de CET, apprentis, ouvriers, lycéens, les participants au Congrès étaient représentatifs des diverses catégories de la jeunesse qui aujourd’hui, dans sa grande majorité ne veut plus de la société actuelle et désire lutter aux côtés des masses populaires pour mettre fin au règne du capitalisme. La plupart des jeunes qui durant 2 jours ont discuté et mis au point avec beaucoup de soin le programme et les statuts de la nouvelle organisation, sont âgés de 17 ou 18 ans ; certains ont à peine 16 ans, comme ce jeune apprenti dans un centre de formation de Caen, qui gagne 275 F. par mois pour 50 heures de travail par semaine, et qui a rejoint le cercle local à l’occasion du 1er mai.

Pour venir, certains avaient rencontré l’opposition de leur famille, ils n’avaient pas toujours réussi à les convaincre de leur rôle, en tant que jeunes, pour la Révolution. Pourtant la plupart des parents des jeunes qui militent dans les cercles jeunesse appartiennent à la classe ouvrière, aux masses populaires. Mais, comme il sera dit au cours du Congrès, la jeunesse révolutionnaire a encore à faire ses preuves pour convaincre la classe ouvrière de ses capacités, de sa maturité et la création de l’UCJR doit justement l’y aider, aider à unir la jeunesse aux masses travailleuses dans la lutte anti-capitaliste.

Du début à la fin, le Congrès de la jeunesse communiste a été marqué par un grand enthousiasme, un enthousiasme fondé sur le contact de la réalité : le vieux monde pourri de l’impérialisme craque de toutes parts, les peuples n’en veulent plus. En témoignait l’accueil très chaleureux, une véritable haie de congressistes, debout, applaudissant longuement à l’entrée dans la salle des représentants de la Résistance Palestinienne, de l’Union des Etudiants Iraniens en France, de l’Union des Etudiants de la côte Afars-Somalie, des ligues communistes de la jeunesse de Belgique, d’Italie. Lors des interruptions de séances des discussions s’engageaient avec des camarades étrangers pour s’informer directement sur la lutte des peuples et le rôle qu’y joue la jeunesse.

La proposition d’un lycéen de Voltaire (Paris) qui a séjourné plusieurs années en Indochine, d’établir des liens étroits entre l’UCJR et les organisations de jeunesse des peuples du Tiers-Monde, fut chaleureusement applaudie. La présence et les interventions des camarades étrangers illustraient concrètement cette affirmation du rapport politique :  » les luttes des peuples et leurs victoires portent des coups à nos ennemis, elles facilitent en fin de compte nos propres efforts pour la Révolution… « .

Le rapport ajoutait que pour faire face au danger de guerre que fait courir au monde la rivalité des deux supers puissances, dans le cadre d’un système impérialiste en crise, pour faire face à leurs menaces d’agression éventuelle contre notre peuple, la lutte pour la révolution en France est bien le meilleur moyen pour préserver l’indépendance nationale. Et la jeunesse a un rôle très important dans le développement de cette lutte.

Aujourd’hui la jeunesse doit lutter contre l’armée bourgeoise française, armée de préparation à la guerre civile contre notre classe ouvrière et à de nouvelles agressions contre les peuples du Tiers Monde, comme le rappelait un appelé en uniforme, à la tribune, et qui expliquait l’action que menaient aujourd’hui les marxistes-léninistes dans les casernes. Mais, la jeunesse ne peut jouer un rôle important dans la lutte révolutionnaire en France que si elle s’unit avec la classe ouvrière, en mettant en pratique l’idéologie de  » Servir le peuple « , sous la direction du Parti du prolétariat.

Ceci était au centre des préoccupations des congressistes :

-de nombreuses interventions pour souligner la nécessité d’ouvrir les cercles de lycées sur l’extérieur, de briser le ghetto dans lequel la bourgeoisie enferme les lycéens, et associer la classe ouvrière à la lutte contre l’école capitaliste, contre les révisionnistes et les trotskystes qui s’opposent à la jonction du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui de la classe ouvrière. Un camarade de Béthune relate ainsi le début de luttes communes des lycéens en grève contre la réforme Haby, contre la sélection et le chômage, avec les ouvrières grévistes de CIP-Bailleul.

-la discussion sur le programme de la jeunesse communiste accorda une large place au travail et à la vie des jeunes ouvriers.  » J’ai beaucoup appris  » nous disait un lycéen qui avait participé à la commission du Congrès sur le travail des jeunes, avec des ouvriers de diverses entreprises dont Unimel Besançon actuellement en lutte, des postiers de centres de tri…

Une jeune fille d’Alençon préparant un CAP de couture apporta un amendement dénonçant :  » dans les CET les Jeunes filles sont le plus souvent préparées à un CAP bidon qui n’a qu’un but : développer leur rapidité et la précision… à l’usine, elles se retrouvent aux postes qui demandent précision, rapidité et une très grande résistance nerveuse. « 

Les problèmes particuliers notamment ceux des jeunes travailleuses, ont été évoqués par le camarade du Comité Central qui devait expliquer :  » Le but du travail du Parti en direction des femmes, c’est bien sûr d’en organiser le maximum dans le Parti ; c’est aussi de créer une large union révolutionnaire des femmes pour pouvoir comme vous les jeunes, organiser des milliers et des milliers de femmes qui aspirent à la révolution. « 

– la forte proportion, plus de la moitié d’ouvriers, d’apprentis, de jeunes chômeurs, d’élèves de CET. dans le comité national élu par le Congrès pour diriger l’Union de la Jeunesse, témoignait aussi de cette préoccupation.

Pour les participants au Congrès, créer une organisation nationale pour rassembler la jeunesse dans la perspective de la Révolution Socialiste, représentait un atout important. Beaucoup ont insisté sur les limites de l’organisation locale, les cercles non encore réunis en une organisation de jeunesse unique, centralisée, ne pouvant être qu’une période transitoire.          

Créer l’organisation nationale, dont la jeunesse a besoin pour lutter contre le capitalisme, c’était aussi, beaucoup l’on dit, dépasser une agitation trop souvent sans lendemain dans les établissements scolaires.  » II y a eu des mouvements : Fontanet, Debré. etc… il y a eu des manifestations puis ça s’est arrêté. Ça n’a pas continué.

L’UCJR doit permettre de prolonger le travail, de préparer la Révolution, et pas simplement de faire un mouvement comme ça chaque année  » nous disait un jeune de Chalon sur Marne. La création de l’Union communiste correspond aux besoins de la jeunesse, c’est pour cela que les congressistes ont passé de longues heures, avec énormément de sérieux et d’attention, a discuter du programme et des statuts de la nouvelle organisation.

La révolution dans le monde, les conditions de vie de la jeunesse qui se dégradent, la lutte contre l’école capitaliste, les aspirations révolutionnaires de la jeunesse, la bourgeoisie française qui ne peut plus gouverner comme avant, l’armée impérialiste française et les luttes contre elle, la place de la jeunesse dans la société capitaliste, la crise de la conception bourgeoise de la famille, le socialisme que nous voulons, les loisirs, l’organisation que nous voulons, furent autant de sujets discutés et amendés par les jeunes travailleurs et lycéens dans les nombreuses commissions qui se sont réunies. Des amendements avaient déjà été préparés dans des réunions de cercles précédant le Congrès.

    Sur toute ces questions, de très nombreux jeunes prirent la parole et, même tard dans la nuit, la participation à la discussion était toujours très importante. Une mêe volonté d’analyser la réalité et d’échanger les expériences et les points de vue pour mener une lutte révolutionnaire plus efficace était à la base de cette participation. Les jeunes sont-ils plus encore que les travailleurs d’âge mur, soumis au travail en poste ? C’est ce qui ressortait de l’expérience des camarades ouvriers présents. Fallait-il l’indiquer dans le programme. « 

C’est juste, moi je suis en 3/8. je ne vois personne, j’ai même du mal à assister aux réunions de cercle  » dit un jeune ouvrier du bâtiment. Mais est-ce général. Finalement on met ce point dans le programme d’enquête de l’Union pour les mois à venir.

    Faut-il réclamer le SMIC pour les jeunes apprentis. C’est juste.  » On le mérite bien  » dit un jeune plombier. Mais, la revendication peut paraître utopique vu l’écart séparant actuellement le salaire de l’apprenti et le SMIC. On discute et on décide que la revendication sera déterminée au cours des mouvements de lutte déclenchés par les apprentis.

    En favorisant la participation active des délégués aux débats, en tenant de nombreuses commissions, le Congrès donnait l’image de ce que veut être l’UCJR : une organisation prise en charge par l’ensemble de ses membres, une organisation radicalement différente des organisations révisionnistes de la JC, dénoncée par les jeunes de l’UCJR et dont les méthodes de racollage correspondent aux buts que lui fixe le parti révisionniste, notamment se servir des jeunes comme une masse de manœuvre à des fins purement électorales objectif d’autant plus immédiat avec l’abaissement de l’âge du droit de vote à 18 ans.

Le rapport politique, le programme soumis à la discussion, en replaçant le combat des jeunes dans le cadre de la crise de l’impérialisme en France et dans le monde, correspondait aussi à la volonté des jeunes de débattre de tout ce qui les concerne, des tenants et des aboutissants de leur situation. « 

Pour forger une organisation de jeunesse véritablement révolutionnaire, pour lutter efficacement contre le révisionnisme, il nous faudra étudier avec soin le marxisme-léninisme qui est ce que le mouvement ouvrier international a retenu de sa lutte, de ses succès, de ses échecs. Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.

Mais il ne nous suffira pas d’apprendre dans les livres, il nous faudra avant tout apprendre dans la vie, dans l’expérience même de notre lutte  » devait rappeler, dans son intervention, chaleureusement applaudie à la fin du Congrès, le secrétaire politique du Parti, Max Cluzot.

La volonté d’oeuvrer ainsi consciemment à l’organisation de la jeunesse révolutionnaire pour préparer la révolution dans notre pays, explique sûrement pour beaucoup les rapports très fraternels qui ont existes tout au long de ce Congrès et qui manifestait concrètement le refus de l’égoïsme, de l’individualisme, de toute l’idéologie décadente diffusée par la classe dominante avec le racisme, anti-communisme, le mépris des femmes, des ouvriers, la violence sadique, le culte du héros, ou plus simplement l’arrivisme avec lequel la bourgeoisie essaie de corrompre même les jeunes révolutionnaires sincères.

La présence des vétérans communistes soulignait la continuité du combat. L’intervention du président du Parti Communiste Révolutionnaire (ml) rappellent sa jeunesse consacrée à la cause du communisme, son engagement à l’âge de 17 ans dans les Brigades Internationales, fut écoutée avec beaucoup d’attention par les jeunes congressistes qui saluèrent aussi la mémoire de Guy Mocquet, Gilles Tautin, Pierre Overney, morts pour la cause de la Révolution, et que la bourgeoisie veut faire oublier pour mettre en valeur ses héros décadents.

Le Congrès, constitutif de l’UCJR est une étape, dans l’organisation révolutionnaire de la Jeunesse de notre pays, mais il faut encore faire de grands efforts pour qu l’UCJR devienne la grande organisation de masse qu’elle doit être. A la sortie du Congrès, les jeunes présents faisaient leur cette remarque du secrétaire du PCR, à Ia fin de son intervention.

 » Camarades,… Vous venez de crée votre organisation. Cette tâche exaltante n’est pourtant pas la plus difficile. Il vous faut dès demain lui donner vie, tracer son chemin dans les masses, les conduire à la victoire. Pour cela, tous les schémas ne sont d’aucun secours. Il vous faut aller résolument aux masses, qui sont notre force, armés de la détermination et des perspectives que vous avez élaboré au cours de ce Congrès. « 

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A bas l’hégémonisme des deux superpuissances (1974)

[Publié dans Révolution Prolétarienne, décembre 1974.]

A BAS L’ HÉGÉMONISME DES 2 SUPERPUISSANCES

A BAS L’IMPÉRIALISME ET LE SOCIAL – IMPÉRIALISME

Le système impérialiste mondial est aujourd’hui dominé par deux grandes puissances qui rivalisent entre elles pour assurer leur hégémonie sur de vastes régions du monde et qui s’entendent pour tenter de contenir l’essor de la révolution mondiale ; il n’est pas aujourd’hui de régions du monde où l’une ou l’autre des super-puissances n’essaie de pénétrer en utilisant tous les moyens pour assujettir les peuples ou les pays à leur domination.

Mais aujourd’hui, si nous devons être vigilants face au danger d’une nouvelle guerre mondiale, nous savons que la tendance principale c’est la révolution.

En effet, nous nous trouvons dans une période de grands bouleversements révolutionnaires.

Dans cette période de déclin de l’impérialisme mondial, ce sont les peuples révolutionnaires, les nations opprimées, les pays dominés qui ont l’initiative. Les trois grandes composantes de la révolution mondiale : la lutte révolutionnaire du prolétariat dans les pays capitalistes et révisionnistes, la lutte de libération nationale des peuples opprimés, le mouvement de consolidation de la dictature du prolétariat dans les pays socialistes, convergent dans une lutte sans merci au bout de laquelle se situe l’avenir nouveau de l’humanité qui sera construit sur les ruines de l’impérialisme.

L’impérialisme US, puissance montante dans l’entre deux guerres, a tiré un bénéfice considérable de la seconde guerre mondiale.

Il est devenu à partir de 1945 la première puissance impérialiste, qui est venu remplacer dans de nombreuses régions du monde d’autres impérialismes affaiblis, comme l’impérialisme anglais ou l’impérialisme français.

Il est devenu le gendarme des peuples, la tête de pont de la lutte contre le camp socialiste. Il a étentu sa présence à de très nombreux pays du tiers monde et il a également tenté de placer l’Europe capitaliste sous sa domination (…)

Jusqu’en 1953, du vivant de Staline, l’Union Soviétique fut le principal rempart contre cette grande puissance agressive. Le pacte de Varsovie, la constitution de la RDA, l’établissement du camp socialiste furent autant de réponses et de défis lancés à la face des impérialistes américains.

L’Union Soviétique est restée debout face aux menaces extérieures. Mais le pouvoir prolétarien qui avait résisté à tant d’assauts extérieurs, a succombé après la mort de Staline aux assauts intérieurs de la nouvelle bourgeoisie soviétique. Incapable de détruire par la violence le socialisme, la bourgeoisie l’a détruit pacifiquement.

Et sous l’impulsion de Kroutchev et de ses successeurs, Brejnev, Kossiguine, l’Union Soviétique, la patrie de Lénine et de Staline, s’est engagée rapidement dans la voie de restauration du capitalisme et de l’établissement d’un nouveau système impérialiste.

Les faits sont là qui montrent, sans aucune contestation possible que l’Union Soviétique est une puissance capitaliste.

Les faits sont là, irréfutables qui démontrent que l’Union Soviétique est en même temps un pays impérialiste, l’asservissement économique et militaire des pays du Comecon, dont les matières premières sont extorquées à bas prix par l’URSS et qui sont contraints d’acheter les produits de l’industrie soviétique, la présence de travailleurs immigrés en URSS (notamment 20.000 Bulgares qui travaillent en Sibérie).

La pratique des prêts sous condition et à des taux usuraires, les tentatives d’étranglement de l’Albanie, l’agression en tchécoslovaquie, l’agression contre la Chine, le dépeçage du Pakistan, le soutien apporté à Lon Nol au Cambodge, l’appui aux réactionnaires indiens, le sabotage de la grève des mineurs des Asturies par l’intermédiaire du charbon polonais, les tractations avec l’impérialisme US, l’établissement de bases navales dans l’océan Indien, en Méditerranée, les atteintes à la souveraineté des pays dans leurs eaux territoriales, la reconnaissance dé l’état sioniste et l’appui incomparable qui lui est apporté par l’émigration annuelle de 70.000 juifs d’URSS.

Puissances dominantes, les USA et l’URSS tentent sans cesse de remettre en cause, chacune à son profit, l’équilibre fragile basé sur l’actuel partage du monde (…) Mais face à l’hégémonisme pratiqué par les superpuissances, les pays du Tiers monde s’organisent et luttent (…)

Aujourd’hui, la plupart des pays du tiers monde ont conquis l’indépendance politique et les pays qui sont encore dans un état de dépendance néo-coloniale sont amenés à s’opposer de plus en plus à la domination impérialiste.

Par exemple dans leur lutte contre le sionisme et l’impérialisme, les pays arabes ont pris l’initiative de se servir du pétrole comme d’une arme. Ceci est très important. C’est un encouragement pour les pays du tiers-monde détenteurs de matières premières à se regrouper et s’organiser contre le pillage impérialiste pour vendre à un prix plus juste leurs richesses naturelles (…)

Mais si les super-puissances se disputent partout dans le monde, l’enjeu stratégique de leur rivalité c’est l’Europe, elles concentrent dans le continent une énorme quantité d’armement : 45.000 blindé pour l’URSS, les 3/4 de missiles de moyenne portée braqués sur l’Europe, 300.000 soldats pour les USA, des milliers de chars, d’avions, de navires de guerre.

Du fait de son passé colonial, de son potentiel économique et humain, on conçoit que l’Europe soit un enjeu de taille pour les super-puissances ( …).

Les pays d’Europe capitaliste et le Japon constituent le second monde, c’est-à-dire une zone intermédiaire qui entretient des rapports d’unité et de lutte avec le premier monde (les super-puissances) et le tiers-monde. Leur nature impérialiste tend à rapprocher ces pays des super-puissances et particulièrement en ce qui concerne l’impérialisme français de l’impérialisme US.

La volonté d’hégémonie des super-puissances sur le second monde peut conduire ces pays à prendre sur des points précis des positions convergentes avec les positions des pays du tiers-monde, par exemple sur la question de la Méditerranée, des pays comme la France et l’Algérie peuvent trouver un intérêt commun à s’allier contre la présence des flottes des super-puissances, facteur permanent d’insécurité de cette région du monde.

Mais s’il n’est pas possible de définir pour notre révolution une ligne stratégique qui ne tienne pas compte de l’insertion de la France dans le monde, avec ses contradictions, avec les rapports de force existants, il n’est guère possible non plus, sous prétexte de lutte contre les superpuissances, de mettre au second plan la lutte contre l’impérialisme français qui est la cible de notre révolution, l’ennemi que nous devons abattre pour instaurer le pouvoir des ouvriers et des paysans.

Tenir compte, certes, des contradictions, secondaires, qui opposent l’impérialisme français aux superpuissances, mais s’en servir comme d’une arme supplémentaire pour abattre notre ennemi, telle doit être la ligne de conduite des marxistes-léninistes authentiques.

Certains dans le passé proposaient au prolétariat de s’allier avec la bourgeoisie française contre l’impérialisme US, d’autres aujourd’hui proposent au prolétariat d’atténuer sa lutte contre l’impérialisme français sous prétexte d’opposition au social-impérialisme ; la logique de telles positions conduit à saluer la rencontre de Giscard d’Estaing et du Shah d’Iran comme un fait positif, à attaquer les mouvements de la jeunesse contre l’armée bourgeoise sous prétexte qu’ils affaibliraient la défense de la France.

