Où en est le Parti communiste (SFIC) avec la modification ouverte en 1934 et vécu tout au long de l’année 1935 ? Son 8e congrès, à Lyon-Villeurbanne, les 22-25 janvier 1936, nous le dit.
Le parti s’appuie sur 74 400 membres, contre 28 000 en 1933 : en deux ans, il a plus que doublé. Il faut de plus ajouter les 25 000 membres de la Jeunesse communiste.
La région parisienne reste son socle, avec 28 000 membres y résidant. Suivent le Nord (8 000 membres) et la région de Marseille (6 250 membres).
L’Humanité tire à plus de 200 000 exemplaires, soit une augmentation d’un tiers par rapport à deux années auparavant, mais surtout le quotidien a un grand succès lors d’événements marquants. Ainsi, lors de l’agression de Léon Blum par l’Action française, le tirage est de 640 000 exemplaires.
Signe par contre du niveau idéologique catastrophique du Parti communiste (SFIC), son organe théorique Les Cahiers du Bolchevisme n’est tiré qu’à 4 000 exemplaires ; même L’Avant-Garde, hebdomadaire de la Jeunesse communiste, ne tire qu’à 40 000 exemplaires.
L’Université ouvrière mise en place à Paris propose de son côté 32 cours hebdomadaires (économie politique, radio, métallurgie, physique, langues vivantes, philosophie…), mais seulement 2 292 personnes y sont passées en 1934-1935.
Le Parti ne dépasse par un horizon syndicaliste, et ici un regard sur les 668 délégués au Congrès est nécessaire.
Si on met de côté les 49 membres du Comité central également présents, on peut voir que ces délégués ont surtout entre 26 et 40 ans ; comme on le sait ce sont pratiquement tous des hommes : il n’y a que 23 femmes au grand total, c’est-à-dire en comptant les « invités » également (soit 844 personnes au total).
Les délégués ont adhéré au Parti communiste (SFIC) de manière relativement équitable dans les différentes périodes (33 avant 1920, 97 en 1920-1923, 65 en 1924-1926, 84 en 1927-1929, 93 en 1930-1932, 41 en 1933, 104 en 1934, 49 en 1935).
Par contre, certaines professions y ont poids bien plus important que les autres : on a 215 métallurgistes, 95 employés, 55 travailleurs du bâtiment et terrassiers, 43 cheminots, 37 artisans et petits commerçants, 36 petits paysans, 31 techniciens ou enseignants ou médecins, 20 travailleurs du textile.
Mais, surtout, les délégués reflètent le milieu syndical. 381 délégués sont membres des syndicats où ils sont actifs, ce qui leur accorde la majorité par rapport aux cadres du parti en tant que tel (164 membres des bureaux régionaux, 96 membres de comités régionaux, 185 membres de comités de rayons, 67 membres des bureaux de cellules), ainsi que par rapport aux élus (1 sénateur, 32 députés et conseillers généraux et d’arrondissements, 83 maires, adjoints et conseillers municipaux).
Le Parti communiste (SFIC) avait mis en place la bolchevisation, c’est-à-dire la systématisation des cellules d’entreprise. La démarche n’a pas abouti : il y a 201 délégués de cellules d’entreprises industrielles et 26 délégués des cellules d’administration, alors qu’il y a 403 délégués des cellules de rue, de quartier ou locales, ainsi que 29 délégués des cellules de village.
C’est l’arrière-plan de l’opportunisme représenté par Maurice Thorez. Le Parti communiste (SFIC) est un parti syndicaliste, dont la démarche est vogue la galère. Lors de son intervention au début du congrès, Marcel Cachin, qui fait office de vieux sage du Parti, tient des propos exemplaires du pragmatisme régnant :
« Alors, je laisserai à mon ami Maurice [Thorez] le soin, je ne dis pas de nous justifier devant les très jeunes gens qui disent le Parti communiste devient bourgeois, le Parti communiste devient union sacrée, le Parti communiste devient militariste.
