La violence armée à Dijon de juin 2020, déchéance de la révolte de 2005, expression de la crise générale de l’armée de réserve industrielle

Les « quartiers », base de l’armée de réserve industrielle

Ce qui s’est passé à Dijon pendant plusieurs jours, et surtout plusieurs nuits, révèle l’affirmation d’une contradiction absolument terrible déchirant le tissu populaire des secteurs marginalisés. Cette contradiction est celle entre un capitalisme s’étendant, mais plaçant toujours plus une armée de réserve prolétarienne dans des conditions de précarité et d’isolement social.

L’affrontement de centaines de jeunes d’origine maghrébine et tchétchène, sur une base ethnique et au moyen d’armes allant de la barre de fer au fusil automatique, correspond à une marginalisation, une communautarisation et une aliénation complète de pans entiers du peuple réduits au statut de force de travail éventuelle.

C’est ce que Karl Marx appelle « l’armée de réserve industrielle ». Il explique dans Le Capital que l’approfondissent du capitalisme amenait la formation d’une « armée de réserve » toujours plus grande : « La réserve industrielle est d’autant plus nombreuse que la richesse sociale, le capital en fonction, l’étendue et l’énergie de son accumulation, partant aussi le nombre absolu de la classe ouvrière et la puissance productive de son travail, sont plus considérables. »

Les « quartiers », assemblés par en haut par le capitalisme à partir des années 1960, forment la base de cette armée de réserve industrielle, dont on se sert éventuellement, en s’en servant de soupape également pour pressuriser les salaires. L’origine immigrée prévaut, comme garantie d’un manque de conscience politique et d’expériences des luttes de classe dans le capitalisme, avec aussi un faible niveau d’étude.

L’armée de réserve industrielle est la cinquième roue du carrosse et les « quartiers » sont par essence même marginalisés, avec un pied dans le prolétariat mais, en même temps, un pied dans le lumpenproletariat.

Le tournant des années 1990

Le caractère ultra-violent des événements de Dijon, avec l’absence d’intervention policière voire militaire, a profondément marqué les esprits. Qui observe cela en regardant les années 1990 y voit forcément un écho familier, mais baroque.

Pourquoi les années 1990 ont-elles ici une importance ? A cette époque, le capitalisme français, comme les autres États avancés du capitalisme, a achevé de digérer le contrecoup des soulèvements de 1968. La fin de la décolonisation et l’effondrement du Bloc de l’Est semblaient aussi ouvrir des perspectives désormais illimitées au capitalisme, à quoi il faut ajouter le processus d’unification européenne dans de nombreux domaines : économiques, juridiques, monétaire, etc.

Cette digestion a abouti sur le plan intellectuel à laisser une large place dans les analyses publiques à ce courant de pensée que l’on doit qualifier de « post-moderne ». Par ce terme, on entend ces théories intellectuelles qui se proposent de rendre intelligible les rapports sociaux à l’échelle de l’individu et de son vécu, immédiat ou imaginaire, exprimé à travers des « discours ».

En raison de l’existence de structures de pouvoir qui se pensent utiles au gouvernement des populations, la société constituerait un champ de confrontation de ces discours, les uns dominants, les autres dominés, de manière complexe et « intersectionnelle », ce qui générerait des oppressions au détriment de certains individus.

Il n’est plus alors question de lutte des classes et même de révolution, mais d’émanciper les individus des oppressions qu’ils subissent d’une part et de « gestion » des conflits d’autre part. On ne parle plus de Socialisme mais de « justice sociale ».

Cela accompagne le démantèlement par le capitalisme français de toutes les structures antagoniques relevant du communisme, leur isolement, leur destruction culturelle et idéologique.

L’affirmation de la vision du monde post-moderne

Très intellectuel dans les années 1960-1970, le courant de pensée post-moderne se diffuse plus largement dans les années 1980 dans les médias et dans les structures liés à l’université et l’éducation. Il profite alors largement de la lessiveuse de la pensée « anti-totalitaire » des années 1970, qui s’appuie largement sur la découverte littéraire des « dissidents » de l’Union soviétique de cette époque, comme Milan Kundera ou Alexandre Soljenitsyne.

Puis ce courant fini par gagner les organisations politiques dont les cadres sont progressivement formés dans cette perspective. Après l’épisode de ce que l’on appelé les « nouveaux philosophes » et sur le plan politique la « seconde gauche », la figure du sociologue s’impose dans les représentations culturelles françaises comme la figure par excellence de l’intellectuel à la place de l’écrivain.

C’est à ce moment-là qu’un bourgeois comme Pierre Bourdieu est monté au pinacle de la « contestation », aux côtés du Monde diplomatique et de son prolongement ATTAC, etc. Ce sont les années 1990 et « l’altermondialisme ».

Durant cette décennie, la question des classes populaire prend chez ces gens la forme de celle de la banlieue et de l’immigration, que sociologues et démographes ne cessent de scruter. Bien entendu, tous ne sont pas à l’unisson, mais il y a une véritable dynamique de fond. Depuis les émeutes de Vénissieux (dans le quartier des Minguettes en 1981) dans la banlieue de Lyon et la Marche pour l’égalité (dite « Marche des Beurs », en 1983), les post-modernes ont fait de la banlieue et de l’immigration deux termes symétriques qu’ils analysent comme un « phénomène », selon leurs catégories.

La « découverte » des cités et des « quartiers » dans les années 1990

La vie populaire dans les quartiers « sensibles » des grandes métropoles capitalistes retient grandement l’attention de la société française d’alors, ouvrant un champ sans précédent à l’expression de celle-ci sur le plan culturel.

C’est l’époque où le hip hop décolle en France comme moyen d’expression de ces secteurs des couches populaires françaises, avec tout un style, toute une culture qui marque l’ensemble de la jeunesse de cette génération bien au-delà des celles banlieues et des immigrés ou de leurs descendants. Ainsi, le phénomène des tagueurs a connu dès le départ une nette participation de petits-bourgeois, voire même de bourgeois.

Cependant, avec une certaine justesse, la question des banlieues et de l’immigration a alors été comprise comme une contradiction du capitalisme français et la jeunesse de ces quartiers est allé dans la direction de multiplier de formes relevant de petits soulèvements, à Paris, à Marseille, à Toulouse, partout ensuite.

La nécessité de développer les consciences se fit jour. Sur ce plan, le rap a joué un rôle central, exprimant de manière parfois brutale et vulgaire, mais le plus souvent authentiquement, les contradictions au sein des masses de ces secteurs populaires : la vie morose, la pression permanente des flics et en particulier ceux des organes de répression policier comme la BAC, le vide affectif, l’absence de perspective, les drogues et les trafics, etc…

Les cités et les « quartiers » comme question sociale : 2005

Les sujets s’inspiraient alors très majoritairement de la vie quotidienne et bien peu des questions que l’on appelle « identitaires ». Il n’échappait à personne bien sûr que la questions des migrations était ici centrale, mais cela s’insérait dans une mise en perspective plus globale. Pour preuve, on a deux films emblématiques : La haine de Mathieu Kassowitz en 1995 et Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet en 1997.

Ce dernier était d’ultra-gauche, avant une carrière hollywoodienne, et ainsi le Virgin Megastore des Champs-Élysées était tapissé d’étoile rouges entourées chacune d’une roue dentée et d’un épi de blé. La Bande Originale du film devint un grand classique de par le choix très approfondi de chansons à portée sociale-révolutionnaire, dans une ambiance à la fois très sombre et très antagonique.

La chanson Les flammes du mal, de Passi, reflètent au mieux cette perspective où « c’est certain les plombs vont sauter ma cité va craquer : « Le sang et le feu sont réclamés par la foule / Sur le bitume l’engrenage se déroule / Foutre le dawa, niquer la rhala / Les flammes de l’enfer vu que le paradis n’est pas ».

L’embrasement tant attendu se produira en octobre-novembre 2005, partant de Clichy-sous-Bois pour s’étendre à toute la France. Il y aura pratiquement 10 000 voitures incendiées, 233 bâtiments publics dégradés, l’ensemble des dégâts s’élevant à 250 millions d’euros à peu près.

La révolte de 2005 comme antagonisme

Le noyau allant former le PCF(mlm) salua la révolte et l’encouragea, considérant en janvier 2006, dans « Continuons le processus enclenché, continuons à nous rebeller ! », qu’il y avait une fenêtre de tir pour une affirmation antagonique :

« Nous voulons dire ici quelques mots à propos de la situation issue de la révolte de novembre. Parce que pour nous celle-ci continue.

Pour nous la révolte est dans l’ordre des choses; pour nous il est normal que les masses se révoltent. C’est là-dessus que se fonde notre stratégie communiste (…).

L’une des accusations qui a été faite par ceux qui sont social en paroles, impérialiste dans les faits, est que cette révolte était aveugle, que les révoltés étaient des « lumpen », qu’un tel mouvement était apolitique car n’avait pas de revendications.

Il va de soi qu’un tel discours est celui de représentants de couches sociales opposées à la révolution. Car c’est la jeunesse prolétaire qui s’est révoltée.

Un mouvement révolutionnaire ne peut pas partir de fonctionnaires, dont le poste est garanti à vie, ni des étudiants, qui espèrent tout de même avancer dans le système et s’en sortir individuellement.

Il était inévitable également que les travailleurs subissant le chantage au chômage dans les entreprises capitalistes n’osent pas du jour au lendemain se rebeller, surtout quand tout le monde sait que les syndicats sont opposés aux conflits durs et à la confrontation avec les entreprises.

Il fallait donc que cela soit ceux qui n’ont rien à perdre qui lèvent le drapeau de la révolte et qui rejettent l’ordre social.

« La pauvreté est une force motrice de la révolution, les pauvres sont les plus révolutionnaires, la pauvreté est le plus beau des chants…. La pauvreté n’est pas une opprobre, c’est un honneur. » (Gonzalo)

De plus, une critique de la révolte sincère ne regretterait qu’une chose: qu’il n’y ait pas eu une organisation authentiquement révolutionnaire capable d’approfondir et d’élargir le mouvement (…). Pourtant la jeunesse révoltée a osé, elle n’a compté que sur elle-même. Elle n’a pas écouté ceux qui lui disaient qu’il ne fallait pas le faire, comme les mafias qui préfèrent le calme pour leur business, les religieux qui veulent intégrer l’Etat, etc.

Elle s’est organisée comme les masses s’organisent toujours lorsqu’elles se révoltent.

Il s’agit d’une rébellion authentique (…). La bourgeoisie a d’ailleurs diffusé tous le mensonges possibles sur la révolte.

On a parlé de causes religieuses, ethniques, banlieusardes, etc. On a parlé d’actions violentes pour être violentes, on a parlé d’actions n’ayant aucun sens, de destructions gratuites.

Même ceux qui se prétendaient en opposition au système capitaliste ont repris ce refrain. Leur masque social-impérialiste est tombé : leur discours est social, mais leur pratique impérialiste : en fait ils veulent surtout une France paisible et forte (…).

Le peuple en action, voilà la solution et voilà ce qui s’est passé.

Ce qu’il faut regretter c’est que l’ensemble du prolétariat n’ait pas rejoint la révolte. Le prolétariat aurait dû suivre sa composante la plus opprimée et la plus déterminée : la jeunesse prolétarienne.

Ce qu’il faut critiquer, c’est la soumission des révolutionnaires de salon à la petite-bourgeoisie, révolutionnaires de salon qui ne conçoivent qu’une lutte syndicale et associative, et qui s’enfuient dès que les luttes de classes s’emballent.

Parmi ces gens il y en a aussi pour arriver quand tout est fini et prétendre, eux, « comprendre. » Les masses n’ont pas besoin qu’on les comprenne, elles ont besoin qu’on les organise.

Car oui, c’est vrai, le peuple veut la guerre, oui les masses veulent détruire l’Etat. Seuls les partisans du capitalisme peuvent critiquer cela et la violence qui en découle.

Seuls des petits-bourgeois peuvent préférer un monde paisible, ne dérangeant pas leur commerce. Et seuls des traîtres peuvent rejeter la révolte, ou la passer sous silence, sous prétexte que les formes de la lutte ne sont pas « adéquates » (…).

La révolte de la jeunesse prolétarienne n’est pas une « révolte des banlieues. » C’est une révolte dans la continuité de la révolte des masses contre l’oppression. C’est une rébellion.

Voilà le principe essentiel de la ligne de masses des communistes authentiques.

Et la tâche des communistes, c’est d’accepter le développement inégal de la révolution, le décalage entre la situation sociale et la pratique des masses, pour tout remettre à niveau et développer la conscience révolutionnaire. Voilà les tâches très pratiques des communistes dans les mois à venir. »

La révolte de 2005 et son inaboutissement

Cette fenêtre de tir ne s’est pourtant pas concrétisé et au lieu de contribuer à un antagonisme populaire majeur, la révolte de 2005 s’est transformée en défaite et a amené un recul majeur des positions populaires, prolétariennes.

Le bilan tiré en 2015, dans « 10 ans après les émeutes de novembre 2005 en France », cherche à définir ce qui a empêché l’alliance de la jeunesse révoltée et du prolétariat :

« Il y a des moments dans l’histoire d’un pays où la vie quotidienne, avec son train-train, est bouleversée. Tout s’accélère, brutalement ; les masques politiques et sociaux tombent, tout se révèle à la face de la société.

La crise de mai 1968 a été un tel moment, et d’une manière moins importante mais significative, les émeutes de novembre 2005 ont également consisté en un moment de ce type.

Psychologiquement, cela a été un moment frappant, quasi traumatisant. Si une révolte de banlieues existait comme possibilité aux yeux de la société française, cela restait quelque chose de vague, sans réalité. C’est pourquoi la société française a été frappée de stupeur, littéralement. Il y a ici quelque chose de dommage, et d’inévitable, et d’historiquement très important.

D’inévitable, parce que l’année 2005 était un tournant.

Il y avait alors en au mois de mai le référendum sur la constitution européenne, et le « Non » qui avait gagné apparaissait au PCF(mlm) comme social-chauvin, ouvrant la voie au Front National. Ceux qui réduisent la lutte de classes aux revendications économiques – aidant le fascisme tant en pratique que sur le plan des idées – semblaient avoir gagné.

Si le « Non » avait eu un autre contenu, authentiquement progressiste, réellement de luttes de classes, les émeutes de novembre 2005 n’auraient d’ailleurs pas eu cet effet de division au sein des masses populaires françaises.

Mais comme le « Non » était social-chauvin, les émeutes de novembre 2005 ont été dénoncées, de manière unilatérale. Le Parti Socialiste et le Parti « Communiste » français les condamnaient, pendant que l’extrême-gauche, si prompte à parler de « révolution », était entièrement déboussolée, et n’avait qu’un seul mot d’ordre : se dissocier, à tout prix.

À ce titre, il est significatif que les anarchistes et les trotskystes n’aient pris position qu’une fois que l’état d’urgence a été proclamé. Ils n’ont commencé à parler qu’une fois que l’État avait eu l’initiative, révélant leur nature de supplétif « démocratique » du capitalisme.

Personne ne savait quoi faire de cette violence anti-étatique… personne, bien entendu, à part le PCF(mlm) et les secteurs des militants révolutionnaires autonomes assumant l’antagonisme avec le mode de production capitaliste.

Car pour le PCF(mlm) comme pour les milieux autonomes alors, 2005 aurait pu être une conjonction historique. Les masses populaires avaient connu, dans le secteur de la jeunesse, de multiples expériences de luttes de classe franchement antagoniques avec le capitalisme, notamment avec les luttes anti-CIP (Contrat d’Insertion Professionnelle ou « SMIC Jeunes »), en 1994.

Du côté des travailleurs, les grèves de 1995 avaient été la plus forte vague de ce type depuis 1968 ; il y avait eu de réelles mobilisations de masse tant dans le public que dans le privé contre le « plan Juppé » sur les retraites et la Sécurité sociale.

La culture prolétarienne des assemblées générales était particulièrement vivante et la possibilité d’une vraie émergence d’une autonomie populaire assumant l’antagonisme était considérée comme possible… (…).

Cette révolte n’a, toutefois, abouti à rien et cela est très visible dans le fait qu’elles n’ont justement pas donné lieu à un mouvement d’assemblées générales permettant l’organisation des masses.

En fait, elle a témoigné d’une fracture des masses populaires, entre les secteurs populaires des banlieues, de culture très urbaine et souvent liées à l’immigration, et les masses populaires de la « France profonde ».

L’échec de l’union des masses a provoqué l’émergence d’Alain Soral, de Dieudonné ; cela a renforcé Marine Le Pen.

L’extrême-gauche s’est précipitée dans les thèses d’ultra-gauche, exprimant le point de vue des bobos de centre-ville tentant de gagner les banlieusards.

Les banlieues se sont elles aussi plongées dans les thèses post-modernes, notamment avec l’Islam.

Les masses populaires de province ont, quant à elles, considéré qu’elles étaient seules, abandonnées de tous, et ont choisi de soutenir le Front National.

Tout aurait pu être très différent.

Et la question de l’unité des secteurs populaires doit donc être bien à l’esprit des progressistes : on a là un contre-exemple historique. »

Un rendez-vous raté avec l’Histoire lourd de conséquences

Le bilan, tracé en 2005 par l’avant-garde en France, prévoit de manière admirable le processus allant de 2005 à 2020 : un isolement ouvrier dans le Front National, une basculement dans les idéologies post-modernes, notamment la religion, pour les banlieues, et la transformation de l’extrême-gauche en une ultra-gauche.

On a ici un terrible rendez-vous manqué avec l’Histoire, en raison du refus de reconnaître la signification historique, culturelle et politique de la violence par une gauche française d’un anticommunisme virulent et entièrement inféodée au réformisme, à l’anarchisme et au trotskysme.

En 2002, soit sept ans après une révolte ayant ébranlé le pays, la trotskyste Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière fait 5,72% aux présidentielles et le trotskyste Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire 4,25% des voix, soit plus que Robert Hue du Parti « Communiste » français (3,37%). 2,8 millions de personnes avaient fait le choix pour des partis se présentant comme révolutionnaires !

Il n’en restera pourtant rien, car on est là dans le simulacre, un accompagnement de l’inaboutissement de la révolte de 2005.

Les productions culturelles de cette époque reflètent ce désarroi ; on peut illustrer cela par les ambiguïtés du groupe Sniper, très populaire alors et qui avait cherché à conserver une certaine authenticité, mais qui n’arriva pas à dépasser les incohérences et s’est fait alors rattraper par des séries de polémiques avec les « identitaires ». On a ici en fait un passage la démarche identitaire-communautaire qui s’est généralisée.

Les idéologies post-modernes, qui acceptent le capitalisme mais prétendent révolutionner la société, tout en s’abstenant de faire la révolution, se sont engouffrés dans la défaite de 2005.

Elles ont imposé l’idée de lier la question des migrations non pas aux circulation de population conforme au fonctionnement même du capitalisme, mais au colonialisme français et à ses héritages.

Elles ont imposé l’idée de lier la question des banlieues non pas à la contradiction entre les villes et les campagnes, mais à celle du développement « culturel » des personnes issues de l’immigration, vues d’ailleurs non comme une composante du peuple, mais comme des communautés oppressées par la domination culturelle française et « bourgeoise » au sens que les deux termes seraient synonymes.

Une fuite en avant identitaire et communautaire

Les intellectuels et idéologues post-modernes ont obtenu le soutien de la petite-bourgeoisie d’origine immigrée, mais pas seulement. Les États semi-féodaux semi-coloniaux d’où venaient la majorité des migrants ont joué un grand rôle contre-révolutionnaire dans l’encadrement de ces habitants immigrés ou issus de l’immigration des banlieues et dans l’assaut contre toute compréhension de la lutte des classes.

Des pays comme le Maroc, l’Algérie ou la Turquie notamment ont imposé un encadrement quasi policier fondé sur les superstitions religieuse et la soumission à l’autorité. Ils ont propagé un « anti-impérialisme », une lecture religieuse du monde, un antisémitisme à prétention « révolutionnaire ».

Le salafisme, ce courant de retrait du monde et de refus de la vie politique s’est ici d’autant plus développé qu’il présentait à la fois une expression parallèle, parfois soutenu financièrement, de ces interventions étatiques, et un refus d’avoir affaire à des questions étatiques, institutionnelles.

Son audience a été extrêmement significative, reflétant tout à fait une mentalité de repli, de défaite. Les tenants de « l’État islamique » apparaissent ici comme ceux voulant se replier jusqu’au bout, dans un pays paradisiaque imaginaire défini de manière ultra-romantique.

C’est là une expression de décadence totale, d’effondrement des mentalités sociales et des rapports démocratiques.

C’est l’irruption d’une néo-féodalité au cœur de l’un des pays les plus riches du monde, une chose impensable dont l’existence révèle que tout s’effondre au fur et à mesure.

Tout cela fait qu’à partir de 2005, il est toujours plus marquant que la question des banlieues et de l’immigration telle que formulée dans cette perspective post-moderne, « post coloniale », devient une abstraction de plus en plus éloignée de la vie quotidienne.

C’est la raison de la récupération de la question palestinienne, purgée de sa réalité démocratique, pour en faire un vecteur désincarné d’un anti-capitalisme romantique souvent teinté d’antisémitisme pour disposer d’une « charge » idéologique suffisante. Il s’agit d’une opération de séduction tout à fait calculée, afin d’évincer toute approche communiste.

C’est cette déconnexion, expression d’une crise idéologique extrêmement profonde et d’un désarroi terrible avec une petite-bourgeoisie toujours plus agitée, qui a produit les machines de guerre qu’ont été les « Indigènes de la République » et leur dénonciation des Français « souchiens », l’humoriste Dieudonné et sa « quenelle », Alain Soral et ses succès d’édition autour d’« Égalité et réconciliation », les attentats terroristes islamistes en France, notamment ceux du Bataclan, de Charlie Hebdo et les assassinats antisémites d’enfants juifs à Toulouse.

Une expression de la crise générale de la petite-bourgeoisie et de l’armée de réserve industrielle

Il est marquant que tous ces mouvements identitaire et communautaire produits par la crise ont imaginé être la solution à une crise interprétée selon leurs propres termes. Tous annonçaient un basculement en leur faveur, mais il n’en fut rien, toute tentative de formaliser quelque chose aboutissant à un échec complet. Les « Indigènes de la République » tablaient par exemple « le Bandung du Nord » de 2018, une sorte de colloque international censé élancer « l’anti racisme politique » en France derrière les figures du PIR.

L’événement, qui aurait dû former une « Internationale décoloniale » en tant qu’« alliance politique entre les mouvements décoloniaux d’Occident » se fondant sur les « mouvements sociaux des communautés noires, indigènes, rroms, asiatiques et islamiques », a été en fait sans importance.

Cela n’empêche pas ces « identitaires » et communautaristes de se prétendre au centre de l’Histoire. Lors du colloque « Quelles alliances avec la Gauche ? », Omar Slaouti parle de manière à la fois farfelue et mégalomane de « la centralité du Sud global qui pénètre le Nord par tous les pores » et revendique la « centralité politique ». La déclaration finale affirme que les « diasporas non blanches » seules peuvent frayer « de nouvelles voies politiques ».

C’est en fait une vague petite-bourgeoise, intellectuelle et démagogue, jouant sur l’affect : c’est cela qui explique comment en juin 2020, le collectif « la vérité pour Adama », après avoir été adoubé par la gauche post-moderne en particulier le P«C»F, a pu surfer sur la vague d’émotion anti-raciste en France à la suite du meurtre de George Floyd aux États-Unis par un policier.

Cet empilement de « mouvements » post-modernes a un même fond à vrai dire : il s’agit de mettre à la remorque les masses populaires d’un secteur de la petite bourgeoisie en contournant la lutte des classes pour la désamorcer avec un « nouveau paradigme », qui cible la société et non l’État et la bourgeoisie, afin de mener la lutte des places et non la lutte des classes.

Le cannibalisme social comme agonie de la petite-bourgeoisie et de l’armée de réserve industrielle dans le cadre de la crise générale du capitalisme

C’est cette désintégration sur le mode identitaire et communautaire qui amène un affrontement communautaire entre Maghrébins et Tchétchènes en 2020, là où la révolte de 2005 possédait une dimension sociale évidente de par sa nature même. Et cet a affrontement s’aligne sur la question des clans, menant des trafics, disposant d’armes, cherchant à agir en cannibales sociaux.

On retrouve ici tout un romantisme du semi-féodalisme des masses immigrées de pays semi-coloniaux, notamment en s’appuyant sur les secteurs les plus arriérés du sous-prolétariat urbain des cités.

La famille que serait la mafia, l’honneur dû entre ses membres, l’argent facile, l’idée d’être en « transgression » : cette fascination pour le banditisme a littéralement pourri le rap français dans les années 2000, avec la complaisance des médias et des secteurs de la gauche post-moderne.

Il est dans cette ordre d’idée incroyablement parlant que le réalisateur de Ma 6-T va crack-er se soit installé dans le cinéma hollywoodien avec des films alliant milieu de la criminalité et ultra-violence.

Le crime, le trafic de drogue, la prostitution… sont devenus ni plus ni moins que des éléments « normaux » de la vie des « quartiers », alors que les masses sont incapables de s’y opposer, que ce soit sur le plan moral ou matériel.

Au cours de ce processus, le capitalisme a fait du football, du kebab, du rap, de l’habillement de « rebelle » des quartiers autant d’icônes faussement transgressives.

La marchandisation est bien entendu le grand invisible, la thématique que n’abordent jamais les identitaires, les communautaristes, les post-modernes, car ils sont l’expression du capitalisme le plus extrême, le plus corrosif. Ils expriment sa crise générale, car ils veulent faire vivre un capitalisme différent, entièrement différent, c’est-à-dire redémarré.

Comme c’est impossible, ils sont obligés de charger la barque d’autant plus. L’irrationalisme, le fanatisme et le nihilisme prédominent chez eux toujours plus.

C’est l’agonie de couches sociales portées par le capitalisme, vivant par lui et pour lui, se prétendant contre pour gagner des places, mais indissociablement subordonnée à sa substance et donc condamnées à ne pas pouvoir changer leur condition, seulement à disparaître avec le socialisme.

Qu’est-ce que la crise générale du capitalisme ?

1) Le concept de crise

a) Le profit capitaliste et la chute tendancielle du taux de profit

Le mode de production capitaliste s’appuie sur l’accumulation du capital. Karl Marx, dans Le capital, décrit dès le départ les cycles Argent – Marchandise – Argent et Marchandise – Argent – Marchandise. Le capitaliste apporte de l’argent pour produire des marchandises et obtenir plus d’argent en retour ; la marchandise est mise sur le marché, vendue pour de l’argent, ce qui amène avec cet argent une nouvelle production de marchandises.

Cependant, le capitaliste investit du capital pour avoir toujours plus de capital : le capitalisme entraîne le capitaliste et non le contraire. Il y a en effet d’entraînement, où le capitaliste sert le capital et non le contraire. Cet effet d’entraînement repose sur l’opposition irréductible de deux classes.

Le capitaliste exploite en effet les travailleurs qu’il emploie, en les rémunérant moins que ce qu’ils apportent dans la production. Plus le capitaliste fait grandir son capital, plus il renforce la classe capitaliste aux dépens de la classe laborieuse : le prolétariat.

Plus le capitaliste accumule du capital plus il est lui-même capitaliste et plus il enchaîne le prolétaire comme prolétaire.

Cependant, le paradoxe historique est que les capitalistes, qui forment une seule et même classe, sont divisés entre eux, ils sont en concurrence, en compétition pour parvenir à renforcer l’accumulation du capital qu’ils portent individuellement.

L’exploitation est ainsi renforcée, d’un côté en employant davantage de prolétaires afin de mettre en activité le capital, de l’autre en en mettant de côté afin de rogner sur les salaires. Or, comme c’est le prolétaire qui apporte la richesse « en plus » par son exploitation, les licenciements impliquent un abaissement du taux d’exploitation réaliser par le capitaliste : c’est la baisse tendancielle du taux de profit.

b) La surproduction de capital et la surproduction de marchandise

Les capitalistes constatent la baisse tendancielle du taux de profit mais ne parviennent pas à trouver sa source, ce qui renforce encore plus leur fuite en avant à l’élargissement le plus large possible de l’accumulation du capital d’un côté, aux licenciements en masse de l’autre. Cela accentue encore plus les contradictions et renforce à terme la baisse tendancielle du taux de profit.

Ce processus s’accompagne d’une hausse de la productivité, donc du nombre de marchandises. Il faut toutefois les écouler et les licenciements assèchent le marché où le faire. On se retrouve avec une surproduction de marchandises, la spéculation, les crises, un capital inemployé, une population littéralement mise de côté dans la production et la consommation.

C’est là un paradoxe historique : le capitalisme développe les capacités productives, mais se retrouve à un moment à ne plus être en mesure d’en faire quelque chose. Dans Le capital, Karl Marx synthétise cette contradiction en disant que :

« Plus la force productive se développe, plus elle entre en conflit avec la base étroite sur laquelle sont fondés les rapports de consommation. »

Ce conflit ne s’exprime pas nécessairement par une crise générale. En effet, ce qui caractérise la crise – la surproduction de capital et la surproduction de marchandises, soit l’une, soit l’autre, soit les deux – peut amener un redémarrage : les nouveaux capitalistes prennent la place des anciens ou ouvrent de nouveaux marchés, les marchandises dépréciées mais massives sont employées pour redémarrer un cycle de consommation et d’accumulation.

Pour qu’il y ait une crise générale, il faut que les capitalistes ne puissent plus exercer leur fonction, qu’ils ne soient plus capitalistes, qu’ils ne se déterminent plus par rapport au taux de profit. Cela implique une situation où il y a des monopoles si puissants qu’ils aient mis de côté les capitalistes concurrents et qu’ils puissent se contenter d’accumuler du capital en élargissant leur production, sans viser à un taux de profit toujours plus haut.

Ces monopoles doivent être compris de manière dialectique. Leur forme sont très différentes : monopoles en tant que tel ou quasi-monopoles (Windows, Apple, Boeing, Airbus, Total, BP…), trusts, conglomérats (LVMH, Bouygues, General Electric…), mais cela ne change rien au fait que les grands capitalistes ont des intérêts croisés, entremêlés, en même temps qu’antagoniques et que toutes les formes monopolistes relèvent d’une oligarchie, et ce peu importe la forme de ses activités à la nature monopoliste.

c) La base capitaliste et sa superstructure

Le capitalisme signifie concurrence, mais la tendance à la formation de monopoles est irrépressible. Au cours de ce processus, la compétition toujours plus aiguë s’accompagne d’une chute tendancielle du taux de profit, accentuant les situations de crise et généralisant les faiblesses de la base capitaliste en renforçant les contradictions toujours plus antagoniques.

Le capitalisme peut en soi, abstraitement, toujours surmonter des crises de surproduction sauf que le capitalisme est travaillé de l’intérieur par la formation d’une superstructure consistant en les monopoles. Lénine a défini cela comme l’impérialisme.

Dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, il dit :

« La libre concurrence est le trait essentiel du capitalisme et de la production marchande en général ; le monopole est exactement le contraire de la libre concurrence ; mais nous avons vu cette dernière se convertir sous nos yeux en monopole, en créant la grande production, en éliminant la petite, en remplaçant la grande par une plus grande encore, en poussant la concentration de la production et du capital à un point tel qu’elle a fait et qu’elle fait surgir le monopole : les cartels, les syndicats patronaux, les trusts et, fusionnant avec eux, les capitaux d’une dizaine de banques brassant des milliards.

En même temps, les monopoles n’éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issus; ils existent au-dessus et à côté d’elle, engendrant ainsi des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents. Le monopole est le passage du capitalisme à un régime supérieur. »

On a ainsi un capitalisme monopoliste qui s’impose d’autant plus qu’il étouffe relativement le capitalisme concurrentiel présent et qu’il atteint une telle dimension qu’il échappe à la perspective capitaliste, et donc à la baisse tendancielle du taux de profit, en passant sur un mode purement parasitaire.

Le développement des monopoles est ainsi un aspect de la crise capitaliste : il l’amène, il la porte, il consiste en elle, en amenant l’extinction de la concurrence.

d) Le caractère général de la crise

Le caractère général de la crise est atteint lorsque que la surproduction de capital et la surproduction de marchandises se produisent en commun et ne peuvent plus être surmontées, car aucun redémarrage n’est possible en raison du poids immense des monopoles. Il ne plus y avoir de crise relative, servant de décompression pour un redémarrage.

Cela ne veut nullement dire que dans certains secteurs, il n’existe pas un élan capitaliste concurrentiel, mais cela reste totalement partiel. Les forces productives ne connaissent plus de développement et le seul moyen de résorber ce problème, c’est de procéder à la socialisation des monopoles puis de l’économie toute entière.

Le capitalisme monopoliste, lorsqu’il prédomine et asphyxie l’économie de type capitaliste pour le faire passer à un régime parasitaire, forme l’antichambre du socialisme.

La première guerre mondiale et la révolution russe sont au cœur d’une telle crise générale du capitalisme, la première historiquement.

2) La première crise générale du capitalisme définie par l’Internationale Communiste

a) La définition historique de la crise générale du capitalisme

Le concept de crise générale du capitalismea été développé par l’Internationale Communiste. Celle-ci affirmait sa justification historique par l’ouverture d’une nouvelle époque.

L’affirmation d’une organisation unitaire des communistes à l’échelle mondiale correspondait à la mise en place progressive de la république socialiste mondiale, alors que le capitalisme est entré dans sa phase de déclin, d’effondrement.

Le Programme de l’Internationale communiste, adopté par le VIe Congrès mondial, le premier septembre 1928 à Moscou, présente de la manière suivante cette question :

« La lutte entre les principaux États capitalistes pour un nouveau partage du monde provoqua la première guerre impérialiste mondiale (1914-1918). Cette guerre ébranla le système capitaliste mondial et inaugura la période de sa crise générale (…) .

L’ébranlement profond du capitalisme mondial, l’aggravation de la lutte de classes et l’influence immédiate de la révolution prolétarienne d’Octobre, déterminèrent des révolutions et des mouvements révolutionnaires tant en Europe que dans les pays coloniaux et semi-coloniaux (…). Ces faits et des événements tels que l’insurrection de l’Indonésie, l’effervescence profonde de l’Inde, la grande révolution chinoise qui a ébranlé tout le continent asiatique, forment les chaînons de l’action révolutionnaire internationale et sont les éléments constituants de la grave crise générale du capitalisme.

Ce procès de la révolution mondiale comprend la lutte immédiate pour la dictature du prolétariat, les guerres de libération nationale et les soulèvements coloniaux contre l’impérialisme, indissolublement liés au mouvement agraire des grandes masses paysannes.

La masse innombrable des hommes s’est ainsi trouvée entraînée dans le torrent révolutionnaire. L’histoire du monde est entrée dans une nouvelle phase, celle de la crise générale et durable du système capitaliste.

L’unité de l’économie mondiale s’exprime dans le caractère international de la révolution ; et l’inégalité de développement des diverses parties de l’économie mondiale dans le fait que les révolutions n’éclatent pas simultanément dans les différents pays. »

La crise générale du capitalisme n’est pas présentée comme simplement économique, elle n’est pas considérée non plus comme un « arrêt » du capitalisme, même si les possibilités de développement sont bloquées de par la prédominance de la surproduction de capital et de la surproduction de marchandises.

La crise générale du capitalisme consiste en l’instabilité générale de l’économie, des institutions, des mœurs, de l’idéologie dominante, avec en opposition dialectique une activité des masses dans le sens du soulèvement, une tendance à la révolution démocratique anti-impérialiste et la révolution socialiste.

b) Les phénomènes accompagnant la crise générale du capitalisme

L’Internationale Communiste s’est organisée comme Parti Communiste à l’échelle mondial afin de fournir un état-major donnant des directives aux communistes de chaque pays. Seul un aperçu mondial permettait, selon elle, de déduire les tactiques adéquates dans chaque pays, la crise générale du capitalisme s’y exprimant de manière spécifique dans le blocage de l’économie, mais en correspondance avec des tendances générales.

Les phénomènes accompagnant la crise générale du capitalisme étaient, selon l’Internationale Communiste, les suivants :

– une tendance accrue aux monopoles de la part des entreprises capitalistes afin de chercher à surmonter le manque de débouchés ;

– une pression renforcée sur les masses, amenant leur paupérisation (relative, absolue), afin de leur faire porter tout le poids d’une relance du capitalisme ;

– une fuite en avant dans la recherche technique afin de trouver des solutions miracles ;

– un renforcement agressif de la compétition internationale pour le contrôle des matières premières, des zones d’influence ;

– une intervention étatique approfondie au service des monopoles ;

– une instabilité économique avec l’éruption de crises ;

– une généralisation des initiatives unilatérales par en haut dans le domaine politique ;

– la soumission de l’appareil social-réformiste à l’appareil d’État et la quête de solution planiste ;

– une diffusion rapide des idéologies réactionnaires de type mystiques ;

– un développement urgentiste du fascisme comme mouvement contre-révolutionnaire.

Ces phénomènes correspondent au déclin du capitalisme, le mouvement communiste étant la résolution dialectique de la crise.

c) La décadence des classes dominantes et leur remplacement

Ce qui détermine en fait la nature de la crise générale du capitalisme pour l’Internationale Communiste, c’est à juste titre la question du remplacement des classes dominantes. Ces dernières, entrées en décadence, ne peuvent plus assurer la conduite de la société. Leurs valeurs et leurs décisions n’ont plus d’autre dimension historique que leur propre survie.

Si ces classes dominantes ont pu jouer auparavant un rôle historiquement positif, elles sont désormais passées de l’autre côté du miroir et sont réactionnaires sur le plan historique.

Ces classes dominantes se ressemblent d’ailleurs de moins en moins : la passivité bureaucratique prend le pas sur l’esprit d’initiative, les capacités de décision cèdent le pas au relativisme, l’héritage culturelle historique est rejetée au profit d’une fuite en avant subjectiviste.

La classe ouvrière, elle, se ressemble à elle-même de plus en plus ; elle prend possession de ses moyens historiques et s’affirme politiquement dans une tendance révolutionnaire. Elle cherche à façonner la société selon ses propres valeurs, à conduire les choix de la société dans tous les domaines.

Au sens strict, la crise générale du capitalisme consiste en le remplacement de l’ancien par le nouveau. L’ancien décline et cède la place au nouveau grandissant.

d) Le dépassement du capitalisme comme mode de production

Un mode de production n’est pas une manière avec laquelle sont produites les biens que consomment une société. C’est un type d’organisation productive permettant la reproduction de la vie de l’humanité et son élargissement.

Cette reproduction de la vie concerne en premier lieu les besoins vitaux, mais s’élargit au fur et à mesure à sa vie culturelle. Cela accompagne le développement des forces productives et les rapport sociaux relatifs à un certain développement des forces productives connaissent une révolution lorsque celles-ci exigent une modification.

Les grandes étapes marquées par des révolutions consistent en les modes de production : au communisme primitif succède le mode de production esclavagiste, suivi du féodalisme, du capitalisme, du socialisme et du communisme.

Il ne faut donc pas considérer que le capitalisme serait une « économie » avec d’un côté une certaine forme d’organisation de la production et de l’autre une certaine forme de répartition. Ce n’est en effet qu’un aspect de la question du mode de production ; pour mieux percevoir les choses, il faut raisonner en termes de civilisation, de développement de l’humanité parallèlement à celui des forces productives (et inversement).

Karl Marx, dans la Critique de l’Économie politique, explique que :

« Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles.

L’ensemble de ces rapports forme ; la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle.

Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience.

A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors, et qui n’en sont que l’expression juridique.

Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en de lourdes entraves.

Alors commence une ère de révolution sociale. Le changement dans les fondations économiques s’accompagne d’un bouleversement plus ou moins rapide dans tout cet énorme édifice.

Quand on considère ce bouleversements il faut toujours distinguer deux ordres de choses. Il y a le bouleversement matériel des conditions de production économique. On doit le constater dans l’esprit de rigueur des sciences naturelles.

Mais il y a aussi les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques, philosophiques, bref les formes idéologiques, dans lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le poussent jusqu’au bout. »

Un mode de production correspond ainsi à toute une étape historique de l’humanité et absolument tous les domaines sont concernés, tant dans la vie quotidienne que dans la vision du monde, tant dans les normes culturelles que dans les valeurs sociales.

La crise générale d’un mode de production entremêle tous ces aspects.

3) La conception erronée d’un capitalisme organisé

a) Le planisme et le néo-socialisme

Le remplacement de l’ancien par le nouveau implique de considérer que tout phénomène relève du mouvement dialectique. Si on adopte un autre point de vue, alors la crise générale du capitalisme ne peut pas être générale. Elle est au mieux un fait, mais conditionné par des choix et des situations.

Ainsi, les réformistes ont affirmé que le capitalisme en crise devait avoir comme réponse non pas le changement des classes dominantes et le dépassement du capitalisme comme mode de production, mais des modifications en profondeur dans le système économique capitaliste.

Cela aboutit notamment aux idéologies « planiste » et « néo-socialiste » des années 1930 qui firent de toute aile du réformisme un mouvement en convergence avec le fascisme. Une figure majeure de cette convergence fut Henri de Man, dont le Parti Ouvrier Belge s’aligna sur le principe « Le Plan, tout le Plan, rien que le Plan ». Il fallait organiser le capitalisme pour le modifier, l’améliorer, le changer et mettre de côté toute autre considération.

En 1926, Henri de Man expliquait dans Au-delà du marxisme :

« Pour le marxisme, la révolution sociale – la crise finale qui doit résoudre la tension entre Bourgeoisie et Prolétariat, entre Capitalisme et Socialisme – ressemble à s’y méprendre à un mouvement de forces mécaniques, tel qu’il résulte du choc de deux corps. Son contenu est donc donné a priori et une fois pour toutes (…).

Les expressions telles que capitalisme et socialisme ne désignent pas des phénomènes empiriques qui appartiennent au monde des réalités. Ce ne sont que des catégories, des produits de l’abstraction conceptuelle. Il n’y a aucune réalité qui corresponde soit au concept capitalisme, soit au concept socialisme.

Le socialisme en particulier n’est qu’une hypothèse, la représentation d’un ordre social possible, ou plutôt de certains traits schématiques et caractéristiques d’un tel ordre, qui n’existe pas encore et qui n’a jamais existé.

Mais le concept capitalisme lui aussi ne correspond qu’à une représentation conçue dans notre cerveau (…).

Qui pourrait dire : à tel moment et à tel endroit le féodalisme prit fin et fit place au capitalisme ? Dans la société actuelle, les formes économiques les plus diverses coexistent (…). Un antagonisme comme celui qui s’exprime dans l’antithèse marxiste Capitalisme-Socialisme est un état de mentalité et non un fait de la réalité objective. »

Il n’y aurait pas de camp figé ni de « capitalisme » en soi : il ne pourrait donc pas y avoir de crise générale du capitalisme, seulement une crise à laquelle il faudrait répondre par un plan cherchant à mobiliser le plus largement possible.

b) la social-démocratie

Une autre conception du capitalisme organisé au sein des réformistes fut développé par toute une série d’intellectuels historiques de la social-démocratie, dont Karl Kautsky et Rudolf Hilferding. En Russie, Boukharine s’aligna sur cette même conception. Ils écrivirent de nombreuses analyses où ils affirmèrent que si le capitalisme peut connaître une crise, la tendance au monopole l’emporte inéluctablement.

Or, si les monopoles l’emportent, alors cela sera la paix mondiale et l’absence de crise, de par un capitalisme désormais unifié et organisé. Il suffirait ensuite de prendre le contrôle de ces monopoles à un moment pour que ce soit le socialisme.

Boukharine résume tout à fait cette conception en disant en 1929 dans un article de la Pravda, « La théorie de la « gabegie organisée » », pour lequel il sera critiqué pour déviationnisme social-démocrate, que :

« Aujourd’hui le capitalisme d’État grandit sur une nouvelle base.

Dans un certain sens, toutes réserves faites sur la nature relative de l’analogie, on peut dire que le capitalisme d’État contemporain, dans les pays capitalistes « avancés », est comparable au capitalisme d’État de [la période de mobilisation générale pendant la guerre de ] 1914-18 (…).

Dans les pays capitalistes la question n’est plus celle d’une théorie de l’économie planifiée dans une forteresse assiégée (le « capitalisme d’État de guerre »), mais concerne l’analyse des tendances vers le capitalisme d’État qui se développe dans un système capitaliste « normal ». »

Le capitalisme d’État correspondrait à une rationalisation du capitalisme, ce qui serait positif et irait dans le sens d’une meilleure organisation, donc du « socialisme », ce dernier étant conçu comme principe d’organisation seulement.

Si crise du capitalisme il peut y avoir, cela ne peut être nullement une crise générale, seulement une crise relative, car le principe d’organisation permettrait au capitalisme de surmonter lui-même ses problèmes internes, allant ainsi indirectement au socialisme.

c) Le « capitalisme monopoliste d’État »

La conception du « capitalisme organisé » après 1918 fut remise en avant par l’économiste Eugen Varga, plaçant cette fois le curseur en 1945. La seconde guerre mondiale aurait amené un interventionnisme d’État majeur aboutissant à une rationalisation du capitalisme par l’appareil d’État.

Eugen Varga explique dans Le Capitalisme du XXe siècle, publié en 1961, que :

« Le capitalisme monopoliste d’État qui a émergé durant la première guerre mondiale s’est pleinement développé (…).

Le capitalisme monopoliste d’État est l’alliance des forces des monopoles et de l’État bourgeois (…), effectué principalement sous la forme de la fusion des monopoles et de la machine d’État.

Les monopoles envoient leurs représentants à des postes dirigeants dans le gouvernement, comme ministres, sénateurs ou membres du parlement.

La réciproque est également vrai – des généraux, des diplomates et des ministres quittent fréquemment le service du gouvernement pour des postes hautement payés dans les monopoles. L’alliance prend aussi la forme de décisions communes au sujet de questions économiques importantes (…).

Le capitalisme monopoliste d’État pleinement développé se manifeste principalement par la régulation étatique de l’économie, des entreprises possédées par l’État et l’appropriation et la redistribution d’une plus part du revenu national par l’État. »

Il ne peut donc plus y avoir de crise générale du capitalisme, puisque le capitalisme est désormais organisé par l’État, présenté comme neutre, et qu’il suffirait de contrôler pour parvenir à contrôler le capitalisme.

d) Le corporatisme

Une partie des réformistes n’accepta pas l’idée que le capitalisme organisé puisse passer par les monopoles et prolongea la conception planiste jusqu’au bout. Cela donne l’idéologie corporatiste, qui considère qu’il n’y a pas tant un capitalisme ou un socialisme – c’est le point commun avec le planisme – qu’une communauté générale d’intérêt.

Il faut donc l’unité du capital et du travail au moyen d’une vaste organisation en corporations, au service de l’ensemble social ayant une dimension nationale. C’est le fascisme italien, le national-socialisme allemand, l’État corporatiste autrichien, ainsi que toutes les variantes espagnole, portugaise, hongroise, roumaine, slovaque, ukrainienne, polonaise, etc.

Le corporatisme ne considère pas qu’il y a un capitalisme qui est en crise, mais une dégénérescence de la société sur le plan des idées et de l’organisation. Le fascisme se présente comme un mouvement régénérateur des élites devant mettre en place une organisation adéquate de la société.

Il est l’expression de l’autodéfense du mode de production capitaliste, sous la direction de l’oligarchie utilisant la petite-bourgeoisie comme levier.

4) L’approfondissement du capitalisme au-delà de la première crise

a) Le dépassement de la première crise

Il n’est pas possible de saisir la crise générale du capitalisme de manière statique, formelle, car elle forme tout un processus. Voilà pourquoi Karl Marx, dans Le capital, utilise à de nombreuses reprises l’expression ceteribus partibus lors de ses explications d’un aspect du capitalisme.

Cela signifie « toutes choses étant égales par ailleurs », comme si on se fondait sur une analyse de la chose « pure », isolément, abstraitement séparée, dans un cadre statique, ce qui n’est jamais réel mais est nécessaire pour les besoins de l’aperçu explicatif général.

