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  • La version stoïcienne de la tragédie classique française

    La découverte protestante de la tragédie eut immédiatement une réponse de la part de la Pléiade, le groupe de poètes dont la figure tutélaire est Pierre de Ronsard et dont le choix fut de soutenir le régime.

    La seconde tragédie écrite en français fut ainsi la Cléopâtre captive d’Étienne Jodelle (1532-1573), lui-même un farouche anti-protestant. Sa position, ainsi que celle de la Pléiade, était par contre davantage liée à la monarchie absolue qu’au catholicisme.

    Étienne Jodelle

    La Cléopâtre captive fut ainsi représentée en 1552 à l’hôtel de Reims puis en 1553 au Collège de Boncourt à Paris, aménagé en théâtre à l’antique devant le roi Henri II. Dans la foulée, Étienne Jodelle et les poètes de la Pléiade – que Pierre de Ronsard appelle encore la « brigade » – organisent une sorte de cérémonie païenne qu’ils appellent la « Pompe du bouc », sur un site antique à Arcueil appelé pour l’occasion Hercueil.

    Vêtus de toges et de couronnes de lierres, les participants y déclamèrent des pseudo-chants religieux grecs (dithyrambes) et des pseudo-complaintes (les élégies), faisant monter sur un autel un bouc trouvé non loin qu’ils recouvrirent de diverses fleurs.

    On comprend bien que la tragédie qu’on va retrouver ici est d’un esprit absolument opposé à la démarche protestante. Il s’agit ici, en quelque sorte, de faire de l’art pour l’art, en reprenant des modèles gréco-romains.

    La Cléopâtre captive a ainsi un thème absolument laïc, puisqu’on retrouve la reine égyptienne (joué par le futur poète de la Pléiade Rémy Belleau), avec les chefs romains Antoine et Octave.

    Étienne Jodelle a repris le thème à Plutarque, avec sa Vie d’Antoine ; dans l’esprit poétique lancé par le groupe de la brigade qui va être celui de la Pléiade, il utilise des alexandrins et des décasyllabes (respectivement douze et dix syllabes pour chaque vers), sauf pour les vers des chœurs, qui varient quant à eux.

    On a une œuvre lyrique, très orchestrée avec cinq actes découpant les moments (points de vue initiaux, péripétie, retournement de situation à la fin), avec des chœurs dialoguant avec les personnages. Mais elle est bornée : on sait ce qui va se passer, on a une scène mais pas réellement de psychologie tourmentée, simplement de la souffrance.

    On a ici une mise en valeur du stoïcisme, mais sans la dimension chrétienne comme dans la tragédie protestante de Théodore de Bèze et André de Rivaudeau. Pour cette raison, et avec une conception de l’humanisme largement incorrecte, les commentateurs bourgeois ont parlé de la formation d’une « tragédie humaniste ».

    Il s’agit ici en fait d’une perspective correspondant à celle de la Renaissance, dans la mesure où l’on n’a pas un humanisme qui croit en l’être humain comme étant bon et rationnel, mais bien une perspective philosophique pessimiste, largement influencé par le christianisme.

    Ce qui est à l’arrière-plan, c’est le stoïcisme de Sénèque (4 av. J.-C. à 65 ap. J.-C.), qui fut précepteur de Néron et écrivit des tragédies à portée philosophique, montrant des exemples affreux de vices et enthousiasmants de bonnes actions, c’est-à-dire d’actions vertueuses.

    On est là pas tant dans la psychologie, malgré les tourments et les souffrances, que dans une philosophie du comportement propre à l’esprit romain ou chrétien. C’est ce qui rapproche la tragédie « protestante » de cette tragédie « humaniste ».

    D’autres œuvres se situent dans la même perspective qu’Étienne Jodelle : en 1572, on a ainsi Saül le furieux de Jean de La Taille de Bondaroy (1533?-1616?), qui montre l’échec du premier roi israélite, qui va être remplacé par David. Voici comment l’auteur résume son approche (l’orthographe est en partie modernisée pour la compréhension) :

    « La Tragédie donc est une espèce, et un genre de Poésie non vulgaire, mais autant élégant, beau et excellent qu’il est possible.

    Son vrai sujet ne traite que de piteuses ruines des grands Seigneurs, que des inconstances de Fortune, que bannissements, guerres, pestes, famines, captivité, exécrables cruautés des Tyrans : et bref, que larmes et misères extrêmes, et non point de choses qui arrivent tous les jours naturellement et par raison commune, comme d’un qui mourrait de sa propre mort, d’un qui serait tué de son ennemi, ou d’un qui serait condamné à mourir par les lois, et pour ses démérites : car tout cela n’émouvrait pas aisément, et à peine m’arracherait il une larme de l’oeil, vue que la vraie et seule intention d’une Tragédie est d’émouvoir et de poindre merveilleusement les affections d’un chacun, car il faut que le sujet en soit si pitoyable et poignant de soi, qu’étant mêmes en bref et nument [de manière nue, simplement] dit, engendre en nous quelque passion : comme qui vous conterait d’un à qui l’on fit malheureusement manger ses propres fils, de sorte que le Père (sans le savoir) servit de sépulcre à ses enfants : et d’un autre, qui ne pouvant trouver un bourreau pour finir ses jours et ses maux, fut contraint de faire ce piteux office de sa propre main. »

    En 1578, on a également César, de Jacques Grévin (1538-1570), où la femme de César fait un rêve prémonitoire et tente d’empêcher César d’aller au Sénat où Brutus l’assassinera effectivement. Le but est donner une leçon en utilisant l’émotion, et de montrer des comportements vertueux, en calquant ou reprenant les exemples sur les œuvres gréco-romaines ou la Bible.

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  • L’initiative protestante pour la tragédie classique française

    La grande preuve du caractère indéniablement moderne, français de la tragédie classique française est que la première tragédie écrite et mise en scène l’a été par un protestant, Théodore de Bèze (1519-1605).

    En raison des persécutions à l’encontre du calvinisme, Abraham sacrifiant fut jouée à Lausanne, en 1550. Théodore de Bèze était pas moins que le successeur de Jean Calvin, et il est significatif sur le plan de l’histoire de la formation nationale de la France qu’il a qualifié sa pièce de « tragédie française ».

    Le paradoxe est qu’elle fut écrite suite à la demande de l’université de Lausanne, alors que lui-même était professeur de grec. La raison pour cela est que le calvinisme avait conquis la Suisse, et c’est depuis ce pays qu’il devait revenir en France. La tragédie a été utilisée afin de souligner la contradiction intérieure, psychologique, propre à la situation des protestants français.

    Théodore de Bèze

    Le premier vers de la tragédie est ainsi « Depuis que j’ay mon païs delaissé », Abraham expliquant dans une plainte à Dieu que ce dernier l’a fait tout quitter :

    « Or donc sortir tu me fis de ces lieux.
    Laisser mes biens, mes parens & leurs dieux,
    Incontinent que j’eus ouy ta voix. »

    Le choix du thème est significatif : Abraham doit sacrifier son fils, à la demande de Dieu : cela le tourmente. Cela le place face à un dilemme.

    Il en va de même pour les protestants ayant abandonné leur pays, leur famille, leurs amis, pour se lancer dans une bataille au nom de Dieu. Le parallèle s’exprime culturellement par la tragédie. Naturellement, il faut obéir, mais les tourments restent.

    On retrouve ici la dimension militante et extrêmement morale propre au calvinisme, qui réactive les références à l’Ancien Testament chrétien. On a même Sarah et Abraham chantant ensemble un cantique de louange à Dieu qui fait tout et décide de tout :

    « Terre et mer il conduit,
    La pluye & le beau temps,
    L’automne & le printemps,
    Et le jour & la nuict. »

    Satan est également présent, comme toujours prêt à influencer la psychologie des gens, à intervenir pour amener les mauvais choix. On a là les composantes élémentaires de la tragédie à la française.

    Pour réaliser cette tragédie, Théodore de Bèze s’est appuyé sur la tragédie Iphigénie d’Euripide, mais ce qui compte surtout c’est que le langage employé est très clair, l’auteur expliquant par ailleurs dans son Avis aux lecteurs qu’il s’est refusé à « user de termes ni de manières de parler trop éloignés du commun ».

    La tragédie est clairement éducatrice ; elle est un moyen de prêcher. Le principe sera repris pour la troisième tragédie écrite en français, Aman, Tragédie sainte, tirée du VII. chapitre de la Sainte Bible, d’André de Rivaudeau (1540-1580), représentée en 1561 à Poitiers pour la première fois et publiée en 1566.

    Le père d’André de Rivaudeau avait été valet de chambre d’Henri II et anobli, mais déjà lettré ; bien qu’il le reconnaissait comme une figure très importante, André de Rivaudeau était en concurrence avec Pierre de Ronsard, la principale figure reconnue alors par le régime et ardent partisan du catholicisme et d’une ligne anti-protestante.