Non. Il n’y a pas ici un camarade auquel je ferais injure en répondant à de pareilles imbécillités, à de pareilles sottises. Non, Camarades, le Parti communiste est le disciple de LÉNINE et LÉNINE, lui, a dit : Quand tu auras un obstacle que tu ne pourrais pas attaquer de front, tu tourneras un peu, tu sauras reculer de temps en temps, c’est pour mieux avancer.
Et ceux qui ne comprennent pas cela ne comprennent rien à la dialectique matérialiste, dont la justesse nous a été démontrés si magnifiquement, théoriquement et dans l’action.
C’est pourquoi, dans notre campagne pour l’unité, nous sommes à l’heure actuelle les meilleurs défenseurs de l’unité, de l’unité sur tons les terrains et du Rassemblement Populaire.
C’est pour cela que notre Parti, est devenu si persuasif pour l’ensemble des prolétaires et que son prestige s’est extrêmement étendu. Et nous n’avons pas à reculer dans cette voie. »
L’intervention de Léonce Granjon de la Jeunesse communiste témoigne de manière assez hallucinante de la dilution du Parti communiste (SFIC) dans le front, avec une démarche syndicaliste assumée :
« Qu’était jusqu’ici la Jeunesse Communiste ?
Elle était encore trop un Parti Communiste de la Jeunesse. Par exemple Comme le Parti, elle était construite sur la base du centralisme démocratique.
Comme le Parti, elle demandait à ses adhérents de reconnaître la nécessite de la dictature du prolétariat. Elle exigeait de ses membres la même discipline, le même travail et, en conséquence, elle lui ressemblait par son organisation qui avait et qui a encore, ses régions, ses rayons, ses cellules.
Ainsi comprise, et ainsi construite, la Jeunesse Communiste resterait un Parti Communiste des Jeunes et ne pourrait guère grandir plus vite qu’elle grandit.
Il faut maintenant changer cela, et bien nous convaincre nous-mêmes qu’il n’y a pas deux Partis Communistes, un pour les adultes, et un pour les jeunes, mais qu’il ne peut y en avoir qu’un seul.
La tâche que nous avons à accomplir est celle-ci :
Unir tous les jeunes gens, toutes les jeunes filles du Peuple de France dans la défense des intérêts qui leur sont communs pour la sauvegarde de leurs libertés et de leur vie.
Unir tous les jeunes gens et les jeunes filles sans distinction d’opinion, de religion, de condition sociale même, à l’exception naturellement, de la jeunesse dorée des 200 familles qui pillent le pays et sont responsables des malheurs de la jeune génération.
Cette union, nous n’avons pas la prétention de la réaliser au sein de la Jeunesse Communiste, précisément parce que les jeunes de notre pays ont des opinions, des conceptions philosophiques et des préoccupations diverses, parce qu’ils sont en grande partie organisés dans des formations qui correspondent à ces préoccupations et à leurs opinions.
Cette union, nous la réaliserons en prenant les jeunes tels qu’ils sont avec leurs organisations auxquelles ils tiennent avec leurs opinions différentes et même sur certains points opposés.
Cette union, il ne faut pas attendre, pour la faire, que toute la jeunesse soit d’accord en vue de l’étude du marxisme-léninisme et veuille bien adhérer à notre Jeunesse Communiste.
Il faut la faire le plus vite possible et lui trouver les formes comités, rassemblements, cartels, congrès, etc., qui correspondent dans chaque ville ou localité à tel ou tel objectif particulier à atteindre.
Nationalement, cela suppose une collaboration entre toutes les organisations de la Jeunesse à laquelle, à l’exception des organisations purement fascistes, il nous reste encore à trouver les formes.
Mais, précisément, pour réaliser cette tâche et pour donner à cette masse partagée entre les courants d’opinions les plus divers une orientation qui permette à la jeunesse de trouver sa voie, il faut transformer notre propre organisation la Jeunesse Communiste.
Il faut qu’elle-même puisse être une organisation beaucoup plus souple et plus large qu’elle n’est actuellement.
La Jeunesse Communiste doit devenir une organisation de masse, sans parti, des jeunes.
