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  • Un an de Giscard, un an d’aiguisement de la crise politique (1975)

    [Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

    L’anniversaire de l’élection de Giscard a été marqué par une intense campagne pendant laquelle cet aristocrate méprisant a occupé à 100% la télévision, la radio, les journaux.

    Les journalistes bourgeois nous abreuvent des  » changements  » à la Giscard : il fait du ski à Courchevel, il descend les Champs Elysées à pied, il reçoit des éboueurs, il dîne chez  » des Français « , il donne à manger aux journalistes dans des assiettes à 1500 F nouveaux pièce, il joue du piano et donne à manger à ses chiens devant les caméras : tout cela, bien évidemment, ce n’est pas le fond de sa politique, mais c’est quand même une insulte permanente aux travailleurs, aux jeunes qui chôment, aux familles qui ne peuvent vivre.

    UNE ANNEE DE  » CHANGEMENT  » A LA GISCARD

    La publicité volontaire donnée à ces mascarades du premier anniversaire du succès électoral de Giscard, n’est nullement fortuite. Les thèmes sans cesse mis en avant par la nouvelle équipe présidentielle, c’est le  » changement « , et c’est la  » crise « .

    Le  » changement « , renvoie à la volonté maintes fois répétée depuis un an de donner aux travailleurs l’illusion qu’ils ne sont pas gouvernés comme avant, comme du temps de Pompidou ; cherchant à se démarquer de ses prédécesseurs, Giscard cherche, y compris dans le style présidentiel, à imposer aux travailleurs l’illusion que les choses sont en train de se modifier, que leurs conditions de vie et de travail sont passibles d’amélioration du fait des initiatives gouvernementales.

    C’est pour accréditer cette idée du changement que le nouveau gouvernement a multiplié les réformes, les projets de réformes : sur l’avortement, sur la majorité à 18 ans ,sur l’entreprise (rapport Sudreau), sur l’indemnisation des chômeurs…

    A chaque fois le but est le même : tenter de répondre à des luttes précises qui se sont déroulées sur ces questions, tenter de dévoyer les aspirations manifestées par les travailleurs sur ces problèmes. Mais évidemment (ce qu’ont pu constater tous les travailleurs en un an de Giscard) la volonté  » réformatrice  » du gouvernement atteint vite ses limites.

    Malgré tout le tapage organisé autour de ces réformes, les travailleurs en ont très vite fait l’expérience : combien de chômeurs peuvent aujourd’hui toucher la fameuse indemnisation à 90% pendant un an ? Officiellement à peine 4% des 1 million 200.000 chômeurs recencés par l’office gouvernemental, l’INSEE !

    Combien d’hôpitaux, combien de médecins, acceptent d’accomplir un avortement réclamé par une femme du peuple : les dernières luttes ont montré qu’ils étaient une infime minorité, et que la loi déjà extrêmement restrictive laissait en fait toute possibilité de s’opposer légalement aux avortements. Combien de jeunes ont réellement cru que le vote à 18 ans, la valorisation de la paye de l’appelé allaient réellement modifier les conditions que leur fait le capitalisme à l’école, à l’armée, dans le vie active…

    Et en même temps que Giscard parle abondement de  » réforme « , il n’en multiplie pas moins ses appels aux travailleurs à surmonter la  » crise « . Le ressort d’un tel discours est simple : pour faire face à la crise, pour en limiter ses effets en France, pour espérer préserver l’essentiel de ce qui a déjà été acquis dans le niveau de vie, il faut que les travailleurs comprennent qu’ils doivent limiter leurs revendications, renoncer à leurs luttes, serrer les coudes avec leurs exploiteurs.

    Cette  » politique de crise  » menée par la bourgeoisie a un but assez clair : masquer les réelles origines de la crise du capitalisme dans notre pays, présenter la crise comme venant de l’extérieur (pays producteurs de pétrole, USA…), et renforcer l’illusion que seule la collaboration de classes peut atténuer les effets de la crise. Aux PTT à Renault, partout où ils ont engagé la lutte, les travailleurs ont dû affronter ce chantage à la crise.

     » Politique du changement  » et  » politique de crise « , voilà en quoi résident les nouveautés de la politique giscardienne.

    LES MASSES CONTESTENT DE PLUS EN PLUS LA DOMINATION DE LA BOURGEOISIE

    En fait la mise en œuvre de cette nouvelle politique, si elle rompt effectivement avec le caractère extrêmement conservateur de la politique de Pompidou, est un signe des difficultés importantes de la bourgeoisie à maintenir sa domination en utilisant les mêmes thèmes de collaboration de classes qu’auparavant.

    La classe capitaliste ne peut plus aujourd’hui régler ses rapports avec les masses de la même manière ; c’est en cela que ses difficultés sont dans leur fond des difficultés politiques, que la crise qui secoue la bourgeoisie est dans son fond une crise politique.

    Parce que ce qu’il y a de nouveau dans la situation aujourd’hui, c’est que les masses rejettent assez massivement le modèle de société capitaliste qui leur est proposé, manifestent aujourd’hui de manière assez claire leurs aspirations à construire une société nouvelle, débarrassée de l’exploitation et de l’oppression quotidienne que leur impose la bourgeoisie.

    Par exemple, pendant des années la bourgeoisie a pu fonder la collaboration de classes sur le  » modèle de la société de consommation « , selon la bourgeoisie, le travailleur était intéressé à l’expansion, à l’extension de la production puisqu’il pouvait, à partir de là, étendre sa propre consommation. Un tel modèle de collaboration de classes a pu pendant un temps tromper les travailleurs abusés par le fait qu’ils ont pu acquérir dans les vingt dernières années des produits jusque là peu répandus : mobylette, voiture, télévision, frigidaire…

    Mais aujourd’hui les travailleurs mesurent clairement comment cette relative extension de leur consommation, s’est systématiquement accompagnée d’une détérioration constante de leur niveau de vie : temps de transport sans cesse allongé, conditions de logement et de vie familiale de plus en plus difficiles avec les nouveaux logements, le travail posté, conditions de travail de plus en plus exténuantes avec l’intensification du travail forcenée qui est la règle dans les bagnes capitalistes…

    En face de cette paupérisation bien réelle de la classe ouvrière, même l’acquisition de quelques nouveaux produits par les travailleurs est loin de leur permettre de reconstituer leur force de travail comme avant.

    Et c’est cela dont les travailleurs prennent aujourd’hui de plus en plus conscience et contestent massivement dans leurs luttes : les luttes sur le transport, sur le logement, les luttes où les travailleurs refusent de monnayer contre une prime ou une augmentation de salaire leurs conditions de travail et les risques que veut leur imposer la bourgeoisie. La bourgeoisie en est arrivée à une situation où elle doit substituer à l’ancien  » modèle de la société de consommation  » un autre modèle de collaboration de classes ; c’est la fonction de la politique de crise.

    Un autre fait nouveau qui témoigne des difficultés nouvelles de la bourgeoisie à régler ses rapports avec les masses comme auparavant, ce sont les brèches importantes apparues dans la domination du révisionnisme.

    Elément décisif pour le maintien de la domination des idées bourgeoises dans la classe ouvrière, le révisionnisme s’est vu dans les dernières années largement contesté par la classe ouvrière.

    Des luttes caractéristiques comme celle de Lip ont montré le plus clairement possible comment les travailleurs remettent en cause la tutelle des révisionnistes sur leurs luttes, tiennent à se démarquer du programme commun, affirment leur aspiration à une société bien différente que celle proposée par le P »C »F.

    Même aujourd’hui où le P »C »F tente, pour refaire le terrain qu’il a perdu dans la classe ouvrière, de durcir son langage, de ne pas s’opposer de front aux luttes et même dans certains endroits d’en prendre l’initiative, il ne réussit pas à faire adhérer les travailleurs à ses perspectives.

    Les luttes d’Usinor ou de Chausson sont révélatrices à ce sujet : malgré les extrêmes précautions prises par les révisionnistes qui participent à ces luttes pour ne pas se couper des travailleurs, ils ne réussissent pas à éviter que les problèmes sur le rôle qu’ils jouent dans les syndicats, la vraie nature de leurs propositions politiques soient posés.

    Et les propositions du P »C »F sur le programme commun ont d’autant mois d’écho aujourd’hui que les travailleurs peuvent constater directement que nombre des réformes prévues par le programme commun sont déjà mise en œuvre par Giscard avec le succès que l’on sait.

    UNE POLITIQUE IMPUISSANTE A MASQUER L’AIGUISEMENT DE LA CRISE POLITIQUE

     Mais dans ses tentatives de mettre en œuvre une nouvelle politique pour répondre à cette situation nouvelle dans les masses, Giscard en une année n’est guère arrivé à résoudre les problèmes qu’affronte la bourgeoisie. Loin de masquer la situation de faiblesse de l’impérialisme français aux yeux des masses, la politique giscardienne n’a fait que renforcer les questions que se posent les travailleurs.

    – Comment par exemple, les travailleurs pourraient ne pas mettre en doute toutes les affirmations néolibérales de Giscard, alors que ces affirmations se doublent du renforcement de la répression des travailleurs en lutte (PTT, Usinor…), du renforcement de l’appareil répressif de la bourgeoisie. Les opérations coup de poing, la publicité élogieuse faite en toute circonstance de la brigade anti-gang y compris quand elle agresse de simples passants, tout cela permet de prendre la mesure exacte du  » néolibéralisme du gouvernement « .

    La division du travail entre Giscard et Ponatowski, recouvre en fait l’unité de la politique giscardienne : une politique résolument anti-ouvrière.

    – Comment par exemple les travailleurs ne s’interrogeraient-ils pas sur la faiblesse de la bourgeoisie alors que, toutes les initiatives internationales de l’impérialisme français révèlent sa situation d’impérialisme secondaire, soumis à une double pression, celle des deux super-puissances, et celle d’une nature différente des pays du Tiers-Monde.

    Aujourd’hui dans leurs voyages dans les pays du Tiers-Monde les dirigeants français apparaissent comme de simples commis voyageurs des capitalistes français, chargés d’arracher des contrats. On est très éloigné de l’image que l’impérialisme français tentait de se donner auprès des travailleurs, celui d’une grande puissance qui noue des relations sur un pied d’égalité avec les autres puissances impérialistes, qui exerce sa tutelle dans toute une série de régions…

    – Comment par exemple, les travailleurs ne mesureraient-ils pas la faiblesse et l’instabilité de l’actuelle majorité présidentielle, alors que la première année Giscard est émaillée d’incidents entre l’UDR et les autres composantes de cette majorité, émaillée de projets de lois votés avec l’opposition contre une partie de cette majorité (avortement par exemple). Les réajustements nécessaires entre l’UDR et ses alliés gouvernementaux ne sont visiblement pas terminés, et empêchent l’impérialisme français de définir clairement ses projets sur des problèmes comme l’Europe, les relations avec l’impérialisme US…

    POLITIQUE DEGRISE, POLITIQUE DE FAIBLESSE

    Tous ces éléments montrent à l’évidence que  » notre  » impérialisme est en position de faiblesse et qu’on est loin, dans l’année Giscard, de la domination relativement stable des années 60. Les mots d’ordre de notre Parti  » à la bourgeoisie de payer la crise « ,  » oui, la révolution est possible  » rencontrent chaque jour un écho de plus en plus grand.

    Non, quoi qu’en dise Giscard, les travailleurs manuels ne sont pas  » isolés dans la société  » aujourd’hui, ils en constituent au contraire le cœur, la force vive et ils montrent la voie à Chausson, à Usinor, à Renault, à Besancon, partout dans le pays !

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  • Teng Siao Ping à Paris (1975)

    Le 11 mai, Teng Siao Ping, vice-président du Comité Central du Parti Communiste Chinois, membre du Comité Permanent du Bureau Politique, vice-premier ministre du Conseil des Affaires d’Etat de la République Populaire de Chine, arrive dans notre pays à l’invitation du gouvernement français.

    La venue de Teng Siao Ping en France montre à quel point, depuis plusieurs années déjà, l’impérialisme français a été contraint d’abandonner son attitude d’hostilité ouverte envers la République Populaire de Chine, au fur et à mesure qu’elle remportait victoire sur victoire dans l’édification du socialisme, au fur et à mesure que grandissait dans le monde le soutien à sa politique de paix et d’indépendance nationale.

    La place prise par la République Populaire de Chine dans le Tiers Monde, le rôle qu’elle a joué dans la constitution du Tiers Monde en force politique défiant l’impérialisme, le social-impérialisme et l’hégémonisme, le ferme et indéfectible appui qu’elle apporte aux peuples en lutte contre l’impérialisme, sont autant de contributions de la Chine au développement de la révolution mondiale.

    Pour la classe ouvrière et le peuple de France, la révolution chinoise, en remportant, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la victoire sur l’impérialisme, en engageant un quart de l’humanité dans .l’édification du socialisme, a suscité un puissant espoir, a constitué un immense encouragement.

    Aujourd’hui, la Chine Populaire suscite de plus en plus l’intérêt et l’enthousiasme dans les masses de notre pays, pour le socialisme qui se construit: face à la tragédie de la restauration du capitalisme en URSS, le peuple chinois, sous la direction du Parti Communiste Chinois, montre qu’il est possible de s’opposer victorieusement au révisionnisme et à la restauration du capitalisme, que l’énergie et l’enthousiasme des masses portent en avant l’édification du socialisme, le renforcement de la dictature du prolétariat.

    Bienvenue au camarade Teng Siao Ping !

    Vive la Chine Rouge !

    Vive l’amitié révolutionnaire du peuple chinois et du peuple de France !

    5 mai 1975

    Le Bureau Politique du PCR (ml).

    BIENVENUE AU CAMARADE TENG SIAO PING

    [Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

    Lundi 12 mai, Teng Siao-Ping, Vice-Premier Ministre de la République Populaire de Chine, est arrivé à Paris en visite officielle. Cette visite suscite chez les travailleurs de notre pays un très large intérêt.

    C’est la preuve de l’écho grandissant que rencontrent les nombreux succès enregistrés par le peuple chinois dans la lutte pour l’édification du socialisme ; les calomnies traditionnelles des révisionnistes du P »C »F, les déformations malhonnêtes des journalistes bourgeois, ne réussissent plus aujourd’hui à bloquer l’intérêt des travailleurs de France pour les réalisations prodigieuses qui s’accomplissent en Chine : la construction d’une société sans exploitation ; la bataille permanente menée sous la direction clairvoyante du Parti Communiste Chinois pour prévenir les tentatives de restauration du capitalisme ; l’élévation constante du niveau de conscience des masses chinoises, autant de questions qui intéressent au premier chef les ouvriers, les paysans, intellectuels progressistes de notre pays.

    LES CONTRIBUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE A LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE MONDIALE

    Mais c’est la signification même de ce voyage qui suscite un grand intérêt dans notre pays. Quel est le but poursuivi par le Gouvernement Chinois ? En quoi un tel voyage s’intègre-t-il à la politique d’ensemble de la République Populaire de Chine ? Telles sont les questions que posent les travailleurs dans les entreprises aux militants de notre Parti. Quelles réponses faut-il fournir à notre sens.

    La contribution du peuple chinois à la lutte pour la révolution prolétarienne mondiale revêt, parce qu’il a pris le pouvoir et édifié un puissant Etat socialiste, des formes multiples.

    L’exemple et l’encouragement que constituent pour tous les peuples du monde les succès enregistrés par le peuple chinois dans l’édification du socialisme; dans la lutte contre le révisionnisme, sont un des aspects de la contribution de la Chine à la révolution mondiale. Le soutien apporté aux luttes révolutionnaires dans le monde, comme par exemple, le soutien indéfectible et permanent depuis 1949 aux peuples Indochinois aujourd’hui victorieux, c’est un autre aspect de cette contribution.

    La part active prise par la République Populaire de Chine à la constitution du Tiers-Monde en force politique, capable d’infliger de graves défaites politiques, économiques à l’impérialisme et au social-impérialisme, c’est encore un autre aspect de cette contribution.

    Mais si ces différents aspects sont assez bien connus dans notre pays, il serait faux d’en ignorer un quatrième : en nouant avec des pays impérialistes des relations sur la base des cinq principes de coexistence pacifique (*), la Chine grand Etat socialiste édifié par le quart de l’humanité, conquiert du même coup la possibilité d’influencer le développement plus ou moins rapide des contradictions à l’échelle du monde et particulièrement les aiguisements des contradictions inter-impérialistes.

    Parce que la politique extérieure d’un Etat socialiste ne peut se borner au seul soutien des forces révolutionnaires dans le monde et considérer les pays impérialistes comme un bloc, se désintéresser des contradictions qu’il connaît et qui l’affaiblissent : au contraire, la place conquise par la Chine aujourd’hui sur la scène internationale lui offre cette possibilité très importante de jouer sur ces contradictions, de contribuer ainsi, indirectement mais de manière évidente, au renforcement du camp de la révolution. C’est dans ce cadre là qu’il faut à notre avis replacer la visite de Teng Siao Ping en France.

    C’est l’analyse qu’il fait de la situation mondiale, des bouleversements intervenus dans le monde dans la dernière décennie qui guide la politique extérieure définie par le gouvernement chinois.

    Deux faits décisifs qui revêtent chacun une grande importance fondent cette situation nouvelle :
    1) l’irruption du Tiers-Monde sur la scène mondiale, en force politique.
    2) la division, les clivages, les modifications intervenus dans le camp impérialiste : d’une part la restauration du capitalisme en URSS, la dégénérescence du premier Etat socialiste en un Etat social-impérialiste, socialiste en parole, impérialiste dans les faits, a modifié considérablement la situation ; une nouvelle superpuissance est venue rivaliser avec l’impérialisme US, exerçant un féroce diktat sur toute une partie de l’ancien camp socialiste, agressant la Tchécoslovaquie, mettant à profit le déclin et les défaites enregistrées par cette superpuissance pour tenter, en se prévalant de son masque  » social « , de prendre pied dans ses zones d’influence. Ces deux superpuissances rivalisent pour se repartager le monde, imposer leur hégémonie et renforcent ainsi le danger d’une nouvelle guerre mondiale. Ce sont elles que les communistes chinois caractérisent comme constituant  » le premier monde « .

    D’autre part, les impérialismes secondaires comme l’impérialisme français, qui sont soumis aux pressions grandissantes des deux superpuissances, c’est  » le second monde « .

    La politique extérieure du gouvernement chinois vise à la fois à renforcer le camp du Tiers Monde et les initiatives qu’il prend contre l’impérialisme, le social impérialisme et particulièrement contre l’hégémonisme des deux superpuissances, à la fois à aggraver la situation du camp impérialiste en approfondissant les clivages qui y existent.

    LA CHINE ET LE TIERS MONDE

    La Chine fait partie intégrante du Tiers-Monde qui regroupe les pays opprimés et dominés par l’impérialisme et les pays qui se sont libérés de ce joug. Toujours depuis 1955, depuis la conférence de Bandoung, la République Populaire de Chine a mis l’accent sur la nécessité pour les peuples du Tiers-Monde d’unir leurs efforts pour lutter contre la domination impérialiste.

    Contraints progressivement par la pression des peuples coloniaux, de substituer à l’ancien mode de domination colonial, un mode de domination plus camouflée, le néo-colonialisme, l’impérialisme avait pu pendant une période, limiter ses reculs. Mettant à la tête des pays ayant nouvellement accédé à l’indépendance des agents entièrement à sa solde, l’impérialisme poursuivit sa politique de pillage et de rapine.

    Mais aujourd’hui de plus en plus cela n’est pas possible. A de nombreuses reprises dans les conférences internationales (conférences de l’ONU sur les matières premières, sur la démographie, sur le droit des mers…), dans la mise sur pied d’organisation des pays dominés producteurs d’une même matière première à l’exemple de ce qui a été fait pour le pétrole, dans la collaboration entre ces divers organisations, le Tiers-Monde arrive à faire entendre une même voix.

    Même des gouvernements très réactionnaires, jusqu’ici très soumis à l’impérialisme et exerçant une sévère répression sur leur peuple, en viennent aujourd’hui à s’unir à des pays aux positions traditionnellement anti-impérialistes. Ils sapent ainsi non seulement les intérêts impérialistes dans leurs pays, mais les bases mêmes sur lesquelles ils ont construit leur domination, favorisant tôt ou tard la remise en cause par leur propre peuple de leur régime réactionnaire.

    Ce nouvel essor de la lutte des pays du Tiers-Monde a été rendu possible avant tout par deux facteurs : le premier facteur, c’est l’exemple et l’encouragement qu’a constitué pour tous les peuples de ces pays la lutte des mouvements de libération nationaux, particulièrement la lutte armée des peuples d’Indochine qui démontrait qu’une superpuissance aussi bien armée que l’impérialisme US pouvait être tenue en échec et défaite par le peuple d’un petit pays ; le fait que la première lutte d’envergure menée par le Tiers-Monde sur les matières premières, l’ait été à l’occasion de la lutte des peuples arabes contre l’état agresseur d’Israël souligne de même l’influence des luttes et libération dans le déclenchement de ce mouvement revendicatif.

    Le second facteur c’est justement le rôle joué par la Chine socialiste qui a constamment souligné la nécessité d’unir le Tiers-Monde, qui utilise tout son prestige international à l’ONU, dans les conférences internationales pour contribuer à forger cette unité, qui dans son programme d’aide économique désintéressée au Tiers-Monde, fournit aux pays concernés des moyens pour s’opposer à la tutelle impérialiste.

    Aujourd’hui plus que jamais, le Tiers-Monde porte des coups décisifs à l’impérialisme et au social-impérialisme. Une composante importante de la politique extérieure de la Chine consiste à prendre une part active au renforcement de l’unité du Tiers-Monde pour renforcer, le camp de la révolution.

    LA CHINE ET LE SECOND MONDE

    En distinguant dans le camp impérialiste premier monde et second monde, les communistes chinois caractérisent un clivage important qui existe entre les deux superpuissances et les impérialismes secondaires.

    D’un côté deux impérialismes dont la rivalité devient de plus en plus aiguë, d’autant plus que l’essor des luttes des pays du Tiers-Monde réduit le champ où peut s’exercer cette rivalité ; de l’autre côté, des impérialismes qui sont trop faibles pour aspirer à dominer le monde, pour avoir des visées hégémoniques et qui voient leurs ambitions impérialistes contrecarrées doublement : du fait des pays du Tiers-Monde qui exigent d’eux comme de tout le camp impérialiste des concessions importantes, et du fait des pressions des deux superpuissances qui chacune tente de s’assujettir plus étroitement ces pays impérialistes secondaires.

    D’un côté deux superpuissances qui s’arment à outrance en prévision de guerre mondiale, parce qu’elles savent qu’un repartage du monde se fera au profit de celui qui aura instaurer un rapport de force militaire en sa faveur ; de l’autre côté des impérialistes secondaires insuffisamment armés pour faire face aux pressions des deux superpuissances, insuffisamment unis pour opposer un front commun à ces pressions.

    Accroître les difficultés du camp impérialiste en accroissant les contradictions entre le premier monde et le second monde, tel est a notre sens la signification de la politique extérieure suivie par la République Populaire de Chine. Les appels à renforcer l’unité de l’Europe, la décision de nommer un ambassadeur à la Communauté Economique Européenne en plus des ambassadeurs chez différents pays européens, la visite de Teng Siao Ping à Paris, ce sont toutes des initiatives convergeant vers le même but : empêcher l’une ou l’autre des deux superpuissances de faire aboutir ses pressions sur les impérialismes secondaires.

    Et si parmi les impérialismes secondaires, la politique extérieure chinoise consacre une place importante aux pays européens, c’est dû avant-tout à la place stratégique qu’occupe l’Europe dans la rivalité des deux superpuissances. Du fait de son potentiel économique, de son potentiel en hommes, de son développement technologique, de ses liens avec les anciens empires coloniaux, l’Europe constitue bien l’enjeu clé de la rivalité des deux superpuissances.

    Chacune d’entre elle masse des troupes et un armement important en Europe même, ou en Méditerranée. Le danger de guerre mondiale qui s’accroît avec les rivalités exacerbées des deux superpuissances concerne ainsi clairement les pays européens, et les appels à l’unité lancés aux pays européens par le gouvernement chinois visent à prévenir un tel danger.