Voudrait-on nous faire oublier que l’impérialisme français est aujourd’hui le second marchand d’armes mondial ?

Voudrait-on nous faire oublier qu’en plus des colonies qu’il maintient aux Antilles, à Djibouti, à la Réunion, il garde un vaste empire néo-colonial en Afrique ?

Voudrait-on nous faire oublier que l’impérialisme français reconnaît le régime de Saïgon, qu’il s’est récemment opposé à l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’ONU, le vote de la France à l’ONU en faveur de l’OLP ne doit pas faire illusion : Sauvagnargues est allé renouveler en Israël les contrats commerciaux qui lient la France à l’état sioniste et qui, même à l’époque de l’embargo, ont toujours permis à Israël d’avoir des armes d’origine française. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que l’impérialisme français ne peut plus prétendre jouer les tous premiers rôles sur la scène mondiale.

Des rapaces aux dents plus longues le précèdent sur de nombreux marchés. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation qui est un facteur de faiblesse supplémentaire pour l’impérialisme français.

Nous devons en tirer parti pour renforcer notre lutte contre notre propre impérialisme. Aux côtés des peuples du monde en lutte, contre l’impérialisme et le social-impérialisme, abattons l’impérialisme français, continuons la lutte pour l’instauration dans notre pays du pouvoir des ouvriers et des paysans, pour l’indépendance immédiate des colonies, pour une indépendance réelle des néo-colonies.

A BAS L ‘IMPERIALISME US

A BAS LE SOCIAL IMPERIALISME SOVIETIQUE

A BAS L’ HEGEMONISME

VIVE LA LUTTE DES PEUPLES DU TIERS MONDE

A BAS L’IMPERIALISME FRANÇAIS

VIVE LE POUVOIR DES OUVRIERS ET DES PAYSANS

PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, PEUPLES ET NATIONS OPPRIMES, UNISSONS-NOUS

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Un tournant bien significatif de l’humanité rouge (1973)

[Publié dans Front-Rouge le 12 juillet 1973.]

Dans leur dernière publication, les dirigeants de l’Humanité « Rouge » : amorcent un virage très intéressant.

Nous n’embarrasserons pas nos colonnes de réponses à leurs diverses calomnies ; nous ne reprendrons pas une à une toutes leurs bêtises politiques : nous avons déjà eu l’occasion de stigmatiser le comportement anti-unitaire et opportuniste de cette organisation petite bourgeoise, mais aujourd’hui nous avons le devoir de mettre en garde tous les militants qui se rattachent de près ou de loin au marxisme-léninisme contre l’évolution particulièrement dangereuse de la ligne de l’Humanité « Rouge ».

En effet, dans les derniers mois, une lutte semblait se dessiner au sein de cette organisation entre des positions de principes, vagues et générales mais correctes, notamment contre l’électoralisme, contre les orientations réformistes du programme commun des partis de gauche d’un côté, et d’un autre côté des positions particulièrement opportunistes tendant à mettre une partie du mouvement révolutionnaire à la remorque des révisionnistes modernes.

La coexistence de ces diverses positions dans le journal dissimulait mal cette lutte : il est clair aujourd’hui qu’a triomphé sans partage la ligne opportuniste à 100%.

En quoi consiste-t-elle ?

Les deux derniers numéros de l’Humanité « Rouge » désignent à l’évidence la lutte antifasciste comme l’axe principal de lutte offert à ses militants.

Le dernier numéro lui est pratiquement consacré en entier. De ce choix résultent de très graves conséquences :

–d’abord dans un appel aux militants du P »c »F disparaît toute critique marxiste-léniniste des positions bourgeoises, contre-révolutionnaires de ce parti. Alors même qu’une large partie de la classe ouvrière, par delà ces militants, est abusée par des illusions réformistes développées par le P »c »F, alors même qu’elle est détournée de la perspective de la révolution par la voie sans issue de la démocratie avancée, s’adresser au P »c »F quand on prétend être marxiste-léniniste, sans souligner le rôle d’auxiliaire précieux de la bourgeoisie joué par le révisionnisme, c’est abdiquer toute conscience révolutionnaire, c’est sombrer dans le plus grand opportunisme.

 — ensuite caractériser principalement la Ligue trotskiste comme une organisation anti-fasciste, c’est se vouer délibérément à être aveugle sur le rôle effectif joué par les trotskistes au profit du révisionnisme donc de la bourgeoisie.

Ces conséquences proviennent d’une très grave erreur politique commise par les dirigeants de l’Humanité « Rouge ».

Cette erreur consiste à intervertir systématiquement causes et effets.

Au moment même où d’important détachements de la classe ouvrière principalement chez les OS entrent en lutte de façon résolue contre leurs exploiteurs, les révisionnistes du P »c »F et de la CGT, leurs acolytes réformistes du PS et de la CFDT se montrent incapables de donner un débouché à ces luttes dont les mots d’ordre entrent en contradiction avec les perspectives du programme commun. Il en va de même avec le mouvement résolu des travailleurs immigrés contre la circulaire Fontanet.

Face à ces mouvements, la bourgeoisie qui trouve les réformistes ou débordés ou absents des luttes, emploie fréquemment la répression brutale des ses forces de police.

Répression directe et répression indirecte par l’entremise des organisations réviso-réformistes, telle sont les deux armes absolument solidaires de la bourgeoisie face à la révolte des travailleurs. Quand les révisionnistes et les réformistes rencontrent cette impasse, comme au lendemain de leur échec électoral, la bourgeoisie a tendance à utiliser la répression directe, peu confiante qu’elle est dans ses propres tentatives démagogiques.

Au moment même où se font jour les bases d’une cassure entre les révisionnistes et une frange avancée des masses, s’agit-il comme le préconise l’Humanité « Rouge » de tendre la main aux militants du P »c »F pour les inviter à une illusoire unité antifasciste ou s’agit-il d’ouvrir les yeux à la classe ouvrière, d’étendre en la rendant consciente cette cassure, constatée dans les principaux mouvements actuels entre les révisionnistes et les travailleurs en lutte ?

En réalité, ce que l’Humanité « Rouge » et avec elle quelques autres mouvements petits bourgeois, baptise fascisation n’est que l’apparition à visage découvert de la démocratie bourgeoise là où le révisionnisme et le réformisme sont en recul.

Ce que l’Humanité  » Rouge  » est incapable de comprendre, c’est que la menace fasciste n’a de sens et de réalité qu’avec un recul qualitativement différent du révisionnisme et du réformisme, qu’avec une progression plus large et plus conséquente de la perspective Révolutionnaire dans les masses.

Là où la tâche des Révolutionnaires consistent à prendre en main l’organisation des travailleurs et la défense de leurs aspirations réelles, et par la riposte à la répression de la bourgeoisie qu’ils encourent dans leurs luttes, l’HR trouve le moyen de proposer un front défensif contre le fascisme, masquant et la nature de la démocratie bourgeoise, dictature violente sur les masses exploitées, et la nature du révisionnisme, au moment où il se trouve en recul.

— au moment où les révisionnistes du P »c »F tentent de refaire leur image de marque en se présentant comme les meilleurs défenseurs de libertés, au moment où ils rivalisent avec le PS pour occuper toute la place que la bourgeoisie assigne à la sociale-démocratie en vue des élections à venir, au moment donc où le P »c »F cherche à rallier à lui, pour faire l’appoint de voix, les couches indécises de la petite bourgeoisie, la tâche des révolutionnaires n’est pas de se faire les instruments de cette manœuvre.

— au moment où la bourgeoisie tente de dévoyer les aspirations révolutionnaires des travailleurs en présentant comme le parti révolutionnaire, la Ligue trotskiste, pour cela réprimée et pour cela dissoute, le rôle des marxistes-léninistes n’est pas d’entrer dans le jeu. Pendant 5 ans, le parti authentiquement communiste, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste a été constamment réprimé, ses militants pourchassés, sans que la presse bourgeoise consacre aux arrestations des militants suspectés de sa reconstitution plus de cinq lignes. De cela l’HR depuis 3 ans ne s’est guère émue et a partagé ce silence.

C’est pour tout cela que nous mettons en garde les militants révolutionnaires contre les tentatives stériles de l’Humanité  » Rouge  » de dévoyer leur combat vers l’axe principal de la lutte pour les libertés démocratiques.

Ne vous laissez pas abuser camarades par les gesticulations groupusculaires à la remorque des révisionnistes, depuis la manifestation du 20 juin jusqu’au dernier meeting du cirque d’Hiver.

La place des Révolutionnaires est dans les entreprises aux côtés des travailleurs qui prennent progressivement conscience des illusions réformistes, avec les travailleurs immigrés, pour contrer la circulaire anti-grève de Fontanet, pour organiser sur le terrain comme à Ivry par exemple la riposte aux crimes racistes qui l’accompagnent ; le rôle des communistes est d’être actifs, présents en tant que tels dans les luttes des travailleurs contre la bourgeoisie, d’aider à la prise de conscience progressive des travailleurs de la nature bourgeoise du réformisme, d’être à l’offensive contre la bourgeoisie et le réformisme ; là où l’HR s’efforce péniblement de dévoyer les révolutionnaires vers la lutte contre les conséquences des luttes de classe en cours : la répression ; les communistes doivent mettre au premier plan le développement de ces luttes et leur approfondissement politique.

 Les raisons des erreurs politiques très graves de l’HR sont claires : groupe petit bourgeois coupé de la réalité de la lutte de classe, l’HR est voué à enregistrer les conséquences de ces luttes sur la mise à nu de démocratie bourgeoise, de son caractère répressif. Sa seule réponse consiste à reprendre mécaniquement le schéma de la lutte anti-fasciste de 1934, à préconiser un front populaire anti-fasciste alors même que rien ne rappelle la situation d’alors.

Ni l’organisation révolutionnaire des masses (comment comparer la large organisation des travailleurs par le Parti Communiste et la liaison embryonnaire des révolutionnaires avec la classe ouvrière aujourd’hui), ni la crise économique et politique de la bourgeoisie ne sont comparables. L’histoire d’ailleurs, ne se répète pas.

L’HR qui fait grand bruit autour de sa participation, au demeurant modeste à la manifestation contre Ordre Nouveau du 21 juin, manifestation à laquelle nous avons également participé, tente aujourd’hui au nom de la lutte anti-fasciste de ramener dans le sillage du P » C « F les militants révolutionnaires qui ont plus que jamais à le combattre. A propos où en sont les Comités d’Unité Populaire censés organiser cette unité à la base contre le fascisme !

Même si son influence est ridiculement faible, nous ne devons pas négliger nos efforts pour ouvrir les yeux des militants qu’HR trompe et qui ont mieux à faire que s’embourber dans le marais opportuniste. A ces militants, nous tendons une main fraternelle.

Quittez ces piètres staliniens qui participent à leur manières aux tentatives grossières de la bourgeoisie pour redorer le blason terni du trotskisme, quittez ces piètres marxistes-léninistes qui au nom de l’unité anti-fasciste se réfugient dans le giron du P » C « F.

Vous connaissez tous l’histoire de celui qui criait au loup chaque fois qu’il croyait le voir et que personne n’a cru quand le loup est effectivement venu. HR depuis plus de 5 ans joue ce jeu dangereux.

 A BAS L’OPPORTUNISME, VIVE LE MARXISME-LÉNINISME !

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Sur Marchais et Krivine suite au 21 juin 1973

[Publié dans Front Rouge le 12 juillet 1973.]

Au cirque d’hiver…le chef de piste s ‘appelait marchais

(dans un encadré, au dessus de ce titre et sous la photo de Jacques Duclos s’adressant aux militants venus protester contre l’interdiction de la Ligue communiste, la légende suivante :  » Ecouter Duclos faire acclamer  » le P » C « F, le grand parti révolutionnaire de notre temps :, Detraz (CFDT) faire applaudir les flics démocrates, ou la claque du P » C « F scander  » Union populaire pour les libertés. Les communistes n’avaient vraiment aucune raison d’appeler à ce meeting.  » )

Le 5 juillet, la gauche réformiste P » C « F en tête, tenait un meeting contre la dissolution de la Ligue  » communiste « , avec le soutien de nombreux groupes trotskistes et de quelques camarades se réclamant du marxisme-léninisme qui avaient eu la naïveté d’emboîter le pas.

La mobilisation au regard du nombre et de l’importance des organisations participantes a été faible (quelques milliers) malgré un effort certain du P » C « F qui avait distribué des tracts jusque dans les banlieues. Ce fait témoigne doublement de la coupure entre les trotskistes et la classe ouvrière : d’une part parce que la clientèle petit-bourgeois de ces diverses sectes était en vacances, d’autre part parce que les ouvriers que le P » C « F parvient encore à tromper ne se sont guère dérangés pour l’occasion.

Cependant, ce meeting éclaire bien le sens de la provocation policière du 21 juin, dans laquelle la Ligue avait donné à tête baissée. En effet, la dissolution de la Ligue qui a suivi, a donné l’occasion au P » C « F et au PS de se livrer à une nouvelle opération démagogique dans leur course à l’électorat petit-bourgeois.

Tandis que Mitterrand recevait Krivine, le P » C « F prenait l’initiative du meeting, et marquait un nouveau point dans sa tentative de se dédouaner de son passé communiste en se présentant pour ce qu’il est : un vulgaire parti bourgeois. Ainsi se prolongeait l’entreprise du 20 juin. Ainsi, P » C  » et PS détournaient-ils l’attention de l’offensive de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, et soutenant par là cette offensive.

D’un autre côté, au moment même où elle était dissoute, la Ligue obtenait la réalisation de son rêve de toujours : l’unité – fragile, difficile, mais l’unité – avec le P » C « F. Le soutien qui lui a été accordé à cette occasion montre que les révisionnistes n’ont rien à craindre d’une organisation dont la fonction a consisté, au cours des années passées, à ramener dans le sillage des initiatives du P » C « F les jeunes qui se dégoûtait de lui, et à détourner par sa nature petite-bourgeoise la classe ouvrière de la Révolution.

En appelant au meeting du P » C « F qui leur refusait la parole les dirigeants de la Ligue ont confirmé une fois de plus cette orientation fondamentale. Le chahut de leurs militants n’y a rien changé : au cirque d’hiver, le chef de piste s’appelait Marchais.

En définitive, la dissolution de la Ligue et le meeting qui l’a suivi auront été un facteur de clarification politique, montrant comment la lutte contre la répression peut devenir le prétexte à une unité sans principes et sans perspectives des opportunistes de toute espèce.

[Publié dans Front-Rouge le26 juillet 1973.]

A propos de l’emprisonnement de krivine

 Il est clair, à présent, que le ministre de l’intérieur a favorisé et, au besoin, provoqué la débandade de certains de ses flics, lors de la manifestation du 21 juin contre le meeting raciste d' » Ordre Nouveau « .

Cette opération policière visait d’abord à répandre largement, une fois de plus, une image complètement déformée des Révolutionnaires et de la violence révolutionnaire, pour inciter les masses à s’en détourner. Et cela au moment où la bourgeoisie lançait ses flics, ses nervis à St-Etienne, à Besançon, à Fos, à Grasse, contre les ouvriers en lutte, partout où elle ne pouvait pas compter sur la collaboration des révisionnistes.

Il s’agissait de faire croire que les révolutionnaires n’avaient pas d’autre idéal que la violence pour la violence, pas d’autre but que de  » casser du flic « , de brûler des cars de police-secours… Il s’agit d’autre part, de justifier et de multiplier les actes de contrôle des travailleurs en faisant passer la violence de classe des ouvriers en lutte pour des  » provocations gauchistes « .

Mais l’opération avait en même temps, un autre but : en décrétant, à la suite du 21 juin la dissolution de la Ligue trotskiste, la bourgeoisie visait à désigner publiquement cette organisation en perte de vitesse comme le parti révolutionnaire, à redorer son blason.

Toute une série de groupe petits bourgeois trotskistes et néotrotskistes en tête, y compris  » l’Humanité Rouge « , ont emboîté le pas à cette opération et ont pris, en chœur la  » défense  » de la Ligue.

Ce faisant, au nom de la lutte  » antifasciste « , il ont appelé à s’accoler encore plus étroitement au P » C « F (et au PS) et leur ont permis au cirque d’Hiver, de se poser en défenseurs des  » libertés « , en protecteurs de  » l’extrême-gauche « . Ce faisant, ils ont tenté de colmater la brèche ouverte entre les révisionnistes et les travailleurs, et de détourner la classe ouvrière de la bataille contre la répression de ses luttes.

Krivine et Rousset en prison ; c’est le clou de cette opération. Après avoir façonné l’image de marque  » révolutionnaire  » de Krivine (élections présidentielles de 69, face à face avec STASI à la télé, longues déclarations à la radio après le 21 juin), la bourgeoisie le met quelques temps derrière les barreaux. Cela lui permet d’en faire un martyr et de mieux préparer sa publicité pour un éventuel procès, à la rentrée par exemple.

A vrai dire, la campagne pour la libération de Krivine, n’a rencontré pratiquement aucun écho parmi les travailleurs. Par exemple sur les marchés, les ouvriers indifférents aux slogans  » Marcellin démission  » soutiennent activement nos interventions contre les agressions racistes, contre les bombardements US au Cambodge.

Toutefois, cette mise en scène, cette manœuvre ne peut que semer la confusion. Elle a assez duré.

Halte à la politique hypocrite de la bourgeoisie !

Krivine, Rousset hors de prison !

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A propos des théories de la fascisation (1973)

[Publié dans Front Rouge le 5 juillet 1976.]

La vague de répression qui s’abat sur les luttes ouvrières (Fos, Besançon, Grasse), la dissolution de la Ligue  » Communiste  » la manifestation du P  » C  » F pour  » la défense des libertés « , remettent à l’ordre du jour une question politique importante : oui ou non, existe-t-il en France un danger fasciste ? La bourgeoisie s’engage-t-elle dans un processus qui mène au fascisme ?

des mesures répressives dans le cadre de la démocratie bourgeoise

A l’appui de la théorie de la  » fascisation du pouvoir « , ses partisans apportent une série de preuves matérielles du renforcement de la dictature de la bourgeoisie : renforcement considérable de la police, développement de la branche  » Défense Opérationnelle du Territoire  » de l’armée, (spécialisée dans la répression d’éventuels mouvements insurrectionnels), adoption de lois répressives réactionnaires (notamment la fameuse loi  » anti-casseurs  » etc…

Mais chacun sait que le pouvoir de la bourgeoisie s’exerce par son appareil d’Etat répressif, et que, dans le cadre même du régime de démocratie bourgeoise, la bourgeoisie n’hésite pas à le faire intervenir pour réprimer la classe ouvrière et les révolutionnaires, et se préoccupe constamment de le renforcer.