Concrètement, la crise générale du capitalisme n’a pas un « point départ » ni un « arrêt ». Comme elle concerne tous les aspects de la vie (car elle est interne à un mode de production et non pas une « économie »), elle est une expression de tout un mouvement historique.

Et le mode de production capitaliste a réussi à s’arracher à sa première crise générale. La raison en est que les facteurs antagoniques n’ont pas joué à plein là où ils le devraient : l’échec des révolutions dans la partie orientale de l’Europe a notamment permis une stabilisation relative dans la partie occidentale, puis le fascisme et l’avancée vers la guerre ont fourni une dynamique suffisante pour tenir dans l’entre-deux guerre.

Après 1945, plusieurs facteurs déjà présents sont alors intervenus en acquérant une qualité nouvelle, repoussant au loin la crise générale en relançant les forces productives.

Le capitalisme américain déjà puissant et le capitalisme japonais en développement avaient été les maillons forts du capitalisme lors de la première crise générale.

C’est pour cette raison qu’après 1945 le capitalisme américain joua le rôle d’aiguillon historique et d’orientation systématique au capitalisme mondial, en profitant du capitalisme japonais ainsi que capitalisme allemand de l’Ouest du pays qui avait été très largement préservé des destructions.

Le capitalisme n’a ainsi pas dépassé sa première crise générale pour des raison extérieures, mais de manière interne car des facteurs secondaires sont devenus principaux, permettant une relance du capital, de la production, de la consommation.

Ces facteurs sont nés dans la crise, par la crise et sur le terrain de la crise, pour répondre à la crise, amenant un dépassement relatif de la crise pour toute une vaste période.

b) L’utilisation des animaux et la systématisation

Le capitalisme américain a historiquement pu profiter de l’absence d’obstacles économiques et culturels pour se développer pleinement, tout en étant constamment renforcée par une immigration apportant tant de la main d’œuvre que de nouvelles qualifications.

C’est le passage extrêmement rapide à une grande densité qui a permis au capitalisme américain de trouver de nouvelles voies, telles le travail à la chaîne organisée sur des assemblages, dont le modèle fut les abattoirs de Chicago, préfigurant les usines de Ford à Detroit. Il ne s’agit pas que du développement de l’organisation du travail, mais bien de la systématisation de l’appropriation capitaliste de tous les aspects possibles de la production et de la consommation.

L’écrivain français Paul Bourget constate déjà en 1893 :

« Je ne sais qui a dit plaisamment qu’un porc entrait à l’abattoir de Chicago pour en ressortir un quart d’heure après, jambon, saucisson, saucisse, pommade à la graisse et reliure de Bible.

C’est l’exagération humoristique, mais à peine chargée, du travail hâtif et minutieux que nous voyons s’accomplir sur les bêtes tuées tout à l’heure devant nous, et la distribution de ce travail, sa précision, sa simplicité, sa suite ininterrompue nous font oublier la férocité, utile mais intolérable, des scènes auxquelles nous avons assisté.

Dans l’immense salle, des comptoirs se succèdent, placés sans trop d’ordre à la suite les uns des autres. Chaque membre de l’animal est détaché et utilisé, sans qu’un tendon ou un os soit perdu. »

La croissance naturelle des animaux a été intégrée au capitalisme et ceux-ci modifiés génétiquement afin d’encore plus contribuer à l’extension et l’intensification de la production. Les animaux ont été employés de manière dantesque dans la production, principalement pour l’alimentation mais également dans toute une série d’autres domaines, absolument tout étant récupéré par la machinerie capitaliste œuvrant à se systématiser.

C’est ce processus qui amène la systématisation des farines raffinées, de McDonald’s et sa mécanique parfaitement rodée au point d’être le symbole du capitalisme américain, de Coca Cola, exemple même de l’utilisation massive du sucre comme moyen de former de nouveaux marchés en faussant tout le rapport naturel du métabolisme à l’alimentation, en aliénant le rapport naturel à celle-ci.

Le capitalisme façonne tout un chacun comme simple consommateur individuel dont les comportements et les attitudes doivent s’insérer dans une consommation capitaliste présente à tous les niveaux.

La chirurgie esthétique, le changement systématique de tout le dentier des stars hollywoodiennes, la « trans-sexualité », la Gestation Pour Autrui… chaque individu ne doit plus exister que par ses choix de consommation, dans tous les domaines, sans aucune limite autre que les possibilités techniques.

c) Le développement technique-technologique et l’encadrement

Le capitalisme a systématisé sa présence à tous les niveaux de la vie individuelle, en forçant sa pénétration dans tous les domaines possibles, et pour cela il a profité du développement technique et des avancées technologiques. Les calculateurs, l’automation, la robotisation, l’informatique… ont incroyablement facilité l’intensification capitaliste.

Moins le capitalisme a été capable de produire des savants, des théories, des conceptions, plus il a reposé son approche sur le calcul des possibilités, les statistiques obtenus de manière toujours plus massive.

Il a fallu, afin de mettre cela en place, non seulement former une vaste couche de cadres, ingénieurs et techniciens, mais également renforcer toujours davantage le réagencement de l’organisation capitaliste, au moyen d’une participation accrue des syndicats. La formation d’une aristocratie ouvrière extrêmement puissante a été un levier essentiel pour la modernisation capitaliste et la mobilisation passive des masses au sein des nouvelles formes productives.

Le formidable développement des réseaux de communication (courrier, colis, téléphone, télex, fax, internet, etc.) a été également un accélérateur de l’intensification et de l’extension du capitalisme à toujours plus de domaines.

Dans ce contexte, tout le mouvement ouvrier a, à partir des années 1950 et parallèlement au révisionnisme soviétique, basculé dans les pays capitalistes dans un soutien intérieur au capitalisme, alors que la classe ouvrière s’est retrouvée rivetée à la production en échange d’une progression matérielle individuelle avec un accès à la propriété.

L’immense consensus qui s’en est produit – la CGT et son bras politique le P«C»F étant en France le principal obstacle au mouvement de mai 1968 – a permis au capitalisme d’approfondir son expansion et de parvenir à de véritables rapports internationaux le servant.

d) Le division mondiale du travail

La décolonisation a été un puissant moteur pour le capitalisme. En effet, le modèle économique colonial était arriéré, alors que la mise en place d’États indépendants en apparence, mais semi-féodaux semi-coloniaux en réalité, permettaient leur intégration modernisée dans la division mondiale du travail.

La gestion directe par un capitalisme bureaucratique de monocultures tels l’huile de palme et le soja, aux croissances très fortes et à ce titre très utiles à l’intensification capitaliste, a été un vecteur immense de l’accumulation capitaliste à l’échelle mondiale. Mais cela est vrai en général pour toutes les matières premières, depuis le café jusqu’aux métaux rares, ainsi que pour la transformation de pays en ateliers géants, voire en usines géantes comme la Chine.

L’intégration de la Chine dans le dispositif capitaliste, à partir de la fin des années 1970, a ici apporté un immense développement au capitalisme mondial. Il a également été profité de l’intégration de l’ensemble des pays de l’Est européen alors que la superpuissance social-impérialiste soviétique s’était effondrée, permettant à la superpuissance américaine mais également à l’impérialisme allemand de grandement en profiter.

Le développement de l’Union européenne comme marché unifié est ici exemplaire également de toute une période de stabilité et de consensus, avec des crises ne marquant que des temps d’arrêt et n’empêchant pas une intensification capitaliste et une extension toujours plus grande de ses domaines.

5) La découverte de la modernisation du capitalisme

a) Une mise en perspective approfondie par le maoïsme

Chaque passage d’une étape à une autre exige un renversement dans tous les domaines. Il ne s’agit pas seulement de l’économie, mais de toutes les approches concernant la vie. Ce sont les communistes chinois, avec Mao Zedong à leur tête, qui ont saisi de manière bien plus approfondie cette question, à travers la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

En constatant le triomphe du révisionnisme en URSS à partir de 1953 et en saisissant les contradictions propres à une société socialiste, les communistes chinois ont saisi l’ampleur des questions idéologiques et culturelles qui sont en jeu dans le processus révolutionnaire.

En 1975, dans De la dictature intégrale sur la bourgeoisie, Zhang Chunqiao qui fut l’une des figures de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne explique que :

« Tout changement important du système de propriété au cours de l’histoire, tant lors de la substitution du système féodal à l’esclavagisme que pendant celle du capitalisme au féodalisme, a invariablement commencé par la prise du pouvoir, pour passer ensuite, en s’appuyant sur la force du pouvoir conquis, à la transformation sur une vaste échelle de la propriété, et à la consolidation et au développement du nouveau système de propriété (…)

Réfléchissons un peu, camarades.

Si, au lieu de comprendre les choses ainsi, on s’emploie, en théorie comme dans la pratique, à limiter, tronquer et altérer le marxisme, à faire de la dictature du prolétariat un mot creux, à mutiler la dictature intégrale sur la bourgeoisie, et que l’on exerce cette dictature dans certains domaines seulement, et non pas dans tous les domaines, à une certaine étape seulement (par exemple avant la transformation du système de propriété) et non pas à toutes les étapes ; autrement dit, si, au lieu de détruire totalement tous les « villages fortifiés » de la bourgeoisie, on en conserve quelques-uns et qu’on la laisse élargir à nouveau ses effectifs, n’est-ce pas préparer là des conditions à la restauration de la bourgeoisie et faire de la dictature du prolétariat un paravent de la bourgeoisie, notamment de la bourgeoisie nouvellement engendrée ? »

En comprenant de manière meilleure la question de la restauration, les communistes chinois indiquent en même temps les exigences du chemin révolutionnaire. L’ancien régime possède des « villages fortifiés » qui lui permettent de reprendre le dessus si son affaiblissement n’est pas poussé jusqu’au bout et concerne tous les domaines de la vie.

Cette manière de voir les choses en profondeur a permis de saisir davantage l’ensemble des aspects du capitalisme et leur interaction.

b) La fin de la première crise générale du capitalisme

La première crise générale du capitalisme a été considérée comme irrépressible par l’Internationale Communiste ; Lénine pensait que le processus de la révolution mondiale se déroulerait relativement rapidement. Il a ensuite été compris que le processus serait complexe et prolongé, que le déclin du capitalisme connaissait par endroits des contre-tendances.

L’irruption du fascisme comme mouvement conquérant le pouvoir dans toute une série de pays et la marche à la guerre impérialiste ont alors précipité les choses. La question était en 1945 de savoir quelle serait la substance de la situation.

Les communistes ont alors fait l’erreur de considérer que la situation n’était que le prolongement du passé et qu’un paupérisation générale se produisait. L’ensemble des analyses communistes produits après 1945 se fonde sur un capitalisme qui serait en train de s’effriter et dont il faudrait simplement accompagner un inévitable tassement jusqu’à l’effondrement.

Cette analyse totalement erronée, alors que se produisait une gigantesque vague d’accumulation capitaliste, a largement contribué à la désagrégation du Mouvement Communiste International alors que le révisionnisme s’infiltrait déjà, notamment à travers la thèse de « l’accompagnement » de la crise capitaliste, par des moyens pacifiques car le phénomène irait de lui-même.

c) La compréhension de la relance du capitalisme après 1945

Les communistes chinois ont repoussé l’ensemble des thèses révisionnistes, mais ils n’ont pas étudié la question de la crise générale du capitalisme. Cela a posé un énorme problème dans les pays impérialistes, car les avant-gardes ont alors cherché à expliquer la stabilité du capitalisme en reprenant la thèse révisionniste du « capitalisme monopoliste d’État » d’Eugen Varga.

L’État « socialiserait » les pertes et « organiserait » le capitalisme pour les monopoles. Accepter cette lecture du révisionnisme, c’était se mettre dans son orbite et disparaître, ou bien se précipiter dans un volontarisme relevant de l’idéalisme.

Heureusement, il y a eu des avant-gardes des pays impérialistes qui n’ont pas basculé dans cette réduction « marxiste-léniniste » du capitalisme à une « économie », car ayant réellement compris le sens profond de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Des organisations comme la Fraction Armée Rouge en Allemagne de l’Ouest et à Berlin-Ouest et le Collectif Politique Métropolitain en Italie ont saisi le 24 heures du 24 du capitalisme. La Fraction Armée Rouge affirme avec justesse en 1972 :

« Le fait est que l’exploitation dans le domaine de la production a pris une forme jamais atteinte de charge physique, un degré jamais atteint de charge psychique, avec l’éparpillement plus avancé du travail s’est produite et développée une terrifiante augmentation de l’intensité du travail.

Le fait est qu’à partir de cela, la mise en place des huit heures de travail quotidiennes – le présupposé pour l’augmentation de l’intensité du travail – le système s’est rendu maître de l’ensemble du temps libre des gens.

À leur exploitation physique dans l’entreprise s’est ajoutée l’exploitation de leurs sentiments et de leurs pensées, de leurs souhaits et de leurs utopies – au despotisme des capitalistes dans l’entreprise s’est ajouté le despotisme des capitalistes dans tous les domaines de la vie, par la consommation de masse et les médias de masse.

Avec la mise en place de la journée de huit heures, les 24 heures journalières de la domination du système sur les travailleurs a commencé sa marche victorieuse – avec l’établissement d’une capacité d’achats de masse et la « pointe des revenus », le système a commencé sa marche victorieuse sur les plans, les besoins, les alternatives, la fantaisie, la spontanéité, bref : de tout l’être humain !

Le système a réussi à faire en sorte que dans les métropoles, les masses sont tellement plongées dans leur propre saleté, qu’elles semblent avoir dans une large mesure perdu le sentiment de leur situation comme exploitées et opprimées.

Cela, de telle manière qu’elles prennent en compte, acceptant cela tacitement, tout crime du système, pour la voiture, quelques fringues, une assurance-vie et un crédit immobilier, qu’elles ne peuvent pratiquement rien se représenter et souhaiter d’autre qu’une voiture, un voyage de vacances, une baignoire carrelée.

Il se conclut de cela cependant que le sujet révolutionnaire est quiconque se libère de ces encadrements et qui refuse de participer aux crimes du système.

Que quiconque trouve son identité dans la lutte de libération des peuples du tiers-monde, quiconque refuse de participer, quiconque ne participe plus, est un sujet révolutionnaire – un camarade. »

Si la Fraction Armée Rouge a surestimé cette dimension du rupture, il n’en reste pas moins qu’il y a une part indéniable de vérité quant à la neutralisation des pays impérialiste alors que l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie devenaient la « zone des tempêtes ».

C’est pourquoi le concept de « poids croissant de la subjectivité dans les métropoles impérialiste » fut forgé en Italie afin d’avoir un aperçu correct de cette question du 24 heures sur 24 du capitalisme.

d) La découverte de la systématisation du capitalisme

C’est sur le terrain de l’opposition au 24 heures sur 24 du capitalisme que se sont développés, entre 1945 et 2020, les mouvements révolutionnaires authentiques dans les métropoles impérialistes. Ils ne sont pas partis du fait que le capitalisme moderne amènerait moins d’exploitation, mais au contraire qu’il l’approfondirait d’une manière intense, au point d’amener une aliénation générale.

Ils ont, en pratique, compris que plus le capitalisme se développe, plus il écrase, appauvrit, abrutit les masses, par encore plus d’exploitation physique et psychique, encore plus de dégradation morale. Karl Marx, dans Le capital, souligne de la manière suivante ce rapport dialectique entre le développement du capitalisme et l’écrasement des prolétaires sur le plan humain :

« Mais toutes les méthodes qui aident à la production de la plus-value favorisent également l’accumulation, et toute extension de celle-ci appelle à son tour celles-là.

Il en résulte que, quel que soit le taux des salaires, haut ou bas, la condition du travailleur doit empirer à mesure que le capital s’accumule.

Enfin la loi, qui toujours équilibre le progrès de l’accumulation et celui de la surpopulation relative, rive le travailleur au capital plus solidement que les coins de Vulcain ne rivaient Prométhée à son rocher.

C’est cette loi qui établit une corrélation fatale entre l’accumulation du capital et l’accumulation de la misère, de telle sorte qu’accumulation de richesse à un pôle, c’est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage, au pôle opposé, du côté de la classe qui produit le capital même. »

C’est ainsi sur le terrain de la rébellion au 24 heures sur 24 du capitalisme, son exploitation, son aliénation, que s’est formée la résistance allant historiquement dans le sens de l’affirmation communiste. Ce processus a été différent selon les situations historiques.

Le Front de Libération Animale s’est formée comme vague populaire en Grande-Bretagne, pays où la problématique animale était apparue en premier au XIXe siècle, au moment de la cynique généralisation industrielle de l’emploi des animaux dans l’industrie alimentaire, les cosmétiques et pour les tests en général.

Les États-Unis, pays de grands espaces, ont connu un vaste mouvement d’écodéfense, comme avec le Front de Libération de la Terre ; en Belgique, c’est dans l’opposition aux initiatives impérialistes dans le cadre de l’OTAN et à l’intégration du prolétariat qu’est apparue la contestation réelle du capitalisme.

L’Italie a connu le basculement de secteurs du prolétariat dans l’autonomie prolétaire afin de remplacer l’État réactionnaire par le pouvoir concret des masses comme nouvel État ; en Allemagne, bastion capitaliste, il y a eu la centaine de logements occupés à Berlin-Ouest puis dans le Berlin réunifié avec les autonomes, dans une critique de la vie quotidienne allant jusqu’à la confrontation avec les initiatives impérialistes.

Les années 1980, apogée de la rébellion dans les pays impérialistes, ont été marqué par l’espoir de former un front de toutes les dynamiques de rupture avec le mode de vie impérialiste.

Cependant, l’effondrement du social-impérialisme soviétique et l’intégration de la Chine dans le circuit capitaliste mondial ont totalement anéanti les fondements mêmes de la démarche, en raison d’un capitalisme sorti renforcé et élargi, profitant également de progrès techniques et technologiques.

6) La seconde crise générale du capitalisme

a) Le covid-19 comme expression d’une crise d’expansion

L’intégration de la Chine comme atelier, puis usine majeure du monde, a permis un très grand élan du capitalisme, la crise du covid-19 étant son expression directe. Le PCF(mlm), dans son document de mars 2020 au sujet de cette question, pose que :

« L’irruption d’une souche de coronavirus particulière, jamais encore identifiée chez l’être humain, ne doit rien au hasard.

C’est un produit – entièrement nouveau, un saut qualitatif du virus – de la collision entre les villes et les campagnes provoquée par le mode de production capitaliste (MPC).

Ces villes et ces campagnes sont, qui plus est, elles-mêmes largement façonnées par le MPC, ce qui est vrai du mode de vie de l’humanité en général.

Et tout cela se déroule de manière planétaire. Il ne faut donc pas penser que la crise sanitaire vienne de l’extérieur de l’humanité, de l’extérieur du MPC, bien au contraire.

Elle naît de l’intérieur même du MPC et du monde qu’il a formé à son image. Un monde qui n’est nullement fini, ferme, stable, permanent… et qui s’effondre sous les coups de boutoir de ce qui est nouveau, exponentiel, en rupture (…).

La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est directement issue du développement du MPC en Chine, développement monopoliste et bureaucratique, avec des métropoles établies en peu de temps et engloutissant tout leur entourage (…).

Ces sauts entre espèces de virus, qu’on ne trouve pas en situation naturelle, deviennent récurrents en raison de la situation imposée par le MPC.

Tout le monde a pour cette raison entendu parler du VIH, d’Ebola, des grippes aviaires, des grippes porcines. La grippe dite espagnole, qui a tué entre 20 et 100 millions de personnes en 1918, est de ce type également ; provenant d’un élevage d’animaux aux États-Unis, elle reflète le début de la généralisation du rapport dénaturé à la vie.

Le MPC produit, par son action (et son inaction), des phénomènes destructeurs, naissant de la contradiction entre lui et la vie sur Terre.

Rien de tout cela n’est cependant saisissable par le MPC, qui ne cerne la réalité qu’au moyen de statistiques, du « big data », de l’évaluation quantitative de données. 

Le principe du développement qualitatif est étranger au MPC. »

Le capitalisme a connu une expansion telle qu’il s’attaque désormais directement à la dimension biologique et provoque des situations nouvelles, explosives, montrant que la limite a été franchie et que désormais la tendance est unilatéralement à la destruction.

b) La décadence complète des valeurs dominantes

Le capitalisme lessive en général toutes les consciences ; la Fraction Armée Rouge constatait déjà en 1982 que :

« L’impérialisme ne dispose plus d’aucune perspective productive, positive; il n’est plus que destruction. C’est là l’essentiel de l’expérience où s’enracine la nouvelle militance dans tous les domaines de la vie.

Cette expérience est vécue de façon matérielle dans la base économique de la vie, dans l’armement et la préparation de la guerre nucléaire, dans celle des conditions de vie naturelles et sociales, et à l’intérieur de l’individu lui-même, où l’aliénation et l’oppression s’expriment par une déformation massive et la destruction de toute la richesse individuelle de la pensée, de la sensibilité, de la structure de la personnalité. La plupart en perdent tout espoir.

L’impérialisme dans les centres a perfectionné et systématisé sa domination au point qu’ils ne trouvent plus la force de résister.

Taux de suicides en forte augmentation, fuite dans la maladie, l’alcool, les tranquillisants, les drogues, voilà la réaction à la réalité d’une longue histoire d’échecs, d’épreuves et de souffrances, de dépolitisation, alors que la violence extérieure n’est plus perçue comme la cause de tout cela. »

C’est encore plus vrai dans la séquence commencée en 1989, qui a de plus profité de l’effondrement littéral de toutes les résistances s’étant affirmé dans les années 1980.

Les années 1990-2010 ont été une traversée du désert pour les avant-gardes communistes des pays impérialistes, et même dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux qui ont été entraîné dans le développement capitaliste.

La révolte durant cette période a été façonnée par le capitalisme comme révolte contre soi-même : au lieu de changer le monde, on change d’identité, de « sexe », de communauté, on tombe dans le sado-masochisme, les drogues, l’alcool, etc.

Le choix par une consommation « différente » est esthétisée en moyen de devenir soi-même, alors qu’en réalité dans le capitalisme les consciences sont aliénés et les personnalités déformées.

Le capitalisme a réussi à former un gigantesque marché aux idées où le nationalisme répond au communautarisme, l’idéologie LGBT au traditionalisme, l’antispécisme au repli localiste, la religion à l’hédonisme, l’esprit mafieux à la démarche de l’entrepreneuriat capitaliste dans le secteur informatique, le hardcore gamer entièrement tourné vers les jeux vidéos à l’utilisateur de réseau sociaux fascinés par le luxe dans la mode, etc.

Ces idéalismes n’existent que sur le terreau de l’aliénation et de la neutralisation du tissu prolétarien permettant la lutte des classes.

C’est la raison pour laquelle ils imprègnent toujours plus la société et dissolvent même les anciens conservatisme, afin de former autant de « villages fortifiés » capitalistes.

c) L’affrontement entre les deux superpuissances américaine et chinoise

Les années 1980 ont été des années de tension extrême, où le risque de guerre impérialiste, sur le territoire de l’Europe de l’Ouest, a été majeure. C’est de là que partait toute conception révolutionnaire authentique. L’effondrement du social-impérialisme soviétique a permis au capitalisme de faire croire qu’il formait désormais une utopie consumériste, mais la tendance à la guerre n’en est que revenue plus forte.

La crise générale du capitalisme s’exprime également par la formation de deux protagonistes en opposition frontale pour l’hégémonie mondiale, en l’occurrence la superpuissance impérialiste américaine dominante et l’outsider qu’est la Chine mettant en place sa dimension de superpuissance.

La crise du covid-19 est issue de la montée en puissance de la Chine vers le statut de superpuissance et des immenses destructions que cela a exigé dans l’environnement et dans le mode de vie. C’est une marche forcée d’autant plus importante que la Chine a grandi précisément dans la relance du capitalisme après 1989 et qu’elle en est une composante essentielle.

L’affrontement entre les deux superpuissances n’est ainsi pas un arrière-plan contextuel, mais bien une composante de la crise générale du capitalisme. Dans tous les domaines, le capitalisme amène l’improductivité ou bien les conflits destructeurs.

d) Paralysie économique et implosion de la société

Le covid-19 a impliqué une paralysie de l’économie en raison du confinement, montrant que la croissance chaotique capitaliste était rentrée en contradiction avec la vie elle-même. En démantelant les réalités naturelles, que ce soit avec les immenses fermes industrielles, la négation des sexes au nom des « genres », le culte des apparences virtuelles, la malbouffe, etc., le capitalisme a soulevé une pierre qu’il a fait retomber sur ses pieds.

L’expansion a été telle que désormais, la surproduction de capital et la surproduction de marchandises sont à l’ordre du jour, alors que d’immenses monopoles sont présents sur la planète. Ceux qui décident toujours plus des orientations, ce sont Nestlé, Danone, VISA, Amazon, Microsoft, LVMH, Berkshire Hathaway, Johnson & Johnson, JPMorgan Chase, Coca Cola, McDonald’s, AT&T, Walmart, Toyota, Siemens, etc.

Le capitalisme voit son élan cassé et son consensus se briser dans ses maillons faibles, aboutissant à une implosion de la société. Ce processus n’a pas été « causé » par la crise du covid-19, il s’agit d’un mouvement général, avec une marée montante de la seconde crise générale du capitalisme.

La société relevant du mode de production capitaliste n’existe que comme fuite en avant, avec des individus isolés portant des projets utiles à l’expansion du capital. Lorsque la machine se grippe, le capitalisme devient comme un pantin désarticulé. Son déclin s’exprime à tous les niveaux et ce déclin correspond, dans les faits, à l’affirmation de la proposition stratégique communiste, au remplacement de l’ancien par le nouveau.

7) La révolution mondiale comme réponse

a) Le mouvement dialectique crise – révolution

Le processus révolutionnaire n’existe pas indépendamment du mode de production ; il est le miroir de son déclin. Il n’y a pas de sens non plus à séparer les conditions objectives des conditions subjectives, car les deux sont liées : s’il y a les conditions objectives mais pas les conditions subjectives, c’est que la lutte des classes n’est pas arrivé encore à ébranler et démanteler les « villages fortifiés » capitalistes, que ceux-ci restent des cibles.

Ce qu’on appelle « guerre populaire », c’est le processus de conquête du pouvoir par la classe ouvrière et ses alliés, sous la direction de la classe ouvrière, qui correspond au déclin des forces capitalistes ayant le pouvoir entre leurs mains.

Il ne peut pas y avoir de révolution qui soit séparée de la crise, car la crise est la révolution et inversement. La crise contient elle-même des étapes et ces étapes sont elles-mêmes celles de la révolution.

Le Parti Communiste du Pérou, en 1988, souligne bien que la révolution démocratique se déroule par rapport à la « crise générale du capitalisme bureaucratique » et que ses modalités sont déterminantes dans le processus.

La guerre populaire est la réponse au fait que le capitalisme, au Pérou, est rentré dans un cul-de-sac : sa crise générale est la guerre populaire et inversement.

« L’État, dirigé par la bourgeoisie bureaucratique, devient donc le moteur de l’économie, mais c’est durant ce moment de l’histoire que l’économie entre dans une grave crise. Et le troisième moment, qui s’ouvre à partir de 1980 et qui se poursuit est celui du début de la crise généralisée du capitalisme bureaucratique et de sa destruction finale ; ce moment s’amorce avec la guerre populaire.

Ce capitalisme qui est né, malade, en état critique, pourri, lié à la féodalité et soumis à l’impérialisme, entre en une crise générale en ce troisième moment et court à sa destruction sans que rient ne puisse le sauver (…).

Le troisième moment est marqué par le début de la guerre populaire, sous la direction du PCP , jalon transcendant de l’histoire et qui la change radicalement par le bond qualitatif supérieur que représente la prise du Pouvoir au moyen de la force armée et de la guerre populaire.

Tout cela prouve l’aspect politique du capitalisme bureaucratique, qui apparaît à peine, et que le Président Gonzalo considère comme un aspect clé, car le capitalisme bureaucratique fait mûrir les conditions pour la révolution et, aujourd’hui, quant il entre dans son étape finale, il fait mûrir les conditions pour le développement et le triomphe de la révolution. »

Ce qui est vrai pour le capitalisme bureaucratique dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux est valable pour les pays impérialistes, avec le capitalisme monopoliste. Leur nature parasitaire correspond au tassement du capitalisme, à l’arrivée à sa limite. Chaque pays connaît sa propre expression de la crise, le capitalisme ayant un parcours déterminé dans un cadre national.

b) La crise d’envergure nationale

La crise générale du capitalisme implique la mobilisation toujours plus grande des secteurs de la société, dans une situation donnée, formée dans un cadre national déterminé. Le fascisme vise justement à détourner les masses mobilisées par la crise pour les orienter vers l’option réactionnaire.

Lénine, dans La maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), précise de la manière suivante comment la crise et la révolution sont étroitement liés comme pôle d’une contradiction dans un pays :

« La loi fondamentale de la révolution, confirmée par toutes les révolutions et notamment par les trois révolutions russes du XX° siècle, la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois.

C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s’exprime autrement en ces termes: la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs).

Ainsi donc, pour qu’une révolution ait lieu, il faut: premièrement, obtenir que la majorité des ouvriers (ou, en tout cas, la majorité des ouvriers conscients, réfléchis, politiquement actifs) ait compris parfaitement la nécessité de la révolution et soit prête à mourir pour elle ; il faut ensuite que les classes dirigeantes traversent une crise gouvernementale qui entraîne dans la vie politique jusqu’aux masses les plus retardataires (l’indice de toute révolution véritable est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi la masse laborieuse et opprimée, jusque-là apathique), qui affaiblit le gouvernement et rend possible pour les révolutionnaires son prompt renversement. »

c) Le programme et la formation d’un nouvel État

La question du pouvoir d’État est central dans la dialectique crise – révolution ; elle en est la substance. Le remplacement d’une classe dominante par une autre, afin d’assurer la direction de la société et de l’orienter vers le positif et non le négatif, est une exigence historique.

La démocratie populaire, comme alliance anti-monopoliste, est la clef pour faire face au capitalisme en déclin, dominé par les monopoles et allant à la guerre. La démocratie populaire aboutit, de manière ininterrompue, au socialisme, car elle s’aligne déjà sur la résolution révolutionnaire des contradictions villes / campagnes et travail manuel / travail intellectuel.

Telle est le noyau de l’orientation du programme révolutionnaire, et cela quelle que soit la composition concrète de celui-ci réalisé dans le parcours concret, qui est spécifique à chaque pays de par les conditions particulières du capitalisme.

Les Brigades Rouges, dans leurs Vingt thèses finales en 1980, affirment la chose suivante quant aux points nodaux de la séquence révolutionnaire :

« Sans un Programme de Transition au Communisme, qui explique les objectifs sociaux de la guerre, il n’est pas possible de localiser toutes les composantes prolétariennes qui y sont objectivement intéressés.

Ce programme, d’autre part, ne naît pas de rien, mais de dix années de luttes prolétariennes, de critique pratique et radicale de l’usine et de la formation sociale capitaliste, il dispose de grandes lignes qui ont été esquissées dans son contenu essentiel, que nous pouvons résumer ainsi :

– réduction du temps de travail : travailler tous, travailler moins ; libération massive du temps social et construction des conditions sociales pour son utilisation évoluée ;

– recomposition du travail manuel et du travail intellectuel, de l’étude et du travail, pour chaque individu et pour tout son temps de vie ;

– renversement de l’exercice du pouvoir et des flux de conception de la finalité collective, à tous les niveaux de la vie sociale :

– restructuration de la production, du rapport homme-nature, sur la base des valeurs d’usage collectivement définis et historiquement possibles ;

– remise à plat de notre formation sociale suivant les principes d’un internationalisme prolétarien effectif. »

d) Le Parti, avant-garde du système de pouvoir populaire

Dans le parcours de la crise générale du capitalisme, il y a un détachement, pas à pas, de différents secteurs populaires, strate par strate, par rapport au consensus capitaliste. L’avant-garde, Parti de la classe ouvrière, permet l’articulation de ces détachements, faisant du démantèlement du consensus dans la crise l’affirmation de la proposition stratégique communiste.

La difficulté est de parvenir à conjuguer politiquement les expériences différentes faites dans l’antagonisme grandissant avec le capitalisme en phase de déclin. De son côté, la bourgeoisie cherche inlassablement à restructurer, afin de relancer le processus capitaliste, toujours aux dépens de la classe ouvrière, et avec la guerre impérialiste comme seule perspective.

L’avant-garde œuvre donc à la sédimentation des acquis de la lutte des classes, pour avancer dans les étapes de destruction du vieil État et de construction du nouveau. La contre-révolution cherche à protéger ce qui doit être détruit et à démanteler ce qui a été formé. Cet affrontement entre révolution et contre-révolution se fait en spirale ; le parcours révolutionnaire, de dépassement de la crise générale, n’est pas linéaire.

Seul un haut niveau de maîtrise du matérialisme dialectique permet la saisie des différents moments, des différentes phases et étapes de concrétisation de la crise générale du capitalisme, et sans cette saisie, aucune orientation n’est possible pour calibrer les termes de l’initiative politique.

Comme l’a formulé Mao Zedong :

« Sans contraste, pas de différenciation.

Sans différenciation et sans lutte, pas de développement. »

La crise générale permet l’affirmation pleine et entière, dans un mouvement en spirale, de la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie ; la guerre populaire est le dépassement de la crise générale par le renversement des classes dominantes et la constitution du nouvel État : l’océan des masses en armes.

Crise générale et guerre impérialiste : le chef d’état-major de l’armée de terre française annonce les conflits militaires ouverts pour 2030

Le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), a été auditionné le 17 juin 2020 par la Commission de la défense nationale et des forces armées. Cela s’est déroulé à huis-clos, mais la perspective est tout de même sortie, alors que parallèlement s’est déroulé un accrochage franco-turc exemplaire de l’entrée dans la nouvelle période, celle allant à l’affrontement ouvert.

La France est partie prenante dans la bataille de deux factions en Libye ; elle agit en soutien à l’une des deux aux côtés des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la Russie, tandis que dans l’autre camp on trouve le camp des Frères musulmans, avec la Turquie et le Qatar.

Dans ce contexte, la frégate française « Courbet » a été le 10 juin 2020 ciblé trois fois par les radars de tirs de deux navires turcs, pendant trente-quarante secondes. Cette intervention turque a empêché la frégate française, navigant pour le compte de l’OTAN et supervisé directement par l’état-major maritime de l’OTAN, d’arraisonner un navire turc sans balise ni numéro d’identification, soupçonné de contrebande d’armes à destination de la Libye.

Surtout, elle relève normalement symboliquement d’un acte de guerre aux yeux des armées. La Marine française est folle de rage de l’humiliation subie et prête à monter en gamme dans le conflit. Pourtant, seulement sept pays de l’OTAN sur trente ont été d’accord avec la protestation française. Les contradictions inter-impérialistes sont trop fortes ; il est désormais clair que l’on va aux conflits militaires.

Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée de terre, a ainsi été limpide devant la Commission de la défense nationale et des forces armées. Présentant la nouvelle vision stratégique de l’armée de terre, il a eu des phrases sont dont certaines ont été savamment sorties du huis-clos :

« Nous imaginions une situation en 2035… Mais en 2020, un certain nombre de cases sont déjà cochées »

« être prêt immédiatement » [pour une guerre, à partir de 2030]

« Nous avons besoin d’une armée de terre durcie prête à faire face à des chocs plus rudes »

« Nous sommes à la fin d’un cycle de conflictualité »

« Le déploiement de la force est devenu un mode de gestion. On teste durement sans avoir peur de l’incident et avec l’utilisation habile de manœuvres sous le seuil »

« Il ne manque que le patient zéro de l’épidémie guerrière »

Finie l’époque où la guerre consistait en une petite expédition de quelques professionnels aguerris épaulées par l’aviation. On rentre désormais dans les scénarios d’une guerre symétrique, avec des forces égales. Il est ouvertement parlé, dans cette perspective, de conflit de haute densité, d’État à État, avec donc un ébranlement des fondations institutionnelles et par conséquent la nécessité d’une unité nationale bien solide.

Le général d’armée Thierry Burkhard table évidemment sur le programme Scorpion pour remettre en marche l’armée française, avec des blindés connectés, des soldats tous en liaison de manière pointue, des drones, une informatisation généralisée des prévisions et des communications, etc.

Le Monde a publié le 17 juin, soit le jour du rapport du général d’armée Thierry Burkhard – aucun hasard à cela – un article annonçant ouvertement l’affrontement… en plein milieu des populations :

« La puissance de demain, c’est la mise en réseau des combattants », explique le général Charles Beaudouin, responsable de « Scorpion » à l’état-major de l’armée de terre.

Pour celui-ci, les guerres des années 2030 se feront en coalition, dans les villes, parmi des populations hyperconnectées informées en temps réel, et avec des pertes humaines importantes.

« Aujourd’hui la manœuvre sur le terrain se fait en fonction des liaisons disponibles, avec des matériels différents, trop facilement détectés », détaille le général.« Demain les différents postes de transmissions et d’information auront des composants communs, se reconnaîtront et se relaieront automatiquement. En cas de perte d’un relais, le système se reconfigurera automatiquement. »

Les chefs pourront alors mieux se concentrer sur l’ennemi.

Il y a, dans les faits, une puissante mobilisation de l’appareil intellectuel et politique en faveur de l’armée, pour qu’il y ait un consensus, un esprit d’unité sans failles. Tout fonctionne par réponse à des signaux, cela tant à l’intérieur d’un pays qu’entre pays, comme lorsque le 12 juin la France effectue l’un de ses très rares tests de missile potentiellement nucléaire mer-sol le jour où la Russie inaugure un sous-marin lanceur de missiles nucléaires, le Prince Vladimir.

On a ici affaire à un élargissement de l’envergure militaire, à une massification de la question militaire. Le général d’armée Thierry Burkhard entend de ce fait également organiser en 2023 un vaste exercice militaire de 15 000 hommes, comme avertissement aux forces « adversaires », mais naturellement cela sera aussi un moyen de mobiliser en faveur de l’armée à l’échelle nationale.

Cette vision stratégique nouvelle, annoncée ouvertement, reflète la crise générale du capitalisme : d’ailleurs la ligne est ouvertement celle de l’affrontement, avec un horizon établi pour 2030.

La crise générale du capitalisme n’a ni « avant » ni « après », ni « cause » ni « conséquence »

La crise générale du mode de production capitaliste (MPC) touche tous les domaines de la vie et par conséquent son mouvement dialectique est véritablement général ; si aucun phénomène n’existe isolément, c’est d’autant plus vrai pour le MPC.

Il faut raisonner en termes de marée montante et ne pas chercher un endroit précis où faire apparaître la crise générale du MPC, comme s’il y avait une cause et que la crise serait une « création » à un moment donné.

Eugen Varga commet très précisément cette erreur. Lors d’un débat en 1947 en URSS concernant sa vision erronée d’un capitalisme désormais organisé (le « capitalisme monopoliste d’État »), il affirme la chose suivante, montrant son incompréhension du matérialisme dialectique :

« On ne peut pas fixer la crise générale du capitalisme à une année précise, un mois ou même un jour particulier.

Il y a des camarades qui prétendent que la crise générale du capitalisme a commencé avec la révolution d’Octobre, avec le début de la division du monde en deux systèmes.

Le camarade Staline fait par contre remarquer que la première guerre mondiale a été l’expression de la crise générale du capitalisme. Si pourtant il en est ainsi, alors nous devons dire que la crise générale du capitalisme était déjà établie.

Lorsqu’un phénomène trouve son expression, alors elle doit également être existante. C’est ma manière de voir les choses.

Et s’il en est ainsi, alors cela signifie qu’il y avait déjà avant 1914 une crise générale du capitalisme. Je suis d’avis que la première étape de la crise générale du capitalisme coïncide avec le plein développement du stade monopoliste du capitalisme. »

Cette conception est totalement fausse. Du fait qu’on ne puisse pas désigner un moment particulier, ce qui reste discutable par ailleurs, Eugen Varga aboutit à la question de trouver un « début ». Ce début est alors repoussé dans le passé, et la fin est toujours repoussé à plus tard, le capitalisme étant en déclin, en crise générale, mais cela pendant des décennies entières !

Ce que n’a pas compris Eugen Varga, c’est que la première guerre mondiale peut tout à fait être l’expression de la première crise générale du capitalisme… Même si celle-ci ne se déclenche qu’après.

Le mouvement dialectique n’a rien à voir avec le principe de « cause » et de « conséquence ». Le mouvement matériel prime également sur le temps, qui n’est que la description du mouvement matériel. Il n’y a pas de « temps » en soi.

La première guerre mondiale a été l’expression de la crise générale du MPC, car celle-ci était justement en train de surgir comme phénomène, et telle une marée montante, elle charrie toute une série de phénomènes avant même d’émerger en tant que tel. Ce n’est pas parce qu’un homme et une femme se rencontrent et tombent amoureux qu’ils vont se marier, mais parce qu’ils sont dans un mouvement où ils vont se marier que leur rencontre connaît un tournant.

Ainsi, on peut très bien considérer que la crise générale du capitalisme se déclenche avec la formation de deux systèmes, tout en disant, dialectiquement, que la première guerre mondiale a été une expression de la crise générale du capitalisme. Il n’y a ni début ni fin dans le mouvement général de la matière, pas de commencement avec un « big bang », ni de fin des temps. Il n’y a pas de négation de la négation, de « cassure » dans le développement général : il y a des sauts.

De la même manière, Eugen Varga n’a pas compris qu’il ne fallait pas chercher une date pour trouver le déclenchement de la crise générale du MPC. C’est un phénomène qu’il faut chercher, qui est lui-même « dans le temps » – et qui en réalité définit le temps, ce dernier étant un moyen pour procéder à la description du mouvement de la matière.

On voit bien par exemple que l’émergence de l’humanité a considérablement accéléré les phénomènes au niveau planétaire. C’est un excellent exemple de crise générale.

Eugen Varga se situait en fait en dehors du processus révolutionnaire, voilà pourquoi il avait besoin de formaliser la crise générale du capitalisme. Celle-ci est un processus et, au sens strict, nous en sommes les protagonistes. Il faudra attendre que le mode de production capitaliste soit entièrement dépasse pour avoir un aperçu adéquat de l’ensemble du processus de crise générale du MPC / révolution mondiale.

C’est lorsque, en effet, tous les aspects de la crise générale du MPC auront connu un saut qu’on pourra les définir adéquatement et voir comment ils se sont transformés. La question animale, par exemple, relève de la crise du MPC et selon l’ampleur de sa transformation, on pourra dire quand le processus s’est enclenché historiquement.

Faut-il partir de la systématisation de l’utilisation d’animaux dans l’industrie dans les années 1950 par le MPC ? De la destruction de la vie à l’échelle planétaire dans les années 2000 ? Et dans quelle mesure l’émergence de l’élevage relève-t-elle de cette question ?

Toutes ces questions sont de type pratiques encore. Et on ne les saisit pas avec un « avant » et un « après », une « cause » et une « conséquence ».

La révolution culturelle chinoise du début des années 1970 jusqu’en 1976

La fin de l’année 1971 fut marquée par une purge dans l’armée, mais la situation était ardue alors que le social-impérialisme soviétique devenait la principale superpuissance et exerçait une pression gigantesque. Pour cette raison, Mao Zedong reçut le président américain Richard Nixon en février 1972.

Ce fut l’apogée de Zhou Enlai. Premier ministre de 1949 à sa mort en 1976, il fut aussi ministre des affaires étrangères de 1949 à 1958, participant à la conférence de Bandung en 1955. Il était d’ailleurs très connu internationalement, disposant d’une aura de diplomate particulièrement fin et posé.

Zhou Enlai

Seulement, Zhou Enlai était avant tout un centriste, cherchant à neutraliser toutes les oppositions au sein du Parti. Il exprimait un appel d’air produit par la situation, avec une tendance à vouloir « geler » la situation.

Zhou Enlai fut ainsi, après la mort de Lin Piao, la grande figure d’une neutralisation générale des événements. Cela le conduisit notamment à considérer qu’il fallait prolonger le rapport avec la superpuissance américaine en allant plus loin qu’un simple rapport tactique par rapport à la superpuissance soviétique alors la plus agressive dans le monde.

Ce positionnement centriste, ainsi que la mort de Lin Piao qui affaiblit en apparence la gauche du Parti, aboutit à une réaffirmation de la droite, qui rejetait la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne mais était hostile à un retrait de l’affirmation chinoise.

Le diplomate américain Henry Kissinger, Zhou Enlai et Mao Zedong

Zhou Enlai s’effondra alors sous les coups de la gauche appuyés par la droite. Le dixième congrès national du Parti, en 1973, marqua ainsi la victoire de la gauche sur le centre si renforcé dans l’après-1971, mais indiqua en même temps le retour de l’affrontement gauche – droite.

Tant le rapport politique que la révision de la constitution furent réalisés dans la perspective de la gauche, cependant le Comité Central voyait un retour en son sein de figures de la droite.

Le 10 mars 1973, Deng Xiaoping était d’ailleurs réhabilité et il allait toujours plus renforcer ses positions. En avril 1974, c’est lui qui représente la Chine à l’assemblée générale des Nations-Unies ; en janvier 1975, il était secrétaire du Bureau Politique, vice-premier ministre et chef d’état-major de l’armée.

Reflet de l’équilibre, le second vice-premier ministre et chef du département politique de l’armée était Zhang Chunqiao, un des dirigeants de la gauche du Parti issu du Comité révolutionnaire de Shanghaï.

Deng Xiaoping accueilli par le premier ministre français Jacques Chirac en 1975

La situation était explosive et lorsqu’en 1975 Deng Xiaoping proposa sa « rectification globale », devant ni plus ni moins que liquider tous les acquis de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, l’affrontement était posé.

Lorsque Zhou Enlai meurt en janvier 1976, le deuil est interdit quinze jours après sa mort, mais me 5 avril, alors que traditionnellement on « balaie » les tombes et on paie hommage aux morts, un rassemblement de masse pour l’honorer se transforma en protestation contre la gauche du Parti.

Deng Xiaoping est alors refoulé du Parti et dénoncé comme« le plus grand représentant sans repentance des tenants de la voie capitaliste dans le Parti », le Bureau Politique le condamnant ouvertement le 7 avril 1976.

Mao Zedong, déjà très atteint par l’âge et la maladie, et Deng Xiaoping en 1976

Cependant, la gauche du Parti n’était pas encore prêt à gérer seule l’ensemble du Parti, sa base n’était pas assez solide. Sa dernière campagne de masse visait Confucius, afin de briser idéologiquement a posteriori la démarche de Lin Piao et la nouvelle situation exigeait trop d’elle.

Lorsque Mao Zedong décéda en septembre 1976, le coup d’État en faveur de Deng Xiaoping fut inexorable et la gauche ne parvint même pas à lancer le soulèvement armé organisé à Shanghai, avec des milices préparées et munies de 74 000 armes, 300 canons et d’importants stocks de munitions.

La droite écrasa totalement la gauche et mit fin à la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, transformant la Chine en régime fasciste restaurant le capitalisme.

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La nouvelle situation en 1971 et la faction matérialiste dialectique

La tentative de Lin Piao fut une catastrophe pour la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, au sens où non seulement le Parti s’était avéré en partie dépassé, mais qu’il en allait autant de l’armée.

Concrètement, les Gardes rouges avaient réussi à lancer un mouvement brisant la dynamique des partisans de la voie capitaliste, mais leur factionnalisme avait exigé un intense travail d’organisation qui exigea l’appui de l’armée. Et alors qu’en décembre 1968 les Gardes rouges se dissolvaient pour aller travailler dans les campagnes et se mêler au peuple – ce qui va concerner une quinzaine de millions de jeunes- une faction de l’armée avait cherché à prendre le dessus.

C’était un processus difficile à saisir et, d’ailleurs, la plupart des observateurs, y compris dans les mouvements marxistes-léninistes sur toute la planète, ne parvenaient plus à rien suivre. Le souci était qu’il y avait bien un processus de dénonciation du révisionnisme qui avait été lancé, un refus de la voie capitaliste, mais tout s’éparpillait et il n’existait pas de Centre organisé.

Il existait une dynamique réelle, avec un véritable approfondissement, donnant un nouvel élan à la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, mais de manière isolée. Ce processus dura de 1971 à 1975, très riche en production idéologique et en expérience, mais sans capacité politique d’intervention au-delà d’un soutien à Mao Zedong.