    C’est la même préoccupation qui guide la politique du gouvernement chinois, chaque fois qu’il souligne les points d’unité qui se manifestent entre le Tiers-Monde et le Second Monde comme par exemple la Conférence de Lomé, sanctionnée par des accords économiques importants entre 46 pays d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes et la communauté européenne.

    De tels accords ne ressemblent plus guère aux accords que l’impérialisme pouvait imposer à des pays néo-coloniaux et qui constituaient un brigandage pur et simple. Aujourd’hui pour conclure de tels contrats, pour nouer avec les pays du Tiers Monde des liens effectifs pour tenter d’atténuer les effets de la crise, de la pression des deux superpuissances… les pays européens, même s’ils conservent leurs ambitions impérialistes sont obligés de consentir aux pays du Tiers-Monde des concessions qui les renforcent.

    Poser la question à qui profite ces accords, c’est y répondre quand on souligne qu’il s’agit d’accords entre une force qui décline, qui est assaillie de difficultés de toute part, et une force qui s’accroît, se développe remportant des victoires importantes. De tels accords sont ainsi positifs à deux points de vue : parce qu’ils renforcent le Tiers-Monde, parce qu’ils renforcent l’isolement des deux superpuissances.

    Ainsi on le voit la politique extérieure de la Chine contribue largement à l’essor de la révolution mondiale, renforce le camp de la Révolution, affaiblit le camp de l’impérialisme contribue à renforcer la vigilance des peuples et des pays face au danger de guerre mondiale. Toute la politique extérieure chinoise contribue à l’aiguisement de la contradiction principale dans le monde entre l’impérialisme et le social impérialisme d’une part, et tous les peuples du monde d’autre part. Notre Parti soutient activement cette politique et appelle tous les travailleurs de notre pays à recevoir chaleureusement le Vice-Premier Ministre de la République Populaire de Chine.

    Notre peuple saura apporter sa contribution la révolution mondiale en résolvant la contradiction auquel il est directement confronté, la contradiction bourgeoisie-prolétariat.

    Il saura tirer profit de la situation particulière de l’impérialisme français, impérialisme secondaire, pour aiguiser sa crise politique et développer son activité révolutionnaire dans le but de prendre pouvoir. Il saura renforcer sa vigilance contre Ie danger de guerre mondiale que font courir le deux superpuissances et sera prêt à prendre la tête de la lutte pour l’indépendance nationale, si l’une ou l’autre des deux superpuissance agresse notre pays. Il saura s’unir aux forces révolutionnaires dans le monde pour infliger des coups sévères au camp impérialiste.

    VIVE L’AMITIÉ DES PEUPLES CHINOIS ET FRANÇAIS

    VIVE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE MONDIALE

    VIVE LA LUTTE POUR LA RÉVOLUTION EN FRANCE

    A BAS LES DEUX SUPERPUISSANCES

    * Les principes léninistes de la coexistence pacifique entre les pays à système sociaux différents :

    – respect mutuel de l’intégralité territoriale et de souveraineté
    – non agression mutuelle
    – non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures égalité et avantages réciproques
    – coexistence pacifique.

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  • Le 21e congrès du PCF, une voie sans issue (1975)

    [Publié dans Révolution Prolétarienne du 2 janvier 1975.]

    Au lendemain de l’élection de Giscard d’Estaing le 19 mai 74, les dirigeants du parti révisionniste affichaient leur satisfaction: jamais, selon eux, la « gauche unie » n’avait réuni un bloc de voix aussi important, frôlant de peu la majorité absolue.

    Ce n’était certainement pas le sentiment des travailleurs qui avaient voté Mitterrand sans enthousiasme, sans grandes illusions, simplement parce qu’ils ne voulaient plus voir les mêmes politiciens au gouvernement, et notamment Giscard, parce que, pensaient-ils, de toute manière, ça ne pourrait être pire qu’auparavant avec Mitterrand.

    Pour eux, l’élection de Giscard signifiait qu’en principe, dans le cadre électoral, pendant 7 ans ils ne pouvaient s’attendre à aucun changement significatif si ce n’est à l’aggravation de leurs conditions de vie.

    Déception d’autant plus grande que le parti révisionniste avait laissé entendre que les meilleures conditions étaient réunies pour une victoire électorale de la « gauche ».

    Et dans une large mesure, c’était vrai: « l’union de la gauche » présentée par le P »C »F depuis des années comme la panacée, réclamée, attendue, préparée, avait enfin abouti au « programme commun » deux ans à peine plus tôt. Elle conservait donc encore un certain pouvoir d’illusions malgré les législatives de 1973, une certaine « dynamique ».

    D’autre part, il ne s’agissait plus d’élections législatives où les découpages et les modes de scrutin électoraux déforment le score réel des différents partis bourgeois, mais d’élections présidentielles où la « gauche » et la droite peuvent se compter voix par voix, à l’échelon du pays. Enfin, lors de ces élections provoquées par la mort de Pompidou, les candidats officiels de la bourgeoisie apparaissaient au premier tour divisés face à un candidat unique de la « gauche ».

    Pour offrir, malgré cet échec particulièrement sensible, une perspective crédible, la direction du P »C »F, Marchais en tête, se lançait dans une sorte de fuite en avant vers un réformisme et un électoralisme encore plus ouverts et avoués qu’auparavant.

    L’échec électoral est expliqué ainsi: il n’y a pas eu de majorité électorale pour la  » gauche  » dans la mesure où la « gauche » semblait encore trop vouloir « passer à la construction d’une société socialiste ».

    La conclusion est; elle aussi, claire: il faut carrément abandonner, même à titre d’horizon lointain, l’idée de socialisme et gagner de nouveaux électeurs en leur précisant bien qu’il ne s’agît absolument pas de changer de société, que le programme commun ne touche en rien au système capitaliste et ne débouche pas obligatoirement du tout sur le socialisme.

    C’est le sens du nouveau slogan « Union du peuple de France pour le changement démocratique ». Le 21° congrès extraordinaire, convoqué pour fin octobre 74, devait normalement ratifier cette orientation. C’est ce que Marchais a expliqué avec beaucoup de cynisme et de sans gêne à deux journalistes bourgeois.

    Harris et Sédouy, quelques jours seulement après le Comité Central de juin: « Qu’est-ce que je leur ai dit, aux camarades, à ce Comité Central ? …. Je leur ai dit ceci: (…) nous sommes un grand Parti: 400.000 membres; 21.000 cellules, etc. Mais malgré cela, nous sommes incapables de réaliser tous seuls les transformations que nous souhaitons.

    Se pose donc le problème de savoir avec qui s’allier… En l’occurrence, le Parti Socialiste et les radicaux de gauche… Résultats aux présidentielles: 49,2% des voix: 13 millions d’électeurs ont voté pour nous… On peut se féliciter… Mais on n’a toujours pas la majorité…

    Et même, franchirions nous la barre avec 50,02% que ce serait pour nous encore insuffisant, cette majorité formelle… Il nous faut un courant qui rassemble beaucoup plus de monde, si nous voulons réussir l’expérience que nous proposons.

    Déjà, à bien regarder les résultats, on s’aperçoit que nous mêmes, mais surtout le Parti Socialiste, n’avons pas fait le plein au premier tour. (…) Bref, au second tour, l’alliance de la gauche a fait le plein des voix sur lesquelles elle pouvait compter.

    Alors ? Alors j’ai dit aussi cela au Comité Central et je le redis dans le Parti, partout où je vais: que cela nous plaise ou non, il n’y a pas aujourd’hui en France de majorité qui souhaite « passer à la construction d’une société socialiste »… Je dis aux militants: si nous nous battons sur ce mot d’ordre, vous allez fêter le 100° et même le 150° anniversaire du Parti dans l’opposition… Vous et vos enfants… et la bourgeoisie continuera de diriger le pays…

    Il ne faut donc pas que le programme de transformations que nous proposons aux Français soit tellement avancé qu’il entraîne un phénomène de rejet chez des gens que nous pouvons gagner. (…)

    D’ailleurs, on ne changera pas de société puisque, de sociétés, il n’y en a que deux : capitaliste ou socialiste. Mais on changera des choses qu’il est indispensable de changer avant d’aller plus loin. Ceux qui croient au « grand soir », à la révolution, se font des illusions, dans un pays développé comme le nôtre. (…)

    – Le programme commun, vous y tenez toujours autant ?

    Du point de vue de son contenu fondamental, oui. Mais évidemment, il faudra lui faire subir des adaptations conjoncturelles. C’est l’évidence… Surtout si la prochaine échéance électorale est dans deux ou quatre ans.

     – Et si des élections ont lieu dans 6 mois ? 

    Nous ferons aussi des adaptations conjoncturelles du programme commun. (…) Si nous nous assignons comme objectif premier de COMMENCER la transformation socialiste, si c’est cela notre mot d’ordre, ce n’est pas 13 millions de voix que nous aurons, c’est 10… Il faut tout de même se décider à voir les gens comme ils sont, et pas comme on voudrait qu’ils soient… » (Harris et Sédouy P 428-429).

    De fait, toute la préparation du congrès a été axée sur l’abandon du mot d’ordre de socialisme. Marchais déclarant au lendemain du CC: « II ne s’agit pas de socialisme, pas non plus du commencement de la construction du socialisme. Il s’agit de réformes démocratiques ». Et au CC: « la majorité de notre peuple n’est pas disposée à passer au socialisme ».

    Voilà qui tranche avec les formules employées encore par Waldeck Rochet, au lendemain de mai 68 : « Le socialisme se trouve à l’ordre du jour, en France comme partout dans le monde… La classe ouvrière, la majorité du peuple doivent être conquises à l’idée et à la pratique d’une transformation socialiste de la société ». (Manifeste de Champigny).

    A partir de là, à partir de cet abandon avoué de l’objectif du socialisme, la direction du P »C »F espérait élargir au maximum ses bases électorales, les étendre à tout un électorat réactionnaire : « Aujourd’hui, est-ce au socialisme que nous voulons gagner la masse de ceux qui n’ont pas encore rejoint le combat pour des objectifs simplement démocratiques ?

    Non, c’est à ces objectifs démocratiques que nous voulons les gagner ». A partir du moment où disparaît même l’idée d’un passage au socialisme, le rassemblement essentiellement électoral autour d’ »un changement réel » pouvait en effet englober à peu près toutes les classes sociales: « Fixons-nous une limite à ce rassemblement ?

    Notre réponse est catégorique: Non, aucune limite, à l’exception de la poignée de féodaux des grandes affaires et de leurs commis politiques. »

    Le P »C »F a alors particulièrement en vue ce qui reste de l’électorat gaulliste. Après la défaite de Chaban, Marchais ne s’en cache pas et fait, à la télévision même, des avances publiques à Sanguinetti, dès, qu’est acquise l’élection de Giscard.

    Il souligne dans son rapport au CC: « Je le dis en pesant mes mots: nous tenons le rapprochement avec les travailleurs et patriotes gaullistes comme une des questions déterminantes de la réalisation de l’union du peuple français qui est notre objectif ».

    Ainsi, des politiciens gaullistes comme Charbonnel, traité quelques mois auparavant de fasciste parce qu’il menaçait certains fonctionnaires de sanctions, se verraient félicités et encouragés dans leur opposition à Giscard d’Estaing. Ainsi aura lieu une rencontre officielle entre des responsables de la J »C » et ceux de l’UJP, sorte d’antichambre de l’UDR réservée aux plus jeunes et dont certains servaient de force d’appoint aux nervis des SAC.

    L’autre perspective d’alliance sur laquelle le P « C »F insiste particulièrement, ce sont  » les petits et moyens entrepreneurs »: « atteints par les mesures de concentration du capital, ils s’interrogent sur leur avenir. Ils peuvent mesurer combien -loin d’être opposés à l’amélioration des conditions de leurs salaires – leurs intérêts leur commandent d’agir avec l’ensemble des forces populaires, pour les changements démocratiques ».

    A la rentrée de septembre 1974, lors de la fermeture de plusieurs petites entreprises, le P »C »F chercha, localement, mais sans succès, à affirmer, sur le terrain, cette possibilité vraiment nouvelle d’alliance entre patrons et ouvriers…

    Ce qui se dessine alors, ce qui est encouragé c’est la généralisation d’une euphorie réformiste diluant toute référence à des positions de classe, débouchant ouvertement sur la collaboration de classes.

    A titre d’exemple, cette déclaration, parmi d’autres, d’un membre du P »C »F, publiée dans la « Tribune de discussion » avant le 21° congrès: « Alors, est ce que ce but n’est pas apte à rallier les chrétiens, les UDR, les séminaristes, les cadres supérieurs, le voisin de palier. J’en passe et des meilleurs…

    Je pense donc que nous pouvons, sans arrière pensée, être fiers de la pureté de nos buts, tendre la main à l’électeur de droite, à des hommes politiques de droite en sachant qu’ils acceptent de s’associer à cette tâche.

    Car ils sont, comme nous, témoins de la crise matérielle, économique et morale qui envahit la France: pornographie, érotisme, drogue, injustice, chômage… ».

    Désormais, l’application du programme commun par un gouvernement de gauche n’est plus présentée comme une étape transitoire, un moyen indispensable pour passer au socialisme. Au contraire, le CC souligne: « la démocratie que nous voulons n’est pas conçue comme un moyen pour aller plus loin. »

    Et la « Tribune de discussion » renchérit:

    « II ne me semble pas juste de dire qu’au bout de la législature, le peuple décidera démocratiquement de poursuivre ou non vers le socialisme. Nous affirmons que le choix sera plus étendu:
    – poursuivre sur la base du programme commun
    – choisir un autre gouvernement, de droite
    – faire un nouveau pas vers plus de bien être, de démocratie, de liberté… oui, peut-être, pourquoi pas ? … poser en commun les bases du socialisme… »

    La nouveauté de l’affaire, c’est de faire figurer le passage au socialisme comme une possibilité bien improbable, le plus certain étant la prolongation indéterminée du système capitaliste avec un gouvernement de « gauche »… ou de droite !

    Voilà qui est fait pour réconforter et rassurer une frange de l’électoral réactionnaire, mais qui n’offre plus aucune perspective, même en trompe l’œil, à la masse des travailleurs qui aspirent à des changements profonds.

    Pour faire passer cette orientation, la direction entend accélérer la transformation du Parti. Quand elle parle de le renforcer il s’agit d’y faire rentrer en nombre des éléments réformistes ou réactionnaires carrément hostiles à l’idée de socialisme: « Je ne pense ni erroné, ni inutile de déclarer que peuvent être membres du Parti des gens qui ne souhaiteraient pas le passage au socialisme » déclare dans la « Tribune de discussion » officielle, un révisionniste de Paris.

    Et quand Plissonnier parle « d’en profiter pour promouvoir une nouvelle génération de dirigeants à tous les échelons », il s’agit d’accélérer ce qui est très sensible, notamment depuis 1968, la promotion aux postes de responsabilités de techniciens, cadres, enseignants attirés par le réformisme accentué du P »C »F et par l’espoir d’y faire rapidement carrière.

    Mais cette transformation plus ouverte du P »C »F en un parti réformiste, bourgeois dans son fond, basé sur la collaboration de classes, de multiples indices montrent, dans le cours même de la préparation du congrès, que la direction du P »C »F rencontre des résistances pour la faire accepter.

    La « Tribune de discussion » ouverte avant le congrès dans « L’Humanité », destinée, il est vrai, à offrir une image « démocratique » du parti révisionniste, se consacre essentiellement, et ce n’est pas un hasard, à vaincre un certain nombre de résistances, même si ces résistances surtout dans ce cadre, s’expriment de façon souvent confuse.

    Une grande partie de la « Tribune » consistera à multiplier les contre-attaques face à un avocat du diable – un certain Sterdyniak – à qui est laissée, en début de campagne, la possibilité d’exprimer son opposition sur deux points clés:

    1°) d’une part la question du socialisme:
    « même actuellement, on ne peut se contenter de dire: « la majorité de notre peuple ne veut pas du socialisme » et de ranger le socialisme dans notre placard en attendant des jours meilleurs; de dire « rassurez-vous ! le programme commun, ce n’est pas le socialisme, comme si le socialisme était un repoussoir ».

    2°) d’autre part la question du recrutement dans le parti révisionniste:
    « il me parait erroné et inutile de déclarer que peuvent être membres du PCF des gens qui ne souhaiteraient pas le passage au socialisme ».

    Par ailleurs, le thème de l’alliance avec les PME, thème qui a les plus grandes difficultés à obtenir dans les entreprises un minimum d’écho auprès des travailleurs, même influencés par le P »C »F, suscite dans le cours de la « Tribune », un malaise persistant: « II est difficile… de convaincre les petits patrons et leurs salariés qu’ils sont ensemble victimes de la politique des grands monopoles en se contentant de l’affirmer ».

    A quoi il est apporté des réponses qui se veulent rassurantes mais qui restent floues, et pour cause, et très peu convaincantes, du type: « Notre juste souci de gagner les propriétaires des PME à l’union du peuple de France, l’assurance du maintien de leur existence et de leur activité donnée par le programme commun, ne peuvent en aucun cas nous amener à céder en quoi que ce soit sur les revendications de ces travailleurs » déclare Poperen, membre du BP du P »C »F. Patrons et travailleurs de PME auraient des « intérêts convergents et non toujours identiques »!

    Alors que des millions d’ouvriers savent, par expérience, que les patrons des PME, face aux difficultés économiques, aux restrictions de crédit, recourent toujours au blocage des salaires, à l’accélération des cadences, au chômage partiel, aux licenciements, et comme en particulier dans le bâtiment, à la fermeture pure et simple. Quant à l’alliance avec les gaullistes, elle ne suscite pas apparemment de remise en cause nette.

    Toutefois, nombre de « contributions » reviennent dessus, et dès qu’elles essaient de sortir des considérations générales sur l’indépendance nationale, et de devenir plus concrètes, elles offrent, en clair, la perspective, inquiétante pour des travailleurs tant soit peu attachés au socialisme, de collaboration avec des éléments foncièrement anticommunistes.

    Ainsi ce témoignage d’un révisionniste qui avait fait ses études dans une école militaire de 58 à 66, où prédominaient des officiers gaullistes et anti-communistes: « dès cette époque, à la faveur de rencontres sportives mettant en contact des cadres sportifs adhérant au PCF et des cadres sportifs militaires, des discussions passionnées étaient engagées…

    Ces contacts se sont d’ailleurs mués parfois en amitié: tel sous-officier, responsable des sports, aux propos anti-communistes, qui la retraite venue, se fit une joie d’offrir ses services à un club d’athlétisme d’une municipalité communiste ». Voilà qui en dit long en tout cas sur la politique et le personnel sportif des municipalités révisionnistes…

    Quelques semaines à peine avant le congrès, le climat et les objectifs mêmes du congrès se modifient brusquement. Jusqu’alors ce qui était mis au premier plan, c’était: « l’union du peuple de France, la main tendue aux gaullistes et aux PME, et à tous…. à l’exception d’une poignée de féodaux », « les changements limités du programme commun… qui ne sont pas conçus comme un moyen d’aller plus loin », « le socialisme n’est pas à l’ordre du jour ». C’étaient les thèmes centraux des réunions de cellules « à cœur ouvert » organisées au mois de juillet.

    Désormais, les responsables du P »C »F, dans les conférences fédérales, les réunions « plein-phare » mettent au contraire en avant une nouvelle batterie de mots d’ordre: « renforcement du Parti », « le PCF parti d’avant garde de la classe ouvrière », « le PCF seul garant de l’application du programme commun de la gauche »…, « le renforcement du PCF, condition du maintien de l’union de la gauche »…

    Dans le même temps, les remontrances aux « alliés », le PS et les radicaux de gauche, ne tarissent pas, ils sont quotidiennement accusés de « faire objectivement le jeu du grand capital », « d’être tentés de renouer avec leur passé de collaboration de classes », d’exercer « un chantage sur le PCF ».

    La raison apparente immédiate de ce revirement, ce sont les résultats des élections législatives partielles de septembre: les révisionnistes y ont perdu des voix et n’ont obtenu aucun siège.

    Alors que radicaux de gauche et socialistes progressaient au détriment de l’UDR, mais aussi du P »C »F et obtenaient plusieurs sièges. Si cet échec électoral, réel mais limité, a pu être l’occasion d’un tel revirement, c’est qu’il pouvait servir d’aliment et d’argument à toutes les résistances plus ou moins clairement exprimées à « l’union du peuple de France » telles qu’elles se manifestaient à l’intérieur du P »C »F.

    Cet échec électoral ravivait de façon aiguë toutes les méfiances latentes, au sein du P »C »F vis-à-vis de la solidarité de l’union de la gauche, la confiance qui pouvait être accordée au PS et à Mitterrand. En clair, deux questions, même si elles ne sont pas explicitement formulées, viennent à l’ordre du jour.

    à qui profite l’union de la gauche ?

    L’échec électoral de Septembre révèle crûment que le P.S. est, de loin, le plus gros bénéficiaire de l’opération.

    Réduit à 5% de l’électorat en 1969, lors de l’élection présidentielle, la vieille social-démocratie pourrie, discréditée va se donner un nouveau visage « de gauche », grâce principalement au P »C »F qui a répété depuis plusieurs années que le P.S. avait changé de nature, qu’il était l’ornière de la collaboration de classe, etc…

    Que Mitterrand n’avait plus rien à voir avec l’anticommuniste des années 50 etc … Ainsi remis en selle, le P.S. rénové a reconquis une base électorale et, maintenant, de ce point de vue, dépasse le P »C »F.

    Or pour supplanter le P »C »F, le P.S. joue sur deux tableaux:

    – en tant que vieux parti bourgeois qui inspire entière confiance à la bourgeoisie, qui a su, depuis longtemps, la servir avec zèle (répression des mineurs en 1948, guerre d’Algérie avec Guy Mollet) et qui conserve son réseau de notables réactionnaires, il est en mesure de rassembler toute un électoral bourgeois, petit bourgeois, réactionnaire qui, par de vieux réflexes, se méfie encore du P »C »F.

    Il cultive la peur du P »C »F parmi toute une partie de l’électorat qui persiste à voir dans ce parti des velléités révolutionnaires ou craignent l’instauration d’une dictature terroriste semblable aux nouveaux tsars du Kremlin. Il se présente ainsi comme le meilleur garant de la démocratie bourgeoise, jouant à l’occasion sur ses liaisons maintenues officiellement dans de nombreuses municipalités.

    – d’un autre côté, le P.S. se pose en parti « plus à gauche » que le P »C »F, s’offrant le luxe de parler de socialisme, au moment où le P »C »F met ce mot d’ordre au placard ; par le biais de la C.F.D.T. et des « Assises » , en maniant démagogiquement une phraséologie révolutionnaire et des thèmes comme l’autogestion, le P.S. est en mesure de récupérer des travailleurs qui s’écartent du P »C »F parce qu’ils constatent son évolution toujours plus franche avec le réformisme.  

    où veut en venir le ps ?

    A partir de là, une seconde question se pose à nombre de militants du P »C »F: OU VEUT EN VENIR LE P.S.?

    Tout indique que le P.S., disposant d’une influence électorale plus large que celle du P »C »F et de Mitterrand, propulsé par deux fois comme vedette, lors des présidentielles, avec l’aide du P »C »F, tout indique que le P.S. a désormais les moyens de jouer le rôle de « parti charnière », et, une fois au gouvernement, de rester maître du jeu, libre de maintenir ou de rompre son alliance avec le P »C »F en fonction d’intérêts de la bourgeoisie.

    Dès Août 74, Lecanuet appelait les socialistes à se séparer du P »C »F, à rejoindre les centristes et se déclarait déjà prêt à les accueillir…

    Comment nombre de militants du P »C »F n’auraient-ils pas senti durant la campagne présidentielle que, tandis qu’ils servaient de colleurs et de diffuseurs pour le premier secrétaire du P.S., Mitterrand, lui, entouré d’un état-major d’où était exclu tout représentant du P »C »F, menait une campagne sur un programme « personnel » passant pratiquement sous silence le programme commun ? Comment ne pas se souvenir de 1947, de l’expulsion par les socialistes des ministres P »C »F du gouvernement ?

    En ravivant les inquiétudes latentes: à qui profite l’Union de la Gauche ? Le P.S. se prépare-t-il à rompre l’alliance à son profit ?