Des  » lois scélérates  » d’avant 1914 à l’emprisonnement des communistes en 1920, de la constitution des CRS (avec des débris des GMR Vichystes) à la répression des grèves de 48, du  » complot des pigeons  » à l’application de l’article 16 pendant la guerre d’Algérie, de telles mesures n’ont pas manqué dans l’histoire de nos  » républiques Démocratiques « .

Aussi est-ce dans la situation politique, dans la réalité des rapports de classe au moment présent de l’histoire, et non dans l’existence d’une série de mesures réactionnaires qu’on peut trouver la réponse à la question des projets politiques de la bourgeoisie.

L’expérience de l’instauration ou des tentatives d’instauration du fascisme dans les métropoles impérialistes montre que le fascisme est le produit politique de l’impérialisme, du capitalisme des monopoles : le fascisme comme le montrait Dimitrov au VIIe congrès de l’Internationale Communiste visait alors à faire retomber tout le poids de la crise économique sur la classe ouvrière, à préparer la guerre pour l’asservissement des peuples semi-coloniaux et le repartage du monde, à devancer la montée des forces de la Révolution en écrasant le mouvement Révolutionnaire des ouvriers et des paysans.

Crise économique d’une profondeur et d’une durée sans précédent, lutte pour le repartage du monde, montée de la Révolution Prolétarienne : ces trois traits sont effectivement typiques de l’impérialisme, du capitalisme agonisant. Aussi les communistes avaient-ils raison, au lendemain de la victoire dans la guerre anti-fasciste, de souligner que le germe du fascisme demeurait, que le danger fasciste ne disparaîtrait de la surface du globe qu’avec la formation qui le secrète : l’impérialisme.

De là à faire de la lutte contre le fascisme leur tactique permanente sous la dictature impérialiste, il y a un pas que les communistes ne franchiront pas. Revenons à notre pays aujourd’hui : la situation justifie-t-elle les théories sur la  » montée du fascisme  » ?

ou en est la crise de l’impérialisme ?

Sur le plan économique, la classe ouvrière connaît une aggravation de ses conditions de vie et de travail, marquée par l’intensification du travail, l’extension du chômage et la baisse du salaire réel ; les couches petites-bourgeoises traditionnelles et les paysans individuels se voient progressivement chassés de leurs anciennes positions et réduits à la condition de prolétaires, tandis que se développent des couches parasitaires ; à l’intérieur de la bourgeoisie elle-même, la concentration du capital progresse de jour en jour.

Autant de trait typiques de l’impérialisme à l’époque de sa crise générale.

Autant de signes de la dépression qui vient, auxquels il faut ajouter la crise monétaire désormais permanente et l’aiguisement de la concurrence inter-impérialiste ; mais non pas de traits d’une période de crise économique du type de celle des années 30 ; le grippage de toute la machine capitaliste, la régression considérable de la production qu’ont connus toutes les métropoles impérialistes, entre les 2 guerres, ne se sont pas encore produits.

Tant bien que mal, les bagnes capitalistes produisent chaque année plus d’automobiles, plus de biens de toutes sorte, amenant progressivement le marché vers une saturation qu’il n’a pas encore atteinte. Pour féroce qu’il soit dans sa course aux profits maximums, la question ne se pose pas encore à l’impérialisme de faire porter à la classe ouvrière le poids de la crise  » extrêmement profonde  » dont parlait Dimitrov et qui n’est pas encore là.

la question de l’influence du révisionnisme

Serait-ce alors dans la situation politique, dans la montée du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière qu’il faudrait chercher la justification de l’urgence de la lutte contre le danger fasciste ?

Dans les conditions de notre pays, quiconque ne se paye pas de mots doit lier son appréciation de la montée du mouvement révolutionnaire prolétarien à la perte de l’influence révisionniste sur une fraction appréciable de la classe ouvrière. Pour les marxistes-léninistes, la situation objective de la classe ouvrière en fait une classe révolutionnaire. La paupérisation qu’elle subit accélère sa tendance profonde à rejeter l’influence du P  » c  » F passé à la bourgeoisie, à envisager l’issue révolutionnaire et à s’organiser dans ce but.

Dès aujourd’hui, l’expérience accumulée dans les luttes quotidiennes tend à lui montrer que le P  » c  » F lui est étranger, qu’il ne sert en définitive que les intérêts d’une mince couche achetée par la bourgeoisie.

Mais notre confiance profonde dans les capacités révolutionnaires de la classe ouvrière notre certitude qu’elle saura rejeter le révisionnisme ne nous cache pas qu’il s’agira d’une lutte longue, difficile et complexe. Si au lendemain de mai-juin 68, une frange de la classe ouvrière rejetait la direction du P  » c  » F, et recherchait une perspective révolutionnaire, force est bien de constater que quelques années plus tard, ce germe de prise de conscience avait été gâché par l’opportunisme, que les mêmes travailleurs étaient pour un temps rentrés dans le rang militaient à la CGT et se montraient particulièrement furieux contre les  » gauchistes  » qui les avaient déçus.

Les grandes grèves qui, en 1971, ont vu les OS se dresser contre l’exploitation et ébranler l’édifice de collaboration de classe se sont déroulées sur des mots d’ordre qui, dans la lutte économique même, traduisaient encore l’influence du révisionnisme.

Et si aujourd’hui, après l’échec électoral subi par  » l’Union de la Gauche « , de nombreux travailleurs entrent en lutte sur leurs propres mots d’ordre, rejetant le point de vue et les calculs de ceux qui se préparent à gérer le capitalisme, et exprimant parfois leurs aspirations à la Révolution, nous sommes encore loin d’un mouvement révolutionnaire de masse, posant la question du pouvoir et disputant aux perspectives électorales révisionnistes en cul-de-sac, les larges masses de la classe ouvrière.

Les dernières élections législatives, la place qu’y a occupé  » l’Union de la gauche  » et les illusions qu’elle a pu semer, la préoccupation qu’a eue à cette occasion la bourgeoisie de reconstituer, à côté du parti révisionniste, un fort parti social-démocrate susceptible de participer à l’entreprise de tromperie électoraliste ne tracent pas le tableau d’une situation où la bourgeoisie se préparerait à renoncer aux commodités de la duperie parlementaire pour recourir au fascisme. Le révisionnisme et le réformisme sont encore pour un temps, de trop bons garants pour le maintien de son pouvoir.

Les théoriciens de la  » fascisation  » ont coutume de nier la difficile bataille contre le révisionnisme, de la considérer comme d’ores et déjà gagnée. Peu avant les élections de mars, au moment où le P  » C  » F et le PS avec la CGT et la CFDT, parvenaient à mettre pour l’essentiel sous l’éteignoir les luttes ouvrières en agitant leur  » Programme commun  » ; au moment où nos camarades dans les entreprises nous disaient combien notre juste position d’abstention Révolutionnaire était à contre-courant face aux faux espoirs de la victoire électorale de  » l’union de la Gauche « , les plus bêtes de ces pourfendeurs du danger fasciste trouvaient le moyen de claironner que l’électoralisme était définitivement battu en brèche dans la classe ouvrière !

Seule une secte étrangère dans son essence à la classe ouvrière, sourde à la voix des militants ouvriers qu’elle peut compter dans ses rangs, peut s’illusionner au point de prendre de cette manière son rabâchage de dogmes pour l’analyse de la situation concrète.

Les petits bourgeois à la traîne du P »C »F

Les théoriciens de la  » fascisation « , du  » fascisme qui vient d’en haut  » ont en effet deux traits fondamentaux qui leur sont communs : leur nature de classe et leur fonction politique.

Leur nature de classe d’abord : la petite-bourgeoisie, avec les illusions qu’elle traîne sur la démocratie bourgeoise, s’avère incapable de comprendre son caractère répressif, répressif à l’égard de la classe ouvrière et des larges masses. Chaque mesure de répression de la bourgeoisie, chaque renforcement de la dictature de la bourgeoisie, les voient redouter immédiatement le fascisme et voler au secours de la  » démocratie  » même quand elle n’est pas menacée par l’essentiel.

Leur fonction politique ensuite, profondément liée à cette nature de classe. Aujourd’hui que les premières brèches s’ouvrent dans la domination du révisionnisme sur la classe ouvrière, la tâche des révolutionnaires est de consacrer toute leur énergie à les élargir, à mobiliser les masses indépendamment des vieux partis dégénérés, à leur ouvrir, chemin faisant, la perspective de la Révolution Prolétarienne, à édifier dans cette lutte le Parti prolétarien. Ouvrir la perspective de la Révolution, établir sans hésiter une démarcation nette avec le révisionnisme, ces deux tâches sont indissolublement liées.

Or les révolutionnaristes petits-bourgeois, tout en proclamant que la seule alternative au fascisme est la révolution Prolétarienne, le socialisme, s’acharnent dans la pratique à maintenir la classe ouvrière dans le sillage du P  » c  » F, sous prétexte d’édifier, qui le Front Unique prolétarien, qui le Front Populaire antifasciste. Certains s’adressent ouvertement aux directions révisionnistes et réformistes pour leur proposer l’unité.

D’autres préfèrent proclamer que le Front Unique, le Front Populaire doivent se réaliser à la base. Dans la pratique, alors que malgré ses progrès, l’édification d’une force politique Révolutionnaire prolétarienne est encore à ses débuts, ils en viennent régulièrement à gesticuler comme les premiers à la queue des initiatives révisionnistes : c’est ce qu’ils avaient fait le 1er mai, c’est ce qu’ils viennent de faire le 20 juin : c’est ce qu’ils ne manqueront pas de faire ouvertement à l’occasion de la dissolution de la  » Ligue communiste « .

Les uns comme les autres, en brandissant le drapeau de la révolution prolétarienne pour mieux détourner les masses vers le révisionnisme, font diversion dans la tâche d’édification du Parti prolétarien.

à bas la répression contre le classe ouvrière !

Face à ces diversions. Les marxistes-léninistes ne se laissent pas détourner de leurs tâches de l’heure : commencer à arracher au révisionnisme, à gagner à la Révolution Prolétarienne une première fraction de la classe ouvrière, en visant principalement les plus exploitées.

Face aux diverses mesures de renforcement de la dictature bourgeoise, ils appelleront les masses à l’action en montrant le véritable visage de la  » démocratie  » sous le signe du capital. L’expérience de ces derniers mois montre, avec la circulaire Fontanet, avec la répression sauvage des dernières grèves ouvrières, que la bourgeoisie use particulièrement de son arsenal répressif contre les secteurs de la classe ouvrière qui tendent à échapper au révisionnisme. Aussi, c’est dans la défense du droit de grève et de liberté des manifestations pour la classe ouvrière dans la lutte contre les milices patronales que réside aujourd’hui pour l’essentiel l’application du mot d’ordre de Staline :  » relever le drapeau des libertés démocratiques « .

C’est autour de ces tâches dans la perspective de la Révolution Prolétarienne, que nous appelons à s’unir la classe ouvrière et tous les progressistes disposés à soutenir son combat. 

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A propos de la dissolution de la ligue trotskiste (1973)

[Publié dans Front Rouge le 5 juillet 1973.]

Front Rouge à l’occasion de l’interdiction de la Ligue trotskiste a interrogé Bernard Rey militant marxiste léniniste, qui a été condamné après une inculpation de reconstitution du PCMLF en 1970. Il donne ici le point de vue des marxistes-léninistes.

Front Rouge – Que penses-tu des affrontements du jeudi 21 juin , lors du meeting d' » Ordre Nouveau  » ?

Bernard Rey – La tenue de meeting en plein Paris devait immanquablement provoquer une contre-manifestation comme cela avait été le cas lors du meeting précédent d' » Ordre Nouveau  » au Palais des Sports en 71.

Faire protéger les quelques centaines de nazillons rassemblés, par les forces de répression, c’était être sûr que les contre-manifestants les affronteraient!

C’est le caractère extrêmement violent de cet affrontement qui a surpris : 80 policiers blessés ! Le  » Monde  » et l' » Humanité  » ont publié des témoignages émanant du Syndicat majoritaire de la police qui apportent une explication à l’ampleur de cet affrontement : les forces de répression sur le terrain auraient été privées par leurs responsables des renseignements, du matériel, des directives qui leur sont habituellement prodigués pour réprimer les manifestations ! Marcellin a mollement démenti.

En tous cas, cela a déclenché toute une campagne de propagande orchestrée à la radio et dans les journaux, pour dénoncer l’usage de la violence. Tout est fait pour convaincre les travailleurs que la violence ne mène qu’à l’échec, qu’il faut renoncer à son usage, qu’il faut se détourner des révolutionnaires qui la prônent.

FR – Pourquoi cette campagne particulièrement aujourd’hui ?

BR – A mon avis, cela s’explique directement par la situation actuelle et les difficultés qu’éprouvent la bourgeoisie dans les luttes actuelles. Depuis l’échec de la gauche aux élections de Mars, la classe ouvrière rejetant la tutelle des syndicats a en de nombreux endroits engagé des grèves sur ses véritables revendications, conduisant elle-même la lutte.

Sur des franges importantes de travailleurs, les perspectives de la  » gauche unie  » n’ont pas de prise aujourd’hui : l’échec de 73 a éclairé pour une période ces travailleurs sur le projet que constitue le programme commun. Ils sont parfaitement réceptifs aux idées révolutionnaires.

Cela, la bourgeoisie s’en rend parfaitement compte, dans plusieurs endroits, elle a lâché ses forces de police pour convaincre les travailleurs à arrêter leur lutte. Elle ne veut ni que se produise la soudure avec les révolutionnaires, ni que les travailleurs recourent à la violence pour refuser leur exploitation. La campagne orchestrée au lendemain du 21 juin, répond à merveille à cet objectif.

FR – Que penser de l’interdiction de la Ligue trotskyste ?

BR – Pour notre part, nous dénonçons la fausse symétrie pratiquée par la bourgeoisie : en mettant  » Ordre Nouveau  » et le Ligue trotskyste dans le même sac, elle cache habilement que sa politique d’immigration élaborée par Fontanet et Gorse, converge avec la revendication d' »Ordre Nouveau » :  » Halte à l’immigration sauvage « .

Ceci dit, les Marxistes-léninistes maintiennent intégralement leur appréciation sur la fonction des groupes trotskystes, sans nier la présence dans leurs rangs de jeunes aspirant à faire la révolution et qu’il s’agit d’éclairer.

Car la politique de la ligue trotskyste depuis qu’elle existe a consisté effectivement en cela : récupérer les franges des masses en rupture avec le révisionnisme à l’aide d’une phraséologie révolutionnaire, et par le biais d’un détour, les engager à nouveau dans la voie réformiste derrière les états-majors de la gauche.

C’est ce qu’on a pu vérifier par exemple lors des dernières élections, lorsque la Ligue après avoir présenté des candidats, a appelé à voter pour la gauche au 2ème tour. Mais aujourd’hui visiblement, ce groupe trotskyste n’avait aucune prise sur l’énergie révolutionnaire manifestée par les masses.

FR – Mais que penser alors de la propagande qui se répand largement dans les journaux présentant la Ligue trotskiste comme le groupe révolutionnaire, le seul, le véritable.

BR – C’est vrai, la propagande des journaux comme  » le Figaro  » ou  » le Monde « , ce que l’on raconte à la radio, développe cette idée. Pourtant rien n’est plus faux en ce qui concerne la Ligue trotskyste : c’est une organisation en déclin qu’a dissoute Marcellin. Et les preuves ne manquent pas. Aux élections de mars, la Ligue n’a même pas pu retrouver dans les circonscriptions où elle présentait des candidats, le pourcentage de voix acquis lors des élections présidentielles de 69 par Krivine.

Le FSI, l’organisation mise sur pied par la Ligue pour faire croire qu’elle soutient la lutte des peuples indochinois, ne se manifeste plus en France depuis les accords de Paris.

A Paris, alors que tout un temps, la Ligue a pu imposer sa loi dans l’organisation des manifestations, cette année, de cinglants échecs lui ont été infligés : comme lors du mouvement lycéen où les tentatives d’encadrement bureaucratique des trotskistes ont échoué, comme le 19 mai, lors de la manifestation unitaire de soutien à la Palestine, où la Ligue qui prétendait imposer des mots d’ordre provocateurs s’est fait expulser ; comme le 1er Mai où la seule manifestation autonome par rapports aux révisionnistes a été le fait des marxistes-léninistes.

Il faut comparer la manière dont la presse bourgeoise traite la Ligue trotskiste, à celle utilisée contre les marxistes-léninistes, ou même contre la Gauche Prolétarienne en 1970.

En 1970, plusieurs militants marxistes-léninistes ont été arrêtés, traduit devant la cour de sûreté de l’Etat sous l’inculpation de reconstitution du P.C.M.L.F. ; plusieurs d’entre eux ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Qui, sinon la presse marxiste-léniniste en a parlé ?

En 1971 encore, c’est une dizaine de militants qui ont été à leur tour, inculpés de reconstitution de ce Parti ; certains même deux ans après n’ont toujours pas été jugés. Qui en a parlé ?

De même, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, interdit le 12 juin 68, à ce que nous pouvons savoir, poursuit son édification dans la clandestinité, édite et diffuse régulièrement sa presse  » L’Humanité Nouvelle « , développe son activité révolutionnaire dans la classe ouvrière. Qui en parle ? Qui proteste contre l’interdiction du PCMLF, contre l’interdiction de sa presse, si ce n’est la presse des marxistes-léninistes et les masses qui les soutiennent ?

De même, si la presse a réservé une certaine part dans ces colonnes au procès de la Gauche Prolétarienne en 70, c’était pour traîner dans la boue ses militants, les traiter de voyous, d’illuminés…

Le P »C »F à l’époque avait réclamé avec hystérie, avant que cela soit fait la dissolution de cette organisation qualifiée de  » gauchiste-Marcellin « . Aujourd’hui le P »C »F appelle à manifester contre l’interdiction de la Ligue, et des journaux comme  » Le Monde « ,  » Le Figaro  » présentent cette organisation comme  » l’organisation Révolutionnaire qui a réussi  » !

Alors posons simplement la question, pourquoi les plumitifs bourgeois encensent-ils à ce point la Ligue trotskiste ? N’est-ce-pas pour aiguiller les travailleurs à la recherche de perspectives Révolutionnaires, dans le marais trotskiste ?

FR – Quelles autres conséquences de cette interdiction ?

BR – Une telle mesure rappelle que la bourgeoisie est prête à réaliser toute une série de mauvais coups, en frappant directement la classe ouvrière.

La fermeté manifestée par Marcellin n’est pas dirigée contre la Ligue trotskiste, mais bien contre les travailleurs et les Révolutionnaires : la campagne contre la violence  » de gauche ou de droite « , prétexte à l’interdiction , vise aussi à dissuader les travailleurs de recourir à la violence pour s’opposer à celle quotidienne de la bourgeoisie.