Toute une nouvelle génération de communistes avait saisi les principes de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et avaient saisi qu’au lieu seulement d’en arriver à la conception d’une lutte de deux lignes contre la restauration capitaliste, il fallait partir de là.

Cela va donner naissance à une production très importante de documents sur le matérialisme dialectique. Dans tous les domaines, des noyaux actifs œuvraient à formuler la vision du monde communiste, que ce soit pour la cosmologie ou l’organisation de l’usine, la mise en place des types de travaux ou la structuration de l’État.

Quatre figures agissaient en première ligne :

– Jiang Qing, née en 1914, mariée à Mao Zedong en 1938, agissant principalement dans le domaine de l’art et plus spécifiquement de l’opéra ;

– Wang Hongwen, né en 1935, qui a été le grand initiateur et organisateur de la Commune de Shanghai

– Zhang Chunqiao, né en 1917, théoricien qui écrira notamment le document « De la dictature intégrale sur la bourgeoisie » ;

– Yao Wenyuan, né en 1931, qui commença son activité comme critique littéraire.

Ces figures sont communément appelées « ultra-gauchistes » dans la propagande anti-maoïste chinoise, qui les désigne également comme la « bande des quatre ».

D’autres activistes furent notamment le danseur de ballet Liu Qingtang, vice-ministre de la culture en 1975-1976, le musicien Yu Huiyong, ministre de la culture en 1975-1976, le chanteur d’opéra Qian Haoliang, l’écrivain Xu Jingxian, le vétéran Ma Tianshui particulièrement actif comme dirigeant à Shanghai, le neveu de Mao Zedong Mao Yuanxin, Chi Qun d’une équipe de propagande de la pensée Mao Zedong de l’armée, l’enseignant Li Qinglin, l’ouvrière du textile de Shanghai Wang Xiuzhen, etc.

Wang Hongwen était considéré comme la principale figure dirigeante (devenant de fait le numéro 3 du Parti), Yao Wenyuan comme le grand propandiste (dirigeant de fait le Quotidien du Peuple et l’organe théorique Le drapeau rouge), Wang Xiuzhen étant promise à un rôle très important.

Ils représentent le lieu de synthèse de tous les acquis de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne de 1966 à 1971, avec la tentative de formuler les principes généraux et le mode d’organisation adéquat pour concrétiser celle-ci au niveau de la Chine populaire.

Wang Hongwen

Il est cependant très clair que cette gauche du Parti est, dans les faits, réduite à être une faction du Parti, tant parce qu’elle ne dispose pas d’une large base que par le fait qu’elle ne parvient pas à se poser politiquement.

Tant qu’il y aura Mao Zedong, ces quatre figures lui serviront de fer de lance (et quand on parle des « quatre » en Chine on montre les cinq doigts d’une main disant : « oui, oui, quatre »). Mais sans Mao Zedong comme pivot politique, la gauche sera politiquement désarmée.

C’est pourtant Mao Zedong qui, en 1974-1975, avait posé les bases d’une intense réflexion sur l’organisation étatique de la dictature du prolétariat. Il s’avérait cependant qu’il y avait trop de choses à digérer historiquement et que l’arriération historique de la Chine populaire ne permettait pas un élan suffisant pour une synthèse.

Mao Zedong cherchait inlassablement à faire en sorte que la ligne noire abatte ses cartes, qu’elle se révèle, afin qu’il y ait un processus dialectique qui se mette en œuvre pour la ligne rouge. La situation historique fit cependant que la ligne noire put forcer la société chinoise à aller dans le sens de la dépolitisation et du pragmatisme.

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L’intervention de l’armée lors de la révolution culturelle chinoise et la tentative de coup d’État militaire

Afin de chercher à neutraliser les Gardes rouges, les partisans de Liu Shaoqi et Deng Xiaoping profitaient de leur liaison avec l’armée. Pour cette raison, le 5 octobre 1966, le Comité Central du Parti Communiste de Chine annula le rôle dirigeant des comités du Parti dans les lycées et les universités militaires. 18 millions d’armes à feu furent distribuées aux masses, ainsi qu’une dizaine de milliers de pièces d’artillerie et trois millions de grenades.

On était passé à la question directe du pouvoir et à Shanghai, la principale ville industrielle, les gardes rouges et les rebelles, au nombre d’un million, dirigés par Wang Hongwen, renversèrent même la municipalité en janvier 1967, afin de former une Commune.

Cette « tempête de janvier » fut considérée par Mao Zedong comme une initiative formant un modèle et au bout d’un mois la Commune de Shanghai fut formalisée comme « Comité révolutionnaire », suivant le principe de la « triple alliance » devant se généraliser dans le pays : la triple alliance formait un Comité révolutionnaire en unissant le Parti, l’armée et les rebelles, et remplaçait les institutions précédentes.

Cette triple alliance déplut fortement, dans sa substance, au « nouveau courant d’idées », avec notamment Yang Xiguang, voulant le démantèlement du Parti et de l’État pour un pays entièrement organisé en communes. Cette petite faction ultra-gauchiste, très forte toutefois dans la région du Hunan, fut liquidée en 1968.

Mais surtout, les cadres de l’armée n’étaient majoritairement pas favorable à la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Concrètement, l’armée intervint ainsi, sans employer les armes, en penchant pour l’un ou l’autre des courants des Gardes rouges et des rebelles. L’affrontement idéologique culmina même en le « contre-courant de Février », où une partie des responsables de l’armée assumèrent de s’opposer à Mao Zedong.

L’intervention de l’armée se généralisa pendant toute l’année 1967, avec des conflits ardus dans toutes les villes importantes. Les incidents se multipliaient avant de connaître une certaine stabilisation vers la fin de l’année, alors qu’à partir de l’été 1968, les équipes de propagande de la pensée Mao Zedong de l’armée furent envoyés dans les écoles, les institutions et les agences gouvernementales où le factionnalisme se maintenait encore.

Lin Piao, Zhou Enlai, Mao Zedong

Ce processus favorisait Lin Piao, ministre de la défense à partir de 1959. Il représentait le courant de l’armée favorable à la rupture avec les principes soviétiques ; lui-même écrira en 1965 Vive la victorieuse guerre populaire !, où l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie étaient définies comme les campagnes encerclant les villes. La même année, il mit en place le Petit Livre Rouge pour le diffuser dans l’armée.

Au milieu de l’année 1967, c’est lui qui devint la position clef dans le régime, puisqu’en faisant pencher la balance par l’armée, il facilitait une orientation ou une autre. En s’opposant aux partisans de Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, il assit les fondements de la ligne de Mao Zedong du nouveau régime et au 5 septembre 1968, l’ensemble du pays avait comme administration des « Comités révolutionnaires ».

En octobre 1968, Liu Shaoqi fut rejeté du Parti lors de la 12e session plénière du huitième Comité Central, dont environ 65 % des membres et des suppléants avaient été purgés.

Mao Zedong et Lin Piao

Lin Piao devint de facto le numéro deux du pays. C’est lui qui lit le rapport politique au 9e congrès du Parti, en avril 1969, où sa position de numéro 2 est publiquement ratifiée, alors que 80 % du personnel du Comité Central, y compris ses suppléants, a été changé.

Il va alors se produire ce que Mao définit par la suite comme « un combat entre deux quartiers-généraux ».

Une tendance se forma en effet inévitablement dans l’armée considérant que, après tout, l’armée avait décidé de l’issue de la bataille et qu’elle était le garant de l’ordre, que le Parti avait été mis de côté par les Gardes rouges et les rebelles sur le plan de l’initiative politique, idéologique et culturelle.

La conclusion était que l’armée devait former l’ossature elle-même du régime. Mao Zedong avait posé une nouvelle approche, une nouvelle dynamique, il fallait désormais la solidifier.

En août 1970, au moment de la seconde session plénière du nouveau Comité Central, Lin Piao tenta ainsi de nommer Mao Zedong président de la république, c’est-à-dire qu’il devait servir de symbole d’une période désormais concrétisée par la prise de la direction du pays par l’armée.

Cela allait de pair avec une incessante propagande en faveur de Mao Zedong qui serait un nouveau « pic », un « génie », etc. C’était un moyen d’en faire une figure vidée de sens et justifiant la main-mise de l’armée.

On était passé ici d’une approche de soutien à Mao Zedong sur un mode unilatéral, dont le Petit Livre Rouge mis en place par Lin Piao était le symbole, à une position d’ultra-droite.

Mao réfuta cette initiative pro-armée et commença à remettre de l’ordre en faisant reculer les prérogatives de l’armée. Parallèlement, le Parti désorganisé par les affrontements à partir de 1966 se réorganisa ; entre novembre 1970 et août 1971, l’ensemble des comités au niveau des provinces était reconstitué.

Cela provoqua une situation de cristallisation et d’opposition entre le Parti en réaffirmation et l’armée.

La situation était d’autant plus tendue qu’au sein du Parti, l’armée tenait un nombre essentiel de postes : 13 postes au Bureau Politique sur 25, 64 postes au Comité Central sur 170, 21 postes de président des Comités Révolutionnaires au niveau des provinces sur 29 (et 90 sur 250 pour les postes de vice-président), 22 postes de premier secrétaire des Comités provinciaux du Parti syr 29 (et 95 postes de secrétaires sur 158).

La ligne de Mao Zedong l’emportait cependant inlassablement et la fraction de l’armée la plus opportuniste tenta le tout pour le tout. Lors du premier mai 1971, Lin Piao n’apparut qu’une minute et en septembre, il tenta un coup d’État passant par l’assassinat de Mao Zedong.

Ce fut l’échec et Lin Piao tenta de se réfugier en URSS, mais son avion se crasha en Mongolie le 13 septembre.

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Les trois quartiers généraux des Gardes Rouges et l’affrontement entre factions

L’immense vague des Gardes rouges à travers tout le pays, fut suivie de l’émergence des rebelles et elle devint irrépressible.

Les opposants à Mao Zedong mirent alors l’accent sur la question de l’activité des « groupes de travail » pendant les « cinquante jours ». Ils cherchèrent à valoriser ceux-ci, tout en poussant à la formation de factions conservatrices, opposés aux initiatives des Gardes rouges, voire à former des Gardes rouges ayant d’autres cibles.

C’était là une véritable manœuvre exprimant la ligne de Liu Shaoqi et Deng Xiaoping. On eut ainsi tout d’abord une mobilisation contre la restauration du capitalisme pour ainsi dire en général, qui se transforma ensuite, dans une nouvelle étape, en une bataille au contenu directement politique.

Le curseur déplaça concrètement, passant d’un conflit ouvert entre partisans de Mao Zedong et ce qui relevait de manière flagrante de la restauration du capitalisme à une opposition non ouverte publiquement entre la ligne de Mao Zedong et celle de Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, ces derniers n’étant pas mentionnés nommément, seulement indirectement.

Ce processus complexe aboutit à des affrontements parfois très violents entre factions des Gardes rouges se revendiquant en apparence de la même idéologie et des mêmes principes. Ces divisions se cristallisèrent politiquement avec la question des « Quartiers Généraux ».

Les Gardes rouges, dont les dirigeants étaient élus et révocables, avaient en effet mis en place des « Quartiers Généraux ». Il en existait deux, mais un troisième se forma à l’initiative de gardes rouges déçus de ce qu’ils considéraient comme une collusion ou une convergence avec Liu Shaoqi et Deng Xiaoping.

Ils venaient principalement de l’université Tsinghoua de Pékin, de l’institut d’aéronautique et l’institut de géologie ; ce « troisième poste de commandement » en tant que « Quartier Général rebelle révolutionnaire de la capitale des Gardes rouges de l’université » profita rapidement d’un appui avec l’éditorial du Drapeau rouge du 3 octobre 1966, qui visait Liu Shaoqi et Deng Xiaoping et où on lisait notamment :

« Si ceux qui ont commis des erreurs persistent dans leur attitude et les aggravent, ces contradictions peuvent devenir antagoniques. »

Liu Shaoqi et Deng Xiaoping durent alors faire leurs autocritiques. Le premier fut placé en résidence surveillée chez lui et le second envoyé dans une usine dans une zone agricole.

Cependant, ils ne sont pas encore critiqués nommément dans la presse ; Liu Shaoqi est défini par périphrase comme « le Kouchtchev chinois », « le plus haut des responsables engagés dans la voie capitaliste », Deng Xiaoping étant « un autre haut responsable engagé dans la voie capitaliste ».

Malgré leur mise à l’écart, leurs partisans s’avéraient encore largement présents, que ce soit au niveau des municipalités ou des comités du Parti ; leur influence restait notable et, surtout elle agissait en sous-main.

En apparence, les deux premiers quartiers généraux, où ils disposaient de l’hégémonie, prétendaient évidemment eux aussi défendre Mao Zedong et dénoncer les partisans de la voie capitaliste.

L’intense confusion ne cessa pas, les affrontements violents entre gardes rouges, voire très violents et parfois armés, se prolongèrent, dans un imbroglio extrêmement grand et toujours plus étendu.

On était passé d’une révolte soutenue contre les tenants censés être purement isolés de la voie capitaliste à un affrontement entre deux factions du Parti, à travers les Gardes rouges. L’opération de rectification se transformait en véritable lutte entre deux lignes.

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Les Gardes rouges contre les quatre vieilleries

La fin du mois d’août 1966 fut celui d’une grande effervescence des Gardes rouges, en particulier à Pékin. Leur ligne de conduite se fondait sur le combat contre les « quatre vieilleries » : les vieilles idées, la vieille culture, les vieilles coutumes, les vieilles habitudes.

On trouve une mise en perspective de cet aspect culturel dans l’éditorial du Quotidien du peuple du 1er juin 1966, Balayons tous les génies malfaisants (en fait les démons-vaches et les esprits-serpents, expressions pour désigner à son époque les figures fantastiques du poète Li He (791–817), particulièrement apprécié par Mao Zedong).

On y lit que :

« La question fondamentale pour la révolution est celle du pouvoir. Des différents secteurs de la superstructure — idéologie, religion, beaux-arts, droit, pouvoir —, c’est le pouvoir qui est le point essentiel.

Avec le pouvoir, on a tout ; en perdant le pouvoir, on perd tout (…).

Les classes exploiteuses ont régné sur le peuple travailleur pendant des millénaires, elles ont monopolisé la culture créée par lui et elles ont utilisé celle-ci pour le leurrer, le mystifier, l’endormir, afin de consolider leur pouvoir réactionnaire.

Ayant dominé pendant des millénaires, leur idéologie ne pouvait qu’exercer une grande influence sur toute la société. Leur domination réactionnaire a été renversée, mais ces classes ne s’avouent pas vaincues, elles cherchent toujours à utiliser leur influence pour préparer l’opinion à un retour au capitalisme dans les domaines politique et économique (…).

La révolution culturelle prolétarienne vise à détruire de fond en comble la pensée, la culture, les mœurs et coutumes anciennes, que les classes exploiteuses utilisèrent au cours des millénaires pour empoisonner le peuple, et à créer et développer parmi les larges masses populaires une pensée, une culture, des mœurs et coutumes totalement nouvelles, celles du prolétariat.

C’est une grande tâche que de réformer les mœurs et coutumes, et elle est sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Tout l’héritage, toutes les mœurs et coutumes des classes féodale et bourgeoise doivent être critiquées totalement selon la conception prolétarienne du monde.

Arracher à la vie du peuple les coutumes néfastes venant de la vieille société exige du temps, mais l’expérience acquise depuis la Libération montre que nous pouvons y parvenir plus rapidement, si nous mobilisons pleinement les masses, appliquons la ligne de masse, faisons de la réforme des mœurs et coutumes un véritable et vaste mouvement de masse. »

Tout ce qui avait en rapport avec le culte de ces « vieilleries » fut attaqué, depuis les longues listes généalogiques des familles jusqu’aux antiquités, depuis les temples jusqu’aux monuments, ainsi que les noms des magasins, des rues, des écoles, des hôpitaux, etc. Les maisons des familles riches furent particulièrement ciblés pour en récupérer les objets traditionnels.

Les tenants de la servilité typique des traditions furent vilipendés et présentés comme des ennemis du peuple.

Les Gardes rouges se mobilisèrent également de manière extrêmement bien organisée pour voyager dans tout le pays, parfois même à pied dans des équipes de « longue marche », et répandre leur approche, notamment au moyen d’une petite ronéo portative pour imprimer des petits documents.

Des centaines de millions de petits livres rouges furent également publiées et Pékin abrita pendant quatre mois en permanence un million de Gardes rouges, qui allaient et venaient au gré de leurs activités depuis tout le pays.

Très concrètement, cela signifie ici que des lycéens et des étudiants se tournent vers les ouvriers et les paysans. On a un mouvement qui part de la jeunesse, politisée par le régime mais découvrant une incohérence dans l’activité de celui-ci en raison de la présence de « partisans de la voie capitaliste », et qui va aux ouvriers et aux paysans.

La déclaration en seize points avait, en prévision de cette rencontre, déjà lancé le mot d’ordre « Faire la révolution et stimuler la production ».

Aussi, malgré les achoppements, il se forma rapidement une vague de « rebelles » et de « révolutionnaires prolétariens », profitant des installations des entreprises (imprimeries, moyens de transports, salles, etc.) pour lancer leurs activités parallèlement à la production.

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L’émergence des Gardes rouges

Avec les dazibaos, on a le début d’un vaste mouvement de critique généralisée qui se lance dans toute la Chine. L’un des lieux où eut lieu une ébullition généralisée fut l’université de Pékin. C’est cependant l’ensemble des universités et des lycées qui furent touchés et le 13 juin, les examens furent reportés, les cours suspendus, les locaux devenant des bases d’une intense production politique.

Le mouvement était soutenu par Mao Zedong et le Parti lui-même ; on lit à la fin de l’éditorial du Quotidien du peuple du 20 juin 1966 :

« Mobilisons sans réserve les masses ! Laissons-les composer des dazibaos et, sous de la drapeau de la grande pensée Mao Zedong, sous la direction du Comité Central du Parti, menons résolument et jusqu’au bout la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. »

Cependant, au sens strict, on a ici un mouvement de rectification, visant à dénoncer certains cadres ayant eu des positionnements inadéquats par rapport à la construction du socialisme. Or, cette dénonciation devait passer par des « groupes de travail » mis en place par en haut pour superviser celle-ci.

Par en-haut, cela signifie un gigantesque problème si ce « haut » est également pénétré par des positionnements erronés ou hostiles. Et effectivement, on peut s’apercevoir que le président de la République Populaire de Chine était Liu Shaoqi et le secrétaire général du Parti Deng Xiaoping, deux opposants à Mao Zedong.

Ce dernier disparut alors du début du mois de juin, juste après avoir soutenu le premier dazibao, à la mi-juillet 1966. Cette période dite des « cinquante jours » fut une période de troubles : les « groupes de travail » cherchaient à neutraliser le mouvement, l’élan porté par les dazibaos aboutissait à un affrontement avec ces « groupes de travail ».

Les jeunes des lycées et des universités commencèrent à généraliser leur critique des « groupes de travail » comme un levier indirect utilisé par les partisans du retour au capitalisme pour se couvrir. Ils dénonçaient « l’interférence » de la jeunesse avec la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

L’affrontement entre deux lignes commençait à être tout à fait lisible. Le mouvement de la jeunesse reçut alors, au bout des « cinquante jours », l’appui de Mao Zedong. Sa réapparition coïncide avec sa nage, le 16 juillet à Wuhan, de 15 kilomètres dans le Yangzi Jiang, le plus important fleuve de Chine.

Puis survint une session plénière du Comité Central du Parti, du 1er au 12 août. Cette session reflétait l’affrontement en cours, avec d’un côté Mao Zedong (et les garde rouges), de l’autre Liu Shaoqi et Deng Xiaoping (et les « groupes de travail »). Elle culmina par la victoire du premier sur les seconds.

La déclaration de la session appela à une massification des initiatives, soulignant qu’il ne fallait pas avoir peur du désordre et au contraire avoir confiance en la gauche révolutionnaire.

Mao Zedong y est présenté comme « le plus grand marxiste-léniniste de notre époque » et la « pensée Mao Zedong » comme un accompagnement du marxisme-léninisme. Lin Piao y était salué pour son document « Vive la victoire de la guerre populaire » et pour lancer le processus de la révolution culturelle dans l’armée.

Mao Zedong

La déclaration fut cependant accompagnée d’un autre document, qui eut un retentissement mondial. La décision du Comité Central du Parti Communiste de Chine sur la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, du 8 août 1966, faisait de celle-ci un mouvement prolongé et profondément ambitieux.

C’était en effet un véritable manuel à destination des rebelles et de leurs soutiens, avec une explication de qui il fallait viser et comment. Il y a ainsi une typologie des cadres (bons, relativement bons, qui ont commis de larges erreurs involontairement, droitiers), un appel à la mobilisation par les affiches et les débats, une présentation des approches (débats sans violence, pas de factionnalisme, pas de généralisation abusive).

Cela faisant, cette déclaration en seize points dénonçait les tendances gauchistes dans la jeunesse contestataire, mais visaient encore plus les « groupes de travail » utilisant tous les moyens pour assécher leur mouvement de dénonciation.

La jeunesse des lycées et des universités fut alors galvanisée et reprit, ouvertement soutenu par Mao Zedong à partir du 12 août, une désignation apparue alors depuis quelques semaines dans certaines universités : « Gardes rouges ».

Le 18 août Mao Zedong vint à un grand rassemblement de masse des Gardes rouges et se vit remettre un brassard avec écrit dessus « Garde rouge », typique de leur tenue associant le kaki militaire pour souligner l’engagement dans une logique d’affrontement et le petit livre rouge, diffusé dans l’armée depuis 1964.

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Le déclenchement de la grande révolution culturelle prolétarienne

Cette situation d’affirmation de deux lignes en Chine populaire remuait des pans entiers du Parti et même de la société chinoise. L’un des éléments produits fut l’écriture d’une grande affiche, écrite à la main avec de grands caractères, un dazibao, le 25 mai 1966 à l’université de Pékin.

Trois personnes étaient dénoncées : le recteur de l’université et deux responsables municipaux chargés des affaires universitaires.

Mao Zedong soutint l’initiative et appela le 1er juin 1966 à la diffusion du texte de ce dazibao tant à la radio que dans la presse. Cette date devint alors désormais considérée comme l’ouverture de la « grande révolution culturelle prolétarienne ».

Le même jour, le Quotidien du Peuple publia d’ailleurs un éditorial intitulé Balayons tous les génies malfaisants, commençant ainsi :

« La grande révolution culturelle prolétarienne que connaît la Chine socialiste, où vit le quart de la population mondiale, est en plein essor.

En quelques mois, des millions et des millions d’ouvriers, de paysans et de soldats, ainsi que la grande masse des cadres et des intellectuels révolutionnaires, répondant à l’appel au combat lancé par le Comité central du Parti et le président Mao Zedong, et armés par la pensée de celui-ci, ont balayé un grand nombre de génies malfaisants qui s’étaient implantés dans les positions idéologiques et culturelles.

Avec la rapidité et la puissance de l’ouragan et de la tempête, ils ont brisé les fers imposés pendant tant d’années à leur pensée par les classes exploiteuses et ont complètement mis en déroute et rabattu l’arrogance des « spécialistes », « savants », « autorités » et « maîtres à penser » bourgeois.

Le président Mao nous enseigne que la lutte des classes n’a pas pris fin en Chine quoique la transformation socialiste de la propriété ait été fondamentalement réalisée. »

On a également une définition bien précise de l’initiative :

« La révolution culturelle prolétarienne vise à détruire de fond en comble la pensée, la culture, les mœurs et coutumes anciennes, que les classes exploiteuses utilisèrent au cours des millénaires pour empoisonner le peuple, et à créer et développer parmi les larges masses populaires une pensée, une culture, des mœurs et coutumes totalement nouvelles, celles du prolétariat.

C’est une grande tâche que de réformer les mœurs et coutumes, et elle est sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Tout l’héritage, toutes les mœurs et coutumes des classes féodales et bourgeoise doivent être critiquées totalement selon la conception prolétarienne du monde. »

Le 3 juin, le Comité du Parti de Pékin était remanié, alors que les comités de rédaction de Pékin-Soir et du Quotidien de Pékin étaient révoqués, que le recteur de l’université de Pékin était destitué.

Des « groupes de travail » devaient procéder à des rectifications et le principe commença à se généraliser dans le pays, alors que les dazibaos devenaient une méthode systématiquement employée. Mao en réalisa lui-même un, le 5 août, intitulé « Bombarder le Quartier-Général – mon dazibao ».

D’ailleurs, dès le 2 juin, le Quotidien du peuple appelait en ce sens, avec une éditorial intitulé Les affiches en grands caractères sont des « miroirs magiques » qui font apparaître tous les monstres.

On y lit :

« Il est indispensable de mobiliser audacieusement les masses et d’adopter la méthode consistant à exprimer franchement et complètement les opinions et les critères des jugements, de rédiger des affiches en grand caractères (dazibao) et de réaliser de grands débats.

Il faut que les masses extériorisent complètement ce qu’elles pensent, qu’elles découvrent tous les représentants de la bourgeoisie qui s’opposent au Parti Communiste, au socialisme et à la pensée Mao Zedong; il faut qu’elles mettent en lumière tous les monstres et qu’elles réduisent en poussière, unité par unité, tous les bastions réactionnaires de la bourgeoisie.

Le président Mao dit : « Les affiches en grand caractères sont un nouveau type d’arme extrêmement utile ».

Les affiches en grand caractère sont quelque chose de très bien ! Ce sont des « miroirs magiques » qui font apparaître tous les monstres.

Si chacun d’entre nous s’en sert, il est possible que soient découverts, rapidement et sous tous les angles, les véritables visages des sinistres cliques anti-Parti et anti-socialiste. Ces affiches présentent différentes opinions et révèlent des contradictions de toute espèce. Au moyen de ces opinions et contradictions, nous devons parvenir à comprendre la situation, à découvrir les problèmes et à les résoudre.

Ces affiches posent le problème de ce qui est juste et de ce qui ne l’est au sujet des problèmes les plus importantes, pour que tout le monde discute, analyse et critique (…).

Êtes-vous révolutionnaire? Dans ce cas, vous accueillerez avec enthousiasme les dazibaos, vous serez en leur faveur, vous vous mettrez en tête pour les rédiger et vous mobiliserez sans réserve les masses pour qu’elles fassent de même et tirent au clair les problèmes.

Êtes-vous un défenseur de « Sa Majesté? » Dans ce cas, les dazibaos vous feront mourir de peur. Vous pâlirez de terreur et vous aurez des sueurs froides à les voir apparaître, et vous tenterez par tous les moyens d’empêcher les masses d’en rédiger.

Avoir peur des dazibaos signifie avoir peur des masses, peur de la révolution, peur de la démocratie populaire et peur de la dictature du prolétariat. »

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La défense de la révolution culturelle socialiste en Chine populaire

Lorsque se produit l’affaire autour de la pièce de théâtre La Destitution de Hai Rui, l’expression employée est celle de « révolution culturelle socialiste ». Il est expliqué qu’il y a une bataille depuis le départ en Chine populaire, dans le domaine culturel. Il n’y a ainsi pas, au sens strict, de déclenchement d’une révolution culturelle socialiste avec cette affaire.

Une date est toutefois mentionnée comme base de départ pour la « révolution culturelle socialiste » : 1962 au mois de septembre. C’est le moment de la dixième session plénière du Comité central issu du VIIIe Congrès du Parti, avec l’appel de Mao Zedong « de ne jamais perdre de vue les classes et la lutte de classes ».

C’est au nom de ce positionnement que Mao Zedong se lança dans la liquidation du « groupe de la révolution culturelle du Comité central du Parti Communiste de Chine », accusé de ne pas être à la hauteur de sa tâche. Cette liquidation fut annoncée dans une circulaire du Parti du 16 mai 1966, où on lit :

« Aux Bureaux régionaux du Comité central,
Aux Comités provinciaux, municipaux et des régions autonomes du Parti, Aux départements et commissions relevant du Comité central,
Aux groupes et comités du Parti dans les organismes d’État et les organisations populaires,
Au Département politique général de l’Armée populaire de Libération,

Le Comité central décide d’annuler le « plan du compte rendu sur le débat académique actuel, établi par le groupe des cinq chargé de la révolution culturelle », approuvé et mis en circulation le 12 février 1966, de dissoudre le « groupe des cinq chargé de la révolution culturelle » et les services qui lui sont rattachés, et de constituer un nouveau groupe chargé de la révolution culturelle relevant directement du Comité permanent du Bureau politique.

Le plan du compte rendu élaboré par le « groupe des cinq » est foncièrement erroné.

Il est contraire à la ligne définie par le Comité central et par le camarade Mao Zedong pour la révolution culturelle socialiste, contraire au principe directeur concernant les classes et la lutte des classes en société socialiste, formulé en 1962 à la dixième session plénière du Comité central issu du VIIIe Congrès du Parti.

Loyaux en apparence et traîtres en secret, les auteurs du plan s’opposent énergiquement, par leurs actes, à la grande révolution culturelle déclenchée et dirigée par le camarade Mao Zedong en personne, ainsi qu’aux instructions relatives à la critique de Wou Han qu’il a données lors de la conférence de travail du Comité central tenue en septembre-octobre 1965 (à une réunion du Comité permanent du Bureau politique à laquelle assistaient les camarades responsables des Bureaux régionaux du Comité central). »

Le document n’annonce ainsi pas une révolution culturelle nouvelle ; il dit qu’il y a déjà une révolution culturelle et que le groupe constitué pour l’accompagner est tombé aux mains des contre-révolutionnaires :

« D’un langage confus, contradictoire et hypocrite, ce plan estompe la lutte des classes aiguë qui s’engage actuellement sur le front culturel et idéologique, et en particulier, l’objectif de cette grande lutte qui est de stigmatiser Wou Han et les nombreux représentants anti-parti et anti-socialistes de la bourgeoisie (on trouve également un certain nombre de ces représentants de la bourgeoisie au sein du Comité central et de ses organismes, ainsi qu’au sein des organisations du Parti à l’échelon des provinces, des municipalités et des régions autonomes).

Le plan du compte rendu dissimule le grave caractère politique de cette lutte, en omettant de mentionner ce que le président Mao a souligné maintes fois : l’essence de la pièce de Wou Han la Destitution de Hai Jouei est le problème de la destitution (…).

Le plan insiste tout particulièrement sur l’encouragement à la liberté d’expression ; mais, par un tour de passe-passe, il déforme, dans son essence même, la politique d’encouragement à l’expression des opinions que le camarade Mao Zedong a formulée en mars 1957. »

Il y a pour cette raison une grande menace révisionniste, car le groupe de la révolution culturelle destituée faisait la promotion d’une libre-expression des idées, mais à la condition que ces idées aillent dans le sens de la bourgeoisie, au moyen du libéralisme et du relativisme :

« Ce plan met en opposition l’encouragement à l’expression des opinions et la dénonciation de la position réactionnaire bourgeoise par le prolétariat.

Pour les auteurs, la politique d’encouragement n’est autre qu’une libéralisation bourgeoise.

En d’autres termes, ils ne permettent qu’à la bourgeoisie d’exprimer ses opinions, interdisent au prolétariat d’exposer les siennes et de contre-attaquer la bourgeoisie.

Ils protègent donc les représentants bourgeois réactionnaires du genre Wou Han (…).

Alors que nous avons déclenché la contre-offensive contre les attaques effrénées de la bourgeoisie, les auteurs du plan ont lancé ce mot d’ordre : « Tous sont égaux devant la vérité. »

C’est un mot d’ordre bourgeois.

Ils l’ont utilisé pour protéger la bourgeoisie et s’opposer au prolétariat, au marxisme-léninisme, à la pensée Mao Zedong, niant totalement le caractère de classe de la vérité.

Dans la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, dans la lutte entre la vérité marxiste et l’absurdité de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses, ou le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest, ou l’inverse, et il n’est donc pas question d’égalité (…).

En résumé, ce plan s’oppose à ce que la révolution socialiste soit menée jusqu’au bout, il s’oppose à la ligne définie pour la révolution culturelle par le Comité central du Parti ayant à sa tête le camarade Mao Zedong, il frappe la gauche prolétarienne, couvre la droite de la bourgeoisie et prépare l’opinion publique à la restauration de la bourgeoisie. »

Il y a ici à la fois une bataille dans la conception de la culture et un affrontement ouvert entre deux visions du monde au sein du Parti Communiste de Chine.

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L’affaire de la pièce de théâtre «La Destitution de Hai Rui»

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne fut un mouvement qui mit en branle les masses par millions en Chine populaire. Initialement considérée comme une opération momentanée de rectification, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne s’avéra rapidement être un moment prolongé d’affirmation idéologique ayant des ramifications dans tous les domaines.

Initialement, la Chine populaire était dans une position de retrait. Elle était particulièrement arriérée et elle profita grandement de l’accord réalisé avec l’URSS dans la foulée de la révolution de 1949. La ligne de Khrouchtchev, consistant à rejeter Staline, fut rejetée, mais initialement sous la forme d’un esprit de compromis entre plusieurs factions au sein du Parti Communiste de Chine.

En effet, toute une faction, ayant à sa tête la président de la République Populaire de Chine Liu Shaoqi, convergeait avec le développement en URSS. Cela correspondait à une lecture de la situation considérant, à l’instar de Deng Xiaoping, que la Chine populaire ne pouvait pas se développer sans appui extérieur.

Mao Zedong développa alors le Grand Bond en avant de 1958 à 1962 et la GRCP la prolonge directement, l’affrontement étant cependant désormais ouvert. Le ministre de la défense de la République Populaire de Chine, Peng Dehuai, s’était opposé dès le départ au Grand Bond en Avant et avait été démis en 1959.

La GRCP part de cet épisode de la lutte des classes.

Mao Zedong

En 1961 fut en effet jouée une pièce de théâtre écrite par le vice-maire de Pékin Wou Han. La Destitution de Hai Rui décrit comment un fonctionnaire, ayant le rôle d’inspecteur, est condamné par l’empereur pour avoir fait exécuter un fils de noble ayant tué un paysan et enlevé sa fille.

C’était en réalité une dénonciation camouflée de Mao Zedong et une défense de Peng Dehuai. Lorsque la pièce fut de nouveau jouée en 1965, alors que Peng Dehuai cherchait à revenir, elle obtint cette fois une réponse par Yao Wenyuan dans le quotidien de Shanghai Wenhui Bao le 10 novembre 1965.

Cependant, en janvier 1965 avait été fondé un « groupe de la révolution culturelle du Comité central du Parti Communiste de Chine ».

Or, ce groupe censura Yao Wenyuan ainsi que les autres partisans de Mao Zedong. Il finit par lâcher du lest, avec notamment la reparution de l’article de Yao Wenyuan dans le Quotidien du Peuple, ainsi qu’une autocritique de Wou Han (le 7 décembre 1965 et le 12 janvier 1966), mais tout en cherchant à gommer et à exiger de gommer toute dimension politique pour limiter cela à une question historique, une analyse culturelle, etc.

Yao Wenyuan publia un autre article : « À propos du village des Trois (le caractère réactionnaire des Propos du soir à Yenchan et de la Chronique du village des Trois) ». Il fut publié, encore une fois, par le quotidien de Shanghai Wenhui Bao, le 10 mai 1966, et cible très précisément ceux qu’il accuse former une « ligne noir ». On y lit que :

« Tous ceux qui s’opposent à la pensée de Mao Zedong, tous ceux qui entravent la marche en avant de la révolution socialiste seront sans exception dénoncés, critiqués et renversés, si célèbres et haut placés qu’ils soient, quel que soit celui qui les dirige et les soutient, et si nombreux que soient ceux qui les flattent. »

Cependant, il fut publié en même temps par le Quotidien de l’Armée Populaire de Libération. C’était là un signe politique extrêmement fort. De fait, l’éditorial du Quotidien de l’Armée Populaire de Libération du 18 avril 1966 annonçait déjà le combat, son titre étant « Levons haut le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong ; participons activement à la grande révolution culturelle socialiste ».

Il y est parlé de « lutte de classes aiguë » se livrant sur « le front culturel » ; quatre œuvres de Mao Zedong sont définis comme « le sommet le plus élevé de la conception marxiste-léniniste du monde et de la théorie marxiste-léniniste de la littérature et de l’art » : La démocratie nouvelle, Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan, De la juste solution des contradictions au sein du peuple, ainsi que le Discours prononcé à la conférence nationale sur le travail de propagande du Parti communiste chinois.

On y trouve également, en conclusion, une mise en perspective :

« Nous devons lever encore plus haut le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong et, sous la direction du Comité central du Parti, du président Mao et de la Commission militaire du Comité central du Parti, participer activement à la révolution culturelle socialiste, la mener inflexiblement jusqu’au bout, nous efforcer de créer une nouvelle littérature et un nouvel art socialistes dignes de notre grand pays, de notre grand Parti, de notre grand peuple et de notre grande armée. »

Le conflit était posé et sa modalité était la « révolution culturelle socialiste ».

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Dessins de propagande de la GRCP

Titre, en bas:
Les slogans de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne retentissent

Sur le rouleau :
« Critique du révisionisme historique de la pièce Destitution de Hai Hui de Yao Wen Yuan »

Sur le livre :
« Oeuvres choisies de Mao Zedong »

Sous les coups de la plume :
« Les Trois Ecrivains Réactionnaires »

Titre, en bas :
Premier Dazibao Marxiste-Léniniste

En haut à gauche :
« Les commentaires du premier dazibao marxiste-léniniste du pays et celle du critique du Renmin Ribao sont très bien écrits ! Camarades, insistons sur ce Dazibao et sur cette critique ! »
« On a raison de se révolter »
Citations du Président Mao

Sur la grande pancarte :
« Premier daozibao marxiste-léniniste du pays »

Sur la petite pancarte :
en cours de déchiffrage !

Sur le gros tapis enroulé :
« Avec le Parti, barrons la route à la voie capitaliste ! »

Titre, en bas
Célébrons la onzième plénière du Comité central issu du VIIIe Congrès du Parti communiste chinois !

Sur l’écharpe de gauche :
« Vive le Président Mao »

Sur l’écharpe de droite :
« Vive le Parti Communiste de Chine »
« Célébrons avec enthousiasme la onzième plénière du Comité central issu du VIIIe Congrès du Parti communiste chinois ! »

Titre, en bas :
Abattons les Quatre Vieilleries

En calligraphie :
« On a raison de se révolter »
« Gardes Rouges »

Sur les brassards :
« Gardes Rouges »

Sur la pancarte :
« Abattons les Quatre Vieilleries, Établissons les Quatre Nouveautés »

Sur le journal :
« Nous sommes en guerre avec les Quatre Vieilleries »

Sur les plaquettes cassées on aperçoit :
le Dao, les Rites, le Yin et le Yang, le Yi Jing [livre chinois très ancien et célèbre de divination], le Christ, Bouddha, le surnaturel…

Titre, en bas :
Le grand rassemblement révolutionnaire

Sur le drapeau :
« Assemblons nous »

Sur le manuscrit :
Calligraphie de Mao indéchiffrable

Titre, en bas :
Révolution de Janvier (1967)

Sur la pancarte de gauche :
« Comité Révolutionnaire de Shanghai »

Sur la pancarte de droite :
« Vive le Président Mao »

Titre, en bas :
Saisir la révolution, soutenir la production

Sur les pancartes :
« Saisir la révolution, soutenir la production »

Sur le livre :
« Citations du Président Mao »

Titre, en bas :
Soutenir l’armée, aimer le peuple

Sur le drapeau :
« Soutenir l’armée, aimer le peuple »

Livres :
« Citations du Président Mao »

Sur la pancarte :
« Pacte « Soutenir l’armée, aimer le peuple » »

Titre, en bas :
Le Président Mao observe la Révolution Culturelle dans toute son étendue

Sur la pancarte :
« Appliquons le déploiement stratégique du Président Mao »

Sur le panneau, en bas à gauche :
« Combattre l’égoïsme et critiquer le révisionnisme »

Titre, en bas :
Le président Mao et le soleil le plus rouge dans nos cœurs

Titre, en bas :
Notre Grande Révolution Culturelle Prolétarienne bouleverse notre siècle

Au centre :
« Vive la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne »

Titre, en bas :
La pensée Mao Zedong au service du monde entier

Au centre :
« Vive la pensée Mao Zedong »

Sur le drapeau :
« Vive la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne »

En bas :
« Foshan (montagne de Bouddha), province de Guangdong, technique du papier découpé de l’Est de la Chine »

Titre, en bas :
Le lancement de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne

Titre, en bas :
Le Président Mao passe en revue l’assemblée révolutionnaire

Sur les banderoles :
« Vive le Président Mao »
Sur les brassards :
« Gardes Rouges »
Calligraphie :
« Prêtez une grande attention aux grands évènements du pays, pour mener la Révolution Culturelle à son terme ! »

Le Petit Livre Rouge

I. LE PARTI COMMUNISTE

Le noyau dirigeant de notre cause, c’est le parti communiste chinois.

Le fondement théorique sur lequel se guide notre pensée, c’est le marxisme-léninisme.

Allocution d’ouverture à la première session de la Ire Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine (15 septembre 1954).

Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire.

Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires à la victoire dans leur lutte contre l’impérialisme et ses valets.

«Forces révolutionnaires du monde entier, unissez-vous, combattez l’agression impérialiste!» (Novembre 1948) Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Sans les efforts du Parti communiste chinois, sans les communistes chinois, ces piliers du peuple, il sera impossible à la Chine de conquérir son indépendance et d’obtenir sa libération, il lui sera impossible également de réaliser son industrialisation et de moderniser son agriculture.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Le Parti communiste chinois constitue le noyau dirigeant du peuple chinois tout entier.

Sans un tel noyau, la cause du socialisme ne saurait triompher.

Allocution à la réception accordée aux délégués au IIIe Congrès de la Ligue de la Jeunesse de Démocratie nouvelle de Chine (25 mai 1957).

Un parti discipliné, armé de la théorie marxiste-léniniste, pratiquant l’autocritique et lié aux masses populaires; une armée dirigée par un tel parti; un front uni de toutes les classes révolutionnaires et de tous les groupements révolutionnaires placés sous la direction d’un tel parti; voilà les trois armes principales avec lesquelles nous avons vaincu l’ennemi.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Il faut avoir confiance dans les masses; il faut avoir confiance dans le Parti : ce sont là deux principes fondamentaux. Si nous avons le moindre doute à cet égard, nous serons incapables d’accomplir quoi que ce soit.

«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

Armé de la théorie marxiste-léniniste, le Parti communiste a apporté au peuple chinois un nouveau style de travail dont les éléments essentiels sont l’union de la théorie et de la pratique, la liaison étroite avec les masses et l’autocritique.

«Du gouvernement de coalitions (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Un parti qui dirige un grand mouvement révolutionnaire ne saurait le mener à la victoire sans théorie révolutionnaire, sans connaissances de l’histoire, sans une compréhension profonde du mouvement dans sa réalité.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

La rectification est, comme nous le disions, un «mouvement général pour l’éducation marxiste». C’est en effet l’étude, dans tout le Parti, du marxisme au moyen de la critique et de l’autocritique. Nous approfondirons certainement notre connaissance du marxisme au cours de ce mouvement.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois suc le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

C’est une tâche ardue que d’assurer un niveau de vie convenable à des centaines de millions de Chinois, de transformer notre pays économiquement et culturellement arriéré en un pays prospère, puissant, doté d’une culture hautement développée.

Et c’est pour mieux assumer cette tâche et pour mieux travailler avec tous les hommes de bonne volonté en dehors du Parti, déterminés à faire aboutir des transformations, que nous devons, à présent comme dans l’avenir, entreprendre des mouvements de rectification et corriger sans relâche ce qu’il y a d’erroné en nous.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

La politique est le point de départ de toute action pratique d’un parti révolutionnaire et se manifeste dans le développement et l’aboutissement des actions de ce parti.

Toute action d’un parti révolutionnaire est l’application de sa politique.

S’il n’applique pas une politique juste, il applique une politique erronée; s’il n’applique pas consciemment une politique, il l’applique aveuglément. Ce que nous appelons expérience, c’est le processus d’application d’une politique et son aboutissement.

C’est par la pratique du peuple seulement, c’est-à-dire par l’expérience, que nous pouvons vérifier si une politique est juste ou erronée, et déterminer dans quelle mesure elle est juste ou erronée.

Mais la pratique des hommes, spécialement la pratique d’un parti révolutionnaire et des masses révolutionnaires, se rattache nécessairement à une politique ou à une autre.

Par conséquent, avant de mener une action, nous devons expliquer clairement aux membres du Parti et aux masses la politique que nous avons formulée à la lumière des circonstances.

Sinon, les membres du Parti et les masses s’écarteront de la direction politique donnée par notre Parti, agiront à l’aveuglette et appliqueront une politique erronée.

«A propos de la politique concernant l’industrie et le commerce» (27 février 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Notre Parti a défini la ligne générale et la politique générale de la révolution chinoise et arrêté diverses lignes de travail et mesures politiques particulières.

Toutefois, il arrive souvent que les camarades retiennent les lignes de travail et mesures politiques particulières et oublient la ligne générale et la politique générale du Parti.

Si vraiment nous les oublions, nous serons des révolutionnaires aveugles, des demi-révolutionnaires à l’esprit confus et, en appliquant une ligne de travail et des mesures politiques particulières, nous perdrons le nord, nous pencherons tantôt à gauche, tantôt à droite, et notre travail en souffrira.

«Discours prononcé à une conférence des cadres de la région libérée du Chansi-Soueiyuan» (1er avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Politique et tactique sont la vie même du Parti; les camarades dirigeants à tous les échelons doivent leur accorder la plus grande attention et ne jamais se montrer négligents à cet égard.

«Circulaire sur la situation» (20 mars 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

II. LES CLASSES ET LA LUTTE DE CLASSES

Lutte de classes — certaines classes sont victorieuses, d’autres sont éliminées. Cela, c’est l’histoire, l’histoire des civilisations depuis des millénaires.

Interpréter l’histoire d’après ce point de vue, c’est ce qui s’appelle matérialisme historique ; se placer à l’opposé de ce point de vue, c’est de l’idéalisme historique.

«Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte» (14 août 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans la société de classes, chaque homme vit en tant que membre d’une classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Les changements qui interviennent dans la société proviennent surtout du développement des contradictions à l’intérieur de la société, c’est-à-dire des contradictions entre les forces productives et les rapports de production, entre les classes, entre le nouveau et l’ancien.

Le développement de ces contradictions fait avancer la société, amène le remplacement de la vieille société par la nouvelle.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

L’impitoyable exploitation économique et la cruelle oppression politique de la part des propriétaires fonciers contraignirent la paysannerie à entreprendre un grand nombre d’insurrections contre leur domination. . . .

Dans la société féodale chinoise, les luttes de classe de la paysannerie, les insurrections et les guerres paysannes ont seules été les véritables forces motrices dans le développement de l’histoire.

«La Révolution chinoise et le Parti communiste chinois» (Décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

La révolution n’est pas un dîner de gala; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d’amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d’âme.

La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre.

Rapport sur l’enquête menée dans le Hounan à propos du mouvement paysan» (Mars 1927), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Tchiang Kaï-chek cherche toujours à arracher au peuple la moindre parcelle de pouvoir, le moindre avantage conquis.

Et nous? Notre politique consiste à lui riposter du tac au tac et à nous battre pour chaque pouce de terre.

Nous agissons à sa manière. Tchiang Kaï-chek cherche toujours à imposer la guerre au peuple, une épée à la main gauche, une autre à la main droite.

A son exemple, nous prenons, nous aussi, des épées. …

Et comme Tchiang Kaï-chek affile maintenant ses épées, nous devons affiler les nôtres aussi.

«La Situation et notre politique après la victoire dans la Guerre de Résistance contre le Japon» (13 août 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Quels sont nos ennemis et quels sont nos amis?

C’est là une question d’une importance primordiale pour la révolution.

Si, dans le passé, toutes les révolutions en Chine n’ont obtenu que peu de résultats, la raison essentielle en est qu’elles n’ont point réussi à unir autour d’elles leurs vrais amis pour porter des coups à leurs vrais ennemis. Le parti révolutionnaire est le guide des masses, et jamais révolution n’a pu éviter l’échec quand ce parti a orienté les masses sur une voie fausse.