    L’échec électoral de Septembre en soulève d’autres, étroitement liées : A quoi bon aller de concession en concession, d’ouverture en ouverture, sous prétexte d’obtenir l’alliance des socialistes, si tout cela n’aboutit qu’à affaiblir électoralement le P »C »F, renflouer le P.S. et lui donner la possibilité de rejeter, le moment venu, après l’avoir utilisé comme marche-pied, le P »C »F dans l’isolement ?

    A quoi bon faire un pas de plus sur cette voie en tendant la main aux P.M.E. et aux gaullistes, en enterrant l’objectif du socialisme ?

    Pour couper court à toute une série de questions qui pouvaient surgir et se développer à la suite de cet échec électoral et dans le cadre des discussions avant le Congrès, le P »C »F a choisi alors de dire tout haut, d’écrire publiquement ce qui, jusqu’à présent faisait l’objet d’explications officieuses, de bouche à oreille vis-à-vis des travailleurs récalcitrants.

    Jusqu’à présent tandis que (‘ »Humanité » affirmait quotidiennement « la gauche unie progresse », « le P.S. a changé de nature », on rassurait les militants inquiets en leur disant: « il faut faire patte de velours pour obtenir la majorité, mais une fois au gouvernement, Mitterrand, on le tiendra, les petits patrons subiront notre loi… le P »C »F a prévu tout cela et il est le plus fort. »

    Ainsi le XXIème Congrès, qui aura du consacrer euphoriquement « l’Union du Peuple de France » a été contraint de se transformer en un congrès défensif où se sont multipliées les interventions de dirigeants notamment, pour rassurer les militants sur le mode: oui nous sommes le parti de la classe ouvrière, le Parti révolutionnaire de l’Union de la gauche, oui nous resterons vigilants, nous ne permettrons pas que le P.S. retombe dans la collaboration de classe, oui nous exigerons l’application intégrale du Programme Commun etc…

    C’est la première fois qu’un Congrès du P »C »F se tient dans ces conditions. Certes l’orientation d’ensemble a été de fait adoptée. Les amendements adoptés, assez nombreux, tout en servant à améliorer la façade démocratique, ne représentent que des concessions formelles, et visent effectivement à rassurer les militants inquiets.

    D’une part, « les réformes profondes » y sont plus nettement rattachés au projet de « socialisme aux couleurs de la France », avec un rappel du « manifeste de Champigny »; d’autre part une mise en garde contre les dangers d’infidélité qui pèsent sur les partenaires du P »C »F a été incorporé au texte primitif; enfin, toute une partie a été rajoutée dans le paragraphe sur le Parti, pour souligner « le PCF est le grand parti révolutionnaire de notre temps. Il lutte pour le socialisme ».

    Mais l’orientation définie par le Comité Central de Juin n’est pas modifiée dans le fond : il faut aboutir à des « réformes profondes  » sur la base des « orientations fondamentales » du Programme Commun.

    Quant au programme lui-même: d’une part des dispositions conjoncturelles devront être revues, le moment venu, d’autre part « il pourra s’enrichir de convergences nouvelles dégagées par les partis signataires, des idées positives soumises par les forces qui s’associent à l’union ».

    La main reste tendue, bien sûr, aux centristes, aux gaullistes, aux petits et moyens patrons; et l’horizon du socialisme est évoqué plus souvent, la résolution souligne en conclusion: « Aujourd’hui… le P »C »F consacre toute son énergie au rassemblement des forces capables de réaliser les changements démocratiques nécessaires. » Depuis le Congrès de Vitry, le mot d’ordre de l’ »Union du Peuple de France » est passé au second plan, le P »C »F n’a pas cessé de mettre en avant la mise en garde et les griefs vis-à-vis du Parti socialiste.

    Si le P »C »F met sur la place publique des griefs contre le P.S., qui circulaient dans ses rangs, c’est qu’il a de plus en plus de mal à répondre aux militants réticents connus par le passé, avec des arguments du type: « de toute façon, nous sommes les plus forts ». L’expansion et les ambitions du P.S. enlèvent de plus en plus toute solidité à ce genre d’argumentation machiavélique.

    Et dans le même temps, les attaques publiques contre le P.S. apparaissant tardivement, sont peu crédibles et ne peuvent guère rassurer les militants inquiets.

    Car elles portent sur des points que Marchais le premier avait semble-t-il admis il y a peu de temps, pour conclure le programme commun ou pour propulser Mitterrand aux présidentielles.

    > Accuser maintenant le P.S. de vouloir se renforcer au détriment du P »C »F, qu’est ce que cela veut dire ? Il n’y a rien de nouveau. Mitterrand ne s’en est jamais caché, du moins auprès de ses « collègues socialistes européens »: « notre objectif fondamental, c’est de faire la démonstration que sur 5 millions d’électeurs communistes, 3 millions peuvent voter socialiste » déclarait-il le lendemain même de la signature du Programme Commun.

    > Accuser maintenant le P.S. de s’allier à des partis bourgeois de « droite » pour gérer des municipalités, qu’y a t-il de nouveau ? La chose n’a nullement empêché la conclusion du programme commun. Et le P.S. ne s’est jamais engagé, pour, autant, à rompre ces alliances municipales.

    > Accuser maintenant le P.S. d’être prêt à prendre la tête d’un gouvernement, Giscard restant président de la république, c’est avoir la mémoire bien courte. Lors des législatives de Mars 1973, Marchais avait clairement laissé entendre que la « gauche » était prête en cas de victoire électorale au Parlement, à prendre en mains les rênes du gouvernement, Pompidou restant président de la république.’

    > Accuser maintenant le P.S. d’oublier le programme commun, c’est oublier un peu vite que le P »C »F a soutenu, sans broncher, la campagne présidentielle de Mitterrand qui, avec son programme « personnel », ne se gênait pas pour prendre les plus grandes libertés vis-à-vis, du programme commun et le reléguer dans l’ombre.

    > Accuser le P.S. de vouloir simplement « gérer la crise du capitalisme » au détriment des travailleurs, c’est s’apercevoir, un peu tard, que le programme économique de Mitterrand n’avait pas d’autre but, c’est oublier que le P »C »F n’avait trouvé, alors, rien « à y redire ».

    > Comment faire croire que le P »C »F est plus révolutionnaire que le P.S. parce qu’il réclamait davantage de nationalisations, alors que Marchais déclarait lui-même à Maire et Séguy, au lendemain du C.C. de Juin: « ceux qui croient à la révolution se font des illusions ».

    En envoyant publiquement quelques attaques au P.S., en reprenant celles qui se murmurent depuis longtemps à l’intérieur du P »C »F, en tentant de se présenter comme le parti révolutionnaire de l’union de la gauche, le P »C »F cherche à étouffer les contradictions qui se développent dans ses rangs et autour de lui. Mais comment prendre au sérieux ces attaques, puisqu’elles s’en prennent à des faits et à des positions admises et acceptées depuis longtemps par le P »C »F, au nom de l’Union.

    Et surtout comment peuvent- elles satisfaire les travailleurs qui s’interrogent puisqu’elles laissent intacte la ligne révisionniste: alliance électorale avec les partis de gauche, venue au pouvoir par le biais des élections, maintien intégral du programme commun et des propositions d’alliance avec les gaullistes, les petits et moyens patrons.

    Ce n’est pas en se demandant très fort, et avec des arguments qui se retournent contre le P »C »F, si le P.S. ne pratique pas la collaboration de classe, qu’il est possible de répondre à des travailleurs qui mettent en doute le P »C »F lui-même, sa ligne d’ensemble, sa capacité même à jouer encore un rôle révolutionnaire en France.

    Ainsi le P »C »F est de plus en plus pris dans l’étau de ses contradictions, s’enfonce de plus en plus dans la logique irréversible de sa dégénérescence révisionniste. Pour détourner les travailleurs de la voie révolutionnaire, de la voie de la destruction de l’Etat bourgeois, le P »C »F, depuis près de 20 ans, a propagé la thèse du passage pacifique au socialisme, par le biais des élections et donc au moyen d’alliances électorales.

    Pour que la thèse révisionniste acquière une certaine crédibilité, le P »C »F a été nécessairement amené à essayer d’élargir sa base électorale propre, c’est à dire à multiplier ouvertement, à l’adresse de l’électorat bourgeois, petit bourgeois ou réactionnaire, les preuves qu’il n’y a plus rien à craindre de lui, qu’il a bel et bien abandonné toute velléité révolutionnaire.

    D’autre part, pour que l’idée de « l’union de la gauche » se matérialise, pour que la vieille social-démocratie accepte de s’allier à lui, et le considère comme un partenaire acceptable pour la bourgeoisie, capable de gérer le capitalisme, le P »C »F a été également amené à accentuer franchement son orientation réformiste, bourgeoise, à multiplier les concessions et à les matérialiser dans le programme commun.

    Cette fuite en avant vers un réformisme avoué, se distinguant de moins en moins de la social-démocratie est une nécessité inéluctable pour le P »C »F. Il n’a pas d’autre choix.

    Et dans toutes ses attaques actuelles contre le P.S., le P »C »F prend bien soin de souligner qu’il n’envisage aucunement la rupture de l’alliance avec le P.S.

    Il lui est impossible de prendre l’initiative de remettre en cause l’alliance avec le parti socialiste, présentée pendant des années comme le seul débouché politique possible à la classe ouvrière: ce serait bouleverser tout le système d’illusions pacifistes, électoralistes, qu’il a déployé depuis des années.

    Mais en même temps, le parti révisionniste, en tant que parti bourgeois, n’a de raison d’être dans le système politique bourgeois, et donc de chance de parvenir à maintenir son influence sur les travailleurs, que s’il parvient à prolonger l’illusion qu’il lutte pour des changements véritables, pour la disparition du capitalisme.

    C’est donc au moment où les aspirations révolutionnaires des masses prennent un nouvel essor que le P »C »F est amené, pour matérialiser et rendre crédible son projet de passage pacifique au socialisme, à conclure enfin l’alliance avec le parti socialiste et par conséquent à accélérer sa fuite en avant vers un réformisme des plus avoué.

    Pour répondre à sa manière, aux aspirations révolutionnaires des masses, il n’a, on le voit dans toute une série de luttes revendicatives, ainsi d’autre choix que d’aggraver ses contradictions avec les masses.

    On voit en particulier dans toutes les luttes de plus en plus nombreuses, qui, au-delà des revendications immédiates, mettent en cause l’organisation capitaliste de la vie et du travail, et posent, de façon plus ou moins nette, la question d’une autre société, socialiste, à construire. Dans toutes ces luttes, le P »C »F se révèle incapable de prendre en compte les aspirations des travailleurs.

    Quand les hauts-fournistes d’Usinor accusent le capitalisme qui assassine les ouvriers et envisagent une organisation du travail qui mettent en premier plan la vie et la santé de l’ouvrier, le révisionnisme s’oppose catégoriquement à eux et propose seulement de perpétuer la férocité de l’exploitation par une prime de sécurité.

    Face à la révolte profonde des mineurs de Liévin, victimes depuis des dizaines d’années de la politique énergétique délibérée de l’impérialisme français, le P »C »F ne peut que chercher à l’étouffer par ce chantage: « si vous allez trop loin, les Houillères vont fermer encore plus vite ».

    Le salaire au rendement ? Il n’en est pas question dans le programme commun. L’augmentation uniforme ? La préservation de la hiérarchie est un des dogmes du programme commun. Un salaire minimum décent ?

    Malgré la grande lutte des postiers qui réclamaient notamment 1700 Frs et d’autres luttes encore, la C.G.T., impose quand elle peut, la revendication du salaire minimum à 1500 Frs. Les petites boites qui ferment ? Au nom de « l’union du peuple de France », le P »C »F appelle les ouvriers à trouver les moyens de s’unir avec les patrons qui licencient…

    Et lorsque, comme à Lip, les travailleurs exigent jusqu’au bout la satisfaction de leurs revendications, alors les propositions révisionnistes sont amenées à se démasquer crûment comme auxiliaires de la bourgeoisie et à être massivement rejetées.

    Ce que révèle la querelle ce sont les contradictions qui se font jour et qui s’aiguisent au sein du P »C »F.

    Et ces contradictions ne sont elles-mêmes que le reflet des contradictions croissantes qui opposent le P »C »F aux masses, même s’il les influence encore, à leurs aspirations révolutionnaires. La vie le prouve: de plus en plus nombreux des militants ouvriers, membres du P »C »F ou influencés par lui, parce qu’ils se posent de nombreuses questions, rejetant les calomnies révisionnistes, engagent la discussion avec notre Parti, s’associent à nos actions et souvent demandent à adhérer.

    Malgré son apparente force numérique, financière, électorale, le P »C »F est profondément miné par la contradiction entre sa politique de plus en plus ouvertement réformiste et la montée des aspirations révolutionnaires des masses. La possibilité est ouverte de décomposer à terme, d’éliminer le parti révisionniste.

    Nombre de ses militants et de travailleurs qu’il influence encore sont prêts dès maintenant si on sait les mobiliser, à venir renforcer le Parti authentiquement communiste, large, auquel ils aspirent et que nous sommes en train de construire.   

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  • La mort de Gilbert Mury (1975)

    [Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

    Le 16 mai 1975, le camarade Gilbert Mury est mort. Pour nous, sa vie a une valeur d’exemple. Il appartient, dans sa génération, au petit nombre de ceux qui engagé à 20 ans dans le combat de la Résistance, n’ont jamais abdiqué leur conviction communiste. Jusqu’à sa mort, il a poursuivi le combat pour la révolution.

    « Dire pour quoi je vis, c’est dire pourquoi je me suis battu depuis que j’ai quitté le lit où je traînais d’opération en opération, de plâtre en béquilles, depuis bientôt sept ans. Il était parfaitement clair en ces jours d’octobre-novembre 1940, que les envahisseurs allemands occupaient le sol national et qu’il fallait les en chasser.

    Mais la libération d’un territoire n’est pas nécessairement celle des hommes qui l’habitent. Et l’oppression ne prend pas toujours la forme d’un uniforme ennemi. Alors la lutte a continué. Il est arrivé que le Parti des Fusillés est devenu le parti de M. Marchais… Les combats de la Résistance ont décidé de toute ma vie.

    C’est en définitive pour rester fidèle aux vivants et aux morts de la lutte armée de libération nationale que j’ai choisi la guerre de classe aux côtés du prolétariat. Et si depuis lors, j’ai commis parfois des erreurs graves dans mes analyses politiques, jamais du moins, si dure que fut la bataille engagée par mes camarades, je n’ai oublié la leçon prise dès la fin d’octobre 1940 : ne pas reculer « .

    Dans son combat de résistant, Gilbert a acquis, inébranlablement deux certitudes: le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution et la nécessité de la violence révolutionnaire.

     » Venu au combat de classe par le relais de la guerre de libération nationale, je n’ai jamais pu croire que nous irions au socialisme par la voie pacifique, ni qu’au lendemain d’une victoire militaire, les classes vaincues disparaîtraient sans aucune lutte et sans tenter de reprendre le pouvoir « .

    Au lendemain de la Résistance, il ne cherche pas comme certains à se prévaloir si peu que ce soit de ses titres de Résistant et de dirigeant du  » Mouvement de Libération National « . Intellectuel de formation et de profession, il aspire avant tout, à poursuivre dans les rangs du PCF, le combat au service de la classe ouvrière. Car pour lui, le socialisme n’a rien d’un but abstrait: c’est une réalité vivante, et rattachée par mille liens de solidarité et de classe aux peuples qui déjà le construisent.

     » Lorsqu’à la fin d’octobre 1940, j’ai rejoint les rangs du Parti Communiste, j’ai commencé à découvrir ce que représente pour un militant, l’amour d’un pays qu’il ne connaît pas encore, mais où la révolution monte comme une flamme. Hier l’Union Soviétique, aujourd’hui la Chine.

    Je n’ai jamais vécu ni dans l’une ni dans l’autre. Je n’ai jamais cru que la France de la révolution victorieuse reproduirait mécaniquement, servilement un modèle inventé à l’autre bout de l’Europe ou à l’extrémité de l’Asie. Seulement, il me semble difficile de combattre pour elle sans trouver dans cette bataille, telle qu’elle se déroule sur notre sol, toutes les raisons de chercher à connaître et à vivre le socialisme tel qu’il grandit, même loin de nous « .

    C’est en luttant contre le révisionnisme en France, que Gilbert Mury a appris à aimer, d’une amitié extrêmement forte, le peuple albanais, sa révolution, son Parti.  » Camarade Mury, l’Albanie est votre seconde Patrie  » lui a dit un jour Enver Hoxha.

    Et c’est vrai, il ne parlait jamais de ce pays sans émotion et il est celui qui inlassablement par ses écrits, par son action, en créant en 1972 l’Association des Amitiés Franco-Albanaises, a le plus oeuvré pour faire connaître, comprendre, pour faire aimer l’élan révolutionnaire du peuple albanais.

    Chez lui, l’adhésion aux idées du communisme ne faisait qu’un avec les sentiments de classe qui l’unissaient, au plus profond de lui-même, à la révolte de tous les exploités en lutte, aux combats des peuples contre l’impérialisme. Et c’est là qu’il puise la force et la certitude pour s’opposer courageusement au déferlement du révisionnisme.

    A quoi servaient les calomnies et les injures du XXème Congrès contre Staline ? Il répondait en 66 :  » discréditer le principe même de la dictature du prolétariat, c’est à dire de l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière « .

    Qui soutient la lutte héroïque du peuple vietnamien ? La Chine socialiste unie  » comme les lèvres et les dents  » au peuple vietnamien, selon le mot d’Ho Chi Minh, ou le P »C »F révisionniste qui interdit la diffusion du  » courrier du Vietman « .

    Que devient le P »C »F ? un parti bourgeois qui considère de plus en plus les ouvriers les plus exploités comme une masse de manoeuvres électorales. Les révisionnistes ont beau lui confier d’importantes responsabilités de propagandiste, pour tenter à la fois de se le concilier et de le neutraliser.

    C’est à partir de telles positions de classe que Gilbert Mury se bat au sein du P »C »F jusqu’à ce que la rupture devienne inévitable. Il rejoint alors les premières forces marxistes-léninistes regroupées dans le MCF(ml).

    Portant une grande attention aux luttes ouvrières, il contribue à y mettre en avant la nécessité pour les communistes authentiques d’organiser les couches les plus exploitées de la classe ouvrière, les OS et, notamment les immigrés. Il a le mérite, rejetant tout esprit de chapelle d’engager, sur le terrain politique, la polémique avec l’UJC (ml).

    Si Gilbert n’a pas participé au Congrès de Puyricard, c’est qu’il a finalement douté à l’époque, des conditions dans lesquelles pouvait s’édifier le Parti.

    Mais il est resté un militant et a consacré alors notamment son énergie à lier le mouvement de solidarité pour le peuple palestinien avec la lutte des travailleurs arabes en France. Ce qui lui valut toute sorte d’attaques et de vexations de la part de la bourgeoisie.

    En 1970, Gilbert est à Amann contre le sionisme, contre le racisme, il contribue de toutes ses forces à faire du soutien à la cause palestinienne, un élément indissoluble de la lutte révolutionnaire. Gilbert s’est rapproché de nous à partir du moment où il a pu apprécier la portée de notre rupture avec l’opportunisme, où il a saisi concrètement comment notre Parti se liait à la classe ouvrière. Dès lors, il n’a pas cessé malgré la fatigue, la maladie, de nous apporter une aide précieuse et multiple.

    Il joua un rôle considérable dès 1972 dans la constitution des Comités Indochine Palestine, a participé au Comité de Rédaction de  » Front Rouge « , à la revue  » Octobre « , apportant à la tribune de nombreux meetings, sa force de conviction, son enthousiasme militant.

    Depuis plusieurs mois, il avait accepté de donner des cours à l’Ecole Centrale du Parti : loin de se contenter de transmettre ses connaissances, philosophiques, historiques, il s’efforçait toujours de les repenser, de répondre aux questions, aux besoins, au point de vue des camarades ouvriers.

    Oui, camarade Gilbert, tu étais l’un des nôtres !

    Tu as consacré sans compter jusqu’au dernier souffle ton énergie, ton intelligence, ta force de conviction au service de la révolution, de l’internationalisme prolétarien. Ton courage, ta détermination, tes sentiments de classe, sont un exemple qui nous porte en avant. Ton oeuvre, ton action ne peuvent mourir avec toi : elles se poursuivent déjà dans le combat de notre Parti, dans la lutte révolutionnaire du peuple de France.

    Gilbert Mury a écrit de nombreux ouvrages à caractère militant, sur des questions philosophiques, historiques ou sociologiques.

    Signalons ici ceux qui, dans la dernière période, ont joué et jouent un rôle important dans la propagation des idées du marxisme-léninisme.
    Albanie, terre de l’homme nouveau
    Face au révisionnisme : oeuvres d’Enver Hoxha choisies et préfacées.
    La Révolution Culturelle: recueil de documents précédés d’une importante introduction.
    Le sang ouvrier : Etude sur les accidents du travail aujourd’hui

    Message du bureau politique
    du Parti Communiste
    Révolutionnaire (m.l.)
    à Suzanne MURY

    Camarade,

    La mort de Gilbert nous a profondément affectés. Il compte parmi ceux qui, en France, ont, les premiers, engagé courageusement la lutte contre le révisionnisme, ont défendu et propagé les idées du marxisme-léninisme. Il compte parmi le petit nombre de ceux qui, depuis, n’ont jamais abandonné la bataille, ont toujours cherché, malgré les difficultés, à transformer en force agissante leurs convictions révolutionnaires.

    Gilbert a beaucoup aidé notre Parti: par son expérience, ses capacités de propagandiste, son intelligence, sa force de persuasion. Nous le considérons comme un des nôtres; jusqu’au dernier moment il a fait part au Parti de son énergie révolutionnaire.

    Permets-nous, camarade, de partager avec toi et votre fils, votre douleur.

    Nous conserverons vivante la mémoire de Gilbert, son oeuvre. Elle a fait corps avec la lutte de notre Parti, avec le développement même de la révolution en France.

    Le Bureau Politique du PCR (ml.)

    A tous les camarades et amis de Gilbert Mury

    Vous êtes des combattants marxistes-léninistes. Vous êtes de ceux qui préparent les lendemains où les hommes sauront ce que c’est que d’être un homme.

    J’ai été la compagne pendant plus de 30 ans de Gilbert Mury.

    J’ai participé avec mes moyens, mes défauts et mes qualités à son oeuvre, j’ai essayé de t’aider et de le suivre.

    C’était un homme intègre, c’était un homme de devoir, c’était un militant.

    Il a consacré sa vie, ses loisirs, son temps, sa santé à préparer la venue de cet homme nouveau qu’il avait rencontré en Albanie socialiste. A travers les orages et les difficultés de la vie militante qui a été la sienne, un amour profond nous a toujours liés. Il est resté avec moi jusqu’à la dernière minute.

    Et je vous demande camarades, je vous demande à tous, ceux qui croient en la révolution et en la possibilité d’un homme total, un homme délivré des servitudes du capitalisme et de l’aliénation dans lesquelles on retient le meilleur de lui-même, de reprendre son combat, de reprendre sa lutte et de rester toujours fermes sur les positions qui furent les siennes, à savoir le soutien aux peuples combattants, aux peuples déshérités, aux peuples en lutte.

    Et je vous demande aussi de garder en vous le souvenir de ce que fut pour lui l’oeuvre de Staline, à laquelle il était profondément et fidèlement attaché. C’est avec vous que je lui donne mon dernier message fraternel et mon message d’amour.

    Adieu, mon camarade. 

    Suzanne MURY

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  • Interview du secrétaire national de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

    INTERVIEW DE JEAN FRANÇOIS VITTE, secrétaire national de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire

    FR. : Camarade, tu as été élu lors du congrès constitutif de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire, Secrétaire National de cette organisation. Peux-tu nous expliquer ce que signifie la création de l’UCJR ?

    JFV : La création de notre organisation marque bien sûr l’avancée du Parti marxiste léniniste qui se donne ainsi les moyens d’apporter une réponse correcte aux questions que posent les larges masses de la jeunesse.
        Elle représente également la possibilité à terme, pour la marche vers le socialisme, d’une union plus étroite du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui du prolétariat. Jusqu’à présent en effet, la politique de division entretenue par la bourgeoisie et les révisionnistes, a en partie réussi à empêcher qu’ils ne se rejoignent de façon durable et sur des bases claires. Aujourd’hui, les choses commencent à changer, dans la mesure où l’expérience même des jeunes les amène à souhaiter plus vivement ce rapprochement avec les masses.

