Le processus unitaire avec le PCML (1979)

[Publié dans La vie du Parti – Bulletin intérieur du PCRML, en juillet 1979.]

Rapport du Comité Central
-Résumé –
LE PROCESSUS UNITAIRE AVEC LE PCML

Le processus unitaire vient de franchir un pas en avant important avec la ratification par notre Comité central et celui du PCML d' »un protocole d’accord pour l’unification du PCML et du PCR ml ». Ce protocole d’accord fixe l’échéance de juin 80 pour la tenue du Congrès d’unification qui adoptera le programme et les statuts dont des projets auront été préalablement discutés par chacun des partis, et donnera naissance sur une base paritaire aux organismes de direction du futur parti.

Le protocole fixe un certain nombre de modalités pour parvenir à cette échéance en ce qui concerne l’unité d’action, la rédaction et la discussion des projets de programme et de statuts, la fusion progressive du système de presse, la préparation du Congrès d’unification.

Ce protocole d’accord est conforme aux orientations essentielles tracées par le Congrès sur le processus unitaire. Il exige de l’ensemble du Parti une claire vision des transformations que cela va apporter dans notre travail pour l’année qui vient. Il faudra articuler correctement le développement de l’unité d’action et de l’unité politique avec nos partenaires, et le développement propre du Parti, en gardant constamment en tête la nécessité de sauvegarder, développer et faire partager les acquis de notre Parti. Le 4e congrès de notre Parti en mai prochain aura pour tâche de tirer le bilan du Parti depuis sa constitution et de systématiser ses acquis.

RAPPORT DU COMITE CENTRAL

Le processus unitaire avec le PCML

Un pas en avant important vient d’être franchi dans le processus unitaire: le Comité central de notre Parti a ratifié avec le Comité central du PCML un protocole d’accord sur l’unification le 14 juillet 1979. Ce document est soumis à l’étude de l’ensemble du Parti (voir ce texte dans la partie document du B.I).

Le présent texte resituant ce protocole d’accord dans l’évolution du processus unitaire, notamment depuis le Congrès, doit permettre d’en apprécier la portée, d’en mesurer la conformité avec les orientations du IIIe Congrès, et d’apporter certaines précisions sur le travail qui en découle.

Depuis plusieurs années, un objectif important de notre Parti est de promouvoir l’unification des forces se réclamant du marxisme-léninisme. C’est dans ce cadre que des discussions assez anciennes étaient menées avec le PCML. La correction et l’autocritique de sa ligne bourgeoise opérées par le PCML de manière nette lors de son IIe congrès ont permis à ce processus de faire à ce moment là un pas en avant significatif. Cela s’est marqué notamment par la campagne commune menée lors des élections de mars 1978.

Si ce processus avait ensuite quelque peu marqué le pas, le IIIe Congrès de notre Parti, à la fin de l’année 78 avait réaffirmé avec netteté la nécessité de le faire aboutir dans des délais convenables soulignant que cet aboutissement constituerait un élément important pour réduire le gauchisme structurel qui entrave le développement du Parti, à condition évidemment que les acquis du mouvement marxiste-léniniste et, en ce qui nous concerne, les acquis de notre Parti, soient conservés dans le processus unitaire et puissent être développés dans le Parti unifié.

Faire aboutir le processus unitaire et le Parti, tel était le sens des orientations dégagées par le IIIe Congrès. La résolution sur l’unité adoptée par le Comité central au lendemain même du Congrès fixait ainsi certaines modalités pour avancer dans le processus unitaire.

La rédaction de 4 textes (centralisme démocratique, parti, guerre et révolution, socialisme) par les délégations des deux comités centraux et leur discussion à tous les niveaux, l’élaboration conjointe d’un projet de programme et d’un projet de statuts par les deux comités centraux, la discussion et l’amendement de ces textes dans chacun des partis, la pratique progressive de l’unité d’action en la liant à la discussion politique à tous les niveaux, la tenue alors d’un congrès de chaque parti se rassemblant ensuite en un congrès unique d’unification… tels étaient les maillons essentiels du processus unitaire tel qu’il était envisagé par le Parti.

Le texte publié en mai 79 par le Comité central sous le titre « le point sur l’avancée du processus d’unification avec le PCML » a fait le point pour tout le Parti sur les difficultés rencontrées depuis lors avec nos partenaires. Pour surmonter les difficultés apparues le Comité central indiquait la nécessité de mener tout en faisant des propositions concrètes pour l’unité d’action une double bataille pour l’unification politique en profondeur, pour la parité des organismes dirigeants issus du congrès d’unification, double forme d’une même lutte pour la défense des acquis du Parti.

Nous avons été amenés à rappeler à nos partenaires avec netteté la signification que nous accordions à cette question de la parité: « il ne s’agit pas d’un principe, mais d’une règle concrète appliquée à la situation concrète du moment de l’unification…

En effet, il n’existe pas de connaissance réciproque suffisante de part et d’autre, et cela ne peut se faire de manière satisfaisante avant l’unification, des cadres dirigeants des partis. Ceux-ci ont été formé par des années de pratique. Ceux qui peuvent juger de leurs qualités et de leurs défauts sont bien au premier chef, les militants dont ils ont impulsé l’activité. C’est ce que permet la parité.

Elle prend en compte les acquis respectifs, l’importance comparable dans l’ensemble des deux partis dans la lutte politique aujourd’hui ; son refus devrait être justifié par la démonstration d’une inégalité sensible, sur le plan qualitatif et quatitatif des partis.

De plus elle contraint à une remise en question des habitudes prises de part et d’autres, en ne retenant que ce qui est fondé et positif dans la pratique de direction, elle incite à une mise en commun des acquis, elle offre plus de moyens dans la création d’un parti nouveau à partir des partis fusionnés.

Elle répond à une situation de longue confrontation des partis en France, et pour l’essentiel l’argument de division que peut faire naître l’impression d’une absorption d’un parti par un autre » (Lettre de notre CC du 12 juin cf. document en annexe).

Que s’est-il passé depuis qu’a été fait dans tout le Parti ce « point sur l’avancée du processus d’unification avec le PCML » avec le document portant ce titre. Plusieurs discussions entre les délégations des deux comités centraux, ainsi qu’un échange de lettres entre les deux CC, (reproduites en document plus loin), ont permis finalement de réduire les divergences importantes qui demeuraient encore à propos du cheminement du processus unitaire.

Nos arguments sur la parité développés dans la lettre du CC du 12 juin, joint à notre proposition que les décisions importantes du CC du futur parti soient prises à une majorité qualifiée des 2/3 quand l’unanimité ne peut être trouvée, ont finalement permis de lever des objections de nos partenaires et de leur démontrer plus solidement que notre proposition, contrairement à ce qu’ils disaient craindre, n’était nullement contraire au centralisme démocratique, et constituait tout le contraire du risque d’un maintien de deux blocs dans le parti unique.

Ce point acquis, en même temps que progressait la rédaction des deux derniers textes communs portant sur « guerre et révolution » et « socialisme », l’obstacle majeur à l’entrée dans la dernière phase du processus d’unification se trouvait levé.

Nous avons donc été amenés à mettre au point avec le PCML un protocole d’accord précisant la progression du processus unitaire dans sa dernière phase. Ce protocole en même temps qu’il énonce la nécessité de la parité comme solution concrète dans notre pays au processus de fusion des deux partis, souligne la nécessité d’engager l’unité d’action à tous les niveaux en la combinant avec les discussions politiques, au début de l’automne, unité d’action menée sur la base d’une harmonisation des plans detravail et qui doit progressivement parvenir à se généraliser.

Le protocole annonce la rédaction d’un texte entre les deux partis sur la manière de lutter correctement contre le gauchisme, ainsi que celle d’un document sur la division des forces marxiste-léniniste en 70. Le protocole traite de la fusion progressive du système de presse. Il traite des modalités de préparation du Congrès d’unification, rassemblement des Congrès de chacun des partis.

Que faut-il penser de ce protocole d’accord signé par notre Comité central avec celui du PCML ? Deux choses:

a) Il se situe dans le cadre des orientations tracées par notre IIIe Congrès, et précisée ensuite au fur et à mesure par notre Comité central.

Nous avions souligné au Congrès la nécessité de fair aboutir le processus unitaire en rappelant comment il devait par son aboutissement fournir des armes supplémentaires dans la lutte contre le gauchisme structurel, et se trouvait conditionné par la garantie que nous devions avoir de pouvoir faire partager nos acquis. Le Comité central avait en ce sens adopté une résolution sur le processus unitaire en en traçant les modalités concrètes.

L’examen du protocole d’accord montre que les dispositions essentielles arrêtées à ce moment son respectées. L’achèvement de la rédaction des 4 textes (le 4e est en voie d’achèvement), le développement à tous les niveaux de l’unité d’action combinée aux discussions politiques pendant une période suffisamment longue pour approfondir l’accord politique et unifier nos démarches, la préparation centraliste-démocratique du Congrès d’unification par une discussion approfondie à tous les niveaux d’un projet de programme et d’un projet de statuts, la parité, tout cela qui pour nous constituait l’essentiel se retrouve investi dans le protocole d’accord.

Certes, la réalisation concrète du processus d’unification n’a pas épousé jusqu’ici trait pour trait le schéma avancée au mois de novembre dernier. Chacun sait que les grandes difficultés rencontrées pour mener à fond un certain nombre de discussions politiques à tous les niveaux avec nos partenaires a conduit à une certaine impasse, tant du point de vue du développement de l’unité d’action progressive, que du point de vue de l’approfondissement de l’unité politique.

C’est justement en fonction de ces difficultés et en retenant les propositions essentielles du Parti avancées lors du IIIe Congrès et formulées par la session plénière du CC issu du IIe Congrès: prendre l’offensive dans la question de l’unité, la réaliser dans les délais d’un an à un an et demi, que le CC a dû ajuster concrètement ses propositions aux propositions de nos partenaires. C’est inévitable dans le cadre d’une discussion paritaire.

On doit cependant estimer que sur le fond notre position est maintenue fermement: en effet, l’approfondissement de l’unité politique sur toutes les questions (et pas seulement sur les 4 thèmes) s’effectuera dans le cours des rencontres à tous les niveaux entre les deux partis, pendant une période prolongée, et particulièrement sur la base de la préparation du congrès d’unification, de la discussion du projet de programme et de statuts.

Simplement, du fait du retard occasionné par le blocage apparu fin 1978, la progressivité de l’unité d’action entre les deux partis est remise en cause, d’emblée elle sera très large, selon les possibilités concrètes et les plans de travail. Pour le reste, ce qui était défini est tout à fait respecté. Le CC estime que cette modification du schéma initiale prévu par notre Parti n’affecte pas l’essentiel de notre conception de l’unification et constitue un compromis nécessaire.

b) Il ouvre une situation nouvelle dans le processus unitaire. Ce qui n’était qu’une simple probabilité que nous nous efforcions de faire aboutir positivement devient un processus concret sanctionné par un calendrier pour l’unification.

Le calendrier fixé s’il respecte la durée qui nous semble nécessaire, comporte une série d’étapes qui dans les faits vont transformer assez rapidement la densité des relations entre les deux partis à tous les niveaux. Il faut donc être pleinement conscient que nous rentrons ainsi dans la dernière phase du processus unitaire précedant le congrès d’unification, et que cela va entraîner dans notre travail un certain nombre de transformations qu’il nous faut bien mesurer et maîtriser. Cela exige notamment d’éviter deux écueils:

— Celui consistant à adopter une attitude sectaire bloquant toute unité d’action, mettant en avant les divergences secondaires et empêchant ainsi l’unification politique de se construire sur des bases justes. Croire qu’en procédant ainsi on défend les acquis du Parti, c’est se tromper lourdement, c’est mal utiliser les moyens que nous donne l’avancée du processus unitaire pour mieux faire connaître nos positions, et convaincre nos partenaires de leurs justesses et apprendre à apprécier leurs acquis propres.

— Celui consistant à perdre de vue la nécessité fondamentale, pour le développement même du parti unifié , de garantir les acquis de notre Parti, d’envisager l’unification comme une solution de facilité, comme une rupture radicale avec tout le travail d’édification entrepris jusque là.

Il est particulièrement nécessaire de bien comprendre au contraire, que ce qui nous semble essentiel pour la construction du Parti communiste en France doit être pris en compte par le parti unifié. Pour cela, la démonstration concrète de la validité de nos propositions doit être sanctionnée par le développement réel de notre Parti pendant la période qui s’étend jusqu’au congrès de fusion (juin 1980). 

Pendant cette période il s’agira d’articuler concrètement le développement de l’unité d’action et de l’unité politique avec nos partenaires et le développement propre du Parti. Cela ne sera pas toujours facile, et devra s’effectuer dans le rejet de toute attitude sectaire, et dans le rejet de toute illusion de l’unité sans luttes d’idées. Il va de soi que pour la lutte d’idées, les réalisations concrètes, les faits sont les arguments et les critères irremplaçables.

Développer le Parti est donc une condition indispensable d’une bonne unification. De même le IVe Congrès de notre Parti qui devra se tenir dans les délais indiqués par le « protocole d’accord » aura pour tâche de tirer le bilan du Parti depuis sa constitution. La systématisation de nos acquis, une claire vision des problèmes à résoudre, l’unification qui en ressortira permettra ainsi d’aborder la phase de la fusion dans de bonnes conditions.

Le Comité central demande à tous les camarades du Parti d’étudier avec soin les différents documents sur le processus unitaire, qui se trouvent joints, ainsi que ceux adoptés par le Congrès et après, pour s’assimiler la démarche du Parti.

Des réunions destinées à clarifier les questions posées à propos du processus unitaire, et à unifier solidement le Parti seront organisées dans toutes les régions par le Comité central. 

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Résolution sur l’unité (1978)

[Résolution prise au 3e congrès, novembre 1978.]

Le IIIe Congrès du PCR ml a examiné l’avancée du processus d’unification avec le PCML. Il a apprécié comme un pas particulièrement important les progrès effectués depuis le début de l’année 78. L’impulsion d’une campagne électorale commune, le travail en commun de nos militants dans des comité locaux, les contacts ainsi noués à la base, ont permis que, sur la base d’une pratique commune, nos camarades apprennent à se connaître, et à développer les points d’accord.

Les discussions engagées de manière régulière à tous les échelons de nos deux Partis ont permis, grâce à une étude sérieuse, un approfondissement de nos points de convergence. Elles ont permis de mieux apprécier les acquis idéologiques, politiques, organisationnels respectifs de nos deux organisations sur la base de leur propre pratique.

Sur la base de ces progrès déjà effectués dans l’unification, le PCR ml estime que l’unification des marxistes-léninistes au sein d’un même parti constituerait dans notre pays une arme importante pour combattre l’hégémo,ie révisionniste dans la classe ouvrière et dans le peuple.

Permettant de renforcer le travail communiste dans les entreprises, dans les syndicats, d’étendre l’influence de la presse et des idées communistes, elle permettrait également, grâce à la mise en commun et au développement des acquis des deux partis, que la nouvelle organisation s’engage plus profondément dans l’organisation et la mobilisation des masses populaires de notre pays.

Cette unification devra se faire sur la base d’une juste ligne politique et idéologique. Elle doit permettre un réel développement dans la pratique des principaux acquis du marxisme-léninisme, du maoïsme dans notre pays.

L’élaboration continue d’une ligne politique sans cesse plus juste, sans cesse plus précise, l’édification d’une organisation sans cesse plus solide exigent que soit pleinement mise en oeuvre la participation démocratique des cellules à l’édification de la ligne.

Ainsi, l’unité de nos deux organisations, leur fusion en un seul parti peut se faire, à notre sens, dans un délai convenable.

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Une seule solution, le socialisme (1977)

[Tiré du Manifeste pour le socialisme, 1977.].

Une telle situation de crise politique dans notre pays, ne peut connaître de dénouement en dehors d’un affrontement massif entre le camp du peuple et celui des classes dominantes.

La bourgeoisie ne peut espérer voir s’alléger les multiples pressions qui déterminent sa situation de faiblesse et de crise politique dans laquelle elle est plongée. Inéluctablement, les antagonismes de classe qui se manifestent aujourd’hui avec une particulière acuité, vont connaître un développement qui va porter la crise politique actuelle à un stade supérieur ouvrant ainsi une crise nationale, une crise révolutionnaire.

Crise nationale et révolutionnaire; à la fois parce qu’elle mettra aux prises dans un gigantesque affrontement toutes les classes et couches sociales de notre pays qui doivent choisir leur camp entre les deux classes irréductiblement antagoniques, la bourgeoisie et le prolétariat; à la fois parce que l’enjeu de cet affrontement sera clairement et nettement aux yeux de tous la question du pouvoir.

Mettant en marche toutes les couches du peuple, et avant tout les ouvriers et les paysans, qui affirmeront leur volonté de ne plus continuer à vivre comme avant, la crise les verra se dresser contre les classes dominantes marquées par la faiblesse, l’hésitation et la division, et qui ne pourront à cause de cela plus continuer à gouverner comme avant.

Cette contradiction entre ceux d’en bas qui ne veulent plus être gouvernés comme avant, et ceux d’en haut qui ne peuvent plus gouverner comme avant ne peut être dénouée que par un affrontement révolutionnaire.

Sachant cet affrontement inévitable, et sachant que de son issue dépend la possibilité ou non d’engager la construction d’une société sans exploiteurs, la classe la plus révolutionnaire, le prolétariat se doit d’organiser toute son activité dans cette perspective et précisément celle-là : la prise du pouvoir.

Mettant à profit la crise pour forger son autonomie face aux détachements de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, le prolétariat noue en même temps avec les autres couches du peuple une alliance qui crée les conditions de l’isolement des classes exploiteuses, accentue leur crise et rend possible à terme l’assaut décisif contre la bourgeoisie.

Le développement de ce processus d’accumulation des forces pour la révolution socialiste, s’accélère considérablement dans cette période de crise révolutionnaire, parce que cette dernière fait apparaître nettement aux yeux de tous les travailleurs, ce qui était jusqu’à présent latent, sous-jacent, enfoui.

Véritable école accélérée pour les masses populaires, la crise révolutionnaire leur révèle la vraie nature des différentes forces politiques, qui ne peuvent plus masquer la réalité de leur projet derrière des comportements ambigus, mais doivent prendre franchement position pour l’un ou l’autre camp.

Les forces sociales hésitantes doivent aussi se déterminer, ou adopter une attitude neutre qui leur interdit de peser sur l’issue de l’affrontement qui se prépare. Par la netteté du tableau qu’elle dresse des antagonismes de classes, des intérêts de chacune d’elles, et du programme qu’elles veulent réaliser, la période de la crise révolutionnaire permet progressivement à chaque travailleur d’oeuvrer de manière consciente pour le renversement de la bourgeoisie.

Le processus de développement de la crise révolutionnaire, conduit progressivement au renforcement de la détermination et de la cohésion du camp du prolétariat qui en vient à saisir avec clairvoyance qu’il ne peut espérer d’amélioration durable de son sort sans la conquête du pouvoir et l’évincement, pour lequel il est prêt à se battre, de la bourgeoisie en tant que classe dominante.

En même temps le camp de la réaction hésite, se divise, tergiverse sur le meilleur moyen de reconstituer son pouvoir qu’il sent lui échapper. Quand ces conditions politiques sont remplies, la crise nationale est mûre, et l’assaut doit être donné à la bourgeoisie : c’est le moment de l’insurrection prolétarienne.

L’insurrection est nécessaire parce que la classe capitaliste qui depuis des décennies exploite des générations de travailleurs, fait reposer son pouvoir sur des corps spéciaux répressifs placés au dessus de la société et qui sont avant tout destinés à être le dernier rempart de la bourgeoisie, à écraser le mouvement populaire s’il réclame le pouvoir.

L’exemple tragique du Chili est là pour rappeler aux travailleurs ce qu’il en coûte de laisser en place les instruments que la bourgeoisie a forgés pour la contre-révolution.

Croire que la bourgeoisie, même affaiblie, divisée, hésitante serait prête à renoncer pacifiquement à son pouvoir et à céder, non pas à des exigences partielles du mouvement révolutionnaire des masses, mais à cette exigence là précisément, celle du pouvoir, c’est se tromper lourdement.

36, 45, 68, et toute l’histoire de notre peuple sont là pour nous rappeler que, confrontée à la croissance des exigences du mouvement révolutionnaire, la bourgeoisie affaiblie est prête à faire des concessions, à louvoyer, à reculer même nettement, mais pour autant que la question du pouvoir, de son pouvoir soit éludée, et non remise en cause, parce que c’est justement ce qui lui permet ensuite de profiter d’un certain essoufflement du mouvement des masses, pour contre-attaquer et réimposer sa dictature sur toute la ligne.

C’est pourquoi le prolétariat, loin de se laisser abuser par la faiblesse et les hésitations de la bourgeoisie, doit au contraire les mettre à profit pour consolider son camp, assurer son autonomie et ses alliances en se fixant pour objectif précis, la conquête du pouvoir par l’insurrection prolétarienne.

La préparation consciente des masses populaires à cet objectif, la capacité des ouvriers les plus éclairés rassemblés dans le parti d’avant-garde, de faire parvenir toute la classe ouvrière, à travers le processus de la crise révolutionnaire, à la compréhension de la nécessité de l’insurrection prolétarienne, et à la détermination de tout faire pour la conduire au succès, c’est de cela que dépend en définitive l’issue de la crise révolutionnaire, et la possibilité d’entamer enfin la construction du socialisme dans notre pays.

Cette insurrection prolétarienne est tout le contraire d’un putsch, ou d’un grand soir comme le propage complaisamment la bourgeoisie, pour discréditer cette perspective. Ce n’est pas un complot fomenté pas un groupe de conspirateurs ou même un parti, mais une offensive déclenchée par une classe et prenant appui sur tout l’élan révolutionnaire d’un peuple.

Ce n’est pas un complot fomenté dans le secret et qui prendrait par surprise à la fois les adversaires de cette révolution en même temps que le peuple lui même, au contraire, c’est le point d’aboutissement de tout un processus où progressivement les travailleurs ont pris conscience de la nécessité d’abattre par la violence révolutionnaire la bourgeoisie qui prépare la contre révolution armée.

Enfin ce n’est pas un acte déclenché un peu au hasard, où une sorte de va-tout serait joué, mais cette insurrection se situe à un moment particulier au moment où culmine la crise révolutionnaire, que la classe ouvrière doit déterminer en appréciant à la fois ses propres facteurs de cohésion, de détermination, d’esprit d’offensive et les facteurs d’indécision, d’hésitation sur la voie à suivre qui habitent la classe bourgeoise.

Et une fois ce moment favorable déterminé, l’insurrection doit être conduite par l’avant-garde de la classe ouvrière, le parti communiste, en mobilisant toute la classe ouvrière de manière centralisée, avec fermeté, et décision, suivant un plan préétabli, permettant de détruire rapidement la résistance de l’ennemi de classe en s’appuyant sur la décomposition partielle des propres forces militaires de la bourgeoisie.

La condition pour que la classe ouvrière apporte cette issue favorable à la crise révolutionnaire, est que, dans le cours même de cette crise, elle ait fait l’expérience de la nature bourgeoise des propositions du PCF. S’il a rompu récemment avec toute référence formelle à la dictature du prolétariat, le PCF a rompu depuis bien plus longtemps déjà avec toute stratégie révolutionnaire.

Déployant toute son énergie à dévoyer à son profit l’énergie révolutionnaire du prolétariat, le PCF s’est acharné à colporter dans la classe ouvrière l’illusion stupide, démentie par toute l’histoire du mouvement ouvrier, que le passage pacifique au socialisme était possible, et qu’une simple mobilisation populaire suffirait à dissuader la bourgeoisie d’utiliser ses armes contre les travailleurs.

Toute progression de la classe ouvrière vers la prise du pouvoir exige une rupture effective avec cette illusion bourgeoise, aussi vieille que le mouvement ouvrier.

Plus largement c’est en construisant une démarcation nette avec le projet du PCF non seulement du point de vue de la manière de prendre le pouvoir, mais aussi du point de vue de la société qui en résultera et de la nature du pouvoir instauré, que la classe ouvrière réussira à forger son autonomie, autonomie indispensable pour faire avancer son projet révolutionnaire.

Les premières démarcations apparues dans le cours de la crise politique actuelle, à l’occasion de telles ou telles luttes ou de telles ou telles actions ont été tracées sur la base de l’expérience des propositions révisionnistes faite par des travailleurs; demain dans le cours d’une crise révolutionnaire, c’est massivement que les travailleurs feront l’expérience du comportement du PCF et de la manière dont il tentera de manipuler le mouvement des masses pour faire progresser son projet de capitalisme d’Etat au détriment d’une partie de la bourgeoisie actuelle et avant tout au détriment des travailleurs.

C’est cette expérience directe qui permettra à la classe ouvrière, dans sa masse, de saisir la nature réactionnaire du projet du PCF et de s’opposer avec conséquence aux tentatives de ce parti de détourner à son profit le combat révolutionnaire qui sera engagé.

La perspective concrète du socialisme en rupture nette avec le capitalisme d’État que le PCF prétend imposer, contribuera à tracer cette ligne de démarcation entre le projet bourgeois du PCF et le socialisme pour lequel se battent les travailleurs.

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Les contradictions ville-campagne (1977)

[Tiré du Manifeste pour le socialisme, 1977.].

Parmi les grandes tâches que les masses auront à résoudre pour l’édification de la société socialiste, celle de la résolution des contradictions entre la ville et la campagne, entre l’industrie et l’agriculture, entre la classe ouvrière et la paysannerie est une des plus urgentes.

Sur le plan politique, il s’agit de consolider l’alliance qu’ouvriers et paysans pauvres commencent à construire dans le combat pour la révolution socialiste. Dans la phase d’édification du socialisme, il faut donner à cette alliance une base objective qui, au lieu de creuser l’écart entre les deux forces révolutionnaires, rapproche au contraire leurs pratiques, leurs points de vue, sous l’impulsion de la classe ouvrière.

Sur le plan économique, la résolution progressive de cette contradiction a deux faces indissociables: supprimer le gonflement parasitaire des villes, et développer le reste du territoire.

D’autre part, les transformations qu’il sera nécessaire de réaliser concernent à la fois l’industrie, l’agriculture et le secteur « tertiaire » si développé aujourd’hui dans les villes et notamment à Paris. La différence entre la ville et la campagne est le point où viennent se cristalliser un grand nombre de problèmes que la société socialiste doit résoudre.

La notion de tertiaire est très floue: elle désigne toutes les activités qui ne sont ni l’industrie, ni l’agriculture. Avec 11 millions de personnes, soit plus de la majorité de tous les « actifs » (salariés ou non), cette catégorie regroupe aussi bien le commerce, l’artisanat, l’administration, les services de santé et les PTT, les services financiers, …

La croissance très rapide de ces activités depuis la seconde guerre mondiale est la manifestation du pourrissement de l’impérialisme, car si un certain nombre de ces activités sont utiles pour satisfaire les besoins sociaux, beaucoup d’autres ne sont que le produit de la nature capitaliste de notre société, de son développement parasitaire.

La décentralisation de l’activité économique et du pouvoir politique, les transformations de certaines institutions comme les impôts ou la Sécurité Sociale, conduiront à une réduction importante du poids de l’administration qui emploie aujourd’hui près de 4 millions de personnes.

La transformation du système de santé qui débouchera notamment sur une médecine gratuite aura pour conséquence d’alléger considérablement la très lourde institution de la Sécurité Sociale qui emploie plus de 200 000 personnes -sans compter tous les emplois administratifs dans les hôpitaux occupés à remplir de multiples papiers.

De même la modification du système des impôts (par exemple le remplacement de l’impôt sur le revenu par un prélèvement sur la production de l’entreprise pour tous les travailleurs de l’industrie) peut permettre d’alléger considérablement l’administration des impôts qui emploie près de 100 000 personnes…

Enfin, dernier exemple, une multitude de tâches de gestion sont actuellement centralisées, bureaucratisées et seront demain assumées localement au sein même des organisations de base du pouvoir. De telles transformations briseront le rapport oppressif que l’administration fait peser sur les masses.

Plus d’un million de personnes travaillent dans les services financiers, juridiques, immobiliers qui sont les prolongements du capital industriel et autant dans les bureaux des entreprises. Si une part de ces activités correspond à des tâches utiles (comptabilité et paie des salariés, services d’achat et de vente…) la simplification administrative, la lutte contre la bureaucratie allègera sensiblement le travail requis par ces tâches.

D’autre part un certain nombre de ces services disparaîtront complètement. C’est le cas de la publicité, de services financiers uniquement liés à la propriété privée, des sociétés immobilières…

Enfin le système bancaire étant complètement réorganisé par la suppression du réseau de guichets publics au profit des services bancaires des P.T.T. et par la concentration sur la banque d’Etat de toutes les transactions financières liées à l’activité économique, la concurrence entre banques disparaîtra et avec elle le gaspillage qui en résulte.

Si le pouvoir socialiste est fondé à opérer rapidement la transformation des structures administratives, faute de quoi le pouvoir des masses risquerait d’être compromis par la pesanteur rétrograde de l’administration, il faut que les conséquences de ces transformations sur la situation des employés concernés soient clairement débattues dans leurs organisations.

En ce domaine comme dans tous les autres, les choses ne peuvent avancer à coups de décrets venant d’en haut, car ce qui est en jeu ici c’est la participation active, consciente de la masse des employés, aujourd’hui rouages anonymes de l’immense machine bureaucratique, à la reconstruction d’une administration servant les intérêts de l’édification du socialisme.

Si certains cadres devront sans doute être ménagés, dans la mesure où leur savoir technique est utile et tant que les travailleurs n’auront pas assimilé ce savoir, un très grand nombre d’entre eux seront fermement invités comme tous les parasites bourgeois à aller réanimer par leur travail les régions que le développement du capitalisme a vidées de leur substance.

Le poids de tous les services administratifs, publics ou privés, dans l’activité concentrée dans les grandes villes -et notamment Paris, se trouvera donc réduit d’une part en raison de l’allègement de tes services et d’autre part par la décentralisation de ces activités; cela apportera une contribution positive à la politique de désengorgement des villes et donc à la solution des écarts entre ville et campagne.

Le retour au pays, au village où des millions de citadins d’aujourd’hui sont nés et dont ils ont été chassés par le chômage, permettra progressivement de désengorger les grandes villes.

D’autre part, le rétablissement au sein même des grands centres des activités productives qui ont été étouffées par le développement des bureaux permettra de reconstituer une véritable vie sociale dans les quartiers qui sera encore favorisée par un effort pour réaliser, sur la base de la réanimation des quartiers, le rapprochement entre domicile et travail.

C’est non seulement l’élimination de tous les gaspillages de temps et de richesses que cette restructuration des villes permettra, mais aussi la possibilité de constituer de véritables collectivités qui pourront prendre en charge leurs affaires.

Si la résolution de la contradiction entre ville et campagne suppose de profondes modifications des villes, elle repose surtout sur la transformation des campagnes: transformation de l’agriculture et industrialisation de l’espace rural.

L’agriculture actuelle doit être révolutionnaire tant sur le plan de sa production que sur celui de son organisation sociale.

Les grands domaines des paysans capitalistes et des propriétaires fonciers seront immédiatement collectivisés devenant propriété d’Etat et exploités par les anciens ouvriers agricoles, par des paysans pauvres n’ayant pas assez de terre pour vivre.

Les anciens exploitants, s’ils acceptent le rôle dirigeant des ouvriers agricoles et des paysans pauvres, pourront être associés à l’exploitation de ces terres. La gestion de ces fermes d’État devra sur un grand nombre de questions être prise en charge par les organisations de base locales du pouvoir socialiste.

Le caractère avancé de cette forme d’organisation de l’agriculture constitue un stimulant à la socialisation d’ensemble de l’agriculture.

Car si la collectivisation du petit nombre de grandes exploitations accaparant une partie importante de la superficie agricole totale ne soulève pas de grandes difficultés, la transformation de l’agriculture doit résoudre surtout le problème des paysans pauvres qui n’emploient aucun salarié, qui ont tout juste aujourd’hui de quoi subsister et qui sont constamment acculés à la misère, à l’exode.

Un décret de collectivisation des exploitations de ces paysans serait doublement erroné. En premier lieu parce qu’ils restent attachés à leur petite propriété qui leur semble, à tort, une garantie d’indépendance. A tort parce qu’aujourd’hui le capital parvient à se soumettre le travail des paysans par les contrats, par les prix, par le crédit, sans toucher à la propriété formelle du petit paysan. Mais, c’est dans la pratique, par l’expérience qu’il faut convaincre ces paysans que la socialisation de l’agriculture constitue bien la véritable issue pour eux.

La collectivisation forcée, que la bourgeoisie s’emploie à présenter comme le projet des communistes pour détourner les paysans pauvres de l’alliance avec la classe ouvrière, serait aussi une erreur économique. En effet des rapports de production socialistes fondés sur la propriété sociale n’ont de sens que si les forces productives ont elles mêmes acquis un caractère social. Ce qui n’est pas le cas de la petite production parcellaire.

Pour ces deux raisons la socialisation de la petite production agricole doit se réaliser par étapes, par le développement de la coopération entre paysans: mise en commun de certains instruments de production, exploitation en commun des terres.

Dans les organisations de base du pouvoir le débat sur les transformations socialistes de la campagne sera impulsé par les ouvriers pour que les idées fausses léguées par la société capitaliste soient combattues en profondeur en s’appuyant sur les expériences les plus avancées de socialisation, sur les avantages qu’elles apportent aux paysans qui y participent.

Sur le plan de la production de grands efforts devront être faits pour que la production de la campagne et notamment celle de l’élevage fournisse des produits de qualité. Alors que dans la société capitaliste la bataille des rendements imposée par la concurrence débouche sur la baisse de qualité des produits, l’agriculture socialiste devra progressivement reconstruire toutes les chaînes alimentaires.

La recherche agronomique sera développée sur de nouvelles bases, prenant pour axe de produire dans les meilleures conditions des produits de qualité.

La baisse des rendements qui pourra en résulter sera largement compensée, au fur et à mesure du développement de la coopération socialiste, par une meilleure efficacité des équipements agricoles et de l’emploi des hommes.

Cette lutte pour produire des biens agricoles satisfaisant mieux les besoins alimentaires ne pourra être menée par les paysans qu’en rapport étroit avec les masses, notamment des ouvriers, par des enquêtes auprès des consommateurs.

C’est surtout dans le domaine de l’élevage, de la production viticole et fruitière, des produits maraîchers que les plus grands progrès sont à faire.

L’autre aspect de la transformation socialiste des campagnes est l’industrialisation de l’espace rural. Le dépeuplement des campagnes et l’hypertrophie des villes ne peuvent être combattus que par une profonde redistribution de l’industrie dans le territoire national.