Le précédent de la journée du 21 juin va être brandi contre les travailleurs qui voudront manifester contre la politique de la bourgeoisie, et sera le prétexte à les réprimer sévèrement.

Les Marxistes-Léninistes appellent à la vigilance contre de telles mesures et mobiliseront les travailleurs contre elles. Poursuivons la lutte pour faire abroger la circulaire Fontanet ! Poursuivons la lutte pour nos revendications !

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Histoire du Parti Communiste Révolutionnaire (marxiste-léniniste)

Lorsque le PCMLF fut passé dans l’illégalité en juin 1968 suite à son interdiction, son dirigeant Jacques Jurquet court-circuita la direction élue quelques mois auparavant lors du premier congrès.

La conséquence fut la révolte d’une partie de l’organisation, au nom du « Bureau Politique (majoritaire) », qui fonda le PCMLF – Le travailleur.

Jurquet s’appuya alors sur les jeunes ayant rejoint récemment l’organisation, mais ceux-ci firent « bande à part » et renversèrent la direction. Le PCMLF connut alors une scission à la fin de 1970, avec la tenue en novembre 1970 d’une « conférence nationale de rectification », par les « jeunes. »

Par la suite est fondé Front rouge en mai 1971, comme « journal de combat marxiste-léniniste », devenant hebdomadaire à partir de janvier 1972.

Les raisons à Front rouge

Lors de mai 1968, l’Union de la Jeunesse Communiste (marxiste-léniniste) s’est effondrée politiquement, mais ses membres menèrent une très importante activité. L’échec de l’affirmation politique amena cependant un mouvement de « rectification » et de demande d’adhésion au PCMLF, auparavant honni.

Le PCMLF fut très méfiant et n’accepta que les adhésions individuelles. Cela ne changea pas la donne : les ex-UJC(ml) étaient des étudiants, rodés à l’activisme ininterrompu, alors que les cadres du PCMLF suivaient une logique très « plan – plan » du militantisme PCF typique de la fin des années 1950.

La tension ne pouvait devenir qu’explosive alors qu’au lendemain de mai 1968 et malgré l’échec de l’UJC(ml), la minorité de celle-ci, qui refusait le PCMLF, obtenait succès sur succès en tant que « Gauche Prolétarienne. »

Entre la pseudo-illégalité et ses vraies contraintes et l’activisme, les ex-UJC(ml) ne choisirent pas longtemps.

La première étape

Le PCMLF Front rouge, afin de se développer, assume directement les méthodes ayant un succès chez la Gauche Prolétarienne. L’établissement dans les usines ne doit pas être une immersion temporaire ; le passé étudiant doit être oublié et le parcours d’études rompu.

A cela s’ajoute donc les interventions chocs. Lorsque des tracts sont distribués clandestinement devant les portes du complexe de Creusot-Loire à Firminy dans la Loire, avec cagoules et manches de pioche, le car de police qui passe voit ses occupants ne s’en tirer qu’en faisant l’usage de leurs armes.

Le PCMLF Front rouge ne maintint cependant pas cette approche, qui ne servait qu’à se positionner par rapport à « l’ancien » PCMLF. Ainsi, le 1er mai 1972 se tint une conférence nationale, bien entendu clandestine, en Ardèche, mettant un terme à l’activisme dur, au nom justement de la construction réussie de l’organisation, représentée par 50 délégués.

La seconde étape

Reste alors pour le PCMLF Front rouge de définir une ligne. On reste toutefois dans le dengisme : si le PCMLF privilégiait la dimension internationale du dengisme, avec le soutien unilatéral au troisième monde et l’appel au deuxième monde à participer aux luttes contre les superpuissances, le PCMLF Front rouge assuma davantage la dimension pragmatique.

L’idéologie ne comptait pas plus qu’au PCMLF, malgré le verbiage « marxiste-léniniste » ; en pratique, le PCMLF Front rouge devenait une organisation gauchiste, mais en mode technique « marxiste-léniniste. »

Lorsque sort, en février 1973, le premier numéro de OctobreLes cahiers du marxisme-léninisme, comme revue théorique, le numéro aborde « L’histoire du révisionnisme en France : 1944-1947. Le PCF au gouvernement. »

L’idée est que le PCF a capitulé et rompu avec la ligne de masses ; il n’est pas question d’idéologie. Le révisionnisme se résume à une question de méthode.

La troisième et dernière étape

Le PCMLF Front rouge se posa ainsi comme véritable alternative marxiste-léniniste, c’est-à-dire comme organisation ayant les meilleurs méthodes, la meilleure approche.

En pratique fut donné naissance à une Opposition Syndicale Révolutionnaire, avec une majorité de membres à la CFDT et comme bulletin Brisons nos chaînes.

Furent également organisés des comités pour l’abrogation de la circulaire Fontanet, qui n’autorise l’attribution de carte de séjour qu’avec un permis de travail, et des comités Indochine-Palestine, qui tiennent notamment un grand meeting le 4 mars 1973.

Cette structuration permet de rassembler 2000 personnes à la salle de la Mutualité à Paris, le 28 octobre 1973, avec comme appel : « Oui, la révolution est possible ! ».

Le PCMLF Front rouge se débarrasse alors du sigle PCMLF, afin de pouvoir utiliser le champ de la légalité de manière la plus complète. Ainsi, en mars 1974, près de Pontarlier, en Franche-Comté, se tient le congrès de fondation du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste).

Le PCR (ML) comme pôle radical

La ligne du PCR (ml) n’est, bien évidemment, pas non plus réellement solide, mais sa démarche permet de prendre la place du pôle le plus radical.

Le PCR(ml) a ainsi dénoncé violemment l’alliance du PCMLF avec la Ligue Communiste pour l’attaque du meeting des fascistes d’Ordre Nouveau, le 21 juin 1973, qui selon le PCR (ml) – et cela est vrai – aurait permis à la Ligue d’être présenté par la bourgeoisie comme la « véritable » organisation révolutionnaire.

Car si le PCMLF en effet tend vers la gauche de la gauche, le PCR (ml) reste fondamentalement opposé au trotskysme et à la social-démocratie : lors du rassemblement anti-militariste du Larzac, le dirigeant socialiste François Mitterrand est très violemment attaqué et cela termine en affrontement physique entre le PCR(ml) et l’extrême-gauche défendant Mitterrand.

Il assume une ligne dure, comme avec la fondation en mars 1975 d’un tribunal populaire à Liévin pour condamner les Houillères considérées comme responsables de la catastrophe du 27 décembre 1974, qui avait amené la mort de 43 mineurs.

Le PCR(ml) a ainsi du succès comme pôle radical et il peut rassembler 5000 personnes à la salle de la Mutualité à Paris pour un « rassemblement communiste pour le pouvoir des ouvriers et des paysans. »

Il peut fonder en mai 1975 l’Union communiste de la jeunesse révolutionnaire (UCJR), dont le journal est Rebelles et dont la section parisienne mène une activité violente contre le fascistes, les sionistes et les anarchistes. La fête de Rebelles, le 1er mai 1976 en banlieue parisienne, rassemblera six mille personnes.

Le PCR (ml) prend également l’initiative le 27 septembre 1975, jour de l’exécution de 5 antifascistes en Espagne pour leur activité au sein du Front révolutionnaire antifasciste et patriote, vaste mouvement anti-franquiste organisé par le Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste). La manifestation en marche vers l’ambassade d’Espagne vers les Champs-Elysées est marquée par une heure d’affrontement réussi face à la police, qui utilisa pourtant des grenades lacrymogènes lancées depuis des hélicoptères.

Enfin, le PCR(ml) lance même son quotidien, en septembre 1975 : Le Quotidien du peuple, alors que Front rouge, à partir de novembre, devient mensuel (jusqu’en 1977, puis trimestriel jusqu’en 1980).

Il profite ici de l’appui de la Chine populaire, avec qui il a désormais des liens, avec l’envoi de délégations.

Le PCR(ml) incapable d’assumer

Les succès du PCR(ml) reposaient cependant sur son dépassement pratique de la social-démocratie, alors qu’il manquait la base idéologique et culturelle. Il y a donc effondrement.

L’Opposition Syndicale Révolutionnaire est abandonnée et désormais les membres de Front Rouge tentent de grimper les échelons de la CFDT.

Il y a l’électoralisme. En 1974, il y eut la volonté de présenter, finalement sans succès, son propre candidat aux présidentielles. Il y eut aussi la tentative de se présenter aux législative de 1978, en alliance avec diverses organisations trotskystes, dont la Ligue Communiste Révolutionnaire.

Finalement, la liste sera faite avec le PCMLF et appelée « Union ouvrière et paysanne pour la démocratie prolétarienne », obtenant 28 000 voix dans 115 circonscriptions (soit entre 0,8 et 2%).

Le populisme prédomine : Johnny Hallyday est séquestré quelques heures en solidarité avec les mineurs de Longwy, le trophée de la coupe de France de football est subtilisé, etc. Il y eut également la tentative de lancer La Tribune de Paris, un quotidien ultra-populiste échouant au bout de quelques numéros.

Le Quotidien du peuple s’essouffla également, et devint commun au PCR(ml) et au PCML au tout début 1980, mais il s’effondra rapidement.

Le PCR(ml) lança alors en avril 1980 un hebdomadaire, Pour le socialisme, qui cessa en décembre 1981, et le mensuel Que faire aujourd’hui ?, qui dura une année et demi.

Son dernier succès fut alors, en juin 1980 à Paris, les « Six heures pour l’Afghanistan » en opposition à l’invasion soviétique.

Le PCR(ml) soutint en fin de compte la candidate du Parti Socialiste Unifié en 1981, rejoignant la mouvance syndicaliste – trotskyste et changeant de nom pour devenir « PCR ». Le droit de tendance fut accordée en 1982 et le PCR disparut en 1983.

Le PCR(ml), une variante de dengisme

Le PCR(ml) avait la même dynamique que le PCMLF, et d’ailleurs en 1975, il salua la venue en France de Deng Xiaoping, alors que celui-ci a été une grande cible en Chine de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP).

Cela signifie que le PCR(ml) n’a rien compris au déroulement de la GRCP et aux apports de Mao Zedong, ni aux fondements idéologiques du dengisme. Le PCR(ml) se tourna d’ailleurs de plus en plus vers Gramsci, se social-démocratisant sous l’influence du Parti Socialiste (dont l’ancien dirigeant du PCR(ml) est aujourd’hui un spécialiste auprès du Centre de recherches politiques de Sciences Po).

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Lettre pour l’unification (1980)

Lettre du Comité pour l’unification – Janvier 1980

PROJET DE PROGRAMME

Partie internationale

(Texte adopté par la session commune des Comités centraux du PCML et du PCRml, des 26 et 27/1/1980)

INTRODUCTION

1- Le monde contemporain se trouve à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne mondiale. Irréversiblement ouverte avec la première guerre mondiale, la crise générale de l’impérialisme ne se résoudra qu’avec l’accomplissement de la révolution mondiale. Cette crise s’aiguise sous la poussée du développement des quatre contradictions fondamentales du monde contemporain :

2- — la contradiction qui oppose les peuples et nations opprimés à l’impérialisme et au social-impérialisme;
— la contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie dans les pays capitalistes, y compris les anciens pays socialistes où le capitalisme a été restauré;
— la contradiction qui oppose les impérialismes entre eux ou avec le social-impérialisme, notamment la contradiction entre les deux superpuissances;
— la contradiction qui oppose les pays socialistes aux pays capitalistes.

3- Les trois composantes de la révolution prolétarienne mondiale déterminées par ces quatre contradictions fondamentales sont : le mouvement des peuples, nations et pays dominés contre l’impérialisme et l’hégémonisme, la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie dans les pays capitalistes, la lutte pour l’édification du socialisme des pays ayant déjà accompli leur révolution.

4- A chaque période, la synthèse du développement des quatre contradictions fondamentales fournit les grandes tendances du monde contemporain, les tâches qui en découlent pour le prolétariat international, les cibles de sa lutte dans la période et les forces avec lesquelles au plan international il doit s’allier. La théorie des trois mondes constitue actuellement le bilan des contradictions et des regroupement des forces de classe à l’échelle internationale et elle éclaire la stratégie du prolétariat international.

LES TROIS MONDES

5- Le monde actuel se divise en trois; le premier monde est constitué par les deux superpuissances; le second monde est constitué par les pays capitalistes d’Europe, du Japon et le Canada… Le Tiers Monde est constitué des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine anciennement ou actuellement dominés par l’impérialisme.

Le premier monde

6- L’URSS et les USA sont les deux impérialismes les plus puissants, eux seuls ayant les moyens de prétendre à l’hégémonie mondiale par le considérable développement de leur potentiel militaire et par le contrôle qu’ils exercent sur de vastes zones d’influence.

7- Les USA : sur le plan intérieur, la situation aux USA se caractérise par l’importance du chômage, de l’inflation, la crise énergétique, le développement de contradictions au sein de la bourgeoisie monopoliste. Dans sa rivalité avec l’URSS, la bourgeoisie monopoliste américaine se prétend le champion des « droits de l’homme » alors qu’elle est responsable de millions de morts en Indochine jusqu’en 1975, qu’elle a mis en place et soutenu des régimes fascistes, qu’elle se livre au pillage de nombreux pays. Tout au long de ces dernières années l’impérialisme US a subi de nombreuses défaites sous les coups des peuples. Les USA sont une superpuissance actuellement sur la défensive, cherchant à préserver ses positions menacées par la lautte des peuples et par sa rivale soviétique. Tout en restant malgré la crise du dollar, la première puissance économique mondiale, les USA ont vu, d’un point de vue d’ensemble, leur puissance militaire rattrapée par l’URSS.

8- L’URSS : sur le plan intérieur, la politique de la bourgeoisie social-impérialiste au pouvoir en URSS se caractérise par l’exploitation de la classe ouvrière et du peuple, par l’oppression des différentes nationalités d’URSS, ainsi que par la militarisation de l’économie.

9- En Europe de l’Est, l’URSS pratique une politique colonialiste en pillant les ressources des pays du COMECON et en les occupant militairement.

10- Sur la base de la militarisation de son économie, l’URSS s’est engagée dans une politique d’expansion et d’agression qui se développe sur les différents continents, soit directement, soit par l’intermédiaire d’autres pays liés à elle par des traités militaires, notamment le Vietnam et Cuba. En Europe, l’URSS a développé de façon très importante son potentiel militaire dirigé contre l’Europe de l’Ouest.

11- Impérialisme en expansion, agissant sous l’étiquette du « socialisme » et de « l’internationalisme prolétarien »

Le second monde

12- Le second monde est constitué par les autres pays capitalistes développés de l’Europe de l’Ouest et de l’Est, du Japon, du Canada… Les bourgeoisies impérialistes de ces pays vivent de l’exploitation du prolétariat et des peuples opprimés. Cependant, ces bourgeoisies impérialistes ne peuvent plus prétendre à l’hégémonie mondiale et elles se trouvent soumises constamment aux pressions et menaces des deux superpuissances . En ce sens et sous certaine conditions, les pays du second monde peuvent être ralliés à la lutte contre l’hégémonisme.

13- Au sein du second monde, l’Europe, par son potentiel humain, économique et technologique, par ses relations privilégiées avec certaines zones du Tiers Monde, constitue l’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances. L’Europe assurerait à la superpuissance qui parviendrait à la dominer sans partage un avantage décisif dans la rivalité pour l’hégémonie. 

Le renforcement des liens entre les pays européens, notamment dans la construction de l’Europe, aujourd’hui des 9, demain des 12, favorise, à condition de combattre les tendances capitulationnistes présentes à l’intérieur des bourgeoisies européennes, la résistance aux deux superpuissances les empêchant, surtout la superpuissance soviétique, de jouer sur la division entre les pays européens pour effectuer des menaces et des actes d’ingérence. C’est un aspect positif de la construction européenne. 

Cependant, la construction européenne conduit à une certaine coordination des politiques réactionnaires des bourgeoisies contre les prolétariats, les petits paysans et les peuples d’Europe. Les prolétariats et les peuples d’Europe combattent vigoureusement cet aspect et doivent s’unir contre leurs bourgeoisies impérialistes. La base objective que constitue l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs des différents pays d’Europe est favorable à cette lutte.

Le Tiers Monde

14- Le Tiers Monde est constitué des pays actuellement opprimés ou ayant autrefois été dominés par l’impérialisme. Ce sont des pays en voie de développement et qui continuent à être confrontés aux besoins les plus vitaux. Le Tiers Monde constitue la force principale de la lutte contre le système impérialiste mondial et plus particulièrement aujourd’hui contre les deux superpuissances. 

Tout au long de ces derniéres années, les peuples et nations du Tiers Monde ont développé leur lutte de libération nationale, la plupart ont arraché leur indépendance politique. Les pays du Tiers Monde ont développé leur lutte commune pour un nouvel ordre économique mondial. La lutte des pays producteurs de matières premières pour la maîtrise de leurs ressources et de meilleurs termes de l’échange est dirigée contre la domination de l’impérialisme.

15- Des peuples et nations du Tiers Monde ont mené des luttes de libération nationale qui ont conduit des bourgeoisies nationales au pouvoir. Tout en s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, ces bourgeoisies ont une politique hésitante à leur égard et ont recours à l’exploitation et à l’oppression contre leur propre peuple. 

Notre Parti, tout en soutenant les mesures de ces gouvernements s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, soutient la lutte des peuples de ces pays pour consolider l’indépendance nationale, et la lutte des classes exploitées contre l’oppression des classes dominantes. Dans différents pays du Tiers Monde, des gouvernements font régner la terreur ouverte contre le peuple. Notre Parti soutient également la lutte de ces peuples pour le renversement de tels régimes, la conquête des libertés démocratiques et de l’indépendance nationale (Argentine, Chili…). 

16- La République populaire de Chine, pays socialiste, appartient au Tiers Monde en raison de son histoire et comme pays en voie de développement. Au terme d’une guerre populaire prolongée, elle mis fin à la domination impérialiste. Dans le monde actuel, la République populaire de Chine constitue un puissant obstacle contre l’hégémonisme des deux superpuissances et en particulier contre les préparatifs de guerre de l’URSS.

GUERRE ET REVOLUTION

17- Dans les années 60 et au début des années 70, la situation mondiale était caractérisée par le fait que les facteurs de révolution croissaient plus rapidement que les facteurs de guerre, principalement en raison de l’essor impétueux des luttes de libération nationale.

Si le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeurait, la tendance principale était à la révolution. C’est alors que le peuple algérien a vaincu le colonialisme français, que les peuples vietnamien, lao, kampuchéen, ont remporté de grandes victoires sur l’impérialisme américain. En Europe, à la fin des années 60 et dans les années qui ont suivi, le nouveau cours des luttes des prolétariats a commencé à secouer la tutelle révisionniste. 

18- Sur la base de ce développement antérieur des facteurs de révolution et de la transformation de l’URSS en une superpuissance social-impérialiste, de profondes transformations sont apparues ces dernières années dans la situation mondiale.