Elle doit pouvoir grouper dans son sein tous les jeunes gens désireux de connaître les idées communistes, d’étudier la politique communiste, le marxisme-léninisme, tous les jeunes désireux de s’unir pour défendre leurs intérêts les plus divers.
Ces jeunes gens et ces jeunes filles doivent trouver dans la Jeunesse Communiste tout ce qui correspond à leurs besoins, à leur activité. Ils doivent pouvoir y étudier, s’y grouper pour la lutte, s’y distraire.
Ces jeunes gens peuvent venir des horizons les plus divers, être révolutionnaires, démocrates, chrétiens, libre-penseurs.
Comme on le voit, il ne s’agit plus d’un parti communiste des Jeunes, mais bien d’une organisation de masse dont les limites sont reportées très au loin de celles qui enserrent l’actuelle jeunesse communiste.
Ces limites seront déterminées seulement par le fait que la Jeunesse Communiste se fixe comme rôle l’éducation de ses membres dans le sens de la lutte des classes, du marxisme-léninisme, de l’internationalisme prolétarien.
En son sein plusieurs courants d’opinions pourront se manifester car les jeunes gens qui y adhérent, s’ils y viennent pour étudier la doctrine et les méthodes communistes ne seront pas encore des communistes.
La plus large démocratie y devra régner.
La Jeunesse Communiste sera donc d’un caractère tout différent de celui du Parti. Elle en sera indépendante entièrement.
Cependant, elle se fixe comme une tâche importante de persuader tous ses membres de la nécessité d’une liaison permanente avec l’avant-garde révolutionnaire du prolétariat Le Parti Communiste.
Nous allons donc transformer toute l’organisation de la Jeunesse Communiste et lui donner une base correspondante à l’activité nouvelle qu’elle devra avoir.
Les cellules vont disparaître pour faire place à des groupes, des foyers, des cercles. »
Enfin, le manifeste du congrès, publié en brochure à 200 000 exemplaires seulement, exprime le basculement opportuniste thorézien du Parti communiste (SFIC), dont il ne se remettra jamais sur le plan idéologique. Le Parti communiste (SFIC) est un parti syndicaliste.
« Pour le salut du Peuple français
MANIFESTE DU VIIIe CONGRES NATIONAL DU PARTI COMMUNISTE (S.F.I.C.)
Un vent de détresse souffle sur notre beau pays de France, dont les richesses, au lieu de servir à embellir et à rendre plus heureuse la vie des hommes, sont accaparées par une minorité malfaisante de parasites.
Les magnats du Comité des Forges réalisent, malgré la crise, des millions et des millions de bénéfices, mais les salaires des ouvriers ont été réduits dans d’énormes proportions, tandis que s’étend ta plaie du chômage.
Les régents de la Banque de France, les de Wendel, les Rothschild accumulent de scandaleux profits, mais les traitements des fonctionnaires et des travailleurs des services publics ont été diminués à plusieurs reprises.
Les marchands de canons, les Schneider, les Hotchkis et autres, s’enrichissent de la vente de matériel de guerre à l’Etat, mais les pensions des mutilés et des victimes de la guerre ont subi deux prélèvements de 3 et 10 p. 100.
Les marchands d’engrais, Kuhlmann et Saint-Gobain, les marchands de fer et les spéculateurs drainent des millions et des millions, mais les paysans qui ne peuvent vendre leurs produits ou qui les vendent à vil prix, sont poussés à la ruine, en même temps que salaires et traitements sont frappés.
Les rois du commerce, les maitres de la finance réalisent des gains monstrueux sur la détresse de l’Etat et de l’Epargne, mais les petits commerçants, subissant le contre-coup de la misère des masses populaires, sont en grand nombre acculés à la faillite.
De nombreux intellectuels, ingénieurs, artistes et architectes, au lieu de pouvoir mettre leurs connaissances et leur talent au service de la société, sont contraints à l’inactivité.
La grande misère des laboratoires de France fait rougir de honte.
Les compressions faites sur tes dépenses de l’instruction publique aboutissent à l’augmentation du nombre des illettrés. Les privations imposées aux populaires, la politique néfaste des pouvoirs publics accroissent la mortalité infantile, la dégénérescence physique, la dénatalité et la dislocation de la famille.