Pour être sûrs de ne pas les conduire sur la voie fausse et de remporter la victoire dans la révolution, nous devons absolument veiller à nous unir avec nos vrais amis pour porter des coups à nos vrais ennemis.

Et pour distinguer nos vrais amis de nos vrais ennemis, nous devons entreprendre une analyse générale des conditions économiques des diverses classes de la société chinoise et de leur attitude respective envers la révolution.

«Analyse des classes de la société chinoise» (Mars 1926), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Tous les seigneurs de guerre, les bureaucrates, les compradores et les gros propriétaires fonciers qui sont de mèche avec les impérialistes, de même que cette fraction réactionnaire des intellectuels qui-en dépend, sont nos ennemis.

Le prolétariat industriel est la force dirigeante de notre révolution.

Nos plus proches amis sont l’ensemble du semi-prolétariat et de la petite bourgeoisie.

De la moyenne bourgeoisie toujours oscillante, l’aile droite peut être notre ennemie et l’aile gauche notre amie; mais nous devons constamment prendre garde que cette classe ne vienne désorganiser notre front.

«Analyse des classes de la société chinoise» (Mars 1926), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Celui qui se range du côté du peuple révolutionnaire est un révolutionnaire, tandis que celui qui se range du côté de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique est un contre-révolutionnaire.

Celui qui se range en paroles seulement du côté du peuple révolutionnaire, mais agit tout autrement, est un révolutionnaire en paroles; celui-là est un parfait révolutionnaire qui se range non seulement en paroles mais en actes du côté du peuple révolutionnaire.

Allocution de clôture à la deuxième session du Comité national de la Ire Conférence consultative politique du Peuple chinois (23 juin 1950).

En ce qui nous concerne, qu’il s’agisse d’un individu, d’un parti, d’une armée ou d’une école, j’estime que l’absence d’attaques de l’ennemi contre nous est une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons cause commune avec l’ennemi.

Si nous sommes attaqués par l’ennemi, c’est une bonne chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne de démarcation bien nette entre l’ennemi et nous.

Et: si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c’est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l’ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succès remarquables dans notre travail.

«Etre attaqué par l’ennemi est une bonne et non une mauvaise chose» (26 mai 1939).

Nous devons soutenir tout ce que notre ennemi combat et combattre tout ce qu’il soutient.

«Entretien avec trois correspondants de l’Agence centrale d’Information et des journaux Saotangpao et Sin-minpao» (16 septembre 1959), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Nous nous tenons sur les positions du prolétariat et des masses populaires. Pour les membres du Parti communiste, cela implique la nécessité de se tenir sur la position du Parti, de se conformer à l’esprit de parti et à la politique du Parti.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Après l’anéantissement des ennemis armés, il y aura encore des ennemis non armés; ceux-ci ne manqueront pas de mener contre nous une lutte à mort; nous ne devons jamais les sous-estimer. Si nous ne posons et ne comprenons pas maintenant le problème de cette façon, nous commettrons les plus graves erreurs.

Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Les impérialistes et les réactionnaires du pays ne se résigneront jamais à leur défaite; ils se débattront jusqu’à la fin.

Même quand la paix et l’ordre auront été rétablis dans l’ensemble du pays, ils continueront par tous les moyens à se livrer au sabotage et à provoquer des troubles, et chercheront à tout instant à rétablir leur domination en Chine.

Cela est certain, indubitable; nous ne devons donc absolument pas relâcher notre vigilance.

Allocution d’ouverture à la première session plénière de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (21 septembre 1949).

Le dogmatisme et le révisionnisme vont tous deux à l’encontre du marxisme. Le marxisme doit nécessairement avancer, se développer au fur et à mesure que la pratique se développe, et il ne saurait rester sur place. S’il demeurait stagnant et stéréotypé, il n’aurait plus de vie.

Toutefois, on ne doit pas enfreindre les principes fondamentaux du marxisme; le faire, c’est tomber dans l’erreur.

Considérer le marxisme d’un point de vue métaphysique et comme quelque chose de figé, c’est du dogmatisme.

Nier les principes fondamentaux du marxisme et nier sa vérité universelle, c’est du révisionnisme.

Le révisionnisme est une forme de l’idéologie bourgeoise.

Les révisionnistes effacent la différence entre le socialisme et le capitalisme, entre la dictature du prolétariat et celle de la bourgeoisie.

Ce qu’ils préconisent est en fait non pas la ligne socialiste, mais la ligne capitaliste.

Dans les circonstances présentes, le révisionnisme est encore plus nuisible que le dogmatisme.

Une tâche importante nous incombe sur le front idéologique, celle de développer la critique contre le révisionnisme.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars I957).

Le révisionnisme ou opportunisme de droite est un courant idéologique bourgeois; il est encore plus dangereux que le dogmatisme.

Les révisionnistes ou opportunistes de droite approuvent le marxisme du bout des lèvres et attaquent eux aussi le «dogmatisme».

Mais leurs attaques visent en fait la substance même du marxisme.

Ils combattent ou dénaturent le matérialisme et la dialectique, ils combattent ou tentent d’affaiblir la dictature démocratique populaire et le rôle dirigeant du Parti communiste, ainsi que la transformation et l’édification socialistes.

Lors même que la révolution socialiste a remporté pratiquement la victoire dans notre pays, il y a encore un certain nombre de gens qui rêvent de restaurer le régime capitaliste; ils mènent la lutte contre la classe ouvrière sur tous les fronts, y compris celui de l’idéologie.

Dans cette lutte, les révisionnistes sont leurs meilleurs adjoints.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957)

III. LE SOCIALISME ET LE COMMUNISME

Le communisme est le système complet de l’idéologie prolétarienne en même temps qu’un nouveau régime social.

Cette idéologie et ce régime social diffèrent de toute autre idéologie et de tout autre régime social; ils sont les plus parfaits, les plus progressistes, les plus révolutionnaires, les plus rationnels de toute l’histoire de l’humanité.

L’idéologie et le régime social du féodalisme sont entrés au musée de l’histoire.

Ceux du capitalisme sont, eux aussi, entrés au musée dans une partie du monde (en U.R.S.S.); partout ailleurs, ils ressemblent à «un moribond qui décline rapidement, comme le soleil derrière les collines de l’ouest»; ils seront bientôt bons pour le musée.

Seuls l’idéologie et le régime social du communisme se répandent dans le monde entier avec l’impétuosité de l’avalanche et la force de la foudre; ils feront fleurir leur merveilleux printemps.

«La Démocratie nouvelle» (Janvier 1940), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

En fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste; c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine.

Quels que soient les efforts des réactionnaires pour freiner la roue de l’histoire dans son mouvement en avant, la révolution éclatera tôt ou tard et sera nécessairement victorieuse.

«Intervention à la réunion du Soviet suprême de l’U.R.S.S. pour la célébration du 40e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre» (6 novembre 1957).

Nous autres communistes, nous ne dissimulons jamais nos aspirations politiques.

Il est certain, indubitable, que notre programme pour l’avenir, ou programme maximum, a pour but de conduire la Chine au socialisme et au communisme.

Le nom même de notre Parti ainsi que notre conception marxiste du monde indiquent clairement cet idéal suprême que nous voulons réaliser dans l’avenir, idéal infiniment beau et radieux.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril I945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

L’ensemble du mouvement révolutionnaire chinois dirigé par le Parti communiste embrasse deux étapes, la révolution démocratique et la révolution socialiste; ce sont deux processus révolutionnaires de caractère différent, et c’est seulement après avoir achevé le premier que l’on peut passer à l’accomplissement du second.

La révolution démocratique est la préparation nécessaire de la révolution socialiste, et la révolution socialiste est l’aboutissement logique de la révolution démocratique.

Le but final de tout communiste, et pour lequel il doit lutter de toutes ses forces, c’est l’instauration définitive d’une société socialiste et d’une société communiste.

«La Révolution chinoise et le Parti communiste chinois» (Décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Le but de la révolution socialiste est de libérer les forces productives.

La transformation de la propriété individuelle en propriété collective socialiste dans les domaines de l’agriculture et de l’artisanat, et celle de la propriété capitaliste en propriété socialiste dans l’industrie et le commerce privés aboutiront nécessairement à une libération considérable des forces productives.

Et les conditions sociales seront ainsi créées pour un énorme développement de la production industrielle et agricole.

Allocution à la Conférence suprême d’Etat (2j janvier 1956).

Actuellement, nous poursuivons non seulement une révolution du système social, la transformation de la propriété privée en propriété sociale, mais aussi une révolution technique, le passage de la production artisanale à la grande production mécanisée moderne.

Ces deux révolutions sont liées.

Dans le domaine de l’agriculture, la coopération doit précéder l’utilisation du gros outillage, étant donné les conditions de notre pays (dans les pays capitalistes, l’agriculture suit une orientation capitaliste). Ainsi, l’industrie et l’agriculture ne doivent être en aucun cas séparées ou isolées l’une de l’autre; il doit en être de même pour l’industrialisation socialiste et la transformation socialiste de l’agriculture.

Il faut éviter à tout prix d’accorder plus d’importance à l’une au détriment de l’autre.

 «Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

Le nouveau régime social vient de s’établir et il faut un certain temps pour qu’il soit consolidé. N’allons pas croire qu’il le soit parfaitement dès son instauration; cela est impossible. Il ne peut être consolidé que progressivement.

Pour qu’il le soit de façon définitive, il faut réaliser l’industrialisation socialiste du pays, poursuivre avec persévérance la révolution socialiste sur le front économique et, de plus, déployer, sur les fronts politique et idéologique de durs et constants efforts en vue de la révolution et de l’éducation socialistes.

Par ailleurs, il faut que différentes conditions internationales y contribuent.

«Intervention à la Conférence nationale du parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Dans notre pays, la lutte pour la consolidation du régime socialiste, la lutte qui décidera de la victoire du socialisme ou du capitalisme, s’étendra encore sur une très longue période historique. Mais nous devons nous rendre compte que le régime nouveau, socialiste, se consolidera infailliblement.

Nous édifierons un pays socialiste doté d’une industrie, d’une agriculture, d’une science et d’une culture modernes.

«Intervention à  la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Les intellectuels hostiles à notre Etat sont en nombre infime.

Ce sont des gens qui n’aiment pas notre Etat fondé sur la dictature du prolétariat; ils regrettent l’ancienne société.

A la moindre occasion, ils fomentent des troubles, cherchant à renverser le Parti communiste et à restaurer l’ancien régime.

Entre la voie du prolétariat et celle de la bourgeoisie, c’est-à-dire entre la voie du socialisme et celle du capitalisme, ils s’obstinent à vouloir suivre la seconde.

En fait, comme celle-ci est impraticable, ils sont prêts à capituler devant l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique.

De telles gens se rencontrent dans les milieux de la politique, de l’industrie, du commerce, de la culture, de l’enseignement comme dans les milieux scientifiques, techniques et religieux; ils sont extrêmement réactionnaires.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Le grand problème, c’est l’éducation des paysans. L’économie paysanne est dispersée, et la socialisation de l’agriculture, à en juger par l’expérience de l’Union soviétique, exigera un temps très long et un travail minutieux.

Sans socialisation de l’agriculture, il ne peut y avoir de socialisme intégral, solide.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Nous devons être convaincus que 1° les masses paysannes désirent s’engager progressivement, sous la conduite du Parti, dans la voie du socialisme et que 2° le Parti est capable de conduire les paysans dans cette voie.

Ces deux points constituent l’essence et l’aspect dominant du problème.

«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

Les organes dirigeants des coopératives doivent assurer la prépondérance, dans leur sein, des paysans pauvres actuels et des nouveaux paysans moyens-pauvres; ils auront comme force d’appoint les anciens paysans moyens-pauvres et les paysans moyens aisés, anciens et nouveaux.

C’est ainsi seulement qu’on pourra, conformément à la politique du Parti, réaliser l’unité des paysans pauvres et des paysans moyens, consolider les coopératives, développer la production et accomplir comme il faut la transformation socialiste dans l’ensemble des régions rurales.

Sinon, l’unité des paysans moyens et des paysans pauvres, la consolidation des coopératives, le développement de la production et la transformation socialiste dans l’ensemble des régions rurales seront impossibles.

Note sur l’article: «Comment la prépondérance est passée des paysans moyens aux paysans pauvres dans la Coopérative agricole de Production de Woutang, canton de Kaochan, district de Tchangcha» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Il faut unir à nous les paysans moyens; ce serait une erreur de ne pas le faire. Mais sur qui, dans nos campagnes, la classe ouvrière et le Parti communiste doivent-ils compter pour les rallier, en vue de la transformation socialiste dans l’ensemble des régions rurales?

Bien entendu, sur les paysans pauvres, uniquement.

Il en fut ainsi quand nous luttions contre les propriétaires fonciers et réalisions la réforme agraire; il en est encore ainsi aujourd’hui alors que nous luttons contre les paysans riches et tout facteur capitaliste, pour réaliser la transformation socialiste de l’agriculture.

Au début de ces deux périodes révolutionnaires, les paysans moyens se sont montrés hésitants.

Et c’est seulement lorsqu’ils se rendent clairement compte de la tendance générale de la situation et voient que le triomphe de la révolution est imminent qu’ils passent du côté de celle-ci. Les paysans pauvres doivent agit sur les paysans moyens, les gagner à eux pour que la révolution prenne chaque jour plus d’ampleur, et ce jusqu’à la victoire finale.

Note sur l’article: «La Leçon de .l’apparition d’une «coopérative de paysans moyens» et d’une «coopérative de paysans pauvres» dans le district de Fouan» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Il y a une sérieuse tendance au capitalisme chez les paysans aisés. Elle se donnera libre cours si nous relâchons tant soit peu notre travail politique parmi les paysans pendant le mouvement de coopération et dans une longue période à venir.

Note sur l’article : «Une lutte résolue doit être menée contre la tendance au capitalisme» (1955)» L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Le mouvement de coopération agricole a été, dès le début, une sérieuse lutte idéologique et politique.

Aucune coopérative ne peut être fondée sans une telle lutte. Pour qu’un système social tout nouveau puisse être édifié à la place de l’ancien, il faut d’abord déblayer le terrain.

Les survivances de la vieille idéologie, qui reflète l’ancien système, demeurent nécessairement, et pendant longtemps, dans l’esprit des gens; elles ne s’effacent pas facilement.

Après sa création, une coopérative doit soutenir encore bien des luttes avant de se consolider. Et même après sa consolidation, elle risque de s’effondrer, pour peu qu’elle relâche ses efforts.

Note sur l’article: «Une sérieuse leçon» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Depuis quelques années, la tendance spontanée au capitalisme s’affirme chaque jour davantage dans les campagnes; partout on voit apparaître de nouveaux paysans riches, beaucoup de paysans moyens aisés s’efforçant de devenir des paysans riches.

D’autre part, de nombreux paysans pauvres, ne disposant pas de moyens de production suffisants, sont encore dans le besoin; certains ont des dettes, d’autres ont vendu ou loué leur terre.

Si on laisse se poursuivre cette évolution, le phénomène de différenciation, de glissement vers les deux pôles, ira inévitablement en s’aggravant.

Les paysans qui ont perdu leur terre et ceux qui vivent encore dans la pauvreté nous reprocheront de ne pas les secourir et de ne pas les aider à surmonter leurs difficultés.

Les paysans moyens aisés, qui ont tendance à s’engager dans la voie du capitalisme, seront eux aussi mécontents de nous; nous ne pourrons jamais, en effet, satisfaire leurs exigences puisque nous n’avons nulle intention de suivre cette voie.

Dans une telle situation, l’alliance des ouvriers et des paysans pourrait-elle encore être solidement maintenue ?

Evidemment pas.

Le problème ne peut être résolu que sur une nouvelle base: tout en procédant graduellement à l’industrialisation socialiste et à la transformation socialiste de l’artisanat ainsi que de l’industrie et du commerce capitalistes, il faut réaliser progressivement la transformation socialiste de l’agriculture dans son ensemble, c’est-à-dire réaliser la coopération et liquider l’économie des paysans riches et l’économie individuelle dans les régions rurales, afin d’assurer l’aisance à tout le peuple de nos campagnes.

Nous estimons que c’est le seul moyen de consolider l’alliance des ouvriers et des paysans.

«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

Par planification d’ensemble, il faut entendre la planification qui tient compte de l’ensemble des intérêts de nos 600 millions d’habitants.

Lorsque nous établissons un plan, réglons une affaire ou réfléchissons à un problème, nous devons toujours partir du fait que notre pays a 600 millions d’habitants; en aucun cas, nous ne devons oublier cela.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I917).

Outre la direction exercée par le Parti, un facteur décisif est notre population de 600 millions d’habitants.

Plus il y a de gens, plus il y a d’idées, d’ardeur et d’énergie.

Jamais les masses n’ont été aussi enthousiastes, jamais leur combativité et leur moral aussi élevés.

«Présentation d’une coopérative» (15 avril 1958).

Parmi les caractéristiques de la Chine et de ses 600 millions d’habitants, une des plus frappantes est la pauvreté et le dénuement.

Choses mauvaises en apparence, bonnes en réalité.

La pauvreté pousse au changement, à l’action, à la révolution.

Une feuille blanche offre toutes les possibilités; on peut y écrire ou y dessiner ce qu’il y a de plus nouveau et de plus beau.

«Présentation d’une coopérative» (15 avril 1958).

Quand la révolution chinoise aura triomphé dans tout le pays et que le problème agraire aura été résolu, deux contradictions fondamentales n’en subsisteront pas moins en Chine.

La première, d’ordre intérieur, est la contradiction entre la classe ouvrière et la bourgeoisie. La seconde, d’ordre extérieur, est la contradiction entre la Chine et les pays impérialistes.

C’est pourquoi, après la victoire de la révolution démocratique populaire, le pouvoir d’Etat de la république populaire sous la direction de la classe ouvrière ne devra pas être affaibli, mais renforcé.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

«Ne voulez-vous donc pas supprimer le pouvoir d’Etat?» Si, nous le voulons, mais pas pour le moment; nous ne pouvons pas encore le faire.

Pourquoi?

Parce que l’impérialisme existe toujours, parce que la réaction intérieure existe toujours, parce que les classes existent toujours dans le pays.

Notre tâche actuelle est de renforcer l’appareil d’Etat du peuple, principalement l’armée populaire, la police populaire et la justice populaire, afin de consolider la défense nationale et de protéger les intérêts du peuple.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Notre Etat a pour régime la dictature démocratique populaire dirigée par la classe ouvrière et fondée sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

Quelles sont les fonctions de cette dictature ?

Sa première fonction est d’exercer la répression, à l’intérieur du pays, sur les classes et les éléments réactionnaires ainsi que sur les exploiteurs qui s’opposent à la révolution socialiste, sur ceux qui sapent l’édification socialiste, c’est-à-dire de résoudre les contradictions entre nous et nos ennemis à l’intérieur du pays.

Par exemple, arrêter, juger et condamner certains contre-révolutionnaires et retirer, pour un temps déterminé, aux propriétaires fonciers et aux capitalistes bureaucratiques le droit de vote et la liberté de parole — tout cela entre dans le champ d’application de notre dictature.

Pour maintenir l’ordre dans la société et défendre les intérêts des masses populaires, il est également nécessaire d’exercer la dictature sur les voleurs, les escrocs, les assassins, les incendiaires, les bandes de voyous et autres mauvais éléments qui troublent sérieusement l’ordre public.

La dictature a une deuxième fonction, celle de défendre notre pays contre les activités subversives et les agressions éventuelles des ennemis du dehors.

Dans ce cas, la dictature a pour tâche de résoudre sur le plan extérieur les contradictions entre nous et nos ennemis.

Le but de la dictature est de protéger le peuple tout entier dans le travail paisible qu’il poursuit pour transformer la Chine en un pays socialiste doté d’une industrie, d’une agriculture, d’une science et d’une culture modernes.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

La dictature démocratique populaire a besoin de la direction de la classe ouvrière, car c’est la classe la plus clairvoyante, la plus désintéressée, celle dont l’esprit révolutionnaire est le plus conséquent.

Toute l’histoire de la révolution prouve que, sans la direction de la classe ouvrière, la révolution échoue et qu’elle triomphe avec la direction de la classe ouvrière.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

La dictature démocratique populaire est basée sur l’alliance de la classe ouvrière, de la paysannerie et de la petite bourgeoisie urbaine, et principalement sur l’alliance des ouvriers et des paysans, parce que ces deux classes représentent 80 à 90 pour cent de la population chinoise.

Le renversement de l’impérialisme et de la clique réactionnaire du Kuomintang est dû avant tout à la force de ces deux classes, et le passage de la démocratie nouvelle au socialisme dépend principalement de leur alliance.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

La lutte de classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique sont les trois grands mouvements révolutionnaires de l’édification d’un pays socialiste puissant.

Ces mouvements constituent une sûre garantie permettant aux communistes de se garder de toute bureaucratie, de se prémunir contre le révisionnisme et le dogmatisme et de demeurer toujours invincibles, une sûre garantie permettant au prolétariat de s’unir avec les larges masses travailleuses et de pratiquer une dictature démocratique.

Si, en l’absence de ces mouvements, on laissait se déchaîner les propriétaires fonciers, les paysans riches, les contre-révolutionnaires, les mauvais éléments et les génies malfaisants, tandis que nos cadres fermeraient les yeux et que nombre d’entre eux n’opéreraient même pas de distinction entre l’ennemi et nous, mais collaboreraient avec l’ennemi, se laissant corrompre, démoraliser et désunir par lui, si nos cadres étaient ainsi entraînés dans le camp ennemi ou si l’ennemi parvenait à s’infiltrer dans nos rangs, et si beaucoup de nos ouvriers, paysans et intellectuels se laissaient aussi séduire ou intimider par l’ennemi, alors il se passerait peu de temps, peut-être quelques années ou une décennie, tout au plus quelques décennies, avant qu’une restauration contre-révolutionnaire n’ait inévitablement lieu à l’échelle nationale, que le parti marxiste-léniniste ne devienne un parti révisionniste, un parti fasciste, et que toute la Chine ne change de couleur.

Cité dans «Le Pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde» (14 juillet 1964).

L’exercice de la dictature démocratique populaire implique deux méthodes.

A l’égard des ennemis, nous employons celle de la dictature; autrement dit, aussi longtemps qu’il sera nécessaire, nous ne leur permettrons pas de participer à l’activité politique, nous les obligerons à se soumettre aux lois du gouvernement populaire, nous les forcerons à travailler de leurs mains pour qu’ils se transforment en hommes nouveaux.

Par contre, à l’égard du peuple, ce n’est pas la méthode de la contrainte, mais la méthode démocratique qui intervient; autrement dit, le peuple doit pouvoir participer à l’activité politique; il faut employer à son égard les méthodes démocratiques d’éducation et de persuasion, au lieu de l’obliger à faire ceci ou cela.

Allocution de clôture à la deuxième session du Comité national de la Ire Conférence consultative politique du Peuple chinois (23 juin 1950).

Le peuple chinois, sous la direction du Parti communiste, mène un vigoureux mouvement de rectification, afin de donner un essor rapide à la cause du socialisme en Chine sur une base plus solide encore.

Il s’agit de résoudre correctement les différentes contradictions qui existent effectivement au sein du peuple et qui demandent à être résolues à l’heure actuelle.

A cet effet, un grand débat est organisé dans notre peuple tout entier, débat dirigé et libre, avec faits et arguments à l’appui, dans les villes comme à la campagne, et qui porte sur les questions de la voie socialiste et de la voie capitaliste, du régime fondamental et des mesures politiques importantes de l’Etat, du style de travail des cadres du Parti et du gouvernement, et du bien-être du peuple. Il s’agit d’un mouvement socialiste par lequel le peuple s’éduque et se réforme lui-même.

«Intervention à la réunion du Soviet suprême de l’U.R.S.S. pour la célébration du 40e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre» (6 novembre 1957).

Notre travail d’édification grandiose pose devant nous une tâche extrêmement ardue. Bien que les communistes soient plus de dix millions en Chine, ils ne représentent qu’une minime partie de la population du pays. Dans nos organismes d’Etat et dans l’ensemble des activités de notre société, l’abondance du travail réclame le concours des non-communistes.

Si nous ne savons pas prendre appui sur les masses populaires, ni collaborer avec les non-communistes, il nous sera impossible de mener notre travail à bonne fin.

Tout en renforçant l’unité du Parti, nous devons continuer à affermir l’union des nationalités, des classes démocratiques, des partis démocratiques et des organisations populaires, à consolider et à élargir notre front uni démocratique populaire; il nous faut, dans n’importe quel secteur de notre travail, remédier soigneusement à tout ce qui compromet l’union du Parti avec le peuple.

«Allocution d’ouverture au Ville Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).

IV. LA JUSTE SOLUTION DES CONTRADICTIONS AU SEIN DU PEUPLE

Nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales: les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple.

Ils sont de caractère tout à fait différent.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

Pour avoir une connaissance juste de ces deux types de contradictions — contradictions entre nous et nos ennemis et contradictions au sein du peuple —, il est tout d’abord nécessaire de préciser ce qu’il faut entendre par «peuple» et par «ennemis». …

A l’étape actuelle, qui est la période de l’édification socialiste, toutes les classes et couches sociales, tous les groupes sociaux qui approuvent et soutiennent cette édification, et y participent, forment le peuple, alors que toutes les forces sociales et tous les groupes sociaux qui s’opposent à la révolution socialiste, qui sont hostiles à l’édification socialiste ou s’appliquent à la saboter, sont les ennemis du peuple.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Dans les conditions actuelles de notre pays, les contradictions au sein du peuple comprennent les contradictions au sein de la classe ouvrière, les contradictions au sein de la paysannerie, les contradictions parmi les intellectuels, les contradictions entre la classe ouvrière et la paysannerie, les contradictions qui opposent les ouvriers et les paysans aux intellectuels, les contradictions qui opposent les ouvriers et les autres travailleurs à la bourgeoisie nationale, les contradictions au sein de la bourgeoisie nationale, etc.

Notre gouvernement populaire est l’authentique représentant des intérêts du peuple, il est au service de celui-ci; mais entre lui et les masses il y a également des contradictions.

Ce sont notamment celles qui existent entre les intérêts de l’Etat, de la collectivité et de l’individu, entre la démocratie et le centralisme, entre les dirigeants et les dirigés, entre certains travailleurs de l’Etat au style de travail bureaucratique et les masses populaires.

Ce sont là aussi des contradictions au sein du peuple.

D’une façon générale, les contradictions au sein du peuple reposent sur l’identité fondamentale des intérêts du peuple.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Les contradictions entre nous et nos ennemis sont des contradictions antagonistes. Au sein du peuple, les contradictions entre travailleurs ne sont pas antagonistes et les contradictions entre classe exploitée et classe exploiteuse présentent, outre leur aspect antagoniste, un aspect non antagoniste.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

Comment déterminer, dans le cadre de la vie politique de notre peuple, si nos paroles et nos actes sont justes ou erronés?

Nous estimons que, d’après les principes de notre Constitution et conformément à la volonté de l’immense majorité de notre peuple et aux positions politiques communes proclamées à diverses occasions par nos partis politiques, il est possible de formuler, dans leurs traits généraux, les critères que voici: Est juste

1)   ce qui favorise l’union du peuple de toutes les nationalités de notre pays et non ce qui provoque la division en son sein;

2)   ce qui favorise la transformation et l’édification socialistes et non ce qui nuit à cette transformation et à cette édification;

3)   ce qui favorise le renforcement de la dictature démocratique populaire et non ce qui sape ou affaiblit cette dictature;

4)   ce qui favorise le renforcement du centralisme démocratique et non ce qui le sape ou l’affaiblit;

5)   ce qui favorise le renforcement de la direction exercée par le Parti communiste et non ce qui rejette ou affaiblit cette direction;

6)   ce qui favorise la solidarité internationale socialiste et la solidarité internationale de tous les peuples pacifiques et non ce qui porte préjudice à ces deux formes de solidarité.

De ces six critères, les plus importants sont celui de la voie socialiste et celui du rôle dirigeant du Parti.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

L’élimination des contre-révolutionnaires est une lutte qui appartient au domaine des contradictions entre nous et nos ennemis.

Parmi le peuple, il y a des gens qui voient cette question un peu autrement. Deux catégories de gens ont des vues qui diffèrent des nôtres.

Ceux qui ont des vues droitistes ne font pas de différence entre nous et nos ennemis, ils prennent les ennemis pour nos propres gens. Ils considèrent comme des amis ceux que les larges masses considèrent comme des ennemis.

Ceux qui ont des vues gauchistes étendent tellement le champ des contradictions entre nous et nos ennemis qu’ils y font entrer certaines contradictions au sein du peuple; ils considèrent comme des contre-révolutionnaires des personnes qui en réalité ne le sont pas.

Ces deux points de vue sont erronés.

Ils ne permettent ni l’un ni l’autre de résoudre correctement la question de l’élimination des contre-révolutionnaires, ni d’apprécier correctement les résultats de notre travail dans ce domaine.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Les contradictions qualitativement différentes ne peuvent se résoudre que par des méthodes qualitativement différentes.

Ainsi, la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie se résout par la révolution socialiste; la contradiction entre les masses populaires et le régime féodal, par la révolution démocratique; la contradiction entre les colonies et l’impérialisme, par la guerre révolutionnaire nationale; la contradiction entre la classe ouvrière et la paysannerie, dans la société socialiste, par la collectivisation et la mécanisation de l’agriculture; les contradictions au sein du parti communiste se résolvent par la critique et l’autocritique; les contradictions entre la société et la nature, par le développement des forces productives. . . .

Résoudre les contradictions différentes par des méthodes différentes est un principe que les marxistes-léninistes doivent rigoureusement observer.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Comme les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple sont de nature différente, elles doivent être résolues par des méthodes différentes.

En somme, il s’agit, pour le premier type de contradictions, d’établir une claire distinction entre nous et nos ennemis, et, pour le second type, entre le vrai et le faux.

Bien entendu, établir une claire distinction entre nous et nos ennemis, c’est en même temps distinguer le vrai du faux.

Ainsi, par exemple, la question de savoir qui a raison et qui a tort — nous ou les forces réactionnaires intérieures et extérieures que sont l’impérialisme, le féodalisme et le capital bureaucratique — est également une question de distinction entre le vrai et le faux, mais elle est différente par sa nature des questions sur le vrai et le faux qui se posent au sein du peuple.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Toute question d’ordre idéologique, toute controverse au sein du peuple ne peut être résolue que par des méthodes démocratiques, par la discussion, la critique, la persuasion et l’éducation; on ne peut la résoudre par des méthodes coercitives et répressives.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Afin de pouvoir exercer une activité productrice efficace, étudier avec succès et vivre dans des conditions où règne l’ordre, le peuple exige de son gouvernement, des dirigeants de la production et des dirigeants des institutions culturelles et éducatives qu’ils émettent des ordres administratifs appropriés ayant un caractère de contrainte.

Le bon sens indique que sans ces derniers, il serait impossible de maintenir l’ordre dans la société.

Dans la solution des contradictions au sein du peuple, les ordres administratifs et les méthodes de persuasion et d’éducation se complètent mutuellement.

Même les ordres administratifs émis pour maintenir l’ordre dans la société doivent être accompagnés d’un travail de persuasion et d’éducation, car le seul recours aux ordres administratifs est, dans bien des cas, inefficace.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

L’idéologie de la bourgeoisie et celle de la petite bourgeoisie trouveront sûrement à se manifester.

A coup sûr, ces deux classes s’obstineront à s’affirmer par tous les moyens, dans les questions politiques et idéologiques.

Il est impossible qu’il en soit autrement.

Nous ne devons pas recourir à des méthodes de répression pour les empêcher de s’exprimer; nous devons le leur permettre, et en même temps engager un débat avec elles et critiquer leurs idées de façon appropriée.

Il est hors de doute que nous devons soumettre à la critique toute espèce d’idées erronées.

Certes, on aurait tort de ne pas critiquer les idées erronées et de les regarder tranquillement se répandre partout et s’emparer du marché — toute erreur est à critiquer, toute herbe vénéneuse est à combattre —, mais cette critique ne doit pas être dogmatique; il faut écarter la méthode métaphysique et faire tout son possible pour employer la méthode dialectique.

Une analyse scientifique et une argumentation pleinement convaincante sont ici de rigueur.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

Il faut critiquer les défauts du peuple, mais il faut le faire en partant véritablement de la position du peuple; notre critique doit être inspirée par le désir ardent de le défendre et de l’éduquer.

Traiter ses camarades comme on traite l’ennemi, c’est adopter la position de ce dernier.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les contradictions et la lutte sont universelles, absolues, mais les méthodes pour résoudre les contradictions, c’est-à-dire les formes de lutte, varient selon le caractère de ces contradictions: certaines contradictions revêtent le caractère d’un antagonisme déclaré, d’autres non.

Suivant le développement concret des choses et des phénomènes, certaines contradictions primitivement non antagonistes se développent en contradictions antagonistes, alors que d’autres, primitivement antagonistes, se développent en contradictions non antagonistes.

«De la contradiction» (Août 1937}, Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Dans les conditions habituelles, les contradictions au sein du peuple ne sont pas antagonistes.

Cependant, elles peuvent le devenir si on ne les règle pas d’une façon correcte ou si l’on manque de vigilance et qu’on se laisse aller à l’insouciance et à la négligence.

Dans les pays socialistes, ce phénomène n’est habituellement que partiel et temporaire.

La raison en est que le système de l’exploitation de l’homme par l’homme y est supprimé et que les intérêts du peuple y sont foncièrement identiques.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

Dans notre pays, les contradictions entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale sont de celles qui se manifestent au sein du peuple.

La lutte de classes entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale relève en général du domaine de la lutte de classes au sein du peuple, car, dans notre pays, la bourgeoisie nationale revêt un double caractère.

Dans la période de la révolution démocratique bourgeoise, elle présentait un caractère révolutionnaire, mais en même temps une tendance au compromis.

Dans la période de la révolution socialiste, elle exploite la classe ouvrière et en tire des profits, mais en même temps elle soutient la Constitution et se montre disposée à accepter la transformation socialiste.

Elle se distingue des impérialistes, des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie bureaucratique.

Les contradictions qui l’opposent à la classe ouvrière sont des contradictions entre exploiteurs et exploités; elles sont certes de nature antagoniste.

Cependant, dans les conditions concrètes de notre pays, les contradictions antagonistes entre ces deux classes peuvent se transformer en contradictions non antagonistes et recevoir une solution pacifique si elles sont traitées de façon judicieuse.

Si les contradictions entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale ne sont pas réglées correctement, c’est-à-dire si nous ne pratiquons pas à l’égard de celle-ci une politique d’union, de critique et d’éducation, ou si la bourgeoisie nationale n’accepte pas une telle politique, elles peuvent devenir des contradictions entre nous et nos ennemis.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Les réactionnaires à l’intérieur d’un pays socialiste, de connivence avec les impérialistes, cherchent à faire aboutir leur complot en exploitant les contradictions au sein du peuple pour fomenter la division et susciter le désordre.

Cette leçon des événements de Hongrie mérite notre attention.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

V. LA GUERRE ET LA PAIX

La guerre, qui a commencé avec l’apparition de la propriété privée et des classes, est la forme suprême de lutte pour résoudre, à une étape déterminée de leur développement, les contradictions entre classes, entre nations, entre Etats ou entre blocs politiques.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

«La guerre est la continuation de la politique.» En ce sens, la guerre, c’est la politique; elle est donc en elle-même un acte politique; depuis les temps les plus anciens, il n’y a jamais eu de guerre qui n’ait eu un caractère politique. . . .

Mais la guerre a aussi ses caractères spécifiques.

En ce sens, elle n’est pas identique à la politique en général. «La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens.»

Une guerre éclate pour lever les obstacles qui se dressent sur la voie de la politique, quand celle-ci a atteint un certain stade qui ne peut être dépassé par les moyens habituels. . . .

Lorsque l’obstacle est levé et le but politique atteint, la guerre prend fin.

Tant que l’obstacle n’est pas complètement levé, il faut poursuivre la guerre jusqu’à ce qu’elle atteigne son but politique. . . .

C’est pourquoi l’on peut dire que la politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique avec effusion de sang.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

L’histoire montre que les guerres se divisent en deux catégories: les guerres justes et les guerres injustes.

Toute guerre progressiste est juste et toute guerre qui fait obstacle au progrès est injuste.

Nous autres communistes, nous luttons contre toutes les guerres injustes qui entravent le progrès, mais nous ne sommes pas contre les guerres progressistes, les guerres justes.

Nous communistes, non seulement nous ne luttons pas contre les guerres justes, mais encore nous y prenons part activement.

La Première guerre mondiale est un exemple de guerre injuste; les deux parties y combattaient pour des intérêts impérialistes, et c’est pourquoi les communistes du monde entier s’y sont résolument opposés.

Voici comment il faut lutter contre une telle guerre: avant qu’elle n’éclate, il faut faire tous les efforts possibles pour l’empêcher, mais une fois qu’elle a éclaté, il faut, dès qu’on le peut, lutter contre la guerre par la guerre, opposer à une guerre injuste une guerre juste.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Dans la société de classes, les révolutions et les guerres révolutionnaires sont inévitables; sans elles, il est impossible d’obtenir un développement par bonds de la société, de renverser la classe réactionnaire dominante et de permettre au peuple de prendre le pouvoir.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Une guerre révolutionnaire agit comme une sorte de contrepoison, non seulement sur l’ennemi, dont elle brisera la ruée forcenée, mais aussi sur nos propres rangs, qu’elle débarrassera de tout ce qu’ils ont de malsain.

Toute guerre juste, révolutionnaire, est une grande force, elle peut transformer bien des choses ou ouvrir la voie à leur transformation. La guerre sino-japonaise transformera et la Chine et le Japon.

Il suffit que la Chine poursuive fermement la Guerre de Résistance et applique fermement une politique de front uni pour que l’ancien Japon se transforme immanquablement en un Japon nouveau, et l’ancienne Chine en une Chine nouvelle.

Aussi bien en Chine qu’au Japon, les gens et les choses se transformeront, au cours de la guerre et après la guerre.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Chaque communiste doit s’assimiler cette vérité que «le pouvoir est au bout du fusil».

«Problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire du marxisme-léninisme est valable partout, en Chine comme dans les autres pays.

«Problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

En Chine, sans lutte armée, il n’y aurait de place ni pour le prolétariat, ni pour le peuple, ni pour le Parti communiste, et aucune possibilité de victoire pour la révolution.

C’est à travers les guerres révolutionnaires de ces dix-huit années que notre Parti s’est développé, consolidé et bolchévisé, et sans la lutte armée, le Parti communiste ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Les camarades du Parti ne doivent jamais oublier cette expérience payée de notre sang.

«Pour la parution de la revue Le Communiste» (4 octobre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Du point de vue de la doctrine marxiste sur l’Etat, l’armée est la partie constitutive principale du pouvoir d’Etat.

Celui qui veut s’emparer du pouvoir d’Etat et le conserver doit posséder une forte armée.

Certains ironisent sur notre compte en nous traitant de partisans de «l’omnipotence de la guerre».

Eh bien, oui! nous sommes pour l’omnipotence de la guerre révolutionnaire. Ce n’est pas mal faire, c’est bien faire, c’est être marxiste.

Les fusils des communistes russes ont créé le socialisme. Nous, nous voulons créer une république démocratique. L’expérience de la lutte des classes à l’époque de l’impérialisme montre que la classe ouvrière et les masses travailleuses ne peuvent vaincre les classes armées de la bourgeoisie et des propriétaires fonciers que par la force des fusils. En ce sens, on peut dire qu’il n’est possible de transformer le monde qu’avec le fusil.

«Problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Nous sommes pour l’abolition des guerres; la guerre, nous ne la voulons pas. Mais on ne peut abolir la guerre que par la guerre.

Pour qu’il n’y ait plus de fusils, il faut prendre le fusil.

«Problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

La guerre, ce monstre qui fait s’entretuer les hommes, finira par être éliminée par le développement de la société humaine, et le sera même dans un avenir qui n’est pas lointain.

Mais pour supprimer la guerre, il n’y a qu’un seul moyen: opposer la guerre à la guerre, opposer la guerre révolutionnaire à la guerre contre-révolutionnaire, opposer la guerre nationale révolutionnaire à la guerre nationale contre-révolutionnaire, opposer la guerre révolutionnaire de classe à la guerre contre-révolutionnaire de classe. . .

Lorsque la société humaine en arrivera à la suppression des classes, à la suppression de l’Etat, il n’y aura plus de guerres — ni contre-tévolutionnaires, ni révolutionnaires, ni injustes, ni justes.

Ce sera l’ère de la paix perpétuelle pour l’humanité. En étudiant les lois de la guerre révolutionnaire, nous partons de l’aspiration à supprimer toutes les guerres; c’est en cela que réside la différence entre nous autres communistes et les représentants de toutes les classes exploiteuses.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Notre pays et les autres pays socialistes ont besoin de la paix, les peuples du monde entier également.

Seuls certains groupes monopolistes des quelques pays impérialistes, qui cherchent à s’enrichir au moyen de l’agression, aspirent à la guerre et ne veulent pas la paix.

«Allocution d’ouverture au VIIIe Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).

Pour établir une paix durable dans le monde, nous devons continuer à développer notre coopération amicale avec les pays frères du camp socialiste et renforcer notre solidarité avec les pays attachés à la paix.

Nous devons nous efforcer d’établir avec tous les pays désireux de vivre en paix avec nous des relations diplomatiques normales sur la base du respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté ainsi que de l’égalité et des avantages réciproques.

Nous devons enfin apporter un soutien actif aux mouvements d’indépendance et de libération nationales des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, aux mouvements pour la paix et aux justes luttes de tous les pays du monde.

«Allocution d’ouverture au VIIIe Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).

Pour ce qui est des pays impérialistes, nous devons également nous unir avec leurs peuples et chercher à réaliser la coexistence pacifique avec ces pays, à faire du commerce avec eux et à empêcher une guerre éventuelle; mais nous ne devons en aucun cas nourrir à leur égard des vues qui ne correspondent pas à la réalité.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Nous désirons la paix. Toutefois, si l’impérialisme s’obstine à vouloir la guerre, il nous faudra, sans hésiter, faire d’abord la guerre avant d’édifier le pays. Tous les jours tu crains la guerre, et si elle éclatait pourtant?

J’ai déjà dit que le vent d’est l’emportait sur le vent d’ouest, que la guerre n’aurait pas lieu, et maintenant, j’apporte cette précision complémentaire pour le cas où la guerre éclaterait. Ainsi, les deux possibilités auront été envisagées.

Intervention à la Conférence de Moscou des Partis communistes et ouvriers (18 novembre 1957).

Actuellement, dans tous les pays du monde, on discute de l’éventualité d’une troisième guerre mondiale.

Nous devons être préparés psychologiquement à cette éventualité et l’envisager d’une manière analytique.

Nous sommes résolument pour la paix et contre la guerre.

Mais si les impérialistes s’entêtent à déclencher une nouvelle guerre, nous ne devons pas en avoir peur. Notre attitude devant cette question est la même que devant tous les désordres: primo, nous sommes contre, et secundo, nous n’en avons pas peur.

La Première guerre mondiale a été suivie par la naissance de l’Union soviétique avec une population de 200 millions d’habitants.

La Seconde guerre mondiale a été suivie de la formation du camp socialiste qui englobe une population de 900 millions d’âmes.

Il est certain que si les impérialistes s’obstinent à déclencher une troisième guerre mondiale, des centaines de millions d’hommes passeront du côté du socialisme et seul un territoire peu étendu demeurera aux mains des impérialistes; il est même possible que le système impérialiste s’effondre complètement.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine — telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple; et jamais ils n’iront contre cette logique.

C’est là une loi marxiste.

Quand nous disons: «l’impérialisme est féroce», nous entendons que sa nature ne changera pas, et que les impérialistes ne voudront jamais poser leur coutelas de boucher, ni ne deviendront jamais des bouddhas, et cela jusqu’à leur ruine.

Lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec, nouvelle lutte encore, et cela jusqu’à la victoire — telle est la logique du peuple, et lui non plus, il n’ira jamais contre cette logique.

C’est encore une loi marxiste.

La révolution du peuple russe a suivi cette loi, il en est de même de la révolution du peuple chinois.

«Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte» (14 août 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

La victoire ne doit en aucune façon nous faire relâcher notre vigilance à l’égard des complots insensés des impérialistes et de leurs valets qui cherchent à prendre leur revanche. Quiconque relâchera sa vigilance se trouvera désarmé politiquement et réduit à une position passive.

«Allocution au Comité préparatoire de la nouvelle Conférence consultative politique» (15 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Les impérialistes et leurs valets, les réactionnaires chinois, ne se résigneront pas à leur défaite sur cette terre de Chine. Ils continueront à agir de connivence pour s’opposer au peuple chinois par tous les moyens possibles.

Par exemple, ils enverront leurs agents s’infiltrer jusque dans l’intérieur de la Chine pour y semer la discorde et susciter des désordres. Il est certain qu’ils ne renonceront jamais à ces activités.

Ou bien encore, les impérialistes inciteront les réactionnaires chinois à bloquer les ports de Chine, en leur prêtant même le concours de leurs propres forces. Ils le feront aussi longtemps que cela leur sera possible.

De plus, s’ils veulent se lancer dans de nouvelles aventures, ils enverront des troupes faire des incursions dans nos régions frontières, ce qui n’est pas impossible non plus.

Il nous faut tenir pleinement compte de tout cela.

«Allocution au Comité préparatoire de la nouvelle Conférence consultative politique» (15 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Le monde progresse, l’avenir est radieux, personne ne peut changer ce courant général de l’histoire. Nous devons constamment faire connaître au peuple les progrès du monde et son avenir lumineux, afin d’aider le peuple à prendre confiance en la victoire.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945)) Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Les commandants et les combattants de l’Armée populaire de Libération ne doivent en aucune façon relâcher leur volonté de combat; toute pensée qui tend à relâcher la volonté de combat ou à sous-estimer l’ennemi est erronée.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

VI. L’IMPÉRIALISME ET TOUS LES RÉACTIONNAIRES SONT DES TIGRES EN PAPIER

Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants.

A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires.

«Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong» (Août 1946), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

De même qu’il n’y a aucune chose au monde dont la nature ne soit double (c’est la loi de l’unité des contraires), de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont une double nature — ils sont de vrais tigres et en même temps des tigres en papier.

Dans le passé, la classe des propriétaires d’esclaves, la classe féodale des propriétaires fonciers et la bourgeoisie furent, avant leur conquête du pouvoir et quelque temps après, pleines de vitalité, révolutionnaires et progressistes; c’étaient de vrais tigres.

Mais, dans la période postérieure, comme leurs antagonistes — la classe des esclaves, la paysannerie et le prolétariat — grandissaient et engageaient la lutte contre elles, une lutte de plus en plus violente, ces classes régnantes se sont transformées peu à peu en leur contraire, sont devenues réactionnaires, rétrogrades, des tigres en papier.

Et, en fin de compte, elles ont été renversées par le peuple ou le seront un jour.

Même dans la lutte à outrance que leur livrait le peuple, ces classes réactionnaires, rétrogrades, décadentes avaient encore leur double nature.

En un sens, elles étaient de vrais tigres ; elles dévoraient les gens, les dévoraient par millions et par dizaines de millions. La lutte populaire traversait une période de difficultés et d’épreuves, et son chemin faisait bien des tours et détours.

Le peuple chinois a dû consacrer plus de cent ans à la lutte pour liquider la domination en Chine de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique, et donner des dizaines de millions de vies humaines, avant de parvenir à la victoire en 1949.

Voyez, n’étaient-ce pas des tigres vivants, des tigres de fer, de vrais tigres?

Mais, en fin de compte, ils sont devenus des tigres en papier, des tigres morts, des tigres en fromage de soya.

Ce sont là des faits historiques.

Est-ce qu’on ne les a pas vus, est-ce qu’on n’en a pas entendu parler? En vérité, il y en a eu des milliers et des dizaines de milliers !