    FR. : Quels sont les facteurs favorables à un tel rapprochement ?

    JFV : La situation de crise politique de l’impérialisme français se répercute dans la jeunesse d’une façon extrêmement claire Elle se marque notamment par la recherche spontanée, parfois maladroite, mais chaque fois plus claire, d’une alternative révolutionnaire face aux tentatives de la bourgeoisie et des révisionnistes pour canaliser la révolte des jeunes vers les impasses anarchisantes ou purement électoralistes. De ce point de vue, la lutte entre la voie de la coexistence avec la bourgeoisie, et celle du combat révolutionnaire est facilitée par les échecs répétés de toutes les forces de confusion et de compromis, par le dégoût qu’inspire aux jeunes la perversion trotskiste notamment.

    Ce qui favorise dans la jeunesse une telle situation, c’est évidemment l’évolution, dans un sens favorable à la révolution, des contradictions entre les masses et le révisionnisme. Les jeunes suivent avec attention le développement des luttes ouvrières, l’évolution de la situation dans le monde. La ligne marxiste-léniniste apparaît ainsi comme la seule qui soit capable de rendre compte de l’ensemble de ces phénomènes.

    FR. : Plus précisément quels sont les principes qui guident le travail de l’UCJR ?

    JFV : Ils sont ceux qu’a approuvé notre congrès selon l’indication du camarade Max Cluzot :  » apprendre, créer, organiser « .
    Apprendre, cela veut dire à la fois étudier le marxisme-léninisme qui est le produit théorisé de l’expérience du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière et étudier la situation de la lutte des classes en France et dans le monde.

    Mais cela veut dire surtout apprendre à écouter les masses, construire entre les jeunes et leur organisation communiste des liens d’un type différent, balayer le sectarisme. Comme nous le disons dans notre programme,  » les jeunes communistes ne sont pas des donneurs de leçon « . Ils construisent leur point de vue à partir de l’expérience des masses.

    De nombreux points de ligne sont encore obscurs pour nous : cela nous impose de savoir mener une enquête patiente, un débat soutenu parmi les jeunes, pour pouvoir avancer nos idées avec certitude. Les jeunes en ont assez de ces gens, qui, pour avoir réponse à tout, disent n’importe quoi, n’importe quand « .

    FR. : et créer ?

    JFV : D’immenses perspectives s’ouvrent à nous dans tous les domaines et nous avons encore peu d’expérience. Beaucoup de choses ont été faites avant nous. Ce qu’il faut, c’est s’appuyer sur leurs aspects positifs, révolutionnaires, afin de les généraliser, de les porter à un stade supérieur radicalement nouveau. C’est le cas de la lutte contre l’école, l’armée etc… D’autres domaines sont encore en friche : celui des loisirs communistes, de la résolution des contradictions au sein de la famille, pour ne citer que ces deux là.

    Il nous faudra donc là inventer, créer des formes nouvelles de lutte, à partir de l’énergie des jeunes.
    Ce qui est en cause ici, c’est la construction d’une force large, capable, par l’image qu’elle offre de son propre fonctionnement et par les propositions qu’elle fait, de susciter l’adhésion massive de la jeunesse.

    Notre but n’est pas de faire rentrer les jeunes dans une organisation figée, immuable : pour nous, développer nos forces et élever la qualité de notre travail ne peuvent être envisagés séparément.Enfin, il faut organiser :

    Nous voulons organiser les jeunes, parce que leur mouvement spontané lui-même a exprimé l’exigence d’une force qui sache tracer la voie, au-delà des situations particulières et des jugements partiels, qui puisse tirer d’une année sur l’autre les leçons de l’expérience et de la pratique, qui soit capable de hâter la jonction avec les masses.

    Nous voulons organiser les jeunes pour qu’ils fassent dans la pratique l’expérience de la nécessité de la voie révolutionnaire, de l’idéologie révolutionnaire, pour que leur apprentissage de la lutte politique s’effectue dans les meilleures conditions.

        Sans une force d’avant-garde, consciente, disciplinée, structurée dans la jeunesse, aucun succès n’est possible, les mêmes erreurs se répéteront, les mêmes échecs seront subis.

    FR. : Quel sera le travail de l’UCJR dans les prochains mois ?

    JFV : Nous avons 3 objectifs importants, correspondant à 3 campagnes.

    + Les comités de lutte contre le chômage : Au sein desquels il s’agit d’organiser massivement les jeunes, et notamment les élèves de CET qui vont sortir de l’école, à la fois parce que cela correspond à leurs intérêts et leurs besoins, et parce que cela leur permet dans le cadre de l’unité populaire, de participer aux côtés des ouvriers à la bataille contre le capitalisme.

    + Le stage de loisirs communistes en août : Nous voulons à l’occasion réunir des centaines de participants pour affirmer notre volonté réaliser l’unité révolutionnaire de la jeunesse, pour procéder à des échanges d’expérience, et développer le contact avec les masses et les peuples en lutte.

     Dans ce cadre là, nous verrons comment intensifier la lutte contre le chômage, et l’articuler à la lutte de septembre contre l’école de Haby.

    + Le quotidien communiste : Pour nous, le quotidien sera une arme irremplaçable. Elle fournira aux jeunes de régions différentes les informations sur le combat que nous menons. Elle sera un moyen de faire connaître concrètement la lutte des masses à la jeunesse et de briser par là même les ghettos dans lesquels la bourgeoisie prétend l’enfermer.

    Ce quotidien communiste sera le complément indispensable pour répondre à l’actualité, de notre magazine mensuel  » Au service du peuple  » dont le N°1 est en préparation.

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  • L’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

    [Mai 1975.]

    VIVE LE CONGRES CONSTITUTIF DE L’UNION COMMUNISTE DE LA JEUNESSE REVOLUTIONNAIRE !

    Venus d’une cinquantaine de villes et de régions différentes, des 4 coins de la France, plusieurs centaines de jeunes garçons et filles viennent de tenir le congrès de création de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire.

    La présence à la tribune du Congrès, pendant toute la durée des travaux, d’André Roustan, président du Parti Communiste Révolutionnaire montrait l’importance que notre Parti accorde à la naissance aujourd’hui d’une telle organisation. En guidant la création et le développement des nombreux cercles jeunesse qui étaient représentés à ce Congrès, le PCR a tenu les engagements qu’il avait pris un an plus tôt, au moment de sa création. : œuvrer pour qu’à nouveau la jeunesse communiste s’exprime, pour qu’elle retrouve l’organisation que la politique de scission et de trahison du parti révisionniste a depuis longtemps détruite.

     » Que l’on songe, camarades, qu’il y a six mois il aurait été impossible de réunir ne serait-ce que le 6ème des forces représentées ici, que celles-ci, largement éparpillées ne pouvaient prétendre affirmer la voie marxiste-léniniste que dans quelques villes « … notait le rapport politique présenté à l’ouverture du Congrès.

    Elèves de CET, apprentis, ouvriers, lycéens, les participants au Congrès étaient représentatifs des diverses catégories de la jeunesse qui aujourd’hui, dans sa grande majorité ne veut plus de la société actuelle et désire lutter aux côtés des masses populaires pour mettre fin au règne du capitalisme. La plupart des jeunes qui durant 2 jours ont discuté et mis au point avec beaucoup de soin le programme et les statuts de la nouvelle organisation, sont âgés de 17 ou 18 ans ; certains ont à peine 16 ans, comme ce jeune apprenti dans un centre de formation de Caen, qui gagne 275 F. par mois pour 50 heures de travail par semaine, et qui a rejoint le cercle local à l’occasion du 1er mai.

    Pour venir, certains avaient rencontré l’opposition de leur famille, ils n’avaient pas toujours réussi à les convaincre de leur rôle, en tant que jeunes, pour la Révolution. Pourtant la plupart des parents des jeunes qui militent dans les cercles jeunesse appartiennent à la classe ouvrière, aux masses populaires. Mais, comme il sera dit au cours du Congrès, la jeunesse révolutionnaire a encore à faire ses preuves pour convaincre la classe ouvrière de ses capacités, de sa maturité et la création de l’UCJR doit justement l’y aider, aider à unir la jeunesse aux masses travailleuses dans la lutte anti-capitaliste.

    Du début à la fin, le Congrès de la jeunesse communiste a été marqué par un grand enthousiasme, un enthousiasme fondé sur le contact de la réalité : le vieux monde pourri de l’impérialisme craque de toutes parts, les peuples n’en veulent plus. En témoignait l’accueil très chaleureux, une véritable haie de congressistes, debout, applaudissant longuement à l’entrée dans la salle des représentants de la Résistance Palestinienne, de l’Union des Etudiants Iraniens en France, de l’Union des Etudiants de la côte Afars-Somalie, des ligues communistes de la jeunesse de Belgique, d’Italie. Lors des interruptions de séances des discussions s’engageaient avec des camarades étrangers pour s’informer directement sur la lutte des peuples et le rôle qu’y joue la jeunesse.

    La proposition d’un lycéen de Voltaire (Paris) qui a séjourné plusieurs années en Indochine, d’établir des liens étroits entre l’UCJR et les organisations de jeunesse des peuples du Tiers-Monde, fut chaleureusement applaudie. La présence et les interventions des camarades étrangers illustraient concrètement cette affirmation du rapport politique :  » les luttes des peuples et leurs victoires portent des coups à nos ennemis, elles facilitent en fin de compte nos propres efforts pour la Révolution… « .

    Le rapport ajoutait que pour faire face au danger de guerre que fait courir au monde la rivalité des deux supers puissances, dans le cadre d’un système impérialiste en crise, pour faire face à leurs menaces d’agression éventuelle contre notre peuple, la lutte pour la révolution en France est bien le meilleur moyen pour préserver l’indépendance nationale. Et la jeunesse a un rôle très important dans le développement de cette lutte.

    Aujourd’hui la jeunesse doit lutter contre l’armée bourgeoise française, armée de préparation à la guerre civile contre notre classe ouvrière et à de nouvelles agressions contre les peuples du Tiers Monde, comme le rappelait un appelé en uniforme, à la tribune, et qui expliquait l’action que menaient aujourd’hui les marxistes-léninistes dans les casernes. Mais, la jeunesse ne peut jouer un rôle important dans la lutte révolutionnaire en France que si elle s’unit avec la classe ouvrière, en mettant en pratique l’idéologie de  » Servir le peuple « , sous la direction du Parti du prolétariat.

    Ceci était au centre des préoccupations des congressistes :

    -de nombreuses interventions pour souligner la nécessité d’ouvrir les cercles de lycées sur l’extérieur, de briser le ghetto dans lequel la bourgeoisie enferme les lycéens, et associer la classe ouvrière à la lutte contre l’école capitaliste, contre les révisionnistes et les trotskystes qui s’opposent à la jonction du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui de la classe ouvrière. Un camarade de Béthune relate ainsi le début de luttes communes des lycéens en grève contre la réforme Haby, contre la sélection et le chômage, avec les ouvrières grévistes de CIP-Bailleul.

    -la discussion sur le programme de la jeunesse communiste accorda une large place au travail et à la vie des jeunes ouvriers.  » J’ai beaucoup appris  » nous disait un lycéen qui avait participé à la commission du Congrès sur le travail des jeunes, avec des ouvriers de diverses entreprises dont Unimel Besançon actuellement en lutte, des postiers de centres de tri…

    Une jeune fille d’Alençon préparant un CAP de couture apporta un amendement dénonçant :  » dans les CET les Jeunes filles sont le plus souvent préparées à un CAP bidon qui n’a qu’un but : développer leur rapidité et la précision… à l’usine, elles se retrouvent aux postes qui demandent précision, rapidité et une très grande résistance nerveuse. « 

    Les problèmes particuliers notamment ceux des jeunes travailleuses, ont été évoqués par le camarade du Comité Central qui devait expliquer :  » Le but du travail du Parti en direction des femmes, c’est bien sûr d’en organiser le maximum dans le Parti ; c’est aussi de créer une large union révolutionnaire des femmes pour pouvoir comme vous les jeunes, organiser des milliers et des milliers de femmes qui aspirent à la révolution. « 

    – la forte proportion, plus de la moitié d’ouvriers, d’apprentis, de jeunes chômeurs, d’élèves de CET. dans le comité national élu par le Congrès pour diriger l’Union de la Jeunesse, témoignait aussi de cette préoccupation.

    Pour les participants au Congrès, créer une organisation nationale pour rassembler la jeunesse dans la perspective de la Révolution Socialiste, représentait un atout important. Beaucoup ont insisté sur les limites de l’organisation locale, les cercles non encore réunis en une organisation de jeunesse unique, centralisée, ne pouvant être qu’une période transitoire.          

    Créer l’organisation nationale, dont la jeunesse a besoin pour lutter contre le capitalisme, c’était aussi, beaucoup l’on dit, dépasser une agitation trop souvent sans lendemain dans les établissements scolaires.  » II y a eu des mouvements : Fontanet, Debré. etc… il y a eu des manifestations puis ça s’est arrêté. Ça n’a pas continué.

    L’UCJR doit permettre de prolonger le travail, de préparer la Révolution, et pas simplement de faire un mouvement comme ça chaque année  » nous disait un jeune de Chalon sur Marne. La création de l’Union communiste correspond aux besoins de la jeunesse, c’est pour cela que les congressistes ont passé de longues heures, avec énormément de sérieux et d’attention, a discuter du programme et des statuts de la nouvelle organisation.

    La révolution dans le monde, les conditions de vie de la jeunesse qui se dégradent, la lutte contre l’école capitaliste, les aspirations révolutionnaires de la jeunesse, la bourgeoisie française qui ne peut plus gouverner comme avant, l’armée impérialiste française et les luttes contre elle, la place de la jeunesse dans la société capitaliste, la crise de la conception bourgeoise de la famille, le socialisme que nous voulons, les loisirs, l’organisation que nous voulons, furent autant de sujets discutés et amendés par les jeunes travailleurs et lycéens dans les nombreuses commissions qui se sont réunies. Des amendements avaient déjà été préparés dans des réunions de cercles précédant le Congrès.

        Sur toute ces questions, de très nombreux jeunes prirent la parole et, même tard dans la nuit, la participation à la discussion était toujours très importante. Une mêe volonté d’analyser la réalité et d’échanger les expériences et les points de vue pour mener une lutte révolutionnaire plus efficace était à la base de cette participation. Les jeunes sont-ils plus encore que les travailleurs d’âge mur, soumis au travail en poste ? C’est ce qui ressortait de l’expérience des camarades ouvriers présents. Fallait-il l’indiquer dans le programme. « 

    C’est juste, moi je suis en 3/8. je ne vois personne, j’ai même du mal à assister aux réunions de cercle  » dit un jeune ouvrier du bâtiment. Mais est-ce général. Finalement on met ce point dans le programme d’enquête de l’Union pour les mois à venir.

        Faut-il réclamer le SMIC pour les jeunes apprentis. C’est juste.  » On le mérite bien  » dit un jeune plombier. Mais, la revendication peut paraître utopique vu l’écart séparant actuellement le salaire de l’apprenti et le SMIC. On discute et on décide que la revendication sera déterminée au cours des mouvements de lutte déclenchés par les apprentis.

        En favorisant la participation active des délégués aux débats, en tenant de nombreuses commissions, le Congrès donnait l’image de ce que veut être l’UCJR : une organisation prise en charge par l’ensemble de ses membres, une organisation radicalement différente des organisations révisionnistes de la JC, dénoncée par les jeunes de l’UCJR et dont les méthodes de racollage correspondent aux buts que lui fixe le parti révisionniste, notamment se servir des jeunes comme une masse de manœuvre à des fins purement électorales objectif d’autant plus immédiat avec l’abaissement de l’âge du droit de vote à 18 ans.

    Le rapport politique, le programme soumis à la discussion, en replaçant le combat des jeunes dans le cadre de la crise de l’impérialisme en France et dans le monde, correspondait aussi à la volonté des jeunes de débattre de tout ce qui les concerne, des tenants et des aboutissants de leur situation. « 

    Pour forger une organisation de jeunesse véritablement révolutionnaire, pour lutter efficacement contre le révisionnisme, il nous faudra étudier avec soin le marxisme-léninisme qui est ce que le mouvement ouvrier international a retenu de sa lutte, de ses succès, de ses échecs. Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.

    Mais il ne nous suffira pas d’apprendre dans les livres, il nous faudra avant tout apprendre dans la vie, dans l’expérience même de notre lutte  » devait rappeler, dans son intervention, chaleureusement applaudie à la fin du Congrès, le secrétaire politique du Parti, Max Cluzot.

    La volonté d’oeuvrer ainsi consciemment à l’organisation de la jeunesse révolutionnaire pour préparer la révolution dans notre pays, explique sûrement pour beaucoup les rapports très fraternels qui ont existes tout au long de ce Congrès et qui manifestait concrètement le refus de l’égoïsme, de l’individualisme, de toute l’idéologie décadente diffusée par la classe dominante avec le racisme, anti-communisme, le mépris des femmes, des ouvriers, la violence sadique, le culte du héros, ou plus simplement l’arrivisme avec lequel la bourgeoisie essaie de corrompre même les jeunes révolutionnaires sincères.

    La présence des vétérans communistes soulignait la continuité du combat. L’intervention du président du Parti Communiste Révolutionnaire (ml) rappellent sa jeunesse consacrée à la cause du communisme, son engagement à l’âge de 17 ans dans les Brigades Internationales, fut écoutée avec beaucoup d’attention par les jeunes congressistes qui saluèrent aussi la mémoire de Guy Mocquet, Gilles Tautin, Pierre Overney, morts pour la cause de la Révolution, et que la bourgeoisie veut faire oublier pour mettre en valeur ses héros décadents.

    Le Congrès, constitutif de l’UCJR est une étape, dans l’organisation révolutionnaire de la Jeunesse de notre pays, mais il faut encore faire de grands efforts pour qu l’UCJR devienne la grande organisation de masse qu’elle doit être. A la sortie du Congrès, les jeunes présents faisaient leur cette remarque du secrétaire du PCR, à Ia fin de son intervention.

     » Camarades,… Vous venez de crée votre organisation. Cette tâche exaltante n’est pourtant pas la plus difficile. Il vous faut dès demain lui donner vie, tracer son chemin dans les masses, les conduire à la victoire. Pour cela, tous les schémas ne sont d’aucun secours. Il vous faut aller résolument aux masses, qui sont notre force, armés de la détermination et des perspectives que vous avez élaboré au cours de ce Congrès. « 

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  • A bas l’hégémonisme des deux superpuissances (1974)

    [Publié dans Révolution Prolétarienne, décembre 1974.]

    A BAS L’ HÉGÉMONISME DES 2 SUPERPUISSANCES

    A BAS L’IMPÉRIALISME ET LE SOCIAL – IMPÉRIALISME

    Le système impérialiste mondial est aujourd’hui dominé par deux grandes puissances qui rivalisent entre elles pour assurer leur hégémonie sur de vastes régions du monde et qui s’entendent pour tenter de contenir l’essor de la révolution mondiale ; il n’est pas aujourd’hui de régions du monde où l’une ou l’autre des super-puissances n’essaie de pénétrer en utilisant tous les moyens pour assujettir les peuples ou les pays à leur domination.

    Mais aujourd’hui, si nous devons être vigilants face au danger d’une nouvelle guerre mondiale, nous savons que la tendance principale c’est la révolution.

    En effet, nous nous trouvons dans une période de grands bouleversements révolutionnaires.

    Dans cette période de déclin de l’impérialisme mondial, ce sont les peuples révolutionnaires, les nations opprimées, les pays dominés qui ont l’initiative. Les trois grandes composantes de la révolution mondiale : la lutte révolutionnaire du prolétariat dans les pays capitalistes et révisionnistes, la lutte de libération nationale des peuples opprimés, le mouvement de consolidation de la dictature du prolétariat dans les pays socialistes, convergent dans une lutte sans merci au bout de laquelle se situe l’avenir nouveau de l’humanité qui sera construit sur les ruines de l’impérialisme.

    L’impérialisme US, puissance montante dans l’entre deux guerres, a tiré un bénéfice considérable de la seconde guerre mondiale.

    Il est devenu à partir de 1945 la première puissance impérialiste, qui est venu remplacer dans de nombreuses régions du monde d’autres impérialismes affaiblis, comme l’impérialisme anglais ou l’impérialisme français.

    Il est devenu le gendarme des peuples, la tête de pont de la lutte contre le camp socialiste. Il a étentu sa présence à de très nombreux pays du tiers monde et il a également tenté de placer l’Europe capitaliste sous sa domination (…)

    Jusqu’en 1953, du vivant de Staline, l’Union Soviétique fut le principal rempart contre cette grande puissance agressive. Le pacte de Varsovie, la constitution de la RDA, l’établissement du camp socialiste furent autant de réponses et de défis lancés à la face des impérialistes américains.

    L’Union Soviétique est restée debout face aux menaces extérieures. Mais le pouvoir prolétarien qui avait résisté à tant d’assauts extérieurs, a succombé après la mort de Staline aux assauts intérieurs de la nouvelle bourgeoisie soviétique. Incapable de détruire par la violence le socialisme, la bourgeoisie l’a détruit pacifiquement.

    Et sous l’impulsion de Kroutchev et de ses successeurs, Brejnev, Kossiguine, l’Union Soviétique, la patrie de Lénine et de Staline, s’est engagée rapidement dans la voie de restauration du capitalisme et de l’établissement d’un nouveau système impérialiste.

    Les faits sont là qui montrent, sans aucune contestation possible que l’Union Soviétique est une puissance capitaliste.

    Les faits sont là, irréfutables qui démontrent que l’Union Soviétique est en même temps un pays impérialiste, l’asservissement économique et militaire des pays du Comecon, dont les matières premières sont extorquées à bas prix par l’URSS et qui sont contraints d’acheter les produits de l’industrie soviétique, la présence de travailleurs immigrés en URSS (notamment 20.000 Bulgares qui travaillent en Sibérie).

    La pratique des prêts sous condition et à des taux usuraires, les tentatives d’étranglement de l’Albanie, l’agression en tchécoslovaquie, l’agression contre la Chine, le dépeçage du Pakistan, le soutien apporté à Lon Nol au Cambodge, l’appui aux réactionnaires indiens, le sabotage de la grève des mineurs des Asturies par l’intermédiaire du charbon polonais, les tractations avec l’impérialisme US, l’établissement de bases navales dans l’océan Indien, en Méditerranée, les atteintes à la souveraineté des pays dans leurs eaux territoriales, la reconnaissance dé l’état sioniste et l’appui incomparable qui lui est apporté par l’émigration annuelle de 70.000 juifs d’URSS.

    Puissances dominantes, les USA et l’URSS tentent sans cesse de remettre en cause, chacune à son profit, l’équilibre fragile basé sur l’actuel partage du monde (…) Mais face à l’hégémonisme pratiqué par les superpuissances, les pays du Tiers monde s’organisent et luttent (…)

    Aujourd’hui, la plupart des pays du tiers monde ont conquis l’indépendance politique et les pays qui sont encore dans un état de dépendance néo-coloniale sont amenés à s’opposer de plus en plus à la domination impérialiste.

    Par exemple dans leur lutte contre le sionisme et l’impérialisme, les pays arabes ont pris l’initiative de se servir du pétrole comme d’une arme. Ceci est très important. C’est un encouragement pour les pays du tiers-monde détenteurs de matières premières à se regrouper et s’organiser contre le pillage impérialiste pour vendre à un prix plus juste leurs richesses naturelles (…)

    Mais si les super-puissances se disputent partout dans le monde, l’enjeu stratégique de leur rivalité c’est l’Europe, elles concentrent dans le continent une énorme quantité d’armement : 45.000 blindé pour l’URSS, les 3/4 de missiles de moyenne portée braqués sur l’Europe, 300.000 soldats pour les USA, des milliers de chars, d’avions, de navires de guerre.

    Du fait de son passé colonial, de son potentiel économique et humain, on conçoit que l’Europe soit un enjeu de taille pour les super-puissances ( …).