C’est dans cette situation que s’élargit la tache noire de l’ignorance, et que s’étale la navrante détresse du sport français.
VOILA CE QU’ILS FONT DE LA FRANCE !
Voilà la politique des deux cents familles, qui se solde par la misère du peuple par l’affaiblissement du rayonnement intellectuel de la France.
Notre pays qui aux grandes heures du passé, et particulièrement pendant la Révolution française, fut un phare vers lequel se tournaient tous les peuples, gémit aujourd’hui sous le poids de l’oppression de la bande des ennemis de la nation responsables de l’appauvrissement des masses populaires, de la corruption et des scandales, de la désespérance qui s’empare de notre magnifique jeunesse, se demandant avec angoisse de quoi demain sera fait pour elle.
C’est dans un des pays tes plus riches du monde, aux ressources variées, aux possibilités énormes de production industrielles et agricoles que le peuple est ainsi plongé dans la misère.
Voilà ce qu’ils font de notre beau pays, ceux dont ta richesse insolente est faite des malheurs de ta population laborieuse.
Ils voudraient encore aller plus loin, étouffer la liberté et nous ramener en arrière. Ils voudraient détruire l’oeuvre de quatre révolutions et des héroïques combats que livrèrent nos pères.
Ils voudraient anéantir ce que conquirent nos aînés de la grande Révolution sous les plis du drapeau tricolore.
Ils voudraient étrangler la République, dont la lutte glorieuse des communards de Paris, sous les plis du drapeau rouge, assura le succès contre les partisans de la monarchie et de l’empire.
Ils voudraient instaurer dans notre pays le régime que Mussolini et Hitler font subir au grand peuple allemand que nous saluons dans la personne d’Ernst THAELMANN, héros de l’anti-fascisme, et au noble peuple italien que nous saluons dans la personne du lutteur antifasciste GRAMSCI.
Les ennemis du peuple, les La Rocque, les Maurras, les Taitinger, les Jean Renaud qui, avec cynisme, font appel à la violence contre la population française, et qui obéissent aux ordres de deux cents familles, voudraient faire régner l’esclavage sur notre pays.
Ils voudraient, dans l’esprit même des directives données par leurs inspirateurs étrangers, que le peuple de France soit privé de liberté pour pouvoir plus aisément le conduire à la guerre, le fascisme c’est la guerre.
LES FAUTEURS DE GUERRE A L’ŒUVRE !
Partout où le fascisme a triomphé, la politique de guerre triomphe.
Le Japon poursuit la conquête de la Chine et menace non seulement les Soviets chinois et l’Union Soviétique, mais vise aussi à la domination du Pacifique.
L’Allemagne d’Hitler, qui a refusé de signer les pactes de paix, menace non seulement l’Union Soviétique, mais les pays Baltes, la Tchécoslovaquie, l’Autriche, sans parler de la France, à laquelle un nouveau Sedan, succédant à un nouveau Sadowa, pourrait un jour lui permettre de régler son compte selon les prévisions de Mein Kampf.
L’Italie de Mussolini est engagée dans la guerre d’Abyssinie, violant le droit à l’indépendance’ d’un petit peuple, piétinant les pactes, et menaçant la paix mondiale. Ainsi le chef du fascisme tente dans une expédition sanglante d’échapper aux conséquences de sa politique d’asservissement du peuple italien.
Le gouvernement de Mussolini a été encouragé dans cette politique criminelle, qui soulève la réprobation universelle, par Laval, dont les accords de Rome furent repoussés à la Chambre par les seules voix du Parti communiste.
Et dans notre pays, des voix s’élèvent pour soutenir les agissements criminels des gouvernants qui se préparent à incendier et à ensanglanter le monde.
Ce sont des hommes comme Louis Bertrand, des chefs fascistes comme Trochu et de La Rocque, qui se prosternent devant Hitler, et veulent organiser des corps de volontaires français pour Mussolini.