La résolution de la question de l’énergie et des matières premières, qui est une des conditions de l’indépendance de la France socialiste, sera un facteur de la décentralisation industrielle. Car, autour des multiples centres de production de ces produits, des industries de transformation peuvent se développer ce qui permettra par ailleurs de substantielles économies de transport.

La décentralisation sera aussi guidée par la volonté de répondre pleinement au mot d’ordre des masses « vivre et travailler au pays » et par le souci de permettre à ceux qui ont dû émigrer dans les villes de retourner au pays. Cet objectif rencontre celui d’implanter chaque fois que c’est techniquement possible des unités de production industrielle de petite taille à proximité des lieux de consommation.

Un grand nombre de produits d’usage courant, notamment ceux nécessaires à l’agriculture peuvent ainsi être produits dans des usines installées au niveau de l’arrondissement ou du département.

Une telle répartition, outre les économies de transport, permet un allègement des tâches de commercialisation et une meilleure adaptation quantitative et qualitative aux besoins. Enfin elle renforce les liens entre ouvriers et paysans par le rapprochement des activités agricoles et industrielles, qui se traduit par la présence côte à côte des ouvriers et des paysans dans les organes du pouvoir local.

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Le Parti de type nouveau (1977)

[Tiré du Manifeste pour le socialisme, 1977.].

POUR LA RÉVOLUTION ET LE SOCIALISME, LE PARTI COMMUNISTE DE TYPE NOUVEAU

Depuis qu’il s’est constitué en classe, face à la bourgeoisie exploiteuse, quatre fois au moins le prolétariat de notre pays a secoué le joug qui l’opprime jusqu’à ouvrir une brèche sérieuse dans le système de domination capitaliste. Trois fois, la révolution prolétarienne a frappé à la porte de l’Histoire: 1871 -1936- 1945-.

Si l’assaut victorieux n’a pu être donné, si l’initiative décisive n’a pu être prise, c’est bien parce qu’à chaque fois, ou le parti de la classe ouvrière n’existait pas, ou il a fait obstacle au développement du processus révolutionnaire. Espoirs déçus, amertume de la défaite qui appellent avec d’autant plus de force la nécessité de construire en France le parti de type nouveau.

Mais pourquoi cette nécessité aujourd’hui dans notre pays ? Au lendemain de la première guerre mondiale, au congrès de Tours, était créé le Parti Communiste Français. Parti qui devait s’édifier pour élaborer les tâches de la Révolution propres à la situation dans notre pays.

Cela exigeait de lui, à l’image du parti bolchevik, une rupture radicale avec les orientations et pratiques des partis de la deuxième Internationale. Orientations et pratiques qui détournaient la classe ouvrière de la préparation de la Révolution et voulaient la mettre à la remorque de la politique bourgeoise.

Même s’il a su mener des actions révolutionnaires importantes, le PCF s’est montré incapable, dès 36, de faire prévaloir dans la situation de crise ouverte, les intérêts autonomes de la classe ouvrière. En 1945, c’est la ligne révisionniste qui l’emportait, ligne de capitulation.

Avec la scission opérée au sein du mouvement international par les révisionnistes khrouchtchéviens, le PCF devient irrémédiablement un parti bourgeois. C’est en tous points contre ce parti que doit se construire aujourd’hui, se développer le parti de type nouveau.

Contre les partis de la deuxième Internationale, entrés dans le jeu politique bourgeois, le parti bolchevik traçait en URSS, en Octobre 17, la voie de la victoire pour la classe ouvrière.

C’était le premier pouvoir des soviets. Aujourd’hui en France, nous appuyant sur les principes universels de cette Révolution, il nous faut élaborer la théorie de notre propre Révolution. La situation est nouvelle.

L’expérience négative de la restauration du capitalisme en URSS, l’expérience positive de construction du socialisme en Chine nous montrent la nécessité d’une lutte intransigeante, à l’intérieur même. du parti contre tout. germe de dégénérescence. Sans cette lutte permanente, le parti communiste tend à se transformer en son contraire, un parti bourgeois.

Depuis 17, en France même, l’expérience négative et positive de la classe ouvrière s’est considérablement enrichie. On ne peut concevoir la construction du parti de type nouveau sans la rapporter à la situation concrète de la lutte de classes aujourd’hui, aux exigences nouvelles qui se font jour.

C’est en se fondant sur les acquis du prolétariat et des peuples du monde dans leur lutte révolutionnaire, en rapportant cette expérience accumulée à la pratique dans notre propre pays que se construira le parti nécessaire à notre révolution.

Par la liaison des principes universels concernant l’édification d’un parti communiste à l’expérience même de construction du parti en France, s’édifiera le parti de type nouveau, capable de tracer la voie de la révolution.

Quel parti proposons-nous ?

Le parti de type nouveau se développe en étroite liaison avec le recul du PCF, parti qui a définitivement renoncé à la défense des intérêts autonomes du prolétariat.

Cette opposition radicale porte non seulement sur le projet politique, sur l’analyse de la situation mais aussi sur le parti lui-même, son fonctionnement, sa liaison aux masses. De ce point de vue, l’expérience d’édification du Parti Communiste Chinois est porteuse d’enseignements universels à rapporter aux conditions spécifiques de notre pays.

Le parti rassemble la partie la plus consciente, la plus révolutionnaire de la classe ouvrière, élaborant une vision d’ensemble du développement historique. Pourquoi le parti ne peut-il regrouper immédiatement, organiser tous les prolétaires ?

Le fait même de la domination bourgeoise conduit à tronquer, à déformer la vision de la réalité et parvient momentanément à illusionner une frange de la classe ouvrière, à lui masquer la connaissance de son propre intérêt de classe.

De façon permanente, il existe une lutte d’idées où se confrontent des points de vue différents.

Ainsi deux conceptions du monde s’y affrontent. Celle que la bourgeoisie essaie d’imposer, celle que le PCF diffuse et qui entretient le pessimisme sur la possibilité de transformation révolutionnaire, qui prétend fixer de toute éternité la domination de la classe bourgeoise, qui entretient l’individualisme, le doute sur les capacités révolutionnaires du prolétariat de notre pays.

Et l’autre conception, prolétarienne, scientifique qui reflète le développement contradictoire de la réalité, la nécessité et l’inéluctabilité de la transformation révolutionnaire de cette société.

Elle exprime la voie de l’avenir. Le parti a pour tâche de participer à cette grande lutte d’idées, non pas pour y imposer un point de vue juste de l’extérieur, mais pour systématiser les idées justes qui existent, qui s’enracinent dans l’expérience quotidienne.

En effet, la vérité révolutionnaire, l’élaboration d’un point de vue juste sur la situation, la construction de la théorie de notre révolution ne peuvent se faire qu’en se fondant sur l’expérience accumulée par le prolétariat international qui s’enrichit du bilan de la pratique quotidienne de lutte des masses dans notre pays.

Le parti, dans ces conditions, ne peut en aucune façon constituer une machine bureaucratique décrétant ce qu’il faut faire, imposant son point de vue. La justesse de ses idées, c’est l’action même des masses qui la prouve. Le parti part fondamentalement du point de vue que ce sont les masses qui font l’histoire, qui constituent la force motrice de transformation révolutionnaire de la société.

Ce ne peut donc être qu’en systématisant les idées justes des masses, en partant de ces points de vue qui vont dans le sens de l’avancée de la Révolution, en les étudiant, et les rassemblant, qu’il peut construire à partir de là des propositions politiques qui correspondent aux tâches révolutionnaires du moment. Son énergie, sa force, reposent sur la liaison étroite avec la classe ouvrière.

Sa fonction est de libérer l’initiative créatrice qui existe dans les masses et non de se substituer à elles.

Ainsi, le parti ne peut prétendre être le dépositaire d’une vérité toute faite qu’il détiendrait a priori, il lui faut mener la lutte contre les idées fausses dans les masses et en lui-même, qui paralysent l’initiative, suscitent le découragement, ne prenant en compte qu’un aspect de la réalité, ne défendant pas l’intérêt d’ensemble du prolétariat.

C’est seulement ainsi, s’appuyant sur le bilan des expériences passées, liant celui-ci au mouvement actuel, qu’il élabore la théorie de la révolution en France. C’est seulement ainsi qu’il peut renforcer l’unité de la classe ouvrière autour des objectifs de son émancipation.

C’est seulement ainsi qu’il met celle-ci à même de sans cesse mieux connaître son propre intérêt d’ensemble, qu’il s’appuie totalement sur elle. Dans ces conditions, sur cette base, le parti peut élaborer le point de vue d’ensemble, inscrire l’action actuelle dans le développement historique.

Par l’application de la ligne de masse, le parti peut mobiliser largement, susciter l’enthousiasme pour la Révolution, lutter pied à pied contre les idées de capitulation.

Ayant pleine confiance dans les capacités révolutionnaires de la classe ouvrière, le parti développe la force d’initiative, la force créatrice de celle-ci. En opposition totale au PCF qui lui, recueille toutes les idées qui détournent le prolétariat de sa mission historique, il concentre en lui-même tout ce qui s’inscrit dans la perspective de la Révolution.

Refusant de compter seulement sur la force et l’activité de quelques uns, il s’appuie sur le plus grand nombre, faisant connaître très largement sa politique et les tâches du moment élaborées sur la base du bilan des luttes et victoires du prolétariat de notre pays et des autres pays.

Et c’est par la seule persuasion, par une large lutte d’idées que le parti combat et fait reculer les points de vue qui se dressent comme des obstacles à l’avancée révolutionnaire.

Dans son fonctionnement interne, le parti applique le principe du centralisme démocratique. Ainsi, l’élaboration de sa ligne politique, la construction d’un point de vue d’ensemble reposent sur tous les membres du parti.

De ce point de vue, le parti a pour tâche de transformer, de traiter, de concentrer en lui-même, sur la base de sa pratique sociale et celle des masses, les idées justes de celles-ci.

Sans ce travail d’élaboration interne, toute l’expérience acquise dans les luttes, toutes les idées issues de ces luttes, resteraient dispersées et ne pourraient devenir un acquis pour l’ensemble de la classe. En aucune façon, le parti ne peut élaborer sur sa seule base une juste ligne politique. Ce ne peut être non plus quelques personnes dans un parti qui peuvent élaborer les propositions politiques d’ensemble.

C’est chaque membre du parti qui s’approprie ce point de vue d’ensemble, et participe à son enrichissement en le confrontant à sa propre pratique sociale dans le cadre de sa cellule.

En approfondissant les leçons du travail quotidien à la lumière du marxisme-léninisme, en tirant le bilan des initiatives, en s’appuyant sur les victoires quotidiennes contre le révisionnisme, le parti peut tracer la voie de la Révolution.

Mais pourquoi le centralisme ? Pour fixer les tâches, il est nécessaire de faire l’analyse de la situation dans son ensemble. La lutte contre la bourgeoisie exige que le parti de la classe ouvrière puisse centraliser l’ensemble des éléments d’appréciation de la situation, puisse faire converger en un tout unique l’énergie révolutionnaire des masses.

Sans ce cadre strictement centralisé, c’est la dispersion des efforts qui s’effectue, c’est la dispersion des idées justes qui est maintenue.

Pour élaborer la théorie de la révolution, le parti se constitue nécessairement en force agissante qui guide la transformation révolutionnaire de la réalité. Par le renforcement du centralisme, le parti se donne les moyens de rassembler en un tout unique l’effort d’ensemble pour une progression effective dans la préparation de la Révolution.

Et cette discipline nécessaire dans l’action ne se présente nullement comme une contrainte extérieure, mais comme une nécessité interne pour une réalisation rigoureuse de tâches déterminées collectivement.

Le parti ne constitue pas un îlot dans la société. La lutte de classes qui traverse cette société, la lutte entre les deux voies qui existe dans la classe ouvrière se reflète nécessairement à l’intérieur même du parti.

Les points de vue justes n’existent donc pas d’emblée, ils se construisent, se précisent au cours même de la lutte entre deux voies, deux lignes, deux classes. Et c’est en maîtrisant de mieux en mieux cette loi de son édification que le parti peut s’édifier. Ainsi, il y a nécessité dans le parti d’une large démocratie prolétarienne.

Celle-ci en opposition radicale avec la démocratie bourgeoise qui se définit en négatif constitue le devoir pour chaque militant de participer à la vie politique, de donner son point de vue, d’exprimer ses idées.

Sans cette participation active, consciente de chacun, la démocratie est une coquille vide et l’élaboration d’un point de vue d’ensemble est compromise. Seule, cette large et vivante confrontation de points de vue, sur la base de la pratique sociale, permet la construction de propositions justes, auxquelles chaque membre du parti prend part.

Si des points de vue justes ne sont pas donnés d’emblée, mais sont le résultat d’un processus de lutte, cela signifie que le parti est amené à chaque moment, dans son fonctionnement à résoudre des contradictions.

Cela se fait par la critique et l’autocritique. Par ce moyen, peuvent être dépassés les points de vue partiels, superficiels, unilatéraux, par ce moyen, peuvent être combattues les conceptions étrangères au marxisme-léninisme, les influences révisionnistes dans le parti lui-même.

Ainsi, par son fonctionnement, le parti. donne les moyens à chacun de ses membres de s’approprier un point de vue d’ensemble, de s’assimiler le marxisme-léninisme, d’analyser une situation tout en la transformant. Mais le parti ne peut corriger les défauts et se renforcer en s’appuyant uniquement sur la vigilance révolutionnaire de ses membres. Il doit se soumettre à la critique des masses, se garder de masquer ses erreurs.

En effet, c’est en analysant lui-même ses insuffisances devant les masses, c’est en sollicitant leurs critiques, leurs suggestions que le parti peut s’édifier en véritable parti communiste. Loin de tenter de s’abriter de la critique des masses, le parti doit donner à celles-ci le moyen de contribuer à corriger les erreurs, en révélant celles-ci.

Ainsi, avec l’avancée dans l’édification du parti, les idées justes gagnent du terrain à l’échelle d’ensemble de la classe ouvrière. La participation active du parti à la lutte d’idées, à la détermination de tâches, permet une appropriation sans cesse élargie des problèmes liés à la révolution.

Dans ce processus, la ligne prolétarienne du parti se précise, correspond de plus en plus étroitement aux nécessités, aux exigences de la situation concrète. C’est cela fondamentalement qui conduit à une prolétarisation renforcée du parti, à un élargissement significatif et croissant de ses forces dans la classe ouvrière, rassemblant en lui tous les éléments les plus conscients, les plus expérimentés, les plus révolutionnaires.

Et ces camarades ouvriers prennent nécessairement une place de plus en plus importante dans ce parti qui est le parti de leur classe, non pas simplement en y étant de plus en plus nombreux, mais sur la base d’une assimilation plus approfondie de l’idéologie de leur classe, en devenant très largement dirigeants et cadres du parti. C’est là aussi une exigence fondamentale du parti de type nouveau.

A l’heure où dans notre pays, la société impérialiste révèle de plus en plus nettement son caractère décadent, où la Révolution constitue la seule issue possible, l’exigence de la construction du parti de type nouveau s’affirme avec une force accrue.

Il est porteur des espoirs de milliers de prolétaires, qui aspirent à la révolution, à la construction d’une société socialiste. Nombreux sont ceux qui au coeur des bagnes capitalistes, font l’expérience chaque jour du caractère d’exploitation et d’oppression de cette société. Concentrant l’énergie révolutionnaire du prolétariat de notre pays, systématisant l’expérience de celui-ci, il saura tracer la voie de la révolution prolétarienne.  

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L’anti-syndicalisme, rançon du révisionnisme (1977)

[Publié dans Front rouge, 1977.]

A propos du travail syndical

L’anti-syndicalisme, rançon du révisionnisme

Actuellement on assiste à un forcing des Confédérations syndicales pour leur développement. La CGT est toujours sur la lancée d’après son 39e Congrès du Bourget, avec la promotion des  » 3 millions d’adhérents « . La CFDT, pour ne pas être en reste, s’est donné des priorités de développement par Fédérations et Régions (notamment à la suite de son Conseil National d’octobre 76).

La course à l’adhésion, départ lancé, l’œil fixé sur la ligne d’horizon de 78, débouche sur une recrudescence d’esprit de boutique syndical (sensible depuis le printemps 76 déjà, mais qui ne fait que s’étaler davantage depuis…

La CGT, quant à elle, multiplie les opérations  » cartes en main  » (comment avoir toujours sur soi les cartes à placer et trouver toujours le  » bon moment  » et le  » bon argument  » pour cela !). Pourtant cela ne va pas sans problème !

Un courant de désyndicalisation se dessine dans certains secteurs ouvriers, rançon des échecs et atermoiements syndicaux de la période (et dont les révisionnistes dans la CGT et les réformistes dans la CFDT portent l’écrasante responsabilité).

A la faveur de ces difficultés dans le travail syndical et en plein aiguisement des contradictions au sein des centrales CGT et CFDT (alors que se mène une offensive de l’Union de la Gauche contre les pratiques et structures de lutte de classes dans les Confédérations), de vieilles thèses gauchistes refleurissent.

L’anti-syndicalisme revient faire la paire avec le réformisme syndical : se nourrissant l’un l’autre, ils s’opposent tous deux, de fait, à l’appropriation de l’outil syndical par la classe ouvrière pour son combat quotidien.

En juillet dernier, lorsque Séguy fièrement annonçait que  » déjà le chiffre de 2,4 millions d’adhérents a été atteint par la CGT « , il y avait maldonne. D’ailleurs, depuis, l’on n’a guère eu de nouvelles des 600 000 adhésions qui manquaient  » seulement  » pour atteindre l’objectif fixé à l’occasion des 80 ans de la CGT. Et pour cause : dans un document à l’usage des responsables fédéraux et départementaux, la direction de la CGT avouait 1,7 million pour cette même date de juillet 76 !

Si l’on aligne à côté de cela les 800 000 adhérents réels de la CFDT, on voit toute la marge de syndicalisation restant à franchir : 15% des salariés (mais tout de même 25% d’ouvriers) sont syndiqués CGT ou CFDT, actuellement.

 La rançon du révisionnisme

La jeunesse ouvrière, les OS immigrés, les femmes travailleuses fournissent les contingents les plus notables de non-syndiqués, de longue date et malgré différentes campagnes systématiques des confédérations à leur endroit (Georges Séguy ne vient-il pas d’annoncer encore, lors du Congrès de l’Union Départementale CGT des Bouches-du-Rhône une nouvelle initiative pour la mi-mai  » en direction de la jeunesse travailleuse « ).

Comme l’indiquait par exemple lors du 37e Congrès Confédéral CFDT, Yolande Colleret (de la Fédération du Papier-Carton-Livres et Services),  » on semble s’accommoder bien vite de la marginalisation des femmes, des jeunes, des OS, des immigrés, dans l’organisation syndicale « .

Leur sous représentation syndicale, le fait que ces travailleurs n’aient pas dans le syndicat  » le poids que devraient avoir les catégories porteuses de la critique la plus radicale du capitalisme  » et que  » les organisations syndicales ne reposent pas sur les couches qui contestent le plus le capitalisme « , tout cela joue à plein dans le sens d’une désaffection de l’outil syndical.

Mais la base de classe du syndicalisme est étroitement liée à la ligne mise en œuvre dans les confédérations. On ne mobilise pas impunément contre  » l’impôt sécheresse  » sur les positions de l’UGICT (cadres CGT) sans conséquence notable, par exemple, sur le recrutement : afflux d’éléments petits et moyens bourgeois  » salariés  » et stagnation (voir même cartes déchirées) en secteur ouvrier…

La volonté de  » cimenter l’unité syndicale  » sur les programmes bourgeois de la gauche (fussent-ils parés des paillettes de l’autogestion !) amène révisionnistes du P »c »F dans la CGT, partisans du PS (ou de son courant CERES) dans la CFDT, à mettre au pas toute opposition.

Les structures qui, par leurs prises de positions (ou même tout simplement par l’effectivité de leur pratique), remettent en cause les stratégies inféodées aux partis de l’Union de la Gauche, sont cassées, réprimées : 22e section du Livre CGT de Rouen (IMRO), UL CFDT 8e- 9e, UD CFDT de Gironde…

Les militants révolutionnaires dans la CGT (Télic) comme dans la CFDT (Berliet, SACM…) sont écartés, chassés…Les acquis les plus positifs d’une pratique syndicale issue des luttes avancées de la classe ouvrière sont bradés, réduits au rang de recettes organisationnelles (vidées de tout contenu prolétarien), comme les Comités de Grève dont les révisionnistes s’offrent le luxe depuis Chausson 75, par exemple.

La  » démocratie syndicale  » marche à sens unique ; elle n’est que soumission à la ligne et aux directions au service du Programme Commun issues de Congrès triés sur le volet (comme à la CGT) ou truqués. C’est en son nom que la véritable démocratie de masse et surtout de classe est piétinée par les directions confédérales.

Quoi d’étonnant dans ces conditions que certains travailleurs ne soient pas chauds pour adhérer et même que des cartes volent ?

Pour ces non-syndiqués ou anciens syndiqués, chassés de l’organisation ou écœurés, il est nécessaire d’avoir aujourd’hui les moyens de débattre entre eux et avec les syndicalistes qui maintiennent la lutte de classe dans les confédérations. Les échéances politiques de 78 et après, ouvrent largement la question du débouché politique et du développement de l’initiative ouvrière.

De fait les travailleurs cherchent ainsi à conquérir la parole et à gagner leur autonomie vis-à-vis du révisionnisme et du réformisme syndical, dans le cours de la construction d’un rapport de force contre la crise, d’un Front de lutte effectif.

Les syndicalistes y ont toute leur place et le syndicalisme de lutte de classe ne peut que s’en trouver revitalisé, politiquement dynamisé, dans le sens d’une alternative révolutionnaire aux actuelles directions confédérales sous la coupe du PC et du PS !

Quelques aperçus sur l’anti-syndicalisme dans le mouvement ouvrier en France

A l’origine des déviations ultra-gauches, anti-syndicales systématiques, dans le mouvement ouvrier, on retrouve toujours, en fait, une réaction à l’opportunisme de droite, parlementariste et à la collaboration de classe.

En France, on peut retrouver cette caractéristique de manière évidente au débouché des deux dernières guerres mondiales, comme effectivement la rançon du révisionnisme ancien puis moderne.

Dans la situation de crise créée par les conflits, à chaque choix traître aux intérêts de la classe ouvrière, deux répliques étaient possibles : se battre pour arracher les organisations que les travailleurs s’étaient données à l’emprise opportuniste ou s’en aller…

La lutte ou la valise… Mais fondamentalement, c’est bien le révisionnisme de chaque époque qui porte l’écrasante responsabilité de la division et contribue à nourrir les courants gauchistes (avec leur spécificité anti-syndicale), à leur fournir une  » justification  » en quelque sorte.

D’UN APRES-GUERRE…

Le mouvement ouvrier de France, face à la guerre de 14-18, vacilla. Les proclamations de  » guerre à la guerre « , les condamnations jauressiennes du  » capitalisme qui porte en lui la guerre comme la nuée l’orage « , ne tinrent pas.

La rage au cœur sans doute mais bien réellement quand même, des dirigeants syndicaux de la CGT d’alors partirent au front, Jouhaux, dirigeant de la Confédération, désavoua d’un coup toutes les résolutions de congrès contre les  » les folies meurtrières de l’Europe capitaliste « , en appelant, aux obsèques mêmes de Jaurès assassiné, à  » se lever pour repousser l’envahisseur « .

C’est l’  » Union Sacrée  » avec la bourgeoisie. Prise dans la tourmente nationaliste, la CGT ne peut résister aux fauteurs de guerre ni  » profiter de la crise sociale pour recourir à une action révolutionnaire  » (comme l’avait pourtant proclamé le manifeste CGT de 1912).

Le poids de l’idéologie dominante chez les travailleurs et dans la CGT fut le plus fort pendant longtemps. Au point de voir des gens comme Jouhaux se retrouver dans  » l’effort national  » avec Maurras, Lépine (l’ancien préfet de police), des ministres venus du parti socialiste comme A. Thomas et J. Guesde lui-même… aux côtés de la bourgeoisie impérialiste, des  » maîtres de forges  » !

Face à cette déroute, la résistance de syndicalistes aux Fédérations Métaux, du Bâtiment et des Cheminots, s’organisa.

Dès 1915, Merrheim, et Bourderon (des Métaux) déclaraient  » cette guerre n’est pas notre guerre « .

Relancée par les Conférences Internationales de Zimmerwald et Kienthal, cette résistance au chauvinisme maintient le syndicalisme de lutte de classe, organise en 1917 grèves et manifestations avec le Comité de Défense Syndicaliste. L’écho de la Révolution d’Octobre accroîtra encore l’impact dans la CGT du syndicalisme révolutionnaire (non pas au sens du  » syndicalisme d’action directe  » de G. Sorel mais en tant que syndicalisme contribuant au soutien de la Révolution en marche).

De son côté, l’essentiel de la direction de la CGT est passé à l’Union Sacrée (certains, comme Clémentel, volant au secours de l’impérialisme en pleine année 17 !!) et à aider à l’organisation de l’effort de guerre et donc de la production…

Au sortir de la guerre (et dès 1918, avec le premier Comité Confédéral National de la CGT) se développe une nette propension du syndicalisme officiel à s’orienter vers des  » réformes de structures « , des mesures permettant soi-disant  » une remise en ordre du potentiel économique français, profitable pour le patronat mais dont pourrait aussi profite la classe ouvrière « .

Le  » programme minimum  » issu du CCN de 1918, marqué par ces conceptions, sera suivi de la Constitution d’un Conseil Economique du Travail avec la CGT, chargé d’élaborer  » un plan de reconstruction et de développement économique « .

C’est là une origine certaine, bien que lointaine, de la participation CGT (qui ira croissant) à une multitude d’organisations  » paritaires « , de politique de  » concertation « , aux côtés de représentants techniques et politiques du pouvoir d’Etat bourgeois.

Il s’agit là aussi, au lendemain de la guerre, d’un précédent de taille pour une politique de  » reconstruction  » et d’effort national pour la reconstitution du potentiel et de la structure de l’Etat bourgeois impérialiste ( » Un seul Etat, une seule armée, une seule police  » et  » Union Française  » : ces mots d’ordre retentiront à nouveau de la Libération à 1947, quand Thorez était ministre…).

Il y avait de quoi soulever des tempêtes ! L’extrême gauche révolutionnaire au sein du Comité pour la Reprise des Relations Internationales puis du Comité pour l’Adhésion à la IIIe Internationale (née après octobre 1917) s’attacha, elle, à reconquérir la CGT à la lutte de classe et gagner le PS au bolchevisme.

Les grèves se succèdent au lendemain de la guerre (métallos, ouvriers agricoles puis cheminots…). Les révolutionnaires, tels Montmousseau ou Semard, joueront un grand rôle dans ces mobilisations et imprimeront un cours favorable à la Révolution d’Octobre et à la lutte en France, de l’intérieur de la CGT.

l Mais dans le même temps, se développe un soutien ambigu à l’URSS, une appréciation anarchisante en fait du caractère  » soviétique  » de la Révolution. Un courant ultra-gauche, pourtant issu (avec un responsable de la CGT du Bâtiment, Péricat) du Comité de Défense Syndicaliste, se fait jour un moment, sur des positions ouvertement anti-syndicales !

Exaspérés par la CGT de collaboration de classe des Jouhaux et compagnie, ces militants (de sensibilité politique manifestement libertaire) en venaient à condamner en bloc le mouvement syndical  » qui s’est mis à remplir un rôle dans le cadre capitaliste « .

L’organe de cette tendance  » L’Internationale  » retentit alors de proclamations anti-syndicales, reprise par l’éphémère Parti Communiste (que fonde Péricat en 1919) puis par une scission de celui-ci, encore plus ouvertement libertaire (la Fédération Communiste des Soviets) qui prône  » une organisation spontanée des prolétaires en conseils ou Soviets)  » . Une pyramide de soviets assurant la direction de la société et de l’Etat, tel est le but fixé par ce courant.

Pour accomplir cette tâche, il se refuse à reconnaître, dès lors, une quelconque utilité, une activité positive, du syndicalisme.

Le bain de sang de la révolution allemande de 1919, l’écrasement des spartakistes par la social-démocratie avec le concours des chefs syndicaux, leur faisait conclure au caractère définitivement réactionnaire du syndicalisme,  » parce que la révolution a été assassinée avec l’aide des syndicats en Allemagne « .

Et c’est la même généralisation (niant toute lutte entre deux voies dans le mouvement syndical) qui fera dire aux ultra-gauches des années vingt, après l’échec de la grande grève des cheminots trahie par la CGT de Jouhaux, que  » le syndicalisme marche de pair avec l’impérialisme  » et que donc il faut s’en détacher absolument, d’un bloc, et  » créer de nouvelles formes d’organisations ouvrières « .

Ce que Lénine considéra à l’époque comme  » une bêtise impardonnable qui équivaut à un immense service rendu par les communistes à la bourgeoisie  » à un abandon des masses ouvrières. Et ce, même si dans l’après-guerre, le  » syndicalisme de secours mutuel « , à la Jouhaux écœurait largement !

… AU LENDEMAIN D’UNE LIBERATION !

Au lendemain de la Libération, la ligne révisionniste thorésienne appela la classe ouvrière de France à  » retrousser les manches  » pour  » reconstruire le pays  » (remettre en état l’économie capitaliste et participer de la restructuration du pouvoir bourgeois).

Ainsi sous l’éclairage saisissant des conflits nés au sein même des  » Comités de Libération  » (sur les expropriations et condamnations de patrons collaborateurs, sur la remise des armes et le  » relèvement de l’économie nationale « , dans les débats sur les nationalisations comme celui autour des futurs Comités d’Entreprises…) les tendances anti-syndicales resurgirent, contre l’attitude de la CGT dans la restauration du pouvoir capitaliste.

Des grèves sauvages, des cartes déchirées furent le pendant d’un large recrutement syndical obtenu, lui, sur la base du prestige de la participation du mouvement syndical à la Résistance.

Après la scission droitière, pro-yankee, de FO en 1947, et la fin de la participation gouvernementale du PCF (notamment au Ministère du Travail !) ces soubresauts n’ont fait que s’accentuer, au rythme d’une prise de conscience inconséquente de l’opportunisme dans la Confédération CGT.

A Renault, dans les mines, en même temps que la classe ouvrière protestait contre les mesures réactionnaires des gouvernements  » socialistes  » (en 1947-48) des déviations ultra-gauches, anti-syndicales, ont pu parfois se dessiner, faute de perspectives…

Les durs conflits de 1953 contre les décrets Laniel dans la Fonction Publique et Nationalisée, puis en 1955 dans la métallurgie nantaise, devaient laisser l’amertume d’échecs ou de demi-échecs. L’idée pointait qu’à nouveau le syndicalisme, dans ses objectifs, sa pratique et désormais sa division (avec les organisations  » jaunes  » FO et CFTC), ne faisait plus l’affaire…

Naissent alors de petites organisations  » radicales  » éphémères, profondément hostiles aux confédérations ( » syndicat démocratique Renault « ,  » Comités d’Action « , certains syndicats  » autonomes « …)

La CGT d’aujourd’hui le reconnaît officiellement, dans son Esquisse d’une histoire de la CGT (de J. Bruhat et M. Piolot) :  » Des organisations autonomes de catégories et d’entreprises sont nées aussi de la scission de 1947  » (outre la Fédération de l’Education Nationale qui refusa de choisir entre FO et CGT). Par la suite, l’essentiel de ces éléments anti-syndicaux, trotskystes et ultra-gauches, se fondront, en fait, dans les pires creusets  » apolitiques  » (FO dans la Loire Atlantique, certains secteurs EDF ou PTT, syndicats autonomes corporatistes à la RATP ou à la SNCF…), sous prétexte d' » autonomie ouvrière  » !

 » Conquête ou destruction des syndicats « , un débat toujours actuel !

La maladie Infantile du Communisme fut entre autres tâches, rédigée par Lénine contre les courants, dont le refus de toute tactique communiste amenait alors à la non-participation aux syndicats, contre ceux qui, de la sorte,  » abandonnaient les masses ouvrières insuffisamment développées ou arriérées à l’influence des leaders réactionnaires, des agents de la bourgeoisie, des aristocrates ouvriers ou des  » ouvriers embourgeoisés  » dans le mouvement syndical.

On voudrait aujourd’hui, dans les courants anti-syndicaux, de gauche en apparence, (qui relève ici ou là un peu la tête à la faveur de la relative dé-syndicalisation de certains secteurs, du fait du révisionnisme) faire passer les thèses léninistes pour  » dépassées « , inadaptées à notre époque.

Or, précisément, le fond de ces positions bolcheviks est bien de faire  » l’analyse concrète d’une situation concrète « . En ce sens, pour déterminer si nous devons rejeter ou non toute participation aux syndicats aujourd’hui, comme d’aucuns nous y incitent, c’est à la réalité du mouvement syndical que nous les renvoyons !

Depuis le moment ou Lénine invitait à aller lutter dans les syndicats ( » là où est la masse « ) contre l’  » aristocratie ouvrière, corporatiste, étroite, égoïste,… d’esprit impérialiste, soudoyée et corrompue par l’impérialisme « , bien des choses ont changé.

En particulier, l’apparition du révisionnisme moderne, la restauration du capitalisme en URSS. Selon les ultra-gauches modernes, ceux qui font de  » l’anti-syndicalisme ouvrier  » la pierre de touche de la révolution aujourd’hui,  » dans ces conditions, l’esprit réactionnaire du syndicalisme s’est considérablement accentué depuis 1920 « . Etre où sont les masses, serait, en outre, se situer désormais  » en dehors des syndicats « .

Il est vrai (et on a vu pourquoi), que les couches les plus exploitées n’ont pas toute leur place dans le syndicalisme aujourd’hui et que les rancœurs légitimes contre le révisionnisme peuvent faire déchirer des cartes. Mais force est de constater aussi que la CGT est passée de 1,9 millions d’adhérents au 36e Congrès de 67 à 2,1 en 1972, (38e Congrès)… Le bilan ouvrier de 68 est, rappelons-le en deux temps :

D’abord, des ouvriers révoltés contre les manœuvres révisionnistes (et la ligne que ceux-ci imposaient à la CGT) participèrent à certaines initiatives extra-syndicales, et se sont joints parfois à l’anti-syndicalisme de la Gauche Prolétarienne d’après 68. Mais ensuite, ils ont rejoint à nouveau les syndicats dans les années 70-72, faute d’alternative réelle !