    A ce titre, il a apporté quelque chose en plus à l’initiative de Théodore de Bèze : les principes rigoureux dans la forme, en s’inspirant des principes d’Aristote et surtout d’Horace.

    André de Rivaudeau formule cela dans une sorte de préface à la pièce, intitulée Avant-parler d’André de Rivaudeau à Monsieur de La Noue Chavaigne de Bretagne. Voici comment il présente la question des machines :

    « Un moindre vice est de ce qu’ils appellent les Machines, c’est-à-dire, des moyens extraordinaires et surnaturels pour délier le nœud de la Tragédie, un Dieu fabuleux en campagne, un chariot porté par Dragons en l’air, et mille autres grossières subtilités, sans lesquelles les poètes mal fournis d’inventions, ou d’art ou méprisant ce dernier, ne peuvent venir à bout de leur fusée, ni dépêtrer le nœud Gordien, sinon de la façon du grand Alexandre, à coups de bâton. »

    De la même manière, André de Rivaudeau exige qu’il y ait une unité de temps ; l’unité de lieu n’est pas vraiment respectée dans sa pièce. Mais ce qui compte également et ce à quoi il faut apporter une très grande attention, c’est sa remarque selon laquelle il faut une « tragédie française ».

    Ayant parlé de références pour bien étudier les principes élaborés pour la tragédie dans l’antiquité gréco-romaine, références auxquelles il renvoie, il ajoute la nécessité de connaître la période que vit le pays, son atmosphère, les caractéristiques de sa langue :

    « Par quoi je les renvoie là cependant, fors [=excepté] en ce qui n’est si bien rapporté à l’état de notre temps, à l’humeur de notre nation, et à la propriété de notre langue : sans quoi le plus habile Grec de Chrétienté, ni le Philosophe même qui en a écrit, encore qu’ils entendissent notre langage, sauraient bien bâtir une Tragédie Française. »

    Cela montre ici que la tragédie s’exprime très nettement dans le cadre de la polémique catholicisme/protestantisme, avec une opposition poésie/théâtre moralisateur, dans la mesure où les protestants vivent un déchirement, une tragédie.

    Ainsi, le choix d’Aman se rapporte à un épisode biblique où un vizir du même nom cherche à exterminer la population juive minoritaire, Esther sauvant la situation. C’est une allusion à la situation des protestants en France, la reine de Navarre Jeanne d’Albret, protestante, faisant pratiquement figure d’Esther, l’œuvre lui étant même dédiée.

    Culturellement, la dimension moraliste d’André de Rivaudeau profite de sa connaissance et de son appréciation des auteurs stoïciens, notamment Sénèque mais également Épictète, dont il fut le premier à traduire son œuvre compilée par un disciple et intitulée le Manuel. A ce Manuel, André de Rivaudeau ajoute même des « observations » chrétiennes.

    On est là en effet dans la confluence du stoïcisme, qui enseigne l’acceptation du destin, à la patience protestante face aux événements. En fait, le christianisme a intégré dès le départ des éléments stoïciens (ainsi que, évidemment et surtout, des éléments platoniciens), mais là avec le calvinisme français la dimension stoïcienne est revigorée.

    Voici ce que dit Mardochée dans Aman, Tragédie sainte, tirée du VII. chapitre de la Sainte Bible, dans une allusion ouverte à la situation des protestants français :

    « Israël ne fut plus qu’une poignée d’hommes
    Bannis de leur pays, le demeurant nous sommes
    De ce nombre petit, qui, tous les jours mourons
    Et pires que la mort, mille tourments souffrons,
    Depuis que cet Amman gouverne la contrée
    Et a vers nôtre Roi si favorite entrée.
    Il me hait par sur tous, et dépite à grand tort
    Par tous moyens qu’il peut me pourchasse la mort. 
    Il m’a fait élever une croix vergogneuse
    Pour contenter un peu son âme furieuse,
    Jusqu’à ce qu’à loisir il impètre du Roi
    Les têtes en un jour de mes frères et moi.
    Mais Dieu dispose tout, une humble patience
    Peut surmonter d’Aman la roide violence. »

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  • La tragédie classique française comme héritage

    La France naît avec François Ier, se développe avec Henri IV, existe en tant que telle avec Louis XIV. Tel est le point de vue matérialiste dialectique sur la nation française, que les gens « de droite » s’imaginent née avec Clovis, que les gens « de gauche » croient fondée avec la révolution française.

    La nation apparaît avec les tout débuts du capitalisme, lorsque se forme la base du marché national, les premières villes qui développent la culture. La langue se généralise sur un certain territoire ; une formation psychique commune se forme.

    La France en tant que nation apparaît au XVIe siècle et au XVIIe siècle, elle a dans son élan atteint un très haut niveau culturel, permis par l’établissement de la monarchie absolue. C’est ce qui a été qualifié de période classique dans l’histoire française, et au sein de ce classicisme régnant alors dans la seconde moitié du XVIIe siècle, on a la tragédie considérée comme la forme la plus élevée.

    La tragédie n’est nullement une simple présentation d’un fait frappant et horrible. Il est tout à fait exact que cela a pu être pensé ; on a ainsi Pierre Laudun d’Aigaliers (1575-1629) expliquant cela dans L’Art poétique françois, en 1597 :

    « Plus les tragédies sont cruelles, plus elles sont excellentes. »

    Néanmoins, la tragédie classique va totalement s’opposer à cela, comme elle va s’opposer à la tragi-comédie qui apparaît et se développe avant elle. La tragédie classique est une œuvre d’art qui montre et qui démontre, qui présente des faits et oriente par rapport à eux.

    Il ne s’agit pas d’une forme, mais d’un contenu : il ne faut pas voir en la tragédie une situation terriblement difficile, un dilemme, mais justement ce qui est vécu, ressenti par un être humain dans cette situation.

    En ce sens, Jean Racine est un des grands auteurs nationaux français, avec Molière et Honoré de Balzac ; tous trois expriment la plus haute approche de notre culture démocratique nationale, notre apport à la culture universelle : le portrait psychologique.

    Ce qui fait de Phèdre un chef d’oeuvre, ce n’est pas tant la situation que l’expression de cette situation, par exemple lorsque Phèdre explique les deux aspects de ses sentiments et de ses impressions, de manière dialectique :

    « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; 
    Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
    Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; 
    Je sentis tout mon corps et transir et brûler. »

    Cela ne veut nullement dire qu’il existerait un « classicisme » car l’évolution de la réalité est en spirale et infinie : on progresse toujours. S’il s’agit d’un classicisme, c’est un classicisme liée à quelque chose de relatif, la nation française, qui va disparaître dans sa synthèse avec toutes les autres nations.

    Le « classicisme » est en fait un grand moment culturel, avec une telle intensité que cela fait partie de l’héritage culturel national et démocratique. Cela correspond à une situation bien déterminée dans le développement de la civilisation.

    La nature de ce moment est difficile à saisir, et pour autant incontournable pour comprendre l’histoire de notre pays.

    La France n’a pas connu un calvinisme triomphant, aussi la bourgeoisie a-t-elle biaisée afin d’exprimer ses intérêts. Elle a procédé au sein même des institutions : par l’intermédiaire de René Descartes, de Molière, de Jean Racine, en s’appuyant principalement sur la monarchie absolue qui était une alliée tactique face à l’aristocratie.

    La monarchie absolue a été le stade le plus haut de la féodalité, et était en partie en contradiction avec elle. L’émergence du mode de production capitaliste a été telle que la bourgeoisie a pu être présente, de manière relative, dans le régime politique lui-même, de par l’intérêt de la monarchie absolue au progrès scientifique, technique et culturel.

    L’apparition de la tragédie classique et de Jean Racine s’explique par cela : il s’agit d’une affirmation protestante sans protestantisme, d’un calvinisme comme introspection mais sans la dimension sociale.

    C’est cela qui a donné naissance à la caractéristique culturelle française la plus haute : le portrait psychologique.

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  • Décision de la commission Souvarine au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Après avoir entendu plusieurs camarades de la délégation française et le camarade Boris Souvarine ;

    Après avoir examiné attentivement tous les matériaux concernant les actes d’indiscipline reprochés au camarade Souvarine ;

    La Commission constate à l’unanimité :

    §1. Que des actes d’indiscipline de la nature la plus grave ont été commis par Souvarine :

    a) Déclaration dans le Bulletin Communiste ;

    b) Lettre aux abonnés du Bulletin Communiste, contenant des attaques contre le Comité Directeur du Parti ;

    c) Publication en dehors et à l’insu des instances régulières du Parti de la brochure de Trotski, le Cours Nouveau, avec une préface dirigée contre le Parti et l’IC ;

    §2. Que ces actes démontrent l’existence, chez Souvarine, d’un état d’esprit petit-bourgeois mettant la susceptibilité personnelle au- dessus des intérêts du Parti ;

    §3. Que cette conduite venant d’un camarade particulièrement responsable a porté un grand désarroi au sein du PC français et a mis en danger l’existence même de la discipline du Parti ; Que les explications fournies par le camarade Souvarine n’ont en rien diminué la réalité et la gravité de ses actes d’indiscipline répétés au cours de plusieurs mois et qu’elles portaient l’empreinte du même état d’esprit petit-bourgeois qui a caractérisé toute son attitude au cours des incidents qui ont violemment agité le Parti.