Les traîtres de Coblentz ont de dignes successeurs. Ceux d’hier étaient avec le roi de Prusse contre nos pères, les soldats de Valmy. Ceux d’aujourd’hui sont avec le Duce d’Italie, avec le Führer d’Allemagne, et avec le Mikado du Japon contre la nation française.
Il est temps d’arrêter cette course à l’abîme, cet enlisement du peuple dans la misère, cet acheminement vers l’esclavage fasciste et vers la guerre.
Contre ceux qui conduisent ainsi notre pays à la déchéance et à la ruine, le Parti communiste appelle à la réconciliation de tous ceux qui, victimes des mêmes maux sont dressés les uns contre les autres par quelques parasites, dont le règne ne peut subsister que par la division des masses populaires.
PEUPLE FRANÇAIS !
Ouvriers, employés, paysans, fonctionnaires, petits commerçants et artisans, intellectuels et anciens combattants, hommes, femmes, jeunes.
Tous doivent s’unir dans une même volonté de paix. Dans une même volonté de se défendre contre tes responsables de la misère et de l’insécurité de notre pays.
A la politique néfaste des deux cents familles, le Parti communiste oppose un programme d’action et de rassemblement du peuple français.
Le Parti communiste qui veut UNE FRANCE LIBRE, FORTE ET HEUREUSE appelle les masses populaires à s’unir :
Peur défendre la liberté :
Par l’application immédiate de la loi sur la dissolution des ligues fascistes et par des poursuites contre les chefs factieux qui provoquent au meurtre et à la violence contre le peuple.
Par l’épuration de l’armée des officiers royalistes et fascistes, l’octroi des libertés politiques aux soldats et le soutien des officiers républicains contre les factieux.
Par le maintien des droits du Parlement en matière budgétaire.
Par l’extension de la loi de 1884 sur le droit syndical à toutes les catégories professionnelles, sans distinction, en particulier pour les fonctionnaires.
Par la représentation proportionnelle pour toutes les assemblées législatives, départementales et communales et le vote des femmes.
Par l’amnistie pour toutes les victimes des luttes populaires.
Pour la défense de la paix :
Par la collaboration des peuples en vue de l’organisation de la sécurité collective englobant tous tes pays.
Par l’ouverture d’une enquête sur la politique extérieure de M. Laval, qui a favorisé les entreprises guerrières du fascisme.
Par le contrôle de la fabrication et du commerce des armes.
Par l’action contre toute augmentation du temps de service militaire et pour la défense des revendications des soldats (augmentation du prêt transport gratuit en chemin de fer, allocations aux soutiens de famille).
Par le développement d’une vaste action populaire en vue de paralyser la politique de guerre de Mussolini, et en faveur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Par la lutte contre la haine chauvine et pour le développement de la fraternité entre les peuples.
Par l’action pour le désarmement général dont les propositions soviétiques ont fourni la base.
Par la ratification et l’application loyale du pacte franco-soviétique.
Pour défendre le pain des travailleurs :
Par l’action contre toute diminution de salaires et traitements et pour la récupération des sommes perdues en application des décrets-lois et des mesures patronales.
Par la semaine de 40 heures sans diminution de salaires.
Par le contrat collectif et la révision de la loi des assurances sociales, en vue de son extension, et de l’augmentation des prestations.
Par l’amnistie et la réintégration pour tous les fonctionnaires frappés en raison de leur action syndicale.
Par l’institution de délégués à l’hygiène et à la sécurité dans toutes les entreprises.
Par l’inscription obligatoire de tous les chômeurs et l’ouverture de fonds de chômage dans toutes les communes.
Par l’exonération du loyer aux chômeurs et la révision générale de la loi sur les loyers.
Par l’abrogation de la réforme fiscale de 1934, la suppression de la taxe sur le chiffre d’affaires et des impôts sur les objets de première nécessité.
Par la réforme de la fiscalité et l’établissement d’un impôt progressif unique sur le revenu.
Par la déchéance du Conseil de Régence et la nationalisation de la Banque de France, qui doit être la Banque de la France.
Par un prélèvement progressif sur les grosses fortunes au-dessus de 500.000 francs afin de faire payer les riches et soulager les pauvres.