Pendant tout un temps, des Comités d’Action, de Base ou de Lutte vont fleurir dans certaines entreprises…

Des aspirations réelles à briser avec la politique révisionniste qui marquait le syndicat vont s’y faire entendre ; des travailleurs (surtout des jeunes) vont s’y reconnaître jusqu’en 69 : la réalité de ce courant rendra le P »c »F très satisfait de l’interdiction du 1er mai 69 où l’anti-révisionnisme militant se serait manifesté, comme quelques mois plus tôt, lors des manifestations à l’occasion de la signature des accords capitulards de Tilsitt par les syndicats.

Mais nous connaissons bien aussi ce qu’ont été ces Comités :  » Instruments d’agitation pour diffuser des revendications correspondant aux aspirations des travailleurs, ils recevaient alors un écho favorable. Mais ils resteront toujours des organisations minoritaires dans les usines.

Dans le meilleur des cas, ils prendront de l’extension au cours d’une lutte pour bien vite se vider à la fin de la lutte. Ainsi, un nombre important d’ouvriers va faire l’expérience de l’inefficacité des propositions mises en avant par les révolutionnaires ? D’autres, plus nombreux, observeront, pour en tirer les mêmes conclusions…  » (Extrait du Rapport Politique du Congrès Constitutif du PCRml de 1974).

l En outre, la Cause du Peuple devait être rapidement le bien mauvais chantre d’un anti-syndicalisme systématique : bataille rangée contre les révisionnistes présentés essentiellement comme  » police syndicale « , actions  » exemplaires  » (minoritaires ) proposées comme alternative au  » syndicalisme du beefsteack, des bonzes porte-serviettes « …

Derrière l’outrance des critiques se cacha en fait un syndicalisme  » dur  » qui finit dans l’apolitisme d’une  » Union Nationale des Comités de Lutte d’Ateliers « , éphémère.

Pendant ce temps, mais avec du retard, et sans envergure, le mot d’ordre  » des comités de base partout  » viendra en 1970 souligner l’opportunisme dans le mouvement marxiste-léniniste ; il témoignera déjà d’une incapacité à tracer les tâches concrètes pour l’avancée de la révolution…

La frange radicalisée de la classe ouvrière et de la jeunesse travailleuse va principalement se tourner vers les syndicats, avec la volonté de retourner y mener la lutte, forte des acquis de l’expérience de 68.

Le principal bénéficiaire a été la CFDT, alors ouverte aux  » courants de mai « , et souvent dirigée localement par des syndicalistes de cette  » Gauche Syndicale  » ( que Maire qualifierait aujourd’hui de  » basistes « ) qui sous le mot d’autogestion cherchait confusément une voie sincère vers la révolution. La CGT, elle-même, à son 39e Congrès du Bourget, signalait que  » les deux tiers des syndiqués ont adhéré depuis 68 « .

l A l’appui de leur anti-syndicalisme, certains vont jusqu’à appeler les déclarations de Ceyrac (responsable du CNPF) qui saluait en 73  » l’affaiblissement de l’autorité des organisations syndicales « . Comme si, face au capitalisme, on pouvait se réjouir de ne pas avoir d’organisation de masse puissante que l’on puisse orienter vers la lutte…

Comme si, l’on devait s’en tenir à la constitution (à l’instar des ultra-gauches que critiquait Lénine en 1920) d’  » une Union Ouvrière toute neuve, proprette, innocente des préjugés démocratiques bourgeois, des péchés corporatifs et étroitement professionnels  » mais ô combien isolée et peu influente…

Comment apprécier, par exemple, que les organisations syndicales aient obtenu par l’action (en particulier après 68) des avantages matériels payés en postes de permanents payés par l’Etat (SNCF, EDF…), en locaux et subventions ( » les deniers de Judas  » disent certains) et des droits nouveaux (protection des délégués, extension des heures de délégation, reconnaissance de la Section d’Entreprise…) ?

D’un côté, c’est la base matérielle d’une coupure d’avec la classe ouvrière, de l’existence d’une aristocratie bureaucratique syndicale. A l’EDF, avec la gestion des  » œuvres sociales « , dans de nombreux comités d’entreprises, cette couche se développe, en vient à se comporter en patron, licenciant ou faisant licencier d’authentiques syndicalistes (SNECMA, Usinor, Dunkerque…).

Mais lorsqu’un syndicalisme de lutte de classe anime les sections, il en est autrement : des droits nouveaux et des heures de délégation de plus, c’est la possibilité de préparer les actions, de tourner sur les chantiers, dans les ateliers et services pour recueillir les idées des masses, mener le débat et diffuser une information propagande rédigée sur la base de telles enquêtes, dans le sens des intérêts révolutionnaires du prolétariat ; c’est faire tourner le syndicalisme contre l' » esprit syndicaliste étroit « , le corporatisme et la  » concertation « …

Les travailleurs, tout l’an dernier, ne s’y sont pas trompés : en se mobilisant contre les attaques de Durafour, puis Beullac contre le droit syndical, en défendant des délégués licenciés (à la SEP à Bordeaux, à B.E. Dijon, à l’UIE de Cherbourg, etc), en participant à des campagnes pour les libertés démocratiques et syndicales (même lorsque le fond de pensée des révisionnistes qui souvent les impulsent, est de s’assurer à eux-mêmes la parole)…

Ils n’ont pas voulu suivre les ultra-gauches qui voient dans le droit syndical  » le butin de la collaboration de classe  » et dans le syndicalisme essentiellement un  » garant de l’ordre et de la paix sociale  » (comme l’affirment certains groupes du genre Union Ouvrière, que dénonçait trop facilement Guy Lorant dans Syndicalisme Hebdo-CFDT pour mieux faire l’amalgame avec les  » coucous  » qui obsèdent les confédéraux).

D’ailleurs, si les syndicats étaient si faibles que cela ne vaille plus la peine d’y militer, comment alors prétendre qu’ils  » encadrent  » la classe ouvrière et la  » manipulent  » ? Belle logique, on le voit, que celle des ultra-gauches anti-syndicaux !

On voit aussi se révéler un profond idéalisme, une conception métaphysique de la lutte des classes, ses conditions et ses enjeux.

Théorisant quelques expériences limitées à l’atelier, ou plus souvent encore un soutien extérieur et ponctuel à tel ou tel conflit de classe, les ultra-gauches s’exaspèrent contre l’apparente solidité du révisionnisme dans le syndicat pour affirmer, dès le fragile ralliement d’une mince frange ouvrière à leurs thèses, que  » les ouvriers les plus conscients nous enseignent eux-mêmes le dégoût du syndicalisme « .

Cette impuissance à apprécier les rapports de forces et déterminer une tactique capable d’arracher la classe ouvrière au révisionnisme, et donc de le battre en brèche dans le mouvement syndical, est caractéristique de la démarche gauchiste, (au-delà de ses manifestations spécifiques à différentes phases de l’histoire du mouvement ouvrier).

l En effet, les accusations dirigées contre les syndicats, en ce qui concerne leur conservatisme, leurs traditions, leurs trahisons sont, le plus souvent, parfaitement justifiées.

Mais saurait-on en conclure que  » la lutte contre les côtés négatifs du mouvement syndical actuel offrira le maximum de succès quand tous les ouvriers à tendance révolutionnaire auront quitté jusqu’au dernier le syndicat ? « 

De ce point de vue, rien ne permet de dire que la voie de la lutte dans le syndicat est bouchée… Ni les attaques contre les militants et structures de lutte de classe (la  » chasse aux sorcières  » menée tant dans la CFDT que dans la CGT) ni l’attentisme ou la trahison des luttes et l' » esprit de concertation  » (marqués par exemple face au plan Barre) ne modifient les nécessités de la bataille pour une alternative révolutionnaire dans les syndicats.

Citant Lénine, la récente réunion nationale des cellules d’entreprises du PCRml (cf Front Rouge n° 10) rappelait qu' » il faut savoir consentir tous les sacrifices, surmonter les plus grands obstacles, afin de faire un travail de propagande et d’agitation méthodique, persévérant, opiniâtre et patient « , justement dans les syndicats dominés par le révisionnisme et le réformisme, afin d’y mobiliser et entraîner les masses pour une issue révolutionnaire à la crise.

l Sinon, c’est confondre la forme des syndicats et leur structure actuelle, leurs mécanismes et l’appareil qui tourne entre les mains du P »c »F et du PS et des chefs syndicaux qui leur sont proches, avec le  » mouvement syndical  » lui-même, traversé par la lutte de classes, la lutte entre les deux voies : réforme ou révolution.

Et, avec l’approche des échéances politiques de 1978 et leur suite, la montée d’affrontements de classe puissants, résultant de la crise politique, plus que jamais,  » ceux qui lancent le mot d’ordre de l’abandon des syndicats se condamnent, malgré leurs intentions généreuses « , à n’être (selon le mot de Lososvsky, responsable du travail syndical de la Troisième Internationale)  » que des spectateurs passifs devant les événements qui se développent  » !

  FACE AUX ECHEANCES DE 78

 » Militer dans les syndicats c’est possible et nécessaire… et c’est le moment ! « 

Lorsque l’on considère aujourd’hui le mouvement syndical (du point de vue de son fonctionnement comme de son activité) : l’existence du révisionnisme, la montée du PS dans les appareils syndicaux de la CFDT et la donnée d’importance que représente leur division , impliquent des tâches spécifiques à la période pour les communistes révolutionnaires dans la question syndicale.

Le propre d’une orientation léniniste en la matière est bien, en effet, d’articuler l’intervention communiste à la réalité concrète actuelle du mouvement des masses. C’est donc répondre à ces interrogations : peut-on encore valablement militer dans les syndicats ? Que change la proximité des échéances de 78, un passage de la gauche au pouvoir ?

La lutte de tous les jours contre les empiètements du capital, l’organisation de la résistance ouvrière pour le pouvoir d’achat, l’amélioration des conditions de travail, la conquête et le développement du droit d’expression et d’association : autant de batailles quotidiennes, compatibles certes avec la survie du capitalisme, mais nécessaires au prolétariat pour grouper ses forces, ne pas se laisser laminer…

Avec  » l’offensive de temps de crise  » lancée par la bourgeoisie pour faire payer la note à la classe ouvrière et aux masses populaires, grâce à son plan Barre, ce combat quotidien prend de l’importance !

Dans le cours même de ce combat, la conscience que des objectifs plus décisifs sont encore en jeu et que la question du système est posée, grandit. C’est dans ces conditions, précisément, que (selon le mot de Marx :  » Lâcher pied, sans courage dans le conflit quotidien avec le capital, ce serait irrémédiablement perdre la faculté de se lancer un jour dans un mouvement plus vaste  » !

l Le 7 octobre 76 a manifesté avec éclat que loin d’être close (enterrée par une  » transformation inéluctable des syndicats en instrument typiquement et uniquement d’encadrement et d’oppression des masses « ) la lutte entre deux voies, deux classes est aiguë, en plein essor dans le mouvement syndical. On y a vu à Lyon, à Nancy, à Bordeaux… comme à Paris, des manifestations partagées, secouées par l’opposition au Programme Commun, et à la voie réformiste dans les confédérations.

Des sections, des syndicats entiers manifestaient sur des mots d’ordre de lutte de classe, refusant l’attentisme et l’électoralisme, mettant en échec le soutien aux partis de la gauche bourgeoise, souhaitée par les dirigeants confédéraux.

On y vit même des responsables d’Unions et de Fédérations prendre, minoritairement mais effectivement, des positions révolutionnaires, impulsant les mots d’ordre de lutte, mettant des structures au service des intérêts ouvriers ! bien plus : des syndicalistes CGT en nombre appréciable (parfois même des syndicats entiers !) prenaient des positions offensives, de classe ; certains défilaient dans l’unité avec des militants et structures CFDT de leur entreprise (malgré les dispositions de division prises par les responsables révisionnistes et réformistes)…

D’aucuns pourraient rétorquer que depuis le 7 octobre, le mouvement des masses ne s’est plus affirmé de manière aussi nette et que la chape d’un  » syndicalisme traditionnel « , au service de l’Union de la gauche, s’est refermée sur bien des structures.

Et il est vrai qu’on assiste depuis l’automne 76 à une relance de la  » chasse aux sorcières  » dans les syndicats (notamment dans la CFDT) et à une  » normalisation  » à marche forcée des thèmes idéologiques et politiques dans les Confédérations (et aussi de leur fonctionnement).

Cette situation amène d’ailleurs, comme on l’a vu, le découragement de certains travailleurs (écœurés à Bordeaux par la dissolution de l’UD 33 CFDT ou à Strasbourg par l’éviction de délégués CGT de la Télic).

Elle fait que le débat politique a besoin, pour se développer pleinement, de structures de masse, impulsées par les communistes révolutionnaires.

Celles-ci peuvent jouer -par rapport aux syndicats- un rôle (non concurrentiel) d’unification et de mobilisation, capable d’imposer la démocratie prolétarienne dans l’entreprise (et donc de briser les petits calculs étouffants du réformisme syndical et du révisionnisme). De là, la politique prolétarienne trouve un point d’appui de taille pour sa lutte au sein même des structures.

Car les grandes manœuvres confédérales n’ont pas plus étouffé l’opposition dans la CFDT que dans la CGT. Au dernier Comité National de la CGT, J.L. Moynot ne reconnaissait-il pas que  » la direction confédérale CFDT est, pour l’instant, très peu suivie  » et que ses  » mesures administratives (UL 8e-9e de Paris, UD de Gironde …) ne sont pas pour assainir le climat  » ?

Ce même CCN CGT devait d’ailleurs essuyer les critiques de responsables départementaux ou fédéraux (qui, tout en soutenant le Programme Commun, sont contraints de refléter d’une certaine manière, le mécontentement des militants et syndiqués).

La secrétaire du Comité Régional de Lorraine devait, par exemple, reconnaître que la CGT telle qu’elle est aujourd’hui est  » trop loin des travailleurs « ,  » ne se préoccupe pas de leurs revendications immédiates et concrets  » ; tandis que le responsable CGT de la Construction dénonçait le fait qu’on  » parle trop de démocratie syndicale sans y mettre derrière le contenu qui y correspond  » et défendait la  » priorité aux bas salaires « .

On y a vu encore le secrétaire de l’UD des Vosges mettre au compte de la politique confédérale le  » décalage entre le mécontentement et les actions engagées « … Et ce n’est pas là, bien sur, que la transcription au plan national, dans des instances feutrées et largement dominées par le révisionnisme, de contradictions autrement plus vives dans les syndicats. C’est notamment le cas à la suite du renoncement à la dictature du prolétariat par le P »c »F et à son XXIIe Congrès en 76) qui a troublé de nombreux cadres syndicaux jusque là fermes soutiens de Séguy et Krasucki.

l Enfin, qu’on y songe : pourquoi les gens du P »c »F dans la CGT et la social-démocratie dans la CFDT prennent-ils autant de soin à structurer davantage à leur profit le mouvement syndical à l’approche de 78 ?

Peut-on raisonnablement admettre la constitution d’une  » centrale unifiée  » sous direction révisionniste (comme le propose de plus en plus ouvertement Séguy) ou la constitution de la CFDT à son prochain Congrès (le 38e) en syndicat exclusivement  » autogestionnaire  » (prêt à collaborer avec le PS au pouvoir), sans réagir ?

Il n’est pas possible d’imaginer un seul instant de livrer ainsi les organisations syndicales à la réalisation des projets bourgeois de la gauche !

Le rapport Maire-Decaillon-Hureau au Conseil National CFDT d’octobre 76 éclaire ce danger de transformation du syndicalisme en instrument de la gauche au pouvoir : information, formation, fonctionnement et même mode de déroulement du 38e Congrès, tout y est préparé de telle sorte que se mette en place une  » cohérence  » social-démocrate, spécifique, pour  » faire face aux tentatives de débordement  » après 78…

En fin de compte, la proximité d’un passage des partis du Programme Commun au gouvernement, avec alors leur volonté de faire du syndicalisme un  » instrument réfléchi d’une dynamique de relation avec la gauche au pouvoir « , ne fait que renforcer, très concrètement, la nécessité de mener hardiment et complètement (dans toutes les structures) la lutte de classe dans les syndicats !

Organisant un courant d’opposition syndicale révolutionnaire et autour de lui, plus largement, toute une  » nouvelle Gauche Syndicale « , les communistes révolutionnaires ont à créer de la sorte des centres de résistance et d’offensive ouvrière face aux projets capitalistes d’Etat du P »c »F comme à celui de gestion des affaires de la bourgeoisie du PS, de l’intérieur même du mouvement syndical…

C’est là, en effet, le meilleur moyen de servir l’intérêt de classe du prolétariat. C’est lutter pratiquement contre  » l’esprit syndicaliste étroit « , l’apolitisme que peut nourrir dans un premier temps le constat du syndicalisme d’échec, de trahison et d’intégration façonné par le révisionnisme à notre époque.

Tracer la perspective d’un authentique syndicalisme de classe et de masse, démocratique, en convergence avec l’objectif stratégique de la France socialiste des ouvriers et des paysans, c’est vouloir remettre la politique prolétarienne entre les mains des syndiqués.

C’est faire du syndicat effectivement  » l’arme de tous les travailleurs « , non plus seulement pour leur défense quotidienne, mais pour l’émancipation de classe à laquelle appelle et milite notre Parti, dans l’unité du travail d’entreprise (dans le syndicat et comme Parti Communiste Révolutionnaire, par son action propre) !           

=>Retour au dossier PCMLF, PCR(ml), VLR, UCF-ML,
Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Au fil de notre histoire (1977)

[Tiré du Manifeste pour le socialisme, 1977.].

LA COMMUNE

Il y a plus d’un siècle, la classe ouvrière de Paris prenait l’initiative de la première révolution prolétarienne au monde. Elle ouvrit la voie aux révolutions futures, marquant le début des temps nouveaux dans l’histoire de l’humanité. Les exploités se dressaient les armes à la main pour arracher le pouvoir de leurs exploiteurs.

C’est contre le complot des classes dirigeantes pour désarmer Paris et livrer la France aux Prussiens que se dresse la glorieuse révolution ouvrière du 18 mars.

Paris constituait alors la forteresse sociale de la classe ouvrière de notre pays. Alors que dans l’essentiel, celle-ci restait encore peu développée, relativement dispersée, elle commençait à se regrouper à Paris.

Après sa révolution de 1789, la classe bourgeoise, de progressiste s’était transformée en son contraire, progressivement, jusqu’à devenir une classe réactionnaire, faisant peser le joug de sa domination sur le prolétariat. Celui-ci, d’abord très faible, largement atomisé, s’était progressivement renforcé numériquement.

Par ses révoltes, ses luttes, il avait manifesté la contradiction radicale qui l’opposait à ses exploiteurs. Pourtant, il n’avait pu encore se constituer en classe autonome, affirmant son intérêt d’ensemble.

Il restait encore largement prisonnier des duperies parlementaires par quoi la bourgeoisie justifiait et maintenait sa domination. Ses initiatives révolutionnaires restaient circonscrites dans un cadre bourgeois. Son horizon restait celui d’une radicalisation de la révolution de 89, dont il avait été frustré.

La Commune va sanctionner avec éclat l’émergence du prolétariat de notre pays en force autonome, capable de faire prévaloir, face à celui de la bourgeoisie, son propre intérêt de classe, son propre système politique. Au parlementarisme éculé, forme de domination politique de la bourgeoisie, il va opposer le gouvernement ouvrier.

Aux promesses et manoeuvres de la bourgeoisie, il va opposer la force des armes. Le peuple de Paris prend en main la direction des affaires publiques.

Contre le vieux monde d’exploitation et d’oppression, les ouvriers parisiens marquent une immense capacité d’initiative que, depuis des décennies, les couches réactionnaires des villes et des campagnes ont étouffée, réprimée. La Commune détruit l’État bourgeois, ce corps parasitaire, cet appareil de coercition dirigé contre le peuple.

A l’armée permanente, appareil de répression coupé des masses, elle substitue le peuple parisien en armes. Aux appareils bureaucratiques: police, justice, elle substitue des éléments du peuple, serviteurs de la Commune. Au gouvernement du vieil ordre social, elle substitue la Commune, corps agissant, composé d’éléments du peuple, responsables révocables à tout moment.

C’est la rupture avec le vieux monde bourgeois, c’est l’ébauche d’un monde nouveau, d’une société où exploitation et oppression seront bannies.

Contre ce Paris qui annonce les révolutions à venir, qui inscrit le futur de la société dans le présent lui-même, la bourgeoisie se déchaîne. Ce qui épouvante le plus les réactionnaires, c’est le début de construction par les communards d’une autre société qui porte en elle la condamnation sans appel de l’ancienne.

C’est cela que dans leur barbarie, ils veulent tuer, anéantir. Prétendant faire revivre un passé révolu, grands propriétaires fonciers et capitalistes conspirent en fomentant des complots contre la Commune, ils massacrent, exécutent bombardent. Maintenant que les esclaves se dressent contre leur maîtres, ceux-ci révèlent avec netteté leur véritable nature contre-révolutionnaire, voulant faire tourner à l’envers la roue de l’histoire.

Mais la Commune succombera par ses propres faiblesses internes. Jeune encore, peu développée, la classe ouvrière de notre pays n’avait pas encore l’expérience qu’une longue lutte contre l’exploiteur lui permettra d’acquérir au long des décennies suivantes.

Isolé, le prolétariat parisien ne pourra se lier fermement aux ouvriers des autres villes du pays, ni amener à sa cause la masse paysanne. Des années de respect de l’Etat bourgeois paralyseront parfois son action, le privant par exemple du moyen de pression formidable qu’aurait constitué la prise de la Banque de France.

Parfois le démocratisme petit-bourgeois freinera sa capacité d’initiative. Une clémence coupable le conduira dans certains cas, à sous-estimer le danger représenté par les ennemis.

A cette époque, la classe ouvrière n’a pas encore créé ni édifié son propre parti, elle est encore assez largement étrangère à la théorie de la révolution élaborée par Marx. Dans ces conditions, la direction du mouvement rencontre des difficultés à déterminer les tâches décisives du moment.

Pourtant, même si la Commune n’a pu, à cause notamment de sa brièveté, que commencer à ébaucher ce qu’aurait pu être une France socialiste à l’époque, elle a marqué avec éclat l’irruption du prolétariat, comme classe autonome sur la scène de l’histoire.

Elle a marqué la rupture du contrat par lequel la bourgeoisie le tenait enchaîné. Elle a, mobilisant le peuple de Paris, montré l’énergie révolutionnaire extraordinaire que peut développer celui-ci pour son émancipation. Traçant la voie de l’avenir, condamnant le vieux monde par son initiative même, le prolétariat de Paris affirmait dans la vie qu’autre chose devenait possible.

Par son héroïsme, son courage, il affirmait à la face du monde bourgeois qu’une ère nouvelle s’ouvrait, que la loi imprescriptible de l’univers, c’était la substitution du nouveau à l’ancien.

Une nouvelle classe, le prolétariat, devait affirmer son rôle dirigeant et prendre d’assaut les citadelles du vieux monde. Un espoir était né que ni la répression, ni les vicissitudes de la lutte, ni les capacités manoeuvrières de la bourgeoisie, ni les victoires momentanées de celle-ci, ne pouvaient éteindre.

Les communards de Paris, par leur initiative héroïque, sans précédent dans l’histoire, montraient le caractère devenu caduque de la société bourgeoise. La révolution prolétarienne frappait à la porte de l’histoire…

1914

Le 1er août 1914 deux blocs impérialistes engagent une guerre de rapine qui se prolongera en un affrontement mondial sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Quelle est alors la situation dans notre propre pays ? Dès la fin du dix-neuvième siècle, le capitalisme entre dans la phase de l’impérialisme. Un processus s’engage où le monopole se substitue à la libre concurrence.

Le capital financier s’assujettit de plus en plus l’économie du pays. Au plan mondial, les contradictions s’exacerbent entre puissances impérialistes qui entrent en concurrence pour le repartage du monde. La France, par l’exportation de capitaux, s’assure des rentes avantageuses. Elle se lance dans de nouvelles aventures coloniales, plaçant sous sa domination et pillant plusieurs pays.

Avec la République, instaurée après la Commune, la bourgeoisie a trouvé la forme de domination politique adaptée à l’époque. Pour duper la classe ouvrière, elle distille en abondance ses illusions parlementaires : perfectible, la République ne pouvait qu’appliquer de mieux en mieux la volonté populaire; sociale, la République annoncerait la paix entre les classes; arbitre, l’État républicain imposerait la solidarité de classe dans une société où les patrons renonceraient à la répression les ouvriers à la grève.

La bourgeoisie prône alors déjà ce qu’elle appelle la participation: en ouvrant, selon elle, la possibilité pour des ouvriers d’accéder à une autre condition dans le cadre du système capitaliste, notamment par l’actionnariat.

Paix sociale, entente capital-travail, prospérité: tels sont les thèmes que les chantres de la bourgeoisie développent avec abondance. Selon celle-ci s’ouvre une ère nouvelle de progrès, où les différences de classe s’effaceront progressivement et où les déshérités de la fortune participeront à la prospérité générale.

Pour contre-partie à payer par la classe ouvrière pour ces lendemains qui chantent : renoncer à la lutte et attendre de l’Etat défense et protection. Enfin, pour sceller son système de collaboration de classe, la bourgeoisie développe le nationalisme outrancier, nourri de la haine de l’Allemand -rival impérialiste- et de la haine des mauvais Français -ceux qui refusent le courant chauvin-.

Mais dans cette période, si la classe ouvrière se trouve encore assez disséminée dans de petits et moyens ateliers dispersés, s’amorce de plus en plus nettement une concentration qui rassemble nombreux les ouvriers dans un même lieu de travail.

Ainsi, métallurgistes, travailleurs du textile et mineurs notamment peuvent organiser leurs luttes dans des bagnes aux dimensions déjà importantes. C’est là que peut se forger de façon privilégiée une conscience de classe qui s’approfondit. Aux salaires de misère, aux journées de travail interminables, les ouvriers ripostent, par centaines de milliers, organisent des grèves massives, prolongées et acharnées qui manifestent une forte combativité.

De relativement exceptionnelle dans les décennies précédentes, la grève devient une arme familière dont la classe ouvrière s’empare a très large échelle. Pour organiser leurs batailles revendicatives, les travailleurs se dotent d’un instrument de lutte qui va connaître un développement extraordinaire: le syndicat.

Partout dans ce pays, en liaison avec le mouvement gréviste vont surgir des organisations syndicales, dénonçant l’entente entre les classes et entraînant les ouvriers dans des luttes dures.

La classe ouvrière décuple ainsi ses capacités de riposte, systématise les leçons de ses batailles revendicatives, brise l’isolement et la dispersion, renforce son unité de combat.

Face à ces initiatives des prolétaires de notre pays, la bourgeoisie alternera promesses démagogiques et répression. Et quand le mouvement gréviste affirmera nettement sa force, sa détermination, elle n’hésitera pas à frapper. Ainsi, en 1910, pour briser la grève des cheminots, elle traduira devant le conseil de guerre ceux qui refuseront de répondre à son appel de reprise du travail. Voilà bien la République « sociale » à l’oeuvre !

Le syndicat ne suffit pas aux ouvriers pour s’organiser en vue de la Révolution, il leur faut leur propre parti de classe.

En 1905, le Parti Socialiste Unifié, section française de l’Internationale ouvrière, rassemble en un tout unique les organisations qui se réclament du prolétariat.

Il existe de nombreux courants contradictoires qui, généralement, ignorent le marxisme ou le déforment. Sans fondement idéologique solide, sans de fermes principes d’organisation, ce parti se montrera incapable de tracer la voie de la Révolution dans notre pays. Il ne parviendra pas à s’arracher à l’influence de la bourgeoisie ni à élaborer les tâches de la révolution pour la période.

La nécessité de l’insurrection se transformera insensiblement en une recherche exclusive de la majorité parlementaire. Aux phrases révolutionnaires, il juxtapose une pratique de collaboration de classes.

A la lutte de classe ouverte, les députés socialistes, chefs du parti, préfèrent les envolées parlementaires. Pas de lutte intransigeante contre les illusions secrétées par la République bourgeoise, pas de lutte ferme contre le chauvinisme, mais des déclarations pacifistes, anti-militaristes.

Par ailleurs, les couches supérieures de la classe ouvrière et la petite bourgeoisie qui bénéficient des miettes des profits impérialistes, alimentent dans le parti l’opportunisme qui ronge de l’intérieur ses capacités révolutionnaires.

Cela se fait contre l’intérêt de l’immense majorité des prolétaires et des opprimés. Dans ces conditions, de nombreux ouvriers qui aspirent à la révolution se détachent de ce soi-disant parti du prolétariat et se replient dans le cadre syndical.

Se creuse ainsi un fossé entre le parti socialiste et de nombreux syndicalistes qui envisagent l’insurrection prolétarienne comme le prolongement d’un mouvement de grève qui se développerait en grève générale. Cette situation hypothèque très gravement dans cette période la préparation de la Révolution dans notre pays, et dresse déjà des obstacles pour l’avenir.

Quand les premiers coups de canon de la guerre impérialiste tonnent, le prolétariat de notre pays n’est pas préparé à s’opposer efficacement à la guerre, à tirer profit des difficultés que cette guerre causera à la bourgeoisie pour précipiter la chute de celle-ci.

Le parti socialiste entretient de graves illusions sur la volonté de paix du gouvernement. Le syndicat, même s’il se déclare, dans un premier temps, opposé à la guerre, n’envisage que des actions sans portée réelle. A l’heure de la mobilisation générale décrétée par le gouvernement, un profond courant chauvin déferle sur le pays.

Face aux illusions, aux idées fausses, face à la propagande de la bourgeoisie, le parti socialiste renonce. Il se range rapidement aux cotés de la bourgeoisie, même s’il tempère cette position par de vibrants, mais impuissants appels à la paix. Loin de prendre l’initiative pour commencer à organiser, dans des conditions très difficiles, l’opposition à la guerre de rapine, il vote des crédits de guerre.

Deux députés socialistes deviennent ministres de « l’Union Sacrée », rassemblement impérialiste. Les socialistes laissent la classe ouvrière et le peuple de notre pays livrés aux lois martiales, à la censure militaire.

Abêtis et corrompus par la légalité bourgeoise, ils renoncent à mettre en place toute organisation illégale, arme devenue alors impérativement indispensable à cause de la guerre et de l’état de siège. Ils masquent avec soin les véritables motifs de cette guerre: le repartage des colonies et des sphères d’influence entre impérialismes concurrents. Avec la bourgeoisie, ils appellent à renforcer l’effort de guerre, à maintenir à tout prix la paix civile.

En réalité, la classe ouvrière, les paysans pauvres de notre pays se sont fait massacrer, estropier pour des rivalités entre impérialismes concurrents. Ils ont été frappés par le deuil, la misère, la répression. Dans ces conditions incroyablement difficiles, ils ont pu toutefois, à la fin de la guerre, marquer leur opposition par des mutineries, révoltes, manifestations, grèves.

Octobre 17 montre que le flambeau de la Révolution n’a pas été abandonné dans le monde: la chaîne impérialiste se brise en Russie -immense encouragement pour les prolétaires de tous les pays. Il renforce la volonté de faire payer les responsables de cette guerre, il montre la voie de l’émancipation du prolétariat.

Il indique qu’une autre voie était possible… En tout cas, cette guerre révèle au grand jour la faillite du système capitaliste, illustre avec éclat la véritable nature de ce système, montre avec force la nécessité de son renversement…

Un grand espoir naît dans la classe ouvrière en décembre 1920 : le Parti Communiste Français est créé, tentative en France pour édifier un véritable parti révolutionnaire, tandis que les socialistes scissionnent et prolongent la SFIO. Pourtant, restait à édifier ce parti, et à détruire les tendances opportunistes, qui avaient jusqu’alors détourné les ouvriers des tâches de la révolution.

1936

Mai-juin 36 : une lame de fond, puissante soulève la classe ouvrière de notre pays: partout dans les usines, c’est la grève sur le tas, l’occupation. Partout la classe ouvrière est à l’initiative. Une immense aspiration à un changement de société traverse ce mouvement gréviste sans précédent.

Les ouvriers marquent avec force leur refus de cette société d’exploitation et d’oppression. Ils en ont assez de ces promesses pour des lendemains qui chantent.

Non ! ce n’est plus possible de continuer à travailler ainsi pour enrichir ceux qui vivent sur le dos du peuple ! Ce n’est plus possible d’accepter la domination de la bourgeoisie: il faut changer ce monde. Telles sont les idées qui germent dans les usines en lutte.

Depuis la première guerre mondiale, la classe ouvrière de notre pays, à nouveau, a fait l’expérience d’une politique bourgeoise qui cherche par tous les moyens à la détourner de ses propres buts.

Après une guerre impérialiste qui a imposé aux prolétaires de s’entre-tuer , qui a exigé d’eux des sacrifices énormes, la bourgeoisie va cyniquement utiliser l’aspiration au bien-être, à la paix. Elle prétend encore une fois qu’une étape nouvelle s’ouvre d’où les maux du capitalisme seraient écartés. Grâce à ce qu’elle appelle l’organisation scientifique du travail, une ère d’expansion serait ouverte.

Par le dialogue entre les exploiteurs et les exploités, par la réconciliation entre les classes, il serait possible de surmonter les effets du capitalisme.

Cela exige bien entendu que la classe ouvrière s’absorbe dans les seules tâches de production et s’intègre pacifiquement à la société impérialiste. Mais la situation réelle de la classe ouvrière est alors particulièrement précaire et difficile. Dès le lendemain de la guerre, une inflation brutale et prolongée lamine son pouvoir d’achat.

Dans le même temps, s’accentue l’intensification du travail, source de profits accrus pour les patrons.

La croissance, l’expansion, la productivité, se traduisent en fait par une exploitation très intense dans les usines.

Et quand l’impérialisme français est frappé par la crise économique des années 30 quand le marasme de la production industrielle s’installe, il est demandé à la classe ouvrière de payer les difficultés de la bourgeoisie. Ainsi, celle-ci n’hésite pas à jeter des centaines de milliers d’ouvriers à la rue, condamnés au chômage, à la misère, femmes et immigrés en priorité.

Voilà ce qu’il advient des promesses de bien-être et de progrès social ! Voilà la triste réalité engendrée par cette société impérialiste.

Dans le même temps, où elle surexploite la classe ouvrière en France, la bourgeoisie, tout au long de cette période, systématise, et rationalise le pillage des peuples dans les colonies qu’elle tient sous sa botte.

Sous couvert d’effort civilisateur, elle brise l’économie de ces pays, leurs cultures vivrières sont quasi supprimées, au profit de productions alimentaires tropicales importées en métropole. Ainsi, l’impérialisme français, par l’extorsion des richesses de ces peuples, peut momentanément mieux résister aux difficultés qui se présentent, notamment au début des années 30.

