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  • La Chine populaire et la mise en place d’une nouvelle administration centralisée

    Le premier octobre 1949, Mao Zedong proclame la fondation de la République populaire de Chine. Lui-même est élu président du Conseil du Gouvernement populaire central, par une Conférence consultative politique du peuple chinois.

    Un million et demi de personnes défilent à Shanghai le 2 octobre 1949

    Celle-ci regroupe le Parti Communiste de Chine, les organisations démocratiques, l’Armée Populaire de Libération, des représentants des minorités ethniques ; elle a adopté un Programme commun.

    Le pays va être rapidement divisé en six grandes régions administratives, au fur et à mesure de la reconquête de toute la Chine continentale d’ici la fin de l’année 1949 :

    – l’aire du Huabei, c’est-à-dire le Nord, avec le Hebei, le Shanxi, le Chabar, le Suiyuan, le Pingyuan, ainsi que les municipalités de Pékin et Tianjin ;

    – l’aire du Dongbei, c’est-à-dire le Nord-Est, avec la Mandchourie et le Jehol ;

    – l’aire du Xibei, c’est-à-dire le Nord-Ouest, avec le Shenxi, le Gansu, le Ninqxia, le Qinghai, le Sinjiang, ainsi que la municipalité de Xian ;

    – l’aire du Huadong, c’est-à-dire l’Est, avec le Jiangsu, le Zhejiang, l’Anhui, le Fujian, le Shandong, ainsi que les municipalités de Shanghai et de Nankin ;

    – l’aore du Zhongnan, c’est-à-dire le Centre et le Sud, avec le Hubei, le Hunan, le Henan, le Jiangxi, le Guangdong, le Guangxi, ainsi que les municipalités de Canton et de Hankou ;

    – l’aire du Xinan, c’est-à-dire le Sud-Ouest, avec le Sichuan, le Guizhou, le Yunnan, ainsi que la municipalité de Chongqing.

    Cette division administrative, avec un haut degré de centralisation et de dépendance vis-à-vis du gouvernement central, durera jusqu’en 1954, dans le cadre de l’établissement d’une administration nationale.

    La carte de la Chine populaire

    Pour ce faire, le 31 janvier 1950 est mise en place une réforme générale de la fiscalité, uniformisant les impôts au niveau du pays. Ceux-ci sont désormais principalement des types suivants : agricole, industriel, commercial, salarial et sur les autres revenus secondaires.

    Le 26 mars 1950, le budget devient logiquement national, avec une unification de la comptabilité financière au niveau gouvernemental, de la gestion de la monnaie par une banque centrale, ainsi que de la gestion et la conservation des denrées alimentaires.

    Le 30 avril, la loi sur le mariage est institué, avec l’interdiction des pratiques féodales (la polygamie, le meurtre des nouveaux nés, la vente des enfants, le concubinage, etc.) et la mise en valeur de l’égalité hommes-femmes.

    Le 30 juin, le décret sur la réforme agraire amène la confiscation des terres des propriétaires fonciers et des paysans riches (soit 46 des 100 millions d’hectares de terres agricoles), qui sont redistribuées à 300 millions de personnes (soit environ la moitié de la population chinoise au lieu d’autour de 3 %).

    Parallèlement à cela, l’État démocratique met en place une série de mesures afin d’assurer les besoins en énergie. Il y a ainsi les principales mines passant sous la supervision du ministère de l’Industrie du Charbon, les mines intermédiaires dont s’occupent les provinces, les préfectures ou les cantons et enfin les petites mines locales dont s’occupent des propriétaires privés ou bien des unités ouvrières, l’armée ou le village.

    En juillet 1950 se tient dans ce cadre la première conférence pour la planification de l’industrie lourde dans le pays, alors qu’est officialisé un cadre juridique pour réprimer la contre-révolution.

    Cela aboutira, le 20 février 1951, au Règlement sur la suppression des éléments contre-révolutionnaires, visant spécifiquement les bandits, les despotes locaux, les services secrets du Guomindang, des dirigeants des organisations réactionnaires, les sociétés secrètes.

    Le premier octobre 1951, le système d’enseignement nouveau est mis en place, l’école commençant à l’âge de 7 ans, pour un cycle de 5 ans, dans un pays où 90 % de la population ne sait ni lire ni écrire.

    Brisons l’invasion impérialiste et marchons ensemble pour la construction d’une vie pacifique, heureuse

    Et, à l’arrière-plan, il y a une mobilisation générale pour la réorganisation du pays, notamment au moyen de l’Armée Populaire de Libération : réfection des digues, envois de vivres et de semences, établissement de bâtiments administratifs populaires, etc.

    Cela correspond à l’objectif exposé par Mao Zedong le 30 juin 1949 dans De la dictature démocratique populaire, écrit à l’occasion de la Commémoration du 28e Anniversaire du Parti Communiste de Chine :

    « A l’intérieur du pays, éveiller les masses populaires.

    Cela signifie unir la classe ouvrière, la paysannerie, la petite bourgeoisie urbaine et la bourgeoisie nationale en vue de former un front uni placé sous la direction de la classe ouvrière et, à partir de là, édifier un État de dictature démocratique populaire dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans. »

    En octobre 1951, deux ans après la proclamation de la Chine populaire, Mao Zedong pouvait saluer la réussite de son établissement à la IIIe Assemblée de la Conférence consultative politique du peuple chinois.

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  • Y a-t-il une différence entre la bourgeoisie bureaucratique et labourgeoisie compradore? Comment le Parti Communiste d’Inde (Maoïste) propose une définition erronée

    Le Parti Communiste d’Inde (Maoïste) a rendu public une série de documents sur différentes questions. Ces documents ont le Comité central comme rédaction et ont été publiés en janvier 2021, parfois après une correction par rapport à un document précédent. On parle ici des documents intitulés :

    (1) Les changements dans les rapports de production en Inde — Notre programme politique (272 pages) ;

    (2) La question des castes en Inde – notre perspective (97 pages, première édition en mai 2017) ;

    (3) La question des nationalités en Inde – le positionnement de notre Parti (97 pages, première édition en mai 2019) ;

    (4) La Chine – une nouvelle puissance social-impérialiste ! Elle est partie intégrante du système capitaliste-impérialiste mondial ! (84 pages, première édition en juillet 2017).

    Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la question de la définition du capitalisme, de l’impérialisme et de la crise. On trouve ici en effet un vrai problème, puisque le PCI (M) développe une analyse non dialectique de cela. En raison de l’importance particulière de l’Inde dans la révolution mondiale, il est nécessaire de voir ce que signifie historiquement cette faiblesse.

    En fait, la raison derrière le problème est que l’Inde est un lieu majeur de la contradiction entre la ville et la campagne. Le développement des zones urbaines y est particulièrement faussé, dans une zone où la question animale se posait depuis longtemps déjà. Et c’est une région où vit une partie importante des masses mondiales, c’est un pays totalement divisé par le communautarisme religieux et les castes.

    Le PCI(M) ne se confronte tout simplement pas à toutes ces questions. Il emprunte une voie opposée à la question de l’universalité comme nécessité historique, comme communisme affirmant l’unité des masses, du monde, de la Biosphère, de l’univers, tout cela étant la clé de la Révolution indienne.

    La conception du PCI(M)

    La conception du PCI(M) est la suivante. Le capitalisme serait en crise depuis les années 1970, mais comme il est uniquement « impérialiste » et en outre « organisé », il aurait répondu par des politiques néolibérales à tous les niveaux dans les années 1980.

    La conséquence directe aurait été la pauvreté partout dans le monde et aussi la domination finale du capitalisme financier à travers la « mondialisation ».

    Cette conception n’est pas nouvelle ; c’est celle des maoïstes indiens depuis les années 1990, d’un point de vue commun à toutes les différentes organisations (le Centre Communiste Maoïste, le Centre Communiste Maoïste de l’Inde, le PCI(ML) Guerre Populaire, etc.). Au début des années 1990, une telle compréhension du capitalisme a été par exemple largement présentée par le PCI(ML) Guerre Populaire lors de conférences à Bruxelles organisées par le Parti du Travail de Belgique, une structure révisionniste post-maoïste.

    Cela ne devrait pas surprendre : les maoïstes indiens ont tendance à utiliser les concepts révisionnistes de néolibéralisme, de pays dépendants, de mondialisation. C’est la clé du problème des maoïstes indiens.

    Les documents de 2021 tentent de justifier cette approche et, en fait, c’est aussi la première fois qu’ils prêchent ouvertement une telle vision « altermondialiste » du monde, étant donné que d’habitude, c’est assez masqué, même si lisible pour qui porte son attention là-dessus.

    L’un des principaux points ici est que la conception erronée du PCI(M)) conduit au misérabilisme : le capitalisme serait paralysé depuis les années 1990, les masses mondiales auraient toujours été plus pauvres depuis les années 1990, et ainsi de suite. C’est un conte de fées, qui passe totalement à côté de l’incroyable développement des forces productives par le capitalisme dans la période 1989-2020, de l’impact sur la Biosphère, de l’aggravation de la contradiction entre ville et campagne.

    Et, par conséquent, il s’agit d’une incompréhension de la deuxième crise générale du capitalisme apparaissant en 2020 à travers la pandémie.

    Cela justifie la critique de la conception du CPI (M), l’une des organisations révolutionnaires les plus importantes du monde, prisonnière de sa propre expérience indienne et manquant la transformation générale.

    1. la définition de l’impérialisme

    a) ce que dit le PCI(M)

    Le PCI(M) définit l’impérialisme comme suit:

    « Comme l’a dit le grand enseignant marxiste Lénine, l’émergence d’organisations monopolistiques et l’exportation de capitaux sont les caractéristiques de l’impérialisme. »

    « Un siècle s’est écoulé depuis que le système capitaliste mondial s’est transformé en impérialisme. »

    « Avec le début de l’ère impérialiste, la phase de développement « pacifique » du capitalisme a pris fin. La série des guerres impérialistes a commencé pour les colonies et pour une nouvelle division du monde. »

    « Selon le rapport publié par l’Institut fédéral suisse de technologie de Zurich, quelques organisations monopolistiques contrôlent l’économie du monde entier. Six personnes super riches du monde possèdent des biens égaux à la moitié de la population, c’est-à-dire à 3600 millions de personnes. »

    « Dans l’ère impérialiste globale, en particulier dans la période néo-coloniale et surtout pendant la période de mondialisation, plusieurs changements considérables ont eu lieu à un rythme rapide dans divers secteurs au niveau international et national.

    Ces changements ont conduit à des transformations et des polarisations dans les rapports de classe partout dans le monde à des niveaux variés. Étant donné que l’ordre économique / financier mondial est plus centralisé entre les mains de quelques institutions / pays impérialistes et que la richesse et le pouvoir politique sont centralisés entre les mains de leurs grands compradores, le nombre de nationalités, de classes et de sections opprimées a augmenté très fortement. »

    b) une compréhension unilatérale de l’impérialisme

    Le CPI(M) a une compréhension unilatérale de l’impérialisme, qui est réduit au capital financier, qui serait centralisé et organisé.

    De plus, l’impérialisme serait un nouveau système de production : il y aurait une production industrielle capitaliste qui produirait du capital, ce capital arriverait à une surproduction et l’impérialisme consisterait en la surproduction de capital.

    C’est faux. L’impérialisme n’est pas une base, c’est une superstructure du capitalisme. Même lorsque le capitalisme vient à l’impérialisme, sa base est simplement capitaliste, avec la concurrence et la compétition entre capitalistes, à l’ombre des grands monopoles.

    L’appareil bancaire ne fait pas disparaître la base, mais en émerge comme une forme parasite. Ainsi, la base capitaliste n’est pas modifiée en elle-même et s’il y a surproduction de capital, elle ne peut être séparée de la surproduction de marchandises.

    Lénine, lorsqu’il définit l’impérialisme dans « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », est très clair sur les deux doubles aspects : base/superstructure d’un côté, industriel/financier de l’autre (ici les parties importantes sont soulignées).

    « Aussi, sans oublier ce qu’il y a de conventionnel et de relatif dans toutes les définitions en général, qui ne peuvent jamais embrasser les liens multiples d’un phénomène dans l’intégralité de son développement, devons-nous donner de l’impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants :

    1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique;

    2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce « capital financier », d’une oligarchie financière;

    3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière;

    4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde,

    et 5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes.

    L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes. »

    La domination des monopoles et du capital financier ne signifie pas qu’il n’y a que des monopoles et du capital financier. C’est l’erreur du PCI(M), qui en amène une autre : la conception d’un capitalisme, c’est-à-dire d’un impérialisme, pur et organisé.

    2. la conception d’un impérialisme organisé

    a) ce que dit le PCI(M)

    Le PCI(M) définit une sorte d’impérialisme organisé comme suit:

    « Les impérialistes et les révisionnistes créent des histoires et apportent des illusions aux gens sur les conditions changeantes afin de protéger le système impérialiste et de tromper les peuples du monde. »

    « Lors de la restructuration du secteur public chinois, la crise en Asie de l’Est à la fin des années 90 détruisait Singapour, la Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande. Avec leurs intérêts de classe, les forces impérialistes des États-Unis, de l’Europe et du Japon ont introduit expérimentalement le capitalisme au début des années 1990 pour ériger un mur contre le « communisme » dans les pays connus sous le nom de Tigres d’Asie de l’Est. »

    « Le néo-colonialisme a donné à chaque force impérialiste de nouvelles opportunités à exploiter.

    De plus, cela a rendu possible le colonialisme collectif pour « exploiter collectivement » les pays arriérés, ce qui s’exprime avec la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC et d’autres organisations impérialistes de ce type. C’est un caractère distinct du néo-colonialisme. »

    « 1991 – Début de la deuxième étape de la mondialisation Alors que la théorie keynésienne a été formulée pour résoudre la crise impérialiste des années 1930, la théorie monétariste est apparue pour résoudre la crise qui a éclaté en 1970.

    Les monétaristes ont suggéré de réduire les dépenses et les subventions, mais pas de produire de la monnaie afin de réduire le déficit budgétaire. Ils ont prêché le principe de la « main invisible » d’Adam Smith selon lequel les forces du marché régulent elles-mêmes l’économie.

    C’est ce qu’ont mis en place Thatcher en Grande-Bretagne et Reagan aux États-Unis. Les politiques de « libre marché » et de « libre-échange » qu’ils prétendent introduire reflètent en fait le monopole du commerce et le contrôle des monopoles sur le marché. Le jargon du libre-échange et du marché libre n’est simplement qu’un masque du monopole des organisations monétaires internationales et des sociétés multinationales.

    Dire qu’ils appliquent le principe d’Adam Smith du stade capitaliste de la libre concurrence ne fait que tromper les gens du monde entier. »

    « Premièrement, les impérialistes ont restructuré le capitalisme dans leurs pays en mettant en œuvre les Reaganomics et le thatchérisme.

    Ils ont créé une vague sans précédent de fusions et acquisitions pour établir des conglomérats géants. Ils ont fait du capital financier une force décisive et un spectre majeur dictant les économies des pays du monde entier. Ils ont mis sous leur contrôle toutes les formes de production sociale du monde et ont obligé tous les pays du monde à se soumettre aux politiques de la mondialisation impérialiste.

    Ils ont ainsi intensifié l’assaut contre la classe ouvrière de leurs propres pays et augmenté le taux de plus-value (profits) qui en était extrait. Deuxièmement, avec une nouvelle offensive contre les pays arriérés, ils ont pu davantage étendre leurs marchés et s’emparer des matières premières bon marché de ces pays.

    Ils ont intensifié de multiple manière l’exploitation des travailleurs. Ces deux éléments sont étroitement liés et interdépendants.

    L’objectif de la stratégie de mondialisation est de restructurer les économies de l’ensemble des pays du monde selon les intérêts d’exploitation des entreprises financières monopolistiques internationales et des entreprises multinationales, de lever toutes les sanctions et tous les obstacles tarifaires pour les importations-exportations et pour transférer les bénéfices vers leur pays d’origine, de manière à créer un monde « sans frontières » où les biens, la technologie, le capital et le travail peuvent « librement circuler », pour faciliter l’exploitation de tout pays selon son souhait du monopole international concerné. »

    b) une conception erronée d’un capitalisme « organisé »

    Il est tout particulièrement surprenant que le PCI(M) dise en tout état de cause que les théories keynésiennes et monétaristes sont l’expression d’un capitalisme qui comprend sa propre crise et essaie de la surmonter, ou que l’impérialisme « a introduit expérimentalement le capitalisme » en Asie du Sud.

    Ce n’est absolument pas conforme à l’idéologie communiste ; cela correspond à la conception social-démocrate (dans les années 1920) et révisionniste (dans les années 1960) d’un « capitalisme organisé », d’un capitalisme monopoliste d’État.

    La conception du PCI(M) est clairement que « les entreprises financières monopolistiques internationales et les entreprises multinationales » dirigent le monde, choisissant les développements de manière objective en fonction de leurs intérêts.

    Et la conséquence immédiate de ceci est la négation de la bourgeoisie bureaucratique. Il y aurait une domination totale du capital financier sur le monde, avec les gouvernements comme de simples marionnettes. Il n’y aurait pas de capitalisme bureaucratique en Inde, qui serait une sorte de néo-colonie.

    3. les bourgeoisies bureaucratique et compradore

    a) ce que dit le PCI(M)

    « Avec le transfert du pouvoir en 1947 (indépendance nominale), l’Inde coloniale, semi-féodale s’est transformée en pays semi-colonial, semi-féodal.

    La grande classe bourgeoise compradore de notre pays qui a servi les impérialistes britanniques depuis le début est devenue avec le transfert du pouvoir la grande classe bourgeoise « bureaucratique » compradore. La grande classe bourgeoise bureaucratique compradore et la grande classe féodale sont devenues ensemble le principal obstacle au développement de diverses nationalités.