19- — La superpuissance américaine affaiblie par ses défaites successives face aux peuples opprimés a amorcé un recul que le social-impérialisme soviétique, nouveau venu pour le partage du monde depuis la restauration du capitalisme en URSS, a mis à profit pour accroitre sa pénétration en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Multipliant les actes d’ingérence, installant des bases militaires, le social-impérialisme a ainsi conquis à des degrès divers de fortes positions en Angola, en Ethiopie, au Yemen du sud, en Afghanistan, au Vietnam et par son intermédiaire au Laos et au Cambodge. 

Cela lui permet d’accroître ses pressions sur l’Europe et le Japon en menaçant leurs voies d’approvisionnement. Dans la course aux armements engagée avec les USA, l’URSS est parvenue à combler son retard et les deux superpuissances ont accumulé un potentiel militaire sans précédent, en constante augmentation. La lutte pour l’hégémonie entre les USA et l’URSS s’est ainsi considérablement aigisée, accroissant les facteurs de guerre.

20- — Le succès des guerres de libération nationale, l’accession à l’indépendance de nombreux pays du Tiers Monde ont modifié dans une certaine mesure la forme que revêt le développement de la contradiction entre peuples opprimés et impérialisme et social-impérialisme. Alors que des guerres de libération nationale se poursuivent dans des pays qui n’ont pas encore conquis leur indépendance (Palestine, Timor, Zimbabwe, Afrique du sud, Erythrée, Sahara occidental…), le mouvement des pays du Tiers Monde pour affirmer réellement leur indépendance s’est constitué en force politique et porte des coups à l’impérialisme et au social-impérialisme, contribuant ainsi d’une nouvelle manière au développement des facteurs de révolution. 

La Chine, pays du Tiers Monde, apporte une puissante contribution à ce mouvement. En menant aujourd’hui la lutte pour faire de la Chine un pays socialiste puissant et moderne d’ici la fin du siècle, le peuple chinois contribue de manière importante au développement des facteurs de révolution.

21- Cependant, les manoeuvres du social-impérialisme pour mettre à profit les contradictions qui opposent les peuples opprimés et les pays nouvellement indépendants aux anciens impérialismes rendent plus complexe la progression à travers des avancées et des reculs, des facteurs de révolution. Parce que les peuples et pays du Tiers Monde n’ont pas fait encore massivement l’expérience de la nature réellement impérialiste de l’URSS, le social-impérialisme a pu manoeuvrer pour tenter de diviser le mouvement des pays du Tiers Monde pour s’ingérer dans les affaires intérieures du Tiers Monde, y imposer sa tutelle, utilisant ouvertement certains d’entre eux comme des bases d’appui et des auxiliaires zélés de sa stratégie d’agression impérialiste. 

Il est ainsi parvenu à transformer en base d’agression contre d’autres peuples des pays comme le Vietnam ayant un long passé de lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Ces actes d’ingérence et d’agression commencent à se heurter à une vive résistance (Cambodge, Laos, Erythrée…) et le social-impérialisme a dû opérer certains reculs « Egypte, Somalie…), mais sans que cela réussisse encore aujourd’hui à enrayer la progression d’ensemble de la superpuissance soviétique.

22- Les transformations ainsi apparues ces dernière années dans la situation mondiale entraînent qu’en même temps que les facteurs de révolution continuent à se développer, les facteurs de guerre croissent plus rapidement. La contradiction entre les deux superpuissances pour le partage du monde aménera inéluctablement à la guerre car aucune des deux ne se résoudra pacifiquement à laisser l’autre exercer l’hégémonie à son détriment.

23- Il est possible et nécessaire de faire reculer la guerre. Le développement des facteurs de révolution est la forme la plus efficace pour faire reculer la guerre. Retarder le déclenchement de la guerre favorise en retour le développement des facteurs de révolution. La tâche du prolétariat international est en même temps de dévelloper de mlanière conséquente les facteurs de révolution et de faire converger toutes les forces, tous les éléments suceptibles de retarder le déclenchement de la guerre. 

Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du Tiers Monde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés sous des formes et à des degrés divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre. Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial antihégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front et les peuples et les pays du Tiers Monde en sont la force principale.

NOS TÂCHES

24- L’action de notre Parti est guidée par l’internationalisme prolétarien et a pour objectif la révolution prolétarienne mondiale.

25- — il soutient les luttes des ouvriers et des peuples du monde contre l’exploitation capitaliste ;

26- — il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme, les deux superpuissances ;

27- — il soutient particulièrement la lutte contre l’impérialisme français. Il oeuvre à la solidarité internationaliste envers les travaileurs immigrés en France ;

28- — il soutient la lutte pour l’édification du socialisme dans les pays socialistes. Il soutient la lutte du peuple chinois pour la consolidation de la dictature du prolétariat et pour la réalisation des quatre modernisations socialistes ;

29- — il soutient la lutte pour la révolution socialiste aux USA, les luttes des ouvriers, des minorités nationales, du peuple des USA contre la bourgeoisie monopoliste américaine. Il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme US ;

30- — il soutient les luttes des ouvriers, des paysans, des démocrates, des nationalités contre la dictature fasciste en URSS. Il soutient la lutte des peuples de l’Europe de l’Est pour le droit à l’indépendance nationale et les luttes des peuples contre les agressions de l’URSS.

31- Notre Parti affirme sa solidarité avec les mouvements et organisations de libération nationale, avec le mouvement des non alignés dans sa résistance aux pressions des deux superpuissances ainsi qu’avec les partis et organisations marxistes léninistes et révolutionnaires.

32- Notre Parti agit pour la défense de la paix mondiale. Cette action s’inscrit dans le cadre du front uni mondial contre les deux superpuissances, piliers principaux du système impérialiste, dont la défaite permettra l’ouverture d’une nouvelle phase de la révolution prolétarienne mondiale.

33- Noitre Parti considère comme positif tout ce qui peut contribuer a isoler les deux superpuissances, en, particulier tout ce qui va dans le sens de l’établissement de raports sur un pied d’égalité entre les pays du second monde et du Tiers Monde. En se rangeant aux côtés du Tiers Monde et de ses revendications pour un nouvel ordre économique mondial, il agit dans ce sens.

34- Notre Parti considère que la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie contribue à la réalisation du front uni mondial contre les deux superpuissances en ce sens que plus la classe ouvrière et le peuple de notre pays seront fort, meilleurs seront les conditions de la lutte contre les deux superpuissances. Une France socialiste serait le meilleur garant d’une lutte conséquente contre les deux superpuissances.

35- Notre Parti agit pour mobiliser le peuple de France contre les deux superpuissances, particulièrement contre l’URSS, principal fauteur de guerre, contre leurs agressions et leurs préparatifs de guerre.

36- Il combat les tendances à la capitulation de la bourgeoisie française face aux menaces et agressions des deux superpuissances et notamment de l’URSS.

37- Il agit en faveur de l’unité des ouvriers et des peuples d’Europe contre les bourgeoisies impérialistes et les deux superpuissances.

38- Notre Parti soutient la lutte du peuple palestinien et de son seul représentant légitime l’OLP, contre l’impérialisme et le sionisme, pour recouvrer ses droits nationaux et sa patrie.

39- Notre Parti soutient la lutte des peuples kampuchéen et lao contre l’occupation soviéto-vitenamienne, pour le droit de ces peuples à pouvoir décider eux-même de leur avenir.

40- Notre Parti soutient la lutte des peuples d’Azanie, en Namibie, au Zimbabwe… contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid.

41- Notre Parti soutient la lutte du peuple d’Erythrée pour l’indépendance nationale et contre l’agression soviéto-éthiopienne.

42- Notre Parti soutient la lutte du peuple du Sahara occidental.

43- Notre Parti soutient la lutte de la République populaire démocratique de Corée pour parvenir à la réunification pacifique de la Corée.

44- Notre Parti soutient la lutte des peuples des colonies françaises (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane, Mayotte, Nouvelle Calédonie, Polynésie…) pour l’indépendance nationale.

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Le Parti Communiste – Guerre et révolution – Le socialisme (1979)

[Document commun du PCMLF et du PCR(ml), en vue de l’unification.]

Le Parti Communiste

Le parti communiste est le parti du prolétariat. C’est son caractère fondamental. C’est un détachement d’avant garde qui doit regrouper la fraction de la classe ouvrière la plus courageuse, la plus consciente, la plus dévouée, la plus expérimentée. Il est aussi une partie indissoluble de la classe; il doit être intimement lié à elle.

A la différence des partis bourgeois qui considèrent la classe ouvrière et les masses populaires comme l’instrument de leur politique, le parti communiste est l’instrument, le serviteur dévoué de la classe ouvrière. Il reflète ses intérêts, sa volonté, l’aide à s’organiser pour lutter. Il ne se substitue pas à elle, mais la dirige, la guide dans son action de classe.

Le parti communiste se fonde sur le marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong, concentré de l’expérience révolutionnaire de la classe ouvrière depuis qu’elle existe et dans tous les pays. En faisant fusionner le marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong avec la pratique révolutionnaire propre à la classe ouvrière et aux masses populaires, chaque parti communiste élabore sa ligne idéologique et politique, exprimée notamment par son programme.

Le parti communiste est organisé selon le principe du centralisme démocratique (cf texte précédent).Le parti communiste doit adopter le style de travail marxiste consistant en l’union de la théorie et de la pratique, la liaison aux masses et la pratique de la ligne de masse, la pratique de la critique et de l’autocritique.

Pour faire la révolution, il faut un parti communiste. Ceci est un enseignement décisif du mouvement ouvrier international. La théorie marxiste-léniniste du parti s’est développée en relation avec la pratique révolutionnaire à chaque étape, dans l’affrontement constant avec les conceptions bourgeoises et opportunistes qui ont traversé le mouvement ouvrier.

Marx et Engels établissent ces principes dans le Manifeste du parti communiste, et, à la suite de l’expérience de la Commune de Paris, précisent notamment:
« Dans sa lutte contre le pouvoir collectif des classes possédantes, le prolétariat ne peut agir comme classe qu’en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes ». (Congrès de 1872 de l’Internationale. Alinéa 7a).

C’est dans la lutte contre le menchévisme que Lénine développe les principes d’édification du Parti communiste, tant sur les plans idéologiques et politiques que celui de l’organisation. Il les enrichit dans le combat contre la trahison de la IIe Internationale. Staline et la IIIe Internationale ont réaffirmé les thèses léninistes pour l’édification des partis communistes.

Les apports de Mao Zedong à la théorie du parti se sont forgés à partir de l’expérience du prolétariat international dans sa lutte contre le révisionnisme moderne, à partir des luttes menées par le PCC dans le cours de son édification, et en particulier contre les tentatives de restauration du capitalisme en Chine. Ces apports ont une portée universelle et représentent un acquis particulièrement important pour les partis, qui doivent arracher la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne. Les deux partis s’appuient notamment sur les points suivants:

— Mao Zedong a mis en évidence la différence fondamentale existant entre les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre le peuple et ses ennemis, et indiqué les méthodes différentes pour résoudre ces contradictions qualitativement différentes.

— Il a montré en quoi l’opposition et la lutte entre conceptions différentes, qui conduisent dans des conditions déterminées à une lutte entre deux lignes au sein du parti, reflètent d’une manière particulière les contradictions de classes et les contradictions entre l’ancien et le nouveau qui traversent toute la société. Le moteur de l’édification du parti, c’est la lutte pour la résolution consciente de ces contradictions. Au sein du parti, les contradictions doivent se résoudre par la critique et l’autocritique: l’étude du marxisme et l’éducation au sein du parti constituent ainsi une question décisive pour son édification.

— Il a fait progresser la conception marxiste-léniniste du fonctionnement centraliste démocratique du parti et de l’application de la ligne de masse, établissant un lien vivant entre l’élaboration de la ligne du parti et la concentration, sur la base du marxisme-léninisme, des idées justes des masses.

Les apports de ces dirigeants du prolétariat mondial à la théorie révolutionnaire constituent la référence vivante dont s’inspirent les communistes pour l’édification de leurs propres partis. Ces principes marxistes-léninistes d’édification du parti communiste, acquis dans les erreurs et les succès sont un guide précieux pour les communistes du monde entier aujourd’hui. Nos deux partis s’y référent et s’efforcent de les appliquer depuis leur origine.

La classe ouvrière de France est riche d’une longue expérience révolutionnaire dans sa lutte contre la bourgeoisie, et sa volonté d’organiser son parti révolutionnaire. Eduquée par la dégénérescence de la SFIO en un parti réformiste, puis par celle du PCF en un parti révisionniste moderne, la classe ouvrière dans sa frange la plus avancée, manifeste particulièrement aujourd’hui des exigences très profondes et très précises sur le parti révolutionnaire à construire.

Prenant pleinement en compte ces exigences, le parti communiste à construire doit offrir une alternative révolutionnaire opposée en tout point au révisionnisme moderne.

Ce parti communiste s’oppose au parti révisionniste moderne, car il oeuvre pour la révolution prolétarienne contre la bourgeoisie impérialiste française et pour instaurer la dictature du prolétariat. Il est le continuateur de la lutte menée contre le révisionnisme khrouchtchévien par les marxistes-léninistes à la fin des années 1950 et au début des années 1960 sur les questions du passage pacifique au socialisme, de la guerre et de la paix, de l’impérialisme.

Ce parti prenant appui sur la thèse des trois mondes, combat l’hégémonisme des deux super-puissances, en particulier celui du social-impérialisme russe principal foyer de guerre mondiale.

Ce parti communiste, dans son mode de fonctionnement, diffère radicalement du parti révisionniste moderne. Au contraire de ce dernier qui pratique un centralisme bureaucratique pour imposer son projet bourgeois à ses militants, le parti communiste pratique le centralisme démocratique qui permet de forger l’unité du parti dans le processus d’élaboration et d’application de la ligne (voir texte sur le centralisme démocratique).

Ce parti communiste, dans son rapport aux masses, diffère radicalement du parti révisionniste moderne. Au contraire de ce dernier qui détourne la démocratie, profite de son insertion dans la direction de certaines organisations de masse pour imposer son projet bourgeois, ce parti communiste fonde son rapport aux masses sur l’application de la ligne de masse.

Il ne cherche pas à imposer bureaucratiquement sa ligne et ses propositions aux masses populaires, mais il participe pleinement de la bataille d’idées qui se développe au sein des masses, et il fait ainsi progresser la voie juste à travers cette bataille. Ses propositions politiques, sa ligne répondent aux aspirations révolutionnaires des masses parce qu’elles se fondent sur les idées justes des masses qu’il centralise et qu’il confronte à l’expérience accumulée du mouvement ouvrier.

Ce parti communiste, a l’opposé du PCF, ne résout pas bureaucratiquement les contradictions. Il combat l’influence dans ses rangs des idées bourgeoises et révisionnistes par la pratique consciente de la lutte entre les deux voies dans ses rangs. Il pratique la critique et l’autocritique et résout ainsi les contradictions qui le traversent.

Ce parti communiste dans son projet de socialisme s’oppose radicalement au capitalisme d’Etat que cherche à instaurer la direction du parti révisionniste. Le parti communiste concentre les aspirations de la classe ouvrière française et s’appuyant sur son expérience doit définir un projet de société où la classe ouvrière exerce directement le pouvoir.

C’est en ce sens que le PCML et le PCR ml luttent pour l’édification d’un parti communiste qui intègre tous les apports de la théorie révolutionnaire sur le parti et réponde aux exigences de la classe ouvrière de notre pays.

Guerre et révolution

1

Le PCML et le PCRml fondent leur analyse de la situation mondiale sur la théorie des trois mondes.

Les deux superpuissances – USA et URSS – sont l’ennemi principal des peuples du monde. Entretenant des rapports de rivalité, mais aussi secondairement de collusion, les deux superpuissances n’occupent pas la même position sur la scène mondiale.

Profitant de l’affaiblissement et des reculs de l’impérialisme américain, le social-impérialisme avance à visage voilé, en utilisant son passé de pays socialiste. Directement ou par pays interposé, il multiplie les pressions, les ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays, et les interventions militaires. Il est l’ennemi le plus dangereux des peuples du monde.

La rivalité entre les deux superpuissances s’est considérablement accrue. Ces dernières années, les facteurs de guerre se sont ainsi développés plus rapidement que les facteurs de révolution, aggravant par là fortement les risques d’une nouvelle guerre mondiale.

Dans la lutte pour le repartage du monde entre impérialismes, la guerre est inéluctable. Elle est le prolongement de la politique impérialiste et, aujourd’hui en particulier de l’hégémonisme.

2

Le caractère inéluctable de la guerre ne signifie pas qu’on ne peut pas la retarder.

Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du TiersMonde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés, sous des formes et à des degrès divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre.

Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial anti-hégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front, et les peuples des pays du Tiers Monde en sont la force principale.

Le front uni antihégémonique n’a pas aujourd’hui de forme organisée car il n’est que la convergence de forces sociales différentes qui, en fonction de leurs intérêts parfois contradictoires, portent des coups aux deux superpuissances.

La construction de ce front uni antihégémonique contribue à retarder la guerre.

Le développement des facteurs de révolution contribue également à faire reculer la guerre. Ainsi le développement d’oppositions à la dictature social-fasciste en Union Soviétique, le développement de la révolution dans les zones dont le contrôle est indispensable aux deux superpuissances, notamment au social-impérialisme pour préparer la guerre, la victoire de la révolution socialiste dans de nouveaux pays modifieraient considérablement les possibilités des deux superpuissances d’appliquer leurs plans hégémonistes.

A l’heure actuelle, il apparaît que seuls des mouvements révolutionnaires conséquents, c’est à dire ayant une attitude claire face au social-impérialisme peuvent faire reculer le déclenchement de la troisième guerre mondiale.

Retarder la guerre mondiale favoriser en retour l’accumulation des forces révolutionnaires.

L’EUROPE

L’Europe par son potentiel humain, économique et technologique, par ses colonies et néocolonies, est l’enjeu stratégique principal de la rivalité USA-URSS. C’est la mainmise sur l’Europe par l’une des deux superpuissances qui lui assurerait de manière décisive l’hégémonie sur le monde. C’est pourquoi les deux superpuissances ont massé en Europe un potentiel militaire considérable, en hommes et en matériel classique et nucléaire ; en Europe, c’est le social-impérialisme qui est à l’offensive ; il y constitue le danger principal pour les pays et les peuples.

Les deux superpuissances, et principalement le social-impérialisme, s’appuient sur la division des pays européens pour exercer leurs pressions. Et c’est en partie pour résister à ces pressions que les pays d’Europe ont été conduits à renforcer leur concertation dans divers domaines. Ainsi, du point de vue des rapports entre l’Europe et les superpuissances, tout renforcement des liens entre pays européens, c’est à dire toute détermination d’une politique commune face aux problèmes posés par la situation mondiale constitue à l’heure actuelle un obstacle aux plans des superpuissances.