Des milliers et des dizaines de milliers !

Ainsi, considérés dans leur essence, du point de vue de l’avenir et sous l’angle stratégique, l’impérialisme et tous les réactionnaires doivent être tenus pour ce qu’ils sont: des tigres en papier.

C’est là-dessus que se fonde notre pensée stratégique.

D’autre part, ils sont aussi des tigres vivants, des tigres de fer, de vrais tigres; ils mangent les hommes.

C’est là-dessus que se fonde notre pensée tactique.

Intervention à la réunion de Woutchang du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (1er décembre 1958). Cité dans la note introductive au texte «Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong», Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

J’ai dit que tous les réactionnaires réputés puissants n’étaient en réalité que des tigres en papier.

Pour la bonne raison qu’ils sont coupés du peuple.

Eh bien, Hitler n’était-il pas un tigre en papier? Hitler n’a-t-il pas été jeté à bas? J’ai dit aussi que le tsar en était un, de même que l’empereur de Chine, ainsi que l’impérialisme japonais.

Vous voyez bien, tous ont été abattus.

L’impérialisme américain ne l’est pas encore et il a, de plus, la bombe atomique; mais, à mon avis, il tombera lui aussi, il est également un tigre en papier.

Intervention à la Conférence de Moscou des Partis communistes et ouvriers (18 novembre 1957).

Un proverbe chinois qualifie l’action de certains sots en disant qu’«ils soulèvent une pierre pour se la laisser retomber sur les pieds».

Les réactionnaires de tous les pays sont justement de ces sots.

Les répressions de toutes sortes qu’ils exercent contre le peuple révolutionnaire ne peuvent finalement que le pousser à étendre et à intensifier la révolution.

Les diverses répressions auxquelles se sont livrés le tsar et Tchiang Kaï-chek n’ont-elles pas justement joué ce rôle de stimulant dans les grandes révolutions russe et chinoise?

«Intervention à la réunion du Soviet suprême de l’U.R.S.S. pour la célébration du 40e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre» (6 novembre 1957).

L’impérialisme américain occupe notre territoire de Taïwan depuis neuf ans, et tout récemment encore, il a envoyé ses forces armées occuper le Liban.

Les Etats-Unis ont établi des centaines de bases militaires réparties dans de nombreux pays, à travers le monde entier.

Cependant, le territoire chinois de Taïwan, le Liban ainsi que toutes les bases militaires américaines à l’étranger sont autant de cordes de potence passées au cou de l’impérialisme américain.

Ce sont les Américains eux-mêmes, et personne d’autre, qui fabriquent ces cordes et se les mettent au cou, donnant l’autre bout de la corde au peuple chinois, aux peuples arabes et à tous les peuples du monde épris de paix et en lutte contre l’agression.

Plus les agresseurs américains s’attarderont en ces lieux, plus se resserreront les cordes qui leur étreignent la gorge.

Allocution à la Conférence suprême d’Etat (8 septembre 1958).

Les impérialistes n’en ont plus pour longtemps, car ils commettent tous les méfaits possibles.

Ils se font une spécialité de soutenir les réactionnaires hostiles au peuple dans les différents pays. Ils occupent beaucoup de colonies, semi-colonies et bases militaires.

Ils menacent la paix d’une guerre atomique.

Ce qui fait que plus de 90 pour cent de la population du monde se dressent ou vont se dresser en masse contre eux.

Les impérialistes sont encore vivants; ils continuent à faire régner l’arbitraire en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

En Occident, ils oppriment encore les masses populaires de leurs pays respectifs. Cette situation doit changer.

Il appartient aux peuples du monde entier de mettre fin à l’agression et à l’oppression de l’impérialisme, et principalement de l’impérialisme américain.

Entretien avec un journaliste de l’Agence Hsinhua (29 septembre 1958).

L’impérialisme américain dicte partout sa loi, s’est mis dans une position hostile aux peuples du monde entier et s’isole de plus en plus.

Les bombes A et H qu’il détient ne sauraient intimider ceux qui refusent d’être esclaves.

Il est impossible d’endiguer le flot de colère des peuples contre les agresseurs américains.

La lutte des peuples du monde contre l’impérialisme américain et ses laquais remportera à coup sûr des victoires plus grandes encore.

«Déclaration pour soutenir la juste lutte patriotique du peuple panamien contre l’impérialisme américain» (12 janvier 1964).

Si les groupes de capitalistes monopoleurs américains persistent dans leur politique d’agression et de guerre, le jour viendra inévitablement où ils seront pendus par tous les peuples du monde.

Le même sort attend les complices des Etats-Unis.

Allocution à la Conférence suprême d’Etat (8 septembre 1958).

Pour combattre l’ennemi, nous avons formé, au cours d’une longue période, ce concept, à savoir que, du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis, et, du point de vue tactique, en tenir pleinement compte.

En d’autres termes, nous devons mépriser l’ennemi dans son ensemble, mais en tenir sérieusement compte en ce qui concerne chaque question concrète.

Si nous ne méprisons pas l’ennemi dans son ensemble, nous tomberons dans l’opportunisme. Marx et Engels n’étaient que deux, pourtant ils affirmaient déjà que le capitalisme serait renversé dans le monde entier.

Mais sur les questions concrètes et sur les questions se rapportant à chaque ennemi particulier, si nous ne tenons pas suffisamment compte de l’ennemi, nous tomberons dans l’aventurisme.

Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une à une et les forces ennemies ne peuvent être anéanties qu’unité par unité. Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une.

Un paysan ne peut labourer la terre que parcelle par parcelle. Il en est de même pour les repas.

Stratégiquement, prendre un repas ne nous fait pas peur: nous pourrons en venir à bout. Pratiquement, nous mangeons bouchée par bouchée.

Il nous serait impossible d’avaler le repas entier d’un seul coup.

C’est ce qu’on appelle la solution un par un.

Et en langage militaire, cela s’appelle écraser l’ennemi unité par unité.

Intervention à la Conférence de Moscou des Partis communistes et ouvriers (18 novembre 1957).

J’estime que la situation internationale est arrivée à un nouveau tournant. Il y a maintenant deux vents dans le monde: le vent d’est et le vent d’ouest.

Selon un dicton chinois, «ou bien le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest, ou c’est le vent d’ouest qui l’emporte sur le vent d’est».

A mon avis, la caractéristique de la situation actuelle est que le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest, ce qui signifie que les forces socialistes ont acquis une supériorité écrasante sur les forces de l’impérialisme.

Intervention à la Conférence de Moscou des Partis communistes et ouvriers (18 novembre 1957).

VII. OSER LUTTER, OSER VAINCRE

Peuples du monde, unissez-vous, pour abattre les agresseurs américains et leurs laquais! Que les peuples n’écoutent que leur courage, qu’ils osent livrer combat, qu’ils bravent les difficultés, qu’ils avancent par vagues successives, et le monde entier leur appartiendra.

Les monstres seront tous anéantis.

«Déclaration pour soutenir le peuple du Congo (L) contre l’agression américaine» (28 novembre 1964).

Ayant fait une appréciation lucide de la situation internationale et intérieure en se fondant sur la science du marxisme-léninisme, le Parti communiste chinois acquit la conviction que toutes les attaques des réactionnaires de l’intérieur et de l’extérieur non seulement devaient être, mais pouvaient être écrasées.

Lorsque des nuages ont assombri le ciel, nous avons fait remarquer que ces ténèbres n’étaient que temporaires, qu’elles se dissiperaient bientôt et que le soleil brillerait sous peu.

«La Situation actuelle et nos tâches» (25 décembre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans l’histoire de l’humanité, toute force réactionnaire au seuil de sa perte se lance nécessairement, dans un ultime sursaut, contre les forces de la révolution; et souvent, des révolutionnaires sont un moment induits en erreur par cette force apparente qui masque la faiblesse intérieure, ils ne voient pas ce fait essentiel que l’ennemi approche de sa fin et qu’eux-mêmes sont près de la victoire.

«Le Tournant de la Seconde guerre mondiale» (12 octobre 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

S’il [le Kuomintang] tient à se battre, nous l’anéantirons définitivement. Voici comment les choses se présentent: il nous attaque, nous le détruisons, et le voilà satisfait, en partie satisfait s’il est détruit en partie, satisfait davantage s’il est détruit davantage, entièrement satisfait s’il est détruit entièrement.

Les problèmes de la Chine sont complexes et il nous faut aussi avoir quelque complexité dans la cervelle.

Si l’on vient pour se battre, nous nous battrons.

Nous nous battrons pour gagner la paix.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

En cas d’attaque de l’ennemi, pour autant que les conditions permettent de le battre, notre Parti prendra à coup sûr la position de légitime défense pour l’anéantir résolument, radicalement, intégralement, totalement (n’engageons pas de combat à la légère, ne nous battons que si nous sommes sûrs de vaincre). En aucune façon, nous ne devons nous laisser intimider par l’aspect terrifiant des réactionnaires.

«Circulaire du Comité central du Parti communiste chinois sur les négociations de paix avec le Kuomintang» (26 août 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Pour autant qu’il s’agit de nos propres désirs, nous ne demandons pas à nous battre, même un seul jour. Mais si les circonstances nous y obligent, nous pouvons nous battre jusqu’au bout.

«Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong» (Août 1946), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Nous sommes pouf la paix.

Mais tant que l’impérialisme américain ne renonce pas à ses exigences arbitraires et insensées et à ses machinations pour étendre l’agression, le peuple chinois ne peut avoir qu’une seule résolution, celle de poursuivre son combat aux côtés du peuple coréen.

Ce n’est pas que nous soyons belliqueux; nous sommes disposés à arrêter immédiatement la guerre et à régler ultérieurement les autres questions.

Mais l’impérialisme américain ne le veut pas. Alors, que la guerre continue!

Nous sommes prêts à nous battre avec l’impérialisme américain autant d’années qu’il le voudra, jusqu’au moment où il ne pourra plus continuer, jusqu’à la victoire complète des peuples chinois et coréen.

Allocution à la quatrième session du Comité national de la Ire Conférence consultative politique du Peuple chinois (7 février 1953).

Nous devons bannir de nos rangs toute idéologie faite de faiblesse et d’impuissance.

Tout point de vue qui surestime la force de l’ennemi et sous-estime la force du peuple est faux.

«La Situation actuelle et nos tâches» (25 décembre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Les peuples et nations opprimés ne doivent absolument pas s’en remettre, pour leur émancipation, à la «sagesse» de l’impérialisme et de ses laquais. C’est seulement en renforçant leur unité et en persévérant dans la lutte qu’ils triompheront.

«Déclaration contre l’agression au Sud Viet Nam et les massacres de la population sud-vietnamienne par la clique Etats-Unis — Ngo Dinh Diem» (29 août 1963).

Quel que soit le moment où éclatera la guerre civile à l’échelle nationale, nous devons nous tenir prêts.

Pour le cas où elle arriverait tôt, mettons demain matin, nous devons aussi être prêts. C’est là le premier point.

En raison de la situation internationale et intérieure actuelle, il est possible que la guerre civile reste circonscrite pendant un temps et qu’elle garde provisoirement un caractère local.

C’est le deuxième point. Le point un, c’est ce à quoi nous nous préparons; le point deux, c’est ce qui existe depuis longtemps. Bref, tenons-nous prêts. Etant prêts, nous pourrons faire face, comme il convient, à toutes les situations, si complexes soient-elles.

«La Situation et notre politique après la victoire dans la Guerre de Résistance contre le Japon» (13 août 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

VIII. LA GUERRE POPULAIRE

La guerre révolutionnaire, c’est la guerre des masses populaires; on ne peut la faire qu’en mobilisant les masses, qu’en s’appuyant sur elles.

«Soucions-nous davantage des conditions de vie des masses et portons plus d’attention â nos méthodes de travail» (27 janvier 1954), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Quelle est la muraille vraiment indestructible?

Ce sont les masses, les millions et les millions d’hommes qui, de tout leur cœur, de toutes leurs pensées, soutiennent la révolution.

La voilà, la véritable muraille qu’aucune force ne pourra jamais détruire.

La contre-révolution ne pourra nous briser; c’est nous qui la briserons.

Quand nous aurons rassemblé des millions et des millions d’hommes autour du gouvernement révolutionnaire et développé notre guerre révolutionnaire, nous saurons anéantir toute contre-révolution et nous rendre maîtres de la Chine entière.

«Soucions-nous davantage des conditions de vie des masses et portons plus d’attention à nos méthodes de travail» (27 janvier 1934), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Les grandes forces de la guerre ont leurs sources profondes dans les masses populaires.

C’est avant tout parce que les masses du peuple chinois sont inorganisées que le Japon s’est enhardi à nous malmener.

Que nous surmontions cette insuffisance, et l’envahisseur japonais se trouvera, devant les centaines de millions d’hommes du peuple chinois soulevés, dans la même situation que le buffle sauvage devant un mur de feu : il nous suffira de pousser un cri dans sa direction pour que, de terreur, il se jette dans le feu et soit brûlé vif.                         

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les impérialistes nous malmènent à tel point qu’il faut prendre des mesures sérieuses à leur égard.

Non seulement il nous faut une puissante armée régulière, mais encore il importe de mettre partout sur pied des divisions de la milice populaire.

Ainsi, l’impérialisme se verra privé de toute liberté d’action s’il envahit notre pays.

Entretien avec un journaliste de l’Agence Hsinhua (29 septembre 1958).

Du point de vue de la guerre révolutionnaire considérée dans son ensemble, la guerre populaire de partisans et les opérations de l’Armée rouge en tant que forces principales se complètent comme les deux mains de l’homme.

N’avoir que les forces principales constituées par l’Armée rouge sans la guerre populaire de partisans, ce serait ne combattre que d’une main.

En termes concrets, et en particulier au point de vue des opérations militaires, lorsque nous parlons de la population des bases d’appui comme de l’un des éléments de la guerre, c’est du peuple en armes qu’il s’agit.

Là est la raison principale pour laquelle l’adversaire estime dangereux de s’aventurer à l’intérieur de nos bases d’appui.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre I936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Il est certain que l’issue de la guerre est principalement déterminée par les conditions militaires, politiques, économiques et naturelles dans lesquelles se trouvent les deux parties en conflit.

Néanmoins, ce n’est pas tout; l’issue de la guerre est également déterminée par la capacité subjective des deux parties dans la conduite de la guerre.

Un chef militaire ne peut espérer arracher la victoire en allant au-delà des limites imposées par les conditions matérielles, mais il peut et il doit lutter pour la victoire dans les limites mêmes de ces conditions.

La scène où se déroulent ses activités est bâtie sur les conditions matérielles objectives, mais il peut, sur cette scène, conduire des actions magnifiques, d’une grandeur épique.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La guerre n’a d’autre but que «de conserver ses forces et d’anéantir celles de l’ennemi» (anéantir les forces de l’ennemi, c’est les désarmer, «les priver de toute capacité de résistance», et non pas les anéantir toutes physiquement).

Dans l’antiquité, on se servait, pour faire la guerre, de lances et de boucliers: la lance servait à attaquer et à anéantir l’ennemi, le bouclier à se défendre et à se conserver soi-même.

Jusqu’à nos jours, c’est du développement de ces deux types d’armes que résultent toutes les autres.

Les bombardiers, les mitrailleuses, l’artillerie à longue portée, les gaz toxiques sont des développements de la lance, et les abris, les casques d’acier, les fortifications bétonnées, les masques à gaz, des développements du bouclier.

Les chars d’assaut sont une nouvelle arme, où se trouvent combinés la lance et le bouclier.

L’attaque est le moyen principal pour anéantir les forces de l’ennemi, mais l’on ne saurait se passer de la défense.

L’attaque vise à anéantir directement les forces de l’ennemi, et en même temps à conserver ses propres forces, car si l’on n’anéantit pas l’ennemi, c’est lui qui vous anéantira.

La défense sert directement à la conservation des forces, mais elle est en même temps un moyen auxiliaire de l’attaque ou un moyen de préparer le passage à l’attaque.

La retraite se rapporte à la défense, elle en est le prolongement, tandis que la poursuite est la continuation de l’attaque.

Il est à noter que, parmi les buts de la guerre, l’anéantissement des forces de l’ennemi est le but principal, et la conservation de ses propres forces le but secondaire, car on ne peut assurer efficacement la conservation de ses forces qu’en anéantissant massivement les forces de l’ennemi.

Il en résulte que l’attaque, en tant que moyen fondamental pour anéantir les forces de l’ennemi, joue le rôle principal et que la défense, en tant que moyen auxiliaire pour anéantir les forces de l’ennemi et en tant que l’un des moyens pour conserver ses propres forces, joue le rôle secondaire.

Bien qu’en pratique on recoure dans beaucoup de situations surtout à la défense et, dans les autres, surtout à l’attaque, celle-ci n’en reste pas moins le moyen principal, si l’on considère le déroulement de la guerre dans son ensemble.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les règles de l’action militaire découlent toutes d’un seul principe fondamental: s’efforcer de conserver ses forces et d’anéantir celles de l’ennemi. . . .

Mais alors, comment expliquer l’honneur que l’on attache au sacrifice héroïque dans la guerre?

Chaque guerre demande des sacrifices, parfois même des sacrifices énormes.

Cela ne serait-il pas en contradiction avec le principe de la conservation des forces?

En réalité, il n’y a là aucune contradiction; ce sont, plus exactement, deux aspects contradictoires qui se conditionnent l’un l’autre.

C’est que les sacrifices sont indispensables non seulement pour anéantir les forces de l’ennemi, mais aussi pour conserver les siennes propres; ce renoncement partiel et temporaire à conserver ses forces (les sacrifices, ou, en d’autres termes, le prix à payer) est précisément indispensable pour conserver définitivement l’ensemble des forces.

Du principe fondamental exposé ci-dessus découle toute la série des règles nécessaires à la conduite des opérations militaires, à commencer par celles du tir (se couvrir soi-même et exploiter sa puissance de feu: l’un pour conserver ses forces, l’autre pour anéantir les forces de l’ennemi), et jusqu’à celles de la stratégie, toutes sont inspirées de ce principe fondamental, et toutes sont destinées à en permettre la réalisation, qu’elles se rapportent à la technique militaire, à la tactique, aux campagnes ou à la stratégie.

Conserver ses forces et anéantir celles de l’ennemi, tel est le principe fondamental de toutes les règles de la guerre.

«Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Voici nos principes militaires:

1.     Attaquer d’abord les forces ennemies dispersées et isolées, et ensuite les forces ennemies concentrées et puissantes.

2.     S’emparer d’abord des villes petites et moyennes et des vastes régions rurales, et ensuite des grandes villes.

3.     Se fixer pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et non pas la défense ou la prise d’une ville ou d’un territoire.

La possibilité de garder ou de prendre une ville ou un territoire résulte de l’anéantissement des forces vives de l’ennemi, et souvent une ville ou un territoire ne peuvent être tenus ou pris définitivement qu’après avoir changé de mains à plusieurs reprises.

4. A chaque bataille, concentrer des forces d’une supériorité absolue (deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi), encercler complètement les forces ennemies, s’efforcer de les anéantir totalement, sans leur donner la possibilité de s’échapper du filet.

Dans des cas particuliers, infliger à l’ennemi des coups écrasants, c’est-à-dire concentrer toutes nos forces pour une attaque de front et une attaque sur l’un des flancs de l’ennemi ou sur les deux, anéantir une partie de ses troupes et mettre l’autre partie en déroute, afin que notre armée puisse déplacer rapidement ses forces pour écraser d’autres troupes ennemies.

S’efforcer d’éviter les batailles d’usure dans lesquelles les gains sont inférieurs aux pertes ou les compensent seulement.

Ainsi, bien que dans l’ensemble nous soyons (numériquement parlant) en état d’infériorité, nous avons la supériorité absolue dans chaque secteur déterminé, dans chaque bataille, et ceci nous assure la victoire sur le plan opérationnel.

Avec le temps, nous obtiendrons la supériorité dans l’ensemble et finalement nous anéantirons toutes les forces ennemies.

5. Ne pas engager de combat sans préparation, ou un combat dont l’issue victorieuse ne soit pas certaine. Faire les plus grands efforts pour se bien préparer à chaque engagement et pour s’assurer la victoire dans un rapport de conditions donné entre l’ennemi et nous.

6.    Mettre pleinement en œuvre notre style de combat — bravoure, esprit de sacrifice, mépris de la fatigue et ténacité dans les combats continus (engagements successifs livrés en un court laps de temps et sans prendre de repos).

7.     S’efforcer d’anéantir l’ennemi en recourant à la guerre de mouvement. En même temps, donner son importance à la tactique d’attaque de positions dans le but de s’emparer des points fortifiés et des villes de l’ennemi.

8.     En ce qui concerne l’attaque des villes, s’emparer résolument de tous les points fortifiés et de toutes les villes faiblement défendus par l’ennemi.

S’emparer au moment propice de tous les points fortifiés et de toutes les villes modérément défendus par l’ennemi, à condition que les circonstances le permettent. Quant aux points fortifiés et villes de l’ennemi puissamment défendus, attendre que les conditions soient mûres, et alors les prendre.

9.     Compléter nos forces à l’aide de toutes les armes et de la plus grande partie des effectifs pris à l’ennemi.

Les sources principales d’hommes et de matériel pour notre armée sont au front.

10.     Savoir mettre à profit l’intervalle entre deux campagnes pour reposer, instruire et consolider nos troupes.

Les périodes de repos, d’instruction et de consolidation ne doivent pas, en général, être très longues, et, autant que possible, il ne faut pas laisser à l’ennemi le temps de reprendre haleine.

Telles sont les principales méthodes appliquées par l’Armée populaire de Libération pour battre Tchiang Kaï-chek.

Elles ont été forgées par l’Armée populaire de Libération au cours de longues années de combats contre les ennemis intérieurs et extérieurs et elles conviennent parfaitement à nos conditions actuelles. . . . Notre stratégie et notre tactique reposent sur la guerre populaire; aucune armée opposée au peuple ne peut utiliser notre stratégie et notre tactique.

«La Situation actuelle et nos tâches» (25 décembre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Sans préparation, la supériorité des forces n’est pas une véritable supériorité et on ne peut pas non plus avoir l’initiative.

Si l’on comprend cette vérité, des troupes, inférieures en force mais prêtes, peuvent souvent, par une attaque inopinée, battre un ennemi supérieur.

«De la guerre prolongée» (Mai 1958), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

IX. L’ARMÉE POPULAIRE

Sans armée populaire, le peuple n’a rien.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945). Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Cette armée est forte parce que les hommes qui la composent obéissent à une discipline consciente; ils se sont unis et combattent non pour les intérêts d’une poignée de gens ou d’un groupe restreint, mais pour les intérêts des larges masses populaires, pour les intérêts de la nation tout entière. Se tenir fermement aux côtés du peuple chinois, servir de tout cœur le peuple chinois, tel est l’unique dessein de cette armée.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

L’Armée rouge chinoise est une organisation armée chargée d’exécuter les tâches politiques de la révolution.

Dans la période actuelle en particulier, l’Armée rouge ne se limite pas aux seules activités militaires; outre les combats qu’elle doit livrer pour anéantir les forces armées de l’adversaire, elle assume encore nombre d’autres tâches importantes: la propagande parmi les masses, l’organisation des masses, l’armement des masses, l’aide donnée aux masses pour instaurer le pouvoir révolutionnaire et même pour créer des organisations du Parti communiste.

L’Armée rouge ne fait pas la guerre pour la guerre, elle la fait dans le but de mener la propagande parmi les masses, d’organiser les masses, de les armer, de les aider à créer le pouvoir révolutionnaire; sans ces objectifs, la guerre n’aurait plus de sens, et l’Armée rouge plus de raison d’être.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

L’Armée populaire de Libération sera toujours une force combattante. Même après la victoire sur le plan national, pendant la période historique où les classes n’auront pas été supprimées dans notre pays et où le système impérialiste continuera à exister dans le monde, notre armée restera une force combattante.

Il ne doit y avoir aucun malentendu, aucun flottement sur ce point.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Nous avons une armée combattante et une armée du travail.

L’armée combattante, formée de la VIIIe Armée de Route et de la Nouvelle IVe Armée, doit être utilisée pour une double tâche: combattre et produire.

Disposant ainsi de deux armées dont l’une; l’armée combattante, est capable d’assumer cette double tâche et, en outre, de mener le travail parmi les masses, nous pouvons vaincre nos difficultés et abattre l’impérialisme japonais.

«Organisez-vous!» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Notre défense nationale sera renforcée et nous ne permettrons pas aux impérialistes, quels qu’ils soient, d’envahir de nouveau notre territoire.

Nos forces armées populaires doivent être maintenues et se développer sur la base de l’héroïque Armée populaire de Libération, qui a fait ses preuves.

Nous aurons non seulement une puissante armée de terre, maïs encore une puissante aviation et une puissante marine de guerre.

Allocution d’ouverture à la première session plénière de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (21 septembre 1949).

Notre principe, c’est: le Parti commande aux fusils, et il est inadmissible que les fusils commandent au Parti.

«Problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Tous nos officiers et soldats doivent toujours avoir présent à l’esprit que nous sommes la grande Armée populaire de Libération, les troupes dirigées par le grand Parti communiste chinois. A condition que nous observions constamment les directives du Parti, nous sommes sûrs de la victoire.

«Manifeste de l’Armée populaire de Libération de Chine» (Octobre 1947). Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

X. LE RÔLE DIRIGEANT DES COMITÉS DU PARTI

Le système du comité du Parti est une importante institution du Parti pour assurer la direction collective et empêcher qu’une seule personne n’accapare la conduite du travail.

Or, on a constaté récemment que, dans certains de nos organes dirigeants (évidemment pas dans tous), il est de pratique courante qu’une seule personne accapare la conduite du travail et prenne les décisions sur des problèmes importants.

Ce n’est pas la réunion du comité du Parti qui décide des solutions à donner à d’importants problèmes, mais une seule personne, et les membres du comité du Parti ne sont là que pour la forme.

Les divergences de vues entre les membres du comité ne peuvent être résolues et sont laissées longtemps en suspens.

Les membres du comité du Parti ne maintiennent entre eux qu’une unité de forme et non de fond.

Il faut changer cet état de choses.

Désormais, il faut qu’un bon système de réunions du comité du Parti soit établi partout, des bureaux du Comité central aux comités préfectoraux, des comités de front aux comités de brigade et aux régions militaires (sous-commissions de la Commission militaire révolutionnaire du Parti ou groupes de dirigeants) ainsi qu’aux groupes dirigeants du Parti dans les organes gouvernementaux et les organisations populaires, dans l’agence d’information et les journaux.

Tous les problèmes importants (évidemment pas les questions sans conséquence ni les problèmes dont la solution, discutée en réunion, a déjà fait l’objet d’une décision qui ne demande plus qu’à être exécutée) doivent être soumis au comité pour discussion; il faut que les membres présents expriment leurs vues sans réserve et arrivent à des décisions précises, dont l’exécution sera assurée respectivement par les membres intéressés. . . .

Les réunions d’un comité du Parti doivent être de deux sortes: réunions du comité permanent et réunions en séance plénière, et il ne faut pas les confondre.

De plus, retenons ceci: la direction collective et la responsabilité personnelle sont également indispensables, il ne faut négliger ni l’une ni l’autre.

Dans l’armée, pendant les opérations ou quand les circonstances l’exigent, les chefs responsables ont le droit de prendre des décisions d’urgence.

«Raffermir le système du comité du Parti» (20 septembre 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Le secrétaire d’un comité du Parti doit savoir être un bon «chef d’escouade».

Un comité du Parti a de dix à vingt membres; il est comparable à une escouade dans l’armée, et le secrétaire est comme le «chef d’escouade».

Bien conduire cette escouade n’est certes pas facile.

Actuellement, chacun des bureaux ou des sous-bureaux du Comité central a une vaste région sous sa direction et assume de très lourdes tâches.

Diriger, ce n’est pas seulement déterminer l’orientation générale et les mesures particulières d’une politique, c’est aussi élaborer de justes méthodes de travail.

Même si l’orientation générale et les mesures particulières sont justes, des problèmes peuvent encore se poser si l’on ne prête pas assez d’attention aux méthodes de travail.

Pour accomplir sa tâche, qui est de diriger, un comité du Parti doit compter sur les hommes de «l’escouade» et les mettre à même de jouer pleinement leur rôle.

Pour être un bon «chef d’escouade», il faut que le secrétaire étudie sans relâche et examine les questions à fond.

Un secrétaire ou un secrétaire adjoint arrivera difficilement à diriger comme il faut les hommes de son «escouade» s’il ne prend pas soin de faire du travail de propagande et d’organisation parmi eux, ne sait pas entretenir de bons rapports avec les membres du comité ou n’étudie pas les moyens de conduire avec succès une réunion.

Si tous les hommes de «l’escouade» ne marchent pas du même pas, ils ne peuvent compter diriger des millions de gens dans le combat et l’édification.

Bien entendu, les relations entre le secrétaire et les membres du comité sont de celles où la minorité doit se soumettre à la majorité, elles sont donc différentes des relations entre un chef d’escouade et ses hommes.

Nous n’avons parlé ici que par analogie.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Mettez les problèmes sur le tapis.

C’est ce que doivent faire non seulement le «chef d’escouade», mais aussi les membres du comité. Ne faites pas de critique par derrière.

Dès qu’un problème se pose, convoquez une réunion, mettez-le sur le tapis, discutez-le, prenez des décisions, et le problème sera résolu. Si des problèmes existent, mais ne sont pas mis sur le tapis, ils resteront longtemps sans solution, et pourront même traîner des années durant.

Le «chef d’escouade» et les membres du comité doivent se montrer compréhensifs dans leurs relations mutuelles.

Il n’y a rien de plus important que la compréhension, le soutien et l’amitié entre le secrétaire et les membres du comité, entre le Comité central et ses bureaux ainsi qu’entre les bureaux du Comité central et les comités de territoire du Parti.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

«Echangez des informations».

Autrement dit, les membres d’un comité du Parti doivent se tenir mutuellement au courant et échanger leurs points de vue sur les choses qui sont parvenues à leur connaissance.

Cela est fort important pour trouver un langage commun.

Or, certains ne le font pas, et, comme l’a dit Laotse, «ils ne se fréquentent pas de leur vie, bien que les coqs qui chantent et les chiens qui aboient chez les uns puissent être entendus chez les autres».

Il en résulte que le langage commun leur fait défaut.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Consultez les camarades des échelons inférieurs sur ce que vous ne comprenez pas ou ne connaissez pas, et n’exprimez pas à la légère votre approbation ou votre désapprobation. …

Il ne faut jamais prétendre connaître ce qu’on ne connaît pas et «il ne faut pas avoir honte de consulter ses inférieurs», mais savoir prêter l’oreille aux avis des cadres des échelons inférieurs.

Soyez élèves avant d’être maîtres; consultez les cadres des échelons inférieurs avant d’émettre des ordres. . . .

Dans ce que disent les cadres des échelons inférieurs, il y a du juste et du faux; nous devons en faire l’analyse.

Les idées justes, nous devons les écouter et les suivre. . . . Les avis erronés qui viennent d’en bas, nous I devons aussi les écouter; ce serait une erreur de ne pas les écouter du tout, mais j au lieu de les suivre, il faut les critiquer.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Apprenez à «jouer du piano».

Pour jouer du piano, il faut mouvoir les dix doigts; on n’y arrive pas avec quelques doigts seulement, en laissant les autres immobiles.

Cependant, si on appuie les dix doigts à la fois, il n’y a pas de mélodie non plus.

Pour faire de la bonne musique, il faut que les mouvements des doigts soient rythmés et coordonnés.

Un comité du Parti doit bien prendre en main sa tâche centrale et, en même temps, autour de cette tâche centrale, développer le travail dans d’autres champs d’activité.

Actuellement, nous avons à nous occuper de bien des domaines: nous avons à veiller au travail dans toutes les régions, toutes les unités armées et tous les organismes; nous ne devons pas réserver notre attention à quelques problèmes seulement, à l’exclusion des autres.

Partout où il y a un problème, il faut frapper la touche; c’est une méthode dans laquelle nous devons acquérir de la maîtrise.

Certains jouent bien du piano, d’autres mal, et la différence est grande entre les mélodies qu’ils en tirent.

Les camarades des comités du Parti doivent apprendre à bien «jouer du piano».

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

«Prenez fermement les tâches en main».

Nous entendons par là qu’un comité du Parti doit non seulement «prendre en main» ses tâches principales, mais encore les «prendre fermement en main».

On ne peut bien tenir une chose qu’en la prenant solidement en main, sans desserrer les doigts si peu que ce soit.

Ne pas prendre solidement en main, cela revient à ne pas prendre en main du tout.

Naturellement, on ne peut rien saisir la main ouverte.

Et lorsqu’on ferme la main, mais sans la serrer fort, on a l’air de tenir une chose, et pourtant on ne l’a pas vraiment saisie. Il y a de nos camarades qui prennent certes en main leurs tâches principales, mais comme ils ne les prennent pas solidement en main, ils ne peuvent faire du bon travail.

Ça n’ira pas, si vous ne prenez pas les tâches en main; ça n’ira pas non plus si vous ne les prenez pas en main fermement.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Ayez les «chiffres» en tête.

Cela signifie que nous devons prêter attention à l’aspect quantitatif d’une situation ou d’un problème et faire une analyse quantitative fondamentale.

Toute qualité se manifeste par une quantité déterminée, et sans quantité il ne peut y avoir de qualité.

Aujourd’hui encore, beaucoup de nos camarades ne savent pas qu’ils doivent prêter attention à l’aspect quantitatif des choses — aux statistiques fondamentales, aux principaux pourcentages et aux limites quantitatives qui déterminent les qualités des choses; ils n’ont de «chiffres» en tête pour rien; il en résulte qu’ils ne peuvent éviter de faire des erreurs.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

«Avis à la population».

Il faut annoncer les réunions d’avance, comme si l’on affichait un avis à la population, pour que chacun sache ce qui va être discuté et quels problèmes sont à résoudre, et que chacun s’y prépare assez tôt.

Dans certains endroits, des réunions de cadres sont convoquées sans que rapports et projets de résolutions soient prêts; on les improvise tant bien que mal lorsque les participants sont déjà là; cela rappelle le dicton: «Troupes et chevaux sont là, mais vivres et fourrage ne sont pas prêts».

Cette façon de s’y prendre n’est pas bonne. Ne vous hâtez pas de convoquer les réunions si elles ne sont pas bien préparées.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

«Moins de troupes mais de meilleures, et simplifier l’administration».

Causeries, discours, articles et résolutions doivent être clairs et concis.

De même, les réunions ne doivent pas être trop longues.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Soyez attentifs à collaborer dans l’unité avec les camarades dont les vues diffèrent des vôtres. Dans les organismes locaux aussi bien que dans l’armée, il faut prêter attention à ce principe, qui s’applique également à nos relations avec les personnes en dehors du Parti.

Nous sommes venus de tous les coins du pays et nous devons savoir collaborer dans l’unité non seulement avec des camarades qui partagent nos vues, mais aussi avec ceux qui en ont de différentes.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949)» Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Gardez-vous d’être orgueilleux. C’est une question de principe pour tous les dirigeants, et c’est aussi une condition importante pour le maintien de l’unité.

Même ceux qui n’ont pas commis de fautes graves et qui ont obtenu de grands succès dans leur travail ne doivent pas être orgueilleux.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvre s choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Tracez deux lignes de démarcation. D’abord, entre la révolution et la contre-révolution, entre Yenan et Sian.

[Yenan était le siège du Comité central du Parti communiste chinois de janvier 1937 à mars, 1947.

Sian était le centre de la domination réactionnaire du Kuomintang dans la Chine du Nord-Ouest.

Le camarade Mao Zedong fait ici de ces deux villes les symboles de la révolution et de la contre-révolution.]

Certains ne savent pas qu’ils doivent tracer cette ligne de démarcation.

Par exemple, lorsqu’ils combattent la bureaucratie, ils parlent de Yenan comme s’il n’y avait là «rien de bon» et ne font pas la comparaison ni la distinction entre la bureaucratie à Yenan et la bureaucratie à Sian.

Ils commettent ainsi une erreur fondamentale.

Ensuite, dans les rangs de la révolution, il est nécessaire de tracer une ligne de démarcation entre ce qui est juste et ce qui est faux, entre ce qui est succès et ce qui est insuffisance, et, de plus, de discerner lequel des deux l’emporte.

Par exemple, les succès sont-ils de l’ordre de 30 pour cent ou de 70 pour cent?

Pas de sous-estimation ni de surestimation!

Il faut évaluer globalement le travail d’une personne, et établir si ses succès sont de 30 pour cent et ses erreurs de 70 pour cent, ou l’inverse. Si les succès sont de 70 pour cent, le travail de cette personne doit être approuvé pour l’essentiel.

Il est tout à fait faux de dire que les erreurs l’emportent quand ce sont au contraire les succès.

Dans l’examen d’un problème, nous ne devons jamais oublier de tracer ces deux lignes de démarcation, celle qui sépare la révolution de la contre-révolution et celle qui sépare les succès des insuffisances.

Gardons présentes à l’esprit ces deux lignes de démarcation, et ça ira bien, sinon nous confondrons la nature des problèmes.

Naturellement, pour tracer correctement ces lignes, il est indispensable de faire d’abord une étude et une analyse minutieuses.

Nore attitude à l’égard de chaque personne et de chaque question doit être l’analyse et l’étude.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Au point de vue de l’organisation, il faut appliquer avec rigueur le principe de la vie démocratique sous une direction centralisée, selon les indications suivantes :         

1) Les organes dirigeants du Parti doivent définir une ligne directrice juste, ils doivent trouver la solution des problèmes qui surgissent, et s’ériger ainsi en centres de direction.

2) Les organismes supérieurs doivent bien connaître la situation dans les organismes inférieurs et la vie des masses, afin d’avoir une base objective pour une direction juste.

3) Les organismes du Parti aux différents échelons ne doivent pas prendre de décisions à la légère. Une fois la décision prise, elle doit être appliquée avec fermeté.

4) Toutes les décisions importantes des organismes supérieurs du Parti doivent être portées rapidement à la connaissance des organismes inférieurs et de la masse des membres du Parti. . . .

5) Les organismes inférieurs du Parti et la masse des membres du Parti doivent discuter en détail les directives des organismes supérieurs, en saisir tout le sens et déterminer les méthodes à suivre pour les exécuter.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

XI. LA LIGNE DE MASSE

Le peuple, le peuple seul, est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle.

«Du gouvernement de coalitions» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les masses sont les véritables héros, alors que nous-mêmes, nous sommes souvent d’une naïveté ridicule. Faute de comprendre cela, il nous sera impossible d acquérir les connaissances même les plus élémentaires.

«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les masses populaires sont douées d’une puissance créatrice illimitée.

Elles sont capables de s’organiser et de diriger leurs efforts vers tous les domaines et toutes les branches dans lesquels elles peuvent déployer leur énergie; elles peuvent s’attaquer à la tâche de la production, en largeur comme en profondeur, et créer un nombre croissant d’oeuvres pour leur bien-être.

Note sur l’article: «Une solution au problème de la main-d’œuvre excédentaire» (1955)» L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

L’essor actuel du mouvement paysan est un événement d’une extrême importance.

Dans peu de temps, on verra dans les provinces du centre, du sud et du nord de la Chine des centaines de millions de paysans se dresser, impétueux, invincibles, tel l’ouragan, et aucune force ne pourra les retenir.

Ils briseront toutes leurs chaînes et s’élanceront sur la voie de la libération.

Ils creuseront le tombeau de tous les impérialistes, seigneurs de guerre, fonctionnaires corrompus et concussionnaires, despotes locaux et mauvais hobereaux.

Ils mettront à l’épreuve tous les partis révolutionnaires, tous les camarades révolutionnaires, qui auront à prendre parti. Nous mettre à la tête des paysans et les diriger?

Rester derrière eux en nous contentant de les cri tiquer avec force gestes autoritaires?

Ou nous dresser devant eux pour les combattre?

Tout Chinois est libre de choisir une de ces trois voies, mais les événements obligent chacun à faire rapidement ce choix.

«Rapport sur l’enquête menée dans le Hounan à propos du mouvement paysan» (Mars 1927), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

A l’heure actuelle, l’essor de la coopération agricole, de la transformation sociale à la campagne, a déjà commencé en certains endroits, et il va bientôt gagner tout le pays.

C’est un mouvement révolutionnaire socialiste d’une grande ampleur qui touche une population rurale de plus de 500 millions d’habitants; sa portée mondiale est donc considérable.

Nous devons le diriger activement, avec enthousiasme et méthode, et non le ramener en arrière de quelque façon que ce soit.

Dans un tel mouvement, certaines erreurs sont inévitables, cela se comprend; elles ne sont d’ailleurs pas difficiles à redresser.

Les cadres et les paysans parviendront à surmonter leurs insuffisances ou à corriger leurs erreurs si nous leur apportons une aide active.

«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

Les masses ont un immense pouvoir d’enthousiasme pour le socialisme. Ceux qui, même en période révolutionnaire, ne savent que suivre la vieille routine sont absolument incapables de discerner cet enthousiasme.

Ce sont des aveugles; tout leur paraît sombre.

Ils vont même jusqu’à faire passer le vrai pour le faux, le blanc pour le noir.

Combien de ces gens-là n’en avons-nous pas vus?

De tels individus, qui] ne savent que suivre les chemins battus, sous-estiment toujours l’enthousiasme du peuple.

Quand un phénomène nouveau apparaît, ils le désapprouvent, d’emblée ils s’y opposent.

Puis, ils reconnaissent leur tort et font quelque autocritique. Mais, en présence d’un autre phénomène nouveau, ils se comportent encore et toujours de la même manière.

C’est de cette façon qu’ils réagissent devant tout phénomène nouveau.

Ces gens-là sont toujours passifs.

Dans les moments décisifs, ils n’avancent jamais et ont toujours besoin d’une bourrade dans le dos pour progresser d’un pas.

Note sur l’article : «Ce canton a réalisé la coopération agricole en deux ans» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Depuis plus de vingt ans, notre Parti poursuit chaque jour un travail de masse et, depuis une dizaine d’années, il parle chaque jour de la ligne de masse.

Nous avons toujours soutenu que la révolution doit s’appuyer sur les masses populaires et compter sur la participation de chacun, et nous nous sommes toujours opposés à ce qu’on s’en remette exclusivement à quelques personnes qui donnent des ordres.

Cependant, certains camarades n’appliquent pas encore à fond la ligne de masse dans leur travail; ils comptent toujours sur un petit nombre de personnes seulement et travaillent dans un froid isolement.

Une des raisons en est que, quoi qu’ils fassent, ils répugnent à l’expliquer clairement à ceux qu’ils dirigent, et qu’ils ne savent comment développer l’initiative et la force créatrice de ces derniers.

Subjectivement, ils veulent bien que chacun prenne part au travail, mais ils ne font pas connaître aux autres ni ce qui est à faire ni comment le faire. De cette façon, comment voulez-vous que chacun se mette à la tâche et que le travail soit bien fait?

Pour résoudre ce problème, le moyen essentiel est évidemment de donner une éducation idéologique sur la ligne de masse, mais en même temps, il faut enseigner à ces camarades beaucoup de méthodes concrètes de travail.

«Causerie pour les rédacteurs du Quotidien du Cbansi-Soueiyuan» (2 avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Vingt-quatre années d’expérience nous montrent qu’une tâche, qu’une politique, qu’un style de travail justes sont toujours en accord avec les exigences des masses à un moment et en un lieu donnés et nous lient à elles; mais qu’une tâche, qu’une politique, qu’un style de travail erronés ne correspondent jamais aux exigences des masses à un moment et en un lieu donnés et nous coupent de celles-ci.

Si des maux tels que le dogmatisme, l’empirisme, l’autoritarisme, le suivisme, le sectarisme, la bureaucratie, la présomption dans le travail sont absolument nuisibles et inadmissibles, si ceux qui en sont atteints se doivent de les vaincre, c’est parce que ces maux nous coupent des masses.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Pour établir une liaison avec les masses, nous devons nous conformer à leurs besoins, à leurs désirs.

Dans tout travail pour les masses, nous devons partir de leurs besoins, et non de nos propres désirs, si louables soient-ils.

Il arrive souvent que les masses aient objectivement besoin de telles ou telles transformations, mais que subjectivement elles ne soient pas conscientes de ce besoin, qu’elles n’aient ni la volonté ni le désir de les réaliser.

Dans ce cas, nous devons attendre avec patience; c’est seulement lorsque, à la suite de notre travail, les masses seront, dans leur majorité, conscientes de la nécessité de ces transformations, lorsqu’elles auront la volonté et le désir de les faire aboutir qu’on pourra les réaliser.

Sinon, on risque de se couper des masses.

Tout travail exigeant la participation des masses deviendra quelque chose de tout à fait formel et aboutira finalement à l’échec si les masses n’ont pas pris conscience de la nécessité de ce travail, n’ont pas manifesté le désir d’y participer volontairement. . .

Deux principes doivent nous guider: premièrement, les besoins réels des masses et non les besoins nés de notre imagination; deuxièmement, le désir librement exprimé par les masses, les résolutions qu’elles ont prises elles-mêmes et non celles que nous prenons à leur place.

«Le Front uni dans le travail culturel» (30 octobre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Notre congrès doit appeler tout le Parti à redoubler de vigilance, à veiller à ce qu’aucun camarade, quel que soit le domaine de son activité, ne se coupe des masses.

Il faut apprendre à chaque camarade à aimer les masses populaires et à prêter une oreille attentive à leur voix; à s’intégrer aux masses où qu’il aille, à se confondre avec elles et non à se placer au-dessus d’elles; à les éveiller ou à élever leur conscience politique en tenant compte de leur niveau; et conformément au principe du libre consentement, à les aider à s’organiser progressivement et à développer graduellement toutes les luttes nécessaires que permettent les conditions internes et externes du lieu et du moment donnés.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Si nous tenions à passer à l’offensive alors que les masses n’ont pas encore pris conscience, ce serait de l’aventurisme.

Si nous voulions à toute force amener les masses à faire quelque chose contre leur gré, nous échouerions à coup sûr.

Si nous n’avancions pas, alors que les masses demandent à avancer, ce serait de l’opportunisme de droite.

«Causerie pour les rédacteurs du Quotidien du Cbansi-Soueiyuan» (2 avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans tout travail, l’autoritarisme est une erreur, car il dépasse le niveau de conscience des masses et viole le principe de libre adhésion; il est une manifestation de ce mal qu’on appelle précipitation.

Nos camarades ne doivent pas croire que tout ce qu’ils comprennent soit également compris des larges masses.

Seule une enquête effectuée parmi les masses permet de s’assurer si elles ont saisi telle ou telle idée, si elles sont prêtes à passer à l’action.

C’est en agissant de cette manière que nous éviterons l’autoritarisme.

Dans tout travail, le suivisme est également une erreur, car il demeure au-dessous du niveau de conscience des masses et viole le principe qui consiste à guider les masses dans leur marche en avant; il est une manifestation de cet autre mal qu’on appelle lenteur.

Nos camarades ne doivent pas croire que les masses ne comprennent rien de ce qu’eux-mêmes n’ont pas encore compris.

Il arrive souvent qu’elles nous devancent et éprouvent le besoin impérieux de faire un pas en avant, alors que nos camarades, incapables de les diriger, se mettent à la remorque de certains éléments arriérés, dont ils reflètent les vues en les prenant à tort pour celles des larges masses.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Recueillir les idées des masses et les concentrer, puis les retransmettre aux masses, afin qu’elles les appliquent fermement, et parvenir ainsi à élaborer de justes idées pour le travail de direction: telle est la méthode fondamentale de direction.

«A propos des méthodes de direction» (1er juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Dans toute activité pratique de notre Parti, une direction juste doit se fonder sur le principe suivant: partir des masses pour retourner aux masses.

Cela signifie qu’il faut recueillir les idées des masses (qui sont dispersées, non systématiques), les concentrer (en idées généralisées et systématisées, après étude), puis aller de nouveau dans les masses pour les diffuser et les expliquer, faire en sorte que les masses les assimilent, y adhèrent fermement et les traduisent en action, et vérifier dans l’action même des masses la justesse de ces idées.