    Dans l’Inde semi-coloniale, la grande classe bourgeoise bureaucratique compradore joue le rôle principal, d’une part en servant les intérêts de plusieurs pays impérialistes, et d’autre part en préservant la société féodale basée sur les castes du pays. »

    « Pour le dire brièvement, l’attaque planifiée du capital financier international dans le monde entier à travers la mondialisation a atteint un niveau aigu dans les pays arriérés au cours des trois dernières décennies.

    Étant donné que les bourgeois bureaucratiques compradores et les classes féodales indiens dépendent du capital financier impérialiste et de ses intérêts entrelacés avec leurs intérêts, la collaboration a atteint un niveau sans précédent. »

    « Aujourd’hui, la classe bourgeoise bureaucratique compradore travaille comme un instrument d’esclavage de l’impérialisme dans notre pays. Il utilise la large base sociale semi-féodale pour maintenir le peuple en esclavage et déchaîne son hégémonie. Ce sont des traîtres, des faiseurs de trouble et de cruels ennemis du peuple.

    Ce sont des trompeurs, des menteurs et des corrompus. Ils massacrent les gens, ce sont des violeurs et ils sont absolument inutiles. Mais ils ont le pouvoir et les instruments de production. Ils dirigent le pays. »

    « Les Tatas [c’est-à-dire une famille indienne à la tête d’un conglomérat] est la plus grande entreprise industrielle de compradores de la grande bourgeoisie.

    Leur chiffre d’affaires avait la 2e place en 2001 avec 37 197 crores de roupies [un crore est égal à 10 000 000]. À l’époque, les TATA comptaient 84 entreprises, dont 34 étaient des coentreprises avec des multinationales.

    Ils possèdent la plus ancienne et la plus grande compagnie d’électricité du secteur privé du pays. Ils possèdent des mines, des gisements de pétrole, des usines sidérurgiques, des entreprises de fabrication de voitures et de camions, des réseaux téléphoniques, de télévision par câble et d’internet à haut débit.

    Ils possèdent les hôtels Taj, Jaguar, Land Rover, Dewan, Tetley tea, une maison d’édition, une chaîne de librairies, la plus grande marque de sel iodé, l’empire des cosmétiques Lakme et l’usine TATA-Honeywell de Poona. »

    b) la non-compréhension de la bourgeoisie bureaucratique

    Quand nous lisons ceci, il est logique que le CPI(M) considère les mouvements islamistes comme « anti-impérialiste » et ne peut pas comprendre la nature de personnes comme Saddam Hussein en Irak, Hugo Chavez au Venezuela, Recep Tayyip Erdoğan en Turquie ou même Narendra Modi en Inde.

    Normalement, le maoïsme considère qu’il existe quatre formes de bourgeoisie dans les pays non impérialistes : la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie nationale (toutes deux opprimées), la bourgeoisie compradore qui n’existe qu’en tant qu’intermédiaire avec les structures impérialistes, la bourgeoisie bureaucratique qui se développe en le capitalisme déformé existant dans le pays opprimé.

    Le PCI(M) nie l’existence de la bourgeoisie bureaucratique. Il n’y aurait qu’une bourgeoisie compradore (bureaucratique) totalement soumise à l’impérialisme. Mais alors, comment le PCI(M) peut-il expliquer qu’un simple laquais comme TATA soit capable de posséder Jaguar et Tetley, deux principaux symboles de l’impérialisme britannique ?

    La seule explication pour TATA et tous les grands capitalistes indiens est qu’ils sont des capitalistes bureaucratiques. Ils ont été compradores et ils sont passés à un capitalisme bureaucratique assez indépendant, aux traits indiens.

    Le PCI(M) indique donc ici quelque chose d’incorrect. Et il pratique la fuite en avant en disant que c’est la mondialisation elle-même qui est la seule responsable de toute l’évolution en Inde.

    4. un changement seulement par en haut?

    a) ce que dit le PCI(M)

    « Cela signifie, dans les spécificités de l’Inde, que nous devons étudier la société féodale, les sociétés postérieures coloniales (coloniales, semi-féodales) et néo-coloniales (semi-coloniales, semi-féodales), l’attaque de la mondialisation impérialiste (capital financier ), les changements qu’elle a provoqués dans tout le pays et dans les régions respectives et le rôle de la lutte des classes qui a contribué au changement des rapports de production dans les régions respectives. »

    « Dans l’ensemble, l’impérialisme déchaîne son contrôle sur les secteurs sociaux, économiques, politiques, culturels et sur tous les secteurs de la base semi-féodale du pays, historiquement et dans la phase actuelle de la mondialisation.

    L’intention principale de l’impérialisme est de développer industriellement le pays, mais pas de le transformer en un autre concurrent capitaliste. Il veut le soutenir en tant que fournisseur de matières premières et en tant que marché pour les produits impérialistes.

    Les dirigeants compradores ont amené de nombreuses lois, règles, règlements, directives et autres mesures politiques pour apporter des changements dans l’Inde rurale, qui sont favorables aux multinationales impérialistes, aux classes bureaucratiques bourgeoises et féodales compradores. »

    « Pendant la période de mondialisation, les anciennes et les nouvelles forces féodales des castes dominantes dans les zones rurales ont été le soutien social à chaque étape que l’État a entreprise dans l’intérêt de l’impérialisme et de la bourgeoisie bureaucratique compradore.

    Outre les sociétés étrangères et les sociétés compradores nationales, les nouvelles forces féodales, les chefs de partis parlementaires et plusieurs types de mafias ont bénéficié de la politique d’exploitation agraire, rurale.

    La collaboration des entreprises mondiales du capital financier, les différents réseaux gouvernementaux et non gouvernementaux, les partis politiques parlementaires et plusieurs types de mafias se sont beaucoup développés et les rapports semi-féodaux dirigés par les anciennes et les nouvelles forces féodales se sont poursuivis sous de nouvelles formes. »

    « Classe nationale bourgeoise Cette classe investit dans le commerce de gros, le transport de marchandises, les transports publics, l’éducation, le secteur de la santé, les hôtels, le commerce des feuilles de tendu [pour le papier à cigarette des bidis] et d’autres secteurs du commerce et des services, ainsi que les petites et moyennes industries.

    Elle est opprimée par l’impérialisme et les politiques capitalistes bureaucratiques compradores et est enchaînée par le féodalisme. Pour cette raison, son marché souffre constamment de leur offensive. La croissance de leurs industries est limitée. Des milliers d’industries sont en faillite. »

    b) une compréhension erronée du changement par en haut et non comme interne

    Le PCI(M) est très clair. Comme le pays serait totalement dépendant (et la bourgeoisie nationale et le capitalisme local mourraient chaque jour davantage), comme la classe dirigeante serait une bourgeoisie compradore totalement dépendante de l’impérialisme, quand l’aspect semi-féodal du pays connaît un changement, c’est par en haut seulement.

    Ceci est clairement inacceptable, car le PCI(M) présente le mouvement nationaliste en Inde comme une abstraction étrangère, dans la négation de la bourgeoisie bureaucratique.

    5. La nature du BJP

    a) ce que dit le PCI(M)

    « La chasse du capital financier mondial pour les super profits détruit la vie de l’ensemble du prolétariat, des paysans, de la classe moyenne et de la bourgeoisie nationale et d’autres classes, sections et nationalités opprimées et les attaque cruellement.

    A cette fin, il porte au pouvoir les partis fascistes dans les pays arriérés. Dans ce contexte, le gouvernement Narendra Modi sous la direction du BJP fasciste avec l’idéologie brahmanique Hindutva a pris le pouvoir dans le centre de notre pays et déclenche une grave offensive fasciste contre le peuple depuis six ans. »

    « Le communautarisme brahmanique hindutva s’est largement répandu dans le pays au cours des sept dernières décennies. Partant du massacre de milliers de musulmans lors de la partition en 1947, il déclencha plusieurs massacres, atrocités, incendies, destructions de biens et pillages (…).

    Les forces Hindutva sont allées de l’avant avec l’objectif de transformer le pays en un État Hindutva. Nous devons nous rappeler que tout cela est dicté par le capital financier mondial.

    L’objectif du capital financier est de faciliter son exploitation en renforçant le fascisme dans le pays et en instaurant l’idéologie fasciste et son hégémonie dans tous les secteurs du pays.

    10. Le système de castes hiérarchique basé sur l’idéologie brahmanique hindutva fait partie intégrante des rapports semi-féodaux en Inde. »

    b) la question du BJP

    Le PCI(M) nous dit ici quelque chose d’incohérent. Pourquoi l’impérialisme ferait-il la promotion de l’hindouisme et de l’expansionnisme indien à travers le Bharatiya Janata Party (le parti du peuple indien) ? Pourquoi l’impérialisme aurait-il ou devrait-il avoir besoin d’un missile intercontinental indien avec une arme atomique, appelé Agni, du dieu hindouiste du feu ?

    Le romantisme anticapitaliste hindutva n’est absolument pas conforme aux valeurs du consumérisme impérialiste. La politique d’unification nationaliste du pays par le BJP n’est pas conforme à la ligne de l’impérialisme de diviser pour régner.

    En fait, il est facile de comprendre que le BJP représente la bourgeoisie bureaucratique indienne, essayant de jouer sa propre carte, de manière relative seulement bien sûr. Il en est de même partout dans le monde, des pays semi-féodaux semi-coloniaux devenant expansionnistes, comme la Turquie.

    En niant le caractère bourgeois bureaucratique du BJP, le PCI(M) nie (de manière théorique) le caractère expansionniste de l’Inde, ce qui est une erreur sur le plan idéologique et se heurte bien sûr à la pratique internationaliste du PCI(M) lui-même.

    Le problème est que le CPI(M), avec sa conception d’un impérialisme systémique, ne voit pas la croissance étonnante des forces productives depuis les années 1990.

    6. la crise depuis 1973?

    a) ce que dit le PCI(M)

    « En fait, la mondialisation est l’offensive du capital financier sur les pays arriérés du monde. Elle est liée à la restructuration du capital dans les monopoles. Puisque le capital est tombé en crise permanente depuis 1973, cela fait partie de sa stratégie pour surmonter la crise.

    À l’heure actuelle, il est tombé dans une nouvelle crise depuis 2008. »

    « Depuis le début des années 1970, l’impérialisme est tombé en crise générale dans le monde entier, dans les années 1980, des politiques de mondialisation plus intenses ont été adoptées et il a fait peser le fardeau de sa crise sur des pays semi-coloniaux, semi-féodal comme l’Inde. »

    « Les économies de ces pays se sont développées très rapidement pendant près de deux décennies et ont conduit à une stabilité partielle du capitalisme. Mais cela ne pouvait pas durer en permanence. Avec la crise tombant dans une dépression prolongée à partir de 1973, l’illusion d’une expansion constante de l’économie mondiale a été brisée. »

    « La crise financière mondiale depuis 1973 a entraîné une baisse de la demande de biens d’équipement dans les pays impérialistes. Dans le cadre de l’internationalisation de la production, l’impérialisme a adopté des politiques de mondialisation depuis les années 1980 et 1990. Cela fait partie de la politique néocoloniale de l’impérialisme depuis l’après-guerre.

    Cependant, il existe une différence entre les politiques adoptées par l’impérialisme dans le cadre du néo-colonialisme en 1946-80 et les politiques de mondialisation depuis les années 1980, en particulier depuis le début des années 1990 lorsque la Russie a décliné en tant que superpuissance.

    Les impérialistes qui ont adopté des politiques économiques keynésiennes jusque-là ont introduit des politiques de libre-échange depuis le début des années 1990. »

    b) la question des forces productives

    Le PCI(M), dans ses documents, donne beaucoup de données sur la pauvreté. Le problème est que cela est fait avec la même approche statistique qu’Eugen Varga au début de la Troisième Internationale. La dialectique de l’économie n’est pas comprise.

    Dire que le capitalisme est en crise depuis 1973 est tout simplement incroyable. De 1989 à 2020, la croissance capitaliste a été énorme, utilisant la Chine comme usine du monde.

    La qualité de vie des peuples des pays impérialistes n’a cessé de s’améliorer, que ce soit dans les domaines de la médecine, de l’éducation, du sport, des loisirs, de l’alimentation, etc.

    Bien sûr, ces domaines ont été définis par l’impérialisme. Mais si on prend le niveau quantitatif, la vie est devenue beaucoup plus facile dans les pays impérialistes. Cela explique aussi pourquoi il n’y a pas eu de révolte, pourquoi le secteur révolutionnaire a failli mourir, etc.

    Mais cela n’est pas seulement vrai pour les pays impérialistes.

    Les pays opprimés par l’impérialisme ont également connu une élévation de la qualité de vie au cours de la même période. Pas tous, bien sûr, et l’Inde en particulier est un point faible, ce qui en fait l’un des centres de la Révolution mondiale.

    Néanmoins, un regard sur Mumbai, Kolkata ou Delhi montre comment l’Inde a changé, avec une urbanisation correspondant au développement des forces productives. Et le BJP est l’expression d’une telle tendance, avec une bourgeoisie bureaucratique.

    Et le PCI(M) le sait, en fait – parce qu’il a compris les changements qui ont connu la Chine. Comment la Chine aurait-elle pu devenir social-impérialiste sinon par une bourgeoisie bureaucratique ?

    7. la Chine social-impérialiste

    a) ce que dit le PCI(M)

    « La Chine, une nouvelle puissance social-impérialiste ! Elle fait partie intégrante du système capitaliste-impérialiste mondial ! »

    « Contrairement à l’opinion de certains maoïstes, la Chine n’est ni dépendante des pays impérialistes ni un pays exploité par ces pays impérialistes. Au contraire, c’est sans aucun doute devenu un nouveau pays social-impérialiste en 2014.

    Elle n’est apparue comme une puissance impérialiste que parce qu’elle surexploitait la classe ouvrière du pays. Il ne fait aucun doute que l’industrialisation rapide a conduit à ce changement.

    L’émergence de la Chine en tant qu’usine mondiale renforce la restructuration économique du monde et modifie la dynamique de la chaîne d’approvisionnement et de demande du système économique mondial. »

    « Pour résumer, les organisations monopolistiques chinoises sont les plus puissantes au monde. « Le monopole est la base économique solide de l’impérialisme », a déclaré Lénine. C’est un indice pour dire que la Chine est devenue un pays social-impérialiste. »

    b) la Chine et la bourgeoisie bureaucratique

    S’il n’y avait en Chine qu’une bourgeoisie compradore, alors ce pays serait encore dépendant.

    Le PCI(M) comprend bien qu’il n’est pas dépendant, qu’il est même social-impérialiste, constatant que les monopoles sont très bien organisés, à un niveau élevé.

    Mais d’où cela peut-il venir, sinon de la bourgeoisie bureaucratique ? La bourgeoisie bureaucratique grandit normalement dans l’ombre de la bourgeoisie compradore, dont elle fait aussi partie dialectiquement.

    Mais à mesure que le capitalisme, d’une manière déformée, se développe, la bourgeoisie bureaucratique grandit et absorbe l’État.

    Les communistes péruviens décrivent comme suit ce processus :

    « S’appuyant sur les thèses du Président Mao il [c’est-à-dire Gonzalo] nous dit que le capitalisme bureaucratique a cinq caractères :

    1) Ce capitalisme bureaucratique est le capitalisme que l’impérialisme développe dans les pays arriérés et qui comprend les capitaux des grands propriétaires terriens, des grands banquiers et des magnats de la grande bourgeoisie ;

    2) Il exploite le prolétariat, la paysannerie et la petite bourgeoisie et limite la moyenne bourgeoisie ;

    3) Il passe par un processus qui fait que le capitalisme bureaucratique se combine avec le pouvoir de l’État et devient capitalisme monopoliste étatique, compradore et féodal; il en découle qu’en un premier moment il se développe comme grand capital monopoliste non étatique, et en un deuxième moment – quand il se combine avec le pouvoir de l’État – il se développe comme capitalisme étatique ;

    4) Étant arrivé au plus haut degré de son développement, il fait mûrir les conditions pour la révolution démocratique ; 

    5) Confisquer le capitalisme bureaucratique est la clé pour mener à bonne fin la révolution démocratique, et est décisif pour passer à la révolution socialiste.

    Le Président Gonzalo voit que le capitalisme bureaucratique est le capitalisme engendré par l’impérialisme dans les pays arriérés, qu’il est lié à la féodalité caduque et soumis à l’impérialisme, phase supérieure du capitalisme ; qu’il n’est pas au service des majorités, mais à celui des impérialistes, de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens (…).

    Tout cela prouve l’aspect politique du capitalisme bureaucratique, qui n’est pas assez souligné, et que le Président Gonzalo considère comme un aspect clé, car le capitalisme bureaucratique fait mûrir les conditions pour la révolution et, aujourd’hui, quant il entre dans son étape finale, il fait mûrir les conditions pour le développement et le triomphe de la révolution.

    La vision que le Président Gonzalo a du capitalisme bureaucratique est aussi très importante ; il le voit conforté par le capitalisme monopoliste non étatique et par le capitalisme monopoliste étatique, en s’appuyant sur la différenciation qu’il a établi entre les deux factions de la grande bourgeoisie : la bureaucratique et la compradore, afin de ne se mettre à la remorque d’aucune des deux, problème qui mena notre Parti à une tactique erronée durant 30 années.

    Il est important d’avoir cette conception car c’est de la confiscation du capitalisme bureaucratique par le Pouvoir Nouveau que découlera le triomphe de la révolution démocratique et l’avance vers la révolution socialiste.