Le danger fasciste apparaît bientôt sur l’Europe et en France même, des bandes fascistes se constituent et se font menaçantes. Devant des affrontements de classes particulièrement aigus, le PCF ne trace pas fermement la voie de l’offensive, ne prépare pas l’alternative révolutionnaire.

La situation exige la constitution du Front Populaire rassemblant tous ceux qui veulent engager la lutte commune. S’il est nécessaire à ce moment de s’allier à ceux qui s’opposent au fascisme, cela ne devait pas conduire à ce que, dans cette unité, le projet propre de la classe ouvrière soit écarté.

Et surtout, cela ne devait pas conduire à fermer, au-delà de la construction nécessaire d’un Front, la seule issue à terme qui pouvait conjurer le fascisme, celle de la révolution prolétarienne. Si la situation exigeait de s’allier momentanément à des gens au riche passé de collaboration de classes, fallait-il pour autant entretenir des illusions sur le gouvernement mis en place à ce moment ?

Par ailleurs, ce Front consistait en alliances au sommet mais ne reposait pas sur des structures intégrant activement et largement les masses populaires.

Au pouvoir, Blum insiste sur le nécessaire respect par tous de la légalité bourgeoise. La limite des transformations à opérer, ce sont les lois bourgeoises.

Quand il accède au pouvoir, le 5 juin, le mouvement de grève sur le tas est généralisé; la production, le commerce sont paralysés, l’essentiel des entreprises est occupé dans tout le pays, la classe ouvrière s’organise elle-même dans des comités de grève. Elle est alors en position de force, elle dispose d’une arme de pression formidable: l’occupation des usines, et sa volonté de lutte intransigeante, prolongée s’impose partout.

C’est dans un enthousiasme extraordinaire qu’elle surmonte toutes les difficultés liées à l’occupation des usines et elle trouve alors un soutien populaire important. Elle entrevoit le jour où elle pourra enfin faire prévaloir son propre projet de société. La bourgeoisie est aux abois.

Elle demande que cessent au plus tôt ces occupations illégales où un ferment révolutionnaire se développe. Blum convoque les représentants syndicaux et leur propose, contre la cessation du mouvement, une hausse des salaires, l’établissement de conventions collectives puis il fera voter la loi sur les congés payés et les 40h.

Devant la poursuite des occupations, Thorez affirme: « Il faut savoir terminer une grève, tout n’est pas possible ». Dans de nombreuses usines, les travailleurs ont le sentiment d’être dupés, ils aspiraient à une autre issue.

Un immense espoir, un espoir de changement radical est brisé. C’est une voie ouverte par le mouvement de masses, son ampleur, sa force, sa détermination qui est refermée. L’insatisfaction profonde de la classe ouvrière se concrétisera sous forme de grèves, de manifestations, d’occupations, période d’agitation qui se poursuivra jusqu’en 1938.

Ainsi, l’enthousiasme du printemps 36, porté par de profondes aspirations révolutionnaires, sombrera dans l’amertume de l’automne 38, amertume nourrie par la conviction, chez de nombreux ouvriers, que la situation aurait dû déboucher sur une autre issue. Privée ainsi de l’initiative, la classe ouvrière verra à nouveau s’ouvrir une période sombre pour elle.

1945

1939 : la deuxième guerre mondiale éclate. Sacrifiant l’indépendance nationale à ses propres intérêts de classe, la bourgeoisie organise la défaite et la capitulation. En juin 40, ce n’est pas le peuple de notre pays qui est vaincu par l’agression nazie: c’est la bourgeoisie qui préfère Hitler au Front Populaire. Mais les premiers actes de résistance dans notre pays seront à l’initiative de la classe ouvrière. C’est elle qui animera la Résistance intérieure.

1944-1945 : les peuples du monde contraignent les fascistes à la capitulation. En France, la guerre de libération nationale est victorieuse. Cette victoire, c’est principalement celle du peuple de notre pays. Au coude à coude, au prix de dures privations, au prix du sang, ouvriers et paysans se sont dressés contre l’occupant nazi.

Pourtant, celui-ci défait, deux voies sont possibles: poursuivre l’offensive contre la bourgeoisie pour en finir avec la domination de cette classe ou bien pactiser avec celle-ci pour ouvrir une nouvelle période d’exploitation et d’oppression. C’est dans cette impasse que le PCF engagera les ouvriers de notre pays.

Au lendemain de la guerre, l’impérialisme français est considérablement affaibli. Son économie est profondément perturbée: des usines détruites, les communications coupées, le ravitaillement mal assuré. La collaboration ouverte de nombre de ses représentants, ses manœuvres pour priver le peuple des moyens de s’organiser et d’être partout à l’initiative ont démasqué à large échelle sa nature de classe.

Par ailleurs, au plan mondial, l’impérialisme, à nouveau, a montré qu’il engendrait nécessairement la guerre, la destruction, la désolation pour les peuples. En France, les forces politiques traditionnelles sont fortement ébranlées et le pouvoir central ne détient qu’une autorité fragile.

Enfin, la bourgeoisie ne dispose que d’une armée sérieusement lézardée, son potentiel militaire est faible et beaucoup d’armes sont dans les mains des ouvriers et des paysans organisés dans la Résistance.

Le camp du peuple s’est au contraire renforcé. Même si nombreux dans ses rangs ont été fusillés, de nouvelles vagues se sont levées vite aguerries par la lutte. Dans la guerre de libération contre l’occupant nazi, le peuple a beaucoup appris.

Par sa propre expérience, il a compris la force du peuple en armes, combattant pour une cause juste. Face à une armée puissante, munie des armes les plus sophistiquées, il a su se constituer en une force décisive. Surtout, il a acquis la conviction qu’il n’était plus possible de se laisser opprimer et exploiter comme avant.

La Libération a soulevé une immense espérance, celle, notamment pour la classe ouvrière, d’être à l’initiative dans la nouvelle situation qui s’ouvrait. Celle d’assurer les conditions d’un monde nouveau, qui rompe avec l’impérialisme décadent et ses conséquences.

Cet espoir il est notamment porté par les gardes et milices patriotiques en armes, il est porté par les comités de libération et par tous ceux, ouvriers et paysans, qui commencent à se réorganiser indépendamment du pouvoir central.

Pourtant, cet espoir sera cruellement et amèrement déçu. Une des premières tâches que se fixe alors le chef de l’impérialisme français, c’est désarmer les milices d’ouvriers et de paysans qui constituent une force redoutable. Le gouvernement bourgeois en place prétend imposer la dissolution des milices patriotiques.

Malgré l’opposition farouche de nombreux résistants, le PCF accèdera à cette demande. Au moment où la bourgeoisie est acculée à la défensive, incapable d’imposer son pouvoir comme avant, alors que les ouvriers et le peuple de notre pays aspirent à en finir avec le vieux système pourri, le PCF ne trace pas la perspective révolutionnaire.

Tout au contraire, la seule alternative qu’il ouvre, c’est celle de participer à la reconstitution du pouvoir de la bourgeoisie. Cette position ne fait que sanctionner une orientation déjà présente au cours de la lutte de libération nationale; dès ce moment, le PCF ne préparait pas les masses à l’issue révolutionnaire.

Toutefois, après la Libération, des dirigeants du PCF deviennent membres du gouvernement, ministres, fait sans précédent dans notre pays ! Les difficultés de la bourgeoisie devaient être bien grandes pour qu’elle fit appel à ceux qu’elle avait si souvent désignés comme de dangereux ennemis au sein même du pays.

Ne faut-il pas s’attendre à des bouleversements importants pour la vie du peuple ? Ne va-t-on pas assister à une révolution de l’intérieur même des institutions bourgeoises ?

Ce gouvernement s’attache à la reconstruction économique du pays. Pour cela, un impératif: produire plus. Ce sont les ministres du PCF qui seront les plus zélés pour appeler à la tristement célèbre bataille pour la production. Est instauré alors le système du salaire au rendement, des primes, des heures supplémentaires.

Prolétaires, retroussez vos manches, travaillez plus et mieux: tels sont les appels et mots d’ordre de ceux-là mêmes qui dans l’État, prétendent représenter les intérêts de la classe ouvrière. La bourgeoisie fait, par le blocage des prix et des salaires, payer ses difficultés aux travailleurs, c’est avec la caution des ministres PCF que les collaborateurs réinvestissent à tous les niveaux l’appareil d’Etat.

Et c’est bien le gouvernement auquel ils participent qui massacre sauvagement le peuple descendu dans la rue, en Algérie, en mai 1945, qui se lance dans l’aventure coloniale en Indochine, qui écrase dans un bain de sang la lutte du peuple malgache pour son indépendance. Triste bilan pour ces ministres du PCF !

Une fois l’orage passé, l’État restauré, son pouvoir consolidé, la bourgeoisie remerciera ceux qui lui ont servi de béquille, pour, dans un moment difficile, restaurer sa domination.

Au lendemain de la Libération, une misère profonde se marque par la pénurie, le rationnement, qui ne disparaissent pas de si tôt. Pour les familles ouvrières notamment, les privations sont le lot quotidien. Colère, volonté de changements restent profondément présentes. Par ailleurs, les crimes de l’impérialisme ne sont pas oubliés.

Dans ces conditions, à l’aube des années 50, la bourgeoisie, pour duper la classe ouvrière, pour tenter de l’associer à son propre projet, pour effacer la honteuse image d’elle-même, va faire miroiter le mythe de la société d’abondance dans une société paisible, où chacun est à sa juste place.

La prospérité retrouvée profitera à tous et à chacun. Mais cela ne peut se réaliser qu’à une condition essentielle: que le prolétariat de notre pays renonce à la lutte de classes, les luttes compromettraient la prospérité dont chacun tirera grand profit, dans une France où prolétaires exploités et patrons exploiteurs doivent se serrer les coudes en vue de l’effort commun.

Selon les bourgeois, c’est encore et de nouveau une ère nouvelle qui s’ouvre, d’où la lutte de classes doit être bannie. Celle-ci, selon eux, constitue une entrave au progrès de la société, dont les capacités immenses de production doivent permettre de progressivement satisfaire tous ceux qui le méritent. Grâce à l’effort conjugué de tous les Français, une France riche et prospère distribuera généreusement à ses membres tous les biens de consommation nécessaires.

En fait, pour la classe ouvrière, cela signifie toujours plus travailler, se soumettre avec pour seul horizon la possibilité d’achats, que la transformation des conditions de vie imposées par le capitalisme rend chaque jour plus nécessaires et indispensables. Sans frigidaire, sans machine à laver, sans voiture, la vie d’une famille ouvrière devient de plus en plus impossible.

Mais le prix de ces mirages d’une société d’où l’exploitation serait bannie, ce doit être le renoncement par les prolétaires à leur propre projet de société. Ce modèle de collaboration de classes butera sur un obstacle insurmontable: l’expérience même de la classe ouvrière, qui aiguisera sa vigilance.

En fait d’abondance, c’est pour elle l’intensification du travail, la dégradation des conditions de vie. Mai 68 vient ébranler avec force cette société dont la bourgeoisie prétendait avoir écarté les grandes secousses de la lutte de classes.

Parti de la jeunesse universitaire, le mouvement de mai déferle sur le pays en un mouvement d’une ampleur considérable, mobilisant simultanément des millions de grévistes dans les usines, bloquant pratiquement la production.

C’est une profonde contestation de cette société impérialiste qui se développe, classe ouvrière et masses populaires marquant leur opposition fondamentale à se laisser duper par les promesses de la bourgeoisie.

Manifestations, occupations des usines se multiplient à travers le pays. Le mythe d’une société où les grandes oppositions de classes auraient disparu vole en éclats: les prolétaires affirment massivement leur force et mettent en cause le sort que leur réserve cette société pourrie. Une volonté de lutte, une capacité d’initiatives sont libérées partout.

A tel point que la bourgeoisie prend peur et prépare une riposte violente, tout en organisant une répression brutale et systématique des manifestations offensives. Pourtant, le mouvement de masse ne parviendra pas à se constituer en une force unie posant avec netteté la question du pouvoir, et se plaçant sous la direction de la classe ouvrière.

Si le PCF se trouve à large échelle mis en cause dans la classe ouvrière, notamment critiqué pour la force d’inertie qu’il oppose aux initiatives, et l’absence de perspectives qu’il offre au mouvement de masse, il parviendra pour l’essentiel à sauvegarder son emprise politique, et en tout cas à la reconstituer en partie.

Il ne sera pas démasqué nettement comme parti bourgeois et les ruptures partielles et momentanées que des franges de la classe ouvrière opèrent avec lui, ne se développeront pas encore en une nette prise de conscience politique. La formidable énergie des masses qui est alors en oeuvre ne parviendra pas à s’organiser en force politique.

C’est qu’à ce moment-là, la classe ouvrière ne dispose pas d’un parti qui pourrait, à l’échelle du pays, éclairer le combat présent et le rapporter à l’objectif final, systématiser les expériences multiples qui existent, concentrer en un tout unique les efforts dispersés, approfondir et renforcer la rupture entre le PCF et le mouvement de masse. Dans ces conditions la force du mouvement ne pourra trouver tous ses développements et une orientation ferme.

Momentanément, la bourgeoisie peut reprendre assez vite la situation en main et surmonter le flottement important qui l’a traversée. PCF et PS peuvent canaliser le mouvement et lui offrir comme seule issue le maintien du système de domination politique bourgeois.

Pourtant, Mai 68, par son ampleur, la profondeur de sa contestation, a ouvert des brèches, a largement lézardé cette société. Il a ouvert un processus à partir duquel les contradictions de classes ont pu s’approfondir, s’aiguiser, où les contradictions entre le PCF et la classe ouvrière ont pu connaître de nouveaux développements. En réalité, Mai 68 a été le révélateur de l’usure de cette société. Six ans plus tard, une profonde crise politique venait frapper l’impérialisme français.

CONCLUSION

1871, 1936, 1945, à chacune de ces dates, la révolution est venue frapper à la porte de notre pays. A chaque fois, la bourgeoisie a pu trouver des points d’appui pour dessaisir le prolétariat de l’initiative, lui infliger une défaite, et finalement restaurer son pouvoir menacé.

1977. La crise qui secoue aujourd’hui notre pays est à maints égards beaucoup plus profonde que celles que notre peuple a traversées depuis plus d’un siècle. La possibilité d’une issus favorable au prolétariat de France se trouve à terme renforcée.

Prendre toute la mesure de l’ampleur de la crise actuelle, de l’aiguisement des antagonismes qui secouent cette société arrivée à son terme, laisse prévoir le mûrissement de la crise politique actuelle, en une crise révolutionnaire, en une crise nationale.

La capacité pour la classe ouvrière de résoudre à son profit cette crise, dépend fondamentalement de la compréhension qu’elle aura de cette crise, de la capacité qu’elle aura forgée dans les luttes d’aujourd’hui, d’agir de manière autonome conformément à ses intérêts de classe, rejetant la tutelle révisionniste et réformiste.

C’est justement possible aujourd’hui, et c’est là une des composantes et non des moindres, de la crise d’aujourd’hui.

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

A propos de la théorie des trois mondes (1977)

[Publié dans Front Rouge, novembre – décembre 1977 et début 1978.]

.La division du monde en trois mondes, pour définir la situation internationale actuelle, n’est pas une thèse toute récente. Le Parti communiste chinois l’a formulée dans les années 73-74. En janvier 1975, Chou En-Laï, dans son « Rapport sur les activités du gouvernement présenté à la première session de la IVe Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine », la développe explicitement.

Bien avant cela, les dirigeants du Parti communiste chinois avaient à de nombreuses reprises parlé en terme de « Tiers monde », précisément Mao Tsé-toung, en juin 1973, lors d’une entrevue avec un dirigeant africain ; et dans le rapport présenté au Xe Congrès du PCC en août de la même année, Chou En-Iaï indiquait : « La prise de conscience du Tiers monde et la croissance de sa force constituent un évènement de grande importance dans les relations internationales de notre temps ».

Pourtant, de façon assez curieuse, c’est seulement après la mort de Mao Tsé-toung, à partir de l’automne 76, qu’une polémique va s’engager sur la définition de la situation internationale en terme de trois mondes et sur la notion de tiers monde, au sens où l’entendent Mao Tsé-toung, Chou En-laï, le parti communiste chinois et de nombreux partis communistes dans le monde.

A cette polémique, participent non seulement les différents courants trotskystes, qui ont toujours entretenu de profondes divergences avec les marxistes-léninistes sur l’analyse de la situation internationale, entre autres points, et particulièrement sur les mouvements de libération nationale et la lutte contre l’impérialisme, depuis le traité de Brest-Litowsk jusqu’aux luttes des peuples d’Indochine, mais aussi des groupes et partis qui se définissent comme marxistes-léninistes.

De ce côté, les auteurs de la théorie des trois mondes sont tout à coup qualifiés d’opportunistes, d’éléments anti-marxistes… au fil d’une polémique dont le ton s’enfle, sans que les éléments de démonstration et les arguments ne se précisent.

Comme il est fréquent dans de pareils cas, la thèse critiquée, la thèse des trois mondes, est présentée de façon déformée et la polémique se nourrit, dans une large mesure, des éléments qu’elle apporte elle-même.

Toutefois, comme son propos est bien de discréditer la thèse des trois mondes, il est indispensable de vérifier la pertinence des critiques formulées, et ce faisant, de vérifier aussi les fondements de la thèse des trois mondes. C’est ce que nous commençons à faire ici, particulièrement en examinant la notion de tiers-monde.

En premier lieu, la théorie des trois mondes est opposée à l’analyse du monde selon les contradictions fondamentales de notre époque. Cette remarque semble, à première vue, pertinente. En effet, le mouvement communiste a toujours analysé la situation internationale à partir des contradictions fondamentales qui permettent de la comprendre.

Au lendemain de la Révolution d’Octobre et de la première guerre mondiale, la situation du monde s’est trouvée profondément changée. L’époque qui s’est engagée alors, et dans laquelle nous nous trouvons encore est bien celle que définissait Lénine: l’époque de l’impérialisme agonisant et des révolutions prolétariennes.

Tout au long de cette époque, la réalité du monde est définie par le développement des contradictions qui permettent d’en décrire l’essence: les contradictions fondamentales. Tous les changements qui se produisent dans la situation internationale sont provoqués par le développement de ces contradictions.

Après la révolution bolchévique de 1917, ces contradictions, au nombre de quatre, peuvent être ainsi définies :
-la contradiction bourgeoisie – prolétariat dans les pays capitalistes.
-La contradiction entre les pays impérialistes et les peuples et les nations opprimées
-La contradiction entre les différents pays impérialistes
-La contradiction entre l’URSS socialiste et les pays impérialistes

Avec les transformations provoquées par ces contradictions dans la situation du monde, les termes opposés de ces contradictions se modifient.

Ainsi, après l’apparition, au terme de la seconde guerre mondiale, d’un vaste ensemble de pays socialistes, unis entre eux et organisés en un camp opposé au camp impérialiste organisé par l’impérialisme US, les termes de la contradiction fondamentale (URSS socialiste – pays impérialistes) ont changé, la même contradiction fondamentale entre le socialisme et l’impérialisme se jouant alors entre un camp socialiste et un camp impérialiste.

En retour, lorsque l’Union soviétique a dégénéré en un pays social-impérialiste, après avoir rétabli le capitalisme, alors que le camp impérialiste lui-même voyait dissocier ses liens internes et contester l’hégémonie américaine, la contradiction impérialisme- socialisme s’exprimait dans les termes: la contradiction qui oppose les pays socialistes aux pays impérialistes et au social-impérialisme.

Dans le même temps, l’Union soviétique, qui au lendemain de 1917 constituait le seul pays socialiste, en se transformant vers 1968 et au moment de l’invasion de la Tchécoslovaquie, en un pays social-impérialiste, se trouve totalement concernée par la contradiction fondamentale qui oppose entre eux les pays impérialistes.

Ainsi les termes des contradictions fondamentales se modifient-ils avec les progrès -et les reculs temporaires qui ne contredisent pas la progression d’ensemble de la révolution prolétarienne mondiale- dans le développement de ces contradictions.

Celles-ci caractérisent l’ensemble de l’époque ouverte par la première guerre mondiale et le succès de la révolution bolchévique.

Ces contradictions sont indissociablement unies entre elles, il n’est possible, pour penser la situation mondiale, ni d’en prendre une seule en considération -par exemple d’envisager l’évolution de la situation mondiale uniquement à partir de la contradiction fondamentale bourgeoisie-prolétariat, ce que font les trotskystes-, ni de négliger les liens qui existent entre ces quatre contradictions.

Dans le débat au sein du Mouvement communiste international qui s’est déroulé dans les années 60 et au cours duquel les partis marxistes-léninistes authentiques ont mené la lutte contre le révisionnisme moderne, ce point fut particulièrement mis en lumière.

Ainsi dans la « lettre en 25 points » rédigée par le Parti communiste chinois en 1963, il était dit, à propos des contradictions fondamentales: « Ces contradictions, de même que les luttes qu’elles entraînent, sont liées entre elles et influent les unes sur les autres.

Personne ne peut nier une seule de ces contradictions fondamentales, ni prendre subjectivement l’une d’elles pour la substituer aux autres » et aussi, pour préciser ce point, par rapport à la position du parti révisionniste de l’Union soviétique, qui réduisait l’ensemble des contradictions fondamentales à la contradiction camp socialiste, camp impérialiste: « La contradiction entre le camp socialiste et le camp impérialiste est celle entre deux systèmes sociaux radicalement différents, le socialisme et le capitalisme. Elle est indubitablement très aiguë.

Mais les marxistes-léninistes ne doivent pas considérer les contradictions à l’échelle mondiale comme réduites simplement et uniquement à celle entre le camp socialiste et le camp impérialiste ».

Les quatre contradictions fondamentales doivent donc être envisagées simultanément dans leur liaison interne, lorsque l’on tente de saisir ce phénomène extrêmement complexe que constitue la situation mondiale; aussi s’agit-il d’apprécier correctement l’état de développement de chacune de ces contradictions, la position respective de chacun des contraires qui les définissent.

Cette étude dialectique de la réalité n’est pas du tout résolue lorsque l’on se contente de rappeler, comme nous venons de le faire, la nature des contradictions fondamentales en acte dans le monde, tout au long de l’époque engagée par la première guerre mondiale et la révolution d’Octobre 17.

L’essentiel reste à faire, c’est-à-dire l’analyse concrète de l’état de la lutte entre bourgeoisie et prolétariat dans les pays capitalistes, entre les pays impérialistes et les peuples et nations opprimées, entre les pays impérialistes eux-mêmes, entre les pays socialistes et les pays impérialistes.

Réaliser cette analyse concrète est une tâche de très grande ampleur, puisqu’elle embrasse tous les aspects de la lutte qui se mène à l’échelle mondiale entre classes antagonistes, systèmes sociaux opposés, ainsi que les contradictions inter-impérialistes et entre l’impérialisme et le mouvement de libération nationale ; or, la diversité de ces aspects se trouve très rarement rassemblée à l’intérieur d’un même pays, de même qu’il est quasiment impossible de saisir la réalité d’un pays à partir de l’énoncé d’une seule de ces contradictions fondamentales.

De ce fait, des différences d’appréciation peuvent se faire jour entre partis communistes sur des aspects plus ou moins importants de l’évolution de la situation mondiale. Ces différences ont existé, y compris lorsque l’ensemble des partis communistes au plan mondial se trouvaient rassemblés au sein de l’Internationale communiste, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

La mise en oeuvre commune des principes de l’internationalisme prolétarien et la discussion approfondie entre partis communistes réduit ces différences inévitables d’appréciation.

A une étape donnée du développement des quatre contradictions fondamentales peut apparaître une contradiction principale, qui ne se confond pas avec ces contradictions fondamentales, mais résulte de leur développement. Cette contradiction principale n’existe pas, de part en part, tout au long de l’existence du phénomène envisagé, mais caractérise un moment de l’existence de ce phénomène.

C’est ce qui est nettement apparu au cours de la deuxième guerre mondiale, où deux camps opposés se sont clairement dessinés: le camp comprenant les états fascistes (Allemagne, Italie, Japon) et le camp antifasciste qui regroupait un pays socialiste: l’URSS, des pays capitalistes (Grande-Bretagne, États-Unis), à l’intérieur des pays capitalistes le prolétariat uni à d’autres classes, et couches dans la résistance anti-fasciste, des mouvements de libération nationale engagés dans la révolution de démocratie nouvelle (Chine, Vietnam).

Une fois cette guerre achevée et cette contradiction principale résolue par la victoire du camp antifasciste, le développement des contradictions fonda- mentales a pris un nouvel essor.

La définition du monde, au cours de la deuxième guerre mondiale, en deux camps n’avait pas pour origine la dissimulation des contradictions fondamentales, qui continuaient à agir pendant cette période, mais bien un bilan scientifique, une synthèse rigoureuse de l’état de développement de l’ensemble de ces contradictions fondamentales.

Aussi l’analyse de la situation mondiale, à partir des quatre contradictions fondamentales n’est-elle « pas contradictoire avec la définition d’une contradiction principale caractérisant un moment de l’époque envisagée, ni avec une appréciation du partage du monde à une période de cette époque. C’est d’ailleurs ce que faisait Lénine lorsqu’il exposait dans son  » Rapport sur la situation internationale » au IIème Congrès de l’Internationale Communiste en 1920, comment, à la suite de la première guerre mondiale et du développement inégal des impérialismes, que l’on aboutissait à une division de caractère politique entre trois groupes de pays dans le monde:

« Cela nous donne, en ses traits généraux, le tableau du monde tel qu’il apparaît après la guerre impérialiste.

Un milliard et quart d’hommes dans les colonies opprimées, les pays démembrés comme la Perse, la Turquie, la Chine et les pays vaincus, réduits à l’état de colonies (NDRL : empire austro-hongrois, Allemagne, Bulgarie et Union Soviétique) ; un quart de milliard d’hommes dans les pays qui se sont maintenus dans leur situation d’antan, mais qui sont tombés sous la dépendance économique de l’Amérique et qui, durant toute la guerre, furent sous sa dépendance militaire…

Enfin l’on compte encore un quart de milliard d’habitants, tout au plus, dans les pays (NDLR : USA, Japon, Grande-Bretagne ) dont, bien entendu, seul le haut du panier, seuls les capitalistes ont profité du partage du globe… Je tiens à vous rappeler ce tableau du monde, car toutes les contradictions fondamentales du capitalisme, de l’impérialisme qui mènent à la révolution, toutes les contradictions fondamentales du mouvement ouvrier qui ont amené la lutte acharnée contre la deuxième internationale, tout cela est lié au partage de la population du globe ». (Pékin Information N° 45- 1977).

Ces groupes de pays, de même que le partage du monde pendant la 2ème guerre mondiale en un camp du fascisme et un camp anti-fasciste, sont délimités non par l’homogénéité des régimes sociaux et économiques, mais par le regroupement des forces politiques du monde.

C’est pourquoi la possibilité de tels regroupements entre des forces sociales distinctes, des pays à régime social et économique différent, quand elle se fait jour, implique un bilan systématique du développement des contradictions fondamentales.

La théorie des trois mondes se fonde justement sur un tel bilan. C’est ce que précise le rapport présenté au XIème Congrès du PCC par Hua Kuo Feng : « Appliquant la méthode de l’analyse de classe, le Président Mao étudie le développement des contradictions fondamentales du monde contemporain et les changements qu’elles ont connus ; il analyse la division et le regroupement des différentes forces politiques ainsi que la position politique et économique des divers pays sur le plan international et il en dégage une synthèse scientifique de la situation stratégique du monde actuel ».

Ainsi, la théorie des trois mondes ne se présente-t-elle pas comme distincte ou en opposition à l’analyse des contradictions fondamentales mais, au contraire, comme la synthèse de la situation mondiale définie par le développement des quatre contradictions fondamentales.

Aussi, il n’est pas possible de critiquer sérieusement cette théorie sans discuter de façon systématique l’ensemble des éléments d’analyse dont elle constitue la synthèse, sans apprécier l’état réel de développement des contradictions fondamentales du monde contemporain.

En clair, ou l’on soutient que l’analyse du regroupement des forces politiques à l’échelle du monde n’est pas conforme au marxisme-léninisme et dissimule les contradictions fondamentales – et on tire ce faisant un trait sur soixante ans de léninisme – ou bien on critique les limites et les fondements de ces regroupements, et on lui oppose une analyse distincte du développement des contradictions fondamentales du monde contemporain -et force est de constater que jusqu’ici la polémique développée contre la théorie des trois mondes ne s’est pas acquittée de cette tâche.

Prenons un simple exemple: les auteurs de la polémique engagée contre la théorie des trois mondes s’efforcent bien d’évoquer la réalité du monde contemporain, mais quand ils traitent, par exemple, du développement de la contradiction bourgeoisie-prolétariat dans les pays capitalistes, contradiction qui nous concerne tout particulièrement en France, quelles indications apportent-ils ?

Après avoir souligné que « les conditions objectives deviennent chaque jour plus favorables à la révolution » et que « la révolution prolétarienne y est un problème posé et à résoudre », ce qui fait déjà un certain temps, quelles importantes précisions sont-elles fournies sur le développement des conditions subjectives de la révolution ?

A vrai dire peu de choses, et parfois même des choses étonnantes.

Ainsi des syndicats présentés en général comme luttant « de toutes les manières et par tous les moyens pour désorienter les travailleurs, pour saboter leur lutte révolutionnaire », ainsi du danger du fascisme présenté comme « toujours plus menaçant » (positions avancées dans le rapport présenté au VIIème Congrès du Parti du Travail d’Albanie), ainsi surtout de la situation subjective du prolétariat convaincu par la situation « que le temps est venu » pour mettre un terme aux sacrifices sans nombre, de consentir « le sacrifice suprême, de se dresser pour la révolution et d’instaurer la dictature du prolétariat » (Brochure intitulée: « l’attitude prolétarienne du PTA en vue du juste développement de la lutte de classe à l’échelle internationale »).

Pour ne reprendre que ces points, ils ne manquent pas de laisser circonspects les marxistes-léninistes qui mènent la lutte de classe dans un pays capitaliste comme le nôtre.

Comment, alors même qu’une lutte difficile et prolongée est engagée depuis des années contre le révisionnisme moderne, qui tente par tous les moyens de dissuader la classe ouvrière de s’engager dans la voie de la révolution, alors que s’effectue, de façon très encourageante, mais reconnaissons-le avec honnêteté, encore limitée, une première accumulation des forces révolutionnaires, que se font jour des victoires ponctuelles sur le révisionnisme, comment peut-on avancer que la classe ouvrière, encore largement influencée par le révisionnisme, en est arrivée à la conviction que le temps est venu de « consentir le sacrifice suprême » ?

Une telle affirmation n’a strictement aucun rapport avec la réalité; elle ne renvoie à aucun bilan sérieux de l’avancée de la contradiction bourgeoisie-prolétariat dans notre pays et, à notre connaissance, dans les pays capitalistes.

Quant aux autres affirmations touchant aux syndicats, elles sont tout à fait unilatérales et négligent la claire démonstration de Lénine sur les syndicats dans « La maladie infantile du communisme, le gauchisme ».

Touchant à la menace du fascisme, n’est-il pas inquiétant de voir cette menace évoquée à propos de l’Espagne quelques mois après la mort de Franco, au moment même où la bourgeoisie espagnole se voit contrainte de concéder, sous la pression des masses, des libertés démocratiques bourgeoises qu’elle avait abolies pendant une quarantaine d’années ?

Ces affirmations, on le voit bien, ne sont pas sérieuses; peut-on s’engager de manière aussi légère dans une réfutation bruyante mais peu convaincante de la théorie des trois mondes, avec des arguments aussi précaires ? Il serait plus conforme à l’esprit et à la méthode du marxisme-léninisme d’établir un bilan scientifique du développement des contradictions fondamentales du monde.

Un second exemple est de ce point de vue tout aussi éclairant: c’est celui que développent largement les auteurs de la polémique sur les trois mondes: l’exemple du Tiers Monde.

Le concept de Tiers monde, qui est apparu après la deuxième guerre mondiale, n’a pas été forgé par les marxistes-léninistes.

Par analogie à la définition des classes populaires avant la Révolution bourgeoise de 1789 sous le nom de Tiers-Etat, cette notion a servi à désigner le vaste ensemble de pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine qui ont subi et subissaient encore la domination coloniale et néo-coloniale, mais parvenaient de plus en plus nombreux à l’indépendance politique, sinon économique.

Regroupant des pays à régimes sociaux différents et dépendants à des degrés très divers de l’impérialisme, cette notion n’avait pas, au moment où elle a été formulée, de claire implication. Elle renvoyait alors à un certain nombre de caractéristiques économiques voisines, du point de vue du développement des forces productives qui caractérisait improprement ces pays.

Aussi, tant qu’il en était ainsi, les marxistes n’employaient pas cette notion et en organisaient la critique.

Cependant, avec l’essor du mouvement de libération nationale, la victoire de nombreux peuples contre le colonialisme et le néo-colonialisme, la défaite militaire de l’impérialisme américain en Indochine, français en Indochine et en Algérie, Portugais en Afrique… s’est dessiné avec de plus en plus de force un mouvement des pays nouvellement indépendants, qui a joué, depuis le début des années 70, un rôle politique marquant.

Ce regroupement politique a adopté, de manière de plus en plus fréquente, des positions de lutte relativement unifiées contre l’impérialisme. Si l’on considère l’évolution de ce mouvement depuis la réunion afro-asiatique de Bandoeng en 1955, il est évident qu’il a, dans l’ensemble, considérablement progressé dans son extension à de nouveaux pays et dans sa résolution à engager la lutte, malgré des reculs momentanés ou partiels.

Ce regroupement est constitué de pays à régimes sociaux et économiques différents, il englobe des pays dans lesquels le prolétariat, loin de diriger, est souvent exploité et réprimé; dans lesquels des luttes acharnées se déroulent parfois entre les masses populaires et la bourgeoisie dirigeante.

La réalité de ce regroupement politique doit être soigneusement examinée.

Elle pose trois questions: Qu’est-ce qu’en fait que le Tiers Monde ? Lutte-t-il vraiment contre l’impérialisme ? Quelle attitude doivent adopter à son endroit les marxistes-léninistes ?

A ces trois questions, certains répondent: le Tiers Monde est une notion confusionniste qui masque les contradictions de classe, les pays qui sont censés le composer sont dépendants de l’impérialisme, quant aux marxistes-léninistes, ils doivent balayer cet amalgame douteux où l’on voit les émirs côtoyer les pays socialistes. Telle est en substance leur réponse.

Mais qu’en est-il effectivement ?