Puis, il faut encore une fois concentrer les idées des masses et les leur retransmettre pour qu’elles soient mises résolument en pratique.

Et le même processus se poursuivra indéfiniment, ces idées devenant toujours plus justes, plus vivantes et plus riches.

Voilà la théorie marxiste de la connaissance.

«A propos des méthodes de direction» (1er juin 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Nous devons aller dans les masses, nous mettre à leur école, généraliser leur expérience, en dégager des principes et des méthodes meilleurs, plus systématiques, puis les communiquer aux masses (par la propagande), appeler les masses à les suivre pour résoudre leurs problèmes, de sorte qu’elles se libèrent et conquièrent le bonheur.

«Organisez-vous !» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Dans certains endroits, des membres de nos organes dirigeants pensent qu’il suffit que les dirigeants seuls connaissent la politique du Parti et qu’il n’est pas nécessaire de la faire connaître aux masses.

C’est une des raisons fondamentales pour lesquelles une partie de notre travail n’a pu être bien faite.

«Causerie pour les rédacteurs du Quotidien du Chansï-Soueiyuan» (2 avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans tout mouvement de masse, nous devons faire une enquête et une analyse fondamentales pour connaître le nombre des partisans actifs, des opposants et de ceux qui gardent une position intermédiaire; nos décisions ne doivent pas être prises sans fondement et de façon subjective.

«Méthodes de travail des comités du Parti» (13 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Les masses, en tout lieu, comprennent grosso modo trois sortes d’éléments: ceux qui sont relativement actifs, ceux qui sont relativement arriérés et ceux qui sont entre les deux.

C’est pourquoi les dirigeants doivent être capables de réunir autour d’eux le petit nombre des éléments actifs et s’appuyer sur ces derniers pour élever le niveau des éléments intermédiaires et rallier les éléments arriérés.

«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Savoir faire passer la politique du Parti dans l’action des masses, savoir amener non seulement les cadres dirigeants mais aussi les larges masses à comprendre et à bien mener chacun de nos mouvements et chacune de nos luttes, cela relève de l’art de diriger marxiste-léniniste.

C’est aussi ce qui permet de déterminer si nous commettons ou non des erreurs dans notre travail.

«Causerie pour les rédacteurs du Quotidien du Chansi-Soueiyuan» (2 avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Si actif que soit le groupe dirigeant, son activité se réduirait à l’effort infécond d’une poignée de gens, si elle n’était pas liée avec celle des larges masses.

Mais, d’autre part, l’activité des larges masses qui n’est pas orientée comme il convient par un fort groupe dirigeant ne peut se maintenir longtemps, ni se développer dans une direction juste et s’élever à un niveau supérieur.

«A propos des méthodes de direction» (1er juin 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

L’activité productrice des masses, leurs intérêts, leur expérience et leur état d’esprit — voilà ce à quoi les cadres dirigeants doivent vouer une attention constante.

Inscription pour l’exposition sur l’activité productrice des organismes relevant directement du Comité central du Parti et du Haut Commandement de la VIIIe Armée de Route, Jiefang Ribao de Yenan, 24 novembre 1945.

Nous devons accorder une attention sérieuse aux problèmes relatifs à la vie des masses, depuis les questions de la terre et du travail jusqu’à celles de l’approvisionnement en combustible, en riz, en huile et en sel. . . .

Toutes ces questions relatives aux conditions de vie des masses doivent être mises à l’ordre du jour.

Il faut en discuter, prendre des décisions, les appliquer et en contrôler l’exécution.

Il faut faire comprendre aux masses que nous représentons leurs intérêts, que nous respirons du même souffle qu’elles.

Il faut que, partant de là, elles arrivent à comprendre les tâches encore plus élevées que nous avons proposées, les tâches de la guerre révolutionnaire, en sorte qu’elles soutiennent la révolution et l’étendent à tout le pays, qu’elles fassent leurs nos mots d’ordre politiques et luttent jusqu’à la victoire finale de la révolution.

«Soucions-nous davantage des conditions de vie des masses et portons plus d’attention à nos méthodes de travail» (27 janvier 1934), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

XII. LE TRAVAIL POLITIQUE

Dans l’armée fut institué (pendant la Première guerre civile révolutionnaire de 1924-1927 — N.d.l.R.) le système des délégués du Parti et des départements politiques, inconnu jusqu’alors dans l’histoire de la Chine, système qui donna à cette armée une physionomie toute nouvelle.

Depuis 1927, c’est l’Armée rouge, aujourd’hui la VIIIe Armée de Route, qui a hérité de ce système et l’a développé.

«Entretien avec le journaliste anglais James Bertram» (25 octobre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

En se fondant sur la guerre populaire et sur les principes de l’unité entre l’armée et le peuple, de l’unité entre les commandants et les combattants et celui de la désagrégation des troupes ennemies, l’Armée populaire de Libération a développé son puissant travail politique révolutionnaire et c’est là un important facteur de notre victoire.

«La Situation actuelle et nos tâches» (25 décembre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Cette armée a créé un système de travail politique indispensable à la guerre populaire et qui vise à promouvoir la cohésion dans ses rangs, l’union avec les troupes amies ainsi que l’union avec le peuple, à provoquer la désagrégation de l’armée ennemie et à assurer la victoire dans les combats.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 194O, Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Le travail politique est vital pour toute notre activité dans le domaine économique.

Il l’est particulièrement dans une période de transformation radicale du régime socio-économique.

Note sur l’article: «Une sérieuse leçon» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Si l’Armée rouge a pu combattre dans de si dures conditions sans se disloquer, une des raisons importantes en est que «la cellule du Parti est organisée sur la base de la compagnie».

«La Lutte dans les monts Tsing-kang» (25 novembre 1928), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Le travail politique de la VIIIe Armée de Route repose sur trois principes fondamentaux.

Premièrement, le principe de l’union des officiers et des soldats, qui implique l’abolition des pratiques féodales dans l’armée, l’interdiction des châtiments corporels et des injures, l’institution d’une discipline observée de façon consciente et la création d’un genre de vie où officiers et soldats partagent leurs joies et leurs peines, ce qui fait que l’armée est étroitement unie.

Deuxièmement, le principe de l’union de l’armée et du peuple.

Il implique que la discipline ne tolère pas la moindre atteinte aux intérêts des masses, que l’armée fasse de la propagande parmi elles, qu’elle les organise et les arme, qu’elle allège leurs charges financières et qu’elle châtie les traîtres à la nation qui portent préjudice au peuple et à l’armée elle-même; ainsi elle est unie au peuple et partout bien accueillie.

Troisièmement, le principe de la désagrégation des forces de l’ennemi et de la clémence à l’égard des prisonniers de guerre.

Notre victoire ne dépend pas seulement des opérations de nos troupes, mais aussi de la désagrégation des forces de l’adversaire.

«Entretien avec le journaliste anglais James Bertram» (25 octobre 1957), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Nos troupes doivent observer les principes justes qui régissent les rapports de l’armée avec le peuple, le gouvernement et le Parti, les rapports entre officiers et soldats, entre le travail militaire et le travail politique et les rapports entre les cadres; en aucun cas, elles ne doivent verser dans le militarisme des seigneurs de guerre.

Les officiers doivent aimer leurs hommes; ils ne se montreront pas indifférents à leur égard et ne leur infligeront pas de châtiments corporels; il faut que l’armée aime le peuple, qu’elle ne lèse pas ses intérêts; elle doit respecter le gouvernement et le Parti et ne pas réclamer d’«indépendance».

«Organisez-vous!» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Notre politique à l’égard des prisonniers, qu’ils proviennent de l’armée japonaise, des troupes fantoches ou anticommunistes, est de les relâcher, à l’exception de ceux qui ont encouru la haine du peuple et qui, après ratification de son verdict par des instances supérieures, doivent absolument être exécutés.

Il faut gagner à nous en grand nombre les prisonniers qui ont été enrôlés de force et dont l’esprit est plus ou moins révolutionnaire, et les intégrer dans notre armée; tous les autres doivent être relâchés; et s’ils nous combattent et sont capturés de nouveau, il faut de nouveau les relâcher.

Il ne faut pas leur infliger de vexations, confisquer leur argent et leurs objets personnels, leur arracher des aveux, mais les traiter dans tous les cas avec franchise et bienveillance. Cette politique doit être pratiquée à l’égard de tous les prisonniers, quelque réactionnaires qu’ils soient.

Elle est extrêmement efficace pour isoler le camp de la réaction.

«Au sujet de notre politique» (25 décembre 1940), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les armes sont un facteur important, mais non décisif, de la guerre. Le facteur décisif, c’est l’homme et non le matériel.

Le rapport des forces se détermine non seulement par le rapport des puissances militaires et économiques, mais aussi par le rapport des ressources humaines et des forces morales.

C’est l’homme qui dispose des forces militaires et économiques.

«De la guerre prolongée» (Mai 1958), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens.

Elle a l’air terrible, mais en fait, elle ne l’est pas.

Bien sûr, la bombe atomique est une arme qui peut faire d’immenses massacres, mais c’est le peuple qui décide de l’issue d’une guerre, et non une ou deux armes nouvelles.

«Entretien avec la journaliste américaine Anna Louise Strong» (Août 1946), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

La base de l’armée, c’est le soldat. Sans insuffler aux troupes un esprit politique progressiste, sans poursuivre dans ce but un travail politique progressiste, il n’est pas possible d’arriver à une unité véritable des officiers et des soldats, d’éveiller en eux le plus grand enthousiasme pour la Guerre de Résistance et, par conséquent, de donner à notre technique et à notre tactique la base la plus propre à les rendre efficaces.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Le point de vue purement militaire est largement répandu chez un certain nombre de camarades de l’Armée rouge.

Ses manifestations sont les suivantes:

1. On met en opposition le politique et le militaire et on se refuse à reconnaître que celui-ci n’est que l’un des moyens pour accomplir les tâches politiques.

Certains affirment même que «si les choses vont bien sur le plan militaire, elles vont forcément bien sur le plan politique et si elles vont mal sur le plan militaire, elles ne peuvent aller bien sur le plan politique»; c’est s’avancer encore plus loin et soutenir que le militaire commande le politique.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La tâche centrale est de prendre en main l’éducation idéologique si l’on veut unir tout le Parti en vue de ses grandes luttes politiques. Sinon, le Parti ne pourra accomplir aucune de ses tâches politiques.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Ces derniers temps, on a constaté un fléchissement dans le travail idéologique et politique parmi les étudiants et les intellectuels, et certaines déviations sont apparues.

Il en est qui pensent apparemment qu’ils n’ont pas besoin de se soucier de la politique, de l’avenir de leur pays et des idéaux de l’humanité.

A leurs yeux, le marxisme aurait été à la mode un certain temps et ne le serait plus tellement maintenant. Etant donné cette situation, il est à présent nécessaire de renforcer notre travail idéologique et politique.

Etudiants et intellectuels doivent s’appliquer à l’étude.

Tout en travaillant à leur spécialité, ils doivent faire des progrès sur le plan idéologique et sur le plan politique, et pour cela étudier le marxisme, les questions politiques et les problèmes d’actualité.

Sans vue politique juste, on est comme sans âme. . . . Tous les organismes et toutes les organisations doivent assumer la responsabilité du travail idéologique et politique.

Cette tâche incombe au Parti communiste, à la Ligue de la Jeunesse, aux organismes gouvernementaux directement intéressés, et à plus forte raison aux directeurs et aux enseignants des établissements scolaires.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Grâce au travail d’éducation politique qui a été accompli, les soldats de l’Armée rouge ont tous une conscience de classe; ils ont acquis des notions générales notamment sur la distribution des terres, l’instauration du pouvoir, l’armement des ouvriers et des paysans; ils savent qu’ils se battent pour eux-mêmes, pour la classe ouvrière et la paysannerie; c’est pourquoi, malgré l’âpreté de la lutte, ils ne se plaignent pas.

Chaque compagnie, bataillon ou régiment a son comité de soldats qui représente les intérêts de nos hommes de troupe et exécute le travail politique et le travail parmi les masses populaires.

«La Lutte dans les monts Tsingkang» (25 novembre 1928), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

En conduisant correctement le mouvement de l’expression des griefs (dénonciation des souffrances infligées aux masses laborieuses par l’ancienne société et par les réactionnaires) et des trois vérifications (relatives à l’appartenance de classe, à l’accomplissement du travail et à la volonté de combat), on a développé considérablement la conscience politique des commandants et des combattants de toute l’armée dans leur lutte pour l’émancipation des masses laborieuses exploitées, pour l’accomplissement de la réforme agraire dans tout le pays et pour l’anéantissement de l’ennemi de tout le peuple, la bande de Tchiang Kaïchek.

En même temps, ce mouvement a considérablement renforcé l’étroite cohésion de tous les commandants et combattants sous la direction du Parti communiste.

Sur cette base, l’armée a assaini encore davantage ses rangs, elle a raffermi ia discipline, donné essor à un mouvement de masse pour l’instruction militaire et continué à développer, sous une direction judicieuse et en bon ordre, sa démocratie politique, économique et militaire.

Aussi l’armée est-elle aujourd’hui unie comme un seul homme, chacun apportant sa part d’idées et d’énergie; elle ne craint aucun sacrifice, elle sait surmonter les difficultés matérielles et fait preuve d’intrépidité et d’héroïsme collectifs dans la destruction de l’ennemi.

Une telle armée sera invincible.

«Sur la grande victoire dans le Nord-Ouest et le mouvement d’éducation idéologique de type nouveau dans l’Armée de Libération» (7 mars 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Ces derniers mois, on a utilisé dans presque toutes les unités de l’Armée populaire de Libération les intervalles entre les batailles pour entreprendre un vaste travail d’instruction et de consolidation.

Ce travail a été mené selon la méthode démocratique, et en même temps sous une bonne direction et dans un ordre parfait.

Par là, on a stimulé l’ardeur révolutionnaire des commandants et des combattants en leur faisant comprendre clairement le but de la guerre, on a mis fin à certaines tendances idéologiques erronées et à certains phénomènes fâcheux apparus dans l’armée, on a éduqué les cadres et les soldats et fortement accru la capacité combative de l’armée.

Nous devons continuer à développer ce mouvement d’éducation idéologique dans l’armée, mouvement démocratique de masse d’un type nouveau.

«Discours prononcé à une conférence des cadres de la région libérée du Chansi-Soueiyuan» (Ier avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

L’enseignement de l’Ecole militaire et politique antijaponaise s’inspire des principes suivants: une orientation politique juste et inébranlable, un style de travail fait de labeur et de simplicité, une stratégie et une tactique souples et dynamiques.

Ces trois principes sont indispensables à la formation d’un soldat révolutionnaire de la résistance antijaponaise.

C’est en fonction de ces trois principes que le personnel administratif et les enseignants poursuivent leur travail, et les élèves leurs études.

«Etre attaqué par l’ennemi est une bonne et non une mauvaise chose» (26 mai 1939).

Notre nation a toujours su mener des luttes ardues; nous devons développer ce style de travail. . . .

Bien plus, le Parti communiste a toujours préconisé une orientation politique juste et inébranlable . . . orientation qui est indissolublement liée à un style de travail fait de luttes ardues; sans une orientation politique juste et inébranlable, impossible de promouvoir ce style de travail; et sans lui, impossible de suivre une orientation politique juste et inébranlable.

«Allocution au meeting de célébration de la Fête internationale du Travail, à Yenan» (Ier mai 1939).

Unité, dynamisme, sérieux et entrain.

Devise pour l’Ecole militaire politique antijaponaise.

Ce qui compte réellement dans le monde, c’est d’être consciencieux; et c’est ce à quoi le Parti communiste est le plus attaché.

Entretien avec les étudiants et stagiaires chinois à Moscou (17 novembre 1957)

XIII. LES RAPPORTS ENTRE OFFICIERS ET SOLDATS

Notre armée a toujours suivi une double politique: d’une part, nous sommes implacables envers l’ennemi, nous l’écrasons, nous l’anéantissons; d’autre part, nous sommes bons pour les nôtres — pour le peuple, nos camarades, nos supérieurs et nos subordonnés — et nous devons veiller à notre unité. Discours à la réception donnée par le Comité central du Parti en l’honneur des activistes de l’étude envoyés par le Détachement des forces de l’arrière (18 septembre 1944).

Venant de tous les coins du pays, nous nous sommes retrouvés ici en vue d’un objectif révolutionnaire commun. … Il faut que nos cadres se soucient de chaque combattant, et tous, dans les rangs de la révolution, doivent veiller les uns sur les autres, s’aimer et s’entraider.

«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Dans chaque unité de l’armée, on lancera un mouvement dit de soutien aux cadres et de sollicitude pour les soldats.

On appellera les cadres à témoigner de l’affection aux soldats, et les soldats à soutenir les cadres.

Ils se feront connaître mutuellement leurs insuffisances et leurs erreurs et les corrigeront rapidement.

De cette manière, ils sauront réaliser une unité parfaite dans leurs rangs.

«Les Tâches pour 1945» (15 décembre 1944).

Beaucoup de gens s’imaginent que s’il n’y a pas de bons rapports entre les officiers et les soldats, entre l’armée et le peuple, cela est dû à de mauvaises méthodes; je leur ai toujours dit qu’il s’agit ici d’une attitude fondamentale (ou d’un principe fondamental) qui consiste à respecter le soldat, à respecter le peuple.

De cette attitude découlent la politique, les méthodes et les formes appropriées.

Sans cette attitude, la politique comme les méthodes et les formes seront nécessairement erronées, et il sera absolument impossible d’avoir de bons rapports entre les officiers et les soldats, entre l’armée et le peuple.

Les trois grands principes de notre travail politique dans i’armée sont, premièrement, l’unité entre les officiers et les soldats; deuxièmement, l’unité entre l’armée et le peuple; troisièmement, la désagrégation des forces ennemies.

Pour mettre effectivement en pratique ces trois principes, il faut partir de cette attitude fondamentale qui est le respect du soldat, le respect du peuple et le respect de la dignité des prisonniers ayant déposé les armes.

Ceux qui estiment qu’il s’agit ici non d’une attitude fondamentale mais de questions d’ordre purement technique se trompent, et ils doivent corriger leur erreur.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les communistes, lorsqu’ils déploient leur activité parmi les travailleurs, doivent employer les méthodes démocratiques de persuasion et d’éducation, et il est absolument inadmissible de recourir à l’autoritarisme ou à la contrainte.

Le Parti communiste chinois est fidèle à ce principe marxiste-léniniste.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Nos camarades doivent comprendre que ia rééducation idéologique est une affaire de longue haleine, qu’il faut mener patiemment et minutieusement; il ne faut pas espérer que quelques leçons ou quelques réunions puissent changer une idéologie qui s’est formée au cours d’une vie de plusieurs décennies. On ne peut convaincre que par la persuasion et non par la contrainte.

La contrainte aurait pour seul résultat de soumettre sans convaincre.

Chercher à soumettre par la force est inadmissible. On peut utiliser cette méthode à l’égard de l’ennemi, mais nullement à l’égard des camarades ou des amis.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Nous devons faire une claire distinction entre nous et nos ennemis, et ne pas adopter une position antagoniste à l’égard de nos camarades en les traitant comme l’ennemi.

Nos écrits doivent être pénétrés du désir ardent de défendre la cause du peuple et d’élever son niveau de conscience politique, ils ne doivent ni ridiculiser ni attaquer ceux auxquels ils s’adressent.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

XIV. LES RAPPORTS ENTRE L’ARMÉE ET LE PEUPLE

L’armée doit ne faire qu’un avec le peuple, afin qu’il voie en elle sa propre armée. Cette armée-là sera invincible, . . .

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

II faut faire comprendre à chaque camarade qu’aussi longtemps que nous prendrons appui sur le peuple, que nous croirons fermement aux inépuisables forces créatrices des masses, plaçant ainsi notre confiance dans le peuple et faisant corps avec lui, nous vaincrons n’importe quelles difficultés; et tout ennemi, quel qu’il soit, loin de pouvoir nous écraser, sera infailliblement anéanti.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Où qu’ils aillent, nos camarades doivent établir de bonnes relations avec les masses, leur témoigner de la sollicitude et les aider à surmonter leurs difficultés.

Nous devons unir à nous les larges masses populaires, et plus nous y réussirons, mieux cela vaudra.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans les régions libérées, l’armée doit’ soutenir le gouvernement et aimer le peuple, tandis que le gouvernement démocratique doit diriger le peuple dans ses efforts pour soutenir l’armée et pour prendre soin des familles des combattants de la Résistance, et cela afin d’améliorer encore les rapports entre l’armée et le peuple.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Dans l’armée, nous devons effectuer un travail idéologique auprès de tous les commandants et combattants pour qu’ils comprennent à fond l’importance qu’il y a à soutenir le gouvernement et à aimer le peuple.

Si l’armée s’acquitte bien de ce devoir, les rapports s’amélioreront entre les autorités locales et le peuple d’un côté, et l’armée de l’autre.

«L’Orientation de notre travail dans les régions libérées pour 1946» (15 décembre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Au cours du mouvement pour «le soutien au gouvernement et l’amour du peuple» et pour «le soutien à l’armée et la sollicitude envers les familles des combattants de la Résistance», l’armée d’une part, le Parti et le gouvernement de l’autre examineront à fond leurs insuffisances et leurs erreurs de 1943, et les corrigeront résolument en 1944.

Désormais, chaque année, au premier mois du calendrier lunaire, il faudra lancer partout ce mouvement, au cours duquel on lira et relira les engagements qu’il comporte; on procédera, à plusieurs reprises et sur une large échelle, à des autocritiques publiques des insuffisances et des erreurs dans les bases d’appui: vexations commises par les troupes à l’endroit des organismes du Parti et du gouvernement ainsi que de la population, assistance insuffisante aux troupes de la part des organismes du Parti et du gouvernement et de la part de la population (chacune des parties se critiquera elle-même, sans critiquer l’autre) ; puis on éliminera radicalement ces insuffisances et ces erreurs.

«Développer dans les bases d’appui les mouvements pour la réduction des fermages, l’accroissement de la production, «le soutien au gouvernement et l’amour du peuple»» (Ier octobre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

XV. LES «TROIS DÉMOCRATIES»

Il faut réaliser une certaine démocratisation dans l’armée; l’essentiel est d’abolir les pratiques féodales des châtiments corporels et des injures, et d’arriver à ce que dans la vie de tous les jours les officiers et les soldats partagent leurs joies et leurs peines.

Ainsi, nous parviendrons à l’unité des officiers et des soldats, la capacité combative de l’armée sera prodigieusement accrue, et nous n’aurons pas à craindre de ne pouvoir tenir dans cette guerre longue et acharnée.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Malgré les dures conditions matérielles et les combats incessants, l’Armée rouge tient bon, comme par le passé; cela ne s’explique pas seulement par le rôle du Parti, mais également par la pratique de la démocratie dans l’armée.

Les officiers ne frappent pas les soldats; officiers et soldats jouissent de conditions de traitement égaies; les soldats peuvent s’exprimer librement au cours de réunions; les formalités et cérémonies inutiles sont supprimées; l’administration financière se fait au vu et au su de tout le monde. . . .

En Chine, la démocratie n’est pas seulement nécessaire au peuple; elle l’est aussi à l’armée. Le régime démocratique dans l’armée constitue une arme importante pour détruire l’armée mercenaire féodale.

«La Lutte dans les monts Tsingkang» (25 novembre 1928), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La ligne de conduite à suivre pour notre travail politique dans l’armée est de déployer pleinement l’activité des soldats, des commandants et de tout le personnel en service, afin d’atteindre, par un mouvement démocratique sous direction centralisée, trois objectifs principaux, à savoir: un degré élevé d’unité politique, une amélioration des conditions de vie et un niveau supérieur de la technique et de la tactique militaires.

Les «trois vérifications» et les «trois rectifications» [Les «trois vérifications» et les «trois rectifications» constituèrent un mouvement important pour la consolidation du Parti et le renforcement de l’éducation idéologique dans l’armée; elles furent appliquées par notre Parti en liaison avec la réforme agraire pendant la Guerre de Libération populaire.

Dans les organisations locales du Parti, les «trois vérifications» portaient sur l’appartenance de classe, l’idéologie et le style de travail; dans l’armée, elles portaient sur l’appartenance de classe, l’accomplissement du travail et la volonté de combat.

Les «trois rectifications» signifiaient la consolidation de l’organisation, le renforcement de l’éducation idéologique et l’amélioration du style de travail.], qui sont actuellement appliquées avec enthousiasme dans notre armée, sont destinées à atteindre les deux premiers de ces objectifs par les méthodes de la démocratie en matière politique et économique.

La démocratie en matière économique consiste à garantir aux représentants élus par les soldats le droit de s’occuper du ravitaillement en vivres et de l’ordinaire, en assistant le commandement de la compagnie (sans se soustraire évidemment à son autorité).

La démocratie en matière militaire consiste à pratiquer, dans les périodes d’instruction, la méthode de l’enseignement mutuel entre officiers et soldats et parmi les soldats eux-mêmes; et, dans les périodes de combat, à faire tenir par les compagnies de première ligne différentes réunions, grandes ou petites.

Sous la direction du commandement de la compagnie, les soldats doivent y être incités à discuter la manière d’attaquer et d’enlever les positions ennemies et d’accomplir les autres missions de combat.

Lorsque les opérations se poursuivent pendant plusieurs jours, il faut tenir plusieurs réunions.

Cette forme de démocratie militaire fut pratiquée avec un grand succès pendant la bataille de Panlong dans le nord du Chensi et celle de Chekiatchouang dans la région du Chansi-Tchahar-Hopei.

Il a été prouvé que cette pratique ne présente que des avantages et aucun inconvénient.

«Le Mouvement démocratique dans l’armée» (30 janvier 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans la grande lutte où il est engagé, le Parti communiste chinois demande à tous ses organes dirigeants, à tous ses membres et cadres de faire preuve d’initiative au plus haut degré, ce qui seul pourra assurer la victoire.

Dans la pratique, cette initiative se manifestera dans leur énergie créatrice, le sens des responsabilités, l’ardeur au travail, le courage et l’aptitude à soulever des questions, à exprimer leur opinion, à critiquer les défauts, ainsi que dans le contrôle exercé avec une sollicitude de camarade sur les organismes supérieurs et les cadres dirigeants. Sinon, le terme initiative n’aurait pas de sens.

Or, cette initiative se déploie en fonction du degré de démocratie dans la vie du Parti.

Elle ne le pourrait pas sans une démocratie suffisante.

De même, il n’est possible de former un grand nombre d’hommes capables que si la démocratie règne dans le Parti.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

A condition de ne pas être un élément hostile et de ne pas lancer d’attaques perfides, chacun peut donner son avis, même s’il se trompe; et les dirigeants de tous les échelons ont le devoir d’écouter.

Deux principes doivent être appliqués: 1) Ne tais rien de ce que tu sais, ne garde rien pour toi de ce que tu as à dire; 2) Nul n’est coupable pour avoir parlé, à celui qui écoute de tirer la leçon.

Il est impossible de faire observer le premier principe, à moins d’admettre réellement, et non pour la forme, que «nul n’est coupable pour avoir parlé».

«Les Tâches pour 1944» (15 décembre 1944).

Le Parti doit éduquer ses membres sut) la question de la démocratie, afin qu’ils comprennent ce qu’est la vie démocratique, quels sont les rapports entre la démocratie et le centralisme et comment se pratique le centralisme démocratique.

Ainsi seulement nous pourrons étendre effectivement la démocratie au sein du Parti, tout en évitant l’ultra-démocratisme et ce laisser-aller qui détruit la discipline.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationales (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Dans l’armée comme dans les organisations locales, la démocratie au sein du Parti doit servir à renforcer la discipline et la capacité combative et non à les affaiblir.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 193S), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

II faut, sur le plan de la théorie, détruire les racines de l’ultra-démocratisme. Tout d’abord, il faut montrer que l’ultra-démocratisme menace de saper les organisations du Parti jusqu’à les détruire complètement, qu’il menace d’affaiblir et même de miner tout à fait la capacité combative du Parti, ce qui le mettra hors d’état d’accomplir sa tâche dans les luttes et conduira, par conséquent, la révolution à la défaite.

Il convient de montrer ensuite que l’ultra-démocratisme tire son origine de l’indiscipline petite-bourgeoise.

En pénétrant dans le Parti, celle-ci se traduit, sur le plan politique et sur le plan de l’organisation, par des conceptions ultra-démocratiques, absolument incompatibles avec les tâches de combat du prolétariat.

«L’Élimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

XVI. L’ÉDUCATION ET L’ENTRAÎNEMENT DES TROUPES

Notre politique dans le domaine de l’éducation doit permettre à ceux qui la reçoivent de se former sur le plan moral, intellectuel et physique pour devenir des travailleurs cultivés, ayant une conscience socialiste.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Établir, pour l’éducation des cadres en fonction comme pour l’enseignement dans les écoles de cadres, le principe selon lequel les études doivent être centrées sur les questions pratiques de la révolution chinoise et guidées par les principes fondamentaux du marxisme-léninisme; abandonner la méthode consistant à étudier le marxisme-léninisme d’un point de vue statique et en dehors de la réalité.

«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Pour une école militaire, les problèmes les plus importants sont le choix du directeur et des professeurs et l’établissement des principes d’enseignement.

«Problèmes stratégiques de !a guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Si, dans une école d’une centaine de personnes, il n’existe pas de groupe dirigeant constitué en fonction de la situation (et non pas formé arbitrairement), composé de quelques-uns, parfois un peu plus d’une dizaine, des éléments les plus actifs, les plus droits et les plus capables parmi les enseignants, les employés et les élèves, cette école fonctionnera certainement mal.

«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Tous les officiers et soldats de notre armée doivent se perfectionner dans l’art militaire, avancer hardiment dans une guerre où notre victoire est certaine, et anéantir tous nos ennemis résolument, radicalement, intégralement, totalement.

«Manifeste de l’Armée populaire de Libération de Chine» (Octobre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Il faut accorder de l’importance aussi bien à l’aspect militaire qu’à l’aspect politique du programme d’instruction et de consolidation, d’une durée d’un an, qui vient de commencer, de même qu’il faut combiner les deux aspects.

Au début, on doit mettre l’accent sur l’aspect politique, en s’attachant surtout à améliorer les rapports entre officiers et soldats, à renforcer l’unité interne et à mettre en œuvre la grande ardeur des cadres et de la masse des combattants; alors seulement on pourra entreprendre sans difficultés et avec de meilleurs résultats l’instruction et la consolidation sur le plan militaire.

«Les Tâches pour 1945» (15 décembre 1944).

Quant à la méthode d’instruction, nous devons développer le mouvement de masse au cours duquel les officiers instruisent les soldats, les soldats instruisent les officiers et les soldats s’instruisent mutuellement.

«L’Orientation de notre travail dans les régions libérées pour 1946» (15 décembre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Notre mot d’ordre dans l’instruction des troupes, c’est: «les officiers instruisent les soldats, les soldats instruisent les officiers et les soldats s’instruisent mutuellement».

Les soldats ont une grande expérience pratique du combat.

Les officiers doivent apprendre auprès d’eux, et ils seront d’autant plus capables qu’ils se seront assimilé l’expérience d’autrui.

«Causerie pour les rédacteurs du Quotidien du Chansi-Soueiyuan» (2 avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

En ce qui concerne les matières d’instruction, notre but reste en premier lieu d’élever le niveau technique du tir, du combat à la baïonnette, du lancer de grenades, etc., et en second lieu d’élever le niveau de la tactique; on accordera une importance spéciale à l’entraînement pour les opérations de nuit.

«L Orientation de notre travail dans le région libérées pour 1946» (15 décembre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

XVII. SERVIR LE PEUPLE

Nous devons être modestes et prudents, nous garder de toute présomption et de toute précipitation, servir le peuple chinois de tout notre cœur, . . .

«Les Deux Destins de la Chine» (23 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Servir le peuple de tout cœur, sans nous couper un seul instant des masses; partir, en tout, des intérêts du peuple et non des intérêts de l’individu ou d’un petit groupe; identifier notre responsabilité devant le peuple avec notre responsabilité devant les organes dirigeants du Parti — voilà ce qui doit inspirer nos actes.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les organismes de l’Etat pratiquent le centralisme démocratique, ils doivent s’appuyer sur les masses populaires, et leur personnel doit servir le peuple.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

L’esprit du camarade Béthune, oubli total de soi et entier dévouement aux autres, apparaissait dans son profond sens des responsabilités à l’égard du travail et dans son affection sans bornes pour les camarades, pour le peuple.

Tout communiste doit le prendre pour exemple. Nous devons apprendre de lui ce parfait esprit d’abnégation. Ainsi, chacun pourra devenir très utile au peuple.

Qu’on soit plus ou moins capable, il suffit de posséder cet esprit pour être un homme aux sentiments nobles, intègre, un homme d’une haute moralité, détaché des intérêts mesquins, un homme utile au peuple.

«A la mémoire de Norman Béthune» (21 décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Notre Parti communiste ainsi que la VIIIe Armée de Route et la Nouvelle IVe Armée qu’il dirige sont des forces révolutionnaires, totalement dévouées à la libération du peuple et travaillant entièrement dans l’intérêt de ce dernier.

«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Chacun de nos cadres, quel que soit son rang, est un serviteur du peuple. Tout ce que nous faisons est au service du peuple, de quel défaut ne pourrions-nous donc nous débarrasser?

«Les Tâches pour 1945» (15 décembre 1944).

Notre devoir, c’est d’être responsables envers le peuple. Chacune de nos paroles, chacun de nos actes et chacune de nos mesures politiques doivent répondre aux intérêts du peuple, et si des erreurs sont commises, elles devront être corrigées; c’est ce qu’on appelle être responsable envers le peuple.

«La Situation et notre politique après la victoire dans la Guerre de Résistance contre !e Japon» (13 août 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Quand il y a lutte il y a sacrifice: la mort est chose fréquente.

Comme nous avons à cœur les intérêts du peuple, les souffrances de la grande majorité du peuple, mourir pour lui, c’est donner à notre mort toute sa signification.

Néanmoins, nous devons réduire au minimum les sacrifices inutiles.

«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Tout homme doit mourir un jour, mais toutes les morts n’ont pas la même signification.

Un écrivain de la Chine antique, Sema Tsien, disait: «Certes, les hommes sont mortels; mais certaines morts ont plus de poids que le mont Taichan, d’autres en ont moins qu’une plume.»

Mourir pour les intérêts du peuple a plus de poids que le mont Taichan, mais se dépenser au service des fascistes et mourir pour les exploiteurs et les oppresseurs a moins de poids qu’une plume.

«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

XVIII. LE PATRIOTISME ET L’INTERNATIONALISME

Le communiste, qui est internationaliste, peut-il être en même temps patriote?

Nous pensons que non seulement il le peut, mais le doit.

Ce sont les conditions historiques qui déterminent le contenu concret du patriotisme.

Il y a notre patriotisme à nous, et il y a le «patriotisme» des agresseurs japonais et celui de Hitler, auxquels les communistes doivent s’opposer résolument.

Les communistes japonais et allemands sont pour la défaite de leur propre pays dans la guerre.

Il est dans l’intérêt de leurs peuples de contribuer par tous les moyens à la défaite des agresseurs japonais et à celle de Hitler, et plus cette défaite sera complète, mieux cela vaudra. . .

Car les guerres entreprises par les agresseurs japonais et par Hitler sont aussi funestes pour les peuples du Japon et de l’Allemagne que pour les peuples du monde. Il en va autrement de la Chine, qui est victime de l’agression.

C’est pourquoi les communistes chinois doivent unir le patriotisme à l’internationalisme.

Nous sommes à la fois des internationalistes et des patriotes, et notre mot d’ordre est de combattre l’envahisseur pour défendre la patrie.

Pour nous, le défaitisme est un crime, et la lutte pour la victoire dans la Guerre de Résistance est un devoir auquel nous ne pouvons nous soustraire.

Car seul le combat pour la défense de la patrie permet de vaincre les agresseurs et de libérer la nation.

Et cette libération seule rend possible l’émancipation du prolétariat et de tout le peuple laborieux.

La victoire de la Chine sur ses agresseurs impérialistes aidera les peuples des autres pays.

Dans la guerre de libération nationale, le patriotisme est donc une application de l’internationalisme.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Voilà donc un étranger qui, sans être poussé par aucun intérêt personnel, a fait sienne la cause de la libération du peuple chinois.

Quel est l’esprit qui l’a inspiré?

C’est l’esprit de l’internationalisme, du communisme, celui que tout communiste chinois doit s’assimiler. . .

Il nous faut nous unir au prolétariat de tous les pays capitalistes, au prolétariat du Japon, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de l’Allemagne, de l’Italie et de tout autre pays capitaliste, pour qu’il soit possible d’abattre l’impérialisme, de parvenir à la libération de notre nation et de notre peuple, des nations et des peuples du monde entier.

Tel est notre internationalisme, celui que nous opposons au nationalisme et au patriotisme étroits.

«A la mémoire de Norman Béthune» (21 décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Pour parvenir à l’émancipation complète, les peuples opprimés doivent compter d’abord sur leur propre lutte, et ensuite seulement sur l’aide internationale.

Les peuples dont la révolution a triomphé doivent aider ceux qui luttent pour leur libération.

C’est là notre devoir internationaliste.

Entretien avec des amis africains (8 août 1963).

Les Etats socialistes appartiennent à un type tout à fait nouveau; les classes exploiteuses y ont été renversées et le peuple travailleur y a pris le pouvoir.

Dans les relations entre ces Etats, c’est le principe de l’union de l’internationalisme avec le patriotisme qui est appliqué. Nous sommes étroitement liés par des intérêts et un idéal communs.

«Intervention à la réunion du Soviet suprême de l’U.R.S.S. pour la célébration du 40ème anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre» (6 novembre 1957).

Les peuples du camp socialiste doivent s’unir, ceux des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine doivent s’unir, les peuples de tous les continents doivent s’unir, tous les pays épris de paix comme tous les pays victimes de l’agression, de la mainmise, de l’intervention et des vexations des Etats-Unis doivent s’unir, afin de former le front uni le plus large contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et pour la défense de la paix mondiale.

«Déclaration pour soutenir la juste lutte patriotique du peuple panamien contre l’impérialisme américain» (12 janvier 1964).

Les choses se développent sans cesse.

Quarante-cinq ans seulement se sont écoulés depuis la Révolution de 1911, et aujourd’hui l’aspect de la Chine est totalement différent.

Encore quarante-cinq ans, et en l’an 2001, qui marquera l’entrée dans le XXIe siècle, la Chine aura vu de nouveaux et plus importants changements.

Elle sera devenue un puissant pays socialiste industrialisé.

Et il le faut bien, car, avec sa superficie de 9.600.000 kilomètres carrés et ses 600 millions d’habitants, la Chine se doit d’apporter une plus grande contribution à l’humanité.

Notre contribution, pendant longtemps, a été bien minime, et cela est regrettable.

Nous devons pourtant être modestes. Pas seulement maintenant, mais encore dans quarante-cinq ans, et toujours.

Dans les relations internationales, nous autres Chinois devons liquider le chauvinisme de grande puissance, résolument, radicalement, intégralement, totalement.

«A la mémoire du Dr Sun Yatsen» (Novembre 1956).

Gardons-nous de jamais nourrir le moindre orgueil inspiré par le chauvinisme de grande puissance, et de jamais devenir présomptueux par suite de notre triomphe dans la révolution et de certains succès obtenus dans le domaine de l’édification. Grande ou petite, toute nation a ses points forts et ses points faibles.

«Allocution d’ouverture au VIIIe Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).

XIX. L’HEROÏSME RÉVOLUTIONNAIRE

Cette armée va toujours de l’avant, in- trépide et décidée à triompher de n’importe quel ennemi. Jamais elle ne se laissera soumettre.

Quelles que soient les circonstances, et aussi difficiles qu’elles puissent être, elle se battra jusqu’au dernier homme.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Mettre pleinement en œuvre notre style de combat — bravoure, esprit de sacrifice, mépris de la fatigue et ténacité dans les combats continus (engagements successifs livrés en un court laps de temps et sans prendre de repos).

«La Situation actuelle et nos tâches» (25 décembre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Des milliers et des milliers de martyrs ont donné héroïquement leur vie pour le peuple. Levons haut leur drapeau, avançons sur la voie que leur sang nous a tracée!

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

S’armer de résolution, ne reculer devant aucun sacrifice et surmonter toutes les difficultés pour remporter la victoire.

«Comment Yukong déplaça les montagnes» (11 juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Au moment décisif où l’Expédition du Nord était en plein développement, le front uni national du Kuomintang, du Parti communiste et du peuple de tous les milieux, qui représentait la cause de la libération du peuple chinois, de même que tous ses principes politiques révolutionnaires furent détruits par la politique antipopulaire de trahison que poursuivaient les autorités du Kuomintang, politique d’«épuration du Parti» et de répression sanglante. . . .

Dès lors, à l’union se substitua la guerre civile, à la démocratie la dictature, à une Chine radieuse une Chine enveloppée de ténèbres.

Mais le Parti communiste et le peuple chinois ne se laissèrent ni effrayer, ni soumettre, ni exterminer. Ils se relevèrent, essuyèrent le sang, ensevelirent les camarades tombés au combat et poursuivirent la lutte. Levant haut le grand drapeau de la révolution, ils entreprirent de résister par les armes.

Dans de vastes régions de la Chine, ils instaurèrent le pouvoir du peuple, procédèrent à la réforme du système agraire, créèrent une armée populaire, l’Armée rouge chinoise; ils conservèrent ainsi puis développèrent les forces révolutionnaires du peuple chinois.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Vous avez beaucoup de qualités, vous avez rendu des services méritoires, mais gardez-vous de toute présomption.

Vous avez l’estime de tous, et à juste titre, mais c’est précisément ce qui mène facilement à la présomption.

Si vous devenez orgueilleux — si vous manquez de modestie, si vous ne faites plus d’efforts, si vous ne respectez pas les autres, si vous ne respectez pas les cadres et les masses — , vous cesserez d’être des héros du travail et des travailleurs modèles.

De tels cas se sont présentés dans le passé, et j’espère que vous ne suivrez pas cette voie.

«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Dans la lutte pour liquider l’ennemi, pour relever et développer la production industrielle et agricole, vous avez surmonté beaucoup de difficultés, en montrant un courage, une sagesse et un enthousiasme admirables.

Vous êtes des modèles pour la nation chinoise tout entière, l’élite qui fait progresser victorieusement la cause du peuple dans les différents domaines, un sûr soutien du gouvernement populaire et un pont qui le relie aux larges masses.

Message de félicitations adressé au nom du Comité central du Parti communiste chinois à la Conférence nationale des Représentants des Héros de Combat et des Travailleurs modèles (25 septembre 1950).

Nous qui formons la nation chinoise, nous sommes prêts à combattre l’ennemi jusqu’à la dernière goutte de notre sang, nous sommes résolus à recouvrer par nos propres efforts ce que nous avons perdu et nous sommes capables de tenir notre place parmi les nations.

«La Tactique de la lutte contre l’impérialisme japonais» (27 décembre 1935), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

XX. ÉDIFIER LE PAYS AVEC DILIGENCE ET ÉCONOMIE

II faut que les cadres et le peuple aient toujours présent à l’esprit que la Chine est un grand pays socialiste, et en même temps un pays pauvre, économiquement arriéré — c’est là une grande contradiction. Pour que notre pays devienne prospère et puissant, plusieurs dizaines d’années d’efforts opiniâtres sont nécessaires, et parmi ces efforts, l’application d’une politique de diligence et d’économie dans l’édification du pays, politique qui implique une stricte économie et la lutte contre le gaspillage.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

La diligence et l’économie doivent être partout observées, dans la gestion des usines, des magasins, des entreprises d’Etat et coopératives, comme dans tout autre travail.

C’est le principe de stricte économie, un des principes fondamentaux de l’économie socialiste.

La Chine est un grand pays, très pauvre encore cependant, et il lui faudra plusieurs décennies pour devenir prospère. Et même alors, le principe de diligence et d’économie devra toujours être appliqué.

C’est durant ces quelques dizaines d’années, et les quelques quinquennats à venir, qu’il faudra particulièrement préconiser la diligence et l’économie et surtout pratiquer une stricte économie.

Note sur l’article: «Etre diligent et économe dans la gestion des coopératives» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

En tout lieu, nous devons faire le meilleur usage de nos ressources humaines et matérielles; nous ne devons en aucun cas penser seulement au moment présent et nous laisser aller à la prodigalité et au gaspillage.

Partout où nous nous trouverons, il faudra, dès la première année, établir nos calculs en fonction de nombreuses années à venir, en tenant compte de la longue guerre que nous avons à soutenir, de la contre-offensive qui interviendra, ainsi que du travail de reconstruction après l’expulsion de l’ennemi.

Gardons-nous de la prodigalité et du gaspillage, tout en développant activement la production.

Dans le passé, certaines régions ont payé très cher pour avoir manqué de prévoyance, pour avoir négligé d’économiser les ressources humaines et matérielles et de développer la production.

La leçon est là et elle doit retenir notre attention.

«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

En vue de relever et de développer rapidement la production agricole ainsi que la production industrielle dans les bourgs, nous devons, au cours de notre lutte pour la liquidation du système féodal, faire tous nos efforts pour préserver autant que possible tous les moyens de production et biens de consommation utilisables, en prenant des mesures énergiques contre quiconque les détruit ou les gaspille, en nous opposant aux ripailles et beuveries et en veillant à une stricte économie.

«Discours prononcé à une conférence des cadres de la région libérée du Chansi-Soueiyuan» (1er avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

En ce qui concerne nos dépenses budgétaires, nous devons avoir pour principe l’économie. Il faut que tout le personnel des organismes gouvernementaux comprenne que la corruption et le gaspillage sont des crimes extrêmement graves.

La lutte contre ces maux a déjà donné certains résultats, mais il est indispensable de poursuivre l’effort. Economiser chaque sou pour les besoins de la guerre et de la révolution, pour l’édification de notre économie, tel doit être le principe de notre comptabilité.

«Notre politique économique» (23 janvier 1934), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Chez beaucoup de nos cadres se développent des tendances dangereuses, qui se manifestent par leur répugnance à partager avec les masses les joies et les peines et par leur souci de renom et de profits personnels.

C’est très mauvais.

Au cours du mouvement pour l’accroissement de la production et la réalisation d’économies, nous devons simplifier nos organismes et transférer des cadres aux échelons inférieurs, pour qu’un grand nombre de nos cadres retournent à la production; c’est l’une des méthodes pour surmonter ces dangereuses tendances.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

La production par laquelle l’armée subvient à ses besoins non seulement améliore ses conditions d’existence, allège la charge du peuple et permet ainsi d’accroître les effectifs, mais apporte une série d’autres avantages immédiats, à savoir:

1) L’amélioration des relations entre officiers et soldats. Travaillant côte à côte dans la production, ils s’entendent comme des frères.

2) Le renforcement de l’amour du travail. . . . Depuis que l’armée s’occupe de production pour subvenir elle-même à ses besoins, l’amour du travail s’y est accru et les mauvaises habitudes propres aux fainéants ont été éliminées.

3) Le renforcement de la discipline. La discipline du travail dans l’activité productrice n’affaiblit pas la discipline des soldats pendant les combats et dans leur vie quotidienne, mais au contraire la renforce.

4) L’amélioration des relations entre l’armée et le peuple. Dans la mesure où les troupes ont leurs propres exploitations, on voit diminuer, ou même disparaître complètement, les atteintes aux biens du peuple.

Ce dernier et l’armée s’aident mutuellement dans la production, ce qui renforce encore leur amitié.

5) Les troupes manifestent plus rarement du mécontentement envers les organes du pouvoir, et ainsi leurs relations s’améliorent.

6) Le grand mouvement de la population civile pour le développement de la production se trouve stimulé. Quand l’armée s’occupe elle-même de production, les divers organismes voient plus clairement la nécessité d’en faire autant et s’y consacrent avec plus d’énergie; bien entendu, la population civile voit mieux elle aussi, de ce fait, la nécessité du mouvement général pour le développement de la production et se met à la tache avec plus d’énergie.