    Si l’on ne visait que le capitalisme monopoliste de l’Etat on laisserait la voie libre à l’autre partie, le capitalisme monopoliste non étatique; ainsi, la grande bourgeoisie compradore se maintiendrait économiquement et pourrait reprendre le dessus pour s’emparer de la direction de la révolution et frustrer son passage à la révolution socialiste. » (Parti Communiste du Pérou : La révolution démocratique, 1988)

    7. la libération nationale

    a) ce que dit le PCI(M)

    « Une économie autosuffisante doit être développée. Mais l’impérialisme, les classes bureaucratiques compradores bourgeoises et féodales font obstacle à cette voie.

    Quatre classes alliées – les ouvriers, les paysans, la classe moyenne et les classes bourgeoises nationales, les sections sociales opprimées – les Dalits, les tribus, les femmes et les minorités religieuses doivent s’intégrer dans la direction du prolétariat et les éliminer et la Révolution de Nouvelle Démocratie doit être accomplie avec l’objectif ultime de l’établissement du socialisme-communisme.

    Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible d’établir une économie de nouvelle démocratie et auto-suffisante. Ce n’est qu’ainsi qu’un véritable développement est possible. »

    b) un mouvement de libération nationale

    Il est très clair que le PCI(M) a une ligne correspondant à un mouvement de libération nationale. C’est positif. Mais ce n’est pas conforme au marxisme-léninisme-maoïsme. Le PCI(M) ne s’intéresse pas aux questions intérieures de l’Inde, il considère que la confrontation avec l’impérialisme est la seule clé.

    De là naît la fascination pour les tribaux en marge du développement et un mépris pour toutes les questions culturelles indiennes, comme la nature de l’Islam en Inde ou le rapport aux animaux. Ce qui fascine le monde à propos de l’Inde est hors du champ de vision du PCI(M).

    De là vient aussi la non-compréhension de la crise apparaissant en 2020. Ne voyant pas le développement de la période 1989-2020, le PCI(M) s’imagine que le capitalisme, devenu impérialisme en tant que système mondial, serait en crise depuis 1973…

    C’est une énorme erreur et cela montre que le CPI(M) doit choisir : ou être la branche armée d’un « autre développement » contre la mondialisation, ou assumer l’histoire indienne.

    La crise imposera un choix rapide et décisif.

  • La question de la crise : un exemple d’erreur avec A Nova Democracia

    L’irruption de la pandémie de COVID-19 en 2020 a été un crash test pour tous les révolutionnaires du monde. Étaient-ils capables de faire face à une crise mondiale, de la comprendre et de donner les clés pour y faire face de manière adéquate ? Ou leur était-il seulement possible d’accompagner les événements ?

    Cela dépendait bien sûr de ce qui avait été fait dans la période d’avant la crise. Si les révolutionnaires avaient compris comment les forces productives se sont développées depuis 1989, comment la nature était attaquée, comment les animaux étaient asservis à des niveaux industriels partout dans le monde… alors ils étaient en mesure de comprendre comment la crise est arrivée et quel sens elle porte.

    Si les révolutionnaires étaient dans la fiction que le capitalisme est en crise depuis dix, vingt, cinquante, cent ans… alors ils ne pouvaient pas comprendre qu’il s’est passé quelque chose de nouveau, quelque chose avec un saut qualitatif.

    Un bon exemple en est donné par la revue brésilienne A Nova Democracia. C’est même absolument typique, dans le sens où un tel point de vue était celui de la plupart des mouvements se définissant comme marxistes-léninistes voire maoïstes. Ils n’ont tout simplement pas compris ce qui s’était passé.

    L’article d’A Nova Democracia « Économie mondiale vers la récession : LE CORONAVIRUS MASQUE LA CRISE DE L’IMPÉRIALISME », publié en mars 2020, exprime assez purement cette profonde incompréhension. Voici ce qui est dit:

    « La production industrielle et la bourse du marché financier se sont effondrées début mars dans le monde entier. Le déclencheur, selon le monopole mondial de la presse, est l’expansion du coronavirus.

    Or, il s’agit en réalité de la crise de surproduction relative de capital. Le coronavirus lui-même ne pourrait pas avoir un tel impact dans l’économie mondiale. La raison de l’arrêt de la reproduction du capital est le capital lui-même.

    Le portail Crítica da Economia, citant un journal de la réaction, a observé que le coronavirus est aujourd’hui moins mortel que la grippe : « Les données internes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montrent qu’en 2020, la simple grippe saisonnière a déjà causé plus de victimes (76,537 décès) que le nouveau coronavirus (2,812 décès) ; c’est-à-dire que notre grippe bien connue et familière a déjà tué 2,720% de personnes de plus que le mystérieux nouveau coronavirus ». »

    En juillet 2021, un tel discours apparaît bien sûr facilement comme pathétique. Néanmoins, c’était assez courant à l’époque ou même une règle pour les ultra-gauchistes. Les pandémies seraient surestimées par les États pour mettre des lois strictes, ce serait presque un canular de nature contre-révolutionnaire.

    Ce n’est même pas une méconnaissance de la crise, c’en est une négation, même au niveau sanitaire. Et la raison en est une croyance considérant que l’économie mondiale est organisée par des monopoles et la finance mondiale, que le capitalisme « pense », est capable « d’agir » de manière calculée, etc.

    A Nova Democracia exprime parfaitement cette conception, où la crise consiste en la surproduction de capital, qui étoufferait l’économie et le monde. L’article dit :

    « L’apparition du coronavirus n’est qu’un fait qui aggrave l’économie. Cependant, derrière ce fait, il y a déjà une surproduction relative du capital latent.

    La crise de surproduction de capital relatif survient lorsque la production de capital extrapole la capacité de consommation de la société définie, en définitive, par la contradiction entre le caractère social de la production et l’appropriation capitaliste du produit.

    Pour s’en faire une idée, le taux de chômage aux USA a atteint, en octobre 2019, le plus bas record de 3,5%. Cela équivaut pratiquement au « plein emploi ». C’était le taux le plus bas des 50 dernières années, résultant du taux d’intérêt qui propulse le crédit pour la production.

    Cependant, en octobre, la création de nouveaux postes de travail dans l’industrie a diminué pour la première fois en six mois, bien que la production ait augmenté de 1,1% en novembre. C’est une énorme augmentation de la production mondiale qui croît de manière disproportionnée par rapport à l’ajout de la capacité de consommation mondiale.

    La crise de surproduction en est la conséquence inévitable. La preuve en est que tous les économistes yankees prévoient que l’économie va ralentir à court terme, c’est-à-dire qu’elle ne trouvera pas de marchés pour poursuivre l’expansion. »

    Il est bien sûr totalement faux de comprendre le capitalisme en termes de comptabilité, avec des entrées et des sorties. Si ce que dit A Nova Democracia est vrai, alors le capitalisme ne se développerait jamais ni même n’existerait, car il y a toujours un décalage entre la production et la consommation… Surtout au début du capitalisme, avec l’accumulation primitive, un thème essentiel.

    Bien sûr, concernant l’aspect sanitaire, A Nova Democracia a totalement changé de point de vue par la suite, disant par exemple en avril 2020 dans l’article « LE 21ème SIÈCLE ET LE MOYEN ÂGE : L’échec historique et politique du système impérialiste » :

    « C’est une sinistre renaissance des temps presque anciens de l’histoire de l’humanité alors qu’au milieu du XVe siècle, la « Peste noire » s’est produite, balayant l’Europe et l’Asie, tuant 200 millions de personnes ; ou encore avec l’épidémie de grippe espagnole et la mort de dizaines de millions de personnes. »

    Mais le même article explique aussi, de manière assez choquante :

    « Résultant soit d’une évolution biologique naturelle, soit d’une machination de l’impérialisme yankee (hypothèse qu’on ne peut pas du tout ignorer puisqu’elle correspond aux « wargames » criminels du Pentagone, fervent adepte du malthusianisme*), le coronavirus agit comme un petites bombes atomiques invisibles dans une autre forme de guerre mondiale.

    On ne peut oublier les artefacts atomiques que possèdent les États impérialistes et certains de leurs laquais, en grande quantité et en grande quantité dans leurs arsenaux, visant à intimider en permanence les peuples de la Terre. Le problème est qu’avec la pandémie, la négligence des gouvernements, ils élimineront les populations considérées par eux comme des populations excédentaires, en particulier les personnes âgées et malades.

    Dans l’ensemble, cela signifie détruire les forces productives pour justifier de nouveaux et miraculeux « plans Marshall » pour récupérer l’économie pour une nouvelle expansion. La négligence est intentionnelle, résultant de la nature impérialiste mais tordue avec des doses réglables de dramatisation par les monopoles de la presse – Globo Network, un leader au Brésil – pour atténuer le soulèvement des masses. C’est la loi de l’impérialisme : la crise du système n’est que partiellement éradiquée avec la destruction des forces productives, le massacre des travailleurs et des populations « excédentaires », la concentration/centralisation du capital et la conquête de nouveaux marchés (guerre avec un arsenal d’armes). »

    Nous avons un double problème, ce qui est typique. Le premier est de considérer que le capitalisme a une vue d’ensemble sur lui-même. Le second est d’affirmer que le capitalisme peut « choisir » de détruire le « surplus » de marchandises et de travailleurs. Rien de tout cela n’est vrai, bien sûr.

    Et pour comprendre cela, il n’y a qu’un petit aspect à voir : la question des personnes âgées et malades. Si l’on prend les pays impérialistes, il y a longtemps maintenant que ces personnes âgées et malades sont intégrées au capitalisme. Depuis 1945, et maintenant de manière très importante, elles sont un élément du capitalisme, en tant que consommateurs de produits qui leur sont directement destinés.

    Pour prendre deux exemples assez clair, on peut voir que l’Allemagne importe des prolétaires des pays de l’Est pour les utiliser comme aide particulière bon marché pour les personnes âgées, et que le Portugal a fait des impôts faibles pour les retraités français.

    Bien sûr, A Nova Democracia ne peut pas voir cela. Dans sa vision, le capitalisme mondial consiste en la finance, et en la finance uniquement. Il n’y a plus de mode de production capitaliste, mais des masses mondiales contre un petit groupe de gens super riches. A Nova Democracia ne voit donc tout simplement pas l’évolution du quotidien, les progrès du capitalisme, sa systématisation à tous les niveaux de la vie.

    Et c’est la clé. Soit il y a la compréhension que le capitalisme s’est développé depuis 1989, amenant le monde à une nouvelle étape, avec une nouvelle crise générale. Ou on suit les événements, dans la conviction qu’il n’y a pas eu d’évolution des forces productives depuis les années 1930.

  • Dialectical materialism, the process of changing in its opposite and the notion of center, of point of reference, of reference frame

    Dialectical materialism considers that one thing can turn into its opposite. However, it is essential not to consider this to be some sort of displacement. Thus, the following diagram is wrong.

    This diagram is wrong, because it implies that a thing is different from its opposite and that thus, turning into its opposite, there would be a transformation, a modification, a displacement.


    According to dialectical materialism, what happens is that the opposite of a thing is, at the same time, that thing. Thus, there is no “transformation” when one thing becomes its opposite.

    This is obviously tricky to grasp. It was not until Mao Zedong that dialectical materialism understood this process sufficiently. The Great Proletarian Cultural Revolution is the fruit of this understanding: given that there is no “barrier” between a socialist China and a revisionist China, one should not imagine that revisionism would be based on a transformation, a modification, a displacement. The struggle was actually internal to Chinese society.

    Hence the multiple aspects of the Great Proletarian Cultural Revolution.

    Stalin, in the USSR, considered that revisionism would pass through points of fixation, which would initiate a displacement, a modification, a transformation. This was not the case and his mistake was his insufficient understanding, due to historical reasons, of the process of causing one thing to turn into its opposite.

    In the diagram showing the flawed approach, the arrows symbolize the problem. If we say, when something turns into its opposite, that there is a modification, then we say that a thing is absolutely separate from its opposite. To become its opposite, a phenomenon would have to know a whole operation, a whole movement.

    We are so led to value the place of “passage”, we are obliged to consider that, for something to be able to change, there would need a “place”, an airlock, a point of connection.

    And this is foreign to dialectical materialism. It is even quite precisely, from a historical point of view, the theoretical justification of God.

    Before dialectical materialism, the hypothesis of God was unavoidable for mankind. Incapable of grasping the movement of matter, of grasping the contradiction (especially between quantity and quality), of grasping unequal development… mankind idealistically founded its reflection on the principle of creation, action and reaction.

    For something to exist, for something to happen, in this conception, there needs to be an “ideal” moment, a pure situation, a momentum (and indeed an outcome).

    Hence the notion of the “divine” inspiration of the artistic or scientific “genius”, proceeding by “creation”, from nothing. This notion of creation implies that there is a “beginning” and an “end” to things that would be logically separated, isolated, different, unique, since “created.

    Everything being what it is, and nothing else, for it to be able to change into its opposite (even admitting that it is possible), there needs to be a ground for it, an action. The conditions must be created.

    In reality, one thing is also its opposite. This is true of socialism, which will be the same, even if reversed, of capitalism for a while, then of communism afterwards.

    Socialism is indeed an overtaking of capitalism, that is to say its prolongation and its negation; at the same time, socialism is contrary to communism as it represents a more developed stage, towards which it naturally tends.

    Communism itself will undergo transformations, becoming ever more complex with a series of internal oppositions. This is quite clear if we see the relationship with Nature, humanity having experienced an unequal development, leading it to be the opposite of Nature, and being at the same time this opposite, and becoming it again entirely again, in a more developed way.

    Everything is always the opposite of something, being this opposite as well. The child has the adolescent he becomes as an opposite, the adolescent obtaining the fact of being an adult as the opposite, and so on. The adolescent is not the adult but at the same time he is it too, despite being his opposite.

    We can see here that a multitude of derailments in human behavior stem from a misunderstanding of these qualitative differences and from a confusion aabout reality. Desires are directed towards a thing which is the opposite of a thing, with an assimilation of both, when in reality it is and is not this thing.

    The adult man who turns to an adolescent derails because he confuses the adolescent with the woman, being in complete confusion about the thing and its opposite; the contradiction between man and woman can also be misunderstood and lead to disorientation where the thing is confused with its opposite.

    There is of course also, even above all, a fetishistic attention to the notion of center, point of reference, reference frame. There is an inordinate value to the consideration that any phenomenon would have a “peak” corresponding to the transition from a one-sided rise to a unilateral descent.

    There is an obsession with the search for a center, as in the Cartesian representation of a function (with values 0 and 0 on both axes). This is reproduced socially with the fascination for the one-sided leader, in the negation of the dialectical movement between the center and the base, but above all in the rejection of the universality of each thought which, ultimatelyreflects matter in motion.

    This whole approach in terms of center, point of reference, frame of reference… is in fact used to reduce the complexity of phenomena, not to study their substance, to skirt the fact that any process, in its internal movement, obeys its own particular features, in a universal process of contradiction.

    The Great Proletarian Cultural Revolution, with its multiple aspects, was precisely in China an operation to understand the modalities of the process of the transformation of red China into black China, in order to launch a counter-restoration to capitalist restoration. Its failure at the death of Mao Zedong in 1976 is a reminder that a counter-restoration can itself turn into its opposite, a counter-counter-restoration.

    That this happened when Mao Zedong died may indicate that the error consisted in making him a center, a point of reference, a reference frame in the revolutionary apparatus, by failing to consider that it is a question of grasping all aspects of the transformation.

    This question of changing from one thing to its opposite, of the absence of a place where to “move”, will require great attention in the future; it will make it possible to grasp essential aspects that are still not understood, such as viruses which are at the “crossroads” of living and dead by virtue of their qualities, forming a sort of nexus between life and death, without being able to be a center, a point of reference, a reference frame.

    We have here the expression of a contradiction between the particular and the universal, but also the question of a deeper understanding of the fundamental interrelation of all the things which form, concretely, one and the same reality, an infinite and eternal universe composed of multiple layers like an onion, with movements like echoing waves.

  • The 1989-2020 capitalist expansion and the question of the productive forces

    [Published in Communism #14, July 2021.]

    The formidable capitalist expansion of 1989-2020

    Capitalism has experienced a tremendous development during the period 1989-2020; the standard of living of the masses has greatly increased, and this at the global level. There are of course pockets, sometimes very large, which have relatively avoided this. Nevertheless, both imperialist capitalism and bureaucratic capitalism gained such momentum that they succeeded in stifling the revolution.

    Many data clearly show how there was a capitalist expansion, each time very specific, with new or enlarged markets. The development of meat consumption is quite emblematic here. The consumption of meat in the world was 145.3 million tonnes in 1983, 323 million tonnes in 2017 (we are talking about more than sixty billion animals per year). It involves planetary transformation. 30% of the land surface is used for intensive cattle breeding. Dairy animals linked to milk and meat represent 20% of all animal biomass. Would capitalism have been capable of such a transformation at the level of the Biosphere, if it had not grown? Obviously not.

    Concrete is in this respect emblematic, since concretisation is an essential phenomenon of capitalist expansion. 6 billion m³ of concrete are produced each year; in three years (from 2011 to 2013), China consumed as much concrete as the United States during the whole of the twentieth century.

    We can put this in relation to sand, which goes into the composition of the concrete. The extraction of sand from the seabed, mines and lakes amounts to forty billion tons per year. The same goes for cement, another element of concrete. In the early 1990s, non-Western countries consumed 65% of the world’s cement, now it is 90%. The main producers of the world’s 4.6 billion tonnes of cement are China (57.5%), India, the United States, Iran, Brazil, Turkey.

    We note the presence of India and Brazil, which we find also for steel. Humanity produces each year as much steel as during the decade 1945-1955. The main producers of the 1.8 billion tonnes of steel are China (almost 50%), India, Japan, the United States, South Korea, Russia, Turkey and Brazil. Similarly, if we take the world production of sugar cane, which was 448 million tonnes in 1961 and 1,907 million tonnes in 2018, we have Brazil in first place, having taken the place of India, now second.

    Even if it is in a distorted or incomplete way in bureaucratic capitalist countries, capitalist expansion is general, systematic and aggressive, as evidenced by urban sprawl, which implies as a “model” the Western way of life.