Qu’est-ce qu’en fait que le Tiers Monde ? Dans un « Document international » publié en janvier 1974 par le PCC, il se trouve ainsi défini : « Le Tiers Monde est une force montante, qui s’est développée pas à pas depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Les pays du Tiers Monde, qui étaient depuis longtemps victimes de l’oppression de l’impérialisme et du colonialisme, et qui aujourd’hui font face à l’oppression, à la vexation et à la menace des superpuissances et du colonialisme ancien et nouveau, sont tous en voie de développement sur le plan économique.

La grande majorité des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine appartiennent au Tiers Monde.

Les régions d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine occupent une place importante dans le monde. Leur superficie totale représente 63 % du territoire de la planète. Elles sont dotées de très abondantes ressources naturelles et leur population compte pour presque les trois quarts de la population totale du monde entier.

La formation du concept de Tiers Monde a connu un certain processus. Il est apparu lorsque, après la seconde guerre mondiale, les mouvements de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique Latine se sont déchaînés, et que des dizaines de pays, s’étant débarrassés l’un après l’autre du joug colonial, ont conquis l’indépendance nationale.

C’est dans ce contexte que le concept de Tiers-Monde commença a être utilisé. Dans les années 50, certains appelèrent le camp impérialiste le premier monde, le camp socialiste le deuxième monde, et les pays qui avaient obtenu leur indépendance nationale le Tiers Monde.

Au fur et à mesure du développement de la lutte révolutionnaire des peuples du monde, et de l’accentuation des différentes contradictions fondamentales mondiales, une situation de grand bouleversement, de grandes divisions et de grandes réorganisations s’instaura sur la scène internationale.

Le déclin constant de l’impérialisme américain conduisit à la scission et à la désorganisation du camp impérialiste. De même, le camp socialiste cessa d’exister dès le moment où la restauration du capitalisme par la clique renégate du révisionnisme soviétique fit dégénérer l’Union soviétique, de socialiste qu’elle était, en social-impérialiste. Dans le même temps, le Tiers-Monde gagnait en vigueur, en devenant chaque jour plus fort, plus conscient et plus uni.

Mais l’impérialisme américain ne se résigne pas à se retirer de la scène de l’histoire, tandis que le social-impérialisme soviétique rêve de le remplacer pour dominer le monde, bien que ses forces ne soient pas à. la mesure de ses ambitions. Les deux superpuissances se disputent l’hégémonie mondiale et entreprennent partout agression, expansion, subversion et intervention..

Devant une telle situation, les nouveaux pays du Tiers-Monde font cause commune pour mener à bien la tâche de lutter contre l’impérialisme et le colonialisme ancien et nouveau, s’opposer à l’hégémonisme et à la politique du plus fort des super-puissances, combattre le racisme et le sionisme, conquérir et sauvegarder l’indépendance nationale, défendre la souveraineté et les ressources du pays, développer l’économie et la culture nationales, établir des forces armées nationales indépendantes capables de défendre leur patrie et de lutter pour les intérêts de l’immense majorité de la population.

Ces pays renforcent sans cesse leur solidarité dans la lutte et jouent un rôle de plus en plus important dans les affaires mondiales.

« La Chine socialiste appartient au Tiers-Monde. La Chine, qui est elle aussi un pays en voie de développement, a souffert des mêmes maux que les autres pays et peuples du Tiers-Monde, doit affronter les mêmes ennemis et lutter dans un combat commun. La Chine et les peuples du Tiers-Monde se témoignent une sympathie réciproque, se soutiennent mutuellement, et avancent du même pas dans leur lutte contre l’impérialisme, le colonialisme et l’hégémonisme. »

Cette définition souligne le rôle de force politique du regroupement que constitue le Tiers monde, en même temps que l’évolution progressive de cette force dans la détermination de ses objectifs. Né des succès du mouvement de libération nationale, le mouvement du Tiers Monde s’emploie à liquider les vestiges du colonialisme.

Le soutien qu’il apporte aux mouvements de libération nationale, et particulièrement en Afrique australe, ne peut être nié, comme à la Révolution palestinienne et hier aux luttes des peuples d’Indochine.

Son soutien militaire, matériel et politique aux luttes de libération nationale est une réalité, toutes les fois où ces luttes ont pour cible directe les puissances impérialistes. Mais avec l’accession à l’indépendance politique d’un grand nombre de nouveaux pays, les relations politiques et économiques existant dans le monde actuel qui visent à perpétuer la suprématie des puissances impérialistes sont également mises en cause.

Bien sûr, la domination des puissances impérialistes est loin d’être réellement ébranlée aujourd’hui, les liens qui rattachent la plupart des pays du Tiers Monde à l’impérialisme restent solides, et il serait illusoire de croire que ces liens pourront être rompus sans que les rapports de classe, à l’intérieur même des pays du Tiers Monde soient profondément modifiés, dans le sens des intérêts du prolétariat et des masses populaires, mais il est tout à fait erroné de nier la réalité concrète de la force politique constituée aujourd’hui par le Tiers Monde, tel qu’il est, dans la diversité des systèmes économiques et sociaux qui le définissent et de sous-estimer les coups que cette force porte à l’impérialisme.

Le mouvement, majoritaire à l’Assemblée générale de l’ONU a commencé à poser avec force la question de l’échange inégal, du prix des matières premières, de la nationalisation des biens impérialistes ; s’il est exact que la plupart des résolutions formulées par le mouvement du Tiers Monde, n’ont reçu la plupart du temps qu’un commencement très limité d’exécution, la tendance qui se dessine nettement depuis une vingtaine d’années va dans le sens de contrer les intérêts de l’impérialisme et de progresser en audace et fermeté dans cette lutte, sous la double pression du mouvement de libération nationale et des masses populaires des nouveaux pays.

Quant à la pression exercée sur les pays impérialistes pour qu’ils accordent l’indépendance à leurs vestiges coloniaux ou qu’ils réduisent leur soutien aux régimes racistes d’Afrique, elle ne constitue pas une démarche velléitaire, mais un fait indéniable.

C’est pourquoi, les premiers pas conséquents engagés dans la lutte contre l’impérialisme ne peuvent être traités comme de simples faux-semblants, de la poudre aux yeux jetée en direction de leurs propres peuples par les forces dirigeantes des pays du Tiers-Monde.

Ils constituent en vérité, l’amorce d’un mouvement de grande ampleur, au cours duquel la tendance à la conciliation avec l’impérialisme des couches dirigeantes de ces pays sera inévitablement battue en brèche par le prolétariat et les masses populaires, au cours duquel la confrontation politique avec l’impérialisme et en premier lieu, les superpuissances se développera nécessairement en luttes armées.

La diversité des pays regroupés dans le mouvement politique du Tiers Monde est flagrante et il est facile de souligner le caractère odieux de la répression exercée sur les masses populaires par un certain nombre de dirigeants de ces pays, comme le caractère réactionnaire, obscurantiste et parfois féodal de certains régimes, mais ces critères ne disent pas tout de la réalité politique du Tiers Monde et ne permettent pas à eux seuls de déterminer la position des communistes par rapport au mouvement du Tiers Monde.

Dans la mesure où le Tiers Monde s’affronte à l’impérialisme, le rôle et l’intérêt du prolétariat international est de le soutenir activement dans cette lutte, dans la mesure où les classes dirigeantes répriment et exploitent le peuple, le rôle du prolétariat est de faire la révolution et de renverser le pouvoir de ces classes.

Cette double tâche n’est contradictoire qu’en apparence. En vérité elle se fonde sur la diversité et la liaison interne des tâches de la révolution prolétarienne mondiale. Celle-ci pour triompher, doit éliminer l’impérialisme, et en premier lieu, les super-puissances impérialistes.

Tout coup porté à l’impérialisme favorise la révolution prolétarienne. C’est dans ce sens que Staline -dont les auteurs de la polémique engagée contre la théorie des trois mondes, disent avec force qu’il a « maintenu toujours pure la théorie marxiste-léniniste »- indiquait dans les Principes du Léninisme :

« Dans les conditions de l’oppression impérialiste, le caractère révolutionnaire du mouvement national n’implique pas nécessairement l’existence d’éléments prolétariens dans le mouvement, l’existence d’un programme révolutionnaire ou républicain du mouvement, l’existence d’une base démocratique du mouvement.

La lutte de l’émir de l’Afghanistan est objectivement une lutte révolutionnaire, malgré le ton monarchique des conceptions de l’émir et de ses partisans; car elle affaiblit, elle sape et désagrège l’impérialisme…

Lénine a raison lorsqu’il dit que le mouvement national des pays opprimés doit être apprécié, non du point de vue de la démocratie formelle, mais du point de vue de ses résultats effectifs dans la balance générale de la lutte contre l’impérialisme, c’est-à-dire à l’échelle mondiale et non pas isolément.

Les mêmes raisons font que la lutte des marchands et des intellectuels bourgeois égyptiens pour l’indépendance de l’Egypte est une lutte objectivement révolutionnaire, malgré l’origine bourgeoise et la qualité bourgeoise des leaders du mouvement national égyptien, et bien qu’ils soient contre le socialisme ». (Les principes du Léninisme).

De même, Mao Tsé-toung développait dans De la démocratie nouvelle: « Peu importe chez les peuples opprimés, quelles classes, quels partis, quels individus participent à la révolution et peu importe qu’ils soient conscients ou non de ce que nous venons d’exposer, qu’ils le comprennent ou non, il suffit qu’ils s’opposent à l’impérialisme pour que la révolution devienne une partie de la révolution socialiste et qu’ils en soient les alliés. « 

Aussi, le prolétariat doit-il assumer cette double tâche: abattre sa propre bourgeoisie pour établir le socialisme, puis le communisme, tout en participant à la lutte mondiale des peuples, nations et pays opprimés contre l’impérialisme et particulièrement les deux super- puissances.

Loin de détourner le prolétariat international de la lutte révolutionnaire, la théorie des trois mondes -au point où nous l’avons examinée- l’arme, au contraire, d’une claire vision de l’ensemble de ses tâches stratégiques. Nous examinerons dans le prochain numéro de Front Rouge, ce qu’il en est, selon la théorie des 3 mondes, du premier et du second monde, de la guerre et de la révolution. 

Dans le dernier numéro de Front Rouge, le texte « A propos de la théorie des trois mondes » avait examiné comment l’évolution et l’interaction des contradictions fondamentales du monde contemporain, à l’époque de l’impérialisme, amenait selon les étapes du développement, à délimiter politiquement des groupements de pays et à faire apparaître une contradiction principale, qui ne se confond pas pour autant avec ces contradictions fondamentales mais résulte de leur développement.

Il avait montré d’autre part comment, par exemple, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les succès du mouvement de libération nationale, la liquidation accélérée du colonialisme, l’aspiration persistante de ces peuples à une indépendance complète, avaient amené une situation nouvelle: tout un ensemble de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine, pour un grand nombre d’entre eux indépendants depuis peu, ont commencé à se constituer en une force politique, capable, malgré leurs disparités et leurs contradictions, de s’unir et, dans plusieurs domaines, de porter des coups à l’impérialisme et au social-impérialisme.

Si l’on considère à présent, l’évolution des pays impérialistes depuis la deuxième guerre mondiale, elle est marquée par deux grands phénomènes : d’une part, la désagrégation du camp impérialiste -qui s’était constitué autour des États- Unis, d’autre part, l’apparition, à la fin des années 60, d’un nouvel impérialisme, le social-impérialisme soviétique sur la base de la restauration du capitalisme en URSS.

LA DESAGREGATION DU CAMP IMPERIALISTE

L’impérialisme américain avait en effet, à la faveur de la guerre, acquis une supériorité décisive, militaire et économique sur les impérialismes européens et japonais, ou bien vaincus, ou de toute façon sortis très affaiblis de l’affrontement. Son territoire national était resté hors de portée des puissances de l’axe. L’appareil de production avait tourné à plein, drainant en particulier l’or des alliés.

Sa machine de guerre, développée à un rythme très rapide, en quelques années, surpassait très nettement ce qui subsistait des armées ouest- européennes, ou de l’armée japonaise défaite, aussi bien quantitativement, que du point de vue de la technologie.

Il est seul alors à disposer de la bombe atomique. A peine la guerre terminée, sous couvert d’organiser la défense du « monde libre » contre le communisme, les États-Unis ont mis à profit cette supériorité, à travers des mécanismes « d’aide » économique type plan Marshall et des pactes militaires, pour assurer leur mainmise et leur contrôle sur les pays ouest-européens et le Japon.

Ce qui s’accompagne en même temps d’une pénétration en force des USA à l’intérieur de ce qui constituait jusque là les domaines coloniaux des vieilles puissances européennes.

Dès août 1946, Mao Tsé-Toung indiquait: « A l’heure actuelle, le slogan d’une guerre contre l’Union Soviétique lancé par les États-Unis signifie en fait l’oppression du peuple américain et l’expansion des forces agressives des États-Unis dans le monde capitaliste ».

Ainsi, au début des années 50, l’impérialisme américain, en dehors des pays qui forment encore le camp socialiste, dicte sa loi au reste du monde, tenant sous sa coupe les autres impérialismes.

Le développement inégal de l’impérialisme, profondément accéléré et accentué par la guerre, aboutissait donc, à ce moment là, pour la première fois à placer un seul d’entre eux, les États-Unis, en position d’hégémonie. Le camp impérialiste, sa cohésion et son organisation, avaient pour fondement la suprématie et la tutelle américaines.

Mais cette position ne sera guère durable et bientôt remise en cause d’un côté par le développement des contradictions au sein même de ce qui formait le camp impérialiste et d’un autre côté, à la fin des années 60, par un phénomène qui bouleverse les données de la situation mondiale: le surgissement de l’Union Soviétique comme nouvel impérialisme.

Dans son entreprise hégémonique, Washington va être en effet amené à déployer ses forces sur la quasi-totalité du globe, et, devenu gendarme mondial, à assumer l’essentiel du dispositif et des interventions contre-révolutionnaires face au développement impétueux des mouvements de libération nationale.

Avec toutes les conséquences économiques et politiques qui en découlent: l’affaiblissement chronique du dollar, patent dès le début des années 1970, la détérioration rapide de son image internationale qui de « libérateur » et « dé-colonisateur » le fait bientôt apparaître comme l’ennemi N° 1 des peuples du monde.

Pendant ce temps, à l’ombre de la tutelle américaine, la plupart des puissances ouest-européennes et le Japon avaient pu reconstruire leur potentiel économique et, animés d’un regain de dynamisme, se sentaient en mesure de contester sur plusieurs points (le commerce, la monnaie) la suprématie américaine.

Les prises de position gaullistes au milieu des années 60 ne faisaient que traduire de façon plus politique et plus ostensible les modifications opérées dans le rapport de forces et la volonté, pour les impérialismes relégués à un rang secondaire, de revendiquer et d’élargir leur marge d’indépendance.

Et c’est à la fin des années 60 que s’esquisse le projet d’une Europe occidentale, s’unifiant progressivement économiquement et politiquement et qui serait capable alors de jouer dans l’arène internationale, un rôle propre contrebalançant celui des USA et aussi de l’URSS.

La restauration du capitalisme en URSS favorise, pendant un certain temps, cette évolution: de 1956 à 1968 (l’invasion de la Tchécoslovaquie) la transformation interne de l’URSS khrouchtchevienne laisse penser qu’il n’y a plus lieu de contenir autant qu’auparavant « le danger communiste », le grand épouvantail qui justifiait la politique de Foster Dulles d’encerclement du camp socialiste et de guerre froide.

Les États-Unis eux-mêmes, notamment avec Kennedy, vont donner l’exemple en infléchissant leur attitude dans le sens de la coexistence pacifique prônée par Khrouchtchev.

Du coup, les impérialismes européens, la France gaulliste en tête, auront de nouvelles raisons de remettre en cause la tutelle américaine, dont la « guerre froide » était l’une des principales justifications et chercherait à tirer eux aussi profit, pour leur propre compte, de « l’ouverture » de l’URSS et des pays de l’Est, qui laisse alors escompter de vastes et fructueuses transactions économiques.

C’est l’époque où de Gaulle prône « l’entente, la détente et la coopération » avec l’Est et parle d’une Europe allant « de l’Atlantique à l’Oural ».

Comme si l’URSS, sous la direction des Khrouchtchev et autres, allait effectivement s’absorber dans la réalisation du « communisme du goulash » et consacrer ses efforts à se transformer progressivement en un capitalisme proche par son organisation sociale, ses choix économiques, son fonctionnement et ses modes de vie des capitalismes occidentaux.

LE SOCIAL- IMPERIALISME, NOUVEAU VENU

L’invasion de la Tchécoslovaquie, en août 68, engage le reflux de ces illusions et de ces spéculations. Elle souligne spectaculairement la réalité du phénomène qui bouleverse dès lors les rapports de forces entre impérialismes: l’avènement de l’Union Soviétique comme puissance impérialiste.

D’emblée elle se caractérise par des traits nouveaux et particuliers qui s’affirmeront, jusqu’à aujourd’hui, durant les dix années suivantes.

D’une part son potentiel militaire, économique et humain en fait une grande puissance qui, d’un point de vue d’ensemble, ne peut être comparée qu’aux USA. Mais surgie la dernière, elle est d’autant plus agressive qu’elle n’a d’autre issue que d’imposer un repartage du monde, en sa faveur et donc de conquérir et s’approprier les positions acquises et conservées par les autres impérialismes et avant tout l’impérialisme américain.

D’autre part, cette stratégie offensive est d’autant plus nécessaire au social-impérialisme que son potentiel économique ainsi que ses bases d’exploitation au plan mondial restent relativement faibles, par rapport à ceux des USA.

Ces dernières années ont montré avec de plus en plus de netteté que, dans cette situation, les dirigeants soviétiques avaient délibérément fait le choix d’orienter prioritairement l’effort économique et technologique vers la production des armements et les préparatifs de guerre.

L’URSS consacre une proportion deux fois plus importante de son produit national brut, comparativement aux USA. Des secteurs entiers de l’économie, qui ne servent pas directement l’effort de guerre, (en particulier ceux destinés à la consommation des masses) sont relégués au second plan, sacrifiés ou compensés par l’appel aux capitaux ou aux fournitures venant de l’Ouest.

L’accroissement effrené des armements indique clairement leurs buts offensifs: production massive de blindés et autres armes conventionnelles désormais très supérieures à ceux de l’OTAN en nombre sur le front européen, développement foudroyant, en quelques an- nées, d’une marine offensive, approchant le tonnage de celle des USA et se déployant en permanence sur tous les océans et en Méditerranée.

Sans parler évidemment des armes nucléaires stratégiques où Moscou, après s’être assuré la supériorité en nombre de missiles et en puissance de frappe, cherch6 à présent à rattraper les USA du point de vue de la sophistication.

Cet effort de guerre continu -et c’est là la troisième caractéristique du social-impérialisme -est rendu possible par le type de capitalisme qui s’est instauré en URSS : l’économie socialiste centralisée s’y est transformée en un capitalisme d’État extrêmement concentré.

Et la dictature du prolétariat en une dictature fasciste, capable d’imposer par un système d’oppression et d’exploitation hautement centralisé une militarisation, dans tous les domaines, de la société soviétique.

Le quatrième caractère spécifique de ce nouvel impérialisme est qu’il s’est efforcé, autant que possible, d’utiliser dans les relations internationales, le prestige de la Révolution d’Octobre et son passé de premier État socialiste.

Ce masque socialiste et progressiste, bien qu’il soit de plus en plus fréquemment percé à jour, lui permet encore néanmoins, vis-à-vis des peuples et notamment des peuples et pays du Tiers Monde, de camoufler ses interventions, subversions et agressions en actions de solidarité, contre les anciens impérialismes, les USA en particulier, qui, eux, ont été de longue date et à travers de multiples luttes, dénoncés, condamnés et combattus comme tels.

L’HÉGÉMONISME

Ainsi, au début des années 70, les rapports de force entre impérialismes se sont trouvés profondément bouleversés: les États Unis, qui avaient vu se distendre leur tutelle sur les autres impérialismes européens et japonais perdent d’autant plus leur position hégémonique qu’ils se trouvent confrontés à un nouveau rival, le social-impérialisme.

C’est une situation nouvelle : dans le passé, plusieurs impérialismes, de force à peu près comparable, entraient en lutte et, au besoin formaient des blocs, pour tenter de s’assurer l’hégémonie.

Après la Seconde Guerre Mondiale, l’impérialisme US avait acquis une position d’hégémonie, mais d’hégémonie relative, face à un camp socialiste qui paraissait puissant. Aujourd’hui, aucun impérialisme, sauf deux, les USA et l’URSS ne se trouve en mesure de poursuivre leur logique, de prétendre à l’hégémonie mondiale.

Ainsi s’est creusé un écart qualitatif entre ces deux impérialismes d’un côté, et les autres, dont il faut tirer toutes les conséquences.

En effet, entre les superpuissances et les autres impérialismes, la différence n’est pas seulement quantitative: elle ne se mesure pas seulement en termes de production, de ressources, de population ou d’étendue territoriale.

L’important, c’est que leur histoire politique, les liens de domination qu’ils ont établis, la puissance économique qu’il se sont acquise convergent pour leur conférer une supériorité décisive sur tous les autres impérialismes.

Cet écart décisif se marque d’abord au plan militaire : aussi bien du point de vue de l’URSS que des USA, leur supériorité militaire, en armements nucléaires et non-nucléaires, est incontestable, écrasante face à n’importe quel autre impérialisme (même si en l’état actuel ces impérialismes secondaires regroupaient leurs forces).

D’autre part, l’URSS et les USA sont les seules puissances à disposer de vastes « chasses gardées », c’est-à-dire de pays entiers (souvent assez développés industriellement) où ils font la loi: ce sont, pour l’URSS les pays de l’Est européens, et, pour les USA, l’Amérique Latine et la vaste sphère du Pacifique et de l’Asie du Sud-Est (Philippines, Indonésie, Thaïlande, etc.).

Certes, ces chasses sont plus ou moins rigoureusement gardées, d’autres impérialismes peuvent y avoir accès, mais de façon très restreinte et très subordonnée à la superpuissance dominante. Aucun impérialisme de second rang, même si, comme la France, ils peuvent entretenir avec plusieurs pays des rapports coloniaux ou néo-coloniaux, ne dispose et de loin de telles « réserves », aussi amples et aussi fermement assujetties.

Cette différence parmi les pays impérialistes entre d’une part deux super puissances et d’autre part des puissances de second rang constitue une donnée nouvelle, extrêmement importante de la situation internationale actuelle.

Les contradictions entre pays impérialistes, quels qu’ils soient, demeurent fondamentalement de même nature mais se trouvent pourtant profondément et durablement modifiées : l’hégémonisme ne peut plus être le fait que des deux seules super- puissances. Cela signifie que pour les autres impérialismes, leurs contradictions avec les deux superpuissances ont pour enjeu à terme, non plus le partage et le repartage du monde, mais leur existence autonome elle-même en tant que tels.

LES DEUX SUPER-PUISSANCES, ENNEMI PRINCIPAL DES PEUPLES

La logique de la rivalité pour l’hégémonie mondiale implique que chacune des deux superpuissances cherche à s’assurer un avantage décisif qui lui permette de supplanter l’autre et de la réduire à sa merci.

C’est cette logique qui amène la croissance des facteurs de guerre et contient en germe le déclenchement d’une troisième guerre mondiale. Il est hors de question qu’un impérialisme secondaire se hasarde à provoquer par lui-même, un conflit mondial: il n’aurait aucun moyen d’espérer seulement en retirer le moindre avantage.

C’est pourquoi, à l’heure actuelle, les deux superpuissances sont les principaux fauteurs de guerre et, en tant que tels, l’ennemi principal des peuples.

Dans cette rivalité pour l’hégémonie, les deux protagonistes ne se trouvent pas néanmoins dans une position semblable: d’un côté l’URSS, pour compenser son handicap de dernière venue et pallier la relative faiblesse de sa base économique, s’est mise en position d’offensive, pousse à fond ses capacités de militarisation et exploite, autant qu’elle le peut encore, sa possibilité de tromper les peuples et les pays pour camoufler sa politique impérialiste.

Elle cherche, coûte que coûte à déstabiliser en sa faveur par la subversion, l’intervention et l’agression, les rapports de domination hérités du passé et qui bénéficient en premier lieu aux USA.

Les États-Unis de leur côté, se trouvent plutôt en position de défensive: ayant subi toute une série de revers en prétendant écraser les mouvements de libération nationale, largement dénoncés comme oppresseurs et comme exploiteurs, ils cherchent avant tout à conserver leurs positions acquises, à trouver pour cela des moyens si possible non militaires ou n’impliquant pas leur intervention directe, tout en veillant à ce que le rapport de forces militaire global avec l’URSS ne se détériore pas en leur défaveur.

C’est en ce sens que si les deux superpuissances sont, toutes deux, l’ennemi principal des peuples et le principal fauteur de guerres et d’un troisième conflit mondial, c’est l’URSS qui est, de par sa position historique, la plus dangereuse et la plus agressive des deux.

L’EUROPE, ENJEU STRATEGIQUE DE LA RIVALITE POUR L ‘HEGEMONIE

Ces dix dernières années, cependant que Washington et Moscou poursuivaient la course aux armements, leur rivalité acharnée s’est manifestée de façon ouverte, le plus souvent dans les pays du Tiers Monde, pour le repartage des zones d’influence: mainmise soviétique sur Cuba, guerre du Biafra, intervention indienne au Pakistan oriental, renversements d’alliance au Proche Orient, offensives soviétiques en Angola et dans la Corne de l’Afrique, coup d’État en Afghanistan -pour ne citer que quelques- uns des épisodes les plus visibles.

Toutefois, il n’apparaît pas que, stratégiquement, aucune des deux superpuissances puisse envisager d’obtenir sur ce terrain d’affrontement une supériorité décisive sur sa rivale.

Les conditions sont ainsi bien différentes de celles de 1914, où effectivement la guerre impérialiste avait, comme l’un de ses enjeux principaux, le repartage entre plusieurs impérialismes, d’empires coloniaux et de zones d’influence qui couvraient toute la planète.

D’une part, parce que à la suite de la dislocation des empires coloniaux sous la poussée des mouvements de libération nationale, la capacité d’autonomie des peuples et des pays nouvellement indépendants a tendu à s’affirmer et rend de plus en plus précaires, en général, les tentatives de main-mise durables sur l’un ou l’autre d’entre eux.

Nombre de revirements spectaculaires d’alliances l’ont montré depuis quelques années. Ensuite, parce qu’aucun pays, aucune zone même du Tiers Monde, à supposer qu’une superpuissance puisse se l’assujettir durablement au détriment de l’autre ne semblent en mesure de faire basculer de façon décisive le rapport de forces entre les USA et l’URSS.

La rivalité incessante pour le contrôle de ces vastes régions du monde a davantage pour but d’affaiblir l’autre, de le priver de réserves importantes et de points d’appui militaires.

Stratégiquement, c’est le contrôle de l’Europe occidentale qui constitue l’enjeu décisif. L’ensemble des pays ouest-européens représente en effet un potentiel économique, technologique et humain qui peut se comparer sous plusieurs aspects à celui des États-Unis.

Or les USA, même s’ils n’y exercent plus une tutelle comparable à celle de l’immédiat après-guerre, continuent à y être rattachés par mille liens, à y disposer d’énormes intérêts.

En tant que marché et que zone d’investissements l’Europe occidentale occupe pour eux une place privilégiée, et s’imbrique étroitement dans leur système économique. D’autre part, de par sa position géographique l’Europe est une sorte d’avant-poste, de l’autre côté de l’Atlantique, articulé sur l’Afrique et le Proche Orient, en contact direct -avec l’empire soviétique.

Assurément, pour l’URSS, la mainmise sur l’Europe Occidentale représenterait un atout décisif par rapport aux États-Unis qui ferait basculer sans conteste en sa faveur le rapport de forces.

C’est pourquoi nulle part ailleurs dans le monde il n’y a une telle concentration des forces, un tel face à face des dispositifs militaires des deux superpuissances. Leurs affrontements dans le reste du monde, au Moyen Orient et en Afrique par exemple entrent souvent dans la perspective de préparer à terme les conditions de la bataille décisive à engager en Europe.

Depuis plusieurs années, l’offensive systématique du social-impérialisme en Afrique utilise sans doute tous les facteurs d’instabilité propres à ce continent, mais s’inscrit en même temps dans une logique: de la Mer Rouge à la Corne de l’ Afrique en passant par le Zaïre, l’Angola et d’autres pays de la côte Ouest, il s’agit bien, délibérément, de menacer des voies et des sources d’approvisionnement en pétrole et autres matières premières dont les économies impérialistes ouest-européennes se sont rendues dépendantes pour une bonne part.

Cette, entreprise d’asphyxie se conjugue de plus avec une pénétration navale soviétique renforcée sur le flanc atlantique Nord de l’Europe.

LE DEUXIEME MONDE

Ainsi les impérialismes de second rang essentiellement les pays ouest-européens, le Japon et aussi quelques autres comme l’Australie ou le Canada se trouvent dans une situation particulière: d’une part, en tant qu’impérialismes ils maintiennent des rapports d’oppression et d’exploitation avec des pays du Tiers Monde, mais d’autre part, ils sont en butte aux vexations et pressions des deux puissances hégémonistes qui menacent, à terme, leur existence autonome elle-même.

Les contradictions qui se sont révélées entre impérialismes ouest-européens et États-Unis sur la conception de la défense de l’Europe sont significatives à cet égard : la RFA, par exemple, s’inquiète des scénarios de guerre US, selon lesquels toute une partie de son territoire serait « sacrifiée » en cas d’attaque soviétique.

Quoique liés (sauf la France) aux USA par un pacte militaire, les pays européens ne forment pas un véritable bloc avec les USA: pour eux, le déclenchement d’une guerre mondiale aurait toutes chances de les transformer en champ de bataille.

C’est leur existence même qui serait mise en jeu et leur assujettissement à l’une ou l’autre superpuissance qui serait posé. Pour les USA et l’URSS au contraire, ils auraient sans doute les moyens de protéger leurs territoires nationaux respectifs: l’Europe ne constituerait pour eux qu’un champ de bataille et, éventuellement, un objet de tractations, dans le cadre d’un « arrangement » global, selon les résultats de la guerre.

Les pays impérialistes de second rang occupent ainsi, si l’on envisage les rapports de force au plan mondial, une position intermédiaire: il est commode de les désigner par le terme de « second monde » pour les délimiter à la fois du Tiers Monde et du premier monde (c’est-à-dire les deux puissances hégémonistes).

Ce partage du monde en trois est la résultante actuelle du développement des contradictions fondamentales, de la lutte des classes au plan international.

La constitution du tiers monde en force politique, les progrès qui ont pu être accomplis dans son unité face à l’impérialisme et au social-impérialisme proviennent avant tout de plus de trente années de lutte menée par les peuples de ces pays contre le colonialisme, la domination impérialiste, pour leur indépendance nationale.

Et c’est la volonté de ces peuples d’être véritablement maîtres de leur propre destin qui continue à constituer le moteur du mouvement historique du tiers monde et à entraîner leur pays dans leur opposition à l’impérialisme et à l’hégémonisme. La victoire de la révolution chinoise, et l’édification de la Chine socialiste ont joué et jouent un rôle important pour favoriser et consolider l’unité politique des pays du tiers monde, dont elle fait partie.

En revanche, la transformation de l’Union Soviétique, premier État socialiste, en un capitalisme d’État – ce qui représente une défaite pour le prolétariat – a eu pour conséquence, comme on l’a vu, de bouleverser les données de la situation internationale et de faire surgir un nouvel impérialisme, seul capable de rivaliser avec les USA pour l’hégémonie mondiale.

D’un autre côté, la relative stagnation du mouvement ouvrier, après la seconde guerre et sous l’influence notamment du révisionnisme moderne, a permis aux impérialismes européens de subsister et, pendant un temps, d’accroître sensiblement leur potentiel économique.

LES FORCES QUI S’OPPOSENT A L’HEGEMONISME

Or si l’on examine les rapports de force au niveau mondial qui se sont ainsi constitués, il apparaît nettement, du point de vue du prolétariat révolutionnaire, que le premier monde, les deux superpuissances constituent l’ennemi principal des peuples, les plus grands oppresseurs et exploiteurs et les principaux fauteurs de guerre.

Elles forment l’obstacle et la menace la plus lourde pour le prolétariat et les peuples en lutte pour leur émancipation, l’URSS étant la superpuissance la plus dangereuse et la plus agressive des deux.

En menant la lutte, dans chaque pays, contre ses ennemis de classe, pour la transformation révolutionnaire de la société, la classe ouvrière de chaque pays inscrit nécessairement son combat particulier dans l’affrontement de l’ensemble du prolétariat, dans le monde, à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, pour l’émancipation de l’humanité et selon les données de l’évolution des contradictions fondamentales, fait converger, au plan international, ses coups contre ses ennemis principaux, pour les isoler et pour les abattre.

Il en a été ainsi notamment durant la Seconde Guerre Mondiale où le prolétariat révolutionnaire et l’URSS socialiste ont eu pour tâche de se porter à l’avant-garde de la lutte contre les puissances fascistes et d’unir tout ce qui pouvait être uni pour les vaincre.

Aujourd’hui, pour isoler et combattre l’ennemi principal des peuples, les deux superpuissances, les pays socialistes et le prolétariat international doivent donc se placer à la pointe du combat. Ils constituent la force la plus clairvoyante et la plus conséquente.

Mais il est extrêmement important qu’ils unissent dans ce combat tout ce qui peut être uni et que se constitue ainsi un front uni mondial de toutes les forces qui peuvent s’opposer, à des degrés divers, à l’hégémonisme des deux superpuissances.

Les peuples et les pays du tiers monde représentent la grande majorité de la population du globe. Les peuples de ces pays ont pour la plupart déjà mené (et pour certains mènent encore) de grandes luttes contre le colonialisme et y ont acquis une expérience et une détermination considérablement renforcées à combattre l’impérialisme et en particulier l’hégémonisme.

Ils se sont dotés de moyens nouveaux : de nombreux pays, ayant conquis leur indépendance et éliminé, à des degrés divers, les séquelles du colonialisme, ont créé leur propre armée.

Aujourd’hui, la plupart de ces pays dont l’impérialisme a dû reconnaître l’indépendance, ne peuvent en rester là, ils sont confrontés à la nécessité de conquérir pleinement leur indépendance, au plan politique et économique.

C’est une tâche de longue haleine, où ils se heurteront durant toute une période aux positions de monopole économique, aux moyens multiformes d’intervention, de subversion, d’agression et de chantage militaire qu’utilisent contre eux l’impérialisme et, en premier lieu, les deux super- puissances.

Déjà cet affrontement au plan mondial est engagé et alors que les peuples ont montré qu’ils osaient se dresser contre un pays plus fort et vaincre, les pays du tiers monde ont commencé à remporter d’incontestables succès pour s’unir, dans différents domaines, face à l’impérialisme et à l’hégémonisme et se constituer en une force politique au plan mondial qui joue un rôle grandissant.