On ne peut pour autant oublier certaines tendances qui se manifestent au sein des bourgeoisies européennes à céder aux pressions des superpuissances ou à s’en remettre à l’une face à l’autre. Cette position aggrave les risuqes de guerre.

Du point de vue des rapports entre les bourgeoisies européennes et les peuples, la construction européenne, qui ne conduit pas actuellement à un Etat supranational, favorise d’une certaine manière la coordination des mesures prises par les bourgeoisies européennes contre les travailleurs, dans le domaine politique et répressif, dans celui de la « restructuration », du chômage, etc… Il y a là un aspect négatif dangereux pour la construction européenne, que les peuples combattent.

En retour, la construction européenne donne également, par l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs, les bases objectives pour l’organisation d’une riposte commune des prolétariats européens.

L’existence de la CEE ne doit nullement masquer la responsabilité directe de la bourgeoisie de chaque pays face aux travailleurs : c’est d’abord contre sa propre bourgeoisie que la classe ouvrière doit porter ses coups.

Ainsi, et dans la mesure où s’accroissent les risques de guerre, il apparaît que la construction européenne présente des aspects positifs.

NOS TÂCHES

Le développement de la situation internationale fixe à nos partis notamment les tâches suivantes:

1 dénoncer activement la rivalité accrus entre les deux superpuissances et les riques de plus en plus grands qu’elle fait courrir à la paix mondiale, mettre en évidence le rôle particulièrement agressif du social-impérialisme, principal foyer de guerre dans le monde aujourd’hui.

2 combattre sans relâche tous les points de vue qui tendent à masquer la réalité de cet affrontement et d’en dissimuler aux travailleurs la caractère inéluctable. Combattre en particulier toutes les tentatives de compromission faites par la bourgeoisie française vis à vis de l’une ou l’autre des deux superpuissances. Combattre les illusions sur la soi-disant détente, notamment la politique développée par le PCF à ce sujet !

3 soutenir en France et dans le monde l’ensemble des efforts qui visent à retarder l’échéance d’une troisième guerre mondiale, contribuer au rassemblement dans notre pays et dans le monde d’un vaste courant de lutte contre les deux superpuissances, à la constitution du front uni antihégémonique mondial dirigé par le prolétariat international et dont le Tiers Monde constitue la force principale. Dans ce cadre, nos deux partis considèrent que leur contribution la plus importante à la construction d’un tel front est le renforcement de la lutte pour préparer la révolution en France.

L’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances étant l’Europe, le PCRml et le PCML apprécient les aspects positifs de la construction européenne qui constituent une base objective de résistance aux deux superpuissances; ils soutiennent les efforts des classes ouvrières et des peuples d’Europe pour unir leurs luttes anticapitalistes.

Ainsi, nos deux partis soutiennent ces aspects positifs de la construction européenne tout en menant la lutte contre les mesures prises à l’encontre de la classe ouvrière, des petits paysans et des masses populaires.

LE SOCIALISME

La révolution socialiste

1– Le développement des contradictions fondamentales conduit inévitablement au remplacement du capitalisme par le socialisme; la contradiction entre la socialisation des forces productives et l’appropriation privée des moyens de production atteint son degré d’acuité le plus élevé avec l’impérialisme.

2– La société impérialiste française d’aujourd’hui est caractérisée par le capitalisme monopoliste d’Etat : il constitue « la préparation matérielle la plus complète, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’histoire qu’aucune étape intermédiaire ne sépare du socialisme » (Lénine).

3– L’Etat bourgeois étant l’instrument de la dictature de la bourgeoisie, de l’exploitation et de l’oppression violente contre la classe ouvrière, la bourgeoisie ne se laissera jamais déposséder pacifiquement des moyens de production et utilisera tous les moyens répressifs de son Etat contre la classe ouvrière quand celle-ci menacera son pouvoir.

Aussi la tâche centrale de la classe ouvrière en France est-elle la destruction de l’appareil d’Etat bourgeois par l’insurection prolétarienne et l’instauration de son propre pouvoir.

L’édification économique

La révolution socialiste exproprie les capitalistes et les propriétaires fonciers. L’essentiel des moyens de production et d’échange deviennent propriété du peuple tout entier. A la campagne, la mise en place progressive de la coopération socialiste permet la transformation socialiste de l’agriculture.

La révolution socialiste abolit l’exploitation de l’homme par l’homme. Elle permet la transformation des rapports de production et la libération des forces productives.

L’économie socialiste n’a pas pour moteur la recherche du profit mais elle vise à satisfaire les besoins du peuple et à servir la cause de la révolution mondiale.

Le principe de compter sur ses propres forces constitue une orientation fondamentale dans l’édification économique du socialisme.

La gestion des entreprises socialistes est assurée par les structures de base en rapport avec les organisations de masse appropriées. Elle se fait dans le cadre des plans et des directives d’ensemble.

Le système politique

La destruction de l’Etat bourgeois ouvre une période de transition : la période de transition du capitalisme au communisme, la période d’édification du socialisme. Le socialisme est une étape de transition qui hérite des stigmates de la société capitaliste et qui expérimente les premiers éléments du communisme. La lutte de classes se poursuit dans la société socialiste.

Cette transition qui nécessite une transformation en profondeur de la société, ne peut être menée à bien sans que la classe ouvrière instaure son pouvoir politique : la dictature du prolétariat. Celle-ci unit dans une solide alliance de classes, le prolétariat et la petite paysannerie avec les autres couches du peuple.

a) L’expérience acquise par le prolétariat international dans sa lutte pour l’édification du socialisme (notamment la Commune de Paris de 1871, l’URSS, la Chine…) permet de dégager à la fois les caractéristiques fondamentales du nouveau pouvoir, les aspects positifs et négatifs de cette expérience et les traits particuliers qui découlent, pour chaque expérience, des conditions historiques, économiques, sociales, etc., dans lesquelles elles se situe.

Ainsi, en France, l’édification du socialisme se réalisera dans une situation spécifique marquée notamment par les traits suivants:

La classe ouvrière de France constitue non seulement la force dirigeante, mais aussi la force principale de la révolution dans notre pays.

La classe ouvrière de France est riche d’un long passé de luttes de plus d’un siècle contre la bourgeoisie. Les luttes pré-révolutionnaires auront enrichi son expérience et contribué à renforcer son unité de classe, condition indispensable à la construction du socialisme en France.

La classe ouvrière, lors de l’aboutissement du processus révolutionnaire, sera parvenue à battre le révisionnisme moderne au cours d’une lutte prolongée. La connaissance du révisionnisme acquise au cours de cette lutte, l’assimilation des expériences d’édification du socialisme dans le monde, et notamment la dégénérescence de l’URSS en un nouvel Etat capitaliste, auront considérablement aguerri la vigilance de la classe ouvrière.

Cette dernière aura ainsi appris qu’elle ne peut se déssaisir de son rôle dirigeant, qu’elle doit constamment rester vigilante et ne peut se contenter d’approuver de loin en loin des orientations et des choix décidés en dehors d’elle et qu’elle doit au contraire être à l’origine de leur élaboration et de leur définition.

Dans notre pays, la classe ouvrière est nombreuse, éduquée, elle constitue la classe la plus représentative de la société. La bourgeoisie a dû la laisser s’assimiler des techniques, un savoir-faire et des connaissances. Bien que marquées d’une certaine empreinte de classe bourgeoise, ces capacités sont des conditions très favorables à l’édification du socialisme. Ces capacités, cette conscience et cette expérience politiques constituent un atout important dans l’édification du socialisme en France.

Le pouvoir mis en place par la classe ouvrière française après la révolution socialiste devra tenir compte des expériences positives et négatives du socialisme dans le monde et des caractéristiques propres à notre pays.

b) Ce sera un pouvoir placé aux mains de la classe ouvrière et du peuple travailleur, et non au-dessus d’eux. Les fonctions d’Etat doivent être remplies par tous les travailleurs, regroupés dans le cadre d’une entreprise, d’un quartier, d’un village…, dans des structures de base de la société socialiste.

Toutes les orientations importantes résulteront d’un débat préalable dans ces structures de base. Celles-ci éliront les délégués et les assemblées chargés de centraliser en une volonté unique les projets et les propositions et d’assurer des tâches d’exécution qui en découlent. Les structures de base et les assemblées exerceront à la fois le pouvoir législatif et exécutif.

Les délégués et toutes les assemblées élus sont placés sous le contrôle des travailleurs : révocables, ne percevant pas de salaire supérieur à celui fixé pour la majorité des travailleurs, ils sont responsables devant eux de l’exécution des tâches qui leur sont confiées.

L’armée permanente bourgeoise est remplacé par le peuple en armes, organisé dans l’armée nationale et les milices ouvrières et populaires.

c) Sous le socialisme, le parti communiste constitue un instrument indispensable aux mains de la classe ouvrière pour lui permettre d’exercer son rôle dirigeant. La fonction fondamentale du parti est d’unir la pratique concrète de direction de la société par la classe ouvrière à la théorie révolutionnaire qui l’éclaire.

Dans la société socialiste, les communistes qui constituent l’avant-garde de la classe ouvrière sont présents sur les fronts les plus difficiles, sont les plus actifs, les plus clairvoyants dans la lutte de classe, dans la continuation de la révolution.

Le caractère de société de transition de la société socialiste qui se manifeste notamment par la poursuite de la lutte des classes et les tentatives de restauration du capitalisme, rend nécessaire la poursuite guidée par le parti de la lutte de classe sous le socialisme.

Le parti communiste veille à ce que toutes les énergies existant dans le peuple soient libérées. Il favorise la participation de plus en plus large et active de l’ensemble de la classe ouvrière et du peuple à la construction du socialisme et à l’exercice des fonctions d’Etat.

En organisant en son sein les éléments les plus conscients et les plus résolus dans l’édification du socialisme, en permettant, par son rôle politique et idéologique irremplaçable au sein de la société que les choix politiques se fassent sur des bases claires, en pratiquant la ligne de masse, il guide la classe ouvrière et les masses dans une marche consciente vers le communisme.

d) Le plein développement de la démocratie prolétarienne a pour condition que s’exerce avec fermeté et vigilance la dictature du prolétariat sur les anciennes classes exploiteuses.

Au sein du peuple, les contradictions se résolvent et l’unité se construit grâce à la persuasion, sur la base de l’examen des réalisations concrètes et du bilan systématique des expériences. Après débat, si les décisions de la majorité s’imposent nécessairement, les points de vue minoritaires sont respectés : seule la pratique peut établir le bien-fondé des choix et décisions.

Pour les anciens exploiteurs et ceux qui voudraient les imiter, c’est au contraire la contrainte qui prévaut sur la persuasion.

Le renforcement du socialisme exige que la lutte contre la persistance des idées bourgeoises et les tentatives de restauration du capitalisme se mène fermement, y compris dans l’Etat et au sein même du Parti.

L’instauration du socialisme, du pouvoir du prolétariat, crée les conditions pour une transformation profonde des mentalités, pour que la conception prolétarienne du monde l’emporte sur les conceptions réactionnaires héritées du passé.

Le développement de la démocratie socialiste va de pair avec l’élimination progressive, par leur réduction continue, des écarts existant entre notamment travail manuel et travail intellectuel, ville et campagne, ouvrier et autre élément du peuple… Il assure les conditions indispensables à l’émancipation de la femme.

Le socialisme et la révolution mondiale

La politique de l’Etat socialiste est fondée sur le principe de l’internationalisme prolétarien et la poursuite de la révolution au plan mondial.

1) Il s’agit de rompre avec l’impérialisme, c’est à dire de briser tous les rapports de domination de l’impérialisme français, à savoir:
— reconnaître immédiatement l’indépendance nationale des peuples et colonies,
— cesser tout acte d’exploitation, de pillage et d’oppression des peuples du Tiers Monde,
— régler avec eux les modalités de réparations.

2) Il s’agit d’établir des rapports de coopération et d’aide mutuelles avec les autres pays socialistes.

3) Il s’agit de soutenir les luttes révolutionnaires prolétariennes ou nationales démocratiques des autres peuples.

4) Il s’agit de lutter contre l’hégémonisme et d’établir des rapports fondés sur les principes de coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents.

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Protocole d’accord pour l’unification du PCML et du PCR (ml) (1979)

Le PCML et le PCRml ont engagé depuis plusieurs années un processus d’unification visant à rasssembler dans un seul parti communiste la plus grande partie des forces se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée maotsetoung dans notre pays. L’aboutissement de ce processus contribuera à l’édification d’un parti communiste qui sera plus à même de tracer la voie révolutionnaire dans notre pays, de répondre aux aspirations de la classe ouvrière et des masses populaires et de les conduire dans leur lutte contre la bourgeoisie et les deux superpuissances.

Ce processus est marqué par des avancées significatives dans plusieurs domaines. Les points de vue sur des questions essentielles se sont très sensiblement rapprochés, ceci contribuant à approfondir l’unité idéologique et politique entre les deux partis. Cela s’est manifesté notamment par la campagne commune menée dans la bataille politique de mars 78, par la rédaction des textes communs sur les quatre points (centralisme démocratique, le parti communiste, guerre et révolution, le socialisme), par la pratique d’unité d’action ponctuelle réalisée de manière privilégiée entre nos deux partis.

Afin que ce processus aboutisse positivement, les deux comité centraux estiment nécessaire et possible de définir un ensemble de propositions solidaires dont la mise en oeuvre fasse entrer le processus unitaire dans sa dernière phase et engage concrètement les deux partis vers le congrès d’unification.

Pour mener à bien cette dernière phase, les deux partis soulignent les deux point suivants:

Il est nécessaire que l’unité d’action entre les deux partis et leurs organisations à tous les échelons se mette en place dès l’automne et parvienne à se généraliser. Cela implique la mise en oeuvre à tous les niveaux de plan de travail communs élaborés sous la direction commune des deux CC. Cela favorisera une meilleure compréhension et une meilleure connaissance réciproques des deux partis sur tous les plans.

La mise en oeuvre de l’unité d’action à la base et à tous les niveaux combinée avec les discussions politiques et l’échange de points de vue menés régulièrement entre les cellules et les organismes, contribueront à rapprocher les points de vue, à lever les malentendus, à résoudre les contradictions et à renforcer ainsi l’unité idéologique et politique entre les deux partis.

Il est nécessaire que le congrès d’unification tienne pleinement compte du caractère spécifique du processus d’unification engagé dans notre pays entre nos deux partis.

D’une part, de ce congrès seront issus un programme et des statuts sur lesquels le parti unique se fondera pour son activité et son organisation; ce parti fonctionnera suivant le principe du centralisme démocratique (dont un texte commun entre les deux partis a fixé les grands axes).

D’autre part, afin de prendre en compte tous les acquis respectifs de chacun des deux partis et leur rôle comparable dans la bataille politique, les deux comités centraux estiment nécessaire de composer les organismes dirigeants du futur parti (CC, BP, Secrétariat) de manière paritaire jusqu’au prochain congrès tenu un an après le congrès d’unification.

Durant cette période, les organismes de direction du parti s’efforceront de rechercher l’unanimité pour la prise de décisions importantes; en tous cas, les décisions importantes seront prises avec l’accord des deux tiers.

Ainsi se trouveront écartées toutes formules de simple addition des deux partis ou d’absoption de l’un par l’autre et seront crées les conditions pour une fusion effective en un seul parti du PCML et du PCRml.

Compte tenu de ces deux points, le processus d’unification implique les tâches suivantes:

– l’harmonisation des plans de travail et la mise en oeuvre à tous les niveaux des plans d’action décidés en commun,
– la fusion progressive du système de presse avant même le congrès d’unification,
– la préparation du congrès d’unification par l’élaboration commune des projets de programme et de statuts étudiés, discutés et amendés dans chacun des partis.

De la mi-septembre au congrès d’unification, la direction de cette dernière phase de l’unification sera assurée par les deux comités centraux des deux partis.

Dans ce cadre, les deux CCet les deux BP tiendront des sessions communes.

Les deux CC mettront en place un comité pour l’unification conduit par les deux secrétaires généraux et constitué sur une base paritaire. Ce comité de dix membres se réunira une fois par semaine.

Sous la direction commune des deux comités centraux, il mettra en oeuvre les trois tâches définies plus haut. Il rédigera un texte commun complétant les quatres textes précédemment réalisés, à propos du gauchisme. Il rédigera un document commun des deux partis à propos de la division des forces marxistes-léninistes en France en 1970.

PLAN DE TRAVAIL

Un plan de travail commun détaillé sera défini en septembre. Cela nécessitera une réflexion attentive des deux comités centraux et la prise en considération des données politiques internationales et nationales de la rentée.

Il comprendra une bataille commune sur la question du chômage et de l’emploi, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, de la téléphonie et de la navale. L’échange et l’approfondissement des expériences respectives des deux partis sur cette question, organisés dès la rentrée par le comité pour l’unification, permettront de définir les axes principaux, les mots d’ordre et les moyens d’action de cette bataille.

Il comprendra la nécessaire bataille pour les libertés démocratiques mises en cause par les attaques redoublées du capitalisme et du gouvernement Giscard-Barre.

Il comprendra une riposte commune aux attaques de la bourgeoisie contre les travailleurs immigrés: emploi, racisme, loi Bonnet-Stoléru, logements (Sonacotra)…

Il comprendra une campagne d’explications concernant l’édification du socialisme en Chine (…). Une séance de travail du comité pour l’unification tenue à la rentrée, mettant en commun les éléments de connaissance et de réflexion des deux partis sur cette question, devra permettre de préciser les axes de cette campagne.

Il prendra en considération les derniers développements de la situation internationale, notamment dans le Sud-est asiatique et prendra les initiatives nécessaires en conséquence. (…)

PRESSE

Le système de presse sera fusionné selon le calendrier suivant:
– dès septembre, des pages communes seront réalisées dans les quotidiens, notamment en liaison avec les plans de travail communs. Leur nombre et leur périodicité pourront être progressivement étendus;
– le premier janvier, les quotidiens fusionneront en un seul;
– durant le premier trimestre 1980 sera mis en place le travail commun pour la fusion des revues théoriques.

PROGRAMME ET STATUTS

Les deux comités centraux examineront en séance plénière les projets de programme et de statuts élaborés par le comité pour l’unification. Ces projets seront envoyés (..) à l’ensemble des deux partis, pour étude, discussions et amendements, au sein de chacun des deux partis.

En mai, chacun des partis sur la base de ses propres statuts, convoquera son IVe Congrès.

Les deux CC auront fixé dans une session commune les quota de représentation des délégués au congrès sur la base des effectifs des partis (…). Chaque congrès se prononcera sur les orientations contenues dans les projets de programme et de statuts soumis au congrès d’unification. Chaque congrès élira en nombre égal la liste des dirigeants de son propre parti qui participeront aux organismes dirigeants élus par le congrès d’unification.