Par le moratoire des dettes, la révision des baux, des billets de fonds, et l’institution de la propriété commerciale, intégrale pour tes petits commerçants.
Par la revalorisation des produits agricoles, le moratoire des dettes agricoles, par des prêts sans intérêt, et des secours aux paysans travailleurs ruinés par la crise, par la réduction des impôts, des fermages et l’extension des lois sociales aux ouvriers agricoles.
Telles sont les revendications pour lesquelles lutte le Parti communiste, et dont le succès dépend de l’union du peuple de France.
LA RÉCONCILIATION FRANÇAISE
Les deux cents familles voudraient que le peuple de France soit partagé en deux camps, parce que cela correspond à leur volonté de guerre civile.
Sans doute nous avons riposté à la politique de division des ennemis du peuple, mais il faut faire mieux, les chefs factieux, agents du capital financier, trompent des hommes dont la place est dans les rangs du peuple pour défendre le pain, la paix, la liberté.
Personne ne peut ignorer que si aujourd’hui le Front populaire unit de larges masses de travailleurs, sans distinction d’opinions, c’est grâce à la volonté unitaire inébranlable, dont a fait preuve notre grand Parti communiste.
Pendant treize ans, notre Parti a lutté pour que se réalise l’unité d’action entre travailleurs socialistes et communistes, prélude et condition de la marche au parti unique du prolétariat, que veulent tes communistes.
Ces efforts persévérants, préparèrent le rassemblement des masses pendant les journées de février 1934, au cours desquelles notre Parti organisa la première riposte antifasciste du peuple de Paris, le 9 février, place de la République.
Ces efforts devaient, par la suite, aboutir à la conclusion du pacte d’unité d’action entre le Parti communiste et le Parti socialiste, signé le 27 juillet 1934.
Ces efforts persévérants, préparèrent le rassemblement populaire et à la grandiose manifestation du 14 juillet 1935. Ainsi, grâce an Parti communiste, parti des travailleurs, qui poursuit l’objectif d’instauration de la République française des Soviets, les masses populaires se sont unies et ont arrêté la marche du fascisme.
Sans cette union, la nuit noire se serait abattue sur notre pays.
Les camps de concentration et les prisons seraient peuplés de partisans de la liberté, et peut-être la guerre aurait-elle déjà aligné de nouveaux régiments de croix blanches dans les vallons et les plaines.
L’union qui nous a sauvés jusqu’à maintenant des malheurs du fascisme peut seule nous sauver définitivement.
C’est pourquoi le Parti communiste, dont tous les actes tendent à servir le peuple, et dont les membres ne recherchent ni avantages personnels, ni portefeuilles ministériels, est le parti de :
L’UNION DE LA NATION FRANÇAISE
La nation française, c’est le peuple admirable de notre pays, au cœur généreux, à la fière indépendance et au courage indomptable.
La nation française, c’est cette somme de glorieuses traditions et de généreuses aspirations, que piétinent les tenants du fascisme.
La nation française, c’est la pléiade des intellectuels et des représentants de la science qui, devant la décadence de notre pays, se tournent de plus en plus nombreux vers le grand idéal humain qu’est le communisme.
La nation française, c’est le prolétariat magnifique amoureux de son travail, en qui vivent les souvenirs de 1793, de 1830, de 1848 de 1871, et en qui s’incarnent les grands espoirs de l’avenir.
La nation française, c’est la masse des paysans, des fils de Jacques Bonhomme qui, maintes fois, se levèrent contre leurs oppresseurs et qui, pendant la grande Révolution, brûlèrent les titres de propriété des comtes et des marquis, dont les descendants voudraient aujourd’hui faire revivre leurs vieux privilèges.
La nation française, c’est cette magnifique jeunesse qui, toujours a incarné les plus pures vertus d’abnégation et de vaillance et en qui sont latentes aujourd’hui les qualités des devanciers qui écrivirent de magnifiques pages de notre histoire.
L’union de la nation française seule peut redonner à la France le rayonnement qu’elle a perdu.