    Les pays d’Europe capitaliste et le Japon constituent le second monde, c’est-à-dire une zone intermédiaire qui entretient des rapports d’unité et de lutte avec le premier monde (les super-puissances) et le tiers-monde. Leur nature impérialiste tend à rapprocher ces pays des super-puissances et particulièrement en ce qui concerne l’impérialisme français de l’impérialisme US.

    La volonté d’hégémonie des super-puissances sur le second monde peut conduire ces pays à prendre sur des points précis des positions convergentes avec les positions des pays du tiers-monde, par exemple sur la question de la Méditerranée, des pays comme la France et l’Algérie peuvent trouver un intérêt commun à s’allier contre la présence des flottes des super-puissances, facteur permanent d’insécurité de cette région du monde.

    Mais s’il n’est pas possible de définir pour notre révolution une ligne stratégique qui ne tienne pas compte de l’insertion de la France dans le monde, avec ses contradictions, avec les rapports de force existants, il n’est guère possible non plus, sous prétexte de lutte contre les superpuissances, de mettre au second plan la lutte contre l’impérialisme français qui est la cible de notre révolution, l’ennemi que nous devons abattre pour instaurer le pouvoir des ouvriers et des paysans.

    Tenir compte, certes, des contradictions, secondaires, qui opposent l’impérialisme français aux superpuissances, mais s’en servir comme d’une arme supplémentaire pour abattre notre ennemi, telle doit être la ligne de conduite des marxistes-léninistes authentiques.

    Certains dans le passé proposaient au prolétariat de s’allier avec la bourgeoisie française contre l’impérialisme US, d’autres aujourd’hui proposent au prolétariat d’atténuer sa lutte contre l’impérialisme français sous prétexte d’opposition au social-impérialisme ; la logique de telles positions conduit à saluer la rencontre de Giscard d’Estaing et du Shah d’Iran comme un fait positif, à attaquer les mouvements de la jeunesse contre l’armée bourgeoise sous prétexte qu’ils affaibliraient la défense de la France.

    Voudrait-on nous faire oublier que l’impérialisme français est aujourd’hui le second marchand d’armes mondial ?

    Voudrait-on nous faire oublier qu’en plus des colonies qu’il maintient aux Antilles, à Djibouti, à la Réunion, il garde un vaste empire néo-colonial en Afrique ?

    Voudrait-on nous faire oublier que l’impérialisme français reconnaît le régime de Saïgon, qu’il s’est récemment opposé à l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’ONU, le vote de la France à l’ONU en faveur de l’OLP ne doit pas faire illusion : Sauvagnargues est allé renouveler en Israël les contrats commerciaux qui lient la France à l’état sioniste et qui, même à l’époque de l’embargo, ont toujours permis à Israël d’avoir des armes d’origine française. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que l’impérialisme français ne peut plus prétendre jouer les tous premiers rôles sur la scène mondiale.

    Des rapaces aux dents plus longues le précèdent sur de nombreux marchés. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation qui est un facteur de faiblesse supplémentaire pour l’impérialisme français.

    Nous devons en tirer parti pour renforcer notre lutte contre notre propre impérialisme. Aux côtés des peuples du monde en lutte, contre l’impérialisme et le social-impérialisme, abattons l’impérialisme français, continuons la lutte pour l’instauration dans notre pays du pouvoir des ouvriers et des paysans, pour l’indépendance immédiate des colonies, pour une indépendance réelle des néo-colonies.

    A BAS L ‘IMPERIALISME US

    A BAS LE SOCIAL IMPERIALISME SOVIETIQUE

    A BAS L’ HEGEMONISME

    VIVE LA LUTTE DES PEUPLES DU TIERS MONDE

    A BAS L’IMPERIALISME FRANÇAIS

    VIVE LE POUVOIR DES OUVRIERS ET DES PAYSANS

    PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, PEUPLES ET NATIONS OPPRIMES, UNISSONS-NOUS

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  • Un tournant bien significatif de l’humanité rouge (1973)

    [Publié dans Front-Rouge le 12 juillet 1973.]

    Dans leur dernière publication, les dirigeants de l’Humanité « Rouge » : amorcent un virage très intéressant.

    Nous n’embarrasserons pas nos colonnes de réponses à leurs diverses calomnies ; nous ne reprendrons pas une à une toutes leurs bêtises politiques : nous avons déjà eu l’occasion de stigmatiser le comportement anti-unitaire et opportuniste de cette organisation petite bourgeoise, mais aujourd’hui nous avons le devoir de mettre en garde tous les militants qui se rattachent de près ou de loin au marxisme-léninisme contre l’évolution particulièrement dangereuse de la ligne de l’Humanité « Rouge ».

    En effet, dans les derniers mois, une lutte semblait se dessiner au sein de cette organisation entre des positions de principes, vagues et générales mais correctes, notamment contre l’électoralisme, contre les orientations réformistes du programme commun des partis de gauche d’un côté, et d’un autre côté des positions particulièrement opportunistes tendant à mettre une partie du mouvement révolutionnaire à la remorque des révisionnistes modernes.

    La coexistence de ces diverses positions dans le journal dissimulait mal cette lutte : il est clair aujourd’hui qu’a triomphé sans partage la ligne opportuniste à 100%.

    En quoi consiste-t-elle ?

    Les deux derniers numéros de l’Humanité « Rouge » désignent à l’évidence la lutte antifasciste comme l’axe principal de lutte offert à ses militants.

    Le dernier numéro lui est pratiquement consacré en entier. De ce choix résultent de très graves conséquences :

    –d’abord dans un appel aux militants du P »c »F disparaît toute critique marxiste-léniniste des positions bourgeoises, contre-révolutionnaires de ce parti. Alors même qu’une large partie de la classe ouvrière, par delà ces militants, est abusée par des illusions réformistes développées par le P »c »F, alors même qu’elle est détournée de la perspective de la révolution par la voie sans issue de la démocratie avancée, s’adresser au P »c »F quand on prétend être marxiste-léniniste, sans souligner le rôle d’auxiliaire précieux de la bourgeoisie joué par le révisionnisme, c’est abdiquer toute conscience révolutionnaire, c’est sombrer dans le plus grand opportunisme.

     — ensuite caractériser principalement la Ligue trotskiste comme une organisation anti-fasciste, c’est se vouer délibérément à être aveugle sur le rôle effectif joué par les trotskistes au profit du révisionnisme donc de la bourgeoisie.

    Ces conséquences proviennent d’une très grave erreur politique commise par les dirigeants de l’Humanité « Rouge ».

    Cette erreur consiste à intervertir systématiquement causes et effets.

    Au moment même où d’important détachements de la classe ouvrière principalement chez les OS entrent en lutte de façon résolue contre leurs exploiteurs, les révisionnistes du P »c »F et de la CGT, leurs acolytes réformistes du PS et de la CFDT se montrent incapables de donner un débouché à ces luttes dont les mots d’ordre entrent en contradiction avec les perspectives du programme commun. Il en va de même avec le mouvement résolu des travailleurs immigrés contre la circulaire Fontanet.

    Face à ces mouvements, la bourgeoisie qui trouve les réformistes ou débordés ou absents des luttes, emploie fréquemment la répression brutale des ses forces de police.

    Répression directe et répression indirecte par l’entremise des organisations réviso-réformistes, telle sont les deux armes absolument solidaires de la bourgeoisie face à la révolte des travailleurs. Quand les révisionnistes et les réformistes rencontrent cette impasse, comme au lendemain de leur échec électoral, la bourgeoisie a tendance à utiliser la répression directe, peu confiante qu’elle est dans ses propres tentatives démagogiques.

    Au moment même où se font jour les bases d’une cassure entre les révisionnistes et une frange avancée des masses, s’agit-il comme le préconise l’Humanité « Rouge » de tendre la main aux militants du P »c »F pour les inviter à une illusoire unité antifasciste ou s’agit-il d’ouvrir les yeux à la classe ouvrière, d’étendre en la rendant consciente cette cassure, constatée dans les principaux mouvements actuels entre les révisionnistes et les travailleurs en lutte ?

    En réalité, ce que l’Humanité « Rouge » et avec elle quelques autres mouvements petits bourgeois, baptise fascisation n’est que l’apparition à visage découvert de la démocratie bourgeoise là où le révisionnisme et le réformisme sont en recul.

    Ce que l’Humanité  » Rouge  » est incapable de comprendre, c’est que la menace fasciste n’a de sens et de réalité qu’avec un recul qualitativement différent du révisionnisme et du réformisme, qu’avec une progression plus large et plus conséquente de la perspective Révolutionnaire dans les masses.

    Là où la tâche des Révolutionnaires consistent à prendre en main l’organisation des travailleurs et la défense de leurs aspirations réelles, et par la riposte à la répression de la bourgeoisie qu’ils encourent dans leurs luttes, l’HR trouve le moyen de proposer un front défensif contre le fascisme, masquant et la nature de la démocratie bourgeoise, dictature violente sur les masses exploitées, et la nature du révisionnisme, au moment où il se trouve en recul.

    — au moment où les révisionnistes du P »c »F tentent de refaire leur image de marque en se présentant comme les meilleurs défenseurs de libertés, au moment où ils rivalisent avec le PS pour occuper toute la place que la bourgeoisie assigne à la sociale-démocratie en vue des élections à venir, au moment donc où le P »c »F cherche à rallier à lui, pour faire l’appoint de voix, les couches indécises de la petite bourgeoisie, la tâche des révolutionnaires n’est pas de se faire les instruments de cette manœuvre.

    — au moment où la bourgeoisie tente de dévoyer les aspirations révolutionnaires des travailleurs en présentant comme le parti révolutionnaire, la Ligue trotskiste, pour cela réprimée et pour cela dissoute, le rôle des marxistes-léninistes n’est pas d’entrer dans le jeu. Pendant 5 ans, le parti authentiquement communiste, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste a été constamment réprimé, ses militants pourchassés, sans que la presse bourgeoise consacre aux arrestations des militants suspectés de sa reconstitution plus de cinq lignes. De cela l’HR depuis 3 ans ne s’est guère émue et a partagé ce silence.

    C’est pour tout cela que nous mettons en garde les militants révolutionnaires contre les tentatives stériles de l’Humanité  » Rouge  » de dévoyer leur combat vers l’axe principal de la lutte pour les libertés démocratiques.

    Ne vous laissez pas abuser camarades par les gesticulations groupusculaires à la remorque des révisionnistes, depuis la manifestation du 20 juin jusqu’au dernier meeting du cirque d’Hiver.

    La place des Révolutionnaires est dans les entreprises aux côtés des travailleurs qui prennent progressivement conscience des illusions réformistes, avec les travailleurs immigrés, pour contrer la circulaire anti-grève de Fontanet, pour organiser sur le terrain comme à Ivry par exemple la riposte aux crimes racistes qui l’accompagnent ; le rôle des communistes est d’être actifs, présents en tant que tels dans les luttes des travailleurs contre la bourgeoisie, d’aider à la prise de conscience progressive des travailleurs de la nature bourgeoise du réformisme, d’être à l’offensive contre la bourgeoisie et le réformisme ; là où l’HR s’efforce péniblement de dévoyer les révolutionnaires vers la lutte contre les conséquences des luttes de classe en cours : la répression ; les communistes doivent mettre au premier plan le développement de ces luttes et leur approfondissement politique.

     Les raisons des erreurs politiques très graves de l’HR sont claires : groupe petit bourgeois coupé de la réalité de la lutte de classe, l’HR est voué à enregistrer les conséquences de ces luttes sur la mise à nu de démocratie bourgeoise, de son caractère répressif. Sa seule réponse consiste à reprendre mécaniquement le schéma de la lutte anti-fasciste de 1934, à préconiser un front populaire anti-fasciste alors même que rien ne rappelle la situation d’alors.

    Ni l’organisation révolutionnaire des masses (comment comparer la large organisation des travailleurs par le Parti Communiste et la liaison embryonnaire des révolutionnaires avec la classe ouvrière aujourd’hui), ni la crise économique et politique de la bourgeoisie ne sont comparables. L’histoire d’ailleurs, ne se répète pas.

    L’HR qui fait grand bruit autour de sa participation, au demeurant modeste à la manifestation contre Ordre Nouveau du 21 juin, manifestation à laquelle nous avons également participé, tente aujourd’hui au nom de la lutte anti-fasciste de ramener dans le sillage du P » C « F les militants révolutionnaires qui ont plus que jamais à le combattre. A propos où en sont les Comités d’Unité Populaire censés organiser cette unité à la base contre le fascisme !

    Même si son influence est ridiculement faible, nous ne devons pas négliger nos efforts pour ouvrir les yeux des militants qu’HR trompe et qui ont mieux à faire que s’embourber dans le marais opportuniste. A ces militants, nous tendons une main fraternelle.

    Quittez ces piètres staliniens qui participent à leur manières aux tentatives grossières de la bourgeoisie pour redorer le blason terni du trotskisme, quittez ces piètres marxistes-léninistes qui au nom de l’unité anti-fasciste se réfugient dans le giron du P » C « F.

    Vous connaissez tous l’histoire de celui qui criait au loup chaque fois qu’il croyait le voir et que personne n’a cru quand le loup est effectivement venu. HR depuis plus de 5 ans joue ce jeu dangereux.

     A BAS L’OPPORTUNISME, VIVE LE MARXISME-LÉNINISME !

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  • Sur Marchais et Krivine suite au 21 juin 1973

    [Publié dans Front Rouge le 12 juillet 1973.]

    Au cirque d’hiver…le chef de piste s ‘appelait marchais

    (dans un encadré, au dessus de ce titre et sous la photo de Jacques Duclos s’adressant aux militants venus protester contre l’interdiction de la Ligue communiste, la légende suivante :  » Ecouter Duclos faire acclamer  » le P » C « F, le grand parti révolutionnaire de notre temps :, Detraz (CFDT) faire applaudir les flics démocrates, ou la claque du P » C « F scander  » Union populaire pour les libertés. Les communistes n’avaient vraiment aucune raison d’appeler à ce meeting.  » )

    Le 5 juillet, la gauche réformiste P » C « F en tête, tenait un meeting contre la dissolution de la Ligue  » communiste « , avec le soutien de nombreux groupes trotskistes et de quelques camarades se réclamant du marxisme-léninisme qui avaient eu la naïveté d’emboîter le pas.

    La mobilisation au regard du nombre et de l’importance des organisations participantes a été faible (quelques milliers) malgré un effort certain du P » C « F qui avait distribué des tracts jusque dans les banlieues. Ce fait témoigne doublement de la coupure entre les trotskistes et la classe ouvrière : d’une part parce que la clientèle petit-bourgeois de ces diverses sectes était en vacances, d’autre part parce que les ouvriers que le P » C « F parvient encore à tromper ne se sont guère dérangés pour l’occasion.

    Cependant, ce meeting éclaire bien le sens de la provocation policière du 21 juin, dans laquelle la Ligue avait donné à tête baissée. En effet, la dissolution de la Ligue qui a suivi, a donné l’occasion au P » C « F et au PS de se livrer à une nouvelle opération démagogique dans leur course à l’électorat petit-bourgeois.

    Tandis que Mitterrand recevait Krivine, le P » C « F prenait l’initiative du meeting, et marquait un nouveau point dans sa tentative de se dédouaner de son passé communiste en se présentant pour ce qu’il est : un vulgaire parti bourgeois. Ainsi se prolongeait l’entreprise du 20 juin. Ainsi, P » C  » et PS détournaient-ils l’attention de l’offensive de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, et soutenant par là cette offensive.

    D’un autre côté, au moment même où elle était dissoute, la Ligue obtenait la réalisation de son rêve de toujours : l’unité – fragile, difficile, mais l’unité – avec le P » C « F. Le soutien qui lui a été accordé à cette occasion montre que les révisionnistes n’ont rien à craindre d’une organisation dont la fonction a consisté, au cours des années passées, à ramener dans le sillage des initiatives du P » C « F les jeunes qui se dégoûtait de lui, et à détourner par sa nature petite-bourgeoise la classe ouvrière de la Révolution.

    En appelant au meeting du P » C « F qui leur refusait la parole les dirigeants de la Ligue ont confirmé une fois de plus cette orientation fondamentale. Le chahut de leurs militants n’y a rien changé : au cirque d’hiver, le chef de piste s’appelait Marchais.

    En définitive, la dissolution de la Ligue et le meeting qui l’a suivi auront été un facteur de clarification politique, montrant comment la lutte contre la répression peut devenir le prétexte à une unité sans principes et sans perspectives des opportunistes de toute espèce.

    [Publié dans Front-Rouge le26 juillet 1973.]

    A propos de l’emprisonnement de krivine

     Il est clair, à présent, que le ministre de l’intérieur a favorisé et, au besoin, provoqué la débandade de certains de ses flics, lors de la manifestation du 21 juin contre le meeting raciste d’ » Ordre Nouveau « .

    Cette opération policière visait d’abord à répandre largement, une fois de plus, une image complètement déformée des Révolutionnaires et de la violence révolutionnaire, pour inciter les masses à s’en détourner. Et cela au moment où la bourgeoisie lançait ses flics, ses nervis à St-Etienne, à Besançon, à Fos, à Grasse, contre les ouvriers en lutte, partout où elle ne pouvait pas compter sur la collaboration des révisionnistes.

    Il s’agissait de faire croire que les révolutionnaires n’avaient pas d’autre idéal que la violence pour la violence, pas d’autre but que de  » casser du flic « , de brûler des cars de police-secours… Il s’agit d’autre part, de justifier et de multiplier les actes de contrôle des travailleurs en faisant passer la violence de classe des ouvriers en lutte pour des  » provocations gauchistes « .

    Mais l’opération avait en même temps, un autre but : en décrétant, à la suite du 21 juin la dissolution de la Ligue trotskiste, la bourgeoisie visait à désigner publiquement cette organisation en perte de vitesse comme le parti révolutionnaire, à redorer son blason.

    Toute une série de groupe petits bourgeois trotskistes et néotrotskistes en tête, y compris  » l’Humanité Rouge « , ont emboîté le pas à cette opération et ont pris, en chœur la  » défense  » de la Ligue.

    Ce faisant, au nom de la lutte  » antifasciste « , il ont appelé à s’accoler encore plus étroitement au P » C « F (et au PS) et leur ont permis au cirque d’Hiver, de se poser en défenseurs des  » libertés « , en protecteurs de  » l’extrême-gauche « . Ce faisant, ils ont tenté de colmater la brèche ouverte entre les révisionnistes et les travailleurs, et de détourner la classe ouvrière de la bataille contre la répression de ses luttes.

    Krivine et Rousset en prison ; c’est le clou de cette opération. Après avoir façonné l’image de marque  » révolutionnaire  » de Krivine (élections présidentielles de 69, face à face avec STASI à la télé, longues déclarations à la radio après le 21 juin), la bourgeoisie le met quelques temps derrière les barreaux. Cela lui permet d’en faire un martyr et de mieux préparer sa publicité pour un éventuel procès, à la rentrée par exemple.

    A vrai dire, la campagne pour la libération de Krivine, n’a rencontré pratiquement aucun écho parmi les travailleurs. Par exemple sur les marchés, les ouvriers indifférents aux slogans  » Marcellin démission  » soutiennent activement nos interventions contre les agressions racistes, contre les bombardements US au Cambodge.

    Toutefois, cette mise en scène, cette manœuvre ne peut que semer la confusion. Elle a assez duré.

    Halte à la politique hypocrite de la bourgeoisie !

    Krivine, Rousset hors de prison !

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  • A propos des théories de la fascisation (1973)

    [Publié dans Front Rouge le 5 juillet 1976.]

    La vague de répression qui s’abat sur les luttes ouvrières (Fos, Besançon, Grasse), la dissolution de la Ligue  » Communiste  » la manifestation du P  » C  » F pour  » la défense des libertés « , remettent à l’ordre du jour une question politique importante : oui ou non, existe-t-il en France un danger fasciste ? La bourgeoisie s’engage-t-elle dans un processus qui mène au fascisme ?

    des mesures répressives dans le cadre de la démocratie bourgeoise

    A l’appui de la théorie de la  » fascisation du pouvoir « , ses partisans apportent une série de preuves matérielles du renforcement de la dictature de la bourgeoisie : renforcement considérable de la police, développement de la branche  » Défense Opérationnelle du Territoire  » de l’armée, (spécialisée dans la répression d’éventuels mouvements insurrectionnels), adoption de lois répressives réactionnaires (notamment la fameuse loi  » anti-casseurs  » etc…

    Mais chacun sait que le pouvoir de la bourgeoisie s’exerce par son appareil d’Etat répressif, et que, dans le cadre même du régime de démocratie bourgeoise, la bourgeoisie n’hésite pas à le faire intervenir pour réprimer la classe ouvrière et les révolutionnaires, et se préoccupe constamment de le renforcer.

    Des  » lois scélérates  » d’avant 1914 à l’emprisonnement des communistes en 1920, de la constitution des CRS (avec des débris des GMR Vichystes) à la répression des grèves de 48, du  » complot des pigeons  » à l’application de l’article 16 pendant la guerre d’Algérie, de telles mesures n’ont pas manqué dans l’histoire de nos  » républiques Démocratiques « .

    Aussi est-ce dans la situation politique, dans la réalité des rapports de classe au moment présent de l’histoire, et non dans l’existence d’une série de mesures réactionnaires qu’on peut trouver la réponse à la question des projets politiques de la bourgeoisie.

    L’expérience de l’instauration ou des tentatives d’instauration du fascisme dans les métropoles impérialistes montre que le fascisme est le produit politique de l’impérialisme, du capitalisme des monopoles : le fascisme comme le montrait Dimitrov au VIIe congrès de l’Internationale Communiste visait alors à faire retomber tout le poids de la crise économique sur la classe ouvrière, à préparer la guerre pour l’asservissement des peuples semi-coloniaux et le repartage du monde, à devancer la montée des forces de la Révolution en écrasant le mouvement Révolutionnaire des ouvriers et des paysans.

    Crise économique d’une profondeur et d’une durée sans précédent, lutte pour le repartage du monde, montée de la Révolution Prolétarienne : ces trois traits sont effectivement typiques de l’impérialisme, du capitalisme agonisant. Aussi les communistes avaient-ils raison, au lendemain de la victoire dans la guerre anti-fasciste, de souligner que le germe du fascisme demeurait, que le danger fasciste ne disparaîtrait de la surface du globe qu’avec la formation qui le secrète : l’impérialisme.

    De là à faire de la lutte contre le fascisme leur tactique permanente sous la dictature impérialiste, il y a un pas que les communistes ne franchiront pas. Revenons à notre pays aujourd’hui : la situation justifie-t-elle les théories sur la  » montée du fascisme  » ?

    ou en est la crise de l’impérialisme ?

    Sur le plan économique, la classe ouvrière connaît une aggravation de ses conditions de vie et de travail, marquée par l’intensification du travail, l’extension du chômage et la baisse du salaire réel ; les couches petites-bourgeoises traditionnelles et les paysans individuels se voient progressivement chassés de leurs anciennes positions et réduits à la condition de prolétaires, tandis que se développent des couches parasitaires ; à l’intérieur de la bourgeoisie elle-même, la concentration du capital progresse de jour en jour.

    Autant de trait typiques de l’impérialisme à l’époque de sa crise générale.

    Autant de signes de la dépression qui vient, auxquels il faut ajouter la crise monétaire désormais permanente et l’aiguisement de la concurrence inter-impérialiste ; mais non pas de traits d’une période de crise économique du type de celle des années 30 ; le grippage de toute la machine capitaliste, la régression considérable de la production qu’ont connus toutes les métropoles impérialistes, entre les 2 guerres, ne se sont pas encore produits.

    Tant bien que mal, les bagnes capitalistes produisent chaque année plus d’automobiles, plus de biens de toutes sorte, amenant progressivement le marché vers une saturation qu’il n’a pas encore atteinte. Pour féroce qu’il soit dans sa course aux profits maximums, la question ne se pose pas encore à l’impérialisme de faire porter à la classe ouvrière le poids de la crise  » extrêmement profonde  » dont parlait Dimitrov et qui n’est pas encore là.

    la question de l’influence du révisionnisme

    Serait-ce alors dans la situation politique, dans la montée du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière qu’il faudrait chercher la justification de l’urgence de la lutte contre le danger fasciste ?