L’impérialisme et, d’abord les deux superpuissances ne peuvent renoncer d’eux-mêmes aux rapports d’oppression et de pillage qu’ils continuent à imposer aux peuples et pays du tiers monde: pendant une longue période, ces peuples et pays devront poursuivre une lutte acharnée et mener des guerres pour assurer leur indépendance, leur existence et leur développement.

Cette lutte portera inévitablement des coups d’autant plus durs aux puissances impérialistes et notamment aux superpuissances qu’elles ne sont pas capables d’assurer un contrôle rigoureux sur d’aussi vastes régions du globe et y rivalisent constamment.

Si on les rapporte au degré de développement du mouvement révolutionnaire du prolétariat dans la plupart des pays développés et dans son ensemble, tous ces facteurs font que les peuples et les pays du tiers monde constituent, pour des années, la principale des forces opposées à l’impérialisme et à l’hégémonisme.

Cela ne veut pas dire pour autant que le prolétariat international n’ait pas les plus grandes responsabilités à assumer dans la lutte contre l’impérialisme et l’hégémonisme : au contraire, parce qu’elle est inséparable de la lutte pour le socialisme, il doit s’y porter à l’avant-garde, jouer un rôle d’exemple, soutenir résolument la lutte des peuples, faire en sorte qu’elle suive une orientation juste et parvienne à la victoire.

Les peuples du second monde et du premier monde participent également, sous des formes variées et à des degrés divers à la lutte contre les deux superpuissances.

Enfin les pays du second monde eux aussi sont amenés à s’opposer aux pressions, à la mainmise et aux menaces de guerre des deux super- puissances.

FORMER LE FRONT UNI MONDIAL ANTI-HEGEMONIQUE

Ainsi les forces qui s’opposent ou qui sont susceptibles de s’opposer à l’hégémonisme ont un poids inégal et des caractères de classe différents, voire antagonistes.

Est-ce pour autant qu’il faudrait renoncer à encourager, faire converger et unir leurs efforts pour isoler l’ennemi principal ?

S’y refuser serait méconnaître complètement la nécessité pour le prolétariat international dans sa lutte révolutionnaire, de nouer les alliances les plus larges pour concentrer, à chaque étape, les coups contre l’ennemi principal,

Il s’agit au plan mondial de rapprocher ces forces en un front contre l’hégémonisme, non pas sur la base d’une nature commune qui n’existe pas, mais sur la base de leur intérêt commun, à combattre les deux superpuissances.

Ces forces sont traversées de contradictions évidentes: entre les peuples du tiers monde et la plupart de leurs régimes, le plus souvent dictatoriaux, entre les peuples et pays du Tiers Monde et les pays du second monde, entre les peuples du second monde et leurs bourgeoisies.

Ces contradictions subsistent et se développent. La nécessité de rassembler le front uni mondial anti-hégémonique n’implique pas du tout qu’on s’efforcerait de les atténuer.

Au contraire tout succès remporté par le prolétariat et le peuple dans chaque pays du tiers monde ou du second monde renforce d’autant la possibilité de consolider le front uni. Inversement, tout progrès dans la constitution de ce front uni au plan mondial en éloignant notamment les dangers de guerre, crée des conditions plus favorables au développement de la lutte révolutionnaire des peuples.

Les forces qui peuvent constituer ce front uni, pèsent d’autre part, d’un poids inégal: alors que le prolétariat et les peuples sont portés, de par leurs intérêts de classe, à s’opposer résolument à l’impérialisme et aux superpuissances, il n’en va pas de même des bourgeoisies dirigeantes des pays du Tiers monde pour autant qu’elles exploitent et oppriment leurs propres peuples et continuent à être plus ou moins dépendantes de puissances impérialistes.

Il n’en va surtout pas de même des pays du second monde : parce qu’ils exploitent eux-mêmes leur propre peuple, et qu’ils étendent leur domination sur des pays et peuples du tiers monde, ils sont particulièrement hésitants, velléitaires et inconséquents dans leurs oppositions aux deux superpuissances qui semblent, malgré tout, garantir la perpétuation du système d’exploitation impérialiste.

Le front uni mondial anti-hégémonique n’est pas constitué comme réalité organique: son rassemblement résulte des bouleversements qui se sont opérés dans la situation mondiale, des grands courants qui s’y manifestent. Pour les communistes et le prolétariat, elle implique une claire conscience du rapport des forces: ils ont à déterminer, dans chaque pays, le chemin de la révolution, mais ils ne sauraient le faire indépendamment de la situation mondiale. 

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Un an de Giscard, un an d’aiguisement de la crise politique (1975)

[Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

L’anniversaire de l’élection de Giscard a été marqué par une intense campagne pendant laquelle cet aristocrate méprisant a occupé à 100% la télévision, la radio, les journaux.

Les journalistes bourgeois nous abreuvent des  » changements  » à la Giscard : il fait du ski à Courchevel, il descend les Champs Elysées à pied, il reçoit des éboueurs, il dîne chez  » des Français « , il donne à manger aux journalistes dans des assiettes à 1500 F nouveaux pièce, il joue du piano et donne à manger à ses chiens devant les caméras : tout cela, bien évidemment, ce n’est pas le fond de sa politique, mais c’est quand même une insulte permanente aux travailleurs, aux jeunes qui chôment, aux familles qui ne peuvent vivre.

UNE ANNEE DE  » CHANGEMENT  » A LA GISCARD

La publicité volontaire donnée à ces mascarades du premier anniversaire du succès électoral de Giscard, n’est nullement fortuite. Les thèmes sans cesse mis en avant par la nouvelle équipe présidentielle, c’est le  » changement « , et c’est la  » crise « .

Le  » changement « , renvoie à la volonté maintes fois répétée depuis un an de donner aux travailleurs l’illusion qu’ils ne sont pas gouvernés comme avant, comme du temps de Pompidou ; cherchant à se démarquer de ses prédécesseurs, Giscard cherche, y compris dans le style présidentiel, à imposer aux travailleurs l’illusion que les choses sont en train de se modifier, que leurs conditions de vie et de travail sont passibles d’amélioration du fait des initiatives gouvernementales.

C’est pour accréditer cette idée du changement que le nouveau gouvernement a multiplié les réformes, les projets de réformes : sur l’avortement, sur la majorité à 18 ans ,sur l’entreprise (rapport Sudreau), sur l’indemnisation des chômeurs…

A chaque fois le but est le même : tenter de répondre à des luttes précises qui se sont déroulées sur ces questions, tenter de dévoyer les aspirations manifestées par les travailleurs sur ces problèmes. Mais évidemment (ce qu’ont pu constater tous les travailleurs en un an de Giscard) la volonté  » réformatrice  » du gouvernement atteint vite ses limites.

Malgré tout le tapage organisé autour de ces réformes, les travailleurs en ont très vite fait l’expérience : combien de chômeurs peuvent aujourd’hui toucher la fameuse indemnisation à 90% pendant un an ? Officiellement à peine 4% des 1 million 200.000 chômeurs recencés par l’office gouvernemental, l’INSEE !

Combien d’hôpitaux, combien de médecins, acceptent d’accomplir un avortement réclamé par une femme du peuple : les dernières luttes ont montré qu’ils étaient une infime minorité, et que la loi déjà extrêmement restrictive laissait en fait toute possibilité de s’opposer légalement aux avortements. Combien de jeunes ont réellement cru que le vote à 18 ans, la valorisation de la paye de l’appelé allaient réellement modifier les conditions que leur fait le capitalisme à l’école, à l’armée, dans le vie active…

Et en même temps que Giscard parle abondement de  » réforme « , il n’en multiplie pas moins ses appels aux travailleurs à surmonter la  » crise « . Le ressort d’un tel discours est simple : pour faire face à la crise, pour en limiter ses effets en France, pour espérer préserver l’essentiel de ce qui a déjà été acquis dans le niveau de vie, il faut que les travailleurs comprennent qu’ils doivent limiter leurs revendications, renoncer à leurs luttes, serrer les coudes avec leurs exploiteurs.

Cette  » politique de crise  » menée par la bourgeoisie a un but assez clair : masquer les réelles origines de la crise du capitalisme dans notre pays, présenter la crise comme venant de l’extérieur (pays producteurs de pétrole, USA…), et renforcer l’illusion que seule la collaboration de classes peut atténuer les effets de la crise. Aux PTT à Renault, partout où ils ont engagé la lutte, les travailleurs ont dû affronter ce chantage à la crise.

 » Politique du changement  » et  » politique de crise « , voilà en quoi résident les nouveautés de la politique giscardienne.

LES MASSES CONTESTENT DE PLUS EN PLUS LA DOMINATION DE LA BOURGEOISIE

En fait la mise en œuvre de cette nouvelle politique, si elle rompt effectivement avec le caractère extrêmement conservateur de la politique de Pompidou, est un signe des difficultés importantes de la bourgeoisie à maintenir sa domination en utilisant les mêmes thèmes de collaboration de classes qu’auparavant.

La classe capitaliste ne peut plus aujourd’hui régler ses rapports avec les masses de la même manière ; c’est en cela que ses difficultés sont dans leur fond des difficultés politiques, que la crise qui secoue la bourgeoisie est dans son fond une crise politique.

Parce que ce qu’il y a de nouveau dans la situation aujourd’hui, c’est que les masses rejettent assez massivement le modèle de société capitaliste qui leur est proposé, manifestent aujourd’hui de manière assez claire leurs aspirations à construire une société nouvelle, débarrassée de l’exploitation et de l’oppression quotidienne que leur impose la bourgeoisie.

Par exemple, pendant des années la bourgeoisie a pu fonder la collaboration de classes sur le  » modèle de la société de consommation « , selon la bourgeoisie, le travailleur était intéressé à l’expansion, à l’extension de la production puisqu’il pouvait, à partir de là, étendre sa propre consommation. Un tel modèle de collaboration de classes a pu pendant un temps tromper les travailleurs abusés par le fait qu’ils ont pu acquérir dans les vingt dernières années des produits jusque là peu répandus : mobylette, voiture, télévision, frigidaire…

Mais aujourd’hui les travailleurs mesurent clairement comment cette relative extension de leur consommation, s’est systématiquement accompagnée d’une détérioration constante de leur niveau de vie : temps de transport sans cesse allongé, conditions de logement et de vie familiale de plus en plus difficiles avec les nouveaux logements, le travail posté, conditions de travail de plus en plus exténuantes avec l’intensification du travail forcenée qui est la règle dans les bagnes capitalistes…

En face de cette paupérisation bien réelle de la classe ouvrière, même l’acquisition de quelques nouveaux produits par les travailleurs est loin de leur permettre de reconstituer leur force de travail comme avant.

Et c’est cela dont les travailleurs prennent aujourd’hui de plus en plus conscience et contestent massivement dans leurs luttes : les luttes sur le transport, sur le logement, les luttes où les travailleurs refusent de monnayer contre une prime ou une augmentation de salaire leurs conditions de travail et les risques que veut leur imposer la bourgeoisie. La bourgeoisie en est arrivée à une situation où elle doit substituer à l’ancien  » modèle de la société de consommation  » un autre modèle de collaboration de classes ; c’est la fonction de la politique de crise.

Un autre fait nouveau qui témoigne des difficultés nouvelles de la bourgeoisie à régler ses rapports avec les masses comme auparavant, ce sont les brèches importantes apparues dans la domination du révisionnisme.

Elément décisif pour le maintien de la domination des idées bourgeoises dans la classe ouvrière, le révisionnisme s’est vu dans les dernières années largement contesté par la classe ouvrière.

Des luttes caractéristiques comme celle de Lip ont montré le plus clairement possible comment les travailleurs remettent en cause la tutelle des révisionnistes sur leurs luttes, tiennent à se démarquer du programme commun, affirment leur aspiration à une société bien différente que celle proposée par le P »C »F.

Même aujourd’hui où le P »C »F tente, pour refaire le terrain qu’il a perdu dans la classe ouvrière, de durcir son langage, de ne pas s’opposer de front aux luttes et même dans certains endroits d’en prendre l’initiative, il ne réussit pas à faire adhérer les travailleurs à ses perspectives.

Les luttes d’Usinor ou de Chausson sont révélatrices à ce sujet : malgré les extrêmes précautions prises par les révisionnistes qui participent à ces luttes pour ne pas se couper des travailleurs, ils ne réussissent pas à éviter que les problèmes sur le rôle qu’ils jouent dans les syndicats, la vraie nature de leurs propositions politiques soient posés.

Et les propositions du P »C »F sur le programme commun ont d’autant mois d’écho aujourd’hui que les travailleurs peuvent constater directement que nombre des réformes prévues par le programme commun sont déjà mise en œuvre par Giscard avec le succès que l’on sait.

UNE POLITIQUE IMPUISSANTE A MASQUER L’AIGUISEMENT DE LA CRISE POLITIQUE

 Mais dans ses tentatives de mettre en œuvre une nouvelle politique pour répondre à cette situation nouvelle dans les masses, Giscard en une année n’est guère arrivé à résoudre les problèmes qu’affronte la bourgeoisie. Loin de masquer la situation de faiblesse de l’impérialisme français aux yeux des masses, la politique giscardienne n’a fait que renforcer les questions que se posent les travailleurs.

– Comment par exemple, les travailleurs pourraient ne pas mettre en doute toutes les affirmations néolibérales de Giscard, alors que ces affirmations se doublent du renforcement de la répression des travailleurs en lutte (PTT, Usinor…), du renforcement de l’appareil répressif de la bourgeoisie. Les opérations coup de poing, la publicité élogieuse faite en toute circonstance de la brigade anti-gang y compris quand elle agresse de simples passants, tout cela permet de prendre la mesure exacte du  » néolibéralisme du gouvernement « .

La division du travail entre Giscard et Ponatowski, recouvre en fait l’unité de la politique giscardienne : une politique résolument anti-ouvrière.

– Comment par exemple les travailleurs ne s’interrogeraient-ils pas sur la faiblesse de la bourgeoisie alors que, toutes les initiatives internationales de l’impérialisme français révèlent sa situation d’impérialisme secondaire, soumis à une double pression, celle des deux super-puissances, et celle d’une nature différente des pays du Tiers-Monde.

Aujourd’hui dans leurs voyages dans les pays du Tiers-Monde les dirigeants français apparaissent comme de simples commis voyageurs des capitalistes français, chargés d’arracher des contrats. On est très éloigné de l’image que l’impérialisme français tentait de se donner auprès des travailleurs, celui d’une grande puissance qui noue des relations sur un pied d’égalité avec les autres puissances impérialistes, qui exerce sa tutelle dans toute une série de régions…

– Comment par exemple, les travailleurs ne mesureraient-ils pas la faiblesse et l’instabilité de l’actuelle majorité présidentielle, alors que la première année Giscard est émaillée d’incidents entre l’UDR et les autres composantes de cette majorité, émaillée de projets de lois votés avec l’opposition contre une partie de cette majorité (avortement par exemple). Les réajustements nécessaires entre l’UDR et ses alliés gouvernementaux ne sont visiblement pas terminés, et empêchent l’impérialisme français de définir clairement ses projets sur des problèmes comme l’Europe, les relations avec l’impérialisme US…

POLITIQUE DEGRISE, POLITIQUE DE FAIBLESSE

Tous ces éléments montrent à l’évidence que  » notre  » impérialisme est en position de faiblesse et qu’on est loin, dans l’année Giscard, de la domination relativement stable des années 60. Les mots d’ordre de notre Parti  » à la bourgeoisie de payer la crise « ,  » oui, la révolution est possible  » rencontrent chaque jour un écho de plus en plus grand.

Non, quoi qu’en dise Giscard, les travailleurs manuels ne sont pas  » isolés dans la société  » aujourd’hui, ils en constituent au contraire le cœur, la force vive et ils montrent la voie à Chausson, à Usinor, à Renault, à Besancon, partout dans le pays !

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Teng Siao Ping à Paris (1975)

Le 11 mai, Teng Siao Ping, vice-président du Comité Central du Parti Communiste Chinois, membre du Comité Permanent du Bureau Politique, vice-premier ministre du Conseil des Affaires d’Etat de la République Populaire de Chine, arrive dans notre pays à l’invitation du gouvernement français.

La venue de Teng Siao Ping en France montre à quel point, depuis plusieurs années déjà, l’impérialisme français a été contraint d’abandonner son attitude d’hostilité ouverte envers la République Populaire de Chine, au fur et à mesure qu’elle remportait victoire sur victoire dans l’édification du socialisme, au fur et à mesure que grandissait dans le monde le soutien à sa politique de paix et d’indépendance nationale.

La place prise par la République Populaire de Chine dans le Tiers Monde, le rôle qu’elle a joué dans la constitution du Tiers Monde en force politique défiant l’impérialisme, le social-impérialisme et l’hégémonisme, le ferme et indéfectible appui qu’elle apporte aux peuples en lutte contre l’impérialisme, sont autant de contributions de la Chine au développement de la révolution mondiale.

Pour la classe ouvrière et le peuple de France, la révolution chinoise, en remportant, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la victoire sur l’impérialisme, en engageant un quart de l’humanité dans .l’édification du socialisme, a suscité un puissant espoir, a constitué un immense encouragement.

Aujourd’hui, la Chine Populaire suscite de plus en plus l’intérêt et l’enthousiasme dans les masses de notre pays, pour le socialisme qui se construit: face à la tragédie de la restauration du capitalisme en URSS, le peuple chinois, sous la direction du Parti Communiste Chinois, montre qu’il est possible de s’opposer victorieusement au révisionnisme et à la restauration du capitalisme, que l’énergie et l’enthousiasme des masses portent en avant l’édification du socialisme, le renforcement de la dictature du prolétariat.

Bienvenue au camarade Teng Siao Ping !

Vive la Chine Rouge !

Vive l’amitié révolutionnaire du peuple chinois et du peuple de France !

5 mai 1975

Le Bureau Politique du PCR (ml).

BIENVENUE AU CAMARADE TENG SIAO PING

[Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

Lundi 12 mai, Teng Siao-Ping, Vice-Premier Ministre de la République Populaire de Chine, est arrivé à Paris en visite officielle. Cette visite suscite chez les travailleurs de notre pays un très large intérêt.

C’est la preuve de l’écho grandissant que rencontrent les nombreux succès enregistrés par le peuple chinois dans la lutte pour l’édification du socialisme ; les calomnies traditionnelles des révisionnistes du P »C »F, les déformations malhonnêtes des journalistes bourgeois, ne réussissent plus aujourd’hui à bloquer l’intérêt des travailleurs de France pour les réalisations prodigieuses qui s’accomplissent en Chine : la construction d’une société sans exploitation ; la bataille permanente menée sous la direction clairvoyante du Parti Communiste Chinois pour prévenir les tentatives de restauration du capitalisme ; l’élévation constante du niveau de conscience des masses chinoises, autant de questions qui intéressent au premier chef les ouvriers, les paysans, intellectuels progressistes de notre pays.

LES CONTRIBUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE A LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE MONDIALE

Mais c’est la signification même de ce voyage qui suscite un grand intérêt dans notre pays. Quel est le but poursuivi par le Gouvernement Chinois ? En quoi un tel voyage s’intègre-t-il à la politique d’ensemble de la République Populaire de Chine ? Telles sont les questions que posent les travailleurs dans les entreprises aux militants de notre Parti. Quelles réponses faut-il fournir à notre sens.

La contribution du peuple chinois à la lutte pour la révolution prolétarienne mondiale revêt, parce qu’il a pris le pouvoir et édifié un puissant Etat socialiste, des formes multiples.

L’exemple et l’encouragement que constituent pour tous les peuples du monde les succès enregistrés par le peuple chinois dans l’édification du socialisme; dans la lutte contre le révisionnisme, sont un des aspects de la contribution de la Chine à la révolution mondiale. Le soutien apporté aux luttes révolutionnaires dans le monde, comme par exemple, le soutien indéfectible et permanent depuis 1949 aux peuples Indochinois aujourd’hui victorieux, c’est un autre aspect de cette contribution.

La part active prise par la République Populaire de Chine à la constitution du Tiers-Monde en force politique, capable d’infliger de graves défaites politiques, économiques à l’impérialisme et au social-impérialisme, c’est encore un autre aspect de cette contribution.

Mais si ces différents aspects sont assez bien connus dans notre pays, il serait faux d’en ignorer un quatrième : en nouant avec des pays impérialistes des relations sur la base des cinq principes de coexistence pacifique (*), la Chine grand Etat socialiste édifié par le quart de l’humanité, conquiert du même coup la possibilité d’influencer le développement plus ou moins rapide des contradictions à l’échelle du monde et particulièrement les aiguisements des contradictions inter-impérialistes.

Parce que la politique extérieure d’un Etat socialiste ne peut se borner au seul soutien des forces révolutionnaires dans le monde et considérer les pays impérialistes comme un bloc, se désintéresser des contradictions qu’il connaît et qui l’affaiblissent : au contraire, la place conquise par la Chine aujourd’hui sur la scène internationale lui offre cette possibilité très importante de jouer sur ces contradictions, de contribuer ainsi, indirectement mais de manière évidente, au renforcement du camp de la révolution. C’est dans ce cadre là qu’il faut à notre avis replacer la visite de Teng Siao Ping en France.

C’est l’analyse qu’il fait de la situation mondiale, des bouleversements intervenus dans le monde dans la dernière décennie qui guide la politique extérieure définie par le gouvernement chinois.

Deux faits décisifs qui revêtent chacun une grande importance fondent cette situation nouvelle :
1) l’irruption du Tiers-Monde sur la scène mondiale, en force politique.
2) la division, les clivages, les modifications intervenus dans le camp impérialiste : d’une part la restauration du capitalisme en URSS, la dégénérescence du premier Etat socialiste en un Etat social-impérialiste, socialiste en parole, impérialiste dans les faits, a modifié considérablement la situation ; une nouvelle superpuissance est venue rivaliser avec l’impérialisme US, exerçant un féroce diktat sur toute une partie de l’ancien camp socialiste, agressant la Tchécoslovaquie, mettant à profit le déclin et les défaites enregistrées par cette superpuissance pour tenter, en se prévalant de son masque  » social « , de prendre pied dans ses zones d’influence. Ces deux superpuissances rivalisent pour se repartager le monde, imposer leur hégémonie et renforcent ainsi le danger d’une nouvelle guerre mondiale. Ce sont elles que les communistes chinois caractérisent comme constituant  » le premier monde « .

D’autre part, les impérialismes secondaires comme l’impérialisme français, qui sont soumis aux pressions grandissantes des deux superpuissances, c’est  » le second monde « .

La politique extérieure du gouvernement chinois vise à la fois à renforcer le camp du Tiers Monde et les initiatives qu’il prend contre l’impérialisme, le social impérialisme et particulièrement contre l’hégémonisme des deux superpuissances, à la fois à aggraver la situation du camp impérialiste en approfondissant les clivages qui y existent.

LA CHINE ET LE TIERS MONDE

La Chine fait partie intégrante du Tiers-Monde qui regroupe les pays opprimés et dominés par l’impérialisme et les pays qui se sont libérés de ce joug. Toujours depuis 1955, depuis la conférence de Bandoung, la République Populaire de Chine a mis l’accent sur la nécessité pour les peuples du Tiers-Monde d’unir leurs efforts pour lutter contre la domination impérialiste.

Contraints progressivement par la pression des peuples coloniaux, de substituer à l’ancien mode de domination colonial, un mode de domination plus camouflée, le néo-colonialisme, l’impérialisme avait pu pendant une période, limiter ses reculs. Mettant à la tête des pays ayant nouvellement accédé à l’indépendance des agents entièrement à sa solde, l’impérialisme poursuivit sa politique de pillage et de rapine.

Mais aujourd’hui de plus en plus cela n’est pas possible. A de nombreuses reprises dans les conférences internationales (conférences de l’ONU sur les matières premières, sur la démographie, sur le droit des mers…), dans la mise sur pied d’organisation des pays dominés producteurs d’une même matière première à l’exemple de ce qui a été fait pour le pétrole, dans la collaboration entre ces divers organisations, le Tiers-Monde arrive à faire entendre une même voix.

Même des gouvernements très réactionnaires, jusqu’ici très soumis à l’impérialisme et exerçant une sévère répression sur leur peuple, en viennent aujourd’hui à s’unir à des pays aux positions traditionnellement anti-impérialistes. Ils sapent ainsi non seulement les intérêts impérialistes dans leurs pays, mais les bases mêmes sur lesquelles ils ont construit leur domination, favorisant tôt ou tard la remise en cause par leur propre peuple de leur régime réactionnaire.

Ce nouvel essor de la lutte des pays du Tiers-Monde a été rendu possible avant tout par deux facteurs : le premier facteur, c’est l’exemple et l’encouragement qu’a constitué pour tous les peuples de ces pays la lutte des mouvements de libération nationaux, particulièrement la lutte armée des peuples d’Indochine qui démontrait qu’une superpuissance aussi bien armée que l’impérialisme US pouvait être tenue en échec et défaite par le peuple d’un petit pays ; le fait que la première lutte d’envergure menée par le Tiers-Monde sur les matières premières, l’ait été à l’occasion de la lutte des peuples arabes contre l’état agresseur d’Israël souligne de même l’influence des luttes et libération dans le déclenchement de ce mouvement revendicatif.

Le second facteur c’est justement le rôle joué par la Chine socialiste qui a constamment souligné la nécessité d’unir le Tiers-Monde, qui utilise tout son prestige international à l’ONU, dans les conférences internationales pour contribuer à forger cette unité, qui dans son programme d’aide économique désintéressée au Tiers-Monde, fournit aux pays concernés des moyens pour s’opposer à la tutelle impérialiste.

Aujourd’hui plus que jamais, le Tiers-Monde porte des coups décisifs à l’impérialisme et au social-impérialisme. Une composante importante de la politique extérieure de la Chine consiste à prendre une part active au renforcement de l’unité du Tiers-Monde pour renforcer, le camp de la révolution.

LA CHINE ET LE SECOND MONDE

En distinguant dans le camp impérialiste premier monde et second monde, les communistes chinois caractérisent un clivage important qui existe entre les deux superpuissances et les impérialismes secondaires.

D’un côté deux impérialismes dont la rivalité devient de plus en plus aiguë, d’autant plus que l’essor des luttes des pays du Tiers-Monde réduit le champ où peut s’exercer cette rivalité ; de l’autre côté, des impérialismes qui sont trop faibles pour aspirer à dominer le monde, pour avoir des visées hégémoniques et qui voient leurs ambitions impérialistes contrecarrées doublement : du fait des pays du Tiers-Monde qui exigent d’eux comme de tout le camp impérialiste des concessions importantes, et du fait des pressions des deux superpuissances qui chacune tente de s’assujettir plus étroitement ces pays impérialistes secondaires.

D’un côté deux superpuissances qui s’arment à outrance en prévision de guerre mondiale, parce qu’elles savent qu’un repartage du monde se fera au profit de celui qui aura instaurer un rapport de force militaire en sa faveur ; de l’autre côté des impérialistes secondaires insuffisamment armés pour faire face aux pressions des deux superpuissances, insuffisamment unis pour opposer un front commun à ces pressions.

Accroître les difficultés du camp impérialiste en accroissant les contradictions entre le premier monde et le second monde, tel est a notre sens la signification de la politique extérieure suivie par la République Populaire de Chine. Les appels à renforcer l’unité de l’Europe, la décision de nommer un ambassadeur à la Communauté Economique Européenne en plus des ambassadeurs chez différents pays européens, la visite de Teng Siao Ping à Paris, ce sont toutes des initiatives convergeant vers le même but : empêcher l’une ou l’autre des deux superpuissances de faire aboutir ses pressions sur les impérialismes secondaires.

Et si parmi les impérialismes secondaires, la politique extérieure chinoise consacre une place importante aux pays européens, c’est dû avant-tout à la place stratégique qu’occupe l’Europe dans la rivalité des deux superpuissances. Du fait de son potentiel économique, de son potentiel en hommes, de son développement technologique, de ses liens avec les anciens empires coloniaux, l’Europe constitue bien l’enjeu clé de la rivalité des deux superpuissances.

Chacune d’entre elle masse des troupes et un armement important en Europe même, ou en Méditerranée. Le danger de guerre mondiale qui s’accroît avec les rivalités exacerbées des deux superpuissances concerne ainsi clairement les pays européens, et les appels à l’unité lancés aux pays européens par le gouvernement chinois visent à prévenir un tel danger.

C’est la même préoccupation qui guide la politique du gouvernement chinois, chaque fois qu’il souligne les points d’unité qui se manifestent entre le Tiers-Monde et le Second Monde comme par exemple la Conférence de Lomé, sanctionnée par des accords économiques importants entre 46 pays d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes et la communauté européenne.

De tels accords ne ressemblent plus guère aux accords que l’impérialisme pouvait imposer à des pays néo-coloniaux et qui constituaient un brigandage pur et simple. Aujourd’hui pour conclure de tels contrats, pour nouer avec les pays du Tiers Monde des liens effectifs pour tenter d’atténuer les effets de la crise, de la pression des deux superpuissances… les pays européens, même s’ils conservent leurs ambitions impérialistes sont obligés de consentir aux pays du Tiers-Monde des concessions qui les renforcent.

Poser la question à qui profite ces accords, c’est y répondre quand on souligne qu’il s’agit d’accords entre une force qui décline, qui est assaillie de difficultés de toute part, et une force qui s’accroît, se développe remportant des victoires importantes. De tels accords sont ainsi positifs à deux points de vue : parce qu’ils renforcent le Tiers-Monde, parce qu’ils renforcent l’isolement des deux superpuissances.

Ainsi on le voit la politique extérieure de la Chine contribue largement à l’essor de la révolution mondiale, renforce le camp de la Révolution, affaiblit le camp de l’impérialisme contribue à renforcer la vigilance des peuples et des pays face au danger de guerre mondiale. Toute la politique extérieure chinoise contribue à l’aiguisement de la contradiction principale dans le monde entre l’impérialisme et le social impérialisme d’une part, et tous les peuples du monde d’autre part. Notre Parti soutient activement cette politique et appelle tous les travailleurs de notre pays à recevoir chaleureusement le Vice-Premier Ministre de la République Populaire de Chine.

Notre peuple saura apporter sa contribution la révolution mondiale en résolvant la contradiction auquel il est directement confronté, la contradiction bourgeoisie-prolétariat.

Il saura tirer profit de la situation particulière de l’impérialisme français, impérialisme secondaire, pour aiguiser sa crise politique et développer son activité révolutionnaire dans le but de prendre pouvoir. Il saura renforcer sa vigilance contre Ie danger de guerre mondiale que font courir le deux superpuissances et sera prêt à prendre la tête de la lutte pour l’indépendance nationale, si l’une ou l’autre des deux superpuissance agresse notre pays. Il saura s’unir aux forces révolutionnaires dans le monde pour infliger des coups sévères au camp impérialiste.

VIVE L’AMITIÉ DES PEUPLES CHINOIS ET FRANÇAIS

VIVE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE MONDIALE

VIVE LA LUTTE POUR LA RÉVOLUTION EN FRANCE

A BAS LES DEUX SUPERPUISSANCES

* Les principes léninistes de la coexistence pacifique entre les pays à système sociaux différents :

– respect mutuel de l’intégralité territoriale et de souveraineté
– non agression mutuelle
– non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures égalité et avantages réciproques
– coexistence pacifique.

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe

Le 21e congrès du PCF, une voie sans issue (1975)

[Publié dans Révolution Prolétarienne du 2 janvier 1975.]

Au lendemain de l’élection de Giscard d’Estaing le 19 mai 74, les dirigeants du parti révisionniste affichaient leur satisfaction: jamais, selon eux, la « gauche unie » n’avait réuni un bloc de voix aussi important, frôlant de peu la majorité absolue.

Ce n’était certainement pas le sentiment des travailleurs qui avaient voté Mitterrand sans enthousiasme, sans grandes illusions, simplement parce qu’ils ne voulaient plus voir les mêmes politiciens au gouvernement, et notamment Giscard, parce que, pensaient-ils, de toute manière, ça ne pourrait être pire qu’auparavant avec Mitterrand.

Pour eux, l’élection de Giscard signifiait qu’en principe, dans le cadre électoral, pendant 7 ans ils ne pouvaient s’attendre à aucun changement significatif si ce n’est à l’aggravation de leurs conditions de vie.

Déception d’autant plus grande que le parti révisionniste avait laissé entendre que les meilleures conditions étaient réunies pour une victoire électorale de la « gauche ».

Et dans une large mesure, c’était vrai: « l’union de la gauche » présentée par le P »C »F depuis des années comme la panacée, réclamée, attendue, préparée, avait enfin abouti au « programme commun » deux ans à peine plus tôt. Elle conservait donc encore un certain pouvoir d’illusions malgré les législatives de 1973, une certaine « dynamique ».

D’autre part, il ne s’agissait plus d’élections législatives où les découpages et les modes de scrutin électoraux déforment le score réel des différents partis bourgeois, mais d’élections présidentielles où la « gauche » et la droite peuvent se compter voix par voix, à l’échelon du pays. Enfin, lors de ces élections provoquées par la mort de Pompidou, les candidats officiels de la bourgeoisie apparaissaient au premier tour divisés face à un candidat unique de la « gauche ».

Pour offrir, malgré cet échec particulièrement sensible, une perspective crédible, la direction du P »C »F, Marchais en tête, se lançait dans une sorte de fuite en avant vers un réformisme et un électoralisme encore plus ouverts et avoués qu’auparavant.

L’échec électoral est expliqué ainsi: il n’y a pas eu de majorité électorale pour la  » gauche  » dans la mesure où la « gauche » semblait encore trop vouloir « passer à la construction d’une société socialiste ».

La conclusion est; elle aussi, claire: il faut carrément abandonner, même à titre d’horizon lointain, l’idée de socialisme et gagner de nouveaux électeurs en leur précisant bien qu’il ne s’agît absolument pas de changer de société, que le programme commun ne touche en rien au système capitaliste et ne débouche pas obligatoirement du tout sur le socialisme.

C’est le sens du nouveau slogan « Union du peuple de France pour le changement démocratique ». Le 21° congrès extraordinaire, convoqué pour fin octobre 74, devait normalement ratifier cette orientation. C’est ce que Marchais a expliqué avec beaucoup de cynisme et de sans gêne à deux journalistes bourgeois.

Harris et Sédouy, quelques jours seulement après le Comité Central de juin: « Qu’est-ce que je leur ai dit, aux camarades, à ce Comité Central ? …. Je leur ai dit ceci: (…) nous sommes un grand Parti: 400.000 membres; 21.000 cellules, etc. Mais malgré cela, nous sommes incapables de réaliser tous seuls les transformations que nous souhaitons.