Les deux congrès se réuniront (…) après en un congrès d’unification. Ce congrès adoptera le programme et les statuts et les résolutions du futur parti. Il élira un comité central composé de manière paritaire.

Le Comité central du PCML
Le Comité central du PCRml

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L’unification des marxistes-léninistes – la prochaine fusion de « Front Rouge » et « Prolétariat » (1979)

-Editorial de Camille Granot:
L’unification des marxistes-léninistes. La prochaine fusion de « Front Rouge » et « Prolétariat ».

Ce numéro de « Prolétariat » sera sans doute l’un des derniers à paraître comme organe théorique et politique du Parti communiste marxiste-léniniste. Nous n’annonçons pas ici une cessation de parution à nos lecteurs, mais indiquons plutôt un progrès dans la publication d’une revue théorique s’inspirant du marxisme, du léninisme et de la pensée-maozedong dans notre pays, un progrès dans l’effort théorique que sous-tend une telle parution.

En effet, aujourd’hui, à côté de « Prolétariat » existe la revue « Front rouge » publiée par le Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste), faisant suite à une publication intitulée « Octobre ». Or, dans quelques mois les deux revues  « Front rouge » et « Prolétariat », seront fusionnées en une seule. Sous quel titre ? Rien n’est décidé encore.

Néanmoins, une chose est sûre, c’est l’échéance proche de la fusion des deux revues en une seule émanant d’un seul parti marxiste-léniniste. Nous n’avons pas voulu attendre pour faire part de celle nouvelle aux lecteurs « Prolétariat » .

Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’apport réel d’une telle fusion. Aujourd’hui les deux revues mènent des efforts parallèles qu’une fusion rendra plus efficaces. Fallait-il de nombreuses années encore, poursuivre côte à côte les mêmes recherches, les mêmes études ?

Dance ce numéro de « Prolétariat », nous publions de larges extraits de « Front rouge » numéro 5 concernant la connaissance de la classe ouvrière aujourd’hui, c’est une préoccupation commune des deux revues et des deux partis : n’est-il pas plus judicieux de la partager et d’y travailler ensemble ?

Ne pourrons-nous pas ainsi, par la publication d’une seule revue et la mise en commun de nos enquêtes, de nos expériences, de nos études et de nos réflexions, livrer aux lecteurs assidus et occasionnels des revues des deux partis, une contribution plus riche, plus travaillée, plus argumentée à la réflexion théorique et à la lutte d’idées dans les rangs ouvriers ?

Nos deux partis ont, sans nul doute, à fournir un gros travail d’enquête et de recherche, un gros effort d’assimilation du marxisme-léninisme et de la pensée-maozédong un gros effort théorique d’ensemble. La parution d’une seule revue va créer des conditions nouvelles, tout-à-fait favorables à un tel effort ; cela est incontestable.

Cette bonne nouvelle de la fusion des deux revues est l’un des aspects d’une nouvelle d’une plus grande ampleur : l’unification des deux partis, la P.C.R. (ml) et le P.C.M.L. Nous publions en annexe l’accord qui fixe les modalités de leur fusion organisationnelle.

Cette fusion est en cours ; nous pouvons déjà souligner quelques aspects de sa portée politique dans la situation d’aujourd’hui.

Le premier aspect concerne le gain en maturité du mouvement marxiste-léniniste que cette fusion manifeste. Il ne s’agit pas seulement de questions internes à l’histoire de ceux qui se réclament du marxisme-léninisme et de la pensée-maozedong depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, après un long cheminement côte à côte du P.C.M.L. et du P.C.R. (ml), parfois antagonique et depuis ces dernières années de plus en plus convergent et fraternel, nous avons surmonté l’essentiel de nos divergences, nous avons balayé les préjugés, les réticences sectaires et les malentendus, nous avons surmonté l’essentiel de nos divergences, nous avons acquis l’unité idéologique et politique suffisante pour qu’elles soient résolues quand elles subsistent, au sein du même parti, par la lutte d’idées et le fonctionnement centraliste démocratique du Parti.

Sans doute nous faudra-t-il étudier ensemble l’histoire de nos relations des dernières années à la lumière d’un examen de la lutte de classes à l’échelle internationale et nationale et de l’histoire du mouvement communiste international. Pour mener ce travail, nous avons un regard commun, plus avisé, et tout-à-fait serein. La future revue théorique du Parti, issue de « Prolétariat » et de « Front rouge » , pourra sans nul doute ouvrir ses colonnes à une telle recherche.

Un deuxième aspect concerne le fait politique que constitue l’unification prochaine des deux partis.

A l’heure où la division règne, de manière dramatique, et persistante dans les rangs ouvriers, notre unification va dans le bon sens. Elle est un sujet d’encouragement. Notre Parti depuis son IIIe Congrès, a beaucoup insisté sur la nécessité de travailler à l’unité de la classe ouvrière, des rangs de notre peuple.

Il a lancé ses forces dans cette bataille. Il a cherché et s’efforce encore de bannir de son action tout germe de division au sein du peuple, tant dans le travail de ses militants dans les syndicats que dans la lutte idéologique dans les rangs ouvriers et populaires.

Cet effort, qui manifeste lui aussi, un gain en maturité, en expérience, en liaison effective avec la classe ouvrière, doit être soutenu et renforcé.

Mais, serait-il effectif et crédible si nous n’étions pas parvenus à nous unir profondément nos camarades les plus proches, qui se réfèrent aux mêmes principes fondamentaux, le marxisme-léninisme et la pensée-maozedong qui se battent pour le même idéal socialiste dans notre pays ? Comment parler de travailler à l’unité de la classe ouvrière si nous, P.C.M.L. et P.C.R. (ml), n’avons pas su réussir la nôtre ?

Comment aborder les militants ouvriers, membres du P.C.F., de la C.G.T., de la C.F.D.T. et leur parler de même combat, solliciter leur aide et leur contribution, les inviter à rejoindre notre idéal communiste, si nous ne faisons pas la preuve concrète, vivante de notre capacité à nous unir, nous militants marxistes-léninistes ?

Ces derniers mois, l’existence de deux partis, avait de moins en moins de sens pour nos sympathisants, nos amis, nos proches, nos camarades de travail. Elle ne pouvait être ressentie que comme un frein au travail à l’unité nécessaire de la classe ouvrière et du peuple de notre pays.

Une dernière remarque enfin concerne les capacités accrues que l’unification des deux partis procurera à l’action politique des marxistes-léninistes. Les forces militantes du nouveau parti resteront modeste encore, sa capacité à transformer le réalité sera sans nul doute encore limitée, ses liens à la classe ouvrière encore ténus et bien insuffisants. Et pourtant, sur ces trois questions décisives pour notre action politique et idéologique de Parti, l’unification constitue un progrès non négligeable.

Car, ce serait une vue étroite que de mesurer seulement l’addition des forces des deux partis, de leurs implantations respectives et de leurs acquis. La mise en commun des expériences, l’échange et l’affrontement des idées, la mise en action de militants plus nombreux, créeront une qualité supérieure, une unité supérieure à une simple addition de forces.

Nous avons, dans le passé, eu l’expérience de cet enrichissement mutuel par l’unification avec plusieurs groupes se réclamant du marxisme-léninisme, en 1973 et 1974 notamment. Et nous sommes confiants dans les possibilités d’action et de développement du Parti qui sortira des 4e Congrès du P.C.R. (ml). et du P.C.M.L. et de leur congrès d’unification ultérieur.

Septembre 1979

Camille GRANOT

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Message du PCMLF au 3e congrès du PCR (ml) (1978)

Message de Jacques Jurquet secrétaire général du PCML, au IIIe Congrès du PCR (ml) et au camarade Max Cluzot

Au nom du Comité central et de tous les militants du Parti communiste marxiste-léniniste, j’adresse à tous les délégués présents à votre Congrès, à tous les militants de votre Parti, aux membres de son Comité central sortant et tout particulièrement au camarade Max Cluzot, secrétaire général sortant, l’expression de sentiments fraternels et sincères, et le souhait d’un succès complet dans vos travaux.

Le IIIe Congrès du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste constitue un moment très important de l’histoire du mouvement communiste et ouvrier de notre pays dans le cadre de la lutte des marxistes-léninistes contre le capitalisme monopoliste d’Etat en France et contre le révisionnisme moderne au sein de la classe ouvrière et des masses laborieuses du pays.

Vos assises sont réunies alors que la crise générale de notre société se traduit chaque jour davantage par des crimes et méfaits à l’encontre des ouvriers, des petits et moyens paysans, de tous les travailleurs français et immigrés qui souffrent de l’exploitation, de l’oppression et de la répression de la bourgeoisie sous quelque visage ou masque qu’elle se présente.

Vos assises sont réunies alors que les contradictions internes du Parti communiste français, aboutissement inévitable des révisions et abandons des principes du marxisme et du léninisme, connaissent un développement de plus en plus aigü et justifient pleinement et historiquement la nécessité et l’urgence de l’édification d’un nouveau grand Parti révolutionnaire prolétarien.

Vos assises sont réunies également à une époque où la situation internationale connait des boulversersements précipités qui confirment quotidiennement la justesse de l’analyse du président Mao Tsé-toung, qui fonde la théorie des trois mondes, stratégie contemporaine de la révolution socialiste mondiale.

Vos assises sont réunies, enfin, comme instance statutaire revêtant une importance décisive pour l’aboutissement du processus d’unification entre votre Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste et notre Parti communiste marxiste-léniniste.

Nos militants de base, cadres intermédiaires et membres du Comité central sont convaicus que l’unification dans un seul Parti marxiste-léniniste, qui n’aura été ni précipitée ni formelle, pourra satisfaire aux justes exigences que vous et nous en attendons respectivement. Cette unification, si elle se réalise maintenant dans un délai convenable, répondra aux aspirations des majorités respectives de nos Partis et gagnera rapidement l’approbation unanime de tous sur la base même de la pratique.

Elle fondera les conditions objectives nouvelles les plus favorables pour l’essor du Parti indispensable à la classe ouvrière, seul capable d’entraîner efficacement tous les travailleurs manuels et intellectuels des villes et des campagnes de France.

Le IIIe Congrès de notre Parti vous a communiqué la ligne idéologique, politique et organisationnelle qui lui est apparue la plus opportune pour conduire à la réalisation pratique de notre unification. Depuis lors, les discussions entre nos militants ont remporté des succès encourageants et positifs non seulement au niveau des Comités centraux, mais aussi entre les militants de base et cadres intermédiaires.

De nombreuses actions communes ont concrétisé ces progrès. Les convergences de nos presses respectives sont devenues constantes. Les relations entre nous sont même passées du stade des relations entre amis au sein du peuple à celui de relations entre camarades basées sur la confiance mutuelle sans réserve.

A notre avis le processus d’unification est désormais irréversible. Il n’y a plus aucun désaccord entre nos deux Partis qui présente un caractère fondamental.

Les divergences qui peuvent apparaître ne relèvent plus que d’appréciations tactiques, elles sont de la nature des contradictions qui apparaissent normalement au sein d’un même Parti marxiste-léniniste et qui se résolvent par la lutte idéologique active, et positive, dans le cadre de la pratique du centralisme démocratique tel qu’il fut conçu et réalisé par Lénine et Mao Tsé-toung.

Nos désaccords pasés, ceux de 1970 notamment, apparaissent comme liés aux conditions historiques objectives caractéristiques de l’enfance du mouvement marxiste-léniniste en France et notamment au fait que nous manquions les uns et les autres à cette époque de l’expérience idéologique, politique et organisationnelle que nous avons acquise depuis lors.

C’est en ce sens que nous sommes pour notre part convaincus que nous parviendrons ensemble à une analyse commune juste de notre histoire passée, sous le signe du matérialisme historique et dialectique.

Mais nous souhaitons que cette analyse d’un passé largement dépassé aujourd’hui ne constitue un préalable ou un obstacle qui entrave notre commune marche vers l’unification idéologique, politique et organisationnelle, redue impérative par la situation politique en France et dans le monde à l’heure présente.

Cher camarade Max Cluzot, chers camarades dirigeants, cadres et militants de base du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste, nous vous assurons que notre Parti communiste marxiste-léniniste accorde une très grande importance à votre IIIe Congrès et place en vous une confiance fondée sur votre attachement aux impérissables principes du marxisme, du léninisme et de la pensée-maotsétoung.

Nous vous assurons que notre volonté et notre espoir visent à réaliser que votre IVe Congrès et le nôtre soient confondus dans les assises, dans l’instance suprême d’un seul Parti, notre Parti consacrant le succès irréversible du processus d’unification.

Vive le IIe Congrès du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste !
Vive notre futur et commun Parti communiste, authentique repésentant et défenseur des intérêts de la classe ouvrière et des masses populaires de France !

Jacques JURQUET
26 octobre 1978

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Le Parti « Communiste » français (1978)

[Document du 3 Congrès du PCMLF, 1978.]

Le Parti que dirige aujourd’hui Georges Marchais n’a plus rien de commun avec le Parti qui s’édifia à travers mille difficultés avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, qui participa à la résistance armée contre l’occupation nazie, et même qui conduisit de grandes luttes de classe dans la période de mai 1947 à novembre 1952. Nous allons examiner successivement sa transformation sociale et idéologique, ses reniements théoriques, sa ligne et sa stratégie politiques, son projet étatique, sa place dans le Mouvement révisionniste international.

La mutation rapide du contenu social du Parti « communiste » français s’est effectuée en une dizaine d’années. Elle se caractérise par une baisse sensible du pourcentage des ouvriers présents dans ses rangs et par une augmentation des représentants des classes moyennes.

Dans un ouvrage publié fin 1976, l’historien révisionniste Elleinstein triture les chiffres pour essayer de dissimuler cette réalité, mais il est cependant contraint à quelques aveux. Considérant par exemple la situation de son Parti à Paris, il est obligé de reconnaître la validité des indications fournies par une étude de la Revue française de science politique, qui relève que le contenu social du PCF comporte 16% de professions libérales et cadres supérieurs, 25% de cadres moyens, 21% d’employés et seulement 16% d’ouvriers.

Elleinstein écrit alors : « Si nous comparons ces chiffres avec l’enquête de 1966, nous observons que le nombre d’ouvriers parait en diminution sensible… « , et il ajoute, pour éviter une conclusion trop grave: « … ce qui n’est pas forcément exact ». Or, en 1966, les pourcentages des catégories sociales des membres du Parti « communiste » français de Paris étaient les suivants: ouvriers 61,1 %, employés 18,57%, ingénieurs et intellectuels 9%.

L’auteur révisionniste, utilisant d’autres statistiques en France, réussit en fin de compte à faire la double démonstration qu’il désire: il établit que le PCF est encore un parti ayant une base ouvrière. Pour cela, il utilise la répartition sociale des délégués au XXIIe Congrès de son parti.

Cela donne: 32,2% d’ouvriers et 3,5% de retraités issus de la classe ouvrière, soit 35,7% de délégués d’origine ouvrière. Il note au passage que « Parti d’ouvriers et de salariés, le PC est également un grand Parti d’enseignants ». Il y en a en effet 16,3%, contre 4,85% en 1966. Il revient ensuite sur le cas de Paris et établit que 49% des délégués aux Conférences de section n’appartenaient pas à un milieu social ouvrier. Il y a dans ces 49%, 12% d’ingénieurs et techniciens et 13% de cadres administratifs supérieurs ou moyens et de professions libérales.

Voici donc une première constatation importante pour notre analyse.

Le Parti communiste français voit diminuer sensiblement sa base ouvrière et augmenter aussi sensiblement, quoique dans une proportion moins forte, son recrutement dans les classes moyennes. Toutefois, nous prendrions nos désirs pour des réalités si nous estimions qu’il n’est plus un parti conservant une influence importante dans la classe ouvrière. Il reste en effet la formation politique française qui compte encore dans ses rangs le plus grand nombre d’ouvriers.

Dans une autre manipulation des chiffres, une étude publiée de manière plus officielle que celle d’Ellenstein, dans le numéro 1 des Cahier du communisme de 1976, parvenait à prétendre qu’il y avait encore 60,9% d’ouvriers dans le PCF en 1974. Mais ces chiffres-là étaient véritablement trop beaux. pour correspondre à la réalité, et nous ne les avons pas retenus.

Une seconde constatation s’impose : les adhérents actuels du PCF lui ont accordé leur adhésion à raison de 61,29% d’entre eux. depuis 1968 et de 82,89% depuis 1958, c’est à dire postérieurement au XXe Congrès révisionniste khrouchtchévien.

Il faudrait encore connaître avec précision le pourcentage correspondant aux deux. années 1956 et 1957, et l’on se rendrait compte qu’il n’y a sans doute pas beaucoup plus d’un adhérent sur 10 dans le PCF actuellement qui ait adhéré et milité à l’époque où il n’avait pas encore définitivement dégénéré sous le signe de la baguette révisionniste moderne.

Le Parti « communiste » français a donc bien connu une profonde transformation de son contenu social, depuis vingt ans, et plus particulièrement depuis une dizaine d’années.

Les hommes et les femmes qui ont adhéré pendant la guerre pour prendre sous sa direction les armes contre les nazis ne représentent plus qu’un infime pourcentage de ses militants, bien que leur génération les place dans une même tranche d’âge allant actuellement de 54 à 75 ans approximativement.

Ce phénomène, qui n’a pu se produire sans qu’il soit délibéré et encouragé par les dirigeants en place, et notamment par le Secrétaire à l’organisation qui ne fut autre pendant des années que Georges Marchais en personne, a pour conséquence bien évidente la transformation complète de l’idéologie révolutionnaire des membres du PCF en idéologie caractéristique de la bourgeoisie.

Ne nous étendons pas sur ce sujet qui pourrait fournir de quoi parler longuement: les majorettes, tambour major en tête et uniformes chamarrés de style américain sont là pour nous avertir : le PCF est désormais placé dans la zone d’influence morale, culturelle et idéologique de la bourgeoisie.

Ses fêtes, organisées avec l’apport d’une publicité commerciale gigantesque, et la participation nullement gratuite des artistes les plus réactionnaires, voire fascisants comme Sardou, en sont aussi d’éclatants témoignages. Les propos sexistes et les paroles grossières de certains de ses militants attaquant sur le marché d’Ivry nos camarades femmes en train de diffuser notre journal témoignent d’un mépris profond de la femme.

Cette attitude n’a rien à voir avec l’idéologie de ceux qui veulent instaurer le socialisme et en définitive ne traduit rien d’autre qu’une mentalité individualiste et brutale, aussi bien vis-à-vis de tous les hommes que des femmes elles-mêmes.

Dernier exemple de cette idéologie, la construction et aujourd’hui l’utilisation faite par le PCF du Palais de verre de la place du colonel Fabien, dont le luxe et l’architecture prouvent combien ces gens se croient déjà définitivement installés au pouvoir, ou proches de l’être, et ne sont donc pas des révolutionnaires.