«De la production par l’armée des biens nécessaires à ses besoins et de l’importance des deux grands mouvements pour la rectification du style de travail et pour le développement de la production» (27 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

D’aucuns prétendent que si les troupes participent à la production, elles ne pourront plus combattre ni s’entraîner, que si les organismes prennent part à la production, ils ne pourront plus accomplir leur propre travail.

Cette assertion est fausse. Au cours des dernières années, nos troupes de la Région frontière, en se livrant à une large activité productrice, ont satisfait amplement à leurs besoins en nourriture et en habillement; parallèlement, elles se sont consacrées avec encore plus de succès à l’entraînement ainsi qu’à l’étude politique et à l’acquisition de connaissances générales, et l’unité au sein de l’armée comme celle entre l’armée et le peuple se sont encore renforcées.

Dans les régions du front, alors qu’un vaste mouvement de production a été entrepris l’année dernière, de grands succès ont également été obtenus sur le plan des opérations militaires, et l’on a commencé partout le mouvement pour l’instruction des troupes.

Grâce à son activité productrice, le personnel des divers organismes vit dans de meilleures conditions; on a l’esprit plus tranquille et le travail gagne en efficacité; cela est vrai aussi bien pour la Région frontière que pour les régions du front.

«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

XXI. COMPTER SUR SES PROPRES FORCES ET LUTTER AVEC ENDURANCE

Sur quelle base notre politique doit-elle reposer? Sur notre propre force; c’est ce qui s’appelle compter sur ses propres forces. Certes, nous ne sommes pas seuls, tous les pays et tous les peuples du monde en lutte contre l’impérialisme sont nos amis.

Cependant, nous insistons sur la nécessité de compter sur nos propres forces. En nous appuyant sur les forces que nous avons nous-mêmes organisées, nous pouvons vaincre tous les réactionnaires chinois et étrangers.

«La Situation et notre politique après la victoire dans la Guerre de Résistance contre le Japon» (13 août 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Nous soutenons qu’il nous faut compter sur nos propres forces. Nous espérons recevoir une aide extérieure, mais nous ne devons pas en dépendre; nous comptons sur nos propres efforts, sur la force créatrice de toute notre armée et de toute notre population.

«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La conquête de la victoire dans tout le pays n’est que le premier pas d’une longue marche de dix mille lis. … La révolution chinoise est une grande révolution, mais après sa victoire la route à parcourir sera bien plus longue, notre tâche plus grandiose et plus ardue.

C’est un point qu’il faut élucider dès à présent dans le Parti, pour que les camarades restent modestes, prudents, qu’ils ne soient ni présomptueux ni irréfléchis dans leur style de travail, et qu’ils persévèrent dans leur style de vie simple et de lutte ardue.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Nous devons débarrasser complètement nos cadres de l’idée que nous pourrons remporter des victoires faciles grâce à des hasards heureux, sans avoir à lutter durement et à les payes: de notre sueur et de notre sang.

«Etablir de solides bases d’appui dans le Nord-Est» (28 décembre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Afin d’aider le peuple à prendre confiance en la victoire, nous devons constamment lui faire connaître les progrès du monde et son avenir lumineux.

En même temps, nous devons dire au peuple et à nos1 camarades que notre chemin sera sinueux.

Il y a encore beaucoup d’obstacles et de difficultés sur le chemin de la révolution.

Le VIIème Congrès de notre Parti a envisagé les nombreuses difficultés que nous rencontrerions.

Nous préférons les supposer plus nombreuses qu’elles ne sont.

Certains camarades aiment mieux ne pas y penser sérieusement.

Mais elles sont une réalité; nous devons reconnaître autant de difficultés qu’il y en a et nous garder d’adopter à leur égard une attitude de «non-reconnaissance».

Il faut les reconnaître, les analyser et les combattre. Il n’y a pas de routes droites dans le monde; nous devons être prêts à suivre une route tortueuse, sans essayer d’obtenir les choses à peu de frais.

II ne faut pas s’imaginer qu’un beau matin tous les réactionnaires tomberont à genoux de leur propre mouvement.

En un mot, l’avenir est radieux, mais notre chemin est tortueux. Nous avons encore devant nous beaucoup de difficultés qu’il ne faut pas négliger. En nous unissant avec le peuple tout entier dans un effort commun, nous pourrons certainement les surmonter toutes et parvenir à la victoire.

«Sur les négociations de Tchong-king» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Celui qui ne voit que le côté radieux des choses et non les difficultés ne pourra lutter avec succès pour l’accomplissement des tâches du Parti.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les richesses de la société sont créées par les ouvriers, les paysans et les intellectuels-travailleurs. S’ils prennent en main leur propre destinée, suivent une ligne marxiste-léniniste et s’appliquent à résoudre activement les problèmes, au lieu de les éluder, ils pourront toujours venir à bout de n’importe quelle difficulté dans le monde.

Note sur l’article: «Le secrétaire du Parti prend la tâche en main et tous les membres du Parti participent à l’établissement des coopératives» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Les camarades du Parti doivent tenir pleinement compte de toutes les difficultés et être prêts à les surmonter systématiquement avec une volonté indomptable.

Les forces réactionnaires ont leurs difficultés, et nous avons les nôtres. Mais celles des forces réactionnaires sont insurmontables, parce que ces forces s’acheminent vers la mort, sans aucune perspective d’avenir. Les nôtres peuvent être surmontées, parce que nous sommes des forces jeunes et montantes ayant un avenir lumineux.

«Pour saluer le nouvel essor de la révolution chinoise» (Ier février 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Que nos camarades, dans les moments difficiles, ne perdent pas de vue nos succès, qu’ils discernent notre avenir lumineux et redoublent de courage.

«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

C’est à travers les difficultés et les vicissitudes que grandit le nouveau. Ce serait une pure illusion de croire que sur la voie du socialisme on peut éviter les difficultés et les détours, qu’on peut se passer de faire le maximum d’efforts, qu’il suffit de se laisser pousser par le vent et que le succès vient facilement.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

A certains moments de la lutte révolutionnaire, les difficultés l’emportent sur les conditions favorables; en ce cas, les difficultés constituent l’aspect principal de la contradiction et les conditions favorables l’aspect secondaire.

Néanmoins, les révolutionnaires réussissent par leurs efforts à surmonter progressivement les difficultés, à créer des conditions nouvelles, favorables; alors la situation défavorable cède la place à une situation favorable.

«De la contradiction» (Août 1957), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Qu’est-ce que travailler? Travailler, c’est lutter. Il y a là-bas des difficultés et des problèmes qu’il nous incombe de résoudre.

C’est pour vaincre ces difficultés que nous y allons travailler et lutter. Un bon camarade est celui qui tient d’autant plus à aller dans un endroit que les difficultés y sont plus grandes.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Dans la Chine antique, il y avait une fable intitulée «Comment Yukong déplaça les montagnes».

On y raconte qu’il était une fois, en Chine septentrionale, un vieillard appelé Yukong des Montagnes du Nord.

Sa maison donnait, au sud, sur deux grandes montagnes, le Taihang et le Wang-wou, qui en barraient les abords. Yukong décida d’enlever, avec l’aide de ses fils, ces deux montagnes à coups de pioche.

Un autre vieillard, nommé Tcheseou, les voyant à l’œuvre, éclata de rire et leur dit: «Quelle sottise faites-vous là! Vous n’arriverez jamais, à vous seuls, à enlever ces deux montagnes!»

Yukong lui répondit: «Quand je mourrai, il y aura mes fils; quand ils mourront à leur tour, il y aura les petits-enfants, ainsi les générations se succéderont sans fin.

Si hautes que soient ces montagnes, elles ne pourront plus grandir; à chaque coup de pioche, elles diminueront d’autant; pourquoi donc ne parviendrions-nous pas à les aplanir?»

Après avoir ainsi réfuté les vues erronées de Tcheseou, Yukong, inébranlable, continua de piocher, jour après jour.

Le Ciel en fut ému et envoya sur terre deux génies célestes, qui emportèrent ces montagnes sur leur dos.

Aujourd’hui, il y a également deux grosses montagnes qui pèsent lourdement sur le peuple chinois: l’une est l’impérialisme, l’autre le féodalisme.

Le Parti communiste chinois a décidé depuis longtemps de les enlever.

Nous devons persévérer dans notre tâche et y travailler sans relâche, nous aussi nous arriverons à émouvoir le Ciel.

Notre Ciel à nous n’est autre que la masse du peuple chinois.

Si elle se dresse tout entière pour enlever avec nous ces deux montagnes, comment ne pourrions-nous pas les aplanir?

«Comment Yukong déplaça les montagnes» (11 juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

XXII. MÉTHODES DE PENSÉE ET DE TRAVAIL

L’histoire de l’humanité est un mouvement constant du règne de la nécessité vers îe règne de la liberté. Le processus est sans fin.

Dans une société où subsistent des classes, la lutte de classes ne saurait avoir de fin; et la lutte entre le nouveau et l’ancien, entre le vrai et le faux dans la société sans classes se poursuivra indéfiniment.

Dans les domaines de la lutte pour la production et de l’expérimentation scientifique, l’humanité ne cessera jamais de progresser et la nature de se développer, jamais elles ne s’arrêteront à un certain niveau.

Aussi l’homme doit-il constamment faire le bilan de son expérience, découvrir, inventer, créer et progresser. Les points de vue inspirés par l’immobilisme, le pessimisme, le sentiment d’impuissance, l’orgueil et la présomption sont erronés.

Et cela parce qu’ils ne correspondent pas à la réalité historique du développement de la société humaine depuis environ un million d’années, ni à la réalité historique de la nature portée jusqu’à présent à notre connaissance (par exemple la nature telle qu’elle est reflétée par l’histoire des corps célestes, de la Terre, de la vie et des autres sciences de la nature).

Cité dans le «Rapport sur les travaux du gouvernement présenté par le premier ministre Chou En-laï à la première session de la IIIème Assemblée populaire nationale» (21-22 décembre 1964).

Les hommes se servent des sciences de la nature comme d’une arme dans leur lutte pour la liberté.

En vue de conquérir leur liberté sur le plan social, ils se servent des sciences sociales pour comprendre la société, la transformer et entreprendre la révolution sociale.

En vue de conquérir leur liberté dans la nature, ils se servent des sciences de la nature pour l’étudier, la dompter et la transformer, et obtiendront leur liberté de la nature même.

Allocution à la cérémonie de la fondation de la Société d’Etudes sur les Sciences de la Nature de la Région frontière (5 février 1940).

La philosophie marxiste — le matérialisme dialectique — a deux particularités évidentes.

La première, c’est son caractère de classe: elle affirme ouvertement que le matérialisme dialectique sert le prolétariat; la seconde, c’est son caractère pratique: elle met l’accent sur le fait que la théorie dépend de la pratique, que la théorie se fonde sur la pratique et, à son tour, sert la pratique.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La philosophie marxiste estime que l’essentiel, ce n’est pas de comprendre les lois du monde objectif pour être en état de l’expliquer, mais c’est d’utiliser la connaissance de ces lois pour transformer activement le monde.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

D’où viennent les idées justes?

Tombent-elles du ciel? Non.

Sont-elles innées? Non.

Elles ne peuvent venir que de la pratique sociale, de trois sortes de pratique sociale: la lutte pour la production, la lutte de classes et l’expérimentation scientifique.

«D’où viennent les idées justes?» (Mai 1963).

L’existence sociale des hommes détermine leur pensée. Et les idées justes qui sont le propre d’une classe d’avant-garde deviennent, dès qu’elles pénètrent les masses, une force matérielle capable de transformer la société et le monde.

«D’où viennent les idées justes?» (Mai 1963).

Engagés dans des luttes diverses au cours de leur pratique sociale, les hommes acquièrent une riche expérience, qu’ils tirent de leurs succès comme de leurs revers.

D’innombrables phénomènes du monde extérieur objectif sont reflétés dans le cerveau par le canal des cinq organes des sens — la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher; ainsi se constitue, au début, la connaissance sensible.

Quand ces données sensibles se sont suffisamment accumulées, il se produit un bond par lequel elles se transforment en connaissance rationnelle, c’est-à-dire en idées.

C’est là un processus de la connaissance.

C’est le premier degré du processus général de la connaissance, le degré du passage de la matière, qui est objective, à l’esprit, qui est subjectif, de l’être à la pensée.

A ce degré, il n’est pas encore prouvé que l’esprit ou la pensée (donc les théories, la politique, les plans, les moyens d’action envisagés) reflètent correctement les lois du monde objectif; il n’est pas encore possible de déterminer s’ils sont justes ou non.

Vient ensuite le second degré du processus de la connaissance, le degré du passage de l’esprit à la matière, de la pensée à l’être: il s’agit alors d’appliquer dans la pratique sociale la connaissance acquise au cours du premier degré, pour voir si ces théories, politique, plans, moyens d’action, etc. produisent les résultats attendus.

En général, est juste ce qui réussit, est faux ce qui échoue; cela est vrai surtout de la lutte des hommes contre la nature.

Dans la lutte sociale, les forces qui représentent la classe d’avant-garde subissent parfois des revers, non qu’elles aient des idées fausses, mais parce que, dans le rapport des forces qui s’affrontent, elles sont temporairement moins puissantes que les forces de la réaction; de là viennent leurs échecs provisoires, mais elles finissent toujours par triompher.

En passant par le creuset de la pratique, la connaissance humaine fait donc un autre bond, d’une plus grande signification encore que le précédent.

Seul, en effet, ce bond permet d’éprouver la valeur du premier, c’est-à-dire de s’assurer si les idées, théories, politique, plans, moyens d’action, etc. élaborés au cours du processus de réflexion du monde objectif sont justes ou faux; il n’y a pas d’autre moyen de faire l’épreuve de la vérité.

«D’où viennent les idées justes?» (Mai 1963).

Pour que s’achève le mouvement qui conduit à une connaissance juste, il faut souvent mainte répétition du processus consistant à passer de la matière à l’esprit, puis de l’esprit à la matière, c’est-à-dire de la pratique à la connaissance, puis de la connaissance à la pratique.

Telle est la théorie marxiste de la connaissance, la théorie matérialiste-dialectique de la connaissance.

«D’où viennent les idées justes?» (Mai 1963).

Quiconque veut connaître un phénomène ne peut y arriver sans se mettre en contact avec lui, c’est-à-dire sans vivre (se livrer à la pratique) dans le milieu même de ce phénomène.

… Si l’on veut acquérir des connaissances, il faut prendre part à la pratique qui transforme la réalité.

Si l’on veut connaître le goût d’une poire, il faut la transformer: en la goûtant.

… Si l’on veut connaître la théorie et les méthodes de la révolution, il faut prendre part à la révolution.

Toutes les connaissances authentiques sont issues de l’expérience immédiate.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La connaissance commence avec la pratique; quand on a acquis par la pratique des connaissances théoriques, on doit encore retourner à la pratique.

Le rôle actif de la connaissance ne s’exprime pas seulement dans le bond actif de la connaissance sensible à la connaissance rationnelle, mais encore, ce qui est plus important, il doit s’exprimer dans le bond de la connaissance rationnelle à la pratique révolutionnaire.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Personne n’ignore que, quelle que soit la chose qu’on entreprenne, on ne peut connaître les lois qui la régissent, on ne sait comment la réaliser et on n’arrive à la mener à bien que si l’on en comprend les conditions, le caractère et les rapports avec les autres choses.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Si l’on veut obtenir des succès dans son travail, c’est-à-dire arriver aux résultats attendus, on doit faire en sorte que ses idées correspondent aux lois du monde extérieur objectif; si tel n’est pas le cas, on échoue dans la pratique.

Après avoir subi un échec, on en tire la leçon, on modifie ses idées de façon à les faire correspondre aux lois du monde extérieur et on peut ainsi transformer l’échec en succès; c’est ce qu’expriment les maximes: «La défaite est la mère du succès» et «Chaque insuccès nous rend plus avisés».

«De la pratique» (Juillet I937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Nous sommes des marxistes, et le marxisme nous enseigne que, pour aborder un problème, il faut partir non des définitions abstraites, mais des faits objectifs, et déterminer au moyen de l’analyse de ces faits notre orientation, notre politique, nos méthodes.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La méthode de travail fondamentale, qui doit être ancrée dans l’esprit de tout communiste, c’est de déterminer la ligne à suivre d’après les conditions réelles.

L’examen des erreurs commises montre qu’elles sont toutes dues au fait que nous nous sommes écartés de la réalité à un moment et en un lieu donnés, et que nous avons déterminé de façon subjective la ligne à suivre pour notre travail.

«Discours prononcé à une conférence des cadres de la région libérée du Chansi-Soueiyuan» (Ier avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Rien de plus commode au monde que l’attitude idéaliste et métaphysique, car elle permet de débiter n’importe quoi, sans tenir compte de la réalité objective et sans se soumettre au contrôle de celle-ci.

Au contraire, le matérialisme et la dialectique exigent des efforts; ils veulent que l’on parte de la réalité objective, que l’on se soumette à son contrôle. Si l’on ne fait pas d’effort, on risque de glisser dans l’idéalisme et métaphysique.

Note sur les «Documents à propos du groupe contre-révolutionnaire de Hou Feng» (Mai 1955).

Nous devons saisir chaque chose dans sa substance même et ne considérer les manifestations extérieures que comme un chemin menant à la porte dont il faut franchir le seuil pour pénétrer vraiment la substance de cette chose.

C’est là la seule méthode d’analyse qui soit sûre et scientifique.

«Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine» (5 janvier 1950), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La cause fondamentale du développement des choses et des phénomènes n’est pas externe, mais interne; elle se trouve dans les contradictions internes des choses et des phénomènes eux-mêmes.

Toute chose, tout phénomène implique ces contradictions d’où procèdent son mouvement et son développement.

Ces contradictions, inhérentes aux choses et aux phénomènes, sont la cause fondamentale de leur développement, alors que leur liaison mutuelle et leur action réciproque n’en constituent que les causes secondes.

«De la contradiction» (Août 1957), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La dialectique matérialiste considère que les causes externes constituent la condition des changements, que les causes internes en sont la base, et que les causes externes opèrent par l’intermédiaire des causes internes.

L’œuf qui a reçu une quantité appropriée de chaleur se transforme en poussin, mais la chaleur ne peut transformer une pierre en poussin, car leurs bases sont différentes.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La philosophie marxiste considère que la loi de l’unité des contraires est la loi fondamentale de l’univers. Cette loi agit universellement aussi bien dans la nature que dans la société humaine et dans la pensée des hommes.

Entre les aspects opposés de la contradiction, il y a à la fois unité et lutte, c’est cela même qui pousse les choses et les phénomènes à se mouvoir et à changer.

L’existence des contradictions est universelle, mais elles revêtent un caractère différent selon le caractère des choses et des phénomènes.

Pour chaque chose ou phénomène concret, l’unité des contraires est conditionnée, passagère, transitoire et, pour cette raison, relative, alors que la lutte des contraires est absolue.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

La méthode analytique, c’est la méthode dialectique. Par analyse, on entend l’analyse des contradictions inhérentes aux choses et aux phénomènes.

Sans bien connaître la réalité de la vie, sans comprendre véritablement les contradictions dont il s’agit, il est impossible de faire une analyse judicieuse.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

L’analyse concrète d’une situation concrète, a dit Lénine, est «la substance même, l’âme vivante du marxisme».

Beaucoup de nos camarades, à qui l’esprit analytique fait défaut, ne cherchent pas à analyser et à étudier les questions complexes, de façon répétée et approfondie, mais préfèrent tirer des conclusions simplistes, absolument affirmatives ou absolument négatives.

… Il faut désormais remédier à cet état de choses.

«Notre étude et la situation actuelle» (12 avril 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La façon dont ces camarades envisagent les choses n’est pas juste. Ils ne considèrent pas l’essence du problème, l’aspect dominant, et insistent sur des questions non essentielles, secondaires.

Je ne dis pas que celles-ci doivent être négligées; il faut les résoudre une à une.

Mais nous ne devons pas les confondre avec l’essence du problème, l’aspect dominant, sous peine de perdre notre orientation.

«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

En ce monde, les choses sont complexes et beaucoup de facteurs les déterminent. Il nous faut examiner un problème sous ses différents aspects, et non sous un seul.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Seuls les gens qui ont une vue subjective, unilatérale et superficielle des problèmes se mêlent de donner présomptueusement des ordres ou des instructions dès qu’ils arrivent dans un endroit nouveau, sans s’informer de l’état de la situation, sans chercher à voir les choses dans leur ensemble (leur histoire et leur état présent considéré comme un tout) ni à en pénétrer l’essence même (leur caractère et leur liaison interne); il est inévitable que de telles gens trébuchent. ,

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Dans l’étude d’une question, il faut se garder d’être subjectif, d’en faire un examen unilatéral et d’être superficiel.

Etre subjectif, c’est ne pas savoir envisager une question objectivement, c’est-à-dire d’un point de vue matérialiste.

J’en ai déjà parlé dans «De la pratique».

L’examen unilatéral consiste à ne pas savoir envisager les questions sous tous leurs aspects, . . . ou encore à voir la partie et non le tout, à voir les arbres et non la forêt.

Si l’on procède ainsi, il est impossible de trouver la méthode pour résoudre les contradictions, impossible de s’acquitter des tâches de la révolution, impossible de mener à bien le travail qu’on fait, impossible de développer correctement la lutte idéologique dans le Parti.

Quand Souentse, traitant de l’art militaire, disait: «Connais ton adversaire et connais-toi toi-même, et tu pourras sans risque livrer cent batailles», il parlait des deux parties belligérantes.

Wei Tcheng, sous la dynastie des Tang, comprenait lui aussi l’erreur d’un examen unilatéral lorsqu’il disait: «Qui écoute les deux côtés aura l’esprit éclairé, qui n’écoute qu’un côté restera dans les ténèbres.»

Mais nos camarades voient souvent les problèmes d’une manière unilatérale et, de ce fait, il leur arrive souvent d’avoir des anicroches. . .

Lénine dit: «Pour connaître réellement un objet, il faut embrasser et étudier tous ses aspects, toutes ses liaisons et «médiations».

Nous n’y arriverons jamais intégralement, mais la nécessité de considérer tous les aspects nous garde des erreurs et de l’engourdissement.»

Nous devons retenir ses paroles.

Etre superficiel, c’est ne pas tenir compte des particularités des contradictions dans leur ensemble, ni des particularités des deux aspects de chaque contradiction, nier la nécessité d’aller au fond des choses et d’étudier minutieusement les particularités de la contradiction, se contenter de regarder de loin et, après une observation approximative de quelques traits superficiels de la contradiction, essayer immédiatement de la résoudre (de répondre à une question, de trancher un différend, de régler une affaire, de diriger une opération militaire).

Une telle manière de procéder entraîne toujours des conséquences fâcheuses. . . .

Envisager les choses d’une manière unilatérale et superficielle, c’est encore du subjectivisme, car, dans leur être objectif, les choses sont en fait liées les unes aux autres et possèdent des lois internes; or, il est des gens qui, au lieu de refléter les choses telles qu’elles sont, les considèrent d’une manière unilatérale ou superficielle, sans connaître leur liaison mutuelle ni leurs lois internes; une telle méthode est donc subjective.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Regarder un seul côté des choses, c’est penser dans l’absolu, c’est envisager les problèmes métaphysiquement. Quand il s’agit d’apprécier notre travail, c’est faire preuve d’une vue unilatérale que de l’approuver entièrement comme de le condamner en bloc. . . .

Tout approuver, c’est voir seulement le bon côté et non le mauvais, c’est admettre seulement les louanges et non les critiques. Prétendre que tout va bien dans notre travail ne correspond pas à la réalité.

En effet, tout ne marche pas à souhait, et il existe encore des insuffisances et des erreurs.

Mais que tout aille mal ne correspond pas non plus à la réalité.

Une analyse est donc nécessaire. Tout condamner, c’est considérer, sans esprit d’analyse, que tout est mal fait, que rien ne mérite d’être loué dans une œuvre aussi grandiose que l’édification socialiste, dans cette grande lutte menée par plusieurs centaines de millions d’hommes, et que tout n’y serait que gâchis.

Il ne faut certes pas confondre les nombreux partisans de ces vues avec les éléments hostiles au régime socialiste, néanmoins leurs vues sont tout à fait fausses et nuisibles, elles ne peuvent que nous décourager.

Pour juger notre travail, l’approbation exclusive est aussi fausse que la négation exclusive.

«Intervention à  la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

En examinant une question, le marxiste doit voir le tout aussi bien que les parties. Une grenouille, dans un puits, disait que «le ciel n’est pas plus grand que la bouche du puits».

Cela est inexact, puisque le ciel n’est pas limité aux dimensions de la bouche du puits.

Si elle avait dit «une partie du ciel est de la dimension de la bouche du puits», elle aurait dit vrai, parce que cela est conforme à la réalité.

«La Tactique de la lutte contre l’impérialisme japonais» (27 décembre I935), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Nous devons apprendre à examiner les problèmes sous tous leurs aspects, à voir non seulement la face mais aussi le revers des choses et des phénomènes.

Dans des conditions déterminées, quelque chose de mauvais peut produire de bons résultats et, à son tour, quelque chose de bon peut en produire de mauvais.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Tout en reconnaissant que dans le cours général du développement historique le matériel détermine le spirituel, l’être social détermine la conscience sociale, nous reconnaissons et devons reconnaître l’action en retour du spirituel sur le matériel, de la conscience sociale sur l’être social, de la superstructure sur la base économique.

Ce faisant, nous ne contredisons pas le matérialisme, mais, évitant de tomber dans le matérialisme mécaniste, nous nous en tenons fermement au matérialisme dialectique.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Ceux qui dirigent la guerre ne peuvent s’attendre à remporter la victoire en sortant du cadre défini par les conditions objectives, mais ils peuvent et ils doivent s’efforcer de remporter la victoire, par leur action consciente, dans ce cadre même.

La scène où se déroulent leurs activités est bâtie sur ce qui est permis par les conditions objectives, mais ils peuvent, sur cette scène, conduire des actions magnifiques, d’une grandeur épique.

«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les idées des hommes doivent s’adapter aux changements de circonstances. Bien entendu, nul ne doit donner libre cours à des idées sans fondement, élaborer des pians d’action qui aillent au-delà des conditions objectives, et tenter d’entreprendre malgré tout ce qui est en fait impossible.

Mais, le problème qui se pose aujourd’hui est toujours celui de l’action néfaste des idées conservatrices de droite qui, dans de nombreux domaines, empêche d’adapter le travail au développement des conditions objectives.

Actuellement le problème est que beaucoup de gens jugent impossible d’accomplir ce qui pourrait être accompli au prix de certains efforts.

Préface à L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises (27 décembre 1955).

Nous devons toujours utiliser notre cerveau et bien réfléchir à chaque chose. Un dicton affirme: «Un froncement de sourcils, et un stratagème vient à l’esprit.»

En d’autres termes, mûre réflexion engendre sagesse.

Pour nous débarrasser de la pratique, répandue dans notre Parti, d’agir à l’aveuglette, nous devons encourager nos camarades à réfléchir, à apprendre la méthode de l’analyse et à en cultiver l’habitude.

«Notre étude et la situation actuelle» (12 avril 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Si un processus comporte plusieurs contradictions, il y en a nécessairement une qui est la principale et qui joue le rôle dirigeant, déterminant, alors que les autres n’occupent qu’une position secondaire, subordonnée.

Par conséquent, dans l’étude de tout processus complexe où il existe deux contradictions ou davantage, nous devons nous efforcer de trouver la contradiction principale.

Lorsque celle-ci est trouvée, tous les problèmes se résolvent aisément.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Des deux aspects contradictoires, l’un est nécessairement principal, l’autre secondaire. Le principal, c’est celui qui joue le rôle dominant dans la contradiction.

Le caractère des choses et des phénomènes est surtout déterminé par cet aspect principal de la contradiction, lequel occupe la position dominante.

Mais cette situation n’est pas statique; l’aspect principal et l’aspect secondaire de la contradiction se convertissent l’un en l’autre et le caractère des phénomènes change en conséquence.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Il ne suffit pas de fixer les tâches, il faut encore résoudre le problème des méthodes qui permettent de les accomplir.

Supposons que notre tâche soit de traverser une rivière; nous n’y arriverons pas si nous n’avons ni pont ni bateau.

Tant que la question du pont ou du bateau n’est pas résolue, à quoi bon parler de traverser la rivière?

Tant que la question des méthodes n’est pas résolue, discourir sur les tâches n’est que bavardage inutile.

«Soucions-nous davantage des conditions de vie des masses et portons plus d’attention à nos méthodes de travail» (27 janvier 1934), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Pour l’accomplissement de quelque tâche que ce soit, il est impossible, sans lancer un appel général, d’entraîner les masses à l’action.

Mais si les dirigeants se bornent à cet appel, s’ils ne s’occupent pas personnellement, de façon concrète et approfondie, dans quelques-unes des organisations, de l’exécution du travail pour lequel ils ont lancé l’appel — en sorte que, après avoir obtenu un premier résultat, ils puissent, grâce à l’expérience acquise, orienter le travail dans les autres secteurs qu’ils dirigent —, ils ne seront pas à même de vérifier si l’appel général est juste, ni d’enrichir son contenu; et cet appel général ris que alors de n’aboutir à rien.

«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1943), Œuvres choisie, de Mao Tsétoung, tome III.

Aucun responsable ne peut assumer direction générale des unités qui lui se confiées s’il n’acquiert pas l’expérience pratique dans quelques-unes d’entre elles, auprès de certaines personnes et sur des questions déterminées.

Il faut populariser largement cette méthode, afin que les cadres dirigeants à tous les échelons sachent l’appliquer.

«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Dans une région, il ne saurait y avoir en même temps plusieurs tâches centrales; pour une période donnée, il ne peut y en avoir qu’une seule, à laquelle s’ajoutent d’autres tâches de deuxième ou de troisième ordre.

C’est pourquoi le principal responsable d’une région doit, en tenant compte de l’histoire et des circonstances de la lutte dans cette région, accorder à chacune des tâches la place qui lui revient; il ne doit pas agir sans aucun plan, en passant d’une tâche à l’autre à mesure que les instructions lui parviennent, car cela donnerait lieu à autant de «tâches centrales» et aboutirait à la confusion et au désordre.

Les organismes supérieurs, pour leur part, ne doivent pas assigner aux organismes inférieurs beaucoup de tâches à la fois sans les classer selon leur degré d’importance et d’urgence et sans spécifier laquelle est la tâche centrale; car cela désorganiserait le travail des organismes inférieurs et les empêcherait d’obtenir les résultats prévus.

Un dirigeant doit considérer la situation dans son ensemble, à la lumière des conditions historiques et des circonstances dans une région donnée, déterminer correctement le centre de gravité et l’ordonnance du travail pour chacune des périodes envisagées, puis faire appliquer fermement la décision prise afin que des résultats certains soient obtenus; cela relève de l’art de diriger.

«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Il faut se mettre constamment au courant de la marche du travail, échanger les expériences et corriger les erreurs; il ne faut pas attendre plusieurs mois, un semestre ou une année pour faire, dans des réunions récapitulatives, la somme des erreurs et procéder à une rectification générale. L’attente entraînerait de graves préjudices, alors qu’on en subit moins si les erreurs sont corrigées au fur et à mesure qu’elles surgissent.

«A propos de la politique concernant l’industrie et le commerce» (27 février 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

N’attendez pas, pour les résoudre, que les problèmes s’accumulent et donnent lieu à de multiples complications. Les dirigeants doivent prendre la tête du mouvement et non pas rester à la traîne.

Note sur l’article: «Le Travail saisonnier à la tâche» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Ce qu’il nous faut, c’est un état d’esprit enthousiaste mais calme, et une activité intense mais bien ordonnée.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936)) Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

XXIII. ENQUETES ET RECHERCHES

Quiconque fait un travail pratique doit mener des enquêtes à la base. Pour ceux qui ne comprennent que la théorie, sans rien connaître de la situation réelle, il est d’autant plus nécessaire de procéder à de telles enquêtes, sous peine de ne pouvoir lier la théorie à la pratique.

«Sans enquête, pas de droit à la parole» — cette assertion qu’on a tournée en dérision en la taxant d’«empirisme étroit», je n’ai jamais regretté de l’avoir avancée; je persiste au contraire à soutenir qu’à moins d’avoir enquêté on ne peut prétendre au droit à la parole.

Il en est beaucoup qui, «à peine descendus de leur char», s’égosillent, prononcent des harangues, distribuent leurs avis, critiquant ceci, blâmant cela; en fait, sur dix d’entre eux, dix vont au-devant d’un échec.

Car leurs discours, leurs critiques, qui ne se fondent sur aucune enquête minutieuse, ne sont que bavardages. Les torts causés à notre Parti par ces «envoyés impériaux» sont innombrables.

Et pourtant, ceux-ci sont omniprésents; presque partout on en rencontre.

Staline dit fort justement que «la théorie devient sans objet si elle n’est pas rattachée à la pratique révolutionnaire». Bien entendu, il a encore raison d’ajouter que «la pratique devient aveugle si sa voie n’est pas éclairée par la théorie révolutionnaire». Hormis ces praticiens aveugles, sans perspectives ni prévoyance, nul ne peut être accusé d’«empirisme étroit».

«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Une telle attitude consiste à rechercher la vérité dans les faits. Les «faits», ce sont les choses et les phénomènes tels qu’ils existent objectivement; la «vérité», c’est le lien interne de ces choses et phénomènes, c’est-à-dire les lois qui les régissent; «rechercher», c’est étudier.

Nous devons partir de la situation réelle à l’intérieur et à l’extérieur du pays, de la province, du district et de l’arrondissement, en dégager, pour guider notre action, les lois qui sont propres à cette situation et non pas engendrées par notre imagination, c’est-à-dire trouver le lien interne des événements qui se déroulent autour de nous.

Pour cela, nous devons, en comptant non sur nos idées subjectives, sur l’élan d’un instant, sur la connaissance livresque, mais sur les faits tels qu’ils existent objectivement, recueillir minutieusement les matériaux et, à à lumière des principes généraux du marxisme-léninisme, en tirer des conclusions justes.

«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Nombre de camarades du Parti ont encore un très mauvais style de travail, diamétralement opposé à l’esprit même du marxisme-léninisme; ils sont comme l’homme qui «tente d’attraper un moineau les yeux bandés» ou comme «l’aveugle qui cherche à saisir un poisson», ils ne travaillent pas soigneusement, se complaisent dans des bavardages prétentieux et se contentent de bribes de connaissances mal assimilées.

Marx, Engels, Lénine et Staline nous enseignent qu’il faut étudier consciencieusement la situation, en partant de la réalité objective et non de nos désirs subjectifs.

Et pourtant, nombre de nos camarades agissent directement à l’encontre de cette vérité.

«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Vous ne pouvez pas résoudre un problème? Eh bien! allez vous informer de son état actuel et de son historique! Quand votre enquête vous aura permis de tout élucider, vous saurez comment le résoudre.

Les conclusions se dégagent au terme de l’enquête et non à son début.

Il n’y a que les sots qui, seuls ou à plusieurs, sans faire aucune enquête, se mettent l’esprit à la torture pour «trouver une solution», «découvrir une idée».

Sachons bien qu’aucune bonne solution, aucune bonne idée ne peut sortir de là.

«Contre le culte du livre» (Mai 1930).

L’enquête est comparable à une longue gestation, et la solution d’un problème au jour de la délivrance. Enquêter sur un problème, c’est le résoudre.

«Contre le culte du livre» (Mai 1930).

Nous devons procéder à des enquêtes et à une étude systématiques et minutieuses sur la réalité environnante, en appliquant la théorie et la méthode marxistes-léninistes.

Dans notre travail, ne nous fions pas à notre seul enthousiasme, mais agissons, comme le dit Staline, en unissant l’élan révolutionnaire et le sens pratique.

«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La seule méthode qui permette de connaître une situation, c’est d’enquêter sur la société, sur la réalité vivante des classes sociales.

Ceux qui assument un travail de direction se consacreront, suivant un plan défini, à quelques villes, à quelques villages, pour y effectuer des enquêtes minutieuses, en appliquant le point de vue essentiel du marxisme, c’est-à-dire en procédant à l’analyse des classes; voilà la méthode fondamentale pour connaître une situation.

«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Une réunion d’enquête n’a pas besoin d’être bien nombreuse: trois à cinq personnes, mettons sept ou huit. Pour chaque réunion, il faut prendre tout le temps nécessaire, avoir un questionnaire préparé d’avance, poser les questions et noter les réponses soi-même, entrer en discussion avec les participants.

L’enquête sera donc impossible, ou ne donnera pas de bons résultats, si l’on n’a pas un enthousiasme ardent, la détermination de se tourner vers la base, la soif de connaître, si l’on n’a pas le courage de rabattre son orgueil pour accepter d’être un écolier.

«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La juste disposition des troupes découle de la juste décision du commandant, et celle-ci, de la juste appréciation de la situation, appréciation fondée elle-même sur une reconnaissance minutieuse et indispensable, dont les renseignements ont été passés au crible d’une réflexion systématique.

Le commandant utilise tous les moyens d’information possibles et nécessaires; il pèse les informations recueillies sur l’ennemi, rejetant la balle pour conserver le grain, écartant ce qui est fallacieux pour ne garder que le vrai, procédant d’une chose à une autre, de l’externe à l’interne; puis, tenant compte de ses propres conditions, il fait une étude comparée de la situation des deux parties et de leurs relations mutuelles; alors il forme son jugement, prend sa décision et établit ses plans.

Tel est le processus complet de la connaissance d’une situation par lequel un chef militaire doit passer avant d’élaborer son plan stratégique, son plan de campagne ou de combat.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

XXIV. L’ELIMINATION DES CONCEPTIONS ERRONEES

Même si notre travail est couronné des plus grands succès, nous n’avons aucune raison de nous en glorifier. On fait des progrès quand on est modeste, tandis que l’orgueil fait retomber en arrière: gardons toujours cette vérité présente à l’esprit.

«Allocution d’ouverture au VIIIe Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).

Avec la victoire, certains états d’esprit peuvent se faire jour dans le Parti: orgueil, prétention d’être homme de mérite, inertie et répugnance à aller de l’avant, recherche des agréments de la vie et refus de mener encore une vie difficile.

Avec la victoire, le peuple nous sera reconnaissant et la bourgeoisie viendra nous flatter.

L’ennemi ne peut nous vaincre par la force des armes, ceci a été prouvé.

Cependant, les flatteries de la bourgeoisie peuvent conquérir les volontés faibles dans nos rangs.

Il peut y avoir de ces communistes que l’ennemi armé n’a pu vaincre, qui se conduisaient devant l’ennemi en héros dignes de ce nom, mais qui, incapables de résister aux balles enrobées de sucre, tomberont sous ces balles.

Nous devons prévenir pareil état de choses.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Beaucoup de choses peuvent devenir un fardeau, une charge, si nous nous y attachons aveuglément et inconsciemment. Prenons quelques exemples.

Si vous avez fait des fautes, peut-être avez-vous le sentiment que, de toute façon, elles vous resteront sur le dos, et vous voilà découragé; si vous n’avez pas commis d’erreurs, vous pouvez vous croire infaillible et en tirer vanité.

Le manque de succès dans le travail peut engendrer le pessimisme et l’abattement, la réussite susciter l’orgueil et l’arrogance.

Un camarade qui n’a encore qu’une brève expérience de la lutte peut, de ce fait, chercher à se dérober aux responsabilités, tandis qu’un vétéran peut se buter à cause de son long passé de lutte.

Le camarade ouvrier ou paysan, fier de son origine de classe, peut regarder de haut l’intellectuel, tandis que celui-ci, à cause des quelques connaissances qu’il possède, peut avoir du dédain pour le camarade ouvrier ou paysan.

Toute qualification professionnelle peut devenir un capital personnel, qui mène à l’arrogance et au mépris d’autrui.

Même l’âge peut être un motif de vanité.

Les jeunes, se croyant intelligents et capables, mésestiment les vieux; et ceux-ci, parce qu’ils sont riches d’expérience, dédaignent les jeunes. Tout cela devient charge ou fardeau quand la conscience critique fait défaut.

«Notre étude et la situation actuelle» (12 avril 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Certains camarades qui travaillent dans l’armée sont devenus arrogants et se conduisent d’une manière arbitraire à l’égard des soldats, du peuple, du gouvernement et du Parti.

Ils rendent responsables de tout ce qui ne va pas les camarades travaillant dans le secteur civil; quant à eux, ils s’estiment au-dessus de tout reproche; ils ne voient que leurs succès et sont aveugles à leurs défauts; ils n’aiment que les louanges et ne supportent aucune critique. . . .

L’armée doit s’employer sérieusement à vaincre ces défauts.

«Organisez-vous !» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Un dur travail est comme une charge placée devant nous et qui nous défie de la hisser sur nos épaules. Certaines charges sont légères, d’autres sont lourdes.

Il y a des gens qui, préférant les charges légères aux lourdes, choisissent les légères et laissent les lourdes aux autres.

Ce n’est pas une bonne attitude. D’autres camarades se comportent différemment; ils laissent les avantages aux autres et portent eux-mêmes les lourdes charges; ils sont les premiers à supporter les épreuves, les derniers à jouir du bien-être.

Ce sont de bons camarades.

Nous devons tous prendre exemple sur leur esprit communiste.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Ils ne sont pas rares ceux à qui manque le sens des responsabilités dans leur travail, qui choisissent les tâches faciles et se dérobent aux besognes pénibles, laissant aux autres le fardeau le plus lourd et prenant la charge la plus légère.

En toute chose, ils pensent d’abord à eux-mêmes, aux autres après.

A peine ont-ils accompli quelque effort, craignant qu’on ne s’en soit pas aperçu, ils s’en vantent et s’enflent d’orgueil.

Ils n’éprouvent point de sentiments chaleureux pour les camarades et pour le peuple, ils n’ont à leur endroit que froideur, indifférence, insensibilité.

En vérité, ces gens-là ne sont pas des communistes ou, du moins, ne peuvent être considérés comme de vrais communistes.

«A la mémoire de Norman Béthune» (21 décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

L’esprit d’«indépendance» est souvent inséparable de la tendance à mettre son «moi» au premier plan. Ceux qui y sont enclins ont fréquemment une manière incorrecte d’aborder le problème des rapports entre i’individu et le Parti.

En paroles, ils respectent, eux aussi, le Parti, mais dans la pratique, ils placent leur personne au premier plan et le Parti au second. Dans quel but ces gens se mettent-ils en quatre?

Ils recherchent les honneurs, ils convoitent une position, ils veulent paraître. Quand ils ont la charge d’un secteur de travail, ils réclament immédiatement leur «indépendance».

A cette fin, ils séduisent les uns, écartent les autres, recourent à la flatterie et au racolage parmi les camarades; ils transportent dans le Parti communiste les mœurs viles des partis bourgeois. La malhonnêteté les perd. J’estime qu’il nous faut travailler avec honnêteté.

Sinon, il est absolument impossible d’accomplir quelque chose d’utile dans le monde.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies  de Mao Tsétoung, tome III.

Les communistes doivent comprendre cette vérité: il est indispensable de subordonner les besoins de la partie à ceux de l’ensemble.

Si une proposition correspond seulement à une situation particulière, et non à la situation générale, il faut subordonner la partie au tout.

Il en va de même dans le cas inverse: si une proposition ne correspond pas à une situation particulière mais à la situation générale, il faut également subordonner la partie au tout.

Voilà ce que veut dire tenir compte de la situation d’ensemble.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Le goût des plaisirs.

Dans l’Armée rouge, nombreux sont ceux chez qui l’individualisme se manifeste par le goût des plaisirs. Ils voudraient toujours que nos troupes se dirigent vers les grandes villes, non pour le travail, mais pour les plaisirs.

Surtout, ils répugnent à travailler dans les régions rouges, où les conditions de vie sont difficiles.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Il faut lutter contre les tendances particularistes qui consistent à ne tenir compte que de ses propres intérêts en négligeant ceux des autres.

Tous ceux qui restent indifférents devant les difficultés des autres, qui repoussent leurs demandes d’envoi de cadres ou ne leur en cèdent que de mauvais, qui «considèrent le champ du voisin comme leur déversoir», qui se désintéressent complètement des autres unités, régions ou secteurs de travail sont des particularistes. Ils ont entièrement perdu l’esprit communiste.

Ce qui les caractérise, c’est le refus de considérer les intérêts de l’ensemble, c’est l’indifférence totale à l’égard des autres unités, régions ou secteurs de travail. Il faut renforcer l’éducation de ces gens pour leur faire comprendre que ce sont là des tendances sectaires qui risqueraient de devenir très dangereuses si on leur laissait libre cours.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Le libéralisme se manifeste sous diverses formes.

On sait très bien que quelqu’un est dans son tort, mais comme c’est une vieille connaissance, un compatriote, un camarade d’école, un ami intime, une personne aimée, un ancien collègue ou subordonné, on n’engage pas avec lui une discussion sur les principes et on laisse aller les choses par souci de maintenir la bonne entente et l’amitié.

Ou bien, on ne fait qu’effleurer la question au lieu de la trancher, afin de rester en bons termes avec l’intéressé.

Il en résulte qu’on fait du tort à la collectivité comme à celui-ci.

C’est une première forme de libéralisme.

On se livre, en privé, à des critiques dont on n’assume pas la responsabilité au lieu de s’employer à faire des suggestions à l’organisation. On ne dit rien aux gens en face, on fait des cancans derrière leur dos; on se tait à la réunion, on parle à tort et à travers après.

On se moque du principe de la vie collective, on n’en fait qu’à sa tête.

C’est une deuxième forme de j libéralisme.

On se désintéresse complètement de tout ce qui ne vous concerne pas; même si l’on sait très bien ce qui ne va pas, on en parle le moins possible; en homme sage, on se met à l’abri et on a pour seul souci de n’être pas pris soi-même en défaut.

C’en est la troisième forme.

On n’obéit pas aux ordres, on place ses opinions personnelles au-dessus de tout. On n’attend que des égards de l’organisation et on ne veut pas de sa discipline.

C’en est la quatrième forme.

Au lieu de réfuter, de combattre les opinions erronées dans l’intérêt de l’union, du progrès et du bon accomplissement du travail, on lance des attaques personnelles, on cherche querelle, on exhale son ressentiment, on essaie de se venger.

C’en est la cinquième forme.

On entend des opinions erronées sans élever d’objection, on laisse même passer des propos contre-révolutionnaires sans les signaler: on les prend avec calme, comme si de rien n’était.

C’en est la sixième forme.

On se trouve avec les masses, mais on ne fait pas de propagande, pas d’agitation, on ne prend pas la parole, on ne s’informe pas, on ne questionne pas, on n’a pas à cœur le sort du peuple, on reste dans l’indifférence, oubliant qu’on est un communiste et non un simple particulier.

C’en est la septième forme.

On voit quelqu’un commettre des actes nuisibles aux intérêts des masses, mais on n’en est pas indigné, on ne l’en détourne pas, on ne l’en empêche pas, on n’entreprend pas de l’éclairer sur ce qu’il fait et on le laisse continuer.

C’en est la huitième forme.

On ne travaille pas sérieusement mais;, pour la forme, sans plan ni orientation; cahin-caha: «Bonze, je sonne les cloches au jour le jour».

C’en est la neuvième forme.

On croit avoir rendu des services à la révolution et on se donne des airs de vétéran; on est incapable de faire de grandes, choses, mais on dédaigne les tâches mineures; on se relâche dans le travail et dans l’étude.

C’en est la dixième forme.

On a commis des erreurs, on s’en rend compte, mais on n’a pas envie de les corriger, faisant preuve ainsi de libéralisme envers soi-même.

C’en est la onzième forme.

«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Le libéralisme est extrêmement nuisible; dans les collectivités révolutionnaires. C’est un corrosif qui ronge l’unité, relâche les liens de solidarité, engendre la passivité dans le travail, crée des divergences d’opinions.

Il prive les rangs de la révolution d’une organisation solide et d’une discipline rigoureuse, empêche l’application intégrale de la politique et coupe les organisations du Parti des masses populaires placées sous la direction du Parti.

C’est une tendance des plus pernicieuses.

«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Ceux qui sont imbus de libéralisme considèrent les principes du marxisme comme des dogmes abstraits. Ils approuvent le marxisme, mais ne sont pas disposés à le mettre en pratique ou à le mettre intégralement en pratique; ils ne sont pas disposés à remplacer leur libéralisme par le marxisme.

Ils ont fait provision de l’un comme de l’autre: ils ont le marxisme à la bouche, mais pratiquent le libéralisme; ils appliquent le premier aux autres, le second à eux-mêmes.

Ils ont les deux articles et chacun a son usage.

Telle est la façon de penser de certaines gens.

«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

L’Etat populaire protège le peuple.

C’est seulement lorsque le peuple dispose d’un tel Etat qu’il peut, par des méthodes démocratiques, s’éduquer et se réformer à l’échelle nationale et, avec la participation de tous, se débarrasser de l’influence des réactionnaires de l’intérieur et de l’étranger (influence très grande encore à l’heure actuelle, qui subsistera longtemps et ne pourra pas être détruite rapidement), rejeter les habitudes et idées néfastes acquises dans l’ancienne société, éviter de se laisser entraîner dans une fausse direction par les réactionnaires et continuer à avancer vers la société socialiste et la société communiste.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Il n’est pas difficile à un homme de faire quelques bonnes actions; ce qui est difficile, c’est d’agir bien toute sa vie, sans jamais rien faire de mal.

Mener un combat ardu pendant plusieurs dizaines d’années, comme durant une seule et même journée, et cela toujours dans l’intérêt des larges masses, des jeunes et de la révolution, voilà ce qu’il y a de plus difficile!

«Félicitations au camarade Wou Yu-tchang à l’occasion de ses 60 ans» (15 janvier 1940).

XXV. L’UNITE

L’unification de notre pays, l’unité de notre peuple et l’union de toutes nos nationalités sont les garanties fondamentales de la victoire certaine de notre cause.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

C’est seulement par l’unité du Parti communiste qu’on réalisera l’unité de toute la classe et de toute la nation; et c’est seulement par l’unité de toute la classe et de toute la nation que l’on vaincra l’ennemi et accomplira la tâche de la révolution nationale et démocratique.

«Luttons pour entraîner les masses par millions dans le front uni national antijaponais» (7 mai 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Nous devons unir étroitement toutes les forces de notre Parti, sur la base des principes d’organisation et de discipline du centralisme démocratique.

Nous devons assurer l’union avec tout camarade, quel qu’il soit, à condition qu’il veuille observer le programme, les statuts et les décisions du Parti.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Ce procédé démocratique destiné à résoudre les contradictions au sein du peuple, nous l’avons résumé en 1942 dans la formule: «Unité — critique — unité».

Plus explicitement, c’est partir du désir d’unité et arriver, en résolvant les contradictions par la critique ou la lutte, à une nouvelle unité reposant sur une base nouvelle.

Nous avons pu constater d’après notre expérience que c’est là une méthode correcte pour résoudre les contradictions au sein du peuple.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Cette armée connaît une remarquable cohésion dans ses rapports internes comme dans ses relations extérieures.

A l’intérieur de l’armée, la cohésion règne dans les rapports entre officiers et soldats, entre supérieurs et subordonnés, entre le travail militaire proprement dit, le travail politique et les services de l’Intendance; à l’extérieur, elle règne dans les relations entre l’armée et le peuple, entre l’armée et les organes du pouvoir, entre nos troupes et les troupes amies.

Tout ce qui nuit à cette cohésion doit être banni.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

XXVI. LA DISCIPLINE

Au sein du peuple, la démocratie est corrélative du centralisme, la liberté de la discipline. Ce sont deux aspects contradictoires d’un tout unique; ils sont en contradiction, mais en même temps unis, et nous ne devons pas souligner unilatéralement l’un de ces aspects et nier l’autre.

Au sein du peuple, on ne peut se passer de liberté, mais on ne peut non plus se passer de discipline; on ne peut se passer de démocratie, mais on ne peut non plus se passer de centralisme.

Cette unité de la démocratie et du centralisme, de la liberté et de la discipline constitue notre centralisme démocratique.

Sous un tel régime, le peuple jouit d’une démocratie et d’une liberté étendues, mais en même temps, il doit se tenir dans les limites de la discipline socialiste.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Il est nécessaire de réaffirmer les règles de la discipline du Parti: 1) soumission de l’individu à l’organisation; 2) soumission de la minorité à la majorité; 3) soumission de l’échelon inférieur à l’échelon supérieur; 4) soumission de l’ensemble du Parti au Comité central.

Quiconque viole ces règles sape l’unité du Parti.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

L’une des règles de discipline du Parti, c’est la soumission de la minorité à la majorité. La minorité, qui voit son point de vue repoussé, doit se rallier à la décision prise par la majorité. En cas de nécessité, la question peut être posée de nouveau à la réunion suivante, mais aucune action allant à l’encontre de la décision n’est permise.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Les trois grandes règles de discipline sont les suivantes :

1)     Obéissez aux ordres dans tous vos actes.

2)     Ne prenez pas aux masses une seule aiguille, un seul bout de fil.

3)     Remettez tout butin aux autorités.

Les huit recommandations sont les suivantes :

1)     Parlez poliment.

2)     Payez honnêtement ce que vous achetez.

3)     Rendez tout ce que vous empruntez.

4)     Payez ou remplacez tout ce que vous endommagez.

5)     Ne frappez pas et n’injuriez pas les gens.

6)     Ne causez pas de dommages aux récoltes.

7)     Ne prenez pas de libertés avec les femmes.

8)     Ne maltraitez pas les prisonniers.

«Instructions du Haut Commandement de l’Armée populaire de Libération de Chine à l’occasion d’une nouvelle proclamation des trois grandes règles de discipline et des huit recommandations» (10 octobre 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Ils [tous les officiers et soldats de notre armée] doivent renforcer l’esprit de discipline et exécuter résolument les ordres, appliquer notre politique, mettre en pratique les trois grandes règles de discipline et les huit recommandations, réaliser l’unité de l’armée et du peuple, l’unité de l’armée et du gouvernement, l’unité des officiers et des soldats et l’unité de toute l’armée; aucune infraction à la discipline ne sera tolérée.

«Manifeste de l’Armée populaire de Libération de Chine» (Octobre 1947), Oeuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

XXVII. LA CRITIQUE ET L’AUTOCRITIQUE

Le Parti communiste ne craint pas la critique, car nous sommes des marxistes, la vérité est de notre côté, et les masses fondamentales — les ouvriers et les paysans — sont de notre côté.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Les matérialistes conséquents sont des hommes sans peur.

Nous espérons que tous nos compagnons de lutte prendront courageusement leurs responsabilités et vaincront les difficultés, qu’ils ne craindront ni les revers ni les railleries et qu’ils n’hésiteront pas à nous faire, à nous autres communistes, des critiques et des suggestions.

«Celui qui ne craint pas d’être lardé de coups d’épée ose désarçonner l’empereur» — c’est cet esprit intrépide que nous devons avoir dans le combat pour le socialisme et le communisme.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Nous avons en main l’arme marxiste-léniniste de la critique et de l’autocritique.

Nous sommes capables de nous débarrasser du mauvais style de travail et de conserver le bon.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Il est encore un trait marquant qui nous distingue des autres partis, c’est la pratique consciencieuse de l’autocritique. Comme nous l’avons déjà dit, nous devons constamment balayer notre chambre, sinon la poussière s’y entassera; nous devons nous laver régulièrement la figure, sinon elle sera toute souillée.

Dans l’esprit de nos camarades et le travail de notre Parti, bien de la poussière peut aussi s’amasser; c’est pourquoi nous devons balayer et laver.

Le proverbe: «L’eau courante ne peut croupir et le gond d’une porte n’est jamais vermoulu» signifie que le mouvement constant empêche l’action corruptrice des microbes et des parasites.

Examiner sans cesse notre travail, introduire largement dans cet examen le style de travail démocratique, ne redouter ni la critique ni l’autocritique, appliquer les maximes si instructives du peuple chinois: «Ne tais rien de ce que tu sais, ne garde rien pour toi de ce que tu as à dire», «Nul n’est coupable pour avoir parlé, à celui qui écoute de tirer la leçon», «Si tu as des défauts, corrige-toi; si tu n’en as pas, surveille-toi»; voilà la seule manière efficace de préserver l’esprit de nos camarades et l’organisme de notre Parti de toute contamination par les poussières et les microbes politiques.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

L’opposition et la lutte entre conceptions différentes apparaissent constamment au sein du Parti; c’est le reflet, dans le Parti, des contradictions de classes et des contradictions entre le nouveau et l’ancien existant dans la société.

S’il n’y avait pas dans le Parti de contradictions, et de luttes idéologiques pour les résoudre, la vie du Parti prendrait fin.

«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Nous sommes pour la lutte idéologique positive, car elle est l’arme qui assure l’unité à l’intérieur du Parti et des groupements révolutionnaires dans l’intérêt de notre combat.

Tout communiste et révolutionnaire doit prendre cette arme en main.

Le libéralisme, lui, rejette la lutte idéologique et préconise une entente sans principes; il en résulte un style de travail décadent et philistin qui, dans le Parti et les groupements révolutionnaires, conduit certaines organisations et certains membres à la dégénérescence politique.

«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Dans notre lutte contre le subjectivisme, le sectarisme et le style stéréotypé du Parti, il est deux préceptes que nous ne devons pas perdre de vue: en premier lieu, «tirer la leçon des erreurs passées pour en éviter le retour», en second lieu, «guérir la maladie pour sauver l’homme».

Il est indispensable de dénoncer sans aucune exception les erreurs commises, en dehors de toute considération de personne, de soumettre à une analyse et à une critique scientifiques tout ce qu’il y a eu de négatif dans le passé, afin d’agir à l’avenir avec plus de circonspection et de travailler mieux. Tel est le sens du premier précepte.

Toutefois, en mettant en évidence les erreurs et en critiquant les défauts, nous poursuivons le même but qu’un médecin: il soigne le malade pour lui sauver la vie et non pour le faire périr.

Quelqu’un souffre de l’appendicite: le médecin enlève l’appendice et sauve ainsi la vie du patient.

Si celui qui a commis une erreur ne dissimule pas sa maladie par crainte du traitement et ne persiste pas dans son erreur au point de ne plus pouvoir être guéri, mais manifeste honnêtement, sincèrement, le désir de se soigner, de se corriger, nous nous en réjouirons et nous le guérirons, afin qu’il devienne un bon camarade.

Cette tâche, nous ne pourrons jamais la remplir avec succès si, cédant à l’impulsion du moment, nous frappons sans merci.

Pour soigner une maladie idéologique ou politique, il faut se garder de toute brutalité: la seule méthode juste et efficace, c’est de «guérir la maladie pour sauver l’homme».

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Pour ce qui est de la critique à l’intérieur du Parti, un autre point doit être mentionné, à savoir que certains camarades, dans leur critique, ne font pas attention à ce qui est important, mais s’attachent seulement à ce qui est insignifiant.

Ils ne comprennent pas que la critique a pour tâche principale de mettre en évidence les erreurs politiques et les fautes d’organisation. Quant à la critique des défauts personnels, il ne faut pas trop y insister s’ils ne sont pas liés à des erreurs politiques ou à des fautes d’organisation, de peur de laisser les camarades désemparés.

En outre, si pareille critique se développe, l’attention de l’organisation du Parti se portera uniquement sur de petites choses, et les camarades deviendront des gens pusillanimes qui oublieront les tâches politiques du Parti; c’est là un très grand danger.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Dans la critique au sein du Parti, mettre en garde les camarades contre les jugements subjectivistes, arbitraires, et contre toute banalisation de la critique; faire en sorte que les interventions soient fondées et que les critiques aient un sens politique.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

La critique à l’intérieur du Parti est une arme qui sert à renforcer l’organisation du Parti et à élever sa capacité combative.

Cependant, dans les organisations du Parti au sein de l’Armée rouge, la critique prend dans certains cas un autre caractère: elle se transforme en attaques personnelles.

Cela ne porte pas seulement préjudice aux individus, mais également aux organisations du Parti.

C’est une manifestation de l’individualisme petit-bourgeois.

Le moyen d’y remédier consiste à faire comprendre aux membres du Parti que la critique doit avoir pour but de renforcer la capacité combative du Parti afin de remporter la victoire dans la lutte de classe, et qu’elle ne doit pas devenir un instrument pour lancer des attaques personnelles.

«L’Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Nous servons le peuple et ne craignons donc pas, si nous avons des insuffisances, qu’on les relève et qu’on les critique.

Chacun, quel qu’il soit, peut les relever.

S’il a raison, nous nous corrigerons.

Si ce qu’il propose est utile au peuple, nous agirons en conséquence.

«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Nous autres, communistes chinois, qui prenons pour point de départ les intérêts suprêmes de la grande masse du peuple chinois, qui sommes convaincus que notre cause est entièrement juste, nous n’hésitons pas à lui sacrifier tout ce qui nous est personnel et nous sommes toujours prêts à donner pour elle notre propre vie; y a-t-il donc encore une idée, une conception, une opinion ou une méthode ne répondant pas aux besoins du peuple que nous ne puissions abandonner?

Pourrions-nous nous réjouir que des saletés et des microbes politiques viennent souiller notre visage, infecter notre organisme?

Le souvenir des innombrables martyrs de notre révolution qui ont donné leur vie pour le peuple emplit d’affliction le cœur des vivants.

Est-il alors intérêt personnel que nous ne puissions sacrifier, défaut que nous ne puissions corriger?

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Nous ne devons en aucun cas nous enorgueillir de nos succès.

Rabattons notre suffisance, critiquons sans relâche nos propres défauts, comme, chaque jour, nous nous lavons la figure pour rester propres et balayons le plancher pour enlever la poussière.

«Organisez-vous !» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La critique doit être faîte à temps ; il faut se défaire de ce penchant qui consiste à ne critiquer qu’après coup.

«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).

Instruits par les erreurs et les revers, nous avons grandi en sagesse et notre travail s’en trouve mieux fait. Pour n’importe quel parti politique, pour n’importe quel individu, il est difficile d’éviter les erreurs.

Nous demandons qu’on en fasse moins.

Lorsqu’une erreur est commise, nous voulons qu’elle soit corrigée, et le plus vite, le plus complètement sera le mieux.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

XXVIII. LES COMMUNISTES

Un communiste doit être franc et ouvert, dévoué et actif; il placera les intérêts de la révolution au-dessus de sa propre vie et leur subordonnera ses intérêts personnels.

Il doit toujours et partout s’en tenir fermement aux principes justes et mener une lutte inlassable contre toute idée ou action erronée, de manière à consolider la vie collective du Parti et à renforcer les liens de celui-ci avec les masses. Enfin, il se souciera davantage du Parti et des masses que de l’individu, il prendra soin des autres plus que de lui-même.

C’est seulement ainsi qu’il méritera le nom de communiste.

«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Il faut faire savoir à chaque camarade que toutes les paroles, que tous les actes d’un communiste doivent avoir pour premier critère la conformité aux intérêts suprêmes du peuple et l’adhésion des masses les plus larges.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945)» Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Jamais et nulle part, un communiste ne placera au premier plan ses intérêts personnels, il les subordonnera aux intérêts de la nation et des masses populaires.

C’est pourquoi l’égoïsme, le relâchement dans le travail, la corruption, l’ostentation, etc. méritent le plus grand mépris, alors que le désintéressement, l’ardeur au travail, le dévouement à l’intérêt public, l’effort assidu et acharné commandent le respect.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Un communiste doit être toujours prêt à défendre la vérité, car toute vérité s’accorde avec les intérêts du peuple.

Il sera toujours prêt à corriger ses fautes, car toute faute va à l’encontre des intérêts du peuple.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945). Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

En toute chose, un communiste doit se poser la question du pourquoi; il doit réfléchir mûrement, voir si tout est vraiment fondé et conforme à la réalité.

En aucun cas, il ne faut suivre aveuglément les autres et préconiser la soumission servile.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies  de Mao Tsétoung, tome III.

Il faut encourager chaque camarade à tenir compte des intérêts de l’ensemble.

Chaque membre du Parti, le travail dans chaque secteur, chaque parole ou chaque acte, tout doit avoir pour point de départ les intérêts de l’ensemble du Parti.

Nous ne tolérerons pas la moindre infraction à ce principe.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les communistes seront des modèles tant de sens pratique que de prévoyance.

Car seul le sens pratique leur permettra d’accomplir les tâches qui leur sont assignées et seule la prévoyance les empêchera de s’égarer dans leur marche en avant.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les communistes devront se montrer les plus clairvoyants, les plus capables d’abnégation, les plus fermes et aussi les plus aptes à saisir une situation sans idée préconçue, ils devront s’appuyer sur la majorité des masses et gagner leur soutien.

«Les Tâches du Parti communiste chinois dans la période de la résistance au Japon» (3 mai 1957), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Les communistes donneront également l’exemple dans l’étude; chaque jour ils s’instruiront auprès des masses tout en les éduquant.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Dans son travail parmi les masses, un communiste se conduira en ami et non en supérieur, en maître qui instruit inlassablement et non en politicien bureaucrate.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les communistes ne doivent jamais se couper de la majorité du peuple, s’en désintéresser et progresser de façon aventureuse à la tête seulement d’une minorité avancée; ils veilleront à établir des liens étroits entre les éléments avancés et la grande masse du peuple. Voilà ce que veut dire penser en fonction de la majorité.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Nous autres communistes, nous sommes comme les semences et le peuple est comme le sol. Où que nous allions, nous devons nous unir avec le peuple, prendre racine et fleurir au milieu du peuple.

«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945). Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

En toute chose, nous autres, communistes, nous devons savoir nous lier aux masses. Est-ce que les membres de notre Parti pourront se rendre utiles en quoi que ce soit au peuple chinois s’ils passent toute leur existence entre quatre murs, à l’abri des tempêtes et à l’écart du monde? Non, absolument pas.

Nous n’avons pas besoin de telles gens comme membres du Parti. Nous autres, communistes, nous devons nous aguerrir dans les tempêtes et nous jeter dans le monde, les grandes tempêtes et le monde grandiose de la lutte des masses.

«Organisez-vous !» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Le rôle d’avant-garde des communistes et leur exemple ont une importance extrême. Au sein de la VIIIe Armée de Route et de la Nouvelle IVe Armée, les communistes doivent donner l’exemple par leur bravoure au combat, dans l’exécution des ordres, l’observation de la discipline, l’accomplissement du travail politique et le renforcement de l’unité interne.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938)» Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Un communiste ne doit en aucun cas s’estimer infaillible, prendre des airs arrogants, croire que tout est bien chez lui et que tout est mal chez les autres; il ne doit ni s’enfermer entre quatre murs, ni faire le fanfaron, ni se conduire en despote.

«Discours prononcé à l’Assemblée de la Région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia» (21 novembre 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les communistes sont tenus d’écouter attentivement l’opinion des non-communistes et de leur donner la possibilité de s’exprimer. Si ce qu’ils disent est juste, nous y applaudirons et nous ferons notre profit de leurs points forts; s’ils disent des choses fausses, nous devons quand même leur permettre d’exposer tout ce qu’ils ont à dire, et leur donner ensuite, avec patience, les explications nécessaires.

«Discours prononcé à l’Assemblée de la Région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia» (21 novembre 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Les communistes ne doivent pas tenir à l’écart ceux qui ont commis des fautes dans leur travail, à l’exception des incorrigibles; ils useront à leur égard de persuasion, afin de les aider à se corriger et à se transformer.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Les communistes ne doivent pas dédaigner ni mépriser les personnes politiquement arriérées, mais les traiter cordialement, les unir à eux, les convaincre et les encourager à progresser.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

XXIX. LES CADRES

Pour être sûrs que notre Parti et notre pays ne changeront pas de couleur, nous devons non seulement avoir une ligne et une politique justes, mais éduquer et former des millions de continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat.

En dernière analyse, former ceux qui prendront la relève de la cause révolutionnaire du prolétariat consiste à savoir s’il existe une jeune génération capable de poursuivre la cause révolutionnaire marxiste-léniniste entreprise par la vieille génération des révolutionnaires prolétariens, si la direction de notre Parti et de notre pays sera toujours entre les mains des révolutionnaires prolétariens, si nos descendants continueront à avancer dans la bonne voie tracée par le marxisme-léninisme, si nous pouvons parvenir à empêcher un révisionnisme à la Khrouchtchev de se manifester en Chine. Bref, la question est d’une importance extrême, c’est une question de vie ou de mort pour notre Parti et notre Etat.

Et sa portée intéresse la cause révolutionnaire du prolétariat pour une période de cent, mille ou dix mille ans. Les changements intervenus en Union soviétique ont amené les prophètes impérialistes à placer leurs espoirs d’une «évolution pacifique» dans la troisième ou la quatrième génération du Parti chinois.

Nous devons faire mentir cette prophétie impérialiste. Nos organisations de partout, des échelons supérieurs aux échelons inférieurs, doivent attacher une attention soutenue à l’éducation et à la formation des continuateurs de la cause révolutionnaire.

Quelles sont les conditions requises pour être de dignes continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat?

Ils doivent être d’authentiques marxistes-léninistes et non, comme Khrouchtchev, des révisionnistes se parant du marxisme-léninisme.

Ils doivent être des révolutionnaires se mettant corps et âme au service de l’écrasante majorité de la population de la Chine et du monde, et non agir comme Khrouchtchev qui sert les intérêts d’une poignée de gens, la couche bourgeoise privilégiée de son pays, ainsi que les intérêts des impérialistes et des réactionnaires du monde entier.

Ils doivent être des hommes politiques du prolétariat capables de s’unir avec l’écrasante majorité et de travailler de concert avec elle.

Ils doivent non seulement s’unir avec ceux qui partagent leurs vues, mais encore savoir s’unir avec ceux qui ne les partagent pas, avec ceux qui s’opposaient à eux et dont la pratique a prouvé les erreurs.

Cependant, ils doivent être particulièrement vigilants vis-à-vis des arrivistes et des conspirateurs du genre Khrouchtchev et les empêcher d’usurper la direction du Parti et de l’Etat à quelque échelon que ce soit.

Ils doivent donner l’exemple dans l’application du centralisme démocratique du Parti, maîtriser la méthode de direction basée sur le principe de «partir des masses pour retourner aux masses» et cultiver un style de travail démocratique qui les rend capables d’entendre les masses.

Ils ne doivent pas, à l’instar de Khrouchtchev, saper le centralisme démocratique du Parti, se prévaloir d’un pouvoir autocratique, attaquer les camarades par surprise, refuser de comprendre et agir en dictateur.

Ils doivent être modestes et prudents, se garder de toute présomption et de toute précipitation, être capables de pratiquer l’autocritique et avoir le courage de corriger les insuffisances et les erreurs dans leur travail.

Ils ne doivent en aucun cas celer leurs erreurs, s’attribuer tous les mérites et rejeter toutes les fautes sur autrui, à l’exemple de Khrouchtchev.

C’est au cours des luttes de masse qu’apparaissent les continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat; c’est au milieu des grandes tempêtes révolutionnaires qu’ils se forgent et grandissent.

Il faut savoir éprouver et apprécier la valeur des cadres, choisir et former nos continuateurs au cours des luttes de masse prolongées.

Cité dans «Le Pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde» (14 juillet 1964).

Notre Parti doit étendre ses organisations dans tout le pays, et former, dans un but réfléchi, des milliers et des milliers de cadres et des centaines d’excellents dirigeants des masses.

Ces cadres et ces dirigeants doivent s’assimiler le marxisme-léninisme, avoir de la clairvoyance politique, de la compétence dans le travail, être pénétrés de l’esprit de sacrifice, capables de résoudre les problèmes par eux-mêmes, inébranlables devant les difficultés et entièrement dévoués à la nation, à leur classe et au Parti.

C’est en s’appuyant sur eux que le Parti assure sa liaison avec ses membres en même temps qu’avec les masses, et c’est en s’appuyant sur la ferme direction qu’ils exercent sur les masses que le Parti parviendra à vaincre l’ennemi.

Ils doivent être étrangers à tout égoïsme, tout héroïsme individuel, toute ostentation, toute indolence ou passivité, tout sectarisme hautain; ils doivent être des héros pleins d’abnégation de leur nation et de leur classe. Tels sont les qualités et le style de travail que doivent avoir les membres du Parti, ses cadres et ses dirigeants.

«Luttons pour entraîner les masses par millions dans le front uni national antijaponais» (7 mai 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Les cadres jouent un rôle décisif dès que la ligne politique est définie. Notre tâche de combat est donc de former selon un plan un grand nombre de nouveaux cadres.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Dans sa politique des cadres, le Parti communiste adoptera les critères suivants: ferme application de la ligne du Parti, soumission à sa discipline, liaison étroite avec les masses, capacité de travailler en toute indépendance, ardeur à la tâche et désintéressement — c’est là la politique de nomination des cadres selon leur mérite.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Nous devons nous en tenir au système de la participation des cadres au travail productif collectif.

Les cadres de notre Parti et de notre Etat sont des travailleurs ordinaires; ce ne sont pas des seigneurs pesant de tout leur poids sur le peuple. En prenant part au travail productif collectif, les cadres maintiennent de la façon la plus large des liens constants et étroits avec le peuple travailleur.

C’est là une mesure majeure, d’importance fondamentale, en régime socialiste, qui contribue à vaincre la bureaucratie et à empêcher le révisionnisme et le dogmatisme.

Cité dans «Le Pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde» (14 juillet 1964).

Sachons juger les cadres.

Ne fondons pas notre appréciation seulement sur une courte période ou un fait isolé de la vie d’un cadre, mais considérons l’ensemble de son passé et de son travail.

C’est là la méthode principale pour juger d’un cadre.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Sachons employer les cadres.

Le devoir d’un dirigeant se ramène essentiellement à trouver des idées et à employer les cadres. Elaborer un plan, prendre une décision, lancer un ordre, donner une directive, etc., c’est «trouver des idées». Pour faire passer les idées dans la pratique, il faut unir les cadres et les inciter à l’action; cela s’appelle «employer les cadres».

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Sachons prendre soin des cadres.

Pour cela, nous avons les moyens suivants: Premièrement, nous devons les orienter, c’est-à-dire que tout en les laissant travailler librement, afin qu’ils osent prendre leurs responsabilités, nous leur donnerons en temps opportun des directives, de sorte qu’ils pourront, guidés par la ligne politique du Parti, faire valoir leur esprit créateur.

Deuxièmement, il s’agit d’élever leur niveau, en leur donnant la possibilité d’apprendre, en les éduquant, de sorte qu’ils enrichiront leurs connaissances théoriques et deviendront plus qualifiés.

Troisièmement, il faut vérifier leur travail, les aider à faire le bilan de leur expérience, à multiplier leurs succès et à corriger leurs erreurs.

Assigner une tâche sans en vérifier l’exécution et n’y porter attention qu’une fois commises des erreurs sérieuses, ce n’est pas là prendre soin des cadres.

Quatrièmement, envers les cadres qui ont fait des erreurs, nous devons, en général, user de persuasion pour les aider à se corriger, et ne recourir à la méthode de la lutte qu’envers ceux qui sont coupables de fautes graves et refusent pourtant de se laisser guider. La patience est ici de rigueur.

On aurait tort de taxer à la légère les gens d’«opportunisme» ou de «partir en guerre» contre eux inconsidérément.

Cinquièmement, il faut venir en aide aux cadres qui ont des difficultés. Lorsqu’ils tombent malades ou ont des soucis matériels, familiaux ou autres, nous devons veiller à leur apporter toute l’aide possible.

Voilà la manière de prendre soin des cadres.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Un groupe dirigeant vraiment uni et lié aux masses se constituera progressivement, dans la lutte même des masses et non à l’écart de celle-ci.

Dans la majorité des cas, le groupe dirigeant ne doit ni ne peut rester immuable dans sa composition du début à la fin d’une grande lutte; il faut promouvoir continuellement les éléments actifs qui se sont distingués au cours de la lutte et les substituer aux membres du groupe dirigeant qui sont comparativement moins qualifiés ou qui ont dégénéré.

«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Si, dans notre Parti, il n’existe pas une collaboration pleine et entière entre la grande masse des nouveaux cadres et les vieux cadres, notre cause risque d’être abandonnée à mi-chemin.

C’est pourquoi tous les vieux cadres doivent réserver le meilleur accueil aux nouveaux cadres et leur témoigner la plus chaleureuse sollicitude.

Bien entendu, ces derniers ont leurs défauts: ils ne participent à la révolution que depuis peu de temps, ils manquent d’expérience, certains traînent encore avec eux des restes de l’idéologie pernicieuse de la vieille société, c’est-à-dire des survivances de l’individualisme petit-bourgeois.

Mais ils peuvent éliminer progressivement ces défauts en s’éduquant et en s’aguerrissant dans la révolution. Le trait positif des jeunes cadres, comme le dit Staline, c’est qu’ils ont un sens aigu du nouveau et, partant, font preuve d’un grand enthousiasme, d’une grande activité.

Or, c’est justement ce qui fait défaut à certains de nos vieux cadres. Vieux et nouveaux doivent donc se respecter mutuellement, s’instruire les uns auprès des autres, surmonter leurs points faibles en se transmettant leurs qualités, afin de former un bloc uni pour la cause commune et de prévenir les tendances sectaires.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Nous devons nous occuper aussi bien des cadres non communistes que des cadres membres du Parti.

Il existe en effet à l’extérieur du Parti nombre de gens capables que celui-ci ne doit pas ignorer.

Il faut que chaque communiste se débarrasse de toute attitude hautaine et distante, sache collaborer avec les cadres non communistes, les aide sincèrement, adopte à leur égard une attitude de chaude camaraderie et oriente leur activité vers la grande cause de la résistance au Japon et de la construction nationale; tel est son devoir.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938),  Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

XXX. LES JEUNES

Le monde est autant le vôtre que le nôtre, mais au fond, c’est à vous qu’il appartient. Vous les jeunes, vous êtes dynamiques, en plein épanouissement, comme le soleil à huit ou neuf heures du matin.

C’est en vous que réside l’espoir.

Le monde vous appartient.

L’avenir de la Chine vous appartient.

Entretien avec des étudiants et stagiaires chinois à Moscou (17 novembre 1957).

Nous devons faire comprendre à toute la jeunesse que notre pays est encore très pauvre, qu’il n’est pas possible de modifier radicalement cette situation en peu de temps, que c’est seulement par leurs efforts unis que la jeunesse et tout le peuple pourront créer, de leurs propres mains, un Etat prospère et puissant en l’espace de quelques dizaines d’années.

Le régime socialiste nous a ouvert la voie vers la société idéale de demain, mais pour que celle-ci devienne une réalité, il nous faut travailler dur.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).

Bon nombre de jeunes gens, par manque d’expérience politique et d’expérience de la vie sociale, ne savent pas comparer la nouvelle Chine avec l’ancienne; ils ont du mal à comprendre à fond quelles luttes extraordinairement difficiles et pénibles notre peuple a dû soutenir pour parvenir à se libérer du joug de l’impérialisme et des réactionnaires du Kuomintang et quelle longue période d’efforts acharnés est nécessaire pour construire une société socialiste radieuse.

C’est pourquoi il faut poursuivre sans cesse parmi les masses une éducation politique vivante et efficace, leur dire toujours la vérité sur les difficultés qui surgissent et examiner avec elles les moyens de les surmonter.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Les jeunes constituent la force la plus active, la plus dynamique de notre société.

Ils sont les plus ardents à l’étude, les moins attachés aux idées conservatrices, et il en est ainsi notamment à l’époque du socialisme.

Nous souhaitons que toutes les organisations du Parti, de concert avec les organisations de la Ligue de la Jeunesse, étudient avec soin les moyens de faire pleinement valoir la force des jeunes, qu’elles se gardent de négliger leurs caractéristiques en les traitant comme les autres.

Naturellement, les jeunes doivent apprendre auprès des vieux et des adultes et s’assurer autant que possible de leur accord avant d’entreprendre toute activité utile.

Note sur l’article: «La Brigade de choc des Jeunes de ia Coopérative agricole de Production N° 9 du canton de Sinping, district de Tchongchan» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Comment s’y prendre pour déterminer si un jeune est révolutionnaire ou non? Comment faire la distinction? Il n’y a qu’un seul critère, c’est de voir si ce jeune veut se lier aux masses ouvrières et paysannes et se lie effectivement à elles.

S’il le veut, et s’il le fait, c’est un révolutionnaire; dans le cas contraire, c’est un non-révolutionnaire ou un contre-révolutionnaire.

Qu’il se lie aujourd’hui aux masses d’ouvriers et de paysans, il est un révolutionnaire; que, demain, il cesse de le faire, ou qu’il se mette au contraire à opprimer les simples gens, il sera alors un non-révolutionnaire ou un contre-révolutionnaire.

«L’Orientation du mouvement de la jeunesse» (4 mai 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Avant que les intellectuels se jettent corps et âme dans la lutte révolutionnaire des masses, qu’ils se décident à les servir et à faire corps avec elles, il arrive souvent qu’ils sont enclins au subjectivisme et à l’individualisme, que leurs idées sont stériles et qu’ils se montrent hésitants dans l’action.

Aussi, bien que les nombreux intellectuels révolutionnaires chinois jouent un rôle d’avant-garde et servent de pont, tous ne sont pas révolutionnaires jusqu’au bout.

Dans les moments critiques, une partie d’entre eux abandonnent les rangs de la révolution et tombent dans la passivité; certains deviennent même des ennemis de la révolution. Les intellectuels ne viendront à bout de ces défauts qu’en participant longuement à la lutte des masses.

«La Révolution chinoise et le Parti communiste chinois» (Décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Tout en continuant à coordonner ses activités avec la tâche centrale du Parti, la Ligue de la Jeunesse doit mener un travail indépendant en conformité avec les caractéristiques des jeunes.

La Chine nouvelle doit veiller aux intérêts de sa jeunesse, prendre à cœur la formation de la jeune génération.

Les jeunes doivent étudier, travailler; mais, comme ils se trouvent en période de croissance, il faut accorder une pleine attention à leur travail et leurs études, ainsi qu’à leurs divertissements, leurs activités sportives et leur délassement.

Instructions lors d’une réception accordée au Présidium du IIe Congrès de la Ligue de la Jeunesse (30 juin 1953)

XXXI. LES FEMMES

Les hommes se trouvent ordinairement soumis, en Chine, à l’autorité de trois systèmes (le pouvoir politique, le pouvoir clanal, le pouvoir religieux — N.d.l.R.), . . .

Quant aux femmes, elles se trouvent en outre sous l’autorité des hommes ou le pouvoir marital.

Ces quatre formes de pouvoir — politique, clanal, religieux et marital — représentent l’ensemble de l’idéologie et du système féodalo-patriarcaux et sont les quatre grosses cordes qui ligotent le peuple chinois et en particulier la paysannerie.

On a montré précédemment comment les paysans ont renversé, à la campagne, le pouvoir des propriétaires fonciers.

Ce dernier est le pivot autour duquel gravitent toutes les autres formes de pouvoir. Le renversement du pouvoir des propriétaires fonciers a ébranlé les pouvoirs clanal, religieux et marital. . . .

En ce qui concerne le pouvoir marital, il a toujours été plus faible dans les familles de paysans pauvres, où la situation économique contraint les femmes à prendre une part plus grande au travail que dans les familles des classes aisées; de ce fait, elles avaient plus souvent droit à la parole et à la décision dans les affaires familiales.

Au cours des dernières années, en raison de la ruine croissante de l’économie rurale, la base même de l’autorité du mari sur la femme s’est trouvée minée.

Récemment, avec l’apparition du mouvement paysan, les femmes ont commencé, dans bien des endroits, à créer des unions de paysannes; l’heure est venue pour elles de relever la tête, et le pouvoir marital s’affaiblit de jour en jour. Bref, l’ensemble de l’idéologie et du système féodalo-patriarcaux chancelle devant l’autorité croissante des paysans.

«Rapport sur l’enquête menée dans le Hounan à propos du mouvement paysan» (Mars 1927), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Unissez-vous, participez à la production et aux activités politiques et améliorez la situation économique et politique de la femme.

Pour la revue Femmes de la Chine nouvelle, premier numéro, 20 juillet 1949.

Défendre les intérêts des jeunes, des femmes et des enfants, secourir les étudiants qui ont dû interrompre leurs études, aider les jeunes et les femmes à s’organiser et à participer, de plein droit, à toute activité utile à la Guerre de Résistance et au progrès social, assurer la liberté du mariage et l’égalité des sexes, donner aux jeunes et aux enfants un enseignement utile.

«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Notre tâche essentielle dans le domaine de la production agricole est d’organiser l’emploi rationnel de la main-d’œuvre et d’entraîner les femmes à participer à la production.

«Notre politique économique» (23 janvier 1954), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Il est de première importance pour l’édification de la grande société socialiste d’entraîner en masse les femmes à participer aux activités productrices.

Le principe «à travail égal salaire égal» doit être appliqué dans la production. Une véritable égalité entre l’homme et la femme n’est réalisable qu’au cours du processus de la transformation socialiste de l’ensemble de la société.

Note sur l’article: «Les femmes rejoignent le front du travail» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

A la suite du mouvement de coopération agricole, un grand nombre de coopératives se trouvent devant un manque de main-d’œuvre et la nécessité d’entraîner en masse sur le front du travail les femmes qui ne participaient pas aux travaux des champs. . . . Les femmes constituent en Chine une importante source de main-d’œuvre.

Il faut la mettre en valeur dans la lutte pour l’édification d’un grand pays socialiste.

Note sur l’article: «La mobilisation des femmes pour la production a remédié à la pénurie de main-d’œuvre» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.

Il faut que toute la main-d’œuvre féminine prenne sa place sur le front du travail où sera appliqué le principe «à travail égal salaire égal», et cela doit être réalisé dans le plus bref délai.

Note sur l’article: «Programme de la Fédération démocratique des Femmes du district de Hsingtai pour le travail parmi les femmes au cours du mouvement de coopération agricole» (1955), L’Essor du socialisme dans les campagnes chinoises

XXXII. LA CULTURE ET L’ART

Dans le monde d’aujourd’hui, toute culture, toute littérature et tout art appartiennent à une classe déterminée et relèvent d’une ligne politique définie.

Il n’existe pas, dans la réalité, d’art pour l’art, d’art au-dessus des classes, ni d’art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d’elle. La littérature et i’art prolétariens font partie de l’ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat; ils sont, comme disait Lénine, «une petite roue et une petite vis» du mécanisme général de la révolution.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La culture révolutionnaire est pour les masses populaires une arme puissante de la révolution. Avant la révolution, elle la prépare idéologiquement; puis, dans le front général de la révolution, elle constitue un secteur important, indispensable.

«La Démocratie nouvelle» (Janvier 1940), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Notre littérature et notre art servent au même titre la grande masse du peuple, au premier chef les ouvriers, les paysans et les soldats; ils sont créés pour eux et utilisés par eux.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Il faut que nos écrivains et nos artistes s’acquittent de cette tâche, il faut qu’ils abandonnent leur ancienne position et passent graduellement du côté du prolétariat, du côté des ouvriers, des paysans et des soldats, en allant parmi eux, en se jetant au cœur de la lutte pratique, en étudiant le marxisme et la société.

C’est seulement ainsi que nous aurons une littérature et un art qui puissent servir réellement les ouvriers, les paysans et les soldats, une littérature et un art authentiquement prolétariens.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Il faut faire en sorte que la littérature et l’art s’intègrent parfaitement dans le mécanisme général de la révolution, qu’ils deviennent une arme puissante pour unir et éduquer le peuple, pour frapper et anéantir l’ennemi, et qu’ils aident le peuple à lutter contre l’ennemi d’un même cœur et d’une même volonté.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La critique littéraire et artistique comporte deux critères: l’un politique, l’autre artistique. . . .

Et ces deux critères, politique et artistique, quel rapport présentent-ils entre eux?

Il est impossible de mettre le signe égal entre la politique et l’art, de même qu’entre une conception générale du monde et les méthodes de la création et de la critique artistiques.

Nous nions l’existence non seulement d’un critère politique abstrait et immuable, mais aussi d’un critère artistique abstrait et immuable; chaque classe, dans chaque société de classes, possède son critère propre, aussi bien politique qu’artistique.

Néanmoins, n’importe quelle classe, dans n’importe quelle société de classes, met le critère politique à la première place et le critère artistique à la seconde. . . .

Quant à nous, nous exigeons l’unité de la politique et de l’art, l’unité du contenu et de la forme, l’unité d’un contenu politique révolutionnaire et d’une forme artistique aussi parfaite que possible.

Les œuvres qui manquent de valeur artistique, quelque avancées qu’elles soient au point de vue politique, restent inefficaces.

C’est pourquoi nous sommes à la fois contre les œuvres d’art exprimant des vues politiques erronées et contre la tendance à produire des œuvres au «style de slogan et d’affiche», où les vues politiques sont justes mais qui manquent de force d’expression artistique.

Nous devons, en littérature et en art, mener la lutte sur deux fronts.

«Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

La politique: «Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent» vise à stimuler le développement de l’art et le progrès de la science, ainsi que l’épanouissement de la culture socialiste dans notre pays.

Dans les arts, formes différentes et styles différents peuvent se développer librement, et dans les sciences, les écoles différentes s’affronter librement.

Il serait, à notre avis, préjudiciable au développement de l’art et de la science de recourir aux mesures administratives pour imposer tel style ou telle école et interdire tel autre style ou telle autre école.

Le vrai et le faux en art et en science est une question qui doit être résolue par la libre discussion dans les milieux artistiques et scientifiques, par la pratique de l’art et de la science et non par des méthodes simplistes.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

Une armée sans culture est une armée ignorante, et une armée ignorante ne peut vaincre l’ennemi.

«Le Front uni dans le travail culturel» (30 octobre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

XXXIII. L’ETUDE

La transformation d’une Chine agricole arriérée en un pays industriel avancé exige de nous un travail des plus ardus, alors que nos expériences sont encore loin d’être suffisantes.

Il nous faut donc savoir apprendre.

«Allocution d’ouverture au VIIIe Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).

Les circonstances sont en perpétuel changement et, pour que nos idées s’adaptent aux conditions nouvelles, il nous faut apprendre.

Même ceux qui connaissent assez bien le marxisme, et dont la position prolétarienne est relativement ferme, doivent continuer d’apprendre, d’assimiler ce qui est nouveau et d’étudier de nouveaux problèmes.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Nous réussirons à apprendre tout ce que nous ne connaissions pas auparavant.

Nous ne sommes pas seulement bons à détruire le monde ancien, nous sommes également bons à construire un monde nouveau.

«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congres du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Il y a deux manières d’apprendre. L’une, dogmatique, consiste à emprunter tout, que cela convienne ou non aux conditions de notre pays.

Cette manière-là n’est pas la bonne.

L’autre consiste à faire travailler nos cerveaux et à apprendre ce qui correspond aux conditions de notre pays, c’est-à-dire à assimiler l’expérience qui peut nous être utile. C’est celle-là que nous devons adopter.

«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).

La théorie de Marx, Engels, Lénine et Staline a une valeur universelle. Il ne faut pas la considérer comme un dogme, mais comme un guide pour l’action.

Il ne faut pas se contenter d’apprendre des termes et des formules, mais étudier le marxisme-léninisme en tant que science de la révolution.

Il s’agit non seulement de comprendre les lois générales, qu’ont dégagées Marx, Engels, Lénine et Staline en se fondant sur leur vaste étude de la vie réelle et de l’expérience de la révolution, il faut aussi étudier la position et la méthode qu’ils adoptèrent pour examiner et résoudre les problèmes.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Si, étant arrivé à une théorie juste, on se contente d’en faire un sujet de conversation, pour la laisser ensuite de côté sans la mettre en pratique, cette théorie, si belle qu’elle puisse être, est dépourvue de toute signification.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung,

Il faut assimiler la théorie marxiste et savoir l’appliquer; il faut l’assimiler dans le seul but de l’appliquer.

Si vous parvenez à expliquer, du point de vue marxiste-léniniste, une ou deux questions pratiques, vous mériterez des compliments, on pourra dire que vous aurez obtenu quelques succès.

Plus vous expliquerez de questions, plus vos explications seront complètes et profondes, et plus vos succès seront considérables.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Comment lier l’une à l’autre la théorie marxiste-léniniste et la réalité de la révolution chinoise?

Il faut, pour employer une expression courante, «décocher sa flèche en visant la cible».

Le marxisme-léninisme est à la révolution chinoise ce que la flèche est à la cible.

Or, certains de nos camarades «décochent leur flèche sans viser la cible», ils tirent au hasard. De tels camarades risquent de compromettre la cause de la révolution.

«Pour un style correct de travail dans Je Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Ceux qui ont de l’expérience pratique doivent étudier la théorie et apprendre sérieusement dans les livres; c’est alors seulement qu’ils pourront systématiser leur expérience, la synthétiser et l’élever au niveau de la théorie. Ils éviteront ainsi de prendre leur expérience limitée pour une vérité générale et de commettre des erreurs d’ordre empirique.

«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.

Etudier dans les livres, c’est une façon d’apprendre; appliquer ce qu’on a appris, c’en est une autre, plus importante encore.

Notre méthode principale, c’est d’apprendre à faire la guerre en la faisant.

Ceux qui n’ont pas la possibilité d’entrer dans une école peuvent également apprendre à faire la guerre, et cela en combattant.

La guerre révolutionnaire est l’affaire du peuple; dans cette guerre, le plus souvent, on ne se bat pas seulement après avoir appris à combattre, on commence par combattre et ensuite on apprend; car combattre, c’est apprendre.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Entre le civil et le militaire, il existe une certaine distance, mais il n’y a pas entre eux de Grande Muraille, et cette distance peut être rapidement franchie.

Faire la révolution, faire la guerre, voilà le moyen qui permet de la franchir. Lorsque nous disons qu’il n’est pas facile d’apprendre et d’appliquer ce qu’on a appris, nous entendons par là qu’il n’est pas facile d’étudier quelque chose à fond et de l’appliquer avec une science consommée.

Lorsque nous disons que le civil peut rapidement se transformer en militaire, nous voulons dire qu’il n’est pas du tout difficile de s’initier à l’art militaire.

Pour faire la somme de ces deux affirmations, il convient de se rappeler le vieux proverbe chinois: «II n’est rien de difficile au monde à qui veut s’appliquer à bien faire». S’initier à l’art militaire n’est pas difficile et se perfectionner est aussi possible pour peu qu’on s’applique et qu’on sache apprendre.

«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936). Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Nous devons apprendre de tous ceux qui s’y connaissent (quels qu’ils soient) à travailler dans le domaine économique. Nous devons en faire nos maîtres, apprendre auprès d’eux humblement, consciencieusement. Quand on ne sait pas, on avoue son ignorance; il ne faut pas faire l’entendu.

«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.

Les connaissances, c’est la science, et la science ne saurait admettre la moindre hypocrisie, la moindre présomption; ce qu’elle exige, c’est assurément le contraire: l’honnêteté et la modestie.

«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.

Notre ennemi dans l’étude, c’est la suffisance; quiconque veut réellement apprendre doit commencer par s’en débarrasser. «S’instruire sans jamais s’estimer satisfait» et «enseigner sans jamais se lasser», telle doit être notre attitude.

«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

Certains se croient bien savants pour avoir lu quelques livres marxistes, mais leurs lectures ne pénètrent pas, ne prennent pas racine dans leur esprit; ils ne savent pas en faire usage et leurs sentiments de classe restent inchangés.

D’autres sont pleins de morgue; si peu qu’ils aient lu, ils se croient quelqu’un, se gonflent d’orgueil. Mais dès que souffle la tempête, leur position se révèle fort différente de celle des ouvriers et de la plupart des paysans travailleurs: elle est vacillante alors que celle-ci est ferme, elle est équivoque alors que celle-ci est claire et nette.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

Pour apprendre le marxisme, il ne suffit pas de l’étudier dans les livres; c’est surtout par la lutte des classes, le travail pratique et les contacts avec les masses ouvrières et paysannes qu’on arrive à le faire sien réellement.

Si, après avoir lu des ouvrages marxistes, nos intellectuels acquièrent encore quelque compréhension du marxisme au contact des masses ouvrières et paysannes et dans leur travail pratique, nous parlerons tous le même langage, non seulement le langage du patriotisme et du socialisme, mais probablement aussi le langage de la conception communiste du monde, et notre travail à tous en sera sûrement beaucoup mieux fait.

«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).

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