    Dans les conditions de notre pays, quiconque ne se paye pas de mots doit lier son appréciation de la montée du mouvement révolutionnaire prolétarien à la perte de l’influence révisionniste sur une fraction appréciable de la classe ouvrière. Pour les marxistes-léninistes, la situation objective de la classe ouvrière en fait une classe révolutionnaire. La paupérisation qu’elle subit accélère sa tendance profonde à rejeter l’influence du P  » c  » F passé à la bourgeoisie, à envisager l’issue révolutionnaire et à s’organiser dans ce but.

    Dès aujourd’hui, l’expérience accumulée dans les luttes quotidiennes tend à lui montrer que le P  » c  » F lui est étranger, qu’il ne sert en définitive que les intérêts d’une mince couche achetée par la bourgeoisie.

    Mais notre confiance profonde dans les capacités révolutionnaires de la classe ouvrière notre certitude qu’elle saura rejeter le révisionnisme ne nous cache pas qu’il s’agira d’une lutte longue, difficile et complexe. Si au lendemain de mai-juin 68, une frange de la classe ouvrière rejetait la direction du P  » c  » F, et recherchait une perspective révolutionnaire, force est bien de constater que quelques années plus tard, ce germe de prise de conscience avait été gâché par l’opportunisme, que les mêmes travailleurs étaient pour un temps rentrés dans le rang militaient à la CGT et se montraient particulièrement furieux contre les  » gauchistes  » qui les avaient déçus.

    Les grandes grèves qui, en 1971, ont vu les OS se dresser contre l’exploitation et ébranler l’édifice de collaboration de classe se sont déroulées sur des mots d’ordre qui, dans la lutte économique même, traduisaient encore l’influence du révisionnisme.

    Et si aujourd’hui, après l’échec électoral subi par  » l’Union de la Gauche « , de nombreux travailleurs entrent en lutte sur leurs propres mots d’ordre, rejetant le point de vue et les calculs de ceux qui se préparent à gérer le capitalisme, et exprimant parfois leurs aspirations à la Révolution, nous sommes encore loin d’un mouvement révolutionnaire de masse, posant la question du pouvoir et disputant aux perspectives électorales révisionnistes en cul-de-sac, les larges masses de la classe ouvrière.

    Les dernières élections législatives, la place qu’y a occupé  » l’Union de la gauche  » et les illusions qu’elle a pu semer, la préoccupation qu’a eue à cette occasion la bourgeoisie de reconstituer, à côté du parti révisionniste, un fort parti social-démocrate susceptible de participer à l’entreprise de tromperie électoraliste ne tracent pas le tableau d’une situation où la bourgeoisie se préparerait à renoncer aux commodités de la duperie parlementaire pour recourir au fascisme. Le révisionnisme et le réformisme sont encore pour un temps, de trop bons garants pour le maintien de son pouvoir.

    Les théoriciens de la  » fascisation  » ont coutume de nier la difficile bataille contre le révisionnisme, de la considérer comme d’ores et déjà gagnée. Peu avant les élections de mars, au moment où le P  » C  » F et le PS avec la CGT et la CFDT, parvenaient à mettre pour l’essentiel sous l’éteignoir les luttes ouvrières en agitant leur  » Programme commun  » ; au moment où nos camarades dans les entreprises nous disaient combien notre juste position d’abstention Révolutionnaire était à contre-courant face aux faux espoirs de la victoire électorale de  » l’union de la Gauche « , les plus bêtes de ces pourfendeurs du danger fasciste trouvaient le moyen de claironner que l’électoralisme était définitivement battu en brèche dans la classe ouvrière !

    Seule une secte étrangère dans son essence à la classe ouvrière, sourde à la voix des militants ouvriers qu’elle peut compter dans ses rangs, peut s’illusionner au point de prendre de cette manière son rabâchage de dogmes pour l’analyse de la situation concrète.

    Les petits bourgeois à la traîne du P »C »F

    Les théoriciens de la  » fascisation « , du  » fascisme qui vient d’en haut  » ont en effet deux traits fondamentaux qui leur sont communs : leur nature de classe et leur fonction politique.

    Leur nature de classe d’abord : la petite-bourgeoisie, avec les illusions qu’elle traîne sur la démocratie bourgeoise, s’avère incapable de comprendre son caractère répressif, répressif à l’égard de la classe ouvrière et des larges masses. Chaque mesure de répression de la bourgeoisie, chaque renforcement de la dictature de la bourgeoisie, les voient redouter immédiatement le fascisme et voler au secours de la  » démocratie  » même quand elle n’est pas menacée par l’essentiel.

    Leur fonction politique ensuite, profondément liée à cette nature de classe. Aujourd’hui que les premières brèches s’ouvrent dans la domination du révisionnisme sur la classe ouvrière, la tâche des révolutionnaires est de consacrer toute leur énergie à les élargir, à mobiliser les masses indépendamment des vieux partis dégénérés, à leur ouvrir, chemin faisant, la perspective de la Révolution Prolétarienne, à édifier dans cette lutte le Parti prolétarien. Ouvrir la perspective de la Révolution, établir sans hésiter une démarcation nette avec le révisionnisme, ces deux tâches sont indissolublement liées.

    Or les révolutionnaristes petits-bourgeois, tout en proclamant que la seule alternative au fascisme est la révolution Prolétarienne, le socialisme, s’acharnent dans la pratique à maintenir la classe ouvrière dans le sillage du P  » c  » F, sous prétexte d’édifier, qui le Front Unique prolétarien, qui le Front Populaire antifasciste. Certains s’adressent ouvertement aux directions révisionnistes et réformistes pour leur proposer l’unité.

    D’autres préfèrent proclamer que le Front Unique, le Front Populaire doivent se réaliser à la base. Dans la pratique, alors que malgré ses progrès, l’édification d’une force politique Révolutionnaire prolétarienne est encore à ses débuts, ils en viennent régulièrement à gesticuler comme les premiers à la queue des initiatives révisionnistes : c’est ce qu’ils avaient fait le 1er mai, c’est ce qu’ils viennent de faire le 20 juin : c’est ce qu’ils ne manqueront pas de faire ouvertement à l’occasion de la dissolution de la  » Ligue communiste « .

    Les uns comme les autres, en brandissant le drapeau de la révolution prolétarienne pour mieux détourner les masses vers le révisionnisme, font diversion dans la tâche d’édification du Parti prolétarien.

    à bas la répression contre le classe ouvrière !

    Face à ces diversions. Les marxistes-léninistes ne se laissent pas détourner de leurs tâches de l’heure : commencer à arracher au révisionnisme, à gagner à la Révolution Prolétarienne une première fraction de la classe ouvrière, en visant principalement les plus exploitées.

    Face aux diverses mesures de renforcement de la dictature bourgeoise, ils appelleront les masses à l’action en montrant le véritable visage de la  » démocratie  » sous le signe du capital. L’expérience de ces derniers mois montre, avec la circulaire Fontanet, avec la répression sauvage des dernières grèves ouvrières, que la bourgeoisie use particulièrement de son arsenal répressif contre les secteurs de la classe ouvrière qui tendent à échapper au révisionnisme. Aussi, c’est dans la défense du droit de grève et de liberté des manifestations pour la classe ouvrière dans la lutte contre les milices patronales que réside aujourd’hui pour l’essentiel l’application du mot d’ordre de Staline :  » relever le drapeau des libertés démocratiques « .

    C’est autour de ces tâches dans la perspective de la Révolution Prolétarienne, que nous appelons à s’unir la classe ouvrière et tous les progressistes disposés à soutenir son combat. 

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  • A propos de la dissolution de la ligue trotskiste (1973)

    [Publié dans Front Rouge le 5 juillet 1973.]

    Front Rouge à l’occasion de l’interdiction de la Ligue trotskiste a interrogé Bernard Rey militant marxiste léniniste, qui a été condamné après une inculpation de reconstitution du PCMLF en 1970. Il donne ici le point de vue des marxistes-léninistes.

    Front Rouge – Que penses-tu des affrontements du jeudi 21 juin , lors du meeting d’ » Ordre Nouveau  » ?

    Bernard Rey – La tenue de meeting en plein Paris devait immanquablement provoquer une contre-manifestation comme cela avait été le cas lors du meeting précédent d’ » Ordre Nouveau  » au Palais des Sports en 71.

    Faire protéger les quelques centaines de nazillons rassemblés, par les forces de répression, c’était être sûr que les contre-manifestants les affronteraient!

    C’est le caractère extrêmement violent de cet affrontement qui a surpris : 80 policiers blessés ! Le  » Monde  » et l’ » Humanité  » ont publié des témoignages émanant du Syndicat majoritaire de la police qui apportent une explication à l’ampleur de cet affrontement : les forces de répression sur le terrain auraient été privées par leurs responsables des renseignements, du matériel, des directives qui leur sont habituellement prodigués pour réprimer les manifestations ! Marcellin a mollement démenti.

    En tous cas, cela a déclenché toute une campagne de propagande orchestrée à la radio et dans les journaux, pour dénoncer l’usage de la violence. Tout est fait pour convaincre les travailleurs que la violence ne mène qu’à l’échec, qu’il faut renoncer à son usage, qu’il faut se détourner des révolutionnaires qui la prônent.

    FR – Pourquoi cette campagne particulièrement aujourd’hui ?

    BR – A mon avis, cela s’explique directement par la situation actuelle et les difficultés qu’éprouvent la bourgeoisie dans les luttes actuelles. Depuis l’échec de la gauche aux élections de Mars, la classe ouvrière rejetant la tutelle des syndicats a en de nombreux endroits engagé des grèves sur ses véritables revendications, conduisant elle-même la lutte.

    Sur des franges importantes de travailleurs, les perspectives de la  » gauche unie  » n’ont pas de prise aujourd’hui : l’échec de 73 a éclairé pour une période ces travailleurs sur le projet que constitue le programme commun. Ils sont parfaitement réceptifs aux idées révolutionnaires.

    Cela, la bourgeoisie s’en rend parfaitement compte, dans plusieurs endroits, elle a lâché ses forces de police pour convaincre les travailleurs à arrêter leur lutte. Elle ne veut ni que se produise la soudure avec les révolutionnaires, ni que les travailleurs recourent à la violence pour refuser leur exploitation. La campagne orchestrée au lendemain du 21 juin, répond à merveille à cet objectif.

    FR – Que penser de l’interdiction de la Ligue trotskyste ?

    BR – Pour notre part, nous dénonçons la fausse symétrie pratiquée par la bourgeoisie : en mettant  » Ordre Nouveau  » et le Ligue trotskyste dans le même sac, elle cache habilement que sa politique d’immigration élaborée par Fontanet et Gorse, converge avec la revendication d’ »Ordre Nouveau » :  » Halte à l’immigration sauvage « .

    Ceci dit, les Marxistes-léninistes maintiennent intégralement leur appréciation sur la fonction des groupes trotskystes, sans nier la présence dans leurs rangs de jeunes aspirant à faire la révolution et qu’il s’agit d’éclairer.

    Car la politique de la ligue trotskyste depuis qu’elle existe a consisté effectivement en cela : récupérer les franges des masses en rupture avec le révisionnisme à l’aide d’une phraséologie révolutionnaire, et par le biais d’un détour, les engager à nouveau dans la voie réformiste derrière les états-majors de la gauche.

    C’est ce qu’on a pu vérifier par exemple lors des dernières élections, lorsque la Ligue après avoir présenté des candidats, a appelé à voter pour la gauche au 2ème tour. Mais aujourd’hui visiblement, ce groupe trotskyste n’avait aucune prise sur l’énergie révolutionnaire manifestée par les masses.

    FR – Mais que penser alors de la propagande qui se répand largement dans les journaux présentant la Ligue trotskiste comme le groupe révolutionnaire, le seul, le véritable.

    BR – C’est vrai, la propagande des journaux comme  » le Figaro  » ou  » le Monde « , ce que l’on raconte à la radio, développe cette idée. Pourtant rien n’est plus faux en ce qui concerne la Ligue trotskyste : c’est une organisation en déclin qu’a dissoute Marcellin. Et les preuves ne manquent pas. Aux élections de mars, la Ligue n’a même pas pu retrouver dans les circonscriptions où elle présentait des candidats, le pourcentage de voix acquis lors des élections présidentielles de 69 par Krivine.

    Le FSI, l’organisation mise sur pied par la Ligue pour faire croire qu’elle soutient la lutte des peuples indochinois, ne se manifeste plus en France depuis les accords de Paris.

    A Paris, alors que tout un temps, la Ligue a pu imposer sa loi dans l’organisation des manifestations, cette année, de cinglants échecs lui ont été infligés : comme lors du mouvement lycéen où les tentatives d’encadrement bureaucratique des trotskistes ont échoué, comme le 19 mai, lors de la manifestation unitaire de soutien à la Palestine, où la Ligue qui prétendait imposer des mots d’ordre provocateurs s’est fait expulser ; comme le 1er Mai où la seule manifestation autonome par rapports aux révisionnistes a été le fait des marxistes-léninistes.

    Il faut comparer la manière dont la presse bourgeoise traite la Ligue trotskiste, à celle utilisée contre les marxistes-léninistes, ou même contre la Gauche Prolétarienne en 1970.

    En 1970, plusieurs militants marxistes-léninistes ont été arrêtés, traduit devant la cour de sûreté de l’Etat sous l’inculpation de reconstitution du P.C.M.L.F. ; plusieurs d’entre eux ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Qui, sinon la presse marxiste-léniniste en a parlé ?

    En 1971 encore, c’est une dizaine de militants qui ont été à leur tour, inculpés de reconstitution de ce Parti ; certains même deux ans après n’ont toujours pas été jugés. Qui en a parlé ?

    De même, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, interdit le 12 juin 68, à ce que nous pouvons savoir, poursuit son édification dans la clandestinité, édite et diffuse régulièrement sa presse  » L’Humanité Nouvelle « , développe son activité révolutionnaire dans la classe ouvrière. Qui en parle ? Qui proteste contre l’interdiction du PCMLF, contre l’interdiction de sa presse, si ce n’est la presse des marxistes-léninistes et les masses qui les soutiennent ?

    De même, si la presse a réservé une certaine part dans ces colonnes au procès de la Gauche Prolétarienne en 70, c’était pour traîner dans la boue ses militants, les traiter de voyous, d’illuminés…

    Le P »C »F à l’époque avait réclamé avec hystérie, avant que cela soit fait la dissolution de cette organisation qualifiée de  » gauchiste-Marcellin « . Aujourd’hui le P »C »F appelle à manifester contre l’interdiction de la Ligue, et des journaux comme  » Le Monde « ,  » Le Figaro  » présentent cette organisation comme  » l’organisation Révolutionnaire qui a réussi  » !

    Alors posons simplement la question, pourquoi les plumitifs bourgeois encensent-ils à ce point la Ligue trotskiste ? N’est-ce-pas pour aiguiller les travailleurs à la recherche de perspectives Révolutionnaires, dans le marais trotskiste ?

    FR – Quelles autres conséquences de cette interdiction ?

    BR – Une telle mesure rappelle que la bourgeoisie est prête à réaliser toute une série de mauvais coups, en frappant directement la classe ouvrière.

    La fermeté manifestée par Marcellin n’est pas dirigée contre la Ligue trotskiste, mais bien contre les travailleurs et les Révolutionnaires : la campagne contre la violence  » de gauche ou de droite « , prétexte à l’interdiction , vise aussi à dissuader les travailleurs de recourir à la violence pour s’opposer à celle quotidienne de la bourgeoisie.

    Le précédent de la journée du 21 juin va être brandi contre les travailleurs qui voudront manifester contre la politique de la bourgeoisie, et sera le prétexte à les réprimer sévèrement.

    Les Marxistes-Léninistes appellent à la vigilance contre de telles mesures et mobiliseront les travailleurs contre elles. Poursuivons la lutte pour faire abroger la circulaire Fontanet ! Poursuivons la lutte pour nos revendications !

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  • Histoire du Parti Communiste Révolutionnaire (marxiste-léniniste)

    Lorsque le PCMLF fut passé dans l’illégalité en juin 1968 suite à son interdiction, son dirigeant Jacques Jurquet court-circuita la direction élue quelques mois auparavant lors du premier congrès.

    La conséquence fut la révolte d’une partie de l’organisation, au nom du « Bureau Politique (majoritaire) », qui fonda le PCMLF – Le travailleur.

    Jurquet s’appuya alors sur les jeunes ayant rejoint récemment l’organisation, mais ceux-ci firent « bande à part » et renversèrent la direction. Le PCMLF connut alors une scission à la fin de 1970, avec la tenue en novembre 1970 d’une « conférence nationale de rectification », par les « jeunes. »

    Par la suite est fondé Front rouge en mai 1971, comme « journal de combat marxiste-léniniste », devenant hebdomadaire à partir de janvier 1972.

    Les raisons à Front rouge

    Lors de mai 1968, l’Union de la Jeunesse Communiste (marxiste-léniniste) s’est effondrée politiquement, mais ses membres menèrent une très importante activité. L’échec de l’affirmation politique amena cependant un mouvement de « rectification » et de demande d’adhésion au PCMLF, auparavant honni.

    Le PCMLF fut très méfiant et n’accepta que les adhésions individuelles. Cela ne changea pas la donne : les ex-UJC(ml) étaient des étudiants, rodés à l’activisme ininterrompu, alors que les cadres du PCMLF suivaient une logique très « plan – plan » du militantisme PCF typique de la fin des années 1950.

    La tension ne pouvait devenir qu’explosive alors qu’au lendemain de mai 1968 et malgré l’échec de l’UJC(ml), la minorité de celle-ci, qui refusait le PCMLF, obtenait succès sur succès en tant que « Gauche Prolétarienne. »

    Entre la pseudo-illégalité et ses vraies contraintes et l’activisme, les ex-UJC(ml) ne choisirent pas longtemps.

    La première étape

    Le PCMLF Front rouge, afin de se développer, assume directement les méthodes ayant un succès chez la Gauche Prolétarienne. L’établissement dans les usines ne doit pas être une immersion temporaire ; le passé étudiant doit être oublié et le parcours d’études rompu.

    A cela s’ajoute donc les interventions chocs. Lorsque des tracts sont distribués clandestinement devant les portes du complexe de Creusot-Loire à Firminy dans la Loire, avec cagoules et manches de pioche, le car de police qui passe voit ses occupants ne s’en tirer qu’en faisant l’usage de leurs armes.

    Le PCMLF Front rouge ne maintint cependant pas cette approche, qui ne servait qu’à se positionner par rapport à « l’ancien » PCMLF. Ainsi, le 1er mai 1972 se tint une conférence nationale, bien entendu clandestine, en Ardèche, mettant un terme à l’activisme dur, au nom justement de la construction réussie de l’organisation, représentée par 50 délégués.

    La seconde étape

    Reste alors pour le PCMLF Front rouge de définir une ligne. On reste toutefois dans le dengisme : si le PCMLF privilégiait la dimension internationale du dengisme, avec le soutien unilatéral au troisième monde et l’appel au deuxième monde à participer aux luttes contre les superpuissances, le PCMLF Front rouge assuma davantage la dimension pragmatique.

    L’idéologie ne comptait pas plus qu’au PCMLF, malgré le verbiage « marxiste-léniniste » ; en pratique, le PCMLF Front rouge devenait une organisation gauchiste, mais en mode technique « marxiste-léniniste. »

    Lorsque sort, en février 1973, le premier numéro de OctobreLes cahiers du marxisme-léninisme, comme revue théorique, le numéro aborde « L’histoire du révisionnisme en France : 1944-1947. Le PCF au gouvernement. »

    L’idée est que le PCF a capitulé et rompu avec la ligne de masses ; il n’est pas question d’idéologie. Le révisionnisme se résume à une question de méthode.

    La troisième et dernière étape

    Le PCMLF Front rouge se posa ainsi comme véritable alternative marxiste-léniniste, c’est-à-dire comme organisation ayant les meilleurs méthodes, la meilleure approche.

    En pratique fut donné naissance à une Opposition Syndicale Révolutionnaire, avec une majorité de membres à la CFDT et comme bulletin Brisons nos chaînes.

    Furent également organisés des comités pour l’abrogation de la circulaire Fontanet, qui n’autorise l’attribution de carte de séjour qu’avec un permis de travail, et des comités Indochine-Palestine, qui tiennent notamment un grand meeting le 4 mars 1973.

    Cette structuration permet de rassembler 2000 personnes à la salle de la Mutualité à Paris, le 28 octobre 1973, avec comme appel : « Oui, la révolution est possible ! ».

    Le PCMLF Front rouge se débarrasse alors du sigle PCMLF, afin de pouvoir utiliser le champ de la légalité de manière la plus complète. Ainsi, en mars 1974, près de Pontarlier, en Franche-Comté, se tient le congrès de fondation du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste).

    Le PCR (ML) comme pôle radical

    La ligne du PCR (ml) n’est, bien évidemment, pas non plus réellement solide, mais sa démarche permet de prendre la place du pôle le plus radical.

    Le PCR(ml) a ainsi dénoncé violemment l’alliance du PCMLF avec la Ligue Communiste pour l’attaque du meeting des fascistes d’Ordre Nouveau, le 21 juin 1973, qui selon le PCR (ml) – et cela est vrai – aurait permis à la Ligue d’être présenté par la bourgeoisie comme la « véritable » organisation révolutionnaire.

    Car si le PCMLF en effet tend vers la gauche de la gauche, le PCR (ml) reste fondamentalement opposé au trotskysme et à la social-démocratie : lors du rassemblement anti-militariste du Larzac, le dirigeant socialiste François Mitterrand est très violemment attaqué et cela termine en affrontement physique entre le PCR(ml) et l’extrême-gauche défendant Mitterrand.

    Il assume une ligne dure, comme avec la fondation en mars 1975 d’un tribunal populaire à Liévin pour condamner les Houillères considérées comme responsables de la catastrophe du 27 décembre 1974, qui avait amené la mort de 43 mineurs.

    Le PCR(ml) a ainsi du succès comme pôle radical et il peut rassembler 5000 personnes à la salle de la Mutualité à Paris pour un « rassemblement communiste pour le pouvoir des ouvriers et des paysans. »

    Il peut fonder en mai 1975 l’Union communiste de la jeunesse révolutionnaire (UCJR), dont le journal est Rebelles et dont la section parisienne mène une activité violente contre le fascistes, les sionistes et les anarchistes. La fête de Rebelles, le 1er mai 1976 en banlieue parisienne, rassemblera six mille personnes.

    Le PCR (ml) prend également l’initiative le 27 septembre 1975, jour de l’exécution de 5 antifascistes en Espagne pour leur activité au sein du Front révolutionnaire antifasciste et patriote, vaste mouvement anti-franquiste organisé par le Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste). La manifestation en marche vers l’ambassade d’Espagne vers les Champs-Elysées est marquée par une heure d’affrontement réussi face à la police, qui utilisa pourtant des grenades lacrymogènes lancées depuis des hélicoptères.

    Enfin, le PCR(ml) lance même son quotidien, en septembre 1975 : Le Quotidien du peuple, alors que Front rouge, à partir de novembre, devient mensuel (jusqu’en 1977, puis trimestriel jusqu’en 1980).

    Il profite ici de l’appui de la Chine populaire, avec qui il a désormais des liens, avec l’envoi de délégations.

    Le PCR(ml) incapable d’assumer

    Les succès du PCR(ml) reposaient cependant sur son dépassement pratique de la social-démocratie, alors qu’il manquait la base idéologique et culturelle. Il y a donc effondrement.

    L’Opposition Syndicale Révolutionnaire est abandonnée et désormais les membres de Front Rouge tentent de grimper les échelons de la CFDT.

    Il y a l’électoralisme. En 1974, il y eut la volonté de présenter, finalement sans succès, son propre candidat aux présidentielles. Il y eut aussi la tentative de se présenter aux législative de 1978, en alliance avec diverses organisations trotskystes, dont la Ligue Communiste Révolutionnaire.

    Finalement, la liste sera faite avec le PCMLF et appelée « Union ouvrière et paysanne pour la démocratie prolétarienne », obtenant 28 000 voix dans 115 circonscriptions (soit entre 0,8 et 2%).

    Le populisme prédomine : Johnny Hallyday est séquestré quelques heures en solidarité avec les mineurs de Longwy, le trophée de la coupe de France de football est subtilisé, etc. Il y eut également la tentative de lancer La Tribune de Paris, un quotidien ultra-populiste échouant au bout de quelques numéros.