Seule cette unité peut arrêter la course à l’abîme et faire de notre pays, que nous aimons, un pays fort de l’amour inspiré a tous les peuples.
Le peuple de France veut la paix dans la fraternité internationale. Avec le Parti communiste, il salue dans l’Union soviétique le rempart de la paix et la grande espérance de fraternité humaine.
Il salue dans le peuple allemand, le peuple des penseurs et des philosophes que martyrise Hitler.
Il salue dans le peuple italien, le peuple des artistes et de la civilisation latine que Mussolini tient sous sa botte.
Il salue dans la fraternité de combat de tous les peuples contre les ennemis de la paix et de la liberté, la garantie des victoires de demain.
De plus en plus nombreux sont ceux qui, conscients des services rendus par le Parti communiste à la grande cause de la liberté, voient peu à peu que la véritable libération des hommes ne se fera qu’avec la victoire du communisme, qui assure la souveraineté du travail.
La victoire du communisme a non seulement dans un grand pays de 180 millions d’habitants, supprimé le chômage et assuré du travail à tous, mais elle a donné jour a un homme nouveau, l’homme qui, cessant d’être un loup pour l’homme, est un frère pour l’homme.
C’est pourquoi ceux qui ne veulent pas retomber dans l’ornière de la barbarie sont amenés non seulement à s’unir aux communistes, dans l’immédiat, mais à voir que notre Parti lutte pour le bonheur des hommes dans le travail, la paix, la liberté et la prospérité.
PEUPLE FRANÇAIS, c’est pour ton salut que nous te convions â l’union. Le Parti communiste, héritier de Babeuf, de Jaurès, de Guesde et de tous les pionniers du socialisme, t’appelle à l’unité, lui qui lutte sous le drapeau de Marx, Engels, Lénine, Staline, pour te défendre aujourd’hui et pour te libérer demain.
En premier lieu, après les minutes d’intense émotion que les deux cents familles !
En avant sons le drapeau du Front populaire du pain, de la paix et de la liberté !
En avant pour une France libre, forte et heureuse !
Vive le Parti Communiste Français !
Vive l’Internationale Communiste !
Vive la République Française des Soviets ! »
On ne sera pas étonné que Maurice Thorez, dans son discours de clôture du 8e congrès, présente comme la « revendication essentielle » le désarmement et la dissolution des ligues. Dans les faits, le Parti communiste (SFIC) est passé du culte gauchiste de la casquette ouvrière à la fascination du cadre syndicaliste et municipal pour le costume.
Ses activistes sont syndicalistes et élus municipaux ; il n’y a pas d’analyse historique de la France et le Parti ne maîtrise pas l’idéologie pour assumer une quelconque direction.
Lorsque fin janvier 1936 est annoncée l’unité CGT pour un congrès d’unité début mars, tout est perdu : le Parti communiste (SFIC) est obligé de suivre et de faire profil bas, l’idéologie syndicaliste protège son autonomie anti-parti, comme en témoigne la déclaration commune socialiste-communiste, d’une extrême prudence par rapport à la susceptibilité syndicaliste :
« Chers Camarades,
Le Parti communiste et le Parti socialiste qui veulent l’unité de la classe ouvrière,
saluent les représentants des syndicats réunis à Toulouse, dans une même C. G. T.
Le premier Congrès de la C.G.T. unifiée marquera une grande date dans l’histoire
du mouvement ouvrier français.
L’union ainsi réalisée rapproche l’heure de la libération des masses travailleuses.
Vive la C. G. T. unifiée !
Vive l’unité de la classe ouvrière pour la défense de son pain et pour la victoire
sur les forces de fascisme et de guerre !LE PARTI COMMUNISTE
LE PARTI SOCIALISTE »
Les élections d’avril-mai 1936, avec la victoire électorale du Front populaire, finira d’intégrer le Parti communiste (SFIC) dans le panorama politique bourgeois, jusqu’à la catastrophe de 1940 où la fidélité à l’URSS le forcera à reprendre un positionnement antagonique, du moins pendant la seconde guerre mondiale et l’immédiate après-guerre.
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et la construction du Front populaire en 1934-1935