Se pose donc le problème de savoir avec qui s’allier… En l’occurrence, le Parti Socialiste et les radicaux de gauche… Résultats aux présidentielles: 49,2% des voix: 13 millions d’électeurs ont voté pour nous… On peut se féliciter… Mais on n’a toujours pas la majorité…

Et même, franchirions nous la barre avec 50,02% que ce serait pour nous encore insuffisant, cette majorité formelle… Il nous faut un courant qui rassemble beaucoup plus de monde, si nous voulons réussir l’expérience que nous proposons.

Déjà, à bien regarder les résultats, on s’aperçoit que nous mêmes, mais surtout le Parti Socialiste, n’avons pas fait le plein au premier tour. (…) Bref, au second tour, l’alliance de la gauche a fait le plein des voix sur lesquelles elle pouvait compter.

Alors ? Alors j’ai dit aussi cela au Comité Central et je le redis dans le Parti, partout où je vais: que cela nous plaise ou non, il n’y a pas aujourd’hui en France de majorité qui souhaite « passer à la construction d’une société socialiste »… Je dis aux militants: si nous nous battons sur ce mot d’ordre, vous allez fêter le 100° et même le 150° anniversaire du Parti dans l’opposition… Vous et vos enfants… et la bourgeoisie continuera de diriger le pays…

Il ne faut donc pas que le programme de transformations que nous proposons aux Français soit tellement avancé qu’il entraîne un phénomène de rejet chez des gens que nous pouvons gagner. (…)

D’ailleurs, on ne changera pas de société puisque, de sociétés, il n’y en a que deux : capitaliste ou socialiste. Mais on changera des choses qu’il est indispensable de changer avant d’aller plus loin. Ceux qui croient au « grand soir », à la révolution, se font des illusions, dans un pays développé comme le nôtre. (…)

– Le programme commun, vous y tenez toujours autant ?

Du point de vue de son contenu fondamental, oui. Mais évidemment, il faudra lui faire subir des adaptations conjoncturelles. C’est l’évidence… Surtout si la prochaine échéance électorale est dans deux ou quatre ans.

 – Et si des élections ont lieu dans 6 mois ? 

Nous ferons aussi des adaptations conjoncturelles du programme commun. (…) Si nous nous assignons comme objectif premier de COMMENCER la transformation socialiste, si c’est cela notre mot d’ordre, ce n’est pas 13 millions de voix que nous aurons, c’est 10… Il faut tout de même se décider à voir les gens comme ils sont, et pas comme on voudrait qu’ils soient… » (Harris et Sédouy P 428-429).

De fait, toute la préparation du congrès a été axée sur l’abandon du mot d’ordre de socialisme. Marchais déclarant au lendemain du CC: « II ne s’agit pas de socialisme, pas non plus du commencement de la construction du socialisme. Il s’agit de réformes démocratiques ». Et au CC: « la majorité de notre peuple n’est pas disposée à passer au socialisme ».

Voilà qui tranche avec les formules employées encore par Waldeck Rochet, au lendemain de mai 68 : « Le socialisme se trouve à l’ordre du jour, en France comme partout dans le monde… La classe ouvrière, la majorité du peuple doivent être conquises à l’idée et à la pratique d’une transformation socialiste de la société ». (Manifeste de Champigny).

A partir de là, à partir de cet abandon avoué de l’objectif du socialisme, la direction du P »C »F espérait élargir au maximum ses bases électorales, les étendre à tout un électorat réactionnaire : « Aujourd’hui, est-ce au socialisme que nous voulons gagner la masse de ceux qui n’ont pas encore rejoint le combat pour des objectifs simplement démocratiques ?

Non, c’est à ces objectifs démocratiques que nous voulons les gagner ». A partir du moment où disparaît même l’idée d’un passage au socialisme, le rassemblement essentiellement électoral autour d' »un changement réel » pouvait en effet englober à peu près toutes les classes sociales: « Fixons-nous une limite à ce rassemblement ?

Notre réponse est catégorique: Non, aucune limite, à l’exception de la poignée de féodaux des grandes affaires et de leurs commis politiques. »

Le P »C »F a alors particulièrement en vue ce qui reste de l’électorat gaulliste. Après la défaite de Chaban, Marchais ne s’en cache pas et fait, à la télévision même, des avances publiques à Sanguinetti, dès, qu’est acquise l’élection de Giscard.

Il souligne dans son rapport au CC: « Je le dis en pesant mes mots: nous tenons le rapprochement avec les travailleurs et patriotes gaullistes comme une des questions déterminantes de la réalisation de l’union du peuple français qui est notre objectif ».

Ainsi, des politiciens gaullistes comme Charbonnel, traité quelques mois auparavant de fasciste parce qu’il menaçait certains fonctionnaires de sanctions, se verraient félicités et encouragés dans leur opposition à Giscard d’Estaing. Ainsi aura lieu une rencontre officielle entre des responsables de la J »C » et ceux de l’UJP, sorte d’antichambre de l’UDR réservée aux plus jeunes et dont certains servaient de force d’appoint aux nervis des SAC.

L’autre perspective d’alliance sur laquelle le P « C »F insiste particulièrement, ce sont  » les petits et moyens entrepreneurs »: « atteints par les mesures de concentration du capital, ils s’interrogent sur leur avenir. Ils peuvent mesurer combien -loin d’être opposés à l’amélioration des conditions de leurs salaires – leurs intérêts leur commandent d’agir avec l’ensemble des forces populaires, pour les changements démocratiques ».

A la rentrée de septembre 1974, lors de la fermeture de plusieurs petites entreprises, le P »C »F chercha, localement, mais sans succès, à affirmer, sur le terrain, cette possibilité vraiment nouvelle d’alliance entre patrons et ouvriers…

Ce qui se dessine alors, ce qui est encouragé c’est la généralisation d’une euphorie réformiste diluant toute référence à des positions de classe, débouchant ouvertement sur la collaboration de classes.

A titre d’exemple, cette déclaration, parmi d’autres, d’un membre du P »C »F, publiée dans la « Tribune de discussion » avant le 21° congrès: « Alors, est ce que ce but n’est pas apte à rallier les chrétiens, les UDR, les séminaristes, les cadres supérieurs, le voisin de palier. J’en passe et des meilleurs…

Je pense donc que nous pouvons, sans arrière pensée, être fiers de la pureté de nos buts, tendre la main à l’électeur de droite, à des hommes politiques de droite en sachant qu’ils acceptent de s’associer à cette tâche.

Car ils sont, comme nous, témoins de la crise matérielle, économique et morale qui envahit la France: pornographie, érotisme, drogue, injustice, chômage… ».

Désormais, l’application du programme commun par un gouvernement de gauche n’est plus présentée comme une étape transitoire, un moyen indispensable pour passer au socialisme. Au contraire, le CC souligne: « la démocratie que nous voulons n’est pas conçue comme un moyen pour aller plus loin. »

Et la « Tribune de discussion » renchérit:

« II ne me semble pas juste de dire qu’au bout de la législature, le peuple décidera démocratiquement de poursuivre ou non vers le socialisme. Nous affirmons que le choix sera plus étendu:
– poursuivre sur la base du programme commun
– choisir un autre gouvernement, de droite
– faire un nouveau pas vers plus de bien être, de démocratie, de liberté… oui, peut-être, pourquoi pas ? … poser en commun les bases du socialisme… »

La nouveauté de l’affaire, c’est de faire figurer le passage au socialisme comme une possibilité bien improbable, le plus certain étant la prolongation indéterminée du système capitaliste avec un gouvernement de « gauche »… ou de droite !

Voilà qui est fait pour réconforter et rassurer une frange de l’électoral réactionnaire, mais qui n’offre plus aucune perspective, même en trompe l’œil, à la masse des travailleurs qui aspirent à des changements profonds.

Pour faire passer cette orientation, la direction entend accélérer la transformation du Parti. Quand elle parle de le renforcer il s’agit d’y faire rentrer en nombre des éléments réformistes ou réactionnaires carrément hostiles à l’idée de socialisme: « Je ne pense ni erroné, ni inutile de déclarer que peuvent être membres du Parti des gens qui ne souhaiteraient pas le passage au socialisme » déclare dans la « Tribune de discussion » officielle, un révisionniste de Paris.

Et quand Plissonnier parle « d’en profiter pour promouvoir une nouvelle génération de dirigeants à tous les échelons », il s’agit d’accélérer ce qui est très sensible, notamment depuis 1968, la promotion aux postes de responsabilités de techniciens, cadres, enseignants attirés par le réformisme accentué du P »C »F et par l’espoir d’y faire rapidement carrière.

Mais cette transformation plus ouverte du P »C »F en un parti réformiste, bourgeois dans son fond, basé sur la collaboration de classes, de multiples indices montrent, dans le cours même de la préparation du congrès, que la direction du P »C »F rencontre des résistances pour la faire accepter.

La « Tribune de discussion » ouverte avant le congrès dans « L’Humanité », destinée, il est vrai, à offrir une image « démocratique » du parti révisionniste, se consacre essentiellement, et ce n’est pas un hasard, à vaincre un certain nombre de résistances, même si ces résistances surtout dans ce cadre, s’expriment de façon souvent confuse.

Une grande partie de la « Tribune » consistera à multiplier les contre-attaques face à un avocat du diable – un certain Sterdyniak – à qui est laissée, en début de campagne, la possibilité d’exprimer son opposition sur deux points clés:

1°) d’une part la question du socialisme:
« même actuellement, on ne peut se contenter de dire: « la majorité de notre peuple ne veut pas du socialisme » et de ranger le socialisme dans notre placard en attendant des jours meilleurs; de dire « rassurez-vous ! le programme commun, ce n’est pas le socialisme, comme si le socialisme était un repoussoir ».

2°) d’autre part la question du recrutement dans le parti révisionniste:
« il me parait erroné et inutile de déclarer que peuvent être membres du PCF des gens qui ne souhaiteraient pas le passage au socialisme ».

Par ailleurs, le thème de l’alliance avec les PME, thème qui a les plus grandes difficultés à obtenir dans les entreprises un minimum d’écho auprès des travailleurs, même influencés par le P »C »F, suscite dans le cours de la « Tribune », un malaise persistant: « II est difficile… de convaincre les petits patrons et leurs salariés qu’ils sont ensemble victimes de la politique des grands monopoles en se contentant de l’affirmer ».

A quoi il est apporté des réponses qui se veulent rassurantes mais qui restent floues, et pour cause, et très peu convaincantes, du type: « Notre juste souci de gagner les propriétaires des PME à l’union du peuple de France, l’assurance du maintien de leur existence et de leur activité donnée par le programme commun, ne peuvent en aucun cas nous amener à céder en quoi que ce soit sur les revendications de ces travailleurs » déclare Poperen, membre du BP du P »C »F. Patrons et travailleurs de PME auraient des « intérêts convergents et non toujours identiques »!

Alors que des millions d’ouvriers savent, par expérience, que les patrons des PME, face aux difficultés économiques, aux restrictions de crédit, recourent toujours au blocage des salaires, à l’accélération des cadences, au chômage partiel, aux licenciements, et comme en particulier dans le bâtiment, à la fermeture pure et simple. Quant à l’alliance avec les gaullistes, elle ne suscite pas apparemment de remise en cause nette.

Toutefois, nombre de « contributions » reviennent dessus, et dès qu’elles essaient de sortir des considérations générales sur l’indépendance nationale, et de devenir plus concrètes, elles offrent, en clair, la perspective, inquiétante pour des travailleurs tant soit peu attachés au socialisme, de collaboration avec des éléments foncièrement anticommunistes.

Ainsi ce témoignage d’un révisionniste qui avait fait ses études dans une école militaire de 58 à 66, où prédominaient des officiers gaullistes et anti-communistes: « dès cette époque, à la faveur de rencontres sportives mettant en contact des cadres sportifs adhérant au PCF et des cadres sportifs militaires, des discussions passionnées étaient engagées…

Ces contacts se sont d’ailleurs mués parfois en amitié: tel sous-officier, responsable des sports, aux propos anti-communistes, qui la retraite venue, se fit une joie d’offrir ses services à un club d’athlétisme d’une municipalité communiste ». Voilà qui en dit long en tout cas sur la politique et le personnel sportif des municipalités révisionnistes…

Quelques semaines à peine avant le congrès, le climat et les objectifs mêmes du congrès se modifient brusquement. Jusqu’alors ce qui était mis au premier plan, c’était: « l’union du peuple de France, la main tendue aux gaullistes et aux PME, et à tous…. à l’exception d’une poignée de féodaux », « les changements limités du programme commun… qui ne sont pas conçus comme un moyen d’aller plus loin », « le socialisme n’est pas à l’ordre du jour ». C’étaient les thèmes centraux des réunions de cellules « à cœur ouvert » organisées au mois de juillet.

Désormais, les responsables du P »C »F, dans les conférences fédérales, les réunions « plein-phare » mettent au contraire en avant une nouvelle batterie de mots d’ordre: « renforcement du Parti », « le PCF parti d’avant garde de la classe ouvrière », « le PCF seul garant de l’application du programme commun de la gauche »…, « le renforcement du PCF, condition du maintien de l’union de la gauche »…

Dans le même temps, les remontrances aux « alliés », le PS et les radicaux de gauche, ne tarissent pas, ils sont quotidiennement accusés de « faire objectivement le jeu du grand capital », « d’être tentés de renouer avec leur passé de collaboration de classes », d’exercer « un chantage sur le PCF ».

La raison apparente immédiate de ce revirement, ce sont les résultats des élections législatives partielles de septembre: les révisionnistes y ont perdu des voix et n’ont obtenu aucun siège.

Alors que radicaux de gauche et socialistes progressaient au détriment de l’UDR, mais aussi du P »C »F et obtenaient plusieurs sièges. Si cet échec électoral, réel mais limité, a pu être l’occasion d’un tel revirement, c’est qu’il pouvait servir d’aliment et d’argument à toutes les résistances plus ou moins clairement exprimées à « l’union du peuple de France » telles qu’elles se manifestaient à l’intérieur du P »C »F.

Cet échec électoral ravivait de façon aiguë toutes les méfiances latentes, au sein du P »C »F vis-à-vis de la solidarité de l’union de la gauche, la confiance qui pouvait être accordée au PS et à Mitterrand. En clair, deux questions, même si elles ne sont pas explicitement formulées, viennent à l’ordre du jour.

à qui profite l’union de la gauche ?

L’échec électoral de Septembre révèle crûment que le P.S. est, de loin, le plus gros bénéficiaire de l’opération.

Réduit à 5% de l’électorat en 1969, lors de l’élection présidentielle, la vieille social-démocratie pourrie, discréditée va se donner un nouveau visage « de gauche », grâce principalement au P »C »F qui a répété depuis plusieurs années que le P.S. avait changé de nature, qu’il était l’ornière de la collaboration de classe, etc…

Que Mitterrand n’avait plus rien à voir avec l’anticommuniste des années 50 etc … Ainsi remis en selle, le P.S. rénové a reconquis une base électorale et, maintenant, de ce point de vue, dépasse le P »C »F.

Or pour supplanter le P »C »F, le P.S. joue sur deux tableaux:

– en tant que vieux parti bourgeois qui inspire entière confiance à la bourgeoisie, qui a su, depuis longtemps, la servir avec zèle (répression des mineurs en 1948, guerre d’Algérie avec Guy Mollet) et qui conserve son réseau de notables réactionnaires, il est en mesure de rassembler toute un électoral bourgeois, petit bourgeois, réactionnaire qui, par de vieux réflexes, se méfie encore du P »C »F.

Il cultive la peur du P »C »F parmi toute une partie de l’électorat qui persiste à voir dans ce parti des velléités révolutionnaires ou craignent l’instauration d’une dictature terroriste semblable aux nouveaux tsars du Kremlin. Il se présente ainsi comme le meilleur garant de la démocratie bourgeoise, jouant à l’occasion sur ses liaisons maintenues officiellement dans de nombreuses municipalités.

– d’un autre côté, le P.S. se pose en parti « plus à gauche » que le P »C »F, s’offrant le luxe de parler de socialisme, au moment où le P »C »F met ce mot d’ordre au placard ; par le biais de la C.F.D.T. et des « Assises » , en maniant démagogiquement une phraséologie révolutionnaire et des thèmes comme l’autogestion, le P.S. est en mesure de récupérer des travailleurs qui s’écartent du P »C »F parce qu’ils constatent son évolution toujours plus franche avec le réformisme.  

où veut en venir le ps ?

A partir de là, une seconde question se pose à nombre de militants du P »C »F: OU VEUT EN VENIR LE P.S.?

Tout indique que le P.S., disposant d’une influence électorale plus large que celle du P »C »F et de Mitterrand, propulsé par deux fois comme vedette, lors des présidentielles, avec l’aide du P »C »F, tout indique que le P.S. a désormais les moyens de jouer le rôle de « parti charnière », et, une fois au gouvernement, de rester maître du jeu, libre de maintenir ou de rompre son alliance avec le P »C »F en fonction d’intérêts de la bourgeoisie.

Dès Août 74, Lecanuet appelait les socialistes à se séparer du P »C »F, à rejoindre les centristes et se déclarait déjà prêt à les accueillir…

Comment nombre de militants du P »C »F n’auraient-ils pas senti durant la campagne présidentielle que, tandis qu’ils servaient de colleurs et de diffuseurs pour le premier secrétaire du P.S., Mitterrand, lui, entouré d’un état-major d’où était exclu tout représentant du P »C »F, menait une campagne sur un programme « personnel » passant pratiquement sous silence le programme commun ? Comment ne pas se souvenir de 1947, de l’expulsion par les socialistes des ministres P »C »F du gouvernement ?

En ravivant les inquiétudes latentes: à qui profite l’Union de la Gauche ? Le P.S. se prépare-t-il à rompre l’alliance à son profit ?

L’échec électoral de Septembre en soulève d’autres, étroitement liées : A quoi bon aller de concession en concession, d’ouverture en ouverture, sous prétexte d’obtenir l’alliance des socialistes, si tout cela n’aboutit qu’à affaiblir électoralement le P »C »F, renflouer le P.S. et lui donner la possibilité de rejeter, le moment venu, après l’avoir utilisé comme marche-pied, le P »C »F dans l’isolement ?

A quoi bon faire un pas de plus sur cette voie en tendant la main aux P.M.E. et aux gaullistes, en enterrant l’objectif du socialisme ?

Pour couper court à toute une série de questions qui pouvaient surgir et se développer à la suite de cet échec électoral et dans le cadre des discussions avant le Congrès, le P »C »F a choisi alors de dire tout haut, d’écrire publiquement ce qui, jusqu’à présent faisait l’objet d’explications officieuses, de bouche à oreille vis-à-vis des travailleurs récalcitrants.

Jusqu’à présent tandis que (‘ »Humanité » affirmait quotidiennement « la gauche unie progresse », « le P.S. a changé de nature », on rassurait les militants inquiets en leur disant: « il faut faire patte de velours pour obtenir la majorité, mais une fois au gouvernement, Mitterrand, on le tiendra, les petits patrons subiront notre loi… le P »C »F a prévu tout cela et il est le plus fort. »

Ainsi le XXIème Congrès, qui aura du consacrer euphoriquement « l’Union du Peuple de France » a été contraint de se transformer en un congrès défensif où se sont multipliées les interventions de dirigeants notamment, pour rassurer les militants sur le mode: oui nous sommes le parti de la classe ouvrière, le Parti révolutionnaire de l’Union de la gauche, oui nous resterons vigilants, nous ne permettrons pas que le P.S. retombe dans la collaboration de classe, oui nous exigerons l’application intégrale du Programme Commun etc…

C’est la première fois qu’un Congrès du P »C »F se tient dans ces conditions. Certes l’orientation d’ensemble a été de fait adoptée. Les amendements adoptés, assez nombreux, tout en servant à améliorer la façade démocratique, ne représentent que des concessions formelles, et visent effectivement à rassurer les militants inquiets.

D’une part, « les réformes profondes » y sont plus nettement rattachés au projet de « socialisme aux couleurs de la France », avec un rappel du « manifeste de Champigny »; d’autre part une mise en garde contre les dangers d’infidélité qui pèsent sur les partenaires du P »C »F a été incorporé au texte primitif; enfin, toute une partie a été rajoutée dans le paragraphe sur le Parti, pour souligner « le PCF est le grand parti révolutionnaire de notre temps. Il lutte pour le socialisme ».

Mais l’orientation définie par le Comité Central de Juin n’est pas modifiée dans le fond : il faut aboutir à des « réformes profondes  » sur la base des « orientations fondamentales » du Programme Commun.

Quant au programme lui-même: d’une part des dispositions conjoncturelles devront être revues, le moment venu, d’autre part « il pourra s’enrichir de convergences nouvelles dégagées par les partis signataires, des idées positives soumises par les forces qui s’associent à l’union ».

La main reste tendue, bien sûr, aux centristes, aux gaullistes, aux petits et moyens patrons; et l’horizon du socialisme est évoqué plus souvent, la résolution souligne en conclusion: « Aujourd’hui… le P »C »F consacre toute son énergie au rassemblement des forces capables de réaliser les changements démocratiques nécessaires. » Depuis le Congrès de Vitry, le mot d’ordre de l' »Union du Peuple de France » est passé au second plan, le P »C »F n’a pas cessé de mettre en avant la mise en garde et les griefs vis-à-vis du Parti socialiste.

Si le P »C »F met sur la place publique des griefs contre le P.S., qui circulaient dans ses rangs, c’est qu’il a de plus en plus de mal à répondre aux militants réticents connus par le passé, avec des arguments du type: « de toute façon, nous sommes les plus forts ». L’expansion et les ambitions du P.S. enlèvent de plus en plus toute solidité à ce genre d’argumentation machiavélique.

Et dans le même temps, les attaques publiques contre le P.S. apparaissant tardivement, sont peu crédibles et ne peuvent guère rassurer les militants inquiets.

Car elles portent sur des points que Marchais le premier avait semble-t-il admis il y a peu de temps, pour conclure le programme commun ou pour propulser Mitterrand aux présidentielles.

> Accuser maintenant le P.S. de vouloir se renforcer au détriment du P »C »F, qu’est ce que cela veut dire ? Il n’y a rien de nouveau. Mitterrand ne s’en est jamais caché, du moins auprès de ses « collègues socialistes européens »: « notre objectif fondamental, c’est de faire la démonstration que sur 5 millions d’électeurs communistes, 3 millions peuvent voter socialiste » déclarait-il le lendemain même de la signature du Programme Commun.

> Accuser maintenant le P.S. de s’allier à des partis bourgeois de « droite » pour gérer des municipalités, qu’y a t-il de nouveau ? La chose n’a nullement empêché la conclusion du programme commun. Et le P.S. ne s’est jamais engagé, pour, autant, à rompre ces alliances municipales.

> Accuser maintenant le P.S. d’être prêt à prendre la tête d’un gouvernement, Giscard restant président de la république, c’est avoir la mémoire bien courte. Lors des législatives de Mars 1973, Marchais avait clairement laissé entendre que la « gauche » était prête en cas de victoire électorale au Parlement, à prendre en mains les rênes du gouvernement, Pompidou restant président de la république.’

> Accuser maintenant le P.S. d’oublier le programme commun, c’est oublier un peu vite que le P »C »F a soutenu, sans broncher, la campagne présidentielle de Mitterrand qui, avec son programme « personnel », ne se gênait pas pour prendre les plus grandes libertés vis-à-vis, du programme commun et le reléguer dans l’ombre.

> Accuser le P.S. de vouloir simplement « gérer la crise du capitalisme » au détriment des travailleurs, c’est s’apercevoir, un peu tard, que le programme économique de Mitterrand n’avait pas d’autre but, c’est oublier que le P »C »F n’avait trouvé, alors, rien « à y redire ».

> Comment faire croire que le P »C »F est plus révolutionnaire que le P.S. parce qu’il réclamait davantage de nationalisations, alors que Marchais déclarait lui-même à Maire et Séguy, au lendemain du C.C. de Juin: « ceux qui croient à la révolution se font des illusions ».

En envoyant publiquement quelques attaques au P.S., en reprenant celles qui se murmurent depuis longtemps à l’intérieur du P »C »F, en tentant de se présenter comme le parti révolutionnaire de l’union de la gauche, le P »C »F cherche à étouffer les contradictions qui se développent dans ses rangs et autour de lui. Mais comment prendre au sérieux ces attaques, puisqu’elles s’en prennent à des faits et à des positions admises et acceptées depuis longtemps par le P »C »F, au nom de l’Union.

Et surtout comment peuvent- elles satisfaire les travailleurs qui s’interrogent puisqu’elles laissent intacte la ligne révisionniste: alliance électorale avec les partis de gauche, venue au pouvoir par le biais des élections, maintien intégral du programme commun et des propositions d’alliance avec les gaullistes, les petits et moyens patrons.

Ce n’est pas en se demandant très fort, et avec des arguments qui se retournent contre le P »C »F, si le P.S. ne pratique pas la collaboration de classe, qu’il est possible de répondre à des travailleurs qui mettent en doute le P »C »F lui-même, sa ligne d’ensemble, sa capacité même à jouer encore un rôle révolutionnaire en France.

Ainsi le P »C »F est de plus en plus pris dans l’étau de ses contradictions, s’enfonce de plus en plus dans la logique irréversible de sa dégénérescence révisionniste. Pour détourner les travailleurs de la voie révolutionnaire, de la voie de la destruction de l’Etat bourgeois, le P »C »F, depuis près de 20 ans, a propagé la thèse du passage pacifique au socialisme, par le biais des élections et donc au moyen d’alliances électorales.

Pour que la thèse révisionniste acquière une certaine crédibilité, le P »C »F a été nécessairement amené à essayer d’élargir sa base électorale propre, c’est à dire à multiplier ouvertement, à l’adresse de l’électorat bourgeois, petit bourgeois ou réactionnaire, les preuves qu’il n’y a plus rien à craindre de lui, qu’il a bel et bien abandonné toute velléité révolutionnaire.

D’autre part, pour que l’idée de « l’union de la gauche » se matérialise, pour que la vieille social-démocratie accepte de s’allier à lui, et le considère comme un partenaire acceptable pour la bourgeoisie, capable de gérer le capitalisme, le P »C »F a été également amené à accentuer franchement son orientation réformiste, bourgeoise, à multiplier les concessions et à les matérialiser dans le programme commun.

Cette fuite en avant vers un réformisme avoué, se distinguant de moins en moins de la social-démocratie est une nécessité inéluctable pour le P »C »F. Il n’a pas d’autre choix.

Et dans toutes ses attaques actuelles contre le P.S., le P »C »F prend bien soin de souligner qu’il n’envisage aucunement la rupture de l’alliance avec le P.S.

Il lui est impossible de prendre l’initiative de remettre en cause l’alliance avec le parti socialiste, présentée pendant des années comme le seul débouché politique possible à la classe ouvrière: ce serait bouleverser tout le système d’illusions pacifistes, électoralistes, qu’il a déployé depuis des années.

Mais en même temps, le parti révisionniste, en tant que parti bourgeois, n’a de raison d’être dans le système politique bourgeois, et donc de chance de parvenir à maintenir son influence sur les travailleurs, que s’il parvient à prolonger l’illusion qu’il lutte pour des changements véritables, pour la disparition du capitalisme.

C’est donc au moment où les aspirations révolutionnaires des masses prennent un nouvel essor que le P »C »F est amené, pour matérialiser et rendre crédible son projet de passage pacifique au socialisme, à conclure enfin l’alliance avec le parti socialiste et par conséquent à accélérer sa fuite en avant vers un réformisme des plus avoué.

Pour répondre à sa manière, aux aspirations révolutionnaires des masses, il n’a, on le voit dans toute une série de luttes revendicatives, ainsi d’autre choix que d’aggraver ses contradictions avec les masses.

On voit en particulier dans toutes les luttes de plus en plus nombreuses, qui, au-delà des revendications immédiates, mettent en cause l’organisation capitaliste de la vie et du travail, et posent, de façon plus ou moins nette, la question d’une autre société, socialiste, à construire. Dans toutes ces luttes, le P »C »F se révèle incapable de prendre en compte les aspirations des travailleurs.

Quand les hauts-fournistes d’Usinor accusent le capitalisme qui assassine les ouvriers et envisagent une organisation du travail qui mettent en premier plan la vie et la santé de l’ouvrier, le révisionnisme s’oppose catégoriquement à eux et propose seulement de perpétuer la férocité de l’exploitation par une prime de sécurité.

Face à la révolte profonde des mineurs de Liévin, victimes depuis des dizaines d’années de la politique énergétique délibérée de l’impérialisme français, le P »C »F ne peut que chercher à l’étouffer par ce chantage: « si vous allez trop loin, les Houillères vont fermer encore plus vite ».

Le salaire au rendement ? Il n’en est pas question dans le programme commun. L’augmentation uniforme ? La préservation de la hiérarchie est un des dogmes du programme commun. Un salaire minimum décent ?

Malgré la grande lutte des postiers qui réclamaient notamment 1700 Frs et d’autres luttes encore, la C.G.T., impose quand elle peut, la revendication du salaire minimum à 1500 Frs. Les petites boites qui ferment ? Au nom de « l’union du peuple de France », le P »C »F appelle les ouvriers à trouver les moyens de s’unir avec les patrons qui licencient…

Et lorsque, comme à Lip, les travailleurs exigent jusqu’au bout la satisfaction de leurs revendications, alors les propositions révisionnistes sont amenées à se démasquer crûment comme auxiliaires de la bourgeoisie et à être massivement rejetées.

Ce que révèle la querelle ce sont les contradictions qui se font jour et qui s’aiguisent au sein du P »C »F.

Et ces contradictions ne sont elles-mêmes que le reflet des contradictions croissantes qui opposent le P »C »F aux masses, même s’il les influence encore, à leurs aspirations révolutionnaires. La vie le prouve: de plus en plus nombreux des militants ouvriers, membres du P »C »F ou influencés par lui, parce qu’ils se posent de nombreuses questions, rejetant les calomnies révisionnistes, engagent la discussion avec notre Parti, s’associent à nos actions et souvent demandent à adhérer.

Malgré son apparente force numérique, financière, électorale, le P »C »F est profondément miné par la contradiction entre sa politique de plus en plus ouvertement réformiste et la montée des aspirations révolutionnaires des masses. La possibilité est ouverte de décomposer à terme, d’éliminer le parti révisionniste.

Nombre de ses militants et de travailleurs qu’il influence encore sont prêts dès maintenant si on sait les mobiliser, à venir renforcer le Parti authentiquement communiste, large, auquel ils aspirent et que nous sommes en train de construire.   

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La mort de Gilbert Mury (1975)

[Publié dans Front Rouge, mai 1975.]

Le 16 mai 1975, le camarade Gilbert Mury est mort. Pour nous, sa vie a une valeur d’exemple. Il appartient, dans sa génération, au petit nombre de ceux qui engagé à 20 ans dans le combat de la Résistance, n’ont jamais abdiqué leur conviction communiste. Jusqu’à sa mort, il a poursuivi le combat pour la révolution.

« Dire pour quoi je vis, c’est dire pourquoi je me suis battu depuis que j’ai quitté le lit où je traînais d’opération en opération, de plâtre en béquilles, depuis bientôt sept ans. Il était parfaitement clair en ces jours d’octobre-novembre 1940, que les envahisseurs allemands occupaient le sol national et qu’il fallait les en chasser.

Mais la libération d’un territoire n’est pas nécessairement celle des hommes qui l’habitent. Et l’oppression ne prend pas toujours la forme d’un uniforme ennemi. Alors la lutte a continué. Il est arrivé que le Parti des Fusillés est devenu le parti de M. Marchais… Les combats de la Résistance ont décidé de toute ma vie.

C’est en définitive pour rester fidèle aux vivants et aux morts de la lutte armée de libération nationale que j’ai choisi la guerre de classe aux côtés du prolétariat. Et si depuis lors, j’ai commis parfois des erreurs graves dans mes analyses politiques, jamais du moins, si dure que fut la bataille engagée par mes camarades, je n’ai oublié la leçon prise dès la fin d’octobre 1940 : ne pas reculer « .

Dans son combat de résistant, Gilbert a acquis, inébranlablement deux certitudes: le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution et la nécessité de la violence révolutionnaire.

 » Venu au combat de classe par le relais de la guerre de libération nationale, je n’ai jamais pu croire que nous irions au socialisme par la voie pacifique, ni qu’au lendemain d’une victoire militaire, les classes vaincues disparaîtraient sans aucune lutte et sans tenter de reprendre le pouvoir « .

Au lendemain de la Résistance, il ne cherche pas comme certains à se prévaloir si peu que ce soit de ses titres de Résistant et de dirigeant du  » Mouvement de Libération National « . Intellectuel de formation et de profession, il aspire avant tout, à poursuivre dans les rangs du PCF, le combat au service de la classe ouvrière. Car pour lui, le socialisme n’a rien d’un but abstrait: c’est une réalité vivante, et rattachée par mille liens de solidarité et de classe aux peuples qui déjà le construisent.

 » Lorsqu’à la fin d’octobre 1940, j’ai rejoint les rangs du Parti Communiste, j’ai commencé à découvrir ce que représente pour un militant, l’amour d’un pays qu’il ne connaît pas encore, mais où la révolution monte comme une flamme. Hier l’Union Soviétique, aujourd’hui la Chine.

Je n’ai jamais vécu ni dans l’une ni dans l’autre. Je n’ai jamais cru que la France de la révolution victorieuse reproduirait mécaniquement, servilement un modèle inventé à l’autre bout de l’Europe ou à l’extrémité de l’Asie. Seulement, il me semble difficile de combattre pour elle sans trouver dans cette bataille, telle qu’elle se déroule sur notre sol, toutes les raisons de chercher à connaître et à vivre le socialisme tel qu’il grandit, même loin de nous « .

C’est en luttant contre le révisionnisme en France, que Gilbert Mury a appris à aimer, d’une amitié extrêmement forte, le peuple albanais, sa révolution, son Parti.  » Camarade Mury, l’Albanie est votre seconde Patrie  » lui a dit un jour Enver Hoxha.

Et c’est vrai, il ne parlait jamais de ce pays sans émotion et il est celui qui inlassablement par ses écrits, par son action, en créant en 1972 l’Association des Amitiés Franco-Albanaises, a le plus oeuvré pour faire connaître, comprendre, pour faire aimer l’élan révolutionnaire du peuple albanais.

Chez lui, l’adhésion aux idées du communisme ne faisait qu’un avec les sentiments de classe qui l’unissaient, au plus profond de lui-même, à la révolte de tous les exploités en lutte, aux combats des peuples contre l’impérialisme. Et c’est là qu’il puise la force et la certitude pour s’opposer courageusement au déferlement du révisionnisme.