    Le Quotidien du peuple s’essouffla également, et devint commun au PCR(ml) et au PCML au tout début 1980, mais il s’effondra rapidement.

    Le PCR(ml) lança alors en avril 1980 un hebdomadaire, Pour le socialisme, qui cessa en décembre 1981, et le mensuel Que faire aujourd’hui ?, qui dura une année et demi.

    Son dernier succès fut alors, en juin 1980 à Paris, les « Six heures pour l’Afghanistan » en opposition à l’invasion soviétique.

    Le PCR(ml) soutint en fin de compte la candidate du Parti Socialiste Unifié en 1981, rejoignant la mouvance syndicaliste – trotskyste et changeant de nom pour devenir « PCR ». Le droit de tendance fut accordée en 1982 et le PCR disparut en 1983.

    Le PCR(ml), une variante de dengisme

    Le PCR(ml) avait la même dynamique que le PCMLF, et d’ailleurs en 1975, il salua la venue en France de Deng Xiaoping, alors que celui-ci a été une grande cible en Chine de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP).

    Cela signifie que le PCR(ml) n’a rien compris au déroulement de la GRCP et aux apports de Mao Zedong, ni aux fondements idéologiques du dengisme. Le PCR(ml) se tourna d’ailleurs de plus en plus vers Gramsci, se social-démocratisant sous l’influence du Parti Socialiste (dont l’ancien dirigeant du PCR(ml) est aujourd’hui un spécialiste auprès du Centre de recherches politiques de Sciences Po).

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  • Lettre pour l’unification (1980)

    Lettre du Comité pour l’unification – Janvier 1980

    PROJET DE PROGRAMME

    Partie internationale

    (Texte adopté par la session commune des Comités centraux du PCML et du PCRml, des 26 et 27/1/1980)

    INTRODUCTION

    1- Le monde contemporain se trouve à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne mondiale. Irréversiblement ouverte avec la première guerre mondiale, la crise générale de l’impérialisme ne se résoudra qu’avec l’accomplissement de la révolution mondiale. Cette crise s’aiguise sous la poussée du développement des quatre contradictions fondamentales du monde contemporain :

    2- — la contradiction qui oppose les peuples et nations opprimés à l’impérialisme et au social-impérialisme;
    — la contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie dans les pays capitalistes, y compris les anciens pays socialistes où le capitalisme a été restauré;
    — la contradiction qui oppose les impérialismes entre eux ou avec le social-impérialisme, notamment la contradiction entre les deux superpuissances;
    — la contradiction qui oppose les pays socialistes aux pays capitalistes.

    3- Les trois composantes de la révolution prolétarienne mondiale déterminées par ces quatre contradictions fondamentales sont : le mouvement des peuples, nations et pays dominés contre l’impérialisme et l’hégémonisme, la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie dans les pays capitalistes, la lutte pour l’édification du socialisme des pays ayant déjà accompli leur révolution.

    4- A chaque période, la synthèse du développement des quatre contradictions fondamentales fournit les grandes tendances du monde contemporain, les tâches qui en découlent pour le prolétariat international, les cibles de sa lutte dans la période et les forces avec lesquelles au plan international il doit s’allier. La théorie des trois mondes constitue actuellement le bilan des contradictions et des regroupement des forces de classe à l’échelle internationale et elle éclaire la stratégie du prolétariat international.

    LES TROIS MONDES

    5- Le monde actuel se divise en trois; le premier monde est constitué par les deux superpuissances; le second monde est constitué par les pays capitalistes d’Europe, du Japon et le Canada… Le Tiers Monde est constitué des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine anciennement ou actuellement dominés par l’impérialisme.

    Le premier monde

    6- L’URSS et les USA sont les deux impérialismes les plus puissants, eux seuls ayant les moyens de prétendre à l’hégémonie mondiale par le considérable développement de leur potentiel militaire et par le contrôle qu’ils exercent sur de vastes zones d’influence.

    7- Les USA : sur le plan intérieur, la situation aux USA se caractérise par l’importance du chômage, de l’inflation, la crise énergétique, le développement de contradictions au sein de la bourgeoisie monopoliste. Dans sa rivalité avec l’URSS, la bourgeoisie monopoliste américaine se prétend le champion des « droits de l’homme » alors qu’elle est responsable de millions de morts en Indochine jusqu’en 1975, qu’elle a mis en place et soutenu des régimes fascistes, qu’elle se livre au pillage de nombreux pays. Tout au long de ces dernières années l’impérialisme US a subi de nombreuses défaites sous les coups des peuples. Les USA sont une superpuissance actuellement sur la défensive, cherchant à préserver ses positions menacées par la lautte des peuples et par sa rivale soviétique. Tout en restant malgré la crise du dollar, la première puissance économique mondiale, les USA ont vu, d’un point de vue d’ensemble, leur puissance militaire rattrapée par l’URSS.

    8- L’URSS : sur le plan intérieur, la politique de la bourgeoisie social-impérialiste au pouvoir en URSS se caractérise par l’exploitation de la classe ouvrière et du peuple, par l’oppression des différentes nationalités d’URSS, ainsi que par la militarisation de l’économie.

    9- En Europe de l’Est, l’URSS pratique une politique colonialiste en pillant les ressources des pays du COMECON et en les occupant militairement.

    10- Sur la base de la militarisation de son économie, l’URSS s’est engagée dans une politique d’expansion et d’agression qui se développe sur les différents continents, soit directement, soit par l’intermédiaire d’autres pays liés à elle par des traités militaires, notamment le Vietnam et Cuba. En Europe, l’URSS a développé de façon très importante son potentiel militaire dirigé contre l’Europe de l’Ouest.

    11- Impérialisme en expansion, agissant sous l’étiquette du « socialisme » et de « l’internationalisme prolétarien »

    Le second monde

    12- Le second monde est constitué par les autres pays capitalistes développés de l’Europe de l’Ouest et de l’Est, du Japon, du Canada… Les bourgeoisies impérialistes de ces pays vivent de l’exploitation du prolétariat et des peuples opprimés. Cependant, ces bourgeoisies impérialistes ne peuvent plus prétendre à l’hégémonie mondiale et elles se trouvent soumises constamment aux pressions et menaces des deux superpuissances . En ce sens et sous certaine conditions, les pays du second monde peuvent être ralliés à la lutte contre l’hégémonisme.

    13- Au sein du second monde, l’Europe, par son potentiel humain, économique et technologique, par ses relations privilégiées avec certaines zones du Tiers Monde, constitue l’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances. L’Europe assurerait à la superpuissance qui parviendrait à la dominer sans partage un avantage décisif dans la rivalité pour l’hégémonie. 

    Le renforcement des liens entre les pays européens, notamment dans la construction de l’Europe, aujourd’hui des 9, demain des 12, favorise, à condition de combattre les tendances capitulationnistes présentes à l’intérieur des bourgeoisies européennes, la résistance aux deux superpuissances les empêchant, surtout la superpuissance soviétique, de jouer sur la division entre les pays européens pour effectuer des menaces et des actes d’ingérence. C’est un aspect positif de la construction européenne. 

    Cependant, la construction européenne conduit à une certaine coordination des politiques réactionnaires des bourgeoisies contre les prolétariats, les petits paysans et les peuples d’Europe. Les prolétariats et les peuples d’Europe combattent vigoureusement cet aspect et doivent s’unir contre leurs bourgeoisies impérialistes. La base objective que constitue l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs des différents pays d’Europe est favorable à cette lutte.

    Le Tiers Monde

    14- Le Tiers Monde est constitué des pays actuellement opprimés ou ayant autrefois été dominés par l’impérialisme. Ce sont des pays en voie de développement et qui continuent à être confrontés aux besoins les plus vitaux. Le Tiers Monde constitue la force principale de la lutte contre le système impérialiste mondial et plus particulièrement aujourd’hui contre les deux superpuissances. 

    Tout au long de ces derniéres années, les peuples et nations du Tiers Monde ont développé leur lutte de libération nationale, la plupart ont arraché leur indépendance politique. Les pays du Tiers Monde ont développé leur lutte commune pour un nouvel ordre économique mondial. La lutte des pays producteurs de matières premières pour la maîtrise de leurs ressources et de meilleurs termes de l’échange est dirigée contre la domination de l’impérialisme.

    15- Des peuples et nations du Tiers Monde ont mené des luttes de libération nationale qui ont conduit des bourgeoisies nationales au pouvoir. Tout en s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, ces bourgeoisies ont une politique hésitante à leur égard et ont recours à l’exploitation et à l’oppression contre leur propre peuple. 

    Notre Parti, tout en soutenant les mesures de ces gouvernements s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, soutient la lutte des peuples de ces pays pour consolider l’indépendance nationale, et la lutte des classes exploitées contre l’oppression des classes dominantes. Dans différents pays du Tiers Monde, des gouvernements font régner la terreur ouverte contre le peuple. Notre Parti soutient également la lutte de ces peuples pour le renversement de tels régimes, la conquête des libertés démocratiques et de l’indépendance nationale (Argentine, Chili…). 

    16- La République populaire de Chine, pays socialiste, appartient au Tiers Monde en raison de son histoire et comme pays en voie de développement. Au terme d’une guerre populaire prolongée, elle mis fin à la domination impérialiste. Dans le monde actuel, la République populaire de Chine constitue un puissant obstacle contre l’hégémonisme des deux superpuissances et en particulier contre les préparatifs de guerre de l’URSS.

    GUERRE ET REVOLUTION

    17- Dans les années 60 et au début des années 70, la situation mondiale était caractérisée par le fait que les facteurs de révolution croissaient plus rapidement que les facteurs de guerre, principalement en raison de l’essor impétueux des luttes de libération nationale.

    Si le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeurait, la tendance principale était à la révolution. C’est alors que le peuple algérien a vaincu le colonialisme français, que les peuples vietnamien, lao, kampuchéen, ont remporté de grandes victoires sur l’impérialisme américain. En Europe, à la fin des années 60 et dans les années qui ont suivi, le nouveau cours des luttes des prolétariats a commencé à secouer la tutelle révisionniste. 

    18- Sur la base de ce développement antérieur des facteurs de révolution et de la transformation de l’URSS en une superpuissance social-impérialiste, de profondes transformations sont apparues ces dernières années dans la situation mondiale.

    19- — La superpuissance américaine affaiblie par ses défaites successives face aux peuples opprimés a amorcé un recul que le social-impérialisme soviétique, nouveau venu pour le partage du monde depuis la restauration du capitalisme en URSS, a mis à profit pour accroitre sa pénétration en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Multipliant les actes d’ingérence, installant des bases militaires, le social-impérialisme a ainsi conquis à des degrès divers de fortes positions en Angola, en Ethiopie, au Yemen du sud, en Afghanistan, au Vietnam et par son intermédiaire au Laos et au Cambodge. 

    Cela lui permet d’accroître ses pressions sur l’Europe et le Japon en menaçant leurs voies d’approvisionnement. Dans la course aux armements engagée avec les USA, l’URSS est parvenue à combler son retard et les deux superpuissances ont accumulé un potentiel militaire sans précédent, en constante augmentation. La lutte pour l’hégémonie entre les USA et l’URSS s’est ainsi considérablement aigisée, accroissant les facteurs de guerre.

    20- — Le succès des guerres de libération nationale, l’accession à l’indépendance de nombreux pays du Tiers Monde ont modifié dans une certaine mesure la forme que revêt le développement de la contradiction entre peuples opprimés et impérialisme et social-impérialisme. Alors que des guerres de libération nationale se poursuivent dans des pays qui n’ont pas encore conquis leur indépendance (Palestine, Timor, Zimbabwe, Afrique du sud, Erythrée, Sahara occidental…), le mouvement des pays du Tiers Monde pour affirmer réellement leur indépendance s’est constitué en force politique et porte des coups à l’impérialisme et au social-impérialisme, contribuant ainsi d’une nouvelle manière au développement des facteurs de révolution. 

    La Chine, pays du Tiers Monde, apporte une puissante contribution à ce mouvement. En menant aujourd’hui la lutte pour faire de la Chine un pays socialiste puissant et moderne d’ici la fin du siècle, le peuple chinois contribue de manière importante au développement des facteurs de révolution.

    21- Cependant, les manoeuvres du social-impérialisme pour mettre à profit les contradictions qui opposent les peuples opprimés et les pays nouvellement indépendants aux anciens impérialismes rendent plus complexe la progression à travers des avancées et des reculs, des facteurs de révolution. Parce que les peuples et pays du Tiers Monde n’ont pas fait encore massivement l’expérience de la nature réellement impérialiste de l’URSS, le social-impérialisme a pu manoeuvrer pour tenter de diviser le mouvement des pays du Tiers Monde pour s’ingérer dans les affaires intérieures du Tiers Monde, y imposer sa tutelle, utilisant ouvertement certains d’entre eux comme des bases d’appui et des auxiliaires zélés de sa stratégie d’agression impérialiste. 

    Il est ainsi parvenu à transformer en base d’agression contre d’autres peuples des pays comme le Vietnam ayant un long passé de lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Ces actes d’ingérence et d’agression commencent à se heurter à une vive résistance (Cambodge, Laos, Erythrée…) et le social-impérialisme a dû opérer certains reculs « Egypte, Somalie…), mais sans que cela réussisse encore aujourd’hui à enrayer la progression d’ensemble de la superpuissance soviétique.

    22- Les transformations ainsi apparues ces dernière années dans la situation mondiale entraînent qu’en même temps que les facteurs de révolution continuent à se développer, les facteurs de guerre croissent plus rapidement. La contradiction entre les deux superpuissances pour le partage du monde aménera inéluctablement à la guerre car aucune des deux ne se résoudra pacifiquement à laisser l’autre exercer l’hégémonie à son détriment.

    23- Il est possible et nécessaire de faire reculer la guerre. Le développement des facteurs de révolution est la forme la plus efficace pour faire reculer la guerre. Retarder le déclenchement de la guerre favorise en retour le développement des facteurs de révolution. La tâche du prolétariat international est en même temps de dévelloper de mlanière conséquente les facteurs de révolution et de faire converger toutes les forces, tous les éléments suceptibles de retarder le déclenchement de la guerre. 

    Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du Tiers Monde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés sous des formes et à des degrés divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre. Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial antihégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front et les peuples et les pays du Tiers Monde en sont la force principale.

    NOS TÂCHES

    24- L’action de notre Parti est guidée par l’internationalisme prolétarien et a pour objectif la révolution prolétarienne mondiale.

    25- — il soutient les luttes des ouvriers et des peuples du monde contre l’exploitation capitaliste ;

    26- — il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme, les deux superpuissances ;

    27- — il soutient particulièrement la lutte contre l’impérialisme français. Il oeuvre à la solidarité internationaliste envers les travaileurs immigrés en France ;

    28- — il soutient la lutte pour l’édification du socialisme dans les pays socialistes. Il soutient la lutte du peuple chinois pour la consolidation de la dictature du prolétariat et pour la réalisation des quatre modernisations socialistes ;

    29- — il soutient la lutte pour la révolution socialiste aux USA, les luttes des ouvriers, des minorités nationales, du peuple des USA contre la bourgeoisie monopoliste américaine. Il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme US ;

    30- — il soutient les luttes des ouvriers, des paysans, des démocrates, des nationalités contre la dictature fasciste en URSS. Il soutient la lutte des peuples de l’Europe de l’Est pour le droit à l’indépendance nationale et les luttes des peuples contre les agressions de l’URSS.

    31- Notre Parti affirme sa solidarité avec les mouvements et organisations de libération nationale, avec le mouvement des non alignés dans sa résistance aux pressions des deux superpuissances ainsi qu’avec les partis et organisations marxistes léninistes et révolutionnaires.

    32- Notre Parti agit pour la défense de la paix mondiale. Cette action s’inscrit dans le cadre du front uni mondial contre les deux superpuissances, piliers principaux du système impérialiste, dont la défaite permettra l’ouverture d’une nouvelle phase de la révolution prolétarienne mondiale.

    33- Noitre Parti considère comme positif tout ce qui peut contribuer a isoler les deux superpuissances, en, particulier tout ce qui va dans le sens de l’établissement de raports sur un pied d’égalité entre les pays du second monde et du Tiers Monde. En se rangeant aux côtés du Tiers Monde et de ses revendications pour un nouvel ordre économique mondial, il agit dans ce sens.

    34- Notre Parti considère que la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie contribue à la réalisation du front uni mondial contre les deux superpuissances en ce sens que plus la classe ouvrière et le peuple de notre pays seront fort, meilleurs seront les conditions de la lutte contre les deux superpuissances. Une France socialiste serait le meilleur garant d’une lutte conséquente contre les deux superpuissances.

    35- Notre Parti agit pour mobiliser le peuple de France contre les deux superpuissances, particulièrement contre l’URSS, principal fauteur de guerre, contre leurs agressions et leurs préparatifs de guerre.

    36- Il combat les tendances à la capitulation de la bourgeoisie française face aux menaces et agressions des deux superpuissances et notamment de l’URSS.

    37- Il agit en faveur de l’unité des ouvriers et des peuples d’Europe contre les bourgeoisies impérialistes et les deux superpuissances.

    38- Notre Parti soutient la lutte du peuple palestinien et de son seul représentant légitime l’OLP, contre l’impérialisme et le sionisme, pour recouvrer ses droits nationaux et sa patrie.

    39- Notre Parti soutient la lutte des peuples kampuchéen et lao contre l’occupation soviéto-vitenamienne, pour le droit de ces peuples à pouvoir décider eux-même de leur avenir.

    40- Notre Parti soutient la lutte des peuples d’Azanie, en Namibie, au Zimbabwe… contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid.

    41- Notre Parti soutient la lutte du peuple d’Erythrée pour l’indépendance nationale et contre l’agression soviéto-éthiopienne.

    42- Notre Parti soutient la lutte du peuple du Sahara occidental.

    43- Notre Parti soutient la lutte de la République populaire démocratique de Corée pour parvenir à la réunification pacifique de la Corée.

    44- Notre Parti soutient la lutte des peuples des colonies françaises (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane, Mayotte, Nouvelle Calédonie, Polynésie…) pour l’indépendance nationale.

    =>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
    Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

  • Le Parti Communiste – Guerre et révolution – Le socialisme (1979)

    [Document commun du PCMLF et du PCR(ml), en vue de l’unification.]

    Le Parti Communiste

    Le parti communiste est le parti du prolétariat. C’est son caractère fondamental. C’est un détachement d’avant garde qui doit regrouper la fraction de la classe ouvrière la plus courageuse, la plus consciente, la plus dévouée, la plus expérimentée. Il est aussi une partie indissoluble de la classe; il doit être intimement lié à elle.

    A la différence des partis bourgeois qui considèrent la classe ouvrière et les masses populaires comme l’instrument de leur politique, le parti communiste est l’instrument, le serviteur dévoué de la classe ouvrière. Il reflète ses intérêts, sa volonté, l’aide à s’organiser pour lutter. Il ne se substitue pas à elle, mais la dirige, la guide dans son action de classe.

    Le parti communiste se fonde sur le marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong, concentré de l’expérience révolutionnaire de la classe ouvrière depuis qu’elle existe et dans tous les pays. En faisant fusionner le marxisme-léninisme et la pensée Mao Zedong avec la pratique révolutionnaire propre à la classe ouvrière et aux masses populaires, chaque parti communiste élabore sa ligne idéologique et politique, exprimée notamment par son programme.

    Le parti communiste est organisé selon le principe du centralisme démocratique (cf texte précédent).Le parti communiste doit adopter le style de travail marxiste consistant en l’union de la théorie et de la pratique, la liaison aux masses et la pratique de la ligne de masse, la pratique de la critique et de l’autocritique.

    Pour faire la révolution, il faut un parti communiste. Ceci est un enseignement décisif du mouvement ouvrier international. La théorie marxiste-léniniste du parti s’est développée en relation avec la pratique révolutionnaire à chaque étape, dans l’affrontement constant avec les conceptions bourgeoises et opportunistes qui ont traversé le mouvement ouvrier.

    Marx et Engels établissent ces principes dans le Manifeste du parti communiste, et, à la suite de l’expérience de la Commune de Paris, précisent notamment:
    « Dans sa lutte contre le pouvoir collectif des classes possédantes, le prolétariat ne peut agir comme classe qu’en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes ». (Congrès de 1872 de l’Internationale. Alinéa 7a).

    C’est dans la lutte contre le menchévisme que Lénine développe les principes d’édification du Parti communiste, tant sur les plans idéologiques et politiques que celui de l’organisation. Il les enrichit dans le combat contre la trahison de la IIe Internationale. Staline et la IIIe Internationale ont réaffirmé les thèses léninistes pour l’édification des partis communistes.

    Les apports de Mao Zedong à la théorie du parti se sont forgés à partir de l’expérience du prolétariat international dans sa lutte contre le révisionnisme moderne, à partir des luttes menées par le PCC dans le cours de son édification, et en particulier contre les tentatives de restauration du capitalisme en Chine. Ces apports ont une portée universelle et représentent un acquis particulièrement important pour les partis, qui doivent arracher la classe ouvrière à l’influence du révisionnisme moderne. Les deux partis s’appuient notamment sur les points suivants:

    — Mao Zedong a mis en évidence la différence fondamentale existant entre les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre le peuple et ses ennemis, et indiqué les méthodes différentes pour résoudre ces contradictions qualitativement différentes.

    — Il a montré en quoi l’opposition et la lutte entre conceptions différentes, qui conduisent dans des conditions déterminées à une lutte entre deux lignes au sein du parti, reflètent d’une manière particulière les contradictions de classes et les contradictions entre l’ancien et le nouveau qui traversent toute la société. Le moteur de l’édification du parti, c’est la lutte pour la résolution consciente de ces contradictions. Au sein du parti, les contradictions doivent se résoudre par la critique et l’autocritique: l’étude du marxisme et l’éducation au sein du parti constituent ainsi une question décisive pour son édification.

    — Il a fait progresser la conception marxiste-léniniste du fonctionnement centraliste démocratique du parti et de l’application de la ligne de masse, établissant un lien vivant entre l’élaboration de la ligne du parti et la concentration, sur la base du marxisme-léninisme, des idées justes des masses.

    Les apports de ces dirigeants du prolétariat mondial à la théorie révolutionnaire constituent la référence vivante dont s’inspirent les communistes pour l’édification de leurs propres partis. Ces principes marxistes-léninistes d’édification du parti communiste, acquis dans les erreurs et les succès sont un guide précieux pour les communistes du monde entier aujourd’hui. Nos deux partis s’y référent et s’efforcent de les appliquer depuis leur origine.

    La classe ouvrière de France est riche d’une longue expérience révolutionnaire dans sa lutte contre la bourgeoisie, et sa volonté d’organiser son parti révolutionnaire. Eduquée par la dégénérescence de la SFIO en un parti réformiste, puis par celle du PCF en un parti révisionniste moderne, la classe ouvrière dans sa frange la plus avancée, manifeste particulièrement aujourd’hui des exigences très profondes et très précises sur le parti révolutionnaire à construire.

    Prenant pleinement en compte ces exigences, le parti communiste à construire doit offrir une alternative révolutionnaire opposée en tout point au révisionnisme moderne.

    Ce parti communiste s’oppose au parti révisionniste moderne, car il oeuvre pour la révolution prolétarienne contre la bourgeoisie impérialiste française et pour instaurer la dictature du prolétariat. Il est le continuateur de la lutte menée contre le révisionnisme khrouchtchévien par les marxistes-léninistes à la fin des années 1950 et au début des années 1960 sur les questions du passage pacifique au socialisme, de la guerre et de la paix, de l’impérialisme.

    Ce parti prenant appui sur la thèse des trois mondes, combat l’hégémonisme des deux super-puissances, en particulier celui du social-impérialisme russe principal foyer de guerre mondiale.

    Ce parti communiste, dans son mode de fonctionnement, diffère radicalement du parti révisionniste moderne. Au contraire de ce dernier qui pratique un centralisme bureaucratique pour imposer son projet bourgeois à ses militants, le parti communiste pratique le centralisme démocratique qui permet de forger l’unité du parti dans le processus d’élaboration et d’application de la ligne (voir texte sur le centralisme démocratique).