    En conséquence, la Commission propose au CEIC :

    1) De donner satisfaction à la demande d’exclusion de Souvarine déposée par la délégation du PC français au 5e Congrès de l’IC ;

    2) De laisser à la Section française de l’IC le droit de proposer au 6e Congrès de l’IC la réadmission de Souvarine dans le Parti, s’il montre entre temps une conduite loyale vis-à-vis du Parti et de l’IC.

    La Commission a pu constater, au cours de ses travaux, que la discipline communiste dans le PC français est encore loin d’être observée complètement et absolument.

    Elle estime nécessaire une énergique intervention du CEIC élargi, sous la forme d’une lettre ouverte aux membres du Parti pour leur remettre en mémoire le sens véritable de la discipline et les inviter à la faire strictement respecter en s’opposant énergiquement à tout écart et toute politique personnelle, d’où qu’elle vienne.

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  • Résolution au cinquième congrès de l’Internationale Communiste sur les travaux de l’Institut Marx-Engels

    Le 5e Congrès de l’IC approuve la décision du 13e Congrès National du PC russe sur la nécessité d’éditer le plus tôt possible les œuvres complètes et la correspondance de Marx et d’Engels avec commentaire historique et critique.

    Seule cette édition sera un monument digne des fondateurs du communisme scientifique et fournira la base indispensable d’une étude approfondie de l’histoire, de la théorie et de la pratique du marxisme révolutionnaire.

    Le Congrès regarde aussi comme nécessaire qu’outre cette édition internationale des œuvres complètes, on prenne en considération une édition des œuvres choisies de Marx et d’Engels sous la direction de l’IC à l’usage du prolétariat des divers pays.

    Cette édition choisie doit comprendre, outre les écrits les plus importants de Marx et d’Engels ayant une signification internationale, tous les ouvrages traitant des questions particulièrement intéressantes pour le prolétariat du pays en question.

    Le Congrès invite tous les Partis appartenant à l’IC et tous leurs membres en particulier, à apporter le concours le plus large à l’Institut Marx-Engels du Comité Exécutif de l’Union Soviétiste pour le rassemblement de tous les matériaux se rapportant à la vie et à l’activité de Marx et d’Engels.

    Ce concours actif est absolument nécessaire pour arriver à exécuter une tâche aussi gigantesque que l’édition des Œuvres complètes et de la Correspondance de Marx et d’Engels et que la préparation de tous les matériaux nécessaires à une biographie scientifique en liaison avec l’histoire du socialisme et du mouvement ouvrier au 19e siècle.

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  • Résolution sur la Question Islandaise au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Le développement capitaliste a commencé en Islande au 20e siècle.

    Le commerce et les pêcheries, où est occupée la moitié de la population, sont, dès maintenant, exploités par le grand capital.

    L’incertitude de la pêche et la baisse des prix ont rendu extrêmement difficile la situation des pêcheurs. Une petite partie de la population est formée d’artisans. Le reste trouve sa nourriture dans l’agriculture. Environ 60c/o des cultivateurs sont indépendants.

    La coopération agricole est assez forte. Un Parti paysan, étroitement allié à la coopération et jouissant aussi d’une grosse influence, se trouve entre les mains des paysans riches et moyens.

    Le mouvement ouvrier a son appui principalement dans la partie du prolétariat occupée autour des pêcheries. Il y a seulement un Parti ouvrier, formé par l’adhésion collective des Syndicats. Les plus importants des Syndicats affiliés sont ceux des travailleurs de la mer, des ouvriers de la pêche et des ports, des ouvrières.

    Il y a en outre deux organisations politiques membres de ce Parti ouvrier, Parti social-démocrate et un PC, ou, comme il est dénommé dans le rapport du 5 e Congrès, «semi-communiste».

    Le Parti ouvrier a environ 4.000 membres. Son CC est composé de cinq social-démocrates et de quatre représentants de l’opposition sympathisant avec le communisme. Il publie un petit quotidien à Reykjavik et deux hebdomadaires, en province. Aux dernières élections, il a reçu le quart des voix, mais sur 42 sièges au Parlement, il n’en occupe qu’un.

    Pour conserver l’unité du Parti, il a été conclu un compromis par lequel la majorité et l’opposition s’engagent à ne pas s’attaquer publiquement. Le rédacteur du quotidien, appartenant à l’opposition, a dû quitter sa place, mais est employé à la propagande.

    Il existe un mouvement communiste des jeunesses, adhérant à l’ICJ. Les Jeunesses travaillent avec l’opposition et la soutiennent dans ses efforts pour conquérir le Parti.

    Pour créer un mouvement ouvrier véritablement révolutionnaire, il faut avant tout que l’opposition engage une campagne énergique contre les leaders réformistes, semi-bourgeois et social-démocrates, non point pour diviser les Syndicats, mais pour assurer une direction une et révolutionnaire à l’ensemble du mouvement ouvrier d’Islande et pour constituer un PC.

    L’organisation déjà existante de l’opposition doit s’établir sur une base strictement communiste et réclamer à l’intérieur du Parti ouvrier une entière liberté d’agitation, de propagande et de critique.

    Il doit être constitué des Cellules dans les principales entreprises.

    Dans les Syndicats et les coopératives, il doit être formé des fractions communistes sous le contrôle et la direction de l’opposition (l’opposition combattra toutes les tendances visant à la scission syndicale).

    L’opposition doit immédiatement inaugurer une étroite collaboration avec la Fédération Communiste de Scandinavie. Elle doit préconiser, au lieu du contact de la direction actuelle du Parti ouvrier avec les social-traîtres de l’étranger et leurs partis, le contact avec la Fédération Communiste de Scandinavie.

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  • Résolution sur la Question Norvégienne au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    L’orientation anticommuniste de ses leaders actuels a empêché le Parti Ouvrier norvégien d’adhérer à l’IC.

    Le Congrès se rend compte qu’il y a dans ce Parti des éléments prolétariens sincèrement révolutionnaires qui veulent et doivent appartenir à l’IC.

    Il charge le CEIC de faire tout pour gagner ces éléments.

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  • Résolution sur la Question Suédoise au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    §1. Les dissensions dans le PC suédois découlent principalement de ce que l’aile droite du CC a exécuté incomplètement ou contrecarré diverses décisions de l’IC, tandis que l’aile gauche, ainsi que les JC, y adhérait sans réserves et en toute conviction. Le dissentiment s’est exprimé entre autres à propos du centralisme dans l’Internationale.

    Après la résolution unanime du Congrès, qui transforme plus que jamais l’IC en un Parti mondial unifié, le Parti suédois doit non seulement adhérer sans réserves à ces résolutions, mais collaborer de toutes ses forces à leur exécution.

    §2. En plusieurs cas, les manifestations publiques du camarade Hoeglund et de l’organe central du PC suédois ont été de nature à entraver la campagne des communistes norvégiens contre les social-traîtres masqués comme Lian et Cie, ou celle des communistes danois dans la question militaire contre les social-traîtres déclarés Stauning et Cie.

    Le Congrès constate que le Parti suédois doit en toute occasion soutenir les Partis frères de Scandinavie contre leurs adversaires.

    §3. Dans ces derniers mois, le CC du Parti suédois a dépensé trop souvent son énergie dans des discussions d’intérêt secondaire (comme l’attribution de certains postes de rédacteurs et autres semblables), résultant seulement du désaccord politique fondamental.

    Il est inadmissible que le CC, contre l’opinion des principales fédérations, comme celle de la capitale, fasse appel uniquement à son droit formel.

    Tous les désaccords réellement importants entre la droite et la gauche devaient être prochainement réglés par le Congrès du Parti.

    Comme cependant, plusieurs fédérations, comptant des partisans des deux tendances, estiment que ce Congrès, fixé par la majorité du CC au 20 juillet sans l’assentiment du CEIC et destiné à s’occuper presque exclusivement de conflits intérieurs, pourrait entraver la prochaine campagne électorale des communistes, la convocation doit en être ajournée après les élections.

    La désignation des délégués doit être faite d’après des circonscriptions objectivement déterminées et sans aucune limitation des droits de telle ou telle fédération. Il faut également que tous les membres aient eu le temps de prendre position sur les décisions du 5e Congrès.

    §4. Le Congrès National aura à confirmer l’unité du Parti et à unir les deux ailes dans une collaboration loyale. Tout procédé consistant, sous prétexte d’obtenir un CC homogène, à exclure de la direction les membres d’une tendance, est absolument condamné par l’IC.

    Jusqu’au Congrès, le CC doit faire porter tous ses efforts sur la lutte contre la social-démocratie et la bourgeoisie.

    Toutes mesures disciplinaires ou démissions sont inadmissibles.

    Pour éviter toute aggravation de la situation intérieure et toute rupture du front unique des communistes dans la campagne électorale, il est souhaitable que le CC ne modifie pas les candidatures posées par les fédérations. Si, pour des raisons importantes, il estime un changement nécessaire, il ne doit le faire qu’avec l’assentiment du CEIC. Il va de soi que la fraction communiste au Riksdag est subordonnée en tout au CC.

    §5. Le précepte de la bolchévisation, adopté par le 5 e Congrès, oblige le Parti suédois à redoubler d’activité dans tous les domaines, et en particulier :

    a) À intensifier sa campagne contre la social-démocratie, non seulement dans la presse, au Parlement et dans les réunions publiques, mais aussi par de grandes manifestations et par des actions de masse prolongées, par des initiatives plus fréquentes que jamais dans les conflits actuellement en cours. Le front unique ne peut être appliqué convenablement qu’après cette mobilisation des masses.

    b) À conseiller aux communistes de prendre une part énergique et collective à tous les conflits ouvriers et à militer systématiquement dans les Syndicats pour grouper en un bloc solide les éléments d’opposition aux bonzes réformistes. c) À perfectionner son organisation, surtout par la constitution de Cellules d’entreprise, conformément aux indications du CEIC approuvées par le Congrès.

    d) À instituer une réelle camaraderie et une étroite collaboration avec les Jeunesses et à les soutenir dans leur action.

    e) À développer une propagande conséquente contre le pacifisme parmi ses membres et dans les masses, à chasser toutes les survivances d’idéologie petite-bourgeoise et toutes les déviations anticommunistes.

    f) À faire l’éducation systématique de ses membres sur les principes du léninisme.

    Pour l’exécution de ce programme, le C. E. détache un représentant qui travaillera d’accord avec le Parti suédois à la mise en pratique de la présente résolution et à la préparation du Congrès.

    En outre, le CC élaborera sans retard un programme d’action. Il sera régulièrement rendu compte au CEIC de toutes les mesures prises pour l’exécution de ce programme.

    À titre de commentaire de la présente résolution, il sera adressé une lettre ouverte du CEIC aux membres du Parti suédois.

    L’IC invite son Parti frère de Suède à grouper ses forces pour entreprendre, sur la base solide des résolutions du 5e Congrès, une campagne victorieuse contre les ennemis du prolétariat et à devenir bientôt lui-même un puissant PC de masse.

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  • Résolution sur la Question Polonaise au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Après avoir pris connaissance des matériaux et entendu les débats sur la situation dans le PC polonais, le Congrès constate :

    §1. Le CC du PC polonais, dirigé politiquement par le groupe Warsky, Kostchewa et Waletsky, malgré son révolutionnarisme verbal, s’est montré incapable d’appliquer la ligne de l’IC Sa politique, qui a abaissé la capacité combative du Parti, n’a été que l’expression des traditions et des routines opportunistes de ce groupe dirigeant, qui avait imposé sa ligne au Parti.

    §2. Profitant de leur situation exceptionnelle par rapport au Parti illégal et du fait qu’ils en étaient les seuls informateurs en matière de politique internationale, ces camarades ont induit le Parti en erreur au sujet de la ligne de tactique et d’organisation de l’IC, afin de le transformer en instrument des éléments de droite, en particulier de ceux du PC russe et du PC allemand. Ils lui ont notamment caché la situation effective dans le PC russe et leur partialité pour l’opposition, malgré l’immense portée qu’avaient ces questions pour le mouvement ouvrier.

    Tenant compte de la situation catastrophique qui s’est créée au sein du PC polonais et du rôle inadmissible joué par les dirigeants nommés plus haut, le Congrès estime nécessaire :

    a) De charger le CEIC d’adresser au PC polonais une lettre ouverte indiquant les fautes commises par le Parti et les voies à suivre pour assurer l’unité dans ses rangs ;

    b) De convoquer une Conférence extraordinaire du PC polonais pour redresser la ligne politique du Parti dans l’esprit des décisions de l’IC, résoudre les questions actuelles du Parti polonais et renouveler le CC ;

    c) À la place du Bureau politique et du Bureau d’organisation, de désigner au sein du CC un Bureau unique de cinq camarades qui sera chargé de convoquer la Conférence extraordinaire et de diriger le Parti jusqu’à cette convocation ;

    d) D’abolir le point des statuts du Parti qui donne aux membres du CC voix délibérative aux Conférences ;

    e) De charger le CEIC de désigner un représentant auprès du PC polonais ;

    f) De lever la décision du CC contre les quatre camarades qui ont signé les thèses discussionnelles.

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  • Résolution sur la Question Russe au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Par la Révolution victorieuse d’Octobre, le PC de Russie a été porté par la classe ouvrière au pouvoir, et s’est mis en devoir de constituer la société socialiste. Le fait que le PC russe avait une organisation ferme, des cadres formés dans la lutte contre l’opportunisme de la 2e Internationale et une tactique prolétarienne révolutionnaire élaborée sous la direction de Lénine, a joué le rôle décisif dans ces événements d’une signification mondiale.

    C’est pourquoi le PC russe a été le principal créateur de l’IC et reste un des facteurs principaux du mouvement communiste international. Ses succès et ses insuccès et, à plus forte raison, la formation dans son sein de fractions ou de groupements, ont une immense importance internationale.

    Le PC russe vise à créer une société socialiste dans un État (l’URSS) entouré de toutes parts d’États capitalistes, à une époque où les PC des autres pays entrent seulement dans la lutte pour le pouvoir.

    La nouvelle politique économique, qui est maintenant la base du travail économique du PC russe, détermine une croissance inévitable des éléments de socialisme, mais rend en même temps possible le développement des rapports bourgeois, et, par conséquent, des influences bourgeoises sur diverses portions du Parti.

    Afin de neutraliser ces influences bourgeoises et d’assurer la marche de L’URSS vers le communisme, il est absolument indispensable de conserver la cohésion et la fermeté du PC russe, de la tactique révolutionnaire définie sous la direction de Lénine.

    C’est pourquoi la situation intérieure du PC russe, son organisation, la cohésion de ses membres et la fermeté de sa ligne politique révolutionnaire, ont une importance toute particulière pour l’Internationale.

    La discussion intérieure du PC russe qui a eu lieu en automne 1923, et la formation d’une opposition à la majorité du Conseil Central, obligent le Congrès à étudier consciencieusement cette question, quoique le PC russe lui-même, à son 13e Congrès, ait condamné à l’unanimité l’opposition, comme un résultat de l’influence petite-bourgeoise, et soit sorti de la discussion en augmentant le nombre des ouvriers membres du Parti et la cohésion de ses organisations.

    Les représentants de l’opposition, malgré l’invitation qui leur a été faite d’exposer et de motiver leur point de vue devant le Congrès avec le consentement de la délégation russe, s’y sont refusés, pour un motif de pure forme.

    D’autre part, le Congrès n’a pas reçu la preuve que l’opposition ait reconnu ses erreurs et adopté le point de vue du 13e Congrès du PC russe. Une telle situation rend possible une reprise de la discussion au sein du PC russes et c’est pourquoi les décisions du 13e Congrès gardent leur actualité.

    Le Congrès constate que l’opposition russe a été soutenue par les groupes des autres Partis (polonais, allemand, français, etc.) qui exprimaient la déviation de droite (opportuniste), dans ces partis, de même que l’opposition dans le PC russe, et ont déjà été sévèrement réprouvés par le Congrès.

    Le Congrès, après avoir entendu un rapport spécial sur la situation de l’URSS et du PC russe et étudié en commission les documents s’y rapportant, décide :

    a) de confirmer la résolution de la 13e Conférence et du 13e Congrès du PC russe condamnant la plate-forme de l’opposition, comme entachée de déviations petites-bourgeoises et son activité comme menaçant l’unité du Parti, et partant, la dictature du prolétariat dans l’URSS ;

    b) d’annexer la résolution de la 13e Conférence et du 13e Congrès à la présente décision et de la publier comme résolution du Congrès de l’IC.

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  • Résolution sur le SOI au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    La misère du prolétariat, quand elle ne conduit pas directement à des insurrections révolutionnaires, est exploitée par la classe capitaliste pour empirer la situation politique et économique des ouvriers.

    Le résultat est le même, que cette misère soit causée par des catastrophes naturelles (comme le tremblement de terre du Japon en 1923) ou par des crises économiques (comme en Autriche en 1921 ou en Allemagne en 1923).

    À l’époque de l’impérialisme, avec son industrie puissamment développée et ses armées de prolétaires, toute calamité atteint des millions d’ouvriers. Pour y remédier, les moyens d’un Syndicat ou même de la classe ouvrière d’un pays ne suffisent plus. Une aide efficace ne peut venir que de la mobilisation des forces économiques et financières des ouvriers du monde entier.

    Préparer cette mobilisation et l’exécuter, organiser les ouvriers de tous les pays, de tous les Partis et de tous les Syndicats dans une action générale d’assistance, tel est le but du Secours Ouvrier International (SOI).

    Le SOI est une organisation prolétarienne apolitique et sans parti, à laquelle appartiennent des travailleurs de toutes tendances politiques et syndicales, et qui apporte son soutien aux travailleurs nécessiteux, indépendamment de toute opinion et de toute organisation professionnelle.

    On l’a vu en 1921, lors de la famine des paysans russes, en 1923, après la catastrophe qui frappa les ouvriers et les paysans japonais, en 1923 et 1924, pour les travailleurs allemands.

    Les ouvriers de tous les pays et de toutes les tendances sont intéressés à son progrès et à son essor.

    Le Congrès de l’IC stigmatise devant la classe ouvrière du monde entier la tentative du Parti social-démocrate unifié d’Allemagne pour discréditer et ruiner le SOI, organisation de la véritable solidarité internationale du prolétariat, qui assiste fraternellement dans leur misère et dans, leurs grèves des millions d’ouvriers social- démocrates.

    Le Congrès constate avec satisfaction que, malgré cette tentative criminelle, l’initiative prise dans l’été de 1921 de constituer une vaste organisation groupant toutes les sociétés de secours ouvrier en une véritable Internationale a été couronnée de succès et embrasse un nombre toujours plus grand d’ouvriers, de groupes organisés et d’associations.

    Le Congrès adresse à toutes les organisations ouvrières qui ne sont pas encore affiliées au SOI un pressant appel pour qu’elles lui envoient leur adhésion unanime et il invite tous les Partis et organisations communistes à lui accorder tout leur soutien.

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  • Résolution sur le SRI au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    Le 4e Congrès avait pris connaissance de la communication d’un groupe d’initiative de camarades russes sur la fondation du Secours Rouge International et il avait jugé cette entreprise nécessaire et digne d’être développée.

    Depuis, la contre-révolution internationale s’est accentuée, accompagnée de violences inouïes contre les ouvriers et les paysans.

    Les organisations prolétariennes, les Syndicats, la presse ouvrière, les clubs, les coopératives, etc., sont en butte aux persécutions continuelles du capital et de ses mercenaires, les bandes fascistes.

    Les champions les plus actifs de la cause prolétarienne sont assassinés sans jugement ni instruction. Ils sont arrêtés par milliers sur, le moindre soupçon de sympathie pour le mouvement révolutionnaire ou le communisme. Le plus souvent, les détenus sont soumis à tous les mauvais traitements. La torture pendant l’instruction est devenue un phénomène journalier dans la plupart des États bourgeois démocratiques.

    Le régime des prisons est une oppression incessante, physique et morale, de l’individualité des détenus. La justice bourgeoise est devenue partout une parodie où ses propres principes les plus sacrés sont foulés aux pieds.

    Ce déchaînement de la contre-révolution contribue à dissiper les illusions démocratiques de la classe ouvrière et des paysans travailleurs, et à affermir la solidarité internationale des travailleurs. Ce progrès de la solidarité prolétarienne internationale trouve sa meilleure expression dans le rapide développement et le bon fonctionnement du SRI.

    Le SRI est une organisation neutre qui se propose le soutien matériel, moral et juridique des militants révolutionnaires emprisonnés, de leurs familles et de leurs enfants, ainsi que des familles des assassinés.

    Le SRI groupe un grand nombre d’ouvriers, de paysans et d’employés sans distinction de parti, tous ceux qui ont à souffrir de l’exploitation du capital, de l’oppression nationale, et qui luttent pour la victoire du Travail.

    Le SRI devient, à mesure qu’il se développe, un des instruments les plus importants du front unique, en organisant, par une application concrète de la solidarité internationale, des forces toujours nouvelles, susceptibles de prendre part directement à la lutte révolutionnaire du prolétariat.

    Il faut en outre faire ressortir son énorme importance politique comme organisation travaillant à l’arrière de l’armée prolétarienne, participant à toutes les luttes de la classe ouvrière, dans la retraite comme dans l’offensive. Le Secours Rouge International entoure les militants révolutionnaires d’une atmosphère de camaraderie et maintient ainsi leur courage et leur volonté de continuer la lutte.

    Le 5e Congrès de l’IC croit nécessaire le développement et la consolidation du SRI et communique à tous les Partis et organisations appartenant à l’IC la résolution suivante :

    §1. Les PC doivent soutenir dans tous les domaines le SRI, encourager la fondation d’organisations, de succursales et de Sections du SRI, obliger leurs membres à y participer activement et à leur verser régulièrement des cotisations.

    §2. Dans son agitation et sa propagande pour soutenir les militants révolutionnaires, la presse du Parti doit accorder une attention suffisante au Secours Rouge International.

    §3. Le 5e Congrès confirme la décision du CEIC faisant du 18 mars (anniversaire de la Commune de Paris) la Journée du Secours Rouge International et invite tous les PC et organisations adhérant à l’IC à tout faire pour que cette journée, ainsi que toutes les autres journées révolutionnaires, soit couronnée du succès. Dans toutes les campagnes du Parti, il faut mentionner le SRI.

    Examinant le travail accompli par le SRI, le Congrès constate avec une satisfaction particulière qu’il a donné des résultats particulièrement favorables dans l’Union Soviétiste.

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  • Résolution sur l’Éducation Corporelle de la Classe Ouvrière au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    §1. Dans presque tous les pays, le sport et la culture physique attirent l’attention des masses. La bourgeoisie profite de ce phénomène dans un but de classe. Elle soutient par tous les moyens les associations sportives bourgeoises et étatistes.

    Beaucoup d’éléments ouvriers font encore partie des organisations sportives bourgeoises, qui ont un caractère de classe bien net. Ces associations ont les tâches suivantes : préparer la jeunesse pour l’armée bourgeoise, exciter le nationalisme et le chauvinisme par une éducation spéciale, former des cadres de combat contre le prolétariat.

    Le mouvement fasciste a su les employer en tant qu’organisations militaires dissimulées.

    §2. En opposition aux organisations bourgeoises et malgré l’hostilité de l’État, il s’est créé, dans beaucoup de pays, des sociétés sportives ouvrières. Elles groupent beaucoup d’ouvriers et de jeunes prolétaires.

    Ces organisations sont encore, en grande partie, aux mains des réformistes qui en abusent pour leurs buts propres sous le manteau de la neutralité du sport. Leurs éléments conscients se groupent autour de l’Internationale Rouge du Sport, fidèle aux principes de la lutte de classe révolutionnaire.

    §3. L’éducation physique du prolétariat est une des nécessités de la lutte révolutionnaire ; aussi, les PC, d’accord avec les JC et les Syndicats rouges, doivent-ils envisager sérieusement ces questions et les résoudre dans le sens révolutionnaire.

    Le 5 e Congrès de l’IC souligne la nécessité d’agir dans ce domaine et fixe les tâches suivantes aux PC :

    a) Dans les pays où il n’existe pas encore d’organisations ouvrières de sport et de culture physique, les PC en encourageront la création (formation dans les fédérations bourgeoises d’oppositions ouvrières ayant pour but la fondation d’organisations autonomes), ainsi que la démission des éléments ouvriers des organisations bourgeoises et leur adhésion aux sociétés ouvrières indépendantes ;

    b) Dans les pays où il existe déjà de pareilles associations, les PC doivent y former des fractions communistes, afin de les libérer de l’influence réformiste et de les conquérir à la lutte de classe ;

    c) Des fractions communistes seront également formées dans les associations de sport et de culture physique déjà existantes pour y consolider l’influence des éléments révolutionnaires ; ces fractions seront subordonnées au PC ;

    d) Grâce à l’activité des fractions communistes, ces associations seront entraînées vers la lutte de classe. On les utilisera pour combattre le fascisme et le militarisme bourgeois ;

    e) Les associations sportives ouvrières sont très importantes pour la lutte d’ensemble du prolétariat. Elles sont un excellent moyen pour éduquer, pour former la résistance et la discipline ; elles peuvent appuyer efficacement les formations de combat révolutionnaire ; aussi, les PC les utiliseront-ils à cet effet ;

    f) Les PC veilleront à ce que les associations rouges de sport et de culture physique englobent également les ouvriers agricoles et les petits paysans.

    §4. La lutte des éléments révolutionnaires contre la tactique réformiste de l’Internationale sportive ouvrière de Lucerne sera continuée ; les PC appuieront l’action de l’Internationale Sportive Rouge. Les tendances scissionnistes qui veulent la formation d’organisations strictement communistes sont à combattre.

    Il faudra lutter énergiquement contre la conception qui considère les associations de sport et de culture physique comme susceptibles de remplacer les organisations politiques.

    La presse communiste consacrera ses rubriques sportives surtout aux associations sportives ouvrières. Les communistes combattront pour la création et le maintien du sport et de la culture physique ouvrière unitaire tant au point de vue national qu’international.

    Le Congrès charge l’IC de suivre attentivement et d’encourager le développement du mouvement sportif international rouge.

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  • Résolution sur l’ICJ au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

    1. — L’ICJ depuis le 4 e Congrès Mondial

    §1. Conformément aux décisions du 4e Congrès de l’IC, le 3e Congrès de l’ICJ a concrétisé le mot d’ordre général «Aux masses» posé au 2e Congrès de l’ICJ. Il a défini les formes d’organisation, le contenu des méthodes et de l’activité d’une organisation de masses de la jeunesse ouvrière ; il a indiqué comme tâche principale le transfert de la base d’organisation dans les ateliers par la création de Cellules d’usines ; il a souligné la nécessité de donner un caractère plus politique aux JC en les faisant participer aux combats et aux problèmes de la classe ouvrière ; il a assigné comme objectif pratique immédiat aux JC la lutte contre le militarisme bourgeois, contre le danger de guerre et l’offensive du capital.

    §2. L’histoire des JC pendant la dernière période a montré la justesse et la nécessité de ces résolutions. Elles ont été entièrement vérifiées et ont permis aux JC de se transformer en une organisation de masses de la jeunesse ouvrière. L’ICJ a fait des pas de géant dans ce sens.

    Cela s’est manifesté par les progrès incessants, en qualité et en quantité, des JC les plus importantes. Ces progrès sont d’autant plus intéressants qu’on a pu constater dans le même temps un déclin des jeunesses «socialistes».

    Si les JC continuent à appliquer énergiquement les résolutions de leurs 2 e et 3 e Congrès Mondiaux conformément à la situation objective révolutionnaire, on verra que leur essor n’est pas fortuit ni passager, mais durable et fera d’elles un vaste mouvement des jeunes travailleurs en amenant la complète liquidation des Jeunesses suivant encore les drapeaux «sociaux» ou «socialistes».

    §3. Les résultats les plus importants ont été atteints dans les domaines suivants :

    a) L’activité politique des JC, leur participation aux combats de la classe ouvrière et des PC, ont cru considérablement. Leur ligne politique a toujours été bonne et juste. Elles se sont montrées, dans la plupart des cas, les meilleurs champions d’avant-garde de l’IC, surtout contre les tendances opportunistes surgies dans divers pays.

    b) Pour la réorganisation sur la base des Cellules d’entreprise, les JC n’ont pas seulement fait l’éducation idéo logique de leurs membres ; les plus importantes ont encore créé les conditions préliminaires nécessaires à leur réforme complète. Les JC et l’ICJ ont été les pionniers de cette réforme et par-là ont beaucoup aidé l’œuvre des PC et de l’IC et recueilli une expérience précieuse.

    c) L’IC félicite chaudement l’ICJ de son initiative et de son action héroïque dans la lutte contre la guerre et l’impérialisme et dans le travail au sein de l’armée bourgeoise.

    La propagande parmi les troupes d’occupation françaises en Allemagne, surtout dans la Ruhr, a été le premier travail international pratique et concret exécuté dans ce domaine. De même l’œuvre des JC françaises dans l’armée française marque un énorme progrès. L’IC des Jeunesses a fourni la preuve qu’un travail de ce genre, même dans les conditions les plus difficiles, est possible et efficace.

    d) L’ICJ a également obtenu de grands résultats quant à son développement en une organisation mondiale, fortement centralisée et soudée par une direction internationale.

    Outre la croissance des effectifs des plus importantes Jeunesses, l’IC constate l’approfondissement incessant de son influence sur la jeunesse ouvrière et la conjonction intime de plus en plus parfaite des Jeunesses des divers pays en une solide organisation mondiale.

    Les JC n’ont malheureusement trouvé qu’un appui insuffisant auprès des PC.

    Tandis que différents Partis (par exemple les Partis français et allemand) leur ont apporté un vigoureux concours, elles ont eu à surmonter une forte résistance de certains autres, ou plutôt de leurs organes dirigeants, avant de pouvoir remplir leur mission (par exemple en Pologne, où le Parti n’a rien fait pour encourager leur campagne antimilitariste ; en Suède, où les JC et l’ICJ ont été vivement combattues par la majorité du CC, parce qu’elles défendaient la ligne de l’IC ; en Tchécoslovaquie, où le Parti a longtemps entravé la création des Cellules d’usine ; dans les Balkans et ailleurs).

    Les décisions du 3e Congrès de l’IC sur l’indépendance des Jeunesses ne sont pas encore tout à fait appliquées.

    §4. Dans certains domaines, les Jeunesses n’ont pu développer leur activité qu’incomplètement. Ainsi la lutte contre l’offensive du capital, contre la paupérisation de la jeunesse ouvrière, le travail dans les Syndicats, sauf dans quelques pays, ont été trop faibles.

    Le travail d’éducation ne correspond pas encore aux tâches posées par le rajeunissement, par l’afflux de nombreux nouveaux membres et par les grandes luttes à soutenir. Le manque de l’appui des Partis y a contribué.

    Le travail pour conquérir la jeunesse des campagnes, qui doit emprunter des méthodes particulières, est encore insuffisant. La lutte contre les jeunesses fascistes, nouvellement créées, ainsi que contre les Jeunesses chrétiennes, ne put être menée comme il convient dans la période écoulée.

    2. — Tâches prochaines de l’ICJ

    §5. Le développement de l’ICJ, dans la dernière période, permet au 5e Congrès de constater que les décisions des 2e et 3e Congrès de l’ICJ et celles du 3e Congrès de l’IC sur les Jeunesses étaient absolument justes et ont été vérifiées par la pratique.

    L’ICJ et ses Sections doivent continuer leur travail dans le sens de ces décisions et entreprendre immédiatement leur transformation en organisations vraiment léninistes, points d’appui du bolchévisme. La bolchévisation des Jeunesses doit être la tâche centrale de l’ICJ, le point de départ de tous ses travaux.

    La bolchévisation de l’ICJ doit trouver surtout, et plus énergiquement que jusqu’ici, son expression dans la transformation des JC en organisations de masses de la jeunesse ouvrière. L’idée que l’organisation des jeunes communistes est l’unique organisation de classe qui dirige la jeunesse travailleuse, qui en défend les intérêts, doit prendre racine dans la jeunesse ouvrière.

    Les Jeunesses ont aussi la tâche importante d’éduquer leurs membres pour en faire de véritables jeunes léninistes. Elles doivent faire comprendre à chacun les principes et la tactique de Lénine et le mettre en état de les pratiquer. L’éducation léniniste doit s’exprimer par la participation active des Jeunesses aux luttes du PC et de la classe ouvrière, par l’union du travail pratique dans les masses et de la théorie.

    L’ICJ doit continuellement affermir dans ses Sections les principes de la centralisation, de la discipline internationale, de l’unité et de l’enracinement dans les masses, ainsi que l’idée que la classe ouvrière est le guide de tous les opprimés ; elle doit faire entrer les paysans pauvres et les Jeunesses opprimées des pays coloniaux dans le front de la classe ouvrière internationale.

    §6. Les JC doivent s’occuper principalement des questions que voici : intime participation à la vie du PC et aux luttes de la classe ouvrière (activité politique), réorganisation sur la base des Cellules d’usine, travail actif dans l’armée bourgeoise et lutte contre la menace de guerre, préparation pratique (surtout militaire) à la guerre civile, travail économique et syndical, travail parmi la jeunesse agricole, travail d’éducation.

    a) Activité politique. — Elle doit être renforcée là où elle n’a pas atteint un degré suffisant.

    Elle consiste à participer activement, en étroite liaison avec les PC et, sous leur direction, à toutes les luttes de la classe ouvrière, à mobiliser à cet effet la jeunesse ouvrière et à collaborer avec la même activité à la solution et à l’éclaircissement de toutes les questions des PC et de l’Internationale et, en général, à la vie du Parti. Ce n’est pas une tâche particulière à côté de toutes les autres : la politique pénètre toute l’activité, l’anime et l’oriente dans un sens léniniste.

    Elle constitue la base et la méthode de toutes les tâches de la Jeunesse Communiste. Les PC doivent tout faire pour développer les JC, renfort de la classe ouvrière et pépinière de nouveaux combattants politiquement qualifiés.

    b) Quant à la création des Cellules d’usine, les JC doivent continuer énergiquement le travail commencé. Elles doivent aborder maintenant immédiatement la réforme. Pour le prochain congrès mondial, réorganisation complète sur la base des Cellules d’usine !, voilà le mot d’ordre que tout jeune communiste doit tâcher de réaliser.

    c) Le travail dans l’armée et contre les nouvelles guerres doit être continué immédiatement et énergiquement.

    C’est une des tâches les plus urgentes découlant de la situation internationale et des perspectives de révolution. La transition de la simple propagande au travail concret, comme nous l’avons vu commencer dans les régions occupées de l’Allemagne et en France, doit s’étendre à l’échelle internationale.

    Il faut accorder une attention et une force spéciales à la réalisation du mot d’ordre de Lénine sur la création de Cellules dans les armées bourgeoises. Les JC doivent donner toutes leurs forces pour mobiliser la jeunesse ouvrière contre les nouvelles guerres impérialistes.

    Elles doivent opposer, au mot d’ordre hypocrite et trompeur des social-démocrates sur la grève générale contre la guerre, une propagande appuyée sur la façon dont éclatent les guerres et sur la nécessité de transformer la guerre impérialiste, une fois qu’elle a éclaté, en guerre civile au sein des Etats impérialistes, et de mener en conséquence un travail révolutionnaire dans les armées bourgeoises.

    d) La période de la lutte directe pour le pouvoir, qui est imminente dans plusieurs pays, oblige l’ICJ à examiner sérieusement les expériences faites en septembre en Bulgarie et en octobre en Allemagne ; elle doit, sous la direction du PC, faire dans les Sections intéressées un travail préparatoire d’après ces expériences.

    L’éducation militaire systématique des membres des JC sous la direction du PC est particulièrement nécessaire.

    e) La lutté économique syndicale doit être renforcée, ou bien sérieusement commencée. Les JC doivent passer à l’action dans la défense des intérêts matériels et culturels de la jeunesse ouvrière.

    Elles ont donc à augmenter considérablement leurs efforts dans les Syndicats réformistes pour les révolutionner. Elles continueront à former et à consolider leurs fractions au sein de tous les Syndicats et à lutter en principe contre toute séparation des adultes et des jeunes, surtout sous la forme de Sections des jeunesses dans les Syndicats.

    Elles peuvent le faire en prouvant par la pratique devant les syndicats et devant les ouvriers adultes que les JC sont là seule organisation de masse de la jeunesse ouvrière, que ce sont elles qui défendent les intérêts de la jeunesse laborieuse dans le cadre de la lutte de tout le prolétariat.

    C’est ce qu’elles feront aussi à l’égard des Syndicats Rouges, avec lesquels les JC collaborent le plus étroitement possible, car seuls ils sont prêts à défendre effectivement les intérêts de la jeunesse ouvrière.

    Les communistes au sein des Syndicats doivent travailler à ce que les JC soient reconnus dans les Syndicats et par les ouvriers adultes comme organisations représentant et défendant les intérêts économiques et autres de la jeunesse ouvrière.

    Les fractions communistes doivent veiller à ce qu’aux élections des différents Comités syndicaux des membres des JC soient présentés comme candidats et élus.

    f) Il est très important de gagner la jeunesse travailleuse des campagnes, qui dans la plupart des pays influera la victoire de la révolution prolétarienne. Ce travail est encore à commencer dans la plupart des pays.

    g) Plus les JC rallient au tour d’elle la jeunesse travailleuse, et plus elles doivent s’efforcer de poursuivre parmi les jeunes un travail d’éducation léniniste, systématique et communiste, étroitement lié aux luttes du PC et de la classe ouvrière. Autrement elles risquent de perdre le caractère communiste de leur lutte et leur activité.

    L’éducation à poursuivre dans la période prochaine doit être surtout politique. Elle doit rendre les jeunes communistes, capables de recueillir et de continuer l’héritage de Lénine en paroles et en actes.

    Il dépendra de l’appui accordé par l’IC et les PC que les JC soient capables d’accomplir cette tâche d’éducation léniniste. C’est une des tâches les plus urgentes de l’Internationale de rendre possible cet appui. Le travail antireligieux doit également trouver l’attestation nécessaire.

    §7. À côté des tâches sur lesquelles les JC peuvent concentrer leur travail, dans le temps prochain, elles ne doivent pas négliger leurs tâches en d’autres domaines.

    La lutte contre les adversaires, surtout contre les organisations fascistes, contre la jeunesse socialiste et contre les associations religieuses doit continuer à l’avenir le plus énergiquement, et les JC doivent se rendre compte le but de cette lutte ne pourra être que la liquidation, c’est-à-dire l’anéantissement de cette organisation.

    Il ne faut pas non plus oublier de préparer les JC contre les tentatives d’oppression de la part de la bourgeoisie et pour le temps d’illégalité.

    Le travail dans les colonies et les pays semi-coloniaux des États impérialistes, doit se poursuivre à l’avenir énergiquement avec comme but le soulèvement de la jeunesse travailleuse indigène et son entraînement dans l’ICJ.

    En même temps l’ICJ a la tâche de rallier aux directives de l’IC la jeunesse coloniale et semi-coloniale, des dominons et de l’Orient luttant pour sa libération nationale et de la conquérir pour la lutte émancipatrice de la classe ouvrière internationale.

    Une lutte régulière et intense contre les organisations sportives bourgeoises et pour la création d’associations sportives ouvrières est également nécessaire. Où il n’y a pas encore d’associations ouvrières de gymnastique et de sport, les JC doivent tâcher d’en fonder.

    Dans les associations sportives ouvrières existantes, elles ont à développer une vive propagande pour l’Internationale Rouge des Sports. §8. Il faut accorder une attention systématique et grande à la propagande parmi les jeunes ouvrières et paysannes, pour les gagner davantage que jusqu’ici à l’organisation des JC

    Il faut accorder une grande attention au travail parmi les enfants, dont les JC sous-estiment encore aujourd’hui souvent l’importance.

    Ce travail doit être accompli d’après les principes de l’éducation communiste, qui veut entraîner les enfants prolétariens dans la participation à la lutte de leur classe. Les groupes d’enfants communistes doivent être dirigés par les JC

    §9. Toutes ces tâches ne pourront être complètement accomplies par l’ICJ et par ses Sections que si les PC lui prêtent le concours nécessaire. L’appui de l’ICJ et de ses Sections sera dans l’avenir prochain une des tâches les plus urgentes de l’IC et des PC Les accomplir c’est gagner les grandes masses de la jeunesse travailleuse pour le communisme et faire entrer au PC de nouveaux cadres de léninistes fermes et conscients.

    En détail, ces tâches doivent consister à entraîner les JC et leurs membres à la participation, à l’activité politique du PC et aux luttes ouvrières et les aider à collaborer à la solution des problèmes du PC et de l’IC Partout où il y a des Cellules d’usines, des Sections, des Fédérations du Parti, et où il doit se créer ses organisations pour la JC, la JC doit soutenir, à son tour, activement la formation du Parti là où il n’y a pas encore d’organisations du Parti.

    Les Cellules du PC dans les usines et les fractions du PC dans les Syndicats doivent soutenir le plus énergiquement les JC dans leur lutte économique et dans l’accomplissement de leurs autres tâches. Il est surtout important et nécessaire de soutenir les JC et l’ICJ dans leur travail dans l’armée et contre les nouvelles guerres.

    L’accomplissement de ces travaux qui une des conditions les plus importantes de la victoire de la révolution prolétarienne ne pourra être garantie que par la participation dirigeante du PC La tâche la plus urgente de l’éducation léniniste des jeunes communistes dépend également de l’aide constante et énergique du PC.

    §10. Les JC doivent faire tout pour réaliser avec les PC une liaison de plus en plus étroite et ferme. Ils doivent soutenir le PC de toutes leurs forces, non seulement dans son activité quotidienne, mais aussi par une éducation systématique de leurs membres pour le PC et veiller à ce que leurs membres entrent au PC lorsqu’ils auront atteint l’âge nécessaire.

    Ainsi, les JC et l’ICJ rempliront leurs devoirs envers les PC et l’IC, et elles seront là même de répondre aux espérances de l’Internationale. Elles seront, dans l’avenir comme par le passé, les meilleurs défenseurs de la ligne et des décisions de l’IC.

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  • Résolution au cinquième congrès de l’Internationale Communiste sur le travail du PC parmi les Femmes Laborieuses

    Introduction

    §1. La situation économique et politique mondiale ouvre au prolétariat international des perspectives de lutte de classe d’une ampleur, d’une durée et d’une acuité exceptionnelles. L’objectif de cette lutte est la conquête du pouvoir par le prolétariat et l’établissement de sa dictature. Dans cette lutte, le prolétariat doit concentrer toute son énergie, toute sa résistance, toute sa cohésion.

    Le gage de la victoire est dans le front unique par en bas, dans l’union des travailleurs de la ville et de la campagne.

    §2. Le front unique prolétarien et le développement de notre ligne de combat ne seront possibles que lorsque les masses des femmes laborieuses participeront activement à la lutte.

    Les contre-révolutionnaires ont compris la grande importance des femmes dans la lutte de classe. Les social-démocrates et les réformistes, de toutes nuances, les fascistes et tous les Partis bourgeois n’épargnent pas leurs efforts pour attirer à eux les femmes.

    Devant un tel fait, les PC doivent se donner comme objectif immédiat de détacher le plus grand nombre de femmes de l’influence contre-révolutionnaire et de les enrôler dans les rangs du communisme.

    §3. Dans les conditions actuelles, l’enrôlement de la femme orientale dans la lutte de classe internationale prend une signification particulière. Les peuples opprimés et exploités de l’Orient commencent à se soulever contre leurs oppresseurs, à lutter pour leur indépendance, à combattre toute espèce d’asservissement et d’exploitation.

    En même temps, les femmes de l’Orient s’éveillent de leur esclavage. Elles exigent l’égalité et la reconnaissance de leur dignité humaine. Leur participation à la lutte contre l’impérialisme apportera à la révolution mondiale le puissant appui d’énergies nouvelles.

    §4. C’est en conquérant le pouvoir et en le consolidant, en instaurant le régime soviétique que les travailleurs pourront remplir leur mission. Ils doivent réédifier toute la société selon les principes du communisme, aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine idéologique.

    Mais dans aucun domaine de la vie sociale, rien ne pourra être fait sans la coopération des masses féminines. Dans les Républiques soviétistes, il est nécessaire d’intéresser les millions de femmes laborieuses à l’œuvre d’édification prolétarienne.

    §5. La situation mondiale impose à l’IC d’accorder une attention particulière au travail parmi les femmes laborieuses. Les PC ne doivent pas seulement arracher les femmes à l’idéologie bourgeoise, mais les faire participer activement aux combats du prolétariat révolutionnaire.

    L’expérience a montré que les femmes savent manifester un grand courage lorsqu’elles sont touchées par l’idée révolutionnaire. La lutte en Russie, en Bulgarie et en Allemagne en est une preuve.

    §6. Le 5e Congrès rappelle à toutes les Sections de l’Internationale les résolutions des précédents Congrès sur le travail politique parmi les femmes. Il confirme la pensée directrice de ces résolutions qui est d’éveiller, d’organiser et de préparer les masses féminines afin d’accélérer la révolution mondiale.

    Le Congrès soutient que le travail parmi les femmes n’est pas une tâche accessoire du PC, mais une de ses tâches les plus importantes. Il rappelle à tous les PC les paroles de Lénine :

    «La Révolution prolétarienne ne peut vaincre que si les millions de femmes laborieuses prennent part à la lutte».

    Nos tâches

    Notre travail en vue de gagner les femmes laborieuses de tous les pays se subdivise en :

    1) Travail parmi les femmes des pays capitalistes ;

    2) Des pays coloniaux et semi-coloniaux ;

    3) Des Républiques Soviétistes.

    Vu la nécessité de réorganiser les Partis sur la base des Cellules d’usine, le Congrès déclare que le centre de gravité de notre action parmi les femmes doit être fixé au lieu de travail.

    C’est ainsi qu’on arrivera à débarrasser les ouvrières de l’illusion qu’il est possible de remédier à leur situation misérable à l’aide de la démocratie, en restant dans le régime bourgeois.

    Tout en les éduquant politiquement, en éveillant leur conscience de classe, il faut préparer et organiser les ouvrières en vue de leur participation active à la lutte économique et politique du prolétariat.

    Les chômeuses doivent également être entraînées dans cette lutte.

    Le même travail d’éducation politique et d’enrôlement dans la lutte de classe doit être mené non seulement parmi les ouvrières de l’industrie, mais aussi parmi les domestiques et les ouvrières des campagnes. Il faut entreprendre immédiatement une action énergique parmi les paysannes laborieuses, en premier lieu dans les pays agraires.

    La base de notre action féminine dans les campagnes doit être recherchée parmi les ouvrières rurales, les paysannes pauvres, les veuves de guerre, les domestiques, etc. Cette action doit être en contact étroit avec le mouvement coopératif.

    Les PC doivent faire tout leur possible pour renforcer leur influence parmi les employées des administrations publiques, des postes, de l’enseignement.

    Il est très important de gagner les femmes d’ouvriers. Il est nécessaire de mener parmi elles une propagande qui doit être rattachée à notre action dans l’usine où travaille le mari.

    En outre, les femmes communistes doivent renforcer leur activité dans les Syndicats de locataires et autres organisations où l’on côtoie les masses prolétariennes petites-bourgeoises.

    Parlementarisme et action illégale

    La participation des femmes peut rendre plus féconde notre action parlementaire. Les femmes doivent présenter des revendications au Parlement, organiser les manifestations de protestation, soutenir les interventions de la fraction communiste.

    Il convient d’accorder une attention particulière à l’action dans les municipalités, où le danger de déviations opportunistes est beaucoup plus grand et où sont débattues des questions qui touchent directement les femmes.

    La situation actuelle rend indispensable de préparer les femmes communistes à l’action illégale en général, au travail de désagrégation de l’armée, à la lutte contre le fascisme, à la participation directe au combat.

    Les conditions historiques en Orient nous imposent certaines tâches particulières. Il faut placer au premier plan la lutte contre les préjugés religieux et moraux. Autrement, il ne peut être question d’une action communiste féconde parmi les femmes laborieuses de l’Orient.

    Dans l’US, la première tâche est de faire participer les femmes laborieuses à l’œuvre de consolidation du pouvoir soviétique, au relèvement de l’économie, à tous les domaines du travail économique et gouvernemental, ainsi qu’à l’éducation de la nouvelle génération.

    Organisation

    Le Congrès déclare résolument que le travail parmi les femmes doit être l’œuvre du Parti dans son ensemble. Ce travail doit être lié plus étroitement que par le passé avec l’activité générale. Dans tous leurs actes, dans toute leur campagne, nos Partis doivent étudier d’avance les mesures nécessaires pour mobiliser les femmes.

    Le travail féminin doit revêtir un caractère nettement politique. Les femmes communistes doivent être entraînées dans le travail politique général du Parti. La création d’organes spéciaux de travail parmi les femmes a pour but de coordonner ce travail et de donner à tout le Parti des directives sur ses tâches en ce domaine.

    Le 5e Congrès engage tous les PC à appliquer immédiatement les mesures suivantes :

    1) Au moment de la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’usine, désigner dans chaque Cellule un camarade, homme ou femme, particulièrement chargé du travail parmi les femmes. De même dans le travail syndical.

    Il faut en faire autant dans toutes les organisations : Labour Party, coopératives, Syndicats de locataires, Comités de parents, associations de victimes de la guerre, etc.

    2) Le CC de chaque Parti doit veiller à ce que les organes communistes publient régulièrement des pages, des suppléments et des rubriques féminines, et à ce qu’ils consacrent des articles à des questions touchant de près les femmes.

    Dans la mesure où c’est possible, il faut éditer un journal féminin. Il faut encourager la création de journaux pour les ouvrières.

    Tous les organes de préparation théorique et pratique des membres du Parti doivent accorder la place nécessaire à la préparation révolutionnaire des femmes.

    Les Comités centraux des Partis doivent éditer à leurs frais des documents de propagande parmi les femmes (brochures, tracts, affiches, etc.).

    3) Dans tous les organes dirigeants, depuis le Comité Local jusqu’au CC, un camarade doit être responsable du travail parmi les femmes.

    4) Il convient de former une commission spéciale pour aider ce camarade.

    Chaque CC doit avoir un Secrétariat Féminin. Au secrétariat féminin doit se trouver au moins un secrétaire appointé (homme ou femme).

    5) Pour les pays d’Orient, il doit exister, au sein du Secrétariat Féminin International, une Section orientale qui, au point de vue politique et organique, sera partie composante de la Section d’Orient.

    L’application de ces mesures est d’une importance particulière à l’heure actuelle, alors que les PC doivent entreprendre leur réorganisation sur la base des Cellules. Leur grande tâche est de transformer les femmes laborieuses, aujourd’hui esclaves dociles du capital, en combattantes conscientes de la lutte de classe.

    Vu que la participation consciente des femmes laborieuses à la lutte est une nécessité absolue pour l’instauration de la dictature du prolétariat et l’édification de la société communiste, l’IC invite toutes ses Sections à faire leur devoir dans ce domaine.

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