    Of course, it is absolutely impossible to generalize such a way of life, totally destructive for the planet: it would take several planets, serving only as resources, for this capitalist “utopia” to exist for the now 7.7 billion human beings (2.5 billion in 1950), who also now live mainly in an urban environment.

    Anyway, without wanting to look too far, we just need to see that people in western countries use computers, smartphones and the internet, things that did not exist before the development of 1989-2020. Even in non-western countries there is a trend in this direction and black metal is listened to in Indonesia as in Bolivia, Instagram is used in Lagos as in Tehran.

    The phenomenon of global migration, which has grown to immense proportions, illustrates this. There is a real wave of brain drain and of young men seeking to live in the capitalist El Dorado. Such a phenomenon would not exist if there was a real class struggle at the national level counterbalancing misery, if capitalism was dying. Migration is a direct expression of capitalist growth all over the world, but with a far too low growth locally “in comparison” to the Western countries.

    Trotsky’s insane conception of the productive forces

    The ultra-left has the following conception: the world has been frozen since the Russian revolution, which is part of the world revolution; it failed but the process is still ongoing. So the only thing possible is that everything is frozen while waiting for the final success of the world revolution.

    This conception stems from a totally erroneous reading of the first general crisis of capitalism at the beginning of the 20th century. The Communist International has never spoken of a “final” crisis of capitalism, but of a “general” crisis, with therefore relative counter-tendencies.

    And if indeed the productive forces have remained similar in Europe, it has always been stressed that this was not the case neither in Japan nor in the United States, and that capitalist restructuring was aimed at relaunching capitalism in Europe itself (especially in Germany). The Communist International has been perfectly dialectical and certainly not one-sided.

    Leon Trotsky was totally one-sided and in no way dialectical. In April 1939, in “Marxism in Our Time”, he asserts completely erroneously that the productive forces have ceased to grow. Here’s how he presents this wacky design:

    “The Decay of Capitalism

    However expensive the control of the market has been to society, mankind up to a certain stage, approximately until the World War, grew, developed and enriched itself through partial and general crises.

    The private ownership of the means of production continued to be in that epoch a comparatively progressive factor.

    But now the blind control by the law of value refuses to render further service. Human progress is stuck in a blind alley.

    Notwithstanding the latest triumphs of technical thought, the material productive forces are no longer growing.

    The clearest and most faultless symptom of the decline is the world stagnation of the building industry, in consequence of the stoppage of new investments in the basic branches of economy.

    Capitalists are simply no longer able to believe in the future of their own system.

    Construction stimulated by the government means a rise in taxation and the contraction of the “untrammelled” national income, especially since the main part of the new government construction is directly designed for war purposes.

    The marasmus has acquired a particularly malignant and degrading character in the most ancient sphere of human activity, the one most closely connected with the basic vital needs of man – in agriculture.

    No longer satisfied with the obstacles which private ownership in its most reactionary form, that of small land holdings, places before the development of agriculture, capitalist governments see themselves not infrequently called upon to limit production artificially with the aid of statutory and administrative measures which would have frightened artisans in the guilds at the time of their decline.

    It will be recorded in history that the government of the most powerful capitalist country granted premiums to farmers for cutting down on their planting, i.e., for artificially diminishing the already falling national income.

    The results are self-evident: despite grandiose productive possibilities, secured by experience and science, agrarian economy does not emerge from a putrescent crisis, while the number of the hungry, the preponderant majority of mankind, continues to increase faster than the population of our planet.

    Conservatives consider it sensible politics to defend a social order which has descended to such destructive madness and they condemn the socialist fight against such madness as destructive Utopianism.”

    Leon Trotsky had nothing understood of restructuration and imperialist war as a “way out” of the capitalist crisis.

    The question of the situation between 1945-1975: the two Maoisms

    This essential truth must be said and repeated. In the 1960s, when opposition to revisionism arose in Western countries, there was a complete split between two Maoisms. The first, who defines himself as Maoist, has a critique of everyday life, it notes that capitalism is expanding in the 1950s and 1960s, that there is a new way of life. It is thus sometimes linked to or stemming from the hippie movement, like the Weather Underground in the United States, the Red Army Fraction in Germany, or it is in any case extremely attentive to the same questions as the hippies, like the Red Brigades in Italy. Likewise, the French UJCML and the Gauche Prolétarienne raised the question of culture.

    In any case, there has been a great deal of attention to the unions, as they were integrated into expanding capitalism; there was a fundamental reflection on the growing weight of subjectivity in the imperialist metropolises.

    There was none of this in the second “Maoism”, the false Maoism, carried by people calling themselves “Marxist-Leninists” and imagining themselves living in the 1930s.

    The horizon of these false anti-rebels revisionists never went beyond revolutionary syndicalism, they understood nothing of the social transformations underway, due to a cosmopolitan reading.

    The “Maoist Communist Party” currently existing in Italy comes directly from a small “ML” group of the 1960s and 1970s: it maintained the “revolutionary trade unionist” course through an era marked by dozens of armed organizations and thousands of political prisoners …

    The first Maoism, the only truly authentic one, failed in its assertion, yet it represents the historical heritage of the Communists in the imperialist metropolises.

    The “MLs”, even disguised as “Maoists”, continued to exist, more or less painfully, imagining that the world had not changed since 1930, and by anyway understand it like in a caricature…

    2020 and the second general crisis of capitalism

    The opening of the second general crisis of capitalism, through the intermediary of COVID-19, complicates matters even more, since it is necessary not only to understand the meaning of the capitalist expansion of 1945-1975, but also that of 1989-2020.

    In fact, the second one was directly enabled by the collapse of Soviet social-imperialism and the integration of capitalist China into the world market. The crisis of the 1970s was thus postponed. Capitalism then experienced a new expansion, a new impetus, which runs up against the wall of reality.

    If the first general crisis of capitalism was powerfully marked by the contradiction between manual labor and intellectual labor, the second crisis of capitalism has as its main aspect the contradiction between town and country.

    There are basically only two points of view: the erroneous one imagining that capitalism has become imperialist at the beginning of the 21st century and that it has been “frozen”.

    Since it has “maintained itself”, one must then fall into the ideology of imagining that capitalism is “organized”. This was what the Social Democrats said in the 1920s-1930s, this is what the revisionists said in the 1960s-1980s with the theory of “state monopoly capitalism”.

    And there is the authentic communist point of view, which seeks to understand the tendencies and counter-tendencies of capitalism, in its historical dialectic.

  • Is there a difference between bureaucratic and comprador bourgeoisies? How the Communist Party of India (Maoist)proposes an erroneous definition

    [Published in Communism #14, July 2021.]

    The Communist Party of India (Maoist) has made public a series of documents on different questions. These documents have the Central Committee as redaction and were published in January 2021, sometimes after a correction from a previous document. We speak here of the documents called:

    (1) Changes in Relations of Production in India — Our Political Program (272 pages)

    (2) Caste Question in India—Our Perspective (97 pages, first edition in May 2017)

    (3) Nationality Question in India — The Stand of Our Party (97 pages, first edition in May 2019)

    (4) China – a new Social-Imperialist power! It is integral to the World Capitalist-Imperialist system! (84 pages, first edition in July 2017)

    What is of special interest is the question of the definition of capitalism, imperialism and crisis. We find here indeed a real problem, as the CPI(M) is developing a non-dialectical analysis of it. Because of the special importance of India in the world revolution, it is necessary to see what this weakness historically means.

    In fact, the reason behind the problem is that India is a major spot of the contradiction between town and country. The development of the urban areas is particularly distorted there, in an area where the animal question was raised a long time ago already.

    And it is an area where lives an significant part of the world masses, it is a country totally split through religious comunalism and castes.

    The CPI(M) just doesn’t confront itself to all of these questions. It takes a road opposed to the question of universality as historical necessity, as communism affirming the unity of the masses, of the world, of the Biosphere, of the universe, all of this being the key of the Indian Revolution.

    The conception of the CPI(M)

    The conception of the CPI(M) is the following. Capitalism would be in crisis since the 1970’s, but as it is solely “imperialist” and furthermore “organized”, it would have answered through neo-liberal policies at all levels in the 1980’s.

    The direct consequence would have been poverty all over the world and also the final domination of financial capitalism through “globalization”.

    This conception is not new; it is the one of the Indian Maoists since the 1990’s, in a common point of view of all the different organizations (the Maoist Communist Center, the Maoist Communist Center of India, the CPI(ML) People’s War, etc.). At the beginning of the 1990’s, such an understanding of capitalism was for example deeply explained by the CPI(ML) People’s War at conferences in Brussels organized by the Workers Party of Belgium, a post-Maoist revisionist structure.

    This should be no surprise: the Indian Maoists have a trend to use the revisionist concepts of neo-liberalism, depending countries, globalization. This is the key to the problem of the Indian Maoists.

    The documents of 2021 are an attempt to justify this approach and, in fact, it is also the first time they openly preach such an “alterglobalization” vision of the world, as usually, it is quite masked, even if readable for who takes attention.

    One of the main point here is that the wrong conception of the CPI(M) leads to miserabilism: capitalism would be paralyzed since the 1990’s, the world masses would have been always poorer since the 1990’s, and so on.

    This is a fairy tale, which totally misses the incredible development of the productive forces by capitalism in the 1989-2020 period, the impact on the Biosphere, the aggravation of the contradiction between town and country.

    And, therefore, it comes to a non-understanding of the second general crisis of capitalism appearing in 2020 through the pandemic.

    This justifies the criticism of the conception of the CPI(M), one of the most important revolutionary organization of the world, which is prisoner of its own Indian experience and missing the general transformation.

    1. The definition of imperialism

    a) what the CPI(M) says

    The CPI(M) defines imperialism as follows :

    “As the great Marxist teacher Lenin said, emergence of monopoly organisations and export of capital are the characters of imperialism.” “A century passed since the world capitalist system transformed into imperialism.”

    “With the beginning of the imperialist era the phase of ‘peaceful’ development of capitalism ended. The series of imperialist wars began for colonies and for re-division of the world.”

    “According to the report published by the Swiss Federal Institution of Technology of Zurich a few monopoly organisations are controlling the economy of the whole world. Six super rich persons of the world own property equal to half of the population, i.e., to that of 360 crore people.”

    “In the overall imperialist era, especially in the neo-colonial period and especially during the period of globalisation, several considerable changes took place at a fast pace in various sectors in the international and domestic level. These changes led to transformations and polarizations in class relations all over the world in varied levels.

    Since the global economic/financial order is more centralized in the hands of a few imperialist institutions/countries and wealth and political power is centralized in the hands of their big compradors, the number of oppressed nationalities, classes and sections rose very high.”

    b) an unilateral understanding of imperialism

    The CPI(M) has an unilateral understanding of imperialism, which is reduced to financial capital, which would be centralized and organized.

    Moreover, imperialism would be a new system of production : there would be a capitalist industrial production which would produce capital, this capital would come to an overproduction and imperialism consists in the overproduction of capital.

    This is wrong. Imperialism is not a base, it is a superstructure of capitalism. Even when capitalism comes to imperialism, its base is merely capitalist, with concurrency and competition among capitalists, in the shadow of the big monopolies.

    The bank apparatus doesn’t make disappear the basis, but emerges as a parasitic form it. So, the capitalist basis is not modified in itself an if there is an overproduction of capital, it can’t be separated from the overproduction of commodities.

    Lenin, when defining imperialism in “Imperialism, the Highest Stage of Capitalism”, is very clear about both double aspects : base/superstructure on one side, industrial/financial on the other (here the important parts are underlined).

    “We must give a definition of imperialism that will include the following five of its basic features: (1) the concentration of production and capital has developed to such a high stage that it has created monopolies which play a decisive role in economic life;

    (2) the merging of bank capital with industrial capital, and the creation, on the basis of this “finance capital”, of a financial oligarchy;

    (3) the export of capital as distinguished from the export of commodities acquires exceptional importance;

    (4) the formation of international monopolist capitalist associations which share the world among themselves, and

    (5) the territorial division of the whole world among the biggest capitalist powers is completed.

    Imperialism is capitalism at that stage of development at which the dominance of monopolies and finance capital is established; in which the export of capital has acquired pronounced importance; in which the division of the world among the international trusts has begun, in which the division of all territories of the globe among the biggest capitalist powers has been completed.”

    The dominance of monopolies and finance capital doesn’t mean there are only monopolies and finance capital. This is the error of the CPI(M), which leads to another one: the conception of a “pure” organized capitalism i.e. imperialism.

    2. The conception of organized imperialism

    a) what the CPI(M) says

    The CPI(M) defines a kind of organized imperialism as follows :

    “Imperialists and revisionists create tales and put the people in illusion about the changing conditions in order to protect the imperialist system and to deceive the people of the world.”

    “When the public sector of China was being restructured, the crisis in East Asia in the end of 1990s was destroying Singapore, Malaysia, Indonesia and Thailand. With their class interests the imperialist forces of the US, Europe and Japan experimentally introduced capitalism in early 1990s to put up a wall against ‘Communism’ in the countries came to be known as East Asian Tigers.”

    “Neo-colonialism gave new opportunities for every imperialist force to exploit. Moreover, it made possible collective colonialism to ‘collectively exploit’ the backward countries that is expressed through WB, IMF, WTO and other such imperialist organisations. This is a distinct character of neo-colonialism.”

    “1991 – Second stage of Globalisation begins While the Keynesian theory was formulated to solve the imperialist crisis of the 1930s the Monetarist theory came forth to solve the crisis that broke in 1970.

    The Monetarists suggested decrease in expenditure and cut in subsidies but not to print currency in order to reduce budget deficit. They sermonized the ‘invisible hand’ principle of Adam Smith that states that market forces itself regularize economy.

    This was what Thatcher in Britain and Reagan in the US brought forth. The policies of ‘free market’ and ‘free trade’ said to be introduced by them in fact reflect the monopoly of trade and the control of monopolies over the market.

    The jargon of free trade and free market is merely a mask of the monopoly of International Monetary organisations and Multi-National Companies.

    To say that they apply the Adam Smith principle of the capitalist stage of free competition is only to delude the people all over the world.” “Firstly imperialists re-structuralized capitalism in their countries through implementing Reaganomics and Thatcherism.

    They created an unprecedented surge of Mergers and Acquisitions (M&A) to establish giant Conglomerates.

    They turned finance capital into a decisive force and a major specter dictating the economies of the countries all over the world. They brought all the forms of social production in the world into their control and made all the countries of the world surrender to the policies of imperialist globalization.

    They thus intensified the onslaught on the working class of their own countries and increased the rate of surplus value (profits) being extracted from them.

    Secondly, with a new offensive on the backward countries they could further expand their markets and seize cheap raw materials of those countries. They intensified exploitation of the toilers manifold. Both of these are closely related and mutually dependent.

    The objective of globalization strategy is to re-structuralize the economies of the entire countries of the world as per the exploitive interests of the international monopoly finance enterprises and Multi-National enterprises, lift all the sanctions and all the tariff obstacles for imports-exports and for shifting profits to their native country, in a way to create a ‘borderless’ world where goods, technology, capital and labor can ‘move around freely’, to facilitate the exploitation of any country as per its wish according to their international monopoly.”

    b) an erroneous conception of an “organized” capitalism

    It is simply amazing that the CPI(M) really says that the Keynesian and Monetarist theories are the expression of a capitalism that understands its own crisis and try to overcome it, or that imperialism “experimentally introduced capitalism” in South Asia.

    This is absolutely not conform to the communist ideology; this corresponds to the social-democratic (in the 1920’s) and revisionist (in the 1960’s) understanding of an “organized capitalism”, of a state monopoly capitalism.

    The conception of the CPI(M) is clearly is that “international monopoly finance enterprises and Multi-National enterprises” leads the world, choosing the developments in an objective manner in accordance to their interests.

    And the immediate consequence of this is the negation of the bureaucratic bourgeoisie. There would be a total domination of the financial capital over the world, with governments as mere puppets.

    There would be no bureaucratic capitalism in India, which would be a kind of neo-colony.

    3. The comprador and the bureaucratic bourgeoisies

    a) what the CPI(M) says

    “With the transfer of power in 1947 (nominal independence) colonial, semi-feudal India turned to semi-colonial, semi-feudal country.

    The comprador big bourgeois class of our country that served the British imperialists from the beginning became comprador ‘bureaucratic’ big bourgeois class with the transfer of power.

    The comprador bureaucratic big bourgeois class and the big feudal class together became the main hurdle of the development of various nationalities. In semi-colonial India the comprador bureaucratic big bourgeois class is playing the main role on one hand in serving the interests of several imperialist countries and on the other in preserving the caste based feudal society of the country.”

    “To put it briefly, the planned onslaught of international finance capital all over the world through globalization reached a severe level in the backward countries in the past three decades.

    Since the Indian comprador bureaucratic bourgeois, feudal classes are dependent on imperialist finance capital and its interests entwined with their interests, the collaboration reached unprecedented level.”

    “Today, the comprador bureaucratic bourgeois class is working as an instrument to slave imperialism in our country. It makes use of the broad semi-feudal social basis to keep the people in bondage and unleashes its hegemony. They are traitors, disrupters and cruel enemies of the people.

    They are deceivers, liars and corrupt. They massacre the people, they are rapists and are absolutely useless. But they have the power and the instruments of production. They are ruling the country.”

    “The TATAs is the biggest industrial comprador big bourgeois enterprise. Their turnover had the 2 nd place by 2001 with 37,197 crore rupees. At the time, the TATAs had 84 companies out of which 34 companies were joint ventures with TNCs.

    They own the most ancient and biggest private sector power company in the country. They own mining, oil fields, steel factories, car and truck manufacturing companies, telephone, cable TV and broadband networks.