    Ce parti communiste, dans son rapport aux masses, diffère radicalement du parti révisionniste moderne. Au contraire de ce dernier qui détourne la démocratie, profite de son insertion dans la direction de certaines organisations de masse pour imposer son projet bourgeois, ce parti communiste fonde son rapport aux masses sur l’application de la ligne de masse.

    Il ne cherche pas à imposer bureaucratiquement sa ligne et ses propositions aux masses populaires, mais il participe pleinement de la bataille d’idées qui se développe au sein des masses, et il fait ainsi progresser la voie juste à travers cette bataille. Ses propositions politiques, sa ligne répondent aux aspirations révolutionnaires des masses parce qu’elles se fondent sur les idées justes des masses qu’il centralise et qu’il confronte à l’expérience accumulée du mouvement ouvrier.

    Ce parti communiste, a l’opposé du PCF, ne résout pas bureaucratiquement les contradictions. Il combat l’influence dans ses rangs des idées bourgeoises et révisionnistes par la pratique consciente de la lutte entre les deux voies dans ses rangs. Il pratique la critique et l’autocritique et résout ainsi les contradictions qui le traversent.

    Ce parti communiste dans son projet de socialisme s’oppose radicalement au capitalisme d’Etat que cherche à instaurer la direction du parti révisionniste. Le parti communiste concentre les aspirations de la classe ouvrière française et s’appuyant sur son expérience doit définir un projet de société où la classe ouvrière exerce directement le pouvoir.

    C’est en ce sens que le PCML et le PCR ml luttent pour l’édification d’un parti communiste qui intègre tous les apports de la théorie révolutionnaire sur le parti et réponde aux exigences de la classe ouvrière de notre pays.

    Guerre et révolution

    1

    Le PCML et le PCRml fondent leur analyse de la situation mondiale sur la théorie des trois mondes.

    Les deux superpuissances – USA et URSS – sont l’ennemi principal des peuples du monde. Entretenant des rapports de rivalité, mais aussi secondairement de collusion, les deux superpuissances n’occupent pas la même position sur la scène mondiale.

    Profitant de l’affaiblissement et des reculs de l’impérialisme américain, le social-impérialisme avance à visage voilé, en utilisant son passé de pays socialiste. Directement ou par pays interposé, il multiplie les pressions, les ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays, et les interventions militaires. Il est l’ennemi le plus dangereux des peuples du monde.

    La rivalité entre les deux superpuissances s’est considérablement accrue. Ces dernières années, les facteurs de guerre se sont ainsi développés plus rapidement que les facteurs de révolution, aggravant par là fortement les risques d’une nouvelle guerre mondiale.

    Dans la lutte pour le repartage du monde entre impérialismes, la guerre est inéluctable. Elle est le prolongement de la politique impérialiste et, aujourd’hui en particulier de l’hégémonisme.

    2

    Le caractère inéluctable de la guerre ne signifie pas qu’on ne peut pas la retarder.

    Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du TiersMonde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés, sous des formes et à des degrès divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre.

    Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial anti-hégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front, et les peuples des pays du Tiers Monde en sont la force principale.

    Le front uni antihégémonique n’a pas aujourd’hui de forme organisée car il n’est que la convergence de forces sociales différentes qui, en fonction de leurs intérêts parfois contradictoires, portent des coups aux deux superpuissances.

    La construction de ce front uni antihégémonique contribue à retarder la guerre.

    Le développement des facteurs de révolution contribue également à faire reculer la guerre. Ainsi le développement d’oppositions à la dictature social-fasciste en Union Soviétique, le développement de la révolution dans les zones dont le contrôle est indispensable aux deux superpuissances, notamment au social-impérialisme pour préparer la guerre, la victoire de la révolution socialiste dans de nouveaux pays modifieraient considérablement les possibilités des deux superpuissances d’appliquer leurs plans hégémonistes.

    A l’heure actuelle, il apparaît que seuls des mouvements révolutionnaires conséquents, c’est à dire ayant une attitude claire face au social-impérialisme peuvent faire reculer le déclenchement de la troisième guerre mondiale.

    Retarder la guerre mondiale favoriser en retour l’accumulation des forces révolutionnaires.

    L’EUROPE

    L’Europe par son potentiel humain, économique et technologique, par ses colonies et néocolonies, est l’enjeu stratégique principal de la rivalité USA-URSS. C’est la mainmise sur l’Europe par l’une des deux superpuissances qui lui assurerait de manière décisive l’hégémonie sur le monde. C’est pourquoi les deux superpuissances ont massé en Europe un potentiel militaire considérable, en hommes et en matériel classique et nucléaire ; en Europe, c’est le social-impérialisme qui est à l’offensive ; il y constitue le danger principal pour les pays et les peuples.

    Les deux superpuissances, et principalement le social-impérialisme, s’appuient sur la division des pays européens pour exercer leurs pressions. Et c’est en partie pour résister à ces pressions que les pays d’Europe ont été conduits à renforcer leur concertation dans divers domaines. Ainsi, du point de vue des rapports entre l’Europe et les superpuissances, tout renforcement des liens entre pays européens, c’est à dire toute détermination d’une politique commune face aux problèmes posés par la situation mondiale constitue à l’heure actuelle un obstacle aux plans des superpuissances.

    On ne peut pour autant oublier certaines tendances qui se manifestent au sein des bourgeoisies européennes à céder aux pressions des superpuissances ou à s’en remettre à l’une face à l’autre. Cette position aggrave les risuqes de guerre.

    Du point de vue des rapports entre les bourgeoisies européennes et les peuples, la construction européenne, qui ne conduit pas actuellement à un Etat supranational, favorise d’une certaine manière la coordination des mesures prises par les bourgeoisies européennes contre les travailleurs, dans le domaine politique et répressif, dans celui de la « restructuration », du chômage, etc… Il y a là un aspect négatif dangereux pour la construction européenne, que les peuples combattent.

    En retour, la construction européenne donne également, par l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs, les bases objectives pour l’organisation d’une riposte commune des prolétariats européens.

    L’existence de la CEE ne doit nullement masquer la responsabilité directe de la bourgeoisie de chaque pays face aux travailleurs : c’est d’abord contre sa propre bourgeoisie que la classe ouvrière doit porter ses coups.

    Ainsi, et dans la mesure où s’accroissent les risques de guerre, il apparaît que la construction européenne présente des aspects positifs.

    NOS TÂCHES

    Le développement de la situation internationale fixe à nos partis notamment les tâches suivantes:

    1 dénoncer activement la rivalité accrus entre les deux superpuissances et les riques de plus en plus grands qu’elle fait courrir à la paix mondiale, mettre en évidence le rôle particulièrement agressif du social-impérialisme, principal foyer de guerre dans le monde aujourd’hui.

    2 combattre sans relâche tous les points de vue qui tendent à masquer la réalité de cet affrontement et d’en dissimuler aux travailleurs la caractère inéluctable. Combattre en particulier toutes les tentatives de compromission faites par la bourgeoisie française vis à vis de l’une ou l’autre des deux superpuissances. Combattre les illusions sur la soi-disant détente, notamment la politique développée par le PCF à ce sujet !

    3 soutenir en France et dans le monde l’ensemble des efforts qui visent à retarder l’échéance d’une troisième guerre mondiale, contribuer au rassemblement dans notre pays et dans le monde d’un vaste courant de lutte contre les deux superpuissances, à la constitution du front uni antihégémonique mondial dirigé par le prolétariat international et dont le Tiers Monde constitue la force principale. Dans ce cadre, nos deux partis considèrent que leur contribution la plus importante à la construction d’un tel front est le renforcement de la lutte pour préparer la révolution en France.

    L’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances étant l’Europe, le PCRml et le PCML apprécient les aspects positifs de la construction européenne qui constituent une base objective de résistance aux deux superpuissances; ils soutiennent les efforts des classes ouvrières et des peuples d’Europe pour unir leurs luttes anticapitalistes.

    Ainsi, nos deux partis soutiennent ces aspects positifs de la construction européenne tout en menant la lutte contre les mesures prises à l’encontre de la classe ouvrière, des petits paysans et des masses populaires.

    LE SOCIALISME

    La révolution socialiste

    1– Le développement des contradictions fondamentales conduit inévitablement au remplacement du capitalisme par le socialisme; la contradiction entre la socialisation des forces productives et l’appropriation privée des moyens de production atteint son degré d’acuité le plus élevé avec l’impérialisme.

    2– La société impérialiste française d’aujourd’hui est caractérisée par le capitalisme monopoliste d’Etat : il constitue « la préparation matérielle la plus complète, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’histoire qu’aucune étape intermédiaire ne sépare du socialisme » (Lénine).

    3– L’Etat bourgeois étant l’instrument de la dictature de la bourgeoisie, de l’exploitation et de l’oppression violente contre la classe ouvrière, la bourgeoisie ne se laissera jamais déposséder pacifiquement des moyens de production et utilisera tous les moyens répressifs de son Etat contre la classe ouvrière quand celle-ci menacera son pouvoir.

    Aussi la tâche centrale de la classe ouvrière en France est-elle la destruction de l’appareil d’Etat bourgeois par l’insurection prolétarienne et l’instauration de son propre pouvoir.

    L’édification économique

    La révolution socialiste exproprie les capitalistes et les propriétaires fonciers. L’essentiel des moyens de production et d’échange deviennent propriété du peuple tout entier. A la campagne, la mise en place progressive de la coopération socialiste permet la transformation socialiste de l’agriculture.

    La révolution socialiste abolit l’exploitation de l’homme par l’homme. Elle permet la transformation des rapports de production et la libération des forces productives.

    L’économie socialiste n’a pas pour moteur la recherche du profit mais elle vise à satisfaire les besoins du peuple et à servir la cause de la révolution mondiale.

    Le principe de compter sur ses propres forces constitue une orientation fondamentale dans l’édification économique du socialisme.

    La gestion des entreprises socialistes est assurée par les structures de base en rapport avec les organisations de masse appropriées. Elle se fait dans le cadre des plans et des directives d’ensemble.

    Le système politique

    La destruction de l’Etat bourgeois ouvre une période de transition : la période de transition du capitalisme au communisme, la période d’édification du socialisme. Le socialisme est une étape de transition qui hérite des stigmates de la société capitaliste et qui expérimente les premiers éléments du communisme. La lutte de classes se poursuit dans la société socialiste.

    Cette transition qui nécessite une transformation en profondeur de la société, ne peut être menée à bien sans que la classe ouvrière instaure son pouvoir politique : la dictature du prolétariat. Celle-ci unit dans une solide alliance de classes, le prolétariat et la petite paysannerie avec les autres couches du peuple.

    a) L’expérience acquise par le prolétariat international dans sa lutte pour l’édification du socialisme (notamment la Commune de Paris de 1871, l’URSS, la Chine…) permet de dégager à la fois les caractéristiques fondamentales du nouveau pouvoir, les aspects positifs et négatifs de cette expérience et les traits particuliers qui découlent, pour chaque expérience, des conditions historiques, économiques, sociales, etc., dans lesquelles elles se situe.

    Ainsi, en France, l’édification du socialisme se réalisera dans une situation spécifique marquée notamment par les traits suivants:

    La classe ouvrière de France constitue non seulement la force dirigeante, mais aussi la force principale de la révolution dans notre pays.

    La classe ouvrière de France est riche d’un long passé de luttes de plus d’un siècle contre la bourgeoisie. Les luttes pré-révolutionnaires auront enrichi son expérience et contribué à renforcer son unité de classe, condition indispensable à la construction du socialisme en France.

    La classe ouvrière, lors de l’aboutissement du processus révolutionnaire, sera parvenue à battre le révisionnisme moderne au cours d’une lutte prolongée. La connaissance du révisionnisme acquise au cours de cette lutte, l’assimilation des expériences d’édification du socialisme dans le monde, et notamment la dégénérescence de l’URSS en un nouvel Etat capitaliste, auront considérablement aguerri la vigilance de la classe ouvrière.

    Cette dernière aura ainsi appris qu’elle ne peut se déssaisir de son rôle dirigeant, qu’elle doit constamment rester vigilante et ne peut se contenter d’approuver de loin en loin des orientations et des choix décidés en dehors d’elle et qu’elle doit au contraire être à l’origine de leur élaboration et de leur définition.

    Dans notre pays, la classe ouvrière est nombreuse, éduquée, elle constitue la classe la plus représentative de la société. La bourgeoisie a dû la laisser s’assimiler des techniques, un savoir-faire et des connaissances. Bien que marquées d’une certaine empreinte de classe bourgeoise, ces capacités sont des conditions très favorables à l’édification du socialisme. Ces capacités, cette conscience et cette expérience politiques constituent un atout important dans l’édification du socialisme en France.

    Le pouvoir mis en place par la classe ouvrière française après la révolution socialiste devra tenir compte des expériences positives et négatives du socialisme dans le monde et des caractéristiques propres à notre pays.

    b) Ce sera un pouvoir placé aux mains de la classe ouvrière et du peuple travailleur, et non au-dessus d’eux. Les fonctions d’Etat doivent être remplies par tous les travailleurs, regroupés dans le cadre d’une entreprise, d’un quartier, d’un village…, dans des structures de base de la société socialiste.

    Toutes les orientations importantes résulteront d’un débat préalable dans ces structures de base. Celles-ci éliront les délégués et les assemblées chargés de centraliser en une volonté unique les projets et les propositions et d’assurer des tâches d’exécution qui en découlent. Les structures de base et les assemblées exerceront à la fois le pouvoir législatif et exécutif.

    Les délégués et toutes les assemblées élus sont placés sous le contrôle des travailleurs : révocables, ne percevant pas de salaire supérieur à celui fixé pour la majorité des travailleurs, ils sont responsables devant eux de l’exécution des tâches qui leur sont confiées.

    L’armée permanente bourgeoise est remplacé par le peuple en armes, organisé dans l’armée nationale et les milices ouvrières et populaires.

    c) Sous le socialisme, le parti communiste constitue un instrument indispensable aux mains de la classe ouvrière pour lui permettre d’exercer son rôle dirigeant. La fonction fondamentale du parti est d’unir la pratique concrète de direction de la société par la classe ouvrière à la théorie révolutionnaire qui l’éclaire.

    Dans la société socialiste, les communistes qui constituent l’avant-garde de la classe ouvrière sont présents sur les fronts les plus difficiles, sont les plus actifs, les plus clairvoyants dans la lutte de classe, dans la continuation de la révolution.

    Le caractère de société de transition de la société socialiste qui se manifeste notamment par la poursuite de la lutte des classes et les tentatives de restauration du capitalisme, rend nécessaire la poursuite guidée par le parti de la lutte de classe sous le socialisme.

    Le parti communiste veille à ce que toutes les énergies existant dans le peuple soient libérées. Il favorise la participation de plus en plus large et active de l’ensemble de la classe ouvrière et du peuple à la construction du socialisme et à l’exercice des fonctions d’Etat.

    En organisant en son sein les éléments les plus conscients et les plus résolus dans l’édification du socialisme, en permettant, par son rôle politique et idéologique irremplaçable au sein de la société que les choix politiques se fassent sur des bases claires, en pratiquant la ligne de masse, il guide la classe ouvrière et les masses dans une marche consciente vers le communisme.

    d) Le plein développement de la démocratie prolétarienne a pour condition que s’exerce avec fermeté et vigilance la dictature du prolétariat sur les anciennes classes exploiteuses.

    Au sein du peuple, les contradictions se résolvent et l’unité se construit grâce à la persuasion, sur la base de l’examen des réalisations concrètes et du bilan systématique des expériences. Après débat, si les décisions de la majorité s’imposent nécessairement, les points de vue minoritaires sont respectés : seule la pratique peut établir le bien-fondé des choix et décisions.

    Pour les anciens exploiteurs et ceux qui voudraient les imiter, c’est au contraire la contrainte qui prévaut sur la persuasion.

    Le renforcement du socialisme exige que la lutte contre la persistance des idées bourgeoises et les tentatives de restauration du capitalisme se mène fermement, y compris dans l’Etat et au sein même du Parti.

    L’instauration du socialisme, du pouvoir du prolétariat, crée les conditions pour une transformation profonde des mentalités, pour que la conception prolétarienne du monde l’emporte sur les conceptions réactionnaires héritées du passé.

    Le développement de la démocratie socialiste va de pair avec l’élimination progressive, par leur réduction continue, des écarts existant entre notamment travail manuel et travail intellectuel, ville et campagne, ouvrier et autre élément du peuple… Il assure les conditions indispensables à l’émancipation de la femme.

    Le socialisme et la révolution mondiale

    La politique de l’Etat socialiste est fondée sur le principe de l’internationalisme prolétarien et la poursuite de la révolution au plan mondial.

    1) Il s’agit de rompre avec l’impérialisme, c’est à dire de briser tous les rapports de domination de l’impérialisme français, à savoir:
    — reconnaître immédiatement l’indépendance nationale des peuples et colonies,
    — cesser tout acte d’exploitation, de pillage et d’oppression des peuples du Tiers Monde,
    — régler avec eux les modalités de réparations.

    2) Il s’agit d’établir des rapports de coopération et d’aide mutuelles avec les autres pays socialistes.

    3) Il s’agit de soutenir les luttes révolutionnaires prolétariennes ou nationales démocratiques des autres peuples.

    4) Il s’agit de lutter contre l’hégémonisme et d’établir des rapports fondés sur les principes de coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents.

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  • Protocole d’accord pour l’unification du PCML et du PCR (ml) (1979)

    Le PCML et le PCRml ont engagé depuis plusieurs années un processus d’unification visant à rasssembler dans un seul parti communiste la plus grande partie des forces se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée maotsetoung dans notre pays. L’aboutissement de ce processus contribuera à l’édification d’un parti communiste qui sera plus à même de tracer la voie révolutionnaire dans notre pays, de répondre aux aspirations de la classe ouvrière et des masses populaires et de les conduire dans leur lutte contre la bourgeoisie et les deux superpuissances.

    Ce processus est marqué par des avancées significatives dans plusieurs domaines. Les points de vue sur des questions essentielles se sont très sensiblement rapprochés, ceci contribuant à approfondir l’unité idéologique et politique entre les deux partis. Cela s’est manifesté notamment par la campagne commune menée dans la bataille politique de mars 78, par la rédaction des textes communs sur les quatre points (centralisme démocratique, le parti communiste, guerre et révolution, le socialisme), par la pratique d’unité d’action ponctuelle réalisée de manière privilégiée entre nos deux partis.

    Afin que ce processus aboutisse positivement, les deux comité centraux estiment nécessaire et possible de définir un ensemble de propositions solidaires dont la mise en oeuvre fasse entrer le processus unitaire dans sa dernière phase et engage concrètement les deux partis vers le congrès d’unification.

    Pour mener à bien cette dernière phase, les deux partis soulignent les deux point suivants:

    Il est nécessaire que l’unité d’action entre les deux partis et leurs organisations à tous les échelons se mette en place dès l’automne et parvienne à se généraliser. Cela implique la mise en oeuvre à tous les niveaux de plan de travail communs élaborés sous la direction commune des deux CC. Cela favorisera une meilleure compréhension et une meilleure connaissance réciproques des deux partis sur tous les plans.

    La mise en oeuvre de l’unité d’action à la base et à tous les niveaux combinée avec les discussions politiques et l’échange de points de vue menés régulièrement entre les cellules et les organismes, contribueront à rapprocher les points de vue, à lever les malentendus, à résoudre les contradictions et à renforcer ainsi l’unité idéologique et politique entre les deux partis.

    Il est nécessaire que le congrès d’unification tienne pleinement compte du caractère spécifique du processus d’unification engagé dans notre pays entre nos deux partis.

    D’une part, de ce congrès seront issus un programme et des statuts sur lesquels le parti unique se fondera pour son activité et son organisation; ce parti fonctionnera suivant le principe du centralisme démocratique (dont un texte commun entre les deux partis a fixé les grands axes).

    D’autre part, afin de prendre en compte tous les acquis respectifs de chacun des deux partis et leur rôle comparable dans la bataille politique, les deux comités centraux estiment nécessaire de composer les organismes dirigeants du futur parti (CC, BP, Secrétariat) de manière paritaire jusqu’au prochain congrès tenu un an après le congrès d’unification.

    Durant cette période, les organismes de direction du parti s’efforceront de rechercher l’unanimité pour la prise de décisions importantes; en tous cas, les décisions importantes seront prises avec l’accord des deux tiers.

    Ainsi se trouveront écartées toutes formules de simple addition des deux partis ou d’absoption de l’un par l’autre et seront crées les conditions pour une fusion effective en un seul parti du PCML et du PCRml.

    Compte tenu de ces deux points, le processus d’unification implique les tâches suivantes:

    – l’harmonisation des plans de travail et la mise en oeuvre à tous les niveaux des plans d’action décidés en commun,
    – la fusion progressive du système de presse avant même le congrès d’unification,
    – la préparation du congrès d’unification par l’élaboration commune des projets de programme et de statuts étudiés, discutés et amendés dans chacun des partis.

    De la mi-septembre au congrès d’unification, la direction de cette dernière phase de l’unification sera assurée par les deux comités centraux des deux partis.

    Dans ce cadre, les deux CCet les deux BP tiendront des sessions communes.

    Les deux CC mettront en place un comité pour l’unification conduit par les deux secrétaires généraux et constitué sur une base paritaire. Ce comité de dix membres se réunira une fois par semaine.

    Sous la direction commune des deux comités centraux, il mettra en oeuvre les trois tâches définies plus haut. Il rédigera un texte commun complétant les quatres textes précédemment réalisés, à propos du gauchisme. Il rédigera un document commun des deux partis à propos de la division des forces marxistes-léninistes en France en 1970.

    PLAN DE TRAVAIL

    Un plan de travail commun détaillé sera défini en septembre. Cela nécessitera une réflexion attentive des deux comités centraux et la prise en considération des données politiques internationales et nationales de la rentée.

    Il comprendra une bataille commune sur la question du chômage et de l’emploi, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, de la téléphonie et de la navale. L’échange et l’approfondissement des expériences respectives des deux partis sur cette question, organisés dès la rentrée par le comité pour l’unification, permettront de définir les axes principaux, les mots d’ordre et les moyens d’action de cette bataille.

    Il comprendra la nécessaire bataille pour les libertés démocratiques mises en cause par les attaques redoublées du capitalisme et du gouvernement Giscard-Barre.

    Il comprendra une riposte commune aux attaques de la bourgeoisie contre les travailleurs immigrés: emploi, racisme, loi Bonnet-Stoléru, logements (Sonacotra)…

    Il comprendra une campagne d’explications concernant l’édification du socialisme en Chine (…). Une séance de travail du comité pour l’unification tenue à la rentrée, mettant en commun les éléments de connaissance et de réflexion des deux partis sur cette question, devra permettre de préciser les axes de cette campagne.

    Il prendra en considération les derniers développements de la situation internationale, notamment dans le Sud-est asiatique et prendra les initiatives nécessaires en conséquence. (…)

    PRESSE

    Le système de presse sera fusionné selon le calendrier suivant:
    – dès septembre, des pages communes seront réalisées dans les quotidiens, notamment en liaison avec les plans de travail communs. Leur nombre et leur périodicité pourront être progressivement étendus;
    – le premier janvier, les quotidiens fusionneront en un seul;
    – durant le premier trimestre 1980 sera mis en place le travail commun pour la fusion des revues théoriques.

    PROGRAMME ET STATUTS

    Les deux comités centraux examineront en séance plénière les projets de programme et de statuts élaborés par le comité pour l’unification. Ces projets seront envoyés (..) à l’ensemble des deux partis, pour étude, discussions et amendements, au sein de chacun des deux partis.

    En mai, chacun des partis sur la base de ses propres statuts, convoquera son IVe Congrès.

    Les deux CC auront fixé dans une session commune les quota de représentation des délégués au congrès sur la base des effectifs des partis (…). Chaque congrès se prononcera sur les orientations contenues dans les projets de programme et de statuts soumis au congrès d’unification. Chaque congrès élira en nombre égal la liste des dirigeants de son propre parti qui participeront aux organismes dirigeants élus par le congrès d’unification.

    Les deux congrès se réuniront (…) après en un congrès d’unification. Ce congrès adoptera le programme et les statuts et les résolutions du futur parti. Il élira un comité central composé de manière paritaire.

    Le Comité central du PCML
    Le Comité central du PCRml

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