Les révisions, abandons et reniements théoriques du marxisme-léninisme se sont effectués suivant un long processus qu’il faudra bien étudier de manière approfondie un jour, et le plus tôt sera le mieux. Les racines de ce processus existaient déjà avant 1939 et se révélaient dans l’esprit opportuniste de droite et parlementaire impulsé par Maurice Thorez. L’attitude du Parti envers les peuples colonisés était aussi la marque d’une idéologie rompant avec le léninisme à la fois sur le plan théorique et dans la pratique.

Pendant la guerre et l’occupation nazie, le Parti dirigea des luttes héroïques et des dizaines de milliers de ses militants sont morts sous son drapeau.

Mais si nous nous attachions à étudier la ligne suivie pendant toute cette période, nous découvririons que les dirigeants communistes ont délibérément placé toutes leurs forces à la remorque de la bourgeoisie. Ils n’ont pas contesté une seconde l’auto-institutionnalisation de la France-libre et de son Empire par De Gaulle à Brazzaville en octobre 1940.

Ensuite, avant même le déclenchement de l’agression hitlérienne contre l’Union soviétique, en mai 1941, dans une résolution célèbre du Comité central clandestin du PCF, ils ont annoncé leur actif soutien à toutes personnalités et tous généraux de la bourgeoisie qui engageaient la lutte contre l’occupant. La ligne de collaboration de classe avec la bourgeoisie n’a pas commencé en 1945, après la Libération, mais bien avant, au cours et à l’occasion de la guerre elle-même.

Dans la question du Front national, les dirigeants du Parti communiste français ont adopté une ligne opportuniste qui consistait d’emblée à délaisser l’objectif stratégique de tout parti communiste authentique concernant la révolution prolétarienne, même si se présente une étape préalable comportant la nécessité de réaliser d’abord une révolution de libération nationale.

Après la Libération, Thorez, de retour de Moscou, a pris une initiative dont on peut assurer qu’elle fut la première manifestation du révisionnisme moderne après les prises de position du dirigeant américain Earl Browder aux Etats-Unis en 1939. Il accorda en effet une déclaration au grand journal anglais « Times » qui la publia le 18 novembre 1946.

Dans le corps de cette déclaration figurait le passage suivant : « Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d’envisager pour la marche au socialisme d’autres chemins que celui suivi par les communistes russes. De toute façon, le chemin est nécessairement différent pour chaque pays. Nous avons toujours pensé et déclaré que le peuple de France, riche d’une glorieuse tradition, trouverait lui-même sa voie vers plus de démocratie, de progrès et de justice sociale ».

Par cette déclaration, le secrétaire général du Parti « communiste » français, s’appuyant sur le prétexte d’ailleurs jamais contesté par les marxistes-léninistes des conditions spécifiques nationales de chaque révolution prolétarienne, préparait insidieusement la voie à la révision et à la trahison des principes révolutionnaires universels établis par Marx, puis par Lénine sur la question du passage du capitalisme au socialisme. Il renonçait à la voie inéluctable de la violence révolutionnaire armée.

Les grandes étapes ultérieures de la pénétration du révisionnisme moderne dans le Parti communiste français peuvent être sommairement énumérées comme suit: de 1956 à 1960, l’approbation sans réserve des thèses développées par Khrouchtchev devant le XXe Congrès du Parti communiste d’Union soviétique.

En 1962, 1963 et au cours des années suivantes, le débordement des injures lancées contre le Parti communiste chinois et contre le Parti du travail d’Albanie, après avoir essayé de se faire le conciliateur auprès de ce dernier pour le réconcilier avec les révisionnistes khrouchtchéviens. En mars 1966, l’adoption du fameux Manifeste d’Argenteuil sur les problèmes idéologiques et culturels.

Ensuite, l’adoption en décembre 1968 du Manifeste de Champigny « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste ». Puis, le 27 juin 1972, la signature du « Programme commun de gouvernement du Parti communiste français et du Parti socialiste » qui va fonder toute la politique du PCF au cours des années suivantes et la fonde encore aujourd’hui en dépit de la rupture. Marchais déclare à son sujet: « Nous n’avons pas de stratégie de rechange ».

Tout ce processus constituait la révision, l’abandon et la violation des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme, mais il lui restait encore à en tirer officiellement les conséquences théoriques. Cette tâche fut assumée par le XXIIe Congrès réuni en février 1976. Dans ce Congrès, les dirigeants du Parti révisionniste firent approuver le rejet officiel du principe marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat et préparèrent les conditions du rejet de tous les autres principes marxistes-léninistes dont se réclamait encore en paroles leur Parti.

A plusieurs reprises, depuis lors, Marchais déclara de manière fanfaronne: « Nous irons encore beaucoup plus loin », et, de fait, dans deux numéros successifs de l’hebdomadaire central du PCF, France nouvelle, les 5 et 12 décembre 1977, Jean Kanapa a publiquement révisé et abandonné le contenu de classe du principe de l’internationalisme prolétarien, en annonçant qu’il importait de le remplacer par le principe de la solidarité internationaliste, car le premier aurait signifié la soumission inconditionnelle au Parti et à l’Etat d’Union soviétique, ce qui est totalement faux.

Enfin, on parle actuellement dans les rangs du parti révisionniste de rejeter le principe du centralisme démocratique. Il est vrai que le juste fonctionnement prolétarien de ce principe mis au point par Lénine est violé depuis longtemps par les dirigeants du parti révisionniste qui l’avaient remplacé par un autoritarisme bureaucratique.

Mais, que devient donc aujourd’hui la ligne politique du Parti « communiste » français dans les conditions concrètes de toutes ces violations des principes du marxisme-léninisme ?

La stratégie et la ligne politique du parti révisionniste français se réduit ni plus ni moins à la stratégie et à la ligne d’un parti bourgeois, qui aspire à conquérir le parlement, le gouvernement et l’Etat pour assurer lui-même la direction et la gestion du système capitaliste.

A cet égard, la conception qu’avancent Marchais et ses acolytes au sujet du programme commun de gouvernement est tout à fait claire. Pour eux, il s’agit de parvenir, par la voie électorale qui n’exclut pas le développement de manifestations populaire, à entrer dans le gouvernement.

La rupture avec les socialistes traduit la volonté forcenée des révisionnistes d’utiliser l’infiltration dans les organismes dirigeants aussi bien des grandes sociétés nationales ou nationalisables, que dans les autres rouages des Ministères, des administrations, en définitive des organes de l’Etat, pour préparer leur domination hégémonique du pouvoir et de la société française. S’agit-il d’une tactique pour passer au socialisme ?

En aucune manière puisqu’il ne serait qu’un capitalisme monopoliste d’Etat dont ils assureraient la direction et l’administration bureaucratique.

Marchais n’a pas manqué d’être très explicite à ce sujet quand il a tenté de rassurer les ingénieurs, cadres et techniciens en leur promettant qu’ils conserveraient toutes leurs places dans la nouvelle organisation des entreprises et de l’Etat. Naturellement, ce qu’il ne leur a pas dit, c’est qu’ils se trouveraient alors sous la férule de ministres et de PDG membres du parti révisionniste.

En fait, le Parti révisionniste représente les intérêts non point de la bourgeoisie capitaliste monopoliste ancienne et encore en place, mais ceux d’une nouvelle bourgeoisie révisionniste susceptible de fournir l’encadrement bureaucratique du capitalisme monopoliste d’Etat porté à son point de concentration le plus achevé, exactement comme en Union soviétique. Cette nouvelle bourgeoisie révisionniste s’est formée à partir d’éléments de l’aristocratie ouvrière et de la vieille bourgeoisie infiltrée dans le parti.

Pour mettre en oeuvre sa stratégie, le parti révisionniste croyait pouvoir utiliser le parti socialiste en le dominant. Mais en ce domaine, il a complètement échoué.

En remettant en selle les politiciens sociaux-démocrates et en leur assurant un soutien qui a rétabli leur prestige effondré, Marchais et les dirigeants révisionnistes ont un peu joué aux apprentis sorciers. Ils se sont trouvés rapidement dépassés et, contrairement à ce qu’ils avaient espéré, le parti de Mitterrand, Deferre, Maurois et Rocard a débordé l’influence électorale du Parti communiste français, ce qui ne s’était jamais produit depuis 1945.

Du coup, le PCF n’est plus maître du jeu et se trouve contraint non seulement à un partage du pouvoir dont il espérait ne pas avoir à endosser les conséquences, et à accepter que ce pouvoir soit sous direction socialiste. Le plan stratégique des révisionnistes débouche sur un échec retentissant. C’est là ce qui explique en majeure partie la nouvelle tactique du PCF, qui préfère rompre avec ses partenaires et alliés s’il ne détient pas la première place, c’est à dire la place dirigeante dans l’Union de la gauche et dans le gouvernement chargé de mettre en application le programme commun.

……. A ce sujet, la question a été posée, essentiellement par les adversaires des révisionnistes que sont les partis bourgeois représentant les intérêts de classe de la bourgeoisie monopoliste ancienne et encore au pouvoir : le PCF a-t-il agi en obéissant à des injonctions venues du Parti communiste d’Union soviétique ?

Il n’y a pas si longtemps, à l’époque de notre IIe Congrès, nous aurions répondu par l’affirmative sans nulle hésitation. Pour nous, le PCF n’était autre que la cinquième colonne du social-impérialisme soviétique.

Les événements, les faits, les réalités, nous ont amenés à corriger cette affirmation totalement unilatérale et subjectiviste. Depuis déjà plusieurs années, le Président Mao avait indiqué que les partis révisionnistes occidentaux n’étaient pas des cinquièmes colonnes du Parti et de l’Etat soviétiques. (…)

En fait, Mao Tsetoung prévoyait fort bien le phénomène que l’on désigne aujourd’hui couramment sous le nom d’euro-communisme, que nous nommons nous-mêmes euro-révisionnisme. Il s’agit encore d’un phénomène dont l’analyse est assez délicate.

Il importe en effet d’effectuer à son sujet une analyse profonde de la portée historique de la dégénérescence des partis communistes d’Europe occidentale placés sous la domination de l’idéologie révisionniste moderne. De nombreux camarades sont pressés que nous fournissions des réponses claires et catégoriques à ce sujet. Ils ne comprennent pas qu’il est extrêmement délicat d’avoir une connaissance définitive d’un phénomène avant même qu’il ne soit parvenu à la fin de son processus de développement, à son dénouement.

Dire que maintenant le PCF est irréversiblement un Parti révisionniste et bourgeois, voilà qui est aisé et sans risque d’erreur. Indiquer de façon assurée s’il va continuer un processus l’éloignant ou le rapprochant du Parti révisionniste soviétique, centre mondial du révisionnisme moderne, voilà qui est plus difficile à l’heure actuelle.

Un fait est certain: les partis révisionnistes d’Europe occidentale agissent de manière de plus en plus indépendante par rapport au parti révisionniste d’Union soviétique.

Mais cette indépendance s’affirme pour le moment essentiellement dans la détermination de leurs lignes politiques à l’intérieur des pays respectifs où ils interviennent. A l’exception du parti révisionniste espagnol, les partis euro-révisionnistes n’en définissent pas moins une ligne internationale qui soutient concrètement et activement celle du Parti révisionniste d’Union soviétique.

En ce qui concerne le Parti révisionniste français, c’est là un fait indéniable et ses prises de position condamnant la brutalité de la répression en Union soviétique, après avoir aussi stigmatisé l’intervention militaire et l’occupation de la Tchécoslovaquie ont moins de portée internationale en définitive que le soutien aux agissements des dirigeants soviétiques pour semer les illusions de la détente à travers différentes conférences réunies à Helsinki ou Belgrade.

D’ailleurs, le PCF a rigoureusement les mêmes positions que l’URSS au sujet de tous les conflits et événements qui surviennent dans les pays du tiers-monde, notamment en Afrique et dans le Proche-Orient à l’heure actuelle. Lors des événements du Chili, d’Angola, du Zaïre, du Liban, la politique suivie par les deux partis a été la même.

Mais le point le plus important qui permette de souligner la convergence des lignes internationales des révisionnistes français et soviétiques, concerne leur attitude vis-à-vis du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine.

A cet égard, il suffit de lire l’article publié par les « Cahiers du communisme » de novembre 1977 sur le XIe Congrès du Parti communiste chinois, ou encore le passage consacré à ce dernier dans l’article de Kanapa sur le Mouvement communiste international publié dans « France nouvelle », le 12 décembre 1977, pour constater l’identité ou la proximité des appréciations et positions des deux partis révisionnistes.

Naturellement, nous ne devons pas ignorer que d’autres aspects paraissent intervenir en sens inverse, notamment au sujet des relations entre partis révisionnistes au sein de leur communauté internationale.

Aussi l’opposition ou les réticences du Parti révisionniste français à participer à de nouvelles conférences internationales ne sont nullement ambiguës. Ses protestations contre les ingérences soviétiques dans la vie interne des partis euro-révisionnistes sont aussi très nettes.

Que signifient ces faits, contradictoires pour les uns, convergents pour les autres ? Il est délicat d’en fournir une explication définitive.

Mais nous pensons que le parti révisionniste français est aujourd’hui traversé par des courants divergents de plus en plus opposés. Par exemple, il est assuré que subsiste dans ses rangs un courant favorable à une politique entièrement subordonnée aux intérêts de l’Union soviétique.

Le journal du groupe « Le Communiste » s’en fait ouvertement le porte-parole et, même si leurs âges assez avancés autorisent à penser que certains dirigeants comme Jeannette Thorez-Vermersch n’ont plus d’activités militantes soutenues, il reste certain qu’ils interviennent pour soutenir à fond les révisionnistes sociaux-impérialistes et sociaux-fascistes. Mais ce courant, ces militants ne sont pas vraiment en mesure de faire triompher leur ligne.

A l’opposé, un ou plusieurs autres courants se développent, que nous pourrions caractériser comme se rattachant à un révisionnisme « national », exigeant sa totale indépendance par rapport au parti soviétique. Ce ou ces courants ne peuvent pas non plus, pour le moment imposer l’intégralité de leur projet politique.

De plus, il ne faut pas oublier que le Parti révisionniste soviétique n’hésite pas quand il le juge indispensable, à recourir à la création de nouveaux partis pro-soviétiques s’opposant aux partis euro-révisionnistes ou qualifiés d’opportunistes de droite. C’est là ce qui s’est passé pour l’Espagne, en Grande-Bretagne, en Grèce, ainsi que dans des pays nordiques.

Notre Parti a pour tâche de suivre avec le maximum d’attention et de vigilance l’évolution en cours du Parti révisionniste français, dans la mesure où il continue à exercer une influence néfaste non négligeable sur la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays.

Il se pourrait d’ailleurs que sa rupture avec le Parti socialiste, si elle se poursuit à l’occasion du second tour des élections législatives, renforce cette influence dans la classe ouvrière, tout en réduisant la clientèle électoraliste des dirigeants révisionnistes dans les couches moyennes.

Quelle attitude notre Parti doit-il adopter vis-à- vis du Parti « communiste » français ? Notre Parti a pour tâche fondamentale de dénoncer systématiquement les reniements et trahisons du révisionnisme moderne.

Il doit attaquer prioritairement le centre mondial de cette idéologie qui s’est transformé en bastion social-impérialiste et social-fasciste, ennemi commun, avec l’impérialisme américain, de tous les peuples du monde, et danger principal à l’heure actuelle pour le déclenchement d’une guerre mondiale.

Mais en France même, notre Parti a également pour tâche de dénoncer systématiquement la politique, l’idéologie et la stratégie des dirigeants du Parti communiste français, tant sur le plan intérieur que sur le plan international.

Cependant, notre Parti commettrait une grave erreur à la fois idéologique et tactique s’il n’effectuait pas une distinction claire et précise entre les dirigeants révisionnistes modernes français d’une part et les militants de base et sympathisants d’autre part.

Comment pourrions-nous penser un seul instant dans les conditions actuelles en effet que ces derniers, y compris les millions d’électeurs et électrices qui ont l’habitude d’accorder leur confiance au Parti « communiste » français, ne soient pas plongés dans un trouble profond par la rupture de l’Union de la gauche ?

Tous ces gens croyaient déjà détenir la clef des changements avec la perspective d’un changement de majorité et donc de gouvernement. Ils ne doutaient pas une seconde de la victoire et voyaient déjà les dirigeants de leur Parti ou les députés pour lesquels ils allaient voter, devenir Ministres, et, qui sait, peut-être même Georges Marchais devenir Président ou vice-président du gouvernement.

L’électoralisme conjugué avec le révisionnisme moderne a provoqué les plus dangereuses illusions dans la classe ouvrière de France et parmi les masses populaires sur la possibilité d’un passage pacifique du capitalisme au socialisme. Nous devons en parler avec gravité, camarades, car c’est ce genre de rêves, c’est cette drogue qui ont paralysé pendant des années et des années les travailleurs de notre pays, qui ont affaibli leur esprit révolutionnaire pourtant conforme aux traditions historiques de notre prolétariat et de notre peuple.

Nous devons en parler avec gravité, oui, car l’expérience historique d’une telle démobilisation par les dirigeants révisionnistes, c’est le Chili et les dizaines de milliers d’ouvriers et paysans assassinés par cette armée que Luis Corvalan, le Marchais chilien, vantait si ardemment pour ses qualités démocratiques.

La période qui s’ouvre sera fertile en événements politiques, elle est une période d’instabilité politique de la France dominée par la crise générale du capitalisme ici et dans le monde. Les dirigeants du PCF proclament qu’ils n’ont pas de stratégie de rechange. Notre Parti offre à la classe ouvrière et aux masses populaires une stratégie fondée sur les principes révolutionnaires éprouvés du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsetoung.

Notre Parti présente des candidats dans un certain nombre de circonscriptions et mène la bataille dans les conditions que vous savez, dans les circonscriptions où il ne présente pas de candidats.

Mais nous n’allons pas nous arrêter longuement sur cette question dans un Congrès qui doit fixer notre ligne idéologique et politique pour une période beaucoup plus longue que les deux mois à venir. Tout en participant à cette bataille électorale législative, notre Parti sait très bien et doit dire partout qu’elle ne règlera rien en elle-même, quel qu’en soit le résultat.

Les changements profonds auxquels aspirent légitimement tous les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires ne sortiront pas des urnes. Le seul et unique résultat que notre Parti attend des urnes, c’est le renforcement de ses liens de masse avec tous les travailleurs des villes et des campagnes, c’est l’amélioration de son édification, c’est un premier recul de l’influence des dirigeants révisionnistes sur la classe ouvrière.

Là et là seulement, réside le sens de notre participation à ces élections, que nous ne tenons ni pour une fin ni même pour un commencement, mais seulement comme un moment plus favorable à l’élévation des capacités d’intervention de notre Parti dans la bataille fondamentale qui oppose en France le prolétariat et ses alliés à la bourgeoisie capitaliste sous ses différents visages.

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe