Discours de Chou En-Lai au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de Pékin

Au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin

20 avril 1967


Camarades ouvriers, anciens paysans pauvres et paysans moyens de la couche inférieure, enseignants et étudiants révolutionnaires des établissements d’enseignement supérieur et secondaire, cadres révolutionnaires des organisations gouvernementales de Pékin, camarades commandants et combattants de l’Armée populaire de Libération, jeunes combattants de la Garde rouge, camarades, compagnons d’armes.

Avec la sollicitude et sous la direction personnelles de notre grand guide, le président Mao, après trois mois de préparatifs intenses, le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin a aujourd’hui proclamé officiellement sa fondation, et le Comité central du Parti communiste chinois l’a approuvée.

Au nom du président Mao et de son proche compagnon d’armes, le camarade Lin Piao, au nom du Comité central du Parti communiste chinois, du Conseil des Affaires d’État et de la Commission militaire du Comité central du Parti, je vous adresse mes chaleureuses félicitations et le salut combattant de la grande révolution culturelle prolétarienne !

Pékin est le lieu où réside le président Mao et où siège le Comité central du Parti; il est le centre directeur de cette grande révolution culturelle prolétarienne qui est sans précédent dans l’Histoire.

Après que le camarade Yao Wen-yuan eut publié son article « Commentaire sur la nouvelle pièce historique: La Destitution de Haï Jouei », les révolutionnaires prolétariens de Pékin ont immédiatement arraché le rideau noir derrière lequel se dissimulait la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, ont dénoncé ses complots et l’ont critiquée et répudiée.

[La Destitution de Haï Jouei fut une pièce de théâtre réactionnaire de Wou Han, révisionniste contre-révolutionnaire. Celui-ci emprunta l’histoire de la destitution d’un haut fonctionnaire féodal Hai Jouei des Ming (1368-1643) pour ironiser sur le régime actuel et en donner une image déformée en vue de crier à l’injustice devant la destitution, en 1959, par le peuple chinois des opportunistes de droite antiparti et antisocialistes, et de les encourager à revenir à la charge.

Le camarade Yao Wen-yuan a publié en novembre 1965, dans un journal de Shanghai, le Wenhui Bao, son article: « Commentaire sur la nouvelle pièce historique, La Destitution de Hai Jouei » qui a sonné le clairon de la grande révolution culturelle prolétarienne.]

C’était là le prélude triomphal de la grande révolution culturelle prolétarienne dans tout le pays. Nié Yuan-tse et six autres camarades de l’Université de Pékin écrivirent la première affiche marxiste-léniniste en gros caractères du pays.

Après que le président Mao eut décidé lui-même de la faire radiodiffuser, la grande révolution culturelle prolétarienne s’est développée impétueusement à travers le pays.

A Pékin, à la llème session plénière du Comité central du Parti qui se déroulait sous sa présidence, le président Mao écrivit une affiche en gros caractères pour bombarder le quartier général bourgeois et mit au point la Décision en 16 points concernant la grande révolution culturelle prolétarienne; et un communiqué de la session plénière fut publié, proclamant ainsi la défaite de la ligne réactionnaire bourgeoise.

Les écoles secondaires de Pékin sont le berceau du grand mouvement de la Garde rouge qui a ébranlé le monde. Avec le soutien chaleureux du président Mao, ce mouvement a rapidement déferlé sur tout le pays.

Particulièrement après qu’ils eurent été reçus par le président Mao, le 18 août 1966, les jeunes combattants de la Garde rouge quittèrent leurs écoles pour aller dans la société et, de Pékin, ils se rendirent dans toutes les parties du pays pour échanger des expériences révolutionnaires, pour détruire vigoureusement les quatre anciennetés [idées, culture, mœurs et coutumes anciennes– N.D.T.] des classes exploiteuses, pour encourager énergiquement les quatre nouveautés [idées, culture, mœurs et coutumes nouvelles — N.D.T.] du prolétariat, accomplissant d’immortels exploits dans la grande révolution culturelle prolétarienne.

Entre août et novembre 1966, le président Mao a reçu plus de 12 millions de jeunes combattants de la Garde rouge, d’enseignants et d’étudiants révolutionnaires venus de toute la Chine.

Militaires et civils, jeunes et vieux se sont unis et notre grande capitale est devenue le centre vers lequel convergent les aspirations de tout le pays et qui attire l’attention du monde entier.

Les révolutionnaires prolétariens de Pékin ont répondu avec enthousiasme à l’appel lancé par le camarade Lin Piao du haut de la tribune de Tien An Men à l’occasion de la fête nationale de l’an dernier et se sont engagés dans la lutte où s’affrontent les deux lignes.

Après plusieurs mois d’efforts, vous vous êtes tenus fermement du côté de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et vous avez repoussé les attaques répétées de la ligne réactionnaire bourgeoise.

Vous avez acquis la supériorité non seulement dans le domaine politique et idéologique, mais aussi sur le plan organisationnel.

La tempête de la Révolution de Janvier de Shanghai a porté la grande révolution culturelle prolétarienne à une nouvelle phase, celle de la lutte pour arracher le pouvoir à une poignée de responsables qui, bien que du Parti, s’étaient engagés dans la voie capitaliste.

Les révolutionnaires prolétariens de Pékin sont passés immédiatement à l’action et ont mené la lutte pour la prise du pouvoir de bas en haut, en s’opposant au courant adverse qui, cherchait à restaurer le capitalisme.

Ils ont remporté de grandes victoires successives.

Sur la base de toutes ces gigantesques luttes et victoires et en réponse à l’appel du président Mao, les révolutionnaires prolétariens et les jeunes combattants de la Garde rouge de Pékin ont établi l’organe provisoire du pouvoir, révolutionnaire, représentatif et investi d’une autorité révolutionnaire prolétarienne, de la municipalité de Pékin.

Cet organe provisoire du pouvoir a été formé à la suite de la convocation de conférences des représentants des ouvriers, des anciens paysans pauvres et paysans moyens de la couche inférieure et de congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement supérieur et secondaire.

C’est là un grand triomphe de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et de la pensée de Mao Zedong.

Vous avez maintenant pris le pouvoir mais la lutte entre les deux voies et entre les deux lignes n’est pas terminée. Vous devez comprendre que saisir le pouvoir n’est pas facile, l’exercer n’est pas facile non plus, et consolider la dictature du prolétariat est encore plus difficile.

Après la libération de Peiping [ancien nom de Pékin — N.D.T.] en 1949, le pouvoir de la dictature du prolétariat a été établi.

Mais la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin a tenté vainement de transformer Pékin en un royaume indépendant, placé sous son contrôle.
Elle a brandi le « drapeau rouge » pour s’opposer au drapeau rouge.

En apparence, elle a prétendu suivre la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao en restant à couvert sous son déguisement. Mais dans l’ombre, elle a poursuivi la ligne réactionnaire du plus haut des responsables qui, bien que du Parti, avait pris la voie capitaliste.

Cette petite poignée a usurpé la direction du prolétariat et a essayé de conduire la dictature du prolétariat sur la voie de la restauration du capitalisme.

Les camarades révolutionnaires prolétariens de Pékin doivent garder fermement à l’esprit cette leçon pour que, après la prise du pouvoir, ils fassent suffisamment attention au renforcement et à la consolidation du pouvoir.

Ils doivent effectivement bien le tenir en main et bien l’employer. Pour atteindre ce but, il faut tenir haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong et mener jusqu’au bout la grande révolution culturelle prolétarienne.

Maintenant, il faut étudier et appliquer de façon créatrice les œuvres du président Mao avec des problèmes spécifiques à l’esprit, dénoncer, critiquer et stigmatiser de façon plus complète, plus approfondie et plus étendue la poignée des plus hauts responsables qui, bien que du Parti, se sont engagés dans la voie capitaliste et la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de la municipalité de Pékin ; il faut lier ce combat aux tâches de « lutte, critique et réforme » [lutte contre ceux qui détiennent des postes de direction, mais se sont engagés dans la voie capitaliste, critique des « sommités » académiques réactionnaires de la bourgeoisie et de l’idéologie de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses, réforme de l’éducation, de la littérature, de l’art et de toutes les autres branches de la superstructure qui ne correspondent pas à la base économique socialiste — N.D.T.] dans les unités de travail respectives. En même temps, dans ce mouvement révolutionnaire de critique sur une vaste échelle, il faut renforcer et développer davantage la grande alliance révolutionnaire et la triple union révolutionnaire.

C’est là l’orientation générale de la lutte et nous devons fermement nous y tenir.

Ce n’est qu’en agissant ainsi que nous éliminerons radicalement toutes les influences pernicieuses de la ligne réactionnaire bourgeoise afin d’appliquer rigoureusement dans tous les domaines la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao.

Et ce n’est qu’en agissant ainsi que les larges masses pourront être armées de la pensée de Mao Zedong, que la révolutionnarisation de leur pensée peut se développer et que notre dictature prolétarienne pourra être consolidée à partir des racines.

Tout en faisant vigoureusement la révolution, nous devons stimuler énergiquement la production. La grande révolution culturelle prolétarienne doit être faite afin de donner d’éclatants résultats aussi bien dans les domaines politique et idéologique que dans les domaines de l’édification économique et de la recherche scientifique.

Cette année est la deuxième année du troisième plan quinquennal de notre pays.

Il faut qu’en 1967 nous obtenions une abondante récolte, que nous nous efforcions d’accroître encore la production industrielle et d’atteindre de nouveaux sommets dans la recherche scientifique.

Sous ce rapport, Pékin exerce une influence importante sur tout le pays.

Les camarades révolutionnaires prolétariens de Pékin doivent, avec comme condition préalable la révolutionnarisation idéologique, continuer à déployer tous leurs efforts, à aller toujours de l’avant, et à travailler suivant le principe de quantité, rapidité, qualité et économie afin d’accomplir et de dépasser les plans fixés pour cette année, de jeter les bases solides et toujours plus larges du troisième plan quinquennal et d’appliquer encore mieux le principe stratégique formulé par le président Mao, consistant à faire les préparatifs en prévision d’une guerre et des calamités naturelles et à tout faire pour le peuple.

A la veille de la victoire à l’échelle nationale, le président Mao nous a indiqué: « La conquête de la victoire dans tout le pays n’est que le premier pas d’une longue marche de dix mille lis …

La révolution chinoise est une grande révolution, mais après sa victoire la route à parcourir sera bien plus longue, notre tâche plus grandiose et plus ardue.

C’est un point qu’il faut élucider dès à présent dans le Parti pour que les camarades restent modestes, prudents, non présomptueux ni irréfléchis dans leur style de travail, pour qu’ils persévèrent dans leur style de vie simple et de lutte ardue. »

Camarades révolutionnaires prolétariens de Pékin et jeunes combattants de la Garde rouge, nous espérons de tout cœur que vous tiendrez encore plus haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong, que vous suivrez les enseignements du président Mao, que vous aurez à cœur les fruits de vos victoires, que vous renforcerez votre sens des responsabilités, que vous consoliderez et développerez sans cesse le pouvoir que vous avez déjà saisi et que vous ferez en sorte que notre capitale, où vit le président Mao, reste toujours aux mains des révolutionnaires prolétariens, soit toujours pleine de jeunesse et de vitalité et ne change jamais de nature.

Enfin, clamons à haute voix:

Vive la victoire de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao!

Vivent les révolutionnaires prolétariens!

Vive l’Armée populaire de Libération de Chine!

Vivent les gardes rouges!

Vive la grande révolution culturelle prolétarienne !

Vive la dictature du prolétariat!

Vive le Parti communiste chinois!

Vive l’invincible pensée de Mao Zedong!

Vive notre grand guide le président Mao! Qu’il vive longtemps, très longtemps!

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Discours de Jiang Qing au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de de Pékin

Au rassemblement pour fonder et célébrer le Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin

20 avril 1967

Camarades ouvriers, paysans, soldats, étudiants et cadres révolutionnaires, compagnons d’armes, jeunes combattants de la Garde rouge,

Salut à vous tous! Au nom du Groupe du Comité central chargé de la révolution culturelle, je vous félicite pour la fondation du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin!

Camarades, je vous adresse mes salutations de combat de la révolution culturelle prolétarienne!

La fondation du Comité révolutionnaire de Pékin marque une nouvelle victoire de la révolution culturelle prolétarienne dans cette ville et apporte une grande contribution aux succès de la révolution culturelle prolétarienne dans les différentes parties du pays.

Après la convocation de la Conférence des représentants des ouvriers, de la Conférence des anciens paysans pauvres et des paysans moyens de la couche inférieure, du Congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement supérieur, et du Congrès des gardes rouges des établissements d’enseignement secondaire, les révolutionnaires prolétariens de Pékin se sont unis davantage et ont réalisé la « triple union » révolutionnaire.

C’est là une grande victoire de la ligne révolutionnaire prolétarienne représentée par le président Mao.

Le discours du camarade Sié Fou-tche est excellent.

Je voudrais aborder seulement deux problèmes: D’abord, le rapport entre la critique de masse et la tâche de « lutte, critique et réforme » dans chaque unité de travail, puis, le soutien du peuple à l’armée et la sollicitude de l’armée pour le peuple.

Dans l’ensemble, la situation actuelle est excellente dans tout le pays, excellente au possible.
Elle est due à la direction donnée à notre lutte par le président Mao, à la large alliance des révolutionnaires prolétariens et au soutien de la grande Armée populaire de Libération.

Mais, avec un changement alternatif, le développement de la situation n’est pas équilibré. C’est du reste normal.

Un équilibre absolu n’existe pas dans le monde, de même qu’une chose sans alternative reste rare.

Après des confrontations et des luttes répétées entre le prolétariat et la bourgeoisie dans la grande révolution culturelle, nous sommes maintenant bien trempés et sans ces luttes répétées nous n’aurions pu y parvenir.

Donc ce changement alternatif n’est pas une mauvaise chose.

Dans le stade actuel de la prise du pouvoir par l’alliance des révolutionnaires prolétariens, un vaste mouvement doit être lancé pour critiquer le responsable n° 1 qui, bien que du Parti, a pris la voie capitaliste, et en même temps, les révolutionnaires doivent passer graduellement dans leurs unités de travail, selon les conditions locales, à la tâche de « lutte, critique et réforme » qui est des plus ardues.

La poignée des plus hauts responsables qui, bien que du Parti, ont pris la voie du capitalisme, sont les représentants de la restauration capitaliste et le patron dans les coulisses de la clique révisionniste contre-révolutionnaire de la municipalité de Pékin.

Depuis 17 ans, ils ont avancé et obstinément suivi dans différents domaines une ligne réactionnaire bourgeoise. La ligne révolutionnaire prolétarienne incarnée par le président Mao s’est développée dans la lutte contre cette ligne réactionnaire bourgeoise. Nous devons balayer complètement l’influence néfaste de la ligne réactionnaire bourgeoise sur les fronts politique, économique, idéologique et culturel, et planter le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong sur toutes les positions.

La lutte, la critique et la réforme dans les diverses unités de travail et la critique du responsable n° 1 qui, bien que du Parti, a pris la voie capitaliste ne sont pas contradictoires et peuvent être unifiées.

La critique de masse du nombre infime des plus grands responsables qui, bien que du Parti, ont pris la même voie, peut donner un vigoureux élan à la tâche de lutte, de critique et de réforme dans les différentes unités de travail.

De son côté, cette dernière peut aider à dénoncer plus complètement et à critiquer plus profondément les maux semés sur divers fronts par le responsable n° 1 dont on connaît les activités.

Cela requiert mûre réflexion et une étude assidue des œuvres du président Mao, un bon travail dans les enquêtes et recherches. Ceci constitue une tâche extrêmement importante.


Pour l’accomplir, on doit former un organisme dirigeant révolutionnaire dans chaque unité de travail.

Évidemment on n’aurait pas besoin de prendre le pouvoir dans certaines unités de travail où les dirigeants du Parti et de l’administration seraient bons pour l’essentiel.

Cependant, il faut réaliser dans la plupart des unités de travail la grande alliance révolutionnaire et la « triple union » révolutionnaire pour établir un organe du pouvoir provisoire.

Sans elles comment pourrait-on entreprendre la tâche de « lutte, critique et réforme »? Qui dirigerait? N’ai-je pas raison? Camarades, avez-vous songé à cette question?

Certains camarades ne pensent qu’à se promener ou à s’embarquer à l’aventure ici ou là avec beaucoup d’entrain.

Mais mener à bien la tâche de lutte, de critique et de réforme dans sa propre unité de travail et dans son propre département, c’est là une nécessité indispensable à la révolution et à la construction socialiste.

C’est une tâche d’importance primordiale et de longue portée. En réfléchissant à cela votre sens de la responsabilité s’accroîtra!

Nous, le Groupe du Comité central chargé de la révolution culturelle, devons entreprendre aussi un travail approfondi d’enquête et d’étude; nous irons parmi vous et apprendrons auprès de vous vos bonnes expériences pour vous aider ensuite.

Nous sommes tous des compagnons d’armes qui avons partagé durant toute cette année les difficultés, les joies et les peines.

Je souhaite que vous réfléchissiez, camarades, plus mûrement au problème que constitue la tâche de lutte, de critique et de réforme, et que la lutte contre la poignée de responsables qui, bien que du Parti, ont pris la voie capitaliste, se poursuive sans dévier.

Nous devons réfuter ces responsables avec fermeté.

Quant à la poignée de révisionnistes contre-révolutionnaires de l’ancien Comité municipal du Parti de Pékin, de l’ancienne Section de Propagande du Comité central du Parti et de l’ancien Ministère de la Culture, il faut également la dénoncer et la critiquer de façon plus approfondie.

Suivant les directives du président Mao, l’Armée populaire de Libération, encouragée par le camarade Lin Piao, a fourni un grand effort, des cadres et des combattants pour les cinq tâches: soutien à la gauche, soutien à l’industrie, soutien à l’agriculture, contrôle militaire et entraînement militaire; elle a apporté ainsi une énorme contribution et obtenu de premiers et éclatants succès.

Chacun est en droit d’écrire des affiches en gros caractères ou en petits caractères à l’adresse de l’armée s’il a quelque objection à lui faire en les envoyant à elle-même ou à son organisme supérieur, ou même au Comité central.

Mais, il ne faut à aucun moment diriger le fer de lance contre l’armée. Les masses révolutionnaires doivent la traiter de façon juste et la soutenir. Le président Mao nous enseigne: « Sans armée populaire, le peuple n’aurait rien ».

Les ordonnances en 8 points de la Commission militaire du Comité central sont justes et restent en vigueur. L’essentiel de ces ordonnances porte sur la juste attitude des masses à l’égard de l’A.P.L., qui est de la soutenir.

L’armée doit de son côté prendre une juste attitude à l’égard des masses et aimer le peuple. Le président Mao nous enseigne: « L’armée doit ne faire qu’un avec le peuple, afin qu’il voie en elle sa propre armée. Cette armée-là sera invincible ».

Les ordonnances en 10 points du 6 avril de la Commission militaire du Comité central du Parti sont à présent toujours aussi justes et restent en vigueur.

L’essentiel de ces ordonnances porte sur la juste attitude de l’A.P.L. à l’égard des masses qui est d’aimer le peuple.

L’esprit de ces deux séries d’ordonnances est analogue. Les opposer les unes aux autres est une erreur; il ne faut absolument pas saper celles en 8 points avec celles en 10 points, sinon, on commettra des erreurs.

C’est par crainte que vous ne commettiez des erreurs, ou que vous ne soyez trompés par de mauvais éléments, que nous avançons ce problème.

Ainsi, nous lançons avec insistance l’appel aux masses de soutenir l’armée, et à l’armée, d’aimer le peuple.

Le président Mao nous enseigne: « Nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales: les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple. . .
Comme les contradictions entre l’ennemi et nous et les contradictions au sein du peuple sont de nature différente, elles doivent être résolues par des méthodes différentes. En somme, il s’agit, pour le premier type de contradictions, d’établir une claire distinction entre l’ennemi et nous, et, pour le second type, entre le vrai et le faux. »

Nous devons savoir bien distinguer les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple, et nous garder clé les confondre.

En ce qui concerne les contradictions au sein du peuple, les controverses entre les organisations des masses y comprises, nous devons employer la méthode de convaincre par le raisonnement et les faits, et suivant le principe d' »unité-critique-unité » pour régler correctement les différends; nous ne devons pas imposer de façon arbitraire, aux organisations et aux masses qui n’ont pas les mêmes idées que nous, l’étiquette de contre-révolutionnaires, ni régler les problèmes existant entre les organisations des masses avec la méthode pour régler les contradictions entre nous et nos ennemis.

Nous devons encore moins mener la lutte par coercition.

Camarades, nous espérons que les larges masses révolutionnaires de Pékin, sous la direction du Comité révolutionnaire de la municipalité de Pékin, tiendront haut levé le grand drapeau rouge de la pensée de Mao Zedong, consolideront et développeront la large alliance révolutionnaire au cours de la vaste critique révolutionnaire et feront de Pékin une grande école d’étude et d’application vivantes de la pensée de Mao Zedong.

Et maintenant clamons bien haut:

Vive la grande révolution culturelle prolétarienne!

Vive la Garde rouge!

Vive la dictature du prolétariat!

Vive le Parti communiste chinois!

Vive la pensée de Mao Zedong!

Vive le président Mao! Qu’il vive longtemps, très longtemps!

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Qui était Confucius en réalité?

Par le groupe de critique de masse de l’Université de Pékin et de l’Université Tsinghoua, 1975.


Confucius était têtu, féroce mais au fond très faible ; c’était un sinistre individu, retors et pourri jusqu’à la moelle. Ces traits, qui caractérisaient la classe des esclavagistes sur le déclin, sont communs aux représentants de toutes les classes réactionnaires au bord de l’effondrement.

Une dénonciation radicale de la nature réactionnaire de Confucius a une grande importance aujourd’hui afin de mieux comprendre celle d’escrocs politiques comme Wang Ming, Liou Chao-chi et Lin Piao, et de contre-attaquer les courants rétrogrades et de restauration.

Une manie de la restauration : ramener l’histoire en arrière

Confucius (551-479 av. J.-C.) vécut vers la fin de l’époque Tchouentsieou [Tchouentsieou (Printemps et Automne), nom tiré des Annales de Tchouentsieou, chronique de l’Etat de Lou couvrant les années 772 à 481 av. J.-C. Cependant, les historiens en général appelèrent toute la période allant de l’an 770 (année de la fondation de la dynastie des Tcheou de l’Est) à l’an 476 av. J.-C. L’époque Tchouentsieou].

Les insurrections des esclaves, les révoltes du petit peuple et la lutte pour le pouvoir que livrait la classe montante des propriétaires fonciers, convergeaient en un courant historique irrésistible qui mit le système esclavagiste pourri dans la situation ainsi caractérisée : « les rites sont tombés en désuétude et la musique est en décadence ».

La classe des esclavagistes tout entière était au bord de la ruine. Et celle des propriétaires fonciers montait sur la scène de l’histoire au milieu de luttes de classes acharnées.

Confucius était issu d’une famille d’aristocrates propriétaires d’esclaves que les grands bouleversements sociaux avaient fait tomber en pleine décadence.

Ses ancêtres étaient des grands de l’État de Song (la région actuelle de Changkieou, dans l’est du Honan); un de ses aïeuls vint s’installer plus tard dans l’État de Lou (le sud-ouest du Chantong actuel).

Après la mort de son père Tseou Chou-ho, la situation de sa famille se dégrada encore davantage. Ayant reçu tout enfant l’éducation réactionnaire des esclavagistes, dès son adolescence, il suivit la voie de la défense et de la restauration de l’ancien système.

La décadence de sa classe et de sa famille le poussait à lutter avec d’autant plus de rage et d’acharnement pour la restauration de leur ‘paradis perdu ».Le rêve qu’il caressa lute sa vie fut de  «faire renaître les Etats éteints, rétablir dans leurs privilèges héréditaires les familles nobles déchues, rappeler à de hautes fonctions ceux qui ont dû rentrer dans l’ombre ».

L’expression concentrée de cela fut une ligne politique réactionnaire consistant à  «se modérer et en revenir aux rites ». Qu’est-ce que c’était que les « rites » ? Les rites constituaient la superstructure du système esclavagiste des Tcheou de l’Ouest [Dynastie succédant à celle des Yin (Chang) en 1066 avant notre ère. Son fondateur, le roi Wou, prit pour capitale la ville actuel Sian, dans la province du Chensi. Cette dynastie fut connue dans l’histoire sous le nom de dynastie des Tcheou de l’Ouest. En 770 av. J.-C., elle transféra sa capitale à l’actuel Louoyang, dans la province du Honan, et les historiens lui donnèrent alors le nom de dynastie des Tcheou de l’Est. Sous les Tcheou de l’Ouest que la société esclavagiste s’est hautement développée en Chine].

Les portant aux nues, Confucius disait : « Comme elles sont bonnes, riches et colorée ; institutions des Tcheou ! Je les vénère ! » (Entretiens de Confucius, « Pa Yi »)

En réalité, le système des Tcheou était profondément réactionnaire, obscurantiste, pourri et déjà complètement dépassé à l’époque.

Son caractère « riche et coloré » lui venait seulement du sang d’esclaves sans nombre. Les propriétaires ne traitaient pas le moins du monde leurs esclaves comme des hommes. Cinq s’échangeaient contre un cheval et un écheveau de fil de soie.

Privés de toute liberté individuelle, ils étaient condamnés à un travail manuel épuisant, auquel s’ajoutait la plus cruelle oppression.

Quand un esclave s’enfuyait et qu’il était rattrapé, on lui coupait une jambe et on l’abandonnait en pleine campagne, « où il tenait compagnie aux animaux », voué ainsi à mourir atrocement de faim et de froid.

A l’autre extrême, les esclavagistes menaient une vie décadente de débauches effrénées, sur le sang et la sueur des esclaves. Quand ils mouraient, ils se faisaient enterrer dans d’immenses et grandioses sépultures ; pour les accompagner dans leur dernière demeure, ils faisaient immoler ou enterrer vivants parfois plus de cent esclaves.

Les rites que Confucius voulaient voir restaurer, c’était cet enfer pour les esclaves et ce paradis pour leurs propriétaires. Comme ce système détruisait en masse les forces de travail et gaspillait une quantité énorme de la richesse sociale, il devint un sérieux obstacle au développement des forces productives.

Confucius aimait beaucoup l’ancien régime, l’ancien ordre et l’ancienne culture ; il vouait une haine invétérée à l’excellente situation révolutionnaire qui régnait à son époque. Il n’avait en tête que des idées revanchardes de contre-révolution.

Devant les flammes des insurrections d’esclaves, il maudissait ces derniers, les traitant de « bandits », de « fléau », brûlant de les exterminer jusqu’au dernier.

Lors de la répression d’une de ces révoltes, les esclavagistes de l’Etat de Tcheng tuèrent tous ceux qui y avaient participé. A cette nouvelle, Confucius se frotta les mains : « Très bien, très beau massacre ! » dit-il.

Le précepte « se modérer et en revenir aux rites » voulait seulement dire que les propriétaires avaient raison de massacrer les esclaves, mais que ces derniers avaient tort de se révolter contre les premiers.

Confucius était un ennemi juré de l’émancipation des esclaves !

Dans l’esprit de Confucius, tout dans le système esclavagiste des Tcheou était parfait et sacro-saint, depuis le système des tsingtien [Le « système des champs en neuf carrés égaux » (appelé en chinois : système tsingtien) était le régime agraire en vigueur dans la société esclavagiste. Sous ce régime, toutes les terres appartenaient au roi, chef suprême des propriétaires d’esclaves. Elles étaient divisées en parcelles de neuf carrés égaux ayant la forme du caractère chinois tsing. Les terres ainsi divisées étaient distribuées aux aristocrates propriétaires d’esclaves de différents rangs qui obligeaient leurs esclaves à les cultiver] jusqu’aux lois, de la musique aux coupes de vin.

Il se dressait frénétiquement contre toute innovation introduite dans la base économique ou la superstructure par la classe montante des propriétaires fonciers, aussi bien que contre toutes les autres choses nouvelles qui apparaissaient dans le grand bouillonnement social d’alors.

Quand son disciple Jan Kieou aida les Kisouen, hauts fonctionnaires de l’État de Lou, à mettre en place un système d’impôt sur la terre qui stimulait le développement des rapports de production féodaux, Confucius, brutalement, poussa ses autres disciples  «à battre tambour et à partir en campagne contre lui ».

Quand l’État de Tsin fit mouler un tripode sur lequel étaient inscrites les lois [Les représentants de la classe montante des propriétaires fonciers de l’État de Tsin moulèrent en 513 avant J.-C. Un tripode de fer sur lequel étaient inscrites des lois, qui fixaient certaines limites à l’arbitraire des esclavagistes et étaient portées ainsi à la connaissance de tous.

Confucius s’y opposa furieusement], minant ainsi le système hiérarchique des nobles et des roturiers, il maudit les Tsin en disant qu’ils allaient voir leur Etat  «périr ».

Confucius avait 71 ans et était cloué au lit par une sérieuse maladie, quand il apprit que les propriétaires fonciers de la classe montante de l’État de Tsi avaient tué le duc Kien, chef des esclavagistes de cet État, et pris le pouvoir. Pourtant, il fit des efforts désespérés pour se lever et se traîner auprès du souverain de l’État de Lou afin de le presser d’envoyer une expédition punitive.

Son hostilité au nouveau et ses efforts acharnés pour empêcher l’ancien de sombrer tournèrent à l’obsession. Sa manie de  «retourner aux rites », c’était une volonté maladive de ramener l’histoire en arrière !

Un escroc politique, hypocrite et retors

Individu sinistre et retors, Confucius qui préconisait soi-disant  »l’amour des hommes », était en fait résolu à défendre et à restaurer la politique mangeuse d’homme du système esclavagiste.

Il prêchait à longueur de journée la bienveillance et la justice,ainsi que le juste milieu, il ne tuait pas les oiseaux au nid, ni ne pêchait avec une ligne trop forte munie de trop nombreux hameçons.

En apparence, non seulement c’était un homme qui aimait ses semblables, mais aussi un ami des petits oiseaux et des poissons !

En réalité, c’était un monstre sanguinaire au coeur de pierre. Croyant agir avec  «bienveillance », un de ses disciples prépara de la bouillie d’avoine pour des esclaves qui trimaient.

Considérant cela comme une offense aux « rites des Tcheou », Confucius entra dans une rage folle et envoya immédiatement des gens pour casser le pot et les bols et renverser par terre la bouillie.

Voilà ce que confucius appelait être « un homme bienveillant qui aime tous les gens ». Fieffé hypocrite ! Confucius se mettait en quatre pour prêcher la « sincérité ». Il disait qu’un « homme qui n’est pas sincère ne peut réussir dans la vie », et il voulait ainsi se faire passer lui-même pour le plus sincère des hommes.

La sincérité en fait a toujours un caractère de classe. Celle de Confucius n’était qu’un moyen par lequel les esclavagistes cherchaient à tromper le peuple.

En fait, il reconnaissait que « l’homme supérieur ne cherche qu’une chose, défendre la juste voie, et pour cela il n’est pas tenu de respecter sa parole » (Louen Yu, Wei Ling Kong).

En d’autres termes, on peut dire n’importe quel mensonge et commettre n’importe quelle perfidie, du moment que ça va dans le sens de la doctrine contre-révolutionnaire « se modérer et en revenir aux rites ».

Alors qu’il se rendait dans l’État de Wei, Confucius fut encerclé, dans une localité appelée Pou, par les masses en révolte contre Wei, et fut empêché d’aller plus loin. Il jura sur le ciel que, si on le laissait partir, il ne se rendrait pas dans l’État de Wei. Il réussit ainsi à convaincre les masses.

Mais sitôt libre, il se rendit en catimini auprès du monarque de l’État de Wei, lui communiqua toutes les informations voulues sur la révolte, lui fit des suggestions, et pressa l’État de Wei de réprimer les insurgés par les armes. Vous promettre des choses en face, et vous poignarder dans le dos, voilà la « sincérité à la Confucius » !

Tous les escrocs politiques font toujours très attention à bien flairer comment vont les choses, à bien prendre le vent et à se composer des attitudes différentes adéquates aux différentes situations.

Confucius ne faisait pas exception. Il a dit : « Si l’État est gouverné par les principes de la droite raison, parlez hautement et dignement et agissez de même. Si l’État n’est pas gouverné par les principes de la droite raison, agissez toujours hautement et dignement, mais parlez avec mesure et précaution. » (Louen Yu, Hsien Wen)

Autrement dit, quand la situation dans un État est favorable à la restauration de l’ancien régime, criez fort et passez à l’assaut ; dans le cas contraire, persistez dans vos activités de restauration, mais prodiguez des paroles mielleuses et prenez une mine souriante, sans trahir votre réelle intention. Un coup d’État eut lieu dans l’État de Lou en 501 av. J.-C., pour renverser les propriétaires fonciers alors au pouvoir dont Ki Houan Tse.

A cette nouvelle, Confucius tomba en extase et dansa de joie. Il vit là l’occasion de faire faire un grand pas à son programme de « retour aux rites », et, dès lors, clama qu’il « fallait faire renaître dans l’Est [c’est-à-dire dans l’État de Lou] les institutions des Tcheou » (Sema Tsien : Mémoires historiques).

Il avança donc un plan d’action en vue d’une restauration contre-révolutionnaire. Mais le pouvoir issu de ce coup d’État n’eut qu’une très brève existence.

Cachant alors tout ce qu’il avait fait pour le soutenir et répandant des médisances sur un des chefs de la révolte, il réussit à gagner la confiance de Ki Houan Tse, et fut nommé bientôt à l’important poste de chef de la police et de premier ministre par intérim.

Un tyran brutal et sanguinaire

Une fois au pouvoir, Confucius transforma immédiatement ses rêves de restauration en tentatives de restauration. Il pratiqua frénétiquement une ligne politique réactionnaire, opprima cruellement le peuple travailleur et la classe montante des propriétaires fonciers, et, en particulier, rabaissa les femmes au plus bas de l’échelle sociale.

Bien qu’il ait dit ouvertement qu’en politique il ne fallait pas mettre à mort les gens, cet hypocrite de Confucius montra à nu son vrai visage de tyran dès qu’il eut quelque pouvoir entre les mains.En la courte période de trois mois où il fut premier ministre par intérim, il abattit son glaive sur Chaotcheng Mao, un réformateur partisan des propriétaires fonciers, le fit mettre à mort et ordonna d’exposer en public son cadavre pendant trois jours.

Chaotcheng Mao était un taifou (haut fonctionnaire) de l’État de Lou et un précurseur de l’école légaliste. Les idées de réformes qu’il propageait recevaient l’accueil chaleureux et le ferme appui du peuple.

Il rassembla autour de lui un « groupe de disciples » qui représentaient les forces sociales avancées d’alors. Des disciples de Confucius allèrent même écouter ses discours ; à cause de lui, « le nombre des disciples de Confucius connut par trois fois une chute verticale». (Wang Tchong : Louen Heng – Discours bien pesés)

A plusieurs occasions, la quasi-totalité des élèves de Confucius quittèrent ce dernier, seul Yen Yuan, son plus proche disciple, restant aux côtés de son maître délaissé.

La théorie réformatrice de Chaotcheng Mao était une sérieuse menace pour l’entreprise de restauration de Confucius ; c’était pour lui une épine dans le pied, et il était impatient de s’en débarrasser à jamais. Selon les rites des Tcheou, « aucune peine ne devait frapper quiconque avait un rang égal ou supérieur à celui de taifou ».

Bien plus, mettre à mort un homme du prestige de Chaotcheng Mao serait vivement condamné par l’opinion publique, et même les disciples de Confucius s’y opposaient.

Malgré tout, afin de servir ses visées contre-révolutionnaires de restauration, Confucius défia l’opposition de l’opinion publique.

Grâce au pouvoir usurpé dont il était investi, il accumula cinq chefs d’accusation pour « crimes majeurs » contre Chaotcheng Mao, et le fit exécuter. Telle était la revanche sanguinaire que prenait la classe esclavagiste en pleine décadence sur la force montante des propriétaires fonciers.

Lénine a dit : « Qu’est-ce que la restauration ? Le passage du pouvoir d’État aux mains des représentants politiques de l’ancien régime. » (Programme agraire de la Social-démocratie dans la première révolution russe de 1905-1907)

Le précepte confucéen « se modérer et en revenir aux rites » signifiait restaurer la dictature des esclavagistes. L’assassinat de Chaotcheng Mao nous rappelle que la lutte entre les deux classes et les deux lignes politiques est une lutte à mort. Un « gouvernement par la bienveillance » soi-disant au-dessus des classes, ça n’existe pas dans une société de classes. Une fois au pouvoir, les forces de la restauration représentant les classes réactionnaires livreront aussitôt des contre-attaques frénétiques, comme le fit Confucius, et de très nombreux révolutionnaires périront.

Cette leçon de l’histoire mérite attention.

Un parasite ignare

Afin de servir ses objectifs de défense du système esclavagiste et de restauration, et de tromper le peuple, Confucius façonna son image en celle d’un personnage plein de vertu et d’un « sage » inné, qui incarnerait toute la culture de la dynastie des Tcheou de l’Ouest.

Pour ces mêmes objectifs, les réactionnaires par la suite ont, de leur côté, porté aux nues Confucius, cet  «homme de grand savoir ».

Confucius était-il vraiment « un homme de grand savoir » ? Quelle absurdité !

Le président Mao a fait remarquer : « Depuis qu’existe la société de classes, il n’y a au monde que deux sortes de connaissances : l’une provient de la lutte pour la production et l’autre de la lutte des classes. ».

Confucius ne comprenait pas la théorie révolutionnaire d’alors ni ne savait travailler pour la production. Il n’avait aucune réelle connaissance.

Le peuple travailleur de l’époque méprisait cet homme « qui n’avait jamais travaillé de ses quatre membres, qui ne savait pas reconnaître les cinq espèces de céréales ».

Dans le domaine de la production, son savoir était nul. Les soi- disant rites, musique, bienveillance et justice qu’il inculquait à ses disciples, ce n’était rien d’autre que la vieille culture ossifiée des aristocrates esclavagistes.

Les Annales de Tchouentsieou, qu’il tronqua et falsifia, inversaient la réalité historique et intervertissaient le vrai et le faux. C’était un livre d’histoire prônant la restauration, qui avec impudence peignait sous de belles couleurs les grands chefs esclavagistes et attaquait méchamment les forces de la réforme.

Parmi les lettrés des nombreuses écoles de pensée qui existaient à l’époque de Tchouentsieou et des Royaumes combattants [Époque ainsi nommée du fait qu’au cours de la période allant de l’an 475 à l’an 221 av. J.-C. (année de l’unification de la Chine par l’empereur Chehouangti des Ts’in) des guerres continuelles se déroulaient entre les différents États], beaucoup écrivirent des livres destinés à faire le bilan de certains aspects de la lutte de classes et de la lutte pour la production de leur temps ; ils apportèrent ainsi une contribution à l’histoire des connaissances humaines.

D’éminents représentants de l’école légaliste, comme Chang Yang (environ 390-338 av. J.-C.), Siun Tse (environ 313-238 av. J.-C.) et Han Fei (environ 280-232 av. J.-C.), furent à l’avant-garde de leur époque.

[L’école légaliste, dont les principaux représentants furent Chang Yang, Siun Tse et Han Fei, était une importante école de pensée qui s’opposait à l’école de Confucius a l’époque des Royaumes combattants.

Elle reflétait les intérêts des propriétaires fonciers, alors classe féodale montante, et propageait le point de vue matérialiste selon lequel « l’homme vaincra le Ciel », par opposition au point de vue idéaliste de la « soumission à la volonté du Ciel ».

Elle préconisait la réforme politique et s’opposait à la rétrogression. Elle proposait le « règne par la loi » au lieu du « règne des rites », la dictature de la classe des propriétaires fonciers à la place de la dictature de la classe des propriétaires d’esclaves. On donna plus tard aux partisans de cette école le nom de légalistes].

Les idées de réformes qu’ils avancèrent font partie des richesses de la magnifique culture de la Chine antique. Cependant, Confucius était un énergumène qui « pérorait mais n’écrivait rien », car, en fait, il était incapable d’écrire une ligne. Le Louen Yu (les « Entretiens de Confucius »), ce classique confucéen dont certains font tant de cas, ne fut pas écrit par Confucius lui-même.

C’est une mosaïque de fragments disparates rapportant des propos ou des actions de Confucius rassemblés de mémoire par ses disciples.

Le réactionnaire et décadent Louen Yu prêche la théorie de  «la volonté du Ciel », propage des idées de restauration, y compris des choses comme la technique du complot et des tactiques à double face, ainsi que des descriptions du mode de vie décadent de l’aristocratie et de son code de conduite.

D’après le Louen Yu, Confucius « exigeait que son gruau fût fait du riz le plus raffiné et son hachis composé de la viande coupée le plus fin possible », « si un mets n’était pas cuit et assaisonné convenablement, il n’en mangeait pas. La viande qui n’était pas coupée comme il faut, il n’en voulait pas », « en hiver, sur une robe fourrée d’agneau noir, il passait nécessairement une robe de dessus noire ; sur une robe fourrée de daim blanc, une robe blanche ; et sur une robe fourrée de renard jaune, une robe jaune. »

En présence d’un prince, il recommandait une crainte respectueuse et une noble gravité, et en face d’un dignitaire au pouvoir, un sourire aimable et flatteur.

Devant une foule de gens, il convenait de se composer une mine sérieuse et franche pour obtenir le renom d’homme parfait.

L’hypocrisie et la corruption, voilà le canon de l’école confucéenne !

Un cynisme abominable et l’esprit d’arrivisme, voilà le savoir de ce Confucius ! [L’école confucéenne (jou), école de pensée fondée par Confucius. A l’origine, « jou » désigne ceux qui s’occupaient des funérailles ou d’autres activités similaires pour le compte des aristocrates propriétaires d’esclaves.

Confucius avait exercé ce métier dans sa jeunesse ; mais plus tard, il ouvrit une école privée et recruta des élèves. Il prêcha le retour à l’ancien, mena des activités politiques pour s’opposer à tout changement social et s’employa à sauver le régime esclavagiste moribond.

Il créa ainsi une école philosophique dont les adeptes furent connus sous le nom de confucéens. A partir des dynasties des Ts’in et des Han, tous ceux qui professaient les doctrines de Confucius et de Mencius furent appelés confucéens ou confucianistes.]

Le penseur progressiste Li Tche (1527-1602) de la dynastie des Ming a fait remarquer de manière pénétrante que Confucius était un homme sans « réelles connaissances ».

Même le philosophe idéaliste bourgeois allemand Hegel méprisait le prêchi-prêcha confucéen, et disait qu’il ne contenait rien de sérieux sur le plan philosophique. Hegel dit également : « Il aurait mieux valu pour la réputation de Confucius que ses livres ne soient jamais traduits. » [Leçons sur la philosophie de l’histoire]

Voilà qui frappe au point sensible ce parasite ignare qu’était Confucius.

Un chien errant chassé de partout

Le président Mao a dit : « Toute action rétrograde entraîne en définitive un résultat contraire à celui qu’escomptent ses instigateurs. »

Sa vie durant, Confucius circula de place en place pour travailler à la restauration, mais partout il échoua.

Le peuple le maudissait, le traitant de « chien errant, pelé et épuisé », ce qui décrit de manière très vivante ce que fut sa vie. C’était le résultat inévitable de sa ligne politique allant contre le sens de l’histoire.

Brandissant le drapeau en loques de « se modérer et en revenir aux rites », Confucius sillonna pendant plus de dix ans les États de Tsi, Wei, Song, Tchen, Tsai et Tchou dans une carriole bringuebalante tirée par un cheval.

Partout où il se présentait, ou bien il était froidement reçu, ou bien carrément expulsé car tout le monde détestait ce réactionnaire endurci.

Sachant que Confucius était un intrigant fieffé, le dirigeant de l’État de Wei envoya des gardes armés le surveiller ; dans les États de Tsi et de Song, les forces nouvelles voulaient l’assassiner. A chaque fois, il devait prendre honteusement la fuite.

Dans les Etats de Tchen et de Tsai, les forces nouvelles envoyèrent des hommes encercler Confucius en pleine campagne. Pendant sept jours, Confucius et ses disciples ne purent manger.

Affamés, ils devinrent tous étiques et décharnés.

Certains tombèrent malades et ne pouvaient plus tenir debout. Même sesdisciples les plus proches, mécontents, donnèrent des signes d’hésitation et émirent des doutes sur ses enseignements. Pour le peuple travailleur, Confucius était un rat qui traversait la rue sous les huées de tous.

Les paysans, les porteurs, les gardiens des portes, tous se levaient pour le conspuer. Certains chantaient des chansons moqueuses contre lui, d’autres le flétrissaient comme un réactionnaire qui « persistait à faire ce qu’il savait être impossible ».

Le petit peuple de Kouangtchen, dans l’État de Wei, l’assiégea pendant cinq jours dans le dessein de le tuer ; Confucius fut à deux doigts de perdre la vie au cours de cet incident.

Un jour, un large sourire d’amitié affectée aux lèvres, mais la haine au fond du cœur, Confucius vint voir Lieouhsia Tche, l’éminent dirigeant d’une insurrection d’esclaves ; il chercha à démoraliser les troupes des insurgés en prêchant « la bienveillance, la justice et la vertu » et en faisant miroiter la renommée, de l’argent et une position pour ceux qui déposeraient les armes.

Plein d’indignation révolutionnaire, Lieouhsia Tche stigmatisa Confucius, ce vampire qui, « sans cultiver la terre, avait à manger, et sans filer, avait de quoi se vêtir », ce caméléon qui en face des gens faisait leur éloge, et dans leur dos tramait des complots contre eux, cet hypocrite aux paroles mielleuses, qu’on appelait « Kieou-le-brigand aux crimes monstrueux » (Kieou était le prénom de Confucius).

Confucius dut filer piteusement, pâle comme la mort. Comme Confucius se faisait rabrouer partout, les uns après lesautres, ses disciples se détournèrent de lui. Il se lamentait :  «Si ma doctrine ne peut être mise en pratique, je vais prendre la mer sur un radeau. Il est probable que seul Tse Lou me suivra. » (Louen Yu, Kongyé Tchang)

Mais ce Tse Lou en question, un de ses disciples favoris, fut réduit en bouillie au cours d’une bataille pour défendre l’esclavage, et il fut enterré en même temps que ce système. Si Confucius s’était réellement embarqué sur ce radeau, il n’y aurait eu personne pour l’accompagner. Se heurter à un mur où qu’on se tourne, être rejeté par les masses et abandonné par ses disciples, tel est le sort qui attend inévitablement tous les chefs de file réactionnaires qui tentent une restauration.

Marx a dit : « Laissez les morts enterrer leurs morts et les pleurer. Il est enviable, au contraire, d’être les premiers à pénétrer en pleine vie dans la nouvelle vie ; ceci doit être notre lot. » (Lettres extraites des Annales franco-allemandes)

Ceux qui s’accrochent désespérément à la momie de Confucius et cherchent à ramener l’histoire en arrière ne connaîtront pas des jours heureux. L’avenir du monde appartient au prolétariat.

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Le noyau rationnel de la philosophie de Hegel

Par Zhang Shiying, 1972

Le système idéaliste de la philosophie de Hegel constitue l’aspect conservateur voire réactionnaire de sa philosophie ; cependant, sa philosophie idéaliste est traversée par quelque chose de grande valeur : la dialectique.

Hegel est le premier, dans l’histoire de la philosophie, à avoir développé aussi complètement et systématiquement la dialectique idéaliste ; il en a exposé les caractéristiques fondamentales à l’aide d’un point de vue idéaliste.

Marx a indiqué « Entre les mains de Regel la dialectique devient mystique, mais cela n’empêche pas qu’il est le premier à avoir exposé sous tous leurs aspects et consciemment les formes du mouvement général de la dialectique. »

Hegel considère que l’Esprit Absolu, l’Idée Absolue, réside dans le mouvement, la transformation et le développement incessants ; dans le mouvement et le développement existent des liaisons internes et un conditionnement réciproque.

La vérité est concrète : le développement a des lois propres, les contradictions internes sont la source du développement. Au sein du développement s’opère une conversion du changement quantitatif en changement qualitatif.

La connaissance est un processus d’approfondissement et de concrétisation incessants de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe… Ces idées dialectiques sont l’aspect progressiste, révolutionnaire de la philosophie de Hegel.

1. LE PRINCIPE RELATIF AU MOUVEMENT ET A L’INTERDÉPENDANCE DES PHÉNOMÈNES

Hegel considère que la réalité, la vérité, c’est-à-dire ce qu’il appelle l’Esprit Absolu, l’Idée Absolue, est un processus en mouvement, transformation et développement incessants. Chaque étape, chaque aspect ou maillon de ce processus n’est pas fixe ou isolé, mais il existe entre eux des liaisons internes et des conversions vivantes : l’un se convertit, passe nécessairement à un autre et a nécessairement avec lui des liens profonds.

Engels a indiqué : «Dans le système de Hegel […] pour la première fois – et c’est son grand mérite – le monde entier de la nature, de l’histoire et de l’esprit était représenté comme un processus, c’est-à-dire comme étant engagé dans un mouvement, un changement, une transformation et une évolution constants, et où l’on tentait de démontrer l’enchaînement interne de ce mouvement et de cette évolution. »

Lénine a dit : « Hegel pose deux exigences fondamentales : 1. « la nécessité de la liaison » et 2.  «la genèse immanente des différences ». Très. Important ! Voici ce que cela signifie a mon avis :

1. liaison nécessaire, liaison objective de tous les aspects, forces, tendances, etc., d’un domaine donné de phénomènes ;

2. la genèse immanente des différences, la logique interne objective de l’évolution et de la lutte des différences, de la polarité. »

Ces deux passages d’Engels et de Lénine sont en réalité une généralisation succincte de la pensée dialectique de Hegel.

De là on peut voir que la pensée dialectique de Hegel, du point de vue de son contenu le plus important, est une pensée de la liaison interne et du développement des contradictions. Lénine a indiqué que les « différences », la « polarité », c’est la contradiction.

Hegel lui-même l’a dit : la seule connaissance, la seule réalité (c’est-à-dire l’Esprit Absolu ou l’Idée Absolue), que la philosophie doit maîtriser et connaître a deux caractéristiques : ce sont les deux principes du développement et du concret.

Ces deux caractéristiques sont liées mutuellement. Hegel, de plus, en a fait la synthèse, il a donné une définition de ce qu’il appelle vérité, réalité. Il dit : « L’idée, qui est elle-même concrète, elle-même en développement, est encore un système organique, un ensemble, et comprend en elle-même de nombreux stades et maillons. »

Le concret ici désigne l’ensemble des liens organiques de différentes sortes ou, selon l’expression même de Hegel, « une unité aux déterminations différentes» [la synthèse des déterminations multiples]. Hegel lui-même a pris un exemple pour expliquer le sens de « concret »: un bouquet de fleurs comprend différentes qualités telles que le parfum, la forme, la couleur… cependant, le bouquet de fleurs n’est pas le rassemblement fortuit de ces qualités, c’est un ensemble.

Dans un bouquet de fleurs, ces qualités sont liées entre elles de façon interne et nécessaire. L’abstrait dont nous parlons d’ordinaire est l’opposé de ce concret.

C’est pourquoi, en disant que ce bouquet de fleurs est concret, nous voulons dire qu’il est un ensemble qui lie de façon interne ces qualités. Au contraire, si l’on abstrait de son ensemble une qualité particulière de ce bouquet de fleurs comme la couleur, on la sépare des autres qualités et la couleur devient alors abstraite. Bref, le concret ce sont les liaisons internes, c’est l’ensemble, et l’abstrait c’est la séparation, l’unilatéral.

Hegel considère que les choses dans le monde sont concrètes, elles sont des ensembles de différents aspects, éléments ou qualités liés de façon interne. Que ce soit dans le ciel ou sur la terre, dans le monde naturel ou spirituel, il n’est pas de chose « abstraite », isolée ; si l’on isole une chose de façon absolue, cela n’a aucun sens.

Par exemple, une couleur absolument isolée, abstraite, en dehors de toute forme, de tout parfum et de toute qualité, n’existe pas en réalité.

Dans le monde réel, si une couleur n’est pas liée à telle forme, tel parfum, elle l’est avec telle autre forme, tel autre parfum… Pour parler plus simplement, c’est ce que veut dire Hegel lorsqu’il dit que la vérité est concrète.

La deuxième caractéristique fondamentale de la vérité est le développement. Hegel considère que, puisque la vérité est une unité organique variée, elle comporte aussi en son sein des éléments contradictoires, des éléments opposés, des contradictions ; c’est pourquoi la réalité n’est pas nécessairement fixe ou en repos, mais peut se convertir et se développer contradictoirement.

Précisément pour cela Hegel ajoute que la vérité est vivante, c’est un mouvement et un processus.

Hegel affirme que l’objet de la philosophie, c’est la vérité- réalité qui a les caractéristiques exposées plus haut ; que le seul but de la philosophie est de maîtriser cette vérité, cette réalité. C’est pourquoi Hegel considère que « la philosophie est la science qui connaît le développement des choses concrètes », c’est la science qui maîtrise la vérité-réalité.

A partir de ce point de vue fondamental, on peut dire que le contenu de l’ensemble du système philosophique hégélien est la description du processus du développement de la vérité- réalité concrète.

C’est la description du processus de déduction et de conversion réciproques de chaque étape, de chaque maillon contenus dans la vérité concrète, ou réalité. Prenons comme exemple la première partie du système philosophique hégélien, la logique. L’esprit fondamental qui traverse la description des concepts logiques consiste à les examiner comme des choses liées réciproquement, en développement et en conversion incessants.

Par exemple, lorsque Hegel analyse les deux concepts d’Être et de Néant, on voit que l’Être n’est pas une chose fixe ou ultime : il doit passer et se convertir en son opposé le Néant, car l’Être purement abstrait est d’un côté un concept différent, opposé au Néant, mais d’un autre côté l’Être purement abstrait n’a aucune détermination et aucun contenu ; alors quelle différence y a-t-il avec le Néant ?

Aussi, nous ne pouvons, comme la métaphysique, considérer que l’Être c’est l’Être, et le Néant le Néant, ni qu’entre les deux il n’y a absolument aucune communication.

Au contraire, l’Être et le Néant sont liés de façon interne et nécessaire, le premier devant se développer, se convertir dans le second.

Autre exemple, les deux concepts de Liberté et de nécessité : ils ne sont pas entièrement coupés, séparés l’un de l’autre.

Si l’on considère qu’il suffit d’être libre pour ne pas être déterminé par la nécessité ou au contraire qu’il suffit d’être déterminé par la nécessité pour ne pas être libre, il faut dire que ce point de vue ne considère pas les problèmes en partant des liens : il oppose abstraitement liberté et nécessité et est donc erroné.

Une liberté qui ne comprend pas en elle-même la nécessité, qui n’agit pas en fonction de la nécessité, n’est qu’une « liberté formelle ». On ne peut que l’appeler arbitraire, et il ne s’agit pas de liberté véritable. La liberté est essentiellement concrète, c’est-à-dire qu’elle est étroitement liée à la nécessité : c’est la connaissance de la nécessité.

Seule une telle liberté est la véritable liberté. Autre exemple : l’Essence et le phénomène. Hegel a indiqué : Essence et Phénomène n’existent pas isolément l’un de l’autre. Le Phénomène est la manifestation de l’Essence ; si un phénomène est tel, c’est en raison de l’Essence ; l’Essence non plus n’existe pas en dehors du Phénomène mais en lui.

Autrement dit, de tout ce que manifestent les phénomènes, il n’est rien qui ne soit pas intérieur à l’Essence ; et rien dans l’Essence qui ne se manifeste en phénomène.

Hors de l’Essence, il n’est pas de manifestation de l’Essence, il n’est pas de phénomène ; hors des phénomènes, l’Essence devient une chose vide, qui n’a pas de sens. C’est pourquoi pour connaître l’Essence il faut partir de la connaissance des phénomènes.

Séparer l’Essence et le phénomène pour aller, en dehors des phénomènes, appréhender une essence abstraite, une chose en soi inconnaissable, c’est un point de vue métaphysique que Hegel a critiqué.

Nous pouvons encore prendre comme exemple le général, le particulier et l’individuel. Hegel considère que ce sont les trois maillons du concept, qu’ils sont inséparables et liés de façon interne.

D’un côté le particulier ne peut exister en dehors du général, le général structure la nature et l’essence du particulier. Par ailleurs, le général est aussi inséparable du particulier ; il se manifeste à travers lui, il le traverse, le général comprend en lui le particulier, il l’a comme contenu.

Toute généralité saisie en dehors du particulier est vide et non réelle. Cette généralité étroitement liée au particulier, Hegel l’appelle « généralité concrète », et la généralité coupée du particulier, Hegel l’appelle « généralité abstraite ».

Hegel est pour la première, il s’oppose à la seconde. Ce qu’il appelle l’« individualité » [le singulier], c’est l’union du général et du particulier.Bref, les concepts et catégories que Hegel examine dans la logique (Être, néant, devenir, quantité, qualité, degré, essence, identité, différence, contradiction, essence et phénomène, nécessité et contingence, possibilité et réalité…) se trouvent dans un mouvement constant, sont liés entre eux, se convertissent mutuellement ; ils se transforment et se développent, il y a conversion de l’un en l’autre.

C’est pourquoi on peut dire que la logique décrit le processus de mouvement, conversion, déduction et développement incessants du concept.

Nous n’avons fait ici que prendre des exemples dans la Logique, mais, bien sûr, la pensée hégélienne de la liaison et du développement ne se limite pas à cette œuvre. La méthode de pensée métaphysique considère les choses comme immuables et n’ayant pas de liaisons internes entre elles.

Hegel a très vivement critiqué cette conception. Il a indiqué que la méthode métaphysique ne comprend pas, ne sait pas que la vérité-réalité est concrète et a de multiples aspects ; elle considère que le concept abstrait et isolé peut exprimer la vérité, elle saisit toujours un aspect des choses et ne le lâche plus, considérant qu’il s’agit de la vérité complète.

Lorsqu’elle examine une chose, elle ne veut jamais prêter attention à d’autres aspects opposés ; l’aspect qu’elle saisit, elle ne veut jamais le relier aux autres.

Cette méthode méconnaît l’unité organique de tous les aspects de la vérité, elle exprime souvent de façon éparpillée plusieurs phénomènes superficiels d’un problème, mais jamais elle ne maîtrise véritablement ce qui a trait à l’essence à partir de leur unité organique.

Cette méthode est arbitraire, elle s’en tient opiniâtrement à un aspect et considère que tout aspect peut exister dans un état d’isolement ; elle considère qu’entre tel et tel aspect il existe un fossé infranchissable, et qu’il ne peut y avoir conversion et transformation réciproques.

Ainsi, la Liberté et la Nécessité, l’Essence et le Phénomène, la Possibilité et la Réalité, la Nécessité et la Contingence, tous ces concepts sont coupés l’un de l’autre et s’excluent mutuellement. Hegel considère que cette méthode de pensée unilatérale qu’est la métaphysique ne peut maîtriser la vérité- réalité.

2) LE PRINCIPE FONDAMENTAL DE LA DIALECTIQUE (LA CONTRADICTION)

Les deux caractéristiques de la vérité-réalité énoncées plus haut contiennent déjà en elles-mêmes l’idée de contradiction. En dehors des contradictions, il n’est pas question qu’il y ait concret ou développement.

Hegel considère que, si la vérité-réalité est en mouvement, en transformation, en développement ce n’est pas en raison d’une force extérieure mais en raison de contradictions internes. Il affirme que chaque stade, chaque maillon du processus de développement de l’Esprit Absolu, de l’Idée Absolue, comprend en lui-même des contradictions internes.

Selon l’exemple qu’il prend lui-même, le phénomène de la vie comprend la contradiction entre la vie et la mort.

Le point de vue métaphysique considère que, puisque la vie est différente de la mort, qu’elle lui est opposée, il ne peut y avoir dans les phénomènes de la vie des facteurs de mort.

Selon ce point de vue, si l’homme doit mourir, c’est uniquement en raison des causes externes. Hegel a indiqué que la vie est un processus contradictoire, la vie comme telle porte en elle le germe de la mort ».

A ce que l’homme ne puisse éviter la mort, il y a donc fondamentalement une cause interne. Quand il y a passage, conversion d’un concept à un autre, comme Hegel en parle dans la Logique, ce n’est pas en raison d’une cause externe, mais parce que dans la nature et à l’intérieur même d’un concept sont compris des éléments d’un autre concept, qui lui est (ou sont) opposé(s) et différent(s).

Ce n’est qu’en raison des contradictions internes de ces deux aspects qu’un concept est forcé de se convertir et de passer à un autre concept. Le processus de conversion, de mouvement et de développement des concepts, que décrit toute la Logique, c’est aussi le processus d’auto-conversion, d’auto-mouvement et d’auto-développement des concepts.

Par exemple, si le concept d’Être se convertit dans le concept de Néant, ce n’est pas parce qu’une force extérieure sans lien interne avec l’Être et existant en dehors de l’Être le pousserait à la conversion vers le Néant, mais parce que la nature de cet Être purement abstrait et sans aucun contenu comprend déjà des éléments de ce Néant qui lui est contraire.

Et jusqu’aux concepts d’Identité et de Différence, d’Essence et de Phénomène, de Nécessité et de Contingence, de Possibilité et de Réalité : la source de leur conversion réciproque réside également dans les contradictions internes.

Par exemple, si l’identité se convertit en différence, ce n’est pas non plus parce qu’une force extérieure et qui n’a pas de liaison interne avec elle la pousse, mais parce que le concept de l’identité concrète comprend en lui-même le concept de différence qui lui est contraire.

Ce n’est qu’en raison de la contradiction interne entre ces deux aspects que le concept d’identité est forcé de se dépasser lui- même et de se convertir dans le concept de différence. Quant aux autres concepts et catégories, c’est également la même chose.

Bref, dans tout concept ou catégorie, dans tout phénomène – autrement dit, dans tout stade ou maillon de la réalité ou de l’Esprit Absolu – existent des contradictions internes, et c’est en raison de celles-ci que chacun se dépasse et passe à son contraire.

La métaphysique considère que les contradictions ne sont pas pensables, ou tout au moins qu’elles ne sont pas normales. Hegel a critiqué cette conception métaphysique.[à propos du mot « critiquer» : il existe en chinois deux mots traduits généralement par le seul verbe «critiquer». En fait, le premier (piping), critiquer-commenter, relève du registre des contradictions au sein du peuple.

Le second (pipan), critiquer-juger, se réfère à des divergences plus fondamentales et relève souvent du registre des contradictions antagoniques. C’est ce dernier terme qui est ici employé dans le texte chinois]

Selon son point de vue, le principe de contradiction dans la logique formelle ne nous permet pas d’affirmer une opinion tout en la niant ; c’est une loi élémentaire que notre pensée doit respecter, et si l’on enfreint cette loi de la logique formelle en effet ce n’est pas « normal », c’est «impensable».

Cependant, reconnaître le principe de contradiction dans la logique formelle n’équivaut pas à nier les contradictions qui existent dans la réalité.

Hegel affirme que dans la réalité toutes les choses concrètes sont contradictoires et qu’entre le ciel et la terre il n’existe aucune chose qui ne comprenne des contradictions ou des caractéristiques contraires.

Hegel considère que les contradictions dont parle le principe de contradiction de la logique formelle sont « formelles », qu’elles sont des contradictions « impossibles » et doivent être exclues. Mais les contradictions réelles sont absolument différentes de celles que le principe de non-contradiction de la logique formelle doit exclure.

Ce type de contradiction est une contradiction nécessaire, « interne », et « il est ridicule de dire que la contradiction ne se laisse pas penser». Non seulement ce type de contradiction n’est pas un phénomène anormal, mais c’est «un principe qui pousse en avant le monde entier », c’est « la puissance universelle irrésistible devant laquelle rien, quelque sûr et ferme qu’il puisse paraître, n’a le pouvoir de subsister ».

C’est pourquoi où il y a contradiction il y a mouvement, développement. Hegel raille ces gens qui nient que les choses aient des contradictions : « L’habituelle tendresse pour les choses, dont le seul souci est qu’elles ne se contredisent pas, oublie ici comme ailleurs que la contradiction n’est pas résolue par là » (Hegel, Science de la logique)

Lénine a indiqué : « Cette ironie est charmante ! La  «tendresse » pour la nature et l’histoire (chez les philistins), c’est le désir de les épurer des contradictions et de la lutte.»

3. LE PRINCIPE SELON LEQUEL IL Y A CONVERSION D’UN CHANGEMENT QUANTITATIF EN UN CHANGEMENT QUALITATIF RADICAL

La vérité-réalité se développe, et du point de vue de Hegel le développement n’est pas seulement changement quantitatif mais changement qualitatif ; en effet, dans le chapitre sur l’Être de La Logique, Hegel a étudié les lois de conversion réciproque, de liaisons réciproques entre le changement quantitatif et le changement qualitatif, entre un état qualitatif et un autre état qualitatif. Hegel considère que la qualité et la quantité sont des caractères que possède toute chose. Mais il y a une différence entre la qualité et la quantité.

Pour reprendre les propres termes de Hegel, la qualité est un caractère uni à l’Être, alors que la quantité ne l’est pas directement.

Par unité de la qualité et de l’Être Hegel veut dire que la qualité est la détermination qui fait qu’une chose est une chose. Une chose est ce qu’elle est de par sa qualité ; si elle perd sa qualité, elle cesse d’être cette chose.

S’il y a telle qualité, telle chose est ; s’il n’y a pas telle qualité, telle chose n’est pas. Aussi conclut-il que la qualité est unie à l’être. Dire que la quantité n’est pas directement unie à l’Être, cela signifie que la grandeur ou l’augmentation et la diminution de la quantité n’influent pas sur la qualité de la chose, n’influent pas sur le fait qu’elle soit ou ne soit pas ; les rapports entre la quantité et l’être sont externes.

Cependant, en indiquant la différence entre la qualité et la quantité, Hegel souligne les liens étroits entre l’un et l’autre.Pour Hegel, la non-influence du changement quantitatif sur la qualité ne s’entend qu’à l’intérieur de certaines limites : par exemple quelle que soit l’augmentation ou la diminution de la température de l’eau, cela n’influe pas sur la nature de l’eau elle-même.

De même pour un paysan qui alourdit le fardeau de son âne : dans certaines limites, cela n’influera pas sur la marche de l’âne.

Cependant, quand le changement quantitatif dépasse la limite, il peut amener le changement d’une qualité en une autre. Ainsi, si la température de l’eau s’élève jusqu’à dépasser certaines limites, l’eau devient vapeur ; si elle baisse jusqu’à dépasser certaines limites, elle devient glace.

De même, si le paysan rajoute kilo après kilo sur son âne et que le poids du fardeau dépasse certaines limites, l’âne tombera, ne pouvant supporter le fardeau.

Hegel a souligné qu’on ne peut faire de ces exemples des plaisanteries, car en réalité ils sont riches de sens. Ces exemples illustrent de façon vivante la loi de la conversion du changement quantitatif en changement qualitatif. Ils montrent qu’au début le changement quantitatif est sans conséquence du point de vue de la qualité, mais que, quand ce changement atteint un certain degré, il entraîne une transformation de la qualité.

Hegel a indiqué : le changement quantitatif est un mouvement graduel ou progressif, le changement qualitatif est une rupture dans la gradation. Ici Hegel expose clairement l’idée du développement par bond, et attaque le point de vue métaphysique qui réduit le mouvement à un pur changement quantitatif.

4. LE PRINCIPE SELON LEQUEL LA CONNAISSANCE EST UN PROCESSUS QUI VA DE L’ABSTRAIT VERS LE CONCRET, DU SIMPLE AU COMPLEXE

Le concret dont il est question ici, nous l’avons déjà dit plus haut, désigne l’unité variée. Hegel considère que le procès de développement de la vérité-réalité, c’est-à-dire de l’Esprit Absolu, de l’Idée Absolue, est en même temps le procès de son auto-connaissance.

Il considère que ce procès de connaissance est un processus qui va de l’abstrait, du superficiel, du pauvre, vers le concret, le profond, le riche.

C’est pourquoi l’ensemble du procès de l’Esprit Absolu, depuis le stade logique jusqu’au stade spirituel en passant par le stade naturel, est un processus de plus en plus concret, de plus en plus complexe : « La connaissance relative à l’Esprit est ce qu’il y a de plus haut, de plus difficile […] c’est la plus concrète de toutes les sciences ».

Nous allons maintenant discuter de façon plus précise en prenant la logique comme exemple. Hegel considère que le mouvement de chaque concept, de chaque catégorie dans la logique est fonction de contradictions internes.

Chaque concept comprend en lui-même sa propre négation, et, comme cet aspect de négation est en contradiction avec lui- même, il est finalement nié et se convertit en un autre concept, une autre catégorie.

Cependant, le sens que Hegel donne à la négation n’est pas celui de la conception métaphysique de la négation, simple dépassement. Il s’agit de dépasser le donné primitif en conservant ce qu’il y a de rationnel ; c’est pourquoi le terme de négation a à la fois le sens d’achèvement et de conservation.

C’est justement pour cela que les processus de connaissance, le processus de conversion et de déduction des concepts dont parle Hegel n’est pas un processus de dépassement d’un concept par un autre, mais le processus d’un approfondissement, d’une concrétisation progressive et d’un enrichissement incessant du contenu.

Par exemple, dans la logique, le concept de départ, l’Être, n’a absolument aucune détermination, c’est le concept le plus abstrait et le plus vide, mais à travers le processus de négation l’Être se convertit en devenir, puis à nouveau en qualité.

Bien sûr, le concept de qualité comparé à l’Être simple est plus concret, plus profond et plus riche, car il exprime l’idée qu’il comprend certaines déterminations, alors que l’Être simple n’en comprend aucune.

De même pour le concept de degré : il s’agit du dernier concept du chapitre sur l’Être dans la Logique, et en même temps du concept le plus riche et le plus concret de ce chapitre, parce qu’il ne dépasse pas seulement les concepts de Qualité et de Quantité qui le précèdent mais les comprend tous les deux. Il est l’unité de la Qualité et de la Quantité.

De même dans le chapitre sur l’Essence : la Réalité est le dernier concept, il est en même temps le plus riche et le plus concret, il ne dépasse pas simplement l’Essence et le Phénomène, il est l’unité des deux.

De même le dernier concept du dernier chapitre de la Logique : le Concept, c’est-à-dire l’Idée Absolue, est le concept le plus riche et le plus concret de l’ensemble de la logique, il ne dépasse pas simplement tous les concepts et catégories qui le précèdent mais il les comprend tous en lui. Il est l’unité de l’Être et de l’Essence.

Tous les concepts et catégories qui l’ont précédé sont ses propres parties constitutives, ce sont tous les maillons qui le constituent.

C’est pourquoi tous les concepts de la logique de Hegel ne sont pas la juxtaposition et l’alignement de plusieurs concepts situés sur une même ligne d’égalité, mais ils sont en réalité des stades différents du processus d’auto-développement, d’auto- connaissance de l’Idée Absolue.

C’est pourquoi un concept tel que l’Être n’est pas un concept en dehors de l’Idée Absolue ; en réalité, l’Être c’est l’Idée Absolue, ce n’est que l’étape la plus inférieure et la plus abstraite de l’Idée Absolue. La définition de l’Idée Absolue donnée ici est la définition la plus abstraite et la plus superficielle. Ou, si l’on préfère, la connaissance que l’Idée Absolue a ici d’elle-même est la plus abstraite et la plus vide.

Le concept d’Essence, ce n’est pas non plus un concept en dehors de l’Idée Absolue ; en réalité, l’Essence c’est l’Idée Absolue, ce n’est qu’un stade assez inférieur et peu concret de l’Idée Absolue.

L’Idée Absolue c’est donc aussi l’Essence, mais la définition que l’on donne ici de l’Idée Absolue n’est pas une définition très concrète ou, si l’on préfère, la connaissance que l’Idée Absolue a d’elle-même n’est pas très concrète.

C’est pourquoi l’Idée Absolue est le grand rassemblement de tous ces concepts précédents, et tous ces concepts sont chacun un des stades de son auto-développement, et en même tempsson contenu. En dehors de tous ces stades, l’Idée Absolue elle- même n’est que vide et sans aucun sens.

C’est pourquoi Hegel considère que pour comprendre l’Idée Absolue il faut comprendre chacun des stades de son auto- développement. Pour comprendre les catégories et les concepts ultimes et suprêmes de la logique, il faut comprendre l’ensemble du système de ses concepts.

On peut donc voir que le processus de l’auto-connaissance de l’idée chez Hegel part de l’Être le plus abstrait et le plus superficiel, et à travers le processus d’une série de négations passe du stade de l’Être au stade de l’Essence, puis du stade de l’Essence arrive au stade du Concept, pour finalement s’arrêter à l’Idée Absolue.

L’ensemble de ce processus est un processus d’approfondissement et de concrétisation progressif de l’abstrait vers le concret et du simple vers le complexe ; dans ce processus, chaque catégorie est relativement supérieure et plus concrète, plus profonde, que les catégories précédentes.

Pour exprimer cette idée, nous pouvons encore prendre un autre exemple particulièrement clair : la conception de l’histoire de la philosophie chez Hegel. Hegel considère que la philosophie est la forme suprême de l’Idée Absolue. C’est pourquoi l’histoire du développement de la philosophie suit un chemin qui va de l’abstrait vers le concret et du simple vers le complexe.

Hegel s’est fermement opposé à l’idée selon laquelle l’histoire de la philosophie est l’amas et l’alignement d’opinions éparses.

Il est inepte et superficiel de concevoir que toutes les écoles métaphysiques dans l’histoire de la philosophie s’excluent et s’anéantissent simplement l’une l’autre réciproquement, inepte et superficiel de concevoir qu’un système métaphysique « tue » un autre système métaphysique, puis le rejette, considérant ce système métaphysique mort comme quelque chose qui n’a plus aucune valeur.

Pour Hegel, si chaque système philosophique dans l’histoire de la philosophie n’a pas un stade préliminaire, s’il n’a pas quelques liens avec d’autres systèmes philosophiques, il ne peut pas lui-même avoir de contenu.

Si un système philosophique peut exister c’est, quant au fond, parce qu’il a des liens avec les systèmes philosophiques précédents, parce que tout système philosophique apparaît nécessairement et se développe à partir des pensées philosophiques précédentes.

Hegel soutient qu’il n’y a qu’une vérité. La philosophie est l’auto-philosophie, l’auto-connaissance et l’auto-développement de la vérité.

Chaque système philosophique a pour contenu cette vérité unique et est donc une étape particulière de l’auto-développement et de l’auto-connaissance de la vérité.

Les premiers systèmes philosophiques sont les philosophies les plus abstraites et les plus pauvres ; dans ces systèmes philosophiques, le développement de la vérité se trouve encore à un stade inférieur, le contenu et les déterminations de la vérité sont encore extrêmement abstraites et pauvres.

Ensuite, plus on a un système philosophique récent et plus on y maîtrise la vérité de façon concrète et profonde. Plus son contenu est concret, riche et profond, plus la vérité se trouve à un stade supérieur.Ces systèmes philosophiques récents ont fait de tous les systèmes philosophiques précédents des matériaux réels existants.

En les prenant pour commencement, ils les ont retravaillés et transformés ; les systèmes philosophiques récents n’ont donc pas simplement rejeté tous les systèmes philosophiques précédents, ils les ont utilisés pour s’enrichir eux-mêmes, ils ont fait d’eux leurs maillons et leurs éléments constitutifs. Ainsi les conservent-ils tout en les dépassant.

C’est pourquoi les philosophies les plus récentes et les plus nouvelles sont les plus concrètes, les plus riches et les plus profondes, elles sont «un miroir de toute l’histoire » passée.

Hegel considère donc que, pour comprendre la forme dernière, c’est-à-dire actuelle, du développement de la philosophie, on doit comprendre l’histoire de son développement passé. L’étude de l’histoire de la philosophie, c’est l’étude de la philosophie elle-même.

Cette idée de Hegel selon laquelle la pensée est un processus de ‘abstrait vers le concret et du simple vers le complexe, nous pouvons l’exprimer de la façon suivante : la réalité est concrète, elle est l’unité de plusieurs déterminations. Cependant, la vérité n’atteint ce concret qu’après avoir traversé un long processus de développement.

Le premier stade de l’auto-développement et de l’auto- connaissance de la vérité est le plus abstrait, celui qui manque le plus de contenu, ses déterminations sont les plus simples. Ensuite, avec la poursuite incessante de l’auto-développement et de l’auto-connaissance de la vérité, ces déterminations ou particularités sont de plus en plus riches ; le contenu est alors de plus en plus concret, et ainsi jusqu’à ce qu’elle ait atteint la forme dernière.

A ce moment-là, toutes les déterminations ou particularités précédentes deviennent ses éléments constitutifs, son contenu indispensable et inhérent ; elles sont comprises en elle. Ici la vérité atteint son stade suprême et ultime, c’est-à-dire son stade le plus concret et le plus riche.

L’idée selon laquelle la connaissance est un processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple au complexe, Hegel lui- même l’exprime clairement dans un passage :« Ainsi, le connaître avance de contenu en contenu.

En premier lieu, ce développement se caractérise par le fait de commencer par des déterminités simples, les suivantes devenant toujours plus riches et plus concrètes. Car le résultat renferme son commencement, et le cours pris par celui-ci l’a enrichi d’une nouvelle déterminité. […] C’est pourquoi le développement n’est pas à prendre comme un courant qui va d’une chose dans une autre. […]

A chaque degré de détermination plus avant, il [l’universel] élève la masse tout entière de son contenu antérieur, par son développement dialectique ; non seulement il ne perd rien ni ne laisse quelque chose derrière soi, mais au contraire il porte avec soi tout ce qui est acquis et s’enrichit et se condense en soi-même.»

Dans les Cahiers philosophiques, Lénine approuve grandement ces passages. Il dit : « Ce fragment fait, pas mal du tout, une sorte de bilan de ce qu’est la dialectique. »

De là, on peut voir que la pensée de Hegel relative au fait que la connaissance est un processus de l’abstrait vers le concret et du simple vers le complexe a son noyau rationnel : les choses concrètes dans la réalité objective sont justement le lien réciproque et la somme de plusieurs aspects, elles sont des unités organiques ayant plusieurs déterminations et aspects varies.

Pour connaître vraiment une chose, il faut maîtriser les liens d’unité organique de tous ses aspects.

Cependant, dans le procès de connaissance réel, l’humanité ne peut maîtriser d’un coup l’unité organique de toutes les déterminations d’une chose concrète.

Le processus de connaissance que les hommes ont du caractère concret des choses, le processus de connaissance des liens organiques de tous les aspects d’une chose concrète est long et sinueux. Le but de la maîtrise des choses n’est atteint qu’en passant par un processus d’« activité abstraite ».

Ce qui est appelé ici « activité abstraite », c’est le fait d’extraire de l’ensemble un aspect, une détermination, de l’examiner et de le connaître isolément. Pour reprendre l’exemple de Marx dans l’Introduction à la critique de l’économie politique, la population est une chose concrète, elle est l’unité organique de plusieurs aspects, de plusieurs déterminations.

Mais, quand nous connaissons la population, nous n’avons au début absolument aucune connaissance des différents éléments qui constituent la population, ses différentes déterminations, nous n’avons qu’une « impression chaotique ».

Pour que notre connaissance se rapproche du but, qui est de maîtriser cette chose concrète, unité de plusieurs déterminations, qu’est la population, nous devons entreprendre des « activités abstraites », analyser toute cette « impression chaotique » de la population, analyser tous les éléments et déterminations qui constituent la population : par exemple les classes jusqu’à tous les éléments et toutes les déterminations qui les constituent, comme le travail salarié, le capital, et jusqu’à tous les éléments et toutes les déterminations qui constituent le travail salarié et le capital comme l’échange, la division du travail, les prix…

Nous devons extraire avec une précision croissante tous les éléments et déterminations les plus simples, unis à l’origine dans cette chose concrète qu’est la population, afin de la connaître.

Mais, si l’on s’arrête à ce stade de l’« activité abstraite », on ne peut pas encore atteindre le but visant à maîtriser la chose concrète ; ce que nous obtenons à ce stade, ce ne sont que des choses abstraites.

La population n’est pas du tout un amas fortuit d’éléments et de déterminations comme classe, travail salarié, capital, etc., la population est toujours l’unité organique de ces éléments et déterminations.

Aussi, pour maîtriser les choses concrètes, devons-nous avoir une compréhension unifiée de ces éléments et déterminations simples, comprendre les liaisons et l’unité organique entre ces éléments et déterminations.

C’est à cette seule condition que l’on peut connaître le vrai visage de la population, son riche contenu, et dire que l’on a atteint la connaissance concrète de la population.

A partir de cet exemple, nous voyons clairement que le processus décrit par Hegel, processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe, reflète en effet, de façon inconsciente, le processus de connaissance réel. Tel est précisément le noyau rationnel de la conception de Hegel.

5. LE PRINCIPE RELATIF A L’IDENTITÉ DE LA PENSÉE ET DE L’ÊTRE ET A LA COÏNCIDENCE ENTRE LE LOGIQUE ET L’HISTORIQUE

Un principe important de la philosophie hégélienne est l’identité de la pensée et de l’être. Kant considère qu’il y a un fossé infranchissable entre la pensée et l’être, que le véritable visage de l’être (la « chose en soi ») est quelque chose que la pensée, la connaissance ne pourra jamais atteindre : c’est quelque chose qui par principe serait inconnaissable. Hegel a critiqué ce point de vue.

Il s’est opposé à la rupture métaphysique entre la pensée et l’être ; il considère que, si l’on sépare radicalement la pensée et la chose elle-même (l’être) et que l’on affirme que la chose elle-même et la connaissance que nous en avons sont absolument séparées, nous en serons toujours réduits à ne pouvoir connaître les choses et nous ne pourrons jamais résoudre le problème de savoir comment la connaissance est possible.

Hegel dit que ce point de vue conduit au doute et au désespoir. Hegel avance que le véritable aspect d’un phénomène, ou d’une chose, est nécessairement ce que la pensée juste de l’homme connaît, et donc que les choses elles-mêmes sont par principe connaissables.

Hegel considère que ces deux aspects contraires que sont la pensée et l’être sont unis de façon interne d’un côté, l’être est le contenu de la pensée.Sans être la pensée manque de contenu, elle est vide. D’un autre côté, en dehors de la pensée, les chose l’être, perdent leur dimension de vérité. La pensée est ce qui saisit et fait advenir l’essence des chose.

Pour Hegel, les choses ne sont que la manifestation extérieure ou « extériorisation » de la pensée. En outre, ce qui est « extériorisé » est amené finalement à être nié et à retourner à sa base primitive – à l’intérieur de la pensée -, c’est pourquoi la pensée et l’être sont en réalité deux aspects d’une même chose.

Cependant, ces deux aspects ne se situent pas sur un pied d’égalité, car selon le point de vue de Hegel, la pensée est ce qui est dirigeant, c’est ce qui est premier, alors que les choses, l’être, sont subordonnés ; ils sont le produit de la pensée.

Sur la base de ce principe d’identité entre la pensée et l’être, Hegel considère que, dans la philosophie, il y a également identité entre la théorie relative à l’être, c’est-à-dire l’ontologie, et la théorie relative aux lois et aux formes de la pensée, c’est- à-dire la logique.

En même temps, comme dans l’identité de l’être et de la pensée la pensée est principale et l’être secondaire, Hegel en vient à considérer que la logique est l’âme de l’ontologie, que l’ontologie a pour fondement la logique.

Hegel estime que la pensée est première, que l’être est second, et il fait de la logique le fondement de l’ontologie. Cela est manifestement le principe fondamental de la philosophie idéaliste de Hegel.

Cependant, ici le noyau rationnel de la philosophie hégélienne réside dans le fait que, à l’intérieur d’une philosophie idéaliste, il a deviné l’unité des lois de la pensée et des lois objectives, la coïncidence de l’ontologie et de la logique.

Comme l’a dit Lénine : « Hegel a effectivement démontré que les formes et les lois logiques ne sont pas une enveloppe vide, mais le reflet du monde objectif. Plus exactement, il ne l’a pas démontré, mais génialement trouvé. »

D’autre part, le noyau rationnel de la philosophie hégélienne réside aussi ici dans le fait qu’il a souligné le caractère agissant de la pensée.

Nous savons que la pensée de l’homme peut non seulement refléter le monde objectif mais également, en s’appuyant sur les lois objectives déjà connues, avoir une action, une influence sur le monde objectif, transformant ainsi ce qui au départ ne se trouvait que dans la pensée – comme idéal, projet, programme, etc. – en être réel ; le monde objectif est alors subordonné et lui appartient.

Le point de vue hégélien selon lequel les choses sont l’extériorisation de la pensée, selon lequel ce qui est extériorisé est nié puis retourne à la pensée, développe de façon idéaliste cette activité subjective de la conscience humaine. L’idée de Hegel sur la coïncidence entre le logique et l’historique est la manifestation concrète, dans sa philosophie, du principe de l’identité de la pensée et de l’être.

Hegel considère que, puisqu’il y a identité entre la pensée et l’être, le processus de développement de la pensée et de la connaissance et celui du développement de l’être avancent côte à côte. Le premier, c’est ce qui est appelé le «logique», le second ce qui est appelé l’« historique »; les deux coïncident.

Prenons encore des exemples dans la logique et dans la conception de l’histoire de la philosophie de Hegel : quand nous avons expliqué plus haut l’idée de Hegel selon laquelle la connaissance est un processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe, nous avons dit que le développement des concepts de la logique de Hegel et le développement de l’histoire de la philosophie respectaient le processus qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe.

Pourquoi le cours du développement des deux coïncide-t-il ? Ce n’est absolument pas un hasard. C’est justement la manifestation du principe de coïncidence entre le logique et l’historique.

Ce que l’on entend ici par logique désigne le procès de développement des concepts de la logique, et ce que l’on entend par historique désigne le procès de développement de l’histoire de la philosophie.

C’est justement sur la base de ce principe que Hegel considère que l’ordre historique d’apparition des systèmes philosophiques et l’ordre de déduction des concepts logiques sont les mêmes.

Sur la base de ce principe, Hegel a grossièrement établi des rapports parallèles et des rapports de correspondance entre l’ordre des concepts logiques, dans la logique, et l’ordre d’apparition des systèmes philosophiques, dans l’histoire de la philosophie.

Ainsi, dans la logique il y a une catégorie, l’Être : Il s’agit de la catégorie la plus originelle, la plus abstraite et la plus pauvre.

Correspondant à cette catégorie, il y a, dans l’histoire de la philosophie, la philosophie de Parménide, car le principe fondamental de la philosophie de Parménide est de considérer l’Être comme Absolu.Hegel considère que où commence la logique commence l’histoire de la philosophie. C’est pourquoi une véritable histoire de la philosophie, pour Hegel, commence toujours avec la philosophie de Parménide.

Dans la logique, il y a une catégorie, celle de « devenir », et il y a dans l’histoire de la philosophie une philosophie correspondante, la philosophie d’Héraclite : elle considère le « devenir » comme le caractère fondamental des choses. De même, dans l’histoire de la philosophie, ce qui correspond à la catégorie logique d’« être en soi » c’est la philosophie de Démocrite.

Ce qui correspond à la catégorie logique de substance, c’est la philosophie de Spinoza ; et ce qui correspond à la catégorie ultime, suprême mais également la plus concrète, d’Idée Absolue, c’est la philosophie de Hegel lui-même.

Hegel considère cependant qu’une coïncidence totale entre le logique et l’historique est impossible, et c’est pourquoi ce type de rapports parallèles et de correspondances décrits plus haut ne sont pas absolus.

Comme, en effet, l’histoire réelle comprend toujours de la contingence, elle peut avoir des déviations, et, d’un point de vue logique, ces phénomènes contingents, ces phénomènes de déviation peuvent être mis de côté.

Aussi ce qui est logique, ce qui est du ressort de la logique, se débarrasse-t-il de la contingence de l’histoire réelle.

En parlant du parallélisme et de la coïncidence entre le développement des concepts logiques et le développement de l’histoire de la philosophie, Hegel souligne donc que ces rapports de parallélisme et de coïncidence ne sont référables « qu’à un niveau d’ensemble » ou « grossièrement ».Nous n’avons pris plus haut que l’exemple de l’histoire de la métaphysique pour expliquer la coïncidence du logique et de l’historique.

En fait, pour Hegel, c’est non seulement l’histoire du développement de la métaphysique qui coïncide avec le développement des concepts logiques, mais c’est également le cas de l’histoire du développement de toutes les choses réelles ; le procès du développement de toutes les choses réelles est aussi un procès du simple au complexe, où le contenu s’enrichit sans cesse.

Hegel considère que tout chose présente est le résultat d’une chose passée l’ultime résultat du développement historique est toujours de conserver la chose passée par une forme de dépassement ; le développement historique est tel un grand cours d’eau, plus loin il coule, plus le volume d’eau est important, c’est à-dire que le contenu est de plus en plus riche.

En exposant sa pensée de la coïncidence de la logique et de l’histoire, Hegel estime, en chamboulant tout, que l’historique n’est que le résultat du développement des concepts logiques : c’est bien évidemment de l’idéalisme.

Mais que Hegel puisse lier étroitement le logique et l’historique constitue la partie rationnelle de sa philosophie. Car, du point de vue du matérialisme scientifique, le cours de la pensée qui va du simple au complexe (le logique) correspond au processus historique réel (l’historique). Le Capital de Marx est le meilleur exemple d’étude menée sur la base du principe de la coïncidence de la logique et de l’histoire.

Marx étudie d’abord la marchandise, puis la monnaie et enfin le capital.

Ici, la marchandise est la catégorie la plus simple, la monnaie est plus complexe que la marchandise, le capital est plus complexe que la monnaie ; selon le procès de la connaissance, si l’on ne connaît pas d’abord les choses simples, on ne peut connaître les choses complexes ; c’est pourquoi un tel processus d’examen, qui va de l’examen de la marchandise à celui de la monnaie, puis de celui de la monnaie à celui du capital, n’est pas fortuit ou arbitraire, mais déterminé par l’ordre logique de la pensée, par la nécessité du procès de la connaissance.

Mais, d’un autre côté, le logique est l’expression théorique du développement historique réel, et ce procès de déduction des catégories qui va de la marchandise à la monnaie et de la monnaie au capital est en même temps déterminé par le développement historique réel ; car, dans le développement historique réel, ces trois choses apparaissent selon un ordre du simple vers le complexe, de l’inférieur vers le supérieur – de la marchandise à la monnaie, de la monnaie au capital : l’apparition de la monnaie est plus tardive que celle de la marchandise, et celle du capital plus tardive que celle de la monnaie.

Après avoir expliqué tout cela, Marx a indiqué : « Dans ces limites, ce cours de la pensée abstraite qui s’élève du plus simple au complexe correspond au procès historique réel. »

6. LE PRINCIPE RELATIF A LA COÏNCIDENCE ENTRE LOGIQUE ET THÉORIE DE LA CONNAISSANCE

A partir du principe de l’identité de la pensée et de l’Être, Hegel considère d’une part que logique et ontologie coïncident, d’autre part que logique et théorie de la connaissance coïncident également.La théorie de la connaissance est la théorie relative au processus de la connaissance ; le contenu de la connaissance ce sont les choses qui existent (l’être).

La logique est la théorie relative aux formes de la pensée, mais Hegel estime que les formes de la pensée qu’étudie la logique dialectique ne sont pas des formules creuses et abstraites, coupées du contenu de la connaissance, mais qu’elles sont étroitement liées au contenu : à tel contenu, telle forme.

L’ordre des formes de la pensée – concepts, catégories – qu’étudie la logique de Hegel n’est donc pas du tout arbitraire, mais coïncide avec le procès de développement de la connaissance et avec le cours d’approfondissement et de concrétisation incessants du contenu de la connaissance. Si la logique de Hegel part du concept d’Être, c’est parce que la connaissance que nous avons au début des choses concrètes est la plus pauvre et la plus abstraite.

Ainsi, quand nous ressentons une chose telle que l’Être, mais que nous ne pouvons rien en dire, le contenu de notre connaissance est alors le plus pauvre et le plus abstrait ; la catégorie logique correspondant à ce stade de la connaissance est l’Être. Les catégories postérieures à l’Être correspondent toutes, pour Hegel, au contenu de la connaissance.

Et, comme dans le procès de connaissance on a d’abord la connaissance directe, sensible, et qu’ensuite seulement on pénètre l’essence des choses, de même en logique la catégorie d’Être apparaîtra d’abord et celle d’Essence après ; comme dans le procès de connaissance, la connaissance de la quantité demande plus d’approfondissement que celle de la qualité, de même en logique la catégorie de qualité apparaîtra d’abord, puis celle de quantité ; comme dans le processus de connaissance, la connaissance des rapports dialectiques entre telle et telle chose est plus profonde que la connaissance simple d’une chose, de même aura-t-on d’abord la catégorie de Chose, puis celle de Causalité, etc.

Bref, le développement de la connaissance suit un cours qui va de l’abstrait vers le concret, du simple vers le complexe, et la déduction des catégories logiques suit le même cours. Les deux coïncident. Bien que l’ordre de conversion des catégories logiques de Hegel ait quelque chose de forcé, de rigide, sa logique, dans l’ensemble, expose de façon idéaliste la pensée dialectique rationnelle de la coïncidence entre la logique et la théorie de la connaissance.

Pour mieux comprendre la coïncidence entre la logique et la théorie de la connaissance chez Hegel, nous allons aborder plus particulièrement le problème des différents types de jugement dam la logique de Hegel : comme on l’a dit plus haut la vérité concrète est, pour Hegel, l’unité organique de plusieurs déterminations.

Sur la base de ce point de vue fondamental, Hegel affirme que le jugement n’est pas une catégorie extérieure ou parallèle à la vérité concrète, mais le développement de celle-ci, l’exposition et l’explication des particularités ou des déterminations que comprend la vérité concrète.

Soit le jugement :« l’or est jaune ». « Jaune » est une exposition des particularités de cette chose concrète qu’est « l’or ». A partir de ce point de vue sur le jugement, Hegel, pour la première fois dans l’histoire de la philosophie, a, en collant de près au contenu de la connaissance, distingué trois grands stades et quatre grandes sortes de jugement.Les trois grands stades sont ceux de l’Être, de l’Essence et du Concept, équivalents aux trois grandes parties de la Logique.

Le jugement du stade de l’Être est le « jugement essentiel »; le jugement du stade de l’Essence comprend le « jugement réfléchi » et le « jugement nécessaire »; et le jugement du stade du Concept s’appelle le « jugement conceptuel ». Ces quatre sortes de jugement ne sont pas à un même niveau et n’ont pas la même valeur ; il y a une hiérarchie, un ordre donné. La place de celui qui suit est d’un cran plus élevé que celui qui précède.

Prenons pour exemples (1) « les roses sont rouges », (2) « les roses sont utiles », (3) « les roses sont des plantes » et (4) « ce bouquet de roses est beau ».

Selon le contenu de la connaissance, le sens du prédicat, ces quatre types de jugement sont plus ou moins élevés : le premier (« les roses sont rouges ») est le plus inférieur, car le prédicat de ce type de jugement n’expose que les qualités particulières directes et sensibles du sujet (les roses, choses concrètes).

Pour déterminer si le sujet a ou non cette qualité, il suffit d’utiliser nos sensations immédiates. Par exemple, si nous voulons déterminer si la rose a cette qualité qu’est le rouge, il suffit d’utiliser un peu notre vue.

Hegel appelle ces jugements « jugements essentiels ». Ce type de jugement montre que le contenu de la connaissance n’a pas encore atteint l’essence de la chose, mais n’est encore que direct, immédiat ; ce type de Jugement n’équivaut donc qu’à celui du stade de l’Être, et on ne peut pas dire qu’il équivaut à celui de l’Essence.

Le second type de jugement, « les roses sont utiles », Hegel l’appelle le « jugement réfléchi ». Ce qu’expose le prédicat de ce jugement ne concerne plus des qualités particulières, directes, sensibles, mais les déterminations relatives à certains liens du sujet.

En effet, dire que «les roses sont utiles » a trait aux rapports entre les roses et d’autres choses ; ce type de jugement expose les particularités des roses à partir de leurs rapports avec les autres choses. Hegel estime que ce jugement touche à l’essence des choses, car pour lui la catégorie de chose c’est la «réflexion sur soi » dans un rapport.

Ce jugement expose manifestement le contenu du sujet de façon plus concrète et profonde. Ce jugement est donc un niveau au-dessus du jugement essentiel.

Plus élevé que le « jugement réfléchi » est le « jugement nécessaire », tel que « les roses sont des plantes ».

Ce qu’expose le prédicat de ce type de jugement, ce sont les rapports de substance du sujet ; comme le « jugement réfléchi », il appartient au stade de l’Essence, mais il comprend plus de nécessité, il expose plus profondément, plus concrètement le contenu et les particularités du sujet. Ce type de jugement est donc supérieur.

Cependant, le jugement qui expose le plus profondément et le plus concrètement le contenu et les particularités du sujet, c’est encore un quatrième type de jugement, le « jugement conceptuel ».Ce jugement montre si une chose concrète (le sujet) correspond ou non à sa nature, à son concept, et jusqu’à quel degré il y correspond.

Ainsi, les prédicats « beau », « vrai », « bien »… Par exemple :« ce bouquet de roses est beau -, « cette maison est bien ». Ces jugements comparent toujours une chose concrète et son concept. Ils comparent « ce bouquet de roses » et le concept de « rose » ; ils comparent « cette maison » et le concept de « maison ».

Tout ce qui correspond à son concept, à sa nature, est alors beau, bien et vrai.

Aussi, quand nous disons : « ce bouquet de roses est beau », cela veut dire que ce bouquet de fleurs a poussé conformément à la nature, au concept de rose.

Quand nous disons :« cette maison est bien », cela veut dire que cette maison a été construite conformément au concept de maison. Hegel estime que, pour émettre un tel jugement, il faut avoir la connaissance la plus profonde et la plus concrète des choses concrètes.

Ce classement de Hegel est certes quelque peu obscur et forcé. Quand en particulier il fait du jugement apodictique l’unique et suprême jugement, c’est là une manifestation de la nature idéaliste de sa philosophie ; cependant, comme l’a dit Engels : « La vérité interne et la nécessité interne de ce classement sont claires. »

Son classement place à des niveaux plus ou moins élevés les diverses formes de jugement selon le procès d’approfondissement de la connaissance, et il a donc profondément décrit le processus de connaissance que les hommes ont de la vérité concrète, et qui va de l’abstrait, de l’indigent, vers le concret, le profond : quand le contenu de notre connaissance n’est que l’existence immédiate de l’objet, qu’il n’est que les qualités particulières abstraites, sensibles, et que donc notre connaissance n’est que très superficielle et abstraite, la forme de la pensée que nous utilisons, le jugement, est le jugement le plus inférieur, le « jugement essentiel »; quand le contenu de notre connaissance de l’être porte sur les déterminations de rapports de l’objet, quand elle pénètre l’« essence » de l’objet et que notre connaissance est plus profonde, plus concrète, la forme de pensée que nous utilisons est le « jugement réfléchi » voire le « jugement nécessaire »; le « jugement conceptuel », lui, exprime que nous avons de l’objet la connaissance la plus profonde et la plus concrète.

A tel contenu de la connaissance, telle forme de la connaissance ; le contenu de la connaissance s’approfondit et se concrétise sans cesse, et il en va de même pour la forme de la connaissance : l’ensemble du système conceptuel de la logique de Hegel expose donc concrètement le principe de l’unité de la logique et de la connaissance.

Bien sûr, ce principe est exposé chez Hegel sous une forme idéaliste.

Nous avons relevé plus haut quelques idées dialectiques importantes du système de Hegel ; en fait, la pensée rationnelle de la philosophie de Hegel est beaucoup plus riche que ce que nous avons mentionné.

Même dans la «philosophie de la nature», maillon le plus faible de la philosophie hégélienne, il y a pas mal d’idées rationnelles, celles que nous avons citées quand nous avonsparlé plus haut du stade naturel en sont des preuves manifestes.

Dans « Ludwig Feuerbach et la Fin de la philosophie classique allemande », Engels dit qu’il suffit de ne pas s’arrêter inutilement au pied de ce grand édifice qu’est le système idéaliste de la philosophie hégélienne, mais qu’en y pénétrant nous y découvrirons d’innombrables trésors. Cet éloge d’Engels n’est pas du tout excessif.

Bien que ce dont parle Hegel ne soit absolument pas la dialectique du monde objectif, dans la dialectique de l’Esprit Absolu ou de l’Idée Absolue, dans le processus de liaison réciproque, de conversion mutuelle et d’auto-contradiction des concepts purement logiques, en un mot dans sa dialectique idéaliste, il a deviné, ou plutôt il a reflété inconsciemment, la dialectique des choses objectives elles-mêmes.

Par exemple, l’idée de Hegel relative au mouvement et au développement incessants de l’Esprit Absolu, de l’Idée Absolue, et à l’existence des liaisons internes dans le mouvement et le développement, c’est refléter inconsciemment la situation réelle du mouvement et du développement incessants du monde réel ainsi que les liaisons mutuelles et le conditionnement réciproque de tous ses phénomènes.

De même, l’idée de Hegel sur l’auto-mouvement de l’Esprit, de l’Idée, et sur le fait que les contradictions sont la source du mouvement, et l’idée relative à la conversion réciproque des deux concepts de « qualité » et de « quantité» : c’est là aussi refléter inconsciemment la situation réelle des contradictions internes et des transformations entre la qualité et la quantité dans le monde réel.

Et jusqu’à l’idée de Hegel qui voit dans le procès d’auto- connaissance de l’Esprit, de l’Idée, un procès qui va de l’abstrait au concret, du simple au complexe, c’est encore refléter inconsciemment le procès d’approfondissement et de concrétisation incessants de la connaissance humaine réelle. Et ainsi de suite.

Bref, dans sa dialectique idéaliste, dans la dialectique du concept, « Hegel a génialement deviné la dialectique des choses (des phénomènes, de l’univers, de la nature) » Il a reflété inconsciemment la dialectique des choses objectives elles-mêmes ; c’est là que réside le « noyau rationnel » de la dialectique de Hegel, et son grand mérite historique.

Avant la constitution de la philosophie marxiste, il y avait deux méthodes quant à la question du développement des sciences : l’une était la méthode métaphysique, l’autre la dialectique hégélienne.

Cependant, la vieille méthode métaphysique ne pouvait certes pas stimuler le développement des sciences, elle avait déjà été détruite sur le plan théorique par Kant et surtout Hegel ; seule la méthode hégélienne a posé le problème de l’universalité et de l’éternité du développement dialectique ; elle a tenté de faire du monde un procès de mouvement, de transformation et de développement incessants, et d’y découvrir les liaisons internes, elle a eu « comme fondement un énorme sentiment historique ».

Lors de l’étude des problèmes, elle est souvent partie du point de vue du développement et de la liaison ; et à l’époque la dialectique hégélienne était donc « parmi les matériaux logiques existant le seul matériau au moins utilisable ».

Ce sont justement ces choses rationnelles que Marx et Engels ont assimilées de la dialectique hégélienne quand ils ont créé le matérialisme dialectique.Voilà pourquoi les grands auteurs marxistes-léninistes ont hautement apprécié la philosophie de Hegel.

Cependant, la dialectique de Hegel est, quant à son essence, fondamentalement idéaliste. Elle est édifiée sur une base anti- scientifique ; Hegel a seulement deviné la dialectique des choses objectives dans sa dialectique idéaliste, mais il n’a pas eu une connaissance scientifique du processus réel objectif qui apparaît dialectiquement.

Au contraire, il a, sous une forme idéaliste (mystique), déformé fondamentalement ce processus réel objectif. C’est pourquoi la dialectique hégelienne « est dans sa forme existante complètement inutilisable ».

Et, en assimilant la partie rationnelle de la méthode dialectique de Hegel, Marx et Engels ont donc considéré qu’il faut d’abord faire de la méthode de Hegel une critique radicale, pénétrante, « rejeter sa gangue idéaliste » pour que la dialectique puisse apparaître sous son aspect originel.

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Sur la réfutation de Confucius par Lieouhsia Tche

Tang Siao

1975

Vers la fin de l’époque Tchouentsieou (770-476 av. J.-C.), alors que la Chine passait du système esclavagiste au système féodal, une lutte à mort éclata entre les esclaves et les propriétaires d’esclaves. Tche de Lieouhsia (appelé plus couramment Lieouhsia Tche) fut un éminent dirigeant de l’insurrection d’esclaves dans les Etats de Tal et de Lou (l’actuelle province du Chantong).

A la tête d’une force armée, il se battait dans différentes régions menant une guerre de mouvement et infligeant des coups sévères à la classe dominante et au système esclavagiste pourri. Sorti des rangs des esclaves il dénonça avec indignation Confucius, représentant de l’idéologie de l’aristocratie esclavagiste en pleine décadence. L’essai « Tche-le-brigand » dans le Tchouang Tse (un classique taoïste du IVe-IIIe siècle av. J.-C.) est un précieux document historique relatant la lutte menée par Lieouhsin Tche contre Confucius.

Cependant, les commentateurs du passé du Tchouang Tse étaient pour la plupart des adeptes de Confucius. Partant de leurs préjugés de classe, ils allaient jusqu’à nier l’existence de Lieouhsia Tche et le fait qu’il condamné sévèrement Confucius. Ils tentaient ainsi de camoufler les crimes de Confucius. C’était là une grossière déformation des faits historiques.

Les documents que nous avons consultés nous donnent d’amples preuves de l’existence de Lieouhsia Tche. Son nom est cité dans dix-neuf passages des ouvrages suivants antérieurs à la dynastie des Ts’in (221-207 av. J.-C.) : Tchouang Tse, Meng Tse (IVe siècle av. J.-C.), Siun Tse (IVe-IIIe siècle av. J.-C.), Han Fei Tse (IIIe siècle av. J.-C.) et Liuche Tchouentsieou (IIIe siècle av. J.-C.).

Sema Tsien de la dynastie des Han de l’Ouest (206 av. J.-C.-8 ap. J.-C.), connu comme un historien qui « a recueilli toute la littérature et les événements du passé », a narré les activités révolutionnaires de Lieouhsia Tche dans deux textes de ses Mémoires historiques. Et Wang Tchang (27 ap. J.-C.-environ 97), penseur matérialiste imprégné d’esprit critique, a également parlé des hauts faits de Lieouhsia Tche dans l’un des chapitres de son ouvrage Louen Reng (Discours bien pesés).

Tout ce que ces auteurs ont raconté est en gros identique au texte de « Tche-le-brigand » du Tchouang Tse. Ceci prouve que les exploits de Lieouhsia Tche à la tête d’esclaves révoltés ont été largement racontés et rapportés par la suite par de nombreux auteurs. Il est donc clair que Lieouhsia Tche a été un personnage historique assez important.

Nous n’avons pas pu préciser sa date de naissance ni celle de sa mort. Pourtant en consultant des ouvrages antérieurs à la dynastie des Ts’in, nous voyons que certains auteurs ont souvent représenté Lieouhsia Tche comme un adversaire de Tseng Chenet et Che Tsieou.

Or, ces derniers étaient contemporains de Confucius. Donc, Lieouhsia Tche devait être, lui aussi, contemporain de Confucius. En outre, des ouvrages de cette époque nommèrent souvent ce héros « le brigand », et ce caractère chinois tao apparut pour la première fois à l’époque Tchouentsieou.

Dans le Mo Tse (Ve-VIe siècle av. J.-C.), « brigand-voleur » et « bandit-rebelle » sont deux termes employés alternativement, sans distinction.

A cette époque, le mot « brigand » était employé par la classe des exploiteurs pour désigner généralement les masses organisées en groupes armés révolutionnaires. L’emploi de ce mot dans les écrits de cette époque est une preuve de plus que Lieouhsia Tche a bien vécu à l’époque Tchouentsieou.

La réfutation de Confucius par Lieouhsia Tche telle qu’elle fut décrite dans « Tche-le-brigand » du Tchouarig Tse a été confirmée par d’autres ouvrages. Le Liuche Tchouentsieou par exemple nous raconte cette anecdote :

Lieouhsia Tche demanda de mettre dans son cercueil après sa mort un marteau de bronze dont il se servirait pour casser le crâne aux rois Tang de la dynastie des Chang et Wen de celle des Tcheou et aux autres chefs de file de la classe des propriétaires d’esclaves quand il les rencontrerait dans l’autre monde.

D’où nous pouvons voir que Lieouhsia Tche voua une haine implacable à ces « rois anciens » et ces « sages » tant vénérés par Confucius. Ce même ouvrage a noté encore les interprétations données par Lieouhsia Tche aux concepts moraux tels que courage, justice, sagesse et bienveillance. Ceci nous montre que l’éthique de la classe des esclaves avancée par Lieouhsia Tche était diamétralement opposée aux vertus de la « piété filiale » et de la « déférence fraternelle » prêchées par Confucius.

Nous pouvons voir ici que Lieouhsia Tche avait une théorie politique qui lui était propre. Dans ses Mémoires historiques, Sema Tsien a écrit que Lieouhsia Tche propageait activement les doctrines révolutionnaires. L’auteur du Siun Tse dit que Lieouhsia Tche se montrait habile dans les débats et que ses discours convaincants faisaient peur à ses adversaires.

Dans les Discours sur le contrôle du sel et du fer par l’Etat, il est dit que Sang Hong-yang (152-80 av. J.-C.), légaliste célèbre des Han de l’Ouest, indiqua que « Confucius voulait persuader Lieouhsia Tche par les rites », mais échoua. En somme, le contenu de ces ouvrages est justement conforme à celui de « Tche-le-brigand » dans le Tchouang Tse qui décrit comment Lieouhsia Tche, faisant montre d’un esprit de combativité Inflexible, déjoua les efforts de Confucius pour le convaincre de se rendre et dénonça les crimes des « anciens rois », et comment il fit preuve d’une grande habileté dans le débat et déconcerta complètement Confucius. Tous ces ouvrages s’appuyent et se confirment mutuellement.

L’essai « Tche-le-brigand » fut écrit à une époque ultérieure au temps où vécut ce héros, sur la base de nombreuses histoires qui circulaient oralement parmi le peuple travailleur.

Il est à noter que l’auteur de ce texte a aussi employé certaines expressions calomnieuses à l’égard de Lieouhsia Tche, et que, par endroits, il a même professé des idées taoïstes, passives et décadentes par sa bouche. Les écrits de ce genre, nous devons les juger d’après les conceptions de classe et de la lutte de classes, et en recourant à la méthode de l’analyse de classe.

Les dominateurs réactionnaires de tous les temps ont toujours considéré que seuls leurs « classiques » et « biographies » officiels étaient authentiques et dignes de foi.

En fait, ces ouvrages déformaient, dans la plupart des cas, les faits historiques, en inversant le vrai et le faux, pour servir l’intérêt de leur classe.

Mais, puisque l’histoire est créée par le peuple travailleur, ce sont les récits répandus largement parmi le peuple qui la reflètent le plus fidèlement et sont dignes de foi.

Les ouvrages écrits sur la base des récits populaires pourraient manquer de précision sur certains détails concernant les dates, les épisodes ou parce que des expressions et des pensées des époques postérieures s’y sont introduites, mais il nous est quand même possible de déceler la vérité historique à partir de ces ouvrages, si nous savons saisir le tronc de l’arbre en élaguant les rameaux inutiles, c’est-à-dire discerner le vrai du faux.

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Lieouhsia Tche dénonce Confucius

Tang Hsiao-wen

1975

Kong Kieou (Confucius) était le représentant de l’idéologie de l’aristocratie esclavagiste en déclin et en pleine décadence. Tous les réactionnaires d’antan l’ont révéré comme un « sage ». Les chefs de file des diverses lignes opportunistes dans le Parti communiste chinois étaient tous des adorateurs de Confucius, et le renégat et traître Lin Piao était un fervent disciple de Confucius.

A l’opposé, le peuple travailleur a toujours nourri une haine invétérée pour Confucius, l’a toujours méprisé et a toujours sévèrement critiqué et réfuté ses sermons réactionnaires.

La dénonciation de Confucius qu’a faite Lieouhsia Tche il y a plus de 2000 ans, telle que nous la rapporte « Tche-le-brigand », un essai qui figure dans le Tchouang Tse [ouvrage philosophique de l’école taoïste de la Chine antique ; il contient principalement les écrits du philosophe idéaliste TchouangTcheou (environ 369-286 av.J.-C.) et de ses disciples], fut une splendide page dans l’histoire de la lutte du peuple travailleur contre Confucius.

Éminent dirigeant d’un soulèvement d’esclaves

Pendant plus de 2000 ans, les classes réactionnaires ont calomnié Tche en le faisant passer pour un « brigand de grand chemin » et l’ont appelé « Tche-le-brigand ». Aujourd’hui, cette déformation de l’histoire doit être redressée.

Tche fut non pas un « brigand de grand chemin », mais l’éminent dirigeant d’une insurrection d’esclaves.

Il fut connu sous le nom de Lieouhsia Tche parce qu’il habitait à Lieouhsia (à l’est du district de Pouyang dans l’actuelle province du Honan).

Lieouhsia Tche vécut vers la fin de l’époque Tchouentsieou (770-476 av. J.-C.) ; la Chine traversait alors une période de grandes transformations sociales qui la fit passer de l’esclavagisme au féodalisme.

Pour empêcher l’effondrement du système esclavagiste, l’aristocratie esclavagiste à la veille de sa chute accentua sa cruelle oppression et exploitation de la classe des esclaves et du reste du peuple travailleur.

La Cour et les nobles menaient une vie de débauche, tandis que le peuple travailleur, affamé et en haillons, était écrasé sous un travail de forçat et privé de moyens d’existence.

C’est pourquoi « le peuple souffrait cruellement, et mari et femme maudissaient la manière dont allaient les choses » ; l’antagonisme de classes se fit très aigu et des insurrections d’esclaves de grande envergure éclatèrent un peu partout. D’après des récits historiques, les bâtisseurs des murailles de la cité se révoltèrent dans l’État de Tsi, le petit peuple déclencha une révolte dans l’État de Tcheng, et, dans l’État de Wei, les esclaves artisans attaquèrent le prince.

Utilisant comme armes « les sabres, le poison, l’eau et le feu », les esclaves dans de nombreux endroits se saisirent des « voitures, chevaux, vêtements et vestes de fourrures » des nobles et des riches.

Éminent dirigeant d’une insurrection d’esclaves dans les Etats de Tsi et de Lou (l’actuelle province du Chantong), Lieouhsia Tche dirigea les luttes armées des esclaves de diverses régions. Avec leurs préjugés de classe, les historiens des classes exploiteuses ont tout fait pour dénigrer ou même ignorer Lieouhsia Tche ; c’est pourquoi très peu d’ouvrages nous rapportent ses actions.

Et dans le Tchouang Tse (dans le chapitre « Tche-le-brigand »), les calomnies à son sujet ne manquent pas non plus. Mais, même d’après ces sources restreintes, on peut voir que Tche fut un héros intelligent et courageux, ainsi qu’un chef militaire très habile.

Il avait sa théorie, son programme, son organisation et l’appui des masses. L’histoire de « Tche-le-brigand » dit qu’à la tête « de neuf mille de ses partisans, il l’emportait partout irrésistiblement, et partout attaquait les princes ». Quand il arrivait, les propriétaires d’esclaves s’enfuyaient, les grands aristocrates se retranchaient derrière les épaisses murailles de leur cité, tandis que les petits nobles se terraient dans leurs citadelles aux murs de torchis. Aucun d’eux n’osait l’affronter.

Cela prouve quelle réputation avaient ses puissants bataillons et quelle terrible menace il faisait planer sur la domination réactionnaire de l’aristocratie esclavagiste.

En combattant de-ci de-là, les forces armées de Tche avaient fini par exercer une très large influence ; et son nom devint le symbole des esclaves en révolte dans les Etats de l’époque et fit trembler tous les nobles.

La violence révolutionnaire est « l’instrument grâce auquel le mouvement social l’emporte et met en pièces des formes politiques figées et mortes » (Engels : Anti-Dühring). Dans la société de classes, la loi générale est qu’un système social se substitue à un autre par la révolution violente. Le soulèvement d’esclaves que dirigea Lieouhsia Tche fut, dans l’histoire de Chine, une grande tentative de la classe exploitée pour résoudre, par la révolution violente, les contradictions sociales.

Relégués depuis des siècles tout en bas de l’échelle sociale, les esclaves se dressèrent, brisèrent le carcan que faisait peser sur eux l’aristocratie esclavagiste et secouèrent la base économique et la superstructure du système esclavagiste, poussant fortement l’histoire en avant.C’était là vraiment une bonne chose. Les partisans de réformes et du progrès du passé ont porté un jugement positif sur ce soulèvement.

Siun Tse (313-238 av. J.-C.), idéologue de la classe montante des propriétaires fonciers et éminent représentant de l’école légaliste, reconnut que Lieouhsia Tche était très habile à gagner les masses dans des débats publics et qu’il jouissait d’un grand prestige dans les plus basses classes.

Par la suite, certains idéologues progressistes dirent aussi qu’il était « le plus remarquable » sage du petit peuple en révolte. Par contre, les aristocrates esclavagistes en déclin et moribonds eurent une peur mortelle du soulèvement qu’il dirigea et lui vouèrent une haine farouche.

Ils traînèrent Tche dans la boue, le décrivant comme un monstre, un « brigand de grand chemin » qui se repaissait de chair et de sang humains, et assassinait les gens pour leur prendre leurs richesses.

Confucius, ce défenseur acharné du système esclavagiste vouait aussi une haine implacable à Tche.

Il le couvrit d’injures pour ne s’être pas montré respectueux des lois et de la piété filiale ; il le considérait comme « un fléau de ce monde » et se disait décidé à éliminer ce « fléau ».

Il collabora à la répression violente entreprise par les propriétaires d’esclaves ; simulant de bons sentiments, il vint en personne voit Tche à l’endroit où il campait et essaya par tous les moyens de l’amener à se rendre ; il se confondit en politesses devant lui et se mit en quatre pour lui dire des amabilités et le flatter.

Il débita des rengaines trompeuses sur la bienveillance, la justice et la vertu, et fit miroiter à Tche toutes sortes d’honneurs et de privilèges pour le séduire, comme de lui faire « construire une grande ville de plusieurs centaines de li de circonférence » et de « l’honorer comme l’un des nobles régnants ».

Confucius essayait par là de le persuader de déposer les armes et de se faire le docile sujet des aristocrates esclavagistes. Lieouhsia Tche haïssait profondément et depuis longtemps Confucius qui, comme un chien errant, parcourait les différents Etats pour défendre avec acharnement le système esclavagiste. Quand on lui annonça la visite de Confucius, il écuma de rage. Face à Confucius, bouillant de colère et la main sur le pommeau de son épée, Tche le fusillait du regard et lui lança au visage ses accusations.

Il condamna la position et les théories réactionnaires de Confucius qui prônait la régression et le retour à l’ancien, et dévoila ses « hypocrisies et ruses ».

Confucius, ne trouvant rien à lui répondre, était en plein désarroi.

Aux yeux d’un héros comme Tche, en effet, ce Confucius, que tous les réactionnaires révéraient comme un « sage », n’était qu’un pitre.

Dans cet affrontement, Lieouhsia Tche fit preuve d’un courage indomptable et d’un remarquable esprit révolutionnaire de lutte.

Tche réfute « Kieou-le-brigand »

Lors de sa rencontre avec Tche, Confucius en vint à calomnier ce dernier.

En dirigeant cette insurrection d’esclaves il se conduisait de manière honteuse, disait-il, et il devrait plutôt suivre la voie indiquée par l’école confucéenne, prendre des leçons de bonne conduite auprès « des sages et des lettrés », « démobiliser ses troupes et rassembler ses frères pour offrir de concert des sacrifices à leurs ancêtres ».

Cet infâme projet et ces sermons réactionnaires, Lieouhsia Tche les dénonça et les critiqua sur-le-champ. Les anciens rois étaient des « fauteurs de troubles », non pas des exemples à suivre.

Il réfuta fermement les idées réactionnaires de Confucius consistant à prendre modèle sur les anciens rois, à restaurer l’ancien régime et à travailler à la régression sociale. La prétendue « offrande commune de sacrifices aux ancêtres », l’appel à prendre modèle sur les « sages » que recommandait Confucius signifiaient en fait mettre en application le programme politique réactionnaire « se modérer et en revenir aux rites », soutenir et restaurer les règles, les institutions et l’ordre social, affaiblis et en pleine décadence, qui avaient eu cours sous le système esclavagiste des Tcheou de l’Ouest.

C’est dans ce but que Confucius portait aux nues la société esclavagiste des dynasties des Chang et des Tcheou de l’Ouest et la décrivait comme un paradis terrestre. Il faisait l’éloge des tristement célèbres chefs de file de la classe esclavagiste de ces deux dynasties, le roi Tang et le roi Wen, disant qu’ils étaient « des sages sanctissimes » d’une très grande vertu et d’un immense prestige, et demandait au peuple de leur vouer un véritable culte.

Lieouhsia Tche réfuta cette phraséologie creuse et absurde, dénonça la cruelle domination de l’aristocratie esclavagiste et le caractère pourri et obscurantiste de l’esclavage.

Il déclara que tous les chefs de file de l’aristocratie esclavagiste, loin d’être des « sages », n’étaient que des « fauteurs de troubles » éhontés qui opprimaient le peuple et l’empêchaient de vivre en paix.

Sous leur domination tyrannique, la société était bien loin d’être un paradis terrestre ; c’était plutôt une société aberrante où « les Etats forts malmènent les faibles, où les Etats à forte population oppriment ceux qui sont peu peuplés », et où règne l’oppression de l’homme par l’homme.

Quant à lui, il considérait qu’une société où règne l’intégrité morale devrait être une société dans laquelle « les gens cultivent la terre pour se nourrir, tissent leurs habits et ne se font aucun mal les uns aux autres », c’est-à-dire une société sans exploitation ni oppression.

Cela exprimait parfaitement les profondes aspirations des esclaves à se débarrasser de l’exploitation et de l’oppression, et à conquérir leur émancipation.

Lieouhsia Tche montra bien qu’avec tous ses éloges du système de la dynastie des Tcheou de l’Ouest et des mérites de la bienveillance et de la justice, Confucius cherchait pour lui-même « richesses et honneurs », c’est-à-dire qu’il voulait protéger la position dominante des propriétaires d’esclaves et maintenir éternellement les esclaves dans une nuit sans espoir. Et c’est avec le plus grand mépris que Lieouhsia Tche dédaigna le pouvoir, la position et la vie extravagante des nobles que Confucius faisait miroiter devant lui.

Il déclara que vivre ern parasite en consommant sans travailler était une chose extrêmement honteuse, et que la domination de l’aristocratie esclavagiste ne pourrait durer longtemps, qu’on en finirait une bonne fois avec elle, et qu’elle allait « s’éteindre dans les prochaines générations ».

La critique et la réfutation que Lieouhsia Tche fit de la position de Confucius visant à revenir à l’ancien ordre reflétaient l’esprit de révolte révolutionnaire des esclaves opprimés, que ni les « ancêtres » ni les « sages » n’intimidaient et qui étaient décidés à balayer le vieux système.

Cela prouve clairement que les esclaves ne pouvaient tolérer les efforts de Confucius pour restaurer le système de l’esclavage.

Ni la tromperie ni la répression violente ne pouvaient aider les réactionnaires à arrêter la marche en avant de l’histoire. Le président Mao a souligné : « le peuple chinois n’a jamais toléré le règne des forces ténébreuses et il a toujours recouru à la révolution pour renverser et changer un tel régime. » « La piété filiale et la déférence fraternelle » n’étaient que mensonges. Les théories défendues par Confucius étaient entièrement réactionnaires ; leur but était la restauration des rites de la dynastie des Tcheou, et leur concept-clé, la « bienveillance ».

Les éléments essentiels de son concept de « bienveillance » étaient « la piété filiale et la déférence fraternelle » ; d’après sa doctrine seul celui qui pratiquait ces deux vertus pouvait devenir un « ministre fidèle » au service de l’État esclavagiste. Ces concepts confucéens avaient pour but de défendre la hiérarchie et le système patriarcal des aristocrates esclavagistes dont la clé de voûte était de faire que « le roi reste un roi, le ministre un ministre, le père un père et le fils un fils ». Avec un jugement pénétrant, Lieouhsia Tche perça à jour la nature réactionnaire des doctrines de Confucius et fit justement remarquer qu’en produisant ces absurdités sur « la piété filiale et la déférence fraternelle », Confucius rêvait lui-même de devenir un riche noble écrasant le peuple.

Tche cita de nombreux faits pour dénoncer à fond le caractère trompeur de ce précepte de Confucius.

Aux yeux de Lieouhsia Tche, tous ces « ministres fidèles » et ces « esprits supérieurs » tant vantés par Confucius n’étaient que des coquins, complices des rois et des empereurs pour opprimer le peuple, et de dévoués serviteurs des seigneurs.

Leurs prétendues vertueuses actions « faisaient éclater de rire le peuple », car « pas une ne méritait la moindre estime ». Quant à ces « ministres fidèles » et « esprits supérieurs » dont on dit qu’ils servirent jusqu’à leur dernier souffle les propriétaires d’esclaves, ce n’étaient que des chiens et des porcs qui finirent par crever dans quelque trou puant. Tche lança au visage de Confucius :

« Puisque tu considères ta doctrine comme universellement valable et applicable, pourquoi as-tu été à maintes reprises mis dehors de l’État de Lou, pourquoi es-tu interdit de séjour dans l’État de Wei, ignoré par le peuple dans l’État de Tsi et traqué dans les Etats de Tchen et de Tsai ?

Comment se fait-il que tu en sois réduit à errer de-ci de-là, ballotté d’un endroit à un autre, sans pouvoir trouver un endroit où te fixer ? Crois-tu vraiment que ta doctrine vaille un clou ? »

Une critique d’un tel mordant mit complètement à nu les traits hideux des « ministres fidèles » et des « esprits supérieurs » exaltés par Confucius et ses semblables.

Se tenant sur la position révolutionnaire de tous ceux qui résistaient à l’oppression des propriétaires d’esclaves, Lieouhsia Tche considérait qu’il était tout à fait légitime que les esclaves se soulèvent et reprennent des mains des aristocrates propriétaires d’esclaves les richesses qu’ils avaient eux-mêmes créées.

Sur la base de la pratique acquise dans la lutte par la classe des esclaves, il donna un contenu complètement nouveau à des concepts moraux comme le courage, l’équité, l’intelligence et la bienveillance.

Il dit que dans les combats livrés aux nobles par les esclaves, le courage, c’est ne pas avoir peur de la mort et de se porter aux premières lignes quand on donne l’assaut. L’équité, c’est se replier en dernier pour protéger le mouvement des troupes.

La sagesse, c’est être habile à analyser une situation et à saisir le moment opportun pour livrer bataille.

La bienveillance, c’est de partager également le butin capturé. Dans sa critique de la « piété filiale » et de la « déférence fraternelle », pour la première fois dans l’histoire de Chine, cet éminent dirigeant des esclaves en révolte systématisa les préceptes moraux de la classe des esclaves, tels qu’ils découlaient de la vie réelle et diamétralement opposés à ceux de la classe des propriétaires d’esclaves.

Voilà qui confirme pleinement cette vérité : dans la société de classes, « la morale a été constamment une morale de classe ; ou bien elle justifiait la domination et les intérêts de la classe dominante, ou bien elle représentait, dès que la classe opprimée devenait assez puissante, la révolte contre cette domination et les intérêts d’avenir des opprimés » [Engels : L’Anti-Duhring].

L’éthique élaborée par Lieouhsia Tche reflétait la révolte des esclaves opprimés contre les propriétaires d’esclaves et défendait les intérêts de cette classe en révolte ; tandis que les préceptes confucéens de « piété filiale » et de « déférence fraternelle » étaient une arme idéologique utilisée par les réactionnaires de tout poil pour défendre leur domination. A l’égard du peuple travailleur, ce n’était rien d’autre que des mensonges pour le tromper.

Confucius était un « fieffé hypocrite », un « brigand de grand chemin ». Prenant de grands airs, Confucius parlait d’un ton patelin, de la bienveillance, de la justice, de la vertu et se fabriqua le personnage d’un « sage inné ».

Ses disciples et partisans allèrent même jusqu’à le porter aux nues en proclamant que « si le Ciel n’avait pas envoyé Confucius sur la terre, le monde serait plongé dans les ténèbres éternelles », etc.

Cependant quand, avec son beau chapeau à fanfreluches et sa longue robe, ce « sage » plein d’onction fut venu rendre visite à Lieouhsia Tche, sa face d’hypocrite fut immédiatement percée à jour.

Dès qu’on lui eut annoncé la venue de Confucius, Lieouhsia Tche fit remarquer que cet individu était « un fieffé hypocrite » venu de l’État de Lou, un hypocrite roublard et sournois qui avait toujours à la bouche de belles paroles pour rouler les gens.

Il dénonça sévèrement cet homme à double face, aux paroles de miel et au cœur de fiel, dont l’habitude était de « faire en face des gens leur éloge », et de « leur jouer des tours pendables par derrière » ; ce parasite qui suçait le sang du peuple travailleur, « mangeait sans avoir à cultiver la terre et se vêtissait sans filer ni tisser » ; ce politicien réactionnaire « à la langue bien déliée pour créer des troubles », avide d’honneurs et de richesses et cherchant à tout prix à occuper de hautes fonctions.

Tche énuméra les crimes qu’avait commis Confucius en trompant le peuple par ses discours spécieux et ses prétendues grandes actions, alors qu’en fait il ne cherchait que la renommée et l’argent. Ripostant du tac au tac, il n’hésita pas à faire porter à Confucius l’étiquette de « brigand de grand chemin » et à l’appeler « Kieou- le-brigand » aux « crimes monstrueux ».

Confucius était-il un « sage » ou un « brigand de grand chemin », un « homme de qualité » ou un « hypocrite retors » ?

Les classes dominantes réactionnaires et le peuple travailleur ont là-dessus des réponses entièrement différentes. Comme l’a dit le grand révolutionnaire que fut Lou Sin : « Ce sont ceux qui commandaient qui ont porté aux nues Confucius en Chine, faisant de lui le Sage des gens au pouvoir ou de ceux qui brûlaient d’arriver au pouvoir, un sage totalement étranger au petit peuple. »

Le peuple travailleur a toujours considéré Confucius comme un hypocrite qui tenait de beaux discours sur la bienveillance, la justice et la vertu et se conduisait comme une fripouille, un réactionnaire allant contre son temps.

En disant en face à Confucius ses quatre vérités, Lieouhsia Tche prit une position bien nette et le réfuta courageusement, faits à l’appui.

Le plan de ce dernier pour amener Tche, à force de tromperies, à se rendre échoua ainsi lamentablement.

Et finalement Lieouhsia Tche lui dit carrément : « Tout ce que tu dis, c’est exactement ce contre quoi je lutte. Tu ferais mieux de ne plus dire un mot et de filer vite ! »

Après avoir été ainsi étrillé d’importance par Tche, Confucius perdit son sang-froid.Quand il regagna sa voiture, ses mains tremblaient tellement qu’il dut s’y reprendre à trois fois pour saisir les rênes. Comme un chien enragé qui vient de recevoir une bonne raclée et qui détale la queue basse, il s’enfuit piteusement.

Les humbles sont les plus intelligents, les nobles personnages, les plus sots ! Confucius, cet idéologue réactionnaire, des aristocrates propriétaires d’esclaves en déclin, méprisait depuis toujours le peuple travailleur, prétendant que : « L’homme supérieur pense en termes de justice ; l’homme vulgaire ne pense qu’au profit. »

Il calomniait les gens du peuple comme étant sans moralité, absorbés par la recherche de petits avantages immédiats, bons seulement à cultiver la terre et à faire du travail manuel, bref de simples instruments au service des seigneurs.

Mais Confucius, cet « homme supérieur », eut le dessous dans sa controverse avec Lieouhsia Tche.

C’est une très vivante illustration de cette vérité : les esclaves, considérés comme humbles par les aristocrates propriétaires d’esclaves, étaient en fait les plus laborieux, les plus courageux et les plus intelligents ; ce furent eux la force motrice dans la destruction du vieux monde et le progrès de l’histoire, tandis que Confucius et ses fidèles disciples – qui se croyaient « supérieurs » – opprimaient les masses, méprisaient le travail productif et étaient les plus pourris, les plus réactionnaires et les plus ignorants des hommes.

Au cours de l’histoire, beaucoup d’hommes d’État, beaucoup d’idéologues se sont plus ou moins opposés à Confucius. Mais rares furent les gens qui, comme Lieouhsia Tche,rejetèrent totalement le système esclavagiste d’exploitation et d’oppression de l’homme par l’homme, et qui firent une critique aussi pénétrante, aussi incisive de tous les représentants des aristocrates esclavagistes, depuis les empereurs jusqu’aux « esprits supérieurs », en passant par les rois et les « sages » et les »ministres fidèles ».

S’il fut capable de cela, c’est qu’il avait été lui-même cruellement exploité et opprimé par le système esclavagiste et qu’il comprenait parfaitement de ce fait la nature réactionnaire des sermons de Confucius.

Cela prouve qu’au cours de l’histoire de Chine, le peuple travailleur a toujours été la force principale dans la lutte contre Confucius.

Lin Piao, « Kieou-le-brigand » de la Chine contemporaine

La lutte que se livrèrent face à face Confucius et Lieouhsia Tche reflète la lutte aiguë qui faisait rage entre les deux classes – les esclaves et les aristocrates propriétaires d’esclaves – il y a plus de 2000 ans.

La classe des esclaves, dont Lieouhsia Tche était le représentant, s’opposait fermement au plan réactionnaire de Confucius visant à restaurer le système esclavagiste. Cela fait donc bien longtemps déjà que les sophismes réactionnaires de Confucius ont été profondément réfutés par les esclaves révoltés.

Mais cela n’a pas empêché les réactionnaires de continuer invariablement par la suite à réutiliser la doctrine de Confucius-Mencius comme arme idéologique réactionnaire pour tromper le peuple et sauvegarder leur domination. Lin Piao, cet arriviste bourgeois, ce conspirateur, était un fidèle disciple de Confucius.

Il prit ses armes idéologiques dans la panoplie des sophismes de Confucius pour chercher à modifier la ligne fondamentale du Parti définie pour toute la période historique du socialisme, à renverser en Chine la dictature du prolétariat, à restaurer le capitalisme et à instaurer la dictature fasciste de la dynastie des Lin.

C’est pour tramer son complot de restauration du capitalisme que Lin Piao a repris à Confucius le slogan réactionnaire « se modérer et en revenir aux rites », qu’il considérait comme la chose la plus importante de toutes.

Comme Confucius, Lin Piao était un réactionnaire qui allait contre le sens de l’histoire.

Pour lui servir de programme théorique antiparti, Lin Piao reprit la théorie idéaliste du « génie » prêchée par Confucius. Il se comparait lui-même à un « coursier céleste », à un « sage » toujours le premier à connaître et à comprendre les choses. Quant au peuple travailleur, il le considérait comme une « populace » totalement ignorante des principes révolutionnaires et qui ne pensait qu’à « gagner des sous » et à « se procurer du riz ».

Ce n’était là rien d’autre qu’une nouvelle mouture du « il travaille inlassablement pour gagner davantage », calomnie fabriquée par les disciples de Confucius pour attaquer Lieouhsia Tche. Lin Piao a copié sur les concepts confucéens trompeurs de « vertu », « bienveillance et justice », « fidélité et indulgence » ; il a baptisé tout cela « matérialisme historique » afin d’attaquer la dictature du prolétariat.

Clamant que « celui qui recourt à la vertu vaincra, celui qui recourt à la force échouera », il attaqua la dictature du prolétariat comme étant « une tyrannie », « une dictature autocratique » ; il voulait que l’on adoptât une « politique de bienveillance » à l’égard des propriétaires fonciers, des paysans riches, des réactionnaires, des mauvais éléments, des droitiers renversés, et autres éléments malfaisants.

Comme Confucius, il était le porte-parole des classes réactionnaires au bord de la ruine.

Appliquant la ruse réactionnaire de Confucius selon laquelle « le manque de patience dans les petites affaires troublera les grands plans », Lin Piao regroupa une clique au service de ses plans et s’engagea dans les intrigues et les conspirations.

Il « se montrait toujours avec un exemplaire des Citations à la main et n’ouvrait jamais la bouche sans crier ’longue vie’ ».

Il s’exhortait à la « patience », usait du « stratagème de la dissimulation » et attendait l’occasion de mettre à exécution son grand complot visant à renverser la dictature du prolétariat. En dépit de toutes ses belles paroles, Lin Piao commit toutes sortes de méfaits.

Il y a plus de 2000 ans, Lieouhsia Tche avait dénoncéConfucius comme étant un « fieffé hypocrite » dont les « paroles étaient autant de mensonges et les actes autant de tromperies ».

Lin Piao était précisément un hypocrite de ce genre. En invoquant l’esprit de Confucius, l’arriviste et renégat Lin Piao complota d’usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État et de capituler devant le social-impérialisme soviétique. Ce fut un traître à cent pour cent et le « Kieou-le-brigand » aux crimes monstrueux de la Chine contemporaine.

Sans douter de rien, [les fourmis] veulent ébranler un grand chêne.

Il y a plus de 2000 ans, les visées criminelles de Confucius qui cherchait à restaurer le système esclavagiste connurent une faillite complète.

La conspiration de Lin Piao pour restaurer le capitalisme subit une défaite encore plus honteuse.

Telle une lance brisée plantée dans les sables du désert, il s’écrasa en avion à Undur Khan, en République populaire de Mongolie.

Quiconque tente de freiner la marche en avant de l’histoire connaîtra toujours une triste fin.

Depuis l’époque où Lieouhsia Tche dénonça Confucius, le peuple travailleur n’a cessé de mener une guerre prolongée contre la doctrine de Confucius-Mencius.

Mais ni les esclaves de la société esclavagiste, ni les paysans dela société féodale n’étaient les porteurs d’un mode de production avancé, et, à cause des limites imposées par les conditions historiques, ils ne pouvaient pas posséder une théorie révolutionnaire scientifique capable d’abattre complètement la doctrine de Confucius-Mencius.

Aujourd’hui, une grande lutte politique et idéologique pour critiquer Lin Piao et Confucius s’approfondit en Chine. Aux avant-postes, jouant le rôle de force principale, se tiennent les masses d’ouvriers, de paysans et de soldats.

Sous la direction du prolétariat, le peuple travailleur chinois est maître du pays et combat en première ligne dans les trois grands mouvements révolutionnaires que sont la lutte de classe, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique.

Avec comme arme le marxisme-léninisme, la pensée Mao Zedong, il peut mieux saisir quelle est l’essence des idées réactionnaires de Confucius et concentrer sur elle le feu de ses critiques, mieux déployer l’esprit révolutionnaire prolétarien d’aller à contre-courant, et mener jusqu’au bout la critique de l’essence d’extrême-droite de la ligne révisionniste et contre-révolutionnaire de Lin Piao.

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Ma critique sur Confucius et mon autocritique sur ma vénération à l’égard de Confucius

par Feng Teou-lan, professeur à l’Université de Pékin, 1975

A partir du Mouvement du 4 Mai 1919, combattre ou défendre « Confucius et sa boutique » est devenu un des aspects les plus importants de la lutte idéologique entre les deux classes sociales et les deux lignes politiques.

Avant la Grande Révolution culturelle, j’ai toujours défendu « Confucius et sa boutique ». En agissant ainsi, j’ai servi les gros propriétaires fonciers, la grande bourgeoisie et les réactionnaires du Kuomintang avant la Libération, et par la suite la ligne révisionniste contre-révolutionnaire de Liou Chao-chi, de Lin Piao et d’autres escrocs politiques. C’est la Grande Révolution culturelle qui m’en a fait prendre conscience.

Ma critique actuelle de Confucius est en même temps une autocritique de mes idées et actions quand je défendais « Confucius et sa boutique ».

Les idées de Confucius portent sur de nombreux aspects. J’examinerai, pour commencer, sa thèse sur le « gouvernement par la vertu ».

Confucius disait : « Si vous gouvernez au nom de la vertu, vous pourrez être comparé à l’étoile polaire qui, tout en restant à sa place, voit tourner autour d’elle tous les autres astres (Louen Yu). »

Il disait encore : « Si vous gouvernez au nom de la loi et maintenez l’ordre au moyen de sanctions, le peuple s’abstiendra de commettre des méfaits, mais ils ne lui inspireront pas de honte ; si vous gouvernez au nom de la vertu et maintenez l’ordre au moyen des rites, le peuple non seulement s’abstiendra de commettre des méfaits, mais encore il les considérera comme honteux. » (ibidem)

Tels sont les propos explicitement tenus par Confucius sur le « gouvernement par la vertu ».

J’ai passé par trois étapes différentes pour comprendre et juger le sens de ces propos. En 1958, à l’occasion d’un de mes cours qui avait pour titre : « Problème de l’héritage du patrimoine philosophique chinois », j’avais proposé d’employer la « méthode d’héritage abstrait » tirée de la philosophie chinoise pour s’opposer à la méthode marxiste-léniniste d’analyse de classe.

C’était la méthode que j’avais toujours adoptée en enseignant l’histoire de la philosophie chinoise. Selon cette méthode, on ne portait l’attention que sur le sens superficiel, littéral d’une phrase, on ne tenait pas compte de son sens réel, et en particulier de son contenu de classe.

Par exemple, dans l’ancienne édition de mon ouvrage : Histoire de la philosophie chinoise, j’interprétais la « vertu » dont parlait Confucius comme les qualités morales de l’individu, et les « rites » comme les conventions sociales, y compris les us et coutumes, ainsi que les institutions politiques et sociales.

Ainsi, mon explication de « gouverner au nom de la vertu » revenait à élever les qualités morales du peuple, et « maintenir l’ordre au moyen des rites » signifiait qu’il fallait user des conventions sociales pour contrôler plus strictement le comportement de l’individu, qu’il fallait créer des usages et des habitudes, former une opinion publique qui feraient que le peuple aurait honte d’agir de façon immorale ou illégale, ce qui l’amènerait tout naturellement à respecter la loi.

Je pensais qu’en préconisant ces méthodes, Confucius voulait élever les qualités morales du peuple et renforcer la pression de la société contre les mauvaises actions, que cette manière de gouverner valait bien mieux que le recours aux interdictions et aux sanctions qui obligeraient le peuple à ne pas oser enfreindre la loi. Je croyais que c’était ainsi que Confucius manifestait son respect pour l’Homme ».

Ainsi, j’ai donné une explication littérale, un sens abstrait à la « vertu » et aux « rites » prônés par Confucius, et tous ceux qui le glorifient utilisent essentiellement la même méthode qui revient à masquer le contenu de classe des diverses idéologies de l’histoire philosophique, à brouiller la ligne de démarcation dans la lutte de classes de l’époque et à dénaturer la loi du développement dans l’histoire de la philosophie.

Ce n’est pas seulement une question de méthodologie ; c’est, en dernière analyse, une question de position de classe, la question de savoir de quel côté je me plaçais dans la lutte entre les deux classes et les deux lignes à l’époque de mes déclarations.

Avant la Grande Révolution culturelle, bien que j’aie formulé quelques critiques superficielles sur la méthode d’héritage abstrait, ma position était toujours celle des classes exploiteuses. Aussi, en rédigeant mon Histoire révisée de la philosophie chinoise, et surtout en parlant de Confucius, ai-je continué à utiliser la même méthode.

Au cours de la Grande Révolution culturelle, j’ai peu à peu compris cet enseignement de Lénine : « La vérité est toujours concrète ». (Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique)

La « vertu » et les « rites » dont parlait Confucius avaient leur contenu concret, et ce qui était particulièrement important, un contenu de classe. Prenons les qualités morales par exemple. Chaque classe recommande les siennes qui ont leur propre contenu de classe.

Celles que le prolétariat préconise consistent à servir le peuple, à renverser toutes les classes exploiteuses et à bâtir les sociétés socialiste et communiste. Cependant, aux yeux des classes exploiteuses, ces qualités reviennent « à offenser les supérieurs et à susciter des troubles », elles constituent les crimes les plus condamnables.

Les conventions sociales varient aussi selon les classes. La révolution prolétarienne se propose précisément d’abolir les conventions sociales des classes exploiteuses pour établir celles du prolétariat.

C’est seulement après avoir compris ceci que je me suis rendu compte que les moyens préconisés par Confucius, comme celui de « gouverner au nom de la vertu », ne visaient qu’à émousser de plus en plus la combativité du peuple travailleur et à le duper toujours davantage, afin qu’il n’ait ni le courage ni même l’intention de lutter.

Le but était donc de lui enlever toute possibilité « d’offenser les supérieurs et de susciter des troubles ». Lénine disait : « Toutes les classes oppressives ont besoin, pour sauvegarder leur domination, de deux fonctions sociales : celle du bourreau et celle du prêtre. Le bourreau doit réprimer la protestation et la révolte des opprimés. Le prêtre doit consoler les opprimés, leur tracer les perspectives (il est particulièrement commode de le faire lorsqu’on ne garantit pas qu’elles soient « réalisables »…) d’un adoucissement des malheurs et des sacrifices avec le maintien de la domination de classe et, par là même, leur faire accepter cette domination, les détourner de l’action révolutionnaire, chercher à abattre leur état d’esprit révolutionnaire et à briser leur énergie révolutionnaire. » (La faillite de la IIe Internationale)

En d’autres termes, ces deux fonctions signifient l’une persécuter et réprimer, l’autre endormir et duper. « Gouverner au nom de la loi » et « gouverner au nom de la vertu », ces deux moyens de dominer le peuple sont précisément les deux fonctions sociales dont Lénine avait parlé. Confucius, qui prodiguait ses conseils aux gouvernants de son époque, leur recommandait la fonction du prêtre comme étant plus efficace que celle du bourreau. En un certain sens et dans certaines conditions, la fonction du prêtre était effectivement plus perfide que celle du bourreau.

Mais tout cela n’empêchait pas Confucius de trouver les « sanctions » indispensables. Quand l’État de Tcheng réprima par les armes les « bandits » et « les tuèrent tous », Confucius déclara : « C’est bien ! Si vous vous montrez indulgent envers le peuple, celui-ci n’aura que du mépris pour vous. C’est donc la sévérité qu’il leur faut. »

Quand Confucius devint premier ministre par intérim de l’État de Lou, il fit exécuter Chaotcheng Mao, réformateur hostile au régime esclavagiste.

Les confucianistes de la dynastie des Han (206 av. J.-C.­ 220 ap. J.-C.) soutenaient que « les rites, la musique, les lois et les sanctions » étaient quatre choses indispensables pour exercer le pouvoir sur le peuple et consolider la domination féodale, et que toutes les quatre convergeaient vers un même but : gouverner le peuple.

Ils disaient encore : « Si les rites, la musique, les lois et les sanctions n’étaient pas violés, mais appliqués sans obstacle, ce sera la Voie royale. » (Le Livre des rites) Autrement dit, la fonction du bourreau et celle du prêtre sont toutes deux indispensables.

Le mouvement actuel de critique de Lin Piao et de Confucius m’a permis de mieux connaître Confucius. Je pense maintenant que la critique, telle que je l’ai appliquée plus haut à son égard, est tout aussi applicable aux philosophes féodaux qui sont venus après lui. Toutefois, cette critique n’a pas dévoilé suffisamment les particularités de la doctrine confucéenne. Il faut donc l’approfondir.

Confucius taxa son disciple Fan Siu d’« homme vulgaire » lorsque celui-ci lui exprima son désir d’apprendre à travailler la terre et à cultiver des légumes.

« Fan Siu est vraiment un homme vulgaire ! Dit-il. Si ceux d’en haut aiment les rites, le peuple n’osera pas se montrer irrévérencieux. S’ils aiment la justice, le peuple n’osera pas désobéir. S’ils aiment la loyauté, le peuple n’osera pas cacher ce qu’il y a dans son esprit. Bref, s’ils montrent de tels sentiments, les gens du commun afflueront vers eux de tous côtés, portant leurs enfants sur leur dos. Qu’ont-ils besoin d’apprendre à cultiver la terre ? » (Louen Yu)

Ainsi, dans le passage ci-dessus, Confucius a fait nettement ressortir l’antagonisme des deux classes de la société de son époque. L’une est appelée par lui classe des « hommes supérieurs » (terme qui signifiait alors « seigneurs »), ou « ceux d’en haut » (c’est-à-dire les gouvernants, les oppresseurs), qui ne cultivaient pas la terre (ils ne travaillent pas mais exploitent le travail d’autrui).

L’autre classe qui lui est opposée est appelée par lui classe des « hommes vulgaires », « ceux d’en bas », « ceux du peuple », « les simples gens » ( c’est-à-dire les gouvernés, les opprimés), qui cultivaient la terre ( c’est-à-dire le peuple travailleur exploité).

Dans le même passage, Confucius déclarait que si « ceux d’en haut aiment les rites », c’est pour que « le peuple n’ose pas se montrer irrévérencieux » ; s’« ils aiment la justice », c’est pour que « le peuple n’ose pas désobéir » ; s’« ils aiment la loyauté », c’est pour que « le peuple n’ose pas cacher ce qu’il y a dans son esprit ».

Ainsi l’amour des rites, de la justice et de la loyauté était donc, pour Confucius, l’affaire de « ceux d’en haut » dont le seul but était de gouverner le peuple. Confucius prétendait que si « ceux d’en haut » adoptaient ces attitudes, ils pourraient influencer le peuple, qui leur témoignerait du respect, qui leur obéirait et qui travaillerait avec soumission pour eux. Il disait : « La relation entre les hommes supérieurs et les hommes vulgaires est comme celle entre le vent et les herbes. Quand le vent souffle, les herbes se courbent. » (Louen Yu)

L’idée de Confucius était la suivante : Si les « hommes supérieurs » soufflaient un « vent de moralité », les « herbes », c’est-à-dire les « hommes vulgaires », « se courberaient ». Voilà ce que signifiait réellement « gouverner au nom de la vertu ». Dans le passage cité plus haut, l’emploi par trois fois des termes « n’ose pas » en relation avec le peuple trahit complètement le visage féroce des « hommes supérieurs ». Selon Confucius, la qualité morale la plus élevée était la « bienveillance ». On peut trouver dans le Louen Yu nombre de ses propos sur la « bienveillance », avec différentes nuances de sens. Voici quelques exemples des plus frappants.

I. « Interrogé sur la bienveillance par Yen Yuan, le Maître dit : ’Se modérer et en revenir aux rites, voilà en quoi consiste la bienveillance. Quand on y sera parvenu, sous le ciel, tout s’inclinera devant la bienveillance’ (ibidem). »

II. « Interrogé sur la bienveillance par Tchong Kong, le Maître dit : ’Vous devez, hors de chez vous, exercer vos .fonctions avec le même sérieux que vous mettez à recevoir un hôte distingué et employer les gens avec la même solennité que vous mettez à assister à une grande cérémonie. Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse’(ibidem). »

III. « Interrogé sur la bienveillance par Fan Tche, le Maître dit : ’C’est l’amour des hommes’ (Louen Yu). »

IV. « Tse Tchang interrogea Confucius sur la bienveillance. Confucius dit : ’Celui-là parviendra à la bienveillance qui réunira en lui les cinq qualités morales et saura les mettre partout en pratique’. Tse Tchang lui demanda de les énumérer. ’Ce sont, dit Confucius, la dignité, la générosité, la sincérité, la diligence et la bienfaisance. La dignité vous épargne l’humiliation, la générosité gagne les coeurs, la sincérité obtient la confiance, la diligence permet de grandes réalisations et la bienfaisance rend les gens serviable’ (ibidem). »

On voit dans les passages I, II et IV que la « bienveillance » dont parlait Confucius se référait principalement aux « hommes supérieurs ». Il disait que si un homme sait « se modérer et en revenir aux rites », sous le ciel, tout s’inclinera devant cet homme plein de « bienveillance ». Il s’agit évidemment ici d’un homme occupant une position politique fort élevée. Dans tous les cas, un « homme vulgaire » ne verra jamais le monde s’incliner devant lui.

Dans le passage II, le précepte selon lequel on doit employer les gens avec la même solennité que l’on met a assister à une grande cérémonie se rapporte évidemment aussi aux personnalités occupant une position politique très élevée. Les « hommes vulgaires », qui constituent le « peuple » même, ne sont pas qualifiés pour « employer » les gens, mais sont eux-mêmes « employés » par les autres.

Dans le passage IV, Confucius disait que la générosité gagne les cœurs et que la bienfaisance rend le peuple serviable. En disant ceci, Confucius pensait encore aux personnalités haut placées, car la question ne se pose pas pour les « hommes vulgaires », qui constituent le « peuple », et qui n’ont pas besoin de « gagner » les gens. Ils ne sont nullement qualifiés pour « employer » les autres, mais sont eux-mêmes « employés » par les autres.

L’explication que Confucius donne de la « générosité » et de la « bienfaisance » montre bien que l’« amour des hommes » qu’il prêchait consistait tout au plus à accorder de petites faveurs au peuple travailleur, afin de gagner son appui et de le faire obéir plus facilement.

Il en ressort que la « bienveillance » tant recommandée par Confucius était une qualité morale propre aux « hommes supérieurs » ; les « hommes vulgaires » ne pouvaient la posséder. Il disait explicitement : « Des ’hommes supérieurs’ peuvent être dépourvus de ’bienveillance’, mais jamais aucun ’homme vulgaire’ ne peut posséder cette qualité. » (Louen Yu) Et : « On doit faire en sorte que le peuple agisse sans comprendre (ibidem). »

« L’étude des principes [idéologie des « hommes supérieurs »] a pour but de cultiver chez les ’hommes supérieurs’ l’amour des hommes [accorder de petites faveurs au peuple travailleur], et chez les ’hommes inférieurs’ leurs dispositions à servir (ibidem). » Ces paroles de Confucius montrent clairement le contenu de classe de la « bienveillance » prêchée par lui.

Ainsi, non seulement la « bienveillance », mais encore les autres qualités morales dont parlait Confucius étaient pour ainsi dire des attributs exclusifs des « hommes supérieurs ». C’est le cas du précepte : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse », relevé dans le passage II. Il s’agit là d’une sorte de « contrat » entre « hommes supérieurs ».

De ce qui précède, on voit que par « hommes supérieurs », Confucius entend précisément les aristocrates propriétaires d’esclaves, car l’attitude dont parlait Confucius des « hommes supérieurs » à l’égard des « hommes vulgaires » est justement celle des propriétaires d’esclaves à l’égard des esclaves, et les relations entre les « hommes supérieurs » et les « hommes vulgaires » sont justement celles entre les propriétaires d’esclaves et les esclaves.

Dans la société esclavagiste, ces derniers étaient uniquement considérés comme des instruments de production. Aux yeux de leurs maîtres, ils n’avaient rien à voir avec la vertu. Leur vertu à eux – si on admettait qu’ils pussent en avoir -, c’était l’obéissance aux ordres de leurs maîtres. Les idées de Confucius reflétaient ces rapports de production. En Occident, Platon, philosophe représentatif des propriétaires d’esclaves, possédait des idées similaires.

Sur ce point particulier relatif à la « vertu », les philosophes de la classe féodale des propriétaires fonciers affichaient parfois une opinion quelque peu différente des philosophes de la classe des propriétaires d’esclaves. Ainsi, Wang Yang-ming, idéologue de la classe des propriétaires fonciers, disait : « Partout il y a des sages », et « Chacun a une conscience ».

Mais, concédant en apparence que chacun possédait une conscience, il soutenait en fait qu’une distinction foncière séparait les sages du Commun des mortels. Seuls les membres de la classe dominante avaient la possibilité d’accéder à la sagesse, qualité suprême refusée au peuple travailleur. Ses assertions dans ce sens ne servaient qu’à tromper et à endormir davantage le peuple travailleur.

Toutefois, elles sont différentes de celles formulées par les philosophes de la classe des propriétaires d’esclaves. Cela provient de la différence qu’il y a entre les rapports de production de la société esclavagiste et ceux de la société féodale. Les philosophes de la bourgeoisie parlent de « liberté,égalité et fraternité ».

Cela sert aussi à tromper et à endormir davantage le peuple travailleur. Mais les ternies employés par les philosophes de la bourgeoisie et ceux de la classe féodale des propriétaires fonciers sont différents.

Cette différence reflète également la différence des rapports de production. Dans le passé, il y avait des gens, y compris moi-même, qui, lorsqu’ils parlaient de la « bienveillance » prônée par Confucius, estimaient que la doctrine de Confucius contenait également les idées « d’égalité et de fraternité », que ce philosophe avait découvert l’« Homme ».

A les en croire, un philosophe aurait pu avoir certaines idées en dehors des rapports de production de son époque. C’est absolument impossible, et cela relève de la conception idéaliste, et non matérialiste, de l’histoire.

Vers la fin de l’époque Tchouentsieou (770-476 av. J.- C.), la société esclavagiste était sur le point de s’effondrer totalement. Les propriétaires d’esclaves étaient naturellement en pleine décadence ; ils trouvèrent leur philosophe dans la personne de Confucius dont la pensée, telle qu’elle a été exposée dans les passages ci-dessus, servait précisément leurs intérêts.

Dans le Louen Yu (au chapitre « Yao Yué »), Confucius faisait l’éloge du roi Wou des Tcheou de l’Ouest (vers le XIe siècle-770 av. J.-C.) qui avait su « faire renaître les Etats éteints,rétablir dans leurs privilèges héréditaires les familles nobles déchues, rappeler à de hautes fonctions ceux qui ont dû rentrer dans l’ombre. »

Ce qui, en clair, signifie : faire renaître les États esclavagistes éteints, relever sur le plan politique les familles d’aristocrates propriétaires d’esclaves qui avaient déjà perdu leurs privilèges héréditaires, redonner des postes à ces aristocrates propriétaires d’esclaves qui étaient devenus plébéiens. C’était une partie du programme politique de Confucius pour restaurer totalement l’ancien ordre esclavagiste de la dynastie des Tcheou de l’Est.

Je ne vais pas entreprendre une critique complète de l’attitude politique de Confucius et de ses idées touchant les différents domaines ; je ne citerai ici que quelques exemples qui me viennent à l’esprit pour compléter les critiques faites par certains camarades ces derniers temps.

Jadis, j’avais interprété l’« amour des hommes » prôné par Confucius dans le sens d’amour de tous les hommes. En réalité, d’après ce qui vient d’être dit plus haut, il n’est pas possible que Confucius ait parlé de l’« homme supérieur » comme ayant l’amour de tous les hommes. L’amour dont parle Confucius ne pouvait en fait s’adresser qu’à une poignée d’aristocrates propriétaires d’esclaves.

S’il a aussi dit qu’il fallait « déborder d’amour pour tous les hommes » (Louen Yu), il ne pouvait penser qu’aux hommes supérieurs de son précepte : « la générosité gagne les cœurs ». Le mot « tous » a été ajouté par moi ; Confucius n’avait jamais dit que l’« amour des hommes » signifierait l’« amour de tous les hommes », ni que le terme « hommes » embrasserait tous les êtres humains.

A la lumière du passage IV cité plus haut, l’« amour des hommes » de Confucius signifierait qu’il faudrait accorder de petites faveurs au peuple travailleur.

Pourquoi accorder de petites faveurs ? Parce que, à la fin de l’époque Tchouentsieou, le régime esclavagiste était en déclin, et les propriétaires d’esclaves perdaient leur contrôle sur les esclaves qui se révoltaient ou s’enfuyaient.

Pour apaiser la résistance des esclaves, limiter les cas de désertion et disputer la main­d’uvre à la classe des propriétaires fonciers, les propriétaires d’esclaves étaient forcés d’accorder de petites faveurs à leurs esclaves. La pensée confucéenne reflétait justement cette situation dans la lutte de classes à cette époque.

Citant les paroles de Feuerbach, Lénine disait : « … quiconque console l’esclave au lieu de le pousser à se révolter contre l’esclavage ne fait qu’aider les esclavagistes (La Faillite de la IIe Internationale). » Ce jugement s’applique très bien à Confucius également.

Dans la société féodale, après la dynastie des Han, Confucius est devenu le « grand maître » de la pensée féodale. Plus tard, Yuan Che-kai (Yuan Che-kai, 1859­-1916, chef des seigneurs de guerre de Peiyang, fut après la Révolution de 1911 le premier réactionnaire qui prit les rênes de l’État en Chine), Tchiang Kaï-chek, ainsi que Liou Chao-chi et Lin Piao et Cie ont tous vénéré Confucius. La raison en est qu’ils considéraient tous que l’exploitation et l’oppression étaient justifiées alors que la rébellion ne l’était pas.

Dans le temple de Confucius à Kiufou, province du Chantong, on peut trouver de nombreuses stèles sur lesquelles sont inscrits les honneurs conférés à Confucius à titre posthume par les empereurs de diverses dynasties.

L’une, datant de la dynastie des Yuan (1271-1368), fait un bref éloge des « exploits » accomplis par lui pour la classe dominante féodale, lesquels, en fait, étaient des crimes contre le peuple travailleur. Pour ce dernier, l’inscription constitue une dénonciation sommaire des crimes commis par Confucius. Elle commence en ces termes : « Les sages avant Confucius ne seraient pas très bien connus s’il n’y avait pas eu Confucius. De même, s’il n’y avait pas eu Confucius, les sages après Confucius n’auraient rien pour se guider. »

Et elle conclut : « Et voilà ! Les relations d’affection entre le père et le fils, les rapports de justice entre le souverain et ses sujets reposeront toujours sur le respect des enseignements sacrés.

Pour immenses que soient le ciel et la terre, pour brillants que soient le soleil et la lune, aucun d’entre eux n’épuisera l’excellence de ces paroles célèbres. Comptons sur la puissance divine pour assurer la continuité de notre empire des Yuan ! »

Cette inscription, en fait, révèle sans ambiguïté l’essence réactionnaire de la doctrine de Confucius et l’objectif politique des diverses dynasties féodales en vénérant Confucius.

Poursuivant le même objectif politique, Tchiang Kaï-chek, Liou Chao-chi et Lin Piao glorifient Confucius pour assurer la continuité de leur « empire ».

Le Forum sur l’Histoire de la Philosophie chinoise tenu en 1957, tout comme la Conférence de Tsinan, pour la commémoration de Confucius en 1962, sont l’expression de la tendance de la ligne révisionniste de l’époque pour un retour à l’ancien.

A ce forum, j’ai préconisé, en ce qui concerne l’héritage du passé, la « méthode d’héritage abstrait » contre la méthode marxiste d’analyse de classe. A la Conférence de Tsinan, j’ai défendu, au sujet de Confucius, le point de vue que j’avais exprimé dans mon Histoire révisée de la philosophie chinoise.

J’ai prétendu que Confucius était, sur le plan idéologique, le représentant de la classe féodale des propriétaires fonciers et que la « bienveillance » qu’il prêchait revêtait une « forme universelle » et jouait un rôle progressiste en son temps.

Ces vues ont contribué à la « déification » de Confucius et servi la ligne révisionniste.

Éduqué par la Grande Révolution culturelle, j’ai pu acquérir une compréhension quelque peu meilleure de Confucius.

La Grande Révolution culturelle prolétarienne se développe actuellement en largeur et en profondeur. Dirigée par le président Mao en personne, une nouvelle révolution se déroule dans le domaine de l’histoire de la philosophie chinoise.

J’ai près de 80 ans. Après avoir étudié et enseigné l’histoire de la philosophie chinoise pendant un demi-siècle, c’est une grande joie pour moi de pouvoir assister à cette grande révolution et d’y participer personnellement.

Je suis résolu à suivre les enseignements du président Mao, à étudier consciencieusement le marxisme-léninisme, la pensée Mao Zedong et à changer ma conception du monde, à remanier la partie déjà publiée de mon Histoire révisée de la philosophie chinoise, et à achever cet ouvrage pour apporter ma contribution à la révolution et à l’édification socialistes en Chine.

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La lutte entre la restauration et la contre-restauration au cours de la formation de la dynastie des Ts’in

En relation avec une étude de la base sociale de la polémique entre confucéens et légalistes, par Louo Se-ting, 1975

La dynastie des Ts’in (221-207 av. J.-C.) fut la première dynastie féodale dans l’histoire de la Chine. L’unification féodale réalisée par l’empereur Chehouangti des Ts’in (246-210 av. J.-C.), ainsi que l’ensemble des mesures politiques qu’il a prises ne peuvent être simplement attribuées au hasard ; elles sont les résultats inévitables de l’évolution historique de la société de l’époque.

Dans De la contradiction, le président Mao a indiqué : Pour étudier le mouvement des aspects contradictoires au cours du processus du développement d’une chose ou d’un phénomène, il faut avoir en vue « les particularités propres à chaque étape du processus de développement ».

Le passage du régime esclavagiste au régime féodal dans Etat de Ts’in, qui débuta à l’époque du prince Hsiao 361-338 av. J.C.), se poursuivit pendant les règnes de monarques et fut accompli à l’époque de Che-houangti.

Cette transition d’un siècle et demi fut jalonnée de luttes acharnées entre partisans et adversaires des réformes, entre partisans et adversaires de la restauration.

C’est parce que l’empereur Chehouangti des Ts’in allait dans le sens du développement social – le régime féodal se substitue immanquablement au régime esclavagiste – qu’il a pu unifier la Chine, fondant ainsi la première dynastie féodale unifiée dans l’histoire de la Chine.

Plus tard, « le système fondé par la dynastie des Ts’in fut suivi par la dynastie des Han » (Histoire de la dynastie des Han postérieurs) (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.). Ce fait montre que le système social féodal – la dictature de la classe des propriétaires fonciers qu’avait mis sur pied la dynastie des Ts’in ne pouvait être ramené en arrière.

Si l’on veut étudier l’histoire de la société féodale en Chine et critiquer les idées glorifiant le confucianisme et dénigrant l’école légaliste, il faut bien voir quelle est la base sociale de la polémique entre les confucéens et les légalistes et quel rôle historique a joué l’empereur Chehouangti des Ts’in.

Et pour y parvenir, il faut bien connaître l’histoire de la lutte entre la restauration et la contre-restauration au cours des 150 années allant du prince Hsiao à l’empereur Chehouangti des Ts’in, ainsi que les particularités de chacune des étapes de cette période.

I

« La dynastie des Ts’in appliqua les réformes du seigneur Chang Yang et devint riche et puissante » (Han Fei Tse).

Les réformes que Chang Yang fit sous le règne du prince Hsiao des Ts’in constituèrent un tournant historique amorçant, dans l’État de Ts’in, la transition de l’esclavage au féodalisme.

Ces réformes traduisaient la tendance de l’évolution sociale et historique de l’époque. Déjà au temps de Tchouentsieou (770-476 av. J.-C.), les luttes des esclaves contre l’asservissement et l’oppression exercés par leurs propriétaires avaient éclaté les unes après les autres, accélérant la transformation de la propriété foncière. En 594 avant J.-C., l’État de Lou inaugura un système d’impôts fonciers sur les terres privées.

Reconnaissant la propriété privée de la terre, il ouvrit une large brèche dans l’économie esclavagiste. Pendant les premières années de l’époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), par suite des réformes réalisées par Li Kouei dans l’État de Wei et par Wou Ki dans l’État de Tchou, certains États vassaux de la Plaine centrale, à des degrés divers, évoluèrent de l’esclavage au féodalisme.

A l’époque Tchouentsieou et des Royaumes combattants, la résistance des esclaves fut également très forte dans l’État de Ts’in. On y assista à une grande et très célèbre insurrection d’esclaves, dirigée par Tche. Selon Tchouang Tse, Tche dirigea « neuf mille insurgés, combattit en de nombreux endroits et attaqua les princes », portant un dur coup à la domination de l’aristocratie esclavagiste de l’État de Ts’in.

Avant les réformes de Chang Yang, le pouvoir de l’État de Ts’in était tombé aux mains des ministres, certains aristocrates propriétaires d’esclaves du clan, qui étaient si puissants qu’ils pouvaient décider librement du choix du souverain de cet Etat.

Aussi des luttes intérieures pour le trône parmi les princes étaient-elles chose courante. Dans ses conflits aigus avec les ministres, le souverain avait un urgent besoin de trouver un appui auprès d’autres forces politiques. C’est ce qui donna à la classe des propriétaires fonciers dans l’État de Ts’in l’occasion de briser le faible chaînon du régime esclavagiste de cet Etat pour accroître sa propre puissance.

En 408 avant J.-C., l’État de Ts’in commença à « percevoir » un impôt en grain sur les terres privées » (Che Ki), ce qui signifiait la reconnaissance légale de la classe des propriétaires fonciers dans cet Etat.

En 384 avant J.-C., le prince Hsien des Ts’in se mit à abolir le système d’immolation des esclaves, pratique cruelle en vigueur sous le régime esclavagiste. Dix ans plus tard, il adopta le nouveau système de « groupement par cinq familles en une communauté de base ».

Le développement des nouveaux rapports de production féodaux et la force grandissante de la classe montante des propriétaires fonciers exigèrent un degré correspondant de reconnaissance politique. Le prince Hsiao, représentant de cette classe, brûlait de « procéder à des réformes pour régner » (œuvres de Chang Yang).

Une fois le pouvoir en main, il publia un décret, disant : « A ceux de mes hôtes et ministres qui seront capables d’avancer d’excellents projets, susceptibles de rendre les Ts’in puissants, je conférerai de hautes fonctions et donnerai des terres (Che Ki). »

Quelle était la ligne politique à suivre pour entreprendre des réformes ? Etant situé dans la région reculée de Yongtcheou, l’État de Ts’in ne pouvait participer aux « conférences et accords » (Che Ki) des Etats vassaux de la Plaine centrale ; là, la classe des propriétaires d’esclaves ne pouvait élaborer un système idéologique cohérent, car sa domination dans le domaine idéologique était relativement faible.

« Dans son voyage à l’Ouest, Confucius n’avait pas atteint le pays de Ts’in (Un vers du poème de Han Yu : « Chanson du tambour de pierre »). » Par conséquent, l’école confucéenne y exerçait une influence beaucoup moins large et forte que dans les régions de la Plaine centrale.

C’est pourquoi le monarque de l’État de Ts’in pensait carrément qu’il fallait adopter une ligne politique opposée à la pensée de Confucius : « Dans la rivalité acharnée qui règne actuellement entre les Etats vassaux, dit-­il, nous devons surtout nous préoccuper des forces armées et des vivres. Gouverner notre Etat par la ’bienveillance’ et la ’justice’ est une voie qui ne nous mènera qu’à la ruine (Lié Tse). »

Les propositions de Confucius conduiront à la ruine de l’État, voilà le bilan de l’expérience historique qui était fait à l’époque. Chang Yang, originaire de l’État de Wei, porta d’abord le nom de Kongsouen Yang et était un disciple du légaliste Li Kouei. C’était un légaliste « partisan de réformes par promulgation de nouvelles lois » (Che Ki).

Venu de l’État de Wei à celui de Ts’in, il fut accueilli à bras ouverts Par la classe montante des propriétaires fonciers et repoussé par la classe des propriétaires d’esclaves en déclin. A l’époque, une grande polémique éclata à la Cour.

Des représentants politiques de la vieille aristocratie comme Kan Long et Tou Tche, qui tentaient de modeler l’État selon la ligne de l’école confucéenne, clamèrent : « En adoptant l’ancienne voie, on ne commettra pas de fautes ; en se conformant aux rites, on s’assurera qu’il n’y ait pas d’actes hérétiques (Che Ki). » Ils firent de leur mieux pour maintenir le régime esclavagiste par le « règne des rites ».

Rejetant ces concepts traditionnels chers aux propriétaires d’esclaves, Chang Yang dit que c’était là de « piètres idées ». Il dit : « L’art de gouverner peut varier. Il est dans l’intérêt de l’État de ne pas suivre l’ancienne voie. » Il était fermement partisan des réformes.

Dans cette vive controverse entre les réformateurs de la classe des propriétaires fonciers et les conservateurs de l’aristocratie des propriétaires d’esclaves, le prince Hsiao soutint résolument les vues préconisées par Chang Yang et élabora une ligne réformatrice.

A partir de l’an 356 avant J.-C., Chang Yang procéda à des réformes énergiques en adoptant une série de nouvelles mesures : « faire disparaître les anciens chemins et remblais de terre qui délimitaient les champs » ; récompenser les propriétaires fonciers qui faisaient défricher des terres ; développer la production agricole ; abolir les privilèges héréditaires de la vieille aristocratie ; étendre l’application de la loi qui « groupe par cinq ou par dix les familles en une communauté de base » et les tenir pour collectivement responsables pour les crimes et infractions de toute famille dans la communauté ; diviser l’État en districts comme unités administratives ; et unifier les poids et mesures.

Défendant les intérêts de la classe des propriétaires fonciers, Chang Yang encouragea à « travailler dur dans les travaux agricoles et dans le tissage » (Che Ki), affirmant que « la prospérité de l’État dépendait de l’agriculture et de la guerre » (Œuvres de Chang Yang).

Son programme de réformes stipulait que tous ceux qui « travaillaient dur dans les travaux agricoles et dans le tissage et produisaient beaucoup de céréales et de soieries » pouvaient être « exemptés d’impôts et de corvée ». Au contraire, ceux qui « s’occupaient du commerce ou s’appauvrissaient dans une vie de paresse » (Che Ki) deviendraient, de même que leurs femmes, esclaves au service de l’État.

L’application de cette politique qui mettait l’accent sur l’agriculture et restreignait le commerce favorisa la croissance de la force de la classe nouvelle des propriétaires fonciers et porta de rudes coups aux propriétaires d’esclaves qui s’occupaient d’artisanat et de commerce.

Amenant de profondes transformations sociales, les réformes de Chang Yang ne manquèrent pas de se heurter à la résistance obstinée des forces réactionnaires représentées par la vieille aristocratie. Au cours de l’application du programme de réformes, dans la capitale de l’État de Ts’in, « des milliers de gens ne trouvèrent pas à leur goût les nouveaux ordres », « nombre de membres des familles nobles en éprouvèrent un vif mécontentement ».

Les aristocrates propriétaires d’esclaves, pris de panique et se mordant les lèvres de rage, « nourrissaient contre les lois de Chang Yang un ressentiment plus vif que pour tout ennemi personnel » (Discours sur le contrôle du sel et du fer par l’État). « Leur haine était haute comme une montagne (Lieou Hsiang : Nouveaux discours). »

Groupés autour du seigneur Kien, ils incitèrent le prince-héritier à « violer les lois » et cherchèrent par tous les moyens à empêcher les réformes.

Face à cette situation où « la résistance à l’application des lois provenait des membres des familles nobles » (Che Ki), Chang Yang, fort du soutien du prince Hsiao, assena un coup sévère au groupe des familles nobles propriétaires d’esclaves. Il condamna Kien à avoir le nez tranché, châtia Kongsouen Kou, qui avait incité le prince héritier à enfreindre la loi, en le marquant au fer rouge au visage et mit à mort Tchou Houan, un aristocrate qui avait saboté les réformes.

En outre, dans une répression retentissante contre la contre-révolution, il fit exécuter, au bord de la rivière Weichouei, près de Hsienyang, plus de 700 membres de la vieille aristocratie, défendant et consolidant ainsi le nouveau régime féodal. Selon des archives, « dix ans après l’application » des nouvelles lois, « la population de Ts’in vivait dans le bonheur » ; « l’ordre régnait dans les villes et les campagnes », et même les femmes et les enfants « parlaient des lois de Chang Yang (Evénements des Royaumes combattants). »

Tchang Tai-yen (1869-1936), alors qu’il était encore un révolutionnaire bourgeois au début de sa carrière, disait à juste titre : « Les gens voient seulement les rigueurs des nouvelles lois de Chang Yang sans tenir compte de leurs résultats positifs. » (Tchang Tai-yen : Kieou Chou)

Violemment frappé, le groupe des familles nobles de propriétaires d’esclaves en fut réduit aux activités clandestines. Pendant huit années consécutives, le seigneur Kien ne sortit jamais de chez lui et complota jour et nuit, dans l’espoir d’une restauration.

Mais, représentant politique des propriétaires fonciers, Chang Yang ne put échapper aux limites ni à la faiblesse inhérentes à cette classe. Bien qu’il se rendît compte de la gravité de la lutte, il ne put nullement s’appuyer sur le peuple. Il ne sut même pas évaluer de façon appropriée ni mobiliser largement les forces de la classe des propriétaires fonciers. Il suivit une ligne qui consistait à réaliser des réformes seulement aux échelons supérieurs.

C’est pourquoi, après la mort du prince Hsiao, ces réformes furent arrêtées. Et, en particulier, lorsque le prince Houei, qui s’était toujours tenu sur les positions de la vieille aristocratie, fut monté sur le trône, les forces de la restauration, le seigneur Kien à leur tête, se mirent immédiatement à contre-attaquer pour régler leur compte à Chang Yang ; elles « accusèrent Chang Yang de vouloir se révolter »(Che Ki). Et en 338 avant J.-C., les aristocrates propriétaires d’esclaves le firent écarteler.

Après la mort de Chang Yang. Le contre-courant de la restauration domina pendant un certain temps dans l’État de Ts’in. Le prince Houei poursuivit une ligne politique diamétralement opposée à celle de Chang Yang.

Il chassa les légalistes et s’appuya de nouveau sur les vieux aristocrates. Un beau-frère du prince, nommé Wei Jan, considéré comme un « homme d’État chevronné », servit sous son règne, ainsi que sous le règne des deux autres monarques suivants : les princes Wou et Tchao. Sur le plan économique, il était « plus riche que la maison princière », et sur le plan politique, il jouissait d’un « immense prestige dans tout l’État de Ts’in » (Che Ki).

Il s’efforça de persécuter les légalistes, présentant tous les conseillers de la classe des propriétaires fonciers, venus des Etats de Han, de Tchao et de Wei, comme des gens qui « sèment le désordre dans le pays ». Tout cela montre pleinement la nature réactionnaire de l’aristocratie esclavagiste. Entre-temps, le courant anti-légaliste fit aussi son apparition dans les Etats vassaux de la Plaine centrale.

Le fait que les réformes de Chang Yang aient ébranlé jusque dans ses fondements la base économique de la classe des propriétaires d’esclaves effraya ceux-ci dans les différents autres Etats. Ils considérèrent l’État de Ts’in comme un Etat « de loups et de tigres », qui « ne respectait ni les rites ni la justice », et qui « préférait à l’honnêteté les avantages matériels. » (Evénements des Royaumes combattants) Dans ces attaques contre l’école légaliste, le pionnier, ce fut le confucéen Mencius (390-305 av. J.-C.).

Le confucianisme était à l’époque un courant idéologique et une école des plus réactionnaires.

Son fondateur, Confucius, s’était fait lui-même le porte-parole acharné de la classe des propriétaires d’esclaves en déclin, et il s’était démené un peu partout, toute sa vie durant, pour sauver la domination du système esclavagiste. Prenant la relève de la cause réactionnaire de Confucius, Mencius s’opposa ouvertement à l’abolition des privilèges héréditaires des aristocrates propriétaires d’esclaves, clamant qu’il ne fallait pas toucher à leurs intérêts.

Mencius réclama le maintien du système des « ministres héréditaires » et des « émoluments héréditaires » (Mencius), et affirma : « l’administration du gouvernement n’est pas difficile : il s’agit de ne pas offenser les grandes familles ».

Tout comme Confucius qui fit exécuter le réformateur Chaotcheng Mao, Mencius réclama la répression sévère des légalistes qu’il traita de « voleurs du peuple » (ibidem).

En « supprimant les sentiers et les remblais entre les champs » (Che Ki) et « en détruisant les délimitations des terres » (histoire chronologique générale), Chang Yang avait éliminé la propriété foncière des propriétaires d’esclaves, tandis que Mencius, lui, prêchait à tout venant que, « pour gouverner par la bienveillance, on devait commencer par délimiter les champs selon l’ancien système » (Mencius), s’imaginant pouvoir ainsi rétablir le système tsing tient depuis longtemps aboli. [Le « système des champs en neuf carrés égaux » (appelé en chinois : système tsing tien) était le régime agraire en vigueur dans la société esclavagiste.

Sous ce régime, toutes les terres appartenaient au roi, chef suprême des propriétaires d’esclaves. Elles étaient divisées en parcelles de neuf carrés égaux ayant la forme du caractère chinois (tsing). Les terres ainsi divisées étaient distribuées aux aristocrates propriétaires d’esclaves qui obligeaient leurs esclaves à les cultiver. Le nombre de parcelles distribuées aux aristocrates correspondait à leur rang.]

Chang Yang avait préconisé la politique de »l’agriculture et la guerre », et incité la classe montante des propriétaires fonciers à améliorer sa position sociale « en défrichant des terres et en vainquant des ennemis » (Histoire chronologique générale). Mencius avança la théorie « des moyens d’existence assurés », déclarant que « la Voie du peuple, c’est que si ses moyens d’existence sont assurés, son esprit sera constant » (Mencius).

Il demanda qu’on punît « celui qui défriche des prés(ibidem). » Chang Yang s’était prononcé pour le « règne par la loi », mais Mencius prêcha la « voie royale », « la bienveillance et la justice ».

La plate-forme politique et économique de Mencius, en réaction contre les réformes de Chang Yang, répondait entièrement aux besoins des aristocrates propriétaires d’esclaves dans leurs tentatives de restauration.

Cependant, la substitution inévitable du système féodal au système esclavagiste est une loi historique indépendante de la volonté de l’homme.

Les activités de restauration des réactionnaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’État de Ts’in n’ont pu changer le cours général de l’Histoire. Le légaliste Han Fei (280­-233 av. J.-C.) disait : « Après la mort du prince Hsiao et de Chang Yang, et sous le règne du prince Houei, les nouvelles lois prévalaient toujours dans l’État de Ts’in » (Han Fei Tse).

Après l’abolition du système tsing tien dans l’État de Ts’in, l’établissement et le développement de la propriété foncière privée féodale devinrent irrésistible comme une marée.

D’après les documents historiques : « Le prince Houei de Ts’in annexa la partie centrale de l’État de Pa. Le prince de cet Etat paya à la cour des Ts’in un tribut annuel de 2 016 sapèques et un supplément de tribut de 1 800 sapèques tous les trois ans. » (Histoire de la dynastie des Han postérieurs) C’était une forme typique de l’exploitation au moyen de la taxation féodale.

Sous le règne du prince Tchao de l’État de Ts’in, l’agriculture florissait non seulement dans la région de Kouantchong (approximativement la province actuelle du Chensi), mais aussi la région limitrophe de Chou (la partie ouest de la province actuelle du Setchouan), qui furent connues comme le « pays de l’abondance » aux « vastes terres fertiles. » (Houa Yang Kouo Tche)

Tout cela montre qu’une fois brisé le carcan de la propriété foncière des propriétaires d’esclaves, s’ensuit nécessairement la prospérité de la nouvelle économie des propriétaires fonciers.

Avec les progrès de ce nouveau type d’économie, la classe montante des propriétaires fonciers éprouva un mécontentement accru du fait de son manque de pouvoir sur le plan politique et exigea l’établissement d’une forme de pouvoir correspondant à la base économique.

Sa lutte contre l’aristocratie esclavagiste passa ainsi à une nouvelle étape. Si la lutte entre ces deux classes à l’époque des réformes de Chang Yang s’était déroulée autour de la question de la propriété foncière, on peut dire qu’après la solution pour l’essentiel de cette question, la lutte se concentra peu à peu sur la question du pouvoir.

Sous le règne du prince Tchao, du fait que le pouvoir était principalement aux mains d’une poignée de gens comme Wei Jan, « les grandes familles étaient plus riches que la maison princière » (Che Ki).

Dans sa lutte pour reprendre le pouvoir perdu, le prince Tchao commença à tenir le même langage que la classe montante des propriétaires fonciers, se tourna peu à peu vers l’école légaliste et comprit que « le confucianisme n’est d’aucun profit pour l’Etat » (Siun Tse).

Une fois, le prince Tchao étant tombé malade, quelques aristocrates propriétaires d’esclaves, violant délibérément les nouvelles lois, offrirent un bœuf en sacrifice pour demander son rétablissement.

Le prince estima que « si les nouvelles lois n’étaient pas observées, cela entraînerait des troubles et l’extinction de l’Etat » (Han Fei Tse), aussi donna-t-il l’ordre de punir les coupables, en obligeant chacun d’eux à remettre deux armures au profit de l’arsenal princier.

C’est dans cette conjoncture que Fan Souei, représentant bien connu de l’école légaliste, arriva de l’État de Wei à l’État de Ts’in. Après avoir échappé à la censure de Wei Jan, il adressa une « pétition » au prince Tchao dans laquelle il indiqua :

« Selon ce que votre humble sujet a pu entendre, lorsqu’un monarque est clairvoyant, il doit récompenser ceux qui ont rendu des services méritoires et nommer à des postes officiels ceux qui sont capables. Ceux qui travaillent dur doivent gagner plus, ceux qui ont rendu beaucoup de services méritoires doivent avoir un rang supérieur, et ceux qui sont capables de gouverner un grand nombre de personnes doivent avoir des postes élevés. » (Che Ki)

Fan Souei hérita et développa l’idée de Chang Yang selon laquelle « ceux qui ont eu des mérites doivent recevoir de grands honneurs et ceux qui sont riches mais n’ont rien fait pour l’État ne doivent pas jouir d’une réputation populaire » (ibidem).

Il s’éleva contre le système des « ministres héréditaires » et des « émoluments héréditaires ». En opposition directe avec l’idée confucéenne du partage du pouvoir entre les aristocrates, il formula l’idée légaliste de l’établissement d’un Etat féodal centralisé.

Il donna le conseil suivant au prince Tchao : « Un souverain clairvoyant ne permet à aucun prince vassal d’entreprendre, de sa propre volonté, une action présomptueuse. » (ibidem) Autrement dit, seul un pouvoir centralisé renforcé pourrait assurer la position absolue d’un souverain.

Sur la question d’annexer les autres Etats vassaux, Fan Souei critiqua la politique consistant « à attaquer les Etats lointains et à établir des relations d’amitié avec les Etats voisins », politique préconisée par un groupe d’aristocrates propriétaires d’esclaves ayant Wei Jan à sa tête en vue de défendre les privilèges héréditaires de ce groupe, et il formula la politique consistant »à attaquer les Etats voisins et à établir des relations d’amitié avec les Etats lointains » (ibidem).

La ligne de Fan Souei fut approuvée par le prince Tchao qui « nomma Fan Souei ministre-invité, conseiller sur les affaires militaires » ».

Ayant pris Fan Souei à son service, le prince Tchao de l’État de Ts’in remporta une série de victoires dans les guerres pour l’unification de la Chine, ce qui renforça la position de la classe des propriétaires fonciers dont il était le représentant. Et en partant de cette base, le prince Tchao prit d’autres mesures pour « renforcer le pouvoir de la maison princière et affaiblir la position des aristocrates » (Che Ki), expulsa de son Etat une poignée d’anciens aristocrates, dont Wei Jan, et nomma Fan Souei premier ministre.

Ainsi, la classe montante des propriétaires fonciers reprit-elle le dessus dans les organes du pouvoir de cet Etat.

Bien que devenu premier ministre, Fan Souei était en fait assis sur un volcan qui pouvait entrer en éruption à tout moment. C’est que, dans l’État de Ts’in, la vieille aristocratie était encore assez puissante.

Dans ce contexte de la lutte de classes, Fan Souei vacilla, et en 256 avant J.-C., il « demanda la permission de rendre le sceau de premier ministre pour cause de maladie » (ibidem). Son successeur, Tsai Tseh, craignant les attaques du groupe des aristocrates propriétaires d’esclaves, présenta lui aussi sa démission après n’être resté que quelques mois en fonctions.

La chute de Fan Souei et de Tsai Tseh montre que, pour avoir la vie sauve et protéger leur famille, ils n’ont pas osé mener les réformes jusqu’à leur terme ; mais elle révèle profondément aussi la lutte aiguë entre la restauration et l’opposition à la restauration dans l’État de Ts’in, même après la prise du pouvoir par la classe des propriétaires fonciers.

II

Dans la lutte longue, tortueuse et pleine de péripéties que se sont livrées la classe des propriétaires fonciers et l’aristocratie esclavagiste, l’empereur Chehouangti des Ts’in, qui poursuivit l’œuvre de Chang Yang et de Fan Souei, fut le grand artisan de l’unification féodale de toute la Chine. Après l’accession de Chehouangti au pouvoir, la lutte pour établir la dictature de la classe des propriétaires fonciers accéda à une nouvelle étape.

L’empereur Chehouangti adopta deux dispositions stratégiques : primo, anéantir le groupe dirigé par Liu Pou-wei (?-235 av. J.-C.) pour assurer la victoire de la guerre d’unification et la fondation de la dynastie des Ts’in ; secundo, adopter des mesures révolutionnaires, c’est-à-dire « brûler les livres et enterrer vivants les lettrés confucéens », ce qui permit de consolider le pouvoir de la classe des propriétaires fonciers.

Ces deux événements historiques constituent la suite de la longue lutte qui opposait, dans l’État de Ts’in, la classe montante des propriétaires fonciers à l’aristocratie esclavagiste en déclin ; ils illustrent la lutte entre la restauration et la contre-restauration qui se poursuivit pendant 150 ans, dans l’État de Ts’in, depuis les réformes de Chang Yang.

Liu Pou-wei était un représentant de l’aristocratie des propriétaires d’esclaves, et non de la classe des propriétaires fonciers. Vers la fin de l’époque des Royaumes combattants, les premiers ministres des Etats de Tsi, de Tchou et du reste des six Etats autres que l’État de Ts’in étaient tous membres des familles aristocratiques appartenant aux maisons princières respectives.

C’était le cas de Tien Ki, Tien Ying et Tien Wen de l’État de Tsi, Tse Lan et Houang Hsié de l’État de Tchou, et Tchao Cheng de l’État de Tchao. Seul l’État de Ts’in employait un grand nombre de personnes venues comme « invitées », c’est-à-dire qui s’étaient réfugiées dans l’État de Ts’in parce qu’elles ne pouvaient plus rester dans les six autres Etats.

C’étaient des intellectuels de la classe des propriétaires fonciers tels que Fan Souei, Tsai Tseh et Li Se (-208 av. J.C.). Mais à l’époque, les propriétaires d’esclaves engagés dans l’artisanat et le commerce étaient encore très puissants dans l’État de Ts’in, ils constituaient la base sociale la plus importante pour les activités de restauration de la vieille aristocratie.

D’après le Che Ki de Sema Tsien, un nommé Louo de la famille Wou, une veuve portant le nom Tsing qui habitait à Pa, ainsi que la famille Tchouo de Chou (l’actuelle partie ouest de la province du Setchouan), avaient un millier d’esclaves chacun et étaient « aussi riches que le monarque ».

Liu Pou-wei se trouvait être le plus célèbre représentant de cette force sociale.

C’était un « gros commerçant de Yangtchai » (l’actuel district de Yuhsien, dans la province du Honan), un grand propriétaire possédant une dizaine de milliers d’esclaves et « une fortune fabuleuse ». Grâce à ses intrigues politiques, il devint premier ministre de l’État de Ts’in sous le règne du prince Tchouangsiang, père de l’empereur Chehouangti.

Son entrée en fonctions, appuyée par le groupe des aristocrates propriétaires d’esclaves de l’État de Ts’in, fut l’aboutissement des activités de restauration de la classe des propriétaires d’esclaves.

Une fois au pouvoir dans cet Etat, Liu Pou-wei s’efforça d’appliquer une ligne politique réactionnaire visant à restaurer le système esclavagiste.

Sur le plan économique, il combattit avec force la politique traditionnelle de l’État de Ts’in consistant « à renforcer la fondation (l’agriculture) et à affaiblir le dernier des métiers (le commerce) », prétendant que ce n’était pas « la plantation et la culture », mais « la piété filiale » et « la pratique de la vertu » (Annales de Liu) qui devaient être considérées comme « la fondation ».

Ce faisant, il tentait de défendre les intérêts de la classe des propriétaires d’esclaves et de saper le fondement économique de la classe des propriétaires fonciers ­ l’économie agricole féodale.

Dans le domaine de la culture et de l’idéologie, Liu Pou-wei réunit un certain nombre d’intellectuels mécontents du nouveau système, pour rédiger un livre intitulé Annales de Liu.

Il chercha à s’opposer et à supplanter l’idéologie légaliste qui occupait alors dans l’État de Ts’in une position bien établie.La sortie de ce livre marque une évolution nouvelle dans la lutte de classes et la polémique entre confucéens et légalistes.

En ce temps, vers la fin de l’époque des Royaumes combattants, avec l’affaiblissement constant des forces de la classe des propriétaires d’esclaves en déclin, la position qu’occupait l’école confucéenne représentée par Confucius et Mencius était déjà chancelante, prête à s’écrouler, tandis que l’école légaliste, au contraire, avec la montée continue de la classe des propriétaires fonciers, vit apparaître d’éminents représentants comme Siun Tse (313-238 av. J.-C.), et Han Fei.

C’est pourquoi il était impossible d’arborer ouvertement, dans l’État de Ts’in, le drapeau du confucianisme. On ne put que professer l’éclectisme et répandre des inepties confucéennes sous la marque d’ « école aux doctrines variées ». Le livre de Liu prétendait avoir assimilé les doctrines des différentes écoles, mais, au fond, il prenait pour noyau la pensée confucéenne, mêlée à des idées taoïstes.

L’école confucéenne propageait l’idée qu’il ne fallait pas s’attaquer à l’ancien ordre esclavagiste, tandis que l’école taoïste jugeait qu’il n’était ni nécessaire ni possible d’établir le nouvel ordre féodal.

Avec chacune sa phraséologie spécifique, ces deux écoles cherchaient, au fond, l’une comme l’autre à sauvegarder la domination de la vieille aristocratie esclavagiste en pleine décadence.

Les Annales de Liu étaient une macédoine où se trouvaient mélangées les idées les plus variées de la classe des propriétaires d’esclaves ; elles propageaient les idées de « bienveillance » et de « justice » de l’école confucéenne en y mêlant des idées taoïstes comme par exemple : « gouverner par l’inaction ». Son but essentiel était la rétrogression, un retour à l’ancien et le rétablissement de l’esclavage réclamé par l’école confucéenne.

Dès qu’il fut monté sur le trône, l’empereur Chehouang-ti dut mener une sérieuse lutte contre la clique des aristocrates esclavagistes ayant à sa tête Liu Pou-wei.

Il va de soi que l’empereur, en tant que représentant principal de la classe montante des propriétaires fonciers, prit tout naturellement la pensée légaliste de Han Fei comme une arme idéologique pour combattre la restauration. Han Fei et Li Se étaient des disciples de Siun Tse.

Selon les archives, après avoir lu les écrits de Han Foi – l’empereur Chehouangti s’exclama : « S’il m’était donné de rencontrer cet homme et d’être en sa compagnie, je pourrais après cela mourir sans regrets ! » (Che Ki) Une année après son accession au pouvoir, suivant le principe formulé par Han Fei : « Que les hauts fonctionnaires n’échappent pas au châtiment quand ils commettent un délit, et que les simples hommes du peuple obtiennent des récompenses quand ils accomplissent une bonne action » (Han Fei Tse), l’empereur Chehouangti mit à exécution une politique selon laquelle « les premiers ministres doivent venir des rangs des fonctionnaires locaux, et les généraux, des simples soldats. » (ibidem)

C’est ainsi qu’il destitua Liu Pou-wei. Révoqué, celui-ci refusa obstinément de s’amender et continua d’être d’intelligence avec les vieux aristocrates des six autres Etats pour fomenter une rébellion.

En 235 avant J.-C., sa tentative éventée, il se suicida pour échapper au châtiment. L’anéantissement des forces de Liu Pou-wei marqua une nouvelle consolidation de la domination de la classe des propriétaires fonciers dans l’État de Ts’in.

Quatorze années plus tard, soit en 221 avant J.-C., l’empereur Chehouangti réussit à unifier la Chine et fonda un empire féodal au pouvoir centralisé.

Ce fut là une grande victoire remportée par la classe montante des propriétaires fonciers, une éclatante victoire de la pensée légaliste. Cet événement marqua en Chine la fin de la société esclavagiste et le commencement de la société féodale. Ce qui poussa l’empereur Chehouangti « à brûler les livres et à enterrer vivants les lettrés confucéens », ce fut la polémique sur la question de savoir s’il fallait persévérer dans le régime centralisé des préfectures et des districts ou restaurer le système des Etats vassaux de la société esclavagiste.

Il s’agissait là d’une question essentielle concernant le système d’État et la nature du pouvoir politique. Au cours de ces événements, ceux qui représentaient les intérêts des aristocrates esclavagistes étaient les lettrés confucéens accrochés a leur doctrine.

Après la fondation de la dynastie des Ts’in, les forces de l’aristocratie esclavagiste de cet Etat s’étaient pour ainsi dire effondrées sur le plan politique et économique, mais elles restèrent assez puissantes dans le domaine idéologique, un grand nombre de lettrés confucéens s’étant infiltrés dans les organismes gouvernementaux et les institutions culturelles.

Selon des données historiques, parmi les 70 académiciens royaux, il y avait un nombre non négligeable de confucéens, et on comptait dans les préfectures des confucéens en vue, dont Kong Fou, Tchang Eul et Tchen Yu. Certains d’entre eux, extrêmement mécontents du nouveau régime, suscitèrent de nouveaux débats pour discuter de la voie à suivre pour la dynastie.Cette fois, le premier ministre Wang Wan fut le premier à entrer en lice.

Se tenant du côté de l’aristocratie esclavagiste, il réclama le rétablissement du système des Etats vassaux. Mais Li Se, ministre de la Justice, partant de la position des légalistes, combattit énergiquement cette rétrogression, indiquant que si le système des Etats vassaux était restauré, les seigneurs vassaux « se battraient entre eux comme des ennemis » (Che Ki), et on verrait renaître les divisions et les guerres chaotiques de la société esclavagiste.

Ayant fait le bilan de l’expérience historique acquise dans la lutte entre la restauration et la contre-restauration dans l’État de Ts’in, l’empereur Chehouangti approuva les vues de Li Se réclamant l’unification du pays et s’élevant contre la scission. « Le pays, pensa-t-il, souffrait de guerres continuelles, parce qu’il existait des Etats vassaux. »

Et il ajouta : « Le rétablissement des Etats vassaux peu après leur unification conduira à des guerres sans fin. » Résolu à adopter le système des préfectures et des districts, il « divisa le pays en trente-six préfectures » (Che Ki) administrées par des fonctionnaires nommés par l’autorité centrale. Ainsi, il fonda un empire féodal au pouvoir centralisé.

Cependant, une classe renversée ne se retire jamais de son propre chef de la scène de l’Histoire. Par l’intermédiaire de leurs agents à la Cour des Ts’in, les aristocrates propriétaires d’esclaves continuaient à préparer l’opinion publique à une attaque contre le système des préfectures et des districts. En 213 avant J.-C., au cours d’un banquet au Palais de Hsienyang, Tchouenyu Yué, un académicien royal qui se tenait sur la position des confucéens, vint à déclarer : « Je n’ai jamais entendu dire qu’un Etat puisse subsister longtemps s’il ne se met pas à l’école du passé. » (ibidem)

Il prêchait ainsi ouvertement la restauration du système esclavagiste des dynasties des Yin et des Tcheou. Et la Cour fut de nouveau le théâtre d’une grande polémique.

Dans les débats, Li Se réfuta énergiquement la théorie confucéenne « d’utiliser le passé pour s’opposer au présent » ; il souligna qu’« aucune dynastie ne gardait les régimes politiques antérieurs » (Che Ki). Il fit encore remarquer que faire marche arrière conduirait à une impasse. Si les lettrés, dit-­il, prennent le passé, et non le présent, comme maître, c’est pour calomnier le présent. » (ibidem)

Selon lui, il fallait réprimer ces lettrés qui préparaient l’opinion à la restauration. Li Se indiquait encore que les confucéens, faisant parade de leur « savoir personnel », »cherchaient des défauts dans les décisions du gouvernement à la lumière de leur doctrine, les désapprouvaient dans leur for intérieur lorsqu’ils étaient dans les organismes gouvernementaux et les rejetaient ouvertement en public » (ibidem).

Si on les laissait faire, ils ne manqueraient pas de saper la stabilité du pouvoir politique de la classe des propriétaires fonciers.

C’est pourquoi Li Se demanda d’établir, dans le domaine de l’idéologie et de la culture, la dictature de la classe des propriétaires fonciers sur la classe des propriétaires d’esclaves. Approuvant ses propositions, l’empereur Chehouangti ordonna de confisquer « les classiques confucéens et les ouvrages d’autres écoles », interdit de « prôner l’ancien pour porter atteinte au présent », et appela « et ne suivre qu’une seule école en distinguant le blanc du noir » (ibidem).

Au bord de sa ruine totale, l’aristocratie esclavagiste réactionnaire tenta un ultime assaut. Les lettrés confucéens, ayant à leur tête Lou et Heou, s’efforcèrent de calomnier le « règne par la loi », en le présentant comme un « abus de pouvoir fonctionnant à coup de châtiments et d’exécutions capitales », et attaquèrent le pouvoir centralisé, disant qu’il reposait sur des « décisions irrévocables » de l’empereur Chehouangti et sur sa « soif du pouvoir » (Che Ki).

Ils suscitèrent partout des troubles et répandirent des rumeurs pour abuser le peuple. En vue de consolider la dictature de la classe des propriétaires fonciers qui venait d’être établie, Chehouangti réprima ces lettrés confucéens réactionnaires qui cherchaient à restaurer l’esclavage, et il fit « enterrer vivants » à Hsien-yang 460 lettrés confucéens.

L’appareil d’État a toujours été un instrument d’oppression exercée par une classe sur une autre. « Brûler les livres et enterrer vivants les lettrés confucéens » furent des mesures que la classe des propriétaires fonciers dut prendre pour renforcer son dictature qui venait d’être établie.

Comme le président Mao l’a fait remarquer, « pour renverser un pouvoir politique, on commence toujours par préparer l’opinion publique et par agir dans le domaine idéologique. Cela est vrai aussi bien pour une classe révolutionnaire que pour une classe contre-révolutionnaire. »

Déjà, sous le règne du prince Hsiao, Chang Yang avait proposé de « brûler les classiques confucéens pour que prévalent les lois et les décrets » (Han Fei Tse), afin de consolider les résultats acquis lors des réformes.

Dans sa polémique avec les confucéens, le légaliste Han Fei préconisa de « dissoudre leur groupe » (Han Fei Tse). Comme la lutte se déroulait à l’époque principalement dans les domaines politique et économique, et que les contradictions et la lutte dans le domaine de l’idéologie n’étaient pas aussi aiguës ni aussi évidentes qu’elles le deviendraient à l’époque de Ts’in Che Houang, les princes qui avaient précédé ce dernier n’avaient pas pris de mesures juridiques pour réprimer énergiquement la pensée confucéenne.

Après avoir fait le bilan de l’expérience acquise dans les luttes répétées entre la restauration et la contre-­restauration au cours de la formation de la dynastie des Ts’in, l’empereur Che-houangti finit par comprendre pourquoi un « nouveau souverain ne peut être révéré s’il ne brûle pas les Six classiques du confucianisme » (Tchang Tai-yen : Ts’in Hsien Ki. Les Six classiques du confucianisme sont : Le Livre des odes, Le Livre des documents, Le Livre des rites, Le Livre des changements, Les Annales de Tchouentsieou et Le Livre de la musique).

Donc, il mit à exécution la politique dite « de brûler les livres et d’enterrer vivants les lettrés confucéens ». Il en ressort que cette mesure n’était pas due à la « cruauté » de Chehouangti, mais découlait du développement nécessaire de la lutte des classes à l’époque.

Les documents historiques attestent que l’empereur Chehouangti « aimait la littérature plus que les autres monarques » ; qu’il n’était pas « enclin à massacrer les hommes de lettres » ; que parmi les 70 académiciens de la dynastie des Ts’in, il y en eut au moins huit qui ne furent pas condamnés à être enterrés ; et que certains, bien qu’ayant des opinions politiques différentes, purent quand même « écrire tranquillement leurs ouvrages » (Tchang Tai­yen : Ts’in Hsien Ki), car ils n’avaient pas participé à des conspirations.

Toutefois, les lettrés confucéens qui se tenaient obstinément sur les positions de la classe des propriétaires d’esclaves en déclin étaient différents des lettrés confucéens en général. C’étaient des gens qui cherchaient secrètement à susciter des troubles et qui adoptaient une attitude pleine d’hostilité à l’égard du nouveau régime féodal. Ils formaient la fraction d’extrême droite des lettrés confucéens.

S’ils n’avaient pas été réprimés sévèrement, il eût été impossible de consolider le statut économique et le pouvoir d’État de la classe montante des propriétaires fonciers, et toute la Chine serait retournée à la société esclavagiste.

Donc, « brûler les livres et enterrer vivants les lettrés confucéens » fut une mesure que l’empereur Chehouangti dut prendre pour se défendre contre les attaques de l’aristocratie esclavagiste. Ce fut aussi un acte révolutionnaire visant à préserver les nouveaux rapports de production.

Les penseurs progressistes de l’histoire de la Chine ont, d’une façon générale, applaudi à cet acte révolutionnaire. Li Pai (701-762), grand poète de la dynastie des Tang, disait : « L’empereur des Ts’in a conquis toute la Chine. Voilà qui est un magnifique exploit ! » Li Tche, un rebelle confucianiste de la dynastie des Ming (1368-1644), fit l’éloge de l’empereur Chehouangti, disant qu’il fut « le meilleur empereur qu’il eût jamais existé aux temps anciens. » (Tsang Chou)

Tchang Tai-yen, un révolutionnaire bourgeois, déclara sans ambages que Chehouangti « n’oubliait pas les simples gens quant aux récompenses ni ne laissait échapper aucun de ses proches qui méritait un châtiment », et qu’il « ne faisait mettre à mort aucun fonctionnaire sans preuves évidentes ».

Tchang disait encore que s’il y avait eu de bons successeurs au trône de la dynastie des Ts’in, la prospérité de cet Etat aurait « dépassé tout ce qu’on avait pu connaître, même sous le règne de tant de sages empereurs et de rois avisés dans les anciens temps » (Ts’in Tcheng Ki).

Par contre, les réactionnaires du passé, tout comme, de nos jours, les agents des propriétaires fonciers, de la bourgeoisie, et de l’impérialisme, du révisionnisme et de la réaction, tels que Liou Chao-chi et Lin Piao, ont tous accablé d’injures l’empereur Chehouangti et fait l’éloge des confucéens. Les faits historiques montrent que l’appréciation que l’on porte sur Chehouangti et Con­fucius a toujours été l’objet d’une longue lutte de classes dans le domaine idéologique.

III

Le président Mao a indiqué : « Dans le passé, la classe des propriétaires d’esclaves, la classe féodale des propriétaires fonciers et la bourgeoisie furent, avant leur conquête du pouvoir et quelque temps après, pleines de vitalité, révolutionnaires et progressistes ; c’étaient de vrais tigres.

Mais, dans la période postérieure, comme leurs antagonistes la classe des esclaves, la classe paysanne et le prolétariat grandissaient et engageaient la lutte contre elles, une lutte de plus en plus violente, ces classes régnantes se sont transformées peu à peu en leur contraire, sont devenues réactionnaires, rétrogrades, des tigres en papier.

Et, en fin de compte, elles ont été renversées par le peuple ou le seront un jour. »

Le fait que la classe des propriétaires fonciers au pouvoir, de partisane de l’école légaliste et opposée au confucianisme se soit convertie au confucianisme et opposée à l’école légaliste, est conforme au processus de la transformation historique : la classe des propriétaires fonciers, comme l’a fait remarquer le président Mao, de révolutionnaire est devenue réactionnaire, de progressiste est devenue rétrograde.

La dynastie des Ts’in fut, dans l’histoire de la Chine, la première dynastie fondée par la classe des propriétaires fonciers. Peu après sa conquête du pouvoir, cette classe exploiteuse opprimait et pressurait cruellement la paysannerie, aggravant ses contradictions avec elle. En l’an 209 av. J.-C. éclata la première grande insurrection paysanne de l’histoire, dirigée par Tchen Cheng et Wou Kouang ; cette insurrection fit progresser l’histoire et manifesta la grande force des opprimés et des exploités, créateurs de l’histoire.

Tout comme l’a indiqué Lieou Tsong-yuan (773-­819) dans son ouvrage : Du système des Etats vassaux, la chute des Ts’in « doit être attribuée au mécontentement du peuple et non pas au système des préfectures et des districts. »

Au cours de la formation de la dynastie suivante, celle des Han, des controverses se poursuivaient entre ceux qui voulaient continuer à faire progresser le féodalisme et ceux qui réclamaient le retour au système esclavagiste.

Un lettré confucéen Li Che-ki conseilla à Lieou Pang, fondateur de dynastie des Han, de rétablir le système des Etats vassaux, et on avait même déjà gravé les nouveaux sceaux pour les vassaux.

Mais devant les objections de son conseiller Tchang Liang, Lieou Pang se rendit à l’évidence et comprit que la rétrogression n’aboutirait qu’à une impasse ; il s’écria aveccolère contre Li Che-ki : « Sot lettré que vous êtes, vous avez failli ruiner les affaires de mon Etat ! » (Che Ki)

La dynastie des Han succéda au régime établi par les Ts’in. Sous le règne de l’empereur Wouti (140-87 av, J.-C.) des Han, les rébellions des Etats de Wou, de Tchou et des cinq autres furent écrasées. Ainsi fut traversé un moment critique où menaçait la restauration de l’esclavage.

Les contradictions entre la classe des propriétaires fonciers et la paysannerie, qui avaient existé dès l’apparition de ces deux classes, prirent désormais une importance primordiale. La classe des propriétaires fonciers s’était transformée peu à peu, de vrai tigre, en un tigre en papier, perdant la vitalité et le caractère révolutionnaire qu’elle avait possédés lorsqu’elle était une classe progressiste.

Dans de telles conditions historiques, le confucianisme, hypocrite et conservateur, et exhortant les gens à se contenter de leur sort, devint plus utile à la domination féodale que les idées des légalistes qui propageaient sans fard la dictature de la classe des propriétaires fonciers et réclamaient ouvertement des réformes.

D’où une situation où il fallait « honorer seulement la doctrine de Confucius et bannir toutes les autres écoles. Et les théories confucéennes, revues et corrigées,servirent désormais leur nouveau maître, la classe des propriétaire fonciers, et le confucianisme devint la pensée dominante dans la société féodale postérieure.

En analysant de bout en bout la lutte entre la restauration et la contre-­restauration au cours de la formation de la dynastie des Ts’in, on constate que la substitution d’un système social à un autre suit un chemin sinueux jalonné de combats sanglants et de sacrifices, avec des possibilités de recul temporaire et de restauration partielle.

Mais la loi du développement historique est irrésistible, et le nouveau régime social remplacera toujours, en fin de compte, l’ancien.

Bien que l’empereur Chehouangti soit mort depuis longtemps, le régime qu’il a fondé s’est maintenu pendant toute la période de la société féodale.

Lieou Tsong-yuan, penseur matérialiste de la dynastie des Tang (618-­907), disait que depuis la dynastie des Han, ce régime s’est révélé supérieur au système des Etats vassaux et se maintiendra dans les cent générations à venir (Du système des Etats vassaux).

Un autre penseur matérialiste, Wang Fou-tche, qui vécut sous la dynastie des Ming, indiquait : « Le système des préfectures et des districts dure depuis 2 000 ans sans que rien n’ait changé. » (En étudiant l’Histoire générale) Leurs paroles s’accordent avec la réalité historique. Sensible, la nature aurait plié sous l’âge ; Pour les humains, les mers se changeront en champs de mûriers. (Vers tirés du poème de Mao Zedong écrit en avril 1949 : « La Prise de Nankin par l’Armée populaire de Libération ».)

Aucune force réactionnaire ne saurait empêcher la marche de l’Histoire. Aujourd’hui, sous la direction du grand dirigeant du peuple chinois, le président Mao, nous avons fondé la Chine nouvelle, socialiste, de dictature du prolétariat, et nous poursuivons notre révolution et notre édification socialistes.

Nous œuvrons à la consolidation de cette dictature et au développement de la cause du socialisme. Cela ne peut non plus être endigué par aucune force réactionnaire. « En fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste ; c’est une loi objective, indépendante de la volonté humaine. » (Mao Zedong : « Intervention à la réunion du Soviet suprême ; l’U.R.S.S. pour la célébration du 40e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre »)

L’étude de l’expérience historique acquise au cours de la lutte de classes nous permet de raffermir notre confiance en cette vérité. Bien que l’empereur Chehouangti ait été couvert d’injures par les réactionnaires d’hier et d’aujourd’hui, par ceux de la Chine et de l’étranger, y compris les révisionnistes soviétiques, et Lin Piao et ses semblables, il n’en a pas moins ses mérites dans l’histoire.

Il accordait une importance plus grande au présent qu’au passé ; en ce domaine, il était un expert ; il a mis en pratique de la façon la plus conséquente et la plus efficace la pensée légaliste. Il fut aussi l’homme d’État de la classe des propriétaires fonciers qui a réalisé et défendu l’unification de la Chine. Telle est la conclusion de l’Histoire.

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Utiliser la dialectique matérialiste pour guérir les maladies courantes

Par Kouo Chou-sou, médecin militaire de l’Hôpital 106 d’une unité de l’Armée populaire de Libération de Chine, 1972

Je pratiquais la médecine générale quand, il y a quelques années, nos dirigeants décidèrent que je devrais me spécialiser en neurologie.

J’en fus tout d’abord contrarié car je ne possédais que très peu de connaissances dans ce domaine. Je réfléchis : manquer d’une bonne base dans ce domaine était une mauvaise chose, mais aussi une bonne.

Comme nous l’enseigne le président Mao : « Une feuille blanche offre toutes les possibilités ; on peut y écrire ou y dessiner ce qu’il y a de plus nouveau et de plus beau », je résolus donc de m’attaquer aux maladies du système nerveux.

Cela n’alla pas tout seul. Pour remédier à mon ignorance en neurologie, je commençai par me plonger dans les manuels étrangers.

Je découvris bientôt que ces livres traitaient surtout de théories complexes et de maladies peu fréquentes.

Les maladies courantes étaient peu abordées et il y était peu question donc des cas souvent rencontrés dans la pratique ; ou bien certains livres se contentaient de les mentionner, sans plus. Aussi, plus je les parcourais et plus j’étais découragé.

C’est alors précisément que notre grand guide, le président Mao, donna cette brillante directive : « Axer le travail médical et sanitaire sur les régions rurales », orientant ainsi notre progression, en tant que travailleurs médicaux.

Conformément à la directive du président Mao, au lieu de nous confiner à l’hôpital, nous nous sommes organisés en équipes médicales ambulantes et avons fait le tour des unités de l’A.P.L. et des villages.

Mais les cas rencontrés là étaient encore des maladies courantes.

Cette situation nous fit comprendre plus clairement que l’accent devait être mis sur la guérison des maladies communes.

Il est contraire à la ligne prolétarienne du président Mao en matière de travail médical et sanitaire de négliger l’étude de ces maladies et l’amélioration de leur traitement, et de consacrer un nombreux personnel et une grande quantité de matériel pour des recherches sur des maladies extrêmement complexes et rares.

Selon les enseignements du président Mao, nous avons décidé de nous attaquer aux maladies courantes et de découvrir de nouvelles méthodes de les traiter.

Saisir l’aspect principal d’une contradiction

La neurasthénie, par exemple, est une maladie couramment rencontrée en neurologie.

Tous ceux qui en souffrent présentent ces symptômes : maux de tête et insomnies— l’insomnie étant l’une des causes principales des migraines. Il existe à ce sujet un dicton : un médecin qui examine un patient se plaignant de migraines en attrape, lui aussi, la « migraine ».

Pour atténuer la douleur, le médecin prescrit habituellement des calmants ou des somnifères, lesquels ne procurent qu’un soulagement momentané et sont impuissants à guérir la maladie.

Pour vaincre la neurasthénie, j’ai étudié maintes fois De la contradiction, brillant ouvrage philosophique du président Mao, qui m’a beaucoup éclairé.

Le président Mao nous enseigne : « Des deux aspects contradictoires, l’un est nécessairement principal, l’autre secondaire. Le principal, c’est celui qui joue le rôle dominant dans la contradiction.

Le caractère des choses et des phénomènes est surtout déterminé par cet aspect principal de la contradiction, lequel occupe la position dominante. »

Je pensai alors : Une personne est pleine d’entrain pendant la journée et s’endort le soir, voilà le phénomène normal de l’excitation et de l’inhibition du cortex cérébral.

Le problème d’un neurasthénique est que son cortex cérébral n’est pas excité comme il le devrait, le jour, et n’est pas inhibé la nuit, d’où une activité anormale du système nerveux.

L’excitation et l’inhibition sont deux aspects d’une contradiction.

L’un des deux doit jouer le rôle dominant. Mais lequel ? Nous nous reposons pour bien travailler, mais pas vice versa.

L’excitation joue donc le rôle dominant, et en traitant ce genre de maladie, l’accent doit être mis sur l’aspect de l’excitation. Mais autrefois, selon les traités de médecine sur les maladies nerveuses, des fortifiants et des somnifères étaient prescrits au neurasthénique pour le calmer. En d’autres termes, l’accent était mis sur l’aspect de l’inhibition.

Mais la pratique prouve que ce genre de traitement ne peut résoudre fondamentalement le problème. Il entraîne souvent le besoin d’une quantité toujours plus grande de médicaments, tandis que le trouble persiste.

Conformément à l’enseignement du président Mao :  «Lorsque l’aspect principal de la contradiction, l’aspect dont la position est dominante, change, la qualité du phénomène subit un changement correspondant », je décidai donc de changer l’ancienne méthode habituelle de traitement.

Je me concentrai sur l’aspect d’excitation qui joue le rôle dominant, pour accroître l’excitation du malade pendant la journée. Une excitation suffisante provoquera naturellement une inhibition appropriée.

Avec l’aide des hôpitaux frères et des camarades, j’étudiai et adoptai une nouvelle méthode de traitement, c’est-à-dire l’augmentation du degré d’excitation du malade pendant la journée.

Après des expériences répétées sur des animaux et sur moi-même jusqu’à être assuré que cette méthode de traitement ne causerait aucun mal au corps humain, je l’appliquai à un patient gravement atteint de neurasthénie depuis plus de vingt ans. Je lui appliquai le traitement une fois par jour avant midi, et environ une minute chaque fois.

Trois jours après, le malade devenait somnolent le soir entre 8 et 9 heures. Depuis lors, ce camarade est plein d’entrain le jour et dort normalement la nuit. Ainsi, sans un comprimé ou une piqûre, ses troubles nerveux ont disparu.

A l’heure actuelle, nous avons déjà traité plus de cinq cents neurasthéniques qui souffraient de maux de tête et d’insomnies, et les guérisons dépassent plus de quatre-vingts pour cent des cas.

« Il faut analyser le fond de chaque chose et ne considérer les manifestations extérieures que comme une avenue menant à la porte dont il faut franchir le seuil pour saisir vraiment le fond du problème. C’est là la seule méthode d’analyse, sûre et scientifique, des phénomènes. »

Ce grand enseignement du président Mao est également applicable pour le diagnostic et le traitement des maladies. Si nous sommes induits en erreur par quelque phénomène superficiel d’une maladie, nous finirons, c’est sûr, par soigner des migraines en soignant seulement la tête ou un mal de pied, en soignant seulement le pied, tout en négligeant la cause principale de la maladie. Cela ne résout pas le problème fondamental.

Une maladie que nous rencontrons fréquemment est la dermatonévrite. Pendant longtemps, les milieux médicaux avaient l’habitude de diagnostiquer l’engourdissement d’une certaine partie du corps comme dermatonévrite.

Ils essayaient toujours de concentrer le traitement sur « l’inflammation ».

De par ma pratique médicale, je commençai à avoir des doutes à ce sujet. L’engourdissement causé par la dermatonévrite est un phénomène, me disais-je, mais parfois, le phénomène ne correspond pas entièrement à l’essence, car le même phénomène peut refléter des essences différentes. Aussi ne devons-nous pas nous laisser tromper par un phénomène.

Après un examen consciencieux de l’histoire des patients souffrant de dermatonévrite, je découvris que leur maladie était causée, à différents degrés, par l’humidité et le froid. La source de leur mal était vraisemblablement due à la longue inhibition des nerfs autour de la partie affectée. Cela pouvait donc s’appeler de la paralysie locale des nerfs.

Partant de là, j’étais d’avis que la dermatonévrite n’est pas une maladie inflammatoire. Le traitement ne devait donc pas être centré sur l’Inflammation, mais devait aider les nerfs autour de la partie affectée à recouvrer leur état d’excitation.

Nous avons alors procédé à des recherches et finalement décidé d’adopter une nouvelle méthode : faire recouvrer dans une courte période l’excitation de nerfs depuis longtemps inhibés.

Le président Mao nous apprend ceci :  «Notre devoir, c’est d’être responsables envers le peuple. » Pour ne pas causer le moindre tort aux malades, j’essayai la nouvelle méthode d’abord sur moi.

Bien qu’ayant quelque peu souffert au cours des expériences, j’étais heureux car j’avais prouvé que cette méthode pouvait exciter les nerfs sous la peau et fournir ainsi un traitement à la dermatonévrite.

Un soldat était atteint de cette maladie depuis quatre ans. Une de ses jambes était engourdie, au point de ne même plus réagir à une piqûre. Il avait consulté plusieurs hôpitaux réputés, mais sans résultat.

Avec les expériences acquises grâce aux essais pratiqués sur mon propre corps, je décidai de lui appliquer le nouveau traitement.

A la suite du premier essai, l’engourdissement de sa jambe disparut à moitié et complètement après la seconde séance. Le patient recouvra enfin la santé.

En l’espace de plus d’une année, nous avons traité une centaine de malades atteints de différentes sortes de dermatonévrite ou de polynévrite. Tous ont été guéris.

La pratique m’a fait réaliser profondément que, quoi que nous fassions, nous devons aller au-delà du phénomène superficiel et étudier l’essence des choses.

Ainsi seulement pouvons-nous saisir la loi objective d’une chose et ne pas être trompés par son phénomène ; et c’est seulement de cette manière que notre pensée peut correspondre à la réalité et que nous pouvons adopter la méthode correcte pour résoudre le problème et obtenir les résultats escomptés dans notre travail.

Faire le bilan de l’expérience et continuer à progresser

Nos tournées médicales dans les unités de l’A.P.L. et les villages nous ont mis en présence de nombreux patients se plaignant de douleurs dans les jambes et les reins. Ce fait a attiré notre attention.

Comment pouvions-nous les guérir ? C’était une question difficile à résoudre. Les douleurs dans les jambes et les reins sont fréquentes parmi les travailleurs.

Autrefois, du fait de la ligne révisionniste introduite dans le travail médical et sanitaire par Liou Chao-chi, ce renégat, agent de l’ennemi et traître à la classe ouvrière, très peu de personnes cependant se sont penchées sur cette question, personne ne savait d’ailleurs sur quelle section diriger les patients souffrant de ces maux.

En tant que combattants médicaux armés de la pensée Mao Zedong, me dis-je, nous devons servir de tout cœur les ouvriers, paysans et soldats. Nous devons trouver le moyen de guérir ces cas et d’alléger les souffrances de nos frères de classe.

Conformément au grand enseignement du président Mao :  «Il faut faire consciencieusement le bilan de l’expérience acquise », nous avons sérieusement fait le bilan du processus de notre traitement de la neurasthénie et de la dermatonévrite.

Nous avons alors profondément compris que nous avions été à même de guérir les diverses maladies courantes touchant la neurologie, non pas en nous appuyant sur les traités de médecine, non pas en plaçant une foi aveugle dans l’expérience étrangère, mais en nous appuyant sur la pensée Mao Zedong, sur la dialectique matérialiste énoncée par le président Mao.

Ce fut là notre expérience la plus fondamentale.

Par le bilan de l’expérience, nous avons été capables de reconnaître l’essence commune de quelques maladies courantes.  «Après avoir pris connaissance de l’essence commune des choses nous devons aller plus avant et étudier les choses concrètes, qui ont été insuffisamment étudiées ou qui apparaissent pour la première fois. » Suivant cet enseignement du président Mao, nous avons étudié spécialement les douleurs aux jambes et aux reins.

Le président Mao nous apprend ceci : « L’enquête est comparable à une longue gestation, et la solution d’un problème au jour de la délivrance. »

Nous avons abordé ce difficile problème en allant tout d’abord parmi les combattants de l’A.P.L. et les paysans pauvres et moyens-pauvres pour y découvrir les raisons provoquant des douleurs aux jambes et aux reins. Nous avons procédé à des examens attentifs des patients se plaignant de telles douleurs.

Nous avons ainsi découvert que la grande majorité de ces patients, notamment ceux souffrant de la courbature dans la région lombaire, éprouvent une sensation de raideur dans les muscles et autres tissus à l’endroit douloureux même ou aux alentours. La raideur est signe de contraction musculaire.

C’est un réflexe protecteur ou pathologique commun à tous les animaux.

La contraction et le relâchement des muscles sont deux aspects d’une contradiction. Ils ont des points communs avec les deux aspects d’une autre contradiction — excitation et inhibition nerveuses.

La neurasthénie est l’inversion du phénomène excitation-inhibition, et les douleurs aux jambes et reins sont dues semblablement au désordre du phénomène contraction-relâchement.

En conséquence, je suis parvenu à la conclusion que les douleurs aux jambes et reins surviennent lorsque les muscles et autres tissus ont longtemps subi un état de semi-contraction et de semi-fatigue.

Telle est la cause initiale.

Si cet état pouvait être éliminé et les muscles et autres tissus relâchés, les malades seraient libérés de la douleur et recouvreraient vigueur et santé.

Je pensai alors que le traitement physiothérapique des douleurs aux jambes et reins avait obtenu certains succès autrefois et la raison en est, en quelques mots, qu’il avait apporté aux muscles et autres tissus un certain relâchement.

Comme ce traitement ne réussissait pas à les relâcher entièrement, le patient ne pouvait donc guérir complètement. Dans ce cas, comment faire pour provoquer le relâchement complet des muscles et autres tissus ?

Le président Mao a dit : « Chacun des deux aspects contradictoires d’un phénomène tend à se transformer, dans des conditions déterminées, en son opposé. »

Si je peux découvrir un moyen pour provoquer, pendant un bref moment, une forte contraction des muscles et autres tissus depuis longtemps en état de semi-contraction, me dis-je, il s’ensuivra nécessairement leur relâchement complet. Avec les camarades, je procédai à des expériences minutieuses et répétées.

Le nouveau traitement amena instantanément des résultats. Un vieillard, qui, depuis de nombreuses années, ne pouvait se redresser par suite de surmenage dans l’ancienne société fut guéri après quatre séances de traitement, qui ont requis quelques minutes au total.

Employant le même principe, nous avons traité avec succès des rhumatismes, des spondylites hypertrophiques, des douleurs musculaires aiguës et des sciatiques et autres maladies courantes.

A l’heure actuelle, nous avons traité près de cinq cents patients se plaignant de douleurs dans les jambes et les reins : quatre-vingt-dix pour cent ont constaté une amélioration et plus de la moitié ont été complètement guéris.

Notre grand guide, le président Mao, nous enseigne : « Pour que s’achève le mouvement qui conduit à une connaissance juste, il faut souvent mainte répétition du processus consistant à passer de la matière à l’esprit, puis de l’esprit à la matière, c’est-à-dire de la pratique à la connaissance, puis de la connaissance à la pratique. »

Je viens seulement de commencer à apprendre et à appliquer la grande dialectique matérialiste du président Mao et ces traitements nouveaux sont encore loin d’être complètement au point, aussi devons-nous encore étudier afin de les perfectionner et les développer.

A la lumière de la pensée Mao Zedong, je suis déterminé à mieux étudier les œuvres du président Mao et servir les ouvriers, paysans et soldats et à consacrer tous mes efforts pour travailler dans leur intérêt.

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Unir le peuple et vaincre l’ennemi

Étude de « Au sujet de notre politique » de Mao Zedong par le Groupe rédactionnel du Comité provincial du Houpei du Parti communiste chinois,

Publié dans le Hongqi n°9, 1971

« Au sujet de notre politique » est une brillante œuvre que notre grand dirigeant, le président Mao. A écrite en décembre 1940, alors que la Chine se trouvait dans une situation critique avec le durcissement de la Guerre de Résistance contre le Japon et l’essor de la vague anticommuniste déclenchée par les réactionnaires kuomintaniens.

Se servant du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, le président Mao fait, dans cette œuvre, une analyse scientifique des contradictions sociales et des rapports de classes d’alors, critique à fond les lignes et principes politiques erronés de droite et « de gauche » des renégats Tchen Tou-sieou.

Wang Ming et consorts, résume de façon systématique la riche expérience accumulée par notre Parti dans sa longue lutte contre les réactionnaires kuomintaniens, explique avec perspicacité le changement et le développement des principes politiques du Parti pendant la Guerre de Résistance contre le Japon, et formule pour notre Parti les principes tactiques et les diverses mesures politiques concrètes à observer dans le front uni national antijaponais, de sorte qu’au cours d’une lutte exceptionnellement complexe, notre Parti a pu garder l’esprit lucide et assurer par là l’application de la ligne correcte du président Mao et la victoire de la Guerre de Résistance contre le Japon.

Les principes tactiques et les diverses mesures politiques formulés par le président Mao reflètent la loi objective régissant la lutte de classes, incarnent l’esprit révolutionnaire conséquent du prolétariat et l’art de lutter avec souplesse, enrichissent et développent les conceptions tactiques du marxisme-léninisme, et ont fait preuve d’une puissance invincible aux différentes étapes historiques de la lutte révolutionnaire.

Ils constituent à jamais une arme acérée dont le prolétariat se sert pour unir le peuple et vaincre l’ennemi.

I

Dans « Au sujet de notre politique », le président Mao insiste à plusieurs reprises sur l’importance de la Politique et de la tactique et, étant donné la situation d’alors, souligne d’emblée que « notre politique revêt une importance décisive. »

Le président Mao a toujours porté une grande attention au rôle décisf de la politique et de la tactique prolétariennes ; il indique : «Le prolétariat doit entièrement compter, pour sa victoire, sur la justesse et la fermeté de la tactique de lutte de son parti, le Parti communiste.» (Contre le culte du livre)

A chaque étape historique, le président Mao a formulé non seulement la ligne générale et la politique générale de notre Parti, mais encore les principes tactiques et les diverses mesures politiques concrètes nécessaires à la lutte.

La tactique et la politique révolutionnaires du président Mao sont l’incarnation concrète de sa ligne révolutionnaire, et la série de mesures politiques erronées appliquées par Tchen Tou-sicou. Wang Ming, Liou Chno-chi et d’autres escrocs politiques sont au service de leurs lignes opportunistes « de gauche » et de droite.

En ce sens, les divers aspects de la lutte entre la ligne 3révolutionnaire prolétarienne et la ligne réactionnaire bourgeoise se manifestent concrètement dans la lutte entre les deux politiques qui sont de nature différente.

« La politique est le point de départ de toute action pratique d’un parti révolutionnaire et se manifeste dans le développement et l’aboutissement des actions de ce parti. » (« Apropos de la politique concernant l’industrie et le commerce », Œuvres choisies, Tome IV)

Leur point de départ étant erroné, les mesures politiques de droite ou «de gauche» ne peuvent aboutir à une orientation correcte, et si elles ne sont pas corrigées à temps, si elles continuent d’être appliquées, on commettra nécessairement des erreurs d’orientation et de ligne.

II

Pour comprendre à fond et appliquer correctement les diverses mesures politiques prolétariennes formulées par le président Mao. Il faut avoir une claire connaissance des fondements à, partir desquels les principes tactiques et la politique ont été élaborés et formulés.

Le grand éducateur Lénine indique : «Seule l’étude objective de l’ensemble des rapports de toutes les classes, sans exception, d’une société donnée et, par conséquent, la connaissance du degré objectif du développement de cette dernière et des corrélations entre elle et les autres sociétés, peut servir de base à une tactique juste de la classe d’avant-garde.» (« Karl Marx » Œuvres, Tome XXI)

Lénine nous montre ainsi que les principes tactiques et la politique marxistes sont tous élaborés sur la base d’un examen correct et d’une analyse concrète de la situation de la lutte de classes à l’intérieur du pays comme à l’étranger, des rapports entre les différentes classes, de leur changement et de leur développement.

Sans faire de distinctions, il n’y aurait pas de politique. Les marxistes doivent analyser concrètement les contradictions spécifiques.

Le président Mao indique : « Connaître leurs [les différentes classes] relations mutuelles, arriver à une juste appréciation des forces de classe et définir ensuite une juste lactique pour notre lutte, en déterminant quelles sont celles qui constituent nos forces principales dans la lutte révolutionnaire, quelles sont celles que nous devons gagner à nous comme alliées et quelles sont celles que nous devons renverser.» (Contre le culte du livre)

Les divers principes tactiques et politiques formulés par le président Mao sur la base de l’analyse de classes visent justement à résoudre correctement les relations entre l’ennemi, nous et nos amis, à unir toutes les forces susceptibles d’être unies, à isoler et à attaquer la poignée d’ennemis les plus obstinés, en vue de conduire sans cesse la révolution vers la victoire.

Pendant la Guerre do Résistance contre le Japon, la contradiction nationale entre la Chine et le Japon étant devenue la contradiction principale, et les contradictions entre les diverses classes à l’intérieur du pays étant passées au second plan, à une position subordonnée, des changements se produisirent dans les relations internationales comme dans les rapports entre les classes à l’intérieur du pays, ce qui donna lieu à une nouvelle étape dans le développement de la situation.

Se fondant sur une analyse scientifique des caractéristiques fondamentales de la situation de la lutte de classes, le président Mao fait, dans « Au sujet de notre politique », des distinctions extrêmement profondes et concrètes dans les relations complexes existant à l’époque entre les classes à l’étranger et à l’intérieur du pays ; et c’est sur ces distinctions qu’est bâtie notre politique, cela afin de consolider et de développer le front uni national antijaponais, pour abattre l’impérialisme japonais.

En analysant les relations mutuelles entre les différentes classes à l’intérieur du pays, et leurs attitudes politiques divergentes, le président Mao souligne tout d’abord : notre politique est de pratiquer une politique d’indépendance et d’autonomie au sein du front uni, l’indépendance étant aussi indispensable que l’unité », et d’« unir au sein du front uni national antijaponais tous ceux qui résistent au Japon (c’est-à-dire tous les ouvriers, paysans, soldats, intellectuels et gens d’affaires qui luttent contre l’envahisseur) », en vue d’abattre l’impérialisme japonais, ennemi principal à cette époque-là, ainsi que ses laquais, les traîtres à la nation et les éléments projaponais.

Quelle était donc l’attitude adoptée par le Parti à l’égard des différentes classes à l’intérieur du pays, pendant la Guerre de Résistance contre le Japon.

Le président Mao a indiqué en termes explicites : « Dans les rapports avec les différentes classes du pays, la politique fondamentale est de développer les forces progressistes, de gagner les forces intermédiaires ; et d’isoler les forces irréductibles anticommunistes. »

Pour éduquer tout le Parti dans l’application de ce principe, le président Mao a montré de façon concrète le contenu de classe des forces progressistes, intermédiaires et irréductibles.

Développer les forces progressistes, cela signifie : développer les forces du prolétariat, de la paysannerie ct de la petite-bourgeoisie urbaine ; accroître hardiment les effectifs de la VIIIe Armée de Route et de la Nouvelle IVe Armée ; établir de nombreuses bases démocratiques antijaponaises : étendre les organisations du Parti communiste à tout le pays ; développer à l’échelle nationale les mouvements de masse, notamment ceux des ouvriers, des paysans, des jeunes, des femme et des enfants, etc.

Le président Mao a critiqué le point de vue opportuniste de droite qui n’ose pas développer sans réserve les forces révolutionnaires antijaponaises, en indiquant : « L’expansion graduelle des forces progressistes est le seul moyen d’empêcher que la situation ne se détériore, de prévenir la capitulation et la rupture et de jeter les bases indestructibles de la victoire dans la Guerre de Résistance. » (La tactique actuelle dans le Front uni de Résistance contre le Japon, Œuvre choisies. Tome II)

C’est là le principe qui a fait du développement et de l’accroissement dos forces populaires la chose essentielle, le point de départ fondamental qui a permis à notre Parti de vaincre tous ses ennemis.

Le président Mao a encore indiqué que « la conquête des forces intermédiaires est pour nous une tâche des plus importantes dans la période du front uni anti japonais. » (La tactique actuelle dans le Front uni de Résistance contre le Japon, Œuvres choisies Tome II)

Il a critiqué le point de vue « de gauche » qui néglige la conquête des forces intermédiaires, et fait à notre intention une analyse approfondie des diverses conditions pour gagner ces forces à notre cause, à savoir : la présence chez nous de forces suffisantes, le respect des intérêts des forces intermédiaires, une lutte résolue de notre part contre les irréductibles, lutte qui doit être jalonnée de victoires.

Pour isoler ces derniers, le président Mao a fait une analyse et une distinction approfondies et concrètes des diverses forces sociales et des divers groupements politiques existant au sein du camp ennemi et parmi les forces intermédiaires.

Il a souligné : de même qu’il faut distinguer la grande bourgeoisie et les gros propriétaires fonciers projaponais, qui s’opposent à la Résistance, de la grande bourgeoisie et des grands propriétaires fonciers pro-anglais et pro-américains, qui sont partisans de la Résistance, de même il faut faire une différence entre, d’une part, les grands propriétaires fonciers et la grande bourgeoisie qui ont un double caractère, c’est-à-dire qui sont pour la Résistance, mais hésitants, qui sont partisans de l’union, mais qui combattent le Parti communiste, et, d’autre part, la bourgeoisie nationale, les propriétaires fonciers, moyens et petits, et les hobereaux éclairés, qui présentent à un degré moindre ce double caractère.

« C’est également de cette façon que nous devons déterminer notre attitude à l’égard des impérialistes.»

Bien que le Parti communiste luttât contre tous les impérialistes, il fallait cependant faire une distinction entre les impérialistes japonais, qui menaient une agression contre la Chine, et les autres impérialistes qui ne se livraient pas à l’agression contre notre pays ; il fallait également faire une distinction entre les impérialistes qui, dans des conditions différentes, à des époques différentes, avaient adopté une politique différente.

L’analyse scientifique que le président Mao avait faite du camp ennemi en utilisant la dialectique révolutionnaire dite « un se divise en deux » détermina très clairement qui était notre ennemi principal, qui était notre ennemi secondaire, et qui étaient nos alliés temporaires ou indirects.

Cette distinction concrète et détaillée isola au maximum l’ennemi principal du peuple chinois à cette époque — l’impérialisme japonais qui était en train d’envahir la Chine.

Si le Parti put. Pendant la Guerre de Résistance contre le Japon, neutraliser les interférences des lignes erronées, organiser des millions et des millions d’hommes, mobiliser une gigantesque armée révolutionnaire, renforcer les forces révolutionnaires populaires, gagner la sympathie et le soutien des peuples du 10monde entier, repousser les attaques des irréductibles anticommunistes, vaincre définitivement l’impérialisme japonais — ennemi principal d’alors, et conquérir la grande victoire de la Guerre de Résistance contre le Japon, c’est précisément parce qu’il appliquait les principes tactiques et les diverses mesures politiques énoncés par le président Mao au sujet de la question fondamentale suivante : sur qui s’appuyer, à qui s’unir et qui attaquer ?

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Se fondant sur une analyse approfondie des relations réciproques des différentes classes sociales, le président Mao définit de façon explicite dans « Au sujet de notre politique » un important principe tactique pour la lutte contre l’ennemi, à savoir :

« Exploiter les contradictions, gagner à soi la majorité, s’opposer à la minorité, écraser les adversaires un à un. Ce principe, qui avait armé tout le Parti, a joué non seulement dans le passé un grand rôle dans la lutte contre l’ennemi, mais est aussi une arme acérée nous permettant de vaincre l’ennemi dans la lutte actuelle.

De même que les impérialistes, toutes les couches sociales, groupements et fractions dans le camp ennemi ne manquent jamais de se liguer et d’agir en collusion quand il s’agit de maintenir leurs forces réactionnaires, de soumettre les peuples à leur exploitation et à leur oppression.

Cependant, de par leur nature de classe, ils auront immanquablement entre eux de multiples contradictions et se disputeront les uns avec les autres.

Ces contradictions sont une réalité objective ; elles sont indépendantes du désir subjectif des réactionnaires, quels qu’ils soient.

Les points de vue selon lesquels tous les ennemis sont identiques ne sont pas conformes à la réalité.

De plus, avec le développement de la situation, les forces révolutionnaires populaires gagneront en vigueur et les contradictions entre les ennemis ne cesseront de s’exacerber.

Notre prolétariat et son parti politique doivent savoir analyser l’évolution de la lutte de classes à l’intérieur comme à l’extérieur du pays dans les différentes périodes historiques et saisir l’occasion afin de tirer parti de toutes ces querelles, fêlures et contradictions au soin du camp ennemi et les utiliser contre notre ennemi principal du moment. » (« La tactique de la lutte contre l’impérialisme japonais », Œuvres choisies, Tome 121)

L’analyse du camp ennemi par le président Mao se conforme parfaitement à la loi objective régissant l’évolution des choses. Il existe aujourd’hui quatre contradictions dans le monde : contradictions entre les nations opprimées d’une part et l’impérialisme et le social-impérialisme de l’autre ; contradictions entre le prolétariat et la bourgeoisie dans les pays capitalistes et révisionnistes ; contradictions entre les pays impérialistes et le pays social-impérialiste, entre les pays impérialistes eux-mêmes ; contradictions entre les pays socialistes et les pays impérialistes et social-impérialiste.

Ces contradictions sont inconciliables.

Leur existence et leur développement entraîneront la révolution.

Par exemple, l’impérialisme américain et le social-impérialisme agissent en collusion tout en se disputant, intensifient l’expansion de leurs forces d’agression dans la vaste zone intermédiaire et tentent de se repartager le monde. Ces agissements ont suscité les attaques communes des peuples du monde entier.

Pour réprimer la révolution des nations et peuples opprimés cru monde, ils s’entendent comme larrons en foire et, pour leurs propres intérêts impérialistes, ils se disputent le Moyen-Orient. L’Europe, la Méditerranée, etc. avec chaque jour plus d’acharnement.

Cette collusion et cette dispute continueront à soulever la résistance énergique des peuples opprimés du monde. C’est pourquoi l’analyse du camp ennemi faite par le président Mao dans celte œuvre est également pour nous d’une grande importance, en nous guidant dans la connaissance correcte de l’actuelle situation internationale.

Les principes tactiques formulés par le président Mao pour la lutte contre l’ennemi sont une unité dialectique qui allie la fermeté des principes à une grande souplesse.

Faire preuve de souplesse dans la lutte a pour but de mettre en pratique un ferme principe révolutionnaire.

Le président Mao nous enseigne : « Nous devons être fermes, sur les principes, et aussi avoir toute la souplesse que permet et qu’exige l’application de nos principes. » (Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois, Œuvres choisies, Tome IV)

L’impérialisme et toute la réaction ne changeront jamais de nature et, à tout moment, ils chercheront à soumettre les peuples révolutionnaires du monde à leur oppression et à leur exploitation, à s’opposer à la cause révolutionnaire de ceux-ci. Mais, ce n’est là qu’un aspect des choses, il en est encore un autre, à savoir : pour faire aboutir leurs aspirations contre-révolutionnaires, ils rencontrent objectivement de nombreuses difficultés.

Poussés par leur nature réactionnaire et leurs besoins contre-révolutionnaires, ils changent sans cesse de tactique et recourent au double jeu.

Aussi devons-nous nous saisir de toutes les contradictions et difficultés de l’ennemi pour en tirer profit, mener une lutte du tac au tac contre lui. Faire le maximum pour les intérêts fondamentaux du peuple et remporter la victoire dans cette lutte.

Pour faire échec à sa double politique contre-révolutionnaire, nous devons recourir à une double politique révolutionnaire. Tout en persévérant dans la lutte armée, principale forme de lutte, nous devons utiliser d’autres formes de lutte contre lui et cela dans tous les domaines.

Dans sa lutte contre l’ennemi, le prolétariat a besoin de toutes les formes d’une lutte menée avec souplesse.

IV

Pour consolider et développer le front uni révolutionnaire, le prolétariat doit avoir une politique correcte.

Synthétisant de façon pénétrante la politique de front uni national antijaponais, le président Mao indique dans « Au sujet de notre politique » : ce front « n’est pas l’union sans la lutte, ni lu lutte sans l’union ; elle [notre politique] associe l’union et la lutte. »

L’union et la lutte expriment des rapports existant dans une unité dialectique.

Cette politique à caractère double consistant à associer l’union et la lutte est basée sur le double caractère de l’objet rallié dans le front uni.

Pendant la Guerre de Résistance contre le Japon, notre politique était d’unir toutes les couches sociales qui résistaient à l’impérialisme japonais, d’établir un front uni avec elles et de mener une lutte contre elles sous diverses formes selon le degré de leur tendance à capituler devant l’ennemi et à s’opposer au 16Parti communiste et au peuple.

Exposant les rapports entre l’union et la lutte au sein du front uni antijaponais, le président Mao indique : «La lutte est le moyen de parvenir à l’union, et l’union, le but de la lutte. L’union vivra si on cherche à la faire par la lutte ; elle périra si on la recherche par des concessions.» («La tactique actuelle dans le Front uni de Résistance contre le Japon», Œuvres choisies, Tome II)

Si on mène seulement la lutte sans l’union, il est impossible d’unir toutes les forces susceptibles d’être unies, de consolider et de développer le front uni révolutionnaire, d’acculer l’ennemi principal à l’isolement total et de remporter la victoire dans la lutte contre l’ennemi ; si on recherche seulement l’union sans la lutte, c’est s’écarter de la position de principe révolutionnaire, abandonner au sein du front uni la direction révolutionnaire du Parti et celui-ci risquera de se désagréger sur les plans idéologique, politique et organisationnel, et de faire échouer la révolution.

Le président Mao a souligné avec rigueur : L’union sans la lutte et la lutte sans l’union sont «les deux lignes politiques extrémistes qui portèrent, l’une comme l’autre, un énorme préjudice au Parti et à la révolution».

Dans l’histoire de notre Parti, la leçon que nous avons payée au prix du sang, du fait de ces deux lignes erronées, a été extrêmement sévère, Tchen Tou-sieou, Wang Ming. Liou Chao-chi et consorts poursuivaient frénétiquement les lignes opportunistes « de gauche » et de droite.

Ne faisant jamais l’analyse scientifique dos classes, ils s’employaient constamment à brouiller les différences de classes, à inverser les rapports entre l’ennemi et nous.

Dans la période de la révolution démocratique comme dans celle de la révolution socialiste, ils se sont toujours opposés à l’analyse de classes et à la distinction entre les classes, s’opposant à la ligne révolutionnaire prolétarienne et aux principes politiques formulés par le président Mao sur la base de l’analyse de classes scientifique et révolutionnaire.

L’histoire a prouvé que les lignes politiques extrémistes que sont l’union sans la lutte et la lutte sans l’union sont des principes politiques opportunistes à cent pour cent. Seule la politique consistant à former un large front uni sur la base de l’union et de la lutte est marxiste-léniniste.

Le triomphe de la révolution chinoise est celui de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et celui de sa grande conception tactique.

V

Dans « Au sujet de notre politique », le président Mao résume l’expérience historique de notre Parti, expose de façon pénétrante l’importance qu’il y a à élever la conception tactique de tout le Parti et souligne : « Pour corriger les vues unilatérales de nombreux cadres du Parti en matière tactique et éviter les écarts vers la gauche ou vers la droite qui en résultent, il faut leur faire comprendre, sous tous les aspects et dans leur ensemble, les changements et révolution de la politique du Parti dans le passé et dans le présent. »

Cet enseignement du président Mao nous indique clairement l’orientation à suivre pour élever notre conception tactique et notre niveau politique.

Aujourd’hui, en reprenant l’étude de cette œuvre, nous devons résoudre un problème mental, celui d’armer notre esprit avec le matérialisme dialectique et le matérialisme historique, de comprendre sous tous leurs aspects les principes tactiques et politiques de notre Parti et de surmonter la tendance erronée « de gauche » et de droite dans l’application de notre politique.

Les principes tactiques et politiques définis par le président Mao traduisent aussi bien la loi fondamentale de la révolution prolétarienne que la loi spécifique régissant les différentes 19étapes historiques, ils réalisent l’unité dialectique de l’universalité et du caractère spécifique de la contradiction, il faut donc les comprendre sous tous leurs aspects et dans leur ensemble.

Nous irons inévitablement vers l’extrême droite ou l’extrême « gauche » au cours de l’application de notre politique, si nous utilisons les points de vue idéalistes et métaphysiques pour essayer de comprendre les principes tactiques et politiques de façon unilatérale, isolée et statique, pour tout approuver ou tout nier.

Nous devons continuer à recourir à l’enquête et à l’étude à l’égard de la société — cette méthode scientifique marxiste préconisée par le président Mao—, observer, analyser et étudier consciencieusement la situation complexe de la lutte des classes à l’intérieur du pays comme à l’étranger, les rapports de classes et leur changement et leur évolution, distinguer et régler correctement les deux types de contradictions de caractère différent, savoir nous saisir et tirer profit des contradictions au sein du camp ennemi, nous comporter différemment envers des objets différents et des situations différentes.

Ainsi, quand nous observons et solutionnons les problèmes, nous éviterons de nous conduire de façon subjective, unilatérale et superficielle, et de penser dans l’absolu ; notre esprit s’adaptera sans cesse de la sorte à la situation objective en constante transformation et nous ferons toujours preuve de fermeté et non d’oscillation, de conscience et non d’aveuglement au cours de l’application de la politique du Parti.

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Trois grandes luttes sur le front philosophique en Chine 

Par le Groupe rédactionnel de la vaste critique révolutionnaire de l’École du Parti relevant du C. C. du P. C. C., 1972

Depuis 1949, l’année qui a vu naître la République populaire de Chine, trois grandes luttes de principe se sont déroulées sur le front philosophique en Chine, à savoir la lutte sur la question de l’infrastructure économique et de la superstructure, la lutte sur la question de savoir s’il y a identité entre la pensée et l’être, et la lutte entre le concept « un se divise en deux » et le sophisme « deux fusionnent en un ».

Ces luttes ont été successivement provoquées par le renégat Yang Hsien-tchen, à l’instigation secrète de Liou Chao-chi, ce renégat, agent de l’ennemi et traître à la classe ouvrière, aux moments critiques de la lutte entre les deux classes, les deux voies et les deux lignes.

Il s’agissait de luttes acharnées opposant le matérialisme dialectique et le matérialisme historique à l’idéalisme et à la métaphysique, et d’une manifestation de la lutte de classes aiguë qui se déroulait dans le domaine philosophique à l’intérieur du pays comme à l’étranger.

Dans le Rapport présenté à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois, notre grand dirigeant, le président Mao, a déjà souligné qu’après la victoire à l’échelle nationale, la contradiction fondamentale dans la société chinoise serait « la contradiction entre la classe ouvrière et la bourgeoisie » et a insisté sur la nécessité de continuer la révolution, de renforcer la dictature démocratique populaire, c’est-à-dire la dictature du prolétariat, et de «faire de la Chine un grand État socialiste».

Vers la fin de 1952, le président Mao a encore formulé la ligne générale pour la période de transition : la réalisation graduelle de l’industrialisation socialiste et l’achèvement graduel de la transformation socialiste de l’agriculture, de l’artisanat et de l’industrie et du commerce capitalistes.

Prenant le contre-pied, Liou Chao-chi s’opposa ouvertement à l’esprit de la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti.

Il se démena pour colporter le sophisme dit « l’exploitation a ses mérites », et préconisa le développement du capitalisme.

Après la libération nationale, Liou Chao-chi s’opposa sans retenue aucune à la ligne générale du Parti pour la période de transition, en brandissant le drapeau en lambeaux de la « théorie des forces productives » et en avançant le sinistre programme de « coopération entre les cinq secteurs de l’économie [Les cinq secteurs de l’économie étaient l’économie d’État, l’économie coopérative, l’économie individuelle des paysans et des artisans, l’économie capitaliste privée et l’économie capitaliste d’État.] pour consolider le système politique de la démocratie nouvelle » qui visait à développer le capitalisme.

Il se rendit en personne à l’Institut marxiste-léniniste, contrôlé par lui et Yang Hsien-tchen, pour y colporter sa camelote.

Au moment où la lutte se déroulait avec âpreté entre la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et la ligne révisionniste contre-révolutionnaire de Liou Chao-chi, le renégat Yang Hsien-tchen, sur l’ordre de celui-ci, se cassa la tête pour inventer la prétendue théorie de la « base économique composite », provoquant ainsi la première grande lutte.

Yang Hsien-tchen prétendait que durant la période de transition, l’infrastructure économique était d’une « nature composite », « renfermant les éléments de l’économie socialiste et ceux de l’économie capitaliste » qui « peuvent faire des progrès parallèles et simultanés ».

Il disait encore que la superstructure du socialisme devait sans discrimination « servir l’ensemble de la base économique », dont le secteur capitaliste de l’économie, et « aussi la bourgeoisie ». Telle était la théorie de la « base économique composite » de triste notoriété.

En avançant ces absurdités réactionnaires, Yang Hsien-tchen niait complètement le fait que l’économie socialiste et l’économie capitaliste sont diamétralement opposées et luttent entre elles. Il niait la nature de classe de la superstructure et cherchait à réaliser la collaboration générale de classe et la capitulation de classe dans tous les domaines, de la base économique à la superstructure.

Son but était de transformer la nature de la dictature du prolétariat dans notre pays, de s’opposer à l’établissement d’une base économique socialiste et de perpétuer l’existence et le développement du capitalisme en Chine.

La théorie de la « base économique composite » n’est qu’une variante de la théorie des « forces productives » que les anciens et nouveaux révisionnistes, en Chine et dans d’autres pays, tiennent pour sacrée depuis des dizaines d’années.

Selon cette théorie, la Chine ne doit pas procéder à la transformation socialiste de la propriété privée des moyens de production et ne peut s’acheminer vers le socialisme, mais seulement permettre au secteur capitaliste de l’économie de se multiplier librement, car les forces productives en Chine sont encore arriérées et le capitalisme n’est pas développé.

Aussitôt qu’il eut lancé son sophisme réactionnaire, Yang Hsien-tchen s’attira une cuisante riposte du prolétariat. Ne se résignant pas à sa défaite, il propagea en 1955 sa « base économique composite » de façon plus systématique que jamais. Le soutenant ouvertement, Liou Chao-chi déclarait : « Vous avez raison ! », ajoutant que le capitalisme privé « est une partie de la base (durant la période de transition) ».

Notre grand dirigeant, le président Mao, critiqua sévèrement le programme réactionnaire de « coopération entre les cinq secteurs de l’économie pour consolider le système politique de démocratie nouvelle » énoncé par Liou Chao-chi, soulignant que l’essence de ce programme réactionnaire était le développement du capitalisme.

A la lumière de l’invincible pensée Mao Zedong, la transformation socialiste de la propriété des moyens de production fut réalisée pour l’essentiel en 1956 et la ligne générale du Parti pour la période de transition fut appliquée avec succès.

La théorie de la « base économique composite » de Yang Hsien-tchen fit non seulement faillite sur le plan théorique mais fut complètement infirmée par la pratique révolutionnaire.

II

En 1958, le président Mao formula la ligne générale pour « édifier le socialisme selon les principes : déployer tous ses efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie ». « Jamais les masses n’ont été aussi enthousiastes, jamais leur combativité et leur moral aussi élevés. »

Les masses populaires donnèrent libre cours à leur initiative et à leur esprit créateur révolutionnaire, créant une situation nouvelle : le grand bond en avant dans l’édification du socialisme, et établissant les communes populaires de grande importance historique.

C’est alors que Liou Chao-chi et consorts entrèrent en scène et attaquèrent furieusement la ligne générale, le grand bond en avant et la commune populaire et calomnièrent les mouvements révolutionnaires de masse.

Se conformant aux ordres de Liou Chao-chi, Yang Hsien-tchen provoqua une nouvelle bataille dans le domaine de la philosophie en élaborant la théorie selon laquelle « il n’y a pas d’identité entre la pensée et l’être».

Il déclara arbitrairement : « L’identité entre la pensée et l’être est une proposition idéaliste », « l’identité entre la pensée et l’être » et « l’identité dialectique » ne sont pas la même chose, mais appartiennent à « deux catégories différentes ».

Déformant avec perfidie le marxisme-léninisme, il tenta de mettra l’identité entre la pensée et l’être en opposition avec la théorie matérialiste de réflexion, et prétendit qu’en ce qui concerne la question du rapport entre la pensée et l’être, « le matérialisme utilise la théorie de réflexion pour la résoudre, tandis que l’idéalisme la résout au moyen de l’identité ».

La dialectique matérialiste nous enseigne que la loi de l’unité des contraires est universelle.

L’identité des contraires, c’est-à-dire leur conditionnement mutuel et leur transformation réciproque, est sans aucun doute également applicable au rapport entre la pensée et l’être.

En niant l’identité entre la pensée et l’être, Yang Hsien-tchen nie que les deux aspects opposés de la contradiction entre la pensée et l’être dépendent l’un de l’autre et peuvent se convertir l’un en l’autre dans des conditions données.

Si l’affirmation de Yang Hsien-tchen était vraie, la loi de l’unité des contraires comme l’enseigne la dialectique ne serait pas universelle.

Yang Hsien-tchen mettait la pensée et l’être en opposition absolue. Il s’opposait au rôle dynamique de la théorie révolutionnaire ainsi qu’au mouvement révolutionnaire de masse.

Il exagérait les aspects non essentiels et secondaires du mouvement révolutionnaire de masse jusqu’à l’absurdité.

Il concentrait son attaque sur un point au mépris de tout le reste. Il fermait complètement les yeux sur l’essence et les aspects principaux du mouvement révolutionnaire de masse, faisant passer sans scrupules ses impressions subjectives contre-révolutionnaires pour la réalité objective dans la vaine tentative de renverser la dictature du prolétariat et restaurer le capitalisme. C’est là de l’idéalisme subjectif pur et simple.

En niant l’identité dialectique entre la pensée et l’être, Yang Hsien-tchen s’opposait, en fin de compte, à ce que les masses s’arment de la pensée Mao Zedong et utilisent celle-ci pour transformer activement le monde.

En d’autres termes, il tentait de transformer le monde par la conception réactionnaire du monde de la bourgeoisie. C’est précisément cette théorie réactionnaire de Yang Hsien-tchen qui a servi de base théorique à la philosophie compradore de servilité devant l’étranger et à l’« escargotisme », camelote colportée par Liou Chao-chi. En 1958, le président Mao a nettement indiqué l’essence réactionnaire de ce sophisme de Yang Hsien-tchen.

En 1963, le président Mao a écrit le célèbre article D’où viennent les idées justes ?

Il y expose de façon pénétrante la grande vérité que « la matière se tranforme en esprit et l’esprit en matière », développe de manière créatrice la théorie marxiste de la connaissance et critique à fond l’idéalisme et la métaphysique bourgeois de Liou Chao-chi, Yang Hsien-tchen et consorts, et fait un résumé des plus scientifiques de la lutte centrée sur la question de l’identité entre la pensée et l’être.

III

En 1964, Yang Hsien-tchen, sur l’ordre de Liou Chao-chi, inventa la théorie réactionnaire dite « deux fusionnent en un » en opposition flagrante avec la dialectique révolutionnaire du président Mao « un se divise en deux ».

Ce qui donna lieu à une lutte de plus grande envergure encore. Guidé par la grande théorie du président Mao sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, le peuple chinois lança cette année-là un mouvement d’éducation socialiste dans le pays et s’engagea dans une polémique ouverte avec le révisionnisme soviétique.

Formulée à ce moment-là, la théorie réactionnaire « deux fusionnent en un » répondait précisément aux besoins contre-révolutionnaires des impérialistes, révisionnistes et réactionnaires, et de leurs laquais, Liou Chao-chi et consorts.

Le président Mao a indiqué : « Toute chose se divise invariablement en deux. » « Dans la société humaine comme dans h nature, un tout se divise toujours en parties, seulement le contenu et la forme varient selon les conditions concrètes. »

Le concept du président Mao dit « un se divise en deux » est la généralisations la plus pénétrante, la plus concise et la plus profonde de la loi de l’unité des contraires ; c’est un grand développement de la dialectique matérialiste.

Reconnaître ce concept signifie reconnaître l’existence, dans la société socialiste, des classes, des contradictions de classes et de la lutte de classes, de la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, du danger d’une restauration du capitalisme et de la menace d’agression et de subversion de la part de l’impérialisme et du révisionnisme moderne.

Pour résoudre ces contradictions, il est indispensable de continuer la révolution sous la dictature du prolétariat.

Cependant, la théorie réactionnaire « deux fusionnent en un » prône qu’ « en toute chose la tendance est à « la fusion de deux en un », que l’identité des contraires signifie que les deux contraires sont « indivisiblement liés » et que l’étude de cette identité tient dans la recherche d’un « terrain commun » et d’« exigences communes ».

Ce sophisme réactionnaire vise à réconcilier les contradictions, à liquider la lutte, à nier la transformation et à s’opposer à la révolution. C’est de la métaphysique et de l’idéalisme bourgeois à cent pour cent.

Dans son essence, il vise à fusionner le prolétariat et la bourgeoisie, la révolution et la contre-révolution ; il s’oppose à la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et tente de restaurer le capitalisme.

C’est la base de la théorie de « l’extinction de la lutte des classes » formulée par Liou Chao-chi.

Dès son apparition, la théorie « deux fusionnent en un » a reçu des coups écrasants du quartier général du prolétariat et des masses révolutionnaires.

Le président Mao en personne a dirigé la lutte au cours de la critique de cette théorie révisionniste et a indiqué de façon pénétrante que l’essence de celle-ci était la réconciliation de classe, scellant ainsi le destin de cette théorie réactionnaire.

IV

Les trois grandes luttes sur le fonrt philosophique montrent que l’affrontement dans ce domaine reflète toujours la lutte de classes et la lutte entre les deux lignes ; nous ne devons pas l’envisager simplement comme une « controverse académique ».

Liou Chao-chi, Yang Hsien-tchen et compagnie ont attaqué avec frénésie le matérialisme dialectique et le matérialisme historique,propagé l’idéalisme et la métaphysique réactionnaires et provoqué des luttes successives.

Tout cela dans la vaine tentative d’ébranler la base philosophique de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao et de donner une « base » théorique à la ligne révisionniste contre-révolutionnaire destinée à restaurer le capitalisme.

La doctrine philosophique du président Mao est apparue et s’est développée au cours de la lutte prolongée, à la fois contre la ligne opportuniste « de gauche » et la ligne opportuniste de droite au sein du Parti, et contre les tendances révisionnistes internationales ; elle est le résumé le plus scientifique et le plus juste de la lutte entre les deux lignes.

Les trois grandes luttes sur le front philosophique nous montrent également que la lutte entre les deux lignes est, en dernière analyse, la lutte entre les deux conceptions du monde. La conception du monde d’un individu détermine la ligne qu’il défend et applique.

Si Liou Chao-chi, Yang Hsien-tchen et consorts ont colporté la ligne révisionniste contre-révolutionnaire, la cause en est leur conception du monde, la conception du monde des renégats, leur idéalisme et leur métaphysique bourgeois.

Pour défendre et appliquer consciemment la ligne révolutionnaire du président Mao, nous devons étudier consciencieusement la doctrine philosophique du président Mao, utiliser le matérialisme dialectique et le matérialisme historique pour vaincre l’idéalisme et la métaphysique dans notre esprit, et transformer effectivement notre conception du monde.

Nous devons apprendre à discerner le véritable marxisme du faux, et la ligne juste d’une ligne erronée.

Les trois luttes principales dans le domaine de la philosophie se sont toutes terminées par d’éclatantes victoires de la doctrine philosophique du président Mao.

Mais la lutte de classes n’est pas terminée.

La lutte entre le matérialisme et l’idéalisme, entre la dialectique et la métaphysique se poursuivra indéfiniment.

Nous devons critiquer à fond et discréditer complètement leurs sophismes philosophiques réactionnaires et faire en sorte que la brillante doctrine philosophique du président Mao illumine à jamais la voie de notre avance victorieuse.

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Rompre avec les conventions étrangères

Par le Groupe d’études philosophiques des ouvriers de l’atelier N° 3 de l’Usine de produits chimiques de Tientsifi, 1972

Encouragés par l’esprit du IXe Congrès du Parti, les ouvriers révolutionnaires de notre usine, conformément au grand enseignement du président Mao : « Il faut briser le cadre des formules étrangères et prendre une voie de développement industriel qui nous soit propre » et avec l’esprit révolutionnaire d’oser rompre avec l’ancien et d’exceller dans la création du nouveau, ont par leurs propres efforts réussi à mettre au point et à construire un chlorinateur en forme de tour, frayant ainsi une nouvelle voie pour produire du chlore en plus grande quantité, plus rapidement, de meilleure qualité et à un coût de production inférieur.

Le chlore est une importante matière première chimique, largement utilisée dans les industries d’insecticides et de produits pharmaceutiques.

Dans le passé, l’installation que nous utilisions pour produire le chlore avait toujours été un chlorinateur du type dit de terrasse copié sur des prototypes étrangers.

Étant donné son volume, il occupait un bâtiment de cinq étages ; son processus de travail était long, ses opérations compliquées, et de plus, il dévorait d’énormes quantités de matières premières.

Son rendement était, de ce fait, médiocre — le processus demandait 60 heures, de l’introduction des matières premières à la sortie des produits.

Tout ceci nous mettait dans l’impossibilité d’augmenter rapidement la production du chlore.

Le chlorinateur en forme de tour construit par nous-mêmes est de dimensions bien plus réduites, consomme sensiblement moins de matières premières et a un processus de production raccourci de deux tiers, un rendement double et sort du chlore d’excellente qualité.

La mise au point du chlorinateur en forme de tour nous a appris qu’en suivant notre propre voie dans le développement de l’industrie, nous devons rompre avec les conventions étrangères et être animés de l’esprit révolutionnaire de détruire l’ancien et de créer le nouveau.

Si nous n’osons pas détruire l’ancien, nous serons toujours à la traîne des autres ; si nous n’excellons pas dans la création du nouveau, nous serons incapables d’escalader les sommets dans les domaines de la science et de la technique mondiales.

Notre grand dirigeant, le président Mao, nous enseigne que le « remplacement de l’ancien par le nouveau . . . est la loi générale et imprescriptible de l’univers ».

Par le processus de la destruction de l’ancien et de la création du nouveau, on active ce remplacement.

La société évolue continuellement dans ce processus et il en est de même dans la science.

Pour détruire l’ancien et créer le nouveau, il est nécessaire de rejeter les mythes et superstitions qui emprisonnent notre esprit, nous empêchent de réfléchir et entravent en même temps le développement de la science et de la technique.

Il se trouve des gens qui, empoisonnés par la philosophie de servilité compradore de Liou Chao-chi, ce renégat, agent de l’ennemi et traître à la classe ouvrière, et par sa doctrine de rester à là traîne des autres, ont une confiance aveugle dans les installations étrangères.

Ils n’osent même pas formuler le moindre doute à leur sujet, à plus forte raison les réformer. Telle était la situation que nous avons connue quand nous avons décidé d’améliorer les installations pour la production du chlore.

Le point de vue des tenants des installations étrangères était en fait métaphysique, car ces gens avaient en vue le seul fait que les installations étrangères résultaient de l’accumulation des expériences passées en science et technique, tout en négligeant le fait que depuis qu’elles avaient vu le jour, de nouvelles expériences avaient été acquises dans la pratique de la production.

Ils ne voyaient pas qu’avec le développement continu de la science et de la technique, les installations considérées comme modernes hier sont loin de pouvoir prétendre à ce qualificatif aujourd’hui et que si des transformations et des nouveautés n’y sont pas apportées, le développement de la production s’en trouvera entravé.

Ce que nous voulons rejeter, c’est uniquement cette confiance aveugle et non la science.

Si nous agissons de la sorte, c’est justement parce que nous voulons développer davantage la science et créer des nouveautés conformément à la loi objective du développement des choses.

Au cours de l’amélioration de nos installations, conformément au concept  «un se divise en deux », nous nous sommes attachés, pour commencer, à étudier minutieusement le principe de la structure du chlorinateur du type dit de terrasse, analysant le processus de travail tout entier, de l’entrée des matières premières jusqu’à la sortie des produits.

Nous estimions que la réaction chimique de l’alcool et du gaz de chlore dans des conditions données, qui aboutit à la production du chlore, était un principe scientifique à ne pas rejeter.

Nous avons également pris note du fait que le chlorinateur de fabrication étrangère, pour autant qu’il fût conçu et construit suivant ce principe, avait naturellement des points faibles tels que son énorme volume, son long processus de travail et son rendement médiocre résultant de la surface trop étroite pour le contact entre le gaz et les molécules liquides, et de la réaction chimique insuffisante.

Par conséquent, les travailleurs révolutionnaires de notre atelier, en mettant leurs idées en commun et en se basant sur leurs riches expériences pratiques, avancèrent leur propre projet pour la fabrication d’un chlorinateur en forme de tour.

Un projet est quelque chose de nature théorique dont la concordance avec les lois du monde extérieur objectif doit être mise à l’épreuve dans la pratique. Au début de nos essais, contre toute attente, aucune réaction ne se produisait entre les deux matières premières de base du chlore : l’alcool et le gaz de chlore.

Afin d’en découvrir les raisons, nous avons agi dans le sens indiqué par le président Mao dans son ouvrage De la pratique : « La pratique, la connaissance, puis de nouveau la pratique et la connaissance », en fixant un miroir de vision dans l’appareil d’essai pour observer la manière dont l’épreuve se faisait. Après de nombreux essais, nous avons fini par discerner le nœud du problème et adopté des mesures appropriées, résolvant ainsi la contradiction qui empêchait la réaction.

Toutefois, celle-ci résolue, d’autres ne tardèrent pas à s’annoncer les unes après les autres, et nous les résolûmes successivement en mettant en œuvre l’esprit révolutionnaire d’oser penser et agir et en adoptant l’attitude scientifique de rechercher la vérité à partir des faits ; c’est ainsi que le nouveau chlorinateur, en forme de tour, vit le jour.

Le président Mao nous enseigne que : « C’est … à travers les difficultés et les vicissitudes que grandit le nouveau ». Tout le cours de la mise au point du chlorinateur en forme de tour fut jalonné de luttes entre la dialectique matérialiste et la métaphysique.

Il se trouvait certains pour dire : « On choisit un long chemin quand il existe un raccourci. » Pour eux, copier les prototypes étrangers représentait un raccourci, rompre avec l’ancien et créer le nouveau, un long chemin.

C’était là inverser les choses. En effet, nous ne devons pas nous en tenir à l’apparence des choses, mais au contraire, à travers celle-ci discerner leur essence.

La dialectique matérialiste nous enseigne que toute chose a sa propre loi de développement.

Le processus de la destruction de l’ancien et de la création du nouveau est le processus qui permet de rechercher et de saisir de telles lois.

Chaque succès obtenu dans ce processus est un bond dans la connaissance de la loi objective d’une chose.

Plus l’on connaît et saisit une telle loi, plus on est assuré de réussir dans la pratique de transformer le monde objectif. Dans ce sens, détruire l’ancien et créer le nouveau est effectivement un raccourci pour nous.

Le long chemin, nous le choisirions effectivement si sans oser rompre avec les conventions étrangères, nous nous traînions tout doucement derrière les autres.Naturellement, des vicissitudes peuvent nous attendre dans notre marche en avant étant donné que ce qui nous guide subjectivement ne correspond pas toujours à la réalité objective.

Mais, peut-on en conséquence appeler cela prendre un long chemin ? Ceci ramène à la question de savoir comment juger les échecs dans l’expérimentation scientifique.

Le président Mao nous enseigne :  «. . . il arrive fréquemment que des erreurs ouvrent la voie à la vérité. »

A condition que nous tirions leçon des échecs et fassions en sorte que nos idées correspondent aux lois du monde extérieur, nous serons en mesure de transformer les échecs en victoires. C’est d’ailleurs exactement ainsi que les choses se sont passées.

Au cours de la mise au point du chlorinateur en forme de tour, après deux mois et demi d’essais, nous en étions toujours au stade des échecs pour la bonne raison que nous n’avions pas encore complètement saisi la loi de la production du chlore. Cela semblait être un « long chemin » puisque tant d’hommes et de temps avaient déjà été consacrés aux essais.

Toutefois, comme nous avions compris et saisi graduellement la loi objective, nous avons fini par découvrir, dans la pratique,

une nouvelle technique pour produire du chlore en plus grande quantité, plus rapidement, de meilleure qualité et avec un coût de production inférieur, laquelle complétée de nouvelles installations, nous permit d’élever la productivité dans une large mesure.

Ainsi, ce qui était apparu, à première vue, comme un « long chemin » s’était révélé un raccourci.

Assimiler les expériences d’avant-garde des autres peut nous aider à faire moins de détours, et ce serait une erreur de les rejeter.

Toutefois, si nous apprenons des autres, c’est pour créer et non pour copier.

Avant de nous mettre à fabriquer les nouvelles installations pour la production du chlore, tout en assimilant les expériences d’avant-garde d’autrui, nous avons fait notre possible pour résumer les riches expériences accumulées par les ouvriers de notre usine dans la pratique de la production.

La rénovation technique dans la production des produits chimiques, qui s’attache à réduire le volume des installations et raccourcir et simplifier le processus de travail, nous a effectivement donné matière à réfléchir, aussi avons-nous décidé de créer un chlorinateur d’un type nouveau. En agissant de la sorte, nous avons eu également à tirer leçon sur la question de l’imitation et de la création.

Au début, nous avions essayé de produire du chlore avec des installations qui servaient à fabriquer d’autres produits chimiques, mais ce fut l’échec.

Nous avons alors réalisé qu’en assimilant les expériences d’autrui, nous devions nous y prendre en partant des conditions existantes chez nous et les appliquer de façon créatrice en faisant appel au jugement, et non mécaniquement. Nous devons suivre notre propre voie dans le développement de l’industrie, associer la création avec l’assimilation des expériences d’avant-garde des autres, avec l’accent mis sur la création, sans perdre de vue notre but : dépasser les autres.

La naissance du chlorinateur en forme de tour prouve une fois de plus que, guidée par le grand principe du président Mao « Indépendance et autonomie et compter sur ses propres forces », la classe ouvrière chinoise, en faisant valoir son esprit d’initiative et créateur révolutionnaire, fera rapidement de la Chine une puissance socialiste moderne et contribuera dans une mesure bien plus large encore au soutien de la révolution dans le monde.

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Rapport au dixième congres du Parti Communiste de Chine

Présenté par Chou En-laï le 24 août et approuvé le 28 août 1973

Camarades,

Le Xe Congrès du Parti communiste chinois se tient à un moment où la clique antiparti de Lin Piao a été écrasée, où la ligne du IXe Congrès du Parti a été couronnée de grandes victoires et où une situation excellente règne tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Je vais présenter, au nom du Comité central, ce rapport au Xe Congrès, dont les principaux points sont les suivants : la ligne du IXe Congrès ; la victoire que constitue l’écrasement de la clique antiparti de Lin Piao ; la situation et nos tâches.

La ligne du IXe Congrès

Le IXe Congrès du Parti s’était réuni alors que la Grande Révolution culturelle prolétarienne, déclenchée et dirigée par le président Mao en personne, avait remporté une victoire grandiose.

Le IXe Congrès, se fondant sur la théorie du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, dressa un bilan des expériences historiques ainsi que des expériences nouvelles acquises dans la Grande Révolution culturelle prolétarienne, critiqua la ligne révisionniste de Liou Chao-chi et réaffirma la ligne et les principes politiques fondamentaux définis par le Parti pour toute la période historique du socialisme.

Camarades, vous vous souvenez que le 1er avril 1969, à la séance inaugurale du IXe Congrès, le président Mao lança ce grand appel : « Unissons-nous pour remporter des victoires encore plus grandes ».

Et le 28 avril de la même année, à la première session plénière du Comité central issu du IXe Congrès, le président Mao indiqua encore en termes explicites : « Unissons-nous dans un seul but, celui de consolider la dictature du prolétariat. »  «… il faut, pour arracher les victoires, assurer, sous la direction du prolétariat, l’unité des larges masses populaires du pays. »

Le président Mao fit, en outre, cette prévision : « Peut-être, dans plusieurs années, faudra-t-il encore mener une révolution. »

Ces propos du président Mao et le rapport politique du Comité central approuvé par le Congrès ont établi pour notre Parti une ligne marxiste-léniniste.

Nous savons tous que le rapport politique présenté au IXe Congrès fut élaboré sous la direction personnelle du président Mao.

Avant le IXe Congrès, Lin Piao, en association avec Tchen Po-ta, avait rédigé jan rapport politique.

S’opposant à la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, ils estimaient que la tâche principale serait, après le IXe Congrès, de développer la production.

Il s’agit là d’une réédition, dans une conjoncture nouvelle, de la thèse absurde, révisionniste, que Liou Chao-chi et Tchen Po-ta avaient glissée dans la résolution du VIIIe Congrès et selon laquelle la contradiction principale à l’intérieur du pays, ce n’est pas la contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie, mais celle « entre le système socialiste avancé et les forces de production sociales arriérées ».

Naturellement, ce rapport politique préparé par Lin Piao et Tchen Po-ta fut rejeté par le Comité central.

Lin Piao soutenait secrètement Tchen Po-ta qui, lui, s’opposait ouvertement au rapport politique élaboré sous la direction du président Mao ; et ce n’est qu’après l’échec de cette tentative qu’il accepta à contrecœur la ligne politique du Comité central et donna lecture au Congrès du rapport politique du Comité central.

Mais, pendant et après le IXe Congrès, passant outre aux efforts déployés par le président Mao et le Comité central du Parti pour l’éduquer, le contrecarrer et le récupérer, Lin Piao continua à ourdir des complots et à mener des activités de sape, et alla jusqu’à déclencher en août 1970, à la deuxième session plénière du Comité central issu du IXe Congrès, un coup d’État contre-révolutionnaire qui échoua, élaborer en mars 1971 le plan de coup d’État armé contre-révolutionnaire : « Projet des ‘Travaux 571’ » et déclencher le 8 septembre ce coup d’État armé contre-révolutionnaire, dans le sinistre dessein d’attenter à la vie du président Mao, notre grand dirigeant, et de constituer un autre comité central.

Le complot ayant échoué, Lin Piao s’embarqua furtivement, le 13 septembre 1971, à bord d’un avion pour passer chez les révisionnistes soviétiques, trahissant ainsi le Parti et la patrie, et se fracassa sur le sol à Ondor Haan, en République populaire de Mongolie.

L’écrasement de la clique antiparti de Lin Piao constitue la plus grande victoire que notre Parti ait obtenue depuis le IXe Congrès, et un coup cinglant pour les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur du pays.

Après l’incident du 13 septembre, tout le Parti, toute l’Armée ainsi que les centaines de millions d’hommes des différentes nationalités du pays ont mené des discussions sérieuses ; ils ont manifesté une immense indignation prolétarienne à l’égard de Lin Piao, cet arriviste bourgeois, ce conspirateur, cet individu à double face, ce renégat et traître, ainsi que de ses partisans fanatiques.

Et ils ont témoigné un ferme soutien au président Mao, notre grand dirigeant, ainsi qu’au Comité central du Parti ayant à sa tête le président Mao. Un mouvement de critique de Lin Piao et de rectification du style de travail a été développé à l’échelle nationale.

Ils ont étudié consciencieusement le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong et soumis à une vaste critique révolutionnaire Lin Piao et les escrocs de son espèce, dénoncé à fond, sur les plans idéologique, politique et organisationnel, leurs crimes contre-révolutionnaires, et acquis ainsi une meilleure aptitude à distinguer le vrai marxisme du faux.

Les faits prouvent que la clique antiparti de Lin Piao n’était constituée que d’une poignée d’individus, extrêmement isolée dans le Parti, dans l’Armée comme parmi le peuple, et impuissante à influer sur la situation dans son ensemble.

La clique antiparti de Lin Piao n’a pas réussi à endiguer le courant révolutionnaire du peuple chinois, qui déferle impétueusement, et elle en était d’ailleurs incapable ; elle n’a fait que pousser davantage tout le Parti, toute l’Armée et tout le peuple à « s’unir pour remporter des victoires encore plus grandes ».

Sous l’impulsion du mouvement de critique de Lin Piao et de rectification du style de travail, la ligne du IXe Congrès a pénétré plus profondément les cœurs.

Cette ligne ainsi que les différentes mesures politiques prolétariennes du Parti ont été mieux matérialisées.

La lutte-critique-réforme dans les différents domaines de la superstructure a donné de nouveaux résultats.

Et on a développé le style de travail qui consiste à rechercher la vérité dans les faits et à appliquer la ligne de masse, ainsi que la glorieuse tradition de modestie, de pondération, de vie simple et de lutte ardue, style de travail et tradition que Lin Piao avait compromis.

L’Armée populaire de Libération de Chine, qui s’est acquis encore des mérites au cours de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, a fait de nouveaux apports dans le renforcement des préparatifs en prévision d’une guerre et dans la participation à la révolution et à l’édification menées par le peuple.

La grande unité révolutionnaire du peuple de nos différentes nationalités, placée sous la direction du prolétariat et fondée sur l’alliance des ouvriers et des paysans, se trouve consolidée davantage.

Notre Parti, ayant rejeté ce qui est altéré et absorbé le nouveau, est devenu maintenant un détachement d’avant-garde encore plus dynamique du prolétariat, fort de 28 millions de membres.

Sous l’impulsion du mouvement de critique de Lin Piao et de rectification du style de travail, notre peuple est venu à bout des activités de sape de la clique antiparti de Lin Piao, a surmonté les graves calamités naturelles et a arraché de nouvelles victoires dans l’édification du socialisme. La situation est bonne dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, des transports et communications, des finances et du commerce.

Nous n’avons ni dettes extérieures ni dettes intérieures ; les prix sont stables et le marché est prospère.

Beaucoup de nouveaux succès ont été enregistrés également dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la santé publique, de la science et de la technique.Sur le plan international, notre Parti et notre gouvernement ont fermement appliqué la politique étrangère définie par le IXe Congrès.

L’amitié révolutionnaire qui nous lie aux pays socialistes frères et aux partis et groupements marxistes-léninistes authentiques de différents pays, ainsi que nos relations de coopération avec les pays amis se sont renforcées davantage.

Notre pays a établi des relations diplomatiques avec un nombre croissant de pays sur la base des cinq principes de la coexistence pacifique. Notre pays a été rétabli dans son siège légitime aux Nations unies.

La politique consistant à isoler la Chine a fait faillite, les relations sino-américaines se sont améliorées dans une certaine mesure.

La Chine et le Japon ont normalisé leurs relations. Notre peuple et les autres peuples du monde ont eu des contacts amicaux encore plus larges, ils s’entraident et se soutiennent mutuellement.

Ce qui pousse la situation mondiale à évoluer continuellement à l’avantage des peuples du monde.La pratique révolutionnaire depuis le IXe Congrès, et notamment la pratique de la lutte menée contre la clique antiparti de Lin Piao prouvent que la ligne politique et la ligne organisationnelle du IXe Congrès sont justes et que la direction du Comité central du Parti ayant à sa tête le président Mao est juste.

La victoire que constitue l’écrasement de la clique antiparti de Lin Piao

En ce qui concerne le processus de la lutte qui a écrasé la clique antiparti de Lin Piao, et les crimes de cette clique, tout le Parti, toute l’Armée et tout le peuple sont au courant. C’est pourquoi il n’est pas besoin d’en traiter ici en détail.

Le marxisme-léninisme nous apprend que la lutte dans le Parti est le reflet en son sein de la lutte de classes dans la société. Après l’effondrement de la clique du renégat Liou Chao-chi, la clique antiparti de Lin Piao s’est portée sur la scène en vue de poursuivre l’épreuve de force avec le prolétariat ; c’est précisément une manifestation aiguë de la lutte de classes acharnée à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Dès le 13 janvier 1967, alors que la Grande Révolution culturelle prolétarienne se trouvait en plein essor, le chef de file de la clique des renégats révisionnistes soviétiques, Brejnev, au cours d’un meeting tenu dans la région de Gorky, s’est lancé dans des attaques frénétiques contre cette révolution, et a déclaré ostensiblement se tenir du côté de la clique du renégat Liou Chao-chi, disant à propos de l’écroulement de cette clique : « C’est une grande tragédie pour tous les communistes authentiques de Chine, et nous leur témoignons notre profonde sympathie ».

Qui plus est, Brejnev a proclamé publiquement que le principe politique de renverser la direction du Parti communiste chinois par la subversion continuerait à être appliqué, affirmant qu’il faudrait s’efforcer de la « ramener dans la voie de l’internationalisme » (Pravda, 14 janvier 1967).

En mars 1967, un autre chef de file du révisionnisme soviétique a déclaré plus cyniquement encore, au cours de meetings tenus à Moscou, que « les forces saines représentant les véritables intérêts de la Chine prononceront tôt ou tard leurs paroles décisives » et « feront triompher les idées du marxisme-léninisme dans leur grand pays » (Pravda, 4 et 10 mars 1967).

Ce qu’ils entendent par  «forces saines », ce sont les forces pourries représentant les intérêts du social-impérialisme et de toutes les classes exploiteuses ; ce qu’ils appellent  «paroles décisives », c’est l’usurpation du pouvoir suprême du Parti et de l’État ; le « triomphe des idées » dont ils parlent signifie la prise du pouvoir en Chine par les pseudos-marxistes-léninistes, les révisionnistes authentiques ; la « voie de l’internationalisme » dans leur bouche, c’est la voie consistant à réduire la Chine à l’état de colonie du social-impérialisme révisionniste soviétique.

La clique du renégat Brejnev s’est empressée de se faire l’interprète du vu commun des réactionnaires, trahissant ainsi la nature d’extrême droite de la clique antiparti de Lin Piao. Lin Piao et la poignée de ses partisans fanatiques formaient une clique de conspirateurs contre-révolutionnaires qui « avaient toujours le recueil des citations à la main et les vivats à la bouche et vous prodiguaient en face des paroles élogieuses pour vous poignarder dans le dos ».

L’essence de leur ligne révisionniste contre-révolutionnaire et leur but criminel dans le déclenchement d’un coup d’État armé contre-révolutionnaire se ramènent à ceci : usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État ; trahir totalement la ligne du IXe Congrès ; modifier radicalement la ligne et les principes politiques fondamentaux définis par le Parti pour toute la période historique du socialisme ; faire du Parti communiste chinois, marxiste-léniniste, un parti révisionniste, fasciste ; renverser la dictature du prolétariat par la subversion et restaurer le capitalisme.

A l’intérieur du pays, ils ont voulu remettre en selle la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie que notre Parti, notre Armée et notre peuple dirigés par le président Mao avaient eux-mêmes renversées, et instaurer une dictature fasciste féodale et compradore.

Sur le plan international, ils ont voulu capituler devant le social-impérialisme révisionniste soviétique et se sont unis à l’impérialisme, au révisionnisme et à la réaction pour s’opposer à la Chine, au communisme et à la révolution.

Lin Piao, cet arriviste bourgeois, ce conspirateur et cet individu à double face, a poursuivi son entreprise, au sein de notre Parti, pendant non pas dix et quelques années, mais plusieurs décennies ; il a suivi un processus au cours duquel il a évolué et s’est démasqué.

Il nous a fallu également passer par tout un processus pour le connaître. Marx et Engels ont dit dans le Manifeste du Parti communiste : « Tous les mouvements historiques ont été, jusqu’ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité. »

« Se mettre au service de l’écrasante majorité de la population de la Chine et du monde » est une des principales conditions établies par le président Mao pour les continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat, condition qui est d’ailleurs énoncée dans les Statuts de notre Parti. Edifier un parti dans l’intérêt de l’écrasante majorité ou de la minorité ?

Telle est la ligne de partage entre un parti prolétarien et un parti bourgeois, la pierre de touche permettant de distinguer les vrais communistes des faux.

Lin Piao adhéra au Parti communiste dans les premiers temps de la révolution de démocratie nouvelle en Chine. Déjà à l’époque, il avait cédé au pessimisme et perdu confiance dans l’avenir de la révolution chinoise.

Juste après la Conférence de Koutien [Décembre 1929], le président Mao lui écrivit la longue lettre :  «Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine », pour l’éduquer avec sérieux et patience.

Les faits prouvent que Lin Piao n’avait pas du tout transformé sa conception idéaliste du monde, propre à la bourgeoisie. Aux tournants cruciaux de la révolution, il commit toujours l’erreur déviationniste de droite et toujours usa du double jeu pour duper, par de fausses apparences, le Parti et le peuple.

Cependant, avec le développement continuel de la révolution chinoise et, en particulier, lorsque celle-ci se transformait, de par sa nature, en une révolution socialiste et gagnait graduellement en profondeur en vue de renverser définitivement la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses, de substituer la dictature du prolétariat à la dictature de la bourgeoisie et d’assurer le triomphe du socialisme sur le capitalisme, Lin Piao, ce type de responsable engagé dans la voie capitaliste et travaillant exclusivement au profit de la minorité, poussa son ambition toujours plus loin à mesure que s’élevait son rang, surestima ses propres forces tout en sous-estimant celles du peuple ; dès lors, il ne put plus continuer à se dissimuler, et il se porta nécessairement sur le devant de la scène pour se livrer à une épreuve de force avec le prolétariat.

Et lorsque, répondant aux besoins des ennemis de classe de l’intérieur et de l’extérieur et obéissant au bâton de commandement du révisionnisme soviétique, il tenta avec insolence de « prononcer ses paroles décisives », cela le démasqua complètement et sanctionna sa faillite totale.

Engels a dit à juste titre : « Le développement du prolétariat s’accompagne partout de luttes intérieures . . . Ceux qui ont, comme Marx et moi, combattu toute leur vie les soi-disant socialistes plus que quiconque (car nous envisageons la bourgeoisie seulement comme classe et ne lui avons presque jamais livré de combats isolés), ceux-là ne seront pas trop désolés de voir éclater l’inévitable lutte. » (Lettre de F. Engels à A. Bebel, 28 octobre 1882)

Camarades,

En l’espace d’un demi-siècle, notre Parti a connu dix importantes luttes entre les deux lignes.

L’écroulement de la clique antiparti de Lin Piao ne signifie pas la fin de la lutte entre les deux lignes au sein du Parti. Nos ennemis, dans le pays et à l’étranger, savent tous que c’est de l’intérieur que les forteresses s’enlèvent le plus facilement.

Que les responsables infiltrés au sein du Parti et engagés dans la voie capitaliste travaillent à renverser la dictature du prolétariat par la subversion, c’est beaucoup plus avantageux que si les propriétaires fonciers et les capitalistes entraient eux-mêmes en scène ; cela s’avère d’autant plus exact lorsque ceux-ci jouissent, dans la société, d’un très mauvais renom.

Même dans l’avenir, lorsque les classes auront disparu, la contradiction entre la superstructure et l’infrastructure économique et celle entre les rapports de production et les forces productives existeront encore.

En tant que reflet de ces contradictions, la lutte entre les deux lignes suivantes : ce qui est avancé et ce qui est en retard, ce qui est juste et ce qui est erroné, existera encore.

Par ailleurs, la société socialiste s’étend sur une période historique assez longue, et tout au long de cette période, les classes, les contradictions de classes et la lutte de classes continuent d’exister, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, le danger d’une restauration du capitalisme et la menace de subversion et d’agression de la part de l’impérialisme et du social-impérialisme.

En tant que reflet de ces contradictions, la lutte entre les deux lignes au sein du Parti se poursuivra pendant longtemps, elle se produira encore 10 fois, 20 fois, 30 fois, et il surgira encore des Lin Piao et des individus du genre Wang Ming, Liou Chao-chi, Peng Teh-houai et Kao Kang ; c’est une chose qui ne dépend pas de la volonté de l’homme.

Par conséquent, tous les camarades du Parti devront être suffisamment préparés sur le plan moral à la longue lutte à venir, pour être capables, quels que soient les artifices dont puisse user l’ennemi de classe, de bien mener cette lutte en suivant ses lois propres et de la conduire à la victoire du prolétariat.

Le président Mao nous enseigne : « La justesse de la ligne idéologique et politique est déterminante en tout. »

Si la ligne n’est pas juste, on est voué à l’échec, même si l’on détient la direction à l’échelon de l’autorité centrale et des instances locales et dans l’armée.

Si la ligne est juste, on aura des soldats même si l’on n’en a pas encore un seul, et on aura le pouvoir même si l’on ne le possède pas encore.

Voilà ce qui ressort de l’expérience historique de notre Parti aussi bien que de celle du mouvement communiste international depuis Marx. Lin Piao voulait « commander tout et disposer de tout ».

Résultat, il n’a rien pu commander ni disposer de quoi que ce soit.

Tout dépend de la ligne. C’est là une vérité incontestable.

Le président Mao a élaboré, à l’intention de notre Parti, la ligne et les principes politiques fondamentaux pour toute la période historique du socialisme, et arrêté, en outre, les lignes et les mesures politiques particulières à appliquer dans les divers secteurs du travail concret.

Nous devons, dans nos activités, accorder une grande attention non seulement aux lignes et mesures politiques du Parti pour un travail spécifique, mais encore et surtout à sa ligne et à ses principes politiques fondamentaux.

C’est là la garantie essentielle permettant à notre Parti de remporter des victoires encore plus grandes.

Le président Mao a dressé le bilan de l’expérience acquise dans les dix luttes entre les deux lignes au sein du Parti, et notamment de celle de la lutte qui a abouti à l’écrasement de la clique antiparti de Lin Piao, il a appelé tout le Parti à « pratiquer le marxisme et non le révisionnisme ; travailler à l’unité et non à la scission ; faire preuve de franchise et de droiture, et ne pas tramer complots et intrigues. »

Il nous a ainsi indiqué le critère pour distinguer la ligne juste et la ligne erronée, et défini les trois principes fondamentaux que chaque communiste se doit d’observer.

Chacun de nos camarades doit graver dans sa mémoire ces trois principes, s’en tenir à leur ferme application et mener activement et correctement la lutte entre les deux lignes au sein du Parti.

Le président Mao nous enseigne constamment qu’il faut prêter attention au fait qu’une tendance en couvre une autre. L’opposition à l’opportunisme de droite de Tchen Tou-sieou qui préconisait « l’union sans la lutte » couvrait l’opportunisme  «de gauche » de Wang Ming – la « lutte sans l’union ».

Le redressement de la déviation « de gauche » de Wang Ming couvrait la déviation de droite de Wang Ming. Et la lutte contre le révisionnisme de Liou Chao-chi couvrait celui de Lin Piao.

Il est arrivé bien des fois, dans l’histoire, qu’une tendance en couvrait une autre, et que lorsqu’un courant venait à se manifester, la majorité le suivait alors que quelques-uns seulement parvenaient à y résister.

Aujourd’hui, dans la lutte sur le plan international comme à l’intérieur, il peut encore surgir des tendances semblables à celles qui sont apparues dans le passé et qui consistent à oublier la lutte qu’il est nécessaire de mener contre la bourgeoisie lorsqu’on établit une union avec elle ou à oublier qu’il est encore possible, dans des conditions données, de réaliser l’union avec la bourgeoisie après avoir rompu avec elle.

Et nous devons nous efforcer, autant que possible, de les déceler et de les corriger à temps ; et lorsqu’une tendance erronée se manifeste avec la violence d’un raz-de-marée, il ne faut pas craindre de se trouver isolé, il faut avoir l’audace d’aller à contre-courant et de tenir tête coûte que coûte.

Le président Mao a dit : « Aller à contre-courant est un principe du marxisme-léninisme. »

Le président Mao en est précisément le représentant au cours des dix luttes entre les deux lignes au sein du Parti ; il est l’éducateur qui, dans ces luttes, a eu l’audace d’aller à contre-courant et de maintenir la ligne juste. Chacun de nos camarades doit bien prendre exemple sur le président Mao et s’en tenir à ce principe.

A la lumière de la ligne juste représentée par le président Mao, le grand, glorieux et juste Parti communiste chinois a soutenu de longues épreuves de force avec les ennemis de classe armés et non armés, déclarés et dissimulés, qui se trouvaient au sein du Parti ou en dehors, à l’intérieur du pays ou à l’étranger.

Notre Parti ne s’est pas divisé, il n’a pas été battu. Au contraire, la ligne marxiste-léniniste du président Mao s’est développée davantage, notre Parti a gagné encore en force. L’expérience historique nous donne cette certitude : « Ce Parti qui est le nôtre a de l’avenir. »

Tout comme l’avait prévu le président Mao en 1966, « Si la droite déclenche un coup d’État anticommuniste en Chine, je puis affirmer qu’elle ne connaîtra pas la tranquillité non plus ; il est même fort probable que son régime sera de courte durée, car les révolutionnaires représentant les intérêts du peuple, qui constitue plus de 90 pour cent de la population, ne la laisseront pas faire. »

Pourvu que notre Parti tout entier garde fermement à l’esprit les expériences historiques et s’en tienne à la juste ligne du président Mao, tous les complots de restauration de la bourgeoisie sont voués à l’échec.

Si nombreuses que soient les luttes importantes qui puissent encore éclater entre les deux lignes, les lois de l’Histoire ne sauraient être modifiées, et la révolution chinoise et la révolution mondiale remporteront en fin de compte la victoire.

La situation et nos tâches

Le président Mao nous a constamment enseigné : Nous sommes toujours dans l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Se fondant sur les principes fondamentaux du marxisme, Lénine a soumis l’impérialisme à une analyse scientifique ; il estimait que « l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme. »

Il a indiqué que l’impérialisme est le capitalisme monopoliste, le capitalisme parasitaire ou pourrissant, le capitalisme agonisant, et que l’impérialisme porte à l’extrême l’aggravation de toutes les contradictions du capitalisme.

Par voie de conséquence, il soutenait que « l’impérialisme est la veille de la révolution sociale du prolétariat », et a formulé la théorie et les tactiques concernant la révolution prolétarienne à l’époque de l’impérialisme.

Staline a dit : « Le léninisme est le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. »

Cela est parfaitement juste. Après la mort de Lénine, de grands changements sont intervenus dans la situation mondiale ; mais, l’époque n’a pas changé, et les principes fondamentaux du léninisme ne sont pas périmés, ils demeurent le fondement théorique sur lequel se guide aujourd’hui notre pensée.

A présent, la situation internationale est marquée par de grands bouleversements de par le monde. « A l’approche de la tempête, le vent envahit le pavillon. »

C’est ainsi que se manifestent à l’heure actuelle les diverses contradictions fondamentales du monde, dont Lénine a fait l’analyse.

La détente est un phénomène temporaire et superficiel tandis que de grands bouleversements continueront à se produire. Ces bouleversements sont un bien, et non un mal pour les peuples. Ils ont plongé l’ennemi dans le chaos et provoqué une division dans ses rangs ; en même temps, ils ont éveillé les peuples et les ont aguerris.

Sous leur impulsion, la situation internationale évolue dans un sens encore plus favorable aux peuples et défavorable à l’impérialisme, au révisionnisme moderne et à la réaction des différents pays.La prise de conscience du tiers monde et la croissance de sa force constituent un événement de grande importance dans les relations internationales de notre temps.

Le tiers monde a resserré ses rangs dans la lutte contre l’hégémonisme et la politique du plus fort pratiqués par les superpuissances, et joue un rôle accru dans les affaires internationales.

Les grandioses victoires remportées par les trois peuples du Viet Nam, du Laos et du Cambodge dans leur guerre de résistance à l’agression américaine, pour le salut national, encouragent puissamment les peuples du monde dans leur lutte révolutionnaire contre l’impérialisme et le colonialisme.

Une nouvelle situation s’est créée dans la lutte du peuple coréen pour la réunification indépendante et pacifique de la patrie.

La lutte menée par le peuple palestinien et les autres peuples arabes contre l’agression du sionisme israélien, la lutte des peuples africains contre le colonialisme et la discrimination raciale, ainsi que la lutte opiniâtre engagée par les peuples latino-américains pour l’établissement des eaux territoriales ou des zones économiques à 200 milles marins poursuivent toutes leur progression.

La lutte menée par les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine pour conquérir et défendre l’indépendance nationale,préserver la souveraineté d’État et les ressources nationales continue à se développer en largeur et en profondeur. La juste lutte du tiers monde et celle que mènent les peuples d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Océanie se soutiennent et s’encouragent mutuellement.

Les pays veulent l’indépendance, les nations veulent la libération, et les peuples veulent la révolution ; c’est d’ores et déjà devenu un courant irrésistible de l’Histoire.

Lénine a dit : « Ce qui est l’essence même de l’impérialisme, c’est la rivalité de plusieurs grandes puissances tendant à l’hégémonie. »

Aujourd’hui, ce sont notamment les États-Unis et l’Union soviétique, ces deux superpuissances nucléaires, qui se disputent l’hégémonie.

Ils prêchent à tout bout de champ le désarmement, mais en fait, ils procèdent tous les jours à l’expansion des armements ; leur but est de se disputer l’hégémonie dans le monde.

Ils se disputent tout en collaborant.

Et lorsqu’ils entrent en collusion, c’est en vue d’une rivalité encore plus acharnée. La rivalité est absolue et de longue durée, tandis que la collusion est relative et temporaire. La proclamation de 1′ »année de l’Europe » et la tenue de la conférence de sécurité européenne démontrent que sur le plan stratégique, le point clé de leur rivalité, c’est l’Europe.

L’Ouest cherche invariablement à pousser le révisionnisme soviétique vers l’Est, à diriger ce fléau sur la Chine ; tout irait donc pour le mieux si, à l’Ouest, il n’y avait rien de nouveau. La Chine est comme un morceau de viande alléchant que tout le monde convoite, mais cette viande est très dure, et depuis des années personne n’a pu y enfoncer les dents.

Et comme le « super-espion » Lin Piao est tombé, il est encore plus difficile de l’entamer.

A l’heure actuelle, le révisionnisme soviétique « fait du vacarme à l’est tout en attaquant à l’ouest » ; il se livre à une rivalité accrue en Europe et accélère son expansion en Méditerranée, dans l’océan Indien et dans tous les endroits où il peut porter ses tentacules.

La rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique tendant à l’hégémonie est à l’origine de l’absence de tranquillité dans le monde.

Et cela, aucune des fausses apparences qu’ils ont créées ne saurait le dissimuler, un nombre croissant de peuples et de pays s’en sont rendu compte et cette rivalité s’est heurtée à une résistance vigoureuse de la part du tiers monde et a suscité le mécontentement du Japon et des pays d’Europe occidentale.

Assaillies de difficultés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, les deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique, vivent des jours toujours plus difficiles ; « La fleur se flétrit, et on n’y peut rien », ce vers traduit bien la situation dans laquelle elles se trouvent.

Les entretiens américano-soviétiques de juin dernier et la situation apparue depuis en apportent une preuve encore plus convaincante.

« Le peuple, le peuple seul, est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle. »

L’ambition que nourrissent les deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique, est une chose.

Et la question de savoir si elles sont en mesure de la réaliser en est une autre.

Elles voudraient dévorer la Chine, mais pas moyen de l’entamer ; pas moyen non plus d’entamer l’Europe et le Japon, sans parler du vaste tiers monde.

Sorti vaincu de la guerre d’agression contre la Corée,l’impérialisme américain a dès lors vu s’amorcer son déclin ; il a admis publiquement sa décadence accrue et a été obligé de se retirer du Viet Nam.

La clique dirigeante révisionniste soviétique, de Khrouchtchev à Brejnev, a fait dégénérer, au cours des 20 années écoulées, un État socialiste en un État social-impérialiste.

A l’intérieur, elle a restauré le capitalisme, exercé une dictature fasciste et soumis à l’asservissement le peuple des différentes nationalités, si bien que les contradictions politique, économique et nationale s’exacerbent de jour en jour ; à l’extérieur, elle a envahi et occupé la Tchécoslovaquie, massé des troupes le long de la frontière chinoise, envoyé des troupes stationner en République populaire de Mongolie, apporté son soutien à la clique traîtresse de Lon Nol et réprimé la révolte des ouvriers polonais, elle s’est immiscée dans les affaires de l’Égypte, ce qui a entraîné l’expulsion de ses experts, elle a démembré le Pakistan et entrepris des activités subversives dans de nombreux pays d’Asie et d’Afrique.

Autant d’actes qui ont projeté une lumière crue sur son visage hideux de nouveau tsar, sur sa nature réactionnaire : « socialisme en paroles, impérialisme dans les faits ».

Plus le révisionnisme soviétique commet de méfaits et d’infamies, plus proche sera le jour où il se verra relégué dans le musée de l’Histoire par le peuple soviétique et les autres peuples du monde.

Récemment, la clique du renégat Brejnev a débité un tas d’inepties sur le problème des relations sino-soviétiques, alléguant que la Chine est contre la détente internationale et ne désire pas une amélioration des relations sino-soviétiques, etc.

Elle a tenu ces propos à l’intention du peuple soviétique et des autres peuples du monde, dans le dessein de porter atteinte à leurs sentiments amicaux envers le peuple chinois et de dissimuler son véritable visage de nouveau tsar.

Elle les a tenus encore et surtout à l’intention des capitalistes monopoleurs, dans l’espoir de se faire mieux payer pour les mérites acquis dans son opposition à la Chine et au communisme.

C’est le vieux jeu d’Hitler, à la seule différence qu’il est exécuté par Brejnev d’une façon encore plus maladroite.

Puisque vous désirez tellement une détente dans la situation mondiale, pourquoi ne pas prouver votre sincérité par une ou deux actions, par exemple en retirant vos troupes de la Tchécoslovaquie ou de la République populaire de Mongolie, en restituant au Japon ses quatre îles septentrionales ?

La Chine, qui n’a pas envahi ni occupé les territoires d’autres pays, devrait-elle céder aux révisionnistes soviétiques l’ensemble des territoires chinois situés au nord de la Grande Muraille pour montrer qu’elle est en faveur de la détente internationale et désire améliorer les relations sino-soviétiques ?

Le peuple chinois ne se laissera ni tromper ni intimider. Les controverses entre la Chine et l’Union soviétique sur les questions de principe ne doivent pas empêcher la normalisation de leurs relations d’État à État sur la base des cinq principes de la coexistence pacifique, et la question de frontière sino-soviétique doit être réglée pacifiquement, au moyen de négociations menées à l’abri de toute menace.

« Si on ne nous attaque pas, nous n’attaquerons pas, mais si on nous attaque, nous contre-attaquerons. » C’est un principe que nous observons depuis toujours. Nous n’avons qu’une parole. Nous ne pouvons manquer de souligner ici qu’il importe de faire la distinction entre d’une part la collusion et les compromis réalisés par le révisionnisme soviétique avec l’impérialisme américain et, d’autre part, les compromis nécessaires que les pays révolutionnaires passent avec les pays impérialistes.

Lénine a bien dit : « Il y a compromis et compromis. Il faut savoir analyser la situation et les conditions concrètes de chaque compromis ou de chaque variété de compromis. Il faut apprendre à distinguer entre l’homme qui a donné aux bandits de l’argent et des armes pour diminuer le mal causé par ces bandits et faciliter leur capture et leur exécution, et l’homme qui donne aux bandits de l’argent et des armes afin de participer au partage de leur butin. » (« La Maladie infantile du communisme (Le « Gauchisme ») »)

Le traité de Brest-Litovsk conclu par Lénine avec l’impérialisme allemand appartient à la première catégorie, tandis que les faits et gestes de Khrouchtchev et Brejnev, qui ont trahi Lénine, rentrent dans la seconde.

Lénine a fait remarquer à maintes reprises que l’impérialisme, c’est l’agression, c’est la guerre.

Dans sa déclaration du 20 mai 1970, le président Mao a signalé : « Le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure et les peuples du monde doivent y être préparés.

Mais aujourd’hui, dans le monde, la tendance principale, c’est la révolution. »

Tant que les peuples du monde, qui deviennent toujours plus conscients, discerneront nettement l’orientation à suivre, redoubleront de vigilance, renforceront leur solidarité et persévéreront dans la lutte, il sera possible de conjurer la guerre.

Si l’impérialisme déclenchait envers et contre tout une guerre, celle-ci ne pourrait que provoquer, à l’échelle mondiale, des révolutions de plus grande envergure et accélérer ainsi sa propre ruine.

Maintenant qu’une situation excellente règne tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, il est d’une haute importance de mener à bien les affaires de la Chine.

Ainsi, sur le plan international, notre Parti doit s’en tenir à l’internationalisme prolétarien et à sa politique conséquente, s’unir plus étroitement avec le prolétariat et les peuples et nations opprimés du monde, avec tous les pays victimes de l’agression, de la subversion, de l’intervention, du contrôle et des vexations de l’impérialisme pour former le front uni le plus large contre l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme, en particulier contre l’hégémonisme des deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique.

Nous devons nous unir avec tous les partis et groupements marxistes-léninistes authentiques du monde pour mener jusqu’au bout la lutte contre le révisionnisme moderne.

Sur le plan intérieur, nous devons nous conformer à la ligne et aux principes politiques fondamentaux définis par le Parti pour toute la période historique du socialisme, persévérer dans la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, unir toutes les forces susceptibles d’être unies et travailler à faire de notre pays un puissant État socialiste, afin d’apporter une contribution plus grande à l’humanité.

Nous devons rester indéfectiblement fidèles à ces enseignements du président Mao : « se préparer en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et tout faire dans l’intérêt du peuple », « creuser de profonds souterrains, constituer partout des réserves de céréales et ne jamais prétendre à l’hégémonie », maintenir une haute vigilance et être pleinement préparés au déclenchement éventuel d’une guerre d’agression par l’impérialisme et surtout au déclenchement d’une attaque-surprise par le social-impérialisme révisionniste soviétique contre notre pays.

Que l’héroïque Armée populaire de Libération et les larges masses de la milice populaire se tiennent constamment prêtes à anéantir tout ennemi intrus.

La province de Taïwan fait partie du territoire sacré de notre patrie ; et les habitants de Taïwan sont nos compatriotes, ils nous sont liés par la chair et par le sang.

Nous éprouvons une sollicitude sans bornes à leur égard. Nos compatriotes de Taïwan aiment ardemment la patrie et lui sont fermement attachés.

Seul leur retour dans les bras de la patrie peut leur assurer un avenir radieux. Taïwan sera libéré. Notre grande patrie sera réunifiée. C’est là le désir commun et le devoir sacré du peuple chinois de toutes les nationalités, y compris nos compatriotes de Taïwan.

Œuvrons conjointement pour atteindre cet objectif !

Camarades,

Nous devons nous rendre compte que, bien que nous ayons obtenu de grands succès dans la révolution et l’édification socialistes, nous sommes toujours en retard sur ce que la situation objective attend de nous.

La tâche de la révolution socialiste en Chine demeure très lourde ; celle de la Grande Révolution culturelle prolétarienne dans le domaine de la lutte-critique-réforme doit être poursuivie en profondeur sur tous les fronts.

Il nous faut encore déployer des efforts afin de remédier aux insuffisances et aux erreurs ainsi qu’à certaines tendances néfastes existant dans notre travail.

Tout le Parti doit saisir l’occasion propice qui se présente actuellement pour consolider et développer les acquis de la Grande Révolution culturelle prolétarienne et mener à bonne fin le travail dans les différents domaines.

En premier lieu, il faut continuer à assurer le bon déroulement du mouvement de critique de Lin Piao et de rectification du style de travail.

Nous devons pleinement tirer parti de ce professeur par l’exemple négatif qu’est la clique antiparti de Lin Piao pour poursuivre, dans tout le Parti, dans toute l’Armée et parmi le peuple de toutes nos nationalités, l’éducation sous le rapport de la lutte de classes et de la lutte entre les deux lignes, et critiquer le révisionnisme et la conception bourgeoise du monde, afin que les larges masses puissent dégager les expériences historiques des dix luttes qui se sont déroulées entre les deux lignes dans notre Parti, pénétrer mieux encore les caractéristiques et les lois de la lutte de classes et de la lutte entre les deux lignes dans la période de la révolution socialiste en Chine, et acquérir une meilleure aptitude à distinguer le vrai marxisme du faux.

Tous les membres du Parti doivent étudier consciencieusement les œuvres de Marx, d’Engels, de Lénine et de Staline et celles du président Mao, adhérer fermement au matérialisme dialectique et au matérialisme historique, combattre l’idéalisme et la métaphysique, et transformer leur conception du monde.

Les cadres supérieurs, en particulier, doivent « lire et étudier consciencieusement pour bien posséder le marxisme », s’efforcer d’assimiler les théories fondamentales du marxisme, connaître l’histoire de la lutte opposant le marxisme au révisionnisme, ancien et nouveau, et à l’opportunisme de toute nuance, et comprendre comment le président Mao a continué, sauvegardé et développé le marxisme-léninisme en unissant la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution.

Nous espérons que, grâce à leurs efforts soutenus, « la masse de nos cadres et notre peuple parviendront à s’armer des théories fondamentales du marxisme ».

Il faut donner toute son importance à la lutte de classes dans le domaine de la superstructure, y compris les différents secteurs culturels, et réformer tout ce qui, au niveau de la superstructure, ne correspond pas à l’infrastructure économique.

Il faut apporter une juste solution aux deux types de contradictions de nature différente.

Il faut continuer à appliquer consciencieusement les diverses mesures politiques prolétariennes définies par le président Mao.

II faut poursuivre et mener à bien la révolution en matière de littérature et d’art, ainsi que la révolution dans l’enseignement et la santé publique, assurer le bon déroulement du travail concernant les jeunes ayant de l’instruction qui vont dans les régions rurales, bien faire fonctionner les écoles de cadres du « 7 Mai » et soutenir les choses nouvelles, socialistes.

Du point de vue économique, notre pays est encore un pays pauvre, un pays en voie de développement.

Nous devons appliquer avec esprit de suite la ligne générale consistant à édifier le socialisme selon les principes : déployer tous nos efforts ; aller toujours de l’avant ; quantité, rapidité, qualité et économie ; nous devons faire la révolution et promouvoir la production.

Il faut continuer à mettre en œuvre le principe de « prendre l’agriculture comme base et l’industrie comme facteur dominant » ainsi que toute la série de mesures politiques appelant à marcher sur les deux jambes, et édifier le pays avec diligence et économie en se conformant aux principes suivants : indépendance et autonomie, compter sur ses propres forces et travailler dur.

Marx a indiqué :  « … le plus grand pouvoir productif, c’est la classe révolutionnaire elle-même. »

Une expérience fondamentale que nous avons acquise dans l’édification socialiste depuis plus de vingt ans, c’est de s’appuyer sur les masses.

Que l’industrie prenne exemple sur l’exploitation pétrolière de Taking et que l’agriculture prenne exemple sur la brigade de production de Tatchai, cela signifie qu’il faut insister sur la nécessité de placer la politique prolétarienne au poste de commande, mener un vaste mouvement de masse, mettre pleinement en jeu l’ardeur, la sagesse et l’esprit créateur des larges masses, et sur cette base, renforcer la planification et la coopération, perfectionner les règlements rationnels et mieux faire jouer l’initiative et de l’autorité centrale et de l’autorité locale.

Les organisations du Parti doivent prêter l’attention voulue au problème de la politique économique, se soucier de la vie des masses, mener consciencieusement enquêtes et recherches, accomplir et dépasser effectivement le plan élaboré par l’État pour le développement de l’économie nationale, afin d’imprimer un essor encore plus grand à l’économie socialiste de notre pays.

Il faut renforcer davantage la direction unique du Parti. Des sept secteurs suivants : l’industrie, l’agriculture, le commerce, la culture et l’enseignement, l’armée, le gouvernement et le Parti, c’est le Parti qui exerce sa direction en tout.

Les comités du Parti aux différents échelons doivent étudier Raffermir le système du comité du Parti, Méthodes de travail des comités du Parti et d’autres écrits du président Mao, dresser le bilan de l’expérience acquise et renforcer davantage la direction unique du Parti sur le plan idéologique et organisationnel ainsi que sur le chapitre des règlements.

En même temps, il convient de faire jouer aux comités révolutionnaires et aux différentes organisations de masse le rôle qui leur revient.

Il faut renforcer la direction sur les organisations de base afin que le pouvoir y soit réellement entre les mains des marxistes, des ouvriers, des paysans pauvres et moyens-pauvres ainsi que des autres travailleurs, et que la tâche de consolider la dictature du prolétariat soit réalisée dans chaque unité de base. Les comités du Parti à tous les échelons doivent appliquer mieux encore le centralisme démocratique et élever leur niveau dans l’art de diriger.

Il convient de souligner qu’il est un nombre non négligeable de comités du Parti qui se perdent dans les petites affaires quotidiennes et ne prêtent pas attention aux problèmes d’importance majeure.

Cet état de choses est très dangereux.

S’ils ne se corrigent pas, ils glisseront inévitablement dans la voie du révisionnisme.

Nous espérons que tous les camarades du Parti, les camarades dirigeants en particulier, se tiendront en garde contre cette tendance et s’appliqueront à faire disparaître ce style de travail.

L’expérience de la triple union, celle des personnes âgées, des personnes d’âge moyen et des jeunes, qui est une création des larges masses au cours de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, a assuré des conditions favorables à la formation des millions de continuateurs de la cause révolutionnaire du prolétariat conformément au critère en cinq points défini par le président Mao en la matière.

Les organisations du Parti aux différents échelons doivent faire en sorte que ce problème d’importance primordiale soit constamment inscrit à l’ordre du jour.

Le président Mao a dit : « C’est toujours dans les grandes tempêtes que grandissent les continuateurs de la révolution prolétarienne. »

Il faut se tremper dans la lutte de classes et la lutte entre les deux lignes et se faire éduquer par l’expérience sous ses aspects positif et négatif.

Voilà pourquoi un vrai communiste doit être prêt à assumer des fonctions aussi bien en haut qu’en bas, et à soutenir plusieurs fois ce genre d’épreuve.

Les cadres, qu’ils soient nouveaux ou anciens, doivent se lier étroitement aux masses, être modestes et prudents, se garder de toute présomption et de toute précipitation, assumer n’importe quel poste du moment que cela répond aux besoins du Parti et du peuple et appliquer avec fermeté, dans n’importe quelles circonstances, la ligne révolutionnaire et les principes politiques définis par le président Mao.

Camarades, le Xe Congrès du Parti aura une influence profonde et durable dans l’histoire du développement de notre Parti.

Nous tiendrons prochainement la IVe Assemblée populaire nationale.

Le peuple chinois tout entier et les autres peuples révolutionnaires du monde placent de grands espoirs en notre Parti et en notre pays.

Nous sommes convaincus que sous la direction du président Mao, tout le Parti s’en tiendra à la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao, et mènera à bien le travail pour ne pas décevoir l’espoir que le peuple de tout le pays et les peuples du monde ont mis en nous !

L’avenir est radieux, mais la voie est sinueuse.

Que tout le Parti s’unisse, que le peuple de toutes nos nationalités s’unisse, qu’ils s’arment de résolution, ne reculent devant aucun sacrifice et surmontent toutes les difficultés pour remporter la victoire !

Vive le grand, glorieux et juste Parti communiste chinois !

Vive le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong !

Vive le président Mao, qu’il vive très longtemps !

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Que cherchait Lin Piao quand il prônait le précepte de Confucius ‘‘se modérer et en revenir aux rites’’?

par les groupes de critique de masse de l’Université de Pékin et de l’Université Tsinghoua

1974

En 1969, au moment où la Grande Révolution culturelle prolétarienne remportait une glorieuse victoire, le Parti communiste chinois a convoqué son IXe Congrès, au cours duquel le président Mao a lancé cet appel : « Unissons-nous pour remporter des victoires encore plus grandes ! »

Au premier plénum du Comité central issu de ce congrès, le président Mao a précisé plus encore sa pensée : « Unissons-nous dans un seul but, celui de consolider la dictature du prolétariat. »

C’est à la lumière de cette ligne du IXe Congrès que le Parti, l’armée et le peuple du pays tout entier, pleins d’allant et animés par un esprit de combat, luttent vaillamment pour la consolidation de la dictature du prolétariat.

Or, les ennemis de classe ne se résignent pas à accepter leur défaite.

Après la chute de la clique renégate de Liou Chao-chi, la clique antiparti de Lin Piao s’est portée hâtivement sur la scène pour saboter par tous les moyens la ligne révolutionnaire du IXe Congrès, pour intensifier avec frénésie ses menées antiparti, pour tenter de renverser la dictature du prolétariat et restaurer en Chine le capitalisme.

De même que tous les réactionnaires qui, au cours de l’histoire, se virent au seuil de leur ruine, Lin Piao, cet arriviste bourgeois, conspirateur, individu à double face, renégat et traître à la nation, utilisa la doctrine de Confucius et de Mencius comme arme idéologique réactionnaire pour la restauration du capitalisme.

Le 19 octobre 1969, en citant la formule de Confucius rapportée dans Louen Tu (Entretiens de Confucius) : « se modérer et en revenir aux rites » [Ces «rites», connus sous le nom de « rites des Tcheou », consistaient en un code résultant d’une théorie politique et morale avancée par le duc Tcheou, chef de file des propriétaires d’esclaves, et régent après la mort du roi Wou, en raison du jeune âge du roi Tcheng, aux premiers temps de la dynastie des Tcheou de l’Ouest (XIe siècle- 770 av. J.-C.). Ils étaient destinés à sauvegarder la dictature de l’aristocratie esclavagiste.

Confucius, qui vécut à la période de l’effondrement du régime esclavagiste, était un disciple à tous crins du duc Tcheou ; il le vénéra comme un « sage » et rêva de restaurer la société esclavagiste du début des Tcheou de l’Ouest où ces « rites » étaient pleinement en vigueur], il écrivit, par deux fois sur des rouleaux de papier, à l’intention d’un de ses partisans fanatiques, la sentence suivante : « De tout temps et en toute chose, ce qui seul importe est de se modérer et en revenir aux rites ».

Ce complice, ayant deviné la pensée de son maître, recopia la sentence et la présenta en retour à Lin Piao, le 23 octobre, en témoignage de sa détermination contre-révolutionnaire.

Au jour de l’An de l’année suivante, alors que le peuple chinois tout entier poursuivait sa marche victorieuse dans la lutte acharnée entre les deux lignes, Lin Piao, de peur que ses acolytes n’eussent pas encore suffisamment saisi son idée contre-révolutionnaire, écrivit une fois de plus ladite sentence, mais en la rédigeant ainsi : « De tout temps et en toute chose, ce qui seul, seul importe c’est de se modérer et en revenir aux rites ».

Le double emploi du mot « seul » n’était-il qu’une répétition superflue ? Pas le moins du monde.

Il s’agissait en fait d’une accentuation volontairement révélatrice de son but secret. Le fait qu’en moins de trois mois Lin Piao et consorts aient écrit et réécrit ladite sentence, la présentant comme plus importante que tout, montre combien dans leur impatience contre-révolutionnaire ils brûlaient de mettre en pratique ce précepte de Confucius.

Quel genre de marchandise constitue donc cette formule confucéenne ?

Quel était, en dernière analyse, le dessein de Lin Piao et consorts en la prônant avec ferveur ? Qu’est-ce que ces «rites» auxquels ils voulaient revenir ? Et quel était leur but ?

« Se modérer et en revenir aux rites », ce fut le programme politique de Confucius pour la restauration esclavagiste. L’époque de Tchouentsieou et des Royaumes combattants (770-221 av. J.-C.) fut, dans l’histoire de la Chine, une époque de grands bouleversements marquant le passage du régime esclavagiste au régime féodal.

Le vieil ordre esclavagiste, le règne des rites, s’effondrait, tandis que se renforçait chaque jour le nouveau régime féodal. C’est en réaction à ce processus que Confucius avança le mot d’ordre de « se modérer et en revenir aux rites », afin de défendre l’esclavagisme et s’opposer aux réformes impulsées par la classe montante des propriétaires fonciers.

Par « se modérer », Confucius demandait aux gens de refréner leur désir, de contenir leurs actes, conformément aux rites des Tcheou qui reflétaient les intérêts fondamentaux des maîtres d’esclaves.

A l’époque, cela consistait essentiellement à demander à la classe montante des propriétaires fonciers et aux esclaves d’être inconditionnellement fidèles aux esclavagistes.

C’était encore pour leur demander de ne pas « offenser leurs supérieurs », de ne pas « fomenter des troubles », de ne pas se révolter. « Se modérer » visait donc en fait à « en revenir aux rites ».

Par « en revenir aux rites », Confucius entendait redonner vie à l’ordre esclavagiste en plein effondrement de la dynastie des Tcheou de l’Ouest (XIe siècle avant J.-C. – 770 avant J.-C.).

Il en résulte que le principe confucéen de « se modérer et en revenir aux rites » reflétait les intérêts réactionnaires de l’aristocratie esclavagiste en déclin, qui, loin de se résigner à sa ruine, se débattait éperdument contre les nouvelles forces montantes.

C’était entièrement un programme politique d’opposition aux réformes sociales, destiné à faire tourner à rebours la roue de l’histoire, à rétablir le régime esclavagiste des Tcheou de l’Ouest.

En fustigeant les activités des réactionnaires de son temps, Lou Sin (1881-1936), le commandant en chef de la révolution culturelle chinoise, a dit : « Actuellement, en Chine, pour en revenir aux institutions antiques, les éléments irréductibles sont allés jusqu’à ressortir le concept confucéen des rites. »

« Bien qu’ils soient bel et bien des individus modernes, respirant l’air moderne, ils s’entêtent néanmoins à nous imposer le concept des titres, le langage pétrifié, et à calomnier le présent à qui mieux mieux. »

La clique antiparti de Lin Piao est précisément un ramassis de ces irréductibles. Ils ont déterré Confucius, ce cadavre politique fossilisé, ont débité sa camelote, ont pris pour talisman son programme de « se modérer et en revenir aux rites », et ont dévoilé entièrement leur dessein criminel de renverser en Chine la dictature du prolétariat au profit du capitalisme.

Certes, les conditions historiques dans lesquelles se trouvaient respectivement Lin Piao et Confucius diffèrent grandement, de même que le contenu de classe de leur appel à « se modérer et en revenir aux rites ».

L’époque historique que connut Confucius fut celle où la Chine passait du régime esclavagiste au régime féodal.

Confucius représentait donc la classe des maîtres d’esclaves en déclin et cherchait à en revenir aux « rites » esclavagistes. Lin Piao, quant à lui se trouvait à l’époque de la dictature du prolétariat ; il représentait les propriétaires fonciers et la bourgeoisie renversés, et cherchait à restaurer les « rites » capitalistes.

Néanmoins, sur la question fondamentale de s’opposer aux réformes sociales, de préconiser un retour au passé et de se livrer à une restauration contre-révolutionnaire, ils étaient l’un par rapport à l’autre tout à fait semblables.

La sinistre bannière de « se modérer et en revenir aux rites » de Confucius correspond aux intentions scélérates de Lin Piao ; le complot de Lin Piao visant à la mise en pratique de ce programme est hanté par le spectre de Confucius.

Par « en revenir au rites », Confucius entendait l’application d’une ligne réactionnaire consistant à « faire renaître les États éteints, relever les familles nobles déshéritées et redonner des postes à ceux qui sont rentrés dans l’ombre»; autrement dit, redonner aux aristocrates propriétaires d’esclaves leur pouvoir héréditaire, permettre à leurs descendants en décrépitude de revenir à la charge et continuer d’opprimer sans merci les esclaves.

Pour Lin Piao, « en revenir aux rites » signifiait pratiquer une ligne révisionniste contre-révolutionnaire, tenter d’usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État, d’altérer radicalement la ligne fondamentale et la politique du Parti pour toute la période historique du socialisme, de renverser la dictature du prolétariat et de restaurer le capitalisme.

Si, d’octobre 1969 à janvier 1970, Lin Piao et consorts ont lancé leur mot d’ordre contre-révolutionnaire de « se modérer et en revenir aux rites », c’était pour inciter leurs hommes à s’emparer d’ores et déjà du pouvoir, à déclencher un coup d’État, afin de mettre en pratique leur ligne révisionniste contre-révolutionnaire.

En vue de la réalisation de son plan chimérique d’ « en revenir aux rites », Lin Piao se creusait la cervelle jour et nuit à la recherche d’un moyen pour usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État. Il découvrit enfin chez Confucius, le grand patron des restaurateurs d’un ordre pourrissant, l’arme délabrée du « respect des titres ».

En mai 1970, en contrecarrant frénétiquement les directives du président Mao, Lin Piao donna l’ordre à ses complices de clamer qu’il devrait devenir le « chef de l’État », déclarant : « Si un État n’a pas de chef, il ne répondra plus à son titre et le mot portera à faux. »

Il se basait là ouvertement sur cette phrase de Confucius : « Si les titres ne sont pas respectés, le mot portera à faux et l’entreprise ne réussira pas ».

Par là, la clique antiparti de Lin Piao, qui s’en tenait obstinément à son programme politique antiparti, cherchait à usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État.

En effet, si Lin Piao ne devenait pas le « chef de l’État », son nom porterait à faux et partant son commandement n’aurait pas d’efficacité, il ne pourrait « en revenir aux rites », et son entreprise de restauration du capitalisme échouerait.

Selon Lin Piao et consorts, n’étaient pas conformes aux « rites » toutes les réalisations de la Chine nouvelle, socialiste, notamment la situation excellente ainsi que les innovations qui résultaient de la Grande Révolution culturelle prolétarienne. Ils attaquaient avec perfidie la continuation de la révolution, en la présentant comme dirigée contre le « peuple chinois ». Ils insultaient la dictature du prolétariat, en la qualifiant de « despotique ».

Ils criaient à qui voulait l’entendre qu’ils « libéreraient sans exception sur le plan politique » tous « ceux qui étaient rentrés dans l’ombre », c’est-à-dire tous les débris de la clique de Tchiang Kaï-chek, tous les propriétaires fonciers, paysans riches, contre-révolutionnaires, mauvais éléments et droitiers, ainsi que les responsables du Parti engagés irréductiblement dans la voie capitaliste.

Si Lin Piao voulait libérer les ennemis de la dictature du prolétariat,

c’est qu’il cherchait à plonger de nouveau les centaines de millions de travailleurs chinois dans un abîme de souffrances, à en massacrer des milliers et des milliers.

De toute évidence, par « en revenir aux rites », Lin Piao entendait rétablir sur le plan intérieur l’ordre ancien détruit par le prolétariat, redonner aux classes exploiteuses leur « paradis » perdu, pratiquer la dictature des propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie.

Le président Mao a indiqué : «… sans l’appui de leurs maîtres qui se tiennent dans la coulisse, les représentants politiques des grands propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie, classes très faibles en Chine, ne seraient pas capables de faire quoi que ce soit… »

Pour réaliser son plan chimérique, Lin Piao avait forcément besoin d’un impérialisme étranger comme maître dans la coulisse.

Celui-ci n’est autre que le social-impérialisme soviétique. Lorsque son complot eut échoué et qu’il fut percé à jour, Lin

Piao, escorté de quelques-uns de ses complices, s’enfuit précipitamment pour rejoindre les révisionnistes soviétiques. Mais son avion s’écrasa en Mongolie, à Undur Khan. Cela prouve éloquemment que, pour Lin Piao, « en revenir aux rites » signifiait sur le plan extérieur se rendre au social-impérialisme soviétique et devenir un tsarévitch protégé par le « parapluie nucléaire » de celui-ci.

Bref, dans la bouche de Lin Piao, « en revenir aux rites », c’était la restauration du régime d’exploitation et d’oppression du peuple travailleur par les propriétaires fonciers et la bourgeoisie, le retour de la domination de la majorité par la minorité, la transformation de la Chine en une colonie du révisionnisme soviétique, la pratique d’une dictature fasciste, féodale et compradore.

Quant à la « modération » prêchée par Lin Piao, elle visait, tout comme chez Confucius, à un « retour aux rites ».

Il demandait à ses complices de considérer ce « retour » comme la plus importante des choses, de contenir leurs actes et paroles conformément à leurs « rites » pour la restauration du capitalisme.

Il leur recommandait par surcroît de ne pas se démasquer trop tôt, de ne pas pour une petite affaire perdre « la grande », de se refréner, de «bien se camoufler», d’« observer la discipline», de guetter des occasions pour déclencher leur plan.

Il n’est point fortuit que Lin Piao se soit prosterné devant Confucius et ait fait sien son programme contre-révolutionnaire.

La pensée de Confucius, idéologue réactionnaire de la classe déclinante des propriétaires d’esclaves, consistait dans son essence à faire revivre et à conserver les vieilles institutions, à retourner au passé et à restaurer l’ordre ancien.

Elle reflétait les intérêts de toutes les classes exploiteuses en décrépitude et répondait à leurs besoins politiques. C’est pourquoi tous les réactionnaires sont partisans du confucianisme, c’est pourquoi le programme confucéen de « se modérer et en revenir aux rites » est devenu pour eux une arme idéologique pour s’opposer aux réformes et réprimer le peuple.

Tchou Hsi, le représentant réactionnaire de l’école confucéenne sous la dynastie des Song (960-1279), a conseillé à l’empereur féodal d’appliquer le programme de Confucius pour défendre sa domination réactionnaire. Tseng Kouo-fan, le bourreau qui a réprimé la révolution des Taiping (1851-1864), a fait de ce programme un précepte fondamental régissant toute chose et tout phénomène, et a incité ses hommes à « se modérer et aimer les gens », à « se sacrifier avec sublimité », à tout faire pour « rétablir l’ordre », c’est-à-dire pour réprimer la révolution du peuple.

Tchiang Kaï-chek, ce tyran et traître à la nation, considère aussi le programme de Confucius comme un trésor inestimable. Il l’a fait stipuler en termes explicites dans le « Guide du personnel du Parti et du gouvernement » du Kuomintang, le considérant comme de première importance pour l’« éducation fondamentale » et la formation de ses hommes de main fascistes, anticommunistes, ennemis du peuple.

Aux yeux de Tchiang Kaï-chek, les « rites » constituent sa « défense nationale spirituelle », ses « principes pour le gouvernement de l’État ». Il rêve, en accordant «toute leur importance aux rites », de «jeter le fondement spirituel éternel » de la dynastie de sa famille.

Il n’y a donc rien d’étonnant si Lin Piao, afin d’usurper le pouvoir du Parti et restaurer le capitalisme, a prêché éperdument lui aussi le programme de Confucius, à l’exemple des représentants de tout type des classes exploiteuses déclinantes au cours de l’histoire.

Durant toute sa vie, dans le but de restaurer le régime esclavagiste des Tcheou de l’Ouest, Confucius alla colporter à grands cris son programme de « se modérer et en revenir aux rites ». Plus de deux mille ans plus tard, lui emboîtant le pas et arborant la sinistre bannière sur laquelle était inscrit le même mot d’ordre, Lin Piao, ce renégat et traître à la nation, pour restaurer le capitalisme, s’est mesuré éperdument avec le prolétariat.

Disciple à cent pour cent de Confucius, il lui ressemblait non seulement au point de vue idéologique, mais avait en plus emprunté un bon nombre de ses paroles.

Si, au royaume des morts, Confucius avait appris que, vingt-quatre siècles plus tard, sévissait son « super-disciple » Lin Piao, il en aurait été à coup sûr transporté de joie et se serait écrié : Voilà mon élève, c’est vraiment lui ! «J’ai entendu ses paroles, mais je ne l’ai pas vu. » (Cf. Louen Tu).

Sur le plan idéologique, Lin Piao et Confucius sont du même acabit. Sur le plan politique, ce sont deux réactionnaires qui se livrent à la restauration de l’ordre ancien, préconisent la régression et se débattent contre le courant historique. Le président Mao a dit : « Toute action rétrograde entraîne en définitive un résultat contraire à celui qu’escomptent ses instigateurs.

Il n’y a pas d’exception à cela ni dans le passé ni dans le présent, ni chez nous ni à l’étranger. »

Confucius qui avait agi contre le courant historique n’a pu sauver l’esclavage de sa ruine, il est finalement devenu un « chien errant » et, s’accrochant toujours à son rêve de restaurer le régime esclavagiste, est allé rejoindre le duc Tcheou.

Et Lin Piao, quant à lui, non seulement il n’a pas pu réaliser son plan chimérique de restauration du capitalisme, d’établissement d’une dynastie fasciste, féodale et compradore, mais a capoté par contre en plein désert et est allé rejoindre Confucius en pèlerinage, en portant la bannière en lambeaux de « se modérer et en revenir aux rites ».

Voilà la fin inéluctable de toute force restauratrice de l’ancien ordre.

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Philosophie ‘‘aprioriste’’ et politique réactionnaire

L’apriorisme est une philosophie réactionnaire pour duper le peuple travailleur

Dans son numéro 9 de cette année (1972), le Hongqi (Drapeau rouge) a publié un article écrit par Li Tchang-mao et Wang Chou-tchen, ouvriers textiles vétérans de Tientsin, sous le titre « L’Apriorisme est une philosophie réactionnaire pour duper le peuple travailleur » dont voici des extraits :

Pour faire la révolution, nous, la classe ouvrière, prenons appui sur le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong, sur les masses populaires et sur la pratique sociale guidée par la théorie révolutionnaire.

Cependant, le renégat, agent de l’ennemi et traître à la classe ouvrière Liou Chao-chi et consorts, ces escrocs politiques, préconisaient de toutes leurs forces la théorie idéaliste de l’apriorisme pour s’opposer à la théorie matérialiste du reflet. Tout en s’opposant à ce que nous étudiions le marxisme, le léninisme, la pensée Mao Zedong, ils niaient la nécessité de la participation à la pratique sociale et le grand rôle historique des masses populaires.

Les idées justes ne peuvent venir que de la pratique sociale. Notre grand dirigeant le président Mao nous enseigne : « Les idées justes ne peuvent venir que de la pratique sociale, de trois sortes de pratique sociale : la lutte pour la production, la lutte de classes et l’expérimentation scientifique. »

La pratique de lutte nous a permis de bien comprendre que la thèse du président Mao sur la théorie marxiste de la connaissance est la plus correcte et la plus profonde.

Elle exprime très bien ce que les travailleurs veulent dire. Mais, Wang Ming, Liou Chao-chi, et d’autres escrocs politiques se sont frénétiquement opposés à la théorie marxiste de la connaissance, prétendant que « les idées viennent du cerveau ». D’après eux, les idées justes ne viennent pas de la pratique sociale, mais sont innées.

Ce n’est rien d’autre qu’une théorie fausse et trompeuse ! Les vraies connaissances viennent de la pratique et le génie provient de la lutte. A l’usine textile n° 4 de Tientsin, un ouvrier ne pouvait garder que des dizaines de fuseaux dans le passé. Et maintenant, il peut s’occuper de 400.

D’où vient ce progrès ? Est-il venu du cerveau ? Non !

La capacité de manœuvrer la machine a pu s’élever sans cesse parce que dans la pratique de la production, nos ouvriers ont connu graduellement la machine dans tous ses détails et maîtrisé par conséquent la loi de son fonctionnement.

Ce n’est que dans la pratique répétée que les connaissances de l’homme peuvent se développer sans discontinuer. Le matérialisme marxiste nous dit que te cerveau humain n’est qu’une usine de transformation idéologique.

Dans la pratique, les choses objectives trouvent leurs reflets dans le cerveau humain à l’issue des réflexions, on arrive à les comprendre.

Est-ce que cette compréhension correspond à la réalité ?Il faut l’examiner dans la pratique. Le président Mao nous a enseigné : « La connaissance commence avec l’expérience, c’est là le matérialisme de la théorie de la connaissance. »

Mais, l’escroc politique Liou Chao-chi et consorts prétendaient que « toutes les sciences commencent avec la supposition » et que l’homme peut « briser la vieille loi et créer la nouvelle ». Selon cette absurdité, l’homme peut supposer la science sans la pratique, et la loi n’existe pas objectivement, l’homme peut la créer à sa guise.

N’est-ce pas là la théorie idéaliste de l’apriorisme typique ? Le président Mao nous enseigne : « Depuis qu’existe la société de classes, il n’y a au monde que deux sortes de connaissances : l’une provient de la lutte pour la production et l’autre de la lutte des classes.

Les sciences de la nature et les sciences sociales sont la cristallisation de ces deux sortes de connaissances quant à la philosophie, elle est la généralisation et la somme de ce que l’on sait de la nature et de la société. »

Toutes les sciences, quelles qu’elles soient, proviennent des trois mouvements révolutionnaires, de la pratique sociale, et non de la supposition des hommes. Prenons par exemple l’amélioration de la chaudière par les ouvriers de la filature de laine n° 2 de Tientsin.

Répondant à l’appel du président Mao : « Se préparer en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et tout faire dans l’intérêt du peuple », les ouvriers ont augmenté la production. Mais, une nouvelle contradiction a surgi : la chaudière ne peut fournir la vapeur suffisante.

Où en est la solution ?

Auparavant influencés par la « gestion des usines par les experts », une manifestation de la ligne révisionniste contre-révolutionnaire, certains cadres ne s’appuyaient pas sur les ouvriers expérimentés, mais sur quelques techniciens qui s’enfermaient dans leurs bureaux tout en se détachant de la pratique de production pour travailler à la « supposition ».

Au bout de trois ans, non seulement rien n’a été résolu, mais, on a abouti à cette conclusion : « Les chaudières sont déjà vieilles et leur capacité est ainsi conçue à l’étranger. Il en faudrait alors de nouvelles si l’on voulait augmenter la fourniture de vapeur. »

Dans la grande Révolution culturelle prolétarienne, grâce à l’étude de « De la pratique » du président Mao, les chauffeurs ont stigmatisé la ligne révisionniste contre-révolutionnaire préconisant « la gestion de l’usine par les experts », et fait table rase de l’idéalisme. Tout en faisant consciencieusement le bilan de leur expérience acquise dans la pratique, ils se sont mis en toute modestie à l’école des autres usines sœurs, en s’inspirant de leur expérience avancée.

Ils ont réalisé la triple union composée d’ouvriers vétérans riches de l’expérience pratique, de techniciens et de cadres révolutionnaires ; ainsi, en trois mois seulement, ils ont réussi à améliorer des chaudières usées, ce qui a augmenté quatre fois la production et permis à l’usine d’assurer une fourniture suffisante de vapeur.

Ce fait a prouvé que sans pratique il n’y aurait pas de science. On ne peut connaître correctement le monde qu’en s’appuyant sur la pratique des masses.

La connaissance provient de la pratique.

Cette pratique est principalement celle des trois grands mouvements révolutionnaires des masses populaires. La connaissance individuelle est limitée, tandis que la sagesse des masses est infinie ; ce n’est qu’en associant la connaissance limitée de l’individu à la sagesse infinie des masses qu’on arrive à connaître correctement le monde.

Voilà la raison pour laquelle le président Mao considère la méthode de travail consistant à « partir des masses pour retourner aux masses » comme la théorie marxiste de la connaissance.

Faire la révolution, c’est connaître et transformer le monde. L’année dernière, à l’usine textile n° 4 de Tientsin, lorsque la vitesse des machines à filer a été élevée, il s’est produit un grand nombre de fuseaux vides, même une équipe en a compté plus de quatre cents, soit deux machines qui ne fonctionnaient pas.

D’abord, les dirigeants de l’atelier sont allés travailler aux métiers à filer pour voir où en était la cause et trouver une solution. Bien qu’ayant fait de grands efforts, ils n’ont pas obtenu de grands résultats parce qu’ils ne s’appuyaient pas sur les masses. Ils ont alors étudié cet enseignement du président Mao : « Les masses sont les véritables héros, alors que nous sommes souvent d’une naïveté ridicule. »

Par la suite, ils ont pleinement mobilisé les masses dans l’analyse de ce phénomène par la sagesse collective.

Les ouvriers ont avancé des dizaines de suggestions. Après les avoir concentrées pour analyse et étude, les dirigeants sont parvenus à une juste compréhension de la cause principale. Puis, sur la proposition des masses, ils ont déclenché une campagne d’émulation pour réduire le nombre de fuseaux vides.

Ce nombre a été bientôt ramené de 400 à 20. Cela a éduqué les cadres dirigeants et leur a fait comprendre que les masses sont les véritables héros et qu’ils ne pourraient acquérir aucune juste connaissance sans les masses.

La connaissance de l’homme provient de la pratique de lutte des masses, qui fait d’ailleurs l’épreuve de la justesse de cette connaissance.

Le président Mao nous enseigne : « Seule la pratique révolutionnaire de millions d’hommes est la jauge pour mesurer la vérité. »

Les pensées qui ont soutenu les tests de la pratique des masses sont justes ou relativement justes.

La filature de laine n° 2 de Tientsin produisait exclusivement dans le passé des tissus de laine pour le marché intérieur, leurs couleurs étaient monotones, sans tenir compte des besoins des ouvriers, des paysans et des soldats.

Puis l’usine a produit des tissus en fibre chimique et on s’en est contenté.

Cependant, comme elle n’a pas fait d’enquêtes approfondies sur les besoins des masses, les couleurs restaient les mêmes d’où une grande quantité de produits ne trouvaient pas de clients. Les ouvriers sont allés alors faire des enquêtes parmi les masses et ont trouvé qu’elles n’aimaient pas ces couleurs ; or ils ont produit, selon les opinions des masses, 24 couleurs aimées par les masses.

Cela montre que notre connaissance, nos plans et nos projets doivent être testés dans la pratique pour déterminer s’ils sont justes ou non.

Restant à l’écart de la pratique des masses, nous connaissons mal le monde, et commettons sans doute des erreurs dans notre travail. Liou Chao-chi et d’autres escrocs politiques, partant de leur nature de classe contre-révolutionnaire, ont prétendu : « ne croyez pas qu’on irait sans heurts en s’appuyant sur la classe ouvrière », et accusé calomnieusement les masses d’être « rétrogrades et ignorantes », alors qu’ils se prétendaient eux-mêmes des personnes « qui donnent de la lumière au peuple ».

Toutes ces absurdités ne diffèrent en rien des théories fascistes proférées par les réactionnaires kuomintaniens pour leur répression des masses.

Ces escrocs politiques sont en fait des éléments anti-communistes kuomintaniens, des renégats, agents de l’ennemi et traîtres à la classe ouvrière, ils sont des valets fidèles de l’impérialisme et des porte-parole des propriétaires fonciers et des capitalistes. Ils se sont infiltrés dans le camp révolutionnaire sous le manteau du marxisme-léninisme pour tromper les gens.

Ils se prétendaient à tout bout de champ être « humbles et petits citoyens tout insignifiants » afin de camoufler sous ce nom leurs hideux visages réactionnaires de grands arrivistes.

Le président Mao a indiqué il y longtemps : « Lorsque nous voulons juger d’un homme, voir s’il est… un vrai ou un faux marxiste, il suffit, pour en avoir le cœur net, de considérer ses relations avec les larges masses ouvrières et paysannes. »

En calomniant perfidement le peuple travailleur dans le but criminel de le fouler de nouveau aux pieds et de restaurer le capitalisme, Liou Chao-chi et consorts ont révélé complètement leur visage de contre-révolutionnaire.

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