A quoi servaient les calomnies et les injures du XXème Congrès contre Staline ? Il répondait en 66 :  » discréditer le principe même de la dictature du prolétariat, c’est à dire de l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière « .

Qui soutient la lutte héroïque du peuple vietnamien ? La Chine socialiste unie  » comme les lèvres et les dents  » au peuple vietnamien, selon le mot d’Ho Chi Minh, ou le P »C »F révisionniste qui interdit la diffusion du  » courrier du Vietman « .

Que devient le P »C »F ? un parti bourgeois qui considère de plus en plus les ouvriers les plus exploités comme une masse de manoeuvres électorales. Les révisionnistes ont beau lui confier d’importantes responsabilités de propagandiste, pour tenter à la fois de se le concilier et de le neutraliser.

C’est à partir de telles positions de classe que Gilbert Mury se bat au sein du P »C »F jusqu’à ce que la rupture devienne inévitable. Il rejoint alors les premières forces marxistes-léninistes regroupées dans le MCF(ml).

Portant une grande attention aux luttes ouvrières, il contribue à y mettre en avant la nécessité pour les communistes authentiques d’organiser les couches les plus exploitées de la classe ouvrière, les OS et, notamment les immigrés. Il a le mérite, rejetant tout esprit de chapelle d’engager, sur le terrain politique, la polémique avec l’UJC (ml).

Si Gilbert n’a pas participé au Congrès de Puyricard, c’est qu’il a finalement douté à l’époque, des conditions dans lesquelles pouvait s’édifier le Parti.

Mais il est resté un militant et a consacré alors notamment son énergie à lier le mouvement de solidarité pour le peuple palestinien avec la lutte des travailleurs arabes en France. Ce qui lui valut toute sorte d’attaques et de vexations de la part de la bourgeoisie.

En 1970, Gilbert est à Amann contre le sionisme, contre le racisme, il contribue de toutes ses forces à faire du soutien à la cause palestinienne, un élément indissoluble de la lutte révolutionnaire. Gilbert s’est rapproché de nous à partir du moment où il a pu apprécier la portée de notre rupture avec l’opportunisme, où il a saisi concrètement comment notre Parti se liait à la classe ouvrière. Dès lors, il n’a pas cessé malgré la fatigue, la maladie, de nous apporter une aide précieuse et multiple.

Il joua un rôle considérable dès 1972 dans la constitution des Comités Indochine Palestine, a participé au Comité de Rédaction de  » Front Rouge « , à la revue  » Octobre « , apportant à la tribune de nombreux meetings, sa force de conviction, son enthousiasme militant.

Depuis plusieurs mois, il avait accepté de donner des cours à l’Ecole Centrale du Parti : loin de se contenter de transmettre ses connaissances, philosophiques, historiques, il s’efforçait toujours de les repenser, de répondre aux questions, aux besoins, au point de vue des camarades ouvriers.

Oui, camarade Gilbert, tu étais l’un des nôtres !

Tu as consacré sans compter jusqu’au dernier souffle ton énergie, ton intelligence, ta force de conviction au service de la révolution, de l’internationalisme prolétarien. Ton courage, ta détermination, tes sentiments de classe, sont un exemple qui nous porte en avant. Ton oeuvre, ton action ne peuvent mourir avec toi : elles se poursuivent déjà dans le combat de notre Parti, dans la lutte révolutionnaire du peuple de France.

Gilbert Mury a écrit de nombreux ouvrages à caractère militant, sur des questions philosophiques, historiques ou sociologiques.

Signalons ici ceux qui, dans la dernière période, ont joué et jouent un rôle important dans la propagation des idées du marxisme-léninisme.
Albanie, terre de l’homme nouveau
Face au révisionnisme : oeuvres d’Enver Hoxha choisies et préfacées.
La Révolution Culturelle: recueil de documents précédés d’une importante introduction.
Le sang ouvrier : Etude sur les accidents du travail aujourd’hui

Message du bureau politique
du Parti Communiste
Révolutionnaire (m.l.)
à Suzanne MURY

Camarade,

La mort de Gilbert nous a profondément affectés. Il compte parmi ceux qui, en France, ont, les premiers, engagé courageusement la lutte contre le révisionnisme, ont défendu et propagé les idées du marxisme-léninisme. Il compte parmi le petit nombre de ceux qui, depuis, n’ont jamais abandonné la bataille, ont toujours cherché, malgré les difficultés, à transformer en force agissante leurs convictions révolutionnaires.

Gilbert a beaucoup aidé notre Parti: par son expérience, ses capacités de propagandiste, son intelligence, sa force de persuasion. Nous le considérons comme un des nôtres; jusqu’au dernier moment il a fait part au Parti de son énergie révolutionnaire.

Permets-nous, camarade, de partager avec toi et votre fils, votre douleur.

Nous conserverons vivante la mémoire de Gilbert, son oeuvre. Elle a fait corps avec la lutte de notre Parti, avec le développement même de la révolution en France.

Le Bureau Politique du PCR (ml.)

A tous les camarades et amis de Gilbert Mury

Vous êtes des combattants marxistes-léninistes. Vous êtes de ceux qui préparent les lendemains où les hommes sauront ce que c’est que d’être un homme.

J’ai été la compagne pendant plus de 30 ans de Gilbert Mury.

J’ai participé avec mes moyens, mes défauts et mes qualités à son oeuvre, j’ai essayé de t’aider et de le suivre.

C’était un homme intègre, c’était un homme de devoir, c’était un militant.

Il a consacré sa vie, ses loisirs, son temps, sa santé à préparer la venue de cet homme nouveau qu’il avait rencontré en Albanie socialiste. A travers les orages et les difficultés de la vie militante qui a été la sienne, un amour profond nous a toujours liés. Il est resté avec moi jusqu’à la dernière minute.

Et je vous demande camarades, je vous demande à tous, ceux qui croient en la révolution et en la possibilité d’un homme total, un homme délivré des servitudes du capitalisme et de l’aliénation dans lesquelles on retient le meilleur de lui-même, de reprendre son combat, de reprendre sa lutte et de rester toujours fermes sur les positions qui furent les siennes, à savoir le soutien aux peuples combattants, aux peuples déshérités, aux peuples en lutte.

Et je vous demande aussi de garder en vous le souvenir de ce que fut pour lui l’oeuvre de Staline, à laquelle il était profondément et fidèlement attaché. C’est avec vous que je lui donne mon dernier message fraternel et mon message d’amour.

Adieu, mon camarade. 

Suzanne MURY

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Interview du secrétaire national de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

INTERVIEW DE JEAN FRANÇOIS VITTE, secrétaire national de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire

FR. : Camarade, tu as été élu lors du congrès constitutif de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire, Secrétaire National de cette organisation. Peux-tu nous expliquer ce que signifie la création de l’UCJR ?

JFV : La création de notre organisation marque bien sûr l’avancée du Parti marxiste léniniste qui se donne ainsi les moyens d’apporter une réponse correcte aux questions que posent les larges masses de la jeunesse.
    Elle représente également la possibilité à terme, pour la marche vers le socialisme, d’une union plus étroite du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui du prolétariat. Jusqu’à présent en effet, la politique de division entretenue par la bourgeoisie et les révisionnistes, a en partie réussi à empêcher qu’ils ne se rejoignent de façon durable et sur des bases claires. Aujourd’hui, les choses commencent à changer, dans la mesure où l’expérience même des jeunes les amène à souhaiter plus vivement ce rapprochement avec les masses.

FR. : Quels sont les facteurs favorables à un tel rapprochement ?

JFV : La situation de crise politique de l’impérialisme français se répercute dans la jeunesse d’une façon extrêmement claire Elle se marque notamment par la recherche spontanée, parfois maladroite, mais chaque fois plus claire, d’une alternative révolutionnaire face aux tentatives de la bourgeoisie et des révisionnistes pour canaliser la révolte des jeunes vers les impasses anarchisantes ou purement électoralistes. De ce point de vue, la lutte entre la voie de la coexistence avec la bourgeoisie, et celle du combat révolutionnaire est facilitée par les échecs répétés de toutes les forces de confusion et de compromis, par le dégoût qu’inspire aux jeunes la perversion trotskiste notamment.

Ce qui favorise dans la jeunesse une telle situation, c’est évidemment l’évolution, dans un sens favorable à la révolution, des contradictions entre les masses et le révisionnisme. Les jeunes suivent avec attention le développement des luttes ouvrières, l’évolution de la situation dans le monde. La ligne marxiste-léniniste apparaît ainsi comme la seule qui soit capable de rendre compte de l’ensemble de ces phénomènes.

FR. : Plus précisément quels sont les principes qui guident le travail de l’UCJR ?

JFV : Ils sont ceux qu’a approuvé notre congrès selon l’indication du camarade Max Cluzot :  » apprendre, créer, organiser « .
Apprendre, cela veut dire à la fois étudier le marxisme-léninisme qui est le produit théorisé de l’expérience du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière et étudier la situation de la lutte des classes en France et dans le monde.

Mais cela veut dire surtout apprendre à écouter les masses, construire entre les jeunes et leur organisation communiste des liens d’un type différent, balayer le sectarisme. Comme nous le disons dans notre programme,  » les jeunes communistes ne sont pas des donneurs de leçon « . Ils construisent leur point de vue à partir de l’expérience des masses.

De nombreux points de ligne sont encore obscurs pour nous : cela nous impose de savoir mener une enquête patiente, un débat soutenu parmi les jeunes, pour pouvoir avancer nos idées avec certitude. Les jeunes en ont assez de ces gens, qui, pour avoir réponse à tout, disent n’importe quoi, n’importe quand « .

FR. : et créer ?

JFV : D’immenses perspectives s’ouvrent à nous dans tous les domaines et nous avons encore peu d’expérience. Beaucoup de choses ont été faites avant nous. Ce qu’il faut, c’est s’appuyer sur leurs aspects positifs, révolutionnaires, afin de les généraliser, de les porter à un stade supérieur radicalement nouveau. C’est le cas de la lutte contre l’école, l’armée etc… D’autres domaines sont encore en friche : celui des loisirs communistes, de la résolution des contradictions au sein de la famille, pour ne citer que ces deux là.

Il nous faudra donc là inventer, créer des formes nouvelles de lutte, à partir de l’énergie des jeunes.
Ce qui est en cause ici, c’est la construction d’une force large, capable, par l’image qu’elle offre de son propre fonctionnement et par les propositions qu’elle fait, de susciter l’adhésion massive de la jeunesse.

Notre but n’est pas de faire rentrer les jeunes dans une organisation figée, immuable : pour nous, développer nos forces et élever la qualité de notre travail ne peuvent être envisagés séparément.Enfin, il faut organiser :

Nous voulons organiser les jeunes, parce que leur mouvement spontané lui-même a exprimé l’exigence d’une force qui sache tracer la voie, au-delà des situations particulières et des jugements partiels, qui puisse tirer d’une année sur l’autre les leçons de l’expérience et de la pratique, qui soit capable de hâter la jonction avec les masses.

Nous voulons organiser les jeunes pour qu’ils fassent dans la pratique l’expérience de la nécessité de la voie révolutionnaire, de l’idéologie révolutionnaire, pour que leur apprentissage de la lutte politique s’effectue dans les meilleures conditions.

    Sans une force d’avant-garde, consciente, disciplinée, structurée dans la jeunesse, aucun succès n’est possible, les mêmes erreurs se répéteront, les mêmes échecs seront subis.

FR. : Quel sera le travail de l’UCJR dans les prochains mois ?

JFV : Nous avons 3 objectifs importants, correspondant à 3 campagnes.

+ Les comités de lutte contre le chômage : Au sein desquels il s’agit d’organiser massivement les jeunes, et notamment les élèves de CET qui vont sortir de l’école, à la fois parce que cela correspond à leurs intérêts et leurs besoins, et parce que cela leur permet dans le cadre de l’unité populaire, de participer aux côtés des ouvriers à la bataille contre le capitalisme.

+ Le stage de loisirs communistes en août : Nous voulons à l’occasion réunir des centaines de participants pour affirmer notre volonté réaliser l’unité révolutionnaire de la jeunesse, pour procéder à des échanges d’expérience, et développer le contact avec les masses et les peuples en lutte.

 Dans ce cadre là, nous verrons comment intensifier la lutte contre le chômage, et l’articuler à la lutte de septembre contre l’école de Haby.

+ Le quotidien communiste : Pour nous, le quotidien sera une arme irremplaçable. Elle fournira aux jeunes de régions différentes les informations sur le combat que nous menons. Elle sera un moyen de faire connaître concrètement la lutte des masses à la jeunesse et de briser par là même les ghettos dans lesquels la bourgeoisie prétend l’enfermer.

Ce quotidien communiste sera le complément indispensable pour répondre à l’actualité, de notre magazine mensuel  » Au service du peuple  » dont le N°1 est en préparation.

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L’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

[Mai 1975.]

VIVE LE CONGRES CONSTITUTIF DE L’UNION COMMUNISTE DE LA JEUNESSE REVOLUTIONNAIRE !

Venus d’une cinquantaine de villes et de régions différentes, des 4 coins de la France, plusieurs centaines de jeunes garçons et filles viennent de tenir le congrès de création de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire.

La présence à la tribune du Congrès, pendant toute la durée des travaux, d’André Roustan, président du Parti Communiste Révolutionnaire montrait l’importance que notre Parti accorde à la naissance aujourd’hui d’une telle organisation. En guidant la création et le développement des nombreux cercles jeunesse qui étaient représentés à ce Congrès, le PCR a tenu les engagements qu’il avait pris un an plus tôt, au moment de sa création. : œuvrer pour qu’à nouveau la jeunesse communiste s’exprime, pour qu’elle retrouve l’organisation que la politique de scission et de trahison du parti révisionniste a depuis longtemps détruite.

 » Que l’on songe, camarades, qu’il y a six mois il aurait été impossible de réunir ne serait-ce que le 6ème des forces représentées ici, que celles-ci, largement éparpillées ne pouvaient prétendre affirmer la voie marxiste-léniniste que dans quelques villes « … notait le rapport politique présenté à l’ouverture du Congrès.

Elèves de CET, apprentis, ouvriers, lycéens, les participants au Congrès étaient représentatifs des diverses catégories de la jeunesse qui aujourd’hui, dans sa grande majorité ne veut plus de la société actuelle et désire lutter aux côtés des masses populaires pour mettre fin au règne du capitalisme. La plupart des jeunes qui durant 2 jours ont discuté et mis au point avec beaucoup de soin le programme et les statuts de la nouvelle organisation, sont âgés de 17 ou 18 ans ; certains ont à peine 16 ans, comme ce jeune apprenti dans un centre de formation de Caen, qui gagne 275 F. par mois pour 50 heures de travail par semaine, et qui a rejoint le cercle local à l’occasion du 1er mai.

Pour venir, certains avaient rencontré l’opposition de leur famille, ils n’avaient pas toujours réussi à les convaincre de leur rôle, en tant que jeunes, pour la Révolution. Pourtant la plupart des parents des jeunes qui militent dans les cercles jeunesse appartiennent à la classe ouvrière, aux masses populaires. Mais, comme il sera dit au cours du Congrès, la jeunesse révolutionnaire a encore à faire ses preuves pour convaincre la classe ouvrière de ses capacités, de sa maturité et la création de l’UCJR doit justement l’y aider, aider à unir la jeunesse aux masses travailleuses dans la lutte anti-capitaliste.

Du début à la fin, le Congrès de la jeunesse communiste a été marqué par un grand enthousiasme, un enthousiasme fondé sur le contact de la réalité : le vieux monde pourri de l’impérialisme craque de toutes parts, les peuples n’en veulent plus. En témoignait l’accueil très chaleureux, une véritable haie de congressistes, debout, applaudissant longuement à l’entrée dans la salle des représentants de la Résistance Palestinienne, de l’Union des Etudiants Iraniens en France, de l’Union des Etudiants de la côte Afars-Somalie, des ligues communistes de la jeunesse de Belgique, d’Italie. Lors des interruptions de séances des discussions s’engageaient avec des camarades étrangers pour s’informer directement sur la lutte des peuples et le rôle qu’y joue la jeunesse.

La proposition d’un lycéen de Voltaire (Paris) qui a séjourné plusieurs années en Indochine, d’établir des liens étroits entre l’UCJR et les organisations de jeunesse des peuples du Tiers-Monde, fut chaleureusement applaudie. La présence et les interventions des camarades étrangers illustraient concrètement cette affirmation du rapport politique :  » les luttes des peuples et leurs victoires portent des coups à nos ennemis, elles facilitent en fin de compte nos propres efforts pour la Révolution… « .

Le rapport ajoutait que pour faire face au danger de guerre que fait courir au monde la rivalité des deux supers puissances, dans le cadre d’un système impérialiste en crise, pour faire face à leurs menaces d’agression éventuelle contre notre peuple, la lutte pour la révolution en France est bien le meilleur moyen pour préserver l’indépendance nationale. Et la jeunesse a un rôle très important dans le développement de cette lutte.

Aujourd’hui la jeunesse doit lutter contre l’armée bourgeoise française, armée de préparation à la guerre civile contre notre classe ouvrière et à de nouvelles agressions contre les peuples du Tiers Monde, comme le rappelait un appelé en uniforme, à la tribune, et qui expliquait l’action que menaient aujourd’hui les marxistes-léninistes dans les casernes. Mais, la jeunesse ne peut jouer un rôle important dans la lutte révolutionnaire en France que si elle s’unit avec la classe ouvrière, en mettant en pratique l’idéologie de  » Servir le peuple « , sous la direction du Parti du prolétariat.

Ceci était au centre des préoccupations des congressistes :

-de nombreuses interventions pour souligner la nécessité d’ouvrir les cercles de lycées sur l’extérieur, de briser le ghetto dans lequel la bourgeoisie enferme les lycéens, et associer la classe ouvrière à la lutte contre l’école capitaliste, contre les révisionnistes et les trotskystes qui s’opposent à la jonction du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui de la classe ouvrière. Un camarade de Béthune relate ainsi le début de luttes communes des lycéens en grève contre la réforme Haby, contre la sélection et le chômage, avec les ouvrières grévistes de CIP-Bailleul.

-la discussion sur le programme de la jeunesse communiste accorda une large place au travail et à la vie des jeunes ouvriers.  » J’ai beaucoup appris  » nous disait un lycéen qui avait participé à la commission du Congrès sur le travail des jeunes, avec des ouvriers de diverses entreprises dont Unimel Besançon actuellement en lutte, des postiers de centres de tri…

Une jeune fille d’Alençon préparant un CAP de couture apporta un amendement dénonçant :  » dans les CET les Jeunes filles sont le plus souvent préparées à un CAP bidon qui n’a qu’un but : développer leur rapidité et la précision… à l’usine, elles se retrouvent aux postes qui demandent précision, rapidité et une très grande résistance nerveuse. « 

Les problèmes particuliers notamment ceux des jeunes travailleuses, ont été évoqués par le camarade du Comité Central qui devait expliquer :  » Le but du travail du Parti en direction des femmes, c’est bien sûr d’en organiser le maximum dans le Parti ; c’est aussi de créer une large union révolutionnaire des femmes pour pouvoir comme vous les jeunes, organiser des milliers et des milliers de femmes qui aspirent à la révolution. « 

– la forte proportion, plus de la moitié d’ouvriers, d’apprentis, de jeunes chômeurs, d’élèves de CET. dans le comité national élu par le Congrès pour diriger l’Union de la Jeunesse, témoignait aussi de cette préoccupation.

Pour les participants au Congrès, créer une organisation nationale pour rassembler la jeunesse dans la perspective de la Révolution Socialiste, représentait un atout important. Beaucoup ont insisté sur les limites de l’organisation locale, les cercles non encore réunis en une organisation de jeunesse unique, centralisée, ne pouvant être qu’une période transitoire.          

Créer l’organisation nationale, dont la jeunesse a besoin pour lutter contre le capitalisme, c’était aussi, beaucoup l’on dit, dépasser une agitation trop souvent sans lendemain dans les établissements scolaires.  » II y a eu des mouvements : Fontanet, Debré. etc… il y a eu des manifestations puis ça s’est arrêté. Ça n’a pas continué.

L’UCJR doit permettre de prolonger le travail, de préparer la Révolution, et pas simplement de faire un mouvement comme ça chaque année  » nous disait un jeune de Chalon sur Marne. La création de l’Union communiste correspond aux besoins de la jeunesse, c’est pour cela que les congressistes ont passé de longues heures, avec énormément de sérieux et d’attention, a discuter du programme et des statuts de la nouvelle organisation.

La révolution dans le monde, les conditions de vie de la jeunesse qui se dégradent, la lutte contre l’école capitaliste, les aspirations révolutionnaires de la jeunesse, la bourgeoisie française qui ne peut plus gouverner comme avant, l’armée impérialiste française et les luttes contre elle, la place de la jeunesse dans la société capitaliste, la crise de la conception bourgeoise de la famille, le socialisme que nous voulons, les loisirs, l’organisation que nous voulons, furent autant de sujets discutés et amendés par les jeunes travailleurs et lycéens dans les nombreuses commissions qui se sont réunies. Des amendements avaient déjà été préparés dans des réunions de cercles précédant le Congrès.

    Sur toute ces questions, de très nombreux jeunes prirent la parole et, même tard dans la nuit, la participation à la discussion était toujours très importante. Une mêe volonté d’analyser la réalité et d’échanger les expériences et les points de vue pour mener une lutte révolutionnaire plus efficace était à la base de cette participation. Les jeunes sont-ils plus encore que les travailleurs d’âge mur, soumis au travail en poste ? C’est ce qui ressortait de l’expérience des camarades ouvriers présents. Fallait-il l’indiquer dans le programme. « 

C’est juste, moi je suis en 3/8. je ne vois personne, j’ai même du mal à assister aux réunions de cercle  » dit un jeune ouvrier du bâtiment. Mais est-ce général. Finalement on met ce point dans le programme d’enquête de l’Union pour les mois à venir.

    Faut-il réclamer le SMIC pour les jeunes apprentis. C’est juste.  » On le mérite bien  » dit un jeune plombier. Mais, la revendication peut paraître utopique vu l’écart séparant actuellement le salaire de l’apprenti et le SMIC. On discute et on décide que la revendication sera déterminée au cours des mouvements de lutte déclenchés par les apprentis.

    En favorisant la participation active des délégués aux débats, en tenant de nombreuses commissions, le Congrès donnait l’image de ce que veut être l’UCJR : une organisation prise en charge par l’ensemble de ses membres, une organisation radicalement différente des organisations révisionnistes de la JC, dénoncée par les jeunes de l’UCJR et dont les méthodes de racollage correspondent aux buts que lui fixe le parti révisionniste, notamment se servir des jeunes comme une masse de manœuvre à des fins purement électorales objectif d’autant plus immédiat avec l’abaissement de l’âge du droit de vote à 18 ans.

Le rapport politique, le programme soumis à la discussion, en replaçant le combat des jeunes dans le cadre de la crise de l’impérialisme en France et dans le monde, correspondait aussi à la volonté des jeunes de débattre de tout ce qui les concerne, des tenants et des aboutissants de leur situation. « 

Pour forger une organisation de jeunesse véritablement révolutionnaire, pour lutter efficacement contre le révisionnisme, il nous faudra étudier avec soin le marxisme-léninisme qui est ce que le mouvement ouvrier international a retenu de sa lutte, de ses succès, de ses échecs. Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.

Mais il ne nous suffira pas d’apprendre dans les livres, il nous faudra avant tout apprendre dans la vie, dans l’expérience même de notre lutte  » devait rappeler, dans son intervention, chaleureusement applaudie à la fin du Congrès, le secrétaire politique du Parti, Max Cluzot.

La volonté d’oeuvrer ainsi consciemment à l’organisation de la jeunesse révolutionnaire pour préparer la révolution dans notre pays, explique sûrement pour beaucoup les rapports très fraternels qui ont existes tout au long de ce Congrès et qui manifestait concrètement le refus de l’égoïsme, de l’individualisme, de toute l’idéologie décadente diffusée par la classe dominante avec le racisme, anti-communisme, le mépris des femmes, des ouvriers, la violence sadique, le culte du héros, ou plus simplement l’arrivisme avec lequel la bourgeoisie essaie de corrompre même les jeunes révolutionnaires sincères.

La présence des vétérans communistes soulignait la continuité du combat. L’intervention du président du Parti Communiste Révolutionnaire (ml) rappellent sa jeunesse consacrée à la cause du communisme, son engagement à l’âge de 17 ans dans les Brigades Internationales, fut écoutée avec beaucoup d’attention par les jeunes congressistes qui saluèrent aussi la mémoire de Guy Mocquet, Gilles Tautin, Pierre Overney, morts pour la cause de la Révolution, et que la bourgeoisie veut faire oublier pour mettre en valeur ses héros décadents.

Le Congrès, constitutif de l’UCJR est une étape, dans l’organisation révolutionnaire de la Jeunesse de notre pays, mais il faut encore faire de grands efforts pour qu l’UCJR devienne la grande organisation de masse qu’elle doit être. A la sortie du Congrès, les jeunes présents faisaient leur cette remarque du secrétaire du PCR, à Ia fin de son intervention.

 » Camarades,… Vous venez de crée votre organisation. Cette tâche exaltante n’est pourtant pas la plus difficile. Il vous faut dès demain lui donner vie, tracer son chemin dans les masses, les conduire à la victoire. Pour cela, tous les schémas ne sont d’aucun secours. Il vous faut aller résolument aux masses, qui sont notre force, armés de la détermination et des perspectives que vous avez élaboré au cours de ce Congrès. « 

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A bas l’hégémonisme des deux superpuissances (1974)

[Publié dans Révolution Prolétarienne, décembre 1974.]

A BAS L’ HÉGÉMONISME DES 2 SUPERPUISSANCES

A BAS L’IMPÉRIALISME ET LE SOCIAL – IMPÉRIALISME

Le système impérialiste mondial est aujourd’hui dominé par deux grandes puissances qui rivalisent entre elles pour assurer leur hégémonie sur de vastes régions du monde et qui s’entendent pour tenter de contenir l’essor de la révolution mondiale ; il n’est pas aujourd’hui de régions du monde où l’une ou l’autre des super-puissances n’essaie de pénétrer en utilisant tous les moyens pour assujettir les peuples ou les pays à leur domination.

Mais aujourd’hui, si nous devons être vigilants face au danger d’une nouvelle guerre mondiale, nous savons que la tendance principale c’est la révolution.

En effet, nous nous trouvons dans une période de grands bouleversements révolutionnaires.

Dans cette période de déclin de l’impérialisme mondial, ce sont les peuples révolutionnaires, les nations opprimées, les pays dominés qui ont l’initiative. Les trois grandes composantes de la révolution mondiale : la lutte révolutionnaire du prolétariat dans les pays capitalistes et révisionnistes, la lutte de libération nationale des peuples opprimés, le mouvement de consolidation de la dictature du prolétariat dans les pays socialistes, convergent dans une lutte sans merci au bout de laquelle se situe l’avenir nouveau de l’humanité qui sera construit sur les ruines de l’impérialisme.

L’impérialisme US, puissance montante dans l’entre deux guerres, a tiré un bénéfice considérable de la seconde guerre mondiale.

Il est devenu à partir de 1945 la première puissance impérialiste, qui est venu remplacer dans de nombreuses régions du monde d’autres impérialismes affaiblis, comme l’impérialisme anglais ou l’impérialisme français.

Il est devenu le gendarme des peuples, la tête de pont de la lutte contre le camp socialiste. Il a étentu sa présence à de très nombreux pays du tiers monde et il a également tenté de placer l’Europe capitaliste sous sa domination (…)

Jusqu’en 1953, du vivant de Staline, l’Union Soviétique fut le principal rempart contre cette grande puissance agressive. Le pacte de Varsovie, la constitution de la RDA, l’établissement du camp socialiste furent autant de réponses et de défis lancés à la face des impérialistes américains.

L’Union Soviétique est restée debout face aux menaces extérieures. Mais le pouvoir prolétarien qui avait résisté à tant d’assauts extérieurs, a succombé après la mort de Staline aux assauts intérieurs de la nouvelle bourgeoisie soviétique. Incapable de détruire par la violence le socialisme, la bourgeoisie l’a détruit pacifiquement.

Et sous l’impulsion de Kroutchev et de ses successeurs, Brejnev, Kossiguine, l’Union Soviétique, la patrie de Lénine et de Staline, s’est engagée rapidement dans la voie de restauration du capitalisme et de l’établissement d’un nouveau système impérialiste.

Les faits sont là qui montrent, sans aucune contestation possible que l’Union Soviétique est une puissance capitaliste.

Les faits sont là, irréfutables qui démontrent que l’Union Soviétique est en même temps un pays impérialiste, l’asservissement économique et militaire des pays du Comecon, dont les matières premières sont extorquées à bas prix par l’URSS et qui sont contraints d’acheter les produits de l’industrie soviétique, la présence de travailleurs immigrés en URSS (notamment 20.000 Bulgares qui travaillent en Sibérie).

La pratique des prêts sous condition et à des taux usuraires, les tentatives d’étranglement de l’Albanie, l’agression en tchécoslovaquie, l’agression contre la Chine, le dépeçage du Pakistan, le soutien apporté à Lon Nol au Cambodge, l’appui aux réactionnaires indiens, le sabotage de la grève des mineurs des Asturies par l’intermédiaire du charbon polonais, les tractations avec l’impérialisme US, l’établissement de bases navales dans l’océan Indien, en Méditerranée, les atteintes à la souveraineté des pays dans leurs eaux territoriales, la reconnaissance dé l’état sioniste et l’appui incomparable qui lui est apporté par l’émigration annuelle de 70.000 juifs d’URSS.

Puissances dominantes, les USA et l’URSS tentent sans cesse de remettre en cause, chacune à son profit, l’équilibre fragile basé sur l’actuel partage du monde (…) Mais face à l’hégémonisme pratiqué par les superpuissances, les pays du Tiers monde s’organisent et luttent (…)

Aujourd’hui, la plupart des pays du tiers monde ont conquis l’indépendance politique et les pays qui sont encore dans un état de dépendance néo-coloniale sont amenés à s’opposer de plus en plus à la domination impérialiste.

Par exemple dans leur lutte contre le sionisme et l’impérialisme, les pays arabes ont pris l’initiative de se servir du pétrole comme d’une arme. Ceci est très important. C’est un encouragement pour les pays du tiers-monde détenteurs de matières premières à se regrouper et s’organiser contre le pillage impérialiste pour vendre à un prix plus juste leurs richesses naturelles (…)

Mais si les super-puissances se disputent partout dans le monde, l’enjeu stratégique de leur rivalité c’est l’Europe, elles concentrent dans le continent une énorme quantité d’armement : 45.000 blindé pour l’URSS, les 3/4 de missiles de moyenne portée braqués sur l’Europe, 300.000 soldats pour les USA, des milliers de chars, d’avions, de navires de guerre.

Du fait de son passé colonial, de son potentiel économique et humain, on conçoit que l’Europe soit un enjeu de taille pour les super-puissances ( …).

Les pays d’Europe capitaliste et le Japon constituent le second monde, c’est-à-dire une zone intermédiaire qui entretient des rapports d’unité et de lutte avec le premier monde (les super-puissances) et le tiers-monde. Leur nature impérialiste tend à rapprocher ces pays des super-puissances et particulièrement en ce qui concerne l’impérialisme français de l’impérialisme US.

La volonté d’hégémonie des super-puissances sur le second monde peut conduire ces pays à prendre sur des points précis des positions convergentes avec les positions des pays du tiers-monde, par exemple sur la question de la Méditerranée, des pays comme la France et l’Algérie peuvent trouver un intérêt commun à s’allier contre la présence des flottes des super-puissances, facteur permanent d’insécurité de cette région du monde.

Mais s’il n’est pas possible de définir pour notre révolution une ligne stratégique qui ne tienne pas compte de l’insertion de la France dans le monde, avec ses contradictions, avec les rapports de force existants, il n’est guère possible non plus, sous prétexte de lutte contre les superpuissances, de mettre au second plan la lutte contre l’impérialisme français qui est la cible de notre révolution, l’ennemi que nous devons abattre pour instaurer le pouvoir des ouvriers et des paysans.

Tenir compte, certes, des contradictions, secondaires, qui opposent l’impérialisme français aux superpuissances, mais s’en servir comme d’une arme supplémentaire pour abattre notre ennemi, telle doit être la ligne de conduite des marxistes-léninistes authentiques.

Certains dans le passé proposaient au prolétariat de s’allier avec la bourgeoisie française contre l’impérialisme US, d’autres aujourd’hui proposent au prolétariat d’atténuer sa lutte contre l’impérialisme français sous prétexte d’opposition au social-impérialisme ; la logique de telles positions conduit à saluer la rencontre de Giscard d’Estaing et du Shah d’Iran comme un fait positif, à attaquer les mouvements de la jeunesse contre l’armée bourgeoise sous prétexte qu’ils affaibliraient la défense de la France.

Voudrait-on nous faire oublier que l’impérialisme français est aujourd’hui le second marchand d’armes mondial ?

Voudrait-on nous faire oublier qu’en plus des colonies qu’il maintient aux Antilles, à Djibouti, à la Réunion, il garde un vaste empire néo-colonial en Afrique ?

Voudrait-on nous faire oublier que l’impérialisme français reconnaît le régime de Saïgon, qu’il s’est récemment opposé à l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’ONU, le vote de la France à l’ONU en faveur de l’OLP ne doit pas faire illusion : Sauvagnargues est allé renouveler en Israël les contrats commerciaux qui lient la France à l’état sioniste et qui, même à l’époque de l’embargo, ont toujours permis à Israël d’avoir des armes d’origine française. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que l’impérialisme français ne peut plus prétendre jouer les tous premiers rôles sur la scène mondiale.

Des rapaces aux dents plus longues le précèdent sur de nombreux marchés. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation qui est un facteur de faiblesse supplémentaire pour l’impérialisme français.

Nous devons en tirer parti pour renforcer notre lutte contre notre propre impérialisme. Aux côtés des peuples du monde en lutte, contre l’impérialisme et le social-impérialisme, abattons l’impérialisme français, continuons la lutte pour l’instauration dans notre pays du pouvoir des ouvriers et des paysans, pour l’indépendance immédiate des colonies, pour une indépendance réelle des néo-colonies.

A BAS L ‘IMPERIALISME US

A BAS LE SOCIAL IMPERIALISME SOVIETIQUE

A BAS L’ HEGEMONISME

VIVE LA LUTTE DES PEUPLES DU TIERS MONDE

A BAS L’IMPERIALISME FRANÇAIS

VIVE LE POUVOIR DES OUVRIERS ET DES PAYSANS

PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, PEUPLES ET NATIONS OPPRIMES, UNISSONS-NOUS

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