    They own Taj hotels, Jaguar, Land Rover, Dewan, Tetley tea, a publication house, a chain of book shops, the biggest brand of iodised salt, the Lakme empire of cosmetics and the TATA-Honeywell factory of Poona.”

    b) the non-understanding of the bureaucratic bourgeoisie

    When we read this, it is logical that the CPI(M) considers the islamist movements as “anti-imperialist” and can’t understand the nature of people like Saddam Hussein in Iraq, Hugo Chavez in Venezuela, Recep Tayyip Erdoğan in Turkey or even Narendra Modi in India.

    Normally, Maoism considers that there is four forms of bourgeoisie in the non-imperialist countries: the petty-bourgeoisie and the national bourgeoisie (both oppressed), the comprador bourgeoisie which exists only as intermediate with imperialist structures, the bureaucratic bourgeoisie which develops itself in the distorted capitalism existing in the oppressed country.

    The CPI(M) negates the existence of the bureaucratic bourgeoisie. There would be only a comprador (bureaucratic) bourgeoisie totally submitted to imperialism. But then, how can the CPI(M) explains that a simple lackey like TATA is able to possess Jaguar and Tetley, two main symbols of British imperialism ?

    The only explanation for TATA and all the big Indian capitalists is that they are bureaucratic capitalists. They have been comprador and they turn over a rather independent bureaucratic capitalism, with Indian features.

    So, the CPI(M) tells here something incorrect.

    And it practices a headlong flight in saying that its is globalization itself which is solely responsible for all the evolution in India.

    4. a change by above only?

    a) what the CPI(M) says

    “It means, in the specificities of India we have to study the feudal society, the later colonial (colonial, semi-feudal) and neo-colonial (semi-colonial, semi-feudal) societies, the attack of imperialist globalization (finance capital), the changes that it caused in the entire country and in the respective areas and the role of class struggle that contributed to the change in relations of production in the respective areas.”

    “On the whole imperialism is unleashing control on social, economic, political, cultural and all the sectors on the semi-feudal base in the country historically and in the present phase of globalization. The main intention of imperialism is to develop the country industrially but not to change it into another capitalist contender.

    It wants to sustain it as the supplier of raw material and as a market for imperialist products. The comprador rulers brought forth several laws, rules, regulations, directives and other policy measures to bring changes in rural India favorable to the imperialist MNCs, comprador bureaucratic bourgeois and feudal classes.”

    “During the globalization period, the old and the new feudal forces of the dominant castes in the rural areas were the social prop in every step that the state took up in the interests of imperialism and comprador bureaucratic bourgeoisie.

    Along with the foreign corporate companies and domestic comprador companies, the new feudal forces, parliamentary party leaders and several kinds of mafias benefited through the agrarian, rural exploitive policies.

    The collaboration of global finance capital enterprises, the several networks of government and non-government networks, parliamentary political parties and several kinds of mafias increased much more and semi-feudal relations led by the old and new feudal forces continued in new forms.”

    “National bourgeois class This class invests in wholesale business, transport of goods, public transport, education, health sector, hotels, tendu leaf business and other such business and service sectors along with small and medium scale industries.

    This is oppressed by imperialism and comprador bureaucratic capitalist policies and is tied by feudalism. Due to this reason, its market is constantly suffering from their offensive. Growth of their industries is limited. Lakhs of industries are becoming bankrupt.”

    b) a wrong understanding of changing by above and not internal

    The CPI(M) is very clear. As the country would be totally dependent (and the national bourgeoisie and local capitalism would die each day more), as the ruling class would be a comprador bourgeoisie totally dependent from imperialism, when the semi-feudal aspect of the country knows a change, it is by above only.

    This is clearly unacceptable, as the CPI(M) presents the nationalist movement in India as a foreign abstraction, in negation the bureaucratic bourgeoisie.

    5. The nature of the BJP

    a) what the CPI(M) says

    “The hunt of global finance capital for super profits is destroying the lives of the entire proletariat, peasant, middle class and national bourgeoisie and other oppressed classes, sections and nationalities and is making a cruel attack on them.

    For this purpose it is bringing fascist parties to power in the backward countries. In this background the Narendra Modi government under the leadership of the fascist BJP with Brahmanic Hindutwa ideology took up power in the centre in our country and is unleashing severe fascist offensive on the people for the past six years.”

    “Brahmanic Hindutwa communalism spread in a big way in the country in the past seven decades. Starting from the massacre of lakhs of Muslim people during partition in 1947, it unleashed several massacres, atrocities, putting in flames, destruction of properties and loot (…).

    The Hindutwa forces went much ahead with the objective to transform the country into a Hindutwa state. We have to remember that all this is dictated by the global finance capital.

    The aim of finance capital is to facilitate the way to its exploitation by strengthening fascism in the country and by establishing fascist ideology and its hegemony in all the sectors of the country.

    10. The hierarchical caste system based on the Brahmanic Hindutwa ideology is integral to the semi-feudal relations in India.”

    b) the question of the BJP

    The CPI(M) tells us here something inconsistent. Why would imperialism promotes Hinduism and Indian expansionsim through the Bharatiya Janata Party (Indian’s people party)?

    Why would or should imperialism need an Indian intercontinental missile with atomic weapon called Agni, from the Hinduistic god of fire ?

    The Hindutva anticapitalist romanticism is absolutely no conform to the values of imperialist consumerism. The policy of nationalist unification of the country by the BJP is not conform to the line of divide and conquer of imperialism.

    In fact, it is easy to understand that it represents the Indian bureaucratic bourgeoisie, trying to play its own card, in a relative manner only of course. It is the same all over the world, semi-feudal semi-colonial countries becoming expansionist, like Turkey.

    In negating the bureaucratic bourgeoisie character of the BJP, the CPI(M) negates (in a theoretical manner) the expansionist character of India, and this is an error on the ideological level and of course collides with the internationalist practice of the CPI(M) itself.

    The problem is that the CPI(M), with its conception of a systemic imperialism, doesn’t see the amazing growth of the productive forces since the 1990’s.

    6. The crisis since 1973?

    a) what the CPI(M) says

    “In fact globalisation is the offensive of finance capital on the backward countries of the world. It is entwined with the restructuring of capital in monopolies. Since capital fell into permanent crisis since 1973, this is part of its strategy to overcome the crisis. At present it fell into further crisis since 2008.”

    “Since the beginning of the 1970s, imperialism fell in general crisis all over the world, in 1980s more intense globalization policies were taken up and it put the burden of its crisis on semi-colonial, semi-feudal countries like India.”

    “The economies of those countries very speedily spread for nearly two decades and led to partial stability of capitalism. But it could not sustain permanently. With the crisis falling into prolonged depression from 1973, the illusion of constant spread of world economy was shattered.”

    “Worldwide financial crisis since 1973 led to a decline in the demand for capital goods in the imperialist countries. As a part of internationalization of production imperialism adopted Globalisation policies since the 1980s and 1990s. This is part of the neo-colonial policy of imperialism since post-World War II.

    However, there is a difference in the policies that imperialism adopted as a part of neo-colonialism in 1946-80 and the globalisation policies since the 1980s, especially since the beginning of 1990s when Russia declined as a superpower. The imperialists that adopted Keynesian economic policies until then introduced free trade market policies since the beginning of the 1990s.”

    b) the question of the productive forces

    The CPI(M), in its documents, give a lot of data about poverty. The problem is that this is made with the same statistic approach like Eugen Varga at the beginning of the Third International. The dialectics of economy is not understood.

    Saying that capitalism is in crisis since 1973 is simply amazing. From the 1989 to 2020, capitalist growth was huge, using China as the factory of the world.

    The quality of life of the people in the imperialist countries never stopped to improve, be it in the fields of medicine, education, sport, leisure, food, etc.

    Of course, these fields were defined by imperialism. But if we take the quantitative level, life became much easier in the imperialist countries. This also explains why there was no revolt, why the revolutionary sector nearly died, etc.

    But this is not only true for the imperialist country. Also the countries oppressed by imperialism knew an elevation of the quality of life during the same period.

    Not all, of course, and India in particular is a weak point, making it one of the center of the World Revolution.

    Nevertheless, a look at Mumbai, Kolkata or Delhi shows how India changed, with an urbanization corresponding to the development of the productive forces. And the BJP is the expression of such a trend, with a bureaucratic bourgeoisie.

    And the CPI(M) knows it, in fact – because it understood the changes that knew China. How could have China become social-imperialist if not by a bureaucratic bourgeoisie?

    7. Social-imperialist China

    a) what the CPI(M) says

    “China – a new Social-Imperialist power! It is integral to the World Capitalist-Imperialist system!”

    “Unlike the opinion of a few Maoists, China is neither dependent on the imperialist countries nor is it a country exploited by those imperialist countries. On the contrary, it undoubtedly became a new Social-Imperialist country by 2014. It emerged as an imperialist power only because it is super-exploiting the working class of the country. It is beyond doubt that the speedy industrialization led to this change.

    The emergence of China as a global factory is strengthening the economic restructuring of the world and is changing the dynamics of the supply demand chain of the world economic system.”

    “To summarise, Chinese monopoly organisations are the most powerful in the world. ‘Monopoly is the strong economic basis for imperialism,’ said Lenin. This is an index to say that China has developed into a Social-Imperialist country.”

    b) China and the bureaucratic bourgeoisie

    If there was in China only a comprador bourgeoisie, then this country would still be dependent. The CPI(M) understands well that it is not dependent, that it is even social-imperialist, noting that the monopolies are very well organized, at a high level.

    But from where can it come, if not from the bureaucratic bourgeoisie? The bureaucratic bourgeoisie grows normally in the shadow of the comprador bourgeoisie, from which it is also a part of it, dialectically. But as capitalism, in a distorted manner, develops itself, the bureaucratic bourgeoisie grows and absorb the state.

    The Peruvian communists describe as follows this process.

    “Following Chairman Mao’s thesis, he [i.e. Gonzalo] specifies five characteristics:

    – that bureaucratic capitalism is the capitalism that imperialism develops in the backward countries, which is comprised of the capital of large landowners, the big bankers, and the magnates of the big bourgeoisie;

    – it exploits the proletariat, the peasantry, and the petty bourgeoisie and places constraints upon the middle bourgeoisie;

    – it is passing through a process by which bureaucratic capitalism is combined with the power of the State and evolves into state monopoly capitalism, comprador and feudal, from which can be derived that in a first moment it unfolds as a non-state big monopoly capitalism and in a second moment, when is combined with the power of the state, it unfolds as state monopoly capitalism;

    – it ripens the conditions for the democratic revolution as it reaches the apex of its development;

    – and, confiscating bureaucratic capital is key to reach the pinnacle of the democratic revolution and it is decisive to pass over to the socialist revolution.

    In applying the above, he conceives that bureaucratic capitalism is the capitalism that imperialism generates in the backward countries, which is linked to a decrepit feudalism and in submission to imperialism which is the last phase of capitalism.

    This system does not serve the majority of the people but rather the imperialists, the big bourgeoisie, and the landowners.

    All of this merely proves the political aspect of bureaucratic capitalism that is rarely emphasized, but which President Gonzalo considers as a key issue: bureaucratic capitalism ripens the conditions for revolution, and today as it enters into its final phase, it ripens the conditions for the development and victory of the revolution.

    It is also very important to see how bureaucratic capitalism is shaped by non-state monopoly capitalism and by state monopoly capitalism, that is the reason why he differentiates between the two factions of the big bourgeoisie, the bureaucratic one and the comprador, so as to avoid tailing one or the other, a problem that led our Party to 30 years of wrong tactics. It is important to conceive it this way, since the confiscation of bureaucratic capitalism by the New Power will facilitate the completion of the democratic revolution and to advance into the socialist revolution.

    If only the state monopoly capitalism is targeted, the other part would remain free, the non-state monopoly capital, and the big comprador bourgeoisie would remain economically able to lift its head to snatch away the leadership of the revolution and to prevent its passage to the socialist revolution.” (Communist Party of Peru, The Democratic Revolution)

    7. The national liberation

    a) what the CPI(M) says

    “A self-reliable economy must be developed. But imperialism, comprador bureaucratic bourgeois and feudal classes are obstructing this path. Four ally classes – workers, peasants, middle class and national bourgeois classes, oppressed social sections – Dalits, tribals, women and religious minorities must integrate in the leadership of the proletariat and eliminate them and New Democratic Revolution must be accomplished with the ultimate objective of establishing Socialism-Communism.

    Only thus it is possible to establish New Democratic and self-reliant economy. Only thus genuine development is possible.”

    b)a movement of national liberation

    It is very clear that the CPI(M) has a line corresponding to a movement of national liberation. This is positive. But this is not conform to Marxism-Leninism-Maoism. The CPI(M) is not interested in the internal questions of India, it considers that the confrontation with imperialism is the sole key.

    From there comes the fascination for the Tribals at the margins of development and a disdain for all the Indian cultural questions, like the nature of Islam in India or the relationship to animals. What is fascinating the world about India is out of sight for the CPI(M).

    From there comes also the non-understanding of the crisis appearing in 2020. Not seeing the development of the period 1989-2020, the CPI(M) imagines that capitalism, now imperialism as a world system, would be in crisis since 1973…

    This is a huge error and it shows that the CPI(M) must choose: or being the armed branch of “another development” against globalization, or assume Indian history.

    The crisis will require a quick and decisive choice.

  • The question of the crisis: an example of error with A Nova Democracia

    [Published in Communism #14, July 2021.]

    The irruption of the COVID-19 pandemics in 2020 was a crash test for all the revolutionaries in the world. Would they be able to face a global crisis, to understand it and give the keys to face it adequately? Or was it only possible for them to accompany the events?

    It depended of course of what has been done in the period before the crisis. If the revolutionaries understood how the productive forces grew since 1989, how nature was under attack, how the animals were enslaved at industrial levels all over the world… then they were able to understand how it came to the crisis and which sense it carries.

    If the revolutionaries were in the fiction that capitalism was in crisis since ten, twenty, fifty, hundred years… then they would be not able to understand that something new happened, something with a qualitative leap.

    A good example for it is expressed by the Brazilian review A Nova Democracia. It is even absolutely typical, in the sense that such a point of view was the one of most of the movements defining themselves as marxist-leninists or even maoists. They just failed to understand what happened.

    A Nova Democracia’s article “World Economy towards Recession: CORONAVIRUS CONCEALS THE IMPERIALISM CRISIS”, published in March 2020, expresses quite purely this deep misunderstanding. Here is what it says:

    “The industrial production and the stock exchange of the financial market have collapsed at the beginning of March in the whole world. The trigger, according to the worldwide press monopoly, is the coronavirus expansion.

    However, it is actually the crisis of relative overproduction of capital.

    The coronavirus itself could not cause such an impact in the world economy. The reason of stoppage of the capital reproduction is the capital itself.

    The portal Crítica da Economia, quoting a newspaper of the reaction, has observed that the coronavirus nowadays is less lethal than the flu: “Internal data of the World Health Organization (WHO) show that, in 2020, the simple seasonal flu has already caused more casualties (76.537 deaths) than the new coronavirus (2.812 deaths); that is, our well-known and familiar flu has already killed 2.720% more people than the misterious new coronavirus”.”

    In July 2021, such a discourse is of course easily appearing as pathetic. Nevertheless, it was quite common at the time or even a rule for ultra-leftists. The pandemics would be overestimated by the states to put strict laws, it would be nearly a hoax of counter-revolutionary nature.

    It is not even a misjudgment of the crisis, it is a negation of it, even at the sanitary level. And the reason for that is a belief considering that the world economy is organized by some monopolies and world finance, that capitalism “thinks”, is able to “act” in a calculated manner, etc.

    A Nova Democracia expresses perfectly this conception, where the crisis consists in the overproduction of capital, which would choke the economy and the world. The article says :

    “The occurrence of the coronavirus is just a fact that aggravates the economy. However, behind this fact there is already a relative overproduction of the latent capital.

    The crisis of overproduction of relative capital occurs when the capital production extrapolates the consumption capacity of the society defined, ultimately, by the contradiction between the social character of production and the capitalist appropriation of the product.

    To get an idea of it, the unemployment rate in the USA reached, on October, 2019, a low record of 3,5%. It amounts practically to “full employment”. It was the lowest rate for the last 50 years, resulting  of the interest rate that propels the credit for the production.

    However, in October, the creation of new workstations in the industry has decreased for the first time in six months, although the production has increased 1,1% in November. It is a huge increase of the global production that grows disproportionately to the addition of the capacity of worldwide consumption.

    The overproduction crisis is the inevitable consequence. Proof of this is that all Yankee economists foresee that the economy will slow down in the short run, i. e., it will not find markets to continue the expansion.”

    It is of course totally wrong to understand capitalism in terms of bookkeeping, with inputs and outputs. If what says A Nova Democracia is true, than capitalism would never grow or even never exist, because there is always a discrepancy between production and consumption… Especially at the beginning of capitalism, with primitive accumulation, a key topic.

    Of course, concerning the sanitary aspect, A Nova Democracia totally changed its point of view afterwards, saying for example in April 2020 in the article “THE 21st CENTURY AND THE MEDIOEVO [middle age]: The historical and political failure of the imperialist system”:

    “It is a sinister revival of almost ancient times of the Humankind history as, in the middle of the 15th century, the “Black Death” occurred, sweeping across Europe and Asia, killing 200 million people; or even with the Spanish flu epidemic and the deaths of tens of millions persons.”

    But the same article explains also, in a rather shocking manner:

    “As a result either of a natural biological evolution or a machination of the Yankee imperialism ( a hypothesis that one cannot ignore at all since it fits the criminal Pentagon “war games”, a fervent believer of Malthusianism *), the coronavirus acts as an invisible small atomic bombs in another form of a world war.

    One cannot forget the atomic artifacts that the imperialist States and some of their lackeys possess, in large scale and great quantity in their arsenals, aiming at intimidating permanently the Earth peoples.

    The issue is, with the pandemic the governments negligence they will eliminate populations considered by them  as surplus populations, especially the aging and sick people.

    On the whole, it means to destroy productive forces to justify new and miraculous “Marshall plans” to recover the economy for a new expansion.

    The negligence is intentional, resulting of the imperialism nature but twisted with adjustable doses of dramatization by the press monopolies – Globo Network, a leader in Brasil – to mitigate the masses uprising.

    It is the imperialism law: the crisis in the system is only partially eradicated with the destruction of the productive forces, killing of workers and “surplus” populations, concentration/ centralization of capital and the conquering of new markets ( war with weapons arsenal).”

    We have a double problem, which is typical. The first one is to consider that capitalism has an overview on itself. The second one is to affirm that capitalism can “choose” to destroy the “surplus” of commodities and workers. Nothing about it is true, of course.

    And to understand that, only a small aspect has to be see: the question of the aging and the sick people. If we take the imperialist countries, it is a long time now that these aging and sick people a integrated in capitalism. Since 1945, and now in a very important way, they are an element of capitalism, as consumers of products directly aimed at them.

    To take two examples pretty clear, we can see that Germany import proletarians from the Eastern countries in order to use them as cheap particular help for old people, and that Portugal has made low taxes for the French pensioners.

    Of course, A Nova Democracia can’t see that. In its vision, world capitalism consists in finance, and finance only. There is no capitalist mode of production any more, but world masses against a small bunch of super rich people. A Nova Democracia so just can’t see the evolution of everyday of life, the progress of capitalism, its systematization at all levels of life.

    And this is the key. Either there is the understanding that capitalism developed itself since 1989, bringing the world to a new step, with a new general crisis. Or there is the following of events, in the belief that there was no evolution of the productive forces since the 1930’s.

  • Le matérialisme dialectique et la différence du rythme de la synthèse entre le corps et la réflexion

    Nous saluons le PCUS(b) léniniste, organisateur victorieux de la construction du socialisme

    Le matérialisme dialectique considère qu’il n’y a aucune différence entre le corps et l’esprit, au sens où il n’y a pas d’esprit : les activités cérébrales forment une synthèse de la réalité matérielle d’une personne, sous la forme d’une réflexion par la matière grise.

    Cette réflexion est plus ou moins imparfaite, selon la capacité de synthèse de la personne, en raison de la contradiction entre l’espace et le temps. La démarche réflexive ou, si l’on veut, intellectuelle, est en retard sur le processus matériel ; la place de la personne dans le processus découvert est en contradiction avec le rythme propre à ce processus.

    C’est ce qu’on appelle l’expérience : il y a d’abord l’expérience, ensuite le reflet de l’expérience sous forme de réflexion, dans l’intellect. Toute connaissance réelle n’est pas « neutre », « extérieure », mais au contraire partie prenante de la réalité.

    Mao Zedong résume cela en nous disant que :

    « Si l’on veut acquérir des connaissances, il faut prendre part à la pratique qui transforme la réalité.

    Si l’on veut connaître le goût d’une poire, il faut la transformer : en la goûtant.

    Si l’on veut connaître la structure et les propriétés de l’atome, il faut procéder à des expériences physiques et chimiques, changer l’état de l’atome.

    Si l’on veut connaître la théorie et les méthodes de la révolution, il faut prendre part à la révolution. Toutes les connaissances authentiques sont issues de l’expérience immédiate. »

    Il n’y a toutefois pas que le décalage entre l’expérience et la réflexion. L’expérience est la constatation d’un phénomène qui est lui-même, au sens où il est seulement ce qu’il est, même si sur le long terme il se transforme (tel le soleil se levant tous les jours, ce qu’on peut constater pareillement, même si le soleil s’éteindra un jour).

    Cependant, la réflexion est ce qu’elle est tout en n’étant pas ce qu’elle est. Toute réflexion est en effet contradictoire, de par la tension entre le particulier (du phénomène) et le général (de la connaissance), entre le particulier (de celui qui réfléchit) et le général (qui est la Nature où se produit le phénomène), entre le particulier (d’une connaissance précise) et le général (d’une activité réfléchie), etc.

    Une réflexion est un processus, qui aboutit à une synthèse, sous la forme d’un concept. Mao Zedong nous présente cela de la manière suivante.

    « La continuité de la pratique sociale amène la répétition multiple de phénomènes qui suscitent chez les hommes des sensations et des représentations.

    C’est alors qu’il se produit dans leur cerveau un changement soudain (un bond) dans le processus de la connaissance, et le concept surgit.

    Le concept ne reflète plus seulement l’apparence des choses, des phénomènes, leurs aspects isolés, leur liaison externe, il saisit les choses et les phénomènes dans leur essence, dans leur ensemble, dans leur liaison interne.

    Entre le concept et la sensation, la différence n’est pas seulement quantitative mais qualitative. »

    Toutefois, et c’est là un aspect essentiel, le rythme de la synthèse dans la réflexion n’est pas le rythme de la synthèse du phénomène observé. La compréhension de l’envol d’un oiseau par le cerveau est une synthèse dont le rythme est différent de l’envol de l’oiseau, lui-même une synthèse matérielle d’un phénomène particulier.

    Cela est conforme à la loi du développement inégal. Si toutes les synthèses de produisaient de manière uniforme, cela serait unilatéral et il n’y aurait pas de contraste, pas de contradiction.

    C’est en raison de ce développement inégal que l’humanité, pendant des millénaires, a cru qu’il existait une différence majeure entre le « corps » et « l’esprit ». Constatant le décalage entre les rythmes synthétiques de part et d’autre, l’humanité a considéré que puisque le rythme était qualitativement différent, alors la différence entre les deux était qualitative.

    Il y aurait le corps d’un côté, l’esprit de l’autre, ayant chacun leur propre nature.

    C’est unilatéral, car l’activité cérébrale est bien en décalage avec le reste du corps, mais également avec l’ensemble des phénomènes. Aristote avait bien vu cela et c’est pourquoi il faisait du philosophe authentique un grand contemplateur de la Nature, tout en considérant que la pensée n’était pas individuelle, mais une Pensée universelle et anonyme flottant en-dehors de la matière.

    Il maintenait la différence qualitative entre le « corps » et « l’esprit », mais en refusant d’abandonner le matérialisme et de considérer qu’il y aurait une multitude d’esprits individuels en rupture complète avec la Nature (comme le fait inversement Platon avec « l’âme » éternelle dont disposerait chacun).

    On remarquera ici que la hantise de robots prenant leur indépendance et supprimant l’humanité relève également précisément d’un fétichisme opposant de manière idéaliste le « corps » et « l’esprit ». Cette hantise est une simple inversion du rapport idéalisé entre le « corps » et « l’esprit », au sens où le corps serait le support de « l’esprit » pour les humains et un « esprit » nouveau, menaçant, serait le support du corps pour les robots.

    Le matérialisme dialectique permet de saisir les choses de manière adéquate, en saisissant que les modalités de la synthèse sont différentes entre un phénomène et une réflexion intellectuelle. Que non seulement toute réflexion est un reflet, qui est forcément en retard sur le phénomène puisque reflet, mais que même toute réflexion relève d’un développement synthétique sur le long terme, possédant son propre rythme.

    Cela pose la question du rapport entre l’espace et le temps lors de l’activité cérébrale et lors de l’activité corporelle. Il est évident que les réflexions ne sont pas de même nature, justement, si elles portent sur des micro-secondes d’un phénomène, sur des secondes, sur des minutes, sur des heures, des années, des millénaires, etc.

    Sans doute peut-on ici aller dans le sens d’une typologie des esprits, en considérant que l’affinité avec tel ou tel domaine de la connaissance humaine, de la synthèse – les arts, les sciences, les jeux, etc. – repose précisément sur la focalisation de la réflexion sur telle ou telle contradiction de l’espace et du temps dans un phénomène et dans sa propre réflexion.

    Il y a ici une différence de mode opératoire, qui n’est visible que si l’on distingue les modalités spatio-temporelles du phénomène et de la réflexion intellectuelle de ce phénomène.

    >>Revenir au sommaire des articles sur le matérialisme dialectique

  • L’initiative des minoritaires avec la CGT Unitaire

    L’échec du « congrès unitaire » à bloquer la démarche de la majorité de la CGT livrait les minoritaires à eux-mêmes. Pendant six mois, il n’y eut pas la capacité à s’organiser. Il faudra attendre six mois pour que se mette en place une Confédération générale du travail unitaire, lors d’un congrès à la Bourse du travail de Saint-Étienne, du 24 juin au 2 juillet 1922.

    C’était très clairement un choix par défaut. Les exclus ne mirent rien en place, se contentant d’appeler vainement à l’unité syndicale et résumant leur activité administrative, avec les cartes d’adhérents et les timbres à y coller.

    C’est d’autant plus paradoxal qu’il y avait un vrai appel d’air. Si les exclus sont initialement 18 000, à la mi-février ils sont déjà rejoints par d’autres au point d’être 300 000.

    Les exclus mettent d’ailleurs en place au même moment 18 « grandes tournées » avec 136 réunions. Les six premiers mois de 1922 sont marqués par 495 réunions, 27 congrès d’Unions Départementales, 7 congrès corporatifs.

    Il faut toutefois attendre les 5 et 6 mars 1922 pour qu’ait lieu un premier Comité confédéral national. Et encore est-il produit un appel demandant à rejoindre les exclus… avant le premier juin.

    Cela revient qui plus est à s’écarter de toute participation politique et idéologique à la question révolutionnaire sur le plan international, en pleine crise générale du capitalisme !

    Lorsque les socialistes révolutionnaires russes demandèrent à la mi-mars 1922 un soutien à ses prisonniers en Russie soviétique, la Commission Administrative de la jeune CGT Unitaire affirma ne pas pouvoir s’exprimer, tout en expliquant :

    « Anti-étatique par essence et par définition, rigoureusement adversaire de toute forme de gouvernement, quelle qu’elle soit, le Syndicalisme Révolutionnaire français tient essentiellement à rester en dehors des luttes engagées par les partis partisans du Pouvoir d’État exercé tour à tour par les uns et les autres, Pouvoir qui ne peut que reposer sur la violence et l’arbitraire. »

    Cette affirmation fut naturellement peu appréciée par les partisans du jeune Parti Communiste. Ce qui n’empêchait pas la CGT Unitaire dans son ensemble de proposer parallèlement une participation à l’Internationale Syndicale Rouge… si son autonomie complète était reconnue.

    Le congrès constitutif à Saint-Étienne voit d’ailleurs immédiatement son président, Henri Lorduron, pourtant communiste, expliquer que la minorité et la majorité de la CGT Unitaire doivent suivre le « Programme d’action du syndicalisme révolutionnaire ».

    La première résolution, intitulée « Pour l’unité » et par ailleurs très courte, souligne d’ailleurs le droit de « tendance », le « respect des droits absolus des minorités » :

    « Le Congrès, considérant que la division de la classe ouvrière dans le cadre économique met en danger la puissance revendicative de toute son organisation et rappelant les affirmations unitaires du Congrès de décembre, décide de placer ses travaux sous la garantie d’une volonté formelle d’Unité.

    En conséquence, les diverses tendances qui auront eu amplement l’occasion de se manifester acceptent par avance de se soumettre intégralement aux décisions adoptées à la majorité, sous la réserve du respect des droits absolus des minorités. »

    La CGT Unitaire n’était qu’une réédition de la CGT d’avant 1914, avec une minorité communiste composée par ailleurs de gens ayant une lecture le plus souvent erronée de la révolution russe et du bolchevisme.

    =>Retour au dossier sur La scission entre CGT et CGT Unitaire

  • La paralysie des minoritaires de la CGT en 1921

    La majorité de la CGT avait triomphé. Elle avait empêché la minorité grandissante de s’emparer de la CGT. Elle la fit passer pour « scissionniste » en raison de la conférence de décembre 1921. Elle continua sur sa lancée en disant que les « politiques » et les « insurrectionnalistes » sont depuis des années la source des troubles au sein de la CGT, en raison de leur « obstruction systématique ».

    Toutes les défaites leur furent bien entendu attribuées.

    Les minoritaires de la CGT ne comprirent rien à cela, ils tentèrent de maintenir leur position, par incompréhension qu’il y avait deux lignes.

    La première chose qu’il firent, à leur congrès à Paris du 22 au 24 décembre 1921, ce fut une résolution en appelant à la direction de la CGT. Il y était affirmé que les syndicats membres des « Comités syndicalistes révolutionnaires » en étaient sortis et il était demandé la réintégration des exclus, notamment de la Fédération des cheminots exclue en tant que telle.

    Une délégation se précipite alors chez Jules Lapierre, de la majorité, qui explique que la direction de la CGT ne peut pas se réunir : certains travaillent, d’autres comme Léon Jouhaux sont (comme par hasard) à l’étranger, lui-même ne peut rien faire.

    La délégation demande alors des efforts et qu’une réponse soit faite à l’initiative du congrès « unitaire », mais bien entendu rien ne viendra.

    La résolution adoptée par le 24 décembre 1921 lors du congrès unitaire ne consiste alors qu’en une complainte absolument vaine.

    « Le Congrès unitaire extraordinaire, après avoir épuisé tous les moyens de conciliation, dont l’abandon de l’adhésion aux C.S.R. par les syndicats constitue la preuve la plus irréfutable de ses désirs d’unité syndicale, enregistrant la réponse du Bureau confédéral, le reniement de ses engagements pris devant la délégation qui s’était présenté devant lui, constate son intransigeance qui vient de fermer la porte aux pourparlers engagés.

    Le Congrès unitaire, après un examen détaillé de la gestion confédérale depuis le Congrès de Lille jusqu’à ce jour, enregistrant :

    1.Que la résolution confédérale votée par le Congrès de Lille par 1572 mandats contre 1325 ne prévoyait aucune exclusion, aucune sanction contre les syndicats coupables de délit de tendance, le Comité confédéral de septembre a commis une violation flagrante de son texte et de son esprit en l’interprétant comme une résolution d’exclusion et en approuvant toutes les exclusions prononcées en son nom ;

    2.Que l’autonomie des syndicats reconnue par les statuts confédéraux a ainsi été violée ;

    3.Que la Commission administrative, au sein de laquelle est constituée la commission des conflits, en prenant publiquement position dès le premier jour dans le différend des cheminots en faveur du bureau Montagne, a méconnu la majorité exprimée au congrès extraordinaire des cheminots, qu’elle est ainsi juge et partie, et qu’elle était disqualifiée pour trancher équitablement le conflit ;

    4.Que la Commission de contrôle décidée par une résolution du Congrès de Lille pour examiner la gestion du journal Le Peuple n’a pas encore été réunie ;

    5.Qu’un secrétariat féminin devait être constitué en vertu de la décision du Congrès de Lille et que rien n’a été fait en ce sens ;

    Considérant que cet ensemble de faits à la charge de la C.A. et du Bureau confédéral constitue une violation flagrante et répétée des statuts confédéraux qu’ils ont mission d’appliquer et auxquels ils doivent se conformer ;

    Considérant enfin, que l’exclusion des Syndicats de diverses Fédérations et Unions départementales et que la formation des minorités dissidentes en syndicats constituent des actes de scission nettement caractérisés ;

    Le Congrès unitaire, malgré les buts de scission nettement poursuivis par les dirigeants confédéraux, n’en espère pas moins que l’unité syndicale peut encore se réaliser au sein de la C.G.T., mais il proclame que la seule chance d’unité qui reste aux travailleurs est celle qu’ils réaliseront eux-mêmes en un Congrès extraordinaire confédéral qui devra se tenir au cours du premier semestre 1922.

    A ce Congrès participeront seules les organisations régulièrement confédérées au moment du Congrès de Lille.

    Si le 31 janvier prochain le Comité confédéral national n’avait point décidé la tenue de ce Congrès, la Commission administrative provisoire désignée par le Congrès unitaire et à laquelle il fait confiance aurait le mandat formel de convoquer le Congrès de la C.G.T. pour prononcer la déchéance du Bureau confédéral et de sa S.A. et procéder à leur remplacement.

    Mais enregistrant les exclusions prononcées depuis le Congrès de Lille, enregistrant la résolution récente de la C.A. et confirmée par le communiqué qu’elle a donné à la presse de ce jour même, et aux termes duquel les organismes et les syndicats participants au Congrès unitaire se trouvent exclus de la C.G.T., le Congrès unitaire décide de suspendre provisoirement et à la date du 1° janvier la prise des cartes et des timbres confédéraux au siège des Fédérations, Unions départementales, Confédération générale du Travail qui approuvent jusqu’ici la politique d’exclusion et de scission engagée par la Commission administrative et le Bureau confédéral.

    Il décide, en conséquence, de maintenir un lien provisoire entre les syndicats représentés au Congrès, ce lien sera constitué par la Commission provisoire du Congrès qui sera chargée de faire éditer pour la date du 1° janvier 1922 des cartes et timbres pour la mise à jour des syndiqués et pour en assurer la répartition jusqu’à ce qu’une situation définitive soit intervenue.

    Le Congrès termine ainsi ses travaux par l’affirmation unanime de tous les syndicats de leur attachement à l’unité syndicale, malgré les scissionnistes confédéraux, comme ils affirment leur indéfectible attachement à la Charte d’Amiens, base fondamentale du syndicalisme français.

    Portant à la connaissance du prolétariat les décisions qu’il vient de prendre, le Congrès laisse aux dirigeants confédéraux toute la responsabilité de leur conduite.

    Tous les syndicats, tous les militants, tous les syndiqués présents au Congrès, à quelque tendance qu’ils appartiennent, s’engagent à faire toute la propagande nécessaire en faveur de l’unité syndicale. »

    Il va de soi que la majorité de la CGT n’en eut rien à faire.

    =>Retour au dossier sur La scission entre CGT et CGT Unitaire

  • L’écrasement des minoritaires de la CGT en 1921

    La majorité avait très bien joué, profitant de la naïveté d’une opposition d’esprit syndicaliste révolutionnaire surtout. D’ailleurs, les syndicalistes révolutionnaires tentèrent de faire face à l’exclusion en tentant la carte de l’unité et non pas de la lutte de deux lignes, tout en assumant la scission et en la réfutant !

    Le communiqué des « Comités syndicalistes révolutionnaires » en réponse à la décision du Comité Confédéral National est d’une incohérence complète :

    « En dernière analyse, un congrès de la minorité déterminera définitivement la position à prendre en face d’une scission en voie d’accomplissement certain.

    Dans cette période difficile, la Comité Central [des C.S.R.] compte sur la discipline librement consentie de tous les adhérents aux C.S.R. (individus et organisations) pour maintenir intacte l’unité de vue et d’action de la minorité syndicaliste révolutionnaire et surmonter la pénible situation que crée une scission qu’il a toujours combattue et qu’il repousse encore de toutes ses forces. »

    Les minoritaires proposèrent que les syndicats de la Seine récusent leur rapport avec les « Comités syndicalistes révolutionnaires », mais bien sûr la majorité n’en eut rien à faire.

    Quatorze Unions départementales et dix Fédérations appelèrent alors, au nom de la minorité et après une réunion à Paris les 31 octobre et 1er novembre, à ce que les syndicats de la CGT se réunissent à Paris du 22 au 24 décembre 1921, afin de montrer qu’ils étaient pour l’unité et qu’ils n’avaient pas le choix des exclusions comme il était prétendu par rapport à la motion majoritaire du congrès de Lille.

    C’était abstraitement certainement juste : la majorité des votants n’avait pas saisi réellement le poids des lignes finales de la motion majoritaire, alors que de toutes façon c’était surtout les minoritaires qui menaçaient de scissionner.

    Mais la direction de la CGT mit tout son poids pour empêcher tout ralliement aux opposants, en accusant une opération conjointe du gouvernement, du Parti Communiste et des « Comités syndicalistes révolutionnaires » pour briser la CGT.

    Comme, de plus, les minoritaires appelaient à un « congrès » – et non à une conférence – cela pouvait être aisément être présenté comme une tentative de putsch. L’erreur politique est ici absolument complète.

    On lit dans le « Suprême appel aux Fédérations nationales, aux Unions départementales, aux Syndicats et aux Syndicats confédérés » effectué par la majorité :

    « Camarades,

    Les heures que nous vivons sont graves ; le péril est immense ; l’abîme au bord duquel nous sommes placés est large et profond. Un acte malheureux, une intention misérable, une décision criminelle risquent de nous y engloutir et avec nous, une part considérable de civilisation, de progrès social et humain.

    La guerre criminelle, des expériences politiques lointaines, et périlleuses ont créé un état de décomposition morale, de famine et de misère à travers le monde.

    Les illusions et les chimères aperçues à travers les discours des politiciens ambitieux ont désabusé les classes ouvrières des pays où le capitalisme devait être vaincu par la puissance d’organisation du syndicalisme (…).

    En France, c’est la C. G. T. qui est visée.

    C’est elle qui sert de cible à toutes les attaques parce que c’est la C. G. T. qui a symbolisé et ennobli toutes ces revendications; parce que c’est elle qui veut reconstruire le secteur de Chaulnes [dans la Somme qui avait été particulièrement détruite par l’armée allemande] en étranglant les appétits particuliers des profiteurs des régions dévastées ; parce que c’est elle qui a lancé l’idée de nationalisation des services publics; parce que c’est la C. G. T. qui représente la force essentielle qui peut mettre le régime capitaliste en péril et assurer son remplacement par l’organisation de la production (…).

    L’extrémisme de droite ne craint pas l’extrémisme de gauche. Les extrêmes se justifient l’un par l’autre et se rencontrent souvent dans les mêmes critiques et dans la même haine.

    C’est pourquoi une véritable coalition s’est formée contre la Confédération Générale du Travail.

    Il est venu d’en haut lors des événements de mai 1920. Il a abouti au tribunal correctionnel où la C. G. T. a été condamnée à la dissolution, condamnation qui pèse encore sur elle aujourd’hui.

    Il est venu d’en bas par une campagne immonde et basse alimentée par une presse stipendiée, s’acharnant sur les militants du Bureau Confédéral et de la majorité du mouvement syndical.

    Il est venu de Moscou, d’où l’Exécutif de la IIIe Internationale a ordonné de détruire l’Internationale d’Amsterdam par tous les moyens, y compris le mensonge.

    Il est venu du Parti communiste français, exécuteur servile et véhicule domestique des ordres de destruction lancés par l’Exécutif de la IIIe Internationale.

    Comment la C. G. T. pouvait-elle résister à l’ensemble d’une attaque ainsi caractérisée et aussi puissamment armée ? Comment la C. G. T., issue de l’unité ouvrière, seul groupement ayant réalisé l’unité du prolétariat, pouvait-elle faire pour échapper à la destruction et sauver cette unité ?

    PAR LA DISCIPLINE, PAR LE RESPECT DES DÉCISIONS DES CONGRES.

    Aux pratiques des C. S. R., aux manœuvres des politiciens, aux menaces des dictateurs et des réactionnaires, il fallait opposer la discipline la plus solide dans l’union la plus complète.

    Ceux que l’on a accablés d’injures revendiquent l’honneur d’avoir accompli une partie de cette tâche.

    Les résolutions des Congrès d’Orléans et de Lille; les résolutions des Comités nationaux de novembre 1920, février et septembre 1921 n’ont jamais eu d’autre but que de sauvegarder l’unité ouvrière en l’appuyant sur la discipline.

    Les destructeurs qui attribuent un objet de scission à ces résolutions sont des menteurs et des hypocrites. Exclure des syndicats indisciplinés n’est pas faire acte de scission, c’est faire courageusement acte d’autorité pour sauvegarder l’unité menacée par le désordre; c’est vouloir débarrasser le mouvement syndical des éléments qui paralysent son action et menacent sa vie (…).

    TRAVAILLEURS CONFÉDÉRÉS !

    Vous vous trouvez aujourd’hui devant un acte beaucoup plus grave. Au moment où le syndicalisme pouvait espérer entreprendre une action progressive et vaincre le péril réactionnaire, voici que le désordre et l’indiscipline lui plantent un poignard dans le dos.

    Après une campagne de diffamation hospitalisée par le quotidien du Parti communiste, voici que ]es dirigeants de quelques Unions départementales et Fédérations nationales prennent la responsabilité de convoquer un Congrès confédéral extraordinaire.

    C’est un acte criminel et insensé; un acte de scission caractérisé que, le mouvement ouvrier est appelé à juger.

    Jamais la C. G. T. n’a, toléré un tel abus de confiance. Violer les statuts, méconnaître le Comité National, la Commission Administrative et le Bureau Confédéral, jamais des groupements de tendance n’avaient atteint un tel degré d’aberration dans la destruction.

    L’acte de convocation, nous le frappons d’interdit. Le Congrès lui-même, nous le déclarons nul : nul dans sa représentation irrégulière, nul dans ses résolutions et motions qui pourront en sortir (…).

    SYNDICALISTES !

    Nous vous adressons ce suprême appel. Nous vous avertissons que ce Congrès irrégulier, organisé par des dissidents, s’abrite jésuitiquement derrière des prétextes faux.

    La vérité, c’est qu’il, est le couronnement d’une campagne de destruction entreprise depuis deux ans et dirigée contre la classe ouvrière.

    La vérité, c’est qu’il fait partie du programme offensif imposé par les conditions de Moscou et repris par les thèses du Parti communiste français.

    Avertis de vos responsabilités, vous prendrez une décision. Nous prenons, nous, nos responsabilités en vous disant de ne pas participer à ce Congrès.

    Nous faisons notre devoir ; à vous de connaître le vôtre.

    Songez à l’importance d’un acte semblable d’indiscipline dont les conséquences peuvent être mortelles pour la C. G. T. et nous vous adjurons, cama-rades, d’entendre notre suprême appel.

    Vous condamnerez avec nous le Congrès de manœuvre, d’indiscipline et de bluff.

    LA COMMISSION ADMINISTRATIVE DE LA C. G. T. »

    Le communiqué du 7 décembre 1921 souligne l’exclusion :

    « La Commission Administrative de la C. G. T. considère que les organisations qui ont convoqué un semblable Congrès sont en état de rébellion à l’égard des organismes réguliers de la Confédération Générale du Travail.

    Elle déclare que si le Congrès projeté a lieu, les organisations qui en ont pris l’initiative se sont d’elles-mêmes placées en dehors de la Confédération Générale du Travail. »

    Cela impliquait l’exclusion des 1519 syndicats qui furent présents à leur congrès « unitaire ».

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  • Un conflit ouvert dans la CGT en 1921

    Le 16e congrès de la CGT se tint à Lille du 25 au 30 juillet 1921 dans une ambiance extrêmement tendue. Il avait même été avancé pour prendre de cours l’opposition. La direction avait également lancé d’elle-même un quotidien en janvier 1921, Le Peuple, pour renforcer son hégémonie sur la base.

    Cela ne veut pas dire que le mouvement de masse est prolongé. Le nombre de grévistes en 1921 est autour de 400 000, soit trois fois moins qu’en 1920. Le nombre d’adhérents à la CGT est de 600 000, soit moitié moins qu’en 1920.

    C’est que la crise interne s’était désormais ouvertement cristallisée sous la forme de deux blocs, l’Internationale Communiste accordant une légitimité toujours plus grande à une opposition par ailleurs sur une base syndicaliste révolutionnaire.

    L’affirmation de la CGT de 1918 à intégrer un nouvel ordre international « organisé » se révélait totalement vain alors que la crise générale du capitalisme frappe sévèrement l’Europe et que les tensions internationales sont revenues au premier plan. L’espace était ouvert pour essayer de renverser la direction.

    C’est en fait une crise du syndicalisme français lui-même, qui a trois options : prolonger la ligne de collaboration à prétention constructive instaurée pendant la guerre mondiale, retourner à la ligne syndicaliste révolutionnaire de l’action directe d’avant 1914, s’effacer devant le Parti Communiste.

    Le 16e congrès a ainsi une véritable dimension historique et, dès le départ des discussions, le mot scission est sur la table, alors qu’au bout de dix minutes, il y a déjà des altercations, une bataille rangée, conduisant jusqu’à l’utilisation d’un pistolet. Dans le chaos, deux portefeuilles sont volés, la police débarque sur le coup on ne sait comment afin d’enquêter mais se fait refouler, etc.

    Mais la direction est très professionnelle dans son opération d’étouffement. La première chose qu’elle fit au congrès fut de demander un vote pour une motion de soutien au peuple russe connaissant une situation économique dramatique.

    Elle refuse d’enquêter sur les incidents de la seconde séance (qui ouvrait les discussions), afin de ne pas permettre à la police de repérer les délégués concernés, mais donne une version dénonçant les minoritaires dans le quotidien Le Peuple.

    Au cours du congrès, il est reproché aux minoritaires leur confusionnisme, comme le fait ici le marin François Giudicelli :

    « Vous vous déclarez défenseurs de la Charte d’Amiens, de l’autonomie du syndicalisme et vous dites qu’en créant les C.S.R. [Comités syndicalistes révolutionnaires], votre but est de redresser le syndicalisme français, en l’obligeant à adhérer à l’Internationale de Moscou.

    Vous êtes des gens qui n’ont aucun amour-propre ou vous êtes des fous. Je vous dis cela, camarades, et je n’ajouterai pas d’injures sans les commenter.

    Vous, les syndicats minoritaires, qui êtes actuellement à ce Congrès, dans vos assemblées générales corporatives, vous avez toujours ajouté au débat : « Nous demandons notre retrait [de l’Internationale syndicale] d’Amsterdam et notre adhésion à [celle de] Moscou. »

    Quelques jours à peine vous séparent du congrès, vous dites : « Nous n’adhérons plus à Moscou, parce que nous n’avons pas notre complète autonomie ; nous n’irons à Moscou que si nous avons cette autonomie complète ».

    Si ceci, si cela, etc. Je vous dis, vulgairement parlant : si ma tante en avait, je l’appellerais mon oncle ! (Applaudissements) ».

    Il suffisait également de rappeler au congrès que le Parti Communiste fondé en décembre 1920 exigeait de ses membres la participation au syndicat, en tant que communiste, pour dévaluer la stratégie du bloc des opposants.

    Quant aux syndicalistes révolutionnaires, ils ne font que répéter les thèmes généraux du fédéralisme et de l’action directe, passant ainsi à côté de la substance de la question historique, mais obtenant une certaine légitimité : sur les 782 syndicats de la CGT existant en 1918, 457 sont dans le camp minoritaire en 1921, contre 335 pour le camp majoritaire.

    Pour cette raison, la majorité se maintient, grâce à 1486 mandats contre 1205.

    L’affaire était dans le sac. Il ne manquait plus que le coup de grâce, qui se déroula lors d’un Comité Confédéral National, quelques temps après et qui prit comme prétexte une initiative suicidaire des syndicalistes révolutionnaires.

    En effet, l’Union des syndicats de la Seine (c’est-à-dire de la région parisienne) décida que désormais elle agirait selon la position des minoritaires seulement et que serait mis en place une « tournée de propagande syndicaliste révolutionnaire ».

    C’était reconnaître ouvertement que les « Comités syndicalistes révolutionnaires » contrôlaient les syndicats de la Seine. Pour la majorité de la CGT, c’était à la fois inacceptable et un véritable cadeau.

    Les 19, 20 et 21 septembre 1921, une motion de discipline fut votée par la majorité du Comité Confédéral National, l’organe prenant les décisions entre les congrès. Elle s’appuie sur quelques lignes qu’on trouve tout à la fin du texte de la motion de la majorité au congrès de Lille.

    Voici ces lignes, ici soulignées.

    « Le Congrès déclare que l’Unité ouvrière ne pourra être effectivement maintenue dans l’action quotidienne que par une discipline volontaire des syndiqués et des organisations.

    Les opinions diverses, qui doivent librement s’exprimer, ne sauraient justifier l’injure entre militants. Cette pratique est une indignité syndicale que le Congrès flétrit et condamne. Le respect mutuel entre syndiqués ne porte aucune atteinte à la liberté d’opinion.

    Les droits des minorités restent ce qu’ils doivent être ; personne ne peut limiter la faculté de critique ; mais les minorités ont pour obligation stricte de s’incliner devant les décisions prises : sous aucun prétexte, les groupements d’affinités ou de tendances ne peuvent se substituer à l’organisation corporative départementale ou nationale, cette substitution ayant jeté la confusion et rendu toute propagande, tout effort solidaire impossibles.

    L’action des minorités peut s’exercer au sein de l’organisation des assemblées régulières des Congrès ; elle ne peut être tolérée lorsqu’elle prend un caractère d’opposition publique aux décisions régulièrement prises par les majorités.

    De même qu’un syndiqué ne peut adhérer à deux syndicats, un syndicat à deux Fédérations, les groupements confédérés s’interdisent d’appartenir à deux Internationales syndicales. »

    Prenant prétexte de ce texte, une motion votée par 63 voix contre 56 (et 15 abstentions et absence) exigea que soit mis un terme aux « Comités syndicalistes révolutionnaires » :

    « Le Comité confédéral national rappelle que la décision du Congrès confédéral de Lille avait pour but d’assurer le maintien de l’Unité syndicale par le respect d’une discipline aussi indispensable à l’action qu’à la préparation de celle-ci.

    Soucieux d’assurer avant tout la liberté d’opinion dans toute son intégralité, le Comité confédéral national déclare que cette liberté ne peut trouver sa force et ses garanties que dans le strict respect des décisions et des principes définis par les congrès ;

    Que la réunion, au lendemain des assises confédérales, d’un congrès de la minorité ayant pour but de renforcer l’organisation des C.S.R. sur des bases corporatives départementales et nationales, constituant ainsi avec des éléments confédérés une CGT contre la CGT, est une démonstration formelle d’opposition irréductible à l’application des décisions prises ;

    Que le fait de substituer à l’action et à la propagande des syndicats celles des Comités syndicalistes révolutionnaires, d’opposer à l’action et à la propagande des Fédérations celles des Sous-Comités fédéraux, a abouti à une désorganisation profonde des forces ouvrières qu’il serait puéril de dissimuler ;

    Que cette besogne de déchirement et de dissociation est l’œuvre des C.S.R. qui, pour se justifier, invoquent abusivement la liberté d’opinion.

    Le Comité confédéral national, résolu à rechercher tous les moyens susceptibles d’assurer une collaboration utile de tous les éléments et de toutes les tendances à l’œuvre commune, affirme que cette collaboration dans l’unité n’est possible qu’avec la condamnation de l’organisation des C.S.R. responsables de l’impuissance actuelle.

    Donne mandat au Bureau confédéral et à la C.A. [Commission Administrative] d’exiger le respect rigoureux de la motion de Lille par toutes les organisations affiliées qui ont le pouvoir d’exercer des sanctions légitimes en cas d’indiscipline constatée.

    En conséquence, il précise :

    Les organisations qui refusent de s’incliner devant les décisions prises et de coopérer à leur application se mettent délibérément en dehors de l’unité ouvrière. Ces organisations mettent la C.G.T. dans l’obligation d’admettre dans son sein leurs minorités qui acceptent les décisions des Congrès confédéraux.

    Le Comité Confédéral National rappelle que la motion votée à Lille comporte les précisions suivantes :

    1° La liberté d’opinion au sein de la C. G. T. a toujours été et reste pleine et entière, sans aucune limitation ni restriction. Les manifestations de cette liberté ne peuvent donner lieu à aucune sanction syndicale ;

    2° Mais la C. G. T., étant avant tout l’organisation de combat de la classe ouvrière, ne peut remplir son rôle essentiel qu’à condition que le minimum de discipline soit observé dans l’action ;

    Cette discipline consiste dans le respect des décisions prises, dans les conditions statutaires, par les divers organismes syndicaux tant nationaux qu’internationaux.

    Tout manquement à la discipline dans l’action peut donner lieu à des sanctions allant jusqu’à l’exclusion ;

    3° Les organismes syndicaux ne peuvent adhérer, sans manquement à la discipline, à un groupement extérieur au syndicalisme, soit philosophique, soit politique. En particulier, ils ne peuvent adhérer aux C. S. R.

    4° L’unité syndicale, plus indispensable aujourd’hui que jamais, ne peut subsister que dans la courtoisie des discussions et des critiques et dans le respect mutuel des militants. »

    C’était là provoquer des exclusions et même provoquer la scission, en sachant qu’avec une courte majorité au congrès et un esprit légitimiste de la base, la majorité triompherait d’une minorité prise de court.

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  • La constitution d’une opposition organisée au sein de la CGT en 1921

    Il y a en France 20 850 000 actifs en 1921. 43 % de ces actifs relèvent de l’industrie et des transports, 43 % relèvent de l’agriculture, des forêts et de la pêche, 10 % du commerce, un peu moins de 3 % des professions libérales et un peu plus de 5 % des services publics.

    La part des femmes dans la population active est passée de 32,8 % à la veille de la guerre mondiale à 40,5 % en 1918. Et on peut dire qu’un peu plus de la moitié de ces actifs consiste en des ouvriers et des employés.

    Il n’est ainsi pas possible de parler d’une France réellement industrialisée, mais cela la CGT ne le voit pas du tout. Elle ne le peut de toutes façons pas, car elle raisonne en termes d’atelier, en termes de travail pratiquement artisanal, très petit-bourgeois.

    La CGT d’avant 1914 a ainsi toujours assumé un positionnement de minorité agissante et même au pic de 1920, avec 2,4 millions d’adhérents, on reste dans une part très minoritaire des travailleurs.

    De toutes manières, ce chiffre est gonflé et il est en réalité autour de 1,5 million d’adhérents, regroupés en 32 Fédérations.

    Et ce qui est marquant, c’est que les bases de la minorité sont très localisées. Le cœur, c’est la région Rhône-Alpes, la Provence, à quoi s’ajoute le Centre-Ouest. Ou, si l’on préfère le département du Rhône, celui de la Loire, l’Isère, la Drôle, la Savoie, la Haute-Savoie, la Saône-et-Loire, les Bouches-du-Rhône, le Gard, les Basses-Alpes, le Var, les Alpes-Maritimes.

    En ce qui concerne les majoritaires, ils dominent tout le Nord et le Nord-Est du pays, l’Ouest, le Sud-Ouest, la Corse. Surtout, l’afflux de nouveaux syndicats va initialement en leur direction et cela leur permet d’asseoir leur hégémonie puisqu’ils sont à l’initiative de ceux-ci, ce qui ancre leur propre démarche.

    En 1918-1919, les minoritaires ne profitent pratiquement pas de cet afflux : ils ont comme base des syndicats déjà existant et solides.

    Les minoritaires profitent en fait massivement de l’année 1920. Exactement comme pour le Parti Socialiste SFIO, l’année 1920 marque une modification en profondeur du rapport de force.

    Congrès de la CGTSyndicatsVotes pour le rapport de la directionVotes contre le rapport de la directionVotes pour la motion de la majoritéVotes pour la motion de la minorité
    14e196613255551530297
    15e216314326401446561
    16e27791477123114861205

    Ainsi, les minoritaires, en 1920, élargissent considérablement leur domination, aux dépens des majoritaires, et ce dans tout le pays, de manière uniforme.

    Il y a cependant un arrière-plan à saisir. Le noyau dur des minoritaires, en 1918-1919, ce sont les syndicalistes révolutionnaires et les anarchistes syndicalistes, s’appuyant sur leurs bastions.

    Par exemple, la Fédération des Cuirs et des peaux a en 1918 une forte présence anarchiste ; la Fédération des postes tout comme celle de la coiffure a une forte tradition syndicaliste révolutionnaire.

    Les dirigeants syndicalistes révolutionnaires de la CGT en 1919, avec au centre Pierre Monatte

    Afin d’améliorer une mise en réseau de ces milieux sont formés au sein de la CGT, en octobre 1920, des « Comités syndicalistes révolutionnaires », alors que paraît depuis 1918 l’hebdomadaire La Vie ouvrière.

    Toutefois, les minoritaires qui sont issus de la vague de 1920, où la CGT double ses adhérents par rapport à 1919, s’orientent quant à eux vers les partisans de l’Internationale Communiste, tournés vers la Russie Soviétique.

    Ainsi, on a des minoritaires dont les cadres historiques sont syndicalistes révolutionnaires, mais dont la base est tournée vers l’Internationale Communiste. Il va de soi que cela formait une contradiction devant être explosive à un moment.

    Le panorama se complique encore si l’on regarde par secteurs. Dans la Fédération de l’Agriculture, la majorité avait par exemple les 2/3, dans celle du Bois de moitié, dans celle des Allumettes seulement 1/3.

    On peut dire que les majoritaires ont comme bastions les Fédérations de l’agriculture, des allumettes et des tabacs, de la chapellerie, de l’éclairage, du livre et du papier, des inscrits maritimes, de la manutention, des postes, de la santé, du spectacle, du transport, des services publics.

    Les minoritaires ont comme bastion l’alimentation, le bois, le bâtiment, le bijou, la blanchisserie, la brosserie et le sciage, la chimie et la céramique, le chemin de fer, la coiffure, l’enseignement, la Fédération métaux-voiture-aviation.

    Oscillent entre les deux les Fédérations des cuirs et des peaux, des employés de l’État, de l’habillement, des préparations en pharmacie, du sous-sol, du textile, du tonneau, de la verrerie.

    Il y a là une forte division, mais on peut voir une règle apparaître : plus une Fédération se densifie, plus elle est forte, plus elle s’oriente vers les minoritaires. Cela ne veut pas dire que la Fédération soit forte dans son secteur, mais qu’elle s’approfondit en tant que sa structure.

    En fait, l’opposition accompagne la recomposition de classe.

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  • CGT : l’affrontement interne de 1920

    Lorsque se tient le quinzième congrès de la CGT, à Orléans du 27 septembre au 2 octobre 1920, les choses ont totalement changé. La majorité de la CGT, qui profite d’une hégémonie significative, a dû faire face à une vaste grève lancée sans elle et même contre elle.

    Ce n’est pas tout, puisque, à l’arrière-plan, elle est désormais confrontée à une tendance historique. La révolution mondiale ébranle la France et le Parti socialiste SFIO se prépare à passer, au mois de décembre, dans le camp de l’Internationale Communiste. Cela ne va pas sans malentendus et incompréhension du bolchevisme, mais cela ne change en rien le processus de basculement.

    La minorité de la CGT envoya d’ailleurs elle-même deux délégués, les anarchistes Jules Lepetit et Marcel Vergeat, aux côtés du socialiste Raymond Lefebvre, au second congrès de l’Internationale Communiste, en juillet-août 1920 (tous périrent alors qu’ils cherchaient à rentrer en France par leurs propres moyens en mer du Nord).

    Raymond Lefebvre

    Si au quatorzième congrès en 1919 la question de la lutte contre l’intervention militaire française en Russie pouvait rester en un certain sens une vague et lointaine abstraction, désormais la Russie soviétique se présente clairement au monde et l’Internationale Communiste annonce une nouvelle époque.

    Le quinzième congrès, à la fin 1920, ne pouvait qu’être conflictuel, avec d’un côté ceux ayant intégré le réformisme, de l’autre les opposants.

    Cependant, il faut bien voir la nature de ces derniers. On y trouvait en effet deux sensibilités : celle des syndicalistes révolutionnaires et celle de ceux tournés vers la révolution russe, se rapprochant du marxisme dans son interprétation bolchevique sans y comprendre grand-chose.

    Cette distinction est importante. Ainsi, lorsque Ludovic-Oscar Frossard veut prendre la parole, il y a une vaste opposition en raison du fait qu’il soit le secrétaire général du Parti socialiste SFIO, et elle vient également des rangs des opposants eux-mêmes.

    Pourtant, les socialistes français ont toujours été eux-mêmes pour l’autonomie complète de la CGT, ce que Ludovic-Oscar Frossard défend encore. S’adressant aux congressistes, il précise bien que :

    « Je suis de ceux qui considèrent, même après ce que l’on a appelé ma conversion, l’autonomie du mouvement syndical comme une nécessité française ; je suis de ceux qui considèrent que la Confédération Générale du Travail ne peut pas se déterminer sous l’influence d’un parti politique, ce parti fut-il le mien ; je suis de ceux qui pensent que si l’on accorde au mouvement syndical français une valeur révolutionnaire, on lui reconnaît en même temps le droit de se déterminer librement, en dehors de toute influence politique.

    Vous sentez bien qu’au fond, tout de même, c’est la position qu’a observée vis-à-vis de la Confédération Générale du Travail, depuis quinze ans, le Parti socialiste. »

    Seulement, si les socialistes français pensent que les choses peuvent continuer ainsi, les syndicalistes révolutionnaires ne sont pas dupes et connaissent les thèses bolcheviques comme quoi le syndicat a une place inféodée au Parti.

    Cela heurte de front le syndicalisme français, qui a théorisé le rejet de la politique dans sa charte d’Amiens en 1906. L’hégémonie anti-politique est telle que, forcément, la direction peut revendiquer en permanence sa légitimité en tant que noyau utilitaire, externe à toute pression.

    Cela passe bien entendu par un populisme prétendument ouvrier. Le dirigeant de la CGT, Léon Jouhaux, aux manettes depuis 1909, tient des propos tout à fait représentatifs de son attitude et de celle de ses partisans. Les critiques seraient improductives, ne servant qu’à diviser, elles perdraient de vue l’approche réellement syndicale, etc.

    « Camarades, permettez-moi de conclure. Fatigué, je le suis, et je vous demande encore quelques minutes d’indulgence.

    Qu’importe que l’on fasse porteur sur moi les appréciations que l’on voudra !

    Ministre? Si je l’avais voulu, je l’aurais été, je le serais demain. Ce n’est pas le but que je poursuis. Il m’importe peu, celui-là !

    Ce qui m’importe, ce sont les destinées de la classe ouvrière, c’est de réaliser l’idéal que je me suis fixé : remettre entre les mains de la classe ouvrière l’arme de son émancipation, le contrôle et la part de direction dans la production générale ; ce qui m’importe, c’est que la vieille formule à laquelle j’ai voué mes efforts: « l’Atelier remplacera le Gouvernement », devienne demain une réalité vivante !

    Il m’importe peu qu’on aille répéter ceci ou cela.

    N’a-t-on pas dit que je voulais une place au Bureau International du Travail ?

    Fonctionnaire, moi ! Ah non, jamais ! Libre, militant, critiquant, obligé de se courber devant une discipline bureaucratique ! Ah ! Non, je vous laisse cela ! »

    L’ironie veut que Léon Jouhaux va justement devenir vice-président du Bureau international du travail en 1946, puis président du « Conseil économique » français l’année suivante, après avoir mis en place la CGT-Force Ouvrière avec l’appui de la CIA. Il recevra même le prix Nobel de la paix en 1951 pour son activité anticommuniste.

    Dans une telle matrice, les forces pro-révolution russe ne pouvaient que s’effacer derrière les syndicalistes révolutionnaires, et les syndicalistes révolutionnaires devant les syndicalistes révolutionnaires devenus réformistes.

    La motion des syndicats de la minorité de la CGT commence d’ailleurs en ces termes :

    « Le Congrès d’Orléans déclare qu’il serait extrêmement fâcheux que ses assises apportent les mêmes désillusions que les deux Congrès précédents, Paris (1918) et Lyon (1919).

    A ces deux Congrès, les promesses les plus formelles et les plus solennelles furent entassées par les dirigeants confédéraux tendant à faire croire que la politique d’union sacrée inaugurée pendant la guerre, c’est-à-dire de soumission au pouvoir patronal et bourgeois, était définitivement répudiée et enterrée; un coup de barre à gauche devait être donné : la charte d’Amiens, enfin, devait à nouveau servir de phare au mouvement syndical français.

    Tout au contraire, au lendemain de ces deux Congrès, nous avons dû constater que la résolution d’Amiens, cette frappante affirmation de l’esprit révolutionnaire de notre syndicalisme d’avant-guerre, avec sa reconnaissance de l’action directe, avec sa justification de la révolte des travailleurs contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, avec sa proclamation du Syndicat comme groupe essentiel, aujourd’hui groupement de résistance, demain l’émancipation intégrale une fois conquise par la grève générale révolutionnaire groupe de production et de répartition, base de la réorganisation sociale, était délibérément piétinée et quotidiennement violée. »

    Le rapport moral de la direction connut bien une certaine opposition, avec 1 485 voix pour, 658 contre (54 abstentions et 43 non votants).

    Mais la motion de la direction obtint 1 515 mandats, la minorité seulement 552, alors qu’une motion syndicaliste révolutionnaire « ultra » promue par Guillaume Verdier obtint 44 mandats (pour 83 abstentions, 52 non-votants).

    C’est très significatif, car on est ici au tout début d’octobre 1920. Deux mois plus tard, la majorité des délégués du Parti socialiste SFIO fit le choix de rejoindre la IIIe Internationale lors du congrès de Tours de 1920. Mais il était clair au vu des résultats dans la CGT que la majorité des ouvriers n’était pas sur cette ligne du tout.

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  • L’échec de la grève de 1920

    Dans la foulée du mouvement de grève du printemps 1919 et de l’échec du 21 juillet, l’opposition interne à la CGT s’affirma de manière très nette tout au long du 14e congrès de la CGT, en septembre 1919 à Lyon.

    Il était alors dit ouvertement qu’il y avait deux fractions, dont le rapport de force s’exprime lors du vote pour ou contre le rapport de la direction. 1393 mandats soutinrent cette dernière, 588 s’opposèrent au rapport, 42 mandats allèrent à l’abstention.

    C’est toutefois à relativiser car la résolution du secrétaire de la CGT depuis 1909, Léon Jouhaux, qui concerne l’orientation future, est soutenue par 1633 mandats contre 324 (pour 43 allant à l’abstention).

    Et c’est encore plus à relativiser car les mandats ne relèvent pas d’une représentation proportionnelle. Il existe des structures de la CGT qui sont entièrement oppositionnelles pratiquement et inversement une vaste partie de la France où la minorité n’existe même pas.

    La région parisienne et celle de la Loire sont deux bastions de la minorité. La majorité n’est pas en mesure de s’y exprimer, littéralement.

    Et surtout, l’opposition est d’esprit syndicaliste révolutionnaire, condamnant à placer le curseur sur le terrain revendicatif et non sur celui de la politique. Cela produisit défaite sur défaite.

    Enfin, la CGT passe de 1919 à 1920 de 1,2 million d’adhérents 2,4 millions, après être tombé à 50 000 en 1915. Les nouveaux membres sont en-dehors de toute tradition du mouvement ouvrier, ils manquent d’expérience.

    En février 1920, un cheminot n’obtint pas un congé pour assister à une réunion administrative de l’Union syndicale Paris-Lyon-Méditerranée ; passant outre, il fut sanctionné ce qui provoqua une courte grève de 1500 cheminots.

    Des petites grèves se produisirent alors, sur la base de revendications de portée générale puisqu’il était demandé un statut du personnel, avec des droits sociaux et syndicaux.

    Cela forma un état d’esprit très combatif, malgré une direction hostile à cela, aussi la minorité de la CGT menaça-t-elle de former une direction parallèle dans la fédération des cheminots.

    C’est que le tiers des membres de la CGT sont des cheminots, alors qu’en plus l’écrasante majorité des cheminots sont à la CGT : si la minorité parvenait à l’emporter ici, elle l’emportait dans toute la CGT.

    La direction de la CGT lâcha du lest, mais ne parvint pas à empêcher que les cheminots se lancent dans un vaste combat à l’occasion du premier mai, exigeant la nationalisation de leur secteur.

    Initialement, c’est une réussite, puisque le mouvement se voit rejoint par conséquent, dans un grand élan général de la CGT, par les les fédérations des Ports et Docks, des Marins et des Mineurs le 3 mai, les métallos et les travailleurs du bâtiment le 7, les travailleurs du gaz et de l’électricité le 11.

    Mais le mot d’ordre de nationalisation ne fut pas adopté, les cheminots se retrouvant seuls avec cette exigence, dans une situation par ailleurs compliquée : certains ne suivirent pas, tels les cheminots des régions de Besançon et de Dôle qui avaient appelé à la grève, mais ne la firent pas, puis encore ceux du Nord ; il y a également la direction de la CGT qui ne fit strictement rien pour soutenir le mouvement, etc.

    Le gouvernement surtout menaça la CGT de dissolution et systématisa son action.

    Au moyen d’un vaste front de la bourgeoisie, il brisa le mouvement, avec des arrestations de dirigeants de la CGT, des perquisitions à son siège et chez les membres de son Bureau confédéral, une grande activité des syndicats jaunes liés au patronat, l’appel à l’armée et aux « citoyens de bonne volonté » pour conduire les trains, les élèves des grandes écoles assurant le service des transports parisiens, alors que furent révoqués 22 000 cheminots et que 400 syndicalistes se virent inculpés de complot contre la sécurité de l’État

    Cela n’empêcha pas, en même temps, la mise en place d’un statut du personnel (modalités de recrutement, assurance-maladie, congés, avancement, échelle des salaires, etc.).

    C’était un coup habile du gouvernement, permettant à la majorité de sauver la face et de promouvoir le réformisme.

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